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ANALYSE DE L’ARRET RP 0001 RENDU LE 15 NOVEMBRE 2021 PAR LA


COUR CONSTITUTIONNELLE DE LA RDC SE DECLARANT
INCOMPETENTE DE JUGER UN ANCIEN PREMIER MINISTRE POUR
LES FAITS COMMIS DANS L’EXERCICE DE CES ANCIENNES
FONCTIONS A LA PRIMATURE
Par Maitre NSOLOTSHI MALAGU
La cour constitutionnelle de la RDC a par son arrêt RP 0001 du 15 novembre 2021,
décidé en substance qu’elle est incompétente pour juger un ancien premier ministre,
en l’occurrence Monsieur MATATA PONYO MAPON Augustin, pour des faits
infractionnels commis dans l’exercice de ses anciennes fonctions à la primature,
savoir les accusations de détournements dans l’affaire Bukanga Lonzo entre les
années 2013 et 2016.
Cet arrêt décide que « la cour constitutionnelle relève que la compétence
juridictionnelle étant d’attribution, le prévenu MATATA PONYO MAPON
Augustin, qui a cessé d’être premier ministre en fonction au moment où les
poursuites contre lui sont engagées, doit être poursuivi devant son juge naturel, de
sorte que, autrement, il serait soustrait du juge que la constitution et les lois lui
assignent, et ce en violation de l’article 19 alinéa 1 de la constitution. De ce fait, le
prévenu MATATA PONYO MAPON Augustin ne saurait être poursuivi devant
elle sur base de l’article 163 de la constitution ».
En réaction, certains analystes considèrent cet arrêt comme inique, et d’autres un
comme consacrant l’impunité dans le chef des prévenus qui selon eux ne pourraient
plus jugés. D’autres encore incitent la cour constitutionnelle à se rétracter et revenir
sur sa décision d’une manière ou d’une autre. Bref, plusieurs analystes crient au
scandale judiciaire.
Du point de vue scientifique, cet arrêt est-il réellement inique et consacre-t-il
l’impunité des prévenus ?
A mon sens, même si l’argumentation de l’arrêt est moins riche, la position de la
cour constitutionnelle est défendable et ne consacre nullement d’impunité en faveur
des prévenus. Les agitations constatées au tour cet arrêt semblent être soit les effets
d’ignorance soit ceux de la mauvaise foi. Comme d’habitude, je veux m’efforcer de
le démontrer scientifiquement sans parti pris ni prise à partie.
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I. Quelle est la juridiction légalement compétente de juger un ancien premier


ministre pour les faits commis dans et pendant l’exercice de ses anciennes
fonctions à la primature : ni la constitution ni les lois n’ont pas spécifiquement
visées la question
Honnêtement, ni la constitution ni les lois de la RDC n’ont pas visé la question de la
manière spécifique. En effet, les articles 163 et 164 de la constitution qualifient la
cour constitutionnelle du juge pénal du Président de la République et du Premier
Ministre. Ces articles disposent clairement que « article 163 : La Cour
constitutionnelle est la juridiction pénale du Chef de l’Etat et du Premier Ministre
dans les cas et conditions prévus par la Constitution. Article 164 : La Cour
constitutionnelle est le juge pénal du Président de la République et du Premier
Ministre pour des infractions politiques de haute trahison, d’outrage au
Parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour les délits d’initié
et pour les autres infractions de droit commun commises dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. Elle est également compétente pour
juger leurs co-auteurs et complices. »
De prime abord, l’on peut constater que le constituant insiste sur le fait que la cour
constitutionnelle ne puisse juger que le Président de la République et le Premier
Ministre. Le problème ne se pose si Président de la République ou Premier Ministre
est en fonction au moment de poursuites (et surtout si les faits lui reproché sont
rattachables à ses fonctions).
Comme on peut le constater, le constituant ne confie pas expressément à la cour
constitutionnelle, la compétence de juger les anciens présidents de la République et
les anciens premiers ministres qu’il s’agisse des faits commis dans ou hors l’exercice
de leurs anciennes fonctions.
D’ailleurs, l’article 167 alinéa 1er de la constitution semble appuyer l’idée que la cour
constitutionnelle ne peut pénalement juger que les personnes revêtues de la qualité
du président de la République ou du premier ministre au moment de poursuite dans
la mesure où elle recommande au juge de prononcer forcement la déchéance du
prévenu de ses fonctions ; car un ancien Président ou premier Ministre ne pourrait
être concerné par une telle mesure. La constitution ne fait pas de cette déchéance une
possibilité mais plutôt une obligation, comme pour dire que le prévenu est forcément
concerné par cette mesure. Cet article 167 alinéa 1er de la constitution dispose
clairement que « en cas de condamnation, le Président de la République et le
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Premier ministre sont déchus de leurs charges. La déchéance est prononcée par
la Cour constitutionnelle »
Il sied de relever que les articles 163 et 164 de constitution qui traitent de la
compétence pénale de la cour constitutionnelle, sont reproduits intégralement par
l’article 72 de la loi n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la cour constitutionnelle.
Contrairement aux critiques de certains analystes, on peut donc constater que la cour
constitutionnelle n’a donc pas écarter l’application d’une quelconque disposition de
la constitution pour se déclarer incompétente mais tout est question de
l’interprétation qu’il faudrait donner à la question soulevée ainsi qu’aux
conséquences à attribuer à cet arrêt.
A ce sujet, la critique scientifiquement discutable est celle qui reproche à l’arrêt
annoté de n’avoir pas considéré que la compétence juridictionnelle liée à la qualité
du prévenu aurait due être appréciée par rapport au moment de la commission des
faits et non au moment des poursuites. Cette critique n’est pas non plus fondée.
II. Moment d’appréciation de la compétence personnelle de la juridiction
pénale : est-ce le moment de la commission de faits ou celui des poursuites ?
Il y a lieu de remarquer tout de suite que cette question peut se poser devant tous les
juges répressifs et qu’elle ne doit pas être traitée seulement à l’égard du juge pénal
de la cour constitutionnelle.
En effet, il existe des innombrables hypothèses où la qualité qu’avait le prévenu au
moment de la commission des faits infractionnels et qui justifiait la compétence d’un
juge, n’existe plus ou a changé au moment des poursuites de telle sorte que c’est un
autre juge qui pourrait être compétent en raison de la nouvelle qualité du prévenu au
moment des poursuites. Il faudra dans ce cas savoir la qualité du prévenu qui
déterminera la compétence du juge : est-ce celle du moment de la commission des
faits ou celle du moment des poursuites.
On peut donner quelques exemples :
1. Un simple Monsieur (justiciable par nature du tribunal de grande instance) a
commis un viol en 2022 et l’année suivante il se fait élire député national et
devient justiciable de la cour de cassation. Si cette infraction doit être
poursuivie en 2024, quel juge sera compétent : est-ce le tribunal de grande
instance en raison de sa qualité de simple citoyen au moment de la commission
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des faits ou la cour de cassation, en considérant qu’il est député national au


moment du déclenchement des poursuites en 2024 ?

2. Un enfant de 17 ans a commis un manquement qualifié de meurtre en 2021 et


deux ans plus tard lorsqu’on découvre les preuves, le concerné a déjà 19 ans ;
quelle juridiction sera compétente pour connaitre de ces faits : est-ce le juge
pour enfant qui devrait être compétent en raison de son âge au moment de la
commission des faits ou le TGI (juge des personnes majeures) en raison du fait
qu’au moment des poursuites, le concerné est déjà majeur d’âge ?

3. Un capitaine des FARDC a commis un assassinat en 2015 mais les faits sont
découverts et poursuivis en 2022 alors qu’il avait déjà le grade de colonel,
quel juge sera compétent pour le juger : est-ce le tribunal militaire de garnison
en raison de son grade au moment de la commission des faits ou la cour
militaire en considérant son grade au moment des poursuites ?

4. Monsieur Lumpungu, président de la République, commet un détournement


des deniers publics en 2020 pendant et à l’exercice de ses fonctions
présidentielles, les poursuites sont déclenchées en 2025 pendant qu’il n’est
plus président de la République mais sénateur à vie, quel juge sera compétent
pour le juger : est-ce la cour constitutionnelle en considérant la qualité de
l’agent du moment de la commission des faits (président de la République)
ou la cour de cassation, en considérant sa qualité de sénateur au moment de
poursuites ?

Etc.

Il y a là une question générale de droit qui n’a pas encore une réponse générale et de
principe en droit congolais. En effet, en rapport avec le troisième exemple ci-haut
cité, l’article 104 du code judiciaire militaire préconise les deux solutions à la fois
lesquelles sont laissées à l’appréciation du juge. Celui-ci peut considérer que sa
juridiction est compétente eu égard au grade du prévenu au moment de la
commission des faits ou à au grade du prévenu au moment de sa comparution.
Cet article dispose que « la compétence personnelle des juridictions militaires est
déterminée par la qualité et le grade que porte le justiciable au moment de la
commission des faits incriminés ou au moment de sa comparution ».
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Quant à la détermination de la compétence du juge pour enfant, l’article 98 de la loi


sur la protection de l’enfant semble recommander en ce qui concerne la
détermination de la compétence du tribunal pour enfant, la considération de l’âge de
l’enfant au moment de la commission des faits. Cet article dispose que « Est pris en
considération, l’âge au moment de la commission des faits ».

Pour les autres hypothèses de cette question, il n’y a pas des dispositions légales
tranchées et elles nécessitent une jurisprudence de principe en attendant
l’intervention du législateur.

A l’heure qu’il est, les avis judiciaires et considérations doctrinales vont dans tous
les sens ! Certains soutiennent la considération de la qualité du moment de la
commission des faits et ils évoquent mal à propos le principe de cristallisation des
faits infractionnels ; pourtant ce principe ne s’applique qu’à l’appréciation des
éléments constitutifs de l’infraction. Ils justifient aussi leur position en évoquant la
connaissance abstraite du prévenu qui supposait savoir le juge devant lequel il devrait
comparaitre au moment de la commission des faits ; pourtant la justice étant un
besoin de la société et de la victime, elle ne peut dépendre de la connaissance ni des
caprices du prévenu. D’ailleurs, aucun criminel ne commet ses forfaits pour en
répondre devant la justice, celle-ci n’est pour lui, ni le mobile ni l’idéal.

Par contre, l’analyse utilitaire voudrait qu’on s’interroge pourquoi, dans l’égalité de
tous devant la loi et les services publics, on accepte que certaines personnes puissent
avoir des juges particuliers ? La raison pratique est qu’il faut épargner les juges
ordinaires (ou inférieur) de la pression qu’un justiciable (de rang supérieur) pourrait
lui infliger et en même temps honoré le rang ou le grade du prévenu en ne le laissant
pas répondre devant celui qu’il considèrerait comme inférieur ! Ainsi, il appert que
le privilège de juridiction est lié à la qualité du prévenu au moment de sa
comparution.

De la sorte, il n’y a aucune raison d’éviter que le prévenu ne comparaisse pas devant
le juge ordinaire dès lors qu’il n’a plus la qualité exceptionnelle qui justifierait sa
comparution devant un juge spécial. La compétence personnelle d’une juridiction est
liée à la personne du prévenu et non aux faits pour lesquels il est poursuivi. C’est
donc la qualité du prévenu au moment de la comparution qui doit être pris en compte
pour déterminer la compétence personnelle d’une juridiction répressive.
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Le contraire pourrait même donner des situations inacceptables ou fâcheuses. A titre


illustratif : qui pourrait accepter qu’un chef de l’Etat ou un premier ministre en
fonction soit trainer devant le tribunal de grande Instance ou devant le tribunal de
paix pour des faits infractionnels commis avant son accession au pouvoir, au motif
qu’il n’était qu’un simple citoyen ne bénéficiant ni immunité ni privilège au moment
de la commission des faits ?

J’estime qu’en décidant qu’elle est incompétente pour juger un ancien premier
ministre pour des faits infractionnels commis dans l’exercice de ses anciennes
fonctions à la primature, la cour constitutionnelle a indirectement posé comme
principe jurisprudentiel que « la compétence personnelle d’une juridiction
répressive est appréciée par rapport à la qualité du prévenu au moment de sa
comparution » et cette position est scientifiquement très valable.

Au-delà de ce qui vient d’être dit, il est également reproché à l’arrêt de la cour
constitutionnelle annoté, d’avoir consacrée l’impunité en faveur des prévenus
Matata et consorts ; ce reproche n’a aucun fondement juridique car selon l’esprit de
l’arrêt et l’état du droit congolais, ces prévenus sont justiciables de la cour de
cassation.

III. La cour de cassation est compétente de juger un sénateur en cours mandat


pour des faits commis avant son élection.

Contrairement à ce que certains analystes pensent, en décidant que « le prévenu


MATATA PONYO MAPON Augustin, qui a cessé d’être premier ministre en
fonction au moment où les poursuites contre lui sont engagées, doit être poursuivi
devant son juge naturel », la cour constitutionnelle envisage sans nul doute que ce
dernier soit jugé par la cour de cassation qui est le juge naturel de tout sénateur. Et
cette phrase confirme l’assertion selon laquelle, la cour constitutionnelle n’entend
pas consacrer l’impunité en faveur des prévenus.

L’on raconte cependant que les prévenus et le Procureur général près la cour de
cassation contesteraient la compétence de la cour de cassation pour juger cette
affaire. Si l’on peut comprendre l’attitude des prévenus parce que le droit de la
défense englobe toutes sortes d’argumentaire pour éviter la condamnation, celle du
procureur général ne justifierait pas du tout. Par respect à l’arrêt de la cour
constitutionnelle qui s’impose notamment à lui, le Procureur générale près la cour de
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cassation est obligée d’envoyer le dossier en fixation devant cette cour. Dans le cas
contraire, il revient au ministre de la justice (qui l’arrêt de la cour constitutionnelle
s’impose également) d’exerce son pouvoir d’injonction pour obliger le procureur
général près la cour de cassation de saisir cette cour (art 70 de la loi d’organisation,
compétence et fonctionnement des juridictions de l’ordre judiciaire donne au
Ministre de la justice le pouvoir donner injonction de poursuite au procureur général
près la cour de cassation).

Du reste, il faut rappeler que selon l’article 168 de la constitution : « les arrêts de la
Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours et sont
immédiatement exécutoires. Ils sont obligatoires et s’imposent aux pouvoirs
publics, à toutes les autorités administratives et juridictionnelles, civiles et
militaires ainsi qu’aux particuliers ».

Quant à la compétence de la cour de cassation à juger les sénateurs, il faut évoquér


les dispositions des articles 153 alinéa 3 de la constitution et l’article 93 de la loi
portant organisation, compétence et fonctionnement des juridictions de l’ordre
judiciaire qui disposent dans les mêmes termes que : « la Cour de cassation connaît
en premier et dernier ressort des infractions commises par : 1. les membres de
l’Assemblée nationale et du Sénat ».

Cette disposition, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne prévoit pas que la
cour de cassation connait des infractions commises par les membres de l’assemblée
nationale et du sénat uniquement pendant qu’ils sont députés nationaux et sénateurs.
Ce qui est vrai, toutes les infractions commises avant que le prévenu ne soit élu
député ou sénateur, peuvent être considérées comme ayant été commises par la
personne du prévenu actuellement député ou sénateur pourtant qu’au moment des
poursuites, le prévenu est revêtu de cette qualité.

Comme je l’ai dit ci-haut, le privilège de juridiction du député et sénateur consacre


une compétence personnelle de la cour de cassation et comme telle, celle-ci liée à la
qualité de la personne du prévenu au moment de poursuite. Dans ce sens, tout député
national ou sénateur demeure justiciable de la cour de cassation même pour les
infractions commises avant son élection lorsque celles-ci sont poursuivies pendant
qu’il est revêtu de cette qualité. Il en est de même des immunités liées ce rang. En
effet, personne ne pourrait accepter que si un sénateur ou un président de la
République avait commis un faux en écriture avant d’être élu, qu’il soit jugé en cours
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de son mandat par le tribunal de paix et sans aucune immunité due à son rang. Cet
exemple confirme l’assertion selon laquelle « le privilège et immunité sont liés à la
qualité de la personne au moment des poursuites et que la compétence personnelle
d’une juridiction est appréciée en tenant compte de la qualité du prévenu au moment
des poursuites ». Sur pied de cette règle que venait de consacrée la cour
constitutionnelle, la cour de cassation devra se déclarer valablement compétente pour
juger les prévenus Matata et consorts.

Encore qu’il faudra signaler qu’il n’y a au fond aucune différence qu’un prévenu soit
juger à la cour constitutionnelle, à la cour de cassation ou par un autre juge pénal. La
République n’a donc rien à perdre que le prévenu soit jugé par la cour de cassation
et non par la cour constitutionnelle. Au contraire, la procédure devant la cour
constitutionnelle aurait nécessité le vote du parlement réunit congrès, ce qui est un
processus beaucoup plus complexe que les autorisations du sénat ou du bureau de
cette chambre lorsqu’il faudrait poursuivre le même prévenu devant la cour de
cassation.

CONCLUSION

Il ressort de tout ce qui précède que la cour constitutionnelle a bien dit le droit dans
l’arrêt RP. 0001 du 15 novembre 2021 dans l’affaire ministère public contre le
Matata ponyo et consorts. Elle a posé la jurisprudence utile selon laquelle la
compétence personnelle d’une juridiction est appréciée en tenant compte de la
qualité du prévenu au moment des poursuites et qu’à ce titre, c’est la cour de
cassation qui est compétente de juger un sénateur, ancien premier ministre, pour les
faits infractionnels commis dans l’exercice de ses anciennes fonctions à la primature.

Le contraire d’une telle décision pourrait nous amener des hypothèses inacceptables
où il faudrait accepter que le chef de l’Etat, le premier ministre, les députés nationaux
et sénateurs en fonction doivent être poursuivis devant les juridictions ordinaires
(Tripaix et TGI) et ce, sans aucune immunité, pour les faits infractionnels commis
avant leurs accès aux fonctions.

En attendant toute intervention législative ou une jurisprudence contraire de la cour


constitutionnelle, l’arrêt annoté est exécutoire et s’impose à tous. Le procureur
général près la cour de cassation et les juges de cette dernière juridiction sont donc
obligés par l’application de l’article 168 de la constitution, de respecter cet arrêt utile
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de la cour constitutionnelle et de juger le prévenu Matata Ponyo qui jusque-là


bénéficie de la présomption d’innocence.

CT. Maitre NSOLOTSHI MALANGU

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