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LIVRE I
1793, Marie-Antoinette
Transmutation Cosmique
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Exomorphoses • Book II
ARTIFICIAL
EXOMORPHOSES
LIVRE I
1793, Marie-Antoinette
Transmutation Cosmique
PRÉAMBULE
Ce n’était pas la première fois que des vaisseaux spatiaux ou des individus
se présentaient en personne à des Terriens interloqués, en disant qu'ils
venaient d'une autre planète. De nombreux témoignages continuèrent à
affluer et à faire la une des journaux à la suite d'enlèvements comme celui de
Barney et Betty Hill en 1961 ou des témoignages de pilotes d'avion de ligne
qui déclarent dorénavant ouvertement, avoir croisé des PANs, des
Phénomènes aérospatiaux non-identifiés. Malgré leur attente de l'évolution
de notre humanité vers plus d'autonomie, de sagesse et de maturité, nos
voisins stellaires continuent de s'affronter dans l'espace aérien terrestre,
émaillant leurs passages de preuves matérielles tenues secrètement à l'écart
du regard curieux de l'humanité.
La conquête spatiale et notre rêve d'atteindre d’autres planètes ainsi que les
fréquences des contacts non-terrestres qui s'intensifient, nous font fort
heureusement, remettre en question notre compréhension de la vie sur notre
planète et notre place dans le cosmos. Qui sommes-nous en réalité ? La
confirmation de la vie biologique sur d'autres planètes devrait être un facteur
important pour la prise de conscience de l'exogénèse de nos origines en
transcendant le créationnisme ou l'évolutionnisme darwinien.
Cependant, la présence ou l’absence de voisins stellaires ne devrait pas
oblitérer la nécessité d’un approfondissement des valeurs humaines, des
relations que nous entretenons les uns avec les autres et avec la planète et de
saisir l’opportunité de changer notre manière de vivre.
C’est précisément ce qui vous est proposé dans la série des Exomorphoses.
PROLOGUE
Quatre cents ans plus tard, nous constatons qu'il avait vu juste. La Voie
Lactée comprend à elle seule 200 à 400 milliards de soleils et au minimum
100 milliards de planètes tous dispersés autour d'un trou noir supermassif. Le
compteur en ligne du CAW, le Club d'Astronomie de Wittelsheim, dans la
banlieue de Mulhouse, en Alsace, dénombre à ce jour 4687 planètes
extrasolaires, ou exoplanètes, dont 218 auraient une atmosphère et pourraient
abriter de l'eau et la vie. En conséquence, il n'est pas déraisonnable de penser
que la vie est aussi foisonnante dans le cosmos qu'elle l'est sur Terre et que
c'est la norme dans l'univers, pas l'exception.
Si ce n'est pour la nuit blanche que je viens de passer et qui en suit deux
autres, je me serais levée sans hâte, en baillant mollement, pour regarder
poindre les premières lueurs de l'aube, écouter les caquetages des volatiles
entassés dans les paniers du marché aux volailles et les cris affamés des
mouettes en quête d'une ripaille au-dessus de la Seine. J'aurais perçu les
clapots huileux de l'eau, les harangues des bateliers, les tambours des crieurs,
et le bourdonnement des métiers à tisser de la bonneterie près du Pont au
Change ; j'aurais entendu les chuchotements sous ma fenêtre, ravir à la nuit
les secrets étouffés des nouveaux conquérants de Paris.
— Condamnée à mort !
À mort !? pensai-je, en état de choc.
Je me demande pourquoi enfant, j'avais été choisie pour rallier l'un des
plus beaux fleurons de l'Europe et pourquoi ma vie était si tragique. À cette
question, mes parents traditionalistes auraient répondu qu'il est absurde de se
la poser. Autre que le sang et Dieu, c'était la Providence. Ma mère, en
particulier, celle qu'on avait fini par surnommer La Grande, n'avait cessé de
me brimer et pour des raisons géopolitiques d'extension de territoire et de
pouvoir qui me paraissaient maintenant superfétatoires, elle m'avait offerte en
cadeau d’alliance à la monarchie française, sans même me consulter.
Toute mon enfance fut traversée par les souvenirs vivaces d'autres lieux
éclatants, avec de l'eau pure dans laquelle je me baignais sans tabous, nue
comme une naïade, de l'air cristallin, des paysages encore vierges et
sauvages, une nature luminescente, des animaux dociles et aimants et des
arbres qui bougeaient et se replantaient d'eux-mêmes dans des terres plus
fertiles.
La nuit, en regardant les étoiles, je me demandais qui les habitait et il
m'arrivait de voir des anges aux larges ailes déployées ou des formes
discoïdales évoluer au dessus de ma tête : des voiliers entourés de halos de
lumières, anciens ; j'entendais des voix murmurer des langues inconnues et je
voyais des êtres transparents à la limite de mon spectre visuel, me sourire et
me guider sur ce chemin difficile que j'empruntais. J'étais perdue.
espérais au procès, que les curieux, les femmes surtout, hurleraient leur
J dégoût ; que des sifflets et des cris de protestation s'élèveraient à la
lecture de la sentence. J'espérais des mains tendues, des cœurs compatissants,
la clémence des jurés malgré leur suffisants petits rires burlesques,
inconscients de l'impact de leurs décisions sur l'ensemble de l'humanité, à en
juger par ce qu'ils venaient de statuer.
Je pense qu'ils ont tous été trompés. Non seulement le peuple, mais les
intellectuels et les révolutionnaires aussi. J'avais du ressentiment pour ces
derniers parce que ce sont eux qui avaient mené le peuple à sa perte, et moi à
la mienne. C'était des fanatiques, persuadés que leur idéologie allait changer
la société et transformer le monde.
are est l'encre posée sur ma mémoire qui en pénètre le cœur. Exercice
R perdu d'avance, me direz-vous, si l'on considère la rareté des documents
signés de ma main. Tout ce qui m'était associé, a été effacé ipso facto : une
grande partie de mes écrits, ma garde-robe, mes bijoux, ma demeure, mes
symboles et mes objets personnels furent détruits ou réutilisés pour la
construction de machines de guerre. Les poissardes et les bandits ont tout
avili, saccagé, lacéré, arraché, enterré, violé, saigné, tué et brûlé avec une
rage et une détermination telles, que lorsque les cris de la terreur cessèrent, la
France était exsangue et défigurée.
Sans les documents originaux écrits de ma plume, raconter ce que j'ai vécu,
partager mes pensées et mon ressenti, n'est pas crédible si l'on se place du
point de vue d'une réalité historique d'une autre époque.
Seuls, les détails, pour peu que l'on fasse l'effort de les étudier
soigneusement, présentent une réalité plus juste ; celle relatée par les notes
manuscrites à main-levée sur des croquis de couturières ou le lexique, la
syntaxe et des exclamations dans des pamphlets. Il faut aimer glaner des
informations dont le sens, à première vue, échappe aux historiens ; il faut
aimer se pencher sur les mouvements lents et appliqués des calames sur un
codex enluminé, traquer les déliés d'une consonne calligraphiée sur un
papyrus.
Je me suis donc immiscée dans les cryptes du souvenir pour retrouver la
palpitation du mot, entendre battre les phrases, m'introduire au cœur du sens
qui colorent à notre insu les paysages mémoriels.
Il faut aimer entendre s'écouler les heures lentes des prisons, écouter les cris
dans les rires, la souffrance dans le silence.
Prendre un bain était réprimé par les meurs, réprouvé par l'église ; l'eau était
dangereuse ; elle évoquait les plaisirs du raffinement érotique ; il fallait se
déshabiller, se caresser la peau, effleurer des parties secrètes et intimes ; oser
regarder ce corps objet de tous les refoulements. Ma sensualité est si
mythique, qu'à travers les siècles, elle ne cesse de provoquer la matière grise
d'auteurs et de metteurs en scène qui perpétuent sans réserve l'image d'une
nymphomane.
Or, changer et faire évoluer la société pour lui faire adopter des valeurs de
haute éthique, de bonheur, de sérénité et de service à autrui avait été et serait
toujours ma mission et si vous pensez qu'en construire les fondations
s'effectue sous la coupe du clitoris, c’est que vous n'avez jamais accompli
l’exercice !
5H45
Outre l'effet de surprise et le sentiment d'avoir été berné, l’œil trompé et les
mécanismes cérébraux bouleversés, ce n'est pas la pluralité
fondamentalement contradictoire des figures que leurs sens devraient
éloigner, comme une «obscure clarté» plus complexe, que la métaphore
classique de Jana, Janus au masculin, la déesse aux deux visages, ce n’est pas
la femme âgée ou les traits de crayon qu'elles partagent avec la jeune qui
suscitent l'intérêt, ce n'est pas l'effet visuel de l'illusion d'optique auxquels il
faut s'attacher, mais aux processus cognitifs et aux changements successifs de
polarité.
Enfermée dans l'un des cachots avant mon exécution, je n'entendais plus
que la petite cloche de la cour qui rythmait les dernières heures des
condamnés. La pièce, comme une cellule de moine, était privée de tout
confort et d'intimité mais contrairement à elle, elle n'avait pas le luxe du
silence. À quelques pas de moi, séparés par un simple paravent, des
gendarmes tapaient le carton en s'enivrant, pendant que d'autres, affalés dans
un coin, ronflaient doucement en soufflant l'air, les lèvres retroussées.
Et tout recommencer.
6H15
utre leurs intérêts politiques, mes parents ne voulaient que mon bien,
O disaient-ils. Adolescente, j'avais l'esprit rempli de rêves, de jeu, de joie,
d'insouciance et d'éclats de diamants ; j'étais plutôt impertinente et moqueuse,
tout autant que timide, pudique, mélancolique et secrète ; je croyais au prince
charmant, j'aspirais à l'autonomie et je fus surprise et fière d'avoir été choisie
pour rallier la France ; j'étais le N° 15, l'avant-dernière de la fratrie. Dix-huit
ans me séparaient de ma soeur aînée. Je savais que j'avais tous les attraits
d'une vraie femme. J'aimais plaire, comme les filles séduisent à quatorze ans,
qu'elles succombent à l'appel de leurs désirs, sans s'interroger, parce que c'est
ce que les femmes font, ce que leurs mères leur ont appris, leurs grand-mères
et leurs arrières-grand-mères, et toutes les générations de femmes qui
suivront ; parce que c'est ainsi que les femmes sont femmes, moulées par la
tradition, endoctrinées par la société, sans s'interroger, parce qu'elles n'ont
jamais appris à poser les bonnes questions, ou parce que par timidité ou
paresse elles n'ont jamais osé se demander quelles seraient leurs réponses à
l'appel de leurs hormones, quand leurs seins gonflent, que leur vulve glisse
vers l'entre-jambe et que des poils commencent à faire leur apparition.
Les filles, de toute façon, n'avaient pas leur mot à dire. J'étais mineure et
hormis fuguer pour me soustraire à l'autorité à laquelle j’ai résisté toute ma
vie, je n'avais pas eu le choix.
6H30
Plusieurs de mes frères et sœurs furent destinés aux hauts services ; d'autres
à des conjoints désirés ; les derniers furent mariés contre leur gré. Pour ma
part, je redoutais l'idée du mariage et celle de devoir quitter notre foyer
malgré mes rêves d'aventure. Ma mère, despote qu'il ne fallait pas contrarier,
dirigeait la famille avec l'énergie d'un stratège envahisseur, surveillant le
déploiement de son armée et la conquête des avant-postes. Pendant les
négociations qui précédèrent mon mariage, Louis, le père de mon futur époux
-qui s'appelait aussi Louis- et son grand-père -un autre Louis- imposèrent des
conditions suspensives : que je sois capable de parler correctement le français
et que je sois attentive à mon image.
Je ne souhaitais pas m'exprimer dans une autre langue car les mots
n'avaient pas le même sens et malgré toutes les années vécues en France,
j'avais gardé un léger accent dont je n'ai jamais réussi à me défaire et qui fut,
plus tard, raillé par le peuple français. Je dus étudier assidûment pour acquérir
les premières notions d'une culture exigeante ainsi que le sens de l'honneur, le
respect de la parole donnée et la droiture ; des valeurs séculaires, qui ne m'ont
jamais quittée - n'en déplaise à mes détracteurs et malgré les ragots - qui nous
étaient inculquées, de génération en génération dès le berceau et que je devais
transmettre, coûte que coûte.
La structure en bois était composée de cinq petites pièces : deux pour Kehl
et deux autres pour Strasbourg. Au centre, se trouvait un salon destiné à me
remettre aux autorités françaises, et au milieu, une table recouverte de velours
cramoisi, où passait la frontière symbolique. Je dus ôter mes vêtements et,
après avoir franchi la frontière, on me remit de jolis atours à la française mais
à la coupe un peu trop étriquée, à mon goût. Ils me comprimaient la taille et
j'avais du mal à respirer.
Ce pas sur le sol français et sur la première marche de la jolie berline jaune
paille qui m'attendais, je n'aurais jamais dû le faire. Mais, je me sentais si
femme, si attendue, si belle, aimée et admirée que je n'ai rien tenté. Tout au
contraire, j'étais une princesse de sang royal, je devais garder la tête haute.
Un soldat en uniforme remonta le marche-pieds, salua doigts à la tempe et
ferma la portière aux glaces biseautées. Nous nous mîmes en route avec un
sentiment de tristesse, sous le frimas et une pluie battante qui commençait à
tomber. Sombre présage sifflaient les mauvaises langues ; elles avaient
raison, mais aucun de nous ne daigna pousser cette pensée plus loin.
Je jetais un dernier coup d’œil vers l'horizon obscur car devant l’équipage,
s’ouvrait la route vers Versailles et vers ma nouvelle vie. Je ne savais pas
alors que je quittais l’Autriche pour ne jamais y revenir.
7H00
Il s'était appelé Lhude, Dhumuzid, Azazel, et Axel au fil des époques, fidèle
et protecteur, toujours prêt à se battre pour moi, me rêvant plus douce que ses
rêves les plus fous, me cherchant partout. Et une fois trouvée, il me voyait
m'éloigner dans la nuit, échappant à son amour qu'il continuait de prodiguer
au fil des siècles. Preux chevalier, blason et gonfanon, honneur et
dévouement ; il ira jusqu'à protéger mon mari et mes enfants, parce que sa
passion est inaltérable : un amour inconditionnel qui ne connaît pas de
mesure et qui ne peut être comblé, non pas parce qu'il est vide, mais parce
qu'il est vivant.
vec des murs d'un mètre d'épaisseur, l'humidité dans mon cachot était à
A son comble ;
Me voici de nouveau prisonnière dans une tour fortifiée ! pensais-je, de
nouveau faisant face à la haine, à l’arrestation, à la condamnation et à
l’exécution. L’histoire en spirale, inlassablement se répétait. Il fallait que j’en
sorte, coûte que coûte.
Mes doigts s'engourdissaient sous l'effet du froid et mes accusateurs se
hâtèrent de boucler mon procès avant que je ne disparaisse de mort naturelle,
car j'étais atteinte d'une grave maladie. Ils organisèrent une mise en scène
judiciaire, au nom d'une république qui naissait dans la barbarie ; j'en étais le
sacrifice expiatoire, suppliciée sur l'autel d'une idéologie dont le slogan
«Liberté, Egalité, Fraternité» avait rassemblé les plus vils assassins et les
bassesses les plus ignobles.
Mon procès dura deux jours, pendant lesquels je fus assistée par deux
avocats commis d'office la veille de la séance, dans un délai si court qu'il leur
fut impossible d'instruire mon dossier et en quelques heures seulement, les
modalités d'application de ma condamnation et de mon exécution furent
fixées. Avant même l'ouverture de la séance, mon sort était scellé : «Ce n’est
qu’en extirpant toutes les racines de la royauté que nous verrons la liberté
prospérer sur le sol de la République. Ce n’est qu’en frappant l’Autrichienne.
(4)»
De mon point de vue, aucune des accusations n'aurait résisté avec plus de
temps, à un travail de défense sérieux, impartial et attentif. Il n'y avait aucune
preuve tangible à cet effet et aucun aveu. Ma défense soulevait des questions
d'éthique et surtout de procédure dans un contexte politique instable où la tête
des défenseurs pouvait tout aussi facilement tomber que celle de leurs
clients ; en plus de ma défense, la question qui se posait à eux était : « que
doit faire un défenseur face à une juridiction d’exception qui sert le pouvoir
avant de respecter le droit ? (4) »
7H30
Je n'ai pas peur de la mort même si je redoute de sentir ma vie ôtée par la
volonté de l'autre et le sentiment d'impuissance à pouvoir l'arrêter. Je crains
les idéologies émises dans des buts personnels et les motivations cachées, les
bas-fonds de l'humanité que nourrissent les ignorances, les vulgarités, les
hébétudes noyées par l'alcool.
C’est un tout petit village d'une dizaine de bâtiments chacun agrémenté d'un
verger, d'un potager ou d'un jardin, coupés de sentiers serpentins. Je m'y fis
construire une chaumière et un petit boudoir qui me permettaient de m'isoler
et de rompre avec les contraintes de mon quotidien, haut en responsabilités et
en intrigues. Il y avait un moulin, une laiterie, une grange, des ruches, un
pigeonnier, un poulailler, une ferme. Les champs et pâturages environnants,
cultivés de céréales et de vignes me rappelaient à la simplicité de la vie et aux
valeurs ancestrales de mon Autriche natale.
Il s’y trouvait aussi un lac avec des brochets et des carpes et une grotte et
un peu plus loin, un petit temple avec le dieu Amour, entouré de roses, de
lilas, de bleuets cyan et de pommiers Paradis Malus Sentii. Partout
abondaient fruitiers, légumes, plantes médicinales et tinctoriales regroupées
par couleur ou en fonction de leurs intérêts thérapeutiques. Et le soir, je
surveillais ma fleur préférée, le Selenicereus grandiflorus, originaire des
Antilles, car elle n'éclot qu'une seule fois, du crépuscule à l'aube et j'attendais
avec impatience son parfum puissant vanillé pour la faire peindre sous la
lueur blafarde de la lune.
J'avais conscience, bien entendu, des limites de mon statut, mais j'espérais
faire évoluer les esprits au sein de cette société française emprunte d'elle-
même, amoureuse des règles protocolaires. Dans des tourbillons tendres et
riants de mousseline, dentelles, et rubans, j'aimais faire quelques pieds-de-nez
poudrés à Rousseau, au penseur du contrat social, l’inspirateur philosophique
de l'idéologie révolutionnaire. Ce fut l'un des premiers théoriciens de la
libération de la femme, un opposant déclaré, tout autant que je l'étais, à la
mode barbare du corpus balaenatum, le corps à baleine, un corset rigide avec
lequel les femmes se serraient la poitrine et la taille pour paraître plus minces.
Mon frère Joseph s'était, lui aussi, mis en croisade contre ce sous-vêtement
que Rousseau appelait le pressoir des corps. Il me plaît à penser que j'ai été, à
ma manière, la muse de la libération des femmes.
Tel était mon caractère qui me fit remettre en question tout ce qui
cadenassait ma liberté, mes pensées et mon corps ; j'utilisais des corsets
souples, des tenues plus courtes, des lignes naturelles, mutines et douces, et
des sandales plates quand je ne marchais pas pieds nus, qui autorisaient dans
mon environnement champêtre, la course sur la terre meuble des jardins ;
avec l'aide de mon parfumeur, Fargeon, je fis créer de nouveaux cosmétiques,
et des eaux de fleurs intensifiées avec du musc, de l'ambre ou de l'opopanax
pour éveiller les sens des hommes.
Les femmes, de leur côté, s'emparèrent de mes gestes, de mes pieds nus, de
mes bains parfumés, de mes comportements libérés ; tout était épié, imité et
chaque mouvement, chaque nouvelle création faisait sensation.
J'analysais chacun de mes portraits avec une très grande attention pour
orienter les regards vers une image de moi naturelle, sincère et proche de ma
vraie nature, celle que je ne pouvais dévoiler publiquement, mais que chacun
pouvait décrypter dans ces toiles révélatrices.
Après en avoir discuté toutes deux et choisi chaque élément avec beaucoup
de soin, elle m'immortalisa un jour coiffée d'un chapeau de paille emplumé,
souligné d'un ruban de satin gris, vêtue d'une tenue du matin, légère, en
mousseline blanche, avec des manches ballonnées, serrée à la taille par une
simple ceinture de voile transparent et doré. De toute évidence, je ne portais
pas de corset à baleine. Nous en avions ri, car cet instantané était aussi
choquant que de publier une photo de la Reine Elizabeth II d'Angleterre, en
peignoir, au saut du lit. Nous savions toutes deux que ce tableau allait faire
scandale et il fut effectivement rapidement décroché d'une exposition à
laquelle participait ma portraitiste.
Malheureusement, les choses virèrent au cauchemar lorsqu'un jour, le
peuple réalisant que le pays était au bord de la banqueroute me choisit
comme bouc-émissaire. La populace commença à me reprocher mes
excentricités et mes dépenses pensant qu'elles poussaient inexorablement le
pays au fond du gouffre. Mais c'était un constat inexact et non renseigné. Je
fis preuve d'économie dès que la nécessité s'en était fait sentir et je ne
dépensais pas plus d'argent que le commun de mes semblables. Bien sûr, mon
statut, ma position et ma Maison étaient onéreux mais je n'étais pas
responsable de ces frais de représentation, pas plus que de ceux de ma garde-
robe que j'essayais de limiter sans compter que je faisais aussi vivre de
nombreux artistes et artisans et pourvoyais à nombre d'emplois.
J'aurais aimé être aimée pour le simple fait d'être ce que je suis... une
femme, une immigrée, une étrangère, une réfugiée, une activiste, une
féministe, une libératrice, dans un pays qui n'était pas le mien. Un pays pour
lequel j'ai donné ma vie.
J'ai lutté contre le racisme dont je faisais l'objet. J'ai lutté pour que mes
droits soient reconnus, car je comprenais mieux que quiconque, le joug des
règles imposées et je considérais les femmes avec respect, pour avoir eu le
courage d'être sur le devant de la scène, pendant les évènements qui suivirent,
même si c’était contre moi.
epuis cinq heures du matin, le rappel est battu dans Paris et la force
D armée est sur pied, mais aucun bruit ne pénètre au fin fond de cette
geôle ; le moment approche. Je le ressens dans toutes les fibres de mon corps,
mais je me suis faite à l'idée de la mort ; je me suis entraînée à l'apnée jusqu'à
l'étouffement pour avoir une idée de ce que cela fait de mourir.
J'en profite pour jeter un dernier coup d'oeil à la vie le long des rues que
nous suivons ; c'est le même trajet pour tous les condamnés qui rejoignent la
guillotine située sur la Place de la Révolution [Place de la Concorde], Rue de la
Barillerie [Boulevard du Palais], Pont au Change, Quai de la Mégisserie, Rue de la
Monoye [Rue de la Monnaie], Rue du Roule, Rue Honoré [Rue Saint Honoré], Rue de
la Révolution [Rue Royale].
Derrière les fenêtres de la maison au 366, rue Honoré, trois personnes,
Robespierre, l'homme qui fut à l'origine de ma condamnation, Danton et
Camille Desmoulins, me regardent passer. Probablement satisfaits de la
tournure que prennent les évènements, ils ne peuvent encore imaginer que
tout comme moi, après avoir eux aussi été condamnés, ils frémiront de terreur
lorsqu'ils chevaucheront la charrette jusqu'à la guillotine.
Paris avait toujours été un gouffre, engorgé et pollué, occupé par de petites
échoppes, des artisans, des ouvriers et de petits gagne-pains enchaînés à leur
vie de misère, l'esprit noyé par l'alcool, le sexe et la fierté de leur douloureux
labeur.
Des rumeurs firent état d'une conspiration et tout Paris bruissait d'une
atmosphère de complot. On disait que le pouvoir central tentait d'affamer les
citoyens, que des troupes de mercenaires, payés sur le tas, qui acceptaient les
meilleures offres, stationnaient aux abords de la capitale et allaient entrer en
force pour emprisonner et tuer de nombreux civils.
orsque vous dirigez un pays et que de par la loi, vous pouvez décider du
L sort de ses habitants, si vous le décidiez, vous pourriez les tuer tous,
jusqu'au dernier. D'ailleurs c'est ce qui les attend, mais l'ordre n'est pas venu
de moi. Il a été prononcé par leurs propres frères, leurs voisins, leurs amis, les
institutions auxquelles ils avaient fait confiance. Outrée, le poing levé,
manipulée par des figures de l'ombre, la population s'empara de toutes les
armes disponibles et donna l'assaut à la Bastille pour récupérer des munitions
dont elle manquait. Les émeutiers détruisirent tout ce qu'ils trouvaient sur
leur chemin et déclenchèrent une flambée de violence.
La forteresse tomba.
Des têtes plantées sur des piques déambulèrent dans Paris, suivies d'une
foule en liesse.
algré la parade des élégantes, les femmes n'avaient aucune place dans
M la société et leur infériorité intellectuelle et psychologique était
considérée comme acquise. Elles étaient décrites de «raison limitée, de
constitution délicate, avec des nerfs fragiles. (1&8) » Elles n'existaient que
comme mères, ménagères ou filles de joie. Dans ce contexte de remise en
question du régime politique, Olympe de Gouges devint la figure de proue
d'un mouvement de femmes qui se voulaient les égales des hommes. Elle
publie la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, (1) mais les
hommes occultèrent rapidement cette tentative et institutionnalisèrent
l’infériorité de la femme qui devra encore longtemps obéissance à la gente
masculine.
Révoltées, elles hurlaient et gesticulaient, les cheveux collés par une pluie
fine qui commençait à tomber. Elles dansaient, elles riaient les poings sur les
hanches, surprises elles-mêmes d'oser défier la mort, épatées par leur
bravoure. Des femmes de pauvre condition, crottées, harassées, mais des
jeunes aussi, poudrées et joliment vêtues, s'égosillaient avec des voix de
crécelles, haut perchées, comme seules les femmes en ont le secret. Elles
apostrophaient les curieux , invectivaient les passants éberlués et tétanisés,
apeurés par tant de hardiesse et de violence. Elles cassaient tout ce qui leur
barrait le chemin. Les boulangères, les bouchères, les cuisinières, les
domestiques, auxquelles se joignirent ensuite les libraires, les barbiers, les
valets, les laquais, les vagabonds, les sans-abris, les sans métiers, tous armés.
Au passage de la manifestation, les rideaux des magasins furent baissés mais
certains furent envahis et saccagés, les réserves de vin volées. Tous sont
trempés par la pluie, mais rien ne les rebute, crottés, harassés, ivres de colère.
Cette horde hurlante d'au moins sept à huit mille manifestants était conduite
par l'un de ces hommes en noir qui semblent traverser les siècles, tambour
battant ; le mouvement avançait, d'un pas rythmé et cadencé, en rangs serrés,
et se dirigeait vers Versailles.
9H30
étais au Hameau, lorsque j'entendis un bruissement, une sorte de rumeur
J sourde qui enflait. Le brouhaha se transforma progressivement en un
roulement de tambours, une vague déferlante, le roulis d'une marée en furie.
J'entendais des chants et des cris, une foule se dirigeait vers moi.
De la rumeur grondante, des cris s'élevaient déchirés par les passions et les
affres de la terreur :
Il tenta de passer outre leur avis, mais c’est en butte à une opposition de
plus en plus hostile et après avoir tenté de quitter Paris où nous avions été
conduits sous la contrainte populaire, qu'il déclencha, malgré lui, une guerre
entre les révolutionnaires et les monarchistes. Jugé coupable, il fut condamné
à mort et exécuté.
10H00
Pour que le peuple soit pris en considération dans son ensemble et devienne
un pouvoir à part entière, les comportements, les mentalités, les lois surtout
ne pouvaient plus traiter les riches et les aristocrates avec bienveillance et
piétiner les pauvres, les manants comme de vulgaire chiens. L'égalité devait
s'installer non seulement du point de vue social, culturel et politique mais
également par une prise de position pénale. Or la grande question qu'il se
posait était : « comment faire en sorte que la peine capitale, la mise à mort de
certains condamnés, soit appliquée de manière égale pour les riches et pour
les pauvres, sans discrimination ? ».
Les nobles bénéficiaient d'une mort prompte par décollation au sabre, les
roturiers à la hache, les régicides et les criminels d'état étaient écartelés, les
hérétiques brûlés au bûcher, les voleurs roués ou pendus, les faux-
monnayeurs bouillis vifs dans un chaudron (10).
Par humanisme, sans doute ému par la douleur des victimes, pour qu'elles
n'aient pas à subir ces atrocités et fort de son serment d'Hippocrate, le
Docteur Joseph décida un jour, de mettre fin à ces pratiques humiliantes et un
terme à la boucherie. Il commença à réfléchir à un procédé qui soit plus
équitable, moins douloureux, donc plus efficace ; un moyen plus prompt, qui
pouvait donner la mort sans causer ces nombreuses tortures aux condamnés.
Un procédé mécanique.
Il pensait que malgré les belles idées de liberté et ce qui avait poussé les
grands penseurs de la révolution à améliorer les exécutions capitales, aucune
méditation profonde ne le sortirait jamais des abîmes de la terreur qu'il
ressentait. L'utilisation abusive de la guillotine n'avait pas encore démontré la
nécessité de l'abolition de la peine de mort. Il faudra attendre 1981, presque
deux cents ans après cette réflexion, pour qu'elle soit votée en France. Elle est
encore appliquée dans de nombreux pays et certains pratiquent le tranchage
de tête, de membres, de mains et de doigts quotidiennement, au sabre ou au
couteau.
On était bourreau de père en fils dans la famille ; son grand-père avait formé
son père qui l'avait fait pour lui et Charles-Henri formait son fils qui
l'accompagnait et prenait petit à petit part à la mise à mort. Ils étaient formés
dès le plus jeune âge car, comme pour tout métier, il fallait développer des
compétences et des gestes précis ; savoir gérer le stress des condamnés, leur
violence quelquefois, ou la terreur et leurs plaintes lorsqu'on les installait sur
la bascule. Il fallait pouvoir supporter l'odeur et la vue du sang frais qui
jaillissait des carotides quelquefois jusqu'à un mètre ; il fallait avoir le cœur
accroché pour manipuler les morts encore chauds, saisir les têtes par les
cheveux pour les brandir à bout de bras et les montrer à la foule, en étant
éclaboussé ou sentir le sang couler le long de l'avant-bras, puis finir le
processus en jetant des seaux d'eau pour nettoyer la scène. Quelquefois il
fallait couper la tête à dix ou quinze condamnés les uns après les autres. À
raison de cinq litres de sang par personne, ça faisait entre cinquante à
soixante quinze litres de sang qui stagnait en larges et profondes flaques au
pied de l'échafaud. Le sol en était imbibé et les passants imprudents rentraient
en ville, les semelles épaissies et durcies par le sang séché. Les chiens
venaient s'y nourrir et la place était d'une puanteur insoutenable.
10H30
Faire évoluer notre propre regard n'est pas chose aisée ; j'ai failli parfois par
méconnaissance, mais je n’ai jamais renié qui et ce que je suis.
Si je n'ai pas fait ce qu'il était attendu de moi, du moins pas complètement,
c'est pour cette raison. Je suis une insoumise, je l'ai toujours été. Mais à mon
courage a probablement manqué la prudence, en ces temps chaotiques, car
dans le système existant, pour aller jusqu'au bout, il fallait que je sacrifie une
partie de moi. Plus j'en donnais, plus je me perdais et plus je devenais un
symbole vide et exsangue.
Mais ce qu'ils ne savaient pas encore, ces Parisiens si arrogants, c'est que
tous, même les plus ardents fondateurs de la République qui naissait, seraient
exécutés et la question qui me brûlait les neurones était « comment se faisait-
il que les Français, les Parisiens, des hommes et des femmes d'ordinaire
généreux, capables de se dépasser, d'accepter autrui et maintes rigueurs, des
gens de mesure, comment ont-ils été amenés à ces excès d’horreurs et de
cruauté calculée ?
Comment se fait-il que les êtres humains, l'Humanité dans son ensemble,
acceptent encore, à notre époque, des actes et des pensées aussi avilissants ?
Pourquoi ne voient-ils pas que toute tentative de libération de soi, de la
société, par la violence, par les idéologies, l'intellectualisme ou l'idéalisme,
est un échec et le sera toujours ?
ssise sur mon lit, faible, les membres raidis par le froid, le corps
A endolori, j'entends dans la rue l'écho des sabots d'un cheval heurtant le
sol, suivi par le roulis de roues en bois et le roulement d’un tambour.
L’Huissier ouvre les verrous ; la porte s'ouvre. Des soldats précèdent le
greffier, suivi du bourreau Charles-Henri Sanson et de son fils Henri.
— Avez-vous compris ?
Mon regard droit dans ses pupilles, je le fixe sans broncher, lasse.
Cet officier de police prenait un malin plaisir à défier sa reine, d'éluder mes
requêtes, qu'il aurait dû, en temps ordinaire, exécuter sans protester, pour
répondre aux fonctions de sécurité et d'ordre, qui constituent son statut et la
protection des prisonniers. Toutes les dérives étaient permises.
— Escortez la condamnée, rasez-la et emmenez-la à l'échafaud !
J'avais déjà coupé mes cheveux pour leur retirer le plaisir de le faire. Mais
sur l'ordre de son père, Henri s'avança vers moi d'un pas puissant et appuyé ;
il apprenait le métier, les gestes, les attitudes, le vocabulaire. Il paraissait
maladroit et avait encore les manières douces et tendres d'un jeune homme à
peine éveillé à la vie. Je sentais ses mains sur mon cou, ses doigts contre ma
peau, la chaleur de son corps, son souffle retenu. Il avait peur.
Il ne sert à rien de se lamenter, c'est trop tard. Autant leur montrer que je
ne crains pas la mort, pensai-je.
Je perdis une chaussure en écrasant les orteils du bourreau mais peu
importe, je bredouillai une excuse et j’escaladai les marches à toute vitesse.
Qu'on en finisse !
Ma vie va finir ici, entre les mains de ces hommes qui n'osaient même pas
me regarder dans les yeux. Dans quelques minutes elle va s'arrêter. J'y suis.
Non ! Pas encore, pas encore ! Attendez ! Je n'ai pas fini de vivre ! Vous
n'avez pas le droit ! Arrêtez !!!!!!
11H45
La peur expulse dix mille joules d'énergie d'un seul coup dans mon corps,
un torrent d'adrénaline déferle dans mes veines, et comme s'il le pouvait, tout
mon être tente de s'échapper de sa prison de chair ; je suis au bord de
l'évanouissement, j'étouffe, j'ai l'impression que mon cœur va exploser ;
j'essaie de retirer ma tête coincée dans la lunette, de libérer mes poignets, en
vain ; tous mes muscles se contractent pour me protéger de l'impact ; le
tranchoir descend d'un seul jet, avec un crissement de fer, le chuintement lent
et doux d'une lame qu'on passe sur une pierre, le frottement du couteau le
long des rainures sur les poteaux, comme le bruissement de skis qui glissent
sur la neige fraîche, un jour d'hiver lumineux et ensoleillé. Ça dure, ça dure et
ça n'en finit pas. J'aurais voulu pouvoir suspendre cet instant et ne jamais le
vivre.
Aiguisée d'un seul côté, la lame passe près de la lunette et agit à la manière
d'énormes ciseaux. Je sens son souffle mortel sur ma peau ; sa pointe me
pique puis incise mon derme, tranche mes chairs, sectionne mes vertèbres,
taille ma gorge, et finit par sectionner mes cordes vocales ; puis elle s'arrête
abruptement en fin de course, acier contre bois ; ma tête ainsi libérée, tombe
sur la sciure dans le panier en-dessous de moi, avec le son mat d'un déchet
biologique que l'on vient de jeter sur un tas de compost.
— Vive la République !
Ce que je voulais leur dire c'est que la mort ce n'est pas la fin, c'est le
commencement.
Ils avaient tout compris à l'envers.
12H07
Je pensais qu'il n'y avait rien après la mort, que c'était un grand trou noir et
béant. Mais je m'étais trompée. Je constatais au contraire, que j'étais en
suspension entre deux états, comme un enfant en train de naître : plus tout à
fait fœtus et pas encore nouveau-né, un anima, la Vie, le souffle, du verbe
grec psuchein, souffler, en hébreu Nèphèsh, respirer, le principe vital
d'Aristote.
Fait étrange, j'avais encore l'impression de vivre alors que je n'appartenais
plus au monde physique et je pouvais voir, entendre, sentir et toucher, tous
sens amalgamés. La réalité était fluide , l'espace pulsait au ralenti, comme s'il
était vivant, rempli de lueurs et de sons diffus ; il semblait muer, s'étendre et
s'effondrer tout à la fois, dans une dimension hors du temps qui s'était,
d'ailleurs, subitement arrêté. Tout semblait latent et manifeste.
Dans le cercueil d'osier où mon corps fut déposé, ma tête fut placée entre
mes pieds. Les cris et les injures cessèrent. La foule se tut. Tout était
terminé ; les révolutionnaires avaient gagné ; sous l'égide de leur pensée
illuminée, le peuple était allé jusqu'au bout ; l'inéluctable venait de se
produire, sous les feux de la passion, pour un régime plus adapté, pensait-on ;
parce qu'on avait faim, pour qu'il y ait moins de différences entre les riches et
les pauvres, ou entre les hommes et les femmes, pour que les droits de
l'Homme et de la Femme soient reconnus, pour donner un sens nouveau à la
vie.
Libre.
Être
Le silence revint.
Les soldats sur leurs chevaux et les piétons se dispersèrent en piétinant le
sang. Quelques attardés, ne craignant ni l'odeur, ni de glisser, y trempèrent
leurs mouchoirs qu'ils conserveraient comme des reliques ; la faim poussant,
des bandes de chiens affamés accoururent en aboyant, et se mirent à le laper,
jusqu'à la nuit.
Naître pour régner et finir rejetée de la manière la plus brutale qui soit, me
paraissait d’une d'une grande inefficacité et une perte de sagesse humaine. La
violence nourrit la violence. J'avais certainement omis quelque chose quelque
part ; peut-être était-ce parce que je ne m'étais jamais posé la
question fondamentale du véritable but de la vie ? ou sur la naissance de
l'histoire et des origines de l'humanité ?
Un délicieux sentiment de calme submergea mes pensées. Mes souvenirs
s'organisèrent en palimpseste : photos, sentiments, émotions, visages des
êtres que j'aimais, mes roses du Hameau, mes jolies robes, mon intérêt pour
les arts, la couleur de mes yeux, mes couleurs préférées, mon amour pour les
animaux, cette Lumière secrète, en moi, dont il fallait découvrir la source.
C'était la chose la plus importante. Je le savais. J'emportais aussi avec moi le
souvenir du comte suédois, Hans Axel de Fersen, mon favori et mon
compagnon de toujours. Quelque part, dans le lointain, des ombres
commençaient à se profiler. Je n'avais pas peur. Au contraire, l'endroit me
paraissait familier, déjà-vu. Au travers d'une paroi de cristal, je vis se profiler
le visage translucide d'un homme qui m'observait, souriant, l'air serein.
« u e e p & e q e l r t n t e c e c o f
s k i t i x e c u e q f a f a o o n t o
e u h s r s h & z q i b l c m n n k t
y o r c u s h v c t u e f e p l u l n b
s r b r o a n i u a i t c i p e a t a »*
◆ ◆ ◆
Table de déchiffrement Patarin & Nachef - Code clé : identique à celui de la Lettre du 29 Juin 1791
Épigraphe
Préambule
Sommes-nous seuls dans l'Univers ?
Prologue
La Vie dans l'Univers est la norme, pas l'exception
4h30
Mercredi, 25 vendémiaire, An II
4h45
Quelle est ma mission ?
5h00
J'espérais un pardon
5h15
Détails d'une autre réalité
5h30
Sculpture de l'Amour par Mouchy
5h45
L'anamorphose décapite le sens
6h00
La Conciergerie, le cachot et la Cloche d'Argent
6h15
Adolescence
6h30
Famille
6h45
Départ et traversée Kehl-Strasbourg
7h00
Souvenirs d'un autre monde
7h15
Mon procès
7h30
Objet de discriminations
7h45
Ma vie au Hameau
8h00
Sortie du cachot, parcours du condamné
8h15
Le 14 juillet, le complot
8h30
Assaut de la Bastille
8h45
La Bastille tombe
9h00
Démolition de la Bastille
9h15
Droits de la femme
9h30
La foule déferle à Versailles
9h45
Changements sociétaux
10h00
Institutionnalisation de la peine capitale
10h15
Charles-Henri Sanson et Henri, son fils
10h30
La cruauté calculée
10h45
Notion de liberté
11h00
Préparée pour l'exécution
11h15
Ce n'est pas la fin mais le commencement
11h30
Arrivée au pied de l'échafaud
11h45
Comment se prépare-t-on à être exécuté ?
12h00
La lame tombe
12h07
Mort imminente, voyage astral
12h15
Décès prononcé le 16 octobre 1793, à 12h15
Épilogue
Adieu et dernier message codé
Table des matières
Bibliographie Thématique
◆ ◆ ◆
BIBLIOGRAPHIE THÉMATIQUE
MARIE-ANTOINETTE de HABSBOURG-LORRAINE
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