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DROIT BANCAIRE

  Le droit bancaire se définit par son objet, c’est l’ensemble des règles
concernant les opérations de banque et ceux qui les accomplissent à titre
professionnels.

Introduction
I.                   Définition du droit bancaire.

Le droit bancaire est l’ensemble des règles qui s’appliquent aux opérations de
banque et aux professionnels de la banque. C’est à la fois un droit des actes
pratiqués dans le secteur bancaire et un droit des acteurs du système
bancaire. Cette définition se rapproche de celle du droit du commerce, droit des
actes de commerce comme des commerçants.

Le droit bancaire est une matière venue du droit commercial, c’est une branche
du droit privé. D’ailleurs, le code de commerce qualifie les opérations de
banque d’actes de commerce (L110-1). Mais c’est un droit qui ce « publicise »,
un certain nombre de règles issues du droit public viennent réglementer cette
matière. Le droit bancaire est donc une branche du droit commercial
influencée par le droit public.

S’agissant de son aspect commercial, le droit bancaire est soumis aux règles
classiques du code du commerce (liberté de la preuve, compétence
juridictionnelle, solidarité présumée entre commerçants).

En ce qui concerne son visage publiciste, cette influence est due à l’importance
du secteur bancaire dans l’économie générale. Le rôle des banques dans
l’économie étant importante, les états se doivent d’organiser ce secteur, le
structurer, afin de protéger les épargnants, et encadrer la distribution de
crédits.

Le droit bancaire fait partie intégrante de ce qu’on appelle le droit économique :


il s’agit du droit commercial régulé par un ordre public spécial.

II.                Caractères du droit bancaire.

Le droit bancaire connaît plusieurs caractères :

–          C’est un droit technique, qui utilise des techniques juridiques


sophistiquées, afin que les acteurs puissent répéter à l’infini les mêmes
opérations. La technique permet une rapidité et une sécurité des opérations.
Par exemple, le chèque se base sur un mécanisme juridique précis, qui garanti
sa sécurité.

–          C’est un droit formaliste, puisque le droit bancaire connaît un


formalisme très poussé. Les acteurs doivent ainsi respecter des formes et des
mentions, sans quoi l’acte passé sera disqualifié. Là encore, ce formalisme
participe de la sécurité juridique. Les instruments de paiement jouent le rôle de
monnaie, car le formalisme nécessaire a été respecté. Ce formalisme s’exprime
aussi à travers les conditions générales d’ouverture de compte ou de
distributions de crédits : les banques font conclure à leurs clients des contrats
d’adhésions avec des clauses précises, dictées par la loi pour la plupart.

Avec l’évolution de la société, de nouveaux caractères sont apparus :

–          Il y a une « bancarisation » généralisée : il n’est plus possible de se


passer de ce secteur (salaire, aide sociale).

–          L’informatisation du secteur bancaire. Auparavant, quant il s’agissait


de céder une créance, on cédait des titres « papiers », la créance faisait alors
corps avec le titre. Le droit civil prévoit de plus des formalités. Le droit
commercial, afin de permettre une plus grande fluidité des opérations, a mis
au point les titres négociables, transférant la créance en même temps que le
papier. Les titres négociables ont ensuite évolués vers la dématérialisation,
l’informatisation. Cette informatisation affecte les relations avec la clientèle, car
celle-ci avait autrefois l’obligation de se présenter au guichet. Aujourd’hui,
toutes les manipulations sont possibles à distance (guichets automatiques de
banque, distributeurs automatiques de billets, terminaux de paiements chez
les commerçants).

III.             Sources du droit bancaire.

La loi est la source principale du droit bancaire, par oppositions aux pays de
Common Law. Elle regroupe tous les textes écrits. Le droit bancaire est marqué
par l’intervention législative.

La loi bancaire date du 24 janvier 1984, elle a réformé en profondeur le droit


bancaire. Les textes ont été codifiés en 2000 dans le code monétaire et
financier. Il s’agit d’une codification à droit constant (codification de texte déjà
existant sans modification). Un certain nombre de règle se trouve encore dans
le code de commerce (lettres de change, sociétés), d’autres règles se trouvent
dans le code de la consommation (conventions de comptes, crédit à la
consommation) et dans le code civil (obligations, contrats, prêt).

Il existe d’autres sources, extra-légales :


–          Le règlement, bien qu’un certain nombre de réformes passe par
l’ordonnance, par gain de temps.

–          La jurisprudence, à la fois interprétative des textes, et créatrice (c’est la


jurisprudence qui a mis au point le compte bancaire, ainsi que le devoir de
mise en garde du banquier).

–          Les décisions des autorités de contrôle, car certaines autorités de


contrôle dans le domaine bancaire ont un pouvoir normatif. Elles peuvent
encore sanctionner tel ou tel établissement.

–          La pratique bancaire, qui devient du droit, du fait de son


renouvellement, de sa répétition (usage). L’usage s’impose entre professionnels,
alors que vis-à-vis d’un particulier, l’usage ne s’impose que s’il lui a été opposé
(frais bancaires, dates de valeurs).

Ainsi, la banque présente deux visages : l’un libéral, l’autre de service public.

 Voici le le plan du cours de droit bancaire :

Chapitre 1 : une activité commerciale.


Section 1 : l’objet de l’activité bancaire.
Section 2 : les opérateurs bancaires.
I.                   Les établissements de crédit.
II.                Les établissements de paiement.
Section 3 : les relations avec la clientèle.
Chapitre 2 : une activité de service public.
Section 1 : les grandes fonctions économiques du secteur bancaire.
I.                   Le service de caisse, service de paiement.
II.                La distribution de crédits.
Section 2 : l’ordre public bancaire.
I.                   L’interventionnisme étatique.
II.                Les autorités de régulation.
Au plan national. 
Au plan international.
Partie 1 : L’activité bancaire.
Chapitre préliminaire : Le secret bancaire. 
Section 1 : L’étendue du secret bancaire. 
I. La nature des informations couvertes par le secret. 
II. Les bénéficiaires du secret. 
Section 2 : les dérogations au secret bancaire. 
I. Les dérogations liées à l’intérêt général. 
II. Les dérogations liées à des intérêts particuliers. 
Chapitre 1 : Le régime général du crédit.
Section 1 : Les opérations de crédit. 
I. La notion d’opération de crédit. 
II. Les formes du crédit. 
A. La mise à disposition immédiate du crédit. 
1. Régime juridique du prêt à argent. 
2. Les modalités techniques du prêt d’argent. 
3. Les finalités du prêt d’argent. 
B. La mise à disposition future des fonds. 
C. La mise à disposition éventuelle de fonds. 
Section 2 : La naissance du crédit. 
I. La liberté dans l’octroie du crédit 
A. La liberté contractuelle 
B. L’intuitus personnae. 
II. Les obligations du banquier dans l’octroi du crédit. 
Section 3 : La vie du crédit. 
I. La rémunération des crédits. 
B. Les frais accompagnants le crédit 
II – Les garanties du crédit 
A. Les sûretés classiques
B. Les nouvelles sûretés 
Section 4 : La mort du crédit
I Le crédit à durée indéterminée 
II. Le crédit à durée déterminée. 
Chapitre 2 : Les régimes particuliers à certains types de crédit. 
Section 1 : Le crédit aux particuliers
A.                Le domaine du crédit à la consommation L311-1 du code de la
consommation. 
B.                 Le régime du crédit à la consommation 
 L’info préalable du client.
2. Le processus de formation du contrat.  
3. L’exécution du contrat. 
a). Les dispositions générales relatives au crédit.
b). Les dispositions particulières à certains types de crédits.
Le crédit renouvelable :
Les cartes de fidélité : 
Autorisation de découvert : 
4. Le régime des crédits affectés.
C.                Le contentieux du crédit à la consommation
Section II – Le Crédit aux Professionnels
A.                Les crédits professionnels sans MDC
Le crédit-bail mobilier :
Le crédit bail :
i)                   La conclusion du crédit-bail  
ii)                 L’exécution du crédit-bail 
iii)               Les garanties
B.                Le crédit professionnel avec MDC
1.                  L’escompte 
2.                  L’affacturage
(i)                 La transmission des créances 
(ii)               Le recouvrement des créances. 
DEUXIEME PARTIE – LES INSTRUMENTS JURIDIQUES DES ACTIVITES
BANCAIRES
TITRE 1 – LES COMPTES BANCAIRES
Chapitre 1 – Théorie générale des comptes bancaires
Section 1 – Les éléments constitutifs du compte
A.                La nature des remises
B.               La réciprocité des remises
Section 2 – Les effets juridiques du compte courant
1.                  L’effet de paiement 
2.                  Le régime de ce solde provisoire
A.                La disponibilité du solde provisoire créditeur 
B.                L’inexigibilité du solde provisoire  
Chapitre 2 – Le Régime Des Comptes Bancaires
Section 1 – L’Ouverture du compte
 I – La personne du banquier 
A.                La liberté du banquier 
B.              Les diligences du banquier lors de l’ouverture du compte.
II – La personne du client 
Section 2 – Le fonctionnement du compte 
I – Les opérations sur le compte
A.                Les remises 
B.                Les retraits 
II – Les modalités particulières à certains comptes 
A.                Les comptes multiples 
III – La rémunération du compte
A.                Les intérêts du compte 
(i). Les intérêts créditeurs
(ii). Les intérêts débiteurs
B.                Les commissions et les frais bancaires 
I           Les commissions
A.     La perception et la modification des commissions par la banque 
B.                Régime applicable aux commissions perçues sur les comptes de
dépôt. 
II. Les Intérêts 
A.     Les principes légaux et l’usure 
B.     Le consentement exprimé à travers une convention 
Section 3 – L’interruption et la clôture du compte 
I – L’interruption du compte 
A.                L’arrêté périodique de compte 
B.                La saisie du compte 
II – La clôture du compte 
Les causes de la clôture 
B.                Les effets de la clôture 
Titre 2 – La théorie des effets de compte 
Chapitre 1 – La lettre de change 
Section 1 – Le rôle de la provision 
I.                   Règles attachées à la provision 
A.                L’existence de la provision 
L’absence de provision 
II.                Garanties liées à la provision 
Preuve de la provision 
Le transfert de la propriété de la provision 
Section 2 – L’acceptation de la Lettre de Change 
I – La lettre de change acceptée 
Nature cambiaire de l’engagement 
II – La lettre de change non-acceptée 
Section 3 – La circulation de la lettre de change 
I – L’effet translatif de l’endossement. Article L. 511-9 Code Commerce. 
II – L’obligation de garantie 
III – L’inopposabilité des exceptions 
A.                Conditions tenant aux personnes 
B.                Conditions tenant aux exceptions 
Section 4 : Le paiement de la lettre de change
I.                   Règles assurant la certitude du paiement 
A.                Obligations du porteur 
B.                Exercice des recours 
II. Règles tendant à assurer la ponctualité du paiement
Chapitre 2 : Les effets dérivés 
Section 1 : Les effets classiques (ne seront pas traités en cours) 
I. Le billet à ordre 
II. Le warrant 
Section 2 – Les effets nouveaux
Sous-section I –  La lettre de change relevée 
I.                   La Lettre de change relevée papier 
II. La lettre de change relevée magnétique
Sous-section 2 : Le bordereau de cession des créances professionnelles 
I. Création du bordereau Dailly 
A.                Conditions de fond 
(i)                 Caractère des créances 
(ii)               Qualité des bénéficiaires 
B.                Conditions de forme
II. Effets du bordereau Dailly 
A.                Le transfert des créances 
(i)                 Au regard du bénéficiaire 
(ii)               Au regard des tiers
B.                Le recouvrement des créances 
(i)                 la banque cessionnaire
Titre III : Les instruments de paiement 
Chapitre 1 : Le chèque bancaire
Section 1 : Création du chèque
1. Droit d’émettre un chèque : 
2. Délivrance d’un chéquier.
I. Mentions à apposer sur le chèque
A. Mentions obligatoires 
B. Mentions facultatives
II. Conditions de fond 
A. Qualités respectives du tireur et du tiré 
B. La cause de l’engagement des parties
III. Emission du chèque
A. Remise du chèque 
B. Droits du porteur sur le chèque 
Section 2 : Circulation du chèque
I. L’endossement translatif
A. Conditions de l’endossement 
B. Effets de l’endossement translatif
II. Les autres formes d’endossement
Section 3 : Paiement du chèque 
I. Les modalités de paiement du chèque 
A. Les obligations du banquier encaisseur 
B. Les obligations du banquier tiré
II. Les incidents de paiement 
A. L’opposition au paiement 
B. Les chèques sans provision 
1°) Conséquences de l’émission d’un chèque sans provision 
2°) Droits du porteur victime d’un chèque sans provision 
a) Recours cambiaires du porteur impayé 
b) Cas du porteur négligent (art. L. 131-59)
 

Chapitre 1 : une activité commerciale. 


Cet aspect commercial se retrouve dans l’objet de l’activité bancaire, dans les
acteurs, dans les opérateurs bancaires, et enfin sans les relations avec la
clientèle.

Section 1 : l’objet de l’activité bancaire. 

L’objet de l’activité bancaire est précisé par le code monétaire et financier aux


articles   L311-1 et suivants : les banques ont deux types d’activités, les
opérations de banques et les services de paiement.

L’article L311-1 dispose que les opérations de banque comprennent la


réception de fonds publics, les opérations de crédits, ainsi que les services
bancaires de paiement. Cela signifie que les banques ont vocation à recevoir
l’épargne des citoyens à travers leurs dépôts, et peuvent, grâce aux dépôts des
épargnants, redistribuer dans l’économie sous forme de prêt. Concernant les
services bancaires de paiements, ceux-ci sont les services qui consistent dans
la délivrance de moyens de paiement. Les moyens de paiement sont eux tous
les instruments qui permettent de transférer de l’argent d’un compte à un
autre (chèque, carte, virement).

L311-3 prévoit que la gestion des moyens de paiements comprend « les services
bancaires de paiement et les services de paiements ». Cette différence a été
posée par une ordonnance du 15 juillet 2009.

Les opérations de banques sont réservées aux établissements de crédit, et les


services de paiement sont réservés aux établissements de crédits et aux
établissements de paiement. 

Le but est de permettre à des établissements qui ne sont pas des


établissements de crédit de pratiquer des services de paiement, afin d’ouvrir le
marché à la concurrence. Finalement, les services bancaires de paiement et les
services de paiement sont à peu près la même chose, les services de paiement
étant moins large que les services bancaires de paiement (les chèques et les
monéo de relèvent pas du service de paiement.

La liste des services de paiement est établie à l’article L314-1 du code


monétaire et financier.

Il faut ajouter à cela les opérations connexes aux opérations de banques


(paiements financiers, gestion de portefeuille).

Mais les banques ont avant tout comme activité de servir d’intermédiaire dans
les transferts de fonds, de distribuer de l’argent dans les opérations de crédit,
et d’avoir des activités complémentaires qui viennent se greffer aux précédentes
(opérations de coffre-fort, assurance, téléphonie mobile, multimédia).

Section 2 : les opérateurs bancaires. 

L’activité bancaire étant commerciale, ceux qui la pratiquent de manière


habituelle sont des commerçants. Il y a d’une part les établissements de crédit,
ayant le monopole des opérations de banque, et d’autre part les établissements
de paiement, ayant le monopole « partagé » des services de paiement avec les
établissements de crédit.

I.                   Les établissements de crédit. 

La définition des établissements de crédit est posée à L511-1 du code


monétaire et financier. Ainsi, les établissements de crédit sont des personnes
morales, qui effectuent de manière répétée des opérations de banque.

Par exemple, une entreprise qui prête de l’argent à son dirigeant ne tombe pas
sous le coup du monopole bancaire. En revanche, si une entreprise prête de
l’argent cette fois de manière habituelle, elle tombe sous le monopole des
opérations de banque.

Il faut enfin être en présence d’une opération de banque.

Ces établissements de crédit bénéficient du monopole bancaire. Ainsi, seuls les


établissements de crédit peuvent effectuer certaines opérations. Le champ de
ce monopole est précisé à l’article L511-5 du code monétaire et financier, de
manière négative. Entrent dans ce monopole :

–          Les opérations de banque à titre habituel.

–          La réception de fonds publics à vue ou à deux ans de terme.

Deux remarques s’imposent :

–          Les critères de la qualification d’établissement de crédit et les critères


du monopole bancaire ne sont pas les même (il y a en plus la réception des
fonds).

–          « A vue » signifie que le client peut retirer ses fonds quand il le veut. Un
compte à terme signifie que les fonds sont bloqués pendant un certain temps.
Ces comptes entre dans le monopole bancaire car les clients doivent pouvoir
venir chercher leur argent, l’établissement de crédit doit donc avoir des fonds
importants.
La loi ne dit pas que cette activité de réception de fonds doit être habituelle
donc, même occasionnellement, un établissement qui n’est pas un
établissement de crédit ne peut pas effectuer cette activité.

La sanction du non respect du monopole bancaire peut être de deux types,


pénale et civile. Un prêt qui serait conclu en méconnaissance du monopole
bancaire est-il valable ? La jurisprudence a opéré un revirement. Au départ, la
Cass prévoyait qu’un tel prêt était nul. Mais elle opère un revirement par un
arrêt d’assemblée plénière du 4 mars 2005 : elle refuse alors de prononcer la
nullité d’un prêt pourtant illégal. Il est illégal par rapport au monopole
bancaire, mais valable d’un point de vue civil.

Le monopole est réservé aux établissements de crédit car ils possèdent des
gages de sécurité. Ceux-ci sont agréés pour pouvoir pratiquer les opérations de
banque. Cet agreement est délivré par l’autorité de contrôle prudentiel.

Il existe deux grandes sortes d’établissements de crédit :

–          Les banques à proprement parler, qui ont une compétence générale
pour pratiquer toutes sortes d’opérations de banque. Leur activité n’est pas
orientée ni limitée à certaines opérations ou secteurs économiques.

–          Les sociétés financières ou établissements spécialisés, qui ont des


compétences spéciales limitées à certaines activités (sociétés d’investissements,
sociétés de portefeuille d’actions) qui ne peuvent agir que dans leur secteur.

II.                Les établissements de paiement. 

Cette catégorie a été introduite en droit français sous l’influence d’une directive
datant de 2007. C’est l’ordonnance du 15 juillet 2009 qui, en créant les
services de paiement, a créé les établissements de paiement. Cette ordonnance
a aussi créé un nouveau monopole parallèlement au monopole bancaire. Ce
monopole des services de paiement appartient aux établissements de paiement
et aux établissements de crédits.

Il existe dans la loi certaines dérogations aux monopoles (les chèques cadeaux
émis par les grands magasins, les cartes de fidélité) notamment dans les
chaines de distributions.

Section 3 : les relations avec la clientèle. 

Ces relations avec la clientèle sont des relations de droit privé : on a affaire à
un commerçant (la banque) qui contracte soit avec un non commerçant (un
particulier, une société civile) ou avec un autre commerçant (une entreprise
commerciale). Deux signes montrent qu’on se trouve dans le cadre d’une
relation de droit privé :

–          Un contrat qui obéi aux règles générales du droit des contrats, et en
particulier à la liberté contractuelle, fortement tinté ici d’intuitus personae. La
banque contracte avec un client à certaines conditions, la relation est
personnalisée. Cette relation passe par des mécanismes de droit privé
classique, comme la cession de créances, la subrogation, la compensation, etc.
Autre instrument essentiel de cette relation, le compte bancaire : c’est un
contrat spécial avec un régime spécial. Il s’agit presque d’un contrat cadre.

–          Les parties aux contrats sont responsables en cas de manquement à


leurs obligations. Les banques insèrent ainsi dans le contrat plusieurs clauses
limitatives de responsabilité, qui sont a priori valable sous deux réserves :

o   Sauf si elle est abusive face à un consommateur.

o   Sauf si le débiteur de l’obligation s’est rendu coupable d’une faute dolosive
ou d’une faute lourde.

Chapitre 2 : une activité de service public. 

Les banques sont des entreprises privées, qui sont soumises aux lois de la
concurrence, aux lois du marché. Si une banque ne peut plus faire face à ses
dettes grâce à ses fonds disponibles, elle encourt la faillite, comme n’importe
quelle entreprise. C’est assez rare dans l’histoire, mais la crise de 1929 et celle
de 2008 ont montrées que c’était possible.

Toutefois, il semble désormais exclu, dans le contexte économique actuel, que


les états laissent leurs banques faires faillites. Le remède possible est de deux
sortes :

–          Soit un prêt qu’accorde l’état à la banque en difficulté. C’est le scénario


de 2008 en France.

–          Soit l’état rachète une partie du capital social de la banque, et devient
alors actionnaire de celui-ci. S’il rachète plus de la moitié du capital social, il
deviendra alors actionnaire majoritaire, il s’agira d’une nationalisation. C’est le
scénario de 2008, cette fois au Royaume-Uni. Les nationalisations n’ont alors
été que temporaires, l’état revendant ensuite les actions en empochant la plu
value.
Les banques ont encore une fonction sociale, que l’on peut expliquer par deux
phénomènes :

–          La banque est en charge de la délivrance de la monnaie, ce qui


nécessite que les pouvoirs publics contrôlent cette distribution.

On distingue la monnaie fiduciaire (monnaie matérielle, qui circule de la main


à la main) à la monnaie scripturale (monnaie immatérielle, qui n’existe qu’à
l’état électronique, sur les comptes bancaires). 

–          Les banques ne doivent pas contribuer à l’exclusion sociale : les


banques ne doivent pas contracter qu’avec les riches, et exclure du système
bancaire les personnes qui n’ont pas les moyens. Concrètement, le législateur a
instauré au profit des citoyens un droit aux comptes, qui permet à toute
personne de se faire ouvrir un compte dans un établissement de crédit.

Dans un premier temps, l’établissement bancaire est libre de contracter ou de


ne pas contracter. Dans un second temps, si le client potentiel se fait refouler
de plusieurs établissements, il peut saisir la banque de France afin que celle-ci
désigne autoritairement un établissement qui va ouvrir un compte au profit de
ce demandeur. La procédure figure dans le code monétaire et financier à
l’article   L312-1. Les conditions d’ouverture du compte peuvent alors être
limités aux services bancaires de base (délivrance de relevés périodiques de
comptes, délivrance de moyens de paiement non risqués).

Section 1 : les grandes fonctions économiques du secteur bancaire. 

I.                   Le service de caisse, service de paiement. 

Le banquier est le caissier de son client : c’est lui qui tient la caisse. Le
banquier décaisse (paie au moyen des fonds disponibles sur le compte) et
encaisse (reçoit les fonds sur le compte). Autrement dit, le banquier sert
d’intermédiaire dans les opérations de paiement. Il facilite le paiement entre les
cocontractants.

Le paiement est un mode d’extinction de l’obligation, se traduisant par la


satisfaction du créancier et la libération le débiteur. 

II.                La distribution de crédits. 

Le mot crédit vient du latin credere qui signifie « faire confiance ». L’essence du
crédit, c’est la confiance qu’une personne accorde à une autre. A cette
confiance s’ajoute l’élément temporel : une personne fourni immédiatement à
une autre un service, à charge pour cette dernière de le rendre plus tard. Il y a
donc un décalage temporel entre l’exécution des deux obligations.

En matière bancaire, ce crédit est forcément à titre onéreux, le cout du crédit


étant supporté par le client. La banque supporte elle le cout de non
remboursement du crédit. Le crédit joue donc un rôle essentiel dans l’économie
de marché, aussi bien pour les entreprises qui ont besoin d’investir, ou de
combler des décalages de trésorerie (il y a parfois un décalage dans le temps où
l’entreprise doit payer ses dettes et où elle se fait payer ses créances, il s’agit
alors du décalage de trésorerie).

Ce crédit se traduit concrètement par une autorisation de découvert : il s’agit


d’un crédit. Celui-ci est essentiel pour les entreprises, comme pour les
particuliers. Autrefois, il s’agissait d’économiser pour consommer. Aujourd’hui,
la société de consommation fonctionne sur la base du crédit à la
consommation : on dépense l’argent qu’on a pas. Cette dérive de la société de la
consommation correspond à des besoins des ménages réels ou fictifs.

Section 2 : l’ordre public bancaire. 

Cet ordre public se traduit de deux manières :

–          Par un interventionnisme étatique dans l’activité.

–          Par des autorités de régulation.

I.                   L’interventionnisme étatique. 

L’activité bancaire est née au Moyen-Age, sur les marchés entre les
commerçants. Mais c’est véritablement après la révolution et à la fin du XIXe
siècle que le secteur bancaire s’est développé : c’est la période de la Révolution
industrielle. A ce moment là naissent les grandes banques d’affaires. C’est
alors l’âge d’or du capitalisme et du libéralisme. Mais déjà, à la fin du XIXe
siècle, apparaissent les premières lois sociales.

Cette période libérale va aller jusqu’aux années trente. La crise de 1929


l’interrompt, et fait basculer le secteur bancaire dans une période
interventionniste. Sous l’influence des théories économiques de Keynes, les
états contrôlent et nationalisent les banques. Cette période va durer jusqu’aux
années quatre-vingts. On assiste alors à une nouvelle vague de libéralisation.
Cette libéralisation se traduit de plusieurs manières :
–          Les banques centrales deviennent indépendantes des pouvoirs
politiques. C’est le cas de la banque de France, qui n’est plus sous la tutelle
politique de l’état.

–          La désintermédiation bancaire, qui signifie que plusieurs types


d’opérations bancaires ne passent plus par les banques, mais par un autre
canal qui est le marché, la bourse (à court terme) et sur les marchés financiers
(moyen et long terme).

–          Le décloisonnement des marchés, qui retire les limites physiques et


rend le marché international.

C’est l’avènement du néolibéralisme. Mais c’est un libéralisme qui ne se


développe pas dans les rapports traditionnels du marché, mais parallèlement,
dans une économie virtuelle. L’état se désengage alors du secteur bancaire à
travers une vague de privatisation.

Actuellement, on se trouve dans une phase de réinvestissement de l’état, de


retour de la puissance publique. Ce retour est dû à une crise financière, qui est
d’abord une crise bancaire (2008), qui entraine donc des mesures des états
pour renforcer le contrôle sur les banques. Cette crise se traduit en 2011 par
une crise des dettes souveraines, qui touche également le secteur bancaire.

II.                Les autorités de régulation. 

Ce sont toutes les autorités chargées de surveiller le système bancaire.

A.  Au plan national.

Il existe notamment dans les autorités bancaires la Banque de France. C’est


une institution crée en 1800, nationalisée en 1945, et qui appartient désormais
au système européen des banques centrales, placé sous l’autorité de la Banque
Centrale Européenne. C’est elle qui émet les euros, gère les comptes du trésor
public, et a aussi une fonction d’information sur le système bancaire. C’est par
exemple elle qui répertorie les incidents de paiement. Elle est également
chargée de la tenue des chambres de compensation (ce sont des organes
chargés de réaliser les opérations interbancaires, entre les banques).

A coté de la Banque de France, on trouve des organismes consultatifs, ou


organismes de tutelle collective, qui ont une action sur l’ensemble des acteurs
du système. Ces comités servent en réalité à conseiller le gouvernement dans
l’édiction de certaines normes. Le Comité consultatif du secteur financier et le
comité consultatif de la législation et de la réglementation financière en font
par exemple partie.
A coté de ces comités consultatifs, on a ce qu’on appelle les organismes
décisionnels. Eux sont chargés d’appliquer la politique bancaire et de la
surveiller. Ils peuvent prendre des décisions individuelles à l’encontre d’un
établissement. Il s’agit notamment de la Commission bancaire et du comité des
établissements de crédit. Mais l’état a décidé de les fusionner dans un seul
organisme, l’autorité de contrôle prudentiel. Cette autorité indépendante date
d’une ordonnance du 21 janvier 2010. Elle est chargée de surveiller à la fois le
secteur bancaire et celui de l’assurance. Cette autorité dispose de pouvoirs
d’investigation et de pouvoirs de recommandation, ainsi que de pouvoirs de
police (sanctions).
B – Au plan international. 
Le Comité de Bâle réuni les gouverneurs des principales banques centrales afin
d’édicter des normes prudentielles au niveau international. Ce sont des
mesures qui visent à sécuriser le secteur bancaire.

Au niveau européen, l’Autorité Bancaire est issue d’un règlement du 24


novembre 2010. Cette autorité a un pouvoir règlementaire et un pouvoir de
police, ainsi qu’un pouvoir de sanctions envers les établissements qui ne
respecteraient pas ces normes.

Partie 1 : L’activité bancaire. 

Cette activité est dominée par la délivrance du crédit qui forme le cœur des
opérations de banques.

Chapitre préliminaire : Le secret bancaire.

Le banquier est un professionnel qui comme d’autres est tenu à un devoir de


confidentialité.

Certaines informations sur leurs clients doivent restées secrètes parce que les
banques détiennent sur leurs clients des informations personnelles voire
compromettantes. Sur un compte bancaire apparait toute la vie d’une personne
(ce qu’il a acheté, l’argent qu’il a reçu, l’argent qu’il a transféré au profit
d’autres personnes,…).

Ce devoir a été initialement posé par la jurisprudence, puis c’est la loi, à partir
de 1984 qui a pénalisé le non respect de ce devoir. Quelques modifications ont
eu lieu dans la loi d’abord en 2008 avec la loi LME (loi de modernisation de
l’économie, 4 aout 2008) et une ordonnance du 21 janvier 2010.

Section 1 : L’étendue du secret bancaire.


Il faut inscrire cette question du secret bancaire dans la problématique plus
générale de la révélation des flux financiers et dans la lutte contre la fraude
fiscale.

Autrefois le secret prédominait, aujourd’hui c’est la transparence.

Les règles sont dans le code monétaire aux articles L511-33 et suivants.

Toute personne qui travail dans une banque est débiteur du secret, article
L511-33.

I. La nature des informations couvertes par le secret.

La question est de savoir quel est l’objet de l’obligation. 

Tout d’abord, le secret ne porte que sur des faits qui ne sont pas publics. Dans
la mesure où le client à lui même rendu public les faits, ceux-ci ne sont plus
couverts par le secret.

Ensuite, les informations qui sont précises ou ont une certaine précision
auxquelles ont oppose les informations d’ordre général. Sont précises toutes les
informations chiffrées sur un client (solde de ses comptes, montant des
opérations, numéro de compte, type d’opération effectué, mais aussi nom des
bénéficiaires de ces opérations). A l’inverse on parle d’information générale, des
indications sur la solvabilité d’une personne ou sur le fait de savoir s’il honore
régulièrement ses dettes. Par exemple, une entreprise peut appeler une banque
pour demander des informations générales sur un client. 2 illustrations :

– Lorsque l’on émet un chèque, le tireur, qui est celui qui émet le chèque, peut
demander la communication du chèque qui a été payé. Selon la jurisprudence;
le tireur ne peut obtenir information que du recto du chèque parce que figure
au verso du chèque des informations sur le bénéficiaire du chèque (celui qui
l’encaisse).

– Lorsqu’on paie par carte bancaire lorsque le terminal donne l’information que
la carte est refusé ne porte pas atteinte à la vie privée puisque c’est une
information générale.

II. Les bénéficiaires du secret.

La question est de savoir qui est couvert par le secret et qui peut demander la
levée du secret.  
Le principe est que seul le bénéficiaire du secret peut le lever, c’est-à-dire
accepter que les informations soient divulguées. Depuis la loi de LME,
l’autorisation de lever le secret par le bénéficiaire doit être exprès. Le
bénéficiaire du secret est a priori le client de la banque, par extrapolation
(Action de tirer des conclusions à partir de données partielles), bénéficiera
aussi du secret le mandataire du client, son représentant. Exemple, un
mandataire liquidateur de cette entreprise peut obtenir toutes les informations
de l’entreprise et il peut même lever le secret.

Première hypothèse : 

Est ce que les membres d’une famille d’un client peuvent lever le secret
bancaire? 

Le frère se confond il avec le bénéficiaire? La réponse est non. Dès lors, le frère
ne peut être considéré que comme un tiers au secret.

S’il s’agit de 2 époux? La réponse est en principe non, il n’y a pas d’effet de
représentation. Toutefois, si le compte est un compte joint, il y a 2 titulaires du
compte donc les 2 sont titulaires du secret, le conjoint n’est plus un tiers. De
plus, l’article 259-3 du code civil, dispose que lors d’une procédure de
liquidation du régime matrimonial, le secret bancaire ne peut pas être opposé
pour faire échec à cette liquidation.

Est ce que les héritiers d’une personne peuvent être bénéficiaire du secret et
donc obtenir ces information? Les héritiers continuent la personne du défunt,
et à ce titre, ils peuvent être considérés comme bénéficiaire du secret. Il y a une
exception à cela, si le de cujus s’est opposé de son vivant à ce que certaines
informations soient communiquées aux héritiers. Une autre exceptions posée
par les juges, ils ne peuvent pas avoir accès à des informations personnelles au
défunt et impliquant d’autres personnes.

Seconde hypothèse : 

En matière de société, qui dans les membres de la personne morale bénéficient


de ce secret et qui est tiers à ce secret? 

Si c’est un PDG ou gérant de la société, il est bénéficiaire du secret parce qu’il


est représentant de la personne morale.

Pour les membres des conseils d’administration ou de surveillance,


individuellement il ne peut pas obtenir des informations bancaires. Certains
auteurs défendent en revanche l’idée que collectivement, un conseil en tant
qu’organe, peut obtenir des informations bancaires
S’agissant des salariés ce sont des tiers.

S’agissant des associés, ils ne sont pas propriétaire de la société donc ils sont
tiers.

Section 2 : les dérogations au secret bancaire.

C’est la transparence qui justifie que l’on déroge au secret bancaire. Il y a 2


motifs de dérogations:

– Les dérogations liées à l’intérêt général

– Les dérogations liées à des intérêts particuliers.

I. Les dérogations liées à l’intérêt général.

La banque ne peut pas opposer de secret parce qu’un motif d’intérêt général
s’impose, article L511-33 du code monétaire et financier. 2 règles découlent de
ce texte :

            – les banques ne peuvent pas opposer le secret aux autorités de


contrôle           prudentielles

            – les banques ne peuvent pas opposer le secret au juge pénal dans le
cadre      d’une affaire pour les besoins de l’enquête.

Il faut ajouter les services fiscaux qui peuvent obtenir les informations
bancaires nécessaires à leur démarche.

Ces principes sont ils applicables lors d’une procédure civile? 

L’article L511-33 du code monétaire et financier n’est pas applicable aux


procédures civiles, le secret peut être opposé par les banques, cela vaut aussi
pour les procédures commerciale. Toutefois, l’article 10 du code de procédure
civil dispose que chacun doit apporter son concours à la justice mais sauf
empêchement légitime. Le secret bancaire fait parti de ces empêchements
légitimes permettant à la banque de tenir des informations secrètes.

La question qui s’est posée au juge est de savoir si la banque peut continuer à
imposer le secret dans une procédure civile alors que c’est elle qui est
poursuivie en justice? 
La jurisprudence permet aux établissements d’opposer le secret bancaire dans
la mesure où ce n’est pas leur propre client qui demande à lever ce secret. Cela
est pour protéger le client mais cette solution protège également la banque
dans cette procédure.

Remarque sur les procédures civiles d’exécution : Une banque interrogée par
un huissier qui veux opérer une saisie sur les comptes doit lui communiquer
les informations bancaires nécessaires. Cette solution ne vaut que si l’huissier
agit dans le cadre d’une voie d’exécution. S’il agit en dehors de toute procédure
(recouvrement amiable de créance) il ne devra pas y avoir d’informations
bancaires.

Remarque dans le cadre de procédure collectives commerciales : Le président


du tribunal de commerce, ainsi que les experts qu’il nomme, peuvent avoir
accès à toute information financière sur l’entreprise. Ce n’est en revanche pas
le cas du mandataire qui représente les créanciers puisque ce sont des tiers à
l’entreprise. Toutefois, si l’entreprise est en liquidation judiciaire, dans ce cas le
mandataire qui liquide peut avoir accès au compte.

II. Les dérogations liées à des intérêts particuliers.

Ce sont des levés du secret bancaire destinés à faciliter certaines transactions


financières décrit à l’article L511-33 du code monétaire et financier. Elles sont
issues de la loi du 4 aout 2008, LME.

Chapitre 1 : Le régime général du crédit. 

Il convient de préciser que il existe 2 sortes de crédits – Le crédit bancaire et le


crédit extra bancaire (crédit qui ne passe pas par les banques ; crédits entre
particuliers e.x le prêt d’argent à une personne de l’entourage/ami/membre de
la famille. C’est généralement un contrat à titre gratuit et destiné à rendre
service. Cependant on voit naitre dans la Jurisprudence certaines questions
litigieuses notamment sur la preuve de ce genre de prêts.

Il y a aussi le crédit inter-entreprise. Comme son nom l’indique, il est pratiqué


par les entreprises indépendamment des banques.

–          Il y a d’abord des avances de trésoreries que peuvent se faire des


sociétés au sein d’un groupe ex. une société mère qui avance des fonds a sa
filiale ou une filiale qui consent une avance a une de ses sœurs.

–           Il y a aussi des délais de paiements qu’accordent les fournitures à


leurs acheteurs. Ils sont la structure même de la vie commerciale en France et
ils représentent une forme de crédit. E.x un fournisseur consent
systématiquement un délai de paiement à son acheteur. C’est du crédit car l’on
obtient une chose dont on fournira la contrepartie plus tard. C’est une forme
de crédit parce que premièrement il a été impossible en France pendant 30 ans
de négocier sur les prix i.e. un fournisseur devait pratiquer le même prix
envers tout le monde ; interdiction de négocier le prix. Donc, la négociation
s’est faite sur le délai de paiement. Le vendeur a obtenu de l’argent qui
fructifiera sur ses comptes mais lui ne paiera pour la marchandise que bien
plus tard. C’est un système qui conforte la position dominante des acheteurs.
C’est comme un crédit forcé. Le législateur a voulu règlementer ces délais de
paiement, ce qui a été le cas avec la loi LME du 4 aout 2008. Dorénavant, les
acheteurs disposent de 60 jours pour payer à compter de la délivrance de la
facture.)

Section 1 : Les opérations de crédit.

I. La notion d’opération de crédit.

Le crédit est basé sur la confiance, il comporte 2 éléments essentiels:

            – Le décalage dans le temps,

            – Le risque qui pèse sur le fournisseur de crédit.

Le CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER défini plus précisément la notion du


crédit à l’article L313-1 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER.

« Tout acte par lequel une personne agissant à titre onéreux mais promet de
mettre des fonds à disposition d’une autre personne ou mets ou promets de
mettre ou par engagement…. »

Selon cet article, il y a 2 notions de crédit :

→ Un crédit où le banquier avance des fonds,

→ Un crédit dit « par signature » où la banque ne fait que s’engager sans pour
l’instant remettre des fonds. Ceci est une lettre d’intention qui est une
obligation de résultat.

Le crédit est soit avancer des fonds soit se porter garant par signature mais on
peut voir une certaine unité de la notion de crédit. Les points communs qui
forment cette unité sont d’une part la rémunération que retire le banquier qui
accorde son crédit, d’autre part, il y a un avantage que procure le banquier en
s’engageant, cette avantage consiste soit à mettre immédiatement des fonds à
la disposition du client, soit plus tard, soit de manière éventuelle.
II. Les formes du crédit.

Ces formes peuvent être organisées par rapport aux 3 formes de mise à
disposition.

A. La mise à disposition immédiate du crédit.

1. Régime juridique du prêt à argent.

La mise à disposition immédiate du crédit est le prêt d’argent.

Le prêt est un contrat par lequel une personne met une chose à disposition
d’une autre dont elle peut se servir et qu’elle aura la charge de restituer
ultérieurement. Si l’emprunteur n’a pas le droit de se servir de la chose on doit
le requalifier en dépôt.

On distingue 2 types de prêts :

– Le prêt à usage ou commodat,

C’est le prêt qui porte sur une chose non consomptible et qui oblige
l’emprunteur à rendre la chose même. Il est à titre gratuit.

– le prêt de consommation ou le mutuum,

C’est le prêt portant sur une chose consomptible et qui oblige l’emprunteur à
rendre une chose d’une même qualité et quantité. Il peut être à titre onéreux.
Le prêt d’argent est l’archétype du prêt de consommation. Le prêt de
consommation n’est pas un prêt à la consommation, il est soumis aux règles
civiles, mais en présence d’un consommateur il obéira au droit de la
consommation.

Ce prêt d’argent a suscité un important contentieux quant à sa nature. La


question est de savoir si c’est un contrat réel ou consensuel?  

Un contrat réel se forme par la remise de la chose.

Un contrat consensuel se forme par la rencontre des consentements.

Est ce que si le préteur, dès lors qu’il engage sont consentement, peut être
forcé par la suite à délivrer les fonds promis ? 
Si le prêt est un contrat réel, dès lors, la promesse de prêt ne vaut pas prêt. La
jurisprudence considérait que cette promesse n’était pas susceptible
d’exécution forcée.

Si le prêt est consensuel, la promesse de prêt vaut prêt et comme tout contrat
définitivement formé il est susceptible d’exécution forcée. C’est cette solution
qu’a consacré la Cour de Cassation à partir de l’année 2000. Toutefois, cette
solution est circonscrite au prêt d’argent qui est fourni par un professionnel du
crédit. Ce qui compte, c’est la qualité du prêteur. La qualité de l’emprunteur
n’a pas d’incidence.

Cette question de la nature du prêt a des répercutions sur d’autres aspects du


prêt. En particulier, 2 autres questions se posent, la cause du prêt et la preuve
du prêt. 

Concernant la cause, si le prêt est consensuel, cela signifie que la cause de


l’obligation de l’emprunteur réside dans l’obligation du préteur de remettre les
fonds. La cause de l’obligation réside dans l’obligation de l’autre. La
jurisprudence retient la cause abstraite sauf s’il y  a une cause particulière qui
soumet un contrat à un intérêt particulier qui là est la cause concrète.

Concernant la preuve, si le prêt est consensuel, il suffit de prouver l’accord de


volonté. Si le contrat est réel, il faut prouver la remise de la chose. Le
contentieux s’est noué sur les prêts d’argent, contrats réels entre particulier. Il
y a 2 hypothèses :

→ L’emprunteur conteste le remboursement et la preuve du prêt. Il faut


prouver la remise des fonds si le contrat est réel. Même s’il y a un acte de
reconnaissance de dettes et que l’on ne peut pas prouver la remise des fonds le
remboursement ne sera pas due.

→ Le préteur veut obtenir le remboursement. Il doit prouver qu’il y a eu remise


des fonds mais il doit également prouver qu’il y a eu signature d’un prêt.
L’emprunteur peut prétendre qu’il y a eu une donation donc pas d’obligation de
restitution. Même si le contrat est réel, cela ne dispense pas de prouver l’accord
de volonté.

2. Les modalités techniques du prêt d’argent.

Il y a 2 modalités d’expression du prêt d’argent, on parle soit d’écriture au


crédit, soit d’écriture au débit.

L’écriture au crédit signifie que la banque va transférer une somme d’argent


sur le compte du client et va par conséquent augmenter sa provision
apparente. En apparence, la provision est positive mais il faudra rembourser
cette somme par échéance.

L’écriture au débit signifie que la banque laisse notre compte devenir débiteur
ce qui revient à l’accord d’un crédit. Lorsque le compte est débiteur, on utilise
de l’argent que la banque avance. C’est une autre forme de prêt. Cette écriture
au débit peut prendre 2 formes :

            – La facilité de caisse,

C’est la tolérance de la banque de courte durée quant à une position débitrice


de notre compte. Cette facilité de caisse vise à combler des décalages de
trésorerie. La banque sait que l’ont va rentrer de l’argent, elle tolère que le
compte passe en négatif pendant un temps de courte durée. Cette tolérance
n’est pas, en principe, qualifiée de crédit.

            – L’autorisation de découvert,

La banque autorise que le compte passe à découvert jusqu’à un certain


montant. Il s’agit d’un véritable crédit. Comme il s’agit d’un véritable crédit, la
banque doit autoriser ce dépassement, elle n’est pas obligé de le faire, et de
surcroit elle doit proposer des conditions tarifaires de ce crédit. En pratique,
cela se règle dans la convention d’ouverture du compte, mais cela peut être fait
tout au long de la vie du compte.

En pratique, il est difficile de faire la distinction entre la facilité de caisse et


l’autorisation de découvert. Le banquier tolère des dépassements réguliers du
solde négatif. Ces dépassements ne sont pas toujours formalisés par un
contrat.

3. Les finalités du prêt d’argent.

Le prêt d’argent peut être affecté ou non affecté.

Le principe est que le prêt n’est pas affecté à une opération particulière. Cela
signifie que les fonds peuvent être librement utilisés par l’emprunteur.

Le prêt peut être affecté c’est-à-dire que les fonds remis doivent être utilisés
dans un but précis. Exemple, prêt immobilier doit être affecté à l’achat d’un
immeuble. Cela est prévu dans le contrat de prêt. Il y a un contrat de
financement et l’opération principale.

Que se passe-t-il si une des 2 opérations échoue? 


Le principe est que les contrats sont indépendants l’un de l’autre. La cause de
l’un ne se trouve pas dans l’autre.

L’interdépendance ou l’indivisibilité entre les contrats peut exister par 2


phénomènes : la volonté des parties qui est expressément stipulée et le droit de
la consommation qui crée  une interdépendance légale entre le prêt l’obligation
principale.

B. La mise à disposition future des fonds.

C’est l’ouverture de crédit. L’ouverture de crédit est la convention par laquelle


la banque promet de mettre à disposition des fonds à son client plus tard.

L’ouverture de crédit est un crédit.

Ce qui caractérise l’ouverture de crédit, c’est que l’engagement de la banque est


ferme et définitif. L’ouverture de crédit peut être protéiforme c’est-à-dire peut
prendre plusieurs formes. Selon son contenu, il est susceptible de plusieurs
qualifications, si les 2 se sont engagés c’est une promesse synallagmatique de
prêt, les 2 sont engagés. Si la banque est seule engagée et que le client pourra
utiliser l’argent que s’il en a besoin, c’est une promesse unilatérale de prêt.  La
qualification de promesse unilatérale de prêt est celle majoritairement retenue
par la jurisprudence. Un arrêt dispose que l’ouverture de crédit donne
naissance à un prêt à concurrence des fonds utilisés. Cela veut dire que c’est
une promesse de prêt qui se transforme en prêt définitif dès lors qu’il y a la levé
de l’option. Il peut y avoir la qualification de convention cadre. Un contrat
cadre définie le cadre de futures relations contractuelles et donne lieux ensuite
à la conclusion de contrats d’applications. Cette qualification est fréquente
dans les rapports entre les banques et les entreprises, notamment pour les
opérations d’escompte.

C. La mise à disposition éventuelle de fonds.

Cela fait référence au crédit « par signature ». Ce crédit où la banque s’engage à


payer dans l’hypothèse où le client est défaillant. Il est généralement accordé à
des entreprises à l’occasion d’opérations commerciales importantes. Ce crédit
bancaire rassure les partenaires commerciaux de l’entreprise. Ce crédit peut
obéir à 2 régimes :

            – Le régime du droit cambiaire,

Il découle de la lettre de change.

            – Le régime des suretés,


La banque peut utiliser les 2 grandes formes de suretés personnelles qui
existent, à savoir le cautionnement (si le client est défaillant, la banque paiera
le créancier), parfois c’est la loi qui impose un cautionnement bancaire (marché
de sous-traitance de construction). Il y a aussi la garantie autonome mais cela
est moins intéressant pour elle car elle ne pourra invoquer aucune exception.

Il y a aussi le crédit documentaire, qui fait partie des suretés. C’est


l’engagement de la banque à payer à un vendeur dès lors qu’il remet des
documents attestant de la bonne exécution du contrat. C’est généralement
dans le cadre international.

Section 2 : La naissance du crédit.

C’est la liberté contractuelle qui dicte l’octroi d’un crédit. De plus en plus, la
liberté recule au profit de la contrainte. La liberté, normalement, se conjugue
avec la responsabilité.

I. La liberté dans l’octroie du crédit

A. La liberté contractuelle

Elle implique la liberté d’accorder ou de ne pas accorder le crédit, ainsi que la


liberté de choisir son cocontractant. Il n’existe pas de droit au crédit.

A ce principe général, il existe une exception, c’est le crédit légal que


fournissent les banques pour le paiement des chèques d’un montant inférieur
ou égal à 15 euros.

Cette liberté est menacée à plusieurs points de vue. D’un point de vue général,
un certain nombre de règles d’ordre public s’imposent en matière d’octroi de
crédit et réduisent par conséquent la liberté (crédit à la consommation).

Pour le client sa marge de négociation est pour la plupart du temps inexistante


puisque les contrats sont standardisés, on a à faire à des contrats d’adhésion.

Pour la banque, depuis une loi du 19 octobre 2009 relative à l’accès au crédit
des PME, le banquier est tenu de motiver certaines de ses décisions. Il reste
libre mais il doit se justifier. Exemple, lorsqu’il va rompre un crédit, au stade
de l’ouverture, le banquier doit expliquer à son client son système de notation.

B. L’intuitu personnae.
Les contrats de crédit ne sont pas cessibles sans l’accord des parties. Les
banques ont des obligations spécifique au regard de la relation personnelle
qu’elles ont avec leur client.

II. Les obligations du banquier dans l’octroi du crédit.

La banque qui finance imprudemment un projet peut être tenue responsable


dès lors qu’on prouve qu’elle a commis une faute (consistant a avoir octroyé un
crédit).

La banque est un établissement commercial qui est là pour faire du profit et on


ne voie pas en quoi la banque serait coupable d’exercer son métier principal.

N’est ce pas la banque qui assure le risque en cas de défaut du remboursement


du crédit? 

De plus, c’est l’emprunteur qui sollicite le crédit. Il devrait par conséquent être
le seul à assumer les risques du mauvais crédit.

Cette vision libérale du crédit ne résiste pas à  une époque où l’on cherche à
responsabiliser les acteurs économiques.

Il y a d’un coté l’établissement de crédit qui est un professionnel et de l’autre


coté un emprunteur dont ce n’est pas le métier qui est donc un consommateur
de crédit. Cela justifie donc une protection de cette partie faible. L’autre raison
plus technique de la protection de l’emprunteur est qu’il n’a, bien souvent, pas
les moyens de comprendre la complexité de l’opération de crédit, ce qui justifie
de la part de la banque qu’elle le guide dans ce type de contrats. Le mauvais
crédit est également nuisible sur un plan macroéconomique parce qu’il conduit
à 2 phénomènes :

– Il donne une apparence de solvabilité à des entreprises en difficulté ce qui


trompe les partenaires de l’entreprise.

– Il précipite la chute des entreprises et entraine des faillites en chaine.


Exemple, une banque qui prête à une entreprise qui est déjà en difficulté ne va
faire qu’accroitre son passif, ce qui va accélérer sa chute.

Il y a donc un ensemble de mesures pour éviter le mauvais crédit. La banque


peut être tenue responsable par 2 types de personnes :

– L’emprunteur,

– Le créancier de l’emprunteur.
Le créancier de l’emprunteur va expliquer que la banque a commis une faute
en octroyant le crédit, faute ayant occasionnée, avec les difficultés de
l’emprunteur, un préjudice dans le patrimoine du créancier de l’emprunteur.
L’assemblée plénière de la Cour de Cassation considère que la faute
contractuelle entraine une faute délictuelle qui, si elle cause un préjudice pour
les tiers, justifie leur indemnisation. Ici, il va reprocher une faute délictuelle
puisqu’il n’y a pas de lien contractuel avec le créancier de l’emprunteur et le
préteur. En pratique, une entreprise qui ne peut pas rembourser ces crédits,
elle est placée sous sauvegarde ou redressement judicaire et les créanciers de
l’entreprise en difficulté, par l’intermédiaire du liquidateur, cherchent à
engager la responsabilité de la banque. La jurisprudence reconnaissait ce type
de responsabilité bancaire sur le fondement du soutient abusif. Cette solution
prévalait jusqu’à l’adoption de la loi du 26 juillet 2005, loi relative à la réforme
des procédures collectives. Cette loi a introduit dans le code de commerce un
nouvel article L650-1 qui vient poser un principe d’irresponsabilité bancaire
pour les concours qu’elles ont consenties à une entreprise se retrouvant en
difficulté. En vertu de ce texte, les créanciers de l’emprunteur ne peuvent plus
rechercher la responsabilité de celui qui a délivré le crédit. Même si les
banques ont commis une faute, elles ne seront pas responsable. Le conseil
constitutionnel a été interrogé, il a répondu que cela était conforme à la
constitution. L’idée est qu’il ne faut pas décourager les banques, au moment où
les entreprises sont en difficultés, d’aider les entreprises. C’est un problème
économique. La loi prévoie 3 situations où les banques demeurent
responsables :

• En cas de fraude,

C’est une faute particulièrement caractérisée qui engage la responsabilité de la


banque

• En cas d’immixtion de la banque dans les affaires du débiteur

• En cas de suretés ou de garanties disproportionnées.

L’ordonnance du 18 décembre 2008 qui a réformé les procédures collectives a


légèrement retouchée le texte en la précisant, article L750-1. D’abord, il faut
que cette immunité ne joue que si l’entreprise fait réellement l’objet d’une
procédure collective. De plus, pour les suretés disproportionnées, le juge a la
faculté de les réduire (autrefois, le juge devait annuler la suretés, il n’avait pas
de marge de manœuvre). Il faut appliquer cette loi dans le temps.

L’emprunteur lui même recherche la responsabilité de la banque. Le débiteur


peut il reprocher à la banque sa propre turpitude? La jurisprudence a fini par
l’admettre sur un fondement précis qui est le devoir de la banque « d’informer »
son client sur les conditions du contrat conclue. De l’autre coté, la
jurisprudence interdit que la banque s’immisce dans les affaires de son client,
c’est la limite du devoir d’information. La jurisprudence a distingué 4 types
d’obligation d’information :

            – L’obligation générale d’information,

Elle est objective, elle porte sur l’objet du contrat. En pratique, elle va prendre
la forme de publicité ou de notice d’information. C’est une information
standardisée.

            – Le devoir de mise en garde,

Elle est plus personnalisée, elle consiste à alerter un client sur les dangers du
crédit souscrit.

            – Le devoir d’éclairer le client,

Cela se retrouve dans l’hypothèse de la souscription d’une assurance en même


temps que le crédit. Pour ce type de contrat, la jurisprudence a imposer le
devoir d’éclairer le client c’est-à-dire de lui préciser si cela est adapté à ses
besoins personnels.

            – Le devoir de conseil,

Cette consécration est négative dans le sens où la Cour de Cassation refuse


que les banquiers soient tenus d’un devoir de conseil. Il n’y a donc pas de
devoir de conseil à l’égard du banquier. Le devoir de conseil est assimilé à une
immixtion dans les affaires du client.

Les emprunteurs agissent donc le plus souvent sur l’obligation générale


d’information et le devoir de mise en garde.

Même si l’obligation d’information précède le contrat, on va appliquer le régime


contractuel. Le devoir de mise en garde est en germe dans la jurisprudence
depuis 1995. Il faisait l’objet d’une divergence entre les différentes chambres de
la Cour de Cassation. La jurisprudence ne s’est unifiée qu’à partir de 2005 où
1ère chambre civile et chambre commerciale ont retenu une même position, à
savoir que l’établissement de crédit doit mettre en garde son client lorsque ce
client est profane. La chambre mixte, le 29 juin 2007, a retenue une solution
commune.
Le domaine de l’obligation de mise en garde : La jurisprudence précise que la
mise en garde n’est due qu’à l’emprunteur où à la caution non avertie. Le
domaine rationae personnae de la mise en garde concerne l’emprunteur et la
caution non avertie. Au contraire, si l’emprunteur est avertie, la mise en garde
ne lui est pas due. L’emprunteur averti, ou la caution avertie peut engager la
responsabilité de la banque s’il prouve que la banque avait des informations
qui lui même n’avait pas, c’est la dissymétrie d’information.

Qui est l’emprunteur non averti?  

Le régime est autonome du droit de la consommation. La qualité d’emprunteur


averti est appréciée in concreto. C’est au juge de vérifier que telle ou telle
personne avait les connaissances techniques pour comprendre les enjeux du
crédit, peu importe la qualité de professionnel ou de consommateur de la
personne. Si c’est un banquier qui va demander un crédit, entend que
consommateur il sera considéré comme averti ou comme un professeur
d’économie. En revanche, un professionnel qui n’est pas compétent en matière
de crédit sera non averti, comme l’agriculteur qui sollicite un crédit. Un arrêt
récent du 18 janvier 2011 a considéré qu’une société en formation composée de
futurs associés novices n’était pas un emprunteur averti.

Est ce que l’emprunteur ou la caution non averti mais accompagné devient


averti? 

La Cour de Cassation, selon les chambres, ne donne pas la même solution.

La chambre commerciale considère que la caution accompagnée devient


avertie.

La 1ère chambre civile considère qu’un client profane, même bien accompagné,
ne devient pas averti.

La mise en garde, le domaine rationae materiae :

La jurisprudence limite la mise en garde au crédit faisant naitre un risque


d’endettement. cela exclu 2 cas :

            – L’emprunteur est relativement fortuné et le crédit faible,

            – Les suretés réelles pour autrui qu’on appelait le cautionnement réel.
C’est un tiers au crédit qui donne en garantie du remboursement de ce crédit
un bien             particulier. Ici, le patrimoine n’est pas engagé, il y a juste un
seul bien qui est            engagé, il ne sera donc pas endetté.  
Le contenu de la mise en garde :

Les juges retiennent 3 éléments de la mise en garde :

            – La banque doit vérifier les capacités financières de l’emprunteur,

            – La banque doit alerter le client sur les dangers potentiels du crédit,

            – La banque ne doit pas octroyer un crédit qui est ruineux.

Remarques sur les capacités financières de l’emprunteur : la banque


s’intéressera aux revenus de l’emprunteur, mais aussi à son patrimoine, mais
ce patrimoine n’est pas un élément décisif car il n’est pas toujours composé de
liquidité et il ne peut pas toujours servir à rembourser un crédit. Il faut
relativiser l’importance du patrimoine. Puis, concernant les charges qui pèsent
déjà sur l’emprunteur, ils seront pris en compte par la banque, ainsi que les
encours d’autres éventuels crédits.

La charge de la preuve et le mode de preuve : 

Qui doit prouver l’exécution de l’obligation? 

Est-ce à la banque ou à l’emprunteur de prouver qu’elle a correctement rempli


son obligation. En vertu du droit commun des contrats, c’est celui qui se
prétend libérée de l’obligation de prouver qu’il l’a exécute. Ce principe est
déduit de l’article 1315 CC. Concernant la mise en garde, c’est à la banque de
prouver qu’elle a bien mis en garde son client. La charge de la preuve pèse sur
la banque. Ce principe ne vaut que si le client n’a pas caché des choses à la
banque.

Comment prouver? 

Souvent, le mode de preuve passe par la preuve écrite, le banquier doit se


préconstitué la preuve qu’il a mis en garde. Le banquier va devoir faire signer
un document comme quoi le client reconnait avoir été mis en garde. Ainsi, la
banque est libérée de son obligation. Le contentieux traité date d’une époque
où les banquiers devaient mettre en garde mais sans le savoir puisque cela
n’avait pas été dégagé par la jurisprudence, cela explique que beaucoup de
banques sont aujourd’hui condamnées. Aujourd’hui, les banques qui sont mise
en garde de mettre en garde respectent cette obligation.

Il y a un seul domaine où la jurisprudence refuse que le simple document


permette de prouver l’exécution de l’obligation, c’est pour le devoir d’éclairer en
matière d’assurance groupe. Un arrêt de la Cour de Cassation du 2 octobre
2008 affirme que la simple remise d’une notice au client ne suffit pas à
l’éclairer sur l’adéquation du contrat d’assurance à sa situation personnelle, le
banquier doit alerter le client sur la pertinence du contrat d’assurance
souscrit. La question qui se pose est de savoir ce qu’est la notice? Il n’y a pas
de réponse.

Section 3 : La vie du crédit.

On va se limiter à la rémunération du crédit et les garanties du crédit.

I. La rémunération des crédits. 

Le crédit en matière bancaire revêt un caractère onéreux, cela participe de la


notion de crédit tel que l’envisage le code monétaire et financier.

La fourniture de crédit suppose toujours une contre partie dont profite le


dispensateur de crédit. La rémunération du crédit pourrait être déterminée ou
déterminable parce que cela fait partie de l’objet de l’obligation de l’emprunteur
et selon l’article 1129 du code civil, l’objet de l’obligation doit être déterminée
ou déterminable. Cela pose la question des crédits à taux variable.
Généralement, la rémunération du crédit se compose de 2 éléments :

            – l’intérêt,

C’est le loyer de l’argent.

            – les commissions ou frais bancaires,

Ils s’ajoutent aux intérêts.

L’intérêt du crédit :

Il y a plusieurs règles très précises qui concernent la stipulation des intérêts.

Tout d’abord, la stipulation même de ces intérêts. C’est une règle en soi. Le
code civil, à l’article 1905, oblige les parties à stipuler dans le contrat
l’existence d’intérêt. Si le contrat ne stipule pas les intérêts, le prêt sera conclu
à titre gratuit. La jurisprudence pose une exception à cette nécessité de
stipuler les intérêts, c’est en matière de compte courant. Pour les comptes
courants, qui sont traditionnellement ouverts aux commerçants, le découvert
en compte est productif d’intérêts même si ceux-ci n’ont pas été stipulés.

Les comptes courants commerciaux dérogent au code civil en se qui concerne


la capitalisation des intérêts, c’est l’anatocisme. Les intérêts sont intégrés au
capital pour donner lieu à d’autres intérêts. Les  intérêts ne peuvent être
capitalisés que s’ils ont été déposés au moins une année. En matière de compte
courant, cela peut être d’une durée inférieure à un an.

La fixation de leur taux. Il ne suffit pas aux parties de stipuler l’existence


d’intérêts, encore faut il en fixer le montant. Si ce montant n’est pas fixé,
s’appliquera l’intérêt au taux légal. On doit distinguer 2 sortes de taux
d’intérêts :

            – l’intérêt au taux légal qui s’applique à défaut de volonté contraire


entre les parties 

            – l’intérêt au taux conventionnel qui peut être supérieur à l’intérêt


légal.

Ce taux d’intérêt conventionnel doit faire l’objet d’un commun accord entre les
parties même si en réalité c’est la banque qui le fixe. La banque s’appuie sur
un taux bancaire de base qui est un taux qui fluctue en fonction des taux
pratiqués sur les marchés financiers. En fonction de ce taux et du client qu’elle
a en face d’elle, la banque fixe le taux conventionnel. Ce taux conventionnel
peut prendre une forme révisable ou indexé. On peut avoir à faire à un taux
d’intérêt variable. La Cour de Cassation était assez hostile au taux d’intérêts
variables au motif qu’il ne respecterait pas les règles sur la détermination du
prix. La Cour de Cassation a été obligée de tirer les leçons d’une autre
jurisprudence qu’elle a adopté sur une autre question, le prix n’a pas a être
obligatoirement déterminé dans le contrat sauf pour le contrat de vente, mais
en droit commun il n’a pas besoin d’être déterminé. Cela a fait admettre les
taux d’intérêts variables. Le taux d’intérêts variables est le taux d’intérêts avec
une base fixe qui comporte une part qui va varier en fonction de certains
paramètres et notamment en fonction des taux de refinancement de la banque
sur le marché. La banque n’est pas obligée de mentionner, lorsque le taux est
variable, les modifications.

Est ce que la banque doit, sur tous les documents qu’elle adresse au client,
mentionner le nouveau taux? 

Selon la cour de cassation, en obligeant pas la banque à mentionner, lorsque le


taux est variable, toute modification, cette dernière n’engage pas sa
responsabilité envers le client.

Le taux d’intérêt peut être calculé. Dans la loi, ce taux est baptisé « taux effectif
global » (TEG) qui doit apparaitre sur le contrat. En matière de crédit à la
consommation, on parle de TAEG (T Annuel EG). Le TEG doit figurer dans le
contrat de prêt. Article L 313-1 du Code de la Consommation.
Il englobe les intérêts du crédit, mais également toutes les commissions en lien
direct avec le crédit.

Un arrêt vient de dire que lorsqu’on souscrit un crédit auprès d’une banque
mutualiste, les parts que l’on souscrit doivent être inclus dans le taux du
crédit. En faite, ce TEG ne peut pas dépasser un certain montant. Le
législateur souhaite éviter de contourner les règles sur le taux par des frais
annexes qui viendraient surenchérir le crédit. Tous les frais liés à l’octroi du
crédit doivent être inclus dans le taux, lequel contient un plateau en vertu de
la loi. Ce TEG, l’article L313-2 Code de la consommationindique qu’il doit être
mentionné dans tout écrit relatif au prêt. Cette mention du TEG est requise ad
validitatem – à titre de validité du taux. Si l’écrit constatant le prêt ne contient
pas cette mention, le taux est nul ; la clause de taux est nulle. Ce qui signifie
que devra être substitué le taux légal. La règle est extrêmement importante en
pratique. Beaucoup d’emprunteurs invoquant soit l’absence de mention du
taux soit l’erreur dans le calcul de ce taux. A partir de cette règle, il y a 2 cas
litigieux à être discutés : Il y a 2 cas litigieux à discuter :

– mention du TEG et découvert en compte,

On constate en pratique qu’il est difficile pour les découverts en compte de fixer
dès la conclusion de l’ouverture du compte de taux d’intérêt du découvert. La
stipulation du taux est parfois incompatible avec certaines formes de crédit qui
se produiront avec le fonctionnement du compte. Comment savoir si les taux
des AGIOS que l’on paie est valable ou non ? Cass a répondu que cette mention
était obligatoire, comme le prévoit la loi. Cette mention généralement va se faire
dans les relevés de compte adressés au client. Autrement dit, ce sont les
relevés de compte adressés périodiquement au client qui vont faire mention du
taux d’intérêt. Il faut que le client accepte le taux pour qu’il lui soit opposable.
Cela signifie que les taux mentionnés sur les relevés de compte ne peuvent
valoir que sur les futurs découverts, et pas sur les découverts passés. Les juges
refusent que les banques modifient a posteriori un manquement a priori. La
Jurisprudence va affirmer que le taux mentionnés dans les relevés s’imposent
au client des lors qu’il n’a pas protesté dans un délai raisonnable à la réception
des relevés de compte. Cette absence de protestation vaut acceptation tacite du
taux mentionné.

Ainsi, tout ce qui est mentionné dans un relevé de compte, et que l’on omet de
contester dans un délai de 2 mois est opposable ; cela vaut acceptation des
conditions fixées et relevées. On retrouve le même problème sur toutes les
opérations effectuées sur le compte.

– l’action en nullité du taux et le temps pour agir,


Le taux de crédit est fixé librement par les parties mais dans la limite d’un
plafond légal appelé l’usure. Ce plafond figure à l’article L 311-1 Code de la
Consommation pour interdire aux établissements bancaire de pratiquer des
taux excessifs. Il y a une définition figurant dans la loi ; tous les 3 mois, la
banque de France calcule le taux maximum en fonction du taux effectué par
tous les marches. Il y a peu d’établissement qui pratiquent le taux usuraire
parce qu’elle est calculée tous les 3 mois de manière informatique et le
banquier sait qu’il ne peut pas le dépasser. Il peut y avoir des litiges sur le
montant du taux concernant les frais que les banques ajoutent au taux
d’intérêt lui-même. Il peut y avoir un taux normal mais auquel s’ajoutent des
frais bancaires qui amènent le taux à dépasser le maximum légal. C’est sur la
qualification de ces frais que peut porter le litige. La limite de l’usure protège
les seuls emprunteurs particuliers. L’interdiction de l’usure, avant, était
générale ; on ne tenait pas compte de la qualité de l’emprunteur. En effet,
l’usure était un péché, étant immoral.

Depuis 2003, l’interdiction de l’usure a été limitée au crédit aux particuliers si


bien que c’est désormais possible pour les banques de pratiquer l’usure envers
les personnes morales ayant une activité économique (avec une entreprise, la
banque peut dépasser l’usure). Cette liberté ne vaut pas pour les opérations de
découverts en compte.

Depuis 2005, avec la loi sur les PME, on a étendu la possibilité de pratiquer
l’usure aux personnes physiques ayant une activité professionnelle, ce qui vise
les entreprises individuelles. Désormais, seuls les particuliers en qualité de
consommateurs sont protégés par le dispositif de l’usure. La loi du 1er juillet
2010 n’est qu’une transposition d’une directive européenne du 23 avril 2004.

B. Les frais accompagnants le crédit 

Ils s’ajoutent au taux d’intérêt lui-même et qui correspond à différents services


que rend la banque à l’emprunteur. Il faut que les frais correspondent à des
services sinon ils sont dépourvus de cause. Les frais sont-ils en lien direct avec
le crédit auquel cas  ils seront englobés dans le TEG, ou s’ils ne sont pas en
lien avec le crédit, ils sont dont indépendants et ne seront pas inclus dans le
TEG. La question de la qualification de ce prêt peut permettre un contentieux.
Quant aux modalités que prennent ces frais, il peut s’agir soit d’une
commission fixe perçue par la banque soit d’une rémunération proportionnelle
à certains couts engendrés par le crédit. E.x il existe la commission du plus
fort découvert où la banque perçoit une rémunération proportionnelle au
découvert le plus important que le client aura eu. Les frais ne sont pas fixes
alors et dépendront du taux de découvert pendant le crédit.
II – Les garanties du crédit 

 [Garanties. Fréquemment, l’établissement de crédit exige le complément d’une


sûreté pour garantir le remboursement de la dette. Pour cela, le banquier
recourt au droit des sûretés, soit en prenant un droit sur une chose (sûreté
réelle), soit un droit à l’égard d’une personne (sûreté personnelle). A côté de ces
instruments classiques, se développent de nouvelles formes de garantie tirées
du régime des obligations.

A. Les sûretés classiques 

            Il ne sera ici question que d’un bref exposé dans la mesure où ces
sûretés ont été vues en 3e année.

            1°) Sûretés réelles 

            Il s’agit de droits réels accessoires portant sur des choses mobilières
ou immobilières appartenant ou non au débiteur. Selon les cas, les biens sont
conservés par le débiteur (sûreté sans dépossession : ex. hypothèque) ou remis
au créancier ou à un tiers (sûreté avec dépossession : ex. gage).

            2°) Sûretés personnelles 

            Elles permettent au créancier de se retourner contre une personne en


cas de défaillance du débiteur principal. La sûreté personnelle emblématique
est le cautionnement dont le régime se trouve à la fois dans le Code civil, le
Code de la conso et le Code monétaire et financier. Des dispositions
particulières ont été édictées pour les cautionnements pris en matière
bancaire. Ces exigences font maintenant partie du droit commun du
cautionnement.

La proportionnalité. C’est une exigence d’abord posée par la jurisprudence


pour éviter les cautionnements excessifs. A été reprise à l’article L. 313-10 du
Code de conso qui interdit à un établissement de crédit de se prévaloir d’un
cautionnement d’une opération de crédit conclu par une personne physique
dont l’engagement était, lors de sa conclusion, disproportionné à ses biens et
revenus. Cette règle vaut maintenant pour tous les créanciers professionnels et
sans que le cautionnement soit lié à une opération de crédit (C. conso, article
L. 341-4).

Le formalisme. Selon l’article 2015 du Code civil, le cautionnement doit être


exprès, ce qui implique que la caution appose sa mention manuscrite précisant
le montant de l’engagement en chiffres et en lettres (Code civil, article 1326).
Pour les dispositions consuméristes, ce formalisme est requis ad validitatem :
selon l’article L. 313-7, la caution personne physique qui s’engage par acte
sous seing privé doit, à peine de nullité, faire précéder sa signature d’une
mention manuscrite. Les articles L. 341-2 et L. 341-3 issus de la loi du 1er
août 2003 ont étendu cette exigence à tous les cautionnements conclus par des
professionnels.

            Autre disposition importante (CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER,


article L. 313-21), lorsque la banque envisage de consentir un concours à un
entrepreneur individuel pour les besoins de son activité et de lui demander une
sûreté personnelle, elle doit l’informer par écrit de la possibilité qui lui est
offerte de proposer une garantie sur les biens nécessaires à l’exploitation. Ce
n’est qu’en cas de silence du débiteur ou de refus de la banque de la garantie
proposée que la sûreté personnelle peut être prise. A défaut de respect de cette
procédure, la banque ne pourrait se prévaloir des garanties souscrites.

L’information. L’information de la caution est aussi exigée du banquier.

 —   Information annuelle sur le montant de l’encours de la dette du débiteur


principal quand le crédit a été délivré à une entreprise: article L. 313-22 du
CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, disposition reprise à l’article L. 341-6 du
Code de la conso.

 —   Information sur les incidents de paiement: en cas de défaillance du


débiteur principal d’un crédit aux particuliers, la caution personne physique
doit être informée par l’Et prêteur dès le premier incident de paiement
caractérisé (L. 313-9 C. conso). L’article L. 341-1 du C. conso reprend
sensiblement la même règle en l’étendant à tous les créanciers professionnels
envers les cautions personnes physiques.

B. Les nouvelles sûretés 

            Ces sûretés modernes sont paradoxalement la reprise de techniques


anciennes.

La propriété-sûreté. La propriété confère une garantie très forte au créancier,


même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un droit réel accessoire mais
principal.

– Clause de réserve de propriété: la formule est connue. Le vendeur reste


propriétaire jusqu’au complet paiement du prix. Il arrive que le vendeur
transfère sa créance à un établissement de crédit qui devient ainsi, par
accessoire, titulaire de la clause (com, 15 mai 1988). Mais la technique
présente des inconvénients pratiques pour les B qui peuvent être amenées à
devenir propriétaires de stocks volumineux.
– Crédit-bail: c’est une technique d’achat à crédit qui associe un bail à une
promesse de vente (sera étudié plus loin). Pour un établissement de crédit
(crédit-bailleur), l’intérêt est de rester propriétaire de la chose jusqu’à la levée
de l’option par le crédit-preneur.

– La fiducie: c’est un mécanisme qui fait de la propriété une sûreté. Le droit


français connaît depuis longtemps dans les relations entre banques, la cession
fiduciaire de créances (par ex. loi Dailly du 2 janvier 1981 a consacré la cession
fiduciaire de créance: transfert de créances au profit d’une banque).

            Loi du 19 février 2007 « instituant la fiducie» comporte des dispositions


civiles, qui constituent le titre XIV du Livre III du Code civil. La fiducie est
définie comme une « opération» à trois acteurs: le ou les constituants
transfèrent « des biens, des droits ou des sûretés» à un ou plusieurs
fiduciaires, lesquelles agissent dans un but déterminé au profit d’un ou
plusieurs bénéficiaires (art. 2011). Ainsi est créé le « patrimoine fiduciaire» (a.
2021, 2023, 2024, 2025, 2030), masse autonome.

            Cette technique est maintenant à disposition des établissements


financiers pour garantir leurs dettes. Mais elle reste peu utilisée car trop
complexe à mettre en œuvre.

Recours au régime des obligations. 

 —   La compensation: elle s’opère entre deux personnes qui se trouvent


débitrices l’une envers l’autre (Code civil, article 1289). Surtout utilisée en
matière de compte entre les différents articles de compte ou pour opérer une
fusion des soldes en cas de pluralité de comptes (sera étudié en 2eme partie).

 —   La subrogation: Elle permet à un établissement de crédit de bénéficier de


tous les droits, actions, privilèges ou hypothèques que le créancier a contre le
débiteur. Ex. banquier subrogé dans le privilège du vendeur d’immeuble…
L’affacturage utilise la technique de la subrogation (étude de l’affacturage plus
loin dans le cours).

Procédés bancaires. Sont utilisés exclusivement par les banques pour garantir
l’octroi de crédits.

– La lettre d’intention: aussi appelée la lettre de confort. Par exemple, lettre par
laquelle une société mère déclare à une banque que les engagements de sa
filiale seront honorés. La force de tels engagements est variable selon les
termes utilisés: peut aller du simple engagement moral ou un cautionnement.
La jurisprudence privilégien désormais l’obligation de résultat pour ce type de
lettres.

– La domiciliation bancaire: procédé par lequel le banquier obtient la garantie


de recevoir certaines rentrées d’argent sur un compte ouvert dans son
établissement (le salaire par ex.).]

Ces garanties ont pour fonction de parer aux incidents de paiement de la part
de l’emprunteur. Or, dans la vie économique moderne et dans le système
juridique, les obstacles au droit au paiement du créancier se multiplient. Ce
droit de ne pas payer ses dettes s’est installé et s’est amplifié. Il y a des
mesures du droit commun et celles issues du droit spécial.

En droit commun, un débiteur peut opposer comme moyen :

–          Le délai de grâce qui permet au débiteur de demander au juge un


rééchelonnement de la dette dans un délai maximal de 2 ans. Le juge peut
accompagner ce délai de grâce d’une réduction du montant des intérêts
correspondant aux parties rééchelonnées. Cela revient en somme à réduire le
montant de la dette. Enfin, le juge peut suspendre les pénalités contractuelles
pendant la période de suspension des paiements. Ce droit est ouvert à tous les
débiteurs.

En droit spécial, un débiteur peut opposer comme moyen :

-Si le débiteur est consommateur, il pourra solliciter le droit de


surendettement. Cela offrira la suspension des vois d’exécution, le
rééchelonnement de la dette, voire un effacement partiel de celle-ci, voire in
extremis, la procédure du rétablissement personnel permettant d’effacer
l’ardoise du débiteur.

– Si le débiteur est un professionnel, il peut bénéficier des procédures


collectives, qui sur le même modèle que le surendettement, permettent la
suspension des voies d’exécution, l’élaboration d’un plan de continuation, et si
l’entreprise ne peut décidément pas payer, sera alors prononcée la liquidation
judiciaire et la clôture de cette procédure de liquidation pour insuffisance
d’actif.

Pour être la mieux placée possible par rapport au créancier concurrent, la


banque cherche à obtenir des sûretés. La banque peut avoir des privilèges,
elles sont offertes par la loi et non par la convention. Il existe pour le préteur
un privilège qui figure dans le CC, Article 2103 2e. Si on est dans une
procédure collective et que la banque a en face des créanciers de meilleurs
rang, le privilège ne servira pas. La banque peut se trouver titulaire du privilège
de vendeur d’immeubles par l’effet d’une subrogation.

Enfin, 2 autres privilèges :

–          Celui issu de la procédure de conciliation (lorsque le débiteur se met à


table devant ses créanciers sous la houlette d’un conciliateur. Si les créanciers
accordent volontairement des remises, ils bénéficieront par la suite d’un
privilège au moment de la répartition)

–          Article L622-17 qui accorde un privilège au créancier qui consent un


concours pendant la période d’observation de l’entreprise. Sa créance de
remboursement sera privilégiée par rapport aux autres. C’est une exception à
la règle de l’égalité entre tous les créanciers d’une procédure collective.

Section 4 : La mort du crédit 

La question est de savoir quand s’éteint le crédit ?

Cela renvoie à la durée de celui-ci. Cette durée est valable en fonction du type
de crédit et de la volonté` des parties. En pratique, on distingue les crédits en
fonction de la durée de l’opération qui vise à financer. Il y a d’abord les crédits
à court terme. Ils visent ceux dont le délai de remboursement est inferieur à un
an. Cela recouvre les crédits de trésorerie.

De 1 an à 7 ans, on bascule dans le crédit à moyen terme. Ce sont les crédits


destinés à financer l’acquisition de matériel à réaliser des travaux de
rénovation ou des constructions simples. Au delà de 7 ans, c’est le crédit à long
terme. Ce crédit correspond au financement de chantiers importants,
d’infrastructure, autoroutes,…

Cette qualification ne donne pas la clef à quand est-ce que se termine le crédit.

L’élément clef est le terme stipulé dans le contrat. Les échéances sont là pour
interdire au créancier de demander avant et elle permet d’éteindre le contrat
lorsque le crédit est payé.

Il convient de savoir si le contrat est à durée déterminée ou à durée


indéterminée. Si c’était à durée déterminée, il doit être poursuivi jusqu’à son
terme. S’il était à durée indéterminée, chacune des parties est libre de rompre à
tout moment avec respect d’un préavis.

I –  Le crédit à durée indéterminée 


Il est presqu’aussi important que le contrat à durée déterminée. Il prend la
forme d’une autorisation de découvert. La banque autorise le compte à passer
en négatif pour une durée indéterminée. Ceci est le cas pour les conventions
d’escompte pour les entreprises (l’entreprise cède ses créances à la banque). Si
l’une des parties décide de mettre fin au contrat, elle en a le droit. Il y a un
droit de résiliation unilatéral. En droit du travail, en présence d’un contrat
indéterminé, la décision de licencier entraine la rupture du contrat.

Le tempérament de cette solution est l’abus de droit. Le droit de résilier n’est


pas discrétionnaire, il est susceptible d’abus. L’abus consiste pour la banque à
rompre un crédit de manière vexatoire ou sans respecter le minimum de
diligence.

Le droit du crédit contient cependant une disposition spéciale. Celle-ci


concerne les crédits consentis aux entreprises. Le législateur a craint que les
entreprises soient victimes de ruptures de crédit.

Le législateur a inscrit dans le CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER une


disposition qui existait déjà dans le droit commun. L’article L 313-12 CODE
MONÉTAIRE ET FINANCIER – Selon ce texte, lorsqu’une banque délivre un
concours à durée indéterminée, elle ne peut rompre ou l’interrompre que par
une notification écrite respectant un délai de préavis. La loi ne fait donc que
formaliser une pratique qui existe déjà. La loi détermine la durée de ce préavis
qu’elle fixe à 60 jours. La loi du 19 oct 2009 sur l’accès au crédit des PME
impose désormais aux banques de motiver leur décision de rompre lorsque
l’entreprise en fait la demande. Cela n’interdit donc pas aux banques de
rompre, mais elles doivent motiver leur décision.

Toutefois, la loi prévoit des situations où les banques retrouvent une liberté
encore plus grande. Elles peuvent alors rompre plus facilement. L’article L 313-
12 ne s’applique que pour les crédits autres qu’occasionnels.

Les banques retrouvent leur liberté de rompre dans 2 situations particulières


qui leur dispense de respecter le préavis légal et les dispense de saisir le juge
pour rompre :

–          Le comportement gravement répréhensible du client

–          La situation irrémédiablement compromise du client (lorsque le client


se fout ouvertement de la banque e.x dissimulation d’informations, non
fourniture de sûretés demandées. Cour de Cassation 2011 a décidé que le
débiteur qui cachait à la banque l’ouverture d’une conciliation avait un
comportement gravement répréhensible). La situation irrémédiablement
compromise ne s’identifie pas à la cessation des paiements. C’est lorsque
malgré l’existence d’un plan de redressement, l’entreprise est dans
l’impossibilité manifeste de rembourser ses dettes et qu’il n’y a plus aucun
espoir que cela arrive (fin de la liquidation judiciaire). Ainsi, la banque qui n’a
plus confiance en son débiteur peut interrompre le crédit.

II. Le crédit à durée déterminée. 

Cette forme de crédit est plus simple et sécurisant pour les parties car il est
sensé aller jusqu’à son terme, terme qui va entrainer l’extinction du crédit et en
même temps, l’exigibilité de la dette et son remboursement.

2 choses à voir :

–          Lorsque ce terme arrive à son échéance, se pose la question du


renouvellement du crédit. Cette problématique se pose à tous les contrats à
durée déterminé. Le principe en droit commun des contrats, c’est qu’il n’existe
pas de droit de renouvellement de celui-ci. Ce principe de l’absence de droit au
renouvellement est tempéré par l’abus de droit. Ici, l’abus de droit serait que la
banque laisse croire à son client qu’elle va renouveler le crédit. La banque
encourage le client à faire des investissements mais refuse d’accorder le crédit
au dernier moment. C’est une faute délictuelle engageant la responsabilité de
la banque.

–          Le crédit à durée déterminée doit en principe aller jusqu’à son terme –
force obligatoire du contrat. Cela interdit la rupture anticipée du contrat. 2
phénomènes dérogent à cette règle :

(i). La volonté des parties – le contrat de crédit peut lui-même comporter une
clause d’exigibilité anticipée de la dette i.e. le banquier va déterminer dans le
contrat de crédit certains événement de rendre par anticipation la règle
exigible. Le banquier cherche à se prémunir contre un changement de
circonstance qui menacerait le recouvrement de la créance e.x. la dette sera
exigible si la société se fait racheter par une autre etc… C’est la liberté des
parties.

(ii). La loi – L’article L313-12 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER permet à la


banque de rompre le crédit à une entreprise dans les 2 circonstances aperçues
– comportement gravement répréhensible et situation irrémédiablement
compromise. Ces 2 évènements permettent de rompre de manière anticipée un
contrat à durée déterminée et sans passer par le juge. La condition résolutoire
est sous entendue dans tous les contrats, sauf qu’en droit commun, ce n’est
que le juge qui peut mettre en œuvre cette condition résolutoire.
Si la banque dénonce irrégulièrement le crédit (rompt le crédit sans avoir le
droit), le client peut demander en justice le rétablissement du crédit. On fera
comme-ci la rupture n’était jamais intervenue. Ce remède n’est pas possible
pour la rupture d’un contrat à durée indéterminée. La plupart du temps, le
client recherchera la responsabilité contractuelle du banquier. Il faut alors
trouver la faute (le manquement à l’obligation) et le lien de causalité avec le
préjudice subi. C’est souvent cette causalité qui fait défaut pour la réparation
de certains chefs de préjudice. La banque ne pourra être condamnée que pour
les préjudices qui ont un lien avec la faute qu’elle a commise. Certaines
décisions considèrent que la banque qui a rompu un crédit qui a par la suite
entrainé le suicide d’un client n’est pas tenu de réparer le préjudice du suicide,
faute de lien direct. Le problème c’est que la rupture d’un crédit entraine des
conséquences financières et aussi personnelles mais la banque ne peut pas
être tenue de réparer tous les préjudices car ils ne sont pas tous prévisibles.

Chapitre 2 : Les régimes particuliers à certains types de crédit.

Tous les crédits ne se ressemblent pas. Il est d’ailleurs possible de classer les
crédits en catégorie en fonction de leurs caractéristiques. Dans la pratique, on
fait des distinctions entre certains types de crédit comme le crédit à court,
moyen ou long terme. Il peut y avoir des distinctions basées sur la surface
géographique des crédits comme les crédits nationaux, internationaux. Il y a
aussi des crédits par avance de fonds et des crédits par signature. Il faut faire
la distinction entre les crédits aux particuliers et les crédits aux professionnels.

Section 1 : Le crédit aux particuliers 

C’est le crédit à la consommation (CAC) et comme son nom l’indique, c’est un


crédit qui obéit au droit de la consommation. Comme dans la plupart des
rapports consuméristes, le particulier se trouve être dans une situation de
faiblesse par rapport au professionnel. C’est la vulnérabilité du consommateur
qui justifie l’existence d’un ordre public de protection (règle impératives qui ont
pout but de protéger un sujet de droit). Le crédit à la consommation est né
dans les années 70 et a été récemment reformée par la loi du 1er juillet 2010 –
La loi Lagarde. Le constat était que le crédit à la consommation s’est généralisé
et que c’est une opération dangereuse responsable en grande partie du
phénomène de surendettement des particuliers. Le remède voulu par le
législateur est la responsabilisation des banques avec un encadrement législatif
rigoureux.

Cette loi n’est que la transposition d’une directive européenne du 23 avril 2004.

A.                Le domaine du crédit à la consommation L311-1 du code de la


consommation.
–          Les personnes :

Il convient de décrire ce domaine par rapport aux personnes concernées.


S’agissant du préteur, il doit agir à titre professionnel. Le préteur n’est pas
forcement un établissement de crédit puisque certains prestataires
commerciaux délivrent aussi du crédit à la consommation avec des cartes de
magasin et des délais de paiement, et peuvent donc tomber dans le droit de la
consommation. S’agissant de l’emprunteur crédité, il doit s’agir d’une personne
physique agissant pour des besoins étrangers à son activité professionnelle. La
notion de personne physique est donnée par la loi, L 311-1 du Code de la
Consommation. Pour d’autres dispositions consuméristes comme les clauses
abusives, des personnes morales peuvent être rangées dans la catégorie des
non professionnels. Le droit de la consommation fonctionne sur le
consommateur et non-professionnel. Dans les non-professionnels, on peut
avoir des personnes morales telles que des associations, confirmée par la Cour
de cassation par un arrêt du 23 juin 2011.

–       Les opérations qui relèvent du crédit à la consommation :

L’article L 311-1 est général dans le sens où il s’applique à tous les crédits
quelque soient leurs formes – prêt, délai de paiement, autorisation de
découvert. E.x l’opération de location vente est incluse dans ce régime. Le
régime du crédit à la consommation s’applique au crédit à titre onéreux ou à
titre gratuit. Toute opération de crédit à la consommation est susceptible de
relever de ce régime. La loi exclut expressément certaines conventions de ce
régime. Tous les crédits immobiliers relèvent d’un autre régime.

Autres opérations exclues – Les crédits d’un montant inferieur à 200 € et


supérieurs à 75 000 €. Aussi les autorisations de découverts remboursables
dans un délai d’un mois, ou encore les autorisations de remboursement dans
un délai de 3 mois maximum et qui ne sont assorties d’aucun intérêt ou
d’aucun frais. En revanche, sitôt les 3 mois franchis, le régime s’applique
pleinement. Le régime ne s’applique pas non plus dans le cadre d’une
procédure collective, d’un règlement amiable, et enfin, ne sont pas concernées
non plus, les cartes commerciales avec débit différés de maximum 40 jours
n’entrainant aucun frais pour le client à part la cotisation annuelle de la carte.
Les parties, même si elles ne relèvent pas de ce régime, peuvent 
volontairement s’y soumettre.

B.                 Le régime du crédit à la consommation

Comme pour tout contrat, le régime est en  partie déterminé par la volonté des
parties. Les parties peuvent négocier ensemble une partie du contrat,
notamment la rémunération de l’établissement de crédit, donc le taux d’intérêt
(le taux ne pouvant pas dépasser le taux usuraire). La plupart des règles sur le
crédit à la consommation sont dictées par la loi. La loi impose des obligations
quant à l’information du client, au processus de formation du contrat,
l’exécution de ce contrat et elle précise les règles sur l’interdépendance entre
les contrats.

L’info préalable du client.

2 types d’information : Une information générale et une information


particulière.

L’information générale est celle qui est due à tout le monde (celle dite
standardisée). Elle prend la forme de la publicité. Le moyen le plus courant
d’informer à grande échelle le public, c’est la publicité – Article L 311-4 et L
311-5. La loi considère qu’une publicité trop alléchante est dangereuse et il
convient donc de la réglementer dans le détail. La loi du 30 aout 2010 a précisé
toutes les mentions obligatoires. 2 e.x. réglementation de la taille de certains
caractères. La loi interdit de mentionner qu’un crédit va améliorer notre
situation financière. Toutes les caractéristiques du crédit doivent figurer – L
311-4. En complément de cette publicité, le préteur doit remettre à
l’emprunteur une fiche précontractuelle standardisée Article L 311-6 Code de
la Consommation. L’idée étant que le consommateur, grâce à cette fiche
standardisée, peut comparer les offres dans d’autres établissements. Elle doit
précéder la signature du contrat de crédit.

Lorsque le consommateur s’apprête à conclure le crédit, la banque doit lui 


transmettre une fiche personnalisée, l’idée est de responsabiliser la fourniture
de crédit. Cette obligation d’information personnalisée prend plusieurs formes,
d’abord elle oblige l’établissement à évaluer la solvabilité de l’emprunteur cela à
partir d’un certain nombre d’info- Article L311-9. L’un des moyens dont
dispose l’établissement est la consultation obligatoire du fichier des incidents
des crédits aux particuliers (FICP). En complément, l’établissement a
l’obligation de fournir des explications sur le crédit qui est conclu et sur sa
dangerosité potentielle ; Article L311-8. Cette obligation légale n’est que la
transposition du devoir prétorien de mise en garde. Cette obligation ne vient
pas se substituer au devoir de mise en garde de la jurisprudence, elle vient
s’ajouter pour les crédits à la consommation. La banque doit remettre au client
une autre fiche, dite fiche d’information ou fiche de dialogue, fiche qui
comporte des renseignements sur l’endettement existant du client et sur ses
revenus. Il ne faut pas confondre la fiche de dialogue et la fiche
précontractuelle d’info. En pratique, toutes ces fiches seront données en même
temps. Le but du législateur est de multiplier les formalités, les obstacles à
l’ouverture du crédit pour décourager. Si l’une de ces formalités n’est pas
remplie la sanction qu’encourt le préteur c’est la déchéance totale du droit aux
intérêts.

2. Le processus de formation du contrat.

Si la volonté de passer le crédit se confirme, le préteur doit émettre une offre


préalable, Article L311-11. Cette offre doit comporter un certain nombre de
mentions obligatoires. L’originalité de cette offre est qu’elle doit être maintenue
pendant 15 jours, il s’agit d’une offre avec délais que le pollicitant ne peut pas
rétracter ou révoquer pendant ce délai. Si le consommateur décide d’accepter
l’offre, il dispose d’un délai de 14 jours pour pouvoir se rétracter. Pour faciliter
sa rétractation, la loi oblige qu’un formulaire soit joint à l’offre pour que le
consommateur puisse exercer son droit de rétractation. Autrefois, il fallait
attendre les 7 jours du délai de rétractation pour que le préteur ait le droit de
remettre l’argent à l’emprunteur. Comme le délai est passé à 14 jours, la loi a
maintenu l’interdiction de fournir les fonds à 7 jours. Une fois que le
consommateur a laissé expirer le délai de 14 jours, le contrat n’est toujours
pas conclu. Il faut que l’établissement préteur agrée ensuite le client et ce dans
un délai de 7 jours. La loi considère que lorsque le préteur remet l’argent, cela
vaut agrément. Autrefois il certains crédits n’avaient pas besoin d’agrément.

A quel moment est formé le contrat?

Il n’est pas conclu même à la fin du délai de rétractation puisqu’il faut


l’agrément. Il ne peut être conclu qu’une fois l’agrément in fine donné. L’offre
n’est pas une véritable offre parce que le contrat n’est pas conclu avec la simple
acception de l’offre.

3. L’exécution du contrat.

L’exécution se fait par rapport au contenu du contrat. Le contenu est en


grande partie figé par la loi et des décrets ; L311-18.

a). Les dispositions générales relatives au crédit.

 Il y a d’abord des règles relatives à l’information du consommateur. En matière


d’information, la banque s’oblige d’abord à informer le client de toute
modification du taux d’intérêt. Cette disposition est intéressante pour les
crédits à taux variable. La banque doit, au moins une fois par an informer
l’emprunteur de la durée restante du contrat et de l’état du capital qui reste à
rembourser. Cette obligation annuelle s’ajoute à l’info mensuelle obligatoire
pour les crédits renouvelable. Il y a des règles qui concernent la défaillance de
l’emprunteur. La loi met en place une sorte de bouclier juridique pour protéger
l’emprunteur qui a des difficultés de remboursement. Ces règles viennent
s’ajouter aux règles du droit commun. Le code de la consommation oblige le
préteur à informer le client, dès le premier incident de paiement, sur les
risques qu’il encourt. La loi bride le préteur dans les sommes qu’il peut
réclamer en cas de défaut de paiement. La banque peut réclamer la restitution
du capital, les intérêts qui sont échus et qui n’ont pas été payé, intérêts de
retard, et une indemnité destinée à compenser son préjudice. C’est cette
indemnité que la loi encadre en fixant son montant selon la durée qui reste du
contrat et selon un barème fixé par décret, Article L311-24. Cette indemnité
n’est pas une clause pénale, elle n’est pas révisable judiciairement.

Le remboursement anticipé : la loi permet à l’emprunteur de rembourser le


capital avant le terme. On considère que le terme est stipulé en faveur de
l’emprunteur, il peut donc pas conséquent y renoncer. La loi accorde un
véritable droit de l’emprunteur au remboursement anticipé que le banquier ne
peut pas lui refuser. Cela dit, ce droit a une contrepartie financière puisqu’on
ne paie pas tous les intérêts qu’aurait eus le banquier. Cette indemnité est
légale mais la loi vient préciser dans quelles conditions on peut la réclamer. Il
n’y a que les crédits restant à rembourser d’un montant supérieur à un certain
seuil qui peuvent donner lieu à indemnité de compensation (dans la directive
10 000 euros). Sil reste un capital qui n’atteint pas 10 000 on ne peut pas
réclamer d’indemnité de remboursement anticipé. Pour un crédit renouvelable,
le remboursement anticipé est toujours de droit et sans frais.  

b). Les dispositions particulières à certains types de crédits. 

Ces types de crédit sont principalement le crédit renouvelable, les cartes de


fidélités et les autorisations de découverts.

Le crédit renouvelable :

C’est une forme de crédit très développée et assez redoutable pour les
emprunteurs. C’est aussi le crédit reconstituable ou revolving. Ce crédit a fait
l’objet de dispositions spécifiques de la part de la loi Lagarde afin de le rendre
un peu plus inoffensif. L’idée est qu’un établissement met à notre disposition
une réserve d’argent que l’on peut utiliser comme bon nous semble, de manière
fractionnée, et réservée, qui se reconstitue au fur et à mesure des
remboursements que l’on effectue. On peut réemprunter autant que l’on
rembourse. En principe, dans un crédit classique, on emprunte et quand on
rembourse on redemande mais la banque regarde si elle accorde de nouveau.
Dans ce crédit c’est automatique. En plus, la difficulté de savoir pour chaque
remboursement si l’on paie des intérêts ou une part du capital. Les taux
d’intérêts étant assez élevés, il est possible que l’on rembourse pendant un
certain temps uniquement des intérêts sans rembourser de capital ce qui
rallonge d’autant la durée du crédit. Cet instrument est difficilement utilisable
par des personnes profanes et les entraine assez rapidement dans la spirale du
surendettement. Plusieurs mesures ont été prises :

– la loi oblige à nommer ces contrats, crédit renouvelables. Ex, si une carte est
offerte avec ce crédit elle doit s’appeler carte de crédit et non pas carte de
fidélité.

– Une définition du crédit renouvelable est posée par la loi, Article L312-16 (?).

Ce crédit renouvelable se forme de la même manière que les autres crédits à la


consommation, info préalable, fiche précontractuelle … (?cf plus haut). Toute
modification dans la ligne de crédit est assimilée à un nouveau crédit obligeant
le préteur à refaire la démarche depuis le début. Si le préteur modifie le crédit
en augmentant la réserve d’argent, ou en changeant les taux il s’agit d’un
nouveau contrat. En ce qui concerne le remboursement du crédit renouvelable,
la loi prévoit désormais que chaque échéance comporte une part minimum
d’amortissement du crédit i.e. du remboursement du capital. Ceci pour éviter
que l’emprunteur ne rembourse que les intérêts. La loi considère que le
remboursement anticipé d’un crédit renouvelable peut se faire à tout moment
et sans frais.

En ce qui concerne la durée des crédits renouvelable, le crédit renouvelable est


d’un an et ce reconduit par tacite reconduction. Toutefois, au moment de la
reconduction de ce crédit, le banquier doit vérifier qu’il n’y a pas eu d’incident
de paiement sur le FICP et tous les 3 ans la solvabilité de l’emprunteur. Si le
banquier reconduit le contrat, il doit indiquer à l’emprunteur s’il en change les
conditions ou non. S’il en change les conditions du contrat, l’emprunteur a
alors 20 jours pour s’opposer à leur modification. En faveur de l’emprunteur, la
loi considère qu’il peut à tout moment réduire sa réserve de crédit, suspendre
l’utilisation de sa réserve et résilier son contrat de crédit. C’est un contrat à
durée déterminée mais il peut être rompu unilatéralement par le
consommateur. La loi prévoit une mort automatique du crédit renouvelable
lorsqu’il n’est pas utilisé au bout de 2 ans. Si pendant 2 ans la réserve d’argent
n’est pas utilisée, le crédit tombe de lui même. Une information mensuelle sur
l’état du crédit doit être adressée par des relevés à l’emprunteur.

Les cartes de fidélité :

La loi Lagarde a réformé 2 aspects des cartes de fidélité (CDF). Pour une raison,
c’est que ces CDF dissimulent souvent des cartes de crédit. C’est la dangerosité
de ces instruments que le législateur a voulu canaliser. La reforme tient en 2
points :
Le premier c’est que les avantages commerciaux dans les magasins ne peuvent
plus être conditionnés par l’usage de la fonction crédit de la carte ; autrement
dit, dorénavant, on ne plus vous accorder de remises commerciales en exigeant
que vous utilisiez la carte à crédit i.e. on peut continuer à subordonner l’octroi
d’avantages commerciaux à la souscription de crédit mais pas à l’usage du
crédit.  On ne peut pas obliger le client à utiliser la carte dans sa fonction de
crédit pour l’obtention de remises commerciales.

Le deuxième point reformé est que les CDF sont dorénavant par défaut activées
dans leur fonction paiement au comptant et l’usage de la carte dans sa
fonction crédit suppose maintenant un accord express du client.  E.x contrat
conclu pour payer tout de suite, mais le mécanisme de la CDF fait que le
paiement n’a pas été effectué. Il y a alors crédit ? OUI (La personne aura donc a
payer le cout du crédit). Parce que le terme « comptant » signifie que l’échéance
est immédiat mais pas le paiement. La personne peut donc être en retard sur le
terme.

Autorisation de découvert :

La loi Lagarde a modifié ce régime. Ce régime est dorénavant décrit dans le


Code de Consomm.aux Article L 311-42 et s. La loi distingue 3 sortes
d’autorisation de découvert avec 2 catégories dans les 3 sortes.

Il y a 2 sortes d’autorisation de découvert expresses :

–          Premièrement l’autorisation de découvert d’une durée supérieure à 3


mois. Celle-ci est entièrement soumise au régime du crédit à la consommation.
Cela signifie que l’établissement préteur doit respecter tout le processus de
conclusion de contrat de crédit. Si le banquier n’entreprend pas le processus
du crédit soumis aux dispositions du Code Consommation aussitôt que le
crédit bascule dans ce régime, l’emprunteur pourra engager une action pour la
déchéance des intérêts.

–          Le découvert supérieur à 1 mois mais inferieur à 3 mois. il est soumis à


un régime contractuel allégé. Le banquier n’a pas à respecter toutes les
obligations d’un contrat de crédit ordinaire, mais seulement certaines d’entre
elles ex. l’information sur les conditions tarifaires.

–          Enfin, il y a le découvert tacite qui existe lorsque la banque laisse le


compte devenir débiteur sans manifester d’opposition. Celui-ci n’est pas a
priori un crédit à la consommation. Ça commence à devenir aussitôt que le
crédit dépasse un mois, car à ce moment, le banquier doit respecter son
obligation d’information notamment sur les tarifs. Au delà de 3 mois, ce
découvert tacite devient complètement un crédit à la consommation à part
entière avec l’intégralité du régime qui va avec.

S’agissant de la fin de l’autorisation de découvert, il faut savoir que


l’emprunteur dispose d’un droit d’y mettre fin à tout moment ; la loi lui impose
simplement le respect d’un préavis d’un mois maximum. Cette solution n’est
valable que si l’autorisation est à durée indéterminée.

Du coté du prêteur, il ne peut la résilier que si cette faculté est prévue au


contrat. Autrement, le prêteur ne peut résilier même si l’autorisation est à
durée indéterminée. Si c’est un découvert tacite, il n’y a pas de contrat, donc
pas de possibilité de résilier à tout moment.

Si le prêteur veut résilier, il doit respecter un délai de préavis d’au mois 2 mois,
sauf à faire valoir un motif légitime.

4. Le régime des crédits affectés.  

Ce sont les crédits octroyés en considération d’une opération principale à


financer. Le type même est le crédit immobilier. Cela peut aussi être un crédit
octroyé pour l’achat d’un fonds de commerce, un véhicule etc. La première
chose, c’est qu’en droit commun, il n’existe pas en principe d’indivisibilité,
d’interdépendance entre le prêt et le contrat qu’il tend à financer. Ce principe
vaut sauf clause contraire. Le droit de la consommation (le crédit à la
consommation) déroge au droit commun en créant une interdépendance entre
le contrat de crédit et le contrat principal. Cela se manifeste de 2 sortes :

–          La première c’est que le contrat de crédit est affecté par le sort du
contrat principal ex. une vente – si la chose n’est pas livrée, cela entraine la
suspension du paiement du crédit, ou encore si la vente est résolue.
Inversement, le contrat principal est affecté par le sort du crédit. Le contrat
principal ne prendra pas effet si le crédit n’est pas octroyé.

C.                Le contentieux du crédit à la consommation 

Le contentieux ne peut être détaché du droit substantiel :

Premier exemple – Le délai pour agir

En matière de crédit à la consommation, l’article L 311-52 fixe un délai biennal


pour agir (2 ans). Ce délai court à compter de l’évènement qui a donné
naissance à l’action. Quant une obligation est prescrite est que le délai est
passé et que l’on ne peut plus aller en justice pour obtenir l’exécution forcée, la
solution classique est que l’obligation prescrite se transforme en obligation
naturelle. En revanche, le paiement volontaire de cette obligation est libératoire
(valable). Ce délai pour agir de 2 ans fixé par le Code de la consommationest un
délai préfix ou un délai de procédure qui n’est donc pas un délai de
prescription. Le régime du délai préfix n’est pas le même que le délai de
prescription. Le délai de prescription est susceptible d’interruption et de
suspension à la différence du délai de préfix qui est de rigueur. Autrement dit,
si l’on est face à un délai préfix, on n’a pas à se prendre la tète sur la
suspension/ interruption. Donc, après 2 ans, plus d’action.

En revanche, si c’est un délai de prescription, il faudra penser à tous les


évènements qui ont interrompu le délai afin de rallonger le délai.

(Toutefois, depuis la loi du 17 juin 2008, la loi concernant la prescription a été


modifiée)

Quant au délai de préfix, c’est un délai qui peut être soulevé d’office par le juge.
Toutes les dispositions du Code de la consommationpeuvent être soulevées
d’office par le juge. C’est une des différences qu’il y a avec le délai de
prescription que le juge ne peut pas soulever d’office. Ce délai biennal ne
s’applique qu’aux actions engagées par le prêteur contre l’emprunteur
défaillant. Ce délai se limite à ce type d’action, ce qui a contrario signifie que
l’action du consommateur à l’encontre du prêteur est enfermée dans un délai
de 5 ans. La question qui se pose quant à ce délai préfix est celle quant à son
point de départ.

 Quand commence à courir ce délai de 2 ans ? La loi dit « l’évènement qui a


donné naissance à l’action. »

Cet évènement c’est le moment où l’emprunteur est défaillant. Cet évènement


correspond en principe aux premiers incidents de paiement non-régularisé.
C’est cet évènement qui déclenche l’action et on fait courir le délai de 2 ans. La
difficulté est que parfois le remboursement du crédit se fait par l’intermédiaire
d’un compte courant, lequel peut comporter une autorisation de découvert. Il
faut combiner le point de départ du délai avec l’existence de ce compte
courant.  La solution est alors que la défaillance de l’emprunteur n’existe que
lorsque le compte est clôturé, ou alors, lorsque l’autorisation de découvert est
dépassée. Il n’y a que dans ces hypothèses là que la banque peut réclamer au
débiteur le paiement des échéances. Ce sont donc là des évènements qui font
courir le délai biennal.

La solution est la même pour le crédit renouvelable. Cass Ass Plen 6 juin 2003.

Ces solutions ont été transcrites dans la loi à l’article L 311-52.


** Le délai de 2 ans est un moyen pour l’emprunteur de se libérer de ses
obligations car passé les 2 ans, il ne peut plus être poursuivi. La banque n’a
plus le droit alors d’agir. Ce délai profite donc à l’emprunteur.

Dans ce type de contentieux, les banques ont tenté de repousser le point de


départ du délai. Selon la Cass, le délai commence à courir des le premier
défaut de paiement.

Les banques poursuivent donc rapidement leurs clients devant les tribunaux
de peur d’être déclarées forcloses.

Section II – Le Crédit aux Professionnels 

Extrêmement important de par son volume et par le rôle qu’il joue par rapport
aux entreprises. Il convient de l’analyser à part car il utilise des techniques
juridiques plus sophistiquées que le crédit pratique (le prêt, l’ouverture de
crédit et l’autorisation de découvert).

 Le crédit aux professionnels recouvre d’autres procédés, dont la mobilisation


de créance (MDC).

La MDC c’est une cession de créance à un établissement bancaire moyennant


l’octroi d’un crédit. En gros, le crédit aux entreprises sont de 2 sortes, ceux qui
font appel à la MDC et ceux qui n’y font pas appel.

A.                Les crédits professionnels sans MDC 

Le crédit bail :

C’est un crédit qui utilise la technique de la location (le leasing ou location-


vente). L’article L313-1 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER assimile ces
opérations de location-avec-option à des opérations de crédit. La loi qualifie ce
type d’opération de crédit. C’est l’article L 313-7 qui définit le crédit bail.

Le schéma classique est celui de l’entreprise qui a besoin d’acquérir


immédiatement du matériel. Elle fait appel à une société de crédit-bail qui va
acquérir le matériel auprès du fabricant et qui va ensuite le mettre à
disposition de l’entreprise. L’entreprise en contrepartie paie des loyers et
bénéficie en fin de location d’une option d’achat.

Cette opération peut avoir lieu pour l’acquisition de biens mobiliers aussi bien
qu’immobiliers. On parle de crédit-bail mobilier ou crédit-bail immobilier.
Généralement le crédit-bail mobilier porte sur du matériel, des équipements,
fonds de commerce, vehicule. C’est un crédit à moyen terme entre 2 et 7 ans.

Le crédit-bail immobilier est un crédit à long termine avec des durées de plus
de 7 ans.

Le crédit-bail mobilier :

L’intérêt pour la société de crédit – c’est le pouvoir d’offrir un crédit payant avec
une garantie essentielle qui est la propriété de la chose puisque tant que la
chose est en location, c’est la société de crédit qui demeure le propriétaire. En
cas de défaillance du crédité, la société de crédit peut agir en revendication de
la chose qui lui appartient.

Pour l’entreprise, l’intérêt est de pouvoir acquérir un bien en le payant de


manière échelonnée et en ayant le choix à la fin de la location d’acheter le bien
ou de ne pas l’acheter car l’élément essentiel qui sert à qualifier le crédit-bail,
c’est cette option d’achat dont bénéficie en fin de location le crédit-preneur.
Techniquement, on a affaire à un contrat de location couplé avec une promesse
unilatérale de vente. Cela explique qu’en fin de location, le locataire devient
preneur de la PUV et peut choisir ou non d’acquérir le bien : payer le prix de la
vente diminuée des versements déjà effectués ; il ne paiera que le relica du prix
de vente.

i)                   La conclusion du crédit-bail 

Le crédit-bail, même si c’est un contrat nommé par la loi obéit en grande partie
au droit commun. Il faut donc respecter le droit commun des obligations mais
s’agissant d’une opération de crédit, l’établissement financier doit veiller à ne
pas commettre de fautes dans l’octroi du crédit. L’obligation de mise en garde
doit être applicable.

C’est généralement le crédit-preneur qui souscrit lui-même l’achat du bien par


voie de mandat pour le compte de la société de crédit. Ex. L’entreprise va elle-
même acquérir le bien en tant que mandataire de la société de crédit.

ii)                 L’exécution du crédit-bail 

Il s’agit d’une convention conclue intuitu personae. Elle est donc incessible
sans l’accord de l’autre partie. Cela dit, la société financière conserve le droit
d’aliéner le bien objet du crédit-bail. C’est normal qu’un propriétaire ait le droit
d’aliéner son bien même si le bien fait l’objet d’un bail, mais le nouveau
propriétaire du bien sera obligé de respecter le bail consenti au locataire.
Si le contrat de vente sert de support au contrat de location se trouverait
remise en cause (résolue ou résilié), cela entrainerait la résiliation ou la
résolution du crédit bail. Arrêt Cass 23 nov 1990, les juges estimant qu’il existe
une interdépendance entre la vente initiale et le crédit-bail qui vient se greffer
au contrat principal.

iii)               Les garanties 

Elles profitent à la société de crédit. (La garantie essentielle était la propriété


du bien qu’elle conservait). Même en cas de défaillance du crédit-preneur,
l’action en revendication de la propriété permet de récupérer la chose restée
entre les mains du crédit-preneur.

Attention : Le crédit-bail ne peut pas être résilié du simple fait de l’ouverture


d’une procédure collective contre le crédit-preneur.

C’est l’effet de l’ouverture d’une  procédure collective ferme toutes les portes
aux actions en paiement et en résiliation. Toutefois, l’action en revendication
est conservée pour le bailleur malgré l’ouverture de la procédure collective. La
société de financement se plaint en sollicitant en plus des sûretés personnelles,
ou encore en inscrivant dans le crédit-bail des clauses pénales.

Le crédit-bail prend fin soit de manière anticipée si le preneur est défaillant soit
au terme de la location avec ici cette ouverture de l’option d’achat que peut
exercer le crédit-preneur.

B.                Le crédit professionnel avec MDC 

Cela consiste pour un client ou pour un professionnel à transférer ses créances


auprès de son banquier moyennant le paiement de ses créances avec déduction
d’une retenue opérée par le banquier. Ex. transférer 500 000€ de créances au
banquier. Le banquier prend les créances et la paie, tout en déduisant la
commission qu’elle prend ex. 5000€. La banque a donc payé 495 000€.

Ce transfert de créance peut se faire de plusieurs manières et peut emprunter


plusieurs instruments. Il y a la forme classique qu’est l’escompte et l’autre
forme qu’est l’affacturage.

1.                  L’escompte 

C’est un crédit à court terme qui permet de combler des décalages de


trésoreries. C’est le décalage entre le paiement immédiat de la créance et son
terme normal. L’escompte fonctionne grâce à une mobilisation juridique des
créances i.e. l’opération transfère véritablement des droits à la banque sur des
créances cédées. Autrement dit, la banque devient titulaire des créances qui lui
sont transmises.

Le client transfère à la banque des droits qu’il avait sur le compte. Le transfert
peut se faire à titre de propriété ou à titre de garantie. La banque devient
gagiste sur la créance mais ne devient pas propriétaire.

Définition : C’est l’opération par laquelle le banquier achète un titre de créance


non-échu et qu’il rémunère en déduisant le prix de sa propre prestation.
L’escompte désigne à la fois l’opération en elle-même et le prix que perçoit le
banquier lors de cette opération.

L’escompte est bien une opération de crédit. La banque paie immédiatement à


l’entreprise le prix de la créance au prix qu’elle ne pouvait prétendre que plus
tard. C’est en cela qu’il y a l’octroi d’un crédit et ce crédit à un prix que perçoit
la banque.

L’opération d’escompte se déroule en 2 temps :

D’abord l’entreprise s’oblige à remettre à la banque des titres qui lui


appartiennent. Ces titres sont généralement des effets de commerce, les lettres
de change, billets à ordre, bordereau Dailly, voire des chèques. L’entreprise
transfert à la banque des titres qui sont en eux-mêmes des instruments de
crédits. Ces titres sont des titres négociables i.e. des titres qui circulent
librement sans respecter les formalités de la cession de créance, notamment la
signification du débiteur cédé.

En échange de la remise des titres, la banque paie les créances, déduction faite
du prix/ de la commission.

Ensuite, c’est le dénouement :

Première hypothèse, l’entreprise rembourse son crédit. La banque restitue les


créances à l’entreprise.

Deuxième hypothèse, l’entreprise est défaillante et ne rembourse pas le crédit à


la banque. Le banquier dispose de plusieurs recours :

–          Le banquier peut réaliser une contre-passation i.e. réaliser une écriture
en sens inverse sur le compte de l’entreprise cliente. L’entreprise devait
rembourser une certaine somme à la banque. Cette dernière inscrit la somme
en négatif dans le compte du client (écriture au passif). Mais cette option n’est
pas toujours intéressante lorsque l’entreprise n’a pas d’argent.
–          L’autre option, c’est le remboursement du crédit par l’intermédiaire des
créances cédées. Au lieu de demander le remboursement à son client, la
banque se fera rembourser en exigeant le paiement des créances auprès de
leurs débiteurs. L’avantage c’est que la banque perçoit l’intégralité du prix des
créances (créances qu’elle a achetées moins cher que le prix réel)

2.                  L’affacturage 

C’est une autre forme de crédit aux entreprises née en France dans les années
60’. C’est un type de convention assez pratiquée en matière internationale. En
droit interne, l’affacturage est pratiqué mais sans avoir fait l’objet de textes
spéciaux. C’est pour l’essentiel le droit commun qui régit l’opération
d’affacturage. L’affacturage ressemble à l’escompte dans le sens qu’il est basé
sur un transfert de créance. Il s’en distingue de l’escompte par le faite que
l’affacturage est une convention plus globale et qui fonctionne par le
mécanisme de la subrogation (alors que pour l’escompte c’est la cession de
créance). L’affacturage peut se définir comme la convention par laquelle un
établissement de crédit – le « factor » ou « l’affactureur » – règle à son client – « 
l’adhérant » – le montant de ses factures moyennant le transfert des créances
au factor qui se chargera de leur recouvrement. L’économie de l’affacturage
réside dans un transfert de créance à l’affactureur qui en paie le prix à son
client et qui aura ensuite condition de récupérer le montant de ces créances.
Dans cette opération, c’est donc l’affactureur qui supporte les risques de non-
paiement des créances. On dit encore que l’affactureur garantit la bonne fin
des créances. A la différence de l’escompte, l’entreprise n’a pas à rembourser le
crédit. C’est à l’affactureur de recouvrer les créances auprès des débiteurs.

La fonction principale de l’affacturage est celle de la gestion commerciale des


créances : Une entreprise a des factures en attente de paiement. Elle donne ses
factures à la société d’affacturage et c’est l’affactureur qui s’occupe du
recouvrement des créances commerciales. C’est donc une convention cadre
(globale) dans laquelle il y a cette gestion des créances commerciales. Le
débiteur qui devra payer n’aura affaire qu’à la société d’affacturage.
L’affacturage est aussi une sorte de crédit aux entreprises car il y a une
anticipation des créances commerciales.

L’affacturage fonctionne sur la base du droit commun des obligations et


notamment grâce au mécanisme de la subrogation – Article 1250 1e.  Il
convient d’analyser la transmission des créances (i) et le recouvrement des
créances (ii).

(i)                 La transmission des créances 


Elle s’opère dans un cadre contractuel qui va en définir les conditions. Le
contrat est d’abord conclu intuitu personae, ce qui se traduit par la possibilité
pour le factor de sélectionner les adhérant de son choix et même les créances
que lui propose l’adhérant.

C’est ensuite un contrat cadre dans le sens où il définit l’ensemble des règles
relatives au transfert des créances à leur approbation au mode de
rémunération du factor etc.

L’approbation des créances : La société d’affacturage a la possibilité de choisir


les créances qui lui sont soumises car l’affactureur garantit la bonne fin de
l’opération et va donc assumer le risque de non paiement de ces créances. Il
peut donc au moment où l’adhérant lui soumet les créances avec leurs pièces
justificatives, en accepter certaines et en refuser d’autres qui lui apparaissent
suspectes. C’est parce que l’affactureur ne dispose d’aucun recours contre
l’adhérant qu’il va sélectionner. Une fois qu’il les a approuvées, l’affactureur les
paie, paiement qui a un effet subrogatoire puisqu’il investit l’affactureur de
tous les droits dont était titulaire l’adhérant. Le solvens qui paie est subrogé
dans les droits de l’accipiens et ce, en vertu du seul paiement – Article 1250
CC.

Le transfert de la créance est accompagné d’une quittance subrogative qui est


un document qui déclare l’existence de la subrogation.

La société d’affacturage se voit transférer les créances des la date des


paiements. Ce transfert est opposable aux tiers. La loi n’exige pas que le
débiteur soit informé du transfert des la créance, mais en pratique c’est
souvent le cas (il s’agit d’informer le débiteur qu’il y a un changement dans la
personne qui doit payer).

Le factor n’agit pas gratuitement, il doit se faire rémunérer pour ses


prestations. ces rémunérations se décomposent en 2 parties :

–          La commission d’affacturage qui rémunère la gestion des comptes et la


recouvrement des créances.

–          La commission de financement qui correspond au taux du crédit


qu’accorde la société à son client.

S’agissant d’un crédit, la rémunération de celui-ci doit respecter l’ensemble des


règles relatives au taux d’intérêt (les règles sur l’usure et les règles sur la
mention du taux par écrit, ces obligations doivent être respectées par la société
d’affacturage ; cela a été clairement affirmé par un arrêt de la Cass dans un
arrêt du 30 mai 2006).
(ii)               Le recouvrement des créances. 

La société d’affacturage doit procéder au recouvrement. Première difficulté,


c’est l’absence de recours contre l’adhérant. A la différence de l’escompte,
l’établissement financier ne peut pas se retourner contre son client en cas de
non-paiement des créances parce que l’affactureur garantit la bonne faim.
Autrement dit, il suppose les risques du crédit. Ceci dit, le factor dispose donc
de droits contre les débiteurs des créances. Le cessionnaire de la créance
dispose d’un droit contre le cédé. Le cédé doit payer la société d’affacturage
dorénavant, et n’a plus à payer son créancier originaire. Que se passe-t-il si le
débiteur paie son créancier originaire ? Ce paiement est en principe libératoire,
s’il a été accompli de bonne foi. Il pourrait se prévaloir  de la répétition de
l’indu. Si ce paiement est valable, la société d’affacturage doit se retourner
contre son adhérant. Les créances transférées à la société d’affacturage le sont
avec leur qualité (les sûretés ou privilèges qui accompagnent les créances) mais
aussi leur défaut (si la créance transférée est viciée, le débiteur pourra opposer
au nouveau créancier les exceptions qu’il aurait pu opposer à l’ancien (les
moyens de défense que le débiteur peut opposer au créancier pour ne pas
payer). Il peut encore opposer des exceptions inhérentes à la dette ex.
l’exception d’inexécution (le motif tiré de l’inexécution de l’autre partie justifiant
la suspension de l’exécution de la part de l’autre partie ex. le débiteur cédé
prétend que la marchandise qui devait lui être livrée par le créancier n’a pas
été délivrée ou était mauvaise), ou encore se fonder sur la nullité du contrat.

Quant aux exceptions qui ne sont pas inhérentes à la dette mais qui sont
personnelles, le débiteur ne peut opposer que celles qui étaient antérieures au
transfert. Ces exceptions ne tiennent pas à l’obligation en elle-même mais à la
relation entre ces 2 personnes ex l’exception de compensation légale des dettes
(le faite que les dettes réciproques s’éteignent mutuellement car chacune se
doit de l’argent). Si en revanche, cette compensation ne peut jouer qu’après le
transfert, le débiteur ne pourra l’opposer au nouveau créancier.

DEUXIEME PARTIE – LES INSTRUMENTS JURIDIQUES DES ACTIVITES


BANCAIRES 

Les comptes bancaires – Pratiquement toutes les opérations bancaires passent


par des comptes. Il se peut qu’une conclusion isolée soit conclue avec une
banque (l’opération par caisse, mais c’est rarissime). Ensuite, les instruments
permettant aux créances de circuler et d’être payées. D’abord les titres (les
instruments qui habillent ces créances qui leurs permettent d’être plus efficace
dans la vie économique), et ensuite les effets de commerce qui sont des
instruments de crédit. Dans un dernier temps, on étudiera les instruments de
paiement qui servent à payer des créances immédiatement exigées (notamment
les chèques).

TITRE 1 – LES COMPTES BANCAIRES 

Un tableau de crédits et de dettes réciproques de 2 personnes….

Le compte bancaire reflète à la fois un instrumentum et un negotium. C’est un


instrument qui enregistre les mouvements d’argent. Mais le compte c’est aussi
un negotium i.e. une convention cadre qui a con propre fonctionnement et qui
en plus sert de base à de futurs contrats d’application. NB – Le mécanisme de
compte n’est pas propre au droit bancaire, c’est un mécanisme qui se voit aussi
dans le droit des sociétés et en droit de la famille entre autre (compte de tutelle,
régime matrimoniaux…). Mais c’est en droit bancaire que ce mécanisme de
compte a été le plus analysé par la doctrine et la JP. Le compte bancaire est
donc une espèce de compte.

Distinction entre les comptes d’espèce et les comptes d’instrument financier.

Le compte d’instrument financier (CIF) comporte des titres i.e. des instruments
financiers et qui renferment en eux des créances. Les comptes d’espèce
contiennent des liquidités. Ces titres dans les CIF sont tres divers ; il peut
s’agir de titres à ordre qui se transmettent par endossement (la signature). Il y
aussi des titres porteurs qui se transmettent par tradition / remise de main en
main. Il y a aussi des titres nominatifs qui se transmettent par un jeu
d’écriture informatique.

Sur la route des comptes, on trouve encore des comptes à vue (CV) et les
comptes à terme (CT). Concernant les CV, l’argent est toujours disponible et le
banquier doit toujours mettre l’argent à vue du créancier. Le CT est le compte
nécessitant une gestation. C’est quant le compte arrive à terme que l’argent
peut être récupéré. Autrement dit, avant le terme, l’argent est indisponible ou
bloqué à la banque.

Il y a aussi le compte de passage (CP). C’est le compte qu’on ouvre pour une
opération particulière avec une banque. Il n’y a pas de relation suivie avec la
banque.

Ensuite, il y a l’opposition entre le compte ordinaire (CO) et le compte


d’épargne (CE). Le CO (le compte cheque ou compte courant), c’est quand celui
qui sert le titulaire a réglé toutes les dettes et créances. Le CE est celui qui
recueille la fraction de l’argent qu’on ne dépense pas. Il recueille les économies
et est assorti d’intérêts plus intéressants. Les pouvoirs publics ont la capacité
d’influer sur la consommation de l’épargne grâce au montant de ces taux. Dans
les CE, il y a les CE liquides (ceux où l’argent est toujours disponible) et les CE
bloqués (l’argent est indisponible pendant un certain temps).

La dernière distinction, c’est la distinction entre compte de dépôt (CD) et


compte courant (CC). C’est une opposition traditionnelle en droit bancaire.
Cette distinction est basée sur plusieurs arguments. Il y a des gens qui disent
que le CD aurait un fonctionnement plus rudimentaire que le CC. Ce serait un
simple instrument de paiement de créance. Etant donné con caractère simple,
il serait destiné qu’aux particuliers. A l’inverse, le CC serait un compte spécial
plutôt destiné aux commerçants pour la gestion globale de leurs opérations
commerciales. Ce CC serait doté de 2 effets :

–           d’abord caractérisé par sa généralité, qui a vocation à absorber toutes


les créances.

–          Puis, les remises sur son compte seraient forcement réciproques. Les
remises sont tous les actes que les parties réalisent sur le compte. Dès qu’une
créance rentre en compte, on parle d’une remise. Dire que ces remises sont
réciproques signifie que chaque correspondant fait des remises, i.e. participe
au fonctionnement du compte, à son alimentation (le commerçant, en recevant
paiement de ses créances et en payant lui-même et la banque accordant des
crédits).

En pratique, on confond allégrement les deux. Toute l’analyse et la théorie


portant sur les comptes l’a été uniquement sur les comptes courants.
Autrement dit, la Jurisprudence a toujours établi certaines solutions mais
uniquement sur le CC. Toutes les règles en matière de compte sont relatives au
comte courant. En pratique, la distinction se fait plus entre les comptes
ouverts entre les professionnels et les comptes ouverts entre les particuliers.
On peut dire que le régime entre le CD et le CC est le même, sauf lorsqu’on a
affaire à des règles protectrices pour les consommateurs particuliers.

C’est le droit de la consommation qui maintient l’existence de comptes de dépôt


ex, dans le CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, L312-1-1. Cet article vise les
comptes de dépôt ouvert par les particuliers. La loi parle donc bien de comptes
de dépôt. Ici, la Jurisprudence refuse de calquer le régime de certains CD sur
le régime du CC car ce dernier a des règles plus rigoureuses que le CD. Dans le
CC, les intérêts de retard courent automatiquement. La Jurisprudence refuse
d’appliquer ces règles aux comptes de dépôt ouverts aux particuliers. Un arrêt
de la Cass juge abusive une clause d’une convention de compte bancaire qui
assimile un compte de dépôt à un compte courant (civ 1e 8 janvier 2009, 2009
obs Guy Raymond).
Selon cet arrêt, si c’est abusif de les assimiler l’un à l’autre, cela voudrait dire
que ce sont des comptes différents. Pour des raisons pédagogiques. Il n’y a
quasiment pas de règles concernant les CD.

Chapitre 1 – Théorie générale des comptes bancaires 

Cette théorie générale des comptes est modélisée à partir du CC. Ce CC n’est
pas défini par la loi, il doit son existence à la pratique, à l’usage bancaire et à la
Jurisprudence qui depuis 1870, construit la théorie du CC avec des règles qui
lui sont propres.

Le compte courant remplis plusieurs services :

–           Première service, c’est qu’il évite la multiplicité des règlements i.e. il
permet de payer toutes les créances réciproques et le produit de ce paiement
apparait sous la forme d’un solde qui est le solde du compte.

–          Sa fonction de quasi-sûreté, dans le sens qu’il fournit aux parties


l’équivalent d’une garantie. Chaque correspondant est assuré d’être payé de ses
créances par les remises qu’effectuera l’autre correspondant. Ce compte est un
instrument de garantie car l’autre partie qui est créancière de l’autre sait
qu’elle sera payée par la remise du correspondant sur le compte. Ex.
l’autorisation de découvert garanti à la banque qu’elle sera payée de sa
créance : toutes les créances que le client aura (salaire par ex) vont être
transférées sur le compte, et vont permettre de payer le découvert.

–          L’affectation générale de toutes les créances au compte. L’idée c’est


qu’un maximum d’opérations entre sur le compte pour être payé et pour
remplir cette fonction de garantie.

La nature juridique du CC – La nature juridique du compte a fait début du 19e


au 20e siècle. Des théories se sont succédé. Les théories classiques,
développées par Eneinsma, entaient fondées sur le mécanisme de la
compensation. Selon ces théories, le CC serait un creuset dans lequel les
créances entreraient et seraient éteintes par le jeu de la compensation. Cette
compensation de toutes ces créances résulterait en le solde du compte. La
théorie de la compensation n’explique pas cependant que 2 créances qui
s’ajoutent soient également éteintes. La compensation ne peut pas expliquer le
fonctionnement du CC et le CC ne s’explique que par sa nature sui generis
avec 2 fonctions particulières :

–          Une fonction de règlement : les créances qui entrent en compte sont
considérées comme payées ; elles s’éteignent. La fusion de toutes ces créances
sur le compte donne lieu au solde.
–          Une fonction de garantie : Les créances qui entrent en compte se
servent mutuellement de garantie.

Section 1 – Les éléments constitutifs du compte 

 Les éléments constitutifs du compte permettent de déterminer sa qualification.


2 éléments sont nécessaires : un élément intentionnel et un élément matériel.

L’élément intentionnel – Il faut que les parties en aient eu la volonté de


constituer le CC. Selon la JP, les parties doivent avoir eu la commune intention
de  travailler en CC. Cette intention peut être expresse ou tacite. Elle n’est
soumise à aucune forme particulière.
L’élément matériel – L’intention ne suffit pas. Il faut qu’elle soit complétée par
l’élément matériel qui permet de dire qu’il y a eu compte courant. Ces éléments
matériels, c’est la possibilité de remise réciproque. S’il n’y a pas la possibilité
de remise réciproque, il n’y a pas de CC.

A.                La nature des remises 

Par remise, on entend la créance que détient un correspondant sur l’autre


correspondant à la suite d’une opération donnée. Il y a remise dès que cette
créance existe et qu’elle ait été portée en compte. La remise dans le langage
courant correspond à une remise matérielle (remise de cheque ou d’espèce). Au
sens juridique, la remise existe dès que la créance existe et dès que cette
dernière existe, elle est affectée au compte. Le corollaire est l’affectation de
toutes les remises au compte Ex, un prélèvement programmé sur le compte,
elle va apparaitre sur le compte. La question est quelle doit être le caractère de
la créance pour qu’elle soit effectivement une remise ? Est-ce que toute créance
correspond à une remise ? Le CC sert à payer les créances qui rentrent i.e. les
créances doivent être susceptibles de paiement quand elles entrent. Pour
qu’une créance soit susceptible d’être payée, il faut qu’elle soit certaine, liquide
et exigible. Une créance qui n’est pas certaine a un défaut de validité, tout
comme une créance liquide et une créance à terme n’est pas exigible. Lorsque
ces créances présentent ces qualités, on dit qu’elles entrent au disponible du
compte. Elles sont donc payées automatiquement. Cela correspond à la
fonction du règlement du CC.

Le CC a aussi une fonction de garantie, et par principe, toutes les créances


entaient affectées au compte. Donc, à coté du disponible, il existe une autre
partie du compte qu’on appelle le différé. Il y a des créances qui entrent au
disponible et d’autres au différé (créances à terme et non-exigibles dans
l’immédiat).
B.                La réciprocité des remises 

On dit que le compte courant doit rendre possible des remises réciproques i.e.
chaque correspondant doit pouvoir effectuer des remises. Ce qui compte n’est
pas qu’il y ait eu remise réciproque mais qu’elles soient disponibles.’ il ne faut
pas confondre les remises réciproques avec l’autorisation de découvert
réciproque (quand le solde du compte est positif, c’est en fait un découvert
pour la banque). La possibilité de remise réciproque ne correspond pas à un
découvert réciproque : il ne peut y avoir un compte courant sans aucune
autorisation de découvert pour le client.

Section 2 – Les effets juridiques du compte courant 

Ces effets sont analysés à travers 2 notions classiques du droit des obligations,
que sont la novation et l’indivisibilité. La novation est un mécanisme qui
servira à expliquer l’effet de paiement. L’indivisibilité sert à expliquer le régime
du solde et notamment du solde provisoire.

1.                  L’effet de paiement 

La règle à être retenue est que les créances qui entrent en compte sont
considérées comme payées. L’entrée en compte vaut règlement des créances.
Pourquoi la créance rentrée en compte est-elle payée ? C’est la théorie de la
novation selon la doctrine. La novation est le mécanisme par lequel une
obligation s’éteint et une autre s’éveille. La créance qui rentre en compte
s’éteint, elle est novée (transformée) en une nouvelle créance.

Selon la doctrine « anti-novation », la créance qui entre en compte est


transformée en article de compte, et ne donne pas naissance à une nouvelle
créance, faisant ainsi effondre la théorie de la novation.

Dorénavant, on n’explique plus l’effet de paiement des créances par le recours


à l’effet de la novation.

Les conséquences du paiement de créance sont importantes puisque la créance


qui a été payée n’est plus susceptible d’exécution forcée. Elle n’est plus sujette
à prescription. Les intérêts de cette créance ne courent plus comme il n’y a pas
de retard de paiement, et les suretés qui accompagnaient la créance
disparaissent également.

2.                  Le régime de ce solde provisoire 

Les créances rentrées en compte sont éteintes et leur fusion donne naissance à
un solde. Il convient de déterminer le régime de ce solde, que l’on dit provisoire.
Le solde n’est pas définitif, puisqu’il ne le sera qu’à la clôture du compte. Dans
la théorie classique, on expliquait ce solde provisoire par la notion
d’indivisibilité. Autrement dit, tant que le compte fonctionne, tous ces éléments
seraient indivisibles i.e. on ne peut pas en isoler certains. Tant que le compte
fonctionne, il n’y a ni créance, ni dette. Cette analyse a été remise en cause car
elle ne correspond pas à la volonte des parties qui utilisent un CC. Dire que
pendant le fonctionnement du compte ni la banque ni le client est créancier, ne
correspond pas à la réalité.

La réalité c’est que les parties souhaitent le résultat de ce solde provisoire en


tant que valeur juridique ex. le client souhaite que ce solde provisoire sert de
provision pour le paiement d’un cheque, pour la création d’une lettre de
change. La banque souhaite tirer les conséquences d’un solde négatif en
percevant les intérêts.

A.                La disponibilité du solde provisoire créditeur 

Ce solde provisoire créditeur est une créance. C’est même une créance
certaine, liquide et disponible mais pas exigible car cela le sera uniquement à
la clôture du compte. 

Les conséquences pour les parties – cela signifie que cette valeur disponible
peut servir de base à un paiement. Le solde créditeur (créance disponible) peut
être utilisé pour un paiement, un cheque, une lettre de change ou un virement.

Pour les tiers, cela signifie que le solde provisoire positif est une créance
saisissable pour les créanciers qui peuvent saisir la valeur correspondant à
cette valeur saisissable. Jusqu’en 1973, prévalait la théorie classique i.e. le
solde n’était pas saisissable ; les créanciers ne pouvaient rien faire car même si
le compte était positif, ils ne pouvaient saisir le solde. La Cass dans un arrêt de
principe du 13 novembre 1973 a officiellement la saisissabilité de l’avoir que
représente le solde positif comme c’est une créance disponible et donc
saisissable. Ce principe de saisissabilité du solde a été inscrit dans la loi du 19
juillet 1991 ayant reformé les procédures d’exécution.

B.                L’inexigibilité du solde provisoire 

Dans l’hypothèse où le compte est négatif, il y a une dette qui existe, mais son
exécution ne peut être réclamée avant la clôture du compte. Plusieurs
conséquences en découlent :

–                     Il n’y a pas d’action en exécution forcée possible


–                     La banque ne peut pas exiger le paiement du montant de ce
solde à la caution car ce qui n’est pas exigible envers le débiteur principal ne
peut l’être envers la caution.

–                     S’il s’ouvre une procédure collective à l’encontre du client, la


banque devra déclarer sa créance à la procédure. Pour autant, même si cette
dette n’est pas exigible, elle donne le droit à la banque de percevoir les intérêts
(agios). Ce sont alors les intérêts qui sont lies au fait que la banque a accordé
un crédit.

Le sort de la caution qui garantit le solde débiteur d’un compte courant. Le


problème se pose quand le cautionnement est à durée indéterminée car la
caution peut rompre à tout moment ce contrat. Lorsqu’elle rompt le contrat, de
quelle somme peut-elle être redevable si le débiteur garanti ne paye pas ?
Quelle est l’étendue de l’obligation de couverture de la caution ? Quand est-ce
que la caution peut-elle être obligée de régler la dette (l’obligation de règlement
de la caution) ?

Obligation de couverture v. obligation de règlement.

Concernent l’obligation de règlement, c’est que la caution ne peut pas être


poursuivie tant que le compte n’est pas clôturé. L’obligation de règlement n’est
pas exigible avant. Quand l’obligation devient exigible, quelle est la partie de la
dette principale qu’elle couvre ?

Il y a un principe à appliquer. C’est que l’obligation de couverture s’achève au


moment où la caution rompt le contrat de garantie i.e. la caution sera tenue à
hauteur du solde débiteur existant au moment de la rupture. A ce principe
s’ajoute une autre règle – les remises effectuées par le débiteur principal
viennent s’imputer sur l’obligation de couverture de la caution i.e. après la
rupture du cautionnement, et le client ajoute des valeurs et réduit le solde
débiteur, la caution ne sera tenue qu’à hauteur du solde débiteur. En
revanche, si c’est la banque qui a fait des remises supplémentaires i.e. si le
solde débiteur s’aggrave, la caution ne pourra pas se voir réclamer ces soldes
supplémentaires.

Chapitre 2 – Le Régime Des Comptes Bancaires 

Le compte étant un contrat spécial, il est à la fois gouverné par le droit


commun mais aussi par les règles spéciales dérogatoires. L’ouverture, le
fonctionnement et la clôture :

Section 1 – L’Ouverture du compte 


Comment se forme le contrat de compte ?

La formation de ce contrat doit s’entourer de certaines formes. Dérogeant au


consensualisme, la loi impose un écrit pour la conclusion de l’ouverture de
certains types de compte. Ce formalisme date de 2001 (loi Murcef) mais ce
formalisme a été accru par la reforme du 1er juillet 2010. C’est l’article L. 312-
1-1 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER qui décrit le processus de
conclusion de la convention de l’ouverture de compte. Ce formalisme est
applicable aux comptes de dépôt ouverts aux noms de personnes physiques
pour des besoins non-professionnels. Pour ces comptes, la loi exige un contrat
écrit avec des mentions particulières, notamment les conditions tarifaires et
générales du fonctionnement du compte.

I – La personne du banquier 

A.                La liberté du banquier 

Le banquier est-il libre d’ouvrir un compte au client de son choix ? La réponse


est a priori positive mais cette liberté du banquier est contrebalancée par le
droit au compte qui est un mécanisme de lutte contre l’exclusion sociale.
Article L. 312-1 CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER. Ce droit au compte existe
même pour les personnes interdites bancaires. Le bénéficiaire du droit au
compte ne peut prétendre qu’au service bancaire de base dont la liste est fixée
à l’article D. 312-5 CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER. Les services bancaires
de base comprennent les moyens de paiement et aussi tout ce qui accompagne
le fonctionnement du compte ex. la délivrance de relevée de  compte. La
banque peut refuser la délivrance de formule de chèques à condition de le
motiver.

B.              Les diligences du banquier lors de l’ouverture du compte. 

Quelles précautions doit prendre le banquier quand il fait signer la convention


d’ouverture du compte à un client ?

L’obligation du banquier d’éclairer le client. Il y a aussi la vérification des


pouvoirs de la personne qui signera le contrat. Le pouvoir n’est pas une
condition de validité du contrat.

Ensuite vient l’information. Cela évoque le consentement. L’article L. 312-1-1


CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER revient sur l’information que doit donner le
banquier lorsqu’il envisage d’ouvrir un compte de dépôt. Le texte dit qu’il doit
informer avant la conclusion du contrat sur tout support durable et en
respectant les informations prévues par arrêté ministériel.
 

II – La personne du client 

Les clients sont-ils libres d’ouvrir un compte ? La réponse est a priori oui. Cette
liberté se transforme souvent en obligation dans 2 hypothèses. La loi oblige à
ouvrir un compte.

(i). Certains paiements ne peuvent avoir lieu que par cheque, carte ou
virement. L’article L 112-6 CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER. Il faut donc un
compte.

(ii). Les commerçants. Dans leur statut, figure l’obligation d’ouverture d’un
compte bancaire. Tout commerçant doit ouvrir un compte bancaire (pour des
raisons fiscales) selon l’article L 123-24 Code de Commerce.

Pour ouvrir un compte, la personne doit être titulaire de la personnalité


juridique. L’enfant à naitre ne peut pas ouvrir un compte par le biais des
parents. Une fois le compte ouvert, les chiffres qu’il comporte forment le relevé
d’identité bancaire.

La femme mariée peut aussi dorénavant ouvrir un compte. Pendant longtemps


cependant, elle fut considérée comme incapable et ne pouvait ouvrir un compte
sans l’autorisation de son mari. Le banquier n’a aucun droit de contrôle sur
l’origine des fonds qui alimentent le compte de la femme mariée. 

Concernant le mineur, n’étant pas capable, il ne peut pas seul ouvrir un


compte. Il doit passer par l’intermédiaire de ses représentants légaux. A ce
principe, il existe des entorses i.e. des actes que le mineur seul bien
qu’incapable peut accomplir (le mineur doué de discernement peur accomplir
certains actes courants). Concernant l’ouverture d’un compte, le mineur n’est
pas considéré apte à le faire. D’un point de vue commercial, els banques
proposent des produits spécialement destinés aux mineurs. Le banquier
diligent recueillera l’accord des représentants légaux du mineur.

Section 2 – Le fonctionnement du compte 

Le compte doit bien être tenu. La tenue correcte exigée du compte par le
banquier. Le banquier le fait en recevant les ordres de paiement après avoir
vérifié la signature du client. Il inscrit ensuite ces opérations sur le compte, ce
qui donne lieu à un article de compte. En cas d’erreur dans la tenue du
compte, la banque s’oblige à la rectifier par une écriture en sens inverse,
appelée la contre-passation. Un point important de la tenue des comptes est
l’envoi des relevés de compte. Pour les comptes de dépôt ouverts aux
particuliers, cet envoi des relevés est fixé à une période mensuelle. La banque
doit au minimum envoyer un relevé adresser un relevé de compte concernant le
compte de dépôt. Si certaines opérations figurant sur le relevé de compte ne
sont pas contestées par le client, le principe est que le client qui, au bout d’un
certain temps, ne conteste pas ses relevés de compte, est sensé reconnaitre
leur validité. Ce délai est estimé à 2 mois mais la Cour de Cassation a affiné sa
solution pour dire que cette absence de contestation (le silence du client) ne
vaut que comme présomption d’accord et qu’elle n’interdit pas au client dans le
délai de prescription légal de contester les opérations. Autrement dit,
l’acceptation tacite du client ne vaut qu’à titre de preuve et le client peut
renverser cette preuve pendant tout le délai de prescription légal.

Le temps dont dispose le client pour contester les opérations sur le compte.  

L’ordonnance de 2009 a modifié les règles relatives à la contestation des


opérations de paiement. Il faut distinguer 2 opérations :

–                     Celle d’un paiement mal exécuté ou non-autorisé.

Dans ce cas (les débits non autorisés par le client), le client dispose d’un délai
de 13 mois du moment où le débit est inscrit sur le compte pour contester
l’opération. La banque ne peut pas refuser de rembourser, sauf si elle rapporte
la preuve que le client a autorisé le paiement. Article L. 133-24 CODE
MONÉTAIRE ET FINANCIER.

L’idée de la législation est d’offrir une garantie bancaire de victimes de fraudes


bancaires sur internet.

–                     Celle du paiement autorisé mais pour un montant qui dépasse


celui qui était envisagé. L’hypothèse est celle ou les coordonnées bancaires
sont données à l’hôtelier qui prélève plus que la somme convenue. La loi
permet au client de contester dans un délai de 8 semaines – Article L. 133-25.
La banque a 10 jours pour prendre position en vérifiant si le prélèvement était
excessif ou non. Dans ce genre d’hypothèse, la banque sert de garantie.

I – Les opérations sur le compte 

A.                Les remises 

Pour le client, la remise est la créance qu’il détient contre son banquier. Elle
peut avoir pour origine des valeurs que le client dépose sur son compte. Les
remises peuvent aussi avoir pour origine des dettes que la banque a envers son
client (ex. un virement de compte d’un tiers au compte du client par
l’intermédiaire de la banque du client, la banque est donc débitrice du client
tant qu’elle n’a pas crédité le compte du client de la somme versée). Toute
personne est habilitée à faire des remises sur un compte.

Habituellement les remises d’espèce aux banquiers sont appelées des dépôts.
Or, s’agit-il vraiment d’un dépôt au sens juridique du terme, selon l’article
1915 CC ? Il convient de vérifier si le client est bien déposant et la banque bien
dépositaire. Y a-t-il vraiment contrat de dépôt ?

Dans l’économie de l’opération, figure le droit pour la banque d’utiliser l’argent


déposé pour que celui-ci soit placé ou serve à l’octroi de crédit. Or, ce droit
d’utiliser l’argent est incompatible avec l’existence d’un véritable dépôt puisque
dans un contrat de dépôt, le dépositaire a l’obligation de garder la chose sans
l’utiliser. Ne pourrait-on pas parler de dépôt irrégulier (dépôt qui porte sur une
chose fongible et non sur un corps certain ? mais là encore, le dépôt ne permet
pas l’utilisation de la chose dépose. Même le dépôt irrégulier ne convient pas
vraiment à la situation.

Une autre qualification avancée est celle du prêt ; le prêt de consommation


dans le sens où ce serait le client qui prêterait de l’argent à la banque qui serait
l’emprunteur qui aurait donc le droit de se servir de l’argent à charge de le
restituer. Certains auteurs ont adopté cette qualification de prêt de
consommation. 2 arguments qui vaillent :

–          Ce serait le monde à l’envers car normalement ce serait la banque qui


prête au client et non l’inverse. Cela peut entrainer une confusion, notamment
de voir un prêt de consommation à chaque fois de déposer de l’argent à la
banque.

–          Le client est en droit de demander la restitution de l’argent à tout


moment sauf s’il s’agit d’un compte à terme et cette exigibilité permanente de la
restitution ne correspond pas à l’esprit d’un prêt à la consommation.

La qualification de prêt à l’envers n’est donc pas adéquate ici.

Une partie des auteurs disent que c’est un contrat innomé – sui generis.

Le régime de la convention de compte et de dépôt est complètement déterminé


par la loi.

B.                Les retraits 

Le retrait consiste pour le client dans le fait d’appauvrir la valeur de son


compte ; de retirer des valeurs du solde de son compte. La période de retrait
dépend des stipulations de la convention. Quant au moyen du retrait, ce sont
tous les moyens mis à la disposition du client pour généralement payer. La
dernière question est qui est habilité pour les opérer ? A priori c’est le titulaire
du compte. Il faut cependant jongler avec d’une part les pouvoirs que ce
titulaire aurait pu conférer à autrui et d’autre part, avec l’ambiguïté de
certaines situations lorsque des personnes sont en couple (mariés). Des litiges
existent notamment lorsque l’un prétend pouvoir faire des retraits du compte
de son compagnon. Il faut combiner d’éventuels règles posées par la loi
(notamment en matière des régimes matrimoniaux) avec les règles propres au
fonctionnement du compte.

II – Les modalités particulières à certains comptes 

A.                Les comptes multiples 

C’est la situation où une personne est titulaire de plusieurs comptes ex. un


comte personnel et un compte joint. Ou encore un compte particulier et un
compte professionnel. Ou alors un compte de dépôt et un compte d’épargne. Le
principe est l’indépendance des comptes. Chaque compte fonctionne
indépendamment. Ce qui signifie qu’il faut se référer au solde de chaque
compte et de savoir si celui-ci produit des intérêts (de retard notamment). Ex.
le client a 800 de positif sur le compte épargne et 2000 de négatif sur le compte
courant de la même banque, il paiera les agios sur les 2000 et non sur 1200.
Pour palier à ces inconvénients et permettre une porosité entre les comptes,
peuvent être stipulées 2 sortes de clauses :

(i). L’accord des compensations des soldes.

Cela permet à un moment donné, de compenser les soldes des différents


compte i.e. de les fusionner en un seul solde. On additionne tous les soldes et
le régime juridique sera sur l’élément final, mais jusqu’à ce moment, les soldes
fonctionnent indépendamment. Cette clause ne peut pas être mise en œuvre
lorsque le client fait l’objet d’une procédure collective car ce serait détourner la
procédure collective.

(ii). Ne doit pas être confondues la clause de compensation de solde et la clause


de fusion de compte qui stipule elle que les différents comptes ouverts ne
forment qu’un.
Les comptes collectifs  
(i). Le compte indivis

– Fonctionne sous le principe de l’indivision. Plusieurs personnes sont


titulaires du compte. S’applique le droit commun de l’indivision ; à savoir, le
fonctionnement à la majorité des 2/3 des parts indivises ou le fonctionnement
sur la base d’un mandat donné à l’un d’agir pour les autres. Le compte devient
normalement indivis entre les héritiers d’un de cujus. Chaque indivisaire est
responsable en cas de découvert mais seulement de manière conjointe. Cela
veut dire qu’il y aura solidarité à la dette que s’il y a stipulation en ce sens
et/ou s’ils sont commerçants (la qualité de commerçant fait présumer la
solidarité).

(ii). Le compte joint

–          Elle correspond en pratique à plusieurs cas : compte joint pour des
personnes mariées ou non-mariées, pacsées ou en concubinage. Ce peut être
pour des associés d’une societe qui n’a pas la personnalité morale ex. une
société en participation.

–          Chaque titulaire du compte est habilite à le faire fonctionner. Ensuite,


s’applique le principe de la solidarité des titulaires du compte. La solidarité est
autant active que passive. Active parce que chaque titulaire de tout ce qui
figure sur le compte. Passive parce que chaque titulaire est redevable de toutes
les dettes produites par le compte. La solidarité joue par principe. Toutefois,
cette solidarité ne vaut que dans la relation avec la banque et ne vaut pas à
l’égard des tiers. L’existence d’un compte joint ne fait pas que chaque titulaire
devient responsable solidairement envers les tiers. Ex. si l’un des titulaires
émet un cheque sur un cheque sur le compte joint, l’autre titulaire n’est pas
solidairement du paiement du cheque. Cela a des conséquences importantes
lorsque les tiers veulent opérer une saisie sur le solde du compte. Il faut partir
du principe que le créancier ne peut saisir des sommes que si celles-ci
appartiennent à son propre débiteur. Il ne peut pas saisir des sommes qui
figurent dans le patrimoine d’une autre personne que son débiteur. Il
n’empêche que bien que les sommes figurent sur le compte joint, le créancier
n’a pas le droit de saisir la somme qui n’appartient pas à son débiteur. Ex. A et
B ont un compte joint et C est créancier de A. C ne peut saisir les salaires de B
versés sur le compte joint. C’est la raison pour laquelle il faut connaitre
l’origine des biens pour que soit saisissable l’argent du débiteur. Lorsque la
saisie par le créancier dépasse la dette personnelle de son débiteur, l’autre
titulaire peut bloquer la saisie en prétendant que les sommes saisies lui
appartiennent.

–          Chaque co-titulaire est en droit de dénoncer le compte i.e. d’y mettre
fin à tout moment. La banque a l’obligation d’avertir le plus vite possible l’autre
co-titulaire.

III – La rémunération du compte 


Cette rémunération se confond avec la rémunération du crédit octroyé. La
rémunération comporte 2 volets, notamment les intérêts et les frais.

A.                Les intérêts du compte 

Les intérêts sont ceux calculés sur le solde provisoire du compte. Si le solde est
positif, il y aura des intérêts créditeurs. Si le solde est négatif, il y aura des
intérêts débiteurs.

(i). Les intérêts créditeurs

Pendant longtemps en France, la rémunération des soldes positifs était


interdite s’agissant des comptes courants. Toutefois, la France était isolée par
rapport à ses voisins EU. Or, dans le système EU de libre concurrences et de
non discrimination, les banques étrangères ont initié un contentieux contre la
France. La CJCE dans un arrêt du 5 oct. 2004 a condamnée la France en
l’obligeant à lever cette interdiction. Depuis cette date, la rémunération des
comptes courants est légale.

(ii). Les intérêts débiteurs

Ils découlent de l’existence d’un découvert. Ils sont donc liés à l’octroi d’un
crédit. S’appliquent ici toutes les règles de l’octroi d’un crédit. Concernant le
calcul de ces intérêts en matière de compte, c’est ce qu’on appelle les dates de
valeur qui sont les dates à partir desquelles les banques calculent les intérêts.
Ces dates n’étant pas forcement les mêmes que les dates réelles des opérations.
Ex. un cheque émis le 15 et encaissé le même jour peut avoir une date de
valeur sur le compte débité qui sera débité qui sera le 13 et sur le compte
crédité le 17. Les banques invoquent le délai de traitement et les sommes
qu’elles doivent avancer avant de créditer le compte (souvent la banque crédite
le compte avant même que le cheque n’ait été encaissé).

Les dates de valeur 

Ce sont les dates prises en compte par la banque pour calculer le point de
départ des intérêts. Par conséquent, la Jurisprudence et le législateur ont
essayé d’encadrer cette pratique. 2 choses à savoir :

–          L’ordonnance du 15 juillet 2009 complétée par la loi du 19 octobre


2009 a réglementé les dates de valeur en fonction du type d’opération
concernée selon que c’est un virement, un paiement par cheque, un dépôt… A
cet encadrement législatif, une décision de la Cass Ch com. 31 mai 2011,
beaucoup plus radicale, dit que « les dates de valeur sont interdites sauf pour
les remises de cheque à l’encaissement parce que, sauf les chèques, les dates
de valeur pratiquées par les banques sont dépourvues de cause ». L’arrêt
précise même que l’interdiction s’applique même si le client a accepté
tacitement cette pratique.

La loi dit ex. dans le cadre d’un virement, il ne peut y avoir un virement
dépassant une date de valeur dépassant un jour, mais selon la Cour de
Cassation, c’est carrément interdit. Dans un tel contentieux, on peut se placer
soit sur le terrain de la Jurisprudence ou sur le terrain législatif

B.                Les commissions et les frais bancaires 

Ce sont les frais qui viennent s’ajouter au taux d’intérêt proprement dit. Ces
frais ont pour cause des services que la banque rend à son client et qu’elle lui
fait payer ex. la tenue des comptes, les frais d’opposition, carte bancaire. Le
principe qui dominait jusqu’à présent, c’était la liberté de la banque d’arnaquer
son client i.e. fixer les frais qu’elle voulait sous couvert d’accord de volonté. Les
frais étaient cependant rarement transparents et le client n’était pas informé.
C’est pourquoi, depuis 2009, s’est mise en place une réglementation des frais
bancaires. Cette réglementation comporte plusieurs volets.

I        Les commissions

A.     La perception et la modification des commissions par la banque 

Le droit de percevoir les commissions repose sur le principe de liberté des


volontés. Elles sont normalement fixées librement au moment de l’ouverture du
compte, mais il faut que le client ait été informé et que son accord ait été
donné. Toutefois, au cours du fonctionnement du compte, le montant des
commissions peut être modifié, ou même, de nouvelles commissions peuvent
surgir mais tout cela va s’opérer selon les délais contractuels prévus. Toutefois,
la liberté des banques n’est pas souveraine car la pratique des commissions
bancaires est réglée par des textes législatifs.

L’article D. 321-6 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER prévoit la gratuité des


services bancaires de base. D’autres services doivent aussi être gratuite comme
le précise l’article L. 131-71 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER concernant
la délivrance de chéquiers et l’article L. 314-7 du CODE MONÉTAIRE ET
FINANCIER relatif à certaines obligations d’information ayant rapport sur les
services de paiement.

La loi peut plafonner de montant des commissions, comme le précise l’article


D. 131-25 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER concernant des frais
consécutifs à un incident de paiement ou des frais bancaires perçus par un tiré
suite au rejet d’un cheque, pour défaut ou insuffisance de provisions.
Normalement, en matière d’octroi de crédit, les commissions et autres frais liés
sont inclus dans le TEG. Néanmoins, la distinction doit toujours être faite entre
commission et intérêt

La tarification des services prévoit souvent que la banque pourra prélever


divers frais et commissions en cas de non-paiement du client. Le client doit
obligatoirement être informé, et ce dernier est estimé être au courant dès lors
que la réception de l’information n’a pas été contestée par le client dans un
délai raisonnable. Concernant les commissions sur impayé, il s’agit
essentiellement de « lettres d’information avant rejet de cheque », de
« commission de gestion » ou « de prédécision » ou simplement de « frais sur
impayés ». Ces commissions s’ajoutent aux sommes déjà prélevées au titre des
intérêts.

Depuis un jugement du 9 janvier 2006[1][1], il semble que les banques ne


disposent pas d’une liberté totale dans la stipulation des frais et commissions
dans les conventions avec leurs clients. Dans cet arrêt, les juges du fond
répondent que le caractère abusif peut se trouver dans le prix de telles
commissions. Selon eux, « le caractère abusif d’une clause doit être établi en
fonction de l’équilibre général des prestations réciproques, et une clause
prévoyant une pénalité trop forte par rapport aux services rendus par le
professionnel est en conséquence prohibée ».  Les juges vont plus loin dans cet
arrêt, notamment concernant l’obligation d’exécuter le contrat de bonne foi.
Ainsi, pour eux, l’obligation de bonne foi « interdit au contractant le plus
puissant d’abuser de sa situation de dominant économique, notamment en ne
prenant en considération que ces seuls intérêts. Il engage alors sa
responsabilité contractuelle et encourt la résiliation du contrat ou le devoir
d’indemniser son cocontractant, si par son comportement, il a nui à ce dernier
de manière injustifiée ».

Les frais les plus fréquents sont les suivants : frais de tenue de compte, mise à
disposition d’une carte bancaire, frais de retrait dans les distributeurs des
autres banques, frais pour paiement hors de la zone euro, frais de virement en
agence, frais d’envoi de chéquier, etc.

Ces frais doivent être prévus dans la convention de compte signée lors de
l’ouverture de votre compte.

Depuis juillet 2002, les banques doivent préciser par contrat à chacun de leurs
clients les tarifs et les conditions d’accès à tous les moyens de paiement : carte
bancaire, chèque, virement ou prélèvement automatique.
En cas d’incident sur le compte, la convention doit indiquer aussi la manière
de faire opposition, le montant des agios en situation de découvert et les
conséquences du rejet d’un chèque pour défaut de provision.

Des limites légales sont imposées depuis 2002 pour les frais afférents aux
chèques sans provision. Il est à noter que pour les chèques inferieurs à 50 €,
l’ensemble des frais ne peut dépasser 30 €. Depuis la loi du 5 mars 2007, le
montant des frais bancaires consécutifs à un incident de paiement autre que le
rejet d’un cheque est plafonné dans des conditions fixées par décret en fonction
de la nature et du montant de l’incident, sans excéder en tout état de cause ce
dernier montant.

Pour les incidents de paiement autres que le rejet d’un cheque, les frais
bancaires perçus par la banque du payeur « comprennent l’ensemble des
sommes facturées par la banque du payeur au titulaire du compte, quelles que
soient la dénomination et la justification de ces sommes, comme dispose
l’article D. 312-4 2. Ils ne peuvent excéder le montant de l’ordre de paiement
rejeté, dans la limite d’un plafond de 20 €.

Lorsque la banque décide de modifier ses conditions au cours du


fonctionnement du compte, elle doit prouver que le client ait consenti après
avoir été dument informé. Le silence du client dans un délai raisonnable vaut
consentement tacite au nouveau taux. Il est possible pour la banque, comme
c’est d’ailleurs le cas, d’insérer une clause dans la convention de compte
autorisant la banque à modifier les tarifs qu’elle pratique et ce, de façon
unilatérale à condition toutefois de notifier au client au préalable.

B.                Régime applicable aux commissions perçues sur les comptes de


dépôt. 

Concernant les comptes de dépôt à but non-professionnel des personnes


physiques, une procédure légalement encadrée a été mise en place par la loi
MURCEF du 11 décembre 2001 concernant la modification du tarif des
produits et services bancaires tel que fixé dans la convention d’ouverture du
compte.  Selon l’article L. 312-1-1-ii du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, le
client doit être informé par écrit du projet de modification ou de création de
commission 2 mois avant la date prévue. Si le client ne proteste pas, son
silence vaut acceptation tacite.

II. Les Intérêts 

Les intérêts peuvent soit être soit créditeurs ou débiteurs. Mais comme les
intérêts créditeurs sont ceux que la banque verse à ses clients dans le cadre
des dépôts qu’ils lui confient, ce sont les intérêts débiteurs qui sont réellement
considérés comme formant partie des frais bancaires.

Si le prélèvement des intérêts débiteurs par la banque est soumis à des


principes légaux notamment concernant le taux d’usure (A), les parties doivent
néanmoins manifester leur consentement à travers une convention (B).

A.     Les principes légaux et l’usure 

L’opération principalement concernée est le découvert en compte. C’est une


forme de crédit et le taux d’intérêt est déterminé librement au moment de
l’ouverture de compte. Toutefois le TEG ne doit pas dépasser un certain
plafond pour les particuliers et les associations à but non-lucratif. 
Normalement, toutes les commissions liées aux intérêts forment partie du TEG.
Est donc un complément d’intérêt la commission du plus fort découvert
(commission proportionnelle calculée sur la position débitrice la plus élevée
d’une période donnée). Mais les commissions rémunérant les services assurés
au client par l’intermédiaire du compte et qui sont indépendants du découvert
n’entrent pas dans le calcul du TEG.

Le taux d’intérêt peut être stipulé révisable mais le consentement du client est
requis ad validitatem à travers une convention.

B.     Le consentement exprimé à travers une convention 

L’article 1905 du CC dispose que les intérêts ne sont dus que lorsqu’ils ont été
stipulés. Le compte courant déroge toutefois à ce principe car il est de plein
droit productif d’intérêts. Il n’y a aucune forme n’est vraiment établie par la loi
pour la stipulation d’intérêts mais le mode de fixation du taux d’intérêt
débiteur doit respecter certaines règles. La banque est obligée d’informer le
client du taux d’intérêt qui lui sera appliqué. La jurisprudence exige aussi, sur
le fondement de l’article 1907 alinéa 2 du CC, que le taux d’intérêt doit être fixé
dans un écrit indiquant le TEG. A défaut d’écrit, l’emprunteur ne devra que les
intérêts qu’au taux légal. Cependant, le TEG peut aussi être donné en écrit
qu’à titre indicatif dans la convention d’ouverture de crédit mais il doit figurer
dans les relevés périodiques de compte. Ces relevés périodiques doivent
comprendre tous les frais et commissions entrant légalement dans le TEG.

Il n’est pas obligatoire que le taux d’intérêt soit indiqué dans la convention
d’ouverture du compte.  D’ailleurs, en matière de découvert, ce n’est pas
vraiment le cas. La jurisprudence a décide que l’écrit peut être remis au client
après la convention d’ouverture du compte, mais avant la perception d’agios.
Le taux d’intérêt n’est alors valable que pour le futur. Le silence du client vaut
acceptation.        ]

Section 3 – L’interruption et la clôture du compte

I – L’interruption du compte

Cela correspond à des évènements qui suspendent momentanément le


fonctionnement du compte.  2 évènements sont concernés :

A.                L’arrêté périodique de compte

C’est la position du compte à un moment donné. C’est le moment choisi par la


banque pour capitaliser les intérêts. Pour un compte de dépôt, c’est
généralement tous les ans alors que pour le compte courant, c’est tous les
trimestres.

B.                La saisie du compte

C’est le solde provisoire du compte qui est alors saisi par les créanciers du
client. Pour les comptes courant, la saisissabilité n’est admise que depuis
1973. Aujourd’hui, un régime uniforme a été mis en place pour la saisie de
tous types de comptes et ce régime est désormais réglé par la loi du 9 juillet
1991 qui est la loi sur les voies civiles d’exécution. 2 remarques :

(i)                 Il faut faire attention lors d’une saisie à ce que certaines sommes
soient bien appréhendables par les créanciers. 2 obstacles potentiels : D’abord
la question de l’origine des fonds qui alimentent le compte. Ensuite, certaines
sommes ne sont pas saisissables parce qu’elles n’appartiennent pas au
débiteur, ou encore des sommes à caractère alimentaire qui ne peuvent être
saisissables.

(ii)               Cette saisie s’opère généralement par la voie de la saisie


attribution. La saisie attribution ne peut être mise en œuvre que s’il existe un
titre exécutoire. En l’absence d’un titre exécutoire, ce n’est que la saisie
conservatoire qui peut être mise en œuvre. La saisie attribution fonctionne en 2
temps : D’abord elle rend les sommes saisies indisponible, en l’occurrence le
solde provisoire. En deuxième temps, il y a l’effet attributif qui entraine le
transfert des sommes dans le patrimoine du créancier saisissant.

II – La clôture du compte

Contrairement à l’interruption, la clôture correspond à un arrêt définitif du


fonctionnement du compte. Elle correspond à l’extinction du rapport
contractuel. Il ne faut pas confondre le compte clôturé avec le compte soldé.
Solder le compte veut dire retirer tous les actifs du compte. La clôture met un
terme au compte.

A.  Les causes de la clôture

En tant que contrat, le compte peut prendre fin selon les causes du droit
commun des contrats. L’échéance du terme, si terme il y a, ou encore, exercice
de la résiliation unilatérale si le contrat est à durée indéterminée. Lorsque le
compte est de dépôt, et qu’il est ouvert à un particulier, sa clôture obéit à des
règles particulières. C’est l’article L 312-1-1 du CODE MONÉTAIRE ET
FINANCIER qui régit la résiliation du compte de dépôt. Concernant le client, il
peut toujours résilier la convention de compte qu’elle soit à durée déterminée
ou indéterminée moyennant respect d’un préavis de maximum 30 jours. Au
delà de 12 mois de fonctionnement, la résiliation peut se faire sans frais. Du
cote de l’établissement de crédit, il ne peut résilier la convention que si elle est
à duree indéterminée et le préavis minimum est de 2 mois.

Concernant la mise en redressement du client titulaire du comte. S’agit-il d’une


cause de rupture du contrat ?

Traditionnellement, l’état de cessation de paiement du client parce qu’il ruinait


la confiance du banquier justifiait une rupture de la relation. C’était la solution
personnelle. Le contrat étant conclu intuitu personae, s’il ne représente plus la
confiance qu’il inspirait au départ, il est possible de rompre de contrat s’il est à
durée indéterminée ou, selon l’article 1304 CC qui est la résiliation judiciaire
pour un contrat à durée déterminée ou si c’était prévu dans le contrat.

C’est le droit de la procédure collective qui est venue inverser la solution.


Depuis la loi du 25 janvier 1985, en aucun cas, les difficultés du débiteur mis
en procédure collective, ne peuvent fonder une résiliation du contrat parce que
l’administrateur judicaire dispose du droit d’option. C’est à lui de décider s’il
poursuit ou non le contrat. Le sort du contrat échappe à la banque. Lorsque le
client fait l’objet d’une procédure collective, on fait un arrêté de compte, et le
solde qui se dégage en faveur de la banque correspond à une créance que la
banque doit déclarer à la procédure.

B.                Les effets de la clôture

La clôture du compte se traduit par 3 règles essentielles :

–          L’impossibilité d’effectuer de nouvelles opérations après la clôture

–          L’obligation pour la banque de payer les cheque semis avant la clôture
–          L’intangibilité du compte – Le principe est que le solde définitif est
intangible i.e. on ne peut pas le modifier une fois le compte clôturé. Cette règle
est fondée sur l’article 269 du code de Proc Civil. Pour appliquer la règle
d’intangibilité, il faut être sur et certain que les parties aient eu la volonte de
clore définitivement le compte. Cette règle souffre d’une exception : le
redressement du compte. Le compte est intangible mais il peut être redressé.
Le redressement correspond uniquement à la rectification d’erreurs matérielles
(omissions faites par la banque, représentation inexacte des articles du compte)
mais en aucun cas le redressement ne surgir en cas d’erreurs de droit qui
touchent le fond).

Titre 2 – La théorie des effets de compte

Les effets de commerce recouvrent différents instruments, notamment la lettre


de change, le billet à ordre, le bordereau Dailly auquel il faut ajouter le cheque,
même si celui-ci a une place à part.

Les effets de commerce des instruments de crédit et des instruments de


paiement. Dans tous les cas, ces instruments servent de mode de
rémunération entre commerçants / entreprises. Ils jouent le rôle d’une quasi
monnaie. Rippert et Robleau définissaient les effets de commerce comme des
titres négociables qui constatent l’existence au profit du porteur d’une créance
à court terme et qui servent à son paiement. De cette définition, on peut
dégager les principaux caractères des effets de commerce.

–          D’abord ce sont des titres i.e. des écrits qui constatent des créances. La
créance est incorporée dans le titre. Elle fait corps avec le titre.

–          Ils sont négociables i.e. ils circulent affranchis des formalités de la
cession de créance civile. Ils circulent par endossement i.e. par signature au
dos. La signature dans le dos est importante car elle rend garant solidaire au
titre.

–          L’inopposabilité aux exceptions. Cette règle ne se comprend que par


opposition au droit commun de la cession de créance. En droit commun, le
cédant ne peut pas transférer au cessionnaire plus de droit qu’il n’en a contre
le cédé.

Les effets de commerce fonctionnent sur le principe inverse. Le cessionnaire ne


pourra pas opposer au cédé les exceptions qu’il aurait pu opposer contre le
cédant. En vertu de l’effet de commerce et de son transfert et de son transfert,
le bénéficiaire va disposer contre le débiteur cédé d’un droit propre, d’un droit
autonome purgé de ses vices. Ce droit nouveau ne dépend pas des
caractéristiques de la créance de base qui a été transférée.

L’intérêt des effets de commerce, c’est qu’ils font office de monnaie entre les
entreprises. Ils permettent aux créances de circuler et d’être payées. La règle de
l’inopposabilité des exceptions contribue à la sécurité du paiement.

Chapitre 1 – La lettre de change 

Elle n’est plus vraiment utilisée par les banques. Toutefois, les règles du
mécanisme de la lettre de change s’appliquent aujourd’hui à d’autres
instruments de paiement.

Définition – On parle aussi de traites. La lettre de change est le titre par lequel
une personne – le tireur – donne ordre à une autre – le tiré – de payer à une
date déterminée une créance de somme d’argent à une troisième personne – le
bénéficiaire.

La créance qui existe entre le tireur et le tiré s’appelle la « provision ». La


créance existant entre le tireur et le bénéficiaire s’appelle la « valeur fournie ».

Hypothèse : Le tireur est généralement un vendeur de marchandises. Le tiré est


lui l’acheteur des marchandises. Dans ce genre d’opérations, l’acheteur dispose
d’un délai de paiement. Il ne paiera la marchandise qu’à terme. Dans ce cas, la
provision correspond tout simplement à la créance du prix de la vente. Ex. le
tireur qui inscrit sur une lettre de change le montant de sa créance qu’in
transfert à sa banque qui lui fournit un crédit. La banque est donc le
bénéficiaire de la lettre de change et pourra recouvrer la créance auprès du
débiteur tiré (cession d’escompte de la lettre de change).

La lettre de change fonctionne avec les rapports fondamentaux que sont la


provision et la valeur fournie. A ces rapports fondamentaux, viennent se greffer
des rapports cambiaires i.e. des rapports issus de la lettre de change elle-
même. Ces rapports cambiaires sont ex. les droits que le porteur va acquérir
contre le tiré ou encore le recours que le porteur peut avoir contre les
précédents signataires de la lettre de change. Cela signifie que pour le porteur
de la lettre de change, il pourra agir en paiement contre le tiré (débiteur), il
peut agir sur 2 terrains :

–          Sur le fondement du rapport fondamental i.e. de la provision qui lui a


été cédée

–          Sur le fondement de l’obligation cambiaire, qui est une obligation


autonome par rapport a la provision.
Rapports fondamentaux et rapports cambiaires sont indépendants les uns des
autres. Ex. si l’obligaiton cambiaire est prescrite, le porteur peut agir sur le
fondement de la provision. Si le porteur agit sur le fondement de l’obligation
cambiaire, le tiré ne pourra pas opposer les exceptions qu’il aurait pu opposer
sur le fondement de la provision.

Récapitulation : 

Rôle économique de la Lettre de Change : un instrument de crédit

Nature juridique de la lettre de change.

 —   Les rapports fondamentaux

o    Il y a celui qui lie le tireur et le tiré et pour lequel le premier est créancier
du second. Lors de l’émission de la LC, la dette entre le tireur et le tiré est
appelée provision.

o    De son côté, le tireur remet la Lettre de change au bénéficiaire parce que
celui-ci, en échange, lui en fournit la valeur : c’est la valeur fournie (dette du
tireur envers le bénéficiaire).

o    Enfin, à chaque endossement (transfert), l’endosseur remet la Lettre de


change au nouveau porteur en règlement d’une dette dont il est ou sera tenu à
son égard.

 —   Rapports cambiaires

 —   Relations entre les rapports

o    Indépendance de l’obligation cambiaire

o          Indépendance du rapport fondamental

L. 511-1 et s. du Code de commerce concerne la lettre de change.

Section 1 – Le rôle de la provision 

La provision est la créance que détient le tireur contre le tiré et cette créance
est la cause de la lettre de change. Sans cette créance, il n’y a rien à transférer.
Il y a des règles sur la provision aux arts L. 511-7 du Code de Commerce.

Trois règles en droit français : 


1. L’acceptation de la Lettre de change suppose la provision : tiré accepteur ne
peut plus refuser de payer en invoquant l’absence de provision.

2. Règle de l’inopposabilité des exceptions : tiré ne peut pas invoquer les


moyens de défense qu’il a contre le tireur, ni contre le précédent porteur.

3. Par l’acceptation, le tiré s’engage à payer le porteur (détient un droit direct).

I.                   Règles attachées à la provision 

A.                L’existence de la provision 

L’article L. 511-7 dispose qu’il y a provision si à l’échéance de la lettre de


change, celui sur qui elle est fournie (tiré) est redevable envers le tireur d’une
somme au moins égale au montant de la lettre de change. 

Selon l’article L. 511-7 al. 2 : « il y a provision si, à l’échéance de la LC, celui
sur qui elle est fournie est redevable au tireur, ou à celui pour le compte de qui
elle est tirée, d’une somme au moins égale au montant de la Lettre de change »

Le texte dispose que la provision existe à l’échéance, ce qui signifie que l’on
contrôle l’existence de la provision au moment de la création de la lettre de
change.

Si la provision n’est pas sensée exister avant la créance, la Jurisprudence


décide que c’est une créance éventuelle qui doit exister au jour de l’échéance.

La provision présente des caractères :

(i)     Elle doit être fournie par le tireur. Cela signifie que c’est le tireur qui doit
fournir au tiré les moyens de payer la lettre de change. Le tireur doit être le
créancier du tiré.

(ii)   Elle doit être d’un montant au moins égal au montant de la lettre de
change. On ne peut pas émettre une Lettre de Change d’un montant supérieur
de celui de la provision.

Pourquoi la provision ne doit-elle être constituée qu’à l’échéance de la lettre ?

Parce que la Lettre de Change est un instrument de crédit et pas un


instrument de paiement.  C’est toute la différence avec le cheque. En matière
de cheque, la provision doit exister dès que le cheque est émis.  Au moment de
l’octroi de la lettre de change, il peut qu’il n’y ait pas de provision. Le délai est
donc admis.

B – L’absence de provision 

Il y a absence de provision lorsqu’à l’échéance de la lettre, le tireur n’a pas


fourni au tiré les moyens de payer i.e. lorsque le tireur n’est pas créancier du
tiré. Ex. Le vendeur de marchandise n’a pas livré les marchandises à temps ou
les marchandises conformes. La provision n’est pas constituée. Cela étant, la
Lettre de Change demeure valable. Elle existe indépendamment de la provision.
Comme cette situation n’est pas normale, le droit en tire certaines
conséquences :

–          Certaines sanctions seront prises contre le tireur (c’est comme-ci il


avait émis une fausse monnaie ; un titre sans valeur)

–          L’absence de provision permet au tiré de ne pas accepter la lettre de


change. Une fois la Lettre de Change émise par le tireur, il y a un acte
d’acceptation de celle-ci formulée par le tiré envers le porteur. L’acceptation,
c’est l’engagement du tiré de payer la Lettre de Change au porteur et c’est cette
acceptation qui fait naitre cette fameuse obligation cambiaire.

II.                Garanties liées à la provision 

Ces garanties sont apportées par la provision si on arrive à les prouver.

A.  Preuve de la provision 

Concernant la charge de la preuve, celle-ci dépend de savoir si la lettre a été


acceptée par le tiré alors l’acceptation fait présumer la provision. 

En revanche, si la lettre n’a pas été acceptée, c’est à celui qui se prévaut de la
provision de la prouver. C’est le porteur qui va réclamer paiement. Il faudra
qu’il prouve que la provision existe. Quant aux modes de preuve de cette
provision, il s’agit de modes de preuves du droit commun.

B – Le transfert de la propriété de la provision 

La provision apporte des garanties au porteur parce qu’elle lui est transférée.
L’article L. 511-7 dispose que la propriété de la provision est transférée à tous
les porteurs successifs. Le fait d’émettre la Lettre de Change et de la transférer
transfère en même temps la créance de provision. On est en présence d’une
cession de créance. Chaque porteur de la lettre devient propriétaire de la
provision. Cela signifie que la créance quitte le patrimoine du tireur pour un
autre porteur. C’est le fait d’être titulaire de la provision qui offrira au porteur
une garantie de paiement.

Toutefois, la portée de cette garantie est relative. Avant l’échéance de la lettre,


les droits du porteur dépendent là encore, de l’acceptation de la lettre.

Hypothèse de la lettre qui a été émise mais qui n’a pas été acceptée par le tiré. :
– La provision a quand même été transférée au porteur. Ce dernier est le
titulaire exclusif de la provision. Mais, comme la lettre n’a pas été acceptée, la
créance de la provision reste disponible, ce qui signifie qu’entre temps, des
tiers ont pu saisir cette créance. Cela veut aussi dire que la créance reste
payable ; le tiré a pu la payer au tireur.

La créance a aussi pu s’éteindre par la compensation.

La créance a été transférée au porteur mais reste disponible.

Lorsque la traite a été acceptée, l’acceptation fait supposer la provision, mais


l’acceptation rend la provision indisponible. La provision est bloquée entre les
mains du porteur.

L’échéance de la lettre de change rend également la provision indisponible.

Section 2 – L’acceptation de la Lettre de Change 

Lorsque la lettre n’est pas acceptée, il n’y a pas création d’obligation cambiaire.
En revanche, pour le porteur qui s’est vu transférer la provision, il peut agir
sur ce fondement contre le tiré. Il peut réclamer le paiement sur le fondement
de la provision mais il est un créancier ordinaire mais pas cambiaire.

L’acceptation c’est l’acte par lequel le tiré s’engage à payer cambiairement le


porteur. Le tiré devient alors personnellement débiteur du porteur grâce à une
nouvelle obligation qui est l’obligation cambiaire.

La question se pose quand est-ce que le tiré accepte ou pas de payer.

L’article L. 511-15 où l’acceptation est obligatoire. Autrement dit, le porteur


demande l’acceptation et le tiré s’engage de payer. Ex. il y a eu vente de
marchandise et le vendeur a correctement exécuté ses obligations. La loi
dispose que si le vendeur a bien livré les marchandises à l’acheteur, ce dernier
est obligé d’accepter la Lettre de Change. En pratique, il peut quand même
refuser la lettre parce que l’acheteur va prétexter que la livraison de
marchandise n’a pas été correctement faite.
Si l’acheteur n’accepte pas la lettre, cela entraine la déchéance du terme
« créance de provision » qui existe entre acheteur et vendeur. Le refus
d’accepter la lettre entraine la déchéance du terme qui oblige le tiré au tireur.

Le régime de l’acceptation, Article L. 511-15 à L. 511-20.

I – La lettre de change acceptée 

Nature cambiaire de l’engagement 

Article L511-19 : «    Par l’acceptation, le tiré s’oblige à payer la lettre de change


à l’échéance.    A défaut de paiement, le porteur, même s’il est le tireur, a
contre l’accepteur une action directe résultant de la lettre de change pour tout
ce qui peut être exigé en vertu des articles L. 511-45 et L. 511-46 ».

L’acceptation fait naitre un engagement cambiaire entre le tiré et le porteur.


L’acceptation purge les exceptions. Cela veut dire que cette obligation qui nait
est toute neuve et elle n’est pas atteinte par tous les vices qui auraient pu
affecter la créance de base.

L’acceptation consolide les droits du porteur sur la provision à travers 2


règles :

–          L’acceptation fait présumer la provision. Le porteur n’a donc plus à


prouver la provision.

–          L’acceptation rend la provision indisponible a priori.

Survie des rapports fondamentaux. Le porteur peut se prévaloir du transfert de


la provision. Important quand porteur déchu de son recours cambiaire (ex.
action prescrite).

II – La lettre de change non-acceptée 

Elle entraine la déchéance du terme de la provision pas de la Lettre de Change


qui conserve elle sa propre échéance. La déchéance est prévue par l’article L.
511-5 Code commerce. Lorsque le tiré n’accepte pas la lettre de change, il
appartient au porteur d’accomplir un certain nombre de formalités pour
conserver ses droits. Le porteur doit dresser protêt, i.e. faire constater par
l’huissier le refus d’acceptation. Ce protêt est un acte issu de l’huissier qui
constate le refus d’acceptation. Cette formalité est obligatoire pour que le
porteur ne soit pas considéré comme négligeant et perde alors ses recours
cambiaires contre les précédents signataires de la lettre. 
Si le porteur ne fait pas dresser le protêt, il ne pourra plus agir que sur le
terrain de la provision car il perd ses recours cambiaires.

Section 3 – La circulation de la lettre de change 

La lettre de change circule, elle se transmet. Le procédé juridique permettant la


transmission est l’endossement i.e. l’endosseur signe le titre au dos et le
transfère à l’endossataire. L’endossement peut être translatif pu pignoratif.

I – L’effet translatif de l’endossement. Article L. 511-9 Code Commerce. 

L’endossement transmet tous les droits résultant de la lettre de change.


L’endossement opère transfert de la provision au porteur successif. Mais
comme la provision n’est sensée exister qu’à l’échéance, c’est donc un droit
éventuel qui est cédé avant l’échéance. L’endossement de la Lettre de change
transfère la provision bien que la provision n’existe pas encore. A cette
difficulté du droit éventuel s’ajoute le problème de la disponibilité de la
provision car quant la lettre n’est pas acceptée, la provision reste disponible et
l’on peut toujours transférer une créance susceptible d’être éteinte puisque
restée disponible.

II – L’obligation de garantie 

L’endossement a aussi pour effet d’entrainer la garantie solidaire de


l’endosseur. Chaque personne qui appose sa signature au dos s’engage à
garantir le porteur en cas de non paiement par le tiré. Le porteur qui n’est pas
payé par le tiré peut se retourner vers les endosseurs successifs. Néanmoins,
une clause de la Lettre de change peut dispenser de cette garantie mais le
tireur lui ne peut jamais s’exonérer de sa garantie.

III – L’inopposabilité des exceptions 

 C’est la règle qui permet au porteur de ne pas se voir opposer les exceptions
que le tiré aurait pu opposer au tireur. La Lettre de change fait naitre une
obligation nouvelle purgée des vices du rapport fondamental – Article L. 511-12
du Code Commerce. L’objectif de cette règle qui déroge au droit commun de la
cession de créance est d’assurer la sécurité du paiement de la traite.

En droit civil : application de la règle « nemo plus juris ad alium transferre


potest quam ipse habet… » : Nul ne peut transférer plus de droit qu’il n’en a
lui-même. Le cessionnaire ne peut pas acquérir plus de droit que n’en a le
cédant contre le cédé. Ce qu’on traduit par la possibilité du cédé d’opposer au
cessionnaire les exceptions qu’ils détenaient contre le cédant : principe
d’opposabilité des exceptions.
Schéma perturbé en droit cambiaire : naissance d’un nouveau rapport de droit
indépendant. D’où la règle inverse : tiré ne peut pas opposer au porteur les
exceptions qu’il aurait pu opposer au tireur ou aux porteurs antérieurs.

                                           

A.                Conditions tenant aux personnes 

Quant au débiteur, c’est selon l’article L. 511-12 « personnes actionnées en


vertu de la Lettre de change ». Seul le tiré actionné en vertu de la lettre de
change ne peut pas opposer les exceptions. Cela signifie que le débiteur doit
s’être engagé cambiairement i.e.  qu’il doit l’avoir accepté.

Quant au débiteur. article L. 511-12 : « personnes actionnées en vertu de la


Lettre de change ».

Quant au créancier. Il s’agit du porteur légitime de la traite. Il peut bénéficier


des exceptions.

1.                  Ne vaut que pour le porteur légitime de la traite

C’est celui qui s’est le mi remettre après endossement. En plus d’être porteur
légitime, il doit être un porteur de bonne foi.

2.                  Porteur de bonne foi.

Le porteur ne doit pas agir en ayant conscience de porter un préjudice au tiré


puisque cela serait synonyme de mauvaise foi. Il doit penser que son droit est
réel. Le porteur est souvent une banque à qui on a remis une lettre de change,
elle va agir contre le tiré pour se faire payer la Lettre de change mais si la
banque sait que le tiré n’a pas reçu de provision, elle est considérée comme
étant de mauvaise foi.

Art. L. 511-12 exclut du bénéfice de la règle le porteur qui a agit sciemment au


détriment du débiteur.

Sévérité accrue de la jurisprudence : les porteurs sont souvent des banquiers


escompteurs. Ainsi, la connaissance qu’une banque peut avoir de la situation
irrémédiablement compromise de son client tireur, qui empêchera celui-ci de
fournir la provision à l’échéance, peut parfois suffire à établir la preuve de la
conscience du dommage.

B.                Conditions tenant aux exceptions 


Seules les exceptions tenant au rapport fondamental ne peuvent pas être
opposées ex. nullité de la provision. Il existe toutefois des tempéraments cat
certaines exceptions sont toujours opposables. Il y en a 3 :

–          Les vices apparents du titre (vices de présentation car la Lettre de


change est un titre formel)

–          L’incapacité du débiteur

–          Le défaut de consentement du débiteur (imitation de la signature du


débiteur).

Exceptions opposables

Limites de l’inopposabilité des exceptions

Section 4 : Le paiement de la lettre de change 

La traite peut circuler jusqu’à son échéance et c’est à l’échéance que le


paiement peut avoir lieu (l’obligation devient alors exigible). Le paiement se fait
en 2 temps :

– D’abord la présentation au paiement qui est faite par le porteur auprès du


tiré

– Le paiement lui-même.

Quant au paiement de la lettre le droit garantie 2 choses : La certitude et la


ponctualité.

I.                   Règles assurant la certitude du paiement 

Cette certitude est apportée par des garanties légales qui sont le transfert de la
provision et la garantie solidaire de tous les signataires qui sont les garanties
légales. A ces garanties légales, peuvent s’ajouter une garantie conventionnelle
i.e. garantie prise d’un commun. Il s’agit de l’aval.

La garantie des signataires signifie que le porteur impayé peut se retourner


contre les précédents signataires de la lettre pour obtenir paiement. 

La garantie est une obligation de la dette mais elle ne se confond pas avec la
contribution à la dette. L’obligation à la dette est l’obligation de payer les
créanciers lorsqu’on est appelé à payer. Cette garantie n’est rien d’autre que de
la solidarité passive.

A.                Obligations du porteur 

Pour bénéficier des recours, le porteur doit respecter une certaine procédure
légale

(i)                 Il doit effectuer la présentation au paiement.

(ii)               Il doit, en cas de refus de paiement, dresser protêt i.e. faire établir
par acte d’huissier le refus du tiré de payer

(iii)             Le porteur doit émettre un avis de défaut de paiement. Il doit


prévenir les précédents endosseurs parce que si le tiré ne paie pas, les autres
porteurs antérieurs devront payer.

Si le porteur respecte la procédure légale, il bénéficie des recours légaux.

B.                Exercice des recours 

Ces recours peuvent être exercés contre les signataires sans qu’il y ait d’ordre
particulier à respecter. Le recours se fait d’abord à l’amiable (on demande au
garant / endosseur de payer). Parfois, ces recours pourraient mis en œuvre
avant l’échéance de la lettre ex. lorsqu’il y a eu un défaut d’acceptation de la
lettre. Si le recours amiable ne marche pas, il y a les voies d’exécutions.

N.B : Les actions en exécution forcée sont inscrites dans des délais de
prescription plus courts que ceux du droit commun. Lorsque le porteur se
prévaut de l’obligation cambiaire de l’obligation de paiement, les délais de
prescription sont plus courts que ceux du droit commun (1 à 3 ans).

II. Règles tendant à assurer la ponctualité du paiement 

Plusieurs règles visent à obtenir un paiement à l’échéance prévu. Cela préserve


à la fois les intérêts du créancier et du débiteur. Les débiteurs cambiaires sont
protégés par 2 types de règles :

–          Le créancier est obligé de dresser protêt

–          Les délais de prescription abrégés.

Au delà des délais, le débiteur ne peut être poursuivi en paiement.


Du coté du créanciers cambiaire, donc porteur, il bénéficie d’une rigueur
procédurale à savoir l’interdiction de tout délai de grâce en matière de lettre de
change et aussi des procédures de recouvrement spéciales par le biais
d’injonctions de payer.

Chapitre 2 : Les effets dérivés 

Section 1 : Les effets classiques (ne seront pas traités en cours) 

I. Le billet à ordre 

Le billet à ordre est un titre par lequel une personne (le souscripteur) s’engage
à payer ) une époque déterminée, une somme d’argent à un bénéficiaire. La
1ère différence avec la lettre de change, c’est que le billet à ordre est émis par le
débiteur (doc où il s’engage à payer son créancier). C’est entre deux personnes
et non plus trois.

Le billet à ordre est civil ou commercial selon la nature de la créance qu’il


constate. Le billet à ordre est un instrument de paiement et un instrument de
crédit. Le billet à ordre n’est pas par la forme contrairement à la lettre de
change. Ces mentions sont les mêmes que pour la lettre de change.

_______________________

Il n’y a que deux personnes concernées : le tireur est en réalité le tiré.

Contexte ?

Ex. : X emprunte à Y, contrat purement négocié verbalement (= formalisme)


(ex. : domaine de la bourse, des diamants) -> pas d’échange de papiers.

Si on ment, on est exclu de la profession -> on ne peut pas revenir sur sa


parole.  On peut quand même faire un petit papier = reconnaissance de dette -
> X et Y signent (acte sous seing privé).  Sur cette reconnaissance, il y a des
effets juridiques.

Si on a un prêt plus important, on va devant notaire pour rédiger un billet à


ordre à signer par l’emprunteur.  Le billet à ordre offre plus de garantie de
remboursement à la bonne échéance.  Aucune excuse n’est recevable.  Le billet
à ordre a le même effet que la lettre de change -> on peut aller chez le banquier
pour recevoir l’argent tout de suite.

Les effets sont des effets de la commercialité par la forme (= force


contraignante).
 

II. Le warrant 

A.   Les warrants avec dépossession

Effet de commerce garantis par un gage portant sur des marchandises


déposées dans un magasin général. Ordonnance du 06.08.45 : les marchands,
obligataire du gage, sont déposées dans un magasin général qui va délivrer au
déposant un titre : « un récépissé Warrant ». Ce titre ne constitue pas un effet
de commerce : il représente uniquement les marchands déposés. Le titre est en
2 parties qui peuvent être séparées : le RECEPISSE (donne droit à récupérer
les marchandises et = pas un effet de commerce) et le WARRANT qui est un
Billet à Ordre.

a. Statut juridique : L’émission.  

    1. Conditions de forme.

=> 2 catégories de mentions obligatoire :

* celles qui doivent figurer au recto du tire : nom, profession, domicile du


déposant, nature et valeur des marchandises.

    * au verso : dénomination du warrant, montant de créance garanti, date


déchéance, démission du titre, signature du débiteur.

=> sil en manque : titre est nul tant que le warrant mais dégénère en Billet à
Ordre de droit commun.

                         2. Conditions de fond.  

=> idem # autres Effets de commerce + conditions particulières :

    * seuls les industriels, commerçants, agriculteurs et artisans peuvent


utiliser le système.

    * warrants doit porter sur des matières premières, marchandises, denrées
ou produits fabriqués, que sur des stocks et non sur du matériel.

=> faut une dépossession effective (dépôt au magasin).


=> Caractéristique : leffet nest vraiment émis qu’après que le titre du warrant
ait réaliser un 1er Endossement : dans le Billet à Ordre, lémission se fait à la
souscription. 1er Endossement est crée en même temps un nantissement au
profit de la personne désignée dans lendossement. Le bénéficiaire doit le faire
transcrire sur les registres du magasin général.

                         b. Transmission.

=> par Endossement (2e puisque le 1er créé leffet). Le droit commun des effets
sapplique => peut être à titre translatif ou par procuration (pas pignoratif). Il
résulte dune simple signature sur le tire => béneficiaire peut transcrire cet
Endossement sur les registres du magasin.

=> Effet : même que ceux des Effets de commerce (inopposabilité des
exceptions et solidarité).

                         c. Le paiement.

=> propriétaire du récépissé (propriétaire des marchandises gagées) doit


effectuer le paiement du titre à léchéance.

=> Pas de délai de grâce, mais à la différence des autres Effets de commerce, le
paiement du warrant peut faut avant léchéance. Il doit être fait au porteur
légitime (après vérification de la chaîne des Endossements) Si le propriétaire du
récépissé refuse de payer à échéance, le propriétaire du warrant peut faire
dresser le protêt => lui permet après 8 jours dobtenir la vente forcé des
marchandises (réalisation du gage)

=> Originalité : le gage doit être réalisé avant lexercice des recours cambiaires
c’est à dire avant dexercer les recours contre les autres signataires (qui nont
qu’un rôle subsidiaire).

B. Warrant sans dépossession 

–       Warrant hôtelier (L1913) il permet à lexploitant dun hôtel dobtenir du


crédit en gageant le mobilier et matos nécessaire à lexploitation.

–       Warrant industriel (L1940) : permet de mette en gage les produits


fabriqués par lindustriel => faut une lettre dagrément délivré par le ministre de
léconomie
–       Warrant pétrolier (L1932) : une importation de pétrole peut constituer un
gage sans dépossession sur ses stocks (le plus souvent).

 Section 2 – Les effets nouveaux 

Il y a 2 types d’instruments : La lettre de change relevée et le bordereau de


cession de créance professionnel.

Sous-section I –  La lettre de change relevée 

Elle a été créée pour pallier les inconvénients de la Lettre de change papier
classique car cette dernière, trop formaliste, était inadaptée à une circulation
rapide des opérations bancaires, d’où l’idée de créer une Lettre de change
relevée. Cela signifie 2 choses  car il y a 2 types de Lettre de change relevée. Il y
a la Lettre de change relevée papier qui ressemble à une Lettre de change
papier mais son recouvrement de manière électronique. Il y a ensuite la Lettre
de change relevée magnétique qui est comme une Lettre de change sauf qu’elle
n’a pas pour support le papier. Ça ne passe que par voie informatique. En
somme, cette opération n’emprunte aucune règle des effets de commerce, et
donc aucune règle de la Lettre de Change. C’est une traite mais virtuelle. Le
débiteur peut toujours opposer des exceptions.

I.        La Lettre de change relevée papier 

– Respect des mentions obligatoires de la Lettre de change classique.

Informations complémentaires : 

–     coordonnées bancaires du tiré ; 

–     domiciliation bancaire du tireur. 

– Le tireur remet à son banquier la Lettre de change Relevée par voie


d’endossement dix jours avant l’échéance. Le banquier reporte les infos sur
une bande magnétique. Ensuite, infos transférées à l’ordinateur de la Banque
De France pour être répercutées sur le banquier tiré. Ce dernier paye avec
l’accord du tiré (son client). Paiement s’opère sans présentation du papier, de
banque à banque par voie de compensation.

Observations. Une fois remise au banquier, la Lettre de change Relevée ne


circule plus (banque garde le papier).

Résultat médiocre car le papier demeure nécessaire.


II. La lettre de change relevée magnétique 

Absence totale ici de support papier

N’est pas un effet de commerce.

Sous-section 2 : Le bordereau de cession des créances professionnelles 

C’est un nouvel instrument pratiqué par les établissements bancaires. Institué


par la loi du 2 janvier 1981 dite loi « Dailly » pour faciliter le crédit aux
entreprises. Régime précisé par un décret du 9 septembre 1981.

Motivations 

Cet instrument a été créé pour faciliter l’escompte des effets de commerce. Avec
la LC, l’escompte était trop lourd formellement, trop couteux aussi et in
nécessitait de créer une Lettre de change de par créance. L’escompte de la
Lettre de change nécessite de créer un instrument par créance. On ne peut
mobiliser un ensemble de créances. Le bordereau Dailly fournit les garanties de
paiement plus simples que la Lettre de change tout en restant relativement
efficace. Le bordereau Dailly se présente comme une forme de Lettre de change
allégée. Il conserve le support papier comme base de l’opération. Il existe 2
types de cession par bordereau Dailly. Il y a d’abord la cession escompte et
ensuite la cession en propriété à titre de garantie.

(i)                 Cession-escompte. La cession escompte est «l’opération par


laquelle le banquier « achète » la créance du cédant, son client, en créditant
son compte du montant de ladite créance, diminuée de celui des agios perçus ».
Le montant du crédit correspond alors au montant des créances déduction
faite de la rémunération du banquier. Le banquier devient alors propriétaire
des créances et se rembourse en agissant contre le débiteur cédé. Dans ce
schéma, celui qui a cédé des créances à la banque n’a plus rien à rembourser à
la banque. Le remboursement se fera par le débiteur cédé.

(ii)               Cession en propriété à titre de garantie 

Ici, la banque octroi un crédit à son client et, en garantie du remboursement de


son crédit, demande au client de lui transférer la propriété des créances  de ce
dernier. Il y a 2 conséquences :

– Il n’y a pas vraiment de correspondance entre le montant de crédit et le


montant des créances ex. le client peut obtenir un crédit de 5000 €  et la
banque demande au client de garantir le crédit avec une créance qu’il a de
2000 €.
– Le cédant, en transférant les créances au banquier, n’est pas libéré. Il doit
toujours rembourser le crédit que lui a fait la banque et s’il ne rembourse pas
le prêt, la banque se servira des créances pour se faire rembourser par le
débiteur cédé. En revanche, si le cédant rembourse tout son crédit, la banque
restitue les créances. (C’est un gage portant sur les créances).

I. Création du bordereau Dailly 

Sa création obéit à des conditions qui seront analysées dans la forme et dans le
fond.

A.                Conditions de fond 

(i)                 Caractère des créances 

Caractère professionnel (CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, article L. 313-23) 

Indifférence des autres qualités 

Opération de crédit 

 Des créances objet de la cession Dailly doivent avoir un caractère


professionnel. Elles doivent être nées à l’occasion d’une activité professionnelle.
Elle doit lier des entreprises. Toutefois, cette qualité de professionnelle des
parties à la créance n’est vérifiée que pour les personnes physiques. La qualité
professionnelle est présumée pour les personnes morales.

Les créances n’ont pas besoin de présenter des qualités spécifiques. Cela
signifie que peuvent être cédées aussi bien des créances exigibles que des
créances à terme ou sous condition ou encore des créances qui ne sont pas
liquides, l’essentiel étant qu’on puisse les identifier avec une certaine précision
dans leur objet et quant aux parties qu’elles conservent. Même des créances
futures (virtuelles) peuvent être cédées par bordereau Dailly. C’est à la banque
ensuite de juger de la pertinence de ces créances futures c’est-à-dire des
garanties qu’elles pourront procurer.

Autre avantage du bordereau Dailly, c’est qu’il permet de céder un ensemble de


créances en une fois, là où la Lettre de change n’impose de céder que les
créances une par une.

Il faut que la cession soit liée à une opération de crédit. La cession doit avoir
pour cause un crédit octroyé au cédant par la banque.
(ii)               Qualité des bénéficiaires 

Le bénéficiaire de la cession Dailly ne peut être qu’un établissement de crédit.


Cet instrument n’est prévu que pour les relations des entreprises avec leur
banque.

B.                Conditions de forme 

La sécurité du bordereau réside dans son formalise.

Art. L. 313-23 al. 3 énonce des mentions obligatoires devant figurer sur le
bordereau.

La date du bordereau est très importante car c’est cette date qui réalise le
transfert et le rend opposable aux tiers. Autrement dit, pas de date, pas de
transfert. L’apposition de la date est une mention importante avec des effets
juridiques importants. Ce formalise est présent tout en étant un peu plus
souple que pour les effets de commerce classique.

Cass. com., 7 juin 2006 : désignation du débiteur cédé n’est pas une mention
obligatoire du bordereau, mais seulement un moyen alternatif pour les parties
d’effectuer l’identification des créances cédées. 

II. Effets du bordereau Dailly 

A.                Le transfert des créances 

Ce transfert des créances se produit au profit des bénéficiaires (cessionnaires)


(i) et aux tiers (ii).

(i)                 Au regard du bénéficiaire 

Art. L. 313-24 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER : « Même lorsqu’elle est


effectuée à titre de garantie et sans stipulation d’un prix, la cession des
créances transfère au cessionnaire la propriété de la créance cédée ».

Le transfert se fait à la date apposée sur le bordereau, selon l’article L. 313-27


CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER. Le transfert se fait de la propriété des
créances et ce, quelque soit le type de cession. Dans les 2 types de cession, la
banque devient propriétaire des créances.

C’est la date du bordereau qui le rend opposable aux tiers. Le problème de


l’opposabilité surgit lorsque plusieurs personnes prétendent avoir des droits
concurrents sur ces mêmes créances. Plusieurs personnes revendiquent la
propriété des créances qui ont été transférées.

Celui qui l’emporte est celui dont la date sur le bordereau est la plus ancienne
mais il est possible que l’un des cessionnaires ait notifié la cession au débiteur
pour l’informer que celui-ci doit lui payer à elle. Cette notification oblige le
débiteur à payer l’auteur de la notification. Donc, c’est le cessionnaire qui a
notifié avant les autres qui l’emporte. S’il y a eu plusieurs notifications, on se
réfère à la plus ancienne.

Si le débiteur paie le cédant alors que la banque l’a notifié. Il arrive souvent
que le cédant encaisse le prix en tant que mandataire de la banque.

Le problème se pose aussi entre le porteur d’un bordereau Dailly et le porteur


d’une lettre de change ?

Théoriquement c’est le cessionnaire du bordereau qui doit l’emporter si la date


de celui-ci est antérieure à la date de la Lettre de change parce qu’avant
l’échéance de la LC, la provision est disponible, donc un autre peut s’en servir
dont un cessionnaire de bordereau Daily. Il faut combiner cela avec l’acte
d’acceptation de la Lettre de change qui rend la provision indisponible.

Si la lettre n’a pas été acceptée par le tiré, le conflit se résout en comparant la
date d’échéance de la Lettre de change et la date du bordereau Dailly. Si la date
du bordereau Dailly est antérieure, il l’emporte. Si le porteur de la Lettre de
change a accepté la provision, cette provision devient indisponible.

(ii)               Au regard des tiers 

Conflits entre cessionnaires successifs. Le premier cessionnaire qui a apposé


une date sur le bordereau l’emporte. Prior tempore, potior jure.

Mais parfois, le transfert a été notifié au cédé. Dans ce cas, le cédé doit payer à
la banque auteure de la notification, ou à celle (quand plusieurs notifications)
qui est l’auteur de la plus ancienne.

Conflit avec le porteur d’une lettre de change 

–     – Si le débiteur a accepté une lettre de change

–                                                                                                                 
                                                                         – En l’absence d’acceptation
Si la Lettre de change a été accepté par le tiré, elle vaut engagement du tiré à
payer la Lettre de change au porteur, c’est un engagement nouveau. On peut
considérer que le cédé qui a accepté de payer la Lettre de change même après
la cession Dailly, doit payer le porteur. Le cédé n’est pas au courant du
bordereau Dailly, il serait injuste de faire payer au cédé 2 fois. L’acceptation
prime même si elle date postérieurement au bordereau Dailly.

Conflit avec un créancier saisissant 

Conflit avec le bénéficiaire d’une réserve de propriété 

B.                Le recouvrement des créances 

Le recouvrement peut se faire par 2 personnes 

(i)                 la banque cessionnaire

Le recouvrement peut se faire par 2 personnes, la banque cessionnaire, pour


s’assurer de ses droits, peut notifier sa cession au cédé – Article L. 313-28.
Cette notification interdit au cédé de se libérer entre les mains d’un tiers.

La banque peut confier le recouvrement de la créance au cédant lui-même et


dispense à la banque d’opérer une notification.

Se pose la question des moyens de défense du débiteur cédé.

Le principe est que c’est le droit commun qui s’applique i.e. l’opposabilité des
exceptions. Le cédé peut opposer des exceptions. Cette solution est cependant
renversé lorsque le cédé s’est engagé envers le cessionnaire par un acte
d’acceptation qui est un engagement formaliste du cédé envers le cessionnaire.
Il est possible lorsque le cessionnaire est de mauvaise foi même si l’on accepte
de payer le bordereau mais que la banque est de mauvaise foi i.e. qu’elle a
conscience que la créance qu’elle réclame n’est pas valable, il y a la possibilité
d’opposer les exceptions.

(LIRE CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER) 

Le cessionnaire Dailly qui ne serait pas payé par le cédé, peut-il se retourner
contre le cédant ?

Non parce que l’article 1694 CC dispose que le cédant garantit l’existence de la
créance cédée n’est pas la solvabilité du débiteur cédé. Selon l’article L. 311-24,
le cédant est garant du paiement de la créance cédée.
Recouvrement par l’Et de crédit 

Recouvrement par un tiers 

Moyens de défense du cédé. Hocquet-De Lajartre, « La protection des droits du


débiteur cédé dans la cession Dailly », RTD com. 1996, 211.

« Acte d’acceptation » 

Recour du porteur : droit commun un peu spécial 

Titre III : Les instruments de paiement 

Selon l’article L. 311-3 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, les instruments


de paiement sont ceux qui permettent à toute personne de transférer des
fonds, quel que soit le support ou le procédé technique utilisé. Ils utilisent la
monnaie scripturale. Ces instruments sont envisagés par le CODE
MONÉTAIRE ET FINANCIER dans son le Titre III du Livre Premier. Le code
parle des instruments de monnaie scripturale. Ce titre III distingue clairement
cheque d’un coté et les autres paiements de l’autre. Le cheque est un
instrument de paiement traditionnel qui n’a pas été reformé par les derniers
textes venus modifier le régime des instruments de paiement. Une ordonnance
de 2009 a justement modifié les services de paiement et qu’à cette occasion, les
règles sur les instruments de paiement ont été aussi retouchées mais le cheque
est resté indemne de ces modifications. Le cheque est un support papier
formaliste qui permet de payer des créances. Comme le cheque utilise toujours
les papiers, les banques se plaignent de son cout de traitement car supérieur à
d’autres procédés. La question revient de temps en temps sur le fait de faire du
cheque un instrument payant mais pour le moment, c’est un instrument
gratuit.

Réforme des services de paiement. L’ordonnance du 15 juillet 2009, relative à


la fourniture de services de paiement, a transposé une directive européenne du
13 janvier 2007. 

            Les services de paiement, définis à l’article L. 314-1 du CODE


MONÉTAIRE ET FINANCIER, sont utilisés par effectuer des opérations de
paiement. Selon l’article L. 133-3 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, « une
opération de paiement est une action consistant à verser, transférer ou retirer
des fonds, indépendamment de toute obligation sous-jacente entre le payeur et
le bénéficiaire, ordonnée par le payeur ou le bénéficiaire ».
Instruments de paiement. Ils font l’objet du titre 3 du livre 1er du Code
monétaire et fin. : « Les instruments de la monnaie scripturale » (sauf le
chapitre 2 traitant de la Lettre de change et du billet à ordre).

De la nouvelle architecture du Code, il résulte une distinction nette entre le


chèque (chapitre 1) et les autres instruments de paiement (chapitre 2).

Chapitre 1 : Le chèque bancaire 

Définition du chèque. Un écrit par lequel une personne, le tireur, donne l’ordre
à un Etablissement de crédit ou une personne autorisée, le tiré, de payer à vue
une certaine somme à un bénéficiaire. Dans sa structure, le cheque ressemble
à la Lettre de Change. Le cheque est un instrument de paiement et non de
crédit i.e. il sert au paiement de créances immédiatement exigibles d’où la règle
selon laquelle la provision doit exister dès la création du cheque. Le tiré ne
peut être qu’un établissement de crédit. Il n’y a pas d’acceptation en matière de
cheque.

Portrait 

Statut du chèque. Il a été créé par une loi du 14 juin 1865 qui n’avait qu’un
objectif fiscal. Trois conventions de Genève du 19 mars 1931 ont déterminé le
régime juridique du chèque. Transposition opérée par le décret-loi du 30 oct.
1935 qui est encore considéré comme le texte de base. Réformes récentes ont
eu pour but de lutter contre les chèques sans provision : lois du 3 janv. 1972,
3 janv. 1975, 30 déc. 1991 et 15 mai 2001.

Dernièrement, le législateur s’est préoccupé de protéger la personne du tireur


qui émet des chèques sans provision, notamment par la suppression des
pénalités libératoires qui étaient infligées à ceux qui tiraient des chèques sans
provision à travers la loi Lagarde.

Section 1 : Création du chèque 

Certaines conditions doivent être remplies pour pouvoir émettre un cheque.

Conditions préalables d’émission du chèque.  

1. Droit d’émettre un chèque : 

–     suppose la capacité du tireur de l’émettre (capacité civile)

–     Ne doit pas être frappé d’une interdiction bancaire du fait qu’il a déjà émis
des chèques sans provision.
– Il faut que cette personne se soit vu remettre des formules de chèques par sa
banque. Or, il n’existe pas pour le client de droit à se voir accorder des
chéquiers. La remise de chèques ne fait pas partie des services bancaires de
base auxquels a droit tout client. Une banque a le droit de refuser d’octroyer
des formules de chèques à condition de motiver son refus – Article L. 63-71.

Ces conditions remplies, le tireur peut émettre des chèques.

2. Délivrance d’un chéquier.  

I. Mentions à apposer sur le chèque 

Le cheque, étant un titre formaliste, les mentions légales doivent être


respectées. Ces mentions sont posées à l’article L. 131-2 CODE MONÉTAIRE
ET FINANCIER. Il existe des mentions légales et des mentions facultatives.

A. Mentions obligatoires 

CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, article L. 131-2

–     dénomination « chèque » ;

–     mandat pur et simple de payer une somme déterminée généralement


indiquée en chiffres et en lettres (la seule mention en chiffres suffit
théoriquement) ;

–     le nom du tiré : succursale de la B ;

–     le lieu du paiement ;

–     le nom et l’adresse du tireur et le numéro de son compte ;

–     le lieu et la date du tirage ;

–     la signature manuscrite du tireur.

Si l’une de ces mentions fait défaut, le titre perd sa qualification de cheque.     

B. Mentions facultatives 

L’une d’elles, théoriquement facultative, est devenue la règle : formalité du


barrement du chèque (prévue par les arts. L. 131-44 et 131-46 du CODE
MONÉTAIRE ET FINANCIER).  Le barrement signifie que le cheque ne pourra
être payé par la banque tirée à un autre établissement bancaire. C’est un
dispositif visant à lutter contre le vol des chèques et la fraude fiscale. (Le
barrement c’est 2 lignes parallèles sur le recto du cheque).

Désignation du bénéficiaire du chèque (CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER,


article L. 131-6). Elle est facultative contrairement à la LC.

Chèque peut être nominatif ou au porteur.

Selon article L. 131-6, « Le chèque peut être stipulé payable :

   – à une personne dénommée, avec ou sans clause expresse « à ordre » : on
parle de chèque nominatif ;

   – à une personne dénommée, avec la clause « non à ordre » ou une clause
équivalente ;
   – au porteur : c’est le cas si pas d’indication du bénéficiaire »

La différence c’est que le cheque nominatif se transmet par endossement alors


que le cheque au porteur se transmet par tradition.

Autre clause facultative, c’est la clause qui interdit l’endossement (la clause de
non-endossement), sauf au profit d’un établissement bancaire. Autrement dit,
le bénéficiaire du cheque peut endosser le titre seulement au profit d’un
établissement bancaire et non au profit d’une autre personne.

Chèque de retrait 

Clause interdisant l’endossement est presque toujours apposée par les


établissements qui délivrent des chèques. Selon article L. 131-71, sauf
demande contraire du tireur, les formules de chèques sont stipulées non
transmissibles par endossement, sauf au profit d’un établissement de crédit ou
d’un établissement assimilé. article L. 131-71 : « Il peut être délivré des
formules de chèques barrées d’avance et rendues, par une mention expresse
du banquier, non transmissibles par voie d’endossement, sauf au profit d’un
établissement de crédit ou d’un établissement assimilé ».

Type particulier : le chèque certifié : provision reste bloquée sous la


responsabilité du tiré, au profit du porteur jusqu’à l’expiration du délai de
présentation qui est de huit jours.

2 autres garanties peuvent exister : L’aval et le cheque certifié (cheque de


banque). Le cheque de banque a la particularité de bloquer la provision au
profit du porteur pendant un délai de 8 jours.
II. Conditions de fond 

A. Qualités respectives du tireur et du tiré 

Qualité du tiré : il ne peut être qu’un établissement de crédit ou assimilé


(trésor public, caisse des dépôts et consignations, BDF).

Qualité du tireur : Il faut vérifier qu’il réunit les conditions préalables pour
émettre un cheque. Mais il faut en plus vérifier le consentement du tireur à
l’émission d’un cheque car le cheque est un acte juridique. Le tireur manifeste
son consentement en signant le cheque. En pratique, la signature du tireur
pose des difficultés quand elle est contrefaite (fausse)

Contentieux : fausse signature. CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, article L.


131-38: « Celui qui paie un chèque sans opposition est présumé valablement
libéré ».

La banque est présumée libérée dès qu’elle paie le cheque mais cette règle ne
vaut plus dès lors que la signature du tireur est fausse, car elle n’a pas reçu
l’ordre de payer. La banque doit re-créditer le compte de son client. La banque
peut se retourner contre l’escroc en répétition de l’indu.

La banque, très souvent, va rechercher l’existence d’une faute de la part du


client pour ne pas créditer son compte. Elle cherche la responsabilité de son
client pour diminuer son obligation. La banque dira ex. que le cheque a été
contrefait parce que le client n’a pas surveillé correctement, ou encore que le
client ne vérifie pas ses comptes régulièrement et s’en est aperçu que trop
tardivement. La banque cherche la négligence du client pour se prévaloir d’un
préjudice et ainsi diminuer le remboursement.

B. La cause de l’engagement des parties 

La cause réside dans les 2 créances qui préexistent dans l’émission du cheque.
Ces créances sont d’une part la valeur fournie qui justifie que le tireur remette
un cheque au bénéficiaire parce qu’il lui doit une certaine somme d’argent.
Cette dette c’est la valeur fournie. C’est la première cause, celle qui engage le
tireur.

L’autre créance c’est la provision qui est la créance dont dispose le tireur à
l’encontre de la banque tirée. C’est cette provision qui est extrêmement
importante pour déterminer le régime du paiement du cheque.
A la différence de la LC, la provision doit exister ici dès l’émission du titre. La
provision doit avoir un caractère préalable i.e. dès que le tireur émet le cheque,
la provision doit exister avant même que le cheque ne soit payé. Toutefois, en
réalité, on ne vérifiera que la provision existe seulement lorsque le cheque sera
présenté au paiement. Donc, c’est un caractère préalable qu’il faut relativiser.
C’est naturellement au tireur de fournir la provision i.e. de fournir à la banque
tirée des moyens de payer le cheque. De manière extrêmement classique, la
provision existe lorsque le solde du tireur est positif et suffisamment garni pour
payer le montant de la provision. Mais la provision peut également exister à la
suite d’un crédit offert par la banque à son client notamment par une
autorisation de découvert obligeant la banque à honorer le cheque bien que le
cheque soit négatif. La difficulté se présente lorsqu’existe des facilites de caisse,
ces tolérances informelles que le solde du client soit négatif, ce qui pose le
problème de l’obligation de la banque de payer des chèques qui dépassent la
tolérance qu’elle accorde. La créance de provision pour exister, doit être
certaine, liquide, exigible et disponible. La provision ne doit pas simplement
exister, elle doit être aussi irrévocable, c’est la règle de l’irrévocabilité de la
provision.

1°) Cause de l’engagement du tireur 

2°) La provision 

Nature. C’est la créance de somme d’argent du tireur contre le tiré.

Caractère préalable. Contrairement à la LC, en matière de chèque la provision


doit exister « au moment de la création du titre » (art. L. 131-4)

Irrévocabilité de la provision 

Cela signifie qu’une fois que le tireur a fourni la provision, il s’interdit de la


révoquer / retirer / bloquer / rendre indisponible. En d’autres termes, le tireur
s’interdit de faire opposition au paiement du cheque. L’opposition au paiement
d’un cheque n’est permise que dans des cas limitativement énumérés par la loi.
Le blocage de la provision est puni pénalement.

III. Emission du chèque 

Il faut savoir quand est-ce que le cheque est émis par le tireur car cela a des
conséquences juridiques. Le cheque est remis lorsqu’il est remis. A partir de là,
naissent les droits du porteur sur le cheque

A. Remise du chèque 
Celle-ci tient en 2 actes :

–          La signature du cheque

–          La remise matérielle du cheque i.e. la remise matérielle. C’est au


moment de la remise matérielle qu’on considère que le cheque est remis. On ne
fait pas remonter l’émission au moment de la rédaction du cheque. Selon la
cour de cassation, l’émission ne correspond pas à la date de l’émission mais à
la date de la remise. La conséquence, c’est que c’est à la date de la remise que
la provision doit exister. C’est à la date de la remise que la provision est
transférée au porteur et c’est également à la date de la remise que le
bénéficiaire est en droit de demander au tireur des documents officiels
justifiant de son identité – Article 131-15.

Tradition.  

Absence d’effet novatoire 

B. Droits du porteur sur le chèque 

Le porteur, dès la remise, acquiert un droit sur la provision parce que celle-ci
lui est transférée. Ce droit est en principe un droit exclusif et ne se heurte pas
à une éventuelle concurrence. Cela dit, la provision reste disponible tant que le
cheque n’est pas payé de sorte que la banque tirée qui n’a pas connaissance
qu’un cheque a été émis, utilise la provision pour payer un autre créancier. Il
n’y a que dans l’hypothèse du cheque certifié que la provision est bloquée
pendant 8 jours au profit du bénéficiaire. Pour le porteur classique, la
provision n’est pas bloquée et peut disparaitre au moment de celui-ci.

Le tireur s’engage aussi envers le bénéficiaire à le payer dans l’hypothèse où la


banque tirée ne paierait pas. C’est un recours cambiaire du bénéficiaire envers
le tireur. Il y a inopposabilité des exceptions. Le tireur ne peut pas opposer les
exceptions pour refuser de payer le cheque ou pour échapper à sa garantie.
Toutefois, l’inopposabilité des exceptions ne peut pas jouer dans les rapports
entre le tireur et le premier bénéficiaire notamment si le bénéficiaire n’exécute
pas son obligation.

Transfert de la provision 

Droit exclusif 

Echec par la saisie-attribution 

Engagement du tireur 
Section 2 : Circulation du chèque 

Le cheque est un titre qui circule, mais peu i.e. c’est un titre négociable,
transmissible par des voies simplifiées mais il n’est généralement transmis
qu’une fois au banquier encaisseur.

I. L’endossement translatif

C’est le plus courant, qui consiste à signer le cheque au dos et à le transférer à


sa banque. La manière de transférer le cheque dépend de savoir s’il est
nominatif ou au porteur. S’il est nominatif, il faut l’endosser. S’il est au
porteur, il peut être remis par tradition. L’endossement translatif produit des
effets de droit qui sont presque les mêmes que ceux de la Lettre de change à
savoir le transfert de la provision au profit de l’endossataire et la naissance au
profit de l’endossataire d’un droit exclusif notamment contre la banque tirée
mais aussi contre les précédents porteurs.

A. Conditions de l’endossement 

Chèques non-endossables 

Chèques au porteur 

Formalisme 

B. Effets de l’endossement translatif 

–     Endossement transfère la propriété de la provision aux porteurs successifs

–     Porteur acquiert un droit contre le tireur

–     Endosseur s’oblige à garantir le paiement du chèque envers son


endossataire et tous les porteurs ultérieurs.

L’endossement translatif produit des effets de droit qui sont presque les mêmes
que ceux de la Lettre de change à savoir le transfert de la provision au profit de
l’endossataire et la naissance au profit de l’endossataire d’un droit exclusif
notamment contre la banque tirée mais aussi contre les précédents porteurs.

II. Les autres formes d’endossement 

Endossement de procuration. Forme pratiquée avec les banques qui se


chargent d’encaisser les chèques pour le compte de leur client.
C’est un endossement qui vaut mandat pour la banque d’encaisser le cheque
au nom et pour le compte de son client i.e. il n’y a pas de transfert de propriété
du cheque à la banque, mais c’est un mandat à la banque d’encaisser le
cheque au nom du client. La banque agit comme mandataire et est tenue de
toutes les obligations et ne se voit pas transférer la propriété de la provision. Il
faut la signature dans le dos qui indique que c’est une procuration sinon on
présume un endossement translatif.

**Il est d’usage que le banquier encaisseur crédite le compte de son client par
avance alors qu’il est toujours dans l’attente du paiement par la banque tirée.
La banque peut, si elle n’est pas payer, répéter la somme en débitant le compte
du client.

Qualification.  

Endossement pignoratif. Théoriquement possible selon les mêmes règles que


pour la Lettre de change ; constitue un gage sur le chèque où l’endossataire
devient créancier-gagiste. Pratiquement inconnu pour le chèque tant sa durée
de vie est brève. 

Section 3 : Paiement du chèque 

I. Les modalités de paiement du chèque 

A. Les obligations du banquier encaisseur 

Le banquier encaisseur est celui qui se voit remettre le cheque par le


bénéficiaire. Ce banquier encaisseur va donc chercher à obtenir le paiement du
cheque pour ensuite créditer le compte du bénéficiaire. Il s’oblige, par son rôle
d’encaisseur, à opérer certaines vérifications ; il doit notamment vérifier la
régularité apparente du cheque c’est à dire que le cheque ne présente pas
d’anomalie évidente ex. vérifier la signature d’endo, vérifier que la banque tirée
existe bien. Une fois ces vérifications opérées, il doit présenter le cheque au
paiement. Il dispose pour cela d’un certain délai. Le délai légal est de 8 jours à
partir de la date d’émission du cheque. En l’occurrence, on prendra compte de
la date mentionnée sur le cheque que la date de remise. Même si le délai de
présentation est de 8 jours, la banque tirée a l’obligation d’honorer le cheque
pendant tout le délai de prescription qui est d’un an. Il s’ensuit que le délai
pour être payé d’un cheque est d’un an et 8 jours.

Contrôles de la régularité apparente du chèque 

Présentation du chèque au paiement 


Responsabilité du banquier encaisseur  

Chèque payable à vue 

Délai de présentation. Selon l’article L. 131-32 du CODE MONÉTAIRE ET


FINANCIER : le délai est de huit jours pour les chèques tirés et payables en
France (délais allongés pour ceux qui tirés dans des pays étrangers). Point de
départ constitue la date d’émission mentionnée sur le chèque.

B. Les obligations du banquier tiré 

1) Vérifications préalables au paiement 

La banque tirée a des vérifications à faire préalablement au paiement. Elle


aussi doit vérifier la validité du cheque et notamment la signature du tireur. La
banque a un spécimen de cette signature car le tireur est son client à qui il
détient un compte. 

Sanction de l’absence de vérifications : la responsabilité 

La banque engage donc sa responsabilité si elle ne fait pas ces opérations.


Dans la pratique, la banque préfère courir le risque d’un éventuel contentieux
que de perdre du temps.

Dans l’hypothèse où elle est poursuivie, la banque ne manquera pas de


reprocher des fautes au tireur.

2) Payer le montant du chèque 

Une fois ces vérifications opérées, la banque s’oblige à payer le montant du


cheque au banquier encaisseur. Cette obligation de payer existe que si la
provision existe également. Pour les chèques >= 15 €, la banque est toujours
obligée de payer.

II. Les incidents de paiement 

Il y a 2 sortes d’incidents de paiement : L’opposition au paiement et l’absence


de provision

A. L’opposition au paiement 
Le principe est celui de la prohibition de l’opposition i.e. le tireur n’a pas en
principe de faire opposition. Exceptionnellement, la loi ouvre des exceptions
dans des cas limitativement énumérés

Prohibition de l’opposition 

Admission exceptionnelle. Elle est seulement reconnue dans trois cas prévus
par l’article L. 131-35 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER :

– Un porteur faisant l’objet d’une procédure collective

– Cheque perdu ou volé

– Utilisation frauduleuse du cheque

Cette opposition interdit à la banque tirée de payer le cheque, ça vaut


révocation du mandat de payer. Si le tireur se prévaut des cas d’oppositions
prévues par la loi, la banque tirée ne doit pas juger, elle ne doit simplement pas
payer.

B. Les chèques sans provision 

De la rigueur à la clémence envers le tireur 

Il n’y a plus une répression terrible des tireurs défaillants.

1°) Conséquences de l’émission d’un chèque sans provision 

Concernant la banque tirée, l’absence de provision lui donne le droit de refuser


de payer – Article L. 131-73 CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER. Ce texte qui
permet à la banque de ne pas payer le texte précise que la banque a l’obligation
d’avertir préalablement au rejet du cheque la personne du tireur. Il y a une
obligation d’avertissement du tireur avant tout rejet d’un cheque.
Concomitamment à ce rejet, la banque doit réclamer au tireur qu’il restitue
toutes ses formules de cheque. La banque qui rejette le cheque doit délivrer
une attestation de rejet qu’elle va remettre au bénéficiaire qui demande le
paiement du cheque.

a) Obligations du banquier tiré 

Droit de refuser de payer. article L. 131-73 : « le banquier tiré peut, après avoir
informé par tout moyen approprié mis à disposition par lui le titulaire du
compte des conséquences du défaut de provision, refuser le paiement d’un
chèque pour défaut de provision suffisante ».
Avertissement préalable. L’avertissement de la banque doit précéder le rejet du
chèque.

Quant au porteur, il lui incombe de dresser protêt car il est titulaire de recours
cambiaire et pour que ce recours soit effectif, il doit dresser protêt.

La banque tirée doit également remettre au porteur un certificat de non-


paiement, prévu par l’article L. 131-73 qui sert à conférer au porteur un titre
exécutoire sans passer par le juge.

Maintien de l’obligation de payer. 

–          chèque d’un montant inférieur ou égal à 15 euros et qui n’a pas fait
l’objet d’une opposition (CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER, article L. 131-82 :
« Le tiré doit payer, nonobstant l’absence, l’insuffisance ou l’indisponibilité de
provision, tout chèque établi sur une formule délivrée par lui d’un montant
égal ou inférieur à 15 euros, le titulaire du compte et le tiré étant en ce cas
réputés légalement avoir conclu lors de la délivrance de la formule une
convention portant ouverture de crédit irrévocable ».). Obligation soumise à une
prescription d’un mois à compter de la date d’émission. L’obligation est d’ordre
public.

Attestation de rejet. 

Le cheque rejeté doit faire l’objet d’une déclaration à la banque de France, qui
en informera toutes les banques.

Formalité du protêt 

Certification de non-paiement. Selon l’article L. 131-73, un certificat de non-


paiement est délivré gratuitement par le tiré au porteur qui en fait la demande.
Atteste que le chèque a été rejeté pour défaut de provision.

« Un certificat de non-paiement est délivré à la demande du porteur, au terme


d’un délai de trente jours, à compter de la première présentation d’un chèque
impayé dans le cas où celui-ci n’a pas été payé lors de sa seconde présentation
ou si une provision n’a pas été constituée, pour en permettre le paiement dans
ce même délai. Ce certificat est délivré par le tiré lorsque au-delà du délai de
trente jours une nouvelle présentation s’avère infructueuse ».

Responsabilité du banquier 

b) Publicité de l’incident 
Avis à la BDF 

Rôle centralisateur de la BDF 

c) Sanctions encourues par le tireur 

Disparition des sanctions pénales 

Interdiction bancaire 

La sanction pour le tireur est l’interdiction bancaire. Le tireur est interdit


d’émettre de nouveaux chèques mais le tireur peut à tout moment lever cette
interdiction par ce qu’on appelle une régularisation L. 131-78.

Si le tireur ne régularise pas le chèque, il sera interdit bancaire pendant 5 ans.

Faculté de régularisation 

– Condition de la régularisation : le paiement (CODE MONÉTAIRE ET


FINANCIER, article L. 131-74).

Pénalité libératoire : suppression 

Auparavant, le tireur devait aussi payer une amende.

Régularisation de plein droit 

Dorénavant, il suffit simplement de payer le chèque pour lever l’interdiction


bancaire.

2°) Droits du porteur victime d’un chèque sans provision 

a) Recours cambiaires du porteur impayé 

Le porteur qui n’a pas été payé dispose de recours cambiaire. Il faut qu’il soit
un porteur diligent (dresser protêt) et de bonne foi (ne pas agir dans le but de
porter préjudice au débiteur).

Condition : la bonne foi du porteur 

Ces conditions remplies, le porteur peut agir contre la banque tiré, ou contre le
tireur ou encore, théoriquement contre tous les signataires du chèque. Mais
principalement, l’action sera intentée contre le tireur – Article L 131-74. Toutes
les sommes qui seront versées sur le compte du tireur seront affectées au
paiement du bénéficiaire.

Lorsque le porteur n’est pas de bonne foi, il perd ses recours cambiaires, mais
conserve une action sur le fondement du rapport fondamental – Article L. 131-
59. Le porteur va agir sur le terrain de la provision. 

b) Cas du porteur négligent (art. L. 131-59) 

Action en vertu du rapport fondamental 

Art. L. 131-59 du CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER : « Toutefois, en cas de


déchéance ou de prescription, il subsiste une action contre le tireur qui n’a pas
fait provision ou les autres obligés qui se seraient enrichis injustement ».

En pratique, c’est cette action que le porteur utilise systématiquement.

Catégories : 3) Cours de droit bancaire


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