Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1G8
DISSERTATION
Peut-on appliquer à Alcools d'Apollinaire ce mot que Rimbaud lance dans son
recueil Une saison d'enfer : « Il faut être absolument moderne » ? Pensez-vous
que cette déclaration puisse caractériser le recueil ?
Dans son recueil Alcools, Apollinaire écrit toutefois des poèmes traditionnels.
Même si il est en recherche de renouveau et de modernité, il n'oublie pas certains
principes de la poésie classique. Alors, il utilise le genre littéraire du lyrisme. Ce
genre littéraire permet d'exprimer ses sentiments personnels. Le lyrisme est
directement lié à la poésie traditionnelle. Il l'emploie dans plusieurs de ses poèmes
tels que « La Chanson du Mal-Aimé » . Dans cette œuvre, l'auteur exprime son
chagrin amoureux. Il relate son amour impossible envers Annie Playden, une
gouvernante anglaise rencontrée en Allemagne. Dans ce poème, Apollinaire incarne
le mal-aimé, il écrit « l'amour est mort j'en suis tremblant » (vers 11). Le poète se
décrit, et évoque tout son malheur. On le remarque également avec l'emploie du
pronom personnel « je ». De surcroît, il chante aussi les saisons et surtout l'automne.
Avec cette seule et unique saison, il exprime toute sa tristesse et sa mélancolie. Cette
période de l'année représente l'état d'âme du poète. Dans le recueil, nous pouvons
citer les poèmes « Automne » ; « Automne malade » ou encore « Les Colchiques ».
En outre, Guillaume Apollinaire réemploie des thèmes traditionnels
classiques comme la mort ou la fuite du temps. Dans ce recueil, le poète est
régulièrement perdu et sans repère. Il demeure autour de ses amours impossibles
envers Annie Playden, qu'il retranscrit dans la section « Rhénanes » ou avec Marie
Laurencin dans le poème « Marie », par exemple. Dans ses poèmes, il évoque des
souvenirs douloureux qui s'accompagnent souvent de l'image de la mort, voire du
suicide. A plusieurs reprises, Apollinaire utilise la figure de la noyade pour
représenter son désespoir. Dans le poème « La Loreley », la nymphe rejoint son
amant dans le fleuve : « Mon cœur devient si doux c'est mon amant qui vient / Elle se
penche alors et tombe dans le Rhin » (vers 35-36). Ici, il s'agit d'une métaphore de la
part du poète, lui qui est prêt à mourir par amour. De surcroît, l'évocation de la fuite
du temps est omniprésente dans cette œuvre. Il la représente au travers de l'élément
de l'eau. Dans le second poème « Le Pont Mirabeau », la Seine qui passe sous le pont
Mirabeau évoque le temps qui passe sans arrêt, et qui est inarrêtable : « L'amour s'en
va comme cette eau courante » (vers 13). Chez le poète, le temps est source de
fatalité et fait preuve de tonalité tragique.
Ainsi, bien que son recueil Alcools soit assimilé à un recueil poétique
moderne, il contient toutefois des éléments traditionnels dans sa structure et dans ses
différents thèmes abordés. Pour finir, nous verrons l'alchimie entre renouveau et
tradition poétique.
Pour conclure, nous pouvons dire qu'il ne faut pas être « absolument
moderne ». En effet, la poésie traditionnelle n'est pas un frein à la modernité. Nous
avons vu que modernité et tradition peuvent s'allier à la perfection si cela est bien
équilibré. C'est le cas de Baudelaire, Apollinaire et encore d'autres poètes. Si
toutefois ils gardent une grande place dans leur cœur pour la modernité, nous avons
vu qu'ils usent également des principes de la poésie traditionnelle. L'adverbe
« absolument » possède un sens trop important pour être appliqué au recueil
d'Apollinaire.