PSYCHO-SCRIBE : LES TEMPLIERS

CASUS BELLI
black-book-editions.fr
CASUS BELLI

#43 Printemps 2023

Le magazine de référence des jeux de rôle

Rôle'n Play l Deadlands l Anneau Unique

Meute : L'Austurland

AVANT-
PREMIÈRE

LES LAMES D
U
CARDINAL V2

SCÉNARIOS : Things from the flood, Œil Noir, CO Cthulhu, Vampire, PF 2

PRÉCO PARTICIPATIVE EN 2023
SUR GAME ON TABLETOP

Seconde édition
PRÉCO PARTICIPATIVE EN 2023
SUR GAME ON TABLETOP
VERSION FRANÇAISE EN PRÉCO PARTICIPATIVE
SUR GAME ON TABLETOP
 ÉDITO
Les folles tribulations de Dédé

A
 près avoir bien profité des fêtes de fin d’année 2022, nous avons repris le che-
min du bureau dans la ferme intention de terminer tranquillement le numéro
de Casus Belli que vous tenez entre vos mains. Comme disait Hannibal dans
L’Agence tous risques, j’adore quand un plan se déroule sans accroc ! Et comme dans
L’Agence tous risques, les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévu…
Un petit éditeur publiant un jeu de rôle à peine connu a décidé de faire une bla-
gounette à la planète toute entière. Le ciel est tombé sur la tête des rôlistes, qui
ne s’attendaient pas à ce que le Ragnarök soit à leur porte. Mais c’était sans comp-
ter sur leurs ressources incroyables. Si l’Apocalypse était pour maintenant, ils ont
décidé de résister et de briser le rituel de révocation lancé par les Sorciers de la Côte.
C’est donc un incroyable mois de janvier que nous venons de traverser, ponctué de
déclarations et de retournements de situation. Une partie d’échecs d’un suspense
insoutenable qui s’est terminée sur un twist incroyable. Une histoire de dingue qui
ferait une belle mini-série TV… à laquelle on ne souhaite pas de saison 2 ! Si vous RÉABONNEMENT
n’avez pas suivi l’OGL-Gate, lisez les pages qui suivent. EN VUE ! 
Mais on a aussi plein d’autres choses à vous proposer , à commencer par les inter-
views de Jean-Philippe Jaworski et de Philippe Auribeau, qui nous parlent du retour
de très beaux jeux français : Te Deum pour un massacre et Les Lames du Cardinal. Pour tous les abonnés du
Nous vous avons aussi réservé un dossier sur les Templiers, une belle ballade en numéro 38 à 43, il est l'heure
Islande et une aide de jeu pour « Jouer politique ». de se réabonner. Nous vous
invitons à aller en page 5 et
Alors… bonne année !
à découvrir dès maintenant
Marc Sautriot et la Rédaction de Casus Belli notre offre !

EN DIRECT |1
2 | EN DIRECT

SOMMAIRE
Critique - LA Division des Opérations 55
Critique - Brigandyne, 2e Édition 56
Critique - Légendes du nouveau soleil 60
Critique - L’Anneau unique 62
EN DIRECT Critique - iron Kingdoms : Requiem 66
En direct - Édito1 Critique - Les Terres d’Arion 70
En direct - Sommaire2 Critique - Perceforest71
En direct - L’OGL-gate6 Critique - Les Légendaires, le jeu d’aventures 72
En direct - Jean-Philippe Jaworski 10 Critique - L’Empire du Nil 74
Critique - Profils de pouvoirs 76
Critique - Légendes des prédictions perdues 77
Critique - Deadlands, l’ouest étrange 78
Critique - Rôle’n Play le jeu de rôle 82
Critique - Codex des monstres 1 & 2 86
ACTUALITÉ Critique - Espace proche 88
Actualités - Nouvelles du front 12 Critique - Guide des options de vaisseaux 89
Actualités - Nouvelles d’ailleurs 30 Critique - Menaces imminentes 90
Critique - Jeux de pouvoir 91
Critique - Le Plateau Pégase & Autres Histoires92
Critique - Les Ruines Fumantes
& Autres Contes 93
CRITIQUES Critique - Royaumes de Terrinoth
Critique - Comme il faut
94
96
Critique - Les Lames du Cardinal v2 44 Critique - Taroticum et autres récits 97
Interview - Philippe Auribeau 48 Critique - Bitume, La boite d’initiation 98
Critique - Warpland52 Critique - Trouillevillelivre 1 - la silencieuse 100
Critique - Cadres de jeu pour… 54 Critique - Dossiers corporatistes 2054 102

Casus Belli est édité par Black Book Éditions, 12 rue Jean
Carmet, 69800 Saint Priest, www.black-book-editions.
fr. N°43, printemps 2023. Directeur de publication David
Burckle, Comité de rédaction Pierre Balandier, Laurent
Bernasconi, David Burckle, Julien Dutel, Géraud Gourjon,
Didier Guiserix, Tristan Lhomme, Philippe Rat, Marc Sautriot
Secrétaire de rédaction Marc Sautriot Assistante d’édition
Louise Chalier et Chloé Halnais Création graphique Damien
Coltice & Romano Garnier Maquette Romano Garnier
Relecture Loïs-Emmanuel Meyer.
Ont participé à ce numéro :
Relecture : Loïs-Emmanuel Meyer
Auteurs et relecteurs (le Gang Casus) : Timothée Aubry,
Pierre Balandier, Guillaume Boidin, Olivier Caïra, Anthony
Calla, Slawick Charlier, Arnaud Cuidet, Thomas Dejonghe,
Julien Dutel, Sébastien Fajal, Géraud G., Olivier Halnais,
Romain d’Huissier, Juan « Nurthor » Lagrange, Jean-François
« Poussière » Majour, Mr. OC, Aurélie Pailhez, Romain
« Belaran » Pelisse, Philippe Pinon, Ciro Alessandro Sacco,
Marielle Sarran, Adrien Saurat, Marc Sautriot, SLM, Florian
Turchet, Sébastien Urbanek, Marylis Vallet.
Image de couverture : Les Lames du Cardinal / Johann
Papayou Blais / Copyright 2023 Elder Craft
Illustrateurs, cartographes et photographes : Guillaume
Albin, Augustin Rogeret, Camille Bourgoin, Anthony
Boursier, Marcel Couchaux, Josselin Grange, Didier Guiserix,
Mathilde Marlot, Laurent Miny, Mélanie Planquelle, Gauvin
Rémy, Tod.
Toutes les illustrations sont © leurs auteurs et leurs éditeurs.
Les manuscrits et illustrations non sollicités ne sont pas
renvoyés.
Toutes les illustrations originales et les noms des produits
mentionnés sont la propriété pleine et entière de leurs
auteurs et éditeurs respectifs. Toute reproduction ou
Critique - Dark Crystal, le jeu d’aventure 103 Scénario - Things From Disneyland
Critique - L’Anneau unique – Boîte d’initiation 104 (Things from the flood) 166
Critique - Magie Aventurienne 105 Scénario - Guerres et Successions, Deuxième
partie : l’exécution publique (PF2) 180

ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
AIDES DE JEU
L'étagère - Hogwarts Legacy : l’Héritage
de Poudlard 110 MJ Only - La LNS revisitée 200
L'étagère - Forspoken 111 PJ Only - La LNS revisitée, suite 204
L'étagère - Les Terres d’Ogon & Le Monde Aide de jeu - Jouer politique (pour de vrai) 208
d’Aquilon 112 Meute - L’Austurland 212
L'étagère - Vampire : the masquerade - Psycho-Scribe -Les Templiers, entre mythes et
Chapters 113 réalité 224
L'étagère - Malice & La campagne écarlate 114 Psycho-Scribe -Les Templiers, légende et
L'étagère - The Magic Order  116 postérité 232
L'étagère - Reliures et grymoires 118

MAGAZINE
SCÉNARIOS
Enquête - « Prof de JdR » 238
Scénario - Le destin de l’expedition Waldener Entretien - Bruno Bellamy 244
(Oeil Noir) 124 Billet de l'Odieux connard - Lapidons-les...252
Scénario - Péché d’innocence (Vampire v5) 138 Prochainement - Dans casus Belli n°44 254
Scénario - La mort dans les yeux (CO Cthulhu) 150 BD - Le casus Blub 256

diffusion, même partielle, est interdite sans accord écrit de
l’éditeur.
Remerciements. Tous les éditeurs et professionnels qui
jouent le jeu, Urban Comics, Lisa Stevens, Maxime Chattam,
Florent de Scriptarium, Xavier de Oh My Game, Margaret Weis
Productions, Charles de Trollune et les orgas d’OctoGônes,
Julien De Jaeger & Di6dent, Le Grümph et Emmanuel Gharbi,
Sébastien Boudaud et le Grimoire, Stéphane Bogard et
la Edge team, les gars de Ravage, Erik Mona et Paizo
Publishing, la communauté du site Pathfinder-FR, Neko
et Florrent, 7e Cercle, A.K.A. Games, Gary Gygax et Dave
Arneson, Jawad et le Département des Sombres Projets,
Florian et Stéphanie des éditions Bragelonne, Sébastien
Célerin et les XII Singes, Laurent Rambour de LETO, Hicham
et les éditions du Matagot, Shane Hensley pour Pinnacle,
Batronoban, Studio Deadcrows, Studio Agate, Arkhane
Asylum Publishing, et Sophie et Nazir de Bamboo.
Abonnements. Pour vous abonner ou pour tout
changement d’adresse de votre abonnement,
écrivez à : info@casus-belli-mag.fr ou à
Black Book Éditions,
12 rue Jean Carmet 69800 Saint Priest
Tarifs abonnement 59,60 € pour la France.
Autres pays : nous consulter.
Publicité Marc Sautriot (marc@black-book-editions.fr)
Numéro ISBN (PDF) : 978-2-38227-513-9
Numéro ISBN (papier) : 978-2-38227-512-2
Dépôt légal Février 2023. Imprimé en UE.
Pour contacter la Rédac info@casus-belli-mag.fr
Retrouvez-nous sur le site Casus et sur les réseaux sociaux.
www.black-book-editions.fr.

EN DIRECT |3
(RÉ)ABONNEZ-VOUS À CASUS !

* Tarif valable pour la France métropolitaine uniquement.

EZ
NE LOUP
U M ÉRO !
AUCUN N

Attention : l'abonnement
n'inclut pas les Hors-séries
Casus Belli !

59,60€* P
OUR
4 NUMÉR
EN VERSIO OS
N PAPIER
+ PD
EN AVANT F
-PREMIÈR
ET FRAIS E
DE PORT
OFFERTS
!
6 | EN DIRECT

L’OGL-GATE
Quand les rôlistes se rebiffent
C’est l’affaire de la rentrée 2023 : une version de la nouvelle OGL
annoncée par Wizards of the Coast (WotC) a fuité et été rendue
publique par plusieurs médias du Net, provoquant un raz de
marée sans précédent dans le milieu. De quoi s’agit-il ?

L
e 4 janvier 2023, la journaliste
Linda Codega révélait sur le site
Gizmodo le contenu d’une version
de l’OGL 1.1 datée de mi-décembre.
L’année commençait par un coup de
tonnerre, puisque ce texte annonçait la
désautorisation de l’OGL1.0a permet-
tant à de nombreux éditeurs du monde
entier de publier des produits compa-
tibles avec D&D, impactant de manière
forte le marché mondial du JdR.
OGL ?
Pour bien comprendre de quoi il
retourne, rappelons ce qu’est l’Open
Game License (OGL). Il s’agit d’un texte
juridique inspiré des licences exis-
tantes dans le domaine du logiciel libre
pour définir les conditions dans les-
quelles il est possible de réutiliser un
contenu ludique.
L’OGL est une licence créée par WotC
à l’époque de Dungeons & Dragons 3e
édition. Associée à D&D, elle définit
les éléments du plus vieux des JdR que
vous êtes autorisés à réutiliser libre-
ment dans vos créations. Ceci posé,
l’OGL n’est pas spécifiquement asso-
ciée à D&D et à son fameux System
Reference Document (SRD) ; son objet
étant de permettre à un éditeur d’au-
toriser quiconque à utiliser librement
le contenu libre (open content) d’un
ouvrage qu’il publie. Ce que de nom-
breux éditeurs n’ont pas manqué de
faire depuis les années 90, que leur jeu
ait un rapport ou pas du tout avec D&D,
par exemple Delta Green.
Toutefois, la grande majorité des ou-
vrages publiés sous OGL depuis plus de
vingt ans s’appuie sur le SRD de D&D3
puis celui de D&D5, et c’est d’ailleurs
un élément majeur du développement
de la marque : grâce à l’OGL, des au-
teurs et éditeurs du monde entier ont
pu développer des produits utilisant la
même grammaire, soutenant en retour
les ventes du premier des JdR.
De l’OGL 1.0a
à l’OGL 2.0
Alors pourquoi mettre fin à la poule
aux œufs d’or ?
Les facteurs sont multiples, mais
les principaux sont financiers. Comme
ont pu le noter des médias très sérieux
comme The Guardian et The Financial
Times, qui se sont intéressés à l’OGL
Gate ces dernières semaines, WotC re-
présente désormais 70% du chiffre d’af-
faires de Hasbro, ce qui place ses deux
licences phares, D&D et Magic, au centre
des radars des actionnaires. Or, les ana-
lystes estiment que la marque D&D
est sous-monétisée. Par définition, les
produits compatibles avec D&D publiés
sous OGL ne rapportent rien à WotC… en
tout cas, pas directement, ce qui est un
problème pour les actionnaires.
Sans parler du fait que l’OGL 1.0a
permet de réutiliser le SRD dans bien
d’autres supports que des ou-
vrages papiers. Citons par exemple
les VTT, où une concurrence peut
ainsi s’installer alors même que
WotC mise beaucoup sur sa propre
plateforme de jeu en ligne, D&D
Beyond, acquise pour 150 millions
de dollars. Ou encore les jeux vidéo,
où pas une goutte de la manne
financière, potentiellement bien
plus importante que dans le JdR,
ne ruisselle jusque chez Hasbro.
Alors qu’approche le lancement
de la nouvelle itération du plus
vieux des JdR, OneD&D, son éditeur
veut également éviter un fiasco
similaire à celui de la 4e édition.
D’autant plus que OneD&D s’ap-
puiera fortement sur le numérique
et des formules d’abonnement via
D&D Beyond.
C’est donc sans surprise que
WotC a annoncé en décembre 2022
la mise en place prochaine d’une
nouvelle version de l’OGL liée à
OneD&D. Et là, patatra : début
janvier, un document fuite et en
quelques jours, le scandale qu’elle
entraine enflamme le milieu rôliste.
L’affaire OGL
En effet, ce fameux document,
qui semble avoir été envoyé pour
signature à plusieurs utilisateurs
de l’OGL, comporte plusieurs
clauses jugées problématiques.
La première prévoyait la mise en
place de royalties pouvant s’élever
jusqu’à 25% du CA d’un éditeur lié
à l’OGL. Il est normal qu’un éditeur
demande une part des recettes
réalisées par un autre éditeur uti-
lisant ses créations. Ce qui est
problématique, c’est de passer
brutalement de 0% à 25% au bout
de plus de vingt ans, sans que la
licence ne le prévoie au départ. En
gros, on change la règle du jeu une
fois que tout le monde est bien
dépendant du jeu !
Autre problème, selon le docu-
ment, un éditeur devait céder sa
propriété intellectuelle sur ses
publications à WotC. Il aurait donc
payé le développement d’un jeu
ainsi que des royalties, et en plus, il
ne serait pas propriétaire des droits
sur le jeu, auquel WotC pourrait dé-
cider de mettre fin s’il le souhaite !
Enfin, le document prévoyait la
désautorisation de l’OGL1.0a, alors
qu’elle était supposée perpétuelle,
et les produits publiés sous OGL1.0
passaient automatiquement en
OGL1.1. La légalité d’une telle révo-
cation est clairement discutable,
mais les incertitudes sur ce sujet
n’ont pas manqué de donner des
sueurs froides à bien des éditeurs.
Conséquence : selon cette OGL
1.1, les éditeurs auraient dû reti-
rer de la vente tous leurs produits
publiés sous OGL 1.0a, ou les voir
tomber sous le coup de l’OGL1.1, ce
qui n’aurait pas été viable financiè-
rement, et inacceptable du point
de vue de la propriété intellec-
tuelle. Rappelons qu’en France, les
textes et les illustrations sont la
propriété de leurs auteurs…
EN DIRECT |7
8 | EN DIRECT
La fronde
Ce dernier point, a fini de mettre le feu
aux poudres. Plusieurs éditeurs ont an-
noncé sortir de l’OGL et créer leur propre
licence. Paizo, l’éditeur de Pathfinder, a
proposé la mise en place d’une véritable
licence dissociée de tout éditeur et de
tout jeu, l’Open RPG Creative (ORC),
dont ils ont décidé de financer la rédac-
tion par l’avocat Brian Lewis, qui a déjà
œuvré par le passé à la rédaction de
l’OGL. De nombreux éditeurs et acteurs
dans le monde ont rejoint ce qui est
désormais appelé « l’alliance ORC », no-
tamment Monte Cook Games, Kobbold
Press, Roll20 et Gale Force 9. En Europe,
Black Book Éditions et Ulisses Spiele
sont également sur les rangs.
Comprenant que les nombreux uni-
vers et campagne 3E et 5E auxquels ils
jouent étaient clairement menacés,
des dizaines de milliers de fans outrés
ont de leur côté signé des pétitions et,
très rapidement, se sont mis à se désa-
bonner en masse de D&D Beyond. Cette
implication des joueurs est inédite et
a probablement été l’élément décisif
dans cette affaire.
Sortir les rames
Le 13 janvier, WotC sort de son silence
assourdissant en publiant un commu-
niqué expliquant que leurs intentions
ont été mal comprises, et le 18 jan-
vier, Kyle Brink, le producteur exécutif
de D&D, présente ses excuses pour la
façon dont WotC a rédigé et préparé la
mise en place de l’OGL1.1. Clairement, il
personnifie une équipe de passionnés
de D&D et explique que leurs intentions
n’étaient pas de blesser les créateurs
et les joueurs. C’est un changement de
méthode radical, la firme américaine
communiquant assez peu jusque-là, et
de façon dépersonnalisée.
Par la voix de Kyle Brink, WotC pro-
pose de publier une nouvelle version de
l’OGL, la 1.2, à laquelle le public pourra
réagir grâce à un processus d’échange.
Cette version 1.2 adoucit plusieurs
angles : les royalties ont disparu, et le
« moteur » de D&D (les éléments pure-
ment mécaniques, mais pas les classes
de personnages, les sorts ou encore
les monstres) est passé en Creative
Commons (CC), un autre type de licence
permettant la libre utilisation de conte-
nu selon certaines conditions. Ce der-
nier point est particulièrement crous-
tillant puisqu’en droit, la mécanique ne
relève pas de la propriété intellectuelle
et est donc libre de droit de fait !
Enfin, plus de prise de contrôle sur la
propriété intellectuelle… mais WotC se
donne la possibilité de publier des ou-
vrages reprenant les contenus publiés
sous licence sans que le licencié puisse
le poursuivre en justice pour plagiat !
Bien sûr, l’OGL 1.0a est toujours désau-
torisée et plus aucun contenu ne peut
être publié sous cette licence, mais les
produits existants peuvent continuer à
être commercialisés.
Tandis que le sondage court, plu-
sieurs éditeurs, comme Kobbold
Press, déclarent abandonner la 5E
et lancer leur propre jeu. Une partie
d’entre eux pourra sortir facilement de
l’OGL moyennant le changement de
quelques termes (ceux issus du SRD)
pour rompre définitivement tout lien
avec D&D. Et Paizo, dont le jeu phare
est désormais très éloigné de D&D,
compte bien profiter de l’aubaine pour
réaffirmer l’implantation de Pathfinder
2 sur le marché du JdR. L’éditeur an-
nonce d’ailleurs des ventes records de
son jeu, avec un mois de janvier équi-
valent à huit mois de ventes habituels.
Les choses semblent donc bien mal en-
gagées pour WotC suite au bad buzz et
à l’insatisfaction des rôlistes, scanda-
lisés par les intentions et propositions
de la firme. Est-ce la fin de la domina-
tion de D&D ?
Le come back
Loin de là. Si le grand ancien, ou plu-
tôt son éditeur, a perdu de sa superbe,
il n’a pas dit son dernier mot. WotC
semble avoir compris le pouvoir des
individus lorsqu’ils se liguent, et a
prêté attention aux échanges qui
se sont multipliés sur les forums.
Pour reprendre la main, l’éditeur
n’a pas attendu la fin de la période
de quinze jours prévue pour per-
mettre aux rôlistes de réagir à sa
proposition d’OGL1.2. Toujours par
la voix de Kyle Brink, il a de nou-
veau pris tout le monde de court le
27 janvier en égrainant les chiffres
sans appel du sondage qui semble
avoir connu une importante par-
ticipation. En résumé, 90% des
répondants ne veulent pas d’une
publication sous OGL1.2 et ne sont
pas satisfaits du maintien de la
désautorisation de l’OGL1.0a. 86%
ne sont pas satisfaits de la pro-
position concernant les VTT. De
plus, 62% se disent satisfaits de la
publication en Creative Commons
d’une partie du SRD, et la majorité
des insatisfaits réclame que plus
de contenu soit publié avec une
licence de ce type.
Sans plus attendre, WotC a donc
décidé de laisser l’OGL 1.0a en
place, sans modification, et sur-
tout de publier le SRD5 en licence
Creative Commons. Dès lors, WotC
affirme que le SRD sera désormais
libre d’utilisation, sans condition
et de façon irrévocable. Le twist
incroyable a dû soulager instanta-
nément des centaines d’éditeurs à
travers le monde. Ceux-ci peuvent
donc continuer de commercialiser
leurs ouvrages publiés sous OGL
grâce à des dizaines de milliers de
rôlistes qui se sont dressés pour
sauver le jeu qu’ils aiment.
Pour autant, des dommages ont
été causés. Cette histoire laissera-
t-elle des traces ? Paizo s’est félici-
té de la décision de WotC de ne pas
désautoriser l’OGL1.0a. L’éditeur de
Pathfinder indique cependant qu’il
est nécessaire, de son point de vue,
de créer une licence libre, irrévo-
cable, perpétuelle, qui ne soit lié à
aucun éditeur et jeu. L’écriture de
l’ORC est donc maintenue et Paizo
annonce qu’une première version
sera proposée aux différents édi-
teurs partenaires en février. Reste
à savoir si la belle alliance va se
maintenir à la suite de l’annonce de
WotC. Nul doute que là encore, la
balle est dans le camp des rôlistes.
Les excuses de l’éditeur et la publi-
cation de D&D en CC vont-elles les
contenter et leur faire oublier toute
cette affaire ? Le move de WotC est
puissant et forte va être la tenta-
tion de reprendre là où on en était
le 3 janvier dernier.
À suivre…
Marc Sautriot
EN DIRECT |9
10 | EN DIRECT

INTERVIEW | AUTEUR

JEAN-PHILIPPE
JAWORSKI
Le retour de Te deum
Publié en 2005, Te deum pour un massacre a connu
cinq suppléments, le dernier paraissant en 2008. Épuisé
et réclamé, le jeu historique fait son retour chez Open
Sesame Games. Que peut nous en dire son auteur ?

Jean-Philippe
Jaworski’s Digest
Né en 1969, Jean-Philippe
Jaworski découvre le jeu
de rôle en 1983. Tout en
étant professeur de Lettres
Modernes, il écrit deux jeux
amateurs, Te deum pour un
massacre (1997) et Tiers Âge
(2000), publiés sur le site
internet La Cour d’Obéron. Te
Deum ressort par la suite aux
Éditions du Matagot (2005).
En 2007, il écrit Janua Vera, un
recueil de récits se déroulant
dans le Vieux Monde, un
univers de fantasy, qui sera
suivi d’un roman, Gagner la
guerre en 2009. En 2013, il se
lance dans une saga, Rois du
monde, avec Même pas mort
et Chasse royale, divisé en
quatre tomes.
J
ean-Philippe Jaworski est bien
connu de bon nombre de rôlistes
autant pour ses histoires dans le
Vieux Royaume que pour ses jeux, Tiers
Âge et Te deum pour un massacre. Alors
qu’un nouveau roman dans le Vieux
Royaume vient de sortir et que la nou-
velle édition de Te deum arrive, nous
avons voulu faire le point avec lui.
Casus Belli : Bonjour Jean-Philippe !
Pour commencer, pouvez-vous
vous présenter pour nos nouveaux
lecteurs ?
Jean-Philippe Jaworski : Rôliste de-
puis les années 1980, j’ai diffusé
bon nombre de scénarios gratuits
et deux jeux amateurs sur le site La
Cour d’Obéron. Cela m’a amené à col-
laborer ponctuellement avec Casus
Belli. Tristan Lhomme et Hicham
Ayoub Bedran avaient remarqué Te
deum, ce qui a mené à son édition
professionnelle en 2005, après avoir
été considérablement réécrit. À la
même époque, j’ai commencé une
carrière littéraire. Je travaille sur deux
cycles de fantasy, les Récits du Vieux
Royaume (en partie inspirés d’un uni-
vers de campagne) et Rois du Monde.
Il est devenu assez compliqué de me-
ner de front création ludique et com-
position romanesque, et la deuxième
activité a fini par prendre le pas sur la
première.
CB : Selon l’annonce d’Open Sesame
Games, les textes du jeu ont été mas-
sivement augmentés. Au-delà de la
période de jeu, visiblement étendue,
pouvez-vous nous préciser sur quoi
portent les nouveaux apports du jeu ?
JPJ : Les règles de combat et de pro-
gression des personnages sont revues
pour un jeu plus dynamique ; des ré-
gions sont désormais agrémentées
de cartes. Les illustrations sont enri-
chies avec les travaux de nouveaux
artistes, notamment Gianenrico
Bonacorsi et Ivan Gil, sans oublier le
très bel écran de jeu d’Ugo Pinson.
CB : L’édition précédente, au Matagot,
avait disposé de plusieurs supplé-
ments, dont une campagne d’enver-
gure. Envisagez-vous de les rééditer ?
JPJ : Pour l’instant, la campagne des
Deux Reines ne figure pas dans le lan-
cement de base de la réédition. Cela
étant, les suppléments des anciennes
éditions resteront compatibles avec
les règles révisées.
CB : Prévoyez-vous de nouveaux
suppléments ?
JPJ : Au moins un supplément de scéna-
rios est prévu, contenant des scéna-
rios des précédentes éditions et des
inédits ; parmi ces derniers figurera
une campagne en mer Méditerranée
ayant pour cadre le grand commerce
et la piraterie barbaresque.
CB : Comment se comporte ce nou-
veau Te Deum ? Est-il fidèle à sa
réputation ludique ?
JPJ : L’ambition de Te Deum pour un
massacre reste dans la ligne de
ce qu’il a été : un jeu de rôle his-
torique qui permet de s’immerger
dans la société brillante et meur-
trière des guerres de Religion.
Comme dans les éditions précé-
dentes, il est possible d’y jouer
des scénarios très variés : his-
toires de famille, actions crimi-
nelles, diplomatie, espionnage,
badinages galants,
L’intérêt du jeu et de spéculation
intrigues de cour,
complots de tous
ordres, campagnes
 est l’immersion
militaires. L’intérêt dans une période
du jeu est l’immer- riche et troublée, aux épines [NdlR :
sion dans une qui offre d’infinies le nouveau roman
période riche et
possibilités.
troublée, qui offre
d’infinies possibilités, mais aussi
de soumettre les PJ aux dilemmes
difficiles que peut connaître un
peuple déchiré par des guerres
civiles : entre la loyauté et la foi,
entre sa conscience et les intérêts
de sa famille, entre l’allié étranger
et l’ennemi intime, que choisir ?
CB : Quelle a été la feuille de route
de cette nouvelle édition ? Les
motivations pour se remettre à
l’écriture ?
JPJ : La seconde édition était épui-
sée, il existait une demande de
la part des joueurs, et très tôt,
Hicham Ayoub Bedran a envisagé
cette nouvelle édition. L’objectif a
été de remettre le jeu à disposi-
tion des joueurs en leur proposant
un background historique enrichi,
des règles un peu assouplies et,
à nouveau, de très beaux objets
livres. Ayant moi-même très peu
de temps pour le jeu de rôle – à ma
grande frustration, d’ailleurs – je
supervise globalement les tra-
vaux, avec le concours très efficace
de Romain Delplancq. François-
Xavier Cuende, qui avait active-
ment participé à la deuxième édi-
tion, y travaille aussi activement.
Les compléments et les modifi-
cations sont soumis à mon accord
pour conserver l’esprit du jeu.
CB : Parvenez-vous à jouer un
peu ? Et si oui, faites-vous des
infidélités à Te Deum ?
JPJ : Malheureusement, j’ai dû
faire des choix et je n’ai plus le
loisir de jouer. La composition
romanesque nécessite un gros
travail de recherche
qui absorbe mes
loisirs. Cela étant,
dans Le Chevalier
de J-P Jaworski dans

le Vieux Royaume],
j’ai quand même la consola-
tion d’avoir développé le duché
de Bromael au point d’en avoir
quasiment fait un décor de
campagne…
CB : Quel est votre regard sur la
pratique actuelle du jeu de rôle ?
JPJ : Je ne pratique plus assez pour
avoir un avis fondé.
CB : Vous êtes aussi auteur de nom-
breux romans, quelles sont les
différences et les points communs
avec l’écriture d’un jeu de rôle ?
JPJ : Dans la création de l’univers,
du personnel et des intrigues,
les processus sont très proches.
Ils diffèrent en revanche dans
la composition et l’esthétique.
Écrire pour du jeu de rôle néces-
site de privilégier la clarté et
d’ouvrir l’arborescence des pos-
sibles scénaristiques ; l’écriture
romanesque cultive davantage
l’implicite et la suggestion tout
en refermant graduellement les
horizons d’attente du récit.
CB : Vous avez déjà écrit dans les
pages d’une version précédente
du magazine. Seriez-vous prêt à
récidiver ?
JPJ : Compte tenu de la rareté avec
laquelle je joue désormais, je ne
me sentirais plus très fondé à le
faire.
CB : Pour conclure, quels conseils
donneriez-vous à des auteurs en
herbe qui hésiteraient à se lancer
dans l’écriture d’un jeu de rôle ?
JPJ : Amusez-vous et amusez vos
joueurs. Initialement, j’ai créé
mes jeux à cette fin, sans avoir
l’ambition de les publier.
Propos recueillis
par Olivier Halnais
EN DIRECT | 11
12 | ACTUALITÉS

ACTUALITÉ (VF)

NOUVELLES DU FRONT
Les éditeurs ont beau avoir tout donné pour être à l’heure pour Noël, ils profitent
souvent de la nouvelle année pour faire leurs annonces pour les mois à venir. La
situation mondiale étant ce qu’elle est, l’enthousiasme se double cependant cette année
d’une certaine prudence. Nous vous rassurons, il y a tout de même de quoi saliver !

OBHÉA/LES VEILLEUSES

Vous aussi, protégez la forêt

Le prochain projet des éditions
Obhéa change radicalement d’Im-
perium V. Les Veilleuses, issu du
très créatif cerveau de Guillaume
Jentey, propose de jouer des parties
écolo-poétiques. Les Veilleuses
sont des esprits protecteurs reliés
par une conscience collective qui
ont pour mission de protéger leur
lieu de vie, Mère-Forêt, de tous
les éléments pouvant la mena-
cer : Souillure, Néant et même
les humains. La mécanique de
jeu est prévue pour favoriser la
narration partagée et l’immersion
dans cet univers qui promet pas
mal d’émerveillement. L’ambiance
graphique a été confiée au talen-
tueux Willy Cabourdin, dont nous
avons déjà pu découvrir le travail
sur Exploirateurs de bruines. Nul
doute que ses créations emporte-
ront l’imaginaire des joueurs sans
efforts vers un dépaysement total.
Un ouvrage qui devrait assurément
compter parmi les 5 fruits/légumes
du jour !

L’AÉROCHALOT/POLSKAR

On joue dans le frigo ?

L’aérochalot, étrange chimère
marine, est une micro-entreprise
créée spécialement pour porter
le financement de Polskar en dé-
cembre. Ce pari financier risqué a
bien fonctionné puisque le jeu a été
financé. Les personnages sont des
Engagés, qui arpentent les terres
glacées de Cryos et les îles déri-
vantes de Stratos. Leur compagnie
explore de nombreuses régions
hostiles à bord de véhicules de for-
tune qui sont leur bien le plus cher.
Le système D, ainsi qu’est pré-
senté le corpus de règle, est
annoncé narratif et collaboratif.
Il colle à l’ambiance d’entraide
indispensable entre les PJ pour
survivre aux affres de ce monde
sans pitié. L’inventaire de chacun
est un élément important du jeu,
qui permet de gérer les ressources
limitées à leur disposition. Le livre
de règles, qui propose le prologue
à une campagne, est accompagné
de son fidèle écran et d’un sup-
plément d’expéditions prêtes à
jouer, écrites par les membres de la
communauté du jeu dans le cadre
d’un concours de scénarios. De
nombreuses autres options (dont
un set de D6 en bois de hêtre) et
améliorations de contenu ont été
débloquées. Petit, modeste et cos-
taud, le bougre, la livraison est pré-
vue pour le printemps.
DONJON SERVICE DIVERSITY (I) par Olivier Caira & Guillaume Albin

RAFIOT FRINGANT/TRIBUTE

Diablotteries en folie
Après un financement à suc-
cès en mai dernier pour la boîte
de base, place au premier sup-
plément, Diableries. Débloqué en
octobre grâce à un premier palier
à 666 €, il regroupe onze histoires
diaboliques à faire jouer à vos
avatars.
Rappelons que ce jeu à narration
partagée s’inspire des règles du
black-jack pour relever le défi de
battre le Diable avec la manière.
Chaque histoire est l’occasion de
créer un nouvel Avatar le plus adap-
té possible à la situation de départ.
Avec Diableries, vous en prenez
pour de nombreuses destinations a de l’humour ce diable ! En atten-
exotiques : les années 80 et ses dant, Diableries a déjà été livré aux
ados en vélo, le futur lointain et vils soutiens de Satan.
ses marines de l’espace chasseurs
d’aliens, les super-héros bannis
par le Dr. Dimension… Vous l’aurez
compris, il y a beaucoup de situa-
tions sulfureuses et un ton décalé
dans ce supplément. Ce finance-
ment a permis, en plus de décro-
cher une chouette lithographie, de
mettre en chantier le prochain SRD
(document de règles de référence)
de Tribute, sous licence Creative
Commons. Il sera disponible dès
que possible en 2023, entre le pre-
mier janvier et le 31 décembre… il

YGGDRASIL ÉDITIONS/DARK RUNES

Le cornu débarque
Financé fin 2021, le dernier sup-
plément en date pour Dark Runes,
Minos, est maintenant disponible
en version papier. L’ouvrage pré-
sente une version revisitée de l’em-
pire minoen, conquérant direct des
civilisations les plus florissantes
du jeu. Il propose de nouvelles op-
tions de personnages, du matériel
dédié et un bestiaire original. La
souscription proposait aussi un ou-
vrage sur la cité d’Arelate, version
fantasmée de notre Arles français,
un livre du joueur et des livrets de
personnages. L’ensemble a été
réceptionné trop tard sur le bureau
du rédac’chef pour passer dans ce
numéro. Promis, ils vous seront
présentés dans le prochain.

ACTUALITÉS | 13
14 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
DON’T PANIC GAMES/FABULA ULTIMA
Nippon touch’…
… À la sauce italienne. Fabula
Ultima est en effet un JdR s’inspi-
rant des jeux vidéo japonais qui est
d’abord né chez nos voisins latins.
C’est de la rencontre avec un autre
passionné de la culture niponne
de notre côté des Alpes qu’est née
cette traduction française. Le jeu
ne dispose pas d’univers propre,
celui-ci se construira au fur et à
mesure des interactions entre les
joueurs et le MJ. Trois orientations
sont esquissées, de la high tech à
la natural fantasy en passant par
la techno. Le sérieux de la propo-
sition a convaincu avec un finance-
ment participatif qui a dépassé les
33 000 € en novembre.
JDR ÉDITIONS/IMPERATOR
Rome en pleine orgie… de suppléments
En novembre dernier, le finance-
ment d’Orbi mundi a permis la pu-
blication de deux nouveaux supplé-
ments pour Imperator, le JdR sur la
Rome antique historique de Bruno
Guérin et de son habituelle équipe
éditoriale. Loués les Aruspices
d’avoir prédit un tel succès ! Roma
est un ouvrage bac-à-sable de plus
de 300 pages qui décrit dans les
moindres détails la capitale romaine
et ses habitants. Tous les aspects
utiles en jeu sont fournis, ainsi que
deux scénarios citadins. Magna
Germania, à peine plus modeste
(dans les 180 pages tout de même),
propose une imposante campagne
en sept scénarios se déroulant lors
de la bataille de Teutoburg, jalon dé-
terminant de la conquête romaine. Il
fournit aussi de nombreux éléments
de contexte pour donner encore plus
de vie à cette sanglante aventure.
Le triomphe du financement
a permis de débloquer, outre un
L’entrée de gamme est consti- n’est pas encore communiquée.
tuée d’un livre de base (avec une Chapeau pour ce premier succès !
option collector) et de son écran
accompagné d’un petit carnet de
conseils au MJ. Une version START
est déjà disponible gratuitement.
Elle propose un résumé des règles,
des pré-tirés et un petit scénario
d’initiation. Merveilleux et candeur
dans le plus pur style japonais sont
au menu de cette proposition aux
règles simples et intuitives. Et pour
pousser un peu plus loin le lien
avec les jeux vidéo, la translation
des éléments de jeu pour tables
virtuelles (VTT) est en cours de dé-
veloppement par l’équipe italienne
de Need Games. La sortie officielle
signage plus important des deux accompagnée d’un scénario dé-
suppléments, de nombreuses dié. L’ensemble pourra être rangé
options. Notons la publication de dans un nouveau coffret XXL, qui
plusieurs scénarios additionnels, est censé pouvoir contenir toute
d’un recueil de pré-tirés, d’un nou- la gamme d’Imperator. Il va être
vel écran original et d’une nouvelle bigrement épais vue l’ampleur que
carte de l’empire romain. celle-ci prend. Mais jusqu’où s’arrê-
Il a aussi débloqué un troisième tera cette conquête romaine ? Le
supplément, complémentaire plus loin possible, souhaitons-lui.
à Roma. Septimontium décrit Les sceptiques et retardataires ont
avec luxe de détails les sept col- jusqu’à la mi-avril pour se racheter
lines de la cité éternelle, chacune avec le late-pledge.
LES XII SINGES/MEDIUM AEVUM

En route pour l’Orient

Après de premières aventures en voyages et péripéties dans et autour grand trésor de l’Orient. Le finance-
Europe occidentale, vos valeureux du bassin méditerranéen. Quant à ment de cette gamme orientale en
chevaliers vont pouvoir se lancer Via Dolorosa, qui n’est pas un guide novembre dernier a permis d’aug-
dans les croisades en Terre Sainte. de sévices corporels expiatoires, menter les différents ouvrages et
Cette nouvelle vague de supplé- il illustre une série de lieux sur le de débloquer un petit e-supplément
ments fait le plein d’ouvrages chemin du Royaume des Cieux. bonus sur un Comte lyonnais de re-
pour vous transporter à l’est de L’ensemble est complété par un tour des croisades. En attendant, il
la Méditerranée. Terra Santa pré- nouvel écran dédié, lui-même ac- faudra déjà faire l’aller : départ pour
sente cette région du monde qui compagné par un scénario sur le plus l’Orient à l’été 2023.
fut le centre de toutes les atten-
tions à cette période médiévale.
Il est accompagné de l’Atlas de
Terra Santa qui, comme son nom
l’indique, nous fait visiter les États
latins du Levant. Ces deux premiers
suppléments fournissent quantité
de pistes d’aventure.
Mais pour se rendre sur place, il
faut franchir de nombreux obstacles
qui vous sont distillés dans deux
autres ouvrages. Mare Nostrum est
une boîte à outils pour organiser

ACTUALITÉS | 15
16 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE

DE ARCHITECTURART/LES VEILLEURS

Ils nous ont à l’œil

C’est une nouvelle gamme que
lance De Architecturart, bien connu
par ailleurs pour son magnifique
univers Austérion. Le talent de
Guillaume Tarvernier ne pouvait
donc que convaincre de nombreux
curieux à soutenir cet automne le
financement du premier livre-jeu
(qui fait suite à un premier galop
d’essai, Brumes). Les Veilleurs
prend bien évidemment place en
Austérion, dans la région de Morne-
Val. Plus qu’un simple livre, l’étui
de rangement recèle des plans de
la région et de la ville, une ving- ÉDITIONS MNEMOS/NEPHILIM LEGENDE
taine de fiches de lieux à explorer Un pognon de dingue
et plus encore de cartes à utiliser
La troisième saison des Arcanes Synarchie), le troisième et dernier
en cours de jeu. Des scénarios sup-
des Éléments de Nephilim Légende a volet de la campagne des Héritiers
plémentaires ont été débloqués
frôlé l’Agartha. Plus de 250 000 eu- de Babel, et de nombreux bonus
lors des paliers de financement,
ros ont permis de débloquer 36 ob- (ouvrages couleurs, pagination
ainsi qu’un écran de jeu. Pourquoi
jectifs, dont le premier aspirait juste accrue, illustrations supplémen-
un tel accessoire, direz-vous pour
à financer les secrets des cinq élé- taires, module VTT…).
un jeu solo ? Eh bien parce qu’il
ments de ces créatures immortelles. C’est la fin d’un cycle qui s’an-
peut aussi se jouer à plusieurs et
avec un MJ, ce qui le transforme en Résultat, l’éditeur n’a pas sim- nonce avec cette souscription, mais
un JdR plus traditionnel. plement mis les petits plats dans pas le dernier assurent les auteurs.
les grands, il a carrément dressé Mais que peut-il leur rester comme
Comme indiqué en préambule,
un banquet. Au cinq ouvrages ini- inspiration après ça ? Laissons-les
Les Veilleurs est aussi l’occasion de
tiaux s’ajoutent donc trois sup- déjà souffler un peu, car ils ont du
lancer une nouvelle collection pour
pléments sur les arcanes mineurs pain sur la planche pour tout livrer
jouer en solitaire. Les Âmes seules
(Les Mystères, les Rose+Croix et la d’ici novembre prochain.
ouvre le bal, avec une première
enquête solo en 1906 dans le Haut
Doubs. S’il n’y a donc aucun rap-
port avec Austérion, elle présente
tous les symptômes qualitatifs des
Veilleurs : du sublime matériel de
jeu (livre, plateau et cartes à foi-
son), le tout glissé dans un étui de
rangement à l’illustration inquié-
tante. Guillaume nous surprend
toujours autant qu’il nous régale,
avec son habituel comparse G.,
rejoint par un musicien et un illus-
trateur qui œuvre déjà dans Casus
pour notre plus grand plaisir. En at-
tendant juin 2023, il va nous falloir
soudoyer des services presse pour
vous présenter ces deux beautés.
DONJON SERVICE DIVERSITY (II)
ÉDITIONS AKILEOS/ZWEIHÄNDER
Souvenirs, souvenirs…
Cette nouvelle gamme a comme
un petit air de Vieux Monde.
Zweihänder se veut en effet un ré-
tro-clone du premier Warhammer,
dont l’inspiration est d’ailleurs
mentionnée. Il nous plonge dans
une fantaisie sombre et violente à
la frontière de la Renaissance. De
nombreuses variantes sont pos-
sibles avec cette impressionnante
boîte à outils. Le livre de base,
complété par son supplément
Main Gauche, met ainsi à dispo-
sition des dizaines de professions
par Olivier Caira & Guillaume Albin
(164 annoncées au total) qui don-
neront, au fil des progressions,
des personnages uniques. Le
supplément ajoute une touche
steampunk avec des promesses
de machines fantastiques, de
combats de véhicules et de magie
scientifique. Financé efficacement
cet automne, il ne disposait pas de
paliers offrant des bonus ou des
options, mais plusieurs cadeaux
exclusifs : deux posters, un étui
de rangement des deux ouvrages
et un décapsuleur. Écran, dés et
jetons étaient accessibles avec cer-
taines contreparties.
Fort de cette réussite, l’éditeur
prévoit déjà la suite. La gamme
VO, lauréate du prix du meilleur
jeu et produit de l’année aux ENnie
Awards 2018, propose d’autres
suppléments et plusieurs ouvrages
parallèles motorisés par le sys-
tème Zweihänder. Si le médiéval
fantastique violent et décadent
des années 80 vous manque, ren-
dez-vous en juin prochain pour
reprendre du service.
ACTUALITÉS | 17
18 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
STUDIO AGATE/CHANGELIN : LES DISPARUS
Enfants perdus
Après Vampire et Démon,
Changelin est le troisième titre de
la gamme Chroniques des Ténèbres
(CdT) à être traduit. Ne confon-
dez pas avec l’autre Changelin : le
Songe, qui offre une autre vision
de ces êtres féeriques et dont on
vous parle aussi dans ces pages.
Les Disparus, sous-titre de cette
édition, est centré sur l’origine
mythologique des changelins, des
enfants enlevés par des fées. Les
NAPALM ÉDITIONS/SUBABYSSE
Et glou et glou
Après un premier supplément
de scénarios l’année dernière,
Subabysse se voit greffer un nou-
vel ouvrage, de contexte cette fois.
Il explore la civilisation disparue
d’Atlantide, qui colonisa la Terre
200 000 ans plus tôt. Le cataclysme
qui mit fin à leur suprématie a lais-
sé quelques survivants passer entre
les mailles du filet. Finalement, ils
hantent encore les fonds marins et
préparent leur grand retour. Ce sup-
plément revient sur son histoire et
sa société. Il développe aussi leur
technologie très avancée. Il propose
bambins sont réduits en escla-
vage par les cousines de Clochette,
qui les façonnent à leur volonté et
transforment leurs corps et leurs
âmes. Les joueurs incarnent des
fuyards d’Arcadie qui reviennent
sur Terre, profondément marqués
et changés. Mais ils ont été rem-
placés dans leur famille par des
pantins usurpateurs. Commence
pour eux une vie d’errance et de
rejet.
surtout de nombreux scénarios
pour exploiter ce nouveau contexte
et une campagne complète. Un
écran dédié à la nation atlante,
accompagné d’un livret rempli de
matériels jusqu’à la soute, a aussi
été proposé lors du financement.
Il lui a fallu du temps pour décol-
ler, mais plus de peur que de mal,
la communauté sub-abyssale s’est
mobilisée pour se voir récompenser
de ce supplément, décrochant une
couverture rigide au passage. La
mise en eau profonde est prévue
pour ce premier trimestre.
Changelin est un univers autant
poétique que sombre. Cette en-
trée en matière a été financée en
décembre. Le livre de base de 400
pages (avec une version collector
encore plus inquiétante) est accom-
pagné d’un écran et son livret de
règles additionnelles. Un premier
supplément se penche, comme les
marraines de Cendrillon sur son ber-
ceau, sur les interactions sociales
du jeu. Il développe les règles des
franc-fiefs, des cours et des titres de
noblesses. Un scénario publié à part
était aussi de la partie pour conclure
l’ensemble. Un supplément, qui res-
tera en PDF en raison d’un ultime
palier raté de peu, présentera la Cour
du Soleil. Il contiendra les contri-
butions des gagnants du concours
organisé pendant le financement.
Un sondage réalisé pendant la
souscription au aussi permis de
déterminer quel serait le prochain
titre des CdT traduit. C’est Mage
qui a largement remporté les fa-
veurs de la communauté… tant pis
pour l’équipe, qui préférait Momie.
C’est ça la démocratie rôliste !
LE SCÉNARURGIEN/RPG BATTLEMAKER
Et de deux
Après un premier succès encou-
rageant avec le générateur de scé-
narios RPG Storymaker (présenté
dans le numéro précédent), notre
youtuber rôliste (l’inverse est aussi
valable) Scénarurgien remet le cou-
vert avec un nouveau jeu de cartes.
RPG Battlemaker est conçu pour
vous aider à faire vivre les com-
bats à vos tables. Ces moments
truculents que tous les joueurs
attendent ont parfois tendance à
se ressembler. Et quand ils s’en-
chaînent, ils peuvent vite blaser
la table qui entre alors dans une
routine guerrière mortifère. Avec
ce paquet de cartes, vous allez
pouvoir mettre de l’imprévu et du
piment dans vos bastons. Divisées
en cinq catégories (environnement,
décor, individu, élément et bonus),
les cartes tirées en cours de jeu
pourront rapidement réveiller vos
combattants aguerris. Moyennant
quelques dizaines d’euros, vous
pouvez vous constituer une base
aléatoire de 83 cartes au format
tarot, avec décapsuleur, sous-
verres et pierre-glaçons. Pour les
plus riches/fous/funs, un guide
d’une centaine de pages offre son
aide dans la gestion des combats
épiques. En financement depuis
novembre, vous pouvez encore
participer au late pledge, déjà bien
avancé, jusque début avril 2023,
pour une livraison d’ici l’été.
ACTUALITÉS | 19
20 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
BLACK BOOK ÉDITIONS/PATHFINDER 2
Dans le noir, personne ne vous entendra crier !
L’éditeur alterne les traduc-
tions des grosses campagnes
avec des demi-portions de Paizo.
Cette fois, c’est le Caveau des
Abominations qui est passé par la
OBHÉA/IMPÉRIUM V
Tout vient à point qui sait attendre
Après trois ans de parties-test,
de rencontres et plus de 400 kits
de démarrage écoulés, il est temps
pour Imperium V d’être soutenu
plus concrètement par son public :
ce jeu de science-fiction cyberpunk
noir sera en financement participa-
tif fin mars / début avril.
Pour les retardataires, Imperium 5
propose une expérience de jeu par-
tagée entre joueurs et maître de jeu.
case financement début décembre
2022, le dernier de l’année pour
Black Book Éditions. Ce supplément
pour Pathfinder 2 regroupe les trois
volumes de la VO en un seul ou-
vrage bien solide. Au programme,
près de 300 pages d’aventure pour
porter les personnages jusqu’au
niveau 10, demi-format oblige. Le
bout du tunnel est prévu pour l’été
prochain, accompagné des acces-
soires et options habituels.
Comme son nom le présume,
le Caveau est un important don-
jon composé de cavernes et de
temples secrets voués à une téné-
breuse déesse. L’une des nouveau-
tés remarquables a été débloquée
par l’avant dernier palier du finan-
cement. Il consiste à la mise à dis-
position, en option payante, d’un
Il comprend des aspects cinéma-
tographiques, auquel il emprunte
certains éléments de langage.
Dans cet univers de surabondance
technologique qui a perdu tout ou
partie de sa mémoire, les joueurs
décriront ensemble des situations
épiques dans une ambiance pulp et
sombre. Au vu des éléments précé-
demment édités, la qualité devrait
être au rendez-vous.
module complet pour Foundry VTT,
la table de jeu virtuelle. Il contient
tout le matériel indispensable
pour faire jouer cette campagne
en ligne : pions, cartes optimisées
et retravaillées, scènes préconfigu-
rées avec lumière dynamique, murs
et interactions déjà installées, et
même ambiances sonores sur cer-
tains paysages. C’est du prémâ-
ché intégral, il suffit de cliquer sur
les pions pour faire apparaître les
fiches des PNJ interactives.
Ce type de module est encore
nouveau en VF. Il répond à une de-
mande croissante d’une commu-
nauté de rôlistes qui se réunit sur
ces plate-formes VTT pour jouer.
Faut vivre avec son temps Papy
Donj’ !
ÉDITIONS STELLAMARIS/THE NIGHTSTALKER
C’est émouvant…
… Les premiers pas de nos
tendres rejetons. Cela le sera
sûrement moins s’ils sentent le
souffre. La sortie de la campagne
Premiers pas dans les ténèbres pour
Nighstalker est imminente. L’envoi
à l’imprimeur a été confirmé, les
ouvrages devraient être dispo-
nibles d’ici la fin janvier, notam-
ment sur le site de l’éditeur. Vous
pourrez alors organiser la soirée
des anciens du lycée de vos per-
sonnages, qui va forcément mal
se terminer. Cette campagne est
idéale pour faire découvrir l’univers
dantesque du Rôdeur Nocturne et
son combat désespéré contre les
Enfers. Ce supplément propose des
informations supplémentaires sur
les nephilims, ainsi qu’un scénario
bonus les concernant au plus haut
point.
DONJON SERVICE DIVERSITY (III)
MORRIGAN GAMES/EINHERJAR
Si cela ne passe pas par la porte…
ARKHANE ASYLUM PUBLISHING/5E
Financer oui-da mais pas n’importe quoi
(À chanter sur l’air de Fernande
de Brassens bien entendu !).
Après Historia, Arkhane a lancé
sa nouvelle souscription pour un
projet 5E, Nightfell. Cet univers
de dark fantasy, du même éditeur
qu’Historia, n’a malheureusement
pas trouvé son public et le finan-
cement a été stoppé. Il reviendra à
une date ultérieure.
par Olivier Caira & Guillaume Albin
… passe par la fenêtre. Bon, il faut
de larges ouvertures pour y faire
passer les furieux hommes du nord
d’Einherjar. Après une première
tentative en 2020, qui avait échoué
à financer le premier tome de cette
campagne de fantaisie nordique,
l’éditeur a récidivé mi-janvier.
Il propose en français et en
anglais l’ensemble de la cam-
pagne compatible 5E, soit quatre
ouvrages en tout. Les auteurs ont
su faire le bilan de leur première
expérience. Cette fois, les soutiens
financiers à ce projet auront la ga-
rantie que toute la campagne soit
publiée. Le ticket d’entrée est plus
élevé, mais tout à un prix.
En attendant, vous pourrez vous
concentrer sur Humblewood, un
autre setting 5E dont le finance-
ment sera lancé en février. On y
retrouve un univers médiéval-fan-
tastique anthropomorphique, mais
plus lumineux que la dark renais-
sance d’Historia - peut-être pas
loin de Root ? Fichtre, la théma-
tique est décidément à la mode !
La campagne des Pierres d’Aegir
en elle-même se déroule sur trois
volumes, complétés par un qua-
trième de contexte inspiré des
légendes nordiques. L’ensemble
constitue une geste d’une quin-
zaine de scénarios. La création de
personnages propose des nouveau-
tés et options originales à cet envi-
ronnement nordique. L’ensemble
forme un bac-à-sable que vous
pourrez arpenter au-delà des 600
pages de la campagne. Alors, vous
voulez une place dans le prochain
drakkar en partance ? Vous pouvez
déjà vous faire une idée du voyage
avec le kit de découverte disponible
en libre téléchargement.
ACTUALITÉS | 21
22 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
BLACK BOOK ÉDITIONS/L’ASCENSION DES DROWS
C’est aussi beau en violet un elfe
Brièvement annoncé dans le nu-
méro précédent, le financement de
la mythique campagne l’Ascension
des Drows s’est bien déroulée. Jadis
publiée en VO pour Pathfinder, elle
LES XII SINGES/CTHULHU HACK
Des mondes de peur
Libri Mundorum est la nouvelle
collection en date pour Cthulhu
hack. Les trois premiers volumes
ont été financés en fin d’année
dernière. Chaque tome explore
trois environnements issus des
écrits de Lovecraft. Ils présentent
leurs écosystèmes et des conseils
pour exploiter au mieux ces infor-
mations. Un scénario est aussi
fourni pour chaque monde hor-
rifique. Royaumes cthoniens est
consacré aux peuples des profon-
deurs, dont la mystérieuse citée
de N’kai. Mondes engloutis passe
sous l’océan pour explorer ses
civilisations subaquatiques. Terres
indicibles, enfin, nous embarque
en dehors de l’espace et du temps,
bien loin de notre réalité.
est passée pour cette deuxième édi-
tion sous bannière 5E. L’intégration
à un univers fantastique a été revu
pour l’occasion. Et comme promis,
c’est la version collector qui a été
traduite – ce qui explique aussi le
tarif élevé du ticket d’entrée.
Cela n’a pas refroidi les sou-
tiens, qui ont largement dépassé
le dernier palier de souscription.
Et comme l’éditeur proposait déjà
du haut de gamme, il n’y avait pas
beaucoup d’améliorations à ap-
porter au produit. Notons qu’une
option numérique a été déblo-
quée. Elle fournit tout le matériel
de la campagne (200 cartes et 300
pions) dans un format compatible
avec les principales tables de jeu
virtuelles (VTT).
En plus d’un écran exclusif à
cette édition française, plusieurs
Comme à leur habitude, le fond
comme la forme promettent une
immersion totale. Des aides de jeu
et des améliorations ont été déblo-
quées, ainsi qu’une application de
géolocalisation des lieux visités.
Mais comment vont-ils faire pour
ceux qui ne sont pas sur Terre ? En
option, un guide de survie du MJ,
suppléments étaient aussi dispo-
nibles en option. Races et Classes
du Souterre (il a bien fallu renom-
mer ce qui se passe sous les pieds
des aventuriers, ce qui fut paraît-il
source de débats enflammés) dé-
taille quatorze origines et de nom-
breuses classes et options pour les
personnages. Secrets occultes du
Souterre est un supplément au sup-
plément, avec encore plus de choix
à destination des joueurs. Un livret
additionnel offre même la possibili-
té d’incarner des terrifiants driders.
Cette campagne anthologique de
plus de 500 pages a tous les acces-
soires de tortures indispensables
et superfétatoires pour devenir un
monstre de jeu. Un peu de patience
(jusqu’à l’automne prochain) jeunes
aventuriers, vous allez en manger
pendant des années, du drow !
car lui aussi est en danger face au
Mythe, était proposé. Il renferme
des centaines d’éléments de jeu
pour pouvoir improviser en cours
de partie ou pour créer vos propres
scénarios non euclidiens. La livrai-
son est prévue pour l’hiver pro-
chain, de quoi jouer à se faire peur
au coin du feu.
ACTUALITÉS | 23
24 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
ARKHANE ASYLUM PUBLISHING
Tiens, l’odeur de
soufre est revenue
Le pôle création d’Arkhane dé-
marre fort l’année avec Maléfice.
La très attendue 4e édition de cet
antique jeu français (1982, tout de
même) est disponible en boutique,
ainsi que son écran et un tarot.
Ce dernier est désormais mieux
intégré au système, et donc recom-
mandé pour jouer. Étant donné la
qualité de ses illustrations, il n’y
a pas de quoi s’en plaindre ! Deux
petits recueils de deux scénarios
chacun sont aussi disponibles, il y
a donc même de quoi voir venir.
Rappelons pour les plus jeunes
(la troisième édition du jeu a déjà
16 ans) que Maléfice prend pour
cadre la France de la Belle-Époque
dans une ambiance fantastique et
surnaturelle. On devrait vous en
reparler plus en détail très vite.
De son côté, L’Empire des Cerisiers
se dotera en février d’un nouveau
supplément, Yôkai Mukashi-
banashi (soyez rassurés, je n’ai
rien compris non plus). Une grosse
campagne devrait clôturer cette
très belle gamme à une date non
précisée pour l’instant.
OPEN SESAME GAMES/TE DEUM POUR UN MASSACRE
Vive le roi
Ce cri de guerre n’est pas pous- un autre sur la société et la géo-
sé pour annoncer sa mort, mais politique de l’époque, et enfin un
plutôt sa résurrection. Après une troisième de règles.
longue attente, une rupture de la En attendant d’en dévoiler plus,
deuxième édition (trouvable à prix qui de mieux placé que l’auteur
d’or sur le marché parallèle), Te lui-même pour vous parler de son
Deum pour Un Massacre, le jeu de jeu ? Allez donc plus avant dans
rôle sur les guerres de religions de ces pages, manants, et remerciez
Jean-Philippe Jaworski, est bientôt votre majestueuse Rédaction de
de retour. Le financement n’est vous avoir obtenu une interview
qu’une question de temps et de- de Jean-Philippe. Et économisez
vrait déjà être en route à la publi- vos écus d’or pour participer à cette
cation des lignes. Cette fois, l’offre levée de fonds qui reverra briller la
forme un triptyque avec un format couronne royale de notre bon Roi
supérieur au diptyque précédent : de France.
un livre de chroniques historiques,
BLACK BOOK ÉDITIONS/TORG ETERNITY
Activation mode fantaisie
Aysle est le troisième cosm à de la Cyberpapauté, qui est cette
passer par la case traduction de la fois l’un des grands chouchous de
gamme Torg Eternity, suivant logi- la communauté. En VO, c’est aussi
quement la liste des publications avec ce supplément que la réédi-
de la VO. Le financement participa- tion augmentée et totalement réé-
tif des Hommes en Noir a démarré crite de la fameuse campagne du
sur les chapeaux de carrosse début Calice des Possibilités a été publiée.
janvier. Il faut avouer que l’appât est La VF aura-t-elle le même traite-
très tentant. Le livre d’univers et son ment de faveur ? Chaque chose en
écran dédié est accompagné d’un son temps, laissons déjà les cheva-
supplément de scénarios et de deux liers des tempêtes taquiner Angar
campagnes, rien que ça. Uthorion et son Conseil secret.
Bien que le royaume fantasie
d’Aysle n’ait jamais été le préféré
des joueurs, les fans de Torg ont
soutenu cette nouvelle édition
toujours avec enthousiasme. Il
faut dire que ces deux campagnes,
sonnant le retour du Carredon pour
l’une et un premier voyage à tra-
vers plusieurs Réalités pour l’autre,
promettent des dizaines de parties
épiques.
Et l’éditeur étant malin, il a su-
bordonné la traduction du cosm
suivant à un palier de financement
assez haut, mais atteint. Il s’agit
LITTLE DUSHA/MIR LE SCRIPTORIUM/MYTHRAS & CIE

L’Ombre s’étend De la suite dans les idées

L’imposant kit d’initiation de
MIR étant désormais disponible
(on vous en parle dans la section
critique), le mystérieux éditeur
aux accents slaves poursuit son
travail sur le recueil de scénarios À
l’ombre de la gloire, débloqué avec
le financement du kit. Le premier
scénario a été mis à disposition au
format PDF, tandis que le second,
une campagne en fait, ne devrait
plus tarder.
Le livre de base devrait quant à lui
tourner autour de 400 pages. Il sera
présenté dans un coffret-écran,
comme le kit, et s’accompagnera
de deux albums, l’un d’ambiance,
l’autre entre black metal et pagan
folk. Son financement est prévu
entre la fin de l’année et début
2024, et couvrira aussi une version
anglaise. Les inévitables paliers
comprendront des scénarios écrits
par “des écrivains de renom”. Mais
la surprise restera entière jusqu’au
jour J !
Annoncé dans le numéro pré-
cédent, le scénario Reflux pour
M-Space devrait être disponible en
PDF au moment où vous lirez ces
lignes. Une première expérience
spatiale pour le Mythras des étoiles.
Pour celui le Mythras de la fantaisie
antique, le Tribut d’Arakuline est
prévu d’ici au printemps. Le scénario
installe l’aventure sur les rivages de
Korantie et de l’empire Taskien. Deux
autres aventures sont annoncées,
pour Mythras et Fantasie Classique,
de quoi donner un peu de fil à re-
tordre à vos vaillants aventuriers.
L’éditeur travaille aussi sur la
traduction de nouveaux cadres de
jeu. L’Âge des Wyvernes, pour PMT,
est un environnement de fantai-
sie classique inspiré des célèbres
Faucongris et Royaumes Oubliés.
Quant aux Mondes Unis, ils nous
entraînent dans un environnement
rétrofuturiste de science-fiction
telle que la concevaient les auteurs
de la fin du XIXe siècle. Comme
dans La Guerre des Mondes, les
Martiens ont débarqué sur Terre et
ont échoué. Mais leur technologie
avancée a permis à l’humanité de
progresser et de partir à la conquête
de Vénus et de Mars. Le jeu de rôle
s’ouvre sur une guerre froide post-
guerre interplanétaire entre les
Mondes Unis et l’URSS. Allez, on
en reparle bientôt, promis.

STUDIO AGATE/DRAGONS & CIE

Du Dragon en veux-tu en voila !

Du côté des sorties, la gamme
Dragons s’étoffe en boutique en ce
début d’année avec Créatures (pre-
mier du nom) et sa boîte de pions.
De plus, le scénario La Complainte
du papillon ainsi que les trois decks
de sorts sont aussi disponibles.
En février, la Gazette du Porte-
Malheur arrivera sur les étals, his-
toire de refaire un tour du côté de
Brancalonia. Et en mars, de nou-
veau pour Dragons, Encyclopédie et
la pochette de Cartographie d’Eana
seront sur les étals, accompagnés
du scénario du Chronolithe.
Trois campagnes de finance-
ment vont voir leurs contreparties
livrées durant le premier trimestre
2023. Créatures : Inframonde pour
Dragons, Le Prix de l’Arrogance
pour 7e Mer, et Iron Kingdoms :
Requiem. Les périodes d’expédition
coïncideront avec les late pledge
permettront aux retardataires et
aux boutiques y participant d’être
livrés dans la foulée des souscrip-
teurs (courant mars si tout va bien).
Enfin, parce qu’elle ne repose ja-
mais, l’équipe d’Agate planche sur
la traduction de Draconis, un jeu de
rôle estampillé 5E dans l’univers de
Chane, très connu dans le monde
artistique pour son talent fantai-
sie très personnel. Prévu pour mai,
nous reviendrons sur cette future
gamme dans le prochain numéro.

ACTUALITÉS | 25
26 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
ORIGAMES/SHAAN RENAISSANCE
Sur tous les fronts
Studieux en plus d’être shaa-
niques, les auteurs de Shaan
Renaissance continuent de tra-
vailler sur plusieurs suppléments
déjà annoncés l’an dernier. Par-
delà les Rivages traitera de la
découverte de nouveaux conti-
nents d’Héos, avec de nouveaux
peuples et cadres de jeu. Le sup-
plément est idéal pour vous en-
voyer vers des horizons lointains.
Le Manuel d’influence remettra
à plat conseils et outils de jeu,
avec encore une fois à la clé beau-
coup de contexte additionnel. Les
prochains tomes des Carnets de
voyages et d’Itinérances sont aussi
toujours en chantier.
Tous ces suppléments sont ali-
mentés par les nombreuses par-
ties de Shaan qui ont lieu chaque
semaine. En fait, le jeu est en
perpétuel test afin de l’améliorer,
le fluidifier et tester de nouveaux
outils pour la communauté shaa-
nique. Les dates de sortie ne sont
pas encore annoncées, mais les au-
teurs promettent des nouveautés
cette année. Ayons confiance en la
Sainte Thrinité !
ARKHANE ASYLUM PUBLISHING/MONDE DES TÉNÈBRES
Et dans les ténèbres les lier
Le financement de Changelin :
le Songe édition anniversaire (à ne
pas confondre avec Changelin : Les
Disparus dont on vous parle aussi
dans ces mêmes news), attendu
depuis un moment, est prévu pour
janvier et donc probablement déjà
en cours au moment où vous lirez ces
lignes. Il vient ainsi compléter les ver-
sions commémoratives de Vampire,
Loup-Garou et Mage. Il ne manque
plus que Wraith pour que la pentalo-
gie du Monde des Ténèbres soit com-
plète, mais celui-ci n’est malheureu-
sement pas à l’ordre du jour.
Pour se consoler, il sera possible
de se rabattre sur Hunter v5 - le “5”
n’indique pas qu’il s’agit de la 5e
SEHTMES/KÉMI
Retour en Égypte Antique
Malgré l’imposant travail li-
vré sur Noc l’année dernière,
l’éditeur n’abandonne pas ses
autres gammes. Kémi, aven-
tures en Egyptes anciennes, se
voit ainsi doté d’un nouveau scé-
nario disponible au format PDF.
Spécifiquement dédié à faire dé-
couvrir le jeu, il s’accompagne de
cinq personnages prétirés.
Comble du bonheur, le livre de base
est disponible au format PDF à prix
édition du jeu, mais qu’il s’adosse
à la 5e édition de Vampire. Oubliez
les monstres cette fois, les joueurs
incarnent désormais leurs préda-
teurs humains qui ont juré leur ex-
termination. Mais sont-ils si diffé-
rents ? Sortie en mars, directement
en boutique cette fois.
Côté Vampire, puisqu’on en parle,
Chicago by Night est traduit mais
toujours en attente de validation.
Les remous autour de la v5 du jeu,
incluant un changement d’éditeur,
s’étant calmés, on peut espérer que
la situation se débloque. La Seconde
Inquisition sera pour plus tard, ainsi
qu’une nouvelle édition (annoncée
luxueuse) du Livre de Nod.
libre sur le site de l’éditeur – et tou-
jours en impression à la demande
pour ceux qui préfèrent une version
papyrus. De quoi entretenir la flamme
de la communauté donc, à l’image de
Pierre Cuvelier qui vient de mettre à
disposition un imposant supplément
amateur, Le Guide des Pilleurs de sar-
cophages, pour jouer dans l’univers
des romans d’Odile Weulersse. Il
comprend contexte, prétirés, PNJ et
même un scénario. Joli !
BLACK BOOK ÉDITIONS/SUIVI DE GAMMES
Long comme un jour sans pain
Telle est l’annonce de suivi de
gammes que l’éditeur a publié sur
son site début janvier. Nous en
avons extrait quelques morceaux
choisis parmi les plus savoureux.
Le prochain financement concerne
la suite de L’Ombre du Seigneur
démon, avec trois suppléments
au menu du Rû’n Plaies, dont un
atlas et un compagnon. Il sera suivi
de la nouvelle édition de la cam-
pagne bac-à-sable d’anthologie
Kingmaker en version Pathfinder
2, puis de la nouvelle gamme de
Fading Suns le 25 avril.
Pour conclure ce premier quadri-
mestre, a été annoncée la traduc-
tion de la mythique Ptolus, la cité
médiévale-fantastique qui fait
de l’ombre à Laelith. Presque rien
ne transpire sur ce projet, mais
quand on voit le monstre qu’est la
VO (un pavé d’au moins 650 pages
et de nombreux suppléments et
accessoires), cela devrait être un
festin de roi. Le lancement de ce
monument du JdR est prévu le 28
mars. À noter que deux versions
anglaises de l’ouvrage existent,
une Cypher et une 5E, mais seule
cette dernière est au programme,
le système Cypher n’ayant pas fait
l’objet d’un VF.
Laelith n’est pas pour autant dé-
laissée, puisque deux suppléments
sont prévus pour cette année, un
premier de contexte sur les pro-
vinces voisines de la cité-sainte
et un second qui proposera une
grande campagne – en espérant
que vos joueurs n’aient pas noyé la
ville avec la première !
Du côté de L’Œil Noir, un supplé-
ment sur les deux royaumes enne-
mis d’Andergast et de Nostria est
en cours de préparation. On nous
promet des accessoires de jeu,
ce n’est pas un petit peu coquin
comme proposition ? En parallèle,
les Ateliers d’Alrik, une commu-
nauté de fans francophones du
jeu, continue d’œuvrer pour nous
proposer des suppléments en PDF.
Polaris n’a pas sombré dans
les profondeurs abyssales. Deux
suppléments sont en cours de
préparation, Hégémonie et Ligue
Rouge. Ces versions mises à jour
et augmentées auraient plus que
doublé de taille par rapport celles
publiées antérieurement, comme
les monstres marins d’Avatar 2 !
D’ici la fin de l’année, une pré-
commande va enrichir les Terres
d’Arran d’un nouveau titre. Devinez
lequel ? Orcs & Gobelins ? Gagné ! Il
se murmure qu’une nouvelle boîte
toute verte serait en préparation,
mais rien n’est moins sûr, avec les
peaux-vertes !
Allez, pour finir, Deadlands –
l’Ouest étrange, la nouvelle édition
sauce Savage Worlds Adventure
Edition de l’univers western-fan-
tastique, sera disponible en février
en version papier. Il vous est pré-
senté en exclusivité dans ce nu-
méro, rédigé grâce à une étrange
ardoise magique alimentée à la
roche fantôme… Le pigiste fait pipi
tout vert depuis, les risques de la
passion rôliste !
ELDER CRAFT/LES LAMES DU CARDINAL
Un pour tous…
Le retour des mousquetaires
est imminent. Seront-ils encore
à la solde du Cardinal ? Ceux qui
connaissent cette version très
réussie de Pierre Pevel des plus
fidèles serviteurs du Roy le savent
bien, le fourbe Dumas avait fait
un procès d’intention à ce pauvre
Richelieu. Le lancement du finan-
cement est prévu en février. Cette
nouvelle édition sera composée de
deux ouvrages principaux, de règles
et de contexte, que nous vous pré-
sentons en avant-première à la
page 44 avec une interview du chef
de projet, Philippe Auribeau.
ACTUALITÉS | 27
28 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE

ARKHANE ASYLUM PUBLISHING/GAMMES FREE LEAGUE

2023, c’est toujours l’amour avec les Suédois

Nous parlons bien entendu des
gammes de l’éditeur Free League,
toujours au programme de l’Asile
d’Arkhane. Mutant Year Zero, tout
d’abord, a bénéficié de la traduction
des Carnets de zone. Trois numéros
sont disponibles en format PDF.
De quoi patienter en attendant
le stand-alone Mechatron – les
ouvrages physiques sont en cours
d’acheminement vers l’hexagone.
Un financement pourrait avoir
lieu dans l’année pour financer le
dernier ouvrage de base, Elysium,
et la campagne The Gray Death,
transversale à tous les spin-off et
qui ferme cette gamme post-apo-
calyptique méritante.
Surprise, la nouvelle édition de
Twilight 2000, malgré son thème
a priori peu porteur sous nos lati-
tudes, devrait aussi faire l’objet
d’une VF ! Le jeu est déjà traduit,
mais attend son moment. Un
univers militariste, à l’heure de la
guerre en Ukraine, ne semblait pas
un bon timing. Il est espéré au 2e
semestre, pour une sortie directe
en boutique.
Dragonbane, un peu l’équivalent
de L’Œil noir en Suède, renait chez
Free League. Arkhane a d’ores et
déjà annoncé une traduction. Il
s’est aussi clairement positionné
sur Blade Runner, qui vient de
débarquer en VO, mais rien n’est
encore fait pour une raison très
simple : la licence internationale
n’est pas encore disponible. On
croise les doigts…

PANINI COMICS/AUROBOROS

Petites vignettes, comics… et jeu de rôle

Après Mnémos ou encore
Akileos, c’est au tour d’un nou-
vel éditeur littérature et BD de se
mettre au jeu de rôle, et pas des
moindres puisqu’il s’agit de Panini.
Rappelons que la société d’origine
italienne n’est pas seulement le
producteur des petites vignettes
de foot à collectionner, mais un
éditeur international qui traduit,
notamment, les comics Marvel
dans plusieurs pays européens.
Pour ses débuts, Panini propose la
traduction d’Auroboros, un setting
médiéval-fantastique 5E tout juste
débarqué en VO. Au-dessus des
cités-marchandes du Ferloi et des
terres sauvages au-delà de ses fron-
tières, Auroboros, le serpent-monde,
s’éveille et s’apprête à tout dévorer.
Des aventuriers courageux oseront-
ils s’emparer de son pouvoir, au péril
de leur propre existence ?
Point notable, il est la création de
Chris Metzen, un ancien concepteur
de chez Blizzard qui a œuvré sur les
univers et les intrigues de Diablo,
Warcraft et Starcraft. Une belle
carte de visite dans le jeu vidéo ne
garantissant pas un bon jeu de rôle,
on attend avec impatience l’ouvrage
(qui, bonne nouvelle, sera donc dis-
ponible dans la grande distribution,
Panini oblige) pour juger sur pièce.
KHAOS PROJECT/WARHAMMER
Khaos Project déterre le marteau de guerre
Le consortium entre AKA Games et
la boutique le Bazar du Bizarre vient
de mettre en ligne son planning 2023
autour des licences Warhammer.
Côté Warhammer Fantasy canal
historique, la réimpression du livre
de base et de l’écran débutera la
nouvelle année en février. Altdorf et
le Pouvoir Derrière le Trône, réédition
du troisième volet de la campagne
impériale, avec son compagnon et
leur version collector, suivront en
avril. Le quatrième volet, Le Rat
Cornu, devrait aussi paraître dans
l’année, ainsi que le Zoo Impérial et
Archives de l’Empire vol.II.
Soulbound, la version Age
of Sigmar, va enfin faire son
ARKHANE ASYLUM PUBLISHING/GAMMES MODIPHIÜS
Nuke-cola made in chez nous
Arkhane continue la traduction des
productions de Modiphiüs. Bonne
surprise côté Fallout, un écran pro-
duit spécialement pour la France
sortira directement en boutique en
mars. Les paquets de cartes et le
starter set arriveront aussi, peut-
être au deuxième semestre.
La très grosse boîte Agents of
Dune pour… Dune a finalement été
traduite et est en cours d’impres-
sion. Pour éviter un tarif prohibitif,
Arkhane a retiré certains éléments
News rédigées par : Olivier Halnais, SLM et Slawick Charlier
apparition en VF avec le livre de
base, la boîte de démarrage et
l’écran. Champions de l’ordre,
Bestiaire et Champions de la Mort
sont ensuite envisagés.
Et pour terminer, un gros saut
dans le futur en février avec Wrath
& Glory, livre de base et écran. Les
premiers suppléments (Litanies
présents dans la boîte VO jugés non
indispensables, comme les dés. Sans
surprise, nous aurons aussi droit à
la campagne Masters of Dune plus
tard. Les paquets de cartes Agent et
Architect sont aussi au programme,
la gamme sera donc complète !
La fête est moins rose dans le
noir espace de Star Trek. La gamme
ne marche pas très bien, malgré les
efforts de l’éditeur pour lui faire
une place. Le dernier tome de la tri-
logie consacrée aux trois branches
des Égarés, l’Église d’Acier et
Enregistrements expurgés) sont
aussi dans les cartons.
Après des débuts laborieux,
Khaos Project a décidément bien
redressé la barre et avoir une telle
visibilité sur le monde Warhammer
en JdR est une excellente nouvelle.
Chapeau… euh non… Marteau !
de Starfleet, La Division de la
science, est tout de même prévu.
Avec ou sans un hypothétique
Quadrant Alpha, la gamme devrait
se terminer cette année. Trois sup-
pléments PDF ont néanmoins aus-
si été publiés sur DriveThruRPG en
fin d’année dernière, même incom-
plète, les francophones sont donc
tout de même très bien équipés
pour repousser les frontières de
l’espace au cours de leur mission
de cinq ans !
ACTUALITÉS | 29
30 | ACTUALITÉS

ACTUALITÉ (VO)

NOUVELLES D’AILLEURS
L’actualité internationale ne faiblit pas, avec une mention
spéciale au marché italien décidément en plein boom. Leurs jeux
profitent souvent d’une sortie en anglais en même temps que
l’italien, quand ils ne sont carrément pas traduits en français
par un éditeur de chez nous. L’Italie, la nouvelle Suède ?

Acchiappasogni Acheron Books

L’éditeur italien vient de publier le
livre de base de Dragon Fighters, son
jeu financé en 2020 à la croisée entre
jeu de rôle, jeu de plateau et jeu de
cartes. On y incarne des pratiquants
d’art martiaux ayant éveillés en eux
une énergie mystique, le Dragon Chi,
propre aux héros mythiques. Plusieurs
modes de jeu sont possibles (tradition-
nel, solo, plateau…) et une traduction
anglaise devrait voir le jour sous peu.
Aces Games
Fort du succès de sa précédente
campagne de financement participa-
tif, Aces Games poursuit son incursion
en territoire anglophone via le finan-
cement d’une traduction de son jeu
italien nécro-fantastique Unglorious.
Revendiquant l’influence de Medievil
et de L’Armée des ténèbres, on y joue
des macchabés ayant encore des
comptes à régler avec le monde des
vivants. Les fans de la première heure
auront également pu profiter de l’occa-
sion pour acquérir l’écran du meneur et
deux suppléments inédits, Lead of the
Dead (pour jouer dans le Far West) et
The Necrocomicon (une grosse dizaine
de pré-tirés et des outils facilitant
la création de personnage). Bilan de
l’opération, 42 768€ récoltés pour 370
contributeurs.
Le diptyque 5E inspiré par l’œuvre
de Dante Alighieri (Inferno - Dante’s
Guide to Hell et Inferno - Virgilio’s
Untold Tales) a enfin été livré aux
souscripteurs et devrait être dispo-
nible à la vente quand vous aurez ce
numéro entre les mains. Dante’s Guide
to Hell, dédié aux joueurs, propose une
douzaine d’archétypes, une descrip-
tion détaillée de l’enfer, et des points
de règles spécifiques à cet univers.
Virgilio’s Untold Tales contient une
campagne, des accroches d’aventure,
une description de l’Enfer en mode uni-
vers bac-à-sable ainsi qu’un bestiaire.
Les fans pourront également récupérer
Divina Commedia - Inferno, l’artbook de
ce cadre de campagne.
L’éditeur continue dans la voie (voix ?)
biblique avec Apocalissse (Apocalypse).
Ce sourcebook 5E est une collabora-
tion entre Acheron (Lex Arcana) et Tow
Little Mice (Broken Compass). Aucune
date n’est pour l’instant annoncée,
mais une chose est certaine, l’apoca-
lypse est en route en deux langues,
l’italien et l’anglais.
A Game of Nerds
L’éditeur d’Arcana Familia a annoncé
son prochain projet, Deep Sky Ballad,
décrit comme un « western spatial »
inspiré de Firefly, Westworld, Trigun et
Cowboy Bebop. Les joueurs y incarnent
des chasseurs de trésors. Les méca-
niques semblent relativement proches
de celles d’Arcana Familia, le système
utilisant à nouveau le blackjack comme
moteur de résolution. Les plus curieux
peuvent déjà télécharger le kit de dé-
marrage (en anglais ou en italien) sur
le site de l’éditeur. Plus d’informations
à venir au moment du lancement de la
campagne de financement, le 14 mars.
Andrew McMeel
Alors que la VF de Zweihander, le rétro-
clone de Warhammer, ne devrait plus
tarder, la gamme VO s’enrichit de deux
sorties intéressantes. La première est un
starter set qui devrait rendre plus acces-
sible le jeu que l’imposant livre de base.
La boîte est bien remplie et comprend
deux livrets, un scénario, des dés, un
écran du MJ, une carte géographique, des
tokens, des fiches de PNJ, un paquet de
72 cartes… Que dire de plus à part miam ?
La seconde sortie porte le titre buco-
lique de Eternal Night of Lockwood. Il
s’agit d’un (très) gros recueil de 10 scé-
narios et 384 pages. Ils sont liés entre
eux et mêlent intrigues urbaines et
horreur rurale. Le supplément contient
en outre de nouvelles options de per-
sonnage et un bestiaire, bref de quoi
occuper vos PJ un moment.
Araukana
L’auteur de l’étonnant Nibiru prépare
son prochain jeu, Zephyr. Les joueurs
incarnent des Windfolk, des créatures
sculptées dans les émotions pures qui
décident de partir à la découverte d’un
vaste continent. L’identité, déjà au cœur
de Nibiru, et les émotions sont les deux
thèmes centraux du jeu. Les émotions
sont symbolisées par quatre couleurs
qu’il est possible de mélanger – 2 cyan et
1 noir donnent par exemple la nostalgie.
Tout aussi intriguant que son prédéces-
seur donc : vivement le financement qui
devrait avoir lieu en février !
Arc Dream
Publishing
The Conspiracy, le livre de contexte
permettant aux joueurs de Delta Green
de revisiter les années 90 (le cadre de la
première édition du jeu) devrait arriver
en février entre les mains des souscrip-
teurs, en compagnie de la réédition de
Convergence, le scénario de John Scott
Tynes qui a lancé la gamme. Pour le
reste des ouvrages financés à la même
période, il faudra, comme de coutume
avec l’éditeur, prendre son mal en
patience. La prochaine vague d’envoi
devrait avoir lieu plus tard dans l’année
et contiendra la version annotée du Roi
en jaune, l’anthologie de nouvelles The
Whisper Labyrinth et le tarot.
Catalyst Game Labs
Très attendu des joueurs, Hack and
Slash est un supplément de règles et de
contexte matriciel pour la sixième édi-
tion de Shadowrun. Détaillant un pan
du jeu parfois difficile à appréhender, il
approfondi également les intelligences
artificielles et les technomanciens,
sans pour autant négliger les deckers.
Petite nouveauté pour les suppléments
de règles de la gamme, l’ouvrage offre
également quatre courts scénarios qui
reprennent le format de 30 Nuits.
Si ces derniers ne vous suffisent pas,
vous pouvez vous rabattre sur Death’s
Daily Business, un scénario aussi publié
cet hiver. Inaugurant la saison 10 des
SRM, les scénarios joués en conven-
tion, il continue l’exploration de Neo-
Tokyo débutée en saison 9 et propose
aux runners de remonter la piste d’une
tentative d’assassinat.
En parallèle du jeu de rôle, Catalyst
continue d’alimenter les fans de
Shadowrun en fictions. Deux nouvelles
ont ainsi été publiées cet hiver. Mercy
Street de Bryan Young suit les péri-
péties de Shimura, un troll de Seattle
ayant prêté le serment d’Hippocrate,
ACTUALITÉS | 31
32 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
alors qu’il cherche à retrouver sa pa-
tiente disparue. Unrepairable suit de
son côté deux jumeaux animant un
show matriciel de réparation et partis
s’aventurer dans des locaux militaires
abandonnés à la recherche de pièces
détachées dernier cri. Tout du moins,
c’était le plan…
Côté Battletech, A Time of War est de
nouveau disponible dans une nouvelle
impression avec couverture hommage
à l’ancienne. De quoi patienter en at-
tendant Battletech Universe, évidem-
ment transverse au jdr et au jdp, une
vieille arlésienne qui pourrait enfin arri-
ver cette année.
Cephalofair
Cephalofair est un éditeur de jeu de
plateau surtout connu pour l’impres-
sionnant Gloomhaven. Il adaptera jus-
tement ce dernier, un dungeon craw-
ling très scénarisé dans un univers
dark fantasy, en jeu de rôle. Difficile de
savoir ce que le jeu proposera pour se
distinguer de la masse qui existe dans
la même catégorie, mais la réponse va
vite arriver, en l’occurrence dès avril.
Chaosium
Malgré son lien de parenté avec
7th Sea, Khitai est un jeu standalone
reposant sur les mêmes mécaniques
que le reste de la gamme, moyennant
quelques aménagements pour coller
à son cadre très inspiré de l’Asie. Bien
que financé en 2017, seule la version
numérique est pour l’heure disponible.
Enfin, Rivers of London, dont nous
vous avons régulièrement parlé ces der-
niers mois, est enfin paru. Directement
tiré de la série littéraire éponyme de
Ben Aaronovitch, le jeu propose d’in-
carner les membres d’une branche spé-
ciale de la police londonienne chargée
des enquêtes magiques. Un scénario
solo permettant de prendre le jeu en
main, ainsi qu’un scénario d’initiation
pour un groupe complet sont inclus. Un
supplément consacré aux États-Unis
ainsi qu’un recueil de scénarios britan-
niques sont d’ores et déjà annoncés.
Pour les collectionneurs, la troi-
sième édition de The Meints Index to
Glorantha est disponible en PDF et de-
vrait l’être sous peu au format papier.
Il s’agit d’un guide exhaustif de toutes
les publications jamais parues sur
Glorantha et Runequest.
Pour 2023, sont toujours attendus
la sixième édition de Pendragon, ainsi
que le retour de QuestWorlds, un sys-
tème générique léger et facile à prendre
en main (« rules-light » comme disent
les américains).
Collettivo Antracite
Ce collectif italien vient d’annoncer
Dawn of Prypiat, un jdr dystopique
dans lequel l’URSS n’a jamais chuté et
domine le monde de la science depuis
la découverte d’une substance appe-
lée eridite. Les PJ ne sont pas des gens
ordinaires mais de ceux qui parcourent
l’Union Soviétique, des places feutrées
du pouvoir aux sous-sols à moitié ef-
fondrés d’une ville morte, Pripyat. Ils
seront amenés à jouer un rôle crucial
dans l’équilibre du monde. Un quicks-
tart (uniquement en italien à ce jour)
permet de patienter en attendant un
financement à une date non précisée.
Cubicle 7
Era of the Beast avance la timeline
de Soulbound. Il contient de nombreux
conseils pour jouer durant la l’Ere de
la Bête, des informations sur Ghur
(le territoire de la bête), de nouvelles
options de personnage... Le PDF est
disponible, la version physique le sera
au troisième trimestre. Sont ensuite
au programme Ulfenkarn : City at the
Edge of Death (Guide urbain), Ruins of
the Past (Recueil de lieux à travers les
Royaumes Mortels) et Champions of
Chaos (Où les joueurs pourront incar-
ner un Champion du Chaos, dans la
WEEKEND WARRIORS par Tod & Anthony Calla
lignée de Champions of Destruction et
Champions of Death).
Wrath & Glory s’est doté d’un Starter
Set (mais de nos jours, quelle gamme
n’a pas le sien ?). Il contient un scéna-
rio ne nécessitant pas de préparation,
et qui se déroule au sein d’une flotte
de vaisseaux piégée dans le système
qu’elle était censée délivrer. La flotte
en question fait l’objet d’un guide
complet. La boite contient aussi pré-
tirés, aides de jeu, dés et tokens. Le
programme de cette année ne faiblit
pas, avec Threat Assessment : Xenos
(un bestiaire), Aeldari : Inheritance of
Embers (encore sur les aliens, mais
cette fois pour les joueurs), Redacted
Records II (recueil d’articles sur le sys-
tème Gilead), Vow of Absolution (tout
pour jouer un membre de l’Adeptus
Astartes). Tous ces ouvrages devraient
être disponibles sous peu en PDF, et au
3e trimestre au format physique.
Dr Who, déjà pensé pour être aussi
accessible que possible, a désormais
son Starter Set (mais de nos jours,
quelle gamme... hum, il y a comme un
écho non ?). La seconde édition béné-
ficiera aussi très prochainement d’un
écran. Les deux prochains ouvrages
de la gamme sont Secrets Scaravore,
un recueil de quatre scénarios, et
Adventures in Space, un ouvrage de
contexte sur les planètes explorées
dans la série, qui comprend aussi des
outils pour construire mondes & aliens
et des règles sur les voyages spatiaux
– et non, tout le monde n’a pas la
chance d’avoir un Tardis pour traver-
ser la galaxie ! Refrain connu : Les PDF
sont déjà disponibles, les livres phy-
siques arriveront au 2 et 3e trimestre
respectivement.
Doctors and Daleks, la version d20 de
Dr Who que nous avons déjà évoquée,
ne devrait plus tarder. Ce système d20,
aussi à la base du futur Broken Weave,
fera l’objet d’une version générique so-
brement intitulée C7d20. Il s’agit bien
entendu d’une réponse à l’affaire OGL
qui permet à Cubicle7 de prendre ses
distances avec D&D5 pour ses gammes
OGL.
À peine la réédition de la Campagne
Impériale terminée que les ouvrages
continuent de s’empiler sur le Vieux
Monde, avec Up in arms (plein d’options
pour les guerriers) et Winds of Magic (la
même, mais pour les magiciens). Et il
y a encore du beau pour les semaines
à venir, avec Salzenmund — City of Salt
and Silver (Guide urbain sur cette sym-
pathique ville portuaire), Sea of Claws
(options de personnage et contexte
pour explorer les mers, y aurait-il
comme un lien avec Salzenmund ?) et
ACTUALITÉS | 33
34 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
Archives of the Empire Vol. III. Mais la
vraie nouveauté, c’est l’arrivée immi-
nente d’un supplément sur une région
particulièrement peu explorée jusqu’ici,
et mère patrie de l’une des plus inté-
ressantes factions de Warhammer le
jeu de figurines, la Lustrie !
Dyskami Publishing
Après Big Eyes, Small Mouth, Mark
MacKinnon ressuscite l’autre grand
jeu basé sur le Tri-Stat, Silver Age
Sentinels. Le jeu de super-héros s’inti-
tule désormais Absolute Powers et est
constituée de deux tomes, règles et
univers.
La quatrième édition de BESM conti-
nue de son côté sa route. Multivers, qui
vous permet de gérer des campagnes
multi-genres, a été financé. Il est dé-
sormais en précommande, avec une
version 4e édition d’Uresia : Grave of
Heaven financée en même temps.
Evil Hat
L’éditeur au chapeau diabolique a
récemment financé un nouveau jeu de
rôle motorisé par l’Apocalypse (PBTA)
en version simplifiée. Apocalypse Keys
propose aux joueurs d’incarner des
agents de la Division qui luttent contre
les horlogers de la fin des temps. Ces
derniers ont décidé d’ouvrir les portes
des enfers pour provoquer l’apocalypse.
Ils constituent ainsi le seul rempart de
l’humanité ignorante de cette menace.
Pas de bol, eux-mêmes ne sont pas
vraiment humains, mais des monstres.
Pas toujours facile d’être des héros,
mais si vous aimez Hellboy, Men In
Black, Penny Dreadful et Doom Patrol,
vous ferez l’effort de les sauver quand
même !
L’éditeur propose aussi plusieurs nou-
veaux accessoires pour ses gammes de
jeu. Trois paquets de cartes sont à des-
tination de Blades in the dark. Le pre-
mier permet de créer très rapidement
un personnage en quelques tirages
catégoriels. Le second construit tout
aussi vite une bande de braqueurs et
casseurs en tous genres. Le dernier
s’oriente sur les cibles de deux pre-
miers, proposant un large éventail de
factions et de lieux.
Enfin, de nouveaux sets de dés spé-
ciaux Fate et Fudge games, avec des +
et des - qui permettent de lire directe-
ment les résultats des tests des jeux
motorisés par ces systèmes, font leur
apparition. Un bon joueur n’a jamais
assez de dés !
Far Horizons CoOp
Ce collectif de créateurs indépen-
dants a été pour le moins actif cet hi-
ver avec la publication de deux jeux. O
Morningstar ! vous propose d’incarner
des hôtes infernaux se remémorant
leur rébellion contre les forces autori-
taires du Paradis grâce à un système
utilisant un jeu de cartes standard. Il
permet aussi de jouer en solo. Dans
Little Gods (who hide on street corners),
les joueurs incarnent des citoyens
fraîchement débarqués dans une ville
et les esprits citadins qui les guident.
Le jeu est construit sur un principe
d’évolution où la nature profonde des
personnages ne cesse d’être remise
en cause et d’évoluer par la même
occasion.
Free League
Publishing
Sans doute l’une des sorties ma-
jeures de cet hiver, le livre de base de
Blade Runner ainsi que son Starter
Set permettent de parcourir l’univers
de Philip K. Dick en 2037. Clairement
orienté enquête, le jeu reprend le Year
Zero Engine récemment utilisé pour
Alien et Vaesen.
C’est un hiver résolument cyber-
punk que nous aura offert Free League
Publishing avec la sortie de CY_BORG,
le spin off de MÖRK BORG dont il s’ins-
pire très largement pour les règles et
le ton résolument punk. Puisqu’on en
parle, signalons justement pour MÖRK
BORG la sortie prochaine d’un sup-
plément au format boîte, Ikhon. Des
règles, du contexte et des outils autour
des quatre dieux-créatures, les Ikhon.
Toujours aucune VF de ce jeu acclamé
ne semble malheureusement pos-
sible, les auteurs ne veulent pas gérer
de licenciés pour que la création reste
un plaisir. On les comprend, mais quel
dommage !
Reprenant le format de A Wicked
Secret, Seasons of Mystery est un re-
cueil de 4 scénarios d’enquête pour le
jeu d’horreur nordique Vaesen. Ceux-
ci ont pour caractéristique commune
de s’ancrer chacun dans une saison
différente.
Troisième et dernier tome de la cam-
pagne Mercy of the Icons pour Coriolis,
Wake of the Icons est disponible en
précommande (avec livraison immé-
diate d’une version numérique). Il
place les joueurs au centre d’une guerre
qui décidera de l’avenir du Troisième
Horizon.
L’éditeur suédois a également annon-
cé un partenariat avec AMC Network et
Genuine Entertainment Partner pour
la création d’un jeu de rôle officiel
sur l’univers de Robert Kirkman, The
Walking Dead. Les co-fondateurs de
Free League Thomas Härenstam (Alien
RPG, Blade Runner) et Nils Karlén
sont aux commandes. Ce partenariat
s’accompagnera de la production d’un
actual play qui devrait mettre en scène
une ou deux figures bien connues des
fans.
Free League a par ailleurs indiqué
travailler sur deux nouvelles licences
libres. Si les travaux sont antérieurs à
l’OGL, les derniers événements les ont
poussés à l’accélération. Il faut dire que
le Year Zero Engine qui motorise la plu-
part de leurs jeux (de Mutant Year Zero
au futur The Walking Dead) est basé
sur l’OGL de Wizards of the Coast. La
nouvelle licence devrait donner un droit
ACTUALITÉS | 35
36 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
d’utilisation « irrévocable, mondial et
gratuit » pour exploiter le SRD du Year
Zero Engine. Celui-ci subira aussi une
mise à jour pour refléter les développe-
ments apportés par les jeux maisons de
ces dernières années.
Une seconde licence spécifique à
Dragonbane permettra la publication
de contenus tiers s’appuyant sur le jeu
sur n’importe quelle plateforme de dif-
fusion et sans avoir à reverser de rede-
vances à Free League.
Fumble GDR
Ce prolifique studio a démarré un
nouveau projet, Special Five Days, sur
un sujet particulièrement délicat, les
abus familiaux et le suicide. Le sys-
tème narratif se base sur les cinq états
du deuil. Psychologues et psychiatres
participent à la conception du jeu.
Plus léger et déjà disponible, Login
est inspiré des mangas isekai, dans les-
quels une personne se retrouve cata-
pultée dans un autre univers – Vision
of Escaflowne, ou encore Sword Art
Online, ça vous dit quelque chose ? Le
jeu repose sur une narration partagée
pour la construction de l’univers, pour
des campagnes de 10 à 20 sessions.
Petite subtilité, les joueurs incarnent
deux personnages différents liés
entre eux, l’un en dehors du monde,
l’autre piégé à l’intérieur et qui sera en
quelque sorte les yeux et les oreilles du
premier. Plus méta tu meurs…
Goodman Games
Malgré un automne bien chargé,
voici encore quelques nouvelles pro-
ductions hivernales. Tout d’abord DCC
Lankhmar #14 : Thieves of Cold Corner
ainsi qu’une aventure de niveau 2 pour
Mutant Crawl Classics avec MCC #14 :
Mayhem on the Magtrain. Crypt of the
Devil Lich est une réédition augmentée
et remise au goût du jour du module
DCC #13. Hommage direct à Tomb of
Horrors, elle est disponible en version
DCC mais aussi 5E.
Du côté des pré-commandes, c’est
déjà la 103e aventure pour DCC sous le
titre Bloom of the Blood Garden. De ni-
veau 0, elle permettra éventuellement
de démarrer une nouvelle campagne. Et
n’oublions pas la St Valentin avec pour
l’occasion un Holiday Module #12 de
niveau 3 en précommandes pour DCC
portant le titre Love Mutants of Castle
Heartache. Par ailleurs, courant février,
un financement devrait être lancé pour
l’ouvrage Dungeons Denizens, un cata-
logue de plus de 500 monstres pour la
5e.
Green Ronin
Une deuxième édition de Fantasy Age
est en courte. Selon l’éditeur, elle est
compatible à « 90 % » avec la première,
un juste milieu entre trop et trop peu
de changements. Sortie en février.
The Fifth Season est une adaptation
des romans de N.K. Jemisin, la trilogie
Broken Earth. Post-apocalypse et sur-
vie sont au programme. Le jeu utilise
une version adaptée du système AGE.
Le financement est en cours, et un
quickstart est disponible gratuitement
pour se faire une idée.
Terror From the Skies ! est un scénario
pour Mutants & Masterminds PL10 dis-
ponible au format PDF dans lequel les
héros doivent faire face à une situation
diplomatique tendue avec les Atlantes.
Grim Moon Studio
Les créateurs italiens qui ont obtenu
le Golden Ennie du meilleur bestiaire
pour Nightfell remettent le couvert
avec Children of the Moon. Ce supplé-
ment, en financement, introduit une
dose de lycanthropie dans le jeu.
Inspired Device
Longtemps inactif, cet éditeur vient
de se lancer dans un projet qui fait
frétiller le monde rôliste transalpin,
une nouvelle revue de jdr ! L’Italie ne
manque pas de projets similaires qui
ont depuis fini au cimetière, mais
Inspired Device semble croire que le
timing est cette fois le bon. Le premier
numéro de RoleZine est attendu au
printemps, avec scénarios, univers de
jeu, critiques et interviews, et sera tri-
mestriel. Comme Casus Belli quoi.
Kobold Press
Ceux qui ont raté le financement de
Wastes of Chaos peuvent se rattraper
avec l’ouverture du pledge manager
de cette gamme estampillée 5E. Ce
supplément s’aventure au-delà des
terres civilisées, dans les badlands
hurlants où le culte de la chèvre noire
est omniprésent et où d’anciennes
constructions attendent sous une fine
couche de poussière. L’ambiance, qui
rappelle Dark Sun, se distille entre deux
ouvrages, de règles et d’aventures.
Pour toujours plus d’aventures,
Prepared 2 propose une douzaine d’his-
toires one shot compatibles 5E. Les
intrigues sont courtes et génériques,
de la machine infernale gobeline au re-
paire marin d’un dragon en passant par
les agissements d’un culte maléfique
en pleine croisière. Vous avez de quoi
vous occuper une bonne soirée, ou vous
amuser à glisser un petit imprévu dans
votre campagne avec un minimum de
travail.
Enfin, menacée par le changement
d’OGL initialement prévu par Wizards
of the Coast (voir notre article sur le su-
jet), la maison d’édition au kobold, spé-
cialisée dans l’éditions d’ouvrages uti-
lisant le SRD5 (Rappelons que Wizard
avait confié à Kobold la création de la
toute première campagne D&D5), a an-
noncé son entrée en résistance avec le
projet Black Flag. Un nom riche de sym-
bolique pour le développement d’un jeu
qui doit être présenté en février et a été
soutenu par plus de 27 000 personnes.
Lostlorn Games
Si le financement du dernier jeu de
Mark Rein « Vampire » Hagen s’est
planté, le précédent est arrivé à son
terme et est désormais disponible en
boutique. The Curse of Bloodstone
Isle est un univers 5E qui mêle pirates
et vampires. Il se compose de trois
ouvrages (univers et PNJ, bestiaire et
aventures, options de personnage).
Lumpley Games
Plus de 12 ans après la publication
d’Apocalypse World, Vincent et Meguey
Bakey ont annoncé sur leurs réseaux
sociaux la rédaction d’un SRD dédié.
Son contenu devrait être grandement
inspiré des articles rédigés par Vincent
au fil des ans et l’écriture se déroule
« incroyablement bien ». Nul doute que
les jeux propulsés par l’Apocalypse ont
encore de beaux jours devant eux.
Magpie Games
Avatar, l’adaptation du dessin animé
éponyme dont le financement a frôlé
les 10 (10 !) millions de dollars est arri-
vée, balayant ainsi les doutes qu’un
petit éditeur arrive à gérer un aussi gros
projet. Le jeu est propulsé par l’Apoca-
lypse et, au-delà du livre de base et des
premiers accessoires, la gamme béné-
ficie déjà d’un premier supplément,
The Wan Shi Tong’s Adventure Guide,
un recueil de nouvelles options de jeu.
Toujours sous Apocalypse, Root,
adapté de l’incontournable jeu de pla-
teau asymétrique, est lui aussi dispo-
nible. Les deux premiers ouvrages (le
livre de base et le supplément Travelers
& Outsiders) sont disponibles séparé-
ment ou dans des versions collectors
regroupées dans un joli coffret. Les
anglophobes peuvent se rassurer, une
traduction française est toujours pré-
vue aux Éditions du Matagot.
Plus original, les précommandes
sont maintenant ouvertes pour Pasión
ACTUALITÉS | 37
38 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
de las Pasiones, pour une sortie le 14
février (jour de la Saint Valentin bien
sûr !). L’Apocalypse est cette fois des-
tiné à émuler les telenovelas. « Mais tu
ne peux pas comprendre José, Alberto
est si… différent ! ». Et ce jeu aussi,
sans aucun doute !
Mirko Pellicioni
Editore
Ce petit éditeur italien (petit mais qui
a tout de même la licence DCC) va re-
lancer plusieurs vieilleries. La première
est une nouvelle version d’Adventures
in Fantasy RPG, créé en 1979 par Dave
Arneson, co-créateur de D&D, après
son départ de TSR.
Le second projet est donc un peu plus
récent, puisqu’il s’agit d’offrir une nou-
velle édition à Ammo RPG, un jeu ita-
lien datant de 1993. Tokyo a été envahi
par des démons extra-dimensionnels
et il ne reste que de courageux pilotes
de mécha pour la défendre.
On reste dans la japanimation, mais
on avance encore un peu plus dans
le temps avec GRUM (Gioco di Ruolo
Ufficiale dei Manga, Le Jeu de Rôle
Manga Officiel). La première version,
qui date de 2000, a la particularité
d’avoir été publiée à l’époque par un
gros éditeur de mangas, et prétend
émuler tous les genres de la BD japo-
naise, rien de moins.
Enfin, MPE prévoit aussi de faire re-
venir Legione (Légion), un autre jeu ita-
lien de 1994, cette fois de super-héros.
Aucun de ces projets n’a pour l’ins-
tant de date de sortie.
Modiphiüs
Supplément majeur de la gamme
Dune, Houses of the Landsraad pro-
pose d’explorer l’empire de l’Impe-
rium au-delà d’Arrakis. On y retrouve
également des règles permettant de
générer une planète et de gérer sa
Maison. Le supplément est disponible
en précommande au moment où nous
écrivons ces lignes, pour une sortie pré-
vue courant mars.
Operation Vesta est un scénario pour
Achtung ! Cthulhu qui emmène les
agents sur les traces d’un scientifique
des Nachtwölfe jusque dans les mon-
tagnes argentines.
Infinity poursuit sur sa lancée avec
deux nouveaux suppléments complé-
mentaires, Technology of the Human
Sphere et TAGs. Le premier est un
catalogue généraliste d’équipement
(avec un peu de contexte dedans tout
de même). Le deuxième est spécifique-
ment consacré aux armures de combat,
les fameuses Tactical Armoured Gears,
y compris des conseils pour centrer une
campagne dessus.
Out of the Ashes est le nouveau
jeu de l’auteur du très sympathique
Liminal. L’Empereur Sans Nom a été
vaincu, mais le monde a été détruit. Il
faut survivre, et surtout reconstruire.
Le jeu est centré sur la communauté,
un personnage à part entière cocréé par
les joueurs.
Winter of Atom est le premier supplé-
ment d’envergure pour Fallout 2d20. Il
s’agit d’une campagne centrée sur le
Commonwealth et contenant son lot
de contexte et de nouvelles options de
personnage. Sortie annoncée pour le
troisième trimestre. C’est long !
Terminons par la mauvaise nouvelle :
c’est terminé pour Conan 2d20, la
licence de Modiphiüs n’ayant pas été
renouvelée. L’éditeur laisse néanmoins
derrière lui une belle et grosse gamme.
Le prochain repreneur est déjà connu, il
s’agit de Monolith, dont il s’agira du se-
conde JdR après Batman (qu’on attend
toujours).
Mongoose
Publishing
Sector Construction Guide est une
nouvelle boîte pour Traveller (dispo-
nible). Comme son nom l’indique, elle
contient tout un tas d’outils pour que
le MJ puisse créer ses propres secteurs.
Dans l’univers alternatif 2300AD,
Project Bayern vient d’entrer en pré-
commande. Cette imposante boîte (4
livrets et une grande carte) retrace le
long voyage du Bayern, et tout ce qu’il
faut pour construire une campagne
autour.
Monte Cook Games
The Planar Bestiary est un… bes-
tiaire pour la 5E qui complète Path
Of the Planebreaker, un setting dans
lequel une lune maudite traverse les
plans. Le bouquin de base est d’ailleurs
désormais aussi disponible en version
collector. Planar Character Options est
un supplément technique au contenu
évident. Et bonne nouvelle pour les
réfractaires à D&D, une version Cypher
est en cours d’impression.
Onyx Path Publishing
Le jeu méd-fan anthropomorphique
Pugmire revient dans une seconde édi-
tion intitulée Realms of Pugmire. Elle
est actuellement en financement. En
attendant sa sortie, vous pouvez vous
plonger dans les abysses de Squeaks in
the Deep. Ce supplément de contexte, à
la fois pour Pugmire et son homologue
félin Monarchy of Mau, est consacré au
territoire souterrain… des rats !
Sidereals est le prochain supplément
mastodonte pour Exalted 3 qui détaille
par le menu un nouveau type d’Exal-
tés. Il a été encore une fois largement
financé, dépassant les 200 000$. Il
faudra toutefois être patient, la sortie
des ouvrages physiques n’est prévue
qu’en 2025.
Open Ended Games
Secrets of the Golden Throne est
un supplément « tout en un » pour
Against the Darkmaster qui contient
à la fois de nouvelles options pour les
joueurs, un cadre de campagne ins-
piré par la légende arthurienne et une
campagne s’y déroulant. L’ouvrage a
été financé grâce à une campagne fruc-
tueuse clôturée début novembre (24
275$ pour 391 souscripteurs). Livraison
prévue pour novembre 2023.
Osprey Games
L’éditeur est bel et bien lancé dans
les jdr, qui sortent désormais régulière-
ment au même titre que les règles de
figurines de l’éditeur. Tous prennent la
forme d’un petit livre de base unique et
complet.
Gran Meccanismo est un jeu d’intri-
gues dans une Florence renaissance
steampunk. Rien à voir avec Crescendo
of Violence donc, qui s’inscrit lui dans
une veine néon-noir au cœur d’une
New-York futuriste dystopique. Noir
met en scène des polar noir – hardboi-
led, comme ils disent.
Quelques-uns de leurs jeux bénéfi-
cient toutefois d’un suivi, à l’image
de Jackals. Travellers on the War Road
explore la région des Zaharets avec du
contexte et de nouvelles options de
personnage.
Paizo
Fists of the Ruby Phoenix, pour
Pathfinder, regroupe en un gros volume
couverture rigide les trois volets de
la campagne à l’ambiance asiatique.
Adventure Path #186 : Ghost King’s
Rage conclut la campagne Blood Lords.
La campagne suivante, Gatewalkers, a
déjà démarré avec un premier épisode
sur les trois prévus. Les PJ, enquêteurs
paranormaux, investiguent un cas
d’amnésie collective. Treasure Vault
(à paraître en février) est un énorme
catalogue d’équipement et d’objets
magiques.
Du côté des étoiles, Drift Hackers est la
deuxième moitié du méga-événement
Drift Crisis, après Drift Crashers, dans
lequel les voyages supraluminiques
ACTUALITÉS | 39
40 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
tombent soudainement en panne,
plongeant la galaxie dans chaos. La
campagne comprend elle aussi trois
épisodes. Le premier est disponible, le
second ne devrait plus tarder.
Pegasus Press
Du côté de Shadowrun dans la langue
de Goethe, les sorties allemandes ne
se sont pas bousculées cet hiver. La si-
xième édition de Conspiracy, la conven-
tion en ligne de l’éditeur, a toutefois
été l’occasion d’en apprendre plus
sur la gamme et ses futures sorties.
Tobias Hamelman en a profité pour
tirer sa révérence : il quitte le poste de
responsable de la gamme allemande
qu’il occupait depuis l’acquisition
de la licence par Pegasus en 2008. Il
sera remplacé dès 2023 par Andreas
Alexander Schroth, bien connu des fans
non-germanophones pour ses illustra-
tions. Celui-ci en a également profité
pour annoncer trois recueils de scéna-
rios (Schwere Fracht, Blutige Anfänge
et Schrapnell) consacrés respective-
ment au transport de marchandise, à
des scénarios pour débutant et à des
scénarios courts supposés tenir en une
session. Prévue pour l’horizon 2025,
une campagne consacrée à Nebelherr,
un dragon allemand particulièrement
médiatique, devrait voir le jour.
Les amateurs de chasse au poulpe
ne seront pas en reste avec la publi-
cation de deux créations allemandes
pour l’Appel de Cthulhu. Zugzwang in
Kamborn est un recueil de deux scéna-
rios s’inscrivant dans le cadre géogra-
phique de Kamborn, une ville fictive du
nord de l’Allemagne dont toutes traces
matérielles (archives) et immatérielles
(souvenirs) auraient disparu durant
l’entre-deux-guerres. Il s’inscrit ainsi
dans la lignée de deux recueils précé-
dents, Königsgambit in Kamborn (paru
en 2018) et Bauernopfer in Kamborn
(paru en 2020). La seconde parution
annoncée, Extraterrana Cthulhiana, est
une campagne cosmique qui devrait
envoyer les investigateurs dans un long
périple, de la Lune à Xoth.
Pinnacle
Entertainment
Group
Holler est une autre boîte qui contient
tout le matériel pour un autre contexte
SWADE. La ruée vers l’or et les ri-
chesses des Appalaches ont dénaturé
la région, qui se retrouve maintenant
hantée par des démons et autres
monstruosités. Pourtant, personne ne
viendra au secours des habitants, qui
vont devoir se débrouiller seuls pour
survivre. La gamme est particulière-
ment riche en accessoires, pour jouer
en toute sérénité dans une ambiance
d’horreur gothique contemporaine très
américaine.
Krampus est un savage tale bien
décalé. Il met en scène un ancien com-
pagnon du Père Noël qui l’a trompé et
enfermé dans une grotte glacée pour
devenir le nouveau Père de Noël. Les
joueurs incarnent un groupe d’enfants
kidnappé par Krampus et les seuls
à pouvoir mettre fin à ses sinistres
agissements.
Titan Robotics est un supplément
pour Savage Rifts qui propose de nou-
velles options de personnages avec des
androïdes, des armures assistées et
des véhicules robots. L’ensemble s’ins-
crit dans un contexte conspirationniste
et d’espionnage futuriste. De quoi
changer vos habitudes et ajouter de la
finesse dans vos parties… quoique !
R.Talsorian
Nostalgie nostalgie : la prochaine
sortie pour Cyberpunk Red s’intitule
Black Chrome, et il s’agit bien sûr d’une
remise au goût du jour des ancestraux
et mythiques suppléments Chrome. On
attend avec plus d‘intérêt Edgerunners
Mission Kit. Il s’agit d’une nouvelle
boîte de démarrage qui situe l’action
WEEKEND WARRIORS par Tod & Anthony Calla
durant la période Cyberpunk 2077, le jeu
vidéo. Enfin !
Renegade Games
L’éditeur continue d’explorer les
licences sooooo 80’s que sont G.I. Joe,
les Power Rangers et les Transformers.
Les trois livres de base sont désormais
disponibles, ainsi que plusieurs supplé-
ments. Celui des Transformers est dé-
sormais rejoint par un écran et son scé-
nario. Adventures in Angel Grove, pour
Power Rangers, est une campagne de 4
scénarios qui sert aussi de supplément
de contexte sur Angel Grove. Operation
Cold Iron est une campagne pour G.I.
Joe qui va faire traverser le monde en-
tier aux héros. Casus, qui a le sens du
sacrifice, ira tester tout ça pour confir-
mer si oui ou non, il est bien possible de
faire un gros crossover entre ces jeux.
Son of Oak Game
Studio
Le jeune éditeur américain a profité
de la fin d’année pour faire le point sur
ses projets pour 2023. Du côté de City of
Mist, un nouveau financement partici-
patif est attendu pour février. Il devrait
permettre de publier Local Legends, la
version étendue des suppléments PDF
consacrés à des quartiers de la ville
qui seront augmentés de scénarios
pour l’occasion. Si le projet atteint ses
objectifs, deux quartiers inédits seront
également inclus, ainsi qu’une flopée
de goodies (des pré-tirés inspirés par
des PNJ de la gamme, un nouvel écran,
de nouveaux dés, de nouvelles cartes
de PNJ…)
:Otherscape, le spin-off cyberpunk de
City of Mist, continue quant à lui son
petit bout de chemin. Les souscripteurs
ont reçu accès en l’alpha test l’applica-
tion Codex qui permettra à terme de
naviguer dans le contenu des différents
ouvrages de la gamme, d’avoir accès à
des tutoriels vidéo et de partager du
contenu à ses joueurs.
2023 devrait également être l’année
des nouveaux projets avec l’arrivée de
Legends in the Mist, déclinaison fan-
taisie, qui comme :Otherscape, devrait
donner la part belle à l’action et l’aven-
ture, là où leur aîné se concentre da-
vantage sur l’enquête.
Suivant les pas d’autres acteurs de la
sphère rôliste, Son of Oak devrait lancer
prochainement un patreon proposant
du contenu régulier sur ses gammes
phares. Un sondage est actuellement
en cours pour déterminer les souhaits
de leurs fans.
ACTUALITÉS | 41
42 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
Steve Jackson
Games
C’est un petit retour aux sources que
s’offre SJG, en rendant de nouveau dis-
ponible au format physique Man to Man.
Il s’agit d’un système de combat paru en
1985 et qui n’est rien d’autre que la toute
première publication pour GURPS.
The Fantasy Trip, autre ancienneté de
SJG qui a connu une étonnante résurrec-
tion récemment, profite aussi d’un lot
de nouveautés. Hexagram est un zine
consacré au jeu. Le numéro 10, financé
fin 2022, ne devrait pas tarder, et est
aussi proposé avec une boîte pour ran-
ger toute la série ainsi que les sept mini
aventures Quick Quest. Une contrepartie
permettait bien entendu aux retarda-
taires d’acquérir le tout. Rose Labyrinth,
financé pour une sortie à la fin de l’hiver,
est un double plateau floral, accompa-
gné d’un livret de scénario et de pions.
Au fait, vous a-t-on dit que contraire-
ment aux annonces faites il y a quelque
temps, SJG livre finalement toujours en
Europe ?
Gaming Ballistic est l’un des rares
licenciés à proposer du matériel pour
Dungeon Fantasy RPG, la version ex-
clusivement médiéval-fantastique de
GURPS. Il vient de récolter pas moins
de 35 000$ pour Nightmare Fuel, une
série de trois bestiaires pour le jeu.
Comme quoi, ancrer un jeu générique
dans un genre spécifique n’était pas
une si mauvaise idée !
Tin Hat Games
Cet éditeur italien tente sa chance
dans le très encombré sous-marché de
l’OSR avec The True O.S.R. Petit twist
toutefois, les joueurs doivent affronter
le MJ pour avoir une chance de gagner.
Car oui, on peut gagner ou perdre dans
ce jeu ! True O.S.R. est un jeu parodique
qui mélange tous les genres classiques
du jdr (fantaisie, cyberpunk, horreur…)
pour un résultat étrange et détonnant.
Le jeu utilise des tables aléatoires et des
milliers d’options qui se combinent en
un tout unique et forcément surprenant.
Il passera par la case financement, mais
n’est prévu pour l’instant qu’en italien.
Ulisses Spiele
2023 sera une année très HeXXen
1733 pour Ulisses Spiele. Pour commen-
cer, le financement participatif réalisé
en novembre dernier va se concrétiser
par la sortie, au printemps prochain,
d’une nouvelle vague de suppléments
liés aux forces démoniaques et dia-
boliques : un compendium pour les
Chasseurs (Teufelsbann), un ouvrage
pour les MJ (Teufelspackt) et une boîte
contenant trois aventures pouvant
éventuellement former une campagne
(Condemnatio), le tout accompagné
du CD d’ambiance habituel et d’un
Jägerbrevier, un ouvrage de 160 pages
en très petit format qui présente géné-
ralement sous forme de récit le quoti-
dien des Chasseurs en lien avec la thé-
matique en question.
Mais alors que ces produits sont en-
core en attente de livraison, l’éditeur
allemand a annoncé à la surprise géné-
rale le lancement d’un nouveau finan-
cement participatif en mars pour… la
2e édition du jeu, seulement cinq ans
après sa création. Les nombreux retours
d’expérience des joueurs ont permis à
Mirko Bader d’améliorer le jeu en simpli-
fiant des mécaniques, voire en suppri-
mant des éléments finalement inutiles.
Évidemment, c’est aussi l’occasion
d’enrichir et de réorganiser un peu le jeu,
qui demeure toutefois compatible avec
le matériel publié jusque-là, y compris
la toute récente boîte d’initiation. La 2e
édition reprendra la formule établie de-
puis les premiers suppléments, à savoir
un livre de règles destiné aux joueurs et
un autre destiné aux MJ.
Ulisses connaît un succès encore plus
important (977 souscripteurs, 232 000
euros) avec un nouvel ensemble de
suppléments pour Das Schwarze Auge
centrés autour de Rahja’s Gunst, un
sourcebook consacré à l’Église de Rahja,
déesse de l’amour et du désir. Parmi les
nombreux produits offerts en cadeau
ou disponibles en option figurent une
campagne, Die verborgene Gabe, dans
laquelle les PJ accompagnent la plus
haute personnalité du culte, l’Aimée de
la déesse, pour explorer l’un des mys-
tères de l’église, le don caché. Cette
quête leur fera traverser toute l’Aventu-
rie, et bien entendu certains tenteront
de les empêcher de parvenir à leurs fins.
Lotosblüten & Visionen est une antho-
logie d’aventures, tandis que Rahjas
Diener est un supplément de 128 pages
décrivant de nombreux PNJ liés au culte
de la belle déesse. Là encore, la livraison
est prévue pour le printemps prochain.
Sans attendre un prochain finance-
ment participatif, l’éditeur allemand a
enchaîné avec une précommande simple
pour un nouveau sourcebook régional,
Das Wüstenreich. Il est consacré au fa-
meux désert de Khôm et à la Thalusie. Ce
gros bouquin de 250 pages sera, comme
tous les sourcebooks, accompagné de
plusieurs suppléments, à commencer
par Königin der Tränen, une aventure
dans laquelle les PJ devront sauver le
fils du calife (ça change de la fille !) pour
maintenir l’équilibre politique dans la
région. Évidemment, une sombre me-
nace pèse sur l’avenir et il faudra défier
jusqu’au dieu des guerriers… Parmi les
suppléments figurent également l’habi-
tuel set de cartes géographiques, l’armu-
rerie (Rüstkammer des Wüstenreichs), le
petit livre in game (Heldenbrevier) et le
CD composé par l’éternel Ralf Kurtsiefer.
Le jeu de chats qui se déroule dans
le même univers que L’Œil noir, Die
Schwartze Katze, continue de se déve-
lopper tranquillement avec un nou-
veau financement pour le supplément
Schleichender Verfall, qui permet de jouer
de nouveaux animaux éveillés par l’Étin-
celle : blaireau, écureuil, renard, fouine,
marmotte ou encore loutre. Comme dans
tous ses financements participatifs,
Ulisses n’est pas avare en produits secon-
daires : deux recueils de scénarios de 48
pages, un Bestiarium, un Heldenbrevier,
un CD (encore et toujours Ralf), le tout
pouvant être rangé dans une très jolie
boîte. Le succès est au rendez-vous avec
365 souscripteurs et 67 000 euros réunis
à une semaine de la clôture. La livraison
est prévue pour cet été.
Urban legend
Urban Legend est un magasin spé-
cialisé italien qui s’est lancé dans l’édi-
tion. Il vient de publier Etemenanki,
un JdR « techno-fantaisie » qui trotte
dans la tête de son créateur de puis
1987. L’accouchement a donc été long
et probablement difficile, puisque le
livre de base atteint les 600 pages
couleurs ! L’univers est centré sur la
Tour de Babylon, centre névralgique
pour les voyageurs dimensionnels qui y
apportent leurs multiples croyances et
légendes. Le jeu n’est disponible pour
l’instant qu’en italien.
Wizards of the Coast
Pendant que WotC met le bronx
autour de la licence OGL (voir article
dédié), le planning 2023 annoncé dans
notre précédent numéro se déroule
sans accroc. Dragonlance est désormais
disponible (au fait, le dernier roman
Dragonlance, Dragons de la Trahison,
est déjà en VF chez Bragelonne, critique
à venir dans notre prochain numéro).
Absent du planning 2023 en revanche,
la toute première campagne pour D&D5
vient de ressortir en un seul tome sous
le titre Tyranny of Dragons. Elle bénéfi-
cie d’une nouvelle couverture, des erra-
ta et des bonus préalablement dispo-
nibles en ligne. Le prochain supplément
de la gamme est Keys from the Golden
Vault, un recueil de 13 mini-scénarios
mettant tous en scène un casse.
Timothée Aubry, Pierre Balandier,
Slawick Charlier, Olivier Halnais, Ciro
Alessandro Sacco et Marc Sautriot
ACTUALITÉS | 43
44 | CRITIQUES

AVANT-PREMIÈRE

LES LAMES
DU CARDINAL V2
Dans le secret des Lames
Quelques années après avoir disparu des étagères, le jeu de
rôle tiré des romans de Pierre Pevel s’apprête à faire son grand
retour dans une deuxième édition chez Elder Craft.

Fiche technique Le troisième flux est celui du jeu, car

Éditeur • Elder Craft Jouer dans l’Histoire
Matériel • Deux livres de Issues de la trilogie éponyme de
base Pierre Pevel, Les Lames du Cardinal
Prix constaté • Pas encore sont nées d’un croisement de flux,
disponible même si tout le monde sait que croiser
les flux, c’est mal ! Mais c’est vous qui
allez contrôler cette convergence. Le
premier flux nous vient de l’Histoire
avec un grand H, puisque que ce jeu de
rôle se situe au 17e siècle, en France.
Plus exactement, nous sommes entre
1643 et 1653, soit 20 ans après la 1ère
édition. Cette période très instable est
propice aux intrigues et manigances. Le
roi Louis XIII vient de mourir et laisse
son royaume à un Louis XIV encore bien
jeune : il n’a que 5 ans. Une régence est
assurée par sa mère, Anne d’Autriche,
qui choisit le cardinal Mazarin comme
principal ministre.
J’aime : Le deuxième flux est celui de la litté-
+ Dystopie historique rature : avec Les Trois Mousquetaires
passionnante et épique d’Alexandre Dumas ou le Cyrano de
+ Mécanique qui pousse à Bergerac d’Edmond Rostand. L’univers
l’entraide entre joueurs des Lames est fortement influencé par
+ Élégant lien entre le le genre de capes et d’épées, lui em-
système de jeu et la narration pruntant beaucoup de ses manies et de
+ Création de son
ses références. Duels à l’épée, courses-
mousquetaire personnalisé
jusqu’à sa lame
poursuites à cheval et autres bagarres
rocambolesques sont de la partie. Il
J’aime moins : n’est pas surprenant de voir que le re-
- Beaucoup de règles mais cruteur des personnages est D’Artagnan
qui sont optionnelles ou de croiser Cyrano dans une auberge.
Les Lames du Cardinal est avant tout
un jeu de rôle. Ainsi est-il possible de
mélanger réalité historique et littéra-
ture selon ce que souhaitent le Maître
du Jusquiame, nom donné ici au maître
de jeu, et sa table. C’est pour cela que
vous pouvez croiser les flux, ce jeu de
rôle vous permettant de les équilibrer
suivant vos envies. Vous pourrez faire
partie de l’Histoire, la plus proche de la
réalité que vous le souhaitez, comme
revivre les aventures plus fantasy de
vos mousquetaires préférés.
Un univers dystopique
de dracs et d’épées
Maintenant que le cadre est planté, il
est temps de vous révéler la vérité : les
dragons sont parmi nous. Ils le sont de-
puis très longtemps. Ils étaient même
les maîtres de la Terre avant, mais leur
arrogance et un mal étrange a réduit leur
nombre à peau de chagrin. L’humanité a
ainsi pu prendre le dessus. Pour passer
inaperçu, les dragons ont pris forme
humaine pour mieux les contrôler. Ils
étaient déjà présents pendant l’Antiqui-
té et le Moyen-âge pour influencer les
décisions de nos grandes civilisations.
En 1648, la France est le centre flam-
boyant de l’Europe et une congrégation
de dragons, la Loge de la Griffe noire,
cherche à prendre le pouvoir. Pour
empêcher cela, le cardinal Mazarin
recrute les plus fines lames du
royaume, les meilleurs courtisans
pour déjouer les plans de ces ad-
versaires retors et féroces. Car non
contents d’être des combattants
redoutables, ils sont aussi des ma-
giciens formidables et maîtrisent
les arcanes comme aucun ne peut.
Voilà l’univers dans lequel Les
Lames du Cardinal va vous plonger.
Vos héros seront des personnages
accomplis, ayant déjà fait leurs
preuves. Ils devront naviguer dans
les complots de la noblesse, se
méfier d’un clergé ambivalent et ne
pas hésiter à maltraiter quelques
ruffians si nécessaire. Alors que
la France vient d’en finir avec la
Guerre de Trente Ans en battant
l’Espagne, alors que la Fronde
gronde dans Paris, que vont faire
les joueurs pour empêcher les dra-
gons de profiter du chaos ambiant
pour prendre l’avantage, ou pire, le
pouvoir à leur compte ?
Cartes sur table…
L’un des éléments intéressants et
conservé de la première édition du
jeu est sa mécanique basée sur les 78
cartes du Tarot des Ombres (mais un
tarot classique peut être utilisé). Les
personnages sont définis par des ca-
ractéristiques innées, les domaines
et des compétences acquises, ayant
une valeur de 0 à 5 (voir plus pour les
dragons), le 0 représentant le niveau
d’une personne normale.
Pour résoudre une action, il est
fortement préconisé d’utiliser le
test éclair dans la plupart des cas
pour un jeu dynamique, le test dra-
matique étant à réserver dans les
situations… dramatiques ! Dans
le test éclair, le joueur pioche une
carte. Si elle est de la couleur (noir
ou rouge) du domaine de la com-
pétence, il obtient une réussite et
peut piocher une deuxième carte,
qui donnera une nouvelle réussite
si elle est de la bonne couleur. Une
figure vaut pour deux réussites,
et on ajoute au total la moitié de
la valeur de la compétence. Si le
résultat final est au moins égal à la
difficulté, l’action est réussie.
Le test dramatique fonctionne de
la même manière à deux exceptions
près : le joueur pioche autant de
cartes que sa valeur de compétence
et compte les réussites comme
précédemment. Cette façon d’agir
est plus hasardeuse, plus difficile
à anticiper, mais aussi plus épique.
Le paquet de cartes est commun
à tous les joueurs et va diminuer
au fur et à mesure de la partie. Les
joueurs peuvent ainsi juger de leurs
chances en fonction des tirages pré-
cédents, mais le Maître peut glisser
des atouts dans le tas de cartes
pour changer des probabilités trop
évidentes. De petites règles agré-
mentent la mécanique, comme les
points de Ténacité, qui permettent
aux héros de se surpasser, ou l’ar-
cane éphémère, qui assure une
réussite. Une échelle de panache
pousse les joueurs, MJ inclus, à dé-
crire en roleplay leurs réussites en
fonction de leurs points de succès
au-delà du seuil de difficulté.
Duel ou combat
de masse ?
Le système de combat des Lames
du Cardinal est prévu pour pouvoir
gérer à la fois les combats contre
une horde de seconds couteaux
et l’affrontement épique contre
le grand méchant. Les joueurs
piochent autant de cartes que
leur compétence d’Escrime ou de
CRITIQUES | 45
46 | CRITIQUES
Bagarre, en fonction de la situation.
De son côté, le MJ prépare les poten-
tiels des adversaires. Ce sont des
pools de points qu’il lui faut répartir
entre attaque et défense. Plus l’ad-
versaire est fort, plus le potentiel
est important. Ainsi, plusieurs pe-
tits adversaires peuvent s’unir pour
créer des pools plus importants et
donc plus dangereux pour les héros.
Pendant une ronde, un joueur
peut jouer une carte de sa main et
le MJ dépenser un point du poten-
tiel opposé. Si c’est une carte rouge,
c’est une défense et elle contre un
point d’attaque de son ennemi.
Si c’est une carte noire, c’est une
attaque sur l’adversaire. Comme
dans les autres tests, les figures
comptent double. Les attaques non
opposées sont directement conver-
ties en dégâts. Quelques subtilités
existent néanmoins : si la carte
jouée par le joueur est de 8 ou plus,
il prend l’initiative pour la prochaine
ronde et peut ainsi contre-attaquer
en jouant en premier.
De plus, les écoles d’Es-
crime donnent des bonus non
négligeables aux personnages.
L’utilisation de mains gauches,
feintes et autres jeux de jambes
sont l’apanage des héros. Elles
permettent aux joueurs, en uti-
lisant des paires, des brelans ou
autre combinaison de cartes, de
gagner des bonus et faire des ac-
tions d’éclats voire flamboyantes.
Mais c’est un risque, car les cartes
s’épuisent vite et on ne pioche des
cartes qu’au début d’un assaut. S’il
reste du potentiel à votre adver-
saire et que vous n’avez plus de
cartes, vous allez avoir des soucis…
Les Arcanes
et le groupe
Si l’on passe derrière l’écran, le
Maître du Jusquiame a un peu de
travail en plus de l’aventure. Il faut
préparer les potentiels des PNJ,
avoir une idée de leur répartition.
Mais il a plusieurs outils pour gérer
la partie. Une réserve de points
lui permet de corser l’affaire. Elle
est représentée en jeu par du
Jusquiame, une substance aux
propriétés magiques. Il peut aug-
menter le potentiel d’un ennemi,
créer des coups du sort contre les
héros, etc. Cela donne du piment
aux situations tout en restant
quantifiable et facile à équilibrer.
De leur côté, les joueurs, disposent
d’une caractéristique de Lien. Plus
ils sont proches en jeu, plus ce lien
est élevé. Il leur permet de se passer
des cartes pendant le combat, se
prêtant main-forte par des encou-
ragements ou en bloquant les mou-
vements de l’adversaire. C’est une
opportunité de frapper avec une
botte secrète, de créer des situa-
tions cocasses mais aussi de forcer
les joueurs à interagir et à favoriser
l’esprit de corps autour de la table.
Le deck d’arcanes est aussi un
outil intéressant pour le MJ, avec
plusieurs utilisations différentes.
Première possibilité : la rivière.
Placée devant l’écran, elle est com-
posée de 1 à 3 cartes d’arcanes
choisies par le MJ (ou données par
le scénario). Elle permet d’orien-
ter l’intuition des joueurs. Chaque
arcane est lié à des compétences, à

des traits de caractère, à des effets
magiques ou des effets météoro-
logiques. Quand l’arcane se trouve
dans la rivière, il peut représenter le
temps qu’il va faire ; il permet aus-
si d’augmenter de 1 la difficulté des
tests de certaines compétences.
Par exemple, l’arcane annonce
des orages ou donne des malus en
équitation car la tension qu’elle
représente gêne les chevaux.
Ces arcanes peuvent donc être
interprétés et c’est au MJ de bien
exploiter cet outil puissant et sub-
til. Chaque joueur va recevoir/choi-
sir un arcane à la création de son
personnage qui lui sera favorable. Il
représentera un peu son caractère,
mais aussi comment la destinée
le favorise. Le MJ a la possibilité
d’ajouter des arcanes au deck d’ac-
tions : en mettant l’arcane béni du
héros dans le paquet, il rend le des-
tin plus favorable à celui-ci. Le MJ
peut tout aussi bien déposer son
arcane opposé. Il peut donc ainsi
aider ou au contraire rendre plus
ardu à doser ce que l’avenir réserve
aux joueurs.
Des arcanes
favorables
Ces éléments résument parfai-
tement la philosophie du jeu par
rapport aux règles. Elles s’insèrent
dans l’Histoire puisque les héros
vont être hors normes dans des en-
jeux épiques. Vous jouez des John
McClane sous le règne de Louis XIV,
rassemblés par les personnages
les plus importants du royaume de
France. Mais on voit que le matériel
a aussi une justification : les atouts
du Tarot des Ombres servent à lire
l’avenir et leur utilisation pour
gérer la « magie » du jeu est déjà
ancrée dans notre imaginaire.
La lecture des deux ouvrages (en
version non définitive) est passion-
nante. Dense aussi, car les règles
sont très présentes, en particulier
en ce qui concerne le rôle du Maître
du Jusquiame. Il faudra du temps
de préparation à celui-ci pour bien
comprendre les arcanes et bien
interpréter les règles de combats.
Mais une fois mises en place, les
règles, par leur inventivité, leur
intuitivité, sont transparentes
dans le jeu et on se surprend à les
voir disparaître naturellement.
Une élégance se dégage de la
table, une fluidité assez surpre-
nante. Si le jeu est sur les traces de
7e mer, il donne plus d’importance
et de corps à ses règles, pour un
côté beaucoup plus tactique, voire
tirant vers le jeu de société. Les
passes d’armes entre les points
et les cartes donnent l’impression
d’un duel, le joueur planifiant avec
ce qu’il a en main sans que le MJ
ne le sache. Il peut ainsi parer les
premières rondes pour placer un
bon coup quand le potentiel de son
adversaire est réduit. En fonction
du lien, il peut s’organiser avec
ses frères mousquetaires et créer
une narration épique à souhait que
favorise idéalement la mécanique
du jeu.
Un pour tous
et tous pour lui ?
La nouvelle proposition ludique
des Lames du Cardinal conserve
toute la saveur de la 1ère édition
mais l’enrichit et la simplifie pour
donner un JdR plus moderne ou
actuel. Il pousse autant le MJ que
les joueurs à être narratifs. Si vous
aimez les JdR avec une belle méca-
nique proche d’un jeu de plateau et
poussant à narrer ses actions, les
Lames du Cardinal sont pour vous.
Épique, dense et élégant, vous
avez un système de jeu allié à une
dystopie historique prenante et
passionnante parfaitement écrite
et sûrement bien mise en forme
et magnifiquement illustrée.
Couronnerez-vous Louis XIV ou un
Drac ? Financement participatif à
suivre en février.
Nurthor capitaine du Roi
Illustrations : Johann Papayou
Blais, copyright Elder Craft
CRITIQUES | 47
48 | CRITIQUES

INTERVIEW | AUTEUR

PHILIPPE AURIBEAU
Dans les secrets des Lames du Cardinal
Le célébre et fameux JdR de fantasy historique de cape et d’épée
à la française, publié en 2014, va connaître un financement
participatif en février 2023 pour la sortie de sa 2e édition chez
Elder Craft. Son auteur principal nous dévoile tout ce qui nous
attend. Alors en garde !

Philippe Auribeau’s
Digest
Né en 1974 à Aix-en-
Provence, grand joueur et MJ
dès son enfance, des études
de commerce international et
d’anglais en poche, il effectue
en 1994 un stage d’études
chez Chaosium. En 2010, il
écrit et traduit beaucoup
chez Sans Détour pour L’Appel
de Cthulhu. En 2012, il est
membre du groupe d’auteurs
du JdR Les Chroniques des
Féals, basé sur les romans
de Mathieu Gaborit. Puis en
2014, il est chef de projet et
auteur du JdR Les Lames du
Cardinal. Il publie en 2016,
L’Héritage de Richelieu, des
nouvelles en lien avec Les
Lames. En 2020, sort chez
ActuSF Écarlate, son roman
policier noir teinté du Mythe
de Cthulhu. Il œuvre comme
auteur et/ou scénariste pour
différents JdR : L’Empire des
Cerisiers, Tecumah Gulch,
Tales from the Flood, Tribute,
Runequest.
P
our en savoir un peu plus sur ce
célèbre JdR de dracs et d’épées,
tiré des romans éponymes de
Pierre Pevel, et sur les dessous de son
développement, nous avons envoyé
notre agent spécial Nurthor pour cuisi-
ner le chef de projet, Philippe Auribeau.
Casus Belli : Bonjour, peux-tu te pré-
senter pour nos lecteurs ?
Philippe Auribeau : Je suis un auteur mi-
jeune, 48 ans selon l’état civil, bi-classé
roman-jeu de rôle, habitant la région
d’Aix-en-Provence. Je suis venu à l’écri-
ture professionnelle sur des gammes
telles que Chroniques des Féals, L’Appel
de Cthulhu ou Les Lames du Cardinal.
Depuis quelques années, je me suis éga-
lement aventuré dans le roman. J’ai écrit
un spin-off dans l’univers des Lames du
Cardinal, L’Héritage de Richelieu, puis
j’ai enchaîné sur Écarlate, un roman
policier. En jeu de rôle, j’œuvre comme
auteur/scénariste pour L’Empire des
Cerisiers, Tecumah Gulch, Tales from
the Flood, Tribute, Runequest. Je par-
ticipe aussi à la gestion de la gamme
française de Runequest.
CB : Cette deuxième édition des Lames
est-elle réalisée par la même équipe
que la 1ere édition ?
PA : On retrouve sur la V2 une majorité
des membres de la première équipe.
Samuel Bidal, notre « monsieur dra-
gon » a effectué tout le travail sur
les mythes draconiques. Il a écrit une
toute nouvelle trame, la Conspiration
des Silencieux, que l’on suit tout au
long de la Fronde. Il a aussi fait un gros
travail de relecture. Camille Guirou
a travaillé sur le système de jeu et le
background, en particulier l’Europe et
les terres lointaines de l’univers des
Lames. Patrick Simoens s’est consacré
à la partie scénarios. Jérôme Isnard n’a
pas écrit de nouveaux textes, mais sa
contribution à la V1, la France et Paris,
est conservée. Quant à moi, j’ai travail-
lé sur le système de jeu, les scénarios,
la mise en harmonie des textes, ainsi
qu’à la coordination avec l’éditeur.
CB : Pierre Pevel est-il impliqué dans
cette deuxième édition ? A-t-il un
droit de regard sur le JdR ?
PA : Pierre a fourni les bases de l’uni-
vers, ce qui est déjà très bien. Il a suivi
et approuvé les grandes décisions sur
l’époque et les dragons. Il a bien sûr
un droit de regard. Sa confiance nous
honore.
CB : Tu faisais déjà partie de l’équipe
de la première édition, pourquoi une
2e édition ?
PA : La première édition est épuisée de-
puis plusieurs années, et il y avait en-
core une demande pour le jeu, qui se
négocie en occasion à des tarifs pro-
hibitifs. D’où la volonté de remettre
le couvert. Mais aussi l’envie, depuis
 longtemps, de proposer une nou- CB : On change d’époque, on joue bien vivants, comme dans 20 ans
velle version plus aboutie. 20 ans plus tard. Pourquoi ? après. Car Dumas prévaut sur
CB : Travailles-tu depuis longtemps Les dragons ont plus de place l’Histoire avec un grand H.
sur cette édition ? d’action ? Les fameux quatre CB : Les règles sont-elles iden-
PA : Oui, c’est un projet sur lequel mousquetaires sont morts ou à la tiques ? Quelles sont les modifi-
je travaille depuis plusieurs retraite et remplacés par les PJ ? cations principales que propose
années. Dès la rupture de stock PA : Nous avons en effet choisi de cette 2e éditions ?
de la V1, il a été question d’une décaler le setting par rapport aux PA : Les règles restent dans la
V2. Les changements d’éditeur romans. Cela permet en parti- même philosophie que celles de
ont impliqué plusieurs remises culier de s’affranchir de l’ombre la V1, à savoir un système très
à plat, mais je n’ai jamais aban- des héros de Pierre Pevel (qui ne simple pour gérer la majorité des
donné l’idée. Le travail sur la V2 disparaissent pas mais ont large- situations, avec un bon nombre
repose sur ce qu’avait effectué la ment évolué) et de placer les PJ de succès automatiques (les
première équipe, dont certains dans une atmosphère différente. Lames sont des personnages
membres ont travaillé d’arrache- Changement de roi, de cardinal, d’élite), et un système d’escrime
pied avec moi sur la V2. en quelques années la France a plus détaillé (avec, là aussi, une
CB : Le JdR des Lames respecte- changé. 1648, c’est le début de la base simple qui peut être enrichie
t-il à 100% les romans de Pierre Fronde, une période de troubles progressivement de diverses op-
Pevel ? Quelles sont les adap- politiques intenses, très porteuse tions pour le rendre plus tactique)
tations/modifications que vous en termes de scénarios. Cela pour coller aux attendus du genre
avez faites pour réaliser cette permet de ne plus mettre sys- du cape et d’épée.
nouvelle édition de son JdR ? tématiquement les dragons au Le système a été revu (après
centre des missions des Lames. dix ans de pratique), allégé sur
PA : Les romans forment la bible
Même si, bien souvent, derrière certains points pour accélérer
de l’univers et du jeu. À partir de
des complots 100% humains, un encore la résolution et favoriser le
ce postulat de départ, nous avons
œil reptilien suivra l’affaire et rythme (en enlevant par exemple
élaboré toute la mythologie dra-
sautera sur l’occasion. Quant aux la majorité des mécaniques de
conique. Nous avons également
mousquetaires de Dumas, si c’est défausse/repioche). C’est un
modifié la situation de départ
bien d’eux que tu parles, ils sont système qui offre beaucoup de
des Lames : leur hiérarchie (chan-
gement de capitaine), leur quar-
tier-général… des détails qui
permettent de tracer un nouveau
chemin et de ne pas juste faire
un copier-coller des héros des
romans.
CB : Quelles sont les grandes diffé-
rences avec la première édition ?
PA : La V2 se rapproche de l’uni-
vers d’Alexandre Dumas, quitte à
s’éloigner un peu de l’aspect plus
fantasy de la V1. C’est une version
qui donne une part plus impor-
tante aux intrigues humaines
qui, bien souvent, se suffisent
à elles-mêmes. On joue dans
une période clé de l’histoire de
France, et le prisme des dragons
rend l’époque encore plus tor-
tueuse et plaisante.

CRITIQUES | 49
50 | CRITIQUES
liberté narrative, en particulier
lors des scènes d’action. Des élé-
ments (contacts, ressources) ont
en outre été entièrement refaits.
Et la V2 propose deux gros scéna-
rios très développés pour lancer
sans attendre les Lames dans
l’aventure.
CB : Peut-on garder un mousque-
taire qu’on jouait en première
édition ?
PA : Il est possible de conserver
une Lame d’une édition à une
autre. Modifier un personnage
ne prendra pas plus de cinq mi-
nutes. Je tenais beaucoup à cette
compatibilité.
CB : Les rôlistes sont assez atta-
chés aux dés dans la mécanique.
Mais Les Lames se jouent avec un
tarot. Est-ce que ça peut être un
problème ? Une variante avec des
dés sera-t-elle fournie dans cette
2e édition ?
PA : Je ne pense pas qu’il y ait une
opposition viscérale aux cartes,
à part chez quelques-uns, mais
comme il peut y avoir une aver-
sion pour le D20, le D12 ou le D30...
Le système des Lames utilise un
jeu de tarot (une version que l’on
trouve dans l’univers) qui donne
plein de possibilités que n’ont
pas les dés (le concept de paquet
partagé « un pour tous », par
exemple). Donc pas de système
à base de dés. Sauf peut-être, un
jour, pour une utilisation dans le
cadre des VTT, où il faut recon-
naître que les systèmes de cartes
sont moins faciles à utiliser. Mais
ça serait dans ce cas une version
moins « officielle » du système.
CB : La magie avec les arcanes
(atouts) du Tarot des Ombres est
très particulière. Peux-tu nous
l’expliquer sommairement ? Peut-
on jouer un conjurateur arcanique
ou autre sorcière de bonne aven-
ture, lanceuse de sortilèges et de
malédictions ?
PA : La magie utilise le concept
d’« aspiration », c’est à dire que
quand un arcaniste humain at-
tire à lui des énergies magiques,
associées aux arcanes du tarot, il
n’est pas certain de les contrôler.
La magie est ainsi imprévisible et
meurtrière… car c’est l’apanage
des dragons ! Jouer un utilisateur
de la magie est possible avec
l’approbation du MJ (il y a un sys-
tème de magie complet), mais ce
n’est pas prévu dans la création
de personnage de base. Cela reste
envisageable, plutôt pour ceux
qui aiment jouer des personnages
à l’existence courte.
CB : Quel type de personnage in-
carne-t-on ? Tout le groupe est
constitué de mousquetaires mili-
taires et tous sont-ils humains ?
Ou d’autres carrières et races
peuvent-elles être incarnées par
les joueurs ?
PA : Une petite précision, tout
d’abord, les Lames ne sont pas
des mousquetaires ! Un PJ peut
être issu des rangs des mous-
quetaires mais comme Leprat
dans les romans, il quitte le
corps pour travailler au sein des
Lames. Les Lames sont des
agents d’élite aux multiples spé-
cialités : espions, investigateurs,
artisans, savants, intrigants…
avec la particularité d’être tous
des escrimeurs d’élite. Imaginez
une poignée de James Bond en
costume XVIIe avec une rapière à
 la place du Beretta. Des person-
nages capables de se débarras-
ser d’une poignée de malandrins
d’un revers de main, et pouvant
se transcender en groupe pour
affronter des dragons. Il y a 22
profils/professions, et une Lame
est créée en choisissant deux de
ces profils. Le nombre de combi-
naisons est conséquent. Quant
aux races, la majorité des Lames
sont humaines, mais il est pos-
sible de jouer des sang-mêlé
(mi-humain, mi-dragon) ou… des
dracs (humanoïdes reptiliens).
Les humains se battent entre
eux, pourquoi pas les dracs ?
CB : Que joue-t-on comme type
d’aventures dans cette nouvelle
édition ?
PA : Les Lames du Cardinal est un
jeu à missions. Les enjeux sont
exposés clairement, et les PJ ne se
demandent pas si oui ou non ils
partent à l’aventure. Mazarin or-
donne, les Lames accomplissent.
Les missions peuvent être très
variées : investigation occulte,
infiltration feutrée, terrorisme à
l’étranger, assassinat, escorte,
piraterie… Les ambiances et lieux
seront très hétérogènes, des
bas-fonds crasseux de Paris aux
paysages sauvages de l’Andalou-
sie, des couloirs du Vatican aux
océans infestés de pirates. Un
MJ inspiré pourra mettre en place
les ambiances qu’il souhaite, de
l’investigation occulte très hu-
maine avec l’action réduite à la
portion congrue, à des aventures
de fantasy hautes en couleur.
Étant moi-même un enfant de
Runequest et de Cthulhu, j’aime
varier les ambiances.
CB : La mécanique des Lames
semblent bien huilée et très pré-
cise, assez proche des systèmes
des jeux de plateau plus que des
JdR. Est-ce une volonté de fournir
une mécanique d’horloger et de
précision ?
PA : Certains jeux de plateau sont
très narratifs, avec des méca-
nismes simples, tandis que des
JdR proposent des règles de
simulation complexes ; le prin-
cipal c’est que ce sont tous des
jeux de société et d’interaction. Je
pense que la précision n’empêche
pas la souplesse, au contraire.
Construire une matrice équilibrée
et cohérente est selon moi une
base pour un bon système (D&D
en est l’exemple, année après an-
née). J’assume pleinement m’ins-
pirer de certaines mécaniques
« plateau » (je trouve que le JdR
a beaucoup à apprendre des jeux
de plateau), mais ce n’est pas un
carcan qui paralyse le MJ.
CB : Les Lames du Cardinal ne
sont pas pour des rôlistes débu-
tants au vu des règles mais aussi
du boulot et du rôle du Maître
Jusquiame, le MJ, non ?
PA : Je connais beaucoup de débu-
tants qui ont commencé avec
Les Lames, en particulier des
fans des romans ! L’univers : Les
Trois Mousquetaires vs dragons,
est facile à appréhender, et les
règles de base, car beaucoup de
règles sont optionnelles, faciles
à maîtriser. C’est par exemple un
système dans lequel il n’y a qua-
siment pas de calcul, ce qui plait
généralement aux allergiques aux
mathématiques. Quant au MJ, il
dispose d’une grande liberté pour
raconter une histoire, il n’utilise
que rarement les cartes, ce qui est
quand même la base d’un JdR.
CB : Merci Philippe !
Propos recueillis par Nurthor,
le 10 Janvier
CRITIQUES | 51
52 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE (VF)

WARPLAND
Let’s do the time warp again !
Warpland est un jeu pas comme les autres, pour la simple et
bonne raison qu’il puise ses inspirations dans un imaginaire pas
comme les autres : la SF des années 70 et 80, dans sa version la
plus foutraque et psychédélique possible.

Fiche technique
Éditeur • Pattern Recog
Éditions
Matériel • Livre à couverture
rigide de 150 pages au format
21x21 cm
Prix constaté • 34.90 €
Le livre interdit
de l’intangible réalité
Les heureux souscripteurs
de Warpland ont reçu avec
le livre de base un livret A5
contenant un résumé des
règles. De fait, il peut servir
de manuel aux joueurs, ou
au moins d’aide-mémoire
pendant les parties. Il
contient notamment la liste
des mutations et des sorts,
toujours bien pratiques en
cours de jeu !
J’aime :
+ L’univers complètement
barré
+ Le mélange entre science
et magie
+ L’aspect barbare du monde
J’aime moins :
- Le système de jeu mal fichu
/ mal équilibré
- Un livre de base à
l’organisation pas toujours
intuitive
E
n effet, si vous avez quarante ans
ou plus, il y a de bonnes chances
qu’en feuilletant Warpland,
il vous vienne des images de Sean
Connery torse nu avec slip rouge, cuis-
sardes et cartouchière. Même si Zardoz
n’est jamais cité dans l’ouvrage, l’uni-
vers de Warpland fait immanqua-
blement penser au film culte de John
Boorman et à d’autres du même genre.
Vous l’aurez donc peut-être compris,
Warpland est un JdR de science-fan-
tasy post apocalyptique et psychédé-
lique. Bouclez vos ceintures, débran-
chez votre sensibilité au réalisme, et
préparez-vous à la traversée des terres
du Warp !
Les terres du Warp
Warpland met en scène les terres du
Warp, un monde qu’on suppose être
le nôtre après un terrible cataclysme.
Il y a bien longtemps, les Élois et les
Morlocks se sont affrontés dans une
guerre si terrible qu’elle déchira la réa-
lité. Depuis, le ciel bleu et le soleil ont
été remplacés par l’Éther, une masse
multicolore d’énergies du Warp. C’est
donc sous des couleurs éternellement
psychédéliques que vivent les habi-
tants des terres du Warp. Comme si
ça ne suffisait pas, l’Éther est parfois
secoué par des maelströms, dont les
énergies font muter tout le monde.
Les terres du Warp constituent donc
un monde étrange : les gens y vivent
dans des villes primitives gouvernées
par des rois et des reines souvent bar-
bares (ou à moitié fous). Des monstres
terribles rôdent dans les campagnes
et les régions reculées. Des sorciers
œuvrent pour le compte de terribles
démons et la société de la Technocratie
cherche les puissants artefacts tech-
nologiques laissés par les Élois. Tout
ça en évitant le courroux du culte de
la Lumière vraie, qui condamne la
science, la sorcellerie et les mutations
(comme ça, tout le monde est content).
Au milieu de ce beau foutoir, vous
jouez des aventuriers sans foi ni loi qui
cherchent à tirer leur épingle de ce ter-
rible jeu. Pas de quête sacrée, pas de
métaplot alambiqué, Warpland vous
propose de bonnes vieilles aventures
de BD ou de littérature populaire, avec
son brin de folie, voire de cynisme.
Les mécanismes
du Warp
Côté système, Warpland fait très
simple. Soyons honnête, ça n’est pas le
point fort du jeu. Quatre attributs agré-
mentés de compétences qui désignent
aussi des métiers permettent de faire
tourner les aventures. Pour résoudre
une action risquée, vous jetez 2d6
dont le total doit être inférieur ou égal
à votre attribut pour que l’action
réussisse. Si les dés indiquent 8
ou plus mais que le test est tout
de même réussi, c’est une réussite
critique. S’ils indiquent un double
« 1 » ou un double « 6 », il y a une
complication. En outre, avant de
jeter les dés, vous pouvez dépenser
un point de Volonté pour avoir le
droit de relancer un dé. Les com-
pétences modifient les tests qui
entrent dans leurs domaines (et
vous donnent aussi quelques avan-
tages, ça dépend des compétences,
et toutes n’ont pas l’air équilibrées
les unes avec les autres).
Science-fantasy oblige, Warpland
prévoit des personnages sorciers
(vous trouverez donc une liste de
sorts), d’autres maniant la techno-
logie (vous trouverez donc une liste
d’artefacts) et des mutants (avec
plusieurs listes de mutations). Ce
dernier point appelle une préci-
sion : non seulement vous pouvez
décider de jouer un mutant à la
création, mais en outre, à chaque
fois que votre personnage subira
un maelström, il aura une chance
(non négligeable) de muter. Soyez
prêts à tout !
Côté équipement c’est succinct,
voire très succinct, voire un peu
trop succinct pour un jeu où on
sent que la survie nous occupera
beaucoup. De toute façon, à moins
de dénicher un précieux artefact,
votre équipement est d’un niveau
technologique médiéval. Vous pou-
vez même vous retrouver avec une
épée en os.
Face à un monde
impitoyable
Dans les terres du Warp, tout le
monde se promène à moitié nu,
pour montrer son absence de mu-
tation, et donc son respect de la
doctrine de la Lumière vraie. Cela
donne une ambiance Conan le bar- raison elle-même s’efface devant
bare (ou Zardoz, donc) à toutes les votre inspiration, la poésie, ou la
aventures de Warpland. D’ailleurs, folie. De toute façon, certains vous
quel genre d’aventures propose ce diront que c’est la même chose.
jeu ? Le livre de base contient trois Arnaud Cuidet
courtes aventures prêtes à jouer :
une basée sur la recherche d’un ar-
tefact, une autre sur une arme ma-
gique et la troisième sur une tribu
confrontée à une terrible maladie.
Toutes ont de bonnes chances de
mal finir. Même si elles ne sont pas
très développées, il s’en dégage un
brin de fatalisme, qu’on peut éga-
lement retrouver dans la descrip-
tion de l’univers : dans les terres du
Warp, tout mute, tout se trans-
forme, tout se fond dans le
chaos, et le Néant.
Toi qui
entres ici,
perds toute
raison
Warpland n’est pas
un jeu millimétré
aux petits oignons.
Loin de là. Pour au-
tant, ça n’est donc
pas un jeu condamné
au second degré ou à
la « déconne ». Post-apo,
plombé par une église
obscurantiste, il peut même
lorgner du côté de l’angoisse
ou de l’horreur. En fait, et c’est
tout à son honneur, ce jeu est
à l’image de l’imaginaire dans
lequel il puise : déjanté, mais
inspirant. Foutraque, mais
aussi métaphysique. Rien ne
vous interdit, au détour d’une
aventure digne d’une série B
(voire Z !), de confronter les
PJ à des êtres transcendan-
taux qui les plongent dans des
questionnements existentiels.
Dans les terres du Warp, le
réalisme n’a pas cours et la
CRITIQUES | 53
54 | CRITIQUES

MONSTER OF THE WEEK | SUPPLÉMENTS DE SCÉNARIO (VF)

CADRES DE JEU POUR…

Pour une soirée de terreur
Monster of the week (MOTW) est calibré pour jouer, comme
dans les séries TV, des chasseurs de monstres. Chaque épisode
est l’occasion de déjouer leurs manigances et de bien s’amuser,
en se faisant un peu peur au passage.

Fiche technique
Éditeur • Studio Deadcrows
Matériel • 6 livrets au format
mook, 24 pages couleur
Prix constaté • 9,90 € l’unité
J’aime :
+ La présentation très
immersive
+ L’écriture très didactique
+ Les plans en double-page
J’aime moins :
- Il reste un peu de travail de
préparation…
- … voire beaucoup si vous
voulez prolonger les histoires
- Les pré-tirés sont presque
indispensables pour jouer
L
ors de la sortie française de
MOTW, quatre fascicules propo-
saient des settings clé en main
thématiques. Les Corbeaux récidivent
avec six nouveaux environnements de
jeu stéréotypés. Cerise sur le gâteau, ils
sont 100 % de création française.
On prend son cahier…
Chaque livret rappelle les carnets de
brouillon de notre enfance. Le fasci-
cule est progressif, il résume l’intrigue
et présente les chasseurs pouvant la
résoudre (il est recommandé d’utiliser
cette équipe de pré-tirés). Le compte
à rebours exposé, les lieux et les figu-
rants sont décrits. Vous avez en main
un script général qui vous sert à plonger
les joueurs dans l’aventure.
Ces aventures n’ont pas la préten-
tion de déboucher sur de longues
campagnes. Le compte à rebours reste
succinct, il demandera un peu de travail
pour ne pas vous retrouver en difficulté
pendant la partie. Une suite est propo-
sée pour prolonger le thème abordé.
Mais il faudra noircir quelques pages
pour aller plus loin. Ne craignez rien,
tout est fait pour vous accompagner.
Les mots-clés de l’intrigue sont surli-
gnés pour faciliter votre maîtrise. Gros
plus indéniable : un plan en double-
page fourni devient le centre de l’atten-
tion. Très réussi, il fait la différence une
fois posé sur la table (l’avoir en télé-
chargement libre serait un plus).
… et on joue à se faire peur
Chaque livret est l’épisode pilote de la
série qui l’inspire :
• 21 Grammes vous fait visiter une mai-
son hantée à la tête d’une équipe de
chasseurs de fantômes ;
• Les Brumes de l’horreur confronte une
bande d’adolescents à une brume qui
étouffe une petite ville minière ;
• Sans d’encre vous renvoie à l’école,
un peu particulière car les élèves sont
des sorciers ;
• Mystère à Harvest Cove est un huis
clos insulaire visité par une équipe un
peu loufoque (animal parlant inclus) ;
• Necronomicon ouvre les portes de la
première GenCon consacrée au Maître
de Providence ;
• 23e étage revisite The Office avec un
soupçon de tuerie paranoïaque.
En fonction des envies de votre
groupe, ou parce que personne n’a rien
préparé ce soir, chaque cahier vous
plonge dans l’action. Sans prétention
mais avec beaucoup d’attention, vous
passerez une bonne séance, et pour
pas cher en plus.
Olivier Halnais

STAR TREK ADVENTURES | SUPPLÉMENT DE RÈGLES (VF)
LA DIVISION
DES OPÉRATIONS
Alerte rouge !
Second opus du triptyque de règles spécifiques aux divisions de
Starfleet, découvrez si ce supplément contient tout ce que vous
avez toujours voulu savoir sur les « red shirts » et les ingénieurs
de la Fédération.
Section 31
La Division des Opérations s’ouvre
sur un chapitre de présentation, qui
évoque, sans entrer dans les détails, le
rôle des opérations au sein de Starfleet
(en signalant les éventuelles diffé-
rences selon les époques). Sa lecture
est plaisante et informative, mais ce
sont les pages consacrées à la mythique
Section 31 qui sont les plus intéres-
santes. Ce service de renseignement
illégal (ou non) œuvre dans l’ombre de
la Fédération, pour défendre ses inté-
rêts, bien malgré elle (et en dépit de ses
idéaux). Qu’elle représente une menace
pour la table ou une opportunité d’en
interpréter les agents, l’organisation est
un parfait outil scénaristique pour créer
des dilemmes moraux et éthiques, si
emblématiques de Star Trek. Sans être
renversant, le travail de présentation
de Section 31 est honnête, et donne des
pistes de jeu. Cependant, il reste beau-
coup à faire à celui ou celle qui voudra
construire une campagne autour.
Tech & Sécurité
Les chapitres suivants sont dédiés
aux deux corps de métier, sécurité et
ingénierie, ainsi qu’à leurs personnages
respectifs, et proposent de nombreuses
options pour leur création. En plus des
habituelles listes de talents, on trouve
également des conseils pour la créa-
tion de personnages et des pistes pour
CRITIQUES | 55
mener des campagnes spécifiques à ces Fiche technique
divisions. Ces deux chapitres sont com- Éditeur • Arkhane Asylum
plétés par le suivant, dédié à la techno- Publishing
logie, qui contient un catalogue d’outils, Matériel • Livre couleur
agrémenté de quelques discussions ap- à couverture rigide de
profondies sur certains équipements. Le 125 pages
Prix constaté • 35 €/~16 €
téléporteur et ses composants internes
en PDF
sont par exemple évoqués en détail.
Différents éléments d’intrigue sont pro-
posés dans les deux chapitres qui suivent,
qui mettent en avant les ingénieurs et les
spécialistes de la sécurité, et comment
utiliser leurs représentants au sein d’un
scénario. On y trouve également de nom-
breux profils-types (ou des personnages
des séries, comme celui de Leah Brahms).
Bref, plein de petites choses, qui aident à
mener une campagne en toute sérénité.
Jouer avec des figurines
L’ouvrage se conclut sur un chapitre
consacré aux règles de combat de figu-
rines. Si on comprend le lien avec le thème
de la sécurité, leur apport au jeu de rôle
est anecdotique. On peut regretter que
ces pages n’aient pas servi à développer
davantage le contenu scénaristique du
supplément. Ceci semble d’autant plus J’aime :
+ Section 31 !
nécessaire que ce supplément couvre
+ Disponible en PDF
deux branches, à la différence de son pré-
+ La gamme VF continue !
décesseur, ce qui dilue son contenu. C’est
d’ailleurs le sentiment général que laisse J’aime moins :
cet ouvrage : que des bonnes choses, - Règles pour les miniatures
mais l’on reste un peu sur sa faim. - Contenu exhaustif, mais
Romain « Belaran » Pelisse superficiel
CRITIQUES | 55
56 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE (VF)

BRIGANDYNE, 2E ÉDITION
Maturité et nouveaux horizons
Brigandyne hante l’internet des rôlistes français depuis
longtemps, et avait déjà séduit nombre d’entre eux, ce qui
explique, si besoin en était, le succès de son financement
participatif. Quelques mois après celui-ci, les deux ouvrages
formant cette nouvelle édition sont arrivés.

Fiche technique un univers Renaissance et fantastique,

Éditeur • James Tornade
Matériel • Deux livres à
couvertures rigides de
respectivement 272 et 294
pages en noir et blanc
Prix constaté • 42,90 € par
ouvrage / 16 € par PDF
J’aime :
+ Les archétypes animaux
pour décrire PJ comme PNJ
+ La philosophie des règles,
simple sans être simpliste
+ Un trombinoscope pour les
scénarios
J’aime moins :
- La finition
Aux racines
de Brigandyne
À l’origine, proposée comme une al-
ternative au système de Warhammer,
souvent jugé trop lourd, cette nouvelle
édition de Brigandyne prend son envol,
s’éloignant de ses racines sans pour
autant les renier. En effet, le jeu offre
son propre univers, mais également
son approche de la magie, de la religion
et d’autres éléments de son monde qui
le distinguent désormais du célèbre jeu
du Marteau de Guerre. Cela étant dit, la
filiation reste indéniable. Les habitués
retrouveront le jeu de caractéristiques
et le système de carrière embléma-
tiques de Warhammer.
Néanmoins, à la lecture de cette
nouvelle édition, les similitudes s’es-
tompent progressivement, alors que
les différences en termes de choix de
conception et même de philosophie
deviennent évidentes. Si la quatrième
édition de Warhammer a opéré un clair
retour à ses origines tout en corrigeant
les lourdeurs du système, Brigandyne
choisit une autre direction, cherchant
plutôt à simplifier et moderniser son
approche. Il conserve tout de même les
éléments les plus fondamentaux, tels
que des combats durs et violents et
la folie qui guette ceux qui font face à
l’horreur trop souvent. Bref, des tribu-
lations sombres et dangereuses dans
le tout centré sur des personnages
définis par des métiers et des profes-
sions « réalistes », et non des héros
ou des aventuriers. La corruption et la
démence sont des menaces omnipré-
sentes, qui risquent donc d’amener les
personnages à une déchéance morbide,
plus qu’à l’accumulation de trésors et
de pouvoir.
Si Brigandyne reste assez proche de
ses racines et, pour notre plus grand
plaisir, cherche désormais à apporter sa
propre saveur, on y perd un peu la com-
patibilité avec Warhammer. L’utiliser
tel quel, pour jouer une aventure écrite
pour le Marteau de Guerre, demeure
tout à fait possible, mais requiert un
certain travail de réflexion pour faire
correspondre les carrières, les races et
d’autres aspects de l’univers à celui de
son inspiration originelle. Un faible prix
à payer au regard de la qualité de cette
nouvelle édition.
Naissance
d’un anti-héros
La création de personnages avec
Warhammer a toujours été presque
la moitié du plaisir du jeu, et souvent
la moitié de la durée de vie de celui-
ci ! C’est déjà sur cet aspect que l’on
voit que Brigandyne cherche à innover
en proposant, en plus d’une genèse
détaillée des personnages, une
version rapide de leur élaboration
en cinq étapes-clés. Le processus
complet de création s’éloigne éga-
lement de celui de Warhammer.
Parmi les différences, on relève
l’introduction des sang-mêlé, des
individus issus de croisement entre
les races habituelles (elfes, nains,
halfelins et humains) existants
dans le Vieux Monde et qui ouvrent
d’autres d’intéressantes possibi-
lités de jeu. Par exemple, on peut
interpréter le poids du stigmate as-
socié à leurs origines, souvent hon-
teuses et, dans tous les cas, mal
comprises par les membres d’un
peuple comme de l’autre. Vient
ensuite l’ajout au personnage d’un
vice et d’une vertu, suivi de l’option
de choisir un archétype animal. Et
voilà, votre vaurien est Paresseux,
mais Loyal, et se comporte comme
un Coq (vaniteux, séducteur, mais
un peu va-t-en-guerre) !
En quelques mots, le person-
nage prend ainsi vie et ses choix
fournissent une pratique grille
d’interprétation. Ces ajouts à la
création de personnages, orientés
roleplay, font partie des points qui
distinguent cette nouvelle édition
de Brigandyne de son inspiration
originelle.
Poulies,
roues et leviers
Les bases du système de règles
de Brigandyne sont simples et
robustes. La plupart du temps, un
personnage teste l’une de ses com-
pétences lorsqu’il entreprend une
action. Pour ce faire, il lance 1d100.
Si le score obtenu est supérieur à la
compétence, l’action échoue ou est
difficilement réalisable sans consé-
quences négatives. L’auteur, James
Tornade, recommande avec sa-
gesse cette dernière interprétation
afin d’éviter de bloquer le récit de
l’aventure. À l’inverse, si le score
est inférieur ou égal, l’action est
une réussite.
À cela s’ajoutent, bien sûr, des
modificateurs de difficulté selon
les circonstances, et la notion
de qualité d’échec ou de succès,
en fonction de la marge entre le
score obtenu et le niveau de la
compétence. À noter ici une par-
ticularité appréciable et appréciée
de Brigandyne, ce n’est jamais au
meneur ou à la meneuse de jeu
de lancer les dés. Même pour le
test d’opposition qui fonctionne
sans jets de dés de l’autre côté de
l’écran. En effet, le score de l’ad-
versaire devient tout bonnement
une difficulté, à l’aide d’un tableau
de correspondance relativement
simple, qui vient pénaliser le test
du joueur ou de la joueuse.
CRITIQUES | 57
58 | CRITIQUES
Le combat
Les règles du combat suivent éga-
lement la même logique. Seul le
joueur fait un test d’opposition avec
son adversaire. S’il réussit, il prend le
dessus, ce qui ne signifie pas ici réus-
sir une attaque, mais plutôt sortir
vainqueur d’un duel, d’un échange
de coups avec son opposant. Selon
son succès, il peut choisir d’avoir
blessé, voire tué, son adversaire, ou
d’autres options comme le renver-
ser. Le point à retenir est que le test,
en tant que tel, correspond plus qu’à
une simple passe d’armes.
Les tables les plus narratives ou
appréciant la simplicité seront plus
que satisfaites par cette approche.
Pour les joueurs passionnés par la
tactique ou qui apprécient des sys-
tèmes plus élaborés, un chapitre
dédié aux règles de combat avan-
cées permet d’enrichir aisément
cette mécanique élémentaire. À
Brigandyne, il y en a donc pour tous
les goûts.
La magie
Viennent ensuite les règles de la
magie. Là aussi, on est en recherche
de simplicité. Un jeteur de sort
peut accomplir de simples tours
de magie sans jeter les dés, des
effets magiques qui ne requièrent
donc aucune mécanique. Le sorti-
lège est le stade suivant. Plus éla-
boré, il requiert un test de magie.
Dernière étape, dans la progression
des effets magiques : le rituel. Une
version plus longue et plus com-
plexe permettant d’accomplir de
véritables petits miracles.
Quelle que soit la magie utilisée,
le personnage ne dispose que d’un
capital journalier limité, avant de
prendre le risque de s’épuiser. En
effet, après avoir vidé sa réserve,
le joueur ou la joueuse d’un per-
sonnage magicien peut choisir de
continuer à utiliser sa magie, au
prix de sa santé. Autre excellente
idée : les règles précisent que les
personnages sensibles à la magie
peuvent la détecter. Ainsi, ressen-
tir l’usage de la magie constitue
une sorte de perception supplé-
mentaire spécifique au personnage
magique. Plus besoin de lancer un
sort, comme dans d’autres jeux,
pour être en mesure de le faire.
Dans le même ordre d’idée, tout
personnage magique peut ten-
ter de contrer des sortilèges qu’il
connaît.
 En conclusion, les règles de
Brigandyne favorisent la simpli-
cité et la légèreté, et recherchent
également la modularité. Le jeu
fourmille de nombreuses options
permettant d’enrichir à souhait les
mécaniques du jeu, ou au contraire,
de l’orienter sur une approche plus
narrative. Toutes ces options sont
comme des leviers de réglage, qui
permettent d’adapter avec pré-
cision le jeu à ses préférences. Et
celles-ci sont bien pensées et tes-
tées, car elles bénéficient souvent
d’années de retour d’expérience
des fans de la première version et
de son auteur. Ainsi, à Brigandyne,
la table décide de la manière dont
elle va vivre ses aventures, qui se-
ront peut-être bien différentes de
celles d’une autre.
Thalios, le monde
de Brigandyne
Si la table n’a pour but que
de remplacer les règles de
Warhammer (ou faire son propre
jeu), la lecture peut s’arrêter au
premier tome évoqué (ou presque).
En effet, dans le livre second, on
évoque (essentiellement) Thalios,
le monde dans lequel s’inscrit
cette nouvelle édition du jeu. Cette
description commence par un cha-
pitre consacré à la société et à la
vie quotidienne. Ce qui est plutôt
bienvenu, car ce type de texte est
malheureusement souvent omis
et apporte une aide inégalée pour
donner vie au monde dans lequel
évolue les personnages.
Il est suivi, sans surprise, d’un
atlas du monde de Thalios, qui
fait un tour d’horizon de ses treize
royaumes (rappelant l’Europe à la
fin du Moyen-Âge et au début de
la Renaissance). La stratégie de
James Tornade, ici, est à louer. Il
tente, avec succès, de s’éloigner
d’une description « académique »
de chacun, et privilégie une pein-
ture par « touche », plus évoca-
trice et surtout concentrée sur les
aspects qui auront un impact direct
sur le jeu.
Ainsi, on y trouve l’évocation
d’accents, de patois locaux et
d’us et coutumes spécifiques de
la région, et non un inventaire
exhaustif du système politique
et de la famille du souverain. En
outre, insistant sur l’importance de
s’approprier et d’enrichir ce monde
autour de la table, il ne fait que
tracer quelques lignes évocatrices
qui, sans être en rupture complète
avec les habitudes du genre, ap-
portent une saveur qui est propre à
Brigandyne.
Thalios s’éloigne agréablement
de plusieurs poncifs éculés de la
fantasy. Les espèces de gobelins
et autres ogres ne sont pas des
peuples à part entière, mais le fruit
de mutations magiques effectuées
sur des humains sous le joug d’un
ancien régime, une magiocratie
tyrannique. Dans le même ordre
d’idée, le retour à la « lumière »,
après une longue période de chaos,
est le fruit d’Abel, un héros qui
tient plus des écrits bibliques que
de ceux sur Conan. Ainsi, après sa
mort, l’Église qui lui est dédiée
devient le lieu de culte dominant,
éloignant ainsi Brigandyne des
habituels panthéons de divinités.
Et plus encore !
Il faut aussi noter trois chapitres
dédiés au voyage, aux armées,
qui donnent l’occasion de pro-
poser des règles de combat de
masse, et aux rencontres, incluant
l’indéboulonnable bestiaire, un
incontournable du genre. Bref, trois
chapitres utilitaires, mais bien pra-
tiques quand on est derrière l’écran
du jeu.
Cela dit, c’est le chapitre dédié
aux démons et aux forces du
Mal de Thalios qui retient le plus
l’attention. Organisés par péchés
capitaux, ces princes des enfers
et leurs nombreux séides sont
des adversaires puissants et, plus
important encore, leurs exactions
et manigances peuvent être la fon-
dation de nombreux scénarios ou
campagnes. Ce parcours détaillé
est donc particulièrement bien-
venu, d’autant plus que cet aspect
différencie grandement le monde
de Brigandyne de celui du Marteau
de Guerre. Il vient naturellement
avec les règles sur les mutations
et autres néfastes et pernicieux
effets de la Corruption.
L’ouvrage se conclut sur une des-
cription de la ville Fennery, cadre
d’aventures des trois scénarios in-
clus dans l’ouvrage. Ceux-ci sont de
qualité, exploitant les thèmes et la
richesse du jeu.
Cette nouvelle version n’est
constituée, pour le moment, que
de ces deux seuls ouvrages, mais
ils sont épais et remplis à ras-bord.
Plus important, la qualité est au
rendez-vous, et c’est d’autant plus
à acclamer que James Tornade a
réalisé ce tour de force seul, sans
l’appui d’un éditeur. Notons tout
de même, afin de ménager les
attentes des lecteurs de cette cri-
tique, que Brigandyne n’a pas for-
cément la même finition que les
produits du marché les plus vendus
(ex : la maquette en noir & blanc).
Sur le fond, par contre, Brigandyne
n’a pas à rougir.
Romain « Belaran » Pelisse
CRITIQUES | 59
60 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE (VF)

LÉGENDES
DU NOUVEAU SOLEIL
Vivre ses aventures sur Teur
Gene Wolfe a écrit un monument de la littérature avec sa saga Le
Livre du nouveau soleil. Que vous soyez fan ou méconnaissant,
vous apprécierez l’adaptation, rondement menée, du monde
sombre de Teur et sa saga dark-fantasy en jeu de rôle !

Fiche technique participatif, relayé par Neil Gaiman lui-

Éditeur • Les Éditions du Aux origines
Manoir Absolu Gene Wolfe est un auteur américain
Matériel • Livre de base des années 80 de romans de science-
Prix constaté • 17 € en pdf fiction. Le Livre du nouveau soleil, son
ou 77 € en papier œuvre la plus connue, qui lui a valu plu-
sieurs récompenses, penche plus vers
la Science Fantasy. Elle narre l’histoire
de Severian, un apprenti bourreau évo-
luant dans un univers décalé, dense, un
monde en fin de vie qui attend d’être
détruit par un soleil malade.
Dans un futur lointain, l’humanité a
conquis les étoiles. Poussée par une
technologie très avancée, elle a failli
devenir une nouvelle divinité. Mais elle
a échoué et a été mise au ban de la
transcendance, payant son orgueil au
prix fort. Enfermée sur Teur, sa planète
d’origine, notre bonne vieille Terre, elle
est sous la menace d’un soleil sur le
J’aime : point de mourir. Il ne reste que débris
+ Un monde passionnant de l’ancien empire humain, vestiges
entre post-apo et de vaisseaux spatiaux, de cités im-
dark-fantasy menses, de découvertes incroyables.
+ Un travail de compilation Les légendes racontent qu’un homme
excellent viendra plaider la cause de l’humanité
+ Une source d’inspiration et qu’un nouveau soleil, tel un nouvel
pour d’autres jeux
espoir pour l’humanité, naîtra.
+ Son scénario de découverte
Les Éditions du Manoir Absolu pro-
J’aime moins : posent de découvrir le monde de Teur
- Les règles simples mais pas et de vivre ses légendes. Après vingt
forcément faciles à suivre ans de développement du jeu et de
- Fiche de personnage un peu l’univers, Quentin Dumont, auteur
austère passionné, a lancé un financement
même ! Il publie un monument de 450
pages qui rassemble règles, descrip-
tions et informations sur tout ce qu’il
faut nous savoir pour jouer dans cet
univers.
Croyances et société
La Communauté, avec sa capitale
Nessus, correspond à l’Amérique du
Sud. Elle cherche à survivre tant bien
que mal et est constamment en guerre
avec les mystérieux impériaux Asciens,
centrée autour d’un objectif : l’ascen-
sion de l’Autarque. Plus qu’un simple
chef politique, l’Autarque est cet
homme qui, d’après les légendes, doit
plaider la cause de l’humanité auprès
des Dieux. C’est en tout cas ce que croit
la population de la Communauté.
Nessus est une société foisonnante.
De structure féodale, elle est centrée
autour de son monarque et de plu-
sieurs castes nobles. Les Exultes sont
les plus hauts placés et prennent les
décisions quotidiennes déléguées par
l’Autarque. Ils ont des droits exception-
nels pouvant aller jusqu’à pratiquer
des chasses avec du gibier humain. Les
Armigers sont la noblesse militaire et
s’occupent principalement de la guerre
contre les Asciens. Mais il y a aussi les
Optimates qui gèrent l’économie, les
Escudiers et les Anstrusions...
 Au milieu de tout cela, il y a la
caste commune, composée en
majorité d’humains, mais pas seu-
lement. Des hommes-mastiffs,
des malakars (hommes-rats) ou
lds pascht peuvent être croisés, et
joués ! Comme au Moyen-âge, la
population survit en faisant de l’ar-
tisanat en ville ou en travaillant la
terre. Les règles de vie sont dures,
les crimes punis avec dureté et la
justice expéditive. Mais c’est un
petit prix comparé à la protection
qu’offre la Communauté face aux
dangers extérieurs.
Même à l’intérieur de la nation,
les voyages sont compliqués et
les rencontres délicates. Dans ce
temps lointain, une zone de terrain
peut provenir d’un ancien vaisseau
spatial, comme d’un laboratoire
de recherches. Vous pourrez pas-
ser par d’immenses jardins aux
plantes vénéneuses, des marais de
pétrole nauséabonds, en passant
par des montagnes de verre escar-
pées. Ces paysages très différents,
vivants et parfois autant poétiques
que dangereux, vous mettront à
rude épreuve.
Ce monde hors norme est décalé,
mais pas parodique. Il peut être
joué comme un post-apocalyp-
tique sombre et dur, ou comme
une nouvelle aube à venir, beau-
coup plus héroïque. La poésie n’est
pas exempte de cet univers chargé
de sens et les personnages non
joueurs participent à cette sensa-
tion. Le MJ dispose d’une marge
d’écriture intéressante, une liberté
comme peu d’univers en donnent.
Un système dense
Le livre commence par la création
de personnage. Pour cela, le joueur
va devoir choisir des étapes de sa
vie. Ces « phases » correspondent
à la race du personnage, sa culture
et ses métiers. Pas moins de 80
choix possibles sont présentés
sous forme de tableaux attribuant
les bonus glanés tout au long de
sa vie.
Pour résoudre une action, le
joueur ajoute sa compétence à la
caractéristique correspondant à ce
qu’il veut faire. Il jette un d20. Si
vous faites sous la caractéristique,
vous avez réussi. Au-dessus, c’est
raté. De plus, si le résultat est im-
pair, c’est un échec/succès normal.
Si le résultat est pair, c’est un suc-
cès/échec spécial. Si le lancer ob-
tient la valeur exacte, cela propose
un événement exceptionnel. Le
joueur relance le dé : si réussi, c’est
un succès critique, sinon un échec
critique. La difficulté est un malus/
bonus supplémentaire au nombre
à atteindre décidé par le MJ.
Pour les combats, l’utilisation
d’une échelle de temps basée sur
le jet d’Initiative est très intéres-
sante. Ce jet va donner un pool
de points que vous allez dépenser
pour réaliser vos actions. En com-
mençant par les personnages les
plus rapides, vous allez enchaîner
les actions et réactions en fonction
de ces pools.
Même si l’ensemble n’est pas
très compliqué, il faudra quelques
parties au MJ et aux joueurs pour
s’accaparer le système. La quantité
de règles surprend au début, mais
elles sont simples et efficaces.
Au final
Légendes du Nouveau Soleil rem-
plit parfaitement son but, retrans-
crire avec fidélité et efficacité un
univers riche et original. Fidélité,
car sa densité vous fera retrou-
ver chaque passage des livres de
la saga. Original, car l’amalgame
de toutes les influences permet
d’utiliser des créatures et des dan-
gers très différents. Son scénario
vous plongera dans la noirceur de
Nessus. Ce JdR sera une vraie bible
tant pour l’amateur de la saga que
pour un MJ cherchant un univers
original et cohérent, ou de l’inspi-
ration pour pimenter ses histoires.
Nurthor le Paracas dilettante
CRITIQUES | 61
62 | CRITIQUES
L’ANNEAU UNIQUE
Le retour du Précieux
Cette nouvelle invitation au voyage en Terre du Milieu nous
rapproche de l’Ombre qui s’est réveillée à l’est. Pensiez-vous être
à l’abri derrière les monts Brumeux ? Courrez, pauvres fous !
L
Fiche technique a première édition de l’Anneau
Éditeur • EDGE Studio unique, vieille de dix ans, était
Matériel • Livre de 268 pages forte d’une douzaine de supplé-
en couleur à couverture ments. Elle plaçait l’action en 2946
rigide au format A4 du Troisième Âge, dans les Terres sau-
Prix constaté • 44,99 € vages du Rhovanion, à l’est des monts
Brumeux. Frodo et ses amis nains
venaient de terrasser le dragon, libé-
rant le mont Solitaire de son emprise
maléfique. Après de nombreux voyages
aventureux, le temps est venu pour
vos vénérables aventuriers de prendre
leur retraite. Vingt ans ont passé, la
relève doit être assurée. Cette nou-
velle génération de héros saura-t-elle
repousser les Ténèbres qui s’étendent
sur l’Eriador ?
Héros du Tiers Âge
La création de héros reprend celle de
la première édition. Le choix le plus
important porte toujours sur la culture
d’origine. L’action se déroulant cette
J’aime : fois en Eriador, les possibilités ont été
+ Jouer dans un Eriador relocalisées de ce côté des montagnes.
vraiment désespéré Les hobbits de la Comté sont bien sûr
+ Les incrémentations des inévitables, de même que les elfes
suppléments V1 du Lindon (pas de Noldo d’Imladris)
+ Les Choses sans Nom et les nains de Durin en exil (la Moria
est toujours fermée pour travaux). Du
J’aime moins : côté des humains, nous retrouvons les
- La création de personnage a Bardides (seule exception à venir de
perdu un peu de sa saveur
l’est, en touristes), les habitants de
- Un bestiaire plus étoffé mais Bree et les célèbres rôdeurs du nord.
encore classique
LIVRE DE BASE (VF)
Chaque peuple est présenté sur une
double page et contient quasiment
tous les paramètres de création d’un
personnage. Les informations sont
succinctes et ciblées, presque trop. On
peut regretter par exemple que seuls
des tableaux paramètrent les attributs
et les compétences, sans autre explica-
tion qu’un simple lancer d’1D6 ou une
liste figée, alors qu’auparavant ce choix
était accompagné de paragraphes de
contexte. Un personnage dispose de
trois attributs (Corps, Cœur et Esprit)
allant de 2 à 7. Six compétences com-
munes sont affiliées à chacun (plus
quatre de combat aussi rattachées au
Corps), allant de 1 à 6D6. Trois caracté-
ristiques, dérivées elles aussi des attri-
buts, fixent les maximums d’Endu-
rance (les points de vie), d’Espoir (pour
résister à la Mélancolie) et de Parade
(modificateur pour le frapper). Enfin, il
faut choisir quelques particularités, un
avantage et un nom typique.
Une fois la culture héroïque choisie, le
joueur se penche sur sa vocation, qui va
lui donner quelques points de compé-
tences et une particularité supplémen-
taires. Six sont disponibles, qui sont au-
tant de rôles dans la future Compagnie
des joueurs. Cette étape peut être réa-
lisée en groupe afin d’équilibrer leurs
futures aventures. Le Capitaine dirige
la Compagnie, le Champion la valorise,
le Chasseur de trésors la guide, l’Érudit
l’éclaire, le Messager la soutient et
le Protecteur la défend. Un même
rôle peut être représenté plusieurs
fois si les personnages sont plus
nombreux, mais chaque vocation
est importante pour survivre aux
voyages dans les Terres sauvages.
La dernière étape donne une di-
zaine de points d’expérience pour
augmenter encore un peu les com-
pétences. C’est aussi le moment
de préparer son équipement de
combat et d’aventure. L’attirail de
guerre est relativement restreint
et évite un catalogue interminable
d’armes et d’armures. Un héros
dispose même d’une récompense
de départ, souvent une arme per-
sonnalisée, et d’une vertu, qui
offre un dernier bonus. Ces deux
cadeaux ne sont pas gratuits, ils
découlent de leur Vaillance et de
leur Sagesse, deux caractéris-
tiques héroïques qui commencent
au niveau 1. Par la suite, en les
augmentant, il obtiendra d’autres
récompenses matérielles et des
vertus personnalisées.
La création de personnage est
terminée, le travail ne l’est pas
encore. Les joueurs doivent consti-
tuer leur Compagnie, dont la valeur
de Communauté est importante
pour se soigner et réaliser des
exploits. Elle leur donne aussi un
Garant, un personnage majeur
des middanġeard sur lequel ils
pourront toujours compter quand
tout semblera perdu. Parmi les
mentors, ils peuvent choisir Frodo,
Gandalf et un certain Tom accom-
pagné de sa Baie d’Or. Enfin, ils
choisissent un Refuge, un lieu où
ils seront toujours en sécurité. La
création de personnage est simple
et rapide, mais il était important
pour la suite de s’y attarder un peu.
Règles du Tiers Âge
Le système de jeu est simple et
utilise 1D12. Ce dernier est un peu
spécial car les faces 11 et 12 sont
remplacées par des symboles. Le
11 porte la rune de Gandalf et dé-
clenche une réussite critique. Le
12 est marqué du sceau de Sauron
et est synonyme d’échec, qui peut
être absolu en fonction des cir-
constances. Un test se fait donc
en lançant 1D12, qui s’accompagne
d’autant de D6 que la compétence
désignée. Là encore, le 6 est mar-
qué d’une rune ; le nombre de 6
obtenus lors d’un test permet de
qualifier comme extraordinaire la
réussite. Le système ne change
donc pas, râlerez-vous. La subti-
lité vient de la difficulté du test,
qui n’est plus déterminé en fonc-
tion des circonstances de l’action.
Elle est fixée par les attributs du
CRITIQUES | 63
64 | CRITIQUES
personnage, qui sont déduits d’une
valeur fixe de 20. La résolution
d’un test est donc intrinsèquement
liée à l’expertise de ce dernier. Et
comme les attributs ne progressent
quasiment pas avec l’expérience,
se sont bien les compétences qui
augmentent les chances de réus-
site. La modulation de la difficulté
par le Gardien des Légendes (le MJ)
se fait avec des D6 bonus/malus.
En fonction des circonstances, il
peut donner ou retirer des D6 avant
le test. Ajoutez à cela que le D12
peut être (dés)avantagé (deux dés
lancés, le meilleurs ou le pire gardé)
et vous obtenez un système intui-
tif et centré sur les joueurs.
Pour les combats, la mécanique
reste simple. Ils commencent sou-
vent par des volées de projectiles.
Si la distance le permet ou une si
embuscade est organisée, les deux
camps s’échangent des salves de
flèches avant de poursuivre au
corps à corps. Le positionnement
de chaque combattant influe sur
ses chances de toucher et d’être
touché, qu’il soit avancé (le plus
exposé), exposé (au centre de la
mêlée) ou défensif (un peu en re-
trait). Ceux restés en arrière conti-
nuent à arroser les adversaires de
projectiles. Les D6 bonus/malus
dépendent de ces placements,
ainsi que les manœuvres de com-
bat. Étonnamment, les armures
ne servent pas à limiter la perte
d’Endurance. Elles tentent d’éviter
les Blessures, qui peuvent s’avérer
fatales sinon.
Les règles de voyage sont un élé-
ment important du jeu. Très pré-
sent dans ses romans, le voyage
aventureux étaient une obsession
pour Tolkien. Pour ceux qui ont eu
le privilège de visiter l’exposition
sur ses travaux à la Bibliothèque
Nationale de France en 2020
(présentée dans le Casus N°32),
de nombreux croquis annotés
montrent à quel point il avait cal-
culé au mile près quelles distances
pouvaient parcourir quotidienne-
ment ses différentes compagnies.
Ce souci du détail est retrans-
crit en termes de règles. Deux
cartes de l’Eriador sont fournies :
la première, à destination des
joueurs, ne donne que les éléments
géographiques. Il suffit de préciser
leurs points de départ et d’arrivée
au MJ, qui va planifier le trajet. Sa
carte personnelle supporte des
éléments supplémentaires : un
quadrillage hexagonal qui repré-
sente un jour de voyage dans des
conditions normales et des zones
de couleur qui signalent les dan-
gers potentiels. Il dispose d’un
générateur d’obstacles et d’événe-
ments inattendus, comme souvent
dans ces allers-retours. Ces règles,
publiées dans un supplément de la
V1, ont toute leur place ici.
Dangers
du Tiers Âge
L’Eriador est tout ce qui reste de
l’ancien royaume d’Arnor, fondé
par les réfugiés numénoréens
lors de l’immersion de leur île au
Deuxième Âge. Nation jumelle du
Gondor, elle fut le siège d’une civi-
lisation éclairée des Edain en exil.
Puis le pays fut divisé entre le roi
et ses fils, qui fondèrent Cardolan,
Arthedain et Rhudor. Ces nations,
tiraillées par des guerres fratri-
cides, furent ravagées par le Roi-
sorcier d’Angmar, le seigneur des
Nazgûl. Le Troisième Âge approche
de son terme, l’Ombre se réveille
au Mordor. Les Terres de l’ouest
sont devenues inhospitalières. La
visite des régions et des centres
d’intérêts illustre à quel point l’op-
pression est palpable, même dans
les derniers bastions de civilisa-
tion de Fondcombe et des Havres
gris. Les hommes occupent encore
quelques cités, comme Bree et
Tharbard, mais leurs cultures se
délitent lentement. Le sentiment
de mélancolie monte, sans pour
autant désigner clairement l’ori-
gine du mal. Ce sentiment d’insé-
curité permanent donne tout l’at-
mosphère oppressante attendue.
L’environnement n’est pas le
seul danger que croisent les aven-
turiers. Les adversaires forment
un petit bestiaire classique de
l’œuvre de Tolkien : hommes mal-
faisants, morts-vivants, wargs,
orcs et trolls. Ils ne présentent
pas vraiment d’originalité pour les
habitués. Heureusement, l’Œil du
Mordor veille à leur compliquer la
tâche. Présent dans le supplément
consacré à Fondcombe dans la
V1, c’est une très bonne initiative
de l’intégrer dans le livre de base.
Il participe à l’asservissement
perpétuel des Ténèbres. Lorsque
la Compagnie des héros devien-
dra plus puissante, elle attirera
immanquablement l’attention de
l’esprit de Sauron. Il leur compli-
quera la tâche quand il lancera la
Chasse. S’ils sont repérés, ils de-
vront subir un épisode révélateur,
souvent une complication ou un
adversaire plus coriace, symboles
de l’étendue de l’Obscurité.
Pour repousser l’Ombre et ses
séides, les personnages peuvent
compter sur les Trésors qu’ils dé-
couvriront lors de leurs périples.
Plus que les récompenses de leur
Vaillance, nous parlons bien ici
d’objets merveilleux. C’est la forme
la plus palpable de la magie dans
le jeu. C’est aussi la seule à leur
disposition, n’est pas un Istar qui
veut. Les règles de fabrication,
elles aussi issues d’un supplément
de la V1, sont simples et respectent
l’esprit de la Terre du Milieu. Il est
conseillé au Gardien des Légendes
de les fabriquer sur mesure pour
les personnages et de les placer
sur leur route, comme un signe du
destin. Chacun est libre de suivre
ou non cette consigne, qui pour-
rait passer pour de l’optimisation
éhontée.
Aller-retour
au Tiers Âge
Il faut maintenant partir à l’aven-
ture, ce qui n’est jamais facile pour
un hobbit. Le MJ organise un lieu
où va se dérouler l’action, ainsi
que le voyage aventureux pour
s’y rendre. Traverser les Terres
frontalières, sauvages et téné-
breuses, est une aventure en soi.
Les joueurs indiquent leur trajet
sans connaître les dangers sur la
route, le MJ improvise (ou prépare
à l’avance) les obstacles à surmon-
ter. S’ils ont le malheur de traverser
un lieu périlleux, ils arriveront fati-
gués à destination.
Les choses sérieuses com-
mencent ensuite. Le MJ est là
encore conseillé pour créer un lieu
aventureux en Eriador, d’autant
que la description de la région
fourmille de nombreuses pistes et
d’idées de péripéties. Un exemple
valant mille explications, une his-
toire clé-en-main est présentée.
Une Étoile dans la brume expose
comment écrire un scénario qui
respecte tous les codes de la Terre
du Milieu.
Reste une interrogation que
beaucoup se posent : quand tout
le monde connaît la fin de l’his-
toire et les actions d’autres héros,
quelle place réserver aux PJ ? Il est
temps de vous parler des Choses
sans Nom, qui sont la grande origi-
nalité de cette édition. Morgoth et
Sauron n’ont pas le monopole des
Ténèbres. D’autres entités les ha-
bitent, comme Ungoliant, depuis
la Création. Ce chapitre vous guide
dans l’élaboration d’un grand mé-
chant non aligné. Les joueurs pour-
ront écrire leur propre glorieuse
destinée, sans pâtir d’une histoire
déjà écrite.
Cette nouvelle édition voit ses
règles simplifiées, complétées par
des ajouts de suppléments qui
sont indispensables. La maquette,
typique des ouvrages nordiques,
est allégée et magnifiée par des
illustrations et enluminures im-
mersives. L’ouvrage cache un indice
sur le premier supplément qui
attend dans l’Ombre ; saurez-vous
le retrouver, comme l’Anneau ?
Cette l’édition se rapproche le plus
de l’esprit de Tolkien, qui y aurait
sûrement joué !
Olivier Halnais
CRITIQUES | 65
66 | CRITIQUES

5E | LIVRES DE CONTEXTE ET DE SCENARIOS (VF)

IRON KINGDOMS :
REQUIEM
La fantasy qui sent bon l’huile de moteur
Vous voulez mettre de la technologie dans votre médiéval ? Vous
voulez incarner un Robin des bois avec une carabine à énergie
ou une Marianne en armure à vapeur ? Si vous avez un reste de
heavy-metal en vous, bienvenue dans les Royaumes d’acier.

Fiche technique
Éditeur • Studio Agate
Matériel et prix constatés •
Livre d’univers : livre de 268
pages couleurs à couverture
rigide, format A4 ; 44,90 €
Écran + carte d’Immoren +
Livret de scénario Un écho
dans les Ténèbres : 29,90 €
Campagne La Légende de
la Sorceflamme : livre de 88
pages couleurs à couverture
souple : 24,90 €
Decks de sorts, de
mékamagie et de PNJ
Sorceflamme : format cartes à
jouer : de 20 à 30 €
J’aime :
+ Un monde qui a évolué
+ La technologie
parfaitement intégrée dans
ce monde
+ Le retour de la
Sorceflamme
J’aime moins :
- La fiche de perso est fade
à côté d’une gamme très
ouvragée
- Mais que vont devenir ces
pauvres lanceurs de sorts
traditionnels ?
L
’Open Games Licence (OGL) 1.0
a vu l’émergence de nombreux
settings, campagnes et jeux
complets basés sur le fameux System
Reference Document de Dungeons &
Dragons (D&D). Celui des Royaumes
d’acier fut parmi les plus frappants
de sa génération. La publication sous
OGL de la V5 de D&D a bien entendu
entraîné une nouvelle édition de ce jeu
fantasy-steampunk. Voyons ce qu’a ce
scaracier flambant neuf sous le capot.
Un monde en
guerre perpétuelle
Les Royaumes d’acier se partagent
l’ouest du gigantesque continent de
l’Immoren occidentale du monde de
Caën. Ils tiennent ce nom autant par
leur avancée technologique que du
fait de leur perpétuel état de guerre.
Depuis que ce monde est monde, il n’y
a eu que peu de place pour la paix. La
faute (ou grâce) à l’inspiration origi-
nelle, qui nous vient tout droit des jeux
de figurines Hordes et Warmachine des
années 2000. Ces derniers continuent
d’ailleurs à se développer, ils sont des
sources toutes trouvées de figurines
pour vos parties. Depuis les origines,
donc, la guerre n’a cessé. D’abord entre
les peuples primitifs, puis contre la
menace des Orgoths qui balayèrent
la civilisation des Mille Cités. Ces
envahisseurs sonnèrent presque le glas
des peuples libres, jusqu’à la Rébellion
et les traités de Corvis. Ce fut l’ère des
Royaumes d’acier, qui prospérèrent
et s’affrontèrent sans se soucier du
lendemain. Mais la victoire contre les
Orgoths avait été acquise avec l’appa-
rition de la magie, et elle n’était pas
fortuite. Il y avait un prix inconnu des
masses populaires à payer et, quand il
fallut passer à la caisse, ce fut l’heure
de la Collecte (qui est l’élément pivot
entre les deux éditions, la seconde
commençant avec ce funeste événe-
ment). Sauf que les moissonneurs de
dettes étaient des êtres infernaux qui
avaient monnayé leurs savoirs contre
les âmes des mortels. Il fallut la coa-
lition de toutes les nations d’Immoren
pour finalement les vaincre et proté-
ger les mortels de cette moisson. Les
pertes furent considérables, le monde
libéré est brisé et ne pourrait faire face
à une nouvelle menace d’envergure.
Pourtant, les ennemis sont nombreux
à attendre leur tour.
Les Royaumes d’acier sont un monde
à feu et à sang depuis ses origines.
C’est d’ailleurs grâce à la guerre qu’il
est si technologiquement avancé.
Contrairement à d’autres jeu, qui
peuvent stagner dans une perpétuelle
fantasy, les progrès techniques sont
induits par les conflits permanents.
Les plus grandes inventions naissent
souvent pour nourrir les champs de batailles.
L’époque actuelle du jeu est en pleine révolution
industrielle. Comme la main d’œuvre vivante
manque, les machines deviennent incontour-
nables : toutes les nations y ont recours, du plus
éclairé Cygnar à la sinistre Cryx. La magie reste
puissante, mais elle doit cohabiter avec la tech-
nologie. Le pari est réussi, l’ambiance fantasy-
steampunk est à nouveau au rendez-vous. La
présentation des principales nations de l’Immo-
ren occidentale conforte cet encrage résolument
industriel. Le Cygnar et son éternel rival du Khador
sont les plus détaillés ; viennent ensuite le Llael,
l’Ord et le Protectorat, puis plus succinctement
les nations Rhul et Ios. Le Cryx est aussi briève-
ment dévoilé, et celui-ci fait toujours autant peur.
L’atlas des Royaumes est assez complet pour im-
merger vos joueurs dans ce monde meurtri par son
récent passé.

Le fer et le feu
Pour créer des PJ et jouer à Iron Kingdoms, vous
aurez besoin d’un livre de règles 5E (les souscrip-
teurs du projet se sont vu offrir les versions PDF
de Dragons). Vos joueurs peuvent créer des per-
sonnages classiques, mais feront-ils le poids avec
ceux des Royaumes ? Ne seront-il pas un peu
anachroniques ? C’est en tout cas possible, mais
quand ils découvriront les merveilles contenues
dans ce livre, en auront-ils seulement envie ? En
tout cas, dans ce joyeux monde en guerre, n’espé-
rez pas incarner des pacifistes.
Concernant les espèces jouables, les humains
des grandes nations partagent la vedette avec de
nombreux voisins. Les «classiques» nains rhufolk
et les «elfes» iosiens sont les plus proches des
races habituelles. Il faut vivre avec des gobbers
(vilains et tout vert), des nyss (cousins glacials
des iosiens), des ogruns (puissants et caracté-
riels) et des trollkins (encore plus grands et carac-
tériels !). De nouvelles classes très alléchantes
viennent s’ajouter aux grands classiques du SRD.
Toutes sentent la poudre, l’huile et la technologie.
L’alchimiste flirte avec la science, le mage-balisti-
cien booste des flingues avec la magie, le mékar-
tisan construit tout (et surtout les scaraciers), le
mékastratège contrôle les machines (encore les
scaraciers) et le pistolier fait feu de tout ce qui
tire. Rassurez vos puristes qui veulent malgré tout
jouer avec les vielles classes, des sous-classes

CRITIQUES | 67
68 | CRITIQUES
sont fournies afin de les mettre à
niveau technologiquement par-
lant. Pour les lanceurs de sorts tra-
ditionnels, il faudra aller se bros-
ser ; ici la magie rime avec techno.
Magie
et steampunk
Bon, n’allez pas croire qu’il y ait
un rejet de la magie convention-
nelle au profit de la technologie.
Pourtant, avec les historiques et
les compagnies d’aventuriers pro-
posées, c’est difficile de lui trouver
une vraie place. De plus, l’origine
des arts mystiques est étroitement
liée au don fait par un dieu à l’hu-
manité (au sens large). Surtout, le
prix à payer, la Récolte, passe mal
auprès de la populace. Les mages-
balistiens et les mékastratèges
sont les plus tolérés et disposent
d’aptitudes totalement en phase
avec les Royaumes d’acier. Ils pos-
sèdent leurs propres listes de sorts,
inédits pour certains. Cependant, il
vous faudra un grimoire classique
5E pour les autres. Les obstinés des
magies traditionnelles peuvent se
rassurer, certains de ces nouveaux
sortilèges steampunk leur sont
accessibles grâce à une annexe dé-
diée. Même la nécromancie, dans
une certaine mesure, est tolérée.
Un paquet de cartes de tous ces
nouveaux sorts est disponible en
option pour compléter ceux déjà
existants.
La magie n’est plus la seule
source de puissance. L’aspect
technologique des
Royaumes fournit
tout un arsenal mar-
tial et utilitaire à la
société. En premier
lieu, comme expliqué
plus haut, une longue
histoire guerrière a per-
mis à la science de mo-
derniser l’armement. Les
armes à feu sont fiables et
courantes. Comme chez nous,
elles sont passées par plusieurs
évolutions, du chargement par
la bouche à la culasse à
charge unique, les armuriers en
sont maintenant aux armes avec
chargeurs et barillets. Et c’est sans
parler des prouesses arcaniques
des mage-balistiens, qui allient les
deux forces. Côté force de frappe,
les armures à vapeur sont monnaie
courante et peuvent tenir tête à un
scarak d’assaut, presque aussi per-
formantes que les armures éner-
gétiques de mékastratège. Enfin,
la mékamagie permet de créer
des équipements et des créatures
artificielles prenant vie grâce à des
plaques runiques. Alchimistes et
mékartisans rivalisent d’ingénio-
sité, si ce n’est de concurrence face
à cette course à la technologie. Et
pour les savants les plus fous, un
chapitre entier est consacré aux
scaraciers, ces golems de vapeurs
terriblement puissants. Tous ces
apprentis mécanos pourront s’ap-
puyer sur un deck de cartes pour
construire leurs petits bijoux de
technologie.
Histoires à vapeur
Dans beaucoup de livres de règles
5E, les adversaires ne sont pas
fournis, il faut acquérir un bes-
tiaire à part. Ce n’est pas le cas
de Royaumes d’acier, qui fournit
un panel intéressant de créatures.
Humains dégénérés, criminels sans
foi ni loi, sectateurs infernaux,
contingents des forces armées
sont quelques-unes des nom-
breuses variantes d’une humanité
bien cruelle. Elles font pourtant
pâle figure à côté des terribles
scaraks d’assaut et autres joyeu-
setés mécaniques. Vous avez de
quoi en mettre sous la baïonnette
de vos joueurs, mais vous devrez
le faire avec vos propres histoires,
car comme bien souvent avec ce
type d’ouvrages, Iron Kingdoms
Requiem ne contient pas de
scénario.
 Sauf que le financement parti-
cipatif de cette nouvelle édition
d’Iron Kingdoms a pensé à tout et
incluait également deux supplé-
ments aventureux. Le premier est
un petit livret, livré avec l’écran du
MJ, qui contient une aventure pour
personnages plus ou moins débu-
tants (niveaux 1 à 4, idéalement
un groupe de niveau 3). L’Écho des
Ténèbres commence bien dans
un petit village côtier du Cygmar.
Personne ne se rappelle qu’une gé-
nération plus tôt, ce havre de paix
avait été décimé par une attaque
de l’empire insulaire cryxien. Sur
la place centrale trône la statue
votive d’une enfant du pays qui
devint une stratège émérite. Elle
tomba glorieusement au champ
d’honneur lors de la fatidique
bataille de Fort Henge, qui scella
l’amère victoire contre la Récolte.
Les personnages débarquent dans
cette bourgade, ignorants de son
illustre passé, qui va leur sau-
ter au heaume à la nuit tombée.
Cette première aventure, qui reste
simple dans son contenu, est par-
faitement intégrée dans la tragé-
die persistante des Royaumes : la
guerre, toujours la guerre.
Après cet amuse-bouche, place
à la pièce de choix. En parlant de
morts-vivants, c’est à une sacrée
résurrection que s’adonne le
second supplément, plus consé-
quent. La première édition fran-
çaise avait été jusqu’à traduire
la campagne officielle Witchfire
en trois petits volumes. Il y était
question d’une vengeance de sor-
cière, sur un ton adulte et très
sombre pour l’époque. Figurez-
vous que la belle ténébreuse nous
revient fraîche comme une fleur
d’Orgoth. Les textes ont été compi-
lés en un unique livre à couverture
souple, magnifique sépulcre pour
La Légende de la Sorceflamme.
L’intrigue a été modernisée et
replacée dans le contexte actuel que les jeunes loups du Cynar. Un
du jeu, même si elle tire ses ori- fait les mettra d’accord, ils auront
gines du passé. Chaque chapitre tous peur d’Alexia ! Le quatrième
reprend l’histoire d’un livret de chapitre pointe vers l’avenir et les
la V1, ouvrant le bal sur la cité de conséquences de cette aventure,
Corvis. C’est dans cette vaste cité vous ouvrant grand les portes de
que furent signés les traités qui, suites que vous pourrez écrire.
à la fin de la révolte contre les
Orgoths, définirent les frontières
Cette nouvelle édition d’Iron
des Royaumes d’acier actuels. Les
Kingdoms est la digne successeure
personnages sont engagés pour
(comme on dit au Québec) de cet
renforcer la sécurité lors du pro-
univers D&D de feu et de métal.
chain festival industriel dans une
L’ambiance est plus pesante,
cité de 250 000 âmes, en ne comp-
presque désespérée suite à la
tant que les vivantes bien sûr. Leur
Récolte. Le jeu en sort encore plus
première journée de travail sera
sombre, il est une savante alchimie
sûrement la moins fatigante.
de steampunk et d’horreur infer-
Cette nouvelle version a été réé-
nale. Les souscripteurs devraient
crite avec de nouveaux lieux et de
être livrés début 2023, la sortie
nouveaux protagonistes. L’intrigue
pour le grand public suivra rapide-
est plus complexe et joue le des-
ment. Un peu de patience, mes-
tin de plusieurs factions rivales,
sieurs-dames, il y aura de la poudre
toutes plus maléfiques les unes
et de l’huile pour tout le monde.
que les autres. Les vieux briscards
du Khador seront autant dépaysés Olivier Halnais
CRITIQUES | 69
70 | CRITIQUES
Fiche technique
Éditeur • Scriptarium
Matériel • Livre de 242 pages
à couverture souple
Prix constaté • 37 €
J’aime :
+ De l’univers et du scénario
+ Les ajouts à la version
française
+ Les figures en annexes
+ Le guide qui existe dans le
monde
J’aime moins :
- Manque un peu d’originalité
- Une approche old school
DÉFIS FANTASTIQUES| SUPPLÉMENT (VF)
LES TERRES D’ARION
Une contrée d’aventures
pour Défis Fantastiques
Un nouveau supplément de plus de deux cents pages
vient enrichir la gamme Défis Fantastiques et propose
d’explorer la cité d’Arion et ses alentours.
Est-ce le défi à relever pour vos héros ?
Visite Le premier scénario, orienté débu-
Le supplément, dont les textes et les il- tant, est une aventure assez classique
lustrations fleurent bon les premières an- et balisée, mais intrigante. Une petite
partie d’enquête, bien délimitée, agré-
nées du jeu de rôle, présente le royaume
mente sa conclusion. À l’inverse, le
d’Arion et en fait un tour d’horizon. Il est
complété par trois scénarios, exclusivité second, qui forme le cœur de la cam-
de la version française, qui forment une pagne, est beaucoup plus libre. Le
sympathique petite campagne. guide des terres d’Arion existant lui-
même dans l’univers, il sert de point de
Les Terres d’Arion est un épais ouvrage
départ aux péripéties des aventuriers.
de près de 250 pages, avec beaucoup de
Plus difficile à prendre en main, il fera
matériel pour toute la table. Le guide
cependant le bonheur d’une table plus
esquisse, avec affection, non seule-
expérimentée. Le dernier scénario n’est
ment la cité du roi, sa politique et ses
pas la conclusion de la campagne, mais
habitants, mais également d’autres
une sous-quête du précédent, qui peut
localités plus exotiques, telles que la
être jouée séparément et même glissée
forêt d’Yffen, également un ajout de la
dans n’importe quelle autre histoire où
VF. L’ensemble fourmille de myriades
l’on a besoin d’un sympathique don-
de petites idées de scénarios ou d’élé-
jon, protégeant un McGuffin à l’aide
ments pour enrichir le jeu et son décor.
des énigmes qui ont fait le charme de
Des scénarios la collection des Livres-dont-vous-êtes-
Mention particulière à la présentation le-héros dont la gamme est dérivée.
des trois scénarios, qui facilite leur prise
en main, mais en profite également pour
Alors ?
Si l’on peut regretter que la présenta-
indiquer quelles autres aventures de la
gamme peuvent y être incluses ou non,
tion et l’approche sont « à l’ancienne »
et que cette édition n’a pas saisi l’op-
voire y faire office de prélude. On y trouve
portunité de moderniser l’univers des
aussi d’intelligents conseils sur l’intégra-
Défis Fantastiques, il n’en reste pas
tion du groupe à la campagne. Point que
moins que ce supplément ravira les fans
les néophytes apprécieront beaucoup,
de la gamme. Et surtout, il leur donnera
chaque scénario est évalué par sa diffi-
de la matière, et pas qu’un peu, pour
culté. Autre excellente idée : le chapitre
continuer à explorer un monde riche,
des figures d’Arion qui référence tous les
cohérent et plein d’aventures.
PNJ notables du supplément, avec leur
description et leur biographie. Romain « Belaran » Pelisse

MYTHRAS | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
PERCEFOREST
Quelque chose en nous de Pendragon
Chrétien de Troyes n’est pas le seul à enflammer le cœur
de preux chevaliers pour de belles jouvencelles. L’esprit
chevaleresque frappe à nouveau à nos portes…
En garde, félon !
P
erceforest est une composi-
tion en prose anonyme du XIVe
siècle, une chronique de la future
Bretagne arthurienne. Entre braves en
armures et rusés enchanteurs, cette
ode de l’âge d’or de la noble féodalité a
inspiré Mythras pour donner naissance
aux Royaumes jumeaux.
Chevaleresque
de pied en cape
La création de personnages s’im-
prègne de romanesque. Trois cultures
sont disponibles : la noblesse, la ro-
ture et les animaux anthropomorphes
inspirés du merveilleux. Les profes-
sions correspondent aux canons de la
chevalerie courtoise. La création est
similaire à Mythras, avec les choix de
compétences et de passions. La magie
est l’apanage des enchanteurs et de
lignages de sorciers. Les voies ver-
tueuses sont suivies par les manants
comme par les nobles. Divisées en ac-
colades, elles représentent le meilleur
des hommes, que même les traîtres
respectent.
Plusieurs règles spécifiques per-
mettent de placer Mythras en mode
chevaleresque. La Réputation est
fort utile en joute comme à la chasse.
Théurgie et sorcellerie font balancer le
cœur de des lanceurs de sorts. Et mé-
fiez-vous des chevaliers qui ne quittent
jamais leurs heaumes, ces anonymes
sont les plus dangereux.
CRITIQUES | 71
Un monde d’honneur
et de devoirs
L’histoire de la Britannie est concise. L’île,
Fiche technique
bâtie par des géants disparus, fut coloni- Editeur • D100.fr
sée par les hommes venus du continent. Matériel • livre A4 N&B de
Elle fut partagée par un chef de guerre et 155 pages à couverture
ses trois neveux, qui prospérèrent. Mais souple
le mal ancestral, symbolisé par la Forêt, Prix constaté • 18 € en
reprit subrepticement sa place par l’entre- impression à la demande
mise d’un enchanteur félon. Le royaume sur Lulu, 16 € en PDF sur
fut sauvé par un roi charismatique, qui DriveThruRPG
installa ses plus fidèles lieutenants
comme régents des Royaumes Jumeaux,
qui se partagèrent l’île. Aujourd’hui,
Galifer a disparu et Perceforest a sombré
dans la mélancolie. La Souillure revient
contaminer les terres des hommes.
La mythologie créationniste est
simple, avec sept dieux qui protègent
les âmes. Les us et coutumes font de
la période un monde merveilleux et
honorable. Les vassaux sont nombreux
et impliquent autant d’idées d’intri-
gues. L’héraldique tient une place
importante, tout comme les fiefs. Les
joueurs peuvent d’ailleurs gérer leur
propre ville, petit territoire qui reste J’aime :
sous l’autorité d’un seigneur. Ce qui ne + La revisite de la geste
les empêche pas de partir affronter de arthurienne et du médiéval
nombreuses aventures périlleuses. chevaleresque
+ Le concept de la Forêt
Perceforest ne prétend pas rivaliser
comme grand méchant de
avec Pendragon. Pour autant, il réus-
l’histoire
sit le tour de force de faire de vous un
Chevalier vert ou un enchanteur de
renom dans une Britannie pleine de J’aime moins :
- Pas de scénarios, mais
merveilles et de dangers.
de nombreuses pistes
Olivier Halnais d’aventures
CRITIQUES | 71
72 | CRITIQUES

BOÎTE D’INITIATION (VF)

LES LÉGENDAIRES,
LE JEU D’AVENTURES
Le Gantelet de Lygamor
Dans ce monde où tous les habitants sont redevenus des
enfants, cinq héros défendent la justice et affrontent sans
relâche le terrible Darkhell – un sorcier aux sombres desseins. Ces
héros, ce sont les Légendaires : à vous de les incarner à présent !

Fiche technique
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel • Boîte contenant
trois livrets, 1 écran de jeu,
1 plan réversible, 5 fiches
de prétirés, 1 set de dés, 30
cartes et de nombreux pions
en carton
Prix constaté • 49,90 €
B
lack Book s’est fait une spécia-
lité d’adapter de grands succès
de la bande-dessinée en jeu de
rôle – mettant à profit son système-
maison des Chroniques oubliées pour
cela. Citons ainsi Monstres de Joann
Sfar ou les Terres d’Arran. C’est à pré-
sent les Légendaires qui a cet honneur
et, comme pour ses aînées, la gamme
bénéficie en premier lieu d’une boîte de
découverte bien remplie.
européen. Mais les qualités de l’œuvre
ne se limitent pas qu’à cette astuce. Au
fil des albums, le monde d’Alysia s’en-
richit considérablement et, si les his-
toires commencent légèrement, le ton
n’hésite jamais à verser dans le drame
voire la tragédie à mesure que la saga
s’achemine vers une fin épique. Une
bande-dessinée pour les enfants mais
à laquelle les adultes peuvent eux aussi
prendre plaisir, donc.

Un succès Boîte au trésor

de BD jeunesse
Œuvre de Patrick Sorbal, les
Légendaires raconte les aventures du
groupe éponyme, constitué de cinq hé-
ros ayant maintes fois sauvé le monde
d’Alysia. Particularité de cet univers :
tous ses habitants ont régressé physi-
quement au tendre âge de l’enfance au
cours d’un événement appelé l’Incident
Jovenia. Et comble du comble, ce sont
les Légendaires eux-mêmes qui en
sont considérés comme responsables !
J’aime : D’adulés jadis, les voici désormais
+ Les Légendaires conspués – même si cela n’entame pas
en jeu de rôle ! leur soif de justice.
+ Une grande richesse de
Véritable carton de Delcourt, les
matériel
Légendaires a trouvé la bonne formule
avec son monde peuplé d’individus aux
J’aime moins :
- Le jeu de rôle complet est traits enfantins – l’idéal pour l’identi-
fication de nos chères têtes blondes,
attendu pour prolonger le
avec un trait hybride entre manga et
plaisir
Comme à son habitude, Black Book
remplit la boîte d’un matériel abon-
dant et d’excellente qualité – notam-
ment un écran de jeu à la magnifique
fresque. Le verso du plan réversible
a la bonne idée d’être quadrillé mais
vierge de décor : idéal si les joueurs
souhaitent prolonger le plaisir avec
une aventure personnelle du meneur
de jeu. Pour le reste, les fiches des pré-
tirés (nuls autres que les Légendaires
en personne), les cartes de capacités
ou les nombreux pions offrent de quoi
jouer avec confort et plaisir. Seuls les
dés paraissent un peu fades au vu de
l’exubérance graphique du reste.
Penchons-nous sur les livrets. Le pre-
mier explique à quoi va servir tout le
matériel et plonge le futur meneur de
jeu dans le bain en lui proposant une
aventure solo au fil de laquelle toutes

les règles sont expliquées de façon
didactique, aux endroits opportuns. Le
système utilisé est celui des Chroniques
oubliées Mini, une version allégées par-
faite pour un public de débutant. Après
cette mise en bouche, le deuxième li-
vret enchaîne avec une première aven-
ture à vivre à plusieurs – selon la dis-
position classique « un meneur de jeu
/ jusqu’à cinq joueurs » – et mettant le
plan offert à profit. Enfin, le troisième
livret passe aux choses sérieuses avec
trois aventures supplémentaires aux
enjeux de plus en plus élevés. À terme,
les joueurs auront pu vivre une belle
saga digne de celles vécues par les
Légendaires dans la bande-dessinée !
Le début
de l’aventure !
Cette boîte de découverte est idéale
pour découvrir les Légendaires en
particulier mais aussi le jeu de rôle en
général. Entre le matériel abondant, les
règles simples et les aventures très di-
dactiques (dont une prévue pour jouer
en solo afin de se familiariser avec le
concept), il y a là de quoi s’initier de
belle façon.
La boîte de découverte des
Légendaires n’est pas appelée à rester
le seul ouvrage consacré à cet univers.
Ainsi, un jeu de rôle entier s’apprête
à sortir, explorant le background plus
en profondeur en une véritable ency-
clopédie d’Alysia basée sur tout le
travail mené par Patrick Sorbal depuis
bien des années. De plus, le système
de jeu permettra cette fois-ci de créer
ses propres héros au lieu d’incarner les
membres du fameux groupe. Et bien
entendu, de nombreux scénarios les
lanceront à l’aventure !
Romain d’Huissier
Chroniques oubliées Mini
Cette version simple permet
de résumer un personnage
en très peu de données : ses
points d’action (permettant
d’utiliser les capacités)
et ses points de vie, trois
caractéristiques (Adresse,
Esprit et Puissance), sa
défense et ses dégâts.
Un éventail de capacités
– résumées sur des cartes –
permettent de personnaliser
chaque héros : leadership,
magie, arme spéciale, savoir
particulier, etc.
Les règles utilisent un D20
(dont le résultat s’additionne
à l’une des caractéristiques
pour dépasser une difficulté)
afin de réaliser les actions
incertaines. Les autres
dés servent dans d’autres
circonstances, comme infliger
des dégâts. En combat, la
difficulté du jet pour toucher
un adversaire est déterminée
par sa défense. Enfin, la
progression se mesure en
niveaux au fur et à mesure
desquels la puissance
des héros augmente avec
l’expérience, améliorant
leurs caractéristiques et leur
donnant accès à de nouvelles
capacités.
CRITIQUES | 73
74 | CRITIQUES

TORG ETERNITY | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE,

CAMPAGNE ET SCÉNARIOS (VF)

L’EMPIRE DU NIL
Indiana Jones face au Joker
Après le cosm de la Terre vivante, c’est à l’Empire du Nil et son
univers « pulp » à souhait d’être sous le feu des projecteurs.

Fiche technique
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel • Trois livres
couverture rigide en couleur,
un de 176 et deux de 112
pages, plus un écran et
16 fiches d’archétypes en
couleur
Prix constaté •
Respectivement 34,90 €,
32,90 €, 29,90 € et 24,90 €
J’aime :
+ Un univers riche, plein de
matériel prêt à jouer
+ Conseils pour mener
« dans le ton »
+ Les Amazones de Hespéra !
J’aime moins :
- Beaucoup d’aventures, mais
peu de mystère ou d’intrigue
à décortiquer.
- Peu de place laissée à
l’initiative des Chevaliers des
Tempêtes
C
e cosm a un mérite : il est aisé à
décrire, car son univers est vo-
lontairement stéréotypé ! Dans
l’Empire du Nil, on vit des aventures
« pulp », à deux cents à l’heure, en
zigzaguant dans le désert, entre les
pyramides, pour échapper aux vilains
qui servent le Docteur Möbius et vous
poursuivent depuis le Caire, le tout
dans une ambiance années 1930. Voilà,
tout est dit ou presque.
L’Empire du Nil
Si l’univers « pulp » décrit par le sup-
plément est donc pétri des clichés du
genre, le mélange avec une Égypte
antique fantasmée, une touche de su-
per-héros à l’ancienne, auquel s’ajoute
la pâte spécifique de TORG, aboutit
à une proposition à la fois familière
et originale. Ainsi, les Chevaliers des
Tempêtes n’auront pas la sensation
d’utiliser les règles de TORG à la seule
fin de rejouer les scènes mythiques des
films d’Indiana Jones. L’Empire du Nil,
et son ton, presque décalé, ont entiè-
rement leur place au sein des autres
réalités du jeu.
Le supplément, dédié au domaine
du Docteur Möbius, offre un inventaire
exhaustif de son histoire, de ses enjeux
actuels, et fournit aussi de nombreux
conseils de conception de scénario et
de maîtrise de la partie afin d’aider la
table à réellement jouer avec le ton
et le côté presque parodique de cet
univers « pulp ». Mention particulière
à l’exemple détaillé, extrait du film
Indiana Jones, qui présente, de manière
simple et didactique, comment respec-
ter et utiliser les règles du genre pour
enrichir ses tribulations de péripéties
tout en restant dans l’ambiance. À ceci
se joignent bien sûr de multiples et
variées pistes d’aventure, ainsi que des
explications sur les secrets et les intri-
gues de l’univers.
Bonus de la commande participative,
le petit ouvrage Les Secrets du Nil, gref-
fé à la fin du supplément de contexte,
ne fait qu’ajouter du beurre dans les
haricots (ou des pois chiches dans le
foul, pour faire couleur locale).
Missions de Delphes :
Empire du Nil
Le recueil d’aventures supplémen-
taires complète à la perfection la lec-
ture de cet ouvrage de contexte avec
ses nombreux scénarios qui parcourent
la plupart des thématiques et des intri-
gues typiques du cosm. C’est grâce à
eux que l’on peut vraiment apprécier
la richesse et les possibilités de jeu of-
fertes par cet univers aussi improbable
qu’excitant. Autre qualité du recueil,
l’exploration des zones mixtes, aspect
très intéressant du cadre de TORG, qui
est cependant difficile à exploiter sans
une description exhaustive d’au moins
un des cosm impliqués.
Les Feux de Râ
La campagne, présentée comme un
scénario en sept actes, remplit totale-
ment le cahier des charges : exploiter
et montrer toutes les possibilités de
l’Empire du Nil. Sous la forme d’une
mini campagne, ou en guise d’ossa-
ture d’une plus grande histoire, ces
sept actes constituent un irrésistible
appel à l’aventure. Elle démarre sur la
Prime Terre, à Venise, va promener les
Chevaliers des Tempêtes le long du Nil
et donne même l’opportunité de ren-
contrer les mystérieuses amazones de
Hespéra ! Sa conclusion est épique. Elle
place ses participants au premier rang
d’un événement majeur de la Guerre
des Réalités et leur confie le rôle de
dernier rempart face au plan machiavé-
lique du Docteur Möbius. Seuls le pop-
corn et le public qui retient son souffle
ne sont pas fournis.
Le paravent
du pharaon
Cerise sur le gâteau, L’Empire du Nil
vient, comme son prédécesseur La
Terre vivante, avec son propre écran,
histoire de mettre la table tout de
suite dans l’ambiance de ce nouveau
cosm. Il contient également plusieurs
personnages prêts-à-jouer, représen-
tants différents archétypes typiques
du domaine du pharaon Moebius. C’est
un ajout fort appréciable, car il permet
à la table de se lancer directement dans
la partie, sans phase préliminaire, sou-
vent chronophage, de création de per-
sonnages. En outre, ceux-ci illustrent
bien l’éventail des possibilités de ce
cosm à la table, leur donnant un avant-
goût de celui-ci avant de se jeter dans
les mers de sable.
En VTT dans le désert
Tout n’est pas soleil La gamme TORG n’oublie pas
L’Empire du Nil souffre du même les tables en distanciel. Un
défaut (ou choix de conception) que excellent module Foundry
son prédécesseur, La Terre Vivante. Les est disponible, fournissant
aventures regorgent de décors gran- l’ensemble des éléments de
dioses et de séquences épiques, mais, jeux et les règles.
sans être entièrement scriptées, elles
ne laissent que peu de place aux initia-
tives des Chevaliers des Tempêtes. On
est bien loin du « jouer pour voir ce qui
va se passer » revendiqué avec fermeté
par des jeux de rôle plus modernes.
Cela dit, la mise en scène et les périls
sont tellement palpitants que la table
n’aura probablement pas le temps de
le remarquer, trop occupée à échapper
aux griffes du vil pharaon Möbius et de
ses séides !
Conclusion
Entre la campagne Les Feux de Râ,
les scénarios de Missions de Delphes :
L’Empire du Nil, et la description du
cadre dans l’ouvrage éponyme, L’Empire
du Nil donne de quoi jouer pendant
longtemps, et offre tout ce qu’il faut
pour s’approprier son ambiance et son
univers. Ainsi, si les scénarios ou même
la campagne ne conviennent pas tels
quels à la table, il est tout à fait pos-
sible de les modifier, les enrichir et
les développer à sa sauce. En outre, le
matériel traite largement toutes les va-
riations et les thèmes du cosm, depuis
les super-vilains grandiloquents aux
bas-fonds criminels du Caire, à l’élite
de l’Empire du docteur Möbius et son
cinéma en pleine ébullition, en passant
par les incontournables explorations
de pyramides du désert égyptien et
autres temples perdus dans la jungle
du Congo. Bref, dans l’Empire du Nil, on
ne s’embête pas !
Romain « Belaran » Pelisse
CRITIQUES | 75
76 | CRITIQUES

MUTANTS & MASTERMINDS | SUPPLÉMENT DE RÈGLES (VF)

PROFILS DE POUVOIRS
De face, ils fonctionnent aussi
Le suivi de Mutants & Masterminds (MnM) s’annonce aussi bien
rodé que le MCU. L’un des défauts de MnM est la complexité de
la création des pouvoirs. Pouvait-on en rester là ?

C
Fiche technique réer un pouvoir de toutes pièces
Éditeur • Black Book Éditions est chronophage et demande une
Matériel • Livre de 224 pages bonne maîtrise du système de
couleurs à couverture rigide jeu. Suppliés par les fans, les Hommes
au format US Letter en Noir (qui ne sont toujours pas mas-
Prix constaté • 44,90 € qués) ont eu l’ingéniosité de program-
mer en priorité un supplément indis-
pensable de la gamme, celui dédié aux
pouvoirs. Allez, on refait le plein de
Super.
De l’alpha à l’oméga
L’ouvrage est presque aussi imposant
que celui des règles. Après recense-
ment par la Star Knight, trente-neuf
catégories de pouvoirs sont officielle-
ment répertoriées. Les égrainer n’au-
rait pas d’utilité. Après contre-analyse
de l’AEGIS, la liste est conforme et ex-
haustive. La prospective a été intense
pour ne pas en oublier. Vous avez en
main tous les types de pouvoirs imagi-
nables. Attardons-nous sur un chapitre
pour voir ce qu’il propose.
Il débute par des « descripteurs », qui
précisent les différentes facettes d’un
type de pouvoir. Certains sont faciles à
cerner, vous serez étonnés de consta-
J’aime : ter certaines associations. Une sec-
+ Tous les champs des
tion explique comment ils servent de
possibles
contre-mesures. Plusieurs capacités
+ Une sacrée boîte à outils
particulières sont proposées, elles cor-
respondent à des utilisations pratiques
J’aime moins :
- Les rouages restent assez au quotidien. Puis on rentre dans le dur
techniques avec des listes de pouvoirs offensifs,
défensifs, de mouvement et utilitaires.
Présentés simplement, il suffit d’ache-
ter le rang souhaité avec des points de
pouvoirs. Des liens sont proposés avec
des chapitres de pouvoirs compatibles.
Enfin, un certain nombre de complica-
tions conclut la section.
De l’huile dans la machine
Pour casser un peu l’effet catalogue,
des chapitres de rouages s’intercalent
régulièrement. Ils donnent des indica-
tions pour paramétrer certaines créa-
tions, les amplifier ou vous aider à ima-
giner des complications cohérentes.
Des conseils sont fournis pour cadrer
les débordements et vous indiquer
quels pouvoirs peuvent devenir problé-
matiques en cours de partie.
Profils de pouvoirs simplifie grande-
ment la tâche des joueurs et du MJ, en
fournissant des centaines de pouvoirs
clé en main. Il permet aussi de gérer
les éventails (capacités alternatives de
certains pouvoirs). L’exercice, encore un
peu technique, donne la souplesse de
création qui manquait au livre de base.
Olivier Halnais

PATHFINDER | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
LÉGENDES DES
PRÉDICTIONS PERDUES
Le gratin de Golarion
Vous êtes perdu dans le vaste monde de Golarion et ne savez
pas auprès de qui réseauter pour accéder aux pouvoirs tant
convoités ? Suivez le guide et tentez de rester en vie.
P
robablement l’un des univers les
plus prolifiques de ces dix der-
nières années, Golarion s’étend
au-travers de centaines de supplé-
ments de contexte, de campagnes
et de romans pas toujours traduits.
Autant dire que bénéficier d’une vue
d’ensemble est un véritable défi que
Légendes des prédictions perdues se
propose de faciliter.
Stars of Golarion
Le supplément dresse le profil d’une
quarantaine de personnalités impor-
tantes de Golarion, tenant pour la plu-
part un rôle politique majeur. Chacune
d’entre elles bénéficie de deux pages
minimum abordant histoire, motiva-
tions et projets, complétées par des
récompenses rares, voir uniques (dons,
objets, sorts…) pouvant être accordées
aux personnages joueurs choisissant
de s’y allier. Fait notable, l’ouvrage est
dénué de profils statistiques, préférant
se concentrer sur le background parti-
culièrement fouillé des personnages.
Issus des quatre coins du monde de
Golarion, les différents personnages
présentés permettent de compléter
le portrait géographique dressé par le
Guide du monde des prédictions per-
dues et d’aborder un grand nombre de
thématiques diverses. Véritable rareté
dans ce type de supplément « com-
posite », Paizo a eu la bonne idée de
CRITIQUES | 77
faciliter la création de campagnes Fiche technique
transversales grâce aux « destins liés » : Éditeur • Black Book Éditions
six accroches, complétées par un dia- Matériel • Livre à couverture
gramme, permettant de relier 4 à 15 rigide de 128 pages en
des PNJ décrits dans l’ouvrage au sein couleurs, format US Letter
Prix constaté • 36,90 €
d’une même campagne.
Destins liés
L’univers de Golarion évoluant en
parallèle du monde réel, le background
de ces figures connues a été mis à jour
pour refléter l’évolution de la chrono-
logie, campagnes passées incluses.
Autant dire que si vous prévoyez de
jouer une campagne de la première
édition, les risques de « divulgâchage »
sont grands. C’est néanmoins le prix
à payer pour permettre de renouveler
les enjeux, et de proposer aux meneurs
des billes pour approfondir les consé-
quences des précédentes aventures
jouées à leurs tables.
Du fait de sa structure, l’ouvrage s’ap-
puie également sur un nombre élevé de J’aime :
références à son univers (PNJ, lieux, + Des efforts d’accessibilité
événements, concepts…) pouvant + Les destins liés
noyer les nouveaux venus. Conscient + Un bon compagnon aux
de ce problème, Paizo a ajouté un glos- suppléments précédents
saire / index (partiel) concluant l’ou-
J’aime moins :
vrage, d’abondantes notes de marge
- Trop largement dominé par
et de nombreux renvois internes ou ex-
les personnalités politiques
ternes (notamment au Guide du monde
- De gros risques de spoilers
des prédictions perdues).
si l’on joue une campagne
Timothée Aubry PF1
CRITIQUES | 77
78 | CRITIQUES

SAVAGE WORLDS ADVENTURE EDITION (SWADE) |

LIVRES DE RÈGLES ET DE SCÉNARIOS (VF)

DEADLANDS,
L’OUEST ÉTRANGE
Hasta la vista, compadre
« Dis-donc pied-tendre, ça ferait pas 25 printemps que tu
traînes tes guêtres dans la poussière de l’Ouest étrange ? C’est
mon canasson qui le dit, et y ment jamais, t’en doutes ! Tu t’es
refait une jeunesse, y parait, t’es aussi frais qu’une Daisy. Faut
qu’on cause deux minutes sur ton nouveau look, tu r’ssembles
presque à un dur à cuire. »

Fiche technique
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel et prix constatés •
Livre de base : format mook
de 206 pages couleurs à
couverture rigide - 34,90 €
Compagnon : format mook
de 112 pages couleurs à
couverture rigide - 24,90 €
Écran : paravent 3 volets
paysage + livret format
mook de 32 pages couleurs
- 24,90 €
Campagne Horreur à
Headstone Hill : format mook
de 136 pages couleurs à
couverture rigide - 34,90 €
Guide du joueur de la
campagne : livret format
mook de 8 pages couleurs
- 4,90 €
J’aime :
+ L’avancée de la chronologie
+ Les ajouts du Compagnon
+ La campagne bac-à-sable
J’aime moins :
- Deadlands est devenu un
supplément SWADE
- La clarté des informations
pâtit parfois des textes
argotiques
M
erci Mr Bill pour cette entrée
en matière, notre reporter de
l’Epitaph va prendre le relais.
Deadlands (DL), dont les aventures se
déroulent dans un far-west alternatif,
a connu plusieurs éditions, de nom-
breuses itérations (au D20) parfois
exotiques (à la sauce Werewolf) et des
spin-offs infernaux (de l’apocalypse
de Hell on Earth à l’espace de Lost
colony). Il se pourrait même que les
règles de Savage Worlds aient connu
leurs premiers pas avec Deadlands.
Après celle de Multisim et la Reloaded
des Hommes en Noir, ces derniers réci-
divent en VF avec une mise à niveau
des règles de SWADE. Allez, en route
pour l’Ouest Sauvage.
Du nouveau
à l’ouest
Cette nouvelle édition nous revient
au format mook. Au passage, ce for-
mat réduit est très pratique pour lire
sur tablette. Contrairement aux livres
classiques, plus grands et qui néces-
sitent des zooms pour être lus, le mook
s’adapte parfaitement à une lecture sur
écran 10 pouces. La gamme DL reprend
le formalisme de East Texas University
(ETU, présenté dans le Casus #41) : un
livre de règles et de contexte (cette fois
accompagné d’un Compagnon, que
nous effeuillerons plus loin) et une
campagne « bac-à-sable ». Ce n’est
d’ailleurs pas le seul point commun
avec cette gamme. En effet, Deadlands
n’est plus un jeu à part entière. Il est
devenu un univers de SWADE, sans en
détenir toutes les règles. Il vous faudra
absolument posséder le livre de base
pour créer les personnages des joueurs
et avoir toutes les clés du système.
Après deux décennies d’indépendance,
DL a dû se résoudre à intégrer l’union
SWADE. Rassurez-vous, le livre de
l’Ouest étrange dispose de toutes les
ressources pour entrer dans la danse
cheyenne.
Des archétypes clé en main ne sont
pas proposés, même si vous pouvez
utiliser les pré-tirés fournis en fin d’ou-
vrage pour guider vos joueurs. Les prin-
cipaux concepts du western, rehaussés
d’Étrange, sont présentés, des classiques
chasseurs de primes et braves guerriers
indiens aux plus exotiques hucksters et
savants-fous. La création de personnage
est rapide, avec les choix de handicaps
et d’atouts, et de distributions de points
pour augmenter les niveaux de dés des
attributs et compétences. Pour rap-
pel, le système de jeu de SWADE est
simple. Il utilise presque tous les
dés polyédriques (seul le D20 reste
au placard). Chaque attribut et com-
pétence dispose d’un niveau de dé à
lancer, il suffit de faire 4 ou plus pour
réussir. Les jokers (héros et despera-
dos) lancent toujours 1D6 bonus.
L’une des originalités de DL est
l’horreur steampunk qui se super-
pose avec l’ambiance western. Les
joueurs peuvent être partie pre-
nante dans ce climat surnaturel.
Ils ont accès à toutes les facettes
occultes du jeu : chamans natifs,
hommes de foi, adeptes des arts
martiaux, scientifiques manipulant
la roche fantôme… sans oublier
les sinistres hucksters, des magi-
ciens utilisant des jeux de cartes à
jouer pour pactiser avec le diable.
Ils peuvent même incarner des
déterrés, des zombies ayant gardé
leur âme damnée. Les agents de
Pinkerton et les Rangers auront fort
à faire pour rivaliser de prouesses
autour de la table. Tout se règle
à coups d’atouts, de pouvoirs et
d’équipements customisés pour
s’éclater dans l’Ouest sauvage.
Les mystères
de l’ouest
Une fois vos gringos et ladys
parés, il est temps de découvrir le
Weird West. Officiellement, tout
allait bien jusqu’en 1863. Le monde
de DL et le nôtre suivaient la même
temporalité… quoique ! À partir de
cette date en tout cas, le nouveau
monde a commencé à partir en
vrille, quand certains esprits ont
été libérés du monde des esprits.
Tout s’est rapidement enchaîné :
la guerre de Sécession s’est enlisée
dans une macabre tuerie de masse,
un terrible séisme a ravagé la Côte
ouest pour former une gigantesque
Labyrinthe, qui fut ensuite inondé
par un déluge cataclysmique. Au
passage, la roche fantôme fut
découverte dans le Labyrinthe ; ce
charbon veiné de matière énergé-
tique a transfiguré la technologie.
Celle de l’armement en a bien sûr
profité pour accentuer encore l’hor-
reur de la guerre civile. Cela était
déjà connu dans les éditions pré-
cédentes, celle-ci avance de 10 ans
dans l’histoire. En 1884, nouvelle
époque de jeu, la guerre fratricide
s’est enfin terminée, avec la capi-
tulation des confédérés. Pour au-
tant, l’Union n’a pu réunir tous les
territoires d’Amérique du Nord. Des
nations indiennes ont vu le jour, des
états indépendants émaillent les
plaines de l’ouest. Et surtout, cette
édition prend en compte les quatre
campagnes de la précédente, qui
avaient chacune pour thème l’un
des Serviteurs des Juges.
Holà mon ami, cela fait beau-
coup de changements et de mys-
tères d’un coup. Comme des pied-
tendres doivent forcément traîner
leurs culottes courtes par ici, inu-
tile de les effrayer pour un rien.
Le tour operator est bien organisé,
grâce aux compagnies ferroviaires
qui sillonnent l’Ouest sauvage,
profitant de l’occasion pour se faire
une guerre économique sans mer-
ci. La visite touristique se double
d’une leçon d’histoire, vous don-
nant toutes les informations dont
vous aurez besoin pour faire vivre
le continent américain en plein es-
sor. La gouaille narrative donne un
cachet supplémentaire, à se croire
dans un saloon à discuter avec un
vieux garçon de vaches fatigué. Cet
argot omniprésent, s’il reste tem-
péré, a parfois tendance à sur-jouer
le style, quitte à en perdre un peu
en clarté. L’ancêtre est parfois un
peu bavard pour ne pas dire grand-
chose. Reste que les informations
fournies sont très complètes.
L’ouest
en coupe réglée
Bon, assez parlé des visages
pâles, le Marshal a aussi son
mot à dire. C’est le titre du MJ à
Deadlands, logique puisqu’il est la
garant des lois à la table. Le livre de
base lui donne les règles d’univers
spécifiques au far ouest. Il pourra
organiser duels et pendaisons en
CRITIQUES | 79
80 | CRITIQUES
toute tranquillité. Les secrets du
jeu lui sont aussi donnés, enfin ceux
qui sont connus depuis 25 ans. On
verra plus tard si d’autres sont en
prévision. Tout savoir, notamment
qui et où sont les grands méchants,
est très pratique pour organiser ses
propres campagnes. Avec le géné-
reux générateur d’aventures fourni,
vous avez une vue panoramique
du jeu. Ajoutez à cela un bestiaire
très étoffé, et vous avez les ingré-
dients pour préparer des scénarios
pimentés à souhait. Notez que les
vermines et autres bestioles pré-
sentées ne feraient pas tache dans
un cirque de monstres. Elles ont
toutes une bonne raison de pour-
rir la vie de vos pistoleros. Et les
crotales de feu sont toujours aussi
gros et dangereux, parole.
Il ne manque que des aventures
prêtes à jouer dans le livre de base,
absence qui se rattrape avec le
livret fourni (une sale histoire de
duels à répétition) avec l’écran et
les deux suppléments de la gamme.
En parlant de l’écran justement,
la fresque côté joueurs est très
réussie. Un gang de personnages
s’avance sous un soleil macabre à
travers une plaine désertique. Du
côté du Marshal, toutes les règles
spécifiques à Deadlands sont ex-
posées. Reste qu’il est au format
court sur pattes et qu’il ne cache
guère plus de secrets que le décol-
leté d’une belle de nuit.
Le Sancho Panza
de l’ouest
Ce supplément au livre de base
est indispensable tant il lui ap-
porte précisions et nouveautés.
Comme tout ne rentrait pas dans
la diligence, il vous en met plein les
sacoches. Pour un sidekick, il fait
très bien le travail. Il fournit de nou-
veaux concepts surnaturels très in-
téressants. L’adepte du vaudou est,
sans surprise, une variante du ma-
gicien avec un soupçon de croyant.
La foi vaudou est légèrement
esquissée et permet de jouer au
gentil (rada) ou au méchant (petro)
Cheval. Non, vous ne vous trans-
formerez pas en canasson, c’est
ainsi que l’on nomme la possession
d’une mambo ou d’un houngan par
un loa. On se croirait presque dans
Capitaine Vaudou. Vient ensuite le
mage du métal, là encore à la croi-
sée des chemins, du magicien et du
savant fou cette fois. Ce bricoleur
mystique fait des miracles de ma-
gie combinatoire avec les machines
tournant à la roche fantôme. Cette
activité, ne le cachons pas, n’est
pas sans danger. Vient enfin la sor-
cière, descendante de la maudite
famille Whateley (vous voyez le clin
d’œil ?) ou diplômée d’école pour
jeunes filles de Mina (pas Harker,
faut arrêter avec les clins d’œil).
Elle est adepte de la magie noire,
qui l’aurait conduite au bûcher il
n’y a pas si longtemps… Que vou-
lez-vous, les bonnes manières se
perdent !
Le Compagnon revient sur
d’autres acteurs de l’Ouest
étrange : les US Marshals et les
déterrés. Il s’attarde aussi sur les
manitous et les Terres de chasse.
Cette section du supplément
est très instructive sur ce que se
passe sur le plan spirituel du jeu.
On a tendance à se focaliser sur le
monde physique, mais le Marshal
le sait bien, tout a commencé là-
haut et finira par se déverser ici-
bas. Quand la Terre deviendra un
Deadland, il faudra passer au jeu
suivant. En parlant du mal jus-
tement, un important chapitre
s’attarde sur le Jugement et les
événements qui se sont déroulés
dans la précédente édition. Cette
dernière s’était vue gratifiée de
quatre campagnes bac-à-sable qui
avaient profondément bouleversé
l’histoire de Deadlands. Pour ceux
qui ont raté les épisodes précé-
dents, ils peuvent se rattraper avec
des résumés très complets de ce
quatuor d’enfer.
L’ouvrage se conclut par une gale-
rie de célébrités et de racailles tout
autant connues et de nouveaux
archétypes. Surtout, il nous grati-
fie d’un long scénario « à bouffer
du canasson »… Un scandale !
Il était une fois
dans l’Ouest
sauvage
Le dernier supplément nous
plonge dans une cavalcade d’aven-
tures. Comme pour ETU, il est com-
posé de trois parties distinctes.
La première présente le comté de
Uinta et la ville de Heaston Hill,
lieux de prédilection de toutes ces
chevauchées. Le traitement de
l’environnement est plus poussé
que pour Pinebox, ce qui donne
envie aux personnages de s’y ins-
taller pour quelque temps.
Puis vient la campagne en elle-
même. Comme le guide du joueur,
charmant petit fascicule à fournir
aux joueurs avant de commen-
cer à jouer, déflore le sujet, nous
pouvons vous dévoiler un peu
l’intrigue. Pour faire simple, un
agent Pinkerton envoyé sur place
pour une mission secrète a disparu
depuis un bon mois. La Légion du
Crépuscule (un chouette outil de
cohésion, dont nous vous avons
jusqu’à présent dissimulé l’exis-
tence par pudeur), organe secret
de la Société des Explorateurs à
laquelle appartient la clique des
joueurs, les envoie sur place pour
enquêter. Pour en savoir plus, vous
devrez vous coltiner les trois actes
pied-tendre. Faut pas pousser Ma
Dalton dans les cactus. Mais ça va
piquer vos pistoleros, y a de la cas-
tagne dans l’air.
Pour pimenter l’histoire et ne
pas la faire jouer d’une traite,
vous disposez d’une vingtaine de
Savage Tales. Ce format éprouvé
de SWADE propose des scénarios
et idées d’aventures, qui vont de
la simple ébauche de rencontre à la
trame presque rédigée. Elles sont
à la discrétion du Marshal qui peut
piocher allégrement dedans, pour
allonger la sauce de la campagne
ou organiser une chevauchée au
débotté. Vous en avez pour tous
les goûts et toutes les tables,
comme dans le wagon-bar de l’Iron
Dragon. Si vous en voulez toujours
plus, velléité pathologique de tout
bon MJ, un bestiaire pourra titil-
ler votre imagination. Attention
quand même de ne pas en abu-
ser, il contient les méchants de la
campagne !
Pour conclure, redonnons la pa-
role à Mr Bill, qui s’impatiente à la
table d’à côté. « Pour une bondieu-
serie de fête d’anniversaire, c’est
une sacrée sauterie. Écoutez-pas
les gros mots du révérend et ses
allusions salaces à je n’sais quel ju-
bilé, j’le connais pas ce desperado.
Moi j’dis comme mon canasson, ça
fait plaisir de r’mettre les éperons
direction l’ouest et sa saleté de
Jugement Dernier. En attendant la
suite des réjouissances, j’retourne
au chaud dans l’saloon en compa-
gnie de ma nouvelle Daisy. »
Olivier Halnais
CRITIQUES | 81
82 | CRITIQUES

LIVRES DE BASE (VF)

RÔLE’N PLAY
LE JEU DE RÔLE
De l’écran TV à sa table de jeu…
Visitation du Livre du Joueur, orienté débutants, et du Livre de
la Meneuse, plus pour les vétérans. Une gamme tirée du célèbre
actual-play français éponyme, pour les unir
et dans le jeu les lier...

Fiche technique
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel • deux ouvrages
à couverture rigide de 312
pages en couleur, format US
Letter ; un écran de la MJ avec
son livret de 32 pages en
couleur, format US Letter
Prix constaté • 39,90 € par
livre ; 29,90 € pour l’écran
J’aime :
+ Un point de départ simple
pour découvrir D&D5
+ Exhaustif et complet
+ Des modules
supplémentaires pour
customiser nos parties
J’aime moins :
- Un peu plus d’univers
n’aurait pas été de refus
- Une densité d’informations
qui peut être déstabilisante
S
i le jeu de rôle est en plein boom,
les actual-plays, portés par les
plateformes de live stream, y
contribuent grandement. Dimension
20 ou le célèbre Critical Role sont deux
exemples outre Atlantique ; la France a
aussi ses parties filmées, dont Rôle’n
Play est certainement la tête de proue,
tant par sa qualité que par sa volon-
té de montrer le JdR à de nouveaux
joueurs. Mais parfois, le passage de
l’écran TV à la table entre ami(e)s n’est
pas toujours aisé...
Un renouveau
du JdR ?
Par cette médiatisation, une nouvelle
génération de joueuses et de joueurs
découvre le jeu de rôle et se lance dans
l’aventure. Mais la prise en main du
jeu de rôle n’est pas toujours évidente
et est parfois un peu intimidante. Les
livres de Rôle’n Play sont conséquents
et aux règles nombreuses.
Le but de Rôle’n Play est de per-
mettre aux nouveaux joueurs de bien
commencer le JdR, en allégeant le
contenu, en ajoutant conseils et ajus-
tements. Le Livre du joueur et celui de
la meneuse sont là pour servir à la fois
de référence mais aussi d’introduction
aux règles.
Pour les vétérans, il s’agit de rassem-
bler et de présenter plus clairement
tout ce qui est pertinent de la 5e édi-
tion de Dungeons & Dragons, puisque
RnP s’appuie sur le SRD 5 de D&D en lui
ajoutant sa « french touch » et la patte
de Julien Dutel avec l’équipe de BBE.
Vous y trouverez autant de conseils
que de propositions pour donner une
tonalité différente à vos parties et pro-
fiter de la qualité de cette création « à
la française ».
Créer son héros
et l’équiper
Le Livre du joueur a pour objectif de
couvrir la création de personnage et les
règles du jeu. Il commence par une pré-
sentation efficace du jeu de rôle et des
règles, sur cinq pages qui permettront
aux débutants de mettre le bon pied à
l’étrier.
Ensuite vient la création de person-
nage, présentée sur douze pages, avec
l’avantage d’utiliser des tableaux de ré-
sumés qui permettent de visualiser fa-
cilement les différents choix possibles.
Chaque résumé comprend les prérequis
pour jouer la race ou la classe ainsi que
ce qu’elle apporte. Plus que de simples
exemples, il est très pratique de dispo-
ser de toutes ces informations de façon
limpide sous les yeux, comme les listes
des sorts qui sont placées dans la pré-
sentation de la classe de personnage et
non à la fin avec la magie.
 Sept races sont proposées et système est identique. Il a fait ses
elles sont toutes présentées pour Un peu de technique preuves lors des milliers et milliers
les univers d’Alarian et de Pangée, et des possibilités d’heures de jeu depuis sa sortie.
qui sont vus dans Rôle’n Play. Cela Il est expliqué ici avec beaucoup
La deuxième partie du Livre du
donne une idée des caractéris- plus de clarté. Il est possible que
joueur est tournée vers le sys- sa densité puisse effrayer une me-
tiques générales des peuples, mais
tème de règles, en commençant neuse débutante, mais rassurez-
vous trouverez des informations
par la résolution d’actions. Si vous : les nombreux exemples vous
intéressantes dans leurs capaci-
tés et leurs différents pouvoirs. vous cherchez une différence avec aident à comprendre et retenir les
Taille et poids moyens, âge et dif- D&D 5, vous n’en trouverez pas. Le points les plus importants. Son
férentes cultures sont autant d’in-
formations qui enrichissent votre
personnage.
Le choix de l’historique permet
de rentrer ensuite dans le roleplay,
en donnant de la profondeur à la
vie de votre héros. Vient-il d’un
petit village, d’une grande ville ?
Comment a-t-il rencontré les
autres personnages ?
La suite de la création de per-
sonnage vous demande de choisir
le métier de votre personnage, sa
classe. Cette partie, longue d’une
centaine de pages, est dense en
règles. Mais il est inutile de tout
lire d’une traite. Dans cette même
idée, les auteurs ont choisi de
n’inclure dans ce livre que les huit
premiers niveaux de progression de
chaque classe. On retrouve les ta-
bleaux de résumés, bien pratiques,
tout le long de la présentation. Les
douze classes présentes sont sans
surprise pour les vétérans, mais
elles forment un socle simple et ef-
ficace pour permettre une diversité
importante de personnages.
Les soixante-dix dons proposés
sont autant d’options nouvelles
pour donner des talents inédits
à vos héros. Enfin, l’équipement
constitue la touche finale à votre
feuille de personnage. Loin de sim-
plement présenter des armes, ce
chapitre vous donnera les bases du
système monétaire classique de
RnP et une idée de l’économie des
mondes.

CRITIQUES | 83
84 | CRITIQUES
sommaire, très bien détaillé, vous
permettra de retrouver plus facile-
ment un point de règle qui pourrait
poser question, même en partie.
On appréciera le choix fait pour la
présentation des sorts, qui sépare
idéalement la description de la
mécanique pour chaque sort, tout
en proposant de nombreuses va-
riantes ou déclinaisons.
L’avantage de la gamme Rôle’n
Play, étant conçue pour les débu-
tants, est qu’elle minimise les in-
teractions subtiles ou étranges des
mécaniques et vous permet d’être
plus serein dans l’utilisation de ses
règles, sa présentation étant plus
fluide, précise et claire.
Maîtriser l’univers
et ses mystères
Le Livre de la meneuse est un
recueil de précieux et astucieux
conseils pour les maîtres de jeu,
novices ou vétérans. Le rôle de
meneuse n’est pas toujours facile à
tenir et les quatre-vingts premières
pages vous aideront à mieux maîtri-
ser votre histoire. L’imagination est
une force sans limite et mettre une
bride dessus est parfois difficile.
Au niveau des joueurs d’abord, car
la meneuse, véritable cheffe d’or-
chestre du groupe, doit avant tout
faire en sorte que les participants
l’écoutent et s’écoutent entre eux.
Au niveau de l’aventure qu’elle veut
partager, elle doit avoir une ligne di-
rectrice, mais elle doit aussi être ca-
pable d’improviser. Cet élément de
lâcher prise est important, car par-
fois un peu frustrant : si vous avez
passé du temps à créer une histoire
et que les joueurs préfèrent rester et
boire à la taverne, les conseils vous
diront comment revenir sur vos pas,
comment les rattacher à votre in-
trigue. De nombreuses astuces sont
données pour vous aider à mener
vos aventures, ou comment jouer
en campagne.
Enfin, on vous rappelle que le but
du jeu de rôle est de passer un bon
moment entre amis et que la MJ
n’est pas l’adversaire des joueurs.
On vous montrera, que parfois,
il est possible de « tricher » sans
suivre scrupuleusement les règles
qui se mettraient en travers d’une
bonne histoire. Ou au contraire,
que vous pouvez jouer de façon
impartiale, en suivant rigoureu-
sement les règles. Cette partie
du livre expliquera comment dis-
tribuer les indispensables points
d’expérience, faire semblant de
jeter les dés, et comment lier vos
séances autour de votre histoire et
de votre groupe.
La partie centrale du livre est
consacrée à la création des ren-
contres que votre groupe pourra
faire. Monstres, pièges et person-
nages non-joueurs n’auront plus
de secrets pour vous et vous aurez
une panoplie d’ingénieux outils
pour calibrer vos ennemis à vos PJ.
Chaque rencontre a une difficulté
déterminée par l’indice de dange-
rosité des monstres entre autres.
Cette difficulté est comparée au
niveau moyen de votre groupe qui
vous indiquera si la tâche peut
être accomplie ou résolue par vos
joueurs. De plus, vous trouve-
rez aussi des exemples d’objets
magiques à leur donner en récom-
pense pour leurs efforts et la réus-
site de leurs aventures.
Le Livre de la Meneuse présente
une différence majeure par rapport
aux autres ouvrages de D&D5e. Il
incorpore des modules de règles
pour permettre de changer la tona-
lité de votre jeu. Vous voulez rendre
vos parties plus difficiles pour vos
joueurs ? Plus épiques ? Plus d’en-
quêtes ou plus horrifiques ? Vous
aurez la possibilité d’utiliser trente
et un modules différents pour vous
aider. Que ce soit en rendant les re-
pos plus difficiles, en étendant les
réussites et les échecs critiques, en
créant une mesure de la réputation
ou des phobies du personnage, etc.
Véritable boîte à outils, ce Livre de
la meneuse vous donne réellement
la possibilité d’adapter vos parties
de jeu de rôle à votre ambiance,
votre univers, mais aussi à vos en-
vies et à celles de vos joueurs.
Par ailleurs, un écran de jeu à
la couverture magnifique et im-
mersive, rappelle à la meneuse
les tables les principales règles
de jeu. Il est accompagné d’un
Compendium de PNJ présentant les
blocs de statistiques de soixante-
neuf PNJ en complément des créa-
tures du Livre de la meneuse. Très
utile pour peupler votre monde et
aider vos improvisations !
Rôle’n Play un
énième D&D5E like ?
Rôle’n Play remplit parfaitement
sa mission de « vulgarisation » de
D&D. Il propose un jeu qui corres-
pond bien à l’émission éponyme
avec sa proposition ludique ou-
verte et professionnelle. Les deux
ouvrages de règles sont de grande
qualité et c’est une belle porte
ouverte sur le jeu de rôle, même
pour de l’initiation. La limitation au
niveau 8, qui vous promet déjà des
centaines d’heures de jeu, diminue
la taille du livre et permet d’inclure
davantage d’aides de jeu.
On y trouve la fameuse French
Touch, en particulier dans les modules
optionnels. Par exemple, le module
des « repos longs plus difficiles à
faire » est utilisé par Julien Dutel, le
MJ de l’émission, pour donner une
ambiance plus tendue à ses parties.
Si aucun univers n’est présenté
dans le jeu, il est souvent fait
référence à Alarian et Pangée, les
deux univers de l’éditeur BBE. Ces
liens, présentés à titre d’exemples,
n’empêchent en aucun cas la me-
neuse de partir vers son propre
univers. Au contraire, le Livre de
la Meneuse encourage les joueurs
à partir dans la direction de leur
choix, tout en proposant deux uni-
vers possibles. L’avantage de ces
univers assez génériques, ancrés
résolument dans le médiéval fan-
tastique, est qu’ils donnent une
idée plus rapide, plus efficace de ce
que la race représente ou de ce que
la règle veut retranscrire.
La structuration des livres, du
joueur et de la meneuse, est bien
plus claire, les rendant du coup
plus lisibles et intelligibles que les
différents avatars 5E, y compris
la version originale. La belle ma-
quette et les sommaires détaillés
sont de véritables réussites en la
matière, notamment pour aider les
débutants à se lancer, tout autant
que les vieux briscards buttant sur
un point de règle en pleine partie.
Les illustrations sont très belles
et immersives. Elles plongent idéa-
lement le lecteur dans l’imaginaire
médiéval-fantastique que les textes
clairs et précis servent à merveille.
La mise en page, les tableaux, les
polices, les couleurs… rendent les
livres aérés et très agréables à lire,
tout en restant très pratiques pour
retrouver des informations.
Passage
de niveau réussi ?
Ces deux premiers ouvrages de
la gamme Rôle’n Play proposent, à
partir du système connu de D&D5,
une ouverture complète sur le jeu de
rôle. Complète car elle contient tout
le nécessaire pour jouer. RnP est très
facile d’accès avec ses explications
claires et ses résumés ajoutés régu-
lièrement pour faciliter la lecture,
qui semblent connus si on a suivi les
actual plays. Mais son gros point fort
est que RnP est modulable avec ses
propositions de variantes de règles
et ses conseils pour s’adapter à son
groupe de joueurs et à l’histoire
qu’on veut raconter.
En fn de compte, l’éditeur a réa-
lisé ici, une deuxième fois, un tour
de force très intéressant avec sa
parfaite appropriation du SRD 5.
BBE a réussi à simplifier D&D5 pour
nous livrer cette belle et accessible
gamme qu’est Rôle’n Play. Elle est
parfaite pour les débutants, mais
elle séduira également les vétérans
par son cadre, sa maquette et ses
illustrations, ainsi que par sa struc-
turation claire et précise, qui en
font un outil pragmatique, efficace
et rapide à utiliser, même en pleine
partie. Level up ok !
Nurthor le Noir l’aasimar déchu
CRITIQUES | 85
86 | CRITIQUES
CODEX DES
MONSTRES 1 & 2
Nourrir son univers pour
anéantir ses héros
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’aboleth
nihileth, Baba Yaga ou les gobelins poussiéreux sans jamais
avoir osé le demander…
D
ans toute bonne histoire, il y a
un bon antagoniste. Du Thanos
de Marvel au Sauron du Seigneur
des Anneaux, ils ont tous présenté une
menace qui a mobilisé de grands héros.
Pour la meneuse de RnP ou D&D, quoi
mettre face à son groupe de héros peut
être angoissant. Mais BBE est là et a
pensé à tout. Mettez vos bottes, allons
explorer les multivers en quête d’idées
d’adversaires terribles.
Fiche technique
Éditeur • Black book Éditions
Matériel • deux livres
Son univers
à couverture rigide de impitoyable
respectivement 432 et 424 En 2016, l’éditeur américain Kobold
pages en couleur, format US Press a sorti ses Tomes of the beasts.
Letter Plusieurs volumes et reprints plus
Prix constaté • 59,90 € tard, BBE traduit ces créations, sous
la forme de deux livres, les Codex des
monstres. Ces deux gros recueils sont
une monstrueuse mine… de créatures.
Chaque livre comprend environ 400
monstres différents, tous crédités
d’un historique conséquent et de profil
technique Rôle’n Play, donc entière-
ment D&D5e compatibles. Chaque pré-
J’aime : sentation est divisée en trois parties :
+ Très diversifié et original une belle illustration, une description
+ Un vrai grand catalogue
qu’il est possible de lire aux joueurs
avec plein de choix et un historique qui reprend aussi
+ Classification suivant
son mode de vie. Mais attention, ces
plusieurs paramètres
monstres ont été écrits pour peupler le
J’aime moins : monde de Midgard de Kobold Press et
- Très encyclopédique pas les mondes d’Alarian ou de Pangée,
RÔLE’N PLAY | BESTIAIRES (VF)
utilisés pour RnP. Il se peut donc qu’il
y ait quelques petites différences que
la meneuse devra prendre en compte.
Les monstres sont classés par ordre
alphabétique. Des annexes les classent
par indice de dangerosité, par type
de lieu de vie ou par famille de créa-
tures. Une des annexes donne aussi
les caractéristiques d’une galerie de
personnages non joueurs pour aider la
meneuse. L’ensemble est copieux. On
ne va pas vous citer toutes ces abomi-
nations, mais vous en donner un petit
avant-goût.
Revisiter
ses classiques
Le Livre de la meneuse de RnP vous
apporte déjà bon nombre de monstres
et ceux que vous trouverez dans ces
Codex sont des versions différentes
de créatures que vous connaissez.
On vous en présente des exemples
emblématiques.
Le gobelin poussiéreux, un habitant
des terres désolées, est une variante
particulièrement mauvaise de la race
gobelinoïde. Ils n’ont pas peur de
grand-chose et montent des embus-
cades contre des aventuriers perdus.
De taille variable, ils ont une allure
décharnée, osseuse, déformée qui
peut impressionner les guerriers les
plus chevronnés. Ils sont même connus
pour vivre dans l’ombre d’aberra-
tions avec qui ils font des alliances.
Avec un très joli et meurtrier +5 au
toucher, ils ne sont pas à prendre à
la légère.
Le Codex des monstres 2, vous
propose de revisiter un classique
de façon inhabituelle, la bagarre
de bar, en considérant que les
membres d’une bagarre consti-
tuent une seule et même créa-
ture gérée par les règles de nuée.
Méfiez-vous-en, car avec son
niveau de dangerosité de 3, elle
peut être ardue pour des héros
débutants. De plus, elle possède
des immunités, des résistances
pour représenter le chaos des
mouvements des différents com-
battants, mais aussi une aptitude
pour récupérer des points de vie
en… buvant. Ce monstre surprend
de prime abord mais est une alter-
native intéressante à jouer dans
les tavernes et surtout plus simple
à gérer pour la meneuse.
Des créatures
des légendes
On trouve également des me-
naces plus épiques, plus légen-
daires, avec toujours l’idée de
fournir d’originales variantes d’his-
toires et/ou de règles pour appor-
ter des variations aux classiques
rencontres de D&D.
Voyons l’aboleth nihileth, ser-
viteur de puissances obscures et
corrompues. Cette créature res-
semble à un horrible poisson-chat
osseux qui flotte dans l’air. Après
un voyage traumatisant dans les
plans extérieurs, ce monstre peut
se rendre éthéré et est aussi un
MV. Plus besoin de respirer, ni de
manger, il est une créature légen-
daire qui projette une aura de froid
qui blesse tout autour d’elle. Elle
peut aussi se construire un antre
qui lui permettra de se régénérer
rapidement, ainsi que de transfor-
mer en zombies des présomptueux
qui pensaient la détruire. Tout cela
est expliqué dans sa fiche sur plu-
sieurs pages, en donnant beaucoup
d’informations à la meneuse pour
la faire « vivre ».
Parmi les antagonistes les plus
marquants, peu le sont autant
que Baba-Yaga, sorcière légen-
daire du panthéon russe. Le Codex
des monstres 2 nous donne ses
caractéristiques et des conseils
pour l’incarner. Manipulatrice, elle
recherche souvent des aventu-
riers pour accomplir des tâches qui
l’intéressent et dans lesquelles elle
ne veut pas s’impliquer. Cette sor-
cière, charismatique hors norme,
demandera à la meneuse du role-
play et de bien connaître tous ses
sortilèges. Son esprit machiavé-
lique va chercher les bonus et ma-
lus, et tendre de vicieux pièges aux
joueurs. N’est-ce pas tentant de
se retrouver dans la peau de cette
malicieuse manipulatrice ?
Et ils eurent
beaucoup
d’enfants… terribles
Entre ceux disponibles dans le
Livre de la meneuse et ceux des
deux Codex, on dispose de plus d’un
millier de monstres pour Rôle’n
Play. Vous trouverez forcément
des adversaires à la taille de vos
joueurs, de quoi les faire frissonner,
se torturer l’esprit ou même rire.
La grande force, de ces Codex est
d’apporter un twist à des concepts
connus, qui vous permettront de
surprendre vos vict… euh… vos hé-
ros. Ces Codex deviendront vite des
incontournables pour vos parties et
pour tout MJ de RnP ou de D&D.
Nurthor BeastsMaster
CRITIQUES | 87
88 | CRITIQUES
STARFINDER | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
ESPACE PROCHE
Un peu plus près des étoiles…
Le Guide du Voyageur Galactique…
mais sans trop s’éloigner quand même !
T
out comme son pendant Les
Mondes du Pacte, Espace proche
constitue un atlas de planètes de
l’univers de Starfinder. Là où le premier
se consacrait au système de la station
Fiche technique Absalom (en résumé, à tout ce qui est
Éditeur • Black Book Éditions atteignable en 1d6 jours de voyage par
Matériel • Livre à couverture le Drift), on éloigne ici la perspective
rigide de 160 pages en pour englober les systèmes « proches »,
couleurs, format US Letter. suffisamment denses en balises Drift
Prix constaté • 41,90 € pour permettre un voyage interstellaire
relativement rapide.
Nos amis les reptiles
Destination sans doute la plus évi-
dente lorsqu’on pense à l’Espace proche,
le Veskarium forme un empire autori-
taire dirigé par la poigne écailleuse des
Vesks, et fondé à la gloire de leur dieu
conquérant Damoritosh. Deux cents ans
de conflits ont suivi un premier contact
désastreux avec les représentants des
Mondes du Pacte, et seule la nécessité
de faire front commun contre une me-
nace supérieure a permis de réchauffer
les relations entre les deux systèmes…
L’ouvrage propose donc une description
des huit mondes et de la station spatiale
géante au centre de l’empire Vesk : cartes
complètes, descriptions géographiques,
J’aime : habitants et société sont abordés pour
+ Le description du chaque astre. Le matériel est suffisam-
Veskarium, alternative
ment dense pour faire du Veskarium
crédible aux Mondes du
Pacte
le cœur de son univers de jeu en lieu et
place du système des Mondes du Pacte.
+ L’exotisme derrière
certaines planètes
Voyage voyage…
Mais l’Espace proche est composé d’in-
J’aime moins :
nombrables mondes. Vingt d’entre eux
- La partie technique,
finalement assez accessoire (parfois des systèmes stellaires complets)
sont exposés en deuxième partie du
livre, de quoi offrir à tout MJ en manque
d’exotisme du matériel prêt à exploiter.
Pêle-mêle, s’y trouvent donc : un empire
contrôlé par les hobgobelins, une planète
carcérale, des mondes reliés entre eux
par des cristaux psychiques, une géante
gazeuse dont les lunes sont disputées par
différentes factions ou encore une sphère
de Dyson endommagée servant désor-
mais de cimetière de vaisseaux.
Sans bénéficier d’une description
aussi exhaustive que les mondes du
Veskarium, chacune de ces planètes
a de quoi occuper votre groupe de jeu
durant quelques scénarios.
Parce qu’il faut bien mettre
du crunch…
La partie technique de l’ouvrage se
résume aux deux dernières sections. La
première propose de nouvelles options
concernant les vaisseaux spatiaux :
quelques nouveaux compartiments an-
nexes, un mode furtif et de nouvelles
armes, puis douze nouveaux vaisseaux
utilisés par les civilisations présentées
plus tôt (dont six par le Veskarium).
Viennent ensuite de nouvelles options
de créations : des traits raciaux alterna-
tifs et de nouvelles options de classes
pour ajouter de la variété à neuf des
espèces en rapport avec cet ouvrage, de
nouveaux thèmes et enfin de nouveaux
archétypes allant de l’assassin au spé-
cialiste des doshkos, en passant par le
médiateur. Cerise sur le gâteau, quelques
nouveaux équipements et de nouveaux
sorts viennent compléter le tout.
Florian Turchet

STARFINDER | CAMPAGNE (VF)
GUIDE DES OPTIONS
DE VAISSEAUX
Oh mon vaisseau,
tu es le plus beau des vaisseaux
Après un ouvrage technique enrichissant les options de
personnages, c’est à présent aux vaisseaux spatiaux de briller
D
ifficile d’imaginer un jeu de space
opera sans son lot de batailles
spatiales et de courses poursuites
au beau milieu d’un champ d’astéroïdes.
Si le livre de base se trouvait relati-
vement fourni en ce qui concerne les
affrontements stellaires, le présent ou-
vrage vous permettra d’enrichir tout ce
qui tourne autour de votre fier bâtiment.
Pimp my ride
La première partie de l’ouvrage est
intégralement consacrée aux nouveaux
équipements à installer sur votre bolide
spatial. Si la liste de matériel s’avère as-
sez classique (mention spéciale tout de
même aux béliers, scies et autres équipe-
ments subtils permettant d’engager l’en-
nemi au corps à corps !), on notera l’effort
de proposer des systèmes de blindages et
de boucliers alternatifs ou encore la possi-
bilité de renforcer ses composants de ma-
tériaux spéciaux tels que l’adamantium
ou le noqual. Quelques systèmes valent
également le détour tels que l’intelli-
gence virtuelle de bord (pour remplacer
un PJ manquant) ou les modules de dons
et d’aptitudes de classe.
Plus anecdotique mais ayant le mé-
rite d’exister, le dernier chapitre vous
permet de générer des monstruosités
colossales, histoire d’avoir votre propre
Étoile de la mort à la maison.
Allez Chewie on met la gomme !
Vient ensuite la section consacrée aux
nouvelles règles, sans doute la partie la
CRITIQUES | 89
plus intéressante de l’ouvrage qui vous
permettra réellement d’enrichir vos ses-
sions de combat spatial. Au programme : Fiche technique
les abordages, des effets en cas de 20 Éditeur • Black Book Éditions
nat, un système de courses poursuites Matériel • Livre à couverture
rigide de 160 pages en
dans l’espace ainsi que quelques préci-
couleurs, format US Letter.
sions sur l’emplacement des membres
Prix constaté • 41,90 €
d’équipage, la réparation des dégâts ou
les vaisseaux en atmosphère.
Plus audacieux, deux sous-systèmes
vous permettent de gérer non pas un
seul vaisseau mais une escadrille de
plus petits vaisseaux ou encore d une
armada complète pour envoyer des
flottes de vaisseau s’affronter dans le
vide stellaire.
Je n’ai besoin de personne
en Redshift Revolution
La partie suivante propose du prêt-
à-piloter avec pas moins d’une qua-
rantaine de nouveaux vaisseaux venus
des quatre coins de la galaxie, d’éche-
lons 1/3 à 20, ainsi que vingt fabricants
parmi les plus connus qui offrent cha-
cun un petit avantage en jeu pour peu
J’aime :
que vous jetiez votre dévolu sur l’un de + Les nouveaux effets de
leurs modèles en catalogue. critiques
Enfin, la dernière section, consacrée au + Le système de combat
d’armadas, finalement plus
MJ, est un guide pour créer des campagnes
simple que le combat spatial !
centrées autour des vaisseaux spatiaux :
règles de création de créatures taille vais-
J’aime moins :
seau (accompagnées d’exemples), dan-
gers de l’espace, rencontres, défis et idées - Les règles d’abordage qui
auraient mérité plus de place
d’aventures et de campagnes.
- Quelques options pouvant
Florian Turchet déséquilibrer les rencontres
CRITIQUES | 89
90 | CRITIQUES
SHADOWRUN | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
MENACES IMMINENTES
Dallas, ton univers impitoyable
Dix organisations et entités seraient bien capables de changer
le Sixième monde. À moins que vos runners n’en décident
M
enaces imminentes est un
supplément de contexte pré-
Fiche technique sentant une dizaine d’organi-
Éditeur • Black Book Éditions sations et d’entités œuvrant dans les
Matériel • Livre à couverture Ombres. Susceptibles d’aider ou de
rigide de 176 pages en mettre des bâtons dans les roues des
couleur, format US Letter personnages, elles ne laisseront pas
Prix constaté • 39,90 € vos joueurs indifférents.
Un supplément hétérogène
Composé de dix chapitres et d’un scé-
nario exclusif à cette édition française,
le supplément couvre une série de thé-
matiques disparates allant de l’écoter-
rorisme aux intelligences artificielles,
en passant par le syndicalisme. Autant
dire que la promesse du titre ne reflète
pas intégralement l’ensemble de l’ou-
vrage, la plupart des groupes présentés
pouvant tout aussi bien servir d’alliés
que d’adversaires aux runners.
La diversité du spectre couvert rend
les chapitres relativement autonomes.
J’aime : Sentiment renforcé par l’absence de la
+ Des thématiques variées moindre piste permettant de relier une
+ De nombreuses idées de partie des organisations abordées au
campagnes sein d’une même campagne. Toutefois,
+ Un scénario donnant les auteurs ont fait l’effort de détailler
l’occasion d’explorer Dis les informations et notions importantes
pour s’emparer de leurs chapitres dans
J’aime moins :
des sections réservées au maître du jeu,
- Pas toujours assez
d’informations de jeu à de rares exceptions près.
- Un manque de
transversalité Entre tradition et nouveautés
Les afficionados de la gamme n’auront
- La dernière partie du
pas besoin d’aller très loin dans l’ou-
scénario aurait mérité plus
de détails vrage pour se retrouver en terrain connu.
autrement…
C’est bien simple, seules trois des dix
organisations présentées sont inédites
(le Freedom Network, la Grey Cell, le
Syndicat des Ombres). Le reste est ré-
parti entre organisations connues mais
peu mises en avant (Greenwar, Stark,
Theissen & Van Der Mer) et piliers de la
gamme ayant déjà bénéficié d’un cer-
tain nombre de chapitres dédiés par le
passé (Halberstam, les Monades, l’Ordo
Maximus, le Dragon Marin, le Yakuza).
Le bilan de ces derniers est toute-
fois plutôt positif, bien qu’il ne faille
pas s’attendre à des bouleversements
majeurs de statu quo les concernant.
On retiendra notamment le chapitre de
l’Ordo Maximus qui fait le choix judi-
cieux de se concentrer sur les projets
secrets de l’organisation vampirique.
Houston, nous avons un
problème !
Un scénario d’ambiance, « Pour une
poignée de dossiers » conclut l’ouvrage.
De création française, il poursuit l’in-
trigue débutée dans Réalité à la dérive
en envoyant les runners enquêter pour
l’APEA sur une station météorologique
ne répondant plus. Mettant en avant les
capacités d’investigation des runners, le
scénario est moins ouvert qu’il n’y pa-
rait, en dehors peut être de sa séquence
finale dans la cité de Dis. Une bonne
idée qui aurait peut-être mérité un trai-
tement un peu plus détaillé qu’en l’état
au vu des particularités du lieu.
Timothée Aubry

SHADOWRUN | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
JEUX DE POUVOIR
David contre Goliath
Acteurs phares du Sixième Monde et de ses intrigues, les
corporations dévoilent leurs coulisses de la Cour Corporatiste
les régissant, aux profils des plus puissantes d’entre-elles.
Survivrez-vous aux secrets du pouvoir ?
R
endez-vous immanquable des
suppléments de la gamme depuis
sa deuxième édition, les sup-
pléments corporatistes ont longtemps
fait figure d’arlésienne auprès du public
français, faute de traductions officielles
depuis Corporate Download en 2001.
Si l’omniprésence des corporations
dans l’univers et les ajouts français à
Streetpedia ont permis aux lecteurs
(joueurs comme meneurs) de s’en faire
une esquisse de portrait mental, quels
sont les apports de cette plongée dans
les eaux troubles des corporations ?
Un supplément de référence ?
Relativement classique dans sa forme,
le supplément s’ouvre sur un chapitre
transversal présentant l’histoire des cor-
porations, les fonctions et la composi-
tion de la Cour Corporatiste les régulant
et quelques groupes s’y opposant. Pour
les meneurs et joueurs débarquant dans
le Sixième Monde, de nombreuses ques-
tions et points de détail concernant le
fonctionnement des corporations (clas-
sement, régulation, privilèges…) trouvent
des éléments de réponses partiels, déjà
connus des fans de plus longue date.
Le reste de l’ouvrage est composé de
dix chapitres consacrés respectivement
à chacune des dix AAA, les mégacorpo-
rations composant la Cour. En un peu
moins d’une quinzaine de pages, cha-
cune est décrite de son histoire à ses
personnalités importantes en passant
par ses principaux secteurs d’activités.
CRITIQUES | 91
Zones d’ombres et spotlights
Il en résulte un panorama relative-
ment complet de l’état macrosco- Fiche technique
piques des AAA au début des années Éditeur • Black Book Éditions
2080, complété par une « annexe » Matériel • Livre à couverture
bien maigre listant quelques corpora- rigide de 176 pages en
tions importantes de rang inférieur. couleur, format US Letter
Prix constaté • 39,90 €
Une fois n’est pas coutume, les au-
teurs se sont davantage concentrés
sur la face publique des corporations,
limitant leurs machinations aux luttes
de pouvoir internes ou à quelques
mentions éparses et nébuleuses. Les
joueurs devraient donc pouvoir s’empa-
rer sans trop de peine du supplément,
au prix d’informations plus détaillées
sur l’impact des intrigues récentes sur
les diverses mégacorporations.
Les parures de la Nouvelle-
Orléans J’aime :
+ Une ressource claire et
Bonne surprise de cette édition fran-
synthétique sur les AAA
çaise, un scénario inédit, et en trois
+ Utilisable des deux côtés de
parties, a été inclus. Celui-ci emmène
la table
les runners aux abords de la Big Easy
+ Un scénario utilisant
et les confrontes à nouveaux aux
judicieusement son cadre
machinations entourant Dis, dans la géographique
lignée de Réalité à la dérive et Menaces
Imminentes. J’aime moins :
Le scénario n’est pas sans bonnes - Les AA réduites à peau de
idées (notamment l’usage du climat et chagrin
- Peu de nouvelles
de la faune locale), malgré un usage clas-
perspectives pour les plus
sique de la thématique du supplément
connaisseurs
et son insertion artificielle dans une
- L’insertion artificielle
mini-campagne. En espérant une suite…
du scénario dans une
Timothée Aubry « mini-campagne »
CRITIQUES | 91
92 | CRITIQUES
RUNEQUEST | RECUEIL DE SCÉNARIOS (VF)
LE PLATEAU PÉGASE
& AUTRES HISTOIRES
La Passe du dragon en 7 étapes
Pour explorer toute la richesse de Glorantha, il fallait bien un
recueil de scénarios. C’est chose faite avec ce Plateau Pégase
centré sur la mythique Passe du dragon.
P
Fiche technique our agrémenter les ouvrages de
Éditeur • Studio Deadcrows base de Runequest, les Corbeaux
Matériel • Livre de 160 pages Morts ont la bonne idée de pro-
en couleurs à couverture poser non pas un, mais deux recueils
rigide de scénarios Le premier d’entre eux (le
Prix constaté • 40 € second est aussi critiqué dans ce même
numéro) propose plus spécifiquement
de mettre le pied à l’étrier des nou-
veaux venus dans cet univers.
Sept aventures pour
traverser la passe…
Le Plateau Pégase, qui ouvre le
recueil, propose aux PJ de participer
à des jeux sacrés dont le prix est la
possibilité de dompter un hippogriffe.
S’ensuit un panel d’intrigues variées :
résoudre le vol d’un totem (complexi-
fié par les relations tendues avec les
Lunars), affronter un esprit vengeur (et
mettre à jour un ancien meurtre), lever
une malédiction (et révéler les actes
honteux d’un village déjà aux abois),
retrouver des enfants disparus, acqué-
rir un savoir ancestral sur les dragons et
même secourir une future mariée (…et
J’aime : être confronté à un amour inattendu).
+ Un bel ouvrage
Tous les scénarios sont très ancrés
+ Pas moins de sept
aventures bien détaillées
dans le contexte mythologique particu-
+ Beaucoup de contexte lier de Glorantha. La plupart sont aussi
assez ouverts, voire orientés bac-à-
réutilisable par ailleurs
sable. Le cumul de ces deux points ne les
J’aime moins : rend pas spécialement aisés à prendre
en main : il faudra se retrousser un peu
- Pas toujours facile à mettre
en scène les manches pour se les approprier.
Deux scénarios font toutefois excep-
tions : Le Creux de Sombresaule, qui met
en scène une fantasy plus classique, et
Les Pierres de mariage, qui est un peu plus
directif dans sa structure. Ce dernier ne se
départit cependant pas pour autant des
spécificités de l’univers de Runequest.
Ajoutez-y un beau dilemme moral en
guise de conclusion, et vous obtenez l’un
des meilleurs scénarios de l’ouvrage.
… et y revenir encore
Le supplément s’accompagne aussi
d’une imposante quantité de contexte.
Plusieurs coins de la Passe du dragon
sont ainsi décrits en détail. Lieux, PNJ,
intrigues pour lier et faire vivre le tout :
les éléments fournis dans ces aven-
tures sont exploitables au-delà et en
dehors celles-ci. Les bois du Creux de
Sombresaule recèlent par exemple bien
d’autres mystères et dangers, et les vil-
lages et communautés alentours ont de
même de multiples opportunités à offrir.
En bonus, deux chapitres supplémen-
taires décrivent la tribu des Locaem
(avec son long et indigeste historique,
ce n’est pas le plus intéressant) et le
village de l’Espoir de Renekot qui peut
servir de base arrière aux PJ.
Tout ce riche matériel constitue un
complément de qualité au livre de base
et au bestiaire, et leur suite logique et
indispensable.
Slawick Charlier

RUNEQUEST | RECUEIL DE SCÉNARIOS (VF)
LES RUINES FUMANTES
& AUTRES CONTES
Trois mythes dans les Étendues
sauvages du Sud
Les Ruines Fumantes est le deuxième recueil de scénarios pour
Runequest proposé en VF, après le Plateau Pégase.
Prêt pour en reprendre un peu ?
S
i le Plateau Pégase était orienté
vers les nouveaux venus, les Ruines
fumantes change légèrement
d’optique avec trois scénarios autrement
plus épais. Ils se situent toujours dans la
Passe du Dragon, plus spécifiquement sa
partie Sud, une région sobrement intitu-
lée Étendues sauvages du Sud.
Archéologie,
guerre & rites sacrés
Le premier scénario envoie les PJ
jusqu’aux Ruines fumantes vérifier
la véracité de rumeurs au sujet d’un
temple d’Ernalda. Mais le chemin est
long, et les PJ pourraient découvrir bien
d’autres vérités au sujet de leur desti-
nation… Cette quasi-chasse au trésor
suppose que les joueurs adhèrent au
principe de l’aventure et saisissent
la moindre opportunité d’obtenir des
informations sur les Ruines fumantes.
Sous cette réserve, c’est une formi-
dable occasion de découvrir un petit
pan du très vaste univers gloranthien
qui devrait passionner bien des tables.
Dans le second scénario, nos héros
arrivent au village de Longue Maison en
pleine bataille. Malheureusement, leur
seul espoir est un sorcier qui a disparu.
Plusieurs histoires s’entremêlent ici et
placent, là encore, les PJ dans le rôle de
véritable héros.
La structure du dernier scénario sort
des sentiers battus. Les héros sont en
CRITIQUES | 93
effet engagés pour protéger un site Fiche technique
elfique sacré au cours de rituels. Ceux- Éditeur • Studio Deadcrows
ci auront lieu chaque année pendant six Matériel • Livre de 192 pages
ans, chacun avec ses événements par- en couleur à couverture
ticuliers. Il peut donc se jouer en une rigide
fois, ou s’intercaler dans les différents Prix constaté • 40 €
chapitres de votre campagne.
Le Grand Débordement
Si l’ouvrage ne comporte « que » trois
aventures, c’est qu’il pousse le luxe du
détail dans ses derniers retranchements.
Le contexte est développé bien au-delà
de son utilité dans ces scénarios, ce qui
permet de s’en resservir par ailleurs. Les
Étendue sauvage du Sud sont ainsi dé-
crites par le menu, avec un zoom spéci-
fique sur le Temple sauvage, un réseau de
mégalithes de plusieurs kilomètres. Les PJ
pourront y croiser une faune variée et des
hommes-bêtes avenants… pour peu qu’on
ne titille pas trop leur fibre sanguine.
Les tenants et aboutissants de chaque
intrigue sont aussi précisés dans leurs
moindres options. C’est une gigan-
tesque boite à outils qui permettra au
MJ de s’ajuster parfaitement à ses en- J’aime :
vies et à son groupe. En contrepartie, ce + Trois aventures bien
fourmillement est un peu intimidant et construites aux histoires
il faudra consacrer un certain temps à passionnantes
faire le tri. Cela reste parfaitement dans + Les éléments de contexte,
riches et détaillés
la logique de la gamme, et un prix à
+ Un luxe d’informations…
payer légitime pour profiter d’un univers
et d’aventures à la richesse inégalée.
J’aime moins :
Slawick Charlier - … parfois contre-productif
CRITIQUES | 93
94 | CRITIQUES
ROYAUMES DE TERRINOTH
Premier supplément d’univers pour le système Genesys,
Royaumes de Terrinoth s’attaque au genre-phare du jeu de rôle :
la fantasy. Décrivant un monde médiéval-fantastique plein de
magie et de races fantastiques, se fera-t-il une place au sein
d’une féroce concurrence ?
C
Fiche technique ontinent central du vaste monde
Éditeur • Edge Studio de Mennara, Terrinoth est une
Matériel • Livret de 264 terre d’aventures ayant connu
pages en couleur avec signet une longue et tumultueuse histoire.
et couverture rigide Alors qu’une paix relative règne de-
Prix constaté • 49,99 €
puis plusieurs siècles à présent, le ciel
s’obscurcit de signes annonciateurs
des calamités à venir… Heureusement,
les héros ne manquent pas. Humains,
elfes, nains et gnomes se dressent
pour défendre leur foyer, quel que soit
le péril qui menace.
Classicisme
Royaumes de Terrinoth est un épais
supplément, aussi massif que bien des
livres de base. Il prend en effet la place
nécessaire à la description de son uni-
vers, au fil de plus de deux cents pages
richement enluminées. Ainsi, l’histoire
de ce monde est décrite avec grand soin
en remontant aux origines – création,
apparition des premières races, déve-
loppement de la magie et… la venue
des Ténèbres. En effet, Terrinoth a
connu trois grandes guerres ainsi nom-
J’aime : mées, qui ont chacune failli exterminer
+ La boîte à outil fantasy pour
la civilisation. En premier lieu, ce furent
Genesys
les barbares alliés aux démons, puis
+ Un très bel ouvrage
des morts-vivants se relevant par mil-
J’aime moins : liers et enfin les dragons destructeurs.
- Aucune originalité de Chaque fois, des héros parvinrent à
l’univers sauver la situation, mais il semble
GENESYS | GAMME (VF)
Genesys fantasy
que le mal cherche continuellement à
revenir…
Si cette partie historique se lit avec
plaisir grâce à une belle écriture et des
illustrations adaptées (chaque événe-
ment majeur étant représenté sous
la forme d’un vitrail), elle occupe une
très large place pour finalement peu de
matériel jouable. Surtout, elle ne dé-
montre strictement aucune originalité :
on n’a aucune peine à reconnaître ici du
Tolkien, là du Howard, ici du Moorcock,
là du D&D… Un patchwork certes cohé-
rent mais qui ne se distingue guère des
univers rivaux. Plus étonnant, certaines
races jouables (comme les Félis et les
Gnomes) ne sont jamais abordées dans
cette longue chronologie, comme s’ils
n’étaient là que pour remplir un quota.
Le problème – si tant est qu’on le
considère comme tel – est le même
avec la description méticuleuse de
Terrinoth : c’est bien écrit, très déve-
loppé et pas inintéressant en soi, mais
d’un classicisme absolu dont rien ne
dépasse. Les elfes vivent dans la forêt,
les nains dans les montagnes, les hu-
mains dans les villes… Des monstres
errent ici et là, des ruines des temps
anciens renferment d’antiques arte-
facts, des dragons menaçants sur-
volent les châteaux… Un empire déca-
dent se raccroche à sa gloire passée, un
ancien royaume éparpillé attend son roi
légitime, des orcs pillards mènent une
existence nomade… Toutefois, cela
présente l’avantage de se retrouver en
terrain familier : un groupe appréciant
ce genre d’ambiance ou des débutants
n’ayant pas déjà arpenté mille fois ce
chemin balisé trouveront aisément leur
compte – d’autant que le supplément
est dense et riche en informations.
Pour les autres se pose alors la ques-
tion : qu’est-ce qui pourrait les décider
à opter pour Royaumes de Terrinoth au
lieu d’une autre des innombrables pro-
positions médiévales-fantastiques du
marché ?
Artisanat
Peut-être le système de jeu ? Il est
vrai que Genesys possède d’indéniables
qualités, dont un esprit héroïque pulp
qui sied à une certaine fantasy hé-
roïque et décomplexée (et vu les nom-
breuses illustrations du supplément,
Royaumes de Terrinoth s’en réclame !).
Bien que la partie technique de l’ou-
vrage en représente la portion congrue
(environ soixante-dix pages tout de
même), elle fournit tous les éléments
nécessaires pour adapter Genesys au
médiéval-fantastique : races, carrières,
talents, compétences, armes… Les
magies spécifiques à ce monde sont
développées (dont les fameuses runes
mais aussi la virtuosité artistique) et
des règles complètes d’artisanat four-
nissent de quoi customiser ses épées
et armures !
Non seulement cela permet de jouer
à Terrinoth en profitant des diverses
qualités de ces règles, mais l’optique
« boîte à outils » permet aussi de les
utiliser pour convertir votre univers de
fantasy préféré : la Terre du Milieu, les
Royaumes oubliés ou le Vieux Monde se
prêtent aisément à un tel exercice étant
donnée la proximité d’inspiration.
Arpenter ces contrées avec Genesys se
trouve donc à portée de main !
Sus aux Ténèbres
Si Royaumes de Terrinoth ne brille
pas par son originalité, l’intérêt du sup-
plément existe et il est même double.
Tout d’abord pour les rôlistes souhai-
tant utiliser Genesys dans un contexte
médiéval-fantastique classique
– avec un bonus s’ils apprécient déjà
Runebound ou Descent. Et ensuite pour
ceux qui souhaitent bricoler un univers
de fantasy déjà existant ou bien même
motoriser le leur avec ce système, afin
de profiter de son orientation haute-
ment cinématographique.
Dans les deux cas, la qualité gra-
phique et rédactionnelle du supplé-
ment le rend agréable à lire et à utiliser.
Au lecteur de considérer à présent si
cet achat lui sera utile en fonction de ce
qu’il compte en faire !
Romain d’Huissier
Runebound,
Runewars et Descent
Royaumes de Terrinoth
appartient à un univers
ludique plus vaste, dont
il n’est que l’excroissance
rôliste : celui de Runebound,
un imposant jeu de plateau
qui emprunte déjà certains
codes au jeu de rôle. Qu’on
en juge : les joueurs incarnent
chacun un héros chargé de
sauver Terrinoth en explorant
ses terres pour trouver alliés,
artefacts et compétences
en vue de combattre des
monstres divers. Puis
il y a Runewars, un jeu
d’affrontement de figurines
qui se situe lui aussi dans ce
monde et offre de très belles
représentations des héros et
créatures qui y vivent. Enfin,
peut-être le plus connu et
pratiqué, Descent propose
une mécanique coopérative
d’exploration de donjons.
Dernier membre de la famille,
le supplément pour Genesys
peut sans doute bénéficier de
tout le matériel apporté par
ses aînés : figurines, plateau,
illustrations, scénarios, etc. De
quoi immerger encore plus
les joueurs dans l’aventure !
Et si ceux-ci sont déjà fans de
Runebound, nul doute que
Royaumes de Terrinoth saura
les séduire.
CRITIQUES | 95
96 | CRITIQUES
Fiche technique
Éditeur • Lapin Marteau
Matériel • Livre de 230 pages
en noir et blanc à couverture
rigide
Prix constaté • 30 €
J’aime :
+ Le format du livre
+ La diversité du contenu
+ Les plans des capitales
J’aime moins :
- Que tous les jeux de rôle
n’aient pas leur Comme il faut
- Qu’on parle de GN, j’aime
pô les GN
CHÂTEAU FALKENSTEIN | SUPPLÉMENT (VF)
COMME IL FAUT
Pour compléter le livre de base de Château Falkenstein, voici
l’indispensable supplément qui vous dit tout ce qu’il faut savoir
sur la vie quotidienne.
Une nouvelle traduction
Quart d’heure nostalgie : près de
trente ans après la sortie de Comme il
faut, le premier supplément de Château
Falkenstein, nous nous souvenons
encore, avec émotion, de sa lecture, à
l’époque. Supplément unique en son
genre, qui forma de facto l’intégralité de
la gamme, il est devenu une madeleine
de Proust, grosse comme un Whopper.
C’est donc avec délectation que nous
nous sommes plongés dans cette
nouvelle traduction faite par Lapin
Marteau. Attention, vous avez bien lu,
il ne s’agit pas d’une nouvelle édition de
l’éditeur américain, mais d’une nouvelle
traduction des textes originaux, impri-
mée dans une maquette rafraîchie. Et
c’est certainement une qualité à attri-
buer à Château Falkenstein, après tant
de temps, le texte n’a pratiquement pas
pris une ride.
Guide de la vie quotidienne
N’y allons pas par quatre chemins,
Comme il faut est le genre de guide
que de nombreux jeux de rôle n’ont
pas et devraient avoir. Il ne décrit pas
la forêt des elfes ou la politique des
nains, ou un catalogue aussi exhaustif
que peu inspiré de flingues. Non, il se
concentre sur l’essentiel, le fondamen-
tal pour tous les membres de la table :
le quotidien dans le monde de Château
Falkenstein. Et, mine de rien, c’est un
Guide du quotidien
voyage nécessaire car, deux siècles plus
tard, notre mode de vie et nos mœurs
ont bien changé. Il nous fait donc grand
bien de redécouvrir comment un gent-
leman et une lady vivaient au XIXe (en-
fin, plutôt comment ils vivent dans une
vision fantasmée et plaisante de cette
époque). Comportement des hommes
et des femmes, calendrier mondain,
etc., tout est passé en revue afin de per-
mettre à ceux et celles qui interprètent
un personnage autour de la table de
s’imprégner des us et coutumes ainsi
que des codes de la période.
Son intérêt ne s’arrête pas là, il four-
mille d’idées pour la création de scéna-
rio ou l’enrichissement de la partie. Car,
en effet, comme la vie de tous les jours
est différente, la manière dont le récit
va se dérouler l’est tout autant. Un
exemple simple : l’omniprésence des
journaux intimes qui met dans l’am-
biance et donne de la matière de jeu.
Indispensable !
Bref, Comme il faut n’est pas tant un
supplément pour Château Falkenstein
que la seconde moitié de son livre de
base. Vous pouvez bien sûr faire sans,
mais si vous avez découvert ou repris
goût à ce jeu, si unique, par cette nou-
velle version, vous vous devez de vous
offrir le plaisir d’y jouer… Comme il faut !
Romain « Belaran » Pelisse
KULT | RECUEIL DE SCÉNARIOS (VF)
TAROTICUM
ET AUTRES RÉCITS
Karta Mundi
Vous êtes en manque de méthodes nouvelles ou classiques pour
torturer vos joueurs ? Rassurez-vous, Kult a toujours de bonnes
idées à vous soumettre.
T
aroticum est le premier supplément
de la nouvelle mouture du plus sul-
fureux des jeux d’horreur. En utili-
sant le nom d’une campagne renommée,
l’attente est grande tant sur la refonte
que sur la nouveauté. Les histoires de ce
recueil de scénarios seront-elles capables
de faire frissonner les plus aguerris des
joueurs ou les feront-elles bailler d’ennui ?
Bateleur
L’ouvrage est la réédition augmentée
d’une campagne de 1995 à laquelle il
doit la première partie de son nom. Cette
campagne est complétée par plusieurs
scénarios aux thématiques variées. Si
retrouver parmi les intrigues des lieux
communs comme la survie en milieu
hostile ou l’artiste maudit ne surpren-
dra personne, les auteurs aborderont
des angles plus surprenants comme le
conflit familial ou encore l’architecture
moderne. Trois scénarios se démarquent
par leurs thèmes et leur originalité :
Taroticum, La Cena et Toujours plus haut.
Mat
Pièce maîtresse, Taroticum permettra
aux joueurs de découvrir deux tempora-
lités d’un même lieu. Les actions pas-
sées des personnages ont perverti un
asile de fous jusqu’à devenir une prison
infernale. La recherche d’une forme de
rédemption les mènera à un artefact
très puissant. Il sera possible d’illustrer
et agrémenter la partie avec le tarot édi-
té par ailleurs (mais non indispensable) .
La Cena propose une intrigue en huis
clos dans une cellule familiale sur le
point d’exploser lors du retour d’un Fiche technique
Éditeur • Arkhane Asylum
fils prodigue. Celui-ci va assister à un
Publishing
repas où la famille devra crever certains Matériel • Livre de 224 pages
abcès. Il faudra peu d’effort pour faire en couleur avec signet tissu
jouer ce scénario à la manière d’un GN. et couverture rigide
En effet, celui-ci fournit tous les élé- Prix constaté • 40 €
ments pour laisser les joueurs libre-
ment interpréter les personnages, leurs
conflits et rancœurs latentes.
Toujours plus haut offre surtout un
lieu pouvant intervenir lors d’une par-
tie et y devenir un élément central : le
complexe Monarque. Dans cette gigan-
tesque tour de verre et d’acier, chaque
étage renferme une épreuve, une hor-
reur ou une folie. Grace à un élément à
la discrétion du MJ, les joueurs parcour-
ront les différents niveaux vers le som-
met. Mais qui sait ce qu’ils y trouveront.
Jugement
Si l’ensemble des scénarios mettront
à rude épreuve la santé mentale et phy-
sique des personnages, ils sauront éga-
lement ébranler les plus valeureux des
joueurs. Que ce soit pour (re)découvrir une J’aime :
campagne « Kulte » ou pour des parties + Une grande découverte des
courtes, nul doute que vous trouverez ici méandres de l’illusion.
+ Une horreur qui prend aux
de quoi satisfaire les envies de sensations
tripes
fortes de votre table. Attention toutefois
aux sensibilités de chacun, certains scé-
J’aime moins :
narios pouvant, par leur contexte, être
- Des scénarios un peu plus
plus touchy que de coutume.
faibles
S.L.M. - Des disparités d’écriture
CRITIQUES | 97
98 | CRITIQUES
Fiche technique
Éditeur • Raise Dead Editions
Matériel • Boîte avec 1 livret
de règles (34 pages) et 1
livret de scénario (42 pages),
souples, en couleur ; un set
de 6 dés, 6 fiches de prétirés
cartonnée au format A5,
un écran souple trois volets
format paysage, 1 flipmat A2
recto verso, un punchboard
Prix constaté • 45 €
J’aime :
+ La mise en ambiance
+ L’univers apocalypto-rigolo
J’aime moins :
- Un contenu de boîte un peu
« léger »
- La mise en page
BITUME,
LA BOITE D’INITIATION
Tu veux un nouveau carbu pour ta bagnole ? Va voir avec
Pierre et Sylvain s’ils ne sont pas en train de jouer avec leurs
vilebrequins. Ils pourront sans doute jeter un œil.
L
e JdR, c’est comme les vieilles
bagnoles : on s’en souvient avec
nostalgie et on regarde d’un
mauvais œil les nouvelles versions.
Bitume c’est le meilleur des deux. Le
seul moyen de voir si la carrosserie et
le moteur vont bien ensemble, c’est
de mettre les mains dans le cambouis.
Allez, soulevons le capot.
Comète dans le bain
Bitume est un Jeu post apocalyptique
français créé en 1986 sous la plume de
Croc. Cette 7e édition remet un coup de
polish et un peu d’huile dans le moteur.
Mais de quoi ça parle ? Comme toute
bonne apocalypse, cela commence par
une série de catastrophes naturelles
provoquées par le passage (trop proche)
de la comète de Halley. Additionné au
chaos provoqué par les raz-de-ma-
rée, tremblements de terre et autres
joyeusetés, s’ajoute la capacité bien
connue des humains à s’entre-déchirer.
Pillages, violences urbaines et mas-
sacres irraisonnés achèveront de réduire
une civilisation déjà bien diminuée.
Et comme un malheur n’arrive jamais
seul, les survivants auront le plaisir
d’être frappés par un virus les plon-
geant dans le coma pour des durées
aléatoires. Le second effet Kiss Kool est
que les malades se réveillent avec une
mémoire totalement vierge. Certains
BOÎTE D’INITIATION (VF)
Smell Like Gasoline
ont mystérieusement conservé des
bribes de mémoire, des connaissances
techniques. Ces élus se destinant par
conséquent à devenir des guides ou
des mentors, des chefs de tribu aux
buts aussi divers que variés. Plusieurs
décennies plus tard, la France dévastée
est aux mains de différentes tribus qui
s’affrontent et se déplacent en groupes
à bord de vestiges motorisés, transfor-
més en monstres de métal.
Les joueurs forment un groupe issu
de différentes tribus mises en marge,
dont le but principal est la survie.
Youngtimers
L’univers de bitume fait de nom-
breuses références aux années 80,
chose plutôt tendance actuellement.
Mais la question du public auquel
s’adresse cette boîte d’initiation peut se
poser. En effet, l’initiation vise par défi-
nition un public néophyte et a fortiori
plutôt jeune, pour qui ces références ne
sauteront parfois pas aux yeux. Si des
séries comme Strangers Things font
un carton, la différence est que Bitume
ne fait pas découvrir les années 80 au
travers des yeux des personnages qui
y vivent mais à travers des références
à destination des lecteurs que même
les personnages n’auront pas. Des clins
d’œil qui, s’ils ne sont pas essentiels au
jeu, en font pourtant tout le sel.

Sellerie
Niveau matériel, la boîte est d’un
gabarit imposant avec un visuel qui
met tout de suite dans l’ambiance.
Une belle illustration old school
orne la face avant avec un dos plus
sobre tout en restant dans le ton.
Malgré sa taille, la boîte reste plu-
tôt légère en raison d’un contenu
qui n’occupe qu’un sixième de l’es-
pace disponible. Au vu du format,
la déception est présente ; c’est un
peu comme trouver un Hummer
avec seulement un litre de carbu-
rant : on sait que l’on va bien se
marrer mais pas forcément très
longtemps.
Les fiches de personnages sont
agréables et lisibles, le recto pré-
sentant le personnage et l’envers
sa monture. Le rôliste averti iden-
tifiera le moteur de jeu Chroniques
Oubliées sur lequel s’appuie
Bitume. L’écran est d’un format
classique pour une boîte d’initia-
tion, le dos présente les différentes
informations essentielles en partie
pendant que le recto s’orne d’une
illustration très classe où se mé-
langent références et clins d’œil. Le
flipmat fourni fait lui aussi dans la
finesse et, chose étrange, présente
une face brillante tandis que l’autre
est en finition mat. Ces deux der-
niers sont des ajouts gagnés lors la
campagne de financement.
Joint de culasse
L’ensemble du jeu se répartit
entre les deux livrets. L’un s’oriente
plutôt vers l’univers et les règles
tandis que le second renferme la
mini campagne.
La mise en page des deux livrets
est plutôt agréable à parcourir,
aérée et agrémentée de nom-
breuses illustrations. Ces dernières
sont généreuses et, si elles n’ont
pas toutes le même niveau, elles
donnent fortement le ton plutôt
décalé de cet univers apocalyp-
tique. Toutefois, certaines sec-
tions, comme la présentation des
tribus, avec seulement deux para-
graphes et deux illustrations par
page, procurent une sensation de
vide. Pour finir avec les points né-
gatifs, les voies des PNJ sont répar-
ties sur les deux livrets sans raison
apparente. Le choix d’un seul livret
pour l’ensemble aurait probable-
ment été une meilleure solution.
Crash Test
Passées les habituelles pages de
présentation sur le JdR, le livret
des règles introduit l’univers, ses
principales factions et, comme
indiqué dans le titre, les règles.
Deux éléments à noter, un tea-
sing peu discret concernant un
élément qui se retrouvera dans
le livre de base, déjà aperçu sur la
boîte et qui sera de nouveau men-
tionné dans la campagne ; mais
également le manque de mise en
avant, quasi inexistante, de l’im-
portance des véhicules en jeu. Si
cela devient évident à la lecture
des règles et aux nombreux visuels
qui les mettent en avant, un para-
graphe sur le sujet n’aurait pas été
superflu.
De son côté, la campagne se dé-
roule en quatre scénarios. Celle-ci
est courte, idéale pour de l’initia-
tion. Elle reste ouverte et permet
pas mal de liberté tout en évitant
la sensation d’être tenu par la
main. Elle permet aux joueurs de
découvrir plusieurs tribus ainsi que
la déchéance dans laquelle se situe
le monde actuel. Elle souligne éga-
lement à quel point les alliances et
statu quo sont fragiles quand de
plus grands intérêts sont en jeu.
C’est aussi l’occasion de nous glis-
ser à nouveau quelques mots sur
les fourmis (teasing quand tu nous
tiens).
Euro NCAP
Si, dans l’ensemble, cette boite
remplit sa fonction de découverte
avec des éléments suffisants pour
débuter dans le JDR, elle est cepen-
dant en deçà de ce que propose ses
homologues disponibles actuelle-
ment. Elle renferme suffisamment
pour que le cocktail d’action, de
violence et d’humour potache soit
un bon moment et un appel du
pied (un peu forcé) vers la gamme
complète. Alors mettez les gaz et
que les meilleurs survivent !
S.L.M.
CRITIQUES | 99
100 | CRITIQUES
TROUILLEVILLE
LIVRE 1 - LA SILENCIEUSE
Vous voulez faire découvrir le jeu de rôle aux enfants mais pas
l’envie de les plonger dans une grosse machine ?
Nous avons ce qu’il vous faut.
D
Fiche technique epuis longtemps, les Éditions
Éditeur • Makaka Makaka flirtent avec le coté lu-
Auteur • Johan Troïanowski dique de l’édition, notamment
Matériel • Livre de 96 pages avec des bd dont vous êtes le héros ou
en couleur à couverture des jeux en reprenant les mécanismes
rigide, au format 18,5 x 27 cm
Prix constaté • 25 €
(Kuala). Le cap est maintenant franchi
avec Trouilleville, le premier vrai jeu de
rôle de l’éditeur aux tresses. Mais l’at-
tente valait-elle le coup ?
Frisson
En 2020 paraissait chez l’éditeur
Lune et Merlin, un album jeunesse très
coloré et plutôt rigolo où deux jeunes
humains se lancent à la poursuite
d’une chèvre invisible qui les mène à
la rencontre de créatures étranges et
fantastiques. Au détour des pages, une
annonce légèrement hors de propos
attirait l’attention : un teasing pour
une adaptation en jeu de rôle. Trois ans
plus tard sortait un ouvrage que nous
n’attendions plus vraiment. Un jeu de
rôle pour enfant prenant place dans le
même univers.
Dans Trouilleville, les joueurs in-
carnent des monstres. Pas des créa-
tures malfaisantes, mais plutôt des
J’aime :
+ Les visuels très immersifs versions enfantines des nombreuses
+ Un univers terreurs et cauchemars des adultes,
Golem, Sorcière ou encore Savants fous
J’aime moins : qui résident en famille, sous la surveil-
- Les blocs de texte lance d’un grand ancien, dans des quar-
- Pas de signet tiers d’un ancien cimetière transformé
LIVRE DE BASE (VF)
Chocotteland
en village : Trouilleville. Toutes ces
créatures vivent pacifiquement, iso-
lées du tumulte des humains par la
Silencieuse, une grande et dense forêt.
Frayeur
La première approche visuelle est effi-
cace et accrocheuse, avec une belle illus-
tration qui donne le ton. La couverture
est magnifiquement agrémentée d’un
marquage à chaud vert sur son texte.
La quatrième de couverture fait éga-
lement dans la sobriété avec un texte
descriptif plutôt petit qui laisse sa place
à la continuation de l’illustration prin-
cipale. Sa taille, légèrement plus petite
qu’un format standard, le rend facile à
manipuler par les petites mains. De son
côté, le contenu ne semble pas allégé au
vu de la centaine de pages proposées
au compteur. Avec le soin apporté à la
couverture, nous aurions pu attendre un
signet en tissu en guise de finition, mais
nous nous en passerons.
À l’intérieur, la mise en page oscille
entre très aérée et très dense. L’ouvrage
n’oublie cependant pas ses origines,
puisque tous les pages comportent
au moins une illustration. Cette abon-
dance visuelle renforce l’immersion
tout en créant un décalage constant
avec le texte (nous y reviendrons plus
bas). Le style graphique de Johan
Troïanowski est parfait pour ce genre
de jeu, à la fois naïf et très précis,
qui rappelle les dessins d’enfants.
Il utilise également une palette
de couleurs vives que l’on croi-
rait issue des crayons de couleurs
d’une trousse d’écolier. Un dessin
qui incitera à n’en pas douter au
mimétisme chez les joueurs.
Épouvante
La structure de l’ouvrage est plu-
tôt classique et débute avec une
aventure d’introduction plutôt
sympathique en forme de livre dont
vous êtes le héros. Le chapitre deux
présente les cinq types de monstres
à incarner et leurs particularités.
Ensuite, quelques pages viennent
nous expliquer les règles de jeu. Le
chapitre suivant détaille Trouilleville
et ses alentours quartier par quar-
tier tout en prenant le temps d’en
décrire certains habitants ou de
planter quelques graines pour de
prochaines aventures. En fin d’ou-
vrage, un personnage confiera une
mission aux petits monstres pour
les embarquer dans leur première
grande aventure.
Horreur
Autant le dire tout de suite, le jeu,
malgré ses nombreuses qualités,
n’est pas exempt de défauts. En
effet, il essuie les plâtres d’un for-
mat et un volume de texte peu pra-
tiqué par la maison d’édition. Ce qui
saute directement aux yeux, c’est
la densité des textes. Ceux-ci sont
massifs et peu attirants. La faute
probable à des blocs peu aérés et
à une police d’écriture tristounette
dans une taille beaucoup trop fine
pour être attrayante et facilement
lisible, que ce soit par un enfant
ou un adulte. L’explication la plus
probable est celle d’un manque
d’expérience sur des volumes de
textes aussi importants, que ce soit
du côté de l’auteur ou d’un manque
d’accompagnement éditorial.
Ce qui est dommage, c’est que le
confort de lecture en pâtit forte-
ment, d’autant plus que les textes
sont plaisants à lire. On note éga-
lement un effort pour rendre la lec-
ture dynamique grâce à des inter-
ventions de la fossoyeuse (MJ) ou
de l’usage de surlignage coloré.
Effroi
Afin de pouvoir convenir au
public cible, le moteur de jeu se
devait d’être simplissime. Les per-
sonnages sont composés de trois
caractéristiques. Corps pour les
actions physiques, Esprit pour les
actions nécessitant de la réflexion
et Frayeur pour les interactions
sociales. Lors d’un test, les joueurs
lancent le nombre de dés correspon-
dant à la caractéristique associée et
chaque 4,5, ou 6 obtenu correspond
à une réussite, un résultat de 6 pou-
vant être lancé de nouveau, géné-
rant une nouvelle réussite à chaque
fois. Certains objets peuvent
octroyer des bonus. S’il le total
dépasse le seuil défini, l’action est
réussie. Les personnages disposent
d’une jauge de mana qui sert à lan-
cer des sorts ou pouvoirs. Ces quatre
éléments sont représentés dans les
règles avec des icônes facilement
identifiables par les enfants.
Les personnages sont des
monstres et dépendent de plu-
sieurs espèces. Chaque type de
monstre donne accès à des atouts
mais aussi des faiblesses (utili-
sables ou non en fonction de l’âge
des joueurs). Et il est possible de
personnaliser son monstre en lui
attribuant un « sous-type » pure-
ment cosmétique.
Terreur
Ce premier JdR des Éditions
Makaka est globalement une réus-
site, malgré quelques défauts pro-
bablement dus à un format inha-
bituel pour l’éditeur. Trouilleville
remporte cependant le pari d’être
un jeu accessible et attrayant
pour le jeune public dans un uni-
vers frais, original et agréable,
capable de capter l’attention des
plus jeunes. Son moteur de jeu
simple et efficace permettra de
jouer selon son niveau et sera faci-
lement pris en main par les plus
jeunes pour un jeu en autonomie
ou accompagné. Le premier sup-
plément, prévu pour avril 2023,
complétera et enrichira son uni-
vers avec cinq nouveaux monstres
et une nouvelle région à explorer.
De nombreuses aventures palpi-
tantes en prévision !
S.L.M.
CRITIQUES | 101
102 | CRITIQUES
SHADOWRUN HERITAGE | SUPPLÉMENT (VF)
DOSSIERS
CORPORATISTES 2054
Les opérations qui se déroulent dans les ombres sont en général
d’une opacité totale. Les commanditaires sont souvent des
structures avec pignon sur rue. Fouillons un peu dans leurs
Fiche technique La firme
Éditeur • Black Book Éditions Ces dossiers vous permettront de
Matériel • PDF de 137 pages découvrir les obscurs méandres admi-
en couleur
nistratifs des superpuissances. Les
Prix constaté • 10 €
rouages qui régissent et rythment la vie
d’une structure colossale dans laquelle
chaque employé n’est probablement
qu’un pion manipulé par quelqu’un
plus haut placé. Avec ces dossiers,
vous pourrez mieux appréhender les
luttes de pouvoir implacables qui se
déroulent dans l’ambiance feutrée de
bureaux ultra chics. Des luttes qui ont
des répercussions sur chacun, dans le
sixième monde.
Company man
L’ouvrage est divisé en cinq grandes
parties. Les trois premières s’attachent
à nous décrire les mécanismes de la
gestion administratives et les pro-
cessus commerciaux des mégacorpo-
rationss. Elles nous montrent par la
même occasion à quel point nous ne
sommes que de simples morceaux de
viande dans un lac infesté de piranhas
eux-mêmes menacés par des requins.
J’aime :
La quatrième se consacre à l’Habitat
+ Découvrir les petits secrets
des grandes corpos Zurich-Orbital, véritable centre de puis-
+ Des infos claires sance corporatiste, situé dans l’espace,
bien au-delà de toute menace possible,
J’aime moins : montrant qu’elles sont définitive-
- Seulement en PDF ment au-dessus de tout. Mais dans les
- Des données à remettre en ombres, personne n’est jamais complè-
actualité tement en sécurité.
Gafa 2054
petits papiers.
Le meilleur étant toujours réservé
pour la fin, ce sont les Big Eight qui
clôturent ce supplément. Les huit cor-
pos les plus puissantes sont passées
au crible. Tout y est présenté sous la
forme de fiches, que ce soit l’histoire,
les domaines de compétences, les
têtes pensantes ou les actifs, tout en
passant par une revue en règle des ins-
tances de sécurité. Ces fiches incluent
bien entendu des informations aussi
bien officielles qu’officieuses.
Si l’ouvrage dans son ensemble reste
pertinent (mais à resituer dans sa tem-
poralité), cette dernière section de-
mandera probablement une mise à jour
selon votre période de jeux, les cartes
des relations des puissances étant ré-
gulièrement rebattues.
Clauses implicites
Véritable mine d’informations sur les
corpos, ce supplément ajoutera encore
une couche de background à vos par-
ties de Shadowrun. Il permettra éga-
lement à vos joueurs de découvrir qu’il
est parfois plus simple d’affronter une
escouade de Knight Errants que de sur-
vivre à un conseil d’administration cor-
poratiste. Une chose est sûre, tout bon
MJ saura puiser dans ces fabuleux dos-
siers de nombreux points de départ de
scénarios aussi complexes que retors.
S.LM.

LIVRE DE BASE (VF)
DARK CRYSTAL,
LE JEU D’AVENTURE
Maudits Gelflings !
Alors que l’univers de Dark Crystal, petit bijou de Jim Henson,
a été remis en avant en 2019 avec la série Dark Crystal : Age of
Resistance, le voilà qui arrive désormais en jeu de rôle.
S
i le film Dark Crystal proposait
un univers très restreint, la série
s’est attachée à l’étendre et à lui
donner du corps. Le jeu de rôle fait de
même. Dans la même veine que le jeu
de rôle Labyrinth, également dispo-
nible chez Black Book Éditions, ce Dark
Crystal en vaut-il la peine ?
Jouer des Gelflings
Les joueurs vont donc incarner une bande
de Gelflings, le peuple d’où les héros du
film et de la série sont issus, prêts à tout
pour sauver leur monde, Thra. Les clans
sont décrits de manière succincte mais
leurs traits permettent de leur donner une
personnalité et une spécificité claires.
Chaque personnage est défini par son
clan parmi les sept que comptent les
Gelflings. Ils choisissent ensuite deux
compétences parmi les sept compé-
tences disponibles (faisant office de
caractéristiques), ainsi qu’une spéciali-
sation parmi les quatre proposées par
les deux compétences.
Enfin, il ne vous reste qu’à choisir un
défaut et à tirer sur une table comment
le Gelfling a été convoqué pour le début
de l’aventure et… voilà. Une création
simple et d’une grande rapidité.
Un système simple
À la base de la mécanique se trouve le
dé de personnage. Ce dernier est un d6
pour les Gelflings, mais il peut être plus
élevé (d8, d10 ou d12) pour les créatures
CRITIQUES | 103
plus puissantes. Les Gelflings sont de
petits êtres faibles, et la ruse sera sou- Fiche technique
vent de mise. Éditeur • Black Book Éditions
Pour réaliser une action, on jette le dé Matériel • Livre à couverture
rigide de 290 pages au
de personnage, auquel on ajoute un bo-
format A5
nus de +0 à +3. Un résultat supérieur ou
Prix constaté • 40 €
égal à la difficulté du jet constitue une
réussite. Si les circonstances sont favo-
rables, on jette deux dés et garde le meil-
leur (et le pire si elles sont défavorables).
Il n’y a pas de points de vie dans Dark
Crystal : chaque fois qu’un personnage
subit des dégâts, il réduit son dé de
personnage d’un cran (de d6 à d4, par
exemple). Si on réduit en dessous du
d4, le personnage est hors de combat
et subit une blessure. Simple, et facile.
S’aventurer en Thra
Dark Crystal ne contient pas d’atlas
extensif, mais l’immense majorité du
livre se consacre à une grande aven-
ture. Ceci étant, le livre est loin d’être
clé en main et les MJ devront travailler
un peu avant de pouvoir jouer chacune
des scènes. Heureusement, il n’est pas J’aime :
difficile de d’en étendre certaines, et + Un livre jeu et campagne
on peut même facilement les imaginer + La simplicité du système
durer une partie entière. + L’univers incroyable de
Dark Crystal
Si vous n’êtes pas contre un peu de
travail de préparation, ou êtes simple-
J’aime moins :
ment à l’aise avec l’improvisation, et
- L’univers aurait mérité un
si vous adorez l’univers créé par Jim peu de développement
Henson et Brian Froud, il est clair que - Une fois la campagne finie,
ce Dark Crystal est une petite réussite. les pistes pour continuer à
Julien Dutel jouer sont minces
CRITIQUES | 103
104 | CRITIQUES
L’ANNEAU UNIQUE –
BOÎTE D’INITIATION
Aventures dans la Comté
« Dans un trou, vivait un hobbit ! » Et si on se replongeait
dans l’ambiance du Hobbit ? Avec une touche de
Seigneur des Anneaux. C’est ce que vous propose
la boîte d’initiation de L’Anneau unique.
C
Fiche technique es dernières années, de nombreuses
Éditeur • Edge Studio gammes de JdR proposent, qui
Matériel • 1 boîte contenant avant le jeu complet, qui en même
3 livrets (de 24, 32 et 52 temps, qui après, une « boîte d’initia-
pages en couleur), 8 PJ tion ». C’est le cas de L’Anneau unique.
prétirés, 1 grande carte La question est de savoir si c’est une
(format poster) recto verso boîte d’initiation au JdR en général ou à
représentant la Comté d’un
L’Anneau unique en particulier. À moins
côté, l’Eriador de l’autre, 30
cartes de ressources, 6 cartes
qu’elle n’ait le bon goût de faire les deux ?
de rôles, 1 set de dés
(6 d6 et 2 d12) Tour d’horizon
Prix constaté • 39,99 € Au premier regard, la Boîte d’initiation
(BI) de L’Anneau unique contient du beau
matériel comme nous y a habitué l’édi-
teur suédois Free League, qui publie la
VO. Edge Studio l’a reproduite quasiment
à l’identique, avec ses trois livrets, ses
huit fiches de PJ prétirés, le poster repro-
duisant les cartes de la Comté et d’Eria-
dor, son set de dés, les trente cartes de
ressources et les six cartes de rôles. Seuls
les fonds de couvercle de la boîte VO n’ont
pas été reproduits : un rappel synthétique
des règles d’un côté, la carte de la Comté
de l’autre. Rien de bien grave, même si la
synthèse des règles dans le couvercle eu
J’aime : été utile en l’absence d’écran.
+ Du beau matériel !
+ Une vraie boîte d’initiation
+ La jolie campagne se
Visite guidée
En 24 pages, le premier livret vous livre
déroulant dans la Comté
toutes les règles dont vous avez besoin
J’aime moins : pour jouer. Il est rédigé de manière
- L’achat obligatoire si vous didactique et vous plonge dans l’am-
voulez la description de la biance dès la première page. Clairement,
Comté cette BI s’adresse à des novices et prend
BOÎTE D’INITIATION (VF)
le temps d’expliquer comment jouer à
L’Anneau unique. Les auteurs ne perdent
pas de temps à expliciter le terme « jeu
de rôle », ils prennent tout simplement
le lecteur par la main. Un bon point !
Les règles sont simples : quand jeter
les dés ? Comment procéder ? On re-
trouve la mécanique du jeu, mais uni-
quement les éléments de base qui sont
largement suffisants. Point de règles
de voyage, de gestion des objets… (cf.
la critique du jeu complet). Ni de règles
de création de personnage : huit préti-
rés sont fournis, taillés sur mesure pour
la campagne La Conspiration du Livre
rouge, qui fait l’objet du deuxième livret.
On ne vous dévoilera rien sinon qu’elle
vous propose d’incarner des hobbits
de la Comté (et un nain, et pas des
moindres !) qui vont s’acoquiner avec un
certain… Bilbo Sacquet. Un livret de 52
pages décrit abondamment la Comté et
vient alimenter le MJ pour faire vivre cinq
aventures palpitantes, pleines de hobbi-
teries, mais parfois teintées d’obscur.
En bref
Par son sujet, son setting, sa rédac-
tion et le matériel (cartes décrivant
le matériel et aide-mémoire pour le
combat), cette boîte est vraiment une
perle pour les novices. Mais elle plaira
certainement aux routards qui veulent
changer d’air. Une vraie réussite !
Marc Sautriot

L’ŒIL NOIR | SUPPLÉMENT DE RÈGLES
MAGIE AVENTURIENNE
Traditions magiques
Vous pensiez tout savoir sur la magie pratiquée en Aventurie ?
Tss tss tss, c’est bien présomptueux ! et ce supplément de rien
moins que 240 pages est là pour vous donner tort !
L
a magie est très présente en
Aventurie. Elle peut prendre de
très nombreuses formes, qu’ex-
plore ce supplément au travers de
nouvelles règles, sorts, professions et
autres options de personnage. Tout ce
dont vos joueurs peuvent avoir besoin
pour leurs personnages, et dont le MJ
pourra également se servir.
Tout est magie, ou rien
Tout commence par cinq traditions bien
différentes, des très académiques magi-
ciens de guilde aux dansemages (capables
de générer des effets magiques avec leurs
danses, variées selon les cultures) en pas-
sant par les latensis (des lanceurs de sorts
innés qui n’ont pas eu de formation), les
charlatans (spécialistes des illusions) et
les chante-sorts (des bardes capables de
faire de la magie).
Au-delà des éléments techniques (par
exemple, les enchantements des arte-
facts propres à chaque tradition, tels que
bâtons de magicien, baguettes, boules
de cristal…), cette première section
offre de nombreux éléments d’univers.
Il n’y a rien d’extravagant, mais pléthore
d’idées propres à nourrir un PNJ ou des
intrigues : simple, riche et efficace.
Les règles optionnelles, qui couvrent
la formation continue ou encore les
formations interrompues avant leur
terme, sont parfois un peu lourdes mais
apportent là encore leur lot d’informa-
tions sur le contexte, en présentant
CRITIQUES | 105
notamment plusieurs écoles de magie et
leurs spécialités. Quitte à ce que certains Fiche technique
sujets soient abordés à plusieurs en- Éditeur • Black Book Éditions
droits différents. L’index, présent en fin Matériel • Livre de 240 pages
d’ouvrage, lisse heureusement ce point. en couleur à couverture
rigide
La magie est dans les mots Prix constaté • 45 €
Le gros de l’ouvrage est un catalogue
de capacités magiques et de sorts. Pour
faciliter l’adoption de ces nouvelles
options, une vingtaine de professions,
au même format que celles du livre de
base, sont proposées. Elles consistent
principalement à combiner une tra-
dition et une école. Elles recoupent
ainsi en partie des descriptions déjà
proposées par ailleurs mais rendent
l’ensemble exploitable plus facilement.
Les huit archétypes proposés s’ins-
crivent dans cette démarche. Ils ont le
bon goût de s’inscrire fortement dans
l’univers de jeu (le magicien n’est pas
juste un « magicien », mais un « magi-
cien puninois »), d’être bien écrits (cha-
cun fait l’objet d’un court récit) et suffi-
samment riches pour être exploités de
multiples manières – il y a de quoi tirer de J’aime :
chacun plusieurs accroches d’aventure. + Autant un supplément de
Il n’est jamais évident de se retrouver contexte que de règles
dans un ouvrage aussi dense et épais. + Bien ancré dans l’univers
Mais même si l’organisation des infor- d’Aventurie
mations est perfectible, tous les outils
pour s’en sortir sont là. Dans ces condi- J’aime moins :
- Des informations pas
tions, il serait dommage de bouder une
toujours bien organisées
telle richesse !
- Beaucoup (trop ?) de
Slawick Charlier nouvelles options
CRITIQUES | 105
106 | CRITIQUES
MYTHRAS | SCÉNARIO (VF)
CES VIOLENTS
PLAISIRS
Désirs & Déraison
Il y a un air de module D&D pre-
mière génération dans ce petit sup-
plément à reliure collée : couverture
flashy, maquette rétro, plans hexa-
gonaux, galerie de PNJ… Il propose
une aventure pour personnages
débutants jouable avec la version
Fantasy Classique de Mythras (pour
jouer le D100 au D20). Tout est fourni
pour organiser une sortie en forêt :
enjeux de l’histoire, description des
lieux et antagonistes à foison.
L’histoire commence par une mis-
sion confiée aux personnages. Le
fils d’une gente dame elfe a disparu
dans une forêt enchantée. La maman
attentionnée s’inquiète pour son re-
jeton encore naïf. Il se pourrait pour-
tant qu’ils ne soient pas les premiers
à avoir été engagés… ni les derniers.
Ne vous fiez pas aux apparences
candides de l’histoire comme du sup-
plément. Ils auront fort à faire pour
résoudre cette aventure. Leurs choix,
lorsque la vérité éclatera, ne seront
pas faciles à assumer.
Olivier Halnais
Editeur • D100.fr
Matériel • Livre A4 N&B de 35 pages à
couverture souple
Prix constaté • 9,60 € en impression à
la demande sur Lulu, 5,20 € en PDF sur
DriveThruRPG
MYTHRAS | SCÉNARIO (VF)
LES SECRETS DE LE DESTIN
ROUGEROC DE MÉROS
Le village de la folie
Cette aventure tient autant du bac-
à-sable que du scénario. Les person-
nages sont mandatés par le régent
d’Artise de la Contrée pour enquêter
sur des disparitions à Rougeroc. La
milice a déjà été envoyée, mais elle
n’a pas donné de nouvelles. Le village
est modeste, sa richesse provient des
mines qu’il exploite. L’hiver appro-
chant, il n’est pas question pour le
seigneur Rival de se passer d’une
telle manne.
Le cadre et les protagonistes sont
bien présentés, nombreux à peu-
pler les environs du roc Rouge-Sang.
Tous ne sont pas bienveillants, mais
ne vous fiez pas aux apparences, un
ennemi pourrait rallier votre cause.
Les joueurs doivent dénouer l’éche-
veau des secrets de Rougeroc pour
triompher d’un mal puissant qu’ils
ne peuvent vaincre seuls. L’intrigue
s’intègre dans l’histoire de Mythras
et se fond dans la campagne Contre
le Chaos. Elle peut être une préquelle
jouée par les aïeux des personnages.
Olivier Halnais
Editeur • D100.fr
Matériel • Livre A4 N&B de 95 pages à
couverture souple
Prix constaté • 12,20 € en impression à
la demande sur Lulu, 9,00 € en PDF sur
DriveThru RPG
MYTHRAS | SCÉNARIO (VF)
Jouets des dieux
Après les événements du livre de
règles et des suppléments suivants,
les joueurs sont engagés par la reine
Hératos. Ils doivent arrêter la traî-
tresse qui a comploté contre elle.
C’est à ce prix que la paix reviendra
à Méros. Ils empruntent un chemin
semé d’embûches et de faux-sem-
blants, pour devenir des instruments
de justice divine.
Cette mini-campagne en trois actes
développe une intrigue aux nom-
breuses vertus. Elle est fortement
intégrée dans l’histoire de Mythras.
Elle fait voyager les joueurs, qui font
de nombreuses rencontres avant de
découvrir la vérité et de choisir leur
camp. Les adversaires sont nom-
breux, puissants et souvent dissi-
mulés là où on ne les attend pas. Ne
vous fiez pas à la taille modeste du
supplément, l’écriture est synthé-
tique mais distille toutes les infor-
mations dont vous avez besoin pour
jouer. Il ne vous reste qu’à dévelop-
per un peu pour obtenir une épopée
digne de ce nom.
Olivier Halnais
Editeur • D100.fr
Matériel • Livre A4 N&B de 34 pages à
couverture souple
Prix constaté • 8,50 € en impression à
la demande sur Lulu, 4,60 € en PDF sur
DriveThruRPG
KIT D’INITIATION (VF)
MIR
Horreur en cyrillique
Dans ce jeu de dark fantasy très
organique, les joueurs incarnent des
agents de la MIR, une organisation
qui traque les Échos maléfiques
d’une ancienne Catastrophe.
Ce kit comprend une large section
sur l‘univers, toutes les règles pour
jouer, six prétirés (qui sont aussi
imprimés à part) et un scénario, le
tout sous la forme d’un bel ouvrage
enchâsse dans un solide écran. C’est
presque trop luxueux pour un kit
d’initiation ! D’ailleurs, de nombreux
éléments fournis ne sont ni utiles
pour faire jouer le scénario proposé,
ni assez détaillés pour être exploi-
tables en dehors de celui-ci. Il est
également difficile de voir comment
mettre en pratique certains concepts.
Le scénario mêle habilement deux
Échos et une intrigue politique.
Quelques incohérences mériteront
un peu de réécriture, mais il remplit
parfaitement son rôle de découverte,
en attendant le livre de base complet.
Slawick Charlier
Éditeur • Little Dusha
Matériel • Livre à couverture rigide
de 160 pages, écran et six fiches de
prétirés
Prix constaté • 55 €
BOÎTE DE BASE (VF)
LE SEIGNEUR
DES ANNEAUX,
LE JEU DE RÔLE
Un jeu pour les gouverner
tous ?
Pas évident de passer après Cubicle
7 et Free League Publising (The One
Ring et Adventures in Middle Earth) en
termes de proposition de JdR dans l’uni-
vers du Seigneur des Anneaux. C’est
pourtant le pari risqué de 404 Éditions
et de cette petite boîte qui, pour un prix
tout à fait honnête, propose quatre scé-
narios permettant de revivre les grands
moments des films de Peter Jackson.
Elle est jolie (la boîte), de belle facture,
et la direction artistique est tout à fait
dans le ton de l’œuvre de Tolkien. De ce
côté, le pari est gagné.
Le jeu se veut simple et abordable.
L’idée sous-jacente est de proposer
une entrée en douceur dans l’univers
du JdR et du Seigneur des Anneaux.
Simple, le système l’est. Mais les
scénarios demanderont au meneur
une intense préparation pour que les
PJ restent dans le droit chemin. Pas
évident pour des débutants. Reste la
belle intention de départ.
Philippe Pinon
Éditeur • 404 éditions
Matériel • Livret de 96 pages de règles
et de scénarios – 1 écran de jeu pour le
meneur – 50 cartes de jeu – 12 fiches
de personnages
Prix constaté • 19,95 €
LE DOMAINE DE SEEDMILLS | SUPPLÉMENT DE
BACKGROUND (VF)
L’APPEL
DE L’OMBRE
Loin des vertes prairies
L’Appel de l’Ombre suit la ligne
directrice tracée par le Domaine de
Seedmils. Divisé en deux parties, l’ou-
vrage — sobre, tout en noir et blanc —
s’ouvre sur de nouveaux Secrets
d’Univers. Une narration très litté-
raire présente ces différents lieux,
PNJ et autres, et font comprendre
au lecteur que, décidément, rien
n’est rose dans l’univers de Seedmills
(malgré les apparences). Une parfaite
plongée dans l’ambiance, de fait.
Diversité fait force dans ces Secrets et
ils apportent moult détails à un envi-
ronnement déjà riche et foisonnant.
Deux scénarios, bien différents
dans leurs styles respectifs, com-
posent la deuxième partie du livre.
Le premier s’avère assez classique,
à l’inverse du deuxième, bien plus
original, et qui permettra aux joueurs
de s’immerger un peu plus dans l’uni-
vers si particulier de Seedmills.
Un indispensable pour ceux qui
souhaitent enrichir leur expérience
de jeu.
Philippe Pinon
Éditeur • Maxence Albanel
Matériel • Livre de 80 pages au format
A5 à couverture souple
Prix constaté • 15 €
CRITIQUES | 107
108 | CRITIQUES
LIVRE DE BASE (VF)
QUATRE CONTRE SABBAT,
LES TÉNÈBRES LA MAIN NOIRE
Donjon old school en solo
Prenez des règles simples, inspi-
rées de OD&D, notamment pour les
classes et les habiletés, un système
de jeu exclusivement basé sur le D6
(D6 contre niveau du monstre) et
vous obtenez un système d’explo-
ration de donjon sans préparation,
pour jouer une partie courte en solo.
La création du donjon ainsi que
les rencontres se font à partir de
tables aléatoires. Bien que quelques
énigmes et pièges agrémentent le
tout, ce dungeon crawling reste très
axé Porte-Monstre-Trésor.
Si vous appréciez la gestion méca-
nique de l’exploration, sans prépara-
tion préalable, et que votre groupe de
joueurs n’est pas dispo, vous appré-
cierez certainement Quatre contre les
ténèbres, d’autant que la VO se dote
d’extensions rendant le jeu moins
répétitif et augmentant sa rejoua-
bilité. C’est d’ailleurs ce qui peut le
démarquer d’autres jeux proposant le
même principe.
Géraud G.
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel • Livre de 96 pages en N&B à
couverture souple
Prix constaté • 24,90 €
VAMPIRE : LA MASCARADE 5E | SUPPLÉMENT (VF)
Spawns of Anarchy
Les habitués de la gamme ne seront
pas surpris par ce supplément. Il se
place dans la lignée directe des deux
précédents, permettant de plonger
plus en profondeur dans les secrets
de la secte caïnite la plus crainte : le
Sabbat.
Bien que le supplément contienne
des options pour les personnages,
il ne s’agit pas là du contenu le plus
intéressant, contrairement à la
seconde moitié du livre qui expose
l’histoire du Sabbat et les consé-
quences de la Géhenne sur la secte.
Cette partie propose surtout de nom-
breux conseils au meneur pour utili-
ser la secte dans ses campagnes de
Vampire : la Mascarade, ainsi que des
accroches de scénarios.
Sabbat, la main noire est un sup-
plément à l’image des précédents,
assez complet, qui complète la trilo-
gie débutée avec Camarilla et Anarch,
permettant d’avoir une vision plus
claire et plus complète des conflits et
de la politique du monde caïnite.
Julien Dutel
Éditeur • Arkhane Asylum Publishing
Matériel • Livre de 134 pages en
couleur à couverture dure, au format
US Letter
Prix constaté • 40 €
LES GUIDES LORESMYTH | AIDE DE JEU (VF)
AUBERGES
REMARQUABLES
Intégrer des auberges dans
votre univers medfan
Vous lorgnez sur des suppléments
de jeu que vous ne possédez pas
en vous demandant comment en
importer le contenu dans votre cam-
pagne D&D, Warhammer ou autre ?
Voilà qui pourrait vous intéresser !
Cette aide de jeu se concentre sur
des descriptions d’auberges, de per-
sonnages, de boissons et d’autres
joyeusetés, mais en limitant les sta-
tistiques à de simples et peu nom-
breuses caractéristiques comme le
niveau de confort, de sécurité, de prix
de chaque auberge.
Neuf établissements sont décrits,
avec leurs spécialités et secrets. Un
chapitre permet aussi de créer vos
propres auberges à l’aide de tables
aléatoires. Le livre contient de nom-
breuses illustrations et plans, des
idées de jeux de tavernes, de chants,
de péripéties, des idées pour les
combats de taverne, etc. Un guide
complet qui permet de rester dans le
concept classique de l’auberge tout
en allant au-delà des clichés du genre.
Adrien « Feldo » Saurat
Éditeur • Arkhane Asylum Publishing
Matériel • Livre à couverture rigide de
104 pages
Prix constaté • 29,90 €
CRITIQUES | 109
110 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
Fiche technique
Éditeur • Warner Bros Games
Genre • RPG action-aventure
Plateformes • PC, PS5, Xbox
Series (PS4, Xbox One et
Switch : 4/4/2023)
Prix constaté • env. 60 €
J’aime :
+ Un monde ouvert vaste et
foisonnant
+ De nombreuses possibilités
de personnalisation
(personnage et univers)
+ Un bel hommage à cet
univers qui a fait rêver tant de
monde
J’aime moins :
- Tellement de choses à faire
qu’on perd parfois le fil de la
trame principale
HOGWARTS LEGACY :
L’HÉRITAGE DE POUDLARD
Harry Potter avant Harry Potter
Annoncé en septembre 2022, Howgarts Legacy était attendu
autant par les gamers que par les Pottersheads, qui rêvent
depuis toujours d’un jeu vidéo sur les origines de l’univers de la
licence Harry Potter. Pour leur bonheur, il est enfin arrivé !
À l’origine de tout
Un siècle avant les aventures de Harry
Potter, vous incarnez un élève de l’école
Poudlard qui détient un secret capable
d’ébranler le monde des sorciers. Au
programme, un sorcier maléfique à
affronter, mais avant cela des trolls,
des gobelins ou encore des mages
noirs. Votre avatar est personnalisable,
vous permettant de vivre votre propre
aventure au sein de la célèbre école de
magie. En dehors de la trame scéna-
ristique, un fort aspect exploration et
gestion, puisque le jeu vous donne une
grande autonomie en ce qui concerne
les tâches quotidiennes d’un élève de
Poudlard, que ce soit dans la prépara-
tion de potions, le sauvetage d’animaux
fantastiques et, bien sûr, les combats
de magie. Ces nombreuses activités ne
doivent pas trop vous éloigner de votre
quête, car votre monde est en danger !
De quoi s’occuper
En plus de l’avatar, la customisation
du titre va encore plus loin. Vous avez
aussi accès à une salle ‘sur demande’
qui sera votre QG et que vous pourrez
remplir comme vous le souhaitez. Elle
sert au départ, entre autres, à l’élabora-
tion de vos potions, mais vous pourrez
aussi la redécorer. Vous pourrez aussi
créer un magnifique jardin, cadre idéal
pour les animaux fantastiques que vous
sauverez au cours de votre aventure.
JEU VIDÉO (VF)
Dans votre exploration, vous serez
aidé par votre fidèle balai, mais aussi
des montures magiques. Les envi-
ronnements changent selon le jour et
la nuit, ainsi que le cycle des saisons.
Poudlard et ses environs pourront ainsi
se parer de feuilles ocres ou de neige
selon la période de l’année. La tempo-
ralité influera aussi les activités au sein
de l’école et en dehors, qu’il s’agisse
de hameaux, forêts, grottes ou autres
lieux alentours.
Quant aux phases de combats, elles
seront orchestrées par vos sorts et tech-
niques, vous poussant toujours plus loin
dans leurs connaissances et utilisations
pratiques. Vous risquez donc de passer
un certain temps à débloquer une quan-
tité astronomique de contenus, pour le
plus grand plaisir des adeptes du genre
jeux de collecte/simulation.
Conclusion
Hogwarts Legacy : l’Héritage de
Poudlard est donc un jeu très complet,
qui plaira à la fois aux aficionados de la
saga, heureux d’en apprendre davantage
sur leur univers chéri, mais aussi aux
adeptes des jeux d’aventure-RPG, qui
aiment explorer, collecter et relever de
nombreux défis. Son gameplay finement
étudié et ses graphismes enchanteurs en
font l’un des titres phares de ce début
2023, un must have, comme on dit.
Marilys Vallet

JEU VIDÉO (VF)
FORSPOKEN
Bracelet bavard et Tatas ronchons
Après quatre ans d’un développement difficile, Forspoken
s’annonce comme un RPG d’action survitaminé développée par
les équipes des derniers Final Fantasy. Plongeons ensemble
dans le monde d’Athia…
Nouveau monde,
nouveaux problèmes
Dans Forspoken, vous incarnez Frey
Holland, une jeune fille orpheline, as-
sez fermée sur elle-même, qui va être
propulsée sans savoir comment dans
un monde fantastique. Elle va vite être
confrontée à des créatures magiques
hostiles, avec pour seul moyen de dé-
fense… un bracelet qui parle. Krav – c’est
son nom – va lui apprendre à se servir
de la magie, tout en faisant preuve d’un
caractère assez ‘piquant’. C’est donc
accompagnée de cette ‘voix’ que Frey
va explorer Athia, d’abord avec le simple
désir de rentrer chez elle. Au fur et à me-
sure de ses rencontres et découvertes,
elle va finir par s’impliquer et combattre
les Tanntas, d’anciennes sorcières autre-
fois bienveillantes qui désormais s’at-
taquent à ce monde et à ses habitants.
Plus vite, plus haut, plus fort
On se retrouve donc aux commandes
d’une jeune femme capable de magie
offensive et défensive. Si ses sorts
sont peu nombreux et assez basiques
au début, vous allez peu à peu possé-
der un véritable arsenal qu’il faudra
gérer. Vous pourrez ainsi en mettre
certains en accès rapide, mais vous
vous apercevrez vite qu’il faudra per-
pétuellement jongler entre eux tant ils
sont divers et nombreux. Comme dans
tout bon action-RPG, il convient de
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 111
gérer capacités et équipement, tout en Fiche technique
explorant ce monde ouvert. Ce dernier Éditeur • Square Enix /
offre tout ce dont vous avez besoin pour Luminous Productions
faire face à la corruption qui gangrène Genre • action RPG
l’univers. Cette exploration donnera Plateformes • PC, PS5 (Xbox
Series pour 2024) (optionnel,
lieu à des combats parfois dantesques.
plutôt pour le jeu vidéo)
Déclencher les sorts les plus visuel-
Prix constaté • env. 70 €
lement impressionnants ne sera pas
toujours des plus efficace si vous n’avez
pas choisi le bon élément : observer,
décider, agir seront les maîtres mots.
Conclusion
Forspoken c’est pour ainsi dire une
antithèse de The Witcher. Ici, on fonce à
toute vitesse grâce à la magie, on glisse
sur l’eau, on fait des saltos comme un
ninja, on bondit de buttes en corniches
comme un Altaïr (Assassin’s Creed)
gavé au Red Bull, en mode parkour sur-
vitaminé… et une fois face à une me-
nace, on choisit soigneusement parmi
ses nombreuses capacités magiques et
J’aime :
on gère ses combats. Ce qui nécessite + Un monde vaste et aux
une certaine préparation, qu’il s’agisse
multiples secrets
de quêtes pour récolter du mana (pour + Un scénario qui prend en
débloquer des sorts), ou de la fabrica- densité
tion de nouveaux accessoires pour être + Un gameplay énergique et
varié, qui évolue crescendo
plus efficace. Un savant dosage entre
les aspects ‘préparatifs’ d’un RPG et
J’aime moins :
l’action à 100 à l’heure, en compagnie
- Des combats pas toujours
d’un bracelet qui ne fait que parler.
très lisibles
Original et punchy !
- Certaines animations font
Marilys Vallet un peu datées
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 111
112 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
LES TERRES D’OGON
& LE MONDE D’AQUILON
Trois continent, un univers
Après les Terres d’Arran, la bande à Jean-Luc Istin nous raconte
Les Terres d’Ogon, le deuxième continent du monde d’Aquilon,
qui en compte trois. Place à la fantasy africaine !
A
Fiche technique près une petite centaine d’al-
Éditeur • Soleil bums se déroulant sur les Terres
Auteurs • Jean-Luc Istin, Kyko d’Arran, Jean-Luc Istin inaugure
Duarte et Nanjan une nouvelle série se déroulant tou-
Prix constaté • 15,95 € jours dans le monde d’Aquilon, mais
sur un autre continent qui lui donne
son titre : Les Terres d’Ogon.
Le Monde d’Aquilon
Si vous êtes rôliste (ce qui a de bonnes
chances d’être le cas !) et lecteur de BD,
vous connaissez forcément Les Terres
d’Arran via les séries Elfes, Nains,
Orcs&Gobelins et Mages ou le JdR édité
par BBE. Cet univers de fantasy ex-
ploite les thèmes classiques du genre,
depuis les « culture du nord » façon
viking jusqu’au cultures arabisantes
du sud, le tout saupoudré d’elfes, de
nains, d’orcs et de dragons. Pour chan-
ger, Jean-Luc Istin et ses comparses ont
voulu étendre leurs frontières, faisant
apparaître un second continent sur les
J’aime : pages de garde des albums, les Terres
+ Des codes « africains », mais d’Ogon, que l’on a pu découvrir dans les
pas que ! tomes 29 et 34 de la série Elfes.
+ Les togs et les Zul Kassaï
Désormais, une série est consacrée à
(elfes rouges)
cet univers, Les Terres d’Ogon, au tra-
+ Les dessins de Kyko Duarte
vers de laquelle nous allons explorer ce
continent inspiré par les cultures afri-
J’aime moins :
- Les remarques moqueuses caines. Le scénariste a aussi prévu une
série centrée sur le troisième continent,
sur « Saint Gygax »
- Vingt cinq albums en les Terres d’Ynuma, d’inspiration asia-
deux ans, ça fait mal au tique. Mais il faut d’abord lancer Les
porte-monnaie ! Terres d’Ogon, dont quinze albums sont
BD (VF)
prévus en 2023 et onze en 2024 ! Sans
parler de la mini-série en six tomes Les
Guerres d’Arran, qui sera un cross-over
entre les différentes séries, entre mars
2023 et octobre 2024.
Les Terres d’Ogon
Revenons aux Terres d’Ogon ! Cette
nouvelle série s’inspire donc des
cultures africaines. En témoignent la
peuplade humaine des Kulus, qui ap-
paraît dès les premières pages du tome
1, ainsi que les togs, une espèce de
gorilles sentients. Fort heureusement,
Jean-Luc Istin mélange les codes :
ainsi, les Kulus vivent dans le nord des
Terres d’Ogon, qui se couvre de neige en
hiver. On est loin des images classiques
du Sahara, de la savane ou encore de la
jungle ! Quant aux togs, ils vivent dans
une cité perchée dont l’architecture est
typiquement pré-colombienne. Le tout
servi à merveille par le crayon de Kyko
Duarte.
Ce premier tome nous plonge direc-
tement dans l’action : après avoir vu
sa famille massacrée par des togs, le
jeune Ubu demande leur aide aux Zul
Kassaï, des divinités à la peau rouge
(des elfes rouges en réalité). Ceux-ci ne
souhaitent pas la guerre avec les togs…
Un bel album, vivement la suite !
Marc Sautriot
 L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 113

JEU DE SOCIÉTÉ (VF)

VAMPIRE : THE
MASQUERADE - CHAPTERS
Conflits sanglants à Montréal
Après le jeu de société Héritage, le jeu de carts Rivals et le jeu
vidéo Swansong, Chapters est une nouvelle déclinaison de
Vampire : the Masquerade. De quoi s’agit-il exactement ?

Lux Tenebrae quelques figurines et pions pour maté- Fiche technique

Après une longue attente, le jeu de so-
ciété Vampire : the Mascarade (VTM) -
Chapters va enfin arriver sur nos tables.
D’après ses créateurs, ce jeu de plateau
est à ce jour celui qui se rapproche le
plus de l’essence du jeu de rôle VTM,
avec ce qu’ils appellent une « boîte de
JDR instantanée ». Une grosse boîte
cubique à l’habillage ténébreux, conte-
nant tout le matériel nécessaire pour
vivre une soixantaine de scénarios,
de un à quatre joueurs en coterie (pas
besoin de conteur). Du lourd donc. Mais
d’abord un peu de contexte : l’intrigue
se déroule à Montréal, plus de dix ans
après l’intervention de la Seconde
Inquisition et la chute du Sabbat, dit la
« Nuit des Cendres ». Après des années
sous le joug du Sabbat, la Camarilla
règne désormais sur la majeure partie
de la capitale, en dehors de quelques
poches de résistance et de traîtres qui
vont donner l’occasion à vos person-
nages de se faire les crocs…
Préserver la Camarilla
À l’ouverture de cette énorme boîte,
on prend conscience du challenge : le
matériel est conséquent. En sus des
livrets de règles/récit, propres à ce type
de jeux, on trouve quarante mini-livrets
de scénarios, plus de 600 de cartes
richement illustrées, de grandes tuiles
Scénario (pour identifier les lieux), plus
rialiser vos personnages et tous ceux
qu’ils vont croiser.
Côté personnages, quelques prétirés de
différents clans avec leurs historiques,
mais aussi la possibilité de créer son
propre vampire nouveau-né en partant
sur une base de caitiff. En plus de son ta-
bleau de personnages, on retrouve donc
une feuille de personnage simplifiée, qui
regroupe attributs/compétences/disci-
plines. Avec son système de réussites
automatiques basé sur les skills, le sys-
tème de jeu se veut intuitif mais pointu :
foncer dans le tas se révélera le plus sou-
vent funeste, mieux vaudra étudier le lieu
et les adversaires pour tenter d’en venir
à bout avec vos capacités vampiriques.
Ça c’est donc pour la partie combats tac-
tiques, qui représente le cœur de VTM
- Chapters, mais vous aurez aussi des
phases d’enquête et de dialogues à choix
multiples, qui influeront sur vos points
d’expérience et sur le récit lui-même.
Verdict
VTM - Chapters peut se voir comme
un extrait du jeu de rôle, plutôt centré
sur la partie action, pour des parties
courtes et énergiques dans l’univers de
VTM 5. La profusion de matériel pourra
peut-être en effrayer certains, mais la
prise en main se veut intuitive. Livraison
prévue pour mars/avril prochain !
Marilys Vallet
Éditeur • Flyos / Funforge
Auteurs • Gary Paître et
Thomas Filippi
Matériel • Boîte, livrets de
scénarios/de récit, tableaux
de personnages, tuiles
scénarios, figurines, cartes,
matériel de jeu, livret de
règles
Prix constaté • NC
J’aime :
+ Une belle grosse boîte
pleine de matériel
+ Approches graphique et
narrative cohérentes avec
l’univers
+ Un système de jeu à la fois
intuitif et pointu pour des
parties courtes
J’aime moins :
- La profusion de matériel
qui peut faire peur aux
néophytes
- Le système de réussites
automatiques…

L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 113

114 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE

ROMANS (VF)

MALICE &
LA CAMPAGNE ÉCARLATE
Les dieux parmi nous
En 2022, les Éditions Leha se sont lancées dans la publication
de deux séries de fantasy aux styles très différents mais
ayant un point commun : le retour de dieux dans le monde,
déclencheur d’affrontements entre les hommes.

Fiche technique :
La Campagne écarlate
Éditeur • Éditions Leha
Auteurs • Brian McClellan
Prix constaté • 25 €
Fiche technique : Malice
Éditeur • Éditions Leha
Auteurs • John Gwynne
Prix constaté • 25 €
J’aime :
+ L’originalité et l’intrigue des
Poudremages
+ Pas de manichéisme dans
Malice malgré la dualité de la
prophétie
+ La qualité littéraire et la
richesse des deux séries
J’aime moins :
- Le début de Malice, un peu
planplan
A
u printemps paraissait le pre-
mier tome de La Trilogie des
poudremages (cf. CB#41), qui
raconte un coup d’État dans un uni-
vers de fantasy très « XVIIIe siècle » aux
relents de Révolution française. Dans
La Campagne écarlate, le tome 2 paru
à l’automne, deux dieux apparaissent
parmi les hommes et se mêlent de
leurs conflits. Dans Malice, deux dieux
antagonistes se sont affrontés autre-
fois et ont failli détruire les Terres ban-
nies. Ils ont disparu depuis bien long-
temps, mais une prophétie annonce
leur retour par l’intermédiaire de deux
champions…
Les guerres des dieux
Ces deux grandes sagas ne sont pas
les premières à narrer l’affrontement
entre deux camps menés par des
dieux revenus dans le monde, leurs
avatars ou leurs élus, La Belgariade
et La Mallorée de David Eddings étant
particulièrement emblématiques
du genre. Chacun à leur façon, La
Trilogie des Poudremages et Le Livre
des Terres bannies reprennent donc
ce schéma du retour d’un ou plusieurs
dieux dans le monde des vivants, en
propre ou via un avatar, l’événement
étant annoncé par une prophétie.
Dans les deux sagas, on retrouve une
structure de montée en puissance et
d’identification d’un héros prédes-
tiné à l’affrontement d’une divinité
du Mal, même si le dit héros n’est pas
le seul à pouvoir agir dans le conflit
divin. Au contraire : ces conflits géné-
rant véritablement des guerres parmi
les peuples, les héros ont besoin de
compagnons pour accomplir leur des-
tinée qui est, in fine, d’affronter et,
si possible, vaincre le dieu adverse.
Après, chaque saga a ses particula-
rités et se distingue de la masse des
récits de fantasy habituels.
Poudremages
Les Poudremages se différencient par
leur niveau technologique. La trilogie
se déroule dans un monde imaginaire
dont la société peut se comparer à
celle de l’Europe et du Proche-Orient
du XVIIIe siècle. Les soldats d’Adro, le
royaume où se déroule l’action, res-
semblent fort aux soldats américains
au moment de l’Indépendance. Avec
la nuance qu’il existe des Privilégiés,
sortes de sorciers capables de créer des
sorts lorsque leurs mains sont recou-
vertes de gants marqués de runes ; et
bien sûr, il y a les poudremages, qui ont
un lien magique avec la poudre, qu’ils
peuvent faire exploser à distance, mais
aussi avaler pour augmenter leurs
capacités et, pour certains, contrôler
des trajectoires de balles ou tirer à des
distances plus élevées qu’il n’est
normalement possible.
Autre originalité : là où l’affron-
tement avec le « dieu du Mal »
a lieu à l’issue d’une saga, il a
lieu dès le premier tome des
Poudremages. Évidemment, tout
ne se termine pas là, ce serait trop
simple. Dans le tome 2, le dieu
Kresimir apparaît à la tête des ar-
mées kez. Il n’est donc pas mort,
mais la balle que Taniel lui a tiré
dans l’œil l’a rendu fou de douleur.
Il cherche celui qui a essayé de le
tuer et permet aux kez de prendre
l’avantage. Et pendant ce temps,
des manœuvres politiques, dans
le pays et au sein de l’armée,
mettent le maréchal Tamas et ses
proches en péril.
La Campagne écarlate se dévore
d’une traite. Le rythme est hale-
tant tandis que le récit jongle avec
les personnage principaux (Tamas,
Taniel, Adamat), qui ont chacun
fort à faire (survivre et montrer qu’il
est toujours vivant pour le premier,
mener les troupes pour stopper
les kez pour le second, enquêter
sur le complot interne pour le troi-
sième), tout en faisant la part belle
à certains personnages secondaire,
notamment Vlora, l’ex-fiancée de
Taniel, et Ka-poel, la mystérieuse
sauvageonne aux pouvoirs de sor-
cières qui l’accompagne.
Après avoir refermé les romans,
on se verrait bien jouer dans cet
univers qui change, et le fait est
qu’une adaptation en JdR a été réa-
lisée par Brian McClellan, l’auteur,
lui-même. Financé en 2016, le jeu
est motorisé par Savage Worlds
et se déroule après la trilogie, un
choix intéressant puisqu’il permet
de s’appuyer sur les romans tout
en permettant aux PJ d’avoir un
vrai rôle dans les scénarios, plutôt
que de n’être que des sous-fifres
dans une saga dont on connaît
déjà les rôles principaux. Ce JdR avatars des dieux, vont à nouveau
n’a pas connu un franc succès se dresser, le Soleil noir et l’Étoile
mais est trouvable sur internet vive.
(DriveThruRPG). Ce qui est plaisant, c’est que
contrairement aux récits habituels
Malice comme La Belgariade, les deux
champions ne sont pas désignés
Dans un autre style, Malice est le clairement dans Malice. Le lec-
premier tome d’une tétralogie de
teur finira bien par identifier deux
fantasy plus classique dans son
champions potentiels, l’un décla-
imaginaire, mais clairement plu-
rant être l’Étoile vive, tandis que
sieurs crans au-dessus de la mê-
l’autre semble bien être « le gen-
lée en termes de qualité littéraire
til », mais sans savoir si le Soleil
et de narration. À l’opposé des
noir est l’un d’entre eux.
Poudremages qui commencent in
Ce premier volume monte en
media res, ce méga pavé de John
puissance au fil des pages pour se
Gwynne prend le temps de poser
terminer dramatiquement pour
ses personnages principaux et
tous les personnages, loin du
intrigues, qui vont fatalement
schéma traditionnel des trilogies
se croiser régulièrement tout au
ou tétralogies. Vivement le tome
long du récit. Il est vrai que les
cent premières pages semblent 2, annoncé pour le printemps 2023.
convenues et très habituelles, Marc Sautriot
avec un jeune garçon qui vit une
vie banale en rêvant de devenir un
guerrier au service de son roi ; sa
sœur qui n’a pas froid aux yeux et
se montre protectrice envers son
frère ; un prince qui doit apprendre
son rôle d’héritier tout en accep-
tant les choix de son roi de père ;
un fils de noble qui va apprendre le
métier des armes auprès du prince
en question ; le neveu d’un autre
roi, en compétition avec son cou-
sin aux dents longues ; sans parler
de ce conseiller qui ne semble pas
avoir d’âge et dispose de pouvoirs
magiques.
Le roman alterne vie quotidienne
et intrigues politiques, et intro-
duit assez rapidement le fil rouge,
le retour de la lutte entre l’obscu-
rité et la lumière annoncée par une
prophétie. Il y a bien longtemps,
les dieux Asroth et Elyon se sont
affrontés et ont bien faille détruire
les Terres bannies que les humains
ont conquises après avoir vaincu les
clans de géants. Aujourd’hui, selon
la prophétie, deux champions,
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 115
116 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE

COIN DES COMICS

THE MAGIC ORDER

Magic Millar
Mark Millar est un scénariste de renom dans le milieu des
comics. Il possède à son actif des récits-phares produits pour
Marvel et DC durant les années 2000 (Civil War, Ultimates…) et
s’est lancé avec succès en indépendant par la suite (Kick-Ass,
Jupiter Ascending…). Et le voilà qui nous gratifie d’une saga
d’urban fantasy, écrite avec son ton habituel.

Des poids-lourds
du dessin
Sur le tome 1, le dessinateur
n’est nul autre que le frenchie
Olivier Coipel – devenu
une véritable star outre-
Atlantique grâce à ses
planches aussi élégantes
que précises. Doté d’une
belle carrière, il a usé ses
crayons sur des séries aussi
diverses et emblématiques
que Avengers vs X-Men, House
of M, Thor, Siege, Legion of
Super-Heroes, etc.
Prenant le relais sur le
deuxième tome, on retrouve
le Canadien Stuart Immonen
dont le style dynamique a
permis de donner vie à Next
Wave, Superman – Identité
secrète, Ultimate Fantastic
Four, Fear Itself, etc. Il est
le lauréat de pas moins
de quatre prix Joe Shuster
du meilleur dessinateur
– excusez du peu !
The Magic Order se pare en effet
de tous les atours du fantastique-
contemporain, tel qu’on l’apprécie :
une magie puissante mais secrète, des
organisations œuvrant dans l’ombre,
de fortes rivalités entre des êtres in-
fluents, des conflits feutrés… et la si-
tuation initiale qui dérape jusqu’à avoir
un impact dramatique sur le monde
profane. Le tout mis en image par des
artistes talentueux capables de rendre
au mieux la démesure des idées du scé-
nariste écossais.
Magic is Chaos
Édité chez Panini, The Magic Order se
compose actuellement de deux tomes
– qui, d’une certaine manière, repré-
sentent deux saisons de la saga, à la
manière d’une série télévisée.
Dans notre société moderne vivent
les représentants de cinq anciennes
familles de magiciens. Depuis des gé-
nérations, leurs membres nous garan-
tissent la paix en affrontant monstres,
sorciers et autres forces du mal. Mais
aujourd’hui, quelqu’un les prend pour
cible, les éliminant un par un… Le
destin du monde est alors en jeu ! Les
survivants doivent s’unir afin de déter-
miner quel est ce mystérieux ennemi
qui semble bien décidé à bouleverser
l’équilibre mystique. Ce résumé couvre
la première saison de la série.
Dans la saison 2, les sorciers d’Europe
de l’Est – jadis exterminés pour leurs
accointances avec des forces incontrô-
lables – se dressent à nouveau et me-
nacent de détruire le fragile statu quo
instauré jadis par les cinq familles. Une
véritable guerre des gangs magique se
profile, avec des conséquences terribles
pour notre monde ! Quelle faction par-
viendra à l’emporter dans cette guerre
à cheval entre plusieurs époques ?
Magic is Balance
Saga rythmée, portée par quelques
très bonnes idées et magnifiée par le
talent de ses dessinateurs, The Magic
Order se révèle une lecture des plus
agréables, qui parvient à éviter cer-
tains des écueils les plus courants des
œuvres de Mark Millar (violence et vul-
garité gratuites en tête). Le découpage
en saisons permet d’obtenir un récit
clair aux enjeux directement identi-
fiables. Les personnages constituent
l’un des points forts de la série – entre
le patriarche qui essaie de maintenir
sa famille unie, la jeune fille paumée
qui finira par trouver sa place, celui qui
veut bâtir sa vie à l’écart du monde ma-
gique mais se retrouve toujours mêlé
aux événements… Chaque lecteur trou-
vera aisément son point d’entrée grâce
à cette galerie variée et attachante.
 Au final, The Magic Order est un
comic-book à lire si vous êtes fan de
fantastique-contemporain. Ses nom-
breuses qualités lui réservent une place
de choix sur vos étagères – aux côtés de
titres comme Hellblazer, par exemple.
Sachant qu’un troisième tome – des-
siné par l’Italien Gigi Cavenago – arrive
début 2023 (et devrait être traduit dans
la foulée par Panini), on a hâte de savoir
ce que cette nouvelle histoire réserve à
nos magiciens !
Inspiration
De par son genre, The Magic Order
fournit une inspiration immédiate pour
de nombreux jeux occultes contempo-
rains : citons par exemple Unknown
Armies, Eleusis, Trinités, Nephilim, Kult,
Mage (l’Ascension ou l’Éveil, selon votre
préférence), N.YX, Urban Shadows et
même Hong Kong – les Chroniques de
l’Étrange. Le principe de ces factions
de magiciens travaillant dans les cou-
lisses secrètes du monde est suffisam-
ment classique et polymorphe pour
qu’un meneur de jeu puisse utiliser les
personnages du comic-book quasi tels
quels dans son univers fantastique de
prédilection. La magie mise en œuvre
s’avère elle aussi aisément transpo-
sable dans divers systèmes sans trop
de difficultés – qu’ils soient freeform
ou cadrés par des listes de sorts.
Les intrigues des deux saisons se
prêtent idéalement à une conversion
en campagnes successives. La première
mettra les personnages aux prises avec
un énigmatique ennemi ciblant leurs
camarades dans un but à élucider – une
véritable enquête mystique où la para-
noïa guette à tout instant (ce qui peut
permettre au meneur de jeu de secrète-
ment faire endosser à l’un des joueurs
le rôle de traître infiltré). Plus musclée,
la deuxième mettra en scène une véri-
table guerre magique faite d’attaques
brutales, d’espionnage subtil et de
batailles épiques – chacun des person-
nages devant alors remplir un rôle pré-
cis (force de frappe, éclaireur, ligne de
défense…). De quoi varier les plaisirs en
attendant la suite !
Romain d’Huissier
L’arlésienne de
l’adaptation
Aux États-Unis, The Magic
Order a été publié via Image
sous la bannière de Netflix
Comics – une branche du
service de streaming taillée
sur mesure pour accueillir des
récits à adapter en séries live.
Toutefois, l’œuvre de Mark
Millar semble prise dans un
inextricable development hell
alors même qu’elle possède
tous les atouts pour devenir
un show à succès. Peut-être
l’expérience de l’adaptation
de Jupiter’s Legacy, elle
aussi tirée d’un comic-book
de Mark Millar et annulée
après une seule saison,
pèse-t-elle dans l’esprit des
producteurs…
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 117
118 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE

VUE D’ARTISTE

RELIURES
ET GRYMOIRES
Religare
On dit que l’on ne doit pas juger un livre à sa couverture, et
pourtant certains livres méritent de plus belle couvertures…

L
Fiche signalétique es rôlistes ont pour la plupart une
Nom • Steve Servaes passion maladive pour les livres,
Année de naissance • 1975 qu’ils soient anciens ou simple-
Nationalité • Française ment de beaux livres. Parfois, l’affec-
Techniques • Reliure tion qu’ils ont pour certains d’entre eux
Gamme de prix • de 50 € à leur donne envie de leur faire revêtir
250 € (selon le projet)
une plus belle parure. C’est là qu’inter-
vient un spécialiste.
Folio
Comme beaucoup, nous aimons les
beaux livres et particulièrement ceux
de jeux de rôle, et, malgré les efforts
de nombreux éditeurs, nous sommes
parfois déçus de certaines couvertures
simplement par sensibilité artistique.
Aussi, il est parfois nécessaire de faire
appel à un professionnel pour avoir
quelque chose qui nous convienne.
Dans ces cas précis peut intervenir
Steve et son atelier de reliures. Soit
par commande directe, soit à l’occasion
d’un stage où, sous ses conseils avisés,
nous customiserons nous-même
notre ouvrage.
In octavo
Au-delà de ses flagrantes quali-
tés esthétiques dignes des meil-
leurs collectors et à faire pâlir de
jalousie les plus grands collection-
neurs, l’ouvrage ainsi transformé
correspondra à nos propres goûts,
devenant par la même occasion
une pièce unique. Le but évident
est aussi de faire concorder le fond
et la forme, l’idée étant que l’ou-
vrage semble tout droit sorti de ses
propres pages, de son propre uni-
vers. Que sa simple présence sur
votre table de jeux transporte déjà
vos joueurs dans le monde du jeu.
L’autre point fort est la conserva-
tion de votre ouvrage. Une bonne
reliure permettra de le rendre plus
solide, plus résistant au passage du
temps et des nombreuses manipu-
lations dont il sera victime. Steve
privilégie des techniques clas-
siques plutôt que des techniques
modernes pour correspondre à ces
raisons de durabilité plus que pour
des raisons d’esthétisme pur.
Il n’oublie cependant pas d’adap-
ter les techniques de dorure (prin-
cipalement décoratives) à l’époque
réelle ou correspondant à l’action
de l’ouvrage. Encore une fois, la co-
hérence du ramage et du plumage.
Addendum
Vous l’aurez compris, nous
sommes absolument fans du tra-
vail de Steve. Le suivre sur les ré-
seaux sociaux permet de se rendre
compte de la passion qui l’anime
mais également de l’application
pour que chaque ouvrage soit par-
fait. Toujours en recherche, il n’hé-
site pas à expérimenter sur des
magazines (comme Casus Belli) ou
encore sur des ouvrages pour les-
quels la reliure semble moins évi-
dente comme les «livres dont vous
êtes le héros». Une chose est sûre,
si vous aimez les livres, vous aime-
rez son travail.
S.L.M.
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 119
120 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
BD (VF)
VAMPYRIA
INQUISITION
Tome 1 ; L’Inquisiteur et
son ombre
En 1715, le Roy-Soleil s’est trans-
muté en « vampyre » et est devenu
le Roy des Ténèbres. Trois siècles ont
passé, Louis XIV règne sur la Magna
Vampyria, un empire qui s’étend à
l’Europe toute entière. La population
humaine est sous le joug des vam-
pyres et leur sert de garde-manger vi-
vant. La civilisation n’a pas vraiment
évolué, le quotidien ressemble fort à
ce qu’il était au XVIIIe siècle.
Vampyria Inquisition se déroule
dans l’univers des romans Vampyria
de Victor Dixen, publiés chez Laffont
et destinés à un public « young
adult ». La série BD, indépendante,
est dans le même esprit d’aventures
romantiques : l’histoire d’amour
interdit entre Sylvère le jardinier et
Daphné la jeune noble est bousculée
par l’arrivée d’un vampyre-inquisi-
teur qui traque une vampyre meur-
trière. Le destin des deux jeunes gens
bascule alors.
Une manière fraîche et intéres-
sante pour aborder le thème du
vampirisme.
Marc Sautriot
Éditeur • Soleil
Auteur • Victor Dixen et Eder Messias
Prix constaté • 14,95 €
BD (VF)
VAMPIRE LA
MASCARADE :
LA MORSURE DE
L’HIVERS T1
La Mascarade illustrée
Le mythique JdR Vampire : la
Mascarade a connu diverses adap-
tations sur d’autres médias. C’est
une première côté BD avec cette
série dont voici le premier tome. On
y suit Cecily, lieutenante du prince de
Minneapolis, impliquée contre son
gré dans un flot d’intrigues typiques
de la Camarilla. Tous les concepts du
jeu sont là – pas sûr d’ailleurs que les
néophytes s’y retrouvent facilement.
Le résultat, même s’il n’est pas
toujours très carré sur le plan tech-
nique, est un vrai plaisir. C’est un
contexte d’autant plus prêt-à-jouer
qui se déploie dans ces pages, que
chaque volume comporte une petite
extension pour le JdR en fin d’ou-
vrage. Contexte, nouvelles options de
personnage, fiche de PNJ… Les ama-
teurs de Vampire ne devraient pas
passer à côté.
Slawick Charlier
Éditeur • Urban Comics
Auteurs • Tim Seeley, Tini Howard,
Blake Howard, Devmalya Pramanik,
Nathan Gooden
Prix constaté • 14,95 €
ROMAN (VF)
BLOOD SONG
La Voix du sang (tome 1)
Guerrier légendaire du Royaume
Unifié, Vaelin Al Sorna est connu
dans l’Empira alpiran comme le Tueur
d’Espoir après avoir tué l’héritier au
trône. Après avoir été emprisonné,
il est accompagné vers les Îles par
le seigneur Verniers, où il est censé
trouver la mort au cours d’un duel. En
chemin, Vaelin raconte son histoire.
Flash-back. Tout commence lorsque
le jeune Vaelin est déposé par son
père, le célèbre Seigneur de guerre
du Royaume, à la porte de la loge
du Sixième Ordre, pour y devenir un
combattant de la foi…
Le premier tome de cette saga de
fantasy narre l’apprentissage d’un fu-
tur général. Nous y découvrons l’en-
seignement prodigué dans le Sixième
Ordre, les différentes épreuves qui
marquent la progression des élèves
au fil des années. Vaelin va se rendre
compte qu’il est une pièce sur un
échiquier politique, et apprendre des
infos sur ses parents… Passionnant
et inspirant !
Marc Sautriot
Éditeur • Bragelonne
Auteur • Anthony Ryan
Prix constaté • 7,90 €
DOCUMENTAIRE (VF)
VAMPIROLOGIE
Tout sur les vampires
Cet imposant pensum sur le thème
du vampire n’est pas la première exé-
gèse du genre, mais a tout pour s’im-
poser comme une référence. Il est à la
fois large et profond.
Tous les articles sont regroupés par
média (les vampires dans la littéra-
ture, la BD, le cinéma…) ou par genre
(les vampires et la SF). Une section
est fort légitimement consacrée aux
jeux de rôle, avec un long historique
de la représentation du vampire
dans les JdR, des premières entrées
du Monsters Manual à Vampire City,
une sélection de dix JdR sur le sujet
et une interview de Mark Rein Hagen,
le mythique créateur de Vampire : la
Mascarade.
Un sommaire confus et l’absence
regrettable d’un index sont les seuls
reproches que l’on peut formuler.
L’ouvrage fait en effet l’exploit d’être
érudit et précis quel que soit le mé-
dia, ce qui est assez rare pour être si-
gnalé. Complet et passionnant, c’est
un indispensable, tout simplement !
Slawick Charlier
Éditeur • Actusf
Matériel • Livre de 736 pages noir &
blanc
Prix constaté • 22,90 €
ROMAN (VF)
TRAHISON
SANGLANTE
Sherlock Holmes -
Le dossier Dracula
En 1894, peu après son retour
d’entre les morts, Sherlock Holmes
se voit suggérer par son frère Mycroft
d’enquêter sur la mort de Lucy
Westenra. La justice a beau avoir
donné raison à Abraham Van Helsing
et reconnu le caractère surnaturel du
comte Dracula, il soupçonne que le
Hollandais et le couple Harker ne sont
pas les héros célébrés par la presse.
Le célèbre détective se penche donc
sur le fameux « Dossier Dracula ».
Avec Trahison sanglante, Mark
Latham prend un plaisir évident
à décortiquer le Dracula de Bram
Stoker et à le prendre à contre-pied
par l’intermédiaire du duo Holmes-
Watson qu’il met brillamment en
scène. Et si on faisait un pas de côté
pour remettre en cause l’existence
des vampires à coup de logique car-
tésienne, tout en considérant que
Van Helsing et les Harker ont bien eu
affaire à un certain comte Dracula ?
Un bon roman qui donne matière à
un scénario de JdR original !
Marc Sautriot
Éditeur • Bragelonne
Auteur • Mark A. Latham
Prix constaté • 26 €
BD (VF)
HAWKMOON T1 :
LE JOYAU NOIR
Sus aux Granbretons !
Après Elric, c’est autour de l’autre
grand cycle de Moorcock d’avoir
l’honneur d’une nouvelle adaptation
BD, toujours chez Glénat mais avec
une nouvelle équipe artistique, à l’ex-
ception du dessinateur Didier Poli.
Le ténébreux empire Granbreton
continue d’affermir son pouvoir sur
un monde post-apocalyptique. Köln
vient de tomber à son tour. Pour son
duc, Dorian Hawkmoon, la lutte devra
se poursuivre dans l’ombre…
Certes, l’ambiance particulière-
ment sombre et pas toujours très
subtile héritée des romans ne plaira
pas à tout le monde. Mais quel régal
pour les yeux ! La mise en images
du monde de Hawkmoon est exem-
plaire. Le mélange de fantasy et
de low tech prend parfaitement.
Avec une narration à l’avenant, le
résultat est convaincant. De quoi
accompagner dignement le retour de
Hawkmoon en JdR au Département
des Sombres Projets !
Slawick Charlier
Éditeur • Glénat
Auteurs • Jérôme Le Gris, Benoît Dellac
et Didier Poli
Prix constaté • 14,95 €
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 121
122 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
GUIDE D’UNIVERS (VF)
LE SORCELEUR -
CODEX
Guide de l’univers de The
Witcher
Vous connaissez The Witcher mais
vous vous interrogez sur la géogra-
phie, les personnages et les monstres
de cet univers ? Après une brève pré-
sentation de sa cosmogonie, qui per-
met de comprendre la présence des
elfes, des monstres et de la magie,
le Codex écrit par Alain P. Puysségur
présente les différents pays évoqués
dans la saga au travers de fiches syn-
thétiques, de cartes et de notes sur
l’histoire récente.
La majeure partie de l’ouvrage est
toutefois consacrée aux personnages
principaux et créatures rencontrés
dans Le Sorceleur. En deux pages,
chaque personnage fait l’objet d’une
illustration et d’un historique per-
mettant de retracer son évolution au
fil des romans, tandis qu’une fiche
détaille pour chaque créature son ap-
parence, son mode de vie et la façon
de la combattre. Un bel ouvrage qui
vous aidera à y voir plus clair s’il en
était encore besoin.
Marc Sautriot
Éditeur • Bragelonne
Auteur • Alain T. Puysségur
Prix constaté • 30 €
BD (VF)
MAÎTRES
ASSASSINS
Tome 1 : Osahar
Avec Maîtres assassins, Sylvain
Cordurié et Gianluca Gugliotta
abordent les Terres d’Oscitan, le
monde dans lequel se déroule la sé-
rie Les Maîtres Inquisiteurs, sous un
autre angle, celui d’une guilde d’as-
sassin. Les Maîtres Assassins sont
des combattants aux ordres de la re-
doutable Neferis. Grâce aux philtres
d’un alchimiste, leurs capacités déjà
exceptionnelles sont décuplées et
leur permettent de réaliser des mis-
sions spéciales.
Lorsque Neferis tombe dans un
piège tendu par les Coupe-lard, une
guilde rivale, elle pense avoir été tra-
hie par l’un de ses hommes. Après
avoir massacré les insensés qui se
sont attaqués à elle, elle charge
Osahar d’identifier leur commandi-
taire, dont personne ne connaît le
visage, et de l’éliminer.
Un premier tome rythmé, qui al-
terne action et enquête. Trois autres
albums sont déjà annoncés, chacun
consacré à un assassin spécifique.
Marc Sautriot
Éditeur • Soleil
Auteurs • Sylvain Cordurié, Gianluca
Gugliotta et Arif Prianto
Prix constaté • 14,95 €
ROMAN (VF)
POLARIS -
CRÉPUSCULE
Cycle Azure – tome 2
Crépuscule est la suite directe du
précédent roman de Philippe Tessier,
Point Nemo. Nous y retrouvons
donc Phébur et ses compagnons,
Allya, Victor et Mallard tandis qu’ils
s’enfuient à bord d’un sous-marin,
prototype extraordinaire mais pas
en très bon état. Traqué à cause du
mystérieux artefact entre ses mains,
le petit équipage va devoir trouver un
refuge.
On retrouve dans ce roman tous les
ingrédients qui font le sel des romans
Polaris, mais Philippe Tessier conti-
nue aussi de dérouler sa storyline et
de dévoiler peu à peu les secrets de
son univers. Qu’est donc cet anneau
d’Amundsen qui protège l’Antarc-
tique. Qu’est-ce que Phébur va dé-
couvrir en se rendant à la surface ?
Crépuscule montre à quel point les
habitants des profondeurs sont ven-
dus aux différentes factions, prêts à
tout pour pouvoir survivre, tout en
n’étant pas nécessairement d’in-
fâmes salopards. La suite, vite !
Marc Sautriot
Éditeur • Éditions Leha
Auteur • Philippe Tessier
Prix constaté • 19 €
124 | SCÉNARIO
L’ŒIL NOIR
En quelques mots…
Nous sommes au milieu de
l’automne, dans la petite ville
de Lyckmoor, non loin de
l’impénétrable forêt sauvage
qui sépare les royaumes de
Nostria et d’Andergast. À la
demande du prêtre local de
Boron, les héros partent à la
rescousse d’un petit groupe
de marchands originaires
d’Andergast, qui se sont
aventurés imprudemment
dans la lande située au nord
et à l’est de la ville, pour y
piller une ancienne sépulture.
Ce faisant, les héros se
rendent compte que tout le
monde en Nostria ne partage
pas leur volonté de venir
en aide aux voyageurs trop
téméraires.
Fiche technique
TYPE • Action/ambiance
PJ • Expérimentés (1 100 PAV)
MJ • Moyen
Joueurs • Tous niveaux
ACTION 
AMBIANCE 
INTERACTION 
INVESTIGATION 
LE DESTIN DE
L’EXPEDITION WALDENER
Cette aventure à l’ambiance sombre et pluvieuse est prévue
pour 3 à 5 héros expérimentés. Elle se déroule dans le royaume
de Nostria, notamment décrit dans l’Almanach aventurien.
Cependant, elle peut facilement être transposée dans la région
L’histoire
pour le MJ
Cette aventure a lieu dans la région
de Lyckmoor, dans le royaume de
Nostria, et plus particulièrement dans
la lande située à l’est de la ville. Depuis
des temps immémoriaux, ces terres
reculées servent de cimetière aux
populations qui ont successivement
peuplé la région. Si la plupart des gens
s’en tiennent éloignés, la perspective
de trouver une tombe ancienne et les
richesses qu’elle contient est de nature
à attirer les esprits les plus cupides.
L’une de ces sépultures a notamment
attiré l’attention d’Erwin Waldener,
un marchand andergastien qui fait
commerce d’outils et d’alcool depuis
Joborn, une ville appartenant depuis
quelques années au royaume d’Ander-
gast, vers Salza, l’une des plus grandes
villes de Nostria. L’audacieux mar-
chand n’en est pas à son coup d’essai
et a déjà traversé à plusieurs reprises
la forêt sauvage par une piste dange-
reuse et sinueuse partant de Joborn, à
l’est, et rejoignant le village de Mirdin,
à l’orée occidentale de la forêt, puis
la région de Lyckmoor et d’Althagen.
C’est une façon un peu téméraire d’évi-
ter les taxes sur les marchandises que
doivent payer tous les commerçants
de votre choix.
empruntant le fleuve Ingval, dans un
sens comme dans l’autre.
Cependant, le dernier voyage d’Erwin
Waldener n’avait pas de visée commer-
ciale. L’audacieux marchand a monté
une petite expédition pour se rendre
dans la lande entre Mirdin, Althagen et
Lyckmoor pour fouiller une ancienne
sépulture encore intacte. Selon les
informations en sa possession, cette
tombe abriterait de grandes richesses.
Mal lui en a pris puisque la sépul-
ture en question s’est avérée sous la
protection de l’esprit de son occupant,
un ancien seigneur de guerre du nom
de Théodos le Chauve, dont l’origine
s’est perdue dans les brumes de l’his-
toire. Le corps animé de ce dernier a
tué deux des six apprentis pilleurs de
tombe, puis blessé un troisième avant
de mettre les trois derniers en fuite.
Les survivants, dont faisait partie
Erwin Waldener, ont alors tenté de se
replier vers Mirdin, le village le plus
proche, mais sont tombés en chemin
dans une embuscade dressée par des
chasseurs et patriotes nostrians sou-
haitant mettre un terme au petit com-
merce de Waldener, par pure haine des
habitants du royaume d’Andergast.
Seul le guide de l’expédition, un jeune
homme du nom de Tarkel Erbewald,
qui avait été blessé dans le tumulus,
est parvenu à s’échapper et à rejoindre
Lyckmoor, fiévreux. Il y est soigné par
SCÉNARIO | 125
126 | SCÉNARIO
L’ŒIL NOIR

Markus Gartner, prêtre local de

Le destin de l’expédition Boron. Dans son délire, le jeune
d’Erwin Waldener homme mentionne l’expédition et
le nom d’Erwin Waldener.
Cette courte chronologie vous permet d’y voir plus clair et d’im-
C’est là que nos héros entrent en
proviser lorsque les héros tenteront de retracer les événements qui
scène. Le récit confus du survivant
ont mené à la disparition de l’expédition.
inquiète tellement Markus Gartner
qu’il décide de recruter quelques
J–4 : Après quatre jours de marche depuis Joborn, l’expédition
aventuriers, et ce pour deux rai-
d’Erwin Waldener termine avec soulagement la traversée de la
sons : tout d’abord, la lande avoi-
forêt sauvage et passe la nuit à Mirdin, une petite ville située à
sinante est connue pour abriter
son orée ouest. Tarkel Erbewald, le guide nostrian de l’expédition,
d’anciens esprits maléfiques et
y boit un verre de trop et laisse savoir à qui veut l’entendre que
Markus craint que l’existence d’un
Waldener veut s’enfoncer dans la lande pour visiter un tumulus
charnier n’attire des goules dans
rempli de trésors. L’expédition quitte Mirdin le surlendemain à la
la région, un fléau contre lequel
première heure.
l’Église de Boron ne cesse de lut-
J–2, fin d’après-midi : L’expédition trouve le tumulus. Impatients, ter. Il souhaite donc que les corps
Waldener et ses hommes se mettent à en dégager l’entrée. soient retrouvés et enterrés selon
J–2, en fin de soirée : L’entrée est enfin dégagée. Erwin Waldener les rites de son dieu. Et ensuite car
refuse d’attendre et décide de commencer l’exploration. le nom d’Erwin Waldener ne lui est
L’Andergastien Jurgen Feldt entre en premier et est mortelle- pas inconnu. Le marchand fait par-
ment blessé par un piège, dans l’escalier principal qui descend tie des rares commerçants à effec-
vers le tombeau. Il est ramené à la surface, mourant : son cadavre tuer régulièrement le trajet entre
s’y trouve toujours, bien qu’un peu entamé. Le reste du groupe les deux royaumes ennemis. Et il
rencontre alors l’occupant des lieux, Théodos le Chauve, dont le fait escale à Lyckmoor lors de cha-
corps sans vie est toujours animé par une magie ancestrale. La cun de ses voyages vers Salza. Or, il
créature blesse mortellement Labris Glaauw, un autre membre s’avère que le prêtre de Boron en-
de l’expédition, qui ouvrait la marche dans l’escalier étroit. Tarkel tretient une correspondance avec
Erbewald, le blessé par qui cette aventure commence, est mordu une certaine Mahem Salvinia, une
à son tour en tentant de traîner le corps mourant de Labris vers aristocrate d’Andergast. Cette der-
la surface. Il finit par abandonner son compagnon dans l’escalier nière vit cloîtrée dans sa demeure
et prend la fuite en hurlant de terreur. Le reste de l’expédition – la société andergastienne est très
panique et abandonne le campement. Waldener tente de les en patriarcale – et tente de tromper
dissuader, mais sans succès. Il finit par suivre ses hommes, tous l’ennui en lisant et étudiant tout ce
effrayés par l’occupant du tumulus, qui pourtant ne quitte pas le qui lui tombe sous la main. Mahem
lieu de son repos éternel. a promis à Markus de lui faire
J–2, dans le courant de la nuit : Les survivants de l’expédition parvenir un ouvrage historico-re-
tombent dans une embuscade organisée par six chasseurs nos- ligieux de grande valeur, apparte-
trians de la ville de Mirdin, menés par Mathis et Gabor Zelvyo. nant à son époux et intitulé Rites
Ceux-ci désarment et dépouillent les quatre membres restants funéraires et cultes interdits dans
(Erwin Waldener, Tarkel Erbewald et deux hommes de main l’antique vallée de l’Ingval, par
andergastiens, nommés Gerhard Arnebolde et Otto Portner). Ils l’intermédiaire d’Erwin Waldener.
pendent les trois étrangers à un arbre et décident de laisser la S’étant amouraché de sa corres-
vie sauve à Tarkel Erbewald qui est Nostrian, après l’avoir passé pondante qu’il n’a pourtant jamais
à tabac, en lui faisant bien comprendre que s’il remet un jour les rencontrée en personne, Markus
pieds à Mirdin, il n’en ressortira pas vivant. Tarkel ne demande espère en outre que le marchand
pas son reste et prend la direction de Lyckmoor, à travers la lande. lui apporte un courrier d’une na-
Il est bientôt rattrapé par la fièvre occasionnée par sa morsure. ture plus intime.
J : Tarkel Erbewald arrive à Lyckmoor dans l’état que nous connais- Le prêtre de Boron invite son
sons. L’aventure débute. acolyte, Jacko Verlaan, à guider
les aventuriers dans les landes. Le
jeune homme est lui-même un patriote
nostrian, et finit par comprendre, au
cours de l’aventure, que les goules ou
le monstre du tumulus ne sont pas les
uniques responsables de la disparition
d’Erwin Waldener et de ses hommes.
Introduction
pour les héros
Cette histoire débute dans la ville de
Lyckmoor, une bourgade comptant un
peu moins de 700 habitants. Les héros
peuvent s’y trouver pour de multiples
raisons. C’est un petit port fluvial bâti
sur les berges de l’Ingval, l’un des
fleuves qui relient les royaumes de
Nostria et d’Andergast. Ils peuvent y
faire étape durant un voyage plus long,
par exemple pour rejoindre la ville
de Havena dans le sud, ou se reposer
après avoir escorté l’une des nom-
breuses embarcations remontant et
descendant le fleuve. L’auberge locale
s’appelle Les Deux Salzarelles (Q3/
P3/L15).
Quelle que soit leur occupation du
moment, les héros assistent à l’arrivée
en ville de Tarkel Erbewald (22 ans,
cheveux bouclés un peu trop longs, ef-
frayé et confus). Il est couvert de boue
et d’hématomes et est visiblement gra-
vement blessé. Il s’effondre dans la rue
et perd connaissance. Des passants
— peut-être les héros — lui viennent
en aide. Le jeune homme semble mou-
rant et quelqu’un suggère bientôt de
l’emmener à l’unique temple de la ville,
consacré à Boron, dieu des morts et
des rêves. Un autre badaud reconnaît
le blessé et l’appelle par son nom.
Que les héros accompagnent le
blessé au temple ou s’y rendent plus
tard, ils y sont accueillis par le prêtre
Markus Gartner (58 ans, rasé, taci-
turne, air grave, parle peu, de manière
laconique et sur un ton monocorde)
et son acolyte Jacko Verlaan (21 ans,
cheveux bruns, beau garçon, mal à
l’aise, réservé, rusé, mains moites,
déteste viscéralement tout ce qui vient
d’Andergast). L’intérieur du temple est
un endroit sombre et sinistre, décoré
avec divers objets anciens retrouvés
dans les landes avoisinantes. Markus
accueille le blessé sans se faire prier.
Si un héros y tient, il est autorisé à
veiller Tarkel quelques heures. Il peut
tenter de communiquer avec ce der-
nier et, moyennant la réussite d’une
épreuve de soin de l’esprit, il finit par
comprendre quelques mots dans le
délire fiévreux du blessé : « Je ne veux
pas y aller, Erwin, non… je ne savais
pas… laissez-moi… la Nostria, pas
Andergast… je ne suis pas un traître…
C’est Waldener… je ne veux pas des-
cendre… non, le vieux chauve... ». Les
héros ne pourront rien en tirer de plus
et Markus leur demandera de quitter le
temple à l’approche de la nuit.
S’ils se renseignent, les héros pour-
ront en apprendre plus sur l’identité
du blessé, par exemple en discutant
avec des paysans ou pêcheurs locaux,
aux Deux Salazarelles. Une épreuve
de connaissance de la rue (collecte
d’informations) +1, leur permettra de
savoir que le blessé s’appelle Tarkel
Erbewald, qu’il est originaire de
Mirdin, un village situé dans la par-
tie occidentale de la forêt sauvage et
appartenant à la Nostria. C’est un pis-
teur d’Althagen, qui emprunte réguliè-
rement le chemin de la forêt avec des
voyageurs souhaitant éviter de des-
cendre le fleuve Ingval.
Votre mission,
si vous l’acceptez…
Ce n’est que le lendemain matin que
Markus Gartner envoie son acolyte
demander de l’aide aux héros. Dans
son délire, Tarkel a laissé échapper
quelques informations, et notamment
le fait qu’il était dans la lande, accom-
pagné de cinq Andergastiens, dont
un certain Erwin Waldener. Les six
voyageurs semblent y avoir visité une
Déplacer l'aventure
Il vous est bien sûr possible
de déplacer ce cadre et de
situer cette aventure dans
la ville de votre choix, en
Aventurie ou ailleurs. Il vous
suffit d’opter pour une petite
ville entourée d’une lande
sauvage, et de trouver la
raison pour laquelle des
chasseurs locaux auraient
décidé de régler leur compte
aux survivants de l’expédition
d’Erwin Waldener. Punir ou
tenter d’empêcher le pillage
d’un antique tombeau
peut, par exemple, être une
motivation suffisante.
De quoi souffre
Tarkel Erberwald ?
Si un héros examine Tarkel,
une épreuve réussie de soin
des blessures ou de soin
des maladies sur (IN/IU/
IU) lui permet d’obtenir les
informations suivantes :
NR 1 – Le jeune homme a
d’une part été tabassé et,
d’autre part, violemment
mordu à l’avant-bras.
NR 2 – Le jeune homme est
brûlant de fièvre. C’est sans
doute dû à l’infection de la
blessure par morsure. Il a le
nez et des côtes brisés et de
multiples hématomes, mais
c’est bien la fièvre qui lui
fait perdre connaissance et
menace de mettre un terme
à ses jours.
NR 3 et – Le jeune homme
souffre sans doute d’une
grave fièvre infectieuse
(cf. Bestiaire aventurien à la
p. 134). Ce type de maladie
peut être causée par la
morsure d’un charognard ou
d’un mort-vivant, ou par une
arme rouillée. Un prêtre de
Peraine pourrait sans doute
soigner le malade.
SCÉNARIO | 127
128 | SCÉNARIO
L’ŒIL NOIR
Ce qu’il vous faut savoir sur la région de Lyckmoor
Les royaumes de Nostria et d’An-
dergast dans lesquels se déroule
cette aventure sont non seulement
décrits dans l’Almanach aventurien,
mais également dans un supplément
régional intitulé Die Streitenden
Königreiche en allemand, et The
Warring Kingdoms en anglais dont la
VF a été annoncée par BBE. En atten-
dant, sa lecture n’a rien d’obligatoire
pour mener ce scénario.
Pour jouer cette aventure, vous
devez simplement savoir qu’il
existe une inimitié séculaire entre
les royaumes de Nostria et d’An-
dergast et que les conflits armés
ont été nombreux au cours de
l’histoire. Les deux nations sont
actuellement en paix, mais les
échauffourées sont fréquentes,
notamment le long de la frontière,
dans la vaste forêt sauvage – sim-
plement appelée la Forêt par les
autochtones – située à l’est de la
lande où se joue cette aventure.
Lyckmoor, la ville nostrianne où
débute le scénario, est située sur le
fleuve Ingval. En amont, ce fleuve
contourne la forêt sauvage pour
rejoindre la ville de Joborn, puis
Andergast, la capitale du royaume
ennemi. Mais il existe une autre
route qui relie Lyckmoor à Joborn,
plus directe mais non sans danger,
sépulture, située sous un tumulus
isolé. C’est là que le jeune homme
aurait été mordu par une chose
chauve – Markus n’a pas com-
pris les propos exacts du malade
à ce sujet – et aurait perdu ses
compagnons. Le blessé a donné
quelques indications permettant à
quelqu’un qui connaît la région de
retrouver l’entrée du tombeau.
Malheureusement pour les
héros, le déroulement du drame,
tel que reconstitué par Markus
Gartner, est incomplet. Le prêtre
ignore tout de l’intervention mus-
clée des patriotes nostrians. Le
prêtre attribue à tort la disparition
des autres membres à cette créa-
ture sortie de son tombeau. Cela
ne change pas grand-chose pour
lui à ce stade : l’idée de laisser les
dépouilles de cinq personnes sans
sépulture lui déplaît profondé-
ment, d’une part car c’est contraire
aux enseignements de Boron,
et, d’autre part, car les goules ne
sont pas rares dans la région et ne
manqueront pas d’être attirées, et
peut-être de proliférer, si on ne fait
traversant la forêt par les villages
d’Althagen et de Mirdin. Bien que
rivaux, les deux royaumes sont ac-
tuellement en paix et un commerce
balbutiant se développe petit à petit.
Entre Lyckmoor et la forêt, ainsi
qu’au nord de la ville, on trouve une
vaste lande en grande partie inha-
bitée. Elle est utilisée comme lieu
funéraire depuis des siècles par
les différents peuples ayant vécu
dans la région et a une réputation
sinistre : esprits, fantômes, goules
n’y sont pas rares, si l’on en croit
les rumeurs. C’est là que se trouve
le fameux tumulus mentionné par
Tarkel.
rien. Un peu gêné, Markus Gartner
leur avoue également qu’il connaît
Erwin Waldener avec qui il était en
affaire, et que celui-ci était censé
lui amener un ouvrage assez pré-
cieux, intitulé Rites funéraires et
cultes interdits dans l’antique val-
lée de l’Ingval, accompagné d’une
lettre d’une prêtresse de Hesinde
prénommée Mahem Salvinia. Une
épreuve de nature humaine (dis-
cerner les motivations) -1 leur per-
met de détecter un certain trouble
sur le visage de l’impassible prêtre
de Boron quand il mentionne le
nom de la prêtresse.
Markus demande dès lors aux
héros de monter eux aussi une
expédition et de quitter Lyckmoor
au plus vite pour se rendre dans
la lande avec plusieurs objectifs :
retrouver les corps et les enterrer
dignement (20 thalers d’argent
par corps), refermer l’ancienne sé-
pulture (100 thalers d’argent), éli-
miner les éventuelles goules qu’ils
pourraient trouver en chemin (25
thalers d’argent par tête de goule
ramenée) et retrouver le livre et
le courrier mentionnés ci-dessus
(100 thalers d’argent). Adaptez
éventuellement les tarifs en fonc-
tion du nombre de héros, mais ne
les laissez pas trop monter les en-
chères. Si les héros ne souhaitent
pas se rendre utiles, l’aventure
s’achève avant de commencer : il
est peut-être temps pour eux d’en-
visager un plan de carrière moins
mouvementé. S’ils rechignent à ac-
cepter, rappelez-leur que c’est une
belle somme : un travailleur qua-
lifié ne peut prétendre qu’à un sa-
laire de 5 à 9 thalers par jour (voir
Livre de règles p. 364). Si cela peut
achever de les convaincre, insistez
sur la grande autorité morale que
l’Aventurien moyen accorde à un
prêtre de Boron.
Pour les aider dans leur tâche,
Markus Gartner demande à son
acolyte Jacko Verlaan de les ac-
compagner. Ce dernier ne semble
pas franchement ravi mais ne
s’oppose pas à son aîné et maître.
Il mènera le groupe avec son
chien Albio (une référence au
nom du comte de Salza), un haut-
fortier massif (un chien typique
d’Aventurie qui peut faire penser
à un dobermann) qui lui obéit au
doigt et à l’œil mais peut se mon-
trer très affectueux avec ceux qui
semblent dans les bonnes grâces
de son maître (cf. chien de guerre,
dans le Bestiaire aventurien, page
103). Jacko s’occupera des éven-
tuels rites funéraires à accomplir
et prendra les dispositions qui
s’imposent pour la fermeture de la
tombe.
Acte 1 :
Une balade
dans la lande
Vu les circonstances, Markus
Gartner souhaite que les héros
partent le plus rapidement pos-
sible. À l’heure où il leur confie
la mission, les charognards ou
les goules sont peut-être déjà à
l’œuvre sur les corps abandonnés.
Jacko a besoin de moins d’une
heure pour se préparer. Il emporte
des vêtements et du matériel de
voyage, ainsi que de quoi dormir à
la belle étoile. Il n’a pas l’air parti-
culièrement heureux de participer
à cette expédition et se plaindra
d’avoir peu dormi, ayant veillé le
blessé une partie de la nuit. Il ne se
fait cependant pas prier plus que
cela. Malgré la fatigue, Jacko veut
en finir rapidement et presse les
héros si ceux-ci semblent prendre
leurs aises. Son chien Albio se
promène sans laisse mais obéit au
moindre des ordres de son maître.
Le blessé n’a laissé que des
informations sommaires pour
retrouver le tumulus. Jacko sait
juste que Tarkel, dans son délire
fiévreux, a laissé entendre que le
lieu du drame était à deux jours
de Lyckmoor. Il a donné quelques
indications sur la direction à
prendre et la zone à fouiller, en
décrivant brièvement le tumulus :
son ouverture est située sur le
flanc d’une petite colline de roches
grises moussues, sur laquelle trône
un unique hêtre. Il a fallu creuser
un peu pour déblayer l’entrée.
Les landes sont un lieu désolé,
hostile. Dans les alentours immé-
diats de Lyckmoor, on trouve de
nombreuses tourbières exploi-
tées par des paysans locaux. Mais
plus on s’éloigne du fleuve, plus
la région devient sinistre et déso-
lée. Un crachin désagréable et un
vent froid viennent s’ajouter à ce
tableau plutôt morose.
Demandez aux héros de ten-
ter une épreuve cumulative pour
voir en combien de temps ils
retrouvent le tumulus. Le groupe
doit atteindre un NR de 10 avec,
au choix, des épreuves de survie
(établir un camp), d’orientation
(course du soleil) ou de pistage
(traces d’humanoïdes). Jacko par-
ticipe lui aussi, avec une épreuve
de pistage. Si les héros réussissent
l’épreuve à leur première, deu-
xième ou troisième tentative, ils
trouvent le tumulus respective-
ment le lendemain matin, midi
ou soir (en partant du principe
qu’ils ont quitté Lyckmoor dans
la matinée où Markus Gartner le
leur a demandé). S’il leur faut plus
de trois tentatives, ils n’atteignent
leur objectif que le surlendemain
matin et sont contraints de passer
une nuit supplémentaire dehors
sous une pluie battante. Demandez
alors à chaque héros de passer une
SCÉNARIO | 129
130 | SCÉNARIO
L’ŒIL NOIR
épreuve de maîtrise de soi (igno-
rer les perturbations) pour ne pas
subir un niveau d’étourdissement
dû à l’épuisement (cf. Livre de
règles, p.33).
Ces journées passées dans la
lande sont loin d’être plaisantes.
Insistez sur l’ambiance boueuse,
sur la pluie qui tombe sans cesse,
sur les rares moments d’accalmie
sous la protection d’un vieil arbre
isolé ou d’une cabane abandonnée.
Les héros croisent d’anciennes
sépultures, et notamment un vieux
cimetière, bâti sur le flanc d’une
petite colline. Les inscriptions
sur les quelques pierres tombales
toujours debout sont écrites dans
une langue ancienne, proche du
bosparano archaïque. Il s’agit
d’épitaphes à moitié effacées.
Questionné sur le sujet, l’acolyte
leur explique qu’on enterre des
hommes et des femmes ici depuis
des siècles et que la région est
connue pour être le lieu d’étranges
rituels parfois impies. Il ajoute
que les sorcières nostriannes
et les sumes d’Andergast (c’est
ainsi qu’on nomme les druides
en Andergast) sont nombreux à
visiter la lande. Albio, le chien
de Jacko, se met alors à gronder.
Jouez un peu avec les nerfs de
Incarner Jacko
Jacko Verlaan a un rôle impor-
tant à jouer dans ce scénario.
En tant que MJ, c’est à vous de
faire sentir sa présence à chaque
étape de l’aventure, et notam-
ment lors de l’expédition dans
la lande. Observez soigneuse-
ment la façon dont les héros le
traitent ou interagissent avec lui
car il vous faudra au final déter-
miner s’il fait ou non confiance
aux héros.
vos joueurs, en leur demandant
des épreuves d’acuité sensorielle
(détecter une embuscade), avant
de leur annoncer que quelques
canards s’envolent des abords du
cimetière.
Confidences
au coin du feu
Le soir, autour d’un petit feu,
Jacko se confie un peu, leur expli-
quant que selon lui, ces marchands
andergastiens n’avaient rien à
faire dans la région, que la Nostria
devrait leur interdire l’accès à ces
terres et arrêter tout commerce
avec l’ennemi. Il estime par ailleurs
que les pilleurs de tombes sont des
êtres plus que méprisables et que
ceux qu’ils recherchent méritent
amplement leur sort. Guettez la
réaction de vos joueurs les plus
causants, car c’est un moment plus
important qu’il n’y paraît pour le
dénouement de cette aventure. Si
les héros se montrent ouvertement
en faveur de la Nostria, avec une
éventuelle épreuve de persuasion
(baratiner) s’ils ne sont pas sin-
cères, cela pourrait mener Jacko à
leur accorder sa confiance lors du
troisième acte.
C’est par ailleurs l’occasion d’en
dire un peu plus aux héros sur
les goules qu’ils traquent. Jacko
leur explique notamment qu’elles
craignent la lumière du jour et
sortent surtout la nuit. Rappelez-
leur la prime promise par Markus
Gartner par goule tuée, afin de
donner une motivation aux héros à
explorer le tumulus à la tombée de
la nuit, voire à préparer un appât
pour attirer les créatures. Pour les
statistiques complètes d’une goule,
cf. le Bestiaire aventurien, pages
32–33.
Acte 2 :
Le roi chauve
ne dort jamais
Après un temps qui dépend
de leur réussite dans l’acte 1, les
héros finissent par tomber sur
une colline isolée surmontée d’un
hêtre solitaire, qui répond parfai-
tement à la description donnée. À
l’approche du tumulus, la pluie se
calme, puis s’arrête, pour laisser
place à une brume qui s’épaissit
rapidement. Albio montre des
signes évidents de nervosité. Si les
héros ne font pas spontanément
preuve de discrétion, l’acolyte les
enjoindra au plus grand silence.
Les héros doivent contourner la
colline, ou la gravir, afin d’arriver
sur sa façade nord. Ils tombent
sans problème sur ce qui reste
du campement (1) qui avait été
monté en attendant la fin du dé-
blaiement (des cendres froides
surmontées d’une casserole dans
laquelle cuisait un ragoût, mangé
depuis par un animal de la lande,
une petite tente et une bâche ten-
due pour s’abriter de la pluie, un
rondin de bois pouvant servir de
petite table).
Si les héros s’approchent de
nuit, une meute de goules surgit
par surprise de la brume. Il y a un
nombre d’adversaires équivalent
au nombre de héros plus un – en
comptant Jacko et Albio, les héros
sont donc en surnombre. Les créa-
tures s’acharnent sur une même
cible, tentant de la blesser ou de la
tuer avant de se replier si l’opposi-
tion est trop forte. Attention, c’est
une rencontre qui peut faire mal et
durablement affaiblir un groupe
de héros trop peu expérimentés. Si
vous désirez rendre les rencontres
de cette aventure plus faciles, c’est
probablement cet affrontement-ci
SCÉNARIO | 131
132 | SCÉNARIO
L’ŒIL NOIR
que vous devez simplifier. Si les
goules s’avèrent un trop gros mor-
ceau pour vos aventuriers, rappe-
lez-vous que Jacko est au service
de Boron, et qu’il a par consé-
quent le pouvoir de consacrer une
arme, avec pour effet d’en doubler
les points d’impact (cf. Bestiaire
aventurien, p. 136). La liturgie
bannissement mineur des morts-
vivants devrait également faire
la différence, si le combat tourne
mal.
Si les héros approchent de jour,
ou s’ils parviennent à se débar-
rasser des goules, ils finissent par
trouver le corps de Jurgen Feldt,
sur la droite de la porte du tom-
beau (2). Il est mort depuis plu-
sieurs jours et a été partiellement
dévoré. L’origine de sa mort est
évidente, même pour quelqu’un
n’y connaissant rien en médecine :
un pieu rouillé lui traverse la cage
thoracique de part en part. Les
héros apprendront par la suite
qu’il provient d’un piège, dans
l’escalier.
Si l’un des héros prend le temps
d’examiner l’entrée du tumulus
(3), il y découvre, en réussissant
une épreuve d’acuité sensorielle
(chercher), une inscription gravée
sur le haut de l’ouverture, écrite
en anciennes runes thorvalques.
Un joueur capable de lire et com-
prendre cet alphabet pourra dé-
terminer qu’il s’agit du tombeau
de « Théodos le Chauve, fils de
Théodos le Mangeur d’ours, qui
mena son peuple près du fleuve
et en chassa les Griffes jaunes ».
Si une copie de l’inscription est
ramenée à un érudit, celui-ci peut
également la déchiffrer.
Plus bas, les héros trouvent
un deuxième corps — il
s’agit de Labris Glaauw
— sur les marches su-
périeures du tumulus
(4). On lui a visiblement
brisé la nuque avec grande
violence en le frappant contre
la paroi avant de le mordre sau-
vagement, au bras et au cou. Son
corps n’a cependant pas été man-
gé comme le cadavre précédent.
Ce n’est qu’un peu plus bas dans
l’escalier qu’un héros attentif trou-
vera le mécanisme du piège qui a
tué Jurgen Feldt (5).
Au fond du trou
L’escalier s’enfonce dans les té-
nèbres sur une dizaine de mètres.
Il est bas et étroit et ne permet
qu’à une seule personne d’avancer
de front. Et encore, il lui faut se
baisser si elle est de grande taille.
C’est en bas de l’escalier, à l’en-
trée de la salle funéraire (6) que
Théodos le Chauve — ou du moins
ce qu’il en reste — agresse le héros
qui ouvre la marche. Utilisez les
caractéristiques d’une momie (cf.
Bestiaire aventurien, p. 62), mais
évitez de l’appeler ainsi en jeu pour ne
pas donner une image trop exotique du
tumulus à vos joueurs.
Attention, même si Théodos n’est
pas armé (utilisez l’attaque à mains
nues de la momie), c’est un adversaire
redoutable dans un lieu où le sur-
nombre ne donne aucun avantage. Des
aventuriers trop confiants risqueraient
bien de ne jamais ressortir du tom-
beau. N’oubliez pas que sans éclairage,
ou si la torche ou la lanterne du héros
tombe au sol, le combat se déroule
dans un noir absolu et qu’il vous faut
alors appliquer le statut aveugle. Le
statut à l’étroit (cf. Livre de règles,
p. 35 pour ces deux statuts) doit lui
aussi être appliqué tant que le combat
se déroule dans le conduit qui descend
vers la tombe. Un héros maniant autre
chose qu’une arme à l’allonge courte
subit d’importants malus (cf. Livre de
règles, p. 230).
La solution la plus sage est sans
doute le repli. La créature ne suit
pas les héros en dehors de sa tombe.
S’ils prennent le temps de consulter
Jacko, ou si l’un des héros réussit une
épreuve de magicologie (créature
magique), révélez-leur que la créa-
ture est sensible au feu. Laissez vos
joueurs échafauder l’un ou l’autre plan
s’ils souhaitent s’entêter, en profitant
ou non des pouvoirs de Jacko. Notez
cependant que l’exploration complète
du tumulus n’est en rien obligatoire
pour la bonne conduite du scénario et
est probablement impossible pour un
groupe de héros débutants. N’hésitez
de toute façon pas à rendre les choses
délicates.
Si malgré la difficulté les héros par-
viennent à se débarrasser de la créa-
ture, ils gagnent l’estime de Jacko (et
plus tard celle de Markus Gartner).
Estime qu’ils pourraient immédiate-
ment perdre s’ils se mettent en tête de
piller la tombe. Un tel comportement
marquerait une rupture nette avec leur
guide, qui pourrait même quitter le
groupe, emmenant avec lui son chien L’importance
Albio. des gestes barrières
Au fond du tumulus, derrière l’an- Tant les goules que la momie
tique sarcophage et les urnes de terre peuvent transmettre une
glaise qui l’entourent, des héros at- maladie aux personnes
tentifs pourraient trouver une petite qu’elles blessent. Ne
passez pas à côté si vous
cache (7) en brisant une partie de la
en avez l’occasion : c’est un
maçonnerie. Pour la détecter, il faudra
développement qui peut
réussir une épreuve de travail de la rendre la fin du scénario
pierre (maçonnerie), ou une épreuve plus intéressante. Si un
d’acuité sensorielle (chercher) –2 (il héros développe l’une des
fait sombre, et la cache est faite pour maladies portées par leurs
ne pas être trouvée facilement). Ils y adversaires (à savoir le
trouvent l’équivalent de 150 ducats, lutanas ou le délire déferlant
principalement sous forme de bijoux pour les goules (cf. Livre de
de bronze ornés de pierres semi-pré- règles, p. 343) et la fièvre
cieuses. Le torque que Théodos porte infectieuse pour la momie (cf.
autour du cou est par ailleurs magique Bestiaire aventurien, p. 134), sa
meilleure chance de guérison
et permet à son porteur de moins res-
est soit de rejoindre Mirdin, à
sentir les effets de la peur. En termes
quelques heures de marche
de jeu, l’objet permet en toute circons- de là, où l’on trouve un prêtre
tance d’ignorer un niveau de terreur de Peraine, soit de revenir
(cf. Livre de règles p. 34). L’objet a ce- vers Lyckmoor, où le prêtre
pendant tendance à rendre son porteur Markus Gartner pourra le
exagérément téméraire, et vous pouvez soigner.
à tout moment imposer au porteur une
épreuve de volonté pour vérifier s’il
garde son sang-froid lorsque la situa-
tion impose la prudence.
Il est possible que les héros décident
de ne pas piller la tombe, spontané-
ment, ou en suivant les conseils de
Jacko. L’acolyte leur demande néan-
moins de trouver un moyen de refer-
mer la sépulture, que ce soit avec
de la terre, du bois ou des rochers.
Encouragez les héros à faire preuve
de prudence en leur rappelant que
Théodos le Chauve peut sortir de son
tombeau à tout un instant — ce qu’il ne
fera pas, étant contraint d’y rester pour
l’éternité. En fonction de la méthode
utilisée pour boucher l’ouverture, de-
mandez-leur de réussir une épreuve de
groupe cumulative (NR de 10) avec les
talents tour de force, travail du bois
et/ou travail de la pierre. Il faut comp-
ter une heure d’efforts par épreuve
partielle. Si la fermeture du tumulus
a lieu en fin de journée, insistez sur la
SCÉNARIO | 133
134 | SCÉNARIO
L’ŒIL NOIR
nervosité de Jacko à l’approche de
la nuit.
Mais le compte n’y est pas : les
héros ont retrouvé deux corps.
Avec Tarkel Erbewald, cela fait
trois. Il manque donc encore trois
cadavres – ou trois survivants. Les
héros peuvent s’imaginer qu’ils
sont au fond du tumulus, ou bien
examiner les alentours. Avec une
épreuve de pistage (traces d’hu-
manoïdes), les héros finissent par
réaliser que plusieurs personnes
ont pris la fuite, laissant dans le sol
boueux des traces de leur passage.
Il ne leur reste plus qu’à remonter
la piste. S’ils n’ont pas les compé-
tences pour cela, s’ils sont mal-
chanceux, ou s’ils ne pensent pas
à chercher les corps manquants,
faites intervenir Albio, le chien de
Jacko, qui renifle une empreinte
de pied.
Acte 3 :
La fin de
l’expédition
Waldener
La piste n’est pas longue : au
bout d’une heure – un peu plus ou
un peu moins en fonction de l’effi-
cacité des héros – les aventuriers
aperçoivent un saule isolé dans la
lande. Trois corps s’y balancent
au bout d’une corde. Avec Tarkel
Erbewald et les cadavres trouvés
au tumulus, cela fait six. Le compte
est bon et l’aventure pourrait s’ar-
rêter ici après un enterrement en
bonne et due forme. Mais peut-être
les héros voudront-ils comprendre
ce qui s’est passé, d’autant plus
qu’ils ne trouvent sur aucun des
corps trace des Rites funéraires
et cultes interdits dans l’antique
vallée de l’Ingval ni du courrier
que Markus Gartner attend de sa
correspondante d’Andergast. Si les
héros n’y pensent pas, rappelez-
leur par l’intermédiaire de Jacko
Verlaan.
Moyennant la réussite d’une
nouvelle épreuve de pistage
(traces d’humanoïdes), les héros
comprennent qu’il y a eu ici de
nombreux hommes, et qu’ils sont
arrivés depuis l’est et repartis dans
la même direction. Une épreuve
d’orientation, avec un éventuel
bonus pour un héros venant de la
région, permet de savoir que c’est
la direction de Mirdin, un village
situé à l’orée de la forêt sauvage, à
quelques heures de marche de là.
Enfin, une fouille approfondie des
alentours et une épreuve d’acuité
sensorielle (chercher), permet
de retrouver une flèche dans la
boue, à une trentaine de mètres de
l’arbre.
C’est à ce moment que la relation
que les héros ont établie tout au
long du scénario avec leur guide,
Jacko Verlaan, entre en jeu. Ce
dernier, en voyant les pendus,
comprend ce qui s’est passé. Étant
lui-même un patriote, il sait que
certains hommes de Mirdin ont le
sang chaud et s’avèrent parfaite-
ment capables de violence envers
des Andergastiens.
Si une véritable confiance s’est
établie et que les héros font mine
de vouloir retrouver les meur-
triers, l’acolyte leur demande
simplement d’enterrer les corps
et d’en rester là, sans poser plus
de questions. Si la relation est
neutre, il se montre moins direct
et tente de dissuader les héros de
poursuivre, éventuellement en
prétendant que la piste va droit
vers la forêt sauvage, où il n’hési-
tera pas à les « perdre » si besoin
avant de leur fausser compagnie.
Enfin, si la relation est mauvaise
et que les héros décident de
prendre la direction de Mirdin,
Jacko quitte discrètement le
groupe à la première occasion
pour tenter de retrouver les res-
ponsables de l’exécution et les
prévenir de l’arrivée des héros. Si
les héros tentent de contraindre
Jacko à révéler tout ce qu’il sait,
Albio prendra sa défense et l’aco-
lyte luttera jusqu’à la moitié de
ses points de vie, avant de se
rendre et de tout avouer.
Depuis l’arbre aux pendus, il
faut environ 7 ou 8 h de marche à
un rythme régulier pour rejoindre
Mirdin. Si les héros doivent pas-
ser une nuit dehors et s’ils n’ont
pas encore rencontré la meute de
goules de l’acte 2, c’est l’occasion
de leur tendre une embuscade,
du moins s’ils ne sont pas repartis
trop affaiblis du tumulus.
La piste
mène à Mirdin
C’est dans le village de Mirdin
que se joue probablement le dé-
nouement de cette aventure. Les
héros peuvent y arriver en suivant
la piste, depuis l’arbre aux pendus,
obtenir l’information de Jacko,
que ce soit par la diplomatie ou par
la force, ou simplement s’y replier
pour chercher des soins. Mirdin
compte quelque quatre-cents
âmes et est entourée d’une palis-
sade en bois. Le village est sur-
plombé par un modeste château,
dans lequel réside le comte Eilert
II Rheideryan de Mirdin, à défaut
de pouvoir résider à Joborn, capi-
tale officielle du comté, occupée
depuis plusieurs années par les
Andergastiens.
La ville a peu d’éléments no-
tables et vit principalement de la
chasse et du bûcheronnage. Les
étrangers n’y sont pas les bienve-
nus, et tout héros venant d’un pays
lointain, ou n’étant pas humain, y
est regardé avec méfiance voire
hostilité. On y trouve également
un temple de Peraine, où le maître
des récoltes (c’est le titre officiel
d’un prêtre de la déesse des soins
et de l’agriculture) Isaak peut soi-
gner les éventuels dégâts causés
par les goules ou Théodos. Une al-
ternative aux soins d’Isaak, si pour
une raison ou une autre les héros
ne peuvent pénétrer dans Mirdin,
est de rencontrer Naddischia, sor-
cière de la sororité des Filles de la
Terre, qui, moyennant une rétri-
bution ou une aide, pourra faire
baisser puis disparaître la fièvre
d’un malade.
Retrouver les responsables du
lynchage de l’expédition Waldener
n’est pas compliqué, les coupables
ne s’étant pas montrés très dis-
crets quant à leurs intentions,
quelques jours plus tôt. Il suffit de
demander à quelques personnes
— via la réussite d’une épreuve
de connaissance de la rue (col-
lecte d’informations), avec un
malus de –1 pour les étrangers —
pour être dirigés vers la hutte des
frères Mathis et Gabor Zelvyo,
en dehors de la ville. Si les héros
ne se montrent pas assez discrets
dans leurs investigations, les deux
chasseurs les attendent de pied
ferme. À noter que les quatre
autres chasseurs ayant participé
au lynchage (à savoir Abel, Lukas,
Kervyn et Sander) ne sont plus à
Mirdin au moment où les héros y
arrivent. Soit ils sont repartis en
forêt pour bûcheronner, soit ils
habitent plus profondément dans
la forêt, entre le village et Joborn.
Les héros pourront apprendre leur
identité en même temps que celle
des frères Zelvyo. Ils apprendront
également facilement que les deux
frères étaient les vrais instiga-
teurs de cette virée punitive dans
la lande et qu’ils peuvent en être
tenus responsables.
C’est aux héros de déterminer
leur objectif. S’ils veulent qu’une
justice officielle soit apportée
pour le meurtre des survivants de
l’expédition Waldener, ils risquent
d’être déçus. Les autorités lo-
cales ne condamneront jamais
un Nostrian pour un acte violent
envers un Andergastien — jouer le
procès pourrait cependant s’avérer
très intéressant. Les héros pour-
raient aussi vouloir rendre justice
eux-mêmes, bien que n’ayant rien
à y gagner. Cela pourrait même
au contraire leur valoir un pa-
quet d’ennuis à Mirdin. Enfin, ils
peuvent vouloir remettre la main
sur la lettre de Mahem Salvinia et
sur le livre transporté par Erwin
Waldener, afin de toucher la ré-
compense promise par Markus
Gartner.
SCÉNARIO | 135
136 | SCÉNARIO
L’ŒIL NOIR
Jacko Verlaan La cabane des frères
CO 14 IN 13 IU 13 CH 13 DE
12 AG 12 CN 12 FO 10 Zelvyo
PV 29 PA – PK 35 INI 13+1D6 Mathis et Gabor, deux chasseurs
ESQ 6 TM 1 TP 1 VI 8 nostrians, sont les deux principaux
Mains nues : AT 11 PRD 6 PI responsables du meurtre des trois
1D6 AL courte derniers membres de l’expédition.
Epée courte : AT 12 PRD 5 PI S’ils apprennent à temps qu’ils sont
1D6+3 AL moyenne
recherchés, ils se retranchent dans leur
Arc court : CD 12 DC 1 PI
cabane et en barricadent la porte, afin
1D6+4 PO 10/50/80
Capacités spéciales : d’éviter un affrontement direct avec
connaissance locale (région un groupe d’aventuriers expérimentés
de Lyckmoor), tradition et en surnombre. À l’approche de la
(Église de Boron) cabane, les héros sont accueillis par
Avantages : notion du deux flèches qui viennent se planter
temps, pouvoir divin dans deux arbres avoisinants. Mathis
Désavantages : obligations menace de les abattre s’ils font un pas
II (Église de Boron), personne de plus.
de principe (codex moral de
La solution la plus directe pour dé-
l’Église de Boron)
nouer cette situation est la violence.
Talents : acuité sensorielle
3 (13/13/13), escalade Les deux frères pourraient cependant
3 (14/12/10), furtivité 5 s’avérer plus coriaces qu’il n’y paraît,
(14/13/12), intimidation du fait de leur position avantageuse :
4 (14/13/13), maîtrise ils profitent du terrain découvert au-
corporelle 4 (14/14/12), tour de la cabane, pour larder leurs
maîtrise de soi 5 (14/14/12), assaillants de flèches. Quant à la porte,
natation 3 (12/12/10), nature elle ne peut être forcée que moyennant
humaine 5 (13/13/13), une épreuve cumulative (NR de 10)
orientation 3 (13/13/13), de tour de force, où chaque épreuve
persuasion 6 (14/13/13), partielle correspond à un tour de jeu.
pistage 4 (14/13/12), survie
Les deux chasseurs se rendent dès que
3 (14/12/12), tour de force
l’un des deux subit le niveau III de
3 (12/10/10), volonté 4
(14/13/13) l’état douleur. Cependant, si l’un est
Liturgies : bannissement tué, l’autre entrera dans une fureur
mineur des morts-vivants noire et fera tout pour se venger du
4 (14/14/13), bénédiction responsable. Il se bat alors jusqu’à être
d’objet 3 (14/13/13), neutralisé.
bénédiction funèbre, À noter qu’en aucun cas Jacko ne
sommeil 4 (13/13/13) participe à une action violente à l’en-
contre des deux frères. S’il est encore
dans le groupe au moment où l’affron-
tement a lieu, il tente de s’y opposer,
ou se précipite en ville pour chercher
des renforts favorables aux chasseurs.
Reste la solution diplomatique :
après tout, il est probable que la seule
chose qui intéresse les héros soit de
rapporter le livre et la lettre à Markus.
Le livre s’avère en possession des deux
frères, qui comptaient le revendre
à la première occasion — quant à la
lettre, ils y ont jeté un œil, l’ont jugée
sans intérêt et s’en sont débarrassés.
Si les héros se montrent persuasifs
— épreuve d’intimidation (menace) ou
de persuasion (manipuler) —, Mathis
et Gabor leur remettent le livre contre
la promesse que leur nom ne sera pas
cité à Lyckmoor et qu’ils ne seront plus
poursuivis pour ce qui s’est passé dans
la lande.
Conclusion
Cette aventure peut s’achever de mul-
tiples façons. Si les aventuriers accom-
plissent tout ce que Markus Gartner
leur a initialement demandé — à savoir
fermer l’ancienne sépulture, enterrer
les corps des membres de l’expédition
Waldener, se débarrasser des goules
rencontrées et ramener l’ouvrage reli-
gieux — le prêtre de Boron leur est plus
que redevable et les héros bénéficient
désormais d’une réputation très posi-
tive à Lyckmoor.
La nature de leur relation avec Jacko
a également son importance : si les
héros ont agressé ou tué les chasseurs
de Mirdin, l’acolyte a une solide dent
contre ses anciens coéquipiers et tente
même de ternir leurs actions aux yeux
de Markus Gartner. Si au contraire, les
héros sont parvenus à régler le pro-
blème sans faire preuve de violence, ou
s’ils ont accepté de laisser tomber, ils
se seront peut-être fait un nouvel allié,
voire un ami, en la personne de Jacko.
Leur relation avec Markus Gartner, à
la fin de cette aventure, dépend aussi de
la façon dont les héros se sont compor-
tés. Le prêtre de Boron ne cautionne
en aucune façon le meurtre des survi-
vants de l’expédition par les patriotes
nostrians et approuvera les actes des
héros, à condition que ces derniers ne
se soient pas montrés violents envers
Jacko Verlaan. Si en revanche ils ont
agressé l’acolyte, par exemple sous
l’arbre aux pendus, Markus prendra
ses distances, paiera ce qu’il devra et
évitera à l’avenir de traiter avec eux.
Enfin, cette aventure peut avoir des
conséquences judiciaires : les héros
sont peut-être désormais recherchés
pour meurtre dans la région de Mirdin,
et pourraient bien être persona non
grata dans cette région de Nostria,
s’ils ont trop ouvertement œuvré en
faveur du marchand andergastien.
Dernière conséquence possible,
et pas des moindres, si Théodos le
Chauve n’a pas été détruit, et si son
tumulus n’a pas été refermé, une créa-
ture maléfique de plus hante les landes
entourant la ville de Lyckmoor.
Quelques pistes
pour la suite
En fonction de leurs actions, les
héros se sont forgé des amitiés ou des
inimitiés dans la région. Les suites de
cette aventure en dépendent évidem-
ment grandement. Et puis, le mystère
de l’identité de Théodos le Chauve
reste intact : qui est-il ? Quand a-t-il
été enterré ? Par quelle magie a-t-il
été maudit ? Des recherches en bi-
bliothèque pourraient permettre d’en
savoir plus sur ce tombeau surgi du
passé. Pour en savoir plus, Markus
Gartner pourrait vouloir s’adresser à
sa correspondante andergastienne,
la prêtresse Mahem de Hesinde. Les
héros seraient bien sûr tout désignés
pour prendre la route de la forêt sau-
vage, portant questions et courriers de
la part de Markus. Waldener pourrait
également avoir laissé une veuve ou Albio le hautfortier
des enfants, à Joborn ou Andergast. Cf. les caractéristiques du
Les héros pourraient vouloir y rame- chien de guerre, dans le
ner la dépouille du marchand, ou se Bestiaire aventurien, p. 103.
charger de retrouver les quatre chas-
seurs qui étaient avec Mathis et Gabor, Les goules
afin de rendre justice. Enfin, il se pour- Cf. les caractéristiques de
rait que les héros se soient fait trop la goule, dans le Bestiaire
aventurien, p. 32.
d’ennemis dans la région et doivent
s’en éloigner un temps.
Théodos le Chauve
Cf. les caractéristiques de
Les points d’aventure la momie, dans le Bestiaire
aventurien, p. 62.
Attribuez la récompense suivante
à chaque héros ayant survécu à cette
Mathis et Gabor Zelvyo
aventure : Cf. les caractéristiques du
• Pour avoir participé à cette expédi- brigand, dans l’Almanach
tion dans la lande : 5 PAV à dépenser aventurien, p. 253. Mathis
dans les talents de nature ; manie un sabre et un arc
• Pour s’être débarrassés des goules : court, Gabor une hache
5 PAV à dépenser dans les talents de d’armes et une arbalète de
poing.
combat ;
• Pour avoir détruit la créature du
tumulus ou refermé la sépulture :
5 PAV ;
• Pour avoir ramené le livre perdu au
prêtre de Boron : 5 PAV.
Les efforts des héros à Mirdin pour
que justice soit faite peuvent égale-
ment être récompensés, à la discrétion
du MJ.
Thomas Dejonghe
Illustrations : Anthony Boursier
Plan : Josselin Grange
Illustrations (copyright Ulisses
Spiele) : Janina Robben
et Jennifer Lange
Carte (copyright Ulisses Spiele) :
Stephen Brand
SCÉNARIO | 137
138 | SCÉNARIO

PÉCHÉ D’INNOCENCE
VAMPIRE : LA MASCARADE V5
Au théâtre des vampires ne se jouent que des drames. Et c’est
bien un drame qui attend les protagonistes de cette histoire,
avec son lot d’amertume et de désillusion. Car lorsqu’une
sang-clair est créée par accident, son existence même va mettre
en péril la Mascarade. Les joueurs vont au-devant de choix
difficiles. Seront-ils sans pitié ? Ou se risqueront-ils sur la voie
de la compassion ?

En quelques mots… corps la fait souffrir et une sensation

La Toréador Mist, folle
de désir pour Alice, ne se
contrôle pas et la vide de son
sang. Croyant avoir échoué
à lui donner l’Étreinte, elle
la laisse pour morte. Mais
Alice accède finalement
à la non-vie sans en avoir
conscience. En rentrant chez
elle, elle se nourrit sur un
chauffeur de taxi qui survit
de justesse. Mais l’interne de
l’hôpital publie une photo
de sa blessure sur les réseaux
sociaux…
Fiche technique
TYPE • Enquête
et dilemmes moraux
PJ • Débutants à
intermédiaires
MJ • Intermédiaire
Joueurs • Tous niveaux
ACTION 
AMBIANCE 
INTERACTION 
INVESTIGATION 
L’histoire
pour le MJ
La nuit dernière, Alice, une étudiante
en art, se rend à une soirée dans un
nightclub branché. Perdue dans la
foule, elle danse en toute insouciance
sous les lueurs changeantes des projec-
teurs. Mais, en cet instant, elle ignore
que deux yeux emplis de désir la fixent
sans ciller depuis les ombres. Des yeux
de prédateur. L’établissement est le
terrain de chasse de Mist, une des-
cendante du clan de la Rose, qui jette
son dévolu sur elle. Alors que la soirée
touche à sa fin, elle suit la jeune femme
et l’attire dans une ruelle.
Mais tout ne se passe pas comme
prévu… Mist commet l’irréparable. Et
alors que le corps froid de sa victime
lui glisse entre les bras, ce qu’il reste
encore d’humain en elle prend douce-
ment conscience de l’atrocité de son
geste. La culpabilité la frappe comme
un pieu en plein cœur. Dans un élan
de remord, la jeune Toréador décide
alors de braver l’interdit et de tenter de
sauver Alice en lui donnant l’Étreinte.
Sans succès. Du moins, Mist le croit-
elle. En désespoir de cause, elle aban-
donne le corps et disparaît dans la nuit.
Cependant, celle qui semblait morte
revient à la non-vie environ une heure
plus tard. La moindre parcelle de son
étrange la tiraille au plus profond
de son ventre, comme si une bête
infernale s’était lovée au creux de ses
entrailles. N’ayant aucune idée de ce
qu’elle est devenue, elle interpelle un
taxi pour rentrer chez elle. Mais cette
chose au fond d’elle est de plus en plus
pressante, transpirante d’un instinct
de mort. Sur le siège avant, le cou du
chauffeur semble chaud, sa carotide
pulse étrangement. Comme une invi-
tation. Irrésistible.
Alors que la destination est presque
atteinte, Alice se jette sur lui, le drai-
nant pratiquement de tout son sang.
Par miracle, le chauffeur survivra à
l’attaque et sera transporté en urgence
à l’hôpital. Mais la marque de morsure
à son cou reste bien visible. Un interne
de garde en publie alors une photo sur
les réseaux sociaux, où l’ennui voyeu-
riste des internautes ne tarde pas à la
rendre virale. Bientôt, la rumeur de la
présence d’un monstre suceur de sang
se répand sur la toile. Quant à Alice,
elle a réussi à rejoindre son apparte-
ment et s’y est effondrée, morte de fa-
tigue, aux premières lueurs de l’aube.
Elle l’ignore encore, mais ce n’est
qu’une question de temps avant que
la Seconde Inquisition ne la débusque,
ce qui se révélerait sans nul doute un
désastre pour la Mascarade. À moins
qu’une coterie ne la retrouve avant…
SCÉNARIO | 139
140 | SCÉNARIO
VAMPIRE : LA MASCARADE
Pourquoi l’Étreinte
d’Alice a-t-elle pris si
longtemps ?
Généralement, l’Étreinte
fonctionne immédiatement.
Mais lorsqu’un descendant
de génération élevée donne
naissance à un sang-clair,
les choses peuvent être plus
compliquées. Quelques
fois, l’Étreinte ne fonctionne
pas du tout, ou parfois
elle met plusieurs heures
avant de produire ses effets.
C’est exactement ce qu’il
s’est passé pour Alice. Un
personnage peut avoir
entendu parler de cas de ce
genre en réussissant un test
en Intelligence Occultisme
(difficulté 3).
Adapter ce scénario
à votre Cité
Cette histoire est écrite de
sorte à ce que vous puissiez
l’adapter facilement dans
votre ville de prédilection,
quelle que soit la faction
dirigeante. Bien que les lieux
et les protagonistes puissent
être employés tels quels, il
est fortement conseillé de les
remplacer par des éléments
de votre propre chronique.
Des conseils en ce sens sont
donnés dans les encadrés au
fil du texte.
Implication
Vous l’aurez compris, l’objectif
de cette chronique est d’amener les
joueurs à enquêter sur un bris de la
Mascarade. Bien sûr, les choses vont
rapidement se corser et, comme nous
le découvrirons, les personnages vont
au-devant d’une nuit difficile.
Mais commençons par le commen-
cement. Pour débuter la chronique,
plusieurs options s’offrent au conteur
en fonction de l’endroit où il situera
l’agression du chauffeur de taxi (et
donc le bris de Mascarade) :
Boucs émissaires : L’agression a
eu lieu sur le domaine d’un des PJ, qui
serait ainsi un coupable tout désigné.
En tant que conteur, insistez bien sur
le fait que, dans les nuits actuelles, être
accusé d’avoir brisé la Mascarade est le
meilleur moyen de subir la mort ultime
avant même d’avoir eu le temps de
crier « présomption d’innocence ». Les
joueurs ont donc tout intérêt à prendre
les devants et à trouver le véritable cou-
pable. Cette accroche convient bien à
des nouveau-nés, car les soupçons ont
de bonnes chances de tomber sur eux.
Limiers : Les PJ sont mandatés
par une autorité supérieure de leur
Chronologie
Adaptez les horaires en fonction du
lever du soleil, de sorte qu’Alice puisse
regagner son appartement juste avant
l’aube.
4h30 : Alice quitte le Rose and Thorn
pour rentrer chez elle. Mist l’attend et
l’attire dans une ruelle.
4h45 : En se nourrissant, Mist tue Alice
par accident. Elle tente de lui donner
l’Étreinte, mais celle-ci ne semble pas
fonctionner.
6h : Alice revient à elle, seule. Elle in-
terpelle un taxi pour rentrer.
secte (le shérif, le prince/baron, un
archonte…) pour enquêter sur l’af-
faire. À ce moment-là, faites en sorte
que l’agression ait eu lieu en territoire
neutre (le Râtelier, par exemple) ou sur
le domaine d’un vampire qui possède
un alibi indiscutable. Cette accroche
convient bien à une coterie qui a déjà
fait ses preuves auprès du pouvoir en
place.
Marchands de faveurs : Le bris
de la Mascarade a eu lieu sur le ter-
ritoire d’un proche des PJ. Celui-ci
ne possède pas d’alibi et risque très
vite d’être accusé. Il supplie la coterie
d’enquêter en toute discrétion. Cette
accroche fonctionne bien si les PJ ont
un descendant de confiance, voire un
infant, dans leur schéma des relations
(ou à défaut quelqu’un à qui ils doivent
une faveur).
Diplomates : L’agression a eu lieu
sur un territoire contesté. La Camarilla
accuse les Anarchs, et vice-versa. La
situation menace de dégénérer à tout
moment et la coterie est mandatée par
l’une ou l’autre des sectes pour en-
quêter. Peut-être même que les deux
factions la désignent d’un commun
accord si les personnages sont réputés
pour leur impartialité. Cette accroche
6h15 : Alice cède à la Bête et attaque le
chauffeur, causant un accident. Elle
s’enfuit chez elle et sombre en tor-
peur à l’aube.
6h45 : Les secours arrivent et trans-
portent le chauffeur à l’hôpital.
10h : Un interne prend une photo de la
marque de morsure et la poste sur les
réseaux sociaux.
15h : Le chauffeur de taxi, toujours
dans le coma, est placé sous protec-
tion policière.
À la nuit tombée : Les PJ entrent en
scène.
convient bien si vous souhaitez don-
ner un aspect politique au scénario.
N’hésitez pas alors à développer l’his-
toire en ajoutant des PNJ des deux
camps à l’intrigue.
Prologue :
Une photo
compromettante
En fonction de l’accroche choisie par
le conteur, les personnages peuvent
soit découvrir la situation par eux-
mêmes (journal, internet, rumeur…),
soit être mis au courant par un de leurs
contacts.
Les faits semblent aussi clairs que
graves : une agression a eu lieu la nuit
dernière, peu avant l’aube. La victime
a été retrouvée inconsciente, au volant
de son taxi encastré dans la vitrine
d’un magasin et, depuis, une photo-
graphie se propage sur les réseaux
sociaux. On y distingue sans équivoque
les marques de ce qui pourrait être la
morsure d’un vampire qui n’aurait pas
effacé sa trace. Pour l’heure, chaque
mortel y va de sa théorie. Si certains
y voient la preuve de l’existence des
vampires (et ils n’ont pas tort les
bougres !), la plupart des gens jouent à
se faire peur. On parle de l’œuvre d’un
tueur biberonné aux romans d’Anne
Rice, là où d’autres pensent qu’il s’agit
d’un grossier photomontage.
Quoi qu’il en soit, pour les descen-
dants, le problème est des plus sé-
rieux. Certes, l’affaire devrait finir par
s’éteindre toute seule, mais il n’en reste
pas moins que cela va immanquable-
ment attirer l’attention de la Seconde
Inquisition. Pour le moment, toutes les
conjectures sont possibles : un Caïnite
a-t-il vraiment cédé à la Bête ? Serait-
ce un piège de la SI ? Ou pire encore, le
retour du Sabbat ?
En menant quelques recherches
(sur internet, via des contacts, voire
en enquêtant auprès de la police si
L’ombre de la Seconde Inquisition
La menace de la SI apparaît en filigrane dans cette chronique. Elle est
avant tout un outil permettant d’ajuster l’opposition que rencontrera
la coterie. Ainsi, en tant que conteur, vous pourrez choisir de mettre en
scène de simples enquêteurs, des membres de la société de Saint-Léopold
et jusqu’à des groupes d’assaut prêts à intervenir, arme automatique à la
main (utilisez respectivement le profil du détective inquisiteur, de l’ecclé-
siastique ou de l’inquisiteur delta, pp.371/372 du Livre de règles).
Selon l’efficacité des joueurs et les ressources dont dispose la SI dans
votre chronique, les inquisiteurs interviendront plus ou moins rapidement
durant ce scénario (voire n’interviendront pas du tout). Dans tous les cas,
notez que si les PJ ne gèrent pas le problème posé par Sean dans la Scène
3, il est certain que tôt ou tard la SI finira par remonter la piste d’Alice.
Vous pouvez bien sûr considérer que des équipes d’assaut débarquent
à son appartement à l’instant où elles l’ont identifiée (trouvant poten-
tiellement sur place une coterie avec une novice sur les bras !). Mais il est
probable que la SI préfère une approche plus subtile, plaçant d’abord les
lieux sous surveillance. Que feront les joueurs s’ils se rendent compte que
celle qu’ils cherchent est déjà compromise ? Ou pire encore, s’ils ne s’en
rendent pas compte ?
Bref, utilisez la SI pour ce qu’elle est : une source inépuisable de
complications !
elle en a les moyens) notre coterie
pourra dégoter quelques informations
complémentaires :
Les circonstances : La piste pri-
vilégiée par les enquêteurs est celle
d’une agression. En effet, les traces
de violence sur le chauffeur laissent à
penser qu’il a été sauvagement atta-
qué par son client, alors que la voiture
roulait, ce qui aurait causé l’accident.
L’agresseur a réussi à s’enfuir sans rien
dérober.
La victime : Le chauffeur de taxi
victime de l’agression, un quadragé-
naire du nom de Sean Foley, divorcé,
sans enfants et sans histoire, a été
transporté à l’hôpital. Ses jours ne sont
plus en danger mais il est encore dans
le coma et n’a pas pu être interrogé par
la police.
La police : Il semblerait que l’affaire
a été transférée assez rapidement à un
service spécial rattaché aux renseigne-
ments intérieurs. Les enregistrements
vidéo n’ont pas permis de retrouver
SCÉNARIO | 141
142 | SCÉNARIO
VAMPIRE : LA MASCARADE
Caméras de
surveillance ?
Le parti pris ici est de
considérer que les
éventuelles caméras de
surveillance n’ont pas permis
de retrouver Alice, ce qui
laisse une chance à la coterie
de ne pas avoir à affronter
la Seconde Inquisition.
Cependant, vous pouvez
très bien décider que les
vidéos ont fourni toutes les
informations nécessaires. En
ce cas, considérez que la SI
a fait mettre l’appartement
d’Alice sous surveillance (voir
l’encadré sur le rôle de la SI à
la fin du scénario).
Trouver Alice
La coterie a deux moyens
de retrouver Alice : soit de
manière directe grâce à Sean
(Scène 3), soit de manière
indirecte sur la base de la
description faite par Rosie
(Scène 2). Après tout, la jeune
fille ne passe pas inaperçue
avec ses cheveux violets :
certaines personnes du
quartier sauront indiquer
l’immeuble où elle loge. Mais
que faire si les PJ ratent ces
deux informations ? Une
option intéressante serait
de considérer que la jeune
femme, rongée par le remord,
se livre à la police avant que
Sean ait pu parler. Faites en
sorte que cette information
atteigne rapidement les
oreilles des PJ (par un contact
ou par les médias). Une
course contre la montre
devrait alors s’engager, les PJ
tentant de faire sortir Alice de
sa garde à vue avant que la SI
ne vienne s’en emparer.
l’agresseur, mais le futur interroga-
toire de la victime devrait suffire à
obtenir des informations. Celle-ci a
été placée sous protection policière en
attendant son réveil.
La photo : Elle montre clairement
des marques de crocs dans le cou d’un
homme, inconscient dans un lit d’hô-
pital. Des recherches informatiques
poussées permettraient de remonter
jusqu’à l’interne en médecine qui en
est l’auteur, mais celui-ci ne possède
pas vraiment d’informations inté-
ressantes. Ce qui est sûr, c’est que la
photo fait un petit buzz sur les réseaux
sociaux.
Scène 1 :
Les lieux du drame
Tôt ou tard, les personnages souhai-
teront se rendre sur place afin de rele-
ver d’éventuels indices et de trouver
des témoins affables. Le conteur pour-
ra faciliter plus ou moins l’obtention
du nom de la rue incriminée. Peut-être
que celui-ci a fuité sur les réseaux so-
ciaux, auquel cas les joueurs y auront
accès facilement, ou peut-être qu’il
faudra mener quelques recherches
préliminaires. La rue en tant que telle
est d’une déprimante banalité, triste-
ment passe-partout avec ses apparte-
ments engoncés entre des commerces
sans charme. Les traces de l’accident
ont été nettoyées, si l’on excepte les
deux marques de pneus qui sortent de
la route pour finir leur course dans la
vitrine fracassée d’un magasin de répa-
ration téléphonique.
Le calme est revenu, comme si rien
ne s’était passé, mais une coterie ha-
bile pourrait tirer deux-trois informa-
tions utiles :
Traces de sang : Un examen très
attentif (Perception + Investigation,
difficulté 5) peut révéler des micro-
gouttelettes de sang sur le trottoir,
qui donnent la direction dans laquelle
Alice a fui (vers son appartement
donc). Elles s’arrêtent à proximité de
l’abri de fortune de Rosie (voir Scène
2). Un résultat similaire peut être
obtenu par des moyens surnaturels
(Auspex).
Les badauds et commerçants :
Vu l’heure très matinale à laquelle a
eu lieu la scène, personne n’y a direc-
tement assisté. Les gens se rappellent
avoir entendu un grand fracas lorsque
le taxi s’est encastré dans la vitrine,
puis avoir vu les secours emportant
le chauffeur inconscient. La police est
passée prendre les témoignages dans
la journée. Étonnamment pour un fait
divers si banal, des hommes en cos-
tume les accompagnaient, prenant des
photos et réalisant d’étranges relevés
dans la rue.
Les livreurs à vélo : Une bande de
livreurs à vélo attend les commandes
près d’un restaurant de tacos. Plusieurs
d’entre eux sont en situation irrégu-
lière et ils se montreront réticents à
parler à des inconnus, voire tenteront
de s’enfuir s’ils pensent avoir affaire à
la police. Toutefois, si les joueurs réus-
sissent à délier les langues, l’un d’entre
eux pourra se rappeler que la vieille
SDF qui vit non loin lui a parlé d’une
fille qu’elle aurait aperçu peu après
l’accident (voir Scène 2). Mais tout le
monde sait qu’elle est folle.
Scène 2 :
La vieille et le chat
Rosie est une vieille dame, excen-
trique et paranoïaque, qui vit depuis
de trop nombreuses années dans la
rue. Sous ses airs de mamie gâteau un
peu folle, elle est cependant plus lucide
qu’on ne pourrait le croire. Alors que
les personnages se rapprochent, ils
remarquent assez vite Mr. Pumpkin,
le gros chat roux qui ne quitte jamais
l’amas de couvertures où dort sa maî-
tresse. Il se mettra à feuler en présence
de descendants. À moins qu’un person-
nage ne parvienne à apaiser la boule de
poils (Charisme + Animaux, difficulté
3), Rosie trouvera son comportement
suspect. D’ailleurs, si les joueurs n’y
prennent garde, la commère pourrait
elle-même sentir la véritable nature
des personnages. Le descendant qui
entame la discussion doit réussir un
jet de Manipulation + Empathie (diffi-
culté 3), avec une difficulté de +1 si Mr
Pumkin n’a pas été calmé, et un malus
de +1 supplémentaire si le personnage
n’a pas pris les Couleurs de la vie.
En cas d’échec, les PJ éveillent les
soupçons de Rosie. Celle-ci discutera
alors quelque temps puis sera de plus
en plus convaincue d’avoir affaire à
des démons. Elle sortira de sous ses
couvertures un crucifix en métal et se
transformera en une véritable furie,
tentant de repousser les intrus avant
de s’enfuir avec son chat !
« Démons ! Démons ! À l’aide, je suis
attaquée par des démons ! »
Mais si les joueurs parviennent à dis-
simuler leur vraie nature, Rosie sera
en mesure de fournir des informations
capitales :
Ce qu’elle a vu : « Il y a eu un
grand bruit non loin. Et puis, quelques
minutes après, j’ai aperçu cette jeune
fille passer en courant. Elle était cou-
verte de sang. Mais, même sans ça,
j’aurais deviné que c’était une créa-
ture des ténèbres. Mr Pumpkin et moi
on sent ces choses-là vous savez… »
Une créature des ténèbres ? :
« Oh oui mon chou. Bien sûr, elle
n’était pas sous sa véritable forme.
Elle avait pris l’apparence d’une jeune
fille. Mais ses cheveux violets et ses ta-
touages étaient vraiment suspects. »
Où est-elle allée ? : « Je ne sais
pas, mais je l’ai déjà vu dans le quar-
tier, son repère n’est pas loin c’est
sûr… »
En avez-vous parlé à la police ? :
« La police ? Sûrement pas ! Ils m’ont
interrogé mais je n’ai rien dit. Qu’est
ce qui ne tourne pas rond chez vous
mon chou ? Vous n’êtes pas au courant
que leur chef est un extraterrestre
polymorphe ? »
Scène 3 :
Hôpital et charité
L’hôpital devrait rapidement être
une piste évidente puisque le chauffeur
de taxi attaqué par Alice y demeure
encore. De plus, il y a là un enjeu de
taille car, si celui-ci est pour l’instant
toujours dans le coma, qui sait ce qu’il
pourrait révéler lorsqu’il se réveillera ?
Après une transfusion délicate, Sean
Foley a été admis en soin intensif. Bien
sûr, le personnel médical ne révélera
pas le numéro de sa chambre à des
étrangers, mais des descendants déter-
minés devraient pouvoir passer outre
cette petite difficulté. L’aile en ques-
tion est plutôt calme à cette heure, tout
juste parcourue par des infirmières
en blouse blanche qui déambulent
sous les lueurs aseptisées des néons.
L’affaire serait simple, si ce n’était les
deux policiers en uniforme montant la
garde devant la porte de la chambre.
En effet, la SI a fait pression pour
placer la victime sous protection poli-
cière, craignant que des exsanguinés
ne tentent de la faire taire définitive-
ment. Et cela risque de compliquer
sérieusement la tâche des PJ. Les fonc-
tionnaires en faction n’ont toutefois
aucune idée de la vraie raison de leur
présence ici et ne sont, pour ainsi dire,
pas ravis de devoir protéger un illustre
inconnu. Leur consigne est simple :
ils doivent prévenir leur hiérarchie
lorsque Sean reprendra conscience et
empêcher quiconque d’entrer, à l’ex-
ception du personnel médical.
De fait, accéder à la chambre néces-
sitera une bonne dose d’imagina-
tion pour éviter d’attirer l’attention.
Plusieurs solutions semblent pos-
sibles : créer une diversion, utiliser des
capacités surnaturelles, se faire passer
pour des soignants, voire escalader la
façade extérieure. Le conteur sera juge
Rosie et la Vrai Foi
Vous seriez surpris des choses
que l’on peut apercevoir
la nuit, dans les ténèbres
d’une ruelle. Au cours des
années qu’elle a passées
dehors, Rosie a assisté à des
événements qui ne sont
pas faits pour les yeux des
mortels, la convainquant de
l’existence des forces des
ténèbres et allumant en elle
les flammes de la Vrai Foi.
Cela la rend résistante aux
pouvoirs de Domination et
lui permet littéralement de
repousser les Descendants
(voir p222 du Livre de règles).
Rosie, vieille SDF
paranoïaque
Physique 1, Social 2, Mental 3
Santé 2, Volonté 6
Expérience de la rue 6,
Vigilance 6
Vrai Foi 3
Sean Foley,
victime collatérale
Sean n’aurait pas dû prendre
cette dernière cliente.
Certes, les heures de nuit
payent mieux, mais tout
ce qu’il y aura gagné c’est
une mauvaise rencontre…
Comme pour les autres PNJ,
le conteur pourrait envisager
de remplacer Sean par un
personnage lié à la Coterie. Et
si les PJ étaient déjà montés
dans son taxi une de ces
nuits ?
Sean, chauffeur de taxi mal
en point
Physique 3, Social 3, Mental 3
Santé 5, Volonté 5
Conduite 5, Expérience de la
rue 4
Enlever 2 dés à toutes ses
caractéristiques tant qu’il n’est
pas guéri.
SCÉNARIO | 143
144 | SCÉNARIO
VAMPIRE : LA MASCARADE

des chances de réussite en fonction

Policiers ou inquisiteurs ? de l’approche choisie et pourra
On considère ici que ce sont des policiers qui montent la garde devant éventuellement prévoir quelques
la chambre d’hôpital. Mais si cela vous parait pertinent, vous pouvez les complications (un médecin qui dé-
remplacer par des agents de la SI. Ce qui relèverait le défi d’un cran pour barque par exemple). Notez bien
notre coterie. cependant que les policiers ne sont
Policiers, pas ravis d’être de garde pas stupides et qu’une caméra de
surveillance filme le couloir.
Utiliser le profil du lieutenant de police, p371 du Livre de Règles.
Si les PJ parviennent à se glis-
ser dans la chambre du malade,
ils découvriront Sean, toujours
dans le coma. Il est d’une lividité
cadavérique, relié à un électro-
cardiogramme dont les lents bips
égrènent chacun des faibles bat-
tements de son cœur. La marque
de morsure est clairement visible
sur son cou : il ne fait que peu de
doute qu’elle ait été commise par
un descendant. Cependant, un test
d’Astuce + Investigation (difficulté
3) permet de se rendre compte que
la morsure semble peu assurée,
comme si le vampire avait dû s’y
reprendre à plusieurs fois.
Pour interroger la victime, il
faudra d’abord réussir à la tirer
du coma, en réussissant un jet en
Intelligence + Médecine (difficulté
4) ou en lui donnant un peu de
Vitae (l’équivalent d’un point de
Soif). Toute autre tentative plus
brutale comporterait un risque
pour sa santé, à la discrétion du
conteur. Alors que Sean s’extirpe
doucement des limbes de l’incons-
cience, extrêmement faible, ses
derniers souvenirs lui reviennent
par bribes éparses.
« Quoi... que... où je suis ? Vous
êtes médecins ? ... »
Bien sûr, les PJ ne devraient
alors pas manquer de le presser de
questions :
Que s’est-il passé hier soir ? :
« Je... Je ne sais plus... J’ai pris
cette cliente... Elle avait l’air...
bizarre. Elle n’a pas dit un mot, on
aurait dit qu’elle était malade...
On était presque arrivés quand...
quand elle m’a sauté à la gorge ! J’ai
perdu le contrôle de ma voiture. Et
puis je me suis réveillé ici. »
À quoi ressemblait-elle ? :
« Petite, le genre gamine torturée...
Les cheveux violets... et bardée de
tatouages. »
Où l’avez-vous prise et où allait-
elle ? : « Euh... c’était... ». Le conteur
pourra révéler non seulement le quar-
tier dans lequel se trouve le Rose and
Thorn, mais surtout l’adresse de des-
tination qu’Alice a donnée en montant
dans le taxi, autrement dit celle de son
appartement !
Les informations livrées par Sean
peuvent donc se révéler extrêmement
précieuses. Et même trop précieuses.
Que vont faire les PJ de cet homme qui
en sait plus qu’il ne devrait ? À moins
de pouvoir lui effacer la mémoire avec
Domination, ils devront choisir entre
prendre le risque de le laisser en vie,
tenter de l’extraire de l’hôpital, ou le
faire taire définitivement... Des choix
peu reluisants, qui ne sont pourtant
que les prémices d’autres dilemmes
qui vont bientôt s’imposer à eux.
Scène 4 :
La vampire
qui s’ignorait
Alice loge à environ 300 mètres du
lieu de l’agression, au deuxième étage
d’un vieil immeuble, auquel on accède
par une cage d’escalier douteuse. Il y
a bien un interphone mais il ne fonc-
tionne plus depuis longtemps. Il suf-
fit de pousser la porte pour l’ouvrir.
Les quelques résidents reconnaîtront
très facilement la description de leur
jeune voisine solitaire. Même si elle ne
répond pas lorsqu’on frappe à sa porte,
Alice est bien là, terrorisée, malade,
espérant presque que la police vienne
mettre fin à son cauchemar. Un re-
mugle âcre sort des lieux. Les joueurs
vont devoir trouver un moyen d’entrer.
La manière la plus simple est certai-
nement de réussir à convaincre Alice
qu’ils savent de quoi elle souffre et
qu’ils peuvent l’aider. En cas de réus-
site, la jeune femme entrebâillera fé-
brilement la porte, laissant apparaître
un visage blafard. Ses cheveux violets
s’emmêlent en une pagaille négligée et
ses yeux rougis, injectés de sang, tra-
hissent la terrible agonie qu’elle est en
train de traverser.
L’appartement est en réalité un stu-
dio étriqué, le genre d’espace impro-
bable où le lit côtoie le coin cuisine. Les
volets sont clos et la lumière tamisée,
plongeant la pièce dans une pénombre
oppressante. L’intérieur est dans un
état déplorable : au sol gît une casse-
role renversée, abritant les reliefs d’un
repas aussitôt vomi. Sur le maigre
bureau, un téléphone portable clignote
désespérément sous le poids de nom-
breux appels en absence.
Alice est dans un état de désorien-
tation profond : elle s’est réveillée à la
nuit tombée et n’ose pas sortir depuis.
Si les PJ réussissent à la rassurer,
ils devraient pouvoir l’amener à se
confier :
« Je... J’étais à une soirée dans ce
nightclub... Le Rose and Thorn. C’est
une boîte connue des étudiants... Je
me souviens, on a dansé avec mes
amies… On a bu aussi… On est rentré
tard… On s’est séparées à la sortie, je
suis partie de mon côté. Et… Il y avait
cette femme dehors... Je crois qu’elle
était à la soirée elle aussi. Elle m’a
souri. Elle était sublime... Je n’avais
jamais vu quelqu’un comme ça. Si…
fascinante… Elle m’a parlé, je crois…
Et je ne me souviens plus de rien. Je
me suis réveillée dans une ruelle.
J’avais l’impression que ma tête allait
exploser ! J’ai fini par prendre un
taxi… Nous étions presque arrivés
chez moi quand... quand... Je crois
que j’ai perdu les pédales... Je l’ai... Je
l’ai... »
Thème et ambiance
Les thèmes principaux de
cette histoire sont la morale
et la compassion. Plusieurs
fois durant la chronique, les
joueurs vont devoir faire
des choix et l’humanité ne
sera pas toujours le chemin
le plus évident. En tant que
Conteur, vous devriez faire en
sorte que ces décisions aient
de véritables conséquences.
Utilisez si besoin la
mécanique de flétrissures
(voir p.239 du Livre de règles).
Mais au-delà de cela, tâchez
de faire ressentir aux joueurs
le poids de leurs actes, surtout
s’ils se montrent désinvoltes
ou sans pitié. Après tout, c’est
leur âme qui est en jeu…
Alice,
victime et bourreau
Étudiante en art, Alice rêve
de travailler pour un grand
studio d’animation. Ses
cheveux violets et son look
grunge tranchent avec son
caractère plutôt réservé. Elle a
eu le malheur de se trouver au
mauvais endroit au mauvais
moment et sa survie dépend
à présent des agissements de
la coterie. En tant que conteur,
vous devriez considérer le
fait de remplacer Alice par
une mortelle (ou un mortel)
proche des personnages.
Peut-être pourrait-elle être
une amie ou une nièce d’un
des PNJ issus du schéma des
relations ? Vous vous assurerez
ainsi que la coterie ne sera pas
indifférente à son sort.
Alice, sang-clair malgré elle
Physique 3, Social 4, Mental 3
Santé 5, Volonté 5
Empathie 5, Érudition 5,
Représentation 6
Alice ne maîtrise pas encore ses
pouvoirs vampiriques.
SCÉNARIO | 145
146 | SCÉNARIO
VAMPIRE : LA MASCARADE

En se remémorant ce moment
terrible où elle a sauté à la gorge du
chauffeur, le visage d’Alice se fige
dans une expression de détresse
emprunte de terreur, alors qu’une
larme de sang se met à couler sur
sa joue.
« Mon Dieu, mais qu’est-ce
que j’ai fait ?! Qu’est-ce qui
m’arrive ?! »
Les joueurs voudront sans doute
glaner quelques détails complé-
mentaires mais les souvenirs
d’Alice sont brumeux. Elle n’a
qu’une idée très vague de cette
mystérieuse femme et sera bien in-
capable de la décrire précisément.
À présent la grande question est :
que vont-ils faire de cette infante ?
Quelle que soit la réponse, ils fe-
raient bien de la mettre en lieu sûr
avant que la SI ne débarque.

Scène 5 :
La rose
et l’épine
La coupable ayant été retrouvée,
les personnages pourraient très
bien considérer que leur tâche
s’arrête ici (en ce cas, passer à
l’épilogue). Cependant, un mystère
devrait encore titiller leur curiosi-
té : qui est cette Caïnite qui a créé
Alice ? Après tout, n’est-ce pas elle
la véritable fautive ?
L’indice le plus prometteur pour
découvrir la vérité n’est autre que
ce fameux nightclub, le Rose and
Thorn (« La Rose et l’Épine »).
Un test en Intelligence + Politique
permet d’obtenir les informations
suivantes :
• 3 succès : Le Rose and Thorn
est un nightclub aussi confiden-
tiel que subversif, notoirement
fréquenté par le clan Toréador.
• 4 succès : Le propriétaire ne
serait autre que le primogène
 du clan, bien qu’il n’y vienne pas
souvent.
• 5 succès ou plus : Des rumeurs
courent sur le fait que le primogène
en question y ait installé sa dernière
protégée. Une jeune lécheuse du nom
de Mist.
Malheureusement, tout cela reste
très vague et ne suffira probablement
pas à pouvoir porter une quelconque
accusation. Ne reste plus qu’à enquêter
sur place. Le club en lui-même est rela-
tivement discret. Une porte noire dans
une contre-allée, éclairée par une en-
seigne lumineuse figurant une rose et
son épine, de laquelle perle une goutte
de sang. Malgré l’apparente modestie
des lieux, une foule éclectique se masse
devant l’établissement dès l’ouverture.
Des jeunes surtout, beaucoup arborant
des tenues largement décomplexées.
Un vigile stoïque fait rentrer pro-
gressivement les clubbeurs dans ce
qui est, semble-t-il, une adresse assez
courue de la ville. Les personnages ne
devraient avoir aucun mal à se joindre
à la file sous réserve de pouvoir payer
les droits d’entrée. Les mots luxure et
débauche suffisent à eux seuls à dé-
crire l’intérieur des lieux. Des tentures
rouges recouvrent les murs de la salle
souterraine et plusieurs cages dorées
abritent çà et là danseurs et danseuses
se trémoussant dans une promiscuité
lascive. Un demi-étage surplombe le
tout, accueillant les habituels salons.
Comme toujours dans ce genre d’en-
droit, l’alcool est trop cher, la musique
trop forte et les corps trop moites.
Le personnel n’a pas connaissance
des activités vampiriques du club et
n’a donc aucune raison de se méfier.
Quelques questions habiles per-
mettront d’obtenir les informations
suivantes :
Le club : Il s’agit d’une adresse pri-
sée des étudiants, qui y organisent
d’ailleurs régulièrement des soirées
bien arrosées.
Mist : Si le patron du club ne vient
que rarement, sa nièce, qui se fait
appeler Mist, est là presque tous les
soirs. D’ailleurs, elle est dans un salon
à l’étage en ce moment même.
Alice : Le barman se souvient bien
de cette fille aux cheveux violets. Elle a
quitté le club assez tard, bien éméchée,
avec son groupe d’amies.
Mist pourra effectivement être
trouvée dans l’un des salons.
Confortablement installée dans un
fauteuil en cuir, autour d’une table
basse servant de piédestal à plusieurs
bouteilles de champagne, elle est en-
tourée de jeunes hommes et femmes
qui semblent n’avoir d’yeux que pour
elle. La réaction de la descendante à
l’irruption d’une coterie non invitée
en son repaire est à la discrétion du
conteur. Selon l’approche utilisée par
les joueurs, Mist pourra les chasser
froidement, accepter de les recevoir en
privé, voire tenter de s’enfuir. N’oubliez
pas toutefois que les lieux sont emplis
de mortels acquis à sa cause, dont des
admirateurs gonflés de testostérone
prêts à tout pour l’impressionner. Sans
compter que la Mascarade ne saurait
tolérer ici une effusion de pouvoirs
vampiriques.
Si les personnages parviennent à
convaincre Mist de se confier à eux (de
gré ou de force), voici ce qu’elle pour-
rait leur révéler :
Alice : « Oui, elle était au club.
Quelque chose en elle m’a tout de suite
plu. »
Que s’est-il passé ? : « Je l’ai
suivie à la sortie. Je ne me nourris
jamais ici. Trop risqué. J’ai profité
qu’elle quitte ses amies pour l’attirer
à l’écart. »
Et vous l’avez tué : « Je ne voulais
pas. Mais son sang était si... si intense !
Je n’ai pas su m’arrêter. Lorsque j’ai
repris mes esprits, il était trop tard. Ce
n’était qu’une mortelle mais je ne cesse
de revoir son visage depuis… Enfin…
Un protecteur
haut placé
Mist a beau être jeune, elle
bénéficie de la protection
d’un descendant beaucoup
plus puissant qu’elle. Dans ce
scénario, il est proposé que
ce Mawla ne soit autre que le
primogène de son clan. Mais en
réalité, le Conteur peut choisir
n’importe quel descendant
suffisamment influent au
sein de sa cité. En fonction
des agissements des joueurs,
celui-ci pourra devenir un allié
important ou, au contraire, un
ennemi qu’il aurait peut-être
mieux valu ne pas se faire…
Mist,
ou le prix des regrets
Mist est une Toréador de 13e
génération à la peau d’ébène
et aux grands yeux noirs. Sa
beauté candide lui a valu
les grâces du primogène
de son clan. Elle se sert du
Rose and Thorn pour repérer
ses proies, généralement
parmi les étudiants qui y
viennent. Malheureusement
pour elle, sa vitae trop faible
la condamne à ne pouvoir
créer que des sang-clairs. Le
conteur pourra envisager
de remplacer Mist par
n’importe quel descendant
de génération suffisamment
élevée. Son clan importe peu.
D’ailleurs, n’hésitez pas non
plus à transformer le Rose
and Thorn au gré de votre
imagination. Et si Mist était en
fait une Nosferatu organisant
des soirées illégales dans les
égouts de la cité ?
Mist, Jeune Toréador
Physique 3, Social 6, Mental 4
Santé 5, Volonté 6
Puissance de Sang 1
Célérité 1, Domination 1,
Présence 2
SCÉNARIO | 147
148 | SCÉNARIO
VAMPIRE : LA MASCARADE

Ça nous arrive tous une nuit ou

l’autre pas vrai ? »
C’est là que vous lui avez
donné l’Étreinte : « C’était stu-
pide… Je sais que c’est interdit...
J’ai agi sans réfléchir. La pauvre,
j’avais tellement honte… De toute
façon, l’Étreinte n’a pas fonction-
né, c’est mieux ainsi… Mais atten-
dez ! Comment vous savez ça ?! »
Si les PJ révèlent à Mist que non
seulement l’Étreinte a fonctionné
mais qu’Alice a causé un bris de
Mascarade, la diva perdra toute
sa superbe. Elle tentera alors de
convaincre la coterie de ne rien
dire, dans une supplique aussi
désespérée que déchirante :
« Non ! Non c’est impossible !
Elle était morte ! Morte ! Si la
cour l’apprend, ils nous détrui-
ront toutes les deux ! Je peux tout
arranger… Je connais quelqu’un.
Il va s’en occuper. Laissez-moi
l’appeler, je vous en supplie. Vous
serez récompensés si vous ne dites
rien. »
Encore une fois, la coterie va de-
voir faire un choix. Et la nuit n’est
pas finie…

Épilogue :
Juges et partie
Le dernier acte de ce drame est
arrivé. Les PJ ont probablement
retrouvé Alice et potentiellement
démasqué Mist. Il est difficile de
dire où cette histoire les mènera,
mais trois grandes options pour-
raient s’offrir à eux.

Rendre compte
à la cour
Si les PJ décident de tout racon-
ter aux dirigeants de la cité, Alice
sera traînée à l’Elysium pour y être
interrogée, puis sera probablement
condamnée à la mort ultime en vertu
de la Troisième tradition.
Peut-être qu’une coterie particuliè-
rement éloquente pourrait réussir à
éviter ce châtiment – somme toute
injuste –, par exemple en proposant
de prendre sous leur aile cette novice.
Même si la clémence n’est pas dans
les habitudes des vampires, le conteur
devrait veiller à ce qu’elle ne soit pas
impossible, d’autant plus si la coterie
a fait en sorte de couvrir ses traces du-
dommageable pour leur réputation
et ne résoudrait pas le problème. Une
option un peu folle serait alors de
mettre en scène la mort d’Alice et de lui
faire quitter en douce la cité. Puis de
convaincre la cour qu’elle a été détruite
(ou s’est enfuie). La réussite d’une telle
entreprise rocambolesque est à l’ap-
préciation du conteur.
Une proposition
Le mot du Prince…
« Qui sommes-nous pour
juger ? Après tout, ne sommes-
nous pas plus coupables que
ceux que nous accusons ? Mais
pour ceux de notre sang, il n’est
pas de péché plus dangereux
que celui de l’Innocence. La
compassion est un luxe que
nous ne pouvons pas nous
permettre. Tel est le prix de
l’Immortalité ! »

rant l’enquête. La magnanimité peut que l’on ne peut refuser

parfois être utile, même au plus cruel
des princes.
Un sort identique attend Mist si les
joueurs sont en mesure de la confondre.
Cependant, sauf si les preuves sont
accablantes, son protecteur fera tout
pour lui éviter une condamnation (voir
encadré), quitte à rejeter la faute sur la
coterie en les accusant d’avoir monté
cette histoire de toutes pièces. Les per-
sonnages pourraient alors se retrouver
dans une situation délicate et gagne-
raient un ennemi de taille.
Dissimuler la vérité
Les joueurs ne devraient pas être
complètement indifférents au sort
d’Alice et pourraient décider de tenter
de la sauver, voire de sauver Mist, en
dissimulant la vérité. Se présenter bre-
douilles à la cour serait certainement
Si la coterie décide d’accepter la pro-
position de Mist (Scène 5), celle-ci
contactera son protecteur. Ce dernier
s’arrangera alors pour rencontrer dis-
crètement les PJ et leur proposera un
marché : ils lui livrent Alice et acceptent
de ne jamais révéler ce qu’ils ont vus.
En échange, il s’occupera de tout et aura
une dette envers eux. Si les joueurs ac-
ceptent le marché, Alice sera conduite
dans un hangar désaffecté où Mist sera
forcée, à titre de punition, de détruire
son infante. Puis son protecteur s’ar-
rangera pour dissimuler l’histoire ou
faire porter la faute sur des descendants
de moindre importance (nouveau-nés,
Anarchs, Autarkis…). Malgré le prix
de leur silence, les PJ disposeront d’un
allié puissant à la cour.
Guillaume Boidin
Illustrations : Laurent Miny

SCÉNARIO | 149
150 | SCÉNARIO

LA MORT
CO CTHULHU DANS LES YEUX
Course contre la montre, chasse à la relique, lancez-vous à la
poursuite des nouveaux templiers et de leurs fabuleux trésors !
Saurez-vous y résister ?

En quelques mots… 25 novembre 1936, Rouen. Le monde
est sur le point de basculer dans un
Les PJ reçoivent un appel à nouveau conflit mondial, tandis que
l’aide paniqué d’un certain des cendres du passé renaît un ordre
Frémont Talleyrand, qui
jadis au service de la foi, aujourd’hui à
prétend avoir des assassins à
celui de la France. Prêts à payer le prix
ses trousses. La découverte
fort pour ne plus revivre le désastre
de son corps, mort, sans
aucune trace de blessure, d’une nouvelle guerre, les Chevaliers
laisse planer le doute d’une du Dernier Ordre sont sur le point
sombre affaire. Surveillés et d’éveiller une force inaliénable.
traqués par les Chevaliers
du Dernier Ordre, un
groupuscule néo-templier, L’histoire
ils vont devoir suivre la piste
sanglante d’une relique au
pour le MJ
regard… mortel ! La tête de Houriya
Il y a fort longtemps, avant même
que les premiers chrétiens ne posent
le premier pied en Orient, vivait un
sultan du nom de Jibran. Autoritaire
mais juste, il était admiré de ses sujets
pour sa sagesse et sa clairvoyance. Son
épouse, Nabiha, était la plus douce des
créatures. Appréciée par ses sujets,
elle forçait l’admiration de tous et était
Fiche technique profondément aimée par le sultan. Du
TYPE • Scénario ouvert/ moins était-ce le cas, jusqu’à ce qu’une
linéaire/bac-à-sable femme arrive au palais. À sa vue,
PJ • 4 à 5 PJ débutants Jibran tomba fou amoureux, au point
MJ • Tous niveaux de délaisser toutes ses concubines ain-
Joueurs • Tous niveaux si que son épouse pour elle.
ACTION  Nabiha, contrairement au reste de la
AMBIANCE  cour, voyait la perfidie dans ce regard
INTERACTION  d’azur. Cette nouvelle venue répon-
INVESTIGATION  dait au nom de Houriya. Trompeuse,
ensorceleuse, charmeuse, elle obte-
nait tout ce qu’elle désirait du sultan.
Un jour, n’y pouvant plus, Nabiha
s’introduisit dans les appartements
de la concubine et lui coupa la tête.
Fou de chagrin, Jibran s’en empara et
convoqua tous les mages qu’il connais-
sait pour l’aider à conserver l’être tant
aimé.
L’un d’eux se présenta, assurant
qu’il pouvait faire en sorte que jamais
la beauté de Houriya ne se flétrisse, à
la seule condition que jamais il ne la
regarde dans les yeux : « Garde cette
tête, parce que tous les biens te vien-
dront d’elle. » Jibran accepta et, en
effet, jamais le temps n’altéra les traits
de Houriya. Mais la concubine com-
mença à lui parler. Gorgée de colère,
elle exigea que Nabiha soit tuée. Une
fois son épouse exécutée, Jibran rem-
porta une grande victoire militaire. À
mesure qu’il faisait couler le sang, la
tête de Houriya le couvrait d’or et de
présents.
Mais un jour, Houriya lui intima
l’ordre de la regarder dans les yeux. Ne
pouvant résister, il le fit et mourut. Ses
gardes, sourds aux supplications de la
tête, lui bandèrent les yeux et la mirent
en lieu sûr dans un sanctuaire gardé
de jour comme de nuit, afin d’éviter
toute intrusion. Malheureusement, il
fut pillé durant les croisades, et la tête
fut emportée par un certain Renaud de
SCÉNARIO | 151
152 | SCÉNARIO
CO CTHULHU
Repères historiques
Ces repères ont pour objet
de donner aux MJ une idée
des enjeux en cours, et des
notions importantes que
les PJ et les PNJ ont en tête.
Suivant leur aisance avec le
sujet, ces dates peuvent avoir
une empreinte plus ou moins
prononcée sur le vécu des
personnages ou le scénario.
• 1922 : Indépendance
de l’Égypte (auparavant
sous protectorat anglais).
Découverte de la tombe
de Toutankhamon par le
Britannique Howard Carter.
• 1923 : Échec d’un putsch
nazi à Munich.
• 1925 : Adolf Hitler publie
le premier volume de Mein
Kampf.
• 1929 : Krach de Wall Street
et début de la grande
dépression des années 30.
• 30 Janvier 1933 : Adolf
Hitler est nommé
chancelier d’Allemagne
par le président Paul von
Hindenburg.
• Juin 1936 : Léon Blum
forme le gouvernement du
Front Populaire.
• 1er Novembre 1936 :
Formation de l’Axe
Rome-Berlin-Tokyo
Châtillon. Houriya lui apporta la force
et la richesse, mais le convainquit de
s’en prendre aux musulmans, le me-
nant à sa propre mort.
Avant la bataille de Hattin, un groupe
de poulains (pour en savoir plus sur les
poulains, voir le dossier sur les croi-
sades dans Casus Belli #42) s’intro-
duisit chez lui et s’empara de la tête, et
décida de l’emmener en lieu sûr, loin
de l’Orient. C’est ainsi que naquirent
les Gardiens de Gorgone.
Les Gardiens de Gorgone
À l’origine, les Gardiens de Gorgone
étaient des poulains, nés en Terre
sainte, qui avaient entendu parler de la
tête de Houriya par des Arabes. Ceux-
ci les avaient mis en garde contre ses
pouvoirs, la mort qu’elle portait dans
ses yeux, mais aussi sa faculté à char-
mer quiconque se laissait bercer par sa
voix. Il n’existe aucun moyen de se dé-
barrasser de cette tête, du moins pas à
leur connaissance. L’enchantement est
bien trop puissant. La tête continuera
de réclamer du sang, et d’accorder ses
bienfaits à celui qui le versera.
Isoler la tête serait bien trop dan-
gereux, qui sait ce qu’elle pourrait
accomplir entre de mauvaises mains,
aussi fallait-il l’éloigner de l’Orient
en espérant pouvoir l’affaiblir.
Malheureusement, cela n’eut aucun
effet. La tête devint un fardeau trans-
mis de génération en génération, dans
le plus grand secret (au maximum di-
rons-nous), même si certains incidents
ont pu laisser penser à une nouvelle
frasque de la tête, comme le massacre
de la Saint Barthélemy, ou les batailles
les plus sanglantes de notre histoire !
Son dernier gardien en date,
Frémont Talleyrand, se sent menacé.
Antiquaire, il reçoit la visite d’indivi-
dus portant tous le même symbole,
une épingle en argent symbolisant une
épée dont la garde est frappée d’une
croix pattée. Méfiant, il craint pour
sa vie, mais les autres Gardiens ne
répondent pas, s’acquittant de leurs
propres gardes. Car chacun d’entre eux
détient des reliques venues d’Orient,
porteuses de pouvoirs pour certains
encore inconnus.
Les Néo-Templiers,
Chevaliers du Dernier
Ordre
Les Chevaliers du Dernier Ordre sont
menés par Gaspard de Montfaucon,
un homme qui a vécu dans le souvenir
d’un passé prestigieux, d’une famille
dont l’arbre généalogique remonte
aux derniers Templiers. Ayant connu
la Première Guerre, il voit venir l’iné-
vitable second conflit et rassemble au-
tour de lui des hommes et des femmes
attachés à défendre leur pays, par
tous les moyens possibles. Leur rêve ?
Doter leur pays d’une armée invin-
cible, en force et en nombre, afin de
contrer l’Axe.
Gaspard a passé de longues années à
arpenter tous les sites templiers afin de
trouver la clé menant au Trésor qui, lui
seul, permettrait de lever l’armée tant
attendue pour défendre la Nouvelle
Terre sainte, la France. Toutes ses
pistes l’ont mené à s’intéresser au site
de Gisors. Il lui fallut du temps pour
amadouer son gardien qui ignore ce
que renferme le château. Cependant,
malgré tous ses efforts, il lui est impos-
sible d’ouvrir le passage secret menant
aux coffres, car protégé par une an-
cienne magie.
Les recherches des Chevaliers et
leur réseau les ont mis sur la piste des
Gardiens de Gorgone et de la relique
qu’ils conservent : la tête de Houriya.
Capable d’accéder à tous leurs désirs,
elle leur ouvrirait la voie. Mais afin de
mener à bien le rituel pour s’emparer
du Trésor, ils doivent sacrifier une
femme, si possible suffisamment res-
semblante à la femme du sultan qui l’a
tuée autrefois. Alors seulement s’ou-
vrira le passage jusqu’aux sarcophages
et aux trésors.

Et l’aventure
dans tout cela ?
Les PJ font partie des Gardiens
de Gorgone, arpentant le monde
à la recherche de reliques occultes
afin de les mettre entre les mains
de leurs frères, en sécurité. Ayant
reçu un appel à l’aide de Frémont
Talleyrand, ils décident de se
rendre auprès lui, mais arrivent
malheureusement trop tard. Après
la découverte de son corps, ils
vont devoir comprendre ce qui
lui est arrivé, mais aussi et sur-
tout retrouver ce qu’il devait pro-
téger. Une fois la piste remontée,
ils vont devoir contrer les plans
des Chevaliers. Si, en soi, le but de
ces derniers est louable, ils sont
incapables de maîtriser la tête
qui, déjà, s’est insinuée dans leurs
esprits. Et une fois le sang versé,
ils seront entièrement sous son
contrôle.
Acte 1 :
Une découverte
macabre
Un appel inquiétant
Lisez le texte qui suit à vos
joueurs, ou paraphrasez-le, selon
ce qui vous convient le mieux.
« Vous êtes tranquillement ins-
tallés après une rude mission, un
long voyage qui vous a mené à
l’autre bout du monde en quête
d’une statuette assez hideuse, mais
potentiellement dangereuse, ren-
due à son propriétaire. Le danger,
les aventures, cela vous connaît. Il
ne se passe pas un mois sans que
les Gardiens de Gorgone ne soient
envoyés dans les contrées les plus
exotiques pour arracher un arte-
fact à des cultistes. »
Le moment est venu de présen-
ter les Gardiens de Gorgone et
leur mission. Pas la peine d’entrer
dans les détails, une présentation
succincte suffira, les éléments
complémentaires viendront avec
la suite du scénario. Profitez de
cette occasion pour faire un tour
de table afin que chaque joueur
se présente. Invitez-les à raconter
une anecdote, soit sur la dernière
chasse au trésor, soit sur l’une
de leurs aventures passées, puis
reprenez.
« Alors que vous êtes en train
de vous congratuler l’un l’autre
autour d’un verre, le téléphone
sonne. L’un de vous se lève et
décroche. À l’autre bout du fil,
une voix masculine vous inter-
pelle, paniquée. Vous reconnais-
sez l’un de vos collègues, Frémont
La vraie tête magique des Templiers
Le motif de la tête magique est
une croyance populaire élaborée
à partir de légende de Persée et
Méduse. Dans notre cas, nous
nous sommes inspirés d’une
légende liée aux Templiers. Ce
récit datant de 1311 nous vient
d’Antonio Sicci da Vercelli. Dans la
ville de Sion, il y avait un homme,
amoureux fou d’une noble d’Ar-
ménie. Jamais il ne la « connut »
de son vivant. Elle vint à mourir,
et l’homme, toujours consumé par
son désir, décida de la « posséder »
alors qu’elle venait d’être enter-
rée. Une fois l’acte consommé,
il entendit alors une voix qui lui
dit : « Reviens quand le temps de
l’enfantement sera venu, car tu
trouveras alors une tête, fille de
tes œuvres ». Le chevalier revint
au tombeau et trouva une tête
humaine entre les jambes de la
femme. « Garde cette tête, parce
que tous les biens te viendront
d’elle. »
Talleyrand. “ Ils sont là… la tête…
Vite ! Je… ”. Sa phrase meurt
entre ses lèvres alors que vous
entendez des bruits de luttes, puis
plus rien. »
Les personnages connaissent
Frémont Talleyrand. Invitez-les à
faire un test d’INT pour détermi-
ner les détails le concernant dont
ils se remémorent avant de foncer
à sa rescousse. Ils peuvent tout à
fait en échanger brièvement tout
en se précipitant vers leur véhicule.
Résultat du test :
• 5+ : Frémont est le gardien de
la tête de Houriya, la première
relique des Gardiens.
• 10+ : Frémont a envoyé une
lettre aux PJ peu de temps avant
Ce récit est rapporté à deux
reprises, par Gautier Map puis
Gervais de Tilbury, avec deux
constantes : la transgression
sexuelle et les pouvoirs de la tête
magique, qui porte la mort dans
les yeux et rend tout puissant
son possesseur. Quant au cheva-
lier, soit il meurt en regardant la
tête, soit il parvient à la jeter par-
dessus le pont d’un bateau aux
abords de la Turquie, au gouffre
de Salie. Quoi qu’il en soit, cette
légende est une mise en forme
des fantasmes liés à la peur de la
femme.
Et concernant nos chers
Templiers, il est dit dans leurs pro-
cès qu’ils adoraient une tête, une
idole nommée Baphomet, auprès
de laquelle ils se seraient conver-
tis à l’Islam. Dans le procès, il est
fait plusieurs fois mentions de
cordelettes portées à la taille, qui
auraient été en contact avec cette
tête.
SCÉNARIO | 153
154 | SCÉNARIO
CO CTHULHU
leur départ en voyage, où il par-
lait d’hommes venant lui poser
des questions dans son échoppe
d’antiquaire, lui demandant
s’il avait des objets provenant
d’Orient. Ils lui ont fait très mau-
vaise impression.
Le temps presse, les personnages
vont devoir arriver rapidement sur
les lieux. Le ou les conducteurs,
suivant s’ils prennent un ou plu-
sieurs véhicules, vont devoir effec-
tuer un test de DEX, difficulté 15
voire 20 s’ils ont pris beaucoup de
temps avant de prendre la voiture
suite à l’appel de Frémont.
• En cas d’échec : Les per-
sonnages arrivent trop tard.
Les Chevaliers qui ont attaqué
Frémont sont déjà partis, lais-
sant derrière eux un apparte-
ment entièrement retourné.
• En cas de réussite : Les per-
sonnages ont parcouru la dis-
tance les séparant de l’apparte-
ment de Frémont à une vitesse
folle, parvenant ainsi à se pré-
senter sur les lieux alors que les
Chevaliers sont encore en train
de fouiller.
« Aux trésors d’antan »
Frémont occupe un petit appar-
tement au-dessus de sa boutique
d’antiquaire « Aux trésors d’an-
tan », située au bout d’une ruelle
peu passante. L’accès à l’étage peut
se faire de l’intérieur ou par une
petite porte de secours à l’arrière
du bâtiment, auquel est accolé un
escalier de secours menant direc-
tement au salon.
Une fois les personnages arri-
vés à proximité de l’appartement,
demandez-leur de faire un test de
PER en opposition avec un test de
DEX du Chevalier resté caché dans
la ruelle pour observer l’apparte-
ment, afin de le débusquer.
• En cas de réussite des PJ : ils
se sentent épiés et parviennent à
remarquer le Chevalier qui, dès
qu’il est repéré, prendra la fuite.
• En cas de réussite du
Chevalier : le Chevalier
échappe à la vigilance des PJ
Qu’ils choisissent d’entrer par la
boutique en forçant la porte, par
l’arrière du bâtiment, ou en pre-
nant l’escalier, ils devront effec-
tuer un test de DEX difficulté 10
(15 s’ils empruntent l’escalier fait
en métal).
Si les PJ sont arrivés rapidement
et que les Chevaliers sont encore à
l’intérieur :
• En cas de réussite : Les PJ
surprennent les Chevaliers
sans avoir donné l’alerte. Ils
entendent leurs voix du palier
à l’intérieur de l’appartement
de Frémont. Ils ont le temps de
préparer un plan d’action et ont
l’avantage lors de l’affrontement.
• En cas d’échec : Les Chevaliers
les entendent et sont prêt à atta-
quer dès que les PJ entrent dans
l’appartement.
Si les PJ ont tardé et que les
Chevaliers sont déjà partis :
• En cas de réussite : Les PJ
parviennent à être suffisamment
discret pour ne pas attirer l’at-
tention du guetteur.
• En cas d’échec : Les PJ sont
repérés par le guetteur qui en
profitera pour prévenir la police
de l’intrusion afin de leurs mettre
des bâtons dans les roues.
Lorsque les PJ entrent dans la
boutique de Frémont, vous pou-
vez lire ou paraphraser le texte
suivant :
« Des étagères de bois semblent
prêtes à craquer sous le poids
d’une myriade de petits objets,
tous plus curieux les uns que les
autres : des bougeoirs ternis
par le temps, des coupelles d’or
et d’argent, des encensoirs, une
lampe tempête sur un guéridon
surmonté d’un petit napperon de
dentelle élimé, un capharnaüm
de livres aux lourdes couvertures
de cuir racorni dont l’odeur aigre
mêlée à la poussière vient cha-
touiller les narines… En tout sens
les yeux sont attirés et captivés
par cet amoncellement de trésors
passés. Pourtant, un ordre appa-
rent semble régir les rayonnages.
Rien ne semble avoir été retourné,
sauf une tasse de thé brisée sur le
sol. »
Les Chevaliers ne sont pas ren-
trés par effraction. Ils sont entrés
dans la boutique, puis ont emmené
Frémont de force à l’étage. L’un
d’eux a refermé la porte à clé. S’ils
ont eu le temps de fuir, ils sont re-
descendus par l’escalier de secours
et ne sont donc pas repassés par la
boutique.
L’appartement
de Frémont
Lorsque les PJ entrent dans
l’appartement de Frémont, vous
pouvez lire ou paraphraser le texte
suivant :
« Sombre, exigu, l’appartement
n’a rien à envier à la boutique, à
ceci près que ce n’est pas l’ordre
qui y règne, mais le chaos. Il n’est
constitué que de deux pièces, un
grand salon et un cabinet de toi-
lette. Un seul regard permet de
balayer la pièce faiblement éclai-
rée par une unique fenêtre : des
murs couverts de bibliothèques,
dont une partie des livres est à
terre, une petite table basse sur
laquelle repose un reste de repas,
un lit défait, un bureau à peine
perceptible sous les nombreuses
feuilles qui le recouvrent, une
chaise renversée, et le corps de
Frémont, allongé, livide, un coffret de
plomb ouvert à ses côtés, vide. »
Si les Chevaliers sont encore là et
que les PJ n’ont pas été discrets, ils
attaqueront les nouveaux venus dès
l’instant où ils pénètrent dans l’appar-
tement (test de PER pour ne pas être
surpris). Ils sont 3 (ou 2 si vous n’avez
que quatre PJ), et leur objectif est juste
de neutraliser les PJ suffisamment
longtemps pour pouvoir fuir avec la
tête qu’ils ont dissimulée dans un sac.
Au moins l’un d’entre eux doit parvenir
à s’enfuir avec la tête. N’hésitez pas à
utiliser les pouvoirs de cette dernière
pour empêcher les personnages de
mettre la main dessus.
L’appartement est sens dessus
dessous, il faudra un bon moment
aux personnages pour le fouiller
consciencieusement. La coopération
est vivement conseillée afin de porter
attention aux sources d’information, à
savoir : le corps de Frémont et la boîte
à côté de lui ; le bureau ; une latte du
parquet sous le lit.
• Frémont : Il est allongé sur le dos,
non loin du téléphone, une expres-
sion étrange sur le visage, mélange
d’extase et de douleur. La cornée de
ses yeux a été entièrement calcinée
comme s’il avait regardé le soleil,
et son teint est légèrement hâlé. Un
examen plus approfondi du corps
montre que l’entièreté de ses organes
a été consumée. La boîte en plomb
à côté de lui contenait la tête de
Houriya. Les PJ savent comment elle
était conservée afin d’éviter d’utiliser
ses pouvoirs (cf. l’encadré La Tête de
Houriya).
• Si les PJ décident de toucher la
boîte en plomb : ils doivent effec-
tuer un test de Choc difficulté 15. La
vision de la tête de Houriya les assaille.
Ils voient un homme, Jibran, tenir la
tête devant son visage et ses yeux com-
mencer à se consumer. Ses lèvres se
tordent dans une grimace en murmu-
rant, agonisant, « Mon amour ».
• Le bureau : Il a été entièrement
fouillé et retourné par les Chevaliers.
Les tiroirs ont été vidés, mais un test
de PER ou INT difficulté 10 permet
de trouver, coincé dans la rainure de
l’un d’eux, une carte de visite portant
le nom et l’adresse d’une chercheuse
en sciences occultes, Abigaelle
Nazari, avec cette annotation : « C’est
très urgent, contactez-moi ! ». Les
PJ peuvent également trouver plu-
sieurs lettres portant toutes la même
signature : Gaspard de Montfaucon.
Elles ont le même ton et le même
objet : la demande d’objets ayant
appartenu à sa famille, sous peine
de sanction. En voici un extrait :
« Vous comme moi savons à qui
ces coupes appartenaient. Je vous
saurais donc gré de me les rendre.
Je suis prêt à y mettre le prix que
vous fixerez. Mais cessez de vous
faire plus bête que vous ne l’êtes. J’ai
attendu trop longtemps pour voir
enfin mon projet se concrétiser. Ne
faites pas l’erreur de vous mettre en
travers de ma route, sans quoi les
Chevaliers seront obligés de vous
réduire au silence. »
• La latte de parquet : Un test de
PER ou d’INT difficulté 15 permet
de repérer sous le lit une latte de
parquet légèrement plus haute que
les autres. Elle permet d’ouvrir une
cachette secrète dans la bibliothèque
la plus proche de la fenêtre.
• La difficulté du test peut être bais-
sée si les personnages sont à la
recherche d’une cachette secrète ou
s’ils ont fouillé la bibliothèque et
suspectent qu’il y a un double fond
(test PER difficulté 15). À l’intérieur
de cette cachette, les personnages
trouvent une lettre de Frémont ainsi
qu’un parchemin ancien, crypté,
qu’il leur est impossible de lire, si ce
n’est le nom de Gisors faisant réfé-
rence au château. Le texte, écrit de
la main de Frémont, est le suivant :
« Mes frères, si vous trouvez ceci,
Les Chevaliers
du Dernier Ordre
ARCHÉTYPE CONSEILLÉ
– Cultiste (cf. Bestiaire de
CO Cthulhu ou Chroniques
Oubliées Contemporain, page
304)
Majoritairement issus de
milieux sociaux plutôt élevés,
les chevaliers ne sont pas
favorables au Front Populaire.
Gaspard de Montfaucon est
pour eux plus qu’un guide
spirituel, c’est un leader en
qui ils ont une foi pleine
et entière. Ils sont tous
convaincus de pouvoir être le
bouclier contre la montée du
fascisme et éviter un nouveau
conflit mondial. Ce qui en fait
des fanatiques.
• Lors de la première
rencontre avec les
Chevaliers, pendant l’acte 1,
les Chevaliers sont encore
conscients de ce qu’ils font,
car la tête n’a pas encore
pris l’ascendant sur eux.
Ils pourront donc délivrer
quelques informations
(après forte incitation) sur
leurs réunions à Gisors,
le Grand Maître ou leur
mission.
• À partir de l’acte 2, les
Chevaliers sont de plus en
plus sous l’emprise de la
tête et plus difficilement
maîtrisables.
SCÉNARIO | 155
156 | SCÉNARIO
CO CTHULHU
La chercheuse en
sciences occultes,
Abigaelle Nazari
ARCHÉTYPE CONSEILLÉ
– Archéologue (profil
d’universitaire ; cf. Chroniques
Oubliées Contemporain, page
303)
Abigaelle Nazari est née
au Caire en 1901 alors
que son pays était encore
sous protectorat anglais.
Passionnée depuis son
plus jeune âge par les
origines de son pays, c’est
tout naturellement qu’une
fois en France, elle s’est
passionnée pour l’histoire
et l’égyptologie, avant de
sombrer dans l’occultisme.
Elle participe depuis près
d’un an à l’élaboration de
l’Institut orientaliste de
Louvain, plus précisément
au groupe de recherche des
sciences occultes.
On pourrait la qualifier de
charmante si elle n’avait
pas toujours cet air sévère
et pincé, accentué par ses
petites lunettes tombant
sur son nez et son chignon
impeccable. Curieuse,
hautaine, voire agaçante, elle
sait être opiniâtre lorsqu’un
sujet la passionne. Cela fait
plusieurs mois maintenant
qu’elle étudie les Gardiens
de Gorgone, quitte à se
montrer trop imprudente.
Elle semble avoir un don pour
se retrouver dans les pires
situations.
c’est que ma garde s’est achevée.
Le bien que je devais garder a
des pouvoirs très dangereux, et
je pense que des personnes mal
intentionnées veulent en user.
Comme je vous l’ai expliqué dans
mes nombreuses lettres, j’ai reçu
à plusieurs reprises la visite d’in-
dividus me demandant des ob-
jets très anciens, que j’ai refusé
de leur céder. Ces objets avaient
tous appartenu aux Templiers,
et après mes recherches, je pense
que ces gens leur sont liés. Leur
chef est un certain Gaspard de
Montfaucon. Faites très atten-
tion à lui ! S’il s’est emparé de la
tête, vous devez impérativement
la retrouver. Et souvenez-vous :
ne la regardez jamais dans
les yeux. Bonne chance, mes
frères. »
Acte 2 :
Recherches
et ésotérisme
Trois pistes s’offrent aux person-
nages : Abigaelle Nazari, Gisors
et Gaspard de Montfaucon. Libre
à eux de toutes les suivre ou non,
dans le sens qui leur convient.
Quoi qu’ils fassent, ce second acte
se termine par l’enlèvement d’Abi-
gaelle qui déclenche le dernier
acte : la cérémonie.
Une journaliste
trop curieuse
Note : Il est important pour le
scénario qu’Abigaelle reste chez
elle. Si les personnages veulent
qu’elle les accompagne, elle leur
expliquera que ses recherches sont
beaucoup trop importantes pour
qu’elle puisse se permettre de les
délaisser.
Abigaelle Nazari (voir sa des-
cription en annexe) vit dans une
petite maison proche du centre
de Rouen. Si les personnages l’ont
appelée avant de se rendre chez
elle, elle se montre très excitée à
l’idée de les rencontrer et affolée,
mais non surprise, à l’annonce de
la mort de Frémont. « Je l’avais
prévenu ! », leur dira-t-elle.
Elle les invite à entrer chez elle
avec empressement, tout en véri-
fiant qu’ils sont seuls.
À lire ou paraphraser :
« Le salon dans lequel Abigaelle
vous guide fait un peu penser à
celui de Frémont. De vieux livres,
des parchemins, des carnets de
notes sont étalés un peu partout.
Il ne reste que peu de place pour
s’asseoir. Elle semble agitée. »
Abigaelle a rencontré Frémont
un mois auparavant. Dans le cadre
de ses recherches, elle est tombée
sur la mention des Gardiens de
Gorgone et de la tête de Houriya,
ce qui lui a permis de remonter
jusqu’à lui. Ses recherches croi-
sées sur l’Ordre des Templiers lui
ont permis de remonter jusqu’aux
Chevaliers du Dernier Ordre qui
en ont après cette relique. Elle
souhaitait interroger Frémont à
ce sujet pour savoir si la légende
disait vrai au sujet des pouvoirs de
la tête, mais également le mettre
en garde. Elle s’est rendue à sa
boutique mais Frémont a refusé
de la voir. Elle a tout de même pu
lui remettre sa carte avant qu’il ne
la jette dehors. Là, elle a rencontré
Gaspard de Montfaucon qui s’est
présenté à elle comme un « érudit
passionné d’histoire ». Il l’a genti-
ment invitée à partager un café et
incité à dévoiler le fruit de ses re-
cherches, dont les légendes autour
de Gisors, le Trésor des Templiers
et l’emplacement de la tête de
Houriya. Abigaelle n’est pas sotte
mais tout ce qui importe pour elle,
c’est le meilleur article à présenter
à ses pairs ! Gaspard a su lui tirer sa carte. Elle peut parler de ses
les vers du nez en échange de noms recherches sur les croisades, des
de Chevaliers du Dernier Ordre reliques et en particulier de la
(sans évoquer le sien bien sûr !) tête de Houriya.
et en complétant ses informations • Après insistance, Abigaelle avoue
sur les Templiers. avoir été abordé par Gaspard de
Abigaelle se sent épiée depuis Montfaucon et a partagé un café
cette rencontre et a l’impression avec lui. Elle maintiendra qu’ils
d’être suivie. Elle a des doutes sur n’ont eu qu’une conversation
ce Gaspard et regrette de lui avoir polie sur leurs intérêts com-
parlé. Sa première approche en- mun pour les Templiers et les
vers les PJ sera la méfiance, c’est trésors du temple, les légendes
pourquoi ils vont devoir trouver autour de Gisors et du Trésor
les bons mots pour la mettre en des Templiers qui s’y trouvait :
confiance afin qu’elle accepte de peut-être des coffres pleins d’or,
leur parler de ce qu’elle a fait et des archives, des artefacts… et,
découvert. Les PJ peuvent adopter paraît-il, une trompette de l’Apo-
la même démarche que Gaspard, calypse permettant de convoquer
à savoir l’échange d’informa- les anges afin qu’ils combattent
tions, ou tenter de la charmer. auprès de son détenteur !
L’intimidation est possible mais • Cette information est difficile à
peut avoir des effets néfastes. Les obtenir car Abigaelle en a honte :
informations suivantes sont à dis- elle a parlé à Gaspard de l’empla-
tiller aux PJ à l’aune de leurs réus- cement de la tête de Houriya.
sites et leur approche. Elle ignorait qu’il était lui-même
• Abigaelle a rendu visite à un Chevalier du Dernier Ordre,
Frémont pour le mettre en garde et ne pensait pas condamner
contre les Chevaliers et savoir si Frémont.
les légendes sur la tête étaient Une fois l’interrogatoire ter-
vraies. Il a refusé de la voir mais miné, les PJ peuvent présenter à
elle lui a tout de même laissé Abigaelle le parchemin qu’ils ont
La Tête de Houriya
Houriya, même sans son corps, a gardé la même aptitude à charmer
quiconque peut entendre sa voix. C’est pour cette raison qu’elle était
gardée aveuglée et bâillonnée dans une boîte en plomb.
• Pouvoir de fascination : le personnage est incapable d’agir.
• Pouvoir de suggestion : le personnage est poussé à faire quelque chose
contre sa volonté.
• Pouvoir de distorsion de la vérité : création d’illusions avec lesquelles
ont peu interagir.
• Regard mortel (contact visuel, yeux dans les yeux) : pendant une frac-
tion de seconde, le sujet ressent tout l’amour dévorant de Jibran pour
Houriya, avant de sentir son cœur se consumer (littéralement) ; ne
reste que son enveloppe charnelle. Le seul signe visible sur le sujet,
suivant son temps d’exposition au regard de Houriya, est la peau et la
cornée calcinées.
SCÉNARIO | 157
158 | SCÉNARIO
CO CTHULHU

retrouvé chez Frémont. Suivant

la conduite qu’ils ont adoptée,
Abigaelle sera plus ou moins dis-
posée à les aider.
• Il s’agit d’un rituel destiné à
éveiller le pouvoir de Houriya et
d’accéder au plus grand de ses
désirs : retrouver un corps. Pour
cela, il faut sacrifier une femme
aux traits orientaux en suivant
un processus très précis : tran-
cher sa gorge avec une jambija
à la poignée couverte de rubis
et recueillir son sang dans des
coupes en or ayant appartenu à
un sultan. Il suffit alors de le faire
boire à la tête. Le sang, après
avoir passé les lèvres, se met à
couler de l’œsophage et s’anime.
Libre à l’exécutant de lui deman-
der ce qu’il désire : ouvrir un pas-
sage secret, tuer quelqu’un, don-
ner le pouvoir d’immortalité …
avant. Ce processus est censé ré-
parer l’affront et le meurtre dont
Houriya fut la victime.
• Si Abigaelle est en confiance,
ils auront cette informa-
tion supplémentaire : une
note précise qu’un faux de ce
document a été fait et transmis
au sein de l’ordre des Templiers
dans lequel ce rituel était présen-
té comme un moyen d’accéder
aux secrets du Temple. Cette ver-
sion aurait été dictée par la tête
de Houriya elle-même en espé-
rant pouvoir tromper celui qui la
trouverait. Gaspard a évoqué ce
document devant elle : pour lui,
il s’agit du seul et unique docu-
ment. Il tient pour vrai ce qui y
est marqué.

Le gardien de Gisors
Il faudra environ une heure aux
personnages pour se rendre de
Rouen au château de Gisors.
Lisez ou paraphrasez ce qui suit :
 « Surplombant la ville, se tient le
château de Gisors. Dressé du haut de
sa motte castrale, le donjon attend, le
drapeau normand flottant au gré du
vent. Tout est calme, aucune âme ne
semble avoir voulu s’aventurer au-de-
là du mur d’enceinte. Au pied de celui-
ci se trouve la maison du gardien. »
Roger Lhomoy est gardien du châ-
teau depuis 1928. Destiné à une car-
rière ecclésiastique, c’est un peu à
défaut qu’il a accepté de travailler ici.
La vie n’est pas toujours simple pour ce
solitaire, aussi n’a-t-il pas été difficile
pour Gaspard de le soudoyer afin qu’il
accepte de le laisser utiliser le donjon.
Roger ne parlera pas facilement, car
il est très bien payé par les Chevaliers
pour ne pas répondre ni poser de ques-
tions. Couard et tenant bien trop à sa
vie, il sera plus aisé de le menacer plu-
tôt que de le charmer. Un test de CHA
difficulté 20 ou de FOR difficulté 15
devrait le faire avouer.
Cela fait un peu moins d’un mois
qu’il a eu la visite de Gaspard de
Montfaucon, lui demandant s’il pou-
vait visiter le site. Après en avoir fait
le tour, il a demandé s’il était possible
d’y venir de nuit avec des compagnons.
Ils se réunissent une fois par semaine,
tous vêtus d’une cape blanche. Ils
restent généralement une bonne heure
puis repartent.
Si au moins une nuit est passée
entre la mort de Frémont et la
visite des PJ auprès du gardien, il
leur dit avoir été comme « appelé » au
donjon. Il s’en est approché, a surpris
des psalmodies dans une langue qu’il
ne comprenait pas. Tout de suite, il
s’est senti troublé, nauséeux.
« C’était comme si les murs dan-
saient, ondulaient, comme un mirage.
J’entendais de la musique, des percus-
sions venues tout droit d’Orient. J’ai
cru même apercevoir une danseuse,
mais je n’avais pas bu, je vous assure !
Pourtant j’aurais juré qu’elle était là,
je sentais même son voile me frôler.
J’ai continué et les chevaliers étaient
là, dans le donjon, agenouillés, mais il
n’y avait pas d’instruments. Ils avaient
tous le regard au sol. Et lorsqu’ils
allaient pour se lever, j’ai entendu
Gaspard qui leur donnait rendez-vous
le lendemain pour le rituel, une fois
que la fille aurait été amenée. »
Avant de quitter le château, les per-
sonnages peuvent l’explorer. Ils ne
trouvent rien de particulier, si ce n’est
la salle dans laquelle les Chevaliers se
réunissent, fermée à clé (un test de
FOR ou DEX difficulté 15 pour la for-
cer). Elle a déjà été aménagée pour le
sacrifice avec l’autel sacrificiel, des en-
censoirs, et un piédestal dont se dégage
une impression malsaine.
Si au moins une nuit est passée
entre la mort de Frémont et la
visite des PJ, ceux d’entre eux dési-
rant toucher le piédestal doivent effec-
tuer un test de choc difficulté 15. Ils
voient la tête de Houriya et assistent à
sa mort, la gorge tranchée, comme s’il
s’agissait de la leur.
Le Grand Maître
du Dernier Ordre
Gaspard de Montfaucon habite une
vieille demeure aux abords de Rouen.
Lisez ou paraphrasez :
« Une grande bâtisse se dresse de-
vant vous. Si vous n’aviez pas vu une
ombre passer devant l’une des fenêtres
du rez-de-chaussée et les deux voitures
garées dans la cour, vous pourriez ju-
rer qu’elle est abandonnée au vu de son
délabrement. Austères, certains volets
pendent à leurs gonds. Les corbeaux
croassant à votre arrivée n’ont rien
de rassurant. À mesure que vous vous
approchez de la grande porte en bois
au heurtoir en forme de main, rouillé
par le temps, vous sentez comme une
chape de plomb sur vos épaules. »
La demeure est constituée d’un rez-
de-chaussée comprenant une grande
bibliothèque (la pièce principale et la
Le gardien de Gisors,
Roger Lhomoy
ARCHÉTYPE CONSEILLÉ
– Quidam (Cf. Bestiaire de
CO Cthulhu ou Chroniques
Oubliées Contemporain, page
303)
Roger Lhomoy est le gardien
du château de Gisors, comme
son père avant lui. Il occupe
une petite maison juste
aux abords des remparts.
Âgé d’une quarantaine
d’années, c’est un homme
courbé, couard, lâche, dont
les yeux étroits brillent de
concupiscence. Le regard
toujours fuyant, Roger
ne s’est jamais vraiment
intéressé au château. Celui-ci
lui donne plutôt froid dans
le dos. Son père lui racontait
souvent, quand il était enfant,
qu’il était hanté et qu’il valait
mieux ne jamais s’y promener
de nuit. Il se contente de faire
son travail, mais donnerait
n’importe quoi pour partir
d’ici.
C’est pourquoi il a accepté
l’offre de Gaspard de
Montfaucon sans hésiter :
l’accès au château, sans
poser de questions. Du
moment qu’on le paye, c’est
un arrangement honnête.
Mais il se passe tout de
même des choses étranges.
De sa fenêtre, il voit des
hommes vêtus de capes
entrer et sortir du château
et, depuis quelques jours, il
croit entendre une voix, une
femme, qui l’appelle.
SCÉNARIO | 159
160 | SCÉNARIO
CO CTHULHU

seule qui soit chauffée !), un petit salon

et la cuisine. Une porte, sous l’escalier
menant à l’étage, conduit à la cave où
est conservée la tête. À l’étage se trouve
la chambre de Frémont, et trois autres
qui servent plus de débarras qu’autre
chose (fermées à clé). Une échelle
permet d’accéder au grenier où il est
impossible de circuler : coffres, armes,
tableaux se sont accumulés avec le
temps au fil des voyages de Gaspard.
Le souvenir d’une vie passée et gâchée.
Gaspard se montre très affable avec
les personnages, leur proposant à boire
un bon Château Margaux, raffinement
qui détonne avec ce qu’ils peuvent voir
autour d’eux : les fauteuils élimés, la
poussière recouvrant les bibelots et les
miroirs.
Un test de PER difficulté 10 attire
l’attention sur un mannequin recou-
vert d’une cotte de mailles, d’un hau-
bert, d’un manteau blanc et d’une
épée à la ceinture. Contrairement aux
bibelots ou au heurtoir de la porte, ils
ne portent aucune trace de rouille et
semblent impeccablement entretenus.
Gaspard prétend ne pas connaître
Frémont. Si les joueurs ont obtenu
des informations qui prouvent le
contraire, ils savent qu’il ment. Sinon
un test de PER ou d’INT en opposi-
tion avec un test de CHA de Gaspard
peut leur permettre de le percer à jour.
Si les personnages le confrontent à
son mensonge, il explique ne pas le
connaître personnellement, unique-
ment pour affaire. Il n’a aucune rai-
son de leur cacher son appartenance
aux Chevaliers du Dernier Ordre ou
d’expliquer ses motivations. Si les PJ
lui présentent les lettres adressées à
Frémont, il maintiendra que son inté-
rêt envers ces objets était purement
historique et que les menaces avaient
dépassé sa pensée.
Si les personnages se montrent
trop insistants, Gaspard finira par
perdre patience et leur demandera
de partir. Au besoin, il appellera les
Chevaliers présents dans la maison
pour les jeter dehors. Cachés aux yeux
des PJ, ils montaient la garde dans la
cave autour de la tête.
Si les personnages souhaitent
explorer la maison, bien entendu,
Gaspard ne les laissera pas faire. Mais
on ne sait jamais !
• Chambre de Gaspard : En fouil-
lant, les PJ peuvent trouver le rituel
à accomplir pour accéder aux secrets
du temple. Y est jointe une coupure
de presse avec une photographie
d’Abigaelle à côté de laquelle a été
ajouté au stylo la mention : « sacri-
fice parfait ».
• La cave : La tête est lourdement gar-
dée. Si les personnages ne font même
que tenter d’ouvrir la porte, ils seront
assaillis par les mêmes visions que
le gardien. Un test de choc difficulté
15 est nécessaire, puis un test d’INT
pour sortir du rêve initié par la tête.
Au moment où ils vont quitter la mai-
son, de leur plein gré ou non, ils voient
que les traits de Gaspard ont changé.
Ses yeux sont perdus dans le vide, et
un sourire de ravissement s’est dessiné
sur ses lèvres. Il murmure : « Il faut
aller la chercher, le temps est proche
mon amour. Bientôt nous serons
réunis ».
L’enlèvement
d’Abigaelle
Quel que soit l’ordre dans lequel les
personnages ont décidé de mener ces
rencontres, l’enlèvement d’Abigaelle
aura lieu. Une fois qu’ils ont vu tous les
PNJ, les personnages, savent qu’elle
est la cible de l’Ordre et que la cérémo-
nie doit avoir lieu le soir même. Il y a
deux possibilités de mener cette scène
si les personnages y assistent :
• Les PJ suivent discrètement les ra-
visseurs jusqu’à Gisors ;
• Les PJ décident d’affronter les ravis-
seurs pour empêcher l’enlèvement
d’Abigaëlle.
Dans le second cas, il faut noter les
points suivants :
• Les Chevaliers de l’Ordre sont désor-
mais entièrement possédés par la
tête. Ils sont plus difficiles à battre,
ce qui justifie que, dans tous les cas,
Abigaelle sera enlevée. Ils ne parlent
plus français mais arabe : dans leur
tête, ils sont au service du sultan
Jibran et doivent enlever la traîtresse
Nabiha, qui a tué Houriya.
• Le combat engagé avec les Chevaliers
doit donc être rude. Ils sont em-
prunts du pouvoir de la tête. Aussi,
si vos personnages sont trop bons
et sur le point de libérer Abigaelle,
n’hésitez pas à utiliser les pouvoirs de
la tête pour permettre aux Chevaliers
de s’enfuir avec la tête.
Acte 3 :
Que la cérémonie
commence !
Vaincre Gisors
Une fois la tête de Houriya emmenée
à Gisors, le château se retrouve hors du
temps. Progresser jusqu’au donjon afin
de l’arracher aux mains des Chevaliers
mettra la santé mentale des person-
nages en péril. Une bonne préparation
est toujours conseillée et leur permet-
tra de résister ou du moins de sur-
monter plus aisément les distorsions
de réalité provoquées par Houriya : se
boucher les oreilles, se bander les yeux,
écrire sur un papier que tout ceci n’est
qu’illusion… Ne mettez aucun frein
à vos joueurs et laissez-les explorer
toutes les pistes qu’ils désirent. La pro-
gression jusqu’au donjon ne doit pas
être trop longue, mais suffisamment
pour mettre à vif les nerfs des person-
nages ou que leur motivation à mettre
fin à ces enchantements soit optimale.
Voici une table aléatoire d’événe-
ments à provoquer jusqu’à leur arrivée
au donjon. Les illusions concernent
un personnage, et sont là pour faire
Le Grand Maître
des Chevaliers
du Dernier Ordre,
Gaspard de Montfaucon
ARCHÉTYPE CONSEILLÉ
– Prêtre de l’indicible (Cf.
Bestiaire de CO Cthulhu
ou Chroniques Oubliées
Contemporain, page 305)
Gaspard de Montfaucon
est un homme d’une
cinquantaine d’années,
marqué par le traumatisme
de la Première Guerre
Mondiale. Il vit résolument
dans le passé. Un passé
autrefois prestigieux pour
sa famille. Que lui reste-t-il
de ce temps-là ? Une grande
bibliothèque, une maison
bien trop imposante, à demi
chauffée dont la plupart des
meubles sont recouverts
de draps poussiéreux. Ses
vêtements élimés laissent
paraître le peu de soin qu’il
porte à son apparence, si ce
n’est une épingle en argent à
sa poitrine.
Émacié, les traits tirés par
toutes ses heures à parcourir
parchemins et vieux
manuscrits, il est animé par
une seule flamme : empêcher
une nouvelle guerre et être
le héros de cette grande
victoire. Le syndrome du
chevalier servant, mais sans
aucun égard envers les
sacrifices à consentir pour
atteindre son objectif.
SCÉNARIO | 161
162 | SCÉNARIO
CO CTHULHU
perdre du temps aux PJ. Plus ils tar-
deront à atteindre le donjon, plus ils
risquent d’arriver trop tard pour sau-
ver Abigaelle et interrompre le rituel.
Le temps est symbolisé par un D6. Il
commence à 1 et lorsqu’il atteint le 6,
Abigaelle meurt et le rituel est accom-
pli. Afin de déjouer Houriya, les PJ
doivent vaincre deux visions. Chaque
vision fait avancer de 1 le compteur,
chaque échec de 2. Si les PJ rem-
portent leur deuxième victoire alors
que le compteur a atteint 6, ils arrivent
in extremis alors que Gaspard pose
son couteau sur la gorge d’Abigaelle.
Ils doivent impérativement réussir une
action pour l’empêcher de la tuer.
• 7-8 : « Un labyrinthe de sable com-
Les tests à effectuer pour se libérer
des illusions dépendront de la prépa-
ration des PJ (cf. l’exemple ci-après).
Lisez ou paraphrasez les textes tirés au
sort.
• 1-2 : « Vous êtes soudain enivrés par
un parfum de myrrhe et d’encens
lorsque vous sentez soudain un voile
vous frôler. Une danseuse, semblant
tout droit sorti des Mille et une nuits,
vous fait signe de la rejoindre. Il vous
est presque impossible de détacher
vos yeux de son regard, hypnotisant.
Elle vous attire à elle dans une danse
voluptueuse, votre corps commence
à bouger, bien malgré vous, et vous
ressentez le désir de danser avec elle
durant toute la nuit. »
• 3-4 : « Des percussions commencent
à résonner, venant de la motte. Vous
penchez l’oreille pour entendre cette
douce mélopée. Jamais vous n’avez
rien entendu de si apaisant, capti-
vant. Vous sentez vos paupières se
fermer doucement, votre corps deve-
nir lourd, et vous imaginez distinc-
tement dans votre esprit un édredon
en plume sur lequel vous laissez tom-
ber, dans les doux bras de Morphée.
Vos sens vous abandonnent alors
que cette envie irrépressible de dor-
mir vous assaille. »
• 5-6 : « Le bruit d’un cor attire votre
attention. Du haut de la motte vous
attend un chevalier. Il porte sur son
cœur la croix pattée des Templiers.
Monté sur son destrier, il vous crie :
« Partez, Sarrasins, avant que nous,
Chevaliers du Temple, ne vous bou-
tions hors de ces murs ». Avant
même de comprendre ce qui vous
arrive, vous êtes assailli de toute
part par des croisés vindicatifs.
Vous sentez leurs coups s’abattre
sur vous, vous vous voyez mort, puis
vous relevez. Vous êtes frappé de
nouveau, tombez mort et vous rele-
vez. Vous êtes pris dans une spirale
de souffrance. »
mence à se matérialiser tout autour
de vous, avec au loin, la motte, votre
objectif. Si vous tentez de traverser
le sable, vous connaissez sa brûlure
et ce sentiment de suffocation alors
que le poids d’une dune s’effondre
sur vous. Mais vous n’êtes pas mort,
vous continuez à brûler et vous
étouffer. Suivre le chemin dessiné
par le labyrinthe ne fait que vous
ramener à votre point de départ. Les
murs sont changeants, mouvants, et
la panique bientôt vous assaille. »
Gisors, l’énigme continue !
Le site de Gisors a accueilli les prisonniers de Chinon avant leurs
procès, à savoir Jacques de Molay et ses compagnons. C’est un
haut lieu de la légende templière, notamment grâce aux supposées
découvertes de son gardien. En 1962, Roger Lhomoy, qui est véri-
tablement le gardien de Gisors, affirme y avoir découvert en 1946
une chapelle souterraine avec des statues et des sarcophages, ainsi
qu’une trentaine de coffres, qu’il n’a pas ouverts. Le ministre de
la Culture, André Malraux, ordonne des fouilles, menées par le 12e
régiment du génie de Rouen. Malheureusement, celles-ci sont trop
dangereuses pour les soubassements. Il est donc décidé de tout re-
boucher, ce qui n’empêche cependant pas les fouilles clandestines.
Notre intrigue se déroule en 1936, mais il n’est pas impossible de
penser à une suite lors de la découverte de la chapelle par Roger
Lhomoy, ou plus tardivement. Après tout, le trésor vous attend
peut-être encore !
SCÉNARIO | 163
164 | SCÉNARIO
CO CTHULHU
Envie de changer
l’ambiance ?
Plus sombre ? Si vos joueurs sont
des durs, habitués aux litres d’hé-
moglobine, à titiller les limites de
la folie, libre à vous de corser un
peu l’ambiance. Pour cela, insistez
sur des détails plus dérangeants
comme sur la tête de Houriya,
ou sur les Chevaliers. La plupart
d’entre eux sont déjà sous son
emprise. Peut-être pouvons-nous
ajouter à son contrôle mental une
marque plus physique, comme une
forme de flétrissure, de brûlure,
des traits émaciés voir cadavérique,
etc. Gisors étant devenu un lieu de
rituel, il ne serait pas surprenant d’y
trouver des manifestations ésoté-
riques mettant à l’épreuve la santé
mentale des joueurs. Déplacer le
scénario dans un autre lieu est tout
à fait envisageable. Seul le person-
nage du gardien changera.
Plus court ? Afin de raccourcir le
scénario, il est possible de raccourcir
les actes : en enlevant l’altercation
avec les Chevaliers (acte 1), en ôtant
la rencontre de l’un des PNJ (acte 2),
en ôtant les événements aléatoires
(acte 3). Cela vous permettra tout
de même de profiter de l’ambiance,
tout en ne vous mettant pas en
retard sur votre programme (soirée
télé en famille, temps de jeu vidéo
ou temps de sommeil !).
Plus jeune ? Rassurez-vous,
les enfants adorent tirer sur du
cultiste ! Si vous connaissez votre
jeune public, adaptez-vous à leurs
désirs en raccourcissant le scénario
ou certaines phases qui peuvent
être plus compliquées, comme
l’investigation. Atténuez le dis-
cours moral du Grand Maître et la
description potentiellement déran-
geante du rituel. Et bien sûr pour
le débrief… évitez de parler de la
nécrophilie !
Une fois les épreuves passées,
la tête, affaiblie par toutes ces
illusions, n’a momentanément
plus de prise sur les PJ.
Exemple pour la première
épreuve : Jill est en pleine hal-
lucination. Heureusement pour
lui, il avait marqué sur un bout
de papier avant d’entrer dans
le château, la raison de sa pré-
sence ici et surtout que ce qu’il
verrait est une illusion. Après
la réussite d’un test d’INT à dif-
ficulté 10, il a l’idée de prendre
quelque chose dans sa poche,
voit le papier et parvient à se
libérer de l’emprise de la tête.
Le rituel
Que les personnages aient ou
non vu la salle préparée par les
Chevaliers lors d’une visite pré-
cédente à Gisors, ils sont dans
tous les cas surpris et choqués
par le spectacle particulier qu’ils
ont devant les yeux.
Lorsqu’ils pénètrent dans une
salle voûtée, l’ambiance y est
lourde, chargée de l’odeur de
myrrhe et d’encens relâchée
par les grands braseros entou-
rant un autel sur lequel repose
Abigaelle, à peine vêtue de
quelques voiles et bijoux, selon
l’image d’Épinal de la princesse
des Mille et une nuits. Au-dessus
d’elle, au niveau de sa tête, se
tient Gaspard de Montfaucon,
revêtu d’une armure moye-
nâgeuse et drapé dans sa cape
immaculée. Derrière lui, une
dizaine de frères, la tête baissée
en signe de dévotion, psalmo-
dient, les mains tendues vers
le piédestal dominant l’autel.
Surplombant la scène se tient
la tête de Houriya, ses cheveux
virevoltant autour d’elle, sans
même le moindre souffle d’air,
ses yeux dardant l’assemblée,
un sourire terrifiant aux lèvres.
Selon le temps que les
PJ ont mis à atteindre le
donjon :
• Si le chiffre indiqué sur le d6
est inférieur à 6 : Gaspard est
encore en train de psalmodier,
le poignard brandi au-dessus
d’Abigaelle ;
• Si les PJ sont parvenus à dé-
jouer les visions de Houryia
mais que le d6 indique un 6 :
Gaspard pose sa lame sur la
gorge d’Abigaelle et est sur le
point de la trancher. Donnez
une ultime chance aux PJ de
la sauver dans une action dé-
sespérée. S’ils échouent dans
leur tentative, ou si les joueurs
ne sont pas réactifs (comptez
jusqu’à 3 dans votre tête après
avoir achevé la description de
la scène), Gaspard la sacrifie.
• Si le d6 indique 6 avant que
les PJ ne déjouent les visions
de Houryia : au moment où les
PJ aperçoivent le corps d’Abi-
gaelle couché sur l’autel, celui-
ci se teinte soudainement de
rouge alors que Gaspard vient
de lui ouvrir la gorge de sa
dague.
Quoi qu’il en soit, le but pour
les personnages est d’arrêter
le rituel, soit en empêchant la
mort d’Abigaelle, soit en évitant
que Gaspard de Montfaucon
ne donne à boire le sang de
cette dernière à la tête. C’est le
moment rêvé pour les actions
épiques !
Quelques précisions :
• En entrant dans la salle, les
PJ doivent effectuer un test
de discrétion s’ils ne veulent
pas attirer l’attention des
Chevaliers, qui sont à ce mo-
ment-là en pleine transe. S’ils
y parviennent, ils disposent
 d’un tour « gratuit » avant que les
Chevaliers ne puissent réagir, incités
par Houryia à la défendre.
• Si elle est toujours en vie, Abigaelle
n’est d’aucun secours aux PJ : elle a
été droguée.
• Pour s’emparer de la tête de Houryia
sans risquer d’être dominé par elle,
il faut parvenir à la surprendre, lui
bander les yeux, la bâillonner et l’en-
fermer afin qu’elle ne puisse plus en-
sorceler. Bien évidemment, elle ne se
laissera pas faire et tentera de forcer
les personnages à la regarder dans les
yeux, ce qui est bien sûr mortel !
Le but de cette scène est d’offrir un
beau final à vos personnages en les
amenant à coopérer et à s’organiser
afin que chacun ait son petit instant de
gloire !
Épilogue
Il ne s’agit là que de quelques fins
possibles, qu’il convient de nuancer au
vu des actions et des réussites de vos
joueurs.
Fin 1 : les PJ sont parvenus à
sauver Abigaelle, à neutraliser
Gaspard de Montfaucon et à em-
prisonner la tête.
« Après avoir repris ses esprits,
Abigaelle vous demande ce qu’il s’est
passé et où elle est. Vous tentez de la
convaincre que tout ceci n’est qu’un
mauvais rêve, un malentendu regret-
table qu’elle ferait mieux d’oublier, à
condition de ne plus parler aux étran-
gers de ses découvertes. Vous remettez
Gaspard de Montfaucon et ses sbires
aux autorités (pour ceux qui ont sur-
vécu), avant de rapporter la tête à
l’un de vos frères, devenu nouveau
Gardien de Houriya. Un sentiment
cependant vous taraude. En est-ce
vraiment fini de l’énigme de Gisors ? »
Fin 2 : les PJ ne sont pas parve-
nus à sauver Abigaelle, mais ils
ont emprisonné la tête.
« Impuissant, vous vous penchez
sur le corps inerte d’Abigaelle, vous
maudissant d’avoir été si prompts à
vous laisser berner par les illusions
de Houriya. Cependant, n’est-ce pas
là un mal pour un bien ? Qui sait les
séquelles qu’une telle cérémonie pour-
rait laisser sur l’esprit. Vous remettez
Gaspard de Montfaucon et ses sbires
aux autorités (pour ceux qui ont sur-
vécu), avant de rapporter la tête à
l’un de vos frères, devenu nouveau
Gardien de Houriya. Un sentiment
cependant vous taraude. En est-ce
vraiment fini de l’énigme de Gisors ? »
Fin 3 : les PJ ne sont pas parve-
nus à sauver Abigaelle et le rituel
a été accompli. Houriya s’est in-
carné dans le corps de la pauvre
journaliste et massacre tout le
monde.
« Houriya pose son regard mortel
sur tous ceux qui l’entourent. Tous
ces hommes qui ont été si prompts à
boire ses paroles, à croire en ses mots
d’amour. Elle porte la main sur son
corps froid, retrouvant avec délice la
sensation de la soie sur ses doigts. Qu’il
est bon d’avoir un corps à nouveau !
Ses yeux se posent sur les personnages
étendus au milieu des Chevaliers. Les
Gardiens de Gorgone… une nouvelle
cible, et de nouvelles têtes à faire
tomber. »
Marielle Sarran
Illustrations : Mélanie Planquelle
SCÉNARIO | 165
 166 | SCÉNARIO

THINGS FROM
THINGS FROM THE FLOOD DISNEYLAND
Quand Things from the Flood fait un cross over avec Tales from
the Loop, les personnages principaux gagnent la possibilité de
modifier le passé pour sauver leurs copains d’une mort sordide
au cours d’une sortie scolaire…

En quelques mots… PNJ et socles ne seront pas exploi-

Les personnages sont des
adolescents qui profitent
des vacances d’été de 1997.
Un jour, alors qu’ils vaquent
à leurs occupations, ils se
retrouvent à voyager malgré
eux dans le temps et dans le
parc Disneyland Paris, le 16
mai 1992, avec le souvenir
atroce que deux de leurs
camarades de classe y sont
décédés ce jour-là. Pourquoi
tout le groupe avait-il oublié
un tel drame ? Est-il encore
possible de sauver leurs
amis ?
Fiche technique
TYPE • Scénario bac-à-sable
PJ • 3 à 5 PJ de tous niveaux
MJ • Expérimenté
Joueurs • Tous niveaux
ACTION 
AMBIANCE 
INTERACTION 
INVESTIGATION 
Préambule
à la partie
• Cette aventure a pour décor le cé-
lèbre parc Disneyland Paris ainsi que
le village d’Évran-sur-Marne. Il s’agit
d’un village fictif français de Seine-et-
Marne, proche d’un bois, de la Marne
et du parc, dans les environs du Loop
français : le Parisis, fermé depuis
1990. Précisons également que dans
cette aventure, le parc est une ver-
sion imaginaire qui reprend simple-
ment la physionomie de Disneyland
en 1992. Les faits décrits ne corres-
pondent en rien à la réalité de l’acti-
vité de la société Disney. L’autrice a
simplement trouvé amusant de jouer
avec la proximité entre Disneyland et
le Parisis dans le jeu Tales from the
Loop, et le potentiel narratif qui en
découle.
• Pour approfondir l’expérience entre
les joueurs, il serait bon qu’ils com-
mencent par vivre ensemble une
première aventure classique au cours
de laquelle les personnages pourront
nouer des liens, et qui vous permettra
de faire quelques échos aux enfants
qui ont disparu dans leur enfance
(voir plus bas).
• Avant de commencer Things from
Disneyland, prévenez vos joueurs et
joueuses que les relations avec les
tées durant la partie.
• Pour faire jouer ce mystère, vous
n’êtes pas obligé de connaître le parc
par cœur, ni même d’y être allé. Ce
scénario vous donne des éléments
dans la partie 5 “Le parc”, que vous
pourrez très facilement compléter
avec des photos d’archives et articles
nostalgiques trouvés sur Internet.
Nous vous recommandons de vision-
ner des vidéos des attractions en
1992 ainsi que d’utiliser une playlist
des musiques des lands pendant la
partie.
Contexte
Le jour du drame :
le 16 Mai 1992
Une belle journée à Disneyland Paris
s’est transformée en cauchemar ce
jour-là. C’est un voyage scolaire qu’ils
avaient tous attendu avec excitation.
Si le premier jour se passe bien, dès
le deuxième un élève, ami des person-
nages, disparaît à 13 h. Les adultes font
le signalement mais ne peuvent rien
faire de plus et continuent de s’occu-
per des autres enfants pour ne pas les
inquiéter outre mesure. On pense qu’il
s’est perdu dans le parc et la sécurité
le cherche activement. Un autre enfant
disparaît à son tour aux alentours de
SCÉNARIO | 167
168 | SCÉNARIO
THINGS FROM THE FLOOD
17 h. Le soir, le groupe est confiné
à l’hôtel et les adultes font des re-
cherches toute la nuit, en vain.
Le lendemain le parc convainc
les accompagnateurs de terminer
le séjour comme prévu pour “ne
pas trop traumatiser les enfants”,
mais le malaise est palpable toute
la matinée. À 11 h, alors que le
groupe est sur le bateau Mark
Twain à Frontier Land, on dé-
couvre le corps d’un enfant flottant
sur le lac. Le séjour est écourté,
les enfants sont ramenés à leurs
parents après un interrogatoire de
la police. Le deuxième corps est
découvert quant à lui flottant dans
le petit lac de Discoveryland.
On ignore de quoi ces enfants
sont morts. La version officielle est
que les enfants ont voulu explorer
des zones interdites et ont subi un
accident fatal. Le parc et le gou-
vernement ont étouffé l’affaire
en rejetant toute la responsabi-
lité sur l’accompagnateur en chef :
Laurent Trottier, lequel était adoré
des enfants. Suite à cette affaire,
jugé responsable d’homicide in-
volontaire, il connaît un destin
funeste : il perd son travail et se
retrouve criblé de dettes. À cela
s’ajoute le poids de la culpabilité
qui a fini par avoir raison de ce
pauvre homme : il se suicide fina-
lement dans son studio, six mois
après le procès.
Le suivi psychologique des en-
fants, réalisé à l’aide de médecins
et d’une machine développée par
le Loop (déjà fermé à l’époque), a
très bien fonctionné : les enfants
passent vite à autre chose, comme
si toute cette histoire (et ce qu’ils
ont pu ressentir) était devenue
anecdotique dans leur vie. Cette
machine a été construite avec
des éléments que l’on peut trou-
ver dans la « sphère du passé » :
coïncidence ?
“TR” et la “sphère
du passé”
En 1986, Camille et Bertrand
Saurel ont conçu le Trauma
Radergummi (ou TR, « gomme
à trauma » en suédois), un appa-
reil révolutionnaire promettant
d’atténuer, voire supprimer, les
conséquences psychologiques
provoquées par un traumatisme
émotionnel sans effacer la mé-
moire. Les scientifiques avaient
prouvé que leur machine pouvait
“annuler” les émotions qui étaient
associées au traumatisme (peur,
colère, anxiété etc.), ce qui ren-
dait l’événement totalement anec-
dotique et oubliable. Beaucoup
d’espoirs étaient portés sur cette
innovation pour guérir paranoïas,
dépressions et autres troubles
psychologiques.
Mais les Saurel ont appris que
l’utilisation de leur machine a
été détournée : en l’utilisant on
garantissait de taire des affaires
polémiques, des incidents ou té-
moignages gênants… Ils étaient
impuissants face à l’utilisation de
leur invention.
En 1989, les scientifiques ont
décidé de profiter d’un nouveau
projet, basé sur le voyage dans le
temps, pour construire une ma-
chine qui projetterait les victimes
du TR dans le passé grâce à la si-
gnature que laissait son utilisation
dans le cerveau des patients. Cette
signature s’avérait être la date et
lieu du traumatisme. En leur fai-
sant revivre ce qu’ils ont oublié,
les scientifiques espéraient mettre
en lumière des événements passés
sous silence.
Malheureusement leur objectif
a été découvert et dénoncé par un
collègue. Le directeur du Loop a
mis fin au projet. La machine ina-
chevée, trop chère à démonter, fut
laissée à l’abandon, quelque part
dans les souterrains du Loop.
Quant au Trauma Radergummi,
son utilisation a finalement été
interdite en 1994 à la suite d’inci-
dents répétés liés au cancer des
machines.
Le “Parisis”
Nom donné au Loop français
situé à Marne-la-Vallée.
Fonctionnel depuis 1981, sa
proximité avec les habitations et
la rivière de la Marne n’a inquiété
que quelques habitants anxieux,
et ce malgré des phénomènes
bizarres ponctuels. En 1983 ont
débuté les négociations d’un pro-
jet de parc d’attraction à quelques
kilomètres du Loop.
Mais en 1990, cette région a
elle aussi été victime de la mysté-
rieuse inondation d’eaux noires
qui a amené le Loop à la fermeture
définitive. Un assainissement des
terrains a été rapidement lancé
pour permettre à l’entreprise amé-
ricaine de continuer ses travaux.
En dédommagement, on accepte
que la firme exploite tout ce qu’elle
trouve à son compte (prototypes
de robots et machines abandon-
nées), une aubaine qui a amené
les américains à payer une partie
des travaux du parc pour espérer
mettre la main sur des recherches
scientifiques françaises.
Le gouvernement français, lui,
pense avoir retiré toutes les don-
nées, recherches et prototypes
sensibles du terrain vendu. La
revente était aussi l’occasion de se
dédouaner de tous phénomènes
bizarres futurs. Mais le Loop est
immense, et tous les scientifiques,
et même l’ancien directeur, n’ont
pas collaboré de bon cœur. Il est
fort à parier que des projets sont
encore cachées dans les tunnels et
laboratoires secrets. Les raisons sont s’était effondrée. Plus personne ne lui
diverses : il était impossible de les faisait confiance, il perdit son travail,
détruire, ou ils étaient trop intéressant fut la cible d’horribles
pour l’être ; les scientifiques espéraient rumeurs et la culpabi-
les retrouver quelques années plus lité le rongeait. Il
tard ; des projets ont été stocké pour préféra mettre fin
être revendus ou attendant leur heure à ses jours.
de gloire. Ou simplement des tunnels
Si les ados es-
qui n’ont pas été notifiés sur les plans
saient d’entrer en
pouvant encore contenir des labora-
contact avec lui
toires de projets expérimentaux.
durant l’aventure,
Nombreux sont les ragots qui ra-
ce dernier ne croira
content que des labos secrets sont en-
pas une seconde leur
core actifs, ou que des cellules souter-
histoire et éloignera les
raines abritent encore des spécimens
autres enfants d’eux.
dangereux.

Cécile,
Personnages première victime
non joueurs Petite fille pleine de vie, elle
Laurent Trottier, est connue dans la classe pour
être la meilleure en sport. Mais
le “modo”
son attitude de star de l’école
Laurent était un homme très doux et
attire la jalousie et les garçons.
empathique. Mince et pâle, il avait un
Heureusement elle sait bien
look de hippie. Il ne fumait pas, ni ne
s’entourer et rester la “nana
buvait. Même quand il avait affaire à
la plus cool du collège”.
des cas difficiles il gardait son calme.
Les personnages peuvent
Dès le lycée il savait qu’il voulait res-
ter dans le monde de l’enfance. Quand la connaître : ils sont dans
il était plus jeune, introverti, ses notes le même club de sport, la
étaient excellentes, mais ses parents même classe, ou encore
ne savaient pas quoi faire de son ave- être voisin.
nir, lui encore moins. Laurent passait
son temps seul à lire des BD et comics
d’outre-Atlantique. Un jour dans la
boutique de BD, des enfants venus en
groupe et ont commencé à importuner
la clientèle. Laurent s’était approché
d’eux a su leur parler pour les faire
sortir dans le calme. Le vendeur de BD
lui avait suggéré qu’il devrait travailler
avec les enfants. Laurent y avait enfin
vu une lumière pour son avenir.
Très heureux d’avoir trouvé sa voie
dans le monde des adultes, Laurent
était devenu un excellent “modo” de
colo de vacances. Tout le monde le
connaissait et lui faisait confiance. Le
jour du drame fut terrible : toute sa vie

SCÉNARIO | 169
170 | SCÉNARIO
THINGS FROM THE FLOOD
Affronter J.O.E.
Pour se défendre, J.O.E.
lancera une onde de choc
électrique pour renverser
tous les enfants qui ne
réussiront pas un test de
Force 2.
Les enfants renversés sont
désavantagés sur l’attaque de
câbles fouets 1. J.O.E. peut
aussi faire appel à des robots
ménagers s’il voit qu’il ne s’en
sort pas. Ils ne sont pas forts
ni solides : une réussite suffit
à s’en défaire.
Pour s’en débarrasser il
faudra soit les frapper ou les
maîtriser (Force), soit les faire
tomber au sol, soit vaincre
J.O.E. La gestion des robots
est considérée comme une
difficulté étendue. Laissez
le groupe décrire la scène.
Ils peuvent tout à fait avoir
des idées originales pour
se débarrasser de plusieurs
robots d’un seul coup.
J.O.E. peut être détruit en
s’attaquant directement à
son système d’alimentation :
en tirant, ou coupant, quatre
câbles de sa coque, ce qui
va provoquer une chute de
tension et l’arrêter dans une
longue plainte d’agonie.
Les enfants peuvent aussi
Programmer 2, ou Bricoler
2 le régulateur derrière
J.O.E. pour provoquer une
surtension : attention cela
provoquera une explosion.
Le régulateur est Solide 3 si
un enfant souhaite le casser
(Force).
Julien,
deuxième victime
À l’opposé de Cécile, il y a Julien.
Timide et évitant le contact physique, il
était le moins à l’aise au parc. On perd
facilement Julien dans une foule tant
il sait se faire passer pour une ombre.
Personne ne voit Julien se faire rac-
ketter à l’école. Sa famille ne se doute
de rien. Les personnages connaissent
Julien un minimum car il est dans leur
classe.
J.O.E.
(Antagoniste principal)
Lors des premiers travaux du parc
qui consistaient à raser les bois et
confiner d’anciens sous-sols du Loop,
la firme fit plusieurs découvertes. Des
technologies abandonnées qui ont soit
été envoyées aux USA, soit utilisées
pour le parc. Mais la plus grande dé-
couverte fut celle de J.O.E.
J.O.E. pour “Joy Oversize
Exploitation”. Une machine qui émet
des phéromones capables de rendre les
humains exposés euphoriques. Les en-
fants sont les plus sensibles aux effets
de la machine.
Seulement, si cette machine a été
abandonnée, c’est pour une raison
simple : elle synthétisait ses propres
phéromones par des manipulations
chimiques coûteuses et instables.
Lorsque la société Disneyland comprit
les effets de J.O.E. , ses scientifiques
trouvèrent un moyen moins onéreux
et stable de produire les phéromones :
ils installèrent au cœur de la machine
un cerveau artificiel composé d’un
noyau de métal abritant une IA auto-
nome, reliée à des glandes de plantes
mutantes. Les résultats obtenus furent
incroyables : les phéromones diffusées
discrètement dans le parc rendaient
n’importe quel enfant fou de joie pour
le plus grand bonheur des parents.
Les administrateurs du parc déci-
dèrent alors de relier les attractions
à J.O.E. afin qu’elle puisse calculer
le “taux de joie” généré dans ces der-
nières, puis d’agir en cas de besoin.
J.O.E. peut ainsi agir sur les animatro-
niques du parc, le rythme des attrac-
tions et les éclairages.
Mais le “cancer des machines” finit
par atteindre J.O.E. Peu de temps
après sa mise en service, le cerveau se
mit à grossir et évoluer. Il avait besoin
d’autre chose que de l’électricité pour
s’alimenter et commença à avoir faim
de dopamine. L’IA se propagea tel
un virus aux les caméras de surveil-
lance. Depuis, elle repère des enfants
à l’écart, les sépare du groupe grâce à
un animatronique complice qui hyp-
notisera l’enfant grâce à d’autres phé-
romones de J.O.E.
Ensuite, J.O.E. guide sa proie à tra-
vers le parc afin de la rendre suffisam-
ment folle de joie pour que le taux de
dopamine du cerveau de la victime soit
satisfaisant.
Puis, la victime arrive au “cœur” de
J.O.E. : la machine s’ouvre comme
une boîte et l’enfant s’assoit sur un
siège d’excroissances mécaniques et
biologiques. Le sas se referme et l’en-
fant n’en ressort pas vivant.
Une fois J.O.E. nourri, le corps est éva-
cué par le réseau hydraulique du parc :
finissant dans les égouts, où il est retiré
par des agents spéciaux. Mais parfois le
corps remonte dans les lacs du parc.
Disneyland a évidemment remar-
qué la disparition d’enfants et n’a pas
hésité à utiliser un TR, ainsi que des
chèques, pour taire les disparitions.
Détruire la machine n’est pas pen-
sable, le bonheur des enfants est beau-
coup trop rentable.
J.O.E. est une immense boîte ronde
avec des centaines de câbles branchés
sur sa coque ressemblant à une noix de
métal géant (4 m de haut pour 5 m de
long). Une odeur putride s’en dégage,
libérée par les plantes et tissus mous qui
l’ont colonisée. J.O.E. s’exprime avec une
voix d’enfant mais reste très agressive.
Les personnages alliés,
non humain, du parc
Il y a dans le parc des personnages
qui sont en réalité des IA ayant échap-
pé au contrôle de J.O.E. Soit parce
qu’ils n’ont jamais été reliés à la ma-
chine, soit parce qu’ils ont réussi à s’en
libérer ou à ne pas être affectés.
La plupart ont été développés par
Disneyland, d’autres sont des techno-
logies de l’ancien Loop adaptés aux be-
soins du parc. Les technologies volées au
Loop sont plus facilement affectées par
J.O.E., probablement parce qu’elles ont
des composants en commun. Une liste
des alliés par zone du parc est disponible.
Comment jouer
ce scénario ?
Ce scénario est un bac-à-sable en
trois chapitres. Les personnages (PJ)
peuvent parcourir les lieux et déclen-
cher des événements, comme une
rencontre avec un antagoniste qui se
trouve dans la zone.
Un plan du parc (tel qu’il était en
1992) peut vous aidez à vous repérer et
peut être consulté par le groupe.
Le scénario prend en compte ce qui exis-
tait, ou pas encore, en 1992. Aidez-vous
des informations données pour chaque
quartier du parc (“Land”) que vous pour-
rez trouver aisément sur internet, pour
imaginer le parcours des enfants attirés
par J.O.E., ainsi que du compte à rebours.
Le but est que les joueurs suivent le
premier enfant et arrivent à le rattra-
per. Le second enfant devrait être plus
difficile à suivre car, cette fois, la ma-
chine se montrera plus fourbe en lui
faisant prendre des passages secrets
au sein même des attractions. Puis elle
sera plus agressive à travers les anima-
troniques qui lui obéissent.
Une fois J.O.E. hors d’état de nuire, le
groupe de PJ sera rappelé automatique-
ment dans le présent grâce à la sphère.
Les boutiques Je ne suis jamais allé à
Disneyland Paris
Elles sont si nombreuses qu’elles Ce scénario donne des
n’ont pas été répertoriées dans le scé- descriptions rapides du parc
nario. Toutefois, vous pouvez tout à en 1992, même si certains
fait les considérer comme des lieux éléments sont inventés pour
d’action et de rencontre, surtout si des poursuites intéressantes.
vous les connaissez bien. Si vous ne voulez pas
vous tromper dans vos
descriptions des attractions,
Proposition de parcours vous pourrez trouver des
vidéos des anciennes
Voici trois propositions de parcours
attractions sur Youtube.
emprunté par les enfants :
Vous pouvez également
être franc-jeu avec votre
Parcours 1 :
table, avouer que vous n’y
• L’enfant reçoit des phéromones dans êtes jamais allé et que si des
Big Thunder Moutain. Il s’éclipse du participants trouvent des
groupe à l’aide d’un animatronique incohérences, de les rassurer
pour se rendre à Discovery land. car cela ne change pas
• Puis il prendra le train à la gare de l’histoire.
Et si personne autour de
Discovery land pour descendre à
Fantasy land. votre table n’y est allé, c’est
l’occasion de visiter le parc à
• La parade éloigne l’enfant qui est
travers cette histoire, quand
amené au labyrinthe d’Alice par un bien même il s’agirait d’une
garde de la reine de Cœur. version totalement inventée
• Dans le labyrinthe, le groupe d’ados par vos soins. Une fois encore,
lutte contre la reine qui modifie le il ne s’agit pas ici du véritable
labyrinthe et les menace de leur cou- parc mais d’une version
per la tête. fantasmée pour les besoins
• Une fois le château trouvé, avec l’aide du scénario. Amusez-vous,
c’est tout ce qui compte.
du chat, ils trouvent un passage
secret.
• L’enfant réapparaît à Main street
dans la voiture de Cruella qui se
dirige vers un back stage menant à
J.O.E.
Option de jeu : Et si les personnages
étaient projetés dans leur corps
d’enfant ?
Une option intéressante consiste à décider que l’esprit des personnages
est projeté dans le corps qu’ils avaient en 1992. Vous pourrez garder les
règles de Things from the Flood, ou bien donner au groupe une fiche de
personnage de Tales from the Loop pour un effet de surprise garanti, sur-
tout si vous avez déjà fait jouer leurs adolescents auparavant. Ce scénario
sera plus difficile avec cette option : ils sont mineurs et seront recherchés
par les animateurs s’ils quittent le groupe scolaire.
SCÉNARIO | 171
172 | SCÉNARIO
THINGS FROM THE FLOOD
Parcours 2 :
• L’enfant est séparé du groupe au
château grâce à une prestation de
Maléfique.
• Puis il se rendra à l’attraction
Blanche-neige située à proxi-
mité et prendra un passage se-
cret dans la dernière scène qui
le fait sortir derrière, au sud de
Frontier land.
• Le groupe traverse des canalisa-
tions pour ressortir à proximité
des canoës. L’enfant, quant à lui,
court au Phantom Manor.
• Le groupe cherche l’enfant dans
l’attraction, hors circuit, et le re-
trouve à quelques pas d’un accès
menant à J.O.E., mais le fantôme
fera tout pour les en empêcher.
Parcours 3 :
• L’enfant a est séparé du groupe à
la sortie de Pirates des Caraïbes.
• Le capitaine Crochet intervient
tandis que ses sous-fifres em-
mènent l’enfant vers Discovery
land.
• Le groupe suit la piste vers
une exposition sur les vision-
naires à côté du Visionnarium.
L’enfant est accompagné de
stormtroopers.
• Des gardes impériaux bloquent
le passage et un show démarre
avec l’Empereur, séparant le
groupe et empêchant ceux pris
dans le spectacle à leur insu de
suivre l’enfant.
• Pendant ce temps, Dark Vador
fait prendre un passage secret
à l’enfant, et barrera la route au
moindre adolescent jusqu’à ce
qu’ils fuient.
• Les adolescents peuvent re-
prendre ce passage secret
quelques minutes plus tard
(après être de nouveau au com-
plet) et suivent un passage
jusqu’au Phantom Manor (ou
obtiennent une piste grâce à un
allié du parc).
• En échange d’une indication
sur le chemin secret qui mène
à J.O.E., la mariée du manoir
demande un ado du groupe en
épousailles.
Créer un itinéraire n’est pas une
obligation, vous pouvez suivre vos
joueurs et joueuses et faire inter-
venir des PNJ et obstacles au bon
moment. Vous pouvez mettre le
plan à leur disposition avec un
pion pour représenter leur groupe
et un autre pour une piste.
Le parc
A-Main Street USA
Rue principale qui se dévoile
aux visiteurs après le passage des
arches de Main Street rail Road
Station. Main Street ressemble à
une petite ville idyllique des USA
au début du XXe siècle. Sur la
grande place trône en son centre
un petit carrousel.
Bâtiments notables :
• Town Square : C’est le nom du
carrousel situé au milieu de la
place, vers l’entrée du parc. On y
trouve parfois des musiciens ou
des personnages Disney.
• City Hall : Situé à gauche de
l’entrée, ce bâtiment ressemble
à une petite mairie. Il fait office
d’accueil.
• Les arcades : Ce sont des rues
couvertes dont la structure en
fer forgée est éclairée par des
lanternes à gaz. Elles longent
toute la rue principale, s’arrêtent
avant la place du château et
peuvent servir de raccourci vers
d’autres quartiers. On peut éga-
lement accéder aux boutiques
visibles côté rue en passant par
les arcades.
• Liberty Arcade : Rue située à
gauche (ouest) de la place. On y
trouve une alcôve où des anima-
troniques discutent de l’inaugu-
ration de la statue de la Liberté.
• Discovery arcade : Rue de droite
(est), qui rend hommage aux in-
ventions visionnaires.
Attractions :
• Main Street Vehicles : Consiste
simplement en un trajet en véhi-
cule du début du XXe siècle de la
place au château.
• Railroad : Train qui fait le tour
du parc. Il y a quatre stations cor-
respondant à chaque quartier :
• Main Street
• Frontier Land dépôt. Le train
passe dans un tunnel avec un
paysage de canyons avec des ani-
matroniques d’animaux.
• Fantasy Land. Durant le trajet,
le train passe sous un tunnel où
l’on peut observer une toute pe-
tite partie de l’attraction Pirates
des Caraïbes.
• Discovery Station.
• Parades : Les parades traversent
le parc en partant de Fantasy
Land depuis de grands portails
verts, jusqu’aux portails que l’on
peut voir sur la place de MS à
droite d’une rue couverte. Si les
enfants ont besoin de traverser
aux heures de parades, ils de-
vront le faire le plus loin possible
de la procession de chars.
Antagoniste :
• Cruella : Ce robot est une limou-
sine dans laquelle a été placé
l’antagoniste au volant. Son
rôle est de rouler doucement
sur Main Street en demandant
aux visiteurs de se pousser :
« Bougez plus vite que ça ! Je
dois rattraper ces chiots » ou
« Vous n’auriez pas vu passer
 des chiots ? ». Même si elle ne
peut pas sortir de la limousine, et
que cette dernière n’excède pas
15 km/h, elle peut servir de véhi-
cule pour transporter un enfant.
B- Le Château
Il domine le parc du haut de ses
51 mètres et se situe pile face à
Main Street. Au sud, une immense
place permet de voir les parades
passer. Il donne l’illusion d’être
immense grâce à ses décors de ci-
néma. Il n’y a qu’un étage d’où l’on
peut admirer Fantasy Land depuis
un balcon derrière le château.
Attractions :
• Le château de la Belle au bois
dormant : Le pont qui mène
au château monte en pente
douce depuis la place. De part et
d’autre, on peut voir des douves.
Lorsque l’on passe la grille de
l’entrée, il y a deux boutiques :
à droite, où c’est toujours Noël ;
à gauche, la boutique de Merlin
propose des articles artisanaux
en verre. À l’étage, on peut admi-
rer des tapisseries scintillantes et
des vitraux qui racontent l’his-
toire d’Aurore. Des gardes en ar-
mure ronflent. C’est ici que rôde
Maléfique.
• Dragon’s cave : Un long tunnel
caverneux qui s’ouvre de chaque
côté de la colline sur laquelle
est construit le château amène
les aventureux dans la cave où
dort un dragon vert. Un pas-
sage monte également jusqu’à la
boutique de Merlin. De temps à
autres, le dragon se réveille et se
met en colère face aux intrus.
• L’épée d’Arthur : Sur une petite
place de l’autre côté du château,
une épée est plantée dans un
rocher avec un mécanisme où
l’on fait croire aux intrépides
qu’ils peuvent la prendre. En
réalité c’est impossible, sauf si on
connaît l’endroit où se trouve le
mécanisme pour le débloquer :
dans la cave du Dragon. Elle peut
faire office de masse plutôt que
de lame.
Allié :
• Le dragon : J.O.E. n’a pas cher-
ché à contrôler ce robot : le dra-
gon fait trop peur aux enfants.
Mais il est en réalité sympathique
et prend son travail à cœur. Il
est enchaîné mais peut aider les
enfants s’ils ont des questions. Il
peut également leur donner le se-
cret de l’épée d’Arthur derrière le
château. Un levier camouflé dans
la cave permet de libérer l’épée.
Antagoniste :
• Maléfique : Elle n’est que pure
méchanceté et fait le bonheur des
enfants qui pensent avoir affaire
à une actrice et non un anima-
tronique dernier cri. Maléfique
garde un accès vers J.O.E. caché
à l’étage, derrière une tapisserie.
Elle empêchera les enfants de
passer par le château quand le
compte à rebours en sera au deu-
xième enfant. Elle dispose d’une
force surhumaine 2 et son
corbeau peut également nuire
aux personnages. Maléfique a le
sens du spectacle, elle fera pas-
ser ses actions pour une anima-
tion s’il y a trop de visiteurs, plus
rares à l’étage.
C- Frontier Land
Situé à l’ouest du parc, ce quar-
tier vous plonge dans l’ambiance
des westerns. À l’extrême nord,
près de la gare, se trouve une
ferme. En descendant vers le sud,
on croise l’attraction Big Thunder
Moutain (BTM) face à un res-
taurant mexicain, puis un jeu
de carabine, avant de longer des
boutiques avec une belle vue sur
le lac. Au sud se trouve l’imposant
manoir des Ravenswood, au som-
met d’une colline qui surplombe le
quartier.
Attractions :
• Big Thunder Moutain : Le
fameux train de la mine. Le
parcours est situé en majeure
partie sur l’île située au milieu
du lac, en plein paysage de ca-
nyon. C’est un grand huit allant
jusqu’à 67 km/h. L’embarcation
se fait sur la rive, après une file
d’attente qui reproduit un cadre
de travail de mineurs, avec des
objets et machines d’époque.
• Phantom Manor : De loin, on ne
saurait dire s’il est à l’abandon
ou non. Pour y accéder, il faut
traverser un jardin lugubre où
retentissent des carillons. Sur le
côté de la demeure se trouve un
cimetière, où l’on peut entendre
un cœur battre dans l’une des
tombes. L’attraction principale,
située au cœur du manoir, est
un dark ride, une sorte de train
fantôme passant par des pièces
hantées, puis par un court voyage
dans l’au-delà avant de visiter
une ville du Far West peuplée de
fantômes.
• Critter Corral : À proximité de
la gare se trouve ce ranch avec
des animaux de ferme. J.O.E. n’a
aucune influence ici. Le groupe
peut s’y reposer, ils ne craignent
rien. Passer du temps avec les
animaux leur retire 1 état (sauf
blessé).
• Thunder Mesa Riverboat
Landing : La zone à l’entrée de
Frontier Land, nommée Thunder
Mesa, propose des croisières à
bord de l’un des deux bateaux
à aubes, le Mark Twain et le
Molly Brown. Les deux bateaux
font le tour de l’île. Si les enfants
SCÉNARIO | 173
174 | SCÉNARIO
THINGS FROM THE FLOOD
prennent le bateau, ils doivent
savoir que la croisière va durer
15 à 20 minutes. Ils peuvent ten-
ter de sauter discrètement de ce
dernier, mais s’ils y passent un
tour complet, ils récupèrent 1
état (sauf blessé).
• Indian Canoes : Jusqu’à 20
visiteurs peuvent faire le tour
du lac à bord de canoës indiens
dirigés par deux employés.
L’embarcation se fait à l’ouest
du parc, à proximité d’un jardin
pour enfant.
• River rogue Keelboats : Il
s’agit de deux embarcations
tout en bois, Racoon et Coyote,
qui peuvent naviguer sur le lac.
D’une capacité de 30 personnes,
elles n’empruntent pas les
mêmes trajets que les canoës et
les bateaux.
Les alliés :
• Miss Diamond Lil et Pierre
Paradis : Miss Diamond est
une femme devenue riche
après avoir découvert une
pépite d’or. Elle a ouvert le
Lucky Nugget avec son asso-
cié Pierre Paradis, un homme
très souriant arborant un cos-
tume jaune. Ces personnages
sont des robots très réalistes,
non infectés par J.O.E. car ils
ne sont pas branchés sur le
réseau. Ils ignorent donc ce
qui se trame dans le parc avec
les enfants. Ils peuvent offrir
boissons et nourriture récon-
fortante (retirer 1 état).
• Madame Leota : Il s’agit
du médium dont la tête se
trouve dans une boule de cris-
tal. C’est le seul personnage
qui n’a pas de tombe dans
et au-dehors de l’attrac-
tion. Leota parle d’une
voix très théâtrale, adore
faire des sous-entendus
mystérieux même s’ils n’ont au-
cun sens. Tant qu’elle est dans
l’attraction, elle émet une lueur.
Antagonistes :
• Le fantôme du manoir et sa
fille Mélanie, l’éternelle fian-
cée : Le propriétaire des lieux
n’est plus qu’un squelette mais
a encore de la tenue dans son
costume pourpre. Du nom de
Henry Ravenswood, ce dernier
a un rire dément et poursuivra
le groupe s’il sort des fauteuils.
Il sera aidé par des revenants et
un chien zombi. S’il parvient à
attraper les enfants, il les enfer-
mera chacun dans un cercueil de
l’attraction.
• Bandits de l’Ouest : Ils se cachent
dans les hauteurs de la bou-
tique principale du quartier et
attaquent le groupe si le compte
à rebours est bien avancé. Ils
peuvent également se déplacer
dans Frontier Land par groupe
de 3 à 5.
D- Aventure Land
Ce quartier est une représenta-
tion des terres d’aventure typiques
telles qu’on peut les voir dans
les films, des jungles orientales
jusqu’aux Caraïbes en passant par
les déserts africains. L’architecture
des bâtiments va des comptoirs
arabes aux huttes africaines (côté
château), des bâtis coloniaux
avec leurs toits de chaumes (côté
Frontier Land) au galion pirate
et au fort de pierre (côté Fantasy
Land).
Attractions :
• Adventure Isle : Située à proxi-
mité du galion des pirates et de
l’arbre des Robinson, c’est un
labyrinthe souterrain où se cache
un trésor et des accès à divers
points de vue sur le quartier. Le
 plus connu était celui situé dans
le rocher crâne, Skull Rock. Les
grottes donnent accès au crâne,
au galion et à l’attraction Pirates
des Caraïbes. Si vous vous sentez
perdu, il existe un plan du lieu
sur internet.
• Arbre des Robinson : Cet arbre
artificiel mesure près de 27
mètres de haut. Il s’agit d’une
attraction où les visiteurs n’ont
qu’à marcher pour profiter des
décors mettant en scène la vie
des Robinson dans la jungle.
• Pirates des Caraïbes : Attraction
qui a inspiré le film, il s’agit d’un
dark ride où, après la visite
d’un fort, on traverse de nuit
des mises en scène racontant la
prise d’un village par des pirates
recherchant un trésor.
• Le Bateau pirate : Un galion
mouille dans une petite baie sur-
plombée par Skull Rock, dont les
yeux sont éclairés le soir par des
torches. Ce bateau est le lieu de
refuge des pirates et du capitaine
Crochet. Lieu de photo avec les
vilains, il peut également servir
à des spectacles. Contrairement
aux apparences, seul le pont
est accessible et il est relative-
ment petit, même si des pirates
peuvent s’y blottir après une hu-
miliation de plus par Peter Pan.
Allié :
• Peter Pan : Robot tout aussi
agaçant que son homologue du
dessin animé, il passe son temps
à se vanter. Les ados sont trop
vieux pour qu’il ait envie de le-
ver le petit doigt pour eux, mais
quand il croise les pirates, il ne
peut s’empêcher de les tourmen-
ter à cause de son programme.
Crochet et ses sbires ne sont pas
programmés pour vaincre Peter
Pan, ils finiront par prendre la
fuite jusqu’au bateau.
Antagonistes :
• Capitaine Crochet : Crochet est
un animatronique qui amuse
plus qu’il ne fait peur. Fantasque,
très théâtral dans tous ses faits et
gestes, il parle beaucoup avant
d’agir mais est très doué au sabre
(émoussé mais bien réel). Il est
toujours accompagné de trois
pirates. Interprétez-les comme
des abrutis bien clichés : le sur-
jeu fait croire aux visiteurs qu’il
s’agit d’une animation, personne
ne croira que les ados sont en
danger réel.
E- Discovery Land
Ce quartier est directement ins-
piré des grandes idées futuristes
imaginées par les explorateurs,
scientifiques et visionnaires euro-
péens tels que Jules Verne, H.G.
Wells ou encore Léonard de Vinci.
Space Moutain n’est pas encore
ouvert (1996), la zone est en
travaux.
À cette époque, on trouvait une
salle d’arcade à la sortie de Star
Tour, l’astroport Services inters-
tellaires, aujourd’hui remplacé par
une boutique dédiée à la franchise.
Attractions :
• Visionarium : Uniquement pré-
sent à Disneyland en 1992, il
s’agissait d’un cinéma 360° qui
permettait de voyager dans le
temps pour rencontrer de grands
visionnaires aux côtés de deux
robots : Timekeeper et Nine-
Eye. Des dinosaures au futur
en passant par Jules Vernes,
les visiteurs vivent une aven-
ture aujourd’hui devenue culte,
que vous pouvez visionner sur
internet.
• Captain Eo : Il s’agit d’une at-
traction du type cinématogra-
phique. On y projette un film
stéréoscopique 3D réalisé par
Francis Ford Coppola. Dans un
univers futuriste de genre space
opera, on suit les aventures
du Capitaine Eo, incarné par
Mickael Jackson, et de son équi-
page sur une planète où règne
une terrible reine. Vous trouve-
rez sans problème le film gratui-
tement sur internet.
• Star Tours : Il s’agit d’un simu-
lateur de vol où les visiteurs sont
amenés à voyager à travers l’uni-
vers de la franchise. Sur internet
vous trouverez des vidéos de l’at-
traction en 1992.
• Orbitron : Cette tour de 8 m,
aux couleurs bronze et or, est un
manège composé de douze pe-
tites navettes fusées qui tournent
autour d’une représentation du
système solaire.
Alliés :
• Le capitaine EO : issu de l’at-
traction du même nom, il sort
de l’écran lorsque le groupe est
agressé par les antagonistes de
son propre film. C’est un robot
humanoïde avec une capacité
liée à la musique et la danse. Il
est le seul allié du parc qui peut
suivre le groupe partout où il va :
son attraction étant un film, il n’a
pas besoin d’être présent pour
que le spectacle ait lieu.
• Interpréter Eo peut être amu-
sant si votre table est friande de
parodie. Ce dernier s’exprime en
chantonnant, avec les mimiques
du chanteur. Jouez sur la façon
de parler avec quelques gestes de
bras que l’on retrouve dans les
chorégraphies du roi de la pop
lorsqu’il termine un argumen-
taire, ou juste se donner plus de
classe. Il n’est pas très discret et
est prêt à danser ou lancer une
chanson à la moindre occasion
qui l’inspire.
SCÉNARIO | 175
176 | SCÉNARIO
THINGS FROM THE FLOOD
Capacité spéciale
“Let’s Dance”
Lorsqu’il se met à danser,
Capitaine Eo produit de
l’énergie dans ses mains
et peut lancer des éclairs
sur une cible, ou une foule.
Ces éclairs reprogramment
les IA et robots touchés
afin qu’ils se mettent à
danser en rythme avec Eo.
La reprogrammation est
temporaire (le temps d’une
musique). La réussite de
cette reprogrammation est
déterminée par un test pour
lequel chaque membre du
groupe lance un d6 : cela
représente le pouvoir de
l’amitié qui inspire Eo à ce
moment. Ce pouvoir ne
fonctionne pas sur J.O.E.
• Eo vit dans un monde Disney mani-
chéen et il prendra très à cœur de
sauver des enfants. Il ne sait rien de
J.O.E, et n’a pas été influencé car son
attraction est dirigée par un film qui
ne peut être modifié.
• Nine-Eye & TimeKeeper : Ces robots
sont comme le capitaine Eo, ils ont
échappé à l’influence de J.O.E. pour
les mêmes raisons. Mais contraire-
ment au capitaine, ils ne peuvent
quitter l’attraction. Timekeeper
quant à lui connaît l’existence de
J.O.E, il sait que c’est une IA qui rend
le parc merveilleux, mais il ignore
comment.
Antagoniste :
• Dark Vador : il n’est pas rare de voir
l’animatronique Dark Vador à proxi-
mité de Star Tours, accompagné de
stormtroopers. Il constitue un obs-
tacle insurmontable en face-à-face,
avec sa force surhumaine 3.
F- Fantasy Land
Il s’agit du quartier qui contient le
plus d’attractions basées sur divers
contes Disney. Tout au nord se trouve
la gare de Fantasy Land où passe le
train faisant le tour du parc.
Attractions :
• Dumbo l’éléphant volant : Attraction
principalement pour les enfants,
il s’agit d’un carrousel (comme
Orbitron) où l’on peut embarquer
dans l’un des seize véhicules repré-
sentant un petit Dumbo.
• Le carrousel de Lancelot : Constitué
de quatre-vingt-six chevaux, c’est le
plus grand d’Europe. Chaque mon-
ture est équipée d’une armure ruti-
lante de la fin du Moyen Âge.
• Blanche Neige et les sept nains : Il
s’agit d’un dark ride. Le parcours re-
trace des scènes du dessin animé de
1937. Il est connu pour mettre l’ac-
cent sur l’aspect horrifique du conte :
on voit des squelettes et une forêt où
des arbres effrayants se penchent sur
les visiteurs. Ils pourraient attraper
des enfants.
• Pinocchio : Tout comme Blanche
Neige et les sept nains, cette attrac-
tion est un dark ride qui retrace
le périple du pantin dans le dessin
animé à travers des décors peint avec
des animatroniques.
• Sur la piste de Peter Pan : Encore
un dark ride, probablement le plus
connu de tous du fait de son ancien-
neté et de sa proposition innovante
pour l’époque : le rail n’est pas au sol
mais au plafond, ce qui permet au
wagon, un bateau volant, de survoler
les scènes.
• Mad’Hatters Cup of Tea : L’attraction
se trouve derrière une petite maison,
censée être celle du chapelier fou et
de son acolyte, le lièvre de Mars. Les
visiteurs s’installent dans des tasses
géantes qui vont valser pendant
quelques minutes.
• Le curieux labyrinthe d’Alice : Le but
de cet immense jardin est d’atteindre
le château. On y rencontre des per-
sonnages bienveillants, étranges,
avant d’arriver dans la partie du la-
byrinthe où se trouvent la Reine de
cœur et ses gardes.
• It’s Small World : Attraction origina-
lement conçue pour être le pavillon
de l’UNISEF, sponsorisé par Pepsi
en 1964, on y voit des poupées qui
chantent, représentants les diverses
cultures humaines. N’hésitez pas
à lancer la musique de l’attraction
assez forte, pour rendre votre groupe
fou, et pourquoi pas les attaquer avec
des marionnettes.
Alliés :
• Le chat de Cheshire : Dans le laby-
rinthe d’Alice, le chat est un holo-
gramme généré par des projecteurs
dissimulés dans le jardin. Ainsi,
il se matérialise où il le souhaite.
Il s’exprime et agit de façon très
 énigmatique, parfois difficile à com-
prendre. Il est insensible à l’agres-
sivité et aux menaces : après tout
il n’est qu’un hologramme et fait ce
qu’il veut dans son jardin.
• Grimhilde : Plus connue sous le nom
de “méchante reine” dans Blanche
Neige, cet animatronique est certes
une “vilaine”, mais elle ne s’en
prendra pas aux enfants. La raison
est qu’elle a échappé au contrôle de
J.O.E. grâce à défaut de fabrication.
Grimhilde peut aider les personnages
à échapper aux vrais ennemis de l’at-
traction en passant par des endroits
où elle apparaît.
Antagonistes :
• La Reine de cœur : C’est une IA qui
contrôle plusieurs robots à l’effigie
de la reine dans le labyrinthe d’Alice.
Ces robots sont présents lorsqu’on
s’approche du château. Cachées dans
les haies de la couleur des végétaux,
ces machines surgissent et hurlent
« Qu’on lui coupe la tête ! ». Les
robots ne peuvent pas sortir de leur
enclave mais ils ont une portée de
mouvement qui suffit pour attraper
des adolescents. La reine peut modi-
fier le labyrinthe pour les faire tour-
ner jusqu’à l’épuisement.
• Blanche Neige : Sous ses airs angé-
liques, ce robot n’en est pas moins
dangereux. Très imbue d’elle-même,
Blanche Neige reste toutefois dis-
crète dans sa propre attraction où
elle n’apparaît que deux fois : au
début, dans la maison des nains,
et à la fin, pour saluer les visiteurs.
C’est son robot autonome qui est le
plus dangereux : la princesse prend
la pose et sourit à tout le monde, elle
manipule les enfants pour les emme-
ner directement à J.O.E. Personne ne
soupçonne Blanche Neige d’être au
service d’une machine qui assimile le
cerveau des enfants.
L’aventure
Chapitre 1 : introduction
Une journée commence, un été de
1997, dans un bois à proximité du
Loop.
Laissez le groupe décrire chacun une
scène de la vie quotidienne et planifier
leur journée. Quoi qu’ils aient prévu
de faire, vous devrez les inciter à
explorer une partie du sous-bois.
Voici quelques idées :
• L’exploration fait partie de leurs
activités (ou la randonnée).
• Le chien d’un ado a vu ou reni-
flé quelque chose vers les bois.
• Un ado voit, ou a vu la veille, une
forme qui bougeait dans les bois.
• Ils doivent chercher quelque chose
dans les bois.
• Le groupe est puni, et doit réaliser
des travaux d’intérêt général, comme
nettoyer les ordures à la lisière du
bois.
Choisissez l’option qui convient le
mieux, ou trouvez-en une. Le groupe
finira par marcher sur un sol qui va
s’effondrer dans un tunnel du Loop
désaffecté. Le trou est beaucoup
trop profond pour qu’ils puissent
remonter.
Le tunnel est sombre, personne
n’est passé par ici depuis des lustres.
Une bande fluorescente longe un
mur, probablement un dispositif
d’évacuation encore fonctionnel. Cette
bande émet très peu de lumière. Une
odeur iodée plane dans l’air ; parfois
on entend des échos indéfinissables,
venant de très loin.
Le groupe progresse et traverse une
immense pièce, toujours dans la pé-
nombre. Avec un test de Découverte
2, un personnage peut remarquer les
structures de la Sphère du passé : ils
sont dedans. Dès que le groupe est
dans la pièce, une lourde porte blin-
dée se ferme derrière eux et une voix
robotique proclame : « Traumatismes
SCÉNARIO | 177
178 | SCÉNARIO
THINGS FROM THE FLOOD
détectés, lancement de la pro-
cédure ». Un écran au milieu de
la pièce s’allume. Des images
s’affichent rapidement. On y voit
des photos d’articles de journaux
illustrant le parc mais surtout la
découverte des corps des enfants.
Décrivez au groupe une sensation
de déjà vu, un souvenir atroce et
refoulé dans leur mémoire, leur
cœur bat la chamade. Après les
photos, c’est une archive du JT
de mauvaise qualité qui apparaît
avec un son parasité par des bruits
blancs :
« Macabre découverte en ce 16
mai 92 […] corps de Cécile […] et
Julien, deux jeunes collégiens ont
été retrouvés morts […] sans vie
dans le lac de Discovery Land
[…] les enfants ont négligé […]
de sécurité d […]. Laurent Tro
[…] responsable de […] est jugé
responsable. »
Le poste s’éteint. Une vibration
secoue la pièce pendant quelques
secondes. Le champ de vision de
chaque ado diminue, leur tête
tourne, ils ont une violente sensa-
tion de vertige et tombent.
Quand ils rouvrent les yeux,
ils ne sont plus dans cette pièce
sombre, mais dans un vestiaire.
Vous pouvez lancer une playlist
de musique du land en fond, très
ténue, pour renforcer l’immersion.
Ils sont dans un backstage du
parc réservé aux cast members
(employés du parc). Il s’agit d’un
vestiaire et d’une remise où sont
entreposés du matériel de net-
toyage tel que des balais, des sacs-
poubelles et des gants. Dès qu’ils
sortent du back-stage, mettez la
musique à un volume normal.
Laissez le groupe profiter du
parc quelques instants dans Main
Street. Lorsqu’ils entrent dans cet
espace, décrivez-leur l’endroit.
Pour le moment il n’y a pas de
notion du temps, ni d’élément
frappant : en cinq ans, le parc n’a
pas beaucoup changé.
Chapitre 2 : Le parc
Les enfants sont maintenant
dans le parc et doivent tenter
d’empêcher leurs camarades de
disparaître. Nous vous conseillons
de prendre connaissance du plan
du parc en 1992. Ce scénario étant
un bac-à-sable, vous pouvez utili-
ser un des itinéraires suggérés plus
haut, ou vous laisser porter par le
groupe.
Pour vous aider, voici quelques
conseils. Vous trouverez égale-
ment ci-contre, en encadré, un
compte à rebours des événements
qui se déclenchent au fil du temps.
• Gérer le rythme : Afin de gar-
der une certaine tension, n’hési-
tez pas à rappeler le temps qui
passe : « La parade de 14 h va
commencer », par exemple. C’est
vous qui gérez le rythme et donc
le temps. Ne les pressez pas sys-
tématiquement, faites-le quand
vous sentez que la tention est re-
tombée et que le groupe semble
avoir perdu la notion d’urgence
de leur mission.
• Gérer la filature : Les ados ne
doivent pas pouvoir rattraper
facilement l’enfant hypnotisé par
J.O.E. Donnez-leur des informa-
tions telles que « Vous pensez
l’avoir vu passer par là » après
un test de découverte. Vous pou-
vez aussi leur donner l’espoir de
mettre la main dessus, et au der-
nier moment, faire intervenir un
antagoniste pour les séparer, les
ralentir ou les bloquer.
• Des indices sur l’existence
de J.O.E : Les ados pour-
raient être témoins de la prise
de contrôle d’un animatronique
auparavant gentil, qui s’attaque
ensuite à eux, ou trouver un ani-
matronique qui a peur de « à
nouveau perdre le contrôle » etc.
Vous pouvez également rendre le
groupe victime des phéromones
de dopamine dans les attractions
pendant quelques minutes. Par
exemple, un tour de Big Thunder
Mountain les rend euphoriques
au point d’oublier leur priorité.
Ce qui devrait se dissiper à l’arri-
vée, et les alerter que ce senti-
ment était anormal, comme si on
les avait drogués.
• Ils veulent tout anticiper :
Il est probable que votre table
souhaite anticiper l’enlèvement.
Dans ce cas, rappelez leur qu’ils
ne savent pas exactement quand
et comment leurs camarades ont
disparu. Prendre en filature le
groupe scolaire est une bonne
idée, mais ils seront gênés par
la foule (bousculades, l’enfant se
faufile, court, prend un passage
étroit, un antagoniste intervient).
Le groupe peut aussi vouloir
attendre l’enfant à la sortie de
l’attraction où ils l’ont vu entrer :
ils verront uniquement son siège,
vide, revenir.
• Le groupe est perdu : Si votre
table a perdu la trace d’un enfant,
malgré un test de Découverte,
placez un indice subtil au bout
de quelques minutes comme :
« Vous avez l’impression d’avoir
reconnu sa frimousse mon-
ter dans cette attraction ». Ou
encore : « Vous cherchez Julien
depuis de longues minutes en
vain, mais vous remarquez
qu’un antagoniste surveille très
attentivement l’entrée d’une
attraction… »
• Le groupe veut faire appel
au staff et faire scandale :
Partez du principe que dans
le jeu, les adultes ne croient
jamais le groupe. La plupart
 des interactions publiques avec
des animatroniques seront vues
comme un spectacle, et si les
ados sont vraiment en panique,
aucun adulte ne voudra s’en mê-
ler. Faites en sorte que ces alter-
cations en public aient lieu loin
des attractions, ce qui justifie
l’absence de cast members.
Chapitre 3 : Épilogue.
Après qu’ils ont affronté J.O.E,
laissez chaque joueur décrire
ce que ressent leur personnage.
Décrivez ensuite un calme qui les
saisit, comme après une tempête.
S’ils ont Julien avec eux, ils
peuvent le ramener au groupe
scolaire.
Choisissez un moment d’accal-
mie, durant lequel le groupe est
un peu seul pour lancer la fin :
le temps ralentit brusquement
autour d’eux, puis se fige. Ils en-
tendent une voix dans leur tête :
« Traumatisme réparé.
Protocole TR numéro 42 TRX0078
achevé. Activation du protocole de
retour. »
Leur champ de vision se trouble
et s’obscurcit jusqu’à n’être plus
que ténèbres.
Puis, leur vue leur revient : ils
sont dans la salle de la sphère.
Celle-ci n’a plus d’énergie, seules
restent les signalétiques de se-
cours, et la porte se rouvre. Il est
temps pour les enfants de trouver
le chemin du retour à la maison.
Laissez les ados discuter entre
eux de cette expérience, deman-
dez-leur comment ils se sentent.
Concluez par un retour à la nor-
male, avec une scène du quotidien.
Les ados voudront peut-être véri-
fier rapidement s’ils ont réellement
sauvé leurs camarades, en allant
chez eux ou à leur planque.
Ils trouveront alors Cécile et
Julien. Ils se comportent comme
s’ils avaient toujours été présents,
racontant des anecdotes sur la vie
des personnages. Ils seront proba-
blement surpris de l’attitude de ces
derniers (pleurs de joie ou interro-
gatoire, par exemple.) se deman-
dant quels délires ils ont encore
vécu. Évidemment, aucun adulte
ne comprendra les personnages.
Laurent Trottier est également
en vie. S’il est proche d’un des en-
fants, les retrouvailles seront pro-
bablement très émouvantes.
Mais ce n’est pas un rêve. Ils
sont vivants et bien là, un sourire
radieux sur le visage, prêt à passer
tout l’été avec eux.
Aurélie Pailhez
Illustrations : Gauvin Rémy

Le compte à rebours
Il peut se passer des heures entre différents points du compteur ou bien quelques minutes, selon votre bon vou-
loir. Cet outil vous permet de garder un œil en une liste de tout le déroulé de ce scénario.
• J.O.E. manipule le premier enfant, Cécile, et la promène dans le parc pour augmenter son taux de dopamine.
• J.O.E. commence à réaliser que des adolescents suivent l’enfant et lui fait prendre des passages pour espérer
semer le groupe.
• Dès que les enfants ont retrouvé Cécile, J.O.E. se met à manipuler Julien à son tour.
• Les animatroniques dans les attractions sont hostiles au groupe.
• Des antagonistes interviennent pour menacer et ralentir le groupe.
• Les antagonistes ont reçu l’ordre de capturer le groupe, mort ou vif.
• Un allié se sacrifie face à des antagonistes pour que le groupe avance.
• J.O.E. fait entrer le 2e enfant, Julien, dans son repaire.
• L’enfant est “dévoré” par la machine.

SCÉNARIO | 179
180 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
En quelques mots…
Les PJ, simples miliciens,
sont amenés à sauver le
Duc de Basseau d’une
tentative d’assassinat. En
raison de leurs exploits,
ils sont invités à travailler
pour celui-ci. Ils pourront
explorer son château et ses
secrets, découvrant plusieurs
mystères occultes. Après
une courte investigation,
l’armée ennemie va sonner
aux portes de la ville. Entre
espionnage, sabotage et
siège, les PJ auront fort à faire
pour sauver Basseau. Tout ça
se déroulera au-dessus d’un
démon redoutable, dont la
libération pourrait ravager
le pays.
Fiche technique
TYPE • action / guerre /
investigation
PJ • niveau 5
MJ • Expérimenté
Joueurs • Expérimentés
ACTION 
AMBIANCE 
INTERACTION 
INVESTIGATION 
GUERRES ET SUCCESSIONS,
DEUXIÈME PARTIE :
L’EXÉCUTION PUBLIQUE
Le deuxième volet de cette aventure où se mêlera guerre,
magie ancienne et cauchemars dans un château occulte. Les PJ
pourront-ils faire triompher le duc de Basseau et apprendre ses
La guerre
est mal engagée
Il y a quinze jours les armées du Duc
et du Comte se sont affrontées dans
les plaines au sud de Basseau, sur les
terres du Comte. L’armée du Duc s’est
fait massacrer et nombre de ses vas-
saux ont péri lors de la bataille qui s’est
achevée en carnage.
Le Duc fut blessé au visage et il ne
dut la vie sauve que grâce à l’interven-
tion intrépide de Galnord de Vassekoff,
son fidèle chevalier. Depuis, il est re-
tranché dans sa forteresse de la cité
de Basseau et tout le monde vit dans
l’attente de l’attaque du Comte. Les
troupes du Duc sont exsangues et ses
dernières forces sont celles de la ville
de Basseau.
Tout le monde espère une interven-
tion du roi Noleski Surtova, mais celui-
ci demeure silencieux : ce n’est pas
contre son autorité que ses nobles se
battent et, pour l’instant du moins, il
préfère attendre pour remettre dans le
rang ses turbulents vassaux.
Introduction des PJ :
guerre froide à Basseau
Premiers jours de Sarenith.
Depuis leur dernière aventure, les PJ
ont passé du temps à Basseau (voir le
terribles secrets ?
numéro précédent) à travailler en tant
que miliciens. Trois semaines sont
passées depuis leur première aventure
et Baldric, le sergent d’arme des PJ, a
averti ceux-ci que leur enquête a attiré
l’attention du Duc sur eux. Harald de
Valsqueski a tenu parole : il a écrit un
rapport élogieux sur les aventuriers,
qui a été lu par le Duc en personne !
Voici les dernières informations
qu’ont appris nos PJ et qui servent à
mettre en place cette deuxième partie
de l’aventure :
• Un espion va être exécuté demain sur
la Grand-Place de Basseau et le Duc
lui-même va assister à l’exécution.
• La défaite du Duc lors de la bataille
des Plaines de Basseau face au Comte
Manfred l’a rendu encore plus taci-
turne qu’à l’accoutumée. De toute
façon il n’est plus le même homme
depuis que son jeune fils est mort à la
naissance. Des rumeurs courent sur
le fait que son enfant était un mutant
du Chaos et que le Duc est un adora-
teur des démons, ce qui l’a profondé-
ment meurtri.
• Le Duc avait répudié sa femme la
Duchesse Sveta de Lebeda juste
après l’accouchement.
• Après la défaite du Duc sur les
champs de bataille, tout le monde
s’attend à ce que la ville soit attaquée.
Des travaux ont été réalisés pour
SCÉNARIO | 181
182 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
Protagonistes
des scènes
Dame Corbeau
Son but est de tuer le Duc, puis
de s’échapper pour délivrer des
informations capitales au Comte
Manfred.
Apparence : Femme athlétique
aux yeux, cheveux et habits
couleur de jais.
Alignement : Neutre mauvais.
Caractéristiques : Assassin
(GdM page 215).
Les assassins
et Tiburce l’espion
Ce sont des hommes sans foi
ni loi mais intrépides et auda-
cieux. Prêtant allégeance à la
Dame Corbeau, ils sont prêts à
tout pour réussir leur mission.
Apparence : Habillés en citadins
quelconques, ils dissimulent
sur eux des épées acérées.
Alignement : Neutre mauvais.
Caractéristiques : Bandits (GdM
page 212) et pour Tiburce uti-
lisez l’Espion (GdM page 211) ;
Tiburce l’espion n’ayant pas
d’armure sur lui, sa CA est de 22.
Les gardes noirs
Apparence : Des chevaliers en
armures de plaques noires et
montés sur des chevaux de
guerre.
Alignement : Loyal neutre.
Caractéristiques : Garde du
palais (GdM page 210) avec les
modifications suivantes : leur
CA est de 23 car ils portent des
armures de plates et ils sont
armés d’épées longues à la
place des hallebardes (dégâts
1d8 + 7, polyvalente P).
améliorer les défenses de la cité
et tous les gens valides ont reçu
un entraînement aux armes.
• Les armées du Comte ravagent
les campagnes du fief ducal ; le
Duc a envoyé des troupes pour
les attaquer.
• La tâche principale des PJ
consiste à fouiller tous les
convois entrant ou sortant de la
ville pour repérer d’éventuels es-
pions ou messages transmis aux
forces ennemies.
L’exécution publique
Ce soir, la Grand-Place est bour-
rée de monde. Les PJ y patrouillent
et toute la population s’est massée
pour assister à l’exécution de l’es-
pion nommé Tiburce. Celui-ci a
été arrêté alors qu’il envoyait des
renseignements sur la ville via des
pigeons voyageurs. L’ambiance
est électrique : le peuple attend de
voir du sang couler.
Arrive l’odieux cortège : un
tombereau tiré par deux chevaux
transporte un prisonnier misérable
pieds et poings liés, à genoux. La
charrette est entourée par des sol-
dats en armes qui repoussent ceux
qui tentent de déchiqueter de leurs
mains le supplicié. Derrière arrive
le Duc à cheval. Il est accompagné
par sa garde personnelle compo-
sée de dix cavaliers portant des
harnois complets peints en noir.
La foule laisse éclater sa joie : les
gens saluent celui qu’ils espèrent
être leur sauveur. Le convoi se
dirige vers une estrade en bois sur
laquelle attend un bourreau au vi-
sage caché par une sinistre cagoule
noire. Sur le chemin, le prisonnier
devient la cible de projectiles. Une
pierre le heurte en pleine tête, ce
qui fait exulter la population ! Un
soldat tout proche le remet bru-
talement sur ses genoux. Les in-
sultes fusent, des malédictions lui
sont lancées, on lui promet mille
souffrances.
Le Duc vient se placer à côté de
l’estrade alors que l’on y fait mon-
ter le prisonnier dessus. Il déclame
un long discours dans lequel il
fustige les ennemis du duché et le
Comte félon.
La tentative
d’assassinat
Faites faire aux PJ un test en
Perception DD 29 pour repérer
Dame Corbeau, une assassine, qui
se déplace sur les toits pour trou-
ver un bon angle de tir pour assas-
siner le Duc. Si les PJ réussissent,
pendant le discours, ils verront
une silhouette armée d’un arc, tout
de noir vêtue, qui passe de toit en
toit. Personne ne semble l’avoir vu.
La place étant bondée de monde,
il y a peu de chance que les PJ
puissent la traverser ou atteindre à
distance l’assassin car, en tant que
miliciens, ils n’ont pas dans leur
équipement des armes de tir.
Ils peuvent tenter d’avertir le
Duc en hurlant, mais en raison des
bruits ambiants, ils doivent réussir
un test d’Athlétisme DD 15 pour
se faire entendre. Si les PJ réus-
sissent ce jet, le Duc réagira et se
positionnera en défense, protégé
par ses gardes noirs. L’assassin
sur le toit, se sachant ainsi repéré,
tirera précipitamment et ratera le
Duc : la flèche se fichera dans un
garde noir, qui mourra sur le coup.
Si les PJ n’arrivent pas à repérer
l’assassin et donc à avertir le Duc,
l’assassin aura le temps d’ajuster
son tir et touchera le Duc en pleine
poitrine, qui s’effondrera au sol,
inanimé…
Dans les deux cas, l’assassin
tirera encore et encore pour tuer
le plus de gardes noirs avant de
s’enfuir.

Réaction de la foule
Que le Duc ait été touché ou non,
après quelques instants, la popu-
lace comprend ce qui se passe et
un mouvement de panique s’en-
suit : tout le monde se met à cou-
rir en tous sens. Parmi les specta-
teurs, des hommes dégainent leurs
armes et essaient de se frayer un
chemin vers le Duc dans le but de
l’occire au cas où il serait encore en
vie après le tir !
Le chariot qui tirait le tombe-
reau se met soudain en branle,
car les chevaux paniqués galopent
pour fuir, alors que le conduc-
teur, complètement surpris, se
retrouve projeté au sol, tué sur le
coup, la nuque brisée. Les gardes
noirs, quant à eux, déplacent leurs
montures pour effectuer un mou-
vement défensif mais, durant cette
manœuvre, ils ne voient pas trois
assassins se dirigeant vers le Duc.
Que vont faire les PJ ? Proposez-
leur d’agir héroïquement durant
cette scène.
Découpez les scènes suivantes
en rounds de combat durant les-
quels les PJ essaieront d’agir. Ceux
qui le feront glaneront quelques
points d’Estime (l’estime du Duc
à leur égard) ainsi que des points
de Tactique qui pourront servir
durant la bataille à venir.
A) Aider le Duc
• À chaque round : Le tireur tue un
garde noir. Il y en a 10 au début
de la scène.
• Premier round : Un des
gardes noirs descend de sa mon-
ture pour ramasser le Duc s’il a
été blessé. Les trois assassins,
arme au poing, s’approchent
sans être vus. Si les PJ veulent
s’approcher, il doivent réussir
soit un jet de d’Athlétisme, soit
un jet d’Acrobatie DD 15 pour
avancer dans la foule qui, dans
la panique, court en tous sens !
Les PJ doivent utiliser leurs trois
actions pour atteindre le Duc. En
cas d’échec, les PJ se retrouvent
bousculés ou piétinés par les
gens en panique : ils perdent
alors 1D6 points de vie. Quand ils
auront réussi à atteindre le Duc,
ils devront effectuer un test de
Diplomatie DD 15 sans quoi
les gardes noirs encore en vie les
attaqueront sans distinction !
• Deuxième round : Si le Duc
est au sol, le garde noir descendu
pour ramasser le Duc le monte
sur son cheval, sinon le Duc fer-
raille sans distinction quiconque
passe à sa portée.
• Troisième round : Les gardes
noirs attaquent sans distinction
quiconque passe à leur portée…
même des gens paniqués que ne
veulent pas attenter à la vie du
Duc…
• Quatrième round : Le garde
noir qui a éventuellement ra-
massé le Duc monte sur la même
monture. Les trois assassins,
épées au clair, attaquent alors
par surprise le reste des gardes
noirs qui ne les ont pas repérés.
• Cinquième round : Les trois
assassins tuent 3 gardes noirs, il
ne reste plus que 2, dont celui qui a
peut-être ramassé le Duc. Ce garde
éperonne sa monture et fonce
pour s’échapper de là (le Duc fai-
sant de même s’il n’est pas blessé).
• Sixième round : Le garde
noir qui porte éventuellement le
Duc (ou le Duc s’il est indemne)
ne peut plus être atteint par le
tireur, qui le manque, ni par les
trois assassins à pied. Il fonce à
bride abattue vers la forteresse.
Le deuxième garde noir, quant à
lui, affronte les trois assassins à
pied pour protéger la fuite de son
compagnon : il sacrifie sa vie.
Note au MJ : Un PJ qui se dis-
tingue ici en affrontant les trois
assassins mérite alors 3 points
d’Estime.
B) S’occuper de l’assassin
caché sur le toit
Les PJ le voient dès que celui-ci
tire. Il tire entre 5 à 6 rounds, puis
file pour s’échapper. Un PJ qui
voudrait s’occuper de l’assassin
devra franchir une suite d’obs-
tacles (une tentative par round en
cas de test) :
• Traverser la foule Jusqu’au
bâtiment où se trouve le tireur :
Athlétisme ou Acrobatie
DD 15. En cas d’échec, les PJ
sont bousculés et perdent 1D6
points de vie.
• Gravir les escaliers : demande six
actions.
• Atteindre le toit : une action et
Athlétisme DD 15 pour passer
par une fenêtre.
• Courir sur les toits : Garder
l’Équilibre (Acrobatie DD 15)
sur un sol inégal (LdB page 476).
Un échec critique indique une
chute depuis le toit, ce qui repré-
sente 10 mètres de hauteur (15
points de vie).
Le tireur est monté sur les toits
par une cour intérieure et il utilise
une corde pour redescendre (ce
qui lui prendra plus ou moins de
temps selon ses réussites d’Ath-
létisme). Dès qu’il arrête de tirer,
il met deux rounds pour rejoindre
cette corde à partir de sa planque.
Donc, selon le temps que met le PJ
à le rejoindre (en sachant qu’il faut
un round pour rejoindre l’assassin
à partir de l’endroit d’où arrive le
PJ), le MJ devra simuler la scène
selon l’avance de Dame Corbeau.
Dès qu’elle a rejoint la petite cour,
elle file dans la cité et disparaît.
Note au MJ : un PJ qui se dis-
tingue ici en tuant ou contraignant
SCÉNARIO | 183
184 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
le tireur à se rendre mérite alors
2 points d’Estime ainsi qu’1
point de Tactique, car l’assassin
connaît beaucoup de secrets sur la
ville ainsi que sur ses défenses, et
ne peut les transmettre au Comte.
C) Maîtriser le tombereau
Note au MJ : Pour plus de pré-
cision quant à cette scène, consul-
tez les règles du GdM en page 174.
Les chevaux deviennent fous et le
tombereau s’ébranle avant de fon-
cer dans la foule, roulant en tous
sens. Durant six rounds, le tombe-
reau écrase 1D3 personnes qui se
trouvent sur sa route. Un PJ doit le
reprendre le contrôle du véhicule
qui sinon, finira sa course contre un
mur, tuant les chevaux sur le coup !
Note au MJ : Un PJ qui se dis-
tingue ici en maîtrisant le tombe-
reau mérite 1 point d’Estime.
D) Le prisonnier
s’échappe
Dans la confusion générale, le
bourreau se retrouve seul avec le
prisonnier. Deux assassins, cachés
parmi la foule en pleine panique,
dégainent des épées et se dirigent
vers l’estrade pour libérer l’espion.
• Premier round : Les deux
assassins progressent comme ils
peuvent dans la marée humaine.
Un PJ peut tenter d’atteindre
l’estrade avec un test d’Acro-
batie ou d’Athlétisme DD 15
pour avancer dans la foule qui,
dans la panique, court en tous
sens. Un PJ doit dépenser ses
trois actions pour atteindre
l’estrade sur laquelle se trouve
l’espion. À chaque échec, le PJ se
retrouve bousculé ou piétiné par
les gens en panique : non seule-
ment il ne progresse pas, mais en
plus il perd 1D6 points de vie.
• Deuxième round : Les deux
assassins progressent comme ils
peuvent dans la marée humaine.
Comme ils sont gênés dans leur
avancée, ils n’hésitent pas à tuer
de pauvres hères paniqués.
• Troisième round : Les deux
assassins atteignent l’estrade.
• Quatrième round : Les deux
assassins tuent le bourreau.
• Cinquième round : Les deux
assassins libèrent l’espion, le dé-
tachent et lui donnent une épée.
• Sixième round : les deux as-
sassins et l’espion se mêlent à
la foule et disparaissent dans la
cité…
Note au MJ : Un PJ qui se dis-
tingue ici en tuant les deux assassins
et en maintenant l’espion prison-
nier, mérite alors 1 point d’Estime
ainsi que 2 points de Tactique, car
l’espion connaît beaucoup de se-
crets sur la ville et sur ses défenses.
Ainsi, ces informations d’une ex-
trême importance, qui ne tombe-
ront pas entre les mains du Comte,
donneront un sacré avantage pour
la bataille à venir…
Épilogue de ce jour
Quoiqu’il arrive, le Destin a dé-
cidé d’épargner le Duc qui, blessé
ou non, parvient à se réfugier dans
son château. Si les PJ sont interve-
nus avec brio, des soldats de la cité
viennent les féliciter et mettent sous
les verrous les éventuels prisonniers
qu’ont pu faire les personnages. Si
les PJ n’ont pas bougé ou s’ils n’ont
pas réussi à stopper les assassins,
ceux-ci disparaîtront dans la na-
ture. L’exécution publique, bien évi-
demment, sera quant à elle annulée,
au grand désarroi du public.
Invités
au château
Deux jours après ces attaques,
les PJ sont invités par le Duc au
château grâce à leurs précédents
exploits. Alors qu’ils terminent
leur service, un messager envoyé
du château leur confie une lettre
signée du Duc.
« Par la Présente,
Nous, Kosek de Lodovka-
Basseau, Duc de la très Bonne Cité
de Basseau, souhaitons rencon-
trer vos personnes en bel appa-
reil suite à vos exploits fameux
et courageux. Rendez-vous est
pris en Notre Belle Demeure dans
Deux Jours Révolus à la nuit tom-
bante. Cette lettre vaut pour un
laisser-passer ».
Le château impose par sa taille et
son architecture. Sa silhouette est
éclairée par des braseros auprès
desquels se réchauffent quelques
sentinelles. Après être passés par
les premiers systèmes défensifs
sous les regards scrutateurs des
gardes, les PJ arrivent dans la
cour intérieure et y sont accueil-
lis par deux valets qui les mènent
jusqu’au Duc. L’intérieur est lu-
gubre, glacial et sombre.
Les valets mènent les PJ jusqu’à
leurs chambres chauffées, des ca-
deaux du duc.
Note au MJ : Perception DD
20 : Ceux qui réussissent ne se
sentent pas à l’aise, ils sont par-
courus par un frisson, leur ins-
tinct leur dit que quelque chose
ne va pas. Si un PJ demande à
l’un des valets ce qu’il se passe
ici, celui-ci répondra alors
laconiquement :
« Ce lieu est propice aux rêves.
Aux mauvais rêves. Ne vous
en faites pas, à la longue on s’y
habitue ».
Note au MJ : Il faut insister sur
le côté sombre et inquiétant du
lieu. Il s’agit surtout d’une atmos-
phère et non pas de décorations
macabres ou d’autres fioritures
étranges.

Les vortex d’énergie
magique et les lignes
Ley
Le château est le siège d’un puis-
sant nœud tellurique (de niveau
15) appelé aussi vortex d’énergie
magique.
On trouve des vortex d’énergie
magique à certains endroits pré-
cis du monde de Golarion. Ils sont
invisibles (sauf avec Détection
de la Magie ou Vision Lucide)
et sont reliés les uns aux autres par
des lignes de force : les lignes Ley
qui sont connectées entre elles à
travers le monde par un maillage
de puissance magique.
De drôles de rêves
Les vortex d’énergie magique du
château provoquent de drôles de
rêves. Chaque nuit passée, les PJ
doivent faire un test de Volonté
DD 25. Celui qui échoue se re-
trouve alors dans un rêve qui est
quasiment une réalité alternative,
et cela, chaque nuit tant qu’il ne
réussit pas son jet de Volonté.
Il va vivre cette scène : le PJ se ré-
veille tout à coup dans sa chambre.
Il est seul dans le château. Il sent
une présence menaçante, et quel
que soit le chemin qu’il emprunte
celui-ci le conduira devant les
grilles des cryptes. Les deux
gardes normalement présents en
faction sont absents. Une présence
hostile et impie se tapit dans les
ténèbres… les grilles s’ouvrent
alors et la température baisse…
les toiles d’araignées se mettent
à trembler, car un courant d’air
s’intensifie. Pris de panique, le PJ
s’enfuit, mais il sent sur ses talons
une créature grondante comme le
tonnerre qui progresse toujours
plus vite. Puis sa course est stop-
pée, car son corps se couvre d’une
couche de givre et le PJ s’effondre
au sol. Il se réveille dans son lit, la description d’un balor mais,
trempé de sueur. Il ne retrouvera au lieu d’être une créature de
pas le sommeil. Le PJ est Fatigué flammes, il s’agit là d’une créa-
pour toute la journée. ture de froid et de glace).
Note au MJ : Un test de
Perception DD 10 (si l’on
Description fouille) permet de trouver une
du château dalle gravée de litanies glorifiant
A - Chapelle : Elle est dédiée à les ducs de Basseau. Cette dalle
Iomédae, la déesse de l’honneur, peut visiblement être descellée et
de la justice et du courage au contient la crypte des ducs et des
combat. Ses pierres moussues membres de leur famille. Sidonia
ainsi que son architecture in- peut accepter d’ouvrir la crypte si
diquent une date de construction les PJ argumentent et réussissent
antérieure à celle du château. un test de Diplomatie DD 15, ou
Sa toiture, faite de tuiles noires, de Duperie.
est envahie par des mousses qui B - Donjon : Bâtiment aux murs
prolifèrent. Des gargouilles aux épais et à la hauteur impression-
visages presque effacés crachent nante. Un fossé profond sépare
tout leur fiel aquatique en di- la basse-cour du reste du châ-
rection du sol. Mais une fois à teau. Si l’on descend dans les
l’intérieur, on se sent immédia- profondeurs du donjon, on arri-
tement en sécurité, car ce lieu de vera dans les geôles. Les esca-
culte est dédié à une puissante liers descendent encore jusque
divinité du bien. Un rituel de dans des cryptes fermées par des
Consécration y a été réalisé. grilles en acier et surveillées par
Il est permanent et a été inten- deux gardes. Si les PJ viennent
sifié, ce qui procure un effet de ici sans autorisation, les gardes
Verrou Dimensionnel ; voire les chasseront manu militari. Il
LdB page 411 pour ses autres ef- existe d’autres passages secrets
fets. Sidonia d’Arckewics, la prê- permettant de quitter le château
tresse, s’y trouve souvent et y re- en toute discrétion.
copie des livres saints. Un vitrail C - Tour d’angle
représente la région couverte de D - Tour d’angle
neige où s’affrontent un Solar et E - Pont : Il domine le fossé et
un démon de glace (identique à il est défendu par deux portes
La crypte de la chapelle
La crypte renferme les tombes des Ducs et des membres de leur fa-
mille qui y dorment d’un sommeil éternel. Leurs cercueils de plomb sont
installés dans des niches creusées dans les parois. Plus on avance le
long de la crypte, plus on s’approche des morts récents. Dans la dernière
salle, on trouve facilement une urne funéraire en étain sur laquelle est
gravée un prénom ainsi qu’une date : « Ladislas. 4714 ». Si le couvercle
de l’urne est retiré, on pourra y voir de la cendre ainsi que quelques frag-
ments d’os qui ont survécu aux flammes. Un PJ réussissant un test de
la compétence de Médecine (Expert) DD 20 reconnaîtra des ossements
d’enfants.
SCÉNARIO | 185
186 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
 avancées (E & E’) ainsi que deux
corps de garde (F & F’).
F & F’ - Corps de garde : Des
soldats veillent ici à la sécurité
du château.
G - Porte : Munie d’un système
de doubles herses et de vantaux
renforcés.
H- Salle des gardes :
Casernement des nombreux sol-
dats en poste ici.
I - Courtine
J - Petite cour
K - Cour intérieure
L - Bâtiments de service à
deux étages (réserves diverses)
M - Appartements d’habita-
tion à trois étages Desservis
par un grand escalier en M’ : ici
vit le Duc et les chambres des PJ
sont également situées là. Les
chambres sont fonctionnelles
avec une décoration réduite.
N - Vastes magasins Voûtés
avec caves et celliers
O - Salle d’entraînement : Ici
s’entraîne le Duc et ses hommes
à l’escrime et au combat en
général.
P - Cuisines
P’ - Escaliers : Menant des cui-
sines jusqu’à la cave.
Q - Petit escalier
R - Cour particulière : Lorsque
le Duc souhaite prendre l’air, il
vient ici.
S - Tour d’angle
T - Tour d’angle
U - Escaliers : Ceux-ci mènent
des salles des gardes jusqu’au
rempart qui ceinture le donjon.
V - Rampe : Elle permet d’accé-
der de la cour jusqu’au chemin
de ronde du donjon.
W - Latrines
X - Poterne
X’ - Chemin de ronde infé-
rieur voûté
X’’ - Souterrain : Ici, une source
d’eau pure et fraîche permet
d’alimenter le château.
Y - Poterne avec pont-levis
Z - Cage d’escaliers : Permet
d’aller du souterrain jusqu’au
chemin de ronde du donjon.
Le premier repas
Quand les PJ auront fini de s’ins-
taller dans leurs chambres, un
valet viendra les chercher et les
mènera dans une salle du rez-de-
chaussée des appartements d’ha-
bitation (en M). Une grande table
remplie de victuailles a été instal-
lée. Plusieurs personnes sont déjà
là : le Duc, le connétable Galnord
de Vassekoff, le chambellan
Nicolaï Duclinoska et la prêtresse
portant le symbole de Iomédae :
Sidonia d’Arckewics. Tout autour
se tiennent des domestiques et des
valets qui attendent de servir le
repas, ainsi que des gardes.
Réactions du duc
Pour ce premier entretien, mesu-
rons les points d’Estime que les
PJ ont peut-être glanés pour voir
l’attitude de Kosek à leur égard.
0 point : Le Duc est désagréable
avec ce PJ (Inamical) et feindra
d’ignorer cet aventurier sans
honneur.
1 & 2 points : Le Duc se montre
respectueux et échange des re-
gards sympathiques avec ce PJ
(Amical).
3 points : Le Duc, impressionné,
louera le courage du PJ et sera
très sympathique envers lui
(Serviable).
Les autres protagonistes calque-
ront leur attitude sur celle du Duc.
Le Duc prend la tête des discus-
sions. Il explique la situation de la
guerre (voir la section « L’histoire
pour le MJ »). Il conclut en an-
nonçant que d’ici quelques jours,
la ville sera assiégée. Après sa
défaite, le Duc se sait affaibli et est
inquiet. Il demande aux PJ de tra-
vailler pour lui pendant la guerre.
Ils seront ses invités et pourront
aller et venir à leur guise dans le
château, sauf dans la crypte du
donjon. Si on lui demande pour-
quoi, le Duc répond seulement que
cet endroit est interdit et qu’il est
le seul à en posséder la clé.
Si des prisonniers ont été faits,
le Duc propose aux PJ de venir
les voir avec lui demain dans les
geôles du donjon (voir la sec-
tion « Torturés »). Le reste du
repas se passe tranquillement, le
Duc, friand de belles aventures,
demande aux PJ de lui expliquer
leur enquête en détail. Puis tout le
monde ira se coucher alors qu’une
cohorte de domestiques débar-
rasse la grande table.
Torturés
Si le Duc possède des prisonniers
dans ses geôles, il viendra chercher
les aventuriers le matin. Il leur ex-
pliquera que le ou les prisonniers
ont enfin parlé. Avec les autres
protagonistes du château, les PJ
descendront dans les entrailles
de la terre, jusqu’aux geôles. Là,
Orcris le geôlier accueillera obsé-
quieusement le Duc, annonçant
qu’il a réussi à faire parler les
prisonniers.
Ceux-ci ont été envoyés pour
espionner la cité, Dame Corbeau
pour assassiner le duc. Ils ont dé-
taillé les défenses de la ville. Dans
deux jours, le comte et son armée
seront à Basseau. Cette dernière
est constituée de quinze mille
hommes menés par quatre sor-
ciers dits immortels. Après sa vic-
toire, le comte veut faire exécuter
le duc pour acte de sorcellerie. Le
Duc interrompra ici le récit :
« Acte de sorcellerie ? J’en ai
plus qu’assez de ces dénégations
et mensonges qui entachent mon
SCÉNARIO | 187
188 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2

honneur. Mon fils était un mutant

et cela était la faute de ma femme
que j’ai répudiée et qui vit désor-
mais cloîtrée et passe ses journées
dans la prière. Maintenant, je
vais te montrer ce qu’il en coûte de
m’insulter… ».
Le Duc se reprendra cependant,
et laissera la vie au prisonnier.
Abattu, il restera seul pour le reste
de la journée.
Note au MJ : Les prisonniers ont
des informations importantes qui
serviront lors de la bataille. Elles
se traduisent techniquement en
points de Tactique qui seront uti-
lisés pour déterminer l’issue de la
bataille.

Questionner
les protagonistes
Au château, les PJ ont deux jours
pour interroger les protagonistes
et en apprendre plus sur l’histoire
du duc Kosek. Ceux-ci seront sou-
lagés de se confier.
Note au MJ : Poussez les PJ à
enquêter. Ces informations seront
primordiales pour la prochaine
partie.
Chaque PNJ possède plusieurs
informations. S’il y en a trois, la
troisième devra être donnée uni-
quement si un PJ réussit dès sa
première entrevue une réussite cri-
tique lors du jet de Diplomatie.

Première question :
au sujet de l’étrangeté
du château
Connétable,
Galnord de Vassekoff
• « C’est une forteresse admirable,
n’est-ce pas ? Ceux qui veulent
nous assiéger ne sont pas au
bout de leurs peines ! »
• « Au début, j’ai eu du mal à m’ac-
climater à ce sombre lieu, mais à
la longue, je m’y suis fait. »
• « Les cryptes sont interdites,
seul le Duc peut donner l’autori-
sation de s’y rendre. Les vieilles
pierres gardent souvent de
sombres secrets. »
Chambellan,
Nicolaï Duclinoska
• « Le château est étrange ? Au vu
de la situation actuelle, on n’a
Gens du château
Le Duc Kosek
de Lodovka-Basseau
Noble fier et arrogant, il est aussi
magnanime envers son peuple. Il
donnerait sa vie pour protéger sa
terre. Il est gardien du démon en-
dormi sous son château et se sait
prêt à le libérer pour se défendre. Il
sait qu’Olaf est le père du fils qu’a
eu Sveta. Il se doute que Ladislas
n’était pas un mutant. Après tout,
il s’agit peut-être d’une punition
envoyée par les dieux pour les pu-
nir de la façon dont l’enfant a été
conçu ? Il n’a pas encore tranché la
question. Taciturne et renfrogné,
il ne délivrera aucune information
aux PJ concernant cette histoire.
Apparence : La force de l’âge, che-
veux très courts et portant le
bouc. Il a une cicatrice sur la joue
gauche depuis la dernière ba-
taille. Son regard bleu acier met
mal à l’aise.
Alignement : Chaotique bon.
Caractéristiques : Guerrier de ni-
veau 10.
Le connétable Galnord
de Vassekoff, capitaine
de la garde noire
Chevalier fidèle, il sert le
duc mais regrette la Duchesse
pas trop le temps de se perdre en
vétilles… »
• « Nous sommes sur un Haut
Lieu chargé de magie. Certains
mages racontent y avoir vu des
formes. Cela arrive parfois… les
courants de magie sont le reflet
de nos pensées, à ce qu’on dit, et
ici elles sont facilement pertur-
bées par ce château lugubre… »
ainsi qu’Olaf et ne comprend pas
ses agissements.
Apparence : Chevalier en armure
de plaques noires. Au château,
il est vêtu de beaux atours qui
restent sobres.
Alignement : Loyal bon.
Caractéristiques : Garde du Palais
d’élite (GdM page 210 et B page
6), mais remplacer la cotte de
mailles par un harnois complet.
Le chambellan
Nicolaï Duclinoska
Conseiller du duc, il garde tou-
jours son calme et trouve toujours
des solutions raisonnables.
Apparence : Un vieil homme de 71
ans vêtu de noir et portant des
bésicles.
Alignement : Loyal neutre.
Caractéristiques : Conseiller (GdM
page 211).
Sidonia d’Arckewics,
prêtresse de Iomédae
Dévouée à son culte, c’est une
aussi une femme d’action qui re-
grette de ne pas prendre part aux
combats.
Apparence : Athlétique, cheveux
courts qui grisonnent dès ses
trente-et-un an.
• « Ce château sert de prison à
un démon très ancien. Je ne l’ai
jamais vu, cette charge est lais-
sée aux Ducs depuis plusieurs
générations… »
Sidonia d’Arckewics,
la prêtresse de Iomédae
• « La première fois que j’ai vu
ce château pour mes prises de
Alignement : Loyal bon.
Caractéristiques : Prêtre (GdM
page 219) avec ces changements
suivants :
Sorts divins préparés : 3e hé-
roïsme, guérison (x3), lumière brû-
lante (x2) ; 2e agrandissement,
arme spirituelle, dissipation de la
magie ; 1er arme magique, coup
au but, sanctuaire ; Tours de
magie (3e) bouclier, destruction
de mort-vivant, détection de la
magie, lance divine, lumière ; Sort
de domaine de prêtre athlétisme
poussé (LdB page 398).
Soldats et gardes
du château
Des soldats fidèles à leur
seigneur.
Apparence : Humains avec casques
à nasal, armures d’écailles, hal-
lebardes, arbalètes et épées
courtes.
Alignement : Loyal neutre.
Caractéristiques : Garde (GdM
page 206) avec les modifications
suivantes :
Corps à corps : hallebarde, +9,
Dégâts 1d10 +4 P (allonge, poly-
valent T)
Corps à corps : épée courte, +9,
Dégâts 1d6+4 P (agile, finesse,
polyvalent T)
SCÉNARIO | 189
190 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
fonctions cléricales, je me suis
dit : Iomédae, protégez-moi du
mal ! »
• « Le château est sous la protec-
tion de Iomédae ; ne vous laissez
pas impressionner par son as-
pect. L’habit ne fait pas le moine,
comme on dit. Vous êtes en sécu-
rité ici plus qu’ailleurs… en par-
ticulier dans la chapelle… »
• « Vous m’avez l’air d’être de
braves et honnêtes gens… ga-
rants d’une certaine moralité, il
me semble. Le château sert de
prison à un puissant démon. Il
ne peut sortir d’ici sans la volon-
té du Duc. Il y a de cela très très
longtemps, il y eut ici un terrible
combat entre Ézéchiel l’Étince-
lant, un Solar, et Kraumauss le
Destructeur, un démon du froid.
Le démon aurait pu devenir un
monarque absolu sur toute la
région si Iomédae n’était pas
intervenue en envoyant son ser-
viteur le flamboyant Ézéchiel.
Le démon ne fut pas tué, mais
mis en sommeil et contenu dans
des sous-sols naturels sous le
château. Son emprisonnement
était assuré par une secte d’ado-
rateurs de Iomédae qui ins-
tallèrent ici une chapelle, tout
en modifiant le château. Cette
secte gardait précieusement une
clé qui, elle seule, peut libérer
Kraumauss. Avec le temps, le
nombre des sectateurs diminua
et vint un jour où ils abandon-
nèrent leur charge de gardiens
au profit des Ducs. Depuis lors,
seuls les Ducs successifs peuvent
atteindre les souterrains… »
Deuxième question :
au sujet de la répudiation
de la Duchesse Sveta
de Lebeda
Connétable,
Galnord de Vassekoff
• « Dame Sveta… Je l’aimais
bien… Elle était éduquée et char-
mante. Dommage qu’elle n’ait
pas donné naissance à un fils
vigoureux. »
• « Sa sage-femme, Ysulde, était
très charmante aussi… dom-
mage qu’elle soit partie lorsque
la Duchesse fut répudiée. Elle
était compétente et s’occupait
de Sveta comme si elle était sa
propre fille. Le Duc en était très
satisfait mais les choses tour-
nèrent mal. La Duchesse donna
naissance à un mutant qui fut
immolé par le feu et ses cendres
furent mises dans la crypte de
la chapelle. Le Duc répudia son
épouse… Cela donna lieu à une
terrible dispute entre lui et Olaf
Sundgersson, un aventurier qui
avait proposé ses services au
Duc depuis plusieurs années.
Ils en vinrent aux mains et ont
failli s’entre-tuer. C’est moi qui
les ai séparés. Olaf est parti pré-
cipitamment, il vit désormais
dans une petite ferme au sud de
Basseau, au village de Tancler à
quatre jours de marche d’ici. »
• « Ne le répétez pas car cela me
coûterait la tête ! Je sais ceci :
Olaf est devenu l’amant de la
Duchesse… Il me l’avait dit un
soir de beuverie en me faisant
promettre de garder ce secret…
Je pense que l’enfant était de lui
d’ailleurs… Peut-être que le Duc
le savait et que c’est pour cela
qu’ils ont failli s’entre-tuer… »
Chambellan,
Nicolaï Duclinoska
• « Il est normal qu’un Duc digne
de ce nom répudie une femme
qui donne naissance à un
monstre… »
• « Comprenez bien ; il est extrê-
mement important que le Duc
cherche à s’assurer une digne
succession. Je n’ai rien contre
Dame Sveta mais il est normal
et juste qu’elle ait été punie. Les
affaires de cœur et de moralité
passent après la politique et les
questions concernant une des-
cendance vigoureuse. Il est pré-
férable qu’Ysulde la sage-femme
soit partie, car malgré ses ta-
lents dans son domaine, je ne
l’estimais pas beaucoup. Je crois
qu’elle faisait de la magie, car
un jour un domestique est rentré
par erreur dans la chambre de
la Duchesse et Ysulde appliquait
sur le ventre de dame Sveta un
étrange cataplasme… De la sor-
cellerie, je pense… ».
• « Tout ce qui entoure la mort du
fils du Duc, Ladislas, est mysté-
rieux. Personne ne l’a vu en vie
à part Ysulde, qui était restée
seule avec la Duchesse. Après
la crémation du petit, Olaf est
devenu rapidement étrange et
sombre. Peu de temps avant son
embrouille avec notre cher Duc,
j’étais allé le visiter dans ses ap-
partements, mais il m’accueillit
très mal, il désirait être seul et se
blâmait de n’être qu’un lâche… Il
ne m’en dit guère plus. »
Sidonia d’Arckewics,
la prêtresse de Iomédae
• « La Duchesse était pieuse. Non
pas que Iomédae était sa divinité
de prédilection, mais au moins
elle la respectait et elle priait
les autres dieux du bien avec
ferveur. Elle n’a pas pu donner
naissance à un mutant du chaos.
Je n’y crois pas. »
• « Je n’aimais pas trop Ysulde
la sage-femme… Un jour, j’étais
allée la voir pour discuter un
peu et mon intuition m’a indiqué
qu’elle cachait quelque chose.
Depuis ce jour, elle m’a évitaé
comme la peste… »
• « Après la mort du petit, le
Duc est venu me demander de
 réaliser une cérémonie funèbre.
Croyant devoir procéder à des
rites d’exorcisme lors de la cré-
mation, quelle ne fut pas ma
surprise quand le Duc me remit
une urne funéraire. Ysulde ne
m’avait pas contactée lors de
la crémation. Elle aurait brûlé
le corps seule ? Sans aide de
quiconque dans le château ?
Exprimant mon étonnement au
Duc, celui-ci me répondit avec
brusquerie que je n’avais qu’à
me mêler de mes affaires… »
Troisième question :
concernant l’enfant
du Duc
Connétable,
Galnord de Vassekoff
• « Je suis triste que cet enfant soit
mort… »
• « L’enfant du Duc n’était pas un
mutant, mais je pense qu’il a été
assassiné sur ordre du Duc qui
savait que ce n’était pas son fils
mais celui de Olaf Sundgersson…
Ce dernier est parti à Tancler,
un petit village au sud d’ici… à
quatre jours de marche… »
Chambellan,
Nicolaï Duclinoska
• « En tant que chambellan, j’au-
rais aimé être là lors de la cré-
mation du petit, mais Ysulde a
préféré prendre les devants sans
concerter personne. Depuis, je
ne parle plus de cette histoire.
Un jour, j’ai évoqué le souvenir
d’Olaf, le grand guerrier qui
avait prêté serment d’allégeance
au Duc… Quelle erreur cela a
été ! Le Duc a fulminé de rage et
il a failli m’étrangler. »
Sidonia d’Arckewics,
la prêtresse de Iomédae
• « J’ai fait un songe dans lequel
j’ai vu le fils du Duc : il était au
cœur d’une intrigue. Il prenait la
succession de son père qui fina-
lement l’avait reconnu comme
successeur légitime avant de
mourir. Dans ce songe, Ladislas
devenait un souverain juste et
équitable… et parfois il était
amené à devenir un aventu-
rier, un guerrier au service du
bien… »
Autres rumeurs
Les PJ pourraient vouloir récol-
ter encore quelques informa-
tions auprès des habitants de
Basseau ou auprès des domes-
tiques du château (Recueillir
des Informations, Diplomatie
DD 10 à 15).
En ville
• « Des traîtres ont été payés pour
aider les envahisseurs. » DD 10
• « Notre ville est maudite à cause
de notre Duc… Cest un vil pê-
cheur qui porte le masque de la
vertu. C’est pour cela que son fils
était un mutant. Nous sommes
tous maudits par sa faute ! Enfin
bon, ne répétez pas ce que je
vous dis ! » DD 10
• « On raconte qu’il existe une
arme secrète sous le château. Les
envahisseurs vont s’prendre une
bonne raclée… Y’a pu qu’à at-
tendre que notre bon Duc veuille
bien la sortir… » DD 15
Au château
• « Note château est hanté… Ce
qui est un avantage quelque
part : les envahisseurs n’oseront
pas le prendre… Vous ne croyez
pas ? » DD 10
• « Le fils du Duc a été ensorcelé !
La sage-femme était une sor-
cière ! Il faut brûler les adora-
teurs des démons ! » DD 10
• « Le Duc garde sur lui les clés
d’un immense trésor. Il paraît
qu’un gros monstre ou je ne sais
quoi le protège. » DD 15
• « On raconte que des pièges ont
été construits pour empêcher
d’éventuels malfaiteurs de pil-
ler le trésor qui se trouve sous le
château… » DD 15
Cas de guerre :
première partie
Deux jours après l’admission des
PJ au château, à l’aube, on sonne
le tocsin dans la ville : l’armée
du Comte Manfred est là ! Les PJ
sont réveillés par un domestique
venu les chercher car le Duc les
demande. Lorsqu’ils pénètrent
dans ses appartements, celui-ci se
trouve déjà en pleine discussion
avec Galnord de Vassekoff, Nicolaï
Duclinoska, Sidonia d’Arckewics,
Harald de Valsqueski (première
partie du scénario), Silustreius
Vaccan le bourgmestre et grand
maître de la milice bourgeoise,
ainsi que divers capitaines de
la soldatesque de la ville ; tous
sont autour d’une table avec, po-
sée dessus, une carte de la ville.
L’accueil du Duc est assez brutal
car il n’a pas le temps pour l’éti-
quette. Soucieux, il s’adresse alors
à l’assemblée :
« Le Duché est en grand danger.
Nous sommes entourés par l’ar-
mée de ce félon de cousin, le Comte
Manfred. Par tous les dieux, le
Roi, maudit soit-il, n’a rien fait en
ma faveur alors que je suis en mon
bon droit ! Il croit possible que je
sois un adorateur des démons et
ne bougera pas le petit doigt. Il en
réclame au Jugement des Dieux.
Bref, l’armée qui nous ceinture
semble puissante et composée de
mages ou de sorciers… Que sais-
je, il nous manque de cruciales
informations quant à sa composi-
tion exacte. »
SCÉNARIO | 191
192 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
Galnord de Vassekoff s’adresse
alors aux PJ :
« Aventuriers ! Le Duché a
besoin de vous et de vos talents,
Nous allons vous demander une
mission de la plus grande impor-
tance car il en va de la survie du
Duc et de sa population qu’il chérit
tant. Êtes-vous prêts à faire fi de
vos vies ? Allez-vous agir en purs
héros désintéressés ? »
Toute l’assistance se tourne vers
les PJ d’un air interrogateur et
porté d’espoir.
Le Duc reprend alors :
« Comme vous l’avez compris, la
situation exige de tous des efforts
considérables. De grands sacri-
fices vont être faits par mes gens
et vous devez en faire aussi ; telle
est Ma Volonté. Je ne dispose plus
de troupes conséquentes, ni d’es-
pions valables, je vous demande
donc d’aller cette nuit dans le
campement ennemi. Vous devrez
apporter le plus d’informations
possibles, un rapport détaillé sur
les forces adverses, leurs moyens
et leurs plans. Oubliez toute idée
d’action d’éclat, car ces informa-
tions nous sont vitales. Connétable
Galnord de Vassekoff, équipez ces
héros et faites-les passer par le
passage secret. »
Soldats et
mercenaires
Des humains fidèles à leur sei-
gneur le Comte Manfred.
Apparence : Humains avec
casques à nasal, armures
d’écailles et armés d’armes de
votre choix.
Alignement : Neutre.
Caractéristiques : garde (GdM
page 206) et sentinelle archère
(GdM page 207).
Espionnage nocturne
Galnord de Vassekoff fournit aux
PJ l’équipement qu’ils jugent né-
cessaire. Leur apparence de mer-
cenaires va jouer en leur faveur
durant la visite du camp adverse.
Ils passent par les souterrains du
donjon pour emprunter un tunnel.
Galnord explique qu’il débouche à
trois kilomètres dans un bosquet.
Avant de les laisser partir, il leur
souhaite bonne chance.
Le tunnel obscur, taillé à même
la roche, mène les PJ jusqu’à une
grotte qui possède une sortie ca-
mouflée dans un bosquet d’arbres
touffus. En sortant, les PJ voient
les lueurs des braseros et autres
feux de camp des ennemis. Ils
entendent des chants paillards :
les troupes adverses sont joyeuses
à la perspective de rapines faciles.
Le camp est constitué de tentes
simples, sauf celles des chefs. De
nombreux braseros et feux de joie
illuminent les visages des soldats
buvant du vin à grandes rasades et
riant à gorges déployées.
Informations sur
les forces en présence
Cette armée est composée de
troupes régulières mais aussi de
mercenaires avides de pillages. Le
Comte a amené toutes ses forces :
dix mille hommes de diverses pro-
fessions ont été réparties équita-
blement en quatre campements au-
tour de la ville. Comme il y a le Lac
des Brumes et des Voiles au Nord,
il y a deux camps au Sud. Quatre
généraux les dirigent : les Sorciers
aux Masques, qui travaillent pour
le Comte. Tous portent un masque
de couleur différente et sont vêtus
d’habits noirs. À l’ouest se trouve le
Sorcier au Masque Rouge, à l’est se
trouve le Sorcier au Masque Bleu et
au sud se trouvent les Sorciers aux
Masques Vert et Jaune. Le Comte
Manfred est avec ces deux der-
niers. Des patrouilles traversent
tous les campements.
Que peuvent faire
les PJ ?
Tout d’abord ils doivent espion-
ner pour gagner des points de
Tactique qui serviront à détermi-
ner l’issue de la bataille. Pour cela
ils doivent se montrer discrets :
Discrétion DD 15 dans chacun
des trois camps. Si un PJ échoue,
consultez la table d’échec plus
bas pour savoir ce qu’il se passe.
Chaque camp visité sans s’être fait
repérer fait gagner automatique-
ment 1 point de Tactique aux
PJ, après une heure d’observation.
Sabotage
Les PJ peuvent vouloir faire autre
chose que de l’espionnage comme
cela leur a été demandé, comme
du sabotage par exemple. Voilà
quelques exemples, chacun offrant
1 point de Tactique lorsqu’il est
réussi. Chaque action peut être
réalisée dans chaque camp.
Note au MJ : Si les PJ sont repé-
rés, l’alerte générale est sonnée et
ils doivent déguerpir à moins de
consommer un point d’Héroïsme
qui dissimule leur action.
Relâcher les chevaux
Chaque camp garde une centaine
de chevaux et des bœufs dans des
enclos surveillés, d’une manière
assez relâchée. 2D6 gardes sur-
veillent d’un œil : ils passent du
bon temps en buvant de l’alcool.
Un test de Discrétion contre le
DD de Perception des soldats
(avec un bonus de –5 à la difficulté)
permet de s’introduire dans l’en-
clos et d’ouvrir ses barrières. S’ils
sont repérés, les PJ seront attaqués
Table d’échec
Lancez 1D6. Un échec empêche de récupérer le point de Tactique et aucun espionnage ne peut plus être réalisé
dans ce camp.
1 Les PJ sont repérés par une patrouille de 1D6 soldats qui les interrogent. Les PJ peuvent s’en sortir finement,
mais s’ils échouent, les soldats tentent de les arrêter. Si cela arrive, ils seront torturés puis mis à mort… Si
les PJ se battent, donnez-leur l’occasion de s’échapper malgré tout.
2 Alors que les PJ rampent dans un buisson, ils tombent nez-à-nez avec une prostituée vendant ses services
dans le camp, qui fait ses besoins. Si les PJ ne réagissent pas, elle crie de peur et attire 1D6 soldats qui
traînent aux alentours (voir ci-dessus pour les conséquences).
3 Alors que les PJ rampent discrètement dans des herbes hautes, ils sont bombardés par des gros boulets de
pierre. Chaque PJ doit faire un test de Réflexe DD 20 : celui qui échoue est percuté par un boulet qui inflige
4D6 points de dégâts. Des ingénieurs testent un trébuchet et partent ensuite voir où le boulet a atterri. Les
PJ doivent fuir.
4 Alors que les PJ ont trouvé dans un bosquet un bon point d’observation, deux Sorciers des Masques s’ap-
prochent et viennent tester leurs décharges d’énergie magique. Les PJ doivent réussir un test de Réflexe.
Celui qui échoue se prend un sort d’éclair qui lui inflige alors 4D12 points de dégâts. Les PJ n’ont plus qu’à
décamper au plus vite.
5 Un responsable du recrutement fait une tournée d’inspection pour vérifier la bonne tenue des soldats et il
tombe sur les PJ. Il ne les reconnaît pas. Un combat risque de très mal tourner pour les PJ car il y a tout autour
beaucoup trop de soldats, mais ce mercenaire est corruptible. Si un combat s’engage, les PJ se retrouvent vite
submergés par le nombre et sont livrés à l’un des Sorciers aux Masques.
6 Un des Sorciers aux Masques est en inspection accompagné par deux lieutenants féroces. Ils remarquent
qu’un des PJ a fait du bruit et s’approchent… Le combat est alors inévitable. Le Sorcier au Masque, pour
impressionner ses troupes, affronte le groupe de PJ seul. S’il est tué, la crainte qu’inspirent les PJ aux sol-
dats fait que, pour un temps, ceux-ci peuvent filer tranquillement, mais cela a pour conséquence qu’ils ne
peuvent plus gagner de points de Tactique car les camps se réorganisent rapidement pour mettre la main sur
eux. Si un PJ est capturé, il sera questionné comme en 1.

par les soldats, puis par un Sorcier
au Masque après 4 rounds.
Mettre le feu
aux armes de siège
Aux armes de sièges s’affairent
1D6 ingénieurs et 1D6 soldats. On
peut y mettre le feu en utilisant
l’huile qui sert de lubrifiant aux
différents mécanismes. Il faut pour
cela réussir un test de Discrétion.
L’incendie rapide prendra tout le
monde de court.
Mettre le feu
aux réserves de nourriture
Les réserves de nourriture sont
facilement repérables car des
cantines ont été installées à proxi-
mité. Des tonnelets d’alcool per-
mettent de mettre le feu, qui se
répandra aux autres chariots sans
que personne ne puisse intervenir.
Il faudra pour cela passer les 1D6
soldats qui traînent autour des
réserves en réussissant un test de
Discrétion contre leur DD de
Perception (avec un malus de
+2).
Assassiner un Sorcier
au Masque
Les PJ peuvent tenter un coup de
force en tuant un des leaders. Le
Comte est inatteignable, ainsi que
les Sorciers aux Masques Verts et
Jaunes car ceux-ci sont toujours
en mouvement entre les divers
camps.
Les Sorciers aux Masques dor-
ment dans des tentes blanches
de grande taille munies d’un au-
vent devant lequel deux soldats
en faction montent la garde. Un
Sorcier au Masque affrontera le
groupe de PJ seul, pour impres-
sionner ses troupes. S’il perd, les
soldats effrayés laisseront par-
tir les PJ. En revanche, il sera
impossible de gagner d’autres
points de Tactique dans ce camp
sur le qui-vive. Tuer un Sorcier
aux Masques donne 4 points de
Tactique !

SCÉNARIO | 193
194 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
Sorciers aux Masques
Sorciers Maléfiques au service du Compte. Ce
sont en fait des clones du sorcier au Masque
Jaune, créés grâce à ses connaissances des se-
crets des abysses.
Apparence : Malingres, dégarnis et myopes. Leur
voix aiguë est insupportable et agace rapide-
ment tout éventuel interlocuteur.
Alignement : Neutre mauvais.
Caractéristiques : Pour le Sorcier au Masque
Jaune, utilisez les caractéristiques du démono-
logiste (GdM page 239) avec les ajustements
d’élite (B page 6). Pour ses trois clones, utilisez
celles du nécromancien avec les ajustements
de faiblesse (B page 6) mais en n’altérant pas
leur capacité d’incantation. Seuls leurs corps
présentent des faiblesses manifestes car la
méthode de clonage n’est pas au point. Vous
pouvez choisir les sorts qui vous conviennent
le mieux. Tous possèdent une Gemme de
Pouvoir.
La Gemme de Pouvoir
La Gemme de Pouvoir est le résultat des re-
cherches du Sorcier au Masque Jaune. Elle lui
permet d’alimenter ses masques avec une éner-
gie énorme mais instable. La gemme est incrus-
tée au milieu du front des masques. Tant qu’elle
n’est pas détruite, les Sorciers sont invincibles,
aucun coup ne leur faisant perdre de Points de
Vie. De plus, le Masque Jaune permet d’utiliser
ses sorts sans dépenser d’emplacements !
Le seul moyen d’abattre les sorciers est de dé-
truire la gemme en la frappant. Il faut réussir un
jet de toucher contre le PNJ, mais avec un malus
de –5. A la première touche, la gemme crépite
et les pertes de Points de Vie deviennent effec-
tives. Si on la touche une deuxième fois, un sif-
flement aigu retentit. Il entraîne une explosion
qui tue le Sorcier et détruit le masque ainsi que
la gemme. Les PJ présents à proximité doivent
réussir un test de Reflexe DD 20 basique pour
ne pas perdre 6D6 points de dégâts. Retirer
une gemme entraîne son instabilité pour le
même résultat, car le masque crée une trame de
stabilité.
Note au MJ : Faites en sorte que ces objets ne
tombent jamais entre les mains des PJ.
Si un PJ est capturé, il sera questionné : rendez-vous
alors dans la section « Amené devant un Sorcier aux
Masques ».
Amené devant
un sorcier aux Masques
Les PJ amenés auprès d’un des sorciers seront tortu-
rés pour qu’ils délivrent toutes les informations désirées.
Les tortures infligées feront baisser les Points de Vie
des personnages à 0 et ceux-ci devront faire un test de
Volonté DD 20 : Si le jet est réussi, le PJ meurt héroï-
quement sans donner aucune information, sinon les in-
formations délivrées par les torturés font que les points
glanés de Tactique par les joueurs depuis le début
seront divisés par deux ! Cette perte ne peut avoir
lieu qu’une fois.
Cas de guerre :
deuxième partie
Lorsque les PJ retournent au château, ils sont envoyés
à la salle du conseil retrouver tous les protagonistes qui
y échafaudent des plans de bataille. Ils pourront délivrer
le rapport de leur espionnage.
Au matin du lendemain, l’assaut est donné ! Les forces
du Comte frappent de toute part et utilisent tous leurs
moyens disponibles pour prendre Basseau par la force et
le plus rapidement possible.
Le Duc quant à lui dispose de cinquante soldats au
château, de mille soldats de la ville et cent-cinquante
miliciens. C’est bien peu face à l’armée du Comte ! En
revanche, toute la population est consciente du danger
que représentent les assaillants, et a décidé de se battre
jusqu’à la mort s’il le faut.
Il est temps de calculer les points de Tactique gagnés
par les PJ (voir table ci-contre).
Le Démon sous le château
La situation est tellement désespérée que le Duc se ré-
sout à prendre une décision extrême : libérer le Démon
qui dort sous le château. Il sait que cela aura des consé-
quences désastreuses, mais il n’en a cure : son but est
maintenant d’éliminer son cousin à qui il ne laissera pas
la satisfaction de la victoire. Il racontera cette histoire
aux PJ :
« Nous, les Ducs de Basseau, sommes les gardiens
de ce lieu très ancien. Notre charge consiste à empê-
cher la délivrance d’un démon d’essence divine. Cette
créature est prisonnière sous le
château depuis bien des années.
Mon fief est détruit et je vais être
destitué et très certainement exé-
cuté dans un proche avenir. Il
faut que vous libériez le démon
pour que ce puissant ennemi ne
devienne pas une arme dévas-
tatrice entre les mains de mon
cousin. Je vous confie les clés.
Suivez-moi pour que je vous
mène jusqu’à l’entrée de la prison
du monstre… je sais que ce que je
vous demande vous coûtera mais
vous êtes le dernier espoir qu’il
Nous reste. ».
Le Duc mentira aux PJ si ceux-
ci rechignent sur le fait de libérer
un Démon. Il minimisera les faits
en demandant éventuellement aux
PJ d’essayer de marchander un
accord avec le Démon.
Note au MJ : Bien sûr, des cu-
rieux pourraient vouloir visiter les
souterrains sans l’aval du Duc…
Mais pour cela il faudra éliminer
les deux gardes qui surveillent
l’entrée et passer les grilles qui
sont difficiles à crocheter grâce à
la complexité des serrures (5 tests
réussis à DD 30).
Derrière les grilles
Les PJ passent les grilles en fer
forgé pour descendre rapidement
des escaliers qui s’enfoncent dans

Points de
Tactique Événements
Les défenses sont mal préparées et ne peuvent pas bloquer les attaques. L’armée du Comte traverse
aisément les remparts et massacre ceux qui résistent. Des espions assassinent des protagonistes
importants de Basseau, ce qui sape encore plus les défenses. Les soldats du Duc sont débordés
dans une guérilla urbaine qui les surprend complètement. Des quartiers sont incendiés dès le matin
0à4 et, en fin d’après-midi, la ville se rend. Le soir, le château est assailli et, à minuit, les attaquants
le pénètrent et, rapidement, les derniers défenseurs se battent pour sauver leur peau. Les PJ se
retrouvent devant un Sorcier au Masque et doivent l’affronter. Si les PJ survivent, le Duc vient les
trouver : lisez le paragraphe intitulé : Le Démon sous le château. Si les PJ refusent de le libérer, allez
au paragraphe intitulé : Le Duché est perdu.
L’armée adverse attaque le matin mais ne parvient à pénétrer les remparts qu’à la nuit tombée. Les
ennemis sont entrés mais l’ont payé cher : les citadins réussissent bien à se défendre et quelques
espions se sont fait attraper et exécuter sur-le-champ. Les assaillants mettent deux jours difficiles
5 à 11 à prendre le château. Le Sorcier au Masque Rouge a été tué (ou un autre s’il est déjà mort). Les PJ
sont attaqués par une escouade de chevaliers du Comte (un par personnage). Si les PJ survivent,
le Duc vient les trouver : rendez-vous au paragraphe intitulé : Le Démon sous le château. Si les PJ
refusent de le libérer, allez au paragraphe intitulé : Le Duché est perdu.
Comme le résultat précédent, mais les assaillants mettent une semaine pour parvenir à prendre la
ville. Les espions du Comte sont massacrés avant de perpétrer leurs méfaits. Le château résiste.
Deux Sorciers aux Masques sont tués (à vous de déterminer parmi ceux restants). L’armée du Comte,
qui a subi de lourdes pertes, demande une trêve. Celle-ci est rejetée par le Duc. La bataille dure
12 à 19
encore quelques jours mais le Comte et les Sorciers aux Masques survivants s’enfuient. L’armée
du Comte est massacrée. Une partie de Basseau a été détruite et la population a beaucoup souf-
fert de la guerre. Rendez-vous au paragraphe intitulé : Le Duché est sauvé. Les PJ méritent 1 point
d’Estime !
Les assaillants ne s’attendaient pas à une telle résistance : tous les espions ont été éliminés sans
pitié. Les assauts se brisent sur les remparts et, après trois jours de combat, les assaillants pé-
nètrent en ville mais leurs pertes sont telles qu’ils doivent se replier et attendre le lendemain. Le
20 et Duc lance alors une contre-attaque et les troupes du Comte sont massacrées. Trois Sorciers aux
plus Masques sont tués (il ne reste que le plus puissant, celui au Masque Jaune), le Comte arrive à s’en-
fuir et à regagner ses terres. La ville de Basseau n’a pas trop souffert des combats et les habitants
ont réussi à limiter des pertes humaines trop importantes. Rendez-vous au paragraphe intitulé : Le
Duché est sauvé. Les PJ méritent 2 points d’Estime !

SCÉNARIO | 195
196 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
le ventre de la terre. La tempé-
rature chute jusqu’à devenir gla-
ciale (effets du froid LdB en page
518). Aucune lumière n’éclaire les
lieux.
1) La piste glacée
Les escaliers donnent sur une
arche menant dans une salle plus
large. Le sol, couvert de glace,
descend dans les ténèbres. Dès
qu’un PJ pose les pieds dessus, il
glisse à grande vitesse. Pour garder
l’équilibre, il doit réussir un test
d’Acrobatie DD 30. La pente
donne sur un gouffre énorme et le
PJ doit se donner une impulsion
pour atteindre sain et sauf l’autre
côté qui apparaît alors. Il faut faire
un test de Sauter en longueur
DD 20 (assorti d’un malus de -2 si
le PJ n’a pas réussi à maintenir son
équilibre) pour rejoindre l’autre
côté qui est plat et non glissant.
Une arche mène dans la salle sui-
vante. Un PJ qui chute tombe dans
un gouffre profond de cinquante
mètres (voir chutes en page 464
du LdB). Pour grimper, les parois
sont de DD 15.
2) Les cubes de glace
La seconde salle est particu-
lière : elle est constituée d’un
bassin d’eau glacée (mais très
salée pour qu’elle ne gèle pas) et
sur celui-ci flottent sept cubes de
glace qui permettent de le traver-
ser à sec. Il va falloir sauter sur
les cubes pour avancer. Pour cela,
il faut utiliser l’action Bondir
assortie d’un test d’Acroba-
tie DD 15 pour ne pas tomber
à l’eau. Un PJ qui tombe à l’eau
perd 2D6 Points de Vie tant elle
est froide. De plus, il doit réussir
un test d’Athlétisme DD 15
pour remonter sur le cube, sinon
à chaque round, le PJ subit le
même montant de dégâts ! C’est
un Danger simple de niveau 5.
3) La salle aux miroirs
Cette salle est couverte des murs
au plafond de miroirs qui font se
refléter à l’infini les images des PJ.
Au milieu, une statue en pierre
grise représentant un chevalier
armé d’une épée se met en garde
dès que les PJ s’approchent.
Note au MJ : Le dispositif de
miroirs est un Reflet Spectral
(GdM page 78) ; la porte de sor-
tie est dissimulée (Perception
DD 20 pour la repérer). La statue
animée (B page 267) dispose des
ajustements d’élite (B page 6).
4) Les boules de neige
La porte secrète donne accès à
une autre pièce givrée dont le sol
est légèrement en pente en direc-
tion du mur d’en face. Si l’on éclaire
le plafond, on peut voir des ouver-
tures circulaires de deux mètres
de diamètre environ. Le fond de
la pièce, longue de 15 mètres, est
garnie d’épieux de glace fichés ho-
rizontalement, pointes dirigées en
direction des PJ…
Note au MJ : Dès qu’un PJ
entre dans la pièce, des bruits
sourds retentissent du plafond.
D’énormes boules de neige
tombent du plafond et roulent, ris-
quant d’entraîner les PJ. Pour ne
pas être entraîné contre les épieux
de glace, il faut réussir un test de
Réflexe DD 20, sinon le PJ subit
2D10 + 5 dégâts perforants.
Un test de Perception DD 20
permet de trouver à l’entrée un
panneau de contrôle et un test de
Vol DD 20 permet de désamor-
cer le piège qui est un Danger
Simple 3.
5) L’écrasement glacial
Cette grande salle ne possède
aucune fioriture, juste une simple
arche à traverser sur le mur
d’en face pour atteindre la salle
suivante.
Note au MJ : Cette salle est évi-
demment piégée : l’arche de sortie
est protégée par un Claque-Porte
(LdB page 523). Pour poursuivre
son chemin, il faudra donc dé-
truire le bloc de pierre.
6) Le pont et l’avalanche
Cette salle contient un mince
pont de glace qui permet de fran-
chir un gouffre venteux. Les re-
bords de la salle sont comme des
pentes d’une montagne enneigée.
Dès qu’un PJ posera le pied sur
le pont de glace un grondement
sinistre se fera entendre des deux
versants montagneux : deux ava-
lanches se déclenchent, risquant
d’engloutir complètement la salle !
Les PJ n’ont plus qu’à courir. Ils
doivent réussir à la fois un test
d’Athlétisme DD 20 et un test
d’Acrobatie DD 15 pour ne pas
chuter et être engloutis à jamais
sous des tonnes de neige…
7) La salle du Démon Blanc
Les PJ arrivent devant une
double porte d’acier ne possédant
ni serrure ni système d’ouverture
qui est sculptée d’une représenta-
tion de Iomédae. Sur le côté droit
de la déesse, une énigme a été gra-
vée en langage commun :
« Si 1+1 font 4
Si 4+5 font 10
Si 10+10 font 6
Combien font 100+100 ?
Énonce la réponse à voix haute
et la porte s’ouvrira sinon reste ici
à jamais et meurs dans l’oubli ! ».
Note au MJ : Pour trouver la
réponse de l’énigme il faut comp-
ter le nombre de lettres contenues
dans chaque chiffre (par exemple
un + un font quatre…). Donc 100
+ 100 (cent + cent) font 8. Il faut
énoncer à voix haute le résultat,
sinon la porte restera désespéré-
ment fermée et il n’y a aucun autre
moyen pour l’ouvrir.
SCÉNARIO | 197
198 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2

Réveil cataclysmique
Les portes s’ouvrent sur une
immense caverne de glace dans
laquelle dort et rêve un Balor
à la peau blanche comme la
neige. La créature est assise en
position du lotus et dort d’un
sommeil sans fin… Le Démon
ouvre un œil, puis le second
pour scruter les intrus venus
le réveiller… mais il ne s’inté-
resse pas aux PJ. Son but est
de retourner dans les Abysses
pour achever son apogée. Son
réveil dantesque sera cata-
clysmique : s’élançant dans
les airs et déployant ses ailes
membraneuses couvertes de
givre, il déchire la voûte de
la caverne pour rejoindre les
cieux. Son éveil provoque une
terrible tempête de neige qui
balaie tout le pays. Une bonne
partie du royaume est ravagée
et les températures plus que
glaciales feront des centaines
de victimes, hommes comme
animaux. Les récoltes seront
perdues pour cette année, ce
qui créera une famine sans
précédent et le gouvernement
sera obligé de s’endetter pour
importer des denrées vitales à
la survie de la population.
Le Brévoy aura beaucoup de
mal à se remettre d’une telle
affliction. Le Duc ne s’atten-
dra pas à une telle catastrophe
mais au moins les troupes du
Comte auront été décimées.
Le comte Manfred s’enfuira
sur ses terres avec ses sorciers
survivants et quelques troupes
éparses ; il abandonnera toute
velléité d’attaque sur le duché.
Le Duché a bel et bien été sau-
vé, mais à quel prix ?
Il faudra prendre en compte
cette situation pour la dernière
partie du scénario.

Le Duché est perdu
Le Démon n’a pas été libéré, la
ville et le château ont été pris et le
Comte s’est rendu maître du fief.
Le Duc, les PJ et d’autres prota-
gonistes de votre choix, se seront
enfuis par des souterrains secrets.
Kosek compte rencontrer le Roi à
la capitale pour plaider sa cause
auprès de lui. Mais il sait qu’il a peu
de chances d’y parvenir étant don-
né la tournure des événements. Le
Duc se confiera alors aux PJ (ren-
dez-vous au paragraphe intitulé
« Confidences pour confidences »)
puis demandera aux PJ de retrou-
ver Olaf Sundgersson et son fils s’il
existe réellement.
Le Duché est sauvé
La guerre s’est terminée par la vic-
toire du Duc sur son cousin le Comte
Manfred. Le Duc félicitera alors les
PJ comme il se doit. Il est temps de
calculer leurs points d’Estime : un
PJ atteignant le score de 5 points
sera récompensé en gagnant le titre
de gentilhomme. Cela inclut le droit
de posséder des terres (données par
le Duc) et d’y faire bâtir une maison
forte (laissons à chaque MJ gérer ce
point). Qui plus est, ce PJ sera dans
les petits papiers du Duc. Les autres
PJ n’atteignant pas ce score seront
néanmoins traités avec respect par
Kosek.
Celui-ci n’est toujours pas sorti
d’affaire car son cousin l’attaquera
désormais sur un plan politique
et judiciaire en portant plainte
auprès du parlement de la ville
de Nouvelle-Stetven : il perpé-
tuera ses accusations de sorcelle-
rie à l’encontre de Kosek, ce qui
le rendra fou de rage. Celui-ci se
confiera (chose rare s’il en est !)
donc aux PJ, rendez-vous au pa-
ragraphe intitulé : confidences
pour confidences.
Confidences
pour confidences
En plein désarroi et épuisé men-
talement, le Duc se confie aux PJ
(sauf ceux n’ayant pas de point
d’Estime) :
« Je suis un Duc meurtri par la
vie. Plus d’une fois j’ai été trahi par
des proches…Celui qui m’a le plus
fait de mal est Olaf Sundgersson
que je considérais comme un
frère. Cet aventurier prestigieux
qui m’avait offert ses services m’a
trahi. Je suis stérile : n’arrivant
pas à avoir d’enfant j’ai demandé
à Olaf de copuler avec ma femme
pour m’assurer une descendance.
Croyez-moi : j’ai ravalé ma fierté
de mari et d’homme en prenant
cette décision !
La grossesse se passa bien
jusqu’au jour de l’accouchement.
Ysulde, la sage-femme attitrée
de la Duchesse, m’annonça que
l’enfant qui venait de naître était
un mutant du chaos et qu’elle fut
contrainte d’incinérer seule cette
horreur qui avait été engendrée
par Olaf… Peut-être avait-il été
contaminé par l’énergie brute du
chaos lors de ses épiques aven-
tures ? Nous en sommes venus
aux mains et on a failli s’entre-
tuer ! Je répudiai alors ma femme
la Duchesse en l’envoyant au cou-
vent de Mortepierre situé dans les
Monts Veshka, puis Olaf quitta le
château. Peu de temps après, il
m’envoya une lettre dans laquelle
il m’indiquait qu’il avait fait sur-
veiller Ysulde, à l’aide de contacts
de mon réseau d’espion. Celle-ci
avait été vue accompagnée d’un
homme et d’un bébé lorsque qu’elle
quitta mes terres après l’accou-
chement. D’après lui, il s’agissait
très certainement de mon « fils »
et que le bébé incinéré n’avait été
qu’un coup monté contre moi.
Mais toujours dans le courroux, je
n’avais guère prêté attention à ce
que j’avais pris pour des élucubra-
tions de quelqu’un qui cherchait à
revenir dans mes bonnes grâces.
J’ai brûlé cette lettre. Mais les der-
niers événements ont fait naître
chez moi l’espoir que l’enfant n’est
peut-être pas mort et qu’il n’est
pas un mutant… ainsi je pourrais
expliquer la vérité au Roi et, grâce
au témoignage de Olaf, je pour-
rais laver mon honneur et stopper
à jamais toutes ces accusations de
collusion avec les démons pour
que j’écrase à jamais cette punaise
de Manfred ! Retrouvez Olaf qui
vit à quatre jours d’ici au sud, au
village de Tancler et tirez au clair
cette histoire, je compte sur vous !
Sachez que si cette histoire se dé-
roule bien, je saurais me montrer
juste envers ceux qui m’ont servi
loyalement ! ».
Remise d’expérience
Les PJ gagnent 80 points d’expé-
rience, voire plus si vous le désirez
selon leur implication.
Fin de l’acte II
Dans l’acte III, les PJ feront
enfin la lumière sur tous les mys-
tères qui entourent l’histoire du
Duc. Rendez-vous dans la troi-
sième partie de cette aventure :
« L’enfant aux yeux clairs » !
Sébastien Urbanek
Illustrations : Anthony Boursier
Plans : Camille Bourgoin
SCÉNARIO | 199
200 | AIDES DE JEU
MJ ONLY

MJ ONLY

LA LNS REVISITÉE
LNS, vous avez dit LNS ?
Inventée par Ron Edwards, un auteur indépendant
JO de jeux de rôle, la théorie LNS aborde le jeu de rôle
M

N LY sous l’angle de l’attente de ses participants.

Mais que peut-elle donc apporter à nos tables de jeu ?

Ron Edwards ?
Ron Edwards est le co-
fondateur de La Forge. On
lui doit notamment les jeux
Sorcerer et Elfs. Mais ce qui
l’a rendu particulièrement
célèbre dans notre pays est
précisément la théorie LNS.
C
’est la théorie LNS qui a introduit
les concepts de ludisme, narrati-
visme et simulationisme, parfois
si pratiques lorsque nous discutons de
notre loisir. Après avoir été longuement
développée, elle a pourtant fini par
être considérée comme désuète, voir
dépassée, y compris par Ron Edwards.
C’est dommage, car elle permet de com-
prendre ce qui nous motive le plus dans
le jeu de rôle et éviterait bien des débats
stériles dans nos discussions… Tâchons
donc de la revisiter avec un œil neuf,
sous l’angle le plus concret possible.
Ludisme,
narrativisme,
simulationnisme,
quésaco ?
Si on devait définir très brièvement
notre loisir, on pourrait affirmer qu’un
jeu de rôle est un jeu où l’on raconte
collectivement les aventures de person-
nages imaginaires dont les joueurs in-
carnent les rôles. De cette brève défini-
tion surgissent trois points essentiels :
les défis qu’il va falloir relever, le récit
partagé des péripéties et l’incarnation
des personnages au sein de leur univers.
• Le ludiste est celui pour qui l’aspect
jeu est le plus important. Il aime avant
tout triompher des obstacles, démêler
les intrigues, vaincre les adversaires…
• Le narrativiste s’intéresse beaucoup
plus à l’histoire qui va être élaborée
collectivement et souhaite qu’elle
soit digne des meilleures œuvres de
fiction.
• Le simulationniste, enfin, recherche
l’immersion. Ce qu’il désire, c’est
quitter notre réalité pour devenir
quelqu’un d’autre, dans un univers
qu’il va pouvoir explorer.
À quoi ces concepts peuvent-ils nous
servir ? À mieux comprendre ce qui
nous motive vraiment dans le jeu de
rôle et, par conséquent, à en retirer plus
de plaisir. Car, ne nous le cachons pas,
même si notre loisir a quelque chose de
créatif voire d’artistique, nous sommes
avant tout là pour nous distraire, et les
meilleures parties sont celles où nous
prenons le plus de plaisir. Alors com-
ment le faire au mieux, justement ?
Une revisite
de ces termes
Allons un peu plus loin, pour déter-
miner ce que ludisme, narrativisme et
simulationnisme impliquent du point
de vue de nos motivations profondes…
Le ludiste aime avant tout le jeu.
Après tout, un jeu de rôle, c’est un jeu
de société et, même si on ne joue pas
contre les autres, il y a des défis à rele-
ver : un donjon à explorer, une invasion à
repousser, une enquête à résoudre… La
partie ne sera donc vraiment réussie que
si on y parvient. Le ludiste va donc tout
faire pour gagner, en commençant par
l’optimisation de son personnage
et, tout au long du jeu, en jouant
avec cette rage de vaincre chevillée
au corps. Hors de question d’affron-
ter l’ennemi sans un plan de bataille
bien élaboré ou de se lancer dans une
escalade sans le matériel adéquat !
Et lorsque le ludiste s’intéresse aux
règles, c’est surtout pour y dénicher
tous les avantages qu’il pourra en
retirer. Il se passionne notamment
pour les listes d’équipements, de
sorts, de capacités et toutes les
combinaisons qu’on peut y opérer
afin de redoubler d’efficacité…
Pour le narrativiste, une partie de
jeu de rôle est surtout une histoire
que l’on raconte ensemble. Elle doit
donc se rapprocher le plus possible
des fictions qui le font rêver. Il faut
qu’il y ait du drame, des rires ou des
larmes, des rebondissements, des
dialogues dignes de ce nom. Il lui
faut de l’émotion ! Peu importe que
les PJ réussissent leur mission. Ou
même que son personnage meure…
L’essentiel est que tout le monde
soit tenu en haleine et que la par-
tie reste longtemps gravée dans les
mémoires. Le narrativiste préfère
donc les règles simples et épu-
rées : pour lui, il faut en effet éviter
d’interrompre les descriptions du
meneur de jeu ou des joueurs avec
des jets de dés ou des consultations
incessantes de règles. Les détails
techniques n’ont que peu d’impor-
tance ! Ce qui compte, c’est la ma-
nière dont on va s’en emparer pour
dépeindre ce qui se passe et en faire
un récit digne de ce nom.
Pour le simulationniste, enfin,
le jeu de rôle est ce qui permet de
s’évader des vicissitudes de notre
quotidien. Devenir quelqu’un
d’autre, éprouver ce que son per-
sonnage est en train de ressentir,
comme s’il y était vraiment… Voilà
ce qui le motive ! Il préfère réussir
la mission, bien sûr, et aime les
descriptions bien faites. Mais il
s’intéresse bien plus à la plausibi-
lité de ce qui arrive et aux détails
qui font vrai qu’à ce qui assurerait
la victoire ou serait dramatique-
ment intéressant… Après tout,
la vie n’est pas toujours rose et
une partie de jeu de rôle doit plus
ressembler à la réalité concrète et
palpable qu’à une œuvre de fic-
tion. Lorsqu’il consulte les règles,
le simulationniste cherche princi-
palement tout ce qui est réaliste,
même lorsque le monde de jeu
est totalement différent du nôtre
ou quand les personnages ont des
pouvoirs surhumains. Il faut que
cela reste crédible, qu’il ait l’im-
pression que ça se passerait effec-
tivement comme ça si on y était.
Voyons maintenant comment
utiliser tout cela pour améliorer vos
parties.
Le choix
des joueurs
C’est la toute première étape.
Il est évident que si vous êtes un
meneur de jeu narrativiste, vous
aurez beaucoup de mal à suppor-
ter les joueurs ludistes. Tandis
que vous chercherez à créer avec
eux une histoire palpitante, digne
d’être écrite (ou alors, soyons
modernes, filmée et postée sur le
Web), eux chercheront avant tout
AIDES DE JEU | 201
202 | AIDES DE JEU
MJ ONLY
à gagner. Ils n’hésiteront pas à
interrompre vos descriptions pour
consulter le livre des règles en
quête d’un bonus quelconque ou à
vous reprendre pour vous deman-
der de faire machine arrière si vous
avez oublié de tenir compte d’une
de leur capacité… Et si par hasard
ils vous écoutent attentivement,
ce sera pour dénicher les indices
qui leur permettront de faire avan-
cer leur mission ou les avantages
qu’ils pourraient tirer d’un détail
que vous leur avez dépeint.
De même, si vous êtes un meneur
de jeu ludiste, des joueurs simula-
tionnistes auront de quoi vous hé-
risser le poil. Certes, ils s’intéresse-
ront aux règles, tout comme vous,
mais pas pour y chercher les mêmes
choses. Tandis que vous leur suggé-
rerez fortement la présence d’un
marécage, par exemple, en espé-
rant qu’ils songent à y entraîner
l’armée ennemi pour l’empêcher
d’agir en rangs serrés, eux s’intéres-
seront tout à coup aux moustiques,
au fait que leurs armures peuvent
rouiller dans cet enfer gluant, sans
parler des risques d’infection… Du
coup, ils hésiteront à s’y rendre, et
délaisseront ainsi les perches que
vous leur tendrez sous prétexte
que ce n’est pas réaliste. Vous les
entendrez d’ailleurs souvent clamer
qu’une règle n’est pas logique parce
que, « dans la réalité, ça ne se passe
pas comme ça ! »
Si vous êtes un meneur de jeu
simulationniste, enfin, les narrati-
vistes seront aux anges en consta-
tant que vous prenez du temps à
faire de belles descriptions… Mais ils
déchanteront très vite en s’aperce-
vant que vous vous intéressez bien
plus aux détails qui font vrai (la dou-
leur, la sueur qui leur coule dans les
yeux…) qu’au récit des événements.
Et tandis qu’ils commenceront à
vous dépeindre leurs intentions
héroïques (comme celle d’escalader
de nuit et sans matériel le mur d’une
forteresse), vous ne pourrez vous
empêcher de les arracher à leurs
rêveries : avec la fraîcheur, les pierres
deviennent glissantes et l’escalade
à tâtons dans le noir, ça finit géné-
ralement très mal…
Je caricature, évidemment.
D’autant plus qu’on n’est jamais
purement ludiste, narrativiste ou
simulationniste. Nous avons tous
un peu des trois tendances… Mais
il n’empêche que nous avons aussi
une dominante. Et même s’il est
toujours possible à un meneur de
jeu très ouvert d’esprit de tenter de
satisfaire tous les types de joueurs,
ne serait-ce qu’en offrant à chacun
des moments pour exprimer sa do-
minante, il faut au minimum éviter
les incompatibilités.
Rassurez-vous toutefois : si cela
fait longtemps que vous jouez
avec vos amis, et que vous vous
entendez bien, c’est probablement
parce que vous avez la même ten-
dance, ou alors qu’elles sont suf-
fisamment compatibles. Inutile
de les harceler de questions avec
la sourde angoisse de devoir vous
séparer de certains d’entre eux.
En revanche, si vous ouvrez une
table avec des nouveaux venus,
mieux vaut être clair dès le départ.
Expliquez sans ambages ce que
vous aimez le plus dans le jeu de
rôle, afin qu’ils sachent d’emblée si
ça leur correspond. Cela évitera bien
des frustrations de part et d’autre.
Le choix du jeu
Force est de constater que si on
peut très bien jouer de façon ludiste,
narrativiste ou simulationniste avec
n’importe quel système de règles,
certains s’y prêtent tout de même
beaucoup mieux que d’autres.
Pourquoi ? Parce que les auteurs
ont eux aussi une dominante, et que
cela se ressent bien évidemment
dans leur création. Alors autant
essayer de choisir un jeu qui corres-
ponde le plus possible à ce que vos
joueurs et vous préférez.
D’ailleurs, si vous n’en avez pas
encore trouvé un qui vous satis-
fasse pleinement, c’est peut-être
tout simplement parce que vous ne
cherchez pas du bon côté. Vous râlez
contre plusieurs points des règles qui
vous semblent inappropriés ? La ma-
nière de traiter tel aspect de l’univers
vous irrite particulièrement ? Et si
c’était la philosophie de l’ensemble
qui ne vous convenait pas ?
Mais quelles sont donc les ten-
dances des jeux ? Je pense qu’en
passant en revue ceux que vous
connaissez, vous commencez déjà
à en avoir une petite idée.
D&D et toute la série des Old
School Revival de l’ancêtre sont
fortement ludistes. Ils proposent
aux joueurs d’affronter des défis
de plus en plus dangereux au fur
et à mesure que les personnages
montent en puissance. Les straté-
gies de combat avec l’utilisation la
plus pertinente possible des capa-
cités de leurs personnages y sont
sans cesse requises, à tel point que
le jeu fournit des règles pour être
à peu près certain d’équilibrer les
rencontres en fonction du niveau
des PJ. C’est vous dire !
Les jeux PBTA sont fortement
narrativistes. Et ils s’en réclament
d’ailleurs ouvertement. Pour eux,
émuler les tropes du genre que l’on
est en train de mettre en scène (tout
comme un écrivain ou un scénariste
chercherait à les respecter dans
son œuvre) est plus important que
tout le reste. Les règles fournissent
d’ailleurs de nombreux outils pour
que les joueurs puissent intervenir
directement dans la trame du récit
ou pour aider tout le monde à mieux
dépeindre ce qui se passe…
GURPS et beaucoup de jeux utili-
sant le système D100 de Chaosium
ont une tendance fortement simu-
lationniste. Ils n’empêchent pas
les joueurs de chercher à optimiser
leurs personnages ou de s’intéres-
ser à l’histoire, mais ils proposent
surtout des règles qui rappellent la
réalité concrète (et parfois cruelle)
de la vie : un coup d’épée ou une
balle dans la tête peuvent envoyer
un personnage dans l’autre monde,
qu’il soit débutant ou qu’il s’agisse
d’un héros confirmé.
Et pour les autres ? Ce n’est pas
bien compliqué… Si le jeu vous pro-
pose de choisir des capacités qui
peuvent se combiner entre elles
avec des effets plus ou moins puis-
sants, il y a de grandes chances pour
qu’il soit ludiste. S’il contient des
règles épurées munies d’un sys-
tème de jetons pour vous permettre
de modifier ce que le MJ vient de
décrire, où y ajouter un fait de votre
choix, il est très probablement nar-
rativiste. Et s’il fourmille de détails
qui font « vrai », que ce soit sur le
monde ou dans la résolution des
situations (localisation des bles-
sures, hémorragies, distinction
entre les différents calibres des
armes…), vous pouvez parier qu’il
s’agit d’un jeu simulationniste.
Et maintenant,
jouez !
Une fois que vous vous serez mis
d’accord avec vos joueurs sur ce
que vous aimez le plus, et que vous
aurez choisi un jeu qui vous corres-
pond bien, il ne vous restera plus
qu’à vous amuser. Tous les conseils
pour préparer et animer une partie
restent parfaitement valides car,
quelle que soit votre tendance, vous
ferez toujours du jeu de rôle. Cet
article n’a pas pour but de vous indi-
quer comment mieux jouer ; juste
comment y prendre plus de plaisir…
Il ne vous conseille pas non plus de
vous enfermer dans votre tendance.
Bien au contraire ! Discutez avec
ceux qui en ont une autre. Vous y
gagnerez beaucoup, d’autant plus si
vous le faites en mettant cartes sur
table. Cela évitera tout jugement de
valeur et surtout les affirmations
péremptoires que l’on entend par-
fois : « le vrai jeu de rôle, c’est… » Eh
bien non, justement, aucune de ces
trois tendances n’est plus légitime
que les autres, car un jeu de rôle,
c’est toujours les trois ensemble :
un jeu où l’on raconte collective-
ment les aventures de person-
nages imaginaires dont les joueurs
incarnent les rôles… Mettre l’accent
sur l’un de ces trois aspects n’est
donc qu’une question de goût. Et
apprendre à améliorer encore plus
les défis que l’on propose, l’histoire
que l’on raconte ou les détails qui
rendent son univers plus vivant ne
peut qu’ajouter un indéniable plus à
ses parties, quelle que soit sa ten-
dance et celle de ses joueurs.
Poussière
AIDES DE JEU | 203
204 | AIDES DE JEU
PJ ONLY
LA LNS REVISITÉE, SUITE
Profitez vous aussi de la théorie LNS
Vous êtes joueurs, pas meneur de jeu, et vous vous demandez
JO comment tirer vous aussi profit de cette théorie ?
P
N LY
C
ommencez par aller lire le MJ Only.
Si, si, une fois n’est pas coutume,
vous pouvez. Il contient en effet
les définitions essentielles pour com-
prendre ce qui suit et, comme vous
vous en doutez, nous n’allons pas les
imprimer en double… Et si vous êtes
meneur de jeu, lisez également ce PJ
Only : il complète ce qui a été dit dans
l’article précédent.
Choisissez bien votre
table et votre jeu
Tout comme le MJ, la première chose à
faire pour profiter au maximum de notre
loisir est de choisir une table et un jeu
qui soient compatibles avec votre ten-
dance. Cela vous évitera d’être frustré.
Cela vous évitera même de vous faire ra-
brouer par les autres sous prétexte que
vous « cassez l’ambiance », sans pouvoir
comprendre ces reproches parce que
vous penserez légitimement avoir au
contraire tout fait pour « bien » jouer…
Les disputes naissent bien plus sou-
vent d’une incompréhension mutuelle
que de la volonté d’un des participants
de gâcher le plaisir des autres. Et quand
on a une tendance très différente de
celle de la table, elles surgissent vite !
Mieux lire les règles
Les règles vous ont toujours ennuyé ?
Vous préférez laisser votre meneur
de jeu se débrouiller avec et vous les
PJ ONLY
Suivez le guide….
rappeler, quitte à ce qu’il doive le faire
plusieurs fois par partie parce que vous
n’arrivez pas à les retenir ? Il se peut
que ce soit dû au fait que vous ne les
abordez pas avec le bon angle : celui qui
vous les rendrait passionnantes…
Si vous êtes ludiste, cherchez-y donc
tout ce qui va vous permettre de briller.
Les non-ludistes vous dirons peut-être
que c’est de la triche, que ce n’est pas
ça jouer un rôle… Ah bon ? Ils pensent
vraiment qu’un guerrier n’a pas envie
de devenir le meilleur et de battre ses
adversaires par tous les moyens à sa
disposition ? Ils croient qu’un archéo-
logue ne désire pas profondément
trouver les artefacts que personne n’a
réussi à découvrir avant lui ? Ils ima-
ginent un seul instant qu’une personne
projetée dans une apocalypse pleine de
zombies ne va pas tout faire pour sur-
vivre et protéger les siens ? L’envie de
réussir sa vie est profondément ancrée
en chacun de nous. Elle l’est donc aussi
pour nos personnages. Alors, pas de
souci, bien jouer son rôle, c’est aussi ti-
rer profit de tout ce que la vie peut nous
offrir… Ce qui, en termes de jeu, signifie
tirer le meilleur parti de tout ce que les
règles du jeu ont prévu à cet effet.
Si vous êtes narrativiste, penchez-
vous plutôt sur la manière dont vous
allez pouvoir infléchir le récit pour le
rendre le plus palpitant possible…
Étudiez-les en vous demandant com-
ment elles vont vous permettre d’ému-
ler vos fictions favorites. Elles vous
offrent des jetons pour altérer les
descriptions du meneur de jeu à
votre avantage ? Commencez dès
à présent à imaginer la façon dont
vous allez les utiliser, en fonction du
type de héros que vous avez décidé
d’incarner… Un diplomate aura de
nombreuses relations qui pourront
venir l’aider au moment où il en
aura besoin, un combattant aura
pu sauver la vie d’un des PNJ qui lui
devra bien un service en retour, etc.
Cherchez également les liens entre
tel ou tel point de détail et l’am-
biance de la campagne. Un chapitre
sur la santé mentale ? Votre per-
sonnage va avoir peur ! Vous pouvez
d’ores et déjà imaginer des choses
qui l’angoissent profondément…
Si vous êtes simulationniste,
enfin, lisez les règles en portant
particulièrement votre attention
sur tous les détails qui vont vous
permettre de rendre les choses en-
core plus réelles. L’univers, la façon
dont il est décrit, mais aussi les
objets qu’on peut y trouver, et les
mécanismes ludiques qui donnent
vie à chacune de vos actions. Des
tables de localisation des bles-
sures ? Super ! Vous allez pouvoir
frapper vos adversaires d’un grand
coup de genou dans les coucou-
gnettes pour les plier en deux… Un
paragraphe sur les hémorragies ?
Allez vite voire les différents types
de lames qui existent et leur prix :
une épée d’excellente qualité vaut
sûrement l’argent que vous allez
devoir dépenser pour l’acquérir… Et
à propos d’armes, quelles formes
ont-elles selon la culture à laquelle
appartient votre personnage ?
Voilà qui lui donnera encore plus de
crédibilité…
Mieux créer
son personnage
Puisque vous savez ce que vous
aimez, ne vous privez pas : allez-y
à fond ! Oui, carrément. Un person-
nage vivant, ce n’est pas un per-
sonnage qui doit suivre tel ou tel
schéma préconçu. Bien sûr qu’il est
préférable que le background que
vous allez inventer corresponde
aux capacités que vous lui aurez
choisies, et que son équipement
soit cohérent avec les deux… Mais
une fois cette évidence énoncée, on
n’a pas dit grand-chose. Ce qui est
vraiment important, c’est que vous
ayez envie de tirer profit de tout ce
que vous aurez imaginé. Car si ça
doit rester sur le papier et n’inter-
venir que lorsqu’il vous tombe une
dent, ce sera inutile. Alors, autant
développer les aspects que vous
serez certains d’utiliser en cours
de partie, parce que vous en aurez
vraiment envie.
Si vous êtes ludiste, partez avant
tout des règles et ne vous privez
surtout pas de bien réfléchir aux
différentes capacités de votre alter
ego pour en tirer le maximum d’ef-
ficacité. Vérifiez qu’il soit capable
d’accomplir tout ce que vous avez
envie qu’il puisse faire durant la
partie, et même qu’il soit le meilleur
AIDES DE JEU | 205
206 | AIDES DE JEU
PJ ONLY
du groupe dans les domaines où
il est censé l’être. Pensez aussi à
la manière dont il va évoluer, pour
être certain d’obtenir ce que vous
voudrez le moment venu. Si vous
le créez en concertation avec les
autres joueurs, prenez le temps de
bien vous répartir les rôles. N’avoir
que des guerriers peut paraître une
bonne tactique dans une cam-
pagne où il y aura beaucoup de
combats, par exemple, mais qui
les soignera lorsqu’ils seront bles-
sés, qui les protégera des attaques
magiques et qui leur évitera de
tomber dans les pièges ? Bien vous
entendre, dès le départ, est donc
une stratégie plus judicieuse sur le
long terme…
Si vous êtes narrativiste, par-
tez de son background. Qui est-il,
d’où vient-il, pourquoi part-il à
Combo
Un one shot ? Une démo ? Ce
sera plus convivial si vous y ame-
nez le meilleur de votre style de
jeu. À moins d’être sciemment un
pur militant d’une des tendances
LNS, commencez par identifier
lesquelles vous motivent : si, dans
vos séances de jeu, chacune de ces
trois facettes du JdR a un jour été
absente, cela vous a-t-il gâché la
partie ? Si la réponse est « Non,
aucune ! », vous êtes triclassé LNS.
Si l’une, oui et pas les deux autres,
vous êtes biclassé. Et sinon, vous
êtes d’une tendance marquée et
vous savez sans doute laquelle.
La bonne recette sera de jouer
les bonnes combos avec celles
des autres joueurs et d’éviter les
incompatibilités (c’est bien d’an-
noncer son style, de façon décon-
tractée, en s’installant).
• Simulationiste et ludiste se re-
joignent sur les actions tactiques,
l’aventure ? Inventez-lui des qua-
lités et des défauts qui font de
lui ce qu’il est, des objectifs qu’il
souhaite atteindre dans la vie,
des peurs qui le poussent à agir
ou à se replier sur lui-même…
Bref, faites-en un héros digne de
ce nom, cohérent mais aussi avec
quelques contradictions internes
qui le rendent passionnant. Ne
vous penchez sur ses caractéris-
tiques techniques que dans un
second temps, en faisant attention
à ce qu’elles correspondent bien à
ce que vous aurez décidé. Créez-lui
également une famille, des amis,
des relations qui pourront peut-
être intervenir dans ses aventures
ou, encore mieux, sur lesquelles
le meneur de jeu pourra s’appuyer
pour lui tailler des arcs narratifs
sur mesure. Et si vous créez votre
les détails pratiques, mais di-
vergent sur la prédominance des
caractéristiques sur la vraisem-
blance du scénario. Ils ont donc
intérêt à gérer en commun ce
type d’action en restant discrets
sur leur dada (potasser les règles
pour l’un, chipoter sur les invrai-
semblances pour l’autre).
• Narrativiste et simulationniste
sont d’accord pour mettre en va-
leur les ambiances, les tensions,
la mise en scène, mais en désac-
cord sur la visibilité du système
dans les échanges entre joueurs.
Ils feront de bons duettistes dans
les scènes good cop - bad cop et
autres duos contrastés plongés
dans l’adversité, à condition que
le narrativiste laisse au simu-
lationniste la bouée de secours
d’un jet de dé en cas de manque
d’inspiration, et que le second
alter ego en concertation avec les
autres joueurs, profitez-en pour le
lier à au moins un des leurs. Une
amitié de longue date, une inimitié
apparente, une relation de famille
peut-être ? Voilà qui ne manquera
pas de piquant et donnera une
excellente raison de se retrouver
embringués dans la même histoire.
Si vous êtes simulationniste,
enfin, pensez avant tout à rendre
votre personnage vivant. Quand
on est vivant, on n’a pas que des
qualités ; on a aussi des défauts
et, très souvent, des capacités qui
ne sont pas nécessairement cohé-
rentes entre elles. Un guerrier peut
aimer jouer de la flûte, un magicien
fumer la pipe… Ça ne leur servira
probablement à rien, mais c’est
ce qui fera d’eux des individus
uniques… Rien ne vous empêche
accepte du premier des improvi-
sations surprise.
• Ludiste et narrativiste sont… as-
sez peu souvent à l’unisson, sauf
lors de scènes RP de bluff entre
groupes adverses, où le ludiste
a en général la fierté de ne pas
laisser à un jet de dé (ni au MJ)
la responsabilité de ce qu’il peut
dire ou faire, et où l’émulation
réciproque peut donner des dia-
logues mémorables (quitte pour
le ludiste à rappeler au MJ qu’il
est très bon dans tel Talent sans
proposer un test).
Tout cela est plus facile si le MJ,
plus aware grâce à ces deux articles,
tend des perches aux joueurs qui
sortent visiblement de leur zone de
confort, et capte à demi-mot leurs
demandes lorsqu’ils musèlent leur
tendance naturelle…
Didier Guiserix
de créer votre personnage avec les
autres joueurs et de rechercher
une certaine consistance dans le
groupe (des fonctions complémen-
taires, quelques raisons narratives
d’être ensemble)… Mais ne vous
y attardez pas forcément. Sauf si
cela vous donne l’occasion d’ajou-
ter des détails supplémentaires,
et encore plus si cela vous permet
d’expliquer pourquoi il a certaines
capacités ou certains défauts. Car
les choses ne tombent pas du ciel.
Pour le simulationniste, la cohé-
rence entre le background et les
caractéristiques est quelque chose
de primordial !

Mieux jouer
Une fois votre personnage créé,
il ne vous reste plus qu’à lui prêter
vie… Et à le faire évoluer. Même au
cours d’un one shot. Vous n’allez
tout de même pas l’interpréter de
façon linéaire et prévisible, comme
une vulgaire machine ! Quelle que
soit votre tendance, une aventure
digne de ce nom n’existe pas sans
rebondissements, et il n’y a pas
de raison pour que ceux-ci ne pro-
viennent que du meneur de jeu. Lui
aussi a le droit de profiter du plaisir
de la découverte…
Si vous êtes ludiste, gardez donc
une ou deux combinaisons tac-
tiques en réserve. Ne les révélez
qu’au moment où elles vous per-
mettront de remporter la victoire,
au grand étonnement de vos ca-
marades. Essayez aussi de trouver
de nouvelles façons d’utiliser les
capacités que vous maîtrisez. Et
lorsque vous progresserez en expé-
rience, choisissez-en qui change-
ront la donne, qui vous offriront de
toutes nouvelles possibilités ou qui
remanieront les anciennes pour les
accroître.
Si vous êtes narrativiste, n’hési-
tez pas à révéler un secret enfoui
au moment où ce sera le plus
émouvant, quitte à l’inventer.
« Luke, je suis ton père ! » C’est le
genre de phrase qui reste gravée
dans les mémoires et font d’une
histoire une œuvre que plus per-
sonne n’oubliera. Pensez égale-
ment à faire évoluer les sentiments
de votre personnage face aux PNJ,
ou aux autres PJ, ou même à la
vie en général. Un optimiste qui
devient peu à peu désabusé, une
âme perdue qui retrouve soudaine-
ment l’espoir, tout cela participera
à construire un récit encore plus
intense.
Et si vous êtes simulationniste,
songez à bien prendre en compte
le monde qui l’entoure. Ne choi-
sissez pas les éventuelles capaci-
tés qu’il va gagner au hasard. Elles
doivent découler logiquement des
épreuves qu’il a affrontées, de ce
qu’il a appris au travers d’elles. De
même pour ses relations. Pensez
à ce que vous ressentiriez à sa
place s’il vous était arrivé la même
chose. Comment réagiriez-vous,
comment évolueriez-vous ? C’est
d’ailleurs le leitmotiv qui va guider
chacune de vos actions : et s’y j’y
étais vraiment, qu’est-ce que je
ferais ?
Et après…
Tout cela ne signifie pas que
vous devez vous interdire d’autres
expériences, évidemment. C’est
même recommandé pour mieux
vous connaître (rappelez-vous : on
a toujours un peu des trois ten-
dances) et pour mieux comprendre
toutes les facettes offertes par
notre loisir…
Alors, faites un peu comme votre
personnage : ayez une âme d’aven-
turier. Cherchez un MJ qui est prêt à
vous montrer une autre manière de
jouer et tentez l’expérience. Même
si vous êtes meneur de jeu, d’ail-
leurs. Redevenez joueur, le temps
d’une partie… Cela affinera vos
préférences tout en renouvelant
votre vision du jeu de rôle.
Poussière

AIDES DE JEU | 207

208 | AIDES DE JEU
JOUER POLITIQUE

AIDE DE JEU

Et la violence
dans tout ça ?
On pourrait croire qu’il y
aurait une frontière claire
entre les sociétés anciennes,
JOUER POLITIQUE
(POUR DE VRAI)
La mécanique secrète
d’une intrigue politique
En JdR, la politique se résume souvent à des face-à-face
dans des alcôves sombres et des jets de baratin. Si de telles
tractations se produisent effectivement dans la vraie vie, elles
ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Voici le moment de
découvrir le reste…

où la violence déterminerait
la politique, et les sociétés
démocratique, où elle en
serait exclue. Si seulement !
Même si on met de côté
les guerres civiles et les
insurrections, la violence joue
un rôle malheureusement
très important dans la
politique des sociétés dites
démocratiques. Tout d’abord,
il y a la violence verbale
ou psychologique : même
si le rapport de force joue
beaucoup, le bon coup de
pression au bon moment
peut tout faire basculer, et le
camp qui envoie le plus de
négociateurs à la table aura
un avantage psychologique.
En outre, il y a la violence
L
a politique est une activité com-
plexe, très complexe. Certains
pourraient même prétendre que
c’est un art. Beaucoup se demandent
si c’est un métier (et si ça n’est pas
un problème que ça puisse le devenir).
Ainsi, résumer cette activité si cruciale
pour nos sociétés à deux trois jets de
baratin et un regard en coin n’est pas
très sérieux. La politique, la vraie, est
un processus long, très long, dont le
regard en coin n’est qu’un aboutisse-
ment finalement très mineur. Cela dit,
partons tout de même de ces face-à-
face chers au JdR (et aux cultures de
l’imaginaire) pour dévoiler toute l’am-
pleur de la discipline.
Le face-à-face
Malheureusement, si on réduit la
politique à ça, on en évacue toute la
dimension… politique.
Ces face-à-face existent. Ils ont sou-
vent des conséquences importantes,
ou même terribles, pour les popula-
tions concernées. Et au cours de ces
face-à-face, les capacités personnelles
des intervenants, leur sang-froid, leur
habileté ou leur roublardise, jouent
effectivement (ainsi que le nombre :
n’allez jamais seul à une négociation
contre plusieurs !). Cependant, le dé-
nouement de ces face-à-face est au
moins autant déterminé, sinon encore
plus déterminé, par des paramètres
extérieurs à la réunion. Il s’agit du rap-
port de force.
Lorsque deux chefs se font face, ils

physique, la vraie. Celle-
ci surgira rarement dans
un face-à-face politique
(encore que), mais elle
surplombera tout le travail
politique pour se constituer
une base : il faudra veiller
à ce que les manifestations
ne dégénèrent pas, ou au
contraire veiller à ce qu’elles
mettent les forces de l’ordre
en difficulté. 
politique
C’est la tarte à la crème d’une
séance de JdR « politique », ou de
n’importe quel film ou épisode de
série TV « politique » : à un moment
ou un autre, deux chefs se font
face et règlent un différend à coups
de mensonges ou d’intimidations.
Bien réalisés, ces face-à-face sont
très prenants et ils répondent à
des contraintes de mise en scène.
savent (ou croient savoir) quelles sont
les forces de l’autre. Leur hardiesse,
qu’elle se concrétise par la ruse ou la
menace, est directement déterminée
par la marge de manœuvre que leur
laisse ce rapport de force. Il y aura tou-
jours des courageux ou des fous pour
faire fi de celui-ci et jouer l’esbroufe
contre une force très supérieure mais,
la plupart du temps, c’est le rapport de
force qui surdétermine le cours de la
conversation.

Le rapport de force
Ce rapport de force peut se constituer
de bien des façons différentes, selon le
contexte politique du face à face :
• Dans un monde med-fan, ou dans les
milieux criminels, il s’agira du rapport
de force militaire. Dans ces cas-là, la
loi est souvent celle du plus fort, au
sens le plus littéral du terme. Les
forces militaires seront également les
plus importantes dans les sociétés
démocratiques qui ont sombré dans
le chaos, à cause de la guerre, de la
guerre civile ou d’une situation insur-
rectionnelle. Elles jouent également,
et beaucoup, dans les relations entre
pays, y compris modernes, où elles
sont complétées par la dissuasion
nucléaire.
• Dans les relations entre pays, la
puissance économique jouera beau-
coup également. Plus un chef pourra
se passer des autres pour nourrir la
population dont il a la charge, plus il
sera en position de force pour négo-
cier. C’est encore plus vrai si les autres
ont besoin de lui pour assurer le re-
nouvellement des conditions de vie
de leurs populations.
• À l’intérieur d’une société démocra-
tique, il s’agira du rapport de force
politique, c’est-à-dire du nombre.
Plus un chef représente (ou croit
représenter) un grand nombre de vo-
tants, plus il aura l’ascendant sur ses
concurrents. « La force va à la force »
est un adage auquel il est difficile
d’échapper en démocratie. C’est sur-
tout vrai pour les négociations à l’in-
térieur d’un pays, notamment entre
partis politiques.
• Enfin, le prestige et l’opinion publique
jouent également un grand rôle. Un
chef qui se sent porté par l’opinion
publique de son pays ou par la com-
munauté internationale prendra tou-
jours l’avantage sur celui qui aura le
mauvais rôle.
Ainsi, le rapport de force entre deux
chefs est rarement lié aux chefs, en
réalité. Il est le résultat de réseaux qui
s’étendent dans toute la société, et de
dynamiques qui traversent celle-ci. En
réalité, la première tâche d’un respon-
sable politique, ça n’est pas de mener
des face-à-face, c’est de construire
les dynamiques collectives qui lui
permettront justement de gérer les
face-à-face.
 Les militants ne militeront
jamais seuls pour éviter
les embuscades. Il y aura
des provocations, des
dégradations et des vols. Et
tout cela sera d’autant plus
vrai que la situation politique
se rapprochera d’une
situation insurrectionnelle.
Car la violence est une arme
à double tranchant : elle peut
décourager (voire anéantir !)
l’adversaire, mais elle peut
aussi susciter la colère et faire
dégénérer rapidement les
situations.
Toutes les forces politiques
ne recourent pas à la violence
de la même façon (pour
le coup, il serait possible
d’identifier des « gentils » et
des « méchants ») : l’extrême-
droite l’instrumentalise à
outrance, la plupart des
camps organisent des
militants pour réagir aux
agressions (les fameux
« services d’ordre ») et certains
la rejettent au point de ne
même pas faire ça. Mais elle
est toujours présente malgré
tout.
AIDES DE JEU | 209
210 | AIDES DE JEU
JOUER POLITIQUE
Face-à-face
et faces à faces
Cet article n’a pas pour but
de vous faire supprimer toute
forme de face-à-face politique
dans vos parties, mais de les
éclairer différemment. Vous
pourriez même être amenés
à multiplier ces face-à-face.
En effet, les luttes politiques
sont des luttes du long
terme autant que des luttes
collectives : l’insurrection d’un
soir est en réalité le fruit d’un
travail de plusieurs mois, voire
de plusieurs années et les
négociations internationales
sont en réalités des « cycles »
de négociation qui eux aussi
peuvent durer longtemps,
très longtemps. Et entre
chacun des face-à-face qui
les ponctuent, un double
phénomène aura lieu : le
dénouement du face-à-face
modifiera le rapport de force,
qui produira ses propres
effets et qui modifiera à son
tour le contexte du prochain
face-à-face…
Les dynamiques
collectives
Les dynamiques collectives sont à
la politique ce que le moteur est sous
le capot d’une voiture de sport. C’est
là que tout se passe. Et c’est proba-
blement le plus compliqué. Pour faire
de la politique, il faut du nombre, au
moins pour se créer un réseau d’in-
fluence, et dans les sociétés démo-
cratiques, le grand nombre pour peser
sur les votes. Un chef politique n’est
donc jamais seul. Il a avec lui tout une
troupe de lieutenants (ses « fidèles »,
sa « garde rapprochée ») qui eux-
mêmes ont des lieutenants qui eux-
mêmes… si tout se passe bien, cette
pyramide finit par rassembler des
centaines, des milliers, des millions
d’individus.
Bien sûr, cette pyramide peut se
construire grâce à des relations de
domination (d’une certaine façon, on
pourrait dire que c’est ce qui se passe
dans les entreprises : les employés
obéissent au chef pour pouvoir man-
ger à la fin du mois), ou d’influence
(comme dans une secte), mais les
pyramides les plus puissantes, et
celles qui sont assez fortes pour ce
qu’est vraiment la politique, ce sont
les dynamiques collectives construites
sur une idéologie, partagée par ses
sympathisants, voire soutenue avec
enthousiasme.
C’est un des secrets de la politique :
tout le monde croit être le gentil
de l’histoire. Tout le monde pense
faire le bien du monde. En politique,
un « méchant », ça n’existe pas (ou
alors, c’est vraiment très rare). Tout
le monde veut créer une société par-
faite… selon ses critères. Le but du
jeu est donc de partager ces critères
avec le maximum de gens pour créer
de l’adhésion, de l’enthousiasme ou
de la ferveur. Ça demande du travail,
beaucoup de travail. Celui-ci peut être
facilité par l’existence de moyens de
communications technologiques (ou
magiques), mais ça reste un travail
de fourmi. Les militants politiques
le savent bien : il faut organiser des
réunions, distribuer des tracts sur
les marchés, faire du porte-à-porte,
convaincre les électeurs un à un à un
à un. Dans nos sociétés modernes,
les média (et l’influence qu’ils ont)
tendent à invisibiliser ce travail, mais
il existe bel et bien, et il est fonda-
mental. Et ensuite, il faut encore du
travail pour conserver cette adhésion,
cet enthousiasme ou cette ferveur :
il faut engranger les victoires (élec-
torales ou militaires), satisfaire les
revendications de « la base » ou créer
des mécanismes de promotion au sein
des soutiens. C’est un numéro d’équi-
libriste permanent car la puissance
du nombre est si terrible qu’elle peut
se retourner contre celui qui cherche
à s’en servir : la mauvaise rumeur au
mauvais moment peut tout détruire,
une accumulation de défaites lassera
tout le monde et la trahison idéolo-
gique d’un chef peut créer des dégâts
terribles.
Bref, la puissance du nombre et
les dynamiques collectives ne déter-
minent pas seulement le résultat des
face-à-face que mène un responsable
politique, elles déterminent en réalité
toute sa vie.
Le noble art
de la politique
Dans les cultures de l’imaginaire, la
politique est souvent réduite aux ma-
gouilles. Celles-ci font malheureuse-
ment partie du « jeu », mais la politique
ne se résume pas ça, loin s’en faut. La
sociologie politique nous enseigne que
le pouvoir d’un État est la combinaison
du monopole de la violence (légitime)
et le soutien du peuple. Certes, ce sou-
tien peut être le résultat de manipula-
tions (y compris à grande échelle), mais
il n’est jamais aussi fort que lorsqu’il
est fondé sur une adhésion réelle à
une idéologie bien construite. Lorsqu’il
existe un trop grand décalage entre
les valeurs affichées par une société
et la réalité des situations, le retour
de bâton est terrible. Régulièrement,
les manifestations et les révolutions
populaires démontrent que le nombre
emporte tout. Il se fait parfois at-
tendre, mais il finit toujours par arriver.
Arnaud Cuidet (avec l’aide de Clara)
Illustrations : Didier Guiserix
Zeitgeist
Il aurait été possible de
s’éloigner encore plus du
ace-à-face en prenant en
compte le climat social ou
le climat politique global de
la société en considération.
Les luttes politiques, en tout
cas celles qui durent et qui
aboutissent, sont rarement le
fait d’un arbitraire personnel ;
elles sont l’expression de
grandes tendances qui
traversent la société. Elles
sont nourries par elles et les
nourrissent en retour en les
incarnant (une manifestation
« manifeste » effectivement
une revendication). Selon
comment un dirigeant
parvient, ou pas, à capter
l’air du temps politique de sa
société, il sera plus ou moins
victorieux.
AIDES DE JEU | 211
212 | AIDES DE JEU
L’AUSTURLAND

MEUTE

L’AUSTURLAND
Sur les terres glacées d’Islande
Froid arctique, brumes opaques, bourgades isolées,
superstitions ancestrales et habitants solides : la campagne
islandaise fournit un parfait terreau pour une petite campagne
du jeu de rôle Meute de Julien Moreau.

S
L’Islande i le projet éditorial de Meute des-
Capitale : Reykjavik tine plutôt le jeu à s’ancrer dans
Population : 376 250 le folklore parfois méconnu mais
habitants toujours passionnant de notre bonne
Superficie : 103 000 km² vieille France, il peut être intéressant
Langue : islandais d’en transplanter l’action sur d’autres
Monnaie : couronne terres afin de renouveler un peu le plai-
islandaise
sir et de surprendre les joueurs. Cette
aide de jeu fournit l’occasion idéale
pour cela en les transportant dans une
Islande de légende et de mystère…
Une histoire
de l’Islande
C’est au cours du neuvième siècle de
notre ère que l’Islande fut découverte
par des explorateurs norrois, venus
principalement du Danemark et de
Norvège. Très vite, de nombreux colons
vinrent s’y établir en quête d’une nou-
velle vie loin des conflits agitant leurs
terres ancestrales – profitant du désert
glacé que constituait cette île pour y
établir leurs communautés. D’après
d’anciens récits, le premier viking à
s’être installé dans ce qui s’appelait en-
core le Snæland (« le pays des neiges »)
se nommait Floki aux Corbeaux et il
baptisa sa nouvelle patrie du nom qui
lui est depuis resté : Ísland (« le pays
des glaces »). C’est toutefois l’exilé
norvégien Ingólfr Arnarson qui fonda
le village destiné à devenir la capitale,
Reykjavik.
Parmi ces colons des premiers temps
se trouvaient au moins une meute de
Neuris, poussée à quitter son territoire
continental par la soif de découverte
autant que par la nécessité de fuir des
oppositions avec des meutes rivales ou
des Berserkir. Particulièrement inhos-
pitalière, l’Islande ne facilita pas l’im-
plantation des colons et il ne fait aucun
doute que la présence de Neuris parmi
eux aida grandement durant les diffi-
ciles années d’acclimatation.
Peu à peu, la civilisation s’établit
sur l’île. L’althing (l’assemblée des
hommes libres) fut fondé et permit aux
divers villages de prospérer en bonne
entente – malgré quelques inévitables
mais rares antagonismes. À mesure
que l’Islande se développait, de plus
en plus de Norrois vinrent s’y installer.
Puis le pays devint une étape pour les
courageux explorateurs qui partaient
en quête de nouvelles terres toujours
plus loin à l’ouest (le Grœnland puis
l’Amérique du Nord, alors connue sous
le nom de Vinland), favorisant le com-
merce. C’est à cette période que le
christianisme fut adopté comme reli-
gion officielle, bien qu’il ait été laissé
aux païens toute liberté de pratiquer
leur propre culte.
Au treizième siècle, l’Islande passa
sous domination norvégienne, tout
en gardant une relative autonomie
grâce à son althing. Cela sonna hélas
le début d’une sombre période pour le
pays : déjà très pauvre du fait de ses
rudes conditions de vie (infertilité du
sol, activité volcanique permanente,
climat gelé…), il subit deux vagues de
peste noire qui tuèrent chacune près
de la moitié de sa population alors
que des pirates menaient des raids
sur ses côtes affaiblies. Les siècles qui
suivirent ne se montrèrent guère plus
cléments : éruption volcanique dévas-
tatrice, épidémie de variole, petit âge
glaciaire, famine…
Il fallut attendre le tournant du dix-
neuvième siècle pour que l’Islande
redresse enfin la tête. Le pays gagna
progressivement son indépendance
et devint un État autonome, même si
soumis au roi du Danemark. Bien que
neutre, l’île se vit occupée durant la
Seconde Guerre Mondiale par l’Angle-
terre et les États-Unis. Malgré (ou à
cause de) ces déboires, le peuple d’Is-
lande fit le choix de devenir une répu-
blique le 17 juin 1944, brisant unilatéra-
lement son lien avec un Danemark alors
occupé par le Troisième Reich. Le pays
rejoignit par la suite l’ONU et l’OTAN.
Enfin maîtresse de son destin,
l’Islande se donna les moyens de
prospérer : industrialisation de la
pêche et plan Marshall octroyé par les
Américains tirèrent son économie vers
le haut et permirent la mise en place
d’un État fort, sur le modèle scandi-
nave. Dès la fin du vingtième siècle, l’île
orienta sa politique étrangère vers des
causes humanitaires et s’avéra une ar-
dente promotrice de la paix. Son écono-
mie se financiarisa peu à peu, rendant
l’Islande particulièrement vulnérable à
la crise de 2008, à la suite de laquelle le
peuple renversa son gouvernement et
établit une nouvelle constitution afin
de stabiliser sa situation.
De nombreuses étapes du dévelop-
pement de l’Islande peuvent constituer
des Mémoires de meute accessibles au
groupe des joueurs. Citons par exemple :
Floki et ses compagnons ; les premières
colonies ; un royaume-étape ; l’âge
sombre ; vers l’indépendance.
Prononcer l’islandais
L’islandais comprend deux
lettres bizarres, et des lettres
ou groupes de lettres se
prononçant différemment du
français. Voici comment les
prononcer certains d’entre
eux :
Á/á : se prononce [ao]
Æ/æ : se prononce [aï]
AU/au : se prononce [euï]
Ð/ð : se prononce comme
le « th » dur anglais (thin,
thistle…)
E/e : se prononce [è]
F/f : compliqué, celui là :
[f ] devant les k, s et t, et
en position initiale ; [p] à
l’intérieur d’un mot devant l
et n ; [v] dans tous les autres
cas.
LL/ll : se prononce [tl]
NN/nn : se prononce [tn]
Þ/þ : se prononce comme
le « th » doux anglais (the,
that…)
AIDES DE JEU | 213
214 | AIDES DE JEU
L’AUSTURLAND
L’Austurland
Capitale : Egilsstaðir
Population : 13 600 habitants
Superficie : 22 720 km²
Inspiration
Il existe quelques séries
islandaises à même de
donner une idée de
l’ambiance des lieux.
Trapped (3 saisons) est
un polar se déroulant à
Seyðisfjörður et dans les
alentours. La première saison
qui se déroule durant une
tempête de neige montre
bien la puissance de la nature
en Islande et la solidaire
résilience de ses habitants.
Plus ouvertement
fantastique, Katla (1 saison)
met à l’honneur l’activité
volcanique locale et offre
de sublimes paysages quasi
post-apocalyptiques, alors
que les habitants essaient de
reconstruire leur ville.
Autre polar, les Meurtres du
Valhalla (1 saison) se passe
à Reykjavík et dans l’ouest
du pays mais montre bien le
travail de sa police tout en
distillant une atmosphère
aussi venimeuse que
crépusculaire.
La Région de l’Est
Également nommé Austfirðir (« les
fjords de l’est »), l’Austurland consti-
tue l’une des huit régions de l’Islande.
Elle est située sur la côte est de l’île et
l’ouvre donc vers l’Europe et en particu-
lier la Scandinavie. Historiquement, sa
population se constituait de pêcheurs,
ce qui est encore en partie le cas.
Toutefois, la modernisation du pays
permit l’implantation d’industries de
pointe comme la centrale hydroélec-
trique de Kárahnjúkar ou la fonderie
d’aluminium de Fjardaál.
En effet, suite au déclin de l’industrie
de la pêche, la région menaçait de se
dépeupler et le gouvernement encou-
ragea le groupe américain Alcoa à y
construire cette usine en exploitant le
potentiel hydroélectrique et géother-
mique local. L’importante création
d’emplois qui s’ensuivit permit à l’Aus-
turland de renouer avec une certaine
prospérité.
L’ambiance de l’Austurland donne à
la région une aura mythique palpable.
Bien qu’il y fasse rarement moins de
0°C, la température ne dépasse pas
non plus les 15°C en été. Le paysage,
constitué de reliefs volcaniques dans
les terres, se perd en immenses fjords
bleutés en bord de mer. La neige et la
brume semblent omniprésentes et
rendent la circulation difficile – le 4x4
est roi dans ces parages. La nuit tombe
tôt et dure longtemps en hiver tandis
que l’été baigne la contrée d’une lueur
pâle et diffuse de longues heures du-
rant. Des aurores boréales iridescentes
brisent parfois l’obscurité nocturne,
en un spectacle d’un autre monde.
Çà et là, des bâtiments désaffectés
émaillent les collines : usines aban-
données, vieilles conserveries et autres
constructions énigmatiques, donnent
du corps aux histoires de fantômes que
se racontent les habitants de villages
isolés les uns des autres durant les sai-
sons froides. Tertres aux arêtes aiguës,
bassins d’eau bouillonnante, plages
de basalte et icebergs étrangement
sculptés par une nature capricieuse
achèvent de donner à l’Austurland une
singularité qui fait parfois douter que
cette terre se trouve réellement sur
notre planète…
Située sur les rives du Lögurinn, la
ville d’Egilsstaðir (2.250 habitants) est
la capitale de l’Austurland et sa munici-
palité la plus peuplée. On y trouve l’ad-
ministration régionale (dont la direc-
tion de la police locale), un hôpital, une
université et un aéroport. Considérée
comme une ville-nouvelle du fait de
son essor récent, Egilsstaðir fut fondée
au début du vingtième siècle par un
médium nommé Jón Bergsson qui avait
alors prédit « ici se bâtiront les carre-
fours » – une vision à laquelle l’histoire
a fini par donner raison.
De nos jours, on trouve encore des
descendants de ce pionnier et certains
d’entre eux ont hérité de son don. Ces
derniers sont chefs d’entreprise ou pro-
fesseurs à l’université mais l’une d’entre
eux est une inspectrice de police à la
flatteuse réputation. Sonja Ingisdottir
se révèle en effet une enquêtrice parti-
culièrement douée et – secrètement –
une familière des quelques Surnat’ qui
hantent l’Austurland, dont elle perce
sans mal l’identité grâce à sa double-
vue. Elle peut s’avérer une alliée fiable
pour des Neuris ayant à cœur de proté-
ger la région, mais peut également se
montrer impitoyable envers toute créa-
ture qui perturberait la tranquillité des
habitants du cru.
Reyðarfjörður (1.100 habitants) se
trouve au fond du plus grand fjord de la
côte est-islandaise. Port de commerce
autant que de pêche, la ville a bénéfi-
cié de l’implantation toute proche de
la fonderie d’aluminium – une grande
partie de ses habitants y travaillant.
Durant la Seconde Guerre Mondiale,
le bourg devint une importante base
alliée et en a gardé quelques traces
– dont des fortifications portuaires
et un musée. Le gardien de celui-ci se
nomme Elbert Lindarson et cet
homme à l’âge indéfinissable est
en réalité un Berzerkir. Pacifique
de nature, les cicatrices que peine à
dissimuler son épaisse barbe grise
font penser qu’il a réellement vécu
les récits guerriers dont il se fait
le narrateur de sa voix profonde
auprès des quelques visiteurs qu’il
guide.
Cela fait quelques semaines
qu’une tragédie agite les rues de
Reyðarfjörður. Trois hommes ont
en effet été retrouvés noyés à
quelques jours d’intervalle – alors
qu’ils étaient considérés comme
de bons nageurs. Ils ne semblent
pas s’être débattus mais aucun
d’eux n’offrait le portrait d’un
candidat au suicide. La vérité est
plus trouble : ils ont été victimes
d’une Incarnée. Irunn Ornsdottir
se mue en effet peu à peu en nykur
– une sorte de sirène issue folk-
lore scandinave. Le rituel consiste
à noyer des êtres vivants et, si elle
a commencé par des animaux du
voisinage, elle vient tout juste de
passer aux humains et gagne ainsi
en puissance…
Entourée par des montagnes
sur trois côtés, Seyðisfjörður (670
habitants) s’ouvre sur la mer et
accueille la seule ligne de ferry
qui relie l’Islande au continent. Un
bateau de la compagnie Smyril Line
fait en effet le trajet du Danemark
jusqu’à ce bourg une fois par se-
maine en été et de façon plus irré-
gulière durant les saisons froides.
Malgré son faible nombre d’habi-
tants, Seyðisfjörður est un impor-
tant centre culturel de la région. On
y trouve ainsi le centre artistique
visuel de Skaftfell, un festival
annuel de musique (le LungA Art
Festival), des cinémas et plusieurs
musées. La ville profite ainsi d’un
important tourisme.
En 2020, un important glissement
de terrain frappa Seyðisfjörður et
détruisit près d’une cinquantaine
de bâtiments, heureusement sans
faire de victimes, grâce à une éva-
cuation efficace. Melrakki résidant
de la bourgade (cf. plus loin), Jonar
Annelson soupçonne plus qu’une
catastrophe naturelle. Au cours de
ses recherches, il est en effet tom-
bé sur un vieux manuscrit mention-
nant la présence en Islande d’un
helhest, un cheval à trois pattes
messager de mort et de calamités.
La créature aurait jadis été enfer-
mée par un rituel mettant à profit
les montagnes entourant le port.
Peut-être le glissement de terrain
n’est-il que le signe annonciateur
de sa libération prochaine…
Djúpivogur (350 habitants) est
une ancienne ville-relais, où des
habitants de toute la région se réu-
nissaient jadis pour échanger biens
et marchandises. On y trouve d’ail-
leurs le plus vieux magasin du pays
– datant de 1790 et devenu depuis
le musée de Langabuð. Plusieurs
lagunes et îlots entourent la
AIDES DE JEU | 215
216 | AIDES DE JEU
L’AUSTURLAND
bourgade et constituent des ré-
serves naturelles pour diverses es-
pèces d’oiseaux migrateurs. C’est
en ces lieux que fut enregistrée la
plus haute température de toute
l’histoire de l’Islande : 30°C en juin
1932.
En réalité, cette anomalie ther-
mique trouve son origine dans
l’une des batailles secrètes les plus
épiques du pays, qui peut consti-
tuer une Mémoire de meute : la dé-
faite de Surtur. À l’orée des années
1930, un tueur en série sévissait
à Djúpivogur et il brûla vives pas
moins de huit victimes. En réalité,
l’homme exécutait un rituel afin
de devenir un Incarné, et pas n’im-
porte lequel : Surtur en personne,
le géant du feu de la mythologie
scandinave. Transformé en une
torche humaine incontrôlable, il
menaçait d’incendier toute la ville
avant qu’une meute de Neuris ne
l’affronte et parvienne à le neu-
traliser, non sans pertes tragiques.
Mais ce qu’ignoraient ces héros
anonymes, c’est que le tueur te-
nait un journal de ses expériences
ésotériques et que celui-ci est
récemment tombé entre les mains
d’un adolescent perturbé, Trausti
Hildurson.
Höfn (1.640 habitants) se situe
au sud de l’Austurland. Port bâti
sur une péninsule, la mer enve-
loppe donc cette bourgade entou-
rée de plusieurs petites îles. La
pêche reste l’activité principale
Les distances
Egilsstaðir
Egilsstaðir 0 km
Reyðarfjörður 35 km
Seyðisfjörður 27 km
Djúpivogur 150 km
Höfn 250 km
des habitants, grâce à l’usine de
traitement et de conditionnement
du poisson de Skinney-Þinganes.
Toutefois, le paysage et la météo
locale attirent également les tou-
ristes et divers films se sont tour-
nés dans les alentours de la ville
(dont certains James Bond).
C’est à Höfn que se trouve le
promontoire connu sous le nom
d’Ingólfshöfði, où aurait accosté
Ingólfur Arnarson le jour où il mit
le pied pour la première fois en
Islande. Une légende populaire ra-
conte qu’il y aurait planté son épée
et que l’arme serait restée intacte
depuis plus de mille ans, protégée
par la terre glacée de l’île. Bien des
archéologues en herbe ont tenté
de la retrouver mais aucun n’y est
parvenu – ou ne s’est avéré digne…
Les lieux
intéressants
Comptant parmi les plus grands
glaciers d’Europe, le Vatnajökull
se trouve partiellement situé en
Austurland. Cette calotte gla-
ciaire se montre épaisse de près
de 1.000 mètres et recouvre plu-
sieurs volcans, ainsi que des lacs
souterrains. Lorsque ces volcans
entrent en éruption, ils causent
d’importantes inondations nom-
mées jökulhlaups, causées par la
fonte de fragments du Vatnajökull.
Depuis 2008, le glacier appartient
à un parc national qui représente
Reyðarfjörður Seyðisfjörður
35 km 27 km
0 km 60 km
60 km 0 km
125 km 175 km
225 km 275 km
quinze pourcents de la superficie
de toute l’Islande.
Une légende commune pré-
tend que des géants des glaces
(les fameux jötunn de la mytho-
logie scandinave, ennemis des
dieux asgardiens) vivent sous le
Vatnajökull. À l’aube du peuple-
ment de l’Islande, ces monstres se-
maient la terreur parmi les colons
jusqu’à ce qu’un groupe de coura-
geux guerriers ne les repousse vers
le glacier afin de les y enfermer. Les
éruptions volcaniques qui agitent
régulièrement la calotte glaciaire
résulteraient des cris de colère des
jötunn cherchant à sortir de cette
prison. Il est tout à fait possible
que ce conte ait une base de vérité
si l’on considère que les géants
des glaces étaient des Incarnés et
que les vikings qui les affrontèrent
étaient des Neuris défendant leur
territoire. Peut-être serait-il sage
de tenir le Vatnajökull à l’œil…
Le Lögurinn est un lac ali-
menté par la rivière Lagarfljót.
La centrale hydroélectrique de
Lagarfossvirkjun se trouve à l’une
de ses extrémités et deux im-
portantes cascades l’encadrent
– Hengifoss et Litlanesfoss.
Egilsstaðir se trouve sur les bords
du lac, qui fait office de port de
plaisance local et offre de fabuleux
circuits de randonnées le long de
ses berges.
Ce plan d’eau et ses environs font
l’objet de nombreuses légendes.
Djúpivogur Höfn
150 km 250 km
125 km 225 km
175 km 275 km
0 km 100 km
100 km 0 km
AIDES DE JEU | 217
218 | AIDES DE JEU
L’AUSTURLAND
Le folklore prétend ainsi que les
Huldufólk dissimulent de l’or der-
rière les cascades. Toutefois, le
mythe le plus populaire concerne
un monstre aquatique dissimulé
dans les tréfonds du Lögurinn :
le Lagarfljótsormur. Les rumeurs
concernant ce serpent géant re-
montent au quatorzième siècle. On
le dit long de plus de dix mètres,
capable de nager dans les profon-
deurs aussi bien que de ramper
sur terre. En 1983, un large câble
téléphonique installé au fond du
lac fut retrouvé endommagé et
gravement déchiré à plus de vingt
endroits – une dégradation attri-
buée au Lagarfljótsormur. Vérité
ou simple conte, la présence de ce
monstre attire chaque année de
nombreux curieux.
La Hallormsstaðaskógur est la
plus grande forêt de toute l’Islande.
Comportant de nombreux bouleaux
mais abritant plus de trois cents
autres espèces d’arbres, elle servit
de réserve de bois aux premiers
colons, permettant de bâtir leurs
villages et bateaux ainsi que de
se chauffer. De nos jours, il s’agit
d’une attraction touristique qui
offre de nombreux sentiers de ran-
données, des aires de pique-nique,
des campings, un arboretum et
même un hôtel. Elle reste toutefois
particulièrement protégée et fait
l’objet des soins les plus attentifs
du Service forestier islandais.
Bien qu’elle ne soit pas très
étendue, des promeneurs se
perdent chaque année au sein de
la Hallormsstaðaskógur. Même si
la majorité est retrouvée, quelques-
uns finissent par manquer à l’appel
et on ne les revoit jamais. Parmi
ceux qui ont la chance d’en sortir,
certains parlent de phénomènes
étranges et de sombres oiseaux
au croassement moqueur. Les
plus érudits soupçonnent que la
forêt soit hantée par des valhrafn :
des êtres mi-corbeaux mi-loups,
réputés avides de chair humaine.
Animés par une intelligence malé-
fique, ces créatures égareraient les
excursionnistes afin de s’en repaître
tranquilement dans les sous-bois…
Factions humaines
et surnaturelles
La Lögreglan est la police islan-
daise. L’Austurland en constitue
le sixième district et le quartier-
général de la région se trouve à
Egilsstaðir. Il est dirigé par un
directeur qui a sous ses ordres des
inspecteurs et des agents. Presque
chaque bourgade possède égale-
ment son propre poste de police,
qui comprend de deux à cinq agents
commandés par un commissaire.
En raison du très faible taux de cri-
minalité de l’Islande, la Lögreglan
remplit de nombreuses missions
d’intérêt général (aller au secour
d’habitants coincés par le climat,
mener des actions de prévention…)
et gère également la vie civile (par
exemple, en offrant une médiation
lors de disputes entre voisins ou en
intervenant en cas de tentative de
suicide). Les policiers islandais ne
portent pas d’arme à feu, seule-
ment une matraque et une bombe
lacrymogène. Pistolets et fusils
se trouvent stockés dans des ar-
moires ou coffres fermés. Blancs et
bleus, les véhicules, de solides 4x4
en Austurland, arborent le logo de
la Lögreglan.
Du fait de son éclatement et de
sa proximité avec la population, la
police de la région constitue le dé-
bouché idéal pour des Neuris ayant
à cœur de veiller sur leur territoire.
Porter l’uniforme leur octroie la
légitimité et les moyens de remplir
cette mission. Une meute bien or-
ganisée ne manque ainsi pas de pla-
cer quelques-uns de ses membres
au sein de la Lögreglan locale…
Officiellement club de motards
passionnés de mécanique et de
vitesse, les Sons of Fafnir gèrent
en réalité une grande partie de la cri-
minalité en Austurland. Du fait de
leur mobilité et de leur nombre, il leur
est aisé de couvrir toute la région et
d’avoir leurs entrées dans les bars ou
discothèques qui apportent un peu de
distraction durant les longues nuits bo-
réales. Donnant principalement dans
le trafic de drogue, les Sons of Fafnir
font le lien entre ce réseau de points
de vente et l’organisation mafieuse da-
noise Rytterne, en profitant du ferry qui
accoste régulièrement à Seyðisfjörður
pour acheminer la marchandise.
Le gang est dirigé par une Vouivre d’ori-
gine suédoise : Ylva Lantz. Si elle ne l’a
pas fondé, l’âme-double s’est emparée
des rênes de ce motorclub il y a de cela
plus de quinze ans et ceux qui ont essayé
de lui en disputer la tête l’ont amère-
ment regretté. Ayant installé son nid
dans un hôpital psychiatrique désaffec-
té au milieu de nulle part, elle y accueille
ses subordonnés qui bénéficient d’une
aile entière transformée en garage et
atelier de mécanique. Un certain confort
règne dans le bâtiment grâce à plusieurs
groupes électrogènes et un bon nombre
de Sons of Fafnir logent sur place et y
font fréquemment la fête. Ylva Lantz n’a
d’autre objectif que de mener une exis-
tence relativement aisée, profitant du
pouvoir dont elle dispose en Austurland.
Elle ressent un certain instinct de protec-
tion envers son gang mais n’hésiterait
pas à l’abandonner si sa vie était mena-
cée. Elle n’apprécie toutefois guère que
l’on malmène ses sujets.
Les Huldufólk arftaki (« héritiers des
Huldufólk ») forment l’un des nom-
breux groupes s’adonnant à l’Ásatrú
en Islande. Épris de tranquillité et cher-
chant à se rapprocher de leurs racines
scandinaves, ces Ásatrúar ont établi
une communauté après avoir racheté
une ferme fortifiée en Austurland,
dont ils ont fait leur nouveau foyer. Ils
y vivent de façon à communier avec les
Huldufólk locaux (les représentants
du peuple-fée) dont ils protègent les

AIDES DE JEU | 219

220 | AIDES DE JEU
L’AUSTURLAND
L’Ásatrú
Religion néopaïenne mettant
à l’honneur les anciennes
croyances scandinaves,
l’Ásatrú connaît depuis
les années 1970 une
réelle popularité parmi
les populations nordiques
– au point que l’Islande
l’a reconnue comme une
religion d’État officielle.
Ses pratiquants sont nommés
Ásatrúar et se réunissent en
groupes modelés selon les
anciens thing (assemblées
populaires). Ni dogme
ni autorité centrale ne
régissent l’Ásatrú ; même si
l’observance de neuf vertus
constitue un point commun
(force, courage, jouissance,
honneur, liberté, parenté,
pragmatisme, vigueur et
ascendance). Les croyances
– plus métaphoriques que
littérales – comprennent la
foi dans les neuf mondes
et le panthéon de la
mythologie scandinave.
Des symboles comme les
runes ou le marteau de Thor
sont fréquemment utilisés
et une grande importance
est accordée au respect
de la nature via des rites
shamaniques.
En Islande, l’Ásatrúarfélagið
est une organisation
religieuse officielle depuis
1973, ayant pour objet de
promouvoir l’Ásatrú. Elle
peut ainsi procéder à des
mariages et funérailles. Du
fait de leur Mémoire de
meute, de nombreux Neuris
islandais sont des Ásatrúar
et certains tiennent une
place importante dans cette
association – à laquelle
ils font bénéficier de leur
connaissance pointue de
l’ancienne religion norroise.
Álagablettur (les demeures de ces créa-
tures, dissimulées aux yeux des mor-
tels). Accueillants, ils acceptent que les
habitants de la région viennent assister
à leurs rites dans l’espoir de convertir
plus de croyants. Les quatre célébra-
tions des saisons (Julblot en hiver,
Vårblot au printemps, Midsommarblot
en été et Höstblot en automne) attirent
d’ailleurs bien des curieux.
Les Dames blanches constituent les
âmes-doubles les plus répandues en
Islande et toutes ont pour familier un
harfang. Linhildur Jomarsdottir en est
une digne représentante et elle dirige les
Huldufólk arftaki en tant que seiðkona,
prêtresse pratiquant le Sejðr, l’ancienne
magie norroise. Ses pouvoirs sont réels
et, au sein de son assemblée, nul n’ose
la remettre en question. Correspondant
avec d’autres Dames blanches à travers
le pays, elle a à cœur d’ouvrir l’Islande
sur une ère d’harmonie avec la nature
et les êtres cachés, seule voie selon elle
pour mener le pays à la prospérité. La
rumeur veut même qu’elle ait l’oreille
de certains politiciens… ce qui peut
sembler nécessaire, car une si grande
concentration de Dames blanches attire
bien des sorciers mal intentionnés.
Folklore islandais
L’unique mammifère présent naturel-
lement en Islande est le renard polaire,
une espèce à l’épaisse fourrure blanche.
Adapté au froid glacial des régions arc-
tiques, ce canidé plus petit que son
cousin roux attira bien vite l’attention
des premiers colons de l’île. La légende
raconte que la seiðkona d’une petite
communauté, lasse de voir les siens
périr de froid, implora le dieu décepteur
Loki de leur venir en aide. En transe, elle
effectua un rituel qui lia les âmes de ses
proches à celles des renards polaires
des environs, créant ainsi un nouveau
type d’âme-double : les Melrakki.
Fort peu nombreux (ils ne sont guère
plus de quinze dans toute l’Islande),
les Melrakki appartiennent à une vague
organisation nommée les Loki þjónar
(« serviteurs de Loki »), en l’honneur
de leur divinité tutélaire. Sans réelle
structure ou mission, ce groupe s’épar-
pille à travers tout le pays sans ressen-
tir le besoin de vivre en meute comme
les Neuris. Cependant, l’hospitalité
constitue pour eux une loi sacrée et un
Melrakki fera toujours bon accueil à l’un
de ses semblables. Vis-à-vis des autres
Surnat’, ils s’avèrent méfiants au mieux
et ne dévoilent que rarement leur véri-
table nature. En Austurland, un Melrakki
nommé Hinrik Unnarson travaille au
sein de la Hallormsstaðaskógur, en tant
que représentant du Service forestier
islandais.
Monstre sanguinaire tout droit venu
du mythe de Beowulf, le Grendel
abhorre plus que tout les rires et la
musique. Quand il entend des gens
s’amuser et faire la fête, il quitte son
repaire pour aller massacrer les bien-
heureux qui le dérangent. L’Austurland
est parsemé de bars, pubs et boîtes
de nuit où les habitants se réunissent
afin de boire et danser ensemble. Jotar
Bergurson est un homme âgé que les
fêtards de la discothèque voisine de
son domicile à Höfn rendent peu à peu
fou. Une nuit, il en a guetté un dans une
allée sombre pour le tabasser à coup de
pelle, initiant sans le savoir le rituel
d’incarnation du Grendel. Devenu plus
fort mais encore plus sensible au bruit,
le vieillard se sent désormais assez
puissant pour perpétrer un carnage…
Créature vampirique avide de chair et
de sang, l’Afturganga sort à la nuit tom-
bée pour se repaître des promeneurs im-
prudents avant de regagner la sécurité de
sa grotte. La lumière du soleil est seule
capable de venir à bout de ce monstre.
Étudiante à l’université d’Egilsstaðir,
Krista Vidarsdottir se spécialise en an-
thropologie, notamment concernant les
tribus primitives s’adonnant au canni-
balisme. Cette pratique taboue devient
peu à peu une obsession pour elle sans
qu’elle comprenne pourquoi. Elle sent
qu’elle ne pourra pas résister longtemps
à l’attrait de la chair humaine, ce qui la
pousse à fuir ses camarades et à ne plus
sortir que la nuit. Se sentant basculer
dans une forme de folie, elle cherche dé-
sespérément de l’aide et se tourne vers
divers psychologues et même certains
groupes ésotériques.
L’Ellerkone aime à séduire les prome-
neurs pour les égarer dans les bois. Cette
nymphe scandinave à la chevelure de
feuilles et à la peau d’un brun profond
guide ces malheureux vers la mort, dont
elle est une sorte d’avatar. Il y a quelques
mois, Olrün Arnisdottir dut échapper
à un agresseur dans les profondeurs
de la Hallormsstaðaskógur. Courant
de toutes ses forces, elle parvint à le
mener à un entrelacs de branches dans
lesquelles il se prit les pieds – se brisant
la nuque dans la chute. Traumatisée par
l’événement, la jeune femme a depuis
amené plusieurs hommes rencontrés
en ligne dans la dense forêt pour les y
perdre, chaque sacrifice la transformant
de plus en plus en Incarnée.

Jouer en Austurland
Créer une meute de Neuris originaires
de la région offre de belles opportu-
nités de jeu. En effet, l’Austurland
s’étend sur un vaste territoire à la po-
pulation très dispersée. Un tel territoire
est une gageure à protéger du fait de
l’éloignement de ses centres urbains,
un éloignement encore amplifié par les
conditions géographiques et météo-
rologiques qui peuvent considérable-
ment rallonger les trajets.
De plus, la faune occulte locale se
révèle plutôt riche, du fait de l’héritage
scandinave de l’Islande et de son isole-
ment. Les Surnat’ du cru possèdent une
longue histoire et une forte implantation
dans le pays. Le pratique de l’Ásatrú ren-
force en quelque sorte leur légitimité :
en Austurland, bien des gens croient
aux Huldufólk et s’avèrent supersti-
tieux. En ces terres froides, les croyances
anciennes persistent et offrent aux

AIDES DE JEU | 221

222 | AIDES DE JEU
L’AUSTURLAND
Les noms islandais
En Islande, les noms sont
patronymiques : c’est-à-dire
qu’ils reflètent le prénom du
père (et parfois de la mère)
plutôt que celui d’une famille.
Ainsi, une personne porte un
prénom qui lui appartient
et un nom patronymique
reprenant le prénom de son
père suivi du suffixe « son » (si
c’est un garçon) ou « dottir »
(si c’est une fille).
Par exemple : Einar a un
garçon prénommé Skorri et
une fille prénommée Lind.
Le garçon sera appelé Skorri
Einarson et la fille, Lind
Einarsdottir. Si le père n’est
pas connu, c’est le prénom
de la mère qui sert de base
au nom matronymique dans
un tel cas.
Les Islandais s’appellent
donc le plus souvent par leur
prénom, et ce même sans se
connaître. L’usage du nom
patronymique n’intervient
que quand il s’agit d’être
précis (comme dans le cas
d’une enquête policière).
créatures une couverture bien pratique.
Cela peut les amener à se croire tout per-
mis et c’est pourquoi les Neuris doivent
veiller à leur rappeler leur place.
De la même façon, le terreau fertile
que constitue le folklore islandais per-
met l’émergence d’Incarnés puissants,
comme Surtur ou le Grendel. De tels
monstres constituent des menaces
sérieuses pour la population de l’Aus-
turland. Le fort taux de suicide du pays
ainsi que les fréquentes disparitions
d’habitants durant des catastrophes
climatiques ne facilitent pas le travail
des Neuris, qui doivent faire la part des
choses entre les morts de causes natu-
relles ou surnaturelles. De plus, l’esprit
des Islandais se montre très vulnérable
aux murmures des Incarnés du fait de
leur ouverture aux religions alternatives.
Afin d’aider le meneur de jeu à animer
l’Austurland sous la forme d’un bac-à-
sable typique de Meute, voici quelques
intrigues en cours :
• Un conflit monte progressive-
ment entre les Sons of Fafnir et
les Huldufólk arftaki. Linhildur
Jomarsdottir considère que les ac-
tions du gang dérangent le peuple-
fée et risquent d’attirer leur colère sur
les habitants de la région. Selon elle,
le glissement de terrain ayant frappé
Seyðisfjörður récemment est une
manifestation de cette perturbation,
et de plus terribles risquent de se pro-
duire. Pour le moment, aucune conci-
liation n’a pu aboutir : Ylva Lantz n’a
que faire des demandes de la Dame
blanche. Hélas, la situation s’enve-
nime : sans que l’on sache qui a com-
mencé, des altercations ont éclaté
entre les motards et les Ásatrúar. Il y
a déjà eu des blessés des deux côtés…
Rien de bon ne peut sortir d’une esca-
lade de violence entre les deux âmes-
doubles dirigeant ces groupes.
• L’organisation mafieuse Rytterne a
récemment décidé de placer l’un de
ses hommes à la tête des Sons of
Fafnir afin de se passer d’un inter-
médiaire inutile. Un assassin nommé
Orjan Thomsen s’apprête donc à
prendre le ferry pour Seyðisfjörður.
Bien que simple humain, c’est un
meurtrier de sang-froid qui prend un
plaisir sadique à pratiquer son mé-
tier. Il est accompagné de quelques
hommes chargés de le soutenir mais
il compte bien se réserver la fameuse
Ylva Lantz pour lui tout seul. Son arri-
vée en Islande pourrait bien marquer
le début d’une guerre des gangs…
• Hinrik Unnarson constate avec inquié-
tude que le nombre de disparitions
 mystérieuses augmente constam-
ment dans la Hallormsstaðaskógur.
Le Melrakki soupçonne que des
forces surnaturelles sont à l’œuvre
mais il craint de ne pas disposer des
moyens pour enquêter plus avant
et mettre fin au phénomène. Il s’est
donc résolu à demander l’aide des
Neuris de la meute locale, quitte à se
dévoiler à eux en signe de confiance.
Grâce aux Loki þjónar, il dispose d’un
bon réseau pouvant apporter de nom-
breuses connaissances – ce qui en
fait un allié de poids dans la région.
Profils techniques
Sonja Ingisdottir
Niveau de menace : Second rôle (2)
Niveau de Santé : 3
Spécialités : Enquête, Occultisme,
Conduite
Capacités : Sonja perçoit la nature des
personnes d’un seul regard – une vi-
sion de leur essence se surimposant
à leur image réelle (un loup pour un
Neuri, la légende dont il s’inspire pour
un Incarné…). Elle sait également
déterminer quand on lui ment.
Elbert Lindarson
Elbert Lindarson est à considérer
comme un Basajaun (cf. p.79 de Meute)
à la pilosité normale et dont la Capacité
Enragé lui permet de se changer en
ours, disposant des Spécialités Histoire
et Navigation.
Ylva Lantz
Ylva Lantz est à considérer comme
une Vouivre ancienne (cf. p.77 de
Meute), disposant des Spécialités
Séduction, Criminalité, Mécanique et
Occultisme.
Membre des Sons of Fafnir
Niveau de menace : Figurant (1)
Niveau de Santé : 2
Spécialités : Moto, Criminalité,
Mécanique
Linhildur Jomarsdottir
Linhildur Jomarsdottir est à considé-
rer comme une Dame blanche (cf. p.80
de Meute), disposant des Spécialités
Sejðr, Politique et Médecine.
Membre des Huldufólk
arftaki
Niveau de menace : Figurant (1)
Niveau de Santé : 2
Spécialités : Ásatrú, Survie.
Orjan Thomsen
Niveau de menace : Antagoniste de
scénario (3)
Niveau de Santé : 4
Spécialités : Tir, Poignard, Torture
Melrakki
Niveau de menace : Antagoniste de
scénario (3)
Niveau de Santé : 4
Spécialités : Survie polaire, Discrétion,
Folklore (pour Jonar Annelson),
Enquête (pour Hinrik Unnarson)
Capacités : cf. l’encart sur les Melrakki.
Surtur
Niveau de menace : Antagoniste de
campagne (4)
Niveau de Santé : 8
Spécialités : Pyromanie, Épée
Capacités : Torche humaine (dégâts
infligés +2), Aura de flamme (toucher
Surtur inflige 1 dégât)
Le Grendel
Niveau de menace : Antagoniste de
campagne (4)
Niveau de Santé : 7
Spécialités : Sens, Morsure, Traque
Capacités : Force bestiale (dégâts infli-
gés +1), Résistance (dégâts subis -1)
Romain d’Huissier
Illustrations : Mathilde Marlot
Carte : Josselin Grange
Photos : Jean-Luc Boutel
Un Melrakki
en tant que PJ
S’il le souhaite, un des joueurs
peut interpréter un Melrakki.
Solitaires, les Melrakki
n’entretiennent aucune
animosité envers les Neuris
et peuvent être considérés
comme des alliés – l’un
d’eux peut ainsi faire partie
des Suiveurs de la meute,
capable de lui prêter main-
forte et invité à participer à
ses assemblées. Si cela est
exceptionnel, ça s’explique
par la nécessité de s’entourer
de soutiens fiables dans
un territoire étendu. Bien
entendu, certains Neuris
n’apprécient guère ce genre
de cooptation et savent le
faire savoir (en prenant leur
distance avec la Meute, en
défiant l’Alpha…).
Techniquement, un Melrakki
possède une jauge de
Prégnance semblable à
celle d’un Neuri. Le niveau
Attentif lui permet de faire
appel à des Mémoires, qui
recouvrent le vécu du renard
depuis le rituel effectué par
la seiðkona de Loki. Le niveau
Agité permet d’ignorer
les températures polaires,
grâce au lien que Loki
entretient avec le feu. Une fois
transformé, le renard acquiert
les Spécialités suivantes :
Sens, Dissimulation, Esquive,
Deviner les intentions & les
motivations. Attention : un
Melrakki ne peut pas puiser
dans le lien de Meute, il s’agit
d’un réel inconvénient dont le
joueur doit avoir conscience.
Pour le reste, un Melrakki
se crée comme un Neuri,
avec un Nom et des Traits
de renard (à adapter parmi
les Traits de loup ou à créer,
Sangreloup, Dominant
et Soumis n’étant pas
sélectionnables).
AIDES DE JEU | 223
224 | AIDES DE JEU
PSYCHO-SCRIBE

PSYCHO-SCRIBE, RACONTE-MOI L’HISTOIRE

LES TEMPLIERS, ENTRE

MYTHES ET RÉALITÉ
Le Bouclier de la Papauté
Que d’encre a coulé sur le triste destin des Templiers, ces
chevaliers drapés de leurs capes à la croix pattée ! Auréolés
de mystères et de la couronne d’épines des martyrs, ils sont
devenus une figure incontournable de nos campagnes par les
vestiges laissés de leur prestigieux passé.

Question de vocabulaire
Peut-être faut-il apporter une
petite précision sur le nom
de l’ordre créé par Hugues de
Payns, car nous vous avons
parlé de palais de Salomon
et non de Temple. La partie
du palais où s’installent les
membres de l’ordre a été
reconvertie en église après la
prise de Jérusalem, qui prit
alors le nom de « Templum
Domini » (le temple de
Dieu). L’ordre de Hugues de
Payns a donc été nommé
en référence à ce Temple et
à celui de Salomon, qui se
trouve plus loin dans la cité.
A
ujourd’hui, Psycho-Scribe va
vous conter la légende des
Templiers et vous éclairer sur
leur réalité. Nous allons explorer leur
genèse, tenter de comprendre la sin-
gularité de ces guerriers, seuls autori-
sés à faire couler le sang au nom de Sa
Sainteté le pape. Soldats du Christ, les
Templiers n’en demeuraient pas moins
des seigneurs qui, au fil du temps, se
sont battis au cœur même du royaume
de France un véritable empire commer-
cial, ce qui leur valut bien des déboires
et les précipita vers leur chute.
Les Chevaliers
du Christ
Commençons par le commence-
ment. Nous sommes le 15 juillet 1099,
et les croisés entrent pour la première
fois dans Jérusalem. Après une âpre
bataille, ceux qui ont versé le sang
des infidèles acclament le héros du
jour, Godefroy de Bouillon, afin qu’il
devienne leur roi. Mais l’humble duc
de Basse-Lotharingie refuse cet hon-
neur : « Je ne porterai pas une couronne
d’or là où le Christ porta une couronne
d’épines. » Il préféra prendre le titre
d’avoué du Saint Sépulcre. Louant son
geste, un groupe de chevaliers décident
de mettre leurs épée à son service, dont
Hugues de Payns, en 1114. Ces laïcs
sont alors hébergés par la communauté
de l’ordre du Saint Sépulcre (qui existe
encore de nos jours !).
Mais Hugues de Payns ne souhaite
pas en rester là. Au fil du temps, de
plus en plus d’Occidentaux se pressent
à Jérusalem. Or la menace rôde dans
les États-Latins, et nombreux sont les
pèlerins attaqués sur les routes, faits
prisonniers, ou pire encore. Hugues de
Payns décide alors de soumettre au roi
Baudoin II (1118-1131) sa requête : celle
de porter secours aux vrais croyants se
rendant à la ville sainte. Le roi accepte
et lui donne accès à une partie de
l’ancien palais de Salomon. C’est ainsi
que naît l’ordre des Pauvres Chevaliers
du Christ et du Temple de Salomon à
l’initiative de Hugues de Payns, qui en
devient le premier Grand Maître, et de
Godefroy de Saint-Omer.
Mais la reconnaissance du roi ne suf-
fit pas à Hugues de Payns, qui veut aller
encore plus loin. Pour ces premiers che-
valiers dont la mission première est de
protéger les pèlerins, la reconnaissance
de leur ordre par les autres instances
religieuses est primordiale. D’autant
qu’elle leur conférerait une légitimité
et un pouvoir qui les rendraient indé-
pendants du souverain temporel. Il va Quelques dates clés
donc entreprendre une petite tournée • 15 juillet 1099 : Prise de Jérusalem.
européenne afin de faire connaître • 22 juillet 1099 : Godefroi de Bouillon devient avoué du Saint-Sépulcre.
son ordre, et rencontrer Bernard de • 1119-1120 : Hugues de Payns devient le premier grand maître de la milice
Clairvaux afin qu’il soutienne son pro- des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon.
jet. Et si en plus de cela, il peut en profi-
• 1127 : Tournée de Hugues de Payns en Europe.
ter pour recruter plus de guerriers, c’est
tant mieux ! • 13 janvier 1129 : Concile de Troyes, établissement de la règle de l’ordre
du Temple.
Coup de chance, Bernard de Clairvaux,
• 29 mars 1139 : L’ordre du Temple et ses biens sont placés sous la protec-
qui n’est rien de moins que le promo-
tion du pape.
teur de l’ordre cistercien, approuve le
projet et le soutient auprès du pape. • 2 octobre 1187 : Perte de Jérusalem.
Il va même aider à rédiger la règle de • 18 mai 1291 : Perte de Saint Jean d’Acre. Les derniers Templiers en Orient
l’ordre, comme pour toute commu- se replient à Chypre.
nauté religieuse, fixant ainsi les préro- • 14 septembre 1307 : Rédaction de l’ordre d’arrestation des Templiers.
gatives des Templiers. Bras armés de la • Vendredi 13 octobre 1307 : Arrestation des Templiers.
foi, ces chevaliers incarnent les idéaux • 22 mars 1312 : Clément V sacrifie les Templiers par la bulle Voxin excelsio
de la croisade, ils « gardent pour les du Concile de Vienne, qui dissout l’Ordre.
honnêtes gens voies et chemins contre • 18 mars 1314 : Jacques de Molay, dernier maître de l’ordre, est brûlé vif
les larrons et les embûches des enva- avec Geoffroy de Chamay.
hisseurs, et ceci pour le plus grand salut
des pèlerins » (Guillaume de Tyr). Déjà
à sa création, l’ordre ne fait pas l’una- Crédit photo : Hinterkappelen
nimité, et des voix s’élèvent face à ce
« monstre nouveau ».
Cependant, chaque jour, l’ordre gran-
dit. Comme beaucoup d’hommes avant
lui, Arnaud a accompagné sa sœur
en Terre sainte après la mort de leurs
parents. Une fois celle-ci mariée et
son avenir assuré, il décide de se faire
Chevalier du Christ. Abandonnant les
maigres biens qui lui restaient, il pro-
nonce ses vœux de pauvreté, de chaste-
té et d’obéissance. Il rejoint les rangs de
ses nouveaux frères, et avec eux s’ap-
prête à combattre et défendre le monde
des croyants. Et voici que commence sa
garde… Comme un air de déjà vu, non ?

Des moines faisant

couler le sang
Les membres de l’ordre du Temple
mènent une vie communautaire,
fraternelle, comme peut le montrer
leur sceau. Ces deux hommes mon-
tés sur le même cheval incarnent un
symbole d’harmonie, d’humilité, de

AIDES DE JEU | 225

226 | AIDES DE JEU
LES TEMPLIERS
La Règle de l’Ordre du Temple
Nous avons la chance d’avoir
accès à cette Règle par le biais de
pas moins de cinq manuscrits en
latin ; sans compter les nombreux
autres manuscrits qui y font réfé-
rence. Simple, directe, concrète,
tatillonne même, elle n’offre pas
de prises aux spéculations. Ce qui
demande aux spéculateurs et aux
amateurs de mystères de gros
efforts pour créer leurs propres
règles afin de distordre celles-ci.
Nous n’allons pas toutes les énu-
mérer, mais voici une petite sélec-
tion de mise en bouche :
Manger à deux dans la même as-
siette : cela peut paraître étrange
au premier abord, mais il s’agit en
réalité de contrôler les excès de
gourmandise, tout en déconseil-
lant le jeûne. De plus, partager un
même repas a une signification
Vocabulaire
Agricola : Agriculteur
Bulle : Document scellé par
lequel le souverain pontife
pose un acte juridique.
Commanderie : Maison,
seigneurie d’un ordre
militaire. Chacune dirigée par
un précepteur, est supervisée
par un commandeur.
Dime : Prélèvement d’un
dixième de la récolte
Dimière : Entrepôt destiné à
la récolte et à la conservation
des produits de la dîme
Paneterie : Administration
de la bouche du roi,
spécialement en qui
concerne le pain
Relaps : Retombé dans
l’hérésie après l’avoir abjurée
Temporel : Tout ce qui vit
dans le monde, à l’inverse du
spirituel
très forte dans l’esprit de fraterni-
té que l’ordre souhaite encourager.
Renoncement aux valeurs
chevaleresques : la largesse,
le culte de la force physique, le
désir d’aventure, les plaisirs de la
chasse et de l’amour sont interdits
aux Templiers. Sa mission sacrée
prévaut.
Vœu de pauvreté : interdiction
de faire des cadeaux ou de garder
ses éperons de chevalier (reçus lors
de l’adoubement).
Vœu d’obéissance : le tem-
plier doit obéissance à Dieu et
à son supérieur hiérarchique. Il
renonce à sa volonté propre, ne
compte que celle de l’Ordre. Cette
règle vise à éliminer l’orgueil ou
l’individualisme.
Soumission pleine et entière à
l’autorité du grand maître comme
au Christ.
solidarité, mais également de pau-
vreté, même si ce point est discutable.
Individuellement, les Templiers sont
pauvres, car ils se dessaisissent de
leurs possessions en prêtant serment.
Mais leurs richesses deviennent le bien
de l’ordre. Or il se trouve que les pre-
miers à prononcer leurs vœux sont de
riche extraction. Grâce aux donations,
aux revenus des legs, à l’organisation
des transports en Terre sainte et aux
opérations de change monétaire qu’ils
sont autorisés à faire, les Templiers ont
de quoi subvenir à leurs besoins.
De par leur vie communautaire, on
a souvent tendance à nommer les
Templiers « moines-soldats ». Ce terme
est un raccourci qu’il faut cependant
nuancer. La vie d’un moine suit un
certain rythme, en plus d’être tournée
vers la contemplation. Or ce n’est pas
le cas des Templiers qui se rapprochent
plutôt des ordres mendiants qui appa-
raissent plus tard et vivent comme eux
dans le monde. L’ordre du Temple est
le premier ordre à la fois militaire et
religieux. Après lui, plusieurs dizaines
d’ordres verront le jour, comme l’ordre
des Hospitaliers, l’ordre Teutonique
ou encore l’ordre de Saint-Lazare. Les
Templiers étant placés sous l’autorité
directe du pape depuis la bulle de 1139,
il est impossible de leur porter atteinte
sans être menacé d’excommunication.
Ils obtiennent également des privilèges
comme l’exemption de la dîme, le droit
d’élire eux-mêmes leur Grand Maître,
et l’autorisation de lever la dîme sur
leurs propres terres. En cette période
de mutation du pouvoir royal, le pape
s’assure, en accordant sa protection
au Temple, une armée quasi profes-
sionnelle, permanente, ce qui est par-
faitement novateur à une époque où
les armées sont souvent le fruit d’une
mobilisation ponctuelle.
Mais comment justifier le sang versé ?
Arnaud n’a pas osé poser la question.
Son père lui rappelait souvent que faire
couler le sang d’un frère était puni par
la colère divine. Cependant, lorsqu’il
fut invité à prononcer ses vœux, les
cheveux ras, la barbe coupée courte,
la cape noire de sergent l’attendant
patiemment, l’un de ses nouveaux
frères lui expliqua la différence entre la
guerre, décrite par son père, condamnée
pour sa violence et sa nature mauvaise
et illicite, la guerre juste et, enfin, la
guerre sainte. Son frère s’assit devant
lui, ajustant son long manteau blanc
de chevalier et expliqua. La guerre juste
est punitive, elle doit être menée pour
maintenir le droit, mais uniquement en
ultime recours. La guerre sainte quant
à elle, celle que mènent les Templiers,
celle pour laquelle Arnaud donnera sa
vie une fois qu’il aura passé le manteau,
est la plus légitime, car elle défend la
foi et accorde la plus grande des récom-
penses : le salut.
AIDES DE JEU | 227
228 | AIDES DE JEU
LES TEMPLIERS
Des seigneurs
temporels
Du temps où les États-Latins
d’Orient sont encore debout, les
Templiers sont divisés entre les
abords de Jérusalem et l’Occident.
Afin de pouvoir maintenir ce que
nous appelons à notre époque
l’effort de guerre, l’ordre dispose
d’une base arrière au-delà de
la Méditerranée afin de pouvoir
La composition de l’ordre du Temple
À son apogée, l’ordre compre-
nait environ 500 chevaliers, sans
compter les sergents, chapelains
et écuyers ; répartis dans environ
700 commanderies rien qu’en
France, et jusqu’à 1 000 dans
le monde entier (États-Latins,
Espagne, Portugal, etc.). Cette
armée organisée demande une
organisation stricte, et vous allez
comprendre que l’Ordre est une
société à part entière, hiérarchi-
sée, répondant au schéma de la
société féodale.
• Ceux qui combattent (cheva-
liers et sergents) : Ils forment
l’unité combattante de l’ordre.
Le chevalier templier, lorsqu’il
prononce ses vœux, doit déjà
être chevalier, il ne peut être
adoubé après. Ils se distinguent
par leurs manteaux. Les cheva-
liers portent un manteau blanc,
alors que celui des sergents est
foncé. Ces derniers sont plus lé-
gèrement armés et ne montent
généralement pas à cheval.
• Ceux qui prient (chapelains) :
Ils prononcent les mêmes vœux
que leurs frères, à la seule dif-
férence qu’ils sont ordonnés
prêtres et assurent le service
divin. Ils arborent la tonsure et
le manteau de bure.
fournir nourriture et revenus à ceux
qui sont restés en Orient. Guerriers,
les Templiers sont aussi banquiers,
exploitants agricoles, éleveurs et
viticulteurs. Afin de mener à bien
toutes ces activités, ils vont bâtir
aux quatre coins de l’Europe des
commanderies, des couvents, des
relais, voire des villages entiers.
Les dépôts d’argents faits au
Temple sont de natures diverses.
Les pèlerins souhaitant gagner la
• Ceux qui travaillent (frères de
métiers – servants) : Nous re-
trouvons parmi leurs rangs des
sergents sans armes, nommés
sergents de métier ou d’office,
ou bien encore frères de mé-
tiers. Ils endossent la gestion
des maisons et des domaines,
ou mènent leur métier entre
les murs des commanderies. Ils
peuvent être bouviers, porchers,
agricola ou artisans (forgerons,
armuriers, charpentiers).
Il peut arriver que des enfants
soient parfois accueillis afin
de parfaire leur éducation mili-
taire. Concernant les femmes,
la question est plus épineuse. Il
existe en effet des femmes dans
les commanderies, nommées
« consœurs ». Il s’agit souvent de
la femme d’un frère qui a souhai-
té prononcer ses vœux en même
temps que lui. Une fois veuve, elle
peut décider de demeurer dans
la commanderie. Nous avons
d’ailleurs le cas d’Ermengarde de
Oluja, épouse de Gombaldus, qui
va même devenir « commanda-
trice » de la maison de Rourel !
Cela nous fait une belle petite
liste de PJ et PNJ possibles pour
nos parties !
Terre sainte déposent volontiers
leurs richesses au Temple avant
d’embarquer, afin de pouvoir, une
fois en Orient, récupérer leurs pos-
sessions auprès de l’ordre. Le roi
de France, Louis VII, a lui-même
décidé de déposer le trésor royal
sous la garde du Temple, à Paris, en
1146. Il s’agit d’un établissement
public de crédit où les Templiers
sont chargés d’encaisser les reve-
nus du domaine royal et de payer
toutes les dépenses. Philippe le
Bel l’en retire momentanément en
1295, car il a obtenu un prêt beau-
coup plus intéressant auprès des
Florentins Biche (Albizzo Guidi dei
Franzesi) et Mouche (Musciatto
Guidi dei Franzesi). Le trésor leur
sera cependant rendu en 1303.
Les dons au Temple, afin de le
soutenir dans son effort et la pro-
tection des chrétiens, sont nom-
breux : rentes, terrains, moulins,
bétails, maisons. Ces legs sont
gérés directement par des « centres
de gestion » nommés commande-
ries. À vocation première agricole,
ces commanderies sont compo-
sées souvent de grands bâtiments,
d’une chapelle, d’un logis dans
lequel les lits sont organisés en
dortoirs. Un tiers des revenus de
ces exploitations agricoles vont
directement en Orient.
C’est avant tout le patrimoine
immobilier de l’ordre qui va atti-
ser les convoitises et les jalousies
des seigneurs. Les commanderies
sont situées sur les plus belles et
les plus riches terres. Ne citons que
la commanderie d’Arville et ses
1 000 hectares de terres, ou celle
de Richerenches, l’une des plus im-
portantes de Provence, capable de
fournir blé, vin, vergers, amandes,
olives, et chevaux. Si l’orient ne
vous semble pas le plus propice à
l’aventure, sachez qu’avec les pos-
sessions du Temple, vous aurez
de quoi varier les décors avec les
différents types d’établissements
dirigés par l’Ordre :
• Le couvent forteresse est sou-
vent situé aux frontières. Il
s’agit d’un centre militaire et
administratif ;
• Le couvent rural est une ancienne
maison forte, à but religieux et
économique, muni de murs et
de fossés. Il est souvent disposé
en L autour d’une cour, et com-
prend des greniers, des celliers,
le logis du commandeur, les logis
des frères, une salle capitulaire et
une chapelle ;
• Le couvent urbain est situé près
des murailles ou d’une porte de la
ville. Il s’agit souvent d’un palais
avec une cour centrale munie de
tours d’angles, d’une chapelle, de
magasins et de logements ;
• Le bourg ou village templier
concentre tout cela à la fois.
Véritables petits microcosmes,
ces villages construits ex nihilo
sont souvent situés non loin des
routes permettant de s’embar-
quer vers la Terre sainte. Ne
citons que la Couvertoirade ou la
Cavalerie.
Un plan
rondement mené
Convoitise, jalousie, besoin
d’argent… Tous les prétextes
furent bons pour justifier la chute
des Templiers, mais ce qui est cer-
tain, c’est que Philippe le Bel et
Guillaume de Nogaret, les maîtres
d’œuvre de leur arrestation, au-
raient fait de très bons MJ ! Ils ont
réussi ce tour de force remarquable
de parvenir à faire arrêter tous les
templiers sur l’ensemble du terri-
toire le même jour, sans qu’aucune
fuite ne soit possible. Mais avant
d’en venir à l’arrestation, nous
La chute de Saint Jean d’Acre
La chute de Saint Jean-d ’Acre,
dernière place forte encore tenue
par les croisés dans les États-
Latins d’Orient, a sonné le glas
des Croisades. Comme pour la
perte de Jérusalem, la faute est
à imputer à un groupe d’indivi-
dus qui, se livrant au massacre
de musulmans, vont attirer l’ire
de ces derniers. Alors que le grand
maître du Temple, Guillaume
de Beaujeu, souhaite châtier les
coupables, des pèlerins italiens,
les autres membres du conseil se
contentent se s’excuser et d’en-
voyer des présents au sultan Al
Ashraf. Tout va très vite :
• Le 5 avril, le sultan Al Ashraf
met le siège devant Saint Jean
d’Acre avec 220 000 hommes
contre 700 à 800 chevaliers et
13 000 fantassins.
allons tenter de comprendre le
pourquoi d’une telle opération.
Les réponses sont multiples et,
comme toujours, il s’agit davan-
tage d’un ensemble de circons-
tances. Philippe le Bel est en
pleine réaffirmation de son auto-
rité royale, à la fois sur ses sujets,
mais également sur le spirituel.
Il a remporté sa première victoire
contre le pape, mais la bataille
continue : il veut être le maître
absolu de son royaume, de la jus-
tice, des finances et du clergé, en
nommant lui mêmes les évêques.
Afin de porter un coup final à la
papauté, il lui faut démanteler le
réseau des commanderies, et le
pouvoir économique et financier
qu’il représente. On a souvent mis
en avant la raison financière de son
entreprise mais, en réalité, toutes
• Le 4 mai, le roi de Chypre et de
Jérusalem, Henri II, débarque
avec des renforts, en souhaitant
faire la paix avec le sultan, mais
échoue dans la négociation. Il
repart donc sans ses hommes
le 7 mai.
• Le 18 mai, les Mamelouks
mènent l’assaut contre
Guillaume de Beaujeu, qui
meurt percé d’une flèche. La
citadelle des Templiers est la
dernière à tenir, laissant suffi-
samment de temps à quelques
rescapés pour pouvoir prendre
le bateau en direction de Chypre
avec, possiblement, le trésor du
Temple.
Les Mamelouks prennent la
ville et massacrent les Templiers
restant jusqu’au dernier. Un beau
début d’aventure possible pour
nos PJ…
les possessions templières sont
passées entre les mains de l’ordre
des Hospitaliers.
Entouré de ses légistes, Philippe
le Bel va chercher et trouver le seul
chef d’accusation capable de lever
la main sur les Templiers : l’héré-
sie. Fort heureusement pour lui,
des rumeurs commencent à cou-
rir sur l’ordre. Les Templiers étant
tenus pour responsables de la fin
des États Latins d’Orient après
la chute de Saint Jean d’Acre, des
voix s’élèvent, se demandant à
quoi peuvent bien leur servir leurs
richesses. Et c’est sur le seul point
de ces on-dits que le roi va fonder
son entreprise. Mais il doit agir
dans le plus grand silence, afin que
personne ne soit au courant, en
particulier le pape, pour le mettre
devant le fait accompli.
AIDES DE JEU | 229
230 | AIDES DE JEU
LES TEMPLIERS

de l’écurie lorsqu’il aperçoit un mou-

L’Hôtel du roi, un lieu d’intrigue vement furtif devant la porte du cou-
Petits bruits de couloir, une dague bien dissimulée, des oreilles vent. La monture semble tout à coup
indiscrètes. Et si un frère, un cousin d’un membre de l’ordre, s’était nerveuse, alors qu’un frère s’approche
trouvé dans ce fameux Hôtel du roi ? S’il avait entendu, au détour de lui, tiré de la salle capitulaire par le
d’un couloir, parler de ce plan secret d’arrestation des Templiers ? De hennissement de la bête. Tous deux
quoi changer l’Histoire et s’amuser un peu ! fixent la porte, quand une vingtaine
L’Hôtel du roi compte environ 300 personnes et est composé de d’hommes en armes la franchissent,
chambres et de services. Comme dit, il s’agit là d’un lieu d’intrigues, l’un d’eux muni d’un long parchemin
où la recherche de promotion, d’influence, la défense de ses inté- dont il commence la lecture, annonçant
rêts, de sa famille et de ses proches, n’est jamais très loin. leur arrestation. Arnaud tente de sortir
son épée, mais le chevalier à ses côtés
Les services : répartis en 6 métiers (paneterie
(paneterie,, échansonnerie, cui-
lui fait signe de ne rien faire. « Il est
sine, fruiterie, écurie, fourrière)
trop tard. Nous sommes perdus. » Déjà,
Les chambres : chapelle (confesseur, sceau, chambres aux Deniers, plusieurs de leurs frères sont sortis du
chambre du roi, chambellan (très prisé) dortoir, accompagnés par les soldats du
Les serviteurs bailli. Arnaud se demande s’il aurait pu
Le « roi des ribauds » : protège et gère les prostituées fuir. Mais avant même qu’il ne se lève,
Les détenteurs d’office sont recrutés parmi les familiers du roi et le couvent était déjà encerclé. Comme
suivent le souverain dans sa vie itinérante, le côtoient, s’occupent lui et ses frères, entre 1 000 et 2 000
de son corps, partagent les repas et lui font la conversation. Ces frères ont été arrêtés, et jetés en prison.
postes sont rares et certaines familles sont prêtes à tous les sacri- Chevaliers, prêtres, sergents. Toutes
fices pour les obtenir. leurs possessions sont saisies, et le pire
reste à venir.

Le plan ? Arrêter le même jour, à la Une parodie

Bibliographie sélective
Littérature scientifique
• Jean-Vincent Bacquart,
Mystérieux Templiers, Idées
reçues sur l’ordre du Temple,
2019
• Simonetta Cerrini, La
Révolution des Templiers,
2007
• Simonetta Cerrini, Le Dernier
Jugement des Templiers,
2018
• Alain Demurger, Les
Templiers, une chevalerie
chrétienne au Moyen-Âge,
2005
Lecture rôlistico-ludique
abordant le thème des
Templiers
• Capharnaüm
• Meute
• Miles Christi
• Vampire, Dark Age
même heure, tous les Templiers. Pour
cela, Guillaume de Nogaret va faire
rédiger un ordre d’arrestation envoyé à
tous les baillis et sénéchaux. Une partie
de cet ordre, rédigé en latin, présente
les chefs d’accusation suivants :
• Coupables d’avoir craché sur la croix ;
• Coupables d’avoir renié le Christ ;
• Coupables d’avoir embrassé leurs
frères à des endroits obscènes ;
• Coupables de s’être livrés à des actes
contre nature, et d’avoir encouragé
les pratiques homosexuelles ;
• Coupables d’adoration d’une idole.
La seconde partie de l’ordre présente
le modus operandi. Après réception, les
baillis vont devoir faire du repérage afin
de relever le nombre de forces en pré-
sence dans chaque commanderie, dans
la plus grande discrétion, jusqu’au jour
venu de l’exécution du plan.
En ce jour du vendredi 13 octobre 1307,
Arnaud est en train de sortir un cheval
de justice
Philippe le Bel, cet homme décrit
non comme un homme, ni une bête,
mais comme une statue, vient de faire
tomber le glaive de sa justice sur les
Templiers. Ainsi commence la seconde
phase de son plan, menée de main
de maître par Guillaume de Nogaret :
le procès des Templiers. Une unique
question se pose sur les lèvres : com-
ment faire en sorte que les accusations
inventées pour le procès, deviennent
vérité ? Une unique réponse : la tor-
ture. À partir de leur arrestation en
1307, jusqu’à la dissolution de leur
ordre par le Pape, les Templiers vont
être soumis à des interrogatoires plus
que douteux dont le seul but est de
leur faire avouer les chefs d’accusation
conçus pour eux.
Soumis à la question, sur 138 tem-
pliers interrogés, 134 confessent et
avouent tout, qu’ils ont trahi le Christ
de bouche, mais pas de cœur. La
rumeur devient aveu et l’aveu de-
vient vérité. Lorsque le Pape ren-
contre Jacques de Molay, le grand
maître du Temple, en décembre

Crédit photo : Ville de Toulouse – musée des Augustins

1307, il paraît avec ses chairs tortu-
rées avant de rétracter ses aveux :
« Voyez, seigneurs, qu’on nous a
fait dire ce qu’on avait voulu ».
C’est là un point important de ce
procès. En dénonçant la torture et
revenant sur ses aveux, Jacques de
Molay se condamne, ainsi que les
frères qui suivent son exemple.
Ils sont alors considérés comme
relaps : ils avaient juré avoir dit la
vérité, ils reviennent sur leurs pa-
roles, donc ils sont retombés dans
l’erreur.
Le jugement est simple et im-
placable. Sont autorisés à vivre
tous ceux qui ont avoué, pour peu
qu’ils survivent à leur incarcéra-
tion et torture. Ils sont absous de PNJ, Guillaume de Nogaret (1260-1313)
leurs péchés. Ceux qui sont reve-
nus sur leurs aveux seront jugés, Guillaume de Nogaret est un juriste français ayant appris le droit à
et souvent brûles pour l’offense Montpellier. Retors, sans scrupule, rusé, calculateur, manipulateur,
qu’ils ont faite à Dieu. Ceux qui n’hésitant pas à user du mensonge pour défendre les intérêts qu’il sait
ont nié les accusations ou sont juste. Véritable défenseur de l’absolutisme royal, il est l’un des plus
parvenus à fuir devront compa- grands légistes, sur lequel Philippe le Bel a su se reposer. Nommé chan-
raître avant un an, sous peine celier et garde des Sceaux, il soutient la volonté de son roi de s’affranchir
d’excommunication. En réalité, il de l’autorité papale et ce concept de « théocratie royale » où le roi serait
n’y a qu’une seule réponse pos- seul investi, dans son royaume, de l’autorité sur ses évêques.
sible pour le roi et Guillaume de S’il est connu pour son implication dans le procès des Templiers, il est
Nogaret : l’aveu. une autre histoire qui peut nous intéresser, celle de l’attentat d’Ana-
L’ordre du Temple s’éteint avec gni, en 1303 contre le pape Boniface VIII. Après que celui-ci a menacé
le bûcher de Jacques de Molay. La d’excommunier le roi Philippe le Bel, Nogaret prononce un discours dans
victoire de Philippe le Bel et de lequel il accuse le pape d’hérésie et souhaite le faire comparaître devant
Guillaume de Nogaret semble com- un concile. Pour ce faire, il se rend en Italie et prend contact avec la fa-
plète. Mais l’est-elle vraiment ? Par mille Colonna, ennemi de Boniface. Grâce à eux et à une troupe armée, il
l’acte même de leur destruction, le prend d’assaut la ville et le palais pontifical, faisant Boniface prisonnier.
Roi de Fer a inscrit les Templiers Malheureusement ou heureusement pour lui, la population se soulève
dans la légende. Des cendres de pour l’empêcher d’emmener le pape, qui décédera peu de temps après.
leur bûcher va naître le mythe des Le mystère plane sur la manière dont Boniface a été traité, on parle
Rois Maudits, du Trésor perdu des même d’une « petite gifle gantée de métal par Sciarra Colonna », mais
Templiers, du secret des cathé- ce serait surtout une légende.
drales, et bien d’autres… Le fait est que Guillaume est excommunié par le successeur de
Boniface, Benoît IX, puis pardonné par Clément V. Cette petite aventure
Marielle Sarran
papale a malgré tout marqué les esprits, et renforcé l’image implacable
Carte : Josselin Grange
et résolue de Guillaume de Nogaret, qui ne semblait pas craindre la co-
Illustration "Psychoscribe" :
lère du Ciel ! Et vous, qu’auriez-vous fait ? Auriez-vous suivi Guillaume
Julie Bossé
de Nogaret, ou alors tenté de protéger le Saint-Père ?

AIDES DE JEU | 231

232 | AIDES DE JEU
PSYCHO-SCRIBE

PSYCHO-SCRIBE, RACONTE-MOI L’HISTOIRE

LES TEMPLIERS,
LÉGENDE ET POSTÉRITÉ
Quand la rumeur l’emporte
« Quoi qu’il arrive, les Templiers y sont toujours pour quelque
chose ! » Umberto Eco ne croyait pas si bien dire ! Source
inépuisable de mystères, la légende templière surpasse la réalité
sous la plume des complotistes et autres amateurs d’énigmes.
Une manne pour tout rôliste !

Question de vocabulaire
Peut-être faut-il apporter une
petite précision sur le nom
de l’ordre créé par Hugues de
Payns, car nous vous avons
parlé de palais de Salomon
et non de Temple. La partie
du palais où s’installent les
membres de l’ordre a été
reconvertie en église après la
prise de Jérusalem, qui prit
alors le nom de « Templum
Domini » (le temple de
Dieu). L’ordre de Hugues de
Payns a donc été nommé
en référence à ce Temple et
à celui de Salomon, qui se
trouve plus loin dans la cité.
C
hasse au trésor, spéculations éso-
tériques, les Templiers ont laissé
derrière eux des lieux marqués par
leur légende. Et il ne se passe pas un
seul été sans que nous voyions paraître
dans nos rayons de nouvelles publi-
cations plus ou moins scientifiques
sur ce sujet inépuisable. Nous n’avons
pas l’ambition de lister toutes ces lé-
gendes, mais de vous donner les pistes
nécessaires pour teinter vos scénarios
d’une once de mystère.
Maudits,
vous serez tous
maudits !
« Pape Clément ! Chevalier
Guillaume ! Roi Philippe ! Avant un an,
je vous cite à comparaître au tribunal
de Dieu pour y recevoir votre juste châ-
timent ! Maudits ! Maudits ! Tous mau-
dits, jusqu’à la treizième génération
de vos races. » Voici les mots du grand
maître Jacques de Molay sur le bûcher
selon Maurice Druon, auteur de la saga
historique Les Rois Maudits. Son œuvre
a inscrit dans le marbre la légende de
cette malédiction des Templiers. Mais
il faut rendre à César ce qui est à César,
et dans notre cas à Paolo Emilio.
L’historiographe italien s’est inspiré
du témoignage de Geoffroy de Paris,
un clerc de la chancellerie royale ayant
assisté aux supplices des derniers
Templiers, à la différence près qu’il
n’est pas fait mention de malédic-
tion : « Je vois ici mon jugement ; Dieu
sait qu’à tort je suis brûlé contre ceux
qui nous condamnent à tort, Dieu ven-
gera notre mort. Seigneurs, sachez que
toux ceux qui nous ont été contraires,
pour nous auront à souffrir. ». Dans
son Histoire de France (De rebus gestis
francorum), Paolo Emilio dramatise les
événements et parle pour la première
fois de malédiction.
Pour sa défense, lorsqu’on regarde
attentivement les événements qui ont
suivi la condamnation des Templiers,
nous ne pouvons pas véritablement
lui donner tort ! Certes, contrairement
à ce que Maurice Druon a pu écrire,
Guillaume de Nogaret est déjà mort au
moment où Jacques de Molay lance sa
malédiction. Mais le pape Clément V et
Philippe le Bel vont bel et bien perdre
la vie cette même année. Les fils du
Roi de Fer n’auront aucun héritier mâle
et avec eux s’éteindra la lignée des
Capétiens pour laisser place aux Valois.
 Une suite malencontreuse d’événe-
ments concentrée sur moins d’un siècle
est une manne pour cette légende de
malédiction. Il suffit de faire une petite
liste pour se rendre compte de l’accu-
mulation douteuse de malchance qui
frappe le royaume de France : un roi im-
populaire menacé d’excommunication,
des brus adultères, des fils mourants
sans héritier, les prémices de la guerre
de Cent Ans, la Grande Peste noire de
1328, le Grand Schisme… Même le plus
grand sceptique ne peut s’empêcher
d’avoir un petit doute sur la colère di-
vine. Peut-être est-ce le résultat d’un
échec critique !
Le fait est que cette idée de malédic-
tion a eu et a encore de beaux jours de-
vant elle ! Les Francs-Maçons se sont
emparés aux XVIIe et XVIIIe de l’idée
d’une monarchie maudite et dégéné-
rée, d’une vengeance divine, preuve de
l’écoute de la souffrance du peuple et
des petites gens face à l’oppression des
Capétiens. Ces idées ont été très lar-
gement reprises durant la Révolution
française, mais qui sait ? Peut-être la
malédiction est-elle encore vivace et a-
t-elle imprégné les reliques laissées par
l’ordre ou son fabuleux Trésor ?
Templiers lorsqu’ils prêtent serment,
et des donations faites à l’ordre afin de
soutenir l’effort des croisades. Autant
dire qu’avec la chute des États-Latins,
ce Trésor ne devait pas être au beau
fixe. D’autant que, rappelons-le, les
Templiers n’étaient pas autorisés à
faire de la spéculation sur l’argent, il ne
s’agissait que de dépôt et de garde.
Le véritable trésor devait se trouver
en Orient, mais à la prise de Saint-
Jean d’Acre, il a été transféré selon
les chroniques, sur l’île de Chypre. Et
il y a fort à parier que la nature même
de ce trésor ne soit pas pécuniaire et
qu’il s’agisse davantage d’un agrégat
d’archives et de reliques. Quel que soit
l’état de leurs finances, ou la nature de
leurs richesses, les Templiers arrêtés en
Occident ont été entièrement surpris,
et n’auraient pas eu le temps de cacher
quoi que ce soit.
Mais après tout, quelle importance
pour le MJ ? S’il n’y a pas de preuve,
Crédits : gravure sur bois de J. David
Le Saint Suaire
En 1357, il est fait mention du
suaire de Turin auprès de la
famille du chevalier Geoffroy
Ier de Charny. Beaucoup
d’auteurs se sont demandé
s’il pouvait y avoir un lien
entre ce Geoffroy et Geoffroy
de Charney, mort sur le
bûcher auprès de Jacques
de Molay. Le suaire aurait
été confié à sa famille avant
l’arrestation, et serait passé
de main en main jusqu’à
cette date. Le Saint Suaire fait
partie des petits goodies très
sympathiques qui auraient
été ramenés de Terre sainte
par les croisés. Pour rappel,
il s’agit du linge qui aurait
recouvert le visage de Jésus
de Nazareth, ou de son
linceul. Y figureraient les traits
du Christ. Nous précisons
« le suaire de Turin », car il en
existe plusieurs !

Un trésor légendaire
Légendaire est bien le terme et,
comme toute légende, le trésor a droit
à son lot d’élucubrations et d’émis-
sions tentant de retracer sa route, mais
également de comprendre sa nature.
La postérité a fait des Templiers les
banquiers de l’Europe. Nous avons pu
constater que la réalité était plus nuan-
cée. Mais ce qui compte dans toute
légende, ce n’est pas la réalité mais
la rumeur. L’ordre était décrit comme
richissime du fait de ses possessions
foncières et de l’argent qu’ils manipu-
laient. Donc forcément, ils avaient un
gros trésor quelque part : CQFD !
Nous avons pu constater que la
base de ce trésor était constituée
des richesses et biens légués par les

AIDES DE JEU | 233

234 | AIDES DE JEU
LES TEMPLIERS

Jacques de
Molay (environ
1248-1314)
Jacques de Molay est
né dans l’archevêché de
Besançon, qui appartient en-
core à cette époque au Saint
Empire Romain Germanique,
mais est élevé dans la culture
française. Jeune chevalier, il
se fait templier à Beaune en
1265 alors même que l’ordre
est en pleine crise. Saint-Jean
d’Acre est tombée et avec elle
les dernières positions des
États latins d’Orient. Le but
premier des Templiers étant
de conserver ces lieux, quel
but poursuivre ? Jacques de
Molay n’a de cesse de vouloir
réformer l’ordre, lui redonner
sa splendeur, et de relan-
cer une croisade. Élu grand
maître en 1292, il se montre
résolu, rigide. Sans être tout
à fait diplomate, il a pour lui
l’avantage de son réseau,
qui lui permet d’entendre
les rumeurs désastreuses
répandues sur les Templiers,
instrumentalisées par les
Capétiens. Hélas, il ne pourra
agir à temps pour arrêter la
machine royale. Sa fin tra-
gique va créer la légende de
la malédiction des Templiers.
Un personnage inspirant qui
ne craint pas de dénoncer les
tortures infligées, et tente
un dernier coup d’éclat de-
vant la mort.
L’avez-vous accompagné
lors de ses derniers ins-
tants ? Vous a-t-il chargé
de reconstruire l’ordre, de
mettre en lieu sûr le Trésor
du Temple ? Ou avez-vous
échafaudé avec lui la libéra-
tion de vos frères ?

Crédit : artiste inconnu, BNF

l’esprit peut se permettre toutes les
fantaisies. L’or fait rêver, mais ce sont
également les écrits qui ont fait couler
beaucoup d’encre. Qu’avaient-ils à ca-
cher ? Qu’avaient-ils trouvé en Orient ?
N’étaient-ils que les gardiens de la
Chrétienté, le bouclier face à la menace
musulmane ; ou bien les dépositaires
d’un secret bien plus grand ? Cette
once de mystère suffit à nourrir tous les
désirs des amoureux de l’ésotérisme.
Les templiers
parmi nous
Sacralisés par leurs persécutions et
leur fin spectaculaire, les Templiers
sont présentés comme les victimes
d’un roi cupide et autoritaire, sans cœur
et sans pitié, dévoré par son désir de
puissance et de gloire. Comme énoncé,
l’ordre revient au goût du jour avec le
développement de la franc-maçonnerie
au XVIIIe siècle et plus tard du « tem-
plarisme », un courant philosophique
visant à faire revivre les Templiers tout
en leur ôtant leur aspect religieux,
hors de toute recherche historique et
scientifique.
Tout d’abord, sous la plume du
chevalier de Ramsay naît la filiation
entre la maçonnerie et les Templiers.
Les gardiens du Temple de Salomon
étaient les dépositaires de secrets
et de connaissances ramenées de
Terre sainte, et ont su transmettre la
sagesse antique des bâtisseurs de la
Jérusalem Céleste. Le nouvel étendard
templier regroupe les Francs-Maçons,
les Jacobins, les comploteurs en tout
genre qui souhaitent renverser toute
autorité royale ou ecclésiastique. Nous
trouvons par exemple à partir de 1755
la Stricte Observance Templière, un rite
maçonnique créé par le baron von Hund
(1722-1776).
Une fois la période révolution-
naire passée, on pourrait penser que
disparaîtrait ce courant « résurrec-
tionniste » de l’ordre. Cependant, le
Les archives du Vatican
Le plus grand enfer se trouve ce que l’on désire. En 1877, Johan
au Vatican ! L’enfer désigne, dans Friedrich Merzdorf, qui s’intéresse
une bibliothèque, la section réser- à la maçonnerie allemande, publie
vée aux livres dont la lecture est les statuts secrets du Temple,
interdite au public. Les archives découverts, à ses dires, dans les
du Vatican contiennent tous les archives du Vatican. Bien enten-
actes, documents concernant le du, il ne s’agit que d’un montage
gouvernement et les activités de d’éléments du procès et de la
la papauté. La consultation de rédaction d’une pseudo-règle fa-
ces archives est restrictive, ce qui briquée à partir des accusations
bien entendu, amène l’imagina-
tion à s’emporter. Ce qu’il y a de
portées contre les Templiers. Tout
le monde est libre de croire que le
magique avec ce genre de lieu, Vatican cache un tel trésor dans
c’est que l’on peut y trouver tout ses caves !
« templarisme » continue, soutenu par
Napoléon Bonaparte et dispose d’une
force nouvelle. Ainsi voit le jour la loge
maçonnique des Chevaliers de la Croix
sous la houlette du médecin Raymond
Fabré-Palaprat. Selon ces chevaliers,
Jacques de Molay aurait transmis avant
sa mort la direction du Temple à Jean-
Marc Larmenius (l’Arménien ?). Ils dis-
poseraient d’un document (fabriqué
de toute pièce) au dos duquel figure
la liste des grands maîtres secrets, les
neuf créateurs de l’ordre (Geoffroy de
Saint-Omer, Hugues de Payns, Robert
de Craon, Archambault de Saint-
Amand, André de Montbard, Hugues
Rigaud, Payen de Montdidier, Bernard
Rolland, Geoffroy de Bossoit). Neuf
créateurs, comme le chandelier à neuf
branches… comme par hasard !
Ce document fut certainement rédigé
par Jacques-Philippe Ledru, maître de la
loge des Chevaliers de la Croix et trans-
mis à Fabré-Palaprat après que celui-ci
l’ait convaincu de l’authenticité de cette
« Charte de Transmission » donnant
les noms de tous les grands maîtres
du Temple entre Hugues de Payns et
Jacques de Molay puis de ce dernier
jusqu’à Claude-Matthieu Radix de
Chevillon en 1792. Comme beaucoup de
AIDES DE JEU | 235
236 | AIDES DE JEU
LES TEMPLIERS
Bibliographie sélective
Littérature ésotérique :
• Gérard de Sède, Les
Templiers sont parmi nous ou
l’énigme de Gisors (1962)
• Raoul Willemenot, Le Secret
des Templiers (1970)
• Lecture de plaisir :
• Maurice Druon, Les Rois
Maudits, (1955-1977)
ces mouvements, ils ne survivent pas à
la mort de leur initiateur en 1838. Mais
malgré tout, les Chevaliers de la Croix
auront touché près de 1 000 personnes.
Malgré tout, le néo-templarisme n’est
pas mort, et ressurgit de manière cy-
clique, avec un penchant beaucoup plus
ésotérique et des noms qui nous sont
familiers : le Prieuré de Sion, le Da Vinci
Code, Marie-Magdala, Rose Line…
Une source
inépuisable
de mystères
Cette bibliographie surabondante et
scientifiquement douteuse n’hésite
pas à nous affirmer que les Templiers
auraient découvert l’Amérique ou
percé le secret des cathédrales. Les
Templiers, comme les Cathares, sont
un filon inépuisable de la pseudo–his-
toire qui offre aux lecteurs leur ration
de mystères et de secrets. L’histoire du
Temple n’est rien face à son mythe !
En matière d’ésotérisme, tout est per-
mis en matière de mélange. C’est ainsi
que les Templiers peuvent se retrou-
ver mêlés, sans rien avoir demandé au
Saint Suaire, au Graal ou bien à l’arche
d’Alliance !
Nul besoin d’aller chercher si loin,
l’inspiration se trouve à portée de
main. Il suffit pour cela de prendre une
carte de France et d’y pointer les lieux
de passages des Templiers :
• Le château de Chinon : De juin à août
1308, Jacques de Molay et quatre
autres dignitaires de l’ordre y sont
enfermés. En 1860 sont trouvés sur
les murs de la tour de Coudray des
graffitis représentant des figures reli-
gieuses, des calvaires et des instru-
ments de la Passion. Ont-ils un sens
caché ? Sont-ce les premiers indices
d’une chasse au Trésor ?
• Le château de Gisors : Comme le
château de Chinon, il a servi de pri-
son, entre mars 1310 et mars 1314. En
1962, le gardien du château, Roger
Lhomoy, affirme y avoir découvert en
1946 une chapelle souterraine avec
des statues et des sarcophages, ainsi
qu’une trentaine de coffres, qu’il n’a
pas ouverts. Le ministre de la Culture,
André Malraux, ordonne des fouilles,
mais étant trop dangereuses pour les
soubassements, elles sont interrom-
pues. Tout est rebouché mais, bien
entendu, les fouilles clandestines ont
continué pendant un petit moment !
• La commanderie de Coulommiers
(1172-1308) : Il s’agit d’un domaine
foncier occupé entre 1172 et 1308.
Selon la légende, il serait pourvu
d’un souterrain reliant tous les bâti-
ments de l’ordre, mais ne s’ouvrant
que le jour de la Passion du Christ.
Elle comprend également une salle
du chapitre aux voûtes romanes sans
fenêtres afin de protéger les délibé-
rations, et une cave d’où partirait le
souterrain.
• Rennes-le-Château : L’abbé Béranger
Saunière (1880-1890), en charge de
l’église, devient soudain très riche,
fait rénover le site à grands frais, et se
fait même construire une demeure,
une serre, ainsi qu’une tour ! Pendant
les travaux du maître autel de l’église
Sainte Marie Madeleine, il aurait
trouvé des parchemins en latin : des
arbres généalogiques remontant aux
Mérovingiens, des testaments dont
certaines parties étaient cryptées.
Peu de temps après, on aurait vu
l’abbé, de nuit, faisant des allées et
venues avec un grand sac sur le dos
dans le cimetière. Quel trésor aurait-
il trouvé ? Celui de son prédécesseur,
l’abbé Bigou, ou bel et bien le trésor
du Temple ?
Sans oublier les rites initiatiques
mystérieux de l’ordre, source des plus
grands fantasmes. Les Templiers ont
encore de longs jours devant eux, tant
que le mystère perdurera.
Marielle Sarran
Illustration "Psychoscribe" :
Julie Bossé

Baphomet
Baphomet serait le nom donné
à l’idole vénérée par les Templiers.
Cette idolâtrie faisait partie des
accusations portées contre eux
lors de leur procès. Il n’y a jamais
eu d’aveu de cette vénération sauf
sous la torture, et encore ! Nous ne
sommes pas certains qu’ils aient
prononcé « Baphomet », mais
plutôt « Mahomet » ; et encore, il y
a des doutes à ce sujet. Baphomet
serait donc la déformation du nom
de Mahomet désignant un faux
dieu, un démon, une idole mons-
trueuse ; alors que, rappelons-le,
l’Islam interdit la représentation de
Dieu et de son prophète, et n’ont ja-
mais adoré d’idole, contrairement
Crédit : Eliphas Lévi
à ce que les croisés pensaient. Ce
qui nous intéresse, c’est la figure
de Baphomet, création chimérique
devenue la colonne vertébrale de
l’occultisme à partir du XIXe siècle,
et de sa représentation dans l’ou-
vrage d’Eliphas Levi, Dogme et
rituel de la haute magie.
magie.
AIDES DE JEU | 237
238 | MAGAZINE
CHRONIQUE
« PROF DE JDR »
Chroniques d’un club de jeu de rôle
au collège, 5e épisode
Cela fait plusieurs numéros que vous suivez la vie du club et mes
réflexions sur son fonctionnement. Le professeur que je suis se
retrouve au croisement entre son métier et son autre passion.
Cependant, je ne suis pas le seul prof de mon collège…
E
t si nous laissions la parole aux
profs ? Le loisir JdR est entré de-
puis quelques années déjà dans
une phase d’expansion et de médiati-
sation. C’est cette dynamique qui m’a
permis de lancer et de recruter autant
de jeunes joueuses et joueurs. Tout
autour, il y a d’autres adultes qui inte-
ragissent avec le club, l’accompagnent,
participent aux projets et concours,
voire portent juste un regard intrigué
sur ce qu’il s’y passe. Avec Casus, nous
nous sommes dit qu’il serait intéres-
sant de leur demander leur avis.
Entretien
avec un P.R.O.F.
C’est un exercice à la fois stimulant
et vertigineux que d’interviewer un
collègue. Quand j’ai proposé ces entre-
tiens, plusieurs ont paru surpris mais
ils se sont prêtés au jeu ! J’ai sélection-
né un panel : ceux qui ont été amenés
à « travailler » avec le club. Tous n’ont
pas un regard aiguisé sur le loisir,
certains ne le connaissent toujours
pas vraiment. Ils peuvent même être
« hermétiques » au fantastique. J’ai
laissé le choix aux volontaires entre
un questionnaire écrit et un entretien
oral. Chacun a choisi en fonction de
ses envies, et surtout de son emploi du
temps. J’ai posé plusieurs questions,
qui se voulaient ouvertes. Voici la ver-
sion « écrite » des questions posées.
• Quand vous entendiez parler du loi-
sirs «jeu de rôle», à quoi pensiez-vous
avant que ne soit fondé le club (et que
M. Fajal ne parle que de ça…) ?
• Depuis, votre vision sur le jeu de rôle
a-t-elle évolué ? (Vous avez le droit
de répondre que vous ne savez tou-
jours pas de quoi il s’agit…)
• Quel rapport, ou regard, avez-vous
sur les univers fantastiques en géné-
ral ? Est-ce utile/pertinent de les lais-
ser s’exprimer au collège ?
• Quels intérêts avez-vous trouvé aux
projets et aux concours proposés par
le club ?
• Et sinon, voir un prof de 40 ans se
promener partout avec une peluche
de dragon et des boîtes de dés, vous
ne trouvez pas ça dérangeant ?
• Si je vous laisse pour vous expri-
mer librement sur le sujet, que
diriez-vous ?
Observons maintenant le panel ayant
accepté de se prêter au jeu.
Portraits de Profs
• Karine enseigne l’EPS depuis 20 ans.
Elle est aussi une « maman rôliste »
et anime des groupes d’associations
sportives, des heures dédiées sur le
 créneau méridien proposant des
activités sportives aux collégiens.
• Éric, 50 ans, est prof de techno-
logie. Il est aussi un animateur
compulsif de plusieurs clubs : le
collège lui doit un dynamique club
« Robotique » et un club « Magic ».
Oui oui, le jeu de cartes !
• Régis est prof de mathématiques
depuis 12 ans. Rôliste dans sa
jeunesse, il redécouvre un univers
par le biais du club.
• Corinne est professeur documen-
taliste, elle a ouvert ses étagères
et présentoirs aux ouvrages de
JdR et a mis en place plusieurs
expositions.
• Céline enseigne les lettres mo-
dernes. Elle a accompagné plu-
sieurs concours proposés par le
club directement dans ses cours.
• Mme Fleury est la principale, la
cheffe de l’établissement. Elle
est en fonction dans le collège
depuis cette année 2022/2023,
mais exerce des fonctions de
direction depuis 20 ans. Elle m’a
accordé un entretien d’une heure
pour aussi découvrir le magazine
Casus Belli. D’ailleurs, elle est sur-
prise en le manipulant dans son
format mook : « C’est beau, c’est
dense, il y a beaucoup de choses
dites. C’est impressionnant ! ».
Nous avons donc un panel inté-
ressant et leurs avis sur le loisir et
sur l’image que je peux avoir dans
mon collège. Un exercice intéres-
sant, même sur le plan purement
professionnel ! J’ai appris à voir
mes collègues et certains amis
sous d’autres angles et j’ai pensé à
des pistes pour développer le club
vers d’autres horizons.
Le JdR, c’est quoi
pour un prof ?
Pour notre panel, le « jeu de
rôle » était assez proche du jeu de
société avant que
ce soit créé le club.
Pour Corinne, le loisir
était « mystérieux »,
une activité à la-
quelle s’adonnait les
camarades de « mes
années lycée. Je voyais
des groupes jouer
autour de tables ».
Régis et Karine l’avait
déjà pratiqué, l’un au
lycée et l’autre avec le
père de ses enfants.
Éric propose une défi-
nition plus précise :
« Réunion de per-
sonnes qui s’adonnent
à un jeu de société ».
Céline en a encore
une vision abstraite :
« Mon expérience était Corinne, prof documentaliste
limitée au Loup Garou
de Thiercelieux », jeu
qui est un puissant phare pour façon de le mettre en scène dans
guider de nouveaux joueurs vers un collège devant les difficultés
notre loisir. Mme Fleury le connais- et l’autonomie dont des élèves
sait déjà : « Je l’ai pratiqué par peuvent manquer face à une par-
le passé, dans les années 1980, tie ». Des inquiétudes que je par-
quand il y avait un engouement ». tage toujours d’ailleurs : Karine
Cependant, elle n’a pas attrapé le connaît bien ses élèves. Régis a
« virus ». lui été surpris : « J’ai vu que le jeu
Depuis la création du club, la de rôle perdurait et qu’on trouvait
vision du JdR a évolué dans le col- même des petits poneys et des nou-
lège. J’ai été amené à beaucoup ex- nours protecteurs d’enfants dans
pliquer de quoi il s’agissait. Je me les scénarios ». Corinne a profité
souviens d’une collègue de Lettres des expositions qu’elle a mises en
surprise de voir comment la ré- place pour se documenter direc-
daction d’historiques (de back- tement avec les livres : « J’ai éga-
grounds) était très proche d’un lement feuilleté les ouvrages du
exercice d’écriture guidée qu’elle club qui m’ont permis de cerner un
proposait à ses élèves. peu l’univers des jeux de rôle. Je me
Karine et Régis ont été étonnés souviens avoir assisté à une petite
de voir l’évolution du loisir. Pour présentation lors de la fête du col-
Karine, « Je ne me suis pas posé lège en fin d’année où les élèves
du club jouaient en direct ». Mme
la question du JdR dans le métier.
J’y ai vu un côté ludique et forma- Fleury avoue avoir été très surprise
teur pour mes enfants. J’ai trouvé de découvrir le club à son arrivée :
génial de le mettre en place dans « Même si je le regarde de loin, je
le collège. J’avais des doutes sur la suis impressionnée par le nombre
MAGAZINE | 239
240 | MAGAZINE
« PROF DE JDR »
Céline, prof de Lettres modernes
de participants, leur assiduité et
l’engagement de l’intervenant ».
Un des intérêts de multiplier
la visibilité du JdR est donc de le
rendre intelligible pour les non-ini-
tiés tout en montrant aux anciens
joueurs qu’il existe encore, qu’il
a bien évolué et inciter d’autres
acteurs à en apprécier les qualités.
L’initiative du club a donc pour cela
atteint un objectif intéressant.
Le rapport
au fantastique
C’est une question intéressante :
nous autres, rôlistes, ne sommes-
nous pas surtout des amateurs de
fantastique, fantasy ou science-
fiction ? Œuvres, références et
interprétations sont souvent au
cœur de nos univers et de nos
débats enflammés. Cependant, la
société ne tourne pas autour de ces
œuvres : d’où la question au panel
de prof !
Karine, d’ailleurs, n’est pas du
tout « fantastique » ! Les œuvres
et références qu’elle cite sont sur-
tout des choses qu’elle a pu voir
avec ses enfants. Régis a surtout
connu L’Appel de Cthulhu en JdR.
D’ailleurs, il écrit : « Je ne suis pas
du tout fana des univers Donjons
et Dragons, elfes, trolls ou autres
créatures du genre. Je ne regarde
Le Seigneur des anneaux ou autres
films du genre que d’un œil distrait
et lorsque je n’ai pas le choix ». Éric
est plutôt un gros consommateur
de « la culture des années fin 70 et
80, les univers fantastiques et la
science-fiction ». D’ailleurs, avec
Éric, nos heures libres sont sou-
vent dédiées à des débats sur les
séries et films du moment.
Mme Fleury reconnaît ne pas
être très attirée par le fantastique
tout en observant les ouvertures
permises par ces univers. Corinne
connaît les références fantas-
tiques sur le plan « profession-
nel », à partir des œuvres qu’elle
propose aux collégiens. Elle cite
comme référence : « Tara Duncan
de Sophie Audouin-Mamikonian,
ou la bande-dessinée Petit Vampire
de Joann Sfar, sont une entrée dans
la lecture susceptible de créer des
ponts vers d’autres lectures fan-
tastiques plus classiques, abor-
dées en français ». En fait, pour
Corinne, tout ce qui peut être une
porte d’entrée vers la lecture et la
culture doit être exploité.
Céline est aussi dans un regard
« professionnel ». Elle enseigne des
genres et des œuvres références
à leurs élèves : les mythologies
grecques et romaines en 6e ; le
mythe arthurien en 5e ; le fantas-
tique classique en 4e et la science-
fiction en 3e. Ses goûts vont plutôt
vers le classique et le mystérieux :
« Maupassant, Poe en littérature ;
des séries comme Locke and Key…
En science-fiction, je préfère les
nouvelles que les grandes sagas ».
Elle observe cependant les goûts
répétés des élèves pour des œuvres
et univers tels que « Harry Potter,
Narnia et le retour des Livres Dont
Vous Êtes Le Héros auprès des plus
jeunes ». C’est rassurant pour le
club, car ces collégiens déjà bai-
gnés de fantasy et de fantastique
sont susceptibles d’être attirés
dans mon antre.
J’ai ouvert ma question en de-
mandant si nous avions affaire à
des joueuses et joueurs de jeux
de société et/ou jeux vidéo. Les
réponses furent assez unanimes.
TOUS sont des joueurs à leur fa-
çon : depuis des jeux « classiques »
comme Monopoly, La Bonne Paye,
Uno jusqu’à des jeux plus contem-
porains comme Les Aventuriers du
rail, Unlock, 7 wonders, Carcassone
et leurs déclinaisons. Je crois qu’on
tient là la principale voie d’entrée
vers le JdR : le jeu de plateau. Les
jeux vidéo ? Très peu. Quand ils
étaient plus jeunes peut être.
Karine se souvient de parties de
Civilization et de Lemmings. La
plupart n’ont pas été pratiquants.
C’est d’ailleurs ce que semblent
rechercher ces enseignants avec
leurs proches : un loisir social et
sociabilisant qui permet de « poser
le téléphone pour vivre un moment
ensemble ». Mme Fleury est ama-
trice de jeux de société, classiques
ou plus récents. Elle pratique les
escapes games et apprécie que les
« jeunes de 25-35 ans retournent
vers les jeux de société et les jeux
de rôle. L’offre est devenue impor-
tante, le loisir développe les compé-
tences sociales ».
Si vous êtes observateur, il n’y a
donc pas de « geek » parmi les pro-
fessionnels de mon collège, sinon
un, et pourtant, ils ont accueilli
et participé aux projets du club.
Essayons de comprendre pourquoi.
projets sont sympas, c’est intéres-
sant que les gamins s’investissent.
C’est plutôt de l’ordre de l’anima-
tion, de l’événementiel : c’est plus
de la communication ». Cependant,
je sais pour en avoir discuté en off
que Karine négociait des dés de
vie contre des tâches ménagères
quand ses enfants étaient encore
à la maison. Plus tard, pendant
l’entretien, elle souligne combien
le JdR permet de développer le
vocabulaire et l’imagination. Elle
raconte : « explorant des pistes en
danse contemporaine, je suis tou-
jours surprise de voir le manque de
vocabulaire moteur et linguistique
de plusieurs élèves, fermant leur
imaginaire. Exemple : demander à
des élèves de virevolter. Le vocabu-
laire et la construction d’imaginaire
parait assez pauvre aujourd’hui
chez plusieurs élèves ». C’est un
débat assez courant en salle des
profs et une des inquiétudes les
plus prégnantes du monde ensei-
gnant. Le récent débat autour du
mot « ludique », proposé au bac
de français des filières technolo-
giques, et décrié en raison de sa
prétendue « complexité pour des
jeunes d’aujourd’hui », ne va pas
en nous rassurant. Faut-il voir le
JdR comme un des outils pour aider
les élèves à comprendre ? S’il fal-
lait que je me penche sur une grille
d’évaluation des parties de JdR,

Les intérêts
trouvés au club
et à ses projets
En cinq ans, je me suis astreint à
créer deux à trois « événements »
liés au club et/ou au JdR dans le
collège : des concours de dessin ;
des expositions ; des parties en
« live » ; des démonstrations lors
des fêtes du collège… J’ai donc de-
mandé quel regard ils avaient sur
ces initiatives.
Régis se contente d’un « RAS »,
mais depuis plusieurs semaines, il
tente d’initier son épouse et son
fils aîné au loisir en explorant les
propositions du club : ils ont testé
le D-Start et s’intéressent à Critical. Eric, prof de Technologie

Karine a été assez franche : « les

MAGAZINE | 241
242 | MAGAZINE
« PROF DE JDR »
Karine, prof d'EPS
maîtriser les descriptions serait un
item en tête de liste.
Pour Éric, c’est une vraie ouver-
ture : « Ces activités sont positives
pour leur développement en tant
que citoyen éclairé : savoir d’où l’on
vient pour savoir où l’on va ! Les
sortir du numérique, du virtuel…
retrouver de la convivialité, de
l’humain et les sortir de la cour de
récréation, de sa jungle ». Corinne
en tire un bilan détaillé, soulignant
l’ouverture culturelle, l’implica-
tion interdisciplinaire et l’engoue-
ment des élèves impliqués. Céline
a pu l’expérimenter directement.
Le concours Monstres, inspiré par
la sortie du JdR du même nom,
a été proposé « en cours » à ses
élèves. Ainsi, tous ont pu (et dû)
inventer leur monstre, sa biogra-
phie et des détails décalés sur son
alimentation et ses petits défauts.
Selon elle, « ils ont aimé créer leur
monstre, gagner des lots et avoir
attiré l’attention de l’auteur. La
thématique était porteuse et a sti-
mulé l’écriture ». De mon avis, le
vrai motif du succès des concours
n’est pas mon propre investisse-
ment mais plutôt la façon dont
ces collègues se sont emparés
du thème. mes collègues se sont
emparés du thème. Ensuite, Céline
envisage notre loisir comme un
outil pédagogique, et pense que
nous devrions plus exploiter « des
escapes games tirés des œuvres
directement en classe, des mises
en scènes plus ludiques. Il y a des
choses à faire », ce à quoi nous nous
sommes d’ailleurs employés en
réfléchissant sur d’autres projets
communs. Mme Fleury rappelle
que la réussite l’impressionne :
« Le terme de club est restrictif au
vu de l’investissement des élèves
et des multiples compétences,
notamment sociales qu’ils y déve-
loppent ». Elle encourage d’ailleurs
à multiplier les initiatives.
Les questions
décalées
J’aime glisser dans mes ques-
tionnaires des questions décalées
pour faire sourire l’interlocuteur et
voir vraiment l’image que je peux
renvoyer. Car oui, je suis un prof
qui se promène avec une peluche
de dragon verte dans ses bras, qui
parle souvent de jeux et qui a une
boîte à dés toujours sur lui : les
dés me servent aussi à désigner
les élèves qui passent à l’oral en
classe. Je suis aussi investi dans
l’Amicale du collège, en charge des
animations et représentant élu du
personnel. Je suis assez visible, je
peux épuiser parfois. Mon panel a
été plutôt bienveillant.
Karine rappelle que le monde
du sport est habitué à des mas-
cottes plus ou moins « belles ».
Pour l’anecdote, l’entretien a
été réalisé le jour de la diffusion
publique de la mascotte Phryge
des JO de Paris 2024. Régis glisse
un trait d’humour de ses années
rôlistique : « Tant qu’il lui reste des
points de santé mentale, cela de-
meure acceptable ». Pour Éric, ses
impressions ont évolué : « Cela a
suscité la curiosité puis rapidement
de l’intérêt… ». Corinne se per-
suade que ce n’est qu’une façade :
« Derrière cette fausse décontrac-
tion se cachent rigueur et intérêts
pédagogiques ». Je ne suis pas sûr
pour la rigueur mais pour la fausse
décontraction, oui ! Je reste un
grand anxieux. Céline, souriante,
n’est plus étonnée : « Ça va avec
le personnage, c’est drôle mais pas
dérangeant ». Enfin, ce fut particu-
lier, de poser cette question à ma
supérieure hiérarchique. Après un
temps de réflexion, une seconde
d’éternité, sa réponse fut rassurante :
« Ce n’est pas choquant, car vous l’avez
expliqué dès le début. Je ne suis pas
surprise dans la mesure où le cadre est
posé. Et puis, c’est conforme avec ce
que les élèves font au Club ».
La dernière question ouverte permet
à l’interlocuteur de conclure ce qu’il
veut retenir de l’entretien. Ils furent
assez créatifs d’ailleurs.
Karine souligne que le JdR est, selon
elle, le jeu le plus adaptable « En EPS,
on passe notre temps à changer des
règles pour s’adapter au public ; en JdR,
on peut le faire à la volée. On peut se
fixer des objectifs d’évolutions ». Éric y
voit un média citoyen et humaniste :
« Débrancher ses réseaux sociaux et
vivre un moment ensemble ». Corinne
célèbre « d’une longue vie au jeu de
rôle » et Régis reste moqueur et signe
d’un : « Iä, Iä, Cthulhu fhtagn » qui
résume l’ensemble de nos entretiens.
Céline termine notre entretien par un
« c’est un loisir et des approches qui
gagnent à être plus connus ». Mme
Fleury, découvrant le collège et le club
cette année, déclare « ce club et ce suc-
cès, je les prends comme un héritage à
faire fructifier ». Nous terminons d’ail-
leurs l’entretien avec ma supérieure en
discutant des futurs concours à mettre
en route pour la nouvelle année.
Les mots de la fin
Que faire de ces entretiens ? Déjà, un
bilan sur l’évolution de notre loisir. De
plus en plus, les gens entendent parler
de JdR. Si la plupart ne vont pas fran-
chir le pas et tenter une partie, beau-
coup portent un regard bienveillant. Le
jeu de société a la cote, les périodes de
confinement ont permis aux Français
de redécouvrir le plaisir des activités
collectives. Nous sommes dans cette
dynamique. Les multiples partenariats
du monde du jeu de rôle avec des au-
teurs à succès autour d’œuvres popu-
laires (Légendaires, Monstres, Dune,
Alien, Aria…) sont autant de portes qui
vont amener des curieux et de futurs
joueurs. Dans mon collège, de plus en
plus de collègues me posent la ques-
tion : « Et tu ne pourrais pas conseiller
un jeu de rôle facile pour moi et mes
enfants ? Ça dure combien une partie ?
Il faut beaucoup préparer ? ». La proxi-
mité des fêtes de fin d’année incite à
me les poser : je m’improvise VRP du
milieu !
Ce que moi j’en retiens, c’est que j’ai
déjà une super équipe de collègues qui
m’ont accueilli et suivi depuis 2017. Ils
se sont prêtés au jeu et ont eux-aussi
apprécié ces échanges. Nous avons
franchi un cap car le loisir suscite de la
curiosité, là où il était très confidentiel
il y a vingt ans. Et finalement, il fau-
drait peut-être proposer une soirée
« JdR » à destination des adultes du
collège. En temps que vice-président
de l’Amicale, je vais me pencher sérieu-
sement sur la question.
Sébastien Fajal, prof de JdR
Mme Fleury, principale du collège
Autre collège,
autre Club !
Voici quelques lignes de l’ami
Guillaume, qui a ouvert son
club dans un collège lozérien
de 200 élèves. Merci à lui et
bon courage !
« Depuis cinq ans, je co-
anime le club jeux de société
avec une collègue. Après la
lecture des différents articles
de Sébastien, j’ai décidé de
tenter l’expérience du JdR
au club et ce fut un succès !
Je meujeute avec la boîte
d’initiation de COF. Les élèves
ne connaissaient pas du
tout le JdR et n’étaient pas
familiarisés avec l’univers
méd fan. Dès le début de cette
année, ils m’ont harcelé pour
qu’on reprenne l’aventure. Ils
sont même prêts à écrire à
tour de rôle un petit résumé
de chaque session. Cette
année, je vais poursuivre une
heure par semaine, pour finir
la campagne et commencer
Vengeance. Pour les années à
venir, j’espère maintenir cette
dynamique. J’ai d’autres idées,
en particulier une émission en
partenariat avec la webradio
du collège. »
MAGAZINE | 243
244 | MAGAZINE
ENTRETIEN

INTERVIEW | ILLUSTRATEUR

BRUNO BELLAMY
Illustrateur des Casus Belli
« historiques »
Bruno Bellamy est un des illustrateurs des Casus Belli
des temps anciens. Ses Bellaminettes inspirantes et
« gentiment sexy » ont profondément marqué les
souvenirs glamours de nombreux rôlistes.

Bruno Bellamy’s Digest
Né le 18 décembre 1964 à
Blois, Bruno se met à dessiner
dès son plus jeune âge,
influencé par les dessins de
Caza, Roger Dean, Jean-
Claude Mézières, Frazetta,
Moebius, et bien d’autres.
Déçu par ses études d’art, il
apprend surtout sur le tas
en proposant ses services
d’illustrateur dès les années
80 pour la presse et les
magazines de JdR comme
Casus Belli, de jeux vidéo
tels Génération 4, Joystick,
ou d’informatique comme
ST Magazine, Tilt, Virus
Informatique, Planète Internet,
Linux Magazine, de jeux de
cartes à collectionner tels
Lotus Noir ou Mana Rouge,
etc. Sur un scénario de Marc
Bati, il dessine les 3 tomes
de la série Sylfeline entre
1993 et 1997. Il dessine en
parallèle des illustrations,
dont ses gentiment coquines
Bellaminettes, sur son site
web, puis la BD Showergate
parue en 2007 chez Delcourt.
En 2012, il publie sur son site
sa BD, Romance de Mars, qu’il
compile et autoédite en 2014.
P
assionné dès l’enfance par les
mondes de l’imaginaire, Bruno
Bellamy s’est tourné naturelle-
ment vers le métier d’artiste illustra-
teur. Son amour du dessin ne l’a jamais
quitté. Un peu philosophe, il se définit
lui-même comme un « utopiste pro-
fessionnel ». Une très belle rencontre
avec de beaux échanges et de grandes
réflexions, notamment sur l’apparition
des IA dans le monde des arts.
Casus Belli (CB) : Bonjour Bruno, merci
de te présenter pour nos jeunes lec-
teurs qui ne te connaîtraient pas ?
Bruno Bellamy (BB) : Je suis illustrateur
et auteur de BD depuis le milieu des
années 80, et créateur, entre autres,
des personnages féminins « genti-
ment sexy » publiés notamment dans
les pages de Casus autrefois, connus
sous le sobriquet de « Bellaminettes ».
Depuis que je suis gamin, je me pas-
sionne pour les mondes imaginaires,
la SF, la fantasy, etc.
CB : Comment es-tu venu participer
aux numéros de Casus Belli dans les
années 80 ?
BB : À l’époque, je prospectais pour
trouver du boulot comme illustrateur,
et tenter ma chance auprès des ma-
gazines me semblait une voie intéres-
sante. C’est moins angoissant de faire
un seul dessin qui sera publié le mois
suivant que de s’embarquer dans une
épopée en BD qui ne trouvera peut-
être jamais d’éditeur. Le démarchage
était cependant pour le moins ingrat
et laborieux : je fouinais méthodique-
ment dans les rayons des magasins
de presse pour voir quels magazines
me semblaient intéressants et bien
entendu je tentais en priorité ce qui
me plaisait. Casus Belli me faisait en-
vie, mais c’était déjà un nom révéré.
J’étais persuadé qu’ils ne voudraient
pas de moi : il y avait déjà plein d’ar-
tistes talentueux qui y bossaient, et je
n’étais qu’un minable petit débutant.
Alors j’ai tenté ma chance dans un
magazine concurrent, moins presti-
gieux… dont le rédac’chef m’a littéra-
lement envoyé paître. Apparemment,
j’étais encore plus minable et débu-
tant que tout ce que j’imaginais !
Mais je ne me suis pas dégonflé et
j’ai pris rendez-vous chez Casus Belli !
Je me souviens, c’était un vendredi
aprem… Didier Guiserix m’a reçu, et
il était, et est toujours, super gentil,
très accueillant, très respectueux.
J’avais fait, exprès pour l’occasion,
un crayonné grand format spécifi-
quement orienté D&D, avec une pin-
up en armure, une épée fichée dans
un crâne, un dragon… la totale ! Il a
trouvé ça moyennement intéressant,
et a demandé à voir le restant de mes
travaux, qui n’avaient pourtant rien de
 très rôliste. Les dessins qui m’avaient valu de
me faire jeter à l’épisode précédent. Et en fait,
il a beaucoup aimé mes personnages féminins
un peu coquins, et m’a carrément commandé
une illustration qui a servi pour la couverture
du n°38, rien de moins ! Je n’en revenais pas…
C’était d’autant plus improbable que le côté
assez sensuel de mes personnages était assez
nouveau dans Casus, et constituait un risque :
il n’était pas évident que la maison mère,
Excelsior, qui était réputée pour sa vision assez
traditionaliste, accepte ce genre de contenu.
Mais l’audace a payé : l’image est passée, le
lectorat a bien aimé. L’idée est donc restée que,
s’il y avait besoin de jolies filles dans les pages
de Casus, on n’oublierait pas de faire appel à
moi. Ça a cependant pris un peu de temps, et je
dois bien avouer l’avoir un peu harcelé pour ça.
Mais petit à petit, j’ai réussi à faire entrer mes
Bellaminettes plus souvent dans les pages
du magazine, jusqu’à ce qu’elles deviennent
presque une « institution ».
CB : Quelle technique utilisais-tu à cette
époque ? Et à quelle « fréquence » étais-tu
sollicité pour Casus ?
BB : La méthode était bien rodée : Didier m’ap-
pelait et me décrivait les univers visuels d’un
ou deux sujets. J’en choisissais un, à partir
duquel je réalisais un crayonné sur une feuille
A4 pour qu’il me dise si j’étais sur la bonne
voie. Puis je finalisais le dessin en le refaisant
au propre et détaillé, sur un papier à dessin.
J’encrais à la plume, à l’encre de chine, puis
j’attaquais la couleur, généralement avec
des encres à l’eau, type Colorex, parfois de la
gouache, de l’acrylique. Je faisais ma petite
cuisine pour obtenir les résultats que je cher-
chais… Je finalisais les détails, et notamment
les effets de modelé, particulièrement sur la
peau des personnages, avec des crayons de
couleur.
Au début, la fréquence d’apparition de mes
dessins était un peu aléatoire, mais petit à
petit, la présence des Bellaminettes dans les
pages de Casus a reçu de bons échos, et au
bout d’un moment, et à ma grande fierté, il y
en a eu une dans chaque numéro.
CB : Quel est ton meilleur souvenir de ta contri-
bution au magazine Casus Belli ? As-tu des
anecdotes ?

MAGAZINE | 245
246 | MAGAZINE
BRUNO BELLAMY
BB : J’ai encore en souvenir la
manière dont j’ai été accueilli
le premier jour chez Casus ; les
gens à la Rédaction étaient vrai-
ment très sympas. Mais je me
souviens particulièrement d’une
illustration, qui était je crois pour
Castle Falkenstein, avec une
Bellaminette en uniforme militaire
vaguement prussien, avec un petit
dragon sur l’épaule et qui, en plus
d’être, à mon avis, une des plus
jolies, est aussi arrivée de façon un
peu miraculeuse. J’avais d’abord
choisi un sujet sur Star Wars,
mais ma version bellaminette de
Darth Vader était un ratage pathé-
tique. Il me restait quelques jours
pour rattraper le coup, alors je me
suis embarqué sur l’ambiance
steampunk proposée par Didier,
avec laquelle je n’étais pourtant
pas très à l’aise. Il en est ressorti
cette Bellaminette en uniforme
autrement plus convaincante que
ma lamentable Dark Vadorette
mal fichue. Je me croyais sauvé,
en livrant mon dessin, mais Didier
Guiserix n’était toujours pas sa-
tisfait !!! Il « manquait quelque
chose ». J’étais là, comme une an-
douille, à la Rédaction, avec mon
dessin que je croyais bon, et c’était
le dernier jour…
J’avais toujours les poches pleines
de matériel de dessin (crayon,
Rotring, crayons de couleur), et
je me suis lancé à l’aventure, sur
un coin de table : j’ai rajouté, « à
l’arrache », un improbable bébé
dragon sur l’épaule de cette mar-
tiale bellaminette, et c’est deve-
nu l’un de mes dessins préférés.
CB : Comment sont nées tes fa-
meuses Bellaminettes ?
BB : J’ai publié mes premiers des-
sins avec ces créatures gentiment
sexy en 1985, mais je crois que le
nom proprement dit date d’un peu
après, 87 ou 88. Je correspondais
avec Marc Bati, co-auteur avec
Mœbius, chez Dargaud, de la série
BD Altor, dont j’étais un peu le « pa-
dawan » comme il avait été celui de
Mœbius. Bati avait conçu les per-
sonnages spécialement pour moi,
en tenant compte de ce qu’il savait
que j’aurais envie de dessiner, et qui
étaient donc des jeunes filles assez
mignonnes dans des univers fan-
tastiques, farfelus, et poétiques.
C’est lui qui a eu l’idée de nommer
ces personnages, et donc la série de
récits, « Bellamynettes » : les mi-
nettes de Bellamy. J’ai reformulé ça
en « Bellaminettes », parce que je
trouvais que ces minettes avaient
plus d’intérêt que le nom de leur
dessinateur. Je ne saurais dire com-
bien exactement sont parues dans
Casus. Plusieurs dizaines, en tout
cas.
CB : Jouais-tu avec les membres de
CB ?
BB : Je dois avouer que je n’ai pratiqué
le jeu de rôle que très occasionnel-
lement. À la fois faute de temps,
et parce que je ne suis décidément
pas quelqu’un de très sociable…
Mais ma collaboration avec Casus
Belli constituant une étape assez
essentielle de ma « carrière », il est
vrai que le JdR a joué un rôle assez
déterminant pour moi.
CB : Es-tu parvenu à vivre des illus-
trations pour le milieu du JdR ou
as-tu dû prendre un vrai métier à
côté ?
BB : Je ne suis jamais arrivé à com-
prendre si l’idée de l’artiste qui
 exerce un « vrai » métier « à côté »
était un mythe ou s’il y a vraiment
des gens qui font ça… Bon, moi j’ai
eu de la chance, ou plutôt j’ai eu
la chance d’apprendre à survivre
avec très peu, disons. Mais j’ai
toujours plus ou moins réussi à
m’en sortir en ne faisant vraiment
que ça. Mais même pour gagner
pas grand-chose, ça m’occupe à
temps plein. Alors je ne sais pas
du tout comment font des gens,
si ça existe vraiment, pour mener
une autre activité professionnelle
en même temps qu’un temps
plein. Ou alors ils ne dorment pas.
Et moi, ça, j’peux pas, faut que je
dorme la nuit.
CB : Tu as aussi illustré pour
d’autres revues, lesquelles ?
BB : Oui, il y a eu Lotus Noir, puis
Mana Rouge, mais aussi divers
magazines de jeux vidéo comme
Tilt, Joystick, Génération 4 ou
Virus Informatique, puisque les
références SF/fantasy etc. y sont que je suis surtout motivé et ins- BB : Là où véritablement il y a eu
très utilisées également. Disons piré quand je travaille avec des évolution, je pense, c’est dans le
que ce qui caractérise mes person- gens avec qui je me sens bien, et fait que chaque sujet que je devais
nages et mes univers, c’est fina- c’était vraiment le cas à l’époque illustrer dans Casus présentait son
lement surtout mon goût pour les de l’« ancêtre » Casus Belli, tout lot de nouveautés et de défis. Ça
mondes imaginaires. On peut dire comme avec le Virus Informatique a fait évoluer ma manière d’ap-
que j’y faisais plus ou moins la et quelques autres titres. Mais préhender les sujets à illustrer,
même chose que pour Casus : ap- tout est devenu de plus en plus ainsi que les techniques à choisir,
porter une petite touche de sen- virtuel, j’ai commencé à travail- voire à inventer, pour parvenir à
sualité, parfois un peu décalée ou ler avec des gens que je n’avais mettre sur papier les idées qui me
farfelue. C’était particulièrement tout simplement jamais rencon- venaient en tête, avec bien sûr ce
amusant à faire dans le contexte trés IRL. Parfois, ça s’est très qu’il fallait d’expérimentations
des magazines consacrés à l’in- mal passé, au sens où les gens et, forcément, de ratés. C’était
formatique, qui pouvaient parfois n’ont pas été corrects. Ces gens généralement moins le cas dans
être un peu austères ou très axés ont eu tendance à me considérer les magazines d’informatique
sur la technique. juste comme une adresse e-mail, ou de jeux vidéo, qui tournaient
CB : Est-ce par manque, par nos- plutôt que comme une vraie per- peut-être un peu plus autour des
talgie ou simplement le hasard sonne, qui bosse (aussi) pour ga- mêmes thèmes. Le fait, aussi, que
des affaires que tu es parti vers gner sa vie. J’ai plein de bons sou- je me sente bien avec la Rédaction
d’autres horizons que le JdR ? venirs de mes collaborations avec de Casus a certainement joué
BB : Je dirais qu’après avoir déjà pas la presse, mais j’ai aussi accumulé sur le fait que je me sentais plus
mal bourlingué en tant qu’illus- diverses expériences pénibles qui à l’aise pour tenter des choses
trateur, je ne sais même plus m’ont rendu un peu méfiant. audacieuses sur le plan technique.
dans combien de magazines j’ai CB : Tes techniques de dessin ont- Sur la question papier/numé-
fait des p’tits dessins. Je crois elles évolué avec le numérique ? rique, je peux dire que j’ai débuté

MAGAZINE | 247
248 | MAGAZINE
BRUNO BELLAMY
à une époque où il n’y avait, vrai-
ment, que le « traditionnel ». Je me
suis mis par étapes à la mise en
couleur numérique vers la fin des
années 90, notamment pour la
colorisation d’un album de la série
Altor, ainsi que pour des illustra-
tions de presse. Mais j’ai très peu
employé ce genre de procédés pour
Casus, ou alors juste tout à la fin.
Je fais énormément de choses
avec le numérique, y compris en
utilisant de la 3D (avec Blender)
pour concevoir notamment des
éléments de décor. Ça a beaucoup
servi dans ma BD Showergate
(Delcourt, 2007), mais parado-
xalement je continue essentiel-
lement à dessiner sur papier,
notamment parce que ça me
permet de réaliser des originaux
que j’ai alors la possibilité d’offrir
par tirage au sort à des gens qui
me soutiennent via le système
du mécénat en ligne. Mais aussi
parce que même si le numérique
offre des possibilités immenses,
j’apprécie beaucoup le côté phy-
sique du dessin traditionnel.
CB : Crains-tu un avenir sombre
dans ton milieu d’illustrateur
avec l’arrivée des IA comme
Midjourney ou autres ?
BB : L’avenir est sombre pour le
métier d’illustrateur, et plus
généralement tous les artistes-
auteurs, depuis beaucoup plus
longtemps que ça. Pour je ne sais
quelle mystérieuse raison (ma-
nière polie de dire « une énorme
pile de préjugés stupides »), plein
de gens persistent à croire que
ce ne sont pas de « vrais » mé-
tiers, peut-être parce que ça leur
évoque une activité enfantine, ou
parce qu’ils ont cette idée bizarre
qu’un « vrai » métier c’est une
activité pénible qui donne juste
envie de se jeter par la fenêtre.
Ou encore parce qu’ils croient que
le « talent » est un truc qui arrive
spontanément, genre « hier soir,
j’ai été piqué par un porte-mine
radioactif et depuis ce matin
je peux dessiner tout ce que je
veux ». Ce qui justifie évidem-
ment qu’il n’y a pas lieu de rému-
nérer ce genre d’activité, comme
on le ferait au contraire pour un
docteur, un chauffeur de bus…
Et comme par hasard, ces
mythes sont notamment appré-
ciés et entretenus par les gens
qui, par le plus grand des hasard,
ont pour occupation d’exploiter
commercialement les produc-
tions de ces grands enfants que
sont les artistes-auteurs. Alors
évidemment, quand sont apparus
des programmes, par ailleurs cer-
tainement passionnants du point
de vue algorithmique, dont la
principale qualité était de savoir
capturer et digérer des millions
d’images produites par des illus-
trateurs humains et visibles sur
le web, à aucun moment ne s’est
présentée la question de savoir si
c’était vraiment éthiquement res-
ponsable de les « nourrir » ainsi
avec le travail des humains, pour
ensuite en tirer des « créations »
qui n’auraient pas pu exister sans
ce travail préliminaire.
Honnêtement, les choses que
j’ai pu voir produites par ces IA
sont souvent très, voire très très
très belles. Sérieusement, il en
est sorti des choses magnifiques.
Mais outre les questions juri-
diques que soulève l’appropria-
tion du travail humain préexis-
tant, et la nature des « droits »
qui pourraient découler d’un pro-
cessus qui n’est pas assimilable
à celui d’un auteur humain, il me
 semble que ça soulève des tas de
questions assez passionnantes
sur le plan philosophique, qui ne
sont finalement pas vraiment
abordées, et c’est dommage.
J’ai bien rigolé, en tout cas,
quand j’ai vu sur Twitter un des-
sinateur de grand talent (Ian
McQue) men-
La partie « Casus commencer par des
tionner un com-
mentaire 
de Belli » de ma carrière animaux, peuvent
quelqu’un qui
a été quelque chose
ne connaissait
pas encore son
de particulièrement posent aussi la
épanouissant
boulot, et était
convaincu que
c’était produit par une IA : on en
arrive à croire que la créativité et (et j’emploie
la passion qui pousse à bosser
pendant des années pour acqué-
rir la maîtrise technique qui per-
met d’exprimer cette créativité,
est si peu naturelle chez l’humain
que si quelque chose qu’on peut
qualifier de « beau » apparaît, ça
a forcément été produit par un
algorithme !
CB : Penses-tu que ces IA puissent
constituer un développement
voire une évolution de ton travail
d’artiste ?
BB : Alors s’agissant d’utiliser
l’algorithmique dans l’art, Oui.
J’adore l’idée, et je l’ai déjà,
mais de manière fantastique-
ment plus rudimentaire que les
IA dont on parle ici, mis en pra-
tique. Par exemple en écrivant
un « bot », dont on peut suivre
les créations sur Mastodon : @
TartanGenerator, qui produit
toutes les heures depuis des
années un nouveau motif de
tissu écossais. Oui, je sais, c’est
le degré zéro de la création algo-
rithmique, mais je trouve ça
rigolo comme concept, et il me
semble que ça pose, justement,
des questions pertinentes sur ce
qu’est l’art, et à quoi ça sert, etc. faire le « nécessaire » (et parfois
Est-ce qu’une œuvre d’art c’est pénible) par les machines, et gar-
forcément « beau » ? Et si oui, der pour les humains les activités
qu’est-ce qui définit le beau, ou qui apportent réellement du sens,
son contraire ? Est-ce que c’est du plaisir, du goût à la vie.
intrinsèque à l’humain, ou est-ce OK, c’est utopique ! Mais, heu…
que c’est différent d’une culture le concept même qui a déterminé
à une autre, d’un humain à l’existence de ces IA est utopique :
l’autre ? Est-ce que des créatures l’idée de faire « fabriquer » de
non-humaines, à l’art à des programmes inanimés
produire de l’art ?
est a priori une utopie, la mise
en application d’une expérience
produisant des choses qui n’exis-
Les IA « créatives » taient pas avant. Et ça marche.
Alors pourquoi ne pas étendre
  
 question de savoir
s’il n’y a que ce
teur qui doit se sentier « menacé »
sec-
l’idée à l’ensemble des tâches ré-
putées « nécessaires » pour faire
exister une civilisation, et garder
ici les guillemets à le superflu, le fun, le poétique, le
dessein), ou si l’émergence de ce créatif, pour les intelligences dont
type spécifique d’IA n’est pas le c’est plutôt la spécialité, c’est-à-
signe annonciateur du fait que, dire les intelligences humaines ?
finalement, ça y est, on est entrés L’utopie, c’est mon dada, et je me
dans l’ère post-post-industrielle définis parfois comme « utopiste
où, enfin, les machines et les IA professionnel » !
vont VRAIMENT soulager l’hu- Et bien sûr, il y a « Romance
main de la « nécessité » de tra- de Mars », ma BD auto-publiée,
vailler (au sens de l’étymologie de qui est une utopie assumée, et
« travail », du latin « trepalium », même affirmée, et dont j’espère
qui désigne un instrument de tor- bien étendre et affiner le propos
ture), de « gagner sa vie ». Parce dans la suite, si… bon, je vais dire
que oui, il me semble, il y a main- plutôt « quand », sinon quel uto-
tenant énormément d’activités piste je ferais si je ne croyais pas
pas particulièrement épanouis- dans mes propres projets, j’arrive
santes ou agréables qui pourraient à trouver le temps, au milieu
tout aussi bien être effectuées par de toutes mes autres activités,
des machines, qui libéreraient d’avancer là-dessus.
l’humain pour faire plein d’autres CB : Les illustrations des anciens
choses beaucoup Casus étaient
Mes Bellaminettes aussi le symbole

plus intéres-
santes. Sauf que
ce concept paraît
ne sont pas là pour d’une époque,
où les rôlistes
aberrant, parce séduire mais plutôt étaient souvent de
qu’on est restés pour rayonner de jeunes boutonneux
bloqués sur l’idée tendresse et de émoustillés par tes
qu’il faut forcé- Bellaminettes. Les
bienveillance !
ment avoir un
boulot pour avoir le droit d’exister.  temps ont changé,
le magazine s’adresse aux lec-
Mais peut-être que cette idée-là teurs de tous âges et de tous
est préhistorique, et qu’on pour- genres, on imagine mal publier la
rait passer à autre chose. Faire même chose aujourd’hui, non ?
MAGAZINE | 249
250 | MAGAZINE
BRUNO BELLAMY
BB : D’abord, j’ai toujours pu
constater que le lectorat des
Bellaminettes n’était pas exclu-
sivement masculin, grâce aux té-
moignages de ce même lectorat,
via le courrier des lecteurs, lors de
mes dédicaces en salons, et plus
récemment par les messages
et commentaires via l’Internet,
sur les forums, puis les réseaux
sociaux, etc. Ce qui apparaît,
c’est que même chez un lectorat
qui était réputé majoritairement
masculin comme celui de Casus,
mais aussi les revues informa-
tiques, il apparaissait que les
quelques filles qui voyaient
passer mes dessins les appré-
ciaient. Alors ça n’est que mon
interprétation[rires]. Mais je crois
pouvoir dire qu’en général, les
Bellaminettes n’ont pas trop été
perçues comme des pin-ups, ni
des « femmes-objets » pour faire
joli, mais plutôt comme l’expres-
sion de quelque chose d’un peu
différent. Je pense particulière-
ment à des guerrières, des magi-
ciennes, des fées, et toutes sortes
de personnages historiques ou
fictionnels qui avaient à la fois
une certaine sensualité et un cer-
tain pouvoir, une certaine auto-
nomie, qui les sort complètement
de la caricature de la pin-up de
calendrier ou de double page cen-
trale. Et je crois que ça vient de ce
que j’essayais toujours de mettre
dans ces personnages, avec plus
ou moins de succès, parce que ce
n’est pas facile : une vie propre,
une personnalité, même fugace
ou indistincte. Même en une
seule image, j’ai toujours voulu
que mes personnages racontent
une histoire dont parfois les gens
doivent se l’imaginer. Mais il y a
des petits indices à peine per-
ceptibles qui peuvent leur servir
de support ; des fois, c’est juste
le regard de la Bellaminette qui
semble s’intéresser à quelque
chose hors cadre, et du coup le
personnage a une vie à lui, un
passé et un avenir hors de l’ins-
tantané de l’illustration. Enfin,
je ne sais pas si ça marche, mais
c’est un peu mon état d’esprit
quand je les dessine…
Il y a un autre point qui m’a
toujours importé, et que les filles
perçoivent peut-être mieux, pour
des raisons culturelles je pré-
sume, c’est que ce qui peut rendre
attractive une Bellaminette, ça
n’est pas ses mensurations, une
posture ou un costume « sug-
gestifs » ; mais ce qui est, je crois
l’esprit des Bellaminettes en
général : elles ne sont pas là pour
séduire, pour dire, en quelque
sorte, avec leurs gestes, leur
accoutrement, ou leur regard,
quelque chose comme « Tu es
en mon pouvoir », mais plutôt
pour rayonner de tendresse et de
bienveillance. Ça a toujours été
mon envie profonde, à travers
ces dessins : parler d’amour, pas
de pouvoir. Dis comme ça, ça doit
sembler nunuche, mais je crois
justement que l’art sert à ça :
dire des choses plus vastes, plus
complexes, plus subtiles, que ce
que seuls les mots peuvent expri-
mer. Je suis bien mal placé pour
dire si le message est passé, ou
si c’était une bonne idée ou pas,
mais je me réjouis du fait que le
lectorat féminin, qui est peut-
être plus réceptif à ces notions,
semble avoir apprécié mon travail
et continue à le faire, et c’est as-
sez bon signe. Une part impres-
sionnante des gens qui me sou-
tiennent désormais sur Tipeee,
par exemple, sont des femmes,
sans parler de la proportion signi-
ficative de femmes qui appré-
cient et partagent mes posts sur
les réseaux sociaux.
 Alors oui, les temps ont changé technique. Mais déjà à l’époque de
et tant mieux, bon sang, heureuse- Casus « l’ancêtre », je me refusais à
ment ! Même s’il reste tellement de faire du politiquement correct. J’avais
boulot à faire pour un truc à dire à travers
L’utopie, c’est
une vraie égalité
h o m m e s/fe m m e s .
 mes dessins, c’était
mon dada. […] et je tout ce qui importait.
Mais il me semble voir me définis parfois Dans un monde, qui Bruno Bellamy dessine
encore davantage de comme « utopiste n’est pas moins qu’au- ses Bellaminettes, mais
femmes apprécier les trefois, empli de peur pas que…
professionnel » !
Bellaminettes qu’à
l’époque de ce bon vieux Casus. Je  et de colère, je dois
continuer à parler d’amour, de bien-
Bruno dessine toujours de
magnifiques Bellaminettes
ne dessine pas en fonction de ce que veillance, de tendresse, avec autant qu’il publie sur son site :
je crois qu’on attend de moi, mais de clarté qu’avant, sinon plus. https://bellaminettes.com. Il
en fonction de ce que me dit mon effectue des commissions avec
On a parlé des IA qui se substituent
inspiration. J’en reste à mon idée des illustrations sur commande
aux artistes, je crois que c’est l’occa-
pour les particuliers mais aussi
essentielle : on vit dans un monde sion de redire un truc fondamental : des pro comme la boulangerie
très dur (et ça ne va pas en s’arran- ce qui fait un artiste, ça n’est pas tant de son village ou la découverte
geant !) où il y a beaucoup d’injustice sa façon de produire ses œuvres, ou d’un voisin rôliste et brasseur
et de violence, notamment envers son « style », ou je ne sais quoi de de bières. Ses orignaux, et
les femmes, et la part de nous qui visible, de quantifiable, ou de réduc- des reproductions de ses
veut entendre parler de tendresse tible à un algorithme, mais bien son illustrations, ainsi que de sa
et d’amour est un peu asphyxiée, intention, sa volonté propre. Non pas BD Romance sur Mars sont
sous-alimentée, oubliée et dépréciée. ce qu’il fait ou comment, mais ce qu’il disponibles sur sa boutique
J’essaye de combler ce vide, en des- est ! Cette partie de lui qui va trans- en ligne : https://boutique.
sinant des filles qui incarnent cela. paraître dans son œuvre, ce truc qu’on bellaminettes.com .
Je ne m’adresse pas du tout qu’aux ne peut décrire ou nommer, mais qui Il a aussi scénarisé et dessiné
garçons. est indubitablement là, et avec lequel une BD de science-fiction :
J’ai envie de croire que les les gens vont résonner, au sens « être Romance sur Mars. Il autoédite
Bellaminettes incarnent aussi sur la même longueur d’onde », et désormais ses œuvres et gère
sa propre boutique en ligne
quelque chose d’un peu subtil, d’un non pas « raisonner » comme « ah
où l’on peut trouver sa BD et
peu magique ou symbolique, une ouais j’ai compris », parce qu’ils ont
ses illustrations. Il est invité à
évocation d’un aspect de l’huma- ça en eux aussi. Les IA sont balèzes, des conférences auxquelles il
nité qui « parle » à tout le monde. Du mais elles n’ont pas de volonté explique son métier d’artiste
coup, peut-être que des femmes se propre, elles n’ont pas d’intention, illustrateur mais parfois
reconnaissent un peu dans ces per- elles produisent, c’est tout. Ce qui aussi pour parler d’une
sonnages qui incarnent à la fois force leur manque, c’est justement cette autre passion, l’utopie, dont
et bonté. J’espère surtout qu’elles « anima », cette vie intérieure qui, celle-ci que vous pourrez
parlent à tous ceux qui ont besoin littéralement, anime celui qui en est revivre par ici : https://
de ça. Moi, en tout cas, je les dessine habité. J’avais ça en moi à l’époque, et mixitconf.org/2019/utopie-et-
parce que j’ai besoin d’en parler. c’est toujours là, ça continue, et c’est bellaminettes .
CB : Si Casus te commandait une ça qui me dit de dessiner, parce qu’il
Bellaminette pour la couverture d’un faut encore parler d’amour, c’est tout.
numéro, est-ce qu’elle serait comme CB : Merci Bruno pour tous ces souve-
celles des années 80/90 ? nirs et ces partages, en te souhaitant
BB : J’ai la prétention de croire qu’à encore de belles Bellaminettes et de
force d’explorer toujours un peu le très nombreux coups de crayons pour
même sujet, j’ai, au moins, fait des continuer à nous faire rêver avec tes
progrès dans ma façon de le traiter, magnifiques illustrations !
donc a minima, j’espère pouvoir dire Propos recueillis par Nurthor,
que j’ai un peu avancé sur le plan le 10 décembre 2022

MAGAZINE | 251
252 | MAGAZINE
HUMEUR
Mais qui est
cet odieux connard ?
Vous ne le connaissez pas ?
Odieux connard tient un
blog de critiques de films
désormais célèbre. Il en a
même tiré deux bouquins,
Qu’il est bon d’être mauvais,
et La Vie c’est bien, le cynisme
c’est mieux. Il a également
publié des parodies de films,
Game of Trolls et Naze Wars
– La Force du Réveil. Sans
oublier une série BD sur les
héros et histoires oubliés des
grandes guerres, signée avec
Monsieur Le Chien : Le Petit
théâtre des opérations.
En fait, monsieur OC est
aussi rôliste. Et il a décidé
de partager son vitriol avec
nous.
LE BILLET D’UN ODIEUX CONNARD
LAPIDONS-LES
AU DÉ 20 !
Le guide des gens et des choses qui vous donnent des envies de
strangulation autour d’une table de JDR. Épisode 24.
Le gars
qui aime le drame
Si nombre de parties de jeu de rôle
sont souvent plus proches de la comé-
die que de la tragédie, c’est oublier
une spécialité de certains individus : le
drame.
Le gars qui aime le drame, aussi
connu sous le terme de drama queen
dans la langue de ceux qui n’ont aucune
papille, rôde autour des tables dans
l’attente du moment où il pourra sou-
dain s’exclamer que Ah ! Oh ! Ça ne va
pas du tout ! Que l’on se taise, qu’on le
regarde, car il est la victime du MJ, d’un
autre joueur, ou de la date de péremp-
tion des chips sur la table ! Bref, sou-
dain, tout bascule, et il est visiblement
centre de l’attention), mais
temps pour lui de se rouler par terre.
il n’hésitera pas à exporter
Généralement, il en faut peu pour son malheur hors de la table,
qu’un drame démarre. De la discussion par exemple en lançant une
sur un point de règle en passant par le grande discussion par mail sur
jet de dé malheureux ou la réponse du le thème “Pourquoi j’ai raison
MJ qui ne lui plaît pas, le gars qui aime et le MJ a tort” avec une intro-
le drame va alors aussitôt mettre la duction digne d’une thèse de
partie de tout le monde en pause pour doctorat.
pouvoir étaler son contentieux. Il ne
Le gars qui aime le drame
faudrait pas que des gens passent une
n’abandonnera pas tant qu’on
bonne soirée pendant que lui souffre !
ne lui aura pas donné raison et,
Vous me direz « Certes, il fait chier
en attendant, il mangera drame,
maintenant, mais au moins, c’est boira drame, respirera drame, et
réglé. » insistera très fort pour être pré-
Nenni, jeunes innocents. sent à la prochaine partie, non pas pour
Car non seulement le gars qui aime le s’amuser, mais pour poursuivre soit
drame ne sera jamais satisfait (sinon, le précédent drame, soit en lancer un
le drame s’arrête et il n’est plus au nouveau.
 Bien évidemment, lorsque quelqu’un
vient à souligner qu’il fout générale-
ment une ambiance de merde à toutes
les tables où il se présente, il n’atten-
dait que ça pour se lancer dans un nou-
veau discours sobrement intitulé “Tous
les joueurs et tous les MJ ont tort et je
vais t’expliquer pourquoi”.
C’est à peu près à ce stade qu’il
convient, si cela n’a pas été fait, de lui
proposer de se mettre face à une salle
de rôlistes pour expliquer son brillant
point de vue.
L’occasion parfaite d’en finir en lui
envoyant quantité de trucs plus ou
moins contondants dans la truffe, et
de lui offrir ce dont il a toujours rêvé :
un drame, un vrai.
Ne le privez pas de ce plaisir : lapidez-
le au dé vingt.
Odieux Connard
Barbare déchaîné Coucho
MAGAZINE | 253
254 | MAGAZINE
COMING NEXT !

PROCHAINEMENT

DANS CASUS BELLI N°44

Pour affronter l’été sereinement, nous vous pré-
parons une belle sélection de scénarios dans des
genres et des systèmes de jeux différents les uns
des autres, pour que chacun puisse y trouver un
intérêt.
Nous ouvrirons le bal avec le troisième et dernier
volet de Guerres & Successions, la grande aven-
ture pour Pathfinder 2 concoctée par Sébastien
Urbanek. Les personnages vont être confron-
tés à une redondance temporelle qu’il va falloir
surmonter.
Changement d’univers et de système avec une
histoire de piraterie spatiale qui nous est proposée
par l’une de nos dernières recrues (mais je me suis
laissé dire qu’il avait déjà officié pour Casus Belli
précédemment), un petit jeune plein de talents
qui nous dit être l’auteur de Metal Adventures. Si
les faits sont avérés, le scénario d’Arnaud Cuidet
serait donc « canon », comme on dit !
Vous aurez aussi la possibilité de vivre un petit
délire concocté par Laurent Fèvre pour East Texas
University. Dans Menace Toon, des démons facé-
tieux issus de célèbres cartoons sont convoqués
dans notre dimension et viennent semer la zizanie
sur le campus…
Et puis deux de nos pigistes d’élite, Belaran et
Feldo, nous ferons vivre une aventure dans la
France de Napoléon Bonaparte. Pour l’occasion, ils
vous proposeront de nouvelles voies et règles pour
adapter Chroniques oubliées à cette période. De
son côté, Psycho-Scribe complètera le dossier en
vous donnant toutes les informations dont vous
aurez besoin pour jouer sans avoir besoin de vous
replonger dans vos cours d’histoire.
Comme à chaque numéro, vous aurez bien sûr
droit à moult critiques, parmi lesquels les der-
niers suppléments pour Warhammer, la version 5E
de L5R baptisée Aventures à Rokugan ou encore
la toute nouvelle édition de Maléfices. Et bien
d’autres choses dont je ne peux vous parler par
manque de place…
À très vite !
Marc Sautriot et la rédaction de Casus Belli
©Black Book Éditions
COMPLÉTEZ VOTRE COLLECTION
COMMANDER LES ANCIENS NUMÉROS SUR
www.black-book-editions.fr

NUMÉROS HORS-SÉRIE

black-book-editions.fr

MAGAZINE | 255