Vous êtes sur la page 1sur 9

Turbomachines

Thermodynamique de la conversion d’énergie


par Michel PLUVIOSE
Professeur honoraire du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
et Christelle PÉRILHON
Maître de conférences
Chaire de turbomachines du CNAM

1. Utilisation du Premier Principe .......................................................... BM 4 282 - 2


1.1 Travail échangé sur l’arbre d’une turbomachine..................................... — 2
1.2 Applications pratiques à un étage de turbomachine .............................. — 3
1.2.1 Canal fixe ........................................................................................... — 3
1.2.2 Canal mobile...................................................................................... — 3
1.3 Générateur ou échangeur de chaleur....................................................... — 3
2. Utilisation du Second Principe........................................................... — 4
2.1 Égalité de Jouguet limitée aux irréversibilités internes.......................... — 4
2.2 Bilan énergétique interne d’une turbomachine....................................... — 4
3. Travail réversible d’un gaz ................................................................... — 4
3.1 Expression générale .................................................................................. — 4
3.2 Travail polytropique de compression....................................................... — 4
3.3 Travail isentropique de compression ....................................................... — 5
3.4 Travail isotherme de compression ........................................................... — 6
3.5 Comparaison des travaux polytropique, isentropique et isotherme ..... — 6
4. Représentation des évolutions
sur les diagrammes thermodynamiques .......................................... — 7
4.1 Isobares d’un gaz idéal parfait dans un diagramme entropique ........... — 7
4.2 Évaluation de la variation d’énergie piézométrique................................ — 7
4.3 Représentation d’une variation d’enthalpie............................................. — 8
4.4 Représentation des pertes internes d’une transformation adiabatique — 8
4.5 Analyse des compressions sur le diagramme entropique ..................... — 9
4.5.1 Compression polytropique............................................................... — 9
4.5.2 Compression isentropique ............................................................... — 9
4.5.3 Compression isotherme ................................................................... — 9
4.5.4 Compression réelle ........................................................................... — 9
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. BM 4 284

a thermodynamique permet l’extension des principes de la mécanique aux


L milieux continus et déformables que sont les fluides compressibles. Elle
aura donc à être utilisée pour les compresseurs et les turbines lorsque les rap-
ports de pression seront suffisamment importants pour que les effets de la
compressibilité se manifestent, ce qui sera généralement le cas. Les notions
fondamentales présentées dans cet article pourront servir de base à l’étude
particulière de chaque type d’appareil développée dans la rubrique Machines
hydrauliques et thermiques.

Cet article constitue le troisième volet d’une série consacrée aux turbomachines :
— BM 4 280 - Turbomachines. Description. Principes de base ;
— BM 4 281 - Turbomachines. Mécanisme de la conversion d’énergie ;
— BM 4 282 - Turbomachines. Thermodynamique de la conversion d’énergie ;
— BM 4 283 - Turbomachines. Bilan énergétique et applications ;
— Doc. BM 4 284 - Turbomachines. Pour en savoir plus.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 282 − 1
TURBOMACHINES ______________________________________________________________________________________________________________________

Notations et symboles Notations et symboles

Symbole Désignation Symbole Désignation

M Masse molaire p Pression


Pf,d Puissance due aux frottements du disque qmi Débit massique interne
Q Quantité de chaleur échangée avec l’extérieur qms Débit massique sortant
(massique)
R Constante universelle des gaz parfaits r Constante des gaz parfaits : r = R/M
u Vitesse d’entraînement
S Entropie massique
v Vitesse absolue
T Température
w Vitesse relative
Wi Travail interne (massique)
∆f, Sf Dissipation d’énergie par frottement
Wi,rev Travail interne réversible (massique)
γ cp /cv
cp Capacité thermique massique à pression
constante ρ Masse volumique
cv Capacité thermique massique à volume constant
τ Travail (ou énergie massique) du fluide
fint Fuite interne (massique)
τa Travail sur l’arbre

f ext Fuite externe de seconde espèce (massique)
τp Travail polytropique ou travail approché du fluide
g Accélération de la pesanteur
h Enthalpie massique τS Travail isentropique

hi Enthalpie d’arrêt (massique) τT Travail isotherme


hi,r Enthalpie d’arrêt relative (massique) υ Volume massique

1. Utilisation du Premier En utilisant, par exemple, le schéma de la figure 1 pour appré-


cier les fuites, on a :
Principe ′
q mi = q ms + f int + fext

avec q ms débit massique sortant,


f int fuite interne (massique),
1.1 Travail échangé sur l’arbre

fext fuite externe de seconde espèce (massique).
d’une turbomachine
Pour le cas particulier de systèmes ouverts en régime station-
naire, dont la turbomachine est un exemple, on peut simplifier
l’expression du Premier Principe de thermodynamique (cf. qm e
[BM 4 280] relation 13). qm s
L’expression modifiée du Premier Principe s’écrit :
Wi + Q = ∆hi (1)

avec Wi travail interne (massique),


Q quantité de chaleur échangée avec l’extérieur (mas- f ext
'' f ext
'
sique), fint

hi enthalpie massique d’arrêt. O O'


Le travail interne Wi est, bien entendu, relié au travail sur l’arbre
τ a issu du mécanisme de conversion d’énergie par la relation
(cf. [BM 4 280] relation 17 et [BM 4 281] relation 46) :

P f,d
W i = τ a + -----------
- fint fuite interne
q mi f ext
'' fuite externe de première espèce
avec Pf,d puissance due aux frottements de disque, f 'ext fuite externe de seconde espèce

q mi débit massique interne dans lequel cette puissance se


dissipe. Figure 1 – Fuites de machine génératrice monocellulaire

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BM 4 282 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
_____________________________________________________________________________________________________________________ TURBOMACHINES

Nota :
— fuite interne fint : fuite qui retourne dans le débit aspiré par la roue ; L’enthalpie d’arrêt se conserve au cours d’un écoulement
— fuites externes : fluide s’échappant vers l’extérieur : adiabatique permanent dans un canal fixe.
• fuite externe de première espèce : la fuite se produit avant que le fluide ait pu
échanger de l’énergie avec le rotor,
• fuite externe de seconde espèce : la fuite a lieu après l’échange d’énergie avec le
rotor. ■ Remarques
La puissance interne correspondante est alors : ● Rappelons que l’écoulement étudié est adiabatique au sens
strict du terme (Q = 0), mais qu’il peut comporter des pertes aéro-
′ ) ⋅ τ a + P f,d
Pi = ( q ms + f int + fext dynamiques, donc des irréversibilités et que, par conséquent, il
n’est pas isentropique.
● Du fait de l’individualité des différents filets, le résultat ne
Nous y reviendrons dans l’article [BM 4 283], mais il était dès
s’applique à l’ensemble de l’écoulement qu’en définissant dans cha-
à présent utile de le préciser pour asseoir la définition de Wi .
cune des sections extrêmes (entrée et sortie du canal) un état moyen
Il sera nécessaire, avant chaque utilisation, de se rappeler du fluide et, en particulier, une vitesse moyenne.
quelques considérations essentielles :
— l’écoulement doit satisfaire à la condition de permanence
ou de périodicité. Pour étendre le résultat à cette dernière 1.2.2 Canal mobile
situation, il suffit, en effet, de raisonner sur un intervalle de
temps égal à la période pour qu’en tous les points le même En appliquant le Premier Principe entre l’entrée et la sortie du
état soit restauré ; canal mobile, on obtient :
— le travail interne représente l’énergie massique algébri- v2
quement échangée au sein du fluide par un organe mécanique Wi + Q = ∆h + ∆ --------
2
en mouvement. Pour une machine génératrice, Wi est positif ;
pour une machine réceptrice, il est négatif et l’on utilise en pra- où h est l’enthalpie massique.
tique sa valeur absolue, égale au travail recueilli par unité de À l’intérieur de la roue, il n’y a pas à tenir compte des frotte-
masse de fluide ; ments de disque, et l’on reconnaît alors dans Wi , l’énergie trans-
— comme le Premier Principe dont il est issu, ce bilan ther-
modynamique (1) s’applique aussi bien aux transformations mise par le canal mobile, soit τ a = ∆ ( u ⋅v ) où v est la vitesse
irréversibles que réversibles. Cependant, pour bien distinguer
entre les deux situations, on prendra soin dans ce qui suit, pour absolue et u la vitesse d’entraînement. On peut aussi écrire, pour
toute transformation réversible, de remplacer Wi , par un sym- les mêmes raisons que dans un canal fixe, Q = 0, d’où en utilisant
bole particulier précisant la nature de l’évolution considérée, et, la relation 25 de l’article [BM 4 281] :
par voie de conséquence, de réserver Wi à la désignation du tra- v2
vail interne dans une transformation réelle, généralement τ a = ∆h + ∆ -------- = ∆ ( u ⋅ v ) = u 2 v 2 cos α 2
2
irréversible ;
— lorsque le fluide est gazeux, la variation g ∆z de son éner- – u 1 v 1 cos α 1 = u 2 v 2u – u 1 v 1u (3)
gie potentielle massique de position est le plus souvent négli-
geable. 1 et 2 étant respectivement les sections « entrante » et « sor-
tante » du tube de courant.
Or, on a établi dans l’équation (27) de l’article [BM 4 281] que :

1.2 Applications pratiques (w 2 – u 2) v2


∆ ---------------------------- = ∆ -------- – ∆ ( u ⋅ v ) (4)
à un étage de turbomachine 2 2

où w est la vitesse relative, de sorte qu’en rapprochant (3) et (4),


Les échanges thermiques d’une turbomachine avec l’extérieur il vient :
sont le plus souvent négligeables, soit que l’appareil fonctionne à
w2 u2
température ambiante, soit que l’on ait pris soin de l’isoler par un ∆h + ∆ ---------- = ∆ ---------
calorifugeage. 2 2
On admettra donc toujours par la suite que les turbomachines soit encore, en posant :
sont thermiquement isolées, c’est-à-dire que leur fonctionnement
w2
est adiabatique (Q = 0), de sorte qu’entre l’entrée (e) et la sortie (s) h i,r = h + ---------- (5)
d’un tel appareil : 2
Wi = ∆hi (2) appelée enthalpie d’arrêt relative :

u2
∆h i,r = ∆ --------- (6)
1.2.1 Canal fixe 2
Ce résultat (6) s’entend comme celui relatif à un canal fixe, entre
■ Considérons l’écoulement permanent dans le canal compris deux états moyens du fluide, qu’il y ait ou non intervention des
entre deux aubages fixes d’une turbomachine. Du fait de leur immo- frottements dans le canal.
bilité, ces aubages ne peuvent échanger aucun travail avec le fluide,
donc :
Wi = 0
1.3 Générateur ou échangeur de chaleur
De plus, à l’exception des cas très particuliers où des disposi-
tions sont prises pour assurer un échange thermique avec le fluide Lorsque le fluide traverse une enceinte dans laquelle il échange
(comme dans les zones très chaudes des turbines à gaz) on peut, seulement de la chaleur (chaudière, échangeur de chaleur), on a :
comme il a déjà été dit, négliger les quantités de chaleur trans-
mises entre le fluide et les parois qui se trouvent sensiblement à Q = ∆hi
la même température. Ainsi Q = 0 et le Premier Principe se réduit à :
étant entendu qu’il n’existe dans ces appareils aucun organe
∆hi = 0 mobile susceptible de communiquer un travail Wi .

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 282 − 3
TURBOMACHINES ______________________________________________________________________________________________________________________

2. Utilisation 3. Travail réversible d’un gaz


du Second Principe
3.1 Expression générale
2.1 Égalité de Jouguet limitée ■ La quantité de travail τ qu’un fluide peut échanger de manière
réversible est constituée de la variation de ses formes utiles (c’est-
aux irréversibilités internes à-dire transformables) d’énergie : énergies piézométrique (corres-
pondant à la pression statique), cinétique et potentielle de position.
Considérons une évolution réelle d’un fluide ne comportant que La variation de cette dernière étant toujours négligeable à la traver-
des irréversibilités internes, ce qui en principe se rencontre lorsque sée d’une turbomachine qui véhicule un gaz, la relation (32) dans
le système considéré n’échange pas de chaleur avec le milieu exté- [BM 4 281] permet d’écrire :


rieur. s
dp s v2
Comparons la transformation réelle avec une transformation τ = --------- + ∆ e -------- (11)
e ρ 2
réversible, repérée par l’indice rev, qui fait passer le fluide par les
mêmes états physiques et cinétiques. Le Premier Principe permet où e et s indiquent respectivement l’entrée et la sortie de la machine,
d’écrire entre deux états successifs infiniment voisins : p la pression et ρ la masse volumique du fluide.
δW + δQ = δWrev + δQ rev (7) Puisqu’il s’agit d’un travail interne, débarrassé des frottements
de disque du fait de la réversibilité, et qui doit transiter par un
La différence δW – δW rev est toujours positive. En effet, si le sys- organe mécanique en mouvement, on pourra le désigner au
tème reçoit du travail, celui-ci devra être majoré, pour obtenir un moyen du symbole Wi, rev tel que :
même effet utile, de l’énergie dissipée en pertes internes. Inverse-

s
dp s v2
ment, si le système fournit du travail, les termes δW sont négatifs Wi ,rev = --------- + ∆ e -------- (12)
mais |δW | est inférieur à |δW rev | de la quantité encore absorbée e ρ 2
par les pertes. On reconnaît donc, dans cette différence, l’énergie Mais, comme l’on aura aussi à calculer le travail par étage dans
δf i dégradée par les pertes internes d’où : les machines multicellulaires, on désignera désormais par o et f les
états initial et final de l’évolution, lesquels coïncident avec e et s
δfi = δW – δW rev > 0 pour la machine complète.
De plus, pour que l’apport δQ rev soit opéré de façon réversible,
il faut que la source de chaleur soit à la température T du système, Dans le cas d’une machine génératrice (compresseur), Wi, rev
ce que l’on peut toujours imaginer dans le cas présent où l’on
est appelé travail de compression et dans le cas d’une machine
exclut la source thermique du phénomène analysé. On sait alors,
par définition de la fonction entropie massique S, que : réceptrice (turbine), on prendra sa valeur absolue appelée tra-
vail de détente.
δQ rev = TdS

En définitive, l’expression (7) donne : ■ Selon l’évolution suivie, le travail Wi,rev prend des appellations et
des valeurs différentes et l’on distingue, à cet égard, trois situations
TdS = δQ + δf i (8) caractéristiques :
Cette relation, déjà annoncée au paragraphe 2.4 de l’article — le travail polytropique : W i,rev = τ p (§ 3.2) ;
[BM 4 280] porte le nom d’égalité de Jouguet limitée aux irréver- — le travail isentropique : W i, rev = τ S , appelé communément tra-
sibilités internes et constitue la forme pratique d’application du vail adiabatique (§ 3.3) ;
Second Principe aux turbomachines. — le travail isotherme : W i,rev = τ T (§ 3.4).
Comme les turbomachines sont en général adiabatiques, le
Second Principe s’y réduit à :
3.2 Travail polytropique de compression
TdS = δfi (9)
Pour évaluer le travail (ou énergie massique) τ du fluide, réver-
siblement échangé le long de la transformation réelle, il faut dis-
poser de la loi υ (p ) ( υ étant le volume massique du fluide)
2.2 Bilan énergétique interne effectivement suivie par le gaz.
d’une turbomachine En pratique, on assimile celle-ci à une loi dite polytropique
p υ k = Cte, dont l’exposant k est déterminé de manière à la faire au
Le bilan énergétique interne d’une turbomachine traduit le fait moins coïncider avec l’état initial o et l’état final f. De ce fait, k doit
que les pertes internes se manifestent, ainsi que l’on vient de le satisfaire à :
k k
voir, comme la différence entre le travail réellement échangé et po υo = pf υf
celui qui le serait si le fluide suivait une évolution réversible tout
en se conformant à la succession des états réels. Ainsi : ou encore :
pf
Σ∆f i = Wi – τ (10) ln --------
po
k = – -----------------
avec τ travail, énergie massique du fluide. υf
ln --------
υo
En d’autres termes, la différence Wi – τ ne mesure les pertes
internes vraies que si le travail (ou énergie massique) du fluide τ Le travail interne réversible, ainsi calculé porte le nom de travail
est bien, conformément à sa définition, évalué réversiblement le polytropique τ p ou parfois de travail approché du fluide, du fait de
long de la transformation réelle. l’approximation consentie vis-à-vis du travail τ .

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BM 4 282 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
_____________________________________________________________________________________________________________________ TURBOMACHINES

Il ressort de ces deux relations que Q = Σ∆f i , c’est-à-dire que la


T machine réversible qui épouserait la succession des états réels
pf devrait obligatoirement recevoir de l’extérieur une quantité de cha-
leur égale aux pertes internes de la machine réelle.
B
■ Cas d’un gaz quelconque
Tous calculs faits, on trouve :
po k–1 2 2
p -------------- vf –vo
k–1
k
τ p = -------------- p o υ o   -------
po 
f
- k

– 1 + ---------------------
2
- (13)

avec υ volume massique du fluide.


τ = τp
Q ■ Cas d’un gaz parfait
β A
Po Le fluide de masse molaire M satisfait à l’équation d’état :
α p υ = rT où r = R / M avec R, constante universelle des gaz par-
faits.
a b S
Ainsi :
a machine réversible k–1 2 2
p -------------- vf –vo
k–1
k
τ p = -------------- rT o   -------
po 
f
- k

– 1 + ---------------------
2
- (14)
T
pf En outre, la combinaison de la loi d’évolution p υ k = Cte et de
l’équation d’état fournit la relation :
B
k–1
pf -------------- T
 -------
po 
- k
= -------f-
To
(15)

po de sorte que :
2 2
k vf –vo
τ p = -------------- r ( T f – T o ) + ---------------------
- (16)
k–1 2
τ  τp
La relation (15) permet donc de déduire directement k des mesu-
β A res de pression et de température effectuées à l’entrée et à la sortie
de l’appareil puisque :
Po Σ ∆f
α Tf
ln --------
k–1 To
a b S -------------- = ----------------- (17)
k pf
b machine réelle ln --------
po

Figure 2 – Travail polytropique de compression

3.3 Travail isentropique de compression


Il faut remarquer que la machine réversible polytropique, qui en
Le travail isentropique de compression est aussi parfois appelé
mettant en œuvre le travail τ p suivrait la succession des états réels,
travail adiabatique de compression.
ne serait pas adiabatique, contrairement à la turbomachine réelle.
Le travail τ S représente le travail interne de la machine réversible
La figure 2 montre la machine réversible comprimant selon la
qui aurait en commun avec la machine réelle la propriété d’être
polytrope AB.
adiabatique et qui, partant du même état initial, aboutirait à la
Cette machine : même pression finale p f avec la même vitesse v f .
— absorbe un travail réversible τ = Wi, rev = τ p représenté par Cet appareil de référence accomplirait donc une évolution isen-
l’aire αABβ ; tropique dont l’état final différerait par sa température T f ′ de celle
— reçoit la quantité de chaleur Q de l’extérieur. de T f de l’état réel.
La figure 2 montre aussi la machine réelle comprimant selon AB.
Cette machine : ■ Cas d’un gaz quelconque
— absorbe un travail Wi = h B – h A représenté par l’aire αAabBβ ; On peut appliquer le Premier Principe de la thermodynamique à
— est le siège de dissipations d’énergie Σ∆f représentées par la machine isentropique de référence, de sorte que :
l’aire aABb.
Les pertes internes sont, par définition, égales à : τ S = h i,f ′ – h i,o (18)

Σ∆f i = Wi – τ p mais en remarquant que, dans l’état final f ′, S f ′ = S o alors que,


dans la machine réelle, affectée des pertes Σ∆f, il se produit un
où Wi désigne le travail interne de la machine réelle, alors que le accroissement positif d’entropie tel que, selon le Second
Premier Principe permet d’écrire qu’entre l’état initial et l’état final, Principe (9) :


communs aux appareils comparés : f

τ p + Q = Wi Σ∆f = TdS
o

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 282 − 5
TURBOMACHINES ______________________________________________________________________________________________________________________

L’expression précédente devient : Dans le cas d’un gaz parfait, l’évolution suit la loi : p υ = rTo de
sorte que le travail interne de l’appareil réversible Wi ,rev (qui est
2 2
– vf vo aussi le travail isotherme de compression) a pour expression :
τ S = h f′ – h o + ---------------------- (19)
2 2 2
p vf – vo
Cependant, lors d’une évolution isentropique, de nombreux gaz, Wi,rev = τ T = rT o ln -------f- + -------------------
- (24)
même éloignés de l’état parfait, satisferont de manière assez rigou- po 2
reuse à une loi de la forme :

p υ n = Cte
avec n exposant isentropique. 3.5 Comparaison des travaux
polytropique, isentropique
Celui-ci ne doit toutefois être confondu ni avec k, exposant poly-
cp et isotherme
tropique, ni avec γ ( γ = ------- avec cp capacité thermique massique à
cv
pression constante et cv capacité thermique massique à volume ■ Si en cours d’évolution, on compare, à pression égale, l’état qui
constant) bien que n tende évidemment vers γ lorsque le gaz règne dans la machine réelle, fonctionnant adiabatiquement, et
considéré se rapproche de l’état parfait. celui existant dans la machine isentropique qui est partie du même
état initial, les pertes de l’appareil réel provoquent obligatoirement
Dans ce cas, le travail isentropique τ S est donné par la relation : un échauffement supplémentaire, qui est responsable d’une tempé-
n–1 2 2 rature supérieure et, par conséquent, d’un volume massique plus
p -------------- vf –vo grand. Cet effet détermine, sur un diagramme (p, υ ) de Clapeyron,
n–1
n
τ S = --------------p o υ o   -------
po 
f
- n

– 1 + ---------------------
2
- (20)
la position relative des courbes représentant respectivement l’évo-
lution isentropique et l’évolution polytropique ; cette dernière se
■ Cas d’un gaz parfait superposant pratiquement à la succession des états réels.
L’évolution isentropique satisfait à la loi : ■ En ce qui concerne l’évolution réversible isotherme, le maintien
p υ γ = Cte et par combinaison avec l’équation d’état : de la température produira un volume massique toujours inférieur,
en cas de compression, à ceux des deux autres évolutions et tou-
γ–1 jours supérieur, en cas de détente, à ceux-ci.
pf --------------
γ T f′
 -------
po 
- = -------
To
- (21)
■ La figure 3 illustre cette situation et permet de comparer les tra-
vaux associés à chaque évolution puisque l’aire sous-tendue entre
on trouve :
γ p
γ–1
-------------- vf –vo
2 2 chaque courbe et l’axe des pressions mesure l’intégrale υ dp .
τ S = -------------- rT o
γ–1   -------
po 
f
- γ

– 1 + ---------------------
2
- (22)

En utilisant la relation de Mayer, cp – cv = r qui conduit à :


γ
c p = -------------- r p
γ–1

on trouve : pf
2 2 p υk = Cte
vf– vo
τ S = c p ( T f′ – T o ) + ---------------------- = c p ( Ti,f′ – Ti,o ) (23) p υγ = Cte
2 τS
p υ = Cte
avec Ti température d’arrêt.
po
Étant donné que pour un gaz parfait h = c p T, on vérifie que
l’expression (23) s’identifie bien à (19).
Lorsque l’écart entre les températures To et T f ′ devient impor- υ
tant, on ne peut plus considérer cp comme constant et l’on doit : a compression
— soit utiliser les relations (18) ou (19), en relevant les valeurs
des enthalpies sur une table thermodynamique ou sur un dia-
gramme (h, S) de Mollier ; p
— soit adopter une valeur moyenne de cp et de γ ce qui est, en
po
principe, moins précis.
p υk = Cte

p υγ = Cte
τS
3.4 Travail isotherme de compression p υ = Cte

Pour des raisons qui apparaîtront dans certaines applications pf


des turbomachines (compresseurs de distribution de gaz sous
pression, cycle de turbine à gaz), il peut s’avérer intéressant de υ
comparer le travail interne Wi d’un appareil réel à celui d’une
machine réversible isotherme dont l’évolution partirait du même b détente
état initial pour aboutir à la pression finale p f . Par hypothèse, la
température à la sortie de la machine idéale serait encore égale à
To . Figure 3 – Comparaison des travaux réversibles

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BM 4 282 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
_____________________________________________________________________________________________________________________ TURBOMACHINES

On constate que la hiérarchie des travaux réversibles diffère


selon que l’on comprime ou que l’on détend le gaz :
T p2 p1
— pour une compression,
τp > τS > τT p2
∆S  = r ln
p1
— pour une détente,
h = Cte
| τT | > | τp | > | τS |

En particulier, ces remarques mettent en lumière l’intérêt des


évolutions isothermes qui, pour un rapport donné des pressions S
initiale et finale, sont les moins consommatrices d’énergie en
cas de compression, et se révèlent au contraire les plus produc- Figure 4 – Diagramme entropique d’un gaz parfait
trices en cas de détente. Chaque fois que l’on voudra bénéficier
de cet avantage, on s’efforcera en pratique de se rapprocher de
l’évolution isotherme en organisant une compression ou une
détente étagée, avec refroidissement ou échauffement extérieur En particulier :
du fluide entre chacune des évolutions partielles, qui resteront — les isobares sont des courbes d’allure exponentielle, puis-
confiées à des turbomachines adiabatiques. qu’elles admettent pour équation :

S – S o′

S = S o′ + c p ln T , soit T = exp --------------------
cp 
— entre deux isobares p1 et p2 , il existe à une même température
4. Représentation des T une différence d’abscisse :
évolutions sur les diagrammes ∆S = – r ln (p2 /p1)
thermodynamiques indépendante de T, ce qui démontre que toutes les isobares se
déduisent les unes des autres par une translation parallèle à l’axe
des entropies et d’amplitude ∆S ;
Les deux diagrammes thermodynamiques les plus utilisés sont — comme l’enthalpie d’un gaz parfait n’est fonction que de sa
le diagramme de Mollier (h, S ) et le diagramme entropique (T, S ), température absolue, les isenthalpiques sont des droites parallèles
dont les propriétés sont exposées en particulier dans l’article spé- à l’axe des entropies massiques.
cialisé de ce traité.
Aussi se bornera-t-on ici à rappeler ou à compléter les
connaissances nécessaires à l’analyse des turbomachines. 4.2 Évaluation de la variation d’énergie
On utilise surtout le diagramme de Mollier lorsque le fluide est piézométrique
éloigné de l’état parfait car la lecture directe de l’enthalpie sur
l’échelle des ordonnées facilite l’application du Premier Principe. La variation d’énergie piézométrique (correspondant à l’énergie


C’est celui qui est privilégié dans les bureaux d’études.
Les travaux Wi et τS qui s’expriment par des différences d’enthal- de pression statique) d’un fluide s’exprime par l’intégrale υ dp et
pie s’y concrétisent aisément. se mesure par l’aire A du diagramme de Clapeyron comprise entre
Le diagramme entropique est plus riche didactiquement, car les la courbe f (p, υ ) représentative de l’évolution, les isobares p1 et p2
aires représentent des énergies ; il sera abondamment utilisé et l’axe des volumes massiques nuls (figure 5).
ci-après.

4.1 Isobares d’un gaz idéal parfait


p T
dans un diagramme entropique 2

Une turbomachine fonctionnant entre deux états de pression, le p2


2
tracé des isobares est primordial. Pour cela, reprenons l’expression
(16) de l’article [BM 4 280] : p2
A
T dS = dh – υ dp A' 1
L’entropie massique d’un gaz parfait a pour expression 1 p1
différentielle : p1

dT dp
dS = c p ---------- – υ ---------
T T
υ S
qui, en supposant cp constante, s’intègre sous la forme :
a diagramme de Clapeyron b diagramme entropique
S = So + cp lnT – r ln p (25)
On peut alors construire le diagramme entropique d’un gaz par- Figure 5 – Équivalence du diagramme de Clapeyron
fait (figure 4) et en dégager les principales propriétés. et du diagramme entropique

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 282 − 7
TURBOMACHINES ______________________________________________________________________________________________________________________

T T 1 T 1

M 2

A
2
B
h = h0

S S S

a h = h0 (pour T = 0 K) b h1 - h2 = A – B c évolution adiabatique réversible

Figure 6 – Mesure d’une variation d’enthalpie sur le diagramme entropique (T, S )

■ Sur le diagramme entropique, cette surface possède son sous-tendues par les isobares aboutissant respectivement en 1 et
homologue A′ limitée par les mêmes états de fluide (évolution réelle en 2 (A et B respectivement), grâce à l’élimination du terme h o .
de 1 à 2, isobares p1 et p2 s’étendant jusqu’à T = 0 où υ s’annule).
Étudions le cycle réversible qui suivrait ce contour. Comme l’aire Remarque
sous-tendue sur le diagramme entropique par toute courbe repré-
Dans le cas d’une évolution adiabatique réversible
sentative d’une transformation réversible est égale à la chaleur
(figure 6c ), les deux propriétés qui viennent d’être établies attri-
massique Q échangée par le système, d’après le Second Principe
buent respectivement à l’aire comprise entre les isobares p1 et
de thermodynamique, l’aire intérieure au contour considéré
mesure encore, au signe près, le travail W échangé avec l’extérieur
lors du cycle puisqu’en vertu du Premier Principe : p2 les valeurs υ dp et h1 – h2 d′où : h1 – h2 = υ d p ce
qui vérifie au passage la relation (16) de l’article [BM 4 280].
W+Q=0
En se référant à la situation la plus simple où le fluide qui par-
court le cycle réversible serait enfermé sous un piston dans un
cylindre :
4.4 Représentation des pertes internes
d’une transformation adiabatique

W = – pd υ = – ∆ ( p υ ) + υ dp
On sait que dans une turbomachine, par nature adiabatique, le
et puisque, pour un cycle, ∆ (p υ ) = 0, il reste : Second Principe de la thermodynamique se réduit à [cf. § 2.1
relation (9)] :
A′ = – W = – υ dp T dS = δf i

où la perte interne par unité de masse δf i est toujours positive.


L’aire du diagramme entropique comprise entre la courbe Ainsi, la transformation réelle s’accompagne toujours d’un
représentative d’une évolution quelconque et les isobares rela- accroissement d’entropie et l’aire sous-tendue par la courbe repré-
tives aux pressions extrêmes p1 et p2 est égale à la variation sentative des états successivement empruntés dans le diagramme
d’énergie piézométrique du fluide dans l’évolution considérée. entropique (T, S ) mesure les pertes internes (figure 7).

4.3 Représentation
d’une variation d’enthalpie T
2 1

Soit h o , l’enthalpie massique d’un corps lorsqu’il se trouve à


l’état cristallisé à la température du zéro absolu. Un état physique,
repéré par sa pression p et sa température absolue T, est matéria-
lisé par un point représentatif M sur le diagramme entropique et 1 2
une enthalpie massique h. La variation d’enthalpie massique
h – ho , égale à la chaleur massique reçue à la pression constante Σ ∆f Σ ∆f
p depuis T = 0 K jusqu’à l’état M, est mesurée par l’aire sous- ten-
due par l’isobare p aboutissant en M (figure 6a ).
Compression Détente S
Cette propriété sert essentiellement à représenter sur le dia-
gramme entropique la différence d’enthalpie h 1 – h 2 entre deux
états 1 et 2 (figure 6b ), laquelle est égale à la différence des aires Figure 7 – Pertes internes d’une évolution adiabatique

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BM 4 282 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
_____________________________________________________________________________________________________________________ TURBOMACHINES

T
pf T
pf
B
B
p + dp
p
C C
A2 po
po

υ
A1 υ'
D
A
β
A0
A0 A3 = Σ ∆fi A
α
d a b S
S

Figure 8 – Analyse des compressions sur le diagramme (T, S )

Figure 9 – Réchauffage dû aux pertes internes lors d’une compression

4.5 Analyse des compressions


sur le diagramme entropique
4.5.3 Compression isotherme
On a reporté sur la figure 8 les isobares po et p f , la compression
réelle qui fait passer le fluide du point A au point B et les diverses On reconnaît dans A0 , aire aADd ou aire αADβ, le travail iso-
compressions réversibles issues du point A et menant à p f . therme τ = τT = A0 .
On peut décomposer le diagramme de compression en quatre
aires partielles :
— A0 , surface du rectangle aADd (ou αADβ , comme expliqué au 4.5.4 Compression réelle
paragraphe 4.5.1) ;
— A1 , surface du triangle curviligne ACD ; Le travail interne W i = h B – h A a pour valeur :
— A2 , surface de l’autre triangle curviligne ABC ;
— A3 , surface du quadrilatère aABb. Wi = A 0 + A 1 + A 2 + A 3

On constate que l’aire A 3 représente bien des pertes internes


4.5.1 Compression polytropique Σ∆f, conformément à leur définition.
Dans la mesure où la loi polytropique décrit de manière assez Σ∆f i = W i – τ p , et en vertu également du Second Principe de la
rigoureuse la succession des états réels, le travail polytropique τp thermodynamique.
s’identifie à τ, travail de compression réversible reliant effective-
Si l’on choisit comme machine idéale de référence celle qui suit
ment les points A et B.
la voie isentropique AC, la différence W i – τ S représente des pertes
Le travail réversible τ p associé à la compression réelle est Σ∆π que l’on qualifiera d’adiabatiques pour les distinguer des per-
mesuré par l’aire comprise entre la courbe de compression AB et tes internes vraies déjà évaluées (cf. § 2).
les deux isobares po et p f passant respectivement par A et B.
Puisque, d’après ce qui précède :
Comme ces deux isobares se déduisent l’une de l’autre par une
translation horizontale (cf. § 4.1), la partie de l’aire qui est située Σ∆π = W i – τS = A 2 + A 3
au-dessous du segment d’isotherme AD comprise entre p f et p o
est égale à celle du rectangle aADd (ou αADβ), de sorte qu’en défi- il apparaît que ces pertes par rapport à l’isentropique, commu-
nitive le travail de compression polytropique τp relatif à l’évolution nément appelées pertes adiabatiques, comprennent les pertes
réelle AB est représenté par la surface aABDd (ou αABβ) (figure 8). internes vraies A 3 auxquelles s’ajoute le terme A 2 encore égal à la
τ = τp = A 0 + A 1 + A 2 différence τ p – τS des travaux réversibles de compression le long
de la voie réelle et de la voie isentropique. Or, pour chaque évolu-
tion élémentaire de p à p + dp (figure 9), cet écart des travaux, égal
4.5.2 Compression isentropique à (υ – υ ′ ) dp, hachuré sur la figure 9, provient uniquement du fait
que le volume massique réel υ est supérieur à celui υ′ de la voie
En traçant à partir de l’état initial A l’évolution isentropique qui isentropique d’une quantité égale à la dilatation que subit le gaz
se termine dans l’état C à la pression p f , le travail isentropique τS sous l’effet de la chaleur dégagée par la dissipation des pertes
est égal à : internes vraies A 3 entre p o et p. Ainsi, les pertes adiabatiques d’un
τ = τS = A 0 + A 1 compresseur comprennent, en plus des pertes internes A 3 , un
supplément de travail réversible A 2 dû au réchauffage du fluide
c’est-à-dire l’aire de (α AC β) ou de (aCDd). par ces mêmes pertes internes.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 282 − 9

Vous aimerez peut-être aussi