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Margot LAFON B3G2

Tiphaine : son harceleur devenu âme-soeur


Tiphaine est étudiante en 3ème année de médecine à Nice. À 22ans, elle guérit encore des
séquelles causées par le harcèlement qu’elle a subit pendant son lycée. Des séquelles contre
lesquelles son harceleur de l’époque est devenu son meilleur anti-douleur aujourd’hui.

« A l’époque il me donnait envie de mourir, aujourd’hui, il me donne envie de vivre. » Tiphaine est
grande, blonde et très féminine. Assise à table, au milieu de son salon, elle débute son récit :

« Thibault c’était le mec populaire au lycée. S’il disait A, c’était A. Et s’il n’aimait pas B, personne
n’aimait B. » Elle sou e sur son café chaud, les doigts enroulés autour de la tasse. « Tout a
commencé quand je suis arrivée au lycée, en seconde. » L’étudiante avoue ne pas aimer
ressasser le passé. Dans un élan de franchise, Tiphaine con e être encore très touchée par le
harcèlement qu’elle a subit durant sa scolarité. Elle plaisante : « L’ancienne collégienne du privée
que j’étais a été totalement déboussolée. Je m’attendais à vivre ce qu’on voyait dans High School
Musical, mais pas du tout. »
Arrivée au lycée du Parc Impérial à l’âge de 15ans, elle rencontre celui qui fera d’elle son bouc-
émissaire : Thibault. Redoublant, il a un an de plus qu’elle. « Dès le départ, j’ai compris que c’était
la personne qu’il ne fallait pas avoir en tant qu’ennemi. » La jeune femme raconte, après sa
première gorgée de café : « On m’a très vite raconté la misère qu’il faisait vivre à d’autres
personnes avant que j’arrive. Je n’étais pas la première. » En e et, Thibault était réputé pour le
harcèlement qu’il faisait subir à ses camarades. Plus grand en taille et en âge, il avait plusieurs
victimes à son compteurs.
« La cible facile »

Tout à commencé lorsque Tiphaine a levé le doigt en classe de Français. « J’ai posé une question
bête, j’avoue. J’ai demandé s’il fallait sous-ligner les titre des livres dans nos copies. » Elle gratte
son front, gênée. « Thibault et sa bande ont éclaté de rire. » C’était le début du calvaire que
Tiphaine allait vivre pendant deux longues années. « Voilà, c’était acté. J’étais devenue la faillotte
de la classe. La cible facile, je suppose. » Insultes dans les couloirs, moqueries en classe et
photos désavantageuses sur les réseaux sociaux, tout les coups étaient permis. Non, Tiphaine
n’en a parlé à personne. Honteuse, elle explique : « En parler, c’est rendre la chose concrète.
C’est devoir faire face au fait qu’on se fait harceler. Et puis j’avais honte, je ne voulais pas qu’on
me voit comme ça. Surtout pas mes parents. Je voulais les protéger de tout ça. »
La blonde déplace ses longs cheveux derrières ses épaules et se replace sur sa chaise. Elle
sou e un bon coup avant de continuer : « Le pire, c’était le soir. Quand je rentrais chez moi après
une longue journée et qu’avant d’aller me coucher j’allais faire un tour sur les réseaux, comme tout
le monde. Mais moi, à la di érence de tout le monde, je découvrais des photos de moi qu’on
postait pour m’insulter dans les commentaires. » Atrocités sur atrocités, Tiphaine n’a pas voulu
préciser ce qu’elle y lisait. Thibault était toujours le premier à commenter. « En fait, c’est horrible
parce que ça s’arrête jamais. On m’ajoutait sur des groupes Messenger, on m’insultait, puis on me
supprimait du groupe, pour me laisser aucune chance de me défendre. »

13 avril 2018
Le harcèlement a perduré jusqu’en terminale, quand Tiphaine en a eu assez. Le 13 avril 2018, elle
se rend à ce qui est pour elle, à ce moment là, une évidence. Elle en a assez, elle s’avoue
vaincue. « Je suis allée dans la salle de bain et j’ai attrapé le rasoir de mon père. » Sa voix tremble.
« Je l’ai décortiqué avec des ciseaux pour en extirper la lame. » La jeune femme xe sa tasse,
maintenant pratiquement vide. « C’était la n. »
Les heures qui ont suivi sont oues. Tiphaine se rappelle du choc de son épaule contre le
carrelage, des cris de sa mère, des lumières du camion d’ambulance, puis de son réveil. Elle se
redresse et lève en n les yeux. « Quand je me suis réveillée, aucune émotion. Jusqu’à ce que je
tourne la tête. Devinez qui était là? Sur une chaise dans le coin de la pièce? Thibault. » Elle pou e
un petit rire. « J’ai pas vécu High School Musical, mais ça, c’était vraiment une scène de lm. »
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Margot LAFON B3G2
La blonde raconte avoir pris du temps avant de le reconnaitre. Elle était perdue, complètement
déboussolée. Dès que Thibault s’est rendu compte que Tiphaine s’était réveillé, il s’est levé, droit
comme un piquet. Trois mots sont sortis de sa bouche : « Je suis désolé. »

« Mais... Il me drague là? »


« Depuis ce jour, Thibault a totalement changé. » E ectivement, à partir de ce 13 avril 2018, son
bourreau s’est métamorphosé. Attentionné, calme et même charmeur. Quelques mois plus tard,
Tiphaine et Thibault étaient devenus inséparables. « On se voyait tous les jours. Il venait chez moi
pour s’assurer que j’aille bien. Il s’excusait à peu près 20 fois par jours et me défendait dès que
quelqu’un disait quelque chose de déplacé. À un moment, je me suis dis : Mais... Il me drague

là? » Et oui, c’était le cas. Celui qui avait été le tyran de tout un établissement pendant 3ans avait
nalement jeté son dévolu sur l’une de ses victimes. « Je raconte tout ça très rapidement, mais en
réalité ça a prit un an. J’ai eu du mal à le pardonner au début. Mais je me suis rendue compte que
la personne qui m’harcelait à l’époque, n’était pas la même personne que je côtoyais quelques
mois plus tard. » Tiphaine sourit en n, attendrie par sa propre histoire. Aujourd’hui, Thibault est
dans la vie active et, d’après sa partenaire, réussi bien sa vie. Ce qui lui permet d’emmener la
jeune femme en voyage fréquemment, de lui o rir un train de vie agréable à seulement 22ans.
« Quand on est étudiante c’est pas facile tous les jours. Je suis reconnaissante d’avoir un mec
comme ça. J’ai jamais été aussi bien traitée par un homme de ma vie. »

Lorsque le syndrome de Stockholm est évoqué, l’étudiante s’o usque. « Je ne suis pas tombée
amoureuse de lui quand il m’harcelait. Je suis tombée amoureuse du Thibault d’après. »
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