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COLLECTION POUR CONNAITRE

LA PENSÉE
DU
BOUDDHA
PAR
MARC SEMENOFF

BORDAS
DU MEME AUTEUR

Dieu et le Diable autour d'un Trône, roman (épuisé).


Par les Jardins d'amour de Catherine la Grande, roman
(épuisé).
Les Serviteurs du Soleil, roman de l'antique Egypte (épuisé).
Confucius, Editions le Prat.
Les vingt bases de l'occultisme (épuisé).
Dostoievski, Editions des Deux Rives.
Caserne (épuisé).
De l'Inde mystérieuse à la Russie mystique (épuisé).
Avec soi-même (épuisé).
Avec les hommes (épuisé).
Introduction à la vie secrète (épuisé).
Introduction à l'étude ésotérique de l'Apocalypse (revues).
Ivan le Terrible (sous presse).
Histoire de Russie (épuisé).
Forces spirituelles et sociales de la Russie soviétique, les so-
viets à partir du Moyen Age (épuisé).
Les Ecrits pour et contre (épuisé).

THÉATRE
L'Idiot, drame en trois actes (d'après le roman de Dostoievski).
Le Joueur, comédie en trois actes (d'après le roman de Dos-
toievski).

TRADUCTIONSDURUSSE
Tolstoï, Socialisme et Christianisme, Grasset.
Tolstoï et Gandhi, textes, correspondance inédite, Denoël.

© Bordas 1959, tous droits réservés.


N° d'éditeur 154600501
Je dédie cette seconde édition de
mon ouvrage à mes chers nièce et
neveu Josée et Jean-Jacques de Félice.

PREFACE
Je venais d'achever un ouvrage sur CONFUCIUS lorsque me
vint l'idée de réaliser enfin mon désir d'écrire un livre sur le
Bouddha. Des années d'études ésotériques m'avaient rappro-
ché toujours davantage des conceptions bouddhiques. Cepen-
dant les œuvres sur le bouddhisme, et elles sont aussi nom-
breuses que diverses de sens et de caractère, tout en se préten-
dant rattachées aux sources et unificatrices, ne me satisfai-
saient point. Mon esprit, que j'essaye toujours d'évoluer (1)
vers la synthèse, n'y percevait point cette unité de sens et de
caractère spirituels avec les autres courants originels que seul
donne le concept synthétique. Je connus enfin l'œuvre des
Ramakrishna, Vivekananda, Gandhi, Aurobindo, et d'autres
grands Hindous de notre siècle. Et je me sentis en affinité
profonde avec leur pensée «atmaniquement » (par la menta-
lité spiritualisée, la plus haute) reliée, c'était vérifiable aux
courants que je viens d'évoquer. Il me manquait un chaînon,
l'essentiel. Je savais qu'il existait un Evangile du Bouddha,
des Sermons du Bouddha. Je les trouvai. Mon travail sur
Bouddha devenait enfin possible.
Je ne connais aucune des langues, aucun des dialectes qui
se parlaient ou se parlent encore au «Pays Bleu ». Je ne puis
donc juger de l'authenticité des pages de cet Evangile, ni de
la qualité de la traduction anglaise. Je ne connais que le texte
traduit en français. Mais qui pourrait juger, aujourd'hui en-
core, de l'authenticité des pages données comme étant l'Evan-
gile de saint Matthieu. Dans une lettre aux évêques Chromatius
et Héliodore, saint Jérôme n'écrivait-il pas : «Je suis chargé
d'une tâche difficile, dès le moment que vos grâces m'ont
commandé cette traduction que saint Matthieu lui-même,
l'Apôtre et Evangéliste, ne voulait pas qu'il fût publié ouver-
tement. Car s'il n'avait pas été secret, il (Matthieu) aurait
ajouté à l'Evangile que ce qu'il avançait venait de lui. Mais
il écrivit ce livre sous le couvert des caractères hébreux, de
(1) Je rends transitif le verbe «évoluer», comme au demeurant le
verbe «émaner», suivant l'usage de nombre d'oeuvres ésotériques.
telle manière que ce livre, écrit en caractères hébreux, et de
sa propre main, pût être mis entre les mains des hommes les
plus religieux, qui, de leur côté, au cours des siècles, le rece-
vraient de ceux qui les avaient devancés. Mais ce livre ne fut
jamais donné à qui que ce soit pour être transcrit et son texte
fut interprété d'une manière par les uns et d'une autre par
les autres. » Qu'avons-nous donc aujourd'hui qui reste du
texte authentique complet de l'Evangile de saint Matthieu pour
ne parler que de celui-là ? Surtout quand on pense à ces lignes
écrites par saint Grégoire de Nazianze à saint Jérôme, son
ami : «Rien n'en impose plus au peuple que le verbiage,
moins il comprend et plus il admire. Nos Pères et nos Doc-
teurs ont souvent exprimé non ce qu'ils sentaient, mais ce
que les circonstances et la nécessité les ont forcés à dire ».
Et qu'importe ! oui, qu'importe ! Le Bouddha et le Christ
n'auraient jamais existé qu'il nous eût fallu les inventer, puis-
que leurs Evangiles ou ce qui nous est parvenu, demeurent
comme des pages admirables de connaissance, de sagesse et
de beauté spirituelle. Ces Evangiles devaient donc exprimer
la Parole savante, sage et belle d'un Homme de Dieu. Appe-
lons-le Bouddha, Christ. Et j'en reviens à l'Evangile du Boud-
dha et au bouddhisme.
Ce qui demeure de la Parole du «Sauveur » hindou et du
«Sauveur » palestinien ne représente pas un fait, une mani-
festation, une expression sacrés, hagiographiques isolés. L'i-
dentité ou l'analogie que présentent les Sermons de chacun
de ces Hommes-divins-humains ne sont pas dues au hasard.
Elles révèlent une Vérité transmise d'âge en âge sous forme
de Tradition. L'affinité que j'avais ressentie pour les œuvres
de Ramakrishna, de Vivekananda, de Gandhi, d'Aurobindo
provenait précisément de ce qu'elles constituaient un chaînon
nouveau de cet Enseignement Traditionnel qui nous vient
des Temples de l'antiquité, qu'ils fussent thibétains, chinois,
hindous, guatémaltèques, grecs ou égyptiens. Or cet Ensei-
gnement Traditionnel manifestait, exprimait dans ces Tem-
ples, à travers les espaces et les temps, l'unité de sens et de
caractère spirituels dont j'ai parlé plus haut. Des Livres Sa-
crés, des Bibles, des Evangiles nous sont restés dont la forme
et le fond furent inspirés par les Maîtres de ces Temples. Là
encore se retrouvent, naturellement, l'identité ou l'analogie
dont l'existence frappe dans les Sermons, enseignements boud-
dhiques et christiques, et elles ne sont pas dues au hasard.
Qu'est-ce qui conditionne cet identique, cet analogue à
travers les âges, à travers les continents qui disparaissent ?
La Réalité Une. Cette Réalité est l'origine de notre monde et
de ses habitants, le développement de notre monde et de ses
habitants, la fin de notre monde et de ses habitants. La Vérité
est la manifestation, l'expression de cette Réalité. Les vérités
sont les manières dont cette Réalité se manifeste et s'exprime
dans les Paroles ou les Ecrits des Hommes de Dieu, des Pro-
phètes, des Sages. Ces manières dépendent évidemment des
races, des tempéraments, des natures, des caractères des en-
fants de ces races. D'où formes différentes de manifesta-
tion et d'expression, mais identité et analogie dans le fond,
puisque le fond est la vérité par laquelle parle la Réalité Une.
Mais ces formes représentent, ne l'oublions pas, les vérités
qui sont, étant donné ce que nous venons de dire de la Réa-
lité, comme des voiles enlevés de ce Réel, celui-ci demeurant
toujours occulte. Ces formes sont donc les Sources de toute
initiation, puis de toute religion. Or, que se passe-t-il, hélas !
toujours, parmi les nommes ?
Nous l'avons vu pour le Christianisme, d'après des lettres
de saint Jérôme et de saint Grégoire de Nazianze. Dans la pré-
face à l'Evangile du Bouddha, nous lisons : «Comme le chris-
tianisme, le bouddhisme s'est divisé en sectes innombrables,
séparées surtout par des superstitions ou des rites particuliers,
et assez fréquemment elles considèrent les dogmes sectaires
auxquels elles sont attachées comme les traits les plus impor-
tants et les plus indispensables de leur religion. Ce livre (l'E-
vangile, les Sermons de Bouddha) ne suit aucune des doctrines
sectaires, mais prend une position idéale que tous les vrais
bouddhistes peuvent accepter comme un terrain commun. »
Et quel est ce terrain commun ?
C'est le terrain dans et par lequel le Bouddha, Moïse et le
Christ, pour ne parler que d'eux, en fait d'exemple, forment
comme une Trinité, un Trois Divin en un. Ici, comme me di-
sait la femme d'un grand ésotériste, nous sommes dans l'Ame
du Temple, de l'Eglise. Cette Ame «triune » est représentée
par l'Evangile de Bouddha, la Genèse de Moïse, l'Evangile de
Jean qui peut être considéré comme le plus beau des évangiles
christiques. Ailleurs, nous sommes dans le Corps du Temple, de
l'Eglise. Ce corps est manifesté par les dogmes sectaires, les
écrits postérieurs aux Evangiles —du Bouddha et du Christ :
les Sommes, les Talmuds, les institutions humaines. Jeanne
d'Arc a condamné dans ses discours le corps de l'Eglise, elle
était fille de l'Ame de l'Eglise. Disons, sans les condamner,
mais les situant à leur place : disparaissent, s'ils le doivent,
les écrits bouddhiques sectaires, les Sommes et les Talmuds,
le Corps de l'Eglise, mais demeurent les Evangiles du Boud-
dha et du Christ, la Genèse, l'Ame éternelle de «l'Eglise ».
Or Vivekananda écrivait : «L'homme qui a vu le Seigneur
dans le temple de son âme le verra aussi dans le temple de
l'univers. » Et Gandhi prononçait : «Si je découvrais soudain
que les livres religieux ont une interprétation différente de
celle que j'ai appris à leur donner, je m'en tiendrais ferme-
ment malgré cela, à mon opinion sur l'Ahimsa (1). Je crois
au Varnashrama dharma dans un sens que je considère stric-
tement védique mais non dans le sens populaire et grossier
qu'il a aujourd'hui ».
Nous sommes, avec ces paroles, dans l'Ame du Temple et
de l'Eglise. Et nous nous trouvons dans ce terrain commun
dont je viens de parler, où l'homme est, eschatologiquement,
conduit vers cet autre Trois en Un, vers cette Identité spiri-
tuelle que figurent la Terre Promise, le Paradis et le Nirvana.
Et je pense que cette Unité, cette Identité, ce Trois en Un au-
quel pourraient s'adjoindre les formes religieuses qui ne sont
ni du Bouddha, ni de Moïse, ni du Christ, pourraient engen-
drer, dans un avenir qu'il revient à l'Intelligence et à l'Esprit
des hommes de hâter, la Religion Une de l'humanité de de-
main.
Je ne suis pas le premier et ne serai pas le dernier à espé-
rer, à souhaiter cette Unité religieuse future, à travailler pour
elle. De grands êtres en Asie et en Europe ont œuvré et œu-
vrent encore pour la réalisation de cette Religion-Science-
Philosophie des temps à venir. En Europe : Fabre d'Olivet,
Saint-Yves d'Alveydre, Hélène Blavatskaïa, Max Théon et Ma-
dame Théon. En Asie, toute la Sagesse actuelle hindoue née
avec Ramakrishna et Vivekananda et que des Gandhi, Auro-
bindo et d'autres ont entretenue et entretiennent.
A cette œuvre dont la grandeur révèle la nécessité j'ai
voulu apporter ma contribution. Et c'est le sens le plus pro-
fond de ce livre. Puisse-t-il être une pierre solide dans l'Edifice
Unificateur de la pensée et de la volonté religieuses que les
hommes de cœur et de spiritualité bâtissent à notre époque.
Alors, je serai heureux d'avoir contribué au Travail le plus ur-
gent d'aujourd'hui.
Marc SEMENOFF.
(1) Pour les mots hindous, voir le petit Lexique à la fin du volume.
I

EXPLICATION PREALABLE

La pensée bouddhique. Ces pages ont pour but de


pénétrer la pensée du Bouddha.
Mais y a-t-il une pensée bouddhique, peut-on en découvrir
la source, en suivre le développement, aboutir à une conclu-
sion ? Et, de plus, cette pensée représente-t-elle l'œuvre totale
d'une créature unique, d'un homme né divin-humain, appelé
Bouddha ? ou doit-on la considérer comme la synthèse de ce
que les Hindous nomment «un Atman » et qui aurait appar-
tenu à des Bouddhas réincarnés d'un certain nombre de millé-
naires en millénaires ?
Ne l'oublions pas. Nous sommes en Inde, autrement dit au
«Pays Bleu » (1) —et, pour comprendre l'Evangile du Boud-
dha, il ne faut pas sentir, penser ni croire suivant les manières
européennes. Les espaces hindous, pour les mouvements de la
vie, et les temps hindous, pour les durées des cycles de l'exis-
tence terrestre, possèdent des mesures défiant conceptions et
imaginations de la race blanche, dernière venue sur notre
globe. Rappelons quelques chiffres.
L'une des Bibles de l'Inde a pour nom Lois de Manou,
autrement dit : lois du principe intellectuel gouvernant les
mondes. Nous lisons dans ce Livre sacré :
—Par ce qui est, par la cause imperceptible, éternelle, qui
existe réellement, et n'existe pas pour les organes, a été produit
ce divin masculin, célèbre dans le monde sous le nom de Brahma...
L'existence d'un Commencement ou, plus exactement, nous
(1) Comme pour les noms hindous, voir le petit lexique à la fin du
volume.
allons le voir, d'un Recommencement divin masculin, impli-
que la réalité antérieure, pour la mentalité hindoue ou, plus
vastement, pour la conception traditionnelle cosmique, d'un
Recommencement divin féminin. C'est pourquoi le premier
verset des Stances de Dzyan, la première Bible écrite, à ma
connaissance, sur cette terre, et, naturellement, au « Pays
Bleu », parle de « La Mère » et du « Père ».
Et nous lisons aussi dans les Lois de Manou :

Les temps hindous. — Le jour de Brahma équivaut à


4.320.000.000 d'années humaines de 300
jours ; la nuit a une durée pareille. Le jour de Brahma est appelé
« Kalpa ». Trente Kalpas forment un mois de Brahma, douze de ces
mois une année. L'année de Brahma égale donc 3.110.400.000.000
d'années humaines.
Il y a quatre yougas (âges). Ces quatre âges nommés Krita,
Treta, Dwapara et Kali ont des retours périodiques innom-
brables.
— Quatre mille années divines composent, au dire des Sages,
le Krita-youga (1).
Les quatre yougas (âges) présentent une somme d'années di-
vines qui est de 12.000, somme dite l'âge des Dieux.
Sachez que la réunion de mille âges divins constitue un jour
de Brahma, la nuit a une durée égale.
Ces mille âges divins équivalent donc à 4.320.000.000 d'an-
nées humaines, à l'expiration desquelles a lieu le « Pralaya »,
dissolution du monde. Alors commence la nuit de Brahma.
Ces jours, ces nuits représentent des « éons », des « éter-
nités » qui se succèdent : ce sont des « Recommencements »
sans nombre.
Un « Temps de Manou » ou « Manvantara » dure 71 fois
12.000 années divines (2).
(1) L'année divine étant de 360 ans, 4.000 années divines font 1.440.000
années humaines. Le Krita-Youga est de 1.728.000 années humaines de
360 jours. Le treta-youga compte 1.296.000 années humaines. La durée
du dwapara-youga est de 864.000 années humaines. Enfin 432.000 forment
le total des années humaines qui constituent le Kali-youga. Dans l'idée
très vulgarisatrice des occidentaux européens les quatre yougas sont de-
venus « l'âge d'or », « l'âge d'argent », « l'âge d'airain», et « l'âge de fer ».
(2) «Manou» signifie Cause première, Mère-Père d'un Cycle, Celle-
Celui qui a «pensé » le Cycle. Il y a de nombreuses réincarnations «ma-
niques ». Un «Manou» préside à l'évolution de tout le «cycle» ou «ma-
nouantara », «manvantara » (devenu par altération et vulgarisation
«avatar » en français) qui a pour fin la réalisation de ce que les
déesses et les dieux ont conçu pour cette époque déterminée.
Un « Manvantara » constitue le « Cycle d'une Conception »
des Déesses et des Dieux.
Chaque « cycle de Manou » compte plusieurs déluges. Tout
déluge représente un flux et un reflux d'une « Vague de Vie ».

Recommencements Dans sa Clef hermétique aux cy-


ou Vagues de Vie. cles, Max Théon (1) évoque les «va-
gues-marées » du Spirituel, celles de
l'Astral, du Gazeux, du Minéral, du Végétal et de l'Animal.
Nous sommes en train de vivre l'une des «vagues-marées » de
l'Humain. Nous verrons dans un des Sermons du Bouddha,
le «Fils du Divin » parler de ces cycles divers de l'évolution
de la Vie sur la Terre.
Sans cette «Explication préalable », le lecteur occidental
aurait eu quelque peine à comprendre certains passages des
«Sermons » du Bouddha que nous citerons.
Devant les chiffres astronomiques que nous venons de rap-
peler, l'hindou sent et pense la Vie, «l'Après-Vie » et la «Re-
Vie » d'une manière toute différente de l'européenne. Il n'y
a point, pour lui, une seule éternité, pas plus qu'il n'existe
pour lui une vie unique et une seule mort. C'est une suite
sans fin d'éternités qui représentent la Vie totale impensable.
Et s'il est «une » éternité, celle-ci ne figure que le dévelop-
pement complet des possibilités de la matière voulu par les
Déesses et les Dieux dans un espace-temps donné. Ce dévelop-
pement représente une fin. D'où, dans la matière terrestre,
des fins successives et, partant, des recommencements qui ne
sont pas toujours des répétitions.
D'autre part il ne peut être question de «religion », de
«foi » en un Dieu personnel et de «rédemption » par un
Dieu personnel. Le sentiment profondément vécu d'un progrès
qui se réalise au cours de vies et de soi-disant morts succes-
sives et sans nombre ne peut revêtir l'idée d'un «péché ori-
ginel », d'une «grâce », d'un «enfer », d'un «purgatoire » et
d'un «paradis » pour les «bons », les «rachetés » au sens dit
religieux chrétien de ces mots. D'autres termes, avec des signi-
fications divines-humaines plus vastes, dans les espaces et les
temps, seront employés au cours de nos pages, parmi lesquels
quatre constituent un véritable leit-motiv bouddhique : le moi

(1) Max Théon, révélateur de La Tradition Cosmique.


(faux-moi), le karma ou conséquences de nos actes qui nous
suivent de vies en vies sur cette planète, et la souffrance en
vue de la libération des douleurs accumulées au cours des
éternités terrestres, autrement dit la souffrance qui, dominée,
conduit à la délivrance, au « nirvana ».
Un bouddhiste, dans l'acception initiale, traditionnelle de
ce mot, doit donc savoir ce que, dans la réalité, représen-
tent le moi, le karma, la souffrance qui est du destin de la
terre et le nirvana. Je viens d'écrire savoir. En ce verbe se
résume la pensée du Bouddha. En effet le « Fils du Divin »,
Bouddha l'ordonne : N'ajoutez pas foi aveugle à ce que je
vous dis. Examinez vous-mêrne. Discernez. Vous ne vous déli-
vrerez qu'avec la perte de votre croyance en vos moi qui
n'existent pas.
L'examen devient donc un commandement et la nécessité
de la connaissance un enseignement traditionnel. Or, dans quoi
réside l'objet du savoir, de l'examen ? Dans ce qui fut senti,
pensé, éprouvé et enseigné au cours des éons par les Boud-
dhas réincarnés.
Car Siddharta Gautama Çakya-Muni (1) est le dernier
venu, jusqu'à ce jour, parmi tous les Bouddhas ou Illuminés,
Révélateurs.
Ce n'est pas en réalité la pensée d'un Bouddha que nous
ferons connaître ici, mais, pour parler un langage propre au
« Pays Bleu » le « mental terrestrement manifesté » de trois,
de six, de quarante-trois Bouddhas.
C'est la pensée traditionnelle même de l'Inde que nous
allons étudier.

(1) Siddharta est le nom personnel du Bouddha; Gautama, son nom


de famille. Les Çakyas : tribu hindoue que d'aucuns prétendent être d'o-
rigine scythe. Muni signifie exotériquement «ascète », ésotériquement
« délivré » ou «ayant atteint l'état nirvanique ».
II

LE BOUDDHA : SA VIE, SA PENSEE

Les Bouddhas. Tous les Bouddhas sont merveilleux et glo-


rieux,
Ils n'ont point d'égaux sur la terre,
Ils nous révèlent le chemin de vie,
Et nous saluons leur venue avec un pieux respect.
Tous les Bouddhas enseignent la même vérité.
La vérité remet dans la bonne voie ceux qui se sont égarés...
La vérité est notre espoir et notre soutien.
Nous recevons avec reconnaissance sa lumière que rien n'arrête.
Tous les Bouddhas ont une seule et même essence.
Qui est partout présente dans tous les genres d'êtres,
Qui sanctifie les liens unissant toutes les âmes,
Et nous avons foi en sa félicité comme refuge suprême.
Ceci est la « Louange des Bouddhas » qui termine l'Evan-
gile du « Sauveur » hindou. Et voici les premiers versets de
cet Evangile :
Réjouissez-vous de la bonne nouvelle ! Le Bouddha, notre Sei-
gneur, a découvert la racine de tout mal. Il nous a montré la
voie du salut (1).
Le Bouddha dissipe les illusions de notre esprit et nous délivre
des terreurs de la mort.
Vous qui souffrez des tribulations de la vie, vous qui avez à
combattre et à peiner, vous qui aspirez à une vie de vérité, ré-
jouissez-vous de la bonne nouvelle.

(1) Nous verrons que le « Salut » pour l'hindou signifie la « Libéra-


tion », par l'effort personnel, du karma ou des conséquences de nos ac-
tions durant nos vies successives. Bouddha, «le Sauveur » est venu en-
seigner à l'homme les moyens de s'affranchir des liens du «karma ».
Voici du pain pour les affamés. Voici de l'eau pour ceux qui
ont soif. Voici la lumière pour ceux qui sont dans les ténèbres.
Ayez confiance en la vérité, vous qui aimez la vérité ; car le
royaume de vérité est fondé sur la terre.
Le Bouddha, notre Seigneur, a révélé la vérité.
La vérité guérit nos infirmités et nous sauve de la perdition :
la vérité nous rend forts dans la vie et dans la mort ; seule la vé-
rité peut détruire les maux de l'erreur.

La naissance du Sauveur — Et il fut conçu dans le


et les Huit Préceptes. sein de la Reine Maha-Maya.
A cette époque, on célébrait
la fête de l'Eté dans la ville de Kapilavastu. Pendant les sept
jours précédant la pleine lune, la reine Maha-Maya avait pris
part aux fêtes. Le septième jour, elle s'éveilla de bonne heure,
prit un bain parfumé, et parée de ses plus riches habits, elle
se sustenta d'une très pure nourriture, fit vœu d'observer les
Huit Préceptes (1) et pénétra dans sa chambre magnifique.
Etendue sur sa couche royale, elle s'endormit et fit le rêve
suivant.
Les quatre Archanges, Gardiens de l'Univers, la soulevant
de sa couche, la transportèrent sur le Mont Himalaya. Non
loin de là, est la Montagne d'Argent où se trouve une demeure
dorée. La reine fut étendue sur une couche céleste, la tête
tournée vers l'Est. Alors le futur Bouddha, qui avait pris la
forme d'un Eléphant Blanc et errait dans la Montagne d'Or
non loin de là, en descendit, et, gravissant la Montagne d'Ar-
(1) Ces « Huit-Préceptes » s'appellent aussi «Le sentier aux huit
embranchements » ou « Les pas du sentier ». Ce sont huit Commande-
ments ou « L'octuple chemin » :
1. Vues justes : Sammaditthi.
2. But juste : conformer sa vie à l'enseignement, réalisation en re-
nonçant à l'égoïsme : sammasankappa.
3. Parole juste : qui ne blesse personne : sammavakha.
4. Action juste : ne pas tuer, ne causer aucune souffrance : samma-
kamnanta.
5. Moyens de vie purs : gagner sa vie sans nuire à son prochain
sammajiva.
6. Effort pur : sagesse seul guide : sammavayama.
7. Mémoire juste : examen et rappel des leçons de la vie afin d'en
profiter : sammasati.
8. Concentration pure : contrôle du mental par la sérénité de l'équi-
libre qui permet la pensée intuitive ou « Boddhi » : sammasamadhi.
gent, s'approcha de la Reine par le Nord. Tenant un lotus
blanc dans sa trompe argentée, et poussant un cri qui fut
entendu de fort loin, il entra dans la demeure dorée et, se
prosternant trois fois devant la couche de sa mère, il frappa
doucement son flanc droit et parut pénétrer en son sein...

Maya-Mère-Saint-Esprit. « L'Immaculée Conception »


du Bouddha, le Sauveur, n'au-
rait donc pas eu lieu à Kapilavastu, mais au sommet de l'Hi-
malaya. Cette cime, d'après l'initiation traditionnelle de l'Inde,
appartient à la région des nuages gouvernée par la Lune ou
Montagne d'Argent. La Montagne d'Or représente le Soleil.
Kapilavastu, la capitale du royaume des Çakyas (1) signifie
la «ville rouge ». Or le cramoisi est la couleur du rayonne-
ment des dieux quand ils s'incarnent sur la terre. Kapilavastu
veut donc dire : «la ville maison de Dieu », ce qui est aussi
le sens de Bethléem où devait naître Jésus-Christ. Le Bouddha
descend du Soleil, traverse la Lune, Reine du ciel, des eaux,
des nuages et des pluies, et «choisit » Maya comme mère.
Pourquoi ? Parce que Maya est elle-même de race royale di-
vine, digne de concevoir un «Fils de Dieu », un «Sauveur ».
«Maya », en effet, porte l'acception de : «Reine des eaux, des
mers », signification ésotérique aussi du nom de Marie. Sui-
vant la conception traditionnelle, Maya signifie encore :
«Mère Saint-Esprit ». L'annonciation faite à Maya sous l'ima-
ge de l'Eléphant Blanc est de caractère typiquement hindou.
Car l'Eléphant symbolise l'Intelligence unie à l'Inspira-
tion divine et «Boddhi » (2), terme parent de «Bouddha»,
se traduit par «Pensée intuitive » ou «inspirée », «révéla-
trice ». Quant à la blancheur, couleur de la colombe, elle
figure l'harmonie transcendantale, celle de l'Eternelle Passi-
vité, de l'Eternel Féminin, de la Mère-Saint-Esprit.

Il y avait à Kapilavastu un roi Çakya, descendant d'Ikchvakou


qui s'appelait Gautama et dont le nom personnel était Çouddho-
dana. Son épouse était Maya-Dévi, aussi merveilleusement belle
que le lis d'eau et d'un cœur aussi pur que le lotus. Ainsi que
(1) Tribu hindoue que l'on dit d'origine scythe.
(2) Note page 12.
la Reine (1).
maculée des cieux, elle vivait sur la terre pure de désirs et im-
Ainsi s'exprime l'Evangile du Bouddha au sujet des pa-
rents de Celui qui se réincarnait comme le « Sauveur » des
hommes.
Et la Tradition relate que tous les mondes furent inondés
de lumière. Les aveugles recouvrèrent la vue à cause de leur
ardent désir de contempler l'arrivée de la gloire du Seigneur.
Les sourds-muets parlèrent, les bossus se redressèrent et ceux
qui boitaient marchèrent droit. Les chaînes de tous les pri-
sonniers tombèrent et les feux de tous les enfers s'éteignirent.
Ces événements avaient lieu au « Pays Bleu », au V I
siècle avant l'ère dite chrétienne, environ 570 années avant
que d'autres faits aussi merveilleux qu'étrangement parents,
se déroulassent en Palestine...

L'adoration des nagas. Et de même que des mages


guidés par l'Etoile qu'ils virent
en Orient, vinrent adorer à Bethléem celui qui naissait «roi
des Juifs », de même les rois des Nagas qui avaient rendu
hommage aux Bouddhas antérieurs, prirent le chemin de
Kapilavastu et rendirent visite au Bodhisattva (2).
Un anachorète, Asita, menait à cette époque, dans l'Hima-
(1) Ikchvakou, roi mythique de l'Inde, arrière-petit-fils du Soleil.
souche de la dynastie solaire appelée Suryavamça. La famille royale
des Çakvas disait descendre de lui. On sait que Jésus-Christ appartenait
par descendance, à la famille de David lui-même ésotériquement relié
à une Hiérarchie solaire.
Çouddhodana : celui qui se sustente de nourriture céleste, intellec-
tuelle et spirituelle.
Dévi signifie déesse.
La signification des autres noms hindous que nous lisons dans ces
versets a déjà été donnée.
(2) Au sens littéral « naga » est un serpent. Les nagas sont des êtres
supérieurs, doués du pouvoir de se transformer à volonté. — Nous rap-
pelons quant aux bouddhas antérieurs, que, suivant la Tradition, il y
eut quarante-trois réincarnations de Bouddhas avant celle de Siddharta
Gautama Çakyamuni. — Un «boddhisatva » est celui de qui l'essence, «le
moi divin » doit conduire à l'Illumination, à la qualité de « boddhi » ou
pensée intuitive, sagesse suprême, connaissance révélée. Non seulement
les « Bouddhas Sauveurs » mais les brahmanes peuvent naître « bodhi-
sattvas », lorsqu'ils doivent devenir des « Sages ». Nous employons le
terme « Sage » traditionnel. Le mot « saint », en effet, est postérieur et
de signification spirituelle moindre parce qu'exotérique.
laya, une vie de «richi » (1). Ses dons de voyant lui permi-
rent de percevoir une puissante lumière blanche au-dessus
de la capitale des Çakyas. On raconte qu'il se rendit, avec
la rapidité de l'éclair, comme porté par un nuage, de l'Hima-
laya au palais royal où venait de naître le futur «Sauveur »
des hommes.
Et les paroles d'Asita le richi, à Maya et à Çouddhodana
furent :
— «Les présages spirituels manifestés indiquent que votre nou-
veau-né apportera lasera
voir de méditation délivrance
semblableà l'àunivers tout entier.
la fraîcheur SonIlpou-
d'un lac. dé-
livrera toutes les créatures prises au piège dans les rêts, qu'elles
ont elles-mêmes tressées, de la folie et de l'ignorance. Le Roi de
la Loi Divine vient délivrer de l'esclavage tous les pauvres, les
misérables et les désespérés. Et de lui il sera dit : Bienheureux,
celui quile atteint
fectuer l'état
salut des sacré
êtres ses de Bouddha,
frères. » car il est à même d'ef-
Et le verset de l'Evangile nous apprend :
—Lorsque la reine et le roi eurent entendu les paroles d'Asita
ils se réjouirent en leurs coeurs et donnèrent à l'enfant qui venait
de leur naître le nom de Siddharta, c'est-à-dire : Celui qui a ac-
compli ce pour quoi il était venu.
Mais le jour même, Maha-Maya rappelait à sa sœur Prad-
japati (2) que la mère d'un futur Bouddha n'engendrait
jamais un autre enfant. Elle devait aussi mourir, comme les
mères des Bouddhas antérieurs, sept jours après la naissance
du «Maître du monde». Et Maya demanda à sa sœur :
«Quand je ne serai plus, toi, sois une mère pour lui ».
Siddharta grandit et l'amour et la vérité résidaient en son
cœur.

La Roue du Dharma. Le Bouddha s'incarnait ou se


réincarnait, — j'expliquerai au
cours de ces pages pourquoi j'emploie les deux verbes —à cette
seule fin : vaincre la mort et, victorieux, parce qu'ayant
(1) Richi : celui qui «voit» le réel, le «voyant» et aussi le «sage»,
(2) Pradjapati ou Maha-Pradjapati-Gautami, sœur aînée de Maya
la Déesse et seconde femme du roi Çoudhodana qui épousa les deux
sœurs. Gautami est le féminin du nom de famille de Gautama. Maha
signifie «grand », en tête d'un mot composé. Pradjapati, tante du Bouddha
et, nous le verrons, Yaçodhara, épouse du Sauveur, devaient être ses
deux premiers disciples femmes.
atteint l'Illumination révélatrice du Réel, « faire tourner la
Roue du Dharma ». Qu'est-ce que le Dharma ?
J'ai dit dans mon « Explication préalable » qu'il ne pou-
vait s'agir en Inde, d'une « religion » au sens exotérique eu-
ropéen de ce terme. Au demeurant, le mot « religion » n'existe
pas dans l'ésotérisme initiatique du bouddhisme. Le vocable
que la Tradition reconnaît est « Dharma » : il synthétise la
somme totale que l'homme terrestre peut vivre de Connais-
sance divine révélée et de Sagesse, de science divine-humaine
et de conduite dépendant de ce savoir. Dharma (1) c'est tout
l'Enseignement à donner et à recevoir, toute l'initiation à
vivre ou revivre — ces deux verbes, nous le verrons, ont leur
raison d'être — pour atteindre, sur cette terre, l'« état nirva-
nique ».
Il est traditionnellement reconnu que le Bouddha vient pour
le salut des hommes parce que « Maître de la Roue du Dhar-
ma » il la fait tourner. Chaque tour de Roue accompli par
un « Fils du Divin » représente une Révélation complémen-
taire pour l'Enseignement des humains.

Les signes d'un Sauveur. Lorsque Siddharta naquit,


son père, Çuddhodona, fit appe-
ler les brahmanes voyants et leur demanda d'examiner l'en-
fant. Ils virent le nouveau-né et déclarèrent qu'il portait les
trente-deux signes caractéristiques d'un Bouddha. L'un de
ces signes était d'avoir, marquée sous la plante de chacun des
pieds, une roue aux mille rais avec sa jante et son moyeu
en tous points complets. La marque est évidemment symbo-
lique. Et les pieds qui saignent du mal de faire tourner la
Roue de la Connaissance Divine n'appartiennent pas exclusi-
vement, comme image initiatique, à l'Evangile du Bouddha.

(1) Dharma : exotériquement — ce qui s 'accore avec la Loi divine


sur terre ; ésotériquement, loi conditionnant l'existence des êtres et des
choses, d'où « Dharma-Raja », Roi de la loi ou Grand Initié, Révélateur
de la Parole Divine et de son sens, Bouddha est un dharma-raja réin-
carné, et, comme tel, il incarne le « dharma-kaya » ou « corps de la
Loi». Cependant que le Sauveur s'approche, dans son Initiation, de l'état
nirvanique, il revêt des « corps » ou « âmes illuminées » prenant forme
terrestre, dont le « dharmakaya » est le plus subtil, le plus lumineux.
Cette «transfiguration», ou revêtement du corps glorieux, nirvanique,
Bouddha la vécut. Le Christ devait la vivre six siècles plus tard.
Toujours est-il que « les pieds » figurent dans toutes les
traditions antiques « l'utilité » pour le bien de la terre et de
l'homme. Au nom de cette « utilité » et afin d'acquérir la
puissance nécessaire pour la réaliser, le jeune Siddharta de-
vait bientôt subir les épreuves que sa mission exigeait de lui...
Les années s'écoulaient, l'adolescence venait. On ne savait
encore rien du prince héritier du royaume des Çakyas, sauf
qu'il semblait délicat de santé, incapable de commander une
armée en cas de guerre, et qu'il s'adonnait dans les jardins
du palais royal, à de longues méditations oiseuses. Lorsque
le roi, désirant marier son fils, demanda à ses parents, dans
l'Inde, d'amener les princesses, leurs filles, tous refusèrent :
Siddharta ne saurait être un mari ni un conducteur d'hommes.
Le jeune homme rassura son père.
— Prie-les de venir et de reconnaître ce dont je suis
capable.
Et, pour la première fois, devant la famille entière assem-
blée. devant tout le peuple de Kapilavastu réuni pour juger
de la valeur et de la science du prince héritier, le futur Sau-
veur du monde « ne trouva parmi les jeunes gens et les hom-
mes de l'Inde aucun qui pût le surpasser dans les épreuves
du corps et de l'esprit ; il répondit à toutes les questions des
Sages, et quand il les questionna, même les plus Sages parmi
eux, furent réduits au silence » (1).
Et Siddharta aima sa cousine, Yaçodhara, la fille du roi
de Koli, et fut aimé d'elle. De leur mariage naquit un fils
qu'ils appelèrent Rahoula. Le roi Çouddhodana, tranquillisé,
put dire : Le royaume des Çakyas restera sous le sceptre de
mes descendants.
Cependant Siddharta accomplissait ses devoirs à l'égard
de la Loi, il se baignait dans l'eau sainte du Gange et gardait
son âme et son cœur purs dans les eaux parfumées des rites.
Mais il ne cessait d'aspirer de toutes les forces de son « moi
permanent » à donner le repos au monde.

(1) Ainsi s'exprime l'Evangile du Bouddha. De même, nous lisons


dans Saint Luc (II 46. 47) : «Ils le trouvèrent dans le temple, assis au
milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui
l'entendaient étaient surpris de sa sagesse et de ses réponses».
Premiers contacts Tout ce qui représentait déséquili-
avec la Vie. bre, disharmonie, douleur, manifesta-
tion négative de résistance, demeurait
inconnu au jeune prince riche, heureux, puissant. Mais l'être
intérieur tenait le gouvernail et la force divine qui l'animait
poussa Siddharta lorsque l'heure prédéterminée sonna, à con-
naître « le monde ».
Ce fut ainsi que l'héritier du trône des Çakyas sut qu'il
y avait la misère, la haine, la maladie, la vieillesse, la mort.
Longuement, il médita sur les maux qu'il découvrait, sur leur
cause, leur développement et la manière dont on pourrait les
combattre. Le Bouddha comprit que les hommes n'étaient pas
encore nés à la vérité : ils souffraient d'ignorance ou de ne-
science ; ils souffraient de ce que rien ne dure ; ils souffraient
de voir que non seulement la mort était partout, mais que la
vie elle-même représentait un perpétuel changement : au-
cune base de certitude quelconque n'existait. Et Siddharta
formula en lui-même les trois conditionnements de l'existence :
L'insatisfaction profonde, d'où la souffrance, physique,
psychique (du cœur) et mentale (Dukkha).
L'éphémère ou non-permanence de tout (Annika).
Le non-moi : il n'y a pas de moi, d'ego fixe. La person-
nalité n'existe pas. (Anatta).
Les réflexions de Gautama s'approfondirent. Puisque les
manifestations négatives de l'existence s'imposaient avec cette
évidence, il devait y avoir, s'exprimant, au moins avec la
même force, les aspects positifs de la vie universelle. Et Sid-
dharta Gautama découvrit les trois autres conditionnements
qui conduisaient à une triple certitude :
— La délivrance, par moyen divin, de la douleur.
— La permanence divine dans le tout.
— Un état permanent, divin, dans l'homme ayant vaincu
la nescience.
Aurobindo, un Sage de l'Inde contemporaine, écrit dans
une page qu'il intitule l'Enigme de ce monde : (1).

(1) Dans la Revue France-Asie à Saïgon.


Le chemin On ne peut nier, — en fait aucune
de la connaissance. expérience spirituelle n'est négative,
— que ce monde n'est ni idéal, ni sa-
tisfaisant, qu'il est fortement marqué du sceau de l'imperfec-
tion, de la souffrance et du mal. Mais, cependant, une ques-
tion demeure : ce signe est-il, en vérité, ainsi qu'on le prétend,
le caractère essentiel de toute manifestation, ou, du moins,
tant qu'il y aura un monde physique, celui-ci doit-il avoir
cette nature ? De sorte que le désir de naître, la volonté de
se manifester ou de créer, doivent être considérés comme le
péché originel, et le retrait de la naissance ou de la manifes-
tation comme le seul chemin possible de salut ? Pour ceux
qui le perçoivent ainsi, il y a des chemins de sortie bien
connus, des raccourcis vers la délivrance spirituelle. Il
se peut également que ce ne soit pas ainsi en fait, mais seule-
ment que cela paraisse ainsi à notre ignorance ou à une
connaissance partielle ; l'imperfection, le mal, la souffrance
peuvent être une circonstance habituelle ou un passage dou-
loureux, mais non la condition même de la manifestation, non
l'essence même de la naissance dans la nature. Et s'il en est
ainsi, la plus haute sagesse sera non dans la fuite, mais dans
l'impulsion vers la victoire ici-même, dans une association
consentante avec la volonté qui supporte le monde, dans une
découverte de la porte spirituelle qui mène vers la perfection
et qui sera, en même temps, une ouverture pour la totale
descente de la lumière, la connaissance, la puissance et la
béatitude divines.
... C'est seulement quand on a traversé le fossé de l'intel-
ligence limitée et qu'on a participé à l'expérience et à la con-
naissance cosmiques qui voient les choses par identité, que
les suprêmes réalités assument leurs formes divines et sont
considérées comme simples, naturelles et contenues dans
l'essence des choses. Mais la conscience libérée peut s'élever
plus haut, là où le problème n'existe plus et de là le voir
à la lumière d'une suprême identité, où tout est prédéterminé
dans la vérité des choses, automatique et existant en soi, où
tout est justifié par une conscience et une sagesse absolues,
une félicité absolue. Cette connaissance est inexprimable pour
l'esprit humain, son langage de lumière est trop indéchiffrable,
la lumière elle-même trop brillante pour une conscience ac-
coutumée à l'obscurité de l'énigme cosmique et qui y est trop
enchevêtrée pour pouvoir en suivre le fil et en saisir le secret.
En tout cas, c'est seulement quand nous nous élevons
dans l'esprit au-dessus de la zone d'obscurité et de conflit,
que nous entrons dans sa pleine signification et que
l'âme est délivrée de son énigme. S'élever à ce sommet de
libération est le vrai chemin de sortie et le seul moyen de la
connaissance indubitable. »
Or c'est en suivant ce vrai, cet unique chemin de sortie,
c'est en concevant ce moyen, le seul, de la connaissance indu-
bitable que nous sommes conduits à la triple certitude ac-
quise par Gautama au cours de ses premières méditations, —
qu'il y a :
La délivrance de la douleur.
La permanence divine dans le tout.
Un état permanent, divin, dans l'homme ayant vaincu
la nescience.
De la méditation le prince passait souvent à la contem-
plation. Ainsi, comme le dit l'Evangile du Bouddha, il arriva
«qu'il vit avec l'œil de son esprit une grande figure revêtue
de majesté, de calme et de dignité ».
Et le vieillard parla :

Vers le lac —Là où existe la chaleur, existe aussi le froid.


du Nirvana. L'
origine du mal indique que le bien peut être
développé. Ce sont choses corrélatives. Là où il
y a beaucoup de souffrance, il y aura beaucoup de bonheur si
seulement l'homme ouvre les yeux pour le découvrir. De même
qu'un homme tombé dans les laideurs doit chercher le grand étang
couvert de lotus qui est dans le voisinage, de même il doit cher-
cher le grand lac immortel du Nirvana pour laver la souillure du
péché. Si on ne cherche pas le lac, ce n'est pas la faute du lac,
de même lorsqu'il y a une route bénie pour conduire au salut du
Nirvana l'homme fortement tenu par le péché, ce n'est pas la faute
de la route s'il n'y passe point, mais de l'individu. Si un homme
atteint de la maladie de faire le mal ne cherche pas le guide spi-
rituel de la lumière, ce n'est pas la faute du guide destructeur du
péché...
Siddharta écouta et répondit au vieillard plein de puis-
sance qui, tel un Père dans l'Invisible, lui indiquait la voie
sainte du Vrai :
— L'heure de l'Initiation est venue. Voici le moment de tran-
cher tous les liens qui m'empêcheraient d'atteindre à l'illumination
parfaite. C'est le moment de me retirer dans le désert, et, menant
une existence de mendiant, de trouver le chemin de la délivrance.
Le prince se tut. Alors le vieillard prononça cette dernière
parole :
— Va, Siddharta, et réalise ta mission. Car, Boddhisatva (1), tu
es le Bouddha élu. Tathagata (2) parfait, tu es Baghavat (2) car tu
es appelé à devenir le Sauveur, le Rédempteur du monde. La béné-
diction des déesses et des dieux, toi qui seras Dharma-Raja, de
tout ce qui cherche la lumière est sur toi et la sagesse céleste
guide tes pas. Tu seras le Bouddha, notre Seigneur, tu illumineras
le monde, tu sauveras l'humanité.
La vision s'évanouit.

Le départ du Bouddha. Siddharta rentra au château.


Sa femme, son fils dormaient.
Et le cœur du prince se brisa. Rien, cependant, ne pouvait
ébranler sa décision : il reverrait les siens plus tard. Il ne
put retenir ses larmes : « Je dominerai mes sentiments, mais
je n'éteindrai pas ma mémoire, se dit-il. L'heure du travail
intérieur sonne... »
Il monta son rapide Kanthaka (3) et, trouvant les portes
du château large ouvertes, il partit dans le silence de la nuit,
suivi seulement par son fidèle écuyer Tchanna. Ainsi le prince
Siddharta renonçait aux joies du monde, abandonnait son
royaume et entrait dans la solitude.
L'ombre couvrait la terre, mais les étoiles rayonnaient bril-
lamment dans les cieux.

L'initiation Ce furent des années de luttes intérieures,


au vrai moi. de méditations et de contemplations succes-
sives, de hautes et nobles recherches sur le
sens éternel des choses perçu comme dans un miroir, grâce
à l'être intérieur graduellement développé ou redéveloppé (4).
Autrement dit le Bouddha vécut les formes éternelles de l'ini-
tiation ou de la ré-initiation (4) que Socrate devait enseigner

(1) Voir note page 14.


(2) Tathagata : celui qui est de l'essence des Bouddhas incarnés ou
réincarnés avant lui. — Baghavat : l'Oint des déesses et des dieux, le
Béni.
(3) Suivant la tradition, Kanthaka «le meilleur des chevaux » naquit
à l'instant même de la naissance du Bouddha.
(4) De même que pour l'acte de s'incarner ou de se ré-incarner, de
vivre ou de revivre, de même pour l'acte de développer ou de re-déve-
lopper, d'initier ou de ré-initier, l'explication sera bientôt donnée.
en une formule connue depuis la naissance des Temples anti-
ques : « Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l'univers et les
dieux », aspect grec de l'accomplissement bouddhique : « Ce-
lui qui cherche, le moi doit distinguer entre le faux moi et le
vrai moi. Celui-là seul qui identifie son moi avec la vérité ou
l'immuable au milieu des changements, atteindra le Nirvana
ou état de Bouddha. Il sera devenu ce qui est éternel et impé-
rissable ; il saura. — et aussi aspect grec de l'accomplissement
évangélique, dit chrétien : « Mais il entendait parler du tem-
ple de son corps, (1) temple du corps de l'homme dont le
Christ parle souvent : « La lumière qui est en vous... », « On
ne dira point : il est ici ou il est là, car dès à présent le
Royaume des Cieux est au-dedans de vous » (1).

La tentation Longtemps Siddharta demeura dans le


au désert. désert. Déjà une «lumière brillante trans-
figurait le monde ». Mais le Seigneur des
désirs, «artisan de mort et ennemi de la vérité ressentait de
la douleur et ne se réjouissait pas », lisons-nous dans l'Evan-
gile du Bouddha. Accompagné de ses trois filles, les tenlatrices,
et de ses légions de démons malfaisants, Mara se rendit aux
lieux où se trouvait le prince. Ce dernier ne prit pas garde
à lui.
Menaces, ouragans, tentations des trois filles du roi des
crimes furent vains. Siddharta ne prêta aucune attention
aux charmes des femmes et demeura calme et sans peur au
milieu des tempêtes déchaînées. Mara ordonna à tous les
esprits du mal d'attaquer et de terrifier le grand Muni. Mais
celui-ci savait qu'aucun mal ne pouvait lui advenir.
Et les flammes de l'enfer devinrent de salutaires brises parfu-
mées, et les foudres furieuses se changèrent en fleurs de lotus. A
(1) Saint-Jean (II. 21). — Saint-Luc (XI. 35). — Saint-Luc (XVII.
21). N'est-ce point l'identification du moi avec la vérité dont le Bouddha
parlait plus de cinq cents ans avant que ces nouveaux Evangiles fussent
écrits, la vérité dont ces derniers s'expriment de même ainsi, à la ma-
nière bouddhique : « Je suis roi ; je suis venu dans le monde afin de
rendre témoignage à la vérité (St-Jean XVIII. 37) et l'Esprit de vérité,
que le monde ne peut recevoir parce qu'il ne le voit point et ne le
connaît point; mais, pour vous, vous le connaîtrez... (St-Jean XIV. 17).
Je lis dans Judaïsme et Christianisme d'André Chédel (Genève) :
Royaume des cieux ou Royaume de Dieu ? Les théologiens ont oublié
que. chez les Juifs d'alors, «Ciel» était synonyme de «Dieu». Le mot
chinois « Tien » signifie également Ciel «Dieu ».
cette vue, Mara et son armée s'enfuirent tandis que des hauteurs
du ciel pleuvait une pluie de fleurs célestes et s'entendaient les
voix des esprits du bien.
— ... Voyez le grand Muni. Son cœur n'est pas ému par la haine.
Les légions du Pervers ne l'ont pas intimidé. Il est pur et sage,
plein d'amour et de compassion (1).

La philosophie allemande C'est ici, me semble-t-il,


et les rapports que doit prendre place une
du bouddhisme et du digression apparente, et il
christianisme. s'agit bien d'apparence, car
en réalité, ie demeure dans
le sujet traité au cours de ces premières pages. Il est, en
effet, impossible, en parlant de la vie du Bouddha, de ne
point situer le « Sauveur » des hindous dans la classe di-
vine — humaine de ces « Elus », de ces « Oints », de
Ceux que la Tradition spirituelle initiatique universelle nom-
me « Fils du Divin », appellation que le christianisme exo-
térique européen ne réserve qu'à « Jésus le Sauveur, fils de
Dieu le Père ». La critique allemande (2) la première, à no-
tre connaissance, s'est efforcée d'approfondir les rapports du
bouddhisme et du christianisme.
Disons tout de suite que nombre de philosophes germa-
niques, Schopenhauer et Nietzsche, plus particulièrement,
ont été influencés par la pensée hindoue. Il faut, au demeu-
rant, observer que, dès sa naissance, agie comme par un
courant plus profond né aux sources des conceptions aryen-
nes (3), la philosophie germaine fut pénétrée par ce que
j'appellerai l'atmosphère, l'aura de la pensée initiatique de
l'Inde. Il n'appartient pas à mon sujet d'approfondir ici la
question. Je crois cependant, utile d'en parler synthéti-
quement.

(1) Mara est le Satan du bouddhisme ou, plus précisément, suivant


la chronologie, Satan est le Mara des Evangiles chrétiens. La tentation
de Jésus au désert ressemble à celle de Siddharta dans son désert hindou.
Pour le sens de Muni, voyez note page 10.
(2) Seydel, Bunsen et d'autres.
(3) Le mot «Aryen» doit être pris dans son acceptation historique.
L'ésotérisme connaît cinq grandes races qui se sont succédées sur la
terre : la polarienne, sur le continent polarien ; l'hyperboréenne, en Hy-
perborée ; la lémurienne en Lémurie (Terre de Gondwana des géolo-
gues) ; l'atlantéenne, en Atlantide ; l'aryenne, née en Inde et qui, suivant
les idées actuelles, aurait deux branches : l'indo-européenne et la sé-
mitique.
On sait que Newton exprima maintes fois l'opinion «qu'il
existe quelque esprit subtil dont la force et l'action détermi-
nent tous les mouvements de la matière » et qu'à propos de la
gravitation, il écrivit : «Il n'est pas concevable que de la
matière brute inanimée puisse, sans l'intervention de quelque
chose d'autre qui ne soit pas matériel, agir sur une autre
matière et l'affecter, sans contact mutuel, ainsi qu'elle doit le
faire si la gravitation, comme le comprend Epicure, lui est
essentiellement inhérente. » Newton s'empresse de spécifier
qu'il n'use pas du mot «attraction » dans un sens physique.
Et son contemporain, l'allemand Leibniz, appela «puissance
immatérielle » le principe d'attraction. Dans cette «puissance
immatérielle », la monade leibnizienne joue son rôle. Hiérar-
chisée suivant les degrés de sa perfection, cette monade rap-
pelle la matière que le Bouddha classe par échelons, tandis
qu'elle évolue depuis l'argile jusqu'à l'homme divin. Ce dernier
a atteint l'état nirvanique, après avoir passé par les étapes
du minéral, du végétal, de l'animal et de l'homme-animal.
Leibniz ignorait l'initiation hindoue. Cent ans devaient s'écou-
ler après sa mort avant que les premières traductions de quel-
ques grandes œuvres du Pays Bleu parussent en Allemagne.
Mais Leibniz connaissait sans doute, de même que Kepler,
les doctrines pythagoricienne et platonicienne, enfants de la
Connaissance de l'Egypte, fille elle-même de la Tradition Hin-
doue. Kepler disait que les globes disséminés dans l'espace
étaient des intelligences douées de raison circulant autour du
soleil dans lequel réside son esprit de feu. Peut-être les lois
de Kepler ont-elles mis Newton sur la voie de sa découverte ?
Mais Hélène Blavatskaïa dans sa Doctrine Secrète pense que
Jacob Bœhme dut guider le savant anglais. Pour l'auteur de
De la Signature des choses la gravitation ou l'attraction repré-
sentait la première propriété de la nature. Le système de
Bœhme révèle le fond, l'essence des manifestations naturelles
et s'apparente au savoir ésotérique des maîtres alchimistes
de l'Inde antique.

Kant, Hegel et Nietzsche. Arrivons à Kant, à Hegel,


à Nietzsche. Le «noumène »
kantien est un proche parent de ce noyau que l'individuali-
sation acquise dans la matière au cours de ses transmigrations
évolutives a rendu «permanent» selon la conception boud-
dhique. Autrement dit il y a quelque chose du «moi supé-
rieur » dans le noumène, dans la chose en soi. Lorsque Hegel
écrit que l'histoire du monde commence par son but général,
la réalisation de l'Idée de l'Esprit ; qu'il existe un inconscient
caché, secret, très profondément voilé et que tout le processus
de l'Histoire tend à transformer cette impulsion inconsciente
en une impulsion consciente, qu'un vaste ensemble de voli-
tions, d'intérêts et d'activités constitue l'instrument et les
moyens employés par le Monde de l'Esprit pour atteindre
son but, l'amener à une conscience de soi-même dont il se
rend compte, Hegel parle un langage bouddhique. Il en eût été
conscient qu'il aurait ajouté à la manière d'une Blavatski
bouddhiste : Les grands royaumes et empires de ce monde,
après avoir atteint le point culminant de leur grandeur, décli-
nent de nouveau, en vertu de la même loi qui a régi leur déve-
loppement. jusqu'au moment où ayant atteint le point le plus
bas, l'humanité s'affirme et monte une fois de plus. Et le
degré de développement qu'elle atteint est, en vertu de cette
loi de progression ascendante par cycles, un peu plus élevé
que celui qu'elle avait atteint et d'où elle était retombée.

Nietzsche l'hindouiste. Quant à Nietzsche, il est, peut-


Les vies antérieures. être, le plus hindouiste des phi-
losophes allemands, s'exprimant
comme tel dans certaines de ces déterminations si saisissan-
tes de Ainsi parlait Zarathoustra et de Par delà le bien et le
mal. Il y aurait toute une étude à faire sur la manière dont un
ouvrage Communications maçonniques, paru à Stuttgart en
1841, influença la pensée de Nietzche. Certains titres que l'on
trouve dans ce livre écrit par un franc-maçon : «La lampe al-
lumée », «Les petites épreuves de Zoroastre », «Le Voyage vers
la Source de la Sagesse », «L'entretien de Zoroastre avec un
ancien ami » et les développements qui les suivent inspirèrent
certainement l'auteur de Ainsi parlait Zarathoustra. Mais de-
puis des millénaires que la maçonnerie existe et travaille, tous
les maçons n'ont-ils pas été «Zarathoustras » ? Zoroastre-Za-
rathoustra n'a-t-il point comme ancêtre en Inde, Le Raghuvam-
ça ou Lignée des Fils du Soleil. Les «Peut-être ton ami aime-t-
il en toi le regard de l'éternité », «Toute chose qui peut arriver
ne doit-elle pas être déjà arrivée, accomplie, passée », «Et
cette lente araignée qui rampe au clair de lune, et ce clair
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R. Mucchielli. — PSYCHOLOGIE 320 —
R. Mucchielli. — PHILOSOPHIE GÉNÉRALE ET
HISTOIRE DE LA PHILO-
SOPHIE 208 —
G. Pascal. — MÉMENTO DE PHILOSOPHIE .. 312 —
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