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Youssef Maïsanne 2nd 11

Rédaction

A celui qui trouvera ce livre, si tu le lis, c’est que je suis probablement déjà
mort, alors voilà. Je ne suis qu’un vieil homme divorcé depuis des
décennies, un de ceux qu’on croisait dans la rue et dont on s’apitoyait
autrefois, mais si la curiosité prend le dessus sur toi, et que les histoires
d’une vieille carcasse t’intéressent, alors voilà mon histoire.
Depuis aussi longtemps que je me souvienne j’ai toujours vécu à Ypres.
Autrefois, c’était une commune agréable, mes parents y ont vécus, mes
grands parents aussi, et je comptais y rester aussi, jusqu’à les rejoindre, un
de ces jours. La seule personne qui me maintenait en vie était Claire, ma
fille dont ma traîtresse de femme avait remportée la garde, ‘‘l’argent ne fait
pas tout’’ que je me disais à l’époque. Cette « Grande guerre » ne
m’empêchera pas de la retrouver, chaque jour, un ancien est retrouvé mort,
chaque jour, je manque de me faire assassiner de peu, chaque jour
j’affronte le regard de mes voisins, ‘’Connard de juif’’ ‘’On sait que c’est
de votre faute !’’ et autres conneries quotidiennes. C’est décidé, je quitte ce
cimetière, avant d’y être enterré vivant.
Je suis accompagné de mon chien Alf, un magnifique berger allemand qui
m'a été fidèle depuis des années. Nous avons fait nos adieux à nos amis et
à notre famille, mais je sais que cela ne sera pas facile. Nous ne savons pas
combien de temps ce voyage va prendre ni ce que nous allons rencontrer
sur notre route.
Nous avons une carte et un plan, mais je sais que rien ne peut nous
préparer à ce qui nous attend, si j’avais 30 années de moins, ça nous
faciliterait la vie. Nous marchons depuis des jours et on est épuisé, mais je
sais que je dois continuer.
Alf me regarde d'un air inquiet. Je lui caresse la tête et lui dis : "Tout ira
bien, mon vieux. Nous allons retrouver ta maîtresse bientôt." Alf remue la
queue et me fait aveuglément confiance,
En traversant la ville, je ne peux m'empêcher de zyeuter les endroits que
j'ai connus et aimés. Je passe devant l'école primaire, où j’ai passé mes
rares années heureuses, elle était en ruine, malgré moi, je ne peux retenir
une larme, continuant d’avancer.
Finalement, après de nombreux jours de marche, nous arrivons à la côte. Je
suis épuisé, mais je sais que nous sommes presque arrivés à destination.
J'ai entendu parler d'un bateau qui part pour la France et je suis déterminé
à y monter.
Malheureusement, lorsque nous arrivons au port, on nous informe que les
chiens ne sont pas autorisés à monter à bord. Je suis dévasté. Je ne peux
pas abandonner Alf, mais je sais que je dois absolument monter sur ce
bateau pour rejoindre ma fille.
Je me fige pendant cinq, dix, vingt secondes, debout devant mon vieux
compagnon qui était bien le seul à m’avoir été aussi fidèle. D’un coup, un
obus explose et nous poignarde les tympans, réveillé, je serre mon chien
dans mes bras, mon couteau à la main, et je n’y arrive pas, je sais que ça
serait plus facile pour tout le monde, mais j’en suis incapable.

Je me tourne vers Alf et lui dis : "Je suis désolé, mon vieux. Je sais que tu
ne comprends pas, mais je dois y aller. Je te promets de te retrouver dès
que je le pourrai.", je jette au loin mon couteau et Alf se mit à courir après.
Je profite de ce laps de temps pour verser mes dernières rations d’eau et de
croquettes dans son bol. Montant lâchement dans le navire.
Alf me regarde avec tristesse , tenant mon couteau dans sa gueule, et je
sens mon cœur se briser. L’entendre gémir était une des pires choses
auquel j’ai été confronté en soixante-sept automne. Je m’assois, incapable
de tenir debout, un marin anglais s’assoit à côté de moi, ‘’Winter is coming
, old man’’, il fixait mon chien, j’avais l’habitude d’être optimiste, mais
même avec toute la mauvaise foi du monde, je savais qu’Alf ne s’en
sortirait pas.
Cette nuit-là, la mer était déchaînée, et le froid pénétrait jusqu’aux
profondeurs de nos âmes, la nuit allait être encore longue…

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