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Que tous mes vax serient contents
en baigner tes pies en fou temps
‘Aver la sintePécheresse»
Fautil note un détil range, et raze? Lradverbe
‘ Tie.
‘Orose n'sccorde pas une grande importance &
ces événements; il se contente de les rentionner,
Sans ls raconter en déal, Par ailleurs, ine songe
nullement & re exhaust. C'est précisément parce
qu'il passe tes vite sur ces vielles hisoires que
Son moignage est pour nous signiicat: e qu
‘mentionne & toute allure est incontestsble 4 ses
yeux. C'est dela méme fagon qu'il trite Phistire
{ue rapportent les livres de TAncien Testament.
Pour Iii ne fit aucun doute que son icteur sit
qui sont Joseph et Moise. Ili suf de Tes avoir
rnommés. Le lecteur découvre, vee un peu d'aten-
tion, que Moise et Bacchus ont vécu a la mime
poque; mais Ja coincidence n'a pas ét! mise en
valeur
‘Bacchus n'est pas un dieu? En fet tous les
joux antiques poutraient, en principe, se voir
intégrés Ane histoire que rege le chronologic
bibligue. Plusieurssiecles avant la nassance
‘Chris, il sit trouve des auteurs, le ph ‘use
tant un certain Evhémére de Messéne, pour
Souter que les divnités de TOlympe n'taient
auzes que des souverains glorieux ov de grands
Savant des bienfiteurs de Vhumanité & qui les
hommes aaien, apes leur mor, élvé des aus,
Lévhémérisme, si lou soitil dans le dail, est
couel fovorablement par divers savans et theo-
logiens. Raban Maur commence ainsi sa noticeeas
sur les deux des Gentils: «eux que les paiens
preanent pour des dieux, ont été aurefois des
hhommes,& qu, pour leur belle vie et leurs mésites,
Jes leurs ont apres eur mort rendu un cult.»
application du systtme reste assez dificil.
La mythologie grecgue offe relativerent peu de
données chronologiques: s'il est possible de
remonter un peu en emont de la guere de Troi,
parce que plusieurs généalogies hézoigues sont
précises et concordantes, on n'a plus de repéres
Guand on pénétre dans e monde des thégonics.
Cotte difficulté n'empéche pas Isidore de
Séville de donner des indications relativement
prévses; sa chronolopie présente une liste de sou-
verains, dit combien de temps a duré le régne de
chacun, et quel en a été l'événement le pls impor-
tant. On apprend ainsi que, lorsqu’Otoniel ait
jug en Toe! ig 3,9), done vers Pannée 3785 de
‘a ction du monde, Cadims, le fondateur Iégen-
daire de Thebes, a «appris aux Gres alphabet».
Un peu pls tard, du temps de Déborah, Apollon a
invent la médecine et la cthare, Pour la lye, c'est
Mercure qui I's découverte, du temps de Gédon,
Jephé eat juge lorsgu'Hereule est monté sur son
‘cher. Pls interessant: du temps d’Acd Ug 3, 13),
‘cles fables ont & fabriquées»; ce qui semble
signifier que quelgy'un (store ne dit pos qui, on
pourrait penser a Orphée) a caché des vérités
Sublimes sous d'aimables fictions, que nous
appelons «mythes», allegories que les sages seuls
peuvent comprendre
On dirat que, dix sigcles aprés Isidore, rien
sa change. Vauteur Pune Historia musica pulise
en 1695 précise & quelle date Mereure a invent
{a tyre: en T'an du monde 2000; naturellement
Mercure est aux yeux de cet autcur un «philo-
sop» et non wn dieu. Et Giambatsta Vico, dans
sa Scienza Nuova (1725) sit que Prométhée a volé
Te feu divin en ran du monde 1856.
La réeupération de la mythologe gréco-ltine,
déguisée en histoire purement humaine, par une
‘onologie fondée sur la Bible n'impligue pas
aque les pottes et romaneiers vont chercher & cons-
{ture des narrations qi soient cheval sur les deux
lomaines. Récits biliques et aythes peiens sont
voqués dans des cuvies diferentes.
Une exception notable se trouve dans I'Ovide
morals, composé au XV sce: auteur juxtapose
teanqullement les fables antiques sur le commen-
cement du monde etl fit bisque de la création
{YTHOLOGIE ANTIQUE ET LA BIBLE (LA)
Drauites rencontes se produisent ~ asser rae-
‘ment — lorsque 'érivain veut donner des exemples
«un trait de caractére ou d'une situation recurente
Fut évoquer les malheurs que peut entrainer la
passion d'amour? Villon* cite dabord Salomon et
Samson, pus Orphée et Narisse il revient ensuite
4 la Bible, avec David, Thamar et Hérodiade (Le
Testament. Vers 6303). Faut-il suggérer Ia figure
un trés beau jeune homme” Jean de Meung
rnomme dabord Absalon «ct ses tresses blondes
puis Piris, «fils du roi de Troie» (Raman de la
rose, v. 13 840). Ila, Iui aussi, dans d’autres cir
constances, évoqué la igure de Samson c'est pour
Je ranger avec Hercule dans la catégoric des hézos
aqui ont péri & cause d'une ferme.
Les héros de la mythologie grecque hantent
YYenfer de Dante* aussi bien que les personnages
de la Bible: on rencontre Jason, Ulysse, Diomede
fon rencontre David et Salomon, en d'autres leux,
évidemment, car les Grees sont damnés. Mais il
arrive que se cdoient des figures venues de divers
lives: Ta femme de Putiphar (Gn 38,7) et le trate
Sinon de PEnéide (Enfer, xxx, 97); ou, dans une
H#tonnante altemance, Pallas et Mars, Nemrod,
Niobé, le roi Sail, Arachné, Roboam (Purgaoire,
Xa, 319)
Les comtges décrits par Pétrarque* dans ses
‘Triomphes ofiteat des renconires du méme genre.
La mythologie greeaue et histoire romaine sem-
blaient, dans les deux premiers chants du Triomphe
«amour, oceupe elles seules tut l'espace; mais,
dans le toisitme chant, on voit apparsize Jacob,
David, Samson, Holopherne.
Alla recherche dexemples propres a illutrer
‘ue vert, tun vice, un crime, une passion, les poetes
puisent dans des collections de figires.
Liintégration de figures paiennes & cété de
figures bibliques dans le repertoire des personnages
lusts, élément essentiel de la culture médiévale
comme de la culture classique, a Iessé jusqu’’s
aujourdhui des traces dans un objet bien innocent:
le jeu de cartes, ot Rachel et Judith sont en relation
avec la décsse Pallas, cependant qu’ Hector fit face
au roi David. Des variates anciennes introduisient
Judas Maccabée; Argine, dame de trifle, pours
bien éreIépouse de Polynice, done une héroine de
Ia legend thebaine
La possibilité de cet amalgame, qui semble
généralement accepté, ne doit évidemment pas
faire oublier des rsistances, qui se manifestent de
diverses manires. Au lieu d'évhémériser les deux
$M oie ekMYTHOLOGIE ANTIQUE ET LA BIBLE (LA) 1624
1s ct latins, certains sont tents de es identifier &
des démons. Il est vrai que, aps les Septante, Ia
Vulgate itoduit des demons dans le psnume 95.
Saint Augustin commente: pourquot esti dit
aque le Seigneur est «terrible par-dessus 10s les
dicux? La réponse est clare, c'est le verset 5
sparc que les deux des nations sont ds démons.»
orignal ebreu n'est pas aussi explvite, Louis
Segond taduit: «ious ls deux des peuples soat
des idols.»
[La toupe de Satan, a chant du Paradis pers
(1667) de Miton®, compte des personnages a nom
ius. C'est que, comme Texpigue le pete, Dieu
2 permis que les hommes comompus fnssent par
ccadore les démons» comme sic aient des divi
nité. Le lesteur vot done spparatir, entre auzes,
Moloch, Baal, Astaroth, dieu orentaux conus pat
Ja Bible, mais ssi Isis et Osis; puis viemnent,
juste apres Beil, «ceux que la descendance de
Javan a pris pour des dieux», & savoir Satume,
Jupiter et toute leur famille Javan est dans Ia
Bible (Gn 10, 2) le is de Japhet, dae le ite de
Sem, et ancire de tons les Gree)
Cate appropriation de la mythologie greeque
par diabolsation intéesse presqu'uniquement les
Aiewx. La pratique est ancienne; elle leurt en pat-
caller dans un domaine qui intresse peu ou prow
toutes les religions: il y a des soriéres dans la
Bible comme dans la itéature pefenne. "faut
en crore le eéltbre Canon Episcopi de Réginon de
Prim (642-915), c'est sous ia direction de «Diane,
Jn ess des pains, que les sorctres s'imaginea
chevaucher Ia nuit dans les muages. Invesement,
le nom qu désigae la sorciee d’Endor (1'S 28,7)
est taduit dans la Vulgate par chabens pythonem >
(emit de Secy traduit& son tour: «qui a un
esprit de python») gui renvoieindectement & la
Pie, & Forale d’Apolion et au serpent Python,
‘monsieque le dew avait tue
A Vautee exteéme, on observe que certains
auteurs ont été tentés d'uliser la mythologe cas-
Sique, ou certains de ses éléments, comme allégorie
des vents du christanisme, Le phéaoméne spparat
trés t6t dans Viconographie: certaines images,
notamment des mosaiqus, représentent Onphée e
4 travers hi Je Christ. On pourait en effet comme
Eusthe de Césarée dans son Eloge de Constantin,
jouer sur Midée que, de méme que le chante de
Thrace «edoucitautrefois par ses chansons es
bétes les plus farouches>, de méme le Christ
enchanta non les betes, mais les hommes» et
‘capprivoisa les Grecs et les Barbares». Mais
Téervain peut rappeer, ce qui n'est ps ala poribe