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Le Livre de l’équilibre

© Editions Essénia 2012


ISBN : 978-2-89724-020-2

© Copyright Olivier Manitara 2013.


Tous droits réservés pour le monde
(textes, dessins, schémas, logos, mise en page, concept).

Editions Essénia
345, chemin Brochu
Cookshire-Eaton (Québec), J0B 1M0 Canada

Réalisé par l’Ordre des Hiérogrammates.

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NOTE DE L’ÉDITEUR
Les textes composant ce livre sont extraits de
causeries improvisées par le Maître Peter Deunov
dans son Ecole en Bulgarie. Le lecteur ne doit pas
s’étonner de certains aspects du texte qui restent
une traduction d’un enseignement oral transmis
sur le moment.
Ces conférences étaient souvent données en
pleine nature au coeur des si belles montagnes de
Bulgarie.

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1
LE COMMENCEMENT
ET L A FIN

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T
LE COMMENCEMENT ET L A FIN

« Tu es le Fils du Dieu vivant. » Chaque être


humain doit avoir en lui-même une idée dont il
est absolument persuadé, comme Pierre l’était
pour sa croyance dans le Christ.
Pierre ayant reconnu le Christ, Celui-ci lui
dit : « Je te donnerai les clefs du Royaume des
cieux. Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans
les cieux… » Chaque homme doit connaître inté-
rieurement le Christ, de manière à posséder un
centre autour duquel toutes choses puissent se
grouper. En l’absence d’un tel centre, ses pen-
sées et ses sentiments se dispersent.
Quoi que l’on puisse dire aux humains, la
plupart d’entre eux ne pensent qu’à la vie ma-
térielle : avoir de quoi manger et boire et assu-
rer leur avenir. Mais la vie ne consiste pas dans
l’abondance de nourriture. On peut manger
beaucoup et ne rien acquérir, alors que l’on peut
se nourrir frugalement et avoir de grands acquis.
Il n’est pas nécessaire de s’inquiéter pour le len-

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

demain. Si vous êtes satisfait aujourd’hui, cela suffit. À chaque jour suf-
fit sa peine !
Un jour représente une époque divine. C’est ainsi que le Créateur le
considère, mais pour l’homme ordinaire, il n’en est pas de même. Il voit
bien que le soleil se lève et se couche mais il en ignore la raison. Il existe
des êtres pour lesquels le soleil ne se lève ni ne se couche, mais brille
éternellement : ce sont des êtres doués d’un haut degré de conscience.
En observant quelqu’un, ils voient à quel degré de développement il est
parvenu et constatent qu’il a encore un long chemin à parcourir avant
d’arriver à la perfection. Avant de l’atteindre, l’homme doit passer par
400.000 formes, revêtir 400.000 habits, franchir 400.000 portes.
Où est la fin de la vie ? Là où se trouve le commencement. Un com-
mencement n’existe que pour celui qui comprend les choses ; pour ce-
lui qui ne les conçoit pas, il n’y a qu’une fin. Le commencement de
chaque chose est béatitude ; la fin est malheur. Le commencement est
amour ; la fin est haine. Le commencement est vérité ; la fin, men-
songe. Chaque chose qui comporte une fin n’est pas véritable. La fin
d’un travail découle de son commencement. Si quelqu’un te donne de
l’argent en te disant qu’il te l’offre par amour, sans que tu lui aies rendu
quelque service, il t’induit en tentation. Il ne se passera pas beaucoup
de temps avant qu’il ne te demande de le rembourser. Pourquoi ? Parce
que son amour pour toi s’est éclipsé.
Le commencement des choses est entre vos mains. Efforcez-vous
donc qu’il soit toujours bon. Quelle sera la fin, cela n’est pas votre af-
faire. La fin des choses est entre les mains de Dieu. Si le commence-
ment d’un travail est en accord avec le Divin, sa fin sera bonne.

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

Vous voudriez savoir ce qu’il y a derrière l’amour, derrière la vérité,


derrière l’équité ? Derrière l’amour se trouve la haine ; derrière la véri-
té, le mensonge ; derrière l’équité, l’injustice. Et la réciproque est vraie
aussi. Celui qui est mécontent de l’amour trouve la haine. Et ce n’est
qu’en se heurtant à la haine que l’homme commence à comprendre et à
apprécier l’amour.
À Pierre qui lui avait dit : « Tu es le Fils du Dieu vivant », le Christ
répondit : « Tu es heureux, Simon Pierre, car ce ne sont pas la chair et
le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. »
Plusieurs auraient voulu être dans la situation de Pierre et avoir eu
pareille communication de Dieu, mais même Pierre ne put conserver
longtemps cette conscience et il en arriva à dire au Christ : « À Dieu
ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Pierre avait alors perdu sa
conscience divine et était retombé dans la conscience humaine. Ce qui
s’est passé pour Pierre advient à chaque homme. C’est un état intérieur
par lequel chacun passe inévitablement. Tant que l’homme vit dans la
conscience divine, il est disposé à tout sacrifier pour Dieu et pour son
prochain, mais en retombant dans la conscience humaine, il s’étonne
d’être entré dans ce chemin de souffrances, de ne penser qu’à lui-même
et à son existence.
Pierre aussi s’étonnait que le Christ consentît à de telles souffrances
et ne songeât pas à prendre pitié de lui-même. Il savait que le Christ
avait le pouvoir de vaincre le monde et de s’affranchir de toutes les
souffrances. Il s’étonnait qu’Il ne le fasse pas. Le Christ avait dit qu’Il
devait passer par les souffrances pour parvenir à la résurrection. Alors,

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

le Christ dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il
renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. »
Dans la voie divine, il vous faut appliquer des méthodes particulières
et abandonner les conceptions ordinaires. Ne dites pas que si vous ser-
vez Dieu, vous allez perdre quelque chose. Si vous pensez cela, vous êtes
dans l’erreur. Ne vous troublez pas si vous souffrez : la souffrance per-
met à l’âme de se libérer de l’esclavage dans lequel elle se trouve. Est-
ce l’enfant qui souffre ou sa mère ? C’est la mère qui souffre ; l’enfant
ne sait que pleurer, demander, commander, pour chaque besoin qu’il
éprouve ; et le père et la mère accourent alors pour le satisfaire. Ils
savent que leur petit est faible et sans défense et ils mettent tous leurs
soins à l’aider. Jusqu’à ce qu’il ait grandi, l’enfant pleure toujours. Ce-
pendant, les pleurs ne résolvent pas les problèmes et l’enfant qui a gran-
di doit se montrer raisonnable, ne plus pleurer, mais savoir comment
parler à sa mère.
Pour l’homme, l’essentiel est de connaître le Christ. Beaucoup dé-
sirent posséder le pouvoir et disposer des clefs du Royaume de Dieu,
mais c’est un résultat que l’on n’atteint pas facilement et, pour y par-
venir, il faut avoir une compréhension intérieure mystique de la vie et
de l’amour. Sans cette vision, on ne peut accéder à la connaissance de
Dieu et du Christ. Les clefs du Royaume sont en Dieu et comment al-
lez-vous parvenir à Lui, si vous ne Le connaissez pas ? Pour ceux qui
Le connaissent, il est dit : « Mon Père et moi nous viendrons et ferons
notre demeure en vous. » et aussi : « C’est la vie éternelle que de Te
connaître, Toi le Dieu unique et véritable. » En dehors de la connais-
sance de l’amour, il n’existe aucune autre philosophie.

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

C’est l’amour qui peut résoudre toutes les questions. Il représente un


sac plein dans lequel on peut puiser à chaque instant. Que valent toute
ta philosophie, toutes tes connaissances, si ton sac est vide ? La connais-
sance n’a de sens que si ton sac est plein de pain.

En tant que disciples, vous devez étudier le sens intérieur de la vie.


Ne lisez pas la Bible et le Nouveau Testament d’une manière méca-
nique, mais vous devez vous arrêter sur le sens intérieur de la Parole
divine. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez fortifier et accroître votre foi.
Vous avez besoin d’une foi qui résiste aux tempêtes extérieures et inté-
rieures, une foi que rien ne fasse hésiter. Comment peut-on vous per-
suader que le soleil ne se lève pas ? Vous savez bien qu’il se lève chaque
matin et, si vous ne le voyez pas, la cause n’est pas en lui. Quelles que
soient les transformations qui puissent survenir dans la vie intérieure
ou extérieure de l’être humain, le soleil se lève toujours et se couche de
même.
Donc, ne vous laissez pas influencer par les propos ou les opinions
des autres. Vous risquez d’en être pénétré et l’obscurité se fera en vous.
Rappelez-vous que tout peut advenir dans le monde sans que cela em-
pêche le soleil de suivre son cours. Observez les phénomènes de la na-
ture et tirez-en des leçons ; si vous arrivez à en déduire quelques règles
positives, acceptez-les sans hésiter ; si vous réussissez à obtenir quelques
expériences spirituelles, admettez-les sans permettre au doute de s’insi-
nuer en vous. Elles sont basées sur certaines lois que vous devrez étu-

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

dier. Si vous laissez le doute travailler en vous, vous hésiterez et votre


conscience sera troublée. Chaque trouble fait obstacle à la juste vision.
L’homme en proie au doute et au trouble a tendance à trouver la vie
ennuyeuse. Pourquoi ? Parce qu’il pense qu’il ne pourra pas parvenir à
réaliser ses désirs. L’homme peut atteindre tout ce qu’il désire, mais au
moment défini pour cela. L’enfant peut-il grandir tout d’un coup ? Il
faut que sa mère l’emmaillote, le baigne, le soigne pendant des années
avant qu’il soit capable de se suffire à lui-même, de grandir et de deve-
nir un homme. Alors, il est en situation de vouloir se marier. Pourquoi
se marie-t-on ? Pour qu’il y ait quelqu’un qui vous aime. L’homme veut
que sa femme, que ses enfants l’aiment ; mais un jour vient où il les
perd, et, avec eux, leur amour. Il cherche alors des amis, mais eux aussi
le quittent pour une raison ou pour une autre. Il convoite la richesse,
mais les événements font qu’il la perde aussi. Après ces grandes décep-
tions, il se dit : ma vie est terminée ! Non, ta vie n’est pas terminée,
mais ce sont tes fausses conceptions qui le sont. Tu commences alors à
penser autrement, à avoir de nouvelles compréhensions, mais avant de
parvenir au « nouveau », tu auras traversé la zone sombre de l’existence.
La situation d’un homme tombé dans l’obscurité est terrible. Où
qu’il pose son regard, ce ne sont que ténèbres. S’il dort, il se tourne à
droite et à gauche pour essayer de trouver un peu de lumière. Il n’y a
pas un homme au monde qui ne soit passé ou ne passera par cet état.
C’est une situation effroyable, mais elle n’est pas sans issue. En appa-
rence le soleil disparaît, mais il se lève de nouveau. Ne laissez pas enta-
mer votre foi ; quoi qu’il puisse arriver, à vous ou autour de vous, le
soleil continuera de se lever.

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

Le soleil représente la conscience humaine. Il se lève et se couche,


mais ne s’éteint jamais. Un moment viendra où l’homme se tiendra à
une telle hauteur qu’il verra le soleil briller constamment, sans lever ni
coucher.

Tant que l’être humain croît et se développe, sa conscience oscille


perpétuellement entre la lumière et l’obscurité. Pour résister à ces chan-
gements continuels, il doit avoir la foi en Dieu comme centre de sa vie.
S’il ne se meut pas constamment autour de ce centre, aucun développe-
ment ne lui est possible.
Dieu donne à toutes les âmes des conditions identiques de croissance
et de développement pour leur permettre d’atteindre leurs aspirations.
Où trouverez-vous Dieu ? En vous-mêmes. Si vous le cherchez quelque
part, chez celui-ci ou celui-là, vous vous égarerez et vous risquerez de
tout perdre.
Un riche jeune homme vint trouver un soi-disant adepte dans le
but de s’instruire. Cet adepte était un de ces nombreux maîtres impos-
teurs. Le jeune homme lui demanda de faire un miracle. « Soit, répon-
dit l’adepte, je ferai un miracle, mais il faut que tu m’apportes tous les
joyaux que tu possèdes. » Le jeune homme accepta et l’adepte lui dit
alors : « Maintenant, ferme les yeux et ne les rouvre pas avant que je te
l’ordonne. » Le disciple attendit… longtemps. Quand enfin, il se déci-
da à regarder autour de lui, tous ses joyaux avaient disparus en même
temps que le soi-disant maître.

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

Ainsi, lorsqu’un prétendu adepte vient te trouver en te disant qu’il va


t’apprendre quelque chose de particulier, garde les yeux bien ouverts de
crainte que tous tes joyaux ne disparaissent en même temps que celui
qui voulait t’instruire. De tels instructeurs, le Christ a dit qu’ils étaient
des brigands et des voleurs ; loin d’apporter la liberté à l’âme, ils l’asser-
vissent et la dépossèdent. Gardez-vous des « maîtres » qui ne servent pas
le Divin, Lequel est le seul à apporter l’abondance dans la vie. Sachant
cela, resserrez votre lien avec Dieu et ne pensez pas que vous puissiez ob-
tenir des réalisations positives d’une manière automatique. On acquiert
le réel par le réel.
Une chose est demandée à l’homme : c’est d’avoir conscience de tout
ce qu’il dit. Qu’il mange, qu’il boive, qu’il travaille, que tout soit accom-
pli pour la gloire de Dieu. S’il sent le découragement le gagner, qu’il
pense à ce Principe d’amour ; il retrouvera l’élan de vivre pour Sa gloire
et le découragement disparaîtra. Vous pensez que votre travail ne va pas
s’arranger et vous perdez courage ? Faites alors un effort sur vous-mêmes
et commencez à vous nourrir. Dès que vous mangerez un peu de pain,
votre mauvaise disposition vous quittera. Le pain apporte de la force à
l’homme et le stimule. Dès qu’il se nourrit, c’est le soleil qui se lève en
lui. La nourriture, comme le soleil, donne les conditions pour croître.
En évoquant le soleil comme source de vie, certains pensent qu’en
sortant le matin pour contempler son lever, ils vont recueillir tout ce
dont leur organisme a besoin. S’ils comprennent le langage du soleil, ils
acquerront beaucoup ; mais sans cette compréhension, ils ne gagneront
rien. Le soleil donne abondamment à ceux qui savent se lier avec ses

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

forces. Même par trente degrés de froid, on peut utiliser ses rayons. Il
dépend de la conscience de recevoir plus ou moins d’énergie. Quand sa
conscience est éveillée, l’homme est semblable à une source qui donne
sans cesse. Il répand sur tous les êtres vivants l’amour qui est en lui.
Si vous observez avec le regard d’un clairvoyant deux personnes qui
s’aiment, vous pouvez voir qu’un échange d’énergie se fait entre elles.
L’énergie de l’Esprit descend sur elles et passe de l’une à l’autre.
Ne comprenant pas l’amour, les gens ont peur de le perdre ; mais
l’amour ne peut pas se perdre. Il englobe toute l’éternité et celui qui
aime vit dans l’éternité au sein de laquelle la joie est permanente. Aimez
pour vivre dans la joie éternelle. Si vous n’aimez pas, vous serez dans
la tristesse constante. Si vous aimez, vous serez dans la Vie divine qui
ne comporte que progression d’un degré à l’autre. Ce sera comme si
vous revêtiez de nouveaux habits et que vous franchissiez des portes qui
vous amènent vers la joie et l’abondance. Dans la vie humaine, il y a, au
contraire, régression, dépouillement et abandon. Si vous accédez seule-
ment un moment à la Vie divine, remerciez pour ce que vous avez reçu
et rentrez chez vous pour apprécier votre expérience.
Et Simon Pierre lui dit : « Tu es le Fils du Dieu vivant. » Le Fils sous-
entend le lien entre la conscience divine et la conscience humaine.
Ce lien est semblable à la lanterne qui permet au voyageur égaré dans
la nuit sombre de retrouver son chemin. Comme le soleil éclaire les
choses et montre le chemin, le lien entre le Fils et le Père éclaire l’âme
et l’élève. Le soleil éclaire la terre et la conscience divine éclaire l’âme,
en apportant joie, lumière, connaissance et liberté à l’homme. La force

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

n’est pas dans la lanterne, mais en celui qui la porte. La force n’est pas
dans le soleil, mais en celui qui est derrière lui. Comme l’homme porte
la lanterne et éclaire son chemin et celui de ses proches, Dieu porte le
soleil dans Ses mains. À chaque doute, la lanterne s’éteint et l’homme
reste dans l’obscurité ; qu’il commence alors à prier et la lumière luira
de nouveau.
Vous direz que ce sont là des explications puériles ; si vous voulez
des commentaires philosophiques, allez trouver quelque penseur qui,
comme cet adepte dont nous avons parlé, vous dira de fermer les yeux
et vous dépouillera. Nous prêchons à tous de garder les yeux bien ou-
verts pour voir ce grand prodige : il n’y a pas de plus grand miracle que
le lever du soleil ! En te levant le matin pour saluer le soleil avant de
commencer ton travail, tu peux devenir savant, riche et sain. Tu peux
lier et délier quand et comme tu le veux. Celui qui est fidèle l’est dans
les grandes comme dans les petites choses. Si humble que soit la tâche
qui vous est confiée, accomplissez-la avec amour. Elle vous apportera la
bénédiction divine. Quelles que soient les conditions qui lui sont impo-
sées, l’homme doit en être satisfait ; sinon, il ne pourra rien atteindre.
Aucun violon, si beau et coûteux soit-il, ne transformera un élève en
bon musicien ; pour qu’il parvienne à un bon niveau, on exige de lui de
la peine, des efforts et un travail de quatre à cinq heures chaque jour.
Aujourd’hui, la vie impose à chaque homme un travail intense et
conscient sur lui-même. Lui seul doit s’exercer. Personne d’autre ne
peut le faire à sa place.

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LE COMMENCEMENT ET L A FIN

Dieu a donné à l’homme le plus grand bien : la vie. On ne lui de-


mande rien d’autre que du travail fait avec amour et gratitude. Ne son-
gez pas à ce que sera la fin des choses. Que se passe-t-il quand le soleil
se lève ? Les sources accroissent leur débit ; les champs viennent à matu-
rité ; les greniers se remplissent ; et les hommes doivent se réconcilier
et vivre fraternellement. Que se passera-t-il encore ? Les morts ressus-
citeront ; l’injustice disparaîtra ; la justice triomphera et la paix, la joie
et l’allégresse s’établiront parmi les humains. Quand cela arrivera-t-il ?
Quand les yeux des humains s’ouvriront.

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2
VIE EXTÉRIEURE
ET VIE INTÉRIEURE

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L
VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

Le plus important, le plus précieux et le plus


réel : c’est la vie. La vie a ses voies et ses façons
de se manifester. Elle a aussi des méthodes en
vertu desquelles elle doit être acceptée. Elle
avance sur des voies strictement déterminées.
C’est seulement en apprenant à connaître ces
voies et en vivant d’après elles que nous arrive-
rons à percevoir la réalité.
À l’heure actuelle, les gens considèrent
comme réel uniquement ce qu’ils voient et
ce qu’ils perçoivent avec leurs cinq sens. Je de-
mande : l’ombre, telle que nous la voyons, est-
elle bien réelle ? L’intellect humain est-il irréel,
puisqu’on ne le perçoit avec aucun de nos cinq
sens ? Il est clair, pour chaque homme qui pense,
que cette conception du réel est naïve et enfan-
tine.
Les gens parlent également d’une vie exté-
rieure et d’une vie intérieure, mais ils n’ont pas
une idée claire de ces deux notions. Les condi-

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

tions, les forces et les éléments qui sont en dehors de nous appar-
tiennent à la vie extérieure, la vie objective, et les éléments et forces qui
agissent en nous sont notre vie intérieure. La vie extérieure est notre
milieu d’où nous puisons les sucs et les biens permettant d’entretenir
notre propre vie. Un échange permanent existe entre ces deux vies, et
quand cet échange se fait d’après les lois de l’existence, nous avons une
vie normale et raisonnable. Si cet échange est incorrect, des déviations
apparaissent dans la vie psychique ou organique et se manifestent en
tant que défauts ou faiblesses. Ce sont des phénomènes pathologiques
étrangers à la vie dont nous ne nous occupons pas. Nous nous intéres-
sons aux voies et aux méthodes par lesquelles la vraie vie se manifeste,
c’est-à-dire les lois et les échanges corrects existant entre ces deux vies.
Si nos contemporains veulent en finir avec les souffrances, ils doivent
se débarrasser de leurs états pathologiques. Les tueries, les guerres et les
crimes observés de nos jours sont l’expression d’une pathologie. La vie
telle qu’elle se présente aujourd’hui, individuelle ou sociale, est une pa-
thologie. L’existence de maîtres et de serviteurs, de pauvres et de riches,
de gouverneurs et de gouvernés est toujours entachée de cet aspect pa-
thologique de la vie. Pour que l’humanité se libère de cet état patholo-
gique et entre sur la voie d’une vie naturelle, l’homme doit établir une
harmonie d’après les relations entre les éléments dont dépend la mani-
festation de la vie ; en effet l’absence d’équilibre entre eux interrompt la
voie de l’échange correct et alors apparaît la pathologie.
Tous les éléments existant dans la nature extérieure doivent aussi
être présents dans la vie organique et dans le sang humain. Car chaque

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

élément contient une certaine énergie et ces énergies sont la condition


nécessaire aux qualités et aux états psychologiques. Si l’homme n’a
pas dans son sang la quantité de fer déterminée par la nature, la vie
ne peut fonctionner correctement. S’il n’a pas la quantité déterminée
d’or, l’homme ne peut avoir de caractère. S’il n’a pas la bonne quantité
d’argent, il ne peut manifester sa pureté. Ainsi, chaque élément est lié à
des qualités et forces précises dans le monde qui sont elles-mêmes liées
par ailleurs à certains êtres, à certaines consciences.
Il existe une conscience qui englobe tout le monde matériel. Et ce
monde, y compris l’ensemble des éléments et des forces qui le com-
posent, résulte de cette conscience. Derrière cette première conscience
en existe une autre, plus vaste, qui englobe la première et agit sur elle.
De cette seconde conscience, appelée spirituelle, proviennent tous
les biens destinés au monde matériel. Le Christ appelle ces biens « le
pain descendu du Ciel », car « Ciel », dans le langage des initiés, signi-
fie un monde raisonnable et organisé. Enfin, il existe une troisième
conscience qui pénètre les deux précédentes : c’est la conscience divine.
Ces trois consciences conditionnent les trois grands mondes ; elles sont
également liées aux êtres, forces et éléments dont dépendent les formes
sous lesquelles la vie se manifeste.

Pour se délivrer du cercle vicieux des souffrances, l’homme doit se


lier aux êtres qui agissent dans ces trois mondes, maîtres des forces
et des éléments, de manière à apprendre, par leur intermédiaire, à
connaître les lois et les méthodes de l’échange correct. Alors, dans

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

notre vie, d’où toute pathologie sera exclue, les relations entre les gens
seront tout autres. La naissance et le départ dans l’autre monde existe-
ront encore, mais ils se manifesteront par d’autres lois et de toute autre
manière, sans pathologie. Les gens disposeront de connaissances et ne
diront plus avec superstition et crédulité : « À la grâce de Dieu ! » Ils
connaîtront les méthodes et les moyens pour résoudre toutes les contra-
dictions.
L’homme doit connaître les lois et les méthodes grâce auxquelles la
vie se déroule et ne pas dire : « À la grâce de Dieu ! » car Dieu est objec-
tivement manifesté en elles, et les connaissant, il disposera de ce que
Dieu a déterminé.
L’homme doit savoir en premier lieu qu’il a toutes les conditions
pour vivre et améliorer sa vie. N’aspirez pas à avoir des résultats exté-
rieurs et de grandes réalisations dès le début car, dans la nature, il y
a une loi d’après laquelle vous devez commencer par les plus petites
choses. La nature agit ainsi. L’enfant ne grandit pas comme un cham-
pignon, mais petit à petit. Il en est de même pour les plantes. Vous de-
vez partout respecter cette loi. Vous devez aussi la respecter en ce qui
concerne la connaissance. N’aspirez pas à obtenir, en une seule fois,
beaucoup de connaissances, car à un moment donné, votre cerveau
ne pourra supporter la tension qui en résulte. En acquérant certaines
connaissances, vous entrez en contact avec des forces de la nature qui
exercent une tension sur votre cerveau et peuvent vous causer des souf-
frances.

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

Le savoir est nécessaire car il apporte la lumière et éclaire notre che-


min, mais le problème est de l’intégrer graduellement pour que le cer-
veau puisse s’organiser et s’y adapter petit à petit. Il existe un monde
de Lumière éternelle et nous les humains, selon la loi de la liaison inté-
rieure, sommes liés avec ce monde réel de la Lumière d’où provient la
lumière intérieure que certains considèrent comme la leur. C’est mal
comprendre les lois internes de l’existence.
Tous les hommes sont liés à cette loi intérieure par des systèmes et
s’entraident. Si vous vous unissez à une personne, la lumière viendra.
Mais si vous ne pouvez vous lier avec aucun être vivant, la lumière ne
viendra pas. Quand une nouvelle idée vous vient à l’esprit, ne croyez
pas qu’elle soit seulement en vous. Elle a pénétré des milliers de têtes,
car elle existe en tant que réalité cosmique et n’est pas une production
de votre propre cerveau. Quand la superconscience, qui relie l’homme
au monde de la lumière, se réveille en lui, alors celui-ci reste fidèle à ses
idées et demeure sans crainte, même face aux plus grandes contradic-
tions et souffrances.
Les idées, comme je l’ai dit, ne sont pas crées par l’homme. Elles
existent dans le cosmos comme des graines qui germent et poussent dès
qu’elles trouvent les conditions favorables. L’homme est un terreau fer-
tile propice à la plantation de nouvelles idées, mais il faut savoir com-
ment et quand semer ces idées. C’est une vaste science que les hommes
du futur étudieront, car les idées sont liées aux êtres qui dirigent les
changements dans la nature et ce sont eux qui nous les donnent. C’est
pourquoi nous devons étudier la nature telle qu’elle se manifeste. Si

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

l’homme ne peut faire un avec les êtres qui dirigent la nature, il ne peut
rien comprendre. Vous pouvez comprendre la nourriture, l’eau, l’air et
la lumière en fonction de ce que vous en percevez et du lien que vous
avez avec eux. Les choses ont une valeur en fonction du lien qu’elles ont
avec vous.
La question n’est pas de parler d’idées nouvelles sans le moindre
rapport avec notre vie. C’est de cela dont souffre l’humanité contem-
poraine, car on ne fait que parler, mais sans mettre en application ces
idées. Les nouvelles idées qui entrent actuellement dans le monde
doivent être incarnées dans notre vie ; nous devons vivre avec elles de
manière à ce qu’elles deviennent notre chair et notre sang. Les nou-
velles idées sont réelles et elles ont en vue le bien de toute l’humanité.
Quand l’homme porte en lui une de ces nouvelles idées emplies de
lumière, il est optimiste et joyeux et il n’existe plus aucun obstacle qui
puisse l’entraver.
L’idée la plus lumineuse et la plus puissante qui puisse vous stimuler
dans la vie est celle concernant Dieu. Mais ne cherchez pas Dieu en de-
hors de vous, car Il est l’essence même de votre vie et de toute existence.
Pour que les grandes idées qui nous lient avec les êtres supérieurs
et le cosmos puissent pénétrer en nous, notre cerveau doit fonction-
ner correctement et notre intellect doit être bien organisé. Dans le cas
contraire, nous ne pouvons pas obtenir les résultats escomptés et une
suite d’absurdités se succèdent dans notre vie.
Une lutte existe entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas.
Des milliers de générations devront travailler dans le sens du raison-

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

nable pour que les cerveaux humains s’organisent et deviennent aptes


à cultiver nos idées. C’est pourquoi tous les porteurs de nouvelles idées
doivent accomplir quelque chose pour l’humanité, en envoyant une
pensée lumineuse, un sentiment chaleureux, un acte noble, qui se ré-
pandront dans toute la nature et exerceront une influence heureuse sur
l’humanité entière. Car les êtres humains sont liés et s’influencent tout
autant pour le bien que pour le mal. Par exemple, une pensée négative
vous vient, elle ne vous appartient pas : elle vient de l’extérieur. À ce
moment-là, l’homme doit s’abstenir d’agir, s’arrêter, faire le point en
lui-même et dire : « cela va s’arranger ». Qu’il introduise en lui-même
une pensée lumineuse est, en général, encourageant. Introduisez cette
pensée et ne vous pressez pas. N’attendez pas que quelqu’un vienne
vous secourir. La solution ne viendra pas d’où vous l’attendez. La na-
ture elle-même est vivante et sensible, et elle trouvera la voie pour vous
aider. Si nous tenons notre conscience éveillée, nous serons toujours en
contact avec la nature et nous résoudrons toutes les difficultés. Prenons
par exemple le cas d’un homme : il est malade, il a rompu ses relations
harmonieuses avec la nature et avec ses amis. S’il a quatre ou cinq amis
qui l’aiment, il guérira. Tant que l’homme aime et qu’il est aimé, il est
protégé des maladies. Aujourd’hui, les hommes n’ont pas d’amour. Au-
trement dit, ils ont coupé le lien avec la conscience supérieure et ne sai-
sissent pas l’unité de la vie ni la valeur de toutes ses formes. Chacun
n’aspire qu’à s’assurer lui-même en disant des autres : « tel est leur des-
tin. » Mais l’homme dont la conscience est élevée, l’homme de l’Amour,
est sensible aux douleurs et aux souffrances de tous les êtres. En rencon-

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

trant quelqu’un qui souffre ou qui est dans le besoin, il ne lui prêchera
pas Dieu et ne lui expliquera pas que sa situation est due aux lois du
karma. Il l’emmènera chez lui, lui servira un bon repas et lui montrera
ainsi qu’il le respecte et l’estime. Il éveillera ainsi en lui un noble senti-
ment, stimulera sa pensée et l’aidera à porter ses souffrances avec plus
de légèreté. Les hommes actuels ne se mettent pas à la place les uns des
autres, ce qui est le signe du manque d’Amour et la cause de leur expo-
sition permanente aux contradictions.
Des cœurs chaleureux, des intellects lumineux et de nobles actions
sont aujourd’hui nécessaires. La vie qui apparaît actuellement dans le
monde, le corrigera. Pour cela, de nouveaux hommes devront naître
avec un cœur chaleureux, un intellect lumineux, prêts à accomplir de
nobles actions.

Le Maître fait la lecture de Jean 21.1-17

La vie a un côté extérieur et un côté intérieur que l’on commence à


peine à étudier maintenant. Le côté extérieur, lui, est vécu par tout le
monde ; ce qui le caractérise, c’est l’insatisfaction qu’il comporte. Ainsi,
lorsque tu constates que ton existence est remplie de déceptions, c’est
que tu es dans la vie extérieure. Chacun aspire à se libérer de l’insatis-
faction, c’est-à-dire à dépasser le côté extérieur pour accéder au côté in-
térieur de la vie. Mais ce côté ne peut s’atteindre que par la voie inté-
rieure, c’est-à-dire par le chemin de l’amour. Ce chemin, vous l’étudiez
maintenant. Les saints l’ont étudié avant vous. L’homme ordinaire dé-

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

sire vivre comme un saint, mais il ne le peut pas ; de même qu’il s’ima-
gine souvent qu’il a du talent, qu’il est génial ! Mais tout cela n’est qu’il-
lusion.
Que représente la vie extérieure ? Elle peut être comparée à une jolie
mondaine qui ne pense qu’à ses toilettes. Elle en change chaque jour et
elle a grand plaisir à être remarquée et admirée partout où elle passe.
Mais vient le temps où sa jeunesse et sa beauté la quittent, elle en est
malheureuse et dit : « J’ai reçu beaucoup de choses dans ma vie, mais
une seule m’a manquée : l’amour ! » Cela démontre que la vie exté-
rieure est celle du monde - passagère, fugitive - tandis que la vie inté-
rieure - spirituelle, éternelle - repose sur l’amour.
Vous direz que ce sont là des choses élémentaires ? En effet, à pre-
mière vue elles sont simples mais si on les analyse profondément, elles
apparaissent alors lointaines et incomprises. Il est facile de dire qu’on
a la foi ; mais l’avez-vous mise en application ? Moi, je la mets en pra-
tique. Comment l’appliques-tu ? Par exemple, je crois qu’une certaine
personne est bonne. Mais que gagne cette personne de ton sentiment
envers elle ? En réalité, c’est toi qui gagnes quelque chose.
L’essentiel, c’est qu’un lien se forme entre elle et toi, c’est que vous
vous connaissiez véritablement. Cependant, vous ne pouvez pas mar-
cher de pair ; tu es la tête et elle les pieds ou le contraire.
L’homme ne doit avoir qu’une seule idée de base. S’il en a deux ou
trois, il lui faudrait avoir deux ou trois têtes et cela est impossible. Tu
dis que tu marches dans le chemin de l’amour, de la sagesse et de la
vérité, mais cela ne peut se faire. Tu devras marcher ou dans l’un ou

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

dans l’autre. L’amour soutient la vie, la sagesse soutient la lumière et la


connaissance, la vérité soutient la liberté. L’élément de base de la vie est
l’amour ; la lumière, la connaissance, la liberté constituent des condi-
tions pour qu’il s’exprime. Ces conditions représentent le côté extérieur
de la vie.
Quelqu’un désire marcher sur le chemin de la Sagesse ? Il doit savoir
que ce chemin exige beaucoup de connaissances. La voie de l’amour est
la plus facile et si tu n’acquiers rien dans cette voie, les possibilités que
tu obtiendras du chemin de la sagesse seront faibles et encore plus mi-
nimes seront celles du chemin de la vérité.
Le Christ a dit à ses disciples : « Allez et prêchez la Parole de Dieu et
moi je serai avec vous jusqu’à la fin des siècles. » Les apôtres travaillaient
et vous devez travailler aussi. Certains ne travaillent pas et ils comptent
que des privilèges leur soient donnés ; mais les privilèges ne sont accor-
dés qu’à ceux qui suivent le chemin de l’amour. Vous demandez com-
ment vous allez connaître ce que votre travail intérieur vous aura permis
d’acquérir ? Extérieurement cela ne se voit pas : chaque acquisition ne
devient visible que dans l’avenir.
Les saints qui ont vécu avant vous sont passés en leur temps pour des
anormaux, des illuminés ! Mais s’ils n’étaient pas venus sur terre, s’ils
n’avaient pas prêché et servi la Parole du Seigneur, la vie des hommes
serait un désert. C’est à eux que sont dus les biens, les progrès, la beauté
de la vie.
Si le Christ n’était pas descendu sur terre, s’Il n’avait pas prêché
en Galilée, nous n’aurions pas la culture qui est la nôtre aujourd’hui.

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

Si le soleil ne chauffait pas et n’éclairait pas la terre, aurions-nous les


conditions d’existence que nous avons ? Dans un lointain passé, le so-
leil ne remplissait pas le ciel comme maintenant et les conditions de
vie étaient tout autres. Dans l’avenir, les conditions seront encore meil-
leures qu’à présent ; cependant il faut savoir qu’elles résultent de la vie
intérieure de l’homme.
Comment reconnaît-on les acquisitions de la vie ? De cinq manières
différentes, par les cinq sens. Certaines acquisitions sont perçues par
le toucher, d’autres par le goût ou l’odorat, par l’amour ou la vue. Les
cinq sens représentent cinq forces données à l’homme pour travailler ;
s’il s’en sert conjointement, il se développera harmonieusement. Beau-
coup de travail est demandé à l’être humain s’il désire obtenir quelque
chose.
L’existence actuelle des humains renferme une part d’artificiel. Elle
n’est pas ce qu’elle devrait être. Y a-t-il un seul être sur terre qui n’ait
jamais offensé un de ses semblables ? Je ne parle pas des hommes ne se
souciant que du matériel, mais de ceux qui cherchent la vie intérieure.
Les premiers ne s’occupent que de la vie extérieure, où le faible sert le
fort et le simple sert le retors. Dans la vie intérieure, la loi est inverse :
c’est le fort qui aide le faible, l’intelligent qui sert le dénué de jugement,
et celui qui a de l’amour qui secourt celui qui n’en a pas. Dans la vie
extérieure, tu aimes si l’on t’aime ; dans la vie intérieure tu aimes même
si l’on ne t’aime pas.
Il faut comprendre que la véritable base d’une religion doit être
l’amour. C’est sur l’amour qu’est basé le monde. Si votre vie aussi n’est
pas fondée sur l’amour, vous êtes dans l’erreur.

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

Vous dites que vous avez une base dans la vie ? Je ne dis pas le
contraire, mais je constate que vous travaillez suivant deux sortes de
méthodes : celles de la vie extérieure et celles de la vie intérieure. Vous
commencez avec les premières, puis vous les laissez pour travailler avec
les secondes, pour revenir ensuite aux premières et ainsi de suite. Vous
n’arriverez à aucun résultat de cette manière.
Vous demandez si vous devrez revenir sur la terre ? Pour vous déve-
lopper, il le faudra : la réincarnation est une condition de développe-
ment. En se réincarnant, les hommes s’unissent entre eux pour s’entrai-
der. En général, les gens pensent davantage à eux qu’aux autres. Cha-
cun a pourtant son travail à accomplir, ses obligations à remplir, mais
la plupart des êtres semblent l’ignorer et ils ne cessent d’importuner
le Seigneur au sujet de leurs affaires embrouillées. La femme dit : Sei-
gneur, ne vois-tu pas que je souffre ? Mon mari ne m’aime plus, mes
enfants n’ont pas de situation. Le mari, lui, se plaint que ses affaires
ne marchent pas bien. Le prêtre se lamente, parce que ses ouailles dé-
sertent l’église. Pourquoi les pères n’inculquent-ils pas à leurs enfants
l’idée de vivre entre eux comme de vrais frères et sœurs, et laissent-ils les
plus forts dominer les plus faibles ?
Vous dites que vous recommandez à vos enfants d’être fraternel ?
Mais ce n’est pas suffisant de parler : vous devez porter en vous l’idée
de fraternité. Si tu me reçois bien dans ta maison, tu te recommandes
toi-même ; tu n’as pas besoin de faire des discours. Un bon comporte-
ment vaut plus que toute autre chose. Cela ne m’intéresse pas que tu
sois riche et savant. Ce qui vaut pour moi, qui suis un pauvre pèlerin

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

n’ayant même pas un morceau de pain dans son sac, c’est que tu t’ar-
rêtes sur ton chemin pour me donner de quoi me nourrir et me désal-
térer. De cette façon, un lien s’établira entre toi et moi. L’amour résout
tous les problèmes. S’il est absent, toutes les choses perdent leur sens.
Aujourd’hui, le Christ se tourne vers vous et vous dit comme à
Pierre : « M’aimes-tu ? » Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. « Alors,
prend soin de mes brebis. » C’est de la manière dont vous allez le faire
qu’on connaîtra votre amour. Quelles sont vos brebis ? Ce sont vos
bonnes pensées, vos sentiments élevés, vos nobles actions qui sont le ré-
sultat de l’amour qui vit dans vos âmes. Dieu a déposé l’amour en vous.
Prêtez attention aux qualités de vos proches pour qu’elles s’impriment
dans votre conscience comme des faits positifs.
Nombreux sont ceux qui attendent que Dieu les sauve ! Mais en quoi
cela consiste-t-il ? Le salut du monde réside dans les pensées divines qui
pénètrent l’esprit humain et dans les sentiments divins qui s’expriment
à travers la volonté des êtres. Pour entretenir sa vie, l’homme ne peut
se contenter de manger une fois par jour. Quel que soit le monde dans
lequel tu vis, tu dois constamment te nourrir. L’amour, qui est la nour-
riture de la vie, doit donc sans cesse enrichir l’âme humaine. Sachant
cela, que chacune de vos paroles, que chacun de vos sentiments et de
vos actes soient emplis d’amour. Rappelez-vous que derrière toutes vos
pensées, paroles et actions, Dieu est présent et vous observe.
Le Christ a dit à Pierre : « Remets ton épée dans son fourreau… » À
vous aussi, je dis la même chose. Ne pensez pas que vous pourrez vous
soustraire de boire la coupe que Dieu vous tend. Vous serez contraints

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VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

de la boire. L’épée ne résout pas les questions. Le Christ guérit l’homme


que Pierre avait frappé de son épée à l’oreille et Il dit : « Tous ceux qui
sortiront l’épée périront par l’épée. » Un mot blessant provoque une
mauvaise pensée, un mauvais sentiment en appelle d’autres… « Com-
ment alors dois-je combattre ? » Il n’existe pas d’armes plus fortes que
l’amour. Dieu, qui est tout-puissant, combat aussi avec l’amour. D’un
geste, Il pourrait anéantir ceux qui méprisent Ses ordonnances, mais Il
se contente de leur dire : ne commettez pas de crimes, sinon vous allez
en souffrir. Vous le promettez, mais vous oubliez votre promesse.
Je vous dis : vivez avec la conscience que Dieu est présent en vous.
C’est en cela que se cache la force du nouvel Enseignement. En vous le
prêchant, je désire éveiller en vous le divin, afin que vous deveniez des
conducteurs de l’Amour de Dieu et que vous le transmettiez aux autres.
Comment reconnaît-on un conducteur de l’amour ? Par son comporte-
ment envers autrui, le conducteur de l’amour se conduit d’une manière
identique envers tous : proches ou inconnus, riches ou pauvres, savants
ou ignorants.
Aspirez à contenter ce Dieu qui est en vous et qui soutient toujours
votre intellect, votre cœur, votre âme, votre esprit. Aspirez à être loyal
envers Lui. Si vous commettez une faute, sachez que c’est d’abord Lui
que vous blessez. Prenez conscience de votre erreur et corrigez-la. Tu dis
que tu regrettes ta faute ? Cela ne suffit pas, il faut la corriger. Si tu
as prononcé une parole blessante, ne la renouvelle pas. Tu dis que tu
ne peux pas devenir doux immédiatement ? Alors efforce-toi de le deve-
nir progressivement. Je ne vous demande pas d’être des saints d’un seul

30 Retour au sommaire
VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

coup, les saints sont des disciples qui ont travaillé pendant des éternités
avec constance et amour ; ils tombaient, se relevaient et surmontaient
tout avec l’aide de l’amour. Poursuivis, rudoyés, persécutés, ils ont tout
supporté avec patience et joie, en ayant conscience que la vie est éter-
nelle et que le monde finira par être arrangé.
Maintenant, je vous parle de la vie intérieure qui demande de la pu-
reté. Si tu ne penses qu’à toi, tu es dans la vie extérieure. Tous les êtres
sont venus sur la terre pour accomplir la volonté de Dieu et non la leur.
Le Christ a dit : « Je t’ai glorifié, Seigneur. Glorifie-moi toi aussi, pour
toi-même. » Celui qui désire s’élever et se glorifier doit avant tout ac-
complir la volonté divine. Dieu sait ce qu’Il doit faire pour chacun de
nous. En glorifiant le Seigneur, vous vous élevez. En tant qu’homme,
tu es obligé d’obéir à la Loi divine. Le reste, c’est le travail de Dieu.
Ne pense pas à toi ; un autre y pense. Si tu veux t’élever tout seul, tu
n’obtiendras aucun résultat. C’est comme si tu voulais bâtir un édi-
fice sur les glaces polaires ; dès qu’elles fondront, tout disparaîtra. Ce
que l’homme bâtit est transitoire ; ce que Dieu édifie est éternel et im-
muable.
Fiez-vous à ce que l’Éternel a bâti et continue à bâtir en vous. Soyez
attentifs à l’amour que Dieu a déposé en vous : c’est le paradis sur
terre ! Et c’est en lui que se cache votre avenir, c’est en lui que sont les
réalisations. Aujourd’hui, je vous demande aussi : « Aimez-vous Dieu ?
Êtes-vous prêts à Lui obéir ? » Vous dites que vous êtes disposés à le faire
dès maintenant, mais vos paroles sont sans importance : ce qui compte,
c’est que vous agissiez positivement. Que la pensée que Dieu vit en vous

31 Retour au sommaire
VIE EXTÉRIEURE ET VIE INTÉRIEURE

demeure dans votre intellect. Ainsi se créera un lien entre Lui et vous.
Si tu ne penses pas à Lui, c’est toi qui y perdras. Tous les biens qui vous
sont dispensés viennent de Lui.
« Qui nous apprendra comment accomplir la volonté de Dieu ? »
C’est l’amour qui vous l’apprendra. Sans amour rien n’est possible et la
vie est un supplice. Seul l’amour donne un sens à la vie en dispensant
la connaissance, la liberté et l’ampleur à l’âme. Dès que tu as la connais-
sance et la liberté, tu vis dans le domaine de la vérité.
Qu’y a t’il d’indispensable pour cette vie ? Un cœur pur et chaleu-
reux, un intellect clair et élevé ; vous travaillerez alors pour la gloire de
Dieu sur terre et au ciel.

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3
C E LU I Q U I N O U S A I M E
P LU S Q U E T O U T

Retour au sommaire
L
CELUI QUI NOUS AIME PLUS QUE TOUT

Le Dieu d’Amour, Unique et Véritable dont


je vous parle est le Dieu de tous les peuples. Il
se découvre aux hommes au fur et à mesure de
l’éveil de leur conscience. Il met en mouvement
toutes les cultures. Il parle à tous les êtres : aux
pères, aux mères, aux éducateurs, aux jeunes et
aux vieux.
Si vous cherchez sincèrement Dieu, vous Le
trouverez dans les hommes, dans les animaux,
dans les plantes, dans l’air et dans l’eau, vous Le
trouverez partout... À tous, on demande désor-
mais d’étudier et de saisir la présence et le travail
de Dieu dans le monde.
N’avez-vous jamais écouté comment Dieu
vous parle intérieurement ? Parfois Il vous sug-
gère : « Lève-toi et va secourir tel être qui souffre
et demande de l’aide. » Mais vous répondez :
« Aujourd’hui, je ne suis pas disposé à cela, je
n’ai pas le temps. Ce sera pour une autre fois ! »
Souvent aussi, Dieu se fait entendre par l’inter-

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CELUI QUI NOUS AIME PLUS QUE TOUT

médiaire de votre conscience : une fois, deux fois, trois, quatre, dix fois,
jusqu’à ce que vous finissiez par écouter Sa pure pensée et que vous di-
siez : « Je dois vraiment obéir au Divin et réformer ma façon de vivre. »
Dieu demande que l’on accomplisse Sa loi et donne à chacun ce qu’il
mérite.
Quand, dans vos moments difficiles, vous implorez Dieu avec foi et
humilité, l’aide vous vient. Elle se produit rarement de la façon que
vous attendez mais se manifeste d’une manière particulière et imprévue.
En vous entretenant du Divin en l’homme, nous voulons parler de
la clarté intérieure qui se fait dans son intellect et de la conception qui
germe en lui, concernant l’existence d’une grande force intelligente
dirigeant la vie de l’humanité. Cette force est le Principe divin qui pé-
nètre tout, qui dirige en tout temps l’homme vers la Vérité. Celui qui
apprend à servir ce Principe vit dans la joie.
Il n’y a pas de chose plus sublime que la force lumineuse de la Vérité,
que de vivre en accord avec les lois divines et de comprendre le sens de
la Vie « Une » en la découvrant dans toute la Création. En captant la
musique et les chants des Êtres avancés, en éprouvant en vous leur har-
monie, vous pourrez dire : « Concevoir et connaître Dieu ; glorifier son
Nom avec toute notre pensée, tout notre cœur, notre âme et notre force
est un privilège qui mérite d’être acquis au prix même des plus grandes
difficultés et épreuves ! »
La conception de Dieu n’est plus maintenant une notion obscure et
abstraite, car l’homme commence déjà à entrer en relation intérieure
et extérieure avec le Divin, dont la douce voix murmure : « Es-tu prêt

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CELUI QUI NOUS AIME PLUS QUE TOUT

à accomplir ma loi ? » Dieu ne moralise personne mais Il dit : « Aime


ton prochain comme toi-même. Sois prêt à te sacrifier avec amour pour
le Bien. » Celui qui accomplit le plus petit sacrifice avec amour ne se
repent jamais de rompre avec l’ancienne vie pour accéder à la nouvelle.
Savez-vous ce qu’est accueillir intérieurement Dieu, Le voir ? C’est en
cela que réside le sens de la vie. C’est une grande chose que de pou-
voir entrer, ne fût-ce qu’un instant, en contact avec cette sublime In-
telligence ! Alors, la présence de Dieu se manifestera pour vous dans
les plus petites choses comme dans les plus grandes. Tous les êtres se-
ront pour vous des frères et vous les aimerez comme tels ; ainsi tout le
monde vivra en paix et en harmonie.
Toutes les grandes impulsions de l’âme, les pensées et les sentiments
nobles et élevés, chaque aspiration vers l’activité, le savoir, le perfection-
nement, tout cela l’homme le doit à Dieu qui stimule chacun et se re-
tire. L’Esprit divin ne nous laisse jamais stagner. S’il remarque en nous
le moindre mécontentement, la plus petite indifférence, Il nous envoie
tout de suite une nouvelle impulsion, un élan renouvelé vers le meilleur
dans la vie. C’est le petit doigt du Seigneur, avec lequel Il nous pousse
en avant.
La force qui émane de Dieu se propage en ligne droite. Quand on dit
qu’il est nécessaire qu’un lien existe entre le Divin et l’homme, il faut
comprendre que ce dernier doit progresser avec rectitude pour recevoir
et utiliser les énergies divines. En rompant ce lien ou en s’en désintéres-
sant, on reste un homme ordinaire qui naît et meurt sans que rien de
lui ne subsiste.

36 Retour au sommaire
CELUI QUI NOUS AIME PLUS QUE TOUT

Depuis Sa création du monde jusqu’à maintenant, Dieu a constam-


ment fait « le Bien » sans prêter attention à la façon dont on agit en-
vers Lui, sans s’occuper des continuelles sollicitations des humains qui
L’entretiennent de leurs disputes individuelles, de leurs dissensions,
de leurs déboires ! Combien sont ceux qui Lui disent : « Seigneur, ne
voyez-vous pas comment celui-ci m’a offensé, a blessé ma dignité ? » Je
vous demande ce que Dieu pourrait répondre à de telles prières ; Il se
contenterait de sourire en disant : « Rentre chez toi, repose-toi, dors et
demain matin le calme te reviendra. » Il n’y a pas de difficulté que Dieu
ne puisse résoudre.
Avec votre conscience et votre compréhension actuelles, vous ne pou-
vez pas saisir tout ce que Dieu embrasse. En un instant, Il perçoit l’uni-
vers entier devant Lui. Il saisit les relations de tous les êtres, petits et
grands, les rapports de leurs forces respectives et Il voit les changements
qui peuvent s’accomplir en eux. Ce savoir divin pénètre graduellement
tous les êtres depuis les plus avancés - qu’on les appelle Dieux, Anges,
saints, génies, etc. - jusqu’aux êtres les plus humbles qui reçoivent la vie
de la manière dont ils peuvent la manifester.
Vous devez avoir foi dans le Divin qui travaille en l’homme. Dans
les Écritures, il est dit : « Nulle oreille n’a entendu, nul œil n’a vu, nul
intellect n’a perçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’écoutent, qui
L’aiment et qui vont par Ses chemins. »
Celui qui écoute Dieu et L’aime croît continuellement et avance vers
l’acquisition du pur idéal de son âme. Pour cet être, la terre est une
école d’où il tire de belles et intéressantes leçons.

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4
LE MONDE HUMAIN
ET LE MONDE DIVIN

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N
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Non seulement chaque homme a besoin de


connaissances, mais il faut qu’il mette en pra-
tique ce qu’il sait. Des connaissances sans appli-
cation rendent orgueilleux, c’est-à-dire que l’or-
gueil résulte d’un savoir vainement accumulé.
L’orgueil est un processus inverse de l’humi-
lité. Quand l’homme devient-il humble ? Quand
il met en pratique la connaissance qu’il a ac-
quise, car il se rend ainsi compte des limites de
ses possibilités, ce qui l’amène à devenir graduel-
lement humble.
Celui qui ne vit que pour lui-même ne peut
utiliser son savoir qu’il entasse comme des maté-
riaux superflus. Alors qu’en vivant pour Dieu,
pour son prochain et pour lui-même, l’homme
parvient à la vie véritable et aux possibilités qui
lui sont données.
Dans le dessin n°1, nous avons un cercle
ACDB qui représente la vraie vie et ses possibi-
lités humaines. Le centre du cercle est le point

39 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

zéro. On dit que le zéro n’a aucune valeur et qu’il est plus petit que
l’unité. Pourtant, il contient une force qui amoindrit ou accroît les
nombres. Placé devant l’unité, il diminue le nombre ; placé après, il le
décuple. Cette propriété démontre les possibilités du développement
humain.
Quand on évoque les nombres en tant que quantités, on se borne
aux mathématiques communes ; mais quand on les prend comme
formes renfermant des forces vivantes, on en a une tout autre vision.
Les nombres sont des formes vivantes porteuses d’énergie. Si vous me-
surez par exemple la longueur et la largeur de la tête humaine, vous re-
marquerez que ces chiffres sont vivants et ont la possibilité de croître.
Ordinairement, la hauteur de la tête est supérieure à sa largeur.
L’intelligence et la force d’un être humain sont en rapport avec la
longueur de son corps : une grande taille, un long nez, des oreilles lon-
gues, des sourcils longs démontrent que l’homme est intelligent. Les
sourcils épais indiquent l’émotivité plutôt que l’intelligence. En étu-
diant les sourcils, il faut tenir compte de la longueur des poils, de leur
direction, de leur forme. Des sourcils longs et fins, un nez long et ré-
gulier sont des signes d’intelligence, qui est aussi dénotée par la forme
et la largeur des narines. De chaque côté du nez, deux ou trois lignes
indiquent la qualité de l’intellect. Chez les animaux inférieurs, le nez est
soudé à la mâchoire supérieure, tandis qu’il en est séparé chez l’homme,
démontrant ainsi l’indépendance de son intellect.
Le nez humain présente une forme angulaire. Il est étroit en haut et
large en bas. L’intelligence et la force sont liées à la largeur du bas du

40 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

nez, à ses ailes qui doivent être bien développées. Le haut du nez, qui
est lié avec les sourcils, montre les aspirations élevées. Un nez correcte-
ment développé reflète les pensées et les sentiments : plus justes et fins
sont-ils, plus belles sont les lignes du nez.
Je veux maintenant attirer votre attention sur la vie en tant qu’entité
invisible, mais réelle : elle s’exprime par le mouvement, et l’intelligence
par la lumière. Plus grande est la lumière, plus forte est l’intelligence.
Là où les sentiments sont plus développés, la matière a une plus grande
épaisseur. La force des sentiments est en relation avec les passions ; c’est
pour cela que l’on dit : forts sentiments, fortes passions ! Si vous pesez
un homme ayant de fortes passions, vous constaterez qu’il est plus lourd
qu’un intellectuel, c’est-à-dire que les êtres spirituels sont plus légers que
les matérialistes.
Ainsi, deux sortes d’êtres existent : les êtres ordinaires, matérialistes,
ne se souciant que du monde physique et les êtres spirituels. Les pre-
miers ne s’intéressent qu’à la vie extérieure et non à son contenu. Ils
considèrent les animaux et les végétaux comme des créatures simples,
inintelligentes. C’est compréhensible, parce qu’ils ne pénètrent pas
dans leur essence et qu’ils ne se posent pas la question de savoir pour-
quoi certains végétaux vivent fort longtemps. Par rapport à celle de
l’homme, la vie de quelques espèces animales est nettement plus
longue. Cela démontre que ces végétaux, ces animaux connaissent
quelque chose de plus que l’homme pour allonger leur vie. Pour justi-
fier leur relativement brève existence, les humains prétextent que cela
est dû à la vie trop intense qu’ils doivent mener.

41 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Revenons maintenant au dessin n°1 : le cercle, en tant que forme


géométrique, recèle en lui l’embryon des forces qui ont la possibilité
de croître et de se développer. Ce cercle, tracé autour du carré A C D
B est composé d’innombrables petites quantités émanant du centre 0,
lequel est l’âme de la force raisonnable se manifestant vers l’extérieur,
soit comme rameaux, soit comme lignes de force. Par similitude, l’âme
humaine aussi se trouve au centre de la vie. Depuis l’âme, pareillement
à des « lignes de force », sortent tous les organes du corps.
Dans le plexus solaire, appelé aussi « nœud de l’estomac », existe une
série de ganglions formant le cerveau primitif. Ce dernier joue son rôle
dans la digestion et dans la circulation du sang. C’est là que siège le
grand sympathique. Le système cérébral, lui, réside dans la tête. Il ré-
gularise la pensée. Il y a donc dans l’homme deux systèmes nerveux :
le grand sympathique par lequel se manifeste l’âme, et le système céré-
bral par lequel s’exprime l’esprit ou intellect. Les racines de l’homme se
trouvent dans le grand sympathique ; les branches sont dispersées dans
tout le corps. Quand l’être humain souffre, aime ou se réjouit, cela se
répercute sur le grand sympathique ; quand il pense, c’est le cerveau et,
ensuite, le visage qui sont atteints. Le visage est un accumulateur qui
recueille l’énergie du monde extérieur et la transmet au cerveau et aussi
à l’extérieur. C’est pour cela qu’il faut être attentif au visage en tant que
récepteur et transmetteur d’énergies. Le visage est le reflet d’un être. Il
suffit de regarder ses yeux, son nez, sa bouche, pour juger de ce qu’il
éprouve. Le visage d’un homme représente deux pyramides. L’une avec
le sommet en bas, le menton ; au-dessus de cette pyramide est placé le

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

cerveau ; à sa base sont les pommettes qui donnent la largeur du visage.


La deuxième pyramide a son sommet en haut, le nez. Les deux hémis-
phères du cerveau renferment les virtualités de l’être humain.
Nous disons : un homme manifesté ou non manifesté ; ou une vie
manifestée ou non, c’est-à-dire une bonne vie ou une mauvaise. C’est
ce qu’expriment les deux triangles du dessin ; l’un a son sommet tour-
né vers le bas, l’autre vers le haut. Le premier représente le pécheur,
l’homme esclave de ses sens, le deuxième représente la bonne na-
ture de l’homme. Ces deux triangles opposés figurent donc la nature
double - bonne ou mauvaise - de l’être humain. Quand prédomine sa
nature mauvaise, il se trouve retourné, la tête en bas. Ses aspirations
sont dirigées vers la terre, vers le monde, en dehors duquel rien d’autre
n’existe pour lui. Il dit : « N’est réel que ce qui existe sur la terre. Ce
qu’il y a au ciel ne m’intéresse pas. » Si, au contraire, le sommet du
triangle est tourné vers le haut, nous avons devant nous un homme
dont les aspirations sont dirigées vers le soleil. Il représente la pensée, la
lumière, ce qui est noble et élevé dans l’être.
Le premier, c’est le vieil homme, le plus grand triangle la pointe en
bas. L’homme juste, vertueux - le triangle dont la pointe est en haut - est
le petit enfant qui se révèle maintenant à peine. Il doit travailler, régu-
lariser son système respiratoire. Une respiration incorrecte cause des
dépôts, des sédiments dans l’organisme. Vous demandez : quand une
respiration est-elle incorrecte ? Lorsque l’homme pense et sent d’une
manière fausse. Sous ce rapport, la tuberculose n’est pas seulement une
maladie organique mais elle est en relation avec les pensées et les sen-

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timents. Ces deux attributs, s’ils sont dénaturés, incorrects, donnent


naissance à des conditions favorables à l’apparition de la tuberculose en
amenant l’affaiblissement des poumons. En adoptant des pensées justes
et claires dans l’intellect et des sentiments nobles dans le cœur, la tuber-
culose disparaît d’elle-même.
Maintenant, je veux orienter votre intellect vers la nouvelle pensée,
en vous libérant des conceptions périmées du passé, conceptions qui
sont encore celles des mammifères, des poissons. Malgré cela, l’homme
pense qu’il est bien supérieur aux animaux. Sous certains rapports, il
est effectivement supérieur à l’animal mais, d’un autre point de vue, ce-
lui-ci est venu à bout de certaines questions mieux que l’être humain.
L’oiseau par exemple a résolu ses questions familiales d’une manière
exemplaire. Le mâle et la femelle sont égaux en droits. Certains oiseaux
ont des rapports réciproques tels que les humains n’en connaissent pas
encore. Le mâle et la femelle ayant élevé leurs petits se retrouvent libres,
ne connaissant ni la jalousie ni la tromperie. Certaines espèces, comme
les aigles, ne se marient qu’une fois, alors que d’autres vivent quelques
années ensemble avant de se quitter. Nulle part la femme n’est aussi
libre que l’oiseau femelle.
En étudiant la vie des mammifères, on peut constater que la femelle
est une esclave : elle porte tout le poids de la famille et doit seule éle-
ver ses petits. Le mâle, lui, on ne le voit pas du tout. Les enfants ne
connaissent que la mère. En ce qui concerne les humains, le père com-
mence à peine maintenant à prendre soin des enfants et à assumer sa
responsabilité familiale et il en vient à dire : « Il n’est pas facile d’être
père ! »

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Vivant sur la terre, l’être humain est appelé à devenir père et mère.
Devenir père, cela signifie mettre fin à son égoïsme et commencer
à s’humaniser. La jeune fille et le jeune homme ne pensent qu’à eux-
mêmes. Dès qu’ils se marient, ils commencent à penser aussi à leurs en-
fants. En tant que célibataires, ils pensent d’une certaine manière. Une
fois mariés, ils abandonnent leur égoïsme.
L’homme doit travailler sur lui-même pour devenir beau, pour amé-
liorer les traits de son visage. Peu de personnes ont une jolie bouche ;
sa beauté réside dans une courbe singulière qui dénote l’intelligence.
En réalité, l’intelligence se révèle par le nez, dont on doit surtout s’ef-
forcer d’améliorer la ligne et la forme. Le nez est le mage du visage :
si votre nez est régulier et bien développé, vous serez maître de vous-
mêmes. « Comment peut-on travailler à parfaire son nez ? » demandez-
vous. Il y a pour cela une série de méthodes qu’il faut étudier. Travaillez
sur vous-mêmes sans user de violence ; la violence amène de mauvaises
conséquences. Adam et Ève ont violé le Principe divin en eux. Dieu
leur avait ordonné de ne pas manger le fruit de l’arbre défendu, mais ils
ne l’ont pas écouté. Ève la première a mangé de ce fruit, qu’elle a donné
ensuite à Adam. Et quand Dieu a demandé à Adam pourquoi il avait
transgressé son ordre, Adam n’a pas accusé Ève mais il a allégué qu’elle
avait bien étudié la question et qu’elle lui avait ensuite donné à goûter
le fruit défendu. Ève, elle, s’empressa d’accuser le serpent comme cou-
pable de tout. Alors, Dieu dit à la femme : « Parce que tu as menti, je
mettrai de l’hostilité entre ta semence et le serpent… » En conséquence,
aujourd’hui la lutte n’est pas entre l’homme et la femme, mais c’est la
femme qui lutte contre le mal.

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Que représente la femme ? C’est la dernière création de Dieu et


chaque dernière création est supérieure aux précédentes. Dieu a créé
les végétaux, les animaux et enfin l’être humain. Celui-ci est donc supé-
rieur aux animaux et aux végétaux. Pour la même raison, Ève est plus
élevée qu’Adam, c’est-à-dire que la femme est supérieure à l’homme.
Dieu, par son souffle, a doté Adam d’une âme vivante ; à Ève, Il a
donné l’intelligence. Donc, la femme représente l’intelligence et quand
on dit que la femme n’a que des qualités féminines mais pas d’intelli-
gence, ce n’est pas juste. En général, la femme est plus intelligente que
l’homme, lequel est plus enclin à lutter, à faire la guerre ; il est fort mais
n’a pas grande philosophie. On dit qu’un homme est génial, savant,
philosophe, mais rappelez-vous qu’un grand homme, un génie, ne peut
naître dans une mère ordinaire, simple, sotte. Ce n’est qu’une mère in-
telligente qui peut donner le jour à un enfant génial. Le père peut être
médiocre, mais la mère doit être intelligente. Cela démontre que le père
transmet plus difficilement son intelligence aux enfants que la mère.
L’intelligence du père n’est transmise que si la mère est elle-même intel-
ligente. En additionnant les deux intelligences, on crée quelque chose
de supérieur.
Ainsi, la connaissance, l’intelligence, sont issues de l’amour. La
sagesse peut d’autant mieux se manifester chez un être humain si son
amour a comme bases la connaissance et l’intelligence. Nous qualifions
alors cet amour « d’éclairé ». Si votre amour n’est pas éclairé, vous ne
pouvez rien créer de valable.

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Le mariage constitue un moyen d’éducation qui libère de l’extrême


égoïsme, cet endurcissement de l’être humain. Si celui-ci ne parvient
pas à se libérer de cet endurcissement, il risque de perdre sa vie. La fa-
mille impose à l’homme certains sacrifices qui l’amènent à étudier les
lois de l’amour envers Dieu, cet amour qui est le centre de toutes les
possibilités de chaque vie. Et cela, tous peuvent l’essayer. En s’analysant,
l’homme découvre ses deux natures : l’une est calme et sereine, tandis
que l’autre est sans cesse mécontente et s’irrite de tout. La première na-
ture, nous l’appelons le principe raisonnable et la deuxième, le principe
déraisonnable. Entre ces deux natures, un lien étroit existe. Quand vous
voyez qu’un être se presse, s’irrite, veut parvenir vite à quelque chose,
vous devez savoir que c’est le principe déraisonnable qui agit en lui.
Le principe raisonnable, ou divin, lui murmure : « Ne te hâte pas telle-
ment, ne te fâche pas ; attends que le moment soit venu de faire ce tra-
vail ! » - « Non, je veux le finir tout de suite… » Finalement, la nature dé-
raisonnable reconnaît son erreur et la nature raisonnable se tait. « Pour-
quoi est-ce que je souffre ? » Le raisonnable ne répond pas directement
à cette question, mais murmure doucement : « Si tu m’écoutes, tu ne
souffriras plus. Tu veux devenir un savant, un grand homme, mais tu
ne réussiras pas. » - Pourquoi donc ? - Parce que tu mêles aux tiens des
désirs qui te sont étrangers. Tu dois apprendre à séparer ce qui est à toi
de ce qui appartient à autrui et donner uniquement cours à tes propres
pensées et désirs. Tu vois la richesse spirituelle d’un autre et tu désires
lui ressembler. C’est possible, mais ta méthode n’est pas la bonne. La
richesse spirituelle, on l’acquiert par un chemin intérieur. Tu veux l’ob-
tenir par un moyen extérieur, mais c’est impossible.

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Ainsi, si tu suis les aspirations du principe déraisonnable en toi, tu


te condamnes toi-même à la déchéance, à la dégénérescence et enfin,
à la mort. En perdant ta nature spirituelle, tu meurs. C’est naturel, car
alors, l’homme possède deux âmes : une animale et une divine. Tant
qu’il souffre et qu’il lutte, l’âme divine est présente en lui et lui assure
les conditions de développement. Mais si elle le quitte, tout est fini
pour lui. C’est pour cela que nous pouvons dire que l’homme a de l’ave-
nir tant qu’il aspire au Divin. Un peuple a de l’avenir tant que tous
ses membres tendent vers le Divin. S’ils aspirent à de chimériques puis-
sances, ils tombent dans les anomalies de la vie qui conduisent au mal.
Lisez le cinquième chapitre de l’Épître aux Galates, où sont énumérées
les dix-sept formes du mal et les neuf fruits de l’Esprit (versets 19-23).
Qu’apportent le mal et les défauts à l’homme ? Ils corrompent la qua-
lité du sang, à la suite de quoi le teint s’altère, les yeux perdent leur
éclat, le nez se déforme… Si, pendant des générations, un être humain
suit le mauvais chemin, son menton se rétracte comme celui des ani-
maux. On reconnaît un homme bon et noble à ce que son menton pré-
sente un creux. Vivez de telle sorte que vous puissiez chaque jour ajou-
ter quelque chose de bon aux traits de votre visage et non le contraire.
En observant les lèvres des gens, vous constatez que la lèvre supérieure
est plus développée que l’inférieure. C’est la juste conformation. Une
telle personne est plus active que passive. Une lèvre inférieure plus déve-
loppée dénote l’homme passif. La personne active se fâche facilement,
mais se calme rapidement ; le passif, lui, semble paisible, mais intérieu-
rement c’est la tempête !

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Aspirez à l’harmonie dans la vie pour former des traits réguliers à


votre visage. Chaque vibration d’un visage harmonieux est semblable
aux vibrations de la lumière. Il est comme l’aurore : son rayonnement
s’accroît progressivement jusqu’au jour où, de cet être bon et noble, se
lève le soleil de la Vie. Chacun doit savoir si en lui-même prédomine le
divin ou l’humain. Si c’est le Divin qui est prépondérant, vous n’avez
pas à vous inquiéter, même si vous êtes pauvre ; mais si c’est l’humain
qui prévaut, alors, même riche, vous vivrez sans cesse dans la crainte :
maladie, ruine, etc.
Il faut à l’homme une nouvelle philosophie, un changement de sa
pensée. Comment celle-ci doit-elle être ? Droite, positive, claire. Devez-
vous vous introduire dans la conscience divine et critiquer Dieu en de-
mandant pourquoi Il vous a créé ainsi ? Mais Il ne vous a pas créé ainsi.
Si tu aimes t’enivrer, est-ce Dieu qui en est la cause ? Tu as de mau-
vaises habitudes, tu aimes critiquer les autres, tu vois leurs fautes ? En
cela, c’est toi le coupable. Que représentent les fautes des humains ? Ce
sont des rejets dont tu ne dois pas t’occuper. Considérer une vertu, cela
est naturel, car chaque vertu est une pierre précieuse qui profite à tous.
C’est une loi : tant que tu t’occupes des défauts des autres, tu souffriras
toujours sans que tu puisses t’en libérer. Le Christ a dit : « Ne jugez pas
pour ne pas être jugé. » Cela veut dire : ne remarquez pas les défauts des
hommes pour ne pas en être victimes. Inconsciemment, l’être humain
est influencé par les fautes d’autrui, parce que tous les humains sont
semblables à des vases communicants.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Si tu arrêtes ton attention sur les défauts de tes proches, tu risques


fort d’en être atteint toi-même ; à ce point de vue, le rapprochement
de deux êtres amoureux l’un de l’autre peut être dangereux, car ils ont
tendance à se rapprocher et les défauts de l’un peuvent gagner l’autre.
Il est dit à ce sujet dans les Écritures que « les mauvaises fréquentations
corrompent les mœurs les meilleures. »
Comment agissent les bons et les méchants ? En te voyant de loin,
l’homme mauvais juge s’il peut te tromper ou non. Si tu es crédule,
il commence par te promettre d’arranger facilement tes affaires et s’il
arrive à te prendre quelque chose, il disparaît sans avoir tenu ses pro-
messes. L’homme bon observe la règle suivante : il ne prête ni n’em-
prunte de l’argent. Si tu as besoin d’un service, il t’aidera ; si tu as faim,
il te nourrira ; si tu es trop pauvre pour payer ton voyage, il le règlera
à ta place, mais il ne prête d’argent à personne pour avoir la paix en
lui. « Ne faut-il donc jamais emprunter de l’argent ? » - Tu peux en em-
prunter, si tu es certain de pouvoir le rendre. L’honnête homme préfère
souffrir plutôt que de faire des dettes qu’il n’a pas la certitude d’être en
mesure de rembourser. C’est une bénédiction que d’avoir des relations
avec une personne honnête et bonne.
Je vous parle entre autres choses de la question du prêt, pour éviter
que ne se créent des malentendus entre vous. Vous dites qu’on vous a
trompé ? Si on t’a menti, c’est toi qui gagnes, mais c’est terrible pour le
menteur. Il introduit du poison dans son organisme, qui se transmet-
tra dans le sang des générations futures, amenant leur dégénérescence
progressive. La mauvaise pensée est plus nocive que le poison matériel.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Pour ne pas empoisonner son organisme, l’homme doit entretenir dans


son intellect des pensées divines qui lui permettront d’accomplir la vo-
lonté de Dieu. C’est uniquement ainsi qu’il peut s’assurer un bon ave-
nir.
Vous ne vivrez pas seulement une fois sur la terre. Beaucoup d’exis-
tences vous attendent encore ! Sachant cela, ne fermez pas les yeux sur
vos erreurs, sur vos défauts, sur vos vices, mais entreprenez de les corri-
ger. Vos fautes présentes sont inévitables, parce qu’elles vous sont trans-
mises par l’hérédité, mais travaillez sur vous-mêmes pour les faire dispa-
raître. Faites des expériences sans en parler ; mettez vos connaissances
en application, essayez-les et quand vous en aurez recueilli le fruit, alors
vous pourrez en parler.

L’un d’entre vous est de mauvaise humeur. Comment peut-il en chan-


ger ? Mets la main gauche sur les yeux, qu’elle touche le nez. Ensuite
lentement, légèrement, qu’elle descende en passant sur la bouche et le
menton. Tu feras cela trois fois. Après, passe l’index de la main droite
sur le nez, trois fois aussi. En faisant cet exercice consciemment, ton in-
disposition disparaîtra.

Il arrive aussi que l’homme se sente très tendu, crispé, prêt à éclater,
sans savoir comment se libérer. Une grande tension provient fréquem-
ment de l’influence des pensées négatives d’êtres proches ou non. Ces
pensées assaillent l’homme et le tourmentent et il est alors semblable
à une bombe qui n’attend que le plus léger contact pour exploser.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Grande est la tension d’un être qui se trouve sous le coup d’une dure
épreuve, d’un chagrin… Qu’il touche alors son bon conseiller, son nez,
avec son index, en lui demandant aide et conseil. Le Seigneur parle in-
térieurement à l’intellect et le guide. Quand vous avez de grandes diffi-
cultés, faites cet exercice pour vous aider vous-mêmes. « Pouvons-nous
nous aider sans avoir besoin de faire l’exercice ? » - Sachez que le capital
de l’homme physique provient du monde spirituel ; s’il n’en était pas
ainsi, l’être humain n’aurait pu subsister dans le monde physique où il
est sans cesse dépouillé. Si l’homme n’était pas crédité par le monde spi-
rituel, il serait rapidement empoisonné, miné, anéanti. Au contraire, il
doit être une source, et cette source c’est son intellect. En même temps
que celui-ci travaille, les sentiments de l’être humain s’ennoblissent pro-
gressivement. L’intellect est la source, le cœur est le sol dans lequel on
sème les grains. Dès que la source jaillit et arrose les graines, Dieu les
fait croître. Que votre intellect travaille donc et reçoive la juste pensée
divine pour une fructueuse récolte !
Que demande-t-on à l’homme ? Qu’il ait une foi inébranlable, restant
ferme dans les pires tempêtes extérieures et intérieures. Soyez un grand
et solide bateau qui puisse affronter les plus grandes tourmentes sans
crainte. Les vagues pourront vous assaillir de tous côtés, mais dès que
vous avez la foi, vous aborderez au rivage du salut sans dommages. Avec
une telle foi, aucune force au monde ne peut vous anéantir. Rien ne
peut résister au Principe divin en l’homme. Là où est le divin, Dieu est
présent ; là où le Divin manque, Dieu est absent. L’humain doit se sou-
mettre au Divin.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Quelle était l’idée de base de la conférence ? Nous avons parlé de


la vie physique et de la vie divine. Nous allons donc nous arrêter sur
l’homme physique ou manifesté et sur l’homme spirituel ou non-mani-
festé. Géométriquement, l’homme physique est représenté par un carré
et l’homme spirituel par un cercle. Le carré inscrit dans le cercle n’aura
que quatre points de contact avec ce dernier (dessin n°1). Ces points de
contact ont un rapport avec les pensées, les sentiments et les actes de la
volonté de l’être humain. Ce qui revient à dire que l’homme physique
n’a que quatre points de contact avec le spirituel. Dès que l’homme phy-
sique se met en action, tous les points de contact s’animent en même
temps que lui. L’homme physique - le carré - se mouvant en contact avec
l’homme spirituel - le cercle - en reçoit la sagesse. Un jour, le carré se
séparera du cercle et il ne restera plus que le spirituel en l’homme.
Le carré est formé de deux triangles unis entre eux par une base com-
mune. Le triangle du haut représente l’intellect. Le carré se rapporte
en même temps au monde physique et au monde spirituel. C’est pour
cela que les hommes bâtissent le plus souvent leurs demeures sur des
bases quadrangulaires. Il serait bon de savoir quelle partie de la maison
que l’on habite est spirituelle et laquelle est physique. Le plan sur lequel
sont construites les maisons doit avoir des mesures bien définies. Par
exemple, le chiffre 13 est préjudiciable pour certaines personnes, pour
certains peuples. En Angleterre, treize personnes avaient été invitées à
un dîner mondain. En raison de ce chiffre de mauvaise réputation, per-
sonne ne se décidait à passer à table. À la fin, trois invités faisant preuve
de hardiesse dirent : « Nous sommes prêts à affronter le chiffre treize.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Quoi qu’il puisse arriver, nous en prenons la responsabilité ! » Quelques


années plus tard, tous les trois finirent leur vie dans de grands mal-
heurs.
Je ne veux pourtant pas que vous tombiez dans la superstition, mais
je tiens à vous rappeler qu’on ne peut pas vivre sans avoir certaines
connaissances. Le manque de connaissances est la cause de beaucoup
de malheurs dans le monde. Il est donc utile que vous connaissiez la
signification des chiffres, des jours et des mois de l’année pour vous dé-
cider opportunément. Celui qui est raisonnable utilise uniquement les
heures, les jours et les mois qui lui sont favorables. Les moments, les
périodes défavorables, il les passe dans le jeûne et la prière. À vous aussi
je dis : Quand vous vous trouvez devant un malheur, priez ! Seul Dieu
peut vous préserver. Si un ennemi t’agresse, prie le Seigneur d’adoucir
son cœur, afin qu’il t’épargne.
Dans les grandes forêts bulgares sévissait une bande de brigands qui
attaquaient les voyageurs et les dépouillaient. Un jour, un homme bon
et de nobles sentiments eût à traverser ces forêts. Sachant qu’il pouvait
rencontrer des brigands, il se mit à prier : « Seigneur, je me confie à Toi.
Je suis prêt à donner ce que j’ai aux brigands. » Peu après, il vit surgir
devant lui le chef de la bande qui l’arrêta dans l’intention de le voler.
Le voyageur lui dit : « Ami, j’ai dix leva dans ma poche. Prends-les et
demeure en bonne santé ! » Le chef réfléchit un instant et lui répondit :
« Homme, sois libre. Je ne dépouille pas des gens comme toi. » Qu’est-
ce que cela signifie ? Voilà une action divine. Quand tu accomplis la
volonté de Dieu, tu peux rencontrer les plus grands brigands, ils ne te

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

toucheront pas. Les brigands aussi écoutent Dieu. Ils savent que leur
vie est entre Ses mains et quand Il dit au chef : « Laisse cet homme s’en
aller. Tu ne dois pas le voler », le chef obéit pour ne pas subir les consé-
quences d’un manquement à l’ordre divin.
Je vous dis que celui qui a la foi et se confie à Dieu souffre moins et
que ses souffrances ont un sens. Appliquez la foi dans votre vie pour
avoir des expériences qui changeront votre caractère et par suite, harmo-
niseront votre organisme. Si vous ne pouvez pas faire cela, vous n’avez
aucun savoir. Une des tâches que vous avez à accomplir est d’amélio-
rer vos conditions de vie extérieures. Ne vous attendez pas à ce qu’elles
s’améliorent toutes seules !
Rappelez-vous que le redressement du caractère dépend de Dieu et
de vous. C’est un problème difficile qui ne peut se résoudre d’un seul
coup. Cela dure depuis des milliers d’années, mais les êtres humains
s’obstinent toujours. Il y a en l’homme quelque chose de dur, d’opi-
niâtre, qui ne se laisse pas facilement entamer. Pourtant, dès que le
Divin s’éveille en lui, il se corrige facilement. Il y a une force qui peut
aisément et efficacement agir sur l’homme. Cette force, c’est l’Amour.
C’est pour cela que l’on dit que l’amour sauvera l’humanité. Mais en
l’absence d’amour parmi les hommes, il est bien inutile de leur dire que
leur manière de vivre est fausse.
Tu constates que quelqu’un est mal disposé. Ne lui demande pas la
cause de sa mauvaise humeur mais aide-le. Cherche toi-même la cause
et si tu vois qu’il lui manque quelque chose, procure-le-lui. S’il est dé-
couragé, dis-lui quelques bonnes paroles pour le remonter. Si tu veux
aider quelqu’un, il faut lui donner quelque chose de matériel.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Le monde spirituel prend aussi soin des besoins matériels des hu-
mains. Dieu également connaît leurs besoins et y pourvoit. Il dispense
les biens, mais Il les reprend aussi. Si quelqu’un veut avoir un enfant,
Dieu le lui donne, mais s’il cesse d’accomplir la divine volonté, Dieu le
lui reprend. Il faut comprendre que tous les biens viennent de Dieu et
c’est pour cela qu’il est dit : « Dieu donne, Dieu prend… »
Tant qu’il est sur terre, l’homme a besoin des biens matériels. S’il
écoute Dieu, il aura tout en abondance. Sinon, on lui prendra tout ce
qui lui a été donné et il restera seul comme un coucou, qui pond ses
œufs dans les nids des autres oiseaux pour qu’ils les couvent. Vous ne
devez pas marcher sur le vieux chemin du coucou et attendre que les
autres fassent votre travail. Aujourd’hui, si quelqu’un voit un œuf de
coucou dans son propre nid, il le jette tout de suite dehors ! Autrement
dit, dès que vous remarquez les mauvaises intentions de quelqu’un à
votre égard, débarrassez-vous en sans tarder. Si vous commencez un tra-
vail, il vous faut le finir vous-mêmes et ne pas laisser à d’autre le soin de
l’achever.
Maintenant, vous êtes réunis autour de moi pour m’écouter et vous
souhaitez établir de nouvelles et correctes relations entre vous. En tra-
vaillant sur vous-mêmes, gardez-vous de tomber dans le travers de
vieilles personnes qui voient les fautes de leurs proches sans être en état
de les aider. Étudiez-vous vous-mêmes. Corrigez vos fautes et ne vous
occupez pas des défauts des autres. Pourquoi ? Parce que votre tâche est
de vous corriger vous-mêmes. Si vous dirigez votre attention sur les im-
perfections de ceux qui vous entourent, vous allez vous entraver vous-

56 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

mêmes. Vous dites que vous n’êtes pas encore des saints ? Non, mais
vous êtes candidats à le devenir. Vous n’êtes pas encore non plus des
Anges ni des génies, mais vous aspirez à l’être. Un jour, vous parvien-
drez à tout cela. Pour l’instant, vous n’êtes que des élèves. « Comment
parviendrons-nous à ce but ? » - Par le chemin de l’amour ! C’est ainsi
qu’ont travaillé les prophètes et les saints. Tous sont passés par certaines
expériences. Vous devrez aussi les vivre pour acquérir une certaine
connaissance.
Aujourd’hui, vous mangez un pain semblable à celui que le Christ
a mangé et avec lequel Il a nourri des milliers d’êtres. Vous-même ne
pouvez pourtant pas le multiplier comme Il l’a fait. Pourquoi ? Parce
que vous ne connaissez pas les lois avec lesquelles le Christ travaillait.
Le prophète Daniel a prié et Dieu a fermé la gueule des lions. Si l’un
d’entre vous pénétrait dans une fosse remplie de lions, en sortirait-
il vivant ? Les trois jeunes hommes sont entrés en priant dans le four
allumé. L’Ange de Dieu descendit parmi eux et ils sortirent indemnes
du four incandescent. Quelqu’un de vous pourrait-il en faire de même ?
Vous dites que Dieu vous sauvera ? C’est possible, mais il faut savoir
comment prier. Vous devez avoir une conception réelle de la vie ; au-
jourd’hui, la majorité des gens vivent dans une réalité relative et s’ima-
ginent qu’ils savent tout ! Ils parlent de Dieu qu’ils considèrent comme
un homme et pensent Le connaître. Leur foi est faible ; le doute les
habite et ils se fâchent si Dieu ne répond pas à leurs prières. Ne soyez
pas fâchés contre Dieu qui n’est pas comme vous et ne nous doit rien.
Il nous a tout donné gratuitement. De vous, on demande de travailler.
Remerciez pour ce qui vous est donné et mettez-le en œuvre.

57 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Il est temps que vous dirigiez votre intellect vers la vraie science posi-
tive et non vers celle qui engendre l’orgueil. La vraie science élève, en-
noblit et protège l’homme. Soyez prêts pour les sacrifices que l’on vous
demande. Étudiez, acquérez des connaissances et appliquez la loi du
sacrifice. On vous demande de vivre justement. Que tout ce que vous
faites le soit de votre plein gré, non par contrainte. Tu respires parce
que c’est indispensable, tu ouvres les yeux pour recevoir la lumière.
Ce sont là des processus naturels. C’est ainsi que vous devez travailler
sur vous-mêmes : d’une manière naturelle et libre. C’est ce qu’exige la
nouvelle vie, qui n’a rien de commun avec l’ancienne. Ce que tu as été
dans le passé n’est pas important. Ce qui compte, c’est ce que tu es au-
jourd’hui et seras dans l’avenir. Ce qui est vieux est désuet. Il faut bâtir
le nouveau avec une matière propre, neuve. À peine maintenant com-
mence à s’ébaucher le nouvel édifice avec des matériaux inédits. D’où
viendront les nouveaux ouvriers ? Lorsqu’un être se réalise fidèlement,
suivant sa prédestination, c’est un nouvel ouvrier.
Je sais que vous êtes tous bons, mais ne savez comment manifester
votre bonté, tous intelligents, mais ne savez comment révéler votre intel-
ligence, tous forts, mais vous ignorez comment montrer votre force ! Il
suffit d’appuyer sur un bouton pour avoir de la lumière. C’est facile.

Mais quelle est la difficulté d’une juste pensée ? Touchez légèrement


votre nez, dirigez votre regard vers le haut et vous recevrez une claire
pensée.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Dès que tu captes une pensée lumineuse, partage-la avec le Seigneur.


Si tu ne l’as pas exprimée complètement, parfaitement, ne t’inquiète
pas. Tu la diras mieux une autre fois. Dis-toi intérieurement : « Je suis
un être qui progresse. Aujourd’hui, je ne peux terminer qu’un travail ;
demain, j’en achèverai deux. Aujourd’hui, j’ai dix leva. Je suis prêt à les
donner ; demain, j’en aurai vingt ; je suis prêt à les donner aussi. Et
quand j’en aurai gagné cent, je les donnerai également. Je suis prêt à
tous les sacrifices ! »

« Louez l’Éternel, vous, toutes les nations ;


célébrez-Le, vous, toutes les nations ;
célébrez-Le, vous, tous les peuples !
Car sa bonté pour nous est grande
et sa fidélité dure toujours.
Louez L’Éternel ! »

L’Éternel qu’on loue dans ce psaume est le même Seigneur, celui du


passé et celui d’aujourd’hui. Tel Il était à la création du monde, tel Il est
aujourd’hui. S’est-il produit un changement dans les manifestations de
Dieu jusqu’à présent ? En dehors de Dieu, tous les êtres changent. Que
cette pensée demeure en vous.
Chez l’homme, il y a quelque chose qui change : c’est le côté hu-
main ; le côté divin, lui, reste immuable. Les entendements humains
varient constamment ; le Monde divin demeure invariable. Où est le
Monde devin ? Où est Dieu ? Certains demandent qu’on leur prouve

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

l’existence de Dieu, mais s’Il existe, il n’est pas besoin de le démontrer ;


et s’Il n’existe pas, il est inutile de le nier. Comment peut-on vouloir
prouver l’existence du soleil ?
Dans les mathématiques, il est question de quantités commensu-
rables et incommensurables. Pour ma part, j’examinerai la question
d’un autre point de vue : la preuve de l’existence ou non de Dieu repré-
sente une quantité incommensurable. Si vous affirmez que Dieu existe,
cela sous-entend que vous devez Le trouver. Si vous Le niez, cela signi-
fie que vous êtes en conflit avec Lui et que vous voulez vous en libérer.
Dans ce cas, vous entrez en lutte avec vous-mêmes.
Une chose est importante : c’est que l’homme connaisse la vie telle
qu’elle est dans sa réalité. Si ce n’est pas le cas, il ne peut pas connaître
Dieu. Je ne vous parle pas de la vie humaine, mais de la Vie divine,
de la Vie de la lumière, illimitée, immuable. De cette Vie, tu ne peux
prendre que ce dont tu as besoin. Si tu en prends davantage, elle
s’échappera, car son mouvement est continu. Où est cette Vie ? Ouvre
les yeux et tu la verras. Le monde divin, vous le connaîtrez par trois
choses :
- par la lumière, sa forme extérieure ;
- par les sentiments, son contenu ;
- par les pensées qui lui donnent un sens.
Quand tu entres dans le Monde divin, tu peux aimer autant que tu le
veux. Si tu aimes tous les humains, tu seras libre ; si tu aimes l’un plus
que l’autre, tu te limites. Si quelqu’un te demande de l’aimer davantage,
il ne comprend pas la loi.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Le monde a deux côtés : le Divin et l’humain. Le côté humain - le


monde humain - se caractérise par la pensée. Ta pensée est libre, mais
elle ne te permet pas de saisir tout le cosmos. Tu ne pourras donc
prendre de la pensée du cosmos que ce que tu pourras comprendre. Et
ne regrette pas de ne pas tout comprendre !
Ainsi, nous vivons simultanément dans le monde de la lumière - le
côté extérieur du Monde divin - puis dans le monde des sentiments ou
le monde de l’amour - le contenu du monde spirituel - et enfin, dans
le monde de la pensée ou le monde de la sagesse. J’identifie le monde
de la lumière à la Vérité dans le Monde divin, la lumière et la chaleur
étant des aspects de celui-ci. Quand il fait froid sur la terre, cela pro-
vient de l’homme ; tandis que lorsqu’il fait chaud, cela émane de Dieu.
Le froid est dans le monde humain, temporaire. Dans ce monde règne
les incompréhensions, les disputes, la haine ; ce sont les vraies causes
du froid. Il y a certes, de belles choses dans le monde humain, mais mê-
lées aux choses négatives. Dans le Monde divin, tout est beau et harmo-
nieux. Son côté extérieur est uniforme, mais l’intérieur est extrêmement
varié. On dit que la Lumière divine n’a pas partout la même intensité,
mais ce n’est qu’une illusion de votre vision. En tant que côté extérieur
du Monde divin, la lumière est partout la même.
Le côté extérieur du Monde divin est beau malgré son uniformi-
té. Extérieurement, le monde humain est varié, mais sa beauté est
moindre. Tu vois un homme beau en apparence, mais sa beauté dimi-
nue à mesure que tu le fréquentes. Et quand toi-même tu te juges et te
trouves laid, c’est que le monde humain prédomine en toi. Mais dès

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

que tu rejoins le Monde divin, tu te sens libre, léger, illimité. Dans le


monde humain existent la peur, la jalousie, la limitation ; en lui, pour
n’importe quel bien, il faut payer ; dans le Monde divin, on ne paie pas.
« Louez l’Éternel, vous toutes les nations ! » Tu loues le Seigneur
parce que tu as pris quelque chose de son abondance et tout ce que tu
as pris est pour toi. Dans le monde humain, ce que tu reçois est provi-
soire. Quand tu auras compris le sens de ce que tu as reçu d’en-Haut, tu
te réjouiras. Par conséquent, si tu te réjouis, tu es dans le Monde divin ;
si tu souffres, tu es dans le monde humain. Dès que tu aimes, tu es
dans le Monde divin, mais si tu connais la haine, tu es dans le monde
humain. Tu as la foi ? Alors, tu es dans le Monde divin, mais le doute te
confine dans le monde humain. Quand tu es dans le Monde divin, tu
es courageux ; si tu as peur, c’est que tu es dans le monde humain. Les
vertus, la gaieté, la jeunesse prouvent que tu es dans le Monde divin ;
dès que tu vieillis, tu es dans le monde humain. Tu es en bonne santé ?
Tu es dans le Monde divin ; si tu es malade, tu rejoins le monde hu-
main.
Le saint, le juste vivent dans le Monde divin ; le pécheur, lui, reste
dans le monde humain. Par les divergences qu’il constate dans sa vie,
l’homme peut de lui-même déterminer le monde dans lequel il vit. Du
point de vue humain, le Monde divin reste toujours incompris ; il ne
peut être saisi que du point de vue divin. Si tu penses que le Divin peut
être humainement compris, tu te leurres.
Ainsi, la faiblesse de la terre est la force du ciel, tandis que la force du
Monde divin est la faiblesse de l’humain.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

La force de Dieu est la faiblesse de l’homme ;


la force de l’homme est faiblesse de Dieu.

Ce sont là des pensées qui vous sont incompréhensibles, et vous


vous demandez comment il peut se faire que votre faiblesse soit la force
de Dieu ? C’est que là où l’homme est fort, Dieu est faible et récipro-
quement. Quand tu te fies à toi-même, Dieu est faible en toi, car alors
Il s’éloigne et ne participe pas à ta vie. L’impuissance s’empare de toi
et tu te demandes pourquoi Dieu t’a abandonné ? C’est à cause de
la confiance exclusive que tu as mise en toi ; Dieu alors te laisse seul
pour que tu prennes conscience que la force est en Lui et la faiblesse
en toi. Mais vous objectez : « N’est-il donc pas vrai que Dieu pénètre
tout ? » - C’est là une expression matérialiste ; pour pénétrer quelque
part, cela supposerait qu’il y ait une autre réalité où Dieu ne soit pas, en
dehors de Lui. Or, il n’y en a aucune autre.
Quand nous sommes malades, quand nous souffrons, quand nous
faisons des erreurs, la lumière de Dieu nous pénètre et nous aide. Pour
que vous compreniez si Dieu pénètre ou non quelque part, il vous fau-
drait avoir de grandes connaissances !
Maintenant, je vous présente une grande affirmation que vous pour-
rez vérifier chaque jour dans votre vie si vous y prêtez attention : c’est
qu’à chaque instant, vous recevez la vérité qui apporte la lumière dans
votre conscience. Je ne vous parle pas de cette vérité qui ne devient évi-
dente que dans l’avenir, mais de celle qui est immédiatement vérifiable.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Voilà pourquoi vous devez vous réjouir de souffrir, d’être malades, car
ce sont là des conditions pour vous tourner vers Dieu et en obtenir les
bienfaits. Sans souffrances, vous n’auriez jamais appelé Dieu !
« L’homme ne peut-il donc pas pécher ? » Cela dépend de lui. La li-
berté lui est donnée de se manifester comme il l’entend. S’il ne com-
prend pas les lois, il fait ce qui lui passe par la tête, mais il en suppor-
tera les conséquences. « Pourquoi le mal existe-t-il ? » Parce qu’il est
libre. Le bien et le mal ont une liberté absolue et il ne dépend que de
l’homme de recevoir l’un ou l’autre. Le divin en l’être humain aspire
à la liberté du bien. Celui qui donne accès au divin fait le bon choix,
parce qu’il marche dans la voie du bien. Adam et Ève ont péché en dési-
rant connaître et le bien et le mal, car ils avaient été placés dans le para-
dis pour apprendre les lois du bien pour surmonter le mal.
Chaque être humain peut transformer sa vie, sinon pleinement, au
moins partiellement. Je ne veux pas dire qu’il a le pouvoir de la recréer,
mais de cultiver ce que Dieu a déposé en lui. Le Divin demande que
les humains s’entraident. Que faut-il entendre par s’entraider ? Aider
les autres sous-entend s’aider aussi soi-même. Si tu ne peux pas simul-
tanément t’aider en même temps que les autres, tu n’as rien compris
et ton aide est vaine. Chaque aide exige un certain sacrifice et d’après
moi, ne peut véritablement aider que celui qui a travaillé sur lui-même.
Tu ne peux pas concourir à l’élévation de quelqu’un si tu ne t’es pas
toi-même élevé. Quand tu auras fait quelque bien à un être, tu verras
que le bien s’est aussi répercuté en toi. « Pourquoi dois-je aimer ? » Pour
comprendre que l’amour est en toi. « Pourquoi dois-je chercher Dieu ? »

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Pour Le trouver en toi. Ce que tu découvres à l’extérieur est aussi en


toi ; et cela concerne les jeunes comme les vieux.
L’homme âgé constate : « Je suis devenu vieux ! » - Si tu as vieilli et
acquis quelque chose, tu es devenu un homme, mais si tu n’as rien ac-
quis, tu ne l’es pas encore devenu. - « Que dois-je faire alors ? » - Entrer
dans le Monde divin pour rajeunir et comprendre les choses comme
Dieu les comprend. Entrer dans le monde humain, c’est connaître la
vie comme tout le monde la conçoit. Tant qu’elles vivent dans le monde
humain, les personnes âgées se ressemblent. Le grand-père dit à son pe-
tit-fils : « Dans le passé, j’étais comme toi : je pensais que je savais tout
et que je pouvais tout atteindre. J’allais au bal, je m’amusais, je cour-
tisais les jeunes filles… » Mais qu’a-t-il atteint, ce grand-père ? Il s’est
marié, il a eu des enfants, ils sont partis, sa fortune s’est évanouie et
il est resté seul et démuni. Et ce grand-père continue : « Un jour, mon
petit, tu seras comme moi ! » Mais c’est là une philosophie humaine. Le
grand-père a raison, car si son petit-fils pense, sent et agit comme lui,
c’est sûr qu’il deviendra comme lui. Le petit-fils doit répondre : « Moi,
je ne vivrai pas comme toi ; je ne passerai pas mon temps à aller au
bal, à m’amuser, à courtiser les jeunes filles. Je ne rêverai pas d’avoir des
terres et des maisons… » Celui qui vit d’après les lois de la nature raison-
nable bénéficiera de ses bienfaits, tous deux auront le même résultat,
car la graine porte en elle la force, la connaissance et les possibilités. Il
suffit de la semer en terre pour qu’elle germe et sache croître. La diffé-
rence est seulement en cela que l’agriculteur sait quand doivent se faire
les semailles, dans quel sol, mais si tous les deux connaissent les condi-
tions, le résultat sera le même.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Par analogie, il y a dans la vie des actes qui donnent les mêmes résul-
tats, qu’ils soient accomplis par un juste ou par un pécheur. Le bien
fait par l’un ou l’autre est toujours un bien. Vous pensez qu’un homme
mauvais ne peut faire du bien ? C’est là une compréhension erronée,
car il en est parfaitement capable.
Nombreux sont ceux qui me demandent quand ils pourront être sau-
vés, quand plus tard, ils pourront entrer dans le Monde divin ? Mais
pourquoi penser à l’avenir ? L’important, c’est de se sauver dès main-
tenant, d’entrer sans attendre dans le Royaume de Dieu. Si l’on remet
à plus tard, cela risque de ne jamais se produire. Moi, je n’attends pas
pour parler aux Anges ; dès maintenant, je m’entretiens avec eux ! Pour
moi, un Ange est chaque personne dont la conscience est éveillée et qui
accomplit la volonté de Dieu. Dès qu’il lui vient une pensée claire et
bonne, elle la réalise tout de suite. Mais si l’on pense à des richesses, à
des maisons, on demeure dans le monde humain. Cela se produit conti-
nuellement avec vous ; tantôt vous êtes dans le Monde divin, tantôt
dans l’humain. Dès que vous êtes dans un état négatif, vous êtes dans
l’humain ; change-t-il en positif que vous entrez alors dans le divin.
Parfois, à cause d’un motif futile, vous vous découragez, vous vous
désespérez au point de dire que vous n’avez plus goût à la vie et que
vous allez vous suicider. Puis bientôt, apparaît dans votre intellect une
claire pensée : un Ange vous a visité et vous dites : « La vie a un sens et
cela vaut la peine de vivre ! » Ce sont là les deux mondes au sein des-
quels l’homme existe. Il lui faut maintenant une nouvelle compréhen-
sion pour passer plus facilement du monde humain au Monde divin.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

En conclusion de tout ce que je vous ai dit, je vous lirai les neuvième


et dixième versets du chapitre onze de l’Évangile de Jean : « N’y a-t-il pas
douze heures au jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne tré-
buche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais si quelqu’un
marche pendant la nuit, il peut faire un faux pas et tomber, parce que la
lumière n’est pas en lui. » Quand l’homme ne bronche-t-il pas ? Quand
il est dans le Monde divin. Quand il trébuche, quand il n’a pas de lu-
mière, il est dans le monde humain. Gardez-vous donc des ténèbres
pour ne pas trébucher, pour ne pas perdre le sens de votre vie.
Certains pensent qu’ils peuvent devenir des saints et entrer dans le
paradis, mais tant que vous conserverez vos vieilles compréhensions,
vous ne deviendrez pas des saints ni n’entrerez au paradis. Tu dis : « Je
veux servir le Seigneur ! » - Tu es dans le paradis. Mais tu ajoutes : « Est-
ce le moment ? Je ne me sens pas encore prêt ! » Dès que tu hésites, tu
retombes dans le monde humain et dès lors des maladies viennent. Ne
te demande donc pas pourquoi tu as mal au pied ou à l’estomac ou à la
tête, pourquoi tu as des rhumatismes, etc. Si tu veux te libérer de tous
ces maux, va remplir une cruche d’eau. C’est ainsi que je soigne, tan-
dis que l’on prescrit aujourd’hui des piqûres, des bains, etc. Cela n’est
pas mauvais, mais il faudra beaucoup de temps pour te guérir. Dans le
Monde divin, tu peux guérir et rajeunir en un instant ; cela signifie que
ton corps soit purifié et qu’il renaisse. C’est ainsi qu’il faut comprendre
la parole du Christ : « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut
entrer dans le Royaume de Dieu. » La nouvelle naissance se rapporte
aux pensées, aux sentiments, aux actions. Une nouvelle pensée, de nou-

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

veaux sentiments et une nouvelle vie sont indispensables aux humains.


Il se peut que tes pensées demeurent vieilles, mais que tu vives d’une
manière nouvelle ; mais vous faites tout le contraire : vous avez des pen-
sées nouvelles et vous continuez à vivre de l’ancienne manière ! Cela
équivaut à verser de l’eau pure dans de l’eau trouble : autant d’eau pure
que vous versiez, l’eau trouble le restera toujours. L’eau pure, tu la met-
tras d’un côté et la trouble d’un autre, sans les mélanger.
Souvenez-vous : chacun prendra des biens divins autant qu’il en a be-
soin. Le reste sera laissé à la disposition des autres. Et quand vous aurez
pris ce qui vous est nécessaire, soyez prêts à le partager avec autrui.
Un pacha turc invita un Bulgare à dîner et il lui dit : « Je vais te servir
six mets et à la fin « Yoka » . Le Bulgare ne comprenant la signification
du mot « yoka » se dit : « Le dernier mets sera certainement le meilleur.
Je m’abstiendrai des premiers pour me régaler du dernier ! » Mais, en
turc, « yoka » signifie « rien » et le Bulgare, ayant peu goûté du début du
repas, fut loin d’être rassasié !
Quand on vous invite à dîner, je vous conseille de bien vous servir du
premier mets ; des plats suivants, vous en prendrez peu, de manière à en
laisser aux autres. Prenez des biens autant que vous en avez besoin sans
en attendre encore d’autres ; le premier bien vous suffira et ne pensez
pas au dernier… qui ne viendra pas.

Chez l’homme vivant sur la terre, deux principes existent : le divin et


l’humain. Quand le principe divin a la priorité absolue, l’homme « véri-
table » se découvre. Si c’est le principe humain qui dirige votre vie, s’il

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

prédomine en vous et dans vos proches, vous êtes appelés à subir des
contradictions et de grandes souffrances. Dans cet état, l’homme en ar-
rive à dire : « Il n’est pas intéressant de vivre pour manifester le bien, ni
même de se dévouer pour son prochain. Il vaut mieux s’occuper exclusi-
vement de soi-même. »
Pourtant, un être qui décide de vivre seulement pour lui, pour son
bien-être personnel, va inévitablement au-devant de grandes épreuves
et d’une profonde insatisfaction. Pour lui, le bonheur est chose impos-
sible. Dans ce monde, le bonheur de l’homme est conditionné par le
Principe divin - la loi d’aide réciproque et bénévole qui reflète celle exis-
tant dans le grand Tout universel. S’appliquer seulement pour une pe-
tite partie, vivre pour soi-même et négliger la conscience collective du
Bien c’est, malgré les plus grands efforts, s’interdire de connaître le bon-
heur et la sérénité de la vraie vie.
Ne comprenant pas l’effet de l’application des deux grandes lois dans
le monde - la loi du Tout et celles des parties - les gens tombent dans
l’erreur en pensant pouvoir seuls redresser la vie sur terre. Mais ceci est
le travail de Dieu qui a créé le monde. Le travail de l’homme est de
comprendre les règles qui régissent son petit monde et de le corriger en
les appliquant. Comment ? À travers les souffrances qui le portent à ré-
fléchir et à s’amender. La confusion intérieure dans laquelle il se débat
est telle que les souffrances seules peuvent lui venir en aide et éclairer
son chemin. Vous direz que Dieu pourvoit au redressement de la vie
des hommes. Il est bien vrai que Dieu pense à tous, mais l’être humain
doit aussi faire quelque chose pour lui-même.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Quel bien ferez-vous à un être affamé si vous lui dites que l’on s’oc-
cupe de le secourir et que l’aide lui viendra ?... Il pensera que sa faim
doit d’abord être apaisée au plus vite et qu’il pourra ensuite attendre
un éventuel secours. Dieu a tout prévu pour l’homme. Il lui a donné
en abondance la lumière, l’air, l’eau, la nourriture. Ce qui est demandé
à l’être humain, c’est de ne pas négliger le moment propice à la récep-
tion de ces biens et d’utiliser justement ce que la nature raisonnable lui
offre. Nul n’a le droit de le priver de ce que Dieu a prévu pour lui. Si
cela était, il lui serait donné dix fois plus.
Il existe une loi que vous devez connaître : tout ce qui est humain
doit être éprouvé avant d’être apprécié et aimé ; mais ce qui est divin ré-
clame d’abord le don de l’amour. Par exemple, pour aimer un homme,
on doit d’abord le connaître. Pour Dieu, c’est le contraire : vous devez
Lui donner votre amour et ensuite vous Le connaîtrez et découvri-
rez tous les bienfaits dont Il vous comble. Beaucoup veulent recevoir
les biens, les bonnes conditions auxquelles ils aspirent et ensuite ai-
mer Dieu. C’est une compréhension humaine, erronée. Vous aimerez
d’abord le divin et sa bénédiction viendra sur vous.
Lorsque Dieu veut obliger les êtres à Le connaître, Il leur envoie des
souffrances et des épreuves. Mais les hommes ne connaissant pas la loi
se révoltent et se demandent pourquoi un semblable sort leur échoit.
La souffrance peut être comparée à la glaise que l’homme façonne pour
en faire de beaux pots. En la travaillant, il se salit mais il arrive finale-
ment à en tirer des formes parfaites. Il les cuit au four pour qu’elles de-
viennent résistantes et durables. Sans la souffrance, l’homme demeure

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

un matériau grossier et cru, comme l’argile non travaillée. Sous l’effet


des épreuves, il prend graduellement forme et se trempe.
Jusqu’à quand devrons-nous souffrir, demandez-vous ? Jusqu’à ce que
vous vous perfectionniez et que vous transformiez vos peines en joies ;
vos épreuves actuelles renferment vos joies futures.
Nous sommes ici au sommet du mont Moussala. Vous avez le soleil,
mais aussi le vent qui souffle et qui veut vous dire quelque chose. Le
soleil filtre à travers les plus petites ouvertures des nuages. Il veut vous
voir, vous donner un peu de lui-même. Pourquoi ? Parce qu’il vous
aime ! N’agissez-vous pas de même quand vous aimez quelqu’un ? Vous
cherchez à le voir, à lui faire plaisir, à lui rendre quelque service. Que
veut vous dire le vent qui souffle ? Il vous suggère d’être justes, de sortir
de la vie matérielle pour accéder à la spirituelle - à la vie de la liberté.
Aujourd’hui, tout le monde souffre. Les gens travaillent le sol dans le-
quel seront semées les graines des biens de la vie. Le brouillard qui nous
cache les sommets environnants représente le « karma » de l’Europe.
Jusqu’à ce que la conscience des hommes s’éveille et que se manifeste
en eux le désir d’accomplir la Volonté divine, ce karma ne pourra se dis-
soudre et disparaître.
Tant que les hommes n’arriveront pas à concevoir que Dieu est en
eux-mêmes, et non au-dehors, ils ne pourront se libérer des souffrances.
Le monde extérieur est humain, tandis que le monde intérieur est ce-
lui de l’Amour - le monde grandiose. Dieu quitte l’homme qui manque
d’amour, laissant la place au tourment et à la souffrance.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Puisque vous êtes ici, au sommet de cette montagne, votre pre-


mière tâche consiste à vous unir en pensées et sentiments avec tous
les hommes au cœur large qui désirent l’amélioration de l’humanité.
Ensuite, vous devez vous lier intérieurement avec les Êtres du Monde
spirituel et du Monde divin. Lorsque vous rejoignez en pensée tous ces
Êtres, vous commencez à penser comme eux et à devenir les conduc-
teurs des bénédictions divines. L’homme qui se lie avec les Êtres élevés
des trois mondes - physique, spirituel et divin - devient doué d’une force
magique : il lui suffit de frapper avec sa petite baguette pour obtenir
tout ce qu’il désire ! Comme les brouillards mouvants découvrent et
cachent tour à tour l’horizon, le mage ouvre et ferme les portes secrètes
de la nature.
Dans la vie humaine, les brouillards représentent les contradictions,
les oppositions. Aussitôt que le soleil paraît, les brumes se dispersent ;
aussitôt que Dieu - l’Amour - vit dans l’homme, les contradictions dis-
paraissent et l’harmonie peut s’établir.
De même que le blé semé en terre donne une abondante récolte, de
même l’être humain doit mettre ses dons et ses capacités au travail, en
mouvement, pour produire de bons fruits. Où il y a dynamisme, on
peut espérer la réussite. Tant que les choses restent statiques, aucune
réalisation ne peut survenir. Vous pouvez penser et dire que vous devez
être bons, qu’il faut s’aimer, etc., ce ne sont que des états statiques. Il
n’est pas question de proclamer la bonté et l’amour. L’important, c’est
de les manifester. Tous les hommes peuvent être bons et s’aimer. Ainsi
des milliers, des millions d’âmes aimantes formeront la base de la gran-
diose construction de l’Amour.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Mais que deviendront les êtres mauvais ? Eux aussi ont leur rôle : ils
préparent le terrain pour que les meilleurs puissent semer.
En tant que candidats à la nouvelle Vie qui se construit dans le
monde, vous devez tendre à devenir des modèles vivants, et non de
pâles reflets peints sur du papier ou de la toile. Réchauffez-vous au véri-
table feu, qui chauffe mais ne brûle pas. Certains aiment à répéter que
le Christ s’est sacrifié pour sauver l’humanité mais si ces paroles n’ont
pas le pouvoir de vous transformer radicalement, vous n’êtes qu’une
flamme peinte et non réelle. Elles doivent devenir vivantes en vous et
vous enflammer de manière à transformer chez vous le charbon en dia-
mant pur !
Nous sommes actuellement au commencement d’une nouvelle
époque. Au sommet des montagnes s’accomplit chez l’homme un
échange avec les forces de la nature, dont il se nourrit spirituellement.
Cet échange est d’autant plus fort que la conscience de l’homme est
plus éveillée. De même qu’il se lie avec les hautes énergies de la nature
pour se renouveler, de même il a la faculté de s’unir avec le Monde spi-
rituel, avec les Êtres lumineux qui peuvent lui apprendre à s’élever et
l’aider à progresser dans la véritable vie. Par leur exemple vivant, il peut
aussi découvrir la manière de se comporter avec ses frères moins avan-
cés en cours de développement.
Je vous laisse réfléchir sur l’idée fondamentale, celle des deux
mondes, le divin et l’humain. Y a-t-il quelque contradiction entre les
points d’une même circonférence en mouvement ? Apparemment, il
semble y en avoir, puisque les uns montent, tandis que les autres des-

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

cendent ; mais, en réalité, les uns et les autres forment un tout, et tous
sont en harmonie entre eux. Comme les points d’une circonférence ont
le même rapport extérieur et intérieur avec elle, ainsi l’homme doit en-
tretenir le même comportement envers le monde extérieur et le monde
intérieur, c’est-à-dire envers le grand Monde divin et son petit monde
intime. Les contradictions, les difficultés que vous pouvez éprouver for-
meront aussi un tout dans l’avenir, grâce aux efforts que vous aurez ac-
complis pour les comprendre et les surmonter.

Aujourd’hui, les humains se plaignent de souffrir sans qu’ils aient


la moindre idée de la cause de leurs souffrances. C’est pourtant bien
simple. La cause de leurs épreuves, de leurs maladies et de leurs mal-
heurs est due au fait qu’ils vivent dans un monde désorganisé. Que
doivent-ils faire alors pour venir à bout de ces mauvaises conditions ?
Tout simplement s’organiser. L’organisation doit commencer dans leur
intelligence où quelque chose de nouveau doit être introduit. Le « nou-
veau » seul est en état de transformer, de rénover l’intellect des hommes.
Que différencie le monde organisé du monde désorganisé ? Au
sein du premier, chaque partie vit pour elle-même, mais vit aussi pour
le tout, tandis que dans le second, chaque partie ne vit que pour elle-
même. Dans le monde organisé, les humains se connaissent intégrale-
ment, alors qu’ils ne se connaissent que partiellement dans le monde
inorganisé. En conséquence, on peut dire que le monde est désorgani-
sé, quand les parties n’ont pas de lien entre elles. Dans la vie person-
nelle, familiale, sociale, religieuse, spirituelle de nos contemporains,

74 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

cette désorganisation peut être observée et c’est pourquoi la recherche


d’une bonne et juste vie est générale. Par « bonne vie », il faut entendre
une vie raisonnable. L’homme raisonnable s’instruit de tout et cherche
la cause des faits. Quand il se trouve en présence de quelque contra-
diction, d’une indisposition quelconque, il en cherche aussitôt l’origine
pour l’éliminer.
L’incompréhension des causes des souffrances et des malheurs fait
dire aux humains que leurs conditions de vie sont mauvaises ou que la
société est responsable de tout. Il se peut qu’il en soit ainsi, mais cela ne
résout pas le problème. Si une eau est impropre à la consommation, tu
ne dois pas l’utiliser pour cet usage. Que peut-on attendre d’un monde
désorganisé ? Quelqu’un de très savant se montre mécontent de ce qu’il
n’est pas apprécié comme il voudrait l’être. Il faut qu’il sache que dans
le monde désorganisé dans lequel il vit, les gens ne vous apprécient
qu’autant qu’ils peuvent profiter de vous. C’est le cas par exemple, d’un
cheval robuste et sain dont vous appréciez les grands services rendus ;
dès que ses forces diminuent et qu’il devient incapable de vous servir
comme auparavant, vous le mettez à la retraite sans aucun scrupule.
Une des causes du mécontentement et du tourment des hommes
réside dans le fait qu’ils se surestiment et s’approprient plus de droits
qu’il ne leur en revient. Ils se fâchent dès qu’on leur refuse d’admettre
ces droits auxquels ils aspirent. Dès que l’on touche aux prérogatives
auxquelles ils prétendent, ils sont prêts à lutter jusqu’au bout. Mais si
les autres réclament les mêmes privilèges, ils sont tout de suite enclins à
en contester la légitimité. Ce qui est de droit pour toi l’est aussi pour les
autres.

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Tous les malentendus dans la vie proviennent de l’incompréhension.


La compréhension engendre l’harmonie, tandis que l’incompréhension
produit la dysharmonie. Un chanteur médiocre, par exemple, dont le
sentiment musical peu développé ne lui permet pas de juger équitable-
ment sa voix, s’imagine être un bon artiste. Pour la personne que vous
aimez, vous avez de bonnes pensées ; pour celle que vous n’aimez pas ou
qui vous est indifférente, vos pensées sont tout autres. C’est l’incompré-
hension qui crée une série de contradictions et c’est naturel, car nous
vivons dans un monde dont l’organisation est encore loin d’être par-
faite. Et cela se remarque chez tous les peuples, dont pourtant le de-
gré de développement est différent. Suivant les nations que vous visi-
tez, vous êtes bien ou mal reçus et, dans certaines, on ne vous regarde
même pas ; cela arrive même dans votre propre patrie : dans certaines
contrées, on vous reçoit comme un étranger et non comme un des
leurs. On vous dit : « Tu n’es pas des nôtres. » Pourquoi cela ? Parce
que l’on ne peut pas vous exploiter. Tant que le général remporte des
victoires sur les champs de bataille, on le considère comme un héros
national, mais s’il subit des défaites, on le démet de ses fonctions et il
est bientôt oublié.
Maintenant, je vous entretiendrai de choses que vous devez avoir en
vue sous peine d’aller au-devant de souffrances. Les contradictions et les
souffrances sont dues à ce que vous vivez dans un monde désorganisé.
Vous dites bien que Dieu prévoit tout pour tous ; vous avez en partie
raison, mais pas entièrement. Ne vous posez-vous pas la question de sa-
voir pourquoi Dieu prévoit pour certains et non pas pour d’autres ? Un

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

malade prie et il guérit ; un autre malade prie et il meurt. L’un est aidé,
l’autre ne l’est pas et voit même sa situation empirer. Pourquoi en est-
il ainsi ? Parce que certaines choses sont humaines et d’autres divines.
Tant que tu es jeune, tu es gai, dispos ; en vieillissant, tu deviens maus-
sade et mécontent ; tu trouves que la vie n’a pas de sens et tu aspires
à la quitter. Pourtant, la vie a toujours un sens, que tu sois jeune ou
vieux. Si tu crois que la vie n’a pas de sens, c’est parce que tu es descen-
du dans le monde purement humain, limité, où il ne faut pas attendre
les résultats que peut seul donner le monde divin. Il faut donc donner
accès au Principe divin en toi pour en recueillir les bienfaits.
Le divin est à l’intérieur de l’être humain et non pas à l’extérieur.
Aussi, dès qu’il est sur terre, l’homme doit expérimenter le côté humain
et le côté divin ; l’humain est faible, le divin est fort ; l’humain meurt,
le Divin ressuscite. Connaissant la différence entre ces deux mondes,
vous devez essayer les choses et éprouver les êtres pour connaître leurs
façons d’agir ; vous éviterez ainsi bien des déceptions et des souffrances.
Quelqu’un qui n’utilise que les méthodes du monde humain ne tient
jamais tout ce qu’il promet. La conscience d’un tel être n’est pas éveillée
et elle s’éclipse constamment. Quoi qu’il fasse, la ligne de ses actions
est irrégulière : tantôt elle monte, tantôt elle descend, révélant ainsi un
manque d’harmonie dans sa vie. Quand il chante, par exemple, vous
pouvez constater qu’au début son chant est bon, puis soudainement
moins bon, pour retrouver ensuite sa qualité première. Tel est le chant
humain. Dans le chant divin, l’harmonie est toujours présente. Si la
ligne en est sinueuse, elle garde pourtant constamment une direction

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

ascendante. On peut observer la même chose dans l’écriture. Les lettres


sont tantôt régulières et bien formées, tantôt irrégulières et inesthé-
tiques.
Tant qu’il est sur terre, l’homme ne sait pas par quelles tribulations il
passera et quelles seront les difficultés et les souffrances qu’il aura à sur-
monter. Il serait bon qu’il puisse prévoir tout ce qui pourra lui arriver,
mais s’il ne le peut pas, qu’il soit au moins prêt à affronter les épreuves
qui surviendront. Il lui est impossible de tout arranger seul. Cependant,
pour certaines choses, personne ne peut l’aider et il doit lui-même en
venir à bout. S’il en est incapable, il commence à se plaindre de lui-
même et de la vie, et il se lamente : « J’ai des yeux et je ne vois rien ; j’ai
des oreilles et je n’entends rien ! » - Alors, cela dépend de quels yeux
et de quelles oreilles tu te sers. Si tu utilises des oreilles et des yeux hu-
mains, tes travaux ne sont pas près de s’arranger ; mais si tu emploies
des oreilles et des yeux divins, tu pourras tout réaliser. Si tu es dans la
vie humaine, ne compte pas voir aboutir tes idéaux ; mais si tu es dans
la vie divine, tout te sera possible. - « Mais les gens ne sont pas généreux
et ils n’ont pas de noblesse. » - Mais toi non plus, tu n’es pas des plus
généreux, des plus nobles. Dès que tu critiques les autres, toi aussi tu
seras critiqué ; dans le monde humain, la critique est générale. – « Telle
personne se conduit mal, ne vit pas comme il faut. » - C’est naturel !
Cette personne n’a pas une compréhension suffisante pour corriger son
comportement et son attitude envers les autres.
Ainsi, l’homme est venu sur terre pour apprendre à vivre correcte-
ment et pour se servir des oreilles divines. Mais il doit d’abord com-

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

mencer par utiliser les oreilles humaines avant d’en venir aux divines.
Il pense que le Principe divin est constamment en lui. En réalité, il ne
l’a pas encore mis en action, car lorsque le Divin en l’homme commen-
cera à se manifester pleinement, tout le monde s’accordera et s’aime-
ra. Si actuellement, les humains ne s’aiment pas, la faute en incombe
soit à la personne elle-même, soit au milieu. Les gens sont séparés
parce qu’ils poursuivent des intérêts différents. Chacun désire se satis-
faire lui-même, satisfaire sa femme, ses enfants. Il n’est pas mauvais
que l’homme prenne soin de lui-même et de sa famille mais de cette
manière, il se limite et ne donne pas au Divin en lui la possibilité de
s’exprimer librement et correctement. Le Divin exclut toute espèce d’of-
fense, de vexation. Vous avez offensé quelqu’un ? Que devez-vous faire ?
Vous excusez est bien, mais il est encore mieux que vous cherchiez à
aider la personne en question, à la soulager, à la secourir dès qu’elle se
trouvera en difficulté. Devant votre obligeance, elle oubliera complète-
ment l’offense. C’est de cette manière que les conséquences de chaque
offense, de chaque mouvement d’humeur peuvent être effacées.
Aujourd’hui, les hommes désirent rendre leur vie meilleure. C’est
légitime, mais veulent-ils l’améliorer selon la manière humaine ou se-
lon la manière divine ? La vie purement humaine dessèche les choses,
tandis que la vie divine rafraîchit, revigore, ressuscite. Peu importent
les profits que tu puisses obtenir de ta vie humaine, si finalement tu
ne lui trouves plus aucun sens. Pour ne pas connaître cette situation, il
faut que tu donnes toi-même un sens aux choses. Si tu viens d’avoir un
enfant, dis-toi : « Pour le Divin qui habite cet enfant, je vais en prendre

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

soin et l’aider à se développer pour le mieux ! » Tu déclares : « Je suis


vieux maintenant et désabusé ! » Tant que tu vis de la manière humaine,
ta vieillesse sera faite de lassitude et d’indifférence, mais si tu donnes
un sens à ta vie, si tu donnes accès au Divin en toi, tes vieux jours aussi
seront agréables. Le Christ a dit : « Si vous ne devenez comme les petits
enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu. » Cela signifie :
si vous ne vous engagez pas dans la vie divine, vous vieillirez et vous
vous priverez des conditions pour accéder au Royaume divin.
L’humain représente l’enveloppe des choses de l’existence tandis que
le divin en est l’essence. Quand on commet une faute, on s’empresse
de s’excuser ; mais certaines fautes sont inexcusables. Ne recommandez
pas non plus des vertus qui ne s’imposent pas d’elles-mêmes. L’aspect
humain éloigne les gens et les divise ; l’aspect divin les attire comme un
aimant et les unit. C’est pour cela que l’on dit de certaines personnes
qu’elles sont magnétiques, c’est-à-dire qu’elles exercent une attraction
sur les autres. Comment peut-on parvenir à cela ? Très facilement : en
vivant de manière divine. Mais beaucoup n’y parviennent pas parce que
tout en le désirant, elles continuent à vivre d’une façon purement hu-
maine.
Pour accéder à la vie divine, une grande tâche incombe aux
hommes : continuer à travailler sur eux-mêmes, s’étudier et discerner
l’humain du divin dans chaque pensée, sentiment et action. Tu écris
quelque chose ? Vois où est l’humain, où est le divin. Tu es de mauvaise
humeur ? Recherche comment l’élément humain s’est introduit en toi.
L’humain cause une rupture dans la conscience. Elle perd le lien avec

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

le divin et cherche à le renouer. Celui qui vit d’une manière humaine


a besoin des hommes, tandis que celui qui vit d’une manière divine les
aide. La mendicité est une caractéristique de la vie humaine. La vie hu-
maine possède aussi son bon côté, mais il est provisoire et elle doit être
inéluctablement remplacée par l’éternelle vie divine.
Aujourd’hui, les humains sont arrivés à l’endroit le plus dangereux :
la limite de la vie humaine, où les plus grandes fautes sont à craindre.
Ils en sont à la situation des promeneurs qui ont à franchir un passage
glissant en montagne. Que doivent-ils faire pour traverser cet endroit
périlleux ? Ils doivent être vigilants, perspicaces et avoir beaucoup d’in-
tuition. Certains disent : « Nous n’avons qu’une vie. Peu importe com-
ment nous la passons ! » – Non, il n’en est pas ainsi. La vie a un sens,
quand on passe de l’humain au divin. Ce n’est que si le contraire se
produit qu’elle perd son sens. Adam, le premier homme, s’est trouvé
dans la même situation. Il était au paradis, ayant toutes les conditions
pour manifester le divin en lui et, cependant, il a tout perdu. Il voyait
les choses de l’extérieur et non de l’intérieur, et il n’a pas discerné la
faute qu’il avait commise. Il a échoué à son examen. Sa faute consistait
à désirer une compagne. Il avait l’impression qu’il lui manquait quelque
chose. Quand un être humain éprouve ce sentiment, c’est qu’il vit de
façon humaine.
Comment est venu chez Adam le désir d’avoir une compagne et
comment celle-ci est-elle apparue ? Ce sujet a fait naître beaucoup de
légendes ! Un rabbin raconte celle-ci : au début, Dieu créa Adam et Ève
simultanément, mais Ève demeurait invisible à Adam, car il la portait

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

constamment sur son dos. Il en ressentait donc une certaine lourdeur


et il pria le Seigneur de l’en libérer. Un jour, Dieu coupa les liens qui
retenaient ce fardeau et Ève, quittant le dos d’Adam, se dressa devant
lui. Il se réjouit alors, ressentant un grand soulagement, mais il igno-
rait comment et d’où Ève était venue. Ce conte est-il véridique ? Nous-
mêmes ne le savons pas, mais il est vrai que lorsque les hommes se
plaignent de difficultés et de souffrances, cela prouve qu’ils portent des
charges bien lourdes pour eux et ils prient alors Dieu de les soulager, de
changer leur condition et de leur permettre d’entrer dans la Nouvelle
Vie.
Moïse ayant dit que Dieu avait fait Adam avec une terre rouge,
il fut à cause de cela appelé « Homme rouge » (être masculin), tandis
qu’Ève, créée à partir d’une côte d’Adam, fut appelée « Femme ». Vous
entendez souvent les femmes dire : « Pourquoi Dieu nous a-t-Il faites
femmes ? » - Parce qu’il n’y avait pas suffisamment de terre rouge !
L’homme et la femme se différencient donc par la matière dont ils ont
été créés : ce qui est fait de terre a une nature ; ce qui est fait à partir
d’une côte possède une tout autre nature.
Il est temps que les êtres humains s’engagent dans la vie divine,
qu’ils accueillent les idées divines en eux. Ce sont ces dernières qui
donneront un sens à leur vie, et non les conceptions humaines. Cer-
tains veulent devenir forts, riches, savants. Cependant, ni la force ni la
richesse, ni l’érudition ne sont en état de donner un sens à la vie. Au-
cune acquisition extérieure n’a ce pouvoir. Seul le divin peut le faire.
Dès que sa vie prend un sens, l’homme aperçoit les possibilités d’at-

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LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

teindre ses idéaux et c’est ainsi que s’accomplit le passage de l’Écriture :


« …et tu marcheras de gloire en gloire », l’homme vit dans le divin. S’il
marche d’honneur en déshonneur, c’est qu’il patauge dans l’humain
pour pénétrer dans le divin. C’est la seule manière qui puisse le sau-
ver. La vie divine est une vie de labeur. Là, tous travaillent sans attendre
l’aide de quiconque. Travail et étude : c’est cela qu’exige la vie divine et
ce n’est qu’ainsi que l’essence de la vie peut être comprise.
En étudiant la vie, vous commencerez à discerner vous-mêmes la dif-
férence entre l’humain et le divin. Cette différence est spécialement
perceptible dans l’amour. Un jeune homme est amoureux d’une jeune
fille et se croit prêt à tous les sacrifices pour elle ; mais dès qu’ils sont
mariés, leur union commence à se détériorer. Pourquoi ? Parce que
la jeune mariée s’est permis de regarder un autre homme. C’est là un
amour humain. L’amour divin ne s’arrête pas tellement à différencier
les humains. À ses yeux, si différence il y a, elle réside dans la forme et
non pas dans le contenu et dans le sens. Dans l’amour humain, il y a
décroissance ; dans l’amour divin, ascension. Quand quelqu’un dit qu’il
ne peut pas supporter tel ou tel, cela démontre qu’il vit encore dans
l’amour humain.
Tant que vos intellects s’encombrent, s’obscurcissent de leurs acqui-
sitions, c’est que vous êtes dans la science humaine. La vraie science dé-
coule uniquement de la vie divine, de même que le bonheur. La science
humaine est utile aussi, mais il lui manque ce véritable lien qui associe
tous les phénomènes, toutes les lois en un tout. C’est la cause de la dis-
persion des éléments de la science humaine, qui sont éparpillés comme

83 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

les objets dans les musées. En visitant un musée national, vous allez
trouver de nombreux objets isolés dont on peut difficilement déduire la
manière de vivre du peuple qui les utilisait. Dans un musée de sciences
naturelles, vous verrez des os, des crânes, des fragments de squelettes
qui vous éclaireront très peu sur la structure des créatures auxquelles ils
appartenaient.
Pourtant, les scientifiques actuels sont parvenus à une phase de déve-
loppement plus avancée ; grâce aux ossements, aux crânes des animaux
antédiluviens, ils parviennent à en reconstituer la forme complète. Et
ils étudient maintenant avec précision les caractéristiques des crânes hu-
mains dans leurs plus petits détails et les résultats de leurs recherches les
ont amenés à conclure que les têtes des humains présentent de notables
différences. En conséquence, lorsque quelqu’un demande ce qu’il doit
faire pour améliorer sa vie, on peut lui répondre qu’il doit changer sa
tête. « Mais comment la changerai-je ? » En entrant dans la vie divine,
qui est seule capable de transformer une tête humaine.
Toute énergie ne s’utilise raisonnablement que dans la vie divine.
Même la colère, même l’offense y sont à leur place car ces énergies-là
peuvent effectuer un travail bénéfique de redressement. On peut en
dire de même des vertus : la générosité par exemple, apporte de bons
fruits quand elle est appliquée à bon escient ; mal utilisée, elle peut
être la cause de dommages et de malheurs. Vous visitez un malade par
exemple et lui apportez de la nourriture appétissante. Il se laisse aller à
en manger trop et le jour d’après, son état s’est aggravé. Dans ce cas, il
aurait été préférable d’être moins généreux.

84 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Nous avons dit que les êtres qui se plaignent de leurs épreuves, de
leurs tourments, sont encore dans la vie humaine, la vie ordinaire. Dans
cette vie précisément les malheurs et les souffrances poussent comme
des champignons ; mais malgré cela, tout le monde cherche le bonheur.
C’est légitime, mais vous devez savoir choisir le chemin qui vous y mè-
nera. Vous rencontrez un pauvre homme misérable mais qui possède un
don certain pour le chant. Comment l’aider ? Il peut lui-même s’aider
et cela de deux manières : ou bien il va se mettre à mendier, à tendre
la main pour qu’on lui donne quelque monnaie, ce que les passants fe-
ront de mauvais gré pour s’en débarrasser ; ou bien il se mettra à chan-
ter de son mieux, avec cœur et les gens, intéressés, n’hésiteront pas à
lui donner suivant leur possibilités. Si tu as le don de chanter, tu dois
t’en servir pour acquérir quelque chose de plus important. Si tu as de la
force, utilise-la de ton mieux. Si tu es patient, applique ta patience avec
justesse et raison, mais ne laisse personne en abuser. Chaque chose doit
être appliquée à sa place et en son temps.
Maintenant, étudiez simultanément la vie humaine et la vie divine
en appliquant ce que vous aurez compris. Gardez-vous du mécontente-
ment, de l’irritation : c’est le propre de la vie humaine, mais non de la
vie divine. Il suffit de désirer fortement corriger sa vie pour recevoir de
l’aide. Des êtres supérieurs viennent vous assister. Comment cela peut-il
se faire ? De différentes manières : extérieurement, par l’intermédiaire
de personnes évoluées ; intérieurement, par la voix de la conscience su-
périeure. Si tu mens, tu seras tout de suite corrigé et l’on te prouvera
que tu ne peux t’améliorer que par la vérité.

85 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

De nos jours, les humains aspirent au progrès, mais ils ne se doutent


pas que le progrès découle de la vérité révélée par la profonde compré-
hension intérieure. Cette compréhension intime permet de venir gra-
duellement à bout des difficultés de l’existence. Cela signifie passer de
la vie humaine à la vie divine. Et alors, un disciple qui se montrait indé-
cis et médiocre commence à actualiser ses possibilités et ses dons et de-
vient un disciple capable et fidèle. Cependant, il faut prendre garde de
ne pas retomber de la vie divine à la vie ordinaire, car alors les progrès
réalisés auraient vite fait de s’estomper et de disparaître. Pour ne pas
connaître ce recul, il faut demeurer constamment éveillé, vigilant.
Tant qu’un être croit avoir raison en tout ce qu’il sait, en tout ce qu’il
fait, il est encore dans la vie humaine. Dans la vie ordinaire, on peut et
on doit étudier, mais aucun véritable bonheur n’est possible. Un jeune
homme désire se marier avec une belle et riche jeune fille en espérant
connaître le bonheur. Quel bonheur peut-on attendre d’un mariage qui
ne repose pas sur l’amour ? Les parents de la jeune fille, qui désirent
s’en libérer en la mariant, reçoivent fort aimablement le jeune homme
et le comblent de prévenances. Une fois le mariage accompli, les parents
soulagés disent : « Jusqu’à maintenant, nous portions notre fille sur
notre dos. À présent, c’est à toi de t’en charger ! »
Non, ce n’est pas ainsi que l’on choisit une jeune fille. Quand un
jeune homme veut étudier le caractère de la personne qu’il désire épou-
ser, qu’il entre dans sa famille en se faisant passer pour un serviteur.
Ignorant ses intentions, la jeune fille et ses parents se montreront en
réalité tels qu’ils sont. Le Seigneur éprouve pareillement les humains.

86 Retour au sommaire
LE MONDE HUMAIN ET LE MONDE DIVIN

Il envoie un Ange parmi eux et Il observe comment ils se comportent,


dévoilant ainsi leur caractère.
Les êtres aspirent au ciel, à la vie divine, parce qu’ils ne sont pas satis-
faits de leur existence, mais ils s’aperçoivent vite qu’ils ne parviennent
pas à atteindre leurs espoirs. Pourquoi ? Parce qu’ils ont de nombreuses
fautes à expier. Tant qu’ils ne les ont pas rachetés, ils ne peuvent accé-
der à la vie divine qui demande un travail intense sur soi pour corri-
ger ses fautes et modifier sa forme. Ce n’est qu’à ce prix que l’on peut
atteindre le réveil du Divin en soi.
Le Divin est quelque chose d’insaisissable. À peine le discernez-vous
un instant qu’il a déjà disparu. Le plus petit écart du droit chemin
ferme la voie du Divin en soi. Pour saisir ce que représente le Principe
divin, la compréhension et une conscience éveillée sont demandées à
l’homme.
Beaucoup pensent qu’en entrant dans le monde divin, ils acquerront
ce qu’ils cherchent. Non, en entrant dans la vie divine, vous devrez don-
ner tout ce que vous avez gagné. Quand vous irez dans l’autre monde,
vous devrez prendre le capital que vous aurez acquis sur terre et dire :
« Servez-vous, tout ce que je possède est à votre disposition. » Alors,
les Êtres raisonnables vous accueilleront avec bienveillance. Par consé-
quent, le monde divin exige que vous soyez prêts à donner toute votre
richesse. Dès que vous donnez tout, vous recevrez tout.

87 Retour au sommaire
5
PRESSION ET TENSION

Retour au sommaire
D
PRESSION ET TENSION

Dans la vie, tous les gens conscients attendent


quelque chose de grandiose et de beau : c’est le
nouveau qui arrive. Il est déjà dans l’air et il pé-
nètre la vie tout entière. Tous le sentent et tout
le monde en parle.
Cette attente est bonne, mais il importe que
chacun connaisse la voie par laquelle viendra
la chose attendue ; c’est précisément ce que les
gens ne savent pas. Quelquefois naît en eux le
désir de la recevoir sans faire le moindre effort.
D’où peut-elle venir ? De la nature ? En vérité,
la nature raisonnable aide effectivement les êtres
à acquérir les biens qu’ils souhaitent, mais ils
doivent travailler eux-mêmes à cette acquisition.
L’homme doit faire l’effort de comprendre les
forces qui travaillent à l’intérieur et à l’extérieur
de lui-même pour pouvoir les équilibrer et les
utiliser à l’édification et à la création de sa vie.
L’un des problèmes posés à l’homme consiste
à venir à bout de la pression extérieure physique.

89 Retour au sommaire
PRESSION ET TENSION

En tant qu’action contraire à celle-ci apparaît la tension intérieure.


D’une façon générale, la force attractive est en relation avec la pression
et la force répulsive avec la tension. Lorsque la pression extérieure et la
tension intérieure s’équilibrent en lui, l’homme se sent bien portant,
bien disposé, fort. Si la pression extérieure prédomine, il devient dur,
rude. Si c’est la tension intérieure qui est la plus forte, il se trouve égale-
ment dans un état anormal.
L’être humain est donc soumis à l’action de deux forces : l’une fait
pression de l’extérieur ; l’autre produit une tension de l’intérieur. Si ces
deux seules forces étaient en action, l’homme se trouverait en grande
difficulté et il n’aurait jamais pu manifester sa propre initiative. Mais
grâce à une autre force raisonnable, qui agit simultanément à l’extérieur
et à l’intérieur, la pression et la tension s’équilibrent en lui et il lui est
possible de faire preuve d’initiative, c’est-à-dire de vie consciente dans
les trois mondes : physique, spirituel et divin.
Imaginons une figure représentant un carré autour duquel sont tra-
cées trois courbes. La première courbe, exprimant le Monde divin, est
un cercle parfait ; les deux autres courbes, plus éloignées du carré et re-
présentant les mondes spirituels et physique - qui sont encore en cours
d’évolution - ne sont pas des cercles réguliers, mais des ellipses. Cette
figure est un simple schéma des trois mondes. Elle peut paraître à cer-
tains comme une chose sans importance. Il importe pourtant de s’effor-
cer d’étudier et de la comprendre. Elle est tracée par la nature. L’étude
est une nécessité pour que nous puissions venir à bout des problèmes
que la vie nous pose. Tant qu’elles restent incomprises, les choses ne

90 Retour au sommaire
PRESSION ET TENSION

sont pas intéressantes, mais elles le deviennent quand nous avons fait
l’effort de les pénétrer.
Sur terre, l’homme dispose des conditions et des moyens lui permet-
tant de se développer. L’organisme humain est la première condition
qui lui a été donnée en tant qu’élève. Le corps humain représente un
lycée, une université où l’homme a été placé pour apprendre. Parfois
l’élève pense que l’université est sa propriété et les professeurs ses amis.
Mais l’amitié, la bonne entente ne peuvent exister entre le professeur
et l’étudiant que lorsque celui-ci étudie bien. Dans le cas contraire, au-
cune amitié ne peut s’établir. Devant un mauvais étudiant, le professeur
tourne le dos et continue son chemin. Mais lorsque l’étudiant apprend
bien, le professeur lui aussi enseigne bien. C’est une situation naturelle.
L’étudiant dira qu’il veut savoir par qui l’université a été fondée, quels
sont les professeurs qui y enseignent. Ce sont là des questions qui ne
sont certes pas sans importance, mais qui ne sont pas essentielles.
Tout d’abord, il faut étudier, assimiler les connaissances acquises et
les appliquer. L’homme porte en lui-même un certain savoir, mais ce
savoir est insuffisant. On doit être prêt à recevoir la connaissance qui
arrive à tout moment. Il faut avancer parallèlement avec le « nouveau »,
parce que tout dans le monde est soumis à un progrès constant et inin-
terrompu.
Maintenant, pour tout homme, la vie est importante en tant que
science, en tant qu’art, en tant que force. Dans la grande université
que représente la terre, les professeurs offrent leurs enseignements les
uns après les autres. Vous comprenez le langage de certains d’entre eux,

91 Retour au sommaire
PRESSION ET TENSION

mais pas celui d’autres. Pourquoi ? Parce qu’ils parlent trois langues
différentes : la langue physique ou matérielle, la langue spirituelle et la
langue divine, se rapportant chacune à la vie correspondante. Si donc
l’homme veut bien étudier la vie, il lui faut connaître ces trois langages.
Si nous reprenons le schéma dont nous avons déjà parlé, nous pou-
vons dire que l’ellipse la plus éloignée du carré central représente le
monde physique où agit la pression extérieure ; l’ellipse intermédiaire
représente le monde spirituel où agit la tension intérieure et le cercle
parfait touchant le carré représente le Monde divin raisonnable qui
régularise la pression et la tension et qui édifie. Le carré représente le
milieu favorable à la manifestation de l’homme enfermé dans les trois
mondes ; la pression sous-entend les conditions et la tension, les possi-
bilités ; la présence de ces deux éléments permet la manifestation.
Le monde physique, considéré en tant que pression, explique la créa-
tion du monde par condensation (dans le sens de densification). Pour
que la matière puisse se manifester, devenir visible, palpable, utilisable
pour la création des formes, elle doit se densifier : de gazeuse, devenir
liquide ; de liquide, devenir solide. Le monde matériel doit sa manifes-
tation à la pression existant dans la nature. Le Monde spirituel doit sa
manifestation à la tension intérieure. Le Monde divin doit sa manifesta-
tion à la raison qui régularise les deux forces : pression et tension.
Lorsqu’il ne comprend pas le monde dans sa triple manifestation,
l’homme est enclin à penser que tout dépend uniquement du monde
matériel et il en conclut qu’il lui est facile d’agir et de se mouvoir dans
la vie. Mais cette illusion lui cache les grandes difficultés qu’il rencon-

92 Retour au sommaire
PRESSION ET TENSION

trera inévitablement, difficultés consécutives à son incompréhension


des lois de la vie. Il a besoin de connaissances positives pour supprimer
les entraves qu’il a lui-même semées sur son chemin du fait de son igno-
rance. Ces entraves proviennent de sa méconnaissance des conditions
extérieures - la pression extérieure - et des possibilités qu’il recèle - la ten-
sion intérieure.
L’homme est donc placé entre deux feux : extérieur et intérieur. On
ouvre le feu sur lui à la fois de l’extérieur et de l’intérieur et, qu’il le
veuille ou non, il lui faut traverser cette zone. Que doit-il faire pour
franchir cette zone sans dommage ? Il faut qu’il se dise qu’il n’y a que
Dieu qui puisse arranger cette situation. Dans le cas présent, sous le
mot « Dieu », on entend la raison qui régularise la pression et la tension
et qui harmonise les lois physiques, spirituelles et divines.
Un homme se plaint qu’il est trop tendu ? Il faut qu’il remercie la
tension. S’il n’était pas tendu, la pression extérieure l’aurait écrasé et
il aurait été aplati comme une feuille. Et s’il n’y avait aucune pression
extérieure, il se serait tellement dilaté qu’il aurait éclaté en d’innom-
brables particules et se serait répandu dans l’espace. Les bombes sont
construites selon la loi de la tension.
Lorsque l’on étudie la pression et la tension physiques, on s’aper-
çoit qu’il existe également une pression et une tension psychiques qui
agissent sur le physique. Par exemple, une seule parole peut provoquer
chez un être une pression ou une tension, soit physique, soit psychique.
Celui qui n’a pas expérimenté la force des mots ne peut se rendre
compte de l’effet qu’ils sont susceptibles de produire. L’annonce brutale

93 Retour au sommaire
PRESSION ET TENSION

du décès d’un être cher peut occasionner chez celui qui la reçoit une
blessure psychique ou physique. Un homme, tout en vaquant à ses oc-
cupations, perd tout à coup l’usage de ses membres et de sa parole. Que
lui est-il donc arrivé ? On dira qu’il a eu une attaque de paralysie. Nous
dirons que, se trouvant dans des conditions difficiles qu’il ne pouvait
surmonter, il a subi une grande pression extérieure. Les inquiétudes, les
troubles, les tourments ont créé en lui une forte tension intérieure. Et
ces deux forces, pression et tension, ne pouvant s’équilibrer ont déter-
miné une situation amenant la crise qui l’a terrassé.
Beaucoup de gens ne comprennent pas la vie et en conséquence se
heurtent tantôt contre le bien, tantôt contre le mal, en se débattent
dans de continuelles contradictions. Que représentent le bien et le
mal ? Les théologiens en donnent une explication particulière. Cher-
chant à nous exprimer en langage scientifique, nous dirons que le
bien et le mal ne sont rien d’autre dans le monde que deux forces qui
agissent sur l’homme de l’extérieur et de l’intérieur.
Certains demandent : « N’est-il pas possible que le bien seul règne
dans le monde ? » D’autres disent : « L’homme n’a pas besoin d’être
bon. » Les uns et les autres ne comprennent pas les choses de façon
scientifique.
Le mal est la pression et le bien la tension.

Dans les conditions actuelles de développement de l’humanité, si le


mal n’agissait pas de l’extérieur, le bien n’aurait pu se manifester d’au-
cune façon. La pression extérieure détermine la tension intérieure.

94 Retour au sommaire
PRESSION ET TENSION

Deux lutteurs s’affrontent ; l’un et l’autre cherchent à vaincre et se


trouvent en état de forte tension intérieure, mais simultanément, l’un
et l’autre exercent une pression. Cet exemple symbolise la lutte entre les
conditions extérieures et les possibilités intérieures de l’individu.
L’homme ne peut pas être heureux tant qu’il n’arrive pas à une com-
préhension raisonnable de la vie et de la nature, ainsi qu’au sens et à la
signification des forces qui agissent en elles. Quelqu’un dit : « Je vou-
drais que cette difficulté me soit enlevée ! » La difficulté ne peut dispa-
raître d’une façon mécanique car sa cause profonde réside dans la rela-
tion incorrecte de l’homme vis-à-vis des conditions. Si la difficulté ac-
tuelle était supprimée d’une manière mécanique, elle serait rapidement
remplacée par une autre. Tant que les incompréhensions subsistent, les
difficultés sont présentes et elles ne disparaissent que lorsque la com-
préhension est acquise. Quelqu’un marche dans la rue sans regarder où
il met les pieds. Il tombe et se fait mal. Il se fâche et cherche la cause
de sa chute en dehors de lui-même, accusant le monde d’être mal fait.
Le monde a été créé d’une façon raisonnable, mais ce sont les êtres qui
n’agissent pas raisonnablement.
Pour vivre correctement et éviter autant que possible les difficul-
tés, l’homme doit être raisonnable. Sinon, il attire à lui la souffrance.
Dans ce sens, celle-ci constitue une pression ou une dépression. Si, par
manque d’attention, ta main touche un poêle chaud, tu te brûleras.
La brûlure n’est rien d’autre qu’une pression par laquelle l’homme re-
çoit quelque chose de l’extérieur, en même temps qu’il donne quelque
chose de lui-même. Mais, en l’occurrence, il donne plus et reçoit moins.
L’échange n’étant pas équilibré, la souffrance arrive inévitablement.

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PRESSION ET TENSION

S’il ne veut pas souffrir, l’homme doit observer la loi de l’échange :


donner autant que recevoir. En donnant beaucoup, tu recevras beau-
coup ; en donnant peu, tu recevras peu. Bien des gens n’appliquent pas
correctement cette loi de l’échange. Ils donnent peu et s’attendent à
recevoir beaucoup. D’autres donnent beaucoup et reçoivent peu. Ces
situations ne sont pas justes et créent des dissonances dans la vie phy-
sique comme dans la vie psychique. Les pressions extérieure et inté-
rieure sont en rupture d’équilibre.
Les forces du monde physique agissent surtout de l’extérieur vers l’in-
térieur. La vie physique se trouve donc sous l’influence de la loi de la
pression. Les forces du monde spirituel, elles, se manifestent de l’inté-
rieur vers l’extérieur. La vie spirituelle est donc influencée par la loi de
la tension. Si quelqu’un prétend ne pas avoir besoin de vie spirituelle, il
serait aplati et il n’en resterait rien. Cela ne signifie pas qu’il serait phy-
siquement aplati, mais il perdrait les conditions de réalisation. La vie
physique donne une forme aux choses ; la vie spirituelle un contenu ;
la vie divine un sens. C’est la raison pour laquelle l’homme ne peut pas
vivre sans vie physique, pas plus que sans vie spirituelle ni vie divine.
La vie divine ou raisonnable régularise les forces de pression et de
tension, et apporte l’équilibre indispensable à l’existence des conditions
favorables. Le principe raisonnable en l’homme lui permet de venir à
bout de toutes les difficultés : la raison équilibre les forces de la nature.
La raison, la pensée juste et claire en tant que forces se rapportent
au Monde divin. C’est par la raison que l’on surmonte les contradic-
tions et que l’on construit une vie harmonieuse. Tant qu’il s’irrite,

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PRESSION ET TENSION

qu’il manque de foi, qu’il se laisse troubler, l’homme oscille entre deux
mondes, entre la pression et la tension. Il se trouve ainsi esclave tan-
tôt des conditions extérieures, tantôt des possibilités intérieures, et il
s’expose à une dysharmonie continuelle. Donc, l’application de toute
condition et de toute possibilité doit être accompagnée de raison ; au-
trement dit : toute pensée, tout sentiment et tout acte que l’homme ad-
met ou accomplit doivent être raisonnables. Il pourrait avoir à sa dispo-
sition de bonnes conditions et de bonnes possibilités, s’il n’est pas rai-
sonnable il n’arrivera à rien. La raison ou force divine est indispensable
pour valoriser les meilleures conditions et possibilités.
Ainsi, quand il pense avec justesse, l’homme se trouve dans le Monde
divin ; en ayant de bons sentiments, il est dans le monde spirituel ; en
agissant correctement, il est dans le monde physique. Mais, dans le cas
contraire, les lois des mondes physique, spirituel et divin l’excluent et le
privent de la citoyenneté du monde particulier qu’elles régissent. Étant
eux-mêmes dans l’erreur, certains tentent de se justifier en disant que
le monde est ainsi créé. C’est là une conclusion fausse. Chacun doit
s’interroger pour savoir ce qu’il a fait de positif jusqu’à présent, et sur ce
qu’il est susceptible d’accomplir dorénavant. Quelques-uns diront qu’ils
ont prié pendant trente années. Mais l’important est de savoir ce qu’ils
ont appris pendant ce temps. D’autres répondront que durant trente
ans ils ont peiné pour essayer de résoudre les problèmes de la vie ; il
est sensé de se donner du mal pour trouver la solution de certaines dif-
ficultés, à condition d’obtenir finalement un résultat positif. D’autres
encore avanceront qu’ils ont travaillé pendant trente ans mais, ayant la

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PRESSION ET TENSION

sensation de ne rien avoir acquis de réel, ils s’accuseront d’avoir man-


qué de justesse de pensée, d’être des incapables, etc. Se juger ne résout
rien. Au lieu de cela, l’homme doit se situer, se définir par rapport au
milieu dans lequel il vit.

Quand il entre dans l’université de la vie pour acquérir la connais-


sance nécessaire au fondement solide de son existence, il doit renoncer
aux traits anormaux hérités de ses ancêtres. La connaissance divine ne
peut s’accorder avec les faiblesses humaines, avec les penchants hérédi-
taires erronés.

Ce qui est faux doit être éliminé, comme la paille est séparée du
grain. La paille a aussi son utilité, mais sa place n’est pas dans le grenier.
En entrant dans l’université de la vie, les hommes y cherchent les faci-
lités et le confort qu’ils peuvent avoir dans l’existence journalière. C’est
impossible, car les exigences de l’université diffèrent radicalement des
commodités de la vie privée.
Si l’on aspire à mener une existence harmonieuse, on doit mettre en
œuvre son intelligence, c’est-à-dire le Principe divin en soi, de manière à
équilibrer les forces de la pression avec celles de la tension. En réalisant
cela, on accomplira véritablement et consciemment la Volonté de Dieu,
objectif que tout homme doit rechercher par l’étude et l’exercice.
Notre désir est d’apporter maintenant aux hommes le moyen d’éta-
blir un ordre réel dans leur existence, un ordre semblable à celui qui
règne en pensant de façon juste, car c’est par une pensée claire et cor-

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PRESSION ET TENSION

recte qu’ils acquerront la liberté, leur donnant la possibilité d’ap-


prendre et de travailler en accord avec les lois naturelles. Les conditions
extérieures, favorables ou non, agréables ou non, représentent la pres-
sion. La vie intérieure, avec les pensées de tous ordres, les sentiments,
les désirs, les inquiétudes, les anxiétés, les découragements, représente
la tension. Ces deux forces, qui agissent de l’extérieur et de l’intérieur,
doivent être organisées par le Principe divin et y être soumises.
Comment reconnaît-on qu’une manifestation est de nature divine ?
Supposons qu’un homme marche dans la rue en tenant dans la main
un sac renfermant beaucoup d’argent et des documents importants.
L’homme n’a pas remarqué que le sac en mauvais état ne tient plus que
partiellement après la poignée. Tandis qu’il poursuit tranquillement son
chemin, le sac finit par tomber et il ne lui reste plus que la poignée dans
la main. Cependant, quelqu’un qui le suivait voit le sac par terre, le ra-
masse, rejoint l’homme et le lui rend, agissant ainsi d’une manière di-
vine sans s’être laissé tenter par le contenu. Dans le monde divin, c’est-
à-dire dans le monde la raison divine, les vols et les crimes n’existent
pas, contrairement au monde physique où les êtres succombent facile-
ment à la tentation.
En étudiant les lois du monde divin, tout homme peut s’apercevoir
que beaucoup de pensées, de sentiments, de désirs n’ont pas leur source
en lui-même, mais passent à travers sa conscience et risquent de l’in-
fluencer. Il ne doit accepter que ce qui est en accord avec sa nature et
peut servir à son développement et à son élévation. Il lui faut rejeter les
pensées et les sentiments égoïstes et bas. Mais quand des idées sublimes

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PRESSION ET TENSION

naissent en lui, quand l’inspiration le visite, il doit savoir qu’alors il


n’est pas seul. Le suprême monde divin a participé à faire naître en lui
ces idées ou cette inspiration.
Un éminent professeur européen de physique se préparait à faire
éditer un ouvrage sur un problème scientifique qui lui avait demandé
plusieurs années de recherches et d’études. À ce moment-là, l’un de ses
élèves lui déroba cet ouvrage et le fit imprimer sous son propre nom.
Voyant cela, le professeur ne put surmonter son désappointement et fut
frappé d’apoplexie. L’étudiant, lui, devint pour un temps célèbre, mais
bientôt la vérité se fit jour et il fut poursuivi comme plagiaire. Le pro-
fesseur et l’étudiant, l’un et l’autre, n’avaient pu vaincre les forces qui
agissent dans le monde : l’étudiant n’avait pas pu résister à la pression,
ni le professeur à la tension. S’ils avaient appliqué la loi de la sagesse,
tous deux auraient résolu correctement la question : l’étudiant n’aurait
évidemment pas dû voler l’œuvre de son maître mais suivre ses cours
pour acquérir valablement la notoriété. Quant au professeur, devant le
fait accompli, il n’aurait pas dû se troubler mais se réjouir de voir son
œuvre imprimée et devenue ainsi utile à tous.
Si nous abordons aujourd’hui la question de la pression et de la ten-
sion, c’est parce que tous les êtres se trouvent soumis à l’action de ces
forces que les conditions de vie actuelles ne font qu’amplifier. C’est
d’ailleurs l’une des causes de la haute tension artérielle dont beaucoup
d’humains se plaignent. Pour surmonter les forces de pression et de ten-
sion dans son existence, l’homme doit équilibrer les courants de son or-
ganisme avec ceux de ses pensées et de ses sentiments. Il lui faut comp-

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PRESSION ET TENSION

ter sur cette intelligence innée contenue dans les profondeurs de son
âme. Il doit comprendre les lois de la vie pour surmonter les conditions
et les possibilités qui sont les siennes.
Les hommes ont beaucoup de connaissances mais seule une petite
partie d’entre elles servira de base à l’édifice futur. Si un savant des
temps passés revenait dans le monde actuel, il constaterait que son sa-
voir était bien limité ; et dans des milliers d’années, les savants d’au-
jourd’hui se trouveraient dans la même situation à l’égard des enfants
des temps futurs. À présent, se préparent les conditions de l’époque à
venir. Tout se décante et se tamise, et l’essentiel se sépare de l’accessoire.
Beaucoup de pensées et de désirs habitent l’homme, mais tous ne sont
pas importants. Ceux qui le sont resteront pour l’avenir ; les autres ser-
viront d’engrais.
Ce qui encourage l’homme et le pousse en avant, c’est le vrai sa-
voir positif et non les inquiétudes, les anxiétés, le mécontentement,
le manque de foi. Celui qui pense justement ne s’indigne pas, ne se
trouble pas mais il travaille et résout ses problèmes. Il n’est pas permis
de protester, de s’indigner, si l’on ne travaille pas à éliminer la cause du
mécontentement. Le savant est mécontent, parce que les conditions ne
sont pas favorables à ses recherches ; le commerçant proteste parce qu’il
ne gagne pas assez d’argent ; le malade réclame la santé, etc. Chaque
homme désire quelque chose dont la privation le mécontente. Pour
vivre harmonieusement, on doit étudier non seulement les lois de la
pression et de la tension, mais aussi celles du temps dont le monde rai-
sonnable se sert. Chaque bienfait donné à l’homme vient en son temps

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PRESSION ET TENSION

déterminé. La même loi est valable aussi pour le bonheur. Si tu aspires


à obtenir un certain bien, tu dois travailler dans ce sens, et attendre. Le
résultat viendra juste au jour, à l’heure et à la minute déterminés.
La plupart des hommes aujourd’hui, sont toujours en retard, et c’est
pourquoi ils laissent échapper le bien qui leur était destiné. Il y a bien
peu de gens qui sont prêts en temps voulu pour recevoir ce qui leur
est accordé. Si vous voulez retirer de l’argent à la banque, vous y allez
lorsque la caisse est ouverte, mais si vous arrivez en retard, ne serait-ce
que d’une minute, vous trouverez porte close. De la même façon, vous
entendez certains se plaindre de la vie et des grandes déceptions qu’elle
leur a apportées. Une des causes de ces déconvenues est qu’ils n’ont pas
observé la loi du temps. Ils ont toujours été en retard.
La direction du Principe raisonnable est indispensable pour résoudre
les contradictions, pour équilibrer les forces extérieures et intérieures
de la vie. Nous pouvons prendre comme exemple la vie de Joseph, le
fils bien-aimé de Jacob. Malgré les conditions favorables de sa naissance
et de sa jeunesse, il dut passer par de grandes épreuves. Jalousé par ses
frères, ceux-ci résolurent d’abord de le tuer mais décidèrent finalement
de le vendre à des marchands en partance pour l’Égypte. Après un cer-
tain temps pendant lequel il gagna la confiance de son maître, la femme
de celui-ci essaya de le séduire. Joseph se trouva alors sous l’influence
des forces de pression et de tension. Les premières venaient des tenta-
tives de l’épouse de son maître et les secondes émanaient de lui-même.
Mais son intelligence l’aida à trouver une solution qui, bien qu’appa-
remment pénible - la prison - lui évita le déshonneur de tromper la
confiance de son maître.

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PRESSION ET TENSION

Plus tard, ayant interprété les songes du Pharaon, Joseph reçut « le


commandement de tout le pays d’Égypte », mais avant de parvenir à
cette situation, il dut passer par trois fois par le processus de la pres-
sion : la haine de ses frères et sa vente comme esclave, la tentative de sé-
duction par la femme de son maître et enfin, son long séjour en prison.
De nos jours, les hommes connaissent les mêmes épreuves que Jo-
seph dut subir et s’ils ne peuvent pas les surmonter comme il l’a fait - les
forces de la pression et de la tension, les conditions et les possibili-
tés - où sont leurs connaissances, leur foi et leur amour ? Actuellement,
tous se laissent tenter par la femme, la richesse, le boire et le manger.
Par le mot « femme », je comprends les fausses conditions et possibilités
par lesquelles l’homme se laisse abuser en pensant qu’elles lui permet-
tront de parvenir à une situation qui flattera sa vanité. Les conditions
et les possibilités contribuent aux réalisations humaines, mais elles ne
peuvent apporter la paix et le bonheur. C’est le Divin seul qui est en
état de le faire. Celui qui peut utiliser les conditions et les possibilités
en les subordonnant aux lois divines peut atteindre tout ce que son âme
désire.
Personne ne peut équilibrer les forces de pression et de tension, per-
sonne ne peut surmonter les conditions et les possibilités telles qu’elles
se présentent s’il n’applique pas la loi de l’amour en tant qu’expression
supérieure de l’intelligence de l’homme. L’amour est le point de départ
de la vie raisonnable. En même temps, il donne la liberté à l’homme.
Celui qui aime est libre.

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PRESSION ET TENSION

Il est dit dans les Écritures : « Parce que tu n’as pas persévéré dans
ton premier amour… » La traduction de ce verset n’est pas juste, car
il est impossible de diviser l’amour en « premier » et en « deuxième’…
L’amour est un et immuable. Dans le passage cité, le mot « persévéré »
doit être remplacé par « compris » et le verset devient alors : « Parce que
tu n’as pas compris l’amour. » Dans une de ses Épîtres aux Corinthiens,
l’apôtre Paul dit : « L’amour ne s’affaiblit jamais. » En effet, l’Amour
divin reste immuable mais c’est l’homme qui ne résiste pas à l’Amour.
Quand l’Amour visite l’homme, celui-ci s’ouvre et s’amplifie. Il de-
vient prêt à se mettre au service de tous, c’est-à-dire au service du Prin-
cipe raisonnable, au service de Dieu. Tant qu’il se borne à vivre pour
lui-même, l’être humain vit dans une chaumière, mais dès qu’il est dis-
posé à servir aussi son prochain, il vit dans un palais ; et quand il sert
lui-même son prochain et Dieu, il vit dans le paradis, dans le monde
divin. Où donc veux-tu vivre ? Dans une cabane, dans un palais ou au
paradis ? Cela dépend de toi-même. Chacun détermine lui-même sa de-
meure. On peut être bien partout, mais le paradis est préférable ! Dans
quelle école veux-tu entrer ? À l’école élémentaire, au lycée ou à l’univer-
sité ? On peut se trouver bien partout, mais l’université est préférable !
L’école élémentaire prépare l’élève pour le lycée ; le lycée pour l’universi-
té ; et l’université pour la vie. Entre-t-il à l’école de la vie, l’homme passe
alors de la pression vers la tension et inversement et finalement, de la
pression et la tension vers la vie raisonnable. En effet, c’est elle seule qui
constitue la voie de sortie pour l’être qui se trouve placé au milieu de
deux courants de forces contradictoires. Sachant cela, ne vous troublez

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PRESSION ET TENSION

donc pas lorsque vous rencontrez des difficultés et des obstacles, exté-
rieurs et intérieurs. Rappelez-vous que le Divin est toujours prêt à vous
aider.
Il est dit que « ceux qui entendent la voix du Fils de Dieu renaî-
tront » ; cela signifie qu’entendant la voix de l’Amour, ils s’éveilleront,
renaîtront et ressusciteront. Celui qui s’est éveillé s’aime lui-même ; ce-
lui qui renaît aime son prochain et celui qui est ressuscité aime tout et
tous. La vie divine inclut l’éveil, la renaissance et la résurrection. C’est
une vie de plénitude, de manifestation absolue de l’intelligence hu-
maine.
Dans la pression et la tension existe une polarisation, c’est-à-dire des
conditions et possibilités bonnes et mauvaises. Mais dans la vie raison-
nable n’existe aucune contradiction ; il y règne une harmonie absolue et
une unité pleine et entière. Dès qu’un être équilibre en lui l’influence
des conditions extérieures et des possibilités intérieures, il entre dans le
domaine du monde divin qui dirige alors sa vie, laquelle acquiert enfin
un sens.
Pour surmonter les contradictions dans lesquelles ils sont inévitable-
ment plongés, il faut aux hommes une pensée juste. Celle-ci découle de
la lumière que l’amour recèle en lui. Par « amour », nous entendons ce
qui harmonise les pensées, les sentiments et les actes. Quand l’homme
n’est pas éclairé et guidé par les rayons de l’amour, il ne peut atteindre
la sagesse et la vérité. Sans amour, la vie ne peut pas se manifester dans
sa plénitude. Aujourd’hui, les hommes ne sont pas libres parce qu’ils ne
parviennent pas à devenir des serviteurs de l’amour.

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PRESSION ET TENSION

Pour que le monde se réforme, l’amour est nécessaire. Sans lui, il


n’y a pas de vie. L’amour satisfait tous les besoins, il apporte les bonnes
conditions, les meilleures possibilités. Il constitue le puissant réforma-
teur des forces. De l’homme qui applique l’amour émane une sorte de
lumière spéciale, douce et agréable. L’homme qui aime, fut-il le plus
laid, devient beau et attirant. Lorsque Moïse redescendit de la mon-
tagne, les Juifs ne purent supporter la lumière qui rayonnait de son vi-
sage, la lumière de L’Amour.
La culture contemporaine a besoin de découvrir la puissance de
l’amour. L’homme doit longuement l’étudier pour comprendre ce qu’il
représente. L’amour des gens de notre temps ne produit trop souvent
que larmes, souffrances, désespoir et ce n’est pas de celui-là dont je vous
parle. Le véritable amour apporte la vie, la joie, le bonheur. Il guérit
les malades et ressuscite les morts. Quand un homme de l’amour passe
auprès d’un sol aride où rien ne pousse, tout se met à croître et un
homme qui a perdu la foi et l’espérance, qui est sans cesse la proie d’in-
quiétudes et d’anxiétés, n’est-il pas semblable à un sol aride ? Les êtres
ne sont pas encore généreux. C’est l’amour qui leur apprendra à l’être.
C’est encore lui qui donnera à notre intellect la possibilité de découvrir
la grande beauté de la nature, dont nous ne voyons ordinairement que
le côté matériel qui nous en donne une notion fausse. La nature pos-
sède un autre côté sur lequel il suffit de jeter un seul regard pour s’aper-
cevoir qu’elle surpasse en splendeur les contes des mille et une nuits !
Les vibrations élevées de l’amour purifient et rajeunissent l’être hu-
main. C’est seulement par l’amour que l’on arrive à dominer et à équili-
brer les forces de la pression et de la tension.

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PRESSION ET TENSION

Si l’homme veut surmonter les souffrances qui accompagnent sa vie,


il doit entretenir le feu et la lumière éternels, manifestations du Divin
en lui. Par le mot « Dieu », qui a perdu sa signification dans l’époque
contemporaine, nous entendons le Principe raisonnable qui a créé le
monde, qui a donné à la vie les conditions de se manifester, qui di-
rige toute l’humanité, qui gouverne toute la Création. Cette suprême
Sagesse pénètre tout et agit de l’extérieur et de l’intérieur, en l’homme
comme dans toute la nature. Ce qu’est la lumière pour le monde phy-
sique, la suprême Sagesse l’est pour tout le cosmos. Celui qui voit,
de même que l’aveugle, se meuvent dans cette lumière, mais l’aveugle
y croit sans la voir. Celui dont les yeux sont ouverts vit et travaille
consciemment en elle ; il voit les changements qui se produisent dans
la nature. Mais il ne doit pas se méprendre ni s’inquiéter, car il faut
qu’il sache que dans toutes ces mutations se manifestent le but final de
la suprême Sagesse, ainsi que la grandeur et la beauté du Tout. Quand
on parvient au but final, toutes choses dans la vie trouvent leur justi-
fication ; celles incomprises deviennent compréhensibles ; les chagrins
se changent en joie. Le but final, c’est la perfection dans la vie. La per-
fection est un concept du lointain avenir, un idéal éternel auquel l’âme
humaine aspire.
Si la perfection est la vie future de l’homme, quelle est alors la vie
présente ? La vie présente est pleine de souffrances et de joies. Que re-
présente la souffrance : pression et tension ? Les maladies causent des
souffrances ; la santé, des joies. Quand il s’agit de maladies, la plupart
des gens font preuve d’incompréhension. Ils veulent bien se libérer des

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PRESSION ET TENSION

maladies et des souffrances, mais ils ne savent pas comment. Quelque-


fois, ils ont connaissance de la cause de leurs maux, mais souvent non.
Cependant, dans un cas comme dans l’autre, ils peuvent s’aider eux-
mêmes à condition d’être raisonnables. Évitez d’exposer vos souffrances
et vos erreurs aux autres, mais agissez de façon à les faire disparaître et
entreprenez de créer à leur place un nouvel état positif. La nouvelle Vie
exige d’autres formes, pures et solides.
Une jeune fille de noble famille racontait volontiers qu’elle avait lais-
sé échapper les conditions et les possibilités favorables de sa vie. Cour-
tisée par dix prétendants, elle les avait tous récusés pour des motifs
divers et était restée célibataire. Interrogeant un homme éclairé sur sa
situation, celui-ci lui avait répondu : « Si tu t’étais mariée avec l’un de
tes soupirants, tu aurais sans doute été malheureuse et lui aussi. C’est
la Providence qui a décidé pour toi. Maintenant, ces jeunes hommes
restent comme un idéal dans ta mémoire et tu ne te souviens que de
leurs vertus. Physiquement, tu ne t’es pas unie à l’un d’entre eux, mais
spirituellement ils sont tous en toi. Ne regrette pas de ne pas les avoir
retenus. Tu ne pouvais pas le faire. Ces dix jeunes hommes sont comme
des Anges venus du monde invisible pour te visiter et maintenant, ils
t’aident. Tu regardes les choses de trop près et c’est pour cela que tu ne
comprends pas la situation qui est devenue la tienne. Sois heureuse, car
les jours passent et ces dix jeunes gens ne t’abandonneront pas ! »
Il est bon de se souvenir de sa jeunesse, de ses enthousiasmes, de ses
élans, mais que ce soit sans vains regrets, sans la sensation d’une perte
irrémédiable. Dans ce que l’on considère à tort comme une chose per-

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PRESSION ET TENSION

due se cache au contraire, le plus souvent, une acquisition, une expé-


rience qui contribuent au bonheur présent et aussi au bonheur de nos
proches. Jamais on ne doit perdre son amour. Il doit croître, s’élargir
sans cesse pour se rapprocher du grand Amour universel.
Étudiez la vie dans toutes ses manifestations : quelqu’un, par
exemple, est devenu amoureux : soit il a acquis quelque chose, soit il a
été déçu. C’est déjà toute une école ! Tant que le feu de l’amour, même
terrestre, brûle en lui, l’homme doit se réjouir et remercier. Si ce feu
s’éteint, il est obligé de le chercher ailleurs, comme la terre cherche la
lumière et la chaleur du soleil. Ceux qui ne comprennent pas le prix
des sentiments veulent s’en libérer. Mais les sentiments donnent de la
chaleur à l’organisme et sans eux l’homme est condamné à l’insensibi-
lité et au froid. Il est préférable de commettre des erreurs plutôt que de
devenir glacé ! La congélation a son bon côté, en ce sens que les mala-
dies ne s’y développent pas, mais il vaut mieux mener une vie affective
comportant des souffrances qu’une existence glacée sans affliction. La
pression extérieure cause la congélation et la tension intérieure est liée à
la chaleur.
Quoi qu’il fasse, l’homme doit subir les lois de la pression et de la
tension qui le font pénétrer dans les trois mondes : physique, spirituel
et divin et comprendre les deux grandes lois : aimer Dieu et aimer son
prochain. On dit que la vie est un art comme la musique. Il y a donc
une analogie entre la musique et le cheminement de l’âme humaine.
Dans ce sens, la tension correspond au ton do ; le mouvement, au ton
ré ; le succès, au ton mi ; l’acquisition, au ton fa ; la floraison, au ton

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PRESSION ET TENSION

sol ; le développement, au ton la et le bien-être, au ton si. Ce sont là les


phases que l’âme humaine traverse dans son chemin ascendant.
Dans le travail sur soi, le jeune ne doit pas vieillir, l’homme âgé doit
rajeunir, le sot doit devenir intelligent et le raisonnable doit poursuivre
son effort au service du Tout et de ses parties. Les lois que j’expose
s’appliquent à l’individu, à la famille, à la société, au peuple, à toute
l’humanité. Elles sont partout à l’œuvre, dans la vie comme dans la
nature. À cette époque d’individualisme, les êtres ainsi que les peuples
sont trop séparés les uns des autres. Chacun d’eux vit pour lui-même et
poursuit des buts et intérêts personnels. Les individus, les sociétés et les
peuples se trouvent soumis à de grandes pressions et tensions, dans des
conditions et possibilités difficiles telles qu’ils ne peuvent les surmon-
ter et les équilibrer. Cela démontre qu’il est nécessaire d’insuffler un
nouveau courant vivifiant, dans la vie individuelle comme dans la vie
sociale et internationale. Et ce courant commence déjà à se manifester,
apportant une amélioration des relations des parties avec le Tout. Est-
ce que les cellules et les organes du corps humain pourraient fonction-
ner correctement s’ils s’isolaient, s’individualisaient et se détachaient de
l’organisme entier ? De même, les êtres, les sociétés, les peuples doivent
comprendre qu’ils constituent les parties d’un grand Tout pour appor-
ter aux formes de vie un changement radical.
Chaque partie doit reconnaître que sa prospérité et son bien-être
dépendent de la prospérité et du bien-être de l’organisme entier. C’est
cela la nouvelle compréhension, le soleil qui se lève maintenant dans
la conscience humaine. C’est la nouvelle vague qui commence à agir

110 Retour au sommaire


PRESSION ET TENSION

dans la vie et on la perçoit déjà, toujours plus puissante dans tous les
domaines. Elle va submerger toutes les sociétés, tous les peuples, qu’elle
incitera à établir les fondements d’une vie belle, raisonnable et harmo-
nieuse sur la terre.
L’humanité se trouve maintenant à un tournant, parmi deux
époques. La nouvelle qui vient verra la transformation de toutes les
conceptions erronées qui ont été celles des hommes jusqu’à présent.
Des formes actuelles de la vie sortiront le « nouveau ciel » et la « nou-
velle terre ». Les êtres auront entre eux des relations de frères et de
sœurs, prêts à se sacrifier les uns pour les autres. Les humains sont de
tendres fleurs plantées dans la vie et s’ils n’ont pas la chaleur, la lumière
et l’humidité nécessaires, que vont-ils devenir ? La chaleur correspond à
l’amour, la lumière à la pensée juste et l’humidité aux forces vitales.
Le monde d’aujourd’hui est voué à une reconstruction totale. Le pa-
radis est l’endroit où les êtres s’aiment et vivent les uns pour les autres.
Dans la nouvelle conception de la vie, l’homme comprend que son bien
est le bien de tous. La nouvelle conscience entraînera une réorganisa-
tion radicale de toute la structure de la vie. Une direction nouvelle sera
donnée au travail dont les formes auront pour stimulation l’amour.
L’avenir qui vient est lumineux, mais l’humanité traverse encore une
zone sombre. Nous pouvons nommer l’époque qui vient l’époque
de la résurrection. La résurrection n’est rien d’autre que l’éveil de la
conscience des hommes par l’Amour divin.
Les peuples fraterniseront et créeront la race lumineuse de l’Amour ;
le feu sacré de la vraie vie se manifestera dans toute sa beauté. Il ne reste

111 Retour au sommaire


PRESSION ET TENSION

maintenant à chacun qu’une seule chose : appliquer comme il le com-


prend le nouveau qui vient. C’est son droit sacré.
Les souffrances actuelles sont les douleurs de l’enfantement de
l’homme nouveau. La nouvelle vie, comme l’aurore, s’avance à pas silen-
cieux et annonce l’arrivée du jour nouveau dans le monde.

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6
ÉQUILIBRER
LES FORCES DE SA VIE

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O
ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

« On ne voit rien dans un lac agité.


Un lac calme réfléchit
les sommets des montagnes,
le ciel, le soleil et les étoiles.
Il faut à l’élève une âme calme
et une pensée bien équilibrée.
Alors, vient la perspicacité
et beaucoup de contradictions
trouvent leur explication. »

Je veux vous donner un conseil. Quoi que


vous étudiiez, quelles que soient les connais-
sances que vous ambitionniez, essayez de ne pas
perdre l’attrait, le désir d’apprendre qui étaient
les vôtres quand vous étiez enfants.
De nos jours, quand les hommes ont ter-
miné d’étudier dans une ou deux facultés, ils
pensent être très érudits et croient avoir acquis
beaucoup de connaissances. Il est vrai qu’ils sont
alors érudits, mais leur savoir, comparé à celui

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

de l’avenir, est encore dans les langes. Ainsi, quoi que vous ayez acquis,
soyez comme des enfants. Considérez-vous comme des savants du mo-
ment présent auxquels le lendemain apportera une nouvelle science, de
nouvelles connaissances. Pour l’homme, l’intérêt et la beauté de la vie
consistent à étudier et à acquérir chaque jour quelque chose de nou-
veau, comme il en est pour les petits enfants. Autrement, s’il pense être
devenu un grand homme rempli de connaissances et d’idées grandioses,
il perdra toute impulsion pour continuer à travailler. Mais si vous persis-
tez à étudier chaque jour, vous arriverez à de justes conceptions de l’âme
et de l’esprit et vous verrez qu’aucune contradiction n’existe entre eux.
Les contradictions n’existent que dans l’intellect et le cœur humains.
Pourquoi les contradictions surviennent-elles dans la vie ? Je ne vous
l’expliquerai pas, mais vous devez savoir qu’entre deux pensées ou deux
sentiments contradictoires naît toujours la liberté. Et dans ce sens, les
contradictions sont nécessaires pour que l’homme acquière sa liberté.
Les oppositions dans la vie ne se rapportent pas à vous ; elles existent
indépendamment de vous, mais vous vous heurtez à elles. Le bien et
le mal existant dans le monde ne se rapportent pas à vous, mais vous
êtes confrontés à eux et ainsi vous pouvez ressentir ce que l’un et l’autre
apportent : le bien concourt à la liberté, tandis que le mal la limite. Le
bien et le mal luttent entre eux. Si vous réussissez à garder votre neutra-
lité en présence de cette lutte, vous y gagnerez. Le mal dit : « L’homme
doit être libre ! » Dès que vous sentez que le bien et le mal luttent en
vous, vous devez continuer votre route et ne pas leur prêter attention.
Si vous vous arrêtez, ne serait-ce qu’un instant devant eux et prenez

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

parti, vous perdez votre liberté. Vous voulez résoudre la question de sa-
voir pourquoi le mal existe ? Aucun homme, fut-il savant, philosophe
ou adepte, n’a pu la résoudre. Puisqu’il en est ainsi, n’essayez donc pas
de résoudre ce qui est insoluble. Dans les Écritures, il est dit : « Je suis
Celui qui crée le bien et le mal. » Faut-il donc que vous vous immis-
ciez dans les œuvres de Dieu ? Il est dit encore : « Ne vous opposez pas
au mal ! » Pourquoi ? Si vous vous opposez au mal, des êtres plus mau-
vais que vous chercheront à vous nuire. Et alors Dieu aussi s’éloignera
de vous. Qu’arrive-t-il aux brebis dont le berger s’éloigne ? Les loups les
attaquent. L’homme aussi est semblable à une brebis dont Dieu peut
s’écarter, la laissant alors en proie aux attaques des loups.
L’homme doit aspirer au but suprême de la vie : devenir libre, acqué-
rir sa liberté. Il doit savoir que le bien et le mal œuvrent précisément à
la conquête de sa liberté. Vous ressentirez en vous ces deux états, mais
vous devrez être attentifs à ne pas prendre parti dans cette lutte. Vous
tomberez, vous vous relèverez, vous vous aguerrirez, vous vous purifierez
et, grâce à cela, vous allez apprendre. Vous passerez par le feu, comme le
pain et la nourriture que vous mangez. Ce feu est-il descendu du ciel ?
Est-il pour les justes ? Les justes n’ont pas besoin de feu ! Vous ne devez
vous rappeler que d’une chose : Dieu règne au ciel et sur la terre. Il
gouverne le ciel, mais aussi l’enfer. Par conséquent, sa volonté doit être
absolument exécutée. Certains disent qu’il apparaît quelquefois, parmi
la société, un grand Satan nommé Lucifer. Mais aucun Lucifer n’existe !
Lucifer, ce sont les mauvais génies de l’humanité qui cherchent à l’en-
traver dans son développement. Ces mauvais génies représentent un

116 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

ensemble d’âmes humaines. Si vous allez au ciel, là aussi vous pourrez


voir des âmes humaines. Et ces âmes ne se différencient que par la di-
rection de leur mouvement. Les premières se meuvent de haut en bas
et se servent de l’obscurité, tandis que les secondes, les âmes du ciel,
montent du bas vers le haut et utilisent la lumière.
Certains parmi vous ne sont pas d’accord avec ces explications parce
que l’église leur a appris que ce sont des anges déchus qui sont la cause
du mal dans le monde.

C’est possible : « ola-bilir ! » Jadis, un sultan avait ordonné à ses ser-


viteurs de lui amener un homme pouvant lui raconter un mensonge
proprement incroyable. Beaucoup se présentèrent « ola-bilir ! » L’un,
entre autres, lui raconta que jadis son père, s’étant arraché un poil de
sa barbe, le posa comme un pont en travers du Danube et que, sur ce
pont, étaient passées des armées turques : « ola-bilir ! » Un autre lui
dit que sa mère avait planté deux œufs et qu’un chameau était sorti de
l’un d’eux : « ola-bilir ! » Un autre enfin se présenta en compagnie de
deux hommes qui portaient une grande jarre qu’ils déposèrent devant
le sultan. L’homme alors commença son récit : « Sultan effendi, jadis
ton père qui guerroyait contre les moscovites emprunta à mon père une
jarre pleine d’or. A présent, je t’apporte une jarre pour que tu la rem-
plisses d’or et que tu rendes ainsi l’argent prêté à ton père. » - « C’est
impossible » s’exclama le sultan. S’il avait dit alors « ola-bilir ! » il aurait
dû remplir la jarre d’or.

117 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Je demande : pourquoi, semblables à ce sultan, les gens partagent-ils


les faits en possibles et impossibles, en bons et en mauvais ? Pourquoi
admettent-ils l’existence de deux dieux, l’un au ciel et l’autre en enfer ?
Il n’existe qu’un seul Dieu qui gouverne et le ciel et l’enfer. Comme le
ciel est peuplé, l’enfer l’est aussi et tout ce monde se soumet à Dieu.
C’est de l’homme que dépend le choix du milieu vers lequel il se diri-
gera. Un Dieu, une force existe sur terre, mais cette force possède deux
directions contraires. Lorsque les humains ne comprennent pas les lois
auxquelles ces forces sont soumises, ils entrent en contradiction avec
elles : l’une, on l’appelle le mal et l’autre le bien, c’est-à-dire la force
qui les soutient. Par conséquent, le mal prend naissance dans l’homme
même, dans sa nature inférieure, tandis que le bien découle de Dieu,
c’est-à-dire du côté lumineux, ascendant de la vie humaine. Quand
l’homme entre en contact avec le côté inférieur qui est en lui, avec ce
que l’on appelle le mal, sa conscience s’assombrit. Il se heurte à des pen-
sées négatives et il dit : « Je veux mourir pour me libérer de cette vie. »
Non ! L’homme, même mort, ne peut pas se libérer aussi facilement
mais il doit apprendre les lois et comment équilibrer les forces.
Se libérer des difficultés de la vie, cela signifie servir Dieu. Si vous ne
pouvez pas vous libérer sur terre, vous ne le pourrez pas davantage dans
l’autre monde, mais si vous parvenez à vous libérer ici-bas, vous le serez
aussi en haut. Seul l’homme qui sert Dieu et qui donne de lui-même
aux autres est libre. Le service de Dieu est le suprême travail assigné à
l’homme.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Les pensées négatives se présentent inévitablement dans l’existence.


Le découragement vient d’après une certaine loi. Souvent, les humains
se découragent quand ils ne peuvent réaliser certains de leurs désirs.
Et en effet, l’homme, pendant sa jeunesse, envisage les choses d’une
certaine manière, d’une autre façon à l’âge mûr et d’une autre encore
complètement différente à la vieillesse. C’est l’incompréhension de
ces lois qui engendre le découragement. Cependant, cela se produit
en chaque homme, parce que chaque âge a ses élévations et ses chutes.
Quand l’homme s’élève sur les hauteurs, il est inspiré et prend courage.
Quand il descend, l’inspiration le quitte et il se décourage. Ce sont
là des étapes psychologiques par lesquelles chacun passe. L’existence
ne peut se dérouler sur une surface unie ; l’homme ne peut marcher
uniquement sur un chemin égal et lisse. Il ne peut pas non plus voler
comme un oiseau et contempler les choses d’en haut. Voilà pourquoi,
en tant qu’élèves, vous ne devez pas vous arrêter au seul côté extérieur,
physique, de la vie, mais envisager aussi son côté intérieur, spirituel.
Le désir de l’homme de devenir un grand homme, grand comme une
montagne, est juste, mais il doit savoir que les grands arbres, les grandes
montagnes, les grands hommes, ne sont pas devenus tels d’un seul
coup. Ils ont progressé, grandi graduellement au cours des siècles. Les
choses réelles grandissent. Elles ont leur conception, leur enfance, leur
âge mûr et enfin leur vieillesse. Le mont Vitocha, par exemple, a au-
jourd’hui cinq millions d’années et approche de la vieillesse. Dans deux
millions d’années, il commencera à se désagréger. Il était plus élevé au-
trefois et s’est abaissé de mille mètres au cours des siècles.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Aujourd’hui, tout est sujet aux changements. Dans mille ans, toute
la terre avec ses montagnes et ses vallées sera radicalement transformée,
extérieurement et intérieurement. En raison de cette loi, l’homme aussi
subira un grand changement. Son corps sera modifié. De la réorganisa-
tion de son corps dépend aussi la culture de l’être humain. Le corps est
le résultat de l’esprit. Celui-ci est constructeur et d’après la structure du
corps, on juge la qualité de l’esprit. Un corps bien structuré révèle une
suite d’efforts corrects de l’esprit. Selon l’état de développement de l’in-
tellect et du cœur, on peut juger du travail et des efforts accomplis par
l’esprit. Un jour viendra où ce dernier créera un corps immortel à l’être
humain. Dans ce sens, une des tâches de l’homme consiste à se libérer
de ce corps temporaire, mortel et de le rendre immortel. Il n’est pas
question pour l’homme de rester dans la condition d’une amibe que les
êtres supérieurs observent à travers un microscope en s’émerveillant de
son intelligence. Il doit se développer et passer à des phases plus élevées
d’évolution. Par comparaison avec les animaux, il a considérablement
progressé mais vis-à-vis des Anges, il a encore beaucoup à travailler sur
lui-même. L’homme, aujourd’hui, a la possibilité d’être en relation avec
le monde raisonnable. Il doit par conséquent s’efforcer d’entrer en com-
munion avec lui pour y puiser force et savoir.
Puisque maintenant vous savez cela, je vous dis d’utiliser votre volon-
té et de travailler. Vous allez atteler au travail tous les découragements,
les peines, les malheurs, les souffrances, les indispositions, etc. Vous
allez devenir maîtres de la situation et vous ne laisserez pas d’autres
êtres plus bas que vous vous commander. Vous désirez devenir poètes,

120 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

écrivains, érudits ? Je vous demande : qu’allez-vous dire aux humains,


si vous ne pouvez pas commander à votre cerveau ? Vous vous plaignez
d’avoir mal à la tête et malgré cela, vous voulez, avec cette tête malade,
écrire des œuvres scientifiques ? Quelqu’un, par exemple, veut écrire un
ouvrage sur César ou sur Alexandre le Grand ; un autre désire commen-
ter la littérature de Shakespeare, de Schiller ou tout autre grand écri-
vain. Mais on vous objectera : « Quel rapport ont ces grands auteurs
avec nous, leur vie, leur travail, leur œuvre ? » Je dis : tous les grands
hommes ont un rapport avec nous. Nous ne devons pas les considérer
comme des êtres à part, des unités isolées. Ils sont venus sur terre, y ont
travaillé et accompli une mission en montrant aux humains une nou-
velle voie, une nouvelle manière d’œuvrer. Derrière ces hommes supé-
rieurs se tiennent des âmes raisonnables qui exécutent une suprême
volonté et non la leur. Si vous examinez les faits ainsi, vous vous aper-
cevez que chaque événement historique a son sens intérieur spirituel.
Comment cela s’est révélé dans le monde physique ? C’est une autre
question. Si vous voulez avoir une bonne conception de l’histoire, par
exemple, étudiez les événements comme un enchaînement de manifes-
tations collectives et non comme des faits isolés.
Quand la pensée de vouloir mourir pour se libérer pénètre dans l’in-
tellect d’un être, il se trompe. Il s’imagine qu’il sera reçu au ciel avec
des couronnes et de la musique. Pour être reçu de la sorte, il faut être
hautement cultivé et connaître le langage des êtres avancés, des Anges.
Pour comprendre ce langage, on doit avoir une pensée juste et saine
et être libéré de toutes les illusions qui font obstacle à l’évolution. En

121 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

vous parlant ainsi, je n’ai pas en vue la science ni la religion contempo-


raines. Toutes les religions du passé, comme celles du présent, ont eu
un rôle à jouer. Elles ont apporté à l’humanité ce qui lui était indispen-
sable à l’époque, mais elles ont aujourd’hui besoin de nouvelles concep-
tions ; de nouveaux chemins sont indispensables à la science comme
à la religion. Prenez, par exemple, la vivisection que pratiquent encore
aujourd’hui la médecine et les sciences naturelles, cette méthode a beau-
coup apporté à la science, mais elle a aussi causé d’innombrables vic-
times. Je dis que cette méthode est bonne, mais elle n’est pas la seule ; il
y a une autre manière permettant d’étudier l’anatomie et la physiologie,
que ce soient celles de l’homme ou des animaux. Il y a une possibilité
de rendre transparente l’ossature crânienne et d’observer ainsi les pro-
cessus qui se déroulent dans la tête.
Si, en vous plaçant du point de vue de la science contemporaine,
vous vous demandez pourquoi l’homme a deux yeux, deux oreilles,
qu’allez-vous répondre ? Que vous ne savez pas pourquoi il en est ain-
si. Pourtant, les scientifiques recherchent combien d’yeux et d’oreilles
possèdent les différentes espèces d’animaux et concluent que certains
insectes, certains papillons, ont plus d’yeux que les humains. Mais ils
ignorent la prédestination d’un tel nombre élevé d’yeux. Si vous ob-
servez les deux yeux d’un homme, vous constaterez une certaine dif-
férence. Un œil est doux et calme, il a l’aspect d’une belle jeune fille
joyeuse : il représente le principe féminin chez l’être humain, l’autre œil
représente le principe masculin. La même différence peut être obser-
vée pour les oreilles : l’une est masculine et l’autre féminine. Un côté

122 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

du visage est féminin, l’autre masculin. Sous ce rapport, l’homme est


donc un être double. Parfois, il écoute avec l’oreille gauche, qui est
celle de l’amour, d’autre fois, il écoute avec l’oreille droite, celle de
la sagesse. Parfois aussi, il écoute avec les deux oreilles. Observez en
quelles circonstances il écoute avec la droite ou avec la gauche. On a
remarqué qu’en conversant avec une femme, l’homme écoute avec
l’oreille gauche, parce que celle-ci a des vibrations semblables à celles
de la femme et quand il parle à un homme, c’est avec l’oreille droite
qu’il écoute car ses vibrations sont conformes à celles de l’homme. Il
y a cependant des exceptions à cette règle. Aussi, quand vous faites vos
observations, ne vous hâtez pas de conclure. C’est seulement après une
série d’expériences que vous pourrez en tirer une déduction. Vous devez
savoir que dans toutes les règles qui se rapportent à la vie terrestre, il y a
toujours des exceptions : celles-ci ont leur cause, mais elles n’infirment
pas la véracité de la loi.
En vous parlant de cette manière, je ne veux pas que vous entriez
en conflit avec votre vie habituelle. Cette vie est due au cerveau infé-
rieur qui incite l’homme à se fâcher, à s’irriter, à douter, à juger
les autres, etc. J’aborde, moi, de nouveaux domaines dans la vie de
l’homme, domaines qui se rapportent aux fonctions de la partie supé-
rieure de son cerveau. Dans cette partie se construit quelque chose de
nouveau. Quelqu’un déclare : « Je vais entrer dans la nouvelle vie. En
conséquence, le monde ne m’intéresse plus ! » Non ! Vous donnerez
au monde ce que vous lui devez. Le Christ a dit : « Donnez à César ce
qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Ce que vous avez pris au

123 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

monde, vous allez le lui rendre, et à Dieu, ce qui est à lui. Vous devez
pour cela être très intelligent. Vous pouvez respecter les coutumes du
monde, sans devenir leur esclave ; vous pouvez utiliser les conceptions
scientifiques, sans vous laisser dominer par elles. Les traditions sont
créées pour les hommes et non les hommes pour elles. La science est
créée pour l’homme et non le contraire.
Le nouvel enseignement doit apporter un point de vue inédit des
choses. Lorsque quelqu’un est malade, il doit se demander pourquoi,
en fait, il est malade. Avant tout, il doit se dire : « Dieu règne sur le
ciel et Il règne aussi en moi. Puisqu’Il règne en moi, je ne dois pas être
malade, car il est dit que Dieu est vie. » Si donc je suis malade, cela veut
dire que le monde invisible veut introduire en moi plus de douceur et
de tendresse. Les maladies rendent en effet l’homme plus tendre, plus
doux, plus délicat. Les personnes qui ont été longtemps malades déve-
loppent en elles de la noblesse, de la douceur, de la tendresse. Celles
qui n’ont guère connu la maladie sont rudes, quelquefois cruelles. Je ne
parle pas des maladies nerveuses, dont l’origine n’est pas organique et
qui sont d’un autre caractère ; loin d’ennoblir l’homme, elles le rendent
cruel.
Celui qui comprend la loi de chaque maladie peut en tirer double
profit. Bien des êtres ont fait preuve d’un véritable héroïsme au cours
de leurs maladies. On dit, par exemple, que Calvin étant presque mou-
rant, en proie à une forte fièvre, continuait toujours à écrire, à travailler.
Il ne voulait pas être dominé par l’idée de la mort. C’est cela la foi. Cal-
vin avait entendu ce que Dieu lui disait : « Tu dois savoir que je règne
au ciel et sur la terre et que je dirige tout l’univers. »

124 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

L’homme doit donc se rappeler que toutes les maladies, les contra-
dictions, chaque bien, chaque mal, toutes les sciences, tout cela travaille
à son développement, à son élévation. S’il demande des preuves, cela
sous-entend qu’il se croit plus grand que Dieu. Mais celui qui pourra
définir ce qu’est Dieu doit être plus grand que Lui ! Vous n’avez pas
besoin de définir ce qu’est le Seigneur. Il vous suffit de savoir profondé-
ment que Dieu est doux, miséricordieux et qu’Il pardonne à tous les hu-
mains. Il suffit que l’on cesse de faire le mal et que l’on se tourne vers
cette source d’amour pour que nos fautes soient oubliées et effacées.
Ce qui entrave les humains, c’est leur rencontre avec les esprits im-
purs, obscurs, bas. Dès qu’un être entre en contact avec eux, il cesse
de penser correctement. Ces êtres bas peuvent se manifester au travers
de vos amis, de vos parents et ils vous influencent. Pour sortir de cette
situation, il faut travailler avec un amour désintéressé. Dès que le lien
avec cet amour est formé, la pensée redevient correcte.
Nombreux sont ceux qui s’en tiennent aveuglément à la science. Ils
refusent de s’en écarter, ne fut-ce que d’un pas et à cause de cela, ils
considèrent chaque chose nouvelle avec critique et suspicion. Il n’est
pas mauvais qu’ils soutiennent la science, mais ils doivent distinguer les
vrais scientifiques et rechercher les sources authentiques de la science,
de l’art, de la musique…
Quand vous rencontrez des symboles, vous devez les comprendre,
non pas dans la lettre, mais dans leur esprit. Vous saisirez alors la nou-
velle pensée, les nouveaux sentiments et désirs qui constituent le maté-
riel indispensable à une édification intérieure. Tout cela est indispen-

125 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

sable pour se rajeunir. En continuant à vivre selon l’ancienne manière,


on perd le sens de la vie, on vieillit et on meurt prématurément. Et il
n’est pas de chose plus stupide que de mourir prématurément. Il y a
des cas où il est préférable que l’homme meure au lieu de continuer
à vivre : par exemple, s’il a l’intention de commettre un crime. Un
moindre mal est préférable à un plus grand et il vaut mieux sacrifier le
corps plutôt que l’âme. L’homme vend alors sa vieille maison pour s’en
créer une autre après un certain temps. En apparence seulement, il est
sorti de sa maison et les gens pensent qu’il est mort.
Dieu envoie les âmes les plus avancées pour aider les humains. Un
Ange, par exemple, est absorbé dans un travail difficile, un problème
scientifique exigeant des calculs compliqués. Mais Dieu l’envoie sur la
terre pour consoler et réconforter un petit enfant que la mère a dû quit-
ter pour aller à son travail. L’Ange doit laisser en suspens son occupa-
tion pour venir réconforter l’enfant avant de retourner au ciel.
Vous direz : « Est-il possible qu’un Ange vienne s’occuper d’un pe-
tit enfant ? » Mais c’est qu’en cet enfant vit un grand esprit, empêtré
dans la matière dont il ne peut se dégager. Quelqu’un doit bien venir
alors pour l’aider. Il y a chez l’homme un beau côté intérieur qui de-
mande à être stimulé, encouragé pour pouvoir se manifester. Cet aspect
de l’homme, vous ne l’avez pas encore vu. Deux ou trois disciples du
Christ ont contemplé son visage, c’est-à-dire son côté intérieur lumi-
neux et ils L’ont alors connu. Quand le Christ eut gravi la montagne,
ses disciples l’ont vu comme Il était parmi les Anges. Il y a des cas, bien
rares, dans la vie de l’homme où son visage s’illumine à tel point qu’il

126 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

en est transfiguré. Mais cela ne peut arriver que lorsqu’il s’élève sur de
hauts sommets, tels ceux que le Christ avait gravis. Dans les conditions
ordinaires de la vie, les humains doivent avoir une bonne disposition
d’esprit reposant sur la ferme volonté d’étudier et d’adopter la nouvelle
science qui vient maintenant. Pour cela, on exige d’eux une foi forte,
une foi inébranlable.
Quelle pensée fondamentale devez-vous tirer de cette leçon ? C’est
que : quoi qu’il vous arrive dans la vie, vous devez savoir que Dieu règne
au ciel et sur la terre et que, pour cela, vous devez demeurer joyeux et
d’humeur positive. Cela ne veut pas dire que vous n’aurez pas de cha-
grins. Vous en aurez et aussi des souffrances, des épreuves, mais il faut
vous rappeler que Dieu dirige tout et partout. Quelqu’un t’a pris mille
francs ? Le Seigneur t’en donnera deux mille.

En ce qui concerne le mal,


la méchanceté humaine, l’injustice apparente,
ne vous en troublez pas, Dieu les maîtrisera.

Il ne se passera pas beaucoup de temps avant que les lois de la vie


ne changent. Alors, celui qui aime sera maître ; celui qui hait sera es-
clave. Si vous voulez être maîtres et reconnus comme tels, aimez. Dieu
est Maître parce qu’Il aime. Mais seuls les êtres raisonnables peuvent
réellement aimer. Celui que l’on aime, lui aussi doit être sensible à
l’amour qu’on lui porte. Il doit apprendre à ne pas critiquer, à ne pas
envenimer les choses. Se confier à Dieu, c’est être fort. Il n’y a rien de

127 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

plus beau, lorsque l’on se heurte à des épreuves, que de rester paisible,
calme en soi-même et d’attendre avec patience la fin des tourments, en
conservant la foi que tout s’arrangera pour le bien. Quelqu’un dit : « Je
crois en Dieu. Je crois que tout va aller mieux. » Mais après un certain
temps, vient le doute et il se dit : « Et si tout ne s’arrange pas comme
je l’espère ? » Vous allez visiter un malade et vous le rassurez : « Ne t’in-
quiète pas. Tu vas bientôt guérir ! » Mais en vous-mêmes, en y allant,
vous pensez : « Cet homme est perdu, il ne guérira pas ! » Je dis que
vous devez être convaincus de ce que vous dites. Si vous êtes persua-
dés que le malade guérira, dites-le lui et ne doutez pas. Mais on exige
alors des connaissances. Cela ne sous-entend pas que vous deviez deve-
nir des savants, des philosophes. Être un philosophe, un poète, un écri-
vain, un artiste peintre, un musicien, cela exige un don spécifique qui
ne concerne pas tout le monde. Il suffit pour l’homme d’être capable
de se développer et de grandir. Chacun ne peut pas être un poète. Ne
peut l’être que celui qui, étant encore au ciel, a désiré le devenir. Ce
que vous avez désiré au ciel, ce que vous avez promis en-haut, vous le ré-
aliserez sur la terre. Par conséquent, vous ne pouvez aspirer ici-bas, à ce
que vous n’avez pas souhaité en haut. Vous demandez : « Mais ne peut-
on pas transgresser cette dure nécessité ? » Non ! Pas même une virgule
ne peut être changée au programme qui a été tracé en-haut. Réjouissez-
vous pourtant de cette situation, parce que vous avez encore beaucoup à
apprendre.
Toutes les connaissances, depuis la création du monde jusqu’à au-
jourd’hui, peuvent être rassemblées dans quatre-vingt-dix livres sem-

128 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

blables à la Bible. Si nous pouvions imprimer ces connaissances dans le


cerveau humain, il resterait encore suffisamment de place pour y impri-
mer neuf cents autres livres pareils ! Ainsi, vous pouvez constater quel
grand avenir se tient devant vous et combien de connaissances il vous
reste à découvrir dans le futur. Il y a, dans votre cerveau, encore beau-
coup de place pour y emmagasiner les grandes connaissances en mathé-
matiques, en physique, en chimie, en astronomie, en musique, en pein-
ture, etc.
Pour l’instant, vous allez vous servir de ce que vous avez écrit dans vos
têtes. Et quand vous ne pourrez rien tirer de ce qui est écrit dans votre
cerveau, en face de difficultés nouvelles, vous étudierez et conserverez
votre acquisition. Je dis : quelle que soit la situation où vous vous trou-
vez, vous devez savoir nager. Pourquoi ? Parce que, dans quelques an-
nées, vous voyagerez dans un bateau qui va se briser et vous serez livrés
au gré des vagues. Si vous ne savez pas nager, il ne restera rien de vous.
Aujourd’hui, tous les êtres traversent le grand océan de la vie et doivent
le franchir jusqu’à ce qu’ils reviennent à leur maison initiale. Pour l’ins-
tant, nous voyageons tous, nous menons un grand combat. Quand il
sera terminé, nous aborderons à la Terre promise, nous nous assiérons
sous le figuier et nous nous reposerons.
Chantez maintenant l’air de l’exercice : « Donne, donne… » Je vous
observe quand vous chantez et je vois que vous n’êtes pas libres. Il
n’est pas facile de se mettre à chanter devant un auditoire en faisant
des gestes. C’est pour vous-mêmes que vous devez chanter et vos gestes
doivent vous être inspirés par la musique. Tout est mouvement dans la

129 Retour au sommaire


ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

vie, qui ne se réduit pas à une certaine bienséance extérieure. Il y a une


convenance intérieure et une extérieure, comme il y a une bonté et une
intelligence extérieures et intérieures. Les vertus intérieures sont préfé-
rables à celles qui s’expriment en surface. Pour que l’homme puisse se
manifester justement tel qu’il est, une certaine liberté intérieure est né-
cessaire.
Que celui qui veut chanter pour lui-même, aille dans les bois et qu’il
chante en faisant des mouvements plastiques. Mais si vous entrez dans
un milieu quelconque et que vous commenciez à chanter avec des gestes
contraints, vous vous exposez à faire rire de vous. Pourquoi ? Parce
qu’il y a quelque chose de dysharmonieux dans vos gestes. Si vos mou-
vements sont harmonieux et en rapport avec le chant que vous inter-
prétez, ils ne pourront provoquer aucun rire. Quand l’homme agit sous
l’impulsion de l’Esprit, tout est beau en lui. Mais pour l’instant, ni les
mouvements ni la parole des humains ne sont justes, parce qu’ils ne
sont pas encore parvenus à rejoindre la grande harmonie de la nature
vivante. Dans les mouvements, il doit y avoir une grande diversité et de
la plasticité. Chaque geste doit comporter pensée et sentiment. De tels
mouvements apportent alors une bonne disposition à l’être humain.
Beaucoup de mouvements de nos contemporains sont subconscients.
Eux-mêmes ne savent pas ce que veulent dire leurs gestes. Quand la
conscience supérieure de l’homme s’éveillera, il comprendra ses mouve-
ments et leur donnera un sens.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Un jour, un Ange nommé Afoell, en regardant vers la terre, vit toutes


les contradictions dans lesquelles vivent les humains et il conclut que le
monde n’était pas bien créé.
Le Seigneur, captant la pensée de l’Ange, l’envoya sur la terre pour
qu’il puisse comprendre la cause des contradictions. Il lui donna un
grand registre en lui disant : « Tu inscriras tout ce que les gens veulent,
chacun de leurs désirs, chacune de leurs opinions. Ce registre restera
sur la terre pendant dix ans. Durant cette période, rien ne se réalisera
de tout ce qui est inscrit dans le registre. »
Au bout de dix ans, l’Ange Afoell rapporta le registre au ciel. C’est
alors que commencèrent à se réaliser tous les désirs des hommes qui
avaient demandé à ce que leurs aspirations soient inscrites par l’Ange
sur le registre.
C’est ainsi que si vous trouvez des contradictions dans votre vie, vous
en êtes vous-mêmes la cause.
Aujourd’hui, l’Ange Afoell descend à nouveau sur la terre avec un
grand registre dans lequel les hommes eux-mêmes écriront tout ce qu’ils
croient indispensable pour redresser leur vie.
Ce que vous avez écrit dans le passé, vous le vivez et ce que vous
écrivez aujourd’hui se réalisera dans l’avenir. Sachant cela, vous devez
avoir l’intelligence de demander à Dieu ces trois choses : raison, vie et
amour ; tout le reste vous sera donné par surcroît.

Tous les travaux secondaires viendront d’eux-mêmes. Demandez à


Dieu l’Amour en abondance pour que vous puissiez surmonter toutes

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

les entraves facilement, que vous ne vous arrêtiez pas en face des of-
fenses et que vous transformiez le mal en bien.
L’Ange Afoell se présentera devant chaque homme avec dans une
main un pot, dans l’autre main le registre. Si vous vous plaignez de
quelque chose, tout de suite il vous immergera dans le pot d’où il vous
sortira transformé. Après quoi, il vous invitera à inscrire dans son re-
gistre tout ce que vous désirez pour l’avenir.
Bientôt sur la terre, il y aura une vie nouvelle dans laquelle vous expé-
rimenterez tout ce que vous aurez désiré.
Pendant ce laps de temps, s’accompliront en vous de grands change-
ments intérieurs qui donneront quelque chose de nouveau à votre rai-
son, à votre vie et à votre amour.
Les hommes nouveaux, les hommes de l’avenir, se libéreront de tout
mécontentement, de toutes les contradictions de la vie.
Tournez-vous vers le Christ avec ces mots : « Seigneur, dis seule-
ment une parole, je te prie, pour ma raison, pour ma vie et pour mon
amour. »
Tous les hommes ont besoin de ceci : raison, vie et amour sont les
trois éléments qui donnent un sens à la vie.

Vous devez savoir comment écouter, voir, ouvrir la bouche ou la fer-


mer, etc. Les gens ont des yeux et des oreilles, mais ne savent pas com-
ment les utiliser pour percevoir justement les impressions du monde
extérieur.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Une des causes des chutes, entraînant souvent des foulures à la main
ou au pied, provient du manque de coordination entre les pensées et les
sentiments. Ce manque de coordination est aussi à l’origine de beau-
coup de malheurs et de souffrances des humains.
De nos jours, bien des gens ne comprennent pas la loi de la coordina-
tion des forces et critiquent le monde, disant que Dieu ne l’a pas bien
créé et cherchant la manière de le corriger. Pour leur donner une bonne
leçon et leur apprendre à ne pas critiquer l’auguste Principe, le monde
invisible les contraint à se marier. Quand ils ont donné naissance à plu-
sieurs enfants, il leur dit : « Maintenant, appliquez vos théories. Essayez
de coordonner votre famille pour en faire un ensemble harmonieux,
tel que vous l’envisagez. Votre foyer représente un petit monde et votre
tâche consiste à l’organiser de votre mieux. » Mais bientôt, les criti-
queurs commencent à se plaindre de ne pouvoir mettre de l’ordre chez
eux : un enfant crie d’un côté, un deuxième d’un autre, la femme d’un
troisième et leur maison - leur petit monde - reste dans la confusion.
Pourquoi ? Parce que chacun parle un langage qui lui est propre, incom-
préhensible aux autres.
Maintenant, puisque vous êtes venus sur la terre, vous devez utiliser
les bienfaits qui vous sont donnés. La nature a dressé une riche table
devant chaque homme, devant chaque être vivant, mais elle ne dit à per-
sonne ce qu’il doit manger ni comment le manger. Chacun doit choi-
sir seul la nourriture qui lui convient. Certaines nourritures sont com-
munes pour tous, mais d’autres sont spécifiques. Chaque homme doit
savoir quelle nourriture lui est spécialement, expressément, destinée.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

S’il mange une nourriture qui ne lui est pas appropriée, il se heurte à
des souffrances. Chaque nourriture qui ne correspond pas à la nature
d’une personne provoque un dérangement dans son organisme.
En vous parlant des bienfaits que la nature offre à l’homme, je ne
comprends pas seulement les éléments qui entretiennent et soutiennent
son organisme, mais j’entends aussi tous ceux qui l’aident à progresser
dans son chemin évolutif. Un être est soucieux, tourmenté, découragé,
parce qu’il ne peut résoudre un problème qui l’obsède. En marchant
dans un champ, il aperçoit une fleur jaune et il s’étonne d’avoir eu son
attention attirée par elle. C’est que cette petite fleur jaune veut lui dire
qu’il peut facilement résoudre son problème par la pensée ; ensuite, il
voit une fleur bleue, puis, plus loin, une fleur rouge ; la fleur bleue lui
suggère qu’il doit avoir la foi pour trouver la solution correcte de ses
soucis ; et la fleur rouge lui dit qu’il a besoin non seulement de la pen-
sée et de la foi, mais aussi de l’amour.
Si humbles et petites que soient les fleurs, vous ne devez pas y être
indifférents, car elles représentent le langage de la nature. Si érudit, si
savant que vous soyez, ne négligez pas les petites choses. Il se peut, par
exemple, qu’un étudiant ait achevé les cours de deux facultés, mais ne
trouve pas de travail. Que doit alors faire cet étudiant, si on lui offre de
s’occuper d’un enfant de cinq ans ? Il ne doit pas refuser cette propo-
sition. S’il rencontre sur son chemin une personne blessée, il ne doit
pas non plus la négliger, mais la ramener chez elle et la soigner. Cette
personne le récompensera largement pour le remercier si elle le peut. La
providence a mis cette personne sur sa route pour le mettre à l’épreuve

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

et, par elle, il risque de résoudre son problème dans le domaine pécu-
niaire. Ne laissez jamais passer l’occasion d’aider les autres. Quel que
soit le travail que vous exercez, vous pouvez toujours rendre service.
Vous êtes venus à la montagne pour résoudre quelque problème. De
même que vous faites rouler des pierres en marchant sur le sentier, de
même faites rouler les difficultés qui se trouvent sur votre chemin pour
vous en libérer. Faites consciemment rouler dix pierres et voyez ce qui
va se produire.
Dans l’antiquité, le maître d’une école occulte donna à l’un de ses
élèves paresseux la tâche de faire rouler dix pierres depuis le sommet
d’une montagne. L’élève, dont les affaires n’allaient pas bien, se dit :
« Puisque le maître m’a commandé de faire cet exercice, je vais l’accom-
plir et la chance alors me sourira peut-être ! » Il monta donc au som-
met de la montagne et commença à faire rouler ses pierres. Mais à ce
moment-là, survint un homme riche qui gravissait précisément le même
sommet. Voyant le danger qui le menaçait, il cria au jeune garçon : « Ar-
rête de faire tomber des pierres ; attends que j’arrive en haut et tu pour-
ras alors continuer ton jeu. » Le garçon obéit, mais dès que l’homme
riche eut atteint le sommet, il recommença à faire rouler ses pierres.
L’homme lui dit : « Je vois que tu n’es pas très fortuné et, puisque tu
m’as obéi, je décide d’assumer ton avenir. » Que démontre cet exemple ?
Que derrière chaque contradiction se trouve un bien. L’élève était intri-
gué et contrarié que son maître lui ait donné pour tâche de faire rouler
dix pierres, mais il l’a quand même accomplie. Celui qui accomplit la
Loi de Dieu en temps voulu donne un sens à sa vie.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Tout dans la nature est à sa place. Les fleurs, les sources, les pierres,
représentent des lettres que chacun peut lire. Si vous déchiffrez cette
écriture, vous aurez composé tout un poème. Celui qui comprend la
musique dans sa manifestation naturelle peut composer une sympho-
nie, rien qu’en entendant tomber des pierres.
En tant que disciples, votre devoir est d’étudier et de travailler
consciencieusement pour bénéficier des forces cachées dans la nature
vivante. Les doigts de la main, par exemple, recèlent des énergies que
vous pouvez utiliser au moment opportun. S’il vous manque de la no-
blesse, caressez votre index pour vous lier aux énergies qu’il renferme.
Ainsi, vous recevrez des forces venant de Jupiter. Si c’est la justice qui
vous fait défaut, liez-vous avec les énergies du majeur. Si vous n’êtes pas
bien disposé, caressez un peu l’annulaire. Il ne se passera pas beaucoup
de temps avant que vous ne ressentiez la joie et la bonne disposition
revenir. Il suffit de tremper plusieurs fois dans de l’eau pure l’annulaire,
préalablement bien lavé, pour que cette eau reçoive les énergies qui dé-
coulent de ce doigt et si vous buvez cette eau, votre bonne humeur aug-
mentera. Ce sont là des médicaments d’un genre spécial, contenus en
l’homme même.
Aujourd’hui, tous veulent être heureux, sans savoir que le bonheur se
dissimule dans leurs pensées, dans leurs sentiments et dans leurs actes.
Le bonheur de l’homme est renfermé dans son intellect, dans son cœur
et sa volonté. Pour l’acquérir, il doit apprendre à penser, à sentir et à
agir justement. Et pour parvenir à ce résultat, il lui faut s’éduquer lui-
même. Cela demande beaucoup de temps. De même que le sculpteur

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

travaille longtemps sur une statue pour obtenir une œuvre satisfaisante,
de même l’homme doit travailler longuement sur son intellect, son
cœur et sa volonté, avant de pouvoir réaliser quelque chose de beau en
lui. Les belles et grandes œuvres demandent beaucoup de temps et de
constance. L’homme ne peut compter que sur un intellect, un cœur et
une volonté bien éduqués. Il pourra alors compter aussi sur son corps,
sain et équilibré. C’est par un travail conscient que chaque individu bâ-
tit non seulement son propre bonheur, mais aussi celui des familles, des
sociétés, des peuples et de toute l’humanité.
Ainsi, la tâche auto éducatrice de l’homme implique aussi la néces-
saire coordination de ses organes et celle des forces de la nature. Il doit,
par exemple, savoir comment équilibrer la chaleur et la lumière en lui-
même. Quand la lumière diminue, la chaleur doit s’amplifier. Quand
cette dernière est déficiente, c’est la lumière qui doit croître. Par la pen-
sée, l’homme coordonne les énergies de la lumière ; par le cœur, celles
de la chaleur ; tandis que par la volonté, il équilibre les résultats reçus
de la lumière et de la chaleur. Ces règles vous demeurent encore incom-
préhensibles parce qu’elles sont théoriques. Elles doivent être mises en
pratique pour devenir claires et accessibles. Les élèves ne sont pas en
mesure de comprendre que l’hydrogène et l’oxygène peuvent créer de
l’eau, jusqu’à ce que leur maître en fasse devant eux la démonstration.
Pour devenir un bon scientifique ou un bon musicien, vingt ou trente
années d’un travail intensif sont nécessaires. Pour atteindre son idéal,
l’homme doit y consacrer énormément de temps, mais en poursuivant
cet idéal, il rajeunira, alors qu’il vieillira prématurément s’il renonce à

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

l’effort nécessaire à sa recherche. Efforcez-vous donc de parvenir à tout


ce qui est élevé et noble. Aspirez à atteindre l’Amour, la Sagesse et la Vé-
rité. La question n’est pas de comprendre l’Amour, mais de l’atteindre.
Si vous y parvenez, il vous instruira pour toute l’éternité. C’est ainsi que
s’explique le verset de l’Écriture : « Aime le Seigneur Dieu avec tout ton
intellect, avec tout ton cœur, avec toute ton âme et avec toute ta force. »
On peut en dire de même de l’homme. On peut l’aimer pour son intel-
lect, pour son cœur, sa volonté ou son corps.
Le corps de l’homme est fait à l’image et à la ressemblance du monde
divin. Comptez donc sur ce qui est déposé en vous. Soyez satisfait de
votre corps et ne dites pas qu’il vous déplaît. Nombreuses sont les
femmes qui se fardent pour paraître plus belles. Maquillez-vous, mais
avec le fard de l’amour ! Mais que ce fard de l’amour ne soit pas seule-
ment extérieur ; qu’il pénètre aussi tout le corps. Tout organisme créé
d’après les lois de l’amour se distingue par une forte résistance. L’intel-
lect, le cœur et la volonté d’un tel être fonctionnent correctement. Il n’y
a pas de force plus puissante dans le monde que l’amour qui travaille,
organise et engendre les choses. Lorsque l’amour visite l’homme, son
intellect, son cœur et sa volonté s’expriment dans une activité entière-
ment raisonnable.

Mon plus grand désir est de vous inciter à donner une nouvelle direc-
tion à votre vie. Mes paroles tendent à vous faire connaître les possibi-
lités nouvelles d’une énergie divine qui arrive sur cette terre et qui peut
réveiller vos forces et vos dons cachés.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Si vous recevez consciemment cette énergie de vie nouvelle, elle


contribuera d’une façon bienfaisante et constructive à votre développe-
ment. Mais si vous négligez de la suivre ou si vous ne l’utilisez pas jus-
tement, elle pourra produire des effets contraires et freiner votre évolu-
tion.
Je désire que se réveillent et se développent en vous les capacités, les
dons qui sont encore à l’état latent. Cette École les amènera à se mani-
fester graduellement, car s’ils s’activaient tous simultanément, il y au-
rait danger que vous passiez par de grandes souffrances. Tandis que par
l’étude et la mise en pratique, tous les éléments nécessaires à votre pro-
gression se construiront en vous, peu à peu et d’une manière ordonnée.
Dans la nature, deux éléments puissants, l’eau et le pain, sont en
rapport avec le physique ; l’air est en relation avec le système nerveux
tandis que la lumière influence la pensée. Le pain, l’eau et l’air sont
de l’énergie condensée. On peut même dire qu’ils constituent de la lu-
mière condensée. Et la lumière est la condensation de la pensée divine.
Vous devez apprendre à recevoir la lumière comme vous vous nourris-
sez du pain. Il faut que vous « mâchiez » la lumière, c’est-à-dire que vous
l’acceptiez consciemment en esprit pour capter la pensée divine qu’elle
contient. Alors, la clarté jaillira dans votre esprit, l’illumination viendra.
En entrant dans l’eau, remerciez ; remerciez aussi en en sortant.
En respirant, remerciez. Quoi que vous fassiez, remerciez ! Devenez
conscients de tous les bienfaits dont Dieu nous a comblés afin que per-
sonne n’ait à se plaindre. À notre époque, tout le monde se plaint… On
peut dire que l’homme vit au milieu des meilleures possibilités, mais

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

qu’il n’en profite pas en raison de son ignorance et de son asservisse-


ment au monde matériel. Nous pouvons vivre en Dieu ; mais si son Es-
prit ne pénètre pas en nous, nous demeurons insatisfaits.
Ce qui contribue à la connaissance, ce qui nous révèle le monde,
c’est la lumière. Et c’est par elle que vous entrerez en contact avec la
pensée divine, puisqu’elle en est la condensation.
La pensée divine est l’Amour divin condensé ; et l’Amour, c’est Dieu
manifesté.
Il faut que vous adoptiez l’Amour dans votre cœur. Là est sa place.
Au début, il sera impur : des désirs humains continueront à s’y joindre ;
en s’en libérant peu à peu, il permettra au Divin de se manifester à tra-
vers vous.
Vous devez considérer des notions essentielles : d’abord, vient la
nourriture, puis l’eau, l’air, la lumière, qui vous introduit dans la pensée
divine, puis l’Amour divin, et enfin Dieu qui contient tout ! Lorsque
vous serez suffisamment avancés dans ce processus, vous découvrirez la
beauté du monde supérieur et vous direz : « Il m’a été donné de voir
ce qu’aucun œil n’a contemplé. J’étais aveugle et maintenant, je vois et
je comprends pourquoi je vis. » On vous demandera : « Mais où est le
ciel ? » Vous répondrez : « Empruntez le chemin que j’ai suivi ! » C’est
cela que l’on appelle l’élargissement de la conscience.
On pourra alors m’attacher avec des chaînes ; je les ferai fondre au
feu de mon Amour !
La force de l’homme est dans l’accomplissement de la volonté divine.
Je dis : Dieu est en nous. Donnez-Lui la première place. Et même si
vous ne Lui donnez pas une place, vous vivez en Lui.

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

Réjouissez-vous de Dieu qui est en vous-mêmes, mais laissez-Le libre


de se manifester en vous. Dieu n’a jamais limité votre liberté. Il attend
seulement que vous ouvriez vos cœurs et que vous Lui donniez la possi-
bilité de se manifester à travers vous. S’Il est content de vous, vous aussi
vous serez contents de ses manifestations. Si vous ne l’êtes pas, Il s’éloi-
gnera de vous.
Nous voulons être libres ! - Gardez ceci en mémoire : Dieu est le seul
être qui respecte la loi de la liberté. Il ne s’impose jamais. Il travaille si
profondément en nous que nous ne pouvons jamais connaître sa voie.
Celui qui entre dans sa voie et perturbe son équilibre, le paiera cher.
Remerciez Dieu pour les joies et pour les souffrances. Remerciez-Le
pour les mauvaises et les bonnes pensées, pour la maladie et pour la
santé. Remerciez Dieu pour la pauvreté et pour la richesse. Remerciez-
Le pour tout. Appliquez son enseignement pour devenir forts.
L’Amour est le chemin de tous ceux qui vivent pour Dieu. Que
l’Amour qui est en vous soit la mesure de l’intensité de vie qui vous
habite. L’Amour résout toutes les contradictions. Sans lui, l’existence ne
peut pas s’harmoniser. L’Amour est la plus grande force au monde, mais
il doit être accompagné de la Sagesse et de la Vérité pour être utilisable
sur la terre.
La Sagesse est le plus haut sommet. Elle résout les antagonismes
entre le bien et le mal, qu’elle met tous deux au travail. Pour l’homme,
chaque jour doit être celui pendant lequel l’Amour et la Sagesse se ré-
vèlent et où la Vérité lui apprend à servir le Divin. Ce qu’il y a de plus

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ÉQUILIBRER LES FORCES DE SA VIE

difficile à acquérir, c’est la Sagesse divine. Des adeptes, des anges, des
dieux échouent lorsqu’ils se trouvent devant les épreuves de la Sagesse.
La Vérité est le plus grand orchestre qui dirige tout l’univers. La li-
berté découle de la Vérité. Dieu qui vit en nous, nous libère, mais nous
devons user justement de notre liberté.

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7
C O N T R AT S H U M A I N S
E T C O N T R AT S D I V I N S

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O
C O N T R AT S H U M A I N S E T C O N T R AT S D I V I N S

On n’a peut-être jamais signé tant de contrats,


tant de pactes que de nos jours. Mais peut-être
n’ont-ils aussi jamais été autant transgressés et
impitoyablement déchirés que de nos jours.
Cette violation des traités dans la vie privée des
particuliers, tout comme dans la vie interna-
tionale, est devenue un fait si courant qu’il a
fait perdre toute confiance dans cette manière
d’arranger les relations mutuelles d’homme à
homme, de pays à pays. On dirait que ces traités
ne sont plus que de simples bouts de papier que
l’on peut déchirer dès qu’on le juge à propos.
Il est vrai qu’il y a traités et traités. On ne
peut pas considérer les traités de paix conclus
entre les puissances belligérantes comme des
conventions volontairement et librement
consenties, parce que la signature des vaincus
leur a très souvent été arrachée de force, impo-
sée contre leur volonté. L’injustice de semblables
traités, la violence et la contrainte qui en consti-

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C O N T R AT S H U M A I N S E T C O N T R AT S D I V I N S

tuent la base, les rendent nécessairement éphémères. Il est évident que


ce n’est pas à l’extérieur qu’il faut chercher la force d’un traité, dans le
bout de papier sur lequel il est écrit, dans les signatures qui y sont ap-
posées, mais au-dedans, dans l’état conscient des parties contractantes,
dans leur probité, dans leur valeur morale.
Le traité, considéré du point de vue historique, a par lui-même
une origine sacrée. Dans la vie de l’humanité, il date des temps recu-
lés où la soi-conscience supérieure s’est éveillée en l’homme et que
la raison a commencé à agir en lui. Parce que dans la nature un vrai
contrat ne peut exister qu’entre hommes raisonnables, entre êtres d’une
conscience morale supérieurement développée. Et plus les êtres sont rai-
sonnables, plus leurs sentiments sont constants, plus leur valeur morale
est haute, plus est durable et sûr le contrat signé entre eux.
Dans les livres sacrés où, sous une forme symbolique, se trouve ex-
posé le développement de la conscience humaine, on parle également
de traités conclus entre Dieu et l’homme, entre Dieu et ses élus. En
d’autres termes, on y parle du lien conscient qui s’établit entre l’homme
à la soi-conscience éveillée et l’éternelle Source d’où découle sa vie.
Le traité entre Dieu et l’homme ou plutôt entre Dieu et une collecti-
vité d’hommes formant le « peuple choisi » est désigné, dans les Saintes
Écritures, par le joli mot de « alliance ». Il est dit, par exemple, dans
la Bible : « Le Seigneur Dieu fit alliance avec nous au mont Horeb. »
Ces paroles dites par les chefs spirituels du peuple israélite expriment
un acte de haute soi-conscience nationale, une claire connaissance de
sa prédestination, de sa mission historique. L’alliance dont on parle est

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C O N T R AT S H U M A I N S E T C O N T R AT S D I V I N S

la ligne directrice qui montre la voie principale dans laquelle se meut,


dans son ensemble, le développement du peuple dans l’accomplisse-
ment de ses tâches historiques. Elle détermine l’axe autour duquel se
meut toute la vie d’un peuple. Et si vous ouvrez l’Ancien Testament,
vous y verrez chronologiquement relatée, par une suite de symboles his-
toriques, la marche intérieure du développement du peuple israélite
dans l’accomplissement de sa mission historique. Vous y verrez men-
tionnés tous les égarements, toutes les hésitations, les reculs et les dévia-
tions qui l’ont éloigné de la grande ligne directrice tracée au commence-
ment même de la vie historique d’Israël. De même, l’apparition de tant
de prophètes qui, à un moment donné, étaient la vivante incarnation
de la haute conscience populaire toujours vivement attachée à ce que
les patriarches avaient légué au peuple d’Israël, n’est rien d’autre que
l’effort intérieur de l’âme de ce peuple d’éviter les fatales déviations et
de revenir à la ligne directrice fondamentale qui le mènerait droit à ses
buts sacrés. Reliez entre eux, comme des points vivants, les prophètes
d’Israël depuis les tout premiers temps de sa vie historique jusqu’aux
derniers, et vous aurez la ligne fondamentale que suit son développe-
ment. Mais pour en arriver là, il faut comprendre autrement le livre si
profondément symbolique et ésotérique qu’est la Bible. S’il n’est consi-
déré que comme un recueil de naïves légendes, de mythes, de fragments
concernant certains faits historiques, il va sans dire qu’il restera néces-
sairement un livre scellé de sept sceaux.
Mais notre but ici n’est pas d’interpréter ésotériquement la Bible.
Nous voulons simplement faire voir comment est née la plus haute

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C O N T R AT S H U M A I N S E T C O N T R AT S D I V I N S

forme de traité qui existe au monde : l’Alliance entre Dieu et l’homme.


Tous les autres traités ne sont que le résultat de cette première et divine
forme. Et en vérité, il n’y a pas d’acte plus sublime au monde que de
conclure un traité, une alliance avec Dieu. Ce n’est pas un acte tem-
poraire semblable aux traités des hommes et dont il ne reste rien. Ce
contrat est un processus éternel, ininterrompu, qui s’accomplit à
chaque instant entre l’auguste principe de la vie et l’âme humaine. C’est
un pacte qui se renouvelle éternellement. Et tant que l’homme reste
fidèle à cet engagement intérieur, tant qu’il reste fidèle à sa sainte al-
liance, tant qu’il a un haut idéal auquel il aspire, il peut toujours nour-
rir l’espoir d’atteindre ses buts sacrés. Quelque pénibles que soient les
circonstances dans lesquelles il se trouve, quelles que soient les épreuves
auxquelles il est exposé, s’il garde l’alliance intérieure contractée avec
Dieu dans la profondeur de son âme, il vaincra en fin de compte et re-
cevra ce qui lui a été promis. Et quand on dit que l’homme sera jugé,
on comprend qu’il sera soumis au jugement à cause de ses infractions
au contrat intérieur qui constitue le fondement de sa vie consciente.
Ainsi, le pacte conclu entre l’homme et Dieu est un acte de haute
conscience de soi. Celui qui veut s’élever dans le monde doit avoir un
contrat, une alliance avec l’auguste Principe de la vie. C’est uniquement
par cette alliance, c’est uniquement par cette union consciente avec le
Grand dans la vie qu’il peut acquérir ses qualités et atteindre son but
suprême. S’il ne se lie qu’au travers des contrats humains, il doit s’at-
tendre aux pires désillusions. Mais s’il veut conclure un traité durable
qui demeure dans les siècles, qu’il fasse une sainte alliance entre son

147 Retour au sommaire


C O N T R AT S H U M A I N S E T C O N T R AT S D I V I N S

âme et la Source suprême d’où elle a reçu la vie, et que profondément


dans sa conscience il renouvelle perpétuellement cette sublime union.
Ce que nous venons de dire pour chaque homme en particulier, se
rapporte également à chaque peuple. Un peuple veut-il consciemment
remplir sa prédestination historique ? Il faut avant tout qu’il contracte
une sainte alliance avec Dieu. Ainsi uni à Lui, il aura la révélation de la
direction fondamentale qu’il doit suivre et il échappera aux errements
qui le détournent de ses devoirs. Chez chaque peuple, il y a eu des indi-
vidus distincts qui ont été les vrais porteurs de sa soi-conscience et qui
lui ont fait connaître sa véritable prédestination historique. Et si, au tra-
vers du bruit confus soulevé par ses chefs politiques non initiés, il prête
attentivement l’oreille à la voix de ceux qui lui révèlent son avenir, il
deviendra un peuple véritablement conscient de lui-même. Jusqu’alors
il n’est qu’une masse toujours en butte aux souffles du dehors et ses
chefs politiques, ignorants de sa vraie mission historique, ne peuvent
que gaspiller son énergie ; car si l’on y regarde sérieusement, on voit que
son âme est loin d’eux, qu’elle leur est étrangère. L’auguste Principe de
la vie qui travaille à présent chez tous les peuples, les invite à faire un
nouveau contrat, une nouvelle alliance. Cette nouvelle alliance est l’al-
liance de l’Amour Divin qui unira tous les hommes en une admirable
fraternité.

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8
L E S É TAT S H U M A I N S
E T L E S É TAT S D I V I N S

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S
L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Sur la terre, celui qui a faim va au restaurant,


il commande un bon repas et ensuite il paie l’ad-
dition. Il en est de même dans les restaurants du
monde invisible. Il faut payer une addition pour
le repas. Vous direz que dans le monde divin
tout est gratuit. C’est vrai et comme on donne
tout gratuitement, de la même manière on paie
gratuitement, mais dans le monde divin, il n’y a
pas d’argent.
Sur la terre, si tu n’as pas d’argent pour
payer ton repas, tu resteras pour travailler dans
le restaurant : tu couperas des oignons, tu fe-
ras la vaisselle, tu mettras la table. Si tu n’as
pas d’argent tu travailleras pour en gagner. De
même, si tu ne comprends pas le sens de la vie
tu dois réfléchir, méditer.
Qu’est-ce que la méditation ? Un lien avec le
monde divin.
En méditant, l’homme éprouve quelque chose
de sublime. Il passe dans un monde supérieur.

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Un disciple doit apprendre à distinguer les états divins des états hu-
mains. À tout état humain correspond une expression intérieure. Par
exemple, un homme est assis sur une chaise et il remue ses jambes ou
quelqu’un parle en remuant les bras : ce sont des états humains. Tant
qu’il est vivant, l’homme est constamment en mouvement. C’est ce
mouvement qui le distingue de celui qui est mort. Un cadavre ne bouge
plus et plus le temps passe, plus il se décompose et sent mauvais, ce qui
indique qu’il est prêt à devenir une nourriture pour les vers.
Dans les états divins, l’homme ressent une certaine satisfaction,
et dans les états humains, un mécontentement. Donc, si tu es gai et
content, tu éprouves un état divin, et si tu n’es pas content ton état est
humain.
Quelle est la pensée principale du chapitre huit de l’évangile selon
saint Jean ? Vous direz qu’il y a plusieurs pensées principales dans ce
chapitre. Non, dans chaque chapitre il y a une seule pensée principale.
Les autres sont regroupées autour d’elle et œuvrent pour l’enrichir.
On reconnaît la pensée principale facilement car c’est elle qui ap-
porte la vie à toutes les autres.
La valeur d’une allumette provient du fait qu’elle peut être allumée et
produire de la lumière.
Tu dis : « Aimons-nous ! » - Pour aimer tu dois vivre un état divin.
Pourrais-tu manger si tu n’avais pas de bouche ? Comme tu ne peux pas
manger sans bouche, de même tu ne peux pas aimer si tu n’éprouves
pas quelque chose de divin. L’amour ne se manifeste qu’à travers les
états divins. Si tu as une gueule de loup, tu mangeras comme un loup.
Pour manger comme un homme il faut avoir une bouche humaine.

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

On peut expliquer cela d’une autre manière : pour manifester


l’amour il faut vivre dans un état divin. Tu ne peux pas connaître
l’amour si tu te comportes comme une brebis ou comme un loup. Ces
comportements ne sont bons que pour les brebis et les loups. On exige
de l’homme qu’il adopte le comportement humain d’un homme juste
et raisonnable.
Pour connaître et manifester la force de l’amour divin, il ne suffit pas
d’être un homme, mais il faut être raisonnable et vivre dans un état di-
vin. Sans cet état d’être intérieur, tes performances seront médiocres,
comme celles d’un homme ordinaire.
Comment définir en quelques mots l’état divin ?
Vous croyez savoir ce qu’il représente, mais vous pouvez vous trom-
per. En cela, vous ressemblez à un homme qui est sûr d’avoir de l’argent
dans sa bourse. Il la touche et en la sentant pesante il se dit qu’elle est
pleine d’or. Vous entrez dans un restaurant très chic, vous commandez
un bon repas, mais lorsque vous devez payer vous vous rendez compte
que vous vous êtes trompé : les pièces ne sont pas en or mais en cuivre.
Le maître d’hôtel vous sourit et vous dit : « Monsieur, cet argent n’a
aucune valeur. »
Que feriez-vous si vous entriez dans un restaurant angélique en dispo-
sant de cet argent ? Pouvez-vous vous justifier du fait que vous n’enten-
dez pas le langage des Anges. Le maître d’hôtel vous jettera un coup
d’œil puis un sourire et vous dira : « Monsieur, c’est l’argent qui parle
ici. Peu importe que vous ne compreniez pas le langage des Anges. »
Quelques-uns pensent que s’ils connaissaient le langage divin, leurs af-

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

faires réussiraient. Ils peuvent connaître le langage divin, mais si leur


monnaie est fausse, ils ne pourront rien obtenir. Vous direz que ce n’est
pas votre faute car vous n’avez pas vérifié votre monnaie. En vérité vous
n’avez pas vérifié votre monnaie, mais votre conscience doit être éveillée
pour tout savoir, pour connaître exactement les moyens dont vous dis-
posez.
Comment peut-on voir si un homme éprouve un état divin ? Il est
concentré, recueilli.
S’il est assis sur une chaise, il ne bouge presque pas, ses mains et ses
jambes sont immobiles. Dans cet état, le monde raisonnable se révèle à
lui.
Jusqu’à présent, vous étiez sourd à ce monde, mais maintenant, vous
entendez des choses merveilleuses et vous commencez à comprendre le
but et le sens de la vie. Après un certain temps, vous perdez cet état et
vous dites : « Ce que je viens de vivre, est-ce vrai, ou est-ce un rêve, est-ce
la réalité ou une illusion ? »

Tant que tu es plongé dans un état divin, tu as une approche réa-


liste de la vie ; si tu tombes sous l’influence d’un état humain, tu com-
mences à douter de tout.
Si tu es dans un état humain, tu deviens avare ; si le divin s’empare
de toi, tu deviens généreux.
Dans l’état humain tu es paresseux, dans l’état divin tu es laborieux,
éveillé.
Dans l’état divin, tu es constamment en prière.

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Quelle que soit la durée de ta prière, tu ne t’ennuies pas ; dans l’état


humain tu pries peu et tu trouves que tu as longtemps prié. Dans l’état
humain tu es toujours mécontent et tu cherches le salut au dehors ;
dans l’état divin tu es content de tout et tu cherches ton salut au de-
dans.
L’état divin est semblable à une source, dans laquelle l’homme puise
constamment.
Comment pouvons-nous prier comme il faut ? Quand vous aurez ces-
sé de penser de façon humaine, quand vous vous serez libérés des sug-
gestions négatives qui limitent votre conscience.
Il n’est pas possible de devenir parfait de manière mécanique. De
cette façon tu seras tourmenté et tu n’acquerras rien. C’est un état hu-
main. C’est comme si tu entrais dans le restaurant sans argent. Si tu
n’as pas d’argent tu ferais mieux de ne pas aller au restaurant. Si tu t’y
trouves déjà, tu demanderas un travail quelconque pour payer ton dé-
jeuner.
Si tu entres dans le restaurant du royaume de Dieu, tu dois travailler,
c’est la règle. Après un certain temps, on te dira : tu as suffisamment
travaillé pour le repas que l’on te donne.
Donc la vie a deux faces : l’une est humaine et l’autre divine. Il est
raisonnable de chercher à imiter le divin. Il ne faut jamais imiter ce qui
est humain.
Il est essentiel pour chacun de distinguer l’état humain de l’état di-
vin. Et tout en effectuant cette distinction, on doit s’efforcer de vivre au
moins un état divin par jour. Si tu éprouves un état divin, cela signifie
que tu as acquis un immense trésor.

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Si tu n’as pas obtenu cet état, ta journée est perdue, même si tu as


travaillé et prié tout le temps.
Les jours les plus importants de notre existence sont ceux pendant
lesquels nous avons éprouvé quelque chose de pur, de lumineux, de su-
blime, de subtil, de grandiose, de divin.
Pendant le temps de sa communion avec le divin, le disciple établit
des liaisons intérieures avec le principe raisonnable de toute vie.
Tu dis : « Cela fait déjà dix ans que je marche sur le bon chemin. »

Si chaque année tu as vécu un état divin, pour dix années cela fait
dix états. C’est un capital énorme ! Néanmoins, il est désirable et cor-
rect d’éprouver chaque jour un état divin. Donc, pour une année, tu
auras 365 états divins et pour dix années : 3.650. Pouvez-vous vous ima-
giner le capital dont vous disposez ?
Une nouvelle compréhension est nécessaire aux humains. Je parle
pendant des heures à quelqu’un et après il dit : « J’ai tout compris, mais
je ne comprends pas comment il est possible de vivre sans argent. »
C’est vrai que l’on ne peut pas vivre sans argent, mais cela dépend dans
quel monde tu vis : dans le monde humain ou dans le monde divin. Si
tu vis dans le monde divin, tu entreras dans un jardin rempli de pom-
miers et tu pourras librement cueillir autant de pommes que tu vou-
dras, sans donner d’argent. Mais tu auras une chose à faire : tu dois
écouter le langage du pommier. Il te dira : « Si tu sais comment les man-
ger, prend autant de pommes que tu le souhaites. » Ensuite, tu iras dans
une prairie où les vaches vivent en liberté ; tu en choisiras une, tu la

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

trairas et tu te nourriras. La vache ne te demandera pas d’argent, mais


te dira : « Si tu sais comment boire le lait, tu peux librement me traire
et remercier. » Tu t’arrêteras devant une rivière, tu jetteras ton filet et tu
pêcheras quelques poissons. Le poisson non plus ne te demandera pas
d’argent, mais il te dira : « Si tu sais comment me cuire et me manger,
tu as le droit de me pécher. »
Méditez cela : « Tout processus qui contient en lui-même quelque dé-
faut est humain. »
Si tu réfléchis sur une question et que quelque chose de faux apparaît
dans ta pensée, cela signifie que tu es dans le processus humain. Tu dois
alors travailler toute la journée avec ta pensée pour passer dans le pro-
cessus divin, pour acquérir un état d’être divin. Cela peut se produire le
matin, le midi ou le soir : l’homme ne sait pas quand il passera de l’état
humain à l’état divin.
Celui qui expérimente les états divins se libère instantanément de
toutes les limitations de la vie inférieure.
Tant que tu penses que l’on ne peut pas vivre sans argent tu es dans
les conditions limitatives. Tu ne peux pas travailler spirituellement, ni
prier.
Si tu dis que l’on ne peut pas vivre sans argent, tu es un homme ordi-
naire. Le fils du roi n’a pas besoin d’argent ! Partout où il passe, tous
disent : « Le fils du roi vient ! » On a proclamé au peuple que le fils
du roi doit partout avoir le libre accès et qu’il peut librement jouir des
biens de la nature. Donc, si tu dis que sans argent on ne peut pas vivre,
tu es un homme ordinaire, on n’a rien proclamé au peuple pour toi. Si

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

tu dis que sans argent on peut vivre, tu es un fils de roi, pour toi toutes
les portes sont ouvertes.
J’ai entendu beaucoup de personnes dire que l’on peut vivre sans
argent, mais ensuite elles me demandent de l’argent. À celles-là, je dis :
« Comme tu peux te passer d’argent, j’irai avec toi. » Tu es un fils du
roi, il est bon d’aller avec le fils du roi pour être reçu partout et que l’on
nous donne à manger.
Aujourd’hui, vous avez beaucoup de problèmes à résoudre. Ces pro-
blèmes sont nécessaires pour que vous vous décidiez à acquérir un état
d’être divin.
Si vous y réussissez, tous vos problèmes seront résolus et vos affaires
seront bénéfiques. Si chaque jour, vous éprouvez un état divin, vous fi-
nirez bientôt votre tâche sur la terre et vous partirez pour l’autre monde.
Personne ne saura que vous partez. Vous partirez comme le rayon de
soleil qui passe et disparaît. Dans l’autre monde vous travaillerez calme-
ment et sans bruit comme un chariot rempli. Un chariot vide se déplace
avec beaucoup de bruit et de grincements, sans faire aucun travail.
Comment l’homme peut-t-il aspirer à l’état Divin ? Pour que l’état
divin s’installe en toi, tu dois triompher de l’influence de ta personna-
lité inférieure. Si pendant la méditation tu bouges, tu touches ton nez,
ton oreille, tu remues tes bras et tes jambes, cela montre que tu n’as pas
atteint l’état divin. Si tu touches ton nez et ton oreille, c’est que tu as
besoin de sagesse ! Si tu bouges la bouche, c’est l’amour qu’il te faut ! Si
tu agites tes bras, c’est la vérité qu’il te faut ! Si tu touches tes cheveux
c’est que tu as besoin de lois et de règles de conduite. Tu interprèteras
toutes ces choses pour acquérir la connaissance.

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Pour le petit déjeuner, la mère prépare tout pour son enfant : du


pain, du lait, de la confiture etc. Elle réveille son enfant en caressant
légèrement sa tête et lui dit que le petit déjeuner est prêt. Si elle ne le
caresse pas, elle ne le prédispose pas et il va pleurer, sinon il se lève tout
de suite et se met à manger.
Il arrive souvent que vous réveilliez vos enfants sans avoir rien pré-
paré pour eux. Tout cela ne se produit pas uniquement dans le monde
physique, mais également dans le monde spirituel. Il ne suffit pas de
dire à l’enfant de se lever, il faut lui préparer le repas. Si tout est pré-
paré, l’enfant et la mère seront contents.
Quelqu’un dit : « Il y a dix ans que je suis cette voie, mais je n’ai rien
acquis. » Retenez cela : « Si au cours de l’année tu n’as pas vécu un seul
état divin, cette année est perdue ; si pendant un mois, tu n’as pas expé-
rimenté au moins un état divin, ce mois est perdu ; si au cours de la
semaine tu n’as pas acquis un seul état divin, cette semaine est perdue ;
si pendant la journée, tu n’as pas vécu un seul état divin, la journée est
perdue. Enfin, si au cours de tout un siècle, tu n’as pas vécu un seul
état divin, ce siècle est perdu.
Il y a des périodes pendant lesquelles Dieu s’éloigne de l’homme. Si
au cours d’une telle époque, au moins jusqu’à la fin de ta vie, tu n’expé-
rimentes pas un seul état divin, ta vie est perdue.
Le plus grand pécheur lui aussi peut vivre un état divin. On dit d’un
tel homme qu’il s’est converti à Dieu.
Il suffit que tu fasses une seule fois l’expérience d’un état divin pour
ensuite pouvoir attirer plusieurs êtres vers Dieu.

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Beaucoup de gens rejettent cette idée du travail spirituel en disant :


on verra. Mais les problèmes ne se règlent pas seulement en regar-
dant. En entrant dans un restaurant que préfères-tu que l’on te dise ?
« Mets-toi à table et mange bien » ou « On va voir si l’on peut te donner
quelque chose. » En regardant seulement, tu ne pourras pas assouvir ta
faim. Les choses doivent être réalisées d’une manière concrète ce qui
veut dire que tu dois bien manger.
L’estomac ne sera pas satisfait si tu te contentes seulement de regar-
der, il faut lui donner quelque chose de réel. Vivre dans un état divin
cela signifie que ta bourse est pleine. Je suis pour que la bourse soit
pleine. Avec une bourse pleine, tu peux facilement entrer dans un res-
taurant et bien manger. Le Christ est venu sur la terre avec une bonne
bourse pleine. Une bourse remplie est semblable à une source d’eau
courante et désaltérante.
Autour d’elle les humains se rassemblent et parlent. Que font-ils
quand ils se trouvent devant une source tarie ? Ils parlent d’elle : par qui
elle a été découverte, à quelle époque, quel était le nombre des arbres
situés aux alentours ! Mais cette conversation ne leur est pas utile car ils
ont soif.
Ils regardent la source tout en espérant que l’eau va jaillir. Après un
certain temps, un homme pauvre et de bonne foi arrive, lui aussi a soif.
Il met sa bouche sur la source mais tout le monde lui dit : « Tu es fou !
Ne vois-tu pas que la source est tarie ? » Mais il ne les écoute pas et
continue à mettre sa bouche sur la source et celle-ci se met alors à cou-
ler. Si tu mets ta bouche sur la source tarie et qu’elle ne se met pas à

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

couler, quel homme es-tu alors ? C’est de la foi que l’homme a le plus
besoin. Mais pas de n’importe quelle foi, la foi qui apporte l’abondance
à tous les êtres.
Si tu doutes de la véracité de mes paroles, mets ta bouche sur la
source et tu éprouveras par toi-même la puissance de la foi.
Tu dis : « Moi, j’ai une foi forte » - Tu dois avant tout l’éprouver. Si la
source tarie se met à couler, ta foi est forte. C’est cela l’état divin. Dans
cet état la source tarie se met à couler. Pour le divin tout est possible.
Là, même les choses impossibles deviennent possibles.
Dans l’état divin, la source tarie se met à couler et tout le monde est
sauvé : les hommes, les animaux et les plantes. C’est cela que nous appe-
lons l’incarnation du Christ sur la terre. Quand il est venu sur la terre,
le Christ a appris aux humains comment étancher leur soif, comment
faire couler la source de la vie.
Quand on parle de l’arrivée du Christ, certains demandent : « Est-
ce que nous sommes dignes de le rencontrer ? Est-ce que nous sommes
dignes de boire de son eau et de manger de son pain ? - Les humains
sont bizarres ! Si tu as soif, tu es digne de boire de l’eau ; si tu as faim,
tu es digne de manger du pain. Si l’eau et le pain sont venus devant toi,
cela démontre que tu as été obéissant, sinon, ni l’eau ni le pain ne vien-
dront auprès de toi.
La plupart des humains attendent la venue du Christ d’une manière
mécanique. En réalité, c’est un processus interne. C’est comme si vous
disiez que l’on ne peut pas vivre sans argent. Tant que les humains ne
regardent que le côté extérieur de la vie, ils ne penseront qu’au pain, à

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

l’argent, aux maisons, etc. Si ces choses-là sont indispensables au point


qu’on ne puisse pas s’en passer, comment expliquer alors que ceux qui
ont et l’argent et les maisons, manquent toujours de quelque chose ?
Vous avez tout, mais pourtant il vous manque toujours quelque chose.
Vous direz que vous devez vendre tous vos biens, donner tout aux
pauvres et suivre le Christ.
À qui donnerez-vous vos biens ? D’après moi, tu dois les donner à
un homme juste. Si tu les donnes à un pécheur, qui n’en fera pas un
bon usage, tu n’acquerras rien. Donneras-tu tes biens aux loups ? Ceux-
là sont des hommes criminels, des pécheurs. N’est-ce pas celui qui est
affamé qui en a besoin et non pas celui qui est rassasié ? Celui qui a
faim et soif de la vérité est un homme dont la conscience est éveillée et
en qui l’âme est vivante. Si vous désirez aider quelqu’un, vous cherche-
rez des hommes dont l’esprit et le cœur sont clairs. Ce sont ceux-là que
l’on doit aider.
Maintenant vous dites : « Nous avons vécu telle expérience, nous
connaissons les états divins. » - Je me réjouis de votre expérience, mais
elle ne dure qu’un seul jour. N’en restez pas qu’à l’expérience d’un seul
jour, car chaque jour cache ses propres possibilités.
Quand l’homme acquiert quelque chose de spécifique, les autres
disent : « Cela lui suffit. » À mon avis, vous n’avez pas le droit de parler
de cette manière. Si un homme n’a vécu qu’un seul état divin, je trouve
que cela ne suffit pas, car je trouve qu’il est normal de chercher à établir
un contact avec le monde divin, tous les jours. « Et pourquoi ? » - Parce
que chaque jour est divin. Donc, le chemin du développement spirituel
consiste en cela.

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Il y a quelques jours, j’écoutais des frères parler des œuvres divines.


Comme je constatais qu’ils se trompaient en beaucoup de choses, je
leur ai dit : « Ce sont des points de vue religieux, ne vous trompez pas. »
Si tu dis que tu aimes Dieu sans l’aimer également dans tous les hu-
mains, quelle compréhension en as-tu ?
Si tu te trouves devant une source tarie et qu’en y mettant ta bouche
elle ne se met pas à couler, le Christ ne peut pas t’aider. Lorsque le
Christ est présent et t’aide, toutes les sources coulent.
Si l’amour ne coule pas en toi, cela montre que le Christ n’a pas
touché ta source tarie. Et si tu n’as pas une pensée claire, le Christ n’a
pas visité ton intellect tari. Donc, à partir de chaque épreuve de la vie,
tu dois t’efforcer de t’élever vers un état divin. Tu dois transformer les
épreuves en lumière pour te libérer de toutes les contradictions. Pour
cela tu dois te détacher de certaines choses négatives, dépoussiérer tes
vêtements, les laver pour que la boue disparaisse. C’est le chemin du
développement humain.
Ne dites pas qu’en méditant beaucoup, vous acquerrez beaucoup. Il
est très difficile de méditer correctement quand tu n’as pas d’amour.
Tout le secret de la méditation est dans la puissance de l’amour. Il est
très difficile de travailler sans amour. Si tu travailles du matin au soir
avec amour, tu rentreras chez toi joyeux, car tu auras bêché ton propre
champ.
Là où il n’y a pas d’amour, c’est le bâton qui frappe sur le dos, sur
les bras, sur les jambes. Comme tu ne comprends pas le rôle du bâton,
tu dis : « La vie est difficile. » Vous vous demandez quel enseignement

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

le Christ a prêché et en même temps, vous dites : « Pourquoi le Maître


nous a-t-il chargé de ce travail ? On pourrait s’en passer. »
Quand l’enfant vient de naître, peut-il se passer de linge ? Les petits
oiseaux qui viennent d’éclore ont-ils besoin de linge ? Je me demande
d’où est venue, chez les humains, cette pensée du linge.
L’enfant n’a besoin ni de sage-femme ni de linge. Est-ce que les oi-
seaux éclosent avec une sage-femme ? Et maintenant, quand un enfant
naît, il est indispensable que plusieurs accoucheuses soient présentes.
C’est une déviation. Si les humains marchaient dans la bonne voie, ils
passeraient une bonne vie.
Et maintenant pour que naissent une pensée, un sentiment ou une
action, tu dois toujours être assisté par une sage-femme. Ensuite, tu dois
les habiller et les porter dans une poussette. C’est bien.
Cela existe aussi sur le chemin initiatique du développement inté-
rieur. Mais cette compréhension a ses limites. Tu peux les bercer une
ou deux années, mais après ils doivent descendre du berceau et marcher
par eux-mêmes. Un jour arrivera où ils n’auront plus besoin de linge ni
de berceau : ce sera l’état divin.
Quand on parle du monde, certains disent qu’il est bien fait et
d’autres pensent le contraire. Cela dépend du point de vue, de la com-
préhension de chacun. Pour celui qui a acquis l’état divin, le monde est
bon ; pour celui qui ne l’a pas acquis, le monde n’est pas bon. Vivre des
états divins signifie que tu as acquis la clé de la bonne compréhension.
Le Christ dit : « Moi, je suis la voie, la vérité et la vie. » Essayez d’in-
terpréter cette parole suivant le langage contemporain. « Moi, je suis la

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

voie », signifie : c’est moi qui pense. On commence par la sagesse. Le


Christ parle de la vie, mais non pas d’amour. On dit que l’amour fait
naître la vie. Donc, le Christ parle de ce qui est sorti de l’amour.
« Quand la sagesse définit-elle la voie ? » Il est important de com-
prendre que sans la sagesse, il n’y a pas de voie. Vous devez être intelli-
gent, vous devez avoir la sagesse pour découvrir le chemin qui mène à la
vérité.
« Moi, Je suis la voie, la vérité et la vie. » La vérité est au milieu, au
centre. Le Christ parle de la vérité et non pas de la liberté. Pourquoi ?
Parce que la vérité gouverne la vie et la voie. Vous devez nourrir en vous
le désir que la vérité gouverne votre chemin de vie. Vous devez chaque
jour, chaque semaine acquérir un état divin. Que gagnez-vous au moyen
du travail spirituel que vous effectuez ici ? Aujourd’hui, c’est la hui-
tième semaine de travail. Vous devez éprouver au moins un état divin
par semaine. Si vous avez chaque jour un pareil état, alors 8 x 7 = 56
est le nombre d’états divins que vous auriez du vivre. Je suis certain à
100% que vous n’avez pas ce nombre. Si vous viviez un état divin par
semaine, pour huit semaines cela ferait huit états divins accessibles pour
l’homme. Un Saint peut en avoir plus, disons un par jour.
Quel est votre état aujourd’hui ? Comment distingue-t-on l’état d’être
divin ? Si au cours de cette année, vous vivez chaque jour un état divin,
je promets de construire à chacun de vous une belle maison et de vous
donner une rente de 10.000 Lévas. Il est très important que chaque jour
vous fassiez l’effort de vivre un état divin. Si vous ne pouvez pas faire
cela, alors c’est vous qui paierez. Alors passons un contrat...

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

Dans les œuvres divines, c’est l’expérience qui est le plus important.
Si vous acquérez chaque jour un état divin, vous aurez 365 états divins
par an. C’est un capital énorme avec lequel vous pouvez tout réussir. Si
on n’acquiert pas d’états divins, la vie se déroule difficilement, c’est la
grande pauvreté qui vient. C’est vous qui provoquez la pauvreté d’une
manière artificielle. Adam a péché et en une journée, il s’est retrouvé
nu. C’est le matin qu’il a péché et qu’il est devenu nu et ensuite il s’est
caché. Le soir Dieu est venu le chercher. Il a perdu sa richesse, quelque
chose d’important dans la vie. En devenant pauvre, il n’était plus ca-
pable de travailler dans le jardin. Dieu a chassé Adam et Ève et il a mis
d’autres ouvriers dans le jardin du paradis. C’est de cette manière qu’ils
sont devenus pauvres.
Vous demandez : « Où vont les Saints ? » - Ils vont au paradis pour y
travailler. Vous tous êtes des candidats au paradis. C’est une bêche qu’il
vous faut. Il est écrit : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon
Père. » Le paradis est là où il y a beaucoup de maisons et de jardins. Le
paradis est un grand jardin : le monde entier. Il y a de la place pour tout
le monde. On a donné à chacun une place pour qu’il la travaille lui-
même. Pour cela on exige de chacun qu’il provoque en lui un état divin.
On ne vous demande pas de créer un état divin mais de l’inviter, de le
laisser s’installer en vous. L’esprit vient chaque matin et le disciple doit
l’accueillir. Tu dis : « Dieu ne sait-il pas de quoi nous avons besoin ? »
Dieu le sait, mais toi aussi tu dois le savoir. Il est important pour toi
de savoir comment servir Dieu. Si tu sers Dieu, tous tes besoins sont
satisfaits, quels qu’ils soient. Tu ne seras ni affamé, ni pieds nus. Si tu

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

sers Dieu, ta vie va s’améliorer. Servez Dieu et ne pensez à rien d’autre.


Les banquiers ont de l’argent, ils vous en donneront. Pourquoi souriez-
vous ? Je souris toutes les fois que quelqu’un veut me convaincre de ce
qui n’est pas. Mais pour moi cela ne marche pas.
Si je souris, tu dis : « Le Maître ne me prend pas en considération. »
Mais quand l’homme fait la volonté de Dieu, je le regarde d’une ma-
nière particulière. Il y a un sourire par lequel je veux dire que ce dont
on me parle ne prend pas pour moi. Il y en a un autre qui montre que
tout est en ordre. Quand il s’agit du premier sourire je sors de mon por-
tefeuille toutes les monnaies de cuivre.
Autrement dit : quand tu passes devant un four qui contient du
pain chaud, sors de ton sac le pain rassis, jette-le et mets à sa place deux
pains frais.
Tu diras que c’est honteux. - Est-ce que c’est honteux de demander
au boulanger du pain frais et est-ce que ce n’est pas honteux de porter
dans son sac du pain rassis ? Si tu passes devant une fontaine, déverse
l’eau de ta cruche et remplis-là d’eau fraîche. Celui qui vide sa cruche
a le droit de la remplir ; celui qui peut vider son sac du pain rassis a le
droit de le remplir de pain frais.
Retenez bien ceci et méditez : l’état le plus important dans l’homme,
c’est l’état divin. Il n’y a pas d’état plus important que celui dans lequel
on arrive à être en harmonie avec Dieu.
Nous, les humains contemporains nous ressemblons à un enfant
qui pleure tout le temps. Sa mère le réveille, il ouvre ses yeux et il com-
mence à pleurer. Sa Mère et son Père essayent de le consoler mais il

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L E S É TAT S H U M A I N S E T L E S É TAT S D I V I N S

ne cesse de pleurer. Le Père prend alors la baguette et devient un chef


d’orchestre.
Vous aussi quand vous pleurez, beaucoup viennent pour vous conso-
ler mais votre mécontentement ne s’arrête pas. Par contre, lorsque la
baguette s’agite, toutes les affaires sont réglées. Tu dis : « Je suis un par-
fait imbécile. » - N’attends pas que ton Père arrive avec le bâton. Quand
ton frère vient, va avec lui. Si ton petit frère vient, va avec lui également.
Prends ton livre et commence à lire. – « Je ne veux pas lire » - Alors va
dans le vignoble pour le bêcher. Mais lève-toi ! Tu as une amie, rends lui
visite. Tu ne veux pas cela non plus et en fin de compte, qu’arrivera-t-il ?
Le bâton de Dieu. Il est très joli parce qu’il est sorti du paradis. Mais
c’est tout de même mieux s’il ne se manifeste pas. Pour l’homme juste,
il ne se montre jamais, mais pour le pécheur, si. La menace est une loi
d’équilibre pour tous ceux qui dévient de la bonne voie et ne veulent
pas travailler. La menace, la souffrance, c’est le chemin vers l’amour di-
vin.
Si l’état de Dieu ne vient pas, on ne peut s’attendre à aucune bonne
pensée, à aucun progrès réel. Si les affaires de ceux qui sont religieux
ne fonctionnent pas, c’est parce qu’ils ne travaillent pas pour l’établisse-
ment d’états divins en eux. Ils veulent tout réussir d’une manière méca-
nique.
On exige beaucoup de travail de chacun de vous. Combien d’états
divins sont vécus pendant la nuit et cela consciemment ?

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9
LES IDÉES HUMAINES
ET LES IDÉES DIVINES

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L
LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

L’idée qui organise les hommes en unités col-


lectives (familles, sociétés, nations) est une idée
purement biologique. C’est la vie qui organise
les hommes. Où il y a vie, il y a organisation : ce
qui est vivant s’organise, les unités biologiques,
les êtres, s’organisent. Les parties d’une machine
ou d’un appareil ne peuvent pas s’organiser : on
ne peut que les joindre et les ajuster. Les méca-
nismes contrairement aux êtres vivants, ne sont
pas le résultat d’un processus organique. Ils sont
le résultat d’une juxtaposition, d’un agence-
ment et d’un ajustement mécaniques. Une fois
assemblés, ils restent tels qu’ils sont, sans pou-
voir ultérieurement ni grandir ni se développer.
Les sociétés, les nations ne sont pas des méca-
nismes, parce qu’elles naissent, croissent et se dé-
veloppent d’après des lois purement biologiques.
Et dès que certaines organisations humaines
commencent à décliner, cela montre que la vie
est en train de les quitter et qu’elles sont entrées
dans un processus mécanique.

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LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

Voilà pourquoi, lorsque nous parlons de ce qui s’organise, nous sous-


entendons la vie. Et si la vie fonctionne régulièrement, le processus de
l’organisation marche aussi de cette façon. Comme chaque processus
vital, celui de l’organisation a aussi son expression. L’expression de l’or-
ganisation régulière chez l’homme, c’est la santé et la force, ce sont les
sentiments harmonieux et bien équilibrés, c’est la pensée juste. Voilà le
critérium dont se sert la nature pour établir de quelle manière s’accom-
plit le processus de l’organisation, tant en l’homme pris comme indi-
vidu que dans les sociétés.
Partant de ce critérium fondamental, on peut dire qu’autant chez
l’homme d’aujourd’hui, que dans les sociétés contemporaines, ce pro-
cessus ne marche pas normalement. Les nombreuses maladies qui
torturent l’humanité, la courte durée de la vie - si l’on prend 120 ans
comme limite d’âge d’une longue vie humaine - les souffrances qui aug-
mentent sans cesse, la pensée matérialiste et le dogmatisme religieux qui
entravent le développement de l’humanité, tout cela constitue des don-
nées qui viennent à l’appui de ce que nous avons énoncé ci-dessus.
Dans cet état de choses, la vie humaine ne peut se développer régu-
lièrement. Tant que ne seront pas créées des conditions ayant pour but
de maintenir la santé et la force de l’homme, de canaliser ses sentiments
et de régulariser sa pensée, l’amélioration de la vie, si universellement
désirée, ne peut avoir lieu. Cette amélioration n’est pas un processus
extérieur, mécanique, elle ne concerne pas uniquement les conditions
matérielles et l’existence physique de l’homme comme on le croit com-
munément. Elle touche aussi la vie de l’âme, les sphères émotionnelle

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LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

et intellectuelle de l’homme. Et c’est précisément dans ces trois direc-


tions que travaillent les êtres hautement intelligents, qui dirigent le dé-
veloppement de l’humanité. Les grandes souffrances qu’endure en ce
moment l’humanité sont le résultat du travail accompli par ces êtres éle-
vés en vue de canaliser avant tout les sentiments humains. Lorsque les
sentiments de l’homme seront canalisés, alors seulement on pourra les
employer en vue d’atteindre une haute culture, on verra se développer
sur la terre la culture de l’Amour et de la Fraternité entre les nations.
L’Amour, d’après nous, n’est pas pour des gens malades. Il est pour
des gens parfaitement sains et forts. L’Amour n’est pas pour des gens
aux sentiments dénaturés, pour des gens aux passions non maîtrisées. Il
est pour ceux qui sont en état de bien sentir. L’Amour n’est pas pour les
ignorants ; il est pour les hommes les plus intelligents, les plus sages du
monde. Parce que seul l’homme intelligent et sage peut aimer ; l’igno-
rant, jamais !
Voilà pourquoi ceux qui ne sont pas passés par la foi, qui n’ont
qu’une impulsion vers le savoir et ne l’ont pas acquis, ne sont pas prépa-
rés pour entrer dans les conditions de la nouvelle culture.
D’une manière générale, l’humanité est passée d’une façon cyclique
par trois types de cultures : tout d’abord les cultures dans lesquelles
elle a développé sa force et sa volonté, sa puissance musculaire et dyna-
mique. Le militarisme est ce qui reste de ces cultures. Viennent ensuite
les cultures dans lesquelles elle a développé son cœur, ses sentiments,
sa foi. De ces époques, nous sont restées les religions dogmatiques
avec toute la diversité de leurs formes. Et enfin des cultures sont appa-

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LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

rues - comme la culture de l’Europe occidentale - où l’humanité a dé-


veloppé son intellect, ses capacités techniques, dont les résultats nous
ont été légués sous forme de théories scientifiques, de systèmes philoso-
phiques, de doctrines sociales, etc.
Ces créations humaines précisément, ces accumulations, ces résidus
d’une vie fonctionnant normalement en son temps et dont le but était
d’organiser l’intellect humain, le cœur humain et la volonté humaine,
sont aujourd’hui un obstacle au processus régulier de la vie qui a éter-
nellement organisé et organisera éternellement des formes de plus en
plus nouvelles.
C’est ainsi par exemple que dans la société contemporaine, sous le
rapport social et économique, les gens se sont séparés en classes ; sous
le rapport politique, ils se sont séparés en partis ; sous le rapport de la
science, en écoles, et sous celui de la religion, en différentes confessions.
À la base de cette différenciation, il y a quelque chose qui vient de la na-
ture, mais il y a aussi beaucoup de mélanges humains auxquels on doit
attribuer toutes les haines, toutes les luttes et tous les conflits.
Ainsi, en ce qui concerne la religion, les hommes se sont divisés
dernièrement en deux grands camps, les croyants et les incroyants.
Mais ce sont cependant des divisions artificielles par rapport à un sys-
tème de croyances et de conceptions humaines, par rapport aux insti-
tutions humaines. Du point de vue de la nature, les croyants et les in-
croyants agissent d’une même manière : les uns mangent et les autres
mangent, les uns respirent et les autres respirent, les uns sentent et les
autres sentent, les uns pensent et les autres pensent. Mais outre cela,

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LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

ces deux catégories d’individus ne se distinguent par rien d’essentiel


non plus sous le rapport de la morale : les uns et les autres se servent
des mêmes méthodes, du même savoir faire, car on voit les croyants et
les incroyants se servir également de la violence. Il est possible que les
premiers prononcent vingt fois par jour le nom de Dieu, tandis que les
autres le blasphèment vingt fois par jour ; mais au fond, par leur moi-
conscient, ces gens ne diffèrent pas radicalement entre eux ; en général,
les gens d’aujourd’hui n’ont pas le critérium qui les mettrait à même
d’affirmer qu’une personne est religieuse dans le vrai sens du mot. Ils
apprécient les points de vue religieux des hommes par rapport à un sys-
tème de croyances officiellement établi, par rapport à un culte officiel-
lement reconnu. Et l’on pourrait en dire autant des divisions sociales,
politiques, idéologiques, etc.
Toutes ces divisions et luttes sont dues aux idées de second ordre qui,
plus tard, se sont introduites dans le monde. Il y a cependant dans la
vie quelques idées fondamentales, divines, qui sont dans une harmonie
absolue entre elles, qui ne peuvent jamais être en conflit les unes avec
les autres, car cela signifierait que la vie entre en conflit avec elle-même.
Ces idées se sont éternellement manifestées et se manifesteront éternel-
lement. L’homme naît avec ces idées. Aussi l’homme doit-il les soute-
nir, avant tout et par-dessus tout. Toutes les autres idées qu’il a ensuite
acceptées, soit par la force de ses liens avec un certain milieu, soit par
la force d’une suggestion collective, soit par des considérations person-
nelles et matérielles, sont toujours des idées humaines. Quelles qu’elles
soient, quelle que soit la manière dont on les ajuste et quel que soit

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LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

le pathos avec lequel on les préconise, ces idées sont passagères, tran-
sitoires. Elles sont le plat de lentilles pour lequel, d’après ce que nous
lisons dans la Bible, Esaü vendit à son frère Jacob son droit d’aînesse, ce
avec quoi il était né. Et tout homme qui a vendu les idées divines avec
lesquelles il est né, afin de prendre en échange des idées passagères, hu-
maines, a perdu son « droit d’aînesse » : il a perdu son héritage divin, les
conditions d’un développement régulier, les seules qui lui permettent
d’organiser son intelligence, son cœur et sa volonté. Il a par conséquent
perdu sa santé et sa force, l’abondance et la noblesse de ses sentiments
et la lumière de sa pensée. Mais les pensées qu’il apporte en naissant
sont des idées saintes et divines qu’il ne doit jamais abandonner.
Être sain et fort, sentir normalement et penser juste, voilà ce qui est
fondamental, voilà ce à quoi l’homme doit aspirer. Parce que la santé
est quelque chose de divin, la pensée qui pénètre dans l’intellect de
l’homme est quelque chose de divin, les sentiments qui pénètrent dans
les cœurs sont quelque chose de divin, la force dont on dispose au mo-
ment voulu est quelque chose de divin.
La manière impropre dont on fait usage de ses sentiments et de ses
pensées constitue le côté humain des choses. Aussi est-il du devoir de
l’homme de garder le capital de sa force, de garder la pureté et l’équi-
libre de ses sentiments, de garder la pureté et la lumière de sa pensée.
Il faut par conséquent que tous les hommes et surtout ceux qui sont
appelés à élever l’édifice social, soient en état de pouvoir clairement
établir la différence entre ce qui est divin, primordial dans la vie et
les idées qui s’y sont introduites plus tard et uniquement pour y rem-

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LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

plir une tâche temporaire. Tous les insuccès, tous les fléaux, toutes les
souffrances, tant personnels que collectifs, proviennent du fait que les
hommes ne séparent pas le divin, qui est à jamais et véritablement ac-
tuel, de l’humain, qui ploie souvent sous le faix des infirmités du passé.
Voilà pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, on exige de ceux qui édi-
fient la vie sociale une conscience éveillée, une conception large et em-
brassant tous les détails des problèmes que la vie leur donne à résoudre.
Ils doivent prendre en considération non les points de vue particu-
liers et les intérêts de certains groupements sociaux distincts, non les
exigences formelles d’institutions distinctes que veulent conserver par
des moyens extérieurs leur autorité et leur situation sociale. Ils doivent
prendre en considération l’état conscient du peuple dans son ensemble,
son état conscient intégral sous le rapport de la vie sociale, de la poli-
tique et du droit. Ils doivent tenir compte de son état conscient, reli-
gieux dans sa totalité. S’ils s’arrêtent aux formes extérieures, tradition-
nelles, défendues seulement par un certain nombre de personnes, s’ils
se laissent gagner par leur zèle à vouloir garder à tout prix ces formes,
alors surgiront de funestes préjugés qui feront voir en tous ceux qui ne
soutiennent pas, du moins par la forme, les points de vue de cette mi-
norité, des ennemis de l’État, de la société, de la religion.
Mais l’État n’est pas une minorité. L’État est l’expression de la na-
tion. Il est la forme dans laquelle la vie et la conscience complète d’une
nation fonctionnent et se manifestent. Le véritable État doit être l’ex-
pression de la conscience complète d’une nation. Ainsi les formes de la
vie de l’État, dans lesquelles cette conscience totale se manifeste, seront

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LES IDÉES HUMAINES ET LES IDÉES DIVINES

vivantes, plastiques, capables de progresser et de se développer. Elles se-


ront nées de l’âme de cette nation. Voici ce qu’il faut surtout retenir :
dans l’ensemble de la conscience générale d’une nation - et non dans les
formes temporaires qui peuvent être copiées du dehors - fonctionnent
et aspirent à se manifester ces idées divines primordiales qui, de l’inté-
rieur, organisent son existence.
Et l’on ne peut appeler sages, on ne peut reconnaître comme de vrais
serviteurs de leur peuple que des hommes d’État qui prêtent l’oreille
non aux intérêts particuliers des classes, des organisations et institutions
distinctes, mais à ce que dit la totalité de la conscience populaire.

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SOMMAIRE

Le commencement et la fin 4

Vie extérieure et vie intérieure 16

Celui qui nous aime plus que tout 33

Le monde humain et le monde divin 38

Pression et tension 88

Équilibrer les forces de sa vie 113

Contrats humains et contrats divins 143

Les états humains et les états divins 149

Les idées humaines et les idées divines 168


AU T R E S E - B O O K S D I S P O N I B L E S

D U M Ê M E AU T E U R

• Hommage à Peter Deunov


• Le livre de l’épanouissement de
• La douce voix de l’âme l’âme 1 et 2Le livre de l’Eveil
• La Source du Bien • Le livre de l’Harmonie
• Le développement spirituel • Le livre des trois Intelligences
et l’amour inconditionnel
• Le livre des Anges
• Le livre de la Force 1 et 2
• Le Livre des Influences
• Le livre de la Fraternité
• Le livre des Lois Divines
• Le livre de la Lumière
• Le livre du Cœur
• Le livre de la Parole Magique
• Le Livre du Disciple
• Le livre de la Pensée
• Le livre du Nouveau Monde
• Le livre de la Prière
• Le livre qui chante
• Le livre de la Renaissance
• Le monde des grandes âmes
• Le livre de la Sagesse
• Le secret des trois Mondes
• Le livre de la Santé 1 et 2
• Le testament des couleurs
• Le livre de la Vie 1 et 2
• L’Esprit de Vérité
• Le livre de la Vigilance
• Prière de Méditation
• Le livre de l’Ame

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Pour des informations :

www.Nation-Essenienne.org
www.OlivierManitara.org
www.EditionsEssenia.com
www.Mandalas-des-Anges.com

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