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Séquence 5
La ville dans la poésie du XIXe siècle.
Au travers de cette nouvelle séquence et dans le cadre des questionnements complémentaires, nous allons
aborder le thème La ville, lieu de tous les possibles ?
Tu verras dans la séquence 7, consacrée au lyrisme, que la nature constitue un thème important dans
la poésie romantique. Mais, à partir du milieu du XlXe siècle, la révolution industrielle bouleverse
le paysage urbain et social. Les artistes vont s’approprier le thème de la ville qui symbolise alors la
modernité.
Tu vas étudier la façon dont les poètes ont exprimé leur expérience personnelle de la ville moderne, avec
ses attraits et ses désagréments.
Au fil de tes lectures, tu verras également comment l’expression de cette modernité s’accompagne d’une
évolution des formes poétiques. Cette séquence te propose en effet des poèmes réguliers, à forme fixe,
mais aussi des textes à l’écriture poétique plus libre.
Et maintenant, entre dans la ville des poètes :
« Fourmillante cité, cité pleine de rêves »
comme l’écrit Charles Baudelaire dans l’un de ses Tableaux parisiens.
Sommaire
Séance 6 Je m’évalue
Séance 1
Découvrir le regard d’un poète sur la ville
Dans cette séquence, tu vas découvrir le thème de la ville dans la poésie du XIXe siècle. Tu as vu, dans la
séquence consacrée au lyrisme, que la nature constituait un thème important dans la poésie romantique.
Mais, à partir du milieu du XIXe siècle, la révolution industrielle bouleverse le paysage urbain et social.
Les artistes vont s’approprier ce thème de la ville qui symbolise alors la modernité. Tu vas étudier la
façon dont les poètes ont exprimé leur expérience personnelle de la ville moderne, avec ses attraits et
ses désagréments. Au fil de tes lectures, tu verras également comment l’expression de cette modernité
s’accompagne d’une évolution des formes poétiques. Cette séquence te propose en effet des poèmes
réguliers, à forme fixe, mais aussi des textes à l’écriture poétique plus libre.
Dans la première séance, tu vas lire un poème de Paul Verlaine (1844-1896) qui nous livre sa propre
expérience de la vie urbaine.
À présent, lis deux fois le texte qui suit et écoute-le à la piste 22 de ton CD.
Notes :
1. « fange » : boue épaisse.
2. « omnibus » : véhicule de transport en commun, autrefois tiré par des chevaux.
3. « brûle-gueule » : pipe à tuyau très court.
Vérifie maintenant tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre ton travail.
2- a) Cette description de la ville fait appel à plusieurs sens parmi les suivants : la vue, l’ouïe,
l’odorat, le goût, le toucher. Observe les expressions notées dans le tableau ci-dessous et
retrouve pour chaque colonne le sens qui correspond.
sens
- bruit - l’air noir - suintants
- ouragan de ferraille - ses yeux verts et rouges - glisse
- grince
b) Souvent, dans les poèmes de Verlaine, « il pleut sur la ville ». Relève les mots ou expressions
qui indiquent cette présence de la pluie.
Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles proposées dans le livret du corrigé.
- Le vacarme : .........................................................................
- La saleté : .............................................................................
- Le danger : ...........................................................................
2- Verlaine n’est pas le premier poète à souligner les désagréments de la ville. Dès le XVIIe siècle,
Nicolas Boileau se plaignait des embarras de Paris.
Souligne dans cet extrait toutes les sources de bruit dont se plaint le poète :
Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le livret du corrigé et poursuivre ton travail.
j e sais déjà
Tu as déjà étudié en cinquième les expansions du nom. Voici un rappel :
Le groupe nominal peut être enrichi par différents moyens :
L’épithète : « murs suintants »
Le complément du nom : « le bruit des cabarets »
La proposition subordonnée relative : « toits qui dégouttent »
L’apposition : « l’omnibus, ouragan de ferraille et de boues »
3- Dans son poème, Verlaine a employé de nombreuses expansions pour caractériser les éléments
de la ville. Récris ce poème au brouillon en supprimant toutes les expansions des groupes
nominaux.
Vérifie maintenant tes réponses. Puis lis la rubrique « J’approfondis » qui suit.
Dans ce texte, Verlaine nous fait partager son regard sur la ville, dont il donne une image
négative à travers les différents désagréments rencontrés. Le poème est un dizain (poème de dix
vers) composé d’alexandrins aux rimes suivies. Il ne comporte qu’une seule phrase construite par
accumulation de groupes nominaux enrichis. Cette structure permet de traduire la multiplicité
des perceptions et des sensations. Le poète intervient directement à la fin de son texte (« voilà
ma route ») pour donner une cohérence à l’ensemble de la description : l’ordre des différents
éléments correspond à son trajet dans la ville. Mais le mot « paradis » apporte une chute
ironique marquée par l’emploi du tiret au vers 10.
D Expression écrite
Voici un tableau de Caillebotte présentant une rue de Paris sous la pluie. Observe-le
attentivement.
Rédige un petit paragraphe constitué d’une seule longue phrase. Cette phrase proposera une
accumulation de groupes nominaux enrichis pour décrire les éléments de la ville. Tu termineras
ton paragraphe par « voilà ma route – avec le paradis au bout. »
Coup de pouce : pour t’aider à décrire les immeubles et les rues de style haussmannien, tu peux
te reporter au « Coin des curieux » de la séance 7 (séquence 4) consacré au Paris d’Haussmann.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
© N.Julo/Cned/2012
Tu trouveras à la fin de chaque séance une petite banque de mots ou d’expressions appartenant au
vocabulaire de la ville. Ces banques de mots t’aideront à réussir l’évaluation finale. Dans le devoir, tu
devras en effet à ton tour écrire un poème sur l’univers de la ville.
Banque de mots :
Cabaret - trottoir - omnibus - toit - mur - pavé - bitume - égout
Séance 2
Étudier un paysage état d’âme : la banlieue
Durée de la séance : 1 h 30.
Dans cette séance tu vas lire un poème de François Coppée (1842-1908) qui te permettra de découvrir
ce que l’on nomme un paysage état d’âme. Le poète fuit la grande ville et se promène dans un espace
intermédiaire entre l’univers urbain et celui de la nature : la banlieue. Tu vas également travailler sur les
accords complexes sujet / verbe.
Pour bien comprendre ce poème, tu dois savoir que la banlieue parisienne dont parle F. Coppée est très
différente de la banlieue parisienne actuelle. Les anciennes petites maisons avec jardins des ouvriers et
employés, qui avaient un air de village provincial, ont été remplacées, après la seconde guerre mondiale,
par des immeubles et des parkings.
À présent, lis deux fois le poème qui suit et écoute-le à la piste 23 de ton CD.
trottoir •
tilleuls • • La ville
boutiquiers •
gazon • • La nature
réverbère •
Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le corrigé et poursuivre ton travail.
Coup de pouce : Reporte-toi au tableau sur les classes grammaticales et les fonctions à la fin
du livret 2.
b) À quel adjectif rencontré au début du poème s’oppose-t-il ?
c) Encadre dans le poème les deux graffitis que le poète observe sur un mur de plâtre. En
quoi s’opposent-ils ?
d) L’un de ces dessins est qualifié de « naïf ». Cherche dans ton dictionnaire un synonyme de
« naïf » qui pourrait convenir ici.
e) Décris en une phrase la scène quotidienne à laquelle le poète assiste à la fin de sa
promenade.
Compare tes réponses avec celles contenues dans le corrigé. Ensuite, lis puis recopie le « Je retiens » qui
suit afin de le mémoriser.
j e retiens
Le paysage état d’âme
Le poète peut entretenir avec le paysage qu’il décrit une relation particulière : le paysage
peut refléter l’état d’esprit du poète. On parle alors de paysage état d’âme : l’âme du poète
et le lieu décrit sont en parfaite harmonie.
Dans cet exemple, François Coppée retrouve dans la banlieue sa propre tristesse. Ce lieu,
aux frontières de la ville et de la nature, lui offre la fraîcheur, la simplicité et la naïveté dont
son âme a besoin.
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis apprends et recopie le « Je retiens » qui suit.
j e retiens
Les accords complexes sujet / verbe
En règle générale, le verbe s’accorde en nombre et en personne avec son sujet. Mais il existe
des accords complexes qui demandent une attention particulière.
Le sujet peut être placé derrière le verbe : Sur les murs sont écrits des noms.
Lorsque le sujet est constitué de plusieurs mots dont un pronom de la 1re personne, l’accord
se fait à la 1re personne du pluriel : Mon ami et moi sommes d’accord.
Lorsque le sujet est constitué de plusieurs mots dont un pronom de la 2e personne, l’accord
se fait à la 2e personne du pluriel : Tes parents et toi êtes sympathiques.
Lorsque le sujet est le pronom relatif qui, le verbe s’accorde avec l’antécédent du pronom :
C’est moi qui ai raison.
Lorsque le sujet est un groupe nominal introduit par un adverbe (peu, beaucoup, la plupart…)
le verbe se conjugue à la 3e personne du pluriel : La plupart des habitants aiment leur ville.
2- Accorde les verbes suivants comme il convient en les conjuguant au présent de l’indicatif.
a) Mon frère et moi (apprécier) .............................. la vie en ville.
b) Beaucoup de citadins (se plaindre) .............................. des nuisances sonores.
c) Sur la place du marché (se réunir) .............................. de nombreux commerçants.
d) C’est toi qui (détester) .............................. le bruit et la foule.
D Expression écrite
Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.
Dans un paragraphe de quelques lignes, présente un lieu où tu aimes te promener parce que tu
t’y sens bien.
Pour réussir cet exercice tu dois :
- Employer les marques de la première personne du singulier.
- Utiliser des termes mélioratifs* pour décrire ce lieu.
- Montrer que ce lieu correspond parfaitement à ton état d’esprit.
- Vérifier les accords dans le groupe nominal ainsi que les accords sujet/verbe.
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes
en complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Banque de mots :
Banlieue - ruelle - réverbère - grand-rue - boutiquier
Séance 3
Découvrir comment la représentation de la ville
se mêle à celle de la femme
La ville est souvent associée à la figure de la femme. Dans cette séance, tu vas lire un poème de Charles
Cros (1842-1888) dans lequel la description d’une figure féminine se construit par référence à l’univers
de la ville.
Lis deux fois le poème qui suit et écoute-le à la piste 24 de ton CD.
Plainte
Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre,
À la clarté du gaz1, je végète et je meurs.
Mais vous vous y plaisez, et vos regards charmeurs
M’attirent à la mort, parisienne fière.
5 Je rêve de passer ma vie en quelque coin
Sous les bois verts ou sur les monts aromatiques,
En Orient, ou bien près du pôle, très loin,
Loin des journaux, de la cohue et des boutiques.
Mais vous aimez la foule et les éclats de voix,
10 Le bal de l’Opéra, le gaz et la réclame.
Moi, j’oublie, à vous voir, les rochers et les bois,
Je me tue à vouloir me civiliser l’âme.
Je vous ennuie à vous le dire si souvent :
Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure…
15 Vous feriez bien2 pourtant, vos cheveux noirs au vent,
En clair peignoir ruché3, sur un fond de verdure !
« Plainte », Le Coffret de santal, Charles Cros (1873)
Notes :
1. « gaz » : l’éclairage au gaz était une nouveauté et un symbole de modernité urbaine.
2. « vous feriez bien » : vous formeriez un joli tableau.
3. « ruché » : orné d’une bande de dentelle plissée ou froncée.
Pour vérifier ta bonne compréhension du texte, tu vas répondre aux questions suivantes.
A Un amour contrarié
1- a) À qui ce poème est-il adressé ?
b) Dans la première strophe, souligne les mots ou expressions qui désignent le poète.
c) Encadre maintenant ceux qui désignent son destinataire.
d) Quel lien unit le poète à son destinataire ? Cite une expression qui t’a permis de répondre.
B La femme et la ville
1- a) Que traduit l’expression « parisienne fière » employée pour désigner le personnage
féminin ?
b) Quelle est la seule référence à l’aspect physique de la femme dans ce poème ?
c) Sur quels éléments s’appuie le portrait de cette femme ?
d) Ce personnage est attiré par différents aspects de la ville. Retrouve dans le poème un
exemple illustrant chacune de ces caractéristiques urbaines :
- le monde : ............................ / ................................
- les divertissements mondains : ..................................
- le progrès technique : ...............................................
- le commerce : ..........................................................
Compare tes réponses avec celles que tu trouveras dans le corrigé puis lis et mémorise le
« Je retiens » ci-dessous.
j e retiens
La femme et la ville
L’univers de la ville est souvent associé, dans la littérature du XIXe siècle, à l’univers
féminin. La ville peut être présentée comme un lieu de rencontre. Parfois, la figure
féminine n’est pas décrite physiquement ; son portrait est alors un portrait moral, tracé
indirectement par les goûts qui la constituent en tant que citadine. Nous en avons un
exemple ici, avec la « fière parisienne » que nous décrit Charles Cros.
C Le rêve de la nature
1- a) Le poète meurt dans la grande ville. Relève les termes ou expressions appartenant au
champ lexical de la mort dans l’ensemble du texte.
b) Souligne dans la deuxième strophe les endroits où le poète rêve de vivre.
c) Par quelle métaphore* se désigne-t-il dans la dernière strophe du poème ?
d) Que permet d’exprimer cette métaphore* ?
e) Ce poème peut-il être qualifié de lyrique ? Justifie ta réponse.
2- « Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent,
En clair peignoir ruché, sur un fond de verdure. » (v. 15-16)
a) À quel temps est conjugué le verbe « feriez » ?
b) Qu’exprime ce temps ?
Coup de pouce :
Les valeurs du conditionnel :
- Le conditionnel simple peut exprimer un « futur dans le passé » (valeur temporelle).
- Il peut également exprimer une hypothèse, une opinion, une demande, une éventualité, un
fait imaginaire, une incertitude (valeurs modales).
3- La scène imaginée par le poète forme un petit tableau aux couleurs contrastées : souligne,
dans la dernière strophe, les termes qui expriment la lumière et les couleurs de ce tableau.
4- Cette scène permet de réunir, par la magie de la poésie, deux aspects inconciliables dans la
réalité du poète, lesquels ?
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » qui suit.
j e retiens
La ville et la nature
Le thème de la ville est souvent traité dans la poésie par opposition à celui de la nature.
Si certains poètes célèbrent l’univers urbain et sa modernité, d’autres s’attachent à en
souligner les aspects négatifs et opposent à la ville le rêve pur d’une nature retrouvée.
Ce poème de Charles Cros nous en offre un bon exemple.
Banque de mots :
Gaz - cohue - foule - réclame
Séance 4
Découvrir une vision fantastique de la ville
Durée de la séance : 1 h 30.
Dans cette séance, tu vas découvrir un texte d’Émile Verhaeren, poète belge francophone, qui offre une
vision fantastique et surprenante de la modernité urbaine. Ce poème est très long mais tu ne travailleras
que sur la première moitié. Ce texte est l’occasion de découvrir une forme poétique moderne qui se
développe à la fin du XIXe siècle : le vers libre.
Lis maintenant l’ensemble du poème avec une grande attention et n’hésite pas à le relire une deuxième
fois.
LA VILLE
Tous les chemins vont vers la ville.
Du fond des brumes,
Avec tous ses étages en voyage
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
5 Comme d’un rêve, elle s’exhume1.
Là-bas,
Ce sont des ponts musclés de fer,
Lancés, par bonds, à travers l’air ;
Ce sont des blocs et des colonnes
10 Que décorent Sphinx et Gorgones2 ;
Ce sont des tours sur des faubourgs ;
Ce sont des millions de toits
Dressant au ciel leurs angles droits :
C’est la ville tentaculaire,
15 Debout,
Au bout des plaines et des domaines.
Des clartés rouges
Qui bougent
Sur des poteaux et des grands mâts,
20 Même à midi, brûlent encor
Comme des œufs de pourpre et d’or ;
Le haut soleil ne se voit pas :
Bouche de lumière, fermée
Par le charbon et la fumée.
25 Un fleuve de naphte3 et de poix4
Bat les môles5 de pierre et les pontons de bois ;
Les sifflets crus des navires qui passent
Hurlent de peur dans le brouillard ;
Un fanal6 vert est leur regard
30 Vers l’océan et les espaces.
Des quais sonnent aux chocs de lourds fourgons ;
Des tombereaux7 grincent comme des gonds ;
Notes :
1. « s’exhume » : sort, surgit.
2. « Gorgones » : monstres mythologiques à la chevelure de serpent.
3. « naphte » : bitume liquide.
4. « poix » : matière visqueuse à base de résine de bois.
5. « môles » : constructions destinées à protéger l’entrée d’un port.
6. « fanal » : grosse lanterne allumée à bord d’un bateau.
7. « tombereaux » : caisses montées sur deux roues qui servent au transport des matériaux.
8. « des balances de fer » : les grues du débarcadère.
9. « gibets » : instruments de supplice servant à la pendaison.
10. « lettres de cuivres » : ces lettres forment le nom des entreprises sur les entrepôts.
11. « tabernacles » : petites armoires d’église qui contiennent les hosties.
12. « myriadaire » : constitué d’une multitude d’éléments.
13. « fallacieux » : trompeur.
14. « ossuaire » : bâtiment où sont conservés des ossements humains.
Le travail de la séance ne porte que sur les vers 1 à 49. Tu peux écouter cet extrait à la piste 25 de ton
CD.
Pour vérifier ta compréhension du texte, réponds aux questions qui suivent.
Compare maintenant tes réponses avec celles contenues dans le corrigé puis poursuis ton travail.
Vérifie maintenant tes réponses dans le corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » ci-dessous.
j e retiens
La ville métamorphosée par la vision du poète
Si les poètes du XIX siècle peuvent brosser un tableau assez réaliste de la ville, comme
e
Là-bas,
Ce sont des ponts musclés de fer,
Lancés, par bonds, à travers l’air ;
Ce sont des blocs et des colonnes
10 Que décorent Sphinx et Gorgones ;
Ce sont des tours sur des faubourgs ;
Ce sont des millions de toits
Dressant au ciel leurs angles droits :
C’est la ville tentaculaire,
15 Debout,
Au bout des plaines et des domaines.
a) Entoure les sons répétés à la rime et relie-les entre eux.
b) Quels vers ne présentent pas de rime ?
Vérifie maintenant tes réponses. Tu pourras ensuite lire et recopier le « Je retiens » pour mieux le
mémoriser.
Observe le tableau ci-dessous, et associe à chaque élément du tableau les expressions du poème
de Verhaeren en les recopiant :
« Des clartés […] qui bougent sur des poteaux » (v. 17 à 19)
............................................. .............................................
............................................. .............................................
Banque de mots :
Étage - colonne - tour - faubourg - poteau - corniche - muraille - gare - rail
Séance 5
Étudier un poème en prose
C’est avec un texte d’Arthur Rimbaud (1854-1891) que tu vas terminer cette promenade à travers la
ville et la poésie. Le poème que tu vas lire témoigne d’une évolution de la forme poétique puisqu’il est
écrit en prose. Tu apprendras également à identifier et à construire des familles régulières de mots.
Les Ponts
Des ciels1 gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés,
d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant
dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les
rives, chargées de dômes, s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts
5 sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles
parapets2. Des accords mineurs3 se croisent et filent, des cordes montent des berges. On
distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique.
Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes
publics ? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. – Un rayon blanc,
10 tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
« Les Ponts », Illuminations, Arthur Rimbaud (1886)
Notes :
1. « des ciels » : terme désignant les parties d’un tableau représentant le ciel.
2. « parapets » : petits murets ou balustrades placés sur les ponts ou les quais pour empêcher de tomber.
3. « accords mineurs » : terme technique désignant un type d’accord musical.
A Un poème-tableau
1- a) Quel élément particulier de la ville est décrit dans ce poème de Rimbaud ?
b) « ciels » (l. 1), « dessin » (l. 1), « figures » (l. 2) : à quel domaine artistique ces trois termes
font-ils référence ?
c) Encadre dans le texte les adjectifs qualificatifs de couleur.
d) Souligne maintenant les termes exprimant les lignes de force de ce « dessin » : lignes
droites, courbes, horizontales, verticales.
e) D’après tes réponses, précise quelle impression d’ensemble se dégage de ce poème.
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » qui suit.
j e retiens
Poésie et peinture
Dans la seconde moitié du XIX siècle, la peinture influence sensiblement la littérature et
e
B Un poème en prose
1- Observe la construction du poème :
a) Quels sont les deux éléments traditionnels de la poésie qui n’apparaissent pas dans ce
texte ?
b) Observe les deux premières phrases du poème. Quelle est la principale caractéristique
grammaticale de la première phrase ?
c) Que décrit la deuxième phrase ? Que peut traduire, selon toi, la construction complexe de
cette phrase ?
d) « D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. » (l. 5-6)
« Sont-ces des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants
d’hymnes publics ? » (l. 8-9)
Combien de groupes nominaux sont soulignés dans chacune des phrases ?
e) Quel effet cela produit-il ?
2- Concentre-toi sur les sons :
a) « d’autres descendant ou obliquant en angles » (l. 2)
Observe les éléments surlignés. Comment nomme-t-on ce procédé qui consiste à répéter
des sons vocaliques ?
b) « (Sont-ces) des airs populaires /, des bouts de concerts seigneuriaux, / des restants
d’hymnes publics ? » (l. 8-9)
À l’intérieur de chacun des trois groupes, surligne les assonances et les allitérations.
c) Quelle dimension ces jeux sur les sonorités apportent-elles au poème ?
3- a) Dans les cinq premières lignes du poème, quelles perceptions dominent (reporte-toi aux
cinq sens) ?
b) À partir de la ligne 6, quel autre sens est sollicité ?
c) Surligne dans le texte les mots ou expressions se rapportant à ce sens.
d) Les différentes perceptions se mélangent parfois, et le verbe « distingue » peut désigner à la
fois une perception visuelle ou auditive. Quelles sont les deux interprétations possibles du
mot « cordes » : « des cordes montent des berges » (l. 6).
e) Quel effet produit ce jeu sur la polysémie* ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » qui suit.
2- En manipulant des préfixes et des suffixes, forme la famille régulière des mots suivants :
« figure », « bras ». Tu peux consulter un dictionnaire pour t’aider.
D Expression écrite
Rédige un petit paragraphe de quelques lignes dans lequel tu décriras ce tableau (le pont, mais
aussi les autres éléments du décor) à la manière de Rimbaud dans son poème.
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes
en complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Banque de mots :
Pont - berge - dôme - masure
Séance 6
Je m’évalue
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra de
faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir. Complète
maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque chose. Quand
tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que ce tableau de
synthèse ne comporte pas d’erreur.
Le fonctionnement d’une rime interne : → D’encadrer une rime interne dans un vers :
→ Un même son est répété à la fin des deux « des grands marteaux monumentaux »
............................. d’un même vers. (Émile Verhaeren)
Les accords complexes sujet/verbe. → Accorder les verbes au présent avec leur
sujet :
- Ton ami et toi (avoir) .......... de la chance.
- Mes parents et moi (partir) .......... demain.
- La plupart des gens (aimer) .......... les
vacances.
- C’est moi qui (être) .......... content !