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Analyse Eco
Le succès ou l'échec de toute entreprise dépend non seulement du bien-fondé des décisions de
gestion relatives aux produits, aux marchés et aux processus de production, mais aussi d'une
bonne anticipation des conditions économiques. Un analyste financier devrait toujours vérifier
que les décisions de gestion sont adaptées aux conditions économiques courantes et futures.
L'ampleur d'une analyse économique, ainsi que la période sur laquelle elle porte, varient
généralement selon l'horizon temporel de la décision financière considérée. Par exemple, lors
d'une décision d'investissement de fonds de retraite sur le marché des actions, on s'intéresse
aux tendances portant sur une ou deux décennies à venir : c'est-à-dire, bien au delà du cycle
économique courant. À l'opposé, lorsqu'un client est accepté avec effets à recevoir (paiement
à 90 jours), ce sont les trois mois à venir qui sont primordiaux. Il est certes souhaitable
d'éviter d'accorder des comptes avec effets à recevoir à des clients susceptibles de faire faillite
dans un an ou deux, mais ce serait conduire une politique commerciale timorée que de rejeter
des transactions en raison d'incertitudes lointaines : un crédit doit être approuvé tant qu'il n'y a
aucune raison de suspecter un client de ne pas être capable d'honorer le paiement dans les 90
jours. Dans ce cas présent, ce qu'il est important de savoir, c'est si des changements radicaux
des conditions économiques se produiront dans les trois prochains mois au point que le client
se retrouve dans l'incapacité de payer.
Une grande partie du chapitre précédent a été consacrée aux conséquences sur les ventes d'un
secteur des changements de revenu du consommateur au cours d'un cycle économique . Et,
comme il se doit, la plus grande partie de ce chapitre est consacrée à la description ainsi
qu'aux méthodes de prévision des cycles économiques. Malgré ces mouvements cycliques, la
demande des consommateurs croit à un rythme régulier, parallèlement au revenu et au produit
national. La demande des consommateurs varie également sur le long terme sous l'influence
de tendances sociales, politiques, culturelles et économiques, qui sont à la source de
l'innovation. C'est à ces tendances de long terme que nous nous intéresserons en premier lieu.
Les revenus des consommateurs ont toujours augmenté au rythme du produit intérieur brut et
on peut s'attendre à ce qu'il en soit de même à l'avenir si aucun des principaux facteurs de
croissance n'est perturbé. Le produit économique mondial augmente à un taux régulier
compris entre 2% et 5% en moyenne, mais les pays en voie de développement connaissent des
taux de croissance parfois plus élevés. Au siècle dernier l'économie américaine s'est
développée au rythme d'un taux de croissance moyen réel de 2,9%. Pour la période 1960-
1988, le taux de croissance réel annuel du produit intérieur brut se montait à 3,3% pour les
Etats-Unis, 4,4% pour le Canada, 3,7% pour la France, 3,1% pour l'Allemagne, 4,0% pour
l'Italie, 6,5% pour le Japon et 2,5% pour le Royaume-Uni. Ceci correspond à une moyenne de
3,9% pour ces sept pays. Plus récemment, la croissance a ralenti : pour la période 1978-1998
le taux moyen de croissance économique des Etats-Unis n'était que de 2,74%.
Tableau T-15.1 : la célèbre liste des sources de la croissance aux Etats-Unis par Dennison,
éditée en 1985.
Tableau T-15.1
Ainsi, la majeure partie de la croissance économique à long terme est attribuable aux gains de
productivité : deux tiers pour les Etats-Unis (68% pour être précis, selon l'analyse de
Dennison présentée dans le Tableau T-15.1), et beaucoup plus pour certains pays de l'OCDE
dont la population stagne. Les gains de productivité sont attribuables au progrès
technologique pour les biens durables, à une augmentation de capital, aux économies
d'échelle, à une meilleure répartition des ressources et à une amélioration de la qualification
de la population active. Mais ils ont été inférieurs à ce qu'ils auraient pu être, du fait d'un
renforcement des réglementations (coûteuses mais nécessaires) dans le domaine de la sécurité,
de la lutte contre la pollution, et autres entraves à la production.
Mais le plus grand facteur de croissance économique repose sur le progrès technologique.
Plus abordables, plus compacts et plus rapides, les ordinateurs transforment tous les secteurs
de l'économie, en particulier grâce à la facilité d'accès à l'information qu'ils procurent. La
propagation d'Internet assure que le progrès technologique continuera de contribuer
sensiblement à la croissance de la productivité dans un avenir proche.
Les remarques précédentes concernant les différents facteurs des gains de productivité nous
conduisent naturellement à nous demander si le taux de croissance économique peut être
facilement anticipé. Ces différentes remarques suggèrent que la tendance globale devrait
demeurer sensiblement la même que par le passé, mais en marquant un léger ralentissement.
Prévoir l'ampleur de ce ralentissement n'est en aucun cas évident, il est donc nécessaire de
s'intéresser à certaines données qui peuvent apporter un peu de lumière au problème. Le
tableau T-15.2 présente les gains de productivité des Etats-Unis. La productivité est mesurée
par la valeur ajoutée rapportée par heure et par personne. (Rappelons que la somme de toutes
les valeurs ajoutées forme le PIB). Puisque le produit agrégé est aussi la variable qui
détermine les fluctuations économiques, il apparaît évident que la productivité par heure et
par personne soit cyclique. Pour la période 1978-1998 son taux de croissance moyen s'élevait
à 1,7% par an.
Pour prévoir le taux de croissance annuel du PIB des Etats-Unis au début du 21ème siècle, il
suffit donc d'ajouter à la récente croissance annuelle de la productivité (1,7%) le taux annuel
de croissance de la population (1%) estimé. On obtient alors un total de 2,7%, ce qui est
légèrement inférieur aux 2,74% des vingt dernières années. En 1999, les prévisions de la
Banque Mondiale pour la période 1999-2003 se montaient à 3,9%. Et tandis que nos
prévisions de 2,7% peuvent paraître un peu pessimistes en comparaison, il est aussi très peu
probable que la croissance réelle d'une année donnée soit exactement égale à ce taux, puisque
l'économie est cyclique, et que les conditions socio- économiques sont fortement susceptibles
de changer. Pour affiner des prévisions, deux approches sont possibles : l'une met en oeuvre
des simulations économétriques et l'analyses de séries chronologiques (présentées dans le
chapitre précédent), l'autre consiste en une ré-estimation de chacun des facteurs de gain de
productivité discutés plus haut. Ce qui reviendrait à s'intéresser aux sources de la croissance
démographique, de l'augmentation de la population active, du progrès technologique, de
l'automatisation, de la motivation à une meilleure formation et à l'esprit d'entreprise. Une telle
analyse n'est plus du ressort de la finance ou des sciences économiques, mais de la sociologie
et la psychologie. Ainsi, nous nous limiterons à indiquer des pistes pour des analyses plus
approfondies, plutôt que de chercher à traiter un sujet qui va bien au delà de l'objet de ce
cours.
Les revenus des consommateurs ont toujours augmenté au rythme du produit intérieur brut et
on peut s'attendre à ce qu'il en soit de même à l'avenir si aucun des principaux facteurs de
croissance n'est perturbé. Le produit économique mondial augmente à un taux régulier
compris entre 2% et 5% en moyenne, mais les pays en voie de développement connaissent des
taux de croissance parfois plus élevés. Au siècle dernier l'économie américaine s'est
développée au rythme d'un taux de croissance moyen réel de 2,9%. Pour la période 1960-
1988, le taux de croissance réel annuel du produit intérieur brut se montait à 3,3% pour les
Etats-Unis, 4,4% pour le Canada, 3,7% pour la France, 3,1% pour l'Allemagne, 4,0% pour
l'Italie, 6,5% pour le Japon et 2,5% pour le Royaume-Uni. Ceci correspond à une moyenne de
3,9% pour ces sept pays. Plus récemment, la croissance a ralenti : pour la période 1978-1998
le taux moyen de croissance économique des Etats-Unis n'était que de 2,74%.
Tableau T-15.1 : la célèbre liste des sources de la croissance aux Etats-Unis par Dennison,
éditée en 1985.
Tableau T-15.1
Ainsi, la majeure partie de la croissance économique à long terme est attribuable aux gains de
productivité : deux tiers pour les Etats-Unis (68% pour être précis, selon l'analyse de
Dennison présentée dans le Tableau T-15.1), et beaucoup plus pour certains pays de l'OCDE
dont la population stagne. Les gains de productivité sont attribuables au progrès
technologique pour les biens durables, à une augmentation de capital, aux économies
d'échelle, à une meilleure répartition des ressources et à une amélioration de la qualification
de la population active. Mais ils ont été inférieurs à ce qu'ils auraient pu être, du fait d'un
renforcement des réglementations (coûteuses mais nécessaires) dans le domaine de la sécurité,
de la lutte contre la pollution, et autres entraves à la production.
Mais le plus grand facteur de croissance économique repose sur le progrès technologique.
Plus abordables, plus compacts et plus rapides, les ordinateurs transforment tous les secteurs
de l'économie, en particulier grâce à la facilité d'accès à l'information qu'ils procurent. La
propagation d'Internet assure que le progrès technologique continuera de contribuer
sensiblement à la croissance de la productivité dans un avenir proche.
Les remarques précédentes concernant les différents facteurs des gains de productivité nous
conduisent naturellement à nous demander si le taux de croissance économique peut être
facilement anticipé. Ces différentes remarques suggèrent que la tendance globale devrait
demeurer sensiblement la même que par le passé, mais en marquant un léger ralentissement.
Prévoir l'ampleur de ce ralentissement n'est en aucun cas évident, il est donc nécessaire de
s'intéresser à certaines données qui peuvent apporter un peu de lumière au problème. Le
tableau T-15.2 présente les gains de productivité des Etats-Unis. La productivité est mesurée
par la valeur ajoutée rapportée par heure et par personne. (Rappelons que la somme de toutes
les valeurs ajoutées forme le PIB). Puisque le produit agrégé est aussi la variable qui
détermine les fluctuations économiques, il apparaît évident que la productivité par heure et
par personne soit cyclique. Pour la période 1978-1998 son taux de croissance moyen s'élevait
à 1,7% par an.
Pour prévoir le taux de croissance annuel du PIB des Etats-Unis au début du 21ème siècle, il
suffit donc d'ajouter à la récente croissance annuelle de la productivité (1,7%) le taux annuel
de croissance de la population (1%) estimé. On obtient alors un total de 2,7%, ce qui est
légèrement inférieur aux 2,74% des vingt dernières années. En 1999, les prévisions de la
Banque Mondiale pour la période 1999-2003 se montaient à 3,9%. Et tandis que nos
prévisions de 2,7% peuvent paraître un peu pessimistes en comparaison, il est aussi très peu
probable que la croissance réelle d'une année donnée soit exactement égale à ce taux, puisque
l'économie est cyclique, et que les conditions socio- économiques sont fortement susceptibles
de changer. Pour affiner des prévisions, deux approches sont possibles : l'une met en oeuvre
des simulations économétriques et l'analyses de séries chronologiques (présentées dans le
chapitre précédent), l'autre consiste en une ré-estimation de chacun des facteurs de gain de
productivité discutés plus haut. Ce qui reviendrait à s'intéresser aux sources de la croissance
démographique, de l'augmentation de la population active, du progrès technologique, de
l'automatisation, de la motivation à une meilleure formation et à l'esprit d'entreprise. Une telle
analyse n'est plus du ressort de la finance ou des sciences économiques, mais de la sociologie
et la psychologie. Ainsi, nous nous limiterons à indiquer des pistes pour des analyses plus
approfondies, plutôt que de chercher à traiter un sujet qui va bien au delà de l'objet de ce
cours.
Les changements socio-économiques sont importants dans notre analyse, car ils affectent le
taux d'épargne, les motivations face au travail, l'attitude vis à vis de l'emploi, l'esprit
d'entreprise, la prise de risque, la fiscalité et les dépenses du gouvernement. Autant de
facteurs qui, eux même, se répercutent sur la croissance économique et le revenu national. De
ce fait, un analyste devrait toujours étudier les grandes tendances socio- économiques
discutées plus loin, pour s'assurer qu'un changement dans les prévisions des taux d'intérêt, ou
de la croissance des ventes dans l'industrie est justifié. Mais, c'est surtout parce que les
tendances socio-économiques sont déterminantes lors de prévisions (traitées à la fin de ce
chapitre), qu'il est essentiel de s'y intéresser.
Pour déterminer quelle invention scientifique aura une application commerciale, il est
nécessaire d'étudier les caractéristiques sociales et de déduire dans quelle direction les
différents secteurs devraient concentrer leurs efforts de recherche et développement. De
nouveaux produits sont introduits sur le marché parce que les consommateurs en ont besoin
(encore que de nombreux lancements se traduisent pas un échec, parce que les
consommateurs ne sont pas encore prêts à les accepter, par exemple). Mais les innovations
modifient à leur tour les comportements de ceux qui les utilisent (voyez par exemple,
comment le courrier électronique et le e-commerce ont modifié les habitude de
communication et de travail). Ces modifications des comportements peuvent parfois aller au
delà de l'individu, et affecter toute une famille, une entreprise ou un secteur d'activité.
L'histoire de la science et des inventions montre comment un enchaînement de cause à effet
explique chaque nouveau développement technologique.
A un point donné dans le temps, le cadre de notre vie en société semble être parfaitement
établi et stable. Il fait partie de la vie à laquelle nous sommes accoutumés. Mais, en réalité, il
évolue en continu, et c'est cette évolution qui provoque des changements dans les produits et
les services que la société désire. Ainsi, la tâche d'un analyste est de pointer l'évolution des
tendances, d'en étudier les causes, de déterminer si cette évolution est susceptible de cesser ou
au contraire de se poursuivre, et de déduire les nouveaux besoins qu'elle pourrait impliquer
pour la société.
Voici une liste parmi d'autre des tendances démographiques, auxquelles un analyste devrait
s'intéresser.
- population totale
- taux de natalité
- taux de mortalité
- taux de croissance de la population
- structure par âge de la population
- proportion de jeunes et d'enfants
- proportion de personnes âgées
- longévité
- proportion de femmes en âge de procréer
- structure familiale
- nombre moyen d'années de scolarisation
- niveau d'étude par discipline
- proportions de la population selon le niveau d'éducation
- même analyse selon la race
- même analyse selon le sexe
- mouvements migratoires
- mouvements migratoires par pays
- mouvements migratoires régionaux à l'intérieur du pays
- exode rural
- mouvements migratoires des villes vers les banlieues
- raisons sanitaires des mouvements migratoires
- raisons culturelles des mouvements migratoires
- raisons économiques des mouvements migratoires
Prenons la dernière tendance par exemple: elle a caractérisé les immigrés arrivant aux Etats-
Unis. Les immigrés d'aujourd'hui sont plus instruits et plus aisés, mais peuvent ne pas avoir la
même volonté de surmonter les difficultés.
Les mêmes listes de tendances peuvent être établies dans des domaines comme :
- les priorités politiques
- les conséquences sociales de la croissance des revenus
- les conséquences familiales de la croissance continue de la population mondiale
- l'utilisation des ressources naturelles
- les conséquences d'une vitesse et d'une facilité croissante dans le transport et la
communication
- les conséquences de l'augmentation des échanges culturels et marchands
B- Cycles économiques
Le graphique G-15.1 représente la courbe des cycles économiques aux Etats-Unis sur la
période de 1929 à 1998, à partir des données provenant de publications du Secrétariat
Américain au Commerce.
Graphique G-15.1
A partir des données de ce graphique, on se rend compte que l'économie américaine a
effectivement connu des fluctuations économiques mais que leur sévérité et leur longueur se
sont modifiées dans le temps. On remarque entre autres que les cycles ont été moins
prononcés ces dernières années. Le Tableau T-15.1 présente les données relatives à la
longueur des phases d'expansion et de contraction, ainsi que le niveau de chômage durant ces
phases.
Tableau 15,1
Phases de contraction et d'expansion sur la période 1919-1990
Contraction Expansion
Taux de Taux de
Creux Pic Mois Mois
chômage chômage
Décembre 1914 Août 1918
Mars 1919 Janvier 1920 7 10
Juillet 1921 Mai 1923 18 22
Juillet 1924 Octobre 1926 14 27
Novembre 1927 Août 1929 13 21 3,2
Mars 1933 Mai 1937 43 24,9 50 20,1
Juin 1938 Février 1945 13 14,6 80 1,9
Octobre 1945 Novembre 1948 8 3,9 37 5,3
Octobre 1949 Juillet 1953 11 45 5,3
Mai 1654 Août 1957 10 39 4,4
Avril 1958 Avril 1960 8 24 5,5
Février 1961 Décembre 1969 10 106 4,5
Novembre 1970 Novembre 1973 11 4,9 36 4,9
Mars 1975 Janvier 1980 16 8,5 58 5,8
Juillet 1980 Juillet 1981 6 7,1 12 7,6
Novembre 1982 Juillet 1990 16 9,7 92 5,6
Mars 1991 8 6,8 100 4,5
Moyenne des cycles en temps de paix
1854-
22 29
1919
1919-
20 26
1945
1945-
11 43
1991
Avenue 19 29
Source: Statistical Abstracts of the United States 1999, page 569, National Bureau
of Economic Research, non publié
Le Tableau T-15.1 montre une durée moyenne des cycles économiques de 48 mois. Il y a de
grandes différences dans la longueur des phases de récession (6 à 43 mois) et de croissance
(10 à 106 mois). Il est encourageant d'observer que la longueur des phases de récession a
diminué de 22 mois avant 1919 à moins de 11 mois après la deuxième guerre mondiale. Ce
signe est d'autant plus encourageant, que dans le même temps les phases d'expansion sont
passées de 29 mois avant 1919 à 57 mois après 1945.
Dans notre description du cycle économique, nous avons volontairement omis toute
intervention de l'état. Au 19ème siècle, les cycles économiques étaient particulièrement
prononcés, notamment les périodes de crise qui causaient la faillite de très nombreuses
entreprises, et entraînaient des niveaux de chômage très élevés. Les gouvernements (en
particulier aux Etats-Unis et au Royaume Uni) se sont vus obligés d'intervenir pour essayer
d'aplanir les difficultés lors de récessions graves. Puisque l'excès de crédits était la cause des
faillites bancaires, aussi bien que des faillites d'entreprises de biens et de services, les banques
centrales ont dû mettre en place des politiques monétaires de manière à résoudre ces
problèmes.
Mais il n'en fut pas ainsi. Les théories économiques keynésiennes avaient négligé la politique
monétaire, qu'elles ne considéraient utile que pour soutenir la politique fiscale. Pour faciliter
les emprunts de l'état, la Banque Centrale américaine dut intervenir. Les emprunts du
gouvernement se sont alors substitués à ceux du secteur privé, ce qui a retardé le
rétablissement de l'économie. Parallèlement, la masse monétaire pouvait croître sans
restriction aucune en période d'expansion, entraînant de fortes tendances inflationnistes qui
ont accéléré la surchauffe de l'économie et l'ont poussée vers la récession. Une amélioration
de la politique monétaire n'a pas été envisagée jusqu'à ce que les théories de Milton Friedman
soient reconnues dans les années 80. Une croissance lente et régulière de la masse monétaire
est alors apparue comme un facteur essentiel de stabilité économique. Depuis, les cycles
économiques semblent modérés comme ils ne l'ont jamais été, et les phases d'expansion sont
beaucoup plus longues.
Trouver une cause aux cycles économiques a été l'objet du travail des plus grands
économistes, et à l'origine de théories économiques majeures durant la première moitié du
20ème siècle. (Depuis, l'intérêt des économistes pour ce sujet semble avoir été en diminuant).
Nous nous limiterons ici à présenter les théories les plus communément discutées. Nous
commençerons par la plus ancienne mais aussi la plus simpliste explication du phénomène.
a) Le déséquilibre des prix : Puisque les prix tendent à être élevés au sommet, et bas au
creux du cycle, le cycle économique a d'abord été considéré comme un processus normal
d'ajustement des prix vers l'équilibre. Un équilibre est difficilement atteint instantanément.
Cela peut prendre plusieurs ajustements d'augmentation et de réduction de la quantité offerte
pour y parvenir. Pendant ce temps, les conditions de la demande ont changé puisque le prix
d'équilibre lui-même a été modifié, ce qui exige une nouvelle dynamique du processus
d'ajustement.
b) Les facteurs exogènes: Des événements étrangers à l'économie peuvent être à la source
d'une augmentation des chiffres d'affaires :
- innovations
- découvertes de nouveaux gisements
- réduction des entraves au commerce international
- dépenses militaires accrues
- rendements agricoles exceptionnels
ou au contraire, entraîner une diminution des revenus :
- catastrophes naturelles
- réductions des dépenses publiques
- restriction des échanges et du commerce
- rendements agricoles faibles
Nous avons déjà mentionné certains de ces facteurs, comme pouvant affecter un secteur
d'activité. Les théories des cycles économiques reconnaissent que ces facteurs sont également
capables d'entretenir la dynamique des fluctuations économiques, mais seulement quand
plusieurs apparaissent simultanément.
d) Le surinvestissement : Quand les taux d'intérêt sont bas, de nombreux projets sont lancés,
car ils apparaissent rentables : cela engendre une croissance économique. Quand les taux
d'intérêt augmentent du fait de l'inflation et de prêts excessifs, les projets sont de moins en
moins rentables, et un certain nombre sont abandonnés : la récession commence. Quand les
taux d'intérêt chutent, les investissements sont de nouveau rentables, et l'économie re-décolle.
e) Les innovations : Des inventions apparaissent sans arrêt, mais leurs applications
industrielles ou commerciales, c.-à-d. les innovations, sont plus sporadiques. Les innovations
sont mises en oeuvre quand les conditions économiques sont favorables, c'est à dire que les
ventes sont importantes. A ce moment, investissements et créations d'entreprises apparaissent
rentables, et une phase d'expansion en résulte. Les nouveaux outils de production sont plus
efficaces que par le passé, ce qui pousse les entreprises obsolètes vers la faillite, et entraîne
l'économie vers la récession. Les maigres perspectives de vente freinent toutes innovations
jusqu'à la reprise.
g) L'épargne forcée : En période d'expansion économique, ce sont les biens durables qui,en
premier lieu, font l'objet de surinvestissement, puisque ce sont eux qui sont à la base de la
production des biens de consommation. Ceci entraîne une pénurie de biens de consommation,
et donc de l'inflation. Inflation qui se traduit par de l'épargne forcée sous la forme de profits
d'entreprises non distribués, et cause un ralentissement de la consommation et, par là même,
une contraction de l'économie. La consommation ne reprend que quand l'inflation est
maîtrisée, que la production de biens durables ralentit, et que les producteurs de biens de
consommation dégagent de nouveau des revenus substantiels.
j) Les prêts excessifs des banques : Quand leurs réserves sont abondantes, les banques sont
enclines à prêter. Les crédits qu'elles accordent permettent de faire décoller les ventes et ainsi
de réduire les stocks. Quand leurs réserves sont épuisées, les banques cessent de prêter, ce qui
entraîne une récession.
Si la liste ci-dessus ne devait pas suffire, il existe de nombreuses autres théories. Il y a celles
qui se focalisent sur la productivité du travail et sur l'unité de coût de la main d'oeuvre.
D'autres s'intéressent exclusivement à la propagation internationale des cycles économiques à
partir du commerce international et des fluctuations des taux de change. Il existe même des
théories basées sur le rôle des syndicats. Et naturellement, il y a une version marxiste des
cycles économiques.
Notre objectif n'est pas ici de porter un jugement sur ces théories. Mais il faut bien reconnaître
que les contributions des Keynésiens et celles des monétaristes pour améliorer les politiques
monétaires et fiscales surpassent les autres théories. Le fait qu'il y ait tant d'explications
logiques des cycles économiques, nous fait prendre conscience qu'il s'agit d'un processus
complexe, et qu'il faut s'intéresser à de nombreux facteurs pour éviter de commettre des
erreurs dans l'analyse de l'état actuel ou futur de l'économie. On peut en tirer une deuxième
conclusion : les forces en présence sont très nombreuses et on peut très facilement se tromper
en croyant que les choses vont demeurer telles quelles sont. Comme nous l'avons mentionné
plus haut, dans les années 60, les économistes ont cru que les cycles économiques avaient
disparu. A l'inverse, dans les années 30, les Américains ne voyaient plus de fin à la
dépression. Il est tout aussi dangereux de se laisser leurrer par la prospérité prolongée à
laquelle on assiste depuis le début du 21ème siècle aux Etats-Unis.
C- Prévisions économiques
Puisque tous les secteurs de l'économie sont affectés par les fluctuations conjoncturelles, un
analyste doit avoir une idée précise de l'état de l'économie pour les un à deux ans à venir.
Certains secteurs sont particulièrement sensibles aux variations du revenu disponible des
ménages, ou même à un ralentissement mineur de la croissance (comme l'a montré la crise des
voyagistes en 1994 alors que le taux de croissance de l'économie faisait simplement une pause
à 3,4%). Quand on est confronté à des projets dont les rendements s'étalent sur plusieurs
années, toute prévision devient d'autant plus un défi que l'horizon de temps s'éloigne. Et pour
ceux qui négocient titres et actions, la prévision d'un retournement de tendance est encore plus
cruciale. Les fluctuations des marchés financiers précèdent celles de l'économie : pour éviter
des pertes de capital, un investisseur doit vendre toute action sensible aux fluctuations
conjoncturelles avant qu'un marché à la baisse entraîne tous les cours vers le bas, et acheter
avant qu'un marché à la hausse ne fasse monter les cours.
Comme nous l'avons évoqué dans l'introduction de ce chapitre, les prévisions économiques
sont nombreuses et variées. Un analyste n'est pas toujours tenu d'effectuer une prévision
entièrement nouvelle. Mais la seule compréhension des différences d'une prévision à l'autre
représente déjà un travail considérable, tout comme tenir compte de ces différences de
manière à comprendre les futures conditions économiques.
1) - Modèles économétriques
Les variables clés qui ne sont pas expliquées par le système des équations, c.-à-d. les variables
exogènes, et pour lesquelles des estimations sont utilisées, peuvent être, par exemple, le ratio
courant des réserve des banques, le taux d'escompte moyen actuel de la Banque Fédérale, le
volume des exportations, la population active, les dépenses du gouvernement pour l'année à
venir telles qu'elles sont prévues par le budget... Ces estimations des variables exogènes
reflètent les conditions les plus récentes . Dans certains modèles, on trouve parmi ces
variables exogènes, des variables d'attitude du consommateur. On se souviendra ici de la
section E du chapitre 14 . Il s'agit de variables compilées à partir de diverses analyses du
Conference Board et de l'université du Michigan. L'ensemble du système d'équations
simultanées est résolu sur une ou plusieurs périodes au delà de la période de référence pour
parvenir à des prévisions sur une ou plusieurs années futures.
Les modèles économétriques ont l'avantage de permettre, non pas une prévision unique, mais
un ensemble de prévisions en faisant varier les hypothèse ou les valeurs prises par les
variables exogènes. Chaque système doit cependant maintenir une logique interne et ne doit
pas se baser sur des hypothèses contradictoires. Des simulations répétées peuvent produire un
ensemble de valeurs à partir desquelles il est possible de trouver la valeur la plus probable.
Dans l'analyse finale, la qualité de l'approche dépend principalement de l'adéquation des
hypothèses avec la réalité à venir.
Ce qui suit est un exemple de système économétrique connu sous le nom de modèle révisé de
Klein-Goldberger tel que présenté par Michael Evans . Il est considéré comme un modèle
relativement petit avec seulement 20 équations et 34 variables. Pour une plus grande clarté,
les écarts type des équations estimées sont omis mais peuvent être retrouvé à la page 498 de
l'ouvrage de Michael Evans "Macroeconomic Activity".
C- Prévisions économiques
Puisque tous les secteurs de l'économie sont affectés par les fluctuations conjoncturelles, un
analyste doit avoir une idée précise de l'état de l'économie pour les un à deux ans à venir.
Certains secteurs sont particulièrement sensibles aux variations du revenu disponible des
ménages, ou même à un ralentissement mineur de la croissance (comme l'a montré la crise des
voyagistes en 1994 alors que le taux de croissance de l'économie faisait simplement une pause
à 3,4%). Quand on est confronté à des projets dont les rendements s'étalent sur plusieurs
années, toute prévision devient d'autant plus un défi que l'horizon de temps s'éloigne. Et pour
ceux qui négocient titres et actions, la prévision d'un retournement de tendance est encore plus
cruciale. Les fluctuations des marchés financiers précèdent celles de l'économie : pour éviter
des pertes de capital, un investisseur doit vendre toute action sensible aux fluctuations
conjoncturelles avant qu'un marché à la baisse entraîne tous les cours vers le bas, et acheter
avant qu'un marché à la hausse ne fasse monter les cours.
Comme nous l'avons évoqué dans l'introduction de ce chapitre, les prévisions économiques
sont nombreuses et variées. Un analyste n'est pas toujours tenu d'effectuer une prévision
entièrement nouvelle. Mais la seule compréhension des différences d'une prévision à l'autre
représente déjà un travail considérable, tout comme tenir compte de ces différences de
manière à comprendre les futures conditions économiques.
2) - Prévisions entrée-sortie
Les tableaux d'entrée-sortie sont des matrices de coefficients qui montrent comment chaque
secteur de l'économie est relié aux autres. Ces tableaux incluent naturellement les secteurs
industriels, mais également un secteur pour le gouvernement et un secteur de la
consommation privée. Le ministère du commerce des Etats-Unis a publié des tableaux
comprenant jusqu'à 370 secteurs. La particularité de cette approche, c'est qu'elle permet
d'étudier comment certaines conditions connues dans un ou plusieurs secteurs affecteront
d'autres secteurs, voire l'ensemble de l'économie. Pensons aux conséquences d'une pénurie
inattendue d'une matière première donnée (par exemple le pétrole); il ne devrait pas être trop
difficile de déterminer son impact sur un secteur industriel en particulier comme le transport
de fret par voie terrestre. (voir l'exemple d'une analyse de l'impact sur l'industrie dans la
section E du chapitre 14 ). Mais un secteur, le transport de fret par voie terrestre, en affecte
beaucoup d'autres: la production, le commerce de gros, de détail, etc. Mesurer les effets de
l'onde de choc d'un secteur à l'autre devient terriblement complexe, sans parler de calculer les
conséquences sur l'ensemble du PIB ou du revenu disponible. Mais avec les tableaux entrée-
sortie, ça devient tout ce qu'il y a de plus simple. Il faut garder en mémoire que le calcul de
ces tableaux est une tâche gigantesque à laquelle seul le gouvernement ou de larges
conglomérats peuvent s'attaquer. Les tableaux d'entrée-sortie ont été l'outil principal de
planification dans les pays socialistes, mais ils ne sont que peu employés dans les pays
occidentaux.
Cependant cette méthode ne se prête pas aux variables économiques qui ont un comportement
cyclique. Dans ce cas, la méthode (décrite dans de la section F du chapitre 5 ) requièrt
plusieurs étapes: d'abord toute saisonnalité est extraite de la série chronologique; ensuite on
détermine la tendance comme expliqué plus haut, et on en mesure les résidus; troisièmement
on exclut les points aberrants (c.-à-d. des valeurs exceptionnelles); enfin les résidus sont
analysés. Pour capturer les modèles cycliques, on utilise des équations autorégressives, des
analyses spectrales et des moyennes mobiles. Les méthodes de Box-Jenkins et d'ARIMA
(AutoRegressive Integrated Moving Average) sont typiques de cette approche. Elles exigent
des compétences mathématiques. Les prévisions ainsi obtenues reflètent bien mieux les
données fondamentales. Ces méthodes donnent des résultats très supérieurs à ceux obtenus
par extrapolation linéaire, et souvent même à ceux des modèles économétriques les plus
complets. Mais ce ne sont toujours que des extrapolations. Leur exactitude dépend avant tout
de la pertinence de l'hypothèse fondamentale à toute prévision : le contexte de la prévision ne
va pas subir de changements significatifs à l'avenir. En outre, ces méthodes n'incorporent pas
les changements récents des variables d'attitude et des politiques gouvernementales. Ceci
limite leur utilisation aux seules prévisions de court terme.
4) - Prévisions au jugé
Tandis que la plupart des économistes voudraient ramener leur science à l'équivalent de la
physique ou de la chimie (comme les trois premières approches de prévisions décrites en sont
la preuve), le sujet de leurs recherches - l'homme - a un comportement qui est loin d'être
mathématique. En fait, des variables importantes telles que l'attitude vis à vis du futur, la
préférence d'un design de produits sur d'autres, sont souvent à caractère qualitatif et
émotionnel, et ne peuvent pas être mesurés. Pour évaluer ce qui n'est pas quantifiable, la seule
possibilité est de demander l'opinion des personnes le plus directement impliquées dans le
processus étudié, c'est à dire des experts. Pour les ventes dans le commerce ce peut être des
commerciaux, des chefs de produit, des designers, des distributeurs, et en premier lieu des
clients. Concernant le revenu national, ce serait des économistes, des administrateurs
directement impliqués dans la collecte de données statistiques, des politiciens et des cadres
commerciaux, des leaders syndicaux et autres individus impliqués dans les décisions affectant
l'activité économique. Naturellement, les " experts " doivent être bien choisis. Un grand
nombre est toujours préférable, mais pose des problèmes de logistique pour solliciter et traiter
les réponses de chacun. Parfois, un seul expert est interrogé.
Une autre technique consiste à informer les participants à l'étude des résultats partiels obtenus
par les autres participants. Cette méthode encourage la convergence des opinions vers un
consensus de la prévision. Pour palier les problèmes liés aux valeurs extrêmes, on utilisera de
préférence la médiane à la moyenne comme résultat de la prévision. Cette méthode est connue
sous le nom de processus Delphi.
Les prévisions au jugé ont l'avantage de refléter implicitement toutes les données les plus
récentes et les plus sensibles dans l'opinion des experts, et ainsi de permettre une multitude de
suppositions, ce que ni les modèles économétriques ni l'analyse de séries chronologiques ne
peuvent refléter de manière systématique. Cependant, les prévisions au jugé manquent de
l'apparente rigueur des hypothèses théoriquement démontrées et explicitement exposées.
5) - Indicateurs économiques
Tableau T-15.2
Listes des indicateurs avancés, coïncidents et retardés
Indicateurs avancés
Créations nettes d'entreprises
Indice des permis de construire
Indice boursier du cours des actions
Licenciements dans l'industrie en %
Variation en % d'un échantillon de prix représentatifs
Variation en % des liquidités
% des entreprises indiquant des livraisons plus lentes
Temps de travail hebdomadaire moyen dans l'industrie
Variations nettes des stocks
Nouvelles commandes d'usines et de biens d'équipements
Entrées des commandes dans les entreprises de biens de
consommation et d'équipement
Masse monétaire
Indicateurs coïncidents
Indice de la production industrielle
Salaires (hors agriculture)
Revenus des ménages hors transferts sociaux
Ventes dans l'industrie et le commerce
Indicateurs retardés
Indice du coût de la main-d'oeuvre
Ratio endettement-revenu des ménages
Taux de base des banques
Durée moyenne du chômage
Stocks dans l'industrie et le commerce
Emission de prêts à l'industrie et au commerce
Source: Bureau de l'analyse économique des Etats-Unis, Analyse des
conditions économiques présentes
Le tableau T-15.3 présente les indices (1992 base 100) des trois indicateurs sur la période
1970-1997, ensuite représentés dans les graphiques G-15.2, G-15.3 et G-15.4.
Tableau T-15.3
Indices des indicateurs sur la période 1970- 1997 (base 100=1992)
Indicateurs avancés Indicateurs coïncidents Indicateurs retardés
197
68 61 84
0
197
74 61 78
1
197
81 66 78
2
197
86 71 90
3
197
80 70 101
4
197
75 64 92
5
197
85 69 86
6
197
90 74 89
7
197
94 80 95
8
197
94 83 102
9
198
89 80 104
0
198
91 80 101
1
198
90 75 98
2
198
105 76 90
3
198
110 84 99
4
198
112 87 106
5
198
119 89 110
6
198
126 91 109
7
198
129 96 113
8
198
130 99 118
9
199
99 100 107
0
199
100 100 100
2
199
101 106 100
4
199
101 110 104
5
199
102 113 104
6
199
104 116 105
7
Graphique 15,2
Le graphique G-15.3 présente les variations de l'indicateur coïncident sur la période 1970-
1997. Il confirme que l'indicateur mérite son nom puisqu'il suit très étroitement les
changements dans l'économie globale. .
Graphique G-15.3
Le graphique G-15.4 présente les variations de l'indicateur retardé sur la période 1970-1997.
La courbe de l'indicateur suit clairement les changements du PIB. Une exception apparaît en
1990, lorsque l'indicateur était à la hausse, tandis que l'économie se dégradait.
Graphique G-15.4
Les prévisions à partir des indicateurs économiques ne sont en fait qu'une variante des
prévisions au jugé. La majeure partie du travail est déjà faite pour nous : il semble facile de
déterminer si l'économie est ou juste avant ou juste après un tournant grâce aux indicateurs
avancés et retardés. Mais tous les indicateurs ne se comportent pas ainsi, et des signaux
contradictoires peuvent conduire à une interprétation erronée. Les prévisions à un an sont
fiables. Mais de là à conduire des prévisions à plus d'un an ou à prévoir l'amplitude d'un
changement, c'est presque impossible. Et pourtant, les modèles économétriques n'ont pas
grand succès quand il s'agit de prévoir les retournements de l'économie, et les tableaux
d'entrée-sortie encore moins. C'est là où les indicateurs économiques se distinguent. Comme
nous l'avons indiqué plus tôt (par exemple dans la section D-2 de chapitre 4 pour les titres) la
prévision correcte de retournements est très profitable aux traders. En ce sens ces indicateurs
sont d'une grande aide. Malheureusement (ou heureusement), tous les investisseurs ont accès
simultanément à l'information en même temps, et il est impossible pour quiconque de réaliser
de grands bénéfices sur le marché des actions sur la base des seuls indicateurs. Un analyste
doit donc se fier à ses propres qualités pour examiner et comprendre les données économiques
avant quiconque.
Les prévisions des taux d'intérêt sont étroitement liées aux prévisions des cycles conjoncturels
puisque les théories, comme l'histoire, montrent que les variations des taux d'intérêt ne sont
pas uniquement parallèles aux cycle économiques, mais bien une des causes principales des
changements dans le crédit, et donc, de la croissance et de la récession. Historiquement, il y a
eu des exemples de taux d'intérêt élevés lors de récessions, comme en 1980 et 1982. Mais la
cause majeure était l'inflation (liée à la crise pétrolière): on parlait alors de stagflation. Cela
montre que les prévisions des taux d'intérêt exigent une analyse de chacun des six composants
catalogués dans la section D du chapitre 2 (inflation, non-utilisation de l'argent ou de la
demande d'investissement, préférence pour la liquidité, composante temporelle, politique
monétaire, et prime de risque). Nous pouvons ignorer la prime de risque et la composante
temporelle, comme spécifiques aux capitaux privés, bien que certaines stratégies (par exemple
augmenter la courbe de rendement tel que décrit dans la section D-2 du chapitre 4 ) se
concentrent spécifiquement sur ces aspects.
Pour simplifier l'analyse, certains seraient tentés de négliger l'inflation puisque les décisions
financières se basent généralement sur les taux réels et non nominaux. Mais l'inflation a un
double effet : d'abord elle représente une perte de pouvoir d'achat de l'argent, mais c'est aussi
la cause d'une politique monétaire restrictive. Et une telle politique va à terme conduire à une
hausse des taux d'intérêt réels. Ainsi il est inévitable de s'intéresser à l'inflation. Initialement
définie comme une augmentation générale des prix, l'inflation est parfois liée à une demande
excessive (par exemple à cause d'une augmentation du revenu disponible), parfois à des
goulets d'étranglement dans la production ou les canaux de distribution des marchandises, et
souvent à un mécanisme de transfert des coûts de production (salaires, matières premières ou
énergie). Récemment l'inflation a été considérée comme un phénomène entièrement monétaire
lié à une création monétaire excessive. Puisque c'est bien la création monétaire que la
politique monétaire est censée contrôler, la présence d'inflation traduit une décision
discrétionnaire de la banque centrale. Prévoir la politique de la banque centrale est très
difficile du fait des ramifications politiques (voir la note N-15.1 . Parmi les pays occidentaux,
le volume des réserves des banques peut indiquer la nécessité d'agir pour la banque centrale,
mais les prévisions sont difficiles (bien que ce soit devenu plus facile dans la deuxième moitié
du siècle passé où l'inflation était modérée).
Pour les pays où les banques centrales sont incapables de maîtriser l'inflation, les prévisions
sont aussi risquées que la roulette russe. Dans ces pays, la source principale d'inflation
élevée est lié au financement par le gouvernement de son déficit budgétaire. Bien que
d'autres raisons soient parfois présentées, telles que des importations excessives et d'autres
problèmes de devises, la cause principale est le déficit budgétaire dû aux dépenses du
gouvernement. Dans ces cas-là, l'extrapolation de la tendance à co