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ISBN : 978-2-228-92538-9
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REMERCIEMENTS
Les chemins incertains
Des mots et des choses
1
De quoi parle-t-on ?
« Considérez combien cette vertu est noble, qui tient nos âmes
blanches comme le lys, pures comme le soleil ; qui rend nos corps
consacrés, et nous donne les moyens d’être tout entièrement à sa divine
majesté, cœur, corps, esprit et sentiment. »
Selon les conseils d’un manuel de piété de 1865, « tout en vous doit
exhaler un suave parfum de modestie et de pureté », car « un regard, une
pensée, un mot, un geste, peuvent aussi ternir et même flétrir en vous la
plus belle des vertus ». Les Instructions spirituelles de 1884 destinées aux
sœurs de la Charité rappellent qu’« un coup d’œil suffit pour exciter dans
les sens un incendie d’une passion contraire à la chasteté 13 ».
On verra que ces recommandations peuvent aussi avoir un effet inverse
en suggérant l’existence d’une partie encore insondable d’un moi que l’on
pourrait somme toute commencer à explorer.
Le grec par lequel s’expriment les Pères de l’Église est très ambigu dans
la mesure où le terme parthénia peut désigner autant la chasteté que la
virginité. L’expression n’évoque aucunement un état physique d’intégrité
mais seulement un statut social et relationnel, celui d’une fille nubile pas
encore mariée. Seule la pénétration du sexe masculin (la défloration) peut
mettre fin à ce moment de la vie d’une femme qu’est la nubilité 14. En
attendant, cette vierge peut vivre de manière plus ou moins chaste, la
chasteté impliquant plutôt un détachement intérieur. Si l’on suit cette
définition genrée, la virginité ne concerne certainement pas les hommes ! Il
en va autrement de la continence (enkrateia en grec), qui signifie
l’abstention volontaire (ou imposée) des plaisirs charnels. Moins absolue,
la vertu de tempérance permet de maîtriser tout ce qui relève de la
concupiscence par deux dispositions : d’une part la sobriété (en rapport
avec le plaisir de l’alimentation et de la boisson) et d’autre part la chasteté
(en lien avec le plaisir sexuel).
Dans l’iconographie religieuse ou dans les récits édifiants, l’éclat
immaculé de la virginité doit refléter la condition angélique. Il en découle
une véritable « esthétique de la virginité » (Peter Brown) dont la blancheur
et le blanc sont les premières composantes. La « culture des apparences »
(Daniel Roche) concerne aussi le corps et sa variante, le corps virginal, de
telle sorte que des normes identificatrices ont été produites par la société
pour construire l’image de la vierge idéalisée dont le corps intact semble
assurer la « jonction entre ciel et terre ». Propageant l’identification du
blanc avec une valeur morale, le christianisme a représenté le péché
comme une tache sur la blancheur virginale de l’âme. L’albâtre de la peau
est signe de pureté alors que la face brunie évoque les turpitudes. Pendant
des siècles, la blancheur a été en outre associée à la beauté 15. Rapprocher
ainsi candeur, pudeur, blancheur et codes de la beauté virginale n’a fait que
compliquer les significations. Au-delà de ses enjeux symboliques, la
virginité est-elle un problème physique ou une question théologique ?
« Du point de vue des droits humains, les tests de virginité sont une
forme de discrimination des genres, une violation des droits
fondamentaux de la personne et, quand ils sont pratiqués sans le
consentement de la personne concernée, une forme de violence
sexuelle 18. »
Des Pères de l’Église à Buffon, la majorité des auteurs qui écrivent sur
la virginité sont d’avis que les signes anatomiques, pour autant qu’ils
existent, ne suffisent pas. Apologiste de la continence, Ambroise de Milan
(340-397) a mis en cause la crédibilité de l’examen manuel d’une vierge
par des matrones et les propos d’Augustin d’Hippone (354-430) ne doivent
pas nous leurrer :
« Les hommes, jaloux des primautés en tout genre, ont toujours fait
grand cas de tout ce qu’ils ont cru pouvoir posséder exclusivement et
les premiers ; c’est cette espèce de folie qui a fait un être réel de la
virginité des filles. »
Les pathologies virginales
Quant aux jeunes mariés, ils peuvent s’ébattre tant que le désir de
procréation habite leur plaisir 58. Ce qui est traqué par les médecins, ce
n’est plus le péché associé à la sensualité et la concupiscence qui conduit à
la damnation, mais le comportement exposé à une sanction plus immédiate
sous la forme de diverses pathologies. Elles guettent autant l’abus des
plaisirs que leur trop grande raréfaction 59. Au risque de la masturbation
devenue une obsession depuis l’époque de Samuel Tissot, le médecin des
Lumières, se sont ajoutées une série d’affections qui menacent notamment
la jeune femme.
Dès le XVIe siècle, les médecins ont décrit la « maladie des vierges » ou
morbus virgineus 60. L’appellation moderne de « chlorose », dérivée du grec
signifiant jaune pâle, verdâtre ou blafard, remonte au début du XVIIe siècle.
e
La médecine du XIX siècle reprend ces idées en leur ajoutant une critique
énergique contre la virginité dont le prolongement paraît néfaste. La
continence, lit-on dans une thèse universitaire de 1817, est « un effort par
lequel on résiste au penchant qui nous porte aux plaisirs de l’amour ». Le
docteur François-Charles Quesnel y livre les résultats de sa recherche en se
défendant d’« attaquer les institutions sublimes du christianisme ». Si les
sociétés ont respecté la virginité, poursuit cet auteur, c’est d’abord parce
qu’il « résulterait de très graves inconvénients » d’une situation où les êtres
humains se livreraient aux plaisirs de l’amour suivant la nature. Réprimer
le désir de copuler est profitable au développement des organes afin
d’engendrer des enfants « forts et vigoureux ». Or la nature « a joint à l’acte
qui nous reproduit le plaisir le plus vif », ce qui constitue son attrait :
« Malgré cette sage prévoyance, on a vu, et l’on voit encore tous les
jours des hommes […] lutter contre les désirs qu’elle fait naître, et
même, par une philosophie ténébreuse, proclamer le célibat comme
l’état le plus parfait de la créature 61. »
Froissée par cet outrage, car les célibataires sont nuisibles à la société,
la nature les accable de maladies. Prisonnier de l’imaginaire masculin,
Quesnel estime que la femme, plus voluptueuse que l’homme, éprouve
aussi plus fréquemment les pathologies liées à l’abstinence sexuelle. Parmi
les effets de la continence prolongée, il mentionne la chlorose, mais aussi
la nymphomanie ou fureur utérine ainsi que l’érotomanie ou délire
érotique. Des cas de grossesses fictives peuvent même se produire. Chez les
hommes, il signale des cas de satyriasis avec érection constante de la verge.
En deux nuits, un patient aurait ainsi chevauché 87 fois la femme qui
tentait de le calmer par une potion composée d’orties, de cantharides et de
ciboule.
Mais l’affection par excellence liée à la continence prolongée se
rattache à l’hystérie. Le mariage en est selon Quesnel le remède infaillible,
complété au besoin par une friction de la vulve avec de l’« huile de lis, de
musc et de safran ». Une jeune fille bien née s’est soignée en faisant
pendant quelques mois le métier de courtisane avant de se marier et d’être
parfaitement guérie. Cependant, la « répression des désirs vénériens »
affecte aussi les garçons qui souffrent de la « rétention de semence ». À un
jeune homme de 16 ans « obsédé de désirs », il fallut prescrire des
saignées, de l’eau de fontaine et des poudres de nitre :
Aux personnes qui ont fait vœu de « la plus sévère continence », des
remèdes pharmaceutiques sont indiqués, une diète, des frictions, des
toniques et des fortifiants ainsi que de l’exercice et un travail pénible. En
plus, il convient de faire en sorte qu’elles évitent « tout ce qui pourrait
réveiller en elles le désir qu’elles ne peuvent satisfaire », ou leur « procurer
une espèce de pollution, au défaut d’un mari », en procédant à « un
attouchement qui ne serait nullement déterminé par le libertinage 62 ». La
médecine remet donc en cause la théorie antique sur l’épuisement et la
débilité que produirait « l’évacuation du fluide séminal assimilé aux
humeurs nutritives » pour s’attaquer de front au célibat religieux « gardé
contre le vœu de la nature ». C’est ainsi que, dans les établissements
conventuels, les hommes de l’art constatent une fréquence accrue
d’affections tels les « engorgements scrofuleux du système lymphatique ».
Cette maladie peut dégénérer en phtisie pulmonaire. Les personnes trop
chastes souffrent de crachements de sang, de palpitations cardiaques, font
des cauchemars et multiplient les pollutions débilitantes, sans parler de
l’inflammation de leurs parties sexuelles. Ils diagnostiquent chez les
hommes la gonorrhée, le priapisme, le satyriasis, l’atrophie des testicules et
la spermatocèle. Chez les religieuses se multiplient les cas de langueur,
leucorrhée, chlorose, hystérie et fureur utérine. Les cancers utérins et du
sein menacent aussi « les vierges dévouées au culte du Seigneur ». Et les
statistiques confirment : sur 324 aliénées admises en 1818 à la Salpêtrière,
une centaine seulement sont mariées ! Autant d’arguments qui vont à
l’encontre du célibat, « dans lequel on se trouve enchaîné par des
circonstances indépendantes de la volonté, par des vœux indiscrets, par des
idées abstraites d’une perfection qui n’est pas faite pour l’homme ». Pour
échapper à la mélancolie et éviter de renouveler quotidiennement le
« combat pénible des sens avec la raison », qui conduit à « la ruine du
corps », l’auteur conseille « l’usage modéré des plaisirs de l’amour »,
63
autrement dit le mariage . Déjà Hippocrate concluait les quelques pages
qu’il nous reste de son traité sur les Maladies des jeunes filles en
recommandant de marier les filles qui souffrent d’hystérie 64.
Un moine de la Grande-Trappe, Pierre Jean-Corneille Debreyne (1786-
1867), lui-même ancien professeur de médecine à la faculté de Paris, s’est
illustré par de nombreux ouvrages de morale mâtinés de physiologie et
d’hygiène destinés au clergé. Il a acquis une notoriété certaine dans les
milieux catholiques, porté par la légitimité de sa formation scientifique.
Son Essai sur la théologie morale, publié en 1842, accorde une place
importante à l’« embryologie sacrée » qui traite d’avortement, de
tératologie et de situations critiques au moment de l’accouchement. La
deuxième partie de l’ouvrage, centrée sur l’onanisme et les pollutions,
s’efforce de contrecarrer les critiques relatives à la chasteté monastique et
au choix de la virginité. Pour lui, ce qu’il appelle « l’exubérance séminale »,
à savoir les pollutions nocturnes, est moins fréquente chez « les hommes
toujours tempérants, sobres, chastes, maîtrisant parfaitement leurs
passions ». Elle se manifeste plus fréquemment chez ceux qui s’adonnent à
l’intempérance et à l’excès de nourriture. Debreyne se réfère aux travaux
du docteur François Lallemand (1790-1853), spécialiste des maladies du
cerveau, qui font autorité 65. Il en tire des conseils utiles aux clercs : ne pas
se coucher sur le dos, dormir sur un matelas de crin, éviter les aliments
échauffants et l’alcool, boire glacé, multiplier les bains froids et appliquer
localement de la glace pilée 66.
En définissant la virginité comme « l’abstinence des fonctions
génératrices » et « la continence absolue », Debreyne admet qu’il s’agit
d’une « condition presque angélique ». Mais il récuse l’argument selon
lequel cet état serait « contre la nature humaine ». Selon lui, hors des
« courts moments » de la reproduction, « les animaux sont chastes par
instinct ». Si l’union des sexes avait le seul plaisir pour fin, ce serait
contrarier « les vues de la nature ». La quête effrénée du plaisir favorise au
67
contraire les « mœurs infâmes ». Cette « disposition érotique » conduit
« aux plus grands désordres », soit à la masturbation et à la nymphomanie.
Trop répandu parmi la « classe opulente », l’onanisme explique la
fréquence des « vapeurs », les symptômes de suffocation, ce que l’on
nomme « hystérie ». Et la conclusion s’impose d’évidence :
De lourds héritages
L’enseignement du judaïsme
« Aussi quand elles ont fait quelque faute, elles sont battues par le
grand pontife, qui quelquefois les fouette toutes nues […] ; mais celle
qui a forfait à son honneur et violé sa virginité est enterrée toute vive. »
La révolution chrétienne
Quel sort réserver à l’hypothèse du « mythe si répandu d’une
26
“répression judéo-chrétienne” contre le sexe » ? Michel Foucault a sans
doute porté un coup décisif à cette idée ressassée quand il conclut le
deuxième volume de sa trilogie :
« Si on veut fixer une origine à ces quelques grands thèmes qui ont
donné forme à notre morale sexuelle (l’appartenance du plaisir au
domaine dangereux du mal, l’obligation de la fidélité monogamique,
l’exclusion de partenaires de même sexe), non seulement il ne faut pas
les attribuer à cette fiction qu’on appelle la morale “judéo-chrétienne”,
mais surtout il ne faut pas y chercher la fonction intemporelle de
27
l’interdit, ou la forme permanente de la loi . »
Une continence identitaire
Cela signifie que, pour l’Église des origines, le célibat est attendu de
ceux qui exercent une fonction sacerdotale et que les prêtres qui sont déjà
mariés renoncent désormais à tout commerce sexuel. Pour les Églises
orientales, le concile quasi contemporain d’Ancyra (Ankara, vers 314)
définit lui aussi des règles concernant le célibat des clercs et les interdits
sexuels. À la fin du IVe siècle, on se demande si l’integritas – la qualité de
vierge – concerne le clergé masculin. Les vertus attribuées aux femmes
peuvent-elles vraiment s’appliquer aux hommes ? Peut-être le clergé est-il
en grande partie célibataire dans les grandes villes où vivent de jeunes
ascètes zélés ? Ailleurs pourtant, ce sont souvent des prêtres mariés, voire
des dynasties familiales de prêtres qui officient. Pour eux, la continence est
simplement souhaitée. Dans une lettre de 384-385, le pape Sirice estime
néanmoins que le service de l’autel doit être réservé à ceux qui se sont
affranchis de la souillure de l’acte sexuel. C’est seulement en 1139 au
concile de Latran II que l’union conjugale est jugée incompatible avec la
consécration au sacerdoce. Désormais, un prêtre ordonné n’a plus la
possibilité théorique de se marier 43.
Compte tenu de leur caractère répétitif durant des siècles, il est certain
que ces normes en matière de discipline ecclésiastique et conjugale peinent
à s’imposer. Des idéaux comme la virginité pour les jeunes femmes, la
chasteté stricte pour les hommes et la continence dans le mariage semblent
difficilement accessibles ou, pour le moins, pénibles à observer.
L’enseignement des Pères
« Il est plus périlleux pour des jeunes filles folâtres d’aller dans des
lieux consacrés à la religion que de se montrer en public 55. »
Ainsi, quelle que soit l’assiduité dont le mari poursuit son épouse,
« l’honneur conjugal, c’est la chasteté dans la génération, et la fidélité à
rendre le devoir ; telle est l’œuvre propre du mariage, œuvre proclamée
exempte de toute faute »…
Et il adresse ce dernier conseil :
« Les époux sont d’autant plus saints qu’ils sont plus chastes, plus
fidèles et plus craignant Dieu, surtout s’ils nourrissent spirituellement
les enfants qu’ils désirent charnellement 71. »
Les modèles du désert
er
Dès la fin du I siècle, des hommes et des femmes ont voulu mener une
vie chaste, acquérant en se vouant ainsi à Dieu une réputation de sainteté.
Le vocabulaire désigne les hommes comme des ascètes et les femmes sont
appelées vierges. Le phénomène commençant avant la fin des persécutions,
il est plus qu’une « suppléance au martyre », quoique la cessation des
e 73
sévices au III siècle donne incontestablement un grand élan à cet idéal . À
ce moment-là, les chrétiens sont encore extrêmement minoritaires dans
l’Empire, peut-être 5 % de la population en Occident et déjà 10 % en
Orient. Un siècle plus tard, en 392, l’empereur Théodose proclame le
christianisme religion officielle de l’Empire. En l’absence d’occasions de
martyre, c’est l’abstinence sexuelle qui devient pour les plus exigeants la
condition d’une identification au Christ. Les Pères participant aux premiers
conciles sont assaillis de questions qui proviennent d’évêques et de clercs
au sujet de cette pratique vertueuse.
e
À partir du IV siècle se multiplient les ouvrages sur la virginité elle-
même, destinés aux femmes, au point qu’on a pu parler de mode
littéraire 74. Quand on lit les lettres de Basile le Grand (mort en 379), on
s’aperçoit que l’institution des vierges et de la vie cénobitique est assez bien
établie pour que l’évêque de Césarée puisse affirmer des règles très strictes
sur l’observation de cet engagement et la vie communautaire des femmes
qui ont choisi cette voie. Comme les « vœux de religion » existent déjà pour
les vierges mais pas encore pour les moines, Basile s’attache
prioritairement aux situations qui pourraient mener une femme à sa chute,
c’est-à-dire à céder à la sexualité. Faillir est assimilable à un adultère pour
lequel la pénitence privative des sacrements est lourde (quinze ans sans
communier !). Considérée par Basile comme « l’épouse du Christ et un vase
sacré voué au seigneur », la vierge « volontairement s’est offerte au
75
Seigneur, a renoncé au mariage et préféré la vie dans la sanctification ».
Encore faut-il discerner si cette vocation est authentique. Basile exige que
les jeunes filles aient au moins 16 ou 17 ans ; que ce ne soit ni leur père, ni
leur mère, ni leurs frères ou d’autres parents qui souhaitent ce statut « pour
leur procurer une existence sûre, sans qu’elles se sentent d’elles-mêmes
portées vers le célibat 76 ».
En même temps, seul un nouveau cadre de vie pouvait correspondre à
ce choix de non-conformité sociale. Or, pour les femmes, il est encore
impensable socialement de s’arracher à la famille, si bien que opter pour la
continence signifie s’accommoder d’une retraite chez elles.
Pour les hommes, il est plus facile d’échapper aux contraintes de leur
entourage. Ce sont les déserts de Haute et Moyenne-Égypte qui ont
constitué le berceau de l’une des « nouveautés les plus étranges et les plus
radicales de la fin de l’Antiquité » (Aline Rousselle). Des milliers d’hommes,
au fil des ans, ont quitté les villes d’Égypte, et bientôt de Syrie et de toute
l’Asie Mineure, pour vivre une expérience solitaire d’éradication volontaire
du désir ou simplement entreprendre une pérégrination touristico-
spirituelle 77. Peu à peu, l’ascétisme rigoureux des anachorètes d’Égypte
exerce une séduction telle au-delà de l’Orient qu’il infléchit durablement le
christianisme.
Il reste difficile de fournir des raisons au surgissement du monachisme
dans l’Église. Des communautés ascétiques se sont installées, désignées
sous le terme de « cénobites » (un dérivé du grec koinóbion, « vie en
commun »). Puisque les régions marquées par le phénomène font partie de
la province romaine de Thébaïde, il est devenu courant d’appliquer ce
toponyme à un ensemble de lieux divers où ont vécu les modèles de
l’ascétisme chrétien : Antoine le Grand (251- vers 356), le fondateur de
l’érémitisme (du grec erêmos, désert) ; son disciple Macaire de Scété
(~300-391), considéré comme le père de l’anachorétisme (du grec
anakhôrein, « se retirer ») ; Pacôme de Tabennèse (vers 292-348), né en
Thébaïde, présenté comme l’initiateur du cénobitisme. Au début du
e
IV siècle, de nombreuses colonies de renonçants commencent à se
disperser le long du Nil, au-delà du Delta, dans des montagnes sans eau.
Vers l’an 400, il y aurait eu près de 5 000 moines ermites ! L’imaginaire a
étendu fortement la réalité du désert comme bordure du monde connu. En
réalité, ils vivent à proximité de l’Égypte habitée, pas très loin d’Alexandrie
avec laquelle se poursuivent des échanges de services et de produits.
Pacôme y a fondé les premiers grands monastères, de vrais villages, mais
situés à l’écart du monde.
Pour les Romains, de telles références paraissent encore pour le moins
étonnantes. Claudius Rutilius Namatianus, poète gallo-romain qui a réussi
une belle carrière de fonctionnaire à Rome, fait allusion dans une œuvre
écrite vers 419 à cette « espèce d’hommes qui fuient la lumière » et qui « se
donnent le nom grec de moines, parce qu’ils veulent vivre seuls et sans
témoins ». Pour cet homme cultivé, le choix de s’infliger un mode de vie
78
qu’il considère comme un châtiment est suspect . Et, effectivement, on
peut se demander pourquoi les pratiques ascétiques de ces chrétiens
d’Égypte ont trouvé un écho dans l’aristocratie romaine et dans tout
l’Occident. Le témoignage de Rutilius démontre que ce sont plus les ouï-
dire que la lecture des Pères grecs (jamais traduits en latin) qui propagent
les informations concernant l’ascétisme des ermites. En revanche, les récits
anecdotiques et embellis de la vie des moines du désert ont eu une
diffusion plus immédiate par des traductions dans la partie occidentale de
l’Empire.
Après 360 environ, la vogue de l’ascétisme monacal a donc gagné
e e
progressivement l’Occident pour se diffuser aux V et VI siècles. Le
mouvement monastique masculin est attesté jusqu’au-delà des Alpes, par
exemple à Lérins au début du Ve siècle. En même temps, on assiste à
l’apparition des premières communautés féminines informelles à Rome
comme à Constantinople. La veuve byzantine Olympe de Constantinople
(368-408) protège jusqu’à 250 de ces femmes vouées à devenir, selon
l’expression d’Athanase, patriarche d’Alexandrie en 356, les « fiancées du
Christ ». Appartenant le plus souvent à l’aristocratie, ces converties
suscitent l’étonnement et les réactions hostiles de leur milieu social.
Soutenues par le pape Damase à Rome, certaines vont quitter leurs palais
pour la campagne et, bientôt, pour la Terre sainte.
Parmi d’autres, Jean Cassien (vers 360/365-vers 433/435) a découvert
ce mode de vie lors de ses déplacements en Palestine, en Égypte et à
Constantinople. S’entretenant de la perfection monastique avec le père
Choeremon du désert de Scété (delta du Nil), Cassien distingue six degrés
de pureté dans l’acquisition de la chasteté parfaite pour un religieux : « ne
pas succomber pendant la veille aux tentations de la chair » ; « ne pas
arrêter son esprit aux pensées déshonnêtes », chasser les images de femmes
susceptibles d’éveiller la concupiscence ; ne pas être troublé par la vue
d’une femme ; n’éprouver aucune érection pendant le jour ; être capable de
parler ou d’entendre parler sans la moindre émotion « de tout ce qui
regarde la génération humaine, comme d’une chose indifférente » ; et le
sixième : « Ne plus être sujet, pendant son sommeil, aux illusions des
sens. » Il conclut que bien peu de personnes peuvent atteindre le degré
supérieur de pureté, à savoir la chasteté : « Ce don particulier de Dieu est
79
une grâce si rare, qu’il ne faut pas en faire un précepte pour tous . »
Cassien est encore plus explicite dans ses Institutions cénobitiques, rédigées
vers 420-424. L’un des douze livres de ce recueil d’environ 250 pages porte
sur « l’esprit de fornication », un sujet qui n’a rien d’une obsession puisqu’il
occupe une quinzaine de pages, soit quelque 6 % de la surface
rédactionnelle. D’autres problèmes sont souvent plus développés comme la
colère, l’acédie, l’orgueil ou encore la souffrance qui résulte de la faim et
de la soif, susceptibles de conduire à l’indifférence, voire à un état de
dépression, le moine allant jusqu’à quitter sa cellule, s’abandonnant à
80
l’errance tel un animal dans le désert . Comme de nombreux auteurs,
Cassien fait grand cas des pollutions nocturnes des moines. Il cherche à
discerner dans les rêves érotiques les effets de l’ingérence du diable qui, en
suscitant les jouissances involontaires, parvient à écarter le religieux de
l’eucharistie. Une certaine anxiété accompagne donc les plus aguerris à la
vertu angélique. Et pourtant, concède Cassien, les pollutions nocturnes
sont une « nécessité de la nature », qui se débarrasse ainsi « de la
surabondance de ses humeurs ». Elles affectent même le moine vertueux,
en moyenne « tous les deux mois » suivant sa propre expérience. La preuve
de l’intégrité du cœur serait « qu’aucune excitation voluptueuse ne nous
survienne pendant notre sommeil, et que nous ne soyons pas conscients
81
des pollutions auxquelles nous contraint la nature ». Tant que, dans son
sommeil, le cénobite est le jouet d’imaginations, c’est qu’il n’a pas encore
atteint « une chasteté totale et parfaite ».
Pour Cassien, il y a donc une différence très nette entre la continence et
la chasteté. La première consiste à résister, à se faire violence, alors que la
seconde est l’état de libération de toute inquiétude charnelle. Celui qui y
parvient n’a plus à combattre les mouvements de la concupiscence mais il
vit dans la paix, l’équivalent de la sainteté. Cassien écrit :
Après cet épisode, le moine put passer le reste de ses jours en paix.
On peut remarquer que ni la masturbation ni l’homosexualité ne sont
évoquées, alors que les préceptes du fondateur, Pacôme le Grand (mort en
348), montrent bien que des mesures sont prises pour éviter les occasions :
ne jamais partager sa natte avec un jeune homme, ne pas regarder les
autres, couvrir son corps et ne pas laisser égarer son regard en s’habillant,
87
ne jamais s’isoler à plusieurs, garder les cellules ouvertes . Qu’il soit
féminin ou masculin, le corps est toujours présenté comme chargé de
sollicitations charnelles.
Aujourd’hui encore, les apophtegmes, compilés aux Ve et VIe siècles, font
partie des lectures pratiquées dans les monastères. Sur près de 1 000 pages
de la collection systématique de ces fragments, 73 seulement sont
consacrées à la fornication, ce qui relativise fortement la thématique
sexuelle ! Même si les textes concernent en très grande majorité des
hommes torturés par le plaisir sensuel, les femmes peuvent elles aussi en
éprouver le tourment, à l’instar de cette amma (« mère ») Serra qui subit
durant treize ans les assauts du démon de la fornication jusqu’à le vaincre.
Mais le plus souvent, les femmes sont présentées comme les tentatrices
usant de ruses pour mettre en péril la virginité des moines. Abba (« père »)
Gérontios relève combien, « même à l’âge des cheveux blancs », beaucoup
sont « tentés par les plaisirs du corps, même sans avoir de relations
charnelles forniquent en pensée et, tout en gardant leur corps vierge, se
88
prostituent dans leur âme ».
Les moines du désert ne consomment guère plus de 1 500 calories par
jour, en adoptant un régime très sobre (céréales et légumineuses). Selon la
diététique de l’Antiquité, il s’agit d’assécher les sources du plaisir. En effet,
l’émission de sperme proviendrait d’une « surabondance d’humeurs » que
les excès de nourriture favorisent. L’ordinaire se compose de lentilles, olives
salées, figues, raisins, prunes, sel, poisson séché, saumure, vinaigre,
poireau (le seul légume vert), tous aliments considérés comme
desséchants. Les restrictions alimentaires ou le jeûne prolongé induisent
inéluctablement une impuissance sexuelle des hommes comparable à
l’aménorrhée chez les femmes. Manger peu, boire sans arriver à satiété,
dormir seulement trois à quatre heures par nuit, tel est le régime propice à
rendre chaste en quelques mois. Aussi une expérience a-t-elle été menée en
1944 aux États-Unis sur un échantillon de 32 hommes. Nourris à 1 400-
1 700 calories durant six mois, ils ont perdu tout désir, y compris sous
forme de rêves et d’éjaculations nocturnes. Avant d’accéder à cet état
d’« impuissance de famine », leurs fantasmes sexuels ont toutefois
augmenté durant la première phase du jeûne, ce que les sources antiques
89
observaient déjà en incriminant les « attaques redoublées du démon ».
3
Dans l’une de ses versions, la Genèse relate aussi que la femme est
dérivée d’un fragment d’Adam, prélevé par Dieu sur le corps de l’homme
endormi. À travers leurs relations charnelles, les deux premiers êtres
humains s’efforceraient donc de recomposer l’unité originelle puisque,
destinés à vivre ensemble, ils copulent pour devenir « une seule chair »
(Gn 2, 24). Cette unité première à laquelle ils aspirent découlerait aussi de
la manière dont le récit de la Création évoque l’apparition de l’homme :
Se marier ou brûler ?
« En effet il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein maternel ; il
y a des eunuques qui ont été rendus tels par les hommes ; et il y en a
qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du Royaume des
cieux. Comprenne qui peut comprendre ! » (Mt 19, 12.)
Une tradition dévalorisante
Ceux qui, « par mollesse, refusent l’effort […] pour éviter ces
désordres » vont donc se marier 18. Il est notoire qu’à travers ses propos,
l’archevêque de Constantinople ne place pas la procréation comme finalité
19
première du mariage ! L’exégèse de Jérôme transforme encore la morale
matrimoniale paulinienne. Le mariage devient un moindre mal qui sert à
lutter contre la débauche. Autrement dit, ce qui était un choix purement
personnel chez Paul, celui de la chasteté associée à la continence absolue,
est fortement recommandé par les Pères avant de s’ériger en obligation
20
pour les clercs dans l’Église latine .
Saint Augustin, enfin, va plus loin lorsqu’il commente le passage de
l’épître aux Galates qui condamne les œuvres de la chair « avec ses
passions et ses désirs » (libertinage, impureté, débauche) pour louer « les
fruits de l’Esprit » (amour, joie, paix, maîtrise de soi) (Ga 5, 19-24). Dans
son sermon, il écrit que l’apôtre a considéré la fornication comme le plus
grave des péchés. Lorsque l’homme « se livre frénétiquement à cet acte
brutal », son âme est « comme submergée et engloutie dans cette fange
honteuse ». Et d’étendre le sens de fornication, concept qui, « embrassant
absolument tout, consiste à s’attacher au monde et non pas à Dieu », l’âme
21
s’adonnant ainsi à une sorte de « prostitution générale ». En rupture
partielle avec la pensée paulinienne, la tradition catholique s’enlise dans
une dévalorisation de la sexualité.
L’orthodoxie catholique se réfère en permanence à Thomas d’Aquin
(1224/1225-1274), précisément surnommé le « docteur angélique »,
22
allusion à sa spiritualité de haut vol . Considérée « comme le premier
“traité des passions” produit par un intellectuel chrétien au Moyen Âge »,
la Somme de théologie (Summa theologiae), condensé de la pensée
patristique et de la doctrine, a inspiré d’innombrables gloses et
23
commentaires jusqu’à l’époque contemporaine .
Ainsi, la chasteté modère les « convoitises de ce qui procure du plaisir
en matière sexuelle ». Elle s’oppose à la luxure et lui ordonne la pudeur,
définie comme une réserve par rapport à la honte que suscitent les actes
sexuels et les organes génitaux. Elle est de l’ordre de la raison, impliquant
une résolution de s’abstenir perpétuellement du plaisir sexuel pour
conserver « l’incorruptibilité dans une chair corruptible ». Ce n’est pas la
perte de l’intégrité qui annihile la virginité, c’est bien « le plaisir qui
provient de l’émission du sperme », semence qui, dans la conception
ancienne, est émise autant par les hommes que par les femmes. Pour
Thomas d’Aquin, le choix de la virginité ne consiste pas à s’abstenir de tout
plaisir mais seulement du plaisir sexuel, en vue de valeurs supérieures.
Cependant, céder à la concupiscence est irréversible, car si Dieu peut
potentiellement restaurer miraculeusement l’intégrité virginale perdue,
aucun miracle n’est possible pour « celui qui a fait l’expérience de la
volupté charnelle ». La continence signifie que l’on « se “contient” de suivre
la passion » ; elle « implique la cessation de tous les plaisirs sexuels ». Au
contraire, l’incontinence consiste à céder à ses assauts au lieu de suivre le
conseil de la raison. Les plaisirs du sexe étant plus « véhéments » que les
autres, la « convoitise de la chair » triomphe chez celui qui ne résiste pas
avec suffisamment de force.
La luxure est définie comme le péché de mésusage du plaisir sexuel,
soit que l’on s’oppose à la génération de l’enfant ou que l’honneur de l’être
humain n’est pas respecté. Instituant une partition qui sera sans cesse
reprise ensuite par les manuels de confession, Thomas distingue six cas de
luxure : la fornication simple, qui est « un accouplement fortuit, ayant lieu
en dehors du mariage », l’adultère, l’inceste, le stupre (défloration
d’une vierge sous la contrainte), le rapt (l’action d’enlever une personne
par séduction ou violence pour la soustraire au mariage légitime ;
assimilable au viol) et le vice contre nature (bestialité et homosexualité).
Cette énumération suit une gradation dans la gravité du péché,
l’homosexualité, qui ne « tient pas compte du sexe requis », surpassant le
« péché de celui qui n’observe pas le mode qui convient pour l’union
24
sexuelle ».
Il n’y a pas lieu de faire l’histoire des appropriations diverses de la
pensée thomiste. Pour l’époque plus contemporaine, en revanche, le père
Charles-René Billuart (1685-1757) occupe une place particulière. Son
œuvre est sans doute le commentaire le plus exhaustif de la Somme de
saint Thomas, et même le dernier guide de lecture en date du docteur
angélique. Billuart a servi de source à tous les auteurs d’ouvrages de
théologie morale et surtout de pénitentiels, ces manuels à l’appui du
ministère de la confession composés par des virtuoses de la casuistique.
Confrontés à la nécessité de transposer les normes dans la vie pratique,
autrement dit de décortiquer des multitudes de cas particuliers où l’action
singulière cherche à se conformer à l’enseignement général, les moralistes
ont en effet décliné en résolutions diverses, quasi à l’infini, des exemples
vécus et d’autres simplement imaginés.
e
De 1746 à 1751, Billuart a produit 19 volumes in-8 en latin, qui
passent pour situer la théologie morale dans la ligne voulue par Rome, à
mi-chemin entre le rigorisme janséniste et le laxisme dont avaient été
accusés les jésuites. Cet énorme ouvrage a été réédité à plusieurs reprises.
Compte tenu de l’autorité que prendront ses considérations sur le péché de
luxure, il n’est pas dénué d’intérêt de constater que, à en croire ses
panégyristes, le père Billuart lui-même a lutté pour dompter sa chair. Entré
chez les dominicains à l’âge de 18 ans, il s’est enveloppé d’une robe de
laine blanche comme la couleur d’un linceul : de « sourds orages »
menaçaient la solitude de sa cellule dont seules l’étude et la prière
l’auraient protégé.
Ses sermons insistent sur les pièges de la vie dans le monde, les
« amitiés lascives », « l’indolence d’une vie molle et oisive » et encouragent
à « se priver volontairement de tous les plaisirs des sens », et plus encore à
« déclarer une guerre continuelle à son corps », avec pour armes les
« disciplines, haires, cilices » et autres macérations, afin de conserver le
26
« trésor de chasteté ». C’est donc non sans ignorer les risques de la
concupiscence que le savant dominicain commente et exemplifie les
questions déjà traitées par son illustre prédécesseur angélique sur
la chasteté et son contraire, la luxure. Loin de constituer une obsession,
cette dernière couvre environ 70 pages, la Somme de Billuart s’étendant sur
plus de 4 000 pages dans les dix volumes de l’édition in-quarto de 1857.
En conséquence, l’exposé des péchés contre la chair occupe en définitive
moins de 2 % de la surface rédactionnelle totale.
L’auteur s’efforce de préciser en quoi consiste le bon usage du mariage,
à savoir une orientation exclusive de la copulation vers la génération. Les
conjoints, en acceptant que leurs corps servent à l’introduction de la
semence dans le vase naturel prévu pour la recueillir, ont l’obligation de
rendre le « devoir » conjugal. Tout ce qui s’en éloigne est cause de péché,
de gravité croissante dès le moment qu’il y a « effusion de semence »
(pollution). C’est pourquoi l’auteur précise que les baisers, attouchements,
regards et conversations érotiques entre époux sont tolérables s’ils
s’arrêtent avant ce point de non-retour 27.
Si la luxure est définie comme un « penchant peu ordinaire aux plaisirs
de la chair », la chasteté devient « une vertu qui réfrène la délectation
charnelle conformément à ce que prescrit la raison 28 ». Elle se décline en
trois variantes : conjugale, de veuvage et virginale. La première implique
l’abstinence des plaisirs illicites et l’usage modéré des plaisirs licites dans le
mariage. La deuxième se défend non seulement de ce qui est prohibé, mais
encore de ce qui est autorisé dans le mariage. La troisième est
renoncement à toute expérience en ce domaine et abstinence perpétuelle.
Cette dernière est évidemment un état d’excellence supérieur au mariage.
De longs développements traitent de la masturbation féminine, semble-
t-il moins grave que la masculine, parce qu’il n’y a pas flux extérieur de
semence. Tel n’est pas le cas de ce qu’il appelle mollities (« mœurs
efféminées ») : l’expression désigne la pollution volontaire masculine. Chez
la femme, la virginité se perd irrémédiablement par l’introduction du
membre masculin ; réciproquement chez l’homme par la pénétration. Une
simple délectation mentale – ce que la casuistique appelle la « délectation
morose », soit les images mentales de copulation dans lesquelles on se
complaît délibérément – est en revanche amendable et ne cause pas la
perte du statut de vierge. Ainsi, Billuart, dans les méandres de ses subtiles
distinctions, met surtout en évidence l’écart existant entre chasteté et
virginité. Par ailleurs, il se préoccupe particulièrement de la différence
entre l’homme et la femme par rapport à cette dernière. Un homme qui
fornique ne nuit à personne car il a l’entière propriété de son corps, aussi
bien de son sexe que de ses autres membres, les yeux notamment. Pour la
jeune fille, en revanche, une ouverture de la porte virginale, par elle-même
ou par un tiers, entraîne des conséquences non seulement pour l’intéressée,
mais aussi pour les autres, en premier lieu pour ses parents, qui ont la
garde de son corps. En effet, la perte de la virginité empêche la conclusion
d’un mariage légitime, ce qui constitue une grave injustice pour sa famille.
La gravité de la faute s’en trouve majorée d’autant.
Totalement inadaptées à la réalité de la vie du couple, les « lois du
mariage » suscitent inévitablement l’anxiété de ceux qui tentent de s’y
conformer. Ici, les contradictions ecclésiales deviendront de plus en plus
difficiles à supporter. Ainsi, près de deux siècles après Billuart, dont la
doctrine n’a pas subi le moindre correctif, le recueil de lettres publiées par
Martine Sevegrand rend compte de la misère psychologique de croyants
tiraillés par leur exigence d’authenticité et qui cherchent en vain des
réponses auprès d’un prêtre, l’abbé Jean Viollet, afin de concilier l’amour et
la morale 29. Le mariage n’est-il plus qu’une occasion de s’enfoncer dans le
péché ? Déconnecté des réalités psychologiques, ce moralisme figé ne peut
guère intégrer ce que François Mauriac a expérimenté comme la
« souffrance du chrétien ». Au plus fort de sa crise personnelle et religieuse
vers 1930, l’auteur a exprimé sa révolte contre l’inhumanité d’un certain
catholicisme en constatant que le christianisme ne prend pas en compte la
chair puisqu’il la supprime 30. Et de citer Pascal qui voit dans le mariage
« la plus basse des conditions du christianisme, vile et préjudiciable selon
Dieu ». Bossuet, lui aussi cité, va plus loin encore :
« Le chaste est celui qui bannit l’amour sensuel par l’amour divin &
éteint le feu de la terre par le feu du ciel 40. »
« Il semble à l’âme qu’on lui passe une flèche au travers du cœur et
au travers d’elle-même. Elle en ressent une douleur si vive, qu’elle en
gémit, mais en même temps si délicieuse, qu’elle voudrait ne la voir
jamais finir. Cette douleur n’est pas dans les sens, et cette plaie n’est
pas une plaie matérielle : elle réside à l’intérieur de l’âme et ne laisse
pas de marque sur le corps. »
Et d’ajouter :
« Je ne crois pas que ces choses peuvent s’expliquer autrement que
par des comparaisons, c’est pourquoi je me sers de ces images, bien
grossières, il est vrai, pour un pareil sujet ; mais je ne vois pas le moyen
de m’exprimer différemment. Au reste, tout cela ne peut ni se dire ni
s’écrire. Pour le comprendre, il faut l’avoir éprouvé 59. »
Ces phénomènes touchent en grande majorité des femmes. Parfois, les
privations suppriment les menstruations (aménorrhée) et c’est le
saignement périodique des stigmates qui les remplace comme si s’opérait
une dérivation de la circulation sanguine du Christ Rédempteur, une
« transfusion spirituelle 60 ». L’ont éprouvée notamment Catherine de
Raconisio (1486-1547), Véronique Giuliani (1660-1727), ou Anne-
Catherine Emmerich (1774-1824). Dans d’autres cas, les stigmates ne sont
pas visibles quoique les souffrances qui leur sont liées semblent bien réelles
comme chez Agnès de Langeac (1602-1634). Globalement, il y aurait 321
cas connus de stigmatisés jusqu’à la fin du XIXe siècle, dont 281 concernent
des femmes 61.
Bien étudiée par Bernard Gorceix, la mystique germanique fournit des
exemples d’anthologie. En effet, après la mystique féminine des XIIe-
e
XIII siècles (Hildegarde de Bingen, les visionnaires béguines) et la mystique
masculine rhéno-flamande du XIVe au XVIe siècle (Maître Eckhart, Henri
e
Suso, Jean Tauler), la spiritualité ascétique et contemplative du XVII siècle
fait grand usage des métaphores nuptiales, non sans érotisme et références
sexuelles explicites.
Parmi d’autres, Catharina Regina von Greiffenberg (1633-1694)
marque l’apogée de la mystique allemande. Cette luthérienne, propriétaire
terrienne, a laissé plus de 1 000 pages débridées. Exprimant son amour
pour Jésus, elle lui demande qu’il la « prenne » et en reçoit un plaisir
qu’elle compare à un « incendie voluptueux ». Cette ardeur de l’amour
accompagne une souffrance qui la touche, elle, « pauvre femelle en
chaleur » devant le corps douloureux sanguinolent, souillé de larmes du
62
crucifié . De son côté, le théosophe Quirinus Kuhlmann (1651-1689),
auteur des Baisers de l’amour céleste, est connu comme inspirateur du
végétarisme contemporain 63. Ce cordonnier illuminé a fini sur le bûcher
après des années d’errance à travers l’Europe. Sa mystique nuptiale prend
des tournures particulièrement équivoques quand l’aimé « cherche, la nuit,
dans son lit […] celui que son âme aime ». Le pélican, emblème alchimique
et symbole de l’amour paternel, est utilisé comme métaphore du corps du
Christ, avec d’autres images où dominent le pourpre des plaies et le blanc
marmoréen du cadavre. Trop longtemps demeurée vierge, l’âme en chaleur
tombe en pâmoison lors de sa copulation sacrée. Revenue à la vie, elle ne
cesse de s’enflammer dans des noces inaltérables quand Quirinus
Kuhlmann peut s’exclamer : « Totalement pénétré que je suis, de Jésus,
mon maître ! » Il dérive ensuite vers une mystique sophianique où
intervient une personnification de la Sagesse, perçue comme une perle que
l’âme aspire à posséder par une forme d’accouplement contemplatif. Le
don de la perle, symbole de la virginité, marque ainsi l’union nuptiale.
Celle-ci précède une transmutation alchimique de l’âme pénétrée par l’or
de Jésus et purifiée, comme le plomb se transforme en or : « Amour
céleste ! Viens vite ! […] Rends douces mes lèvres ! Dépêche-toi ! J’attends
64
tes baisers ! »
Un certain nombre de saintes et de saints passent pour avoir vécu
intensément le mariage mystique. Parmi les femmes largement
majoritaires, le cas de sainte Catherine de Sienne sert de modèle aux
descriptions que fournissent les hagiographies parfois déroutantes. Le
processus d’union de l’âme avec le Christ passe par plusieurs étapes de
transformation spirituelle, ce que les mystiques traduisent par des
métaphores. Les mots ne peuvent l’exprimer, tous les mystiques le répètent,
mais de grands poètes comme Jean de la Croix (1542-1591) ont cherché à
dire l’union d’amour de l’Épouse et de l’Aimé, ces figures allégoriques de
l’âme et de Dieu. La quête de l’époux, les retrouvailles et l’union ont fait
l’objet des deux versions du Cantique spirituel, sorte de pastorale inspirée
du Cantique des cantiques. C’est dans le « cellier intérieur… qu’il me
donna son cœur ; c’est là qu’il m’enseigna science très savoureuse et qu’en
effet je me donnai à lui sans rien réserver 65… ».
Bien avant le carme espagnol, le motif des noces mystiques a été
formulé, amplifié et magnifié par les récits légendaires autour de la vie de
Catherine d’Alexandrie, qui aurait vécu aux IIIe-IVe siècles et subi le martyre
vers 307 à l’âge de 18 ans. Après son baptême, l’Enfant Jésus (ou le Christ
adulte selon les versions) l’aurait prise pour épouse en présence de Marie
et de la cour céleste en lui passant un anneau au doigt. Les diverses
versions de la Passion de Catherine, dont la plus ancienne mention
remonte au IXe siècle, relatent les épisodes fabuleux de la vie de cette jeune
fille. Les plus grands peintres en ont été inspirés, le culte de sainte
e
Catherine étant extrêmement populaire. Autant Hans Memling au XV siècle
que Lorenzo Lotto, le Parmesan ou Paolo Caliari dit le Véronèse au siècle
suivant ont fixé l’iconographie de ses noces, sans omettre les attributs
comme la robe blanche et le lys, emblèmes de la chasteté, la palme du
martyre ou la présence des anges puisque, par la virginité, Catherine a
triomphé de la chair et approché la condition angélique. Cet exemple a
sans doute inspiré des voyantes qui vécurent le même degré d’aspiration à
l’union mystique et eurent une vision de leur mariage avec Jésus.
Une telle élévation spirituelle, Catherine Benincasa (1347-1380), fille
d’un teinturier, plus connue sous le nom de Catherine de Sienne, l’a
expérimentée dans son corps. Que cette jeune femme, ne sachant pas
écrire et ignorante du latin, soit plus tard proclamée « Docteur de l’Église »
en 1970 est pour le moins singulier. Gratifiée de nombreuses visions, de
colloques avec Jésus dans ce qu’elle nomme sa « cellule intérieure », où il
la visite spirituellement, cette ascète anorexique a relaté son « mariage
mystique » en 1368. Au cours d’une extase, le Christ lui a remis un anneau
qu’elle seule a pu voir et dont elle conserve ensuite l’impression de la
présence permanente, marque invisible d’une réalité céleste alors que la
mystique est elle-même revenue dans la vie terrestre. Ce qu’on en rapporte
provient du récit composé par l’un de ses confesseurs, Raymond de
Capoue, en 1430 :
Le combat des vierges
Ses sens s’éveillent à la moindre rencontre de femmes car ses yeux sont
loin de rester inactifs. En outre, sa nature sensuelle le pousse à nouer des
« amitiés particulières » qui le rassurent « par la similitude du sexe »,
quand les « sentiments tendres » et les « regards affectueux » ne laissent
pas d’être équivoques. Au contraire, « l’élève pieux et parfaitement chaste
est rempli d’estime pour la chasteté ; il frémit à la pensée de tout ce qui
peut la ternir ; il fuit avec empressement les occasions qu’elle redoute, et il
aimerait mieux mourir que de se permettre un acte impur quelconque ».
Le bon séminariste va éviter « les maisons où se trouvent de jeunes
personnes ». Si d’aventure un candidat peu chaste est admis au sacerdoce,
il va certainement devenir « un prêtre sensuel », enclin à fréquenter la
société où il va rencontrer « quelque cœur aussi faible que lui ».
Inévitablement arrivera « le jour du grand scandale » et le transfert dans
une autre paroisse où le coupable formera de nouvelles liaisons. « Maudit
soit le prêtre libertin 84 ! »
Si les textes hagiographiques se montrent peu bavards et plutôt allusifs
à propos du dérèglement des sens, les images des saints censées en
proposer l’exemple aux fidèles sont, elles aussi, très sobres à propos des
épreuves séductrices du démon dont la figuration pourrait s’avérer
ambiguë, voire dangereuse. Seul l’art flamand et allemand traite le thème
des tentations avec un personnage vedette, saint Antoine l’ermite du
désert. Il inspire de multiples artistes dès le XVe siècle, fascinés par la
variété des sévices orchestrés par le diable, la présence d’une belle jeune
femme sensuelle n’étant que l’un des tourments auxquels il doit faire
front 85. Au triptyque foisonnant de diableries grotesques ou hideuses que
lui consacre Jérôme Bosch vers 1505 ne manquent ni les femmes dénudées
ni d’autres richement vêtues, toutes porteuses de propositions provocantes.
Concernant saint Jérôme, autant le traducteur de la Bible fait l’objet de
multiples icônes, autant les incitations à la faute dont il a lui-même fait
mention sont rarement présentes dans l’iconographie. On peut mentionner
Francisco de Zurbarán qui a peint vers 1640 l’ermite au corps ascétique
entouré par six gracieuses musiciennes. Et que dire des désirs coupables
que traduisent les représentations alanguies de Marie-Madeleine ? Cette
dernière a été assimilée par la tradition iconographique à une prostituée
e
repentie. Au XVII siècle, près du quart des illustrations pieuses de saints
intercesseurs sur les parois des intérieurs parisiens donnent à voir les
carnations de cette femme à la longue chevelure 86.
La fiction littéraire exploite le filon des prêtres tiraillés par l’aiguillon
charnel. Chez Émile Zola, La Faute de l’abbé Mouret (1875) illustre ces
tensions, tout comme celles du jeune prêtre, Pierre Froment, dans le cycle
intitulé Les Trois Villes (1893-1898). Celui-ci a cru pouvoir « tuer la chair
en lui » mais, en étant « maître de sa sensualité », il s’est retranché
volontairement du nombre des hommes, à l’instar de Serge Mouret, qui, au
sortir du séminaire, « se sentait féminisé, rapproché de l’ange, lavé de son
sexe, de son odeur d’homme […], purgé des ordures humaines […]. Il lui
semblait encore être demeuré pendant des années dans une huile sainte
87
[…]. Certains de ses organes avaient disparu … ». En croisant à Lourdes
sa voisine de chambre, une femme cachée avec son amant, Pierre Froment
éprouve à nouveau l’odeur de l’amour, alors que sa chasteté demeure « son
dernier soutien ». À la fin du roman, Zola lui fait raconter l’histoire de la
voyante Bernadette qui meurt dans la solitude, sa « virginité torturée,
clouée sur la croix », « frappée de la déchéance de n’avoir pas été femme,
ni épouse ni mère, parce qu’elle avait vu la sainte Vierge ».
Et le livre se conclut par une charge contre le dogme de l’Immaculée
Conception :
Des contradictions cléricales
aux équivoques laïques
4
Pour être ordonné prêtre, il faut avoir été diacre au moins pendant une
année avec, parmi les conditions, « qu’ils se montrent si remarquables par
leur piété et leurs mœurs chastes que l’on puisse attendre d’eux l’exemple
éclatant de bonnes mœurs et une vie exemplaire ».
Enfin, un décret concernant les réguliers et les moniales prescrit que les
uns et les autres organisent leur vie selon la règle dont ils ont fait
profession, en respectant les « vœux d’obéissance, de pauvreté et de
2
chasteté ».
La mise en œuvre des instructions du concile par le biais de livres de
piété ou de recommandations aux pasteurs a souvent consisté à
paraphraser le texte du catéchisme tiré des décrets conciliaires et surtout à
le condenser ; mais, à y regarder de près, on constate l’ajout de précisions
qui en accentuent le sens, en particulier lorsqu’il s’agit de freiner la
3
concupiscence . Certes, la tradition patristique soutenait que l’acte sexuel
et le péché étaient difficilement séparables mais inévitables compte tenu de
l’impératif de perpétuer l’espèce. Or, en modifiant la hiérarchie des finalités
du mariage, le concile de Trente incline, on le verra plus loin, à réhabiliter
le couple et, indirectement, sans en faire mention explicite, le plaisir
sexuel, ce qui dénote une ouverture certaine vers des considérations plus
psychologiques que moralisatrices. Au XVIe siècle, certains théologiens ont
pu laisser entendre que prendre du plaisir dans le mariage sans forcément
vouloir procréer était tout à fait licite 4. Or, la tendance réductionniste
s’affirme de plus en plus pour l’emporter nettement durant les siècles
suivants. Alors que les textes de Trente se référaient essentiellement, voire
exclusivement, à la Bible, les catéchismes postérieurs recourent
massivement aux commentaires des théologiens ainsi qu’aux Pères de
l’Église, et pour cause. En effet, pour faire face aux accusations des
réformateurs de trahir la Parole divine, les théologiens restés fidèles à
Rome n’ont eu de cesse de redonner vie à ce qu’on appelle la tradition de
l’Église, à savoir non seulement la Bible elle-même comme le prône la
Réforme protestante, mais aussi les commentaires des premiers temps du
christianisme transmis à travers les siècles. Au XVIIe siècle, ce retour aux
sources anciennes passe par une relecture des Pères, avec la multiplication
des études érudites et des éditions de leurs écrits. La culture patristique
classique est ainsi à la base de la prédication, de la liturgie et de la
pastorale sacramentelle, non sans contradictions d’ailleurs entre le
rigorisme appuyé des uns et le laxisme supposé des autres 5. Ce renouveau
de la pensée religieuse confère aux textes longuement cités dans les
chapitres précédents une actualité qui comble l’abîme qu’aurait pu
représenter le millénaire séparant l’âge classique de ses sources
paléochrétiennes.
Les historiens attribuent une grande place au pontificat du pape Sixte
Quint (1521-1590) dans le tournant rigoriste du XVIe siècle. Élu pape en
1585, il a entrepris de nombreuses réformes dans l’administration de ses
États et les mœurs du clergé, notamment en traquant les péchés de
fornication. L’adultère fut passible de la peine de mort, ce qui était
évidemment utopique compte tenu du nombre de cas 6 ! Au début du
e
XVII siècle, la Congrégation de l’Inquisition, mandatée pour surveiller la
doctrine et les mœurs, insiste sur l’importance des questions de sexualité et
la gravité de tous les péchés contre la chasteté, autrement dit la recherche
du plaisir sexuel 7. Ces préoccupations obsessionnelles marquent une
sérieuse inflexion dans la manière de concevoir l’éthique sexuelle et la
place de la chasteté. La tendance est très marquée dans les manuels du
e
XVII siècle. « La volupté est une chose très vaine & qui n’a point de
solidité », écrit par exemple un jésuite, le père Martin Fornari, dans ses
Instructions pour les confesseurs (1674). Il l’associe immédiatement à la
« fornication ». Or, selon lui, les chrétiens doivent « s’abstenir des passions
charnelles », éviter « la violence de la passion » qui sème le « désordre »
dans la volonté et trouble le jugement, autant d’affirmations qu’il rattache
comme bien d’autres à des références pauliniennes ou à saint Thomas. Il en
résulte que dans le mariage, la règle essentielle est ainsi formulée :
e e
Les suspicions de la raison (XVII -XVIII siècles)
La fin de la voie mystique
e
Dès la deuxième partie du XVII siècle, les témoins et relateurs des
expériences mystiques se méfient des expressions d’excès amoureux et
tendent à classer l’extase dans une catégorie médicale. Les directeurs de
conscience et, de plus en plus, les médecins se trouvent face à des
phénomènes dont le sens dépasse le constat somatique et relève du
psychisme. Cette tendance devient même la norme lorsqu’il s’agit de
codifier la sainteté. Élu pape en 1740 sous le nom de Benoît XIV, Prospero
Lambertini (1675-1758), auteur d’un important ouvrage publié avant son
élection, est l’un des principaux artisans de ce déplacement 19. Son livre va
servir au contrôle étroit des procédures jusqu’en 1917, instaurant comme
règle la méfiance du surnaturel et des miracles pour privilégier le
comportement et la moralité du saint présumé. Une personne auréolée de
vénération populaire est a priori suspectée de fausse sainteté. Des enquêtes
évaluent l’origine divine des inspirations ou au contraire les rapportent à
des mouvements humains. Les vertus paraissent préférables à la
contemplation infuse. Les femmes éveillent la méfiance, suspectes d’excès
de sensibilité. Là où les authentiques mystiques comme Thérèse d’Avila
affirment leurs doutes et s’avèrent prudentes – elle emploie très
fréquemment le verbe « sembler » pour décrire ses états intérieurs –, les
théologiens vont très vite dénoncer des supercheries ou des excès
d’enthousiasme féminin, extériorisés par des larmes, soupirs, gémissements
et tremblements. Consciente de la malice du monde, Thérèse conseillait
d’ailleurs le retrait et le secret plutôt que l’extase publique, qui lui
paraissait profondément malséante.
Comment distinguer les langueurs d’une imagination échauffée
d’authentiques ferveurs célestes, quand les excès d’ascèse conduisent aux
marges de la folie ? Les manifestations extatiques deviennent des signes
pathologiques, des objets médicaux. On emprisonne des mystiques :
Jeanne-Marie Bouvier de La Motte (1648-1717), plus connue sous le nom
de Mme Guyon, ou encore Louise de Bellère du Tronchay, dite Louise du
Néant (1639-1694), enfermée à la Salpêtrière. Plus tard, avec les médecins
e
du XIX siècle, de Charcot à Freud, les écrits mystiques seront réduits à
n’être plus que des procès-verbaux de maladie. Mais les signes de
stigmatisation continueront pour longtemps à embarrasser autant la
hiérarchie religieuse que les médecins. Parmi des cas plus tardifs qui ont
alimenté la polémique, ceux de Palma Maria Addolarata Matarelli (1825-
1888) dans les Pouilles, de Louise Lateau (1850-1883) en Belgique et de
Marie-Julie Jahenny (1850-1941) près de Nantes : mandatées par l’autorité
diocésaine, des expertises médicales ont été menées sans accréditer
formellement le caractère surnaturel de ces manifestations 20. Les médecins
ne se contentent plus de dénoncer les conséquences d’un imaginaire
mystique et de traiter les stigmatisations comme une supercherie ; certains
développent une explication scientifique de type physiologique alors
qu’une majorité s’en tient à l’hypothèse pathologique de troubles
hystériques. À nouveau la sexualité apparaît comme l’une des composantes
de mises en scène répétitives. Ainsi le cas de Marie-Julie a été jugé
totalement pathologique par l’évêque de Nantes. Certains ecclésiastiques
ont dénoncé le caractère érotique des positions cataleptiques de la jeune
fille, spectacle auquel des milliers de pèlerins, potentiellement libertins
selon quelques témoins, essaient d’assister au début des années 1870.
Autrement dit, depuis la Réforme luthérienne et sa contamination
jugée hérétique, d’autres ennemis ont fait irruption au sein même de
l’institution et se cachent sous des aspects de dévotion tranquille,
susurrante ou franchement silencieuse. Ce sont avant tout la France,
l’Espagne et l’Italie qui sont touchées par le revirement qui signale jusque
dans l’espace public les « mystiqueries ». Nombreux sont les ouvrages qui
dénoncent les illusions et les équivoques des émotions mystiques. Sophie
Houdard a mis en évidence l’impact médiatique de ces questions à travers
des scénarios érotico-comiques où dialoguent le directeur de conscience et
la dévote. Ainsi Charles Sorel, un romancier satirique, écrit un libelle paru
une première fois en 1634. L’intrigue fait comparaître devant un tribunal de
la langue des plaignants, pères de l’Oratoire, qui demandent la
reconnaissance des mots de la spiritualité utilisés dans les livres de feu le
cardinal de Bérulle. Pour éviter l’équivoque, une marquise suggère même
de limiter l’usage de « conception » à l’expression « conception
immaculée » en évitant d’en faire un synonyme de pensée ! Les effets de
ces querelles langagières se répercutent jusqu’au dictionnaire d’Antoine
Furetière, quand l’article « Mystique » se modifie singulièrement entre la
première édition de 1690 et la deuxième de 1702. Les expressions
nouvellement employées pointent de façon dévalorisante « leurs extases
fanatiques & leurs amoureuses extravagances ». La mystique est
considérée, poursuit Furetière, comme « un langage à part » qui « mène au
fanatisme ». Déjà, plus personne ne peut comprendre des allusions réduites
à n’être, comme dit Sophie Houdard, qu’« un répertoire de signes sans
21
relation à un monde référentiel ». Cette auteure souligne combien ces
tendances critiques, qu’elle rattache à une certaine culture libertine en
e
vogue au XVII siècle, inaugurent un mouvement de « désenchantement du
monde » et de détachement du sacré, qui réduit le religieux à des signes
22
extérieurs .
Durant les années 1680 particulièrement sont signalées des
connivences possibles avec l’illuminisme et le libertinage sexuel.
Dénonciation ou au contraire apologie, le discours est très contrasté. Ce
sont les enseignements de Miguel de Molinos (1628-1696) et son Guia
esperitual, très peu apprécié des courants jésuites, qui focalisent l’attention.
Ce prêtre espagnol s’est taillé une réputation de directeur spirituel en
incitant à la prière du cœur, affranchie des démonstrations extérieures où
l’âme, de manière passive, trouve la paix en union avec Dieu, d’où le nom
de quiétisme qu’on décerne à ce mode d’oraison. Dans l’indifférence au
monde terrestre et une totale passivité, le sujet nie son propre soi-même,
l’abandon à la grâce divine permettant la rencontre avec Dieu. L’essentiel
du livre consiste à introduire à la mystique : comment progresser dans
l’oraison et arriver à la contemplation intérieure dans la foi pure, en toute
quiétude ou, comme dit son auteur, « sans images ni représentations,
simple, sans raisonnements, et universelle, sans réflexion sur quoi que ce
soit » ? Molinos pointe en particulier les « suggestions libidineuses et
pensées immondes », la « foule de pensées inconvenantes, importunes ou
impudiques » qui assaillent l’âme à travers le temps de l’oraison et qu’il
23
faudrait écarter . Dès 1685, cependant, Molinos est incarcéré à Rome ;
après des tergiversations, sa doctrine est condamnée par le Saint-Office.
L’Inquisition se méfie surtout des communautés mystico-charismatiques
de femmes, attirées par l’oraison de quiétude. Ce sont les liens étroits entre
les pénitentes et leur confesseur qui, désormais, sont toujours entachés de
soupçons de relations charnelles. Autrement dit, une situation quelque peu
ambiguë et ses virtualités deviennent un topos criminalisé par les autorités
de la Curie romaine 24. D’abord utilisé pour stigmatiser des attitudes
laxistes concernant les éventuelles turpitudes commises dans la direction
de conscience ou par les supérieures de couvents, le terme de
« molinisme » désigne peu à peu toutes les affaires de mœurs et les délits
25
sexuels dans le cadre de la pastorale ecclésiastique . Ainsi, encore au
e
XIX siècle, lors de la condamnation en 1816 pour fausse sainteté de sœur
Maria Agnese Firrao, c’est l’accusation de « quiétisme » – mot dont la
prévenue n’avait jamais entendu parler – qui est retenue. Le terme
recouvre aussi bien ses prétendus stigmates et ses extases que ses relations
avec un prêtre et ses deux avortements. Comme l’a justement relevé
l’historien Hubert Wolf, ce mot abscons permet de ne pas attirer l’attention
et d’éviter ainsi toute spéculation « sur d’éventuelles aventures érotiques à
26
l’abri des murs du monastère ».
C’est le pape Innocent XI qui s’est trouvé confronté à la polémique,
quoiqu’il ait d’abord manifesté une certaine sympathie pour Molinos. Une
année après l’arrestation de ce dernier, il élève à la pourpre cardinalice
Matteo Petrucci (1630-1701), soupçonné de quiétisme, peut-être pour le
protéger 27. Ce prélat, membre de l’ordre des oratoriens, a fondé à Jesi
(Marches) un institut pour recueillir les jeunes filles égarées (le
Conservatorio delle zitelle), en leur imposant un style de vie monacal en vue
de préserver leur honneur. En 1687, des accusations de privautés sexuelles
sont portées contre lui. Plusieurs de ses pensionnaires se seraient trouvées
enceintes. Petrucci n’est pas poursuivi pour ces faits puisqu’il est condamné
pour hérésie et ses œuvres mises à l’Index. Absous, il poursuivra sa carrière
comme carmerlingue (trésorier) du Sacré Collège (collège des cardinaux).
Mais, entre-temps, le pape publie, le 20 novembre 1687, la constitution
apostolique Cœlestis pastor qui condamne les erreurs doctrinales de
Molinos, en les présentant sous la forme de propositions considérées
comme déviantes, tirées en partie de sa correspondance avec ses
pénitentes. Ainsi des affirmations 41 et 42 :
Les préceptes donnés aux prêtres s’avèrent très discrets sur le sujet,
contrairement à la prolixité des conseils de morale économique, sur le
pouvoir de l’argent, l’enrichissement frauduleux des riches, le juste salaire
des pauvres et la simonie ecclésiastique 43 : quatre pages pour le sixième
commandement (défense de l’adultère) contre 453 pour le septième
(défense de s’approprier le bien d’autrui) dans le Cours de théologie morale
de Raymond Bonal en 1631. Bernos estime à 600 le nombre de manuels
sur la confession parus entre 1550 et 1650. Les plus intéressants
e
appartiennent à la première moitié du XVII siècle, car ils sont moins
pudibonds que les manuels ultérieurs qui s’expriment par périphrases.
Reste que les textes les plus connus s’en tiennent prudemment à des
conseils généraux. Ainsi, l’ouvrage du jésuite Paul Segneri (1624-1694),
publié en italien en 1669 puis traduit en français, allemand, arabe,
espagnol, latin, néerlandais, polonais, portugais et turc, déplore les
conséquences de la fornication :
La valorisation de l’amour
e e
Face à l’érotisation de l’amour (XIX -XX -siècles)
e
(XIX siècle-1950)
« L’essence même du mariage tel qu’il est institué dans nos mœurs
est d’unir une fille vierge à un homme déjà fait, et de remettre à
l’expérience de l’homme l’éducation de la vierge. »
« Vous étiez vierge, vous serez mère […] si vous allez tout à l’heure
perdre à jamais le droit de ceindre votre front de la virginale couronne
d’oranger, vous gagnerez du même coup une puissance et un titre
nouveaux. Vous étiez fille, vous serez une femme […]. Voilà tout le
secret du mariage et de l’amour 69. »
Entre 1870 et 1940, les interdits sexuels ont certes perdu de leur force
au profit d’une érotisation croissante de l’intimité du couple. Le mariage
d’amour supplante les mariages arrangés et implique par la force des
choses des relations prénuptiales. Si une jeune fille sur cinq y a consenti à
la Belle Époque, elles sont probablement plus d’un tiers dans l’entre-deux-
guerres. Les épreuves de la séduction font partie de la nouvelle donne
73
amoureuse .
Dans un petit livre publié en 1962, François Mauriac pense avoir
avancé sur une route de plus en plus désertée, celle de la béatitude
promise aux cœurs purs par le Christ dans son Sermon sur la montagne. Il a
vécu dans un milieu où les « idées étaient aux antipodes de celles qui ont
cours aujourd’hui touchant les choses de la chair ». Il avoue ressentir un
profond déchirement entre « l’exigence de pureté si singulière » d’un
message chrétien intransigeant et « l’exigence de la nature et l’immense
complicité qu’elle trouve au dehors ». Ce contraste se marque par
l’omniprésence du sexe dans le monde contemporain. Lui qui a connu une
enfance où il fallait l’ignorer et surtout ne pas en parler est confronté à son
exaltation, notamment à travers le langage cinématographique. Il
poursuit : « Il nous fallait vivre en union avec une bête féroce qui devait
nous demeurer inconnue. » Dans son enfance (avant 1900), quand on
parlait de « vertu », c’est de la pureté et de l’innocence face aux choses de
la chair dont il s’agissait. « Il est difficile, écrit-il, de concevoir aujourd’hui
74
ce monde d’avant Freud . »
Dans le mouvement général pour introduire l’éducation sexuelle à
l’école, l’Église n’est pas totalement absente en essayant de donner une
impulsion qui dépasse la simple prophylaxie sanitaire. Selon un texte de
1929, l’objectif serait d’insuffler « la pureté de l’Amour divin dans cette
75
puissance qui porte l’homme et la femme à s’aimer selon la chair ».
En même temps, le vocabulaire change : au lieu de parler pudiquement
d’« éducation de la pureté », les enseignants chrétiens se risquent à la
formule « initiation sexuelle » qui, à l’époque, a pu en choquer plus d’un.
Fondatrice de l’École des parents, Marguerite Vérine-Lebrun (1883-1959)
se rend à l’évidence :
Les filles ne doivent plus être des vierges austères et pudibondes ; elles
se montreront suffisamment déterminées pour imposer du respect et le
remords « aux folles demi-vierges d’aujourd’hui, qui, la cigarette aux
lèvres, prennent parfois, hélas ! dès l’âge de seize ans, des allures
provocantes de courtisanes 76 ».
Retrouver le sens chrétien de la sexualité
e e
(2 moitié du XX siècle)
Il faut attendre les années 1950 pour que les positions commencent à
bouger sur le front de la théologie morale. Force est de remarquer
l’enseignement de Bernhard Häring (1912-1998), un rédemptoriste, qui a
influencé des générations de prêtres. Ses ouvrages ont connu plusieurs
centaines d’éditions et ont été traduits en 17 langues. Parmi eux, La Loi du
Christ (1954) a servi de guide à la pastorale préconciliaire. L’auteur y
consacre un long chapitre aux « échanges corporels », associant « la
communion des corps et la virginité ». Pour lui, la « faute primitive »
d’Adam et d’Ève n’est pas nécessairement « une faute sexuelle ». Le texte
de la Genèse suggère néanmoins « à quel point l’équilibre de la sexualité a
été compromis par la déchéance de l’homme 77 ». Häring se refuse à
enfermer la sexualité dans le péché puisque c’est à travers elle, par la
descendance d’Ève et Adam, qu’est annoncée l’espérance de la Rédemption
(le Christ). Le désir sexuel doit être intégré et non pas refoulé, ce qui
n’annule pas l’exigence de vigilance vis-à-vis de « tout désordre charnel »,
afin d’assurer un « amour authentique » et responsable. L’ambiguïté de
l’éros (attirance psychique qui évolue vers le physico-sexuel) trouve un
ennoblissement dans la pureté de l’agapè (amour spirituel ou charité).
Dans cette optique, la chasteté (désignée aussi comme pureté) concerne
aussi bien le mariage que la virginité en étant « la parfaite et courageuse
maîtrise de la fonction sexuelle et de l’éros dans un respect sacré inspiré
par la charité 78 ».
Rien à voir avec « la sainte ignorance » dont le culte a prévalu durant
des siècles :
Si le Christ laisse entendre son appel exclusif, ce n’est donc pas par
obligation – dont le non-respect serait sanctionné – que la personne
concernée répond à cette invitation, mais par amour. C’est le choix qualifié
de « téméraire » de cet amour sans partage pour le Christ qui justifie le
célibat. Ce dernier ne serait-il pas seulement une disposition de la loi
ecclésiastique qui le justifie par les exigences du ministère et par des
84
raisons pastorales ? Häring reste prudent : il affirme que du « célibat
consacré » découle une exigence de chasteté et pas seulement d’abstention
du mariage. Autrement dit, pour l’Église latine, et cela a des conséquences
très importantes, avoir vocation au sacerdoce implique par là même
d’accepter la chasteté et le célibat.
Concernant les gens d’Église, le Code de droit canonique promulgué
par Benoît XV en 1917 prescrivait évidemment la chasteté. Les clercs « ne
peuvent contracter mariage ; ils sont tenus d’observer la chasteté ; s’ils
enfreignent cette obligation, ils se rendent aussi coupables de sacrilège »
(canon 132). Ils sont autorisés à ne « cohabiter qu’avec des femmes dont la
proche parenté ne permet de rien soupçonner de mal » ou dont l’âge écarte
tout soupçon (canon 133). Mais s’il y a « danger d’incontinence », il
85
appartient à l’évêque d’intervenir pour interdire cette proximité . Lors du
concile Vatican II, la constitution dogmatique sur l’Église du 21 novembre
1964 réaffirme la place éminente du don accordé « à certains » de se vouer
à Dieu dans la virginité et le célibat, c’est-à-dire, précise le texte, à une
« continence parfaite à cause du Royaume des cieux ». Il s’ensuit un
raisonnement alambiqué : la tempérance absolue n’est pas exigée « par la
nature même du sacerdoce », et pourtant, le célibat demeure la condition
pour que le prêtre puisse se vouer entièrement et librement « au service de
Dieu et des hommes 86 ». Dans un monde où « une parfaite continence est
jugée impossible », il est préconisé aux clercs de demander « la grâce de la
87
fidélité ». À plus forte raison en ce qui concerne la vie religieuse, le
concile recommande un temps de probation et de n’admettre que des
candidats « avec la maturité psychologique et affective nécessaire »,
88
capables de pratiquer « la mortification et la maîtrise des sens ».
Le nouveau code promulgué par Jean-Paul II en 1983 reprend ces
dispositions de manière encore plus coercitive : il répète « l’obligation de
e
garder la continence parfaite et perpétuelle ». Les théologiens du XX siècle
n’ont pas tranché la question de savoir si le célibat est en lui-même un vœu
de chasteté ou simplement une règle de discipline ecclésiastique 89. Le
canon 277 astreint certes les clercs au célibat qualifié de « don particulier
de Dieu ». L’obligation d’un vœu contraignant n’est donc pas formellement
mentionnée. La chasteté serait indirectement la conséquence du célibat
imposé. En outre, le texte canonique recommande aux prêtres la prudence
envers « les personnes qui pourraient mettre en danger leur devoir de
garder la continence ». Si l’amitié est tolérée, elle est toutefois peu
souhaitable entre personnes de sexe différent parce qu’elle conduirait
naturellement à l’amour sexuel, la tentation menaçant continuellement.
Dans le cérémonial de la préparation à la liturgie, le célébrant est d’ailleurs
invité à réciter une courte prière lorsqu’il revêt les ornements liturgiques à
la sacristie. Au moment de nouer le cordon qui entoure l’aube, il prononce
les mots suivants :
Les versions plus anciennes demandaient d’« éteindre dans ses reins
l’humeur de luxure ».
Alors qu’il a fallu des siècles pour associer le mariage, seul lieu de la
e
sexualité légitime, et l’amour, la seconde moitié du XX siècle expérimente
massivement la rupture de ce lien, dissociant à nouveau union conjugale,
sexualité et amour, avec la possibilité de recréer d’autres configurations sur
des modes multiformes. En effet, le droit au plaisir justifie la multiplication
des rencontres sexuelles. Au lieu du mariage, la vie en couple s’accommode
du concubinage, qui permet de tester la stabilité d’une relation. Le
détachement de la finalité reproductive constitue ce qu’on a appelé la
« libération sexuelle », qui apparaîtra peut-être bientôt comme une
« parenthèse enchantée », celle de la sexualisation des relations sociales et
de l’importance accordée à l’engagement sexuel dans la réussite
91
personnelle . La dissociation des rapports sexuels et de la procréation est
également au cœur des objectifs de l’éducation sexuelle : introduite
d’abord dans les écoles scandinaves puis adoptée progressivement comme
une ouverture nécessaire à la santé sexuelle, cette information relève
souvent, du moins jusqu’aux années 1980 et la découverte du sida, d’un
banal apprentissage de la physiologie de la reproduction. De leur côté, les
médias contribuent à l’invasion de l’espace public par des thématiques
réservées précédemment à l’intimité sans parler des images plus ou moins
érotisées de la publicité 92. En 1971, le médecin français Jean Carpentier
(1935-2014) a défrayé la chronique en rédigeant et diffusant un tract sur
la sexualité intitulé « Apprenons à faire l’amour », parce que l’important est
moins d’apprendre comment sont les organes sexuels que « de savoir s’en
servir ».
À la suite du concile de Vatican II, le discours ecclésial a paru
légèrement s’infléchir. Alors que l’encyclique Casti connubi de 1930 en
restait à la conception traditionnelle d’un mariage pour la propagation de
l’espèce en dénonçant la « licence criminelle » de la « seule volupté », les
propos des années 1970 se recentrent sur la famille et l’aventure spirituelle
de la vie en couple. Mais la constitution pastorale intitulée « L’Église dans le
monde de ce temps » oppose encore la chasteté dans le mariage à
« l’inclination purement érotique », tout en valorisant « la procréation 93 ».
En toute logique cléricale, en 1968, l’encyclique de Paul VI sur le mariage
et la transmission de la vie (Humanae vitae) soutient que le recours à des
méthodes artificielles de régulation des naissances, dont procède un « acte
conjugal rendu volontairement infécond », est « intrinsèquement
déshonnête ». Ce message a jeté le trouble et a été très mal compris.
Certains ont pensé que la vie conjugale devenait « plus dure que la vie
monastique » et que les méthodes naturelles encouragées par le pape
contraignaient à ne plus « faire l’amour que trois ou quatre nuits par mois
94
au plus ». De son côté, l’Église de France a cru bon de publier une
déclaration sur l’érotisme, diffusée au journal télévisé de 20 heures le
6 janvier 1972. Le déferlement du sexe constitue « une espèce d’insulte au
respect de l’Homme et de la Femme », « une sorte de provocation » dont on
peut penser qu’elle est soutenue « à certains moments par un certain
capitalisme ». Le porte-parole ajoute que « la sexualité est bonne en soi » à
condition de s’inscrire dans « une conception totale de l’amour de l’homme
95
et de la femme ».
Un petit livre du père André Barral-Baron (décédé en 2012) se fait
l’écho des ajustements intériorisés par le clergé depuis le concile. Ce prêtre,
âgé d’une soixantaine d’années, réagit au mépris du corps, prône sa
revalorisation tout en sachant, comme il l’écrit, que « l’habit religieux ne
suffit pas à éloigner les attentes des corps sexués ». Pour lui, le célibat est
simplement un état de vie indépendant d’un « lien socialement reconnu
avec un partenaire privilégié ». La chasteté peut y être vécue, comme dans
le mariage d’ailleurs, en tant que résistance à se laisser investir par les
désirs et les pulsions affectives, ce qui est déjà tout un programme. Quand
il aborde dans un bref chapitre le célibat consacré, c’est pour souligner la
vulnérabilité de la personne, malgré les « conseils de sagesse et de
prudence » distribués aux novices et aux séminaristes. Il est question de
« combattre » les tentations charnelles et de maîtriser les « pulsions
sexuelles plus ou moins perverses ». La justification de ce choix est, dit-il,
96
qu’il fait regarder plus loin, vers la personne du Christ .
D’autres observateurs se sont montrés beaucoup plus critiques. Aussi
un prêtre du diocèse de Strasbourg, Paul Winninger (décédé en 2016), a-t-
il argumenté en 2003 contre l’obligation du célibat. Alors âgé de plus de 80
ans, il relève une contradiction dans le Code de droit canonique entre le
canon 277 (obligation de la continence) et le canon 220 qui accorde à tous
les fidèles le droit « de n’être soumis à aucune contrainte dans le choix d’un
état de vie ». Et de citer les textes de l’évangile de Matthieu et des lettres
de Paul qui, on l’a signalé précédemment, ne font aucune allusion à une
97
obligation, tout au plus à un libre renoncement . Assurément, le célibat
obligatoire ne fait nullement partie de la révélation évangélique ; il est une
pure tradition de l’Église latine. Il s’agit d’« une règle prudentielle »
codifiée parce qu’elle sanctionnait une coutume convenant à l’état
98
sacerdotal . Il est donc légitime de la remettre en question dans le monde
d’aujourd’hui, sans que cela ébranle les fondements de la foi.
5
À 20 ans, voilà cette sage personne chez les bénédictines. Ici pas de
serpent pour séduire les filles d’Ève, continue le prédicateur, mais une lutte
incessante pour préserver la chasteté. Et de citer Tertullien pour qui il est
« plus facile de mourir une fois pour elle que de vivre toujours avec elle, &
8
de résister à tous les combats ».
Magdelaine fut abbesse de plusieurs monastères avec mission de les
réformer. En effet, à partir de Louis XIII, on observe une tendance assez
nette à réagir contre les dérèglements.
À Venise également, le Conseil des Dix, principal organe de la
République, s’est vu contraint de prendre à maintes reprises des mesures
pour mettre de l’ordre dans les cloîtres féminins. Des sanctions frappent
ceux qui se présentent aux parloirs sans avoir de lien de parenté avec une
moniale ou qui transgressent les horaires. L’intrusion d’un homme entraîne
9
par ailleurs l’excommunication des coupables . Comme l’austérité et la
rigidité deviennent la norme, les couvents passent pour des prisons où sont
enfermées, souvent contre leur gré, de nombreuses filles de l’aristocratie.
Si elles existent encore, les galanteries monastiques ont lieu de manière
plus discrète qu’auparavant. C’est pourquoi les historiens incitent à ne pas
« exagérer l’ampleur de tels désordres ». Selon Geneviève Reynes, la
e
réputation sulfureuse est surfaite. C’est au XVIII siècle que le laxisme
supposé des monastères avant 1650 est interprété exclusivement comme
un libertinage des sens, ce qui n’était pas forcément toujours le cas.
Pourtant, même si les archives restent peu bavardes, il faut se garder de
penser que les aventures conventuelles relèvent uniquement de la
convention romanesque 10. À Niort, qui compte sept maisons religieuses,
seize grossesses provenant de relations illégitimes de religieuses carmélites
et ursulines et quatre viols sont instrumentés par la justice entre 1730 et
1770 11. À Montmorillon, en 1767, deux jeunes professes, qui ont pris la
fuite, déclareront à la sénéchaussée qu’elles voulaient échapper aux
« pratiques de débauche de ce couvent, qui accueille tous les hommes de
rang de ce lieu pour satisfaire leurs désirs, ce à quoi nous ne voulions pas
nous plier 12 ».
Le prêtre confesseur est souvent le seul homme que les femmes
rencontrent librement en dehors de leur environnement familial. Profiter
de la situation de directeur de conscience pour nouer des relations plus
intimes, et même induire une pénitente à des pratiques sexuelles, est donc
une opportunité que certains clercs indélicats ne craignent pas de mettre à
profit. En 1559, l’année même de la publication de la liste des livres
interdits et des grands autodafés à Séville, le diocèse de Grenade est le
premier à sanctionner le crime, dénommé dans les sources sollicitatio ad
turpia, un délit de harcèlement sexuel. La bulle Contra sollicitantes du pape
Paul IV confère à l’Inquisition locale la tâche de le réprimer. En 1561, la
mesure est étendue à toute l’Espagne par Pie IV. Plus de 260 cas sont
déférés au tribunal de Tolède entre 1561 et 1640 13. Mais il est probable
que de nombreuses femmes hésitent à dénoncer leur propre confesseur par
crainte de perdre leur honneur et d’entacher celui de leur famille. Par
ailleurs, les archives très lacunaires pourraient laisser penser à l’éradication
progressive du mal, ce qui n’est certainement pas le cas.
Comme l’Inquisition espagnole a juridiction sur le Milanais et Naples,
la pratique s’étend à l’Italie. À Venise, 78 procès impliquant des clercs
suborneurs sont instruits au XVIIe siècle, 38 au siècle suivant. La diminution
est quasi identique devant l’Inquisition d’Udine : elle passe de 74 procès à
38 14. Plusieurs enquêtes mettent au jour des circonstances particulièrement
troubles comme lorsque les prêtres incriminés ont réussi à convaincre une
femme qu’elle pouvait pécher avec eux, revenir derechef au confessionnal
pour recevoir de son séducteur l’absolution et communier à la messe que
celui-ci célèbre dans la foulée ! Les confesseurs savent profiter de la
crédulité réelle ou feinte des pénitentes pour donner libre cours à leur
libido. Mais la misogynie ambiante laisse toujours entendre que la femme
est par nature lascive et tentatrice. Ainsi celle qui refuse de céder et gifle le
prêtre agresseur sera de toute manière poursuivie pour sacrilège 15 !
Dès 1622, c’est l’ensemble du monde catholique, y compris l’Amérique
espagnole, qui est concerné par la lutte contre ces scandales sexuels. Cette
année-là, une bulle de Grégoire XV, connue sous le titre d’Universi Dominici
gregis, instaure une procédure spéciale de l’Inquisition contre les prêtres
coupables de séduction. Suivant les cas, ils seront sévèrement punis par les
tribunaux ecclésiastiques de la privation de bénéfices, de l’exil, des galères,
de la réclusion perpétuelle, ou seront même déférés aux tribunaux
séculiers. Entre-temps, la délimitation de la turpitude a évolué puisqu’elle
ne concerne plus uniquement les femmes mais aussi les hommes et les
enfants. Une relation prohibée entre un confesseur et un pénitent quel qu’il
soit est assimilée à un inceste spirituel.
Entre le milieu du XVIe siècle et la fin du XVIIIe siècle, le tribunal de
l’Inquisition de Mexico a instruit près de 2 000 procès de transgressions
sexuelles de clercs en Nouvelle-Espagne. Sur un échantillon de 136
dossiers, l’historien Alessandro Stella a établi que la grande majorité (soit
16
plus de 100) concernait des sollicitations au confessionnal . Pour
l’ensemble de la chrétienté, cet historien parle de milliers de cas, qui
occuperaient entre 2 et 6 % de l’activité des tribunaux de l’Inquisition, sans
tenir compte des autres occurrences de rupture du vœu de chasteté. Rien
qu’à Tolède, la moitié des affaires traitées par l’Inquisition concerne des
délits sexuels mais aussi la propagation d’idées considérées comme
hérétiques. Par exemple, l’affirmation que le mariage est égal, voire
supérieur, au célibat ecclésiastique est hautement subversive, tout comme
l’opinion très répandue selon laquelle la fornication entre personnes non
mariées ne serait pas un péché mortel. En 1565, à Séville, un grand procès
concerne 75 inculpés dont le tiers ont été poursuivis pour leur laxisme sur
la fornication. Tous écopent de peines diverses (essentiellement des coups
de fouet et l’obligation de porter l’habit de pénitent) et sont contraints à
une cérémonie de pénitence publique (un autodafé), durant laquelle est
17
répétée une formule d’abjuration . En Italie, Atanasio Bilotta, un théatin
de Vérone, est dénoncé en 1604 pour avoir enseigné à ses pénitents que
l’union mystique ne pouvait être parfaite qu’à condition que celle des corps
procure le plaisir, car, selon lui, la jouissance vient directement de Dieu. En
clair, il veut substituer le plaisir sexuel au fastidieux devoir du mariage.
Déclaré hérétique en 1611, il est condamné à l’incarcération à perpétuité 18.
À Florence, Pandolfo Ricasoli Baroni (1581-1657) dirige une institution
pour jeunes filles. Dénoncé au Saint-Office, accusé de quiétisme, il est
poursuivi pour avoir expérimenté le coït avec ses pensionnaires comme
exercice de perfectionnement spirituel qui libère le corps de l’esclavage des
19
sens et prépare l’élévation de l’âme vers Dieu ! Abjuration publique et
réclusion perpétuelle frappent le coupable en 1641.
À la fin du XVIIe siècle, au moment de la condamnation du quiétisme, on
note une recrudescence des dénonciations, comme si sévissait une
épidémie de subornations au confessionnal. Difficile d’en donner une
évaluation quantitative, compte tenu de l’immensité des documents
rassemblés par les tribunaux inquisitoriaux. À Venise, les affaires sont
répétitives au XVIIIe siècle. Ainsi en 1756, une femme accuse un prêtre
auquel elle a fait part de son indigence en confession de lui avoir proposé
un logement si elle acceptait de coucher avec lui. Le même s’est enquis
auprès d’une pénitente de la taille du membre viril de son amant !
Incarcéré en 1757-1758, ce récidiviste est puni de trois ans de prison et de
la suspension perpétuelle de toute activité de confesseur. Il suffit qu’une
femme avoue ses pulsions charnelles et voilà qu’un autre directeur spirituel
lui propose un rendez-vous afin de lui enseigner un secret contre de telles
20
tentations . Ce genre de comportement n’est pas isolé. La littérature y
trouvera matière à des scènes sulfureuses en fixant le poncif des filles
ignorantes initiées par les propos de leur directeur de conscience. Dans Les
Liaisons dangereuses (1782), la marquise de Merteuil raconte qu’elle s’est
accusée d’avoir « fait tout ce que font les femmes » sans savoir de quoi elle
parlait et que les insinuations du « bon père » lui firent conclure « que le
plaisir devait être extrême », si bien qu’« au désir de le connaître succéda
celui de le goûter 21 ».
Comme elle ne fléchissait pas, le diable la fit devenir enceinte avec tous
les signes liés à la maternité pour la diffamer. Surin reprend ici le
stéréotype de l’accouplement démoniaque.
À Aix-en-Provence, selon un scénario identique, des ursulines ont
accusé le curé Louis Gaufridy de les avoir ensorcelées, d’être lui-même en
relation avec Satan et surtout l’auteur de perversions sexuelles, ce qui lui
24
vaut d’être exécuté en 1611 . Chez les ursulines de Louviers en
Normandie vers 1643, érotisme et saphisme sont attribués à l’influence du
confesseur, qui aurait suborné plus de 50 religieuses, lesquelles se
25
prétendent ensuite possédées du démon .
Dans les cas documentés de possession diabolique, on assiste
certainement à un transfert massif des émotions mystiques vers des
expériences sexuelles. Que l’exorciste Surin puisse croire encore à l’action
de maléfices qui induisent des religieuses à l’amour charnel va à l’encontre
des thèses psychopathologiques défendues par les médecins 26. Ainsi,
e
lorsque les courants les plus novateurs finiront par l’emporter au XVIII
siècle sur la tradition métaphysique, on tendra à ramener les accusations
extravagantes des dépositions à des problèmes de santé mentale et à des
27
manifestations hystériques . Peu à peu, la médecine prime sur la
théologie ; désormais deux champs séparés œuvrent sur des registres
différents, perçus comme incompatibles. Comment ces femmes qui ont fait
vœu de chasteté peuvent-elles aller aussi loin dans l’évocation de l’amour
physique et les gestes obscènes ? La plupart du temps, le délire érotique
dissimule une crise affective qui fixe l’intérêt d’une religieuse sur un
confesseur. Puis le délire sensuel gagne la communauté non sans une
composante de révolte féministe, les possédées s’acharnant à dénoncer des
hommes de pouvoir, les prêtres d’abord, mais aussi les médecins, comme à
l’abbaye de Chelles, en 1676, où la beauté d’un homme de l’art émoustille
28
tellement les nonnes que l’évêque exige son renvoi . Quant aux mœurs
saphiques des couvents, peu de témoignages en font état, ce qui,
évidemment, ne les exclut pas.
Une variété de dérives à connotations sexuelles touche les cas de
sainteté feinte, ce que l’Inquisition appelle « affettata santità ». Étudiée par
Judith C. Brown en 1986, l’affaire la plus médiatisée se passe en Toscane.
Benedetta Carlini (1590-1661), entrée à l’âge de 9 ans chez les théatines
de Pescia, est sujette à des états extatiques, dûment observés par des
témoins avant 1620, une consœur constatant même l’impression de
stigmates. L’historienne américaine opte pour des symptômes somatiques
29
inexplicables pour les médecins . On est donc plus proche d’un grave
conflit psychologique dont l’objectif est de gagner l’attention de l’entourage
que d’une authentique expérience mystique.
Le scénario des visions ne laisse pas de surprendre. Benedetta se sent
par exemple poursuivie par des jeunes gens qui l’agressent. En 1619, elle a
une apparition du Christ « sous la forme d’un beau jeune homme aux
cheveux longs et à la longue robe rouge », et évoque un ange gardien,
« très beau garçon » vêtu de blanc. Habilement mis en scène, certains
symptômes redoublent ce que l’on connaît d’autres mystiques : notamment
l’échange du cœur entre le Christ et la voyante, prodige transmis par les
hagiographes à propos de Catherine de Sienne et de Catherine de Ricci.
Benedetta va jusqu’à relater son mariage mystique avec Jésus. Elle souffre
aussi d’anorexie avec l’effacement des menstruations qui s’ensuit. Tout
auréolée de sa prétendue sainteté, la voilà élue abbesse.
Les autorités ecclésiastiques éprouvent d’emblée de la méfiance face à
ces manifestations. Dans un contexte où la Réforme protestante a tourné
en dérision miracles et croyances populaires, l’Église, plutôt que de vanter
d’hypothétiques dispositions surnaturelles, se serait volontiers
accommodée d’un exemple de vertu. Or, Benedetta manque de charité,
d’humilité, de patience, de pudeur et d’obéissance ; un besoin de publicité
accompagne toutes les étapes de son délire. Comme les impostures ne sont
pas rares, on procède à une enquête. La première vérification ne donne
rien de suspect. Demandée par le nonce de Florence, une nouvelle
expertise (1622-1623) met en émoi les enquêteurs lorsqu’ils découvrent le
contenu érotique et lascif des visions. Certaines nonnes témoignent alors
en défaveur de leur abbesse, l’ayant vu raviver ses stigmates à l’aide d’une
aiguille. Le rapport fait état de « paroles amoureuses et impudiques » qui
ont notamment suggéré à une autre nonne « que ce n’était pas péché de
faire des choses très impudiques ». Pendant deux ans, trois fois la semaine
selon les dires de celle-ci, Benedetta « l’attirait sur le lit et, l’ayant enlacée,
la mettait sous elle et la baisant lui disait mots d’amour, et tant s’agitait sur
elle qu’elles se corrompaient toutes deux et ainsi par force la retenait
30
tantôt une tantôt deux et tantôt trois heures […] ».
Même le scribe qui note la déposition est troublé de telle sorte que sa
calligraphie comporte plusieurs ratures. Alors que des relations
hétérosexuelles entre nonnes et clercs ainsi que l’homosexualité masculine
font partie de ce que les inquisiteurs peuvent imaginer, les relations entre
femmes semblent inédites, voire inconcevables. Selon les conceptions du
temps, une femme ne devrait éprouver du désir que pour un partenaire
masculin. Il faut attendre la publication en 1700 du traité de Lodovico
Maria Sinistrari d’Ameno (1632-1701), conseiller du Saint-Office, pour
trouver un important développement sur la sodomie des femmes. Cet
auteur répond à la perplexité des théologiens en précisant que deux
femmes se frottant l’une contre l’autre sont coupables de « mollesse » par
« leurs trémoussements réciproques ». Il y a véritablement sodomie,
explique-t-il, si ces « femmes fricatrices » (les tribades) se servent d’un
instrument imitant le membre masculin ou si leur clitoris est
particulièrement développé. Ainsi prévenus, les confesseurs à l’affût
d’aveux de pénitentes s’accusant d’avoir « grimpé d’autres femmes avec
délectation 31 » sauront discerner la gravité du péché.
Le tribadisme est donc très grave parce qu’il transgresse le genre,
Benedetta usurpant en l’occurrence un rôle masculin. C’est d’ailleurs parce
que sa propension au saphisme lui semble particulièrement dévoyée qu’elle
incrimine un ange de sexe masculin qui agirait à travers elle. Les juges
n’ont à propos de ce type de délit guère de jurisprudence à laquelle se
référer ! Comme la sœur admet avoir été abusée par le diable à son insu et
malgré ses efforts, sa possession démoniaque involontaire amène les
rapporteurs à conclure en 1623 à des « illusions du démon ». L’historienne
qui relate toute l’histoire perd ensuite la trace de Benedetta, décédée
trente-cinq ans plus tard à l’âge de 71 ans. Il est probable qu’elle a été
incarcérée dans son propre couvent, échappant au bûcher pour sodomie
alors que la ferveur publique se prolonge autour de sa mémoire en dépit
des conclusions judiciaires.
Plusieurs autres impostures ont entraîné des enquêtes dans lesquelles
la dimension sexuelle n’est pas toujours explicite 32. On enregistre plus
e e
d’une quinzaine de fraudes à Venise aux XVII et XVIII siècles alors qu’à
Naples, ce type de dérive est avéré, notamment avec Alfonsina Rispoli,
33
inquiétée en 1581, et Giulia di Marco entre 1608 et 1615 . Cette dernière
bénéficie d’une réputation de sainteté illustrée par son don éminent de
chasteté. Pourtant, lors de son procès en 1614-1615 devant l’Inquisition
romaine pour « affettata santità », ses relations sexuelles avec son
confesseur furent le principal élément à charge. Elle prétendait pouvoir se
laisser posséder sans ressentir aucune émotion charnelle. Moins naïvement,
le rapport la concernant conclut qu’elle a confondu l’orgasme avec l’extase
mystique. Le soupçon de sainteté contrefaite va continuer pendant
longtemps à attirer l’attention des autorités ecclésiastiques toujours
vigilantes à dénoncer les supercheries, notamment durant la première
e
moitié du XIX siècle.
L’essentiel des affaires de mœurs dans les couvents concerne des
relations hétérosexuelles. Les exemples de saphisme sont plus rares. Outre
celui de Benedetta, on connaît la relation entre deux religieuses
dominicaines de Prato en 1774-1775, Caterina Irene Bonamici (50 ans) et
Clodesinda Spighi (38 ans), accusées de gestes déplacés et
d’attouchements. Elles auraient incité d’autres sœurs à faire de même. Mais
les deux comparses entretenaient également des liaisons avec leurs
directeurs spirituels, lesquels encourageaient les nonnes à
l’accomplissement de leur vœu de chasteté en copulant, actes qui
relèveraient, selon eux, de la charité fraternelle. Lors de leurs
interrogatoires, les juges ont cherché à les confondre, en les accusant de
quiétisme, c’est-à-dire d’hérésie. L’une des prévenues aggrava son cas en
prétendant que le Christ n’était pas né d’une mère vierge mais, comme tout
34
le monde, d’un rapport sexuel entre un homme et une femme .
Les prêtres délinquants
Les fantaisies des Lumières
Une fois les tensions apaisées, ce sont environ 3 200 prêtres qui
déposèrent des dossiers pour retrouver leur situation initiale et reprendre
leur ministère.
En ce qui concerne les couvents, les dispositions du pouvoir
révolutionnaire de novembre 1789 mettent les biens ecclésiastiques à la
disposition de la Nation et suspendent les vœux de religion. En février
1790, une autre mesure enjoint aux religieuses de préciser leur intention
d’y rester ou de les quitter, avant l’abolition de toutes les congrégations en
1792, la dispersion des religieuses expulsées de leurs couvents entre 1791
et 1794 et la fermeture de toutes les églises en 1793. Dans les quatre-
vingts communautés de Paris, presque toutes les sœurs optèrent pour la
fidélité à leurs vœux. Le faible nombre d’abandons contraste avec le choix
beaucoup plus fréquent chez les hommes de rentrer dans le siècle. Des faits
divers tragiques témoignent de la force de leurs convictions, notamment
pour défendre leur chasteté : les carmélites guillotinées de Compiègne ou
cette sœur Thérèse Vexiaud de Poitiers, bien connue pour son engagement
social, brocardée par la vindicte populaire et contrainte à une chevauchée
sur un âne dans les rues de la ville avant d’être dénudée et violée
69
publiquement . Toutefois, l’unanimité observée à propos du maintien du
statut religieux omet une circonstance importante : comment ces femmes
habituées à la sécurité du cloître auraient-elles pu s’intégrer dans le
monde ? Avec quelles perspectives d’insertion professionnelle et de survie
matérielle ? Ce qui est envisageable pour un clerc abandonnant
volontairement les ordres l’est beaucoup moins pour une femme.
On notera aussi qu’un certain nombre de religieuses ont su exploiter le
climat contestataire en transmettant des suppliques pour se plaindre de
leur confesseur ou de leur supérieure. Parmi celles qui ont opté pour la
liberté offerte aux « victimes du cloître », onze moniales de l’abbaye de
Montmartre ont déclaré s’en aller en juillet 1790 à cause du « despotisme »
et des « vexations » que leur faisait subir l’abbesse 70. Dans le diocèse de
Poitiers, un couvent attire l’attention en 1791, parce que sept professes sur
treize affirment renoncer à cause des « actes de débauche auxquels se
livrent celles d’entre nous qui auraient dû montrer l’exemple aux
71
autres ».
Aux dernières pages de son opuscule, l’abbé Grégoire rappelait que la
continence comme toutes les autres vertus est « un don de Dieu », de telle
sorte que pour s’assurer de la pureté des mœurs du clergé, il faudrait peut-
être reculer l’âge d’entrée dans les ordres. Mais surtout, suggérait-il, faire
preuve d’une « circonspection plus sévère sur la maturité de raison,
l’étendue de science et l’intégrité de conduite des aspirants au
sacerdoce 72 ». Autant de conseils dont l’actualité demeure intacte.
6
e
Encombrante chasteté XIX -
e
XX siècles
Pour faire face aux périls que représentent pour elle les idées libérales
et la déchristianisation, l’Église catholique a fait montre d’une grande
réactivité. Un élan religieux et une dévotion particulièrement
démonstrative ont marqué le XIXe siècle. La reconstitution du réseau
conventuel et la création de très nombreuses communautés nouvelles
témoignent notamment de l’ampleur de la régénération des ordres
féminins après le retour à la légalité (entre 1798 et 1827) 1. Ici n’est pas le
lieu d’insister sur l’authenticité des engagements, le dévouement extrême
et les valeurs portées par la très grande majorité des prêtres, religieux ou
religieuses, fidèles à la règle de vie qu’ils ont choisie et témoins de leur foi,
à travers leur activité sociale dans l’enseignement et les soins hospitaliers.
La vivacité du catholicisme et ses indéniables succès ont creusé la coupure
entre des croyants attachés aux rites, confortés dans leur soutien à
l’institution, et une majorité croissante d’indifférents religieux prompts à
dénoncer des pratiques jugées d’un autre âge. Les excès et les fantasmes
accompagnent autant le cléricalisme militant que la réaction inverse,
l’anticléricalisme latent, friand d’histoires sulfureuses impliquant le clergé
ou les couvents.
Poncifs anticléricaux et faits divers
C’est la curiosité des enfants qui produit les plus grands « ravages »,
27
car, « quand une fois ils ont su, ils sont dévorés du désir d’essayer ».
Avec les plus âgés (de la première communion au mariage), le
changement de terminologie rend les choses plus explicites et la matière
plus étoffée (plus d’une centaine de pages sur près de 400). Certains
paragraphes plus scabreux sont rédigés en latin, notamment celui qui
concerne la masturbation. Pour s’y confronter avec discernement, le
meilleur confesseur est toujours le plus chaste, ce qui prouve, selon
l’auteur, l’utilité du célibat ecclésiastique. Certes, les prêtres demeurent
souvent bien naïfs et démunis :
Du vécu et des fantasmes
Le tabou de la sexualité rend exceptionnels les témoignages directs et
le moment de la pénitence est rarement fixé par l’iconographie. De cet
exercice imposé et redouté par les pratiquants, c’est inévitablement une
femme qui inspire une scène de genre chez Giuseppe Molteni (1800-1867),
dans une œuvre célèbre de 1838. D’autres artistes, tel Giuseppe Maria
Crespi (1665-1747) en 1712, ont montré un confessionnal ouvert où la
discrétion semble loin d’être assurée. Quant à la direction de conscience
dans un cadre privé peinte par Frank Dicksee (1853-1928), la position
alanguie de la jeune femme en robe blanche dans son fauteuil est loin de
l’austérité attendue d’une contrition sincère. Plus suggestives encore, les
œuvres de Clovis Trouille (1889-1975) mêlent érotisme, subversion et
dérision pour évoquer la sexualité ecclésiastique et le confessionnal. Bien
que remplies de signification, ces scènes ne nous disent rien d’essentiel.
Quand les auteurs de textes littéraires sont plus explicites, c’est pour
évoquer un souvenir honteux, un acte qui laisse des traces dans la
conscience individuelle, tant l’attrition – aveu par crainte du châtiment –
est plus fréquente que la contrition véritable, soit le repentir et la
résolution de ne plus céder.
Ainsi, dans la trilogie autobiographique écrite entre 1852 et 1855 par
le jeune Léon Tolstoï (1828-1910), rien ne filtre des modalités de son
apprentissage sexuel ni de ses premiers émois. Très pudique, il signale
cependant qu’à l’âge de 15 ans, il s’est donné pour règle de vie de ne plus
regarder les femmes : « Jamais, jamais je n’entrerai dans la chambre des
servantes, je m’efforcerai même de ne pas passer devant […]. » Il se
promet de se marier aussitôt, dès qu’il sera majeur, ce qui sous-entend qu’il
32
veut éviter que la concupiscence ne l’amène dans de mauvais lieux . Plus
loin, il mentionne une confession générale accomplie avec ferveur, sauf
que, le soir venu, un scrupule lui remet en mémoire « un péché honteux »
qu’il a omis d’avouer.
C’est aussi un fort sentiment de culpabilité qui pousse en 1858 sœur
Marie-Zoé, âgée de 29 ans, membre des sœurs de Marie-Joseph, l’une des
e
nombreuses nouvelles congrégations féminines du XIX siècle, à écrire
directement à un confesseur célèbre et lointain, Jean-Marie Vianney, le
curé d’Ars. Elle relate qu’à l’âge de 14 ans, elle a été abusée par son oncle :
« Aussi, en peu de mois, mon innocence fut-elle perdue. » Durant son
noviciat, elle est séduite par un prêtre : « Je lui avais raconté ma vie
première et lui la continuait. » Néanmoins, elle conserve depuis de
« malheureuses habitudes » car, ajoute-t-elle, « le feu de la volupté me
poursuit sans cesse ». On comprend son ultime démarche auprès du curé
Vianney, dont on ne sait pas s’il lui a répondu 33.
Dans le grand roman d’apprentissage de Joseph Malègue, la confession
générale du personnage principal, Augustin Méridier, intervient juste avant
son décès au sanatorium de Leysin au milieu des années 1920. C’est son
ami jésuite, le père Pierre Largilier, qui lui pose des questions en termes
succincts, pour ne pas épuiser son faible pénitent : « Luxure ? Impureté ? »
Ce à quoi Augustin, prenant le temps « d’explorer cette sorte d’honorabilité
austère, marque de son exceptionnelle vie, cette rigidité orgueilleuse… »,
s’entend répondre tout bas : « Chasteté de vie… Moindre chasteté de
cœur 34. »
D’une autre nature encore, le prodigieux témoignage de Joachim
Martin, menuisier de son état. Il avait l’étrange habitude, vers 1880-1881,
de coucher ses humeurs non pas sur un cahier mais à l’envers des planches
du parquet qu’il posait dans un château des Hautes-Alpes. Ce n’est pas sur
sa propre sexualité qu’il livre des confidences. Tout au plus apprend-on que
sa femme était vierge quand il l’a rencontrée. On découvre surtout, en
répercussion aux dires de son épouse, combien le questionnement du curé
du village au confessionnal lui semble indélicat :
e e
La continence malmenée (XX -XXI siècles)
e
La période contemporaine, de la fin du XIX siècle à nos jours,
recompose la plupart des interdits sociaux qui prescrivaient une retenue
pudique, ou du moins une certaine réserve dans l’assouvissement des
désirs ou l’étalage des fantasmes. La chasteté est encore une fois au cœur
des turbulences qui accompagnent l’affranchissement progressif des
impératifs qui pesaient sur les corps, celui des femmes en particulier.
Des obligations contestées
Fréquents sont les récits de vie qui font état de la difficulté d’accepter
cette exigence. Un ex-prêtre raconte ainsi en mars 1969 l’expérience de ses
cinq ans de séminaire, qualifiée d’« escroquerie au célibat ». Il allait « de
soi, on n’en parlait pas ». En revanche, la femme est présentée « comme la
tentatrice ». La vision de la sexualité en a été faussée :
« Mon engagement au célibat a donc été basé pour moi sur une
peur de la femme et de la sexualité, il a été vécu plus comme une
mutilation que comme une offrande volontaire 62. »
Le choc de la pédophilie
Les territoires du sexe
7
Les bouleversements du sensible
Les brûlants secrets
« Si elle est liée avec de jeunes personnes de son sexe, elle peut en
recevoir quelques éclaircissements, elle leur en communique à son tour
et alors, rassemblant leurs idées et leurs différentes lumières, leur
imagination se procure de nouveaux matériaux et agit avec plus de
force et conséquemment avec un danger plus grand pour leur santé 10. »
Plus d’un siècle et demi plus tard, les activités ludiques continuent,
semble-t-il, d’être des occasions de découverte. En avril 1948, la jeune Bab,
âgée de 15 ans, écrit dans son journal que, lors de soirées entre filles et
garçons, ils ont « joué à l’assassin. Gérard profitant de l’obscurité pour me
caresser doucement les bras […]. Après, nous avons joué aux petits papiers
puis au portrait puis à mimer des scènes d’amour. Puis à cache-cache dans
le noir. Le pire a été le jeu du tapis. Les garçons éteignaient la lumière
pendant qu’on s’embrassait. On ne voyait donc pas ce qu’on faisait. C’est
ainsi qu’ils m’ont tous embrassée dans le cou 12 ».
Ces amusements, parfois plus ponctuels, qui émoustillent n’en
demeurent pas moins les marqueurs indélébiles des premiers émois. En
1749 ou 1750, le prince Charles-Joseph de Ligne, à peine âgé de 15 ans,
fut mené à un bal du théâtre :
« Bettine assise sur mon lit poussa trop loin son zèle pour la
propreté et sa curiosité me causa une volupté qui ne cessa que quand
elle se trouva dans l’impossibilité de devenir plus grande. Me trouvant
calme, je me suis avisé de me reconnaître pour coupable, et je me suis
14
crus en devoir de lui demander pardon . »
L’incompréhension dont font preuve ces jeunes gens, au moins dans les
cas évoqués, face à ces comportements douteux et brutaux revêt leurs aînés
d’une image jusqu’alors inconnue en dépit de quelques possibles allusions
échangées avec leurs congénères. Cette mise en avant de l’apprentissage
sexuel de la jeunesse soumise à la perversité des adultes devint d’ailleurs
l’un des thèmes fréquents des romans libertins 19. À une nuance près
cependant. Face à cette « pédagogie » contrainte, les filles, en particulier,
ne semblent pas éprouver d’agression mais plutôt une révélation sensuelle
qu’elles vont largement cultiver. Dans le roman anglais de John Cleland
Fanny Hill, paru en 1749, c’est une prostituée de 25 ans qui initie aux
plaisirs de Sapho l’héroïne, âgée d’à peine 15 ans, échouée dans un bordel
de Londres mais « encore innocente » :
Les leçons de plaisir
Si les expériences individuelles plus ou moins abouties ont déjà mis fin
à l’hypothétique pureté de l’enfance et sérieusement compromis la chasteté
juvénile, la lecture représente un autre moyen solitaire de s’instruire en la
matière en privilégiant des « livres qu’on ne lit que d’une main » (Jean-
Marie Goulemot). En effet, pour ceux qui savent lire et peuvent se procurer
des œuvres licencieuses ou romanesques, le livre devient un truchement
e
important dans l’apprentissage sexuel. Déjà au XVI siècle, Brantôme, dans
Les Dames galantes, estime que bien des filles « se sont jadis esmemes,
polluées et dépucellées par la lecture des Amadis des Gaules ». Pour sa
part, le prédicateur André Valladier pense aussi que les filles saisies « de la
fureur vénérienne » le doivent « aux imaginations, aux poésies, peintures
22
amoureuses et à la lecture des Amadis ». Plus ouvertement, L’Académie
des Dames (1680) se donne pour objectif affiché d’offrir « des leçons de
plaisir » aux jeunes vierges en attente de connaissances et de sensations
23
érotiques . On sait aussi que dans les collèges, malgré la surveillance mise
en place, les élèves externes fournissaient aisément des ouvrages
« interdits » aux internes. Edmond Ourliac explique que « c’est l’externe qui
procure le livre défendu, qui prend ses livraisons à mesure chez le libraire
24
et qui lui loue au cabinet de lecture du coin le roman à la mode ».
Au sein des milieux aristocratiques ou bourgeois, la présence d’une
bibliothèque familiale constitue une autre possibilité pour des explorations
fortuites et interdites. Vers 1805, la jeune Anne Lister, née en 1791,
membre de la gentry, avoue dans son Journal s’être masturbée en lisant la
25
sixième satire de Juvénal . Plus discret, Jules Michelet, du haut de ses 13
ans, découvre un livre, La Pucelle, s’en empare et poursuit :
« Toutes les femmes que je connais parlent de ça, dès qu’elles sont
seules ensemble […]. Tous les livres aussi ! Et il y en a qui sont d’un
formel ! Celui d’hier encore […] Elle ouvre un volume tout moite
d’encre fraîche et relit : Leur étreinte fut à la fois une assomption et un
paroxysme. Alida rugissante enfonça ses ongles aux épaules de
l’homme, et leurs regards exacerbés se croisèrent comme deux
poignards empennés de volupté. Dans un spasme suprême, il sentit sa
force se dissoudre en elle, tandis qu’elle, les paupières révulsées,
dépassait d’un envol les sommets inconnus où le Rêve se confond avec
30
la sensation . »
Lorsque les victimes ont une vague connaissance des « vilaines choses »
ou des « saletés » que l’on voulait leur faire, la connotation avec l’interdit
est évidente et renvoie au « péché », notion que leur éducation religieuse a
fortement ancrée, si bien que tout geste prohibé, même forcé, peut
s’apparenter pour certaines à « un consentement au péché ». Dans le
subconscient des prévenues, le péché par excellence est la luxure. L’auteure
de la recherche comptabilise 65 témoignages qui « associent explicitement
sexualité et péché » et 116 implicitement par le biais du qualificatif de
« sale 32 ». Une telle connotation démontre que la pudibonderie généralisée,
aussi bien dans les milieux urbains qu’à la campagne, tend à répandre
« une image repoussante et dangereuse, dissuasive donc, des relations
sexuelles ». Ce que résume bien une petite phrase d’une fille interrogée en
1870 : « Il me mettait le doigt dans mon péché et après, il […] me mettait
33
son péché dans le mien . »
L’épuisement des sens
Alors qu’elle semble peu évoquée dans les manuels de confesseurs et
les pénitentiels médiévaux jusqu’au XIVe siècle, la masturbation va devenir
peu à peu l’un des grands personnages de la sexualité juvénile au moins
e
jusqu’au seuil du XX siècle et participer ainsi, au grand jour, des modalités
d’apprentissage du sexe.
Dans ce cas comme pour d’autres pratiques, la saisie de ce phénomène
culturel passe par le filtre discursif et normé. Comme on l’a vu, les
instructions, mises en garde et condamnations produites par le monde
ecclésiastique n’en sont pas moins significatives. Peu important jusqu’au
début des années 1300-1350, le péché de mollesse ou d’impureté, appelé
aussi à partir du XVIe siècle le péché d’Onan, concentra très longtemps une
bonne partie de l’énergie contemptrice des moralistes. La constance avec
laquelle l’Église romaine mena son combat contre l’onanisme ne se
démentit pas au moins jusqu’en 1975. À cette date, à l’encontre de la
psychologie et de la sexologie, qui considéraient cette étape comme
nécessaire, un document publié par la Congrégation de la doctrine de la
foi, avec l’aval du pape Paul VI, condamne sans ambages la masturbation
afin de mettre en garde les catholiques contre « cet acte intrinsèquement et
gravement désordonné ».
Devant cette obsession, et au sein d’un régime longtemps chrétien,
comment se manifeste et se modifie le comportement des individus ? Si
certains, en raison d’une vive culpabilité, enfouissent l’aveu « par une
pudeur toujours si forte qu’ils disent ne s’être jamais proposés de se
confesser » (Jean Gerson), d’autres – la plupart ? – avouent « n’avoir jamais
34
entendu dire ni su qu’un tel attouchement était un péché ». Cette
dernière observation est évidemment très importante pour notre propos.
Elle montrerait à la fois le peu d’impact du discours de la théologie morale
sur bon nombre de baptisés et ainsi la possibilité pour jeunes et adultes de
s’adonner à la masturbation sans crainte peccamineuse. Au tout début du
e
XVIII siècle, Christophe Sauvageon, longtemps curé de Sennely en Sologne,
remarque que « les jeunes gens n’entendent pas ce qu’on veut dire quand
on leur parle du péché de mollesse ou de pollution. Il faut leur expliquer la
chose plus intelligemment […] et les interroger ainsi : n’avez-vous pas été
si malheureux que de faire couler votre semence ? Ils n’entendent par
pensées déshonnêtes que les pensées de manquer de civilité et de respect.
Aussi lorsqu’on les examine sur le sixième commandement, il faut leur
demander s’ils n’ont point été tentés du péché de chair. Les filles ne
s’accusent jamais qu’à la mort de leurs impudicités quoiqu’elles y soient
35
très sujettes ».
Pour sa part, dans les statuts synodaux qu’il publie en 1744, l’évêque de
Boulogne demande aux confesseurs d’interroger avec précaution les
pénitents « sur la pollution volontaire, laquelle beaucoup ne pensent pas
qu’elle est comprise parmi les œuvres de chair ». À l’image du prieur de
Sennely, il est probable que bien des curés auraient pu souscrire à ce
constat. D’ailleurs, ne lit-on pas dans un document de casuistique
condamné par Rome en 1679 la proposition suivante :
« Il est très rare aussi qu’ils s’accusent du péché de sod. [sic] et de
bestialité excepté à la mort ou dans les temps de jubilé. Ces infâmes et
détestables crimes ne leur sont que trop communs et ils ont le malheur
de s’en accuser presque jusqu’à la mort 52. »
Mœurs débridées ?
« Le samedi et les jours de fête, les jeunes paysans ont l’habitude de
veiller jusque tard dans la nuit avec les jeunes filles nubiles et, sous
couleur de l’éloignement de leurs demeures, ils leur demandent
l’hospitalité et veulent partager leur lit, ce qu’ils appellent vulgairement
alberger. Celles-ci, après avoir conclu un pacte pour conserver leur
pudicité et ne rencontrant pas d’opposition de la part de leurs parents,
ne leur refusent pas. Elles s’en remettent follement à leur loyauté,
seules à seuls dans le même lit, ayant cependant gardé leur chemise.
Là, malgré le vain obstacle de celle-ci, il arrive très fréquemment que la
fureur sexuelle force ce pacte ridicule et les verrous de la virginité et
que deviennent femmes celles qui peu de temps auparavant étaient
encore vierges. De reste qu’attendre d’autre d’une rencontre nocturne
55
d’amoureux de cette sorte dans une absolue solitude . »
En pays de Montbéliard, la description du même type ne donne pas lieu
à de semblables conclusions :
C’est un autre trait relevé par les deux observateurs que cette
impassibilité au regard ou aux remarques d’autrui. Ils ne s’inquiètent pas
des passants :
e
Au Pays basque au moins jusqu’au milieu du XIX siècle, ces sortes de
fiançailles non religieuses permettaient à celui qui était agréé par les
parents de sa maîtresse de se voir ouvrir la maison la nuit. Déjà, au début
du XVIIe siècle, le magistrat bordelais Pierre de Lancre, enquêtant en pays
de Labourd, signale, comme une marque d’infamie diabolique, la liberté
que les hommes prenaient « d’essayer leurs femmes quelques années avant
de les espouser et les prendre comme à l’essay fait qu’ils ne leur touchent
70
guieres le cœur ».
Lors de la publication des statuts synodaux du diocèse de Grenoble,
Étienne Le Camus, à la fin du XVIIe siècle, vilipende une telle pratique :
Le flirt
Les bals, les pèlerinages locaux ou les fêtes nocturnes constituaient des
cadres propices pour entretenir ces formes de « libertés » sexuelles
possibles, codifiées, plus ou moins surveillées mais admises par les
communautés, même s’ils concernaient d’abord les mondes paysans encore
largement majoritaires en Europe occidentale dans les années 1830-1850.
Regardées comme des transgressions inadmissibles par les autorités
religieuses bien avant les années 1750 et comme des incongruités
paillardes par des cercles lettrés urbains, ces multiples initiations souvent
poussées furent de plus en plus tenues pour une contre-culture passéiste
non sans risques. En aucun cas elles ne pouvaient donc être la version
campagnarde du flirt urbain et bourgeois tel qu’il se développe dans la
e
seconde moitié du XIX siècle. D’ailleurs, l’ancienneté de ces rendez-vous
isolés et souvent de nuit, comme leurs manifestations concrètes,
constituent une réfutation claire de cette interprétation 72.
Le flirt, tel qu’il est pratiqué dans les milieux de la bourgeoisie citadine
et de l’aristocratie après les années 1870-1880, est le plus souvent le
prolongement du marivaudage du siècle précédent et de l’amour
e
romantique du premier XIX siècle. S’il concerne d’abord les filles, c’est
parce qu’il doit beaucoup à l’influence de la pédagogie anglo-saxonne dans
sa façon de concevoir leur éducation. À la veille de l’intrusion de cette
nouvelle forme de jeu amoureux, Alexis de Tocqueville note avec
perspicacité dans De la démocratie en Amérique :
« La première leçon est donnée aux jeunes filles le soir du premier
bal ; le cours se poursuit pendant la saison ; vienne l’été, les
promiscuités de la ville d’eaux ou de la plage permettront au
déflorateur professionnel de mettre à son œuvre la dernière main 76. »
La virginité et la chasteté
à l’épreuve
Des enseignements de la démographie
Les conceptions prénuptiales
Suivant les procès-verbaux des procès étudiés par cette historienne, les
trois quarts des jeunes filles (soit 129 cas) évoquent leur « abandon » – « se
donner » ou « s’abandonner » est déjà un vocabulaire significatif – en le
justifiant par la promesse de mariage de leur séducteur. Celle-ci joue
comme une sorte de « blanc-seing » et délimite la conduite permise de celle
qui est fautive, le comportement de la fiancée ou celui de la fille légère.
C’est pourquoi certaines en ont conservé les preuves écrites sous la forme
d’une lettre de leur promis pour montrer qu’il ne s’agissait pas d’un
amusement. Les femmes prennent plus de risques et rechignent à
s’abandonner. Elles font, comme l’écrit encore Anne-Marie Sohn, un « pari
28
sur la solidité et l’affection du partenaire ».
Parmi les éléments possibles provoquant l’oscillation des conceptions
prénuptiales, l’intégration progressive des règles de droit a joué un rôle
certain du moins en France. Contrairement à l’Ancien Régime, où la
poursuite contre le séducteur pouvait s’exercer et lui imposer un mariage
de réparation, le Code civil (1804) puis le Code pénal (1810) ne protègent
plus la fille « tombée enceinte ». Ils interdisent les recherches en paternité
« pour assurer la tranquillité des familles et éviter les conflits de
29
succession ». Comme si, à partir de 15 ans, la fille séduite devenait la
seule coupable de sa situation, la seule responsable de son honneur
« bafoué » au regard de sa famille et de la société entière. Dès lors, dans
une certaine mesure, en continuant à prôner la virginité avant le mariage,
l’Église se faisait protectrice des jeunes filles alors que l’opprobre jeté sur
les filles mères devenait plus fort au moins dans de nombreuses régions
30
d’Europe .
C’est une sorte de paradoxe que révèle ainsi l’évolution des rapports
amoureux. Surtout en ville – plus difficilement dans les campagnes où
pèsent les contraintes de la continuité de l’exploitation rurale –, il est
e
incontestable que les jeunes filles peuvent dès la fin du XIX siècle refuser le
mariage arrangé et le prétendant choisi par leurs parents. Maîtrisant leur
destinée matrimoniale, pouvant même envisager une ascension sociale,
elles demeurent toutefois, comme le relève Anne-Marie Sohn, « en position
de faiblesse ». Mais il faut aussi tenir compte pour plusieurs régions
d’Europe de l’avancée de l’âge des femmes au premier mariage, même si le
phénomène fut loin d’être général !
Le mariage retardé
Les lois du genre
Le dépucelage masculin
L’innocence des filles
Ce que vivent les jeunes femmes avant leur mariage s’inscrit dans une
tout autre perspective : celle d’une surveillance accrue, notamment dans le
monde urbain des XVIIIe et XIXe siècles, qui donne la primauté à « la
pédagogie de l’ignorance » (G. Houbre) imposée. Comme l’écrit aussi Alain
Corbin, « la sauvegarde de l’innocence première implique […], en toute
logique, l’ignorance des choses de la sexualité et le silence sur cette
47
question ».
Peu ou prou, les filles de la campagne, à travers les événements
quotidiens, ne pouvaient ignorer certaines réalités du sexe sans toujours les
comprendre. En revanche, en ville et surtout dans les milieux
aristocratiques et bourgeois, le mot d’ordre était de protéger les filles de
possibles perversités en veillant d’abord sur la stricte séparation d’avec les
garçons puis en surveillant les fréquentations et les lectures de ces
demoiselles, enfin en ne soufflant mot de la corporalité. Préserver la
virginité mais aussi entretenir la chasteté qui aurait été menacée par les
bas instincts inhérents à la nature humaine en imposant des précautions
permanentes. Dans son Histoire de ma vie, George Sand fustige toutes les
préventions prises par les Dames anglaises, l’institution religieuse où elle
fut placée entre 14 et 16 ans (vers 1820) :
C’est en tous les cas ce que suggèrent en 1829 aussi les commentaires
non dénués de fantasmes masculins de Balzac à propos des filles éduquées
dans les pensionnats :
Mais c’est bien avant la jeunesse de Sand et celle des romans balzaciens
que se mettent en place des stratégies du corps nié et dérobé. Cette
pédagogie de l’infantilisation féminine peut compter sur l’éducation
dispensée dans les institutions religieuses et sur celle du foyer domestique
assurée par des mères qui ne font que reproduire le modèle : « Les mères
considèrent avec effroi l’étendue de la vigilance qui leur est imposée. […]
L’imminence des périls ne peut être balancée que par une grande confiance
de la jeune fille dans l’institutrice qui doit la préserver 51 », écrit Mme
Roland en se remémorant peut-être l’agression sexuelle subie dans l’atelier
paternel qu’elle finit par avouer à sa mère. Cette dernière [lui] « fit mille
questions entortillées pour ne pas m’en apprendre plus que je n’en savais et
pour s’assurer que je n’étais pas plus instruite 52 ».
Intelligente et observatrice, elle n’était pas totalement innocente
puisque, rapporte-t-elle :
La première fois
De chastes volontés ?
Des approches complexes
Le sexe, toujours
C’est dans le volumineux Catéchisme tiré des décrets tridentins que l’on
trouve un bref chapitre d’une vingtaine de pages sur le mariage. Il est
défini comme une union qui repose sur « le consentement que se donnent
réciproquement l’homme & la femme » et répond à trois motifs. Le premier
est « l’instinct des deux sexes, qui fait qu’ils désirent naturellement d’être
unis, dans l’espérance du secours qu’ils attendent l’un de l’autre ». Le texte
précise que ce premier objectif implique « de s’entresecourir l’un l’autre,
afin qu’ils puissent aisément supporter les incommodités de la vie, & se
soutenir dans les faiblesses & les infirmités de la vieillesse ». Le deuxième
motif « est le désir d’avoir des enfants, non tant pour les laisser les héritiers
de ses biens & de ses richesses, que pour les élever dans la vraie foi & la
véritable religion ». Empêcher la conception ou avorter est considéré
comme « une conspiration de gens dénaturés & homicides ». Enfin, le
troisième est « de chercher dans le mariage un remède contre les désirs de
la chair, […] pour s’empêcher de tomber dans le péché de l’impureté » et
pour réfréner la concupiscence. Le catéchisme précise encore que d’autres
motifs peuvent conduire à épouser un bon parti, comme les richesses, la
beauté, la noblesse ou « la conformité de son humeur avec la sienne ». Plus
loin le texte insiste sur la « fidélité conjugale » qui « oblige encore le mari
& la femme à s’aimer d’un amour pur, saint, & tout particulier, & non de la
manière que s’aiment les adultères 6 ».
Les commentateurs n’ont pas manqué de relever le caractère novateur
du texte, qui place en tête l’entraide réciproque et non la génération et qui,
par ailleurs, évoque à maintes reprises « l’amour » entre conjoints 7.
L’attirance sexuelle et l’amour physique ne sont en aucune manière décriés
ou assimilés à une quelconque faute. En effet, dans le chapitre concernant
le sixième commandement – « Vous ne commettrez point d’adultère » –, les
auteurs du catéchisme recommandent « beaucoup de précaution & de
prudence » ainsi qu’« une grande réserve » à ceux qui doivent l’expliquer
aux fidèles. On reprend ici une pratique conseillée déjà par les moralistes
médiévaux qui consiste, par des questions trop précises, à éviter d’attirer
l’attention sur des perversions que les pénitents ignorent. Plutôt que de
détailler les manquements à ce précepte, le catéchisme insiste sur
l’obligation de « garder la chasteté & la continence ». En considérant la
« fornication » comme un « crime » ou un péché honteux et pernicieux, le
catéchisme ne s’étend pas sur les détails de l’acte mais recommande des
comportements réservés ou des « désirs modérés » : s’abstenir d’excès de
viande et de vin, car « l’intempérance de la bouche est la mère de
l’impureté » ; contrôler son regard pour que ne s’allume pas « le feu de
l’impureté » ; éviter « le trop grand ajustement des habits » qui attire les
yeux ; fuir les danses, les livres qui parlent d’amour, les images
impudiques, en un mot « réprimer la sensualité du corps 8 ».
Autrement dit, nonobstant le refus de tout érotisme, sur le plan de la
sexualité, les textes tridentins peuvent être qualifiés de « positifs, voire
9
optimistes ».
En analysant une quarantaine de catéchismes parus depuis 1554
jusqu’en 1790, Agnès Walch a cependant mis en évidence une nette
inflexion dans ce domaine dès le second XVIIe siècle. Le premier, celui du
jésuite Pierre Canisius, antérieur à la version conciliaire, place encore
comme première fin du mariage « la propagation du genre humain en vue
de la gloire de Dieu ». Il concède seulement comme subsidiaire « le dessein
de prévenir le désordre de la fornication dans l’état actuel de faiblesse de
notre nature corrompue 10 ».
Mais après Trente et son ouverture positive, la tendance à la
moralisation se fait à nouveau croissante. Si le laïc François de Grenaille
vers 1640 admet l’entraide mutuelle au premier rang des finalités 11, un
catéchisme dont la première édition remonte à 1683 modifie la hiérarchie
en replaçant à la première place « la production des enfants », reléguant à
la deuxième « le secours mutuel de l’homme & de la femme », et à la
troisième « le remède contre la concupiscence 12 ». Les aspects spirituels du
mariage sont toujours valorisés alors que « les aspects humains [aspects
affectifs, sexualité, soutien mutuel] semblent être passés au second plan à
partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle ». Réapparaît alors la conviction
« qui tend à faire des enfants la seule justification de la sexualité et le
remède à l’incontinence ». Ce rigorisme s’accroît encore au siècle suivant
où les catéchismes « reproduisent une pédagogie centrée sur le péché et
13
véhiculent une peur de la chair plus marquée qu’au siècle précédent ».
« Le soleil n’est pas plus nécessaire dans le monde que l’amour dans
le mariage ; tout le bien des mariés dépend de cet astre domestique ;
c’est lui qui en chasse la nuit et les ténèbres ; il y porte le jour et y fait
naître la joie ; c’est le père de tous leurs contentements 17. »
La chasteté conjugale
Une spiritualité
e
C’est ce à quoi s’emploient en plein XX siècle Pierre-Dominique et
Mireille Dupouey selon la confession de cette dernière :
Un marqueur anthropologique
« Une femme vertueuse qui a lieu de croire que son mari, en usant
du mariage, commet le crime d’Onan, ne peut en conscience s’y prêter.
L’horreur qu’elle aura de ce crime n’empêcherait pas qu’il y eut part et
que la faute retombât sur elle si elle s’y prêtait tant soit peu 75. »
Pratiques des normes
Histoires de couples
« Pour trouver Dieu, il n’y a qu’à chercher en son mari. Je crois que
Dieu a des bénédictions spéciales pour ceux qui s’efforcent de réaliser
sa pensée sur l’union conjugale, de représenter l’union de Jésus-Christ
85
et de l’Église, de puiser dans cette analogie . »
Nuits de Tobie
« Mais il est temps que nous nous retirions et que nous laissions en
paix la chaste Roselis dans le palais de son époux car il la va introduire
dans son cellier à vin, c’est-à-dire dans ses cabinets de délices, pour
rétablir en elle l’ordre de sa dilection ; elle s’esjouira en Dieu & en lui,
& lui en Dieu & elle, ils vont prier ensemble comme Isaac et Rebecca,
ou plutôt comme le jeune Tobie et Sara, ils vont remercier Dieu qui les
a délivrés de ces deux démons 92. »
e
Au début du XX siècle, Van Gennep en trouve encore des traces en
98
Bretagne, Normandie, Bresse et Savoie . Dans une volonté de
déchristianiser le folklore, Pierre Saint-Yves explique cette pérennité en
l’associant à un rite de purification, préparation indispensable à tout
commencement, et la défloraison d’une vierge en est un, et aux conditions
qu’il convient de respecter pour se prémunir contre les menaces qui
pourraient peser sur l’union. Or, l’ivresse fréquente du jeune marié après le
repas de noces n’est pas le meilleur des gages pour opérer cet
99
accomplissement initiatique .
De la contraception
« Sachez monsieur que la société que j’ai fondée fait faire des
trousseaux pour les jeunes mariés où il se trouve des chemises amples
et longues avec un petit pertuis qui permet aux jeunes époux de
procéder chastement à l’exécution du commandement de Dieu relatif à
la croissance et à la multiplication. Et pour mêler, si j’ose dire, les
grâces à l’austérité, ces ouvertures sont entourées de broderies
agréables. Je me flatte d’avoir imaginé de la sorte des vêtements
propres à faire de tous les nouveaux couples une autre Sarah et un
autre Tobie et à nettoyer le sacrement de mariage des impuretés qui y
107
sont malheureusement attachées . »
Quêtes utopiques
Asexualité
e
Depuis la fin du XX siècle, des individus revendiquent en effet une vie
sans sexe. La création par David Jay d’un site en 2001, Asexual Visibility
and Education Network (AVEN), a eu pour première revendication la
reconnaissance de l’asexualité non comme une pathologie, une réaction de
défense contre le « tout sexuel » ou un effet pervers de l’individualisme,
mais bien comme un vécu identitaire non choisi 136. Les multiples
témoignages qui depuis alimentent la Toile montrent que, s’il peut y avoir
ici ou là une phobie du contact, si même l’asexuel peut faire l’amour pour
« paraître normal » ou faire plaisir à son/sa partenaire, c’est toujours sans
désir. Un chercheur de l’université Brocks (Ontario), Anthony Bogaert,
précise d’ailleurs que le tiers des asexuels vivent en couple et que 11 %
déclarent avoir déjà eu une relation amoureuse 137.
e
À la fin du XIX siècle, certains médecins comme le Britannique
Havelock Ellis, l’un des pères fondateurs de la sexologie, en rendaient
responsable l’influence néfaste de la morale chrétienne. Thèse qui, au vu
des enquêtes sociologiques, n’est plus de mise aujourd’hui puisque les
personnes interrogées ne mentionnent pratiquement jamais des
motivations d’ordre religieux. En revanche, la dimension et les
dérèglements pathologiques, déjà soulignés par Richard von Krafft-Ebing
dans sa Psychopathia Sexualis (1886), à travers la description de ce qu’il
nomme « l’anesthésie », reste une explication très forte chez les sexologues
contemporains. Valérie Cordonnier écrit à propos des asexuels :
La fabrique des vierges
Une famille vierge
« Tu dis que Marie n’est pas restée vierge. Quant à moi, j’exige
davantage. Qu’à cause de Marie, Joseph a été vierge pour que d’une
union virginale naisse un fils vierge 1. »
« C’eût été une honte que le Christ fût procrée ex viri semine. En
même temps, il ne convenait pas qu’il naquît d’une femme en dehors
4
du mariage . »
Lecture qui n’a pas été pour rien, au moins à travers ses effets, dans
l’instrumentalisation de la virginité mariale, spirituellement, culturellement
et socialement. Ainsi, Ambroise de Milan, à la fin du IVe siècle, grand
apologiste de la continence, use pour Marie de toutes les métaphores de
l’étanchéité : enclos, fontaine scellée, verrous, cloisons, sceaux. Cependant,
écrit Giulia Sissa, « dans le contexte du discours mariologique, le sexe de la
Vierge, et par conséquent, de toute vierge, est scellé, l’hymen existe. Il est
désormais un présupposé nécessaire pour l’interprétation de l’Écriture :
c’est le détail physique qui rend miraculeux, proprement mystérieux le pas
5
franchi par un fils de vierge, qui se doit d’être Unique ».
Toutefois, justement dans cette exégèse et comme si l’enjeu était faussé
dès le départ, on remarquera que la référence à Isaïe (7, 14) dans Luc
s’appuie sur une erreur volontaire de traduction. Le prophète utilise le mot
almah, soit une jeune femme mariée ou non. Ce terme que l’on retrouve
une dizaine de fois dans le premier Testament ne se rapporte jamais à une
6
vierge puisque le terme hébreu qui désigne cet état était betoulah . Or, Luc,
en s’essayant au commentaire d’Isaïe, utilise la version grecque des
Septante, qui traduit almah par parthenos, et impose le verset suivant :
« Voici que la Vierge a conçu, et elle enfante un fils », au lieu d’écrire :
« Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils. » En effet, si le
mot hébreu peut désigner aussi bien une fille pubère dans l’expectative du
mariage, une jeune veuve ou une concubine, le terme grec s’applique
exclusivement à la seule jeune femme nubile 7. De plus, on ne possède
aucun indice selon lequel les juifs hellénistiques donnaient à ce passage le
8
sens d’une conception virginale .
Selon l’exégèse récente, les hypothèses historiques mais non
théologiques qui conduisirent Luc, directement, et Matthieu,
indirectement, à affirmer la conception virginale de Jésus sont plurielles
sans toutefois s’exclure l’une l’autre. L’inscription culturelle de cette
affirmation renvoie au rôle de la femme au sein des civilisations agraires
qui se réduisait à « un matériau de base » pour constituer le fœtus tandis
que l’homme tenait le rôle essentiel lors de la copulation 9. Pourtant, tout
en participant de cette culture, on ne trouve aucun écho d’une conception
10
virginale de Jésus dans la tradition juive, même indirectement . Faut-il
faire appel aux récits mythologiques qui relatent les naissances
miraculeuses issues de l’union d’une femme et d’un dieu ? La plupart des
exégètes aujourd’hui rejettent ce parallèle pour plusieurs raisons. D’abord
il est très difficile de dater précisément la première apparition de ces
récits ; ensuite parce que même au Ier siècle, « il est hautement improbable
qu’elles fussent connues et acceptables comme source de la part des
premiers chrétiens 11 » ; enfin, parce que ces énonciations évoquent presque
toujours des relations sexuelles où le mâle divin prend la place du mâle
humain. Rien de tel dans les versets évangéliques puisque l’Esprit, associé
aussi à la résurrection, « authentifie l’intimité singulière qui unit Jésus à
son Père 12 ». Comme dans la Genèse où il plana sur les eaux, il enveloppe
ici Marie pour instituer une nouvelle création.
La précision lucanienne de la conception virginale s’apparente-t-elle à
une surenchère dans la compétition que se seraient livrés Jean-Baptiste et
Jésus ? Le premier, né d’une vieille femme nullipare et stérile, le second
conçu par la puissance de l’Esprit 13 ? Est-elle une réponse à la rumeur
rapidement (?) répandue dans certains milieux du judaïsme selon laquelle
Jésus serait un fils illégitime né de l’union de Marie avec un soldat romain
(l’hypothèse Pantera), rumeur avalisée par Celse en 178 dans son Discours
véritable contre les chrétiens et rapportée par Origène (Contre Celse,
248) 14 ? La pérennité de ce récit montre pour le moins que certains juifs
connaissaient depuis longtemps les évangiles de l’enfance et leurs
apparentes étrangetés et que ce soupçon adultérin représentait « un aveu
implicite du caractère extraordinaire de la naissance de Jésus 15 ».
Toutefois, par cette accusation, Marie n’entrait-elle pas plus aisément dans
la lignée féminine de la généalogie qui ouvre l’évangile de Matthieu,
rejoignant les quatre figures (Tamar, Rahab, Bethsabée et Ruth), toutes
porteuses d’un scandale moral et sexuel ?
Ce bref rappel des possibles racines de ces versets souligne en creux
l’aporie à laquelle se heurte l’historien sur ce point. Mais, dans l’évolution
de cette histoire virginale centrée sur Marie, c’est bien davantage la
question de la triple virginité de la mère de Jésus qui devint centrale et où
le modèle d’une Marie semper virgo… laetare qui plus est sera largement
décliné et exposé à la foi des fidèles. Toujours vierge ? Soit ante partum, in
partu, post partum. Si l’ante partum fut reçu sans trop de difficulté à travers
la lecture littérale de l’affirmation évangélique, en revanche, les références
directes aux frères et sœurs de Jésus, dont l’interprétation lexicale n’est
16
plus vraiment discutable , comme la mention du « fils, premier-né » dans
Luc ou la fin du premier chapitre de Matthieu, ne laissaient aucun doute
sur la possibilité de naissances ultérieures pour Marie 17. Telle fut déjà la
compréhension d’Hégésippe vers 150 puis de Tertullien. C’est dans le
e
premier quart du III siècle qu’Origène, s’appuyant sur le protévangile de
Jacques, s’opposa à cette interprétation et ouvrit un débat auquel
participèrent, entre autres, Athanase d’Alexandrie, Ambroise, Augustin et
Grégoire. Tous, en délicatesse avec la sexualité tenue pour une souillure,
estimaient impensable et insupportable l’image d’une virginité interrompue
pour la mère du Seigneur. Ambroise, qui d’ailleurs avait changé d’avis en
391-392, écrit dans De Institutione virginis que « l’accouchement n’a
nullement lésé l’intégrité virginale de sa mère ». Beaucoup s’appuient aussi
sur le protévangile de Jacques rapportant l’épisode de la sage-femme,
Salomé, qui, voulant vérifier la virginité de l’accouchée Marie, voit sa main
18
se dessécher . Sur ce thème, largement sujet à caution, Dominique
Cerbelaud fait finement remarquer que cette croyance désormais ancrée
fait passer « d’un plan théologique à un plan physiologique et d’une
19
perspective christologique à une perspective mariologique ».
Plusieurs conséquences importantes découlèrent de cette pseudo-
certitude qui n’a évidemment aucune base scripturaire 20. D’abord la
justification d’une dévalorisation de l’acte sexuel, fût-il reproducteur, de sa
dimension peccamineuse et malsaine (concile des évêques d’Illyrie en
392) ; ensuite une présentation de Marie comme l’archétype de la vierge
chrétienne, une sorte d’exemplum permanent, de modèle offert, ce que
relève déjà Athanase d’Alexandrie :
« Voilà l’image de la virginité et, de fait, Marie fut telle. Que celle
qui désire être vierge la considère. »
Qui plus est, Joseph accomplit, lui aussi, le dessein que Dieu lui avait
assigné : veiller sur la virginité de son épouse. Ainsi se voit-il qualifié de
« père-vierge de Jésus, vierge-époux de Marie, gardien et compagnon de sa
virginité 28 ». Pour sa part, un autre jésuite, Étienne Binet, presque au
même moment, dans le chapitre qu’il consacre aux « grâces éminentes de
l’âme de saint Joseph », place en premier lieu sa virginité :
Conceptions immaculées
« De même, écrit-il, que Marie a été sanctifiée dans le sein maternel
avant sa naissance, ainsi peut-on le croire pieusement de Joseph, son
virginal époux mais non pas exactement de la même manière. Joseph a
été sanctifié dans le sein de sa mère par le baptême de désir après avoir
41
contracté le péché originel . »
« Elle [Marie] savait qu’il avait été sanctifié à l’âge de sept mois
dans le sein de sa mère, et que le feu de la concupiscence avait été
comme éteint, tout le temps de sa vie. Jamais il n’éprouva le plus léger
43
mouvement d’impureté, ou d’affection déréglée . »
e
Assertion relayée dans plusieurs ouvrages du XIX siècle consacrés au
44
sujet . Dans cette veine, il n’est donc probablement pas anodin de
remarquer que la reconnaissance de Joseph comme « patron de l’Église
universelle » fut proclamée par le même Pie IX le… 8 décembre 1870.
e
C’est encore au cours du XVII siècle que des jésuites italiens tentèrent
d’inclure Anne, la mère de Marie, dans le mouvement immaculiste. En
1677, le père Imperialis, supérieur des jésuites de Naples, demanda
l’érection d’une confrérie en l’honneur d’Anne et fit imprimer le bref sous le
titre de Beata Anna, Virgo et Mater Matris Domini. Il justifiait cette
désignation au prétexte que Marie, sa fille, ayant été conçue sans péché
originel, « il n’y avoit eu ni commerce d’homme ni concupiscence dans sa
naissance 45 ». Mais, dans ces conditions, jusqu’où fallait-il remonter dans la
généalogie pour trouver une femme marquée par le péché originel ? C’est
la raison pour laquelle, en dépit d’une autre offensive jésuite, la
proposition tomba d’elle-même. On remarquera néanmoins que pareille
interprétation contribuait à nourrir la confusion entre virginité et
immaculée.
Les dévotions virginales
Éventail des ferveurs
« Aimez les anges, ô Vierges, ô Vierges, encore une fois, aimez avec
ferveur les Anges. Ce sont de grands amis de la virginité ; ils en sont
même les admirateurs, voyant dans des vaisseaux fragiles un trésor si
précieux et des créatures si faibles vivre en la terre comme ils vivent au
50
ciel . »
« La virginité est une pourpre royale qui relève au-dessus de toutes
les autres celles qui les revêtent. La virginité est une pierre d’un prix
inestimable, elle est le trésor du Roi et des rois 62. »
Même celles pour qui rien n’est assuré sur ce point bénéficient toujours
de descriptions et de passages qui pourraient les assimiler aisément à des
vierges. Alors qu’elle était mariée, sainte Theudosie est désignée par les
vertus qualifiantes de « martyre très douce, femme incomparable et épouse
très innocente 63 ». Au lecteur de déchiffrer la signification des termes. Lors
de l’invention de sainte Atilie en 1842, ses restes « annonçaient qu’elle
avait sacrifié sa vie à un âge encore tendre 64 ». Ce qui incline à la
considérer implicitement comme vierge.
Tout aussi instructives dans leur insistance sont les longues prières et
les méditations de neuvaine qui terminent souvent ces pieuses biographies.
Le premier jour de la neuvaine de sainte Philomène commence par une
réflexion qui donne le ton :
« Comme les vierges sont les membres les plus saints et la portion la
plus noble et la plus illustre du troupeau de Jésus-Christ, c’est sur les
vierges que sont tombés dans tous les temps toutes les persécutions, les
premiers coups et les plus grands efforts des ennemis du christianisme.
[…] Paraissez ô glorieuses vierges de Jésus-Christ [suivent 31 noms].
Venez montrer au monde ce que le Seigneur sait inspirer à ses chastes
épouses, de générosité, de grandeur d’âme, de courage, de
détachement à ceux qui ont le cœur pur et que, par un privilège tout
particulier, il a appelés à marcher dans les voies sublimes de la
perfection évangélique à la suite de celui qui se plaît au milieu des lis
de la pureté virginale [puisque] la virginité est la plus belle des
vertus 65. »
« C’est en vain qu’un amour peu sage/ Veut de ses feux brûler le
cœur/ Solange oppose avec courage/ Le bouclier de son honneur 70. »
L’éventail des références est très large depuis Ève, « mère du genre
humain », honorée le 20 janvier, jusqu’à Jeanne-Françoise de Chantal, la
fondatrice des visitandines morte en 1641 et canonisée en 1767, ni l’une ni
l’autre n’étant vierge ou/et martyre. En effet, ce sanctoral fait aussi une
place à la figure de mères de famille et de veuves, autres exemples
possibles pourcelles à qui l’ouvrage est d’abord destiné. Toutefois, sur les
497 noms, les vierges (martyres ou non) constituent au minimum près de
la moitié (45,1 %) du corpus rassemblé. Parmi celles-ci, c’est une
proportion identique qui vécut et mourut avant la fin du IVe siècle de l’ère
chrétienne 77. C’est d’ailleurs cette icône antique de la virginité qui se
trouve mise en relief dès l’introduction du livre et constituée en une sorte
d’archétype exemplaire. Les auteurs, en effet, y soulignent à la fois les
obstacles parfois rédhibitoires des femmes ordinaires, en raison « de la
faiblesse de leur sexe », à se maintenir dans cet état sans « le secours de la
grâce » et la possibilité du rachat pour « certaines [qui ont] tant aimé les
plaisirs d’un instant ». Mais il leur faudra « mépriser le monde pour ne
servir que Jésus-Christ et, à l’exemple de Marie, le modèle des vierges, des
mères, des épouses, des veuves, elles se sanctifieront dans la retraite, les
austérités, la prière et l’exercice des bonnes œuvres ». Autant d’attitudes et
de caractères que déclineront les biographies offertes à l’édification des
lectrices.
Et, dans ce siècle en passe d’être impie après la déchirure
révolutionnaire, les vierges représentent, une fois encore, le salut d’une
Église martyrisée par les idées sacrilèges comme le fut celle des premiers
temps :
« Tandis que de nouveaux persécuteurs du nom de philosophes
s’efforcent encore de saper l’édifice impérissable de la religion sainte,
n’est-ce pas dans les vierges, épouses de l’Homme-Dieu, que nous
78
voyons prier la plus noble constance ? »
« Le mariage est bon mais la virginité est meilleure. Le mariage est
d’argent mais la virginité est d’or. »
Dans la plupart des cas, Apolline exceptée, ce sont des jeunes filles,
entre 10 et 18 ans, dotées d’une belle intelligence mais plus encore d’une
80
grande beauté, sainte Irène est même qualifiée « d’extrêmement belle ».
Malgré elles, elles attirent de nombreux soupirants et attisent plus encore
le désir, voire l’impudicité et la lubricité des hauts personnages (consul,
gouverneur, empereur même dans le cas de Catherine) qui les convoitent.
De ce fait, les fiancés déçus et les amoureux éconduits deviennent les
instruments de la délation (Lucie, Rufine, Seconde, Victoire) et à terme de
la répression, d’autant plus aisée qu’ils sont les détenteurs du pouvoir.
Pourtant, quel que soit le statut social du prétendant, les menaces
proférées ou la position du père – certaines comme Kyneswide ou
Kynedride sont même filles de sang royal dans les principautés anglo-
saxonnes du haut Moyen Âge –, elles manifestent à chaque fois une
résistance farouche et opiniâtre comme si le désir de demeurer vierges leur
octroyait une liberté de choix et la possibilité de s’opposer frontalement à
l’autorité masculine qu’elle fût princière ou paternelle. L’incompréhension
déstabilisante est telle que le père de Christine en vient à faire torturer lui-
même sa propre fille. Face aux codes socioculturels du temps, c’est à la
seule autorité de Dieu qu’elles entendent se soumettre en refusant de
sacrifier aux idoles. Conjointement, c’est à la fidélité à « l’époux » qui les a
choisies et qu’elles se sont choisies librement. Ainsi s’exprime explicitement
e
Théodore, vierge d’Alexandrie au début du IV siècle : « C’est de Jésus-
81
Christ que je tiens la liberté et l’honneur . »
Cette relation quasi amoureuse entre le Christ et les vierges, dont la
sauvegarde de l’intégrité physique devient l’objectif fondamental et ultime,
se traduit clairement dans le langage dont elles usent pour repousser les
avances masculines. Agnès, « vierge très sage de 13 ans », explique au fils
du préfet romain que celui qu’elle aime « a apposé un signe sur mon
visage, afin que je n’aie pas d’autre amant que lui, et son sang a orné mes
joues ; je me suis déjà liée à lui en de chastes étreintes, son corps s’est uni
au mien, il m’a montré des trésors incomparables, qu’il a promis de me
82
donner si je persévère en lui ».
Cécile, « jeune fille romaine de race noble », tient un discours moins
sensuel car plus théologique à son fiancé Valérien :
« J’ai pour amoureux un ange de Dieu qui surveille mon corps avec
une jalousie très grande. S’il a le moindre soupçon que, par un amour
impur, tu veuilles me toucher, alors il te frappera et tu perdras la fleur
de ta très gracieuse jeunesse. Mais s’il sait que tu m’aimes d’un amour
83
sincère, il t’aimera comme il m’aime et te montrera sa gloire . »
Paschase fit alors « venir les souteneurs et leur dit : “Invitez tout un
chacun à prendre son plaisir sur elle et qu’on abuse d’elle jusqu’à la
85
mort !” ».
Épisode retenu dans La Légende dorée mais dont Vies des saintes femmes
ne souffle mot 86. Agnès, dépouillée de ses vêtements, Agathe, Théodore,
Antoinette, enfermée dans « un lieu infâme », ou Denyse sont chacune
envoyées au bordel dont elles sortent indemnes grâce à des interventions
célestes. Condamnée à être menée nue au lupanar, la jeune Agnès, âgée de
13 ans, résiste à toute séduction : selon la légende de Jacques de Voragine,
un miracle « donna une telle épaisseur à ses cheveux qu’ils la cachaient
mieux que des vêtements ». Et quand elle entra dans « ce lieu de
turpitude », un ange du Seigneur l’attendait remplissant l’endroit d’une
clarté extraordinaire, en même temps qu’il lui préparait une robe
87
resplendissante de blancheur. Ainsi « le bordel devint un lieu de prière ».
Quant à Théodore, elle eut la chance d’avoir pour premier client un
chrétien, Didyme, heureusement « suscité par Dieu » et « après une prière
de la sainte, il la fit évader déguisée en homme 88 ». Parfois, comme dans le
cas d’Antoinette, on ignore comment elles purent parvenir à préserver leur
89
intégrité . Rarement, comme dans celui de Pélagie, elles choisissent de se
donner la mort pour éviter toute souillure sexuelle. Face à la persécution
des « deux tyrans, Maxence à Rome et Maximin Daïa en Orient », qui
voulaient attaquer l’honneur des femmes et des vierges, Pélagie, vierge
d’Antioche, préféra sauter d’un toit et se jeter sur le pavé.
Il existe une variante, particulièrement instructive par sa possible
exemplarité pour la vie matrimoniale des femmes lectrices : la continence
du couple. Plusieurs cas l’illustrent grâce à la conviction de l’épouse à
l’endroit de son jeune mari. Après la célébration de son mariage avec
Martinien, alors « qu’il voulait la regarder comme sa femme, Maxime lui
dit qu’elle était l’épouse d’un Dieu et ne pouvait être l’épouse d’un homme
mortel. Elle lui conseillait de se donner aussi tout entier à son Dieu. Le
cœur de Martinien fut touché et les deux époux promirent de garder leur
90
continence ».
C’est un peu le même schéma dans l’histoire de Cécile, qui, ayant
revêtu un cilice le jour de ses noces, priait Dieu pour que son cœur et son
corps « restent immaculés ». Pour ce faire, elle envoya son époux, Valérien,
auprès de l’évêque saint Urbain caché dans les catacombes pour qu’il se
91
convertisse avant de vivre chastement jusqu’à leur martyre . Plus maligne,
Anastasie feignit une maladie de langueur auprès de son premier époux
« et se refusa à la vie conjugale ». Comme le second, qui voulait la violer,
fut frappé de cécité, elle mourut brûlée vive mais vierge 92. Les choses
étaient plus simples lorsque les deux époux étaient en accord pour vivre
ainsi dès leur mariage. Ce que firent sainte Delphine et son époux le comte
93
Elzéar . Ainsi, d’une manière ou d’une autre, par le châtiment mais mieux
encore par la conversion et la grâce, la chasteté d’un couple est toujours
possible, une fois peut-être des enfants nés, ce qu’excluent les histoires
édifiantes de ces jeunes filles-femmes.
Au total, ces biographies revisitées des saintes des premiers siècles,
largement inspirées de La Légende dorée, mais plus prolixes sans être
réellement inventives, associent toujours étroitement virginité et martyre
comme l’expression d’un double sacrifice qui, à travers la sauvegarde de
son intégrité, fait du corps le lieu du renoncement à tout plaisir des sens.
Dans beaucoup d’exemples, refuser de renoncer à la foi en Christ, c’est
défendre sa virginité coûte que coûte. Comme si les deux éléments étaient
irrémédiablement liés et témoignaient l’un pour l’autre. Pourtant, au
regard de l’histoire, il semble bien que chez les martyres des deux premiers
siècles, la défense de la virginité ait été alors un élément très secondaire
dans l’acceptation victimaire. Au contraire, c’est à partir du moment où les
persécutions s’espacèrent puis prirent fin que la virginité et la continence
volontaire se substituèrent au martyre en leur conservant une signification
94
sacrificielle comparable . C’est donc bien d’une réécriture de l’histoire
dont il s’agit une fois encore afin de magnifier l’état virginal.
Sociologies virginales
Microsociétés particulières
« Marie a été la Vierge des vierges, une fleur sans tache. La beauté
incomparable de sa pureté a laissé bien loin derrière celle des anges.
Les Enfants de Marie auront une prédilection pour cette céleste vertu
qui les rend si singulièrement chères au cœur de leur divine Mère. […]
Elles garderont donc, à son exemple, la plus exacte modestie dans leurs
habillements, dans leur regard, et surtout dans leurs conversations.
Elles n’oublieront jamais qu’une personne consacrée au culte de la
Mère de Dieu doit estimer la chasteté plus que tous les trésors du
97
monde et la conserver au péril même de leur [sic] vie . »
Si les enfants de Marie ont très vite porté des rubans de couleurs
différentes auxquels pendaient la médaille miraculeuse, vert pour les
aspirantes, bleu ciel pour les enfants, violet pour celles qui sont mariées,
c’est surtout à la fin du XIXe siècle que s’impose un uniforme blanc (voile et
robe) et bleu (ceinture), avant de se transformer au XXe siècle en jupe bleu
marine, chemisier blanc et béret bleu dont on trouve aisément aujourd’hui
98
quelques réminiscences dans certains milieux catholiques . La cohésion du
groupe passait aussi par une structure quasi identique concernant les
conditions d’admission, le rôle du directeur (toujours un prêtre), de la
directrice et du conseil. Ce sont ces instances qui organisaient les
nombreux exercices pieux, qu’ils fussent quotidiens (méditations,
chapelet), hebdomadaires (réunions, messes, visite au saint sacrement) ou
mensuels (communion, fête d’un saint patron), sans compter les
rassemblements particuliers propres aux fêtes mariales (sept dans la
paroisse de la Madeleine à Paris). Si l’instruction religieuse tournait parfois
à « l’obsession de la perfection », elle permettait aux adhérentes d’assumer
des activités et de concrétiser certaines des vertus attribuées à Marie : le
service au bénéfice de la paroisse (chorale, décoration florale) ou de la
pastorale (recherche des enfants non baptisés) et la charité (visites aux
personnes âgées, vente de la presse catholique) 99. En outre, l’association
possédait une dimension sociale indéniable qui contribua à son succès.
Puisque Marie était présentée comme la « divine ouvrière », humble et
obéissante, dans l’atelier de Nazareth, les Enfants à leur tour, en recevant
aussi une instruction pratique, devinrent d’excellentes travailleuses
recherchées puisque « la vraie humilité rendra l’Enfant de Marie pleine de
déférence pour ses supérieurs et même pour ses compagnes. Elle lui
apprendra à renoncer à son jugement et à sa volonté pour les soumettre à
100
ceux des autres ».
On comprend que le patronat ait favorisé parfois leur recrutement mais
que, parallèlement, la formation de cette élite religieuse laïque ait
e
contribué à fonder plusieurs syndicats chrétiens au début du XX siècle.
Cette catholicité au féminin, qui a su s’adapter à certaines mutations
sociales des années 1890-1920, demeura quand même marquée par la
construction d’un modèle marial privilégié par beaucoup de familles
101
d’origine bourgeoise ou modeste, toutes attachées « à la vertu des filles »
et où la caractéristique virginale conserva toujours une place éminente et
102
exemplaire .
Le deuxième type d’organisation spirituelle autour de la virginité
féminine concerne lui aussi un apostolat laïc, réservé aux adultes et
sanctionné par un rituel souvent plus solennel que celui qui présidait à
l’adhésion des Enfants de Marie. On relève dans ce domaine deux
ensembles importants : celui des femmes adhérant au tiers ordre et le cas
des vierges consacrées. Au titre des premières, il n’est pas rare de trouver
la référence à l’abstinence sexuelle pour celles qui veulent y adhérer. Ainsi,
dans le règlement du tiers ordre de la bienheureuse Vierge Marie du mont
Carmel de 1678, il est demandé aux femmes de « faire vœu de chasteté et
d’obéissance ». Au cours du XIXe siècle, alors que le développement de ces
institutions est en plein essor peut-être en raison d’un plus grand célibat
féminin (en Bretagne par exemple), « la profession dans les tiers ordres
apparaît comme la lecture chrétienne d’un état qui tend à devenir naturel :
103
le célibat ». Plusieurs de ces obédiences spirituelles « ne reçoivent que
des vierges qui sont dans la résolution de toujours vivre dans la chasteté »,
tandis que le chanoine Le Clanche, au début du XXe siècle, valorise « cette
élite de vierges vivant dans le monde mais séparées de lui par le goût des
choses ecclésiastiques 104 ».
Le second groupe concerne les vierges séculières consacrées
appartenant à un ordre, l’Ordo virginum, remis en valeur après le concile
de Vatican II et mettant fin à la longue déshérence de ce type
d’engagement. Le nombre des vierges consacrées vivant isolément ou en
groupes (sans être des religieuses cloîtrées) avait, en effet, fortement
diminué avec le temps, au point de quasiment disparaître avant 1930. Sont
désormais admises à la consécration autant des moniales que des femmes
au service de l’Église tout en restant dans le monde en exerçant une
105
profession et en subvenant à leurs besoins matériels . Toujours dissocié
de la profession religieuse, le rituel formalisé en 1970 comporte des signes
analogues à ceux d’un mariage, avec la remise de la couronne et de
l’anneau. Le texte lu à cette occasion pose nettement la question :
Elle se perche sur les sommets ou sur le faîte des arbres « pour nous
apprendre à mépriser les choses de la Terre & à aimer les choses du Ciel, ce
qui est très convenable à l’état de la chasteté ». Son chant est une
« exhortation à la pureté 129 ».
François de Sales, reprenant un passage de l’Histoire naturelle de Pline
(livre VIII, chap. V) sur la pudeur et la fidélité des éléphants, engage les
jeunes mariés à se purifier de leurs « sensualités et voluptés » avant de
pratiquer d’autres activités « plus pures et relevées » en s’inspirant du
pachyderme, promu au rang de modèle de chasteté conjugale :
« L’éléphant n’est qu’une grosse bête, mais la plus digne qui vive sur
la terre […] : il ne change jamais de femelle et aime tendrement celle
qu’il a choisie, avec laquelle néanmoins il ne parie que de trois ans en
trois ans, et cela pour cinq jours seulement et si secrètement que jamais
il n’est vu en cet acte ; mais il est bien vu pourtant le sixième jour
auquel avant toutes choses il va droit à quelque rivière en laquelle il se
lave entièrement tout le corps, sans vouloir aucunement retourner au
130
troupeau qu’il ne se soit auparavant purifié . »
e
De façon plus péjorative, le XIX siècle finissant invente « l’oie blanche »,
qui, remplaçant « la blanche colombe, messagère du divin », désigne celle
dont l’ignorance totale de son sexe et de son corps confine « à la bêtise »,
permettant ainsi aux parents et aux éducatrices d’exercer davantage
131
d’autorité sur elle . Dans un roman de Marcel Prévost (1894), l’un des
protagonistes explique qu’il ne prendra jamais femme à Paris :
Plus que le règne animal, le règne végétal est mobilisé pour filer la
e
métaphore. En langue française, dès le XIV siècle, le mot « défloration »
désigne le fait de déflorer une fille vierge. Auparavant le latin defloreo et
defloratio se limitait au sens prosaïque de défleurir, se flétrir. C’est donc
récemment que la langue tient une fille qui n’est plus vierge pour
irrémédiablement fanée, comme une fleur. Féminité juvénile fragile et
éphémère à la fois. Parmi les plantes associées à la virginité, il faut
mentionner le saule, qui a symbolisé la stérilité chez les Anciens avant de
figurer la chasteté chrétienne. On lui prête des vertus anaphrodisiaques. Il
est d’ailleurs appelé « l’arbre chaste ». Selon Pline, les jeunes filles vouées à
la chasteté à Athènes répandaient sur leur couche des feuilles de saule.
Dans le Banquet des dix vierges, écrit par Méthode d’Olympe (IIIe-IVe siècle),
les femmes ont suspendu leurs harpes, métaphore de leurs corps, à des
saules. L’une des protagonistes, Théopatra, prévient :
« Si l’on fait macérer ses fleurs [du saule], ce breuvage éteint tous
les bouillonnements et aiguillons de la sexualité, au point d’obtenir une
133
stérilité complète et de rendre inefficace tout effort de procréation . »
« Je t’en prie, vierge, que tu sois mère, sœur ou fille, pour vous
énumérer d’après les noms qui conviennent à vos âges, porte le voile ;
si tu es mère à cause de tes fils, si tu es sœur à cause de tes frères, si tu
es fille à cause des pères. Chaque âge en toi court un danger 140. »
Vierges de combats
« Sa seule distraction est l’église où on lui donne un rôle. Elle dirige
les enfants de Marie, fait le catéchisme aux futures communiantes,
organise des sociétés de prière. Mais le clergé la déteste parce qu’elle le
surveille dans ses mœurs. »
Un improbable idéal
1. De quoi parle-t-on ?
1. O’Connor M., « Reconstructing the Hymen : Mutilation or Restoration ? », Journal of Law and
Medicine, août 2008, 16 (1), p. 161-175.
2. Delvau Alfred, Dictionnaire érotique moderne par un professeur de langue verte, Bruxelles, 1864,
p. 367.
3. Thomas d’Aquin, Somme théologique, II, 154, Paris, Cerf, 1985, t. 3, p. 858.
4. Garnier Romain, « Sur l’étymologie du latin uirgõ “vierge” », Studia Etymologica Cracowiensia,
2014, 19, p. 59-70.
5. Boudier de Villemert Pierre-Joseph (1716-1801), L’Ami des femmes, Hambourg, 1759, p. 160-
161.
6. Sand George, Correspondance, t. III (juillet 1835-avril 1837), Paris, Garnier, 1967, p. 563-565.
7. Selon Corbin Alain, « L’emprise de la religion », dans Corbin Alain (dir.), Histoire du corps. 2. De
la Révolution à la Grande Guerre, Paris, Seuil, 2005, p. 62.
8. Sade, Justine ou les malheurs de la vertu [1791], dans Œuvres II, Paris, Gallimard, 1995, p. 207.
9. Saint Augustin, La Cité de Dieu, Paris, Desclée de Brouwer, 1959, I, XVI, p. 247 et I, XVIII,
p. 255.
10. Laurence Patrick, Jérôme et le nouveau modèle féminin : la conversion à la « vie parfaite », Paris,
Institut d’études augustiniennes, 1997, p. 165.
11. Cités par Manévy Anne, « Le droit chemin : l’ange gardien, instrument de disciplinarisation
après la Contre-Réforme », Revue de l’histoire des religions, 223 (2006), no 2, p. 205-206. Il s’agit de
Coret Jacques, L’Ange conducteur dans la dévotion chrétienne…, Liège, 1683. Ce livre a connu
740 éditions !
12. Thomas d’Aquin, Somme théologique, op. cit., p. 1072.
e
13. Textes cités par Arnold Odile, Le Corps et l’Âme : la vie des religieuses au XIX siècle, Paris, Seuil,
1984, p. 151-152.
14. MacLachlan Bonnie, « Introduction », dans MacLachlan Bonnie et Fletcher Judith (éd.),
Virginity Revisited : Configurations of the Unpossessed Body, Toronto, University of Toronto Press,
2007, p. 7.
15. Depuis le milieu du XVIe siècle, une préparation appelée « lait virginal » constitue un classique
de la cosmétique moderne.
16. Hegazy Abdelmonem A. et Al-Rukban Mohammed, « Hymen : Facts and Conceptions », The
Health, 2012, 3-4, p. 109-115.
17. McKeon Olson Rose et García-Moreno Claudia, « Virginity Testing : a Systematic Review »,
Reproductive Health (2017), 14 :61, p. 3. On trouvera dans cette publication la présentation détaillée
de toutes les études recensées. L’article met en évidence les conséquences sociales et psychologiques
désastreuses et destructrices pour les filles qui n’ont pas obtenu le certificat de virginité dans les
pays où ce test est requis pour des raisons familiales ou professionnelles.
18. Ibid., p. 8. Déjà en 1978, la célèbre revue Lancet publiait un article au titre significatif :
Underhill Rosemary A. et Dewhurst John, « The Doctor cannot always tell : Medical Examination of
the “Intact” Hymen », Lancet, 311.8060, 18 février 1978, p. 75-76.
19. Les admirables secrets d’Albert le Grand : contenant plusieurs traités sur la conception des femmes
[…], Lyon, 1758, p. 33-36. Les chapitres sur les « secrets des femmes » datent de l’édition de 1580.
20. Sissa Giulia « Une virginité sans hymen : le corps féminin en Grèce ancienne », Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations, 39 (1984), no 6, p. 1119-1139.
21. Bayle Pierre, Dictionnaire historique et critique [1697], [Bâle], 1738, t. 2, p. 461-463.
22. [Paré Ambroise], Œuvres complètes d’Ambroise Paré, Paris, 1840, p. 748-749.
23. Venette Nicolas, De la Génération de l’homme, ou Tableau de l’amour conjugal [1687], 8e éd.,
Cologne, 1702, p. 20-22.
24. Ibid., p. 77.
25. Ibid., p. 79, 86-89, 93, 96.
26. Saint Augustin, La Cité de Dieu, 1959, op. cit., p. 251 (I, XVIII).
27. Billuart Charles-René, Summa S. Thomae, hodiernis Academiarum moribus accommodat…, t.
VIII, Paris, 1857, p. 144.
28. Leclerc Georges-Louis comte de Buffon, Histoire naturelle générale et particulière, t. II, Paris,
Imprimerie royale, 1749, p. 492-493. Cité d’après Mortas Pauline, Une rose épineuse : la défloration
au XIXe siècle en France, Rennes, PUR, 2017, p. 13.
29. Article « Hymen » dans Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des
métiers, [1765], t. 8, p. 393.
30. Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle appliquée aux arts, à l’agriculture, à l’économie rurale
et domestique, à la médecine, etc., Paris, 1817, t. XV, p. 514-515.
31. Gaullier Célestin, De l’hymen, Paris, 1827, p. 6, 13 et 19. Les médecins se préoccupent aussi
des cas d’hymen imperforé. Voir par exemple Coley James M., « On Imperforate Hymen, and
Retention of Urine Therefrom », Lancet, 20.512, 22 juin 1833, p. 395-396.
32. Garnier Pierre, Le mariage dans ses devoirs, ses rapports et ses effets conjugaux, au point de vue
légal, hygiénique, physiologique et moral, traduction libre, refondue, corrigée et augmentée de
l’« Higiene del matrimonio » du Dr Pedro Felipe Monlau, 10e éd., Paris, 1880, p. 205.
33. Concernant la découverte des sexes du point de vue biologique, voir Laqueur Thomas, La
Fabrique du sexe : essai sur le corps et le genre en Occident, trad. de l’anglais, Paris, Gallimard, 1992,
p. 170 sq.
34. Sissa Giulia, Le Corps virginal : la virginité féminine en Grèce ancienne, Paris, Vrin, 1992, p. 20.
35. Mortas Pauline, op. cit., p. 88.
36. Voir les tableaux en annexe du livre de Mortas Pauline et notamment une liste de 80 auteurs
qui admettent l’existence de l’hymen (ibid.), p. 451 et p. 447-449).
37. Sur la place de la médecine, lire Bernau Anke, Mythos Jungfrau : die Kulturgeschichte
weiblicher Unschuld, trad. de l’anglais, Berlin, Parthas Verlag, 2007, p. 12-39.
38. Mortas Pauline, op. cit., p. 103.
39. Ibid., p. 120.
40. Voir Freud Sigmund, « Das Tabu der Virginität » [1918], dans Beiträge zur Psychologie des
Liebeslebens. En français, Freud Sigmund, Psychologie de la vie amoureuse, trad. de l’allemand, Paris,
Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2010, p. 71-104.
41. MacLachlan Bonnie, « Introduction », dans MacLachlan Bonnie et Fletcher Judith (éd.), op.
cit., p. 3-12.
42. Signalé par Lamott Franziska, « Virginität als Fetisch : kulturelle Codierung und rechtliche
Normierung der Jungfräulichkeit um die Jahrhundertwende », Tel Aviver Jahrbuch für deutsche
Geschichte, XXI (1992), p. 153-170.
43. D’après Frank Wedekind dans Hidalla oder Sein und Haben (1904).
44. Corbin Alain, « Douleurs, souffrances et misères du corps », dans Corbin Alain (dir.), Histoire
du corps. 2, op. cit., p. 252.
45. Ce que montre un corpus de 117 cas étudié par Sohn Anne-Marie, Chrysalides : femmes dans la
vie privée (XIXe-XXe siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, vol. 1, p. 75.
46. Avec des officines spécialisées dans la reconstitution hyménale (hyménoplastie), ces patched
up girls dont parle l’un des fondateurs de la sexologie : Bloch Iwan, Das Geschlechtsleben in
England…, Charlottenburg, H. Barsdorf, 1901. Mentionné chez Lamott Franziska, op. cit., p. 153-
170.
47. Delvau Alfred, Dictionnaire…, op. cit.
48. Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, 1765, t. 11,
p. 805.
49. Nous suivons la démonstration de Mülder-Bach Inka, « Die “Feuerprobe der Wahrheit”. Fall-
Studien zur weiblichen Ohnmacht », dans Baxmann Inge [et al.] (éd.), Das Laokoon-Paradigma.
Zeichenregime im 18. Jahrhundert, Berlin, De Gruyter, 2000, p. 525-543.
50. Stalfort Jutta, Die Erfindung der Gefühle : eine Studie über den historischen Wandel menschlicher
Emotionalität (1750-1850), Bielefeld, Transcript Verlag, 2013, p. 98.
51. Par exemple dans Diderot Denis, Paradoxe sur le comédien [1773-1777], Paris, Flammarion,
coll. « GF », 1967, p. 133-134.
52. Voir Arnaud Sabine. « “L’art de vaporiser à propos” : Et une marquise vaporeuse », Dix-
huitième siècle, vol. 39, no 1, 2007, p. 505-519.
53. Par exemple Hunauld Pierre, Dissertation sur les vapeurs et les pertes de sang, Paris, 1756.
54. Brambilla Elena, Corpi invasi e viaggi dell’anima : santità, possessione, esorcismo dalla teologia
barocca alla medicina illuminista, Rome, Viella, 2010, p. 214. Sur la découverte de l’hystérie, voir par
exemple Whytt Robert, Observations on the Nature, Causes, and Cure of those Disorders which have
been commonly called Nervous, Hypochondriac or Hysteric, Édimbourg, 1767.
55. Porro Alessandro [et al.], « Vomiting Stones : Mental Illness and Forensic Medicine in 18th
Century Italy », dans Duffin C. J. [et al.] (éd.), A History of Geology and Medicine, Londres, London
Geological Society, 2013, p. 463-468.
56. Brambilla Elena, « La fine dell’esorcismo : possessione, santità, isteria dall’età barocca
all’illuminismo », Quaderni storici, 38 (2003), no 112 (1), p. 117-163.
57. Garnier Pierre, op. cit., p. 206.
58. Corbin Alain, « La rencontre des corps », dans Corbin Alain (dir.), Histoire du corps. 2, op. cit.,
p. 170.
59. Des propos convenus que les médecins étudient désormais sous la rubrique des « plaisirs de la
reproduction », comme par exemple Berthier J. M. François, Considérations physiologiques et
médicales sur le plaisir, Paris, 1821.
60. Voir King Helen, The Disease of Virgins : Green Sickness, Chlorosis and the Problems of Puberty,
Londres, Routledge, 2004.
61. Quesnel François-Charles, Recherches relatives à l’influence de la continence sur l’économie
animale, Paris, 1817, p. 8.
62. Ibid., p. 17-20.
63. Toutes les citations sont tirées de la thèse de Bousquet J., Du mariage considéré comme moyen
préservatif et curatif des maladies, Paris, 1820.
64. Hippocrate, Femmes stériles, Maladie des jeunes filles…, t. XII, 4e partie, Paris, Les Belles
Lettres, 2017, p. 190. Voir aussi Andò Valeria, « La verginità come follia : il “Peri parthenion”
ippocratico », Quaderni Storici, vol. 25, no 75, décembre 1990, p. 715-737.
65. Lallemand François, Des pertes séminales involontaires, Paris, 1836-1841.
66. Les médecins donnent des conseils identiques aux jeunes filles afin d’éviter la trop grande
excitation des parties génitales. Voir par exemple Langlois de Longueville S.N.P., Éducation physique
et morale de la jeune fille, Paris, 1819, p. 16-17.
67. Debreyne Pierre Jean-Corneille (1786-1867), Essai sur la théologie morale, considérée dans ses
rapports avec la physiologie et la médecine. Ouvrage spécialement destiné au clergé, Paris, 1842, p. 97-
100.
68. Ibid., p. 133.
2. De lourds héritages
1. Actes de Paul, dans Écrits apocryphes chrétiens, Paris, Gallimard, 1997, vol. 1, p. 1131-1142.
2. Brown Peter, Le Renoncement à la chair : virginité, célibat et continence dans le christianisme
primitif [1988], Paris, Gallimard, 1995, p. 44.
3. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 2. L’usage des plaisirs, Paris, Gallimard, 1984, p. 68.
4. Cité et considéré comme authentique par Noonan John T., Contraception et mariage : évolution
ou contradiction dans la pensée chrétienne, Paris, Cerf, 1969, p. 64-65.
5. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 2…, op. cit., p. 95.
6. Ibid., p. 124.
7. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 4. Les aveux de la chair, Paris, Gallimard, 2018.
8. Ibid., p. 201 et 244.
9. Banon David, Le Bruissement du texte : notes sur les lectures hebdomadaires du Pentateuque,
Genève, Labor et Fides, 1993, p. 110.
10. Ibid., p. 103.
11. Voir Tsitrone Abraham, « Sexe et mariage dans la tradition juive », dans Bernos Marcel (textes
réunis par), Sexualité et religions, Paris, Cerf, 1988, p. 95-133.
12. Brown Peter, op. cit., p. 66.
13. Soranos d’Éphèse, Traité des maladies des femmes, Nancy, 1895, p. 28-30.
14. Formule de Knibiehler Yvonne, La Virginité féminine : mythes, fantasmes, émancipation, Paris,
Odile Jacob, 2012, p. 40.
15. Soranos, op. cit., p. 14.
16. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 3. Le souci de soi, Paris, Gallimard, 1984, p. 57.
17. Cité ibid., p. 83-84.
18. Ibid., p. 304. Voir aussi p. 130.
19. Romans grecs et latins, Paris, Gallimard, 1958, Livre II, 33, p. 582-583.
20. Voir Foucault Michel, Histoire de la sexualité 2…, op. cit.
21. Voir Sebbag Thierry, « Virginité, virginité. De Gaïa à Marie… », Figures de la psychanalyse,
2009/1 (no 17), p. 161-178.
22. Plutarque, « Numa », dans Les Vies des hommes illustres, Paris, Gallimard, 1937, p. 143-146.
23. Voir Bätz Alexander, Sacrae virgines : Studien zum religiösen und gesellschaftlichen Status der
Vestalinnen, Paderborn, Ferdinand Schöningh, 2012, p. 212-226.
24. Ibid., p. 220.
25. Ibid., p. 224.
26. L’expression est de Bernos Marcel [et al.], Le Fruit défendu : les chrétiens et la sexualité de
l’Antiquité à nos jours, Paris, Le Centurion, 1985, p. 51.
27. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 2…, op. cit., p. 323.
28. Brown Peter, op. cit., p. 301.
29. Laurence Patrick, Jérôme…, op. cit., p. 305-306.
30. Knibiehler Yvonne, La Virginité féminine…, op. cit., p. 61-62. Voir aussi Houziaux Alain,
« L’idéal de chasteté dès les débuts du christianisme, pourquoi ? », Études théologiques et religieuses,
89e année, 2008/1, p. 73-103.
31. Brown Peter, op. cit., p. 90-91.
32. Une étude pour l’Afrique du Nord basée sur les inscriptions des pierres tombales démontre
que 95 % des femmes étaient mariées. Cité par, dans ibid., p. 26.
33. Signalé par Bernos Marcel [et al.], Le Fruit défendu, op. cit., p. 57. Dans les milieux chrétiens
des premiers siècles, ce sera moins d’une fille sur quatre. La pastorale chrétienne plaide pour « un
âge convenable pour les noces ».
34. Mot cité par Laurence Patrick, Jérôme…, op. cit., p. 257.
35. Tertullien, Exhortation à la chasteté, Paris, Cerf, 1985, p. 101, 109 et 111.
36. Lettre citée par Laurence Patrick, Jérôme…, op. cit., p. 248.
37. Voir Brown Peter, op. cit., p. 349-363.
38. Ibid., p. 95 et 120-121.
39. L’expression de « martyre blanc » est utilisée notamment par Gélis Jacques, « Le corps, l’Église
et le sacré », dans Corbin Alain, Courtine Jean-Jacques et Vigarello Georges (dir.), Histoire du corps.
1. De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 2005, p. 47.
40. Voir Éloi Thierry, « La sexualité de l’homme romain antique », Clio : Histoire‚ femmes et sociétés,
22, 2005, p. 167-184.
41. C’est l’opinion défendue par Brown Peter, op. cit., p. 259-262.
42. Voir Ubina José F., « Le concile d’Elvire et l’esprit du paganisme », Dialogues d’histoire
ancienne, vol. 19, no 1, 1993, p. 309-318.
43. Sur le célibat des prêtres, lire Ranke-Heinemann Uta, Des eunuques pour le royaume des cieux :
l’Église catholique et la sexualité [1988], trad. de l’allemand, Paris, Robert Laffont, 1990, p. 116 sq.
44. Bauny Étienne, Somme des péchez qui se commettent en tous estats : de leurs conditions et
qualitez : & en quelles occurences ils sont mortels, ou veniels, 3e éd., Paris, 1635, p. 127.
45. Villethierry Jean Girard de, La Vie des vierges ou les devoirs et les obligations des vierges
chrétiennes [1693/1714], Paris, Honoré Champion, 2000, p. 67-69 et 83-84.
46. Ignace d’Antioche, Lettres, Paris, Cerf, 1958, p. 175, 177, 211.
47. Brown Peter, op. cit., p. 215-220.
48. Ibid., p. 235. Parmi ces vierges, on trouve Thècle, l’égérie de saint Paul.
49. Cité dans Rousselle Aline, Porneia : de la maîtrise du corps à la privation sensorielle (IIe-IVe siècles
de l’ère chrétienne), Paris, PUF, 1983, p. 238.
50. Jean Chrysostome, Les Cohabitations suspectes. Comment observer la virginité, Paris, Les Belles
Lettres, 1955, p. 96.
51. Id., La Virginité, Paris, Cerf, 1966, p. 127, 139, 143, 175-178.
52. Ibid., p. 377.
53. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 4…, op. cit., p. 284.
54. Nous suivons Laurence Patrick, Jérôme…, op. cit. Toutes les citations des lettres et des œuvres
de saint Jérôme viennent du livre de Laurence auquel nous renvoyons. Sur les femmes et les Pères
de l’Église, voir aussi Salisbury Joyce E., Church Fathers, Independent Virgins, Londres. New York,
Verso, 1991.
55. Laurence Patrick, Jérôme…, op. cit., p. 169.
56. Ibid., p. 173.
57. Ibid., p. 176.
58. Ibid., p. 171.
59. Ibid., p. 197.
60. Les formules citées à propos de l’enseignement d’Ambroise sont de Brown Peter, op. cit.,
p. 415-418.
61. Ibid., p. 421.
62. Saint Augustin, Les Confessions précédées de Dialogues philosophiques, dans Œuvres I, Paris,
Gallimard, 1998, X, VI, 8, p. 986-987.
63. Ce que suggère Vigarello Georges, Le Sentiment de soi : histoire de la perception du corps XVIe-XXe
siècle, Paris, Seuil, 2014, p. 31.
64. Bermon Emmanuel, « La théorie des passions chez saint Augustin », dans Besnier Bernard,
Moreau Pierre-François et Renault Laurence (dir.), Les Passions antiques et médiévales : théories et
critiques des passions I, Paris, PUF, 2003, p. 173-197.
65. Saint Augustin, Les Confessions…, op. cit., VIII, VI, 13, p. 937.
66. Ibid., VIII, VII, 29, p. 951.
67. Ibid., X, XXIX, 40, p. 1008 (référence au Livre de la Sagesse).
68. Ibid., X, XXX, 41, p. 1008-1009.
69. Saint Augustin, « De la continence », dans Œuvres complètes de Saint Augustin, Bar-le-Duc,
1869, t. XII, p. 88-105.
70. Id., « De la sainte virginité », ibid., p. 132. Voir les développements de Foucault Michel,
Histoire de la sexualité 4…, op. cit., p. 283-361.
71. Id., « De ce qui est bien dans le mariage », Ibid., p. 112-113 et p. 118.
72. Id., « De la sainte virginité », ibid., p. 147.
73. Guy Jean-Claude (éd.), Les Apophtegmes des pères. Collection systématique. Chapitres I-IX, Paris,
Cerf, 1993, p. 16.
74. C’est l’avis de Rousselle Aline, op. cit., p. 171.
75. Joannou Périclès-Pierre, Discipline générale antique (IVe-IXe s.), t. II : Les Canons des Pères Grecs,
Roma, Tipografia Italo-Orientale, 1963, p. 145-146 et 118-121.
76. Ibid., p. 120-121.
77. Ibid., p. 11.
78. Cité par Bernos Marcel [et al.], Le Fruit de défendu, op. cit., p. 63.
79. Cassien Jean, Conférences de Cassien sur la perfection religieuse, Paris, 1868, p. 327-328.
80. Voir Brown Peter, op. cit., p. 270 et 272.
81. Cassien Jean, Institutions cénobitiques, Paris, Cerf, 1965, p. 287.
82. Ibid., p. 267.
83. Athanase, Vie et conduite de notre père saint Antoine, Bégrolles-en-Mauges, abbaye de
Bellefontaine, 1979.
84. Correspondance citée d’après Laurence Patrick, Jérôme…, op. cit., p. 62 et p. 117.
85. Rousselle Aline, op. cit., p. 190-192.
86. Histoire lausiaque (vies d’ascètes et de pères du désert), Jérôme…, Paris, Alphonse Picard, 1912,
p. 185.
87. Voir Deseille, Placide et Pachomius (saint), L’Esprit du monachisme pachômien, Bégrolles-en-
Mauges, abbaye de Bellefontaine, 1980.
88. Guy Jean-Claude (éd.), Les Apophtegmes…, op. cit., p. 241 et 245.
89. Cité par Rousselle Aline, op. cit., p. 224-225.
É É
8. Winninger Paul, Des prêtres mariés pour l’Église, Paris, Éditions de l’Atelier, 2003, p. 97-99.
9. Sidéris Georges, « Jouer du poil à Byzance : anges, eunuques et femmes déguisées en moines »,
dans Auzépy Marie-France et Cornette Joël (dir.), Histoire du poil, Paris, Belin, 2011, p. 93-114.
10. Grenaille François de (1616-1680), L’honnête fille où dans le premier livre il est traité de l’esprit
des filles [1639-1640], Paris, Honoré Champion, 2003, p. 481-482.
11. Drewermann Eugen, Fonctionnaires de Dieu, trad. de l’allemand, Paris, Albin Michel, 1993,
p. 428-429.
12. Luc fait écho à ce que rapporte plus succinctement Matthieu sur le même sujet (Mt 22, 30).
13. Ce que souligne le théologien protestant Collange Jean-François, De Jésus à Paul : l’éthique du
Nouveau Testament, Genève, Labor et Fides, 1980, p. 281.
14. Suivant le commentaire de Brown Peter, op. cit., p. 72-86.
15. On sait que ce verset, où les traducteurs ont remplacé dès le IVe siècle le mot uxor (« épouse »)
par celui plus général de mulier (« femme »), fait l’objet d’une controverse. Il est l’un des passages
les plus évidents qui plaident contre le célibat obligatoire des prêtres. Voir Ranke-Heinemann Uta,
Des eunuques pour le royaume des cieux, op. cit., p. 47-48.
16. Brown Peter, op. cit., p. 85.
17. Brown insiste sur ce compromis de Paul qui, à Corinthe, se trouvait tendanciellement débordé
par les tenants de l’encratisme (ibid., p. 82).
18. Jean Chrysostome, La Virginité, op. cit., p. 231.
19. Voir les longs développements sur la pensée de Jean Chrysostome dans Foucault Michel,
Histoire de la sexualité 4…, op. cit., p. 249-282.
20. Rondet Michel, « Le célibat évangélique dans l’Église latine », dans Bernos Marcel (textes
réunis par), Sexualité et religion, op. cit., p. 241-263.
21. Saint Augustin, Sermon 162 (en ligne sous
http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/es/doo.htm).
22. La légende veut qu’à sa naissance, le petit Tommaso ait empoigné un morceau de parchemin
où l’on trouva ensuite écrite la « salutation angélique », à savoir les paroles prononcées par l’ange
Gabriel au moment de l’annonce à la Vierge Marie de sa grossesse miraculeuse.
23. Boquet Damien, « Les passions du salut dans l’Occident médiéval », dans Corbin Alain,
Courtine Jean-Jacques et Vigarello Georges (dir.), Histoire des émotions. 1, op. cit., p. 162.
24. Thomas d’Aquin, Somme théologique, op. cit., II, II, 153-156, p. 855-890.
25. Dunaime Stanislas (abbé), Compte-rendu de l’inauguration de la statue du P. Billuart suivi du
panégyrique de ce savant religieux, Charleville, 1858.
26. Sermons du r.p. C.-R. Billuart, t. 2, Paris, 1846, p. 256-257 ainsi que p. 264-265, 290.
27. En particulier Billuart Charles-René, Summa S. Thomae, hodiernis Academiarum moribus
accommodat…, t. X, Paris, 1878, p. 141-154. Le titre de la somme de Billuart serait en français
« Somme de saint Thomas mise en rapport avec la forme actuelle des études scolaires, ou cours de
théologie selon l’esprit de saint Thomas, enrichi au besoin de digressions sur l’histoire
ecclésiastique ».
28. Ibid., p. 288 et t. VIII, p. 122.
29. Sevegrand Martine, L’Amour en toutes lettres : questions à l’abbé Viollet sur la sexualité (1924-
1943), Paris, Albin Michel, 1996. Cette auteure a retenu 120 lettres qu’elle présente
thématiquement (comme par exemple le vice solitaire, la chasteté, le devoir conjugal, le plaisir des
femmes).
30. Voir Mauriac François, « Souffrances et bonheur du chrétien » [1931], dans Les Chefs-d’œuvre
de François Mauriac, t. IX, Genève, Edito-Service, s.d., p. 69-122.
31. Tronson Louis, Manuel du séminariste…, Paris, 1823. Plusieurs rééditions dont Goichot Émile
et Heyer René, Les « Examens particuliers » de M. Tronson : Essai sur la formation du prêtre
« classique », Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2005.
32. Ce que relève aussi Arnold Odile, Le Corps et l’Âme…, op. cit., p. 147.
33. Articles 28, 55 et 56 des Constitutions « primitives ».
34. Article 4 du chapitre 20 des Constitutions approuvées en 1581.
35. Articles 26 à 29 de la Règle et Constitutions des Moniales déchaussées…, Rome, ordre des
Carmes, 1991.
36. Voir Boquet Damien, Les Passions du salut…, op. cit., p. 113 qui réfute les thèses de Boswell
John, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité : les homosexuels en Europe occidentale des
débuts de l’ère chrétienne au XIVe siècle [1980], trad. de l’anglais, Paris, 1985. Voir aussi Boquet
Damien, « L’amitié comme problème au Moyen Âge », dans id. (dir.), Une histoire au présent : les
historiens et Michel Foucault, Paris, CNRS, 2013, p. 59-81.
37. Arnold Odile, Le Corps et l’Âme…, op. cit., 1984, p. 159. Voir aussi Gueullette Jean-Marie,
« L’amitié dans la communauté : les enjeux théologiques d’une histoire complexe », Revue des sciences
philosophiques et théologiques, 87 (2003), p. 261-291.
38. Habermas Rebekka, « Die Beginen – eine “andere” Konzeption von Weiblichkeit ? », dans Die
ungeschriebene Geschichte : historische Frauenforschung, Vienne, Wiener Frauenverlag, 1984, p. 199-
207.
39. Brown Peter, op. cit., p. 291.
40. Jean Climaque, L’Échelle sainte ou les degrez pour monter au ciel…, trad. du grec, Paris, 1661,
p. 217.
41. Ibid., p. 220.
42. Gélis Jacques, « Le corps, l’Église et le sacré », op. cit., p. 51.
43. Boquet Damien, « Les passions du salut dans l’Occident médiéval », op. cit., p. 153.
44. Gélis Jacques, op. cit., p. 74.
45. Ibid.
46. Boquet Damien, « Les passions du salut dans l’Occident médiéval », op. cit., p. 158.
e
47. Le Brun Jacques, Sœur et amante : les biographies spirituelles féminines du XVII siècle, Genève,
Droz, 2013, p. 13, 24 et 27.
48. Chéron Jean, Examen de la théologie mystique…, Paris, 1657, p. 51-52.
49. Otten Willemien, « Le langage de l’union mystique : le désir et le corps dans l’œuvre de Jean
Scot Érigène et de Maître Eckhart », Les Études philosophiques, vol. 104, no 1, 2013, p. 121-141.
50. Houdard Sophie, Les Invasions mystiques : spiritualités, hétérodoxies et censures au début de
l’époque moderne, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 204-205.
51. Chéron Jean, op. cit., p. 68-69. Voir Houdard Sophie, op. cit., p. 136-147.
52. Suivant Boquet Damien, « Les mots avant les choses : mystique cistercienne et anthropologie
historique de l’affectivité », dans Dierkens Alain et Beyer de Ryke Benoît (éd.), Mystique : la passion
de l’Un, de l’Antiquité à nos jours, Bruxelles, Éditions de l’université de Bruxelles, 2005, p. 109-119.
53. Lacan Jacques, Le Séminaire, Livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975 ; Certeau Michel de, La Fable
mystique XVIe-XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1982.
54. Voir Sesé Bernard, « La jouissance mystique selon Thérèse d’Avila et Jean de la Croix », dans
Dierkens Alain et Beyer de Ryke Benoît (éd.), Mystique…, op. cit., p. 151-161. Lire aussi Blanco
Mercedes, « Les raisons de la jouissance chez Thérèse d’Avila », Savoirs et clinique, vol. 8, no 1, 2007,
p. 13-25.
55. Lacan Jacques, op. cit., p. 70-71.
56. Certeau Michel de, La Fable mystique, op. cit., p. 114.
57. Faire croire. Modalités de la diffusion et de la réception des messages religieux du XIIe au e
XV siècle,
Rome, École française de Rome, 1981.
58. Gélis Jacques, « Le corps, l’Église et le sacré », op. cit., p. 56.
59. Thérèse d’Avila, « Relation 5 », dans Œuvres complètes, t. I, Paris, Cerf, 2010, p. 383. Voir Sesé
Bernard, op. cit., p. 151-161.
60. Gélis Jacques, « Le corps, l’Église et le sacré », op. cit., p. 58-59.
61. Chiffre donné par Wolf Hubert, Le Vice et la grâce : l’affaire des religieuses de Sant’Ambrogio,
trad. de l’allemand, Paris, Seuil, 2013, p. 113. D’autres avancent le chiffre de 600 cas jusqu’à nos
jours, dont 90 % sont des femmes.
e
62. Gorceix Bernard, Flambée et Agonie : mystiques du XVII siècle allemand, Sisteron, Éditions
Présence, 1977, p. 139-141.
63. Ouédraogo Arouna P., « De la secte religieuse à l’utopie philanthropique : genèse sociale du
végétarisme occidental », Annales. Histoire, Sciences sociales, 55 (2000), no 4, p. 825-843.
64. Toutes les citations sont tirées de Gorceix Bernard, op. cit., p. 182-225.
65. Strophes 26 et 27 du Cantique spirituel (seconde rédaction), dans Jean de la Croix, Poésies,
Paris, Flammarion, coll. « GF », 1993, p. 87.
66. D’après Tylus Piotr (éd.), La « Legenda Maior » de Raymond de Capoue en français ancien,
Turnhout, Brepols, 2015, p. 146-147.
67. Ce que rappelle Arnold Odile, Le Corps et l’Âme…, op. cit., p. 148-149.
68. Selon la formule de Brown Peter, op. cit., p. 338.
69. Cas signalés par Gélis Jacques, « Le Corps, l’Église et le sacré », op. cit., p. 53-54.
70. Cité par Châtellier Louis, L’Europe des dévots, Paris, Flammarion, 1987, p. 181.
71. Reynes Geneviève, Couvents de femmes : la vie des religieuses contemplatives dans la France des
e e
XVII et XVIII siècles, Paris, Fayard, 1987, p. 123-124.
72. Voir Medioli Francesca, L’« Inferno monacale » di Arcangela Tarabotti [~1650], Turin,
Rosenberg & Sellier, 1990.
73. Bruno de Jésus Marie, La Belle Acarie : bienheureuse Marie de l’Incarnation, Paris, Desclée de
Brouwer, 1942, p. 133 et 186.
74. Du Val André, La Vie admirable de la bienheureuse sœur Marie de l’Incarnation… appelée dans le
monde Mademoiselle Acarie [1621], Paris, 1893, p. 334, 370, 461, 464 et 465.
75. Le triomphe de l’amour divin dans la vie d’une grande servante de Dieu nommée Armelle Nicolas
[1672], Mers-sur-Indre, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, 2012, p. 99.
76. Le Brun Jacques, op. cit., p. 66-67.
77. Ibid., p. 94.
78. Ibid., p. 113-114.
79. Ibid., p. 69.
80. Voir Steinberg Leo, La Sexualité du Christ dans l’art de la Renaissance et son refoulement
moderne, Paris, Gallimard, 1987.
81. Wolf Hubert, Le Vice et la Grâce…, op. cit., p. 239-241.
82. Darbins Pascal, La Vie et les Œuvres de Marie Lataste religieuse du Sacré-Cœur, Paris, 1862, vol.
1, p. 11-12.
83. Mayet Claudius-Maria, L’Ange de l’Eucharistie ou vie et esprit de Marie-Eustelle, Paris, 1868,
p. 200-203.
84. Dubois Henri, Le Guide des séminaristes et des jeunes prêtres…, 2e éd., Paris, 1857. Les citations
proviennent du chapitre IX aux pages 215-229.
85. Voir Vasselin Martine, « La figuration des tentations des saints dans la peinture à l’époque
moderne », Rives nord-méditerranéennes, 22 (2005), p. 15-33.
e e
86. Selon Pardailhé-Galabrun Annick, La Naissance de l’intime : 3 000 foyers parisiens, XVII -XVIII
siècle, Paris, PUF, 1988, p. 432.
87. Zola Émile, La Faute de l’abbé Mouret, Paris, Le Livre de poche, 1998, p. 175.
88. Id., Les Trois Villes : Lourdes, Paris, 1894, p. 598.
89. Citations d’après Romains Jules, Les Hommes de bonne volonté, Paris, Robert Laffont, 2003,
vol. 1, p. 942.
90. Musset Alfred de, La Confession d’un enfant du siècle [1836], Paris, Flammarion, coll. « GF »,
1993, p. 80.
91. Tolstoï Léon, « Le diable », dans Œuvres posthumes, Lausanne, Rencontre, 1962, p. 161-212.
92. Tolstoï Sophie, Journal intime 1862-1910, trad. du russe, Paris, Albin Michel, 2010, p. 183,
189 et 239.
93. Tolstoï Léon, Lettres à sa femme, Paris, Rivages, 2012, p. 127.
94. Citations de Tolstoï Léon, La Sonate à Kreutzer [1889], Lausanne, Rencontre, 1961, p. 343-
344, 364, 376, 445-446, 453, 458.
13. Édits prononcés par l’Inquisition dès 1525 et renouvelés en 1568, 1574 et 1623.
14. Gélis Jacques, « Le corps, l’Église et le sacré », op. cit., p. 18.
15. Quantin Jean-Louis, Le Rigorisme chrétien, Paris, Cerf, 2001.
16. Bernos Marcel [et al.], Le Fruit défendu, op. cit., p. 145.
17. Ibid., p. 156.
18. Lüdecke Norbert, « Heiligsprechung als Hierarchieschutz ? Sancti “von oben” statt sancti “von
unten” », dans Wolf Hubert (dir.), “Wahre” und “falsche” Heiligkeit : Mystik, Macht und
Geschlechterrollen im Katholizismus des 19. Jahrhunderts, Munich, Oldenbourg Verlag, 2013, p. 219-
248.
19. Benedetto XIV (Prospero Lambertini), La beatificazione dei servi di Dio e la canonizzazione dei
beati = De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione [1734], Città del Vaticano, Libreria
editrice vaticana, 2010. Voir aussi Samerski Stefan, “Wie im Himmel, so auf Erden” ? Selig- und
Heiligsprechung in der Katholischen Kirche 1740 bis 1870, Stuttgart, W. Kohlhammer, 2002.
20. Guillemain Hervé, Diriger les consciences, guérir les âmes : une histoire comparée des pratiques
thérapeutiques et religieuses (1830-1939), Paris, Éditions La Découverte, 2006, p. 153.
21. Houdard Sophie, op. cit., p. 151 sq.
22. Ibid., p. 307.
23. Molinos Miguel de, Guide spirituel, Paris, Cerf, 1997, p. 67, 74, 114, 115 et 118.
24. Voir Brambilla Elena, « Manuali d’esorcismo, canoni di santità e nuova scienza (fine ‘600-
primo ‘700) : indice e sant’Uffizio tra neoscolastica spagnola e influenze cartesiane », dans Romano
Antonella (éd.), Rome et la Science moderne : entre Renaissance et Lumières, Rome, École française de
Rome, 2008, p. 555-593.
25. Arnold Claus, « Verketzerung von Spiritualität oder Verfolgung von Missbrauch », dans Wolf
Hubert (dir.), “Wahre” und “falsche” Heiligkeit…, op. cit., p. 59-70.
26. Wolf Hubert, Le Vice et la Grâce, op. cit., p. 105.
27. C’est ce que suppute Arnold Claus, op. cit., p. 66.
28. Texte en ligne sous http://www.papalencyclicals.net/innoc11/i11coel.htm
29. Cité par Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 300-302.
30. Voir Lehmann Hartmut, Schrader Hans-Jürgen et Schilling Heinz (dir.), Jansenismus,
Quietismus, Pietismus, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2002, p. 189-225 ; Terestchenko Michel,
« La querelle sur le pur amour au XVIIe siècle entre Fénelon et Bossuet », Revue du MAUSS, 2008/2
(no 32), p. 173-184.
31. La Bruyère Jean de, Les Caractères [1696], Paris, Le Livre de poche, 1965, p. 367-368.
32. Le Brun Jacques, « Résurgences au dix-huitième siècle de la question du pur amour », dans
Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, vol. 265, Oxford 1989, p. 1242-1246.
33. Voir Bériou Nicole, « Autour de Latran IV (1215) : la naissance de la confession moderne et sa
diffusion », dans Groupe de la Bussière, Pratiques de la confession : des Pères du désert à Vatican II.
Quinze études d’histoire, Paris, Cerf, 1983, p. 73-93.
34. Denzinger Heinrich, Symboles et définitions de la foi catholique. Enchiridion symbolorum, trad.
Peter Hünermann, 38e éd., 2001, nos 1667-1689.
35. Voir Quantin Jean-Louis, Le Rigorisme chrétien, op. cit., p. 54.
36. La formule est de Juan Sanchez dans ses Disputationes (1624). Cité dans ibid., p. 84-85.
37. Signalé par Häring Bernhard, La Loi du Christ : théologie morale à l’intention des prêtres et des
laïcs, t. III : Théologie morale spéciale. La vie en communion fraternelle, Tournai, Desclée & Cie
éditeurs, 1960, p. 410.
e
38. Attesté dans le diocèse d’Alet au milieu du XVII siècle. Cité par Quantin Jean-Louis, Le
Rigorisme chrétien, op. cit., p. 102.
39. Ibid., p. 106.
40. Prosperi Adriano, Tribunali della coscienza : inquisitori, confessori, missionari, Turin, Giulio
Einaudi, 1996, p. 484.
41. Bernos Marcel, « Saint Charles Borromée et ses “instructions aux confesseurs” : une lecture
rigoriste par le clergé français (XVIe-XIXe siècle) », dans Groupe de la Bussière, Pratiques de la
confession…, op. cit., p. 185-200.
42. Id., « La sexualité et les confesseurs à l’époque moderne », Revue de l’histoire des religions, t.
209, no 4, 1992, p. 414.
43. Id., « Les manuels de confession peuvent-ils servir à l’histoire des mentalités ? », dans Histoire
sociale, sensibilités collectives et mentalités : Mélanges Robert Mandrou, Paris, PUF, 1985, p. 94.
44. Segneri Paul, L’Instruction du confesseur ou la méthode pratique du confessionnal, trad. en
français, Paris, 1696, p. 288. D’autres auteurs plus rigoristes s’intéressent surtout aux manquements
des femmes comme Habert Louis, Pratique du sacrement de pénitence ou Méthode pour l’administrer
utilement, Paris, 1689.
45. Voir la monographie consacrée à Liguori dans Filoramo Giovanni (éd.), Storia della direzione
spirituale. III. L’età moderna, Brescia, Editrice Morcelliana, 2008.
46. Selon Ranke-Heinemann Uta, Des Eunuques dans le royaume des cieux, op. cit., p. 307, cette
insistance sur l’obligation conjugale pour éviter la fornication exprime clairement que, pour les
théologiens comme Liguori, « le rapport conjugal n’a rien à voir avec l’amour ».
47. Toutes les citations d’après Liguori Alphonse de, Le Confesseur des gens de campagne ou abrégé
de la théologie morale, trad. de l’italien, Avignon, 1830, p. 380-392.
48. Vigarello Georges, Le Sentiment de soi, op. cit., p. 58.
49. Rousseau Jean-Jacques, « Préface de Julie ou Entretien sur les romans » [1761], dans Julie ou
la Nouvelle Héloïse, Paris, Garnier, 1960, p. 742.
50. Ibid., p. 576 et 685.
51. Flandrin Jean-Louis, Familles : parenté, maison, sexualité dans l’ancienne société, Paris,
Hachette, 1984, p. 167.
52. Cités par Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 321 et 330.
53. Choderlos de Laclos Pierre, Les Liaisons dangereuses [1782], Paris, Pocket, 1989, p. 364-365.
54. Constant de Rebecque Samuel de, Catéchisme de morale, spécialement à l’usage de la jeunesse,
Paris, 1783, p. 91, 94-95.
55. Senancour Étienne Pivert de, De l’amour, selon les lois primordiales et selon les convenances des
sociétés modernes, [1806], 3e éd., Paris, 1829, p. 66, 72, 116.
56. Tcherkézoff Serge, « La Polynésie des vahinés et la nature des femmes : une utopie occidentale
masculine », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 22, 2005, p. 63-82.
57. Gautier Théophile, Mademoiselle de Maupin [1835], Paris, Le Livre de poche, 1994, p. 68 puis
p. 385-386.
58. Sailer Johann Michael, Handbuch der christlichen Moral, zunächst für künftige katholische
Seelsorger und dann für jeden gebildeten Christen, Munich, 1817.
59. Häring Bernhard, La Loi du Christ : théologie morale à l’intention des prêtres et des laïcs, t. I :
Théologie morale générale, 2e éd., Tournai, Desclée & Cie, 1956, p. 88.
60. Cité par Landry Jean, Potel Julien et Pousset Henri, Femmes et prêtres mariés dans la société
d’aujourd’hui, Paris, Karthala, 1997, p. 15.
61. Pour reprendre une formule utilisée pour l’époque moderne par Matthews-Grieco Sara,
« Corps et sexualité dans l’Europe d’Ancien Régime », dans Corbin Alain, Courtine Jean-Jacques et
Vigarello Georges (dir.), Histoire du corps. 1, op. cit., p. 177.
62. Zweig Stefan, Le Monde d’hier : souvenirs d’un Européen, Paris, Le Livre de poche, 2013, p. 88,
90, 92 et 95.
63. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 1 : la volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 49.
64. Préface citée ici d’après la traduction français de Krafft-Ebing Richard von, Étude médico-légale
psychopathia sexualis…, Paris, 1895. Pour le contexte, voir Chaperon Sylvie, Les Origines de la
sexologie (1850-1900), Paris, Payot, 2012.
65. Formule d’un physiologiste cité par Pieczynska Emma, L’École de la pureté, Genève, 1897,
p. 84.
66. Ibid., p. 248-249.
67. Blum Léon, Du Mariage, Paris, Société d’éditions littéraires et artistiques, 1907, p. 87 et 336.
68. Citations d’après Ottavi Dominique, « Friedrich W. Foerster et le défi de l’éducation sexuelle »,
dans Blanchard Véronique [et al.] (dir.), Les Jeunes et la Sexualité : initiations, interdits, identités
(XIXe-XXIe siècle), Paris, Éditions Autrement, 2010, p. 57-58.
69. Coriveaud Adrien, Les Lendemains du mariage : étude d’hygiène [1884], 5e éd. Paris, Librairie J-
B. Baillière, 1927, p. 12.
70. Vachet Pierre, L’Inquiétude sexuelle, Paris, Grasset, 1927, p. 118.
71. Mortas Pauline, op. cit., p. 248.
72. Conseils donnés en 1916, cités par De Luca Barrusse Virginie, « Natalisme et hygiénisme en
France de 1900 à 1940. L’exemple de la lutte antivénérienne », Population 2009/3 (vol. 64), p. 549.
73. Sohn Anne-Marie, La Fabrique des garçons : l’éducation des garçons de 1820 à aujourd’hui,
Paris, Textuel, 2015, p. 83.
74. Mauriac François, « Ce que je crois », dans Les Chefs-d’œuvre de François Mauriac, t. IX,
Genève, Edito Service, s.d., p. 271-273.
75. L’Église et l’Éducation sexuelle, Paris, Association du mariage chrétien, 1929, p. 3. Voir aussi
Hoornaert Georges, Le Combat de la pureté : à ceux qui ont vingt ans, Bruxelles, Action catholique,
1923 ; Viollet Jean, Éducation de la pureté et du sentiment, Paris, Éditions familiales de France,
1925 ; Lemaire Alfred, Le Rôle des parents et des maîtres dans l’éducation de la pureté, Paris,
Casterman, 1933. L’influence de l’enseignement de l’abbé Viollet peut être appréciée à travers la
correspondance émouvante qu’il a reçue et qui témoigne du désarroi des catholiques français face à
la sexualité (voir Sevegrand Martine, L’Amour en toutes lettres…, op. cit.).
76. Vérine-Lebrun Marguerite, dans L’Église et l’Éducation sexuelle…, op. cit., p. 169.
77. Häring Bernhard, La Loi du Christ : théologie morale à l’intention des prêtres et des laïcs, t. III :
Théologie morale spéciale, op. cit., 1960, p. 384.
78. Ibid., p. 405.
79. Ibid., p. 509.
80. Ibid., p. 421.
81. Ibid., p. 481.
82. Ibid., t. I, p. 509.
83. Ibid., t. III, p. 495.
84. Dans l’Église latine, c’est le 2e concile du Latran (1139) qui prescrit définitivement le célibat
pour les clercs.
85. Gasparri Pietro, Codex juris canonici Pii X Pontificis Maximi jussu digestus Benedicti Papae XV
auctoritate promulgatus, Romae, Typis Polyglottis Vaticanis, 1917.
86. Alberigo G. [et al.], Les Conciles œcuméniques, op. cit., p. 1795-1797.
87. Ibid., p. 2154-2155.
88. Décret du 28 octobre 1965 (ibid., p. 1915).
89. Beertram Wilhelm, Der Zölibat des Priesters : Sinngehalt und Grundlagen, Würzburg, Echter-
Verlag, 1960, p. 41.
90. Cérémonial de la sainte Messe à l’usage ordinaire des paroisses suivant le missel romain de 2002,
Perpignan, Artège éditions, 2010.
91. Voir « Le Sexe après sa révolution », dans Esprit, juillet-août 2017, no 436, p. 34-182.
92. Chaplin Tamara, « Émile perverti ? ou “comment se font les enfants ?”: deux siècles
d’éducation sexuelle (du XVIIIe siècle à nos jours) », dans Blanchard Véronique [et al.] (dir.), Les
Jeunes et la sexualité, op. cit., p. 22-36.
93. Alberigo G. [et al.] (texte établi par), Les Conciles œcuméniques, op. cit., p. 2233.
94. Témoignage d’un couple catholique cité par Walch Agnès, La spiritualité conjugale…, op. cit.,
p. 471. Voir Sevegrand Martine, L’Affaire Humanae vitae : L’Église catholique et la contraception, Paris,
Karthala, 2008.
95. http://www.ina.fr/video/CAF97057788.
96. Barral-Baron André, Le Célibat, chemin de vie, Paris, Cerf, 1990, p. 14, 15, 21 et 109.
97. Winninger Paul, Des prêtres mariés pour l’Église, op. cit., p. 97-99.
98. Besançon Alain, « Observations sur le célibat des prêtres séculiers », Commentaire, 2009/4,
o
n 128, p. 860-870. Cet article situe le célibat dans une perspective historique.
5. Galanteries monastiques et prêtres volages aux XVIIe-
e
XVIII siècles
1. Valla Lorenzo, Sur le plaisir [1431], Fougères, Encre marine, 2004, p. 84 et 88.
2. Canosa Romano, Il velo e il cappuccio : monacazioni forzate e sessualità nei conventi femminili in
Italia tra Quattrocento e Settecento, Rome, Sapere, 1991, p. 36, 63 et 64.
3. Canosa Romano, La restaurazione sessuale : per una storia della sessualità tra Cinquecento et
Settecento, Milan, Feltrinelli, 1993, p. 239.
4. Affaires relatées par Medioli Francesca, L’“Inferno monacale” di Arcangela Tarabotti, op. cit.
5. Lettre de Vincent de Paul au cardinal de La Rochefoucauld… (1652), citée dans Gonjon Jean-Paul
(dir.), Le Grand Siècle déshabillé. Anthologie érotique du XVIIe siècle, Paris, Robert Laffont, 2017,
p. 360-361.
6. Couto Dejanirah, Histoire de Lisbonne, Paris, Fayard, 2000, p. 175.
7. Allusion à un épisode de l’Ancien Testament où trois jeunes Hébreux sont jetés vivants dans une
fournaise sur ordre du roi Nabuchodonosor (Da 3, 8-30).
8. Senault Jean-François, Oraison funèbre de Magdelaine de La Porte abbesse de Chelles, Paris, 1671,
p. 11 et 14.
9. Medioli Francesca, L’« Inferno monacale » di Arcangela Tarobotti op. cit., p. 133.
10. Reynes Geneviève, op. cit., p. 181 sq.
11. Murphy Gwénaël, « Destins de religieuses pendant la Révolution française : l’exemple du
diocèse de Poitiers », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 15 (2002), p. 122.
12. Cité par Murphy Gwénaël, Les Religieuses dans la Révolution française, Paris, Bayard, 2005,
p. 95.
13. Voir Haliczer Stephen, Sexuality in the Confessional : A Sacrament Profaned, New York, Oxford
University Press, 1996 et Stella Alessandro, Amours et désamours à Cadix aux XVIIe et XVIIIe siècles,
Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2008, p. 55-73.
14. Canosa Romano, La restaurazione sessuale…, op. cit., p. 223.
15. Cas de conscience signalé par Prosperi Adriano, Tribunali della coscienza…, op. cit, p. 526. Voir
aussi Romeo Giovanni, « Confesseurs et inquisiteurs dans l’Italie moderne : un bilan », Revue de
l’histoire des religions, t. 220, no 2, 2003, p. 153-165.
16. Stella Alessandro, Le Prêtre et le Sexe : les révélations des procès de l’Inquisition, Bruxelles,
André Versaille, 2009, p. 163.
17. D’après Canosa Romano, La restaurazione sessuale…, op. cit.
18. Romeo Giovanni, Esorcisti, confessori e sessualità femminile nell’Italia della controriforma : a
proposito di due casi modenesi del primo Seicento, Florence, Casa editrice Le Lettere, 1998, p. 190.
19. Suivant Canosa Romano, La Restaurazione sessuale, op. cit., p. 168.
20. Ibid., p. 212-223.
21. Choderlos de Laclos Pierre, Les Liaisons dangereuses, op. cit., p. 213-214.
22. Vigarello Georges, Le Sentiment de soi, op. cit., p. 52.
23. Surin Jean-Joseph, Écrits autobiographiques. Triomphe de l’amour divin sur les puissances de
l’Enfer (1654-1660). Science expérimentale des choses de l’autre vie (1663), Grenoble, Jérôme Millon,
2016, p. 36.
24. Fanlo Jean-Raymond, L’Évangile du démon : la possession diabolique d’Aix-en-Provence, 1610-
1611, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017.
25. Dubos Roger (éd.), Les Possédées de Louviers : histoire de Magdelaine Bavent d’après des
documents de l’époque, Condé-sur-Noireau, Corlet, 1990.
26. Voir Certeau Michel de, La Possession de Loudun, Paris, Gallimard, 1980.
27. Donato Maria Pia, « Les doutes de l’inquisiteur : philosophie naturelle, censure et théologie à
l’époque moderne », Annales HSS, 64 (2009), p. 15-43.
28. Selon Michel de Certeau repris par Reynes Geneviève, op. cit., p. 171.
e
29. Brown Judith C., Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne. Toscane, XVII siècle [1986], trad. de
l’anglais, Paris, Gallimard, 1987, p. 76.
30. Selon le témoignage recueilli lors de l’enquête et largement cité par ibid., p. 155-156.
31. Formules de Sinistrari d’Ameno, De la sodomie : exposé d’une doctrine nouvelle sur la sodomie
des femmes, distinguée du tribadisme, Lyon, À rebours, 2007.
32. Keitt Andrew W., Inventing the Sacred : Imposture, Inquisition, and the Boundaries of the
Supernatural in Golden Age Spain, Leiden, Brill, 2005.
33. Zarri Gabriella, « “Affettata santità” : Heiligkeit von unten oder eine Erfindung der
Inquisition ? », dans Wolf Hubert (dir.), “Wahre” und “falsche” Heiligkeit…, op. cit., p. 47-58 ;
Sallmann Jean-Michel, « La sainteté mystique féminine à Naples », dans Boesch Gajano Sofia et
Sebastiani Lucia (éd), Culto dei santi : Istituzioni e classi sociali in età preindustriale, Rome, Japadre
Editore, 1984, p. 681-702 ; Sallmann Jean-Michel, « Les malheurs d’Alfonsina Rispoli », dans
Sallmann J.-M. [et al.] (dir.) Visions indiennes, visions baroques : les métissage de l’inconscient, Paris,
PUF, 1992, p. 57-90.
34. Canosa Romano, Il velo…, op. cit., p. 208.
35. Massillon Jean-Baptiste, « Discours sur la manière dont les clercs doivent se conduire dans le
monde », dans Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés…, t. XLIII, Paris, 1854, no 526-
527.
36. Dumortier Cindy-Sarah, « Du prêtre concubinaire au curé volage (XVIIe-XVIIIe siècle, diocèse de
Cambrai) », Revue du Nord, 95 (2013), no 399, p. 63.
37. Léal Bruno, Visites pastorales et recherche des pécheurs publics dans le diocèse d’Algarve (1630-
1750), Paris, Centre culturel C. Gulbenkian, 2004, p. 417-453.
38. Voir Milis Ludo, Le Charme indiscret de Jan Schuermans, curé flamand du dix-septième siècle,
trad. du néerlandais, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2003.
39. Selon Dumortier Cindy-Sarah, op. cit. Voir aussi Deregnaucourt Gilles, « Les déviances
ecclésiastiques dans les anciens diocèses des Pays-Bas méridionaux », dans Garnot Benoît (dir.), Le
Clergé délinquant (XIIIe-XVIIIe s.), Dijon, EUD, 1995.
40. D’après Canosa Romano, La restaurazione sessuale…, op. cit., p. 241.
41. Ibid.
42. Stella Alessandro, Le Prêtre et le Sexe…, op. cit., p. 115.
43. Bennassar Bartolomé, « La répression des péchés abominables », dans Bennassar B. (dir.),
L’Inquisition espagnole XVIe-XIXe siècle, Paris, Hachette, 1979, p. 350-351.
44. Stella Alessandro, Le Prêtre et le Sexe…, op. cit., p. 125.
e
45. Benabou Maria-Erika, La Prostitution et la Police des mœurs au XVIII siècle, Paris, Perrin, 1987,
p. 121-154.
46. Rapport de police cité par ibid., p. 135, avec une allusion au roman pornographique à succès
de Jean-Charles Gervaise de Latouche, Histoire de dom B…, portier des Chartreux, Rome, [1741].
47. Ce sont les conclusions de Canosa Romano, La Restaurazione sessuale…, op. cit.
48. Janon-Thivos Tailland Michèle, Inquisition et société au Portugal. Le cas du tribunal d’Evora
(1660-1821), Paris, Centre culturel C. Gulbenkian, 2001, p. 287.
49. Houdard Sophie, op. cit., p. 17.
50. Ibid., p. 61.
51. Doria Alessandra, « Le mémoire Blanchet ou l’autobiographie clinique d’un prêtre défroqué.
Célibat, sensibilité et droits naturels », Dix-huitième siècle, 2015/1 (no 47), p. 275-289.
52. Grandier Urbain, Traité du célibat des prêtres, Paris, éditions Hors Commerce, 1995, p. 31
et 43.
53. Desforges Pierre, Avantages du mariage et combien il est nécessaire & salutaire aux prêtres &
aux évêques de ce tems-ci d’épouser une fille chrétienne, 2 t., Bruxelles, 1758, p. 186.
54. Gaudin Jacques, Les inconvéniens du célibat des prêtres prouvés par des recherches historiques,
Genève, 1781, p. 12.
55. Ibid., p. 74. Il s’agit bien sûr du passage sur les eunuques dans Mt 19, 12.
56. Chopelin Paul, « Le débat sur le mariage des prêtres dans le diocèse de Rhône-et-Loire au
début de la Révolution (1789-1792) », Chrétiens et Sociétés, no 10, 2003, p. 69-94.
57. Par exemple la brochure de Chatel Ferdinand François (1795-1857), Discours contre le célibat
des prêtres, Paris, [1835].
58. Boyer d’Argens Jean-Baptiste de, Thérèse philosophe ou Mémoires pour servir à l’histoire du P.
Dirrag et de Mlle Eradice, Arles, Actes Sud Babel, 1992.
59. Diderot Denis, La Religieuse, Lausanne, La Guilde du Livre, 1962, p. 152, 84, 128, 221, 267.
60. Mercier Louis Sébastien, Tableau de Paris, II, Paris, Mercure de France, 1994, p. 77 sq.
61. Ibid., p. 573-575.
62. Ibid., p. 140-143.
63. Grégoire Henri (abbé), Histoire du mariage des prêtres en France, particulièrement depuis 1789,
Paris, 1826.
64. Proportions avancées avec prudence par Langlois Claude et Le Goff T. J. A., « Les vaincus de la
Révolution : jalons pour une sociologie des prêtres mariés », dans Voies nouvelles pour l’histoire de la
Révolution française, Paris, Bibliothèque nationale, 1978, p. 281-312.
65. Rapporté par Maréchaux Xavier, Noces révolutionnaires : le mariage des prêtres en France 1789-
1815, Paris, Vendémiaire, 2017, p. 29.
66. Graham Ruth, « The Married Nuns before Cardinal Caprara : a Sociological Analysis of their
Petitions », dans Plongeron Bernard (éd.), Pratiques religieuses dans l’Europe révolutionnaire, 1770-
1820, Turnhout, Brepols, 1988, p. 321-331.
67. Maréchaux Xavier, op. cit., p. 142.
68. Cité par Chopelin Paul, op. cit.
69. Cas analysé par Murphy Gwénaël, Les Religieuses…, op. cit., p. 155-159.
70. Boussoulade Jean, Moniales et hospitalières dans la tourmente révolutionnaire : les
communautés de religieuses de l’ancien diocèse de Paris de 1789 à 1801, Paris, Letouzey & Ané, 1962.
71. Murphy Gwénaël, Les Religieuses…, op. cit., p. 94.
72. Grégoire Henri (abbé), Histoire du mariage…, op. cit.
6. Encombrante chasteté
1. Langlois Claude, Le Catholicisme au féminin, Paris, Cerf, 1984.
2. Balzac Honoré de, Physiologie du mariage ou méditations de philosophie éclectique sur le bonheur
et le malheur conjugal [1829], dans Œuvres complètes, t. 21, Paris, Société des études balzaciennes,
1968-1971, p. 231.
3. Exemples cités par Mortas Pauline, op. cit., p. 316-319.
e e
4. Ambroise-Rendu Anne-Claude, Histoire de la pédophilie XIX -XXI siècle, Paris, Fayard, 2014, p. 63
sq.
5. Fabre Jean-Pierre, Le Forçat de Dieu, Paris, Presses de la Renaissance, 2002.
6. Bourgoint-Lagrange, L’inconduite des prêtres due à leur célibat forcé : aperçu historique des
désordres du clergé catholique depuis la fondation du christianisme jusqu’à nos jours, Paris, 1889,
p. 27-28.
7. Voir Ambroise-Rendu Anne-Claude, op. cit., p. 69.
8. Voir Franchot Jenny, Roads to Rome : the Antebellum Protestant Encounter with Catholicism,
Berkeley, University of California Press, 1994 et Monk Maria, Awful Disclosures of Maria Monk,
Londres, Senate, 1997.
9. Gross Michael B., « The Strange Case of the Nun in the Dungeon, or German Liberalism as a
Convent Atrocity Story », German Studies Review, 23, no 1, 2000, p. 69-84.
10. Document de 1873 cité par Scholl Sarah, En quête d’une modernité religieuse : la création de
l’Église catholique-chrétienne de Genève au cœur du Kulturkampf (1870-1907), Neuchâtel, Alphil,
2014, p. 316.
11. Révélé par le livre de Wolf Hubert, Le Vice et la Grâce…, op. cit.
12. Ibid., p. 323-370.
13. Bernos Marcel, « Les manuels de confession peuvent-ils servir à l’histoire des mentalités ? »,
op. cit., p. 94.
14. Cité par Cuchet Guillaume, « La rénovation de l’émotion religieuse », dans Corbin Alain,
Courtine Jean-Jacques et Vigarello Georges (dir.), Histoire des émotions. 2. Des Lumières à la fin du
e
XIX siècle, Paris, Seuil, 2016, p. 322-351.
15. Traité sur la confession à l’usage des séminaristes et des communautés religieuses tiré des œuvres
spirituelles du père Judde, Besançon, 1825, p. 110.
16. Gaume Jean-Joseph, Manuel des confesseurs, 11e éd., Paris, 1880, p. 156.
17. Bouvier Jean-Baptiste, Dissertatio in sextum Decalogi praeceptum et Supplementum ad
Tractatum de matrimonio…, Cenomani, 2e éd., 1828.
18. Krafft-Ebing Richard von, op. cit.
19. Sur l’origine de ces dénominations, voir Simon Hégésippe, « Quand le missionnaire prend
position », Revue d’études colombiennes, 1854, vol. 2, p. 151-162.
20. Formule traduite par Taxil Léo, Les livres secrets des confesseurs dévoilés aux pères de famille,
Paris, P. Fort, 1901, p. 176.
21. Gousset Thomas-Marie-Joseph, Compendium de théologie morale à l’usage des curés et des
confesseurs, Reims, 1844, t. I, p. 370-396 et t. II, p. 457-460.
22. Debreyne Pierre Jean-Corneille, Essai sur la théologie morale…, op. cit., p. 152.
23. Id., Moechialogie, traité des péchés contre les sixième et neuvième commandements du décalogue
et de toutes les questions matrimoniales qui s’y rattachent directement ou indirectement, suivie d’un
abrégé pratique d’embryologie sacrée, 3e éd., Paris, 1865, p. 122.
24. Lupello, Tractatus de castitate, Parisiis, 1858, vol. 2, p. 353-355.
25. Voir Lagrée Michel, « La confession dans les visites pastorales et les statuts synodaux bretons
aux XIXe et XXe siècles », dans Groupe de la Bussière, Pratiques de la confession, op. cit., p. 245-248.
26. Timon-David, Joseph, Traité de la confession des enfants et des jeunes gens, 3e éd., Paris, 1875, t.
I, p. 166.
27. Ibid., p. 170, 241, 243, 305, 307 et 355.
28. Ibid., t. II, p. 161-165.
29. Ibid., t. II, p. 209 et 228.
30. Ibid., t. II, p. 195-199.
31. Romains Jules, Les Hommes de bonne volonté, op. cit., vol. 1, p. 948.
32. Tolstoï Léon, Enfance. Adolescence. Jeunesse, Paris, Gallimard, 1960, p. 311 et 324.
33. D’après Boutry Philippe, « Réflexions sur la confession au XIXe siècle : autour d’une lettre de
sœur Marie-Zoé au curé d’Ars (1858) », dans Groupe de la Bussière, Pratiques de la confession…, op.
cit., p. 225-238.
34. Malègue Joseph, Augustin ou le maître est là, Paris, Spes, 1935, t. 2, p. 485-486.
35. Boudon Jacques-Olivier, Le Plancher de Joachim : l’histoire retrouvée d’un village français, Paris,
Belin, 2017, p. 129.
36. Ibid., p. 224.
37. Sand George, Mademoiselle La Quintinie [1863], Paris, Calmann-Lévy, 1904, p. 43, 70 et 140.
38. Mirbeau Octave, Sébastien Roch. Roman de mœurs [1890], Paris, Charpentier, 1922, p. 105-
107, 125, 134, 145, 175, 243-246.
39. Voir Ferron Laurent, « Le viol de Sébastien Roch : l’Église devant les violences sexuelles », dans
Cahiers Octave Mirbeau, no 8, 2001, p. 287-297.
40. Citations de Michelet d’après Cabanis José, Michelet, le prêtre et la femme, Paris, Gallimard,
1978, p. 154-155. Sur ce thème en Espagne, Haliczer Stephen, Sexuality in the Confessional, op. cit.,
p. 183-203.
41. Voir Dalisson Rémi, Paul Bert : l’inventeur de l’école laïque, Paris, Armand Colin, 2015.
42. Gury Joanne Petro, Compendium theologiae moralis, 4e éd. (2 vol.), Tornaci, 1852.
43. Bert Paul, La Morale des jésuites, Paris, 1880, p. XV et XXI.
44. Ibid., p. 433.
45. Taxil Léo, La Confession et les confesseurs, Paris, 1882 ; id., Les Livres secrets des confesseurs, op.
cit.
46. Les mystères du confessionnal par Monseigneur Bouvier… Prologue. Manuel des confesseurs.
Épilogue par le curé X***, Bruxelles, [après 1864] ; Les mystères du confessionnal : cours de luxure à
l’usage des séminaires, Paris, [1883], 2 vol.
47. Avertissement sur la première page et conclusion de Taxil Léo, Les Livres secrets des
confesseurs…, op. cit.
48. Sur Claret, voir Ramos-Izquierdo Eduardo, L’Espace de l’Éros : représentations textuelles et
iconiques, Limoges, PULIM, 2007 ; Cascales Josef G., Der heilige Antonius Maria Claret : ein Mensch
ringt um seine prophetische Sendung, Vienne/Klagenfurt, Hermagoras, 1992.
49. Claret Antonio María, Llave de oro o serie de reflecciones que para abrir el corazón de los pobres
pecadores ofrece a los confesores nuevos, Barcelone, 1857, p. 70.
50. Ibid., p. 97.
51. Selon l’expression de Stella Alessandro, Le Prêtre et le Sexe…, op. cit., p. 40.
52. Voir la conclusion de Nicole Bériou dans Sère Bénédicte, Wettlaufer Jörg et Gauvard Claude,
Shame between Punishment and Penance : [the Social Usages of Shame in the Middle Ages and Early
Modern Times], Florence, SISMEL - Edizioni del Galluzzo, 2013, p. 421- 430.
53. Lambert Yves, « Crise de la confession, crise de l’économie du salut : le cas d’une paroisse
bretonne de 1900 à 1982 », dans Groupe de la Buissière, Pratiques de la confession…, op. cit., p. 260.
54. Ibid., p. 263.
55. Enquête lancée dans Témoignage chrétien no 1125 (27 janvier 1966) avec les premières
réponses de lecteurs (trices) publiées dans le no 1126 (3 février) puis sous forme d’articles de
synthèse jusqu’au 24 mars 1966.
56. Valentini Norberto et Di Meglio Clara [entretiens recueillis par], Le Sexe au confessionnal, trad.
de l’italien, Paris, Flammarion, 1973.
57. Guerri Giordano Bruno, Enquête sur les mystères du confessionnal, trad. de l’italien, Levallois-
Perret, Filipacchi, 1995, p. 232 sq.
58. Scheule Rupert M. (Hg.), Beichten : autobiographische Zeugnisse zur katholischen Bußpraxis im
20. Jahrhundert, Vienne, Böhlau, 2001, p. 83-113.
59. Sacerdotalis Caelibatus, article 55
(http://w2.vatican.va/content/paulvi/fr/encyclicals.index.html#encyclicals)
60. Témoignage cité dans Rencontres au cœur de l’humain, Fribourg, Éditions de La Sarine, 2013,
p. 156-161.
61. « Quelques réflexions sur la promesse du célibat des prêtres » (vers 1968) (Genève, Archives
privées).
62. « Réflexions sur la préparation au célibat dans les séminaires » (mars 1969) (Genève, Archives
privées).
63. Mémoire daté du 6 février 1971 (Genève, Archives privées).
64. Brand Philippe, Des prêtres épousent leur humanité : 24 témoignages de prêtres mariés 1954-
2005, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 124.
65. Perroux Jacques, De la peur à l’amour : itinéraire d’un prêtre marié, Genève, Slatkine, 2005,
p. 19.
66. Ibid., p. 169.
67. Chavaz Jean-Jacques, De la cime à la racine, Vevey, L’Aire, 2005, p. 51, 17 et 25.
68. Voir Brand Philippe, op. cit.
69. Suivant Drewermann Eugen, Fonctionnaires de Dieu, op. cit, p. 479-491.
70. Évaluation du Parvis, réseau des chrétiens en liberté pour d’autres visages d’Église, en 2013.
71. Lettre d’un ancien prêtre, août 1969 (Genève, Archives privées).
72. Cité par Mignot Elisa, Amours interdites : des prêtres et des femmes parlent, Paris, Fayard, 2012,
p. 14. Voir aussi Landry Jean, Potel Julien et Pousset Henri, Femmes et prêtres mariés…, op. cit.
73. Curb Rosemary et Le Clézio Marguerite, Ma sœur, mon amour : les religieuses lesbiennes brisent
le silence, Paris, G. Pastre, 1990.
74. Gramick Jeannine, « Lesbian Nuns : a Gift to the Church », dans Hornbeck J. Patrick et Norko
Michael A., More than a Monologue : Sexual Diversity and the Catholic Church, vol. 2 : Inquiry,
Thought, and Expression, New York, Fordham University Press, 2014, p. 62-78.
75. Cozzens Donald B. [et al.], Le Nouveau Visage des prêtres : réflexions sur la crise intérieure du
prêtre aux États-Unis d’Amérique, Paris, Bayard, 2002, p. 174 et 177.
76. Cozzens Donald, « Gay Ministry at the Crossroads : the Plight of Gay Clergy in the Catholic
Church », dans Firer Hinze Christine et Hornbeck J. Patrick (éd.), More than a Monologue : Sexual
Diversity and the Catholic Church, vol. 1 : Voices of Our Time, New York, Fordham University Press,
2014, p. 90.
77. Drewermann Eugen, Fonctionnaires de Dieu…, op. cit., p. 491, 496 et 548.
78. Demling Joachim, « Angemaßte Heiligkeit und religiöser Wahn : Versuch eine psycho(patho)-
logischen Annäherung an den Fall Sant’Ambrogio », dans Wolf Hubert (dir.), “Wahre” und “falsche”
Heiligkeit…, op. cit., p. 193-215.
79. Reich Wilhelm, La Psychologie de masse du fascisme [1933], trad. de l’anglais, Paris, Payot,
1998, p. 143.
80. Falcioni Raphaela M. et Scharfetter Christian, « Zur Psychopathologie in Frauenklöstern »,
Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatrie, 144 (1993), p. 463-473.
81. Voir le reportage inédit présenté sur Arte le 5 mars 2019 sous le titre : « Religieuses abusées,
l’autre scandale de l’Église ».
82. C’est ce que constate en note Wolf Hubert, Le Vice et la Grâce…, op. cit., p. 424.
83. Ni même de laisser entendre que le célibat attire les pédophiles ! Comme par exemple Clerc
Christine, Le Pape, la Femme et l’Éléphant, Paris, Flammarion, 2011, p. 228. Sur l’homosexualité dans
l’Église, voir Martel Frédéric, Sodoma : enquête au cœur du Vatican, Paris, Robert Laffont, 2019.
84. Ambroise-Rendu Anne-Claude, op. cit.
85. Ibid., p. 74.
86. Brüggemann Johannes A.J., Entwicklung und Wandel des Sexualstrafrechts in der Geschichte
unseres StGB : die Reform der Sexualdelikte einst und jetzt, Baden-Baden, Nomos, 2013.
87. Ambroise-Rendu Anne-Claude, op. cit., p. 27.
88. Foucault Michel, Histoire de la sexualité 1…, op. cit., p. 44 et 50.
89. Ambroise-Rendu Anne-Claude, op. cit., p. 53.
90. Ibid., p. 90, qui se réfère à Pouillet Thésée, Psychopathie sexuelle, vol. 2, De l’onanisme chez
l’homme avec une introduction sur les abus génitaux, Paris, 1883, p. 5.
91. Voir Ambroise-Rendu Anne-Claude, op. cit., p. 93.
92. Ibid., p. 103.
93. Ibid., p. 131.
94. Gai Pied, no 1, avril 1979, cité dans ibid., p. 168-169.
95. Ibid., p. 224, 229 et 243.
96. Gasparri Pietro, Codex juris canonici Pii X Pontificis Maximi jussu digestus Benedicti Papae XV
auctoritate promulgatus, Romae, Typis Polyglottis Vaticanis, 1917, canon 2359.
97. Pour reprendre les termes d’une vaste enquête menée en France : Bobineau Olivier [et al.], Le
Sacré incestueux : les prêtres pédophiles, Paris, Desclée de Brouwer, 2017, p. 206-207. En mai 2019,
un nouveau décret pontifical renforce l’obligation de dénoncer les cas d’abus sexuels commis ou
couverts par des clercs.
98. Selon des sources vaticanes (http://www.vatican.va/resources/resources_mons-scicluna-
2010_fr.html).
99. The Nature and Scope of the Problem of Sexual Abuse of Minors by Priests and Deacons in the
United States 1950-2002, a Research Study Conducted by the John Jay College of Criminal Justice,
Washington DC, USCCB, 2004, p. 4.
100. Selon Le Monde du 26 mars 2010.
101. Le Monde du 25 septembre 2018.
102. Cité par Ambroise-Rendu Anne-Claude, op. cit., p. 264.
103. Selon les chiffres donnés par ibid., p. 278 : 1 365 condamnations pour agressions sexuelles
entre 1951 et 1980 ; 1 628 entre 1981 et 1990 et 9 314 pour la décennie 2001-2010.
104. Voir le rapport de Rediger G. Lloyd, Beyond the Scandals : a Guide to Healthy Sexuality for
Clergy, Minneapolis, Augsburg Fortress Publishing, 2003.
105. Signalé par Bobineau Olivier [et al.], op. cit., p. 25-26.
106. Brown Christa, This Little Light : Beyond a Baptist Preacher Predator and His Gang, Cedarburg
WI, Foremost Press, 2009.
107. https://www.zeit.de/2018/43/evangelische-kirche-missbrauch-skandal-aufarbeitung
7. Les bouleversements du sensible
1. Abel Hugo, La France pittoresque, Paris, 1835, t. 2, p. 147. Cité par Flandrin Jean-Louis, Le Sexe
et l’Occident. Évolution des attitudes et des comportements, Paris, Seuil, 1981, p. 257.
2. Germain Christiane et Panafieu Christine de, La Mémoire des femmes, Paris, S. Messinger, 1982,
p. 224.
3. Chambon de Montaux Nicolas, Des maladies des filles, Paris, 1785, t. 2, p. 88. Cité par Alain
Corbin, L’Harmonie des plaisirs, Paris, Perrin, 2008, p. 105-106.
4. Catherine Villers de Billy, Instructions historiques, dogmatiques et morales en faveur des simples
fidèles et surtout les habitants des campagnes, Paris, 2e éd., 1751, p. 176.
5. Sohn Anne-Marie, Du premier baiser à l’alcôve, Paris, Aubier, 1996, p. 153.
6. Rousseau Jean-Jacques, Les Confessions, dans Œuvres complètes, I. Œuvres autobiographiques,
Paris, Seuil, 1967, p. 125. Nicolas Restif émet un avis contraire et dit éprouver une certaine
délectation en voyant un sanglier saillir une truie. Voir Restif Nicolas Edme, dit Restif de La
Bretonne, Œuvres t. VII. Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé, Genève, Slatkine, 1978, p. 49.
7. Anonyme, L’Escole des filles ou la philosophie des dames, Paris, 1655, p. 27.
8. Ibid., p. 27.
9. Dans Vénus dans le cloître ou la religieuse en chemise de l’abbé Du Prat (Cologne, J. Durand,
1683), la sœur Angélique instruit sœur Agnès sur les plaisirs multiples de l’amour.
10. Labrunie Étienne, Dissertation sur les dangers de la privation et de l’abus des plaisirs vénériens
chez les femmes, Paris, 1805, p. 35.
11. Restif de La Bretonne, op. cit., p. 37.
12. Cépède Élisabeth, Le Journal de Bab, cité par Casta-Rosaz Fabienne, L’Histoire du flirt. Les jeux
de l’innocence et de la perversité (1870-1968), Paris, Grasset, 2000, p. 239.
13. Ligne Charles Joseph (prince de), Mémoires, lettres et pensées, Paris, F. Bourin, 1989, p. 51.
14. Casanova Giacomo, Histoire de ma vie, Paris, Robert Laffont, 2011, t. 1, vol. 1, p. 33.
15. Restif de La Bretonne, op. cit., p. 33.
16. Mme Roland, Enfance, éd. Martine Reid, Paris, Gallimard, 2010, p. 51-52 et 54.
17. Léris de La Tude Claire Josèphe Hippolyte, Mémoires de Mlle Clairon, actrice du Théâtre-
Français, écrits par elle-même, Paris, 1822, p. 21-22.
18. Rousseau Jean-Jacques, Les Confessions, op. cit., p. 145.
19. Voir par exemple Les Égarements du cœur et de l’esprit (Crébillon fils, 1738), La Grivoise du
temps ou La Charolaise (Anonyme, 1747), Le Rideau levé ou l’éducation de Laure (Mirabeau, 1788),
Félicia ou mes fredaines (Andrea de Nerciat, 1790), Justine ou les malheurs de la vertu (Sade, 1791).
20. Cleland, John, Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir [1749], Paris, Gallimard, 2015.
21. En fait, il en avait à peine 16 lui aussi. Boudon Jacques-Olivier, Le Plancher de Joachim, op.
cit., p. 24.
22. Valladier André, La saincte philosophie de l’âme. Sermons de l’Avent preschez à Paris à Saint-
Médric en l’an 1612, Lyon, 1625, p. 661.
23. Corbin Alain, L’Harmonie des plaisirs, op. cit., p. 356 et 360.
24. Ourliac Edmond, Physiologie de l’écolier, Paris, 1841, p. 96, cité par G. Houbre, La Discipline de
l’amour. L’éducation sentimentale des filles et des garçons à l’âge du romantisme, Paris, Plon, 1997,
p. 75.
25. Lister Anne, I Know my own Heart, New York, New York University Press, 1992.
26. Michelet Jules, Écrits de jeunesse, Paris, Gallimard, 1959, cité par G. Houbre, La Discipline de
l’amour…, op. cit., p. 77.
27. Vigée-Lebrun Élisabeth, Souvenirs, Paris, 1869, t. 1, p. 17.
28. Zweig Stefan, « Brûlant secret » [1911], dans La Confusion des sentiments et autres récits, Paris,
Robert Laffont, 2013, p. 378.
29. Beyle Henri dit Stendhal, Lamiel, Paris, 1889, p. 185 et 189.
30. Colette, L’Ingénue libertine [1909], Paris, Le Livre de poche, 1982, p. 149. Voir Joubi Pascale,
« L’éducation passionnelle des jeunes filles : de la Belle Époque à l’entre-deux-guerres », dans Savoirs
des femmes, automne 2013 (http://savoirsdesfemmes.org).
31. Sohn Anne-Marie, Du premier baiser…, op. cit., p. 373.
32. Ibid., p. 388.
33. Ibid., p. 375. Une ignorance corroborée par le dossier de lettres des années 1920-1930
commenté par Martine Sevegrand. Voir Sevegrand Martine, L’Amour en toutes lettres…, op. cit., p. 38
sq.
34. Flandrin Jean-Louis, Les Amours paysannes (XVIe-XIXe siècle), Paris, Julliard, 1975, p. 163.
35. Sauvageon Christophe, Registre concernant le prieuré de Sennely en Sologne, Marseille,
J. Lafitte, 1980, p. LXXXXIV.
36. Delumeau Jean, L’Aveu et le Pardon. Les difficultés de la confession, Paris, Fayard, 1990, p. 118.
37. Voir Carol Anne, « Les médecins et la stigmatisation du vice solitaire (fin XVIIIe-début XIX
e
32. D’après Bardet Jean-Pierre et Dupâquier Jacques (dir.), Histoire des populations, op. cit., p. 403
et 536.
33. Cité par Gabrielle Houbre, La Discipline de l’amour…, op. cit., p. 155.
34. Toutes ces données dans Bardet Jean-Pierre et Dupâquier Jacques, Histoire des populations, op.
cit.
35. Le Camus Estienne, Ordonnances synodales du diocèse de Grenoble, op. cit., p. 29.
36. Matthews-Grieco Sara, « Corps et sexualité dans l’Europe d’Ancien Régime », op. cit., p. 193.
37. Rossiaud Jacques, La Prostitution médiévale, Paris, Flammarion, 1988, p. 50-53.
38. Hollewand Karen, « Between Books and Brothels. The Sexual Scholarship of Hadriaan
Berverland », dans Lidman Satu [et al.], Framing Premodern Desires…, op. cit., p. 151-173.
39. Ibid.
40. Ménétra Jacques-Louis, Journal de ma vie, Paris, Montalba, 1982, p. 39.
41. Zeldin Théodore, Histoire des passions françaises, 1848-1945, t. 1 (1980), Paris, Seuil, 2002,
p. 357.
42. Grisoni Dominique, « La preuve des corps », dans Bardet Jean-Pierre (dir.), La Première Fois…,
op. cit., p. 52 et 62.
43. Zweig Stefan, Le Monde d’hier, op. cit., p. 97, 103-106.
44. Gonzalez-Quijano Lola, « Entre désir sexuel et sentiments : l’apprentissage amoureux des
étudiants du quartier latin du second XIXe siècle », dans Blanchard Véronique [et al.] (dir.), Les
Jeunes et la Sexualité, op. cit., p. 180-188.
45. Leiris Michel, L’Âge d’homme [1939], Paris, Gallimard, 1984, p. 106 et 175.
46. Pennac Daniel, Journal d’un corps, Paris, Gallimard, 2012, note du 10 octobre 1946.
47. Corbin Alain, « L’emprise de la religion », op. cit., p. 65.
48. Cité par Houbre G., La Discipline de l’amour…, op. cit., p. 179.
49. Balzac Honoré de, Physiologie du mariage…, op. cit., p. 252-253.
50. Id., Mémoires de deux jeunes mariées [1842], dans Œuvres complètes…, op. cit., p. 264, 292,
350, 352, 355.
51. Mme Roland, Enfance, op. cit., p. 59.
52. Ibid., p. 55.
53. Ibid., p. 40.
54. Vigée-Lebrun Élisabeth, Souvenirs, op. cit., t. 1, p. 17.
55. Bautain Louis Eugène Marie (abbé), La Chrétienne de nos jours : Lettres spirituelles. Première
partie : La jeune fille et la femme [1859], Paris, 1861, p. 61, 63, 67-68.
56. Muller Caroline, « Ce que confessent les journaux intimes », Circé. Histoire, culture et sociétés,
o
n 9, 2014.
57. C’est ce genre de truchements que met en scène Ernest Feydeau. Voir Feydeau Ernest,
Souvenirs d’une cocodette, écrits par elle-même [1878], Paris, Mille et Une Nuits, 2006.
58. Labrunie Étienne, Dissertation sur les dangers de la privation et de l’abus des plaisirs vénériens
chez les femmes, op. cit., p. 10.
59. Goncourt Edmond de, Chérie [1884], Paris, Flammarion & Fasquelle, 1921, p. 111, 192-194,
221.
60. Cité par Sohn Anne-Marie, Chrysalides, vol. 1, op. cit., p. 389.
61. Musset Alfred de, La Confession d’un enfant du siècle, op. cit., p. 66.
62. Voir sur ce thème les textes cités par Mortas Pauline, op. cit., p. 226-237.
63. Dumas Alexandre (fils), L’Ami des femmes, Pézénas, Mirondela Dels Arts, 2013, p. 229-230.
64. Cappelle Marie, Mémoires de madame Lafarge née Marie Cappelle écrits par elle-même, Paris,
1875, p. 188, cité par Mortas Pauline, op. cit., p. 345.
65. Mme Roland, Enfance, op. cit., p. 59.
66. Ce que note avec pertinence Mortas Pauline, op. cit., p. 126.
67. Dumas Alexandre fils, op. cit., p. 14.
68. Coriveaud Adrien, Le Lendemain du Mariage op. cit., p. 14-15. Voir aussi Saint-Ernest Octave
de, Physiologie de la première nuit des noces, Paris, 1846.
69. Buisson Léa, « La nuit de noces, des savoirs prénuptiaux à l’initiation », dans Savoirs des
femmes, automne 2013 (http://savoirsdesfemmes.org).
70. Degas Edgar, L’Intérieur, 1868, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art.
71. Maupassant Guy de, « Une vie » [1883], dans Romans, Paris, Gallimard, 1987. Citations aux
pages 4, 42, 44-45, 47-48, 53, 58 et 60.
72. Goncourt Edmond de, op. cit., p. 238.
73. Ibid., p. 170.
74. Tolstoï Léon, La Sonate à Kreutzer, op. cit., p. 361.
75. Zweig Stefan, Le Monde d’hier…, op. cit., p. 98 et 100.
76. Grisoni Dominique, La Preuve des corps, op. cit., p. 22-24.
77. Le Gall Didier et Le Van Charlotte, La Première Fois. Le passage à la sexualité adulte, Paris,
Payot, 2007. L’enquête porte sur environ 200 réponses circonstanciées.
É
78. Cité par Le Pallec-Marand Claudine, « États-Unis : le cinéma de Larry Clark, ou l’esthétique
des fucking premières fois (1995-2006) », dans Blanchard Véronique, Les Jeunes et la Sexualité, op.
cit., p. 168.
79. Selon Anne-Marie Sohn, en 1972, un quart des jeunes sont tous les deux vierges lors de leur
premier rapport et près de la moitié ont été initiés par un partenaire de leur âge. Voir Sohn Anne-
Marie, La Fabrique des garçons, op. cit., p. 132.
80. Lejeune Philippe, « L’autobiographie et l’aveu sexuel », art. cité, p. 37-51.
9. De chastes volontés ?
1. Houziaux Alain, « L’idéal de chasteté dans les débuts du christianisme », art. cité.
2. Bourdaloue Louis, Sermons pour les dimanches, Lyon, 1725, t. 1, p. 84.
3. Villers de Billy Catherine, Instructions historiques…, op. cit., p. 302.
4. Debreyne Pierre Jean Corneille, Le Prêtre et le Médecin devant la société, Paris, 1848, p. 188.
5. Brown Peter, op. cit., p. 194.
6. Le Catéchisme du Concile de Trente, op. cit., p. 381-385 et 393.
7. Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p 33-36.
8. Le Catéchisme du Concile de Trente, op. cit., p. 486-494.
9. Bernos Marcel, Les Sacrements dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles : pastorale et vécu des fidèles,
Aix-en-Provence, PUP, 2007, p. 149.
10. Ibid., p. 222.
11. Grenaille François de, L’Honneste Mariage, Paris, 1640, p. 23.
12. Fleury Claude, Catéchisme historique contenant en abrégé l’histoire sainte et la doctrine
chrétienne, Paris, 1735, p. 450.
13. Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 68. Voir aussi Daumas Maurice, « La
sexualité dans les traités sur le mariage en France, XVIe-XVIIe siècles », Revue d’histoire moderne et
contemporaine, 2004, no 51-1, p. 7-35.
14. François de Sales, « Introduction à la vie dévote », dans Œuvres, Paris, Gallimard, 1969,
p. 164-167, 180-183, 240, 249.
15. Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 85.
16. Daumas Maurice, « Cœurs vaillants et cœurs tendres : l’amitié et l’amour à l’époque
moderne », dans Corbin Alain, Courtine Jean-Jacques et Vigarello Georges (dir.), Histoire des
émotions. 1, op. cit., p. 344.
17. Cordier J., La Famille sainte, 1re éd., Paris 1644 ; éd. consultée, Paris, 3 vol., 1687, t. 1, p. 49.
Voir Bernos Marcel, Les Sacrements, op. cit., p. 264.
18. Cité par Delumeau Jean, L’Aveu et le Pardon, op. cit., p. 105.
19. Luther Martin, « Sermon sur l’état conjugal », op. cit., p. 231-240.
20. Calvin Jean, Institution de la religion chrétienne, trad. de Charles Icard [1713], Genève, t. I,
1818, p. 326-330. Beaucoup plus catégorique, le pasteur J.-F. Ostervald de Neuchâtel associe
étroitement chasteté et pureté corporelle et spirituelle : Ostervald Jean-Frédéric, Traité contre
l’impureté, Amsterdam, 1707, p. 186-201.
21. C’est l’avis de Flandrin Jean-Louis, Familles : parenté, maison, sexualité dans l’ancienne société,
Paris, Hachette, 1984, p. 163.
22. Leites Edmund, La Passion du bonheur. Conscience puritaine et sexualité moderne [1986], trad.
de l’anglais, Paris, Cerf, 1988, p. 92.
23. Ibid., p. 105. Voir Smith Henry, A Preparative to Marriage, Londres, 1591 ou Gataker Thomas,
A Good Wife. God’s Gift and Wife indeed, Londres, 1624.
24. Calvin Jean, Scripta didactica et polemica, vol. 1, Contre la secte phantastique et furieuse des
libertins qui se nomment spirituelz [1545], Genève, 2005, p. 127-129.
25. Citations d’après Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 98 et 100.
26. Cité par Bernos Marcel, Les Sacrements, op. cit., p. 225.
27. Ibid., p. 227.
28. Ibid., p. 223.
29. Villethierry Jean Girard de, La Vie des gens mariés, Paris, 1726, p. 17.
30. Selon Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 345.
31. Féline (Le père) Le Catéchisme des gens mariés [1775], Rouen, 1880, p. 23.
32. Ibid., p. 10.
33. Le Blanc Thomas, La Direction et la Consolation des personnes mariées, Paris, 1664, p. 13-14 et
95.
34. Féline (Le père), Le Catéchisme…, op. cit., p. 26-28.
35. Langlois Claude, « Sexe, modernité et catholicisme », Esprit, février 2010, p. 110-121.
36. Corbin Alain, L’Harmonie des plaisirs, op. cit., p. 325.
37. L’abbé Viollet, prêtre de Paris, fondateur de l’Association du mariage chrétien et dont la revue
lance en 1924 le débat sur la chasteté conjugale. Voir pour la publication de cette correspondance
Sevegrand Martine, L’Amour en toutes lettres…, op. cit.
38. Cité par Bernos Marcel, Les Sacrements, op. cit., p. 220.
39. Rogers Henry et Rosenstein Robert, « De l’inconstance thématique à une poétique de
l’inconstance », Neophilogus, vol. 72, no 2, avril 1988, p. 180-190.
40. Cité par Bernos Marcel, Les Sacrements, op. cit., p. 223.
41. Dans Daumas Maurice, « La sexualité… », art. cité.
42. Venette Nicolas, De la Génération de l’homme, op. cit., I, p. 342 et II, p. 265.
43. Montalban Charles, La Petite Bible des jeunes époux, Paris, 1885, p. 37.
44. Cité par Corbin Alain, L’Harmonie des plaisirs, op. cit., p. 243.
45. Villethierry Jean Girard de, La Vie des gens mariés, op. cit., p. 489.
46. Héliodore de Paris, Satan, ses pompes, ses œuvres, C.O.S., Montrouge, 1866, col. 138.
47. Maillard Claude, Le Bon Mariage ou le Moyen d’être heureux et de faire son salut en l’état de
mariage, Paris, 1647.
48. Voir Walch Agnès, « Du singulier à l’universel : La perfection de l’amour selon Catherine
Levesque (1616-1693) », Dix-septième siècle, no 209, 2000, p. 704-718.
49. Lévesque Catherine, La Perfection de l’amour du prochain dans tous les états, par l’union de nos
amours naturels aux amours de Dieu, Paris, 1685, p. 144, 146, 181.
50. Couturier Jean, Le Bon Mariage ou Avis à la jeunesse chrétienne pour un saint établissement,
Dijon, 1836, p. 115.
51. Baduel Claude, Traicté très utile et fructueux de la dignité du mariage, Paris, 1548, cité par
Pillorget René, La Tige et le Rameau. Familles anglaises et françaises, 16e-18e siècle, Paris, Calmann-
Lévy, 1979, p. 58.
52. Ibid., p. 223.
53. Dupouey Mireille, Cahiers, Paris, 1944-1945, p. 377. Texte cité par Walch Agnès, La
Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 384. Voir aussi Walch Agnès et Beauvalet Scarlett, « Le veuvage :
une expérience de spiritualité conjugale. Trois témoignages de veuves catholiques (1832-1936) »,
Histoire, Économie et Société, 14 (1995), no 4, p. 609-625.
54. Christin Olivier, « Le lit, la Vierge et la mort », dans Châtelier Louis et Martin Philippe (dir.),
La Prière dans le christianisme moderne. Revue d’histoire des religions, t. CCXVIII, juillet-septembre
2000, p. 607-622.
55. Montalban Charles, La Petite Bible…, op. cit., cité par Perrot Michelle, Histoire des chambres,
Paris, Seuil, 2009.
56. Cité par Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 58.
57. Ce qu’illustre l’enseignement de Nicolas Letourneux (1640-1686), prêtre proche de Port-
Royal. Voir Letourneux Nicolas, Instructions chrétiennes, Paris, 1686, p. 31, cité par Walch Agnès, La
Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 222.
58. Liébault Jean, Trois maladies et infirmitez des femmes, Rouen, 1649, t. I, p. 53, cité par Darmon
Pierre, Le Mythe de la procréation à l’âge baroque, Paris, Seuil, 1981, p. 125.
59. Maillard Claude, Le Bon Mariage…, op. cit., p. 75.
60. Féline (Le père), Le Catéchisme…, op. cit., p. 32.
61. François de Sales, La Conduite des âmes, cité par Bernos Marcel, « Le concile de Trente et la
sexualité : la doctrine et sa postérité », dans Bernos Marcel (textes réunis par), Sexualité et religions,
op. cit., p. 226.
62. Villethierry Jean Girard de, La Vie des gens mariés, op. cit., p. 490.
63. Bieler André, L’Homme et la Femme dans la morale calviniste, Genève, Labor et Fides, 1963,
p. 37.
64. Cité par Corbin Alain, L’Harmonie des plaisirs, op. cit., p. 260.
65. Benedicti Jean, Somme des péchés et les remèdes d’iceux, Paris, 1601, p. 125.
66. Barbaro François, Deux livres de l’estat de mariage, Paris, 1667, p. 124.
67. Lévesque Catherine, La Perfection de l’amour…, op. cit., p. 147 et 149, cité par Walch Agnès,
La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 267.
68. Voir Pillorget René., La Tige et le Rameau…, op. cit., p. 59-60.
69. Villethierry Jean Girard de, La Vie des gens mariés, op. cit., p. 491.
70. Cabrisseau Nicolas, Réflexions morales sur le livre de Tobie, Paris, 1772, p. 126.
71. Villers de Billy Catherine, Instructions historiques…, op. cit., p. 652-653.
72. Par exemple William Gouge estime que l’adultère du mari est aussi condamnable que celui de
l’épouse dans Of Domestical Duties. Eight Treatises, Londres, 1622.
73. Du Bartas Guillaume de Saluste, La Judit, Toulouse, Association des Publications de la faculté
des lettres, 1971, p. 54.
74. Cité dans Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 387-388.
75. Cité par Bernos Marcel, Les Sacrements, op. cit., p. 226.
76. Villethierry Jean Girard de, La Vie des gens mariés, op. cit., p. 493.
77. Thévenot Xavier, Repères éthiques pour un monde nouveau, Strasbourg, Salvator, 1982, p. 44-
53.
78. Bianchi Enzo, « Comment vivre la chasteté dans son couple », Aletia, février 2017, p. 11.
79. Tainturier Jean-Christophe, « La chasteté dans le couple », Église et vocations, 2006, no 120,
Célibat et chasteté (https://archivesweb.cef.fr/public/archive.revue-
egliseetvocations.cef.fr/article50.html).
80. Gueullette Jean-Marie, La Vie en abondance. La vertu de chasteté pour les prêtres et les religieux,
Paris, Cerf, 2018, p. 30 et 54. Sur le sujet, l’auteur cite d’ailleurs à plusieurs reprises Radcliffe
Timothy, Je vous appelle amis, Paris, Cerf, 2000.
81. Joye Sylvie, « Couples chastes à la fin de l’Antiquité et au haut Moyen Âge », Médiévales, 2013,
o
n 65, p. 47-63.
82. Laurence Patrick, Jérôme…, op. cit., p. 226 sq.
83. Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 104-119.
84. Hénault-Morel Thierry, Louis et Zélie Martin, Paris, Cerf, 2015, p. 87.
85. Ollé-Laprune Alice, Liens immortels [1940], Chiré, Éditions du Chiré, 2018, p. 97.
86. Barré Jean-Luc, Jacques et Raïssa Maritain : les mendiants du ciel, biographies croisées, Paris,
Stock, 2009, p. 142-143.
87. Note du Journal de Raïssa Maritain retirée de l’édition par Jacques, citée dans ibid.
88. Schünge-Straumann Helen, Tobit, Fribourg-en-Brisgau, Herder Verlag, 2005, p. 132-135.
89. Livre de Tobie 8, 4-10. Mais cette interprétation fantaisiste des trois nuits fut semble-t-il
reprise dans la traduction de Jérôme puisque le texte ne parle explicitement que de la nuit où « ils
se sont couchés et ont dormi » (verset 9).
90. Eudes Jean, La Vie du chrétien ou le Catéchisme de la mission [1651], Louvain, 1675, p. 136.
91. Oddo Nancy, « “Une vieille matière d’une manière nouvelle” ou comment romancer la vie de
sainte : Roselis ou l’histoire de sainte Suzanne de Jean-Pierre Camus (1623) » dans Les Dossiers du
Grihl [en ligne], 2015-01.
92. Camus Jean-Pierre, Roselis ou l’histoire de sainte Susanne, Paris, 1623, p. 612-613.
93. Villethierry Jean Girard de, La Vie des gens mariés…, op. cit., p. 99-100.
94. Pouget François-Aimé, Instructions générales en forme de catéchisme, Paris, 1714, p. 483.
95. La Neuville Jean de, Le Livre de Tobie avec des réflexions morales sur tous les versets, Paris,
1723, p. 208-209.
96. Coutume semble-t-il attestée en Écosse dans Dalrymple David (Lord Hailes), Annals of
Scotland, Édimbourg, W. Creech, 1797, vol. 3, p. 16.
97. Cambry Jacques, Voyage dans le Finistère en 1794-1795, Paris, 1799, t. 3, p. 160.
98. Van Gennep Arnold, Le Folklore français. 1, Du berceau à la tombe, cycles de carnaval, carême et
Pâques, Paris, Robert Laffont, 1998, p. 480-483.
99. Saint-Yves Pierre, « Les trois nuits de Tobie », Revue anthropologique, 1934, p. 266-296.
100. Villers de Billy Catherine, Instructions historiques…, op. cit., en particulier p. 301-304.
101. Voir Livi-Bacci Massimo, « Social Group Forerunners of Fertility Control in Europe », dans
Coale Ansley J. et Watkins Susan C. (éd.), The Decline of Fertility in Europe, Princeton, Princeton
University Press, 1986, p. 182-200.
102. Voir Henry Louis, « Ducs et pairs sous l’Ancien Régime. Caractéristiques démographiques
d’une caste », Population, 1960-15-5, p. 807-830.
e e
103. Bardet Jean-Pierre, Rouen aux XVII et XVIII siècles. Mutations d’un espace social, Paris, Sedes,
1983, p. 280.
e e
104. Lachiver Marcel, La Population de Meulan du XVII au XIX siècle (vers 1600- 1870). Étude de
démographie historique, Paris, S.E.V.P.E.N., 1969.
105. Bernos parle du « texte bien connu » de Bouvier dans Bernos Marcel [et al.], Le Fruit défendu,
op. cit., p. 199.
106. Cité par Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 379.
107. France Anatole, Les Opinions de monsieur Jérôme Coignard, Paris, 1895, p. 204.
108. Familiaris consortio, 84 § 5.
109. Sacramentum Caritatis, no 29, exhortation post-synodale, février 2007. Les assouplissements
proposés par le pape François dans son exhortation apostolique Amoris laetitia (mars 2016),
concernant l’accès à la communion pour les divorcés remariés, ne sont pas allés sans résistance de la
part de certains évêques et de certaines franges identitaires du catholicisme.
110. Cité par Walch Agnès, La Spiritualité conjugale…, op. cit., p. 469.
111. Par exemple Fontaine David, No Sex last Year, Paris, Les Petits Matins, 2006 ou Tonnac Jean-
Philippe de, La Révolution asexuelle, Paris, Albin Michel, 2006.
112. Delumeau Jean, Mille ans de bonheur, Paris, Fayard, 1995.
113. Mede Joseph, Clavis Apocalyptica. Annotations sur l’Apocalypse, Londres, 1627, p. 72.
114. Sewall Samuel, A Description of the New Haven (1687) cité par J. Delumeau, Mille ans de
bonheur op. cit., p. 278.
115. Mather Cotton, Call of the Gospel, Boston (1686), p. 24.
116. Clarkson Lawrence, A Single Eye (1650), par exemple, estimait l’adultère comme une chose
pure. Cité par Hill Christopher, The World Turned Upside Down, Londres, Temple-Smith, 1972,
p. 236.
117. Foster Lawrence, Free Love in Utopia, Urbana, University of Illinois Press, 2002.
118. Graham Sylvester, Lecture to Young Men on Chastity, Boston, 1838, cité par Abbott Elizabeth,
Histoire universelle de la chasteté et du célibat [1999], trad. en français, Québec, Fides, 2012, p. 255.
119. Watts Jill, God, Harlem U.S.A. The Father Divine Story, Berkeley, University of California
Press, 1992.
120. Kern Louis J., An Ordered Love. Sex Roles and Sexuality in Victorian Utopias, Chapel Hill, UNC
Press Books, 1981.
121. Abbott Elizabeth, op. cit., p. 192.
122. Elliot Elizabeth, Passion and Purity. Learning to bring your Love Life under Christ’s Control
(1984) et Carla Stephens, A Passion of Purity. Protecting God’s Precious Gift of Virginity (2003). Voir
Bernau Anke, Virgins. A Cultural History, Londres, Granta Books, 2007, p. 59.
123. Cité dans De Rogatis Amy, Saving Sex. Sexuality and Salvation in American Evangelicalism,
Oxford, Oxford University Press, 2015, p. 28.
124. Abbott Elizabeth, op. cit.
125. Harris Joshua, J’ai tourné le dos au flirt, trad. en français, Lausanne, Maison de la Bible,
2007.
126. Ibid., p. 26 et 53.
127. Ibid., p. 58.
128. De Rogatis Amy, Saving Sex…, op. cit., p. 29.
129. Ibid., p. 30.
130. Cline Sally, Women, Passion and Celibacy, New York, Clarkson Potter, 1993.
131. Abbott Elizabeth, op. cit., p. 557-558.
132. En suivant Young Antonia, Albanian Sworded Virgins, Londres, 2001, trad. en français, Les
Vierges jurées d’Albanie, Paris, Non Lieu, 2016, p. 76. On comptait au début des années 2000 environ
une centaine de ces vierges jurées.
133. Ibid., p. 12.
134. Ibid., p. 149.
135. Ibid., p. 103.
136. Voir l’étude récente de Sastre Peggy, No sex. Avoir envie de ne pas faire l’amour, Paris, La
Musardine, 2010.
137. Ibid., p. 97.
138. Ibid., p. 129.
139. Ibid., p. 131.
140. Tonnac Jean-Philippe de, La Révolution…, op. cit., p. 14.
141. Bajos Nathalie et Bozon Michel, La Sexualité en France. Pratiques, genre et santé, Paris, La
Découverte, 2008.
10. La fabrique des vierges
1. Jérôme (saint), Adversus Helvidium, De perpetua virginitate (383), 19, t. XXII, col. 203.
2. Cabantous Alain et Walter François, Noël, une si longue histoire, Paris, Payot, 2016, p. 93 sq.
3. C’est-à-dire « un récit interprétatif basé sur un élément antérieur de la tradition ». Voir Spong
John, Né d’une femme. Conception et naissance de Jésus dans les Évangiles, trad. en français, Paris,
Khartala, 2015, p. 40-53. Meier John P., Un certain juif, Jésus, t. 1, Sources, origines, dates, trad. en
français, Paris, Cerf, 2002, p. 142.
4. Ephrem le Syriaque, Hymnes sur la Nativité, cité par Dusserre Joseph, « Les origines de la
dévotion à saint Joseph », Cahiers de joséphologie, no 1, 1953, p. 31.
5. Sissa Giulia, Le Corps virginal, op. cit., p. 195.
6. Baudoz Jean-François, « La virginité de Marie dans la tradition des synoptiques », dans Longère
Jean (dir.), La Virginité de Marie, Paris, Mediaspaul, 1998, p. 9-23. La virginité biologique de Marie
avant, pendant et après la naissance de Jésus est affirmée solennellement par le concile de
Chalcédoine en 451.
7. Ce que dit Sissa Giulia, Le Corps virginal, op. cit., p. 99. Voir aussi Foskett Mary M., A Virgin
conceived. Mary and the Classic Representations of Virginity, Bloomington, Indiana University Press,
2003, p. 9-10.
8. Meier John P., Un certain juif Jésus, op. cit., p. 143.
9. L’homme est le marqueur « de l’être de l’enfant » dans Moschetta Jean-Marie, Jésus, fils de
Joseph, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 303.
10. Chez Philon d’Alexandrie par exemple dans Cerbelaud Dominique, Marie, un parcours
dogmatique, Paris, Cerf, 2003, p. 28-29.
11. Meier John P., Un certain juif Jésus, op. cit., p. 364, note 4.
12. Moschetta Jean-Marie, Jésus…, op. cit., p. 304.
13. Brown Raymond E., The Birth of Messiah, Garden City (NY), Yale University Press, 1977,
p. 300 sq.
14. Origène, Contre Celse, 1, 28 et 32, Paris, 2005 ; Shaberg Jane, The Illegitimity of Jesus, San
Francisco, Sheffield Phoenix Press, 1987.
15. Sesboüé Bernard (dir.), Histoire des dogmes, t. III, Les signes du salut, Paris, Desclée, 2016,
p. 573.
16. L’analyse linguistique actuelle incline très fortement à penser que ceux que les évangélistes
eux-mêmes et Paul désignent parfois par leur nom sont bien des frères (adelphos) et non des cousins
(anepsios), tout spécialement chez Paul. Voir Lemonon Jean-Paul, « L’aîné d’une famille nombreuse »,
dans Doré Joseph et Pédotti Christine (dir.), Jésus, l’Encyclopédie, Paris, Albin Michel, 2017, p. 152-
153.
17. « Il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eut enfanté un fils » (Mt 1, 25).
18. Cabantous Alain et Walter François, Noël…, op. cit., p. 91.
19. Cerbelaud Dominique, Marie…, op. cit., p. 67 et Rothen Johan, « État actuel sur la question de
la virginité de Marie », dans Longère J., op. cit., p. 221-263.
20. McHugh John, La Mère de Jésus dans le nouveau Testament, trad. de l’anglais, Paris, Cerf, 1977.
21. Jugie Jean, « Le protévangile de Jacques et l’Immaculée Conception », Revue d’études
byzantines, 1911, 86, p. 16-20.
22. Cité dans Cerbelaud Dominique, Marie…, op. cit., p. 71.
23. Expression de Maria S. Heister dans Maria aus Nazareth, Göttingen (1987), rapporté par
Rothen Johan, op. cit., p. 251.
24. Sebbag Thierry, « Virginité, virginité : de Gaïa à Marie », art. cité.
25. Ratzinger Joseph, Foi chrétienne hier et aujourd’hui, Paris-Tours, Mame, 1969, p. 192.
26. Payan Paul, Joseph : une image de la paternité dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 2006.
27. De Meulemeester Maurice, « Controverses autour de la virginité perpétuelle de Joseph »,
Cahiers de joséphologie, 1955, no 3, p. 29-40.
28. Jacquinot Jean, Les Grandeurs de saint Joseph ou la Gloire de saint Joseph représentée dans ses
principales grandeurs… [1645/1854], Croix de Cojouls, éd. Saint-Jean, 2013, p. 33, 227 et 255.
29. Binet Étienne, Le Tableau des divines faveurs accordées à saint Joseph [1639], Amiens, 1866,
p. 29-30.
30. Cité par Berlioux Martin, Saint Joseph, patron de l’Église catholique, Grenoble, 1872, p. 89.
31. Par exemple, dès 1522, le dominicain italien Isidore de Isolanis (cité par Delumeau Jean,
Rassurer et protéger. Le sentiment de sécurité en Occident, Paris, Fayard, 1989, p. 343).
32. Pieau René, Vie de saint Joseph, l’époux de la divine Marie et le père nourricier de Jésus,
Clermont-Ferrand, 1842, p. 35-36.
33. Wohlman Avital, L’Homme, le Monde sensible et le Péché dans la philosophie de Jean Duns Scot,
trad. en français, Paris, J. Vrin, 2000, cité par Zajtman Albert, « Judaïsme », dans Henryot Fabienne
et Martin Philippe, Dictionnaire historique de la Vierge Marie, Paris, Perrin, 2017, p. 225.
34. Cholvy Brigitte, « Le péché originel, une invention d’Augustin ? », Itinéraires augustiniens,
o
n 45, janvier 2011.
35. Marie peine à croire le message de l’ange, elle parade à Cana et prend Jésus pour un fils
ordinaire. Voir Jouassard Georges, « Marie à travers la patristique », dans Maria. Études sur la Sainte
Vierge, Paris, 1949, p. 69-157. Cité par Sesboüé Bernard, Histoire…, op. cit., p. 594.
36. Les dominicains de Berne en viendront même en 1507 à monter de toutes pièces une fausse
apparition de Marie annonçant à un novice qu’elle n’avait pas été préservée du péché originel. Voir
Barnay Sylvie, « L’Affaire de Berne. Conception et apparitions de la Vierge », dans Fournié Éléonore
et Lepape-Berlier Séverine, « L’Immaculée Conception : une croyance avant d’être un dogme, un
enjeu social pour la Chrétienté », L’Atelier du Centre de recherches historiques [en ligne], 10 | 2012.
37. Par exemple, en 1619, Charles de Gonzague, duc de Nevers, institua dans la ville ducale
l’ordre de l’Immaculée Conception.
38. Suire Éric, « Immaculée Conception », dans Henryot Fabienne et Martin Philippe,
Dictionnaire…, op. cit., p. 210-214.
39. Cerbelaud Dominique, Marie…, op. cit., p. 173-174.
40. Langlois Claude, « Mariophanies et mariologies au XIXe siècle », dans Comby Jean (dir.),
Théologie, histoire et piété mariale, Lyon, Profac, 1997, p. 19-36.
41. Gerson Jean, Considérations sur saint Joseph, p. 349, cité par Payan Paul, « Pour retrouver un
père… La promotion du culte de saint Joseph au temps de Gerson », Cahiers de recherches médiévales
[en ligne], 4 | 1997.
42. Payan Paul, « La sanctification in utero de Joseph, une proposition gersonienne », dans Fournié
Éléonore et Lepape-Berlier Séverine, op. cit.
43. Maria d’Agreda, La Cité mystique de Dieu, trad. en français, Paris, 1670, chapitre 18.
44. Berlioux Martin, Saint-Joseph…, op. cit., p. 27. Pour une bibliographie étendue, voir les
premiers numéros des Cahiers de joséphologie, 1953, no 1 et 2 ; 1955 , no 1.
45. Lebrun Pierre, Superstitions anciennes et modernes : préjugés vulgaires…, Amsterdam, 1733,
t. 1, p. 67.
46. Entre 1803 et 1917, on dénombre 129 apparitions mariales avec un pic entre 1870 et 1879
(32). Elles touchent surtout la France avec la moitié des phénomènes puis l’Italie (19 %),
l’Allemagne (7 %), l’Autriche (4 %). La péninsule Ibérique n’est pratiquement pas touchée.
Schneider Bernhard, « Marienerscheinungen im 19. Jahrhundert », dans Wolf Hubert (dir.), “Wahre”
und “falsche” Heiligkeit…, op. cit., p. 91. On en compte plus de 400 entre 1917 et 1960. On notera
aussi les rares apparitions de saint Joseph, dont l’une est particulièrement intéressante : celle de
Fatima. Le 13 octobre 1917, relate sœur Lucie, « nous avons vu à côté du soleil saint Joseph avec
l’Enfant et Notre-Dame vêtue de blanc. Saint Joseph et l’Enfant semblaient bénir le monde ».
47. Voir Froeschlé-Chopard Marie-Hélène, « Rosaire », dans Henryot Fabienne et Martin Philippe,
Dictionnaire…, op. cit., p. 410-414.
48. Froeschlé-Chopard Marie-Hélène, « Le Rosaire, parole et image », Annales de Bretagne, 1991,
98-2, p. 148.
49. Chatelier Louis, L’Europe des dévots, Paris, Aubier, 1987, p. 33.
50. Boudon Henri-Marie, De la dévotion aux neuf chœurs des anges, Nancy, 1717, cité par Manevy
Anne, « Le droit chemin. L’ange gardien, instrument de la disciplinarisation après la Contre-
Réforme », Revue de l’histoire des religions, t. 223, juin 2006-2, p. 205.
51. Gélis Jacques, L’Arbre et le Fruit. La naissance dans l’Occident moderne (XVIe-XIXe siècle), Paris,
Fayard, 1984, p. 140.
52. Ibid., p. 138.
53. Boutry Philippe, « Les corps saints des catacombes », dans Baciocchi Stefano et Duhamelle
Christophe (dir.), Reliques romaines, Rome, 2016, p. 225-259 ; Boutry Philippe, Fabre Pierre-Antoine
et Julia Dominique, Reliques modernes, Paris, EHESS, 2013, vol. 1, p. 121-173.
e
54. Boutry Philippe, « Papauté et culture au XIX siècle. Magistère, orthodoxie, tradition », Revue
d’histoire du XIXe siècle, 2004/1, no 28, p. 31-58.
55. Moulinier Laurence, « Élisabeth, Ursule et les onze mille vierges : un cas d’invention de
reliques à Cologne au XIIe siècle », Médiévales, 1992, no 22-23, p. 173-186.
56. Nous suivons de près la critique développée par Leclercq Henri, Dictionnaire d’archéologie
chrétienne, Paris, Letouzey et Ané, 1929, t. V, 1600-1604.
57. Montrond Maxime de, Le Curé d’Ars et sainte Philomène, Paris, 1872.
58. Poupelier Claude-Amand-Napoléon (abbé), Abrégé de la vie de sainte Philomène, Troyes, 1854,
p. 4. Voir aussi Oudoul Jean-François, Histoire de sainte Philomène, vierge et martyre, Paris, 1838.
59. Ibid., p. 7.
60. Ibid., p. 16. On notera les similitudes chronologiques avec la mort du Christ.
61. Darche Jean-François, Vie très complète de sainte Philomène, Paris, 1867, p. 60.
62. Bouange Guillaume, Sainte Clémentine, vierge-martyre romaine, Toulouse, 1854.
63. Gerbet Philippe, Le Livre de sainte Theudosie, Amiens, 1854.
64. Bouange G., Sainte Atilie, martyre du diocèse de Saint-Flour, Saint-Flour, 1844.
65. Poupelier C.-A.-N., op. cit., p. 90-91. L’auteur semble s’être fortement inspiré du texte de
Hyacinthe de Montargon, Dictionnaire apostolique à l’usage de Messieurs les curés des villes et des
campagnes (article « Vierges »), t. 8, Paris, 1752.
66. Darche Jean-François, op. cit., p. 298.
67. Bouange G., Sainte Clémentine…, op. cit., p. 153.
68. Ibid., p. 155.
69. Ibid., p. 133.
70. Oudoul Jean-François, Vie de sainte Solange, vierge et martyre du Berry, Bourges, 1828, p. 36.
71. Ibid., p. 41.
72. Étoile Notre-Dame, Il est ressuscité, Réflexion chrétienne, Hozana, Nouvelle Évangélisation,
etc.
73. On pourrait aussi citer d’autres cas similaires de vierges assumant leur chasteté jusqu’à la
mort : celui Karoline Kozka en 1914, d’Antonia Mesina en 1935 et d’Anna Kolesárová en 1944,
toutes trois assassinées à l’âge de 16 ans, les deux premières canonisées par Jean-Paul II et la
troisième récemment béatifiée.
74. Rédigée dans la seconde moitié du XIIIe siècle, La Légende dorée de Jacques de Voragine ne
mentionne que 18 % de saintes, soit un peu moins de 30 pour six fois plus d’hommes.
75. Vies des saintes femmes, des martyres et des vierges pour tous les jours de l’année, tirées des
écrivains sacrés…, Paris, 1822.
76. Ibid., t. 3, 2 octobre, p. 346.
77. Les saintes et bienheureuses ayant vécu entre Thècle, disciple de Paul, et la fin du IVe siècle
forment plus de 46 % des femmes mentionnées contre 38 % pour celles qui ont vécu du Ve au Xe
siècle, 12,9 % pour celles du XIe au XVe siècle, 3 % pour celles du XVIe et du XVIIe siècle.
78. Ibid., p. VII et IX.
79. Ibid., t. 2, p. 117.
80. Ibid., t. 3, p. 336.
81. Ibid., t. 2, p. 80.
82. Voragine Jacques de, La Légende dorée, Paris, Seuil, 2004, p. 140.
83. Ibid., p. 720.
84. Ibid., p. 772.
85. Ibid., p. 67.
86. Vies des saintes femmes…, op. cit., t. 2, p. 276 et 136.
87. Voragine Jacques de, La Légende dorée, op. cit., 2004, p. 141.
88. Vies des saintes femmes…, op. cit., t. 2 , p. 81.
89. Ibid., t. 2, p. 111.
90. Ibid., t. 3, p. 332-333.
91. Voragine Jacques de, La Légende dorée, op. cit., p. 720.
92. Ibid., p. 82-83.
93. Vies des saintes femmes…, op. cit., t. 3, p. 296.
94. Brown Peter, op. cit. et Houziaux Alain, « L’idéal de chasteté des débuts du christianisme », art.
cité.
95. Roman-Galéazzi Hélène, « Les enfants de Marie Immaculée. Formation d’une élite populaire
de la piété », Rives nord-méditerranéennes, 21, 2005, p. 75-90.
96. Cité dans ibid., p. 79.
97. Pensionnat des sacrés cœurs de Jésus et de Marie, Règlement de l’association des Enfants de
Marie, Le Mans, 1865, p. 46.
98. Roman-Galéazzi Hélène, art. cité, p. 80.
99. Ibid., p. 81.
100. Ibid., p. 85.
101. Knibiehler Yvonne, La Virginité féminine…, op. cit., p. 153.
102. Segalen Martine, « Le manteau des jeunes filles… », op. cit.
103. Claude Langlois cité dans Knibiehler Yvonne [et al.], De la pucelle à la minette, op. cit.,
p. 139.
104. Ibid.
105. Metz René, La Consécration des vierges : hier aujourd’hui et demain, Paris, Cerf, 2001.
106. Rituel de la consécration des vierges, Paris, AELF, 1976.
107. « Ut numquam nuptias celebraverint neque publice seu manifeste in statu castitate contrario
vixerint », Ordo consecrationis virginum, editio typica, Roma, Libreria editrice vaticana, 1978.
108. Hausman Nicole, « Note sur l’intégrité physique des vierges consacrées : une question
disputée », Nouvelle Revue théologique, 131 (2009), no 3, p. 614-624.
109. Ecclesia sponsa imago, 4 juillet 2018, article 88. On compte actuellement plus de 5 000
vierges consacrées dans le monde.
110. Selon Le Nouvel Observateur (14 août 2018), la confrérie de Saint-Médard à Salency se
proposait de relancer en juin 2019 une fête de la rosière dont la dernière édition datait de 1987.
111. En 1766, l’intendant Lepelletier de Mortefontaine y conduisit Mme de Genlis. Maza Sarah,
« The Rose-girl of Salency. Representations of Virtue in Prerevolutionnary France », Eignteenth
Century Studies, 22-3 (1989), p. 395-412.
112. Fauchet Claude, Discours sur les mœurs rurales, prononcé dans l’église de Suresnes le 10 d’août
1788 pour la fête de la rosière…, Paris, 1788, p. 3-4.
113. Ibid., p. 38.
114. Everdell William, « The Rosiere’s Movement, 1766-1789. A Clerical Precursor of the
Revolutionnary Cults », French Historical Studies, IX (1973), p. 23-36.
115. Haquette Jean-Louis, Échos d’Arcadie. Les transformations de la tradition littéraire pastorale
des Lumières au romantisme, Paris, Garnier, 2009, p. 212-213.
116. Restif de La Bretonne Nicolas Edme, Monsieur Nicolas…, op. cit., p. 37. Champlâtreux est
dans l’actuel Val-d’Oise.
117. Monselet Charles, Figurines parisiennes, cité par Haquette Jean-Louis, op. cit., p. 215.
118. Déjà en 1774 à Romainville, la rosière devait être « la fille la plus modeste, respectueuse
envers ses parents et la plus attachée à ses devoirs », dans Segalen Martine, « Du village à la ville. La
fête de la rosière à Nanterre », Ethnologie française, t. 12, no 2, 1982, p. 185-194.
119. Ribereau-Gayon Marie-Dominique, « La rosière, incarnation et médiatrice d’une nouvelle
ruralité : les villes-rosières de Gironde », Norois, 2007/3, p. 53-65.
120. Passeleigue Louis, Les Fêtes en l’honneur des rosières de Montferrand (1881-1994), Clermont-
Ferrand, chez l’auteur, 1994.
121. Istasse Cédric, « Les mariages de la Rosière dans le département de Sambre-et-Meuse »,
Napoleonica. La Revue, 2009,1 (no 4), p. 11-29.
122. Ribereau-Gayon Marie-Dominique, op. cit., p. 57.
123. Segalen Martine, « Du village à la ville… », art. cité, p. 188.
124. En 2000, sur les 76 communes françaises qui avaient une fête de la rosière, les trois quarts
étaient rurales ou avaient moins de 10 000 habitants (Ribereau-Gayon Marie-Dominique, art. cité,
p. 54).
125. À Pessac en 1998 a été élue la première rosière musulmane (ibid., p. 63).
126. Belmont Nicole, Mythes et croyances dans l’ancienne France, Paris, Flammarion, 1973, p. 87
sq.
127. Brazzoli Angelo, Le Mois de Marie enfant, trad. en français de la 2e éd. [1891], Laval, 1895.
128. Vingt et une saintes vierges et martyres fêtées en mai contre 23 en juin et septembre et 26 en
juillet. D’après Vies des saintes femmes…, op. cit.
129. Les Sermons de saint Bernard sur le Cantique des Cantiques, t. 2, Lyon, 1636, p. 189.
130. François de Sales, « Introduction à la Vie Dévote », op. cit., p. 243.
131. Knibiehler Yvonne, La Virginité féminine…, op. cit., p. 156.
132. Prévost Marcel, Les Demi-Vierges…, op. cit., p. 67.
133. Méthode d’Olympe, Le Banquet de Méthode, Paris, Cerf, 1963, p. 133 et 136.
134. François de Sales, « Introduction à la Vie Dévote » op. cit., p. 169.
135. Voragine Jacques de, La Légende dorée…, op. cit., p. 721.
136. Pellegrin Nicole, Voiles : une histoire du Moyen Âge à Vatican II, Paris, CNRS, 2017, p. 172-
174.
137. Segalen Martine, « Le manteau des jeunes filles », op. cit.
138. Muzzarelli Maria Guiseppina, Histoire du voile. Des origines au foulard islamique, trad. de
l’italien, Paris, Bayard, 2017, p. 158.
139. Van Gennep Arnold, Le Folklore du Dauphiné, op. cit., p. 123.
140. Tertullien, « Le voile des vierges », cité par Aboudrar Bruno-Nassim, Comment le voile est
devenu musulman, Paris, L’Harmattan, 2014, p. 35.
141. 1 Cor 11, 2-16.
142. Muzzarelli Maria Guiseppina, Histoire du voile…, op. cit., p. 36.
143. Corbin Alain, L’Harmonie des plaisirs, op. cit., p. 139.
144. Gautier Théophile, Mademoiselle de Maupin, op. cit., p. 92-93.
145. Prévost Marcel, Les Demi-Vierges…, op. cit., p. 22.
146. Venette Nicolas, Tableau de l’amour humain considéré dans l’état du mariage, Amsterdam,
1686, t. I, p. 86.
147. Knibiehler Yvonne, La Virginité féminine…, op. cit., p. 17-18.
148. Propos attribué au carme Dominique de Jésus-Marie en mai 1622, cité par Marchal Corinne,
« Guerrière », dans Henryot Fabienne et Martin Philippe, Dictionnaire…, op. cit., p. 186.
149. Delfosse Annick, « Une vierge guerrière au service des Habsbourg », dans Béthouart Bruno et
Lottin Alain, La Dévotion mariale de l’an mil à nos jours, Arras, P.U. Artois, 2005, p. 343.
150. Cabantous Alain, « La mer, la ville et la fête aux XVIIIe et XIXe siècles dans la France du Nord.
Histoire d’une dépossession », Revue du Nord, 1987, no 284, p. 605-622.
151. Pastoureau Michel, Le Roi tué par un cochon, Paris, Seuil, 2015, p. 123 et 168-169.
152. Voir par exemple Lesurre Jacques-Pierre, Du vœu de Louis XIII et de nos devoirs envers la T.S.
Vierge, Paris, 1822.
153. De Seguin de Pazzis, Maxime, Vœu de Louis XIII, Paris, 1814, p. 11-12.
154. La situation paraît moins claire pour Jeanne Hachette, sorte de calque républicain de Jeanne
d’Arc, qui, sur les remparts de Beauvais, défendit les armes à la main les attaques menées par les
troupes de Charles le Téméraire en 1472. Elle est seulement qualifiée de « jeune fille » dans le
discours prononcé par André Talmont lors de l’inauguration de sa statue le 6 juillet 1851.
155. Le Brun de Charmettes Philippe-Alexandre, Histoire de Jeanne d’Arc surnommée la Pucelle,
Paris, 1817, t. IV, p. 45-47.
156. Beaune Colette, Jeanne d’Arc. Vérités et légendes, Paris, Perrin, 2008, p. 204-205.
157. Mazeau Guillaume, Le Bain de l’histoire. Charlotte Corday et l’attentat contre Marat, 1793-
2009, Seyssel, Champ Vallon, 2009.
158. Delasalle Paul, Charlotte Corday, Paris, 1845, p. 52 et 86.
159. Du Bois Louis, Charlotte Corday. Essai historique, Paris, 1838, p. 20.
160. Esquiros Alphonse, Charlotte Corday, Paris, 1841, p. 108.
161. Casimir-Perier Auguste, « La jeunesse de Charlotte Corday », Revue des Deux Mondes, 1er avril
1862, p. 602.
162. Lamartine Alphonse de, Histoire des Girondins, Bruxelles, 1845, t. V, p. 191.
163. Mazeau G., Le Bain…, op. cit., p. 305.
164. Camden William, Histoire d’Élisabeth, reyne d’Angleterre, (1624), cité par Cottret Bernard, La
Royauté au féminin. Élisabeth Ire d’Angleterre, Paris, Fayard, 2009, p. 100-102.
165. Walch Agnès, Où va le mariage ?, Paris, Fayard, 2013, p. 140.
166. Discussions morales, politiques et religieuses qui ont amené à la séparation qui s’est effectuée au
mois de novembre 1831 au sein de la Société saint-simonienne, Paris, 1832, p. 5.
167. Archives parlementaires…, Paris, 1905, t. LXXXI, p. 278.
168. Saint-Just Louis-Antoine de, Fragmens sur les institutions républicaines, Paris, p. 63.
169. Biard Michel [et al.] (dir.), Vertus et politiques. Les pratiques des législateurs (1789-2014),
Rennes, PUR, 2015.
170. « Qu’est-ce qu’un sans-culotte ? », Le Père Duchesne, juillet 1793.
171. Saad Marianne, Cabanis. Comprendre l’homme pour changer le monde, Paris, Garnier, 2016,
p. 145-155.
172. Compayré Gabriel, Éléments d’éducation civique et morale, Paris, 1880, p. 122.
173. Le livre des instituteurs. Code Soleil, Paris, Sudel, 1970, p. 17.
174. « Il valore sociale della castità », La Voce, II, 9, 10 février 1910. Republié en français par Prat
Michel, « Le point de vue du théoricien de la violence. Onze réponses de Georges Sorel à des
enquêtes (1899-1919) », dans Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, 2004/1 (no 22), p. 173-
206.
175. Ibid., p. 185.
176. Gauthier Xavière, L’Insoumise, Levallois-Perret, Manya, 1991, p. 31.
177. Boyer Irma, La Vierge rouge. Louise Michel, Paris, A. Delpeuch, 1927, p. 26 et 28. Dans cet
ouvrage on ne compte pas moins de 36 occurrences de cette expression.
178. Barbusse Henri, « Préface », dans ibid., p. VI.
179. Cité Bernos Marcel [et al.], Le Fruit défendu, op. cit., p. 263.
180. Pelletier Madeleine, Le Célibat, état supérieur (1923), cité par Sylvie Chaperon, « Sexologie et
féminisme au début du XXe siècle », Champ psy, 2010/2, no 58, p. 76.
181. Pelletier Madeleine, La Femme vierge [1933], Paris, Indigo & côté-femmes, 1996, p. 76 et 90.
182. Zetkin Clara, Cahiers du bolchevisme, no 28 (1er octobre 1925) et no 29 (15 octobre 1925),
repris dans Lénine tel qu’il fut, traduction française, Paris, Bureau d’éditions de diffusion et de
publicité, 1934.
183. Honig Emily, « Socialist Sex. The Cultural Revolution Revisited », Modern China, avril 2003,
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