Interprétation de L'arbre de La Cabale - Philippe D'aquin

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EI ET AMOR
PHILIPPES
D'AQUIN
Interprétation de
L'Arbre de la Cabale
Réimpression de l'édition de
1625 augmentée d'une préface et
de la figure inédite de l'Arbre
de la Cabale par le Docteur
MARC HAVEN .
PARIS , BIBLIOTHÈQUE CHACORNAC
11 , QUAI SAINT- MICHEL + + + + + + + + +

MCMVI + + + + + + + + + + + + + + + +
DE
LYOR
Mon cher Sedis , je veux que
rous ages en souver's do note
Amitié tout ce qui sortira de mes

mains , bon et mauvais et même
Ceci qui est pire - puisque c'est

·
innignifiant
DrM.Haver
INTERPRÉTATION
DE
Achiti 60.00 V 6.000 A.F.
à la veuse de Jean Michael byt

le 5/1/68
Xxx
Docteur Philippe ENCAUSSE 7.
LYON
SE
OS 02
LE
78
S
Tirage à 250 exemplaires numérotés
N°
PRÉFACE DE L'ÉDITEUR
ADVOUE, amy lecteur, qu'il n'est plus

temps après les effets merveilleux de
nostre Loy nouvelle , de parler des ombres
<< et figures qui s'en sont trouvées en l'ancienne ;
«
<«< mais, puisque l'une est l'accomplissement et la
«< perfection de l'autre, veu la grande correspondance
<< qu'elles ont ensemble , j'ay voulu , traictant en ce
<< mien livre des plus remarquables particularités de
<< la Loy ancienne, donner subjet d'honorer et admi
« rer davantage les mystères de la nouvelle. » C'est
ainsi que parle Philippe d'Aquin dans la préface de
son Explication du Tabernacle et je ne vois pas de
meilleur avertissement à mettre en tête de son Inter
prétation de l'arbre de la cabale . En rééditant ce
précieux traité , nous n'avons pas eu non plus d'autre
but que de contribuer pour notre part à faire mieux
apprécier la mystique hébraïque , ignorée de beaucoup
de ceux qui se flattent de connaître la Loi ancienne
de rigueur et la Parole nouvelle de miséricorde .
Philippe d'Aquin , savant rabbin, né à Carpentras, se
convertit au christianisme à Aquino (Italie), fut
ensuite professeur au Collège de France et mourut à
Paris en 1650 après avoir publié plusieurs ouvrages
de grande érudition et de profonde sagesse, presque
introuvables aujourd'hui . Celui que nous rééditons
sera plus complet que l'original en ce sens qu'il
contiendra la restitution de la figure de l'arbre séphi
rotique annoncée par l'auteur et qui ne fut jamais
imprimée ( 1 ) .
Bien des cabalistes se sont occupés de l'arbre séphi
rotique bien peu l'ont fait avec autant de netteté et
d'une façon aussi systématique que notre auteur ; on
trouvera dans l'étude de ce livre la meilleure prépa
ration que l'on puisse faire à la lecture du Zohar dont
la traduction complète, due à la science de Jean de
Pauly et aux efforts victorieux de notre ami M. Lafuma,
doit bientôt paraître , événement significatif et qui
accomplit l'antique prophétie du Zohar lui-même (2) .
Ceux qui ont eu le bonheur de boire aux sources
vives savent que lorsque les temps seront proches, les
trésors courront les rues . Ces paroles étant scellées du
sceau triple de Dieu , doivent nécessairement se véri
fier dans tous les mondes ; réjouissons- nous donc s'il
nous est accordé de le constater et d'y contribuer
pour une faible part.
Dr MARC HAVEN .
( 1 ) L'exemplaire de la Bibliothèque nationale ne la possède

pas . Sur la bibliographie de notre auteur et sur sa biographie,
voir : Bartolocci Biblioth. magna rabbinica . IV . 347 et : Wolf,
Bibl. hebræa I 977 .
(2) Zohar I fol. 116ª à 119a (en particulier 118a).
K 199
VOICI MON NOM POUR L'ÉTERNITÉ !
INTERPRÉTATION
DE
ENRICHY DE SA FIGURE
Tirée des plus anciens Auteurs Hébrieux
PAR
PHILIPPES D'AQUIN
PROFESSEUR DE LANGUES HÉBRAÏQUES , CALDAÏQUES

ET INTERPRÈTE DES RABBINS
A PARIS
DE L'IMPRIMERIE DE JEAN LAGUEHAY

Rue S. Estienne des Grecs
Proche le Collège de Lizieux et contre le Collège de Boncourt

Aux despens de l'autheur
MDCXXV
J'obéis à mon cœur en invoquant mon maître.
❤
C'est ici la porte de mon initiation .
Pour qui connaît l'échelle, c'est le Sinaï.

Considérez l'élévation , la majesté du langage;
Rien de caché, rien qui échappe à mes yeux;
Qu'on le comprenne bien : dans le livre de mon seigneur

0
Le temple de Dieu est mon seigneur lui- même.
Trésor au-dessus de toutes mes richesses,
Impérissable trésor de notions acquises ;
Que ma foi y trouve sa synthèse
Qu'elle tressaille et s'enivre de mes breuvages.
Qu'elle exulte de mes délices
Et se rassasie dans mes greniers où se trouvent
La myrrhede la liberté et la feuille du lys (1).
( 1 ) Cette pièce de vers en hébreu non ponctué est d'une tra

duction difficile et prête à plus d'une interprétation ; nous nous
sommes fait aider pour en préciser le sens par deux hébraïsants
distingués et c'est le résultat de ce travail en commun que nous
donnons ici . Les derniers mots semblent faire allusion à la con
version de Ph . d'Aquin et à la protection que lui accorda
Louis XIII. Dr M. H.
leHoVaH , c'est ainsi qu'on l'appellera
Aux très illustres reverendissimes et vénérables
seigneurs de l'Assemblée du Clergé de France en
l'année mil six cent vingt-cinq.
MESSEIGNEURS ,
Suivant l'honneur de vos commandements, voicy

quelques eschantillons de mes labeurs en attendant
mieux, tant sur les traductions, Théologie mystique
des Hebrieux que sur le premier psaume du roi David ,
non pour recognoissance de vos bienfaits . Dieu seul
qui est le tout puissant, en sera s'il luy plaist le remu
nérateur comme très humblement je les supplie .
Mais pour vous faire voir mes petites forces sur tous les
subjects qu'il vous plaira me commander touchant les
explications et intelligences Hebraïques de la Saincte
Bible et des anciens autheurs (ne désirant rien tant
que de mériter la continuation de vos charitez pour
l'entretien de moy et de ma pauvre famille afin de
servir à Dieu et à son église , jusqu'au dernier soupir
de ma vie). C'est pourquoy il vous plaira me donner
les moyens et le loisir d'y vaquer, comme je le doibs
et m'y offre de très bon cœur, osant me promettre
que mon travail ne vous sera pas moins agréable qu'il
sera utile aux petits et aux grands . Disposez donc
Messeigneurs (s'il vous plaist ) de toutes mes volontez
pour vous servir, ainsi que vous adviserez pour le
mieux, prenez moy ce qui vous agréera le plus , car en
toutes manières je m'estimeray très heureux de tra
vailler sous vos commandements et d'estre
Messeigneurs,
Votre très humble et très obéissant et plus obligé serviteur,
PHILIPPES D'AQUIN .
PREMIÈRE INTERPRÉTATION
DE
« Que celui qui veut se glorifier se glo

« rifie de ceci qu'il me comprend et qu'il
« me connais, ear je suis leHoVaH . »
Jérémie, ix, 23.
Les choses se peuvent cognoistre de mesme manière

qu'elles sont, et la définition fidelle et vray moyen de la
demonstration n'est point recevable qu'elle n'exprime
l'essence de ce , dont est question . Or, chaque cognois
sance doît être une , tout ainsi que l'estre de son subject
est un. Et d'autant que la distinction contient en soy le
genre et la différence , quoy que le nom bien entendu ,
signifie mieux qu'aucune définition quand il s'agit de
cognoistre Dieu . Car etant très simple il n'est aucunement
composé de genre et de différence , et n'a en soy aucune
division , parce qu'il est un . Il est certain que ne le pou
vant définir, il nous faut pour le cognoistre avoir recours
à son nom , ou à ses attributs tels qu'il luy a pleu les
revéler à ses créatures . Ce mesme Dieu estant la fin de
tout l'Univers qu'il a formé pour sa gloire, il a voulu estre
DE LA
AVI
LYON
LLA
10 L'ARBRE DE LA CABALE
cogneu par sa créature , afin d'estre par elle glorifié : toute

•
contemplation est subordinée à toute glorification , et
l'honneur souverain résulte , non d'une entière et familière
cognoissance, mais d'une atteinte du moindre au plus
grand, honneur qui est l'Adoration de peu d'estime et
presque de néant vers l'infiny . Et par ainsi il ne nous a
fallu qu'une cognoissance faible de la Divinité pour nous
assubjettir à cette submission profonde qui est la fin absolue
de tout le monde en général . C'est pourquoy passant des
effets à leur cause pour revenir de la cause aux effets ,
selon les maximes de philosophie ; Nous rencontrons les
noms de Dieu comme vrays moyens de le connoistre
aucunement , nous y allons peu à peu attachants comme
à divers eschellons difficiles à monter et à descendre .
Quant à l'ordre et à la disposition de l'échelle , nous la
considérons comme en trois diverses régions ou hauteurs ,
ayans quelque conformité à l'homme, duquel le corps et
le visage est élevé naturellement vers le ciel contre la
situation des autres animaux . La première et plus haute
région est celle du monde Archétype ou purement intelli
gible et incommunicable. La seconde est le monde Ange
lique , spirituel et servant. Et la troisième et plus basse
est le monde visible , sensible ou matériel .
La première est des six premiers noms de Dieu posez
en ordre comme par forme d'espèces comme en la plus
parfaicte figure qui peut estre . La seconde est de deux.
autres noms posez et opposez collatéralement l'un à l'autre .
La troisième est aussi de deux autres noms qui sont
opposez l'un à l'autre perpendiculairemente au nom singu
lier qui est Adonaï de l'espèce Archetype . Cette espèce
est représentée par un rond duquel la partie supérieure
L'ARBRE DE LA CABALE 11
est une plaine lumière et celle de dessoulz est voilée et

couverte d'un bandeau noir.
En la partie supérieure sont trois noms ; le premier est
Ehie, qui veut à dire « Je serai » , ou « Je suis » , à sçavoir
cogneu par mon engeance . Le second est Jehova , signifiant
« Il sera » ou « Il est » , qui est comme une façon d'estre
nommé par un autre, en quoy paraît l'engendré et le
premier traict du dessein de créer. Le troisième est Elohim,
venant du verbe Eloha , qui signifie « jurer » , comme qui
dirait les serments , jurements , asseurances , ou desseins
entièrement arrestés . Or ces trois noms sont en la partie
de lumière incompréhensible n'estant point voilée , mais
ayant la face destournée des créatures, pour montrer que
Jehova trois noms et les trois Zephirots Couronne, Sapience
et Prudence souveraine, par lesquels ils influent n'ont
point d'autre raport que d'eux à eux mesmes .
Le quatrième nom est El. I. fort, ou « puissant >> lequel
Nom dont l'influence parcoule le canal « Miséricorde » ct
monstre que par amour et par bienveillance Dieu a créé
le monde tant angélique que visible. Le cinquième nom
est Saday, c'est-à-dire « suffisant à soy mesme » qui
dénote que ce que Dieu a créé n'a point esté pour aucun
besoin qu'il en eust , et cestuy cy influe par le Zephirot
Crainte pour faire voir que les Créatures doivent trembler
de frayeur, devant celui qui les a créées sans qu'il eust
besoing d'elles , desquelles néantmoins , il veust êstre
honoré et recevoir l'hommage comme des vassaux à leur
Prince et des sujets au Monarque des Rois. Le sixiesme
nom est Eloha , singulier d'Elohim qui habite dans le
Zephirot ou canal de gloire , pour nous apprendre que la
miséricorde et la Justice divine dénommée frayeur des
créatures s'assemblent et unissent en la gloire qu'il

demande pour laquelle il a créé toutes choses et au
dessoulz de laquelle il a mis les escadres des Anges pro
tecteurs ( 1 ) et les trouppes des Anges accusateurs , à cause
desquels il prend pour un septieme nom celui d'Estre, ou
estant en armées des Anges deffendeurs pour nous ins
truire que nostre defense dépend de l'Estre de Dieu . Et le
huictième nom est Elohim Sebaot, c'est-à -dire les ordon
nances des armées , des Anges accusateurs, pour mons
trer qu'il les a establis et ordonnez non par l'influence de
son estre comme les Anges protecteurs , mais par la
volonté d'estre obey et honoré . Et c'est pourquoy le
septiesme nom influe par le canal nommé Eternité dési
gnant son estre . Le huictieme nom influe par le canal
appelé Ornement, et qui semble estre opposé à l'estre ,
comme si l'on disait que l'habist est tout autre chose que
la personne . Et d'autant que le vestement est extérieur ,
ce mot Elohim Sebaot , signifie les armées visibles de la
terre (2 ) . Car le mot d'Elohim est dit des magistrats . Le
neuviesme mot, Dieu vivant, ou est Dieu de vie , decoule
par le canal nommé fondamental d'où provienne la subsis
tance , l'âme vegetante (3 ) et sensible qui sont trois vies ,
bien que ce nom de vie ne soit attribué communément à
la subsistance . C'est néanmoins comme une sorte de vie
par laquelle ce qui subsiste est tiré de la privation et du
néant ou de la mort. Le dixiesme nom est Seigneur, se
coulant dans le canal appelé Règne pour marquer que
l'âme raisonnable, capable d'estre commandée et gouvernée
(1) Voyez au premier des Roys, 22 , 19.

(2) Exode, ch . 21. 11. 6 .
(3) Le texte porte par erreur vegeante .
civilement a cette propriété de Dieu , qui luy donnant

l'inclination à l'obeissance et à ranger sa volonté à celle
de la loy, l'ameine doucement à glorifier son créateur sou
verain pour chercher et trouver en luy la surabondance
des biens qui est la fin de tout Regne et de toute vie
civile.
Caballe. Toute intelligence qui opère quelque chose
que ce soit, travaille en se proposant une certaine fin :
aussi pouvons et devons nous infailliblement croire que
Dieu est un très pur intellect , procédant à la Création
du monde , s'est volontairement promis et arresté un but
auquel peust tendre toute l'emprise et le progrez de ses
œuvres. L'espace de la mathématique toute divine at
comme marque distingué des divers et différents points
dont partent les lignes de toutes productions et les cor
respondances essentielles de ses noms sacrez , qui sont
mediateurs entre luy et ses créatures. Le plus haut point
de tout cet espace s'appelle Couronne, d'autant qu'estant
par dessuz tous les autres et souvent de tout l'espace , il
en est le vrai Couronnement . Et respond au règne qui à
ligne perpendiculaire se façonne comme prompte et se
trouve au point final. Le rayon de perfection dextre de
cette Couronne au point qui s'appelle science Khokma,
consiste non seulement en la cognoissance des universaux :
mais aussi en la vraye fabrique , parce que comme l'homme
cognoist les choses selon qu'elles ont esté, ainsi Dieu les
fait estre selon qu'il les cognoist. Le rayon senestre va et
influe au point appelé Sagesse ou Prudence , Bina, et sont
les prédéfinitions et préexistences des choses mesurées par
leurs nombres, poincts et proprietez sans aucune matière
sensible la Science et la Sagesse , c'est-à-dire les univer
saux, et les prédéfinitions produisent et influent chacun

une ligne , et celle qui part de la science va se reposer en
la miséricorde ou amour, car c'est de ce que les hommes
sont images de Dieu qu'ils sentent et expérimentent en
eux , selon que dit leur proverbe « qu'il faut cognoistre
avant que d'aymer » . La ligne qui part de la sagesse se
va rendre à la crainte qui est la contreface et comme
l'image d'amour en la chose créée ou produite parce que
la mesme empreinte qui est amour et miséricorde de la
part du Créateur et du produisant, elle mesme est crainte ,
respect, espouvantement et admiration de la part de la
Créature qui se trouve ainsi produicte par la cause souve
raine et incompréhensible . Ces deux amour et crainte
rassemblent (tendans en bas) les lignes qu'ils produisent
et influent et se rencontrent au poinct de la gloire .
D'autant que toute glorification procède de la rencontre du
bien-faict et du respect qui s'y attache pour l'honorer .
De la gloire partent deux lignes desquelles celle infuse
du costé droict (qui est le fort destiné à l'action ordinaire)
est appelée Durée , partant de la gloire de mesme costé , par
lequel la miséricorde lui est infuse . Il est aussi comme fils
et produict de la mesme miséricorde , faisant perséverer,
subsister et durer, de mesme donne l'estre aux choses
créées. De la mesme gloire descoule l'ornement par le
costé où la peur influe en la gloire . Et comme si cette
ligne qui va de la gloire à l'ornement estait une simple
refracture de celle qui vient de la peur à la gloire , pour
autant que tout ornement provient du respect de l'infé
rieur, qui est comme destrempé en la considération
glorieuse de l'amour porté par le supérieur, de la Durée et
de l'ornement fluent deux lignes lesquelles viennent à
servir au point nommé fondement ou matière ; parce que

le monde a commencé d'estre lorsque la durée et l'orne
ment s'assemblants ont commencé d'estre capables ; de
mesme par la production de l'estre matériel qui faict
mesurer le temps et le lieu . Mais comme le grand monde
n'est accompli que par le petit monde qui en est le dernier
œuvre Aussi de ce fondement , c'est à dire de la considé
ration mathémathique primitive de l'Univers , tant grand
que petit, sort la ligne, laquelle influe au point nommé
Règne sur lequel est portée la Couronne qui luy respond
à la ligne perpendiculaire , comme au travers de tous les
autres points , ou pour mieux dire passant entre tous les
autres points . Ce règne est le point final, ou fin dernière
de Dieu créateur de toutes choses pour sa gloire .
Or comme les noms de Dieu sont les médiateurs
d'entre luy et ses créatures , par lesquels l'homme cognoist
son créateur, de mesme en chacun de ses points nommés
Zephirots ou nombres , il y a un nom de Dieu grand , un ,
indivisible, très simple , duquel proviennent leurs nom
bres. Iaçoit que lui ne soit point nombré . Et parce
que comme il était porté au Psalme : « Qui habitat
in adjutorio Altissimi >> - Je l'exauceray d'au
tant qu'il a sceu mon nom ». Nous sçavons que
le nom de Dieu est son estre propre , aussi que
de chacun des attributs (par lesquels il luy a pleu se
révéler et donner à cognoistre) , nous pouvons et devons
dire la même chose que de l'un d'eux . C'est qu'estant un
avec luy , il est le même un n'étant point nombre , quoy
que les nombres derivent de luy, remplissant infiniment
les canaux de tous les Zephirots ou nombres . Et néan
moins par son infinité essentielle , il demeure en son
unité, indivisibilité ou solidité incompréhensible et très

parfaicte singularité, pointuellement sans espace de temps .
Aussi est-il infiniment au -dessus du temps et du lieu , et
nous est impossible de comprendre comment ses noms
divins, ils sont plusieurs et néantmoins n'est qu'un . Mais
la nécessité nous force d'advouer en admirant la vérité de
cette proposition , parce qu'un n'estant point nombre , il n'y
a toutefois rien par ce moyen entre les nombres et luy , si
ce ne sont ses (noms) divins , qui de la part qu'ils regar
dent ses œuvres sont plusieurs et de la part qu'ils regar
dent son estre , ne sont qu'un . Et consequemment entre
les noms divins et les œuvres , sont les nombres ou Zephi
rots , esquels ils reposent et de la conjonction des nom
bres aux noms divins , sortent toutes créatures lesquelles
portent la figure et l'emprainte de leurs causes prochaînes .
Car chaque individu retient l'unité de la part des noms
divins , et des nombres il retient la multitude d'accidents ,
lesquels font, fondent, composent, nouent et arrestent la
fluidité de la génération sur l'estre incompréhensible et
perdurable, En quoy faisant l'infinité qui n'a point de
bornes, ny de termes soit en son étenduë soit en sa durée,
après avoir faict et produict les bornes , et les termes des
nombres en tire et faict naistre toutes ses autres œuvres ,
qui sont limitées de temps et de lieu . C'est pourquoy le
premier des noms divins qui repose au plus haut de tous
les Zephirots , regarde le temps à venir. Car il est inter
prété Je serai influs , droict et perpendiculairement à la
dernière fin , qui est le règne , dans le seing de laquelle il
trouve un autre nom qui est interprété Seigneur : pource
qu'en toutes les œuvres limitées de temps et de lieu ,
c'est-à-dire en la fabrique de tout l'Univers , Dieu s'est
seulement proposé d'en estre le Seigneur ayant formé

l'Univers pour sa gloire . Et comme cette mesme gloire
veut un théatre et des spectateurs pour la cognoistre :
ainsi le premier terme , nombre ou Zephirot, est dedans
la première appréhension cognoissance universelle .
Khokma, est exprimé non pas par la première personne,
comme si c'estait Dieu qui se nommast luy mesme mais
bien par la tierce personne, comme si c'estait une autre
personne qui le nommast . Car le Jod , première lettre du
tétragramme est marqué de tierce personne . Et dans le troi
sième terme , nombre ou Zéphirot est le nom qui n'est plus en
singulier mais en pluriel comme procédant de Ehie et deJeho
va. Le nom pluriel Elohim signifie jurements comme qui di
rait l'asseurance , alliance ou l'amour d'estre- eux , et réside
en la seconde cognoissance Bina , qui considère et juge les
propriétés . Ces trois noms sont marqués de l'essence
divine et n'ont relation qu'entre eux-mêmes . Le quatrième
nom de Dieu est interprété le fort et repose dans le terme
ou nombre appelé Miséricorde Hesed. C'est la dextre de
Dieu comme ès les hommes qui sont son image , la main
droite est la plus forte . Le cinquième nom de Dieu est
Sadaï, c'est-à-dire suffisant à soy-mesme , qui repose dans
le terme ou nombre appelé crainte , Pahad et ces deux
noms , fort et suffisant , sont les deux puissances lesquelles
s'assemblent au singulier d'Elohim , qui est Eloha , jure
ment. Et comme il est changé du pluriel au singulier ,
ainsi les vertus qui semblent opposées sont astraintes au
serment et fidélité du souverain . Ce serment ou Eloha
repose en la gloire Centre et point de rapport auquel Dieu
par son Ehie , qui veut dire « je seray » , s'est promis la
seigneurie de tout ce qui estait à créer qui est la consom
mation de tout nom et de tout nombre médiateur de la

Création et ces deux noms Force et Suffisance . Dans la
misericorde et la peur descendent, par moyen interposez ,
vers le nom Adonay , c'est-à-dire Seigneur dans son Zephi
rot, qui est Règne . Et comme ils sont dans les termes de
la miséricorde et de la frayeur peut estre cela a autrefois
donné subject à Platon (qui aurait eu quelque cognois
sance de cette doctrine parmi les Ægyptiens , où le peuple
d'Israël en avait laissé des vestiges) de dire que les deux
grands démons ou anges puissants de la société civile qui
est le Règne sont les loyers et les peines , que nous pou
vons interpréter les effects de la bonté ou miséricorde et
de la peur en deux Zephirots ou termes plus bas qui sont
la durée et l'ornement. Le nom Jehova Sebaot (qui veut
dire Dieu des armées) loge en la durée et en l'ornement .
Elohim Sebaot qui signifie Dieu constituant les armées ,
lesquels deux noms sont après la force et suffisance com
me les instruments sont subordonnés aux choses pour
lesquels ils ont leurs usages . Car les armes sont pour
manifester la puissance et la suffisance , et en la durée en
l'ornement, et les mains pour exécuter les volontés du très
haut. Le neuviesme nom est El hay , Dieu vivant ou Dieu
de vie, et est dans le terme qui se nomme fondement : par
ce que comme l'image qui est dedans le miroir a pour fon
dement de son existence la présence de celuy de qui elle
est l'image ; Ainsy la présence de ce nom de Dieu par son
estre permanent faict estre et subsister les vies , c'est- à
dire les estres foibles et créez qui ne sont point Eternels ,
tant les Anges deffenseurs et accusateurs , que les hommes
et autres choses . Car en ce nombre ou Zephirot l'Estre
permanent et innombrable , donne aussi la vie à toutes
choses matérieles par la vertu de son nom . Et cete vie

rend l'ame raisonnable sociable et capable de la Justice , ver
tu universelle comprenant en soy toutes les autres vertus .
C'est la propriété essentielle de tous estats Politiques
entre lesquels le Règne comme le plus parfaict et le plus.
naturel , est directement posé soulz la Couronne , ainsi que
le nom Adonay. Ce nom a son trône dans le nombre
final regardant l'advenir Ehie , dont la vertu est la pro
messe éternelle de créer le monde , entre les bornes du
temps et de l'estendue . Promesse que Dieu s'est faicte de
toute Eternité par ce nom Ehie , de l'accomplir en temps
après avoir créé les armées susdictes à cause desquelles
luy convient le nom de Seigneur.
Les noms de Dieu desquels il est jusques icy parlé
soulz un seal terme général de noms sans aucune distinc
tion se doivent neantmoins considérer attentivement.
Car les uns sont noms propres et les autres seulement
attributs . Et comme après les deux premiers qui sont
noms propres , et avant les sept autres , est situé le mot
Elohim ; aussi est-il tantost entre les noms propres et
tantost entre les attributs . C'est cetuy-cy dont il est seule
ment fait mention au discours de la Création , par ce qu'il
est celuy des trois noms propres de Dieu qui se multi
pliant, communiquent à l'estre créé , voire quelquefois à
l'homme mesme. L'homme dis-je (qui est non seulement
un petit monde selon le dire des Philosophes ; mais selon
cette doctrine) est le fondement de toute lumière , et selon
Trismegiste un grand miracle par le moyen de ce nom
Elohim . L'homme semble estre jusques dedans le seing
de la Divinité. Ainsi qu'un Aigle généreux entre dans la
chevelure du Soleil . Et c'est ce qui a donné subject à la
vision du Prophète, qui voyant soubz les pieds de Dieu un 1

Saphir que nous pouvons interpréter les Zéphirots , qui
portent le même nom de Saphir, et « sur iceluy s'eslevoit
une figure d'homme » . Mais nous avons dit que les
Zephirots sont les sièges de Dieu et que les noms de
Dieu sont l'estre de Dieu mesme . Toute la théologie
tient qu'en Dieu il n'y a différence quelconque , de sorte
que ses attributs et son essence sont un mesme estre,
comment donc peut on admettre l'homme situé
entre les attributs et les noms propres de Dieu ; cecy ne
sera-t-il point trouvé répugnant à ce que nous avons dit
premièrement ? Non certainement , le tout estant bien
entendu . Car l'homme en tant que le fondement du
monde, est l'alphabet du monde. Homme auquel , peu
après sa création Dieu envoya tous animaux pour les
nommer du nom convenable à sa nature . Icy on peut rap
porter ce qui est escrit en S. Jean (Apocalipse , chap . 21 , 17) .
<< Mensus est civitatem de arundine aurea, etc ... Et
mensus est murum ejus centum quadraginta quatuor cubi
torum , mensura hominis quæ est Angeli » . C'est pour
quoi le nom d'Adam (qui contient en soy 45 de nombre)
correspond à l'alphabet des lettres, contenant ce mesme
nombre limité en divers ordres , ayant jusques à quarante
cinq unités et non plus , et jusques à quarante-cinq cen
taines et non plus. Revenons à Elohim qui est quelque
fois attribut et véritablement est des noms propres de
Dieu nous dirons qu'il se communique à l'homme parce
que la fabrique de l'homme prototype fondement du
monde, cause et règle universelle de toutes choses,
estant l'alphabet , c'est de ses étincelles moments ou
lettres que les noms et attributs de Dieu dérivent ;
car il a fallu qu'il y eust eu des lettres pour les noms .

Mais l'homme fabrique et emanation prototype , non
seulement de l'homme , ains aussi de l'Univers , est l'ema
nation non en rayons mais en flammes, non en lignes
mais en solidité de la parole éternellement engendrée par
le Père Eternel . Cet homme émané , cet homme icono
graphique et première figure de l'univers , ce petit monde
est donc l'alphabet et cause dont emanent et etincellent
les attributs de Dieu et toutes sortes de noms qui sont au
dessoulz , sçavoir les noms substantiels et empruntés qui
vont en descendant toujours vers le moins solide et vers
les œuvres moindres en dignité qui en procèdent : mais le
grand Alphabet duquel il est icy question par les avances
et les retraictes , dont il sera cy après parlé en un autre
discours est tiré et emané du propre nom de Dieu Jehova,
conséquemment il est véritable que la lettre Iod première du
nom de Dieu est celle dont toutes créatures sont comme
dérivées. C'est pourquoy le vray scavoir et la doctrine
qui ne peut estre contredite , doist estre cherchée dedans
les anticipations et plus hautes cognoissances sans s'arrê
ter aux branches et rameaux qui sont les plus basses et
plus voisines des créatures sensibles . Les choses dit Aris
tote se cognoissent selon qu'elles sont et partant tout estre
estant proprement bon , venant d'en haut , c'est d'en haut
qu'il en faut prendre et apprendre la cognoissance . Or,
ces lettres sont liées entre elles sur les branches d'un
arbre en suite des emanations des estres , et choses procé
dées par divisions et rameaux en manière d'un arbre :
d'abondant parce que l'Alphabet dont s'assemblent tous
nous , c'est-à-dire tous les Estres de l'Univers , c'est
l'Homme. Ce qui se doit entendre de l'homme accomply
et parfaict qui selon les anciens Philosophes est la mesure

de toute chose . Et est aussi conséquemment celuy pour
qui ont esté formées toutes créatures parce que leur estre
et leur mesure, c'est-à-dire la cognoissance qu'on a d'elles ,
marche de mesme pas . C'est l'homme juste qui en est la
règle, la mesure, la cognoissance et le fondement comparé
à un arbre et plus particulièrement au palmier, la jeunesse
duquel est malaisée à conserver : mais estant grand ne
succombe point soubz la charge, produit un fruit fort
utile, sa feuille mesme sert en médecine , et tient on que
l'on peut tirer de cet arbre tout ce qui est nécessaire à la
vie. Cette excellente dignité en notre Alphabet, homme
fondamental et iconographique de l'Univers donne un
degré aux lettres par dessus celuy des Anges . Et c'est la
raison pour laquelle les lettres ont pour marque le nom
Ia qui est de plus grande excellence que le nom El, estant
celle des Anges selon le dire du Prophète que par la, Dieu
créa le monde .
Premièrement Dieu n'ayant pour but principal de
toutes ses œuvres que sa seule gloire qui consiste à estre
cogneu et servy ; il luy a pleu produire des êtres intel
ligents et servants qui sont les Anges . Et encore que leur
naturel ne soit point déterminé par les bornes et termes
du lieu , si l'est elle par les définitions de leurs offices et
de leurs fonctions , qui leur donnent une certaine et
déterminée subordination , entre la fin souveraine de
l'univers et les actions qu'elle requiert des divers membres
d'iceluy. Ce seroit un discours propre en cest endroit de
monstrer comme toute la loy naturelle est pour parvenir
à la loy Morale , encore que la plus part des Philosophes
se soient imaginez le contraire : et par conséquent toute
la science Ethique , Economique et Politique procède par

raison infaillible de la Physique ; mais telle question
estant de trop longue haleine et hors de ce subject, nous
la passerons sous silence . Doncques les Anges sont
mipartis en protecteurs et accusateurs , deux qualités ou
offices , lesquelles regardent droictement les ccmman
dements et défenses qui sont les deux chefs généraux de
toute moralité monothétique . Et peut estre que c'est en
cette considération que Platon a nommé les loyers et les
peines les deux grands Démons de l'estat, car les Anges
ou Démons ont la charge des monarchies, Aristocratie ,
Démocratie , et des autres formes esquelles la société des
hommes se trouve establie ; et à raison de ce , les succes
seurs de Platon et de nos premiers Chrestiens les ont
nommés Epopties, à l'imitation de ce que les Assyriens
nommoient leur vices -Roys , les yeux du Prince mais
beaucoup plus énergiquement, la doctrine Caballistique
conformément aux écritures sainctes, les appelle Armées ,
tant à cause de la grande puissance qui leur est donnée
que pour la multitude d'esprits , aucun desquels sont
environnez es hommes particuliers , autres ès familles
et professions , et autres ès plus grandes congrégations ,
qui portent le nom de Citez et en chacun de ces ordres
semblaient tous à garder ou à offenser soit en leur tout ou
en leurs parties , parce que les moindres sociétés , comme
du Mary et de la Femme , du Maîstre et de son Serviteur,
du Père et du Fils , sont les Eléments de la société civile .
Voire à le mieux prendre comme le dit Platon , ces moin
dres compagnies sont de petits estats , sont de grandes
familles ou l'on veoid presque les mesmes différences ,
qu'ès plus simples, Voilà pourquoi les noms des Anges.
et des langues de la première division se trouvent partis

en septante deux , qui est le nombre des familles men
tionnées depuis le déluge , jusqu'à la construction de la
tour de Babylone .
Or ces septante-deux noms de Dieu , d'où dérivent
septante-deux anges , sont posez sur une vigne , dont le
naturel symbolise avec celui des peuples . Vigne se multi
pliant aysément , quoique taillée de temps en temps . Et
comme entre tous les peuples , celui d'Israël a eu la préro
gative d'être par excellence appelé Peuple , et spécialement
marqué par la vigne dans l'Ecriture , et chez les Hebreux
qu'ainsi ne soit on voioit la figure d'une vigne au portail
du Temple , dont l'intelligence est comparée au vin par
Salomon comme aussi un mesme effect est attribué à la
sagesse et au vin, et pour raison de ce , ce mesme peuple,
cette mesme vigne est appelée vigne fructifiante, Gefen
poriach, signifiant comme le fort, part et portion de Dieu.
Après le traicté des influences plus proches de la
Divinité, nous descendons à la matière céleste que nous
considérons aussi en deux arbres différents , sur l'un des
quels sont les sept planètes et sur l'autre sont les douze
signes. Celuy qui porte les planètes est un olivier obligé
à cet office par beaucoup de similitudes, lesquelles estant
icy en partie considérées les unes après les autres compo
seront le contenu de ce discours , lequel il n'est besoin de
profonder davantage parce que les causes et les raisons.
primitives ont esté vivement touchées cy- devant .
La première comparaison donques qui se présente est
que, comme en la Genèse nous apprenons que Dieu posa
ses flambeaux célestes , en la partie la plus visible de
l'Univers pour son instruction , ainsi la petite branche
d'olivier que la colombe de Noë luy rapporta, fut sygne

de ce que les eaux du déluge commençoient à diminuer.
En second lieu , comme les planètes sont continuellement
occupées aux générations des choses inférieures , ainsi
l'olivier pousse une verdure continuelle en ses feuilles ,
desquelles une tombant, il en repousse et produit une
autre. En quoy il symbolise pareillement avec la congré
gation des hommes qui se continue successivement . Davan
tage l'olivier ne jette ses racines qu'à fleur de terre , et
non gueres avant . Ce qui nous enseigne par parabole , que
les astres ne sont point de si puissantes causes qu'aucuns
les ont estimé, outre leur vertu naturelle . Et que les
hommes qui ont trop de confiance en des constellations
sont grandement répréhensibles , Enseignement qui a dû
être donné au peuple d'Israël d'autant plus volontiers
qu'il s'estait laissé aller jusques à sacrifier aux astres,
ainsi qu'il se void en Jérémie au chapitre quarante-quatre.
Finalement l'olivier est semblable au grand Chandelier
qui estoit dans le temple , parce que son fruict contient
l'huile pour en fournir les sept lampes de ce grand orne
ment. Mais à la suite de tout ce que dessus et pour clore
ce petit discours , il faut remarquer que ce chandelier en
ses proportions représentait un homme. Car sa hauteur
estoit de septante- deux poulces qui revient à un homme
pe juste grandeur. Il avait sept branches qui portaient
autant de lampes vives, desquelles l'escriture dit expres
sément que la principale qui estoit au milieu portoit la
flamme droite et toutes les autres enclinoient les leurs
vers elle. Mystère qui d'une part représente assez bien que
le Soleil est celuy auquel les autres planètes réfèrent leur
lumière ( 1 ) . Et d'autre costé nous enseignent que tous les
(1) Voyez le livre que j'ay fait du Tabernacle.
peuples doivent regarder leur chef dont ils sont les mem
bres , ou bien leur tronc dont ils sont les branches , et se
tourner vers le Messie qui distribue l'huile de liesse et des
Graces par laquelle nos âmes sont rendues vivantes .
L'arbre qui porte les douze signes , est un pommier
regrésentant le Zodiaque , duquel Salomon a entendu par
ler quand il a dit : « Ma compagne est entre les filles ce
<<< que le pommier est entre les autres Arbres des forêts . >>
Et comme il est certain que le péché et la mort sont
entrez par la femme , recevant et donnant le fruict def
fendu , qu'aucuns Rabbins tiennent avoir esté du pom
mier. Ainsy par les diverses rencontres et par les effects
qui se font dedans les diverses maisons du Zodiaque
advient la destruction de toutes générations naturelles ;
voire ce nom de maisons qui est usité par tous ceux qui
discourent de la division du Zodiaque , confirme la simili
tude qui est faite avec la femme, que l'Hebrieu appelle
quelquefois maison . Et à remarquer que l'écharpe céleste
du Zodiac est enrichie des plus nobles constellations, car
celles qui penchent à l'Arctique ou à l'Antarctique n'ont
point l'opulence des autres . Ces embrassements que
l'homme fondamental donne à cette mère universelle
tirée de son costé , et à sa propre substance sont représen
tés par Salomon en beaux termes soubz le nom d'elle
qu'il fait parler, disant :
<< Soustenez moi avec des pommes .
<
«
< et me faites escorte, car je languis
<< d'amour, sa gauche est dessoubz
<< ma teste et sa main droite m'em
<<< brasse . >>
Voilà qui descript naïsvement l'estat du firmament
avec ces Estoiles fixes qui est cet appuy et affermissement ,

comme avec des pommes auxquelles les Estoiles ont
quelque ressemblance en rondeur . Quant à cet embrasse
ment mystique , il est marqué et descript par le biaisement
du Cercle porte- signes .
Puisque le nom de Dieu tant propre qu'attribut , lequel
se trouve ès dits Zephirots , sont l'éternelle cause de toutes
créatures , il est nécessaire de représenter leurs eaux Phy
siques en certains canaux distinguez les uns des autres . Par
cette raison , les canaux , bassins ou cercle de chacune fon
taine sont ouverts des deux costéz , de manière que par leurs
descentes et retours des unes aux autres, toute communi
cation se retourne en sa propre source et de leur motion ,
non motion et action qui est repos incompréhensible, se
fait la multiplicité des générations qui sont les Estres
seconds participans et non participans de cette première
cause, laquelle se respandant et communiquant à toute
demeure toutefois infiniment solide et très incommuni
quable à tous ses canaux fors celuy qui va de Cheter à
Tiferet s'appelant canaux cachez : parce que la seule gloire
de Dieu est la grande , patente et universelle fin , à laquelle
se portent toutes les irradiations du diadème qui cou
ronne l'éternité : Mais par cetuy-ci comme par un large
torrent de splendeur tous les autres qui regardent les
individus créez sont couverts et comme noyez . Et parce
qu'en leurs effects ils visent à ce qui n'est point infiny,
leurs passages peuvent être bouchez au point où la capa
cité finie reçoit ce qui n'a rien de conforme à celle de
Dieu nous voulant signifier cecy par la bouche du Pro
phète qui disait : « Vos pechez font division entre vous
<<< et moi. »
En quoy nous avons neantmoins une remarque singu

lière à faire de sa miséricorde , laquelle n'estant pas reçeue
par ceux auxquels elle est offerte , ne perd rien de ses ple
nitude et abondance vers ceux qui en sont indignes . D'où
l'on peut tirer la solution d'une question difficile qui se
faict souvent , pourquoy l'on veoit les mechans prospères
et les gens de bien affligez . Au surplus se doit aussi
remarquer que de la misericorde et de la peur commence
la première contrariété qui se trouve en l'estre des choses .
Car la sagesse et l'intelligence ne sont point contraires , et ,
partant, les Anges protecteurs , dont le chef est Michel, se
trouvant au Zéphirot Hesed, leurs contraires (qui sont les
accusateurs) se retirent du costé de Pabad. Les premiers
se nomment droicts procedans du soubassement du grand
Throsne, dont le pied est appelé Lyon , surnom et enseigne
de Juda, signifiant lumière de Dieu , parce que le mot
Ariel vaut autant à dire que Lyon . De l'autre pied , nommé
Bœuf, vient l'armée des anges accusateurs et d'autres . Le
canal qui va de la gloire au fondement , inflüe la vie
arrozant le jardin verdoyant, vivant et fructifiant dont il
est parlé au Genèse , chapitre 2 , en ces mots « et le fleuve
<< sortoit qui arrosait le jardin » , puis s'escoulant plus
avant rencontre les raisons humaines qui sont les caves de
la société civile descoulans au Règne, perpendiculairement
sous la Couronne.
Dans les espaces qui nous sont figurez entre les noms
de Dieu (non parce que leur infinité laisse quelque chose
à remplir, mais parce qu'ils doivent être disposés de cette
façon pour nous faire aucunement comprendre et entendre
l'incompréhensible) sont les mystères et les mystères
desquels Dieu se sert pour l'entretien de sa Cité saincte
et de ses citoyens. Les Anges occupent la première place

par ce qu'ils ont en eux les trois excellences , la durée de
leur être, la cognoissance accomplie et confirmation de
volonté au bien . Et au lieu que nous voyons en Gen.
l'homme avoir esté formé par Jehova Elohim : la Traditive
tient que les intelligences non corporelles portent encore
en elles la marque de Hie , dont elles retiennent de nostre
point communément par les sens , mesme qu'en l'histoire
Saincte , leur création n'est pas mentionnée pour nous
laisser le premier instant de leur être comme incogneu , en
' quoy elles participent éminemment . Ce premier nom qui
signifie un estre, non estre , c'est-à-dire qui esloigne infi
niment de soy le mot estre, non pas qu'il ne soit infini
ment plus solide que tout ce que l'on peut dire estre , mais
parce qu'aucun nom cogneu des hommes ne peut exprimer
la profondeur du jamais , qui n'a jamais eu de commen
cement. Les tables sont entre la Miséricorde et la Crainte,
et tiennent comme la balance des loyers et des peines au
dessus des armées , lesquelles assistent ou punissent selon
que la distribution en est faicte par l'ordonnance Divine et
jugement souverain , comme estant la Reigle de toute Jus
tice . Car Dieu donnant la loy à son peuple a parlé en ces
termes : au Deuteron . , chap . 30 , v . 15. « Aujourd'hui je
<< vous ay donné la mort et la vie , la bénédiction et la
« malédiction . » La loy est au-dessoulz des anges , non
pas qu'elle ne soit plus excellente que les Anges , mais à
cause que par leurs mains elle a été donnée aux hommes.
Et que, pareillement, les législateurs en l'establissement
des loix , font offices d'Anges , d'où vient que Moyse est
appelé Ange.
Entre la perpétuité et l'ornement sont les Autels ,
lesquels Dieu appelle son feu , par ce que comme le feu

· a double effect, scavoir est de disposer et de séparer :
ainsi par les sacrifices , son peuple est assemblé pour
l'honorer et est divisé d'avec toute autre nation infidelle.
Quelquefois aussi ces mesmes Autels sont appelés le
repos de nostre Dieu , d'autant que par eux son ire est
appaisée. Et pour nous apprendre par la similitude des
Créatures que la miséricorde est stable en Dieu . Sa
justice quoique inviolable semble être violentée , lors
qu'elle nous chastie pour les offenses que nous commet
tons contre sa Majesté.
Les quatre Arbres qui sont disposés au costez de
l'Arbre de la Caballe nous figurent trois genres et ordres
des choses excellentes qui sont chacune comprises au
nombre quaternaire . Premièrement les quatre lettres du
nom de Dieu . Secondement les quatre visages des ani
maux attelés au Chariot d'Ezechiel ; Tiercement les
quatre fleuves du Paradis d'Eden . Ces arbres sont le
Palmier, la Vigne , l'Olivier et le Pommier qui ont esté
ainsi disposez par les Hébreux pour signifier plusieurs
choses et particulièrement les suivantes . Pour ce qui
concerne le premier Arbre qui est le Palmier , il nous
représente la première lettre du nom de Dieu qui est le
Jod, lettre qui est comme le fondement de toutes les
autres , et le premier traict qu'il faut tracer pour former
artistement avec symmetrie et proportion quelque autre
lettre que ce soit . Et par conséquent il a quelque rapport
pour nous signifier la Divinité qui est le commencement
et l'origine de toutes choses. Et pour ce qui est du corps
et de la figure de la mesme lettre, elle peut être symbole
de la divinité , qui est comparée à un point à cause de
son unité et simplicité infinie , à raison de laquelle elle est

indivisible comme le point dont est marquée la lettre
Jod . Le premier visage de ces quatre animaux accouplez
au chariot d'Ezechiel , est celuy de l'homme d'autant que
l'homme est comme le but et la fin de la Création , veu
que en sa faveur et pour son usage et service toutes cho
ses ont esté produites . A cause que c'estoit l'homme qui
devoit recevoir la loy de Dieu qui a esté le motif de la
Création ; comme nous enseigne Jérémie , chap . 33. v . 25 .
<< Si ce n'estoit mon alliance , jour et nuict je n'eusse
<< mis ma loy, etc. » . C'est donc pour conjoindre et lier
le commencement avec la fin que ce premier arbre signifie
l'homme qui est la fin de toutes créatures visibles . Voilà
pourquoy on tient que les lettres qui sont sur le Palmier
représentent un homme .
Et pour mesme raison , la figure de l'homme est au
dessus du Chariot , c'est-à - dire par dessus les Sphères ou
toutes choses créées , comme il se lit, au premier chapitre
V. 26. Et mesme au- dessus du firmament et du trône . Et
l'on ne sçauroit rencontrer la ressemblance et le portroit
d'aucune autre créature visible qui soit élévée au-dessus
du Chariot de Dieu , excepté la figure de l'homme : il ne
sera pas inutile , et hors de propos de remarquer qu'en cet
endroit le visage de l'homme est tourné du côté gauche ,
encore que le Prophète n'en face mention expresse pour
certaines raisons qui sont esloignées de la suitte et du
subject de ce présent discours .
Le premier fleuve du Paradis , dont est parlé au second
chapitre du Genes . est Phison qui est à dire croistre et
diviser. I environne de son cours toute la terre de
Hevilath, qui signifie vertu , et quelquefois maladie et
tourment, pour nous donner à cognoistre , que l'homme

est capable d'environner et d'embrasser par le cercle que
les Grecs appellent Encyclopédie toutes les sciences et
toutes les vertus qui sont un rond , estant liez et unis
ensemble, et se tenant par la main . Et d'autre part pour
nous humilier et nous faire entendre que l'homme est
aussi susceptible de toutes sortes de mauvaises impres
sions , de maladies et d'afflictions . Nous pouvons aussi
adjouter que ce tour et environnement du fleuve signifie
l'estendue de la puissance de l'homme que Dieu luy a
donné sur les animaux dispersez et espandus par tout le
rond de la terre . Chap . I du Genes . « Commandez à tous
<<< les poissons de la mer, oyseaux du Ciel et animaux de
« la terre , etc. » et au Psal . 5 , vers . 7 : « Vous avez mis
<< soulz ces pieds toutes choses , » et à raison de ceste
puissance tellement universelle que Dieu a dict au chapitre
onzième du Gen. V. 6 : « Ce qu'ils ont projecté de faire
<< ne leur sera empesché . » Et pour ce qui est dict qu'en
la terre d'Hevilath , se retreuve l'or très fin , très bon , le
Beryl et l'Onyce . Cela nous figure les trois plus éminentes
perfections de l'homme : l'or signifie la vraye richesse qui
est l'accomplissement et la possession des vertus, dont
l'homme doit estre doué comme nous avons dit au
discours du tabernacle . D'où vient que le Chandelier du
Tabernacle représentant l'homme estoit d'or. Le Beril
signifie l'innocence et la pureté . L'onyce signifie la dou
ceur et mansuétude . Nous pouvons remarquer aussi que
l'Escriture en parlant de ce fleuve a dict : et le nom du
premier, car après elle dit le second et ce pour nous déclarer
l'unité singulière , c'est-à-dire la rareté et excellence de
l'homme, par dessus les choses créées en sygne de quoy
il est parlé du premier fleuve en deux versets . Le second

est compris en un et les deux derniers sont contenus en
un autre, qu'ils partagent ensemble , en quoy nous recon
naissons la conformité et proportion que Dieu observe
entre le grand et le petit monde. Car en la création du
monde l'Escriture se sert de cette façon de parler : un jour
a esté faict ; tout de mesme qu'en parlant de ce premier
fleuve qui représente ce petit monde , elle dict « et le nom
de l'un ... etc. >>
La vigne est du costé droict et signifie premièrement
la Hé, seconde lettre du nom de Dieu , lettre que les
Rabins tiennent n'avoir aucun pair, ne pouvant estre
appariée avec aucune lettre pour faire le nombre de dix ,
à cause qu'elle mesme a ceste perfection , que les autres
lettres seules n'ont point, mais pour ce faire ont besoing
d'être assemblées et accouplées avec une autre lettre pour
faire ce nombre parfaict, et partant la lettre Hé ayant
ceste prérogative de son estre , se peut remplir et entre
tenir comme la vigne et la treille qui se multiplie,
s'estend sans mesure et remplist toute la terre de ces
Provinces , et c'est ainsi que du nom de Dieu procèdent
les autres septante deux noms qui gouvernent tout l'Uni
vers. Ce nom donc comme primitif et original de tous les
autres donne l'estre , l'entretien et la consistance au
monde par le moyen de sa providence générale et conser
vation active .
Le muffle du Lyon est aussi à la main droite comme la
lettre Hé, pour représenter la force infinie qui procède et
sort de ce nom . Car la main droitte est symbole de force
en l'Exode , chap . 15 , v. 7. « Ta droitte , Seigneur , est
<< excellente en force ; ta droitte rompra les ennemis . »
Le nom du Lyon veut dire lumière de Dieu . Car de ce

nom sortent les lumières et mesme l'autel replendissant
de tant de clartés lumineuses estoit appelé Lyon . EtJuda
pareillement à cause de nostre Seigneur le Messie qui
devoit être le Lyon victorieux de la tribu de Juda.
Gen. chap . 4.
La seconde Rivière est appelée Gihon qui signifie encli
ner, parcourant toute la terre de Chuz ou d'Ethiopie, qui
signifie très beau : car c'est la propriété , l'idiome et façon
de parler de cette langue pour mieux signifier l'excellence
de la chose . Et faut remarquer que la Bible a donné à ces
deux Rivières , deux versets séparés pour marque de
leurs excellences veu pareillement que les deux lettres
du nom de Dieu qu'elles signifient scavoir Iod et Hé sont
de telles énergies que par leur entremise conjointement
Dieu a créé l'univers , comme nous apprenons d'Isaye
chap. 26, v . 4 : « Que avec la Dieu a créé le monde . » Mais
les deux autres Rivières sont mentionnées et comprises
toutes deux en un mesme verset .
Le troisième Arbre c'est l'Olivier qui représente la
troisième lettre du nom de Dieu qui est Vau, ce nom
signifie une Cheville telle que ces chevilles sacrées et
fichées au Temple pour suspendre les bestes que l'on sacri
fioit. Pour ce qui est de sa figure elle ressemble à un
pilier dressé ; et partant signifie le S. Esprit qui est le
soustien et l'appuy qui asseure l'imbecillité de toutes
Créatures .
La lettre vau signifie aussi un nombre excellent de six .
Elle denote aussi la Génération et la Corruption , l'accès
au bien et au mal , comme ce mot d'Esprit de Dieu se
trouve tantost employé au bien tantost au mal , non de
coulpe, mais de peine . Tout de mesme que la loi dont il

est Autheur a deux visages , un qui regarde le bien pour
le bénir et récompenser, et l'autre qui regarde le mal
pour le punir et venger, et pour estre cause du mal d'af
fliction deue au démerite comme il se veoid au Deuteron .
chap. 30 vers. 19 : « Je vous ay donné la vie et la mort. »
Au reste l'Olivier est le Symbole de la lumière et par
conséquent du feu qui est tout ensemble et nuisible et
profitable . Tout de mesme que les Planettes qui sont
disposées sur cet Olivier estant cause du changement et
alteration qui se faict au monde sublunaire de la Généra
tion et corruption , des formes et privations qui succèdent
les unes aux autres sont cause conséquemment du bien
et du mal.
Le 3e visage du Chariot est un bœuf est symbole de la
nourriture , comme dit Salomon chap . 14, vers . 4.
<< Quantité de revenus et moissons par la force du bœuf. »
Ce qui nous monstre que du mouvement du travail et
cours perpetuel , et des influences et aspects des Planettes
les biens de la terre surabondent . Ce mot Bœuf signifie
muraille et ennemy , pour nous apprendre que le Sainct
Esprit est une muraille de deffence et de protection à ceux
qui l'invoquent, et qui méritent sa faveur , et au contraire
qu'il est ennemy de ceux qui l'offensent . Ce même mot
signifie pareillement chanter, attendu que par l'inspira
tion de l'Esprit sainct, David et les autres serviteurs de
Dieu entonnent le Cantique de ses louanges , Quand à ce
qu'il est dict expressement du Boeuf seul , est du côté
gauche , cela nous représente que les Planettes qui sont
sur l'Olivier représentant le Bœuf n'ont point une force et
vertu absolue qui est signifiée par la main droicte ; mais
une plus faible , plus étroicte et dépendante qui est

signifiée par la gauche.
La troisième Rivière est Hidekel, c'est-à-dire deslie et

léger pour tesmoigner que les Planettes assises sur l'Oli
vier représentant cette Rivière sont peu de force , et par
tant contre la vanité des Astrologues judiciaires ne peu
vent forcer la franchise de nos volontés et actions libres
par les violences d'un destin imaginaire . Il est faict men
tion de cette rivière conjoinctement avec la suivante par
un seul verset à cause que les Planettes, les signes et les
estoiles sont dans le second monde qui est surnommé
Céleste , et que tous deux par leurs influences agissent
secrètement sur le monde élémentaire . Et cecy est con
forme à la structure du nom de Dieu , auquel encores qu'il
y ait quatre lettres , neantmoins la seconde et la quatrième
sont semblables et font mêmes effects .
Le quatrième Arbre est le pommier qui est symbole de

l'amour ou génération , et signifie la quatrième et dernière
lettre du nom de Dieu qui est radicale de l'estre , veu que
par son moyen avec quelque interposition de lettre, le
nom de Dieu signifie toujours l'Estre . Car le nom est
unique pour tesmoigner l'estre de Dieu qui est la source
et le principe, commencement de l'estre des toutes choses
que l'on dit plustôt avoir non estre qu'estre indépendant.
Et suivant la doctrine et maxime de la science mystique,
la liaison , l'union , l'intelligence et concorde de tout le
monde procède de ceste lettre Hé partant aussi l'amour et
la génération en tire son origine comme de la source
feconde des benedictions , d'où vient que Dieu donnant
un surcroist de benediction à Abraham et à Sara, il leur
promist une lignée nombreuse augmenta leurs noms de

la lettre Hé qu'ils n'avaient auparavant.
La quatrième face du chariot est celle d'une Aigle,
lequel mot signifie scier. Car les signes contenus en ce
quatrième arbre entrecoupent et retranchent les actions.
des planettes et tout de mesme que l'Aigle a toujours
l'advantage en volant par dessus les autres oyseaux , aussi
les signes comme estant attachez en forme de clouz d'or
au firmament sont en un Ciel plus haut que les planettes .
Nous pouvons aussi adjouter que l'Aigle est le symbole
de l'Amour aussi bien que le pommier, d'autant que
l'Aigle en volant porte ses petits dessus ses ailes , ne
craignant aucun inconvénient d'en haut , et sçachant
qu'elle ne rencontrera aucun oyseau de proye qui vole au
dessus d'elle : Mais redoutant les flèches que les hommes
pourraient lui décocher d'en bas elle aime mieux en estre
attainte et percée que ses petits . Et à raison de cet instinct
amoureux de nature, nous voyons au dernier Cantique de
Moyse comme l'aigle esveille ses petits .
Le quatrième fleuve est appellé Pherat, c'est-à-dire
fructifiant, en quoy il convient avec le pommier qui , pour
la fécondité et douceur de ses fruicts est symbole de la
génération . Il n'est point fait mention au texte sacré,
d'aucunes villes , païs ou territoire arrosé par ce fleuve .
Ce qui signifie que les signes célestes estant comme
branches sur le pommier , qui n'ont aucune action spé
ciale et particulière ne servant seulement qu'à modérer
ou fortifier par leur regard les actions des planettes . D'où
vient que ces deux derniers fleuves sont couchez en un
mesme verset, d'autant que les planettes et les signes
qu'ils représentent encore qu'ils semblent choses eslognées
et bien différentes , toutefois , ils concourrent ensemble

ment à la production de pareils effects comme causes
secondes accouplées en un mesme joug de la puissance et
providence divine .
FIN DE LA PREMière Interprétation ( 1 )
MOYON
(1 ) Seule partie publiée.

Interprétation de L'arbre de La Cabale - Philippe D'aquin

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11 , QUAI SAINT- MICHEL + + + + + + + + +

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Ceci qui est pire - puisque c'est

Achiti 60.00 V 6.000 A.F.

à la veuse de Jean Michael byt

Docteur Philippe ENCAUSSE 7.

ADVOUE, amy lecteur, qu'il n'est plus

( 1 ) L'exemplaire de la Bibliothèque nationale ne la possède

VOICI MON NOM POUR L'ÉTERNITÉ !

Tirée des plus anciens Auteurs Hébrieux

PROFESSEUR DE LANGUES HÉBRAÏQUES , CALDAÏQUES

DE L'IMPRIMERIE DE JEAN LAGUEHAY

Proche le Collège de Lizieux et contre le Collège de Boncourt

Pour qui connaît l'échelle, c'est le Sinaï.

Rien de caché, rien qui échappe à mes yeux;

Qu'on le comprenne bien : dans le livre de mon seigneur

Impérissable trésor de notions acquises ;

Que ma foi y trouve sa synthèse

Qu'elle tressaille et s'enivre de mes breuvages.

Qu'elle exulte de mes délices

Et se rassasie dans mes greniers où se trouvent

La myrrhede la liberté et la feuille du lys (1).

( 1 ) Cette pièce de vers en hébreu non ponctué est d'une tra

Aux très illustres reverendissimes et vénérables

seigneurs de l'Assemblée du Clergé de France en

l'année mil six cent vingt-cinq.

Suivant l'honneur de vos commandements, voicy

« Que celui qui veut se glorifier se glo

Les choses se peuvent cognoistre de mesme manière

cogneu par sa créature , afin d'estre par elle glorifié : toute

est une plaine lumière et celle de dessoulz est voilée et

créatures s'assemblent et unissent en la gloire qu'il

(1) Voyez au premier des Roys, 22 , 19.

civilement a cette propriété de Dieu , qui luy donnant

saux, et les prédéfinitions produisent et influent chacun

servir au point nommé fondement ou matière ; parce que

unité, indivisibilité ou solidité incompréhensible et très

seulement proposé d'en estre le Seigneur ayant formé

mation de tout nom et de tout nombre médiateur de la

choses matérieles par la vertu de son nom . Et cete vie

vision du Prophète, qui voyant soubz les pieds de Dieu un 1

car il a fallu qu'il y eust eu des lettres pour les noms .

et parfaict qui selon les anciens Philosophes est la mesure

la science Ethique , Economique et Politique procède par

et des langues de la première division se trouvent partis

d'olivier que la colombe de Noë luy rapporta, fut sygne

avec ces Estoiles fixes qui est cet appuy et affermissement ,

En quoy nous avons neantmoins une remarque singu

et de ses citoyens. Les Anges occupent la première place

lesquels Dieu appelle son feu , par ce que comme le feu

son unité et simplicité infinie , à raison de laquelle elle est

tourment, pour nous donner à cognoistre , que l'homme

il est parlé du premier fleuve en deux versets . Le second

Le nom du Lyon veut dire lumière de Dieu . Car de ce

coulpe, mais de peine . Tout de mesme que la loi dont il

une plus faible , plus étroicte et dépendante qui est

La troisième Rivière est Hidekel, c'est-à-dire deslie et

Le quatrième Arbre est le pommier qui est symbole de

promist une lignée nombreuse augmenta leurs noms de