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L’imperforation choanale est une malformation rare dont les formes bilatérales sont responsables d’une
détresse respiratoire néonatale caractéristique. Les formes unilatérales sont souvent de diagnostic plus
tardif. Cette malformation peut s’intégrer dans une association malformative, notamment l’association
CHARGE (coloboma, heart, choanal atresia, retarded growth, genital hypoplasia, ear anomalies). Le
développement de l’imagerie médicale moderne et des techniques de chirurgie mini-invasive sous
contrôle vidéo-endoscopique a considérablement modifié les principes de prise en charge de ces enfants.
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46-230 ¶ Chirurgie de l’imperforation choanale
■ Techniques chirurgicales
postérieur du vomer et du palatin. Son épaisseur est variable et
souvent plus importante à la partie supérieure de la zone Différentes voies d’abord ont été successivement proposées et
atrétique réellement osseuse qu’à sa partie inférieure qui est ont évolué grâce au développement de nouvelles instrumenta-
souvent fibreuse, voire membraneuse. Cette zone inférieure plus tions chirurgicales. Les deux principales techniques sont les
voies d’abord transnasale sous vidéo-endoscopie et transpalatine
fine est souvent parfaitement visible lors de l’endoscopie de la
qui sont donc, ici, décrites en détail.
fosse nasale, apparaissant comme une légère dépression et plus
encore sur l’examen tomodensitométrique, particulièrement les
reconstructions sagittales (Fig. 2). Voie transnasale sous vidéo-endoscopie
L’analyse tomodensitométrique d’atrésies choanales a permis
de mettre en évidence qu’environ 70 % de celles-ci sont mixtes, Principes
c’est-à-dire osseuses et membraneuses, 30 % seulement étant L’abord du mur atrétique est direct sur sa face antérieure par
purement osseuses. Les atrésies purement membraneuses sont la lumière de la fosse nasale.
donc exceptionnelles [2]. La zone atrétique concerne en fait le La technique classique largement utilisée ne permettait
quart postérieur de la fosse nasale avec une fusion de la paroi autrefois que des gestes limités et non contrôlés. Il s’agissait
latérale (lame perpendiculaire du palatin et apophyse ptérygo- d’une perforation choanale simple à l’origine de cas de faux
ïde) et de la paroi médiale (bord postérieur du vomer), souvent trajets y compris intracrâniens. Cette technique nécessitait un
aux dépens des deux structures, mais avec un vomer plus épais calibrage prolongé systématique et était surtout à l’origine de
par rapport à la normale. La portion préatrétique de la fosse resténose dans plus de la moitié des cas. Elle doit absolument
nasale peut apparaître élargie ou plus rarement rétrécie en cas être abandonnée.
d’atrésie unilatérale. Il n’est en effet pas exceptionnel d’observer La mise au point des endoscopes rigides permet aujourd’hui
une déviation septale controlatérale à l’atrésie choanale, la réalisation de gestes précis sous contrôle visuel et tend même
majorant les symptômes d’obstruction nasale. à devenir la technique de référence.
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Chirurgie de l’imperforation choanale ¶ 46-230
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Figure 4. Schémas des différentes étapes de la chirurgie endoscopique d’une atrésie choanale.
A. Ouverture première de la choane utilisant le microrésecteur. CM : cornet moyen ; CI : cornet inférieur ; S : septum nasal.
C. Élargissement de l’orifice aux dépens du vomer avec une pince rétrograde.
D. Fraisage au microrésecteur de la paroi latérale de la choane.
F. Ouverture finale de la choane.
B, E. Position relative des instruments sur une coupe axiale. CI : cornet inférieur ; S : septum nasal.
révèle en effet de façon constante une hypertrophie du bord instrument et une aspiration, d’une part et, d’autre part, de
libre postérieur du vomer qu’il est donc nécessaire de réséquer protéger au maximum la muqueuse des fosses nasales évitant
(Fig. 4B, 5B) de façon souvent importante, mais adaptée à la des synéchies et des granulations postopératoires. Les limites
taille de l’enfant et sans léser le cartilage septal. Cette manœu- d’élargissement de la choane sont précisées en fonction des
vre permet un élargissement considérable de la choane, d’une données de la tomodensitométrie mais d’une façon générale, il
part et, d’autre part, de décaler dans le sens antéropostérieur les faut fraiser la plaque atrétique en haut jusqu’à l’insertion de la
berges médiales de la choane et de limiter la constitution de queue du cornet moyen et dégager le futur récessus sphéno-
synéchies entre la paroi latérale et le bord libre du vomer. Les ethmoïdal où s’abouchera l’orifice de drainage du futur sinus
pinces rétrogrades de type Oström-Terrier sont très utiles à la sphénoïdal (Fig. 4C, 5C). Il est souvent nécessaire de « mordre »
réalisation de ce geste, de même que les lames de microrésec- sur cette insertion à l’aide du microrésecteur.
teur. L’élargissement malformatif du vomer et son dédouble- Les limites latérales sont plus difficiles à préciser. Le micro-
ment en deux lamelles osseuses nécessitent un geste de résecteur muni d’une lame coupante est souvent utilisé sur la
résection bilatérale même lorsque l’atrésie choanale est unilaté- queue du cornet inférieur et la lame verticale de l’os palatin
rale. En cas d’étroitesse importante de la fosse nasale, il est utile souvent hypertrophique est prudemment fraisée latéralement en
d’utiliser la pince ou le microrésecteur dans une fosse nasale et évitant de remonter trop haut de façon à épargner l’artère
de contrôler la bonne position de celle-ci à l’aide de l’optique sphénopalatine. En cas de saignement, l’utilisation d’une
30° passée par l’autre fosse nasale. La résection du vomer est micropince bipolaire passée par l’autre fosse nasale permet le
ainsi menée alternativement de bas en haut et d’une fosse contrôle de l’hémostase au travers de l’encoche réalisée dans le
nasale à l’autre jusqu’à atteindre le sommet du cavum. L’utili- vomer. Finalement, l’élargissement choanal peut être considéré
sation du microrésecteur muni d’une lame coupante est encore comme satisfaisant lorsque deux sondes d’intubation nasotra-
utile à ce niveau, de façon à régulariser les berges muqueuses chéale adaptées à l’âge de l’enfant peuvent être passées simul-
sans déchirer la muqueuse. Dans certains cas, il existe une tanément et sans frottement des deux côtés.
hypertrophie de l’insertion supérieure du vomer qui peut être
réduite par fraisage à l’aide du microrésecteur muni d’une
lame-fraise.
Voie transpalatine
La trépanation de la voûte palatine donne un abord direct et
Élargissement du calibre de la néochoane
large sur le mur atrétique et sur les plans muqueux antérieur
L’utilisation du microrésecteur muni d’une fraise protégée (nasal) et postérieur (rhinopharyngé). Pour la plupart des
aspirante est un progrès certain car elle permet de coupler un auteurs, elle ne peut être réalisée qu’à partir de 18 mois ou plus
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Chirurgie de l’imperforation choanale ¶ 46-230
Intervention
Décollement du lambeau palatin
La fibromuqueuse palatine est incisée selon divers tracés, le
Figure 5. Différentes vues endoscopiques d’une atrésie choanale opé-
plus classique étant celui de Veau-Wardill (Fig. 6). La fibromu-
rée par voie endonasale. CI : cornet inférieur ; CM : cornet moyen ;
queuse est décollée au décolleur ou la rugine d’Obwegeser
S : septum ; Sp : sphénoïde.
jusqu’au bord postérieur des palatins qui sont libérés des
A. Ouverture de la choane au microrésecteur.
attaches vélaires, isolant et respectant les deux pédicules
B. Élargissement à la pince rétrograde.
palatins postérieurs. Ceci permet une bonne exposition de la
C. Fraisage à l’aide du microrésecteur.
zone atrétique et du bord postérieur du vomer.
D. Aspect final de la choane et du rhinopharynx.
Résection partielle de la voûte palatine
La résection est menée à la fraise jusqu’à exposer la muqueuse
tard, pour d’autres elle peut être plus précoce [14], malgré son du plancher nasal immédiatement antérieure au mur atrétique.
caractère hémorragique. Du fait du risque de resténose plus Les résections du mur osseux, de la lame verticale du palatin et
faible que dans les voies transnasales classiques, elle a été la partie postérieure du vomer sont effectuées de façon symétri-
longtemps considérée comme la technique de référence avant la que en cas d’atrésie choanale bilatérale. Tout comme par voie
mise au point de la chirurgie sous vidéo-endoscopie. De moins endonasale, la résection doit être menée jusqu’à obtenir un
en moins pratiquée, elle reste cependant utile en cas de calibre choanal correspondant à l’âge du patient.
malformation craniofaciale importante, notamment étendue au
rhinopharynx. Confection de lambeaux muqueux
Certains effectuent des lambeaux de muqueuse pédiculés sur
Installation et préparation le plan nasal et sur le plan rhinopharyngé de telle façon que
L’intervention se fait patient en décubitus dorsal, tête en chacun puisse s’échanger avec son opposé (Fig. 7). Le lambeau
extension, ouvre-bouche et abaisse-langue de type Boyle-Davis de muqueuse fibropalatine est ensuite réappliqué après mise en
mis en place et maintenant la sonde d’intubation orotrachéale, place d’un calibrage qui s’avère toujours nécessaire dans la
puis nettoyage des fosses nasales, attouchement de la muqueuse technique par voie transpalatine. Le lambeau peut se maintenir
avec des tampons imbibés de Xylocaïne® naphazolinée ou de en place naturellement et par simple pression de la langue.
sérum adrénaliné, et infiltration locale de Xylocaïne® adrénali- Cependant, il s’avère plus prudent de le refixer par deux points
née dans le site opératoire, c’est-à-dire voûte palatine et septum latéraux, après hémostase soigneuse des berges, parfois hémor-
nasal. L’examen endoscopique des fosses nasales et du cavum ragiques, éventuellement avec interposition d’un petit tampon
précède les temps suivants successifs. hémostatique.
Figure 7. Principales étapes schématisées d’une voie transpalatine. 1. Muqueuse nasale ; 2. mur atrétique ; 3. muqueuse rhinopharyngée ; 4. rhinopharynx ;
5. voile ; 6. lambeau fibromuqueux palatin ; 7. choane ; 8. lambeau muqueux rhinopharyngé ; 9. lambeau muqueux rhinopharyngé replacé sur le toit de la
fosse nasale ; 10. lambeau muqueux nasal replacé sur le plancher de la fosse nasale.
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46-230 ¶ Chirurgie de l’imperforation choanale
Figure 8. Principes du calibrage nasal dans les voies transpalatines. Utilisation de sondes d’intubation. 1. Section médiane incomplète du tube laissant un
pont (3) ; 2. sections latérales du tube ; 3. pont entre les deux calibrages ; 4. fil columellaire reliant les trois pièces du calibrage ; 5. fixation cutanée par bande
collante.
Contrairement à la voie endoscopique, la voie transpalatine la période de cicatrisation épithéliale. Le calibrage est sensé
nécessite la mise en place d’un calibrage postopératoire par des limiter l’épaisseur de cette prolifération. Ainsi, un grand nombre
sondes d’intubation ou par rouleau de Silastic® (Fig. 8). d’auteurs ont souligné la nécessité d’un calibrage postopératoire,
souvent pendant plusieurs semaines [15, 17-19].
Autres techniques Plus récemment, certains considèrent que le calibrage est un
facteur potentiellement source d’inflammation et d’infection et
La voie transseptale exposant et réséquant le vomer par voie que la réalisation de soins postopératoires soigneux doit
de septoplastie classique, les voies transantrale ou transmaxil- permettre d’en éviter le recours si le calibre de la choane est
laire ne sont plus guère utilisées. suffisant en fin d’intervention et si les soins postopératoires
D’autres variantes de la voie transnasale ont été aussi décri- sont suffisants [5, 6]. On peut recommander chez les nouveau-
tes : nés et les jeunes nourrissons n’ayant pas de respiration buccale
• voie transnasale avec contrôle endoscopique du cavum : la efficace, la mise en place d’un calibrage par des sondes d’intu-
pénétration de la plaque atrétique est effectuée à l’aide de bation fixées par un sparadrap sur la pyramide nasale pendant
dilatateurs urétraux progressifs passés par voie endonasale en 48 heures au maximum, de façon à éviter la constitution de
contrôlant l’absence de faux trajets par une optique rigide à caillots et de croûtes dans les choanes. En revanche, les enfants
120° permettant de visualiser l’atrésie choanale par voie plus grands peuvent bénéficier d’un méchage simple hémosta-
rhinopharyngée. L’excès de composante osseuse est ensuite tique retiré aussi à la 48e heure.
fraisé par voie transnasale. Un calibrage est ensuite mis en Les matériaux : les plus utilisés sont les sondes d’intubation
place [15] ; en polyvinyl ou en silicone. Le calibre doit être adapté à l’âge
• voie transnasale et utilisation du laser : plusieurs types de de l’enfant et aux dimensions choanales obtenues en fin
lasers ont été proposés dans le traitement endoscopique des d’intervention. À titre d’exemple, les fosses nasales d’un
atrésies choanales : le laser CO2 en mode « superpulse » [11], le nouveau-né doivent pouvoir admettre des sondes n° 3 (4,5 mm
laser Holmium Yag [10], et plus récemment le laser diode [9] ou de diamètre externe). Ce calibrage ne doit pas être non plus
KTP [8]. L’intérêt de ce dernier semble être dans sa profondeur trop gros de façon à ne pas entraîner d’ischémie muqueuse ou
de pénétration et ses qualités d’hémostase. La faible pénétra- d’ulcérations narinaires.
tion osseuse du laser CO2 le rend peu efficace dans les atrésies La fixation : le montage de Winther [20] est le plus classique
purement osseuses. L’utilisation du laser nécessite la mise en pour un calibrage prolongé, relativement bien toléré par la
place d’un tampon de coton ou d’une compresse imbibés de columelle et les orifices narinaires. En cas de durée de calibrage
sérum physiologique dans le cavum, permettant d’identifier réduite, de moins de 10 jours, les sondes peuvent être fixées
facilement la pénétration rhinopharyngée et d’éviter une avec un fil transcolumellaire en prenant garde de ne pas les
brûlure de la paroi pharyngée postérieure. Ce risque existe laisser dépasser des orifices narinaires (Fig. 8).
surtout avec le laser CO2 ; La durée : classiquement, le calibrage n’est efficace que par
• confection de lambeaux muqueux par voie endoscopique : le compression prolongée durant l’évolution de la cicatrice
recouvrement des berges osseuses par des lambeaux muqueux choanale, soit sur plusieurs mois. En pratique, la mauvaise
pédiculés vise à permettre une cicatrisation plus rapide. La tolérance habituelle de celui-ci fait réduire cette durée à
réalisation de ceux-ci par voie endoscopique a été proposée quelques semaines pour la plupart des auteurs, et jusqu’à
par quelques auteurs [14, 16] mais reste techniquement difficile 3-4 mois pour certains.
du fait de la fragilité de ces lambeaux.
Soins postopératoires
Calibrage des fosses nasales Comme dans toute chirurgie nasale, les soins postopératoires
Le principe du calibrage repose sur la prévention d’une sont essentiels. En l’absence de calibrage, il faut pratiquer des
cicatrisation circulaire sténosante de la zone atrétique. L’exis- instillations régulières et en quantité satisfaisante des deux
tence d’une surface osseuse dénudée importante est un facteur fosses nasales à l’aide de sérum physiologique et éventuellement
de risque de resténose par interposition de tissu fibreux lors de de sérum adrénaliné. Les aspirations doivent être limitées de
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façon à ne pas provoquer de lésions traumatiques. Le lavage des risque doit être limité au maximum par une imagerie préopéra-
fosses nasales est réalisé en position allongée, tête en bas et toire de qualité et le contrôle visuel direct endoscopique de la
tournée sur le côté en instillant 10 à 20 ml de sérum salé dans zone d’ouverture. L’existence de malformations complexes de la
la fosse nasale supérieure. Ceci permet l’évacuation des sécré- base du crâne doit inviter à la plus grande prudence.
tions et croûtes par la fosse nasale opposée. Une fibroscopie Les autres complications sont plus fréquentes :
sous anesthésie locale, éventuellement complétée par une • fistule palatine et perforation septale ont été rapportées au
endoscopie sous anesthésie générale est effectuée à la fin de la décours des différentes voies d’abord ;
première semaine et permet l’exérèse de croûtes ou de fausses • le retentissement de la voie palatine sur le développement
membranes. En cas d’inflammation importante, de granulations maxillopalatin a été confirmé par les études de Freng [23].
ou de reflux gastro-œsophagien connu, un traitement antireflux Selon cet auteur, la résection de la suture intermaxillaire serait
et antisécrétoire est prescrit pour une durée moyenne de 2 mois. responsable d’une réduction des dimensions transversales du
maxillaire supérieur dans plus de 50 % des cas. Le décolle-
ment de la fibromuqueuse palatine ne semble en revanche
■ Indications chirurgicales pas responsable d’altérations du développement facial ;
• la résection de l’ensemble du vomer serait susceptible d’alté-
Les principaux éléments intervenant dans la décision chirur- rer le développement de la pyramide nasale. Une résection
gicale (type de technique, degré d’urgence, etc.) sont : limitée à sa partie postérieure ne semble pas comporter ce
• le caractère uni- ou bilatéral ; risque.
• l’âge du patient ;
• l’existence d’une malformation faciale associée ;
• les associations malformatives ; ■ Conclusion
• les antécédents chirurgicaux.
Les études les plus récentes font état de taux de succès
Ces facteurs sont par ailleurs souvent intriqués et ne doivent
supérieurs à 80 % des cas par voie nasale sous contrôle endos-
pas être considérés isolément.
copique. Les chiffres publiés n’ont cependant pas une valeur
Plusieurs situations typiques se présentent.
définitive car ils regroupent et comparent souvent des situations
Une atrésie choanale bilatérale chez un nouveau-né : l’enfant
différentes, des formes uni- et bilatérales, des formes membra-
doit être traité tôt dans les premiers jours de vie sauf en cas de
neuses, osseuses et mixtes, des formes isolées et associées à
malformations sévères associées. Dans l’intervalle, la liberté des
d’autres malformations, des âges de patients variés lors de la
voies aériennes et l’alimentation doivent être assurées (canule
chirurgie, etc.
oropharyngée, sonde de gavage, voire intubation orotrachéale).
Ces résultats sont néanmoins comparables à ceux obtenus par
Cependant, ces mesures ne peuvent être que transitoires car
la classique voie transpalatine avec calibrage prolongé autrefois
relativement mal supportées au long cours (ulcérations bucco-
considérée comme la technique de référence. La simplicité de la
pharyngées, extubations accidentelles).
technique endonasale et la meilleure qualité des suites opératoi-
Une atrésie choanale unilatérale de découverte fortuite : le
res remettent en cause ce dogme et autorisent même l’abandon
geste chirurgical peut être le plus souvent différé jusqu’à la fin
du calibrage prolongé. Quelle que soit la technique, la création
de la première année, voire plus tard même si le diagnostic a été
d’un orifice choanal large est l’élément fondamental de cette
porté précocement. Dans certains cas, l’atrésie choanale peut ne
chirurgie, reposant principalement sur la résection vomérienne
se révéler qu’au cours de l’enfance, voire à l’âge adulte. L’asso-
et dans une moindre mesure sur la paroi latérale osseuse.
ciation à une déviation septale obstruant la seule narine
Comme dans toute chirurgie des voies aériennes, les soins
perméable n’est pas exceptionnelle chez le tout petit et peut
locaux, le contrôle des facteurs de l’inflammation comme le
nécessiter un geste plus précoce dans les premières semaines ou
reflux gastro-œsophagien et une surveillance prolongée sont les
les premiers mois. L’indication est alors portée devant des
meilleurs garants d’un résultat stable.
difficultés respiratoires ou alimentaires.
Une atrésie choanale déjà opérée avec une resténose : l’indi-
cation de réintervention est posée en fonction de la gêne
respiratoire obstructive éventuelle ou d’autres symptômes.
■ Références
Diverses techniques peuvent être proposées comme des dilata- [1] Ployet MJ, Goga D, Loustalot B, Robier A, Loubrieu G, Santini JJ.
tions à la bougie ou des vaporisations laser d’éventuelles brides, Anatomie des choanes du nouveau-né. Ann Otolaryngol Chir
l’application de mitomycine est aussi proposée par certains. Cervicofac 1986;103:13-8.
L’existence d’anomalies associées : particulièrement dans le [2] Brown OE, Pownell P, Manning SC. Choanal atresia: a new anatomic
cadre de l’association CHARGE, l’existence de retards de classification and clinical management applications. Laryngoscope
maturation, d’hypoplasie maxillaire ou mandibulaire (syndrome 1996;106:97-101.
de Treacher Collins) peut amener parfois à différer le geste, la [3] Kamel R. Transnasal endoscopic approach in congenital choanal
atresia. Laryngoscope 1994;104:642-6.
sécurisation des voies aériennes pouvant alors nécessiter plutôt
[4] Beinfeld HH. Surgical management of complete and incomplete bony
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atresia of the posterior nares (choanal). Am J Surg 1955;89:957-63.
comme une sténose congénitale des orifices piriformes ou une [5] Van Den Abbeele T, François M, Narcy P. Transnasal endoscopic
sténose médiofaciale peuvent être associées et peuvent appeler treatment of choanal atresia without prolonged stenting. Arch
à un traitement spécifique accompagnant celui de l’atrésie Otolaryngol Head Neck Surg 2002;128:936-40.
choanale. Ces cas complexes nécessitent souvent la mise en [6] Teissier N, Kaguelidou F, Couloigner V, François M, Van Den
place d’un calibrage. Abbeele T. Predictive factors for success after transnasal endoscopic
treatment of choanal atresia. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2008;
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■ Complications et risques [7] Schoem SR. Transnasal endoscopic repair of choanal atresia: why
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charge thérapeutique et résultats chez 58 enfants. Rev Laryngol Otol
Les risques et complications du traitement des atrésies Rhinol (Bord) 2003;124:139-43.
choanales doivent faire partie de l’information donnée aux [9] D’Eredità R, Lens MB. Contact-diode laser repair of bony choanal
parents avant tout geste chirurgical, de façon à obtenir un atresia: a preliminary report. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2008;72:
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exceptionnelles. correction of choanal atresia. J Laryngol Otol 1996;110:429-31.
Le risque de fausse route basicrânienne [21, 22] est essentielle- [11] Healy GB, McGill T, Jako GJ, Strong MS, Vaughan CW. Management
ment lié à une perforation endonasale mal orientée par défaut of choanal atresia with the carbon dioxide laser. Ann Otol Rhinol
de bilan préopératoire et de repérage pré- et peropératoire. Ce Laryngol 1978;87:658-62.
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N. Teissier.
T. Van Den Abbeele (thierry.van-den-abbeele@rdb.aphp.fr).
Service d’ORL et chirurgie cervicofaciale, Hôpital Robert Debré, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Teissier N., Van Den Abbeele T. Chirurgie de l’imperforation choanale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-230, 2010.
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