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1.1 Le romantisme.
L’apogée de ce mouvement se situe entre 1820 et 1850, avec un sommet vers 1830. Le poète
romantique se caractérise avant tout par l’hypertrophie de son moi. Il s’ensuit que la poésie
romantique est avant tout lyrique et sert à l’expression des sentiments intimes de son auteur. Une
autre conséquence de cette importance du moi est qu’on privilégie la passion et l’instinct par
rapport à la rationalité. De plus le poète est à l’écoute de la nature qui est le lieu privilégié du
romantisme. Tout cela n’empêche pas l’engagement politique des romantiques, car, suivant le
mot de Hugo, le poète est un prophète.
1.2 Baudelaire.
Baudelaire qui publie une première fois Les Fleurs du Mal en 1857 apparaît d’un côté comme un
romantique attardé qui résume en son œuvre bien des tendances du romantisme ; cependant il va
au-delà du romantisme tout en le prolongeant. Pour lui la poésie sert à déchiffrer le monde, cf. le
poème « Correspondances » qui est un exposé des vues de Baudelaire sur le monde « forêt de
symboles / Qui l’observent avec des regards familiers ». De plus, pour lui la poésie n’est pas
seulement expression des sentiments, elle engage la vie entière, voir « Bénédiction » ou
« L’Albatros ».
1.3 Le Parnasse
Face à ces hautes ambitions certains ont des vues plus réductrices sur la fonction de la poésie. Par
exemple, en 1863, Émile Littré définit la poésie comme « l'art de faire des ouvrages en vers »,
définition que les poètes du XVIIe siècle comme Boileau ou du XVIIIe comme Voltaire
n’auraient pas reniée. Mais ce milieu du XIXe siècle voit triompher dans le genre romanesque une
tendance inverse du romantisme, qui est le réalisme de Flaubert et des Goncourt. Certains poètes
évoluent aussi vers une poésie qui refuse les épanchements personnels et la sentimentalité du
romantisme pour chercher uniquement à produire de la beauté. Ce groupe de poètes reçoit son
nom de Parnassiens quand, en 1866, l'éditeur Alphonse Lemerre publie une anthologie poétique
intitulée le « Parnasse contemporain », qui au fil des ans connaîtra plusieurs éditions. Les poètes
qui se réclament de cette tendance, comme Charles Leconte de Lisle, José Maria de Heredia ou
Théodore de Banville fondent leur idée de la poésie sur quelques mots de Théophile Gautier :
« L’art pour l’art », « Seul l’inutile est beau. Tout ce qui est utile est laid », ainsi que sur ces vers
du recueil Émaux et Camées :
« Oui, l'œuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle »
1 Les numéros de page font référence à l’édition Poésie-Gallimard des Planches Courbes.
En fait la tentative des Parnassiens, quelle que soit la valeur de leur production, sera sans
postérité et n’aura pas d’influence sur l’évolution ultérieure de la poésie.
1.4 Rimbaud
À l’opposé, la courte expérience de Rimbaud, matérialisée dans ses œuvres de 1873, les
Illuminations et Une Saison en Enfer, va peser, autant que c elle de Baudelaire, sur le devenir de la
poésie. L’originalité de Rimbaud tient en quelques formules : « Je est un autre », car pour lui le
poète à l’œuvre n’est plus l’être ordinaire engagé dans la société ; la poésie n’est pas seulement
une production verbale, elle est aussi un état particulier dont la fonction est de « changer la vie » ;
pour cela il faut pratiquer une « alchimie du verbe » et Rimbaud affirme que le poète est un
« voyant ».
1.5 Mallarmé
Dans les années 1870-1880 Mallarmé engage la poésie dans d’autres voies, tout aussi exigeantes.
Il écrit : « La Poésie est l'expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du
sens mystérieux des aspects de l'existence : elle doue ainsi d'authenticité notre séjour et constitue
la seule tâche spirituelle. » De plus, pour Mallarmé qui n’évite pas un élitisme hérité des dandies,
la poésie ne doit pas livrer son contenu à n’importe qui, mais revêtir au contraire une forme aussi
raffinée que difficile, ce qui conduit sa production à « l’hermétisme ».
1.6 Apollinaire
Une autre étape est franchie quand, en 1913, Apollinaire publie son principal recueil, Alcools.
L’apport principal de ce poète est d’introduire le modernisme en poésie. De plus ses poèmes sont
largement autobiographiques et cela de façon souvent explicite.
1.8 Le surréalisme
À la même époque et aux antipodes de Valéry, André Breton publie en 1924 son premier
Manifeste du surréalisme. Pour le groupe de poètes et de peintres dont Breton est le « pape », la
poésie, loin d’être un art, est des instruments qui permettent d’atteindre le surréel. Elle offre donc
la possibilité de dépasser l’expérience cognitive ordinaire. Mais le surréalisme évoluera ensuite
avec Aragon et Eluard dans le sens de l’engagement politique.
2 Biographie de Bonnefoy
2.1 Introduction : qu’attendre d’une biographie ?
Dans quelle mesure la biographie d’un créateur éclaire-t-elle, voire explique-t-elle son œuvre ? Il
est indispensable de rappeler les idées exprimées par Marcel Proust dans son essai Contre Sainte-
Beuve, rédigé en 1908-1909, mais publié de façon posthume en 1954. Pour Proust l’œuvre d’un
artiste ou d’un écrivain provient de cette partie de la personnalité qui est inconnaissable et qui
échappe à la société. Ce rappel est d’autant plus nécessaire que l’œuvre de Bonnefoy, même si elle
a souvent des accents autobiographiques n’a guère de relations avec les événements qu’on peut
repérer dans a vie, faite surtout de la fréquentation des œuvres du passé et des savants travaux de
l’auteur.
2.3 Formation
À quelques exceptions près comme Zola ou Boris Vian, la quasi totalité des écrivains ont une
formation littéraire. Ce n’est pas le cas pour Bonnefoy, qui possède à la fois un double
baccalauréat, « Philosophie » et « Mathématiques élémentaires », les actuels baccalauréats L et S.
En 1942, il entre en classes préparatoires de mathématiques à Tours, puis commence des études
supérieures de mathématiques à Paris.
Dans l’immédiat après-guerre, en 1946-1947, Bonnefoy côtoie Breton revenu des États-Unis et la
dernière phase du surréalisme, mouvement dont il subit l’influence, par exemple dans la partie II
de la courte suite poétique intitulée Anti-Platon et parue en 1947 :
« L'arme monstrueuse une hache aux cornes d'ombre portée sur les pierres,
Arme de la pâleur et du cri quand tu tournes blessée dans ta robe de fête,
Une hache puisqu'il faut que le temps s'éloigne sur ta nuque,
O lourde et tout le poids d'un pays sur tes mains l'arme tombe. »
C’est en effet à cette époque que Bonnefoy publie ses premiers textes dans une revue surréaliste.
En 1948, il entreprend des études de philosophie. Pour son Diplôme d’Études Supérieures, il
rédige un mémoire sur Baudelaire et Kierkegaard. Le sujet de ce travail universitaire n’est pas
indifférent, car le philosophe danois Kierkegaard (1813-1855) est considéré comme un précurseur
de l’existentialisme, très à la mode dans ces années-là qui voient l’apogée de Jean-Paul Sartre et,
d’autre part Bonnefoy deviendra par la suite un spécialiste de Baudelaire à qui il a consacré maints
travaux.
2.4 L’art
De 1949 à 1953, Yves Bonnefoy voyage, notamment dans des pays qui se signalent par la richesse
de leur patrimoine artistique, Italie, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Grèce, mais aussi aux États-Unis.
En 1954, il entre au CNRS où il s’occupe d’histoire de l’art.
Il publie des travaux sur Baudelaire et Shakespeare.
Il donne des traductions de Shakespeare, Yeats et Leopardi.
« La maison natale »
I à IV Il revient aux origines de l’être.
Le motif récurrent de l’eau qui inonde tout peut évoquer le liquide amniotique et le
stade fœtal.
V Tentative d’exploration du monde par l’esprit, mais retour à la maison natale
VI à X Évocations quasi réalistes de différents moments de sa vie
XI Nouvelle tentative d’exploration du monde ; Bonnefoy affirme sa confiance.
et XII
2 Ces résumés sont aussi disponibles en documents séparés d’une page chacun.
« Je pourrais m’écrier que partout sur terre Armide est l’image de la tentation
éprouvée de retourner à une écriture
Injustice et malheur ravagent le sens » travaillée où on rature, au lieu de laisser
libre cours à la spontanéité du « récit
en rêve ».
2 « Mais il me semble aussi que n’est réelle N’a de valeur que l’expérience
Que la voix qui espère […] authentique, au triple niveau de
l’expression, « la voix », du contact
Réel, seul, le frémissement de la main qui touche humain, « la main » et du bonheur le
[…) plus simple, « un chemin de retour ».
Ces barrières qu’on pousse dans la pénombre » Le reste ne mérite pas d’accéder à
l’écriture, il est à « rayer du ivre ».
3 « Ô poésie, La poésie est néanmoins indispensable.
quel que soit l’état d’abandon où elle se
Je ne puis m’empêcher de te nommer
trouve actuellement dans le monde des
Par ton nom que l’on n’aime plus parmi ceux qui lettres.
errent
Bonnefoy accepte le caractère désuet
Aujourd’hui dans les ruines de la parole. » de la poésie, analogue à celui de la
rhétorique qui fleurissait dans les
cérémonies d’antan.
4 « Je le fais, confiant que la mémoire, Bonnefoy a confiance dans les poètes.
Enseignant ses mots simples à ceux qui cherchent Il définit les fonctions de la poésie.
À faire être le sens malgré l’énigme »
5 « Ô poésie, Concessions aux adversaires de la
Je sais qu’on te méprise et te dénie poésie : Bonnefoy énumère les défauts
dont on charge la poésie.
Qu’on t’estime un théâtre, voire un mensonge »
6 « Et c’est vrai que la nuit enfle les mots, Mise en doute de la validité de la
poésie, qui se réduit à l’emphase de son
Des vents tournent leurs pages… »
langage et accepte toutes les
incohérences.
7 « Mais je sais tout autant qu’il n’est d’autre étoile La poésie reste le seul moyen de se
guider. Reprise de l’image de la barque.
À bouger, mystérieusement, auguralement »
Plusieurs passagers sont présents, car
Bonnefoy affirme la vocation de la
poésie à ne pas être qu’une aventure
« La maison natale »
Incipit et vers remarquables : Contenu
Bonnefoy imagine la maison natale au bord
« Je m’éveillai, c’était la maison natale, de la mer, battue par les flots qui inondent
L’écume s’abattait sur le rocher » la salle-à-manger dans la véranda ; un
I
« Il fallait qu’elle entrât pourtant, la sans- univers qui se consume au loin ; « la sans
visage » visage » ;
les rires des enfants.
« Je m’éveillai, c’était la maison natale,
Il pleuvait doucement dans toutes les
La pluie à l’intérieur de la maison ;
salles »
II apparition récurrente de visages féminins ;
« les mèches désordonnées de la déesse »
l’eau finit par effacer les souvenirs.
« je découvrais sous le voile de l’eau
Son front triste et distrait de petite fille. »
« Je m’éveillai, c’était la maison natale, La nuit et les arbres autour de la maison
amènent l’image du tableau d’Adam
III Il faisait nuit, des arbres se pressaient
Elsheimer représentant Cérès, la vieille
De toutes parts autour de notre porte » femme et l’enfant.
« Une autre fois.
À nouveau de l’eau dans la maison.
Il faisait nuit encore. De l’eau glissait
Mise en abîme du souvenir.
IV Silencieusement sur le sol noir
Il ramasse des branches dans la boue
Et je savais que je n’aurais pour tâche
Des voix appellent du côté de la route
Que de me souvenir »
« Or, dans le même rêve Il est couché au fond d’une barque qui
V Je suis couché au plus creux d’une barque » annonce celle des Planches courbes.
« Pourquoi revoir, dehors, Confrontation entre le langage produit dans
La demande du rêve »
« J’ouvre les yeux, c’est bien la maison Bonnefoy affirme la réalité de la « maison
natale » évoquée ici. Il se rappelle l’image de
VIII natale,
ses parents aperçus par la fenêtre depuis le
Et même celle qui fut et rien de plus. » jardin.
« Et alors un jour vint
Où j’entendis ce vers extraordinaire de Bonnefoy reconnaît dans le personnage
IX Keats, biblique de Ruth tel qu’en parle Keats
l’image qu’il a gardée de sa mère.
L’évocation de Ruth »
Il évoque un grenier campagnard et la
« La vie, alors ; et ce fut à nouveau présence à ses côtés d’une femme à qui il
X Une maison natale. Autour de nous dédie ses poèmes.
Le grenier d’au-dessus l’église défaite » Image d’un navire sur un fleuve qui
représente la vie.
« Et je repars, et c’est sur un chemin Depuis les dunes du rivage on aperçoit un
XI navire au milieu des flammes ; des nageurs
Qui monte et tourne, bruyères, dunes » se portent au secours des naufragés.
XII « Beauté et vérité, mais ces hautes vagues Bonnefoy donne des clefs pour
comprendre ce qu’est « la maison natale » et
6 Les personnages
6.1 Remarques
Les personnages prennent de plus en plus de consistance au fur et à mesure qu’on progresse dans
le recueil. Objets simplement d’allusions dans « Le leurre des mots », ils sont nommés et
individualisés dans « La maison natale », pour enfin acquérir la présence et l’épaisseur de figures
véritables dans « Les Planches courbes ».
7 Présence de la mythologie
7.1 Remarques
Il faut d’abord rappeler qu’en 1981 Bonnefoy a dirigé la rédaction du Dictionnaire des Mythologies, ce
qui atteste son intérêt pour la chose.
Ces allusions à la mythologie ont toutes la même forme : elles consistent à citer non pas un récit,
7.3 Conclusions
Ces personnages mythiques permettent à Bonnefoy de projeter ses inquiétudes en les
concrétisant dans des figures bien connues et identifiées dans la culture.
On peut tenter des regroupements :
- Ulysse et le passeur sont des navigateurs, sommés tous deux de reprendre leur navigation, l’un
par le chant du rossignol, l’autre par la voix de l’enfant
3 Ce texte est disponible avec son original latin dans un document séparé.
8 L’enfant
8.1 Remarques
L’enfant est présent dans les trois parties du recueil au programme et les figures de l’enfant sont
multiples. Il convient donc d’en faire l’inventaire et de se demander ensuite leurs points
communs. D’abord, pourquoi cette multiplicité des figures enfantines ? Quand il écrit Les Planches
courbes, Bonnefoy est un homme âgé qui éprouve le besoin de mieux s’ancrer dans la vie en
s’accrochant à son enfance. C’est pour cette raison qu’au moyen du « récit en rêve » il cherche à
retrouver « La maison natale ». D’ailleurs l’enfant est le personnage obligé de cette « maison
natale ». D’autre part et peut-être pour mieux se garder de la « conceptualisation » qu’impose le
langage, il cherche dans une certaine mesure à retrouver l’ingénuité de l’enfance comme on le
vois dans les propos que tient l’enfant au passeur. Il pense que le langage de l’enfance a ce
pouvoir d’accéder directement à la réalité des choses et semble faire sien le propos de Baudelaire :
« le génie n'est que l'enfance retrouvée à volonté. » (Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne) Pour
Bonnefoy le regard de l’enfant est aussi un moyen de retrouver un point de vue naïf au sens plein
du terme.
Bonnefoy écrit quant à lui : « …il nage dans cet espace sans fin de courants qui s’entrechoquent,
d’abîmes qui s’entrouvrent, d’étoiles. »
Les deux poèmes ont en commun l’idée du franchissement d’une limite ; de plus tous les deux
utilisent la métaphore de la nage pour exprimer la plénitude du contact immédiat, c’est-à-dire sans
intermédiaire, avec un monde idéal ; on peut alléguer aussi l’image des étoiles présente chez les
deux auteurs.
On peut également citer ces vers de la partie VII du long poème intitulé « Le voyage » où
Baudelaire écrit à propos du temps représenté par une allégorie :
« Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
Nous pourrons espérer et crier : en avant !
11.1 Remarque
Yves Bonnefoy, à l’époque où il étudiait la philosophie, a suivi les cours de Gaston Bachelard
(1884-1962) et l’influence de celui-ci semble bien se retrouver dans l’œuvre du poète : en effet
Bachelard remet en cause la pensée rationaliste dans Le Rationalisme appliqué (1949) et il étudie la
place des éléments dans l’inconscient des artistes et des écrivains avec des essais comme la
Psychanalyse du feu (1937) ou L'Eau et les Rêves (1941),. où il écrit par exemple « Si les choses
mettent en ordre nos idées, les matières mettent en ordre nos rêves ». Bachelard définit la
création poétique d’une manière que l’œuvre de Bonnefoy pourrait illustrer : « Si nous savions
retrouver, malgré la culture, un peu de rêverie naturelle, un peu de la rêverie devant la nature,
nous comprendrions que le symbolisme est une puissance matérielle. » Cette affirmation est tout
à fait proche de la volonté de Bonnefoy de passer outre la « conceptualisation » imposée par le
langage pour aller à la rencontre de l’authenticité du réel. Or la façon dont le poète exploite le
symbolisme de l’eau en jouant avec la polysémie de cet élément dans les trois parties du recueil
correspond aux vues que Bachelard exprime dans l'Eau et les Rêves.
12 La barque et la navigation
12.1 Mise en forme poétique d’une idée de Bachelard
Gaston Bachelard a écrit dans La psychanalyse du feu : « Psychiquement, nous sommes créés par
notre rêverie. Créés et limités par notre rêverie, car c'est la rêverie qui dessine les derniers confins
de notre esprit. ». Or Yves Bonnefoy applique au pied de la lettre cette définition donnée par le
philosophe : il la matérialise en quelque sorte dans l’image de l’embarcation ; les planches de son
étrave doivent leur courbure à la pression du réel sur l’esprit qui s’avance dans une navigation à
travers l’inconnu (voir ci-dessus l’explication du titre « Les planches courbes »).
À la fin de la partie I de « Dans le leurre des mots », p.76, Bonnefoy donne en même temps le
sens de ce symbole de l’embarcation et une prolepse du récit des Planches courbes :
« Les planches de l’avant de la barque, courbées
Pour donner forme à l’esprit sous le poids
De l’inconnu, de l’impensable, se desserrent.
Que me disent ces craquements, qui désagrègent
Les pensées ajointées par l’espérance ? »
L’espérance n’est autre que le désir de comprendre le monde. Or, le but de cette navigation reste
mystérieux, p.74 :
« […] Et on ne sait encore
Si c’est rive nouvelle, ou le même monde
Que dans les plis fiévreux du lit terrestre,
Ce sable qu’on entend qui crisse sous la proue
12.5 Inversion
La barque dont la coque est immergée peut apparaître comme une inversion de la maison
inondée ; la preuve en est que, dans la partie V de « La maison natale », p.87, Bonnefoy passe
explicitement de l’une à l’autre :
« Or, dans le même rêve