Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
l’écriture après avoir été diplômé des beaux arts. Depuis son premier roman, publié en
1999, on comprend son engagement littéraire car il donne la parole aux laissés pour
compte. Dans « Ce que j’appelle oubli », roman contemporain d’une soixantaine de pages,
il s’inspire librement d’un fait divers survenu à Lyon en décembre 2009. Il y raconte la mort
absurde d’un homme tué atrocement par des vigiles pour avoir bu une bière sans être
passé au préalable par la caisse.
Dans l’extrait que nous allons commenter, qui correspond au début du texte, le
narrateur dont on ne connaît ni l’identité, ni son rapport avec la victime, s’adresse à
distance au frère du disparu sous forme d’un monologue intérieur.
Nous pouvons nous demander comment, par une écriture bien spéci que, Laurent
Mauvignier parvient à dénoncer un crime abjecte dans une société indifférente ?
C’est à cette question que nous tenterons d’apporter une réponse précise. Après
avoir vu dans un premier temps le style non conventionnel de cet incipit, nous nous
attarderons sur la description de la victime. En n, nous verrons en quoi l’auteur critique
notre société et son indifférence face à un crime abjecte.
Avec « Ce que j’appelle oubli », récit sous forme de plaidoyer, Laurent Mauvignier
critique la société dans laquelle nous vivons. Plus encore, il dénonce l’indifférence sociale
et la résonance d’un tel crime sur une société déshumanisée en suscitant la compassion
du lecteur sans user du registre pathétique. Un homme est mort pour rien dans
l’indifférence totale.
fi
fi
fl
fi
fi
fl
fi
fi
Comme dans un autre de ses romans, « la foule » écrit en 2006 qui évoque la
tragédie survenue en 1985 au stade du Heysel, et qui avait causé 39 morts, suite à la
violence meurtrière des hooligans anglais contre les supporters italiens, la violence est
non seulement physique mais aussi affective et invisible. Sous la forme d’une consolation
poignante il dénonce l’absurdité d’une mort tragique. Ce texte sonne comme un cri de
révolte qui permet de redonner une dignité à la victime en interpelant le lecteur pour qu’il
n’oublie pas. Il inscrit donc la victime dans la mémoire collective. S’il fait le choix d’une
écriture brute, dénuée de pathos, ne peut-on pas se demander si ce n’est pas pour encore
mieux frapper nos esprits et orienter notre ré exion sur notre société et ses travers, ses
injustices qui s’accommode trop facilement de la répétition des drames quotidiens les
laissant tomber dans la banalité et l’oubli?
fl