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NEW

MEDIT
MEDITERRANEAN JOURNAL OF ECONOMICS, AGRICULTURE AND ENVIRONMENT

Poste Italiane Spa Spedizione in Abbonamento Postale Periodico ROC Centro Nord aut. N° 0029 - € 15,00.

ICT as a development factor in the Tunisian

4
QUARTERLY
VOL. XX - N. 4
olive oil sector
Saida Elfkih, Domingo Fernández-Uclés, Adoración
Mozas-Moral, Enrique Bernal-Jurado, Miguel Jesús
Medina-Viruel
SEPTEMBER
2021 Vulnérabilité des moyens d’existence des ménages
ruraux au changement climatique : analyse
comparative des territoires montagneux et littoraux
des zones arides tunisiennes
Mondher Fetoui, Fatma Aribi, Farah Chouikhi, Mariem
Sghaier, Mongi Sghaier

Short Food Supply Chains: rebuilding consumers’


trust
José Luis Cruz, Ivanka Puigdueta, Alberto Sanz-Cobeña,
Mario González-Azcárate

Ageing population and agricultural sustainability


issues: Case of Turkey
Şinasi Akdemir, Elpidio Antonio Kougnigan, Fersin
Keskin, Handan Vuruş Akçaöz, İsmet Boz, İlkay Kutlar,
Yann Emmanuel Miassi, Gürsel Küsek, Metin Türker

ISSN: 1594-5685
www.newmedit.iamb.it
Vulnérabilité des moyens d’existence des
ménages ruraux au changement climatique :
analyse comparative des territoires montagneux
et littoraux des zones arides tunisiennes
Mondher Fetoui*, Fatma Aribi*, Farah Chouikhi*,
Mariem Sghaier*, Mongi Sghaier*

DOI: 10.30682/nm2104b
JEL codes: Q54, R29

Abstract
This paper presents a livelihood vulnerability assessment and compares the levels of exposure, sensitivity
and adaptation to climate change of the local populations in mountains area and coastal plains in Tuni-
sian arid regions. The United Nations Intergovernmental Panel on Climate Change vulnerability index
(LVI-IPCC) has been adapted and applied to assess this livelihood vulnerability, based on socio-econo-
mic surveys and semi-structured interviews with the local populations.
Findings show that households in coastal plains are more vulnerable in terms of socio-demographic profile,
food security, social networks, access to water and climate variability. This territory is much more exposed
to climate change, despite being slightly less sensitive. On the other hand, households in mountainous ter-
ritory are more vulnerable in terms of livelihood strategies, land tenure and health, despite their adaptation
capacity, which reduces their vulnerability to climate change. Based on this vulnerability assessment, this
work suggests specific adaptation strategies and measures for livelihoods sustainability in each territory.

Keywords: Climate change, Vulnerability, Livelihoods, Tunisian arid zones.

1. Introduction En Tunisie, les études d’évaluation de la vul-


nérabilité au changement climatique (Neffati et
L’IPCC a annoncé que la superficie des
al., 2015) ont montré que le pays subit déjà les
zones arides touchée par la sécheresse a aug- impacts de ce phénomène planétaire, en particu-
menté durant la période 1961-2013 de 1% en lier les impacts liés à l’augmentation des tem-
moyenne par an, avec une grande variabilité in- pératures moyennes, la réduction des précipita-
terannuelle. Il annonce également qu’en 2015, tions et surtout l’accentuation de la fréquence
environ 500 millions de personnes vivant dans des phénomènes météorologiques extrêmes
des zones touchées par la désertification sont de (sécheresses, inondations, érosions). Ces chan-
plus en plus touchées par le changement clima- gements engendrent des effets néfastes majeurs
tique (IPCC, 2018). surtout sur les écosystèmes et les moyens de

* Institut des Régions Arides, Médenine, Université de Gabès, Tunisia.


Corresponding author: mondher_ga@yahoo.fr
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subsistance des communautés rurales des zones 2015), puisque l’évaluation de la vulnérabilité
arides tunisiennes, dont les revenus sont forte- des moyens d’existence des ménages est déter-
ment dépendants des activités agricoles et de minée par leur capacité spécifique à se remettre
l’exploitation des ressources naturelles rares et et à s’adapter durablement à ces conditions
fragiles (Fetoui, 2011). socioéconomiques et climatiques défavorables
L’activité agricole devient incapable de pro- (Rossi et al., 2020).
curer en quantité et en qualité des produits agri- L’apport de cette recherche réside dans l’impor-
coles pour la commercialisation et même pour tance de l’analyse de la vulnérabilité des moyens
l’autoconsommation familiale. La régression d’existence des communautés rurales des zones
de la productivité agricole a affecté négative- arides tunisiennes à l’échelle locale, afin d’identi-
ment les moyens d’existence des communautés fier les facteurs déterminants de cette vulnérabili-
rurales, la viabilité économique de l’exploita- té ainsi que les stratégies et mesures d’adaptation
tion agricole et la vulnérabilité de ces commu- spécifiques au changement climatique.
nautés, qui ont perdu leur capacité à faire face Différents modèles et méthodes d’évaluation
au changement et aux variabilités climatiques de la vulnérabilité ont été élaborés. L’approche
(Neffati et al., 2015). La vulnérabilité est en- en matière de moyens d’existence durables
core plus exacerbée en raison de la marginali- (SLA) est un outil conceptuel utilisé pour amé-
sation politique (disparité régionale) (Béchir et liorer la compréhension de la vulnérabilité des
Sghaier, 2013), de la faiblesse du tissu institu- ménages. Elle mobilise plusieurs indicateurs
tionnel et des infrastructures rurales des zones pour évaluer l’exposition, la sensibilité et la ca-
arides tunisiennes (santé, éducation, transport, pacité d’adaptation des ménages à la variabilité
communication, etc.). Elle risque de s’aggraver climatique et changement climatique. Les carac-
au fil des années si des mesures concrètes ne se- téristiques sociales et économiques des ménages
ront pas entreprises, notamment avec la multi- affectent la capacité d’adaptation de ces ménages
plication des besoins des communautés rurales, et les caractéristiques actuelles de la santé, des
de surexploitation des ressources et surtout ressources en nourriture et en eau déterminent
des effets du changement climatique (MARH, leur sensibilité aux impacts du changement cli-
2007 ; Neffati et al., 2015). matique (Chambers et Conway, 1992).
Or, la sensibilité de ces systèmes à la variabi- S’appuyant sur l’approche SLA et les travaux
lité climatique ne se manifeste pas de la même du GIEC (groupe d’experts intergouvernemen-
façon d’un espace à un autre, voire d’un pay- tal des Nations Unies sur le changement clima-
sage à un autre et peut changer sur des courtes tique) ou IPCC, Hahn et al. (2009) ont déve-
distances. L’aridité est ressentie différemment loppé un indice de vulnérabilité des moyens
par rapport aux types de milieu édaphique, d’existence au changement climatique (LVI)
aux types de végétation, aux modes de vie et visant à utiliser les données au niveau des mé-
à l’usage des ressources naturelles (Loireau et nages pour éclairer la planification stratégique
al., 2015). Ces différences font que les popula- au niveau des communautés rurales dépen-
tions présentent des niveaux différents de vul- dantes des ressources naturelles. Après avoir
nérabilité en termes d’exposition et de sensibi- intégré les trois facteurs contributifs du GIEC
lité à la variabilité et changement climatique. (sensibilité et exposition au climat et les pra-
Alors que la sensibilité est le degré auquel un tiques d’adaptation des ménages) dans leur ap-
système est affecté par une catastrophe, la ca- proche, ils ont testé le LVI et le LVI-IPCC dans
pacité d’adaptation est sa capacité à résister et deux communautés du Mozambique, où il s’est
à absorber une catastrophe, et l’exposition est avéré utile de saisir les différences de vulné-
l’ampleur et la durée auxquelles la population rabilité climatique au niveau de la communau-
est exposée à une catastrophe (Hahn et al., té. Cette approche a été appliquée également
2009). Cette vision locale de la vulnérabilité dans plusieurs autres pays en développement
a été jugée plus appropriée pour comprendre qui ont déjà connu les impacts du changement
l’impact de ces changements (Rossignoli et al., climatique, avec des conséquences graves pour

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les moyens de subsistance des ménages, les laquelle un système est sensible ou incapable de
systèmes de production et l’environnement. faire face aux effets défavorables des change-
Elle a été adaptée et appliquée aux territoires ments climatiques, y compris la variabilité du cli-
montagneux subtropicaux humides de l’Inde mat et les phénomènes extrêmes. Elle est fonction
(Tewari et Bhowmick, 2014), de Népal (Aryal de la nature, de l’ampleur et du rythme de la va-
et al., 2014 ; Poudel et al., 2020) et de Vietnam riation du climat à laquelle le système considéré
(Huong et al., 2019), aux territoires tropicaux est exposé, de la sensibilité de ce système et de
subhumides de Ghana (Adu et al., 2017) et de sa capacité d’adaptation ». Cette définition iden-
l’Ethiopie (Simane et al., 2016), aux territoires tifie explicitement les systèmes sociaux et leurs
insulaires subhumides de Trinidad et Tobago caractéristiques comme objet d’analyse tout en
(Shah et al., 2013), etc. reconnaissant les risques naturels comme sources
L’analyse de la vulnérabilité des moyens d’exis- de dommages au système, faisant référence à l’in-
tence des ménages des zones arides tunisiennes au terface Homme/Nature et aux relations sociales.
changement climatique par la méthode du GIEC Dans cette approche, la vulnérabilité présente des
nous semble être pertinente, car ces ménages facteurs externes englobant les perturbations et
dépendent fortement des ressources naturelles les risques du système en termes d’exposition et
et sont fortement exposés au changement clima- de sensibilité, et un facteur interne qui comprend
tique. Elle pourrait également être un moyen pour la capacité du système à faire face et réagir aux
enrichir des études antérieures sur la vulnérabilité contraintes socioéconomiques et aux aléas clima-
en Tunisie qui étaient principalement basées sur tiques (O’Brien et al., 2007).
la pauvreté sans prendre en compte les données L’analyse de ces facteurs contributifs ou va-
sur les capitaux des ménages et leurs moyens riables clés de la vulnérabilité repose souvent
d’existence (Béchir et Sghaier, 2013). sur l’utilisation et l’intégration d’indicateurs tout
Les indices LVI et LVI-IPCC ont été adaptés en tenant compte de leur importance relative et
au contexte de la présente recherche. Ceci afin de leur influence sur la vulnérabilité du système
d’analyser et comparer les profils de vulnérabi- homme-environnement en général. Pour quanti-
lité des moyens d’existence des communautés fier les niveaux d’importance ou d’influence de
rurales, ainsi que leur niveau d’exposition, de ces composantes sur la vulnérabilité, certaines
sensibilité et d’adaptation à la variabilité et chan- études impliquent les parties prenantes et/ou uti-
gement climatique dans les principaux types des lisent les connaissances d’experts (Preston et al.,
milieux en zones arides tunisiennes (les terri- 2009). Chaque facteur étant déterminé par une
toires montagneux et littoraux). Ces deux terri- série d’indicateurs, de conditions et ressources
toires présentent des différences significatives ou composantes majeures (Hahn et al., 2009).
en termes de fonctionnements biophysiques et De nombreuses approches utilisent ces indi-
socioéconomiques et sont considérés comme les cateurs pour caractériser et quantifier des pro-
territoires les plus marginalisés à l’échelle natio- blèmes multidimensionnels, combinant souvent
nale (Béchir et Sghaier, 2013). divers indicateurs dans un seul indice composite
de vulnérabilité. Les indices de vulnérabilité
sont construits à trois fins principales. Première-
2. Materiel et methodes
ment, ils offrent un point de référence pour éva-
luer les cadres de la politique de développement
2.1. Approches d’analyse de la vulnérabilité
(Eriksen et Kelly, 2007). Deuxièmement, ils
L’intérêt croissant de la communauté scienti- peuvent fournir des informations pour élaborer
fique à l’étude de la vulnérabilité est exprimé par des plans d’adaptation et d’atténuation (Gbeti-
le large éventail de définitions de la vulnérabilité. bouo et al., 2010). Troisièmement, ils peuvent
Nous retenons pour notre étude la définition du fournir un moyen pour normaliser la mesure de
GIEC (IPCC, 2007), la plus utilisée dans le cadre la vulnérabilité, permettant ainsi la comparaison
des évaluations de la vulnérabilité au changement de différents contextes. Cela permet également
climatique: « La vulnérabilité est une mesure dans d’établir des priorités dans l’allocation des res-

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sources pour l’adaptation et l’atténuation (Pres- toutes les composantes principales. Pour le
ton et al., 2009). profil sociodémographique, nous avons in-
Nous retenons dans cette étude que ces in- tégré trois nouvelles sous-composantes qui
dices constituent un moyen utile de comparer concernent l’âge moyen des chefs des mé-
et d’évaluer différentes régions géographiques nages, la taille des ménages et la formation
en intégrant des variables locales (compo- agricole. Nous avons intégré les équipements
santes principales et sous-composantes as- agricoles comme nouvelle sous-composante
sociées) spécifiques au contexte. Sans cette de stratégies de subsistance. L’importance des
flexibilité, notre évaluation de la vulnérabilité dépenses annuelles sur la santé et l’accès aux
peut souffrir d’un manque d’indicateurs lo- établissements sanitaires sont également consi-
caux spécifiques pouvant fournir des informa- dérés comme des variables importantes pour
tions fiables pour élaborer des plans d’adapta- évaluer la vulnérabilité des ménages par rap-
tion et d’atténuation spécifiques et ciblés. port à la composante principale de « santé ».
Pour la nouvelle composante du foncier, trois
sous-composantes ont été considérées qui sont
2.2. Choix et adaptation des composantes
le capital foncier et les deux phénomènes de
et sous-composantes pour l’évaluation de la
parcellisation et de morcellement des terres.
vulnérabilité des ménages en zones arides
La composante « Réseaux sociaux » comporte
tunisiennes
trois sous-composantes qui concernent l’im-
Hahn et al. (2009) ont développé l’indice LVI portance des aides familiales, mais aussi les
où ils ont défini sept composantes principales aides de la part de la famille, des amis, des as-
de vulnérabilité (le profil sociodémographique, sociations, de l’Etat, etc. et l’adhésion des mé-
les stratégies de subsistance, les réseaux so- nages à des associations locales. L’adaptation
ciaux, la santé, la sécurité alimentaire, l’eau et a concerné également la composante « sécurité
les catastrophes naturelles et variabilité du cli- alimentaire » par l’ajout des sous-composantes
mat). Ces composantes correspondent aux trois « proportion des ménages qui obtiennent leur
facteurs contribuant au calcul du LVI-IPCC alimentation principale du marché », « satisfac-
du GIEC (exposition, capacité d’adaptation et tion des besoins alimentaires des ménages » et
sensibilité). Nous adoptons ce cadre de LVI et « satisfaction des besoins du cheptel en alimen-
LVI-IPCC du GIEC pour les zones arides tuni- tation ». Concernant la composante « Accès et
siennes en proposant de nouvelles composantes gestion de l’eau », les adaptations ont concerné
principales et sous-composantes caractéri- l’ajout de la sous-composante « disponibilité
sant les populations locales de ces zones. Ces et accès à l’eau d’irrigation », en plus de celle
adaptations ont été effectuées sur la base d’une qui représente les problèmes de conflits liés à
revue de littérature (Sghaier et Fetoui, 2006 ; l’eau. Enfin, pour la composante « Variabilité
Neffati et al., 2015). et changement climatique », cinq sous-com-
Aux sept composantes suggérées par Hahn et posantes ont été intégrées notamment le bilan
al. (2009), nous avons ainsi ajouté une nouvelle hydrique (proportion des années excédentaires
composante principale : « le foncier », sachant et déficitaires), la fréquence des années de sé-
le rôle crucial que joue ce facteur dans la ges- cheresse, la proportion des ménages déclarant
tion des ressources naturelles en zones arides une augmentation de la salinité de l’eau d’ir-
tunisiennes (Sghaier et Fetoui, 2006). Les huit rigation, la proportion des ménages déclarant
profils considérés pour l’évaluation de la vulné- l’augmentation de la mortalité des animaux et
rabilité ont été ensuite mis en correspondance la proportion des ménages déclarant des chan-
avec les trois facteurs contribuant à la vulnéra- gements dans leur système de culture à cause
bilité du GIEC, de la même manière que dans du changement climatique. En parallèle, plu-
Hahn et al. (2009). sieurs sous-composantes suggérées par Hahn et
Les adaptations ont concerné également l’in- al. (2009) n’ont pas été prises en compte dans
tégration des nouvelles sous-composantes pour notre évaluation de la vulnérabilité.

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2.3. Méthodes de calcul des indices Où WMi représente les poids des compo-
de vulnérabilité des moyens d’existence santes principales qui correspondent au nombre
(LVI et LVI-IPCC) des sous-composantes qui composent chaque
composante principale. Le LVI global est mis à
2.3.1. Etapes de calcul d’un LVI moyen pondé-
l’échelle de 0 (moins vulnérable) à 0,5 (plus vul-
ré : Modèle 1
nérable) (Hahn et al., 2009).
Le LVI utilise une approche moyenne pondé-
rée, où chaque sous-composante contribue éga-
2.3.2. Calcul de LVI-IPCC (Cadre de l’approche
lement à l’indice global, même si chaque com-
du GIEC) : Modèle 2
posante principale est constituée d’un nombre
Le LVI-IPCC regroupe les composantes prin-
différent de sous-composantes. La formule de
cipales dans chacune des trois catégories ou
LVI utilise donc une approche simple qui ap-
facteurs contributifs du GIEC. Pour le cas de
plique des poids égaux à toutes les composantes
cette étude, la capacité d’adaptation est définie
principales. Il y a quatre étapes dans le calcul de
par la contribution des composantes de « profil
chaque LVI (Hahn et al., 2009). Tout d’abord,
sociodémographique n», « stratégies de n subsis-
il s’agit de transformer les données brutes des
sous-composantes en mesures appropriés (uni-
tance », « accèsMret=gestion
(
sociaux ». La sensibilitéi
å de l’eau
Indice M )
Srir »
=/ et
n
( å« réseaux
est définie pari les com-
Indice Sri) / n
tés), telles que les pourcentages, rapports et in-
posantes « sécurité 8 alimentaire », 8«8 foncier » et 8
dices. Étant donné que chacune des sous-com-
posantes est mesurée sur une échelle différente,
« santé ».LVI r=( å
L’expositionWMi Mun
estLVI = åå
ri)r facteur
/ (( WWMi
lié å
) Mri) / (
surtout
Mi WM
aux catastrophes inaturelles
=1 et à lai =ivariabilité
=11 du i =1
il est ensuite nécessaire de normaliser chacune
climat. Le calcul de ces trois facteurs contribu-
comme un indice à travers l’équation ci-dessous.
tifs se fait par l’équation suivante :
Ceci est nécessaire pour combiner toutes les me- n nn n
sures en un seul indice LVI. CF = (( å W
CFrr = WMi CFriri))r =// (((å
M
Mi M åWW
WMi ) Mri) / ( å WM
Mi)
Mi
i =1 ii==11 i =1
Indice Sr = (Sr-Smin)/ (Smax-Smin) Où CFr est le facteur contributif des trois fac-
Où Sr est la sous-composante observée pour la teurs (exposition, sensibilité et capacité d’adap-
région r et Smax et Smin sont les valeurs mini- tation). Mri est la composante principale indexée
male et maximale pour chaque sous-composante. par i. WMi sont les poids des composantes princi-
Après la standardisation de chaque indice des pales et n est le nombre des composantes princi-
sous-composantes, on utilise l’équation suivante pales dans chaque facteur contributif.
pour calculer la valeur de chaque composante prin- Une fois l’exposition, la sensibilité et la capa-
cipale. C’est la moyenne des scores normalisés de cité d’adaptation sont calculés, les trois facteurs
chaque composane principale, qui donne un score contributifs sont combinés en utilisant l’équa-
final (Mr) pour chaque composante principale. tion suivante :
n
M
Mrr== (( å Indice
Indice Sri
Sri ) )/ /nn LVI-IPCCr = (er – ar) * sr
i Où LVI-IPCCr est le LVI pour la zone d’étude r
Où n est le nombre 8 de sous composantes 8 dans
exprimé en utilisant le cadre de la vulnérabilité du
chaque composante.
LVIr = ( å WMi Mri) / ( å WMi) GIEC. Les valeurs er, ar et sr sont respectivement
Enfin, l’indicei =1de vulnérabilité i =1 global des
celles d’exposition, de la capacité d’adaptation et
moyens d’existence des ménages pour une de sensibilité calculées pour une région r. Le LVI-
région r (LVIr) est calculé en combinant les IPCC est mis à l’échelle de -1 (moins vulnérable)
moyennes pondérées n
de toutes cesn composantes à 1 (plus vulnérable) (Hahn et al., 2009).
principales. Leså
CFr = ( WMi Mri) / ( å WMi)
i =1
poids de chaque i =1
composante
principale est déterminé par le nombre de sous
composantes dont elle n est constituée. n Cela ga- 2.4. Zone d’étude
å
Mr = (les composantes
rantit que toutes IndiceMr = å
Sri() / nprincipales
Indice Sri) / n Les zones arides tunisiennes présentent des
contribuent également i à l’LVI global. i
variations climatiques, du couvert végétal et
8 8 8 8
LVIrr == ((
LVI å i =1
W
WLVI
Mi M
Mi åå
Mrri=)ri)/((/ ( W
i =1 i =1
WMiWå
) M)ri) / (
Mi Mi
i =1
des géofaciès qui sont très observables sur une
WMi)
courte distance. Ceci résulte de la nature et de

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n n n n
CFr = ( å WMi
CFMr =ri)( /å
( åWMi
WMiM)ri) / ( å WMi)
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Figure 1 - Localisation
géographique de la zone
d’étude.

la complexité des influences littorales, conti- tants/Km²) (INS, 2014) et demeure dans des pe-
nentales, désertiques liées à la situation géogra- tits villages anciens et des habitats plus ou moins
phique, mais aussi les influences de l’Homme dispersés. Elle occupe, de plus ou moins longue
qui apparaissent à travers ses activités et la na- date, certaines vallées et dépressions où elle a dé-
ture des apports qu’il entretient avec le milieu veloppé une agriculture de subsistance dominée
(Ouessar et al., 2006 ; Fetoui, 2011). par l’arboriculture, en particulier les oliviers et
Deux zones situées selon un gradient déser- les figuiers, accompagnée de quelques cultures
tique-littoral/amont-aval représentant les princi- céréalières et maraîchères épisodiques. Cette
pales régions naturelles de ces zones arides ont population profite des conditions climatiques re-
été choisies pour l’analyse de la vulnérabilité des lativement favorables (plus que 160 mm/an) par
moyens d’existence des ménages à l’échelle lo- rapport à celles des plaines (moins de 140 mm/
cale : le territoire montagneux (délégation de Béni an), pour développer ces cultures sur des petites
Khédache (BK)) et le territoire littoral (délégation parcelles ayant des sols riches et profonds, créés
de Sidi Makhlouf (SM)) (Figure 1). Ces deux suite à la confection des petits barrages de col-
territoires présentent des conditions climatiques lecte des eaux pluviales ruisselées (les jessour).
très contraignantes, un potentiel en ressources na- Elle pratique également l’activité d’élevage qui
turelles très limité et des seuils de pauvreté très est plutôt extensif sur des petits espaces de par-
élevés (Béchir et Sghaier, 2013). Les populations cours créant une charge animale importante. Le
à dominante rurale de ces régions (25885 habi- reste des sols sont généralement très peu profonds
tants à BK et 25206 à SM (INS, 2014)) sont en et pauvres en matières organiques, de texture et
perpétuelle mutation depuis au moins un siècle structure sensibles à l’érosion éolienne et hy-
à un rythme qui diffère entre les deux territoires, drique (Ouessar et al., 2006). Ces sols sont peu
engendrant des transformations profondes des ou non aptes à l’agriculture et au développement
conditions socioéconomiques, des structures fon- d’une végétation naturelle capable de subvenir les
cières, des systèmes de production, et des modes besoins de plus en plus importants de la popula-
d’accès, d’exploitation et de gestion des res- tion. La végétation naturelle est souvent éparse,
sources naturelles (Fetoui, 2011). Ces mutations rabougrie et clairsemées. Le revenu familial dans
ont créé des opportunités différenciées en termes ce territoire est issu quasi-totalement des activi-
de capacités d’adaptation, mais aussi de vulnéra- tés extra-agricoles (petits métiers, services, com-
bilité des populations locales de chaque territoire. merce, artisanat, etc.) (Fetoui, 2011).
Dans les zones montagneuses, la population est La population des zones littorales est carac-
caractérisée par une densité très faible (7 habi- térisée par une plus grande densité (57 habi-

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Tableau 1 - Caractérisation socioéconomique et biophysique des deux territoires d’étude (territoire montagneux
et territoire littoral).
Territoire montagnard de BK Territoire littoral de SM
Caractéristiques physiques Montagnes, pentes fortes Plaines, Sebkhas, zones basses
- Sols très peu profonds, fragiles - Sols peu profonds, fragiles et
et pauvres, peu évolués d’érosion pauvres, sableux et gypseux avec
hydrique et éolienne, quelques sols charge caillouteuse importante
alluviaux derrière jessour riches et - Végétation peu dégradée,
Ressources naturelles
profonds céréaliculture dominante,
- Végétation dégradée, arboriculture arboriculture plein champs
dominante derrière jessour - Eau très rare, tarissement des
- Eau très fréquente en bonne année nappes, salinité
Pluviométrie > 160 mm, bilan Pluviométrie < 140 mm, bilan
Climat hydrique déficitaire, vents peu hydrique déficitaire, vents très actifs,
violents et peu chargés de sable violents, secs et chargés de sable
Densité de la population 7 hab/km² 57 hab/km²
Mode d’occupation
Installation humaine très ancienne sur Installation humaine plus ou moins
humaine de l’espace et
des petits villages et ksour récente (habitat rare et très dispersé)
caractéristiques de l’habitat
Agriculture de subsistance, activité Agriculture familiale et marchande,
Activité principale
extra-agricole, élevage extensif élevage plutôt semi-extensif
Revenu agricole annuel
3065 DT 2160 DT
moyen
Aménagements de collecte des eaux
Impact des politiques
pluviales sur les versants et dans les Faible impact
d’aménagement
cours d’eau

tants/km²) et demeure dans des habitats et des territoires fait que ces derniers présentent des
villages très dispersés sur les vastes plaines de niveaux différents de vulnérabilité des systèmes
la Jeffara tunisienne. Les sols sont en majori- « Homme-milieu », de dégradation des ressources
té plus profonds, peu fragiles, sableux et gyp- naturelles et de risques de désertification. Le choix
seux avec une charge caillouteuse importante. de ces deux territoires émane de l’importance de
Ces conditions favorisent la diversification des l’analyse de la vulnérabilité des moyens d’exis-
cultures sur les vastes parcelles, notamment les tence des ménages dans ces contextes locaux dif-
cultures céréalières et irriguées, l’arboriculture férents représentant les zones arides tunisiennes.
en plein champs, etc. L’activité agricole pra- Ceci afin d’identifier les facteurs déterminants ou
tiquée est plutôt familiale et marchande, avec variables clés de cette vulnérabilité ainsi que les
un élevage semi-extensif engendrant une faible stratégies et mesures d’adaptation spécifiques au
charge animale. Les conditions biophysiques changement climatique.
(rareté de l’eau, vents très actifs, violents, secs
et chargés souvent du sable, tarissement et sali-
2.5. Collecte des données
nité des nappes, etc.) sont des facteurs détermi-
nants du déclin de la productivité agricole. Le Des enquêtes socio-économiques et de per-
revenu familial est généralement faible et est ception ont été conduites auprès des ménages
issu principalement de l’activité agricole, mais ruraux dans ces deux territoires (85 enquêtes à
aussi de quelques activités extra-agricoles (Fe- Béni Khédache et 80 enquêtes à Sidi Makhlouf)
toui, 2011) (Tableau 1). durant les mois de mars, avril et mai 2018. Les
La conjugaison de ces différentes conditions échantillons ont été conçus de façon à ce que les
biophysiques et socioéconomiques de ces deux ménages enquêtés aient une représentation sta-

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Tableau 2 - Répartition des enquêtes ménages par territoire et par délégation.


Territoire Délégation Imada Total des ménages* Echantillon
Rahala 115 5
Menzla 171 7
Bhaira 243 10
Hmaima 310 12

Montagneux Béni Khédache El Binya 306 12


Zammour 117 5
Béni Khédache 619 24
El Fjij 255 10
Total Béni
2136 85
Khédache
Ragouba Ouest 402 16
Ragouba Est 715 28
Littoral Sidi Makhlouf Gosba 402 16
Sidi Makhlouf 491 20
Total Sidi Makhlouf 2010 80
Total zone d’étude 4146 165
Source : INS, 2014.

tistique significative pour l’ensemble de la popu- connaissances locales, le transfert de connais-


lation résidente dans les deux zones. sances, la sécurité alimentaire, les stratégies
La méthode d’échantillonnage a suivi une d’adaptation au changement climatique et la du-
technique d’échantillonnage aléatoire stratifiée. rabilité du système en général. Chaque entretien
Les ménages enquêtés ont été tirés d’une ma- a duré en moyenne 35 min. Les données collec-
nière aléatoire sur les registres de chaque déléga- tées ont été utilisées pour caractériser les compo-
tion, en tenant compte de plusieurs répartitions santes du LVI et LVI-IPCC adaptés au contexte
spatiales (délimitation administrative et zonage des zones arides. Elles ont permis en premier
biophysique). Ainsi, l’échantillon est réparti sur lieu d’analyser les capitaux des ménages par le
les deux zones géophysiques de la zone d’étude logiciel SPSS et ont servi ensuite au calcul du
(montagnes et plaines littorales) et par imada LVI et LVI-IPCC pour les deux territoires.
(plus petite unité administrative) (Tableau 2).
L’échantillon compte 165 ménages qui ont été
sélectionnés parmi 4146 ménages dans la zone 3. Resultats
d’étude (INS, 2014), soit une fraction d’enquête
3.1. LVI par composante et par type
de 4%. L’identification finale des agriculteurs
de territoire
enquêtés a été entreprise avec la collaboration
des acteurs locaux et des services techniques. L’analyse montre que les ménages du terri-
Le questionnaire de l’enquête renseigne sur toire littoral de SM présentent une plus grande
les caractéristiques générales des ménages et de vulnérabilité que ceux du territoire montagneux
leurs systèmes de production (critères démogra- de BK en termes de « profil sociodémogra-
phiques, capitaux fonciers, financiers, physiques phique » (respectivement 0,57 et 0,49) (Tableau
et sociaux, production agricole, vulnérabilité des 3). La vulnérabilité à SM est expliquée surtout
systèmes, principales sources d’information, po- par la grande proportion (61%) des familles
litiques agricoles, etc.). Le questionnaire intègre nombreuses (>6 membres) ayant des charges fa-
également des parties qui traitent l’analyse des miliales ardues face à des conditions financières

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NEW MEDIT N. 4/2021

Tableau 3 - Vulnérabilité des moyens d’existence des ménages à Béni Khédache (BK) et Sidi Makhlouf (SM)
par composantes principales et sous-composantes.
Valeurs Valeurs
normalisées d’indice
Composante Valeur des sous- pour la
Sous-composante
principale composantes composante
(Indice Sr) (Mr)
BK SM BK SM BK SM
Moyenne des âges des chefs des ménages (ans) 54 45 0,48 0,33
% des ménages ayant une famille nombreuse
47 61 0,47 0,61
Profil socio- (>6)
0,49 0,57
démographique % des chefs des ménages ayant un niveau 67 65 0,67 0,65
d’instruction faible (<=primaire)
% des chefs des ménages sans formation
37 69 0,37 0,69
agricole
% des ménages ayant l’agriculture comme seule
62 46 0,62 0,46
source de revenu
Stratégies de
% des ménages n’ayant pas de matériel agricole 50 39 0,50 0,39 0,48 0,37
subsistance
% des ménages qui travaillent en dehors de la
33 26 0,33 0,26
communauté
% des exploitations ayant 3 parcelles et plus 58 43 0,58 0,43
Foncier Superficie moyenne par exploitant (ha) 2 3,9 0,23 0,17 0,40 0,30
% des exploitations ayant une superficie
39,4 32,6 0,39 0,32
inférieure à 2 hectares (ha)
Rapport moyen des dépenses de santé par
36 28 0,36 0,28
rapport aux dépenses totales du ménage
Temps moyen pour arriver à un établissement de
Santé 45 15 0,34 0,18 0,32 0,26
santé (minutes)
% des ménages avec des membres ayant des
27 30 0,27 0,30
maladies chroniques
% des ménages n’ayant pas une aide familiale 16 25 0,16 0,25
% des ménages ayant reçu une aide auprès
Réseaux des voisins, des amis, des associations, de la 32 29 0,32 0,29 0,20 0,25
sociaux communauté, de l’Etat
% des chefs des ménages qui ne sont pas adhérés
12 22 0,12 0,22
à une ONG
% des ménages qui obtiennent leur alimentation
58 70 0,58 0,70
principale du marché
Sécurité % de satisfaction des besoins de la famille en
68 72 0,68 0,72 0,62 0,67
alimentaire nourriture
% des exploitations qui ne satisfaisaient pas les
62 60 0,62 0,60
besoins de cheptel en alimentation
% des ménages ayant un problème de
Accès et gestion disponibilité de l’eau 40 43 0,40 0,43
0,24 0,30
de l’eau % des ménages qui déclarent un conflit d’eau 8 17 0,08 0,17
% des années déficitaires (présentant un déficit
44 58 0,44 0,58
hydrique)
Fréquence des années sèches tous les 10 ans 6 7 0,60 0,70
% des ménages déclarant une augmentation
Variabilité et de la salinité de l’eau d’irrigation à cause du 25 45 0,25 0,45
changement changement climatique 0,35 0,50
% des ménages déclarant l’augmentation de la
climatique mortalité des animaux à cause du changement 28 33 0,28 0,33
climatique
% des ménages déclarant des changements dans
leur système de culture à cause du changement 19 42 0,19 0,42
climatique
Source : Propres analyses, 2020.

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NEW MEDIT N. 4/2021

précaires, et par l’importance des ménages sans Pour la vulnérabilité liée aux réseaux sociaux,
formation agricole (69%). En termes de straté- les analyses montrent que le pourcentage des
gies de subsistance, BK montre plutôt une plus ménages n’ayant pas eu une aide familiale est
grande vulnérabilité (0,48) qu’à SM (0,37) à faible dans les deux territoires. En effet, en cas
cause du pourcentage plus élevé de ménages qui de besoin, ces ménages bénéficient d’une soli-
ont déclaré compter uniquement sur l’agricultu- darité sociale considérable, notamment les aides
re pour obtenir un revenu (62% contre 46% à financiers de la part des voisins, des amis, des
SM). BK montre également la plus grande pro- associations locales ou de la part de l’Etat sous
portion des ménages n’ayant pas de matériel forme d’aides sociales ou de subventions. Ce
agricole (50% contre 39% à SM), ce qui influe facteur est le principal déterminant de la faible
négativement sur la productivité agricole. Une vulnérabilité des ménages par rapport à cette
autre stratégie d’existence pratiquée par les composante (0,20 à BK et 0,25 à SM). Les résul-
ménages est de travailler en dehors de la com- tats montrent également que le pourcentage des
munauté. Cette migration concerne un chef de ménages n’adhérant pas à une ONG (organisa-
ménage sur trois pour le territoire montagneux tion non gouvernementale) est faible et est égal à
(33%) dont 66% à l’étranger. Bien que cette mi- 12% et 22% respectivement à BK et SM. Ceci a
gration puisse dans certains cas combler les be- permis également de diminuer le niveau de vul-
soins des familles à travers des investissements nérabilité, grâce au rôle des ONG qui consiste
agricoles, elle engendre dans la plupart des cas essentiellement à vulgariser les bonnes pra-
l’abandon des terres agricoles. Ce phénomène tiques, transférer les connaissances et informer
était la raison d’attribuer des scores de vulnéra- les agriculteurs sur les nouvelles technologies.
bilité plus élevés aux ménages déclarant ayant Les résultats montrent également que les mé-
des membres de la famille travaillant en dehors nages dans les deux territoires sont très vulné-
de la communauté. Dans le territoire littoral de rables en termes de sécurité alimentaire, avec
SM la situation est différente et la migration un score de vulnérabilité à SM légèrement su-
concerne seulement 26% des ménages. périeur à celui de BK (respectivement 0,67 et
Les analyses montrent également que les mé- 0,62). Ceci est expliqué par l’incapacité de la
nages à BK sont plus vulnérables par rapport à la production agricole à satisfaire les besoins des
composante « foncier » (0,40 contre 0,30 à SM), populations locales en termes de nourriture et
tenant compte du niveau d’emprise agricole (su- d’alimentation du cheptel dans les deux terri-
perficie moyenne faible par exploitation égale 2 toires. Un grand pourcentage de ménages dé-
ha, contre 3,9 ha à SM) et de l’importance du clarait ne pas compter uniquement sur leurs ex-
phénomène de morcellement et de parcellisation ploitations agricoles pour combler les besoins
des terres. En effet, ce territoire présente une nutritionnels et obtiennent leur alimentation
proportion plus élevée des exploitations agri- principale du marché (70% à SM et 58% à BK).
coles ayant plus de 3 parcelles (58% à BK contre Pour la composante « accès et gestion de
43% à SM) et dont la superficie est inférieure à 2 l’eau », les deux territoires présentent des scores
ha (39,4% à BK et 32,6% à SM). de vulnérabilité plus ou moins faibles, avec plus
La composante « Santé » présente en revanche de vulnérabilité du côté de SM (0,30 contre 0,24
des indices de vulnérabilité plus ou moins faibles à BK). Le territoire littoral est caractérisé surtout
et similaires pour les deux territoires (0,32 à BK par le nombre le plus élevé des conflits entre les
et 0,26 à SM). Les différences entre les deux usagers de cette ressource rare. Le nombre limi-
territoires concernent surtout l’éloignement des té de conflits à BK est expliqué par la présence
ménages des établissements de santé (le temps d’un système traditionnel de partage équitable
moyen pour arriver à un établissement de santé des eaux de ruissellement de pluie sur les ravins
est plus élevé à BK (45 minutes contre 15 mi- et les terres en pente, connu localement par le
nutes à SM)) et le rapport des dépenses de santé système des « jessour » (Ouessar et al., 2006).
par rapport aux dépenses totales des ménages Enfin, en termes de variabilité et changement
(36% à BK contre 28 % à SM). climatique, le territoire littoral s’avère plus vul-

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Figure 2 - Vulnérabilité des moyens d’existence des ménages par composante principale à Béni Khédache et
Sidi Makhlouf.

Source : Propres analyses, 2020.

nérable aux conditions climatiques sévères que 3.2. LVI-IPCC (approche du GIEC)
le territoire montagneux (respectivement 0,50 et
Rappelons que le GIEC caractérise la vulnéra-
0,35). Cette différence est expliquée par la pro- bilité au changement climatique en fonction de
portion plus élevée des années déficitaires enre- l’exposition d’un système, de sa sensibilité et de
gistrée à SM au cours des 60 dernières années sa capacité d’adaptation. Cela implique le grou-
(58% contre 44% à BK). De plus, ce territoire est pement des huit composantes principales dans
caractérisé par les plus grandes proportions des chacune de ces trois facteurs contributifs (Ta-
ménages déclarant des changements dans leurs bleau 4). Le résultat du calcul du LVI-IPCC en
systèmes de culture (42%) et des problèmes de fonction de ces trois facteurs contributifs montre
salinité de l’eau d’irrigation (45%) (Figure 2). également un comportement général de vulnéra-

Tableau 4 - LVI-IPCC global dans les deux territoires de Béni Khédache (BK) et Sidi Makhlouf (SM).
Valeur d’indice Valeur des
Nombre Valeur de
Facteur (composantes facteurs
Composante majeure de sous LVI-IPCC
contributif Principales) contributifs
composantes
BK SM BK SM BK SM
Profil socio-démographique 4 0,49 0,57
Capacité Stratégies de subsistance 3 0,48 0,37
0.36 0.40
d’adaptation Accès et gestion de l’eau 2 0,24 0,30
Réseaux sociaux 3 0,20 0,25
Foncier 3 0,40 0,30 -0,0045 0,041
Sensibilité Santé 3 0,32 0,26 0.45 0.41
Sécurité alimentaire 3 0,62 0,67
Variabilité et changement
Exposition 5 0,35 0,50 0,35 0,50
climatique
Source : Propre analyses, 2020.

25
NEW MEDIT N. 4/2021

Figure 3 - Vulnérabilité des moyens d’existence des ménages en fonction des facteurs contributifs du GIEC à
Béni Khédache et Sidi Makhlouf.

Source : Propres analyses, 2020.

bilité plus ou moins similaire pour les deux types ritoires différents des zones arides tunisiennes.
de territoires, sachant que BK est moins vulné- Les écarts de vulnérabilité sont fondés surtout
rable (-0,0045) que SM (0,041). sur le degré relatif de l’exposition à la variabi-
Le facteur déterminant de la sensibilité des lité et changement climatique, les limitations
deux territoires est la sécurité alimentaire. Le du foncier, les stratégies de subsistance et la
profil sociodémographique et les stratégies de sécurité alimentaire. Dans des contextes diffé-
subsistance sont les facteurs les plus détermi- rents dans le monde, ces écarts ont concerné par
nants de la capacité d’adaptation des ménages. exemple les limitations physiques et sociodémo-
Les analyses montrent que le territoire littoral graphiques dans le cas de Mozambique (Hahn
est celui le plus exposé aux changements clima- et al., 2009). Dans les régions montagneuses
tiques, bien qu’il soit légèrement moins sensible subtropicales humides de l’Inde, les écarts ont
(Figure 3). Le score plus faible et négatif du concerné le degré relatif d’urbanisation et la
LVI-IPCC à BK est expliqué par la bonne capa- capacité d’adaptation (Mohan et Sinha, 2010).
cité d’adaptation des ménages dans ce territoire Dans les régions subtropicales subhumides du
montagneux, ayant un savoir-faire ancestral im- nord du Ghana, les écarts de vulnérabilité sont
portant concernant la conservation des eaux et liés surtout au niveau d’accès aux ressources en
des sols à travers les aménagements installés soit eau (Etwire et al., 2013).
sur les pentes (jessour) ou sur les plaines (tabias) Des recommandations stratégiques peuvent
(Ouessar et al., 2006 ; Fetoui, 2011). être avancées sur la base des résultats d’éva-
luation de la vulnérabilité des ménages dans les
deux territoires des zones arides tunisiennes.
4. Discussion
Cette étude a montré en premier lieu que l’agri-
La présente étude fournie des indices LVI culture est une activité qui ne garantit pas gé-
permettant d’identifier et comparer les princi- néralement la sécurité alimentaire des ménages
paux facteurs contribuant à la vulnérabilité des surtout pendant les années de disette. Ceci in-
moyens d’existence des ménages dans deux ter- cite à diversifier les cultures pratiquées et à bien

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NEW MEDIT N. 4/2021

gérer les productions en bonnes années pour territoires sont confrontées de plus en plus aux
couvrir le maximum des besoins alimentaires et politiques de développement rural et agricole et
garantir l’autonomie et la durabilité des exploi- tendent à se simplifier et à diminuer pour aug-
tations agricoles. La diversification des cultures menter la pression sur les ressources naturelles
est une stratégie efficace de gestion de la pré- disponibles dans la zone. La rareté et la salinité
carité du climat. Cette stratégie est pratiquée de l’eau, mais aussi les problèmes fonciers pré-
par les populations afin de laisser une marge de sentent aussi des obstacles au développement de
flexibilité quant à la reproduction des systèmes ces stratégies.
de production. L’introduction des cultures four- Les moyens d’existence des ménages à BK
ragères, par exemple, peut être une alternative se sont avérés vulnérables à cause de ces pro-
importante pour satisfaire les besoins du cheptel blèmes fonciers. Ce constat suggère que le gou-
et la meilleure rentabilité de l’activité d’élevage. vernement tunisien doit intervenir en priorité
En situation de forte vulnérabilité socioécono- dans ce territoire par l’application des politiques
mique et climatique, ces populations adaptent de consolidation des terres (Sghaier et Fetoui,
des techniques de mobilisation et de gestion 2006) afin de résoudre le problème de morcel-
appropriées tels que les techniques de conser- lement et par suite l’accès aux crédits agricoles.
vation des eaux et des sols, la mise en culture En effet, ces politiques de consolidation ont été
pluviale des terres, la plantation des arbres frui- appliquées au gouvernorat de Médenine depuis
tiers adaptés aux conditions climatiques sévères, 2006 et ont montré leurs impacts sur l’amélio-
etc. Elles jouent également sur la flexibilité du ration des conditions de vie et la fixation des
système de production entre les activités ex- exploitants, mais aussi sur les systèmes de pro-
tra-agricoles et les activités agropastorales selon duction (accès aux crédits, amélioration des pro-
le climat. Selon la capacité d’investissement, il ductions agricoles) (Fetoui, 2011).
y a des choix qui sont fait en termes de mobi- Pour le cas de SM, vu la faible sensibilité de
lisation des moyens de production vers l’achat ce territoire en termes de sécurité alimentaire
d’aliments du bétail, l’achat de l’eau pour l’irri- et de disponibilité et accès à l’eau, les ménages
gation des arbres fruitiers en périodes de pointe, peuvent avoir plus de flexibilité pour mettre en
l’affectation de la main d’œuvre masculine pour œuvre différentes autres stratégies d’adaptation
conserver l’activité d’élevage en années sèches. à l’avenir. Dans les deux territoires, les pra-
Cette flexibilité autour de la gestion de trésorerie tiques de collecte de l’eau doivent être adaptées
est basée aussi sur la diversification des activi- aux nouveaux défis de développement local
tés économiques des ménages qui présente une durable en considérant les scénarios de change-
marge de manœuvre et peut diminuer la vulné- ments climatiques et les conditions socioécono-
rabilité. D’autres mesures peuvent être adoptées miques en perpétuelles mutations. Nous citons
par ces populations en vue d’atténuer les charges ici l’exemple du territoire tropical équatorial du
économiques de leurs systèmes de production, Nord du Ghana (Adu et al., 2017 ; Williams et
mais aussi de préserver les ressources naturelles. al., 2020) et l’importance des stratégies d’adap-
L’utilisation, par exemple, des sous-produits des tation au changement climatique à travers de
cultures annuelles et arboricoles forment des nouveaux modes de stockage de l’eau.
aliments de bétail que les éleveurs stockent au Le développement agricole dans ces terri-
moment des récoltes pour les valoriser par les toires incite également à trouver des alternatives
animaux pendant les périodes de crise d’alimen- socioéconomiques afin de minimiser le phéno-
tation animale (paille, foin, résidus des cultures mène d’abandon des terres agricoles et garantir
maraîchères, feuilles et grignons d’olives). la sécurité alimentaire. En fait, l’État tunisien
L’éducation sur le stockage des aliments et la s’est attaché depuis au moins quatre décennies
conservation des semences pourrait constituer à instaurer des programmes de développement
ici une intervention appropriée. économique et social. Un grand nombre d’ac-
Néanmoins, ces stratégies d’adaptation et de tions ont été affectées aux zones arides dans le
subsistance des populations locales des deux cadre de l’inscription territoriale des politiques

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NEW MEDIT N. 4/2021

nationales de développement rural, notamment tion des populations locales. Ce problème incite
le programme de développement rural intégré à mieux choisir l’emplacement et améliorer la
(PDRI), le fond de solidarité nationale (FSN), le qualité des établissements de santé, ce qui pour-
plan de développement agricole intégré (PDAI), rait aider à améliorer la résilience des ménages.
etc. Ces politiques nationales ont encouragé les Nous citons ici l’exemple du territoire insulaire
jeunes par l’octroi des crédits bancaires et des de Trinidad et Tobago et des communautés des
subventions, mais aussi par la création de nou- régions subtropicales équatoriales du Nord du
veaux projets et emplois locaux. Cependant, en Ghana, où la composante « santé » s’est avérée
dépit de ces efforts, les résultats n’ont pas été à le facteur le plus déterminant de la vulnérabili-
la hauteur des attentes (Ouessar et al., 2006). Le té des communautés locales (Shah et al., 2013 ;
bilan des actions témoigne de succès incomplets, Etwire et al., 2013).
et le phénomène de migration des jeunes persiste Dans les zones arides tunisiennes, les évène-
encore dans ces zones (Fetoui, 2011 ; Loireau et ments climatiques extrêmes augmentent la vul-
al., 2015). Dans la plupart des cas, les échecs sont nérabilité des moyens d’existence des ménages.
liés soit à la conception des projets qui n’intègrent Les systèmes d’alerte précoce peuvent aider les
pas en général tous les acteurs impliqués, soit à populations des deux territoires à se préparer
la mauvaise gestion des projets alloués par les à ces évènements surtout la succession des an-
bénéficiaires eux-mêmes (Fetoui, 2011). Ainsi, il nées de sécheresse. Les prévisions météorolo-
est opportun d’intégrer tous les acteurs, ainsi que giques saisonnières distribuées par le biais des
leurs rapports de force, alliances et conflits à la associations locales peuvent aider les agricul-
conception et à la mise en œuvre des projets de teurs à mieux s’adapter aux contraintes clima-
développement. Ceci permettra de garantir une tiques. Le gouvernement tunisien a lancé en
meilleure gouvernance pour assurer le succès et la 2020 un système d’alerte précoce dans le cadre
durabilité de ces projets. Fetoui et al. (2020) ont de l’initiative « We Care » de l’association in-
démontré l’importance des relations entre les ac- ternationale des réseaux mobiles (GSMA), en
teurs pour la promotion de la chaine de valeur de collaboration avec tous les opérateurs de télé-
l’huile d’olive dans les zones arides tunisiennes. phonie tunisiens. Ce système d’alerte consiste
La solidarité et la cohésion sociale ont mon- à lancer des solutions numériques sous forme
tré également leur impact sur le succès et la de messages courts (SMS) afin d’avertir les ci-
durabilité des projets de développement et les toyens des zones urbaines et rurales en cas de
systèmes de production. Nous citons l’exemple catastrophes naturelles (inondations, etc.) ou de
de la solidarité des ménages des zones arides menaces pour leur vie ou leurs biens. L’Institut
pour l’accès et l’usage des ressources en eau à des Régions Arides (IRA) de Médenine (Tuni-
travers leurs stratégies collectives de mise en sie) a intégré le réseau « International Network
culture et le principe de partage équitable des to study Deposition and Atmospheric composi-
eaux de ruissellement (Fetoui, 2011). En outre, tion in AFrica » (INDAAF) depuis 2015. Dans
les liens et les niveaux élevés de confiance entre ce cadre, une station a été installée, dédiée au
les ménages dans les deux territoires d’étude, suivi de l’érosion éolienne et des aérosols ter-
ainsi que leur adhésion à des ONG améliorent rigènes. Valdivia et al. (2010) ont montré l’im-
l’accès des jeunes exploitants à l’information, portance de ce système d’alerte pour améliorer
le soutien technique agricole et la sensibilisa- l’adaptation des populations locales dans diffé-
tion sur les impacts de l’abandon. Ceci a été rents territoires de la Bolivie.
démontré par l’indice des réseaux sociaux qui Enfin, cette analyse de vulnérabilité basée sur
n’ait pas beaucoup contribué à l’indice LVI de les différents types des territoires permettra de
l’un ou l’autre territoire étudié. cartographier les profils de vulnérabilité dans
Le problème de santé à BK comme à SM l’ensemble des zones arides tunisiennes. Cette
(éloignement des établissements de santé, dé- capacité à généraliser est essentielle pour la pla-
penses, maladies chroniques) a également un nification de l’adaptation parce qu’elle permet
effet considérable sur le mode de vie et la fixa- d’échanger des expériences d’apprentissage dans

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NEW MEDIT N. 4/2021

des communautés ayant des profils de vulnérabi- changement climatique, BK révèle en revanche
lité similaires et qu’elle permet aux décideurs de plus de vulnérabilité en termes de stratégies de
comprendre les tendances ou l’impact d’un pro- subsistance, de foncier et de santé. Les résultats
gramme ou d’une politique de développement sur montrent également que la sécurité alimentaire
la vulnérabilité des moyens d’existence des com- est le facteur le plus déterminant de la sensibilité
munautés locales. Le LVI pourrait également être et que le profil sociodémographique et les stra-
utilisé pour évaluer l’état de vulnérabilité suite à tégies de subsistance sont les facteurs les plus
des scénarios de changements climatiques. Hahn déterminants de la capacité d’adaptation des mé-
et al. (2009) ont démontré l’impact d’une aug- nages des deux territoires. Le territoire littoral
mentation de température de 1,8°C sur le LVI glo- est celui le plus exposé au changement clima-
bal et le LVI-IPCC dans les deux zones d’étude de tique, bien qu’il soit légèrement moins sensible.
Mabote et Moma au Mozambique. Vu les niveaux de vulnérabilité enregistrés
Sur le plan méthodologique, d’autres méthodes dans chaque territoire et afin d’améliorer la ré-
pourraient être pertinentes pour enrichir les ana- silience des populations locales des zones arides
lyses comparatives de vulnérabilité des moyens tunisiennes, les principales recommandations et
d’existence des ménages en zones arides, mais orientations politiques qui peuvent être signalées
aussi dans d’autres contextes. Par exemple, l’in- se rapportent principalement à l’amélioration
dice de vulnérabilité sociale (SoVI), dévelop- du niveau de sécurité alimentaire et la capacité
pé par Cutter et al. (2003), utilise un ensemble d’adaptation au changement climatique dans le
commun d’indicateurs généraux pour explorer territoire littoral. La résolution des problèmes
les différences de vulnérabilité sociale entre des fonciers est considérée comme priorité dans les
lieux différents. Il a été appliqué pour évaluer zones montagneuses afin de diminuer la sensi-
l’impact des inondations sur les communautés bilité de ce dernier au changement climatique.
rurales au Bangladesh (Brouwer et al., 2007). Cette recherche a permis ainsi de fournir des
informations décisionnelles à deux niveaux
d’adaptation et de planification et d’identi-
5. Conclusion
fier des stratégies d’adaptation spécifiques à
L’évaluation de la vulnérabilité des ménages chaque territoire pouvant être incorporées dans
ruraux dans différents types de territoires des les politiques relatives au changement clima-
zones arides tunisiennes a permis de fournir tique. Il faut néanmoins noter que l’approche
une indication explicite sur les moyens de sub- LVI simplifie la réalité complexe (Hahn et al.,
sistance de ces ménages et de comparer les dé- 2009), mais son application a montré sa capaci-
terminants de leur vulnérabilité au changement té d’exploration des facteurs déterminants de la
climatique. S’appuyant sur le modèle dévelop- vulnérabilité des ménages. Ces résultats seront
pé par Hahn et al. (2009), cette étude a explo- peu utiles s’ils ne peuvent pas être facilement
ré l’utilité analytique de l’utilisation du LVI et communiquées et comprises par les décideurs
LVI-IPCC pour comprendre cette vulnérabilité. et les services de développement. Le cadre des
A travers ce modèle, l’étude a adapté, intégré et « plateformes d’innovation pour le climat », qui
comparé les variables qui ont une incidence im- a été établie dans certaines communautés de
portante sur la vulnérabilité des ménages et met l’Himalaya par exemple et étendu à d’autres ré-
en évidence les avantages de la comparaison de gions comme l’Ethiopie (Simane et al., 2016),
la vulnérabilité. pourra être un moyen efficace pour ce maillon
Les analyses ont montré un comportement gé- communicationnel faible entre résultats de re-
néral de vulnérabilité plus accentué à SM qu’à cherche et décision. L’observatoire des zones
BK, sachant que l’analyse par composante ré- arides pour la surveillance environnementale
vèle certaines différences. Alors que SM semble (Loireau et al., 2015) pourra également être
plus vulnérable en termes de profil sociodé- valorisé comme cadre de suivi de la vulnéra-
mographique des ménages, de sécurité alimen- bilité. Ceci permettra de produire des informa-
taire, de réseaux sociaux, d’accès à l’eau et de tions sur la manière dont l’exposition, la capa-

29
NEW MEDIT N. 4/2021

cité d’adaptation et la sensibilité des territoires Fetoui M., 2011. Évaluer et suivre la désertification
changent à mesure que les pratiques d’adapta- en zones arides tunisiennes pour accompagner
tion sont mises en place. Ceci peut s’appliquer l’aide à la décision : dynamiques interactives « Cli-
aussi dans des contextes comparables aux zones mat-Homme-Espace-Ressources naturelles » via les
paysages. Thèse de doctorat en géographie. Univer-
arides tunisiennes, ainsi que dans d’autres pays
sité Paul-Valéry, Montpellier III. 441 pages. https://
en développement.
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