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ÉNERGIES

Ti302 - Réseaux électriques et applications

Problématiques communes
des réseaux électriques :
ingénierie
Réf. Internet : 42267

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)
composé de  :

Généralités sur les réseaux électriques Réf. Internet : 42261

Réseaux électriques de transport et de répartition Réf. Internet : 42263

Réseaux électriques de distribution publique Réf. Internet : 42264

Réseaux électriques industriels et tertiaires Réf. Internet : 42265

Problématiques communes des réseaux électriques : du Réf. Internet : 42266


fonctionnement au comptage

Problématiques communes des réseaux électriques : Réf. Internet : 42267


ingénierie

Applications électromécaniques Réf. Internet : 42268

Électrothermie industrielle Réf. Internet : 42270

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Alain DOULET
Directeur Prospective à la Direction Réseau et patrimoine d'ERDF, Ancien
Directeur réseau d'ERDF (EDF Réseau Distribution)

Jean-Paul HORSON
Ingénieur de l'Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs Electriciens de
Grenoble, Ancien Attaché auprès du Directeur technique Electricité d'EDF-
Distribution

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Jean-Luc BOUSQUET Éric DORISON Pierre JOHANNET


Pour l’article : D4439 Pour les articles : D4520 – Pour l’article : D4438
D4521
André CHANAL Guy LAURENT
Pour les articles : D4420 – Xavier DUCOURET Pour l’article : D4445
D4421 – D4422 Pour l’article : D4423
Jean-Pierre LEVÊQUE
Maurice CHAROY Jean-Pierre DUPRAZ Pour les articles : D4422 –
Pour les articles : D4520 – Pour les articles : D4720 – D4429 – D4430
D4521 D4722 – D4724
Frédéric MACIELA
Christian DAUVILLIERS Claude GARY Pour l’article : D4755
Pour l’article : D4428 Pour l’article : D4440
Dominique NAUD
Thierry DEBU Michèle GAUDRY Pour l’article : D4425
Pour l’article : D4435 Pour l’article : D4439
Michel PAYS
Lucien DESCHAMPS Pierre GAUTHIER Pour les articles : D4520 –
Pour les articles : D4520 – Pour les articles : D4520 – D4521
D4521 D4521
Robert
Jean-François Denis GHIAZZA de FORGES de PARNY
DIDIERLAURENT Pour l’article : D4445 Pour les articles : D4429 –
Pour l’article : D4424 D4430
Charles HANTOUCHE
Pour l’article : D4710

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VI
Problématiques communes des réseaux électriques :
ingénierie
(Réf. Internet 42267)

SOMMAIRE
Réf. Internet page

Parafoudres à moyenne tension HTA et à haute tension HTB D4755 9

Insertion des lignes aériennes dans l'environnement D4445 13

Condensateurs de puissance D4710 15

Transformateurs de mesure. Généralités. Théorie. Fonctionnement D4720 21

Transformateurs de mesure. Technologie. Dimensionnement. Essais D4722 27

Transformateurs de mesure. Transformateurs spéciaux. Évolution D4724 31

Lignes aériennes. Présentation et calcul des lignes D4420 35

Lignes aériennes. Dimensionnement D4421 39

Lignes aériennes : matériels. Conducteurs et câbles de garde D4422 45

Lignes aériennes  : matériels. Isolateurs D4423 49

Lignes aériennes  : matériels. Supports D4424 53

Lignes aériennes  : matériels. Fondations des supports D4425 57

Lignes aériennes  : matériels. Accessoires D4428 59

Lignes aériennes. Construction D4429 61

Lignes aériennes. Entretien D4430 67

Lignes aériennes. Paramètres électriques D4435 69

Lignes aériennes  : chutes de tension D4438 71

Lignes aériennes  : échauffements et efforts électrodynamiques D4439 75

Effet couronne sur les réseaux électriques aériens D4440 77

Câbles de transport d'énergie. Technologies. Caractéristiques D4520 83

Câbles de transport d'énergie. Applications D4521 91

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VII
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Référence Internet
D4755

Parafoudres à moyenne tension HTA


et à haute tension HTB
par Frédéric MACIELA
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure d’Arts et Métiers (ENSAM)
Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité (SUPELEC) en Informatique Avancée
Ingénieur-chercheur au Laboratoire de Matériels Électriques à la Division Recherche et
Développement d’Électricité de France (EDF R&D)

1. Rappels sur les éclateurs............................................................... D 4 755v2 – 2


1.1 Principe de fonctionnement ............................................................... — 2
1.2 Avantages et inconvénients ............................................................... — 2
2. Parafoudres au carbure de silicium et à éclateurs .................. — 3
2.1 Parafoudre moyenne tension (HTA)................................................... — 3
2.2 Parafoudre haute tension (HTB)......................................................... — 3
2.3 Paramètres caractéristiques ............................................................... — 4
3. Parafoudres à oxyde de zinc ......................................................... — 5
3.1 Constitution ........................................................................................ — 6
3.2 Principe de fonctionnement ............................................................... — 6
3.3 Caractéristiques des céramiques ....................................................... — 6
3.4 Dimensionnement .............................................................................. — 7
3.5 Phénomènes de pollution .................................................................. — 7
3.6 Utilisation ........................................................................................... — 8
3.7 Parafoudres à enveloppe en matériau synthétique .......................... — 9
3.8 Parafoudres de ligne HTB .................................................................. — 12
3.9 Parafoudres pour applications spéciales ........................................... — 13
3.10 Modélisation des parafoudres à oxyde de zinc................................. — 14
4. Diagnostic des parafoudres .......................................................... — 15
4.1 Champ d’application .......................................................................... — 15
4.2 Mécanismes de dégradation .............................................................. — 15
4.3 Méthodes de diagnostic sur site........................................................ — 15
4.4 Méthodes de diagnostic en laboratoire ............................................. — 16
5. Mise en œuvre et installation des parafoudres ........................ — 16
5.1 Distance de protection ....................................................................... — 16
5.2 Ferrorésonance ................................................................................... — 16
5.3 Qualité de service ............................................................................... — 16
6. Dispositifs annexes et accessoires de parafoudres ................. — 17
6.1 Limiteurs de surpression ................................................................... — 17
6.2 Compteurs de fonctionnement .......................................................... — 17
6.3 Anneaux de champ............................................................................. — 17
6.4 Déconnecteurs .................................................................................... — 17
6.5 Dispositifs de signalisation ................................................................ — 18
7. Choix des parafoudres ................................................................... — 18
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. D 4 755v2

es dispositifs de protection des réseaux électriques à courant alternatif


L contre les surtensions sont généralement de deux types : l’éclateur et le
parafoudre.
L’éclateur est encore utilisé sur les réseaux de distribution et de transport
d’électricité, partout où l’isolation des matériels à protéger est compatible
avec la protection fournie par les éclateurs, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit d’isola-
tion dans l’air ou de matériels pour lesquels il n’est pas économiquement inté-
ressant de rechercher de très bas niveaux d’isolement : matériels à haute ten-
sion HTA ou moyenne tension (20 kV) et certains matériels à haute tension HTB
(63 ou 90 kV) tels que, par exemple, les réducteurs de mesure.
Parution : mai 2008

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 755v2 – 1

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Référence Internet
D4755

PARAFOUDRES À MOYENNE TENSION HTA ET À HAUTE TENSION HTB ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Il est nécessaire, en revanche, d’utiliser des parafoudres dès que l’on veut
réduire l’isolement des matériels, renforcer leur protection vis-à-vis des surten-
sions ou améliorer la qualité du service. Ces dispositifs présentent de meilleu-
res caractéristiques de protection, moyennant toutefois un coût plus élevé. Il
existe deux types principaux de parafoudres :
– l’un, dont la partie active est constituée d’éclateurs et de varistances au car-
bure de silicium (SiC), est appelé dans la suite du texte parafoudre au carbure
de silicium et à éclateurs ;
– l’autre, dont la partie active est constituée uniquement de varistances à base
d’oxyde de zinc (ZnO), est dénommé parafoudre à oxyde de zinc.
Ce dernier, apparu au début des années soixante-dix, est devenu très sédui-
sant, dans un premier temps, en haute tension, puis, assez rapidement, en
moyenne tension. Sauf très rares exceptions, le marché des parafoudres n’est
aujourd’hui plus constitué que des parafoudres à oxyde de zinc.
Ces parafoudres sont, en effet, plus compacts, de conception plus simple,
offrent des caractéristiques techniques supérieures et permettent d’envisager de
nouvelles applications. Leur coût est maintenant très compétitif. Enfin, signalons
que les progrès technologiques dans le domaine des isolations externes, associés
aux nouvelles perspectives de mise en œuvre des varistances ZnO, ont permis,
dès le début des années quatre-vingt, le développement d’une nouvelle généra-
tion de parafoudres, visant à mieux exploiter les avantages de la technologie ZnO.
Il s’agit des parafoudres à oxyde de zinc à enveloppe en matériau synthétique.

surtensions de manœuvres. Il est, par ailleurs, à l’origine de coupu-


1. Rappels sur les éclateurs res brèves très gênantes pour la qualité de service, spécialement en
HTA.

– Le fonctionnement de l’éclateur conduit à une onde de tension


coupée à front raide susceptible de provoquer des avaries au maté-
1.1 Principe de fonctionnement riel bobiné situé à proximité.
L’éclateur est le plus simple, le plus ancien, le plus robuste et le – Le niveau d’amorçage est très fluctuant. Il dépend de nombreux
moins cher des moyens de protection. Il est généralement consti- paramètres tels que les conditions atmosphériques, l’état d’ionisa-
tué de deux électrodes, l’une reliée à l’élément à protéger, l’autre tion de l’air, mais surtout de la vitesse de montée de la surtension
à la terre. L’intervalle d’air entre les deux électrodes constitue un appliquée. En particulier, lors de surtensions à front raide, la tension
point faible dans l’installation du réseau, évitant ainsi qu’un amor- réellement atteinte sur l’appareil à protéger peut dépasser le niveau
çage n’ait lieu en un point du réseau où il pourrait avoir des consé- dit de protection de l’éclateur. De ce point de vue, il est préférable
quences graves. La distance entre ces deux électrodes est réglable de traduire les caractéristiques de protection des éclateurs par des
et détermine la tension d’amorçage. réseaux de courbes plutôt que par une simple valeur.
La forme et la nature des électrodes sont très variables, mais – Les éclateurs sont sensibles aux agressions extérieures (neige,
sont généralement le résultat de campagnes d’essais diélectriques paille, animaux, etc.) pour les plus basses tensions (en particulier
permettant de leur conférer des propriétés d’amorçage bien défi- pour le réseau à 20 kV) où les distances entre les électrodes des
nies pour des conditions d’environnement données (température, éclateurs sont faibles.
humidité, pression atmosphérique de l’air ambiant).

Malgré ses défauts et, surtout, à cause de son faible prix, l’écla-
1.2 Avantages et inconvénients teur demeure, sur les réseaux de distribution et de transport
d’électricité (jusqu’à 225 kV), un dispositif de protection simple
Le principal avantage de l’éclateur est son faible prix. Il est aussi et efficace, surtout lorsque la qualité de service n’est pas un cri-
très robuste et très facilement réglable de sorte que ses caractéris- tère déterminant. En tout état de cause, l’éclateur reste un excel-
tiques peuvent être ajustées suivant sa fonction. lent moyen de protection des isolations dans l’air, les niveaux
d’isolement du matériel à protéger subissant les mêmes fluctua-
Malheureusement, ces avantages ne vont pas sans de nombreux tions que les niveaux de protection des éclateurs. En revanche, il
inconvénients. est moins bien adapté à la protection des autres matériels de
– Une fois amorcé entre les deux électrodes, l’arc ne se désa- poste tels que les transformateurs, les câbles, les traversées, l’ap-
morce pas spontanément. Le défaut artificiel ainsi créé doit être éli- pareillage électrique sous enveloppe métallique, pour lesquels la
miné par l’action des protections et du ou des disjoncteurs asso- coordination d’isolement est un paramètre fondamental. On est
alors amené à le remplacer par des parafoudres.
ciés. De ce fait, l’éclateur ne doit surtout pas fonctionner lors de

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D 4 755v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Référence Internet
D4755

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– PARAFOUDRES À MOYENNE TENSION HTA ET À HAUTE TENSION HTB

2. Parafoudres au carbure 2.1.2 Principe de fonctionnement


En fonctionnement normal, les éclateurs ne sont pas conduc-
de silicium et à éclateurs teurs. Lorsque survient une surtension supérieure au niveau
d’amorçage (figure 2), les éclateurs s’amorcent et provoquent
l’écoulement du courant de décharge au travers des résistances
Moyennant un coût beaucoup plus élevé [en HTA (20 kV) rapport dont la valeur est d’autant plus faible que la tension est élevée
d’environ 3 et en HTB (400 kV) rapport de 100], le parafoudre per- (caractéristique non linéaire), ce qui permet de limiter la surtension.
met d’éviter la plupart des inconvénients inhérents au principe de Après le passage du courant de décharge, le parafoudre reste
l’éclateur.
conducteur, mais la tension à ses bornes diminue et la non-linéarité
Ses avantages sur l’éclateur sont : des résistances entraı̂ne une décroissance plus rapide du courant
– une dispersion beaucoup moins grande de la tension qui peut alors être facilement interrompu par les éclateurs à son
d’amorçage ; premier passage par zéro. Ainsi, la surtension est écrêtée sans pro-
– une extinction spontanée de l’arc ; voquer ni de défaut artificiel, ni d’onde coupée, puisque la présence
– une tension aux bornes du parafoudre, dite tension résiduelle, des résistances en série avec les éclateurs évite l’effondrement de
non nulle après amorçage, évitant ainsi la transmission d’une onde la tension après l’amorçage.
de tension coupée ;
– une insensibilité (jusqu’à un certain point) aux agressions
extérieures. 2.2 Parafoudre haute tension (HTB)
2.1 Parafoudre moyenne tension (HTA) 2.2.1 Constitution
Le coût de l’isolement étant d’autant plus important que la ten-
2.1.1 Constitution sion de service est élevée, on cherche à améliorer en haute tension
Ce parafoudre est constitué d’une ou plusieurs varistances, ou HTB et très haute tension le niveau de protection des parafoudres.
résistances non linéaires, au carbure de silicium, associées en Cela veut dire qu’il faut réduire, d’une part, les tensions d’amor-
série avec un ou plusieurs éclateurs (figure 1). L’ensemble est çage et, d’autre part, la tension résiduelle au courant nominal de
placé dans une enveloppe isolante étanche remplie d’un gaz sec décharge, notions développées dans le paragraphe 2.3).
(air ou azote). L’étanchéité est primordiale pour éviter la corrosion
des éclateurs, les contournements de la partie active et la modifica- & Pour diminuer, en toute sécurité, les tensions d’amorçage, il faut
tion des caractéristiques. En subdivisant l’intervalle d’amorçage en les stabiliser davantage. Pour ce faire, on adjoint au montage utilisé
plusieurs éclateurs élémentaires, on stabilise les caractéristiques en HTA (§ 2.1.1), des systèmes de répartition de tension composés
d’amorçage du parafoudre. de résistances (figure 3) et de condensateurs. Ces systèmes permet-
Les éclateurs sont constitués de disques de laiton emboutis, tent de maı̂triser la tension appliquée à chaque éclateur individuel.
empilés et séparés par de petites pièces isolantes en céramique. Afin de diminuer les tensions d’amorçage, les éclateurs sont modi-
Les résistances variables sont constituées de grains de carbure fiés et sont ici constitués de deux électrodes de cuivre en regard,
de silicium agglomérés par un liant et pressés sous forme de dis- placés dans une chambre en céramique de forme cylindrique pour
ques dont les faces parallèles sont métallisées et le pourtour recou- faciliter leur empilage avec les résistances non linéaires.
vert d’un revêtement isolant destiné à éliminer les contournements. & La diminution de la tension résiduelle au courant nominal de
décharge est obtenue par l’emploi d’éclateurs à soufflage magné-
tique. Les arcs, une fois allumés, sont étirés dans la chambre en
Broche de raccordement
à la ligne
céramique sous l’effet d’un champ magnétique créé par une bobine
parcourue par le courant traversant le parafoudre. Le profil cannelé
de la chambre en céramique favorise l’allongement de l’arc. Ainsi,
Soupape la tension d’arc étant considérablement augmentée, le parafoudre
se désamorce spontanément bien avant le passage par zéro de la
Joint d'étanchéité
Ressort de
compression
Tension ou courant

Éclateur multiple Surtension écrétée


(avec plusieurs éclateurs)
Enveloppe de
porcelaine
Résistance Tension aux bornes du parafoudre
variable au SiC

Ferrure de fixation

Courant dans le parafoudre


Capot

Déconnecteur

Borne de raccordement
à la terre Temps

Figure 1 – Parafoudre HTA au carbure de silicium et à éclateurs : Figure 2 – Parafoudre HTA au carbure de silicium et à éclateurs :
constitution principe de fonctionnement

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 755v2 – 3

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Référence Internet
D4755

PARAFOUDRES À MOYENNE TENSION HTA ET À HAUTE TENSION HTB ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tension ou courant
II
Chambre en céramique Surtension écrêtée

Chemin des gaz III


ionisés expulsés
en cas d'arc IV
interne D
Plaque d'assemblage A
Cale en porcelaine
Condensateur a b c d Temps
Résistance de répartition A Amorçage
Chemin des gaz Empilage d'éclateurs, D Désamorçage
ionisés expulsés de résistances non linéaires
et de bobines de soufflage d'arc I Niveau de la tension d'insolement du matériel à protéger
en cas d'arc
II Niveau de protection à garantir (§2.3)
interne Embase III Tension aux bornes du parafoudre
Membrane de surpression IV Courant dans le parafoudre
Conduit de dégazage
E

Figure 3 – Parafoudre HTB au carbure de silicium et à éclateurs : B


constitution (doc. ASEA LA 81-3E)
R
tension de service, limitant ainsi l’énergie à dissiper par les résis-
tances non linéaires et facilitant la désionisation de l’air dans les
chambres en céramique. R2

2.2.2 Principe de fonctionnement


La figure 4 illustre le fonctionnement d’un parafoudre HTB au a b c d
carbure de silicium et à éclateurs.
& En régime permanent (figure 4a), le parafoudre est parcouru par B Bobine de soufflage
E Éclateur
le très faible courant (de l’ordre du milliampère) drainé par le sys- R1, R2 Résistances non linéaires
tème de répartition de tension.
& Lorsque survient une surtension supérieure au niveau d’amor- Figure 4 – Parafoudre HTB au carbure de silicium et à éclateurs :
principe de fonctionnement
çage (figure 4b), les éclateurs s’amorcent et le courant augmente
alors rapidement. La bobine présente vis-à-vis de ce courant une effet, un parafoudre ne doit pas fonctionner lorsqu’il est soumis à
impédance élevée et le courant s’écoule par l’intermédiaire des une surtension temporaire, car l’énergie qu’il aurait à dissiper lui
résistances non linéaires placées en parallèle sur la bobine de serait alors fatale.
soufflage.
& On définit les tensions d’amorçage qui suivent.
& Après le passage de la surtension (figure 4c), les éclateurs forte-
– Pour les surtensions à la fréquence industrielle, la tension
ment ionisés ne se désamorcent pas. Le courant traversant le para-
d’amorçage à fréquence industrielle est égale à la valeur efficace
foudre est alors issu du réseau. Son amplitude et ses variations
qu’a, au moment de l’amorçage et à cette fréquence, une tension
sont beaucoup plus faibles, si bien que l’impédance de la bobine
appliquée au parafoudre dont l’amplitude croı̂t avec une vitesse
diminue considérablement et celle-ci va être, à son tour, parcourue
moyenne, plusieurs secondes avant d’atteindre l’amorçage.
par le courant. Sous l’effet du champ magnétique créé par cette
bobine, l’arc est étiré dans la chambre en céramique. La tension – En choc de foudre et en choc de manœuvre, on considère la
d’arc augmente. tension la plus élevée qui ne produit jamais d’amorçage (tension
& Lorsque la tension d’arc atteint la tension appliquée au parafou- minimale, ou tension 0 %, d’amorçage) et la tension la plus basse
qui produit toujours l’amorçage (tension maximale, ou tension
dre, celui-ci se désamorce et retrouve le régime permanent
100 %, d’amorçage).
(figure 4d).
– Il peut être également intéressant de connaı̂tre la valeur la plus
élevée atteinte par la tension, lors d’un essai d’amorçage effectué
2.3 Paramètres caractéristiques avec une tension croissant linéairement en fonction du temps
(généralement 1 200 kV/ms) ; on la nomme tension d’amorçage sur
Nous ne rappelons ci-après pour mémoire que les paramètres le front de l’onde.
essentiels. Pour toutes les définitions se rapportant aux para- & La tension résiduelle au courant nominal de décharge est la ten-
foudres, le lecteur se reportera utilement aux nonnes en sion maximale qui apparaı̂t aux bornes du parafoudre lorsqu’il est
vigueur (NF C 65-100 ou CEI 60099-1).
traversé par le courant nominal de décharge, valeur de crête d’une
onde de courant 8/20 ms de forme bi-exponentielle qui sert à classer
& La tension assignée (ou tension d’extinction) est la tension le parafoudre.
maximale à fréquence industrielle pour laquelle le parafoudre est
capable de se désamorcer spontanément. Rappelons qu’une onde 8/20 ms est une onde dont le temps de
montée à la valeur maximale est 8 ms et la durée jusqu’à la mi-
Il est impératif que la tension assignée soit strictement supérieure
valeur en retombée 20 ms.
à la plus forte surtension temporaire susceptible d’apparaı̂tre. En

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D 4 755v2 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

12
Référence Internet
D4445

Insertion des lignes aériennes


dans l’environnement

par Guy LAURENT


et Denis GHIAZZA
Électricité de France
Direction des études et recherches

1. Procédure préalable à la construction d’une ligne aérienne....... D 4 445 - 2


1.1 L’étude d’impact........................................................................................... — 2
1.2 La Déclaration d’utilité publique ................................................................ — 2
1.3 Mise au point du tracé de détail et conventions de passage................... — 2
2. Prise en compte du paysage dans les études de tracé ................. — 3
2.1 Les principes d’intégration ......................................................................... — 3
2.2 La mise en pratique ..................................................................................... — 3
3. Photomontage et incrustation vidéo ................................................. — 3
3.1 Principe......................................................................................................... — 3
3.2 Réalisation.................................................................................................... — 3
4. Simulation numérique en trois dimensions ..................................... — 4
4.1 But................................................................................................................. — 4
4.2 Le principe.................................................................................................... — 4
4.3 Difficultés de la méthode ............................................................................ — 5
5. Présentation du logiciel EVELINE ....................................................... — 5
5.1 Fonctions ...................................................................................................... — 5
5.2 Son utilisation .............................................................................................. — 6
6. Visibilité et soumission à la vue .......................................................... — 6
6.1 Approche globale du paysage.................................................................... — 6
6.2 Soumission à la vue spécifique.................................................................. — 7
7. Conclusions ............................................................................................... — 7
Références bibliographiques ......................................................................... — 8

L a construction des ouvrages aériens de transport d’énergie électrique


connaît, depuis la fin des années 80, des difficultés croissantes. Parmi les
arguments invoqués par les opposants aux lignes, la difficile intégration de ces
dernières dans les paysages et la perte d’agrément ou de valeur foncière qui
en résulte figurent en bonne place.
Malgré les progrès effectués au fil des années en matière de prise en compte
de l’environnement et d’étude d’impact, il a semblé nécessaire d’utiliser des outils
de plus en plus performants. Il s’agit de simuler l’impact des ouvrages dans leur
environnement, puis de tester plusieurs variantes afin d’aider au choix définitif
du tracé, en concertation avec les partenaires extérieurs à EDF.
Ces outils permettront, au fur et à mesure de leur mise en œuvre, un meilleur
dialogue avec les élus locaux et les administrations, à tous les stades de la pro-
cédure de construction.
Parution : mai 1997

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 445 − 1

13
Référence Internet
D4445

INSERTION DES LIGNES AÉRIENNES DANS L’ENVIRONNEMENT _________________________________________________________________________________

1. Procédure préalable Le tracé soumis à la demande de DUP est une bande d’une cen-
taine de mètres de large.
à la construction
d’une ligne aérienne 1.2 La Déclaration d’utilité publique

1.1 L’étude d’impact La procédure de Déclaration d’utilité publique comprend une ins-
truction administrative, adressée au Ministère de l’industrie pour les
La procédure préalable à la construction d’une ligne aérienne lignes THT et aux préfets pour les lignes HT.
consiste à étudier, sous le contrôle des autorités administratives, L’organisation de la procédure est confiée à la DRIRE qui consulte
les paramètres environnementaux susceptibles d’être affectés par les services administratifs et les maires concernés par le projet.
la construction d’une ligne.
Un arrêté préfectoral autorise la mise à l’enquête publique. Cet
L’étude d’impact débute par l’envoi, par EDF, d’un dossier de jus- arrêté fixe la date d’ouverture, la durée de l’enquête (en principe un
tification économique de la ligne en projet accompagné d’une pro- mois) et indique les lieux, jours et heures où le public peut consulter
position d’aire d’étude, à la DIGEC (Direction du gaz, de l’électricité le dossier, formuler ses observations et rencontrer le commissaire
et du charbon du Ministère de l’industrie) pour les lignes à très haute enquêteur désigné par le tribunal administratif.
tension (THT) et à la DRIRE (Direction régionale de l’industrie, de
la recherche et de l’environnement) pour les lignes haute tension. À l’issue de l’enquête, le commissaire enquêteur rédige, séparé-
ment, un rapport et ses conclusions. Le rapport relate le déroulement
Si le projet est accepté, une première concertation est lancée sous de l’enquête et analyse les observations et les contre-propositions
l’égide du préfet, en présence des élus, des administrations, des res- du public. Les conclusions contiennent sa prise de position person-
ponsables départementaux et régionaux, dans le but de s’assurer nelle avec un avis favorable, favorable avec réserves ou non favo-
que l’aire d’étude proposée est suffisamment large pour qu’aucun rable au projet.
des tracés raisonnablement envisageables ne puisse être exclu par
un choix trop restreint. Elle aboutit à une aire d’étude définitive. Le dossier complet de l’enquête est adressé au préfet, puis à EDF
qui répond aux observations.
Puis, EDF réalise une étude de l’état initial de l’environnement
sur l’aire déterminée lors de la concertation. Cette étude a pour Le préfet effectue une synthèse entre les résultats de l’enquête
objet l’analyse de tous les thèmes susceptibles d’être affectés par administrative et de l’enquête publique. Il est compétent pour pro-
la ligne, c’est-à-dire principalement l’agriculture, les milieux natu- noncer la DUP pour une ligne HT ; il transmet au Ministère de l’indus-
rels, le paysage, l’habitat, l’urbanisme, les infrastructures, le patri- trie avec son avis pour les lignes THT.
moine historique, le tourisme, etc.
Cette analyse est complétée systématiquement par une étude
sur le terrain auprès des représentants locaux et des services admi- 1.3 Mise au point du tracé de détail
nistratifs pour collecter les informations manquantes, en particulier
le recensement des projets programmés.
et conventions de passage
Une carte de synthèse est élaborée pour permettre à EDF de
dégager un certain nombre de cheminements possibles qui seront Le tracé résultant de la DUP est le tracé de principe qui laisse à
proposés, à ce stade, sous forme de fuseaux. EDF la possibilité de prendre en compte des contraintes localisées
Sur cette base, les préfets de départements réalisent une large (limites de parcelles, chemins, proximités d’habitations, etc.). Ce
concertation auprès des administrations et des élus locaux, dont tracé doit donc être affiné afin de prendre en compte tous les détails
l’objet est d’affiner le recensement des contraintes, d’évaluer techniques de l’ouvrage. Les études sur le terrain et les informations
l’impact sur l’environnement et la faisabilité de chacun des chemi- recueillies auprès des administrations, maires et habitants, abou-
nements proposés, d’éliminer les cheminements dont l’impact sur tissent au projet détaillé de construction.
l’environnement est jugé le plus important et d’examiner les mesures Sous l’égide du préfet, un double contrôle sur la réalisation de
de réduction et de compensation pour les cheminements qui sub- l’ouvrage s’exerce :
sistent. — la DRIRE procède à l’instruction du projet d’exécution afin
Un compromis sur un unique fuseau de passage (la bande de d’assurer le respect des réglementations techniques auxquelles
moindre impact), est recherché. Après décision du préfet, le choix l’ouvrage est assujetti ; ce contrôle aboutit à l’autorisation d’exécu-
du tracé dans ce fuseau sera soumis à l’administration pour la tion ;
Déclaration d’utilité publique (DUP) de la ligne. En cas de désaccord — la DDE (Direction départementale de l’équipement) procède à
entre les parties, le préfet peut demander une contre-expertise à un l’instruction de la demande de permis de construire ; ce contrôle
autre cabinet d’étude d’impact, aux frais d’EDF, ou un arbitrage de aboutit au permis de construire.
la DIGEC. (0) Au cours de ces deux procédures, les services administratifs et
les maires sont à nouveau consultés sur le dossier comportant la
localisation précise de la ligne électrique et ses caractéristiques tech-
Sigles utilisés niques.
Dès que la répartition des pylônes de la ligne est exactement
Sigle Définition
connue, il est proposé aux propriétaires de signer avec EDF une
DDE Direction départementale de l’équipement convention assortie d’une indemnité destinée à réparer le préjudice
DIGEC Direction du gaz, de l’électricité et du charbon résultant des servitudes liées à la présence de l’ouvrage.
du Ministère de l’industrie Lorsqu’EDF possède toutes les autorisations administratives, la
DRIRE Direction régionale de l’industrie, de la recherche construction peut démarrer.
et de l’environnement
DUP Déclaration d’utilité publique
EVELINE Évaluation visuelle et esthétique des lignes
GPS Global Positioning System
MNT Modèle numérique du terrain
THT Très haute tension

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Condensateurs de puissance

par Charles HANTOUCHE


Docteur ès Sciences
Ingénieur-Chercheur au Service Matériel Électrique
de la Direction des Études et Recherches d’Électricité de France

1. Notion de puissance réactive ............................................................... D 4 710 - 2


1.1 Puissance réactive ....................................................................................... — 2
1.2 Compensation de la puissance réactive .................................................... — 3
2. Généralités ................................................................................................. — 4
2.1 Aperçu historique ........................................................................................ — 4
2.2 Puissance et pertes diélectriques ............................................................... — 5
2.3 Emploi des condensateurs en HTB, HTA et BT.......................................... — 6
3. Constitution et fabrication des condensateurs............................... — 6
3.1 Principe et différentes techniques .............................................................. — 6
3.2 Mise en œuvre ............................................................................................. — 7
3.3 Traitement : séchage, dégazage et imprégnation ..................................... — 8
3.4 Matériaux...................................................................................................... — 9
4. Causes de dégradation des condensateurs ...................................... — 12
4.1 Causes intrinsèques..................................................................................... — 12
4.2 Causes externes ........................................................................................... — 14
5. Essais des condensateurs de puissance ............................................ — 14
5.1 Généralités ................................................................................................... — 14
5.2 Essais de routine .......................................................................................... — 14
5.3 Essais de type............................................................................................... — 14
6. Batteries de condensateurs................................................................... — 15
6.1 Types de batteries ........................................................................................ — 16
6.2 Systèmes d’installation et de protection d’une batterie shunt ................ — 17
6.3 Sécurité......................................................................................................... — 22
6.4 Prévention de l’environnement .................................................................. — 22
7. Systèmes de compensation .................................................................. — 23
7.1 Compensation en BT ................................................................................... — 23
7.2 Compensation en HTA................................................................................. — 24
7.3 Compensation en HTB................................................................................. — 24
7.4 Situation internationale ............................................................................... — 25
7.5 Conclusion .................................................................................................... — 25
8. Autres types de condensateurs ........................................................... — 25
8.1 Condensateurs pour installations de chauffage à induction.................... — 25
8.2 Condensateurs de couplage et diviseurs capacitifs .................................. — 25
8.3 Condensateurs de disjoncteurs .................................................................. — 25
8.4 Condensateurs de stockage d’énergie ....................................................... — 25
8.5 Condensateurs divers .................................................................................. — 26
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 710

E n électrotechnique, les condensateurs de puissance sont utilisés essentiel-


lement pour :
— l’amélioration du facteur de puissance ;
Parution : juin 1996

— la réduction des impédances en série des lignes ;

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CONDENSATEURS DE PUISSANCE ________________________________________________________________________________________________________

— la régulation de la tension ;
— le filtrage des fréquences harmoniques ;
— le circuit bouchon des réseaux ;
— le démarrage des moteurs monophasés ;
— la protection des moteurs électriques ;
— le stockage de l’énergie électrique.
■ Cinq types de condensateurs permettent de satisfaire aux besoins des utilisa-
teurs ; on distingue :
— les condensateurs mixtes : ils sont constitués par une feuille de papier et
deux feuilles de plastique imprégnées par un diélectrique liquide non chloré ;
— les condensateurs tout film : ils sont constitués par deux ou trois feuilles de
plastique imprégnées par un diélectrique liquide non chloré ;
— les condensateurs tout film métallisé : ils sont constitués par une feuille de
plastique métallisée et non imprégnée ;
— les condensateurs tout film métallisé et imprégné : ils sont constitués par
une feuille de plastique métallisée ; les bobines ainsi constituées sont impré-
gnées par un diélectrique liquide ou gazeux ;
— les condensateurs électrolytiques.
Ces derniers, dont l’emploi se limite au démarrage des moteurs monophasés,
appartiennent plutôt au domaine de l’électronique [32]. Par contre, les autres
types de condensateurs sont très répandus sur les réseaux à haute tension
(HTA et HTB) et à basse tension (BT).
On traitera en détail, dans cet article, des condensateurs destinés à fournir
l’énergie réactive aux réseaux électriques ou aux installations industrielles.
■ On utilise la terminologie définie par la norme CEI 871-1, dont on rappelle
ci-après les principaux termes.
— Élément de condensateur (ou élément) : dispositif constitué essentiel-
lement par deux électrodes séparées par un diélectrique.
— Condensateur unitaire (ou unité) : ensemble d’un ou de plusieurs éléments
de condensateur placés dans une même enveloppe et reliés à des bornes de
sortie.
— Batterie de condensateurs (ou batterie) : ensemble de condensateurs uni-
taires raccordés de façon à agir conjointement.
— Condensateur : le terme condensateur est employé lorsqu’il n’est pas
nécessaire de préciser s’il s’agit d’un condensateur unitaire ou d’une batterie de
condensateurs.

1. Notion de puissance 1.1 Puissance réactive


réactive ■ Un réseau a pour fonction de transporter la puissance (ou l’éner-
gie) depuis une source de production vers un centre de consom-
Bien que l’objet principal de cet article soit la description technique mation appelé charge ou récepteur. La charge est caractérisée par sa
des condensateurs de puissance utilisés sur les réseaux alternatifs tension, son courant, son impédance et son facteur de puissance.
publics et industriels, il semble opportun de faire rappel des phéno- Tout système électrique fonctionnant sous tension alternative
mènes électrotechniques qui rendent indispensable leur emploi. consomme de l’énergie sous deux formes, l’ énergie active et
Pour plus de détails, le lecteur pourra se reporter en bibliographie l’énergie réactive, puisque la tension et le courant sont rarement en
aux articles référencés [33] [34] [35] [36]. phase.
En régime sinusoïdal, à la fréquence industrielle (50 Hz), appelons :
U et I les valeurs efficaces respectivement de la tension u et du
courant i,

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________________________________________________________________________________________________________ CONDENSATEURS DE PUISSANCE

ϕ le déphasage entre v et i (compté positivement si le courant surdimensionnement des réseaux. L’ampleur du phénomène est
est en retard sur la tension). telle que, dans bien des cas, le réseau ainsi constitué deviendrait
● La puissance apparente, fournie par la source de production inexploitable.

S = UI
La solution consiste à produire de la puissance réactive au
impose les dimensions du générateur et du réseau de transport ou
voisinage des lieux de consommation. C’est le rôle des conden-
de distribution.
sateurs de puissance. Placés près des éléments inductifs, ces
● Seule la puissance active, reçue par la charge, se transforme en condensateurs leur fournissent directement de la puissance
énergie mécanique, thermique, lumineuse, etc. C’est la puissance réactive ; celle-ci n’a plus à circuler sur le réseau d’alimentation ;
utile qui transite par la charge et qui est : on limite ainsi les instabilités et les surdimensionnements des
P = U I cos ϕ = S cos ϕ réseaux.

Par rapport à la puissance apparente S, la puissance active P est


réduite d’un facteur de puissance cos ϕ entraînant des pertes
d’efficacité du réseau. 1.2 Compensation
● La puissance réactive, non utilisée, est :
de la puissance réactive
Q = U I sin ϕ = S sin ϕ
Ainsi, on obtient : ■ La figure 1 représente un réseau à prépondérance inductive et sa
S =
2
P +Q
2 représentation de Fresnel, avec son impédance complexe
Z = R + j X et sa tension V 2 aux bornes de la charge.
En réalité, la puissance réactive sert à l’aimantation des circuits
■ On propose d’améliorer le facteur de puissance par une compen-
magnétiques des machines électriques (transformateurs et moteurs)
sation locale à l’aide de condensateurs de puissance de capacité C.
et de certains appareils tels que les lampes fluorescentes. Mais, par
La figure 2 montre que, en calculant C pour que le courant I ′ ait la
contre, la transporter en même temps que la puissance active conduit
même valeur que la composante réactive I r du circuit initial, cette
à surdimensionner les lignes de transport et de distribution et donc
compensation réduit le courant transporté par la ligne tout en assu-
à en augmenter le coût ou à les faire fonctionner à leurs limites, ce
rant une alimentation correcte du récepteur. Cette réduction peut
qui peut conduire à des instabilités néfastes pour la qualité de
atteindre 20 à 40 %.
service.
Il faut remarquer que la portion AB de ligne alimentant la charge
■ On montre que la puissance réactive a des propriétés de reste parcourue par la même puissance apparente S.
conservation dans le réseau. Par convention, tout élément inductif
du réseau (ϕ > 0) consomme de l’énergie réactive et tout élément
capacitif (ϕ < 0) en produit. Il est aisé de calculer ces consommations
et productions.
La puissance réactive consommée par une inductance L
parcourue par un courant I est :

QL = Lω I 2
La puissance réactive produite par une capacité C soumise à une
tension U est égale à :
QC = C ω U 2
avec ω = 2 π f (ω étant la pulsation du réseau en radians par seconde
et f la fréquence en hertz).
Comme pour la puissance active, on peut établir, aux nœuds du
réseau ou sur tout trajet du courant, des bilans équilibrés de
puissance réactive. Le bilan global est le suivant : Figure 1 – Circuit sans compensation : schéma unifilaire

— les charges sont très généralement inductives, c’est-à-dire


consommatrices de puissance réactive ;
— les lignes aériennes produisent de l’énergie réactive du fait de
leur capacité lorsqu’elles sont peu chargées ; elles en consomment
lorsqu’elles sont fortement chargées ;
— les câbles souterrains en produisent du fait de leur faible
inductance et de leur grande capacité ;
— les transformateurs en consomment.
Globalement, le réseau et ses charges appellent de l’énergie
réactive, sauf aux heures creuses.
Ainsi, il s’établit, sur les réseaux, une forte circulation de puis-
sance réactive, ce qui se traduit par des cos ϕ faibles en tout point
du réseau, par conséquent, de fortes pertes de rendement et un Figure 2 – Circuit avec compensation réactive : schéma unifilaire

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CONDENSATEURS DE PUISSANCE ________________________________________________________________________________________________________

2. Généralités Ces nouveaux liquides, mises à part les améliorations apportées


en matière d’écotoxicité permettent de réduire de 10 % les pertes
diélectriques (tan δ = 0,45 W/kvar) et d’augmenter de 15 % le champ
2.1 Aperçu historique (45 V/µm) sans nuire à la fiabilité. Ainsi, la puissance unitaire est
portée à 200 kvar entre 1975 et 1978.
■ La bouteille de Leyde (1745) est le premier condensateur de stoc- Parallèlement, pour le réseau à basse tension, la technique du
kage d’énergie électrique. Elle permet la réalisation de nombreuses condensateur métallisé (autorégénérateur) dont les éléments sont
expériences de physique aux XVIIIe et XIXe siècles. obtenus en bobinant du film de PP métallisé à l’aluminium ou au
zinc, fait son apparition.
● Les condensateurs ne sont utilisés industriellement pour
l’amélioration du facteur de puissance que vers 1920. Ces appareils, ● Au début des années quatre-vingt, les unités de 200 kvar
installés sur les réseaux, sont des unités monocuves, d’une puis- sont équipées de fusibles internes (figure 3), chaque élément du
sance réactive d’environ 500 à 1 000 kvar. Leur diélectrique est condensateur étant protégé par un fusible. Cette technique améliore
constitué par des feuilles de papier imprégné d’huile minérale. la disponibilité des unités sur les réseaux. Parallèlement, la totale
maîtrise de la fabrication des films de PP permet de réaliser un
● En France, cette technique subsiste jusqu’au début des années
diélectrique solide constitué uniquement de films de PP imprégnés
cinquante. À cette époque, les unités monocuves sont remplacées
par des liquides non chlorés. Les caractéristiques électriques de
par des batteries de condensateurs monophasées de technologie
cette technologie, vers 1990, sont plus performantes :
tout papier imprégné d’huile minérale. Le champ électrique est
de 12 V/µm avec une tangente d’angle de pertes diélectriques tan δ — les pertes diélectriques sont 4 fois moindre (tan δ = 0,1 W/kvar) ;
d’environ 3,5 W/kvar. Cette valeur de pertes autorise la fabrication — le gradient de potentiel d’utilisation a augmenté de 30 %
d’unités de puissance unitaire de 20 kvar. (60 V/µm) ;
— la puissance unitaire atteint 300 à 400 kvar avec des fusibles
● Dans les années soixante, la qualité des papiers s’améliore et
internes.
l’imprégnation s’effectue par un liquide chloré appartenant au
groupe des polychlorobiphényles (PCB) ; le champ passe à 16 V/µm ● Actuellement (1996), les fabricants proposent des conden-
et tan δ est réduite à 3 puis à 2 W/kvar. Les puissances unitaires sateurs tout film (PP), de puissance réactive comprise entre 400 et
passent à 30, puis à 50 kvar. 500 kvar, voire plus, avec des fusibles internes ou sans fusibles mais
● Une nouvelle évolution technologique se manifeste avec la mise
dont le champ est d’environ 75 V/µm avec des tan δ de 0,1 W/kvar.
au point d’un film de polypropylène (PP) dont les propriétés diélec- ■ Les différentes caractéristiques de chacune de ces techno-
triques sont performantes. Les pertes diélectriques sont réduites logies sont résumées dans le tableau 1.
d’un facteur 3 (tan δ = 0,6 W/kvar) et le champ est multiplié par plus
de 2 (38 V/µm). À partir de 1968-1969, des unités de 100 kvar à
diélectrique mixte (une feuille de papier entre deux feuilles de PP) En conclusion, le passage des condensateurs de la techno-
imprégnées par le PCB commencent à être fabriquées par l’industrie logie « tout papier » à celle de « tout film » a permis en 40 ans
française. (figure 4) de :
● Mais la toxicité et la persistance des PCB dans l’environnement, — multiplier par 6 le champ électrique (de 12 à 75 V/µm) ;
mises en évidence par Jensen en 1966, provoquent des changements — multiplier par 25 la puissance réactive unitaire (de 20
importants. Dès 1972, le gouvernement japonais interdit l’utilisation à 500 kvar) ;
des PCB, les Américains font de même en 1975. La même année, la — multiplier par 11 la puissance massique (de 0,7 à 8 kvar/kg) ;
France restreint et réglemente les conditions d’emploi des PCB. Cette — diviser par 35 les pertes diélectriques (tan δ, de 3,5
situation conduit à la mise au point de nouveaux imprégnants non à 0,1 W/kvar).
chlorés et ne présentant pas de danger pour l’environnement.
(0)

Tableau 1 – Évolution des caractéristiques des condensateurs de puissance


Puissance Tangente de l’angle
Champ de pertes
Années Diélectriques réactive Masse
électrique
unitaire tan ␦
(kvar) (V/µm) (W/kvar) (kg)
1950-1959 Papier/huile minérale 20 12 3,5 30
1960-1968 Papier/PCB 30 à 50 16 2 40
1969-1974 Mixte/PCB 100 38 0,6 45
1975-1983 Mixte/liquides non chlorés 100 à 200 45 0,45 35 à 60
1984-1987 Mixte avec fusible interne (1) 200 45 0,45 60
1988-1993 Tout film avec fusible interne (1) jusqu’à 400 60 0,1 65
1994-... Tout film avec fusible interne (1) jusqu’à 600 75 0,1 65
(1) Ces condensateurs peuvent être également fabriqués sans fusible interne et le liquide d’imprégnation est toujours non chloré.

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2.2 Puissance et pertes diélectriques Par ailleurs, le condensateur est parcouru par un courant I qui
n’est pas tout à fait en quadrature de phase avec la tension U.
L’angle de pertes δ correspondant (figure 5), est le complé-
Un condensateur est caractérisé, d’une façon générale, par les mentaire de l’angle ϕ, existant entre la tension et le courant. La puis-
valeurs de sa capacité, de sa tangente de l’angle de pertes (tan δ ) sance perdue P p (en W), dissipée sous forme de chaleur, est liée à
et de sa puissance réactive Q. Ainsi, un condensateur monophasé Q (en kvar) par :
de capacité C (exprimé en µF) alimenté sous une tension U (V) est Pp = Q tan δ
parcouru par un courant d’intensité I(A) telle que :
tan δ (W/kvar) est appelée facteur de pertes ; on dit aussi pertes
I = 10–6 C ω U diélectriques.
avec : C = ε r ε 0 ᏿/ d
où ε r et ε 0 sont respectivement la permittivité relative moyenne
des isolants et la permittivité absolue du vide, ᏿ la surface des
armatures (électrodes) et d l’épaisseur des isolants.
Le condensateur délivre une puissance réactive Q (exprimée
en kvar) :
–6 2 3 –9 2
Q = 2π10 C f U / 10 = 2π10 C f U
–9 2
= 2π10 ε r ε 0 ᏿ f U / d
–9 2
= 2π10 ε r ε 0 f E ᏿ d

avec E = U /d (V/µm) champ électrique appliqué.


Ainsi, on obtient la puissance volumique (exprimée en
kvar/dm3) :
–9 2 2
Q / ᏿ d = 2π10 ε r ε 0 f E = K ε r E

La puissance volumique est proportionnelle au produit ε rE 2. On


constate que plus le champ E est élevé, pour une puissance
donnée et avec les matériaux couramment utilisés (par exemple, le
diélectrique PP imprégné, qui a une permittivité relative εr de
l’ordre de 2,2), moins le condensateur sera encombrant.
Figure 3 – Vue interne d’un condensateur à fusibles internes

Figure 4 – Évolution des technologies des condensateurs

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puissance ou aux fours à arcs, entraînant la création d’harmoniques


de courant et de tension, qui ont des effets néfastes sur les matériels
du réseau et les appareils d’utilisation (vieillissement accéléré ou
claquage). Pour les limiter, on installe des filtres d’harmoniques
comportant des condensateurs [37]. Ces filtres sont, en général,
associés à des batteries fournissant de la puissance réactive. On les
utilise aussi pour filtrer les composantes harmoniques présentes
sur le réseau à courant continu.
■ Il faut mentionner que l’on emploie les condensateurs de
puissance pour d’autres types d’usage qui sont décrits succinc-
tement en fin d’article (§ 8). On peut citer les condensateurs utilisés
pour le stockage d’énergie, pour la multiplication de la tension et
comme diviseurs capacitifs. Les condensateurs de l’électronique de
puissance ne sont pas traités ici, mais dans l’article référencé [32].

Figure 5 – Représentation de l’angle de pertes 3. Constitution et fabrication


des condensateurs
2.3 Emploi des condensateurs
en HTB, HTA et BT 3.1 Principe et différentes techniques
L’élément de condensateur (figure 6) est constitué de deux
Le rôle de base des condensateurs de puissance est la compen-
armatures métalliques (aluminium ou zinc) minces (de 5 à 6 µm),
sation de la puissance réactive dans les réseaux électriques et le fil-
séparées par un milieu isolant (plusieurs films de papiers et/ou de
trage des harmoniques. Rappelons que, en France, les réseaux
films de PP imprégnés ou non par un diélectrique liquide)
publics sont répartis en quatre niveaux :
d’épaisseur d et de permittivité ε. Les électrodes (de surface ᏿ ) et
— les réseaux de transport à très haute tension (THT) : 225 kV les films sont enroulés et forment une bobine. Un condensateur
ou 400 kV ; unitaire est réalisé à partir d’une association de plusieurs éléments
— les réseaux de répartition à haute tension (HTB) : 63 kV connectés en parallèle et/ou en série.
ou 90 kV ;
— les réseaux de distribution à moyenne tension (HTA) : 10 kV On distingue deux techniques de fabrication selon la tension
ou 15 kV ou 20 kV ou exceptionnellement 33 kV ; d’utilisation.
— les réseaux de distribution à basse tension (BT) : tensions
inférieures ou égales à 1 000 V.
3.1.1 Condensateur utilisé en HT
On distingue trois types de compensation réactive.
■ Compensation shunt ■ Les premiers condensateurs étaient fabriqués avec, comme
Les condensateurs de puissance sont installés en dérivation sur isolant, des papiers Kraft (figure 7a ) imprégnés avec des huiles
le réseau (§ 6.1.1). Pratiquement, ils sont connectés aux bornes du minérales, puis avec des PCB (§ 2.1). Certaines unités
réseau suivant un couplage étoile (simple étoile ou double étoile) (condensateurs de couplage) sont encore réalisées avec des couches
ou triangle. Le nombre de condensateurs connectés dépend de la de papier imprégné d’huile minérale. À partir des années soixante,
puissance réactive totale nécessaire et de la puissance unitaire. on a utilisé les condensateurs à diélectrique mixte (figure 7b )
imprégnés par des PCB, puis par des liquides non chlorés.
Les condensateurs shunt sont utilisés :
Signalons que l’huile de ricin imprègne, également, les conden-
— soit en BT, souvent au plus près des appareils d’utilisation ; sateurs pour le stockage d’énergie ou pour un fonctionnement
— soit en HTA, où ils sont regroupés en batteries (§ 6.2) de sous très haute tension continue. Cette huile associe à une bonne
quelques mégavars ; stabilité thermique une permittivité relative élevée (εr ≈ 5).
— soit en HTB, avec des batteries de plusieurs dizaines de
mégavars ; ■ Actuellement, les condensateurs de puissance, utilisés en France
— soit, enfin, en THT, avec des batteries de quelques centaines pour améliorer le facteur de puissance, sont à diélectrique tout film
de mégavars. imprégné par un liquide non chloré avec ou sans fusibles
internes. Le diélectrique solide est constitué par deux ou trois films
■ Compensation série d’épaisseurs comprises entre 10 et 16 µm. Ces films de PP sont le
Les condensateurs de puissance sont placés en série sur le réseau plus souvent rugueux. Cette rugosité est nécessaire pour permettre
dont ils compensent partiellement la réactance (§ 6.1.2). Cette au diélectrique liquide d’imprégner l’intérieur du condensateur. Les
compensation, employée sur certaines lignes HTB ou THT qui sont armatures sont réalisées avec des feuilles d’aluminium dont
à la fois très chargées et très longues, contribue à la stabilité de la l’épaisseur est d’environ 5 à 6 µm et qui peuvent être déformées, si
tension du réseau. les films de PP sont lisses (figure 8a ), ou non, si les films de PP sont
Ce type de compensation est assez exceptionnel en France. rugueux (figure 8b ).
Mentionnons simplement que les principaux problèmes résident Notons que la feuille d’aluminium doit être parfaitement propre ;
dans la protection contre les surintensités qui traversent les batteries en particulier, un traitement adéquat doit éliminer tous les produits
de condensateurs lorsqu’un court-circuit se produit sur les lignes où de lubrification utilisés lors du laminage. De plus, elle doit avoir
elles sont installées. une bonne régularité, une tenue mécanique satisfaisante, ne pas
présenter de plis, de déchirures, d’aspérités aux marges, etc.
■ Filtrage Actuellement, la technique de découpage au laser des armatures
Les réseaux alternatifs sont le siège de phénomènes non est de plus en plus utilisée.
linéaires, dus à des équipements composés d’électronique de

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D 4 710 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

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D4720

Transformateurs de mesure
Généralités. Théorie. Fonctionnement
par Jean-Pierre DUPRAZ
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure d’Électronique et de ses Applications (ENSEA)
et de l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE)
Responsable du Groupe de Recherches en Électronique
de la Direction Technique Haute Tension GEC ALSTHOM
Division Transport et Distribution d’Énergie

1. Présentation générale............................................................................. D 4 720 - 2


1.1 Rôle des transformateurs de mesure......................................................... — 2
1.1.1 Environnement électrique des postes à haute tension ................... — 2
1.1.2 Signaux exploitables par les équipements de mesure
et de protection................................................................................... — 2
1.1.3 Nécessité du transformateur de mesure .......................................... — 2
1.2 Grandeurs à mesurer .................................................................................. — 2
1.2.1 Niveaux de tension. Classification .................................................... — 2
1.2.2 Grandeurs normales des courants et tensions en régime
permanent ........................................................................................... — 3
1.2.3 Régime transitoire. Cycle de réenclenchement automatique......... — 3
1.3 Définition des erreurs.................................................................................. — 3
1.3.1 Rapport de transformation théorique ............................................... — 3
1.3.2 Erreur de rapport ................................................................................ — 3
1.3.3 Erreur de phase................................................................................... — 3
1.3.4 Relation entre les différentes erreurs................................................ — 4
1.4 Précision ....................................................................................................... — 4
1.4.1 Charge de précision............................................................................ — 4
1.4.2 Classes de précision ........................................................................... — 4
1.4.3 Régimes transitoires........................................................................... — 5
1.5 Fonctions annexes....................................................................................... — 6
1.5.1 Décharge de ligne............................................................................... — 6
1.5.2 Injection de courants porteurs sur lignes HT ................................... — 6
1.5.3 Limitation des courants secondaires ................................................ — 6
2. Théorie et fonctionnement pour mesures en alternatif ............... — 6
2.1 Transformateur de courant ......................................................................... — 6
2.1.1 Principe. Modélisation........................................................................ — 6
2.1.2 Fonctionnement en régime permanent ............................................ — 7
2.1.3 Fonctionnement en régime transitoire ............................................. — 8
2.1.4 Danger dû à l’ouverture accidentelle du secondaire ....................... — 11
2.2 Transformateur magnétique de tension .................................................... — 11
2.2.1 Principe. Modélisation........................................................................ — 11
2.2.2 Fonctionnement en régime permanent ............................................ — 11
2.2.3 Fonctionnement en régime transitoire ............................................. — 13
2.2.4 Comportement en court-circuit et en circuit ouvert ........................ — 18
2.3 Transformateur capacitif de tension .......................................................... — 18
2.3.1 Principe. Modélisation........................................................................ — 18
2.3.2 Fonctionnement en régime permanent ............................................ — 18
2.3.3 Fonctionnement en régime transitoire ............................................. — 20
2.3.4 Ferrorésonance ................................................................................... — 21
2.3.5 Injection de courants porteurs........................................................... — 22
2.4 Comparaison des transformateurs de tension.......................................... — 23
Parution : décembre 1990

Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 726

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D4720

TRANSFORMATEURS DE MESURE _________________________________________________________________________________________________________

L ’exploitation des réseaux de transport et de distribution d’électricité nécessite


le comptage et la surveillance de l’énergie transitant par les lignes et les
câbles.
Les puissances installées étant considérables, le comptage, effectué en vue
de la facturation, doit être précis. Une incertitude de un pour mille sur la mesure
d’une puissance de 1 140 MW se traduit en effet, au bout d’une année, par un
manque à gagner de 10 GWh !
Par ailleurs, tout défaut en ligne, occasionnant des courants de court-circuit
parfois considérables, doit être détecté et éliminé à temps pour éviter la
destruction des équipements ou la désarticulation du réseau. Une surveillance
permanente est donc indispensable pour assurer la protection des ouvrages, des
matériels et des réseaux.
Le lecteur pourra se reporter, dans ce traité, à l’article Régimes transitoires
dans les réseaux électriques [D 4 410] pour les Généralités sur les perturbations
et à l’article Lignes et postes. Choix et coordination des isolements [D 4 750]
pour plus de détails sur les Contraintes diélectriques appliquées au matériel.
Les deux fonctions essentielles (mesure et protection) ne sont réalisables
que si l’on dispose d’une connaissance aussi précise que possible de deux
grandeurs de ligne, le courant et la tension.

L’article Transformateurs de mesure fait l’objet de plusieurs articles :


— Généralités. Théorie. Fonctionnement [D 4 720] ;
— Technologie. Dimensionnement. Essais [D 4 722] ;
— Transformateurs spéciaux. Évolution [D 4 724] ;
et les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez souvent
se reporter aux autres articles.

1. Présentation générale 1.1.3 Nécessité du transformateur de mesure


Il est indispensable d’utiliser un dispositif intermédiaire entre la
1.1 Rôle des transformateurs de mesure ligne (ou le câble) et les équipements à basse tension, pour les
deux raisons suivantes :
1.1.1 Environnement électrique des postes — réduction des valeurs des courants et des tensions à des valeurs
à haute tension compatibles avec les appareils de mesure et de protection ;
— découplage de ces appareils vis-à-vis des hautes tensions,
Les postes à haute tension (HT) sont le siège de perturbations élec- permanentes ou transitoires, des réseaux.
triques et électromagnétiques exceptionnelles, dues en particulier Ce dispositif, appelé souvent réducteur de mesure, est chargé de
aux manœuvres des appareillages. Les lignes sont exposées aux délivrer aux équipements BT un courant ou une tension de bas
décharges atmosphériques et transmettent les surtensions rapides niveau, qui soit une image fidèle du courant (respectivement, de la
correspondant aux équipements qui leur sont couplés. tension) en ligne.
En conséquence, aux grandeurs nominales du courant et de la À cette fonction normalisation des grandeurs s’ajoute évidem-
tension se superposent des parasites de très grande amplitude ment celle d’assurer l’isolement galvanique entre grandeurs
(plusieurs kiloampères, plusieurs centaines de kilovolts), dont le primaires et secondaires.
spectre de fréquence va jusqu’à quelques mégahertz pour les postes
ouverts et jusqu’à une centaine de mégahertz pour les postes à iso-
lement gazeux. 1.2 Grandeurs à mesurer
Nota : les titres des normes et publications sont donnés dans la fiche documentaire
1.1.2 Signaux exploitables par les équipements [Doc. D 4 726].
de mesure et de protection
Les équipements chargés du comptage de l’énergie et de la pro- 1.2.1 Niveaux de tension. Classification
tection du réseau sont des dispositifs de mesure à basse tension (BT)
précis, rapides mais délicats ; ils utilisent de plus en plus des La CEI (Commission Électrotechnique Internationale), dans sa
composants électroniques et sont fonctionnellement reliés à des publication 71, définit la tension la plus élevée pour le matériel, Um ,
automatismes numériques dont la fiabilité n’est assurée que par la comme la tension efficace entre phases la plus haute pour laquelle
mise en œuvre dans un environnement électrique et climatique sain. le matériel est spécifié et qu’il doit pouvoir supporter pendant une
Les grandeurs mesurables par ces dispositifs sont à relativement durée indéfinie.
faible niveau, soit, typiquement, de l’ordre de 1 A pour les courants La norme distingue trois gammes :
et de 100 V pour les tensions ; elles sont normalisées, de façon à — gamme A .............................. 1 kV < Um < 52 kV
les rendre indépendantes des réseaux, autorisant ainsi une standar-
disation des équipements. — gamme B .............................. 52 kV  Um < 300 kV
— gamme C .............................. 300 kV  Um

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________________________________________________________________________________________________________ TRANSFORMATEURS DE MESURE

La gamme A correspond aux matériels à moyenne tension (MT), Le courant et la tension sont présents durant les phases de ferme-
les gammes B et C aux matériels à haute (HT) et très haute (THT) ture F, et nuls dans les phases d’ouverture O.
tensions. Durant la totalité de ce cycle, les transformateurs de mesure
Les technologies des transformateurs de mesure varient évidem- doivent assurer correctement leur fonction, c’est-à-dire donner au
ment en fonction de la gamme de tension. secondaire une image fidèle de la grandeur primaire mesurée, cela
Nota : dans cet article, on traitera essentiellement les transformateurs de mesure desti- dans la limite des erreurs dont les définitions sont données dans
nés aux réseaux à moyenne et haute tensions. le paragraphe 1.3.
En basse tension, l’éventail des techniques utilisables est très important et ces tech-
niques n’ont, de plus, aucune spécificité ; nous ne ferons mention de la basse tension que
dans le cas particulier des transformateurs à effet Hall [D 4 724], en raison de leur intérêt
pour la mesure du courant continu. 1.3 Définition des erreurs
1.2.2 Grandeurs normales des courants 1.3.1 Rapport de transformation théorique
et tensions en régime permanent
C’est le rapport entre les valeurs efficaces des grandeurs primaires
■ Grandeurs secondaires : et secondaires assignées. Dans l’article, il sera noté K n ; on a :
— les courants secondaires assignés sont de 1, 2 ou 5 A ; — pour un transformateur de courant :
— les tensions secondaires assignées sont généralement :
 ----I 
Ip
100 110 Kn = (1)
---------- V ; 100 V ; ---------- V ; 110 V s assignés
3 3
— pour un transformateur de tension :
■ Grandeurs primaires : on ne retiendra que les ordres de grandeur.

 ------U - 
Up
Par exemple, en France, pour le réseau 420 kV, le courant assigné Kn = (2)
est, en valeur efficace, typiquement de 3 000 A. s assignés

les symboles représentatifs des variables (I courant et U tension)


1.2.3 Régime transitoire. primaires et secondaires étant respectivement indicés p et s.
Cycle de réenclenchement automatique
En régime de défaut, les grandeurs de ligne sont susceptibles 1.3.2 Erreur de rapport
d’avoir des valeurs totalement différentes des valeurs assignées.
Du fait des imperfections des transformateurs de mesure, le
Par exemple, le courant de court-circuit du réseau français à 420 kV rapport de transformation réel K est différent du rapport théorique.
peut atteindre, en valeur efficace, 63 000 A.
■ On définit alors l’erreur de rapport εK , exprimée en pour-cent, qui
Un mode d’exploitation des réseaux couramment utilisé consiste est :
à réagir à un défaut en ligne de la façon suivante : à l’apparition du — pour un transformateur de courant :
défaut (courant élevé), on ouvre le disjoncteur (courant nul), puis
on ferme le disjoncteur après une temporisation. Si le défaut est Kn Is – Ip
toujours présent, on procède alors à l’ouverture définitive du disjonc- ε K = 100 -------------------------- (3)
Ip
teur. Cela permet de ne pas perdre la continuité du service en cas
de défaut fugitif. Le cas le plus fréquent est le court-circuit phase-terre — pour un transformateur de tension :
provoqué par l’amorçage d’un éclateur d’une ligne frappée par la
foudre. La mise hors tension de la ligne, un court instant, suffit géné- Kn Us – Up
ralement pour éteindre l’arc et restaurer l’intégrité diélectrique de ε K = 100 ------------------------------- (4)
Up
l’éclateur.
Le comportement des réducteurs de mesure est alors testé au ■ On définit, également, l’erreur composée εc , qui est une estima-
moyen de la séquence d’essais illustrée par le diagramme de la tion de la valeur efficace de l’erreur, pour un transformateur de
figure 1. courant ; on a :


T
1 1
ε c = 100 ------ ----- ( Kn ip – is ) 2 d t (5)
Ip T 0

avec i p et i s valeurs instantanées des courants primaire et


secondaire,
T période du réseau (= 1/f , avec f fréquence).
Cette erreur ne se définit pas pour un transformateur de tension.

1.3.3 Erreur de phase


Si les grandeurs primaires et secondaires sont exprimées en
notations complexes, cette erreur est :
— pour un transformateur de courant :

ε ψ = arg ( I s ) – arg ( I p ) (6)

Figure 1 – Cycle de réenclenchement automatique

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TRANSFORMATEURS DE MESURE _________________________________________________________________________________________________________

— pour un transformateur de tension : Les charges de précision usuelles s’échelonnent de 2,5 à 30 VA


pour les transformateurs de courant et de 10 à 500 VA pour les
ε ψ = arg ( U s ) – arg ( U p ) (7) transformateurs de tension.
Le déphasage ε ψ est habituellement exprimé en minutes (d’angle).
1.4.2 Classes de précision
1.3.4 Relation entre les différentes erreurs La classe de précision est caractérisée par un nombre (indice de
classe) égal à la limite supérieure de l’erreur, exprimée en pour-cent,
Soit A p et A s les nombres complexes représentatifs des gran- pour la grandeur nominale primaire et la charge de précision.
deurs instantanées primaires et secondaires. On peut définir un On peut distinguer deux classes de précision :
— celles utilisées pour la mesure, qui, en général, ont des erreurs
rapport de transformation complexe K et une erreur complexe ε :
faibles appliquées à un domaine restreint (classes mesure ) ;
Ap — celles utilisées dans la protection, qui, en général, ont des
K = ---------- (8) erreurs plus importantes mais dans un domaine très étendu (classes
As protection ).
Les tableaux 1, 2, 3, 4, 5 et 6 indiquent les limites de l’erreur en
Kn fonction de la classe de précision pour des transformateurs de
ε = ------- –1 = ε+j ψ (9)
K courant et de tension, selon les normes CEI 185 et CEI 186.

Les erreurs de rapport et de phase [relations (3), (4), (5), (6) et (7)]
s’expriment alors simplement, si elles sont faibles, par :

ε K = 100 Re ( ε ) = 100 ε (10)

10,8 ⋅ 10 3 10,8 ⋅ 10 3
ε ψ = -------------------------- lm ( ε ) = -------------------------- ψ (11)
π π

1.4 Précision
1.4.1 Charge de précision
C’est la valeur de la charge sur laquelle sont fondées des condi-
tions de précision. Elle est généralement caractérisée par la puis-
sance apparente assignée Sn absorbée au secondaire, à un facteur
de puissance cos ϕ donné.
Pour l’essai de réponse transitoire des transformateurs de tension,
par exemple, la norme CEI 186 propose deux schémas de charge
(figure 2).
Les puissances consommées par les dispositifs branchés aux
secondaires des réducteurs de mesure varient, selon leur techno-
logie, d’une valeur inférieure ou égale à 1 VA pour les relais statiques
à 20 VA pour une protection de distance électromécanique.
Il convient de tenir compte de la résistance des câbles secondaires
de liaison, particulièrement pour les transformateurs de courant. Figure 2 – Charges normalisées pour l’essai des transformateurs
de tension en régime transitoire

(0)

Tableau 1 – Limites de l’erreur pour les transformateurs de courant.


Classe mesure
εK εψ
(%) [minute (d’angle)]
Classe
I /I n I / In
0,05 0,2 0,5 1 1,2 0,05 0,2 1 1,2
0,1 ± 0,4 ± 0,2 ...................... ± 0,1 ± 0,1 ± 15 ± 8 ± 5 ± 5
0,2 ± 0,75 ± 0,35 ...................... ± 0,2 ± 0,2 ± 30 ± 15 ± 10 ± 10
0,5 ± 1,5 ± 0,75 ...................... ± 0,5 ± 0,5 ± 90 ± 45 ± 30 ± 30
1 ±3 ± 1,5 ...................... ±1 ±1 ± 180 ± 90 ± 60 ± 60
3 ...................... ...................... ±3 ...................... ±3
5 ...................... ...................... ±5 ...................... ±5
(0)

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________________________________________________________________________________________________________ TRANSFORMATEURS DE MESURE

Tableau 2 – Limites de l’erreur pour les transformateurs de courant.


Classe mesure. Applications spéciales

εK εψ
(%) [minute (d’angle)]
Classe
I / In I /I n
0,01 0,05 0,2 1 1,2 0,01 0,05 0,2 1 1,2
0,2S ± 0,75 ± 0,35 ± 0,2 ± 0,2 ± 0,2 ± 30 ± 15 ± 10 ± 10 ± 10
0,5S ± 1,5 ± 0,75 ± 0,5 ± 0,5 ± 0,5 ± 90 ± 45 ± 30 ± 30 ± 30

(0)
Tableau 6 – Limites de l’erreur pour les transformateurs
Tableau 3 – Limites de l’erreur de tension. Classe protection
pour les transformateurs de courant.
Classe protection εK εψ
Classe pour 0,05  U / U n  b (1) pour 0,05  U / U n  b (1)
εK εψ
(%) [minute (d’angle)] (%) [minute (d’angle)]
Classe (1) 3P 3 120
I / In
I / In = 1 6P 6 240
1 a
(1) b facteur de tension assigné (§ 1.4.2).
5 Pa ±1 ± 5 ± 60
10 Pa ±3 ± 10
Dans le cas des transformateurs destinés à la protection, l’indice
(1) a facteur limite de précision (§ 1.4.2). de classe est suivi de la lettre P et, s’il s’agit de transformateurs de
courant, cette lettre est à son tour suivie du facteur limite de
précision ; ce facteur est le rapport entre la valeur la plus élevée du
(0)
courant primaire pour laquelle le transformateur doit satisfaire aux
Tableau 4 – Limites de l’erreur pour les transformateurs prescriptions concernant l’erreur composée et le courant primaire
de courant TPX, TPY, TPZ assigné. Les valeurs normales du facteur limite de précision, selon
la CEI, sont :
à la condition 5 - 10 - 15 - 20 - 30
au courant primaire assigné
limite de précision
Exemple : un appareil de classe 5 P 20 est destiné à la protection ;
Classe
εK εψ Erreur instantanée son erreur de rapport doit être inférieure à 5 % pour toute valeur du
maximale courant comprise entre une et 20 fois le courant nominal.
(%) [minute (d’angle)] (%)
Pour les transformateurs de tension, on définit le facteur de
TPX ± 0,5 ± 30 5 tension assigné, rapport entre la plus haute tension pour laquelle
la classe de précision est requise et la tension primaire assignée.
TPY ±1 ± 60 7,5 Les valeurs typiques sont 1,5 à 1,9, selon les réseaux, pour les trans-
TPZ 1 180 ± 18 10 formateurs destinés à la protection, et 1,2 pour les transformateurs
destinés à la mesure.

(0)
1.4.3 Régimes transitoires
Tableau 5 – Limites de l’erreur
pour les transformateurs de tension. Classe mesure
Le comportement des réducteurs de mesure en régime transitoire
fait généralement l’objet de clauses particulières incluses dans les
εK εψ
spécifications techniques.
Classe pour 0,8 < U /U n < 1,2 pour 0,8 < U /U n < 1,2 Elles visent à s’assurer que les régimes transitoires propres aux
(%) [minute (d’angle)] réducteurs, et excités lors des variations brusques des grandeurs de
ligne, s’amortissent suffisamment rapidement pour ne pas perturber
0,1 ± 0,1 ± 5
le fonctionnement des équipements destinés à la protection du
0,2 ± 0,2 ± 10 réseau.
0,5 ± 0,5 ± 20 Le cas des transformateurs de courant est particulièrement délicat
et la CEI (publication 185) a défini des classes spéciales (TPS, TPX,
1 ±1 ± 40 TPY, TPZ) pour les appareils devant avoir une précision imposée en
3 ±3 présence de régimes transitoires primaires particuliers [tableau 4
et § 2.1.3.1].

(0)

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Technologie. Dimensionnement. Essais
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Responsable du Groupe de Recherches en Électronique
de la Direction Technique Haute Tension
GEC ALSTHOM. Division Transport et Distribution d’Énergie

1. Technologie ............................................................................................... D 4 722 - 2


1.1 Généralités ................................................................................................... — 2
1.2 Matériaux ..................................................................................................... — 2
1.2.1 Isolation ............................................................................................... — 2
1.2.2 Circuits magnétiques.......................................................................... — 2
1.3 Transformateurs de mesure pour réseaux à moyenne tension .............. — 3
1.3.1 Transformateurs de courant .............................................................. — 3
1.3.2 Transformateurs de tension............................................................... — 4
1.4 Transformateurs de mesure pour réseaux à haute tension ..................... — 5
1.4.1 Transformateurs de courant .............................................................. — 5
1.4.2 Transformateurs magnétiques de tension........................................ — 8
1.4.3 Combinés de mesure courant-tension.............................................. — 9
1.4.4 Transformateurs capacitifs de tension (TCT).................................... — 10
2. Dimensionnement.................................................................................... — 10
2.1 Isolement...................................................................................................... — 11
2.2 Échauffement ............................................................................................... — 12
2.2.1 Échauffement en régime permanent ................................................ — 12
2.2.2 Échauffements dus aux régimes anormaux..................................... — 12
2.3 Tenue aux efforts électrodynamiques........................................................ — 12
2.4 Tenue aux efforts mécaniques d’origine extérieure ................................. — 12
3. Essais........................................................................................................... — 13
3.1 Essais individuels ........................................................................................ — 13
3.1.1 Essais de précision en régime permanent ....................................... — 13
3.1.2 Essais de tenue diélectrique à fréquence industrielle ..................... — 13
3.2 Essais de type .............................................................................................. — 13
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 726

L ’article Transformateurs de mesure fait l’objet de plusieurs articles :


— Généralités. Théorie. Fonctionnement [D 4 720] ;
— Technologie. Dimensionnement. Essais [D 4 722] ;
— Transformateurs spéciaux. Évolution future [D 4 724] ;
et les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra
assez souvent se reporter aux autres articles.
Parution : décembre 1990

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TRANSFORMATEURS DE MESURE _________________________________________________________________________________________________________

1. Technologie Les résines époxydes (article Résines époxydes. Composants et


propriétés [A 3 465] dans le traité Plastiques et Composites) chargées
de quartz sont appréciées pour leurs bonnes propriétés électriques
1.1 Généralités et mécaniques, leur facilité de mise en œuvre (moulage) et leur
bonne conductivité thermique qui facilite l’évacuation de l’énergie
thermique dégagée par les parties actives.
La variété de construction des transformateurs de mesure est
liée au niveau de tension auquel ils sont soumis et, dans le cas de Souveraines pour les matériels de type intérieur, elles sont moins
la haute tension, à la technologie de réalisation des postes dans performantes en extérieur. Pour éviter le phénomène de dégradation
lesquels ils s’intègrent : de la résine en utilisation extérieure, lorsqu’elle est soumise à des
— postes ouverts (appelés encore conventionnels), dans lesquels champs électriques, la surface en contact avec les intempéries est
l’isolement externe à l’appareillage est assuré par de longues dis- recouverte d’une couche équipotentielle raccordée à une borne
tances dans l’air ambiant ; primaire.
— postes blindés, dans lesquels l’appareillage est placé sous Cette solution ne convient évidemment pas à la réalisation de
enveloppe métallique et l’isolement assuré par de l’hexafluorure l’enveloppe complète, isolateur inclus. Pour les transformateurs tout
de soufre (SF6) sous pression. résine, on utilise les résines cycloaliphatiques, dont la résistance à
Quel que soit le niveau de tension, on peut distinguer trois parties l’action conjointe de l’agression climatique et des champs élec-
essentielles dans les transformateurs de mesure : triques superficiels est très bonne.
— la partie active, comprenant les enroulements et les circuits
1.2.1.3 Diélectriques liquides
magnétiques ainsi que, le cas échéant, l’isolation ;
— l’enveloppe (souvent un isolateur), destinée à contenir et pro- Les huiles constituent toujours l’imprégnant privilégié des trans-
téger la partie active, à assurer sa tenue mécanique et à permettre formateurs de mesure à haute tension, en raison de leur très grande
la fixation et les raccordements ; rigidité diélectrique (article Huiles et liquides isolants [D 230]).
— l’isolant de remplissage, assurant l’isolement entre les divers Pour la fabrication de condensateurs, la nécessité de disposer de
éléments internes à l’enveloppe. permittivités élevées conduit à utiliser des liquides isolants de syn-
Les transformateurs de mesure sont des appareils très denses où thèse. Rappelons que les pyralènes, autrefois seuls utilisés, sont
voisinent des tensions élevées, des efforts électromagnétiques aujourd’hui interdits.
considérables, etc. Ils sont, par nature, fragiles, d’où l’importance Tous les autres transformateurs de mesure HT à diélectrique
d’une conception et d’une réalisation technologiques très soignées. liquide utilisent des huiles minérales. Deux qualités d’huile
s’affrontent :
— les huiles naphténiques, qui contiennent environ autant de
1.2 Matériaux molécules de type naphténique que de molécules de type paraf-
finique ; seules homologuées à ce jour par Électricité de France, elles
1.2.1 Isolation ont le meilleur comportement au froid ;
— les huiles paraffiniques, contenant deux à trois fois plus de
Nota : le lecteur pourra se reporter, dans ce traité, à l’article Fonction isolation dans les molécules de type paraffinique que de type naphténique, et réputées
matériels électriques [D 2 302] et aux différents articles spécialisés indiqués dans les para- – point très controversé – avoir un meilleur coefficient d’absorption
graphes suivants. gazeuse.

1.2.1.1 Isolateur 1.2.1.4 Diélectriques gazeux


■ En haute tension (HT), le matériau le plus employé est la porce- L’hexafluorure de soufre (SF6) (article Gaz isolants [D 2 530]) est
laine. C’est un produit céramique dont les principaux constituants utilisé depuis plus de vingt ans pour la réalisation d’appareillages
sont les argiles, les kaolins, les quartz et les feldspaths (article Maté- sous enveloppe métallique. Il constitue le diélectrique des transfor-
riaux isolants céramiques en électrotechnique [D 274]). Son élabora- mateurs de tension, capacitifs ou magnétiques, qui répondent à des
tion, à partir de pâtes, autorise des formes très variées. Robuste, très règles de construction particulières. Les transformateurs de courant
stable dans le temps, capable de supporter des surpressions internes utilisés pour ce type d’appareillage n’ont pas à supporter l’isolement,
importantes, il convient à pratiquement tous les types d’appareils. celui-ci étant assuré par la cellule (§ 1.4.1.5).
Toutefois, on notera que le prix de l’isolateur constitue une part non
négligeable du prix total d’un transformateur de mesure (il peut La grande stabilité dans le temps des propriétés diélectriques
représenter 20 à 50 %). du SF6 a encouragé, peu à peu, son emploi dans la réalisation de
transformateurs de courant pour postes à haute tension de type
■ L’isolateur en matériau composite a fait son apparition en haute ouvert, leur prix étant le principal frein à leur généralisation.
tension à la fin du siècle dernier [NDÉ : rév. 2011]. Il est constitué
d’un cylindre en résine chargée de fibre de verre, et revêtu d’une
enveloppe externe généralement en silicone (rubrique Matériaux 1.2.2 Circuits magnétiques
co m p o sites d an s le traité P lastiq u es et Com posites). Cette
enveloppe, selon la technique classique des ailettes (ou jupes), est Les circuits magnétiques sont réalisés à partir de tôles empilées
destinée à augmenter la ligne de fuite externe. (transformateur de tension) ou roulées (transformateur de courant).
Malgré les progrès accomplis, l’isolateur composite est encore Un revêtement isolant (Carlite ) isole la surface des tôles, condition
beaucoup plus cher que son homologue en porcelaine (d’un facteur 2 indispensable à la diminution des courants de Foucault. Leur mise
à 3). De plus, son vieillissement en milieu pollué et sous fort champ en œuvre engendre souvent des contraintes internes, dont on se
électrique n’est pas encore bien maîtrisé. Ces éléments suffisent à libère par un recuit du circuit vers 800 o C, sous atmosphère
en marginaliser l’emploi. contrôlée, afin de rétablir les performances nominales.
Les principaux critères de choix sont le prix, l’induction à satu-
1.2.1.2 Diélectriques solides ration, la perméabilité relative et les pertes. La figure 1 permet de
comparer les caractéristiques magnétiques champ d’excitation –
En basse (BT) et moyenne (MT) tensions, le même matériau assure
champ d’induction des différentes tôles utilisées.
souvent les fonctions de remplissage et d’enveloppe.
Nota : le lecteur pourra se reporter, aux articles Alliage fer-silicium [D 2 110] et Alliages
fer-nickel et fer-cobalt. Propriétés magnétiques [D 2 130] dans ce traité.

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D4722

________________________________________________________________________________________________________ TRANSFORMATEURS DE MESURE

1.2.2.3 Tôles fer-nickel (Mumétal )


Ces tôles, constituées d’un alliage contenant de 70 à 80 % de nickel,
permettent d’atteindre des perméabilités relatives très élevées (de
100 000 à 300 000) ; présentées généralement sous forme de rubans
de faible épaisseur (0,05 à 0,1 mm), leur mise en œuvre est délicate
(recuit au-delà de 1 000 oC) et leur coût élevé.
Le coude de saturation à basse induction de leur courbe de magné-
tisme est mis à profit pour réaliser des limiteurs de surtension ainsi
que des transformateurs de courant de grande précision ; la
saturation franche permet d’obtenir de bons facteurs de sécurité
(§ 1.4.1.2).

1.3 Transformateurs de mesure


pour réseaux à moyenne tension

Le marché des transformateurs de mesure à moyenne tension est


celui de la distribution d’électricité ; les principales caractéristiques
sont :
— plage de tension des matériels comprise entre 1,2 et 60 kV ;
— taille importante, autorisant des effets de série ;
— matériels généralement sous abri ou en intérieur.
En conséquence, la grande majorité des transformateurs de
mesure à moyenne tension est réalisée selon la technique de sur-
moulage des parties actives par des résines, généralement de type
époxyde.

1.3.1 Transformateurs de courant

Il existe essentiellement quatre catégories d’appareils, en fonction


du mode de réalisation du primaire (bobiné ou non) et de l’instal-
lation (intérieur ou extérieur).
■ La figure 2a représente un transformateur de courant à primaire
bobiné, à usage intérieur. Le circuit magnétique, de forme torique,
est obtenu par l’enroulement d’un ruban de tôle à grains orientés. Il
est ensuite soit placé dans un boîtier isolant, soit guipé à l’aide de
Figure 1 – Comparaison des caractéristiques magnétiques papier crêpé, afin de ne pas blesser l’enroulement secondaire, réalisé
des différentes tôles utilisées pour la réalisation de transformateurs en fil de cuivre émaillé.
L’enroulement primaire se présente sous forme d’un tore, croisé
avec le circuit magnétique. Il est obtenu, pour les faibles calibres,
1.2.2.1 Tôles ordinaires au silicium par bobinage de fil de cuivre rond et, pour les forts calibres (> 50 A),
par bobinage sur champ de cuivre plat à l’aide d’une machine
Très utilisées en moyenne tension en raison de leur prix modéré,
spéciale ; il est introduit en position par écartement de ses spires
leurs performances sont modestes (induction à saturation proche
et vissage. Les spires sont ensuite isolées par du papier et le tout
de 1,6 T ; pertes massiques de 1,2 à 2,6 W/kg).
est alors maintenu rigidement.
Elles conviennent bien à la réalisation de transformateurs de
Primaire et secondaire sont chacun matelassés à l’aide d’un
tension, car l’influence du courant magnétisant sur l’erreur est
enrubannage de mousse, afin de permettre le retrait de la résine
minime.
d’enrobage sans engendrer de contraintes, lors de son refroidis-
sement. Les connexions sont soudées ou serties sur des inserts
1.2.2.2 Tôles à grains orientés métalliques et l’ensemble est positionné dans un moule.
Elles sont constituées d’un alliage fer-silicium (3 % de silicium L’enrobage est généralement fait avec de la résine époxyde
environ). Leur grande perméabilité relative (de 10 000 à 40 000), leurs chargée de quartz, coulée sous vide et à chaud. La température de
faibles pertes massiques (1,6 W / kg à 1,7 T) et leur induction à polymérisation élevée limite l’éventail des matériaux utilisables.
saturation élevée (1,8 T) en font le matériau privilégié des transfor- Ces transformateurs allient de nombreuses qualités telles que
mateurs de courant. Ces tôles sont aussi utilisées pour les trans- excellente tenue diélectrique, bonne tenue aux efforts électro-
formateurs de tension performants, sous forme de circuits coupés, dynamiques, bonne précision, faible encombrement et possibilité de
à entrefers rectifiés (par exemple, figure 9). raccordement en toutes positions.
Une autre version de ces tôles (tôles HiB ) permet une induction Nota : ils sont utilisés de 7,2 à 52 kV et pour des courants assignés allant jusqu’à 1 250 A.
à saturation légèrement plus élevée et des pertes plus faibles La classe de précision est généralement de 0,5 pour la mesure et peut aller jusqu’à 5P20 pour
la protection (article Transformateurs de mesure. Généralités. Théorie. Fonctionnement
(1 W/kg à 1,7 T), mais pour un prix supérieur. [D 4 720]).

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Transformateurs de mesure
Transformateurs spéciaux. Évolution
par Jean-Pierre DUPRAZ
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure d’Électronique et de ses Applications (ENSEA)
et de l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE)
Responsable du Groupe de Recherches en Électronique
de la Direction Technique Haute Tension GEC ALSTHOM
Division Transport et Distribution d’Énergie

1. Mesures en courant continu ................................................................. D 4 724 - 2


1.1 Mesure du courant ...................................................................................... — 2
1.2 Mesure de la tension ................................................................................... — 3
2. Transformateurs électroniques ............................................................ — 4
2.1 Transformateurs de courant ....................................................................... — 4
2.2 Transformateurs de tension........................................................................ — 5
2.2.1 Principes généraux ............................................................................. — 5
2.2.2 Préamplificateurs alimentés en courant ........................................... — 5
2.2.3 Préamplificateurs alimentés en tension ........................................... — 6
2.2.4 Localisation des sous-ensembles...................................................... — 6
2.2.5 Amplificateur de puissance ............................................................... — 6
2.2.6 Problème dû aux charges piégées .................................................... — 7
2.2.7 Fiabilité ................................................................................................ — 7
3. Transformateur amagnétique de courant. Tore de Rogowski ..... — 7
3.1 Utilisation pour la mesure de courant à haute fréquence........................ — 8
3.2 Utilisation aux fréquences industrielles .................................................... — 8
4. Comparateurs de courant...................................................................... — 9
4.1 Principe......................................................................................................... — 9
4.2 Montages...................................................................................................... — 9
4.2.1 Montage à deux transformateurs...................................................... — 9
4.2.2 Association d’un transformateur et d’un amplificateur .................. — 10
4.2.3 Montage à deux transformateurs et un amplificateur..................... — 10
5. Transformateurs magnéto-optiques de courant. Effet Faraday.. — 11
5.1 Principe......................................................................................................... — 11
5.2 Réalisations actuelles .................................................................................. — 11
5.2.1 Montages classiques .......................................................................... — 11
5.2.2 Montages tenant compte de la non-réciprocité de l’effet Faraday. — 12
6. Transformateurs électro-optiques de tension. Effet Pockels...... — 13
6.1 Principe......................................................................................................... — 13
6.2 Détections..................................................................................................... — 13
6.2.1 Détection polarimétrique ................................................................... — 13
6.2.2 Détection interférométrique .............................................................. — 14
Pour en savoir plus.................................................................................... Doc. D 4 726
Parution : mars 1991

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TRANSFORMATEURS DE MESURE _________________________________________________________________________________________________________

L ’article Transformateurs de mesure fait l’objet de plusieurs articles :


— Généralités. Théorie. Fonctionnement [D 4 720] ;
— Technologie. Dimensionnement. Essais [D 4 722] ;
— Transformateurs spéciaux. Évolution [D 4 724] ;

et les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra
assez souvent se reporter aux autres articles.

1. Mesures en courant continu


1.1 Mesure du courant
En alternatif, un transformateur de courant conventionnel assure
trois fonctions de base (article Transformateurs de mesure.
Généralités. Théorie. Fonctionnement [D 4 720]) :
— isolement ;
— comparaison des ampères-tours ;
— transfert d’énergie du primaire vers le secondaire.
En courant continu, il ne peut plus assurer la dernière fonction.
En effet, le flux d’induction magnétique au sein du noyau est alors
constant. Il n’engendre donc pas de force électromotrice dans
l’enroulement secondaire. Le courant secondaire doit être délivré par
une source auxiliaire, capable de fournir la puissance dissipée par
la charge et par la résistance de l’enroulement.
On est alors conduit au schéma représenté sur la figure 1. Le trans-
formateur est utilisé pour mesurer la différence entre les ampères-
tours primaires et les ampères-tours secondaires, tout en assurant
l’isolement. Si cette différence n’est pas nulle, il existe, dans le noyau
du transformateur, un champ magnétique résiduel dont la mesure
fournit un signal d’erreur utilisable par la chaîne de régulation élec-
tronique. Si celle-ci est correctement réglée, les ampères-tours
primaires et secondaires sont égaux, à une erreur négligeable près.
Pour améliorer la réponse en fréquence, on peut utiliser un enrou- Figure 1 – Transformateur de courant pour mesure en courant
lement auxiliaire qui permet à l’amplificateur de compenser les varia- continu : schéma de principe général des transformateurs à flux nul
tions rapides de flux sans être pénalisé par les retards de la chaîne
de mesure du champ d’induction magnétique (figure 2).
Les appareils mesurant le courant selon ce principe sont appelés En haute tension, cette technique n’est pas utilisable, car l’éloigne-
transformateurs à flux nul, et leur circuit magnétique, n’ayant ment relatif de la chaîne de mesure et du transformateur est trop
plus à transférer d’énergie, est de très petite section. Ils diffèrent important (il peut dépasser 100 m). Il est en effet illusoire de
les uns des autres essentiellement par : transmettre sur une aussi grande distance les faibles signaux déli-
— le niveau d’isolement ; vrés par la sonde à effet Hall. On préfère alors utiliser la technique
— la technique de mesure du champ d’induction résiduel. illustrée sur la figure 3.
En basse tension (figures 1 et 2), la technique la plus courante L’idée de base consiste à mettre à profit la non-linéarité des maté-
consiste à insérer une sonde à effet Hall dans l’entrefer du circuit riaux ferromagnétiques. Pour cela, il est nécessaire d’utiliser deux
magnétique. Grâce à la structure de la boucle de régulation, la pré- transformateurs auxiliaires (T2 et T3) dont les circuits magnétiques,
cision globale de l’appareil est indépendante, au premier ordre, de les enroulements primaires (P2, P3) et les enroulements secondaires
celle de la sonde. (S2, S3) sont respectivement identiques à ceux (P1, S1) du trans-
formateur principal T1 ; ils disposent en outre tous les deux d’un
enroulement d’analyse (A2, A3), en série avec un shunt résistif
(Sh, R), et alimentés, en opposition de phase relativement l’un à
l’autre, par une tension sinusoïdale de fréquence f 0 .

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________________________________________________________________________________________________________ TRANSFORMATEURS DE MESURE

Figure 2 – Transformateur de courant pour mesure en courant continu.


Variante de transformateur à flux nul, utilisé en basse tension

En l’absence d’ampères-tours continus, l’exploration de la courbe


de magnétisme est symétrique, et le courant mesuré aux bornes du
shunt d’analyse ne contient que des harmoniques impairs du signal
de référence à la fréquence f 0 . En présence d’ampères-tours, par
contre, l’exploration de la courbe de magnétisme devient dissy-
métrique : le courant mesuré aux bornes du shunt d’analyse contient
alors des harmoniques pairs du signal de référence. Un amplificateur
à détection synchrone permet, en particulier, la mesure de l’harmo-
nique deux, dont l’amplitude et la phase sont représentatives du
champ magnétique continu au sein du noyau.
L’emploi de deux transformateurs auxiliaires, analysés en opposi-
tion de phase, permet d’éliminer toute injection du signal de modu- Figure 3 – Transformateur de courant à flux nul
lation dans les circuits primaires et secondaires. pour mesure en haute tension

Le pied du diviseur est connecté à un amplificateur électronique


1.2 Mesure de la tension d’une impédance telle que la condition :
R1C1 = R2C2
La technique classique consiste à utiliser un diviseur résistif-
capacitif (figure 4) compensé en fréquence, les résistances assurant soit respectée ; cet amplificateur assure l’adaptation d’impédance
la mesure et la répartition de la tension en continu, les condensateurs entre le diviseur et la charge.
assurant la même fonction en haute fréquence.

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TRANSFORMATEURS DE MESURE _________________________________________________________________________________________________________

2. Transformateurs
électroniques
2.1 Transformateurs de courant
Les transformateurs électroniques de courant ont un intérêt en
haute tension (HT), où ils allient les qualités de mesure des trans-
formateurs magnétiques aux propriétés d’isolement des fibres
optiques. Une configuration typique est représentée sur la figure 5.
On distingue un équipement de mesure, au potentiel de la ligne, une
liaison à fibre optique, assurant l’isolement, et un équipement de
réception, au potentiel de la terre.
Le courant primaire I p est mesuré au moyen d’un transformateur
de courant, n’ayant pas à assurer de fonction d’isolement, et dont
le secondaire débite sur un shunt de mesure. La tension ainsi
recueillie est alors conditionnée, puis convertie en signal numérique
parallèle. Celui-ci est ensuite sérialisé, codé, puis converti en impul-
sions lumineuses, transmises, via une fibre optique, généralement
multimode, à l’équipement de réception. Après conversion
optique-électrique, le signal est alors décodé. Il peut être exploité
directement sous forme numérique ou bien, après conversion, sous
forme analogique.
L’équipement électronique situé au niveau de la ligne doit être
alimenté en énergie. Parmi les diverses solutions possibles, les
plus intéressantes sont celles indiquées ci-après.
Figure 4 – Transformateur de tension pour mesure ■ Alimentation à partir du courant de la ligne : elle est réalisée au
en courant continu : schéma de principe moyen d’un transformateur de courant auxiliaire et d’un ensemble
électronique de régulation. Il est ainsi possible de disposer d’une
puissance de plusieurs watts, autorisant l’emploi d’équipements
relativement performants. Notons que le courant capacitif d’une
ligne suffit en général au bon fonctionnement du système.

Figure 5 – Transformateur électronique de courant : schéma de principe

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D4420

Lignes aériennes
Présentation et calcul des lignes
par André CHANAL
Licencié ès sciences
Diplômé d’études supérieures de physique
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur en chef honoraire d’électricité de France
Direction de la production et du transport

1. Présentation générale............................................................................. D 4 420 - 2


1.1 Choix de la tension ...................................................................................... — 2
1.2 Choix des conducteurs................................................................................ — 3
1.2.1 Échauffement des conducteurs.
Intensité de courant admissible ........................................................ — 3
1.2.2 Résistance mécanique........................................................................ — 3
1.2.3 Chutes de tension ............................................................................... — 4
1.2.4 Effet couronne..................................................................................... — 4
1.2.5 Densité de courant économique ....................................................... — 4
1.2.6 Tenue aux courants de court-circuit.................................................. — 4
1.2.7 Critères principaux retenus pour le choix
de la section des conducteurs ........................................................... — 4
1.3 Qualité de service des lignes aériennes. Défauts affectant les lignes..... — 4
1.4 Description générale des matériels constituant la ligne .......................... — 5
2. Notions de calcul théorique des lignes ............................................. — 5
2.1 Portée unique............................................................................................... — 5
2.1.1 Équation de la chaînette..................................................................... — 5
2.1.2 Tension mécanique en un point quelconque du câble.................... — 6
2.1.3 Flèche................................................................................................... — 7
2.1.4 Longueur du câble.............................................................................. — 7
2.1.5 Comparaison des formules pratiques et exactes............................. — 8
2.2 Équation de changement d’état ................................................................. — 8
2.3 Influence de la température et du vent. Portée critique ........................... — 9
2.4 Calcul d’un ensemble de portées successives .......................................... — 9
2.4.1 Lignes sur isolateurs rigides.............................................................. — 9
2.4.2 Lignes sur isolateurs suspendus ....................................................... — 10
2.5 Calcul d’un ensemble de portées soumises
à des efforts longitudinaux ......................................................................... — 10
2.6 Rappel des notations et formules usuelles ............................................... — 11
Références bibliographiques ........................................................................ — 12

e premier article des lignes aériennes est composé de deux parties


C distinctes : la présentation générale, d’une part, et des notions de calcul
théorique, d’autre part.
■ Une ligne aérienne est constituée principalement d’un ensemble de conduc-
teurs assurant avant tout la continuité électrique et réalisant une connexion
entre deux nœuds d’un réseau électrique.
Les lignes aériennes peuvent être classées suivant les fonctions qu’elles assu-
rent dans le réseau.
● Lignes de grand transport : elles permettent l’évacuation de l’énergie pro-
Parution : février 2000

duite par un centre de production vers un centre de consommation ou vers les


grands postes d’interconnexion.

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D4420

LIGNES AÉRIENNES ____________________________________________________________________________________________________________________

● Lignes d’interconnexion : elles assurent la mise en commun des ressources


de production de plusieurs régions ou pays et facilitent ainsi le secours mutuel
lors de situations particulières affectant la consommation, l’hydraulicité, la dis-
ponibilité des équipements, etc. Les lignes d’interconnexion constituent un
réseau maillé.
● Lignes de répartition : elles dirigent l’énergie depuis les grands postes
d’interconnexion vers les postes alimentant les réseaux de distribution ou ceux
des grands clients nationaux.
● Lignes de distribution : elles acheminent l’énergie aux différents consom-
mateurs ; ces lignes se décomposent en lignes d’ossature à forte section de conduc-
teur et en lignes d’écarts, essentiellement radiales, généralement plus légères.
L’ensemble de l’article s’applique aux lignes aériennes triphasées, à courant
alternatif, couramment utilisées dans les réseaux électriques en France et dans
les pays étrangers.
Il est possible cependant de réaliser des lignes de grand transport ou d’inter-
connexion avec des liaisons à courant continu, mais celles-ci sont actuellement
peu nombreuses.
■ Le calcul des lignes fait intervenir différentes notions théoriques, très spé-
cifiques et utilisées presque exclusivement par les constructeurs et exploitants
des réseaux électriques.
Ces notions théoriques (équilibre statique de la portée, flèche, équation de
changement d’état, canton de réglage, etc.) sont rappelées dans la deuxième
partie de l’article.
L’attention du lecteur est tout particulièrement attirée sur les approximations
qui sont faites pour l’établissement des formules usuelles. Ces approximations,
tout à fait acceptables pour le calcul d’une ligne sans difficultés particulières,
peuvent introduire des erreurs importantes dans la réalisation des grandes por-
tées ou des portées très dénivelées.
Cet article est une réactualisation du texte rédigé par Yves Porcheron et Robert de Forges de
Parny et paru en 1992 dans ce traité. Une partie du texte a été conservée.
L’article « Lignes aériennes » fait l’objet de plusieurs fascicules :
D 4 420 Présentation et calcul des lignes
D 4 421 Dimensionnement
D 4 422 à D 4426 Matériels entrant dans une ligne aérienne
D 4 429 Construction
D 4 430 Entretien
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez souvent se
reporter aux autres fascicules.

1. Présentation générale Le tableau 1 indique les différents domaines de tension.

Les tensions nominales à 50 Hz (ou 60 Hz) ne sont pas normali-


sées. Seules sont normalisées, au niveau de la commission électro-
1.1 Choix de la tension technique internationale (CEI), les tensions les plus élevées pour les
matériels auxquels sont associées des tensions nominales de tenue
La tension de service est choisie non seulement en fonction de aux chocs de foudre [5].
la puissance et de la distance sur laquelle cette puissance doit être
transportée, mais aussi en fonction de la tension du réseau existant
auquel il faut se raccorder et du coût prévisible des investissements.
Les principales valeurs de tensions nominales utilisées, en
En France, l’Arrêté technique du 26 mai 1978 prévoyait le classe- France, pour les réseaux triphasés nouveaux sont :
ment des ouvrages de distribution d’énergie électrique en trois caté- — en BT : 380 V
gories, selon la valeur de la tension (en valeur efficace pour le — en HTA : 20 kV
courant alternatif). — en HTB : 63 kV – 90 kV – 225 kV – 400 kV
La norme UTE C 18-510 de novembre 1988 définit les domaines On rencontre fréquemment, à l’étranger, des tensions de :
de tension d’une autre façon. Cette définition est reprise par l’Arrêté
technique du 2 avril 1991. 130 kV – 275 kV – 500 kV

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D4420

____________________________________________________________________________________________________________________ LIGNES AÉRIENNES

Tableau 1 – Domaines de tension


Valeurs de la tension nominale U
Arrêté technique
du 26 mai 1978 Arrêté technique du 2 avril 1991 en courant alternatif en courant continu
(pour mémoire)
V V
Très basse tension TBT U < 50 U < 120

1re catégorie BTA 50 < U < 500 120 < U < 750
Basse tension
BTB 500 < U < 1 000 750 < U < 1 500
e
2 catégorie HTA 1 000 < U < 50 000 1 500 < U < 75 000
Haute tension
3e catégorie HTB U > 50 000 U > 75 000

La tension de construction est, dans certains cas, différente de la des matériaux constituant le câble et les manchons serait compro-
tension nominale de service si, par suite de l’évolution des consom- mise.
mations ou des productions, la ligne doit pouvoir fonctionner ulté-
rieurement à une tension supérieure à celle prévue initialement. ■ Il résulte des considérations précédentes que la puissance élec-
trique pouvant être transportée dans une ligne aérienne dépend de
Des tensions nominales supérieures à 500 kV sont utilisées dans la saison et des conditions climatiques des régions traversées. Cette
quelques pays étrangers (735 kV au Canada, 800 kV aux États-Unis, sujétion complique, bien évidemment, la tâche des exploitants de
1 100 kV en Russie). L’interconnexion générale de l’Europe de réseaux.
l’Ouest est actuellement réalisée par un réseau à 400 kV, quelques
interconnexions plus locales étant assurées en 225 kV.
Des liaisons en courant continu existent également pour trans- 1.2.2 Résistance mécanique
porter de l’énergie sur de longues distances (par exemple, aux
États-Unis pour acheminer l’énergie de la rivière Columbia vers la
région de San Francisco) ou pour réaliser des liaisons sous-marines La résistance mécanique des câbles est fonction de leur constitu-
(liaison France-Angleterre ou liaisons scandinaves). Les lignes tion (câbles bimétalliques almélec – acier ou aluminium-acier,
aériennes à courant continu sont en général équipées de deux câbles homogènes en almélec, etc.) et de leur section.
phases de polarités opposées (par exemple ± 250 kV) et de conduc-
teurs en faisceau. Les décisions futures dépendront beaucoup du ■ Le choix du câble devant équiper une ligne aérienne, parmi
prix des stations de conversion d’extrémités [2]. ceux pouvant transporter la puissance électrique demandée, est
fonction de diverses considérations intervenant dans la tension
mécanique maximale qu’il devra supporter :
— l’environnement climatique : vitesse des vents dominants,
1.2 Choix des conducteurs surcharge de givre ou de neige ;
— le profil en long de la ligne, notamment la nécessité de
construire des grandes portées ;
— les conditions de pose choisies par le maître d’œuvre, caracté-
De nombreux critères interviennent dans le choix des conduc- risées par la tension ou le paramètre de réglage à 15 °C sans vent
teurs d’une ligne aérienne. Les plus importants sont examinés ci- (cf. [D 4 429] qui déterminent, en fait, l’architecture de la ligne (lon-
après. gueur des portées, hauteur des supports, efforts appliqués aux pylô-
nes d’angle et d’arrêt) ; les lignes établies sur des poteaux en béton
ou en bois, sont, dans le cas général, moins tendues que les lignes
haute tension équipées de pylônes métalliques.
1.2.1 Échauffement des conducteurs.
Intensité de courant admissible ■ En terrain vallonné, sans difficultés particulières, les paramètres
de réglage, pour les câbles usuels, sont déduits de l’expérience et
conduisent à la fois à utiliser au mieux la résistance mécanique des
■ L’intensité de courant admissible dans les conducteurs est câbles et à réduire le nombre ou la hauteur des supports.
déterminée en évaluant leur température en fonction des conditions En terrain accidenté ou dans les zones où les surcharges de givre
climatiques et en respectant une valeur limite à ne pas dépasser ou de neige sont importantes, le maître d’œuvre doit souvent
(cf. [D 4 421] § 2.1). utiliser des câbles très résistants et les paramètres de réglage
● Les conducteurs s’échauffent principalement par effet Joule et
doivent être adaptés au profil du terrain.
se refroidissent par convection naturelle en air calme ou convection ■ Les réglementations nationales fixent généralement les condi-
forcée sous le vent. Leur température est fonction de l’intensité du tions dans lesquelles la résistance mécanique des ouvrages doit
courant circulant dans la ligne, de la température ambiante et des être vérifiée par le calcul. En France, l’arrêté interministériel du
conditions de refroidissement. 2 avril 1991, dit Arrêté technique, prescrit toutes les conditions pou-
● Les conducteurs, par ailleurs, soumis à des températures éle- vant intervenir dans la sécurité des personnes. Le maître d’œuvre
vées et à des échauffements répétés doivent conserver approxima- peut, en outre, tenir compte des phénomènes locaux qui peuvent
tivement leurs caractéristiques initiales, mécaniques et électriques, provoquer des contraintes plus sévères que les hypothèses de cal-
pendant la durée de vie de l’ouvrage. Leur température maximale cul réglementaires. Les vérifications permettent de justifier le choix
ne doit pas dépasser une valeur limite, au-delà de laquelle la tenue d’un câble dans son utilisation particulière ou, plus globalement, de

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D4421

Lignes aériennes
Dimensionnement
par André CHANAL
Licencié ès sciences
Diplômé d’études supérieures de physique
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur en chef honoraire d’Électricité de France
Direction de la production et du transport

1. Dimensionnement géométrique .......................................................... D 4 421 – 2


1.1 Distances d’isolement ................................................................................. — 2
1.2 Conditions de vérification ........................................................................... — 2
1.3 Distances au sol, aux constructions et aux obstacles .............................. — 3
1.4 Distances aux obstacles dans le cas de givre ou de neige ...................... — 6
1.5 Distances entre conducteurs et masse des supports ............................... — 7
1.6 Distances entre câbles................................................................................. — 8
1.7 Distances de travail ..................................................................................... — 9
2. Dimensionnement électrique ............................................................... — 9
2.1 Échauffement des conducteurs. Courants admissibles ........................... — 9
2.2 Effet couronne............................................................................................. — 12
2.3 Qualité de service. Défauts affectant les lignes aériennes....................... — 12
2.4 Tenue des lignes aux courants de court-circuit
(lignes à haute tension HTB)....................................................................... — 15
2.5 Mise à la terre des supports ....................................................................... — 18
2.6 Parallélisme avec les lignes de télécommunication ................................. — 19
2.7 Canalisations de transport de fluide
(hydrocarbures, gaz combustibles)............................................................ — 21
3. Dimensionnement mécanique.............................................................. — 21
3.1 Efforts occasionnels et hypothèses climatiques ....................................... — 21
3.2 Vent ............................................................................................................... — 22
3.3 Givre, pluie verglaçante et neige collante ................................................. — 23
3.4 Hypothèse de rupture.................................................................................. — 25
3.5 Hypothèses complémentaires pour le montage et l’entretien ................ — 25
3.6 Vérification mécanique ............................................................................... — 26
3.7 Phénomènes dynamiques .......................................................................... — 27
Références bibliographiques ............................................................. –– 29

et article indique les règles de dimensionnement géométrique, électrique et


C mécanique des lignes aériennes.
La prise en compte de l’environnement climatique, malgré le perfectionne-
ment des études météorologiques et des statistiques, est toujours la préoccupa-
tion majeure des constructeurs de ligne. Par suite des nombreux usages actuels
de l’électricité, souvent incompatibles avec des interruptions longues d’alimen-
tation, les lignes doivent, en effet, assurer la desserte électrique dans les condi-
tions météorologiques les plus sévères. Dans ce domaine, les directives de
construction ont fait l’objet de nombreuses études et constituent un ensemble
cohérent confirmé par le retour d’expérience : le maître d’œuvre, en choisissant
le degré de sévérité des conditions climatiques (zone de vent, surcharge de
givre…), définit en fait le dimensionnement le plus approprié de l’ouvrage et
Parution : février 2000

peut en justifier le coût.

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D4421

LIGNES AÉRIENNES ____________________________________________________________________________________________________________________

Une autre préoccupation, plus récente, est la qualité du service. La réduction


du nombre de défauts fugitifs provoqués par la foudre et affectant les lignes HTB
est possible. On sait que ceux-ci engendrent des perturbations très gênantes
pour les utilisateurs industriels.
Les règles indiquées dans ce fascicule sont celles utilisées en France. Elles ne
sont pas directement applicables dans les pays étrangers, par suite de condi-
tions climatiques différentes, d’une part, et de la diversité des règlements admi-
nistratifs et des normes, d’autre part. Le lecteur, cependant, trouvera dans le
fascicule toutes explications sur les règles de dimensionnement, les méthodes
de calcul et les choix : il pourra utilement s’en servir pour établir un projet de
ligne dans un pays étranger.
L’article « Lignes aériennes » fait l’objet de plusieurs fascicules :
D 4420 Présentation et calcul des lignes
D 4421 Dimensionnement
D 4422 Matériels entrant dans une ligne aérienne
D 4429 Construction
D 4430 Entretien
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez
souvent se reporter aux autres fascicules.
Cet article est une réactualisation du texte rédigé par Yves PORCHERON paru en 1992 dans ce
traité. Une partie du texte a été conservée.

1. Dimensionnement ● La distance de base b est déterminée par des considérations


d’encombrement à partir de l’affectation du sol et de la nature des
géométrique installations qu’il comporte.
● La distance de tension t est fonction de la tension entre phases
U de la ligne et de la probabilité qu’une personne ou un objet soit
1.1 Distances d’isolement situé à la distance de base b du sol ou de l’installation considérée.
Trois cas de probabilité sont prévus :
Une ligne aérienne est caractérisée par sa tension entre phases. — probabilité de voisinage faible ............................... t1 = 0,0025 U
■ Cette tension définit l’isolement de la ligne qui est obtenu en — probabilité de voisinage moyenne ..........................t2 = 0,0050 U
maintenant, en toutes circonstances, entre les conducteurs et les — probabilité de voisinage forte ................................. t3 = 0,0075 U
objets au potentiel de la terre et entre les conducteurs eux-mêmes
des intervalles d’air de longueur suffisante. avec U exprimé en kilovolts, D, b et t en mètres.
Ces intervalles sont soumis en permanence à la tension de la Les valeurs usuelles de t1, t2 et t3 en fonction de U sont données
ligne, mais ils subissent également des contraintes exceptionnelles, dans le tableau 1.
les plus gênantes étant les surtensions provoquées par la foudre [1].
Ils peuvent, de surcroît, varier en fonction des conditions climati-
ques (température ambiante, vitesse du vent, surcharge de givre ou Tableau 1 – Distances de tension t1, t2 et t3 (en mètres) :
de neige) ou sous l’effet d’efforts électrodynamiques provoqués par valeurs usuelles
un défaut.
La détermination de l’isolement d’une ligne est donc complexe : U BT 20 kV 63 kV 90 kV 225 kV 400 KV
cela explique les divergences qui peuvent exister entre les régle- t1 0 0 0,20 0,20 0,60 1,00
mentations ou directives utilisées dans les différents pays.
En France, l’Arrêté technique (cf. [D 4420] §1.2.2) précise les dis- t2 0 0 0,30 0,50 1,10 2,00
tances minimales à respecter pour assurer la sécurité des personnes t3 0 0,20 0,50 0,70 1,70 3,00
au regard du risque électrique :
— distances verticales au-dessus du sol des constructions et des
voies de circulation ; Dans un but de normalisation, tous les ouvrages à 63 kV, en
— distances aux obstacles latéraux ; France, sont maintenant construits pour la tension de 90 kV,
— distances aux autres lignes aériennes. même s’ils sont exploités en 63 kV.
Le maître d’œuvre doit choisir d’autres distances intervenant
dans le fonctionnement de la ligne ou dans sa qualité de service ;
par exemple les distances entre phases ou entre conducteurs et
masse des supports. Certaines distances minimales sont, de sur-
1.2 Conditions de vérification
croît, imposées par les travaux d’entretien.
■ Les distances minimales D, définies par l’Arrêté technique, Les distances minimales d’isolement sont vérifiées dans des
pour les surplombs et les voisinages sont la somme d’une distance conditions de température, de vent et de givre. Celles-ci se réfèrent,
de base b et d’une distance de tension t. pour des zones de vent et les surcharges de givre, aux hypothèses
D=b+t climatiques utilisées pour le calcul mécanique des lignes (§ 3).

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Tableau 2 – Températures maximales de fonctionnement et températures de répartition des lignes


Tension de la ligne 20 kV 63 ou 90 kV 225 kV 400 kV
Température maximale de fonctionnement ................................... (°C) 40 (1) 60 75 75
Température de répartition .............................................................. (°C) 45 65 75 90
(1) Dans le cas général

Tableau 3 – Conditions climatiques pour la vérification du dimensionnement géométrique


Pression du vent Vitesse approximative
Désignation Température Vérification associée le plus
sur les conducteurs du vent
de la vérification (°C) couramment
(Pa) (km/h)
Vent nul 15 Vent nul –– Distances à la masse sur les supports
Zone à vent normal (ZVN) : 240 110 Distances entre câbles
Vent réduit 15 Distances à la masse sur les supports
Zone à vent fort (ZVF) : 360 125
Distances aux obstacles latéraux
800 Distances à la masse des supports
Vent extrême 15 > 150
800 à 1 030 (suivant les zones) Distances aux maisons et immeubles
Travaux sur les ouvrages 15 60 35 Distances de travail

1.2.1 Température de répartition Exemple : pour une zone à vent normal, on prend :
— 480 Pa, pour les calculs mécaniques ;
On appelle température de répartition celle choisie pour détermi- — 240 Pa, pour déterminer l’inclinaison maximale des câbles.
ner les distances minimales entre les conducteurs sous tension et le
sol ou les constructions. Les différents pressions de vent sont indiquées dans le tableau 3.
Cette température (tableau 2), en l’absence de surcharge de givre
ou de neige, correspond à la flèche maximale. Elle est toujours La zone à vent fort (ZVF) correspond à la vallée du Rhône en
supérieure ou égale à la température maximale de fonctionnement aval de Montélimar, à la région de Perpignan et à la partie sep-
retenue pour calculer l’intensité maximale du courant admissible tentrionale de la Corse. Les pressions de la zone ZVF doivent
dans les conducteurs. également être appliquées dans les façades maritimes de
Certaines marges de sécurité sont, en effet, réservées : l’océan Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord et dans
— sur les lignes à 400 kV, pour ménager des possibilités ultérieu- certaines zones montagneuses très ventées.
res de fonctionnement avec des courants plus importants qu’actuel-
lement ;
— sur les lignes à 20 kV et à 90 kV, car la température maximale 1.2.3 Givre
de fonctionnement correspond à un régime pouvant être permanent.
À partir du paramètre de réglage à 15 °C sans vent (§ 1.2.2), le Trois surcharges de givre ou de neige sont retenues pour les
maître d’œuvre détermine le paramètre de répartition, pour le can- lignes HTB :
ton de ligne considéré (cf. [D 4 429]). Il peut ainsi tracer la chaînette — givre léger ………………………épaisseur du manchon de 2 cm ;
correspondante sur le profil en long et connaître la position la plus —givre moyen ……………………épaisseur du manchon de 4 cm ;
basse des conducteurs. —givre lourd ……………………...épaisseur du manchon de 6 cm.
Dans les zones de givre moyen ou lourd, la position la plus basse
La position la plus basse des conducteurs ne sera réellement des câbles givrés peut être inférieure à la position correspondant à
conservée pendant la durée de vie de l’ouvrage que si la com- la température de répartition. Les vérifications complémentaires
pensation de l’allongement inélastique des câbles est faite sont précisées dans le paragraphe 1.4.
correctement au moment du déroulage [D 4 422].

1.2.2 Vent 1.3 Distances au sol, aux constructions


Les distances aux obstacles latéraux doivent, bien évidemment,
et aux obstacles
tenir compte des balancements provoqués par le vent. Les pres-
sions retenues pour déterminer les inclinaisons maximales tiennent
compte à la fois des variations rapides de la vitesse du vent et de Les distances indiquées, comme dit dans l’Introduction, sont cel-
l’inertie des câbles. On définit ainsi pour les zones à vent normal les utilisées en France ; elles sont toujours égales ou supérieures à
(ZVN) et les zones à vent fort (ZVF) un vent dit « réduit » qui corres- celles prescrites par l’Arrêté technique.
pond à des pressions très inférieures à celles retenues pour les La flèche f, lorsqu’elle intervient dans les distances, est la flèche
calculs mécaniques. médiane exprimée en mètres (cf. [D 4 420] § 2.6).

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Pour ne pas alourdir le texte, toutes les distances prescrites par la 1.3.2 Hauteurs au–dessus des sols habituellement
réglementation en vigueur, qui évolue d’ailleurs avec les besoins, ne enneigés de plus de 3 m, des pistes de ski
sont pas reprises dans le paragraphe : par exemple, les distances et des remontées mécaniques
aux silos agricoles, les distances aux arbres, les dispositions parti-
culières en cas d’arrosage par jet canon, etc. On se borne à indiquer ■ Sols enneigés de plus de 3 m
les distances les plus usuelles et à démontrer leur cohérence. Deux vérifications doivent être effectuées, en considérant :
— le sol sans neige : distances du tableau 4 ;
— le sol recouvert de neige : distances du tableau 5, la tempéra-
1.3.1 Hauteurs au–dessus des sols : cas général ture des conducteurs étant prise égale à 30 °C.
■ Pistes de ski et aires de rassemblement de skieurs
Les distances minimales à respecter sont données dans le
Les hauteurs minimales données dans le tableau 5 doivent être
tableau 4 et doivent être vérifiées pour la température de répartition
respectées au-dessus de la neige en l’absence de givre sur les
sans vent (tableau 2).
conducteurs, la température de ceux-ci étant de 30 °C.
■ Sont à considérer comme terrains ordinaires les sols non suscep-
■ Téléphériques et remonte-pentes (voisinage ou croisement
tibles d’être cultivés, sur lesquels la présence de personnes est
avec une ligne électrique)
exceptionnelle, comme les zones de haute montagne, les garrigues
du Midi, etc. Les distances minimales prescrites sont définies par rapport à la
surface délimitant les installations fixes d’un téléphérique ou d’un
■ Un terrain en friche, situé dans une zone de culture, doit être
remonte-pente et à celles définies par le gabarit cinématique de ces
considéré comme un terrain agricole.
engins et de leurs accessoires (arrêté du 24 décembre 1969). Ces
distances à respecter sont données dans le tableau 5.
Pour des raisons évidentes de sécurité, le croisement inférieur
Dans le cas de terrain présentant des pentes importantes, la des téléphériques est fortement déconseillé ; néanmoins, si ce type
distance au sol doit également être vérifiée sous balancement de franchissement ne peut être évité, la vérification des distances se
des conducteurs à + 15 °C et sous le vent réduit de 240 Pa dans fera, en l’absence de vent, pour des températures des conducteurs
le cas normal et de 360 Pa dans les zones à vent fort (tableau 3). de – 20 °C et, pour les lignes à 20 kV, de – 10 °C.

Tableau 4 – Distances minimales (en mètres) aux sols

Arrêté Portée usuelle


Nature du surplomb Grande portée
technique
20 kV 63 ou 90 kV 225 kV 400 kV
Terrains ordinaires b + t1 6,00 (1) 6,50 7,00 7,50 3 + 0, 6 f + t 1
avec b = 6
Terrains agricoles b + t2 6,00 (1) 7,00 7,50 8,50 3 + 0, 6 f + t 2
avec b = 6
Terrains agricoles avec engins (agricoles) de hauteur h h + 1 + t2 h + 1,00 h + 2,00 h + 2,50 h + 3,50 h – 2 + 0, 6 f + t 2
(1) Peut être réduit à 5,5 m en cas d’irrégularité locale du terrain

Tableau 5 – Distances minimales (en mètres) aux sols enneigés et remontées mécaniques
Portée usuelle
Nature du surplomb Arrêté technique Grande portée
20 kV 63 ou 90 kV 225 kV 400 kV
SOLS ENNEIGÉS DE PLUS DE 3 m
Sol enneigé b + t1 3,50 3,50 4,00 4,50 0, 6 f + t 1
(hauteur au-dessus de la neige) avec b = 3
PISTES DE SKI ET AIRES DE RASSEMBLEMENT DE SKIEURS
Sol enneigé Pas de prescriptions particulières. 5,00 6,00 7,00 8,00 1, 5 + 0 , 6 f + t 3
(hauteur au-dessus de la neige) On prendra :
b + t3
avec b = 4,50
TÉLÉPHÉRIQUES ET REMONTE–PENTES
Croisement supérieur 3,00 4,00 4,50 5,50
(température de répartition ; vent nul)
Croisement inférieur b + t2
(– 20 °C ; vent nul ; givre nul)
avec b = 3
Voisinage latéral 3,00 4,00 4,50 5,50
(+ 15 °C ; vent, quelle que soit
la zone, de 300 Pa)

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1.3.3 Hauteurs au–dessus des voies de circulation 1.3.5 Hauteurs au–dessus des cours d’eau
et des plans d’eau
Les distances minimales à respecter sont données dans le
Les distances minimales, données dans le tableau 7, doivent être
tableau 6. Elles seront vérifiées pour la température de répartition
respectées, pour les températures de répartition, en l’absence de
sans vent (tableau 2).
givre et de vent (tableau 3).
Les hauteurs à respecter au–dessus des cours d’eau et plans
1.3.4 Hauteurs au–dessus des chemins de fer d’eau sont fonction de la hauteur autorisée des mâts des bateaux de
commerce et du tirant d’air autorisé des bateaux de plaisance, qui
et autres voies rigides pour véhicules guidés sont fixés par arrêté préfectoral.
Les distances applicables aux grandes portées doivent être choi-
Les distances minimales à respecter sont données dans le sies lorsqu’elles sont supérieures aux distances indiquées pour les
tableau, également pour la température de répartition sans vent portées usuelles.
(tableau 2). Les lignes électriques ne doivent pas être implantées dans les
Les traversées de chemins de fer et autres voies pour véhicules zones spécialement aménagées pour la mise à l’eau des voiliers ou
guidés équipées de lignes de contact sont également considérées dans les zones permettant cette opération par leurs dispositions
comme des traversées de lignes aériennes et les distances ne doi- naturelles. S’il n’est pas possible d’éviter le surplomb de ces zones,
vent pas être inférieures à celles prescrites pour ce type de traversée la hauteur minimale au-dessus du sol, dans ce cas, devra être égale
(§ 1.3.7). à celle prévue au-dessus du plan d’eau, majorée de 1 m.

Tableau 6 – Distances minimales (en mètres) aux voies de circulation


Portée usuelle
Nature du surplomb Arrêté technique Grande portée
20 kV 63 ou 90 kV 225 kV 400 kV
VOIES DE CIRCULATION
Voies normales b + t3 > 8 8,00 8,50 8,50 9,50 3 + 0, 6 f + t 3
avec b = 6
Itinéraires pour véhicules de grande h + 1 + t2 h + 1,20 h + 2,00 h + 2,50 h + 3,50 h – 2 + 0, 6 f + t 2
hauteur h
CHEMINS DE FER
Supports des fils de contact aériens b + t2 3,00 4,00 4,50 5,50
et des caténaires avec b=3
Gabarit cinématique du matériel b + t2 2,70 3,50 4,50 5,00
avec b = 2,7

Tableau 7 – Distances minimales (en mètres) aux cours d’eau et aux plans d’eau
Portée usuelle
Nature du surplomb Arrêté technique Grande portée
20 kV 63 ou 90 kV 225 kV 400 kV
COURS D’EAU NON NAVIGABLES NI FLOTTABLES
Hauteur au-dessus des plus hautes eaux (PHE) b + t1 3,00 3,50 4,00 4,50 0, 6 f + t 1
avec b = 3
Hauteur sur le niveau d’étiage b + t1 6,00 6,50 7,00 7,50 3 + 0, 6 f + t 1
avec b = 6
COURS D’EAU NAVIGABLES ET FLOTTABLES SANS NAVIGATION DE PLAISANCE À VOILE
Hauteur au-dessus des plus hautes eaux naviga- h + 1 + t2 h+1 h+2 h + 2,50 h + 3,50 h – 2 + 0, 6 f + t 2
bles (PHEN), h étant la hauteur maximale autorisée
des mâts des bateaux de commerce > b + t 2 (1) > 8, 00 > 9, 00 > 9, 50 > 10, 50 > 5 + 0, 6 f + t 2
avec b = 8
COURS D’EAU NAVIGABLES ET FLOTTABLES ET PLANS D’EAU AVEC NAVIGATION DE PLAISANCE À VOILE
Hauteur au-dessus des plus hautes eaux naviga- h ′ + 1 + t2 h′+ 1 h′+ 2 h ′ + 2, 50 h ′ + 3, 50 h ′ – 2 + 0, 6 f + t 2
bles (PHEN), h’ étant la hauteur autorisée du tirant
d’air des bateaux de plaisance > b + t 2 (1) > 9, 00 > 10, 00 > 10, 50 > 11, 50 > 6 + 0, 6 f + t 2
avec b = 9
(1) hauteur minimale au-dessus des plus hautes eaux navigables

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Tableau 8 – Distances minimales (en mètres) aux maisons et immeubles


Portée usuelle
Condition de vérification Arrêté technique Grande portée
20 kV 63 ou 90 kV 225 kV 400 kV
CAS GÉNÉRAL
Température de répartition b + t3 3,50 4,00 5,50 6,50 2x
avec b = 3 1 + ------- ( 0, 6 f – 1 + t 3) (1)
P
+ 15 °C et vent réduit b + t2 3,00 4,00 4,50 5,50
avec b = 3
VÉRIFICATION COMPLÉMENTAIRE. PORTÉE > 400 m
+ 15 °C et vent extrême b + t1 1,00 1,20 1,60 2,00
avec b = 1
(1) P (m) : longueur de la portée x (m) : distance au support le plus proche
f (m) : flèche médiane de la portée pour la température de répartition

1.3.6 Distances minimales aux maisons La distance de base b est donnée, en conservant les mêmes nota-
et aux immeubles tions que pour le tableau 8 :
— Arrêté technique :
La vérification doit être faite dans les conditions suivantes : 2x
b = 1 + ------- ( 0, 5 f – 1 )
— température de répartition, en l’absence de vent et de givre P
(tableau 2) ; — Électricité de France :
— température de + 15 °C et sous le vent réduit exerçant sur la
2x
surface diamétrale des câbles une pression de 240 Pa dans le cas b = 1 + ------- ( 0, 6 f – 1 )
normal et de 360 Pa dans les zones à vent fort (tableau 3) ;
P
— pour les portées de plus de 400 m, à la température de + 15 °C Lorsque les deux lignes voisines sont des lignes d’énergie électri-
et sous le vent extrême suivant : que, cette distance de base est déterminée par rapport à chacune
• dans les zones urbanisées : 480 Pa dans le cas normal et des deux lignes et la plus grande valeur obtenue est retenue.
640 Pa dans les zones à vent fort ; Elle ne peut être inférieure à 1 m.
• dans les zones non urbanisées : 800 Pa dans le cas normal et La distance de tension est :
1 080 Pa dans les zones à vent fort. t3 = 0,0075 U
Les valeurs de pression du vent sont différentes pour les zones — pour les traversées de lignes BT–HTA–PTT ou de câbles de garde,
urbanisées et les zones non urbanisées, car la vitesse du vent, au on prend pour U la plus haute tension des deux lignes qui se croisent ;
niveau du sol, est notablement diminuée par la densité des — pour les traversées de conducteurs de lignes HTB, on prend :
constructions. • si les signes sont de tensions différentes (U1 > U2) :
Les distances minimales à respecter sont indiquées dans le U = U1 + 0,4 U2
tableau 8.
• si les lignes sont de même tension :
Nota :
Les distances du tableau 8 peuvent être réduites pour les constructions ou parties de U = 1,25 U1
constructions non susceptibles d’être escaladées (paratonnerres, mâts, antennes, ensei-
gnes, etc.), lorsque ces constructions atteignent un niveau de plus de 3 mètres.
La distance minimale D ne peut en aucun cas être inférieure à 2 m.
Les distances à respecter sont égales :
— pour les surplombs à b + t3 avec un minimum de 2 mètres ;
— pour le voisinage latéral à b + t1.
On prend b = 1 mètre. Pour les lignes à 225 kV et à 400 kV, il est prudent d’augmenter
notablement cette distance. 1.4 Distances aux obstacles dans le cas
de givre ou de neige
1.3.7 Hauteurs au-dessus des traversées
de lignes aériennes Des vérifications doivent être faites dans les zones de givre
moyen ou lourd (§ 1.2.3), les câbles pouvant se trouver au-dessous
Les lignes aériennes comprennent les lignes d’énergie électrique, de la position correspondant à la température de répartition. Les
les lignes de télécommunication et les caténaires. Les distances vérifications conventionnelles se réfèrent aux distances de base et
minimales doivent être respectées en l’absence de givre : de tension de l’Arrêté technique.
— pour toutes les températures que peuvent prendre simultané- ■ On envisage trois possibilités de surcharge.
ment les deux lignes, températures comprises entre les températu- ● Surcharge uniforme : le manchon de givre ou de neige recou-
res de répartition et la température la plus basse de la région ; vre l’ensemble des portées du canton de réglage.
— en tenant compte, si nécessaire, du balancement des câbles ● Surcharge dissymétrique : on se place dans l’hypothèse d’une
sous le vent réduit (§ 1.2.2). surcharge affectant la portée considérée et toutes celles situées du
Les distances minimales D des conducteurs, par rapport aux même côté que la précédente, les portées situées de l’autre côté
éléments des lignes aériennes de toute nature établies sur supports étant supposées totalement déchargées, dans le cas de givre
indépendants, sont égales à : moyen, ou partiellement déchargées, dans le cas de givre lourd ou
de surcharge plus importante (par exemple, manchon de N cm d’un
D = b + t3 côté et (N – 4) cm de l’autre côté).

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Lignes aériennes : matériels.


Conducteurs et câbles de garde
par André CHANAL
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur en chef honoraire d’EDF, direction de la production et du transport
et Jean-Pierre LÉVÊQUE
Ingénieur de l’École spéciale des travaux publics
Chef de la division retour d’expérience et animation technique liaisons au Centre national
d’expertise réseau, réseau de transport d’électricité, EDF

1. Conducteurs .............................................................................................. D 4 422 – 2


1.1 Métaux utilisés et constitution des conducteurs ...................................... — 2
1.1.1 Aluminium : câbles aluminium-acier (ACSR)................................... — 2
1.1.2 Alliage d’aluminium : conducteurs homogènes en almélec (AAAC) — 2
1.1.3 Alliage d’aluminium : câbles almélec-acier (AACSR) ...................... — 2
1.2 Conducteurs usuels ..................................................................................... — 3
1.3 Conducteurs compacts................................................................................ — 4
1.4 Conducteurs à haute température ............................................................. — 5
1.4.1 Conducteur aluminium-acier ACSS .................................................. — 5
1.4.2 Conducteur type TACSR..................................................................... — 6
1.5 Caractéristiques mécaniques...................................................................... — 6
1.5.1 Module d’élasticité ............................................................................. — 6
1.5.2 Charge de rupture assignée............................................................... — 7
1.5.3 Charge maximale admissible ............................................................ — 7
1.6 Utilisation de l’almélec................................................................................ — 7
1.6.1 Avantages............................................................................................ — 7
1.6.2 Inconvénients...................................................................................... — 7
1.7 Choix des conducteurs................................................................................ — 7
2. Câbles de garde ........................................................................................ — 8
2.1 Différents câbles de garde. Conditions à respecter .................................. — 8
2.2 Câbles de garde almélec-acier.................................................................... — 8
2.3 Câbles de garde à circuits de télécommunication incorporés................. — 8
2.4 Choix des câbles de garde .......................................................................... — 8
3. Association préconisée entre câble de garde et conducteur...... — 10
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 422

et article indique les caractéristiques des câbles nus pour la construction des
C lignes aériennes : conducteurs et câbles de garde.
Au cours des dernières décennies, aucune évolution importante n’est apparue
dans le choix des métaux conducteurs. Sont utilisés presque exclusivement :
— l’aluminium écroui, de grande pureté, dans des câbles bimétalliques alumi-
nium-acier ;
— un alliage d’aluminium, l’almélec, qui possède une résistance mécanique à la
traction notablement plus importante que celle de l’aluminium et permet, de ce
fait, de réaliser des câbles homogènes constitués uniquement de fils d’almélec.
Cependant, dans le but d’accroître la capacité de transport de certaines lignes
existantes sans modifier notablement l’environnement, des métaux conducteurs
pouvant supporter des températures de fonctionnement plus élevées que
celles de l’aluminium ou de l’almélec ont été étudiés. Les conducteurs installés
dans différents pays paraissent avoir un comportement acceptable et permet-
Parution : février 2003

tent ainsi le renforcement des ouvrages.

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Une autre voie de recherche fait actuellement l’objet d’expérimentations : elle


consiste à réaliser des conducteurs composés d’assemblages de matériaux
conducteurs et composites (fibres de carbone) de façon à obtenir des câbles per-
formants peu sensibles aux variations de température. Les recherches n’ont pas
conduit, à ce jour, à des expérimentations satisfaisantes.
Par contre, en ce qui concerne les câbles de garde des lignes HTB, l’évolution
est plus importante : on a utilisé, au cours des dernières années, de plus en plus
fréquemment des câbles comportant des circuits de communication incorporés.
Dès le début des années 2000, la pose de câbles renfermant des fibres optiques
s’est généralisée sur l’ensemble du réseau de transport afin de permettre, si néces-
saire, l’installation de transmissions à haut débit d’informations numériques. Cette
orientation fait suite aux décisions du comité interministériel pour l’Aménagement
du territoire du 9 juillet 2001 visant à desservir la totalité du territoire avec des
performances équivalentes et satisfaisantes.
Dans les réseaux de distribution, la part des canalisations souterraines s’est
accrue dans les travaux d’extension ou de renouvellement et celle des câbles
nus a notablement diminué.
Pour les lignes basse tension, des conducteurs préassemblés sont systémati-
quement utilisés : ceux-ci ne sont pas traités dans le présent article.

1. Conducteurs 1.1.2 Alliage d’aluminium : conducteurs


homogènes en almélec (AAAC)

1.1 Métaux utilisés et constitution Les alliages d’aluminium utilisés pour les conducteurs AAAC (all-
des conducteurs aluminium alloy conductor) de lignes aériennes contiennent de
faibles additions de magnésium et de silicium et sont appelés
Les conducteurs nus, utilisés pour la construction des lignes « almélec ».
aériennes, sont des câbles constitués de fils ronds ou exceptionnel- La métallurgie de ces alliages permet, dans certaines limites, une
lement de fils trapézoïdaux ou profilés en forme de Z. adaptation des caractéristiques électriques et mécaniques aux utili-
Pour réaliser ces câbles, les métaux conducteurs de faible résisti- sations envisagées. Les deux caractéristiques précédentes varient
vité sont peu nombreux. Seuls sont utilisés actuellement l’alumi- dans le même sens : si on diminue la résistivité, on diminue égale-
nium dans sa forme écroui dur, de grande pureté d’une part, et un ment la résistance mécanique et inversement.
alliage d’aluminium, l’almélec, d’autre part. Les caractéristiques de Les lignes sont construites, en France, avec un alliage type 6101
ces métaux ont peu évolué au cours des dernières décennies et leur ou 6201 (norme NF EN 50183) qui a une contrainte à la rupture en
température maximale de fonctionnement ne peut dépasser 100 °C. traction de 320 MPa environ et une résistivité encore acceptable de
Cependant, certains métaux conducteurs, par exemple l’aluminium 3,26.10–8 Ω.m, bien que notablement supérieure à celle de l’alumi-
recuit, ou certains alliages devraient permettre des températures de nium. La contrainte à la rupture permet de réaliser des câbles homo-
fonctionnement plus élevées, de l’ordre de 200 °C, et sont actuelle- gènes constitués uniquement de fils en almélec, pouvant supporter,
ment testés (§ 1.4). en plaine, des surcharges légères de givre (voir article sur le dimen-
Depuis plusieurs années, le cuivre n’est plus utilisé en raison de sionnement des lignes aériennes [D 4 421], § 3.3.3).
sa masse et de son coût. Cependant, des conducteurs en cuivre
équipent encore des lignes anciennes. Exemple : le câble homogène en almélec de 570 mm2 peut sup-
porter un paramètre de réglage de 2 200 m, à 45 °C sans vent, et une
portée équivalente du canton de réglage de 1 500 m avec une sur-
1.1.1 Aluminium : câbles aluminium-acier (ACSR) charge légère de givre.

L’aluminium utilisé, écroui et de grande pureté (norme NF EN


60889) a une contrainte à la rupture en traction de 160 MPa très
insuffisante pour réaliser les lignes à haute tension.
1.1.3 Alliage d’aluminium :
câbles almélec-acier (AACSR)
Pour pallier cet inconvénient, les câbles ACSR (steel-reinforced
aluminium conductor) comportent au centre une âme en fil d’acier
galvanisé qui supporte la plus grande partie de la tension mécani- Dans le but d’obtenir des câbles très résistants mécaniquement pour
que et autour de cette âme, plusieurs couches de fils d’aluminium les zones fortement givrées ou les lignes de montagne, des câbles
conduisant le courant électrique. Les fils d’acier sont zingués, soit almélec-acier (AACSR : steel-reinforced aluminium alloy conductor)
après tréfilage, soit avant le dernier passage dans la filière, cette sont réalisés avec des sections voisines de celles des câbles alu-
deuxième façon d’opérer donnant une meilleure adhérence à la cou- minium-acier (ACSR), les fils d’aluminium étant remplacés par des fils
che de zinc. d’almélec. On utilise toujours de l’acier à très haute résistance mé-
Deux types d’acier sont utilisés, caractérisés par leur contrainte canique.
minimale à 1 % d’allongement (norme NF EN 50189) : Le tableau 1 indique les caractéristiques électriques et mécani-
— acier à très haute résistance mécanique toujours retenu pour ques des métaux utilisés en France. En Grande-Bretagne, on utilise
les lignes HTB : 1 410 à 1 450 MPa ; un câble en alliage d’aluminium ayant une contrainte à la rupture de
— acier normal : 1 140 à1 170 MPa. 280 MPa et une résistivité moyenne de 2,92.10–8 Ω.m.

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(0)

Tableau 1 – Caractéristiques comparées des matériaux utilisés


Caractéristique Cuivre (1) Almélec Aluminium Acier
Résistivité à 20 °C ......................................(10–8 Ω.m) 1,72 3,26 2,82 ~ 15
Coefficient de température ........................(10–3 K–1) 4,1 3,6 4
Masse volumique ......................................... (kg.m–3) 8 890 2 700 2 700 7 800
Contrainte à la rupture en traction (2) ............ (MPa) 380 à 450 320 à 380 150 à 190 1 410 à 1 450 (2)

Module d’élasticité ........................................... (MPa) câble : 105 000 câble : 60 000 câble : 60 000 câble : 185 000
fil : 120 000 fil : 65 000 fil : 200 000
Coefficient de dilatation linéique .............. (10–6 K–1) 17 23 23 11,5
(1) pour mémoire.
(2) acier à très haute résistance mécanique ; contrainte minimale à 1 % d’allongement.

(0)

Tableau 2 – Caractéristiques des câbles homogènes en alliage d’aluminium les plus utilisés
Section Composition Diamètre Charge Résistance Masse Module Coefficient
extérieur de rupture linéique linéique d’élasticité de dilatation
Diamètre assignée électrique sans graisse linéaire
Désignation
Nombre nominal à 20 °C
de fils des fils
(mm2) (mm) (mm) (daN) (Ω/km) (kg/km) (MPa) (10–6 K–1)
Aster 34,4 34,36 7 2,5 7,5 1 175 0,958 94 62 000 23
Aster 54,6 54,55 7 3,15 9,45 1 775 0,603 149 62 000 23
Aster 75,5 75,54 19 2,25 11,25 2 455 0,438 208 60 000 23
Aster 148 148,01 19 3,15 15,75 4 810 0,224 407 60 000 23
Aster 228 227,83 37 2,8 19,6 7 405 0,146 627 57 000 23
Aster 288 288,34 37 3,15 22,05 9 370 0,115 794 57 000 23
Aster 366 366,22 37 3,55 24,85 11 535 0,0905 1 009 57 000 23
Aster 570 570,22 61 3,45 31,05 18 530 0,0583 1 574 54 000 23
Aster 1 144 1 143,51 91 4,0 44 36 020 0,0292 3 164 52 500 23
Aster 1 600 1 595,93 127 4,0 52 50 270 0,0206 4 425 50 500 23

(0)

Tableau 3 – Caractéristiques des câbles équibrins en alliage d’aluminium-acier les plus utilisés
Section nominale Composition Diamètre Charge Résistance Masse Module Coefficient
extérieur de rupture linéique linéique d’élasticité de
des fils des fils Nombre de fils Diamètre assignée électrique sans dilatation
Désignation en alliage d’acier nominal à 20 °C graisse linéaire
d’aluminium des fils
alliage acier
(mm2) (mm2) d’aluminium (mm) (mm) (daN) (Ω/km) (kg/km) (MPa) (10–6 K–1)

Phlox 37,7 28,27 9,42 9 3 2 8,3 2 285 1,176 152 93 000 17,0
Phlox 59,7 37,70 21,99 12 7 2 10,0 4 415 0,882 276 108 000 15,3
Pastel 147,1 119,28 27,83 30 7 2,25 15,75 7 910 0,279 547 84 000 18,1
Pastel 288 233,80 54,55 30 7 3,15 22,05 15 130 0,142 1 070 84 000 18,0
Pastel 299 206,17 93,27 42 19 2,5 25,2 19 850 0,162 1 320 96 500 16,3

1.2 Conducteurs usuels Lorsque tous les brins ont le même diamètre, le câble est dit
« équibrin » (figures 1a et 1c, tableau 3), les couches successives
Les conducteurs usuels sont des câbles normalement formés de comportant respectivement un brin (central), six brins, douze brins,
couches successives de brins ronds à sens d’enroulement alternés, dix-huit brins, etc., le nombre de brins de la couche i étant égal au
de façon à limiter le plus possible les réactions de torsion (tableau 2). nombre de brins de la couche (i–1)+6. (0)

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Lignes aériennes : matériels


Isolateurs
par Xavier DUCOURET
Ingénieur de l’École Nationale supérieure d’Arts et Métiers
Ingénieur Responsable qualifications des conducteurs et des matériels de lignes aériennes
RTE (gestionnaire du Réseau de Transport d’Électricité)

1. Matériaux utilisés .................................................................................... D 4 423 - 2


1.1 Isolants ......................................................................................................... — 2
1.2 Pièces métalliques de liaison...................................................................... — 2
2. Principaux types....................................................................................... — 3
2.1 Isolateur de type rigide ............................................................................... — 3
2.2 Élément de chaîne ....................................................................................... — 3
2.2.1 Isolateurs à capot et tige .................................................................... — 3
2.2.2 Isolateurs à long fût............................................................................ — 4
3. Classification............................................................................................. — 5
4. Caractéristiques d’un élément de chaîne ou d’un isolateur
rigide............................................................................................................ — 5
5. Chaînes d’isolateurs................................................................................ — 6
6. Choix............................................................................................................ — 7
6.1 Généralités ................................................................................................... — 7
6.2 Dimensionnement des chaînes d’isolateurs vis-à-vis de la pollution ..... — 8
7. Remèdes à apporter contre la pollution............................................ — 9
8. Essais........................................................................................................... — 10
8.1 Isolateurs pris comme éléments de chaîne............................................... — 10
8.2 Chaînes d’isolateurs .................................................................................... — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 423

es isolateurs entrent pour un faible pourcentage dans le prix d’une ligne


L aérienne, mais ils en sont un élément essentiel. Leur rôle est de relier les
conducteurs sous tension aux supports et d’assurer l’isolement électrique entre
ces deux parties constitutives de la ligne.
Aussi, le choix du type d’isolateur, les contrôles de réception, la surveillance en
exploitation doivent-ils être faits avec le maximum de soin. Dans l’état des
connaissances actuelles, on ne peut affirmer qu’un nouvel isolateur ayant
répondu aux différents contrôles de réception ait une durée de vie équivalente à
celle de la ligne. La difficulté réside principalement dans le fait qu’aucun essai de
réception ne peut jusqu’à ce jour mettre en évidence un vieillissement certain de
l’isolateur. Toutefois, des tentatives dans ce sens sont faites dans le cadre de la
Commission Électrotechnique Internationale.
Cet article fait partie d’une série sur le matériel des lignes aériennes :
— [D 4 425] « Lignes aériennes : matériels. Fondations des supports » ;
— [D 4 428] « Lignes aériennes : matériels. Accessoires ».
Parution : février 2004

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LIGNES AÉRIENNES : MATÉRIELS __________________________________________________________________________________________________________

1. Matériaux utilisés Le tableau 1 donne les valeurs des caractéristiques diélectriques et


mécaniques des isolants verre et céramique.

● Matériaux synthétiques. – Il faut signaler les déve-


loppements faits dans le monde en vue de réaliser des isolateurs fia-
bles avec ces matériaux.
Un isolateur est constitué en général de deux parties : une partie
isolante et des pièces métalliques de liaison, scellées sur cette partie Ces isolateurs, dits composites, sont constitués d’une âme réa-
isolante. lisée en fibre de verre imprégnée de résine, donnant à l’isolateur sa
tenue mécanique, et d’une enveloppe en matériaux synthétiques
isolants. Les revêtements ayant un comportement satisfaisant sous
contraintes électriques sont certaines résines cycloaliphatiques
(chargées au trihydrate d’alumine), des caoutchoucs synthétiques
1.1 Isolants (silicones ou EPDM : éthylpropyldimonomère) ou des polyté-
trafluoroéthylènes (Téflon). Ces revêtements évitent tout chemine-
ment carboné en surface sous l’effet de contraintes électriques mais
Jusqu’aux années quatre-vingt, seuls le verre et la céramique ont sont soumis à une érosion superficielle plus ou moins rapide selon
justifié d’un bon comportement en exploitation, bien que ces deux leur constitution.
matériaux soient, par essence, des matériaux fragiles.
● Céramiques. – Elles sont actuellement utilisées pour les isola-
teurs à haute tension et correspondent à des formules voisines, soit
de Al2O3, SiO2 (porcelaine traditionnelle), soit de Al2O3, 5 SiO2 (stéa- 1.2 Pièces métalliques de liaison
tite).
L’isolateur, après usinage de son ébauche cylindrique humide
(type à capot et tige) ou sèche (type à long fût), est cuit dans un four Les parties isolantes constitutives de l’isolateur sont reliées entre
à une température et pendant une durée convenables. elles ou au support par des pièces métalliques (figures 2 a et b), réa-
Certaines céramiques à grains très fins sont recommandées pour lisées dans différents métaux qui doivent répondre aux contraintes
des isolateurs devant supporter des efforts mécaniques élevés. mécaniques et thermiques appliquées à l’isolateur au cours de son
exploitation.
● Verres. – Deux types sont utilisés : le verre recuit et le verre
trempé. Les principaux métaux ou alliages utilisés sont :
Le verre recuit a surtout été utilisé pour faire des isolateurs rigi- — les fontes malléables, permettant de réaliser des pièces min-
des, mais on s’est aperçu que les isolateurs un peu épais ne ces et de forme compliquée, par exemple les capots d’isolateurs ;
résistaient pas aux variations brusques de température. De plus, le — les aciers au carbone, de caractéristiques précises (XC des nor-
verre recuit ne supporte que des tensions mécaniques relative- mes NF EN 10084 et NF EN 10083), employés pour la réalisation des
ment faibles, ce qui interdit son emploi pour les isolateurs de sus- pièces forgées, en particulier les tiges d’isolateurs ;
pension. — les alliages d’aluminium et les alliages de cuivre et de bronze
d’aluminium, permettant de fabriquer certains capots ;
Le verre trempé est obtenu par réchauffage de l’isolant retiré du — les alliages de zinc du type Z-A4G, qui, compte tenu de leur
moule à une température d’environ 700 ˚C, puis refroidi par des jets température de fusion, permettent de couler directement les capots
d’air sous pression : les couches extérieures de la pièce isolante sur les diélectriques des isolateurs de faible résistance mécanique.
acquièrent rapidement une rigidité qui ne leur permet plus aucune
déformation. L’intérieur restant à une température supérieure à celle La liaison entre pièces métalliques et partie isolante est réalisée à
des couches extérieures, il ne peut se contracter librement, lors de l’aide d’un scellement qui peut être fait au mortier de ciment Port-
son refroidissement ; il reste donc en extension et crée des contrain- land ou alumineux. Des alliages de plomb-antimoine, des mélanges
tes de compression sur les couches superficielles. Le verre trempé de soufre et de poudre céramique sont également utilisés.
présente une contrainte mécanique en traction environ 5 à 6 fois De la qualité du scellement et des différents assemblages
plus grande que celle du verre recuit et peut supporter des varia- dépendent, en grande partie, la sécurité d’exploitation et la durée de
tions brusques de température pouvant atteindre 100 ˚C. vie de l’isolateur.
(0)

Tableau 1 – Valeurs des caractéristiques diélectriques et mécaniques de différents isolants


Céramiques Verres

Caractéristique Porcelaine Porcelaine


Sodocalcique Sodocalcique
électrotechnique électrotechnique Stéatite Borosilicaté
recuit trempé
traditionnelle alumineuse

Permittivité relative (20 ˚C et 50 Hz)...................... 6 7,5 6,1 7,5 7,5 5,3


Rigidité diélectrique (20 ˚C et 50 Hz) .... (kV · m−1) 170 160 180 230 230 290
Masse volumique ...................................(kg · m−3) 2,4 2,8 2,5 2,5 2,5 2,2
Contrainte à la rupture en traction..............(MPa) 30 60 45 20 150 100
Module d’élasticité ...................................... (MPa) 77 000 107 000 100 000 74 000 72 000 67 000
Coefficient de dilatation linéique .... (en 10−6 K−1) 5,5 6,5 7,5 9 9,1 3,2

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_________________________________________________________________________________________________________ LIGNES AÉRIENNES : MATÉRIELS

Rappelons quelques définitions


Décharge disruptive : phénomène associé à une défaillance
de l’isolation sous l’effet de la contrainte électrique, avec chute
de la tension et passage d’un courant (une décharge disruptive
dans un diélectrique solide entraîne une perte permanente de la Cloche Logement de tige
rigidité diélectrique).
Perforation : décharge disruptive à travers un solide.
Contournement : décharge disruptive le long d’une surface
solide.
Ligne de fuite : plus courte distance ou somme des plus cour-
tes distances suivant les contours des surfaces extérieures des
parties isolantes entre les parties qui sont normalement soumi-
ses à la tension de service (une distance mesurée à la surface de
la matière de scellement conductrice ne doit pas être considérée
comme faisant partie de la ligne de fuite). a en trois pièce avec fixation sur tige
(séries HT 30 et HT 32 en verre recuit)

2. Principaux types
On peut distinguer deux types principaux d’isolateurs : les isola-
teurs de type rigide et les éléments de chaîne.

2.1 Isolateur de type rigide b en deux pièce avec fixation sur tige
(séries HT 20 et HT 22 en verre trempé)

Un isolateur rigide (figure 1) est relié au support par une ferrure


fixe. Cet isolateur est principalement soumis à des efforts de flexion
et de compression, lorsqu’il est placé en position verticale. Il peut,
dans certains cas, être placé horizontalement, voire à l’oblique.
Les isolateurs rigides normalisés en céramique (normes NF C 66-
133 et NF C 66-134) sont constitués d’un fût massif, ils ont remplacé
les anciens isolateurs rigides en céramique formés de plusieurs
cloches.
Les isolateurs rigides normalisés en verre (normes NF C 66-233 et
NF C 66-234) sont constitués de plusieurs cloches en verre recuit
(figure 1 a) ; un isolateur en verre trempé (figure 1 b) (NF C 66-235)
destiné à remplacer ces isolateurs est également normalisé c de dérivation à deux gorges (existe encore en réseau)
(tableau 4).
Tous les isolateurs rigides normalisés sont livrés avec une douille
scellée de telle façon qu’ils puissent être vissés directement sur les
Figure 1 – Isolateurs rigides en verre
ferrures correspondantes. Le scellement au plâtre, lors du montage
de la ligne, opération délicate, est ainsi évité.

2.2 Élément de chaîne 2.2.1 Isolateurs à capot et tige

La coupe d’un tel isolateur est schématisée sur la figure 3. La


C’est un isolateur constitué par un matériau isolant équipé de piè- forme de la tête est dessinée de sorte que les efforts de traction
ces métalliques de liaison (§ 1.2), nécessaires pour le relier de façon appliqués à l’isolateur se transforment, autant que possible, en
flexible à d’autres éléments de chaîne, à la pince de suspension du compression des diélectriques sur lesquels apparaissent, toutefois,
conducteur ou au support. inévitablement certaines contraintes de cisaillement. La forme en
Ces éléments sont généralement utilisés en suspension et for- contre-dépouille de l’intérieur de la tête, nécessaire à l’accrochage
ment des chaînes d’isolateurs soit verticales (chaînes d’alignement), du scellement de la tige, est obtenue soit par le pas d’une vis qui se
soit horizontales (chaînes d’ancrage). dégage après le pressage du diélectrique, soit par une déformation
ou un usinage postérieur à la formation de la tête, dans le cas d’iso-
La liaison entre deux éléments successifs est réalisée par des sys- lateurs en céramique. Cette contre-dépouille peut être évitée pour
tèmes métalliques soit à rotule et logement de rotule (figure 2 a) ces isolateurs par l’application, avant cuisson, de petits morceaux
(ball and socket), soit à chape et tenon (figure 2 b). de pâtes précuites qui, après cuisson, feront corps avec la pièce et
Il existe deux types principaux d’éléments de chaîne : les isola- permettront l’accrochage du mortier ; ce procédé connu sous le nom
teurs à capot et tige et les isolateurs à long fût. de sandage est couramment utilisé.

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D4424

Lignes aériennes : matériels


Supports
par Jean-François DIDIERLAURENT
Ingénieur de l’École Nationale d’Ingénieurs de Metz
Division Pylônes de RTE

1. Matériaux utilisés .................................................................................... D 4 424 — 2


1.1 Bois ............................................................................................................... — 2
1.2 Bétons armé et précontraint ....................................................................... — 3
1.3 Acier.............................................................................................................. — 5
1.4 Alliage d’aluminium .................................................................................... — 6
1.5 Comparaison de l’acier et de l’alliage d’aluminium ................................. — 6
2. Différentes dispositions des conducteurs ........................................ — 6
2.1 Armement en triangle ................................................................................. — 6
2.2 Armement en drapeau ................................................................................ — 7
2.3 Armement en nappe.................................................................................... — 7
2.4 Largeur d’encombrement des supports .................................................... — 8
3. Détermination d’une silhouette de support ..................................... — 8
3.1 Généralités ................................................................................................... — 8
3.2 Fixation des conducteurs au droit des supports....................................... — 8
3.3 Utilisation de consoles isolantes................................................................ — 8
4. Calcul mécanique des supports........................................................... — 9
4.1 Efforts exercés sur le support ..................................................................... — 9
4.2 Hypothèses de charge ................................................................................. — 10
4.3 Méthodes de calcul...................................................................................... — 11
5. Conditions et diagrammes d’utilisation des supports .................. — 11
6. Supports composés................................................................................. — 12
7. Supports à vocation esthétique........................................................... — 12
8. Kits de renforcement .............................................................................. — 14

es supports en général, les pylônes et les poteaux en particulier sont des


L maillons nécessaires à la constitution des lignes aériennes de transport et de
distribution de l’électricité.
De forme et d’importance très variées, les supports peuvent aller des simples
poteaux en bois ou en béton, d’une douzaine de mètres en hauteur, aux pylônes
treillis d’acier, de plus de 50 m de hauteur et ayant une masse pouvant atteindre,
voire dépasser 100 t.
Les supports sont définis en fonction des contraintes mécaniques principale-
ment créées par les conducteurs qu’ils supportent et en fonction des contraintes
d’isolement électrique.
Cet article présente les règles de conception des supports de lignes aériennes.
Il fait également un inventaire de solutions techniques largement éprouvées
mais également de solutions nouvelles, innovantes et prenant en compte les
évolutions réglementaires ou environnementales.
Parution : mai 2005

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D4424

LIGNES AÉRIENNES : MATÉRIELS __________________________________________________________________________________________________________

Cet article est une réactualisation avec ajouts de nouveaux compléments de


l’article présenté par Yves PORCHERON paru en 1992 dans ce traité. Une partie
du texte a été conservée.
Les lignes aériennes font l’objet de toute une série d’articles auxquels le
lecteur pourra se reporter :
— [D 4 420] « Présentation et calcul des lignes » ;
— [D 4 421] « Dimensionnement » ;
— [D 4 422] « Conducteurs et câbles de garde » ;
— [D 4 423] « Isolateurs » ;
— [D 4 424] « Supports » ;
— [D 4 425] « Fondations des supports » ;
— [D 4 428] « Accessoires » ;
— [D 4 429] « Construction » ;
— [D 4 430] « Entretien » ;
— [D 4 431] « Pour en savoir plus ».

1. Matériaux utilisés 1.1.2 Propriétés des poteaux en bois

Les supports en bois présentent certains avantages :


Les supports de lignes aériennes sont, couramment, des poteaux — leur légèreté, qui rend plus faciles leur transport et leur mise
de bois ou de béton armé, des assemblages (portiques) de pièces de en place ;
bois ou de béton armé ou des constructions métalliques de formes — leur prix peu élevé, compensé d’ailleurs en partie par l’impos-
et d’importances très variées, allant de la simple poutrelle aux pylô- sibilité de réaliser de longues portées ;
nes métalliques en treillis. — leur grande flexibilité : un poteau en bois est capable de pren-
dre de très grandes flèches sans se rompre, et se déforme de façon
appréciable pour des efforts faibles ; il permet ainsi de réduire beau-
coup les inégalités de tensions entre portées et d’assurer une bonne
1.1 Bois tenue de la ligne en cas de givrage dissymétrique.

Les essences de bois utilisées sont presque toujours des résineux 1.1.3 Caractéristiques mécaniques
que l’on imprègne de produits antiseptiques pour les protéger con-
tre les attaques biologiques par insectes et champignons. Le poteau en bois est, en France, utilisé surtout pour les lignes BT
Pour plus de précision, on peut se reporter à la norme NF C 67-100. et HTA. Pour les tensions électriques plus élevées, le poteau en bois
Cette norme fixe les conditions relatives au bois (pin, sapin, épicéa, est utilisé en portique, notamment en secteur givrable.
douglas ou mélèze), les modes de traitement des poteaux et leurs Les poteaux simple (S), désignés par leur effort nominal en tête
conditions de réception. (exprimé en daN),
S 100 ; S 140 ; S 190 ; S 225
1.1.1 Procédés de traitement sont employés couramment ; exceptionnellement, on utilise les
poteaux
Les procédés d’injection, sélectionnés dans une longue liste, ont
S 325 ; S 430 ; S 550
donné dans le passé des résultats plus ou moins valables. Les trai-
tements à la créosote assurent une durée de vie moyenne de 35 à L’effort de déformation permanente ne dépasse pas 110 daN pour
40 ans et ceux aux sels complexes sont actuellement utilisés de un poteau S 325. Au-delà, on a recours aux assemblages de poteaux
façon générale. (jumelés, contrefichés, haubanés), si les sujétions d’encombrement
Les prescriptions de sécurité (UTE C 18-510) interdisent de mon- le permettent (§ 6).
ter sur tout support sans s’être assuré au préalable de son bon état.
En ce qui concerne les supports en bois, l’examen de l’aspect exté-
On rappelle que l’effort nominal en tête est l’effort appliqué à
rieur ne suffit pas, car ils peuvent se détériorer de l’intérieur. Deux
0,25 m du sommet du support, dans la direction soumise à
techniques sont employées pour évaluer l’état du poteau :
l’effort le plus élevé.
— l’une, traditionnelle, consiste à sonder la surface du poteau au
marteau pour s’assurer qu’il ne sonne pas creux ;
— l’autre, plus récente mais aussi plus objective, mesure l’effort La norme NF C 67-100 donne, également, des précisions sur le
de pénétration dans le bois de 2 aiguilles de faible diamètre ainsi calcul de l’effort nominal. On admet comme contrainte de rupture à
que la résistivité du bois à l’extrémité de ces aiguilles qui jouent un la flexion 55 MPa.
rôle d’électrodes. Plus la résistivité est faible plus le taux d’humidité De plus, à chaque type de poteau correspond un effort de défor-
est fort : ce qui illustre la présence de pourriture. mation permanente, qui est l’effort à ne pas dépasser sans risque de

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_________________________________________________________________________________________________________ LIGNES AÉRIENNES : MATÉRIELS

flèche permanente du support, indépendamment de toute notion de ● Propriétés des poteaux


sécurité. Cet effort est, bien entendu, à considérer dans le cas des Bien que plus lourds et plus chers que les poteaux en bois, les
supports d’angle et d’arrêt (NF C 11-201). poteaux en béton armé ont l’avantage d’être fabriqués dans une
Les longueurs normalisées des poteaux vont de 8 à 15 m. Il existe gamme très étendue de résistances et de hauteurs, en particulier
cependant des longueurs plus petites ou plus grandes, ces derniè- pour les fortes valeurs d’effort nominal. Ils peuvent être utilisés pour
res pouvant être utilisées pour la réalisation de portiques pour des conducteurs d’assez forte section et pour des portées d’assez
lignes HTB. grande longueur.
Exemple : des lignes sur poteaux en béton armé peuvent être
facilement réalisées avec des conducteurs en almélec de 228 mm2
1.1.4 Bois lamellé-collé de section avec des portées de 300 m.
Cela permet donc de diminuer le nombre de poteaux par kilomè-
On appelle bois lamellé-collé des pièces massives reconstituées à tre, paramètre dont il faut tenir compte pour une comparaison cor-
partir de lamelles de bois, de dimensions relativement réduites par recte entre les prix de revient d’une ligne sur poteaux en bois et
rapport à celles de la pièce, assemblées par collage. Ces lamelles d’une ligne sur poteaux en béton.
sont disposées de telle sorte que leurs fils soient parallèles. On
● Caractéristiques. Dimensions
emploie, habituellement, les deux essences suivantes : épicéa com-
mun et pin sylvestre. La norme sur les poteaux en béton armé (NF C 67-200) fixe les
conditions relatives aux matériaux utilisés, les efforts convention-
La technique du bois lamellé-collé s’adapte parfaitement à la nels pour lesquels les poteaux sont conçus, les dispositions cons-
réalisation de poteaux. Leur légèreté et la résistance du bois tructives des poteaux et les conditions de réception.
lamellé-collé (contrainte de rupture axiale voisine de 50 MPa) leur
permettent de remplacer les poteaux en béton, même d’effort nomi- L’effort nominal F disponible en tête des poteaux normalisés va
nal important (> 1 000 daN). de 150 à 3 200 daN, leur hauteur de 9 à 28 m. La série la plus cou-
ramment utilisée pour les lignes HTA comporte les supports de 200
Leur prix reste encore élevé par rapport aux poteaux en béton et à 1 000 daN et de 10 à 14 m de hauteur.
leur utilisation ne peut se concevoir que lorsque les contraintes Dans le cas de l’utilisation avec un armement reportant l’effort au-
d’accessibilité au lieu d’implantation interdisent la manutention de dessus du sommet, l’effort disponible devient kF, k dépendant de la
supports monolithiques trop lourds ; ils permettent de réaliser des hauteur d’application de cet effort au-dessus du sommet et donné
lignes sur supports homogènes s’intégrant bien dans l’environne- par la norme.
ment et donc de pallier les insuffisances mécaniques présentées par
les poteaux en bois normalisés (utilisation en angle ou en arrêt). Par exemple, pour un armement nappe-voûte (§ 2.3) reportant
l’effort à 0,75 m au-dessus du sommet,
Différentes réalisations expérimentales ont démontré la faisabilité
de supports en lamellé-collé ayant plus de 20 m de hauteur et adap- k = 0,9
tés à des lignes à 63 ou 90 kV à deux circuits. ce qui veut dire qu’un poteau d’effort nominal F aura alors un effort dis-
ponible de 0,9 F.
Le poteau doit également supporter les effets du vent sur sa pro-
1.2 Bétons armé et précontraint pre structure (vent propre sur les surfaces planes et sur les surfaces
diamétrales des poteaux à section circulaire). Pour cela, il est calculé
pour tenir le vent de l’hypothèse A (cf. [D 4 421 § 3.2.2]) de l’Arrêté
La mise en œuvre est identique pour les deux types de béton. Il interministériel en vigueur lors de sa construction.
est fabriqué à partir de constituants normalisés et agréés (ciments, L’effort disponible est donc essentiellement utilisé pour supporter
granulats, eau). Il est coulé dans le moule après malaxage et tassé les efforts appliqués au poteau par l’intermédiaire des conducteurs,
mécaniquement par vibration, soit interne (pervibration), soit du indépendamment de l’effet du vent sur le poteau lui-même.
moule. Le béton des poteaux à section circulaire (ou elliptique) est
Les poteaux en béton armé sont également caractérisés par leur
tassé par centrifugation. Des précautions doivent être prises en cas
classe, définie par le facteur de résistance transversale χ ; ce facteur,
de gel pour les poteaux venant d’être coulés dans les 24 heures pré-
valable pour toutes les sections du poteau, est le rapport des
cédant le gel (protection au moyen de toiles-paillassons, etc.).
moments résistants respectivement dans le plan perpendiculaire à
La cure, qui a pour but de maintenir le béton dans l’état d’humi- l’effort nominal et dans celui de l’effort nominal. Trois classes
dité favorable à son durcissement, permet d’atténuer les inconvé- existent :
nients du retrait du béton. Elle est indispensable et est réalisée soit — A correspond à un facteur χ variable de 0,30 à 0,40 en fonction
par application sur la surface des poteaux d’un produit retardant de F ;
l’évaporation, soit en maintenant les poteaux, pendant les quelques — B correspond à χ = 0,60 ;
premiers jours faisant suite à la coulée, dans un milieu dont l’humi- — C correspond à χ = 1,00.
dité est voisine de la saturation.
● Justification de résistance à la rupture des poteaux

La norme NF C 67-200 spécifie que la justification de résistance


est en général apportée par des essais à la rupture (essais de désa-
1.2.1 Béton armé
grégation) ou, dans le cas de poteaux exceptionnels ou en très petit
nombre d’exemplaires, par une note de calcul à la rupture donnant
Les poteaux en béton armé sont généralement obtenus par le coefficient de sécurité global stipulé à l’Arrêté interministériel et
moulage ; ils comprennent une armature longitudinale faite de dont la valeur minimale a été fixée à 2,10.
ronds en acier maintenus par des étriers. L’armature est mise en Lorsqu’il y a des essais, un essai du comportement élastique du
place dans le moule et convenablement positionnée à l’aide de cales poteau est effectué en vue de vérifier la conservation de l’adhérence
en béton ; cette opération demande à être faite avec beaucoup de acier-béton.
soin afin d’éviter un décentrement préjudiciable à la fois à la conser-
● Manutention des poteaux
vation du poteau (couverture de béton insuffisante) et à son com-
portement mécanique. Le lecteur pourra utilement se reporter, dans Ils sont lourds et difficilement maniables. De plus, ils sont relative-
le traité Structure et gros œuvre, à la rubrique Béton armé. ment fragiles et peuvent se fissurer. Le fabricant doit donner, dans la

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D4425

Lignes aériennes : matériels


Fondations des supports
par Dominique NAUD
Ingénieur d’études au Gestionnaire du Réseau de Transport de l’Électricité
Gestionnaire national fondations de lignes aériennes au Centre national d’expertise
des Réseaux

1. Catégories .................................................................................................. D 4 425 - 2


2. Critères de choix ...................................................................................... — 3
2.1 Critère de dimensionnement ...................................................................... — 3
2.2 Conditions de sécurité................................................................................. — 4
2.2.1 Notion de stabilité .............................................................................. — 4
2.2.2 Conditions de sécurité........................................................................ — 4
2.2.3 Contexte géotechnique ...................................................................... — 4
3. Méthode de calcul ................................................................................... — 5
3.1 Fondation travaillant au renversement...................................................... — 5
3.2 Fondation travaillant à l’arrachement........................................................ — 5
3.3 Fondation travaillant à la compression ..................................................... — 6
Références bibliographiques ......................................................................... — 6

ne fondation est un ouvrage enterré dont le rôle est d’ancrer dans le sol
U la superstructure, constituée dans le cas d’une ligne aérienne, de diffé-
rents supports complétés par les câbles et tout le matériel complémentaire.
Le lecteur pourra utilement se reporter à l’article « Fondations pour pylônes
et mats » [C 2 682] du traité Construction.

Cet article fait partie d’une série sur le matériel des lignes aériennes :
— [D 4 422] - Lignes aériennes : matériels. Conducteurs et câbles de garde ;
— [D 4 423] - Lignes aériennes : matériels. Isolateurs ;
— [D 4 428] - Lignes aériennes : matériels. Accessoires.
Parution : février 2004

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D4425

LIGNES AÉRIENNES : MATÉRIELS _________________________________________________________________________________________________________

1. Catégories

On appelle fondation, la partie d’un ouvrage qui se trouve en


contact direct avec le terrain d’assise et qui a pour fonction de
transmettre à celui-ci le poids et les différentes surcharges appli-
quées à la superstructure, appelées sollicitations.

Une fondation peut être unique (monobloc) (figure 1a ) ou à


raison d’un massif par pied (multipode) (figure 1b ). Leur nature
dépend du type de pylône. On peut distinguer :
— les fondations massives de type monobloc, comme l’illustre
la figure 1a, destinées à ancrer soit des supports monopodes
(poteaux en bois, en béton ou métalliques dit « muguet », soit des
supports tétrapodes à petit empattement). Les poteaux sont encas-
trés dans des massifs bétonnés à pleine fouille, dont les valeurs a fondation à dalle b pieu à bulle
dimensionnelles sont fonction du terrain et des efforts à reprendre ;
— les fondations multipodes de type dalle(s) et cheminée
(figure 2a ) destinées à ancrer les supports tétrapodes à pieds
séparés (supports treillis) dans le sol à raison d’une fondation par
pied. La particularité de ces fondations est d’être constituées d’un
massif, formé d’une semelle rectangulaire ou carrée en fond de
fouille, munie d’un redan ou non, parfois rehaussée de une ou plu-
sieurs dalles et terminée par une cheminée en tronc de pyramide
ou cylindrique émergeant du sol et enrobant l’embase du pylône.
Elles peuvent être aussi un massif foré cylindrique avec élargis-
sement de la base, dit à bulbe (figure 2b ). D’autres types particu-
liers correspondant à des développements localisés peuvent être
utilisés. À l’étranger (Pays scandinaves, en particulier), chaque pied
de pylône est fixé à une fondation dite à grille (figure 2c ). Ce type
de fondation consiste en une grille placée au fond de la fouille sur c fondation à grille
laquelle vient s’adapter un assemblage métallique généralement en
forme de pyramide où est fixée l’embase du pylône. Cette fondation Figure 2 – Principaux types de fondations pour pylônes multipodes
ne possède que du terrain de remblai et ne peut reprendre que des
efforts faibles. En France, certains massifs peuvent être réunis par
des longrines lorsque les distances entre les pieds risquent de varier
du fait de la médiocrité du sol (figure 3).
On trouve aussi des dalles portantes en béton armé, qui permet-
tent de diminuer la pression sur le sol lorsque celui-ci n’admet
qu’une pression extrêmement faible (figure 4).

Longrines

Figure 3 – Fondation multipode à longrines

L’ensemble de ces fondations est classé dans la famille des fon-


dations superficielles.
Lorsque la portance du terrain est insuffisante, et qu’il n’est pas
possible de fonder l’ouvrage en surface, on a recours à la fondation
a fondation monobloc b fondation multipode
pour poteau pour pylône spéciale (ou profonde). Le massif de liaison permet de positionner
(massif unique) (pieds séparés) la superstructure (figure 5).
La fondation profonde est généralement constituée d’une arma-
ture métallique enrobée ou non d’injection de coulis ou de mortier.
Figure 1 – Fondations en béton Leur profondeur peut varier de 4 à plusieurs dizaines de mètres. Les

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D4428

Lignes aériennes : matériels


Accessoires
par Christian DAUVILLIERS
Ingénieur retour d’expérience et animation technique liaisons
au Réseau de Transport d’Électricité – Centre National d’Expertises Réseaux (RTE-CNER)

1. Dispositifs de jonction et de dérivation des conducteurs ........... D 4 428 - 2


1.1 Manchons de jonction ................................................................................. — 2
1.2 Dérivations ................................................................................................... — 2
2. Dispositifs d’ancrage .............................................................................. — 2
3. Fixation des conducteurs aux isolateurs .......................................... — 3
3.1 Isolateurs suspendus .................................................................................. — 3
3.2 Isolateurs rigides ......................................................................................... — 4
4. Entretoises ................................................................................................. — 4
5. Accessoires fixés sur les conducteurs............................................... — 5
5.1 Balises lumineuses ...................................................................................... — 5
5.2 Balises diurnes............................................................................................. — 5
5.3 Balises avifaunes ......................................................................................... — 5
5.4 Contrepoids antigiratoires .......................................................................... — 5
5.5 Contrepoids de bretelles ............................................................................. — 5
5.6 Bretelles antivibratoires .............................................................................. — 6
5.7 Amortisseurs « stockbridge » ..................................................................... — 6
5.8 Espaceurs ..................................................................................................... — 6

es principaux accessoires de lignes sont les organes de raccordement des


L conducteurs entre eux (bout à bout ou pour les dérivations) et les organes
de fixation des conducteurs aux isolateurs (en suspension ou en ancrage). Pour
les lignes en faisceau, il faut signaler les entretoises qui maintiennent l’écarte-
ment entre les sous-conducteurs. Enfin, il faut également évoquer les accessoi-
res fixés sur les conducteurs.
Cet article fait partie d’une série sur le matériel des lignes aériennes :
— [D 4 423] « Lignes aériennes : matériels. Isolateurs » ;
— [D 4 425] « Lignes aériennes : matériels. Fondations des supports ».
Parution : mai 2004

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D4428

LIGNES AÉRIENNES : MATÉRIELS __________________________________________________________________________________________________________

1. Dispositifs de jonction Conducteur Manchon


et de dérivation en acier d'acier

des conducteurs
Conducteur Manchon
en Al d'aluminium
Les conducteurs aériens ne sont jamais réunis par soudure ou
épissure. Les dispositifs de jonction doivent avoir une résistance
mécanique au moins égale à 95 % de la charge de rupture assignée Figure 1 – Manchon de jonction comprimé en aluminium-acier
du conducteur sur lequel ils sont montés. Ils doivent en outre con-
duire le courant sans présenter d’échauffements prohibitifs. La
norme NF C 66-800 d’août 1978 (Raccords pour lignes aériennes.
Raccords de jonction, de dérivation et d’extrémité) et la norme
NF EN 61-284 de mai 2000 (Lignes aériennes. Exigences et essais
pour le matériel d’équipement) fixent les caractéristiques que doi-
vent présenter les raccords.

Figure 2 – Manchon d’ancrage


1.1 Manchons de jonction

Les modèles les plus utilisés sont les manchons du type com- 1.2 Dérivations
primé.
Le manchon comprimé (figure 1) est formé d’un tube rond de
métal (en général en alliage d’aluminium pour la jonction de l’alumi-
nium ou de l’alliage d’aluminium, en acier pour la jonction en acier), Les dérivations sont fréquemment réalisées à l’aide de raccords
que l’on comprime par petites passes successives, se recouvrant en deux parties. La première est un manchon comprimé ou serti sur
d’un tiers de leur longueur, à l’aide d’une presse hydraulique. le câble principal. Ce manchon comprend une plage de dérivation
sur laquelle vient se fixer, par boulonnage, la deuxième partie qui
Exemple : ce manchon est utilisé pour tous les types de câbles. Il comprend également une plage de dérivation et un manchon en
est d’un emploi généralisé pour les conducteurs des lignes HTA et bout comprimé ou serti sur le conducteur dérivé.
HTB.
Pour les lignes de faible section ou pour des branchements provi-
Le manchon de type fils en hélice (ou fils préformés) est employé, soires, les raccords sont fréquemment des raccords à serrage direct,
surtout aux États-Unis, pour la jonction des câbles homogènes ou par boulons ou étriers, du câble principal et du câble dérivé. Ces rac-
comportant une âme d’acier de section relativement petite par rap- cords doivent être manœuvrables à distance (travaux sous tension).
port à la partie conductrice. Ce manchon est formé de plusieurs fils
Les raccords à anneau comportent un anneau de serrage pouvant
en alliage d’aluminium, préformés en hélice de diamètre légère-
être manœuvré à distance par une perche isolante.
ment inférieur au diamètre du conducteur. Un manchon comprend
en général une dizaine de fils qui se posent à la main sans nécessiter
de machine ou d’outils spéciaux.
Le manchon étiré est également formé d’un tube rond de métal
recuit que l’on étire sur chacune des extrémités à raccorder au
moyen d’une sorte de filière. Pour les câbles bimétalliques (alumi-
2. Dispositifs d’ancrage
nium-acier ou almélec-acier) les jonctions sont réalisées séparé-
ment sur l’acier et sur la section conductrice.
Les ancrages sont réalisés soit à l’aide de manchons comprimés,
Exemple : ce manchon est employé pour les câbles de faibles sec- étirés ou sertis, fonctionnant sur le même principe que les man-
tions. Il n’est plus installé que très rarement sur le réseau HT. chons de jonction et comportant une plage de raccordement par
boulons (figure 2), soit à l’aide de pinces d’ancrage dans lesquelles
Les manchons du type torsadé ou à coincement conique ne sont
le conducteur est maintenu sur une grande longueur par serrage.
plus utilisés.
Cette technique permet de ne pas couper le conducteur au droit de
l’ancrage. Par contre, du fait du principe même de cette pince, on ne
Il faut noter ici que le bon comportement dans le temps d’un peut atteindre que 90 % environ de la charge de rupture d’un câble
manchon dépend essentiellement de sa bonne mise en œuvre : homogène et que 80 % de la charge de rupture d’un câble avec âme
le conducteur sur lequel il est placé doit être soigneusement d’acier, cette dernière valeur diminuant lorsque le pourcentage
nettoyé et brossé sous pâte de contact, en particulier lors de la d’acier augmente dans le conducteur.
confection de manchons sur des conducteurs vieillis, le net-
toyage de la couche extérieure peut s’avérer insuffisant. En France, les câbles de garde avec circuit de télécommuni-
On préconise alors l’emploi, lors d’une réparation, d’un man- cation incorporé peuvent être aussi accrochés aux supports à l’aide
chon de jonction plus long que le manchon pour câble neuf de manchons de type fils en hélice (ou manchons dits
(manchon dit « allongé ») ou pour certains conducteurs homo- « préformés »).
gènes d’un manchon constitué d’un insert supplémentaire ins-
tallé sur les couches internes du conducteur (manchon dit
« étagé »). La bonne mise en œuvre d’un manchon dépend éga- Comme pour les manchons de jonction, le bon comportement
lement du suivi rigoureux des instructions de réalisation ou des dans le temps d’un manchon d’ancrage dépend essentiellement
notices de montage généralement fournies avec le manchon. de sa bonne mise en œuvre.

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Référence Internet
D4429

Lignes aériennes
Construction
par Robert de FORGES de PARNY
Ingénieur de l’École Supérieure en Électrotechnique et en Électronique
Directeur délégué du Service Ingénierie Méditerranée (SIM) à Électricité de France
et Jean-Pierre LEVÊQUE
Ingénieur de l’École Spéciale des Travaux Publics (ESTP)
Chef de Division Opérationnel de la branche Réseaux
du Service Ingénierie Méditerranée (SIM) à Électricité de France

1. Étude d’implantation d’une ligne à haute tension


ou à très haute tension .......................................................................... D 4 429 - 2
1.1 Procédures administratives. Phase préliminaire ...................................... — 2
1.1.1 Étude d’impact .................................................................................... — 2
1.1.2 Enquête publique................................................................................ — 3
1.1.3 Procédure avec déclaration d’utilité publique.................................. — 3
1.2 Études techniques ....................................................................................... — 3
1.2.1 Mise au point du tracé de détail ........................................................ — 3
1.2.2 Profil en long. Plan parcellaire. Plan au 10 000 e .............................. — 4
1.2.3 Recherche de la répartition des supports......................................... — 5
1.2.4 Localisation des supports .................................................................. — 5
1.2.5 Carnet de piquetage ........................................................................... — 7
1.3 Procédure administrative d’instruction du projet d’exécution ................ — 8
2. Ouverture du chantier ............................................................................ — 9
2.1 Mesures préliminaires................................................................................. — 9
2.2 Bétonnage .................................................................................................... — 9
2.3 Mise en place des supports ........................................................................ — 9
2.3.1 Approvisionnements .......................................................................... — 9
2.3.2 Outillage de montage des pylônes ................................................... — 9
2.3.3 Procédés de montage des supports.................................................. — 9
3. Mise en place des câbles ....................................................................... — 11
3.1 Déroulage ..................................................................................................... — 11
3.1.1 Généralités .......................................................................................... — 11
3.1.2 Procédés de déroulage....................................................................... — 12
3.1.3 Raccordement des tronçons .............................................................. — 13
3.2 Réglage des câbles et mise sur pinces ...................................................... — 13
3.2.1 Réglage des câbles ............................................................................. — 13
3.2.2 Mise sur pinces ................................................................................... — 15
4. Coût d’une ligne ....................................................................................... — 17
5. Contrôles de conformité........................................................................ — 17
5.1 Objet ............................................................................................................. — 17
5.2 Organisation des contrôles......................................................................... — 17
5.2.1 Contrôles à effectuer avant le déroulage.......................................... — 17
5.2.2 Contrôles à effectuer durant le déroulage........................................ — 18
5.2.3 Contrôles à effectuer après le déroulage.......................................... — 18
5.3 Conformité de l’ouvrage ............................................................................. — 19
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 431
Parution : juin 1993

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Référence Internet
D4429

LIGNES AÉRIENNES ____________________________________________________________________________________________________________________

L ’article Lignes aériennes fait l’objet de plusieurs articles :


— Présentation et calcul des lignes [D 4 420] ;
— Dimensionnement [D 4 421] ;
— Câbles de transport d’énergie [D 4 422] ;
— Matériels entrant dans la constitution d’une ligne aérienne [D 4 423] ;
— Construction [D 4 429] ;
— Entretien [D 4 430] ;
et les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur
devra assez souvent se reporter aux différents articles.

1. Étude d’implantation 1.1 Procédures administratives.


Phase préliminaire
d’une ligne à haute tension
ou à très haute tension 1.1.1 Étude d’impact
L’étude d’impact permet de sélectionner le meilleur tracé. Elle
L’étude d’implantation d’une ligne mêle étroitement les études s’élabore en quatre phases successives :
techniques aux procédures administratives. Le processus complet
— la définition d’une aire d’étude suffisamment vaste et la
dépend des règles en usage dans chaque pays. Nous décrirons dans
détermination, à l’intérieur de cette aire, de tracés possibles, choix
cet article la façon actuelle (1993) de procéder en France. Notons,
facilités par l’étude et l’analyse des différents documents mis à dis-
cependant, que cette façon de procéder n’est pas figée et subit en
position par l’Institut géographique national, les organismes privés,
permanence des modifications.
etc. (photographies aériennes, cartes au 25 000e, plan d’occupation
L’objectif poursuivi est, bien entendu, de réaliser une ligne élec- des sols, cartes géologiques, etc.) et par l’usage de l’hélicoptère qui
trique fiable au coût minimal, mais s’intégrant parfaitement dans permet, surtout en zone difficile, de repérer les points délicats et de
l’environnement (protocole du 25 août 1992 relatif à l’insertion des sélectionner les passages apparemment favorables ;
réseaux électriques dans l’environnement). Ce respect de l’environ- — l’étude de l’état initial de l’environnement de l’aire regroupée
nement, l’évitement des obstacles et les difficultés de passage font en cinq grandes rubriques (le paysage et sa perception, le milieu
que le tracé est rarement une ligne droite. naturel, l’agriculture, l’habitat, les servitudes et les contraintes
Lors des procédures administratives, les parties mises en jeu sont : techniques) ;
— les représentants de l’État avec : — la synthèse de l’état initial et le choix de la bande de moindre
• les ministères chargés de l’électricité et de l’urbanisme, impact dans laquelle s’inscrira le tracé définitif (couloir de largeur
• les autorités régionales (préfecture), variable en fonction des différentes contraintes techniques ou
d’environnement) ;
• les services (tableau 1),
— la définition du tracé au 25 000e avec analyse des contraintes
• les autorités militaires ;
résiduelles et les mesures retenues, ainsi que leur coût, pour réduire
— les élus avec : ou si possible compenser les conséquences dommageables.
• les députés,
• les sénateurs, Le maître d’œuvre délégué par EDF (Électricité de France) confie
• le conseil général, l’étude d’impact à un bureau d’études ; ce dernier procède au recueil
• les maires ; de tous les éléments nécessaires. EDF intervient en tant que
conseiller technique pour le choix des tracés théoriques.
— le public avec :
• les associations et organisations, Au cours de cette étude, des réunions d’information et de concer-
• les exploitants, tation sous l’égide des autorités régionales sont organisées par
• les propriétaires. (0) département :
— l’une en présence des services (tableau 1) ;
— l’autre en présence des élus et notamment des maires dont
les communes sont concernées par la bande de moindre impact.
Tableau 1 – Liste non exhaustive de services
de l’État Des réunions locales peuvent ensuite être organisées à la
demande des autorités et des élus. La presse est informée.
DRIRE Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et Les supports techniques utilisés lors de ces réunions sont :
de l’Environnement
DDE Direction Départementale de l’Équipement — un montage audiovisuel expliquant le rôle de l’ouvrage, les
limites de l’aire d’étude, l’étude de l’état initial et la démarche
DRAF Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt
conduisant à la bande de moindre impact ;
DDAF Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt
— un dossier d’information, distribué en réunion, comportant
DIREN Direction Régionale de l’Environnement
sous forme de fiches des informations générales (réseau, indemni-
ONF Office National des Forêts sation, procédure, etc.) et des informations relatives à la ligne en
DIGEC Direction de l’Industrie du Gaz, de l’Électricité et projet (but de l’ouvrage et délais, quels sont les interlocuteurs, à quoi
des Charbonnages
ressemblera la ligne, pourquoi ce cheminement, etc.) ainsi qu’une
DGAC Direction Générale de l’Aviation Civile France Télécom carte au 50 000 e montrant la bande de moindre impact et les
SNCF Société Nationale des Chemins de fer Français communes concernées ;
TDF Télé-Diffusion de France
DRAM Direction Régionale des Affaires maritimes

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— des fiches communales, remises à chaque maire dont la concernés est favorable, la procédure s’accompagne d’une demande
commune est intéressée par la bande de moindre impact, et de déclaration d’utilité publique (DUP). Elle comprend alors
comportant : (tableau 2), outre l’instruction administrative (consultation des ser-
• une carte au 25 000e montrant le territoire concerné de sa vices et des maires concernés), une procédure dite d’instruction
commune où sont reportées les contraintes locales au passage de mixte, pour les tensions égales ou supérieures à 150 kV, qui vise à
la ligne, recueillir l’avis des autorités militaires sur l’installation de tous les
• un questionnaire, non exhaustif, sur les projets d’urbanisme ouvrages susceptibles de présenter un intérêt pour la Défense
d’intérêt communal et d’intérêt particulier, sur les secteurs nationale.
agricoles les plus sensibles, les moyens de culture, etc. Suite à cette instruction mixte, la déclaration d’utilité publique
Notons bien que, lors de ces réunions, seul le projet de bande de est prononcée par le ministre chargé de l’électricité.
moindre impact est présenté : il n’est toujours pas question du tracé Lors de la phase d’instruction administrative, la consultation des
de la ligne qui, à ce stade, est encore de la responsabilité du maître directions départementales de l’équipement (DDE) fait apparaître les
d’œuvre délégué par EDF. cas d’incompatibilité du projet de ligne avec les plans d’occupation
Cependant, les observations des autorités régionales et des des sols rendus publics ou approuvés. Une procédure spécifique
services, les réponses des maires et de nouvelles études sur le terrain destinée à rendre compatibles le projet de lignes et les plans d’occu-
permettent de compléter l’état initial, de préciser les limites de la pation des sols s’ajoute à la procédure générale : dans chaque
bande de moindre impact. Il est alors possible de définir le tracé de commune concernée, une nouvelle enquête publique porte alors sur
meilleur compromis parmi toutes les variantes possibles. le projet de modification des plans d’occupation des sols. Ce projet
est ensuite soumis pour avis, par le préfet, aux différents services
Ensuite intervient la confection du dossier de l’étude d’impact, et organismes intéressés (tableau 2) et enfin au conseil municipal.
relative au tracé proposé, qui est soumis à l’enquête publique. La déclaration d’utilité publique doit être alors cosignée par les
ministres chargés de l’électricité et de l’urbanisme.
1.1.2 Enquête publique
L’enquête, ouverte par arrêté ministériel ou préfectoral, est menée 1.2 Études techniques
par un commissaire enquêteur (ou une commission d’enquête)
désigné par le Président du tribunal administratif mandaté par le 1.2.1 Mise au point du tracé de détail
préfet. Cette enquête doit permettre au public et notamment aux pro-
priétaires concernés de faire l’ensemble de ses observations sur le Le tracé résultant des procédures précédentes est le tracé de prin-
projet. cipe qui laisse au maître d’œuvre la possibilité de prendre en compte
À l’issue de l’enquête, le rapport et les conclusions du commissaire des contraintes localisées (limites de parcelles, chemins, proximité
enquêteur sont tenus à la disposition du public et communiqués aux d’habitations, etc.). C’est pourquoi ce tracé doit être affiné afin que
ministres, aux préfets et à Électricité de France. soient déterminés tous les détails techniques de l’ouvrage et sa loca-
lisation par un balisage sommaire sur le terrain. Les études sur le
terrain et les informations recueillies auprès des administrations, des
1.1.3 Procédure avec déclaration d’utilité publique maires, des chambres d’agriculture, des propriétaires et des exploi-
tants aboutissent au projet détaillé de construction, qui comporte
La procédure est conduite sous l’autorité du (des) ministre(s) ou notamment les emplacements des pylônes, matérialisés par des
préfet(s) qui, par délégation, en confie l’organisation au(x) direc- points alignés sur une carte au 25 000e (figure 1).
teur(s) régional(aux) de l’industrie, de la recherche et de l’environ- (0)
nement (DRIRE). En dehors des cas où l’avis de tous les propriétaires

Tableau 2 – Exemple de liste des organismes destinataires lors d’une procédure avec demande de DUP
(déposée le 28 septembre 1988 pour une ligne de 90 kV entre Entrevaux et Guillaumes)
Date réponse Accord Observations
Organismes
(1) (1) (1)
Direction départementale de l’équipement
Direction départementale de l’agriculture et de la forêt
Office national des forêts (Nice)
Service départemental de l’architecture
Direction départementale d’incendies et de secours
Groupe gazier méditerranée de Gaz de France
Délégation régionale à l’architecture et à l’environnement
Parc national du Mercantour
4e Région aérienne
3e Région maritime
5e Région militaire
Service technique des bases aériennes
Direction opérationnelle des télécommunications
Direction opérationnelle des télécommunications du réseau national
Télédiffusion de France
Chambre d’agriculture
Mairies de : Entrevaux (Alpes-de-Haute-Provence)
La Croix-sur-Roudoule (Alpes-Maritimes)
Guillaumes (Alpes-Maritimes)
(1) En cours d’élaboration.

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1.2.2 Profil en long. Plan parcellaire.


Plan au 10 000e

Un plan au 10 000e (figure 2), établi sur une bande de 3 000 m de


large, permet de fournir tous les renseignements nécessaires pour
accéder à l’ouvrage (routes, pistes, etc.). Ce plan est complété par
l’indication, en particulier, des lignes d’énergie, des routes
traversées, des canalisations, des téléphériques, des propriétés, des
bois, des villages, des maisons isolées, etc.
Un plan parcellaire (figure 3), extrait de matrices cadastrales est
établi en même temps que le profil en long. Il permet d’identifier
les propriétaires des parcelles de terrain concernées par l’ouvrage.
Figure 1 – Carte au 25 000e

Figure 2 – Plan au 10 000e

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Figure 3 – Plan parcellaire

Le profil en long (figure 4) est le document topographique le plus Après avoir effectué des répartitions provisoires des supports sur
important, puisqu’il sert de base à la détermination de l’emplace- le profil en long (figure 5), le maître d’œuvre calcule les portées
ment et de la hauteur des supports des câbles. Il est dessiné à équivalentes appelées portées moyennes ( article Dimensionnement
l’échelle 1/500 pour les hauteurs et 1/2 500 pour les longueurs. Le [D 4 421] ) des différents cantons de pose. La répartition optimale est
profil du tracé de la ligne est complété par une bande planimétrique obtenue lorsque le rapport entre le paramètre de base a BC (para-
de 120 m de large destinée à faciliter la figuration de tous les mètres à 15 oC) des conducteurs et la portée équivalente P moy est
éléments susceptibles d’intervenir dans le choix des implantations voisin de 4 :
de pylônes.
a BC = 4 P moy
Pour aboutir à ces documents nécessaires à l’étude complète de
la ligne, il y a lieu de réaliser une restitution graphique soit par des Le paramètre de base du câble de garde a BG est fonction de
méthodes topographiques classiques (à partir de relevés de terrain), celui du conducteur a BC soit en première approximation :
soit par des procédés photogrammétriques (à partir de photos
aériennes). a BC
a BG = -------------
Nota : pour plus de renseignements sur ces procédés, le lecteur se reportera à l’article 0,85
Topographie. Géodésie. Topométrie [C 5 010] dans le traité Construction et à l’article
Photogrammétrie industrielle [R 1 380] dans le traité Mesures et Contrôle. La vérification des distances des câbles au sol et aux obstacles
sur le profil en long doit être effectuée pour les conditions les plus
défavorables et en tenant compte de l’inclinaison du plan des
1.2.3 Recherche de la répartition des supports conducteurs sous vent réduit à 15 oC (vent de 240 Pa en général et
de 360 Pa dans les zones soumises aux vents forts comme le mistral,
Pour étudier l’implantation des supports, le maître d’œuvre fait la tramontane, etc.).
le choix d’un paramètre de répartition correspondant au paramètre Le maître d’ouvrage doit vérifier, également sur le profil en long,
(article Dimensionnement [D 4 421] ) des câbles pour des tempéra- les distances entre les conducteurs et entre les conducteurs et le
tures maximales atteintes en exploitation de 65 oC (pour les lignes câble de garde, afin d’éviter tout incident électrique pouvant
HT à 63 ou 90 kV), 75 oC (pour les lignes THT à 225 kV) et 90 oC (pour provenir :
les lignes THT à 400 kV).
— du balancement des câbles ;
Il existe toujours des points d’implantation obligés (sommets, — du mouvement relatif des câbles suite à des décharges brutales
angles, points singuliers) et il est recommandé d’effectuer la réparti- de neige collante ou de givre.
tion à partir de l’un de ces points en utilisant au mieux le profil du
terrain tout en respectant les distances minimales des conducteurs
inférieurs au sol ou aux obstacles dans des zones particulières 1.2.4 Localisation des supports
(routes, voies ferrées, chemins, terrains de culture, etc.). Ces dis-
tances sont précisées par l’Arrêté Technique du 2 avril 1991 et par Après avoir consulté les services, les maires et les autorités
les directives éditées par EDF. militaires (§ 1.1.3) et après avoir pris en compte les remarques
Cette répartition s’effectue en déplaçant sur le profil en long la formulées par le public, le directeur de la DRIRE signe l’approbation
chaînette du paramètre de répartition tracée sur une plaque en de tracé. Cette décision permet aux géomètres d’établir le balisage
matière transparente. définitif du tracé théorique matérialisé par des piquets rouges.
Il est inutile de chercher à réaliser des portées de longueurs En respectant les tolérances de tracé fixées par le cahier des
uniformes. Cette sujétion ne présente un intérêt que dans les zones charges, des piquets bleus sont ensuite plantés pour matérialiser
suburbaines où, quelquefois, il y a lieu d’assurer une homogénéité l’emplacement réel des axes des supports, qui tient compte des
en rapport avec l’infrastructure. contraintes locales sur le terrain.

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Lignes aériennes
Entretien
par Robert de FORGES de PARNY
Ingénieur de l’École Supérieure en Électrotechnique et en Électronique
Directeur délégué du Service Ingénierie Méditerranée (SIM) à Électricité de France
et Jean-Pierre LEVÊQUE
Ingénieur de l’École Spéciale des Travaux Publics (ESTP)
Chef de Division Opérationnel de la branche Réseaux
du Service Ingénierie Méditerranée (SIM) à Électricité de France

1. Généralités................................................................................................. D 4 430 - 2
2. Visites.......................................................................................................... — 2
3. Travaux d’entretien ................................................................................. — 3
3.1 Élagage ......................................................................................................... — 3
3.2 Peinture ........................................................................................................ — 3
3.3 Entretien des lignes ..................................................................................... — 4
3.4 Lutte contre la pollution .............................................................................. — 4
4. Travaux sous tension (TST) ................................................................... — 5
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 431

L ’article Lignes aériennes fait l’objet de plusieurs articles :


— Présentation et calcul des lignes [D 4 420] ;
— Dimensionnement [D 4 421] ;
— Matériel entrant dans la construction d’un ligne aérienne [D4423] ;
— Construction [D 4 429] ;
— Entretien [D 4 430] ;
— Paramètres électriques [D 4 435] ;
— Chutes de tension [D 4 438] ;
— Échauffements et efforts électrodynamiques [D 4 439] ;
et les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur
devra assez souvent se reporter aux différents articles.
Parution : juin 1993

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D4430

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1. Généralités — au moment souhaité, l’évaluation technique de l’aptitude des


lignes, notamment anciennes, à assumer le rôle à moyen terme, que
l’on attend d’elles. Le devenir des lignes anciennes, dont le nombre
Les lignes aériennes présentent la caractéristique d’être une va croissant, constituera probablement l’une des préoccupations
propriété de l’État implantée sur la propriété d’autrui. Cette majeures dans l’avenir.
cohabitation imposée implique des obligations de respect Les visites peuvent se faire par hélicoptère, depuis le sol ou par
réciproque de conventions qui ont pour but d’assurer de bonnes montée aux supports.
conditions d’exploitation des ouvrages et de sécurité des personnes
et des biens dans le voisinage de ces ouvrages. La visite de ligne en hélicoptère est à privilégier comme visite de
base, pour son efficacité et son économie, partout où elle peut
L’entretien a pour but de s’assurer que ces conditions sont s’appliquer. Elle s’effectue, en moyenne, deux fois par an, le long
respectées dans le temps. de chaque ligne. Un hélicoptère, type Ecureuil B1, permet en une
L’entretien préventif consiste en un examen des constituants, heure de visiter 38 km de lignes, en moyenne pour un prix
après démontage si nécessaire, et au remplacement éventuel des de 5 000 F.
pièces dégradées. La visite depuis le sol constitue :
L’entretien périodique se répète identiquement selon des cycles — la visite de base là où l’hélicoptère n’est pas utilisable ou ne
prévus en fonction du temps ou d’autres critères. permet pas une surveillance satisfaisante, c’est-à-dire essentielle-
L’entretien programmé est effectué selon un calendrier ment dans les zones interdites de vol, les vallées de montagne en
prévisionnel d’intervention. altitude à fortes turbulences, les zones très urbanisées (grands
immeubles, etc.), les couloirs de lignes denses (approche des lignes
intérieures impossible) et pour certaines lignes en tranchées à haute
végétation (descente à bonne hauteur impossible, cas aussi de
2. Visites certaines tranchées en festons) ;
— une visite complémentaire de la visite en hélicoptère, pour
relever des détails non décelables depuis l’hélicoptère.
Ce que l’on appelle couramment visite de ligne correspond, en La visite par montée aux supports est complémentaire de la visite
fait, au terme inspection, tel qu’il est défini sur le plan international. en hélicoptère ou de la visite depuis le sol pour effectuer un contrôle
On ne procède pas, en effet, à des démontages, sauf peut-être dans approfondi, mais dont la nécessité n’est pas aussi fréquente (une
certains cas particuliers où l’on va jusqu’à l’ouverture de pinces par fois tous les 10 à 12 ans, cette périodicité dépendant des conditions
montée aux supports. d’exploitation).
Les objectifs d’une visite comprennent naturellement :
— la surveillance des matériels ;
— l’entretien préventif de ces matériels ; Le contrôle par thermographie infrarouge (figure 1) est
une surveillance supplémentaire aux visites précédentes qui
auxquels on doit adjoindre la surveillance et l’entretien des lieux constitue, au même titre, une surveillance de base et est à utiliser
circonvoisins des ouvrages et des modifications apportées à ces pour détecter des anomalies souvent dangereuses et générale-
lieux, en tout endroit, et particulièrement dans les zones à forte ment cachées à l’inspection visuelle.
évolution de constructions et de végétation, afin que les directives
Il permet de détecter les points chauds, montrant un échauffe-
lignes aériennes d’EDF et, a minima, les prescriptions de l’Arrêté
ment anormal des manchons par rapport aux câbles.
Technique du 2 avril 1991 soient respectées.
Ce type de contrôle s’effectue le plus généralement par héli-
Compte tenu de l’étendue et de l’éloignement des lignes, coptère, environ une fois tous les trois ans.
l’exploitant doit aussi profiter des visites pour collecter les informa-
tions permettant d’assurer :
— dans l’immédiat, la tenue à jour de la documentation technique
relative aux matériels et à leur environnement ;

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D4435

Lignes aériennes.
Paramètres électriques

par Thierry DEBU


Ingénieur au service études du Centre d’équipement du réseau de transport (CERT)
d’Électricité de France

1. Généralités................................................................................................. D 4 435 - 2

2. Réduction des matrices [ Z ] et [λ] aux seuls conducteurs


de phase...................................................................................................... — 2
3. Symétrisation de la ligne. Paramètres cycliques ........................... — 3
4. Calcul des termes de la matrice impédance .................................... — 3
4.1 Méthode ....................................................................................................... — 3
4.2 Impédances propre et mutuelle ................................................................. — 4
4.2.1 Impédance propre Z ii ....................................................................... — 4
4.2.2 Impédance mutuelle Z ij ................................................................... — 4
5. Calcul des termes de la matrice admittance ................................... — 4
5.1 Coefficients de potentiel ............................................................................. — 4
5.2 Charges superficielles des conducteurs .................................................... — 5
5.3 Champ électrique superficiel des conducteurs ......................................... — 5
6. Données usuelles retenues pour les lignes aériennes................... — 5
6.1 Caractéristiques géométriques et mécaniques......................................... — 5
6.2 Paramètres électriques................................................................................ — 5
7. Annexe 1 : faisceau de conducteurs .................................................. — 9
8. Annexe 2 : résistance d’un conducteur de ligne ............................ — 10
Références bibliographiques ......................................................................... — 10

L e calcul des paramètres électriques des lignes aériennes s’effectue à l’aide


des caractéristiques des ouvrages de transport d’énergie électrique. Pour
traiter ce sujet, l’organisation proposée correspond à une logique chronologique.
Après avoir donné des généralités sur les matrices impédances, on abordera le
traitement de ces matrices. Le calcul des paramètres élémentaires des matrices
pourra alors être effectué en détail, à partir des caractéristiques géométriques
et mécaniques influant sur le dimensionnement des ouvrages.
Parution : septembre 1996

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D4435

LIGNES AÉRIENNES. PARAMÈTRES ÉLECTRIQUES ____________________________________________________________________________________________

1. Généralités Les éléments de la matrice [C ] sont obtenus par inversion de la


matrice des coefficients de potentiel [λ] déterminée à partir de la géo-
métrie de la ligne considérée :
Les lois de la propagation des tensions v et des courants i sont [ Y ] = j ω [ C ] = j ω [ λ ] –1
dérivées des équations dites des télégraphistes.
On décrit ci-après les méthodes de calcul des matrices impédances
Les équations aux dérivées partielles définissant le régime (v, i )
de la ligne en fonction de ses constantes linéiques sont : longitudinales [ Z ] et des coefficients de potentiel [λ] pour une ligne
à n conducteurs. Puis, on indique comment tenir compte de l’effet,
δv δi en général assez faible, des câbles de garde et comment passer des
------- = ri + ᐉ ------
δx δt matrices complètes aux impédances et admittances directes
δv
δi
------- = gv + c -------
δx δt
 Z d , j ω Cd  , inverses  Z i , j ω Ci  et homopolaires  Z 0 , j ω C0  uti-
lisées en pratique dans les calculs de fonctionnement triphasé à fré-
avec c capacité linéique, quence industrielle des réseaux.
g conductance linéique,
ᐉ inductance linéique,
r résistance linéique. 2. Réduction des matrices
Lorsque la ligne est multifilaire, ces équations prennent la forme
matricielle et, en passant au régime sinusoïdal, on peut écrire :
[ Z ] et [ ␭ ] aux seuls
conducteurs de phase
 
δV
--------- = [ Z ] [ I ] (1)
δx

La mise en place de câbles de garde a pour effet de modifier légè-


δ------x- = [ Y ] [ V ]
δI
(2) rement les paramètres d’une ligne électrique :
— les capacités des conducteurs de phase sont légèrement
où [ V ] et [ I ] sont les matrices unicolonnes des courants augmentées (moins de 3 %) ;
et des tensions, — corrélativement, les inductances sont réduites sous l’influence
de courants induits dans les câbles de garde par les courants de
δV δI phase.
--------- et ------- les dérivées par rapport à x des matrices
δx δx des tensions et des courants, Par ailleurs, les pertes Joule dissipées par ces courants induits
x la direction de la propagation, se traduisent par une augmentation apparente de la résistance des
conducteurs de phase.
[ Z ] = [R ] + j ω [L ] la matrice impédance longitudinale,
Dans la plupart des cas, on peut négliger les câbles de garde et
[ Y ] = [G ] + j ω [C ] la matrice admittance transversale, se contenter d’écrire les matrices dont l’ordre correspond au nombre
[R ], [L ] et [C ] les matrices résistance, inductance et capa- de conducteurs de phase.
cité.
La ligne multifilaire étant constituée de n conducteurs, les matrices Lorsqu’un calcul précis est nécessaire, il faut écrire les
[ Z ] et [ Y ] sont des matrices carrées d’ordre n. matrices complètes (fonction du nombre de conducteurs de
Un conducteur peut être : phase et de câbles de garde), puis les réduire selon le procédé
— le câble constituant une phase (indice c ) ; indiqué ci-après, l’influence des câbles de garde apparaissant
— l’ensemble d’un faisceau de câbles (indice c ), si la ligne est alors implicitement dans les nouvelles matrices réduites
constituée de conducteurs en faisceaux (Annexe 1, § 7) , obtenues.
— un câble de garde (indice g ).
En pratique, dans le cas des lignes aériennes, la matrice admit- La décomposition des matrices [ Z ] et [λ] en blocs de façon à isoler
tance transversale se réduit à : les câbles de garde (indice g ; référence 4 et 5) des conducteurs de
phase (indice c ; référence 1, 2 et 3), et l’hypothèse que le potentiel
[Y ] = jω[C] (3) est nul sur toute la longueur des câbles de garde (mise à la terre
par chacun des pylônes) permettent de simplifier les relations matri-
Le terme G, en effet, dû aux courants superficiels le long des cielles.
chaînes d’isolateurs et à l’effet couronne des conducteurs est, par
temps sec, inférieur à 0,005 C ω ; ce n’est que sous très forte pluie, δVc
lorsque les courants superficiels et les pertes par effet couronne sont ------------ Z cc Z cg Ic
δx
les plus élevés, que G peut atteindre 0,1 C ω. Ces conditions étant =
particulièrement rares, il est donc généralement admis de négliger δVg Z gc Z gg Ig
la conductance transversale G des lignes. -------------
δx
Pour calculer les charges linéiques portées par les conducteurs Vc λ cc λ cg Qc
d’une ligne multifilaire, on utilise l’équation matricielle : et =
Vg λ gc λ gg Qg
[Q ] = [C ][ V ]
i=n
d’où nous tirons :

δx 
C ij V i  δVc

------------
Qj =
= [ Z ′][ I ]
c
i=1

[ V c ] = [ λ′ ] [ Q c ]

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Référence Internet
D4438

Lignes aériennes : chutes de tension

par Pierre JOHANNET


Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur en génie atomique
Attaché au Département postes et lignes à la Direction des études
et recherches d’Électricité de France (EDF)

1. Calcul des constantes linéiques des lignes aériennes .................. D 4 438 - 2


1.1 Cas général................................................................................................... — 2
1.2 Impédances externes : inductances propre et mutuelle .......................... — 2
1.3 Impédances internes : résistance et inductance interne .......................... — 3
1.3.1 Résistance en courant continu .......................................................... — 3
1.3.2 Éléments affectant la résistivité......................................................... — 3
1.3.3 Impédance interne en courant alternatif .......................................... — 4
1.3.4 Cas des conducteurs bimétalliques .................................................. — 4
1.3.5 Conducteurs en faisceaux.................................................................. — 5
1.4 Capacités ...................................................................................................... — 5
1.4.1 Formulation générale ......................................................................... — 5
1.4.2 Relation entre les capacités réelles et les capacités cycliques des
composants symétriques................................................................... — 6
2. Calcul des chutes de tension................................................................ — 7
2.1 Calcul direct.................................................................................................. — 7
2.2 Cas d’une ligne quelconque ....................................................................... — 8
2.3 Cas des réseaux symétriques ..................................................................... — 8
2.3.1 Réseau triphasé symétrique équilibré : le mode direct................... — 8
2.3.2 Formulation générale : équation des télégraphistes ....................... — 9
2.3.3 Simplifications. Méthode du dipôle .................................................. — 10
2.3.4 Méthode des puissances actives et réactives .................................. — 10
3. Exemple numérique................................................................................. — 11
3.1 Données........................................................................................................ — 11
3.2 Calculs des paramètres de la ligne ............................................................ — 11
3.3 Calcul des paramètres secondaires Zc et γ ................................................ — 11
3.4 Calcul des tensions V2 ................................................................................. — 11
3.5 Bilan .............................................................................................................. — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 438

L e calcul des chutes de tension apparaissant le long des lignes de transport


d’énergie dépend :
— du courant de service de la ligne et de sa tension nominale ;
— des constantes linéiques de la ligne : résistance, inductance, capacité, qui
dépendent elles-mêmes des paramètres physiques et géométriques de la ligne
(nature des câbles, distances entre conducteurs, hauteurs au-dessus du sol).
Les chutes de tension peuvent être facilement calculées, dans leur formulation
complexe, par des moyens de calcul partout disponibles aujourd’hui.
Nous conserverons cependant dans cet article la formulation simplifiée
(équivalence ligne-dipôle, puissances actives et réactives) qui conserve un intérêt
théorique et didactique certain.
Parution : février 1997

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LIGNES AÉRIENNES : CHUTES DE TENSION __________________________________________________________________________________________________

1. Calcul des constantes 1.2 Impédances externes : inductances


propre et mutuelle
linéiques des lignes
aériennes Si l’on peut se contenter de solutions correctes à bref délai, on
peut utiliser le formalisme suivant [1] [2].
Dans le cas de conducteurs électriques en présence d’un sol plan
Comme tout calcul de chutes de tension, celui-ci nécessite la
supposé parfaitement conducteur, on utilise classiquement la
connaissance des impédances et admittances linéiques de la ligne :
théorie des images qui permet d’aboutir à une formulation rapide
résistance, inductance et capacité par mètre de longueur. (figure 2).
Les formules sont exprimées à partir du réseau triphasé, qui Comme nous sommes en présence d’un sol mauvais conducteur
résume la quasi-totalité des cas rencontrés. Elles sont identiques
dont la résistivité varie de 1 à 104 Ω · m (valeur repère 100 Ω · m),
dans le cas de réseaux à n phases équilibrées. nous allons utiliser la notion de profondeur complexe de pénétra-
tion.
Celle-ci est définie par la relation :
1.1 Cas général
ρs
Considérons une ligne triphasée constituée d’un ensemble de trois δs = ------------ (2)
µ0 p
conducteurs au-dessus du sol qui constitue en fait un quatrième
conducteur qui servira de conducteur de référence (figure 1). avec ρs résistivité du sol (Ω · m),
Les chutes de tension sur une section élémentaire de ligne de µ 0 perméabilité du vide = 4 π × 10–7 H/m [dans le cas d’un sol
longueur dx, pour les trois conducteurs, s’expriment par la relation à propriétés magnétiques, on peut remplacer µ 0 par le
matricielle : produit µ 0 µ r où µ r est la perméabilité relative du sol
V1 Z 1 M 12 M 13 I1 ( µ r ⭓ 1 )],
∂ p = jω = j 2πf pulsation complexe,
------ V = M 21 Z 2 M 23 I2 (1)
∂x 2 j = –1 ,
V3 M 31 M 32 Z 3 I3
f fréquence (Hz).
avec Vi tension sur le conducteur i, La profondeur de peau complexe δ s est reliée à la profondeur de
peau réelle δ r par la relation :
Zi impédance propre du conducteur i,
M ij impédance mutuelle entre les conducteurs i et j. δr
δ s = ----------
- (3)
En toute rigueur, seules les équations de Maxwell permettent de 1+j
résoudre le système (1) pour une fréquence donnée (par exemple,
la fréquence industrielle) ; on aboutit vite à des expressions inextri-
cables en pratique.
Une solution consiste à utiliser les programmes de calcul de
champ en éléments finis de type Flux 2 D qui donnent des solutions
précises dans des temps raisonnables.

Figure 1 – Éléments généraux pour le calcul


des chutes de tension sur une ligne triphasée Figure 2 – Paramètres géométriques

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_________________________________________________________________________________________________ LIGNES AÉRIENNES : CHUTES DE TENSION

On indique dans le tableau 1 les profondeurs de pénétration avec ρc résistivité (Ω · m),


réelles pour plusieurs résistivités de sol en fonction de la fréquence. ᐉ longueur (m) ; on prend le plus souvent ᐉ = 1 m pour le
(0) calcul des impédances linéiques ,
Tableau 1 – Profondeurs de pénétration réelles ␦ r S section du conducteur (m2).
La résistivité est une caractéristique physique du conducteur. Elle
dans le sol (en mètres) dépend linéairement de la température suivant une relation de la
forme :
f (Hz)
ρcθ = ρc0 (1 + α ∆θ ) (8)
␳ s (Ω · m)
1 50 103 106 avec ρcθ résistivité à la température θ (oC),
1 503,3 71,18 15,92 0,503 ρc0 résistivité à la température θ0 (oC),
α coefficient de température (oC –1) à θ0 ,
10 1 592 225 50,3 1,59
∆θ différence de température θ – θ0 (oC).
100 5 032 712 159 5,03
Le tableau 2 donne les résistivités et les coefficients de tempéra-
1 000 15 915 2 250 503 15,9 ture pour différents conducteurs. (0)
10 000 50 330 7 118 1 591 50,3

Tableau 2 – Résistivités des conducteurs


On voit que, pour les sols habituels à des fréquences voisines de rencontrés dans l’industrie
la fréquence industrielle, les profondeurs de pénétration sont très
élevées vis-à-vis de la hauteur habituelle des lignes au-dessus du sol. Résistivité
Avec ces hypothèses, l’inductance propre linéique d’un
conducteur au-dessus du sol de résistivité ρs s’obtient en ␳c à 0 oC ␳ c à 20 oC ␣
employant la théorie des images ; on obtient : Conducteur
entre 0 et 100 oC
µ 0 2 ( hi + δ s ) (10–8 Ω · m) (10–8 Ω · m) (oC–1)
L i = ------- In -------------------------- ( H ⁄ m ) (4)
2π ri
Argent pur 1,467 1,587 0,004 12
avec hi hauteur du conducteur i au-dessus du sol (m), Cuivre pur 1,543 1,678 0,004 39
Or 1,87 2,24 0,008 3
δs profondeur de pénétration complexe dans le sol (m),
Aluminium pur 2,36 2,654 8 0,004 29
ri rayon du conducteur i (m). Almélec 3,055 3,321 0,004
De même, l’inductance mutuelle entre les conducteurs i et j est Fer pur 8,45 9,71 0,006 51
égale à l’inductance propre entre le conducteur i et l’image j’ du Acier (1) 10,1
conducteur j par rapport au plan complexe à la profondeur δ s : Platine 8,98 10,6 0,003 93
Nickel 9,06 10 0,004 7
µ 0 D ij ′ Étain 10,4 11,4 0,004 2
M ij = ------- In ---------
2π D ij Plomb 18,95 20,648 0,004 1
Mercure 94,07 95,76 0,000 9
2
avec D ij ′ = P ij + ( h i + h j + 2 δ s ) 2 (5) Constantan
55Cu 45Ni 46 46 2 × 10–5
2
Inox 18/8 (1) 83
D ij = P ij + ( h i – h j ) 2 Inconel 600 (1) 100
Pij projection au sol de la distance entre les conducteurs i et j (1) Valeurs indicatives
(figure 2).
Dans le cas où les distances entre conducteurs sont faibles vis-à-vis
de leur hauteur au-dessus du sol, on peut écrire :
1.3.2 Éléments affectant la résistivité
En dehors de la température, les éléments affectant la résistivité
µ 0 2(h + δ s)
M ij = ------- In ------------------------ ( H ⁄ m ) (6) des conducteurs sont :
2π D ij
— le tréfilage des brins, qui modifie l’arrangement des cristaux
métalliques ;
hi + hj — le toronnage des brins en faisceaux, qui augmente le parcours
où h = ---------------
- est la hauteur moyenne des conducteurs au-dessus
2 du courant ;
du sol. — l’oxydation superficielle des brins, qui crée des résistances de
contact lorsque le courant saute d’un brin à son voisin.
1.3 Impédances internes : résistance On majore globalement la résistivité par deux facteurs K1 , K2 :
• K1 tient compte des opérations de tréfilage. Pour le cuivre,
et inductance interne l’aluminium et l’Almélec, on prend K1 = 1 ;
• K2 tient compte de la majoration de longueur due au câblage
1.3.1 Résistance en courant continu des couches extérieures (K2 = 1 pour une âme massive) et des
résistances de passage entre brins.
Lorsqu’un conducteur est parcouru par un courant continu, son
impédance se résume à sa résistance R donnée par l’expression : Le produit K1 K2 est voisin de 1 et conduit à majorer la résistivité
d’une valeur comprise entre 1,2 et 2,3 %.
ρc ᐉ En pratique, on prendra :
R = --------- ( Ω ) (7)
S • 1,3 % pour les conducteurs à base d’aluminium ;
• 2 % pour les conducteurs en cuivre.

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D4439

Lignes aériennes : échauffements


et efforts électrodynamiques

par Michèle GAUDRY


Ingénieur de l’École centrale de Paris
Ingénieur-chercheur au département Postes et Lignes de la Direction des études
et recherches d’EDF
Secrétaire du groupe CIGRE 22-12 (comportement électrique et thermique
des conducteurs)
et Jean-Luc BOUSQUET
Ingénieur
Groupe Coordination électrique et mécanique des ouvrages à la Direction des études
et recherches d’EDF

1. Calculs thermiques.................................................................................. D 4 439 - 2


1.1 Bilan des puissances en régime permanent ............................................. — 2
1.1.1 Effet Joule ........................................................................................... — 2
1.1.2 Ensoleillement .................................................................................... — 2
1.1.3 Convection .......................................................................................... — 2
1.1.4 Rayonnement...................................................................................... — 3
1.2 Calcul de l’échauffement en régime permanent....................................... — 3
1.3 Calcul de l’échauffement en régime variable............................................ — 3
1.3.1 Régime de surcharge temporaire...................................................... — 4
1.3.2 Régime de court-circuit ...................................................................... — 4
1.4 Calcul du courant en régime permanent ................................................... — 4
1.5 Calcul du courant en régime variable ........................................................ — 4
1.5.1 Régime de surcharge temporaire...................................................... — 4
1.5.2 Régime de court-circuit ...................................................................... — 4
1.6 Ordre de grandeur des paramètres à prendre en compte dans les
calculs d’échauffement ............................................................................... — 4
1.7 Exemple d’application................................................................................. — 5
2. Efforts électrodynamiques dus aux courants de court-circuit ... — 5
2.1 Courant de court-circuit .............................................................................. — 5
2.2 Efforts électrodynamiques : description du phénomène ......................... — 5
2.3 Modélisation mathématique....................................................................... — 5
2.3.1 Principe de calcul des efforts électrodynamiques ........................... — 5
2.3.2 Application aux portées en câbles de lignes ou de postes ............. — 6
2.4 Pincement dans un faisceau de conducteurs............................................ — 7
2.4.1 Description du phénomène ............................................................... — 7
2.4.2 Modélisation mathématique.............................................................. — 7
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 439

L e passage du courant dans un conducteur entraîne l’échauffement de


celui-ci ; ce conducteur est également soumis à d’autres phénomènes
d’ordre climatique tels que le vent, l’ensoleillement et la température ambiante.
Il est donc important de connaître cet échauffement afin d’assurer aux conduc-
teurs une température de fonctionnement compatible, d’une part, avec les
matériaux utilisés pour leur fabrication et, d’autre part, avec la flèche de ceux-ci
au-dessus du sol et des constructions.
Parution : février 1997

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LIGNES AÉRIENNES : ÉCHAUFFEMENTS ET EFFORTS ÉLECTRODYNAMIQUES _______________________________________________________________________

Par ailleurs, à la suite des travaux de Laplace, nous savons que la circulation
de courants dans des conducteurs parallèles induit dans ces conducteurs des
forces électromagnétiques proportionnelles au produit des courants
circulant dans les deux conducteurs.
En cas de court-circuit dans une configuration de ligne ou de poste en
conducteurs souples, on mesure alors des surtensions mécaniques (traction et
flexion) appelées efforts électrodynamiques au niveau des supports et des
isolateurs d’ancrage. On observe également des mouvements de conducteurs
très importants.
Ces efforts pouvant être considérables, il est indispensable de les prendre en
compte dès la conception d’un nouvel ouvrage.
Ce sont ces deux phénomènes qui sont étudiés dans cet article.

R c résistance linéique en continu du conducteur (Ω · m–1) ;


1. Calculs thermiques
µ0 = 4π × 10–7(H · m–1) (5)
Les calculs qui sont proposés dans ce paragraphe demandent, = perméabilité magnétique du vide et, par extension, de
pour la plupart d’entre eux, des itérations ; pour cette raison, il est l’air.
préférable de programmer les algorithmes qui suivent afin d’obte-
nir des résultats plus rapides et plus précis.
1.1.2 Ensoleillement
1.1 Bilan des puissances La puissance linéique due à l’ensoleillement Ps (W · m–1) est la
en régime permanent suivante :
Ps = r ϕ D (6)
D’une manière générale, le bilan thermique des puissances d’un avec r coefficient de réceptivité du flux solaire (0 < r < 1) sans
conducteur en régime permanent (en équilibre thermique) s’écrit dimension, pris par défaut à 0,5 (§ 1.6),
de la façon suivante :
ϕ flux solaire (W · m–2),
Puissance d’échauffement = Puissance de dissipation (1) D diamètre extérieur du conducteur (m).
PJoule + Pensoleillement = Pconvection + Prayonnement
PJ + Ps = Pc + Pray 1.1.3 Convection
La puissance linéique dissipée par convection Pc (W · m–1) est :
1.1.1 Effet Joule
La puissance linéique due à l’effet Joule PJ (W · m –1) s’écrit : 冤 D
λ
P c = ∆ T s S e  ------- Nu
 冥 (7)

PJ = R I 2 (2) avec Se surface d’échange du conducteur (m2),


avec R résistance linéique à 50 Hz et à la température considérée λ conductivité thermique de l’air ambiant (W · m–1 · K–1),
du conducteur (Ω · m–1), Nu nombre de Nusselt, sans dimension, qui dépend de la
I courant transité par le conducteur (A) ; vitesse du vent, de sa direction, de sa stabilité et des
caractéristiques de la surface extérieure du conducteur
où R = k R20[1 + α ( θc – θ20 )] (3) [3],
avec R20 résistance linéique en continu du conducteur à la tempé- ∆Ts échauffement du conducteur par rapport à la tempéra-
rature de 20 oC (Ω · m–1), ture ambiante.
α coefficient de variation de la résistance du conducteur Nu s’exprime différemment suivant le type de convection, natu-
en fonction de la température (oC–1), relle ou forcée.
θc température du conducteur (oC), En convection naturelle, on a :
θ20 température de référence (20 oC) de la valeur de R20
Nu = A (Gr · P r)m (8)
(oC).
Le coefficient k s’exprime par : avec A, m coefficients déterminés expérimentalement ;
2
1 µ0 f 2 1 µ0 f 4 ρ a β gc p D 3∆ T s
k = 1 + --------  ------------- – -----------  ------------- (4) Gr ⋅ Pr = --------------------------------------
- nombre de Grashof-Prandtl,
12  2 R c  180  2 R c  µd λ
sans unité ; (9)
(formule de Rayleigh limitée à trois termes et valable pour les fré-
quences inférieures à 150 Hz) ρa masse volumique de l’air ambiant (kg · m–3) ;
avec f fréquence du réseau (Hz) ;

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D4440

Effet couronne sur les réseaux


électriques aériens

par Claude GARY


Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité
Conseiller Scientifique Honoraire
Direction des Études et Recherches d’Électricité de France

1. Aspect physique du phénomène en tension alternative ............... D 4 440 - 4


2. Calcul du champ électrique superficiel des conducteurs ............. — 7
3. Méthodes de prédétermination des pertes par effet couronne .. — 9
4. Perturbations radioélectriques dues à l’effet couronne ............... — 13
5. Perturbations radioélectriques dues à l’appareillage de poste
et aux chaînes d’isolateurs .................................................................... — 20
6. Perturbations radioélectriques aux fréquences télévision........... — 22
7. Effet couronne sur les lignes à courant continu ............................. — 22
8. Règles d’établissement de valeurs limites des perturbations ..... — 24
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 440

effet couronne, phénomène aujourd’hui bien connu, se manifeste sous


L’ forme d’une gaine lumineuse bleuâtre qui apparaît autour d’un fil mince,
lorsque celui-ci est porté à un potentiel suffisant. Il rappelle le halo lumineux visi-
ble à la périphérie du soleil, au moment des éclipses, et qui lui a donné son nom.
Du point de vue physique et électrique, ce phénomène est dû à l’ionisation de
l’air, dès que le champ électrique régnant au voisinage immédiat du conducteur
devient suffisant.
Lorsque l’on utilise des conducteurs de plus gros diamètre, comme ceux qui
équipent les lignes aériennes, on constate que la gaine lumineuse évolue en
décharges discrètes que les spécialistes ont coutume d’appeler « aigrettes » ou
« effluves ».
On peut remarquer ici que ce phénomène se manifeste aussi dans des condi-
tions naturelles, en particulier à l’approche d’un orage : sous l’effet de l’intense
champ électrique généré par les charges électriques du nuage orageux, il se
forme au sommet de toutes les pointes ou aspérités (mâts, paratonnerres, pics
montagneux...) des effluves ou aigrettes, accompagnées d’un crépitement
caractéristique. Les alpinistes connaissent bien ce bruit, qu’ils appellent « bruit
d’abeilles ». Les feux de Saint-Elme, décrits par les anciens navigateurs, n’ont
pas d’autre origine.
Lors de l’effet couronne, l’énergie dissipée est à l’origine de pertes électriques
et les impulsions électriques associées aux aigrettes entraînent des perturba-
tions radioélectriques.
Par l’analyse des résultats de mesures antérieures sur de nombreux types de
conducteurs, on a mis en évidence l’influence des principaux paramètres régis-
Parution : février 1998

sant l’amplitude des phénomènes couronne. Dans leur ordre de mise en évi-

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EFFET COURONNE SUR LES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES AÉRIENS ___________________________________________________________________________________

dence, ce sont : le champ électrique superficiel du conducteur, son diamètre, son


état de surface, la densité de l’air environnant.
Pour l’exploitation du réseau à 380 kV, l’effet couronne devient gênant et le
choix de conducteurs en faisceaux permet d’en limiter les pertes et le champ
perturbateur à des valeurs raisonnablement acceptables.
L’état de surface des conducteurs est un paramètre important par le fait que,
plus il se dégrade, plus les pertes augmentent, et plus le champ perturbateur est
élevé. Parmi les facteurs de dégradation, la pollution végétale ou industrielle,
voire le suintement en surface de la graisse de toronage, jouent un rôle impor-
tant, mais malheureusement difficilement maîtrisable. Plus encore, la pluie, en
raison des aspérités que constituent les gouttes d’eau suspendues aux conduc-
teurs, multiplie le nombre d’aigrettes génératrices de l’effet couronne.
Le code de calcul EFCOR (EFfet CORona), mis au point par EDF pour analyser
la formation des pertes peut être considéré comme un outil remarquable, car il
permet de suivre physiquement le mécanisme des pertes : entre autres perfor-
mances, ce code permet de visualiser le mouvement des charges d’espace, et il
est fascinant pour l’esprit d’assister quasi concrètement au ballet des ions qui se
déplacent, s’entrecroisent et se recombinent au rythme du potentiel alternatif du
conducteur. Mais, au-delà de cette satisfaction toute intellectuelle, les méthodes
pratiques dérivées d’EFCOR permettent une prévision plus que satisfaisante au
niveau des pertes sous pluie, précisément dans les conditions où elles sont éco-
nomiquement les plus gênantes.
En ce qui concerne les perturbations radioélectriques, les diverses étapes de
la connaissance des mécanismes de leur génération permettent maintenant la
prédétermination du niveau perturbateur d’une ligne en projet. Actuellement,
deux groupes de méthodes se partagent la faveur des spécialistes :
— la méthode comparative, qui se base sur une comparaison directe avec des
lignes témoins de caractéristiques plus ou moins semblables, et cherche à éta-
blir des relations empiriques de passage d’une structure de ligne à l’autre et d’un
champ superficiel à l’autre ;
— la méthode analytique, qui exploite les notions présentées ci-avant, prenant
en compte l’influence de tous les paramètres constructifs d’une ligne, en remon-
tant jusqu’au phénomène initial de l’aigrette ; cette méthode a donné lieu, éga-
lement à EDF, à la mise au point du code de calcul ANALIG (ANAlyse des
LIGnes).
Actuellement, la structure socio-géographique de la plupart des pays d’Europe
de l’Ouest fait que les très hautes tensions (comprises entre 750 et 1 000 kV) ne
seront probablement pas introduites dans un proche avenir (France, République
fédérale d’Allemagne, Grande-Bretagne, Benelux, etc.), sauf dans les pays où
des puissances massives doivent être transportées sur des distances de l’ordre
du millier de kilomètres ; cela est le cas en Suède et le sera peut-être en Italie.
Dans ce dernier pays, notamment, on envisage des transports à des tensions de
1 200 kV, voire de 1 500 kV. Il en est de même dans d’autres pays de vastes
dimensions ou à très forte densité de population (États-Unis, Canada, Russie,
Japon, etc.), où de telles tensions sont prévues et où des réseaux à 750 ou 800 kV
sont déjà exploités. Ce sont donc dans ces pays que se déploient les plus impor-
tants efforts actuels de recherche, centrés sur l’emploi des ultra-hautes tensions.
Enfin, la multiplication des lignes aériennes, nécessitée par le développement
économique, fait apparaître des contraintes de passage et met en évidence des
phénomènes perturbateurs autres que ceux dus à l’effet couronne auxquels on
n’avait jusqu’à présent prêté que peu d’attention. Les contraintes de passage ont
conduit le CISPR (Comité International Spécial pour les Perturbations Radioélec-
triques) à élaborer, à la demande de certains pays, des règles de bon voisinage
entre lignes perturbatrices et installations de réception riveraines, sans que tou-
tefois l’application de ces règles devienne obligatoire. Parmi les phénomènes
perturbateurs à considérer, on mentionnera notamment, outre l’effet couronne
des conducteurs :
— les perturbations dues aux chaînes d’isolateurs et à l’appareillage de poste ;

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__________________________________________________________________________________ EFFET COURONNE SUR LES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES AÉRIENS

— la perturbation des images de télévision par les ondes réfléchies sur les
lignes (échos) ;
— e bruit acoustique directement rayonné par les conducteurs ; ce problème
a été traité dans l’article D 566 « Bruit des matériels électriques ».
En outre, certains pays (Brésil, États-Unis, Chine, Japon, Russie) développent,
à côté des transports en courant alternatif triphasé, des liaisons à courant con-
tinu à très haute tension, ce qui entraîne la nécessité d’étudier également les
phénomènes associés à l’effet couronne en tension continue.

1. Aspect physique rière eux un nuage d’ions positifs, beaucoup moins mobiles ; tout se
passe comme si le conducteur était prolongé par une pointe posi-
du phénomène tive, qui permet ensuite la formation d’une nouvelle avalanche un
peu en avant de la précédente. Ce processus d’ionisation se propage
en tension alternative autour du conducteur nettement plus loin que les avalanches de
polarité négative, et est appelé streamer (la traduction française qui
paraît s’imposer actuellement est dard).

1.1 Nature de l’effet couronne


1.1.2 Calcul du champ critique (formule de Peek)
1.1.1 Avalanche électronique Pour déterminer le champ critique (champ d’apparition de l’effet
couronne) d’un conducteur cylindrique, on emploie généralement la
formule de Peek, qui est la plus connue [1]. Elle a pour expression :
L’effet couronne désigne l’ensemble des phénomènes liés à
0,308
l’apparition d’une conductivité d’un gaz dans l’environnement E c = 31 d æè 1 + ---------------öø (1)
d’un conducteur porté à une haute tension. dr
Cette conductivité est due au phénomène d’ionisation, que
l’on explique de la façon suivante : avec Ec (kV/cm) valeur de crête du champ critique (en
champ alternatif),
Il existe toujours dans l’air un certain nombre de paires ions
positifs - électrons libres, créés par rayonnement cosmique ou r (cm) rayon du conducteur,
par la radioactivité naturelle. Lorsque ces électrons sont soumis
3,92 p
à un champ électrique, ils sont accélérés, et si le champ est assez d = ------------------ densité relative de l’air,
intense, l’énergie qu’ils acquièrent devient suffisante pour pro- 273 + t
voquer l’ionisation des molécules neutres qu’ils heurtent (ioni- (d = 1 pour p = 76 cm Hg et t = 25 oC).
sation par choc). Il se crée de nouveaux électrons libres, L’état de surface du conducteur est très important : la relation pré-
lesquels, soumis au même champ, vont également ioniser des cédente ne se vérifie que pour des surfaces parfaitement polies.
molécules, et ainsi de suite : le processus prend une allure
d’avalanche, dite avalanche de Townsend. Pour qu’une telle La rugosité superficielle diminue le champ critique ; on tient
avalanche puisse se maintenir, il faut qu’elle atteigne une taille compte de cette influence en attribuant au conducteur un coefficient
critique, et que le champ électrique ait une valeur suffisante. expérimental m < 1 , appelé coefficient d’état de surface. Le champ
critique E0 d’un conducteur non poli s’exprime alors sous la forme :

En champ uniforme, dans les conditions normales de l’air, cette E0 = mEc


valeur est très voisine de 30 kV/cm, et le phénomène évolue
jusqu’au claquage de l’intervalle entre les électrodes. Ce champ est Ainsi, le toronnage d’un conducteur de ligne aérienne introduit un
alors appelé champ disruptif. coefficient d’état de surface de l’ordre de 0,9.

Mais au voisinage d’un conducteur d’une ligne électrique, les sur-


faces équipotentielles ont une très forte courbure, et le champ élec- 1.1.3 Modes d’émission des charges. Aigrettes
trique décroît très rapidement en fonction de la distance au
conducteur. L’avalanche électronique ne peut se produire que si le
Les premières expériences sur l’effet couronne, qui datent du
champ à la surface du conducteur atteint une valeur supérieure à
début du siècle, étaient faites à l’aide de fils minces, de quelques
30 kV/cm, d’autant plus grande que le rayon du conducteur est petit.
millimètres de diamètre. Portés à une tension suffisante, il se forme
Ce champ superficiel est appelé champ critique.
autour d’eux une gaine lumineuse, de couleur bleu-violet, dont
En polarité négative du conducteur, l’avalanche électronique se l’épaisseur augmente avec la tension. C’est la présence de cette
développe depuis le conducteur vers l’extérieur ; elle s’arrête à une lueur qui a donné naissance à l’expression, maintenant universelle-
certaine distance où le champ n’est plus suffisant pour assurer ment employée, d’effet couronne ou corona.
l’effet multiplicateur. Ce champ est de l’ordre de 26 kV/cm. Le phé- Mais lorsque le diamètre du fil croît, pour atteindre les dimen-
nomène d’ionisation est alors limité à une couronne d’une épaisseur sions des câbles utilisés sur les lignes de transport d’énergie, l’effet
bien définie. couronne perd cet aspect de gaine lumineuse uniforme ; il se discré-
En polarité positive du conducteur, au contraire, l’avalanche élec- tise en lueurs localisées désignées sous le nom général d’aigrettes.
tronique prend naissance dans l’espace voisin, et se développe vers Cette discrétisation de l’effet couronne est observée sur des cylin-
le conducteur. Les électrons sont absorbés par celui-ci, laissant der- dres parfaitement polis, et est encore grandement favorisée, dans le

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EFFET COURONNE SUR LES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES AÉRIENS ___________________________________________________________________________________

Historique

Dès les débuts de l’électrotechnique des hautes tensions, l’attention des plusieurs sous-conducteurs de rayon moindre, groupés en « faisceau ». Les
ingénieurs et des chercheurs fut attirée par le curieux phénomène désigné tentatives pour utiliser des conducteurs de fort diamètre (de l’ordre de
par « Effet couronne » ou « Corona ». 50 mm) se heurtèrent rapidement à des poids excessifs, à une mauvaise utili-
On peut considérer que le véritable pionnier de l’étude scientifique de sation de la section (effet de Peau ) et à des difficultés de pose. Aussi y eut-
l’effet couronne est un chercheur américain, R.W. Peek, qui, vers 1920, établit il plusieurs tentatives pour mettre au point des conducteurs creux, remplis de
une loi empirique exprimant le seuil d’apparition de la lueur, en terme de polythène, ou comportant des entretoises internes. Dans certains de ces
champ électrique superficiel. Cette loi célèbre est toujours en usage types de conducteurs, la couche superficielle était constituée de méplats
aujourd’hui. Mais si la curiosité scientifique fut sans doute la motivation ori- emboîtés les uns dans les autres, mais ces conducteurs s’avérèrent très fragi-
ginale des chercheurs, les premiers transports d’énergie à haute tension les. Finalement, on s’orienta vers l’emploi de faisceaux, cette solution techni-
montrèrent rapidement que l’effet couronne était une source de pertes, et ce que étant aujourd’hui universellement utilisée sur les lignes de tension
furent alors des préoccupations d’ordre économique qui incitèrent à poursui- supérieure ou égale à 380 kV.
vre les recherches et à approfondir les mécanismes physiques mis en jeu. De Des mesures correctes du champ perturbateur nécessitèrent de nom-
1920 jusqu’à l’immédiat avant-guerre, de nombreuses théories virent le jour, breuses études et mises au point. Il existait vers 1950 une grande diversité
pour expliquer la formation des pertes : il est alors reconnu que l’ionisation d’appareils de mesure des champs, se différenciant par leur bande passante,
génère des charges d’espace, et que c’est leur mouvement autour des con- leurs caractéristiques de détection (c’est-à-dire mesurant la valeur efficace du
ducteurs qui est responsable de ces pertes. On peut citer, pour cette époque, signal, ou sa valeur de crête, ou de quasi-crête) ; on se rendit rapidement
les travaux de Ryan et Henline (1924), de Hesselmeyer et Kostko (1925), de compte que la comparaison des mesures effectuées dans les divers pays par-
Holm (1927). La très grande variété de formules donnant les pertes, propo- ticipant aux études nécessitait une unification des caractéristiques. Ce travail
sées par ces auteurs et d’autres, montre à quel point le problème est délicat. de normalisation fut réalisé au sein d’un Comité International, le CISPR,
C’est à cette même période que l’on mit en évidence le fait que la gaine comité aujourd’hui intégré à la Commission Électrotechnique Internationale.
lumineuse des fils fins évoluait en décharges discrètes lorsque le diamètre du Néanmoins, les Américains préfèrent toujours utiliser l’appareil conforme à la
conducteur utilisé croissait. Ce fut le mérite de Trichel (1938), puis plus tard de norme américaine « ANSI », mais le facteur de correction entre les deux est
Loeb, Raether et d’autres, d’analyser les caractéristiques et les mécanismes maintenant bien connu. Il est clair qu’à côté de tout ce travail expérimental, il
de formation de ces décharges, plus communément appelées « aigrettes » était nécessaire de mener des recherches théoriques, en vue d’une compré-
dans le langage des spécialistes. Ces chercheurs montrèrent très clairement hension approfondie de la physique des phénomènes : par une évolution
que le phénomène fondamental générant l’effet couronne est l’« avalanche toute naturelle des esprits, celles-ci ont porté d’abord sur l’étude de l’aigrette
électronique ». individuelle et de son champ électromagnétique local. Mais, très rapidement,
Ce n’est qu’à partir de 1945 que l’on a commencé à se préoccuper d’une a été mise en évidence l’importance de la propagation des hautes fréquences
autre conséquence de l’effet couronne, liée à la formation des aigrettes : les le long d’une ligne, ce qui a conduit à l’étude théorique des champs guidés,
perturbations radioélectriques. Les aigrettes, qui sont d’un point de vue de leur propagation et de leur atténuation. Ces travaux ont abouti à la mise au
électrique des impulsions de courant très brèves, génèrent au voisinage point de méthodes de calcul des perturbations extrêmement élaborées,
d’une ligne à haute tension un champ électromagnétique à haute fréquence ; d’ailleurs encore poursuivies et affinées jusque vers les années 1980. La mise
à l’écoute d’une émission de radiodiffusion, ce champ est capable de grave- au point par EDF du code de calcul ANALIG permet désormais la prévision,
ment perturber le signal utile, en y superposant des parasites qui se manifes- avec une grande précision, non seulement du niveau perturbateur, mais aussi
tent par un crépitement quasi permanent. de son atténuation transversale.
Le décalage de près de 25 ans entre l’étude de ces deux aspects de l’effet En ce qui concerne la théorie des pertes, celle-ci avait peu progressé pen-
couronne – pertes et perturbations – n’a rien d’étonnant, car si les considéra- dant de longues années, jusqu’à l’apparition des grands ordinateurs ; cette
tions énergétiques apparurent très vite, le phénomène perturbateur ne deve- lacune a été comblée par le code de calcul EFCOR.
nait vraiment gênant qu’aux tensions supérieures à 220 kV. C’est donc Les recherches se sont maintenant quelque peu ralenties, tout au moins en
l’introduction du transport de l’énergie électrique à 380 kV et au-dessus qui France, après une trentaine d’années d’intense activité, de 1945 à 1975 envi-
suscita d’actives recherches dans ce domaine. ron. Ces recherches étaient liées au développement des réseaux à 400 kV,
Pour réduire le champ superficiel d’un conducteur équipant une ligne de puis à la préparation technique en vue de l’éventuel emploi de tensions com-
tension donnée, s’offrent deux possibilités : accroître son rayon, ou utiliser prises entre 750 et 1 000 kV.

cas des conducteurs industriels, par des irrégularités de surface tel- lumineux dont le sommet plus brillant est posé sur la pointe. Le
les que le toronnage, les éraflures, les dépôts de poussière végétale, mécanisme de ces impulsions est du type avalanches négatives
de pollution industrielle, voire de petits insectes. Toutes ces aspéri- (figure 1).
tés de natures diverses créent un renforcement local du champ élec-
trique, et ont pour conséquence une réduction du niveau de la b) Zone de conductivité d’Hermstein : c’est un mode d’émission
tension d’apparition des aigrettes. en polarité positive qui a la propriété d’être continu. Il a lieu généra-
Il existe un grand nombre de modes d’émission de charges dus à lement, en tension alternative, immédiatement au-dessus du seuil
l’ionisation des gaz, pouvant prendre l’aspect d’émission continue positif. Sa participation est importante dans la formation des pertes
ou d’émission impulsionnelle, et constituant autant de variétés couronne mais négligeable dans la formation des perturbations
d’aigrettes. radioélectriques.
En ce qui concerne l’étude des pertes et des perturbations,
c) Grandes aigrettes positives : le mode d’émission impulsionnel
3 modes d’émission principaux sont à retenir.
apparaît au-delà de la zone continue d’Hermstein, pour des champs
a) Petites aigrettes négatives (impulsions de Trichel) : en général, positifs un peu supérieurs. Le courant d’émission prend la forme
le champ critique est légèrement plus faible en polarité négative d’une série irrégulière d’impulsions de grande amplitude
qu’en polarité positive. Lorsque ce champ critique négatif est atteint ( > 100 mA) . Visuellement, elles se présentent comme des aigrettes
au sommet d’une aspérité du conducteur, l’observation à l’oscillo- très lumineuses, dont la base est attachée à une aspérité du câble, et
graphe montre l’apparition de trains d’impulsions, avec des fré- qui se propagent de façon arborescente à des distances de plusieurs
quences de relaxation pouvant aller de 1 kHz à 100 kHz. centimètres. Leur mécanisme de formation est du type streamer
Les impulsions sont d’autant plus petites et plus serrées que la (figure 2). Ce sont ces grandes aigrettes positives qui sont responsa-
pointe est fine ; leur amplitude est relativement faible (de l’ordre du bles des perturbations radioélectriques. Elles s’accompagnent éga-
milliampère) mais elles sont caractérisées par des fronts de montée lement, du point de vue acoustique d’un claquement sec dont la
très raides, de l’ordre de la dizaine de nanosecondes. A ces impul- multiplication engendre le bruit d’abeilles bien connu au voisinage
sions, dites impulsions de Trichel, correspond visuellement un cône des lignes à haute tension.

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__________________________________________________________________________________ EFFET COURONNE SUR LES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES AÉRIENS

a impulsions de Trichel (aigrettes négatives) b train d'impulsions (vitesse de balayage : c détail d'une impulsion (vitesse de balayage :
à la surface d'un conducteur toronné 0,2 ms/carreau) 50 ns/carreau)

Figure 1 – Effet couronne négatif

a impulsions de prédécharge (aigrettes positives) b train d'impulsions (vitesse de balayage : c détail d'une impulsion (vitesse de balayage :
à la surface d'un conducteur toronné 0,2 ms/carreau) 200 ns/carreau)

Figure 2 – Effet couronne positif

1.2 Mécanisme de formation Tant que le nombre de points générateurs d’ions est faible, le
champ principal dû aux charges portées par le conducteur n’est pra-
des pertes couronne tiquement pas perturbé. On dit qu’on est en régime de pertes
localisées ; le calcul du mouvement individuel et de la perte d’éner-
gie des charges d’espace est alors possible ; par contre, la quantité
de charges émises est extrêmement fluctuante et dépend considéra-
Quel que soit le mode d’émission, le phénomène fondamental blement de l’état de surface du conducteur, de sorte qu’un calcul
est toujours la dissociation des atomes en électrons et en ions exact des pertes est quasi impossible et illusoire. Les pertes sont
positifs. Les charges de signe opposé à celui du conducteur sont d’ailleurs, dans cette zone de fonctionnement, assez faibles pour
instantanément attirées vers celui-ci et neutralisées, alors que que leur influence économique soit négligeable.
les charges de même signe sont entraînées vers l’extérieur par Lorsque la tension appliquée s’accroît ou lorsque pluie, brouillard
le champ électrique. Comme les électrons s’attachent très rapi- ou neige multiplient les aspérités du conducteur en déposant sur sa
dement à des atomes neutres pour former des ions négatifs, surface des gouttes d’eau, le nombre d’aigrettes augmente. La
tout se passe, du point de vue de l’électrotechnicien, comme si charge d’espace créée devient suffisamment dense pour réagir de
le conducteur émettait, sous l’effet du phénomène d’ionisation, façon sensible sur le champ superficiel. Il se produit alors une sorte
des ions lourds de même polarité que lui. de phénomène de régulation, par lequel le champ électrique super-
La migration de ces ions dans le champ électrique est la cause ficiel ne peut pas dépasser une certaine valeur critique, légèrement
physique des pertes couronne, l’énergie étant dissipée par frot- supérieure au seuil d’ionisation ; en effet, toute tendance au dépas-
tement des ions contre les molécules neutres de l’air. Le mouve- sement a immédiatement pour conséquence la génération de nou-
ment des ions appelle dans les conducteurs, par induction veaux ions qui tendent à leur tour à limiter la croissance du champ.
électrostatique, un courant qui comporte une composante fon- Dans ce type de fonctionnement, la quantité de charges d’espace
damentale en phase avec la tension ; par cet intermédiaire émises ne dépend plus des caractéristiques propres des sources
s’effectue un transfert d’énergie mécanique en énergie électri- d’ions, mais est directement liée au phénomène d’interaction men-
que, de sorte que l’énergie dissipée est finalement fournie sous tionné. Une description quantitative des mécanismes en jeu, et par
forme électrique. conséquent, un calcul des pertes deviennent alors possibles. Le
régime de formation intense de charges d’espace est appelé régime
des pertes généralisées ; il rend assez bien compte des phénomènes

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EFFET COURONNE SUR LES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES AÉRIENS ___________________________________________________________________________________

qui se produisent sous pluie, c’est-à-dire justement dans des condi-


tions où l’effet couronne est économiquement le plus gênant. formant entre les pièces métalliques et le verre ou la porce-
laine des isolateurs ; enfin, des mauvais contactsentre pièces
métalliques ou dans des isolateurs descellés ou fêlés. Ces méca-
nismes sont la cause accidentelle de violentes perturbations qui
1.3 Mécanisme de formation s’étendent jusqu’aux fréquences télévision ; les remèdes en sont
des perturbations radioélectriques heureusement assez aisés à mettre en œuvre.

Le phénomène fondamental est ici le mode d’émission impul- 1.4 Aspect statistique
sionnelle, au cours duquel les charges libres, ions et électrons,
sont brusquement formées puis violemment entraînées par le Nous avons déjà signalé l’importance de l’état de surface des con-
champ électrique intense au voisinage immédiat du conducteur. ducteurs sur l’intensité de l’effet couronne. La pollution atmosphéri-
La formation et le déplacement de ces charges dans l’espace que, les particules végétales, des insectes qui peuvent se déposer
voisin du conducteur provoquent une modification rapide de la sur les conducteurs, modifient profondément cet état de surface,
distribution des potentiels électrostatiques, d’où résulte l’émis- l’influence du brouillard et de la pluie est encore bien plus impor-
sion d’une onde électromagnétique : ce rayonnement direct, de tante. Même en ne considérant que l’état sec des conducteurs, on a
type sphérique, s’atténue en 1/r 2 et il a été reconnu que sa con- relevé des fluctuations de l’effet couronne, au cours du temps, qui
tribution au champ perturbateur total mesuré en un point voisin faisaient varier la valeur des pertes et du champ perturbateur
de la ligne était faible. Mais le déplacement des charges provo- radioélectrique dans un rapport de 1 à 5, sans qu’il soit possible de
que également un appel de courant dans le conducteur, se maîtriser ce phénomène. Une valeur de pertes, un niveau perturba-
répartissant par moitié de part et d’autre de l’aigrette. Le siège teur ne sauraient donc s’exprimer qu’en termes statistiques, par
de celle-ci peut donc être considéré comme origine de deux exemple, pour un conducteur fonctionnant dans des conditions
impulsions de courant symétriques, se propageant en sens électriques données, par leur valeur la plus probable et par leur
inverses le long du conducteur. Ces impulsions sont représenta- écart-type, ou par la courbe de distribution statistique. L’obtention
bles par leur spectre de Fourier ; les composantes de ce spectre de tels résultats statistiques suppose des mesures de longue durée,
vont avoir des comportements différents, selon leur fréquence. effectuées sur des conducteurs soumis en permanence à une ten-
sion constante. Il est même préférable, pour comparer des conduc-
teurs différents entre eux, dans les mêmes conditions d’environ-
a) Tant que la longueur d’onde associée à une composante spec- nement, de les étudier simultanément. Ces considérations expli-
trale est grande devant les dimensions transversales de la ligne, quent que, dans plusieurs pays, des installations expérimentales
c’est-à-dire tant que l’on peut négliger la propagation transversale importantes aient été réalisées pour étudier l’effet couronne.
des potentiels, on peut considérer qu’à cette composante de courant
est associé un système de deux champs orthogonaux, l’un électri-
que et l’autre magnétique, qui se propagent ensemble le long de la 1.5 Causes de variations d’état de surface
ligne ; ils forment une onde plane guidée, dont le vecteur-énergie de
Poynting est parallèle à la ligne (cf en D 50 Le système d’unités
des conducteurs
MKSA de Giorgi). Compte tenu de l’atténuation, relativement faible,
de cette propagation, la part dominante du champ perturbateur est Les variations de l’état de surface des conducteurs ont plusieurs
due à la superposition des effets de toutes les aigrettes réparties sur causes, dont les principales sont les suivantes.
plusieurs dizaines de kilomètres de part et d’autre du point de
mesure et non à l’effet direct des aigrettes proches. a) Vieillissement : lorsqu’un conducteur est neuf, sa surface porte
des traces de graisse, des petites éraflures dues à une pose plus ou
b) En ce qui concerne les composantes spectrales dont les lon- moins soignée ; une fois mis sous tension permanente, le conduc-
gueurs d’onde se rapprochent des dimensions transversales de la teur se recouvre peu à peu d’une couche noirâtre, poreuse, qui finit
ligne, l’étude théorique des mécanismes de propagation s’appa- par masquer les aspérités d’origine. Cette couche est formée par des
rente aux études de rayonnement des antennes. On peut dire poussières et divers aérosols qui, attirés électrostatiquement par le
qu’une partie de l’énergie est rayonnée directement sous forme conducteur, engendrent une aigrette éphémère et se carbonisent
d’une onde électromagnétique, ce qui a pour conséquence une atté- rapidement. Ce vieillissement, dont la durée est de l’ordre de quel-
nuation plus grande de la composante guidée, et une modification ques mois, entraîne une réduction des pertes qui se stabilisent au
du plan de polarisation du champ perturbateur. Enfin, les compo- tiers environ des pertes à l’état neuf.
santes spectrales très élevées (fréquences de télévision par exem-
ple) sont pratiquement rayonnées en totalité, la part guidée b) Variations saisonnières : celles-ci sont dues aux alternances de
devenant négligeable. pollution des conducteurs et de leur lavage par les pluies. En France,
les pertes sont généralement plus élevées en été et diminuent en
Cette façon de voir est bien confirmée par l’expérience, qui mon- hiver, après les pluies d’automne. (Il semble également que la tem-
tre que les perturbations aux fréquences télévision ne sont jamais pérature ait un effet sur l’émission des charges d’espace, mais cet
propagées par les lignes à très haute tension, et que leur source effet serait lié aux variations de densité de l’air).
n’ont qu’une action locale.
c) État de surface anormal : citons, à titre d’exemple, le cas
extrême suivant : un faisceau de conducteurs présentait, durant
l’hiver et le printemps suivant sa mise en service, des pertes moyen-
nes de l’ordre de 2 kW par kilomètre. Sous l’effet de très fortes cha-
Outre l’effet couronne des conducteurs, il existe d’autres sour- leurs survenant au mois de juillet, la graisse contenue dans le
ces perturbatrices ; elles ont leur siège dans l’appareillage de toronnage des conducteurs s’est liquéfiée, puis s’est répandue à
poste et aux chaînes d’isolateurs réparties tout le long de la leur surface ; un grand nombre d’insectes et de particules végétales
ligne. Ces perturbations sont essentiellement engendrées par sont venus se coller sur cette couche visqueuse, formant autant de
3 types de mécanismes : l’effet de pointe, c’est-à-dire des aigret- sources d’ionisation ; on a alors vu les pertes du faisceau croître
tes qui apparaissent sur des parties d’accessoires métalliques à jusqu’à 24 kW par kilomètre, puis se maintenir à cette valeur pen-
forte courbure, telles que extrémités de cornes de garde, bou- dant plusieurs mois, les pluies étant insuffisantes pour laver cette
lons, goupilles mal protégées ; des micro-claquages partiels se couche.

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Câbles de transport d’énergie


Technologies. Caractéristiques
par Michel PAYS
Chef du Département Câbles, Condensateurs, Matériel d’Automatisme
et Matériaux de la Direction des Études et Recherches d’Électricité de France

coordonnant une équipe composée de Maurice CHAROY – Lucien DESCHAMPS


Éric DORISON – Pierre GAUTHIER – Jean-Pierre ISNARD – Alain PINET

1. Généralités................................................................................................. D 4 520 - 2
1.1 Domaines d’utilisation ................................................................................ — 2
1.2 Constitution et règlement ........................................................................... — 2
1.3 Description technique simplifiée................................................................ — 3
2. Matériaux mis en œuvre dans les câbles isolés .............................. — 3
2.1 Âmes conductrices ...................................................................................... — 3
2.2 Matériaux d’isolation principale................................................................. — 4
2.3 Mise en œuvre des isolants synthétiques ................................................. — 5
2.4 Vieillissement des isolations de câbles ..................................................... — 7
3. Description des câbles HTA et HTB .................................................... — 7
3.1 Câbles HTA ................................................................................................... — 7
3.2 Câbles HTB à isolant synthétique............................................................... — 9
3.3 Câbles HTB isolés au papier imprégné...................................................... — 10
3.4 Câbles à isolant gazeux comprimé ............................................................ — 12
4. Principales caractéristiques électriques ........................................... — 13
4.1 Champ électrique......................................................................................... — 13
4.2 Modélisation d’un câble unipolaire............................................................ — 14
4.3 Impédances cycliques ................................................................................. — 14
4.4 Application au calcul des chutes de tension ............................................. — 16
4.5 Dimensionnement de l’écran de mise à la terre ....................................... — 16
4.6 Notion de longueur critique........................................................................ — 17
4.7 Calcul de la puissance active maximale transmissible ............................ — 20
4.8 Contraintes transitoires............................................................................... — 21
4.9 Données numériques .................................................................................. — 21
5. Capacité de transport des câbles........................................................ — 22
5.1 Généralités ................................................................................................... — 22
5.2 Pertes linéiques............................................................................................ — 22
5.3 Transferts thermiques ................................................................................. — 24
5.4 Environnement thermique.......................................................................... — 25
5.5 Détermination de la capacité de transport ................................................ — 26
5.6 Régime de court-circuit ............................................................................... — 30
5.7 Calculs numériques ..................................................................................... — 32
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 522

L ’article Câbles de transport d’énergie fait l’objet de deux articles :


[D 4 520] Technologies. Caractéristiques ;
[D 4 521] Applications ;
et les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur
Parution : décembre 1994

devra assez souvent se reporter à l’autre article.


Deux techniques permettent aujourd’hui d’assurer le transport d’énergie
entre les centrales de production et les centres de consommation : les lignes
aériennes et les câbles souterrains.

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CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Les lignes aériennes, en hautes et très hautes tensions, en raison de leur plus
faible coût [rapport de l’ordre de 3 à 5 en haute tension (HT) et de 10 à 20 en
très haute tension (THT)], sont utilisées d’une manière préférentielle.
Les câbles isolés souterrains sont principalement employés, au moins jusqu’à
présent, pour le transport et la distribution de l’énergie électrique dans les zones
fortement urbanisées aux abords ou à l’intérieur des grandes villes, parfois pour
résoudre des problèmes locaux particuliers, techniques ou d’environnement,
pour lesquels la mise en œuvre de lignes aériennes est difficile ou impossible.
Toutefois, les câbles souterrains sont de plus en plus utilisés en moyenne tension
(HTA), même en zone rurale ou semi-rurale. De plus, des progrès récents en HT
faciliteront la mise en souterrain dans un avenir proche.

1. Généralités Pour les câbles isolés de puissance, les principaux domaines


sont indiqués ci-après.
■ Les câbles à haute tension (HTB), en 400 kV, sont principale-
1.1 Domaines d’utilisation ment employés sur de courtes longueurs (quelques centaines de
mètres à 2 ou 3 kilomètres), pour assurer l’évacuation de la puissance
de certaines centrales thermiques ou assurer l’alimentation des
Historique auxiliaires des centrales nucléaires, lorsqu’il n’est pas possible de le
faire par lignes aériennes. Leur puissance unitaire peut atteindre
L’histoire des câbles isolés de transport d’énergie est 1 300 MVA.
aujourd’hui plus que centenaire. Trois principaux courants tech-
nologiques se sont développés depuis l’origine : En 225, 90 et 63 kV la principale application est constituée par les
— les câbles isolés au papier imprégné ; artères de pénétration dans les grandes agglomérations ; leur puis-
— les câbles à isolation synthétique extrudée ; sance unitaire est comprise entre la centaine de mégavoltampères
— les câbles à isolation gazeuse. et 600 MVA.
Les perspectives futures de la cryogénie [47] ont par ailleurs L’importance prise par les problèmes d’environnement et la
été évaluées en laboratoire. réduction du coût du transport par câbles à haute tension devraient
conduire, dans l’avenir, à une utilisation plus large de ce moyen de
■ Depuis le début du XXe siècle, l’isolation au papier imprégné transport d’énergie.
d’huile-résine ou simplement d’huile a dominé l’industrie des
câbles (§ 2.2.1). Malgré une concurrence de plus en plus grande ■ Les câbles à moyenne tension (HTA), 3 à 45 kV, sont très
des câbles à isolant synthétique, les câbles isolés au papier utilisés sur les réseaux de distribution d’énergie électrique. Ancien-
imprégné sont encore utilisés dans le monde, principalement nement isolés au papier imprégné, ils le sont maintenant par des
pour les très hautes tensions et les grandes puissances. matières synthétiques entraînant une réduction du coût et une plus
L’abandon des câbles isolés au papier imprégné au profit des grande facilité de pose (mécanisation...) et de mise en œuvre.
câbles à isolant synthétique a été dû : ■ Les câbles à basse tension (BT), à 230 ou 400 V, constituent le
— à l’absence de nécessité de maintenance des câbles moyen le plus sûr et le plus esthétique de distribution locale d’éner-
« secs » ; gie électrique. Leur isolant est en matière synthétique et l’âme géné-
— aux plus faibles pertes diélectriques ; ralement en aluminium. Une application courante consiste à utiliser
— à la plus forte capacité de transport ; ces câbles sous forme de réseau aérien, posé en façade d’immeuble,
— à l’absence de fuites d’huile ; ou tendu entre supports [48].
— à la limitation des conséquences d’un incendie ;
— au coût moindre (mais ce point n’est pas généralisable sur ■ De nombreux types de câbles particuliers (cf. [D 4 521]) sont
le plan mondial ). également développés (ayant un comportement amélioré au feu,
résistant aux radiations pour centrales nucléaires, résistant aux
■ C’est dans les années 60 que l’emploi des matériaux syn- produits chimiques, à des températures élevées, mécaniquement
thétiques extrudés, thermoplastiques ou réticulés, prit son très souples ou robustes, etc.) ; ils font l’objet de spécifications
essor. Un matériau, surtout, a occupé le devant de la scène : le particulières.
polyéthylène utilisé pur (§ 2.2.3) ou réticulé (§ 2.2.4) ; mais,
l’emploi du caoutchouc d’éthylène-propylène (§ 2.2.5) se déve-
loppe également.
1.2 Constitution et règlement
En France, les câbles à isolant synthétique extrudé couvrent
aujourd’hui tous les besoins courants de la basse tension
■ La constitution des câbles est très différente suivant leur appli-
jusqu’aux plus hautes tensions de transport actuelles (400 kV,
cation et leur tension d’utilisation ; réduits à un conducteur entouré
500 kV dans certains pays), cela avec une facilité de mise en
d’un isolant pour certains câbles BT, on peut trouver plus de
œuvre et d’exploitation inégalée et une fiabilité très satisfaisante.
10 composants successifs pour certains câbles spéciaux HTB.
■ La technique des câbles à isolant gazeux, pour laquelle
■ Toutes les règles d’établissement des fils et câbles isolés sont
l’isolation électrique est assurée par de l’hexafluorure de soufre
contenues dans les normes éditées par l’Union technique de l’Élec-
(SF6 ) sous pression (§ 2.2.7), permet la réalisation de liaisons à
tricité (UTE) et la Commission Électrotechnique Internationale (CEI).
haute tension de grande puissance (  2 000 MVA ) . Cette tech-
Les câbles utilisés par Électricité de France (EDF) ou par l’industrie
nique dérive actuellement directement de celle des postes
font, dans certains cas, l’objet de spécifications particulières.
blindés.
Les références de ces divers documents sont rappelées dans les
différents paragraphes de cet article.

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1.3 Description technique simplifiée 1.3.2 Accessoires de raccordement

1.3.1 Câble Le raccordement des câbles est un sujet important qui sera abordé
au cours des différents paragraphes. Deux types de raccordement
Pour simplifier, on peut considérer, dans une première approche, sont à considérer : les extrémités et les jonctions. On nomme acces-
qu’un câble isolé (figure 1) est un système coaxial constitué d’un soires les dispositifs permettant un raccordement :
conducteur central (âme), en cuivre ou en aluminium, dans lequel — les extrémités permettent de connecter le câble à une ligne
circule le courant et qui est au potentiel, entouré d’une enveloppe aérienne, à un jeu de barre...
isolante (en papier imprégné d’une matière isolante ou en maté- — les jonctions sont utilisées pour le raccordement de deux
riau synthétique). Un écran métallique extérieur joue à la fois le tronçons de câbles entre eux.
rôle d’électrode de référence, de conducteur d’évacuation du cou- Ces deux constituants sont essentiels et leur fiabilité intrinsèque
rant de court-circuit homopolaire, de barrière d’étanchéité et, éven- doit être, au minimum, égale à celle du câble lui-même. Il faut noter
tuellement, de protection mécanique. Cet écran est recouvert que les extrémités sont soumises non seulement à des contraintes
généralement d’une gaine externe en matériau synthétique. thermiques et électriques mais aussi à des contraintes d’environ-
Le câble isolé est donc assimilable électriquement à un conden- nement parfois sévères (dans les zones polluées ou en bord de
sateur cylindrique. Le champ électrique est confiné entre les deux mer). De plus, sur le plan électrique, la distribution du champ élec-
électrodes et c’est l’enveloppe isolante qui supporte la totalité de trique est sensiblement différente de celle du câble, la coaxialité
la contrainte électrique en régime permanent. Son dimensionne- n’étant plus assurée, et les répartiteurs de champ doivent donc être
ment devra donc être particulièrement soigné. Afin que, seule, la dimensionnés pour ce faire.
composante radiale du champ électrique soit dimensionnante, des
écrans en matériaux conducteurs (papiers graphités et métallisés,
dans le cas des câbles isolés au papier imprégné, et matière plas- 1.3.3 Exigences du système de câble
tique conductrice, dans le cas des câbles à isolation synthétique)
sont disposés, d’une part, sur le conducteur central et, d’autre part, Le câble et le système de câble (câble et accessoires) peuvent
sur la partie externe de l’enveloppe isolante. Ces écrans permettent paraître de prime abord des constituants de réseau simples. En effet,
de lisser le plus possible les irrégularités géométriques des ils ne présentent pas de partie tournante, ils sont le plus souvent
conducteurs et d’éviter ainsi des amplifications locales du champ enterrés... Ce serait une erreur de les considérer ainsi.
électrique qui seraient contraignantes pour la durée de vie des
câbles HTA et HTB. Leur mise au point et leur dimensionnement font appel à de
nombreuses disciplines (électricité, chimie, thermique, méca-
nique...). De plus, leur caractère linéaire et les procédés de fabrication
Comme nous le verrons dans les paragraphes suivants, cette associés les rendent sensibles à toute dérive de maîtrise des para-
description est très réductrice puisque les technologies de câbles mètres de fabrication. Ainsi, il est essentiel de pouvoir vérifier :
sont variées et la description de la structure coaxiale, présentée — d’une part, la pertinence du choix des constituants et de leur
ci-dessus, que l’on appelle traditionnellement unipolaire, bien dimensionnement intrinsèque ;
que se généralisant, n’est pas la seule, en particulier pour les — d’autre part, la régularité de leurs performances en fabrica-
câbles BT et HTA. tion industrielle.
Cela explique que de nombreux essais électriques, thermiques,
thermomécaniques, physicochimiques ont été mis au point et
normalisés aux plans national et international. Les essais dits de
courte durée ont été complétés par des essais d’endurance de longue
durée sous des tensions élevées et des contraintes thermoméca-
niques sévères permettant de juger de la fiabilité à long terme des
constituants de la liaison et de leur parfaite compatibilité.

C’est grâce à cet ensemble de précautions, résultant d’études


très poussées, que l’on dispose de câbles souterrains à la fois
sûrs et relativement économiques.

2. Matériaux mis en œuvre


dans les câbles isolés
2.1 Âmes conductrices
Les âmes des câbles isolés sont réalisées à partir de cuivre électro-
lytique recuit ou d’aluminium écroui 3/4 dur [49]. Les spécifications
internationales de ces métaux sont reprises dans les normes fran-
çaises NF C 30-010 pour le cuivre et NF C 31-122 pour l’aluminium.
Les principales caractéristiques de ces métaux sont données
dans le tableau 1. (0)
Pour deux âmes de même résistance et de même longueur, le rap-
Figure 1 – Câble unipolaire : schéma port des sections d’aluminium et de cuivre est de 2,82 /1,72 = 1,64 ;
le rapport des masses est 1,64 (2,70/8,89) = 1/2. L’aluminium paraît
donc préférable tant que son prix n’est pas le double de celui du

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Tableau 1 – Principales caractéristiques du cuivre et de l’aluminium à 20 oC


Caractéristiques Cuivre recuit Aluminium écroui 3/4 dur
Résistivité électrique .............................. (Ω · m) 1,724 1 · 10– 8 2,826 4 · 10 – 8
Coefficient de variation de température.. (K –1) 3,93 · 10 –3 4,03 · 10–3
Contrainte à la rupture.............................(MPa) 200 à 250 120 à 180
Allongement à la rupture............................. (%) 30 à 85 0,5 à 3,2
Masse volumique ............................(kg · dm– 3 ) 8,89 2,70
Coefficient de dilatation linéique ............. (K –1) 17 · 10 –6 23 · 10 –6

cuivre. Toutefois, le diamètre de l’âme en aluminium étant 2.2.3 Polyéthylène (PE)


1,64 = 1,28 fois celui de l’âme en cuivre équivalente, il y a lieu
de prendre également en compte l’augmentation des masses des Polymère d’éthylène [— CH 2 — CH 2 —] n fabriqué par divers
autres constituants (isolant, écrans, gaine...). procédés de haute et basse pressions, avec des masses moléculaires
très diverses, il s’oxyde très rapidement, est inflammable et peu
L’aluminium demeure généralement le plus économique pour
hygroscopique.
toutes les sections d’âmes, jusqu’aux tensions les plus élevées.
Les procédés haute et basse pressions permettent d’obtenir
Les structures des âmes conductrices sont variées. Elles peuvent
respectivement des polyéthylènes basse densité (PEbd, d = 0,91 à
être soit de section circulaire soit sectorales. Elles sont soit massives
0,93) et haute densité (PEhd, d = 0,94 à 0,96).
(cela n’est possible que pour des sections inférieures ou égales à
1 200 mm2, généralement en aluminium), soit câblées (formées d’un Les excellentes propriétés électriques du PE [rigidité diélectrique
assemblage de fils individuels). Pour les très fortes sections et l’uti- élevée, pertes diélectriques et permittivité faibles (tableau 2)] le
lisation du câble pour le transport d’énergie sous tension alternative, font largement utiliser dans les câbles d’énergie jusqu’à la tension
l’âme conductrice est le plus souvent segmentée (la section circulaire de 500 kV. Sa résistivité thermique est, de plus, nettement plus
est divisée en segments câblés individuellement et isolés les uns faible que celle du papier imprégné et donne ainsi la possibilité de
des autres) afin de réduire sensiblement les pertes par effet de peau. réaliser un refroidissement forcé externe efficace. On ajoute au PE
un antioxydant de protection.

2.2 Matériaux d’isolation principale 2.2.4 Polyéthylène réticulé (PR)


Le lecteur pourra utilement se reporter, pour les matériaux à Le PR possède sensiblement les mêmes qualités électriques que
isolation synthétique, à la référence [50] et aux articles spécialisés le polyéthylène, mais de meilleures qualités thermiques (tableau 2).
du traité Plastiques et Composites [61] [62] [63] [64]. La réticulation peut être obtenue par différents procédés (§ 2.3.2).
Les principales caractéristiques électriques et thermiques sont La mise en œuvre de charges minérales dans le PR améliore le
résumées dans le tableau 2. comportement mécanique à la température de fusion, mais dimi-
nue les propriétés diélectriques.
2.2.1 Papier imprégné En France, le PR s’est généralisé, pour le moment, dans les
réseaux jusqu’aux tensions de 90 kV.
Pendant des décennies, le papier imprégné d’huile [51] a été l’iso-
lant le plus employé. En France, il n’est plus utilisé pour les liaisons
sous tensions alternatives terrestres (§ 1.1) quelle que soit la tension
2.2.5 Caoutchouc éthylène-propylène
de service, mais de nombreux réseaux de câbles réalisés avec ce
type d’isolant sont encore en service. De tels câbles sont encore fabri- Il s’agit de EPR (ethylene-propylene rubber), de EPM (ethylene-
qués dans certains pays. propylene material) et de EPDM (ethylene-propylene diene
monomere).
Copolymère ou terpolymère d’éthylène-propylène, réticulable
2.2.2 Polychlorure de vinyle (PVC) par voie chimique, ce matériau présente une excellente résistance
à l’ozone et aux intempéries, et une grande souplesse.
Le PVC [—CH2 —CHCl—]n est, en général, mélangé avec des Ses principales caractéristiques électriques sont résumées dans
plastifiants et des charges appropriés, de façon à donner une le tableau 2.
matière thermoplastique isolante, difficilement inflammable, insen-
Par ailleurs, on doit souligner son excellente résistance aux
sible à l’ozone, résistant aux huiles, aux solvants, aux acides et
décharges partielles et superficielles ainsi qu’aux radiations
absorbant peu l’humidité. Ce matériau est sensible à la diffusion
ionisantes.
éventuelle d’additifs provenant des constituants adjacents (gaines,
bourrages). (0) Ce matériau est surtout réservé aux applications spéciales
(cf. [D 4 521]), telles que les câbles souples BT et HTA, où il s’est
Il sert comme isolant pour la filerie et les câbles d’installation
substitué au caoutchouc butyl.
intérieure.
On peut remarquer (tableau 2) que la permittivité, la résistivité
thermique et, surtout, le facteur de pertes diélectriques sont relati- 2.2.6 Caoutchouc de silicone
vement élevés. Cette dernière caractéristique, en particulier, a limité
l’emploi du PVC aux tensions inférieures à 10 ou 15 kV, domaine Obtenu par polymérisation de dérivés du siloxane, il résiste bien
dans lequel on apprécie sa résistance aux décharges partielles : il à l’ozone, à la lumière, à la chaleur, aux huiles et il est utilisable
est moins sensible à ces dernières que les autres matériaux, et, en entre – 80 oC et + 250 oC. C’est un bon isolant, se transformant,
particulier, a tendance à s’oxyder en surface.

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Tableau 2 – Caractéristiques comparées des isolants de câbles


Éthylène-
Polychlorure Polyéthylène Polyéthylène Polyéthylène
Papier propylène SF6
Caractéristiques de vinyle haute densité basse densité réticulé
imprégné (1) rubber
PVC PEhd PEbd PR
EPR
Température maximale
admissible (θmax ) ............................. (oC) 50 et 85 70 70 80 90 90
Température maximale
lors d’un court-circuit ....................... (oC) 150 160 130 à 150 180 250 250
Permittivité relative ε r à θ max ................. 3,3 à 4 5à8 2,2 à 2,4 2 à 2,4 2,4 à 2,6 2,9 à 3,3 1
Facteur de pertes tan δ à θ max (en 10 – 4) 40 à 100 200 à 1 000 1 à 10 1 à 10 10 à 50 50 à 200 20
Résistivité thermique ........ (K · m · W –1) 5à6 5à6 3,5 3 3,5 3,5 à 5
Épaisseur de l’isolant en fonction de la
tension spécifiée :
 12 à 20 kV ...........................(mm) 4,5 6,4 5,5 5,5 5,5 5,5
 36 à 63 kV ...........................(mm)  13,7 (2) ................... 11 à 14 (4) ..................... 11 à 14 (4)
 
  6,5 (3)
 52 à 90 kV ...........................(mm) 8,5 ................... 15 à 17 (4) ..................... 15 à 17 (4)

 130 à 225 kV ...........................(mm) 21 ................... 22 à 23 (4) 22 à 23 (4) 22 à 23 (4)
 230 à 400 kV ...........................(mm) 25 ................... 27 à 30 (4)

Champ électrique maximal E max
sur âme :
 12 à 20 kV ..................(kV · mm–1) 3 à 4,5 2à3 2 à 3,3 (4) 2 à 3,3 (4) 2 à 3,3 (4)

 36 à 63 kV ..................(kV · mm–1)  3,4 à 5,5 (2) ................... 3,2 à 5 (4) 3,2 à 5 (4) 3,3 à 5 (4)
 6,5 à 8,1 (3)
 
 –1
 52 à 90 kV ..................(kV · mm ) 7,3 à 8,7 (3) ................... 4 à 6 (4) ..................... 4 à 6 (4)
 130 à 225 kV ..................(kV · mm–1) 8,4 à 10,4 (3) ................... 8,3 à 9,2 (4) 8,3 à 9,2 (4) .......................................... 
  2 à 4 (5)
 230 à 400 kV ..................(kV · mm–1) 13,4 à 14,1 (3) ................... 13,5 à 14 (4) .................................................................... 
(1) Papier imprégné de matière non migrante ou câble à huile fluide basse ou haute pression (3) Huile fluide
(2) Matière non migrante (résine d’imprégnation qui ne s’écoule pas) (4) Selon section de l’âme
(5) pour U  150 kV

quand le câble brûle, en une masse compacte de silice qui main-


tient l’isolement. Il est utilisé, essentiellement en BT, pour certaines
applications (cf. [D 4 521]), dans la marine et l’aviation, où la
température de l’environnement est très élevée.

2.2.7 Hexafluorure de soufre

Cet isolant gazeux (SF6 ) est de plus en plus employé dans


l’appareillage HTA et surtout HTB, compte tenu de ses propriétés
particulières [52] [53] : isolement, rigidité diélectrique, tenue à la
température. Par analogie avec son emploi dans ces matériels, il
est quelquefois utilisé pour des liaisons HTB et THT de relative-
ment courte longueur (dans le monde, typiquement, la longueur
unitaire des liaisons faisant appel à ce type de câble est de 230 m
en moyenne) et pour lesquelles la puissance transportée est
élevée, supérieure ou égale à 2 000 MVA (§ 3.4).

2.3 Mise en œuvre des isolants


synthétiques

2.3.1 Extrusion
Figure 2 – Machine à vis sans fin (extrudeuse)
pour isolation des conducteurs
L’isolation des conducteurs est faite au moyen d’extrudeuses ;
ces machines comportent une vis sans fin qui tourne avec un jeu
très faible dans une chambre, en refoulant le mélange isolant dans
une tête ; cette dernière porte un orifice annulaire ménagé entre un
poinçon et une filière (figure 2).

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Le conducteur à isoler, tiré par un cabestan, passe dans un — la tenue mécanique ;


poinçon creux et sort, à travers la filière, enveloppé par le mélange — la résistance aux intempéries, car le polymère obtenu se prête
isolant. Les extrudeuses, communément appelées boudineuses, mieux à l’incorporation d’éléments protecteurs.
sont munies de dispositifs de chauffage et de centrage. À la sortie Jusqu’à la fin des années soixante-dix, le seul procédé utilisé
de la boudineuse, le conducteur isolé est refroidi progressivement, industriellement était la réticulation par voie chimique en présence
en général en traversant des bacs à eau à températures de peroxyde et sous pression de vapeur d’eau (§ 2.3.2.2). Sous l’effet
décroissantes, ou par balayage de gaz inerte (azote). du traitement thermique, la décomposition du peroxyde libère des
radicaux libres très actifs se combinant avec les hydrogènes des
chaînes PE voisines, permettant leur pontage.
Les vitesses d’extrusion sont très variables : elles vont jusqu’à
1 000 m /min pour un conducteur de 1,5 mm2 isolé au PVC, sont Depuis le début des années quatre-vingt sont apparus de nou-
de l’ordre de 10 m /min pour un câble 20 kV isolé au PR et seule- veaux procédés dont certains s’affranchissent du peroxyde. On ne
ment d’une trentaine de centimètres par minute pour un câble décrit ci-après que les procédés les plus courants, une liste plus
225 kV isolé au PE. complète étant donnée tableau 3.

2.3.2.2 Réticulation par peroxyde


2.3.2 Réticulation ■ Sous vapeur d’eau
Le câble est tiré dans un tube contenant de la vapeur d’eau sous
2.3.2.1 Généralités pression. De façon que le câble soit correctement centré, le tube a
La réticulation consiste, après extrusion, à ponter les chaînes de la forme d’une chaînette. (0)
molécules par des liaisons radiales. Le cas le plus courant est celui
du polyéthylène. L’amélioration porte notamment sur :
— la température maximale admissible par le matériau ;

Tableau 3 – Différentes procédures de réticulation


Domaine
Principe Procédure Principaux avantages Remarques ou inconvénients
d’application
— Pertes au démarrage de la ligne de
fabrication
— Les propriétés électriques dépendent
de la pureté du PE et du peroxyde
Vapeur d’eau BT ; HTA ; HTB — Procédé traditionnel
— Introduction d’humidité dans l’isolant
— La vitesse d’extrusion peut être
augmentée en utilisant un dispositif
additionnel de préchauffage de l’âme
HTA ; HTB
(BT possible mais —
Réduit la durée de l’extrusion
Gaz ou fluide
non intéressant — microvacuoles
Par peroxyde Peu d’humidité et de — Réglages délicats au démarrage
inerte
économiquement)
— Permet de réticuler les câbles
lourds avec une installation en
— Assez difficile de bien éliminer
Huile silicone HTB chaînette les traces d’huile silicone
— Peu de microvacuoles et
Chimique d’humidité
— Assez difficile d’éliminer toutes les
Bain de sels BT ; HTA — Tube plus court que pour le traces de sel au refroidissement
fondus procédé vapeur — Limité aux faibles sections
Procédure en — Vitesse — Durée
deux étapes d’extrusion de stockage
plus grande, des mélanges
n’étant pas de base limitée
limitée par la — Qualité
— Conservation réticulation comparable
facile des — Extrudeuse
Par les silanes BT ; HTA réalisée spéciale à celle obtenue
matières séparément par le procédé
Procédure en premières (longueur =
— Pas de perte 30 fois son vapeur
une étape — Possibilité au début ou à
d’incorporer diamètre)
la fin d’une — Réglages
jusqu’à 10 % longueur de
de charges délicats
fabrication
Irradiation par : BT — Très grande rapidité ; matériau — Limité aux faibles épaisseurs en
— faisceau d’électrons Câbles obtenu de bonne qualité ; peu raison du coût de l’installation et des
Physique (0,5 à 4 MeV) téléphoniques d’humidité, pas de résidus de précautions à prendre
— source radioactive réticulation ; pas de pertes au — Éliminer les zones d’ombre (1)
(10 à 15 Mrads) démarrage de la fabrication ;
grande souplesse
(1) C’est-à-dire être sûr que l’ensemble de l’isolation a été traité.

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● Le traitement thermique s’effectue obligatoirement sous pres- 2.4 Vieillissement des isolations de câbles
sion élevée (paramètres habituels : t = 200 à 220 oC, p = 16 à 23 bar).
Pression et température sont liées par la loi empirique de Duperray :
Nota : le lecteur pourra également se reporter à l’article Fonction isolation dans les
p ≈ (t /100)4 matériaux électriques [D 2 302] dans ce traité.

● Le refroidissement s’effectue dans une deuxième partie du


tube, à la même pression. La longueur totale de tube est de 100 à 2.4.1 Câbles à isolation au papier
150 m.
Du fait de son principe même, ce procédé a l’inconvénient d’intro- La dégradation des performances électriques des câbles isolés au
duire de l’eau en quantité notable dans l’isolant (jusqu’à 2 000 ppm papier imprégné est essentiellement due à la température. En effet,
en masse) ; il est, par conséquent, limité aux câbles pour lesquels sous l’action des cycles charge, la gaine de plomb se déforme de
les champs électriques de fonctionnement sont peu élevés manière irréversible et des vides intercouches de papier se forment
(  6 kV/mm , qui correspond à la frontière actuelle des câbles 63 kV). favorisant les décharges partielles. Si le champ électrique est faible
(2 à 3 kV/mm), l’énergie des décharges est faible et ne conduit qu’à
■ Sous gaz ou fluide inerte une polymérisation des papiers sans conséquence sensible sur la
Le principe est le même que précédemment, mais on peut alors tenue diélectrique du câble ; par contre, pour des champs plus
réticuler à des températures plus élevées (jusqu’à 280 oC à la sur- intenses, une carbonisation locale des papiers peut se produire.
face du câble) sous des pressions plus faibles (10 à 12 bar). La dégradation s’amplifie avec le temps et des arborescences
Les taux d’humidité relevés dans l’isolant sont bien plus faibles apparaissent, caractéristiques d’un vieillissement qui se traduira
(< 200 ppm en masse), ce qui permet d’augmenter la contrainte par un claquage de l’isolation. Ce phénomène est quasi inexistant
diélectrique ; on peut atteindre des champs électriques de 14 à dans le cas des câbles à pression interne d’huile, car le maintien en
15 kV/mm pour des câbles 400 kV, voire plus (les Japonais sont en pression de l’isolation principale évite cette dégradation.
train de mettre au point des câbles isolés au PR pour les liaisons
500 kV, fonctionnant à des champs de l’ordre de 19 kV/mm). Ce pro-
cédé s’applique donc aux câbles HTB. 2.4.2 Câbles à isolation synthétique extrudée

2.3.2.3 Réticulation sans peroxyde Le seul véritable phénomène de vieillissement connu actuellement
est lié à la présence d’arborescences électrochimiques dues à l’action
Dans ce procédé, la réticulation est réalisée soit par l’intermédiaire
combinée de l’eau et du champ électrique dans l’isolation. Plusieurs
des silanes, soit par irradiation.
théories ont été bâties (phénomènes électrochimiques, microfrac-
■ Réticulation par les silanes tures mécaniques...) sans pour autant permettre une explication tota-
lement satisfaisante. Cependant, tous les spécialistes s’accordent
Deux procédures ont été développées.
pour dire que ces arborescences conduisent irrémédiablement au
La réticulation en deux étapes (procédure Sioplas ) consiste claquage de l’isolation principale des câbles. C’est pour cela qu’il
d’abord à greffer sur le PE un dérivé organique du silicium, le vinyl- est recommandé de mettre des barrières d’étanchéité sur les câbles.
triméthoxysilane. Le mélange obtenu (polymère greffé) est extrudé
De nombreux travaux sont en cours pour mettre en évidence
de la même façon qu’un matériau thermoplastique (PVC, PE...), avec
d’autres phénomènes éventuels de vieillissement des câbles à
un mélange maître contenant du polyéthylène, un catalyseur et
isolation extrudée. Pour l’instant, si l’on observe des évolutions de
un antioxydant. Les pontages entre chaînes de PE se font lors d’une
structure morphologique locale du polyéthylène, aucune corré-
opération ultérieure. Le câble est mis sur touret après extrusion et
lation n’a pu être mise en évidence avec des baisses éventuelles de
stocké dans un lieu humide à la pression atmosphérique ou immergé
caractéristiques électriques des câbles.
dans de l’eau chaude à environ 90 oC. La durée de réticulation
dépend de l’épaisseur de l’isolant ; elle est de 1 à 4 h pour les
câbles BT.
La réticulation en une seule étape (procédure Monosil ) est
comparable à la précédente, mais les réactions de greffage et de
3. Description des câbles
pontage sont faites en une seule phase à chaud. HTA et HTB
La réticulation par les silanes est surtout utilisée pour les
câbles BT ; en particulier, la réticulation de conducteurs isolés Le domaine des câbles à moyenne tension (HTA) s’étend de 3 à
(c’est-à-dire conducteurs métalliques munis de leur enveloppe iso- 45 kV. La haute tension (HTB) concerne les tensions de 45 à 180 kV
lante) sectoraux préformés s’effectue sans difficulté. et la très haute tension (THT) celles de 180 à 400 kV. Au-delà, on
La teneur en humidité dans l’isolant (20 à 200 ppm en masse) est entre dans le domaine de l’ultra-haute tension.
inférieure à celle obtenue pour la réticulation par les peroxydes en
phase vapeur, car la réticulation par les silanes s’effectue à une
température (< 100 oC) où l’eau est moins soluble dans le PE.
3.1 Câbles HTA
■ Réticulation par irradiation
Ce procédé consiste, par bombardement d’électrons ou de rayons ■ Les câbles HTA peuvent être à champ non radial (câbles à
γ, à produire des radicaux libres permettant le pontage des chaînes ceinture), c’est-à-dire que l’écran entoure l’ensemble des conduc-
de molécules. Pour la réticulation du PE, on emploie un faisceau teurs. Généralement, les conducteurs isolés sont assemblés sous
d’électrons accélérés d’énergie comprise entre 10 et 15 Mrad (mais une gaine isolante, appelée ceinture, qui sert de support à l’écran
à très fort débit de dose). (figure 3). Ce type de câble est utilisé pour les tensions entre phases
n’excédant pas 15 kV.
L’énergie des accélérateurs actuels ne permet de réticuler que
des épaisseurs faibles, ce qui limite le domaine d’emploi aux ■ Pour les tensions supérieures, les conducteurs isolés comportent
câbles BT et aux câbles téléphoniques. En outre, pour que la réti- leur écran individuel (figure 4). Le câble est à champ radial :
culation soit homogène sur la circonférence du câble, il y a lieu — si le câble ne comporte qu’une phase, il s’agit d’un câble
d’irradier sur deux côtés opposés ou de faire tourner le câble sur unipolaire ;
lui-même.

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Câbles de transport d’énergie


Applications
par Michel PAYS
Chef du Département Câbles, Condensateurs, Matériel d’Automatisme et Matériaux
de la Direction des Études et Recherches d’Électricité de France

coordonnant une équipe composée de Maurice CHAROY, Lucien DESCHAMPS,


Éric DORISON, Pierre GAUTHIER, Jean-Pierre ISNARD, Alain PINET

1. Câbles à courant continu....................................................................... D 4 521 - 2


1.1 Domaines du transport d’énergie électrique en courant continu............ — 2
1.2 Types de câbles utilisés............................................................................... — 2
1.3 Comportements électrique et thermoélectrique....................................... — 2
1.4 Principales caractéristiques de dimensionnement ................................... — 4
1.5 Principales réalisations ............................................................................... — 4
1.6 Isolation synthétique ................................................................................... — 4
2. Câbles sous-marins et sous-fluviaux .................................................. — 6
2.1 Généralités ................................................................................................... — 6
2.2 Constitution des câbles sous-marins et sous-fluviaux ............................. — 6
2.3 Contraintes électriques ............................................................................... — 7
2.4 Problèmes mécaniques............................................................................... — 7
2.5 Pose .............................................................................................................. — 9
2.6 Atterrissement ............................................................................................. — 9
2.7 Réparations .................................................................................................. — 9
2.8 Enfouissement ou ensouillement............................................................... — 10
3. Câbles industriels et câbles spéciaux ................................................ — 10
3.1 Généralités ................................................................................................... — 10
3.2 Câbles BT industriels et domestiques........................................................ — 10
3.3 Câbles spéciaux ........................................................................................... — 12
3.4 Câbles à tenue améliorée au feu ................................................................ — 13
4. Réalisation et exploitation des liaisons par câbles........................ — 14
4.1 Généralités ................................................................................................... — 14
4.2 Choix de la technologie et dimensionnement .......................................... — 14
4.3 Conditions de pose...................................................................................... — 15
4.4 Mise en place des câbles ............................................................................ — 16
4.5 Exploitation .................................................................................................. — 17
5. Perspectives d’avenir.............................................................................. — 18
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 522

L ’article Câbles de transport d’énergie fait l’objet de deux articles :


[D 4 520] Technologies. Caractéristiques
[D 4 521] Applications
Les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra
assez souvent se reporter à l’autre article.
Après avoir traité des aspects plutôt théoriques des câbles de transport et de
distribution d’énergie dans l’article [D 4 520], ce second article est consacré à
quelques applications particulières : les câbles à courant continu, les câbles
sous-marins, les câbles industriels et spéciaux utilisés dans des environnements
Parution : décembre 1994

variés et soumis à des contraintes parfois très sévères. Il précise quelques règles
de base pour dimensionner une liaison de transport d’énergie, en assurer la main-
tenance et éventuellement la réparation en cas d’avaries. Enfin, il donne quelques
indications sur les perspectives d’évolution possible des câbles d’énergie faisant
appel à l’isolation gazeuse et aux matériaux supraconducteurs.
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1. Câbles à courant continu 1.2 Types de câbles utilisés

1.1 Domaines du transport d’énergie Bien qu’ils soient déjà utilisés pour le transport d’énergie élec-
trique sous HTCA, les câbles à isolation synthétique ne sont pas
électrique en courant continu encore employés pour le transport sous HTCC, pour des raisons à
la fois techniques et industrielles (§ 1.6) ; cependant, des études sont
Les raisons du choix du transport d’énergie électrique sous haute en cours pour en démontrer la faisabilité [22].
tension en courant continu (HTCC) sont nombreuses et le lecteur
pourra utilement se reporter, dans ce traité, à l’article Transport Les trois technologies actuellement utilisées sont les
d’énergie en courant continu à haute tension [57] ; on peut citer entre suivantes [23] :
autres le fait qu’il permet : — câbles à isolation au papier imprégné de matière visqueuse
— l’interconnexion de deux réseaux de même fréquence ou de (câbles dits de type solid ) ;
fréquences différentes et la stabilisation des réseaux ; — câbles à isolation au papier préimprégné à pression interne
— un transport à très longue distance (> 600 km pour les lignes) ; de gaz (câbles à gaz ) ;
à partir de 40 km (cela dépend de la puissance transitée), le transport — câbles isolés au papier imprégné à pression interne d’huile
d’énergie sous HTCC par câbles sous-marins (§ 2) devient intéres- [câbles OF (Oil Filled)].
sant car son coût est plus faible ;
— un contrôle permanent du flux de puissance, entre deux
réseaux alternatifs triphasés connectés ; 1.3 Comportements électrique
— l’injection de puissance importante sous HTCC dans un réseau,
sans accroissement de la puissance de court-circuit.
et thermoélectrique
On peut tenter de répondre à la question « Quand doit-on utiliser
1.3.1 Généralités
respectivement une solution de transport d’énergie sous tension
alternative (HTCA) et une solution sous tension continue (HTCC) ? »,
Par rapport aux câbles alternatifs, les câbles de transport d’énergie
en se référant à la figure 1 [23] où ont été placées les principales
sous HTCC présentent un certain nombre d’avantages :
grandes liaisons. Sur cette figure, on distingue clairement que la zone
dédiée au transport d’énergie sous HTCC est celle qui correspond — pas de pertes capacitives (cela permet leur utilisation à très
aux fortes puissances et/ou grandes distances. haute tension sur de grandes distances) ;
— pas de pertes Joule dans les écrans et les armures ;
— des pertes diélectriques négligeables.
Ainsi, pour une puissance UI donnée, on peut, à technologie égale,
dire, en première approche, que des câbles de dimensions plus
réduites peuvent être utilisés. Ce n’est cependant pas aussi simple
que cela.

1.3.2 Distribution du champ électrique


en régime permanent

Contrairement à ce qui se produit pour les câbles sous HTCA où


le gradient du potentiel (champ électrique) est fonction uniquement
de la géométrie du câble, c’est la conductivité électrique de l’enve-
loppe isolante de ceux sous tension continue qui gouverne la distri-
bution du champ électrique. Pour les câbles à isolation papier (de
type solid ou OF), cette conductivité en un point r de l’enveloppe
isolante est fonction à la fois du champ électrique et de la tempé-
rature locale et peut se mettre sous la forme :
σ (r ) = σ0 exp [αθ (r ) + β E E (r )] (1)
avec σ0 conductivité électrique de l’isolation à température
ambiante (dite asymptotique),
θ (r ) température en un point r de l’enveloppe isolante,
E (r ) champ électrique au même point r,
α coefficient de température (≈ 0,1 K–1),
βE coefficient de champ électrique (≈ 0,033 mm/kV).
Le calcul du champ électrique en un point r de l’isolant s’obtient
par application de la loi d’Ohm sur une couronne d’épaisseur dr :
dU = IdR
avec I courant traversant l’isolant,

Figure 1 – Frontière entre le transport par câbles sous tension


dR dr
résistance de la couronne = -------------------- ,
σ ⋅ 2π r 
alternative (HTCA) et celui sous tension continue (HTCC) dU différence de potentiel appliquée sur la couronne dr.

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Il vient [d’après (1)] : ● La seconde consiste à diviser l’isolation en couches cylindriques


d’épaisseur h. On obtient alors :
dr I
d U = ---------------------- exp [ – α θ ( r ) – β E E ( r ) ] (2)
σ 0 ⋅ 2π r
   
Uk + 1 + Uk – 1 Uk + 1 – Uk – 1 h 1 dθ
----------------------------------- 1+ β E -------------------------------------- - + ---- ( U k + 1 – U k – 1 ) ---- + α ---------
θ (r ) peut être obtenu en considérant, d’une part, le flux thermique 2 2h 4 r dr
U k = -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
entre le conducteur à la température θ1 et la surface cylindrique de Uk + 1 – Uk – 1
1 + β E ------------------------------------- (6)
rayon r dans l’isolant et, d’autre part, la chute de température ∆ θ 2h
entre le conducteur (r1) et l’isolant (r2), ρth étant la résistivité ther-
mique de l’isolant : dθ ∆θ
avec --------- = -------------------------------- dans la couche r.
dr ln ( r 2 ⁄ r 1 ) r
ρ th r
θ ( r ) – θ ( r 1 ) = ---------- ln ------
r1 On détermine les valeurs U0 et Un en rapport avec la tension appli-

r2 quée et on choisit Uk linéairement entre ces deux valeurs. On calcule
ρ th
∆ θ = θ ( r 2 ) – θ ( r 1 ) = --------- ln -----
r
- alors la totalité des valeurs Uk . Elles constituent le n + 1 uplet de
2π 1 nouvelles valeurs initiales pour continuer le calcul. On peut noter
∆ θ ln ( r ⁄ r 1 ) que la convergence de cette méthode est lente.
θ ( r ) – θ ( r 1 ) = --------------------------------
-
ln ( r 2 ⁄ r 1 )
Le champ électrique dans l’enveloppe isolante dépend donc
Comme on a : E (r ) = – dU /dr bien de la chute de température dans cette enveloppe.
la relation (2) peut s’écrire :
■ Trois domaines peuvent être distingués (figure 2), selon m :
I
E ( r ) exp  β E E ( r )  = – ----------------------- exp  – αθ ( r )  1
σ 0 ⋅ 2π r m > 1 : cela signifie que ∆ θ > ---- ln ( r 2 ⁄ r 1 ) ; le câble est en charge

α
 ln ( r ⁄ r 1 ) 
σ 0 ⋅ 2π r
I

 ln ( r2 ⁄ r1 )  
= – ---------------------- exp  – α θ ( r 1 ) + ∆ θ ---------------------------  normale ; dans ces conditions, le champ électrique est maximal au
niveau de l’écran ;
m
● m = 1 : soit ∆ θ = ∆ θ0 (dans le cas général, de l’ordre de 5 C) ; le
o

 
I r
= – ----------------------- ------ exp  – αθ ( r 1 )  champ est alors constant dans l’enveloppe isolante et égal au champ
σ 0 ⋅ 2π r r 1
moyen U /(r2 – r1) ;
α∆θ 1
avec : m = ---------------------------
ln ( r 2 ⁄ r 1 ) 0 ⭐ m < 1 : soit ∆ θ < ---- ln ( r 2 ⁄ r 1 ), le câble est très faiblement

α
En considérant la constante : chargé ou est à température homogène et, dans ce cas, l’allure du
champ électrique est quasi hyperbolique ; il est maximal au niveau
I exp  – αθ ( r 1 ) de l’âme.
C = – ------------------- ---------------------------------------
σ 0 ⋅ 2π ( r1 ) m
On voit donc que la chute de température dans l’isolant est un
E (r ) exp [βE E (r )] = Cr m – 1 (3) facteur dimensionnant des câbles HTCC.
Il faut ajouter à cette équation (3), la condition (4) :

U = –  Er
r2

r1
( ) dr (4)
1.3.3 Comportement électrique en régime transitoire

Deux régimes transitoires sont à prendre en compte :


■ L’équation (3) n’a pas de solution analytique directe. On peut la
traiter de deux manières. — l’inversion de polarité, à savoir le passage rapide de la tension
+ U (respectivement – U ) à la tension – U (respectivement + U ) ; cette
● La première consiste à faire l’hypothèse que le champ électrique
inversion peut être utilisée en régime de fonctionnement normal
au milieu de l’isolant [r = (r1 + r2)/2] est égal au champ moyen [24] : pour l’inversion du sens de transit de l’énergie ;
— la superposition d’une tension transitoire à la polarisation
r1 + r2

E ------------------
2  = E = -----------------
r –r
U
2 1
permanente de même signe (sommation), de signe contraire
(inversion) ; cela peut être, par exemple, un coup de foudre, un choc
de manœuvre, un dysfonctionnement de la station de conversion,
On a donc : un contournement d’extrémité.

 
r1 + r2 m–1
E exp β E E = C ------------------ 1.3.3.1 Cas de la sommation
2
Considérons un câble, fonctionnant sous la tension appliquée en
E exp β E E régime permanent | U 0 |, soumis à une sommation de tension
soit : C = ----------------------------------------------
[ ( r1 + r2 ) ⁄ 2 ] m – 1 échelonnée telle que la tension du câble atteigne la valeur US ; la
contrainte électrique ES à l’instant de la sommation est due à 2
La relation (3) s’écrit : composantes :
m–1 — la contrainte Edc qui est égale à la contrainte sous tension

 
2r continue avant sommation ;
E ( r ) exp  β E E ( r )  = E exp β E E ------------------ (5)
r1 + r2 — la contrainte transitoire Etr due à la différence US – U0, à
répartition capacitive. La contrainte totale est donc :
et l’on peut faire le calcul point par point.
US – U0
E S ( r ) = E dc + E tr = E dc ( r ) + -------------------------------
-
r ln ( r 2 ⁄ r 1 )

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1.3.3.2 Cas d’une inversion 1.4 Principales caractéristiques


Dans ces conditions, l’amplitude de la contrainte au moment de de dimensionnement
U inv
l’inversion est la somme de la contrainte capacitive -------------------------------- (Uinv
r ln ( r 2 ⁄ r 1 )
Dans le tableau 1, on a indiqué les principales caractéristiques de
étant la tension d’inversion) et du champ électrique dû à la fraction dimensionnement des câbles solid, OF et câbles à gaz (§ 1.2). (0)
de la tension continue initialement appliquée, qui ne peut subir une
décharge du fait qu’elle n’a pas une répartition capacitive :
U 0 + U inv Tableau 1 – Principales caractéristiques
E inv ( r ) = – E dc ( r ) + --------------------------------
- de dimensionnement dans les câbles
r ln ( r 2 ⁄ r 1 )
à courant continu
Dans le cas d’un passage de + U à – U :
Champ Champ
Température Tension
2U Types électrique électrique
E inv ( r ) = – E dc ( r ) + -------------------------------- maximale maximale
r ln ( r 2 ⁄ r 1 ) de câbles maximal transitoire
(oC) (kV/mm) (kV/mm) (kV)
La contrainte d’inversion est plus sévère que la contrainte de
sommation dans la mesure où elle conduit à un piégeage des charges Solid 60 25 80 ± 400
spatiales contenues au préalable dans l’enveloppe isolante et
OF 85 33 90 ± 600
augmente localement le champ électrique de manière sensible.
Sur la figure 3, on a représenté l’évolution du champ électrique à gaz 85 25 80 ± 250
dans l’enveloppe isolante au moment d’une inversion.

1.5 Principales réalisations


Les principales liaisons sous-marines et terrestres en service dans
le monde sont indiquées (tableau 2).

1.6 Isolation synthétique

Si l’isolation synthétique est largement utilisée dans le monde, et


en particulier en France, pour le transport d’énergie sous HTCA, elle
ne l’est pas encore aujourd’hui pour le transport sous HTCC (§ 1.2).
Une des raisons techniques majeures est liée au comportement
spécifique de ce type d’isolation sous tension continue, encore mal
connu. En effet, la distribution du champ électrique est perturbée
par un champ dit de charges d’espace qui se développent à des
Figure 2 – Répartition du champ électrique dans l’enveloppe isolante endroits précis du volume isolant et qui peuvent conduire à une
d’un câble à courant continu amplification inacceptable du champ local.

1.6.1 Charges d’espace

Des phénomènes d’accumulation de charges d’espace en certains


points de l’isolant peuvent modifier la répartition de tension et jouent
un rôle essentiel dans la tenue diélectrique en régime transitoire de
tension [25]. Ils interviennent essentiellement dans les isolants à
grande résistivité électrique comme le polyéthylène extrudé où on
distingue deux grands types de charges d’espace [26] :
— les hétérocharges (dipôles permanents ou induits s’orientant
dans le champ électrique) ou charges initialement présentes dans
le diélectrique s’orientant vers les électrodes ;
— les homocharges injectées aux électrodes.
Les hétérocharges favorisent l’injection d’homocharges aux élec-
trodes en renforçant le champ au voisinage de ces dernières,
l’apparition d’homocharges les réduisant. Aussi devrait-on s’atten-
dre à une stabilisation, mais comme il y a renforcement du champ
électrique dans les zones vidées de charges par la présence des
homocharges, il en résulte une distorsion du champ, d’une part,
près des électrodes et, d’autre part, dans le matériau si les homo-
charges ont pénétré profondément. Cette distorsion pourrait être à
l’origine d’une diminution de la tenue diélectrique intrinsèque du
Figure 3 – Champ électrique avant et après inversion de polarité matériau [24].
(0)

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Tableau 2 – Caractéristiques principales de quelques câbles à courant continu


en service ou en projet dans le monde
Tension Longueur Section Masse
Épaisseur Profondeur
entre pôle (1) de câble du au
Lieu et date Type de câble d’isolant maximale
et terre dans la liaison conducteur mètre
(Puissance) (km) (mm2) (mm) (kg) (m)

CÂBLES SOUS-MARINS
Ile de Gotland 150 kV (2) (4) Papier imprégné
(Suède) 96 de matière visqueuse 90 7 8,4 150
1954 (30 MW)
Détroit de Cook ± 250 kV 39 (609) (3) Câble à pression
(Nouvelle-Zélande) 1965 (600 MW) 516 14,5 42,6 270
interne de gaz
Papier imprégné 625 à 800 16 25 80
Liaison Konti-Skan 250 kV (2) de matière visqueuse
85 (180) (3)
(Suède-Danemark) 1965 (250 MW) Câble à l’huile 310 12,4 33 40
de type plat
SACOI 200 kV (2) Papier imprégné
(Sardagne-Corse-Italie) 121 (413) (3) de matière visqueuse
420 11,8 21 450
1967 (200 MW)
± 260 kV Papier imprégné
II : 1969 (312 MW) 400 18,5 24,5
Vancouver de matière visqueuse
Canada 33 (74) (3) 105
± 280 kV Câble à pression 650
III : 1979 20,5 30,5
(370 MW) interne d’huile (à terre)
Skagerrak ± 250 kV 127 (240) (3) Papier imprégné
(Danemark-Norvège) 1977 (500 MW) 800 16 48 550
de matière visqueuse
Câble à pression
600 14,5 300
Hokkaïdo-Honshu 250 kV interne d’huile
(Japon) (300 MW) 44 (168) (3)
1980 Retour par câble 500 7 300
polyéthylène
IFA 2000 ± 270 kV Papier imprégné
55 (72) (3) 900 16 35 70
(France-Angleterre) 1986 (2 × 1 000 MW) de matière visqueuse
Fenno-Skan ± 400 kV 185 (220) Papier imprégné 1 200 17,5
(Finlande-Danemark) 1989 (500 MW) de matière visqueuse
Konti-Skan 2 ± 285 kV Papier imprégné
(Suède-Danemark) 1988 (300 MW) 87 (749) de matière visqueuse 60

LIAISON TERRESTRE EN SERVICE


Huile 806 Sans objet
Kingsnorth ± 266 kV Câble de neutre
(Angleterre) 1974 (640 MW) 82 continu et au papier
imprégné 1 161 (AI) 10,3
de matière visqueuse
(1) Conducteur sous tension.
(2) Retour par la mer.
(3) Entre parenthèses, longueur totale de la liaison câble + ligne aérienne.
(4) Changement 100 → 150 kV en 1970.

Des travaux importants ont été faits ces dernières années sur la Par contre, si l’on s’affranchit de ces phénomènes, les niveaux de
mesure de ce champ de charges d’espace. La méthode de l’onde tenue intrinsèques sont très élevés et l’on est en droit de penser que
de pression [27], applicable tant sur plaques que sur structures ce type de câble pourra être développé dans l’avenir et d’être
cylindriques et cela hors et sous tension, a permis de mettre en compétitif avec les câbles à isolation classique dans la mesure où
évidence les facteurs d’influence prépondérants : électrodes semi- ils éliminent certains handicaps des câbles au papier.
conductrices, résine de base, additifs...

1.6.3 Cas particulier de l’isolation synthétique


1.6.2 Recherches sur matériaux et câbles extrudés rubanée
De nombreux travaux ont été effectués sur ces matériaux et Pour s’affranchir en partie des charges d’espace et retrouver une
câbles [22] [28]. D’une manière générale, il est clair que la pureté répartition résistive du champ électrique, un câble à isolation rubané
du matériau est un facteur important. Cela signifie que la présence polypropylène est en cours d’étude [31]. Il possède des perfor-
de certains additifs, sous-produits de réticulation [29], peut conduire mances électriques intéressantes, mais requiert un rubanage multi-
à des phénomènes d’instabilité thermique [30] préjudiciables au bon couche très important, et la faisabilité industrielle de jonctions n’est
comportement sous HTCC. pas encore totalement démontrée.

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