CONSEIL D'ETAT statuant ‘au contentiewx N° 468930 SOCIETE VINCI AIRPORTS M. Hervé Cassara Rapporteur M. Mare Pichon de Vendeuil Rapporteur public Séance du 15 mai 2023 Déeision du 1 juin 2023 PK REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS Le Conseil d'Etat statuant au contentieux (Section du contentieux, 7 et 2 chambres réunies) Sur le rapport de la 7** chambre de la Section du contentiewx Vu la procédure suivante : La société Egis Airport Operation a demandé au juge des réfeérés du tribunal administratif de 1a Polynésie frangaise, sur le fondement de larticle L. 551-24 du code de justice administrative, d’enjoindre & ’Etat, titre conservatoire, de différer la signature de la concession de Paérodrome de Tahiti-Faa’a, dans la limite de vingt jours, et d’annuler ensemble des décisions qui se rapportent a attribution de cette concession. Par une ordonnance n° 2200398 du 18 octobre 2022, le juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie frangaise, statuant dans les conditions prévues au troisigme alinéa de l'article L. 511-2 du code de justice administrative, a annulé la procédure de passation Par un pourvoi sommaire, un mémoire complémentaire et un mémoire en réplique, enregistrés les 16 novembre, I* décembre 2022 et 17 mars 2023 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, la société Vinei Airports demande au Conseil dEtat : 1°) d’annuler cette ordonnance ; 2°) statuant en réfiré, de rejeter Ia demande de la société Egis Airport Operation ; 3°) de mettre la charge de la société Egis Airport Operation, la somme de 5.000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative,N° 468930 Elle soutient que : ~ la demande de la société Egis Airport Opération était irrecevable ; = le juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie frangaise a rendu une ordonnance irréguliére pour n’avoir pas visé la note en délibéré qu'elle a produite ; ~ il a dénaturé les piéces du dossier en jugeant que le moyen qu’il a retenu pour fonder sa décision n’avait pas déja ét€ soulevé dans la précédente instance de référé ; - ila commis une erreur de droit et méconnu 'autorité de la chose jugée en accueillant le moyen qui avait é€é écarté par sa précédente ordonnance du 28 octobre 2021 devenue définitive ; = il a commis une erreur de droit et dénaturé les pigces du dossier en jugeant que les stipulations contestées du guide de constitution des offres étaient de mature & restreindre de maniére injustifiée la concurrence ; - il a dénaturé les pigces du dossier en fondant sa décision sur une analyse concurrentielle erronée ; a dénaturé les pigces du dossier en jugeant que la clause contestée induis une restriction injustifige A la concurrence alors que la société Fgis Airport Operation ne démontrait pas qu'elle se trouvait dans V’incapacité de présenter une oflte compétitive avec un constructeur désigné par avance : ~ i a méconnu son office et commis une erreur de droit en ne recherchant pas si Vexigence imposée par la clause litigieuse n’était pas manifestement dépourvue de toute utilité pour examen des offres ; ~ il a dénaturé les pices du dossier en ne retenant pas que la condition fixée a Varticle 7.2 du guide de constitution des offtes était nécessaire & l’appréciation des offes. Par des mémoires en défense, enregistrés les I* et 24 mars 2023, la société Egis Airport Operation conclut au rejet du pourvoi et & ce que la somme de 5 000 euros soit mise a la charge de la société Vinci Airports au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative. Elle soutient que sa demande était recevable et que les moyens soulevés par la société Vinci Airports ne sont pas fondés. Par des observations, enregistrées les 9 et 23 mars 2023, la chambre de commerce, dindustrie, des services et des métiers de Polynésie frangaise demande que le Conseil d’Btat rejette le pourvoi de la société Vinci Airports. Elle soutient par les mémes motif’ que ceux exposés par la société Egis Airport Operation que la demande de cette demniére était, recevable et que les moyens soulevés par la société Vinci Airports ne sont pas fondés. En application de Varticle R. 611-7 du code de justice administrative, les parties ont été informées que la décision du Conseil d’Etat était susceptible d’étre fondée sur le moyen, relevé d’office, tiré de ce que son oftre ayant été jugée irréguliére par une décision de justice devenue définitive, la société Egis Airport Operation n’avait plus intérét & conclure le contrat de concession en litige et n’était par suite pas recevable a saisir Ie juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie frangaise sur le fondement des dispositions de Particle L. 551-24 du code de justice administrative.N° 468930 La société Vinci Airports a présenté des observations, enregistrées le 25 janvier 2023, en réponse @ cette information et reprend 4 son compte le moyen relevé office. Le pourvoi a été transmis au ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires qui n’a pas produit de mémoire. ‘Vu les autres piéces du dossier Vu le code de justice administrative ; Aprés avoir entendu en séance publique - le rapport de M. Hervé Cassara, maitre des requétes, - les conclusions de M. Mare Pichon de Vendeuil, rapporteur public ; La parole ayant été donnée, aprés les conclusions, a la SCP Nicolay, de Lanouvelle, avocat de la société Vinci Airports, a la SCP Foussard, Froger, avocat de la société Egis Airport Operation, la SCP Lyon-Caen, Thiriez, avocat du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires et & la SCP Piwnica, Molinié, avocat de la chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers de la Polynésie Frangaise ; Considérant ce qui suit : 1. Il ressort des piéces du dossier soumis au juge des référés que, par une décision du 2 mars 2022, le Conseil d’Etat statuant au contentieux a rejeté les pourvois formés contre l’ordonnance du 28 octobre 2021 par laquelle le juge des référés du tribunal administratit de la Polynésie frangaise a annulé la décision de Etat d’attribuer le contrat de concession de Vaérodrome de Tahiti-Faa’a au groupement constitué de la société Egis Airport Opération et de la Caisse des dépots et consignations. Par une lettre du 9 septembre 2022, le directeur du ‘transport aérien du ministére de la transition écologique et de la cohésion des tervitoires a informé la société Egis Airport Opération de la décision de I’Etat d’attribuer le contrat de concession de cet aérodrome & la société Vinei Airports. Saisi par la société Egis Airport Operation, le juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie frangaise a, par une ordonnance du 18 octobre 2022 contre laquelle la société Vinci Airports se pourvoit en cassation, annulé la procédure de passation de ce contrat. 2. Aux termes de l'article L. 551-24 du code de justice administrative : « En Nowvelle-Calédonie, en Polynésie francaise et dans les iles Wallis et Futuna, le président du tribunal administratif, ou le magistrat qu'il délegue, peut étre saisi en cas de manquement aux obligations de publicité et de mise en concurrence auxquelles est soumise la passation des marchés et contrats publics en vertu de dispositions applicables localement. / Les personnes habilitées & agir sont celles qui ont un intérét & conclure le contrat et qui sont susceptibles d'étre lésées par ce manquement, ainsi que le haut-commissaire de la République dans le cas oi le contrat est conclu ou doit étre conclu par une collectivité territoriale ou un établissement publicN° 468930 local. / Le président du tribunal administratif peut étre saisi avant la conclusion du contrat. It peut ordonner a auteur du manquement de se conformer @ ses obligations et suspendre la passation du contrat ou V'exécution de toute décision qui s'y rapporte. II peut également annuler ces décisions et supprimer les clauses ou prescriptions destinées a figurer dans le contrat et qui méconnaissent lesdites obligations. Dés qu'il est saisi, il peut enjoindre de différer la signature du contrat jusqu’au terme de la procédure et pour une durée maximum de vingt jours. / Le président du tribunal administratif ou son délégué statue en premier et dernier ressort en la forme des référés y. 3. Il résulte de ces dispositions que la circonstance que offre d’un concurrent évineé, auteur du référé précontractuel, soit irréguliére ne fait pas obstacle & ce qu’il puisse se prévaloir, pour contester [’attribution du contrat, de Virrégularité de Poftre de la soci attributaire. Toutefois, si offre de ce concurrent évineé a été jugée irréguliére par une décision juridictionnelle devenue définitive annulant la décision d’attribution du contrat, il ne peut étre regardé comme ayant un intérét & conclure le contrat et habilité & agir contre la nouvelle déci en portant attribution aprés reprise de la procédure. 4, Il ressort des pigces du dossier soumis au juge des référés que, par son ordonnance du 28 octobre 2021 devenue définitive, le juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie frangaise a annulé la décision de Etat d’attribuer le contrat de concession de Praérodrome de Tahiti-Faa’a au groupement constitué de la société Egis Airport Operation et de la Caisse des dépdts et consignations au motif que leur offre était inréguliére et devait étre Gliminge pour ce motif. Par suite, il résulte de ce qui a été dit au point 3, que la société Egis, Ainport Operation n’avait pas intérét & conclure le contrat au sens des dispositions citées au point 2 et n’était done pas recevable a agir sur leur fondement contre 1a nouvelle décision portant attribution de ce contrat, aprés reprise de la procédure, a la société Vinci Airports dont l’offre avait été classée deuxiéme. 5. I résulte de ce qui précéde que, sans qu’il soit besoin de se prononcer sur les autres moyens du pourvoi, ordonnance en litige par laquelle le juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie frangaise a fait droit a la demande de la société Egis Airport Operation alors qu’elle était dépourvue de qualité lui donnant intérét & agir doit étre annulée. 6. Ily a lieu, dans les circonstances de l’espéce, de régler Paffaire au titre de la procédure de réfiré engagée, en application des dispositions de l'article L. 821-2 du code de justice administrative. 7. Pour les motifs indiqués aux points 2 a 5, la demande présentée par la société Egis Airport Operation est irrecevable et ne peut, par suite, qu’étre rejetée. 8. Les dispositions de ’article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle & ce qu’une somme soit mise A ce titre & la charge de la société Vinci Airports qui n'est, pas, dans la présente instance, la partie perdante. Il y a lieu, dans les circonstances de l’espéce, de mettre une somme de 4 500 euros la charge de la société Egis Airport Operation au titre de ces dispositions. DECIDEN° 468930 Article 1* : L’ordonnance du 18 octobre 2022 du juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie francaise est annulée. Article 2 : La demande présentée par la société Egis Airport Operation devant le juge des référés du tribunal administratif de la Polynésie frangaise et ses conclusions présentées au titre de article L. 761-1 du code de justice administrative devant le Conseil d’Etat sont rejetées. Article 3 : La société Egis Airport Operation versera a la société Vinci Airports une somme de 4 500 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative. Article 4: La présente décision sera notifiée la société Vinci Airports, au ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, a la société Egis Airport Operation et a la chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers de la Polynésie frangaise. Délibéré a issue de la séance du 15 mai 2023 oi siégeaient: M. Rémy Schwartz, président adjoint de la section du contentieux, présidant ; M. Nicolas Boulouis, M, Olivier Japiot, présidents de chambre ; M. Olivier Rousselle, Mme Anne Courréges, M. Benoit Bohnert, M. Gilles Pellissier, M. Jean-Yves Ollier, conseillers d'Etat et M. Hervé Cassara, maitre des requétes-rapporteur. Rendu le 1* juin 2023 Le président Signé : M. Rémy Schwartz Le rapporteur Signé : M. Hervé Cassara La seerétaire = Signé : Mme Nadine Pelat La République mande et ordonne au ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires en ce qui le conceme ou a tous commissaires de justice & ce requis en ce qui conceme les voies de droit commun contre les parties privées, de pourvoir a l’exécution de la présente décision. Pour expédition conforme, Pour la secrétaire du contentieux, par délégation