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Intro 

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En 1731 L’Abbé Prévost publie « L’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut »,
plus communément appelé « Manon Lescaut ». Ce roman faisant partie des 7 volumes de
« Mémoire et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde », fait scandale à
plusieurs reprises à cause de son immoralité omniprésente. L’histoire porte sur un chevalier se
nommant Des Grieux qui va tout faire pour Manon Lescaut, la jeune fille dont il tombe
éperdument amoureux, malheureusement cette dernière n’est pas des plus fidèles avec le
chevalier. Un roman certes qualifié d’immoral dans un premier temps, mais qui dégage un
réalisme flagrant ce qui nous amène à nous demander « En quoi le roman Manon Lescaut fait-il
preuve de réalisme ? ». Au regard de tous ces éléments pourquoi, à travers le réalisme de l’Abbé
Prévost, le récit « Manon Lescaut » est d’une précision sans faille à propos des faits qui occurrent
dans ce dernier ? En Premier lieu nous allons traiter du réalisme du roman par rapport à son cadre
spatio-temporel, en second lieu nous traiterons du réalisme sociologique reflétant une certaine
époque et puis pour finir nous traiterons du réalisme psychologique des personnages dans le
roman.

II
Nous allons dorénavant traiter du réalisme sociologique, celui qui reflète la société du
XVIIIème siècle. L’Abbé porte une importance fondamentale à la fidélité du récit par rapport a la
période de l’époque. Cela se ressent dans la description de la vie quotidienne, très précise. On
peut citer la précision des moyens de transports dans le récit : « Il partir le matin avec M. de T…,
qui se mit avec lui dans son carrosse. » page 151, ou bien : « Il se trouva que notre vaisseau devait
partir le matin de celui auquel j’attendais l’ordinaire. » page 199. On peut également citer une
fidélité par rapports aux vêtements de l’époque : « En effet, nous étions ruinés si absolument, qu’il
ne nous restait pas une chemise. » page 98. Dans le roman on peut également trouver des phrases
courantes qui selon l’endroit où se trouvent les protagonistes, vont être citées ; par exemple
lorsque ces derniers sont à Paris : « il ira souper ce soir avec les anges » Page 133, on constate
alors que de l’argot est utilisé pour plus de réalisme. Le thème de l’argent et de la monnaie est très
courant. Manon Lescaut est en effet l’un des premiers romans français à détailler la situation
financière des personnages : « Elle ajouta qu’elle ne demandait qu’un peu de complaisance, pour
le reste du jour ; qu’elle avait déjà reçu deux cents pistoles de son vieil amant » Page 104.

L’Abbé Prévost introduit dans son roman toutes les classes sociales de l’époque à travers les
différents personnages. La noblesse est en effet représentée dans l’ouvrage, Des Grieux est un
noble chevalier. Nous reconnaissons sa classe sociale également grâce au préfixe devant son nom
de famille. Les domestiques sont eux aussi présents, on peut citer Marcel qui est le valet de Des
Grieux. Manon et son frère Lescaut quant à eux appartiennent à la bourgeoisie. Pour finir le clergé
est représenté par Tiberge qui est qualifié d’ecclésiastique dans le récit, il symbolise une constance
qui contraste avec toutes les trahisons dans le roman : « Vous le connaitrez par les meilleures dans
la suite de mon histoire, et surtout, par un zèle et une générosité en amitié qui surpassent les plus
célèbres exemples de l’antiquité. » Page 55.
Le réalisme est poussé jusqu’à la représentation de l’Eglise à cette époque, la religion a une
place très importante dans la vie des protagonistes. Des Grieux et Tiberge envisageaient tous deux
une carrière ecclésiastique. Le chevalier était destiné par sa famille à l’ordre de malte. Tous deux
on fait des études au séminaire de Saint-Sulpice. On peut citer plusieurs passages dans le récit ou
la religion est évoquée : « Je mènerai une vie sage et chrétienne, disais-je ; je m’occuperai de
l’étude et de la religion, qui ne me permettrons point de penser aux dangereux plaisirs de
l’amour. » page 75. On constate également qu’un « père » est à la tête de la prison de Saint-
Lazare, prison où des grieux va s’enfuir.
L’abbé parvient à caractériser une société de religion mais il arrive également à décrire la
société mauvaise sous la Régence. La régence est dans l’histoire du royaume France la période
instaurée à la mort de Louis XIV. La société dans laquelle évoluent les personnages est une société
corrompue, de triche et de jeu. L’argent est alors le facteur structurant du roman. Lorsque Manon
part quelques jours avec M. de G.M... , Des Grieux tente de duper ce dernier : « J’ai fait réflexion
que ce serait dommage de nous priver tout d’un coup de tant de biens, en me contentant
d’emporter les dix mille francs et les bijoux, que c’était une fortune tout faite pour vous et pour
moi, et que nous pourrions vivre agréablement aux dépends de G…M… » Page198. Des Grieux est
également dans le monde du jeu et de la triche : « Il y avait une troisième voie, qui était celle de
l’association, mais que ma jeunesse lui faisait encore craindre que messieurs les Confédérés ne me
jugeaient point encore les qualités propres à la Ligue. » page 89, dans ce cas-ci la « Ligue » est une
association de tricheur de jeu de carte. Par ailleurs, cet univers de corruption est aussi alimenté du
coté de Manon. Cette dernière se prostitue et trompe Des Grieux à multiple reprises :
« Inconsciente Manon, repris-je encore, fille ingrate et sans foi, où sont vos promesses et vos
serments » page 165.
Ce réalisme de la société qui choqua le public à plusieurs reprises et est accompagné d’un
autre type de réalisme, celui-ci se concentre sur les personnages et leur psychologie.

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