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Tanguy Viel est né à Brest en 1973. Il est réputé pour une mise en place d’intrigues complexes et
une réflexion sur quelques thèmes récurrents comme les liens familiaux, les duperies, les inégalités
de classes et les difficultés à prendre l’ascenseur social. Ses œuvres les plus connues sont L’Absolue
Perfection du crime et Article 353 du Code Pénal.
Il écrit Article 353 du code pénal en 2017 qui est son septième roman. Pour avoir jeté à la mer le
promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge
devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la
garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut
dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement
avec vue sur la mer. Encore faut-il qu'il soit construit.

Tout d’abord, le premier thème est celui de la malchance et de l’injustice.


Il y a son licenciement qui entraîne son chômage pendant presque 7 ans.
Puis son ticket gagnant de loto non validé.
« La tête de France qui s’était levée et se disait que c’était là, en vrai, dans l’écran, nos numéros à
nous. Alors sans bouger ni regarder personne, j’ai dit : Je ne l’ai pas validé. »
Ensuite son divorce avec son ex-femme France qui finis par s’en aller avec un autre homme ce qui
le fait douter de son mariage.
« Sa liaison avec lui. Son nouveau compagnon. Parce que c’est quand même elle qui est partie, je
tiens a préciser, alors j’ai le droit de me demander, vous comprenez, j’ai le droit de me demander
depuis quand, pardon de le dire comme ça, oui, mais depuis quand elle connaissait sa chambre à
coucher ».
Kermeur a néanmoins la garde de son fils Erwan même si celui ci va mal tourné et finir en prison.
Nous comprenons alors que tous ces événements l’ont beaucoup travaillé, et ont eu un impact sur
son futur.
Ce thème est très intéressant car tous les événements survenus dans sa vie lui sont tombés dessus,
il ne les a pas choisis et ils peuvent tomber sur n’importe qui. Que ce soit un divorce ou un
licenciement.

Ensuite, le thème le plus présent dans le roman est celui de l’escroquerie qui créer ainsi l’intrigue.
Alors que celui-ci est socialiste d'origine et de conviction, il est impensable pour Kermeur à
l'époque d'investir sa prime dans de l'immobilier, il succombe pourtant à un appartement trois
chambres avec vue sur mer. Cependant l'appartement ne va jamais sortir. Il offre tout son argent
donc, mais aussi, et surtout, à travers cela, son espérance de sortir de la misère, et l’avenir de son
fils.
Car s’il arrive comme un homme providentiel avec un projet immobilier fabuleux, Antoine Lazenec
se révèle très vite être un promoteur malhonnête.
Embobiné par cet homme manipulateur qui les a trompé, lui et quelques autres sous leurs yeux,
Martial ne sait comment réagir. Car ce qui dépasse l’entendement dans ce récit, c’est la capacité de
Lazenec à tirer avantage de la faiblesse qu’il perçoit chez les autres, son habileté à séduire, à agir
avec arrogance, en cachant à peine son ambition, jusqu’à ruiner la vie d’un homme et le mener à
bout vers une seule issue qui est le meurtre.
« Peut-être que c'est Le Goff qui avait raison, que j'étais trop isolé ces derniers temps, alors le
premier qui s'approche et rompt la solitude, on s'en fiche de savoir qui c'est, pourvu que tout
s'engouffre et s'encastre en vous comme une pièce de puzzle que vous auriez découpée exprès
pour qu'elle épouse les contours de votre âme. Voilà. C'est peut-être ça, la principale chose que j'ai
apprise ces dix dernières années : qu'on finit toujours par aimer qui nous aime. »
Ce thème est un de mes préférés, je le trouve très intéressant. En effet, nous pouvons constater
que Lazenac, un homme déjà très riche, continue à arnaquer les plus pauvres juste pour rester au
sommet et dominer les autres. Cependant si ces personnes se font avoir, c’est parce que Lazenac
est déjà riche, personne ne se dirait qu’un homme déjà riche irait les arnaquer. Encore une fois, on
peut se dire que l’argent prime sur tout. Les personnes arnaquées l’ont été car elles ont voulu avoir
une meilleure vie, tandis que Lazenac voulait lui garder sa place d’homme riche, quitte à arnaquer
et voler les autres.

Enfin, le dernier thème est celui de l’empathie du juge. Si le récit est la longue tirade de Kermeur
se confessant, il est à plusieurs reprises interrompu par le juge : bien qu’il soit discret, le rôle du
juge est primordial, car c’est évidemment de lui dont dépend le sort de Kermeur, si l’on tient
compte du titre du roman et de la référence à ce fameux article 353. La fin du roman, où Kermeur
est jugé innocent grâce à cet article.
« Oui, souvent, quand je regarde la mer depuis la fenêtre de ma cuisine, quand je respire l’air libre
de la mer qui se prosterne en contrebas, je récite à voix haute les lignes de l’article 353, comme un
psaume de la bible écrit par Dieu lui-même, avec la voix du juge qui résonne encore à mes oerilles,
lui, me regardant plus fixement que jamais, disant, un accident, Kermeur, un malheureux
accident ».
Le roman permet de voir dans ce juge une métaphore du lecteur. Au fur et à mesure de sa
confession, les propos de Kermeur laissent deviner des émotions fortes, la colère, la honte, l’espoir,
l’indignation, sentiments auxquels le juge empathie et est sensible. Et cette sensibilité se manifeste
dans les propos du juge, partial, émotif, compatissant.
Ce thème nous montre que tout n’est pas sombre, on s’attendait au début à ce qu’il soit
directement condamné pour ce qu’il a fait. Au final nous voyons un juge plus que compatissant
pour Kermeur, lui dont la vie a décidé de s’acharner, ce qui fait chaud au coeur pour les lecteurs.

Par rapport au parcours Individu, moral et société, les personnages s’envisagent eux-mêmes dans
leur individualité : une individualité certes aliénée aux désirs d’autrui, certes empêchée, mais
unique. Dans Article 353 du code pénal, cette instabilité existentielle est socialisé : Martial
Kermeur, le personnage-narrateur, ne s’accorde d’autre singularité que celle d’une vulnérabilité
exemplaire.
Cette socialisation se voit notamment à la manière dont le narrateur se désigne. Il n’utilise que très
rarement le « moi », et utilise à la place « nous les habitants de la presqu’île » ou encore « nous,
les ouvriers de l’arsenal ou bien les employés du port »
Si la fragilité est une condition commune que le roman dramatise en épreuve existentielle
individuelle, la vulnérabilité est une condition en commun, partagée, collective.

Nous pouvons donc voir que dans ce roman plusieurs thèmes reviennent tels que la malchance les
injustices, la duperie et l’empathie, on découvre l’histoire d’un personnage finalement attachant,
malmené par le destin, sujet à de nombreuses injustices, les plus intolérables étant en lien avec
Lazenec. Ces thèmes sont donc présents et très importants pour l’intrigue et le dénouement. Ils
sont récurrents dans les livres de Tanguy Viel. Nous pouvons également prendre pour exemple La
Maison Nucingen précédé de Melmoth réconcilié de Balzac ou encore La peau de chagrin de Balzac
aussi.

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