Vous êtes sur la page 1sur 114

Directeur de la publication

Jacques Richardson
Secrétaire de rédaction
Ariette Pignolo
Consultants pour ce numéro
Christopher Bird
P r Ignacy Malecki
D r Berol Robinson

Abonnement annuel
[A] 2 8 F
Le numéro
[A] 8,50 F
Adressez les demandes
d'abonnement aux agents
généraux {voir liste),
qui vous indiqueront
les tarifs en monnaie locale.
Toute notification de changement
d'adresse doit être accompagnée
de la dernière bande d'expédition.

Les articles paraissant dans Impact


n'engagent que leurs auteurs.
La publication du présent numéro
ne signifie pas que l'Unesco
encourage, approuve ou appuie
les études mentionnées et les
théories exposées concernant
les < parasciences ».
Si le recueil d'articles présenté ici
a vu le jour, c'est par respect
pour la liberté d'expression,
la liberté de pensée et la libre
circulation de l'information
entre les peuples. A ces principes
l'Unesco demeure passionnément
attachée.

Organisation
des Nations Unies pour
l'éducation, la science
et la culture,
7, place de Fontenoy
75700 Paris (France)

Imprimerie La Néogravure, Paris


La lettre grecque psi, ici en majuscule, sym-
bolise les disciplines non encore reconnues
comme appartenant au monde de la recherche
scientifique classique et rigoureuse. Les « phé-
nomènes psi » concernent en particulier les
fonctions parapsycho/ogiques de l'esprit
humain (precognition, psychokinésie et per-
ception « quasi sensorielle •»).
Volume XXIV, n° 4 / octobre-décembre 1974

Les parasciences

Arthur Koestler
Présentation 2 8 9

Zdenek Rejdak
La psychotronique : état présent des connaissances 303

Yuriy A. Kholodov
Les champs électromagnétiques et le cerveau 3 0 9

Michael Cernousek
Psychotronique et psychologie 3 1 7
D u charlatanisme à la science 322

C. Muses
Le psi, nouvelle dimension des sciences 3 2 3

Aleksandr P. Doubrov
Biogravitation et psychotronique 3 2 9

Hiroshi Motoyama
Le mécanisme de la manifestation de l'aptitude psi 339

Josef F. B/umr/'ch
Les vaisseaux spatiaux du prophète Ézéchiel 3 4 7
Ézéchiel fabrique sa propre roue 3 5 5

Stanley Krippner
Production d'effets psychotroniques dans des états de conscience altérés 3 5 7

Yvonne Duplessis
Existe-t-il une perception paroptique? 3 6 7

Andrija Puharich
C e qui se produit quand les ondes radio pénètrent la peau 3 7 3

Rudolph P. Guzik
La photographie de Kirlian : force vitale ou simple fait biologique? 379

Jarbas George Marinho


La recherche sur les phénomènes paranormaux au Brésil 3 8 7

Lettres 3 9 3
Appel aux lecteurs

Nous serons heureux de publier des lettres contenant


des avis motivés - favorables ou non - sur tout article
publié dans impact ou présentant les vues des
signataires sur les sujets traités dans notre revue.
Prière d'adresser toute correspondance à : Rédacteur,
i m p a c t : science et société, Unesco, 7 , placé de Fontenoy
75700 Paris (France). © Unesco 1974
Présentation

Né à Budapest, de nationalité britannique, Arthur Koestler


est surtout connu pour ses ouvrages à contenu idéologique
(Le yogi et le commissaire. Le zéro et l'infini^, mais il s'inté-
resse aussi beaucoup à l'histoire et à la philosophie des
sciences (Les somnambules. L'étreinte d u crapaud^ et à la
parascience f'Les racines du hasard^. L'essai qu'on va lire
est une adaptation de ce dernier ouvrage, réalisée avec
l'aimable autorisation de l'auteur et des éditions Calmann-
Lévy (Paris). Dans Les racines du hasard, Koestler relève
quelques différences et beaucoup de points communs entre
les sciences traditionnelles de la nature (dites exactes) et
certaines parasciences. Les sciences « non officiel/es »
connaissent à l'heure actuelle une vogue extraordinaire dans
de nombreuses régions du globe. Le présent article servira
aux lecteurs d'Impact d'introduction à ces sciences et à
certains de leurs aspects socio-culturels. En choisissant les
parasciences comme thème de ce numéro d'Impact, nous
avons pris le risque d'être critiqués par nos lecteurs habi-
tue/s... Nous serons heureux de connaître leur point de vue.

La physique n'est pas exempte d'une certaine


perversité

Vers 1930, les « particules élémentaires », considérées c o m m e


les constituants ultimes de la matière, étaient au nombre d e
trois : l'électron, à charge négative, le proton, à charge posi-
tive, et le neutron, neutre c o m m e son n o m l'indique. Les
protons et les neutrons formaient le noyau atomique dans
lequel se trouvait concentrée pratiquement toute la masse
de l'atome; les électrons en rotation en constituaient la
coquille externe. Aujourd'hui nous connaissons une centaine
de particules élémentaires, provenant des radiations cos-

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n° 4 289


miques ou produites en laboratoire. Certaines sont extrême-
ment éphémères, ne durant qu'une fraction infinitésimale de
seconde; d'autres, c o m m e le photon, ont une existence
virtuellement illimitée. Certaines sont fort bizarres : le m o t
« étrangeté » est un terme technique désignant une d e leurs
propriétés quantitatives.
Mais il est vrai que le vocabulaire de la physique moderne
contient plus d'un m o t surprenant. Gell-Mann a proposé une
théorie des particules élémentaires qu'avec tout le respect dû
au B o u d d h a il n o m m e « l'octuple voie »; cette théorie lui a
permis de prédire une nouvelle particule inconnue, appelée
« O m é g a moins », qui lui a valu le prix Nobel. A u reste Gell-
M a n n et ses collaborateurs vont jusqu'à suggérer que les
particules élémentaires ne sont peut-être pas élémentaires
du tout, et qu'elles seraient formées d'entités encore plus
élémentaires qu'ils veulent appeler « quarks ». A u m o m e n t
où j'écris ces lignes, o n n'a pas encore découvert ces entités
hypothétiques, mais la chasse au quark fait partie de l'argot
des laboratoires de physique. Tout cela pour indiquer que les
physiciens sont très conscients du surréalisme d e leur créa-
tion.
Quant à la mystérieuse beauté de ce m o n d e qu'ils ont créé,
elle se reflète dans les photographies fantastiques des aven-
tures de la chambre à bulles, qui montrent les trajectoires d e
l'infiniment petit: celles des particules voyageant à des vitesses
inimaginables en courbes et en spirales, pour se heurter,
changer d e cap ou exploser et donner naissance à d'autres
particules ou à d'autres « ondicules ». Les danseuses de ce
ballet sont invisibles : elles laissent un sillage, grossièrement
comparable à celui d'un avion supersonique, mais si ferme,
si net qu'on peut en mesurer la longueur, les angles, les
courbes avec assez de précision pour déterminer la vitesse,
l'énergie, la charge électrique, etc., de la particule. Cette
technique permet au physicien d'observer l'impensable : la
transformation de la masse en énergie et de l'énergie en
masse.
Q u a n d un photon, « concentré d'énergie » sans masse,
frôle un noyau atomique, il donne naissance à un électron et
un positron1 ou m ê m e à deux électrons et deux positrons.
Vice versa, quand un électron et un positron entrent en colli-
sion, ils se détruisent mutuellement et changent leurs deux
masses en rayons g a m m a à haute énergie. Pénétrer si pro-
fond sous la surface du m o n d e , c'est l'un des plus grands
triomphes de l'intelligence humaine. Certes, les physiciens ne

1 . Électron à charge positive, o u anti-électron (voir p. 2 9 3 ) .

290 Arthur Koestler


cessent de nous rappeler que les fantômes qu'ils découvrent
dans ces profondeurs échappent à l'entendement : du moins
en mesurent-ils les empreintes dans la chambre à bulles.

Le neutrino fantôme

La plus fantomatique de ces déconcertantes particules élé-


mentaires a reçu le n o m de neutrino. Wolfgang Pauli en avait
prédit l'existence en 1 9 3 0 pour des raisons purement théo-
riques; mais ce n'est qu'en 1956 que F. Reines et C . C o w a n
le captèrent dans la pile atomique d e la Commission d e
l'énergie atomique de la Savannah. S'il fallut si longtemps
pour le détecter c'est que le neutrino n'a virtuellement aucune
propriété physique : ni masse, ni charge électrique, ni c h a m p
magnétique. Les particules qu'il frôle ne l'attirent pas, ni ne le
captent, ni ne le repoussent. En conséquence un neutrino
provenant de la Voie lactée ou d'une nébuleuse plus loin-
taine, et se déplaçant à la vitesse de la lumière, peut traverser
le globe terrestre dans toute son épaisseur, c o m m e un espace
vide. Rien n'arrête le neutrino, sauf s'il heurte de front une
autre particule, et l'on estime qu'il y a à peu près une chance
sur dix milliards pour qu'une telle collision se produise pen-
dant la traversée du globe 1 . Heureusement, « il y a assez de
neutrinos pour que des collisions aient lieu effectivement,
écrit Martin Gardner; sinon on n'en aurait jamais détecté. A
l'instant où vous lisez ces lignes, des milliards de neutrinos
venus du soleil, des étoiles, peut-être m ê m e d'autres galaxies,
vous transpercent le crâne et le cerveau » [1 ]2. Les physiciens
n'ont pas été les seuls à s'émouvoir d'une telle découverte.
Le romancier John Updike en a fait un p o è m e [2].

Les neutrinos sont minuscules


D e charge point, ils vont sans masse
Et leurs interactions sont nulles.
Pour eux la Terre est un globule
A travers quoi vite l'on passe
C o m m e servante au vestibule
O u c o m m e photon dans la glace.
Ils snobent le plus fin des gaz.
Jamais pour un m u r ne reculent
Ni pour acier ni pour cuirasse
Trouent l'étalon c o m m e la mule

1. Reines et C o w a n , qui ont découvert le neutrino, ont installé des laboratoires au fond
de mines de sel et de mines d'or afin de capter des pluies de neutrinos non contaminés
par d'autres particules venues de l'espace, qui ne peuvent pénétrer à ces profondeurs.
2. Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.

Présentation 291
Et, foin des barrières de classe
Tous ils nous tranchent, ridicules
Guillotinés, quand ils basculent
D e nos crânes à l'herbe grasse.

Pour un esprit sans préjugé, vraiment, les neutrinos ont une


certaine affinité avec les fantômes - ce qui ne les e m p ê c h e
pas d'exister. D e fait l'absence d e propriétés physiques
« grossières », ce caractère éthéré d u neutrino ont encouragé
les gens à se demander s'il n'existe pas d'autres particules
qui procureraient le chaînon manquant entre la matière et
l'esprit. C'est ainsi q u e V . A . Firsoff, d e la Société royale
d'astronomie, pense que « l'esprit est une entité ou interaction
universelle d u m ê m e ordre q u e l'électricité o u la gravitation
et qu'il doit exister un module de transformation analogue à
la fameuse équation d'Einstein £ = me2, qui mettrait en
rapport le 'matériau mental ' avec d'autres entités du m o n d e
physique [3] ». Il pense m ê m e qu'il peut y avoir des particules
élémentaires d e matériau mental, qu'il propose d'appeler
« mindons » (de l'anglais mind : esprit) et dont les propriétés
seraient à peu près semblables à celles du neutrino [4].
Le « mindon » d e Firsoff est u n modèle assez primitif,
marqué par une interprétation atomiste des faits mentaux
que la psychologie c o m m e n c e enfin à dépasser. Cyril Burt,
dont les « psychons » 1 seraient des configurations plutôt
que des particules, a proposé une hypothèse plus raffinée,
mais sans la poursuivre en détail. Les plus récentes tentatives
pour trouver un lien entre la fonction psi de la physique des
quanta et des p h é n o m è n e s psi de la parapsychologie sont
celles du physiologiste J o h n Eccles et du physicien Adrian
D o b b s . Mais elles exigent d'abord une excursion sur des
rivages plus étranges encore que ceux q u e nous avons
aperçus jusqu'ici.

L'espace est-il vraiment vide?

En 1931, Paul Adrian Maurice Dirac, d e Cambridge, avança


une théorie q u ' o n aurait rejetée c o m m e pure folie si l'auteur
n'avait été l'un des premiers physiciens d e son temps, à
qui l'on devait l'exploit (que le prix Nobel allait récompenser
en 1933) d'avoir unifié la théorie d e la relativité d'Einstein
et la mécanique ondulatoire de Schrödinger. Malheureuse-
ment la théorie unifiée se heurta à de nouvelles difficultés
que Dirac essaya d e surmonter en posant que l'espace

1. M o t forgé par Whately Carington.

292 Arthur Koestler


n'est pas vraiment vide, qu'il contient u n e m e r insondable
d'électrons dotés d'une masse négative (et par conséquent
d'énergie négative). L'idée d e masse négative passe l'imagi-
nation; tout ce q u e l'on pourrait dire d'une telle particule
est que si on la pousse d'un côté elle ira de l'autre, ou q u e
si on souffle dessus on l'avale.
C o m m e , dans cette hypothèse, les électrons d'énergie
moins emplissent uniformément tout l'espace disponible, ils
sont sans interaction et ne manifestent pas leur existence.
Mais il peut arriver qu'un rayon cosmique à haute énergie
heurte l'un d e ces électrons fantômes et lui c o m m u n i q u e son
énergie. Résultat, l'électron fantôme va jaillir de son océan
et se transformer en électron normal doté de masse et d'énergie
positive. Seulement il y a maintenant un trou, u n e bulle,
dans l'océan où il baignait. C e trou est u n e négation d e
masse négative : il a donc une masse positive. En fait selon
la prédiction d e Dirac, ce trou sera « une nouvelle espèce de
particule inconnue de la physique expérimentale, ayant m ê m e
masse qu'un électron, avec une charge opposée. O n peut
l'appeler anti-électron ».
Mais l'anti-électron, ajoutait-il, ne vivrait pas longtemps.
Bientôt un électron normal, attiré par le « trou », y tomberait,
et les deux particules s'anéantiraient mutuellement, se d é m a -
térialisant en un éclair d e rayons à haute énergie.
La théorie était si fantastique q u e Niels Bohr en fit le
sujet d'une historiette intitulée Pour capturer les éléphants.
A v e c l'humour de lycéen qui semble caractériser les grands
savants, il conseillait aux chasseurs de fauves d e choisir
un point d'eau fréquenté par les éléphants et d'y afficher
un résumé de la théorie de Dirac. « Q u a n d l'éléphant, connu
pour sa sagesse, vient boire et qu'il lit ce texte, il en reste
m é d u s é pendant plusieurs minutes. Profitant de cette transe,
le chasseur sort d e sa cachette, ligote solidement l'animal
et l'expédie au zoo de C o p e n h a g u e * ».
U n an après la publication de l'hypothèse de Dirac, Cari
D . Anderson étudiait à l'Institut de technologie de Californie
les traces d'électrons des rayons cosmiques dans la chambre
à bulles, et s'aperçut qu'en traversant un c h a m p magnétique
puissant certains d'entre eux étaient déviés dans le sens
contraire de la direction prise par les électrons normaux à
charge négative. Il en conclut q u e ces particules bizarres
devaient être des électrons à charge positive, et les baptisa
positrons. C'étaient les anti-électrons prédits dans l'article
de Dirac - qu'Anderson n'avait pas lu.

1. Je tiens cette anecdote de George G a m o w .

Présentation 2 9 3
Les antiparticules sont rares

Depuis la découverte d e l'anti-électron les physiciens ont


trouvé, ou produit en laboratoire, des antiparticules corres-
pondant à toutes les particules connues : cinquante d'un
côté et cinquante de l'autre (actuellement), elles ne diffèrent
que pour avoir des charges électriques et des m o m e n t s
magnétiques contraires, de m ê m e que des « spin » et des
« étrangetés » opposées. Mais normalement les antiparticules
sont très rares : soit qu'elles proviennent de radiations cos-
miques, soit qu'on les obtienne par des bombardements
atomiques extrêmement puissants, elles sont, c o m m e on l'a
vu, fort éphémères puisqu'une antiparticule ne peut rencontrer
son alter ego terrestre sans l'anéantir et disparaître du m ê m e
coup.
Il est fort possible, croit-on, que d'autres galaxies soient
composées d'antiparticules, qui se combinent pour former
de l'antimatière; et m ê m e que certains événements célestes
particulièrement grandioses, tels que les super-novae et les
pluies de rayons X , proviennent de la collision et de l'anéan-
tissement mutuel d e nuages d e matière et d'antimatière.
Ces perspectives apocalyptiques, chères aux auteurs d e
science-fiction, ont inspiré aussi, naturellement, quelques
p o è m e s scientifiques.
Pourtant la théorie d'un océan d e particules à masse
négative, assez frappante pour stupéfier un éléphant, parut
à bon nombre d e physiciens plutôt répugnante. N o n pas
parce qu'elle était fantastique, mais parce qu'il n'y avait
aucune méthode concevable permettant de la vérifier ou d e
la réfuter; en outre, on lui trouvait une affinité suspecte
avec l'éther du XIX e siècle. Les physiciens acceptaient les
antiparticules mais cherchaient une théorie plus élégante
pour expliquer leur comportement.
C'est ainsi qu'en 1 9 4 9 , Richard Phillips F e y n m a n n , qui
appartenait aussi à l'Institut d e technologie de Californie,
émit l'idée que le positron n'est rien d'autre qu'un électron
qui, durant un m o m e n t , recule dans le temps, la m ê m e
explication valant pour d'autres antiparticules. Sur les
« diagrammes de Feynmann », bientôt familiers aux physi-
ciens, un axe représente le temps, l'autre l'espace; les parti-
cules peuvent se déplacer dans le temps dans un sens o u
dans l'autre, et un positron qui avance c o m m e nous dans le
futur se comporte exactement c o m m e un électron qui voya-
gerait m o m e n t a n é m e n t dans le passé. Les renversements
temporels que postule Feynmann sont éphémères parce q u e
dans notre m o n d e les antiparticules sont éphémères; mais

294 Arthur Koestler


on peut se demander si dans une galaxie composée d'anti-
matière le temps irait à reculons par rapport au nôtre. En
tout cas pour ce qui est de la physique terrestre les concep-
tions de Feynmann se révélèrent si efficaces que leur auteur
reçut la médaille Albert Einstein en 1 9 5 3 et le prix Nobel
en 1965. Et le philosophe H a n s Reichenbach écrivit alors
que la théorie d e F e y n m a n n était « le coup le plus grave
que l'on ait jamais porté en physique au concept de temps » [5].

Un temps à deux dimensions

L'histoire des sciences ne cesse de le répéter : qu'une théorie


fonctionne et donne des résultats tangibles, cela ne prouve
pas q u e ses hypothèses soient justes. D'ailleurs celle d e
F e y n m a n n présente des difficultés logiques effrayantes, m ê m e
selon les critères tolérants d e la microphysique m o d e r n e 1 .
O n a essayé plusieurs fois d e surmonter ces difficultés :
j'ai déjà fait allusion aux travaux d'Adrian D o b b s 2 , qui
introduit deux dimensions temporelles au lieu d'une. Eddington
et d'autres avaient déjà proposé un univers à cinq dimensions,
trois spatiales et deux temporelles; mais la théorie d e D o b b s
comporte des raffinements qui tiennent compte d e l'impré-
visibilité et d e l'indétermination d e l'avenir dans la physique
des quanta. C'est ainsi que la flèche d u temps, avançant
sur la seconde dimension temporelle, traverse u n m o n d e
probabiliste, et non plus déterministe; au reste c'est moins
une flèche qu'un train d'onde. Mais le principal intérêt d e
cette hypothèse est qu'elle veut donner d e la télépathie et
de la prémonition une explication d'ordre physique plus
élaborée que toute autre, si élaborée et si complexe qu'on
ne saurait guère la comprendre sans connaître assez bien
la théorie des quanta.
L'essentiel en tout cas, pour ce qui concerne la prémonition,
serait q u e l'anticipation d'événements futurs suit la seconde
dimension temporelle, dans laquelle les « probabilités objec-
tives » jouent le m ê m e rôle que les relations d e causalités
dans la physique classique. Il s'agit selon D o b b s d'une
« seconde dimension du temps dans laquelle les probabilités
objectives d'événements futurs sont contenues c o m m e fac-
teurs dispositionnels concomittants qui inclinent ou prédis-
posent le futur à se produire d e certaines manières spéci-

1. Voir par exemple les critiques de Whitrow, dans J. T . Fraser (dir. publ.). The voices
of time. Londres, 1968.
2 . Adrian O o b b s , mort tout récemment des suites d'un accident, était un brillant mathé-
maticien. Physicien aussi, il poursuivait des recherches ultra-secrètes concernant la
Défense nationale : le fait a été révélé dans un émouvant article que lui a consacré
C D . Broad en décembre 1970 dans le Journal of the society for psychical research.

Présentation 2 9 5
fiques » [6]. Cela a l'avantage pour c o m m e n c e r de tourner
la vieille objection de logique selon laquelle la prémonition
d'un événement futur comporterait la possibilité d'agir sur
cet événement, ce qui annulerait la prémonition.
D o b b s emploie un terme (pre-cast) qui signifie préfor-
mation plutôt q u e precognition, pour indiquer qu'il s'agit,
non pas de prophétie, mais de perception de facteurs de
probabilité dans un système qui prédispose l'avenir à un
état donné. Mais ces « préformations » ne se fondent ni
sur la divination ni sur des raisonnements puisque l'on ne
peut ni observer ni déduire les « facteurs dispositionnels ».
L'information qui les concerne est transmise au sujet par
d'hypothétiques messagers que D o b b s n o m m e « psitrons »,
et qui opèrent dans sa seconde dimension temporelle. C e s
particules sont douées de facultés étonnantes - mais à peine
plus étonnantes que celles du neutrino de Pauli, des électrons
à masse négative de Dirac, et des électrons à remonter le
temps de F e y n m a n n , trois espèces de particules qui ont
valu le prix Nobel à leurs inventeurs. Le psitron de D o b b s
est en fait le produit des tendances actuelles de la théorie
des quanta et des recherches sur le cerveau. Il a une masse
imaginaire (au sens mathématique). U n nombre imaginaire
est un nombre qui admet un carré négatif, à la différence
des nombres naturels dont le carré est, par définition, toujours
positif, que ces nombres soient positifs ou négatifs ( moins
par moins égale plus). L'utilisation des nombres imaginaires
est très c o m m o d e en physique quantique où elle permet
d'introduire, à côté des énergies, des masses et des temps
ordinaires, une dimension supplémentaire. D'après la théorie
de la relativité, le psitron peut donc voyager indéfiniment
plus vite q u e la lumière, sans perte d'inertie (imaginaire).
O n peut ainsi se représenter une structure, un essaim, un
nuage de psitrons de masse imaginaire qui descendrait sur
les neurones d'un sujet particulièrement réceptif et lui c o m -
muniquerait non seulement l'information concernant l'état
actuel du système qui les émet, mais aussi les « préformations »
de son état futur probable, qui se reflètent déjà dans les
antennes qu'il envoie dans toutes les directions. Les psitrons
joueraient donc, d'après D o b b s , un rôle analogue à celui
des photons dans la vue ordinaire, avec cette différence q u e
les psitrons agiraient directement sur le cerveau, sans passer
par l'œil; en outre ils ont une masse imaginaire alors q u e la
masse du photon est égale à zéro, et ils véhiculent l'infor-
mation de processus actuels et de processus virtuels, ces
derniers « préformant » l'avenir immédiat. Si le lecteur
trouve cela un peu obscur, qu'il se console en pensant q u e

296 Arthur Koestler


l'obscurité est incorporée, pour ainsi dire, à la physique des
quanta, c o m m e les trous du gruyère au gruyère.

Les sens court-circuits

Quant à savoir - ce qui est capital - c o m m e n t les hypothé-


tiques psitrons pourraient informer directement le cerveau
du sujet, en court-circuitant l'appareil sensoriel, D o b b s
répond à la question en recourant à une théorie avancée
il y a quelques années par John Eccles. Cet eminent physio-
logiste reçut le prix Nobel en 1 9 6 3 pour ses travaux sur la
transmission des impulsions nerveuses à travers les joints
synaptiques des cellules cervicales. A la fin de son traité
(The neurophysiological basis of mind), il énonçait cette
théorie qu'il appelait « hypothèse du m o d e d'opération de
la 'volonté' sur le cortex cérébral » [7].
Eccles élabore alors une théorie sur la manière dont une
très faible « influence de volonté », affectant un seul neurone
du cortex, pourrait déclencher des changements considé-
rables dans l'activité cérébrale. Le déclic affecterait des
neurones se trouvant en état d'équilibre instable, juste a u -
dessous du seuil de la décharge d'une impulsion nerveuse.
Étant donné que le cortex contient quelque 4 0 0 0 0 neurones
par millimètre carré, et que chaque neurone est relié par
plusieurs centaines de synapses à d'autres neurones, nous
s o m m e s en présence d'un réseau d'une densité et d'une
complexité remarquables [7]. Eccles s'oppose fermement à
l'argumentation positiviste qui fait du « cerveau » une réalité,
et de la « pensée » une fiction, une sorte de fantôme qui se
trouverait enfermé dans une machine [7]. Mais dans les
derniers paragraphes d e son livre, il fait entrer dans sa
théorie la perception extra-sensorielle et la psychokinèse. Il
accepte les expériences d e Rhine, Thouless, Soal, etc.,
c o m m e documents à l'appui d'une communication « dans
les deux sens » entre pensée et matière, et d'une c o m m u n i -
cation directe entre un esprit et un autre. Il considère que la
perception extra-sensorielle et la psychokinèse sont des
manifestations faibles et irrégulières du m ê m e principe qui
permet à la volition mantale d'un individu d'influer sur son
cerveau, et à ce cerveau de produire des expériences cons^
cientes. Il rappelle aussi une hypothèse indûment négligée
qu'Eddington avait formulée en 1 9 3 9 ; elle concernait « un
comportement cohérent des particules individuelles d e
matière dont Eddington présumait l'existence quand il s'agit
de matière en liaison avec la pensée. Le comportement de
cette matière serait nettement différent du comportement

Présentation 2 9 7
incohérent ou fortuit des particules tel qu'on l'admet en
physique [8].
Revenons maintenant à D o b b s . A p p a r e m m e n t Eccles
s'était bien gardé de fournir des indications sur la nature
supposée d e ces influences ou « c h a m p s d'influence » qui
serviraient de véhicules aux communications entre la matière
et l'esprit, ou entre deux esprits. En guise de véhicule D o b b s
proposa le psitron qui en heurtant des neurones « en équilibre
instable » peut déclencher u n e « cascade, une réaction en
chaîne » d'événements nerveux.
Si cette hypothèse concerne la télépathie, la clairvoyance
et la prémonition, elle ne dit rien de l'interaction ordinaire
de l'esprit et d u cerveau chez une seule et m ê m e personne
- ce qui pour Eccles était la première question. D o b b s ne
s'intéresse pas directement à ce problème : il considère c o m m e
admis q u e certains processus cérébraux donnent naissance
à « certains états de conscience », que ces processus soient
provoqués par des perceptions sensorielles ou extra-senso-
rielles, peu importe. La distance que doit parcourir le psitron
ne compte pas, pas plus qu'elle ne compte pour les neutrinos.

Perception sensorielle et extra-sensorielle

O n arrive ainsi à la conclusion paradoxale que des théories


physiques c o m m e celle d'Adrian D o b b s , si ingénieuses
soient-elles, expliquent peut-être l'extra de la perception
extra-sensorielle, mais laissent intact le mystère de la per-
ception sensorielle ordinaire. D u moins ces théories, fondées
sur des hypothèses à peine plus étranges q u e celles de la
physique moderne, contribuent-elles à dissiper les relents de
superstition qui s'attachaient à la perception extra-sensorielle.
Des odeurs de laboratoire remplacent les fumées du fourneau
de l'alchimiste. Le rapprochement entre l'univers conceptuel
de la parapsychologie et celui de la physique moderne
devrait contribuer surtout à renverser la pire superstition de
notre époque, celle qui tient à l'horlogerie matérialiste de la
physique des débuts du XIX e siècle. « Affirmer que la matière
seule existe est la plus illogique des propositions, écrit
Firsoff, sans m ê m e parler des constatations de la physique
moderne qui montrent qu'il n'y a point de matière au sens
traditionnel d u terme. »
Je disais en c o m m e n ç a n t que les propositions fantastiques
de la parapsychologie paraissent moins absurdes à la lumière
des concepts vraiment fantastiques de la physique moderne.
C'est pour étayer cette opinion que j'ai évoqué la théorie
de D o b b s dans le contexte de la mécanique quantique, sans

298 Arthur Koestler


rien présumer quant à la justesse ni m ê m e quant au bien-
fondé de cette théorie; j'aurais pu citer d'autres hypothèses
à titre d'exemple. Les physiciens n'hésitent guère, nous
l'avons vu, à présenter des hypothèses ad hoc, ou des spécu-
lations, pour loger les phénomènes qu'ils découvrent et
qui ne s'adaptent pas aux systèmes en vigueur. Les Grecs
connaissaient les propriétés électriques de l'ambre (e/ektron),
qui d'ailleurs les laissaient indifférents : pendant près de
deux mille ans personne ne s'y intéressa. Lorsqu'au XVIIIe
siècle ce fut tout à coup la m o d e d'expérimenter sur l'élec-
tricité, on découvrit des phénomènes jusque-là inconcevables
et les savants rivalisèrent d'hypothèses pour en rendre
compte, proposant tour à to'ur avec une belle assurance des
effluves, des feux liquides, des courants, des c h a m p s . Le
magnétisme et la gravitation eurent un peu la m ê m e histoire.
Q u a n d Kepler voulut expliquer les marées par des forces
d'attraction émanant de la Lune, Galilée repoussa dédai-
gneusement cette « fantaisie occulte » qui supposait une
action à distance et par conséquent contredisait les lois de
la nature. Mais cela n'empêcha pas N e w t o n d'admettre et
de faire admettre l'attraction universelle, tout en déclarant
hypothesis non f/'ngo, ce qui est sans doute le propos le
plus hypocrite qu'ait jamais tenu un grand savant.
Cela ne veut pas dire q u e chacun peut forger des hypo-
thèses à volonté. Pour faire sortir des lapins d'un chapeau,
il faut être du métier. La physique des quanta est peut-être
folle, en tout cas elle possède une méthode et elle donne
des résultats. J'ai parlé d'un rapprochement négatif entre
la physique quantique et la perception extra-sensorielle; il
existe dans la mesure où les concepts surréalistes de la
première peuvent atténuer l'incrédulité à l'égard de la seconde ;
si la première se permet de violer les « lois de la nature »
telles q u e les entendait la physique classique il y a cent ans,
la seconde peut revendiquer le m ê m e droit. Mais encore une
fois ce n'est qu'un accord négatif : il n'y a de c o m m u n
essentiellement q u e le mépris des vieux tabous et d'une
conception mécaniste de l'univers qui est devenue anachro-
nique.
Tout va bien jusque-là. Mais il y a en parapsychologie des
phénomènes qu'aucun physicien, si ouvert qu'il soit, ne peut
accepter sans preuves massives : ce sont ceux de la psycho-
kinèse.
O n peut envisager que l'extra de la perception extra-sen-
sorielle se prête un jour à un traitement théorique avec
l'outillage de la physique quantique enrichi de nouveaux
« c h a m p s » et de nouveaux types d'interactions qui se seront

Présentation 2 9 9
ajoutés aux quatre qui existent déjà 1 . Mais l'optimisme paraît
moins justifié quand il s'agit de psychokinèse. Il ne m e semble .
pas que l'on ait essayé sérieusement d'expliquer par la
physique c o m m e n t un effort mental pourrait influer sur les
mouvements d'un dé qui roule sur la table. La raison est
simple : la perception extra-sensorielle et la psychokinèse
opèrent dans des dimensions différentes; si les lois m é c a -
niques strictes du m o n d e macroscopique ne s'appliquent pas
à la microphysique, en revanche la liberté de la microphy-
sique ne joue pas au niveau macroscopique. U n atome est
« libre » dans les limites du principe d'indétermination d e
Heisenberg, et tout ce qu'on peut en dire concerne des proba-
bilités et non des certitudes. Conformément à la loi des grands
nombres, dans un corps macroscopique formé de milliards
d'atomes, les déviations s'annulent, la s o m m e des probabilités
aboutit à la certitude pratique, et les vieux tabous conservent
leur validité. Ainsi lorsqu'un message de perception extra-
sensorielle, sous forme de mindons, de psitrons ou de tout
ce qu'on voudra, touche un neurone « en équilibre instable »,
il opère au niveau de l'incertitude quantique et peut faire,
si j'ose dire, des miracles. Mais ce processus n'est pas réver-
sible. O n ne saurait modifier la trajectoire d'un corps macrosco- .
pique c o m m e le dé qui roule au m o y e n de particules micro-
physiques ou de petites ondes de masse imaginaire. La loi
des grands nombres, qui apporte le poids de son autorité aux
calculs de la perception extra-sensorielle, fait obstacle à
toute explication physique de la psychokinèse.
Il ne s'ensuit pas qu'il faille négliger les faits que fournissent
les expériences de psychokinèse macroscopique d e Rhine
et d'autres chercheurs. Il s'ensuit seulement que, tout en
acceptant les faits, nous devons renoncer à tout espoir
raisonnable d'en avoir une explication physique, m ê m e dans
les termes de la physique quantique la plus avancée et la
plus tolérante. Et l'on retrouve le m ê m e dilemme à propos
d'un autre p h é n o m è n e qui inquiète l ' h o m m e depuis l'aube
des mythologies : la rupture de l'enchaînement normal des
causes par des coïncidences de nature improbable, non
reliées causalement et pourtant, en apparence, très signi- ;
fiantes. Toute théorie qui essaie de prendre au sérieux de
tels p h é n o m è n e s suppose nécessairement, à l'égard des caté-
gories traditionnelles de la pensée, une attitude encore plus
révolutionnaire que les pronunciamentos de Heisenberg, de
Dirac ou de F e y n m a n n . C e n'est pas par hasard qu'une théorie

1. La physique contemporaine connaît quatre types d'interaction : forte (nucléaire),


faible (par exemple la désintégration radio-active), électromagnétique et gravitationnelle.
Chacune a ses lois propres.

300 Arthur Koestler


de ce genre a été esquissée par Wolfgang Pauli, père du
neutrino et du « principe de Pauli », une des pierres angulaires
de la physique moderne, en collaboration avec le psychologue
C . G . Jung.
Les lecteurs intéressés par la question pourront se reporter
au traité d e Jung intitulé Synchronizität als ein Prinzip
akausaler Zusammenhänge (tranduit en anglais sous le titre
Synchronicity - An acausal connecting principle) et à la
critique qui en est faite dans l'ouvrage dont est tiré le présent
essai.

BIBLIOGRAPHIE

1. G A R D N E R , M . The ambidextrous universe.


p. 240 et 241. Londres et Harmondsworth,
A . Lane and Penguin, 1967.
2 . UPDIKE, J. Cosmic Gall. Telephone poles
and other poems. N e w York (N.Y.) et Toronto,
Random House, 1963.
3. FIRSOFF, V . Life, mind and galaxies, p. 102 et 103.
Edimbourg et Londres, Oliver and Boyd, 1967.
4. —.Ibid.. p. 105 et 106.
5. R E I C H E N B A C H , H . The direction of time.
Berkeley (Calif.), University of California Press,
1955.
6. D O B B S , A . Proc. soc. psych, res., vol. 57,
_section 197, août 1965.
7. E C C L E S , J. The neurophysiological basis of mind.
Oxford, Oxford University Press, 1953.
Voir dernier chapitre.
8. — . Ibid.. p. 79.

Présentation 301
Dans le prochain numéro d'impact

N u m é r o d u vingt-cinquième anniversaire :

Science et bon sens


Hans Se/ye, Montréal
U n code de vie

Joseph Needham, Cambridge


L'éthique chinoise et la science

Varadaraja V. Raman, Calcutta


Les trois plans de la science dans la société

Jorge Sabato, Buenos Aires


C o m m e n t le bon sens transforme la science en technologie

Moisey A. Markov, Moscou


Les responsabilités de l'homme de science

S. Oluwole Awakoya, Lagos


L'échec du désarmement : obstacle ou désarmement?

Abdus Safam, Karachi (Interview)


La recherche : expérience pratique pour les pays en voie de développement

A l'agent général pour m o n pays


(ou à l'Unesco, PUB-Ventes, 7 , place de Fontenoy, 75700 Paris, France) :

Je désire souscrire un abonnement d'un an (4 numéros) à impact


• Édition anglaise • française n espagnole • arabe

Ci-joint, en paiement, la s o m m e de
(Prix, frais de port inclus .* 2 8 francs. Pour connaître le tarif de l'abonnement
en monnaie locale, consultez l'agent général pour votre pays)

Nom

Adresse

(Prière d'écrire a la machine ou en majuscules d'imprimerie) Signature

O Nouvel abonnement n Réabonnement


La psychotronique :
état présent des connaissances
Zdenek Rejdák

Le domaine d'étude autrefois connu sous le nom de parapsychologie subit actuelle-


ment une rénovation profonde, qui s'étend à tous ses aspects, ses démarches
méthodologiques et sa documentation. Le renouveau de cette discipline, nommée
maintenant psychotronique, surimpose une nouvelle dimension, d'ordre technico-
physique, à une conception antérieure, de nature phi/osophico-psycho/ogique. Ce
domaine embrasse l'étude de beaucoup des phénomènes psychophysiques dont il
est question dans la plus grande partie de ce numéro cTImpact.

La psychotronique est la théorie des inter- questions de psychotronique concevaient leur


actions à distance, interactions qui répondent approche du problème surtout sous ses aspects
à une forme d'énergie dont la nature n'est pas philosophiques et psychologiques. Le plus
encore élucidée. Cette forme d'énergie est une souvent, ils concluaient que des processus
propriété de la matière vivante, et les inter- psychiques très complexes étaient en jeu,
actions se manifestent entre « sujets » ou entre processus qui étaient en outre difficiles à
« sujets et objets » (y compris les objets régler et ne pouvaient donc être reproduits.
vivants). Pour les h o m m e s de cette génération, la
Dans différentes branches de la science, des principale tâche était de démontrer et de
chercheurs ont depuis longtemps conscience défendre l'existence de ces processus. Si l'on
de divers phénomènes qui, en dépit de leurs considère la masse de faits qu'ils ont recueillis
interférences individuelles avec des branches et le nombre des expériences qu'ils ont faites,
existantes de la science, ne peuvent pas être leur œuvre est manifestement digne de respect.
compris avec les moyens dont disposent les A la m ê m e époque, des chercheurs plus
sciences organisées. C'est pourquoi les pro- jeunes commencèrent à penser que l'approche
blèmes relatifs à ces phénomènes ont été de leurs aînés était unilatérale. Ils préféraient
tenus à l'écart du courant principal de la établir des modèles, intensifier, formuler et
recherche scientifique. Malgré cela, la para- calculer. Ils considéraient la psychotronique
psychologie est apparue pour s'occuper de c o m m e trop attirante pour qu'on pût la négli-
quelques-uns de ces phénomènes inexpliqués; ger; en outre des n o m s illustres jalonnaient
le progrès rapide de la recherche scientifique son histoire : Jan Evangelista Purkyne, Crooks,
a aussi démontré que les phénomènes en Lodge, Babák, Richet, Driesche, Bekhterev,
question existent réellement. Vasilyev, Rhine, Tenhaeff, et d'autres encore.
Les dix dernières années ont été marquées Leurs efforts pour comprendre les problèmes
par de nombreux changements dans le plus techniques leur fit abandonner la concep-
domaine de la psychotronique. Le problème tion antérieure de la psychotronique c o m m e
principal a été, en un sens, un problème de un domaine frontière, à cheval sur plusieurs
générations. Les chercheurs de la vieille disciplines. A la conception philosophico-
génération qui s'intéressaient activement aux psychologique unipolaire, les chercheurs de

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n" 4 303


la jeune génération ajoutèrent un second pôle spécifiques existent bien, mais ne peuvent être
qui était, lui, technico-physique. reproduits à tout m o m e n t dans des conditions
approximativement identiques; d e sorte q u e
• Les degrés d e croyance ces scientifiques « négatifs » ne voient aucune
raison claire de s'en occuper. Ils posent donc
D a n s le vaste terrain qui sépare ces deux pôles, la question : Étudier des p h é n o m è n e s qui
nous devrions nous intéresser aux relations peuvent se produire m ê m e avec intensité (par
entre le m o n d e scientifique et les problèmes de exemple la psychokinésie spontanée) a-t-il
psych otro nique. Actuellement, un changement un sens si nous ne pouvons pas les appréhen-
qualitatif est en train de se produire : les der assez fermement pour pouvoir les décrire
esprits de beaucoup d ' h o m m e s de science de manière convenable?
sont à un tournant capital. Ces h o m m e s n'ont L'académicien tchèque Josef Charvat, dans
pas seulement manifesté un intérêt croissant son ouvrage La vie, l'adaptation et le stress.
pour les questions psychotroniques, ils ont donne une réponse sans ambiguïté à l'exigence
aussi entrepris des recherches actives dans ce d'appliquer mécaniquement la méthodologie
domaine. Pour illustrer la g a m m e de l'intérêt positiviste aux processus vivants : « Le prímum
porté par le m o n d e scientifique à la psychotro- movens du système nerveux central est l'ac-
nique, nous pourrions employer l'échelle tivité spontanée, la curiosité, la créativité. Tout
suivante : 1, positif; 2 , neutre; 3 , indulgent; compte fait, le m o n d e physique ne nous pro-
4, expectant; 5 , indifférent; 6 , négatif; 7 , pose aucun modèle du comportement biolo-
négatif à priori. gique. Par conséquent, toute comparaison
L'attitude de la plupart des scientifiques peut d'un état stabilisé dans la matière vivante avec
être qualifiée par l'un des adjectifs qui consti- des états semblables dans des systèmes chi-
tuent les quatre premiers degrés de l'échelle. miques n'est qu'approximative et encore plus
V o u s remarquerez qu'il y a progression de éloignée d u psychisme ' . »
l'attitude critique à l'égard des questions psy- U n scientifique à l'esprit négatif, une fois
chotroniques. (Je ne m'attends pas à trouver qu'il a décidé d'examiner les problèmes de
un enthousiasme aveugle parmi les scienti- psychotronique, veut voir par lui-même, expé-
fiques.) O n constate plutôt une attitude critique rimenter. Prenons le cas du mathématicien
constructive, qui pourrait être décrite c o m m e britannique S . G . Soal. Il avait mis en doute la
suit : preuve statistique confirmant certains p h é n o -
En principe, ils sont favorables à l'étude de ces m è n e s et reprochait aux chercheurs de ne pas
problèmes, ils s'intéressent à l'existence des avoir amélioré leur méthode statistique. C'est
phénomènes étudiés en psychotronique, seulement après avoir rencontré deux des
mais il est indispensable qu'ils aient à leur sujets d e l'expérience qu'il fut convaincu de
disposition des méthodes de recherche pré- la réalité des p h é n o m è n e s . Cependant nous,
cises et perfectionnées qui correspondent à gens d e métier, admettons volontiers q u e nous
. l'importance des problèmes en cause. préférons de loin les scientifiques qui a d o p -
Je ne prétends pas, pour m a part, insinuer q u e tent une attitude négative et dont l'approche
les méthodes utilisées jusqu'ici n'étaient pas reste sceptique aussi longtemps q u e possible
scientifiques; elles étaient ' adéquates au aux enthousiastes naïfs et dépourvus d e sens
moment où elles furent choisies, soit pour critique.
prouver l'existence des p h é n o m è n e s , soit pour
les classer, soit pour déterminer dans quelles • La résistance intraitable
conditions et à quels intervalles d e temps ils
se produisaient. Les scientifiques qui sont négatifs à priori for-
Considérons maintenant les scientifiques ment une catégorie bien à part. Il y avait en
qui se situent aux degrés 6 et 7 de notre Tchécoslovaquie un psychiatre et hypnolo-
échelle (attitude négative, ou négative à giste bien connu qui rejetait entièrement la
priori). Ils croient q u e les p h é n o m è n e s psycho- psychotronique. Il arriva q u ' u n sujet assis, le
troniques n'existent pas ou sont le produit de visage tourné vers un tableau noir et plongé
l'imagination; o u , s'ils en admettent l'exis-
tence, ils concluent que ces p h é n o m è n e s se
sont produits par hasard ou q u e les conditions 1. Voir, à titre d s comparaison, les débats de la table
ronde intitulée « La thermodynamique peut-elle expliquer
dans lesquelles ils se sont produits ont été mal l'ordre biologique ? », Impact : science et société,
interprétées; ou encore q u e ces p h é n o m è n e s vol. XXIII (1973), n° 3 [N.d.l.r.].

304 Zdenek Rejdák


dans un profond sommeil hypnotique, se mit tielles de la nature vivante, la faculté de repro-
à lire ce que le psychiatre avait écrit sur le duction, peut être la manifestation de forces
tableau; le sujet lut ensuite un texte que le naturelles que nous ne connaissons pas encore
médecin avait écrit au crayon sur une feuille et que nous ne pouvons pas expliquer par les
de papier. Le spécialiste fut contrarié de l'in- règles connues jusqu'à présent ».
cident pendant toute une semaine, mais En second lieu, leur attitude est motivée par
conclut bientôt que le sujet avait pu lire parce la crainte. Le domaine est inconnu, et tout ce
qu'il était capable d'analyser le bruit de la qu'on viendrait à y observer pourrait conduire
craie crissant sur le tableau et celui du crayon au mysticisme. Mais, en fait, c'est le contraire
glissant sur le papier. Plutôt qu'admettre la qui est vrai : éviter le domaine inconnu laisse
possibilité d'un transfert d'information par des la bride sur le cou aux charlatans, le c h a m p
voies insolites, notre scientifique préféra inven- libre aux pires préjugés. Leurs craintes sont
ter une explication d'un caractère entièrement aussi entretenues par le fait qu'ils ne peuvent
spéculatif. En fait, il devint du jour au lende- pas imaginer c o m m e n t des connaissances
main un spécialiste de l'audition subliminale. nouvelles pourraient s'intégrer à la science
Notons ici que ceux qui adoptent une position dont ces scientifiques ont pris l'habitude. Ils
à priori négative peuvent, sans scrupule, faire cessent d'être impartiaux dans leur science.
des incursions dans des domaines qui leur sont Leurs appréhensions sont sans fondement :
étrangers ou incompréhensibles. toute connaissance peut être élargie, complé-
Cependant, nous pouvons considérer ce genre tée et rendue plus précise.
« spéculatif » de négativisme à priori c o m m e En troisième lieu, la négation à priori peut être
restant dans les limites de la décence. Pire est motivée par le conservatisme et l'indolence.
le cas du scientifique qui s'enfonce si profon- Lorsqu'on est passé maître dans un domaine
dément dans le négativisme qu'il abandonne scientifique, s'engager dans une voie nouvelle
l'éthique du travail scientifique et va jusqu'à exige l'apprentissage d'un nouveau m o d e de
recourir à la présentation erronée des faits et pensée. Le désir d'arriver à tout comprendre
à la falsification. Je fais allusion, par exemple, n'est pas une ambition partagée par tous.
aux supercheries photographiques dont on se
sert pour ôter toute valeur probante à des expé- • Briser la résistance
riences positives. Cela s'est produit à un col-
loque tenu à Fribourg en 1 9 6 8 . O n peut éga- C o m m e n t ceux qui s'occupent de psycho-
lement citer en guise d'exemple la présentation tronique devraient-ils procéder pour s'entendre
erronée d'un fait, c o m m e dans le cas du pro- avec ceux qui sont encore méfiants à l'égard
fesseur A . I. Kitaigorodskiy. de cette discipline?
Quels sont les motifs d'une position à priori Il leur faudrait, d'abord, accélérer l'élabo-
négative? Il y en a plusieurs. En premier lieu, ration d'une méthodologie qui convienne aux
il y a le refus d e personnes indifférentes à recherches sur les phénomènes psychotro-
l'existence ou à l'inexistence des phénomènes niques. Il leur faudrait, en second lieu, donner
paranormaux; pour elles, un fait scientifique à leurs expériences une forme telle qu'elles
est seulement celui qui est déjà considéré puissent être répétées à n'importe quel m o m e n t .
c o m m e tel. L'académicien Petr Kapitsa, en L'expérimentation pratique en psychotroni-
revanche, ne répartit pas les phénomènes en que doit être l'un de nos principaux objectifs.
« possibles » et « impossibles »; il préfère la En troisième lieu, le m o n d e scientifique devrait
distinction entre « découverts » et « n o n être informé au m o y e n de publications appro-
découverts ». « Il suffit de lire les œuvres de priées. Cette tâche est compliquée par l'afflux
N e w t o n et d e ses contemporains, écrit d'informations dont disposent aujourd'hui les
Kapitsa... ils croyaient q u e la connaissance du scientifiques; il est difficile de se tenir à jour
m o n d e inanimé était achevée... nous ne devons dans son propre domaine, mais les scientifiques
pas retomber dans cette vieille erreur, ni croire en général devraient être conscients d e la
qu'il n'y aura plus de nouvelles découvertes multiplication, au cours des vingt dernières-
dans l'avenir. » Le physicien soviétique ajoute : années, d e s publications consacrées a u x
« Je veux prêter attention à une question fon- domaines qu'ils considèrent c o m m e paranor-
damentale qui concerne l'étude de la nature m a u x . Reste enfin, naturellement, le travail
vivante... La majorité des phénomènes est continuel d'information d u public profane,
expliquée par des lois existantes, mais il m e parmi lequel la propagation de la pensée pro-
semble encore que l'une des propriétés essen- gressiste doit jouer un rôle décisif.

La psychotronique : état présent des connaissances 305


Toutes les branches de la science intéressent • Enrichir la biologie et la physique
les profanes, mais la nôtre en a attiré un
nombre particulièrement élevé, car elle traite La principale tâche de la psychotronique est
à la fois de questions psychiques et de ques- maintenant de coordonner les lois qui régissent
tions somatiques - ce qui fait que l ' h o m m e le m o n d e vivant et le m o n d e inanimé et d'y
vit et est lui-même. Les profanes qui s'occu- ajouter de nouvelles connaissances tirées de
pent d e notre branche le font toutefois en purs la physique, la biologie et la psychologie; ces
amateurs, mêlant aux questions leurs pro- connaissances proviennent de manifestations
blèmes personnels, déformant m ê m e â l'occa- spécifiques de la psyché humaine, l ' h o m m e
sion et discréditant les travaux antérieurs. Il est ou un modèle approprié de l ' h o m m e servant
pressant de savoir c o m m e n t éclairer convena- à faire la liaison.
blement le public non scientifique. Les his- La branche psychotronique du savoir pos-
toires sensationnelles de maisons hantées par sède, aujourd'hui, une littérature aussi volu-
des fantômes, d'influences astrales et autres mineuse que celle qui existe dans les autres
du m ê m e genre attirent le profane, mais font branches. Mais la littérature psychotronique
par ailleurs u n mal immense. Il n e faut provient de sources telles qu'une seconde
pas confondre la psychotronique avec le tâche s'impose aux spécialistes : la réévalua-
spiritisme, qui est récemment devenu u n tion de la documentation existante. Une ana-
opium pour certains éléments d e la lyse des expériences de laboratoire faites dans
population, en Europe, en Amérique et le passé nous aidera aussi à définir clairement
ailleurs. la méthodologie de cette discipline. U n e réé-
A une époque où la science progresse à pas valuation de cette sorte permettra aussi d ' e m -
de géant, le principe d'une approche interdis- pêcher la division des phénomènes psycho-
ciplinaire est la condition fondamentale d'une physiques en catégories distinctes, physique
étude méthodique des phénomènes psycho- et psychique. C e n'est pas pur hasard si cer-
toniques. Cela seul nous aidera à sortir des tains physiciens de la République fédérale
conjectures, de l'incertitude et des contro- d'Allemagne qui font des recherches sur les
verses actuelles - en combinant la méthode plasmas croient que de nouvelles connais-
scientifique particulière à la physique, les sances sur les interactions entre organismes
techniques des communications, les mathé- vivants enrichiront à la fois la biologie et la
matiques, la cybernétique, la psychologie, la physique.
psychiatrie, la médecine, la neurophysiologie La parapsychologie traitait principalement
et la physiologie, la bionique, la géologie, de phénomènes rares, essayant timidement de
l'anthropologie, la sociologie et la cos- suggérer que ces incidents affectent probable-
mobiologie. ment tout le m o n d e à un faible degré. La psy-
O n se rend aisément compte qu'il n'y a pas chotronique, par son approche pluridiscipli-
besoin de retenir le terme de parapsychologie. naire, cherche à établir que les phénomènes
N o n seulement il ne reflète pas le caractère psychophysiques affectent 9 0 % de l'humanité.
pluridisciplinaire du domaine en cause, mais S'abstenant d'examiner les prodiges excep-
il n'évoque pas l'existence d u composant tionnels, la psychotronique donne délibéré-
énergétique sans lequel aucun des phéno- ment à ses expériences une forme telle qu'elles
mènes qui nous intéressent n'est imaginable. puissent être reproduites en substance à n'im-
La combinaison des deux éléments psychique porte quel m o m e n t . C e principe est valable,
et énergétique a été signalée à plusieurs que nous nous occupions de l'action de l'or-
reprises : par le médecin russe Kotid (1908), ganisme humain sur un système aisément
plus tard par Hans Berger au cours des années mobile (par exemple un indicateur de pression
vingt et trente, et par le géologue néerlandais négative ou de vide, un système aisément
Tromp (1949). Nous, spécialistes d e ce mobile sur une surface liquide, ou la possibilité
domaine, avons décidé d'adopter le terme de d'une influence visuelle) ou que nous utilisions
« psychotronique », proposé par l'ingénieur un appareil (par exemple un Plethysmographe)
français Fernand Clerc, dans la revue radio- pour mettre en évidence des actions neuro-
technique Toute la radio. Le terme « para- physiologiques synchrones à distance.
psychologie » se restreint donc, c o m m e m e s - Jusqu'à présent les résultats des essais ne
mérisme ou métapsychologie, à la désignation sont pas nécessairement sensationnels, mais ils
d'une étape particulière du développement de révèlent une certaine stabilité. C'est mainte-
la psychotronique. nant que nous nous rendons compte que cha-

306 Zdenek Rejdák


cun de nous observe dans sa vie quotidienne
des phénomènes psychotroniques (tels les cas • Zdenek Rejdák
de télépathie spontanée entre une mère et son
enfant), et que ces phénomènes ont été asso-
ciés à l ' h o m m e , et m ê m e à la matière vivante, L'auteur, docteur en philosophie
depuis des temps immémoriaux. Ils sont c o m - de l'Université Charles, a travaillé vingt ans
parables aux processus électriques ou chimi- dans le domaine de la psychotronique
ques, bien qu'il soit peut-être encore impos- et écrit plus de cent anieles.
sible d e les réduire clairement à l'une ou à Il est un des auteurs du livre
l'autre catégorie. Alors que la parapsychologie Perspectives de la télépathie (1970) et
opérait sur le modèle l'auteur de Télépathie et clairvoyance (1970).
individu - v résultat Z. Rejdék se livre actuellement
la psychotronique prend pour modèle à des travaux de psychotronique
organisme vivant action à la Faculté de médecine générale
(homme) ""* énergétique ""*" résultat - de l'Université Charles. Son adresse est :
Il y a une vingtaine d'années, l'introduction, V chaloupkâch 59, 19 401 Praha 9
dans tous les secteurs de la vie, du contrôle (Tchécoslovaquie), où l'on peut prendre
automatique et du traitement électronique de contact avec lui en sa qualité supplémentaire
l'information nous fit proclamer la révolution de président de l'Association internationale
technico-scientifique. Après les premiers élans pour la recherche psychotronique.
de foi enthousiastes pour ce que ces merveil-
leuses machines pouvaient faire (composer de
la musique, écrire des poèmes, produire des P O U R A P P R O F O N D I R LE SUJET
créations publicitaires), la sobre réalité s'im-
posa. L ' h o m m e c o m m e n ç a à douter de lui- A B E L S O N , P. Pseudoscience (editorial).
m ê m e , souffrant d'un complexe d'infériorité à Science, vol. 184, n° 4143, 21 juin 1974.
l'égard d e la technologie toute-puissante, B R O W L E Y , D . Neue Wegweiser in der Physik.
Umschau in Wissenschaft und Technik,
capable de tout commander, qu'il avait créée.
vol. 7 4 , n° 8 , 1 5 avril 1974. Passe en revue
Dans le trouble et la confusion de ce boule- les principaux domaines de la physique moderne
versement technico-scientifique, l ' h o m m e s'é- et illustre les relations étroites entre la physique
tait en quelque sorte oublié lui-même. A la et les sociétés modernes.

m ê m e époque, les nouvelles investigations E V A N S , C . Cults of unreason. Londres, Harrap, 1973.


Étude d'un médecin sur les cultes actuels
originales dans le domaine de la psychotro-
de la Scientologie — Yoga, Hare Krishna,
nique arrivaient à point. Cette recherche aide boites noires, objets volants non identifiés, etc.
à réhabiliter les valeurs humaines fondamen- G W Y N N , P. Status comes to occult science.
tales, révélant que l ' h o m m e , après tout, n'est Technology review, vol. 7 6 , n° 1,
pas si désemparé. octobre/novembre 1973.
La psychotronique nous conduira peut-être P I C K A R D , B . Electrical signals in higher plants
tout au bord d'une nouvelle révolution de la (en anglais). Die Naturwissenschaften.
vol. 6 1 , n° 2 , février 1974. Certains des potentiels
science. C'est ici que nous devons donner électriques qui se produisent
consistance à ce second pôle dont j'ai parlé : dans diverses situations chez les plantes évoluées
une conception scientifico-humaine pour jouent un rSIe dans les processus sensoriels
contrebalancer la révolution scientifico-tech- de ces plantes.

nique dont nous faisons l'expérience. Faute de R E I N H A R D T , M . Kosmische Magnetfelder.


Die Naturwissenschaften, vol. 6 1 , n° 4 , avril 1974.
quoi nous inonderons le m o n d e , dans le siècle Étude des champs magnétiques cosmiques,
à venir, d e robots mécaniques et humains, méthodes astronomiques employées
activant par là l'aliénation et la désintégration pour les observer, liste succincte des champs
sociale. Cela, il est en notre pouvoir de l'éviter. détectés, et deux théories de leur origine :
dynamomécanismes et hypothèse primordiale.
W E I M E R , W . ; P A L E R M O , D . Paradigms
and normal science in psychology.
Science studies, vol. 3, n° 3 , juillet 1973.
Examine l'affirmation selon laquelle la psychologie
peut s'analyser suivant les principes de Kuhn
(The structure of scientific revolutions)
et combat la tendance à interpréter toute conception
et toute méthodologie de la science c o m m e un modèle.

La psychotronique : état présent des connaissances 3 0 7


Avis a u x lecteurs

Face à des frais croissants de production


(notamment le coût du papier) et de distribu-
tion, l'Unesco se voit contrainte, à son regret,
de porter le prix annuel de la revue à 3 2 francs
français à compter du début de l'année pro-
chaine.
Les champs électromagnétiques
et le cerveau
Yuriy A . Khciodov

Le corps humain est environné de toutes sortes de radiations électromagnétiques,


mais les effets que ces champs ondulatoires puisés peuvent exercer sur l'orga-
nisme sont mal connus. Exposé à ces influences externes, le corps produit en outre
ses propres champs électromagnétiques et nous ne sommes guère renseignés sur les
interactions qui en découlent. C'est un vaste domaine de recherches qui s'ouvre devant
nous et il nous faudra combiner nombre d'approches — cognitive, physiologique,
instrumentale, hygiéniste, thérapeutique et écologique — pour qu'un jour la lumière
se fasse.

Lorsqu'on évoque la possibilité d'exercer une Avant de nous intéresser essentiellement au


action à distance sur un organisme biologique, système nerveux central, nous devons classer
le premier exemple qui vient à l'esprit est celui les formes de C E M qui ont une action sur les
des champs électromagnétiques ( C E M ) . A u organismes biologiques.
stade actuel de l'évolution, l'homme ne peut Dans le domaine qui nous concerne, celui
percevoir, à l'aide d'organes des sens spécia- de la biologie, on peut diviser les champs élec-
lisés, que deux bandes étroites, voisines l'une tromagnétiques existants en quatre catégories
de l'autre, de la g a m m e des ondes électroma- (voir le tableau). C e sont les champs électro-
gnétiques. Ces C E M sont perçus pour chaque magnétiques naturels qui sont les plus inté-
être humain sous forme de lumière et de cha- ressants pour les biologistes; ils se divisent en
leur. champs électromagnétiques externes (d'ori-
Le problème de l'action que peuvent exercer gine cosmique, géographique ou biologique)
sur l'organisme des C E M ayant une longueur et internes, engendrés par les diverses struc-
d'onde supérieure à celle des rayons infra- tures de l'organisme. Puis viennent les champs
rouges est d'une grande actualité au X X e électromagnétiques artificiels qu'on peut divi-
siècle où les ondes radio sont devenues un ser en champs affaiblis et renforcés par rapport
élément familier du milieu ambiant. Dans la aux champs géophysiques.
présente communication, nous nous propo- Nous s o m m e s conscients du caractère relatif
sons d'étudier les problèmes liés à l'action sur de cette subdivision des champs électroma-
le système nerveux central des ondes radio, gnétiques existants, mais nous pensons néan-
des champs électromagnétiques à basse fré- moins qu'elle permet de procéder à une classi-
quence, des champs électriques et des champs fication des données disponibles sur les effets
magnétiques. Les C E M précités ont cela de biologiques des champs électromagnétiques.
c o m m u n , qu'ils ont un certain pouvoir d e Cette classification repose sur l'hypothèse
pénétration et qu'ils ne provoquent aucune que les champs électromagnétiques naturels
sensation spécifique chez l'homme soumis à ont une importance écologique, bien que cette
leur action, ce qui permet de conclure qu'ils hypothèse ne soit pas encore unanimement
ont des effets subsensoriels sur l'organisme admise et que des expériences complément
humain. taires soient nécessaires pour la confirmer. Il

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n° 4 309


Subdivision des champs électromagnétiques l'activité géomagnétique. D a n s une c o m m u -
existants par rapport à l'organisme biologique nication récente, Iskhakov [4] indique q u e
l'intensification d u c h a m p s géomagnétique
Caractéristiques peut avoir u n e influence sur la formation d u
Origine des C E M Source ou système nerveux actuel de l ' h o m m e au cours
des C E M par rapport m o d e de de la période prénatale et augmenter sensible-
à l'organisme génération ment le nombre de schizophrènes dans la p o p u -
biologique et des C E M lation. Il faut remarquer à cet égard q u e le
aux conditions diagnostic d e la maladie était formulé bien
géophysiques après l'année d e la naissance.
Les ouvrages consacrés aux problèmes d e
Naturels Externes Cosmos l'héliobiologie traitent aussi des effets pos-
Processus sibles des variations du c h a m p géomagnétique
géophysiques sur l'activité du système nerveux actuel. Ils
Organisme émettent l'hypothèse que, par l'intermédiaire
biologique du système nerveux actuel, les variations du
c h a m p géomagnétique jouent un rôle dans les
Internes Systèmes d e
maladies cardio-vasculaires; il a été établi, d e
l'organisme
façon plus précise, q u e l'aggravation de ces
Cellules
maladies avait u n rapport avec le c h a m p
Formations
géomagnétique [1, 2 , 3 , 4 ] ,
intra-
cellulaires Si les variations des c h a m p s électroma-
Biomolécules gnétiques naturels aident e n quelque sorte
l'organisme biologique à s'orienter dans le
Artificiels Affaiblis Interposition temps, le caractère vectoriel d u c h a m p g é o -
d'un écran magnétique l'aide à s'orienter dans l'espace.
Création d'un
L'hypothèse la plus connue est celle de l'orien-
contre-champ
tation des oiseaux d'après le c h a m p g é o m a -
Renforcés Appareils gnétique, lors des migrations lointaines. D e s
générateurs - expériences de laboratoire ont montré que, lors
divers des migrations, de nombreuses espèces d'oi-
seaux qui s'orientent essentiellement d'après
les étoiles ont aussi la faculté d e s'orienter
faut dire que, sur les quatre catégories de d'après le c h a m p géomagnétique. Ils n'ont
champs électromagnétiques figurant dans la recours à cette faculté que lorsqu'ils ne peuvent
deuxième colonne du tableau, seule la der- pas s'orienter d'après les étoiles. Le c h a m p
nière, qui est celle des C E M artificiels renforcés, géomagnétique étant par conséquent l'un des
s'appuie sur des recherches biologiques suffi- multiples signaux qui permettent aux oiseaux
samment étendues. Les autres catégories de s'orienter, il importe de ne pas le perdre de
comprennent les C E M dont les effets biolo- vue lorsqu'on étudie le problème complexe
giques doivent être étudiés de façon plus appro- des vols migrateurs. Le c h a m p géomagnétique
fondie. Nous allons décrire brièvement ce que joue également un rôle dans l'orientation des
nous savons sur l'influence des C E M d'origine poissons, des insectes ainsi que d'autres ani-
diverse sur les fonctions du système nerveux. m a u x , et m ê m e dans celle des plantes; en ce
qui concerne ces dernières, ce rôle a été mis
• C h a m p s électromagnétiques externes en évidence à l'aide d'expériences sur le terrain
naturels et en laboratoire [2, 4 , 5 ] .

En ce qui concerne les ondes électromagné- • C h a m p s électromagnétiques d'origine


tiques d'origine cosmique o u géophysique, biologique
c'est le plus souvent la population qui est
l'objet d e la recherche biologique. Selon cer- Avant d'aborder le problème des réactions d u
taines communications, le nombre d e lits système nerveux actuel aux c h a m p s électro-
occupés dans les cliniques psychiatriques des
États-Unis [1, 2 , 3] \ la fréquence des crises 1. Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliogra-
épileptiques et des suicides augmente avec phie â la fin d e cet article.

310 Yuriy A . Kholodov


magnétiques naturels d'origine biologique, à volonté son c h a m p électromagnétique bio-
nous allons parler des réactions des poissons logique, transmettre des informations à ses
aux champs électromagnétiques naturels semblables [8].
externes, car les phénomènes de génération C o m m e n t le c h a m p électromagnétique bio-
et de réception électriques n'ont jusqu'à pré- logique engendré par l'organisme, par exemple
sent été découverts que chez les poissons [7]. celui des poissons, agit-il sur l'organisme
N o u s n'aborderons pas tous les problèmes liés lui-même? La réponse à cette question est
au rôle que jouent les champs électromagné- nette : le c h a m p électromagnétique interne ou
tiques biologiques dans la vie des poissons et c h a m p électromagnétique biologique peut
nous nous contenterons de mettre l'accent sur être utilisé pour la détection électrique. Mais,
l'influence possible des champs électromagné- dans ce cas, le c h a m p électromagnétique
tiques biologiques dans le comportement. d'origine interne se transforme en c h a m p
Notons que, selon la tension des champs électromagnétique externe.
électromagnétiques biologiques qu'ils engen- O n laisse de côté les suppositions sur le rôle
drent, les poissons peuvent être divisés en important que joueraient les champs électro-
poissons électriques (plus de 2 0 V ) , m o y e n - magnétiques aux divers niveaux de la régula-
nement électriques (jusqu'à 1 7 V ) et faible- tion des fonctions organiques vitales [2],
ment électriques (jusqu'à quelques millivolts). mais nous allons examiner la question d e la
Les champs électromagnétiques biologiques transmission éphaptique de l'information (ou
engendrés par les poissons s'inscrivent dans transfert par contact latéral entre les neurones)
une bande de fréquences allant jusqu'à 2 k H z . dans le système nerveux central.
Ils sont produits soit par des organes électriques Lorsqu'on étudie les conditions dans les-
spéciaux, soit par des structures neuro- quelles se transmettent, sur une bande d e
musculaires non spécialisées. Les propriétés l'écorce cérébrale dont les neurones ont été
des champs électromagnétiques biologiques isolés, des décharges spasmodiques à haute
ne sont pas différentes de celles des C E M pro- amplitude provoquées par l'intoxication à la
duits par les générateurs, en ce sens qu'ils ont strychnine de la partie intacte de l'hémisphère
une composante électrique et une c o m p o - cérébral, on constate que cette transmission
sante magnétique, qu'ils s'atténuent avec la est possible si les potentiels biologiques
distance, etc. engendrés ne sont pas inférieurs à 500 micro-
La sensibilité des poissons d'un groupe peut watts [9]. Si l'on enregistre l'activité électrique
varier de 0,01 à 0,1 m V / c m et celle d'un autre de certains neurones situés dans cette bande,
groupe de 1 0 à 100 m V / c m , c'est-à-dire que on s'aperçoit que l'effet éphaptique peut soit
les ordres de grandeur sont très différents. exciter, soit freiner l'activité impulsive des
Dans le premier cas, il peut s'agir d'une neurones. Il faut noter que les neurophysio-
< perception électrique » particulière du milieu logues qui étudient la transmission éphaptique
extérieur. O n suppose que les centres qui de l'influx nerveux n'étudient généralement pas
contrôlent les systèmes d e réception élec- la possibilité de construire un modèle de cette
trique sont situés dans le bulbe rachidien et transmission à l'aide des champs électro-
le cervelet. magnétiques artificiels. Pour eux u n effet
Chez les poissons, les champs électromagné- « éphaptique » est avant tout un effet « n o n
tiques biologiques servent principalement à synaptique » et nous n'avons qu'une très vague
la défense et à l'attaque, à l'orientation dans idée des paramètres du c h a m p électromagné-
l'espace (localisation et navigation) et à la tique biologique qui produisent cet effet.
signalisation liée aux relations entre organismes Pour que ce domaine de la recherche se déve-
biologiques. Le caractère exceptionnel de l'é- loppe, il faut donc connaître les particularités
volution des poissons dans le domaine de des réactions d u système nerveux aux champs
l'utilisation des champs électromagnétiques électromagnétiques, affaiblis ou renforcés par
biologiques pose des problèmes intéressants. rapport au c h a m p géomagnétique.
O n peut espérer qu'avec le temps, certains
phénomènes d'utilisation des champs électro- • C h a m p s électromagnétiques
magnétiques biologiques analogues, à ceux artificiels
qu'on a découvert chez.les poissons seront
mis en évidence chez d'autres animaux aqua- Compte tenu de ce qui précède, on comprendra
tiques ou terrestres et aussi, bien sûr, qu'on que le problème des effets exercés sur le
réussira à savoir si l'homme peut, en modifiant système biologique par des champs électro-

Les champs électromagnétiques et le cerveau 311


magnétiques produits par des appareils ait les méthodes permettant d'étudier l'action
des incidences écologiques, bien q u e son biologique des c h a m p s électromagnétiques
étude ait été motivée à l'origine par des préoc- renforcés par rapport au c h a m p g é o m a g n é -
cupations sanitaires et thérapeutiques. tique; c'est d e ces méthodes dont nous allons
O n sait que la vérification expérimentale de maintenant parler.
l'influence de tel ou tel facteur du milieu sur Il ne faut pas oublier q u e les questions
les processus biologiques consiste habituel- examinées ici se trouvent au point d e conver-
lement à effectuer dans des conditions natu- gence de nombreuses sciences, dont les
relles et dans des conditions artificielles des principales sont la biologie, la médecine, la
expériences impliquant une réduction ou une physique et l'astronomie. Cela explique q u e
intensification contrôlées de la source d'excita- ce sont les publications concernant la bio-
tion étudiée. O n étudie ainsi les effets sur nique qui, actuellement, traitent de la façon
l'organisme d e l'hypo et d e l'hyperoxie, d e la plus complète les questions relatives à
l'hypo et de l'hypervitaminose, de conditions l'action biologique des c h a m p s électromagnéT
h y p o et hyperthermiques, etc. Par analogie, tiques. C'est aussi la raison pour laquelle
on utilise cette tactique d'investigation pour on se heurte en la matière à des difficultés
étudier c o m m e n t le cerveau réagit aux condi- réelles, inhérentes à toutes les branches
tions hypo et hyperélectromagnétiques, en interdisciplinaires de la science.
adoptant c o m m e norme une certaine intensité
du champ géomagnétique (environ 0,5 • A p p r o c h e thérapeutique et autres
oersted).
O n connaît encore mal l'influence des N o u s allons maintenant exposer les principales
c h a m p s électromagnétiques affaiblis sur l'acti- approches utilisées pour l'étude de l'action
vité d u cerveau. O n a installé, par exemple, d e biologique des c h a m p s électromagnétiques.
futurs cosmonautes dans une chambre m a g n é - O n peut les désigner de la façon suivante :
tique spéciale, pendant cinq à dix jours (durée l'approche cognitive, (lorsqu'il est difficile
du voyage aller et retour vers la Lune). La d'établir un rapport quelconque avec des
température d u corps a été mesurée, les problèmes pratiques o u théoriques), théra-
électrocardiogrammes et les électro-encéphalo- peutique, sanitaire, écologique, physiologique
g r a m m e s ont été enregistrés, l'activité d e et instrumentale. Il n'est pas nécessaire d e
l'appareil vestibuläre a été étudiée, certains s'apesantir sur la première de ces approches,
problèmes psychologiques leur ont été posés. mais les cinq autres doivent être expliquées
A u c u n e anomalie sérieuse n'a été décelée. en détail.
Mais, dans ces conditions, la sensation L'approche thérapeutique des effets bio-
subjective de lumière continue n'était pas logiques des C E M a eu souvent un caractère
aussi forte q u e celle qu'éprouvait le m ê m e essentiellement empirique. Apparue dès la
individu dans un c h a m p géomagnétique plus haute Antiquité, avec l'étude des pro-
normal [5]. priétés curatives de l'aimant, cette méthode
Pour résumer nos connaissances sur les traîne en quelque sorte avec elle tout u n
effets des c h a m p s électromagnétiques affaiblis cortège de sédiments historiques qui se sont
sur le système nerveux central, il faut rappeler accumulés sous forme d'observations pré-
que, d'après les constatations faites, ce facteur cieuses, d'erreurs, d e mystique et de phéno-
physique exerce une influence sur l'activité m è n e s curieux. Des personnages détestables,
du cortex visuel de l ' h o m m e et sur la faculté c o m m e Paracelse et M e s m e r , viennent inévi-
que les oiseaux, les poissons et les insectes tablement à l'esprit d u lecteur. D'autre part,
ont d e s'orienter d'après le c h a m p géo- on est en droit de s'interroger sur les vertus
magnétique. Ajoutons que, lorsque plusieurs curatives des bracelets magnétiques.
générations de souris ont séjourné dans un Cependant, dans ce domaine le progrès
c h a m p électromagnétique affaibli, on constate nécessite la mise au point d'une théorie sur
chez ces animaux une diminution de l'activité le renforcement de la résistance d e l'organisme
motrice et une tendance à rester la plupart du aux influences nocives. Le système nerveux
temps couchés sur le dos, position inhabi- central joue un rôle important (et peut-être
tuelle chez des souris normales [5]. déterminant) dans le renforcement de cette
Pour q u e d e nouveaux progrès puissent résistance [6]. Les recherches dans cette voie
intervenir dans ce secteur de la recherche, et l'étude des fondements théoriques du
il est surtout indispensable de perfectionner renforcement d e la résistance par l'action

312 Yuriy A . Kholodov


des c h a m p s électromagnétiques sur le système Tchijevski [1, 3 , 4] et à sa théorie de l'hélio-
nerveux central n'en sont q u ' à leur début, biologie. Actuellement, cet aspect est illustré
mais il existe déjà des publications traitant par la méthode astronomo-géophysique utilisée
de l'utilisation des c h a m p s magnétiques pour afin d e déterminer quels sont les paramètres
le traitement antichoc, ainsi que d'autres des c h a m p s électromagnétiques naturels qui
études sur les effets curatifs que les c h a m p s exercent une influence. Les caractéristiques
électromagnétiques peuvent avoir par leur de l'organisme biologique ne jouent, dans ce
action sur le système nerveux central. Toute- cas, qu'un rôle négligeable.
fois, pour mettre au point une théorie, il faut Il est intéressant de confronter les para-
regrouper le m a x i m u m de faits et cela implique mètres des caractéristiques des c h a m p s élec-
q u ' o n tienne compte également des p h é n o - tromagnétiques obtenus par la méthode écolo-
m è n e s mis en évidence par d'autres méthodes gique, c'est-à-dire par l'analyse des conditions
d'étude d e l'action biologique des c h a m p s extérieures au système biologique, et ceux qui
électromagnétiques et, notamment, par l'ap- sont obtenus par la méthode physiologique,
proche sanitaire. c'est-à-dire par l'étude des processus internes
C e sont essentiellement des facteurs tech- du système biologique (généralement l'acti-
niques qui ont donné, au X X e siècle, une cer- vité du système nerveux). Cette confrontation
taine cohérence à l'étude des effets physio- est d'autant plus nécessaire que de toutes les
logiques des diverses parties de la g a m m e des approches, ce sont actuellement les deux
ondes électromagnétiques. Le schéma des dernières qui reposent sur les bases théoriques
opérations était généralement simple : pour les plus probantes.
ses besoins, il arrivait qu'une industrie utilisât O n pense que, quelle que soit leur origine
largement telle ou telle g a m m e de c h a m p s énergétique, des signaux dont l'intensité est
électromagnétiques. A u bout d'un certain comprise entre 1 0 ~ 2 et 1 0 - 1 2 W / c m 2 , avec
temps, le personnel se plaignait de troubles des conditions optimales à 1 0 ~ 7 W / c m 2 ,
divers. O n effectuait alors des recherches peuvent fournir des informations à l'orga-
médico-biologiques pour vérifier si ces plaintes nisme [11]. Ces chiffres sont extraits d e
étaient justifiées et pour déterminer les seuils travaux expérimentaux sur l'évaluation de la
maximaux admissibles. Le rôle de la biologie sensibilité des organes visuels et auditifs
s'arrêtait pratiquement là. Elle ne retirait q u e spécialisés de l ' h o m m e et on peut très bien
relativement peu d'avantages de cette activité les accepter c o m m e hypothèse d e travail
et, souvent, les chercheurs passaient à l'étude initiale.
d'autres facteurs de la production. Par analogie avec les paramètres de la
composante électrique du rythme de l'organe
• Facteurs sanitaires et écologiques réceptif excité, o n estime que ce sont les
signaux d'intensité maximale, constitués par
O n s'intéresse beaucoup aujourd'hui aux une succession d'impulsions exponentielles
conclusions générales qui peuvent être déga- d'une milliseconde, avec une fréquence d e
gées de l'étude sanitaire des effets biologiques 2 0 0 - 4 0 0 impulsions par seconde, qui exercent
exercés par les c h a m p s électromagnétiques. l'action la plus prononcée sur l'organisme.
Le rôle déterminant du système nerveux dans En étudiant les c h a m p s électromagnétiques,
les réactions analysées est presque unanime- en tant que source d'excitation conditionnée,
ment reconnu et c'est là un élément important. des auteurs ont réussi à montrer que c'est avec
C'est, pourquoi l'élaboration d'hypothèses une fréquence de 3 0 0 impulsions exponen-
théoriques sur le mécanisme d e l'action tielles par seconde et une tension de 0,5-0,8
exercée par les c h a m p s électromagnétiques volts par mètre qu'on parvient le plus facilement
sur le système nerveux est indispensable aussi à provoquer un réflexe de fuite conditionné
pour le perfectionnement d e l'approche chez les rats dans le labyrinthe [11].
sanitaire [2, 5 , 6 , 1 0 ] . Avant d'en terminer avas la description de
L'aspect suivant de l'étude des effets bio- l'approche physiologique, il faut encore
logiques des c h a m p s électromagnétiques peut mentionner un autre aspect, lié à l'idée d e la
être qualifié d'écologique. Paracelse pensait génération d e c h a m p s électromagnétiques
déjà q u e l ' h o m m e a besoin pour vivre non par les systèmes biologiques. A ce sujet, il
seulement d'aliments, mais aussi de c h a m p s existe u n grand nombre de publications qui
magnétiques. Depuis le début du siècle, cette contiennent des donnéss sur l'enregistrement
approche est associée au n o m d e L. A . des c h a m p s magnétiques et électriques autour

Les c h a m p s électromagnétiques et le cerveau 313


des structures nerveuses de divers animaux tiques et électriques sont donc des instruments
[2, 1 0 ] . Si les êtres vivants produisent des expérimentaux qui permettent d'obtenir des
champs électromagnétiques, on est tenté de informations sur les phénomènes fonda-
supposer que ceux-ci ont une importance mentaux. Mais il est très difficile de créer un
biologique pour les rapports entre les orga- c h a m p électrique à l'échelle de l'atome, si le
nismes [2, 8] et entre les parties d'organismes milieu est un conducteur du premier ou d u
[2. 9 , 1 0 ] . deuxième ordre. D'autre part, le c h a m p m a g n é -
tique n'est pas soumis à l'influence du milieu
• L'influence interne qu'on rencontre généralement dans les sys-
tèmes chimiques et biologiques et il est donc
O n peut prévoir que, dans les prochaines un instrument idéal pour pénétrer au cœur
années, les recherches dans cette direction des processus biologiques fondamentaux.
connaîtront un important développement bien
que, selon nous, le progrès dépende dans une • L'exploitation d u C E M externe
large mesure du perfectionnement technique
des appareils enregistreurs. Mais les bio- C e que nous venons d e dire s'applique aux
logistes pourront également apporter leur organismes biologiques, quels qu'ils soient.
contribution à la solution d e ce problème. Il En ce qui concerne plus particulièrement les
convient ici d e rappeler l'hypothèse selon propriétés du système nerveux central, il nous
laquelle les champs électromagnétiques faut constater que sa fonction est étroitement
externes peuvent agir sur l'organisme (y associée aux courants et aux champs élec-
compris le système nerveux) en modifiant triques. Outre la voie synaptique, on étudie
les champs électromagnétiques biologiques également la voie éphaptique qui permet la
internes. Cette idée est séduisante, car elle transmission de l'information dans le système
peut expliquer le mécanisme d'action des nerveux, qui s'effectue à l'aide des champs
champs électromagnétiques renforcés ou affai- électriques. En résumé, le rôle joué par les
blis par rapport aux champs naturels. champs électromagnétiques internes dans
En outre, l'hypothèse sur le mécanisme des l'activité du système nerveux central n'a pas
effets biologiques des champs électromagné- encore été suffisamment étudié et l'utilisation
tiques qui s'exerceraient selon le principe - des champs électromagnétiques externes pro-
« c h a m p sur c h a m p » illustre l'approche met de donner de bons résultats pour l'étude
suivante utilisée pour l'étude des effets des de ce problème.
champs électromagnétiques sur le système L'analyse des effets des champs électro-
nerveux qu'on peut appeler instrumentale. magnétiques sur le système nerveux a fait
Dans toute recherche expérimentale concer- passer au premier plan les problèmes neuro-
nant les effets d'un c h a m p électromagnétique physiologiques généraux tels que l'action
artificiel sur les divers systèmes biologiques, directe des sources d'excitation sur le système
on se sert de ce c h a m p c o m m e d'un instrument nerveux central, l'apparition d'un état inhibi-
pour modifier l'état du système biologique. teur primaire provoqué par les sources d'exci-
Il faut insister ici sur le fait que ces recherches tation, et le rôle des formations guales1 dans
permettent de découvrir non seulement des l'activité du système nerveux central [10]. O n
propriétés nouvelles du c h a m p électromagné- peut considérer c o m m e un fait acquis que
tique (possibilité d'exercer une action bio- l'activité d u système nerveux central est
logique), mais aussi des caractéristiques nou- influencée par les champs électromagnétiques
velles du système biologique m ê m e sur lequel artificiels dont les paramètres sont proches
cette action s'exerce. Certains considèrent que des champs électromagnétiques naturels
cet aspect est le plus important. Rappelons [2, 6, 8 , 9, 10, 11].
que la plupart des processus biologiques Pour percevoir les champs électromagné-
reposent sur des réactions chimiques. Les tiques, la présence d'un organe réceptif
propriétés chimiques de la matière s'expliquent spécialisé n'est pas obligatoire, car, grâce à
en définitive par l'interaction des noyaux leur pouvoir d e pénétration, ces champs
atomiques et des électrons. peuvent agir directement sur le système
C'est pourquoi les principes de la chimie nerveux central sans passer par les organes
sont e u x - m ê m e s déterminés par des sciences
plus fondamentales : électrodynamique et 1. Les neurogliaux sont constitués par le tissu de liaison
mécanique quantique. Les champs m a g n é - et de soutien des éléments d u système nerveux [N.d.l.r.].

314 Yuriy A . Kholodov


des sens. Cela a été démontré à l'aide d'expé- BIBLIOGRAPHIE
riences sur les effets des c h a m p s électro- 1. Vlyanie solnetchnoj aktivnosti na atmosferu i
magnétiques sur l'activité électrique des biosferu zemli [Influence de l'activité solaire
structures cérébrales dont les neurones avaient sur l'atmosphère et la biosphère de la Terre].
été isolés. La partie d u système nerveux Moscou, Nauka, 1971.

central privée de liaisons nerveuses réagissait 2. P R E S S M A N . A . ElecUomagnänye polja i


¡Naja pritoda [Champs électromagnétiques
m ê m e mieux q u e le cerveau normal aux et nature vivante]. Moscou, Nauka, 1968.
c h a m p s électromagnétiques [10]. En étudiant
3. TCHIJEVSKl, A . Zemnoe ekho solnetchnykh
le rôle des formations d e neurones et des [Écho terrestre des tempêtes solaires].
formations gliales dans les réactions d u Moscou, Mysl, 1973.
cerveau aux champs électromagnétiques, on a 4 . Solntse, elektritchestvo, jizn
pu déterminer l'importance prépondérante [Soleil, électricité, vie]. Moscou,
de la neurologie. Presses de l'Université de Moscou, 1972.

Ainsi, l'utilisation des c h a m p s électro- 5. B U S B Y , D . Space biomagnetics.


Space Ufe sei., vol. 1, n° 1, 1968.
magnétiques dans les recherches neuro-
physiologiques peut contribuer non seulement 6. Vlyanie iskusstviennykh magnitnukh polej
na jivye organismy. Materiaiy sympoziuma
à résoudre les problèmes pratiques actuels, [Influence des champs magnétiques artificiels
grâce à l'importance sanitaire de ce facteur sur les organismes vivants :
dans diverses industries et à son action Actes d'un symposium]. Bakou, 1972.
thérapeutique, mais aussi à faire progresser 7. P R O T A S S O V , V . Biolekuitcheskie polja v
nos connaissances sur les questions théoriques jizni ryb [Champs bioélectriques dans la vie
des poissons]. Moscou, CNIIITENRX, 1972.
de la neurophysiologie. Il faut remarquer que
8. Documents de la première conférence
l'on est a m e n é dans des études de ce genre
internationale sur la psychotronique,
à rompre avec les pratiques antérieures, Prague, 1973.
c'est-à-dire à formuler moins de conclusions 9. T C H I R K O V , V . Roi efaptitceskogo
définitives et à exposer de nombreux pro- (niesinaptitcheskogo) lactora v proiskhojdenii
blèmes qui restent à résoudre, et qu'il convient i razvitii epileptiformnukh sostojanij
[Râle du facteur éphaptique (non synaptique)
d'étudier avec plus d'attention.
dans l'apparition et le développement des états
Les problèmes des effets biologiques des épileptiformes]. Gorki, 1973.
c h a m p s électromagnétiques posés dès le 10. K H O L O D O V , Y u . Tcheloviek v magnitnojpautine
début du siècle par V . la. Danilevski [12] [L'homme dans la toile d'araignée magnétique].
peuvent être résolus aujourd'hui grâce aux Moscou, Znanie, 1972.
progrès de la radio-électronique et de l'infor- 11. Problemy obnarujenja slabykh reaktsij
matique, et aussi au perfectionnement des nervnoj sistiemy [Problèmes de la détection
des réactions faibles du système nerveux].
méthodes d'expérimentation biologique. Moscou, 1 9 6 8 .
12. DANILEVSKI, V . Issledovania nad fisiologitcheskim
deistviem elektritchestva na rasstoyanii
[Recherches sur l'action physiologique de
l'électricité à distance]. Kharkov, vol. 1-2,
1900-1901.

• Yuriy A . Kholodov P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T

B A R N O T H Y , M . (dir. publ.). Biological effects of


magnetic fields. N e w York, N . Y . , Plenum Press.
L'auteur est un spécialiste de la fonction Vol. 1, 1 9 6 4 ; vol. 2 , 1969.
des systèmes neurophysiologiques. Vlyanie magnitnykh polej na biologitcheskie objekty
On peut se mettre en rapport avec lui [Influence des champs magnétiques sur les
organismes biologiques]. Moscou, Nauka, 1971.
en lui écrivant à l'Institut V. N. D., AN SSSR,
ulitsa Byatnitskaya, Moskva 109017 K H O L O D O V , Y u . Vlyanie electromagnitnykh
i magnitnykh polej na tsentralnuju nervnuju sistiemy
(Union des républiques socialistes [Influence des champs électromagnétiques et
soviétiques). magnétiques sur le système nerveux central].
M o s c o u , Nauka, 1966.

Les c h a m p s électromagnétiques et le cerveau 315


Psychotronique et psychologie
Michael Cernousek

Quel est le rapport entre la psychologie et la psychotronique et quelle place la


psychologie peut-elle avoir dans l'étude nouvelle, et intégratrice, de la psycho-
tronique ? Peuvent-elles exercer une influence l'une sur l'autre ? Quelles en sont
les possibilités d'applications expérimentales et cliniques? Ces questions, et bien
d'autres, se posent à quiconque s'intéresse à cette nouvelle science synthétisante
de l'homme et de ses rapports avec les autres individus et avec la nature.

Dès ses débuts historiques, la psychologie métaphysique de l'époque nouvelle, celle de


scientifique négligea l'étude des phénomènes la mathématisation objective.
psychotroniques (appelés à l'origine para- Ainsi est née une nouvelle branche des
psychologiques). Autrement dit, la psycho- sciences psychologiques, appelée autrefois
tronique se trouva rejetée hors du domaine tra- parapsychologie, et ayant pour objet d'étudier,
ditionnel d'investigation des chercheurs scienti- de décrire et d'expliquer les phénomènes
fiques rigoureux. Cela était partiellement dû à la incompris. U n e des expressions synonymes
nature spécifique des phénomènes en ques- fréquemment employées dans ce domaine
tion : ils sont insaisissables, selon les critères est celle de « perception extra-sensorielle »,
de la science positive contemporaine. Certains qui ne recouvre pas et ne peut pas recouvrir
psychologues allèrent jusqu'à nier l'existence tous les phénomènes que nous qualifions de
des phénomènes psychotroniques. paranormaux. U n e fois que la psychologie
L'existence, la réalité certaine de ces phéno- fut devenue une discipline, les observations
mènes - la télépathie et la psychokinésie et événements demeurés jusque-là sans expli-
par exemple - ne dépendent pas de l'attitude cation auraient dû devenir explicables et
des scientifiques à leur égard. Ces phéno- pouvoir en conséquence faire l'objet d e
mènes existent, entrant parfois dans le c h a m p manipulations scientifiques. Mais les modèles
de notre expérience vécue c o m m e des événe- parapsychologiques échouèrent et l'on eut
ments réels : événements produits expérimen- recours à des explications peu satisfaisantes.
talement ou enregistrés spontanément. La Pourquoi ? Parce qu'on appliqua à la para-
vérité est que ces phénomènes introduisent psychologie une méthode de raisonnement
dans notre expérience un sentiment d'étran- qui se fondait sur les exigences rigides d u
geté fondamentale; c'est ce sentiment qui est positivisme. Et c o m m e les modèles explicatifs
responsable au premier chef de l'attitude scep- de la parapsychologie classique ont pour base
tique d e la science. Et quelle science est le positivisme, nous y trouvons des termes
responsable du rejet des phénomènes psycho- tels que « extra-sensoriel » qui découlent du
troniques? C'est la science tout entière, m o d e de pensée positiviste : quand quelque
caractérisée par les strictes exigences de la chose n'arrive pas par la voie des sens recon-

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n» 4 317


nus, cela doit arriver par celled'«extra-sens».
». peut lui fournir bien des idées et des impulsions,
et vice versa. La psychotronique peut enrichir
• Les m o d è l e s positivistes d é f o r m e n
ntt les diverses subdivisions du domaine de la
la réalité psychologie, théoriquement c o m m e pratique-
ment, en indiquant des pistes de recherche
D e telles conceptions ne peuvent expliquer er que la psychologie n'a pas encore explorées,
les phénomènes qui nous intéressent, car ar Par exemple, o n peut donner une forme
n'importe quel modèle parapsychologique est ¡st nouvelle et plus riche à la théorie de la
alors interprété de la m ê m e manière que lala perception grâce à une compréhension plus
perception optique, par exemple, ce qui est ist profonde des structures et démarches fonda-
insuffisant pour rendre compte de la c o m m it-
u- mentales d e la perception, compréhension
nication télépathique. Le modèle positiviste te rendue possible par la psychotronique.
déforme, en fait, la réalité parce qu'il n ' e m
n-- Si nous cherchons à comprendre l'une
brasse pas toute la réalité qui est le siège des
es quelconque des manifestations psychotro-
phénomènes en cause. Dans la définition que je niques de l'homme (télépathie, télégnosie,
Z . Rejdák donne de la psychotronique (p. 3 0 3I),
), psychokinésie, effets d e la radiesthésie.
il déclare très clairement que la nouvelle Ile influence de l'homme sur les plantes vivantes),
science doit adopter pour l'étude des phéno- o- nous devons nous poser une question fonda-
mènes naturels une approche interdisciplinaire ire mentale : Quelle est l'influence réelle d e
plus complexe que celle du passé. La pluri- ri- l'homme sur un événement psychotronique et
disciplinarité a plus d e chances d'expliquer er c o m m e n t le provoque-t-il ? L'analyse d e
la nature des phénomènes que nous n'avons ns l'influence humaine sur les événements psycho-
pas encore été capables d'appréhender. troniques peut aider à déterminer les causes
:ts
Bien sûr, la psychologie est l'un des aspects internes et externes, intimement mêlées, d e
les plus importants de la psychotronique; elle Ile chaque événement psychotronique. O n peut

La psychotronique et
l'évolution de la psychologie

La psychologie rigoureuse (le béhaviorisme l'attention consciente, l ' h o m m e étant


par exemple) ne traite pas du tout des pleinement conscient de leur présence.
phénomènes psychotroniques. O n peut Cependant, le phénomène de télépathie
cependant trouver deux exceptions dans se produit au m o y e n d'une communication
toute la g a m m e des écoles et théories inconsciente entre personnes.
psychologiques : la psychanalyse et la Il en résulte que la communication est
psychologie analytique de Jung. perçue non pas extra-sensoriellement, mais
Ces écoles de psychologie des profondeurs normalement, à travers la totalité
ont essayé de traiter des phénomènes de notre appareil perceptif et par les fonctions
paranormaux. synthétisantes de la personnalité.
Freud concevait la communication Le contenu de la communication doit ensuite
télépathique c o m m e la survivance être décodé, dé-symbolisé et transmis
archaïque d'anciennes formes de sous forme verbale. O n doit souligner
communication, aujourd'hui plus que la réactivation régressive de m o d e s
ou moins tombées en désuétude. archaïques de fonctionnement d e l'esprit est
Il était convaincu que cette communication une condition sine qua non de la télépathie
affective primaire pouvait être et des autres activités psychotroniques.
« ressuscitée » et utilisée à nouveau sous Qu'il subsiste des strates archaïques
certaines conditions, rassemblées de personnalité semble avoir été prouvé.
principalement dans la relation Maintenant, une exploration plus poussée
thérapeutique entre un analyste et ses devrait offrir de nouvelles possibilités de
patients. Mais puisque les communications compréhension des processus psychologiques
télépathiques apparaissent aussi ailleurs, profonds; la psychologie ne peut pas être
elles peuvent pénétrer dans le c h a m p d e un domaine de connaissance complet sans

318 Michael Cernousek


résoudre ce problème de façon définitive, • Questionnaires, psychologie d è s
parce que c'est l ' h o m m e qui est au premier profondeurs
chef responsable des phénomènes étudiés,
mais une seconde question se pose alors. Il y a plusieurs méthodes psychologiques
A quels égards la psychologie peut-elle appropriées à l'étude des changements de
contribuer à la compréhension des états et l ' h o m m e en état de télépathie; deux d'entre
activités de l ' h o m m e qui sont sous-jacents elles sont particulièrement importantes. La
à ces phénomènes? En d'autres termes, première, capable de détecter le jeu des
quels sont les stimulations à la recherche qui facteurs de la personnalité qui interviennent
émanent de la psychologie? dans un événement psychotronique, est l'em-
U n e des questions qu'il est essentiel d'éclair- ploi des questionnaires exhaustifs sur la
cir pour construire un cadre méthodologique personnalité, ceux-là m ê m e s qui ont été
est de savoir c o m m e n t analyser le comporte- élaborés d'abord pour décrire la structure
ment de l'homme, sa participation consciente de la personnalité. D e s recherches menées
et inconsciente au cours d'une activité psycho- à l'aide de ces questionnaires par des psycho-
tronique. Autrement dit, à quels égards la logues de l'école empirique, c o m m e Eysenck,
communication télépathique est-elle due à un les ont amenés à la conclusion (parmi d'autres)
état conscient, ou déterminée au contraire que les gens classés c o m m e « sensitifs » sont
par des mécanismes inconscients? O n doit enclins à l'extraversion. Des parapsychologues
résoudre des questions analogues en ce qui classiques tels que Tenhaeff ont utilisé la
concerne les manifestations de psychokinésie, m ê m e méthode pour dévoiler les structures
les réactions d'un radiesthésiste, l'influence de personnalité de sujets particulièrement
d'un guérisseur. Pour être bref, c'est à l'aide portés à se trouver directement mêlés à des
du phénomène télépathique que j'essaierai événements psychotroniques.
de schématiser ces problèmes. La deuxième méthode consiste à appliquer

une investigation exhaustive des capacités pas en considération des phénomènes


de la personnalité. Sur ce point la psychotroniques de toutes sortes.
psychologie et la psychotronique peuvent se- D'autres spécialistes de la psychologie
rencontrer pour s'influencer mutuellement et des profondeurs étudiant les phénomènes
donner naissance à des idées nouvelles. paranormaux ont souligné,
C'est le psychologue Jung qui a fait entre autres, les facteurs de l'inconscient.
valoir que la totalité de l ' h o m m e ne peut Hóllos, Servadio, Róheim et Fodor et,
être pleinement comprise si l'on omet plus récemment, Eisenbud et Ehrenwald ont
l'étude de ses capacités psychotroniques : apporté diverses contributions à une
télépathie, psychokinésie et phénomènes nouvelle compréhension de la télépathie.
apparentés. Il a introduit le concept Ils ont principalement fondé leurs
de synchronicité pour expliquer les conclusions sur des observations cliniques;
coïncidences observables pendant la ils se sont référés aux aspects affectifs et
communication télépathique. C e terme libidineux de la communication, au
désigne une relation acausale entre voyeurisme, à l'omnipotence de la pensée.
deux ou plusieurs événements significatifs, Ils ont insisté sur la relation symbiotique
entre lesquels, du point de vue de entre la mère et l'enfant au
l'explication causale, aucun lien de causalité c o m m e n c e m e n t de la vie - relation
ne peut être découvert. Cependant la où apparaît sans doute la première base
synchronicité des événements est si des capacités télépathiques futures.
intrinsèquement significative qu'on considère O n perçoit les liens symbiotiques c o m m e
la relation c o m m e évidente : la signification déterminants pour toute l'activité
est saisie, à travers la perception consciente, psychotronique ultérieure. Ces
au m o m e n t m ê m e de l'apparition synchrone découvertes, nées dans l'atmosphère des
de deux événements ou de deux faits processus thérapeutiques, sont valables,
qui n'ont entre eux aucun lien de causalité. mais sujettes à réévaluation par une
Jung a montré la voie. La psychologie expérimentation psychotronique,
ne peut pas être complète dans ses efforts bien conçue, répondant aux exigences
de compréhension de l ' h o m m e si elle ne prend d'une méthodologie expérimentale adéquate.

Psychotronique et psychologie 3 1 9
à cette étude une psychodynamique, la psycho- rique de la pensée à l'égard de la psycho-
logie des profondeurs; à ce niveau, la psycho- tronique. Essayant d'expliquer, ils reflètent
ironique et la psychologie peuvent se aussi le premier stade de l'effort scientifique :
rejoindre. D e s parapsychologues classiques les événements psychotroniques ont d'abord
ont souligné que des modifications de l'expé- été observés c o m m e des phénomènes sponta-
rience psychique se produisent au cours d'une nes se produisant à la surface du vécu. Ces
manifestation psychotronique. F. W . H . Myers, manifestations ont créé une sensation d'étran-
le premier, eut l'idée du « moi subliminal », geté qui se cristallise ensuite soit en une
essayant d'expliquer par cette notion les chan- attitude de profond scepticisme et de refus,
gements de la personnalité qui accompagnent soit en une foi presque fanatique dans la
la communication télépathique. U n individu réalité des phénomènes en question. Aussi,
engagé dans une communication télépathique aujourd'hui, la psychotronique essaie-t-elle,
doit être accordé, de façon différente, aux en suivant la voie déjà frayée par la para-
deux niveaux d'expérience et d'émotion. psychologie classique, de contrôler l'induction
En d'autres termes, l'individu doit pénétrer des états et processus qui entourent ces
dans l'étendue illimitée de tous les genres phénomènes; son but est le développement
possibles de communication disponibles dans contrôlé des états psychotroniques dans des
l'ensemble (latent) des moyens de c o m - conditions favorables à l'observation. La
muniquer. U n e fois introduit dans le c h a m p psychotronique vise à éliminer le facteur
des possibilités télépathiques, l'individu doit d'attente d'apparition des phénomènes. Aussi,
être sujet à un flux libre et continu d'associa- quand il s'occupe de phénomènes psycho-
tions à charge affective. Il doit s'efforcer de troniques, l'homme doit-il : se concentrer
s'abstraire complètement de la réalité (c'est-à-dire porter toute son attention sur
concrète, de l'environnement immédiatement lui-même) ; plonger, grâce à] des processus
perçu, hic et nunc. régressifs, jusqu'aux couches primitives de
Le but de ce retrait de la réalité est l'entrée son équipement psychophysiologique; c o m -
spontanée dans un état d'empathie pure, muniquer avec le m o n d e des objets principale-
primordiale, d'harmonisation et de sympathie ment au niveau du symbolique et modifier,
avec les plus vastes perspectives qu'offre par là, la structure et les fonctions d e sa
notre m o n d e vivant. Cette tendance ouvre propre personnalité.
l ' h o m m e à toutes les influences vitales, le D e ce que j'ai dit, il ressort clairement qu'on
rendant capable de percevoir, et d'articuler peut retrouver la trace de l'évolution de
consciemment ces stimuli du m o n d e extérieur concepts psychologiques maintenant intégrés
qui ont un sens et une signification pour nous à la psychotronique. Les premières spécula-
et qui resteraient autrement imprécis et flot- tions aboutirent aux concepts actuels d'une
tants. L'expression « moi subliminal » corres- psychologie sans rigueur - mais scientifique.
pond ainsi, dans son sens général, à d'autres Maintenant nous nous trouvons devant un
termes tels que subconscient, coconscient et défi expérimental. N o u s devons rechercher
inconscient. Ces « moi » font l'office d'agents s'il existe des lois qui régissent les altérations
organisateurs qui ne peuvent être compris au de l'expérience psychologique, ce qui nous
niveau de la conscience et de la logique que permettrait d'aborder en toute responsabilité
dans certaines conditions. C'est seulement par professionnelle l'induction expérimentale des
la création de ces conditions dans la perspec- phénomènes.
tive psychologique de l ' h o m m e que nous
pouvons concevoir de « pénétrer » dans les • Les tâches principales d e la
couches profondes de la personnalité, psychotronique
d'explorer des m o d e s de plus en plus archaïques
de la fonction psychologique et de susciter N o u s pouvons conclure (voir encadré, p. 319)
l'éveil des traits de personnalité qui donnent que lors de manifestations psychotroniques -
naissance au processus télépathique. télépathie, prescience, radiesthésie ou inter-
vention des guérisseurs - ce sont les m é c a -
• U n e sensation d'étrangeté nismes inconscients de l ' h o m m e qui sont les
plus actifs. Le niveau inconscient de la
William J a m e s , le grand psychologue améri- fonction mentale n'est pas constamment
cain, comprit ces phénomènes, et il existe des accessible à la perception consciente; il
concepts qui reflètent le développement histo- travaille sur un matériau psychique qui appa-

320 Michael Cernousek


raît sous des formes altérées et symboliques.
Cela nous a m è n e à décider ce qui est un incident • Michael Cernousek
télépathique et ce qui n'en est pas un. Les
niveaux inconscients sont déterminés non
seulement par l'ontogenèse, mais aussi par Né à Prague en 1945, l'auteur a fait
l'héritage phylogénétique. U n e fois encore le des études universitaires en philosophie
rôle principal de la psychotronique n'est pas et en psychologie; il a obtenu son doctorat
de se contenter de la simple explication de ces en 1972. M. Cernousek, qui est psychologue
phénomènes, mais aussi de les susciter sous clinicien, s'intéresse à la psychotronique.
une forme telle que la conscience puisse, plus Il travaille à la Faculté de médecine
ou moins, se servir de l'inconscient de de l'Université Charles, Département
l ' h o m m e . Il y a une autre raison d'agir en ce
de la recherche psychiatrique. Son adresse
sens : c'est que les phénomènes psycho-
est : Zlatnickâ 11, Praha 1
troniques maintiennent l'homéostasie de l'orga-
(Tchécoslovaquie).
nisme, laquelle peut contribuer à l'équilibre
de l ' h o m m e aux niveaux physiologique, psy-
chologique, écologique et societal.
O n peut préserver un équilibre de cette sorte
par une expérimentation méticuleuse, puisque
nous s o m m e s quelquefois témoins de cas
où les phénomènes psychotroniques sont
extraits de leur contexte naturel; ils peuvent
apparaître sous une forme hallucinatoire (par
exemple les projections paranoides), et sont
alors considérés c o m m e d'authentiques mani-
festations psychotroniques. L'hallucination
peut, bien sûr, accompagner les phénomènes
psychotroniques, de m ê m e que des épisodes
authentiquement psychotroniques produisent
des modifications hallucinatoires de la percep-
tion humaine. O u bien les deux peuvent se
mêler. Aussi nous faut-il non seulement
concept, théorie et explications, mais aussi
beaucoup de responsabilité purement humaine.
Il existe de nombreuses possibilités expéri-
mentales. Avec des guérisseurs, on peut faire
le départ entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est
pas. En psychologie sociale, où les relations
dynamiques à l'intérieur de divers groupes sont
influencées par la communication tant verbale
que non verbale, on peut aussi étudier la
communication sublímale ou psychotronique.
Enfin, les manifestations psychotroniques
sont-elles le résultat de vestiges archaïques
subsistant en l'homme, ou sont-elles le noyau
de potentialités nouvelles? Les deux concep-
tions sont également valables, à m o n avis,
si nous comprenons leur interrelation. Et nous P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T
ne pouvons y arriver qu'en réactivant des
m o d e s de communication depuis longtemps F O D O R , N. On the trail of the poltergeist.
N e w York, N.Y., Citadel Press, 1958.
tombés en désuétude. Par l'entraînement, nous
J U N G , C . Ma vie, souvenirs, rêves et pensées.
devrions pouvoir franchir plus souvent les Paris, Gallimard, 1966.
portes d'une dynamique archaïque, où s o m -
K O ESTLER, A . Les racines du hasard. Paris,
meillent des potentialités cachées, et trouver Calmann-Lévy, 1972.
la voie vers une nouvelle croissance de S M Y T H I E S , J. (dir. publ.). Science and ESP.
l'individu et de la société. Londres, Routledge and Kegan Paul. 1967.

Psychotronique et psychologie 321


Du charlatanisme à la science

Franz (ou Friedrich) Anton Mesmer, M e s m e r abandonna donc la carrière


médecin allemand ayant fait ses études médicale, se retirant d'abord près de
à Vienne, publia en 1766 un opuscule, Versailles, puis, en 1 8 1 4 , dans un village
intitulé De planetarum ¡nfluxu, voisin de son lieu de naissance sur les rives
où il soutenait que les corps célestes exercent du lac de Constance, près de la frontière
une influence directe sur les espèces suisse, où il mourut l'année suivante.
animales grâce à un fluide agissant Le mot « mesmérisme » reste cependant
sur le système nerveux central employé dans de nombreuses langues
modernes pour désigner un système de cure
et qu'il est possible d'utiliser pour
consistant à magnétiser le patient afin
c o m m a n d e r les fonctions organiques.
de diriger convenablement le « fluide animal »
M e s m e r baptisa ce processus
qui c o m m a n d e ses fonctions organiques.
« magnétisme animal » et, avec le concours
En 1 8 4 2 , le médecin J a m e s Braid,
d'un prêtre autrichien du n o m de Hell, de Manchester, avait mis au point la
en fit le point de départ de cures technique thérapeutique qu'il appela
applicables à diverses maladies. neuro-hypnotisme (du m o t grec hupnos,
Ces « cures magnétiques » remportèrent qui signifie « sommeil ») : il s'agissait
un vif succès, notamment dans les cas de faire provoquer chez u n patient par
d'hystérie, tant à Vienne qu'à Munich. un médecin qualifié un « état de sommeil
Cependant, sous la pression des nerveux ». Alors que le terme d e
représentants autrichiens de la médecine « mesmérisme » conservait une connotation
classique, pour qui la méthode de M e s m e r péjorative et évoquait le charlatanisme,
n'était guère plus que de la magie, le neuro-hypnotisme et le « braidisme »
et attiré par l'offre (qu'il devait finalement prenaient une allure respectable. Le but
refuser) d'une rente de 2 0 0 0 0 livres de ce procédé était de créer, par des
que le gouvernement français s'engageait m o y e n s extérieurs ou m ê m e par
à lui verser s'il acceptait de dévoiler autosuggestion, un état de transe
les secrets du magnétisme animal, le accompagné parfois de rigidité
Dr M e s m e r vint en 1778 s'installer musculaire et souvent d'insensibilité
à Paris où il devait passer sept ans. Il exerça à la douleur. Dans l'édition de 1863
d'abord dans un hôtel particulier de l'élégante du Dictionnaire de la langue française,
place V e n d ô m e , d'où sa réputation le lexicographe Littré a pu qualifier
gagna bientôt les milieux de la Cour; l'hypnotisme de « terme de physiologie ».
son emprise fut particulièrement forte Après la première guerre mondiale,
sur la reine Marie-Antoinette. M e s m e r l'hypnose gagna à nouveau du terrain,
alla ensuite loger dans une maison plus en partie parce qu'on avait découvert
vaste du faubourg Montmartre, l'importance du rôle qu'elle pouvait jouer
alors situé en pleine campagne, où lui et dans la rééducation des soldats gravement
ses assistants effectuaient des attouchements blessés. Trente ans plus tard, les
et des « passes » sur leurs patients qui associations professionnelles médicales,
attendaient la guérison groupés autour tant au R o y a u m e - U n i qu'aux États-Unis
d'un bassin ou « baquet magnétique ». d'Amérique, reconnurent officiellement
Le succès remporté par la méthode de la valeur de l'hypnose en tant que traitement
M e s m e r et les revenus confortables et en déconseillèrent l'utilisation par des
que lui procurait sa clientèle grandissante non-spécialistes. Les groupements médicaux
ne devaient pas durer longtemps. En 1 7 8 4 , d'autres pays firent de m ê m e . Et, en 1958,
le gouvernement français chargea une fut fondé VAmerican journal of clinical
commission de médecins et de savants hypnosis, premier périodique consacré
(parmi lesquels figurait l'américain à la question. A u mesmérisme avait succédé
Benjamin Franklin) d'examiner une véritable science.
la valeur des activités professionnelles
Impact
de M e s m e r . Malgré le solide appui
apporté à celui-ci par des spécialistes aussi
illustres que Jussieu, le fondateur de la
classification botanique, la commission
se prononça contre le « magnétisme
animal », préférant attribuer les pouvoirs de
guérisseur que semblait posséder M e s m e r à
des causes physiologiques encore
inconnues.
Le psi, nouvelle dimension
des sciences
C . Muses

Depuis les temps les plus reculés, l'homme est incapable d'expliquer certains phéno-
mènes de notre existence qui ne cadrent pas avec les règles établies de la science.
Pourtant, même des spécialistes des sciences exactes et naturelles accordent
aujourd'hui une attention sérieuse aux états de conscience non ordinaires, aux
expériences extracorporelles et aux dimensions multiples du temps. On trouvera
dans les pages qui suivent un bref aperçu de ces questions.

A m o n avis, lorsque le physicien Erwin quelque chose qui ressemblait beaucoup à un


Schrõdinger utilisa la lettre grecque XY (psi) facteur psi dans leurs équations m a t h é m a -
c o m m e symbole de ce qu'on a depuis reconnu tiques de physique. C'était en 1926. Il fallut
c o m m e une « onde d e probabilité », il émit à la biologie et à la psychologie une trentaine
sans le savoir une idée prophétique quant à d'années pour rattraper l'évolution des fonde-
l'évolution de toute la science de notre siècle. ments de la physique, pour ce qui est de l'in-
Il se peut qu'il y ait eu aussi un processus clusion formelle du facteur psi dans leurs
circulaire, cette bizarrerie sémantique s'étant calculs. Il est intéressant de constater que les
greffée sur la psychologie pour désigner le mathématiques possédaient tout à fait cons-
m o n d e de la parapsychologie - le m o n d e ciemment, depuis le temps de Pythagore et
du psi. Cependant, il n'y a pas véritablement de Platon, leur propre élément psi. Cela était
de « parasciences » : toutes les sciences sont naturel pour les mathématiques, qui reflètent
des sciences. « Parapsychologie », « para- à la fois la nature de la pensée et celle de la
physique » et tous les autres termes du m ê m e réalité extérieure, et cela d'une façon qui
genre sont des appellations erronées et suggère la possibilité passionnante de pro-
maladroites. La nouvelle dimension du psi fondes correspondances entre les deux.
(la dimension de la noétique, de l'état de
conscience) peut être et est adjointe à toutes
les sciences. Ces adjonctions n'aboutissent
1. Le physicien James Clerk Maxwell (1831-1879)
à rien moins qu'une nouvelle Weltanschauung, inventa le « d é m o n » et lui assigna un certain nombre
à une nouvelle conception du m o n d e . de tâches (microscopiques) imaginaires entraînant la
La physique a été la première science à violation des lois (macroscopiques) de la thermodyna-
mique. Le d é m o n peut par exemple monter la garde
s'orienter vers le psi, bien qu'on observe au point de communication entre deux récipients
depuis des siècles les manifestations d'esprits contenant du gaz initialement à la m ê m e température.
frappeurs, des cas de precognition et autres En « reconnaissant » les vitesses moléculaires, le d é m o n
faits étranges non reconnus par la science permet le passage de molécules plus rapides que la
moyenne dans une direction et (d'un nombre corres-
officielle. Lorsque le « d é m o n » de Maxwell 1 pondant de) molécules plus lentes que la moyenne dans
s'est insinué dans la mécanique statistique et l'autre direction. Il en résulte une différence de température
la thermodynamique, ces faits ont c o m m e n c é qui viole apparemment la deuxième loi de la thermo-
dynamique. Le paradoxe est résolu si nous considérons
à envahir le laboratoire; Schrõdinger et l'effort accompli par le d é m o n lorsqu'il prend ses
Werner Heisenberg ont finalement identifié décisions [N.d.l.r.].

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n° 4 : 323


Nietzsche a parlé et rêvé d'une « trans- les rend si intéressants à l'époque actuelle.
mutation de toutes les valeurs ». Aujourd'hui, Les faits remontent à des temps anciens.
nous vivons précisément dans ce genre de C o m m e un collègue et m o i - m ê m e le rappor-
période historique : notre époque est angois- tions récemment [1]2, les Égyptiens de
sante et pourtant merveilleuse, et surtout elle l'Antiquité employaient des techniques norma-
exige énormément de notre aptitude à embras- lisées et entièrement fonctionnelles pour
ser des domaines de vision et d'appréciation produire des états de transe. O n trouve d'in-
plus vastes et plus généraux que jamais nombrables exemples de transe hypnotique
auparavant. Bien que toutes ces tensions propre à accroître les facultés paranormales
soient manifestes sur le plan politique, écono- (telles que la « vision par rayons X ») dans le
mique et social, elles sont plus significatives magazine britannique du siècle dernier, Zoist,
en ce qu'elles dominent aussi la scène aujourd'hui difficile à trouver, mais dont j'ai
scientifique, une scène dont le cadre général la chance de posséder une collection complète.
n'a pas changé radicalement depuis l'époque Je traiterai plus loin de la vision par rayons X
postérieure à la Renaissance, dans le m o n d e sous le n o m (soit dit en passant) de clair-
occidental au moins. voyance. Zoist atteste aussi de nombreux cas
C'est ainsi qu'aujourd'hui, exactement de transmission de pensée, ou télépathie.
c o m m e à l'époque de Copernic et de Bruno 1 , La télépathie - c'est-à-dire la transmission
les fondements m ê m e s de la science sont en de désirs ou d'images sans recours aux
cours de rajustement. O n voit apparaître la cinq sens - est désormais un fait bien attesté,
nécessité d'une science plus large et plus déjà établi au début du siècle par des ouvrages
profonde qu'auparavant, une science capable c o m m e celui de Tischner, Télépathie et clair-
de traiter de manière compatible et dans les voyance (initialement publié en allemand),
moindres détails de la structure de la matière et l'excellent traité de télépathie de Warcollier
et des fonctions de l'esprit. (en français). Les travaux d e l'Américain
Rhine, c o m m e ceux, plus récents, de nombreux
• Le psi d a n s le passé autres auteurs ont servi davantage à mobiliser
l'attention d u public et celle des milieux
Les disciplines qui se proposent de combler scientifiques officiels; son œuvre a joué un
cette lacune comprennent la « parapsycho- rôle sociologique plutôt que scientifique.
logie » (autrement dit, la télépathie et la La meilleure façon d'étudier le talent est,
precognition) et la « paraphysique » (par après tout, d'examiner des personnes excep-
exemple, la rétroaction psychophysiologique tionnellement douées. Les méthodes statis-
et la télékinésie o u psychokinésie c o m m e tiques perdent alors beaucoup de leur perti-
dans les cas d e Nelya Mikhailova et nence, car les preuves du talent manifesté
d'Uri Geller). Ces nouveaux domaines ont sont impossibles à dénombrer. Il est bien
attiré des personnes aussi diverses par leur entendu impératif de se garantir contre la
formation que des éducateurs (mués en supercherie; mais ces procédures de contrôle
parapsychologues), des physiciens (devenus acquièrent beaucoup plus d'efficacité, en
para physiciens), des astronautes (transformés réalité, lorsqu'elles sont appliquées par des
en philosophes), des actrices (devenues magiciens professionnels qui connaissent bien
psychologues), des psychiatres (devenus tous les tours de prestidigitation. Dans ce
investigateurs du domaine psychique, c o m m e domaine, les h o m m e s de laboratoire peuvent
c'est le cas du Dr Montague Uliman, président être et sont très souvent naïfs.
de l'American Society of Psychical Research) ;
tous sont partisans des nouvelles dimensions • H y p e r n o m b r e s et t e m p s d e transe
du psi. Le public, qu'il s'agisse des profanes
ou des spécialistes, manifeste un intérêt Il est abondamment prouvé, quoi qu'on en
sans précédent ( c o m m e m o n ami Ullman, pense, qu'au-delà des dimensions de l'espace
c'est depuis l'âge de douze ans que pour m a et du temps connus, il existe un autre domaine
part je m'intéresse à ces questions).
C'est depuis des temps étonnamment
reculés, parfois m ê m e depuis l'Antiquité, que 1. O n trouvera dans Scientific American, vol. 2 2 8 . n° 4
ces phénomènes sont signalés et attestés. (avril 1 9 7 3 ) , u n article sur la via et l'époque de Giordano
Bruno [N.d.l.r.].
Le fait qu'ils aient pénétré au cœur du « sys- 2 . Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie
tème » scientifico-éducatif officiel est ce qui à la fin de cet article.

324 C . Muses
Premières expériences personnelles

C'est en 1 9 3 7 - 1 9 3 8 q u e j'ai pour m a part la formation de Jerry en physique et en


acquis la conviction q u e le p h é n o m è n e mathématiques dominait sa description
de télépathie existait. A v e c un camarade des images reçues.
d'université, q u e j'appellerai Jerry Stimulé par les succès de Jerry,
(et qui depuis a fait une brillante carrière je tentai la m ê m e expérience avec Pauline,
scientifique), je m e livrais à des expériences une amie d e m a sœur Estelle. N o s efforts
dans le grand auditorium, alors vide, échouèrent lamentablement jusqu'à un
de l'université. Jerry, qui étudiait certain après-midi, après qu'elle eut décrit
la physique, se trouvait être un excellent « un couteau posé horizontalement sur le
receveur ou récepteur télépathique. bord d'une assiette ». L'objet sur lequel
N o u s nous asseyions à deux angles je m'étais concentré n'avait absolument
diamétralement opposés de la grande salle. rien d e c o m m u n avec sa description.
Je m e concentrais sur un objet et Jerry Cela éveilla m a curiosité et je m e demandai
mettait sur le papier ses impressions. quelle pouvait être la source des impressions
U n e fois qu'il avait crié « ça y est », rapportées par Pauline. Bien q u e nous
je disais « objet suivant ». « C a y est » n'eussions pas bougé de la salle de séjour
signifiait q u e Jerry avait fini d'écrire sa de tout l'après-midi, je m e rendis, guidé
description des images mentales qu'il avait par une intuition, dans la cuisine qui se
vues alors que je m e concentrais sur un trouvait à l'autre bout de la maison;
objet déterminé. là, exactement c o m m e Pauline l'avait décrit,
N o s résultats n'étaient pas satisfaisants je vis un couteau posé sur le bord d'une
à 9 0 %, mais à 1 0 0 %, ce qui m e stupéfiait assiette. C'était pendant le w e e k - e n d
et mettait Jerry mal à l'aise : il disait q u e et un autre m e m b r e de la famille s'était
les résultats causaient un trop grand préparé un casse-croûte, après quoi il avait
bouleversement des valeurs pour ne pas quitté la maison par la porte de derrière. Ni
être inquiétants. J e veux dire par là qu'il Pauline ni moi ne nous en étions rendu compte.
décrivait toujours les objets en fonction C'est alors que je décidai d e modifier
de sa propre formation et d e ses la conception d e l'expérience de manière
associations dominantes entre les mots à tester chez m o n sujet non plus la faculté
et les idées. C'est ainsi q u e lorsque je de télépathie, mais la clairvoyance.
regardais une pièce de 1 0 cents posée C e changement fut courronné d'une
sur un petit carnet, Jerry indiquait : réussite totale, et passionnante : bien q u e
« U n cercle dans un rectangle. » Pauline ne pût pas « faire »
D e m ê m e , un peigne d e poche appelait de télépathie, elle avait un d o n
la description suivante de son ¡mage reçue de clairvoyance. Elle put décrire
par télépathie : « U n e série de courtes correctement, à plusieurs reprises, le contenu
lignes parallèles. » Si je m e concentrais de boites fermées, mélangées au hasard.
sur un crayon neuf, taillé, dont la Quelle q u e fût la réalité cachée derrière les
g o m m e n'avait pas été utilisée, Jerry facultés d e télépathie et d e clairvoyance,
faisait'la description suivante : j'acquis la conviction q u e ces deux
« U n cône allongé avec u n e tache rouge facultés : a) existent et b) diffèrent par
à la base. » O n notera combien leur nature et leur m o d e de fonctionnement.

ayant ses propres énergies et ses p h é n o m è n esss pouvait établir une relation aussi viable avec
particuliers; il s'agit d'un domaine en cons- s- la matière étrangère à notre corps, nous pour-
tante interaction avec le m o n d e physique, qui
ui rions alors déplacer aussi cette matière par
intervient dans u n acte aussi simple q u e la
décision d e bouger u n certain doigt et, la l'effet d e notre choix et de notre volonté,
ensuite, le fait de le bouger. Si notre conscience ît. Il faut rechercher la mathématique de_ces
:e connections en recourant à des formes plus

Le psi, nouvelle dimension des sciences 3 2 5


élaborées d e nombres, ainsi qu'un de m e s de choix. S'il n'y avait pas de modèles pré-
collègues et m o i - m ê m e l'avons souligné à connaissables de conséquences, la liberté de
plusieurs reprises [2, 3 , 4 , 5, 6]. C'est seule- choix n'existerait pas. Cette liberté consiste
ment après que l'homme se fut habitué à la précisément, je le répète, dans la liberté de
racine carrée d e moins 1, précédemment choisir les conséquences ultérieures en agis-
appelée « le nombre impossible », que put sant présentement d'une certaine manière et
apparaître une forme de mathématique per- non d'une autre.
mettant l'explication des ondes radio, d'autres
phénomènes électroniques et de la physique M Expériences extracorporelles
quantique. Cette dernière utilise du reste un
type encore plus élaboré de nombre qui a la N o u s avons brièvement passé en revue la
propriété suivante : le produit d'un tel nombre télépathie, la clairvoyance, la connexion
par lui-même est + 1, bien que « lui-même » volonté/corps, les dimensions multiples du
ne soit ni + 1 ni - 1. Les hypernombres de ce temps (ou hypertemps) et la precognition.
genre constituent la base des « spinors » Nous abordons maintenant un autre aspect
qui sont au cœur de la physique moderne. de la dimension psi, à savoir les expériences
En ce qui concerne la dimension psi, nous extracorporelles sous l'influence des sub-
avons besoin de quelque chose de plus pour stances psychédéliques1. Albert Hoffman, qui
parvenir à une explication mathématique. a découvert le L S D , m ' a dit un jour chez lui,
N o u s avons proposé ce qui nous paraît le plus à Bâle, que, lors de sa première expérience du
vraisemblable, à savoir un type plus élaboré L S D (il ne savait pas qu'il en avait absorbé),
d'unité que nous appelons w , tel que : il avait « vu [son] corps étendu sur le lit ».
iv« = 1, w s = - 1 + w et (- w ) 2 = - 1 - iv. Je lui ai d e m a n d é : « Vous êtes-vous senti
Les produits successifs de ce nombre par lui- libéré? » Sa réaction a été plutôt terre à terre :
m ê m e sont tous des points, non pas d'un cercle « J'étais extrêmement contrarié. J'ai pensé
c o m m e dans le cas de y ' - 1 , mais d'une que je devais avoir absorbé un poison sans
ellipse, ou plutôt de deux ellipses, la première le savoir et que j'étais mort; j'étais furieux
pour les puissances de + w et la seconde contre m o i - m ê m e d'avoir été assez stupide
pour les puissances de - w. pour ne pas avoir mieux paré à cette éventualité
En ce qui concerne le phénomène hypno- en versant une prime d'assurance-vie plus
tique connu sous le n o m de distorsion tempo- forte. »
relle [7], j'ai aussi avancé qu'il existe au moins O n a signalé de nombreux cas d'expériences
deux autres types de temps que le temps extracorporelles en l'absence de toute sub-
ordinaire, celui des événements historiques [8]. stance psychédélique; il s'agit souvent d e
Il s'agit du temps de transe (dont fait l'expé- personnes très proches de la mort, pour cause
rience toute personne qui se trouve dans un de maladie ou d'accident. Pour administrer
état altéré de conscience) et le temps d'induc- une preuve irréfutable de ces expériences, il
tion de la transe. C e dernier est un type de faudrait produire, devant témoin, un m o u v e -
temps qui opère pendant le processus (quel- ment psychokinésique alors que le sujet est
quefois très bref) de passage d'un état à un dans un état extracorporel, mouvement se
autre, dans les deux sens. produisant à une distance considérable du
Le temps de transe opère lorsqu'on est en corps qui le dirige et accompagné d'une des-
train de passer du temps ordinaire au temps cription du lieu du déplacement - lieu précé-
de transe. Les deux temps opèrent aussi en d e m m e n t inconnu d e celui qui perçoit ou
conjonction avec les trajectoires de proba- de celui qui effectue le mouvement.
bilité et les ondes précurseurs [8], ce qui Il reste beaucoup à faire dans ce domaine,
permet de reconnaître scientifiquement la mais il faudrait travailler avec des personnes
precognition. Celle-ci ne peut détecter que douées d'un talent noétique, au lieu d'obscurcir
les « projectiles de temps libérés », c'est-à-dire simplement les choses par des statistiques en
les conséquences non perçues d'actes passés.
Il n'y a donc pas de contradiction inhérente
avec sa liberté de choix, qui est en fait la 1. O n trouvera une description des dangers que pré-
liberté de choisir les conséquences. L'opération sentent le L S D et les autres substances psychodyslep-
du destin (ou la nécessité des conséquences) tiques dans : < Les bases pharmacologiques du traitement
des troubles d u comportement humain », Impact :
fait donc partie intégrante du processus qui
science et société, vol. XXIII, n° 3 (juillet-septembre
permet l'autonomie de la volonté, ou la liberté 1973) [N.d.l.rJ.

326 C . Muses
s'efforçant d'enregistrer des effets ps parfois d'inductions hypnotiques répétées, légères et
infimes chez un grand nombre de personnes graduelles. Les phénomènes behavioristes
singulièrement dépourvues de dons. L'histoire dépendent de la conscience, c'est-à-dire du
va trop vite pour qu'on puisse se permettre substrat m ê m e que les behavioristes tentent
de perdre du temps à des travaux plus ou avec tant de véhémence de nier alors que cette
moins stériles. véhémence m ê m e prouve sa présence I II y a
U n autre grand domaine de recherche est un désir d'un genre ou d'un autre derrière
celui de la clairvoyance apparente des chiens chaque forme de comportement et de condi-
et des chats qui parviennent à rentrer au tionnement c o m m e derrière chaque induction,
domicile de leur maître alors qu'on les a placés par s o i - m ê m e ou par autrui, de modifications
dans un environnement qu'ils ne connaissent de l'état de conscience, ou chaque cas de
pas, à des centaines de kilomètres de distance. transe.
Nombreux sont les cas qui ont fait l'objet de Il est aussi de mieux en mieux établi que
descriptions détaillées. A ce p h é n o m è n e est notre conscience, en prolongeant sa relation
lié celui de la télépathie chez les animaux et avec les molécules de notre corps, peut
m ê m e chez les plantes. Dans ce dernier affecter directement les molécules extérieures
domaine, les affirmations de M . Cleve à notre organisme ; autrement dit nous pouvons
Backster, qui travaille avec un enregistreur, faire bouger des objets sans les toucher, sans
ont suscité u n renouveau d'intérêt pour la employer à cette fin d'instruments électriques,
question de la conscience des plantes, traitée magnétiques ou autres : c'est la psycho-
scientifiquement pour la première fois au début kinésie. L'an' dernier, la prestigieuse revue
de ce siècle par le célèbre spécialiste indien scientifique Nature a consacré un article au
de la physiologie végétale, sir Jagadis Chandra phénomène d'Uri Geller, que de nombreux
Bose [9]. témoins ont vu tordre à distance des cuillères,
Les manifestations d'esprits frappeurs, qui des clés, etc. Geller avait été auparavant
paraissent être des cas de psychokinésie examiné au Stanford Research Institute, mais
violente et incontrôlée chez des personnes malgré le bon travail du professeur H . Puthoff
jeunes, peuvent aussi faire l'objet d'études Nature a constaté que l'équipe de chercheurs
approfondies. D e m ê m e pour la « lecture » de Stanford avait employé des techniques
par le toucher [10] ou la guérison par imposi- sans rigueur et peu convaincantes, et n'avait
tion des mains (maintenant enseignée à l'école pas publié suffisamment de détails. C'est
d'infirmières de l'Université de N e w York); parce que les phénomènes produits par Geller
cette forme de thérapie est distincte des théra- font l'objet d'une si large publicité qu'ils
pies par la foi et de l'hypnothérapie. devraient être étudiés de façon exhaustive.
Le m o m e n t est venu de procéder à une telle
• C o n s c i e n c e et c o m p o r t e m e n t étude. Le Dublic y est prêt. Bien que les
phénomènes aient été observés depuis littéra-
Enfin, il faut étudier toute la g a m m e des états lement des millénaires, un large public cherche
de transe, que la transe soit provoquée par le aujourd'hui à obtenir des données plus
sujet lui-même ou par autrui. L'éventail des nombreuses et plus claires que jamais aupa-
états de conscience non ordinaires1 comprend ravant. Pour cette recherche, nous avons
le vaudou et les phénomènes tribaux-religieux besoin d'un plus grand nombre d'individus
similaires. L'acculturation et les autres formes hautement doués ainsi que de chercheurs
de conditionnement du comportement sont compétents.
étroitement liées à l'hypnose progressive. En Pour illustrer l'importance des aspects
fait, tout conditionnement consiste en des sociologiques et pédagogiques de l'extension
techniques de lente induction d'une altération actuelle de la dimension psi dans notre vie,
des m o d e s d'acceptation ou de croyance je rappellerai la série d'émissions d e télé-
profonde. Généralement, un signal est utilisé; vision « Star Trek » de l'auteur-producteur
ce signal active le m o d e de comportement G e n e Roddenberry qui a reçu un accueil
acquis suggéré par la technique de condition-
nement. O n ne peut conditionner ou amener 1. C'est en 1 9 6 6 qu'Arnold Ludwig a inventé l'expres-
à l'état de transe que les entités capables de sont « états altérés d e conscience », par laquelle il
plaisir, de déplaisir et d'association. entendait désigner les états inhabituels. J e préfère le
qualificatif < n o n ordinaires », qui est moins axé sur
Toute la théorie behavioriste repose donc l'évidence qu'il existe une différence qualitative entre
profondément et largement sur la notion les états inhabituels et les états ordinaires de conscience.

Le psi, nouvelle dimension des sciences 3 2 7


extraordinaire; de toutes les émissions vidéo
produites au cours de la dernière décennie • C . Muses
ou dans les premières années de la décennie
actuelle, ce sont celles dont le succès a été le
plus enthousiaste et s'est le mieux exprimé. Mathématicien et philosophe, C. Muses
U n e des caractéristiques de « Star Trek » est docteur de l'Université Columbia.
était la description très fréquente d'expériences Il a publié diverses études sur l'algèbre
de télépathie et de psychokinésie. supérieure, la physique moderne, la
N o u s entrons aussi dans une nouvelle ère cybernétique et le temps et la conscience.
de la science, une ère dans laquelle la dimension
Il a travaillé avec Norbert Wiener
psi et le potentiel de la conscience humaine
et Warren McCulloch, aujourd'hui décédés,
commencent à être reconnus. A u cours de
et a publié des études sur Jacob Boehme,
l'histoire, la science officielle a dû plus d'une
fois avaler des couleuvres, annonçant le Schopenhauer et le zen Lanka vatara Sutra.
reniement embarrassant de décrets antérieurs. De 1968 à 1973, il a été rédacteur
En 1878, une commission scientifique britan- en chef du nouveau Journal for the study
nique, qui faisait rapport au Parlement sur of consciousness. En outre, il est membre du
l'invention de la lampe à incandescence, comité de rédaction des revues scientifiques
déclarait que la nouvelle invention « ne méritait Kybernetes et International Journal of
pas l'attention d ' h o m m e s à l'esprit pratique Bio-médical Computing. On peut se mettre
ou scientifique. Il est impossible (ajoutait-elle) en rapport avec lui en lui écrivant
d'adapter l'éclairage électrique aux foyers à la rédaction de cette revue :
domestiques. Toute tentative dans ce sens 844 San Ysidro Lane, Santa Barbara,
serait vaine, car elle ferait fi des lois de Calif. 93108 (États-Unis d'Amérique).
l'univers. Les h o m m e s de science les plus
éminents sont d'accord sur cela ».
Les véritables lois de l'univers semblent BIBLIOGRAPHIE
singulièrement indifférentes à ce que les
h o m m e s - h o m m e s éminents mais incompé- 1. M U S E S , C . Trance-induction techniques in
ancient Egypt. Dans : C . M U S E S et A . Y O U N G
tents, ou autres - estiment qu'elles devraient (dir. publ.). Consciousness and reality. N e w York,
être. Puisse-t-il en être de m ê m e des critiques Dutton, 1972; Avon, 1974.
formulées dans le passé quant à la viabilité 2. . The necessity for hypernumber algrebras
du facteur psi. Et je n'ai pas parlé de la consé- beyond y/—^ in quantum physics. Journal
quence la plus importante de son existence, for the study of consciousness, vol. 5, n° 1,1972,
à savoir que l'indépendance de la conscience p. 85.
et de la matière signifierait aussi la survie de 3. . Hypernumbers and their spaces. Journal
l'individu après la désagrégation de son for the study of consciousness, vol. 5, n° 2.
corps. C'est un vaste sujet que je laisse de 1972, p. 251.

côté pour une autre occasion. 4. D E M Y S , K. Consciousness-matter quantum


theory. Journal for the study of consciousness.
vol. 5, n° 2, 1972, p. 239.
5. M U S È 3 , C . Cybernetics today and tomorrow.
Kybernetes. vol. 2, 1973, p. 43.
6. . Fractional dimensions and their experiential
meaning. Journal for the study of consciousness.
vol. 5, n» 2, 1972, p. 315.
7. C O O P E R , L.; E R I C K S O N , M . Time distorsion in
hypnosis. Baltimore, Williams and Wilkins, 1959.
8. M U S E S , C . Trance states, precognition,
and the nature of time. Journal for the study
of consciousness, vol. 5, n° 1, 1972, p. 77.
9. T O M P K I N S , P.; BIRD, C . The secret life of plants.
N e w York, Harper and R o w , 1973.
10. P A U L , A . Fire-walking in Ceylon : an eyewitness
report. Dans : C . M U S E S et A . Y O U N G (dir. publ.).
Consciousness and reality. N e w York,
Dutton, 1972; Avon, 1974.

328 C . Muses
Biogravitation et psychotronique
Aleksandr P. Doubrov

L'analyse de nombreux travaux expérimentaux et théoriques dans le domaine de la


biologie, de la physique et de la psychotronique a permis d'arriver à la conclusion
que, lors des modifications de conformation des macromolécules biologiques, il se
forme un type particulier de champ, appelé biogravitation. Des forces d'attraction
ou de répulsion, dont l'action s'exerce aussi bien à courte distance qu'à longue
distance, apparaissent au cours de la formation de ce champ. En même temps, il
y a émission de diverses sortes de particules et d'énergie allant des ondes lumi-
neuses aux ondes ultra-sonores. Le fait que les molécules protéiques peuvent passer
de l'état liquide non ordonné à l'état cristallin solide est à la base de ce champ
biogravitationnel. La déformation des structures et la courbure du micro-espace qui
accompagnent ce phénomène à l'échelle submoléculaire créent un champ biologique
particulier doué des propriétés particulières de la gravitation. La reconnaissance de
l'existence de la biogravitation pourrait être de la plus grande utilité pour le dévelop
pement des diverses branches de la science contemporaine.

Dans la mesure où il y a réflexion, la Le progrès scientifique et technique s'est


science naturelle évolue sous forme étendu à tous les domaines de la connaissance
¿'hypothèse. S'il fallait attendre pour
établir une loi qu'ells se présente sous et à toutes les sphères d'intérêt de la société.
une forme pure, il faudrait suspendre Il a porté sur les diverses branches aussi bien
jusqu'à ce m o m e n t l'investigation raisonnée. de la biologie que de la biophysique et d e la
ce qui rendrait la loi impossible.
physique quantique. Mais il convient de noter
Friedrich Engels 1
une particularité d e ce développement : les
Le progrès scientifique et technique élargit idées scientifiques nouvelles, révolutionnaires,
à l'infini les limites de nos connaissances et sont en opposition et en contradiction avec
il a déjà dépassé largement les anticipations les conceptions classiques, familières, tradi-
les plus audacieuses du passé avec le lance- tionnelles, solidement ancrées, qui ont cours
ment du premier satellite artificiel, le premier dans ces domaines de la connaissance.
vol humain dans l'espace extraterrestre, le Par exemple, un biophysicien spécialiste d e
débarquement d ' h o m m e s sur la Lune, le thermodynamique biologique attire l'attention
lancement de sondes automatiques vers Mars, sur le fait que la célèbre deuxième loi de la
Vénus, Jupiter et des laboratoires spatiaux.
O n sait à quel point ces exploitations scienti- 1. Dialectique de la nature. Dans : K. M A R X et F. E N G E L S .
fiques ont frappé les imaginations. Œuvres complètes (2 e éd.), vol. 20, M o s c o u , 1 9 6 1 .

Impact : science et société, vol. XXIV (1974). n° 4 329


thermodynamique, considérée incontestable- sont inexplicables dans le cadre des concep-
ment c o m m e l'une des pierres angulaires tions traditionnelles d e la physique, de la
de la science, est en fait inapplicable aux chimie, de la biologie et de la psychologie.
processus de transformation de l'énergie qui L'article du professeur D . Ellis intitulé « The
interviennent non seulement dans la cellule chemistry of psi » en est la meilleure illus-
vivante, mais aussi dans le fonctionnement tration [5].
de la macromolécule biologique [I]1. U n Dans la présente étude, nous allons examiner
biologiste bien connu a démontré que des en détail le rôle possible des protons et des
réactions d e transmutation naturelle des électrons, des effets de la mécanique quantique
éléments en dehors de la série.radio-active, et du principe de l'indétermination des phéno-
c'est-à-dire des réactions qui, jusqu'ici, étaient m è n e s psi; mais l'essence m ê m e d e ces
considérées c o m m e ne se produisant qu'à phénomènes reste inconnue. U n e approche
l'intérieur des réacteurs nucléaires, peuvent fondamentalement nouvelle des faits s'impose
avoir lieu dans les organismes vivants [2]. et cette approche, c'est, croyons-nous, l'hypo-
O n pourrait citer bien d'autres exemples de thèse que nous avançons sur la biogravi-
travaux de ce genre. tation [6].
U n e caractéristique du progrès scientifique Selon notre hypothèse, il existe dans les
et technique est de marquer une rupture nette organismes vivants, notamment chez l ' h o m m e ,
par rapport aux idées et aux lois scientifiques un « c h a m p biogravitationnel » particulier.
antérieures, ce qui exerce inévitablement une Pourquoi ce terme de c h a m p biogravitation-
influence positive sur le développement de nel? Parce que ses propriétés sont à certains
la société. Cela s'explique aisément par le égards liées à celles de la matière vivante et,
matérialisme dialectique, en particulier par la à d'autres, à celles d'un c h a m p gravitationnel.
loi de la « négation de la négation »; le nouveau Le terme de biogravitation évoque un sys-
naît de l'ancien, prend ses racines dans les tème champ-énergie. Le c h a m p biogravita-
profondeurs et sur la base de l'ancien, qu'il tionnel est doué d'une convertibilité univer-
remplace. Puis il finit lui-même par céder la selle, c'est-à-dire qu'il peut passer par toutes
place à quelque chose de nouveau encore, les formes du c h a m p et de l'énergie. C'est
qu'il portait en lui. C'est ce qui se passe avec pourquoi il faut élaborer spécialement pour
la psychotronique, discipline scientifique n o u - lui une théorie unifiée d u c h a m p . Cette
velle qui étudie les phénomènes physiques et propriété du c h a m p biogravitationnel est attes-
biophysiques particuliers liés à l'activité tée par de nombreux faits signalés dans les
psychique de l ' h o m m e et à l'interaction des ouvrages qui traitent de psychotronique.
divers organismes vivants. Le c h a m p biogravitationnel est donc au
cœur du problème du c h a m p unique, clé de
• U n nouvel aspect d u c h a m p voûte de la physique de l'avenir. Il est évident,
biologique et physique pour le lecteur sans parti pris, que l'ouvrage
publié en 1965 par le professeur K. Stanyou-
O n peut également considérer la psycho- kovitch, physicien soviétique, sur la corrélation
tronique c o m m e une science qui est issue entre la gravitation et les particules élémentaires
logiquement du progrès scientifique et tech- a apporté une contribution fondamentale à
nique et qui a, selon nous, des perspectives l'évolution d e ces idées [7]. O n constate
de développement extrêmement prometteuses. actuellement que cette théorie a condisérable-
Le guide d'études du professeur McConnell [3], ment progressé [8]. Mais o n n e pouvait
destiné essentiellement aux étudiants de naturellement supposer à l'époque que c'était
l'enseignement supérieur, ainsi qu'une biblio- surtout dans la biologie, à partir d e faits
graphie sur ce sujet [4] peuvent être recom- observables également dans la psychotronique,
mandés à ceux qui s'intéressent à ce domaine qu'on pourrait découvrir la véritable solution
de la connaissance. de ce problème.
Quelle 'est la 'spécificité de cette science Pour qu'une hypothèse soit admise et serve
nouvelle? La psychotronique porte en elle de base à une théorie future, il faut qu'elle
la négation des disciplines scientifiques qui s'appuie sur des faits expérimentaux s'inscri-
l'ont engendrée et elle en est le prolongement vant dans le cadre de la théorie nouvelle. Ces
et le développement logiques. Tous les phéno-
m è n e s qui l'intéressent (c'est-à-dire les faits 1. Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie
psychotroniques scientifiquement bien établis). à la fin d e cet article.

330 Aleksandr P. Doubrov


faits ont été trouvés aux divers niveaux d'orga- la biogravitation jouent u n rôle. Citons, à
nisation de la matière vivante, ce qui montre le titre d'exemple, la division d e la cellule
caractère universel du c h a m p que nous avons (mitose). L'une des phases remarquables de
découvert. Ainsi, au niveau d e l'organisme la mitose, c'est la migration des chromosomes
entier, l'existence d u c h a m p biogravitationnel vers les pôles [14],
découle des données suivantes : on a constaté Les recherches minutieuses dont ce phé-
que.le cerveau humain est capable de trans- n o m è n e a fait l'objet n'ont pu jusqu'ici l'ex-
mettre la pensée, quels que soient pratique- pliquer par aucune force physique (électro-
ment la distance et le genre d'écran interposé statique, magnétique, hydrodynamique, ou
[9,10]. O n n'observe cette propriété de trans- réaction [15]). Mais un certain nombre de faits
mission q u e dans le cas d'un c h a m p gra- laissent présumer une action possible des
vitationnel. forces biogravitationnelles dans ce processus.
O n a en outre découvert que l ' h o m m e est Par exemple, o n observe dans la mitose q u e
capable de déplacer, par un effort cérébral par- des chromosomes de taille différente se dépla-
ticulier, n'importe quelle sorte d'objet : c'est le cent à une vitesse égale : ce m o u v e m e n t a
phénomène de la télékinésie [11, 1 2 ] . Les tendance à être rectiligne et uniforme, en se
toutes dernières recherches confirment entiè- ralentissant parfois, mais sans jamais s'accé-
rement la réalité de la télékinésie et approfon- lérer [16], Cette dernière indication semble-
dissent considérablement nos connaissances rait exclure la possibilité d'une influence gra-
dans ce domaine, c o m m e le montrent les vitationnelle sur le mouvement des chromo-
expériences effectuées avec des sujets chez somes. Mais il ne faut pas oublier que le m o u -
lesquels cette forme du c h a m p est développée vement des chromosomes s'effectue grâce à
à un très haut degré (N. Koulaguina, B. E r m o - la liaison du centriole (« pôle » d'attraction)
laiev, T. Dadachev, U. Geller, I. Svan, etc.). O n avec les cinétochores des chromosomes par
sait que cette force qui agit de la m ê m e façon les fibres du fuseau, qui ont des propriétés
sur les objets, quelle qu'en soit la nature, et élastiques particulières. Le fait que la division
qui provoque leur déplacement ne peut être de la cellule s'arrête si une force centrifuge de
que la gravitation. Remarquons qu'à la suite 300 000 à 400 000 g r a m m e s s'exerce dans la.
de recherches expérimentales qu'il a faites sur direction opposée indique bien que, dans ce
la télékinésie, H . Forwald a été a m e n é à pen- cas, on a affaire à des forces de gravitation
ser que la gravitation jouait peut-être un rôle dans la cellule vivante [16].
dans ces phénomènes £13]. Mais il ne soup- D'autres particularités de la division de la
çonnait pas que les forces biogravitationnelles cellule méritent également de retenir notre
humaines intervenaient dans ce processus et attention. En m ê m e temps que se forme un
il pensait que l'énergie nécessaire était libérée appareil mitotique d'un type particulier ayant
de la masse de l'objet d'expérimentation par une structure cristalline rigoureusement ordon-
un effet psychocinétique de déclenchement. née, on observe dans la cellule en voie de
Toutefois, pour être juste, il faut dire que c'est, division une émission de divers photons, aussi
malgré tout, H . Forwald qui s'est rapproché le bien dans la bande de l'ultraviolet que dans
plus d'une interprétation correcte des phéno- la partie visible du spectre [17, 1 8 ] . Il a été
mènes psi et qui a effectué les premières observé récemment que, pendant la mitose,
mesures quantitatives rigoureuses dans le apparaissent des oscillations ultra-sonores
domaine de la biogravitation, bien qu'il se soit d'une fréquence de 10« à 1 0 7 H z [19], ainsi
trompé sur le mécanisme m ê m e du p h é n o m è n e . que d'autres formes de l'énergie et du c h a m p .
Ces faits insolites font également présumer
• F o n d e m e n t s biologiques d e la le rôle possible de forces biogravitationnelles
biogravitation dans ce processus, puisque les ondes gravi-
tationnelles peuvent se modifier par quanta
Il a été question plus haut de la biogravitation et prendre d'autres formes du c h a m p et de
au niveau d'un organisme complet. Mais, l'énergie [7, 8 ] . O n a signalé, notamment,
c o m m e nous l'avons indiqué, ce c h a m p est qu'il était possible de détecter les ondes gra-
universel. C'est pourquoi o n peut également vitationnelles par les ondes sonores produites
recueillir sur la biogravitation des données au cours du processus de diffusion des p h o -
dans toute l'échelle biologique. Ainsi, au tons. C e rayonnement, dit photogravitation-
niveau de la cellule, il existe une série de pro- nel, caractérise l'émission par une source quel-
cessus où l'on peut supposer que les forces de conque d'ondes gravitationnelles [20]. U n ;

Biogravitation et psychotronique 331


phénomène intéressant a été observé au cours supposer qu'une théorie générale du c h a m p
de recherches : quand une source d e lumière pourra être établie à partir des propriétés par-
cohérente (laser) est dirigée vers un cristal ticulières découvertes lors de l'étude d e la
semi-conducteur, les ondes ultra-sonores pro- biogravitation. Les particularités qualitative-
duites provoquent l'apparition d'ondes gravi- ment nouvelles d e la biogravitation, par rap-
tationnelles d'une intensité de 10 2 3 supérieure port à celles de la gravitation, posent un grand
à celle qu'on obtient avec le résonateur d u nombre de problèmes nouveaux et impor-
professeur J. W e b e r et de 10 4 ° supérieure à tants q u e nous allons maintenant examiner
celle qu'on obtient avec la tige rotative envi- (voir l'encadré, ci-après).
sagée par A . Einstein [21]. En conséquence,
c o m m e ces effets peuvent être à la base d'un • La biogravitation et la science
rayonnement gravitationnel dans la cellule, on contemporaine
ne peut les négliger, d'autant qu'il parait tout
à fait possible que les structures biocristallines Les difficultés actuelles de l'étude de la bio-
des cellules vivantes présentent des propriétés gravitation viennent du fait qu'on voit bien
semi-conductrices [22], Il existe bon nombre c o m m e n t la biogravitation se manifeste, mais
d'autres exemples au niveau de la cellule qu'on ne dispose pas d'appareils sûrs pour la
(contraction musculaire, transmission de l'in- mesurer et que ceux-ci doivent être conçus
flux nerveux), et au niveau d e l'organisme selon des principes nouveaux. Les efforts des
entier (photographie psi, lévitation), qui indi- physiciens dans le domaine de la psychotro-
quent que la biogravitation intervient et joue nique devraient porter sur la mise au point
un rôle dans ces phénomènes. d'un tel appareil. Il s'agit là d'une opération
Indiquons ici, ne serait-ce que succincte- très complexe, car la biogravitation a des pro-
ment, les propriétés des forces biogravitation- priétés qui sont contradictoires et s'excluent
nelles. mutuellement, par exemple l'action à courte
1. Elles peuvent agir à courte c o m m e à longue distance et l'action à longue distance, l'attrac-
distance. tion et la répulsion. Il n'en est pas moins
2 . Elles peuvent être orientées et focalisées. nécessaire de mettre au point un appareil per-
3 . Elles peuvent avoir un signe positif ou un mettant de mesurer cette forme d'énergie, qui
. signe négatif (donc provoquer soit l'attrac- n'a pas encore été étudiée selon les méthodes
tion, soit la répulsion). scientifiques modernes. Il y a des raisons de
4 . Elles peuvent transmettre l'information. penser qu'un appareil de ce genre pourrait
5. Elles peuvent transformer l'énergie d'un être mis au point sur le principe des détecteurs
c h a m p en matière pondérable. à piézocristaux [6].
6. Le c h a m p qui leur est associé peut persis- Quel que soit le mécanisme de formation
ter après que la source qui les a engendrées d'un c h a m p biogravitationnel, il s'agit d'un
a disparu. phénomène réel et les forces qui s'exercent à
7 . Elles peuvent prendre toutes les formes cette occasion peuvent être rigoureusement
possibles du c h a m p et de l'énergie. évaluées et calculées, mais, si l'on veut faire
8 . Elles sont étroitement liées au changement des progrès dans cette voie, il va de soi que
des groupes d e symétrie et à la courbure la société doit s'intéresser aux travaux d e
de l'espace au niveau submoléculaire des recherche et les subventionner.
structures biologiques. N o u s espérons ainsi que, dans un proche
O n voit ainsi qu'outre les propriétés générales avenir, l'idée d u c h a m p biogravitationnel, pro-
des champs gravitationnels qu'étudie la phy- priété intégrante des organismes vivants, sera
sique de la matière non vivante, la biogravita- unanimement reconnue, ce qui conduira à une
tion possède des propriétés qualitativement révision des conceptions de base dans les
nouvelles, et c'est apparemment là qu'est la divers domaines de la science. U n e telle évo-
différence entre la matière vivante et la matière lution sera favorisée par : a) des expériences
non vivante. réalisées scientifiquement où le sujet (c'est-
N o u s n'avons jusqu'ici examiné cette hypo- à-dire quelqu'un ayant des aptitudes extraor-
thèse sur la biogravitation que du point de vue dinaires, c o m m e Koulaguina, Ermolaiev, Geller
qualitatif, car il n'existe pas encore de mesures ou Pavlita, capable de produire n'importe quel
quantitatives effectuées avec assez de rigueur effet psychotronique) infléchira la trajectoire
pour servir de base à l'édification d'une théo- d'un rayonnement, diminuera ou augmentera
rie suffisamment élaborée. O n peut seulement le poids d'un objet, produira l'effet Mõssbauer;

332 Aleksandr P . Doubrov


Le mécanisme de la formation du champ
biogravitationnel

Il est impossible de comprendre à partir / = rwa = 1 g - 1 0 - 8 a c m a = 1 0 - " g c m a


de la biologie et de la physique et la fréquence circulaire à
traditionnelles contemporaines le phénomène „ , „ 1 8 4 0 - 1 0 2 cm/sec.
de la biogravitation dans l'organisme vivant. m = 2rzf = 2TT . . . . - , = 1,8-101» H z .
Certaines données permettent 2TT1 - 0 - 1 0 ~ 9 c m
de supposer qu'un c h a m p biogravitationnel O n peut évaluer la puissance
se forme à la suite de changements de l'onde gravitationnelle à partir
de conformation structurale des protéines de la formule proposée dans l'article
provoqués par les transformations de Braginskij [23] :
qui se produisent dans les molécules /' = /a<u21,73-10-68 W =
des polypeptides. Ces changements 1 0 - " g c m a . 1 , 8 - 1 0 1 3 Hz-1,73-10-«« W »
de conformation produisent un état 10 -is w
cristallin structuré et rigoureusement ordonné Pour évaluer le niveau minimal d'un signal reçu,
dans les molécules protéiques hydratées nous utiliserons le calcul proposé
et leurs oscillations sont synchronisées, par le m ê m e auteur :
"min * ~t TT-
ce qui provoque l'établissement
-1)
T(/7
d'une situation physique qualitativement
où k = Constante de Boltzmann
nouvelle ayant un effet sur les groupes
T = Température absolue
de symétrie des atomes et sur la nature
n = N o m b r e de mesures
de l'espace submoléculaire.
/ = Coefficient 2
C'est pourquoi on pourrait tout aussi bien
T = Durée d'accumulation du signal.
(et ce serait correct) appeler
Dans les conditions de la réalité,
le c h a m p biogravitationnel
PmiTt- = 1 0 ~ M W; mais une évaluation
un « c h a m p de conformation »,
plus modérée serait /'min- = 1 0 _ M W.
les ondes qui se forment, des « ondes
ce qui correspond à une durée d'accumulation
de conformation », et les particules
de 2 heures et est nettement inférieur
ondulatoires, des « conformons ».
à la puissance de l'onde gravitationnelle
Mais là s'arrête la ressemblance
calculée (10- 18 W).
avec les conceptions traditionnelles
O n peut donc en déduire que l'organisme
du dualisme ondes-particules,
vivant peut assurer une fonction
car les propriétés susmentionnées
de récepteur et d'émetteur d'ondes
du c h a m p de conformation
gravitationnelles sur des distances
entrent également en jeu.
considérables, puisque la réserve
Si l'on analyse les phénomènes psi 10-18
en employant les méthodes de calcul de puissance est Px = i n _ M = 10 5 ,
classiques, on peut formuler les hypothèses et m ê m e 10 10
ci-après sur le mécanisme du phénomène. en calculant plus largement.
Pour un c h a m p biogravitationnel variable, C e mécanisme est possible, car, dans la cellule,
on peut, selon V . Bounine, admettre que le les molécules protéiques,
rayonnement gravitationnel ainsi que la couche d'eau intracellulaire
est déterminé par les rotations environnante peuvent se trouver
ou les oscillations en phase des électrons dans un état oscillatoire cohérent
ou des atomes d'hydrogène à haute fréquence [24].
dans les molécules d'eau. Évaluons Il convient de remarquer,
le rayonnement gravitationnel possible en ce qui concerne les particules
dans ce cas. Si l'on prend 1 g r a m m e
d'hydrogène (soit 9 grammes d'eau), 1 . Les lecteurs qui contestent ces quantités et leurs inter-
la vitesse m o y e n n e 1 au carré des atomes prétations sont invités à se mettre directement en rapport
avec l'auteur [N.d.l.r.].
d'hydrogène est de 1 8 4 0 m / s e c . à 0 °C,
le m o m e n t cinétique est égal à

Biogravitation et psychotronique 333


en rotation, que le rayonnement gravitationnel augmentent alors considérablement.
a été étudié dans plusieurs ouvrages. Il est possible également q u e ,
Cette question a été examinée, par exemple, lors des modifications de conformation,
par les méthodes de la théorie quantique il se produise temporairement et localement
en ce qui concerne l'approche dans la cellule une accumulation importante
d'un c h a m p gravitationnel faible de particules élémentaires
dans le cas du rayonnement gravitationnel et que les effets cumulatifs
d'une particule en mouvement circulaire se manifestent dans les structures
dans un synchrotron [25]. cristallisées sous la forme d ' u n c h a m p
C e qui nous parait le plus intéressant biogravitationnel constant. Peut-être
dans cette recherche c'est la conclusion qu'une situation analogue apparaît
des auteurs, à savoir que la plus grande partie à l'échelle microscopique quand les structures
du rayonnement se concentre du cerveau reçoivent un stimulus spécifique
dans une région angulaire restreinte, au cours des phénomènes psychotroniques.
près du plan de rotation de la particule, Mais, c o m m e nous l'avons vu plus haut,
et qu'il est par conséquent orientable. le mécanisme de formation
Le c h a m p constant suit le c h a m p du c h a m p biogravitationnel peut être
variable totalement différent de ce qu'on pourrait
supposer à partir des calculs
D e m ê m e on peut proposer, de la physique classique. Les deux approches
en utilisant les conceptions classiques, ne doivent toutefois pas être considérées
une interprétation du mécanisme c o m m e incompatibles. O n peut, par exemple,
de formation d'un c h a m p biogravitationnel évoquer encore une autre approche
physique du phénomène du c h a m p
constant. Si l'on considère q u e ,
biogravitationnel constant.
au cours des modifications
U n chercheur a exposé les calculs théoriques
de la conformation des molécules protéiques
de la force qui s'exerce sur un corps
lorsque celles-ci passent d'un état
précontraint dans un espace courbe [26].
d'agrégat désordonné à un état cristallin
Ces calculs ont été faits à partir
ordonné, il se produit non seulement d'hypothèses qui sont très importantes
une oscillation en phase des atomes, pour nous - faible diamètre du corps
mais aussi un rapprochement de ceux-ci, soumis aux expériences et faibles vitesses
on peut logiquement s'attendre à voir auxquelles il se déplace.
apparaître un c h a m p biogravitationnel A la suite de ces calculs, l'auteur
constant considérable en raison est parvenu à la conclusion q u e ,
d'une forte augmentation de la densité dans le cas d'un corps précontraint ou
des biostructures à l'échelle microscopique. « autodéformé », la mécanique newtonienne
Il y a lieu de penser que, et la théorie générale de la relativité
dans l'organisme humain, laissent présumer l'existence
des structures spécialisées du cerveau de champs gravitationnels et la possibilité
créent un c h a m p biogravitationnel constant de les détecter.
lorsqu'elles sont fortement excitées L'auteur d'un autre article,
(épiphyse, hypophyse). La possibilité qui expose la tension anormale de surface
d'un tel phénomène est mise en évidence des microstructures dans les systèmes
biologiques [27], montre, sur la base
par le calcul suivant. O n sait que la force
de calculs thermodynamiques,
d'attraction gravitationnelle
que les biocristaux sont des systèmes
de deux masses est inversement
en équilibre métastable qui ont une tension
proportionnelle au carré
de surface négative à l'interface
de leur distance
entre le biocristal et son environnement.
/(mi . mt
Des conditions tout à fait exceptionnelles
En ce qui concerne l'attraction sont observées dans le cas des molécules
de zones de la structure cellulaire de polypeptides qui entrent dans la composition
rapprochées les unes des autres des biocristaux : la chaîne macromoléculaire
(atomes de molécule d'eau, de molécule devient une structure ordonnée
de protéine), les forces gravitationnelles et acquiert une certaine symétrie

334 Aleksandr P. Doubrov


(correspondant au réseau d ' u n cristal systèmes biologiques, u n e modification
de polypeptide), tandis q u e les éléments des groupes d e symétrie,
souples d e remplacement, u n e courbure d e la géométrie d e l'espace
situés latéralement, possèdent à l'échelle moléculaire et, par conséquent,
les propriétés d e molécules dans u n liquide la formation d ' u n c h a m p gravitationnel
et l'entropie élevée d e molécules avec toutes les conséquences
en solution. O n voit par là qui e n découlent sont possibles.
combien la physique des biocristaux Les calculs théoriques viennent d o n c appuyer
et leurs particularités thermodynamiques l'hypothèse q u e nous avançons,
sont complexes; à savoir q u e le c h a m p biogravitationnel
les molécules d e ces biocristaux font partie peut apparaître à la suite des modifications
du réseau d ' u n cristal et possèdent de conformation des molécules protéiques
en m ê m e t e m p s les propriétés soumises à u n e compression,
d e molécules e n solution. Ainsi, dans les à u n e tension o u à u n e déformation.

b) les expériences destinées à mettre e n évi- A' incorrecte. C e s termes ont fait leur apparition
dence la biogravitation à l'échelle cellulaire et à u n e é p o q u e o ù l'on n e connaissait p a s l'im-
subcellulaire qui y contribueront également. rit. portance véritable et la place d e la psychotro-
Examinons brièvement l'importance scien- n- nique d a n s la science m o d e r n e ; ils reflétaient
tifique d e l'hypothèse q u e n o u s émettons sur ;ur alors son caractère limité et son originalité par
la biogravitation. rapport a u x disciplines authentiquement scien-
En psychotronique, discipline qui n o u s inté- :é- tifiques : physique, psychologie, et autres
resse ici directement, d e n o m b r e u x p h é noo-- d o m a i n e s d e la connaissance. Il semblait q u e
é-
m è n e s c o n n u s d a n s ce d o m a i n e , d e la télé- cette discipline particulière était e n m a r g e d e
kinésie à la clairvoyance (que n o u s appelons ns la connaissance scientifique. M a i s au cours d e s
en russe proskopii), trouvent u n e explication on cinquante dernières années, la situation a
rationnelle, car tous ces p h é n o m è n e s sont liés es beaucoup évolué. Aujourd'hui, les plus grands
à l'aptitude d e l ' h o m m e à créer son propre ire savants d u m o n d e ont pris conscience d u fait
c h a m p gravitationnel avec toutes les particula- a- q u e , grâce à u n e accumulation considérable
rités d e ce p h é n o m è n e : courbure d e l'espace, :e, d e faits d o c u m e n t é s , la psychotronique est
transformation possible e n u n espace aux ux u n d o m a i n e entièrement n o u v e a u d u savoir
dimensions différentes, etc. Bien q u e cela >la h u m a i n , u n e science d u c h a m p physique uni-
puisse paraître fantastique, les spécialistes des es fié qui englobe toutes les formes d u c h a m p et
p h é n o m è n e s psi n'auront a u c u n e difficulté à d e l'énergie précédemment connues. La psy-
fournir des exemples à l'appui d e ce point ddee chotronique est u n microcosme des grands
vue. La reconnaissance d e la biogravitation on problèmes d e la physique et d e la biologie, ces
libère la psychotronique d e tout élément inu- u- deux sciences fondamentales qui étudient le
tile et n o n scientifique ainsi q u e d u mysticisme ne m o n d e et façonnent l'idée q u e n o u s n o u s en
et, en fait, une discipline authentiquement mt faisons. La psychotronique ouvre des voies
scientifique/une science d e l'avenir. T o u s les es nouvelles à la science m o d e r n e et détermine
p h é n o m è n e s d e cette branche d e la connais- is- les nouvelles tendances d u d é v e l o p p e m e n t d e
sance qui, jusqu'ici, ont semblé extraordinaires es la science mondiale dans son ensemble,
et surnaturels apparaîtront a u x chercheurs jrs L'évolution d e la psychotronique exercera
c o m m e la manifestation effective d'une pro- o- u n e , influence décisive sur la formation
priété restée jusqu'alors inconnue dans les es d e conceptions et d'idées philosophiques
organismes vivants et chez l ' h o m m e , , forme ne nouvelles concernant l'unité d e la nature,
d'organisation la plus élevée. la différence entre la matière vivante et la
matière n o n vivante, le caractère spécifique
Est-il juste de dire « para » ? d e la pensée et d e la conscience et maints
autres problèmes importants d'épistémologie.
a-
D'ailleurs, l'emploi d e termes tels q u e « para- A cet égard, n o u s s o m m e s heureux q u e d ' é m i -
physique », « parapsychologie », « para- a- nents physiciens d e notre t e m p s manifestent
science » (para = « à côté d e ») m e paraît ait l'intention d e s'intéresser à la mise au point

Biogravitation et psychotronique 3 3 5
d'appareils qui permettraient d'effectuer de naires par leurs effets et leurs possibilités; en
minutieuses recherches dans ce nouveau premier lieu parce que certaines maladies très
domaine de la connaissance [28]. graves c o m m e le psoriasis, la paralysie, l'en-
En biologie, la découverte de cette propriété dartérite et la cataracte se prêtent au traite-
des organismes vivants nous permettra de ment par le c h a m p biogravitationnel et, en
mieux comprendre la relation et l'interaction second lieu, parce que la guérison est extraor-
universelles entre les organismes qui vivent dinairement rapide. La théorie d e la biogravi-
sur la terre ou en dehors d'elle. L'influence des tation ouvre ici des perspectives nouvelles
facteurs cosmiques (planétaires et stellaires) pour comprendre les méthodes de traitement
sur les organismes biologiques sera mise en psychotroniques et leur utilisation pratique,
évidence, car il faudra tenir compte du fait en écartant les idées mystiques et supersti-
que des forces de gravitation peuvent modifier tieuses qui ont fait obstacle jusqu'ici à la
les paramètres du continuum espace-temps de reconnaissance de ces méthodes par la pro-
molécules génétiquement importantes (cour- fession médicale. Toutefois, cette forme nou-
bure de leur micro-espace) et exercer une velle de c h a m p biologique et ses effets sur les
action sur la lecture de cette information dans organismes vivants doivent être étudiées de
l'ontogenèse et la Phylogenese. façon complète et approfondie.
D e plus, la biogravitation permettra d'expli-
quer plus facilement des phénomènes c o m - • L'infini d e la connaissance
plexes, c o m m e les divers rayonnements é m a -
nant des cellules et de l'organisme entier, les L'idée fondamentale sur laquelle repose notre
échanges thermiques, la contraction m u s c u - hypothèse de la biogravitation est que, pour
laire, l'action catalytique des enzymes et, la première fois, il devient possible en physique
notamment, la formation du complexe enzyme- d'observer et d'étudier un phénomène totale-
substrat. En biophysique, l'hypothèse de la ment nouveau : celui des effets relativistes au
biogravitation aidera à trouver une explication niveau des petites masses. En m ê m e temps,
pratique au mécanisme de la contraction m u s - une perspective réelle s'ouvre pour l'étude de
culaire et à la transformation, au cours de ce phénomènes dont on ne faisait que soup-
phénomène, de l'énergie de l'adénosine tri- çonner l'existence dans l'univers, c o m m e
phosphate (ATP) en travail mécanique. Le l'antigravité, l'antimatière, l'annihilation des
mouvement des protéines fibreuses, épaisses particules. La cellule vivante, dont le fonc-
ou minces, et le déplacement caractéristique tionnement repose sur u n mécanisme biogra-
des ponts transversaux qui les relient se pro- vitationnel, dépasse tout ce que les astrophy-
duisent sous l'effet des forces biogravita- siciens ont pu imaginer sur les phénomènes
tionnelles créées par les modifications de la existant dans les lointaines galaxies. L'hypo-
conformation des molécules protéiques. Le thèse que le professeur F. Kahuda a émise
mécanisme de la perméabilité des membranes sur le « temps mental » et la démonstration
biologiques, la transmission de l'influx nerveux qu'il en a apportée corroborent m e s propos[31 ].
et la formation des potentiels biologiques seront Je suis profondément conscient des pos-
peut-être éclairés d'un jour nouveau. sibilités qu'ouvre l'hypothèse de la biogravi-
En psychologie, on aura de nouveaux aper- tation, mais je voudrais néanmoins conclure
çus sur l'un des plus grands secrets de la en citant le grand physicien français Louis de
nature - le fonctionnement du cerveau. Les Broglie : « U n e telle amélioration de nos
processus psychiques, l'activité intégratrice connaissances, qui va en s'accélérant, ne nous
du cerveau, le codage de l'information et les conduit-elle pas à penser que nous décou-
états particuliers de la conscience, tout cela vrirons bientôt tous les secrets du m o n d e
n'est compréhensible que si l'on fait appel à physique? C e serait une grave erreur de le
l'hypothèse de la biogravitation. Les ouvrages penser, car chaque progrès de nos connais-
du professeur V . N . Puskin, psychologue sovié- sances pose plus de problèmes qu'il n'en
tique bien connu qui étudie les problèmes de résout » [32]. Ces mots s'appliquent pleine-
la psychologie contemporaine en recourant à ment à l'hypothèse de la biogravitation. Le
l'hypothèse de la biogravitation [29, 3 0 ] , per- m o n d e est infini et il n'y a pas de limites à nos
mettent de se familiariser de façon plus détail- connaissances.
lée avec cette question.
En médecine, les méthodes de traitement Je voudrais en terminant exprimer m a vive
psychotroniques se sont révélées extraordi- reconnaissance à M . Karl Trincher et à

336 Aleksandr P . Doubrov


M . Valentin Bounine ( U R S S ) , ainsi qu'à BIBLIOGRAPHIE
M . Christopher Bird (États-Unis d'Amérique)
1. T R I N C H E R , K. Die Informationenergetische
pour l'aide exceptionnelle qu'ils m'ont appor- Analyse der Konformationarbeit des
tée dans la mise au point de m o n manuscrit. Haemoglobinmoleküls. First int. Conf. on Chemica
Thermodynamics. Sect. 10, vol. 5, p. 193.
Baden bei Wien, 1973.
2 . K E R V R A N , C . Transmutations à faible énergie
• A . P. Doubrov (naturelles et biologiques). Paris, Librairie
Maloine, 1972.
3 . M c C O N N E L , R . ESP curriculum guide. N e w York,
Simon and Schuster, 1971.
L'auteur est l'un des collaborateurs
4 . N A U M O V , E . ; VILENSKAJA, L. Bibliographies
de l'Institut de physique on parapsychology (psychoernegetics) and related
de la Terre de l'Académie des sciences subjects. Springfield, V a . , Dept. of Commerce,
J P R S 55557, 1972.
de 1'UfíSS. M. Doubrov,
5. ELLIS, D . The chemistry of psi. Parapsychology
gui est biophysicien, effectue actuellement review, n° 6, 1973, p. 5.
des travaux portant sur l'héliobiologie 6. D O U B R O V , A . Biogravitatsiya [Biogravitation].
(influence de l'activité solaire Proceedings of the First International
et du champ magnétique terrestre Conference on Research into the Problems of
Psychotronics. Prague, 1973. 45 p.
sur les organismes vivants). Dans cet article
7 . S T A N Y O U K O V I T C H , K. Gravhatsionnoe pole
il développe les idées qu'il a présentées i elementarnye tchastitsy [Le champ gravitationnel
à Prague, l'année dernière, lors de la et les particules élémentaires]. Moscou,
Conférence internationale Nauka, 1965.
8. ; S O K O L I K , G . A . (dir. publ). Problemy
sur la psychotronique. Il insiste sur le fait
teorii gravHatsii i elementarnykh tchastits
que ce sont ses propres opinions [Problèmes de la théorie de la gravitation et
qu'il exprime dans cet article et que des particules élémentaires], n° 1 - 5 . Atomizdat,
« celles-ci n'impliquent aucune prise 1966.
9. VASILEV, L. Eksperimentalnye issledovaniya
de position de l'institut ».
myslennogo vnucheniya [Expériences sur le
Son adresse : Institut Fiziki Zemli, transfert de la pensée]. Leningrad,
U/itsa Gruzinskaya 10, Moskva 123242 lzd-vo L G U , 1962.
(Union des républiques socialistes 10. D E A N , D . Pletismograph recording as E S P
responses. Inter. J. Neuropsychiatry, vol. 2 ,
soviétiques). n° 5, 1966.
11. G I R D E N , E. A review of psychokinesis (PK).
Psychological bulletin, vol. 59, 1962, p. 353.
12. P R A T T , J.; KEIL, H . J. Firsthand observations of
Nina Kulagina suggestive of P K upon static
objects. J. Amer. Soc. for psychical research,
vol. 67, n° 4 , 1973, p. 3 8 1 .
13. F O R W A L D , H . Mind, matter and gravitation.
1969. (Parapsychological monograph, n" 11.)
1 4 . B A J E R , A . ; M O L E - B A J E R J. Spindle dynamics
and chromosome movements. N e w York, N . Y . ,
Londres : Academic Press, 1972.
15. G R U Z D E V , A . Krititcheskoe rassmotrenie
i nekotorykh gipotez o mekhanizme anafaznogo
dvijeniya khromosom [Examen critique de quelques
hypothèses concernant le mécanisme du
mouvement anaphase des chromosomes].
Citologiya (Leningrad), vol. 14, n"> 2 , 1972, p. 141.
16. M EZIA, D . Mitoz i fiziologiya kletetchnogo
deleniya [Mitose et physiologie de la division
cellulaire]. Moscou, IL. 1963.
17. G U R V I T C H , A . Problema mitogenetitcheskogo
¡zlutcheniya kak aspeckt molekulyarnoi biologii
[Le problème du rayonnement mitogénétique en
tant qu'aspect de la biologie moléculaire].
Leningrad, Medicina, 1968.
18. T A R O U S O V , B . , et al. Sverkhslabce svetchenie
biologitcheskikh sistem [La luminescence
extrafaible des systèmes biologiques]. Moscou,
Izd. M G U , 1967.

Biogravitation et psychotronique 3 3 7
19. M O S O L O V . A . ; K A M E N S K A Y A , V . Vibratçionnye P O U R A P P R O F O N D I R LE SUJET
processy v kletke v period deleniya
[Phénomènes de vibration dans la cellule pendant B E N D E R , H. Unser sechster Sinn. Telepathie Hellsehen
la segmentation]. Radioelektronika, fizika i und Psychokinese in der parapsychologischen
matematika v biologii i medicine
[Radio-électronique, physique et mathématique Forschung. Stuttgart, Deutsche-Verlag Anstalt, 1971,
en biologie et en médecine], p. 166 et 170. B E R E N D T , H . Parapsychologie : Eine Enführung.
Novosibirsk, 1971. Stuttgart, Kohlammer W . Verlag, 1972.
20. KOPVILLEM, U . ; N A G I B A R O V , V. Generatsia D R B A L , K . ; R E J D A K , Z . Perspektivy télépathie
gravitatsionnogo lutcha v nepreryvnom rejime [Perspectives de la télépathie]. Prague, Melantrich,
[Génération d'un rayon gravitationnel en régime
continu]. Zur. teoret. i eksper. Fiziki, vol. 52, 1970.
n« 1,1969, p. 201. K O E S T L E R , A . Les racines du hasard. Paris, Calmann-
21. SEKI, H . , et al. Evaluation of the directivity of Lévy, 1972.
gravitational wave radiation. J. appl. Phys.. vol. 44, R H I N E , J. (dir. publ.). Progress in parapsychology.
n° 5, 1973, p. 2401. Durham, N . C . , Parapsychology Press, 1971.
22. P U L L M A N , A . ; P U L L M A N , B. Quantum T O M P K I N S , P . ; BIRD, C h . The secret life of plants.
biochemistry. The structure of proteins (and their
constituents) and the problem of semiconductivity N e w York, Harper and R o w , 1973.
in biopolymers. Comprehensive biochemistry, Waving goodbye to Weber's waves. Nature, vol. 243,
vol.22, 1967, p. 3 5 . 1973, p. 61.
23. BRAGINSKIJ, V . , eta/. O vozmoznosti postanovski W E B E R , J. Gravitational waves. Essai d'un lauréat du
laboratornyh opytov po izmereniju skorosti prix de la Gravity Research Foundation. N e w Boston,
rasprostranenija gravitacionnogo
vzaimodejstvija [De la possibilité de mesurer N . H . , 1959.
en laboratoire la vitesse de diffusion de —. Phys. rev. lett.. vol. 18, 1967, p. 4 9 8 .
l'interaction gravitationnelle]. Zur teoret. i eksper. —. Phys. rev. lett.. vol. 22, 1969, p. 1320.
Fiziki, vol. 38, n» 3, 1960. —. Nature, vol. 240, 1972, p. 28.
24. T R I N C H E R , K . ; D U D 0 L A D 0 V , A . Spin-lattice Z I N C E N K O , V., et al. Parapsihologija :fikcija ili real'nost' 7
interaction of water and protein membranes in [Parapsychologie : réalité ou fiction?]. Voprozy
cell metabolism. J. theoret. Biol., vol. 34, filosofii (Moscou), n» 9, 1973, p. 128.
1972, p. 557.
2 5 . KHALILOV, V . , eí al. Gravitational radiation
of relativistic particle moving along a circle.
Phys. Letters, A . 44, n» 3 , 1973, p. 217.
26. P E C H L A N ER, E. The force on a prestrassed body
in a curved space. J. physics a. math. Nucl.
and Gen., vol. 6, n» 5, 1973, p. 624.
2 7 . P O L T O R A K , O . Otricatel'noe poverhnostnoe
natjazenie kak faktor stabilizacii biologiceskih
struktur [L'existence d'une tension de surface
négative, facteur de stabilisation des structures
biologiques]. Zur. fiziceskoj himii, vol. 36,
n» 12, 1962, p. 2777.
28. J U N G E R M A N , J. A nuclearphysicist looks at
psychotronics. / Kon. o vyzkumu psychotroniky
(Prague), vol. 1, 1973, p. 17.
29. PUSKIN, V . N . Autogravitacij'a [L'autogravitation].
Socialisticeska/a industri/a. Moscou,
9 septembre 1973.
30. . Psihologija i obscaja teorija otnositel'nosti
[La psychologie et la théorie générale de la
relativité]. Idei tocnyh nauk, n° 3, 1974.
31. K A H U D A , F. Nova metoda mereni mentálni
zralosti cloveka [La mesure de l'âge mental :
une nouvelle méthode]. Sbornik vedeckych praci
ûstavu sociá/niho vyzkumu màldeze a vychovneho
poradenstvi. Prague, Univ. Karlova, 1972.
32. D E BROGLIE, L. Sur les sentiers de la science,
p. 181. Paris, Albin Michel, 1960.

338 Aleksandr P. Doubrov


Le mécanisme de la manifestation
de l'aptitude psi
Hiroshi Motoyama

La faculté que possèdent certaines personnes, ou plus précisément leur système


nerveux, d'exercer ce qu'on appelle l'aptitude psi fait l'objet d'un certain nombre
de tests et de mesures au moyen de dispositifs électriques. Dans cet article son
relatées quelques expériences récentes réalisées à Tokyo, qui peuvent aider à
expliquer le mécanisme par lequel l'aptitude psi se manifeste.

A u cours des années trente, les chercheurs autonome 1 peut varier considérablement. L'an-
Rhine,- Pratt, Thouless, Bender et Tenhaef... tagonisme, par exemple, entre les fonctions
vérifièrent expérimentalement l'existence d e - sympathiques et parasympathiques de ce sys-
« l'aptitude psi » par des tests de perception tème est très étendu par rapport à celui d'une
extra-sensorielle (PES) et de psychokinésie personne ordinaire. Dans la figure 1, nous
(PK). Mais ils ne sont pas passés à l'étape sui- avons (de haut en bas) l'enregistrement des
vante de la recherche, celle qui consiste à variations du volume de différentes parties du
• élucider le mécanisme par lequel l'aptitude corps ou Plethysmogramme, du rythme respi-
psi se manifeste. Je vais essayer ici de résumer ratoire et de la résistance galvanique de la
m e s propres travaux pour déterminer la nature peau ( R G P ) chez un sujet ordinaire, tandis
de ce mécanisme. que la figure 2 donne les enregistrements cor-
Je trouve que le yoga, que j'ai pratiqué pen- . respondants dans le cas d'un yogi.
dant plus de vingt-cinq ans, et le zazen (médi- En comparant ces deux illustrations, il
tation assise) sont d'excellents moyens d'éveil- apparaît nettement que dans le cas d'un sujet
ler l'aptitude psi et les phénomènes para- ordinaire, le tracé du Plethysmogramme suit
normaux et d'en démontrer l'existence. En fait, une ligne essentiellement plane; chez le
je m e suis rendu compte que les fonctions. - yogi, cette ligne suit des ondulations régu-
corporelles vivantes (notamment la fonction lières. Cela signifie que, dans le premier cas,
nerveuse autonome) des yogis qui manifestent la quantité de sang dans les doigts est presque
l'aptitude psi sont très différentes de celles toujours constante, tandis que chez le yogi
des personnes ordinaires. Par exemple, cer- cette quantité change suivant un rythme régu-
tains yogis ont la maîtrise de leur activité lier au cours de l'expérience.
cardiaque et de leur rythme respiratoire. Le Si vous avez déjà eu l'occasion de suivre
directeur du Lanawara Yoga Institute de des cours de secourisme, vous vous souvenez
l'Inde, qui est docteur en médecine, a publié probablement que le rythme respiratoire chez
l'électrocardiogramme, avec les données con- les personnes normales est de 16,8 par minute.
nexes, d'un yogi capable d'arrêter à volonté
les battements de son coeur pendant environ
cinq secondes. 1. Partie de notre système nerveux qui règle les fonctions
organiques non soumises â la volonté consciente :
Chez la personne « psychique » l'activité battements du cœur, dilatation des pupilles, mouvements
des organes internes ou du système nerveux intestinaux, etc. [N.d.l.r.].

mpact : science et société, vol. XXIV (1974), n° 4 339


*V I - I I I i I I I Ij'l I I I I I I I I 1 I I I I I I I I I I I I I I I I ! I I I I I I I I I I I \ ¿ I I I I I I I fr'l

y^mmA\wi^^!M0^M

AAAAAAA-VAAAA^A AA/ 1

<r^
1 y

Fig. 1. Enregistrements, dans le cas d'une personne ordinaire, du Plethysmogramme (tracé supé-
rieur), du rythme respiratoire (tracé du milieu), et de la résistance galvanique de la peau (tracé
R G P inférieur).

A<<%y%Ay^
« 4>— ' • U i <wf il. I W l »>M . - —if . • - . *."

^vMMJ\^\^---^^v^vA-vv , *^^

Fig. 2. Tracés comparables à celui de la figure 1 pour un yogi.

Or un yogi peut faire passer son rythme respi- pas dans le tracé d'un individu ordinaire, elle
ratoire de moins d e 1 6 par minute jusqu'à apparaît souvent dans celui du yogi; cela
3 0 à 4 0 toutes les dix secondes en pratiquant signifie simplement q u e les nerfs sympathi-
un exercice d e respiration appelé bastrica. ques du yogi sont excités.
Si u n sujet ordinaire essayait de pratiquer une Il ressort d e ces premières figures q u e le
respiration aussi rapide, il perdrait connais- yogi, en exerçant l'aptitude psi, peut soumettre
sance parce q u e l'inspiration d'une quantité à sa volonté ses organes internes et ses fonc-
accrue d'oxygène provoquerait une grave dimi- tions nerveuses autonomes, tandis q u e chez
nution de la pression interne des ventricules une personne ordinaire, ces systèmes restent
du cerveau. Et bien que la R G P n'apparaît « inconscients » ou échappent à la volonté

340 Hiroshi M o t o y a m a
consciente. En outre, la marge d'activité du corps matériel en brisant la coquille de la
système nerveux autonome est considérable personnalité, coquille dont l'existence dépend
quand on compare le yogi à un individu ordi- du corps physique. D e ce fait, un yogi est
naire. Selon la doctrine du yoga, l'explication capable d'avoir un c h a m p d'activité mentale
de ces phénomènes est la suivante : le yogi plus profond et plus large q u e les autres
peut soumettre à sa volonté chacun de ses h o m m e s . Le fonctionnement de son esprit -
organes internes parce qu'il s'est libéré, par la qui manifeste l'aptitude psi - n'est pas de
concentration mentale, de l'asservissement au nature physique : il est d'ordre non physique

i i il il i i n M p i D M 111 i i H i n i ¡i ¡i 11 i n 11 vi\n i n ' i ' 11111 ' i i n n 11 niii11 it

Fig. 3. De haut en bas, enregistrements du Plethysmogramme, du rythme respiratoire et de la


résistance galvanique de la peau chez une personne ordinaire occupant la pièce « blindée », avant
la période de concentration mentale de la personne psychique (voir le texte).

Fig. 4. Tracés comparables à ceux de la figure 3 après que la période de concentration mentale
de la personne psychique a commencé.

Le mécanisme de la manifestation de l'aptitude psi 341


et peut influencer directement le fonction»
nement du corps physique d'une autre per-
sonne. - • •

• Les effets d e la concentration mentale

En vue de confirmer expérimentalement ce


phénomène, j'ai placé une personne douée
d'aptitude psi et une personne ordinaire dans
deux enceintes séparées par un m u r de béton
chemisé de plomb. Puis j'ai demandé au sujet
possédant l'aptitude psi de concentrer son
esprit sur l'autre sujet pendant q u e j'effec-
tuais diverses investigations et procédais à des
mesures pour déterminer si les fonctions corpo-
relles de la seconde personne (ordinaire)
avaient subi des changements pendant la
concentration du sujet psychique.
, Des figures 3 et 4 , il ressort clairement que
des modifications remarquables par rapport Fig. 5. Disposition des tchakra sur l'axe lon-
aux conditions initiales se sont produites au gitudinal du corps humain.
cours de l'expérience dans le pouls et le
rythme respiratoire de la personne ordinaire.
Puisque la séparation des deux enceintes de ces tchakra et de ces méridiens par une
empêchait tout échange d'énergie physique, série d'expériences physiologiques où je
j'ai conclu q u e l'aptitude psi, cause de ces recourais à un électro-encéphalogramme [1,
modifications, est essentiellement de nature 2] ". Cette énergie psi non physique, dont
non physique. j'ai déjà parlé, rayonne des tchakra éveillés
L'explication de cette énergie n o n physique, et des points méridiens situés aux bouts des
selon la doctrine du yoga, est la suivante : doigts et des orteils; elle peut exercer une
quand l'esprit se libère du m o n d e physique forte influence sur le corps d'une autre per-
par •• un procédé de concentration mentale sonne.
profonde qui lui permet de détacher ses liens Pour vérifier si une forme d'énergie é m a n e
avec le corps humain, cette énergie non physique en fait des points méridiens et des tchakra,
(ou prana) émanant de l'univers est absorbée j'ai imaginé et construit un instrument capable
par un o u plusieurs tchakra et entraîne cer- d e mesurer le potentiel électrique (voltage)
taines transformations dans le corps. U n et le courant à chacun des points situés le
tchakra est un centre dans un corps subtil, long des méridiens. Avec cette machine, j'ai
une entité dimensionnelle plus haute et devient réalisé une série de tests entre un agent et
exceptionnellement visible sous la forme d'un une personne réceptrice. En reliant les élec-
cercle de lumière ou d'une aura. Les tchakra trodes aux points méridiens des doigts des
qui sont situés le long de la moelle épinière mains de l'agent (c'est-à-dire l'émetteur, la
dans le tronc, dans le front, au-dessus et personne psychique) et de la personne récep-
entre les yeux et au s o m m e t de la tête c o m - trice, j'ai mesuré les valeurs du courant dans
mandent les organes internes correspondants deux séries de tests, en effectuant cinq
et les plexus nerveux d e l'intérieur du corps mesures pour chacune, ces personnes étant
(voir la figure 5 ) . en état de repos. J'ai appelé cette série d'expé-
D'une part cette énergie est acheminée à riences C 5 / C 5 , ou contrôle cinq/contrôle
travers la colonne vertébrale et est transformée cinq.
en influx nerveux; d'autre part, elle arrive sous Les mesures initiales de la série suivante de
forme de ki (force vitale) jusqu'aux méridiens
de l'acupuncture K Ces deux formes d'énergies
se répartissent ainsi dans toutes les parties 1. Voir R . M E L Z A C K , « C o m m e n t l'acupuncture permet
du corps, qu'elles animent, maintenant ainsi de supprimer la douleur », Impact : science et société.
vol. XXIII, n ° 1 , 1973. p. 6 7 .
le corps en vie. 2 . Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie
J'ai prouvé m o i - m ê m e l'existence effective à la fin de l'article.

342 Hiroshi Motoyama


tests ( C 5 / E 5 , ou contrôle cinq/expérience ' équipée'au plafond et sur le plancher d e pla-
cinq) ont aussi été faites en état de repos. ques de cuivre jouant le rôle d'électrodes
Puis, pendant les cinq mesures suivantes, (40 x 4 0 c m ) et de quatre autres de ces
l'agent s'est concentré intensément en e n - plaques-électrodes (20 * 4 0 c m ) montées
voyant son énergie (ou sa force) de certains sur chacune des faces internes et isolées d'un
tchakra ou d e points méridiens vers la personne cadre carré suspendu à quatre poulies par
réceptrice. Ensuite un test, appelé « test T », un système de cordes; ce cadre pouvait ainsi
fut effectué sur chaque point méridien afin monter ou descendre à l'intérieur de la cabine.
de comparer la m o y e n n e de la première série L'ensemble ressemble un peu à une cabine
(cinq tests) à celle de la seconde (cinq tests) téléphonique.
dans les conditions C 5 / C 5 et C 5 / E 5 . Dans la Afin d'effectuer des mesures de la plus
série C 5 / C 5 , des variations significatives ont grande précision, cette cabine a été placée à
été constatées pour presque tous les points l'intérieur d'une enceinte mise à la terre et
méridiens mesurés chez la personne récep- chemisée de plomb pour assurer le m a x i m u m
trice. Cependant, dans les mesures C 5 / E 5 , de protection-contre toute interférence élec-
au m o m e n t où l'agent envoyait l'énergie de tromagnétique étrangère. Le principe de base
ses tchakra ou de ses points méridiens vers de l'utilisation du système d'électrodes était
la personne réceptrice, la grande variation qu'en disposant les quatre plaques de cuivre
constatée pendant les tests C 5 / C 5 disparut mobiles vis-à-vis de l'un quelconque des tcha-
à la fois chez l'agent et chez la personne kra du sujet se trouvant debout à l'intérieur de
réceptrice. A la différence des mesures prises la cabine, l'énergie émanant d'un tchakra
pendant la série C 5 / C 5 , celles de la série donné serait décelée par une légère variation
C 5 / E 5 accusaient une diminution remarquable du c h a m p électromagnétique traversant le plan
du nombre des méridiens qui indiquaient des des plaques-électrodes; amplifiée, cette varia-
changements importants chez la personne tion pourrait être enregistrée par un enregis-
réceptrice. Ces expériences permettent d e treur à bande de haute sensibilité. Il était
conclure que l'énergie ou la force émise des indispensable, pendant le test, qu'il n'y ait
points méridiens ou des tchakra de l'agent aucun contact entre le sujet et la plaque-
peuvent causer un changement dans les fonc- électrode; car alors, le préamplificateur aurait
tions organiques de la personne réceptrice. été mis hors d'usage. Des données ont été
obtenues dans les cas : a) où la cabine était
• M e s u r e d e l'énergie vitale vide; b) où une personne ordinaire servait de
sujet; c) où le sujet était une personne douée
L'émanation d'une forme d'énergie (peut-être de l'aptitude psi. Les variations des enregis-
identique à ce que j'ai mesuré) à partir du trements du potentiel électrique émanant du
bout des doigts, a été confirmée expérimen- s o m m e t du crâne, du front, de la gorge, des
talement par l'équipement photographique à p o u m o n s , du cœur, de l'estomac, du nombril,
haute fréquence inventé par S e m y o n et de l'abdomen, du coccyx, des genoux et des
Valentina Kirlian de l'Union des républiques chevilles ont été respectivement les suivantes :
socialistes soviétiques. Ces chercheurs ont a) nulles; b) faibles; c) considérables. La
photographié avec succès des auras et une figure 6 illustre les résultats comparés d e ce
radiation lumineuse émises autour de la main test; ces indications sont uniques, car c'est la
humaine et de différentes sortes de plantes. première fois, autant que je sache, que quel-
Pour vérifier si une certaine forme d'énergie qu'un a mesuré de cette façon une énergie de
émanant des tchakra pouvait être prouvée ce genre. O n peut donc en conclure qu'une
expérimentalement, j'ai conçu par la suite une forme d'énergie é m a n e effectivement des tcha-
série de mesures avec I' « appareil pour mesurer kra d'un sujet possédant l'aptitude psi.
l'énergie vitale » que j'ai mis au point récem- Ensuite, j'ai effectué un certain nombre de
ment. En inventant cet équipement, j'ai dû mesures avec un sujet psychique pour déter-
concevoir et construire un préamplificateur miner quelle différence pouvait exister entre
avec une impédance d'entrée voisine de l'infini ; l'énergie émanant d'un tchakra pleinement
je l'ai fabriqué avec des circuits intégrés à éveillé et celle d'un tchakra partiellement
haute sensibilité connectés à un amplificateur éveillé. Dans le cas des électrodes placées à
de courant continu. J'ai construit une sorte proximité d'un tchakra émettant facilement de
de cabine robuste (2 mètres de haut sur l'énergie par la volonté du sujet, les données
1 mètre de large et 1 mètre de profondeur). enregistrées (mesure du potentiel électrique

Le mécanisme de la manifestation de l'aptitude psi 343


1
• m ) ) 1111 ¡ i ¡ i ¡ 111 f i ) 111 ti ¡ i )) i i • n i i i i ; i i i ! ; i ¡.i ¡ n i i ¡ ; : ;. ;
• • ! • i -i — : • i • • •

-y**^*-***^^

( w4
—^H*»~**W*iv«¿^^ ^,VV|XS+M»1^.«*> ff ItT* ««••»**•

h conrntrtltiou-l J

Fig. 6a. Enregistrements des réactions du corps effectués à /'intérieur de la cabine servant aux
tests (voir texte) ; résultats comparables à ceux des figures 1-4 pour /'ajna tchakra. Ce tchakra est
situé sur le front entre les yeux. Il correspond à la glande pituitaire qu'il commande; il est pleine-
ment éveillé et soumis à la volonté d'un sujet. Avant et après la concentration mentale, au repos et
détendu, le sujet ne se concentre pas sur le tchakra.

I I t t I t t I t I I
i H:;;;;;::;I¡;;;Í;Í

-Sä

"TffläSOT iiiWilélPíw
-iWtfi^^ûi^

- concentrât ¡our H
Fig. 6b. Enregistrements analogues à ceux de la figure 6a pour le swadhisthana tchakra situé
à 3 ou 4 cm au-dessous du nombril, correspondant aux organes génito-urinaires qu'il commande.
Ce tchakra est éveillé partiellement par le sujet, mais ¡ci, il n'est pas encore soumis à sa volonté.
Les figures 6a et 6b ont été réalisées le 13 février 1974 sur le sujet K. Y., dans une température
ambiante de 10,5 "C, à l'aide de Í « appareil pour mesurer l'énergie vitale ».

et de la fréquence) ont été remarquablement qu'une forme d'énergie é m a n e du tchakra


différentes de celles qui ont été obtenues éveillé d'un individu doué de l'aptitude psi.
lorsque les électrodes étaient placées près d'un En ce qui concerne les phénomènes para-
tchakra émettant difficilement de l'énergie par normaux c o m m e la psychokinésie (traitée
la volonté du sujet (comparez les figures 6a ailleurs dans le présent numéro) - qui a égale-
et 6 6 ) . Le contraste était en outre net avec ment été étudiée dans les séries d e tests
les données correspondant à l'état de repos décrites plus haut entre l'agent et la personne
(fig. 6s). Ces observations confirment le fait réceptrice - il est évident que l'énergie psi

344 Hiroshi M o t o y a m a
é m a n e des tchakra et des points méridiens
d'une personne psychique; cette énergie -Hiroshi M o t o y a m a
semble exercer une influence sensible sur les
fonctions psychophysiques d e la personne
vers laquelle elle est dirigée. Je crois que des L'auteur, qui est docteur en psychologie
travaux plus approfondis dans ce domaine de et en philosophie, est convaincu que la
recherche résoudront également la question de parapsychologie est une science qui peut
la corrélation entre l'esprit et le corps, tout en ouvrir et orienter l'œil humain vers l'esprit
permettant de mettre au point des méthodes pur - ceife notion étant (¡¡itérente de
de formation; avec celles-ci il sera possible de celle d' « esprit» fmindj utilisée en
vérifier subjectivement que l'esprit humain psychologie ordinaire. M. Motoyama est
existe non seulement sur le plan psychophy- directeur de l'Institut de psychologie
sique, mais qu'il est capable de se développer religieuse, 4-11-7 Inokashlra, Mitaka-shi,
au point d'exister et de fonctionner dans des Tokyo (Japon).
dimensions situées au-delà de celles auxquelles
nous s o m m e s pour le m o m e n t physiquement
limités.
J'espère en outre qu'avec le temps, cette
recherche contribuera beaucoup à établir des
bases solides sur lesquelles l ' h o m m e pourra
édifier une communauté mondiale pacifique
oùjajamille des nations coexistera dans l'har-
monie.

BIBLIOGRAPHIE

1. M O T O Y A M A , H . Chakras and the automic


nervous system. Religious psychology, n° 3.
2. . D o meridians exist? Religion and
parapsychology, vol. 2 , n° 3.

P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T

A V A L O N . A . The serpent fire. Madras, Ganesh and C o . ,


1953.
L E A D B E A T E R , C . The chakras. Madras, Theosophical
Publishing House, 1946.
VEITH, I. The yellow emperor's classic of internal
médecine. Berkeley, Calif., University of
California Press, 1966.
V I V E K A N A N D A , S . Raja-Yoga (trad. Jean Herbert).
Paris, Maisonneuve; Neuchätel, Delachaux et
Niestlé, 1937.

Le mécanisme de la manifestation de l'aptitude psi 345


Les vaisseaux spatiaux
du prophète Ézéchiel
Josef F. Blumrich

Certains passages de la Bible où il est question d'étranges machines ont fait naître,
de tout temps, des spéculations et des conjectures visant à expliquer de façon
acceptable, sinon rationne/le, les phénomènes signalés. On a utilisé les méthodes
d'essai et les connaissances techniques modernes pour reconstruire un modèle de
ce que l'un des quatre grands prophètes juifs a vu et observé il y a deux mille cinq
cents ans.

Dans l'état actuel de la science, l'idée que des la possibilité m ê m e de progrès dans les
êtres extraterrestres puissent visiter notre pla- domaines correspondants de la science.
nète est maintenant rejetée. M ê m e si de telles . II semble donc que nous soyons dans une
visites étaient réalisables, leur point de départ impasse en raison d'une contradiction mani-
devrait se situer hors de notre système solaire,
et les voyages interstellaires seraient d'une
durée inimaginable. Or à cette certitude scien-
Ezek'el Saw The Wheel
tifique s'opposent d'innombrables mythes et OTHITUA¿
légendes de l'humanité qui affirment exacte-
ment le contraire, à savoir que des a dieux »
sont venus des cieux. Leur apparition s'est
accompagnée souvent de feu, d e fumée et
d'un bruit d e tonnerre; leur influence sur
l ' h o m m e a été la plupart du temps bénéfique.
Lorsque ces informations nous viennent de
peuples « primitifs », nous les qualifions de
fables. Lorsqu'elles émanent d'écritures reli-
gieuses de civilisations plus développées, nous
donnons de ces légendes une interprétation
plus spirituelle, voire sacrée.
Q u e cette attitude soit injuste et erronée,
c'est évident à deux égards au moins : elle ne
tient aucun compte de la conviction sincère et
honnête des gens qui nous ont transmis ces
récits, et elle rabaisse ceux-ci au rang d e ^F3F
.nt-<el m a» *maj b O a n U - d l * af ti»
simples. fables. A u pire, o n y voit l'effet
d'hallucinations o u d e . drogues, voire d e
la pure imagination. Mais cette attitude est
également injuste et erronée du point de vue
de l'évolution future de l ' h o m m e , car elle nie PHÜP

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n» 4 347


feste entre la science et la légende. Pourtant tique, d'abord aux études et analyses concer-
l'impasse n'est pas totale : nous pouvons nant les avions, puis depuis quinze ans à la
avancer dans ce domaine très important de la conception et à la mise au point de véhicules
connaissance si nous comprenons que la de lancement et de vaisseaux spatiaux, je figu-
science et la technologie sont deux activités rais parmi ceux qui nient la possibilité que des
distinctes (mais non indépendantes) qui ont êtres venus de l'espace extra-atmosphérique
chacune leur domaine propre. Nous devons visitent notre planète.
reconnaître qu'à l'heure actuelle la science est C'est dans cet état d'esprit que j'entrepris la
incapable d'apporter un élément de réponse à lecture de Chariots of the gods d'Erich von
la question des visiteurs extraterrestres, tout Dãniken. L'affirmation que le prophète Ézéchiel
en comprenant q u e , dans cette controverse, aurait rencontré des vaisseaux spatiaux m ' a
il n'a pas été fait appel à l'ingénierie ni à la poussé à lire attentivement le livre biblique
technique industrielle. Il devient indispensable d'Ézéchiel pour prouver que v o n Däniken se
que des ingénieurs participent à l'évaluation trompait. Mais, au m o m e n t où j'arrivais au
des ensembles de faits et de phénomènes qui verset 7 d u premier chapitre, je m e surpris
indiqueraient la venue d'habitants d'autres interprétant une description des béquilles
mondes. Il est normal q u e notre expérience d'atterrissage d'un genre de véhicule volant :
toute nouvelle des vols spatiaux joue ici u n « Leurs jambes étaient droites, et la plante de
rôle capital. leurs pieds était ronde, et ils étincelaient c o m m e
du bronze poli. » Ayant m o i - m ê m e conçu et
H C o m m e n t m o n intérêt a été éveillé mis à l'essai de telles structures, je ne pouvais
nier qu'il fût possible d'y voir une description
M o n attitude personnelle à l'égard de la ques- simple, certes, mais directe et technique.
tion des visiteurs extraterrestres a c o m m e n c é Le contraste entre ce passage limpide et la
par être violemment négative. Ayant travaillé description fort vague esquissée dans le reste
depuis 1 9 3 4 c o m m e ingénieur de l'aéronau- du chapitre m ' a donné à penser que le prophète

Fig. 1. Reconstitution figurée du vaisseau spatial aperçu par Ézéchiel, vu d'une distance d'environ
60 mètres.

348 Josef F. Blumrich


ne pouvait pas savoir ce qu'il avait vu ni le partie supérieure arrondie, une capsule d e
comprendre. J'en ai tiré la conclusion qui c o m m a n d e . Il faut tenir compte d u fait
s'imposait : le prophète ne pouvait décrire ses qu'Ézéchiel a vu d'abord ce véhicule à une
rencontres avec des véhicules spatiaux et leurs distance de 1 000 mètres environ ; à ce m o m e n t ,
équipages qu'avec les m o y e n s dont il dispo- l'engin nucléaire fut mis à feu, entraînant pro-
sait - c'est-à-dire en employant les termes et bablement la formation de quelques vapeurs
les comparaisons que lui et ses contemporains blanches d e condensation (à cause d e la
connaissaient. C'est ainsi que, du point de vue phase de « refroidissement » du moteur) rapi-
technique, je commençai à prendre Ézéchiel dement entraînées le long du corps principal
au sérieux. de l'appareil (fig. 1 et 2 ) .
C o m m e je devais m ' e n remettre à des tra- Dans ce tableau flamboyant et rapide,
ductions, j'ai consulté six bibles différentes Ézéchiel remarque les rotors en m o u v e m e n t , et
publiées entre le début du siècle dernier et il voit les béquilles d'atterrissage et les bras
1972 et traduites par des juifs, des catholiques mécaniques attachés aux hélicoptères. Sa pre-
romains et des protestants. En outre, je m e mière réaction est de comparer les hélicoptères'
suis servi de deux commentaires bibliques très à des silhouettes à forme humaine, mais il
détaillés. trouve dans le terme « créatures vivantes » une
En appliquant les principes de l'aéronau- expression admirablement vague pour tra-
tique (plus précisément de l'hélicoptère) et de duire son incertitude. A u cours de la descente
l'astronautique aux récits d u prophète, j'ai et de l'atterrissage final, Ézéchiel observe les
pu saisir le sens des descriptions visuelles revêtements protecteurs des mécanismes d'en-
d'Ézéchiel et les remplacer par des structures grenage des hélicoptères, et la meilleure des-
connues. Le résultat est présenté dans les cription qu'il peut en donner est d e les
illustrations ci-après. N o u s y voyons un corps comparer à des visages humains. Il remarque
principal quasi conique soutenu par quatre le radiateur porté au rouge (les « charbons
hélicoptères, qui porte, au s o m m e t d e sa incandescents », ainsi qu'il l'indique au cha-

Fig. 2. Schéma technique du vaisseau spatial de la figure 1.

Les vaisseaux spatiaux du prophète Ézéchiel 3 4 9


United States Patent P*] [ii] 3,789,947
Blumrich [45] Feb. 5, 1974

[54] OMNIDIRECTIONAL W H E E L Primary Examiner—Kenneth H , Betts


[75] Inventor: Josef F . Blumrich, Huntsville, Ala. Assistant Examiner—John A . Pekar
Attorney, Agent, or Firm—L. D . Wofford, Jr. et al.
£73] Assignee: The United States of America as
represented by lhe Administrator of
the National Aeronautics and Space [57] ABSTRACT
Administration, Washington, D . C
The apparatus of the invention consists of a wheel
[22] Filed: Apr. 17, 1972 having a hub with radially disposed spokes which are
provided with a plurality of circumferential rim seg-
[21] A p p I . N o . ; 244,519 ments. These rim segments carry, between the spokes,
[52] . 180/79J, 301/5 P rim elements which are rigid relative to their outer
support surfaces, and denned in their outer contour to
151] Int C L . B62d 5/02 form a part of the circle forming the wheel diameter.
T h e rim segments have provided for each of the rim
[58] Field of Search 180/79.3, 6.2, 7 R , 8 F ; elements an independent drive means selectively oper-
301/5 P able when the element is in ground contact to rotat-
[56] References Cited ably drive the rim element in a direction of movement
U N I T E D STATES P A T E N T S perpendicularly lateral to the normal plane of rotation,
and movement of the wheel. This affords the wheel
3,465,843 9/1969 Cuinot 180/79.3 omnidirectional movement.
F O R E I G N PATENTS O R APPLICATIONS
822,660 11/1951 Germany 1 301/5 P 5 Claims, 4 Drawing Figures

F I G . 1 is a pictorial elevation view of an embodiment of the wheel of the invention, showing


the disposition of the rim segments supporting the circumferential rim elements.

Fig. 3. Brevet accordé au début de cette année à l'auteur pour son Invention de la roue omni-
directionnelle.

350 Josef F. Blumrich


pitre Ier, verset 13) qui recouvre une partie du
corps central inférieur; le prophète est fasciné
par les roues, qui, par leur forme générale, est
le seul élément qu'il reconnaît et qu'il décrit
donc très en détail.
N o m b r e de tableaux et de textes ont donné
une interprétation erronée de la description
« visuelle » des roues. Or nul n'a jamais pris au
sérieux la description « fonctionnelle » qui
indique que les roues pouvaient se mouvoir
dans n'importe quelle direction, sans pivoter.
Cette précision m ' a conduit à formuler une
interprétation technique précise, pour laquelle
j'ai obtenu un brevet d u Patent Office des
À
États-Unis (voir la figure 3). A ce propos, une
application particulièrement satisfaisante d e
cette interprétation permettrait d'accroître L jm
considérablement la mobilité des fauteuils Fig. 4. Esquisse faite d'après une photogra-
roulants d'invalides. phie Schlieren d'un modèle du vaisseau spatial
d'Ézéchiel, soumis à des essais dans les
• Prototype et recherche analytique souffleries du Langley Research Center de la
NASA au cours des dernières années soixante.
Ézéchiel termine sa description technique par Il est possible de modifier le profil de la partie
inférieure du corps principal si l'on veut
des commentaires sur la capsule de c o m m a n d e
ajouter les hélicoptères.
et sur le c o m m a n d a n t d e bord lui-même. Il
révèlent une technologie générale de construc-
fournit une quantité étonnante d e détails.
tion de vaisseaux spatiaux qu'avec nos connais-
Chose significative, le prophète décrit des
sances actuelles les plus avancées nous ne
caractéristiques qui ne présentent guère d'inté-
s o m m e s pas loin d'atteindre. Le seul élément
rêt d u point de vue technique, mais qui, pour
que nous s o m m e s incapables de construire est
l'oeil, ont autant d'importance que de véritables
le réacteur nucléaire au cœur du système d e
éléments structurels. La forme quasi conique
propulsion. Il s'agirait d'un réacteur d e fission,
du corps central du vaisseau spatial - qui
mais il faudrait une impulsion spécifique1 d'au
convient parfaitement pour être combinée avec
moins 2 000 secondes, alors que les réacteurs
les hélicoptères et qui constitue ainsi u n e
nucléaires actuels ne donnent qu'une impul-
caractéristique très importante du véhicule -
sion spécifique de 900 secondes environ. Il est
se retrouve aujourd'hui dans l'astronautique.
raisonnable d e penser cependant que' nous
Elle a été mise au point au Langley Research
pourrions obtenir ce résultat dans quelques
Center d e la N A S A et a fait l'objet d'études
dizaines d'années si nous consacrions à cette
analytiques et d'une série d'essais en soufflerie
recherche suffisamment d'efforts.
(voir figure 4 ) .
Dans l'ensemble, on obtient donc u n véhi-
Après avoir déterminé la configuration géné- cule spatial qui est sans aucun doute techni-
rale du vaisseau spatial, j'ai procédé à une quement réalisable et dont la conception
étude analytique; si cette forme paraissait répond parfaitement à sa fonction; sa techno-
rationnelle d u point d e vue structurel et fonc- logie n'a rien de fantastique et, m ê m e dans ses
tionnel, o n ne pouvait prouver qu'un tel engin aspects les plus complexes, elle se trouve déjà
n'était réalisable que si son poids, ses dimen- presque à notre portée. Les résultats d e l'ana-
sions, sa performance et ses autres caractéris- lyse indiquent en outre que le vaisseau spatial
tiques fondamentales se situaient dans des observé par Ézéchiel opérait en liaison avec u n
limites raisonnables. J'ai procédé à l'analyse engin principal mis sur orbite autour d e la
paramétrique, c'est-à-dire que j'ai fait varier Terre. N o u s ne disposons d'aucun point de
les dimensions, le poids et la performance, repère solide qui nous permette de calculer
progressivement, en étudiant de multiples pos-
sibilités. Depuis les premiers calculs approxi-
matifs jusqu'à l'analyse détaillée finale, les 1. L'impulsion spécifique est la mesura des kilogrammes
de poussée produite par kilogramme d'agent propulseur
résultats n'ont laissé aucun doute quant à la c o n s o m m é chaque seconde. L'unité de l'impulsion spéci-
possibilité d e construire un tel véhicule : ils fique est identique à l'unité du temps [N.d.l.r.].

Les vaisseaux spatiaux du prophète Ézéchiel 351


exactement les dimensions d e l'appareil qui a vaincu ; j'ai écrit à E. von Däniken en lui expli-
atterri; mais nous pouvons en donner une quant qu'en voulant réfuter sa théorie j'avais
approximation à partir de celles que j'ai déter- fini par confirmer, du point de vue structurel et
minées par analyse. Le schéma indique la analytique, l'essentiel d e son hypothèse. E n
forme et les proportions de l'engin. Le dia- évaluant la forme, les dimensions et la capacité
mètre d u corps central serait d'environ fonctionnelle de l'engin qu'a vu Ézéchiel, on
18 mètres, celui du rotor d'hélicoptère serait comprend certains passages de son texte qui
de 11 mètres, le poids total de l'engin au autrement n'ont aucun sens; on parvient ainsi
m o m e n t où il décollerait pour rejoindre le vais- à isoler les passages prophétiques ou vision-
seau principal serait de 1 0 0 tonnes, l'impulsion naires du livre d'Ézéchiel de ceux qui relatent
spécifique du moteur serait de 2 0 3 0 secondes, ses rencontres avec des vaisseaux spatiaux. (Je
et l'appareil transporterait deux ou trois passa- m e suis borné à étudier ces derniers.) Étant
gers. ingénieur, je ne suis pas qualifié pour analyser
Devant ces conclusions, j'ai dû m e déclarer les parties non techniques.

Qui était Ézéchiel, qu'avait-il vu et o ù ?

En vingt ans, Ezéchiel a rencontré quatre atteindre la partie portée au rouge à


fois des vaisseaux spatiaux. La première fois, l'extrémité inférieure du corps principal
c'était en 5 9 2 av. J . - C , cinq ans après (chap. X , vers. 7) et tend quelque chose de
qu'Êzéchiel et quelque 8 0 0 0 autres juifs « brûlant » à un m e m b r e de l'équipage au sol
eurent été déportés en Babylonie. Marié et qui avait été chargé de se tenir près de l'un
âgé de trente ans à l'époque, Ézéchiel des hélicoptères. L ' h o m m e d'équipage
était prêtre et était issu d'une famille de la emporte la matière brûlante. En comparant
haute société. Sa première rencontre avec la description du temple donnée par Ézéchiel
un vaisseau spatial le laissa atterré et avec un plan du temple de Salomon
fortement commotionné. Dans le premier (lequel existait encore à l'époque), on
chapitre de son livre, il nous fournit la plus s'aperçoit qu'Êzéchiel parlait d'un autre
grande partie de ce que nous pouvons temple, mais lequel ?
apprendre sur la structure et la fonction de La m ê m e question se pose à propos de la
l'appareil. Il raconte plus loin qu'il a été pris à quatrième rencontre qui se produisit
bord du vaisseau spatial près de Tel-Abib, vingt ans après la première (chap. X L ) .
où il habitait, pour y être ensuite reconduit; L'arrivéa d'Ézéchiel devant le vaste ensemble
mais il ne se souvient guère du vol de bâtiments se révèle avoir été prévue,
proprement dit. Complètement accablé par ce car le prophète est attendu par un h o m m e
qui lui était arrivé, il s'enfuit « plein qui est vêtu de la m ê m e façon q u e le
d'amertume, et l'esprit irrité » (chap. Ill, c o m m a n d a n t du vaisseau spatial et qui
vers. 14). e m m è n e Ézéchiel faire une longue visite du
Le deuxième épisode se produit à quelques temple. Le livre d'Ézéchiel se termine
mois d'intervalle. La description en est brusquement sur cet épisode, qui doit être
succincte et fragmentaire (chap. Ill, considéré c o m m e un fragment.
vers. 2 2 à 2 4 ) . Il n'y a rien de contradictoire dans ces
Dans son récit de la troisième rencontre épisodes, ni dans les descriptions successives
qu'il fit un an après la première (chap. VIII du véhicule, ni dans ce qui se rapporte
à XI), Ézéchiel relate un épisode passionnant au vaisseau spatial. En outre, la reconstruction
qui s'est terminé par ce qui semble avoir technique que j'ai effectuée et qui repose
été un travail d'entretien ou de réparation sur nos connaissances avancées actuelles
du vaisseau spatial. U n bras mécanique (voir concorde parfaitement avec le texte
figure 5) se détache d'un hélicoptère pour biblique.

352 Josef F. Blumrich


présumer que - ne serait-ce que pour des
raisons financières - Ézéchiel ne peut avoir été
le seul objectif de l'entreprise.
Mais en émettant de telles idées, je m'écarte
manifestement du domaine des affirmations
techniques démontrables. Pour plusieurs rai-
sons je conclus que les observations de vais-
seaux spatiaux faites par Ézéchiel ne coïn-
cident pas dans le temps avec ses prophéties.
Il a pu apercevoir le vaisseau spatial un jour et
avoir ses visions prophétiques des mois ou
m ê m e des années plus tard. Or le commandant
a parlé au prophète. L'histoire du livre biblique
d'Ézéchiel nous apprend que le texte a été
établi un certain temps après sa rédaction.
Plusieurs points d e m o n étude technique font
apparaître que ce travail d'édition a été exécuté
avec une honnêteté et une bonne foi complètes,
bien que l'ignorance de ce qu'Ézéchiel voulait
vraiment dire soit évidente dans certains pas-
sages. N o u s s o m m e s donc fondé à admettre
que certaines des déclarations du commandant
peuvent se trouver contenues dans ce que
nous considérons aujourd'hui c o m m e les
Fig. 5. Détail du bras mécanique et des fu- visions et les prophéties d'Ézéchiel. Il serait
sées de contrôle dont est doté chacun des bien entendu très intéressant de faire analyser
quatre hélicoptères. de ce point de vue les parties non techniques
du livre d'Ézéchiel. C o m m e les révélations du
prophète ont été écrites longtemps avant
• Q u i Ézéchiel a-t-il rencontré? l'apparition de machines volantes ou de fusées,
la seule façon dont on pouvait interpréter les
Ézéchiel était certainement u n h o m m e d'une déclarations énigmatiques d'Ézéchiel était de
grande intelligence, possédant un don d'obser- recourir à la religion et, surtout, au mysticisme.
vation exceptionnel. Il fut capable à un point L'application des connaissances technolo-
étonnant de garder toutes ses facultés intellec- giques ne laisse subsister aucune lacune dans
tuelles après le choc causé par la première l'interprétation du texte, et il n'est pas besoin
rencontre. Pourtant, il était fortement c o m m o - de forcer le sens pour obtenir une explication
tionné au m o m e n t où il aperçut le c o m m a n d a n t cohérente. Pour attribuer ces m ê m e s phéno-
du vaisseau spatial. Ézéchiel précise qu'il lui m è n e s à des visions, à des hallucinations ou à
fallut sept jours pour se remettre de cette aven- des facteurs psychologiques ou astrologiques,
ture. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il dise il faudrait admettre une longue série de coïnci-
qu'il a vu Dieu et que Dieu lui a parlé; pour- dences. Celles-ci seraient en effet nécessaires
tant, il compare le commandant à « A d a m » pour justifier les vraisemblances que j'ai fait
ou à u n « h o m m e », et il se borne à indiquer apparaître sur le plan technique.
« on m e parla ». A aucun m o m e n t il ne témoigne Aujourd'hui l'attitude habituelle à l'égard d e
la moindre déférence au commandant et aux la question des visiteurs extraterrestres peut se
autres membres de l'équipage. résumer en ces termes : « Nous ne savons pas
Les données fournies par Ézéchiel nous d'où ils venaient ni c o m m e n t ils sont arrivés
amènent à conclure qu'il s'est trouvé en pré- sur Terre; il est donc impossible qu'ils s'y
sence d'éléments d'un corps expéditionnaire; soient trouvés. » Avec le temps, les faits s'accu-
on y devine sans doute possible une hiérarchie, muleront et finiront par donner un modèle plus
une communication formelle et une organisa- compréhensible qui nous permettra de dire :
tion. Si l'on admet en outre que des civilisa- « Ils se sont trouvés sur Terre, par conséquent
tions extraterrestres devraient elles ausis ils ont dû venir de quelque part. » La techno-
exercer un contrôle économique sur les acti- logie moderne nous offre un m o y e n de pro-
vités qu'elles entreprennent, nous pouvons gresser dans ce domaine, et j'espère éveiller

Les vaisseaux spatiaux du prophète Ézéchiel 3 5 3


suffisamment d'intérêt chez d'autres ingénieurs
(non seulement chez les ingénieurs de concep-
tion, mais aussi chez les ingénieurs construc-
teurs) pour qu'ils se livrent à des études de ce
genre. Et nous ne pourrons pas nous passer
longtemps du concours d e scientifiques -
physiciens, archéologues et ethnologues. L'es-
sentiel est que s'instaure une coopération sans
parti pris; tel est le v œ u que je forme.

• Josef F. Blumrich

Originaire de Steyr, en Autriche, M. Blumrich


est un ingénieur qui détient de nombreux
brevets d'invention. Jusqu'à une date récente,
il a été chef du Systems Layout Branch
au Marshall Space Flight Center (centre
de vols spatiaux) de la NASA. Auparavant, il
avait dessiné les plans du propulseur de
Saturne 5 et avait participé à la conception
de Skylab. // a maintenant quitté la NASA
pour se consacrer entièrement à ses
recherches sur l'apparition de visiteurs
extraterrestres dans l'Antiquité. Il est l'auteur
de l'ouvrage intitulé D a tat sich der Himmel
auf (publié en anglais sous le titre The
spaceships of EzekielJ, qui repose sur les
recherches originales décrites dans le présent
article. Adresse : 2721 Briarwood Drive,
Huntsville, Ala. 35801 (États-Unis
d'Amérique).

P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T

A N D E R S O N , R . Structures technology - 1964.


Astronautics and aeronautics, décembre 1964.
BERNSTEIN, A . ; B L U M R I C H , J. Concepts for more
efficient bulkhead designs for launch and space
vehicles. Paper presented at A I A A / A S M E 9th
Structures, Structural Dynamics and Materials
Conference, Palm Springs, Calif., avril 1968.
B L U M R I C H , J. A rising tide of structural problems.
Astronautics and aeronautics, juin 1965.
H A R R I S , C . Transonic aerodynamic investigation
of tension shell and blunted 100° conical
shapes for unmanned entry vehicles. TN D-3700.
Washington, D . C . , N A S A , novembre 1966.
J U S T , W . Einführung in die Aerodynamik und
Flugmechanik des Hubschraubers. Stuttgart, Verlag
Flugtechnik, 1957.
V O N D Ä N I K E N , E. The gold of the gods.
N e w York, N . Y . , Putnam, 1973.

354 Josef F. Blumrich


Ézéchiel fabrique sa propre roue

Si des êtres extraterrestres intelligents sont venus prendre contact avec les hommes,
comme le prophète Ézéchiel voudrait nous le faire croire, l'homme moderne a pris,
de son côté, des dispositions pour communiquer intelligiblement avec des êtres
extraterrestres.

L'engin spatial Pioneer 10, premier objet représentant la fréquence des pulsars au
fabriqué par l ' h o m m e qui devait s'échapper de m o m e n t du lancement d e Pioneer 10, par
notre système solaire dans les espaces inter- rapport à celle de l'atome d'hydrogène indiquée
sidéraux, portait une plaque sur laquelle figu- dans le coin supérieur gauche par le symbole
rait un dessin visant à montrer aux habitants de l'unité (|). L'atome d'hydrogène est donc
doués d e connaissances scientifiques d'une utilisé c o m m e une horloge universelle, et la
autre galaxie, qui pourraient l'intercepter dans baisse régulière de fréquence des pulsars
des millions d'années, quand, d'où et par quel aidera une autre civilisation à calculer le temps
genre d'êtres l'engin avait été lancé. écoulé depuis le lancement de Pioneer 10.
Lancé le 2 mars 1972 d e Cape Kennedy L'atome d'hydrogène sert aussi d'étalon uni-
(Floride) par la N A S A (National Aeronautics versel pour mesurer les figures humaines
and Space Administration), Pioneer 10 a mis représentées en pied devant le profil de l'engin
deux ans environ à atteindre et dépasser spatial, à droite. La longueur d'onde de l'hydro-
l'orbite de Mars, traverser la ceinture d'asté- gène, 20 c m environ, multipliée par le nombre
roïdes, puis observer Jupiter et découvrir son binaire représentant « 8 » (à la gauche de la
atmosphère d'hélium. Ensuite Pioneer 10 f e m m e ) indique sa taille, 1 6 0 c m . Les sil-
s'est lancé sur la trajectoire qui l'éloigné conti- houettes sont celles du type de créatures qui
nuellement de notre Soleil et de son système ont fabriqué l'engin spatial, la main de l ' h o m m e
planétaire. étant levée en signe de bonne volonté.
Le dessin dont Pioneer 10 est porteur (voir En bas de la plaque sont représentés le
la figure) a été gravé sur une plaque d'alumi- Soleil et ses planètes, échelonnées du Soleil à
nium dorée par oxydation anodique d e Pluton, de gauche à droite. La trajectoire d e
15,2 * 22,9 c m et de 1,27 m m d'épaisseur, l'engin décrit un arc qui part de la Terre, passe
fixée aux supports de l'antenne de l'engin. La à côté de Mars et s'infléchit après Jupiter.
plaque a été orientée de façon à protéger le L'idée de placer un message sur Pioneer 10
dessin de l'érosion par la poussière interstel- pour essayer de communiquer avec des intelli-
laire. Les lignes qui rayonnent à gauche de la gences extraterrestres a été émise par plusieurs
figure représentent la position de 1 4 pulsars spécialistes. La plaque choisie a été conçue
(radiosources cosmiques) disposés de manière par le professeur Cari Sagan, directeur d u
à indiquer que le Soleil est l'étoile mère de la Laboratoire d'études planétaires de l'Univer-
civilisation qui a lancé l'engin. Les lignes dis- sité Cornell, par sa f e m m e , Linda Salzman
continues avec tirets perpendiculaires à l'extré- Sagan, peintre et cinéaste, et par Frank Drake,
mité des rayons sont des nombres binaires directeur du Centre national d'astrono-

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n» 4 355


mie et de l'ionosphère de l'Université Cornell. l'étoile la plus proche, à une vitesse inter-
II va sans dire qu'on n'a enregistré aucune stellaire résiduelle d e 11,5 k m par seconde,
réaction au message depuis que Pioneer 10 a (On trouvera un complément d'information à
quitté la Terre, il y a deux ans et demi. L'engin ce sujet dans Science, vol. 175, n° 4024,
mettra environ 8 0 0 0 0 ans pour atteindre 25 février 1972, p. 881.) Impact

356
Production d'effets
psychotroniques dans des états
de conscience altérés
Stanley Krippner

Dans les sociétés primitives, on considérait souvent que les rêves étaient l'œuvre
d'êtres surnaturels venant apporter aux mortels des messages d'espoir ou d'inquié-
tude. Tout comme les états de transe ou de «possession », les rêves - disait-on -
pouvaient donner un aperçu de l'avenir, révéler des événements se produisant
ailleurs ou faire connaître la pensée d'autrui. Mais il a fallu attendre la naissance
de la psychotronique pour pouvoir étudier en laboratoire ces effets de precogni-
tion, de voyance et de télépathie. C'est alors qu'on a pu constater que les phéno-
mènes psychotroniques associés à des cas d'altération de l'état de conscience
apparaissaient le plus fréquemment au cours d'expériences où entraient en jeu des
éléments tels que l'affectivité, la spontanéité et l'attente.

La psychotronique peut se définir c o m m e une Theater de Washington, malgré les rêves pré-
science interdisciplinaire qui étudie l'interac- monitoires où il s'était vu couché dans son
tion de la matière, de l'énergie et de la cons- cercueil, victime du coup de pistolet d'un
cience; parmi les phénomènes qu'analyse la assassin.
psychotronique figurent la télépathie, la Grâce à la naissance de la psychanalyse,
voyance, la precognition et la psychokinésie. l'observation de ce genre de rêve a pu passer
Dans Jules César de Shakespeare, Calpurnia du niveau de l'anecdote à celui de l'étude cli-
voit dans un rêve prémonitoire la mort de son nique. U n certain nombre de comptes rendus
mari. César raconte (acte II, scène 2) : « Trois psychiatriques nous ont décrit des rêves pré-
fois, Calpurnia s'est écriée dans son sommeil : sumés paranormaux se produisant dans le
' A u secours ! on égorge César'... elle a vu cette contexte d'une situation psychothérapeu-
nuit en rêve m a statue qui, telle une fontaine tique [1] ». En 1 9 1 1 , Freud entrait à la British
à cent bouches, crachait du sang vermeil, et Society for Psychical Research et, en 1915, il
quantité de Romains vigoureux venaient en devenait m e m b r e de l'American Society for
souriant s'y baigner les mains; elle voit là Psychical Research. Il écrivait plus tard : « O n
des avertissements, des présages, des malheurs est a m e n é à penser que la télépathie fut le
menaçants; et elle m ' a supplié à deux genoux m o d e primitif archaïque de communication
de ne pas quitter la maison aujourd'hui. » entre les êtres et qu'il céda ensuite la place à
César ne tint aucun compte des rêves de la méthode par signes perceptibles à l'aide des
Calpurnia et, selon Shakespeare et la tradition, organes sensoriels. Mais l'ancienne méthode
fut assassiné sur le Forum un peu plus tard peut continuer à subsister à l'arrière-plan et à
dans la m ê m e journée. Plus près de nous, c'est
Abraham Lincoln qui ne prit pas de précau- 1. Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie
tions suffisantes pour se rendre au Ford's à la fin de cet article.

Impact : science et société, vol. X X I V (1974), n° 4 357


se manifester en certaines circonstances...» [2]. imagina que la cible avait « quelque chose à
Avec la mise au point des méthodes de voir avec la musique ». Pour un autre S, le
détection des mouvements oculaires rapides choix s'était porté sur ¿es trois petits chiens
et d'autres techniques psychophysiologiques de Gauguin; S rêva de « deux ou trois chiens
de surveillance du sommeil, il devint possible faisant du bruit ».
de passer du domaine de l'observation clinique Pour la deuxième étude expérimentale,
à celui de l'expérimentation. En 1962, un labo- M . W . Erwin, le sujet qui avait obtenu les
ratoire de recherches sur le rêve était créé au correspondances cible-rêve les plus directes
Maimonides Medical Centerde Brooklyn ( N e w lors d e la première étude, fit équipe avec
York) pour l'étude des effets paranormaux dans l'agent du sexe masculin de la première étude
les états d e conscience altérés [3]. D e s pour une série de sept nuits. Des résultats sta-
recherches rigoureuses faisant intervenir une tistiquement significatifs ont été obtenus tant
technique normalisée de surveillance psycho- à partir des évaluations d u S qu'à partir des
physiologique par électro-encéphalogramme scores moyens des évaluations analogues
ont c o m m e n c é en 1964. Depuis lors, 13 études effectuées par trois J.
expérimentales, ainsi qu'un certain nombre Pour la troisième étude, o n fit appel à
d'études pilotes ont été menées à bien. O n douze 5 différents et à deux A lors d'une
trouvera ci-après un bref résumé de ces études, nouvelle série de douze nuits. Les résultats ne
suivi des conclusions auxquelles les expé- furent statistiquement significatifs ni pour les
riences rigoureuses et les études pilotes explo- S ni pour les J. Qu'elles aient permis ou non
ratoires ont permis d'aboutir. de constater des effets psychotroniques,
toutes les études effectuées au Maimonides
• Études psychotroniques Medical Center ont fait l'objet de comptes
expérimentales rendus [4].
Pour la quatrième étude expérimentale,
Pour la première étude expérimentale, 13 sujets M m e R. Posin, qui avait participé à la troisième
volontaires (S) ont passé chacun une nuit au étude, a fait équipe avec le A avec lequel elle
laboratoire. Deux chercheurs, un h o m m e et avait travaillé durant la nuit qu'elle avait passée
une f e m m e , se relayaient pour servir d'émet- précédemment au laboratoire. A u c u n e évalua-
teurs ou d'agents (A), s'efforçant d'influer tion des S ou des J n'a fourni de données
sur les rêves des S par un m o y e n psychotro- significatives pour cette série d e huit nuits.
nique, la télépathie. A se trouvait toujours dans Dans la cinquième étude, on a fait intervenir
une pièce éloignée tandis que S était endormi ; l'hypnose. D e u x groupes, c o m p o s é chacun de
A était la seule personne connaissant l'identité huit S, ont été constitués : un groupe tra-
de la « cible » choisie pour la nuit. Les cibles vaillant sous hypnose et un groupe « détendu »
étaient des reproductions de peintures célèbres, non soumis à l'hypnose. Chaque S, formant
choisies au hasard chaque nuit après que S équipe avec l'un des quatre A, a produit des
eut été se coucher. Le matin suivant, les S ¡mages au laboratoire à l'état de veille, ainsi
étaient invités à comparer les souvenirs de leurs que pendant et après une période de repos
rêves avec toute la collection de reproductions passée au laboratoire et a tenu chez lui un
cibles et à choisir la reproduction qui corres- journal de ses rêves. Les évaluations des J
pondait le mieux à leurs rêves et à ranger les permettent de conclure à des résultats signifi-
autres par ordre décroissant de concordance. catifs pour le groupe sous hypnose avec les
Quatre juges extérieurs (J) ont été soumis à ¡mages produites au laboratoire, et pour le
une procédure identique; les classifications groupe non soumis à l'hypnose avec les
établies par les 5 et l'une des évaluations des images produites à la maison et enregistrées
J ont permis d'obtenir des données statistiques au laboratoire. O n pourrait en conclure que
significatives. Des différences significatives l'hypnose facilite et accélère le traitement du
ont également été observées entre les A, les matériel télépathique.
correspondances cible-rêve étant plus nettes M m e T . Grayeb, qui avait participé c o m m e
dans le cas des six S associés à l'agent du sujet à la troisième étude, a été le sujet de la
sexe masculin que dans celui des 5 associés sixième étude expérimentale. Sans qu'elle le
à l'agent du sexe féminin. sache, A s'est concentré sur une cible durant
Lors d'une expérience, la reproduction cible, huit nuits; pendant les huit autres nuits de
choisie au hasard, était celle du Violoniste l'étude, il n'y a eu ni agent ni cible. La situation
vert de Chagall. Le 5 présent cette nuit-là était déterminée au hasard, quand le sujet était

358 Stanley Krippner


Maimonides Medical Center
Department of Psychiatry
Bream Laboratory
Judging form

Subject- Very great correspondence

Target—

Protocol-

Judge

Bate

Humber_

Notes Great correspondence

Moderate correspondence

Some correspondence

BÏHECTIONSt Using a red pencil,


color the space that represents,
in your judgment, the correspon-
dence between target material and.
'protocol content. Little correspondence

Fig. 1. Formulaire d'évaluation (¡ci, en blanc) utilisé par les expérimentateurs au Maimonides
Medical Center pour mesurer le degré de correspondance entre les « agents » influents et les sujets
qui se soumettent volontairement aux expériences.

Production d'effets psychotroniques dans des états d e conscience altérés 3 5 9


allé se coucher. A u c u n e des situations n'a L'évaluation des S a donné des résultats sta-
fourni de résultats significatifs. tistiquement significatifs pour les trois sujets
Lors de la septième étude, M . W . Erwin a fait qui ont procédé e u x - m ê m e s à cette évaluation.
équipe à nouveau avec le A de la deuxième Lorsque celle-ci a été effectuée par un J, les
étude, pour une série d'expériences s'étendant résultats ont été significatifs pour deux S
sur huit nuits. Chaque fois, o n a joint d u (chaque fois q u e plusieurs cibles avaient été
matériel « multisensoriel » à la reproduction utilisées pendant la m ê m e nuit). A u c u n résultat
choisie pour accentuer la charge affective de la significatif n'a été obtenu lorsque la m ê m e
cible. Par exemple, la peinture de Daumier reproduction a été utilisée pendant quatre
Conseils à un jeune artiste était accompagnée nuits. Ces résultats laissent supposer que l'élé-
d'une toile et de couleurs pour permettre à A ment de nouveauté est important et que les
de jouer le rôle du peintre. Cette nuit-là, S a effets télépathiques ne s'accumulent pas, mais
rêvé de peintres tels que Klee et V a n G o g h , se produisent brusquement et spontanément.
ainsi que « du portrait d e quelqu'un qui s e m - La onzième étude a fait intervenir la preco-
blait faire autorité ». L'analyse des scores gnition. M . Malcolm Bessent, sujet de cette
m o y e n s des évaluations des trois J a donné étude de huit nuits, s'est efforcé de rêver d'un
des résultats significatifs. événement auquel il devait assister la matinée
Lors de la huitième étude expérimentale,' suivante. L'expérience était construite autour
M . R. V a n de Castle, sujet qui avait produit d'un m o t choisi au hasard; ainsi lorsque les
plusieurs correspondances directes cible-rêve mots « cuillère à café » étaient choisis, o n lui
au cours d'une étude sur la télépathie effec- servait de la soupe avec une cuillère à café.
tuée dans u n autre laboratoire [5], a été auto- Trois J ont évalué les résultats : leurs scores
risé à choisir parmi le personnel du laboratoire m o y e n s ont donné des résultats statistique-
les agents avec lesquels il ferait équipe pour ment significatifs confirmant l'hypothèse de la
une série de huit nuits. Il a choisi au total precognition.
trois A : un pour une seule nuit, un pour deux La douzième série d'expériences a fait égale-
nuits et un pour cinq nuits. Ses évaluations, ment intervenir la precognition. A u cours d'une
c o m m e celles d'un J extérieur, ont été statis- étude s'étendant sur seize nuits pour laquelle
tiquement significatives [6]. le sujet était M . Bessent, les expériences ont
La neuvième expérience a porté sur la été combinées (ainsi, une projection de dia-
voyance : 6 0 S ont été divisés en quatre positives représentant des oiseaux était a c c o m -
groupes égaux, un groupe hautement réceptif pagnée de chants d'oiseaux enregistrés; dans
à l'hypnose, un groupe peu réceptif à l'hypnose, ce cas précis, 5 rêva plusieurs fois d'oiseaux
un groupe fortement imaginatif à l'état d e avant que la cible n'ait été choisie). S a été
veille et u n groupe peu imaginatif à l'état d e soumis à l'expérience combinée dans la soirée
veille. Tous les S ont tenté de deviner quelles suivant sa tentative d'en avoir une precogni-
étaient les reproductions de tableaux conte- tion; puis il est retourné se coucher afin d e
nues dans quatre enveloppes fermées, soit pouvoir comparer ses rêves d'après l'expérience
sous hypnose (produisant un « rêve hypno- à ses rêves d'avant l'expérience. Selon les
tique ») soit en se servant de leur imagination évaluations des J, les rêves de S au cours des
(rêve éveillé). Les S ont é/alué e u x - m ê m e s huit nuits précédant l'expérience correspon-
leurs résultats. Les jugements du groupe très daient d e manière statistiquement significa-
réceptif à l'hypnose ont été significatifs, ce qui tive aux expériences combinées, ce qui confir-
n'a pas été le cas pour les autres S [7]. mait à nouveau l'hypothèse de la precognition.
Durant la dixième étude expérimentale, En revanche, les rêves d e 5 au cours des
quatre S ont passé chacun huit nuits au labo- huit nuits consécutives à l'expérience n'ont
ratoire. Pendant quatre nuits, A s'est servi de fourni aucune donnée significative indiquant
la m ê m e cible choisie au hasard. Pendant que la precognition de la cible avait produit
quatre autres nuits, une cible différente (égale- sur lui un effet plus fort que l'incorporation
ment choisie au hasard) a été employée chaque directe des éléments cibles dans les rêves.
fois que l'expérimentateur remarquait des U n e étude pilote [8] avait montré q u e les
signes d'activité psychophysiologique (par effets télépathiques s'exerçaient sur les rêves
exemple, des mouvements oculaires rapides) des 5 à une distance d'une vingtaine de kilo-
révélant q u e 5 commençait à rêver. Deux S mètres. Aussi, pour la treizième étude expéri-
étant soumis à l'expérience en m ê m e temps, mentale, a-t-on placé du matériel cible multi-
l'étude s'est prolongée pendant seize séances. sensoriel. Sous les yeux d e A ( M . Bessent), à

360 Stanley Krippner


N e w York, tandis que huit étudiantes se sujet ne savait pas qu'un agent tenterait
relayaient pour servir de S à Laramie, dans le d'influer sur ses rêves par télépathie, aucune
W y o m i n g . Les évaluations effectuées par les correspondance cible-rêve ne s'est produite
trois J pour cette étude qui a duré huit nuits pendant ces séances. Lors d'une étude pilote
n'ont pas été statistiquement significatives [9]. s'étendant sur quatre nuits, on a d e m a n d é à
un sujet de s'efforcer de rêver d'une reproduc-
• Discussion tion de tableau choisie au hasard et enfermée
dans une boîte placée au plafond de sa
Sept conclusions ont été formulées sur la base chambre. En m ê m e temps, un A s'efforçait
de ces treize études ainsi que des études de transmettre une autre reproduction par télé-
exploratoires pour lesquelles on avait pris des pathie - mais à l'insu de 5 . Les J ont décelé
précautions tout aussi strictes contre les des correspondances directes cible-rêve pen-
« fuites sensorielles ». Il pourrait être intéressant dant les quatre nuits de l'expérience pour les
de prolonger les recherches dans le sens indiqué cibles de voyance, mais une seule fois seule-
tant par ces sept conclusions que par ce ment pour les cibles télépathiques. Ces résul-
qu'elles impliquent. tats donnent à penser que l'orientation, l'attente
et la volition sont nécessaires pour que la per-
La télépathie durant le rêve peut être démon- ception extra-sensorielle se produise lors
trée en laboratoire. Sur les neuf expériences d'études expérimentales des rêves.
rigoureuses pendant lesquelles les A et les S Pour une autre étude pilote sur ce facteur
ont essayé de communiquer par télépathie au on a fait appel à deux S et à 2 0 0 0 A. Les A
m o y e n des rêves que les S faisaient pendant la étaient les spectateurs de six concerts des
nuit, des résultats significatifs ont été obtenus Grateful Dead, un groupe de musiciens de
dans cinq cas. D e s résultats significatifs ont rock and roll. Chaque soir, une demi-heure
également été obtenus au cours de deux expé- avant minuit, une série de six diapositives
riences pilotes d e télépathie « à grande dis-
tance » : l'une s'est étendue sur quatre nuits
avec la participation de huit 5 et l'autre sur
six nuits avec la participation de deux S [10],
U n e analyse de la première nuit passée pour
chacun des 7 4 S ayant participé à des expé-
riences de télépathie entre 1 9 6 4 et 1969 a
fourni des données significatives : 5 2 « réus-
sites » télépathiques et 2 2 « échecs » [11].
Lorsqu'on a tenté d e reproduire les expé-
riences faites au Maimonides Medical Center,
on a réussi dans trois cas [ 1 2 , 1 3 , 1 4 ] , échoué
dans deux [15,16] et obtenu dans un cas des
résultats équivoques [17]. Ces six expériences
représentent les premières tentatives faites par
les chercheurs pour étudier ce type de phéno-
m è n e psychotronique. Il est difficile d'imaginer
quels auraient pu être les résultats si des
études prolongées avaient été entreprises. D e
toute façon, les revues spécialisées ont mainte-
nant publié suffisamment de comptes rendus
de recherches sérieusement contrôlées pour
qu'il soit établi que la télépathie durant le rêve
peut être démontrée en laboratoire (voir
«g. 2 ) .

Il semble nécessaire que des éléments d'orien-


tation, d'attente et de volition interviennent et
que des effets psychotroniques se produisent
dans les rêves. En 1 9 6 6 , on a organisé plu- Fig. 2. Sujet de laboratoire au cours d'une
sieurs séances pilotes au cours desquelles le expérience sur le rêve.

Production d'effets psychotroniques dans des états de conscience altérés 361


était présentée au public sur un grand écran. qu'on trouve plus facilement des volontaires
Ces diapositives contenaient les indications pour ces expériences sur les rêves parmi les
suivantes : h o m m e s que parmi les f e m m e s et que les
1. Vous allez participer à une expérience de h o m m e s racontent leurs rêves avec plus de
perception extra-sensorielle. détails. U n compte rendu plus complet d u
2 . Dans quelques secondes, vous verrez une rêve renseigne mieux les J qui évaluent les
image. correspondances cible-rêve; c o m m e il a été
3. Essayez d'utiliser votre perception extra- observé que des éléments agressifs et sexuels
sensorielle pour « transmettre » cette image sont souvent liés à la perception extra-senso-
à Malcolm Bessent. rielle dans le rêve, un compte rendu complet et
4 . Il essaiera de rêver de cette image. libre de toute inhibition est nécessaire pour
5. Malcolm Bessent se trouve actuellement au révéler la présence de ces éléments.
Maimonides Dream Laboratory (laboratoire
de recherches sur le rêve) à Brooklyn. Des effets de télépathie se sont produits au
6. A ce m o m e n t , une reproduction d e tableau cours d'expériences sur les rêves alors que le
choisie au hasard était projetée sur l'écran. sujet et l'agent étaient séparés par de grandes
Sans que les A le sachent, les rêves d'un distances. A u c u n e étude systématique des
deuxième S étaient également enregistrés. effets de la distance sur les rêves têlépathiques
Mais d'après les évaluations des J, les corres- n'a jamais été tentée, mais la distance n'a pas
pondances cible-rêve n'ont été significatives constitué un obstacle lors des études qui ont
que dans le cas de Malcolm Bessent, le S déjà été menées à bien. Dans la plupart des
auquel les A étaient incités à « transmettre» expériences, il y avait une distance de 29 mètres
l'image cible. entre le local où se trouvaient les A et la
chambre où dormaient les sujets. Des résultats
¿es sufets du sexe masculin ont été de significatifs ont également été obtenus lors
meilleurs récepteurs têlépathiques que les d'une étude pilote où les A et les S se trou-
femmes dans les expériences sur les rêves. vaient séparés de 2 3 kilomètres les uns des
Entre 1 9 6 4 et 1969, o n a organisé 55 séances autres, et d'une autre étude au cours de laquelle
expérimentales et 79 séances pilotes au cours la distance était de 7 2 kilomètres. Quelques-
desquelles des tentatives de télépathie ont été unes des correspondances rêve-cible les plus
faites entre un A et un S endormi. A ces frappantes ont été observées lors d'études où
134 séances de nuit ont participé au total les A et les S se trouvaient séparés de plusieurs
14 A du sexe masculin, 41 S du sexe masculin, kilomètres. En revanche, une étude expérimen-
9 A du sexe féminin et 3 3 S du sexe féminin. tale où la distance a été portée à 3 2 0 0 kilo-
U n e analyse statistique a été effectuée pour la mètres n'a donné aucun résultat significatif.
première nuit pendant laquelle chaque S a
tenté de percevoir par télépathie, ce qui réduit Les stimuli cibles de nature émotionnelle
le nombre des séances utilisables à 7 4 . En semblent être plus efficaces que le matériel
tout, selon les évaluations des J, on a obtenu sans charge affective dans les expériences sur
5 2 « réussites » têlépathiques et 2 2 « échecs »; /es rêves. En passant en revue le matériel cible
cette distribution est statistiquement signifi- utilisé dans les expériences de rêve télépa-
cative. Lorsque le S était u n h o m m e , on a thique, il nous a paru probable que les repro-
obtenu 31 succès et 1 0 échecs, ce qui est ductions de tableaux les plus propres à être
significatif. Lorsque le S était une f e m m e , on a incorporées dans les rêves des S sont celles
obtenu 21 succès et 1 2 échecs, ce qui n'est qui déclenchent le plus facilement des m é c a -
pas une distribution statistiquement significa- nismes de réaction d'urgence liés soit à la sur-
tive. O n a constaté par la suite que les S du vie de l'individu, seit à celle de l'espèce. Les
sexe masculin fournissaient des résultats tout cibles qui évoquent clairement des thèmes
aussi significatifs quel que soit le sexe du A sexuels et agressifs nous ont semblé susciter
avec lequel ils faisaient équipe. des images et des sentiments correspondants
La raison fondamentale de ces constatations dans les rêves du récepteur.
est inconnue, mais elle peut être liée : a) au Il apparaît aussi que des cibles évoquant des
fait que les rêves des S du sexe masculin thèmes religieux ont permis de susciter des
contiennent des éléments plus agressifs, vio- réponses têlépathiques; 14 des 18 S dont les
lents et sexuels que les rêves des S du sexe A travaillaient sur des cibles choisies au hasard
féminin; b) au fait, démontré par l'expérience. et ayant un contenu religieux ont obtenu des

362 Stanley Krippner


réussites télépathiques. Lors d'une séance, un Deux premières études sur le rêve ont corro-
étudiant indien faisait équipe avec son jumeau, boré l'hypothèse de la precognition. Depuis la
également étudiant. La peinture cible choisie création d u Laboratoire Maimonides, des
au hasard était un tableau de D e m u t h intitulé exemples spontanés de precognition dans les
Box of tricks (Boite à malices) qui représente rêves ont été enregistrés. C'est ainsi que, le
une église rectangulaire avec un clocher et 21 mai 1965, S a fait le rêve suivant : « Je
plusieurs flèches. Dans ses rêves, le sujet a vu rêvais que l'expérience était terminée et que je
des « blocs », des « cierges », « une plaque d e m'apprêtais à partir. Et il y avait là un de m e s
marbre rectangulaire » et a eu « l'impression amis, Harold, que je n'ai pas revu depuis près
continuelle de manger du sucre candi ». U n e de vingt ans - ou beaucoup plus, je suppose.
fois éveillé, S a déclaré : « A m o n réveil, j'avais Et il était présent dans m o n rêve. Il se prépa-
le goût du sucre candi dans la bouche... J'ai rait pour l'expérience suivante. »
déjà m a n g é du sucre candi en Inde, mais uni- S a mentionné ce rêve au cours de l'entretien
quement lors de fêtes religieuses... C'est pro- qui a suivi son réveil : « Dans m e s rêves, il y
bablement à cela que se rattachent aussi les avait des choses qui se rapportaient à des
cierges. Dans m o n pays... il y a du sucre candi événements qui se sont produits il y a des
dans presque toutes les fêtes religieuses; mais années et des années... Il y a bien longtemps,
je m e d e m a n d e si cette coutume appartient à m e semble-t-il, que je n'ai pas eu de rêves
m a religion ou â l'hindouisme... C e que je paraissant véritablement se dérouler voici une
cherche à savoir, c'est à quel genre de céré- vingtaine d'années... Je m e souviens qu'il y
monie religieuse pourrait être associé ce sucre avait un type que je n'ai pas vu depuis
candi que j'ai m a n g é . . . Oui, je suis presque sûr vingt ans - peut-être m ê m e plus - u n n o m m é
que c'est à une cérémonie religieuse de m a Harold, que l'on préparait pour l'expérience
propre religion... celle de Zoroastre... très près suivante. »
de la fin de la cérémonie, généralement dans le U n e semaine plus tard, le sujet a envoyé au
temple le plus éloigné. C'est là que nous nous personnel du laboratoire la lettre suivante :
recueillons... C'est l'endroit habituel... quelques « La présente a pour objet de vous informer
salles destinées à la méditation... La seule asso- que, c o m m e l'avait 'prédit' m o n rêve de ven-
ciation que je puisse faire avec le sucre candi, dredi dernier, j'ai rencontré un de m e s amis
c'est cette cérémonie religieuse à laquelle j'au- n o m m é Harold. J e m e trouvais dans un res-
rais pu assister dans m o n pays. » taurant assez éloigné du quartier où je prends
Dans trois autres études pilotes sur la per- habituellement m e s repas. J'étais à table avec
ception extra-sensorielle, o n a aussi utilisé d u un ami à qui je venais de raconter m o n rêve et
matériel cible « multisensoriel » (mettant tou- de dire que je n'avais pas vu Harold depuis
jours en jeu la vue et l'ouïe, et parfois aussi le une vingtaine d'années, depuis l'école secon-
goût, l'odorat et le sens tactile et kinésthé- daire. J e lui avais dit q u e , puisque Harold ne
sique) ; deux de ces études ont d o n n é des semblait pas faire partie intégrante de m o n
résultats statistiquement significatifs. rêve, je m'attendais à le rencontrer d'un m o m e n t
En analysant le contenu des reproductions à l'autre. N o u s nous s o m m e s levés pour partir,
de tableaux utilisées lors des séances de rêves c'est alors que j'ai vu Harold, dans la queue
télépathiques pendant la première nuit passée près de la porte (assis, je tournais le dos à la
au laboratoire par 7 4 S, on a recueilli des d o n - porte). Je lui ai touché le bras et j'ai dit â m o n
nées supplémentaires. Il ressort des opinions ami qu'il s'agissait d e la personne dont je
formulées par trois J d'après une liste d'adjec- venais de lui parler. Harold se rappelait q u e
tifs, que les réussites télépathiques sont géné- nous nous étions rencontrés au Lewisohn Sta-
ralement associées à des qualificatifs tels que dium quelque temps après avoir quitté l'école,
« agressif », « vif », « décidé », « imaginatif », mais je ne m ' e n souviens pas. Je n'y suis pas
« masculin » et « désagréable », tandis qu'aux allé depuis de nombreuses années. »
« échecs » télépathiques correspondent sou- Plusieurs mois après cet événement, l'un
vent des adjectifs tels que « brillant », « fémi- des chercheurs du Maimonides Medical Center
nin », « formel » et « agréable ». O n a donc a fait une conférence sur la télépathie et les
démontré l'importance de la participation affec- rêves à Huntington, N e w York. U n spectateur
tive de A, à la fois en choisissant des cibles qui est venu le voir après la conférence et s'est
évoquent des thèmes propres à susciter des présenté : c'était l ' h o m m e qui se trouvait
émotions et en faisant travaillera sur du maté- avec 5 au restaurant et il a confirmé l'histoire
riel multisensoriel. de la rencontre avec Harold.

Production d'effets psychotroniques dans des états de conscience altérés 363


Depuis l'ouverture du Registre central des rassemblés depuis des années par des cher-
prémonitions à Manhattan, les gens qui ont cheurs qui s'intéressent à la psychotronique. It
des rêves présumés prémonitoires et désirent est particulièrement intéressant de noter q u e
les faire enregistrer disposent maintenant d'un des effets télépathiques se sont manifestés au
centre d'information. L'une des personnes dont cours de rêves se déroulant en laboratoire; ces
les réussites ont été le plus constantes est phénomènes ont été observés surtout lorsque
M . Bessern, qui a servi de sujet pour deux le matériel cible était de nature affective et
études expérimentales. C e s études ont permis lorsqu'on tenait dûment compte des éléments
d'établir de manière statistiquement significa- de spontanéité, d'orientation, d'attente et d e
tive que la precognition dans les rêves pouvait volition. Les travaux plus récents sur les effets
être démontrée en laboratoire - dans le cas précognitifs vont dans le m ê m e sens : celui
d'un sujet au moins. d'une recherche qui apprend en observant la
vie et qui procède à des expériences contrôlées
Les états de conscience altérés semblent favo- aussi proches q u e possible des conditions
rables à la perception extra-sensorielle. L'asso- réelles dans un environnement scientifique.
ciation entre la perception extra-sensorielle et
les états de conscience altérés a été relevée
par plusieurs chercheurs. D e s études montrant • Stanley Krippner
les effets des différents degrés d'altération de
la conscience sur la perception extra-senso-
rielle ont été effectuées au Maimonides
L'auteur, docteur en psychologie de
Research Center. Lors d'une de ces études [17],
l'éducation, est Senior Research Associate au
chaque S a appris à employer une échelle lui
Maimonides Medical Center, 4802 Tenth
permettant d'indiquer le degré d'altération de
Avenue, Brooklyn, N.Y., 11219 (États-Unis
sa conscience pendant qu'il s'entraînait à maî-
d'Amérique). Le présent article repose sur un&
triser le rythme alpha de son cerveau. Il avait
communication présentée par l'auteur au
été précisé au sujet : « Durant cette expérience,
XX' Congrès international de psychologie
nous aimerions savoir dans quelle mesure l'état
qui s'est tenu à Tokyo en 1972.
de votre esprit reste constant ou se modifie...
S. Krippner est actuellement vice-président
Pour qu'il vous soit plus facile et plus pratique
(pour l'hémisphère occidental) de
de m'informer à ce sujet, je vais vous apprendre
l'Association internationale de recherches
à utiliser une échelle d'évaluation... Zéro signi-
psychotroniques et président de l'Association
fie q u e vous êtes normalement éveillé... Un
for Humanistic Psychology.
signifie que vous vous sentez particulièrement
détendu... Deux indique que votre attention se
concentre davantage sur les impressions et sen-
sations internes... Si ce changement est non
seulement perceptible, mais prononcé, vous
devez indiquer trois et s'il vous fait une très
forte impression, dîtes quatre... »
Dans cette étude, l'effet psychotronique a été
statistiquement significatif et il semble être
fonction de l'état de conscience de S - mesuré
par le sujet lui-même - au m o m e n t où il règle
le rythme alpha de son cerveau. Les expé-
riences réalisées au Laboratoire Maimonides
ont ainsi présenté des données correspondant
à divers points de vue, qui ont démontré l'utilité
de partir d'états de conscience altérés pour
obtenir des effets psychotroniques.

• Conclusion

Les thèmes qui se dégagent des données


recueillies au Maimonides Medical Center rap-
pellent les matériaux anecdotiques et cliniques

364 Stanley Krippner


BIBLIOGRAPHIE P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T

1. D E V E R E U X . G . (dir. publ.). Psychoanalysis and J O U V E T , M . Le rêve. La Recherche, n° 46 juin 1974,


the occult. N e w York, N.Y., International p. 515-527.
Universities Press, 1953. H A R T M A N N , E. Biologie du rêve. Bruxelles,
2 . F R E U D , S . Nouvelles conférences sur la Dessart, 1970.
psychanalyse. Paris, Gallimard, 1952. KALES, A . (dir. publ.). Sleep, physiology and
3. U L L M A N . M . ; KRIPPNER, S . ; V A U G H A N , A . pathology. Philadelphie, Lippincott, 1969,
Dream telepathy. Londres, Turnstone Books, 1973. M O R U Z Z I , G . The sleep-waking cycle. Ergebnisse
4 . U L L M A N , M . ; KRIPPNER, S . Dream studies and der Physiologie, n« 64, 2 , 1 9 7 2 .
telepathy : an experimental approach.
Parapsychological monographs, n° 12. N e w York,
N.Y., Parapsychology Foundation, 1970.
5. H A L L , C . Experiments zur telepathischen
Beeinflussung von Traumen [Expériences
sur l'influence télépathique dans les rêves].
Zeitschrift für Parapsychologie und Grenzgebiete
der Psychologie, vol. 10, 1967, p. 18-47.
6. KRIPPNER, S . ; U L L M A N . M . Telepathy and
dreams ; a controlled experiment with
electroencephalogram-electro-oculogram
monitoring. Nervous and mental disease, vol. 151,
1970, p. 394-403.
7. H 0 N 0 R T 0 N , C . Significant factors in
hypnotically-induced clairvoyant dreams.
J. American society for psychical research,
vol. 66, 1972, p. 86-102.
8. KRIPPNER, S . ; H O N O R T O N , C ; ULLMAN, M . ;
MASTERS, R.; HOUSTON, J. A long-distance
'sensory bombardment' study of ESP in dreams.
J. American society for psychical research,
vol. 65, 1971, p. 468-475.
9. FOULKES, D . ; BELVEDERE, E.; MASTERS, R.;
HOUSTON, J.; KRIPPNER, S . ; H O N O R T O N , C ;
U L L M A N . M . Long-distance 'sensory
bombardment' ESP in dreasm : a failure to
replicate. Perceptual and motor skills, vol. 35,
1972, p. 732-734.
10. KRIPPNER, S . ; D A V I D S O N , R. The use of
convergent operations in bioinformation
research. Study of consciousness, vol. 5,
1972, p. 64-76.
11. KRIPPNER, S . Electrophysiological studies
of ESP in dreams: sex differences in seventy-four
telepathy sessions. J. American society for
psychical research, vol. 64, 1970, p. 277-285.
12. H A L L , C , op. cit.
13. R O S S , C . Telepathy and dreams: an attempt at
replication. Princeton University, 1972.
(Multigraphié.)
14. V A N C E CASTLE, R. The study of G E S P in a group
setting by means of dreams. Proceedings
of the Parapsychological Association, p. 3 - 4 .
Dans : R O L L , W . : M O R R I S . R . ; M O R R I S , J. (dir.
publ.). Durham, N . C . , Parapsychological
Association, 1972.
15. BELVEDERE. E . ; F O U L K E S , D . Telepathy in
dreams: a failure to replicate. Perceptual and
motor skills, vol. 33, 1971, p. 783-789.
16. S T R A U C H , I. Zur Methodik Telepathischer
Traumexperimente [Une méthode d'expérimentation
de la télépathie dans le rêve]. Zeitschrift für
Parapsychologie und Grenzgebiete der
Psychologie, vol. 8 , 1965, p. 19-38.
17. KRIPPNER, S . ; D A V I D S O N , R. op. cit

Production d'effets psychotroniques dans des états d e conscience altérés 3 6 5


Existe-t-il une perception
paroptique?
Yvonne Duplessis

Depuis que l'écrivain et dramaturge Jules Romains a publié son ouvrage La vision
extra-rétinienne, il y a plus d'un demi-siècle, des expériences ont été faites pour
prouver que l'être humain peut « voir » par des moyens autres que ses yeux. Les
recherches actuelles effectuées, notamment en Union soviétique, montrent que
certains sujets peuvent parvenir à détecter des signes graphiques et surtout des
couleurs par le développement de la sensibilité des mains. On trouvera ici une
description de diverses investigations et des indications sur les hypothèses qu'elles
suscitent.

Tout le m o n d e sait, au moins vaguement, également par la poitrine et m ê m e par la nuque.


qu'assez fréquemment certaines personnes Elle n'est réductible à aucun des autres sens.
sont capables de voir des couleurs subjectives Dans son ouvrage, Jules Romains retrace
à l'occasion d'une sensation autre que celle de tous les procédés ingénieux qu'il utilisa pour
la vue. O n désigne en général ces phénomènes provoquer et analyser cette visiert permettant
sous le n o m d e synesthésie, l'audition colorée à des sujets sans capacités particulières de lire,
- c'est-à-dire le passage d'une sensation audi- les yeux bandés, et il affirme qu'il s'agit là de
tive à une impression visuelle — en étant le cas véritables expériences de laboratoire.
le plus fréquent. C e qu'on ignore, en revanche, Sous un éclairage normal, la vision parop-
c'est que dans des cas plus rares, certains tique est en effet analogue à celle de la vision
sujets sont capables de voir des couleurs normale mais elle en dépasse les limites, sauf
objectives sans le secours des yeux; c'est pour le noir et blanc. Jules Romains précise
alors qu'on parle de perception paroptique. que c'est sans le secours de l'hypnose, mais
Le premier qui ait prêté attention à ces phé- toutefois avec un régime spécial de la
nomènes et qui les ait étudiés a été le célèbre conscience qui laisse le sujet bien éveillé,
romancier et dramaturge Jules Romains. Il les que cette fonction arrive à émerger. Cet
a désignés sous le n o m de « vision extra- entraînement, il l'effectue aussi sur lui-même
rétinienne » dans un livre publié chez Gallimard et sur des aveugles « accidentels ». D e plus,
en 1 9 2 0 . Pour essayer d e les expliquer, il confie à son disciple René Maublanc,
Jules Romains s'est évertué à y voir une véri- professeur de philosophie, la conduite d'Une
table fonction dite paroptique, capable de se éducation paroptique (titre de son livre paru
développer, selon lui, par l'entraînement. Cette chez Gallimard, Paris, en 1926), celle, cette
vision, est e n effet, toujours selon Jules fois, d'une aveugle-née. Dans la première
Romains, de nature optique, mais elle est due partie de son ouvrage, R. Maublanc en relate
à des yeux en miniature, les « ocelles », les étapes et dans la deuxième partie son
répandues sur tout l'épiderme. Elle peut ainsi se sujet analyse lui-même ses impressions de
développer non seulement par le visage, mais découverte du m o n d e visuel.

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n" 4 367


• Patience et o p t i m i s m e interaction varie selon la couleur; d'où des
impressions le plus souvent inconscientes qui
Cet entraînement exige, autant d e l'opérateur constituent la sensibilité dermo-optique.
que d u sujet, une grande patience et un opti- C'est dans les ouvrages publiés par l'Ins-
misme imperturbable. Certes, l'inégalité des titut pédagogique de Sverdlovsk, sous la direc-
résultats est souvent décevante au cours d'un tion d u professeur Novomeysky, que sont
entraînement qui doit être très régulier. Les exposées les recherches sur les conditions
conditions d e santé, les préoccupations, la psychologiques, physiologiques et physiques
présence d'autres personnes peuvent influen- du développement de cette sensibilité dermo-
cer les résultats. Il faut en quelque sorte optique. D'après les premières investigations
apprendre à « voir » c o m m e o n apprend à de certains chercheurs, c o m m e les professeurs
lire o u à jouer d u piano. L'entraînement d u Dobronravov et Guylev, cette sensibilité est
visage c o m m e n c e par la « vision » de signes, analogue à celle de la vision normale. Aussi
de lettres placées sous verre, puis viennent a-t-elle la lumière pour agent physique.
la reconnaissance et le classement d e papiers En revanche, pour le professeur Novomeysky
colorés. Le sujet s'exerce aussi à « voir » et ses collaborateurs cette sensibilité d e r m o -
par les mains. Dans ce cas, ce sont les sensa- optique a paru d'abord bien distincte d e la
tions associées aux couleurs qui semblent vision normale, la détection des stimuli p o u -
prédominer. vant s'effectuer soit dans l'obscurité, soit sous
Si d'autres observations similaires pour- des écrans opaques. Mais leurs recherches
suivies particulièrement en U R S S ne d é m e n - actuelles établissent qu'il n'en est ainsi que
tent pas l'existence du p h é n o m è n e et l'intérêt parce que la vue ne prend pas conscience d u
du développement possible d e cette capacité, rayonnement infrarouge émis par les diffé-
elles rejettent son explication par des « ocelles ». rentes couleurs alors q u e le développement
IL n'y aurait pas, à proprement parler, une de la sensibilité dermo-optique fait passer d e
vision mais une induction, en particulier une l'inconscience à la conscience les impressions
induction des couleurs à partir d'impressions qu'il suscite.
tactiles, d'où la désignation nouvelle donnée
à ces phénomènes : au lieu d e fonction • Les impressions tactiles
paroptique, o n parle désormais de sensibilité
dermo-optique. Celle-ci semble être, en Mais quelles que soient les hypothèses, tous
dépit de son n o m , la possibilité - autre que étudient le développement d e cette sensibilité
dermique o u visuelle - d'identifier des textes par les mains avec o u sans contact. Est éli-
imprimés et des couleurs par le détour suivant : minée, bien sûr, l'objection d'une occultation
les impressions insolites ressenties sont obli- insuffisante des yeux par u n bandeau, la tête
gatoirement et inadéquatement traduites dans des sujets pouvant être recouverte d'une
le langage des sensations tactiles et visuelles. cagoule ou leurs mains détecter les textes ou
Mais quelle hypothèse pourra expliquer cette les couleurs à partir d'un écran opaque placé
nouvelle interprétation? La sensibilité dermo- devant leur visage.
optique proviendrait soit de l'influence kiné- L'entraînement est fondé sur l'apprentissage
sique et thermique d e la couleur sur la peau, de l'association entre les impressions tactiles,
soit d'une photoréception, c'est-à-dire d'une thermiques, affectives, et les couleurs qui les
absorption d e radiations lumineuses par l'épi- suscitent; et peu à peu le sujet apprend à
derme. identifier et à n o m m e r ces couleurs. Ainsi,
Le professeur Novomeysky qui, pour sa part, les étudiants du professeur Guylev arrivent à
est l'auteur d e l'expression « sensibilité différencier le rouge du bleu, puis le jaune de
dermo-optique », pense que cette faculté pro- l'orange, enfin le noir d u blanc et d u gris.
viendrait de différences de potentiels électri- Les impressions tactiles des sujets sont classées
ques produites sous l'influence de la surface dans l'ordre spectral :
colorée. Elles engendreraient des interactions Couleurs chaudes :
différentielles avec la peau d e la main en tant Rouge : accrochant, rugueux, gluant.
que surface possédant sa distribution d e Orange : rugueux.
charges électriques naturelles. Mais ses tra- Jaune : lisse, légèrement rugueux, non
vaux récents montrent que la p a u m e de la gluant.
main et les corps colorés dont elle s'approche Couleurs froides :
'émettent des radiations infrarouges; leur Violet : très rugueux.

368 Yvonne Duplessis


Bleu foncé : gluant, glissant.
Bleu : lisse, peu rugueux, non gluant.
Quant aux impressions thermiques, elles sont
à peu près les m ê m e s pour le bleu et le jaune
que pour l'orange et le violet. Le vert est
neutre, le noir est chaud, le blanc moins chaud
et le gris assez froid.
La recherche du professeur Novomeysky,
axée principalement sur les conditions phy-
siques de cette capacité, comporte l'analyse
d'autres critères de reconnaissance des cou-
leurs. Les expériences sans contact des mains
avec les surfaces colorées montrent que les
impressions suscitées sont senties à des
hauteurs différentes. Ces divers seuils sont
appelés barrières de couleurs et sont mesurés
avec des appareils étalonnés. Ces mesures
permettent surtout de fair» des recherches sur
les rapports des sept couleurs du spectre avec
ces m ê m e s barrières et d'étudier les variations
de leurs hauteurs selon les divers éclairages :
lumière du jour, lumière électrique, lumières
monochromatiques, pénombre, et m ê m e obscu-
rité totale. Ainsi, à la lumière du jour et à la
lumière électrique, elles sont plus hautes pour
le rouge, s'abaissent vers le jaune et le vert
pour remonter vers le bleu et le violet. Mais
des effets plus déroutants, semble-t-il, se
manifestent avec des écrans opaques placés
sur les couleurs c o m m e la neige, le bois,
différents métaux, le plomb. La sensibilité est
renforcée si les couleurs sont sous une plaque
d'aluminium, elle est modifiée selon que les
métaux sont plus ou moins bons conducteurs
de l'électricité et, d'après les résultats d'expé-
riences publiés en 1 9 7 3 , selon qu'ils sont
plus ou moins perméables au rayonnement
infrarouge des surfaces colorées qu'ils recou-
vrent.

• Le rôle d e l'expérience optique

Ces investigations, c o m m e chez Jules Romains


furent étendues aux aveugles qui avaient
perdu accidentellement la vue. Ces sujets se
révélèrent plus aptes que les autres à ces
détections, bien qu'elles dépendissent plus de
l'intensité de l'éclairage et de l'isolement élec-
trique des stimuli. Après deux mois d'entraî-
nement ils parvinrent à distinguer, par exemple,
le blanc, le noir et le gris. En outre ils purent,
contrairement aux sujets non aveugles, par-
venir à identifier les couleurs de divers crayons.
Les lois du mélange des couleurs furent pour
eux identiques à celles de la vision oculaire,
le professeur Novomeysky soulignant l'impor-

Existe-t-il une perception paroptique ? 3 6 9


tance du rôle de l'expérience optique que le incandescente, furent mieux détectées par les
sujet a pu avoir avant sa cécité. Les aveugles- dix-sept sujets testés que les différentes cou-
nés, eux, ne parvenaient qu'à discerner le leurs que pouvaient présenter simplement les
rouge du bleu. Les aveugles accidentels furent murs - spécialement équipés à cet effet -
aussi exercés à reconnaître des signes gra- en pivotant sur e u x - m ê m e s .
phiques : figures géométriques, chiffres, lettres, Douze sujets exprimèrent à peu près les
et cela sans contact direct, la hauteur des m ê m e s impressions pour les m ê m e s couleurs.
signes étant de 6,5 centimètres. Pour cette Blanc-gris : clarté, impression que la pièce
détection, les sensations kinésiques des doigts s'agrandissait.
et des mains sont indispensables. Le sujet Bleu-vert foncé : froid, impression d'espace.
esquisse les contours de la forme à reconnaître, Rouge-saumon : chaud, espace réduit.
placée entre 2 et 3 centimètres au-dessous de Le 2 3 avril 1 9 7 1 , Jules Romains nous fit
sa main. C o m m e R . Maublanc, le professeur l'honneur d'assister en personne à l'une de
Novomeysky observe que l'entraînement à la nos séances d'essais et nous incita ensuite à
lecture fait décliner les résultats obtenus pour poursuivre des recherches sur la vision extra-
les couleurs. rétinienne. N o u s avons pu les développer
N o u s avons de notre côté entrepris, à partir grâce à l'appui de la Parapsychology Founda-
de 1968, des tests sur les effets des variations tion Inc. En ce qui concerne plus spécialement
de la lumière et des couleurs du milieu envi- les aveugles, nous avons divisé les séances
ronnant sur des sujets aveugles ou presque d'entraînement en une double investigation :
aveugles mais ayant les yeux bandés. Ils vision par le visage, et détection par les mains.
furent poursuivis au Centre d'éclairagisme dont
M . Maurice Déribéré, président d u Centre • « Voir » a u m o y e n d u visage
d'information de la couleur, nous autorisa à
utiliser le laboratoire d'essais visuels. N o u s avons procédé c o m m e suit : le sujet est
Les différences d'intensité lumineuse ainsi assis, le dos à la fenêtre ou éclairé du côté
que la nature de la lumière, fluorescente ou gauche. Les stimuli sont d'abord des objets

Fig. 2. Exercice de tri de cartes de couleur.

370 Yvonne Duplessis


placés dans une boite en plastique, ensuite des critères subjectifs d e reconnaissance :
des cartes imprimées de dessins géométri- épaisseur, poids, impressions affectives susci-
ques, puis de voyelles. L'expérimentateur les tées par les plaques colorées. U n trait surpre-
tient à une distance de 5 à 3 0 centimètres du nant : quand o n leur d e m a n d e de classer
visage du sujet. Ensuite, le sujet s'efforcera les couleurs, les sujets tendent à le faire dans
seul de « voir » le stimulus ou les signes des l'ordre du prisme.
cartes mises sous plastique. La vision c o m - Repoussons u n e objection qui ne m a n q u e
m e n c e dans une sorte de brouillard dont émer- jamais d'être formulée : celle qui consiste à
gent d'abord des lignes sans formes que le ramener la perception paroptique à la clair-
sujet essaye de préciser. S'il tourne les paumes voyance et à la télépathie. Or, dans tous les
des mains vers le stimulus, la perception cas étudiés ici, il ne peut s'agir ni de l'une ni
semble renforcée. Quant à la vision des cou- de l'autre, diverses précautions étant prises
leurs, elle est faite à la lumière d u jour et à la pour les éliminer : opérateurs ignorants des
lumière électrique. C e sont d'abord des diffé- stimuli ou changés fréquemment 1 . D e plus,
rences qui sont perçues, par exemple entre le l'entraînement est progressif c o m m e celui,
rouge et le blanc, le jaune et le vert. Dans le rappelons-le, d'un enfant qui apprend à lire
visage d u sujet aveugle, c'est la tempe gauche et il peut aboutir à une perfection quasi
qui se montre la plus sensible. Le bleu suscite absolue. Enfin, l'interruption de l'entraînement
une faible visualisation, plus nette pour le fait disparaître les résultats déjà obtenus. Cela
jaune et surtout pour le rouge. ne veut pas dire qu'il ne s'agisse pas également
Les tests à la lumière électrique furent menés de l'intervention d'une énergie inconnue q u e
tantôt avec des rangées verticales d'ampoules les découvertes récentes de la psychotronique
colorées, tantôt avec des plaques d e couleur tendent à mettre en relief.
éclairées par-dessous. Les impressions les
plus caractéristiques furent suscitées par le • C e q u e les aveugles ignorent
rouge, les plaques vertes et noires furent
neutres. Avec l'entraînement, un sujet parvint C o m m e n t ne s'est-on pas avisé plus tôt de
à distinguer le vert du noir mais e n mettant l'existence de cette possibilité et pourquoi ne
ses mains à 2 0 centimètres au-dessus de la l'utilise-t-on pas davantage? Selon Jules
plaque, le vert induisant des impressions Romains certains aveugles se servent épiso-
motrices. diquement de cette faculté mais, n'ayant pas
En ce qui concerne la détection par les su o u p u la développper, ils en sont restés
mains, le sujet doit, selon nous,- apprendre aux premiers tâtonnements. D u reste, cette
consciemment à relier ses impressions au possibilité concerne surtout les aveugles acci-
stimulus qui les provoque afin de bien l'iden- dentels qui ont conservé un certain potentiel
tifier. C'est pourquoi nous utilisons au début de souvenirs optiques. Le professeur N o v o -
de l'entraînement des stimuli en relief qui meysky, de son côté, pense qu'un sujet sur
permettent au sujet d e vérifier par lui-même six est susceptible d e développer cette sensi-
l'exactitude de ses détections. C e sont des bilité dermo-optique. Il est donc très compré-
formes géométriques en bois découpé : hensible que les aveugles ignorent qu'ils pour-
triangle, carré, cercle, rectangle. Le sujet c o m - raient apprendre à détecter les couleurs par
m e n c e par localiser la place o ù se trouve l'une des signaux reçus sous forme tactile, ther-
d'elles à quelques centimètres en dessous de mique ou kinésique. Il s'agit, rappelons-le,
sa main puis il apprend à en sentir la forme d'un apprentissage raisonné et la technique
par des impressions de chaleur, de picotement pédagogique qui s'élabore est encore trop
bien différenciées. D e s reliefs moins pro- récente et, malheureusement, trop peu connue
noncés sont ensuite utilisés : de petits disques pour être systématiquement appliquée.
noirs collés sur des cartons blancs. Ces cartons L'essentiel toutefois reste de savoir que ces
sont ensuite placés dans des étuis en plastique. phénomènes existent, car leur latence est
Enfin, on en arrive à la détection de formes incontestable. Il est primordial de savoir aussi
imprimées sans relief, que le sujet doit iden- qu'ils doivent s'intégrer dans une conscience
tifier sans contant. O n effectue ensuite des élargie que, sans doute, notre vie dite civilisée
exercices de tri ou de classement entre des nous a fait perdre, et qu'ils laissent déjà
plaques de couleur distribuées inégalement. entrevoir une large zone d'application.
Parmi les sujets, les uns éprouvent des impres- 1 . Rappelons que les sujets dotés de capacités télépathi-
sions tactiles et thermiques, d'autres utilisent ques permettant des transmissions précises sont rares.

Existe-t-il une perception paroptique? 371


• Yvonne Duplessis

L'auteur a fait ses études supérieures à


l'Université de Montpellier et à celle de Paris.
Docteur es lettres, Mm> Duplessis,
publia en 1950 la première édition
de son livre Le surréalisme, dont
la dixième édition française vient de paraître
(PUF, collection « Que sals-je? »).
Elle commença en 1952 à participer
aux expériences de télépathie
poursuivies à l'Institut métapsychique
international par René Warcollier.
A partir de 1966, elle entreprit des recherches
avec des sujets privés de la vue.
Depuis 1971, elle étudie tout spécialement
la vision extra-rétinienne
et la sensibilité dermo-optique.
Adresse : 67, avenue Raymond-Poincaré,
75116 Paris (France).

P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T

DERIBÊRE, M . Les correspondances sensorielles


liées à la vision colorée. Die Farbe, vol. 2 2 ,
n°' 1/6, juillet 1973.
D U P L E S S I S , Y . Eyeless vision training. Proceedings
of the International Psychotropic Congress,
vol. II, Prague, 1973.
. Telepathic training of a blind woodcarver.
The osteopathic physician, avril 1974.
M A U B L A N C , R. Une éducation paroptique. Paris,
Gallimard, 1926.
N O V O M E Y S K Y , A . The nature of the dermo-optic
sense. Int. /. parapsychology, automne 1965.
(Numéro spécial.)
O S T R A N D E R , S . ; S C H R O E D E R , L. Fantastiques
recherches parapsychiques en URSS. Paris, Robert
Laffont, 1973.
R O M A I N S , J. La vision extra-rétinienne et le sens
paroptique (nouv. éd.). Paris, Gallimard, 1964.
Y O U T Z , R. Des doigts qui voient les couleurs.
Psychologie, n° 46, novembre 1973.

Ouvrages collectifs

A n o n y m e . Dermal optics: experiments by London


University science graduates. J. paraphysics.
vol. 1 , n ° 4 , 1967.
MINISTÈRE D E L'INSTRUCTION P U B L I Q U E .
¿es problèmes de la sensibilité dermo-optique.
Sverdlovsk, 1965.
. Questions de recherches complexes sur la
sensibilité dermo-optique. Sverdlovsk, 1968.
N O V O M E Y S K Y , A . (dir. publ.). La théorie de la
réflexion de Lénine et les problèmes psychologiques,
vol. 2 . Sverdlovsk, Université gouvernementale
de Gorki, 1973.

372 Yvonne Duplessis


Ce qui se produit quand
les ondes radio pénètrent la peau
Andrija Puharich

Depuis des milliards d'années, la Terre et les créatures qu'elle porte sont bombar-
dées par des ondes radio en provenance du cosmos. Éclairs, aurores polaires,
communications radio perturbées, te/s sont quelques effets de ce bombardement
perceptibles à l'homme. Mais, comme le corps humain ne porte pas une armure
sans défaut, que se passe-t-il au juste lorsque des ondes radio l'atteignent? De
cette rencontre, peut-Il tirer profit, et quelles possibilités s'offrent à cet égard?

La pénétration de la peau par les ondes radio de la tension est d é n o m m é e modulation d ' a m -
ordinaires produit un effet biophysique des plitude. Dans la radio-diffusion ordinaire,
plus obscurs et des plus complexes. C o m m e c'est la modulation d'amplitude qui imprime
nous s o m m e s constamment bombardés par sur l'onde porteuse les signaux musicaux et
ces ondes, ce phénomène revêt pour chacun vocaux.
de nous une certaine importance. Je tenterai U n e autre forme de modulation est dite
de décrire ce que nous en savons. modulation de fréquence. Ici l'onde porteuse
Les ondes radio sont des oscillations élec- est continue et l'amplitude constante; c'est
tromagnétiques qui se produisent dans l'espace la fréquence de l'onde porteuse qui n'est pas
ou dans des milieux solides ou gazeux et dont constante. En d'autres termes, cette fréquence
la fréquence varie entre quelques hertz varie (ou est modulée) en fonction de l'in-
(périodes par seconde) et des milliards tensité et de la fréquence du signal porté, la
d'hertz (Hz); dans le haut de la g a m m e se voix humaine par exemple.
situent celles que nous percevons sous la Je voudrais maintenant rassurer le lecteur
forme d'ondes lumineuses. L'onde radio la quant aux risques éventuels dus à la pénétra-
plus simple est une oscillation sinusoïdale où tion de la peau par les ondes radio ordinaires :
toutes les ondes ont la m ê m e hauteur : on pour autant que l'on sache, il n'y a pas de
peut la représenter sous la forme d'un long danger. Il y a risque seulement lorsqu'un
ressort à boudin vu de profil. Cette onde est puissant faisceau d'ondes radio d'origines
aussi appelée onde porteuse, car elle peut diverses - éclairs, lignes à haute tension,
servir à acheminer des informations. Lorsque radars militaires - pénètre la peau. Voyons
l'information est ajoutée à une onde porteuse, maintenant quelques expériences dans lesr
l'onde est dite modulée. quelles on contrôle la pénétration d'ondes
La fréquence de 5 0 ou 6 0 H z de notre radio dans la peau, en observant scientifique-
courant alternatif n'est pas modulée, c'est- ment ses effets.
à-dire que la hauteur de chaque onde (la
tension) est constante. Toute hausse soudaine • Ondes radio provenant du cosmos
de la tension - ou de la hauteur des ondes -
perturbe anormalement le fonctionnement des Bien avant la découverte scientifique de la
appareils électriques, mais la hausse contrôlée radio, la Terre était bombardée constamment

mpact : science et société, vol. XXIV (1974), n» 4 373


par des ondes radio de fréquences variées. la fréquence varie de 7 à 3 0 k H z et dont l'amr
Celles qui proviennent d u cosmos aident plitude peut être modulée par la voix humaine.
aujourd'hui les radio-astronomes à dresser la Ces plaques, qui ont la forme de disques
carte du ciel. La Terre possède une charge de métalliques de 5 centimètres de diamètre, sont
haute tension entre l'atmosphère et le sol appliquées sur la peau humaine sèche (nor-
qui se comporte c o m m e un condensateur male). Les ondes émises par le T D - 1 0 0 passent
géant, ou réservoir de charge électrique. C e par un circuit qui entre en résonance avec la
condensateur atmosphérique est constamment peau et les tissus sous-jacents, et leur énergie
modulé d'une façon ou d'une autre par l'énergie est ainsi transmise avec le m a x i m u m d'effica-
lumineuse provenant du Soleil et des orages cité [1 ]1. O n peut, dans une expérience,
magnétiques, par les changements météoro- appliquer les deux disques du T D - 1 0 0 d'un
logiques et les décharges des éclairs. Souvent côté ou de l'autre de l'avant-bras. Puis on
ces modulations de l'environnement électrique module l'onde porteuse par la voix humaine.
terrestre perturbent les communications radio. Le sujet n'entend pas les signaux vocaux tant
Mais elles créent aussi la beauté majestueuse que les disques restent immobiles. Mais si
de l'aurore boréale. Bref, l'homme a toujours l'on déplace légèrement l'un d'eux sur la
vécu dans un milieu imprégné d'ondes radio. peau à la façon de l'archet sur les cordes d'un
Pour déterminer avec précision les effets violon, un phénomène insolite se produit.
de leur pénétration dans la peau, il faut appli- Le sujet ne va pas entendre le son de la
quer ces ondes directement au lieu d e les voix, c o m m e s'il était transmis de son avant-
diffuser dans l'air. La technologie en jeu est bras à son oreille, mais un observateur, appro-
fort complexe et j'éviterai les détails techniques. chant l'oreille du disque en mouvement, va
M o n collègue Joseph L Lawrence et moi clairement et distinctement percevoir le son
avons conçu un appareil émetteur d'ondes des paroles émises. Le disque, activé par les
radio qui permet de pratiquer ¡'electrostimu- ondes radio et effleurant l'épiderme, fait
lation à travers la peau et que nous avons vibrer la peau de la m ê m e façon qu'un signal
baptisé « transdermal instrument » ( T D - 1 0 0 , électrique fait vibrer un haut-parleur électro-
en abrégé). Sauf indication contraire, les mécanique à la sortie d'un amplificateur élec-
résultats relatés ici ont été obtenus avec cet tronique. Si le sujet enlève les disques de son
appareil (voir la figure).
Des plaques activées par des ondes radio 1. Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie
dirigent sur la peau une onde porteuse dont en fin d'article.

Dispositif « transdermal » TD-100.

374 Andrija Puharich


avant-bras et les place sur la peau au voisinage de l'os en cas de fracture, de remédier aux
de l'oreille, il n'entend toujours pas les signaux trous de mémoire liés à la sénilité ou d'éviter
tant que les disques sont immobiles. Mais, les caillots sanguins en ralentissant le processus
dès qu'il en déplace légèrement un sur la de coagulation.
peau, il entend le signal vocal aussi distinc- Ces recherches ont trouvé une application
tement que les sons normalement perçus par particulièrement intéressante dans le problème
son tympan [2]. En effet, lorsque la peau est de la surdité due à des lésions sensorielles,
effleurée, les molécules de protéine-kératine surtout chez les enfants. Ceux qui ont fait
qu'elle contient s'étirent. Lorsque la kératine l'objet de cette étude entendaient certains
ainsi étirée est en présence d'ondes porteuses sons, mais sans pouvoir discerner parmi ces
modulées en amplitude, elle devient un détec- sons ceux qui représentaient des mots (surdité
teur d'ondes radio. verbale). Pendant plusieurs mois, ils ont été
L'exemple le plus connu de détecteur d'ondes soumis à un traitement d'électrothérapie au
radio est l'ancien poste à galène. La détection m o y e n du T D - 1 0 0 et, c o m m e ils ignoraient
est un effet de l'état solide produit dans la ce qu'était le son de la parole, les soins ont
peau ; la moitié supérieure de l'onde porteuse porté aussi sur ce point. U n pourcentage
sinusoïdale heurtant la peau est éliminée et important des enfants ainsi traités ont pu
seule la moitié inférieure (la moitié négative) alors entendre, distinguer et comprendre les
peut traverser la peau. C e phénomène a une sons d e la parole au m o y e n d ' u n auxiliaire
grande importance pour la biologie en général, auditif expérimental envoyant des ondes radio
et j'ai décrit ailleurs son mécanisme molécu- au cerveau sous forme d e signaux vocaux.
laire [3]. Ces travaux, encore aux premiers stades de
la recherche en laboratoire, permettent d'envi-
• Traitement d e la surdité par les sager avec optimisme l'atténuation des pro-
o n d e s radio blèmes dus à la surdité nerveuse [6]. Pour
autant que nous sachions aujourd'hui, l'expo-
Si nous interposons un isolant - par exemple sition d e la peau à des ondes radio sous
une feuille de polyester de quelque 2 centièmes contrôle rigoureux est le seul m o y e n connu
de millimètre d'épaisseur - entre le disque et dont nous disposions pour intervenir effica-
la peau, cela nous permet d'appliquer u n e cement dans les cas de surdité grave ou totale
onde porteuse d'amplitude ou de tension au d'origine neurosensorielle.
moins centuplée, c'est-à-dire qu'on peut
passer d e dix volts à plusieurs milliers. Cet • Photographie d ' u n « effet d e
accroissement de la tension fait apparaître d e c o u r o n n e »...
nouveaux effets. Ainsi, une personne à l'ouïe
normale peut dès lors entendre les signaux J'ai déjà dit que, si l'on place une pellicule
transmis par les ondes radio sans déplacer isolante entre le disque activé par ondes radio
les disques. Il est également possible d'appli- et la peau, o n peut exposer le corps humain
quer à la peau l'onde radio porteuse sous à des ondes porteuses à haute tension. Cette
n'importe quelle tension comprise entre 1 et méthode, connue depuis quatre-vingts ans
2 4 0 0 volts sans incommoder le sujet ni lui environ, a été découverte par le Croate Nikola
faire courir d e risque. Tesla [7]. Tesla a pu faire passer d e la sorte
Cette souplesse permet d e faire varier tous en toute sécurité des ondes radio de 500 0 0 0
les paramètres de l'onde radio appliquée à la volts à travers le corps humain.
peau (tension, courant, forme de l'onde, m o d u - Si l'on applique en un point du corps humain
lation), ce qui a conduit à la découverte d'un deux disques isolés du type décrit plus haut
certain nombre d'effets importants. O n a et que l'on y fasse passer des ondes porteuses
constaté surtout, chez un assez grand nombre modulées en amplitude, sous une tension
de patients soignés par électrothérapie à l'aide d'environ 1 1 0 0 volts, à 11 milli-ampères,
du T D - 1 0 0 , que l'emploi d'ondes radio pro- on constate certains phénomènes étranges.
grammées atténuait la surdité attribuable à D'abord, si l'on fait l'expérience dans l'obscu-
des causes neurosensorielles. En outre, des rité, on aperçoit une lueur bleuâtre entre la
patients souffrant d e vertiges (syndrome d e peau et le disque : il s'agit d'atomes de l'air
Meniere) ont été guéris par ce m ê m e traite- qui se trouvent activés et émettent des radia-
ment [4]. D'autres effets bienfaisants ont été tions lumineuses. Si on module l'amplitude de
signalés, qu'il s'agisse d'accélérer la guérison l'onde porteuse (50 kHz environ) paruneaudio-

C e qui se produit quand les ondes radio pénètrent la peau 3 7 5


fréquence de 1 k H z , un autre effet insolite la peau au cerveau. Dans ce dernier cas,
se produit. En plaçant un analyseur d'ondes c o m m e l'appareil auditif normal ne fonctionne
électromagnétiques dans un rayon d'une d o u - pas, o n pourrait dire que les ondes radio sont
zaine de mètres à partir du sujet, on constate capables de susciter une perception « extra-
que le corps humain émet des ondes sur une sensorielle ».
g a m m e de fréquences continues allant de 1 Les études ont été étendues au domaine de
kHz environ jusqu'aux fréquences des ondes la véritable perception extra-sensorielle, celle
lumineuses. Il faut souligner que dans cette où les informations sont transmises entre
expérience la peau ne reçoit que deux signaux, deux personnes matériellement séparées [9].
l'un de 5 0 k H z , l'autre de 1 k H z . Des expériences de ce genre ont été faites
Le mécanisme est simple. A chaque crête récemment par Harold Puthoff et Russell Targ,
de tension de chaque période du signal audio au Stanford Research Institute, sur Uri Geller
de 1 k H z imprimé sur l'onde porteuse, il y a [10]. Sous contrôle, LT. Geller a montré qu'il
décharge d'une étincelle dans la peau. C'est pouvait percevoir des informations (faces de
cette décharge (de 1 100 volts environ) qui dés et dessins) alors qu'il était totalement
engendre les fréquences de l'ensemble du isolé de leur source. Il semble donc bien qu'on
spectre d'ondes électromagnétiques inférieur puisse parler ici de perception extra-sensorielle.
aux ondes lumineuses. O n peut mesurer autre- O n s'est d e m a n d é ce qu'il adviendrait du
ment cette décharge en provenance du corps pouvoir de perception extra-sensorielle d ' U .
humain activé en appliquant une plaque p h o - Geller s'il était soumis à des ondes radio.
tographique en un point quelconque de la Ce pouvoir ne risquait-il pas de disparaître?
surface de la peau. Avec une durée d'exposi- Lors de tests préliminaires, un étudiant,
tion appropriée, on obtient sur la plaque sen- Jonathan Skutch, a exposé U . Geller à des
sible une ¡mage qui correspond au schéma ondes radio à haute tension. Le sujet, qui
de la décharge électrique en couronne à cet avait un doigt posé sur la surface d'une pelli-
endroit. Là encore l'explication est simple. cule Polacolor, pouvait percevoir l'image qui
Les points où se produit cet « effet de cou- se formait sous son doigt : triangle, carré,
ronne » sont assez sensibles à la constante etc. [11]. Résultat peu surprenant du reste,
isolante, ou diélectrique, dans cette région de puisque précédemment U . Geller s'était
l'espace. La constante diélectrique est déter- montré capable de projeter des images m e n -
minée ici par quatre paramètres : la tension tales sur une pellicule photographique tota-
absolue et les fréquences électromagnétiques lement à l'abri de la lumière.
entre un point de la peau et un point de la O n a procédé ensuite à une nouvelle série
pellicule photographique; l'ionisation des gaz de tests pour voir si U . Geller pouvait créer
entre ces deux points; la constante diélectrique des images sur une pellicule - l'image étant
au premier point; et la constante diélectrique choisie par un autre. Les observations préli-
au deuxième point. minaires, non encore publiées, sont d'un
Cet effet de couronne peut être photographié grand intérêt. Le corps d ' U . Geller a été exposé
pour n'importe quelle matière, organique ou aux signaux émis par le T D - 1 0 0 à 1 100 volts
inorganique. En Union des républiques socia- (de crête à crête) et portés par une onde de
listes soviétiques, cet effet est dit « photogra- 49 k H z modulée en amplitude par un son de
phie de Kirlian » [8]. C e que mesure ce genre 900 H z . Le sujet avait son index droit placé
de photographie chez les êtres vivants fait sur une pellicule Polacolor dans l'obscurité
l'objet de discussions animées. Il est trop tôt totale (en chambre noire). Dans une autre
pour dire à quoi il peut servir, bien qu'on pièce du m ê m e bâtiment, une personne lui a
signale déjà des applications intéressantes en transmis (mentalement) les nombres 1 à 9 ,
médecine. en désordre. U . Geller devait préciser les
nombres qu'il captait ainsi par perception
• ... et télépathie extra-sensorielle, en gardant son doigt sur la
pellicule. Sur dix essais, U . Geller a annoncé
J'ai montré c o m m e n t des êtres humains nor- dix fois le nombre exact. Dans neuf de ces
m a u x peuvent entendre des messages transmis dix cas, l'image du nombre correctement
par ondes radio et c o m m e n t , avec l'appa- perçue est apparue sur le film, toujours direc-
reillage électronique approprié, un sourd peut tement sous le doigt d ' U . Geller. Bien qu'à
percevoir les sons de la parole par l'intermé- l'état embryonnaire, ces observations ouvrent
diaire de signaux d'ondes radio transmis par de nouvelles possibilités à la recherche future.

376 Andrija Puharich


• Perspectives BIBLIOGRAPHIE

1. P U H A R I C H , H . ; L A W R E N C E , J. U . S . patent
Sans doute faut-il répéter les expériences et no. 3 563 246 : method and apparatus
intensifier les recherches. Cependant, les for improving neural performance in human
résultats sont importants, car ils laissent entre- subjects by electrotherapy.
. U . S . patent no. 3 586 791 : method and
voir une nouvelle façon d'activer le système
apparatus for hearing by bio-detection and
biologique humain. Selon une théorie avancée bio-transduction of radio frequency energy.
pour expliquer ces réactions, tous les effets 2. . Electrostimulation techniques of hearing.
relevés sur les êtres humains et décrits plus Technical documentary report no. R A D C - T R D -
haut peuvent être le résultat d'une action 64-18. Defense Documentation Center,
unique, à savoir l'injection d'électrons libres Alexandria, Va., décembre 1964.

dans le système biologique. Certaines indica- 3. P U H A R I C H , A . Protocommunication.


Proceedings of International conference on
tions donnent à penser que les électrons libres parapsychology. N e w York, N . Y . , Parapsychology
et les ions négatifs ont sur les êtres humains Foundation, 1973.
un effet antifatigue. Comprenant mieux le 4 . P U H A R I C H , H . ; L A W R E N C E , J. I : Hearing
p h é n o m è n e d'activation dû aux ondes radio rehabilitation by means of transdermal
qui pénètrent la peau, nous pourrons peut-être electrotherapy in human hearing loss of
sensorineural origin. Acta oto-laryngologica,
trouver des applications entièrement nouvelles, vol. 67, fase. 1, 1969.
par exemple pour redresser certains processus
5. . II: Hearing rehabilitation by means
pathologiques, porter des diagnostics médi- of transdermal electrotherapy in human hearing
caux, faciliter l'apprentissage intellectuel et loss of sensorineural origin. Excerpta medica, 1969.
utiliser la perception extra-sensorielle. (International congress series no. 189.)
O n pense pouvoir, grâce à des moyens élec- 6. ; L A W R E N C E , J.; D U G O T , R. Transdermal
troniques consistant principalement à injecter electrostimulation of hearing. Paper and motion
picture presented at thirteenth annual scientific
dans le système biologique des ions négatifs meeting. Committee for research in oto-
libres, maintenir l'état de santé général ou laryngology, American Academy of Ophthalmology
éliminer la fatigue. Il est possible qu'on puisse and Otolaryngology, octobre 1969.
aussi, par ces m o y e n s , prévenir les dépôts sur 7. TESLA, N . High frequency oscillation for
les parois du système cardio-vasculaire et electrotherapeutic and other purposes. Nikola
Tesla : lectures, patents, articles. Belgrade,
préserver l'intégrité du système cerebro- Nikola Tesla M u s e u m , 1956.
vascular. 8. KIRLIAN, S . ; KIRLIAN, V . Photography and
visual observation by means of high frequency
currents. J. scientific and applied photography,
vol. 6, n» 6, 1961.
9. P U H A R I C H , H . Electric field reinforcement of E S P .
Int.j. neuropsychiatry, vol. 2 , n° 5 , 1 9 6 6 .
• Andrija Puharich
10. Communiqué de presse. Stanford Research
Institute, Menlo Park, Calif., 10 mars 1973.
11. Parapsychology review, vol. 4 , n° 6, p. 5 - 7 .
A. Puharich, docteur en médecine,
s'intéresse depuis longtemps
à la radiothérapie ; il a rédigé le présent article
afin, selon ses propres termes,
P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T
« de combler l'écart entre la perception
auditive et le phénomène Klrlian ». Pour plus de détails concernant le traitement de la
A. Puharich a également publié, surdité ou l'appareil T D - 1 0 0 , prière de s'adresser
directement à Intelectron Corp., 432 West
au début de cette année, un livre 45 th Street, N e w York, N.Y. 10036 (États-Unis
à grand succès sur les pouvoirs paraphysiques d'Amérique).
de Uri Geller (Israël). O S T R A N D E R , S . ; S C H R O E D E R , L. Psychic
On peut entrer en contact avec l'auteur discoveries behind the iron curtain. Englewood
Cliffs, N.J., Prentice-Hall, Inc., 1970.
à l'adresse suivante : 87 Hawkes Avenue,
T O M P K I N S , P . ; BIRD, C . The secret life of plants.
Ossining, N.Y.10562 (États-Unis d'Amérique). N e w York, N.Y., Harper and R o w , 1973.

C e qui se produit quand les ondes radio pénètrent la peau 3 7 7


La photographie de Kirlian
force vitale
ou simple fait biologique?
Rudolph P. Guzik

Pour certains. / ' « aura » de Kirlian indique qu'il existe des forces psi ou qu'une
« force vitale » surnaturelle émane des organismes vivants. Pour un physicien, cet
effet peut être considéré comme une décharge de couronne à haute fréquence. Si
nous faisons abstraction des allégations et communications fondées sur la croyance
en des forces surnaturelles et « psioniques », le phénomène constitue une intéres-
sante curiosité scientifique et peut d'ailleurs offrir un instrument psychophysiolo-
gique utile.

Lors des premières traversées transatlantiques, l'imagination de ceux qui présupposent l'exis-
les marins étaient réconfortés par ce qu'ils tence de forces surnaturelles dans le m o n d e
pensaient être la présence de saint Elme : par réel.
une nuit obscure, au s o m m e t du mât, ils Il semblerait que le halo entourant une feuille
apercevaient, se découpant sur le ciel, une flétrissante change à mesure que reflue sa
lueur bleu-violet. C'étaient là sans doute les force vitale, et que le halo observé sur les
premières observations faites d'une décharge bords d'une main, d'un doigt ou m ê m e d'une
de couronne, et l'effet était attribué à des empreinte digitale change avec les émotions
forces surnaturelles c o m m e il en va aujour- de l'intéressé, l'aura reflétant l'équilibre psio-
d'hui, pour certaines gens, d e I' « aura » de nique. D e fait, l'auréole autour de la feuille
Kirlian. n'a pas toujours le m ê m e aspect et le halo
Dans les deux cas, le p h é n o m è n e tient à entourant une main placée dans le c h a m p
l'ionisation de l'air sous l'influence d'un gra- varie apparemment selon la tension psycho-
dient de potentiel électrostatique. Lorsque la logique mais non pas à cause d e forces
tension.est constante, la couronne n'est pas inconnues. Les changements sont dus surtout
très impressionnante : c'est une sorte de lueur à la résistivité superficielle d e l'objet, qui agit
symétrique et diffuse rayonnant à partir d'un c o m m e une électrode; quant aux variations de
point unique c o m m e dans le cas du « feu » couleur, c'est le résultat complexe de l'ioni-
de saint Elme. S'il s'agit d'un c h a m p oscillant, sation de l'air et des conditions dans lesquelles
le phénomène est spectaculaire, il a davantage la pellicule photographique est impressionnée.
d'ampleur et d'éclat. Sur un objet plat, la Les questions appelant une réponse d'expé-
couronne forme un halo d'effluves lumineux rimentateurs sérieux deviendront claires lorsque
émanant de ses bords. La couleur apparente j'aurai exposé certains des phénomènes asso-
des rayonnements varie' et les irrégularités à ciés à l'effet de couronne. Des expériences
la surface de l'objet déterminent largement la concernant cet effet et d'autres aspects des
configuration de la couronne. C'est l'aura de c h a m p s électrostatiques et des substances
Kirlian dont le saisissant déploiement excite diélectriques permettront de mieux comprendre

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n° 4 379


le phénomène de l'aura de Kirlian et pour- • Caractéristiques d e la c o u r o n n e
raient déboucher sur des applications sérieuses. d e Kirlian

• D é c h a r g e d e c o u r o n n e simple Ionisation et couleur

L'électrostatique traite des phénomènes dus à C o m m e le processus de conduction est déter-


la séparation de la charge électrique. A cause miné par la vitesse m o y e n n e de pénétration
des forces associées aux particules chargées des ions, il y a davantage de courant trans-
(conformément à la loi de Coulomb), toute porté dans un milieu à basse pression (pour
accumulation de charge produit des forces une m ê m e tension appliquée), car les colli-
qui tendent à neutraliser ou dissiper cette sions sont réduites. U n e forte humidité relative
dernière. Des charges très denses exercent des diminue le courant total de la couronne, car
forces sur d'autres particules chargées et peu- les ions formés sont lourds, hydratés et se
vent provoquer la dissociation ou l'ionisation déplacent lentement. Des gaz et des substances
de molécules neutres. O n peut accumuler une vaporisées introduits dans le voisinage de la
charge importante autour d'un gros objet rond, couronne peuvent influer sur la couleur de la.
sans que cette charge atteigne une forte den- lumière visible étant donné que différents états
sité en un point quelconque. O n peut ainsi énergétiques sont e n présence; le courant
créer des potentiels considérables, o u une total peut être affecté par la vitesse moyenne
tension élevée, sans qu'il y ait dissipation dans de pénétration des ions. Indubitablement, ces
l'atmosphère. Mais si l'électrode se termine en facteurs agissent, du moins en partie, sur la
pointe la charge locale à cet endroit peut couleur et la densité des couronnes de Kirlian.
devenir assez dense pour que l'air soit ionisé La couleur apparente d'une couronne dépend
et que la charge se dissocie. Ces phénomènes des gaz ionisés et de leurs états énergétiques.
d'ionisation et d e collision produisent des Dans l'air, le spectre dominant est celui de
radiations lumineuses, surtout ultraviolettes. l'azote; il donne la lueur bleu-violet. Avec
- U n e lueur bleu-vio!et est caractéristique de la des champs plus intenses, cette lueur devient
décharge de couronne. blanc-bleuâtre, le spectre de l'azote restant
U n arc se produit si le potentiel est assez dominant. Avec des potentiels plus impor-
élevé pour que l'air soit totalement décomposé tants, o n peut avoir d'autres spectres domi-
suivant tout le trajet de la décharge; aussi, nants et des électrodes organiques peuvent
avec une électrode de grand diamètre, lors- introduire d'autres gaz dans la couronne.
qu'on augmente la tension, un arc peut se Cependant, les couleurs rouge vif observées
produire avant que l'effet de couronne appa- dans certaines photographies de Kirlian ne
raisse. En d'autres termes, cette apparition sont pas faciles à expliquer de la sorte et une
dépend de ce que la dissociation est locale ou analyse attentive s'impose. Il faut étudier la
s'étend à tout l'intervalle séparant les élec- nature et la concentration des gaz présents,
trodes. U n arc se produit lorsque 1 0 0 0 0 V les potentiels d'ionisation obtenus et les
passent dans un intervalle de 1 c m , quelle spectres dominants. Les réponses pourraient
que soit la configuration des électrodes; si définir, de façon indirecte, les processus phy-
l'on modifie la géométrie du c h a m p de façon siologiques qui produisent les lueurs rouges
à obtenir 1 0 000 V / c m localement, un effet inhabituelles. En outre (et sans vouloir mini-
de couronne se produira. Pour cela, on peut miser les expériences déjà signalées), il n'est
appliquer 2 kV à un fil métallique de 0,1 c m pas certain que les lueurs rouges soient des
isolé d'une électrode adjacente par un inter- phénomènes qui apparaissent régulièrement
valle de 1 c m environ. dans des conditions données. Des lueurs se
Les caractéristiques physiques et chimiques produisent, semble-t-il, puis des explications
de la décharge de couronne ne sont pas faisant appel au surnaturel sont avancées
simples, mais le courant de la couronne (inten- après coup. Il faut noter que la plupart d e ces
sité de la charge dissipée dans l'air) et donc clichés photographiques sont le résultat de
l'intensité lumineuse de la couronne pour une l'exposition d e l'émulsion sensible dans le
tension constante sont fonction de plusieurs c h a m p électrostatique. A u cours de m e s quel-
facteurs : a) tension appliquée; b) géométrie ques observations, je n'ai pas vu de lueurs
de l'électrode, et c) paramètres atmosphériques rouges dans la couronne - pourtant du rouge
tels que pression barométrique et humidité est apparu parfois sur le film. Cela tient peut-
relative. être aux propriétés diélectriques de l'émulsion

380 Rudolph P . Guzik


et à d'autres effets provoqués dans le film; élévation de température - m ê m e pour une
un complément d'enquête serait nécessaire. fréquence et un niveau d'énergie bien moindres
— et il faut étudier l'influence particulière que
Effluve et électrode peut avoir ce p h é n o m è n e . Il importe de déter-
miner les niveaux d'énergie et de contrôler
D a n s le p h é n o m è n e d'effluve n'importe quelle attentivement l'exposition.
substance peut constituer l'électrode. Dans
l'aura de Kirlian, la nature de l'électrode ainsi Caractéristiques chimiques de la couronne
que sa composition et sa configuration sont
très importantes. U n morceau de matière plas- Les processus d'ionisation ne se limitent pas
tique pointu auquel on applique une tension à la formation d e particules ionisées. Ils
constante suffisante fait naître la lueur carac- englobent d'autres phénomènes dynamiques
téristique de l'aura, mais le courant émis est et la formation de composés nouveaux : ainsi
moins fort qu'avec une électrode métallique l'ozone, produit chimique très actif, apparaît
de forme analogue, et l'éclat est moindre. (La en fortes concentrations. (L'ozone détruit les
matière plastique joue le rôle de résistance, ce bactéries et est un excellent agent de blan-
qui limite l'arrivée de courant à son extrémité.) chiment.) L'azote étant également présent, il
L'électrode est affectée par les processus se forme par oxydation de l'azote en présence
d'émission et d'ionisation; m ê m e si elle est de vapeur d'eau, un c o m p o s é encore plus
en un métal peu sujet à la corrosion c o m m e le agressif : l'acide nitrique. D'autres substances
tungstène, elle finira par être rongée à cause se forment, en proportions moindres, mais
de réchauffement, de l'évaporation et de l'oxy- susceptibles d'exercer une profonde influence
dation d u matériau. Ces facteurs agissent cer- sur les autres substances présentes (ainsi,
tainement sur les matières qui font fonction les matières organiques et les emulsions photo-
d'électrode dans l'aura de Kirlian, du moins sensibles).
en certains points. Ainsi un matériau placé dans Cela nous suggère immédiatement u n e
un c h a m p électrostatique et jouant le rôle autre question : quels composés se forme-t-il
d'électrode dans la décharge en couronne dans la couronne de l'aura de Kirlian et quel
subira l'action de cette décharge et s'en trou- effet ont-ils sur l'électrode qui émet l'effluve
vera altéré. et sur l'émulsion sensible? D e s agents d e
U n e autre question se pose donc : c o m m e n t blanchiment très actifs affecteront certaine-
la substance de l'électrode est-elle directement ment les couches de l'émulsion sensibles aux
modifiée par : a) l'effluve, b) la tension élevée, matières colorantes, ainsi que son équilibre
et c) le c h a m p électrique à haute fréquence? chimique général. Manifestement, les m ê m e s
Des parcelles de carbone introduites dans la types d'action modifieront les matières orga-
couronne peuvent provoquer des lueurs rouges, niques utilisées c o m m e électrode, surtout en
mais seule la destruction de l'électrode par surface. Lors d'une exposition prolongée, il se
combustion peut en produire une quantité peut que la substance dont est faite l'électrode
substantielle. Il est possible d'ailleurs que les soit affectée dans son ensemble.
modifications de l'électrode ne se limitent pas
à des processus locaux. Les fours à micro- Rupture diélectrique
ondes chauffent très rapidement les aliments
à cause de l'eau que ces derniers contiennent, Il est possible de produire un effet de couronne
leur fonctionnement étant basé sur le fait parfaitement normal entre un point et une
qu'un c h a m p oscillant à haute énergie fait surface plane. Pour un intervalle donné, le
circuler les liquides conducteurs dans les ali- courant d e la couronne a une valeur limite
ments par couplage capacitif. C e couplage prévisible. Si l'on pose une pellicule de plas-
peut devenir important dans des c h a m p s oscil- tique sur la surface plane, le courant s'affaiblit
lants qui se forment dans l'intervalle étroit considérablement. Si le film plastique a d e
séparant des plaques parallèles. Des matériaux petites perforations, cependant, le courant est
c o m m e le carton ou le papier ne sont pas plus fort que s'il n'y avait pas de film : à chaque
affectés par le c h a m p de micro-ondes, car perforation se forment des microcouronnes qui
leur teneur en eau et leur conductivité sont contribuent chacune au nombre total d'ions
beaucoup plus faibles. Mais une feuille d e conducteurs, ce qui accroît la conductivité
végétal placée dans un c h a m p oscillant de ce effective de l'intervalle où se produit la cou-
genre doit enregistrer au moins une légère ronne. S'il n'y a pas de perforations et si l'on

La photographie de Kirlian : force vitale ou simple fait biologique 381


soumet la rigidité diélectrique du film à des C e qu'il faut souligner ici, c'est que la
tensions suffisamment fortes, le film subit une décharge à l'intérieur de l'émulsion (ou des
rupture diélectrique. En d'autres termes, il se emulsions) s'accompagne d'une émission d e
produit de petits arcs qui relient les deux faces lumière qui peut voiler le film autour' des
de la feuille et, sous l'action de la chaleur, la ramifications de Lichtenberg. Il est donc pos-
transperce. Q u a n d la matière organique est sible qu'une couleur observée au développe-
mince (par exemple une feuille végétale), il ment n'ait pas été présente dans la couronne;
y a rupture analogue, qui influe sur la configu- elle a été créée parmi les couches de ('emul-
ration de la couronne. Si la décomposition est sion à la fois par la rupture diélectrique et par
assez grande, toutes sortes d e matériaux les figures de Lichtenberg. Si l'on ajoute les
peuvent être introduits dans la couronne et en aléas du développement du film, on peut pen-
affecter ainsi la couleur apparente et l'intensité ser que le résultat obtenu a été produit aussi
lumineuse. bien par le film lui-même que par l'effluve à
Cela nous a m è n e à une autre question impor- enregistrer. Il faut approfondir la question
tante pour l'expérimentateur qui s'intéresse à avant d e pouvoir formuler des conclusions
l'aura de Kirlian : y a-t-il rupture diélectrique, utiles.
où et jusqu'à quel point? (Dans des conditions
contrôlées, il est facile de déterminer les modi- Champs alternatifs
fications de l'effet de couronne.) Autre effet,
probablement mineur dans la plupart des cas : L'effet de couronne est affecté par la polarité
('electroluminescence, à savoir l'émission d e du potentiel appliqué. La forme des couronnes
lumière suivant l'excitation de certains états et les caractéristiques du courant varient à
énergétiques dans une substance donnée. O n cause des différents processus e n jeu. La
relève ce p h é n o m è n e dans de nombreux phos- couronne négative produit des cônes d'émis-
phores, matières colorantes et matières orga- sion (Triche/ pu/ses) en forme de pinceau,
niques comparables; bien qu'il ne donne pas pouvant atteindre plusieurs centimètres d e
nécessairement assez de lumière pour trancher longueur. La couronne positive est une lueur
sur le rayonnement de la couronne, il ne faut pas pâle entourant l'électrode, et dite gaine d e
négliger la possibilité de cette complication. Hermstein; l'élément positif est confiné dans
un rayon de moins d'un centimètre. La tension
Emulsions photographiques de seuil à laquelle la couronne apparaît est
plus basse pour la couronne négative que pour
La plupart des auras d e Kirlian observées la couronne positive; ainsi, dans un c h a m p
récemment sont des électrophotographies et alternatif, la couronne négative prédomine.
non des photographies. Il faut bien distinguer Lorsque la tension avoisine le potentiel d e
entre le fait d'utiliser un appareil photogra- seuil, la couronne agit c o m m e un rectiticateur
phique pour enregistrer une émission produite de courant et, à moins d'une observation atten-
dans un c h a m p électrostatique et celui de pla- tive, seule la couronne négative semble pré-
cer le film sensible directement dans ce c h a m p . sente. Dans celle-ci, les électrons s'éloignent
Lorsque l'émulsion est exposée directement à de l'électrode; dans la couronne positive, i Is se
l'effluve et au c h a m p , des complications sur- déplacent vers elle et les processus de conduc-
gissent. N o u s avons déjà mentionné certains tion sont plus lents. C o m m e ces processus ne
des phénomènes capables de modifier le film : peuvent suivre le rythme des variations d u
effets électriques directs, agents de blanchi- c h a m p , la vitesse des ions devient très forte
ment et rupture diélectrique. Dans une emul- avec des fréquences suffisamment élevées.
sion noir et blanc il se forme des figures d e A m o n sens, ces détails restent mal connus et
Lichtenberg, ressemblant aux arborescences et les processus en jeu pourraient retenir l'atten-
aux aigrettes de l'éclair. Ces figures sont dues tion d'un bon spécialiste de la physique théo-
à des décharges latérales à l'intérieur de l'émul- rique. Il est intéressant de constater, par exemple,
sion; elles ne sont pas apparentes dans la que pour un potentiel négatif les cônes de Tri-
couronne puisqu'elles caractérisent une forme che! se forment en des points isolés le long de
de décharge diélectrique dans des emulsions l'électrode. Des irrégularités de surface ou de
photosensibles. Dans le cas de films de cou- légères variations de résistance interne peuvent
leur chacune des trois couches de colorants et déterminer l'endroit où ces cônes d'émission se
d'halogénure d'argent peut donner des figures déposent. Avec des fréquences mélangées,
d e Lichtenberg indépendantes. l'émission semble devenir plus uniforme; les

382 Rudolph P . Guzik


cônes ont tendanceàsedéplacerrapidement au- probablement l'analyse. Il est regrettable q u e
tour de l'électrode. A u contraire, dans un c h a m p la plupart des études récentes aient été faites
statique, les cônes sont souvent immobiles. avec des fréquences non filtrées, mélangées;
D'où la .nécessité de contrôler minutieusement les résultats sont imprévisibles et incertains.
le temps de pose, car, lorsqu'on procède à une
série assez longue d'observations, on risque • Avenir d e l'aura d e Kirlian
d'obtei>ir une sorte d'image « m o y e n n e » et
donc trompeuse. Autre complication : les Il serait présomptueux pour des physiciens de
légères variations de résistivité (qui déter- supposer leur modèle de la nature complet ou
minent le point d'émission) constituent un irréfutable, mais le modèle peut expliquer un
important paramètre physiologique et peuvent phénomène c o m m e l'aura d e Kirlian si l'on
être difficiles à déterminer. tient suffisamment compte des contraintes
expérimentales (voir encadré, p. 3 8 6 ) . Les
L'effet de « peau » physiciens croient aux lois des causes et effets,
car ils pensent que Mère Nature n'est pas
Avec des fréquences suffisamment élevées, mystique. Cependant, si un physicien d'au-
pratiquement exemptes d'harmoniques à fré- jourd'hui devait expliquer aux marins d'il y a
quence plus basse, deux complications cinq ou six siècles le pourquoi du halo envi-
majeures surgissent. D'abord, pour le m ê m e ronnant le s o m m e t d'un mât, il serait certaine-
apport d'énergie que dans le cas d'un c h a m p ment jeté par-dessus bord ou brûlé sur le
statique, les tensions de crête peuvent être bûcher. N o n qu'il ne puisse pas se faire
extrêmement fortes. Lorsqu'il faut seulement comprendre (bien que ce soit probable), mais
2 0 0 0 V pour constituer une couronne néga- parce q u e le feu d e saint Elme impliquait la
tive et si l'on applique une énergie identique à présence du protecteur des marins et que cette
un générateur d e haute fréquence, les crêtes présence était un réconfort. Il se peut q u e la
peuvent atteindre 20 0 0 0 V . Avec une tension force vitale et I' « aura psionique » offrent un
telle, le courant m o y e n dans la couronne peut réconfort analogue aux parapsychologues
être plus intense et des potentiels d'ionisation d'aujourd'hui.
plus élevés peuvent être atteints. Naturellement Quel que soit le réconfort que ce mysti-
la couleur et l'intensité des rayonnements s'en cisme apporte à ceux qui doivent justifier leur
ressentiront. Il est extrêmement important d e « science », ce genre d e préjugé entrave les
connaître exactement le potentiel appliqué : études et applications sérieuses. L'attrait d u
puissance d e pointe, tension efficace et fré- surnaturel a permis à beaucoup de s'enrichir
quence des oscillations. aux dépens d'un public crédule. Le goût d u
En second lieu, pour des fréquences élevées sensationnel a permis d e tout vendre, des
« pures », le c h a m p se confine à la surface d e cures miracles aux pyramides mythiques. C e
l'électrode émettrice. Il s'agit de l'effet d e genre de publicité irresponsable c o n d a m n e la
« peau », propriété caractéristique des c h a m p s cause des parasciences à l'oubli dans un ave-
électromagnétiques. La surface d e l'électrode nir plus ou moins proche.
devient donc le principal facteur qui influe sur Plus regrettable encore que cette superche-
l'intensité, la couleur et la forme de l'effluve. rie et cet abus d e confiance : la science légi-
Irrégularités d e la surface, humidité, présence time en vient à se fermer aux allégations
de sels et d'huiles superficielles, etc., déter- sensationnelles qui ne lui paraissent pas ortho-
minent la nature de l'effet de couronne. Si la doxes ; les phénomènes marqués des stigmates
tension psychologique est mesurée d'après la du mysticisme ne sont pas pris au sérieux,
transpiration, la dilatation ou la constriction moins encore examinés objectivement. D e ces
des vaisseaux sanguins ou la réaction galva- divers handicaps, l'aura de Kirlian a hérité les
nique générale d e la peau, les images corres- pires, à cause de la présentation et de la publi-
pondantes de l'aura seront nettement diffé- cité dont elle a fait l'objet. La contribution d u
renciées. Il suffit qu'une feuille placée dans le phénomène de Kirlian aux progrès de la science
c h a m p se dessèche superficiellement pour - ou à des applications techniques particu-
qu'un changement apparaisse dans la cou- lières, par exemple en psychologie - dépendra
ronne. Si la tension électrique est fournie avec des conditions dans lesquelles l'intérêt qu'il
des fréquences variables, la combinaison des suscite survivra à son association avec le
propriétés de la masse et de la surface défiera surnaturel.

La photographie de Kirlian : force vitale ou simple fait biologique 3 8 3


L'effet Kirlian : généralités et conseils
aux chercheurs

Les expériences signalées pour la première 3. Contrôler l'alimentation en énergie;


fois par S . D . et V . Kh. Kirlian impliquent enregistrer le spectre des fréquences, les
un contrôle attentif d e la source de tensions de crête et la tension efficace,
tension et un filtrage des harmoniques à les courants dans la couronne, le niveau de la
faible fréquence. Pour fixer les images on a puissance d'entrée, le temps d'exposition.
pris des photographies à travers une 4 . Éviter d'exposer directement le film
électrode transparente, ou bien photographié au c h a m p électrostatique à moins d'analyser
directement un objet servant d'électrode. attentivement les effets sur les films;
. Le film lui-même n'a pas été exposé au enregistrer les temps de pose, la sensibilité
c h a m p . L'analyse spectrale des effluves a des films et la durée du développement, et
été faite à l'aide d'un monochromateur et mesurer les intensités lumineuses
l'on s'est efforcé, dans une certaine mesure, indépendamment.
d'identifier le spectre d'émission apparent. 5. Mesurer avec précision la géométrie
Malheureusement, au cours d'expériences des électrodes actives; déterminer l'ampleur
comparables récentes, on a rarement pris de la rupture diélectrique et de la
ces simples précautions. Après les destruction superficielle provoquée par
premiers rapports qui sont parvenus d e le c h a m p .
l'Université d'État du Kazakhstan, la 6. Pour une étude plus poussée,
plupart des traductions ont été et restent déterminer la composition chimique et le
incomplètes et peu claires. spectre de la couronne active à l'aide
Pourtant, dans les premières études il d'instruments calibrés et sûrs. Isoler les
n'était pas question, directement ou différents types d'effluves; les étudier en
indirectement, de force surnaturelle. Par la corrélation avec les caractéristiques
suite, des auteurs, usant de techniques physiques de l'électrode employée pour
expérimentales médiocres et versant dans le l'expérience. Déterminer les propriétés
mysticisme, ont produit un m a g m a électriques d e la masse et de la surface
d'observations confuses. Pour éclairer ceux (résistivité, constante et rigidité
qui entreprennent sérieusement l'étude d e ce diélectriques), caractéristiques physiques (poli
fascinant p h é n o m è n e , je m e permets de la surface, section transversale, porosité)
d'indiquer certains points à omettre, ou à et propriétés analogues. Utiliser au besoin
inclure dans les travaux de recherche qui lui le microscope. Déterminer la composition
seront consacrés. chimique à la surface de l'électrode.
1. N'accorder aucune attention aux écrits Pour les premières études en noir et
invoquant la « force vitale » ou I' « aura blanc, je suggère d'employer du papier
psionique » et éviter d'employer ces électrophotographique plutôt q u e des
expressions dans les rapports à venir. emulsions photosensibles. O n peut s'en
2 . Consulter des ouvrages sérieux sur la procurer, par petites quantités, auprès d e
décharge de couronne, l'électrophotographie n'importe quel fabricant ou fournisseur de
et les emulsions photographiques. machines à photocopier commerciales.

384 Rudolph P. Guzik


• Rudolph P. Guzik

M. Gusik, titulaire d'une licence et d'une


maîtrise en physique, est spécialiste de
science et de technologie électrophoto-
graphiques. Membre de I'Electrostatics
Society of America, ancien physicien
principal à la Société Apeco, il est
actuellement rédacteur adjoint de la revue
Electro-optical systems design, publiée à
Chicago. On peut le joindre à l'adresse
suivante : 5751 N. Richmond Street,
Chicago, III. 60659 (États-Unis d'Amérique).

P O U R A P P R O F O N D I R LE S U J E T

C O B I N E , J. Gaseous conductors: theory and


engineering applications. N e w York, N.Y., Dover
Publications, 1958.
GUZIK, R . Corona discharge of Z n O sheets.
IIs Conférence internationale sur
l'électrophotographie, Society of Photographic
Scientists and Engineers, Washington D . C . ,
2 4 - 2 7 octobre 1973 (monographie).
« Kirlian > electrophotography : data package A.
Washington, D . C . , Mankind Research Unlimited,
Inc., 1973.
K R I P P N E R , S . ; R U B I N , D . (dir. publ.). Galaxies of life.
N e w York, N . Y . , Londres et Paris, Gordon
and Breach, 1973.
; . (dir. publ.). The Kirlian aura. N e w York,
N.Y., Anchor Press-Doubleday, 1974.
L O E B , L. Electrical coronas: their basic physical
mechanism. Berkeley, Calif., University of
California Press, 1965.
— . Static electrification. Berlin, Springer Verlag, 1£58.
M O O R E , A . (dir. publ.) Electrostatics and äs
applications. N e w York, N.Y., John Wiley 8- Sons,
1973.
S C H A F F E R T , R. Electrophotography. Londres, Focal
Library, 1971.
T H O M A S , W . , Jr. SPSE handbook of photographic
science and engineering. N e w York, N . Y . ,
Wiley-lnterscience, 1973.
TILLER, W . Are psychoenergetic pictures possible?
New scientist, vol. 62, n° 895, 25 avril 1974.
(« Le plus souvent, l' 'aura' humaine a une
explication simple, non psychique, mais la
photographie de Kirlian peut devenir un instrument
précieux de recherche et de diagnostic, i)

La photographie de Kirlian : force vitale ou simple fait biologique 3 8 5


La recherche sur les phénomènes
paranormaux au Brésil
Jarbas George Marinho

Dans un pays comme le Brésil, dont la culture dérive en partie de coutumes tribales
africaines, la croyance à ce que beaucoup appellent le surnaturel est entrée dans
les mœurs. Il y a dix ans à peine, quelques spécialistes brésiliens ont organisé un
centre national de recherches « psychobiophysiques ». Ils ont établi un plan d'études
approfondies des phénomènes biologiaues que l'analyse scientifique classique ne
permet pas d'expliquer.

Le Brésil a beaucoup de retard à rattraper dans ces témoignages. Ses efforts ont porté jusqu'ici
le domaine de la parapsychologie, que nous sur les phénomènes spontanés ( c o m m e les
préférons appeler la psychobiophysique, pour activités des poltergeists) et la c o m m u n i c a -
des raisons exposées plus loin. Bien qu'on tion dite médiumnique, les témoignages d'en-
relève, dans notre pays, de nombreux exemples fants à l'appui des idées sur la réincarnation,
de toutes sortes de phénomènes d'apparence et (ce qui a peut-être le plus d'importance)
paranormale, ce n'est qu'en 1963 que des sur des expériences de laboratoire contrôlées,
chercheurs scientifiques qualifiés ont entrepris exécutées à l'aide de machines construites
un effort soutenu pour les étudier. spécialement à cette fin, y compris le premier
C'est cette année-là que l'Instituto Brasi- appareil Kirlian qui ait été monté ailleurs qu'en
leiro de Pesquisas Psicobiofisicas (IBPP) Union soviétique.
[Institut brésilien de recherches psychobio- C o m m e les fondateurs de la British Society
physiques] fut fondé par un petit groupe for Psychical Research ( S P R ) . la majorité des
d'idéalistes ayant à sa tête l'ingénieur-électro- m e m b r e s fondateurs de l'IBPP étaient des
nicien Hernâni Guimarães Andrade, fonction- spiritualistes ou plutôt - nous préférons les
naire qui occupe aujourd'hui un poste impor- appeler ainsi - des « spirites ». Mais, à la diffé-
tant à l'Office d e l'électricité d e l'État d e rence de ce qui s'est passé à la S P R , les spirites
São Paulo. sont restés majoritaires à l'IBPP et l'institut,
M . Andrade avait déjà passé une vingtaine bien qu'il ait eu à lutter initialement contre une
d'années à étudier l'histoire de la recherche certaine méfiance, entretient maintenant les
psychique dans d'autres pays. Il avait aussi meilleures relations avec le m o u v e m e n t spirite
élaboré une hypothèse personnelle détaillée brésilien qui, malheureusement, n'a jamais
sur la structure du « psi-plasma », qu'il avait adopté d'attitude scientifique à l'égard des
exposée dans deux ouvrages parus en 1 9 5 8 phénomènes inhabituels.
et en 1959 [I] 1 .
A u terme de sa dixième année d'existence • Le c a s Mirabelli
(l'an dernier), l'IBPP avait déjà accumulé une
s o m m e considérable de témoignages de pre- Le Brésil est très éloigné d'une grande partie
mière main relatifs à des phénomènes para-
normaux, en se concentrant d'abord sur les
1 . Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie
domaines où il est le plus facile de recueillir à la fin d e cet article.

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n° 4 387.


du reste du m o n d e , ce qui explique dans une ploits attribués à des gens c o m m e Mirabelli
certaine mesure pourquoi, jusqu'à une date - et que l'auteur n'a jamais pris la peine d'étu-
récente, nos efforts ont éveillé peu d'échos dier de près - ne sont qu'un tissu de fausseté.
dans les pays où la recherche psychique est
depuis longtemps de tradition. Les tentatives H Regain d'intérêt pour la
isolées faites par des visiteurs étrangers pour parapsychologie
étudier les phénomènes qui se produisent au
Brésil n'ont pas été, dans l'ensemble, couron- La situation a changé depuis quelque temps.
nées de succès. Il y a une cinquantaine d'an- La première étude sérieuse du spiritisme et des
nées, par exemple, le médium Carmine Mira- phénomènes connexes parue au Brésil (en
belli, né au Brésil, a suscité un intérêt consi- anglais et en français) est due à l'écrivain
dérable par des prouesses qui portaient sur Pedro McGregor [6], qui est lui-même u n
toutes sortes d e phénomènes physiques, médium de grande expérience. U n livre, de
depuis l'écriture automatique (ou psychogra- David Saint-Clair (des États-Unis), plus aisé-
phie) jusqu'à la matérialisation d e formes ment accessible, qui évoque les aspects exo-
complètes et la lévitation. Les récits de ces tiques des cultes brésiliens d'inspiration afri-
exploits, rédigés pour la plupart par des amis caine, a touché un large public [7]. Ces deux
intimes, paraissaient si incroyables qu'ils inci- ouvrages ont permis de faire connaître aux
tèrent une poignée de chercheurs étrangers à lecteurs étrangers deux médiums brésiliens
faire le long voyage d'Amérique du Sud pour remarquables : Francisco Candido (« Chico »)
le voir au travail. Xavier, auteur de 125 livres écrits en état de
Des représentants d e la S P R venus d e transe, et le chirurgien « psychiste » José
Grande-Bretagne et des États-Unis ont rendu A n g ó 1 . A peu près au m o m e n t où paraîtra ce
compte de ce qu'ils avaient fait pour étudier le numéro àlmpact. l'écrivain britannique G u y
cas Mirabelli; de son côté, Hans Driesch (alors Lyon Playfair publiera les résultats d'une
président de la S P R de Londres) fut suffisam- enquête détaillée sur les phénomènes para-
ment impressionné par ce qu'il avait vu pour normaux au Brésil. Playfair habite S ã o Paulo
inviter le médium brésilien à se rendre dans la et travaille à notre institut.
capitale britannique pour y subir des examens Le Brésil est une nation jeune à bien des
dans des conditions contrôlées [2,3]. Mirabelli égards, mais a une foi profonde en son avenir.
accepta aussitôt l'invitation mais, malheureu- Sa nouvelle génération, proportionnellement
sement, ces tests n'eurent pas lieu. plus nombreuse q u e dans beaucoup d e pays,
Il est inadmissible qu'aucun Brésilien, à la s'intéresse vivement à la parapsychologie et
seule exception d'Eurico d e Goes, n'ait aux domaines apparentés, et c o m m e n c e à
jamais essayé sérieusement d'étudier le cas porter une attention critique aux phénomènes
Mirabelli. D e Goes lui a consacré un long extra-normaux qui se produisent au Brésil.
ouvrage, très soigneusement documenté [4], Malheureusement, il existe dans notre pays
qui constitue l'unique effort q u ' o n ait fait au un grand nombre d'institutions prétendument
Brésil, il y a déjà un certain temps, pour étudier parapsychologiques qui sont administrées par
les phénomènes paranormaux d'une façon des groupes religieux (dont certains sont étran-
relativement systématique. D e Goes, qui a gers) ; elles n'ont d'autre but que de gagner
également fondé et administré la première de l'argent et de créer de la confusion, cher-
bibliothèque municipale de São Paulo, nous chant ainsi à discréditer un mouvement spirita
a laissé, pour ainsi dire, la seule documenta- en expansion. Ces institutions sont arrivées à
tion fiable sur ce médium extraordinaire. N o u s leurs fins, dans la mesure où de nombreux
s o m m e s résolus à éviter le retour d'une telle jeunes Brésiliens s'imaginent aujourd'hui q u e
situation dans le cas d'autres m é d i u m s la parapsychologie a été inventée par l'Église
brésiliens. catholique romaine I Ces pseudo-parapsycho-
O n trouve un exemple assez typique de l'in- logues ont une influence désastreuse sur l'es-
térêt que les spécialistes brésiliens portent aux prit de nos jeunes gens.
phénomènes qui se produisent chez eux dans N o u s avons choisi, pour désigner notre
un long ouvrage du psychanalyste Antonio domaine d'intérêt, le mot assez pesant d e
da Silva Mello [5], publié en anglais. En effet,
une dizaine seulement de pages de ce livre
1. D e son vrai n o m : José Pedro de Freitas, paysan
(qui en a 494) font état du Brésil, le plus sou- originaire des montagnes du nord de Rio de Janeiro,
vent pour insinuer que les comptes rendus d'ex- tué dans un accident de la circulation en 1971 [N.d.l.r.],

388 Jarbas George Marinho


« psychobiophysique » (adapté de l'italien vent être projetés à travers des matières solides
psicobiofisica) parce que les termes « para- - y compris le verre, jusqu'alors jugé capable
psychologie » et « recherche psychique » ne de résister aux poltergeists - et que ces
semblent couvrir à la fois que deux sciences esprits peuvent être exorcisés, avec un succès
- la biologie et la physique - qui nous inté- total et immédiat, grâce aux méthodes spirites
ressent tout autant que la science de l'âme de tradition au Brésil.
humaine. Notre méthode d'approche fonda- Quatre autres cas méritent une brève m e n -
mentale n'en reste pas moins la m ê m e que tion. Dans le premier, qui s'est produit à
celle des chercheurs de nombreux autres pays. Sorocaba, nous avons pu observer un polter-
N o u s rassemblons des témoignages, nous les geist qui « déménageait » à la poursuite d'une
étudions et nous en tirons les conclusions pro- famille cherchant à lui échapper après qu'il
visoires que nous jugeons justifiées. eut mis la maison sens dessus dessous. C'est
Notre première grande enquête - ella a duré là que nous avons enregistré pour la première
plus de deux ans - a porté sur un cas supposa fois un phénomène incontestablement para-
de communication (en 1961) avec l'esprit normal : une lourde étagère d e bois qui
d'un soldat tué en 1932. L'étude de ce cas, s'effondrait avec fracas, sans cause apparente,
dont la publication a été le premier ouvrage alors que quatre de nos observateurs se trou-
de l'IBPP [8], nous a permis d'acquérir une vaient sur les lieux, et que toutes les personnes
expérience très utile en matière d'enquêtes; de la maison étaient sous le regard de l'un ou
elle nous a laissés convaincus que la c o m m u - de l'autre au m o m e n t de l'incident.
nication avec une entité désincarnée était l'hy- Dans un autre cas, à Suzano, près de São
pothèse la plus plausible. La seule faiblesse Paulo, nous avons compté, parmi nos témoins,
sérieuse était l'absence de témoignages détail- le chef de la police locale qui nous a décrit un
lés enregistrés au m o m e n t de la communica- phénomène d e parapyrogénie (combustion
tion supposée; cela nous a enseigné la néces- spontanée inexplicable) qu'il avait vu de ses
sité de noter soigneusement toutes les formes yeux. Il nous a dit que certains objets, bien que
de témoignages, si insignifiants soient-ils, au copieusement arrosés d'eau, avaient soudai-
m o m e n t m ê m e où l'événement se produit. nement pris feu. N o s dossiers contiennent un
nombre exceptionnellement élevé d'exemples
• Activités attribuées a u x de ce genre, y compris des cas de combustion
« poltergeists » spontanée de matelas sur lesquels des gens
étaient endormis, de vêtements sous clef dans
Nos dossiers les plus épais sont, de loin, ceux des armoires, et m ê m e de gros meubles.
qui concernent les poltergeists et la réin- Dans le troisième cas, qui s'est produit dans
carnation. N o u s estimons avoir rassemblé d e un quartier résidentiel d e la banlieue d e
nombreux témoignages valables à l'appui de São Paulo, nous avons pu reconstituer l'his-
ces deux types de phénomènes. Nous avons toire des méfaits d'un esprit, qui sévissait
étudié de première main une vingtaine de cas depuis six ans, avait contraint la famille à
d'activités attribuables à des poltergeists ; nos déménager trois fois, et avait, à deux reprises,
chercheurs ont vu leurs efforts récompen- failli pousser l'un de ses membres au suicide.
sés quatre fois, où se sont produits, en leur Cette affaire nous-a révélé que ces esprits,
présence, des phénomènes dont certains ont bien que souvent espiègles en apparence,
pu être enregistrés sur bandes magnéti- peuvent créer un véritable problème social et
ques. - être la cause de grands chagrins et de sérieux
L'un de ces cas (juillet 1972) s'est présenté d o m m a g e s . N o u s avons m ê m e noté un cas de
dans une pension de famille située à quelques tentative de meurtre : un bébé qui ne savait
rues seulement du centre commercial de São pas encore marcher fut découvert au fond d'un
Paulo (la plus grande ville d'Amérique du Sud), panier à linge qui venait de prendre feu. Il
et non loin de l'habitation de notre directeur put être sauvé d'extrême justesse.
de recherche, M l l e Suzuko Hashizume. Celle- Nous possédons aussi des témoignages sur
ci a pu suivre les événements pendant plus le cas d'un esprit qui s'acharnait plutôt sur les
d'un mois et enregistrer six heures de témoi- choses que sur les gens. Il s'est produit au
gnages. Bien que nous soyons encore occupés Paraguay en présence de notre enquêteur :
à tabuler ces éléments en vue de les présenter une voiture du type Jeep, de 2,5 tonnes, a été
à un congrès international, en 1975, nous déplacée sur une distance d e près d e 1 5
espérons pouvoir montrer que des objets peu- mètres.

La recherche sur les phénomènes paranormaux au Brésil 3 8 9


• Recherches sur la réincarnation qu'il appelle un modèle d'organisation bio-
logique et un c h a m p biomagnétique.
La réincarnation, qui suppose la survivance d e C o m m e je l'ai dit plus haut, nous croyons
quelque chose de l ' h o m m e après la mort du avoir été les premiers, en dehors de l ' U R S S ,
corps, est considérée c o m m e un fait indis- à avoir fabriqué des appareils photo Kirlian.
cutable depuis plus de cent ans par des mil- N o u s en possédons deux et les expériences
lions de Brésiliens. C'est pourquoi il nous a auxquelles nous procédons depuis cnq ans
été si facile de recueillir des témoignages en dans ce nouveau domaine plein de mystère
cette matière. N o u s tenons à remercier M . lan ont eu des résultats qui ne sont pas simple-
Stevenson du rôle qu'il a joué à cet égard : ment encourageants. C o m m e nous avions
il a été le premier à attirer notre attention sur réussi assez vite à produire ce qu'on appelle
la nécessité de recherches exhaustives et c'est un effet de feuille fantôme, dans lequel une
m ê m e lui qui nous a signalé le premier de partie détachée d'une feuille semble rester
nos cas, dont le nombre dépasse maintenant visible sur la photographie prise sous l'influence
quatre-vingts. d'un c h a m p électrique de haute fréquence, ce
A peu d'exceptions près, les témoignages succès nous a incités à de nouvelles expé-
que nous avons réunis sur la probabilité de la riences sur des queues de lézard et l'extrémité
réincarnation sont ceux d'enfants de quatre o u de doigts humains. En ce qui concerne les
cinq ans, ou des parents de ces enfants. Nous queues de lézard, nous croyons avoir observé
avons pu suivre des affaires au cours des- des preuves de l'existence d'un c h a m p bio-
quelles de jeunes enfants se sont mis spon- magnétique rémanent lorsque la queue a été
tanément à parler des langues étrangères détachée. Dans nos expériences sur des êtres
qu'ils ne pouvaient normalement connaître- humains, nous avons fait des centaines d'essais
Dans d'autres cas, il s'agissait d'enfants por- dans les conditions les plus variées, mais nous
tant sur la peau des taches correspondant à s o m m e s plus prudents que beaucoup de nos
des blessures fatales reçues précédemment collègues quand il s'agit de formuler des
au cours d'incidents dont ils semblaient gar- hypothèses sur ce que révèle le processus
der un souvenir détaillé, sans parler des n o m - Kirlian. N o s essais les plus intéressants ont été,
breux cas où des enfants ont déclaré simple- jusqu'ici, ceux qui font intervenir un «c guéris-
ment, mais avec conviction, qu'ils avaient été seur » et un « patient » et au cours desquels
« grands autrefois », ou m ê m e été les parents nous avons observé des modifications frap-
de leurs parents. M ê m e en tenant compte de pantes dans la décharge visible du bout des
l'esprit imaginatif de l'enfance, nous estimons doigts du guérisseur lorsqu'il faisait ses passes
avoir rassemblé des témoignages sérieux prou- curatives ou de simples transferts d'énergie
vant que la réincarnation est une probabilité au patient (voir figures).
méritant une étude approfondie.
L'exécution de notre programme pratique de • Nécessité d ' u n e coopération
recherches a été gênée par le m a n q u e internationale
d'argent, de temps et d e personnel qualifié.
Notre département scientifique (dirigé par Bien qu'il n'existe que depuis peu de temps,
M . Andrade) a néanmoins réalisé, en peu de l'IBPP a déjà pu nouer des relations amicales
temps, des progrès notables. Notre premier avec de nombreuses personnalités du m o n d e
projet a été la construction d'un compresseur de la recherche parascientifique. Nous corres-
électromagnétique d'espace, appelé T E E M pondons régulièrement avec des chercheurs
(sigle de cet appareil en portugais). M . A n - dans 26 pays d'Amérique, d'Europe et d'Asie.
drade et u n bactériologue réputé ont pu Nous avons eu l'honneur de représenter le
observer, à l'aide de cet appareil, le compor- Brésil au Ier Congrès international de para-
tement de bactéries dans un cube d'espace psychologie et de psychotronique qui a eu
« vide » comprimé. Les premiers résultats sans lieu à Prague l'an dernier. N o u s avons eu le
être concluants, tant s'en faut, ont été tout à plaisir d'accueillir au Brésil des chercheurs
fait encourageants. Ils donnent à penser que éminents : M . Stevenson (déjà cité), M M .
la croissance de cellules vivantes peut être H . N . Banerjee, John Cutten, Stanley Krippner,
affectée par des conditions artificielles simu- George M e e k , Hugh Lynn Cayce et notre
lant ce que M . Andrade suppose être l'espace collègue Livio Vinardi, d'Argentine.
quadri-dimensionnel dans lequel toute vie est Nous s o m m e s intimement persuadés qu'une
contrôlée et programmée au m o y e n de ce véritable coopération internationale est le seul

390 Jarbas George Marinho


7

2 4

3 5

1. Photographie Kirlian de l'extrémité du doigt


d'un sujet en bonne santé; 2 : sujet au cours
de la guérison; 3 : sujet après la guérison;
4 : extrémité du doigt du guérisseur, état nor-
mal; 5 : guérisseur au cours de la guérison-
(Photographies fournies par l'auteur.)

La recherche sur les phénomènes paranormaux a u . Brésil 391


m o y e n d'aider la parapsychologie, c o m m e
d'ailleurs toute autre science, à faire recon-
naître son utilité et m ê m e son caractère
indispensable, au lieu qu'elle soit considérée
c o m m e simplement intéressante. N o s rapports
étroits, personnels et par correspondance,
avec des Américains du Nord et du S u d ,
des Soviétiques, des Tchèques, des Indiens
et beaucoup d'autres personnes nous ont
convaincus que nous devons tous travailler
de concert pour essayer de comprendre l'éten-
due des pouvoirs et des possibilités de la nature
humaine. Il n'existe qu'une race, la race
humaine, et nous obéissons tous aux m ê m e s
lois de la nature. Unissons nos efforts pour
découvrir, parmi ces lois, celles qui ont, bien
trop longtemps, si obstinément conservé leur
mystère.

• Jarbas G . Marinho
POUR APPROFONDIR LE SUJET

J.G. Marinho, ingénieur en génie civil, GARDNER, M . What hath Hoova wrought?
est directeur administratif de l'Institut The New York review of books, vol. XXI, n° 8,
brésilien de recherches psychobiophysigues. 16 mai 1974. Compte rendu, par le réadcteur des
puzzles mathématiques du Scientific American,
Adresse : Rua Diogo de Faria 230, 04037. des ouvrages suivants : Uri : a journal of the mystery
São Paulo (Brésil). of Uri Gelier et Arigo : surgeon of the rusty knife.

R E Y N O L D S , C . The making of a psychic. Popular


photography, vol. 74, n° 6 ; vol. 75, n° 1,
juin, juillet 1974.

BIBLIOGRAPHIE

1. A N D R A D E , H . (dir. publ.). A teoria corpuscular


do espirito. São Paulo, 1958.
. Novos rumos a experimentação espiritíca.
São Paulo, 1959.

2 . B E S T E R M A N , T . Dans : J. soc. psychical research,


décembre 1935.
3. W A L K E R , M . Dans : J. Amer. soc. psychical
research, mars 1934.
4. D E G O E S , E. Prodigios de biopsychica obtidos
com o medium Mirabelli. São Paulo, édité par
l'auteur, 1937.

5. D A SILVA M E L L O , A . Mysteries and realities


of this world and the next. Londres, Weidenfeld
and Nicolson, 1960.

6. M c G R E G O R , P. The moon and two mountains.


Londres, Souvenir Press, 1966.

7. ST-CLAIR, D . Drum and candle. Garden City,


N.Y., Doubleday. 1971.

8. A N D R A D E , H . (E. Dubugras, trad.). The


Ruytemberg Rocha case. São Paulo, IBPP, 1973.

392 Jarbas George Marinho


Lettres

• La recherche psychotronique en Union tronique (Prague, Tchécoslovaquie, juin 1 9 7 3 ) .


soviétique Je n'essaierai pas de les résumer, mais je
suppose qu'il y a intérêt à donner u n aperçu
L'auteur est vice-président pour /'hémisphère général des recherches que nous avons
oriental de l'Association internationale menées en Union soviétique.
pour la recherche psychotronique, Les études de savants soviétiques, ainsi que
et spécialiste de Jurisprudence. divers autres efforts faits pour découvrir
On peut ¡oindre le professeur Samoilov l'essence de la nature physique des systèmes
à l'adresse suivante : bio-énergétiques d e la psyché humaine du
Potchtovoye Otdeleniye 743, point de vue de la théorie (travaux sur la
Moskva 117313 (Union des théorie biogravitationnelle, de A . P. Doubrov;
républiques socialistes soviétiques). théorie du bioplasma, de V . Inyouchine;
effet biophysique de N . N . Setchevanov,
Dans l'état actuel de la psychotronique et professeur d'université; et théorie des champs
étant donné ses perspectives de dévelop- physiques et des radiations magnétiques, de
pement, les efforts des savants de divers pays Y . A . Kholodov), comportent notamment des
pour résoudre le problème, à m o n avis d'une méthodes devant permettre de déterminer les
complexité et d'une importance extrêmes, vont paramètres de la bio-énergie selon l'état
certainement s'intensifier. Le problème dont mental de l'individu (S. D . Kirlian, ingé-
il s'agit est celui des courants d'énergie dans nieur).
l ' h o m m e , courants par lesquels il exerce une D e nombreuses communications donnant
activité mentale, exerce sa volonté et exécute des résultats de recherches contiennent aussi
d'autres actes, y compris ses liaisons extra- des données d'utilité pratique. C'est ainsi
sensorielles avec l'environnement. C'est par qu'on a publié des exposés sur les éléments
tous ces moyens et toutes ces liaisons qu'il suivants : applications possibles d e l'effet
utilise au mieux ses ressources intellectuelles biophysique en géologie pour la prospection
tout au long de la vie. des minéraux et des eaux souterraines (pro-
Il importe tout particulièrement d'encou- fesseur A . G . Bakirov) ; emploi de la thérapie
rager les travaux originaux au stade actuel bio-énergétique en médecine pour le diagnos-
de la psychotronique, car cette discipline tic et le traitement d'un certain nombre de
n'en est encore qu'à ses débuts en tant que maladies (A. Krivorotov, chercheur expéri-
c h a m p de connaissances indépendant. J'espère mental) ; intensification du processus d'appren-
que les renseignements qui vont suivre sur les tissage dans l'enseignement supérieur au
activités de nos savants seront utiles à m o y e n de l'effet de « tension mentale » qui
tous. peut être introduit dans la structure méthodo-
Parmi les publications les plus récentes, logique des cours (mes propres travaux);
c'est-à-dire celles qui ont paru depuis un an accélération de certains processus physiques
environ, il convient de mentionner tout c o m m e la précipitation des solutions col-
d'abord les condensés de rapports scientifiques loïdales (T. G . N e e m e ) , etc.
figurant dans la documentation de la lre Confé- Des articles de presse (voir les périodiques
rence internationale sur la recherche psycho- polonais Polytika, 1 8 août 1 9 7 3 , Kultura,

Impact : science et société, vol. XXIV (1974), n° 4 393


1 2 août 1973 et Literatura, 11 août 1 9 7 3 ; O n peut affirmer avec certitude que les
la revue américaine Parapsychology review, articles publiés récemment par les grands
vol. 4 , n° 5 , 1 9 7 3 ; les revues italiennes psychologues d e notre pays, membres d e
Metapsichica, vol. 2 8 , n° 3 et 4 , 1973, et l'Académie soviétique des sciences pédago-
Scienza ignota, n° 3 , 1 9 7 4 ; et les journaux giques (V. P. Zintchenko, A . N . Leontiev,
tchécoslovaques Svoboda, 11 août 1973, et B. F. L o m o v , A . R. Louriya, Voprosy filosofii,
Prace, 1 juillet 1973) montrent aussi que les n° 9 , 1973), non seulement présentent une
travaux de nos savants, qui ont été examinés analyse fondamentale de tout ce qui à leur
à la Conférence internationale de Prague sur avis constitue l'essence de la psychotronique,
la recherche psychotronique, sont très estimés, mais constituent aussi une tentative pour
et à juste titre. définir la place de la psychotronique dans le
système général de la connaissance scienti-
Quelques travaux antérieurs fique. Les données qu'ils examinent sont
présentées de manière à susciter la discussion
Il convient de dire quelques mots des travaux et elles embrassent de nombreux aspects du
plus anciens menés par des savants soviétiques problème à l'étude.
pour essayer de résoudre les grands problèmes : Parmi les autres publications récentes, o n
Recherche sur le rôle Informateur des champs peut citer les suivantes :
électromagnétiques dans l'activité vitale des 1. Études présentant les problèmes examinés
organismes biologiques (P. I. Goulyaev, actuellement par la psychotronique, par
V. I. Zabotine et al., Élektroauragramma exemple les articles du célèbre psychologue
celoveka I zivotnyh [L'électro-auragramme V. N . Pouchkine intitulés : « Autogravita-
de l ' h o m m e et d e l'animal], Nervnaja cija » [Autogravitation], paru dans Socia-
sistema, n° 9, Université d'État de Leningrad, listiceska/a Industri/a du 9 septembre 1 9 7 3 ,
1968). et un entretien sur le thème « Oto takoe
Téléenregistrement des paramètres caracté- psihotronika? » [ Qu'est-ce que la psycho-
ristiques de l'état des organismes mentionnés tronique?], qui expose les principaux
(G. A . Sergeev, D . A . Yanoutch, « Statis- aspects de ce c h a m p de connaissances,
ticeskie metody issledovanija prirodnyh paru dans Troud du 7 février 1974.
ob'ektov » [Méthodes statistiques d'étude 2 . Publications concernant d'autres champs
des objets naturels], Leningrad, 1973). de connaissances et présentant des résul-
Étude des bases fonctionnelles de l'activité tats d'observations ou des conclusions qui
des hémisphères cérébraux de l ' h o m m e confirment ou éclairent les phénomènes
(V. V . Efimov, « O b Odnovremennoj rabote étudiés par la psychotronique; à cet égard,
polusarij golovnogo mozga celoveka » les conclusions d e V . A . Engelgardt,
[Activité simultanée des hémisphères céré- savant bien connu m e m b r e de l'Académie
braux de l ' h o m m e ] , dans le recueil des textes des sciences d e l'URSS, concernant la
de la Conférence de Prague sur la psycho- présence d'un c h a m p biologique de forces
tronique ci-dessus mentionnée, p. 1 5 0 dans les organismes vivants sont d'un
et 151). grand intérêt (voir Fllosofskie problemy
Établissement du lien d'information entre les biologii, p. 261 et 2 6 2 , M o s c o u , 1 9 7 3 ) ,
cellules vivantes à l'aide d'un signal lumi- ainsi que la description d'une invention
neux dans l'ultraviolet (V. P. Kaznatcheev par L S . Termen, de l'Université d'État de
étal., « O roli sverhslabyh svetovyh potokov M o s c o u , qui permet de jouer d'un instru-
v biologiceskih sistemah » [Rôle des courants ment musical électrique à distance à l'aide
lumineux de très faible intensité dans les des courants bioélectriques engendrés â
organismes biologiques], Bioenergetika i volonté dans les muscles de la main i m m o -
biologiceskaja spektrografija, M o s c o u , bile d e l'expérimentateur (voir Pravda,
1967). 11 mars 1974).
Ces études illustrent la marche pluridiscipli- 3. Articles d'information tels que « Javlenie
naire à suivre pour résoudre des problèmes iz-za gorizonta » [Un phénomène d'au-
faisant intervenir plusieurs champs de connais- delà l'horizon] (voir Zurnalist, n° 2 , 1 9 7 4 ) ,
sances, et elles sont applicables à de nombreux et « Energija psihiki » [L'énergie de la psy-
domaines différents. En particulier, elles sont ché] (voir Tehnika i nauka, n° 3 , 1 9 7 4 ) .
utilisées dans la recherche sur les phénomènes Je n'ai pas essayé d'analyser les livres de nos
d u ressort, de la psychotronique. savants, ce qui serait tout à fait impossible

394 Lettres
dans une lettre, j'en ai simplement donné les amenés à négliger leur devoir fondamental
titres. de solidarité. Sur le plan pratique, le respect
des normes éthiques qui était obtenu par la
G . A . Samoïlov, professeur, crainte ou le respect d'une puissance surnatu-
vice-président d e l'Association relle a été imposé d e plus en plus par des
internationale pour la recherche réglementations légales à mesure que des
psychotronique philosophies complexes construisaient des
systèmes académiques d e terminologie trop
ésotériques et posaient des principes à priori
trop arbitraires pour être généralement appli-
• P o u r u n r e n o u v e a u d u travail artisanal qués.
Les progrès spectaculaires que la science
L'auteur de la lettre ci-après, M. Lincoln organisée a fait accomplir à l ' h o m m e dans la
Rothschild, est rédacteur en chef du conquête du milieu naturel, et qui ont été
périodique T h e pragmatist in art. salués d'abord c o m m e u n e démonstration
On peut lui écrire à l'adresse suivante : humaniste de l'efficacité de la pensée logique,
63 Livingston Avenue, Dobbs-Ferry, ont entraîné l'élaboration de techniques per-
N.Y. 10522 (États-Unis d'Amérique). fectionnées d'observation expérimentale qui
paraissent réduire la vision intelligente au
Dans son article intitulé « Réflexions d'un rôle d'un simple instrument destiné à contrôler
artiste ingénieur sur les relations entre l'art la valeur des témoignages objectifs.
et la science » {Impact : science et société,
vol. XXIV [1974], n ° 1 ) , Frank J. Malina aborde L'apparence de supériorité
un sujet qui m'intéresse en tant qu'artiste et
historien de l'art. L'opposition apparente entre L'art s'est progressivement détourné d e sa
l'art et la science n e correspond pas à une vocation, qui était de rassembler la c o m m u -
différence catégorique ou inévitable dans notre nauté pour devenir un instrument d'affirmation
façon d'apprécier ou de traiter le m o n d e ; elle de l'individu, et les tendances esthétiques ont
est plutôt l'effet d'une déformation culturelle été encouragées afin de satisfaire une clientèle
m o m e n t a n é e qu'il importe d'étudier et d e avide de plaisirs sensoriels et d'innovations
corriger. spectaculaires. D'abord l'élégance formelle
La coopération sociale (qui remonte à l'âge puis l'ésotérisme hermétique ont été utilisés
néolithique) a été de plus en plus bénéfique, en vue de renforcer l'apparence de supériorité
en partie grâce à la spécialisation des individus des détenteurs d u pouvoir économique, et
en fonction de schémas systématiques d'attri- l'on ne s'est pas soucié de leur contribution
bution et de répartition des tâches. Le sens d e pratique au bien c o m m u n .
l'intérêt c o m m u n était renforcé par le soutien D e m ê m e que le savant a été contraint de
affectif d e la religion, qui unissait (en une limiter ses ambitions à l'examen d e détails
révélation quasi mystique) les préceptes d e physiques ou d e théories abstruses, l'artiste
morale indispensables, une cosmogonie m y t h o - a été a m e n é à abandonner de plus en plus le
logique et des rites et totems qui étaient les souci de l'Ouvrage bien fait pour des objectifs
symboles vivants de la solidarité c o m m u n a u - considérés c o m m e plus nobles. Leur vocation
taire. c o m m u n e , qui était, par des m o y e n s parallèles,
- Malheureusement la croissance de la société de faire progresser la solidarité sociale et de
a entraîné un cloisonnement de plus en plus maîtriser la nature dans l'intérêt général, a été
marqué entre des secteurs d'activité humaine entièrement perdue d e vue. A l'époque o ù
autrefois intégrés, et les pratiques religieuses l'habileté technique était tenue en haute
qui ont survécu à ce cloisonnement ont perdu estime et où l'irréalisme naïf ne passait pas
leur pouvoir d'unification. Elles ont m ê m e pour une qualité essentielle, on se rendait
souvent donné naissance à u n sectarisme parfaitement compte d e l'importance des
diviseur lorsque des intérêts particuliers ont prolongements pratiques q u e pouvait avoir
réussi à mobiliser à leur profit la religion l'attitude . créatrice de l'artiste. Personne
traditionnelle. n'ignore les spéculations de Léonard de Vinci
Ainsi laissés à e u x - m ê m e s , les éléments dans le domaine scientifique, les réalisations
constituant la c o m m u n a u t é se sont développés architecturales des artistes d e la renaissance
dans un isolement qui les a trop souvent c o m m e Raphaël et Michel-Ange et l'esprit

Lettres 395
d'invention mécanique de peintres tels q u e ratures moyennes de surface au cours des
Samuel F. B . Morse et Robert Fulton. trente dernières années. L'amplitude totale
La volonté d'isoler les valeurs « spirituelles » peut paraître faible : environ 0,3 ° C seulement
procède tout bonnement d'une attitude ana- par rapport aux années quarante.
chronique, qui consiste à exorciser les préoc- Néanmoins, ce refroidissement, si léger
cupations « matérielles » qui étaient considérées soit-il, a entamé d'une semaine o u d'une
c o m m e u n péché au m o y e n âge. Bien des dizaine de jours la durée de la période d e
savants se sont eux aussi laissé détourner d e végétation dans les régions de latitude m o y e n n e
leur mission d'améliorer concrètement le qui produisent le plus gros des cultures
bien-être général pour se lancer dans des vivrières. D e plus (pour des raisons techniques
spéculations qui n'intéressent qu'une petite compliquées), climat plus frais signifie aussi
minorité ou pour poursuivre des fins c o m m e r - climat plus variable. N o s chances de connaître
ciales ou politiques. un temps extrêmement froid ou chaud, sec
S'ils voulaient bien se consacrer de nouveau ou humide, augmentent. Depuis 1960 environ,
au bien-être d e la collectivité, artistes et on a relevé des écarts climatiques spectaculaires
savants retrouveraient des rôles convergents dont témoignent notamment la sécheresse
et marcheraient, quoique sur des sentiers tragiquement prolongée que connaît le Sahel,
distincts, vers u n but c o m m u n : éclairer et en Afrique; les sécheresses répétées, d'une
aider l'humanité dans son effort pour maîtriser fréquence et d'une intensité sans précédent,
l'environnement. La renaissance du culte d u qui affligent l'Inde depuis le début du siècle;
travail bien fait attirerait vers les arts des l'été chaud et sec dont ont pâti en 1972 les
personnalités dotées d'un esprit d'invention récoltes de blé soviétiques; les phénomènes
allié au sens pratique, et la prise de conscience météorologiques inhabituels, marqués par des
de la solidarité de destin de toute l'humanité périodes de sécheresse-«! par des inondations,
ouvrirait d e nouveau aux préoccupations qui ont sévi dans certaines parties de l'Afrique,
éthiques et aux normes morales le chemin de l'Australie et d e l'Amérique latine.
des laboratoires scientifiques. Des écarts ou des anomalies de ce genre se
reproduiront. A l'heure actuelle, le m o n d e
Lincoln Rothschild n'est pas prêt à y faire face. Les réserves
de céréales, jadis abondantes dans certaines
régions, ne constituent plus une assurance
suffisante contre les catastrophes; selon
• Influence d e s c h a n g e m e n t s certaines estimations, elles sont tombées à un
climatiques sur la qualité d e la vie niveau si bas qu'au rythme de consommation
actuel elles couvriraient les besoins mondiaux
A /'occasion de la parution du numéro pendant moins d'un mois seulement. D'autre
t/'lmpact : science et société consacré au part, vu les gaspillages et les excès de la
thème : « Un regard neuf sur les ressources consommation chez les nantis et l'accroisse-
terrestres » (vol. XXIV [1974], n° 3). ment du nombre de bouches à nourrir, les
la Fédération internationale des instituts agriculteurs auront peine à produire les
d'études avancées (IFIAS) nous a fait denrées en suffisance, m ê m e si la récolte
parvenir la déclaration suivante, qui concerne est exceptionnelle. Il est d e plus e n plus
les effets des changements climatiques difficile, onéreux et incertain d e mettre e n
sur le caractère et la qualité de la vie culture de nouvelles terres et il est au moins
humaine. Les signataires représentent aussi difficile de limiter l'utilisation de terres
vingt-deux spécialistes de onze pays, marginales, très vulnérables à l'érosion et à la
tant industrialisés qu'en voie dégradation du climat.
de développement, qui se sont réunis En bref, le système actuel de production
à Bonn (République fédérale alimentaire n'est pas assez souple pour parer
d'Allemagne) au début de cette année pour aux situations d'urgence. D e plus, on ne peut
étudier l'impact des anomalies plus raisonnablement considérer celles-ci
climato/ogiques sur la vie humaine. c o m m e occasionnelles.
Face à l'évolution climatique, les experts
Nombreux sont les signes présageant l'avène- les plus optimistes craignent que les récoltes
ment d ' u n nouveau climat. Le plus important désastreuses se multiplient au cours des dix
est peut-être l'abaissement régulier des tempé- années à venir. Si les politiques nationales et

396 Lettres
internationales ne tiennent pas compte de Vu l'importance du climat pour l'humanité
cette éventualité, des multitudes d ' h o m m e s tout entière, nous souhaitons vivement que le
mourront de faim et l'anarchie et la violence système climatique soit voué à des fins
risquent d'aggraver le bilan. Dans ces condi- pacifiques. Depuis plusieurs années, o n
tions, ce serait faire preuve d'irresponsabilité cherche à mettre au point des techniques visant
que d'assister passivement à notre propre à modifier les conditions météorologiques et
impuissance - sans nous doter de réserves climatiques. Il nous faut prendre les mesures
alimentaires et de technologies de remplace- nécessaires pour éviter q u e par la suite ces
ment ni des m o y e n s de redistribuer les denrées techniques servent des desseins hostiles.
des nations ou groupes de nations privilégiées Eu égard à la rigidité des structures, tout
vers les pays les plus défavorisés - en cas changement climatique (qu'il soit naturel ou
de crise. provoqué par l ' h o m m e , délibérément ou par
Les mesures les plus évidentes et les plus inadvertance) a de fortes chances de pro-
immédiatement applicables pour remédier à voquer tensions et souffrances avant que
notre impuissance doivent tendre à stimuler l'économie s'adapte aux conditions nouvelles.
la production alimentaire et le stockage des N o u s savons qu'il existe, parmi les experts,
excédents. Cela devrait être la politique non des divergences de vues sur les rapports de
seulement des nations à forte production cause à effet expliquant les phénomènes
vivrière, mais aussi, autant que possible, climatiques observés et donc sur les prévisions
de celles qui sont le plus vulnérables aux les plus plausibles. D ' u n point d e vue tech-
catastrophes climatiques. Il faudra plusieurs nique, ces différences sont importantes mais
années et des conditions météorologiques ne doivent pas faire oublier qu'il y a concor-
favorables pour constituer des réserves, dance de vues sur le fait que les changements
fussent-elles modestes. A plus long terme observés ne sont ni insignifiants ni éphé-
(car le p h é n o m è n e que nous observons mères. Des écarts climatiques extrêmes entraî-
aujourd'hui n'est pas le caprice passager d'un nent inévitablement des catastrophes si les
climat normalement clément, mais l'apparition populations sont convaincues que le climat
d'une norme nouvelle), il faudra intensifier la ne peut guère changer.
recherche des causes dea changements Tandis que les savants s'efforcent de par-
climatiques et aussi de nouvelles sources venir à une meilleure compréhension des
d'alimentation (basées, par exemple, sur la phénomènes, qui permettrait notamment
transformation de la cellulose ou l'agriculture d'améliorer les prévisions climatologiques,
marine). nous d e m a n d o n s instamment que les respon-
sables des politiques dans les capitales
Gaspillage à la consommation et justice sociale nationales et dans les organisations inter-
nationales agissent sans tarder. A u plan de la
D e s problèmes moraux nouveaux, ou présen- recherche, nous notons qu'à ce jour les efforts
tant du moins une urgence nouvelle, vont faits pour mieux connaître les données clima-
se poser lorsqu'il faudra - ce qui sera peut-être tologiques passées, en se référant à la météo-
inévitable — répartir des approvisionnements rologie, à l'archéologie et à l'histoire, ont été
alimentaires nettement insuffisants pour assurer insuffisants. En outre, il faut encourager la
la subsistance de tous. Les problèmes séculaires recherche pluridisciplinaire sur les incidences
de justice sociale inhérents à la répartition des changements climatiques. Les signes,
actuelle des richesses entre classes sociales imparfaits mais convaincants, laissent présager
seront pour le moins aggravés. D'autre part, que notre nouveau climat posera très bientôt
leurs incidences peuvent être aussi bien des problèmes qui éclipseront la plupart, voire
pratiques que morales. L'un des m o y e n s d e la totalité des autres.
dégager des réserves serait de mettre un terme
au gaspillage et aux excès physiologiques de S a m Nilsson
la consommation chez les nantis; o n pourrait Executive secretary, IFIAS
aussi améliorer les opérations de manutention The Nobel House Sturegatan 1 4
afin d'éliminer les lourdes pertes de céréales; (Fack 5344) 102 4 6 Stockholm (Suède)
enfin, il faudrait, dans certains pays défavorisés, Walter Orr Roberts, Climate project leader
réformer plus avant les m o d e s de faire-valoir National Center for Atmospheric Research
qui ont trop souvent découragé les paysans P. O . B o x 3 0 0 0
de produire plus. Boulder, Colo. 80303 (États-Unis d'Amérique)

Lettres 3 9 7
PUBLICATIONS D E L ' U N E S C O : A G E N T S GÉNÉRAUX

Afrique du Sud Van Schalk's Bookstore (Pty.) Ltd., Libri Building, Church Street, P . O . Box 724,
PRETORIA.
Albanie N. S h . Botimeve Nairn Frasheri, T I R A N A .
Algérie Institut pédagogique national, 11, rue Ali-Haddad (ex-rue Zaâtcha), A L G E R . Société
nationale d'édition et de diffusion ( S N E D ) , 3 , boulevard Zirout Youcef, A L G E R .
Allemagne (Rép. féd.) Verlag Dokumentation, Postfach 148, Jaiserstrasse 13, 8023 M U N C H E N - P U L L A C H
t Le Courrier ». édition allemande seulement : Bahrenfelder Chaussee 160, H A M B U R G -
B A H R E N F E L D . C C P : 27 66 50. Pour les cartes scientifiques seulement: G e o Center
D 7 S T U T T G A R T 8 0 , Postfach 800830.
Rép. d é m . allemande Deutscher Buch-Export und Import G m b H , Leninstrasse 16, 701 LEIPZIG.
Antilles françaises Librairie t A u Boul. Mich' », 1, rue Perrinon et 66, avenue du Parquet 972 F O R T - D E -
F R A N C E (Martinique).
Antillesjiéerlandaises G . C . T . Van Dorp & C o . (Ned. Ant.) N.V., W I L L E M S T A D (Curaçao N A ) .
Argentine Editorial Losada, SA^ Alsina 1131, B U E N O S A I R E S .
Australie Publications: Educational Supplies Pty. Ltd., Box 33, Post Office, B R O O K V A L E 2100,
N.S.W.
Périodiques: Dominie Pty. Ltd.. Box 3 3 , Post Office, B R O O K V A L E 2100, N . S . W .
Sous-agent: United Nations Association of Australia, Victorian Division, 5th Floor,
134-136 Flinders St., M E L B O U R N E 3000.
Autriche Verlag Georg Fromme & C o . , Arbeitergasse 1-7, 1051 W I E N .
Belgique Jean D e Lannoy, 112. rue du Trûne. B R U X E L L E S , 5. C C P 7 0 8 - 2 3 .
Birmanie Trade Corporation n o . (9), 550-552 Merchant Street, R A N G O O N .
Bolivie Librería Universitaria, Universidad San Francisco Xavier, apartado 2 1 2 , S U C R E .
Brésil Fundação Getúlio Vargas, Serviço de Publicações, caixa postal 21120, Praia de Botafogo
188, RIO D E J A N E I R O ( G B ) .
Bulgarie H e m u s , Kantora Literatura, b d . Rousky 6 , S O F I J A .
Cameroun Le Secrétaire général de la Commission nationale de la République fédérale du Cameroun
pour l'Unesco, B . P . 1061. Y A O U N D E .
Canada Information Canada, O T T A W A (Ont). Librairies : 640 Ouest rue Sainte-Catherine.
M O N T R É A L 111 (Qué.); 1683 Barrington St., H A L I F A X ( N . S . ) ; 393 Portage Ave..
W I N N I P E G (Manitoba); 171, rue Slater, O T T A W A ( O n t ) ; 221 Yonge S t . , T O R O N T O
( O n t ) ; 800 Granville St, V A N C O U V E R (B.C.).
Chili Editorial Universitaria, S . A . , casilla 10220, S A N T I A G O .
Chypre « M A M ». Archbishop Makarios, 3rd Avenue. P . O . Box 1722, NICOSIA.
Colombie Librería Buchholz Galería, avenida Jiménez de Quesada 8-40, apartado aéreo 4 9 - 5 6 ,
B O G O T A . Distrilibros Ltda., Pío Alfonso García, carrera 4.*, n.°* 36-119 y 3 6 - 1 2 5 ,
C A R T A G E N A . J. Germán Rodriguez N.,calle 1 7 , 6 - 5 9 , apartado nacional 8 3 , G I R A R D O T
(Cundinamarca). Editorial Losada Ltda.. calle 1 8 A , n.° 7 - 3 7 . apartado aéreo 5 8 - 2 9 ,
apartado nacional 931, BOGOTA.Sous-dépâts: Edificio La Ceiba, oficina 804, M E D E L L I N
Calle 3 7 , n.° 14-73, oficina 305. B U C A R A M A N G A . Edificio Zaccour, oficina 736, CALI
Congo Librairie populaire, B . P . 577, B R A Z Z A V I L L E .
Corée Korean National Commission for Unesco, P . O . Box Central 64, S É O U L .
Costa Rica Librería Trejos, S . A . , apartado 1313, S A N J O S É . Teléfonos 2285 y 3 2 0 0 .
Côte-d'lvoire Centre d'édition et de diffusion africaines, B.P. 4541, A B I D J A N P L A T E A U .
Cuba Distribuidora Nacional de Publicaciones, Neptuno 674, L A H A B A N A .
Dahomey Librairie nationale, B . P . 294, P O R T O N O V O .
Danemark Ejnar Munksgaard Ltd.. 6 Norregade. 1165 K O B E N H A V N K.
Librería Dominicana, Mercedes 4 9 , apartado de correos 656, S A N T O D O M I N G O .
République dominicaine
Librairie Kasr El Nil, 3 8 , rue Kasr El Nil, LE C A I R E . National Centre for Unesco Publications,
Egypte
1 Tataat Harb Street Tahrir Square. C A I R O .
El Salvador Librería Cultural Salvadoreña, S . A . , edificio San Martín. 6.* calle Oriente n.° 118, S A N
SALVADOR.
Equateur Casa de la Cultura Ecuatoriana, Núcleo del Guayas, Pedro Moncayo y 9 de Octubre,
casilla de correo 3542, G U A Y A Q U I L .
Espagne Toutes les publications: Ediciones Iberoamericanas, S.A., calle de Oñate 15. M A D R I D
20. Distribución de Publicaciones del Consejo Superior de Investigaciones Científicas,
Vitrubio 16, M A D R I D 6. Librería del Consejo Superior de Investigaciones Científicas,
Egipcíacas 15, B A R C E L O N A .
< Le Courrier» seulement Ediciones Liber, apartado 17, O N D A R R O A (Viscaya).
États-Unis d'Amérique Unesco Publications Center, P . O . Box 433, N E W Y O R K , N . Y . 10016.
Ethiopie National Commission for Unesco, P . O . Box 2996, A D D I S A B A B A .
Finlande Akateeminen Kirjakauppa, 2 Keskustatu, HELSINKI.
France Librairie de l'Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700 P A R I S ; C C P 12598-48.
Ghana Presbyterian Bookshop Depot Ltd., P . O . Box 195, A C C R A . Ghana Book Suppliers Ltd,
P . O . Box 7869, A C C R A . The University Bookshop of Ghana, A C C R A . The University
Bookshop of Cape Coast The University Bookshop of Legon, P . O . Box 1, L E G O N .
Grèce Anglo-Hellenic Agency, 5 Koumpari Street ATHINAI 138.
Guatemala Comisión Nacional de la Unesco, 6.* calle 9.27, zona 1, G U A T E M A L A .
Haïti Librairie c A la Caravelle ». 36, rue Roux, BJ». 111, P O R T - A U - P R I N C E .
Haute-Volta Librairie Attie. B . P . 6 4 , O U A G A D O U G O U . Librairie catholique « Jeunesse d'Afrique »,
OUAGADOUGOU.
Hong-kong Swindon Book Co., 13-15 Lock Road, K O W L O O N .
Hongrie Akadémiai Kõnyvesbolt, Váci u. 22, B U D A P E S T V . A . K . V . Kõnyvtárosok Boltja, Népkõz-
társaság utja 16, B U D A P E S T VI.
Inde Orient Longman Ltd.: Nicol Road, Ballard Estate, B O M B A Y I; 17 Chittaranjan Avenue,
C A L C U T T A 1 3 ; 36A Anna Salai, Mount Road, M A D R A S 2 ; B - 3 / 7 Asaf All Road,
N E W DELHI I.
Sous-dépôts: Oxford Book and Stationery C o . , 17 Park Street C A L C U T T A 16, ei Scindia
House, N E W DELHI. Publications Section, Ministry of Education and Social Welfare,
72 Theatre Communication Building, Connaught Place, N E W DELHI I.
Indonésie
Indira P.T., Jl. Dr. S a m Ratulangie 37, J A K A R T A .
Irak
McKenzie's Bookshop, Al-Rashid Street, B A G H D A D . University Bookstore, University
Iran of Baghdad, P.O. Box 75, B A G H D A D .
Commission nationale iranienne pour l'Unesco, avenue Iranchahr Chomali n° 300,
B.P. 1533, T É H É R A N . Kharazmie Publishing and Distribution C o . , 229 Daneshgahe
Irlande Street, Shah Avenue, P . O . Box 14/1486, T É H É R A N .
Islande The Educational Company of Ireland Ltd; Ballymount Road, Walkinstown, DUBLIN 12,
Israël Snaebjõrn Jonsson & C o . , H.F., Hafnarstraeti 9, REYKJAVIK.
Emanuel Brown, formerly Blumstein's Bookstores: 35 Allenby Road et 48 Nachlat
Italie Benjamin Street, TEL AVIV; 9 Shlomzion Hamalka Street J É R U S A L E M .
LICOSA (Librería Commissionaria Sansoni S . p A ) . via Lamarmora 45, casella postale
Jamaïque 552. 50121 FIRENZE.
Japon Sangster's Book Stores Ltd., P.O. Box 366,101 Water Lane, K I N G S T O N .
Kenya Maruzen C o . Ltd., P . O . Box 5050, T O K Y O INTERNATIONAL, 100-31.
République khmère The E S A Ltd., P.O. Box 30167, NAIROBI.
Koweït Librairie Albert Portail, 14, avenue Boulloche, P H N O M - P E N H .
Liban.
The Kuwait Bookshop C o . Ltd., P . O . Box 2942, K U W A I T .
Libéria
Librairies Antoine A . Naufal et Frères, B.P. 656, B E Y R O U T H .
Rép arabe libyenne Cole & Yancy Bookshops Ltd., P . O . Box 286, M O N R O V I A .
Liechtenstein
Luxembourg Agency for Development of Publication and Distribution, P . O . Box 34-35, TRIPOLI.
Madagascar Eurocan Trust Reg., P.O. Box 5, S C H A A N .
Librairie Paul Brück, 22, Grand-Rue, L U X E M B O U R G .
Malaisie Commission nationale de la République malgache. Ministère de l'éducation nationale,
Mali TANANARIVE.
Malte Federal Publications Sdn Bhd., Balai Berita, 31 Jalan Riong, K U A L A L U M P U R .
Maroc Librairie populaire du Mali, B.P. 28, B A M A K O .
Sapienza's Library, 26 Kingsway, VALLETTA.
Toutes les publications: Librairie « Aux belles images », 281, avenue M o h a m m e d - V ,
R A B A T (CCP 68-74).
Maurice < Le Courrier » seulement {pour les enseignants): Commission nationale marocaine
Mexique pour l'Unesco, 2 0 , Zenkat Mourab'rtine. R A B A T ( C C P 3 2 4 - 4 5 ) .
Monaco Nalanda C o . Ltd., 3 0 Bourbon Street P O R T - L O U I S .
Mozambique CILA (Centro Interamericano de Libros Académicos), Sullivan 31 bis. M E X I C O 4 , D F.
Nicaragua British Library, 3 0 . boulevard des Moulins, M O N T E - C A R L O .
Salema & Carvalho Ltda., caixa postal 1 9 2 , B E I R A .
Niger Librería Cultural Nicaraguense, calle 15 de Septiembre y avenida Bolivar, apartado 8 0 7 ,
Nigéria
MANAGUA.
Librairie Mauclert. B . P . 8 6 8 , N I A M E Y .
Norvège The University Bookshop of Ife. The University Bookshop of Ibadan, P . O . B o x 2 8 6 ,
I B A D A N . The University of Nsuka.The University Bookshop of Lagos. The A h m a d u Bello
Nouvelle-Calédonie University Bookshop of Zaria.
Nouvelle-Zélande Toutes les publications: Johan Grundt T a n u m , Karl Johans gate 4 1 / 4 3 , O S L O 1.
« Le Courrier » seulement: A / S Narvesens Litteraturtjeneste, B o x 6 1 2 5 , O S L O 6 .
Reprex S A R L , B . P . 1572, N O U M É A .
Government Printing Office. Government Bookshops; Rutland Street P . O . Box 5344,
Ouganda A U C K L A N D ; 130 Oxford Terrace, P . O . B o x 1 7 2 1 . C H R I S T C H U R C H ; Alma Street
Pakistan P . O . Box 8 5 7 , H A M I L T O N ; Princes Street P . O . Box 1104,DUNEDIN;MulgraveStreet
Private B a g , W E L L I N G T O N .
Uganda Bookshop, P . O . B o x 1 4 5 , K A M P A L A .
The West-Pak Publishing C o . Ltd., Unesco Publications House, P . O . B o x 3 7 4 , G . P . O . ,
Paraguay L A H O R E . Showrooms: Urdu Bazaar, L A H O R E , ef 5 7 - 5 8 Murree Highway, G / 6 - 1 ,
Pays-Bas I S L A M A B A D . Pakistan Publications Bookshop: Sarwar Road, R A W A L P I N D I ; Mirza
B o o k Agency, 6 5 Shahrah Quaid-e-azam. P . O . B o x 7 2 9 , L A H O R E - 3 .
Pérou Melchor García. Eligió Ayala 1650, A S U N C I O N .
N . V . Martinus Nijhoff, Lange Voorhout 9 , ' s - G R A V E N H A G E . Systemen Keesing, Ruys-
Philippines
daelstraat 7 1 - 7 5 , A M S T E R D A M .
Pologne
< Le Courrier » seulement Editorial Losada Peruana, apartado 4 7 2 , U M A . Autres publi-
cations: Distribuidora I N C A , S . A . , Emilio Althaus 4 7 0 , Lince, casilla 3 1 1 5 , L I M A .
The Modern B o o k C o , 926 Rizal Avenue, P . O . B o x 6 3 2 , M A N I L A .
Osrodek Rozpowszechniania W y d a w n i c t w N a u k o w y c h P A N , Palac Kultury i Naukl,
WARSZAWA.
Portugal Dias & Andrade Ltda., Livraria Portugal, rua do Carmo 70. LISBOA.
Rhodésie du Sud Textbook Sales (PVT) Ltd., 67 Union Avenue, S A L I S B U R Y .
Roumanie I.C.E. LIBRI, calea Victoriei nr. 126, P . O . Box 134-135, B U C U R E S T I .
Abonnements aux périodiques: Rompresfilatelia. calea Victoriei nr. 2 9 , B U C U R E S T I .
Royaume-Uni H . M . Stationery Office, P . O . Box 569, L O N D O N , SEI 9 N H .
Government bookshops: London, Belfast, Birmingham, Bristol, Cardiff, Edinburgh
Manchester.
Sénégal La Maison du livre, 13, avenue R o u m e , B . P . 20-60, D A K A R . Librairie Clairafrique
B.P. 2005, D A K A R . Librairie « Le Sénégal », B . P . 1594, D A K A R .
Singaoour
Federal Publications Sdn Bhd., Times House, River Valley Road, S I N G A P O R E 9.
Soudan
AI Bashir Bookshop, P . O . Box 1118, K H A R T O U M .
Sri Lanka
Lake House Bookshop, Sir Chittampalam Gardiner Mawata, P . O . B o x 2 4 4 , C O L O M B O 2.
Suède
Toutes les publications: A / B C . E. Fritzes Kungl. Hovbokhandel, Fredsgatan 2 , Box 16356
103 27 STOCKHOLM 16.
« Le Courrier » seulement : Svenska FN - Fõrbundet, Skolgrãnd 2, Box 15050, S-104 65
Suisse STOCKHOLM.
Rép. arabe syrienne Europa Verlag, Rämistrasse 5. Z U R I C H . Librairie Payot, 6, rue Grenus, 1211 G E N È V E 11.
Rép.-Unie da Tanzanie Librairie Sayegh, Immeuble Diab. rue du Parlement, B.P. 704, D A M A S .
Tchécoslovaquie Dar es Salaam Bookshop, P . O . Box 9030. D A R ES S A L A A M .
S N T L , S p a l e n a 5 1 , P R A H A 1 (Exposition permanente) .Zahranicni literatura 11 Soukenicka
P R A H A 1. Pour la Slovaquie seulement: Alfa Verlag, Publishers, Hurbanovo n a m . 6
Thaïlande 893 31 B R A T I S L A V A .
Togo Suksapan Panit. Mansion 9. Rajdamnern Avenue, B A N G K O K .
Librairie évangélique, B.P. 378, L O M É . Librairie du Bon Pasteur, B . P . 1164, L O M É
Tunisie Librairie moderne, B . P . 777, L O M É .
Turquie Société tunisienne de diffusion, 5, avenue de Carthage, T U N I S .
URSS Librairie Hachette. 469 Istiklal Caddesi, Beyoglu, I S T A N B U L .
Uruguay Mezhdunarodnaja Kniga, M O S K V A G - 2 0 0 .
Editorial Losada Uruguaya, S . A . I Librería Losada, Maldonado 1092 / Colonia 1340,
Venezuela
MONTEVIDEO.
Librería Historia, Monjas a Padre Sierra, Edificio Oeste 2 . n.° 6 (frente al Capitolio),
République du Viêt-nam
Yougoslavie apartado de correos 7320-101, C A R A C A S .
Librairie-papeterie Xuân-Thu, 185-193, rue T u - D o , B.P. 283, S A I G O N .
Zaire Jugoslovenska Knjiga, Terazije 2 7 , B E O G R A D . Drzavna Zalozba Slovenije, Mestni Trg. 26,
LJUBLJANA.
La Librairie, Institut national d'études politiques, B.P. 2307, K I N S H A S A . Commission
nationale de la République du Zaïre pour l'Unesco, Ministère de l'éducation nationale.
KINSHASA.

B O N S D E LIVRES D E L ' U N E S C O

Utilisez les bons de livres de l'Unesco pour acheter des ouvrages et des périodiques de
caractère éducatif, scientifique ou culturel. Pour tout renseignement complémentaire,
veuillez vous adresser au Service des bons de l'Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700
Paris.
Dans les numéros
précédents
Volume XXIV (1974), n° 1 Volume XXIV (1974), n° 3

L'art et la science U n regard neuf sur les ressources


D e la science et des autres arts, terrestres
par Piet Hein. Présentation, par Jean-Philippe Mangin.
Réflexions d'un artiste ingénieur L'observation de l'écologie mondiale
sur les relations entre l'art et la science, à partir de satellites, par Kirill Y a . Kondratyev.
par Frank J. Malina. La télédétection par satellite :
Évolution des influences réciproques l'expérience canadienne,
de la science et de l'art, par Franceso d'Arcais. par Hans George Classen.
Vingt ans de symbiose entre l'art et la science, L ' h o m m e et la biosphère, par Howard Brabyn.
par Jasia Reichardt. Le problème du progrès technique
C o m m e n t revivifier les arts et humaniser et des ressources minérales,
la technologie : défi lancé par Konstantin I. Loukachev.
à l'éducation, par Robert Preusser. L'observation spatiale et l'avenir
La science et l'art par-delà de la météorologie, par Morris Tepper.
les apparences : essai de réflexion critique, La télédétection des ressources terrestres
par David Dickson. un point de vue européen,
Art, technologie et perception sensorielle, par John Plevin.
par Rolf-Dieter Herrmann. L'énergie solaire, combustible de l'avenir?
par M u a m m e r Çetinçelik.
Volume XXIV (1974), n° 2

La science et l'alimentation d e l ' h o m m e


Présentation, par Solon T . Kimball.
Amélioration de la nutrition
dans les pays en voie de développement,
par Paul-André Finot. Numéros anciens
La nutrition, secteur prioritaire
disponibles
du développement national, par Fred T . Sai.
Les facteurs qui influencent les habitudes
alimentaires dans les pays Vol. XIX (1969)
en voie de développement,
entretien avec Henri Dupin. N° 4 Les profanes dissèquent
Modèle pour un centre régional la science
d'enseignement de la nutrition,
par Susana J. Icaza.
Aspects nutritionnels de la production Vol. XXIII (1973)
et de la distribution N° 2 La science et le S u d - S a h a r a
des denrées alimentaires, par U w e Kracht.
N° 3 Fonctions biologiques et
Le rôle des micro-organismes
c o m p o r t e m e n t (II)
dans la production alimentaire,
par Tokuya Harada. N° 4 Pour u n e autre technologie
Analphabétisme nutritionnel,
par Henry J. Heinz II. Des numéros anciens de la revue
Mesurer les effets de la nutrition peuvent être achetés auprès des agents
sur le développement de vente des publications de l'Unesco
et le comportement humains, au prix actuel du numéro.
par Ibrahim Q . Saadeh.

Vous aimerez peut-être aussi