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Roger Philippe. Barthes dans les années Marx. In: Communications, 63, 1996. Parcours de Barthes. pp. 39-65;
doi : https://doi.org/10.3406/comm.1996.1955
https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1996_num_63_1_1955
c'est
« Dans
toute une
la classe
situation
intellectuelle
historique
qui,
donnée
si elle ne
- de
milite
pessimisme
pas, est virtuellement
et de rejet —,
dandy1. » La situation paraît familière. La phrase a pourtant vingt ans.
Ce qui étonne, c'est de la trouver, en 1975, glissée dans Roland Barthes
par Roland Barthes. Coup de pistolet dans le concert égotiste ? Elle y
détonne par sa frappe : non plus le « binarisme » euphorique revendiqué
par le livre comme le creuset des antithèses productives ; mais bien plutôt
le vieux dilemme, classique, intraitable, essentiellement tragique. Militant
ou dandy, sans appel ni troisième voie ? En plein « livre des
déplacements », l'alternative paraît sévère. Ou le constat bien déterministe ? Car
ce qui surprend aussi, c'est le tour collectif donné à la formule ; le
dilemme, d'ordinaire, est affaire privée. Barthes joue-t-il au sociologue -
qu'il fut à sa manière et par intermittences ? On peut en douter et le
soupçonner de ne convoquer ici « toute la classe intellectuelle » que pour
parler de lui. Derrière le pseudo-constat ou le feint ultimatum, se devine
alors la silhouette pensive du sujet penché sur son passé. Ce qui pouvait
passer pour une injonction terroriste ou pour une thèse historico-
sociologique prend la valeur d'un aveu et la couleur d'une nostalgie. Aveu
trop compromettant pour être fait à la première personne ou même à la
troisième (qui est celle du « moi » dans Roland Barthes par Roland
Barthes) . Nostalgie trop poignante pour être dite sans poisse.
Donc il était une fois un Barthes qui pouvait conjoindre dans une même
jubilation élans esthétiques et emportements militants. Ce temps d'avant
le dilemme, où le geste politique allait de soi et de pair avec l'écriture,
appelons-le ses « années-Marx », qui sont aussi ses années -théâtre. (Plus
avant et presque au terme de Roland Barthes par Roland Barthes, cet
autre aveu : « Au carrefour de toute l'œuvre, peut-être le Théâtre 2. » )
C'est ce bonheur semble-t-il inavouable qu'on voudrait évoquer. Il ne
sera donc pas question ici de pister d'éventuelles « influences » sur Barthes
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Repérages.
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« Suis-je marxiste ? »
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on l'a dit, c'est le trop rare exemple en France d'un théâtre politique qui
ne relèverait ni du jeu de massacre impartial, et donc « anarchiste », ni
surtout de ce théâtre « moral » où la politique n'est plus qu'un long
dilemme entre âmes d'élite. L'éloge risqué de Nekrassov est dirigé contre
Les Justes et le théâtre camusien. Le Barthes de 1955 abandonne donc
un Camus jugé doublement déserteur : dans la quête exténuante de la
forme juste et devant le durcissement politique général dont Barthes
emprunte l'analyse à Sartre, ne cessant de rappeler, au hasard des articles
les plus divers, « l'évidence de la dure altérité des classes » (en 1952),
« la dure sécession des classes sociales » (en 1954) ou encore (en 1956)
« le durcissement général de la situation historique » 18. Face à ce
durcissement, si plusieurs réponses sont possibles, aucune n'est compatible avec
le choix, camusien.
Première réponse : soutenir des formes irrécupérables, désassujetties de
l'idéologie bourgeoise ; trouver une relève à l'« écriture blanche »
délaissée ; ce sera le Nouveau Roman (désigné en filigrane dans la réponse à
Camus), dont l'« art littéral » est opposé aux compromissions de La Peste.
Deuxième réponse : intensifier la critique sociale par des interventions
incisives, corrosives, démystificatrices. C'est le rôle des mythologies, dont
on ne s'étonne pas que Barthes les ait vertement défendues contre les
attaques de Paulhan : elles constituent sa force de frappe.
Troisième et principale réplique : l'occupation d'un territoire disputé,
où la gauche est à l'offensive, où les jeux ne sont pas faits, où les coups
de main sont possibles, où de surcroît il y a plaisir à en découdre, où l'on
peut d'une main châtier et de l'autre applaudir - sans oublier la « vénusté
des corps ». Cette piste est la meilleure : Barthes va s'y engouffrer : c'est
celle du théâtre, grand terrain de jeu et de joute des années 50. Car si les
mythologies, avec brio et virtuosité, dénoncent, le théâtre rêvé ou régi par
Barthes annonce. Si elles isolent et pulvérisent les mensonges dont se
trame l'aliénation sociale, c'est au théâtre qu'il revient de retisser le lien
de la Cité. Ou comme le dit Barthes avec un abandon inhabituel, à la fin
de « Nekrassov juge de sa critique » : de rendre espoir à « des Français
comme moi qui souffrent d'étouffer sous le mal bourgeois 19 » .
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Usages de Brecht.
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Nous dit-on assez souvent, écrit Barthes en 1954, le regret de cette union
du théâtre et de la cité dont on prend perfidement une image
impossible chez les Grecs et les Elisabéthains, partout où elle est inoffensive
à force de vieillesse : eh bien, ce théâtre-là, nous l'avons sous la main :
extasions-nous un peu moins sur Eschyle ou Shakespeare, et occupons-
nous davantage de Brecht00.
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lation du Berliner ait beaucoup influé sur les goûts de Barthes, ni infléchi
sérieusement ses solidarités. Avant comme après, ce sont les mêmes
hommes, les mêmes démarches qu'il soutient : Planchon toujours, Vilar
parfois, mais ausssi Monnet, Hermantier, d'autres encore. La référence
brechtienne va surtout lui permettre d'« argumenter ses humeurs ». Son
brechtisme, en ce sens, n'est pas l'aune à laquelle toutes productions
seraient jugées et Barthes ne devient pas le « portillon automatique » de
la critique • engagée. Il le devient d'autant moins qu'il a trouvé son
« modèle idéal » non dans les écrits théoriques de Brecht, mais sur scène :
dans la performance du Berliner. Ce « théâtre capital », il ne cesse d'y
insister depuis l'article inaugural de 1954, « existe comme acte et non
comme texte » 73. Il reviendra longuement en 1957 sur ce gestus
indissociable, dans un article écrit avec Bernard Dort sur les « traductions »
scéniques de Brecht en France : « la réalisation scénique du théâtre de
Brecht est un fait capital, décisif quant au sens même de l'œuvre74 ».
Moins qu'une tutelle, Brecht est donc (dans le vocabulaire du jardinage)
un bon tuteur : accrochée à l'illumination de 1954, la critique grimpe
drue et rend mieux. Cette focalisation du « modèle idéal » sur deux
spectacles est d'une grande conséquence, puisqu'elle apparente le brechtisme
de Barthes à un fantasme. Ce que Barthes érige en valeur, c'est une scopie.
Son brechtisme, dédaigneux des paresses de la subjectivité, est pourtant
bien une impression - celle, ineffaçable, née du choc du spectacle berlinois
venu frapper « à jamais » le sujet sidéré. Découpé dans le corps immense
du théâtre par un regard fétichiste, ce brechtisme-là restera
nécessairement intraitable comme le désir. Mais c'est aussi cette origine qui le sauve
de tout dogmatisme. On pourrait le dire à la fois tyrannique (pas question
d'en démordre) et infiniment libéral (tout V aimable du théâtre doit
pouvoir y figurer). Ce brechtisme ébloui se passe fort bien de la lettre de
Brecht, dont les textes théoriques sont plus souvent invoqués que
convoqués. En dépit d'une déférence affichée aux Schrifften ou au Petit Orga-
non, le corpus est ailleurs : incarné par les acteurs berlinois. C'est aussi
que les écrits de Brecht, ses notions même les plus centrales, gênent aux
entournures ce brechtisme dessiné par le fantasme, depuis l'idée de
Lehrstûck incommode à un Barthes allergique au didactisme jusqu'à la
fameuse Verfremdung, que Barthes traduit par « distancement », et dont
il tire la leçon, tantôt vers la phénoménologie sartrienne70, tantôt vers
lui-même, pour en faire la version théâtrale d'une de ses propres hantises,
le désempoissement du langage et des formes. C'est toujours avec
révérence que Barthes évoque les textes théoriques de Brecht, mais pour tirer
la sienne au plus vite, comme dans cet editorial de Théâtre populaire, au
beau milieu d'une polémique qu'il a lui-même lancée, où il se défausse
ainsi sur le Maître berlinois : « pourquoi s'en prendre à nous et non à
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Comme si Brecht n'avait pas encore fait assez d'usage, Barthes en 1965
lui fera endosser une ultime responsabilité : l'avoir détourné, dégoûté du
théâtre. « J'ai toujours beaucoup aimé le théâtre et pourtant je n'y vais
presque plus. C'est là un revirement qui m'intrigue moi-même82. » Mais
le coupable est bientôt identifié : c'est l'« éblouissement brechtien » !
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NOTES
1. Roland Barthes par Roland Barthes, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Écrivains de toujours »,
1975, p. 110.
2. Ibid., p. 179 ; aveu aussitôt repris, dilué dans une métaphore de la théâtralité : « il n'y a
aucun de ses textes, en fait, qui ne traite d'un certain théâtre ».
3. R. Barthes, « Réponses », Tel Quel, n°47, automne 1971, p. 92.
4. Rapporté par J.-L. Calvet, Roland Barthes, Paris, Flammarion, 1990, p. 153.
5. Voir J.-F. Sirinelli, Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans rentre-deux-
guerres, Paris, Fayard, 1988. C'est l'accident de l'entrée en maladie, dès 1934, qui ferme à Barthes
la voie de « l'École » et des études réglées, comme le souligne J.-L. Calvet (Roland Barthes, op.
cit., p. 51-57).
6. R. Barthes, « "Scandale" du marxisme ? », Combat, 21 juin 1951 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1, 1942-1965, éd. établie par Éric Marty, Paris, Éd. du Seuil, 1993, p. 104.
7. Pour une comparaison entre les deux états du texte, voir mon Roland Barthes, roman, Paris,
Grasset, 1986 ; rééd. Livre de Poche, 1991, p. 297-300.
8. Voir ibid., quatrième partie, chap. IV.
9. Les deux textes sont publiés dans le même numéro du Bulletin du Club du meilleur livre,
en février 1955 ; voir Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 452-458.
10. R. Barthes, « Suis-je marxiste ? », Lettres nouvelles, juillet-août 1955 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1, op. cit., p. 499.
1 1 . La traduction habituelle de « Un-American » par « anti-américaines » fait perdre à la chasse
aux sorcières sa dimension « essentialiste », à laquelle Barthes est si sensible.
12. « Je vois Sollers réduit comme une tête de Jivaro », écrit Barthes dans Sollers écrivain (Paris.
Éd. du Seuil. 1979, p. 9) ; en 1953 déjà, il reprochait à la mise en scène de Louis Musy d'avoir
réduit « comme une tête d'indien Jivaro » l'opéra de Stravinski Le Libertin ; voir « Le Libertin »,
Théâtre populaire, mai-juin 1953 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit.. p. 214.
13. R. Barthes. « Nekrassov juge de sa critique », Théâtre populaire, n° 14, juillet-août 1955 ;
repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 505.
U. Ibid., p. 504.
15. Dans la pièce, le faux Nekrassov, seul en scène à la fin du cinquième tableau, s'écrie à
plusieurs reprises, par manière de défi : « Désespérons Billancourt ! »
16. R. Barthes, « Nekrassov juge de sa critique », art. cité, p. 503.
17. Jules Palotin, directeur de Soir à Paris : « Depuis Kravchenko, sais-tu combien j'en ai vu
défiler, moi, de fonctionnaires soviétiques ayant choisi la liberté ? Cent vingt-deux, mon ami, vrais
ou faux. Nous avons reçu des chauffeurs d'ambassade, des bonnes d'enfant, un plombier, dix-sept
coiffeurs et j'ai pris l'habitude de les refiler à mon confrère Robinet du Figaro, qui ne dédaigne
pas la petite information. Résultat : baisse générale sur le Kravchenko » (tabl. IV, se. II).
18. Respectivement dans L'Observateur, 27 novembre 1952 ; Théâtre populaire, n° 5, janvier-
février 1954 s Théâtre populaire, n° 17, mars 1956.
19. R. Barthes. « Nekrassov juge de sa critique ». art. cité. p. 506.
20. R. Barthes, « Le théâtre est toujours engagé» (réponse à un questionnaire). Arts, 18-
24 avril 1956 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit.. p. 545.
21. R. Barthes. «Comment s'en passer». France-Observateur, 7 octobre 1954: repris in
Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 432.
22. R. Barthes. « Pourquoi Brecht '( ». Tribune étudiante, avril 1955 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1. op. cit., p. 482.
23. Ibid., p. 481.
24. R. Barthes. « Espoirs du théâtre populaire », France-Observateur, 5 janvier 1956 : repris
in Œuvres complètes, t. 1, op. cit.. p. 530.
25. R. Barthes. « Fin de Richard II ». Lettres nouvelles, mars 1954 : repris in Œuvres complètes.
t. 1. op. cit.. p. 389.
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26. Ibid., p. 392.
27. R. Barthes, « Une tragédienne sans public », France-Observateur, 27 mai 1954 ; repris in
Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 411.
28. Le mot socialite désigne chez Barthes une dimension essentielle du théâtre : sa fonction de
lien, de tissage du socius. On retrouve chez Bernard Dort la même notion, investie de la même
importance ; voir par exemple « A la recherche de l'amour et de la vérité », où Dort évoque la
c dimension fondamentale » du théâtre de Marivaux, « celle de la socialite » [Théâtre public. Paris,
Ed. du Seuil, 1967, p. 25). Notons que, dans les articles des années 50. Barthes employait le
terme sociabilité. Exemples : « figure de l'idéale sociabilité », en 1954, à propos du Dont Juan de
Vilar [corrigé en socialite dans les Œuvres complètes, qui adoptent le texte revu par Barthes peu
avant sa mort] ; ou encore : « l'admirable sociabilité du langage », dans « Une tragédienne sans
public » [conservé tel quel dans les Œuvres complètes, puisque cet article de France-Observateur
n'avait pas été révisé par Barthes]. Il s'agit en fait d'une seule et même notion, sous ses deux
formulations successives.
29. A propos du Songe des prisonniers de Fry, monté par Barrault, Barthes écrit par exemple :
« l'ennui y est devenu un mal physique intolérable. C'est un fait assez rare au théâtre qu'un ennui
aussi pur, et qui mérite l'analyse », (« La vaccine de l'avant-garde », Lettres nouvelles, mars 1955 ;
repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 471.
30. R. Barthes, « Fin de Richard II», art. cité, p. 389.
31. R. Barthes, "L'Étourdi ou le nouveau contretemps», France-Observateur, 2 décembre
1955 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 525.
32. R. Barthes, « L'Arlésienne du catholicisme », Lettres nouvelles, novembre 1953 ; repris in
Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 236.
33. R. Barthes, « Théâtre capital », France-Observateur, 8 juillet 1954 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1, op. cit., p. 419.
34. R. Barthes, « Une tragédienne sans public », art. cité, p. 412.
35. R. Barthes, « Le Prince de Hombourg au TNP », Lettres nouvelles, mars 1951 ; repris in
Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 208.
36. R. Barthes, « Théâtre capital », art. cité, p. 419.
37. R. Barthes, « Le théâtre français d'avant-garde », Le Français dans le monde, juin-juillet
1961 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 915.
38. Un témoin comme Herbert Blau, fondateur de l'Actors Workshop de San Francisco et
premier metteur en scène de Mutter Courage aux États-Unis, confirme le peu d'intérêt de Barthes
(en 1959) et même sa méfiance à l'égard de toute « expérience » avant-gardiste, en particulier
envers ce qui deviendra le performance art (entretien avec H. Blau). Voir aussi le chapitre « Barthes
and Beckett » de son livre The Eye of Prey, Indiana University Press, 1987.
39. R. Barthes, « Théâtre capital », art. cité, p. 419.
40. R. Barthes. « Le Prince de Hombourg au TINT », art. cité, p. 208.
41. R. Barthes. « Le théâtre populaire d'aujourd'hui », in Théâtre de France, t. IV, décembre
1954 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 444-445.
42. Ibid., p. 443.
43. R. Barthes. « Pourquoi Brecht ? », art. cité, p. 481 ; Rousseau, opposant fêtes de plein air
genevoises et spectacles confinés, écrivait : < Nous avons déjà plusieurs de ces fêtes publiques ;
ayons-en davantage encore, je n'en serai que plus charmé. Mais n'adoptons point de ces spectacles
exclusifs qui renferment tristement un petit nombre de gens dans un antre obscur ; qui les tiennent
craintifs et immobiles dans le silence et l'inaction ; qui n'offrent aux yeux que cloisons, que pointes
de fer, que soldats, qu'affligeantes images de la servitude et de l'inégalité » [Lettre à d'Alembert
sur les spectacles, J. Varloot [éd.], Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1987, p. 297).
44. Sympathie augmentée, sans doute, par l'expérience personnelle de Barthes comédien, dans
le cadre du Groupe de théâtre antique de la Sorbonne, avant la guerre.
45. R. Barthes, « Espoirs du théâtre populaire », France-Observateur, 5 janvier 1956 ; repris
in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 529. « Libre, démystifié, débarrassé de tous les mythes
rétrogrades du théâtre professionnel », VUbu dont Barthes fait l'éloge est issu d'un stage
d'éducation populaire, dirigé par un « instituteur national » - qui n'est autre que Gabriel Monnet, futur
grand « professionnel ». Sur l'anti-amateurisme ordinaire de Barthes. voir par exemple sa critique
d'Homme pour homme par Serreau : « ce qui nuit à ce genre de spectacle, c'est l'espèce de bohème
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du détail, ce petit cachet d'avant-garde malingre qui, en France, ressemble toujours un peu à un
semi-amateurisme » (Théâtre populaire, mars-avril 1955 : repris in Œuvres complètes, t. 1. op.
cit., p. 486).
46. R. Barthes, « Le Grand Robert », Lettres nouvelles, octobre 1954 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1, op. cit., p. 436.
47. R. Barthes, « Le théâtre populaire d'aujourd'hui », art. cité, p. 443.
48. Comme Barthes « dit non au texte » de Claudel et somme Barrault de « refuser de servir
ce trop brillant obscurantisme », dans « L'Arlésienne du catholicisme », art. cité, p. 237-238.
49. R. Barthes, « Le Grand Robert », art. cité, p. 436.
50. R. Barthes, Théâtre populaire, editorial non signé, septembre 1954 : repris in Œuvres
complètes, t. 1, op. cit., p. 438-439.
51. On connaît la boutade qui courait parmi les « nouveaux romanciers » : « Roland Barthes
peint Butor tel qu'il est et Robbe-Grillet tel qu'il devrait être. »
52. R. Barthes, « Petite sociologie du roman français contemporain », Documents, février 1955 ;
repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 469. Conséquence logique mais certainement
inattendue : l'éloge par Barthes des prix littéraires, puisque leur large diffusion permet au livre primé
de sauter la barrière de « son » public.
53. R. Barthes, « Théâtre capital », art. cité, p. 419.
54. R. Barthes, « Pour une définition du théâtre populaire », Publi 54, juillet 1954 ; repris in
Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 431.
55. R. Barthes, « Le théâtre populaire d'aujourd'hui », art. cité, p. 442.
56. « L'éblouissement » est le titre d'un article paru dans Le Monde du 11 mars 1971 (et deux
fois repris par la suite), où est évoquée la découverte du Berliner en 1954 (Œuvres complètes,
t. 2. 1966-1973, Paris. Éd. du Seuil, 1994, p. 1181) ; le mot apparaît pour la première fois en
1965 dans « Témoignage sur le théâtre ». Esprit, mai 1965 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op.
cit., p. 1531.
57. R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, Paris, Ed. du Seuil, 1977, p. 25.
58. R. Barthes, « La rencontre est aussi un combat », in Rendez-vous des théâtres du monde.
avril 1957 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 728.
59. Un texte fait exception, paru dans Tribune étudiante en avril 1955. qui insiste sur le « statut
entièrement neuf » de la « matière théâtrale » chez Brecht, sans le replacer dans une filiation
(« Pourquoi Brecht ? », art. cité, p. 482).
60. R. Barthes, « Théâtre capital », art. cité, p. 419.
61. R. Barthes, « Le théâtre populaire d'aujourd'hui », art. cité, p. 443. Ajoutons que Barthes
proteste contre toute transposition qui altère les « problématiques » et s'insurge contre « Sophocle
joué comme une tragédie bourgeoise », « Eschyle comme une fête nègre » et plus généralement
contre « cette manie, cette rage modernes de faire de l'exotisme à contresens, de fuir coûte que
coûte le caractère grec de la tragédie grecque » (« Œdipe roi », Théâtre populaire, mai-juin 1955 ;
repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 498).
62. R. Barthes, « L'Arlésienne du catholicisme », art. cité, p. 38.
63. R. Barthes, « Pouvoirs de la tragédie antique », Théâtre populaire, juillet-août 1953 ; repris
in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 221.
64. R. Barthes, « Brecht et notre temps », in L'Action laïque, mars 1958 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1. op. cit., p. 768.
65. R. Barthes, « Pouvoirs de la tragédie antique », art. cité, p. 221-222. En 1965, après la
fin des années théâtre, Barthes insiste toujours sur le génie laïc et politique de la tragédie grecque,
et sur son « caractère civil » ; voir « Le théâtre grec », in Histoire des spectacles, Paris, Gallimard,
coll. « Encyclopédie de la Pléiade », 1967 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 1547.
66. R. Barthes, « Préface à B. Brecht, Mère Courage et ses enfants », L'Arche, 1960 ; repris in
Œuvres complètes, t. 1. op. cit., p. 900, n. 1. Ailleurs, il insinue la filiation à travers une répudiation
apparente du passé : « Heureusement, l'art de l'acteur n'est pas éternel : il y a eu Diderot, il y a
eu Stanislavsky, il y a Brecht » (« Macbeth », Théâtre populaire, janvier-février 1955 ; repris in
Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 473).
67. R. Barthes, « Brecht et notre temps », art. cité. p. 768.
68. R. Barthes. « Godot adulte », France-Observateur, 10 juin 1954 : repris in Œuvres
complètes, t. 1. op. cit., p. 414.
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69. R. Barthes, « Le Prince de Hombourg au TNP », art. cité, p. 208.
70. R. Barthes, « Comment s'en passer », art. cité, p. 432.
71. R. Barthes, « Sur Marée basse, de Jean Duvignaud », Théâtre populaire, mars 1956 ; repris
in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 539.
72. R. Barthes, « Théâtre capital », art. cité, p. 419.
73. Ibid, p. 420.
74. R. Barthes (et B. Dort), « Brecht "traduit" », Théâtre populaire, mars 1957 ; repris in
Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 730.
75. Lorsqu'il évoque, par exemple, chez Brecht « l'évidence viscérale qui naît de la
confrontation du regardant et du regardé, et qui est la fonction constitutive du théâtre » (« Théâtre
capital », art. cité, p. 420).
76. R. Barthes, editorial (non signé) de Théâtre populaire, mars-avril 1955 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1, op. cit., p. 485.
77. R. Barthes, « Pourquoi Brecht ? », art. cité, p. 483.
78. R. Barthes, « Brecht, Marx et l'Histoire », Cahiers Renaud-Barrault, décembre 1957 ; repris
in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 754.
19. Ibid., p. 755 (je souligne).
80. R. Barthes, « A propos d'une métaphore. (Le marxisme est-il une "Eglise" ?) », Esprit,
novembre 1951 ; repris in Œuvres complètes, t. 1, op. cit., p. 112.
81. R. Barthes, « Note sur Aujourd'hui », Travail théâtral, avril 1956 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1, op. cit., p. 542.
82. R. Barthes, « Témoignage sur le théâtre », Esprit, mai 1965 ; repris in Œuvres complètes,
t. 1, op. cit., p. 1530.
83. R. Barthes, « Tragédie et hauteur », Lettres nouvelles, 22 avril 1959 ; repris in Œuvres
complètes, t. 1, op. cit., p. 814.