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Revue belge de philologie et

d'histoire

Gutton (Jean-Pierre). Dévots et société au XVIIe siècle


Claude Bruneel

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Bruneel Claude. Gutton (Jean-Pierre). Dévots et société au XVIIe siècle. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 84,
fasc. 2, 2006. Histoire medievale, moderne et contemporaine - Middeleeuwse. moderne en hedendaagse geschiedenis. pp.
471-473;

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door onderlinge relaties. Vele schilders migreerden in groep of familie : o.m. de


familie Geraerds, De Crits en Horenbouts voor Engeland, de Floris-discipelen Hiërony-
mus en Ambrosius Francken, Hiëronymus van Vissenaken en Herman van der Mast
voor Frankrijk. De voorliggende studie kan hierin weinig duidelijheid scheppen,
maar biedt veeleer een kaleidoscopisch beeld. De studie van Bentley-Cranch, hoewel
voorzien van overvloedige literaire en kunsthistorische informatie, roept dus meer
vragen op dan dat ze er beantwoordt. - Natasja Peeters.

Gutton (Jean-Pierre). Dévots et société au XVIIe siècle. Paris, Belin, 2004; un vol.
in-8°, 220 p., 3 ill. (Histoire & société). Prix: 18.90 €.
Dans un livre agréable à lire, l'auteur définit avec beaucoup de finesse et
d'érudition la place du mouvement dévot au sein de la société de l'époque. Plus encore, il
met en évidence comment les conceptions de ce groupe de pression ont pu peser sur
l'action dans maints secteurs de la vie sociale. La Compagnie du Saint-Sacrement, un
groupement de clercs et de notables laïcs actifs surtout de 1630 à 1666, en est la
meilleure personnification. Elle tisse dans l'ensemble de la France un réseau de
filiales, en principe subordonnées à l'institution parisienne mais parfois de plus grande
longévité que leur mère. Cette forme associative particulière ne doit cependant pas
masquer l'existence d'autres communautés à l'idéal voisin, groupes informels
d'amis, congrégations mariales des collèges de jésuites, confréries aux fins diverses, etc.
Le dévot, «personnage phare de la réforme catholique», est ce laïc profondément
marqué par l'humanisme chrétien des jésuites ou sensible à l'influence du mysticisme
espagnol. Au début du XVIIe siècle, le parti dévot, héritier de la Ligue, dénonce la
politique d'alliances protestantes de Richelieu. Soucieux de lutter contre l'hérésie, il
prône au contraire une action diplomatique tournée vers les puissances catholiques et
particulièrement une entente avec l'Espagne. En 1630, à l'issue de la journée des
Dupes, il perd tout espoir de peser sur la politique extérieure de la France et il reporte
alors ses ambitions sur le plan national. En réaction au mouvement libertin des
années 1623-1625, les dévots entendent moraliser le pays en y faisant pénétrer
davantage les principes chrétiens et en veillant à l'application des décrets du concile
de Trente, non reçus officiellement en France. Ils jouent un rôle essentiel dans le
développement du culte eucharistique. L'activité spirituelle, la prière, est cependant
étroitement liée aux œuvres charitables. Toutefois, les secours matériels ne
constituent pas une fin en soi, ils n'ont d'autre justification que de mener à l'élévation
spirituelle.
Trois champs d'actions préoccupent particulièrement le monde des dévots, la
sécurité, l'éducation et la morale sociale. Après un siècle de conflits politiques, religieux,
sociaux, il convient de policer la France. Les intérêts d'un groupe suspect au pouvoir
et ceux de la monarchie, dont la croissance repose sur l'ordre et l'obéissance, se
rejoignent donc. Dans le domaine judiciaire, l'action la plus importante des dévots
consiste à promouvoir l'arbitrage ou, en cas de procès, à offrir l'assistance adéquate
aux plus démunis. Cette sollicitude s'accompagne cependant parfois d'ambiguïtés
relevant du prosélytisme à l'égard des protestants. A l'image de l'Église hostile au
sang versé, les dévots s'opposent à la pratique du duel tout comme ils nourrissent une
réflexion sur la substitution de la pénitence à la peine de mort. Ils veulent donner une
signification morale à la détention. Comme dans les établissements ecclésiastiques, la
prison doit devenir le lieu d'exécution des peines et de la repentance plutôt que le
simple siège de la détention préventive. La situation des détenus tant au plan matériel
que spirituel est dénoncée. Il importe donc de visiter régulièrement les geôles et leurs
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hôtes. La Compagnie du Saint-Sacrement ouvre même des refuges et des maisons de


force où les filles débauchées sont enfermées par décision administrative. Le sort des
galériens, rarement libérés à temps au terme de leur peine, suscite beaucoup de
débats mais débouche sur peu d'effets.
Les populations marginales suscitent des sentiments mêlés. Ainsi le tsigane, qui est
assimilé à l'infidèle et au relapse, est victime d'une hostilité certaine. Cette attitude
est aggravée encore par la crainte qu'inspire le mode de vie en bandes, qui trouvent
leur subsistance dans le produit de vols. L'existence «païenne» des mendiants et
vagabonds est également condamnée. Les dévots, qui comptent nombre de médecins
dans leurs rangs, trouvent un champ d'action positif dans les hôpitaux. Il est plus
facile, il est vrai, de moraliser et de catéchiser dans ces endroits de souffrance qui
offrent davantage l'allure d'asiles plutôt que d'établissements de soins. De même, les
dévots sont souvent à l'origine de la création d'hôpitaux généraux destinés à
endiguer la mendicité. Les thèmes traditionnels de la charité chrétienne, l'espoir de
convertir et d'amender le pauvre, de le conduire sur le chemin de son salut,
l'emportent sur les préoccupations mercantilistes ou la volonté de répression. Hors des
frontières du royaume, la compagnie du Saint-Sacrement appuie les chevaliers de l'Ordre
de Malte dans leur lutte contre les Turcs, elle soutient les missions de Syrie et, au
Canada, joue un rôle déterminant dans la fondation de Montréal.
Pour sauver des âmes, y compris la sienne, il faut à la fois prendre ses distances à
l'égard du monde mais aussi y œuvrer. Ainsi, la retraite spirituelle, les opuscules et
les méditations préparant à la mort jouissent d'un intérêt certain dans la deuxième
moitié du XVIIe siècle. Mais, en même temps, la présence au monde s'affirme de
différentes manières, dont le fichage des individus pour mieux les répertorier et les
connaître, à l'instar du registre de l'état des âmes du clergé catholique. Ainsi bien
informée, la Compagnie du Saint-Sacrement use de la position sociale et des relations
de chacun des confrères pour faire avancer les dossiers qu'elle promeut. Beaucoup
ont trait à l'éducation qui doit contribuer à modeler la société selon les vues des
dévots. Les «petites écoles», dont la finalité première est l'enseignement du
catéchisme et de la morale, se voient aussi assigner pour tâche de policer l'enfant pour en
faire un bon chrétien et un bon sujet. La surveillance constante de l'élève, la
discipline de l'esprit et du corps sont autant de moyens d'arriver au but, tout comme le fait
de disposer d'enseignants de qualité. Les dévots se préoccupent donc de la formation
des maîtres, prêtres et laïcs. Ils s'assurent également la collaboration de filles
séculières, dont le modèle est incarné par les Filles de la Charité de Vincent de Paul.
L'école gratuite pour les pauvres est une de leurs principales préoccupations. Les
collèges, réservés à une élite qui n'est pas exclusivement sociale, ont pour mission de
former les futurs cadres au service de la société et de l'État. Ils privilégient le
développement de la culture générale. Les textes d'auteurs de l'Antiquité, donc païens,
sont mis au service de la morale. L'humanisme dévot entend concilier l'esprit de la
Renaissance et le catholicisme de la réforme tridentine. Il fournit également des
modèles d'éducation pour les filles. Ce n'est là qu'une illustration parmi d'autres des
tentatives du mouvement pour valoriser le rôle de la femme, en religion ou dans le
monde. Les manuels de piété destinés aux adultes diffusent une image respectée de
l'épouse, qui assure son salut en se mettant au service de son époux et de ses enfants.
Devenue veuve, libérée de la sexualité, elle peut se rapprocher davantage de Dieu,
tout en demeurant une femme indépendante, active dans le monde par les œuvres de
charité et l'enseignement.
La volonté d'éduquer implique une moralisation de l'homme, basée sur les notions
de devoir d'état et de dignité du travail. Les différentes couches de la société ne sont
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certes pas égales, mais la solidarité entre elles est fondamentale au nom de la morale
chrétienne. L'intérêt des dévots pour maintes questions, apparemment étrangères les
unes aux autres, trouve sa cohésion dans la volonté d'atténuer les rapports
économiques de dominants à dominés. Ainsi, ont-ils fait de la prévention et la répression
de la prostitution un de leurs principaux chevaux de bataille. Les devoirs des maîtres
à l'égard de leurs domestiques et servantes en est un autre. L'appartenance de ce
personnel à la famille suppose une fidélité parfaite de sa part. En revanche, celui qui
procure le travail est responsable matériellement et spirituellement du destin de ses
serviteurs. Il doit les éduquer à la prière et à la lecture, les protéger parfois contre
eux-mêmes en ne les laissant pas s'abandonner à l'oisiveté. L'organisation du travail,
particulièrement du travail manuel, et des métiers, la condition des pauvres
nourrissent également la réflexion des dévots. Ils s'opposent ainsi aux rites initiatiques des
compagnonnages. Ils tentent d'organiser de nouvelles formes de travail, mais
l'expérience des frères tailleurs et cordonniers, soutenue par la compagnie du
Saint-Sacrement, n'est pas vue d'un œil bienveillant par les pouvoirs publics. Les dévots sont
également conscients des difficultés matérielles et morales qu'entraîne l'inéluctable
endettement populaire. Ils prônent donc l'ouverture de monts-de-piété ou de bureaux
de prêt charitable afin de combattre l'usure tout en catéchisant les emprunteurs. Ils
nourrissent également une réflexion sur le juste salaire, dans une perspective autant
morale et religieuse que sociale. Une rémunération honnête devrait permettre au
travailleur pauvre d'assurer l'entretien décent de sa famille en période normale, les
secours étant réservés aux périodes de crise.
Les groupements dévots ont donc marqué la société française dans de nombreux
domaines, avec des résultats plus ou moins avérés. L'empreinte la plus ferme se
retrouve en matière d'éducation. Le foisonnement d'actions et de pressions très
diversement orientées trouve son unité et son moteur dans la crainte du salut et la
volonté de sauver des âmes, y compris éventuellement par la contrainte. Hommes de
leurs temps, les dévots défendent tantôt des vues surannées tantôt des positions
novatrices. «Mais, conclut l'auteur, toutes tentatives pour les rapprocher d'un intégrisme
ou, inversement, d'un christianisme social seraient réductrices». L'édition de dix
documents et illustrations met à portée du lecteur des textes particulièrement
révélateurs pour la compréhension du mouvement. La bibliographie, très étoffée, et les
renvois aux archives se retrouvent tout au long des 275 notes en fin de volume. Il faut
remercier Jean-Pierre Gutton d'avoir méthodiquement replacé, avec son habituelle
largeur de vues, le phénomène dévot dans le contexte global de la France du XVIIe
siècle. Son étude devient dès lors indispensable tant aux historiens de la religion que
de l'économie et de la société. - Claude Bruneel.

Canac-Marquis (Steve) et Rézeau (Pierre), eds, Journal de Vaugine de Nuise-


ment. Un témoignage sur la Louisiane du XVIIIe siècle. Saint-Nicolas (Québec), Les
Presses de l'Université Laval, 2005; één deel, 23cm χ 15cm, 191 blz., 5 ill.
The last two decennia have witnessed a resurgent interest among historians and
literary scholars in what used to be called personal sources - letters, memoirs,
autobiographies and journals -, but is now subsumed under the generic denomination "ego-
documents". Within this category of source, that of the travel journal has generated
special attention, particularly for the early modern period through the 19th century,
the era par excellence of this special type of ego-document. International interest in
travel journals as historical sources is more than evident in symposia held regularly
by learned societies such as the Milwaukee-based International Society of Travel

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