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QUESTION 1
QUESTION 2
La manière dont les textes nous rendent compte des pensées des
personnages nous permet de constater qu’ils vivent leur emprisonnement de façon
bien différente.
Le condamné à mort de Victor Hugo (texte A) et Edmond Dantès (texte C)
refusent leur situation. Le premier s’enferme dans ses pensées et ne cesse de passer
du souvenir à la réalité, opposant le plaisir et la liberté de l’un au désespoir et à
l’emprisonnement de l’autre (« j’étais libre. Maintenant je suis captif ») pour finir
obsédé par la seule « pensée infernale » de sa condamnation à mort, qu’il répète par
trois fois : « Condamné à mort ! » Dantès, n’est pas en meilleure situation, en raison
de sa pauvreté intérieure, qui l’empêche de s’élever au-dessus de sa condition de
prisonnier : « Dantès était un homme simple et sans éducation. Il ne pouvait […]
rebâtir les villes antiques que l’imagination grandit et poétique ». Il n’a aucune
échappatoire possible, autre la violence verbale (il « lançait des blasphèmes ») et
l’autodestruction (« il brisait son corps contre les murs de la prison »).
A l’inverse, Fabrice et Meursault pour des raisons très différentes se laissent
« charmer par les douceurs de la prison » (texte B) ou trouvent que « dans un sens
c’est un avantage » (texte D). Fabrice est dans la contemplation du monde qui
l’entoure (car il lui permet de rejoindre la femme qu’il aime : Clélia) et associe son
état d’âme au chant des oiseaux qui sont enfermés comme lui dans une cage, qu’il
trouve par assimilation « jolie ». Meursault semble extérieur (« étranger » selon le
titre du roman) à tout ce qui l’entoure. Il n’est pas ravi d’être en prison, mais s’en
contente et trouve le moyen de tuer le temps en se remémorant les détails de sa
chambre. Il s’est soumis à l’autorité lorsqu’on lui a dit que fumer « était interdit ». Et
finalement « la punition n’en était plus une » puisqu’il s’était habitué à la
suppression des cigarettes. L’utilisation des modalisateurs comme trop (« je n’étais
pas trop malheureux ») ou peut-être (« c’est peut-être cela qui m’a le plus abattu »)
montre que le personnage est dans une égalité d’humeur qui s’oppose à sa
situation.
Nous voyons donc que dans ce corpus, la faculté du personnage à supporter
son enfermement est directement liée à sa capacité à penser à autre chose, à
s’évader par la pensée.
L'étranger est un roman d'Albert Camus publié en 1942, la même année que
Le Mythe de Sisyphe dont il reprend sous forme romanesque le thème de l’absurde.
Meursault, le narrateur, vit à Alger au temps de l’Algérie française. Il retrace son
existence mécanique. Il est dans une espèce d’indifférence face tout ce qui lui arrive
(la mort de sa mère, le meurtre de l’Arabe, son procès, sa condamnation à mort). Il
se comporte comme si la vie n’avait pas de sens. Dans cette scène, on assiste à la
mise en application de cette indifférence, lors de son arrivée à la prison.
Nous nous demanderons comment le texte parvient à rendre compte de
l’absurdité de la situation dans laquelle se trouve le personnage.
Dans une première partie nous analyserons la monotonie de la vie de
Meursault, puis dans une deuxième partie que le prisonnier tente malgré tout de
s’adapter à sa situation d’emprisonnement.
Conclusion
Meursault est un personnage sans relief. Il n’existe que par et pour le temps
présent, il n’essaie pas de se projeter dans le futur. Au fil du texte, la prison
disparaît, il temps devient confus. Sa mémoire prend le relais de sa conscience de la
réalité. Il se protège du milieu hostile de la prison en transposant dans sa chambre
qu’il recrée mentalement avec une très grande précision. La situation, la peine de
mort qu’il encourt, ne le touchent pas ; il n’a aucune conscience de son
environnement humain, spatial ou temporel.
On observe la capacité qu’a Meursault à se détacher de son emprisonnement
grâce au pouvoir de la pensée chez Fabrice Del Dongo dans La Chartreuse de Parme
ou encore chez Thérèse Desqueyroux lorsque celle elle gardée à domicile par son
mari Bernard. A l’inverse, les personnages qui n’y arrivent pas (comme le condamné
de Victor Hugo ou Edmond Dantès dans Le Comte de Monte-Cristo) tombent dans
des états de dépression ou de rage proches de la folie.
Introduction
- Le roman s’organise souvent autour de la figure d’un personnage principal, un
héros dont le lecteur suit les aventures, explore la psychologie, partage les
sentiments. C’est un personnage dont le lecteur sonde les réactions et sur lequel il
forme un jugement, tantôt sur ses actes, tantôt sur son caractère ou ses passions.
Ce jugement implique souvent une empathie, mais il ne va pas toujours dans le sens
du bien. Le lecteur peut valider certaines réactions négatives d’un personnage, sans
pour autant préférer les personnages négatifs.
- Est-il est préférable que le héros d’un roman soit un personnage positif ? Un
personnage négatif suscite-t-il systématiquement le rejet du lecteur ?
- Nous verrons dans un premier temps que le personnage positif crée avant tout un
sentiment d’admiration, puis nous nous intéresserons au personnage négatif et au
sentiment d’empathie qu’il peut déclencher chez le lecteur.
(+ Transition)
2.3 Le roman veut représenter le monde donc reflète les dualités, mais aussi
les nuances
- La dualité bien/ mal est au centre de la conscience humaine, c’est dans
l’expression de ses passions et de ses erreurs qu’un auteur peut cerner l’essence
humaine et inviter le lecteur à réfléchir sur sa propre condition et sur la vision du
monde qui l’entoure.
- Le lecteur recherche alors l’expression paroxysmique des passions humaines,
comme pour retrouver ce qu’il n’ose exprimer au quotidien. Idée très fortement
présente dans la période romantique. Par exemple, un personnage comme Julien
Sorel dans Le Rouge et le Noir est fourbe, ambitieux, calculateur, destructeur et
meurtrier ; pour autant le lecteur ne voit pas toujours en lui un personnage
purement négatif, car il est le héros de l’histoire.
Conclusion
- S’il appartient à chacun d’exprimer sa préférence, il semble qu’à l’époque actuelle
les lecteurs préfèrent suivre des personnages négatifs car plus tiraillés, plus
complexes et plus riches en sentiments. D’une manière générale, le lecteur cherche
à trouver dans un roman l’image du monde et de la vision qu’en a l’auteur, et de ce
fait aura tendance à refuser toute vision manichéenne.
- Toutefois, le goût du public pour le personnage exceptionnel n’a pas
complètement disparu et se retrouve, par exemple, dans le super-héros développé
dans d’autres arts (BD, cinéma…). On peut se demander si finalement, le but de ce
héros n’est pas d’amener le lecteur/ spectateur à s’élever et si le héros négatif ne
crée pas l’effet inverse.!
A l'âge de dix-neuf ans, et le jour même de ses noces, Edmond Dantès est
emprisonné. En vous inscrivant dans la logique d'écriture d'Alexandre Dumas, vous
rédigerez le passage du roman qui raconte l'arrivée en prison, la découverte de la
cellule et rapporte les premières pensées du personnage.
Choix d’écriture :
- Le plan du texte est annoncé dans le sujet. Il faut le respecter.
- Rappel des circonstances de l’arrestation d’Edmond.
- Focalisation interne/ Discours indirect libre pour rendre compte des pensées du
personnage tout en gardant un style fluide.
- Utilisation du registre pathétique (situation du personnage, vocabulaire, comparaisons…).
- Métaphore et présence d’éléments naturels (Dumas est un romantique).
- Champ lexical du désespoir, solitude.
- Esprit de révolte du jeune homme de dix-neuf ans face à l’injustice.
Dantès était encore abasourdi par les événements qui l’avaient conduit sur ce
bateau qui s’éloignait de Marseille. Le matin même, alors qu’il se préparait pour ses
noces, une troupe de gendarmes était venue à son domicile pour lui signifier son
arrestation. Il fut amené devant le procureur qui lui dit qu’on devait s’assurer de sa
personne. On le fit envoyer sans la moindre explication au château d’If. Qu’avait-il
donc commis ? De quel crime l’avait-on injustement accusé sans qu’on lui offrît la
moindre chance de se défendre ? Pouvait-on ainsi priver un innocent de liberté sans
le moindre procès ? Ses pensées allaient le submerger lorsqu’il arriva enfin aux
abords de l’île et que le bateau accosta. Il faisait nuit. Les gardes, qui se méfiaient
de la vigueur du jeune homme le détachèrent et le poussèrent à terre sans
ménagement. Sitôt libre, Dantès voulut les affronter, mais le nombre eut bien vite
raison de sa colère. Ils le trainèrent, tandis qu’il se débattait comme un beau diable.
On l’emmena dans un couloir sombre au bout duquel il fut jeté dans une cellule. Il
entendit les gonds de la lourde porte crier tandis qu’elle se refermait. Le bruit de la
clé dans la serrure scella son destin : la liberté venait de lui être enlevée à tout
jamais.
Il se retourna et détailla la pièce : sa cellule était minuscule. Edmond était un
grand jeune homme de dix-neuf ans et sa taille faisait qu’il devait demeurer courbé
pour ne pas se cogner. Il n’y avait pas de lit mais au fond de la pièce on avait laissé
une paillasse à moitié déchirée qui devrait lui servir de grabat. Elle était humide,
comme le reste de la pièce car les embruns pénétraient par une fenêtre exiguë. Les
murs ruisselaient d’humidité et par endroit, la moisissure s’était accumulée. Le
détenu s’approcha alors de la lucarne et, à travers le brouillard qui s’était levé, il
aperçut la lueur pâle de la pleine lune.
L’image de Mercédès jaillit alors devant ses yeux comme un éclair déchirant
la brume. Elle l’avait surement attendu pour le mariage ! Que lui avait-on dit ? Quel
infâme mensonge lui avait-on fait pour expliquer la disparition de son futur époux ?
Elle était sans doute morte d’inquiétude et elle avait voulu partir à sa recherche !
Dantès bondit alors vers la porte qu’il frappa de toute la violence dont ses poings
étaient capables. Il entendait ses hurlements résonner dans tout le couloir. Après
plusieurs minutes de coups et de cris, épuisé et sans réponse, il s’effondra en
larmes. C’est alors qu’il aperçut qu’un détenu avait creusé une croix à même la
roche, au-dessus de la porte massive. Celui-là avait sans doute voulu que Dieu lui
indiquât le chemin de la liberté. Edmond y vit son salut. Sans plus réfléchir, il
s’agenouilla et pria qu’on le libère et lui permette de revoir celle sans qui il n’avait
plus d’avenir et dont l’absence était, plus encore que les quatre murs qui
l’enfermaient, la promesse d’un horrible supplice.