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102 Que tous mes vax serient contents en baigner tes pies en fou temps ‘Aver la sintePécheresse» Fautil note un détil range, et raze? Lradverbe ‘ Tie. ‘Orose n'sccorde pas une grande importance & ces événements; il se contente de les rentionner, Sans ls raconter en déal, Par ailleurs, ine songe nullement & re exhaust. C'est précisément parce qu'il passe tes vite sur ces vielles hisoires que Son moignage est pour nous signiicat: e qu ‘mentionne & toute allure est incontestsble 4 ses yeux. C'est dela méme fagon qu'il trite Phistire {ue rapportent les livres de TAncien Testament. Pour Iii ne fit aucun doute que son icteur sit qui sont Joseph et Moise. Ili suf de Tes avoir rnommés. Le lecteur découvre, vee un peu d'aten- tion, que Moise et Bacchus ont vécu a la mime poque; mais Ja coincidence n'a pas ét! mise en valeur ‘Bacchus n'est pas un dieu? En fet tous les joux antiques poutraient, en principe, se voir intégrés Ane histoire que rege le chronologic bibligue. Plusieurssiecles avant la nassance ‘Chris, il sit trouve des auteurs, le ph ‘use tant un certain Evhémére de Messéne, pour Souter que les divnités de TOlympe n'taient auzes que des souverains glorieux ov de grands Savant des bienfiteurs de Vhumanité & qui les hommes aaien, apes leur mor, élvé des aus, Lévhémérisme, si lou soitil dans le dail, est couel fovorablement par divers savans et theo- logiens. Raban Maur commence ainsi sa notice eas sur les deux des Gentils: «eux que les paiens preanent pour des dieux, ont été aurefois des hhommes,& qu, pour leur belle vie et leurs mésites, Jes leurs ont apres eur mort rendu un cult.» application du systtme reste assez dificil. La mythologie grecgue offe relativerent peu de données chronologiques: s'il est possible de remonter un peu en emont de la guere de Troi, parce que plusieurs généalogies hézoigues sont précises et concordantes, on n'a plus de repéres Guand on pénétre dans e monde des thégonics. Cotte difficulté n'empéche pas Isidore de Séville de donner des indications relativement prévses; sa chronolopie présente une liste de sou- verains, dit combien de temps a duré le régne de chacun, et quel en a été l'événement le pls impor- tant. On apprend ainsi que, lorsqu’Otoniel ait jug en Toe! ig 3,9), done vers Pannée 3785 de ‘a ction du monde, Cadims, le fondateur Iégen- daire de Thebes, a «appris aux Gres alphabet». Un peu pls tard, du temps de Déborah, Apollon a invent la médecine et la cthare, Pour la lye, c'est Mercure qui I's découverte, du temps de Gédon, Jephé eat juge lorsgu'Hereule est monté sur son ‘cher. Pls interessant: du temps d’Acd Ug 3, 13), ‘cles fables ont & fabriquées»; ce qui semble signifier que quelgy'un (store ne dit pos qui, on pourrait penser a Orphée) a caché des vérités Sublimes sous d'aimables fictions, que nous appelons «mythes», allegories que les sages seuls peuvent comprendre On dirat que, dix sigcles aprés Isidore, rien sa change. Vauteur Pune Historia musica pulise en 1695 précise & quelle date Mereure a invent {a tyre: en T'an du monde 2000; naturellement Mercure est aux yeux de cet autcur un «philo- sop» et non wn dieu. Et Giambatsta Vico, dans sa Scienza Nuova (1725) sit que Prométhée a volé Te feu divin en ran du monde 1856. La réeupération de la mythologe gréco-ltine, déguisée en histoire purement humaine, par une ‘onologie fondée sur la Bible n'impligue pas aque les pottes et romaneiers vont chercher & cons- {ture des narrations qi soient cheval sur les deux lomaines. Récits biliques et aythes peiens sont voqués dans des cuvies diferentes. Une exception notable se trouve dans I'Ovide morals, composé au XV sce: auteur juxtapose teanqullement les fables antiques sur le commen- cement du monde etl fit bisque de la création {YTHOLOGIE ANTIQUE ET LA BIBLE (LA) Drauites rencontes se produisent ~ asser rae- ‘ment — lorsque 'érivain veut donner des exemples «un trait de caractére ou d'une situation recurente Fut évoquer les malheurs que peut entrainer la passion d'amour? Villon* cite dabord Salomon et Samson, pus Orphée et Narisse il revient ensuite 4 la Bible, avec David, Thamar et Hérodiade (Le Testament. Vers 6303). Faut-il suggérer Ia figure un trés beau jeune homme” Jean de Meung rnomme dabord Absalon «ct ses tresses blondes puis Piris, «fils du roi de Troie» (Raman de la rose, v. 13 840). Ila, Iui aussi, dans d’autres cir constances, évoqué la igure de Samson c'est pour Je ranger avec Hercule dans la catégoric des hézos aqui ont péri & cause d'une ferme. Les héros de la mythologie grecque hantent YYenfer de Dante* aussi bien que les personnages de la Bible: on rencontre Jason, Ulysse, Diomede fon rencontre David et Salomon, en d'autres leux, évidemment, car les Grees sont damnés. Mais il arrive que se cdoient des figures venues de divers lives: Ta femme de Putiphar (Gn 38,7) et le trate Sinon de PEnéide (Enfer, xxx, 97); ou, dans une H#tonnante altemance, Pallas et Mars, Nemrod, Niobé, le roi Sail, Arachné, Roboam (Purgaoire, Xa, 319) Les comtges décrits par Pétrarque* dans ses ‘Triomphes ofiteat des renconires du méme genre. La mythologie greeaue et histoire romaine sem- blaient, dans les deux premiers chants du Triomphe «amour, oceupe elles seules tut l'espace; mais, dans le toisitme chant, on voit apparsize Jacob, David, Samson, Holopherne. Alla recherche dexemples propres a illutrer ‘ue vert, tun vice, un crime, une passion, les poetes puisent dans des collections de figires. Liintégration de figures paiennes & cété de figures bibliques dans le repertoire des personnages lusts, élément essentiel de la culture médiévale comme de la culture classique, a Iessé jusqu’’s aujourdhui des traces dans un objet bien innocent: le jeu de cartes, ot Rachel et Judith sont en relation avec la décsse Pallas, cependant qu’ Hector fit face au roi David. Des variates anciennes introduisient Judas Maccabée; Argine, dame de trifle, pours bien éreIépouse de Polynice, done une héroine de Ia legend thebaine La possibilité de cet amalgame, qui semble généralement accepté, ne doit évidemment pas faire oublier des rsistances, qui se manifestent de diverses manires. Au lieu d'évhémériser les deux $M oie ek MYTHOLOGIE ANTIQUE ET LA BIBLE (LA) 1624 1s ct latins, certains sont tents de es identifier & des démons. Il est vrai que, aps les Septante, Ia Vulgate itoduit des demons dans le psnume 95. Saint Augustin commente: pourquot esti dit aque le Seigneur est «terrible par-dessus 10s les dicux? La réponse est clare, c'est le verset 5 sparc que les deux des nations sont ds démons.» orignal ebreu n'est pas aussi explvite, Louis Segond taduit: «ious ls deux des peuples soat des idols.» [La toupe de Satan, a chant du Paradis pers (1667) de Miton®, compte des personnages a nom ius. C'est que, comme Texpigue le pete, Dieu 2 permis que les hommes comompus fnssent par ccadore les démons» comme sic aient des divi nité. Le lesteur vot done spparatir, entre auzes, Moloch, Baal, Astaroth, dieu orentaux conus pat Ja Bible, mais ssi Isis et Osis; puis viemnent, juste apres Beil, «ceux que la descendance de Javan a pris pour des dieux», & savoir Satume, Jupiter et toute leur famille Javan est dans Ia Bible (Gn 10, 2) le is de Japhet, dae le ite de Sem, et ancire de tons les Gree) Cate appropriation de la mythologie greeque par diabolsation intéesse presqu'uniquement les Aiewx. La pratique est ancienne; elle leurt en pat- caller dans un domaine qui intresse peu ou prow toutes les religions: il y a des soriéres dans la Bible comme dans la itéature pefenne. "faut en crore le eéltbre Canon Episcopi de Réginon de Prim (642-915), c'est sous ia direction de «Diane, Jn ess des pains, que les sorctres s'imaginea chevaucher Ia nuit dans les muages. Invesement, le nom qu désigae la sorciee d’Endor (1'S 28,7) est taduit dans la Vulgate par chabens pythonem > (emit de Secy traduit& son tour: «qui a un esprit de python») gui renvoieindectement & la Pie, & Forale d’Apolion et au serpent Python, ‘monsieque le dew avait tue A Vautee exteéme, on observe que certains auteurs ont été tentés d'uliser la mythologe cas- Sique, ou certains de ses éléments, comme allégorie des vents du christanisme, Le phéaoméne spparat trés t6t dans Viconographie: certaines images, notamment des mosaiqus, représentent Onphée e 4 travers hi Je Christ. On pourait en effet comme Eusthe de Césarée dans son Eloge de Constantin, jouer sur Midée que, de méme que le chante de Thrace «edoucitautrefois par ses chansons es bétes les plus farouches>, de méme le Christ enchanta non les betes, mais les hommes» et ‘capprivoisa les Grecs et les Barbares». Mais Téervain peut rappeer, ce qui n'est ps ala poribe

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