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LI Stéphanie 1G2

Dissertation n°3

Apollinaire est très souvent présenté comme un poète moderne rompant avec les différentes traditions des
siècles passés et introduisant la vie moderne dans ses poèmes en renouvelant ses formes avec une grande liberté.
André Breton déclare en 1954 : « La liberté et l’audace d’Apollinaire ont délibérément forcé toutes les écluses pour
donner cours à l’inouï. ». Breton voit dans Apollinaire une innovation incomparable qui « force » le changements et le
renouveau. Nous pouvons alors nous demander en quoi le discours de Breton illumine et instruit-il la lecture du recueil
poétique d’Alcools. Ainsi, c’est un recueil poétique étonnant et inouï qui rend néanmoins hommage à la tradition et au
passé malgré les nouveautés modernes qui poussent vers les écluses.

Tout d’abord, le recueil poétique d’Alcools est étonnant et inouï pour son époque. En effet le poète fait de son
œuvre une composition éclatée et originale. Les poèmes sont écrits entre 1898 et 1913 en dépit qu’à la sortie du
recueil, ils ne sont pas présentés dans l’ordre où ils ont été écrit comme avec « Zone » qui se place en premier alors
que c’est un des derniers poèmes écrits par Apollinaire. Ils ne suivent pas non plus un ordre alphabétique c’est encore
le cas avec « Zone » qui commence par un Z et où son premier vers commence avec « à la fin » ce qui est
contradictoire. Quant à « Vendémiaire », le dernier poème du recueil, c’est un manifeste qui invite les lecteurs à lire
ses poèmes. Ainsi plus on avance dans le recueil, plus on avance vers les moments présents. Le poète alterne ensuite
les poèmes longs avec ceux qui sont courts et les vers irréguliers et réguliers notamment dans « Zone » (long, strophes
irrégulières), et dans « Le Pont Mirabeau » (court, strophes régulières) etc. Certains poèmes entrecoupent des sections
même s’il n’y a pas de réelles séparations.
Par ailleurs, juste avant la publication, Apollinaire fait de grands changements pour donner une plus grande
fluidité au recueil. Non seulement la ponctuation de ses poèmes était au début présents mais il décide alors de s’en
passer et de la supprimer au dernier moment ce qui montre qu’il veut s’affranchir avec les règles classiques et les
traditions poétiques de son époque. Ce changement offre une plus grande liberté au lecteur et donc plusieurs
possibilités de s’approprier le texte et lire les vers de plusieurs manières. On construit notre propre logique. De même
que le vers libre très souvent utilisé, donne une certaine variété rythmique au poème et fait du vers la véritable
ponctuation. Les assonances et allitérations remplacent quant à elles parfois les rimes et créent alors de nouvelles
associations de mots par des rapprochements phoniques.

Si le recueil poétique est étonnant et inouï pour son époque grâce à sa composition éclatée et originale et la
fluidité favorisée, il ne peut cependant ignorer le passé. Le lyrisme élégiaque et traditionnel et les références
mythiques et bibliques continuent à rendre hommage à la tradition et au passé.

2. Hommage à la tradition et au passé

a. Le lyrisme élégiaque et traditionnel

• D’abord, ses poèmes prennent souvent une forme qui rappelle la chanson grâce à la recherche du rythme et
des sonorités
• En outre le poète fait beaucoup référence au temps qui passe et la lutte constante contre la fatalité du temps
et de l’oubli comme dans « Le Pont Mirabeau »
• Ensuite l’utilisation d’une tonalité lyrique, élégiaque et mélancolique dans ses poèmes
• De plus l’évocation de ses amours malheureuses et de ses souffrances endurées même s’il ne se résigne pas à
faire le deuil comme dans « La chanson du Mal-aimé »
• Enfin l’utilisation des thèmes romantiques comme dans « Automne » qui rappelle la mélancolie

b. Références mythiques et bibliques

• Tout d’abord, des références bibliques, par exemple la traversée de la Mer Rouge par les Hébreux dans « La
chanson du Mal-aimé » et Salomé qui danse pour Hérodote pour récupéré la tête de Jean-Baptiste dans
« Salomé »
• Ensuite, des références au christianisme et à la passion du poète pour le Christ dans « Le larron » ou encore
« L’ermite »
• Puis, des références mythiques, c’est le cas de « Poème lu au mariage d’André Salmon » qui est une réécriture
du mythe d’Orphée et une allusion du retour à Ithaque d’Ulysse dans « La Chanson du Mal-aimé »
• Enfin, des références issues du folklore germanique, notamment dans « La Loreley », une sorcière/sirène qui
envoûte les bateliers avec son chant

3. Nouveautés modernes qui pousse vers les écluses

a. Un univers urbain et futuriste

• Tout d’abord, le poète apparaît comme un citadin qui évoque beaucoup la ville, que ce soit le jour et la nuit
• De plus, il présente Paris sous ses différents aspects à travers ses rues, ses quartiers, ses monuments, ses
ponts, ses hôtels, ses usines, ses églises, ses bars etc, ce qui montre un univers urbain avec ses aspects beaux
et animés d’une vie intense, en particulier dans « Zone », une balade d’une journée dans Paris
• Enfin, un univers futuriste où Apollinaire célèbre les inventions les plus novatrices de son époque comme
l’avion et la voiture dans « Zone » et « Un soir », et l’électricité dans « Les fiançailles »

b. Une esthétique du cubisme

• Tout d’abord, le cubisme est crée au début du XX ème avec Cézanne qui révolutionne la peinture, c’est un
affranchissement des lois de la perspective, le principe est que l’art ne doit pas imiter ou représenter le réel
mais le créer véritablement
• Ensuite, certains poèmes d’Alcools déstructurent le réel, à la façon de Picasso, par la multiplication des points
de vue, le poète télescope donc dans ses poèmes les lieux et les époques comme dans « Zone » avec
l’anaphore « Te voici à Marseille »/ « Te voici à Coblence »/ « Te voici à Rome »
• Enfin, dans « Zone », « Le voyageur », « La chanson du Mal-aimé » il y a des lignes de convergence comme le
refus des normes traditionnelles de la représentation, la mise à distance des conventions du réalisme, la
recherche d’un dynamique simultanéisme dans l’agencement des mots, des phrases et des images

Ainsi, la modernité n’est pas signe de destruction du passé mais plutôt de donner un nouveau souffle au
monde ancien. En effet, Apollinaire n’est pas en rupture avec les traditions, des notions de modernité sont perçues de
différentes manières dans son œuvre tout comme des notions de traditions poétiques. Son art poétique se situe entre
tradition et modernité et se rapproche du renouveau opéré par les peintres cubistes du début du siècle. Delaunay
transpose la profusion des angles de vue de la Tour Eiffel en s’appuyant sur l’esthétique cubiste où il décompose
l’édifice et l’éclate en fragments. Cette période se caractérisera par l’éclatement des formes.

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