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Guillaume Apollinaire, Alcools : résumé et

analyse

Guillaume Apollinaire est un poète du début du vingtième siècle dont le nom résonne aujourd’hui
encore comme le « poète de la modernité ». Dans les années 1904, il prend part à la fondation d’un
mouvement cubiste, aux côtés de ses pairs intellectuels et artistes parisiens. Le poète se passionne
pour les œuvres de Rimbaud, notamment « le Bateau ivre », inclus dans le recueil intitulé « Une
saison en Enfer ; et la musicalité de Verlaine ». Les travaux de ses confrères inspirent sa quête de
modernité, qui se traduit par l’invention de nouvelles formes poétiques. C’est dans ce contexte que
Guillaume Apollinaire compose Alcools, recueil publié en 1913, qui puise une partie de son
inspiration dans les déceptions amoureuses du poète. Mû par ses ruptures avec Annie Playden
(1905) et Marie Laurencin (1913), le poète est amené à accorder une place d’honneur à la figure
féminine, dans son œuvre.

Résumé et Analyse
Alcools (1913) est un recueil qui rassemble des œuvres que Guillaume Apollinaire a composées en
l’espace de seize ans (entre 1898 et 1913). Alcools est composé d’œuvres hétéroclites, classées de
manière à faciliter la compréhension des thèmes abordés. En d’autres termes, le respect de l’ordre
chronologique d’écriture n’entre pas en jeu dans l’organisation des œuvres qui composent le recueil.

Comme il a été mentionné précédemment, Guillaume Apollinaire se prend de passion pour le


cubisme et l’épicurisme. Il se lie d’ailleurs d’amitié avec des artistes notoires de l’époque, comme
Pablo Picasso. A l’image d’une œuvre cubiste, Alcools rassemble des poèmes ne présentant à priori
aucun élément commun, aucune unité. Toutefois, en étudiant le recueil, il est possible de constater
la présence d’un fil d’Ariane entre les poèmes précédemment jugés disparates. Du point de vue
structurel et littéraire, il s’agit de l’absence de ponctuation qui apporte un regain de lyrisme,
d’émotion et de fluidité dans les œuvres poétiques. Du point de vue thématique, il est possible de
dégager trois catégories majeures, à savoir :

Les « Rhénanes » qui retracent son voyage en Allemagne. Guillaume Apollinaire y conte ses
déboires amoureux causés par Annie Playden ;
« A la santé », six poèmes qui racontent sa douleur de poète solitaire, sentiment exacerbé par
sa brève incarcération ; et
« Marie » qui évoque sa relation amoureuse avec le peintre Marie Laurencin.

En somme, les cinquante-cinq poèmes qui composent le recueil intitulé Alcools (1913) représentent
les témoignages issus du parcours intime de Guillaume Apollinaire. D’ailleurs, le titre « Alcools » au
pluriel est évocateur. A l’image de la vie en relief de l’auteur, l’utilisation volontaire du pluriel,
couplée avec l’omission volontaire d’article indique une polysémie. En effet, aucun poème du recueil

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ne fait explicitement référence à une boisson alcoolisée ou à l’ivresse. Le titre en lui-même se
comprend en tant que métaphore pour exprimer la volonté de l’auteur. Il invite le lecteur à
s’interroger sur les trois points suivants :

L’alcool constitue un remède face au chagrin causé par les relations amoureuses
désastreuses ;
L’alcool représente une invitation à la fête ; invitation lancée par le dieu du vin et de la poésie
Dionysos ; enfin,
L’alcool est une métaphore pour l’ivresse créatrice de l’auteur qui se trouve alors au sommet
de sa vie.

Quelle que fût l’intention réelle de l’auteur, Alcools (1913) n’en reste pas moins un chef d’œuvre de
la poésie classique française. Néanmoins, en ce début du vingtième siècle, le recueil lance
l’avènement d’une révolution dans l’univers de la poésie française. Il y évoque crûment, sans filtre,
les réalités du quotidien, comme les progrès de la technologie (Cf. la Tour Eiffel sans « Zone »), ou
encore l’univers carcéral (Cf. la prison de la Santé dans « A la Santé »). Guillaume Apollinaire ne se
limite aux idées novatrices ; il revisite également des thèmes plus classiques comme la mort, la fuite
du temps et l’amour. En outre, il accorde une importance particulière au fait d’y chanter les
différentes facettes de l’amour. Il y décrit tant les amours heureuses que les amours douloureuses.
Le succès d’Alcools est tel qu’il propulse le poète au rang de modèle à suivre pour les générations à
venir. Les adeptes du surréalisme, en particulier, sauront puiser dans les textes remplis d’images
insolites et de fantaisies verbales l’inspiration nécessaire à de futures œuvres.

Les thèmes abordés dans Alcools


Alcools (1913) s’articule principalement autour de cinq thèmes : l’amour, le voyage, la modernité, le
mythe, et enfin, le souvenir et le temps.

L’amour : Guillaume Apollinaire évoque à la fois l’espoir et le désespoir engendré par l’amour. Dans
la majorité des textes, il chante un amour malheureux, en écho avec ses ruptures avec Annie
Playden et Marie Laurencin. « Le pont Mirabeau » et « La chanson du Mal-Aimé » illustrent
parfaitement cette vision. Cependant, il démontre également d’une volonté de croire en un amour
heureux, comme dans « L’adieu », ou encore « Et souviens-toi que je t’attends ».

Le voyage : le poète attache une importance particulière au voyage et au mouvement. D’ailleurs,


l’un des poèmes les plus célèbres d’Alcools, intitulé « Zone » est une ode au nomadisme. En effet,
l’imaginaire de Guillaume Apollinaire y déambule de ville en ville, aux quatre coins de l’Europe. De
plus, la présence des poèmes comme « Annie » ou « Rhénanes » conduit le lecteur à la découverte
de pays étrangers comme l’Amérique et l’Allemagne. Si l’auteur affectionne le mouvement, il ne
limite pas son œuvre aux mouvements physiques, liés à l’itinérance et au voyage. Il prouve son
intérêt en optant pour un style d’écriture non statique. Son écriture est changeante, en d’autres
termes, il passe du romantisme au cubisme, en passant par le symbolisme.

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La modernité : La modernité de Guillaume Apollinaire couvre deux aspects. D’une part, il célèbre
la modernité technique. Par exemple, il évoque la ville industrielle et les produits du progrès
technique comme l’aviation et l’automobile. D’autre part, le poète se fait précurseur d’une
innovation littéraire et poétique. En effet, il abolit les règles de la versification et se tient, inventeur
et avocat, du vers libre. De plus, il annonce des changements syntaxiques au travers la suppression
des ponctuations. Enfin, la multitude des images et métaphores insolites qui peuplent ses écrits
ouvrent la voie au mouvement surréaliste.

Le mythe : La bible et la mythologie deviennent les muses de Guillaume Apollinaire. Alcools


représente une œuvre à la jonction du classique et du moderne. En effet, il est possible de constater
la présence de cycles au fil des poèmes. Le temps s’écoule de manière linéaire ; toutefois, le poète
croit en un temps cyclique. Ainsi, mythes se mêlent à modernité dans des œuvres telles que « Nuits
Rhénanes » ou encore « Automne malade ».

Le souvenir et le temps : « Souvenirs », « temps » et « nostalgie » appartiennent à la catégorie de


thèmes lyriques traditionnels. L’évocation de la fuite du temps est d’ailleurs récurrente dans Alcools.
En effet, l‘auteur multiplie les figures de style afin d’y faire une allusion plus ou moins discrète. Il est
possible de citer l’eau qui coule dans « Le pont Mirabeau », ou encore l’enchainement des saisons
dans « Automne malade ». Guillaume Apollinaire compare l’écoulement de la Seine (Cf. « Le pont
Mirabeau ») au temps qui s’écoule fatalement et inéluctablement. Ce constat d’impuissance, d’après
le poète, est source de tragédie et de lyrisme. L’ « automne », quant à elle, est la saison dominante
de l’œuvre. Le poète l’associe à la nostalgie et à la mélancolie.

Le style d’écriture adopté par Apollinaire


Le style d’écriture adopté par Guillaume Apollinaire dans Alcools résulte de la somme de
nombreuses influences. D’abord, il emprunte les thèmes de « l’automne » et de « l’écoulement du
temps » au romantisme. Puis, il compose des poèmes aux influences symboliques comme
« L’Ermite » ou encore « Le Signe ». Il invite ainsi le lecteur à réfléchir sur ses œuvres hautement
polysémiques en vue de décoder les signes inhérents à la compréhension du texte. Ensuite, il est
difficile de nier l’influence de Verlaine devant les poèmes comme « A la santé » qui rappellent les
poèmes que l’auteur a écrit lors de sa détention. Après, le caractère décousu et disparate des
poèmes qui constituent Alcools est représentatif du cubisme. Enfin, l’éloge des innovations
techniques et littéraires présent dans le recueil indique la présence du courant futuriste.

Alcools (1913) est placé sous le signe de l’émotion, du lyrisme, mais surtout de la fluidité. Ici, la
fluidité est double. D’une part, elle est thématique du fait de l’eau qui s’écoule et du temps qui file.
D’autre part, elle est formelle et structurelle :

La suppression des ponctuations permet une certaine liberté dans la lecture.


Le recours au vers libre permet de placer une nouvelle rythmique à la poésie. Par ailleurs, elle
ajoute une nouvelle dimension au vers en lui-même qui remplace désormais la ponctuation.
Guillaume Apollinaire privilégie les assonances et allitérations. En effet, il associe et rapproche

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des mots phonétiquement similaires en vue de créer une nouvelle musicalité et remplacer, par
moments, la rime traditionnelle.

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