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Pour commencer à discuter sur le travail des lanceurs d’alerte et son importance dans la vie politique, il

faut d’abord en établir une définition qui nous servira de boussole pour la suite de la discussion. Selon
la loi sur la transparence Sapin II votée en 2016, un lanceur d’alerte serait : “une personne physique qui
révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi, un crime ou un délit, une violation grave et
manifeste d’un engagement international de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice
graves pour l’intérêt général, dont elle a eu personnellement connaissance”. Donc,comme son nom
l’indique, il alerte, mais pourquoi le fait-il et qu’est ce qu’il pourrait bien divulguer au sein de
démocraties dont l’une de leurs valeurs principales est censée être la transparence ? A-t-on vraiment
besoin de lui dans nos démocraties actuelles ? Ne serait ce pas juste un moyen pour amener le désordre
au sein d’une société basée sur la confiance en les institutions ? Justement, les lanceurs d’alerte sont
des gardiens de la transparence démocratique en dernier ressort, lorsque celle-ci se montre inapte à
l’assurer, et les occasions ne sont pas rares car il n’existe pas de démocratie parfaite. Leur travail est
encore une fois justement, d’en créer une qui se rapproche le plus de cet idéal de perfection en
informant le plus de monde possible sur ce qu’il se passe de “l’autre côté” si l’on peut dire, celui du
gouvernement et des structures politiques qui l’entourent, inaccessible aux yeux des citoyens. Les
divulgations récentes des lanceurs d’alerte illustrent l’opacité existante au sein de l’appareil d’État.
L’exécutif a dorénavant un pouvoir de contrôle important grâce à l’ampleur des informations
confidentielles qu’il détient. Le développement des technologies a permis aux gouvernements de
disposer d’un accès aux données jusqu’ici inimaginable : ils peuvent maintenant surveiller le flux
d’information au nom de la sécurité nationale tout en sachant qu’aucune mesure démocratique
systématique ne va les en dissuader. Ces techniques de surveillance ont un coût particulier pour les
citoyens, en taclant de plein fouet ses droits. Lancer l’alerte est une solution pour résoudre le problème
de la population qui ne disposent pas de moyen de contrôle adéquat pour juguler les excès du pouvoir.
Cependant, c’est aussi une mesure qui sort du cadre légal. Elle viole la clause de non-divulgation des
informations classées secrètes. Ne faut-il pas faire prévaloir la légitimité des secrets nationaux plutôt ?
En effet, cela pose le dilemme entre la raison d’État opposée aux valeurs individuelles ; l’éthique
étatique contre l’éthique individuelle. Une contradiction évidente surgit entre l’intérêt personnel qui est
de servir ses valeurs au péril de sa vie et celui de l’État tout puissant, qui doit, au nom de sa « raison »,
protéger la société civile de la vérité. Toutefois, le citoyen n’est-il pas en droit de savoir ce qu’il se
passe dans les affaires politiques de son pays ? Les droits, dans une démocratie, pèsent plus que la soi-
disant “protection” de la population. En tant que sous-produits dissidents, les lanceurs d’alerte jouent
un rôle crucial, souvent en dehors des confins des lois, en exposant des cas d’abus, de corruption ou de
violation des droits citoyens. Grâce à eux, les citoyens ont entre leurs mains les outils pour participer le
plus possible à la vie politique. Ils ont toutes les informations nécessaires pour faire des choix qui
reflètent leurs opinions personnelles, non faussées par de fausses déclarations et de faux savoirs sur ce
qu’il se passe au sein du pays qui contribueraient à manipuler leur vote. Lancer l’alerte peut donc être
vu comme un acte dissident perpétré pour protéger l’intérêt public. Non autorisées, ces révélations
permettent toutefois aux citoyens de savoir que leurs droits sont menacés. Par la même occasion, ils
sont conscients des limites des procédures démocratiques. La surveillance et l’extraction de données,
les opérations de défense ou la collecte de renseignements détériorent souvent les droits des citoyens.
Ces derniers sont incapables de déterminer où ils se situent face aux lois et si les forces exercées sur
eux sont justifiées. Lancer l’alerte permet ainsi de répondre à la violation ou la limitation de droits
citoyens. On pourrait citer plusieurs exemples pour appuyer notre propos : un des plus connus, celui
des Pentagon Papers, montre bien que tirer l’alarme affecte non seulement le gouvernement mis en
place et contribue donc à une véritable possibilité pour les citoyens d’avoir un avis personnel sur les
affaires politiques du pays. En effet, la diffusion de 7 000 pages « secret défense » au grand public en
19 retraçant l'origine et la genèse de l'engagement des États-Unis au Vietnam en
divulguant comment le gouvernement américain a délibérément généralisé la guerre à l'insu du
Congrès éclabousse les milieux politiques américains et amène l’opinion publique américaine à rejeter
le conflit pour de bon. Toutefois, on peut se demander si il était bon de diffuser ce genre d’informations
alors que le gouvernement américain, alors en pleine guerre froide, était leader du monde libre ? Ne
fallait-il pas, à ce moment-là de l’Histoire, rester dévouer à cette entité qui servait de “modèle
démocratique” pour le reste du monde ?

on pourrait répondre en disant que c’est justement ce genre de scandale qui fait avancer la démocratie.
La façon dont les lanceurs d’alerte sont traités est une mesure du contexte politique en place. Cela offre
un aperçu de la capacité des sociétés à prendre en considération les dissidents. Le respect de la
désobéissance et un engagement délibératif avec les dissidents et une preuve du bon fonctionnement et
de la maturité d’une démocratie.Pour souligner sa véritable volonté démocratique, les États-Unis aurait
du protéger cette transparence à l’issue des événements des Pentagon Papers . Offrir une protection
nécessaire est le signal que la démocratie accepte leur rôle dans le renforcement et la préservation de
ses valeurs. De plus, l’affaire des années 70 a consolider le rôle de la presse américaine comme
quatrième pilier de la démocratie. Peut être que l’image démocratique étasunienne a été ébranlé mais
tout ceci a permis la consolidation du régime et une plus grande transparence au sein du pays. La
démocratie a en quelque sorte triomphé a l’issue de ces événements. Mais, si nous poursuivons notre
discussion sur ce sujet-ci, on peut très bien dire qu’en fin de compte, les lanceurs d’alertes ne sont pas
des citoyens exemplaires puisqu’ils nuisent à l’État. C’est ici que l’on glissera la définition du citoyen :
contrairement à ce que l’on pourrait penser, le citoyen n’est pas celui qui rend service à l’État, c’est,
avant tout, un individu considéré du point de vue de ses droits politiques, qui prend part à la vie
politique de la cité, celui qui poursuit le bien de tous, le bien commun, avant le sien propre. Or, Julian
Assange, Irène Frachon, Edward Snowden, tous des lanceurs d’alerte, se sont engagés à titre personnel
et désintéressé pour défendre des causes collectives. Si l’on prend le cas de Snowden, il s’est même
réfugié en Russie après des poursuites aux États-Unis. Cependant, il s’est montré exemplaire car il a
véritablement pris part à la vie politique de son pays en rendant publique les systèmes de surveillance
ultras-développés de la National Security Agency. Il a également voulu être considérer comme un
individu ayant des droits politiques, donc ayant le droit de savoir qu’on le surveille derrière son dos.
Donc, pour cela, oui il a véritablement été un citoyen exemplaire en partageant à la nation américaine
et au monde entier ce dont il n’avaient aucune idée.
Pour conclure,

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