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Le Comportement Multicanal Du Consommateur Est-Il Une Simple Évolution
Le Comportement Multicanal Du Consommateur Est-Il Une Simple Évolution
Abstract – This paper sums up the appearance of the internet and especially the
multi-channel offer on consumer behaviour in Belgium and France. Does the multi-
channel offer condition the new behaviour of the buyer or is the multi-channel offer the
result of a consumer behaviour modification ? A study realised in French speaking
context brings to the fore the importance of including the aims of the consumer and
the characteristics of the product. In the end, a thought is initiated on the revolutionary
level of this new consumer behaviour.
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1 Ingrid Poncin est docteur en Sciences de Gestion des Facultés Universitaires Catholiques de Mons
(Belgique) et dispose de l’Habilitation à diriger des Recherches de l’Université de Lille II (France).
Elle est actuellement professeur de Marketing à la Lille School of Management (Groupe ESC Lille).
l’achat qui sera effectivement réalisé sur un autre (Ward et Morganosky, 2000).
Ainsi, une étude de la fédération de la vente à distance (Fevad, 2007) rapporte que
61 % des internautes ont consulté un site de e-commerce avant d’acheter en
magasin. Dans ce cas, on parle de comportement click and mortar. A contrario, si
le client utilise d’autres canaux (magasin ou catalogue) pour préparer son achat et
le réalise finalement sur Internet, on parlera alors de comportement mortar and
click. Ces deux articulations permettent de structurer l’essentiel des marchés mul-
ticanaux (Belvaux, 2006).
La prise en compte des comportements multicanaux vient considérablement
enrichir la vision stratégique du site Internet pour une entreprise (Belvaux, 2006).
En effet, la question n’est plus seulement de savoir s’il faut vendre ou non sur
Internet, mais également comment utiliser les différents canaux de manière coor-
donnée, afin de retirer le meilleur résultat possible que cela soit en termes de ventes,
de fidélité ou encore du positionnement... de manière générale, pour la marque ou
l’enseigne. Si, pour une entreprise ou une marque, il est important d’avoir une
vision transversale de sa stratégie, le danger principal serait d’adopter des solu-
tions communes et identiques aux différents canaux, en ne capitalisant pas sur les
différentes forces de chaque canal pour s’adapter aux comportements du consom-
mateur, et en ne développant pas les synergies entre elles. Cependant, le consom-
mateur s’attend à une expérience de shopping cohérente au travers des différents
canaux (Mathwick et al., 2002), et fournir cette cohérence n’est pas facile pour
l’entreprise. C’est sans doute là que résident le réel enjeu de demain et la princi-
pale source d’avantage concurrentiel pour les acteurs. Le multicanal doit être un
moyen d’animer le client. Aujourd’hui, comme hier, le client doit être au centre des
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2 LE CLIENT MULTICANAL,
UN CLIENT QUI VAUT DE L’OR
2. www.statbel.fgov.be
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Fevad, un client multicanal consommerait deux fois et demie plus qu’un client
monocanal. Une explication, non satisfaisante, est répandue chez les praticiens
pour expliquer ce phénomène très complexe : le fait d’avoir davantage de con-
tacts avec le client contribue à multiplier les occasions d’achat. En outre, multiplier
les contacts permettrait non seulement de multiplier les occasions d’achats mais
surtout de communiquer de façon plus pertinente vers les clients et prospects.
Vanheems (2007) va beaucoup plus loin et fournit un certain nombre d’expli-
cations à ce phénomène. L’ajout de la nouvelle formule, Internet, est susceptible,
de par sa seule présence, de contribuer au développement du panier d’achat et/ou
à la fidélité des clients à la formule d’origine. Par exemple, l’existence d’une équipe
de vendeurs ou de télé-acteurs, d’un catalogue ou d’un site Internet constitue un
moyen d’offrir aux clients habituels des services additionnels, de recherche d’infor-
mation, de divertissement, de plaisir (Dandouau, 2001) que le magasin seul ne sau-
rait offrir. La nouvelle formule de vente parce qu’elle permet d’offrir ces services
additionnels aux clients de la formule d’origine, contribue également à améliorer la
satisfaction à l’égard de celle-ci et de manière générale à l’égard de l’enseigne
dans son ensemble. De ce fait, elle participe à accroître leur panier d’achat et leur
niveau de fidélité au détriment des enseignes monocanal qui, par nature, n’offrent
pas le même niveau de service à leur clientèle. Le premier intérêt du réseau des ré-
seaux, c’est quand même l’interactivité. Internet permet d’être plus réactif. En
outre, la consultation des différents canaux contribue à la construction des atti-
tudes envers la marque et l’enseigne. Müller et Chandon (2002) ou Florès et Volle
(2005) ont montré l’impact de la qualité du site d’une marque sur la performance
marketing de l’entreprise. Ils soulignent que les internautes acheteurs ont une per-
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Des auteurs tels que Helme-Guizon (2001) se sont interrogés sur les spécificités
du comportement du consommateur sur Internet mais peu d’auteurs ont analysé
les spécificités du comportement du consommateur face à une offre multicanale.
Vanheems (2007) s’est intéressée aux transferts (totaux ou partiels) de clien-
tèle entre les différents canaux. Elle a adopté le point de vue de l’enseigne pour
montrer que ces transferts risquent, dans certaines circonstances, d’affecter con-
sidérablement les ventes supplémentaires qui étaient attendues dans le cadre de
la diversification. L’enjeu est alors d’analyser l’impact potentiel de la nouvelle for-
mule de vente, sur le niveau de fidélité du client à la formule d’origine, ainsi qu’au
nouveau canal.
Plusieurs auteurs (Shankar et Winer, 2005 ; Belvaux, 2006) ont décrit les pas-
sages entre les différents canaux, selon les étapes du processus d’achat, multi-
pliant expositions et sollicitations. Par exemple, Belvaux (2004) a mis en avant la
complémentarité qui peut exister entre les différents canaux au niveau de la re-
cherche d’information et de l’évaluation des offres. Dholakia et al. (2005), en étu-
diant le cas d’une enseigne particulière, Sears, ont souligné une primauté du canal
de départ dans les choix opérés par le consommateur. Un client a plus de chance
de rester fidèle au canal choisi originellement que de changer vers un autre canal
offert par la même enseigne. Cependant, ces auteurs observent également que les
efforts marketing peuvent être utilisés pour influencer le comportement du con-
sommateur à travers les différents canaux. Par exemple, l’enseigne Sears promo-
tionne de manière plus agressive son catalogue que les deux autres canaux de
distributions (Internet et Point de vente). Cela se reflète dans les comportements
des clients. On observe ainsi davantage de transferts du canal Internet vers le ca-
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En mai 2007, une étude a été réalisée, en ligne, dans un contexte francophone,
belge et français, sur un échantillon de convenance de 190 répondants, âgés de
20 à 65 ans et répartis de manière équivalente entre les deux sexes. L’objectif était
d’observer dans quelle mesure l’offre multicanale conditionne l’apparition d’un com-
portement différent pour le consommateur. Nous nous sommes également inté-
ressés à l’importance du type de produits pour comprendre ce comportement.
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Dans ce cadre, nous avons considéré trois types de produits : les produits présen-
tant des attributs de recherche (c’est-à-dire dont la qualité est vérifiable à distance
par l’intermédiaire d’un média), les produits présentant des attributs d’expérience
(c’est-à-dire dont la qualité est vérifiable uniquement par la sensation) et finalement
les produits présentant des attributs de croyance (c’est-à-dire dont la qualité est
vérifiable seulement par un expert de la classe de produit).
Nous observons que le canal d’achat d’origine conditionne le comportement
du client. Ainsi, les répondants restent davantage fidèles au canal d’achat d’origine.
C’est particulièrement le cas, lorsque le canal d’achat d’origine est le magasin
(75 % des répondants). Il ressort également que les acheteurs qui pratiquent l’achat
à distance (Internet et catalogue) sont beaucoup plus multicanal (Internet, cata-
logue mais aussi magasin) que les acheteurs magasin. En outre, si un peu plus de
40 % (43 %) de nos répondants ne font pas de recherche préalable à un achat en
magasin ou dans un catalogue, 27 % déclarent faire une recherche préalable sur
Internet et 23 % une recherche préalable à la fois sur Internet et catalogue. Le scé-
nario multicanal qui obtient le plus de suffrages parmi nos répondants (37 %) ache-
teurs en vente à distance (VAD) était : « je consulte le catalogue pour me faire une
idée et je vais sur Internet pour avoir des informations supplémentaires, faire mon
choix et commander ». Ainsi, on retrouve bien l’utilisation d’autres canaux dans les
phases de recherche d’information et d’évaluation des possibilités. Le processus
de choix, même s’il combine plusieurs canaux d’information, ne diffère donc pas
du processus de choix traditionnel (Blackwell et al., 2001). Le risque de cannibali-
sation (au niveau des achats réellement effectués) entre les différents canaux
n’existe finalement qu’au niveau de la phase d’achat à proprement parler. En
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sont, pour leur grande majorité, non fidèles à un canal de distribution. Ils choisiront
celui qui répond aux mieux à leurs attentes compte tenu des attributs du produit
lui-même : plutôt le magasin lorsqu’il est nécessaire de vérifier la qualité du produit
ou sa matière, plutôt Internet lorsque la praticité ou la rapidité sont requises (livraison
à domicile...).
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