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Texte 6 : Zone – Guillaume Apollinaire

Alcools

Introduction :
« Zone » ouvre le recueil Alcools, publié en 1913.
Il est placé en tête alors que c’est le dernier
poème que Apollinaire ait composé ?
Dans ce poème, Apollinaire oscille entre tradition
et modernité. Le poète crée ainsi une ouverture,
en plaçant ce poème au début du recueil, qui
imprime sa volonté de moderniser la poésie et de
réinventer l’écriture poétique. C’est ce poème que
nous étudierons présentement.

Problématique :
Pourquoi peut-on dire que ce poème allie
tradition et modernité poétique ?

Les mouvements du texte :


1. La revendication de la modernité (v. 1 à 10)
2. La poésie dans la ville (v.11 à 14)
3. La ville poétisée (v.15 à 24)

1. La revendication de la modernité (v.1 à 10)

- On peut constater que les trois première strophes sont des monostiches
(strophes d’un seul vers
« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin » (v.2) →
apposition de Bergère : métaphore qui assimile l.a tour Eiffel à une Bergère
et les moutons à des ponts = le poète refuse le « monde ancien » mais le
second vers s’ouvre sur un personnage ancien : la bergère, héroïne des
romans pastoraux du 17e siècle mais qui garde un troupeau de ponts.

- « Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine » (v.3)


→ reprise du vers 1 avec « tu en as assez » et « tu es las » = Les vers 1 et 3
soulignent le besoin de nouveauté, de renouveau qui va s’exprimer dans la
poésie.
- « Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion » (v.4-5)
→ paradoxe dans cette évocation de la religion catholique, il faut
envisager la modernité de la religion catholique, qui est ici, moderne
au sens chronologique.

- Comparaison : « est restée simple comme les hangars du Port-


Aviation » (v.6) → Analogie entre la religion et l’aviation : les deux
sont modernes et les deux permettent l’élévation spirituelle ou
physique.

- « Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme


L’européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X » (v.8) →
Antithèse : antique et moderne. Eloge de l’ironie du Pape : ironie →
Pape antimoderniste + respect pour le Pape → vouvoiement et
superlatif, mais Pape moderne car il a bénit le premier aviateur :
l’aviation fascine Apollinaire.

- « Et toi que les fenêtres observent la honte te retient


D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin » (v.9-10)
→Complexité du rapport d’Apollinaire à la religion
→ enjambement + présent dans l’énonciation : le « tu » représente le
poète, conversation de soi à soi = on peut penser au début que le poète
s’adresse à son lecteur mais ont comprend rapidement qu’il se parle à
lui même = jeu de dédoublement : le « je » qu’on trouveras plus loin
au vers 15 et le « tu » de ces vers sont la même personne.

2. La poésie dans la ville (v.11 à 14)

« Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut.
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policières
Portraits de grands hommes et mille titres divers » (v. 11 à 14)

- Champ lexical de l’écriture : « prospectus », « catalogue »,


« affiche », « journaux », « aventures policières », « portraits », « titres »
→ Apollinaire dresse la liste, avec une énumération qui l’accentue au vers
11, de tout ce que le paysage urbain offre à lire à qui le traverse, il ne se
contente pas de citer tous ces éléments, il les classe, comme un critique
littéraire.
→Antithèse : prose et poésie = la prose est définie par son aspect narratif
alors que la poésie rassemble toutes les formes très brèves d’écriture.
- Hyperboles : « chantent tout haut », « pleines d’aventures », « grands
hommes », « mille titres divers »
→ Pluriels : « les prospectus », « les affiches », « les catalogues »
→Emphase : « voilà la poésie »
→Anaphore : « il y a »
→Vocabulaire prosaïque : « livraisons à vingt-cinq centimes »

C’est la poésie qu’Apollinaire revendique, dans le monde urbain et dans


sa conception de l’écriture poétique. Tout est poésie.

3. La ville poétisée (v.15 à 24)

- « J’ai vu » et « j’aime » → 1ère personne du singulier au début et à la fin


de mouvement : cohérence de l’énonciation.
- adjectifs : « neuve et propre »
- reprises pronominales : « elle était » ; « y passent », « y aboie », « y
gémit »
- dernier vers retournent à la rue en général : « J’aime la grâce de cette rue
industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes »
→Reprise du pronom personnel « je »
L’ouverture narrative du premier vers et les vers suivant sont la description
de cette jolie rue, c’est le fil rouge de ce mouvement qui est construit
comme une boucle.

- Repère géographique précis (v .24) : Apollinaire décrit une rue du 17e


arrondissement en particulier, il cherche à montrer la réalité du monde
parisien.

- Champ lexical du monde industriel : « sirène », « cloche », « enseignes »


+ du monde du travail « les directeurs et ouvriers et les belles sténo-
dactylographes »
→ Il évoque tous les détails des rues parisiennes : agitation, bruits, les
enseignes qui décorent les paysages urbains.

- Monotonie du monde du travail : « du lundi au matin au samedi soir


quatre fois par jour » + « le matin par trois fois » et « vers midi » + « la
matin par trois fois la sirène y gémit »
→ Alexandrin mimétique du rythme de la sirène
Cette monotonie à un rythme presque musical.
Conclusion :
Le poème « Zone » met en exergue la lassitude du
poète vis à vis du monde ancien et de la tradition
poétique. Il démontre également la fascination
qu’éprouve Apollinaire pour la modernité. Son
regard sur la rue et le quotidien est bienveillant et
enchanté. Il est à noter que d’autres poèmes dans le
recueil Alcools font référence à l’espace urbain
comme « Le pont Mirabeau ».

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