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QUESTIONNEMENTS COMPLÉMENTAIRES

La ville, lieu de tous les possibles ?

Séquence 5
La ville dans la poésie du XIXe siècle.

Durée approximative : 8 heures

Au travers de cette nouvelle séquence et dans le cadre des questionnements complémentaires, nous allons
aborder le thème La ville, lieu de tous les possibles ?
Tu verras dans la séquence 7, consacrée au lyrisme, que la nature constitue un thème important dans
la poésie romantique. Mais, à partir du milieu du XlXe siècle, la révolution industrielle bouleverse
le paysage urbain et social. Les artistes vont s’approprier le thème de la ville qui symbolise alors la
modernité.
Tu vas étudier la façon dont les poètes ont exprimé leur expérience personnelle de la ville moderne, avec
ses attraits et ses désagréments.
Au fil de tes lectures, tu verras également comment l’expression de cette modernité s’accompagne d’une
évolution des formes poétiques. Cette séquence te propose en effet des poèmes réguliers, à forme fixe,
mais aussi des textes à l’écriture poétique plus libre.
Et maintenant, entre dans la ville des poètes :
« Fourmillante cité, cité pleine de rêves »
comme l’écrit Charles Baudelaire dans l’un de ses Tableaux parisiens.

156 — © Cned, Français 4e


séance 1 — Séquence 5

Sommaire

Séance 1 Découvrir le regard d’un poète sur la ville

Séance 2 Étudier un paysage état d’âme : la banlieue

Séance 3 Découvrir comment la représentation de la ville se mêle à celle de la femme

Séance 4 Découvrir une vision fantastique de la ville

Séance 5 Étudier un poème en prose

Séance 6 Je m’évalue

© Cned, Français 4e — 157


Séquence 5 — séance 1

Séance 1
Découvrir le regard d’un poète sur la ville

Je peux lire aussi …


- Charles Baudelaire : « Paysage », « Les Sept vieillards », « Les
Petites vieilles », « Les Aveugles », « À une passante », « Rêve
parisien » dans Les Fleurs du mal.
- Arthur Rimbaud : « Ville », « Villes » dans Illuminations.
- Guillaume Apollinaire : « Zone » dans Alcools.
© Cned / N. Julo

Durée de la séance : 1 h 30.

Dans cette séquence, tu vas découvrir le thème de la ville dans la poésie du XIXe siècle. Tu as vu, dans la
séquence consacrée au lyrisme, que la nature constituait un thème important dans la poésie romantique.
Mais, à partir du milieu du XIXe siècle, la révolution industrielle bouleverse le paysage urbain et social.
Les artistes vont s’approprier ce thème de la ville qui symbolise alors la modernité. Tu vas étudier la
façon dont les poètes ont exprimé leur expérience personnelle de la ville moderne, avec ses attraits et
ses désagréments. Au fil de tes lectures, tu verras également comment l’expression de cette modernité
s’accompagne d’une évolution des formes poétiques. Cette séquence te propose en effet des poèmes
réguliers, à forme fixe, mais aussi des textes à l’écriture poétique plus libre.

Dans la première séance, tu vas lire un poème de Paul Verlaine (1844-1896) qui nous livre sa propre
expérience de la vie urbaine.

À présent, lis deux fois le texte qui suit et écoute-le à la piste 22 de ton CD.

Le Bruit des cabarets…


Le bruit des cabarets, la fange1 du trottoir,
Les platanes déchus s’effeuillant dans l’air noir,
L’omnibus2, ouragan de ferraille et de boues,
Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
5 Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
Les ouvriers allant au club, tout en fumant
Leur brûle-gueule3 au nez des agents de police,
Toits qui dégouttent, murs suintants, pavé qui glisse,
Bitume défoncé, ruisseaux comblant l’égout,
10 Voilà ma route – avec le paradis au bout.
« Le bruit des cabarets… », La Bonne Chanson, Paul Verlaine (1870)

Notes :
1. « fange » : boue épaisse.
2. « omnibus » : véhicule de transport en commun, autrefois tiré par des chevaux.
3. « brûle-gueule » : pipe à tuyau très court.

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séance 1 — Séquence 5

Pour vérifier ta lecture, réponds maintenant aux questions qui suivent.

A Le regard du poète sur la ville


1- a) Quelle impression générale de la ville se dégage à la première lecture de ce poème ?
b) Souligne dans le poème de Verlaine tous les mots qui appartiennent au champ lexical de la
ville.
c) Quel est le seul élément de la nature présent dans ce poème ? Encadre les mots ou
expressions qui le décrivent.
d) Quelle image de la nature est ainsi proposée ?
e) Quels personnages traduisent la présence humaine dans ce tableau ?

Vérifie maintenant tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre ton travail.

2- a) Cette description de la ville fait appel à plusieurs sens parmi les suivants : la vue, l’ouïe,
l’odorat, le goût, le toucher. Observe les expressions notées dans le tableau ci-dessous et
retrouve pour chaque colonne le sens qui correspond.

sens
- bruit - l’air noir - suintants
- ouragan de ferraille - ses yeux verts et rouges - glisse
- grince

b) Souvent, dans les poèmes de Verlaine, « il pleut sur la ville ». Relève les mots ou expressions
qui indiquent cette présence de la pluie.

3- « L’omnibus, ouragan de ferraille et de boues,


Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
Et roule ses yeux verts et rouges lentement, » (v. 3-5)
a) Recherche dans un dictionnaire l’étymologie du mot « omnibus ».
b) Grâce à l’étymologie, explique maintenant à qui est réservé ce moyen de transport.
c) Quelles sont les deux figures de style employées par le poète pour décrire l’omnibus ?
d) Quelle image de l’omnibus se dégage de cette description ?

Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles proposées dans le livret du corrigé.

B Les nuisances de la ville


1- Associe à chaque nuisance de la ville une expression tirée du poème :

- Le vacarme : .........................................................................

- La saleté : .............................................................................

- Le danger : ...........................................................................

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Séquence 5 — séance 1

2- Verlaine n’est pas le premier poète à souligner les désagréments de la ville. Dès le XVIIe siècle,
Nicolas Boileau se plaignait des embarras de Paris.
Souligne dans cet extrait toutes les sources de bruit dont se plaint le poète :

« Tout conspire à la fois à troubler mon repos,


Et je me plains ici du moindre de mes maux :
Car à peine les coqs, commençant leur ramage,
Auront de cris aigus frappé le voisinage
5 Qu’un affreux serrurier, laborieux Vulcain,
Qu’éveillera bientôt l’ardente soif du gain,
Avec un fer maudit, qu’à grand bruit il apprête,
De cent coups de marteau me va fendre la tête.
J’entends déjà partout les charrettes courir,
10 Les maçons travailler, les boutiques s’ouvrir :
Tandis que dans les airs mille cloches émues
D’un funèbre concert font retentir les nues ;
Et, se mêlant au bruit de la grêle et des vents,
Pour honorer les morts font mourir les vivants. »
« Les Embarras de Paris », Satires, Nicolas Boileau
Compare tes réponses avec le corrigé avant de passer à la partie suivante.

C La structure du poème « Le bruit des cabarets... » de Verlaine


1- a) Combien de vers compte le poème de Verlaine (au début de la séance) et quel est le mètre*
utilisé ?
b) Quelle est la disposition des rimes ?
c) Combien de phrases comporte le poème ?
d) Sur quelle figure de style cette phrase est-elle organisée ?
e) Que permet d’exprimer l’emploi de cette figure de style ?
2- a) Quel groupe nominal situé à la fin du poème traduit la présence du poète ?
b) Peux-tu maintenant expliquer quel ordre suit la description des éléments de la ville ?
c) Quelle expression employée dans le vers 10 vient contredire l’image générale qui est donnée
de la ville ?
d) Cette expression doit-elle être comprise au sens propre ?
e) De quel signe de ponctuation est-elle précédée ?

Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le livret du corrigé et poursuivre ton travail.

j e sais déjà
Tu as déjà étudié en cinquième les expansions du nom. Voici un rappel :
Le groupe nominal peut être enrichi par différents moyens :
L’épithète : « murs suintants »
Le complément du nom : « le bruit des cabarets »
La proposition subordonnée relative : « toits qui dégouttent »
L’apposition : « l’omnibus, ouragan de ferraille et de boues »

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séance 1 — Séquence 5

3- Dans son poème, Verlaine a employé de nombreuses expansions pour caractériser les éléments
de la ville. Récris ce poème au brouillon en supprimant toutes les expansions des groupes
nominaux.

Vérifie maintenant tes réponses. Puis lis la rubrique « J’approfondis » qui suit.

j ’approfondis Le regard de Verlaine sur la ville

Dans ce texte, Verlaine nous fait partager son regard sur la ville, dont il donne une image
négative à travers les différents désagréments rencontrés. Le poème est un dizain (poème de dix
vers) composé d’alexandrins aux rimes suivies. Il ne comporte qu’une seule phrase construite par
accumulation de groupes nominaux enrichis. Cette structure permet de traduire la multiplicité
des perceptions et des sensations. Le poète intervient directement à la fin de son texte (« voilà
ma route ») pour donner une cohérence à l’ensemble de la description : l’ordre des différents
éléments correspond à son trajet dans la ville. Mais le mot « paradis » apporte une chute
ironique marquée par l’emploi du tiret au vers 10.

D Expression écrite

Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.

Voici un tableau de Caillebotte présentant une rue de Paris sous la pluie. Observe-le
attentivement.

Gustave Caillebotte (1848-1894), Rue de Paris, temps de pluie, 1877, © Roger-Viollet.

Rédige un petit paragraphe constitué d’une seule longue phrase. Cette phrase proposera une
accumulation de groupes nominaux enrichis pour décrire les éléments de la ville. Tu termineras
ton paragraphe par « voilà ma route – avec le paradis au bout. »

 Coup de pouce : pour t’aider à décrire les immeubles et les rues de style haussmannien, tu peux
te reporter au « Coin des curieux » de la séance 7 (séquence 4) consacré au Paris d’Haussmann.

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Séquence 5 — séance 1

Pour réussir cet exercice tu dois :


- Écrire une seule longue phrase
- Mentionner les différents éléments observés sur le tableau
- Employer des expansions variées pour enrichir les groupes nominaux
- Vérifier les accords dans le groupe nominal ainsi que les accords sujet/verbe.
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes
en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que… Fait


J’ai rédigé une seule longue phrase.
J’ai mentionné les différents éléments du tableau.
J’ai employé des expansions variées pour enrichir les groupes nominaux.
J’ai vérifié les accords dans les groupes nominaux ainsi que les accords sujet /verbe.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

© N.Julo/Cned/2012

Tu trouveras à la fin de chaque séance une petite banque de mots ou d’expressions appartenant au
vocabulaire de la ville. Ces banques de mots t’aideront à réussir l’évaluation finale. Dans le devoir, tu
devras en effet à ton tour écrire un poème sur l’univers de la ville.

Banque de mots :
Cabaret - trottoir - omnibus - toit - mur - pavé - bitume - égout

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séance 2 — Séquence 5

Séance 2
Étudier un paysage état d’âme : la banlieue
Durée de la séance : 1 h 30.
Dans cette séance tu vas lire un poème de François Coppée (1842-1908) qui te permettra de découvrir
ce que l’on nomme un paysage état d’âme. Le poète fuit la grande ville et se promène dans un espace
intermédiaire entre l’univers urbain et celui de la nature : la banlieue. Tu vas également travailler sur les
accords complexes sujet / verbe.

Pour bien comprendre ce poème, tu dois savoir que la banlieue parisienne dont parle F. Coppée est très
différente de la banlieue parisienne actuelle. Les anciennes petites maisons avec jardins des ouvriers et
employés, qui avaient un air de village provincial, ont été remplacées, après la seconde guerre mondiale,
par des immeubles et des parkings.

À présent, lis deux fois le poème qui suit et écoute-le à la piste 23 de ton CD.

À Paris, en été, les soirs sont étouffants.


À Paris, en été, les soirs sont étouffants.
Et moi, noir1 promeneur qu’évitent les enfants,
Qui fuis la joie et fais, en flânant, bien des lieues,
Je m’en vais, ces jours-là, vers les tristes banlieues.
5 Je prends quelque ruelle où pousse le gazon
Et dont un mur tournant est le seul horizon.
Je me plais dans ces lieux déserts où le pied sonne,
Où je suis presque sûr de ne croiser personne.
Au-dessus des enclos les tilleuls sentent bon ;
10 Et sur le plâtre frais sont écrits au charbon
Les noms entrelacés de Victoire et d’Eugène,
Populaire et naïf monument2, que ne gêne
Pas du tout le croquis odieux qu’à côté
A tracé gauchement3, d’un fusain4 effronté,
15 En passant après eux, la débauche impubère5.
Et, quand s’allume au loin le premier réverbère,
Je gagne la grand’rue, où je puis encor voir
Des boutiquiers prenant le frais sur le trottoir,
Tandis que, pour montrer un peu ses formes grasses,
20 Avec son prétendu6 leur fille joue aux grâces7.
« À Paris, en été, les soirs sont étouffants », Intimités, François Coppée (1868)
Notes :
1. « noir » : triste, mélancolique.
2. « monument » : ici, témoignage.
3. « gauchement » : de façon maladroite.
4. « fusain » : charbon de bois servant à dessiner.
5. « la débauche impubère » : un jeune garçon dépravé.
6. « prétendu » : fiancé.
7. « joue aux grâces » : fait la coquette.

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Séquence 5 — séance 2

Tu peux maintenant vérifier ta compréhension du texte en répondant aux questions ci-dessous.

A Une promenade en banlieue


1- a) Quel mot exprime l’action de se promener au début du poème ?
b) Cite deux lieux que le poète emprunte dans le poème. Les noms qui désignent ces lieux
appartiennent à la même famille de mots.
c) Explique l’expression « où le pied sonne » (v. 7).
2- a) Recherche dans un dictionnaire la définition du mot « banlieue » puis recopie-la. Près de
quelle ville la banlieue présentée dans le poème se trouve-t-elle ?
b) Souligne dans le poème une autre expression par laquelle sont désignées « les tristes
banlieues ».
c) Dans cette banlieue, certains éléments appartiennent encore à la ville et d’autres déjà à la
nature. Associe chacun des éléments suivants à son univers.

trottoir •
tilleuls • • La ville
boutiquiers •
gazon • • La nature
réverbère •

Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le corrigé et poursuivre ton travail.

B Un paysage état d’âme


1- a) Pourquoi le poète s’éloigne-t-il de Paris ?
b) Dans quel état d’esprit se trouve-t-il ? Cite deux éléments dans les vers 1 à 3 qui justifient
ta réponse.
c) Que recherche-t-il en se promenant dans la banlieue ? Recopie le vers qui t’a permis de
trouver la réponse.
d) Pourquoi les sentiments du poète sont-ils en harmonie avec ce lieu ?
e) Relève une expression qui montre que le poète prend plaisir à s’y promener.
2- a) Le mot « frais » apparaît deux fois dans le poème. Recopie les expressions dans lesquelles il
est employé et précise à chaque fois sa classe grammaticale.

 Coup de pouce : Reporte-toi au tableau sur les classes grammaticales et les fonctions à la fin
du livret 2.
b) À quel adjectif rencontré au début du poème s’oppose-t-il ?
c) Encadre dans le poème les deux graffitis que le poète observe sur un mur de plâtre. En
quoi s’opposent-ils ?
d) L’un de ces dessins est qualifié de « naïf ». Cherche dans ton dictionnaire un synonyme de
« naïf » qui pourrait convenir ici.
e) Décris en une phrase la scène quotidienne à laquelle le poète assiste à la fin de sa
promenade.

Compare tes réponses avec celles contenues dans le corrigé. Ensuite, lis puis recopie le « Je retiens » qui
suit afin de le mémoriser.

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séance 2 — Séquence 5

j e retiens
Le paysage état d’âme
Le poète peut entretenir avec le paysage qu’il décrit une relation particulière : le paysage
peut refléter l’état d’esprit du poète. On parle alors de paysage état d’âme : l’âme du poète
et le lieu décrit sont en parfaite harmonie.
Dans cet exemple, François Coppée retrouve dans la banlieue sa propre tristesse. Ce lieu,
aux frontières de la ville et de la nature, lui offre la fraîcheur, la simplicité et la naïveté dont
son âme a besoin.

C Les accords complexes sujet / verbe


1- « Et moi, noir promeneur qu’évitent les enfants,
Qui fuis la joie et fais, en flânant, bien des lieues, » (v. 2-3)
a) Encadre le sujet de chacun des verbes soulignés et relie-les entre eux par une flèche.
b) Quel mot du premier vers est repris par le pronom relatif « qui » ?
c) Pourquoi ces accords sujet / verbe sont-ils complexes ?

Compare tes réponses avec celles du corrigé puis apprends et recopie le « Je retiens » qui suit.

j e retiens
Les accords complexes sujet / verbe
En règle générale, le verbe s’accorde en nombre et en personne avec son sujet. Mais il existe
des accords complexes qui demandent une attention particulière.
Le sujet peut être placé derrière le verbe : Sur les murs sont écrits des noms.
Lorsque le sujet est constitué de plusieurs mots dont un pronom de la 1re personne, l’accord
se fait à la 1re personne du pluriel : Mon ami et moi sommes d’accord.
Lorsque le sujet est constitué de plusieurs mots dont un pronom de la 2e personne, l’accord
se fait à la 2e personne du pluriel : Tes parents et toi êtes sympathiques.
Lorsque le sujet est le pronom relatif qui, le verbe s’accorde avec l’antécédent du pronom :
C’est moi qui ai raison.
Lorsque le sujet est un groupe nominal introduit par un adverbe (peu, beaucoup, la plupart…)
le verbe se conjugue à la 3e personne du pluriel : La plupart des habitants aiment leur ville.

2- Accorde les verbes suivants comme il convient en les conjuguant au présent de l’indicatif.
a) Mon frère et moi (apprécier) .............................. la vie en ville.
b) Beaucoup de citadins (se plaindre) .............................. des nuisances sonores.
c) Sur la place du marché (se réunir) .............................. de nombreux commerçants.
d) C’est toi qui (détester) .............................. le bruit et la foule.

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigé.

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Séquence 5 — séance 2

D Expression écrite
Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.
Dans un paragraphe de quelques lignes, présente un lieu où tu aimes te promener parce que tu
t’y sens bien.
Pour réussir cet exercice tu dois :
- Employer les marques de la première personne du singulier.
- Utiliser des termes mélioratifs* pour décrire ce lieu.
- Montrer que ce lieu correspond parfaitement à ton état d’esprit.
- Vérifier les accords dans le groupe nominal ainsi que les accords sujet/verbe.

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes
en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que… Fait


J’ai employé les marques de la première personne du singulier.
J’ai utilisé des termes mélioratifs pour décrire ce lieu.
J’ai montré que ce lieu correspond parfaitement à mon état d’esprit.
J’ai vérifié les accords dans les groupes nominaux ainsi que les accords sujet /verbe.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

Banque de mots :
Banlieue - ruelle - réverbère - grand-rue - boutiquier

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séance 3 — Séquence 5

Séance 3
Découvrir comment la représentation de la ville
se mêle à celle de la femme

Durée de la séance : 1 heure.

La ville est souvent associée à la figure de la femme. Dans cette séance, tu vas lire un poème de Charles
Cros (1842-1888) dans lequel la description d’une figure féminine se construit par référence à l’univers
de la ville.

Lis deux fois le poème qui suit et écoute-le à la piste 24 de ton CD.

Plainte
Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre,
À la clarté du gaz1, je végète et je meurs.
Mais vous vous y plaisez, et vos regards charmeurs
M’attirent à la mort, parisienne fière.
5 Je rêve de passer ma vie en quelque coin
Sous les bois verts ou sur les monts aromatiques,
En Orient, ou bien près du pôle, très loin,
Loin des journaux, de la cohue et des boutiques.
Mais vous aimez la foule et les éclats de voix,
10 Le bal de l’Opéra, le gaz et la réclame.
Moi, j’oublie, à vous voir, les rochers et les bois,
Je me tue à vouloir me civiliser l’âme.
Je vous ennuie à vous le dire si souvent :
Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure…
15 Vous feriez bien2 pourtant, vos cheveux noirs au vent,
En clair peignoir ruché3, sur un fond de verdure !
« Plainte », Le Coffret de santal, Charles Cros (1873)

Notes :
1. « gaz » : l’éclairage au gaz était une nouveauté et un symbole de modernité urbaine.
2. « vous feriez bien » : vous formeriez un joli tableau.
3. « ruché » : orné d’une bande de dentelle plissée ou froncée.

Pour vérifier ta bonne compréhension du texte, tu vas répondre aux questions suivantes.

A Un amour contrarié
1- a) À qui ce poème est-il adressé ?
b) Dans la première strophe, souligne les mots ou expressions qui désignent le poète.
c) Encadre maintenant ceux qui désignent son destinataire.
d) Quel lien unit le poète à son destinataire ? Cite une expression qui t’a permis de répondre.

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Séquence 5 — séance 3

2- Relis la première strophe.


a) Quelle métaphore* le poète emploie-t-il pour se représenter ?
b) Quels verbes traduisent l’état d’esprit du poète au sein de la ville ?
c) Comment la femme se sent-elle dans la ville ?
d) Quel mot, placé au milieu de la strophe, exprime l’opposition entre ces deux attitudes ?
Précise la classe grammaticale de ce mot.
e) Quelle remarque peux-tu faire sur la position des groupes suivants dans la strophe : « vrai
sauvage » et « parisienne fière » ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé puis poursuis le travail.

B La femme et la ville
1- a) Que traduit l’expression « parisienne fière » employée pour désigner le personnage
féminin ?
b) Quelle est la seule référence à l’aspect physique de la femme dans ce poème ?
c) Sur quels éléments s’appuie le portrait de cette femme ?
d) Ce personnage est attiré par différents aspects de la ville. Retrouve dans le poème un
exemple illustrant chacune de ces caractéristiques urbaines :
- le monde : ............................ / ................................
- les divertissements mondains : ..................................
- le progrès technique : ...............................................
- le commerce : ..........................................................

2- a) Que signifie le mot « réclame » (v. 10) ? Utilise éventuellement un dictionnaire pour


trouver la réponse.
b) Quel détail vestimentaire mentionné dans le poème montre que cette femme est sensible
à la mode ?
c) Dans quel roman, étudié dans une séquence précédente, cette femme aurait-elle pu
figurer ? Justifie ta réponse en donnant un argument.

Compare tes réponses avec celles que tu trouveras dans le corrigé puis lis et mémorise le
« Je retiens » ci-dessous.

j e retiens
La femme et la ville
L’univers de la ville est souvent associé, dans la littérature du XIXe siècle, à l’univers
féminin. La ville peut être présentée comme un lieu de rencontre. Parfois, la figure
féminine n’est pas décrite physiquement ; son portrait est alors un portrait moral, tracé
indirectement par les goûts qui la constituent en tant que citadine. Nous en avons un
exemple ici, avec la « fière parisienne » que nous décrit Charles Cros.

168 — © Cned, Français 4e


séance 3 — Séquence 5

C Le rêve de la nature
1- a) Le poète meurt dans la grande ville. Relève les termes ou expressions appartenant au
champ lexical de la mort dans l’ensemble du texte.
b) Souligne dans la deuxième strophe les endroits où le poète rêve de vivre.
c) Par quelle métaphore* se désigne-t-il dans la dernière strophe du poème ?
d) Que permet d’exprimer cette métaphore* ?
e) Ce poème peut-il être qualifié de lyrique ? Justifie ta réponse.
2- « Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent,
En clair peignoir ruché, sur un fond de verdure. » (v. 15-16)
a) À quel temps est conjugué le verbe « feriez » ?
b) Qu’exprime ce temps ?
 Coup de pouce :
Les valeurs du conditionnel :
- Le conditionnel simple peut exprimer un « futur dans le passé » (valeur temporelle).
- Il peut également exprimer une hypothèse, une opinion, une demande, une éventualité, un
fait imaginaire, une incertitude (valeurs modales).
3- La scène imaginée par le poète forme un petit tableau aux couleurs contrastées : souligne,
dans la dernière strophe, les termes qui expriment la lumière et les couleurs de ce tableau.
4- Cette scène permet de réunir, par la magie de la poésie, deux aspects inconciliables dans la
réalité du poète, lesquels ?

Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » qui suit.

j e retiens
La ville et la nature
Le thème de la ville est souvent traité dans la poésie par opposition à celui de la nature.
Si certains poètes célèbrent l’univers urbain et sa modernité, d’autres s’attachent à en
souligner les aspects négatifs et opposent à la ville le rêve pur d’une nature retrouvée.
Ce poème de Charles Cros nous en offre un bon exemple.

Banque de mots :
Gaz - cohue - foule - réclame

© Cned, Français 4e — 169


Séquence 5 — séance 4

Séance 4
Découvrir une vision fantastique de la ville
Durée de la séance : 1 h 30.

Dans cette séance, tu vas découvrir un texte d’Émile Verhaeren, poète belge francophone, qui offre une
vision fantastique et surprenante de la modernité urbaine. Ce poème est très long mais tu ne travailleras
que sur la première moitié. Ce texte est l’occasion de découvrir une forme poétique moderne qui se
développe à la fin du XIXe siècle : le vers libre.

Lis maintenant l’ensemble du poème avec une grande attention et n’hésite pas à le relire une deuxième
fois.

LA VILLE
Tous les chemins vont vers la ville.
Du fond des brumes,
Avec tous ses étages en voyage
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
5 Comme d’un rêve, elle s’exhume1.
Là-bas,
Ce sont des ponts musclés de fer,
Lancés, par bonds, à travers l’air ;
Ce sont des blocs et des colonnes
10 Que décorent Sphinx et Gorgones2 ;
Ce sont des tours sur des faubourgs ;
Ce sont des millions de toits
Dressant au ciel leurs angles droits :
C’est la ville tentaculaire,
15 Debout,
Au bout des plaines et des domaines.
Des clartés rouges
Qui bougent
Sur des poteaux et des grands mâts,
20 Même à midi, brûlent encor
Comme des œufs de pourpre et d’or ;
Le haut soleil ne se voit pas :
Bouche de lumière, fermée
Par le charbon et la fumée.
25 Un fleuve de naphte3 et de poix4
Bat les môles5 de pierre et les pontons de bois ;
Les sifflets crus des navires qui passent
Hurlent de peur dans le brouillard ;
Un fanal6 vert est leur regard
30 Vers l’océan et les espaces.
Des quais sonnent aux chocs de lourds fourgons ;
Des tombereaux7 grincent comme des gonds ;

170 — © Cned, Français 4e


séance 4 — Séquence 5

Des balances de fer8 font choir des cubes d’ombres


Et les glissent soudain en des sous-sols de feu ;
35 Des ponts s’ouvrant par le milieu,
Entre les mâts touffus dressent des gibets9 sombres
Et des lettres de cuivre10 inscrivent l’univers,
Immensément, par à travers
Les toits, les corniches et les murailles,
40 Face à face, comme en bataille.
Et tout là-bas, passent chevaux et roues,
Filent les trains, vole l’effort,
Jusqu’aux gares, dressant, telles des proues
Immobiles, de mille en mille, un fronton d’or.
45 Des rails ramifiés y descendent sous terre
Comme en des puits et des cratères
Pour reparaître au loin en réseaux clairs d’éclairs
Dans le vacarme et la poussière.
C’est la ville tentaculaire.
50 La rue – et ses remous comme des câbles
Noués autour des monuments –
Fuit et revient en longs enlacements ;
Et ses foules inextricables,
Les mains folles, le pas fiévreux,
55 La haine aux yeux,
Happent des dents le temps qui les devance.
À l’aube, au soir, la nuit,
Dans la hâte, le tumulte, le bruit,
Elles jettent vers le hasard l’âpre semence
60 De leur labeur que l’heure emporte.
Et les comptoirs mornes et noirs
Et les bureaux louches et faux
Et les banques battent des portes
Aux coups de vent de la démence.
65 Le long du fleuve, une lumière ouatée,
Trouble et lourde, comme un haillon qui brûle,
De réverbère en réverbère se recule.
La vie avec des flots d’alcool est fermentée.
Les bars ouvrent sur les trottoirs
70 Leurs tabernacles11 de miroirs
Où se mirent l’ivresse et la bataille ;
Une aveugle s’appuie à la muraille
Et vend de la lumière, en des boîtes d’un sou ;
La débauche et le vol s’accouplent en leur trou ;
75 La brume immense et rousse
Parfois jusqu’à la mer recule et se retrousse
Et c’est alors comme un grand cri jeté
Vers le soleil et sa clarté :
Places, bazars, gares, marchés,
80 Exaspèrent si fort leur vaste turbulence
Que les mourants cherchent en vain le moment de silence
Qu’il faut aux yeux pour se fermer.

© Cned, Français 4e — 171


Séquence 5 — séance 4

Telle, le jour – pourtant, lorsque les soirs


Sculptent le firmament de leurs marteaux d’ébène,
85 La ville au loin s’étale et domine la plaine
Comme un nocturne et colossal espoir ;
Elle surgit : désir, splendeur, hantise ;
Sa clarté se projette en lueurs jusqu’aux cieux,
Son gaz myriadaire12 en buissons d’or s’attise,
90 Ses rails sont des chemins audacieux
Vers le bonheur fallacieux13
Que la fortune et la force accompagnent ;
Ses murs se dessinent pareils à une armée
Et ce qui vient d’elle encor de brume et de fumée
95 Arrive en appels clairs vers les campagnes.
C’est la ville tentaculaire,
La pieuvre ardente et l’ossuaire14
Et la carcasse solennelle.
Et les chemins d’ici s’en vont à l’infini
100 Vers elle.
« La Ville », Les Campagnes hallucinées, Émile Verhaeren (1893)

Notes :
1. « s’exhume » : sort, surgit.
2. « Gorgones » : monstres mythologiques à la chevelure de serpent.
3. « naphte » : bitume liquide.
4. « poix » : matière visqueuse à base de résine de bois.
5. « môles » : constructions destinées à protéger l’entrée d’un port.
6. « fanal » : grosse lanterne allumée à bord d’un bateau.
7. « tombereaux » : caisses montées sur deux roues qui servent au transport des matériaux.
8. « des balances de fer » : les grues du débarcadère.
9. « gibets » : instruments de supplice servant à la pendaison.
10. « lettres de cuivres » : ces lettres forment le nom des entreprises sur les entrepôts.
11. « tabernacles » : petites armoires d’église qui contiennent les hosties.
12. « myriadaire » : constitué d’une multitude d’éléments.
13. « fallacieux » : trompeur.
14. « ossuaire » : bâtiment où sont conservés des ossements humains.

Le travail de la séance ne porte que sur les vers 1 à 49. Tu peux écouter cet extrait à la piste 25 de ton
CD.
Pour vérifier ta compréhension du texte, réponds aux questions qui suivent.

A La ville métamorphosée par la vision du poète


1- a) La ville se signale avant tout par sa dimension verticale. Surligne quelques-uns des éléments
qui construisent la verticalité de ce décor urbain (exemple : « des tours »).
b) Recopie les mots et expressions qui renvoient à l’activité industrielle de cette ville.
c) Le XIXe siècle est celui du développement du chemin de fer. Souligne, dans les vers 41 à 49,
les termes qui s’y rapportent.
d) Relève dans tout l’extrait étudié (v. 1 à 49) les mots appartenant au champ lexical du bruit.
e) Les termes que tu as relevés sont-ils mélioratifs* ou péjoratifs*? Quelle image donnent-ils
des bruits de la ville ?

172 — © Cned, Français 4e


séance 4 — Séquence 5

Compare maintenant tes réponses avec celles contenues dans le corrigé puis poursuis ton travail.

2- a) « Du fond des brumes,


Avec tous ses étages en voyage
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
Comme d’un rêve, elle s’exhume. » (v. 2 à 5)
L’atmosphère qui se dégage de ces quelques vers est-elle réaliste ou fantastique ?
Souligne deux expressions qui t’ont permis de répondre.
b)  Encadre les deux monstres de la mythologie grecque qui apparaissent au début du
poème. Quelle dimension apportent ces références à la description de la ville ?
c) Quel sentiment expriment les « sifflets crus des navires qui passent » (v. 27) ?
d) À quel lieu symbolique bien connu des religions la métaphore « sous-sols de feu » te fait-
elle penser ?
e) Dans les vers 31 à 40, souligne une métaphore qui renvoie directement à l’idée de mort.
f) À quoi te font penser les mots suivants : « muscles », « blocs », « bat », « hurlent »,
« chocs », « bataille » ?

3- a) Les éléments du décor urbain sont-ils présentés de manière ordonnée ou désordonnée ?


b) Relis les vers 7 à 12. Quelle figure de style est employée ?
c) Quel impression cette figure de style crée-t-elle ?
d) Quelle idée est exprimée par les termes suivants : « lancés », « dressant », « bougent »,
« passent », « glissent », « filent », « vole » ?
e) Recherche dans un dictionnaire la définition de l’adjectif « tentaculaire ».
f) La ville décrite s’étend de façon continue, vers le haut, vers le bas, horizontalement.
Complète les rubriques suivantes par une expression tirée du poème :

mouvement vers le haut : ........................................................

mouvement vers le bas : ..........................................................

mouvement horizontal : .........................................................

Vérifie maintenant tes réponses dans le corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » ci-dessous.

j e retiens
La ville métamorphosée par la vision du poète
Si les poètes du XIX siècle peuvent brosser un tableau assez réaliste de la ville, comme
e

Verlaine, d’autres métamorphosent le paysage urbain et en proposent une vision étrange


et fantastique. Les figures de la métaphore et de la personnification, mais aussi l’emploi de
champs lexicaux particuliers, permettent de construire cette vision fantastique de la ville. Le
poème de Verhaeren illustre parfaitement ce pouvoir de la poésie.

© Cned, Français 4e — 173


Séquence 5 — séance 4

B Un poème en vers libres


1- a) Observe la longueur des vers employés dans le poème. Le poète a-t-il employé un mètre
régulier ?

 Coup de pouce : tu peux te reporter au guide de versification à la fin du livret 1.


b) Si la ville est « tentaculaire », quelle impression visuelle peuvent donner les vers de longueur
si différente ?

2- Relis les vers 6 à 16.

Là-bas,
Ce sont des ponts musclés de fer,
Lancés, par bonds, à travers l’air ;
Ce sont des blocs et des colonnes
10 Que décorent Sphinx et Gorgones ;
Ce sont des tours sur des faubourgs ;
Ce sont des millions de toits
Dressant au ciel leurs angles droits :
C’est la ville tentaculaire,
15 Debout,
Au bout des plaines et des domaines.
a) Entoure les sons répétés à la rime et relie-les entre eux.
b) Quels vers ne présentent pas de rime ?

3- Observe attentivement le vers 11.

« Ce sont des tours sur des faubourgs »


a) Quel est le mètre employé ?
b) Indique par un trait vertical le milieu du vers, appelé césure.
c) Que remarques-tu à la fin des deux moitiés de vers, c’est-à-dire des deux hémistiches ?

Rappel : Assonance et allitération


L’assonance est la répétition d’un même son vocalique (= voyelle).
L’allitération est la répétition d’un même son consonantique (= consonne).

4- « Et les glissent soudain en des sous-sols de feu » (v. 34)


a) Observe les éléments surlignés. Quel son consonantique est répété ?
b) Quel effet cette allitération peut-elle traduire ?
c) « Immobiles, de mille en mille, un fronton d’or » (v. 44)
« Pour reparaître au loin, en réseaux clairs d’éclairs » (v. 47)
Surligne dans ces deux vers les sons consonantiques ou vocaliques qui sont répétés.

Vérifie maintenant tes réponses. Tu pourras ensuite lire et recopier le « Je retiens » pour mieux le
mémoriser.

174 — © Cned, Français 4e


séance 4 — Séquence 5

j e retiens Un poème en vers libres


Un poème en vers libres se caractérise par des vers de longueur irrégulière. La rime en fin de
vers peut parfois disparaître au profit de rimes internes placées à la fin de deux hémistiches
(« Ce sont des tours / sur des faubourgs ») et de l’emploi réguliers d’assonances et
d’allitérations.
Dans ce poème de Verhaeren, la disposition des vers de longueur irrégulière peut évoquer le
mouvement tentaculaire de la ville.

C Croiser le regard du poète et celui du peintre

Observe le tableau ci-dessous, et associe à chaque élément du tableau les expressions du poème
de Verhaeren en les recopiant :

« Des clartés […] qui bougent sur des poteaux » (v. 17 à 19)

« le charbon et la fumée » (v. 24)

« des grands mâts » (v. 19)

« des rails ramifiés » (v. 45)

............................................. .............................................

............................................. .............................................

Lionel Walden (1861-1933) Les Docks de Cardiff, 1894,


© Musée d’Orsay, Paris, France/Giraudon/The Bridgeman Art Library

Banque de mots :
Étage - colonne - tour - faubourg - poteau - corniche - muraille - gare - rail

© Cned, Français 4e — 175


Séquence 5 — séance 5

Séance 5
Étudier un poème en prose

Durée de la séance : 1 h 30.

C’est avec un texte d’Arthur Rimbaud (1854-1891) que tu vas terminer cette promenade à travers la
ville et la poésie. Le poème que tu vas lire témoigne d’une évolution de la forme poétique puisqu’il est
écrit en prose. Tu apprendras également à identifier et à construire des familles régulières de mots.

Lis deux fois le poème ci-dessous et écoute-le à la piste 26 de ton CD.

Les Ponts
Des ciels1 gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés,
d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant
dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les
rives, chargées de dômes, s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts
5 sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles
parapets2. Des accords mineurs3 se croisent et filent, des cordes montent des berges. On
distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique.
Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes
publics ? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. – Un rayon blanc,
10 tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
« Les Ponts », Illuminations, Arthur Rimbaud (1886)

Notes :
1. « des ciels » : terme désignant les parties d’un tableau représentant le ciel.
2. « parapets » : petits murets ou balustrades placés sur les ponts ou les quais pour empêcher de tomber.
3. « accords mineurs » : terme technique désignant un type d’accord musical.

Pour vérifier ta lecture, réponds maintenant aux questions qui suivent.

A Un poème-tableau
1- a) Quel élément particulier de la ville est décrit dans ce poème de Rimbaud ?
b) « ciels » (l. 1), « dessin » (l. 1), « figures » (l. 2) : à quel domaine artistique ces trois termes
font-ils référence ?
c) Encadre dans le texte les adjectifs qualificatifs de couleur.
d) Souligne maintenant les termes exprimant les lignes de force de ce « dessin » : lignes
droites, courbes, horizontales, verticales.
e) D’après tes réponses, précise quelle impression d’ensemble se dégage de ce poème.

2- a) Relève sur ton cahier tous les verbes exprimant un mouvement.


b) Observe les verbes suivants : « se renouvelant » (l. 2), « s’abaissent » (l. 4),
« s’amoindrissent » (l. 4). La forme de ces verbes donne l’impression que le décor s’anime
de lui-même. Quelle est cette forme verbale ?

176 — © Cned, Français 4e


séance 5 — Séquence 5

Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » qui suit.

j e retiens
Poésie et peinture
Dans la seconde moitié du XIX siècle, la peinture influence sensiblement la littérature et
e

la poésie. L’écriture poétique rend compte de cette influence et de nombreux poèmes se


présentent comme de véritables tableaux. Le poète porte une attention particulière aux
formes, droites ou courbes, ainsi qu’aux lignes de force. Il juxtapose les touches de couleurs
(ici, gris, rouge, bleu et blanc) comme le ferait un peintre impressionniste.
Les caractéristiques des peintures issues du mouvement impressionniste sont les suivantes :
- scène d’extérieur
- priorité donnée à la lumière (qui met en valeur les éléments) et à ses effets complexes :
technique des taches claires pour représenter les reflets changeants
- juxtaposition des touches de couleurs et choix des contours flous
- utilisation de tons pastel (couleurs douces et claires) aux teintes variées : rose, bleu clair.

B Un poème en prose
1- Observe la construction du poème :
a) Quels sont les deux éléments traditionnels de la poésie qui n’apparaissent pas dans ce
texte ?
b) Observe les deux premières phrases du poème. Quelle est la principale caractéristique
grammaticale de la première phrase ?
c) Que décrit la deuxième phrase ? Que peut traduire, selon toi, la construction complexe de
cette phrase ? 
d) « D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. » (l. 5-6)
« Sont-ces des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants
d’hymnes publics ? » (l. 8-9)
Combien de groupes nominaux sont soulignés dans chacune des phrases ?
e) Quel effet cela produit-il ?
2- Concentre-toi sur les sons :
a) « d’autres descendant ou obliquant en angles » (l. 2)
Observe les éléments surlignés. Comment nomme-t-on ce procédé qui consiste à répéter
des sons vocaliques ?
b) « (Sont-ces) des airs populaires /, des bouts de concerts seigneuriaux, / des restants
d’hymnes publics ? » (l. 8-9)
À l’intérieur de chacun des trois groupes, surligne les assonances et les allitérations.
c) Quelle dimension ces jeux sur les sonorités apportent-elles au poème ?
3- a) Dans les cinq premières lignes du poème, quelles perceptions dominent (reporte-toi aux
cinq sens) ?
b) À partir de la ligne 6, quel autre sens est sollicité ?
c) Surligne dans le texte les mots ou expressions se rapportant à ce sens.
d) Les différentes perceptions se mélangent parfois, et le verbe « distingue » peut désigner à la
fois une perception visuelle ou auditive. Quelles sont les deux interprétations possibles du
mot « cordes » : « des cordes montent des berges » (l. 6).
e) Quel effet produit ce jeu sur la polysémie* ?

© Cned, Français 4e — 177


Séquence 5 — séance 5

f) Sur quoi porte le questionnement du poète aux lignes 8 et 9 ?


g) À quelle impression du poète la question renvoie-t-elle ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.

j e retiens Le poème en prose


Le poème en prose se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il accorde une
grande importance au rythme et à la construction des phrases, aux mots choisis pour leur
sens autant que pour leur sonorité, et aux images. Il privilégie également l’ambiguïté des
interprétations par l’emploi de termes polysémiques (les deux sens du mot « cordes » dans
ce poème de Rimbaud).

C Étudier des familles régulières de mots


1- « des accords mineurs » (l. 6)
Voici l’étymologie du mot « accord » : latin accordare, de cor, cordis, cœur.
a) Lis à voix haute le mot « accord » (l. 6). Quelle lettre ne se prononce pas ?
b) Trouve des mots bâtis sur le radical « accord » et qui correspondent aux définitions
suivantes :
- Instrument de musique populaire portatif.
- Relier entre elles les parties d’un ensemble.
- Brouille, différend entre deux personnes.
c) Pourquoi certains de ces mots peuvent-ils t’aider à orthographier correctement le mot
« accord » ?
d) Cherche dans un dictionnaire l’étymologie du mot « cordes » (l. 6). Ce mot fait-il partie de
la famille du mot « accord » ? Justifie ta réponse.

Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » qui suit.

j e retiens Les familles régulières de mots


Une famille de mots est un ensemble de mots formés à partir du même mot racine (le
radical) et se rapportant à une même idée. Pour former une famille de mots, on part du mot
racine et on lui ajoute des préfixes*, des suffixes*, ou les deux.
Une famille de mots est régulière quand le radical conserve la même orthographe pour tous
les mots de cette famille.
Exemple : les mots de la famille de l’adjectif « grand » formés à partir du radical grand- sont :
grandeur, grandir, agrandir, agrandissement, grandement.
O Terrain,
Certains mots peuvent se ressembler sans appartenir à la même famille :
terrestre, terrien, terrasse, terrier, déterrer appartiennent à la famille du mot terre
mais pas le mot terreur (du latin terror : épouvante).

2- En manipulant des préfixes et des suffixes, forme la famille régulière des mots suivants :
« figure », « bras ». Tu peux consulter un dictionnaire pour t’aider.

Vérifie maintenant tes réponses.

178 — © Cned, Français 4e


séance 5 — Séquence 5

D Expression écrite

Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.

Voici un tableau de Theodore Butler représentant un pont de Brooklyn. Observe-le attentivement.

Theodore Butler (1861-1936) Brooklyn Bridge, 1900.

Rédige un petit paragraphe de quelques lignes dans lequel tu décriras ce tableau (le pont, mais
aussi les autres éléments du décor) à la manière de Rimbaud dans son poème.

Pour réussir cet exercice tu dois :

- Décrire l’aspect et la forme du pont

- Mentionner les couleurs et les lignes de force de ce tableau

- Employer des verbes de mouvement pour animer la scène

- Retranscrire les perceptions visuelles et auditives (les sifflets des bateaux…)

- Vérifier l’orthographe ainsi que les différents accords.

© Cned, Français 4e — 179


Séquence 5 — séance 5

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes
en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que… Fait


J’ai décrit l’aspect et la forme du pont.
J’ai précisé les couleurs et les lignes de force du tableau.
J’ai employé des verbes de mouvement pour animer la scène.
J’ai retranscrit les perceptions visuelles et auditives.
J’ai vérifié l’orthographe ainsi que les différents accords.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

Banque de mots :
Pont - berge - dôme - masure

180 — © Cned, Français 4e


séance 6 — Séquence 5

Séance 6
Je m’évalue

Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra de
faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir. Complète
maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque chose. Quand
tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que ce tableau de
synthèse ne comporte pas d’erreur.

Je connais Je suis capable de


Les nouvelles formes d’écriture poétique à la fin → Nommer un poète pour chacune de ces
du XIXe siècle : formes poétiques :
→ Le poème en vers ................................... → ..............................................................
→ Le poème en .......................................... → ..............................................................

→ L’allitération : → De surligner les allitérations et d’ encadrer


Répétition d’un son ............................... les assonances dans les vers suivants :
→ L’assonance : « Places, bazars, gares, marchés, »
Répétition d’un son ............................... « C’était un bazar, au bout des faubourgs
rouges » (Émile Verhaeren)

Le fonctionnement d’une rime interne : →  D’encadrer une rime interne dans un vers :
→ Un même son est répété à la fin des deux « des grands marteaux monumentaux »
............................. d’un même vers. (Émile Verhaeren)

Les familles régulières de mots. → Composer la famille du mot « dent » :


Pour composer une famille régulière, les mots ..................................................................
doivent posséder :
..................................................................
Le même ....................................................
..................................................................
Une ...........................................................

Les accords complexes sujet/verbe. → Accorder les verbes au présent avec leur
sujet :
- Ton ami et toi (avoir) .......... de la chance.
- Mes parents et moi (partir) .......... demain.
- La plupart des gens (aimer) .......... les
vacances.
- C’est moi qui (être) .......... content !

© Cned, Français 4e — 181

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