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Consigne: Un poète pour être moderne doit-il renoncer à toutes les contraintes de la tradition.

La modernité poétique se caractérise par le désir d'inventer une expression contraire aux modèles
traditionnels pour créer une forme propre et originale. Elle apparaît en France aux alentours du XIXème avec
Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud mais encore Guillaume Apollinaire. Ces poètes ouvrent des voies à des
mouvements tels que le Symbolisme et le Surréalisme. Guillaume Apollinaire, homme important dans
l'histoire de la littérature et de la poésie française, est précurseur du surréalisme. Le poète cite “Quand
l’homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a fait ainsi du
surréalisme sans le savoir” et en effet c’est un poète moderne qui rompt avec les traditions du passé et
introduit la vie moderne dans ses vers. Le recueil Alcools d'Apollinaire publié en 1913, rassemble des poèmes
qui s'inspirent de la vie réelle du poète. Mais il célèbre également la beauté du monde moderne et de son
mouvement rapide. Pour être moderne,le poète doit-il renoncer à toutes les contraintes de la tradition ?
Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier temps en quoi les poèmes d'Apollinaire
exprime la modernité; dans un second temps les éléments de la poésie traditionnelle et dans un troisième temps
la confrontation du passé avec la modernité.

Dans le recueil, Apollinaire prend soin d’adopter la modernité dans la structure exploitée.
L’organisation du recueil s’inspire de l'interprétation cubiste. Le poème “Zone”, dernier écrit avant l’apparition
d’Alcools a été placé au début du livre. Ce long poème est relié au dernier poème “Vendémiaire” car ils font
tous deux l’éloge de la ville moderne qu’est Paris. Cette forme s’inscrit dans l'esthétique cubiste car il
représente une forme éclatée. Ce qui montre que les poèmes ne sont pas organisés par thèmes ni par ordre
chronologique. La plupart des vers de certains poèmes sont longs et d’autres courts. Comme par exemple
“Chantre” qui est un monostiche ou “Soleil, cou coupé” dans “Zone” qui est nettement intéressant . A cela peut
s’ajouter les dédicaces que fait le poète à des personnes qu’il a connu. Comme par exemple à Fernand Fleuret
dans “Le voyageur”. Dès le premier vers de “Zone”; “A la fin tu es las de ce monde ancien”, le poète exprime
son envie d’un monde nouveau . Tout cela montre que le poète apporte une touche particulièrement moderne aux
poèmes et ne cherche pas à placer les poèmes ni par ordre d’écriture, ni par thèmes, ni par longueur . L’absence
de ponctuation est un aspect de la modernité. Tous les poèmes du recueil n’ont aucune ponctuation donc aucune
indication du ton de la lecture. Cette forme d'innovation pousse le lecteur à se poser des questions et à avoir des
doutes sur la compréhension du texte. Le poète ne rejette pas les traditions poétiques car il conserve la régularité
des strophes mais parfois certains vers sont longs qu’ils peuvent s'apparenter à de la prose. Alors que des poètes
comme Arthur Rimbaud et Charles Baudelaire ont utilisé de la prose pour quelques poèmes. Sans compter que le
poète dévoile ces nouveaux mots dans ces vers. Comme par exemple «sténo-dactylographes» dans “Zone”. Le
poète peut être caractérisé comme un poète innovant qui cherche l’originalité.

D'autre part, le poète a tendance à diversifier les formes des poèmes. Les poèmes du recueil sont tous
plus particuliers les uns des autres. Le poète passe d’une forme à une autre entre chaque poème. Comme par
exemple dans “Le Larron”, il s’inspire d’une structure du genre du théâtre. Le poète utilise également des
formes traditionnelles tel que le sonnet dans “Automne”. Mais également la formulation en récit dans ”La
Maison des morts”. Ce poème est tout à fait magnifique car le poète alterne entre la tradition poétique à un récit
classique. D’ailleurs Apollinaire, adapte son écrit à la forme. De plus, Apollinaire célèbre l’industrialisation de
la ville moderne. Il s’inspire du paysage et du changement effectué du moment, comme dans “Zone” il décrit
en détail le passage de l’ancien Paris à une ville moderne. Il y évoque la Tour Eiffel, les hangars, l’innovation
de l’aviation et des automobiles. Dans “Le voyageur” il évoque les trains qui roulent à grandes vitesses.
Alcools s’inspire de bien d’autres objets ou infrastructure qui ont un lien avec l’urbanisation et la fascination
du poète pour ses éléments. Mais avant tout, il dit “ J’aime la grâce de cette rue industrielle” dans
“Zone” qui montre que le poète s’inclut littéralement dans le monde moderne.
Le poète est constamment à la recherche modernité mais il ne rejette pas le passé pour
autant.

Tout d’abord, le poète n’adopte pas un refus à l’écriture des poèmes traditionnels et laisse des
traces de traditions dans ses écrits. Par ailleurs, il utilise les traditions pour créer une forme nouvelle. On peut
s’appuyer sur la composition du recueil, la majorité des poèmes sont sous la forme de strophes régulières, et que
le poète utilise l’alexandrin, l’octosyllabe et le décasyllabe. Le poème “Crépuscule” semble être sous la forme
d’un poème traditionnel, il est composé de quatres strophes de quatres vers chacuns. Certains topos de la
poésie sont conservés tels que le sonnet par exemple, “Nuit Rhénanes” revisite cette forme mais pas totalement
achevée. La structure du poème prend la forme d'un sonnet au début puis se finit par un monostiche. Apollinaire
conserve également les rimes généralement adoptées en poésie, “pierrerie” et “sorcellerie” sont des rimes du
poème “Loreley”. Mais également l'utilisation de rimes croisée dans “Mai”. D’autres part le poète reprend des
héritages poétique comme le rythme d’une chanson dans “ Le pont Mirabeau” qui présente un
refrain “Vienne la nuit sonne l’heure, les jours s’en vont je demeure ” issu du lyrisme du Moyen-âge
et actuellement repris par des artistes mondialement connu.

Ensuite, nous pouvons voir que les poèmes sont inspirés de la vie passée du poète. Le poète traite de
ses sentiments réels. Comme par exemple dans “Le pont Mirabeau” le poète exprime son desespoire et
l’amour malheureux. Mais il met en œuvre ses rencontres avec ses amours tel que “Annie” qui s’adresse à
Annie Playden mais encore “Le Brasier” qui correspond au début de sa relation avec Marie Laurencin.
Marie Laurencin est une artiste peintre qui a évolué dans les cercles cubistes et fauvistes. Elle rencontre
Apollinaire en 1907 et commence à devenir sa muse. Par ailleurs, “Nuit Rhénane” et “Loreley” s'inscrivent dans
le thème de la réécriture des mythes germaniques. “Rhénanes” fait particulièrement référence aux légendes
germaniques avec des sirènes maléfiques qui font sombrer les bateaux, ce qui montre la présence du passé
dans les poésies d'Apollinaire. De plus le poète utilise également les mythes grecques, par exemple dans “La
Chanson du mal-aimé” le poète se compare à Orphée pour dévoiler la perte de l'être aimé ou dans “Le
Brasier” le poète renaît de ses cendres avec le mythe du phénix mais encore dans “Zone” il se compare
également à Icare. Les poèmes d'Apollinaire s'associent à la nostalgie et au temps qui fuit.

En conclusion, le recueil Alcools est une œuvre qui rassemble des thèmes et structures modernes,
il regroupe l’ensemble des éléments du passé et du présent. Le poète pour être moderne doit renouveler les
formes traditionnelles. Ce recueil est un nouveau souffle au monde ancien, mais aussi plein surprise, ce qui
engendre alors l'incompréhension des lecteurs. Le poète Guillaume Apollinaire peut-être comparé à Charles
Baudelaire qui est aussi un poète moderne. Dans “Soleil” de Baudelaire, il “transforme la boue du langage en
or poétique”.

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