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Université Ibn Khaldoun-Tiaret

Faculté des lettres et des langues


Département des lettres et des langues étrangères
Matière : C.E.E Niveau : 1ère année LMD

(SEMESTRE 1)

Cours n°1 : LA PRISE DE NOTES

Assister à un cours ou une conférence, lire un livre, un journal, une revue, ou réfléchir à un
problème important, nécessite une prise de notes.

Commençons par rappeler une évidence : prendre des notes ne consiste pas à écrire tout ce
que dit le professeur. Prendre des notes suppose tout d’abord une ligne de conduite pratique.
On doit préparer et utiliser un code d’abréviation, mais avant de parler de la technique, peut-
être il est judicieux de rappeler l’utilité de la prise de notes.

-Prendre des notes impose d'écouter, c'est donc une activité qui force l'attention.

-Des heures à rester assis, à écouter quelqu'un parler, peut être fastidieux et amener à
l'assoupissement (bien sûr, cela dépend aussi de l'orateur). La prise de notes est une activité
physique.

-La révision (revisualiser) =>stimulation de la mémoire visuelle : la prise de notes garde


l’essentiel (structure) de ce que nous avons lu ou entendu, ensuite, elle aide notre mémoire à
se remémorer le cours, le filme…

-La prise de notes est notre documentation personnelle qui peut nous être efficace en cas de
besoin.

- L'enrichissement et la révision de mes notes de cours

-Compléter les notes de cours par des ajouts personnels, les notes de collègues, des
lectures, etc.

-Réviser les notes de cours de façon régulière, il faut réactiver la mémoire pour gagner du
temps.

-L'essentiel, c'est de pouvoir se retrouver dans les notes afin qu'elles puissent être utilisées,
enrichies, etc.
- Quelques conseils pratiques :
. Pensez aussi que vous écrivez des Textos/ SMS à longueur de temps…
. Si vous devez visualiser l'ensemble de vos notes (exemple : les feuilles de brouillon d'un
devoir) n'écrivez qu'au recto.
. Pour faciliter la relecture de vos notes il faut aérer la mise en page :
. N’hésitez pas à sauter deux lignes entre les grandes parties ; une ligne entre les parties
moins importantes ; revenez à la ligne à chaque paragraphe, en n’oubliant pas les alinéas.

. Un paragraphe par idée ou raisonnement ; une idée ou raisonnement par paragraphe

. Laissez une marge suffisante (à droite ou à gauche, comme vous voulez) pour pouvoir
ajouter des informations concernant vos notes.
. N’oubliez pas de numéroter vos pages de notes.
. Pensez à noter les sources, références... Lorsque vous les connaissez.
. Il est recommandé de souligner et/ou surligner les notes.
. Vous pouvez utiliser plusieurs couleurs et leur attribuer un code ; il est préférable de
conserver ce code identique pour chacune des matières.

- La technique de la prise de notes :


Rappelons d'emblée qu'il n'y a pas de règle absolue puisque ce sont vos notes mais qu'elles
sont destinées- en théorie - à votre seul usage. Vous avez donc entière liberté d'invention.

Les différents procédés

1) les signes (souvent des indicateurs logiques)


SIGNES SIGNIFICATIONS POSSIBLES

aboutit à, entraîne, provoque, va à, devient,



conséquence

 vient de, a pour origine, est issu de, cause

 Equivalent à, cause et conséquence interagissent

 en bas, voir plus bas

 en haut, voir plus haut

 à l'origine, au début
 augmente, croît, monte, progresse positivement

diminue, décroît, descend, progresse



négativement

varie, instable

∑ somme, totalité

Ø rien, vide, désert, absence

≠ différent, n'est pas

= équivaut à, égale, est,

ressemble, n'est pas tout à fait pareil à, à peu



près, environ

> est supérieur à, vaut mieux que, l'emporte sur

< est inférieur à, vaut moins que, est écrasé par

il existe, on trouve, il y a quelques

Є fait partie de, est de la famille de, appartient à

ne fait pas partie de, est étranger à, n'est pas à

p/r par rapport à

ε il y a un peu, en petite quantité

+ et, s'ajoute à

± plus ou moins, environ, à peu près

♂ homme, masculin, mâle

♀ femme, féminin, femelle

… etc.

Δ variation

x multiplié

/!\ Attention (piège ou important)


/ Divisé par

Important : lorsque vous aurez adopté un signe ou une abréviation, il faudra toujours
utiliser le/la même.

2) Les abréviations
Il y en a qui sont usuelles, inutile de les remplacer : c'est-à-dire  càd, quelque chose 
qqch,quelque qq, quelqu'un  qq’un, tout tt, nousns, vousvs, exemple ex, etc.

3) La suppression de certains mots


-Les articles
-Les verbes dans la suppression n'enlèvent rien à la compréhension (souvent le verbe être)
-Toute digression qui -- par nature -- n'apporte rien à l'essentiel du propos.

4) Restituer la structure du discours


Il faut accorder une attention particulière aux connecteurs, c'est-à-dire aux mots-clés qui
organisent le texte :

-Dans un récit : ce sont les indicateurs de temps


-Dans un texte descriptif ce sont les indicateurs de lieu
-Dans une argumentation, ce sont les mots qui indiquent une relation logique : la cause, la
conséquence, l'opposition, la négation, l'addition, la réserve, etc.

5) La nominalisation
En quoi cela vous fait-il gagner du temps ?

Ex : une entreprise investit pour développer ses capacités de production

 L’investissement développe les capacités de production


au passage il faut supprimer les informations secondaires :

Ex : pour des raisons liées, peut-être, à des bouleversements économiques, le clan


se désagrège progressivement.

 Raisons Éco ?  désagrégation du clan


Cours n°2 : LA COMMUNICATION

Quand on observe ce qui se passe autour de nous, on se rend compte que tout
communique : les animaux communiquent, nos organes communiquent entre eux, le soleil
communique de la lumière aux plantes et les fait pousser, la cuisinière communique de la
chaleur à la casserole qui à son tour communique la chaleur à l'eau... On communique
tellement qu'on communique même quand on ne fait rien. C'est l'Ecole de Palo Alto (en
Californie) qui a mis en évidence le fait qu’ « on ne peut pas ne pas communiquer». Ne rien
dire ou même être absent peut prendre du sens, nos attitudes, nos vêtements, nos mouvements
ou notre immobilisme communiquent quelque chose sur nous.

L'écriture, la parole, mais aussi le geste, l'attitude, l'expression, sont des moyens de
s'adresser à autrui, de communiquer avec lui. La communication met en jeu certains éléments;
les connaître, connaître leur agencement, comprendre l'intention qu'à celui qui s'adresse à
autrui permet de mieux appréhender les enjeux des textes.

- La communication linguistique

La communication linguistique constitue une part primordiale de la communication


humaine : c’est un échange verbal entre un sujet parlant, qui produit un énoncé destiné à un
autre sujet parlant, dont il sollicite l’écoute et/ ou une réponse explicite ou implicite.

Le premier linguiste à avoir tenté d’introduire la notion de contexte (référent) en


s’inspirant des travaux de Shannon et Weaver et de leur schéma de la communication, est
Roman Jakobson (1896-1982). Comme il a remplacé le terme de ʺcanalʺ par ʺcontactʺ, qu’il
définit comme étant le canal physique et la connexion psychologique entre le destinateur et le
destinataire.

L’objectif de Jakobson était de mettre en évidence les différentes fonctions du langage


verbal, et dans ce but, il a été amené à mettre en valeur les différentes fonctions de la
communication verbale (communication linguistique).
1. Le destinateur est l’émetteur du message.
2. Le destinataire est le récepteur.
3. Le message est fait des traces des signes. Pour passer du destinataire, les traces
ont besoin d’un support : le canal (l’air, le papier…)
4. Le code est la langue employée par les interlocuteurs.
5. Le contexte et le référent désignent tout ce qui entoure la communication et sur
quoi porte la communication
6. Le contact est le canal et la connexion psychologique entre le destinateur et le
destinataire

- Les fonctions du langage (Dans un message oral ou écrit, les énoncés répondent à
des intentions différentes)

À partir de son schéma de la communication verbale, Jakobson met en évidence six


fonctions du langage : à chaque élément de la communication correspond une fonction du
langage :

1. La fonction expressive (ou émotive) est centrée sur destinateur. Elle


correspond à son intervention directe dans le message (moi, je, interjections
émotives, jugements, subjection, phénomènes d’intonations pour exprimer la
joie, la colère,…). Elle permet à l’auteur du message de livrer ses sentiments et
ses émotions, ses idées personnelles et ses points de vue : c’est l’expression de la
personnalité et des sentiments de celui qui parle.
Ex : « La joie avec laquelle je vis les premiers bourgeons est inexplicable. Revoir le
printemps était pour moi ressusciter en paradis. A peine les neiges commençaient à
fondre que nous quittâmes notre cachot, et nous fûmes assez tôt aux Charmettes
pour y avoir les prémices du rossignol » (J. J. Rousseau, Les confessions).

2. La fonction conative (appelée aussi fonction incitative, injonctive ou


impressive) est orientée vers le récepteur du message (ou le destinataire). Elle
vise à faire agir le destinataire dans le sens souhaité par le destinateur
(convaincre, inciter, interpeller, impliquer, mobiliser). Elle manifeste notamment
dans l'utilisation de l'impératif ou de l'apostrophe (
La fonction conative domine lorsque l'objectif principal est de produire un effet
sur le lecteur, de le séduire, de le faire réagir, d'influencer ses choix comme dans
les textes publicitaires, les discours politiques, les ordres ...

Ex : - Tu viens avec moi demain? Répétez après moi! Sortez! Garde à vous! Tu
peux me passer le sel?

- Venez nous rejoindre à la Guadeloupe, visitez cette ile prête à vous accueillir.
Vous y surprendrez les crabes de terre dans la Mangrove. Vous vibrerez aux
vieilles chansons qui rythment la vie tropicale.
3. La fonction phatique (ou fonction de contact) est centrée sur le canal par
lequel se fait le contact entre l'émetteur et le récepteur. Elle permet d'établir, de
maintenir ou d'interrompre le contact entre le destinateur et le destinataire. Elle
permet aussi de vérifier et d'assurer le bon fonctionnement du canal.
Cette fonction correspond à toutes les expressions ou attitudes qui ont pour but
d’ouvrir le canal (Allo !), de le maintenir ouvert (patientez !) ou de le fermer (je
raccroche…). On trouve également d'autres exemples comme Vous me suivez?
Ecoute. Bonjour. "N'est-ce pas. Hein. N'est-ce pas? A plus tard. Tu vois ce que
je veux dire? Ça va? (Toutes les formules de politesse) Je répète (un «je» qui ne
renvoie pas à la fonction émotive). Donc, quand je dis « je répète», j'assure le
maintien de votre attention, dans ce «je répète» qui a bien une fonction phatique.
Conversation sur le temps (climat): il fait froid, il fait beau ...
La fonction phatique relève donc de tout ce qui vise à entamer, prolonger ou
maintenir la communication entre les locuteurs : Elle vise à assurer l’efficacité
de la communication.
4. La fonction référentielle (dénotative, cognitive) est centrée sur le contexte (au
sens de référent) c'est-à-dire ce dont il est question dans le message et dont on
donne une information (descriptions et récits objectifs, communications
scientifiques, notices et rapports, télégrammes, articles de journaux qui
rapportent l'information brute, sans interprétation…).
Elle opère dans les énoncés qui visent à décrire un état, un objet ou un
événement de la réalité. Elle opère dans les énoncés informatifs. C'est la
principale fonction des messages.
D'une manière générale, on dit que la fonction référentielle centre le message sur
la troisième personne, sur un «il» affirmatif, le quelqu'un ou le quelque chose
dont on parle. Ici, il n'y a aucune intention expressive ou esthétique. Dans les
textes référentiels, l'auteur attire l'attention sur la réalité objective.
Ex : - Ces jumelles grossissent 14 fois, grâce au diamètre des objectifs (10 cm
pour chaque œil).
- Route barrée.
- Demain, il fera beau sur tout le Continent africain.
- Il pleut.
- Le magasin est fermé le dimanche.
5. La fonction métalinguistique (appelée parfois «fonction de Traduction ») est
centrée sur le code. Elle joue un rôle important dans l'apprentissage de la langue
dont elle est souvent la composante majeure. Elle permet en effet de donner ou
de demander des informations sur certains des éléments du code utilisé.
La fonction métalinguistique est présente lorsque le message sert à s'assurer qu'il
existe une bonne compréhension du code commun au récepteur et à l'émetteur.
Elle se traduit à l'écrit par des définitions, des notes explicatives, l'introduction
d'un lexique, la traduction de termes appartenant à une langue étrangère, etc. La
fonction métalinguistique est dominante dans tous les énoncés et documents à
valeur explicative comme les glossaires, les lexiques, les dictionnaires, les notes,
les légendes...
Ex : - En français, la marque du pluriel est souvent redondante; «Croire» est
un verbe du troisième groupe, «i» est une voyelle et «d» une consonne; jeux de
charades, italique; guillemets.
- Elle concerne aussi toutes les demandes d'explication et de précision:
Qu'est-ce que tu veux dire? Dans quel sens? C'est du Japonais ;
- Le verbe manger est un verbe du premier groupe et
- Tous les discours explicatifs et descriptifs: Un célibataire est un homme
qui n'est pas marié.
6. La fonction poétique est centrée sur le message en jouant sur sa structure, sur la
façon dont il est organisé. Cette fonction centre donc le message sur lui-même,
c'est-à-dire que le destinateur a une visée esthétique. Elle a pour but de
surprendre, amuser, motiver ou séduire le récepteur.
La fonction poétique est très présente lorsqu'on privilégie la forme du message
comme dans les slogans ou les messages publicitaires et, bien sûr, dans les
poèmes. Il s'agit de tous les procédés poétiques tels que la rime, la répétition,
effets de rythme, assonances, images, l'allitération, le slogan, etc.
Ex : - Les proverbes, dictons, maximes: Tel père, tel fils; Mieux vaut aller au
coiffeur que chez le psy" (P. Perret)
- Les slogans: Au volant la vue, c'est la vie
- Les messages publicitaires: Avec Carrefour, je positive! ; je suis
Morgan de toi, Vahiné, c'est gonflé!
- Les textes littéraires et poétiques.
Remarque : Il ne faut pas confondre entre la poésie, genre littéraire codifié, et la
fonction poétique, qui transparaît dans des textes très variés. Autrement dit, cette
fonction ne se limite pas seulement à la poésie. Elle se rapporte à la forme du
message dans la mesure où elle a une valeur expressive propre.

Enfin, Jakobson souligne qu'un énoncé ne remplit que rarement une seule fonction à la
fois. En règle générale, un énoncé est plurifonctionnel, c'est-à-dire, plusieurs fonctions
interviennent en même temps dans la langue. Ces fonctions ne s'excluent pas les unes les
autres, mais que souvent elles se superposent. Donc pour déterminer la fonction d'un énoncé,
on désigne sa fonction principale, celle qui surpasse toutes les autres.
Cours n° 3 : APPROCHE DU TEXTE

1- Définition du texte : Un texte est une succession de caractères organisée selon un


langage et ayant pour but de transmettre des informations, des émotions, du divertissement…,
un texte est donc écrit, avant d'être lu.
Il n'y a pas de limitation dans la longueur d'un texte : C'est un ensemble qui constitue
un écrit, une œuvre littéraire ou fragment d'une œuvre, la partie écrite ou imprimée d'une page
(s'oppose aux blancs, aux marges).
Un texte est un ensemble cohérent de signes qui, une fois codifié en un système,
forme une unité chargée de sens portant une intention communicative.
La didactique, en ce qui la concerne, est le domaine de la pédagogie lié aux méthodes
pratiques de l'enseignement. Le texte didactique est donc celui qui a pour but d'enseigner. Ce
type de texte dispose d'une orientation éducative et tente de façonner les règles des théories
pédagogiques.
2- Lire et analyser un texte :
 Pour analyser les textes il faut que le lecteur fasse plusieurs lectures
 Avant la lecture : un texte n'est pas écrit au hasard, ni pour rien. Son but est :
a- de Transformer la vision des choses : critiquer ce qui précède.
b- ou d’apporter et renouveler la connaissance.
Par conséquent un texte n'est jamais isolé, il prend corps dans :
- Une réflexion plus générale élaborée par d'autres auteurs et par l'auteur lui-même.
- Une réflexion plus générale élaborée par les lecteurs.
 Avant de commencer toute analyse de texte, il faut répondre à cinq questions:
 . Dans quelle lignée écrit l'auteur ?
 . A quelle époque ?
 . Contre qui ? Avec qui ?
 . Est-ce son premier texte ? Son dernier ?
 . Quel est l'objet du texte ?
3- Les étapes dans l'analyse d'un texte :
a- Les origines du texte : la source doit toujours être indiquée et comporte
plusieurs informations : l'auteur, la source du document et l'origine spatio-temporelle
du texte.
Cela permet de dégager l'image du texte (titre, paragraphes, références, dégager
les hypothèses du sens...)
b- Première lecture : une lecture rapide qui permet de :
- Dégager les mots clés, les mots et les expressions qui facilitent la compréhension
du texte.
- Constituer un lexique personnel
- Numéroter les paragraphes.
- Répondre aux hypothèses du sens supposées en image du texte.
c- Deuxième lecture : (l'idée principale et les idées secondaires) le lecteur peut :
- Dégager l'idée principale (qui pourrait servir de titre au texte. L'idée principale
permet de résumer le texte en une phrase)
- Les idées secondaires : correspondent aux arguments qui viennent soutenir l'idée
principale
d- Répondre aux questions :
- Lire l'ensemble des questions avant de répondre.
- Eviter de paraphraser et de reprendre des passages entiers du texte pour répondre
aux questions.
- L'analyse du texte doit aboutir à une réflexion portant sur :
- L'actualité du phénomène décrit dans le document.
- Les causes ou les conséquences du phénomène présenté.
Cours n° 4 : LE PARAGRAPHE

1- Définition du paragraphe : La plupart des textes sont composés de


paragraphes.
D’après le petit Robert, un paragraphe est une division d’un écrit en prose, offrant
une certaine unité de pensée ou de composition.
Le paragraphe répond à un besoin fondamental qui est d’ordonner linéairement ses
impressions ou ses idées puisqu'on ne peut tout dire à la fois
Tout paragraphe est composé d'une seule idée-clé, c’est-à-dire une idée maitresse et
plusieurs idées secondaires, ces dernières sont développées et enchaînées grâce aux
connecteurs logiques. Donc, le paragraphe obéit à des lois de structurations et de présentation
qui facilitent la lisibilité et la compréhension.
2- Définition d'alinéa : L'alinéa est un paragraphe très court réduit parfois à une
phrase. On peut utiliser les alinéas pour rendre un texte plus lisible en l'aérant ou, pour mettre
en relief une suite d'idées.
Ex : un théorème, un texte de lois, une notice technique, une recette de cuisine...
3- Comment organiser un paragraphe ?
a)- L'idée maitresse : Tout paragraphe est le développement d'une idée maitresse,
généralement exprimée dans la première phrase. Toutefois, selon les effets recherchés, on
peut la placer à la fin ou même en faire une connotation (sens suggéré) de l'ensemble.
b)- Les idées secondaires : Elles précisent, expliquent, développent l'idée maitresse
et doivent donc s'y rattacher ; sinon, le paragraphe perd sa cohésion sémantique.
Ex : une définition, une explication, un argument, sont des idées secondaires.
c)- Les connexions logiques : Les phrases doivent être reliées par des connecteurs
qui assurent la continuité du raisonnement: mots de liaison, conjonctions, adverbes, pronoms
personnels, démonstratifs, adjectifs possessifs...
d)- Les transitions entre paragraphes : A la fin d'un paragraphe et au départ du
suivant, il faut exprimer, par un ou plusieurs mots, la raison du passage à une autre idée
maitresse. Parmi ces raisons : addition, passage d'un domaine à un autre, nouvelle
orientation, opposition...
e)- prévoir une longueur raisonnable
4)- Quel type de paragraphe choisir ? Selon la situation de communication
et les intentions de l'émetteur, on choisit un type de paragraphe :

Quand l'utiliser ? Caractéristiques


Le Pour raconter une histoire. Mettre en relief la succession
paragraphe Ex : romans, nouvelles, articles de des actions.
narratif reportage, flash de presse Utiliser les repères temporels...
Le Pour décrire un paysage, une Choisir un ordre descriptif
paragraphe situation, un visage, une machine. Utiliser un repère de lieu : ici,
descriptif. Ex: Œuvres littéraires, notices là-bas, à droite, derrière...
culturelles ou techniques, rapport…
Le Pour définir et pour expliquer un Présenter dans la première
paragraphe fonctionnement, les raisons d'une phrase, la situation, la notion à
explicatif action… définir et à expliquer.
Insister sur les connexions
logiques.
Utilisation des exemples.
Le Pour défendre une conception, Plusieurs techniques sont
paragraphe critiquer, proposer… possibles :
argumentatif Ex : Un article de presse, une insister sur la causalité, les
composition française, un essai... rapports causes/effets.
Accumuler les arguments
Marquer les oppositions entre
ce qu'on rejette et ce qu'on
préconise.
Cours n° 5 : LA LECTURE ET LA COMPREHENSION

1) Lecture et compréhension : La lecture n'est pas un processus linéaire mais une


succession de mouvements oculaires rapides, fixation, retour en arrière...on distingue des
lecteurs rapides ou lents. Il s'agit de lire des textes écrits afin de comprendre globalement ou
dans le détail à l'aide d'un certain guidage qui facilite le parcours de lecture et la
compréhension. Le type de lecture dépend de la nature et la longueur du texte.
La compréhension écrite est une compétence fondamentale puisque dans la vie de
tous les jours nous lisons pour obtenir des informations précises (affiches, panneaux, horaires,
menus...), complètes (articles, journaux, encyclopédies...) ou pour le plaisir (nouvelles,
romans, bandes dessinées...). La compréhension écrite intervient aussi dans les domaines
scientifiques, technologiques, commerciaux et artistiques.

2) Les diverses activités de compréhension de l'écrit :


a- La lecture à haute voix : pour bien lire un texte, il faut déjà l'avoir compris.
Activité peu courante, qui peut se justifier par des raisons de discipline ou des objectifs plutôt
phonologiques.
b- La lecture des mots : c'est un exercice lié à des objectifs lexicaux et
phonologiques avec une cohérence sur l'un ou l'autre point.
c- La lecture cursive ou globale : Entrainement à la compréhension globale d'un
texte.
d- La lecture intensive : elle utilisée en situation scolaire : professionnelle, c'est la
compréhension de tous les mots, elle est décourageante elle fait perdre la globalité du
document.
e- la lecture détaillée : elle porte sur un extrait du texte, elle est ciblée sur des
objectifs linguistiques et culturels.
f- La lecture en autonomie : c'est le passage de la compréhension écrite à
l'interprétation et l’appréciation d'un document écrit. La nouvelle est un bon support pour
débuter ce type de lecture.

3) Les processus de la lecture : La lecture est une activité complexe, plurielle qui se
développe dans plusieurs directions, elle est aussi un processus qui a cinq dimensions :
→ Un processus neurophysiologique : La lecture est d'abord un acte observable,
concret qui fait appel à des facultés bien définies de l'être humain. Pas de lecture possible sans
mise en œuvre de l'appareil visuel et de différentes fonctions du cerveau. Lire c'est donc une
opération de perception, d'identification et de perception de signes.
→ Un processus cognitif : Une fois avoir perçu et déchiffré les signes. le lecteur
tente de comprendre de quoi il est question. La conversion des mots et de groupes de mots en
éléments de signification suppose un important effort d'abstraction.
→ Un processus affectif : L'attrait de la lecture tient en grande partie aux émotions
qu'elle suscite. Si la réception du texte fait appel aux capacités réflexives du lecteur, elle joue
aussi sur son affectivité. Les émotions sont, en effet, le moteur de la lecture de fiction. C'est
parce qu'ils provoquent en nous admiration, pitié, rire ou sympathie que les personnages
romanesques nous intéressent à leur sort. S'attacher à un personnage, c'est prendre intérêt à ce
qui lui arrive, c'est-à-dire au récit qui le met en scène.
→ Un processus argumentatif: Le texte en tant que résultat d'une volonté créatrice,
ensemble organisé d'éléments, est toujours analysable. Quel que soit le type de texte, le
lecteur est, plus ou moins, clairement toujours pris à parti. Il lui appartient cependant de
reprendre ou non à son compte l'argumentation développée.
→ Un processus symbolique : Le sens que l'on retire de la lecture va immédiatement
prendre place dans le contexte culturel où évolue chaque lecteur. Toute lecture interagit avec
la culture et les schémas dominant d'un milieu et d'une époque.

4) Les stades de la compréhension écrite en classe : Il est intéressant de découvrir


le sens d'un texte par étape, en partant de la surface pour arriver à la compréhension globale et
approfondie :
1)- La pré-lecture : Il s'agit de mettre l’apprenant en appétit, en état de réceptivité,
d'activer ses représentations pour lui permettre d'effectuer les anticipations et inférences utiles
pendant la phase de lecture. Ainsi, on peut :
 Mettre en perspective le thème, à l'aide du document iconographique qui
accompagne souvent un texte.
 Demander une recherche d'informations, biographique, historique ou culturelle.
 Procéder à l'écoute d'un document sonore en relation avec le thème.
2)- La lecture : l'apprenant doit apprendre à développer ses propres techniques de
repérages.
 Le balayage visuel global : il sert à dégager les informations essentielles,
l'origine du document, sujet traité, structure organisation...
 Le balayage visuel sélectif : C'est le stade de la de la compréhension détaillée,
il sert à rechercher des informations prédéterminées en réponse à une
question précise. A ce stade l'utilisation d'une grille de lecture guide le lecteur
dans l'identification des éléments essentiels ou à dégager.
3)- La post-lecture : Il s'agit de mettre en réseau les éléments obtenus, de reconstituer
le sens précis du texte et de l'exploiter en phase de commentaire et d'interprétation. La post-
lecture sert à faire :
 Une synthèse.
 Une représentation graphique.
 Une mise en relation du contenu avec les connaissances générales.
 Une reformulation.
 Une interprétation.
 Une prise de position.
Cours n° 6 : LA COHERENCE DU TEXTE

Un texte (du latin textum signifiant « tissu ») est un ensemble clos d'énoncés. Un
texte ne peut être compris que s'il est cohérent, c'est-à-dire si ses différents éléments sont
reliés entre eux par des rapports de sens étroits. Alors quels procédés contribuent à la
cohérence d'un texte ?

1. Les procédés de reprise

1.1. Les deux sortes de reprise

Dans le roman de Conan Doyle, le Monde perdu, des explorateurs découvrent une
région restée au stade de la Préhistoire : « J'ai dit qu'une épaisse bordure de verdure
surplombait en saillie le bord de l'escarpement. Or, de cette frange avait émergé un objet noir
et luisant. Comme il s'avançait lentement en plongeant au-dessus du gouffre, nous vîmes à
loisir qu'il s'agissait d'un très gros serpent avec une tête plate en forme de bêche. Il ondula et
secoua ses anneaux au-dessus de nous pendant une minute. »
Ce texte permet de distinguer les reprises nominales (par exemple, le groupe
nominal cette frange qui reprend une épaisse bordure) des reprises pronominales (par
exemple, le premier pronom personnel il qui reprend un objet noir et luisant).
Remarque : une reprise pronominale ne peut être assurée que par un pronom
représentant (le plus souvent un pronom personnel de la 3e personne ou un pronom
démonstratif).

1.2. Les reprises nominales


On distingue :
— les reprises nominales fidèles ; le nom est répété mais précédé d'un autre
déterminant ; par exemple, l'article indéfini un devient l'article défini le ou le devient le
déterminant démonstratif ce (ou cet). Les expansions qui accompagnaient initialement le nom
sont alors le plus souvent supprimées (ainsi Conan Doyle aurait pu écrire : « Or, de cette
frange avait émergé un objet noir et luisant. Comme l'objet s'avançait lentement en plongeant
au-dessus du gouffre… ») ;
— les reprises nominales infidèles. Le groupe nominal est repris soit par un
synonyme (cette frange pour une épaisse bordure), soit par un terme générique (par exemple,
le reptile pour un très gros serpent), soit par une périphrase (par exemple, cet animal
diabolique pour un très gros serpent).
Il y a quatre sortes de substituts de type lexical :

- les synonymes :
EX : son erreur le remplit de confusion. Mais son désarroi resta.
EX : parfaitement secret. Ases yeux, que fût perceptible la gêne qu’il ressentait était
totalement impensable.
- Les équivalents qui s’appuient sur le passage de particulier au plus général
(l’inverse est impossible) voir l’hyperonymie.
EX : Vénus a toujours fait rêver les hommes : car cette planète ne manque pas
d’atouts pour délier l’imagination. Un tel astre en effet est entrain de renforcer sa réputation
depuis l’envoi récente de nouvelles sondes photographiques et scientifiques.
- Les équivalents qui s’appuient sur certaines qualités ; certains attributs
supposés connus du lecteur (ou de l’interlocuteur). Nombreux sont ces équivalents dont la
forme est une périphrase.

EX : de source scientifique, nous venons d’apprendre que Vénus allait recevoir de


nouvelles visiteuse : les sondes qu’on vient d’envoyer vers notre plus proche voisine devraient
la rejoindre d’ici plusieurs semaines. Les mystères de l’étoile du Berger devraient être
quelque peu malmenés.

- Les équivalents qui introduisent un jugement (favorable ou défavorable).ils


sont souvent faits d’une périphrase.

Ex : les rats sont à nouveau aux portes de notre cité : ces êtres infernaux ont
brusquement réapparu en nombre. Et rien ne permettait jusqu’à maintenant de prévoir
l’irruption nouvelle de cet ennemi.

- La métaphore (occasionnellement) et la métonymie peuvent également servir


de substituts.
Ex : l’arbre avait ses branches maîtresses toutes brisées : ce pauvre être sans bras
(métaphore) faisait pitié. Comment bois (métonymie) si puissant pouvait-il offrir pareil
spectacle,
2. Les connecteurs
On appelle connecteurs (ou mots de liaison) des mots ou des groupes de mots servant
à indiquer le rapport de sens existant entre deux propositions, deux phrases, voire deux
paragraphes.

2.1. Les classes grammaticales des connecteurs


Selon le cas, un connecteur peut être :
— un adverbe (alors, ensuite, cependant, etc.) ou une locution adverbiale (tout à
coup, en face de, de plus, etc.) ; on parle alors souvent d'adverbes de liaison ;
— une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ;
— une conjonction de subordination (quand, comme, puisque, quoique, etc.) ou une
locution conjonctive (pendant que, parce que, si bien que, etc.).
Un GN complément circonstanciel placé en tête de phrase peut également remplir le
rôle de connecteur.

2.2. Les trois sortes de connecteur


On distingue trois sortes de connecteur :
— les connecteurs temporels, qui permettent de rendre compte de la chronologie des
événements (puis, alors, la veille, quelques années plus tard, etc.) ; ces connecteurs sont
essentiellement employés dans les textes narratifs ;
— les connecteurs spatiaux, qui permettent d'organiser les éléments d'une
description ; on les trouve essentiellement employés dans les textes descriptifs, le plus
souvent par couples (à droite/à gauche, au-dessus/en dessous, au premier plan/à l'arrière-
plan, etc.) ;
Ex. : « Au-dessus de nos têtes, cerné par des ombres noires, se dessinait un halo de
ténèbres plus profondes : sûrement ce ne pouvait être que l'ouverture d'une caverne. » (op.
cit.)
— les connecteurs logiques, qui permettent d'établir un rapport de sens entre deux
idées ou deux faits.
Ex. : « Une seule fois une créature aux pattes arquées tituba lourdement parmi des
ombres : un ours ou un fourmilier… Ce fut l'unique manifestation de vie au sol que je perçus
dans la grande forêt. Et pourtant certains signes nous apprirent que des hommes vivaient dans
des recoins mystérieux. » (Op. cit.)
Les connecteurs logiques les plus usuels peuvent ainsi être classés selon le rapport
de sens qu'ils établissent.

Les connecteurs logiques sont très représentés dans les textes explicatifs et
argumentatifs.
Cours n° 7 : LA PROGRESSION DU TEXTE

Dans un texte, l'enchaînement des thèmes et des propos d'une phrase à l'autre
constitue ce qu'on appelle la progression thématique. On distingue trois sortes de
progression : la progression à thème constant, la progression à thème linéaire et la progression
à thème divisé. Qu'est-ce qui les différencie ?

1. Thème et propos
On appelle thème, dans une phrase, l'objet du discours, c'est-à-dire ce dont on parle,
ce sur quoi on dit quelque chose et qui est déjà connu ou supposé connu. Ainsi, dans la phrase
« L'horizon offrait tous les signes d'une longue tempête. », le groupe nominal L'horizon
correspond au thème.
On appelle propos ce qu'on dit du thème, l'information apportée sur le thème. Il
s'agit, au contraire du thème, d'un élément nouveau dans la phrase qui permet la progression
du texte. Dans la phrase précédente, le propos est donc offrait tous les signes d'une longue
tempête.

Comment repérer le thème d'une phrase ?


Le thème, qui correspond souvent au sujet du verbe, précède généralement le propos.
Il est parfois détaché par une virgule en début de phrase, repris ensuite par un pronom.
Cependant, lorsqu'on veut mettre en relief le propos en employant un présentatif,
comme c'est… que ou voilà… que, celui-ci est placé avant le thème.
Donc, pour trouver le thème et le propos d’une phrase, il faut se recourir à une
question à laquelle on peut répondre par la phrase analysée. Dans ce cas :

- La partie de la phrase que contient la question est le thème (élément sur lequel on
cherche à obtenir une information)
- Ce qui constitue l’information donnée en réponse est le propos (information
nouvelle apportée sur le thème)

Ex : Au nord de l’hémisphère nord, le climat est plus froid qu’au sud de cet
hémisphère

Question : qu’est ce qui se passe au Nord de l’hémisphère nord ?

Réponse : le climat est plus froid qu’au sud de cet hémisphère


Thème : au nord de l’hémisphère nord

Propos : le climat est plus froid qu’au sud de cet hémisphère.

Ex: Le climat est plus froid au nord de l’hémisphère qu’au sud de cet hémisphère.

Question : ou le climat est-il plus froid ?

Réponse : au nord de l’hémisphère

Thème : le climat est plus froid

Propos : au nord de l’hémisphère nord

2. Les types de progression thématique


Pour être compréhensible, un texte doit en partie se répéter ; cependant il doit
également faire progresser l'information. Un texte repose donc sur une succession cohérente
d'informations connues (ou thèmes) et d'informations nouvelles (ou propos). On distingue
trois grands types de progression thématique.

2.1. La progression à thème constant


Dans ce type de progression, le thème est le même d'une phrase à l'autre.
Ex : Jean entra dans la forêt. Il fut très étonné de l’obscurité qui y régnait ; mais il
n’eut pas peur. Il continua son chemin.

2.2. La progression linéaire


Dans ce type de progression, le propos d'une phrase (ou une partie de celui-ci)
devient le thème de la phrase suivante.
Ex : Pour voyager dans le sang, l’oxygène (T1) utilise un formidable transporteur :
le globule rouge (P1). Le globule rouge(T2) fixe l’oxygène sur un pigment, l’hémoglobine
(P2). Celle-ci (T3) transporte aussi le gaz carbonique. (P3)

2.3. La progression à thème divisé


Cette progression est parfois aussi appelée progression à thème éclaté (ou à thèmes
dérivés) ; cette fois-ci, le thème d'une première phrase est détaillé par plusieurs sous-
thèmes. Ce type de progression est souvent utilisé dans les textes descriptifs.
Ex : Je découvre un château extraordinaire (Super thème). Ses pierres étaient de
grès. Ses tuiles semblaient de marbre. Ses fenêtres paraissaient d’eau ruisselante.
3. Relation entre progression thématique et type de texte

Pas d’unité de progression dans un texte donné


Aucun texte(ou peu s’en faut) ne présente une sorte de progression thématique fixe
tout au long de son déroulement. Mais il y’a quelques constantes qui peuvent être dégagées :
on peut reconnaître des progressions thématiques majoritaires selon le type de texte.

A. La progression à thème constant :


Elle est fréquente dans les textes : narratifs (Ex : présentation des actions ou des
réflexions successives d’un personnage donné)
De portrait d’un personnage (Ex : notice biographique)
Injonctifs, par exemple, de type publicitaire (ex : le thème des phrases rappelle de
manière martelée le portrait vanté).
B. La progression à thème éclaté
Elle se rencontre beaucoup dans les textes : Descriptifs (Ex : accumulations de
détails à propos d’un ensemble qui est décrit).

4. Conclusion
Il est rare qu'un texte soit construit sur un seul type de progression thématique : en
règle générale, les trois types sont exploités (on parle en ce cas de progression complexe).
Par ailleurs, il est possible qu'une phrase contienne un thème ne correspondant pas au
thème ou au propos des phrases précédentes : il y a alors rupture de la progression
thématique.
Cours n° 8 : LES RELATIONS SEMANTIQUE

1- Sémantique : le mot sémantique été inventé à la fin du XIXᵉ siècle par le


linguiste français Michel Bréal (1832-1915), auteur du premier traité de sémantique. Ce mot
vient du mot grec sêma-atos voulant dire ʺsignifierʺ et sêmeion (signe). D’une manière
générale, la sémantique est une branche de linguistique qui étudie les signifiés, donc son
premier objectif est d’étudier le sens.
2- La sémantique lexicale : la sémantique lexicale étudie l’organisation
sémantique du lexique : elle analyse le sens des mots et les relations de sens qu’ils
entretiennent entre eux. Elle se sert des concepts fondamentaux liés au signe linguistique et
hérite, en tant que discipline du sens, d’une terminologie souvent foisonnante, parfois
confuse. L’étude du champ sémantique d’un mot soulève d’entrée le problème de la
polysémie et de la monosémie et de la polysémie.
3- La monosémie et la polysémie
Certains mots ne possèdent qu'un seul sens. Par exemple, si l'on ouvre le Petit Robert
à la lettre A, les mots abajoue (« poche entre la joue et la mâchoire chez certains animaux »),
abattoir (« lieu destiné à l'abattage des animaux »), abêtir (« rendre bête »), etc. servent
d'entrées à des articles sans subdivision. On dit de ces mots qu'ils sont monosémiques (du
grec mono-, « unique », et sémie, « qui a rapport au sens, à la signification »).
Cependant la plupart des mots de langue française sont polysémiques. On entend par
là qu'ils possèdent plusieurs sens ; en effet, poly- en grec signifie « plusieurs ».
Cette pluralité de sens engendre une certaine ambiguïté. C'est le contexte, c'est-à-dire
le sens général du texte, qui nous éclaire sur le sens à retenir. Par exemple, nous saurons quel
sens attribuer au mot baignoire selon que nous le lirons dans un catalogue de matériel
sanitaire (« cuve plus ou moins allongée où une personne peut se baigner ») ou dans un
programme de théâtre (« loge de rez-de-chaussée dans une salle de spectacle »).
Un mot est monosémique quand il a un seul sens. Ex: un télescope.
La monosémie est une exigence des vocabulaires scientifiques, techniques.
Un mot est polysémique quand il a plusieurs sens qui ont entre eux au moins une
valeur sémantique commune:
Ex: "devoir". 1. Obligation morale. Ex : " le devoir de solidarité "
2. Exercice scolaire écrit. Ex : " faire ses devoirs "
Donc, la polysémie n'est pas un défaut de la langue, c'est au contraire l'une de ses
grandes qualités. Une langue entièrement faite d'unités monosémiques serait évidemment sans
ambiguïtés, mais il faudrait des centaines de milliers de mots pour exprimer les centaines de
milliers de situations que nous pouvons rencontrer. Les mots polysémiques permettent, au
contraire, de tout dire avec un nombre raisonnable de mots. Les ambiguïtés qui existent dans
le sens lexical disparaissent dans le discours grâce au contexte et à la situation.

4- Le champ sémantique d'un mot:


" Etablir le champ sémantique d'un mot", c'est étudier les différents sens de ce mot.
On comprend bien que c'est par analogie que le mot baignoire a pris le sens de
« loge de rez-de-chaussée dans une salle de spectacle » ; en effet, la baignoire d'où l'on assiste
à un spectacle évoque par sa forme la baignoire où l'on prend son bain.
Cependant le lien entre les différents sens d'un mot n'est pas toujours aussi évident.
Ainsi, il semble surprenant qu'on puisse dire d'un ami qu'il nous est cher et employer
le même mot pour dire d'un objet qu'il est coûteux ? Comment mettre sur le même plan
l'argent et l'amitié ? En fait, ces deux acceptions (ou significations) ont en commun l'idée de
valeur.
Il y a donc toujours un rapport entre les différents sens qu'un mot peut prendre,
même si ce rapport ne nous apparaît pas à première vue.

Ex : Considérons le mot poulet. On peut distinguer pour ce mot cinq acceptions :


1. Petit de la poule.
2. Viande de cet animal.
3. Terme d'affection dans Mon poulet.
4. (fam.) Billet doux.
5. (fam.) Policier.
Quels liens unissent ces différents sens ?
Sens 1 et 2 : on voit bien comment, à partir du premier sens, on passe à un sens plus
restreint, celui de la chair comestible de l'animal (Nous avons mangé du poulet à
midi.).
Sens 3 : le poulet est un animal sans défense qu'on a envie de protéger. C'est
pourquoi le mot poulet peut aussi être utilisé comme un terme affectueux, de parent à
enfant par exemple.
Sens 4 : de l'affection, on passe au moyen de la manifester, d'où le sens de lettre
d'amour.
Sens 5 : ce dernier emploi repose sur une comparaison qui, prenant le mot à
contresens, se veut insultante ; le policier, qui est censé incarner le maintien de
l'ordre public donc la force, est comparé à un faible poulet !

5- Homonymes, synonymes, paronymes, antonymes


a) Les homonymes : sont des mots dont les formes sont identiques mais dont les
sens sont différents, autrement dit, des mots qui s'écrivent ou se prononcent de la même façon
mais dont le sens est différent.
Il existe plusieurs sortes d'homonymes :
— les homonymes homographes et homophones ; ils s'écrivent et se prononcent de
la même façon.
Ex1 : clocher (« aller de travers ») / le clocher de l'église.
Ex2 : louer un appartement. / louer quelqu'un pour sa réussite.
— les homonymes homographes mais non homophones ; ils s'écrivent de la même
façon mais se prononcent différemment : la ressemblance porte sur la forme écrite.
Ex : nous portions les valises / des portions de fromage
Ex : il est sympathique / le vent vient de l'est
Ex : Des fils de laine. / Les fils de mon voisin.
— les homonymes homophones mais non homographes ; ils se prononcent de la
même façon mais s'écrivent différemment : la ressemblance porte sur la forme orale
Ceux-là sont très nombreux en français et, s'ils permettent de jouer sur les mots
(voir l'extrait ci-dessous), ils sont également sources de confusions orthographiques.
Ex. : « […] Eh bien, prenez le car.
- Il part quand ?
- Il part au quart.
- Mais le quart est passé.
- Eh bien, si le car est passé vous l'avez raté. » (Raymond Devos)
Ex: seau, saut, sceau, sot / verre, ver, vert, vair…

b) Les synonymes:
A- Les synonymes sont des mots de formes différentes mais qui peuvent renvoyer
au même référent, c'est-à-dire au même "objet" de la réalité.
Ils permettent donc à l'énonciateur de choisir son expression, de l'adapter à son
intention et à son interlocuteur.
Il n'y a pas de synonymes absolus. La synonymie est toujours partielle.
Ex: "concours" est synonyme "d'aide" dans : "Il a apporté son concours à cette entreprise."
Ex: "concours" est synonyme de "compétition" dans : "Le concours hippique commencera
demain.
La synonymie est partielle parce que les deux mots s'emploient dans des
situations différentes.

B- Autour de la synonymie: les figures de rhétorique (procédés d'écriture):


1- Les figures d'addition:
-L'anaphore: consiste en une répétition d'un mot ou d'une expression en vue de
produire une accentuation de l'idée:
Ex: Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, à qui
seul appartient la gloire…
- La périphrase: exprime par un groupe de mots ce qui pourrait l'être par un seul:
Ex : Vous craignez que "la ville éternelle" vous semble désormais bien vide.
(Rome)
- L'hyperbole : est une exagération dans le choix des mots.
Ex: Je suis lasse à mourir de la fadeur des nouvelles.
- Le pléonasme est une répétition de termes théoriquement superflus:
Ex: Je l'ai vu, dis- je, vu, de mes propres yeux vu, ce qu'on appelle vu.

2- Les figures de suppression:


- L'anacoluthe : est une rupture dans la construction grammaticale de la phrase:
Ex: Le nez de Cléopâtre, s'il eut été plus court, toute la face de la terre aurait
changé.
- L'ellipse : est une suppression de mots grammaticalement nécessaires:
Ex: Les vieux fous sont plus fous que les jeunes. (Les jeunes fous).
- L'euphémisme : substitue au terme propre, un mot ou une expression moins
brutale. H L'euphémisme appartient à la langue courante.
Ex: Le concert l'emporta. (Pour : le fit nourrir)
Vous êtes remercié. (Pour : renvoyé).
- La litote : est une expression atténuée, elle figure inverse de l’hyperbole
Ex: Je suis assez satisfait - Je suis fous de joie
Litote hyperbole
- L'oxymore : alliance de termes de sens contraires:
Ex : jour sombre - nuit blanche

C- L'antonymie : On appelle antonymes des mots de sens contraires. L'antonymie


relève du vaste domaine des contraires, domaine qui est lié à celui de la négation
Négation syntaxique: il pleut / il ne pleut pas
Contraires

Phrases contraires : il pleut/ il fait beau


Négation sémantique
Mots contraires (antonymes): grand/ petit.

- La situation d'énonciation et le contexte donnent les cadres de l'antonymie:


- pain frais ≠ pain rassis.
- fruit frais ≠ fruit sec ou confit.
Frais - aliment frais ≠ aliment pourri.
- produit frais ≠ produit surgelé.
- teint frais ≠ teint fatigué ou maladif.

D- La paronymie : ressemblance de forme sans aucune relation de sens:


Ex: acception/ acceptation.
La paronymie, source de fréquentes erreurs, peut être exploitée pour produire
des associations de sens: Ex: " Qui vole un œuf, vole un bœuf."

6- Les champs lexicaux : Un champ lexical est un ensemble de termes qui se


rapportent à un même domaine de sens, et forment un réseau qui donne au texte sa cohérence.
Un champ lexical peut englober:
- Des mots d'une même famille: morale- moralité- mœurs….
- Une série de synonymes: craindre, redouter, avoir peur….
- Des termes associés par une parenté de sens: bateau, port, ancre, marin, maritime…
Plusieurs champs lexicaux peuvent se succéder, se combiner dans un même
texte, ou constituer le lien entre des textes différents.
Pour interpréter un texte, il est essentiel d'identifier le sens des mots dans leur
contexte précis et de repérer l'ensemble de termes gravitant autour du même sens: les champs
lexicaux du texte. (Champs lexicaux de la nature, des lignes, des volumes, des formes, des
couleurs, des mouvements, des odeurs, des sons….)
Ex : Observons les deux dernières strophes du poème de Baudelaire « Harmonie du
soir » :
« Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ! »
On peut relever dans ces vers plusieurs mots appartenant au champ lexical de la
mort: afflige, néant, noir, triste, s'est noyé, sang. On y trouve également des mots relevant du
champ lexical de la lumière : lumineux, soleil, luit. D'autres mots, enfin, ont un sens religieux:
reposoir, ostensoir. L'étude des champs lexicaux dans ces deux vers permet de comprendre
que, le soir venu, l'âme du poète est menacée par le désespoir et que seul le souvenir lumineux
et quasiment mystique de la femme aimée lui permet de retrouver une certaine harmonie.
Cours n° 9 : LES REGISTRES DE LANGUE

Le langage est un système de signes (mots, gestes….) qui permet d’établir une
communication, mais, et selon la personne à qui l'on s'adresse, les circonstances, la nature des
propos que l'on tient, on ne s'exprime pas de la même manière. On distingue habituellement
trois registres de langue : les registres courant, soutenu et familier.
Comment les emploie-t-on ? Quels critères permettent de les distinguer ?

1- Les trois registres de langue

Le registre de langue (niveau) est un mode d’expression adapté à une situation


d’énonciation particulière, qui détermine notamment certains chois lexicaux et syntaxiques.

1.1. Le registre soutenu (littéraire)


Le registre soutenu correspond à une langue réfléchie et élaborée. C'est le registre
utilisé traditionnellement dans les œuvres littéraires, qui nécessite une certaine manifestation
d’un effort et d’une recherche pour bien s’exprimer. On l'emploie également, à l'oral comme à
l'écrit, dans un environnement social cultivé d’un très bon niveau d’éducation, et lorsque les
relations sociales imposent une certaine distance.

1.2. Le registre courant (standard)


Le registre courant est celui de la langue orale et de la langue écrite usuelles. C'est
le registre utilisé notamment dans la presse, dans la correspondance non officielle… ou dans
une copie d'élève (dans des relations professionnelles, occasionnelles, quotidiennes…). Donc,
on le rencontre principalement dans les situations de communication ou celui qui s’exprime
ne connaît pas bien les personnes auxquelles il s’adresse : relation professionnelle
occasionnelle, relation quotidienne…. Ce registre donne l’impression d’un français correct,
sans effort particulier (ne retient pas l’attention.)

1.3. Le registre familier (argotique, vulgaire)


Le registre familier est employé dans des situations de communication où il n’y a
pas de contraintes importantes (intimité, spontanéité, relations professionnelles entre
collègues sans rapport de pouvoir…); le locuteur n'a pas besoin de se soucier de s'exprimer
correctement. Ce registre est donc plutôt réservé à la langue orale, cependant on peut en faire
un usage littéraire. Les romanciers contemporains, en particulier, y font souvent appel quand
ils rapportent les paroles de certains de leurs personnages.

1. Les différences de vocabulaire

2.1. Le registre soutenu


Le registre soutenu se caractérise par un vocabulaire précis, poétique, varié, nuancé.
Ex. : Il vient d'acquérir une magnifique automobile.

2.2. Le registre courant


Les mots utilisés dans le registre courant appartiennent au vocabulaire quotidien,
c'est-à-dire à un vocabulaire correct, pouvant être compris par le plus grand nombre, mais pas
très recherché, un vocabulaire qui paraît neutres.
Ex. : Il vient d'acheter une belle voiture.

2.3. Le registre familier


Le registre familier fait appel à des mots qualifiés de familiers (fam.), voire de
populaires (pop.), dans le dictionnaire. Son vocabulaire est relâché, argotique, jargonnant…
Ex. : Il s'est payé une super bagnole.
On y rencontre, en particulier, des mots abrégés (par exemple, télé au lieu de
télévision), de nombreuses expressions imagées (par exemple, casser sa pipe pour mourir).

3. Les différences de syntaxe

3.1. Le registre soutenu


La langue de registre soutenu est riche en phrases complexes et en tournures
élaborées.
Elle emploie tous les temps et tous les modes, notamment :
— le passé simple de l'indicatif pour raconter ;
— l'imparfait et plus-que-parfait du subjonctif, par souci de concordance des temps,
dans une subordonnée au subjonctif dépendant d'un verbe principal au passé.
Ex. : Il aurait aimé que ce bonsoir durât plus longtemps.

3.2. Le registre courant


Dans le registre courant, les phrases sont simples mais grammaticalement
correctes.
Ex. : « Marie Bizingre tire le tuyau de l'aspirateur. L'appareil résiste. Le fil est trop
court. » (Jean-Paul Nozière, Des crimes comme ci comme chat)
Le passé simple du registre soutenu est remplacé par le passé composé ; le subjonctif
imparfait ou plus-que-parfait par le subjonctif présent ou passé.

3.3. Le registre familier


— des phrases construites de façon assez lâche ; des propositions le plus souvent
posées les unes à côté des autres (juxtaposées) ;
— des phrases incomplètes.
— des phrases segmentées, avec un pronom qui rappelle le groupe de mots détaché
en tête ou en fin de phrase.
— l'adverbe négatif « ne » est omis.
— le pronom démonstratif cela est remplacé par sa forme contractée ça, le pronom
personnel nous est remplacé par l'indéfini on.

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