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Émilio Armillès

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 Émilio Armillès
emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
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Envoyé :31 mai 2014 06:34:35
À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)

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De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 10 mai 2014 09:04
Objet : Roman sauvegarde chapitre un
À : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>, Emilio armillès <emilio.armilles@gmail.com>

Chapitre 1

C’est le fleuve qui me l’a dit:


«Repose-toi, contemple et survis...
Le voyage est fini.
Maudit voyage!!! T'iras pas beaucoup plus loin, t’as résisté jusqu’à ce soir. Déjà pas si mal. T’aurais pu crever des
millions de fois! T’as sûrement un organe de plus que les autres naufragés, faut croire…»
Hey le fleuve! Pas un docteur que j’veux, c’t'un ami! Pas un diagnostic, juste un peu d’eau pour me noyer en
paix... Couler une dernière fois, comme avant, quand je coulais de tous bords. Quand je coulais des yeux, du
ventre et de la queue. C’est pas ta morale que j’veux! C’est juste un peu de poésie mon frère. Et tout va bien
aller... Regarde-moi. J’ai tu l’air d’un crevard? Toute façon, oublie pas que si t'es encore là, c'est grâce à mes
chums et moi. On t’a bu jusqu’à ta sècheresse, pis on t’a repissé de nous! Kesse t’en dis mon ami flotteux? Kesse
t'en dis?
T’aurais dû nous voir, certains soirs de haute marée, nous voir alignés comme des croix de métal, tous, le
perchoir à l’air, en train d'arroser le ciel! Et ÇA retombait dans ton lit. T’aurais dû, VRAIMENT dû, comme ces filles
de la nuit, nous voir devenir les seigneurs d’un empire plus vaste que le Génie des ombres.
Il a dit le fleuve: «Les hommes! Vos exploits de pissotière, je m’en lave le fondement! Vous avez tellement pissé
que vous avez confondu le marbre sous la neige et la gloire de ma profonde splendeur.»
Des fois, comme ça, je me la raconte cette histoire… Ma vie qui terminerait sa course au fond de la baille,
comme elle commencé, sur les bords d’une rivière, au loin près d’une écluse…
Y'avait des maisons à colombages, des ponts, des églises, pas beaucoup de bruit, juste quelques cicatrices
comme en laisse toutes les guerres. Cette putain d’histoire d’amour entre eux, je crois, mes parents... Cette
histoire de blessures, peut-être. On se regarde, se plait, se parle comme on peut, comme on sait. En fait, on se
dit pas grand-chose. On rentre quelque part, une chambre crasseuse, un couloir sombrumeux, un wagon de
train. Mai 49 probablement... La ville était libre, certains soldats sont restés, quelques filles les attendaient...
La tendresse a tous les visages, l’hiver a pris le mien.
La vieille qui buvait, qui fumait, le vieux qui priait, qui bossait. La vie, papier mâché. Des amis de combats,
complices de l'horreur. L’holocauste, pas si loin. Des yeux qui grisaillaient. Le cœur en armes pour toujours. La
mémoire de la douleur qui traînait, traîne encore, traînera toujours.
Une chance, y'avait la baise et les dimanches matins, les odeurs de soupe, de couscous, de mouton, le cri des
chèvres qu'on égorgeait dans la cuisine. Les odeurs de rire qui trompaient celles de la misère...
Souvenirs fulgurants.
Être pauvre, s'aimer, se raconter cent fois la même histoire. Se prendre en photo, juste comme ça, pour figer en
sépia les triages de la simple pauvreté. La nappe blanche, la voiture à crédit. Fixer pour un instant les enfants qui
grimacent. La fille de l’un promise au garçon de l’autre. Pis rien n'est jamais arrivé... Cheveux si longs, robes à
fleurs. Anita! J'aimais quand on se chicanait. On aurait été un drôle de couple. Aujourd’hui, cinquante années de
trop, ça gâche un peu la jeunesse. Toi toujours aussi belle, et le Roger toujours aussi fou.
Chienne la vie.
Pas fini de nous en jouer comme tu dis , des tours de cochons, ni toi de me préparer mnos tartes aux mirabelles
que j'aime à dévorer, comme si je t'embrassais, enfin, pour la première fois.
Chienne la vie.
Chienne l’urbanisation !
La maison de mon enfance n’existe plus. Je suis passé par là y'a pas si long. Tout ce que j’ai pu en revoir,
quelques traces de ce qu’elle fût, gravées dans les murs de celle d’à coté.
Putain d'Hiroshima !!!
Rue de l'Écrevisse, numéro neuf... Merdum ! Nous y étions tous, toi, moi, le Coco, les petites voisines blondes,
polonaises, pour sûr! Toujours bien coiffées, robes à fleurs, socquettes blanches sandales ! Peut-être des jumelles,
j'en sais foutrement rien!
Pis y'avait ce grand Guy qui a fini par s'en casser une de pattes. Le Héron qu'on l'appelait ! Face à nous, les DNA
(Dernières Nouvelles d'Alsace), pi juste à côté, mais tout juste, LA TAVERNE !!!
Gueules cassées ! Rombiasses ! Grosses charcutières ! La vie en rose. La vie pas de choses. Les anciens de la
première et d'la deuxième, les vieux flottants dans leurs futals, toujours trop larges , pas que leurs couilles
s'embrouillent ! Pipes aux becs, becs aux bocks, les bières qu'ils sans filets ! Le chnaps le Picon ! Les sous-bocks
pour l'addition, royale toujours. Le pourboire, pas obligatoire, de la première à la deuxième tournée. Mais les
pauvres, ça donne toujours ! Aux riches… Aux uns, ,donne aux autres, au zoo, donne au patronat, donne à ceux
qui les exploitent, les emboitent, les débauchent, les salarie pus, les rembauchent à moins cher de l'heure, ça se
donne les pauvres , s'abonne s'abandonne partout, donne ailleurs, donne aux loups, donne du cœur, donne du
sang, de la sueur, des pleurs et des révoltes ! Donne aux éboueurs, aux pompiers, donne à gauche, la droite on la
conchie. Ça donne ses enfants de pauvre à la patrie, ça cotise, magazine du potin, se télévisionne, se matche de
boxe ou de foot, se raconte chaque jour au même endroit ! Mêmes défaites, mêmes exploits. Ça donne son
temps au temps, se créditise, se porte-valises ! Lourdes ! Pis ça boit ! Pisse à bois ! Donne à la boucherie, la
pharmacie, la vacherie , la chiennerie, donne au cancer de la prostate, à la boulangerie aussi, pourquoi pas ? La
nôtre a sentait ! Fleurait ! Fleurissait !Miches ! Baguettes ! Casse-croûtes! Viennoiseries ! Bâtards ! Pain de
bourreau !
J'aurais tout bouffé ! Même la boulangère et ses croissants de lune, beurrés pas beurrés ! Monica la mitronne ! La
Pomponnette , j'en passe ! Les gaufrettes et les ceusses qui graissent les moules…
Mes larmes, un peu, qui reviennent parfois laver les vitres de mon enfance….
Parfums de cannelle et de vin chaud , neige parfumée d'oranges et de pain d'épice… Mes noëls de pauvre avec
les autres pauvres. Quelques sanglots… le temps de revoir ma Paroisse et le soutanneux , les tables longues
longues, les cierges, les urgences bougies, revoir la crèche, les napperons de papier, réentendre le sermon du
Père Defaisse et son blabla… Revoir la totale ! Pour les cadeaux surtout ! Le film en noir et blanc, comme la vie,
mais qui finissait bien.
Mes fabuleux noëls de pauvres, une salle des fêtes jaunie, grise église dans la grisaille de la Krutenau. C’est tout.
La pauvreté, ces jours-là, on savait pas…
Enfance anesthésiée.

Mais,
Y'avait l’école pour apprendre à lire, la confiserie, ses bonbons de toutes les couleurs, ce petit bistrot tout de
boiseries sombres, évidemment fantomatique, de quoi se demander si quelque chose ou quelqu'un y venait pour
vrai .Ses nappes, de rouge et de blanc, le petit parc, la grande place, l'opéra, la statue de kellerman …
Pis y'avait nos écharpes de laine ! Le bol de chocolat chaud nos croissances viennoises ,cette odeur sans nom des
vieilles choses…
On tricotait ainsi, petitement, de nos traces de petits pas dans l’hiver, nos rêves de grands espaces…
Les anciens de la 2è DB ont libéré la ville ! Un noël pour eux autres avec. L'auberge place de l'étoile. Autre festin !
Salamalecs ! Algériens ! Marocains ! Sénégalais ! Presque tous gens de LÂ BAS ... Pas mal qui arrivaient en
uniformes boules a mites, médailles pas chocolatées . Salam alikoum et toi que deviens tu ? Mabrouk mabrouk ,
et toi ? La famille , les enfants ? la sonti ? Barak Allah ou fik !
Derboufik ! On s'en foutait de comment on allait ! nous c'qu'on attendait , c'était les cadeaux , jamais assez ! Des
odeurs encore de cannelle ,pis d'la neige explosée d’orange ! Pourvu que le pain d’épice garde la tête de Saint
Nicholas, si bonne à croquer, avec ses joues de sucre glacé , vanillées , légères ! Pas comme les devoirs , que
l'école m'alourdissait le cartable.
Ces tonnes de niaiseries !
La chance , toujours la chance , un autre de Noêl !
On allait visiter grand-mère dans son petit village : Hommert .
La belle vieille maison de pierres, fallait voir ! La cuisine, le fourneau à bois ! T’ouvrais la porte du paradis ! Vieux
loquet, vitrail d’église, sol en pierres, table familiale. Pis le Frantz ! Toujours assis au bout, qui fumait, qui buvait,
qui sacrait, pis son ventre! Champion des buveurs de bière de la région. Quand même ! Honneur du village ! Son
chien de chasse avec, écrasé depuis par un tracteur une nuit comme les autres. La tristesse l'avait emparé.
Enlarmisé, déboussolé, démarié, mais toujours son verre dans le nez, sa rouleuse, sa casquette de chasseur, ses
belles moustaches, bien souvent victimes de mauvais briquets, ses pantalons gris à bretelles, fallait boire pour y
croire!
Surtout pas oublier.
Le saloir à porc là juste face à l'étonnance ! À gauche en entrant dans cette chapelle, y'avait la porte de l’étable,
loù que les vaches dégageaient de la chaleur, des odorances, de bouse en masse en masse ! Pi la porcherie, les
poulaillers ! Tout ça bien en ligne imagine ! Les bécosses? Une cabane en bois, le trou, quelques feuilles de
papier journal, des mouches et des odeurs de ventre…
Fallait voir ! Un musée de la tendresse : Y'avait dans un cadre du salon cette photo du grand-père en uniforme,
casque à pointe, médaillerie, toute la quincaille ! Du haut de ses moustaches, qu'il nous surveillait lui aussi.
Le Frantz avait marié l'Eugénie, la Nini comme on disait. Avec mon papa, ça s'aimait bien les deux vieux renards .
Se contaient des histoires de rire, l’un en berbère, l’autre en allemand.
Là convoyaient les vrais prolos. S'en voulaient pas. La guerre, c'est les autres, la politique et ses généraux ! La
finance ! Das Kapital ! Franzozen pauvres versus Deutche lumpenprolétariat, la chair des uns des autres, pas chère
aux canons , la peau des braves. S'en contaient, les vieux renards, des choses , pas racontables toujours.
La chaussette mortifiée qui me servait de mère, et qui ressemblait au casque à pointe du cadre, disait: «c’est pas
des histoires pour les enfants ! C'est pas le temps des fleurs, on se couche les ratons!»
Elle a jamais aimé la joie d’aimer ou pas connu. Venait faut dire la charogne, d'un état pas de grâce . La grand-
mère déjà, c’était robe et tablier noirs ! Chignon pour aiguilles à tricoter ! Messe à tous les jours et le reste oublié.
Faut quand même reconnaître qu’à l’époque, les veuves ça RESTAIENT veuves. Alors pour le sourire, fallait
inventer… Une vie mon cher Maupassant …
Robuste elle était restée la mémé, bien robuste. Mais quand la cuisse est triste faut croire que le reste l’est encore
plus .
Une chance pour nous les petits cavons, y'avait la jeune jeunesse, les cousines de partout, pi les amis qui sont pas
tous restés ... Le chômage du cœur ça existe aussi.
Fuck !
On devrait pas se perdre, déjà que mourir c’est pas mal chien, vieillir pas mal merdique ! Les premiers derniers
chagrins par-dessus le tas de fumier ! Ca vient vite cette lèpre là, grandir, chagriner, vieillir, crevasser. J'en décroise
encore quelques dindes et dindons frippés , mal congelés ,sursitaires , grabatistes ! TOUS DES VIEUX !
Variqueux pleins de maladies et de regrêttance, d’amertume, de varicelle attardée, pi d’ulcères. de cafards, de
blues et de si j’avais su… Les anciens, pleins de tismes et de rhuma, de traumas, de sida. Les anciens, pleins de
tout ça qu'ils sont, pi d’amnésia ! Faut les entendre: «Ah oui, mais non, je me souviens pas vraiment, t’es sûr que
c’est moi?»
Tu lui montres une photo de VOUS prise à l’école, ça doute encore que c’est bien lui juste à côté de lui ! Même si
t’as été un peu son beau-frère de fumier ! Rendus là, faut juste pas leur en vouloir.
"Je sais… Je sais c'que c’est la prison, les femmes, le jeu… mon mariage avec la Denise, la petite grosse. On
parlera pas d'mour, mais bon, elle était là, moi aussi. Pis les parents… L’armée, le chômage, cette putain de cité
bétonnière, le merdier ! Naitre ici mon vieux c'est mourir ici. Mais TOI vieux salopard, t’as pas changé, t’as
voyagé… On l’savait tous que t’irais loin…"
Loin je sais pas, mais ailleurs sûrement !
Chapitre 2
C’est le fleuve qui me l’a dit:
"L’enfance est un mensonge, une charognerie"
On savait pas trop nous les ti-culs, mais on a vite appris .
La mort, on l’avait dans la petite rue, devant la maison, partout qu’on l’avait la bouchère ! Sur la place publique
et sous MON lit ! Rien à dire, c’est le vieux qui l’avait traîné là, je sais plus l’heure de la nuit, mais il a dit: «C’est pas
grave, c’est un ami…»
Un ami ... C’est vrai, les amis ça meurt aussi, meurt beaucoup, meurt souvent, pi ça revient sans prévenir , s’installe
dans le salon de ta mémoire, et ça parle , parle encore ! De leur temps de vie ! Si ça se taisait les amis, le monde
serait pus supportable . Fak les amis qui meurent pis qui reviennent, tu les accueilles avec reconnaissance et
tendreté.
La tendresse humaine est une valse de Vienne.
Nos vieilles le savaient quand elles nous parlaient à coups de claques sur la gueule ! À coups de balai dans le
plexus ! À coups d’injures et de jugements sans appel! Hyène attitude!
Les enfants du désamour sont nés pour payer les dettes de leurs bourreaux.
Hey ! C’est pas notre faute si vous étiez mal biaisées par vos ouvriers de maris ! Faut comprendre ! Se crevaient à
l’ouvrage ! Vous nourrir familles poudreuses ! Mais on bouffait de la viande à toutes les semaines, on avait du
beurre sur la table, de la confiture, du lait ! On a jamais crevé de faim, du mal d'amourance oui , mais pas de faim
toujours. Le luxe des pauvres c’est bien ça, la tendresse des casseroles . Pour le reste on apprend vite.
L’enfance est un drap qui se déchire avec les dents, les yeux grands ouverts, tu regardes le futur comme un
aveugle.
Tu savais déjà qu’il allait te briser les os l'entité de hyène, tu le savais déjà, caché derrière le rideau noir de ta
misère, tu savais qu’il te ferait jamais la charité d’autre chose que de lui survivre.
Ainsi, l’enfant sombre est il devenu guerrier . Petit Bébert j'avance, dressé comme un doigt d’honneur vers le ciel
de mes combats !
J'avance, fier comme une lettre de l’alphabet, face aux fauteurs de frappe.
Le jugement dernier, c'est moi ! Misérables sans miséricordes !
Les hypos même pas capables d'être briquets !
Mon nom je le sais maintenant veut dire " la dédicace" mais aussi "tu guériras" ! Je suis le fils de la mémoire de
mon père !
Buvez mes ennemis ! Buvez sa juste colère ! Qu’elle vous rende la vue ! Contemplez à l’extérieur de vous le plus
beau, le plus grand, le plus sublime des tableaux ! Contemplez ce que l’homme possède de plus précieux, de plus
grandiose, de plus noble !
Des fois comme ça je délirais .
Contemplez ce que je dessine sur le visage de l’enfer ! Contemplez cette mortelle randonnée de la vie !
Contemplez l’homme qui prie, qui pleure et toujours se relève !
Mon nom est de guérison ! Jamais je serai malade! Jamais sur un grabat d’hôpital à me faire branler par
l’infirmière de service! Jamais vous lirez dans les yeux de mon père, de mon fils ou de moi la peur! Nous sommes
combattants de l’amour, de la joie de vivre dans l’absolue vérité d’être !
Et que cette vérité lave tes cheveux, tes mains, tes yeux, mon frère mon ennemi.
Des fois comme ça môme j'me croyais
Chapitre 3
C’est le fleuve qui me l’a dit:
« Tu devrais marcher d’une longue marche et rendre visite au vieux guerrier qui se repose au loin là bas . »
J’ai marché. Le vieux guerrier vivait en paix .
J’aime les hommes qui marchent, ils avancent et toujours avanceront. La sagesse est au bout de leurs chemins
aussi long soient-il à parcourir.
―Viens mon fils, viens, repose-toi, prend du pain, du lait, ta couverture et laisse-toi bercer par les chants de la
lune. Demain nous parlerons de ce qui a mené tes pas vers moi.
Je vis ainsi depuis le départ de Cœur de Kayak. Je dois aussi songer au sommeil, il fera jour dans si peu de
temps… La nuit toujours est trop courte pour le bon repos, mais j’ai appris à vivre avec elle, comme avec tant de
choses… La nuit, la vraie, celle qui durera toujours, est encore à venir… Je dormirai alors si longtemps que
j’oublierai toutes mes peines. Dors bien mon fils.
-Dors bien vieux guerrier.
L’aube est un privilège, l’automne, un adagio.
La vie je sais pas.
Nous avons bu le lait, partagé le pain, nous avons parlé du ciel et de l’amour. Elle était si belle Cœur de Kayak,
mais elle trouvait le temps long je crois près de mes rêves. Elle voulait encore courir les jours de sa jeunesse et je
ne savais plus vraiment. J’ai rien dis quand elle est repartie, redevenir brume. J’ai simplement regardé le torrent
de sa vie l’emporter vers un autre bonheur… Les oiseaux sont faits pour voler comme les saisons pour s’enfuir…
A bientôt vieux guerrier, je reviendrai.
Chapitre 4

Émilio Armillès
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 Émilio Armillès
emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
De :
contacts.
Envoyé :31 mai 2014 06:39:34
À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)

de 1 à 6

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De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 18 novembre 2013 00:30
Objet : roman
À : "emilio.armilles@hotmail.fr" <emilio.armilles@hotmail.fr>

voici la totale momentanée


des chapitres je ne sais pourquoi se répètent
j'en suis à corriger le 6
et c pas fini !
..................................................................................

Chapitre 1

C’est le fleuve qui me l’a dit:

«Repose-toi, contemple et survis...

Le voyage est fini.

Maudit voyage!!! Pas beaucoup plus loin j'irai j'ai résisté jusqu’à ce
soir. Déjà pas si mal. J'aurais pu crever des centaines de fois! Pas
normale cette histoire ! Je traine sûrement un organe de plus que les
autres naufragés, faut croire…»

Hey le fleuve! Pas un toubib que j’veux, c’t'un ami! Pas un


diagnostic, juste un peu d’eau pour me noyer en paix... Couler une
dernière fois, comme avant, quand je coulais de tous bords. Quand je
coulais des yeux, du ventre et de la queue. C’est pas ta morale que
j’veux! C’est juste un peu de poésie mon frère. Et tout va bien aller...
Regarde-moi. J’ai tu l’air d’un crevard? Toute façon, oublie pas que
si t'es encore là, c'est grâce à mes chums et moi. On t’a bu jusqu’à ta
sècheresse, pis on t’a repissé de nous! Kesse t’en dis mon ami
flotteux? Kesse t'en dis?
T’aurais dû nous voir, certains soirs de haute marée, nous voir
alignés comme des croix de métal, tous, le perchoir à l’air, en train
d'arroser le ciel! Et ÇA retombait dans ton lit. T’aurais dû,
VRAIMENT dû, comme ces filles de la nuit, nous voir devenir les
seigneurs d’un empire plus vaste que le Génie des ombres.

Il a dit le fleuve: «Les hommes! Vos exploits de pissotière, je m’en


lave le fondement! Vous avez tellement pissé que vous avez confondu
le marbre sous la neige et la gloire de ma profonde splendeur.»

Des fois, comme ça, je me la raconte cette histoire… Ma vie qui


terminerait sa course au fond de la baille, comme elle commencé, sur
les bords d’une rivière, au loin près d’une écluse…

Y'avait des maisons à colombages, des ponts, des églises, pas beaucoup
de bruit, juste quelques cicatrices comme en laisse toutes les guerres.
Cette putain d’histoire d’amour entre eux, je crois, mes parents... Cette
histoire de blessures, peut-être. On se regarde, se plait, se parle
comme on peut, comme on sait. En fait, on se dit pas grand-chose.
On rentre quelque part, une chambre crasseuse, un couloir
sombrumeux, un wagon de train. Mai 49 probablement... La ville
était libre, certains soldats sont restés, quelques filles les attendaient...

La tendresse a tous les visages, l’hiver a pris le mien.

La vieille qui buvait, qui fumait, le vieux qui priait, qui bossait. La vie,
papier mâché. Des amis de combats, complices de l'horreur.
L’holocauste, pas si loin. Des yeux qui grisaillaient. Le cœur en
armes pour toujours. La mémoire de la douleur qui traînait, traîne
encore, traînera toujours.

Une chance, y'avait la baise et les dimanches matins, les odeurs de


soupe, de couscous, de mouton, le cri des chèvres qu'on égorgeait dans
la cuisine. Les odeurs de rire qui trompaient celles de la misère...
Souvenirs fulgurants. Être pauvre, s'aimer, se raconter cent fois la
même histoire. Se prendre en photo, juste comme ça, pour figer en
sépia les triages de la simple pauvreté. La nappe blanche, la voiture à
crédit. Fixer pour un instant les enfants qui grimacent. La fille de l’un
promise au garçon de l’autre. Pis rien n'est jamais arrivé... Cheveux
si longs, robes à fleurs. Anita! J'aimais quand on se chicanait. On
aurait été un drôle de couple. Aujourd’hui, cinquante années de trop,
ça gâche un peu la jeunesse. Tu es toujours aussi belle, et je suis
toujours aussi fou. Chienne de vie. Elle a pas fini de nous en jouer
comme tu dis , des tours de cochons, ni toi de me préparer mes tartes
aux mirabelles que j'aime à dévorer, comme si je t'embrassais, enfin,
pour la première fois.

Chienne la vie.

Chienne l’urbanisation! La maison de mon enfance n’existe plus. Je


suis passé par là y'a pas si long. Tout ce que j’ai pu en revoir, quelques
traces de ce qu’elle fût, gravées dans les murs de celle d’à coté.

Putain d'Hiroshima!!!

Rue de l'Écrevisse, numéro neuf... Merdum ! Nous y étions tous, toi,


moi, le Coco, les petites voisines blondes, polonaises, pour sûr!
Toujours bien coiffées, robes à fleurs, socquettes blanches et des
sandales ! Peut-être des jumelles, j'en sais foutrement rien!

Pis y'avait ce grand Guy qui a fini par s'en casser une de pattes. Le
Héron qu'on l'appelait! En face de nous, les DNA (Dernières
Nouvelles d'Alsace), pis juste à côté, mais alors tout juste, LA
TAVERNE!!! Gueules cassées! Les Rombiasses! Grosses
charcutières! La vie en rose. La vie pas de choses. Les anciens de la
première et d'la deuxième, les vieux flottants dans leurs futals,
toujours trop larges , pas que leurs couilles s'embrouillent ces
messieurs. Pipes aux becs, becs aux bocks, les bières qu'ils sans
filets! Et les sous-bocks pour l'addition, royale toujours. Le pourboire,
pas obligatoire, de la première à la deuxième tournée.
Mais les pauvres, ça donne toujours ! Aux riches… Aux uns, aux
autres, au zoo, au patronat, donne à ceux qui les exploitent, les
emboitent, les débauchent, les salarie pu, les rembauchent à moins
cher de l'heure, ça se donne s'abonne s'abandonne partout, donne
ailleurs, donne aux loups, donne du cœur, donne du sang, de la sueur,
des pleurs et des révoltes! Donne aux éboueurs, aux pompiers, donne à
gauche, la droite on la conchie. Ça donne des enfants de la patrie, ça
cotise, magazine du potin, se télévisionne, se matche de boxe ou de
foot, se raconte dans chaque jour au même endroit, les mêmes
défaites, les mêmes exploits. Ça donne son temps au temps, se
créditise, se porte-valises ! Lourdes ! Pis ça boit ! Pisse à bois ! Donne
à la boucherie, la pharmacie, la vacherie , la chiennerie, au cancer de
la prostate, à la boulangerie aussi, pourquoi pas ?

La nôtre a sentait ! Fleurait ! Fleurissait ! Miches ! Baguettes !


Casses-croûtes ! Viennoiseries ! Bâtards ! Pain de bourreau !
J'aurais tout bouffé ! Même la boulangère et ses croissants de lune,
beurrés pas beurrés ! Monica la mitronne ! La Pomponnette , j'en
passe ! Les gaufrettes et les ceusses qui graissent les moules…

Mes larmes, un peu, qui reviennent parfois laver les vitres de mon
enfance….

Parfums de cannelle et de vin chaud, neige parfumée d'oranges et de


pain d'épice… Mes noëls de pauvre avec les autres pauvres. Quelques
sanglots… le temps de revoir ma Paroisse et son soutanneux , les
tables longues longues, les cierges, les urgences bougies, revoir la
crèche, les napperons en papier, réentendre le sermon du Père
Lachaise et son blabla… Revoir la totale ! Pour les cadeaux surtout !
Le film en noir et blanc, comme la vie, mais qui finissait bien. Mes
fabuleux noëls de pauvres, une salle des fêtes jaunie, grise église dans
la grisaille de la Krutenau. C’est tout.

La pauvreté, ces jours-là, on savait pas…

Enfance anesthésiée.
Mais !

Y'avait l’école pour apprendre à lire, la confiserie, ses bonbons de


toutes les couleurs, ce petit bistrot tout en boiseries sombres,
évidemment fantomatique, de quoi se demander si quelque chose ou
quelqu'un y venait pour vrai. Ses nappes, de rouge et de blanc, le petit
parc, la grande place, l'opéra, la statue de kellerman …

Pis y'avait nos écharpes de laine ! Au retour de la bondieuserie, le bol


de chocolat chaud et cette odeur sans nom des vieilles choses…

Nous autres, on voulait juste continuer la rumba, mais rien à faire, la


loi des vieux c’est pas la loi des jeunes! On tricotait ainsi, petitement,
de nos traces de petits pas dans l’hiver, nos rêves de grands espaces…

Les anciens de la 2è DB ont libéré la ville ! Un noël pour eux autres


avec. L'auberge place de l'étoile. Autre festin ! Salamalecs ! Algériens
! Marocains ! Sénégalais ! Presque tous gens de LÂ BAS ... Pas mal
qui arrivaient en uniformes boules a mites, médailles pas chocolatées .
Salam alikoum et toi que deviens tu ? Mabrouk mabrouk , et toi ? La
famille , les enfants ?

Les enfants ? On s'en foutait de comment on allait ! nous c'qu'on


attendait , c'était les cadeaux , jamais assez ! Des odeurs encore de
cannelle ,pis d'la neige explosée d’orange ! Pourvu que le pain d’épice
garde la tête de Saint Nicholas, si bonne à croquer, avec ses joues de
sucre glacé , vanillées , légères ! Pas comme les devoirs , que l'école
m'alourdissait le cartable.

Ces tonnes de niaiseries !

La chance , une chance , un autre de Noêl ! On allait visiter grand-


mère dans son petit village : Hommert .

La belle vieille maison de pierres, fallait voir! La cuisine, le fourneau


à bois, fallait voir! T’ouvrais la porte du paradis! Vieux loquet, vitrail
d’église, sol en pierres, table familiale. Pis le Frantz, toujours assis au
bout, qui fumait, qui buvait, qui sacrait, pis son ventre! Champion
des buveurs de bière de la région. Quand même ! Honneur du
village ! Son chien de chasse avec, écrasé depuis par un tracteur une
nuit comme les autres. La tristesse l'avait emparé. Enlarmisé,
déboussolé, démarié, mais toujours son verre dans le nez, sa rouleuse,
sa casquette de chasseur, ses belles moustaches, bien souvent victimes
de mauvais briquets, ses pantalons gris à bretelles, fallait boire pour y
croire!

Surtout pas oublier.

Le saloir à porc là juste face à l'étonnance. À gauche en entrant dans


cette chapelle, y'avait la porte de l’étable, là que les vaches
dégageaient de la chaleur, des odorances, de la bouse en masse en
masse. Pis venait la porcherie, les poulaillers ! Tout ça en ligne
imagine ! Les bécosses? Une cabane en bois, le trou, quelques feuilles
de papier journal, des mouches et des odeurs de ventre…

Fallait voir la maison de grand-mère! Un musée de la tendresse.


Y'avait dans un cadre la photo du grand-père en uniforme, casque à
pointe, médaillerie, toute la breloque !Du haut de ses moustaches,
qu'il nous surveillait lui aussi.

Le Frantz avait marié l'Eugénie, la Nini comme on disait. Avec mon


papa, ça s'aimait bien les deux vieux renards . Se contaient des
histoires de rire, l’un en berbère, l’autre en allemand.

Là convoyaient les vrais prolos. S'en voulaient pas. La guerre, c'est


les autres, la politique et ses généraux, la finance, Das Kapital !
Franzozen pauvres versus Deutche lumpenprolétariat, la chair des uns
des autres, pas chère aux canons , la peau des braves. S'en contaient,
les vieux renards, des choses , pas racontables toujours.

La chaussette mortifiée qui me servait de mère, et qui ressemblait au


casque à pointe du cadre, nous disait: «c’est pas des histoires pour
enfants, allez, allez, c'est pas le temps des fleurs, on se couche les
ratons!»

Elle a jamais aimé la joie d’aimer ou pas connu.

Venait faut dire la charogne, d'un état pas de grâce. La grand-mère


déjà, c’était la robe et le tablier noir, le chignon, la messe à tous les
jours et le sourire oublié. Faut quand même reconnaître qu’à
l’époque, les veuves ça RESTAIENT veuves. Alors pour le sourire,
fallait inventer… Une vie mon cher Maupassant …

Robuste elle était restée la mémé, bien robuste. Mais quand la cuisse
est triste faut croire que le reste l’est encore plus. Une chance pour
nous les petits cavons, y'avait la jeune jeunesse, les cousines de
partout, pis les amis qui sont pas tous restés, dommage. Le chômage
du cœur ça existe aussi. Fuck ! On devrait pas se perdre, déjà que
mourir c’est pas mal chien, vieillir pas mal merdique !Les premiers
derniers chagrins par-dessus le tas de fumier! Ca vient vite cette lèpre
là, grandir, chagriner, vieillir, crevasser. J’en décroise encore
quelques fripés,dindons mal congelés, sursitaires. Les anciens? TOUS
DES VIEUX ! Variqueux, pleins de maladies et de regrêttance,
d’amertume, de varicelle attardée, pis d’ulcères. de cafards, de blues et
de si j’avais su… Les anciens, pleins de tismes et de rhuma, de
traumas, de sida. Les anciens, pleins de tout ça qu'ils sont, pis
d’amnésia aussi, faut les entendre: «Ah oui, mais non, je me souviens
pas vraiment, t’es sûr que c’est moi?»

Tu lui montres une photo de VOUS prise à l’école, ça doute encore


que c’est bien lui juste à côté de lui! Même si t’as été un peu son
beau-frère! Sont comme ça, rendus là, faut juste pas leur en vouloir.
Je sais… Je sais c'que c’est la prison, les femmes, le jeu… mon
mariage avec la Denise, la petite grosse. On parlera pas d'amour,
mais bon, elle était là, moi aussi. Pis les parents… L’armée, le
chômage, cette putain de cité bétonnière, le merdier quoi! Naitre ici
mon vieux c'est mourir ici. Mais TOI mon vieux salopard, t’as pas
changé, t’as voyagé… On l’savait tous que t’irais loin…"
Loin je sais pas, mais ailleurs sûrement !

Chapitre 2

C’est le fleuve qui me l’a dit:

"L’enfance est un mensonge, une charognerie"

On savait pas trop nous autres, les ti-culs, mais on a vite appris. La
mort, on l’avait dans la petite rue, devant la maison, partout qu’on
l’avait la bouchère, fallait voir!

Pas seulement regarder :VOIR ! On l’avait sur la place publique et


sous MON lit, rien à dire, c’est le vieux qui l’avait traîné là, je sais
plus l’heure de la nuit, mais il a dit: «C’est pas grave, c’est un ami…»

Un ami qu’il a dit.

C’est vrai, les amis ça meurt aussi, meurt beaucoup, meurt souvent,
pis ça revient sans prévenir. Ça s’installe dans le salon de ta mémoire,
pis ça parle et ça parle encore, à t'en briser les marteaux. Mais, si ça
se taisait les amis, le monde serait plus supportable. Alors, les amis
qui meurent pis qui reviennent, tu les accueilles avec reconnaissance
et tendreté.

La tendresse humaine est une valse de Vienne.

Nos vieilles le savaient quand elles nous parlaient à coups de claques


sur la gueule! À coups de balai dans le plexus! À coups d’injures et de
jugements sans appel! Hyène attitude!

Les enfants du désamour sont nés pour payer les dettes de leurs
bourreaux.

Hey ! C’est pas notre faute si vous étiez mal biaisées par vos ouvriers
de maris. Faut comprendre, se crevaient à l’ouvrage, fallait vous
nourrir familles nombreuses. Puta de Dios! Mais on bouffait de la
viande à toutes les semaines, on avait du beurre sur la table, de la
confiture, du lait! On a jamais crevé de faim, du mal d'amourance oui
, mais pas de faim toujours. Le luxe des pauvres c’est bien ça, la
tendresse des casseroles. Pour le reste on apprend vite.

L’enfance est un drap qui se déchire avec les dents, les yeux grands
ouverts, et tu regardes le futur comme un aveugle.

Tu savais déjà qu’elle allait te briser les os l'entité de hyène, tu savais


déjà, caché derrière le rideau noir de ta misère, tu savais qu’il te ferait
jamais la charité d’autre chose que de lui survivre.

Ainsi, l’enfant sombre est devenu guerrier . Petit Bébert j'avance,


dressé comme un doigt d’honneur vers le ciel de mes combats !

J'avance, fier comme une lettre de l’alphabet, face aux fauteurs de


frappe.

Le jugement dernier, c'est moi ! Misérables sans miséricordes !

Les hypos même pas capables d'être briquets !

Mon nom je le sais maintenant veut dire " la dédicace" mais aussi "tu
guériras" !

Je suis le fils de la mémoire de mon père !

Buvez mes ennemis ! Buvez sa juste colère ! Qu’elle vous rende la


vue! Contemplez à l’extérieur de vous le plus beau, le plus grand, le
plus sublime des tableaux ! Contemplez ce que l’homme possède de
plus précieux, de plus grandiose, de plus noble !

Des fois comme ça je délirais ...

Contemplez ce que je dessine sur le visage de l’enfer! Contemplez cette


mortelle randonnée de la vie ! Contemplez l’homme qui prie, qui
pleure et toujours se relève !
Mon nom est celui de la guérison ! Jamais je serai malade! Jamais
sur un grabat d’hôpital à me faire branler par l’infirmière de service!
Jamais vous lirez dans les yeux de mon père, de mon fils ou de moi la
peur! Nous sommes combattants de l’amour, de la joie de vivre dans
l’absolue vérité d’être !

Et que cette vérité lave tes cheveux, tes mains, tes yeux, mon frère
mon ennemi.

Des fois comme ça môme je m' croyais .

Chapitre 3

C’est le fleuve qui me l’a dit:

« Tu devrais marcher d’une longue marche et rendre visite au vieux


guerrier qui repose loin là bas . »

J’ai marché. Le vieux guerrier vivait en paix. J’aime les hommes qui
marchent ! ils avancent et toujours ils avanceront. La sagesse est au
bout de leur chemins aussi long soient-il à parcourir.

―Viens mon fils, viens, repose-toi, prend du pain, du lait, ta


couverture et laisse-toi bercer par les chants de la lune. Demain nous
parlerons de ce qui a mené tes pas vers moi.

Je vis ainsi depuis le départ de Cœur de Kayak. Je dois aussi songer au


sommeil, il fera jour dans si peu de temps… La nuit toujours est trop
courte pour le bon repos, mais j’ai appris à vivre avec elle, comme avec
tant de choses… La nuit, la vraie, celle qui durera toujours, est encore
à venir… Je dormirai alors si longtemps que j’oublierai toutes mes
peines. Dors bien mon fils.
-Dors bien vieux guerrier.

L’aube est un privilège, l’automne, un adagio.

La vie je sais pas.

Nous avons bu le lait, partagé le pain, nous avons parlé du ciel et de


l’amour. Elle était si belle Cœur de Kayak, mais elle trouvait le temps
long je crois près de mes rêves. Elle voulait encore courir les jours de
sa jeunesse et je ne savais plus vraiment. J’ai rien dis quand elle est
repartie, redevenir brume. J’ai simplement regardé le torrent de sa vie
l’emporter vers un autre bonheur… Les oiseaux sont faits pour voler
comme les saisons pour s’enfuir…

 A bientôt vieux guerrier, je reviendrai.

Chapitre 4

C’est le fleuve qui me l’a dit:

C’est un musée ta vie.

T'y trimballes des galeries de nostalges et de souvenailles. T’y scrutes


des sculptures sépulcrales, des toiles inachevées, des croûtes
crapuleuses, des abcès obscènes, et des milliers de nymphes, des
purulences bien peu reluisantes, des ruptures brutales comme
l’absence.

Ta vie leur décroise les jambes, te cloue en croix sur le front blême de
ton passé, te verbant les prénoms que t’as aimé quand t’aimais celles et
ceux qui les portaient...

Bordelance !

Tombe sans écho !

Vrai ! le musée , ça criait là dedans ! Criait fort, normal ! Ca crie


encore !
Normal , un musée c'est aussi le cimetière des cris d'artistes ! Leur
tombe murale ! Quotidienne ! Visitable !

Payant de crever ! d'absence , d'absinthe , de froid , de syphillis , de


folie , de faim quelques fois ! Payant de crever pour une danseuse ,
une pute , une bourgeoise ! Crever pour un bol de soupe en échange
d'une toile ! Une toile pour un coup de rein ! Dormir sur un banc ,
dans un boudoir , un bordel , un asile pour cinglés !Un portrait pour
quelques tubes de peinture ! A vôt'bon coeur , à vôt' bon cul !!!
Natures mortes avez vous une larme et souffrez vous de ces modernes
fumures qui entourent vos douleurs de ce que les biens "introduits"
nomment l'art contemporain ? Mais de kossé donc cette statue géante
d'un génial architecte dans les fabuleux jardins du chateau de
Vérsailles ? De kossé les colonnes d'un Buren assassinant la place du
Palais Royal ? Colette c'est bien d'avoir mouru sans avoir vu de chez
vous ce massacre de la beauté !!! les ministres de l'enculture se
branlent et viennent sur la gueule du populot ! Bavettes , crachoirs et
serviettes aux suceux de l'élite ! Démocratie , qu'ils disent mais
pôvkong , le manard c'qui veut lui , c'est pas décortiquer la
langoustine à la table du chacal , c'qui veut c'est aller à la foire du
trône , avec bobonne et sa marmaille toujours en chamaille ! C'qui
veut le Paulo c'est du manège , du flon-fon , des stands pour tirer
l'ours en peluche , boire un godet d'eau de vaisselle et se goinfrer de
nougâts ! Veut de la barbe à papa ! Qu'on le photographie au coeur
des siens ! Veut du Zavatta , pas du Soulage ! Un hot dog à la ronde ,
pas du caviar à la honte ! Veut faire de l'auto tamponique , de la
pitoune pi boère son cristie de koke !!! Demande pas rien d'autre , le
prolo , juste un once de bonheur et finir en beauté : grimper mémère
format grand huit et montagnes russes !!! Bien sûr la loto ça aiderait
mais ! Le pain , la bière et le lait ça coûte cher !!! Tout coûte cher
quand on gagne misère ! Mauvais jambon ! Faux pain ! Lait pas
consèrvable ! Bière à la pisse d'âne ! Chipauvinaigue ! Salade
verreuse et tout le passé date ! Le Paris pâté ! L'oignon pourrave ! Le
balonné pousièreux ! Comme l'ancienne junkie recyclée en caissière
sous-payée ! Le vin mauvais ! Rien qui donne le goût d'en avoir , du
goût ... J'ai offert à un ami du foie gras , fallait voir LA TARTINE sur
baguette qu'il s'est servie ! "Pas mal ce pâté là mon homme , t'achète
ça où ?" Pareil pour Sauterne : "Crissement pas mauvais " ... Même
pour la bouffe , qu'elle se démarque l'élite ! Faudrait pas, les petites
gensses ,qu'ils s'habituent à ce qui est bon pour "NOUS" ! Sont
capables de reprendre la Bastille et se faire du feu avec NOS œuvres
d'art ! Mais VOS œuvres d'art , mesdames et messieurs du prose tarte ,
ils s'en torchent la prostate , les manars ! C'est un peu dommage mais
késtuveux , peuvent pas tout savoir ! Les sardines c'est dans une
boite ! Les merguez c'est faite avec di couchonne et le poisson y est
carré ! Remarque , inquéquettez vous pas ! D'avance qu'elles sont
sauvées mises à l'abris , protégées , léguées , pas de chicanes autour
d'elles , enfin , je le garantis sur la tête de mon gland et ça fait
longtemps que je m'en sers pour écrire ! Vous pouvez me croire ! Ca
l'existe les banques , les riches colléctionneurs , les émirats du Bas-
Rhin pi la diaspora , celle à qui TOUT appartient , TOUT est dû !
Suivez mon regard …

Chapitre 4

C’est le fleuve qui me l’a dit:

C’est un musée ta vie.

T'y trimballes des galeries de nostalges et de souvenailles. T’y scrutes


des sculptures sépulcrales, des toiles inachevées, des croûtes
crapuleuses, des abcès obscènes, et des milliers de nymphes, des
purulences bien peu reluisantes, des ruptures brutales comme
l’absence.

Ta vie leur décroise les jambes, te cloue en croix sur le front blême de
ton passé, te verbant les prénoms que t’as aimé quand t’aimais celles et
ceux qui les portaient...

Bordelance !

Tombe sans écho !


Vrai ! le musée , ça criait là dedans ! Criait fort, normal ! Ca crie
encore !

Normal , un musée c'est aussi le cimetière des cris d'artistes ! Leur


tombe murale ! Quotidienne ! Visitable !

Payant de crever ! d'absence , d'absinthe , de froid , de syphillis , de


folie , de faim quelques fois ! Payant de crever pour une danseuse ,
une pute , une bourgeoise ! Crever pour un bol de soupe en échange
d'une toile ! Une toile pour un coup de rein ! Dormir sur un banc ,
dans un boudoir , un bordel , un asile pour cinglés !Un portrait pour
quelques tubes de peinture ! A vôt'bon coeur , à vôt' bon cul !!!
Natures mortes avez vous une larmes et souffrez vous de ces modernes
fumures qui entourent vos douleurs de ce que les biens "introduits"
nomment l'art contemporain ? Mais de kossé donc cette statue géante
d'un génial architecte dans les fabuleux jardins du château de
Vérsailles ? De kossé les colonnes d'un Buren assassinant la place du
Palais Royal ? Colette c'est bien d'avoir mouru sans avoir vu de chez
vous ce massacre de la beauté !!! les ministres de l'enculture se
branlent et viennent sur la gueule du populo ! Bavettes , crachoirs et
serviettes fournis aux suceux de l'élite ! Démocratie , qu'ils disent
mais pôvkong , le manard c'qui veut , c'est pas décortiquer la
langoustine à la table du chacal , c'qui veut c'est aller à la foire du
trône , avec bobonne et sa marmaille toujours en chamaille ! C'qui
veut le Paulo c'est du manège , du flon-fon , des stands pour tirer
l'ours en peluche , boire un godet d'eau de vaisselle et se goinfrer de
nougâts ! Veut de la barbe à papa ! Qu'on le photographie au coeur
des siens ! Veut du Zavatta , pas du Soulage ! Un hot dog à la Ronde,
pas du caviar à la honte ! Veut faire de l'auto tamponique , de la
pitoune pi boère son cristie de koke !!! Demande pas rien d'autre , le
prolo , juste un once de bonheur et finir en beauté : grimper mémère
format grand huit et montagnes russes !!! Bien sûr la loto ça aiderait
mais ! Le pain , la bière et le lait ça coûte cher !!! Tout coûte cher
quand on gagne misère ! Mauvais jambon ! Faux pain ! Lait pas
consèrvable ! Bière à la pisse d'âne ! Chipauvinaigue ! Salade
verreuse et tout le passé date ! Le Paris pâté ! L'oignon pourrave ! Le
balonné pousièreux ! Comme l'ancienne junkie recyclée en caissière
sous-payée ! Le vin mauvais ! Rien qui donne le goût d'en avoir , du
goût ... J'en ai offert à un ami du foie gras , fallait voir LA TARTINE
sur baguette qu'il s'est servie ! "Pas mal ce pâté là mon homme ,
t'achète ça où ?" Pareil pour Sauterne : "Crissement pas mauvais " ...
Même pour la bouffe , qu'elle se démarque l'élite ! Faudrait pas, les
petites gensses ,qu'ils s'habituent à ce qui est bon pour "NOUS" !
Sont capables de reprendre la Bastille et se faire du feu avec NOS
œuvres d'art ! Mais VOS oeuvres d'art , mesdames et messieurs du
prose tarte , ils s'en torchent la prostate , les manars ! C'est un peu
dommage mais késtuveux , peuvent pas tout savoir ! Les sardines c'est
dans une boite ! Les merguez faites avec di couchonne et le poisson y
est carré ! Remarque , inquéquettez vous pas ! D'avance qu'elles sont
sauvées mises à l'abri , protégées , léguées , pas de chicanes autour
d'elles , enfin , je le garantis sur la tête de mon gland et ça fait
longtemps que je m'en sers pour écrire ! Vous pouvez me croire ! Ca
l'existe les banques , les riches colléctionneurs , les émirats du Bas-
Rhin pi la diaspora , celle à qui TOUT appartient , TOUT est dû !
Suivez mon regard

Fils de bougne inculte , on m'a foutu la paix

Chapitre 4/bis

C’est le fleuve qui me l’a dit:

C’est un musée ta vie.

T'y trimballes des galeries de nostalges et de souvenailles. T’y scrutes


des sculptures sépulcrales, des toiles inachevées, des croûtes
crapuleuses, des abcès obscènes, et des milliers de nymphes, des
purulences bien peu reluisantes, des ruptures brutales comme
l’absence.
Ta vie leur décroise les jambes, te cloue en croix sur le front blême de
ton passé, te verbant les prénoms que t’as aimé quand t’aimais celles et
ceux qui les portaient...

Bordelance !

Tombe sans écho !

Vrai !

Le musée , ça criait là dedans ! Criait fort ! Normal ! Ca crie encore !

Normal , un musée c'est aussi le cimetière des cris d'artistes ! Leur


tombe murale ! Quotidienne ! Visitable !

Payant de crever ! d'absence , d'absinthe , de froid , de syphillis , de


folie , de faim quelques fois ! Payant de crever pour une danseuse,
une pute , une bourgeoise ! Crever pour un bol de soupe en échange
d'une toile ! Une toile pour un coup de rein ! Dormir sur un banc ,
dans un boudoir , un bordel , un asile pour cinglés !Un portrait pour
quelques tubes de peinture ! A vôt'bon coeur , à vôt' bon cul !!!
Natures mortes avez vous une larmes et souffrez vous de ces modernes
fumures qui entourent vos douleurs de ce que les biens "introduits"
nomment l'art contemporain ? Mais de kossé donc cette statue géante
d'un génial architecte dans les fabuleux jardins du château de
Vérsailles ? De kossé les colonnes d'un Buren assassinant la place du
Palais Royal ? Colette c'est bien d'avoir mouru sans avoir vu de chez
vous ce massacre de la beauté !!! Les ministres de l'enculture se
branlent et viennent sur la gueule du populo ! Bavettes , crachoirs et
serviettes aux suceux de l'élite ! Démocratie qu'ils disent mais
pôvkong , le manar c'qui veut lui , c'est pas décortiquer la
langoustine à la table du chacal , c'qui veut c'est aller à la foire du
trône , avec bobonne et sa marmaille toujours en chamaille ! C'qui
veut le Paulo c'est du manège , du flon-fon , des stands pour tirer
l'ours en peluche , boire un godet d'eau de vaisselle et se goinfrer de
nougats ! Veut de la barbe à papa ! Qu'on le photographie au coeur
des siens ! Veut du Zavatta , pas du Soulage ! Un hot dog à la ronde ,
pas du caviar à la honte ! Veut faire de l'auto tamponique , de la
pitoune pi boère son cristie de koke !!! Demande pas rien d'autre , le
prolo , juste un once de bonheur et finir en beauté : grimper mémère
format grand huit et montagnes russes !!! Bien sûr la loto ça aiderait
mais ! Le pain , la bière et le lait ça coûte cher !!! Tout coûte cher
quand on gagne misère ! Mauvais jambon ! Faux pain ! Lait pas
conservable ! Bière à la pisse d'âne ! Chipauvinaigue ! Salade véreuse
et tout le passé date ! Le Paris pâté ! L'oignon pourrave ! Le ballonné
poussiéreux ! Comme l'ancienne junkie recyclée en caissière sous-
payée ! Le vin mauvais ! Rien qui donne le goût d'en avoir , du goût ...
J'en ai offert, un soir, à un ami du foie gras , fallait voir LA TARTINE
sur baguette qu'il s'est servie ! "Pas mal ce pâté là mon homme ,
t'achète ça où ?" Pareil pour le Sauterne : "Crissement pas mauvais "
... Même pour la bouffe , qu'elle se démarque l'élite ! Faudrait pas, les
petites gensses qu'ils s'habituent à ce qui est bon pour "NOUS" ! Sont
capables de reprendre la Bastille et se faire du feu avec NOS œuvres
d'art ! Mais VOS oeuvres d'art , mesdames et messieurs du prose
tarte , ils s'en torchent la prostate ! Les manars ! C'est un peu
dommage mais késtuveux , peuvent pas tout savoir ! Les sardines c'est
dans une boite ! Les merguez c'est faite avec di couchonne et le
poisson y est carré ! Pas de z’yeux ! Remarque , inquéquettez vous
pas ! D'avance qu'elles sont sauvées mises à l'abris VOS œuvres !
Protégées ! Léguées ! Pas de chicanes ou presque autour d'elles ! Je
vous le garantis sur la tête de mon gland et ça fait longtemps que je
m'en sers pour écrire , c’est une marque , mon gland ! Vous pouvez
me croire ! Ca l'existe les banques ! Les riches collectionneurs ! Les
émirats du Bas-Rhin ! Pi la diaspora , celle à qui TOUT appartient !
TOUT est dû ! Suivez mon regard !

Mais j’en ai quand même visité dans mes villes , des parcs , des
maisons , des manoirs , des museum of art et des brasseries ! Pleuré
devant un Renoir ! Des jardins magnifiques ! Des appartements ! Des
chambres de peintres suicidés ! Visité même Schönbrunn et le café
Central avec l’impératrice ! Des ruelles et des rues ! Des cimetières
auxquels je parlais !

Fils de bougne inculte on m'a foutu la paix !

La paye et les éconocroques y passaient , rien à branler ! J’AI


APPRIS !!! Des noms de planètes , des noms d’oiseaux , des noms
propres et des noms de salauds ! Des noms comme dans les dicos ! Des
mots grandioses comme liberté ! Des noms dégueulasses comme
dictature ! Des mots douloureux comme holocauste ! Des mots
heureux comme je t’aime papa ! J’ai appris tout ce que je pouvais
apprendre ! Mais une tête a ses limites c’est comme le ciel …J’ai pris
ma mémoire en otage et des feuilles blanches à la pelle ! Pas besoin de
notes , j’avale et je rends ! Me désamnésie … Faut ! Avant de crever !
Revoir la mer , la rue Lafontaine , le parc Laurier ! Revoir la
porcelaine de ma vie …

Rien que pour ces instants là , madame de Tartemolle et monsieur de


Méburettes , rien que pour ces instants là , vos haies d’honneur , vos
médailles de mes joyeuses et vos absconneries , je vous beurre la raie !

Chapitre 4 bis

Au bout de la rue de l’écrevisse , quai shoepflin , y avait l’école .Du


même nom . 1954/1959 , sur les bords de l’Ill , face au tribunal .Des
noms d’élèves et de profs (on disait maîtresse ou maîtres) j’en ai
encore plein la musette … Jamais revu personne … Le Coco c’est tout

Souvenirs de valses !

L’école et la prison se tutoyaient … Je voyais depuis ma salle de


classe, la taule et sa promenade. Le padre , comme dans les films , les
mains dans le dos qui tournait là !Pas tout seul , détenu politique …
Monsieur Amrani pareil et d’autres …
Les rumeurs... On essayait de comprendre … Les vieux dans le trou,
les vieilles, sourdes , muettes, encouventisées ! Pas question de nous
raconter ! Surtout rien dire ! Garder le secret …

Les enfants sans mémoire, ça gène personne.

Hey les vioques? MOI je savais ! Pas la guerre d’avant mais l’autre,
celle d’APRÈS. Celle des massacres, des viols ! Torturance ! La
guerre de la gégène! Felouses d’un bord, l’autre, les engagés de force
ou non! La guerre des nez coupés , des couilles cousues dans les
gueules ! Putain la guerre !!! Le bled, les gourbis, les djébels aux
paras! JE SAVAIS ! La bataille d’Alger ! Sétif , Guelma , Kherrata !
Les ratonnades ! Charonne ! Ils ont torturé mon père ! Il m’a raconté
plus tard , beaucoup plus loin , des choses qui ont déposé du gris dans
ses yeux … La cellule avec vue sur la veuve ! Les camarades qui
criaient dans les couloirs ! Le bruit des gamelles castagnant les portes
des cellules au passage du condamné … L’horreur inhumaine des
corps coupés en deux ! La peine de mort , nous en avons parlé …
Gracié par de Gaulle , qu’il a été . Gaulliste par fatalitas !
Révolutionnaire par conviction ! Demande moi pas de qui je retiens …

La guerre d’Algérie !

À l’école, on me la chantait justifiable cette honte ! C’est rien que


sauvages , des cannibales , des ratons qui s’entre-culent ! Pas vrai
monsieur Tabra ? J’ai répondu tout est possible mais QUI les a foutu
ans l’armée française , pour mourir à votre place quand les chleuhs
vous on bottiné le trou du fion ? QUI a lancé des S.O.S aux zarabes et
aux sénégalais ? QUI s’est faite remplacer par de la viande a canon
pas chair ? Pi QUI s’est faite shiner la bite à la remise des médailles
en or , se tapant champagne et filles de nos campagnes , veuves
épluchées , femmes de camarades tombés en rade ? Salauds ! Pareils
aux verts de gris ! Pas tous , une chance !
À la maison , la rengaine , plus la même. La vie qui manège !
Pensaient que je savais rien , les monnayeurs de secret , que je saurais
jamais rien, pis surtout que je dirais jamais rien…Mais le Bébert déjà
déchiffrait ! Tout de son époque !

Les années de paume …

Quand on sait lire, on sait presque vivre.

Et regarder.

Rue de l’écrevisse on vivotaient au ras de chaussé , gueule avec vue


sur la gueule des murs d’en face . Fenêtres basses , les gens qui nous
parlaient z’avaient pa besoin d’entrer . Debouts sur le trottoir , qu’ils
jasaient à la vieille , par là aussi que passaient les bouteilles de pinard
quand le père était au taf … les gauloises bleues mais pas les idées !
Tellement de pauvreté dans le quartier que même les idées venaient à
manquer …

Au bout du couloir de ce ras déchaussé subsistait , dans sa mini


piaule avec vue sur les vidange , un type , un grand brun .La porte de
son antre ouverte en permanence ou presque .Et c’est pas le tramway
qu’il attendait … Quand j’allais aux chiottes , elles aussi sur le couloir
, il me faisait des coucous de la main …

L’autre, le millepattes devant la maison, c’est pas le train qu’il


chouffait !

Pis les autres ! La smala qui défilait, parlait bas, buvait du café,
c’était pas à confesse qu’elle se rendait.
Le grand bizarre non plus, en tenue de barouf, qui m’a offert des
dattes ! Les avait trimballées d’Algérie bien rangées dans ses
babouches, odeur incluse …Il m’a dit : mange mon fils, mange, elles
sont encore fraiches … J’ai toujours été proche de la vie… Toujours !

C’est mon beau grand musée, rien qu’à moi , ces humains là !
Tordus ! Vicelards ! Inventeurs de l’imprimerie et des chambres à
gaz ! Bâtisseurs des temples d’Angkor ! Créateurs de la bombe
atomique ! Traitres à tout , voleurs d’enfance , rats d’égoûts , semeurs
de blé , tueurs en série , clowns , revendicateurs de la terre du
voisin !!! Suivez mon regard …

Cette existence cramée, c’est ma galerie des glaces .

Tu verrais, sont tous là, toutes, leurs histoires avec. Tu les verrais,
c’est pas toujours bien propre les mains de la grâce humaine .

Les camps ?

Pas connu . Suis arrivé trop tard ! Mais le reste … les a côtés ,les
collatéraux ! Les radotages ! Il sentait bon le sable chaud ! Jamais la
boucherie ? Elles étaient la cuisse légère et l’âme lourde !

La vieille écoutait chants et marches militaires nazis EN ALLEMAND


! Le vieux, sa musique orientale avec les amis d’une autre résistance.

J’ntendais leurs souffrances .

Nos daronnes, en ces temps de cuir , jamais loin, toujours


soutenantes : elles en ont pris plein la cartouchière Pas oublier !
Menottes qui marquent !Perquises ,arrestations, menaces ! Un chouia
d’ongles arrachés ,des bittes électriques dans l’cul, rien que du
bonheur! Santé!

Merci la république! Merci les gaulois! C’est aussi tou ça l’affrance,


la grande, la magnifique, la belle de mon enfance !
Patriote mais pas de tout !

Au fond comment ne pas te parler malgré tes poubelleries, comment


ne pas dire je t’aime comme un vieux fou, tant pis la romance, le
pinard, le camembert! Tant pis sale garce, je te kiffe pareil. Ma folle
d’azur au tricolore taché de sang !

Je t’aime pareille .

Pour l’école obligatoire, gratuite et laïque, je te kiffe encore. Malgré


tes défigurations, tes emblèmes de droite et tes cécités dortoirs, je te
kiffe ma belle salope, hors de tout doute, même si t’es plus la fiancée
de mon enfrance et que tu reviendras dans le mauvais chemin …

Même si les droits de l’homme, c’est plus rien que les doigts des uns
dans le fondement des autres… Mais que de grands rêves je te suis
redevable !

Pi on s’amusait malgré , les gamins de la rue. Parfois même on riait


sans tout comprendre. Mais toujours on avait nos assiettes pleines, pas
trop variés les menus, mais TOUJOURS on a becqueté nos rations de
rata. C’est comme chez la mère du Coco. Le menu à la casbah ?
Couscous le dimanche et pour le reste on improvisait ! Y’avait que
l’embarras du choix: nouilles, spaghettis, macaronis, coquillettes,
linguines, du riz bien sûr, pas oublier le riz ! Pis les soupes, les
patates, la putain de bouillie de maizena, quelle horreur! Mais le
samedi, ah le samedi soir! Café au lait, pain beurré, confiture! Du
pain à volonté ou presque, la vieille , garde-à-voûtée qu’elle se tenait
au bout de la table. Ça te découpait la miche, ça tartinait à sa volonté,
pis ça gueulait en putois, forcément on était une famille nombreuse.
La vieille vermacht allemande, c’est commander qu’elle voulait !
Genre : le prochain qui demande y’aura rien!

Le vieux mouftait pas.

Trop de silences dans l’amour, c’est jamais bon signe, ça dit pas
grand-chose, un peu comme du cinéma muet qu’on entendrait .
Disaient pas trop rien les hommes du temps, pas des romantiques, des
tresseurs de paroles, des érudits . Juste des hommes, des forces de
travail , des bras forts de forçats , pas le temps de galantiser , de
bramer la biche , pas le temps de manièrer la haze Le boulot dur,
dures les journées longues longues… Des nuits à blanchir leurs dettes,
ou grimper leurs assureuses de descendance. Pas le temps de
charmer . L’essentiel tout de suite !

Mais s’en garder par-dessus tout, des souvenirs désarmés de cette


chienne de guerre .

Langage des murmures …

Chapitre 5

C’est le fleuve qui me l’a dit:

« Les souvenirs, mec , enterre pas ça »

Je voudrais , je saurais pas.

Le rez-de-chaussée de la casbah d'enfance pauvre me remonte encore


à la gueule. Pas grand pas grand. Petite la cuisine, fenêtre sur cour
grisailleuse , petite aussi , là qu’on rangeait les vélos pis les ordures.
Petite la cuisine .Pas de porte. Presque posée dans la chambre papier
peint qu’on se partageait le frangin Daniel pis moi, pour le plume.
Odeurs de becquetance incluses . Pi les rares fois de visite , comme je
suis l’aîné, ces nuits-là j’y restais , privilégié. Dormant au sol ou
comme avec Mathilde marraine qui en a tant fait rêver des hommes
… Pis moi ! Mais ! Toute chaude la beauté , sa bonne odeur , ses bas
résille …

Petite la pièce commune. Vue sur la ruelle, une table, un lit pour y
mélanger les autres de la couvée. C’est là qu’on le prenait notre bain
quotidien, tout le monde à poil, chacun son tour, debout dans la
grande lessiveuse, à se faire étriller par la vioque. La salle à manger-
dortoir. Le rideau qui séparait le bastringue de l’alcôve aux
mystères. Là qu’ils se collaient nos vieux. Jamais rien entendu, juste
imaginé.

Pis les choses ont changé de grimace.

Neuf janvier cinquante-neuf, on a poulopé, direction la cité, LA


VRAIE, ferraille et béton ! L’appart ! Une salle de bain ! Des
piaules ! Quatre ! Mordelle ! Une cuisine salle à manger ! Des
chiottes ! Là que j’ai rencontré ma première pile de livres. Traînaient,
laissés-pour-compte … aux goguenots ! Des polars, Jean Bruce et
compagnie. J’ai tout lu sans faire gaffe. La lecture, quand on
découvre... Tout avalé, digéré, mutin de soif ! Des aventures, des
morts, du sexe, des noms de pays! Fallait que je sache. Pas comme à
l’école, juste comme dans la vie, la vraie. Que je sache! Soiffard
déjà ! La couvée s’en battait les ailerons … Voulait juste bouffer,
chier, se plaindre, s’atomiser le médius gueules ouvertes …

Sous les couvertes, loupiotte à l’appui, je m’assommais les yeux, pas


qu’ils me surprennent, les radars ! Napoléon, Buffalo Bill, ça y’allait
de l’imaginance ! Ivanhoé, Robin des bois, Till Eulenspiegel ! Déjà
mordicus de TOUTES les révoltes, la mienne , en avant toute ! Les
magazines de cinéma. Lutin de mordelle! Toute la terre à moi!
Larousse, bien sûr! Photos, récits, personnages, films, histoires à
boire debout! Hollywood en banlieue de Stras. Et Cinecitta! La
totale! Bouffer de l’info. coûtait pas cher. En profitais, m’en gavais,
m'en consumais ! Les seins d’Anita Ekberg à m’en étourdir la cabèche
, m’en damner le perchoir et le perroquet , m’en damner mes dernières
gouttes de virginité …

Entrez les artistes ! Entrez! La salle d’attente de mon cèrveau sera


jamais assez pleine. Entrez, vous êtes ici chez vous! Gratuite qu’elle
est la séance! Permanente! Sans entracte! Les placeuses tellement
belles avec leurs bas nylon Bonbons, caramels, esquimaux,
chocolats ! C’est la fête aux mirettes! Entrez, entrez, voici vos
actualités! Pas toujours drôles, pas beaucoup souriantes, mais bon...
Les Russkofs les Ricains, la guerre d’Algérie, l’Indochine , LA
bombe, les crève-la-faim , le Spoutnik ! Plein ta capuche t’en prenais !
Plein le ventre ! La bidoche te tremblait jusqu’à l’arrêt du culte !
Charniers qu’ils étaient les hommes ! Ca change pas , l’horreur… On
était encore un chouïa trop jeune pour tout comprendre, alors on
attendait le film, le vrai, celui qui donnait du rêve aux petits crevards
de banlieue.

Le rêve ?

Une mégatonne j’en avais. Encore à la soixantaine, il m’en reste.


Plus des masses, je confirme. Faut voir la vie ce qu’elle m’a refusé,
l’enfantée de cheyenne! Le reste, je me le suis appris. Les amours, les
amis, les zooms les hôtes, les matelassières, le souk, la galerie, les
clowns! Tout ce que je crois savoir…

L’école ?

Jamais été le meilleur. J’apprenais. Dès le commencement, rebelle.


Attentif, révolté du bulbe ! Pas drôle apprendre ce que tu sais déjà.
Fait que je dissipais, la cage à cervelle souvent ailleurs. Chez les filles,
un peu, souvent, fallait bien. Je me grattais là que ça me piquait. Les
profs comprenaient, faut croire. Toujours des notes dans la moyenne,
pour pas redoubler. La suture a tenu bon.

Depuis … les copains démémorisés, claqués, mariés. Pas mieux ! Des


qui se sont retrouvés braqueurs, bagnards, maquereaux. N’en reste
plus bézef à qui demander comment c’était nos âges tendres de têtes de
bois. Le Coco, bien sûr, fidèle à tous les postes. Le René qui plisse
dans sa bétaillère, qui vieillit de sa vie, le Rémi qui laisse parler sa
femme, plus envie de dire grand-chose. Crottin de chandelle!

Une fois passée la résistance calbutière, plus personne au rancart!


Absents qu’ils sont rendus ! Même le Tony, on se parle rien qu’à
l’occase, le Bimbo plus jamais. Juste cette photo de classe qui change
pas. Les filles toutes, à part la Baika s’amnésient. Normal, en ont vu
défiler des légionnaires de la membrane fébrile. Pas leur en vouloir.
Ça touche, ça goûte, ça retouche, tâte, évalue, pèse, palpe, soupèse !
La vie , qu’elles prétendent !

Les bougres de nous, pas mieux ! Le certif ! Gagné le mien ,17 juin
63. Direct l’usine ! Chacun son calvaire. Le mien, c’était Roth frères,
la Meinau, tous les matins, pédales musculantes sur mon randonneur
blanc . Fier comme un coursier ! La paye rentrait aux vendredis .
Fallait qu’elle tienne le coup, la familia. Pas facile quand le vioque est
pu là. Cinq francs, je crois me souviendre , qu’elle me laissait la
chiourme. Ça suffisait pour mes P4, le cinoche, pis une bière en
douce... Peut-être une glace pistache avec une fille de la cité ? Le
grand luxe de ce fabuleux « mendiant » … Mutin de gâteau, j’en ai tu
bouffé ! Les civilisés disent: clafoutis. MERDE ! C’EST PAS DU
CLAFOUTIS ! C’EST DU BETELLMAN! Malice de havresac...

Chapitre 6

C’est le fleuve qui me l’a dit :

«Ton enfance, jamais laisse-la se barrer, c’est ta fiancée pour la vie.


Laisse la pas se ramasser , vidange sur les trottoirs de l’oubli . Devient
pas un vieux chmoque non-voyant de ce qu’elle fût. Belle, malgré tous
les malgrés de canard. Devient pas boiteux du souvenir . Oublie rien.
Oublie pas, rue de l’écrevisse, place Broglie, rue de Molsheim, rue du
fil, rue de la nuée bleue, gottferdum! Oublie rien ! Garde ça bien au
chaud dans la musette de ton cœur. La grand’ rue, les arcades, les
quais, la place Kleber, les boutiques à bonbons, le Christkindelsmarik,
l’orangerie, les Contades ! Passe vite mon Bébert, faut emporter le
max du max. Tu peux pas tout raconter. C’est pas comme l’infinie
tendresse des chaudrons, là tu peux y traîner tant que faire pourra. La
tendresse, elle s’écrit pas en lettres moulées, majuscules,
calligraphiques. Elle s’écrit manuscrit de la souffrance et petits
bonheurs.»
On en a rit , le Coco, la Nicole et moi plus tard avec le Gaston,
beaucoup plus tard. On a tous vécu le même quartier, lutins du
Neuhof, de la Solignac, du Bagarsee... Tous enfants de métisses.
Commençait bien nos histoires. Tous moitié-moitié, chleuhs , négus,
arbis, gitanos, manouches, piave, mangave, chourave, niaks, pâtes à
tartes, fils de lutte et d’ivrognes. Fiers de l’être! Ouvriers, chômedus,
pouffiasses… Le même bateau qu’ils ont coulé sur les bords du Rhin.
France, nous voilà! Merde au Maréchain Pétale!!!

Sont revenus de loin les africains, l’étendard sanglant flotte encore sur
la cathédrale de Strasbourg. Enfants de la deuxième dernière, fallait
bien naître quelque part. C’est capricieux les ovules pis les
spermophiles ! Le plus weird gagne le grelot ! Toujours le plus becte le
moins, toujours le boss enculte SES prolos, et m’sieur Seguin, sa
chèvre!

Ça l’a pas de fin c’te mascarade… Parents, profs, éducateurs,


adjudants, la vioque surtout! Te déglingue, charcute, boustifaille,
empale, démembre. Spécialiste! Saigneur! Tu sais pas pourquoi t’en
prends des coups de ceinturons, de fouet, de martinet, des coups de
balais dans le plexus.

-Hey Folcoche! C’est quoi ton crisse de problème?

-Mon problème c’est toi! TOI! SANS TOI, JE SERAIS PAS


OBLIGÉE DE VIVRE AVEC CE CROUILLE À LA CON! JE
T’AIME PAS! VA-T-EN! CRÈVE! JE VEUX PLUS TE VOIR FILS
D'ARABE ! FILS DE CHIEN!!! FILS DE PUTE AUSSI !!!

Cette voix qui tatoue les tripes… Jamais compris la haine qui la
tenaillait ma vieille. Ses yeux, qui viraient au blanc, pendant qu’elle
vermachtisait mon enfance. Jamais compris d’où ça lui remontait ces
aboiements de louve concentrationnaire. Mon frère disait: «si ça se
trouve, c’est pas not’ mère, juste une brute en rut que l’père a
ramassé, par désespoir, un soir de déprime su’l coin d’la rue». Quelle
hyène marâtre il a chopé le vieux, pauvre lui. Mais si ça se trouve, au
lit, c’était probable une escaladeuse de braguette number one.

Les hommes, par là qu’ils se font trop souvent tenir, par la couette.
Par les claouis, pis sont ben kantan! Se déviandent, se défoutrent,
agonisent, euthanatos! Pas de sommeils. Rêveurs, juste une espèce
d’espace ankylosant, du calme avant l’aube, avant le bagne
journalier. Trimardaient pas mal dur les hommes. Poseurs de rails,
camionneurs, crépisseurs, fondeurs…voisins de la
tuberculose .Trimaient pire que Valjean!.

Par chance, les petits jardins communautaires. Chacun son mini


lopin, tomates, salades, oignons. Chacun sa fontaine à bras, son
cabanon, sa radio, son confort plastique et bois. Là qu’ils se
reposaient de leurs guerres les anciens, de leurs blessures, de leurs
femmes, de leurs illusions paumées. Quelques fois, sans doute, un
verre de rouge, kasher sous la tonnelle. Fallait bien voyager , le bled
en bandoulière, la chéchia sous le chapeau, le Sahara sous le béton.
Voyager vers l’Oranie, les Aurès, la Mitidja, la Kabylie... Novembre
54, juillet 62, prisonniers d’un croûton de mektoub… Le pinard, faut
leur pardonner, leurs ti joints, leurs somnolences, leurs paradis
jardiniers, tout faut leur pardonner à ces vieux géants de l’empire
colonial.

Jamais cités ailleurs que dans le quartier de leurs habitances, jamais


vantards, juste reconnaissables au cuir de leurs peaux. Les kongs de
la plaine. Fouille-moi pourquoi, leur en voulait parfois? Ça finissait
batailles rangées, les vanniers, les alsakos et Vanzetti, les crouilles,
leurs walkyries dépoitraillées, désanjuponnées, chignons à la crèpe ! À
coups de fourches, bouteilles, pelles, poubelles, haches, manivelles!
De culottes sales même! Aux fenêtres, on gueulait comme au foot:
«Va-z-y papa!». Les matrones pleuraient, crises cardiaques
vaginales! Pire qu’un orage au bout de la pluie...

Chapitre 7
C’est le fleuve qui me l’a dit :

« vomissure-toi de ta vieille , est pas bonne pour ta santé »

La vieille qui priait ses faux saints ! Pas compris que sa jeunesse était
passée date. Maquillages clownesques plein sa mocherie. Mascarade,
ravalement de façade , rembourrage, masquer l’usure, talonnades,
bouclerie permanente et compagnie. Toujours le paquet de gauloises
d’une patte l’autre le kil de rouge, et les yeux !!! Peloton d’exécution!

Des souvent j’en avais honte. Jamais eu le goût) de l’embrasser.


Devait goûter abrasive. (Gerbe.) gerbant. Le père qui louait Dieu par
Allah, (priait . bossait , priait , bossait , priait ,) qui se tuait à l’ouvrage
pour Cette smala et son engeance, fallait pas quelle crevasse! L’élevait
pour SES vieux jours... Pas de chance, on s’est tiré tous, ou presque.
Le frangin on the road... La grande, vendue à un cousin de
cambrousse. L’autre, pas mieux la petite, à un cousin de village. Le
Bébert? J’ai claqué la morte sur leurs tombes. Les deux (suivants)
derniers ont fini voleurs. Pas fort la tribu. Diarrhée (d’)l'enfance.
Gamin soûle-toi. Ça donne soif la douleur… Toujours la
dégueulasserie. Miroir, miroir, c'est qui la plus salope, l’enfance ou
la mort? Bal- trap. À peine ton premier élan qu’ils te tirent tiraient
dessus. L’ombre est était dans la proie, les larmes dans l’œil,
L'échafaud dans l'ascenseur. Le port, le paquebot, c’est pour dans pas
long…

Déchirements dans l’écriture du matin, l’écriture du soir, nocturnes


trimbales sur le boulevard du Montparnasse. Milles qui trompettait,
moi qui récitais des verres d'absinthe. Classieux! Insomniaquissime!
La gerbe à tire tirait d’elle et (tu) elle viens venait me dire: « écris
donc des choses heureuses au lieu de toujours tout voir en black!»
Voudrais bien, mais pas encore (de sang bleu) d’encre mauve ou
bleue, RIEN QUE DE LA NOIRE.

Le grand Meaulnes est était tombé au champ d’horreurs. Hans (est


était passé par là.) aussi. Désencutage aussi, la vieille qui dit disait:
«je faisais les soldats». Normal, dans un bar on sert à tout. Les
marins marinent, les danseuses dansent, les serveuses servent.
Raclure la vie vieille, d’une vacherie l’autre, putassière! Onze ans
j'avais, quand la serpentaire nous a placés en foyer d'accueil, ma
soeur Annie pis moi. Le vieux en cavale because la politique. La
guenille s'en pleut pleuvait-pleutait plus, s’en remet à l’ordre social.
Foyer départemental de l’enfance. Dépôts. Rien demandé. Juste
respiré. Là, sous la chiourme, tu les vois voyais les hommes, les
apprends apprenais, les démasques démasquais. Enfermé, tu les
respires respirais pour de vrai les frangines, les frangins. Cellulisés,
tu les vois voyais grouiller, chaparder, renifler sales, t'es vois voyais
blancs comme pièges à rats, puants, reptiliants, défoliants. La nature
du primate sera toujours primaire. Les surveillants toujours voudront
enculer le sommeil des petits p’tit gars. Drôle de drame. Le directeur
de cet endroit de merde semblait un brave homme. Grand, maigre,
lunettes, épileptique. Pas beau à voir quand lui venait une crise. La
cour emmurante, carré de sable, boules de pétanques, paniers de
basket-ball, Minimaliste. Un cagibi, l'atelier. Là que j'ai entendu la
Moldau de Smetana pour la 1ere première fois... Serge, le surveillant,
Serge, a dit comme ça : t'aimes la grande musique? Je sais pas c'est
quoi, chez nous on est trop pauvre pour ces choses-là. Plus tard,
beaucoup plus tard, j'ai eu à répondre à cette question : vous étiez
pauvres comment monsieur Trouchebine? Connerie! Pauvre comme
pauvre de chez pauvre. Donc, Smetana, Vivaldi, Mozart... La
musique tu la bouffes bouffais d'où qu'elle te vienne venait. Goinfre
suis devenu! Les autres mômes de cette bouillasse des tasses, je m'en
souviens pas bien. Le Mesmer oui, qui nous récitait du La Fontaine à
la veillée, l'Hubert qui marchait croche, bossu presque, la faute aux
escaliers trop bien cirés, le petit espingo, à peu près tout. Pis les
surveillants, Monsieur Meyer et son Albertine cheffe cuisinière qui me
piégeaient quelques fois dans mes randonnées nocturnes, voleur
d'oignons face au garde-manger. Disaient, voix basse, tu devrais aller
te coucher. Grimpait vite le Bébert! Privilégié. La chambrette au 2ème
deuxième étage, on y dormait juste deux. Proche vraiment de d’la
celle à Georgette. Beau brin pas farouche. Dormait porte pas closes,
la vingt vingt deuzaine, brune, bouclée, tant voulu qu'elle soit ma
première, mais à nos ces âges on savait pas comment faut fallait
faire. Ça m'électrochoquait le bigoudis. Je la pensais même en
classe. Mr Riefensthal, vieux prof y pouvait rien, mes notes étaient
bonnes, donc... Ai décroché un prix, un livre sur l'aviation. Pis un
enculman me la emprunté. L'a vendu à un bouquiniste pour se payer
une heure de bon temps avec une fille sur une terrasse. No comment.
Un chacal est un chacal. Je lui ai dit ça un peu plus tard de la main
droite.

Fuck les dortoirs, les figures imposées, la bouffe commune en


commun. J’AIME PAS LES ÉPINARDS! Ils m’ont foutu cette
merde en pleine face. Tu bouffes ou tu crèves. J’ai crevé. Me relevais
la nuit, vite aux cuisines, voleur d’oignons. M’ont dropé chez les
grands. J’en connaissais des faut dire. La cité, c’est là qu’elle
envoyait ses pas désirés. Traitement de faveur. La Georgette, aux
seins lourds, je la matais, lot de consolation. Pis j’ai quand même
hissé les voiles. Première évasion, retour la cité, mais la polosse a pas
voulu de son fils bien ailé. Délation. Sont revenu me ramasser les
sociaux. Putassière je dis , la vie.

Je voulais marier la Jacqueline. Pas question! Marie donc l’usine!


Ça rapporte plus qu’ils disaient les congres. Fuck et refuck, c’est la
Jacqueline que je demandais! Mon cœur, c’est battre fort qu’il
voulait, pas se débattre. Elle était si belle... Son père disait : elle
t’attendra. Poufiasse de première your life, mister Bébert! Mes pattes
jamais les ai posées sur toi jeunesse blonde. La chienne a pas voulu.
Mon premier Renoir déchiré. Dégueulasse la vie, je proclame. À
quelques baisers près se perd ou se gagne. Arrachage de des lèvres.

Le vieux nous est revenu sans prévenance de ses voyages clandestins.


Plein jour. A fallu, ce qu’on pouvait, foutre une vie dans la 403.
Direction Marseille, le Kérouan. La trimbale, un peu déjà, qui
m’invite invitait à la table de l’itinérance. J’avais pas envie. Mais
soupe servie FAUT avaler. Vomissures encore. Changer de lieu,
d’amis. d’école. C’est pas ça que je veux, Crevures! SURTOUT PAS
ÇA!!! Ma jeunesse, vous êtes en train de la scraper, je vous aimerai
plus jamais! Que sont-ils devenus? Daniel, Bimbo, sa soeur Isabelle,
Rémi, Francis, Yolande, ma vraie première 1ere bandaison, la
Monique un peu cochonne, qu'êtes-vous devenus? René, Bayka,
Myriam, tous de la cité, pis ma Jacqueline ? Alger la blanche, nous
voilà! Pas ma ville, mais quand t'arrivais là, faut dire... On en jase
encore avec des ceusses qui ont connu... La plus belle baie du monde!
La casbah si grandiose, blanche, une robe de mariée sur
l'enchantement de la méditérannée. Camus! Le front de mer, le
square Port Saïd, à gauche la Kabylie, à droite l'Oranie. En arrière de
tout ça : le Sahara. St-Ex pourquoi pas? La blanche de Pépé le Moko,
d'Ali la pointe Youssef Saadi, Bab el oued, la pêcherie, la rue Bab
Azoun, la grande poste… J'y reviendrai.

Les années militantes, le docteur, le jazzman, Choukri, le vieux Toto


qui gardait encore l'église du patelin, presque aveugle qu'il était, mais
la mémoire des pieds noirs, cruelle mélancolie... Territoire sans infini,
Faut Fallait bien s'installer. On me traitait de pieds sales, de
colon, petit pédé, raton blanc, fis d'OAS, la totale! Ai fini par
l'apprendre leur langue. Université de l'injure et respect soit-il. Une
chance, les bouquins. Leurs personnages, ma vraie famille, un grand
bonheur. Comme ça je m’en suis allé. Refugié. Pas d’autre pays.
Le vieux disait : mon fils, t’es un sorcier! La vieille criait : fous le
dehors, c’est un monstre, finira par tous nous tuer! J’EN VEUX
PLUS! C’EST PAS MON FILS! Les nouveaux copains savaient la
folle en delirium permanent qui faisait honte et pitié. Comment t'es
capable qu'ils disaient, pour la supporter? La mienne je l’aurais
crevée. Surtout pas! Je veux voulais la regarder pourrir dans sa bave
la crapaudière, pourrissante dans ses baveuses, bave de buveuse
ectoplasmique, la voir se chier dessus, devenir une flaque d’égout. La
veux voulais crevante, rampante plat ventre, impuissante à se
ramasser, pissotière d'elle-même, ratière. La voulais dégoûtante,
souffrante, purulente du glacier de son cœur de mère amère, la veux
voulais du pire, la hyène, pas du bien, rien que du mal, du mal, du
mal! Ses yeux blancs, qu’ils se pendent à leurs nerfs optiques! Soyez
sans AUCUNE PITIÉ, jurés de tous les tribunaux du monde, pour qui
fait souffrir un enfant. EN PLUS IL FRÉQUENTE DES FILLES!
DOIS LEUR FAIRE DES COCHONNERIES! Hey la truie! Calme-
toé la touffe! Tu bricolais quoi dans tes alentours de quinzaine? La
trique, déjà tu trinquais. La trique à bavures, sûr. La guerre, fais en
pas ton excuse la buse. Les filles, bien sûr, à mon pénis défendant,
j’aimais déjà. Dans ma piaule, en douce y s'en passaient des choses,
pas la totale encore, juste un coup de langue par ci par là, rien que du
bon, faut fallait bien s’apprendre. Un coup de main des fois, rien de
grave, juste pour la science. La frolance non plus. Pire que tout la
frolance. Chacun sa mouillance. Diabolique. La voisine en audace et
culottes blanches, douce des cuisses, devinait mon trouble, savait. Sa
main, là que je la voulais. Maladroite, mais déjà certaine de savoir, sa
main qui me prenait, tenait, retenait, libérait. Le feu. Durcir l'un,
mouillage mouiller l'autre.

Tout comme à Strass… Au cinéma des fois, la Blanche et moi, juste


pour dire. Mâtin que j’avais la bandouille et la poésie (dans le) au
même endroit, la gâchette et le french facile. Son visage, cinquante
piges en plus, a avait pas changé., sûr, mais dDes flopées de gamins je
lui suppose, avec genre le crouille ou l’arpète du coin. C'est laissée
grimper le mont de vrai luxe. Blanche, ma rose de banlieue, je sais
pas si je t’aimais, y’avait un peu la Jacqueline, mais au cinéma Scala,
ta douce douceur a bercé mon cœur d’une langueur monochrome.

La Madeleine aussi, rue de Sarlat au 18, en maillot de bain souvent,


qui se penchait par la fenêtre, mieux qu’on voit son balcon. Mutin de
calibre! Astrid, Yolande, Isabelle, Mireille et toi, la Bayka, si brune, si
cheveux noirs, si tentante... J'aimais l'amour plus que les femmes...

Vivre dans la cité, celle d’avant… le polygone, les blèches, la caserne


Lyautey, la rue de Nontron, le coiffeur vicelard vicieux, qui nous
tondait au carré. Merde! On écoutait les Beatles! Faites chier! TOUS
AUTANT QUE VOUS ÊTES! On écoutait les Beatles! Pis on fumait
des P4, le Coco, le bimbo, Daniel, Francis, Rémi, le Sattler, ma
guimauve et moi. Chaussettes noires et chats sauvages… On
esgourdait plein tube quand on pouvait. Pis la poésie, la vraie, celle
d'Escudero! ma première école buissonnière, Avec mon bimbo,
première école buissonnière, on l’a écouté notre frère gitan, proche de
la rue de la Gravière… Simplement j'ai dis : je dois rencontrer cet
homme. Ça nous a pris vingt piges, l’honneur de ta fraternité,
quarante ans pour lui dire : Leny , mon fils porte avec fierté le même
prénom que toi.

La cité d’avant, d’aujourd’hui, plus le même langage. Tendresse


contre baston, chicanes contre règlements de comptes, tendres câlins
contre tournantes. Bande de rats!!! Pas honte de vous pariatiser,
déraciner, vos perchoirs à canaris pour preuve de vie, pas honte de ne
pas exister? Sois patient mon cousin, tes mains tiendront le coup,
laisse pas la faucheuse t'emparer le colback. Voyage! Rouyn-
Noranda, Montréal, Mirleft, Alger, Paris, Strasbourg bien sûr et ce
quai de gare… Nancy. Fucking life. Encore passager. Presse toi pas
mon homme, presse toi pas. Chacun son tour la corde à danser. La
mienne, j’y potence encore. La pendaison, j’en connais long. Pas
toujours été le quai des brumes dans la cabèche du Bébert. L’enfance
est une boucherie, je dis... Viandeuse elle est. Gaz moutarde. Chambre
des officiers. Défigurante, martyrisante, mater dolorosa, le chemin qui
mène l'homme à l’homme. Épuisante. Toujours à misères. Forcé, tu
crisses ton camp de là! Bouquins, cinoche, théâtre, Chopin, jazz! Va,
cours, vole, et dérange!

Le marchand de livres, qui nous volait un peu, mais c’est chez lui
qu’on farfouillait au possible, nos îles aux trésors. Vieux magazines,
recueils de poésie, cartes en tous genres. Là, mes premiers dossiers
(rêves de tribord), j’ai trouvé de quoi les ouvrir (nourrir). Au collage,
à la découpe, aux ciseaux, et par sujets. FALLAIT QUE JE
SACHE! Les grandes affaires judiciaires, les grands hommes,
leurs crimes, guerres, découvertes, enfances, œuvres, et
pourritures, et j'en passe... Archiviste j’étais devenu, mes chums
disaient à quoi ça va te servir toutes ces affaires là? Sais Savais pas
encore... Pour l'heure c'est était la cité. Les années, pas voulues…

Pis Mon bon rouquin d'ami, Lalam, est mort. Fini les conneries, fini
le petit garage désaffecté, la guitare fausse pour massacrer les
chansons d'Enrico Macias. Parti jeune comme le Daniel, trop vite.
J'ai tout noté, comme Ann Franck. Journal. Perdu celui là. Tout, je
racontais pour la Camélia, fille du prof d’histoire. Saura jamais.
Carnet noir, élastique pour le tenir fermé. Mes Premières moissons de
maux. Devenir écrivain, juste un peu, déjà rédacteur en classe, déjà.
Une disserte contre un devoir de math, je trafiquais. L’instit' un jour
(me l'a) m’a dit tel quel : Monsieur Trouchebine, quand vous rendez
un devoir de maths, c’est un devoir de maths, il ressemble à tous les
autres devoirs de maths, surtout s’il est correctement résolu, PAR
CONTRE, une rédaction ne peut PAS ressembler à une autre
rédaction, SURTOUT par son style, alors de grâce changez de style ou
arrêtez votre petit trafic, SINON je vais me sentir obligé de vous punir
pour autoplagiat. C’est pas ma faute monsieur, je sais pas écrire
autrement. Je voudrais que je saurais pas.
...................... 8 ........

C’est le fleuve qui me l’a dit :

T’as bien fais de lire .

Ainsi, j'ai rencontré celles et ceux qui voulaient , qui écrivaient,


savaient , relisaient .traduisaient , poétisaient ,
romancaient . Reconnus camarades ! Chaque jour , chaque soir , on
se les racontait nos bouquineries . se conseillait , s’expliquait ,
rebellait pour ou contre . Comme ça , le monde on l’a découvert . Le
polar prenait l’bord un peu , mais que veux tu ? Sont arrivés Lénine ,
Marx , Camus , Sartre , Aragon . Sont arrivés les poètes , les
communistes et ce type , qui a tout fucké ,renversé dans nos tronches
de liseurs tables et chaises , auquel on doit quelques de nos épique
chamaille : Louis Ferdinand Céline ! Bottin de lettres ! Fatal , on
s’est retrouvé tous de gauche , de révolte et de guingois . Littéraires
de tous pays ! Les muses plein le citron . La tristesse éternelle qui dure
le temps d’un regard , d’une ballade ,le temps d’une autre promesse
frôleuse . Essenine , Pouchkine, Tchekov . Suicidés trois fois par jour ,
ou quatre , ça dépendait . Variation du cours de l’hormone . Les filles
devenaient femmes . Savaient leurs beautés , nos appétits , nos regards
à bonne place , femelles de partout . Nous , lombrics lubriques , on
voulait juste les aimer , dire je t’aime , pleurer pour écrire mieux .
Voulaient ce qu’elles nous refusaient .Au cinoche , rarement , une
furtive furtivité nous grafignait l’âme . Mordelle de perte ! On les
savaient attentives , curieuses , craintives , mais toujours par quatre ou
six . bienveilleuses de l'autre l'une .Les salles obscures on y allait
troupeau , ça rassurait son monde , mais pour l’intime on ceinturait .
Nos tortureuses , on les ramenaient par le bus , poignées de mains ,
jamais de bisous . Pas encore ! Mais dans cages d'escaliers , caves
obscures un peu , s'en passaient ! Pas des moindres ! Sabrina quelle
s'appelait , la "mienne"... Rendez-vous trafiqués par le
hasard , ...devant un bloc de la cité , la papèterie ,l'arrêt d'autobus,
comment va ? Finissait toujours en tripotage , nos affaires . Que de
mouillages et bandaisons perdues ! Dérivage des continents !
Quelques fois , tout est possible , une bonne main généreuse .Le
summum ? Un coups de pinceau !!!. On finissait , les hommes ,
délabrés du cœur .la conquête en berne , chacun pour soi , rien à faire
, juste écrire . Encore écrire . Chopin sans piano . chandelles pour les
nocturnes . Que je te me lamente , écorche , saigne , alarmisé de
partout ! Que je te me brise , morcelle , ampute , crevasse , désosse !
Que je te me vide , abandonne , liquéfie , purule ! Tout ça pour une
filante que je SAIS filante , vraie , fuyante à branle pourpoint . Mais
l’hygiène ! On pouvait enfin brasser les p’tites voisines . Pas trop fort ,
mais suffisant . Peintres du dimanche . Emmancheur d’entre cuisses !
Lance poupons ! Bienheureux , le simple s’exprime . La viande c’est
fait pour la viande . Comme sur la plage quelques fois . Y avait là des
carcasses en béton . genre bunker , On s’y rendait visite . Ça sentait le
clochard pisseux , on s’en frottait l’urgence , on s’en déliait les
langues , les mains , les jupes , les jeans . Débraguette , mon homme ,
débraguette et déslipe . Urgente voracerie vorace . Branlette ! Sauvage
, éblouissante , apaisante , maritime . On vous oubliera jamais , les
filles du nord de mer . Naufrageurs volontaires . Faire vite ! Jeune
fille , tes parents vont trouver ça long , tout ce temps pour aller-retour
à la boulangerie . Faire vite ! Le camarade guetteur vient de
siffler , du monde s’approche du déversoir à tendresse , Yamina ma
petite syrienne ,on se reprend demain . La poésie du soir devenait plus
violente , plus rock'n roll , plus baudelairienne . Les rêves plus
vibreurs. La poésie mon frère , la poésie à fouilles rabattues .
Cinquante piges plus loin dur dur de raconter ces temps de tordus .
Notre folle envie de folies . NOTRE guerre du Vietnam en toile de
fond , Dak To , colline 451 , si je me souviens bien du mal .Tous
d'accord . Le toubib , le turc , l’Arnomédi , le jazzman , le Driss , le
philosophe , Tous les Gilles Boulet de l’époque . Le monde , à Guevara
qu’il soit , à l’oncle Ho , le monde au communards . On en parlait voix
murmurantes , chez l’un l’autre , enfants de 68 . Le ghetto de Varsovie
... nos frères juifs partagés , révolte pas révolte ? On en parlait , jeunes
loups . Clandestine elle a fini , l'équipe . Noms de code chacun .
Missions . Se renseigner , recruter , se réunir la nuit , tracts à
distribuer ,dangers à courir , les guns de ceux d'en face ? Des vrais !
On les passait , nos messages , sous les portes , plein les boites à
malle , changer de quartier , plusieurs fois par semaine . Moindre
risque . Riait pas bézef de l'autre bord . Prisons ,
tortures ,disparitions . merci mon colonel pour les camarades jamais
revenus . Croyants nous étions , Mao , Tito , Castro , pueblo . JFLN
en surface , poseurs de tombes la nuit . On a voté la naissance d’un
centre culturel au cœur de la cité . Fallait . Voisinage embarquant ,
m’ont élu tête de pont .Suis allé voir les Russes , nous faut un ciné-
club , des films , un projo , la totale . Z’ont dit yes , oui , da . On
fourni la marchandise , toi le discours ,Спасибо друзья живут вечной
России On l’a eu notre mutin de ciné-club , notre biblio , nos leçons
de Russe , notre socialisme de banlieue . Nos films , toujours de
gauche . Du soviet , du rital , du franchouillard , la qualité morale en
plus ! Un peu de latino , d’Espingos , de chinetoque . La petite salle ,
bancs de bois , le voisinage y passait quelques fois , les camarades sans
faute . On débattait fort après les projections ,comme dans "nous nous
sommes tant aimé"... Tard souvent . passionnés toujours , ça finissait
eu cercle , gauche , droite , patrons , prolos , bourgeois , racistes , KKK
. Le grand luxe ? Trouver en douce un tonneau de rouge . Dommage
les filles dormaient dans leurs protectorats familiaux . Plus rien à faire
une fois partis , les chamailleurs . , Je gardais la baraque je sortais
l'alcool fort planqué pour ma gueule , du papier ma plume et je
rejoignais ma belle maitresse , l’écriture . On s’aimait bien nous deux ,
sans contrainte , sans attente , juste nous dans le secret terrain vague
des nuits blanches . Comme la ville . J’en crampais des mains , cernais
des veilleuses , ankylosais de partout .L'encre le papier la
mémoire .Que je raconte , parle ,exprime , gueule , rage , offense ,
Adolescence chiennasse . La nuit douce , la vie cruelle . Couché de
soleil dans le regard d’un aveugle Comment s’endormir mordeur du
mal ?, Une chance , le musulman voisin picolait pire . Je calcinais la
porte de son gourbi à pas d’heures Kisstivo ? Comme hier mon , ami ,
comme hier , chrab . Souvent flambant nu qu’il délourdait le pékin .
Je buvais pour écrire lousse , pour démonétiser ma solitaire solitude ,
me déchacaliser jusqu’au couché de sommeil total . Buvais comme
une huitre . Une chambre noire on avait aussi installée pour les
amateurs photographes . Le jazzman y passait quand il s’évadait , pi
Charlie Parker pis Miles , Coltrane , Monck . Je sais plus ce qu’on
fumait dans cette cachette sombre , tamisée rouge . On voulait juste
être tristes . Souvent des fois , me dis : se revoir ... juste se raconter
comment on est tous morts à la même date . La révolte est pas
seulement dans la culotte ! Se revoir , thé à la menthe , kawa moitié-
moitié ,lait fraise . Au café du coin , même le serveur aimait la
poésie. Pour le deuil ,se refleurir , se poignarder la rêvance ,
phraséologues de la vertu , si peu vertueux .Blablateurs , marchands
de tapis , résistants sans engagements . . Se retracer, noircis par
l’humaine calamité calamiteuse . Saxophonistes de l’ennui . Sans
orchestre ni partitions , plus rien finalement qu’une jeunesse à
déplorer . Se retourner sur le parcours monotone et long de ces vieux
voyageurs arrivés en retard , comme presque à chaque fois , toujours .
Les trains c'est pas fait pour attendre les hommes , ni les vaches . À
l'heure faut embarquer !Le chef de gare commande , régit , rugit ,
mugit , mais pas le droit de quitter son sifflette , sa sémaphore
virilité . Moins encore les bagages oubliés . Lumpenprolétaria .,. Ce
fameux soir donc , redire les désarrois de l'élève Törless ,
Raskolnikov , Joseph K. , Johann Moritz , Roubachof . Les chantiers
qui grugeaient les terrains vagues , confesser nos erreurs , se
remarquer les cheveux blancs , nos fausses dents , notre foi si plus
commune . Branques branleurs branleux , ébranlés par leurs
trimbales rimbaldiennes , leurs cauchemars céliniens , l'humanité de
Nazim Hikmet Éluard ,Neruda ... Pauvres oiseaux louches dans un
café , proche d'un arrêt d'autobus , toujours prêts à se re-quitter , rdv
dans plus jamais . La tendresse et Dieu , tout mélangé nous aurons .
L'hurlance , la joie douloureuse de nos premières amours , le tome 14
des oeuvres complètes de Lénine . En ai revu de ceux là pas toutes ,
pas tous , d’autres qui ne daignaient plus . Varicés big de partout , du
bulbe et de la raie , se glaviottant au miroir , sûr . Pauvres hommes ,
leurs foutre balleuses les entrainent encore par le bout de l’habitant .
Pas corrigibles . Sans distinction . Tous couchant au panier , maganés
certifiés or , avariés , pouraves , sans colonne , flingue à pour . Plus
un de bon pour cogner l’autre . Quelle retrouvailles j’imagine ! Le
turc a marié la sœur d’Arnomédi ,ça fait des petits pis ça divorce , lui
banquier , sûr , elle en Provence , retour à la casa familiale .Un jour
mon prince viendra . Le jazzman ? Patron de club , des filles et des
clarinettes un peu partout . Le luxe crapuleux qu’il disait . Le toubib ?
À la retraite ou pas loin . Belle maison sur les hauteurs de la ville ,
marié , faut bien tirer son coup . La belotte possiblement encore mais
plus avec El Anka .Des collègues d'horaires , Elsa n’est pas morte .
Les autres dans l’informatique , les filles on sait pas . Mères de famille
dans le doute . Faut bien tirer son coup . L'Arnomédi et sa Marie ,
chatelins en Bretagne . Une fille qui pratique l'équitation . Sa vieille
bossait dans un super marché , son père en usine , quelle promotion !
Comme s'il fallait un peu oublier la chose honteuse d'une enfance
pauvre ... Zahia , Malika , Mina , comme jamais existées ? Le
Mustapha ? Marié à la belle Nadia , vivent à Londres , parait il . Le
Bébert , juste scribe , ailleurs . Scribouillard , fabriquant de refrains à
la mode , manuscrit froissé . Chercheur de pouls sous la peau des
trous noirs .Pas mieux que les autres ,mais VIVANT ! Se re-unir , si
vous en êtes ENCORE CAPABLES ! Mais le fun , le vrai , celui de la
jeunesse , vous l’avez tous flushé , canalisé , rat d’égouttés . La
souvenance fatiguée , vous avez . Normal , Cent , deux cent mètres
carrés , maisons , châteaux . Mur du son , cachettes barbelées ,
pavillons de mes noises , détecteurs de mouvements , caméras ,
mouchards et plume d’oie , Z'êtes Beaux mes reconvertis. Votre goût
de m' encrevasser je l’ai pas . Juste vous inviter au café du coin . Le
serveur aimait la poésie . Les gens du Neuhof , en banlieue de
Strasbourg , aussi . Pas la même . Celle des calbutes , des
buissonnières , des cages à lapins . Le père de la Jacqueline ,
monsieur Poujol , on ramassait de la luzerne pour ses bestioles , en
échange , le jeudi on allait chez eux voir la téloche . Feuilletons à
l’appui , je bouffais la Jacqueline de toute ma première tendreté , pis
la Monique aussi , ben oui , vorace anthropo . La Mireille avec sa
tignasse en boucles , on allait comme ça , les deux , se planquer sous
la cage d’escalier , comme plus tard , avec mes fiançées d'Alger .
Remous de la tige et du vertige . Visite médicale ... Apprentissage .
Vivre , tant qu'on sait pas ces choses là ,c'est encore vivable . Pas un
cadeau que je souhaite à grand monde , la vie . Le Sandro c'est sa
frangine , la Bayka , je la trustait pas mal , brunette cheveux noirs ,
cambrure beurette . On est dû pour se revoir . Putain d'exil ! Trop
aussi , les vioques en bisbille , les vieilles en jachère , les mômes en
circonstances exténuantes . La vie qu’ils disent . Qui te fait naitre pour
un petit pain ... Même au lait , brioché , beurré , chocolaté , ce petit
pain là , ma cheyenne , JAMAIS il me suffira ! C’EST TOUTE LA
BOULANGERIE QUE JE VEUX !!! La boulangerie , pain de fesse ,
pain de mie , pain baguette , viennoiseries , tartes et tartelettes , JE
VEUX TOUT !!! Les religieuses , les éclairs , les gâteaux de fêtes , le
pudding , le kugelhof , TOUT ! Le bettelman ET LA BOULANGÈRE
EN PLUS ! Comme des années plus loin , dans le quinzième à Paris ,
du coté de la Convention , marcheur implacable parmi

………………………….9

C’est le fleuve qui me l’a dit :


Le café du coin ça peut mener loin . Camarades ! À vos écrits ! Des
ombres , incertaines à l’heure des loups , quadrillaient la ville basse .
Hasta siempre commandante Che Guevarra ! Le cercle et ciné-club se
popularisait .nous autres on socialisait . Pas le dimanche , on se
retrouvait quelques uns , assis sur les rils d'une voie ferrée hors
d'usage . Avec nos clopes nos pinardises et le poste à batteries .
Écouter cette émission "le temps d'une chanson" . Contenu sobre ,
bons choix musicaux pi une section poésie lue par l'animateur . C'es
les camarades qui m'y ont un peu poussé du bras . tu devrais envoyer
un de tes textes . J'ai . Dimanche suivant ... lu . J'ai continué mes
envois , j'ai continué d'être lu . Un moment cette histoire à duré , pis
l'animateur a demander en ondes si je voulais bien le rencontrer .
Oui . Le dimanche qui a suivi , c'est moi qui lisait les textes des autres .
On s'est , N. Agoulmine et moi partagé l'émission . Devenu
responsable des musiques , j'y ai introduis celles que j'aimais . Beau
mixe Nourredine et moi . Même amour de la poésie .Régime du
colonel Boumedienne , tant pis . Dans le bus on me
reconnaissait ..Popu suis devenu . Du courrier je recevais et des
rendez-vous bordéliques . Groupies à pinceaux ! Voyages en bus , en
train , voyages en cœur . Le vioque virait fou , le facteur du quartier
bossait juste pour moi . Des dizaines de lettres par jour il me
ramenait ! Salarié j’étais mais les timbres coûtaient cher . Je
répondais chaque jour à qui me parlait . Amours épistolaires . Un peu
comme aujourd’hui , sauf rareté . Pas changée la donne . Rencontres
tatouées dans ma vieille peau de vieux guerrier . T’es devenue quoi
Leila si belle si ronde ? Fusain de perte ! Te voulais tant pour femme !
Grande poétesse de Sétif ... Devenue quoi Nadia , jambes de gazelle ?
Devenue quoi , mon écrivaine berbère de Bordj ? ASSIA DJEBBAR ,
OÙ ES TU ? RÉPOND MOI ! Kôlisse ! Depuis le temps , RÉPONDEZ
MOI ! J’au secours de vous ... I’m waiting for the miracle to
come . The miracle of love . Maudite mémoire . "Les hommes de nos
montagnes" qu’elle chantait , Belinda , 27 rue Gérard de Nerval Paris
18ème .Une seule rencontre , un choc et plus rien .Je vous aurais
TOUTES mariées . Claire surtout , Claire , sa peau blanche , ses
cheveux blonds rouquins . Souvenance de ballade au creux de la
cité .Française elle aussi d'origine etc ... Mutin de pieu ! Dina B. Ma
fiancée de Bedjaia Le train nous passait dessus la tête , un tunnel
pour s'abriller de la rumeur et de ses témoins . La rue du Transvaal ,
tes lèvres framboises . Dis moi c’est quoi l’amour .qu'elle me
demandait . J’attends encore l’impossible mariage de nos
vingtaines . J’ATTENDS ENCORE ! Famille je vous hais , qu’il disait
l’Arthur . FAMILLE JE VOUS HAIS ! Pourtant , Dieu que le ciel est
beau ce matin . Les souvenirs pas toujours . Faut les embellir
anytime . Se dire c’était le bon temps ? Le bon temps , mon culte !
POURQUOI LE BON TEMPS C’EST TOUJOURS LE PASSÉ !!!
Flocons de neige ... Zelma . Dis nous c’est quoi la merde , la pluie , les
gares qui nous ont séparé . Je t’aime encore Zelma dans les nocturnes
de ma ville (ici raconter ntre aventure) . Mon berbère . elle finira par
marier ce type , cirrhose et compagnie . Mort fait pas long . Pauvre de
nous . TOUTES , ont marié des plus solitaires que leurs tirelires . Toi
tu trames encore ces patins de quais de gares , trames encore tes os ,
gare du nord , gare de l’est. Foutre de lieu cette gare du
nord ! Patates pilées jambon tour des jeunes mariés La Chantal
quelle histoire (ici la raconter) Par la sainte couverture du Saint-
Siège , un livre ça me prendrait pour la raconter, la décrire, la peindre,
comme la Sylvie , l’Anita , la Colette , mes comètes fulgurantes .
Comme la Céline , la Claudette , la belle Isa , Toutes les alcoolisées du
vain de mon existence , j’en passe, j’y reviendrai .Mais bilantiser ,ce
serait quoi ? Je maladise à tire bouchon . Manouche de ma putain de
seule caravane . Avec le Jésus le squat on l’a défoncé , faut dire on
faisait partie des premiers , les logements vide à ceux qui en besoin !
Tous un peu Mao tous un peu oncle Ho , les gauchos qui
s'infiltraient , les cathos , le croissant quelque chose ,les canards anars
,les accoucheurs clandés ... Montrei , l'immeuble , quelques étages
vivables ... vue sur la ruelle , matelas de fortune le reste au tout
donnant ... Souviens toi la Ninette ,deux pièces cuisine quelques
chaudrons ,pi un peu d'amour . La rassurance des pauvres . Le petit
Patrick en foyer .J’ai dis c’est mon fils kôlisse . Pi la vie, christie , la
cheyenne de vie qui sépare. Je me les souviens , toutes ces années de
ruines à rebâtir sur de la vase . Les souvenirs voilà le vrai problème .
Les souvenirs . Coups de cravache dans l’creux des reins . C’est eux
les vrais bateaux . Voyagent voyagent au bout de la vie . La poésie
mon frère , tout le monde écrivait . Le charbonnier pour son
Évangeline , me souviens , fier qu’il en était . Des tonnes de papier .
La revue j'ai oublié son nom , passée déjà , on publiait nos âmes , nos
coups de gueule , nos coups d'état érectiles , gratte-ciel et satue de . On
se jurait un jour c'est au Canada notre belle odyssée qu'elle
achèvera . Fallait juste se gaffer des censeurs , des espions des
rampants . Contrebandiers de la rime de la prose nous sommes
devenus . Pas se faire enfirouaper N’attendaient que ça les rapaces,
flicaille ,vautours pas invités .Rien que l'occase . On a passé à
travers . Limite quelques fois . La mort pas loin . Guetteuse . Les
années Lénine , dialectique ,lutte des classe , thèses d’avril . Arnomédi
sa grandesse , tome 14 , Maïakovski . Pouchkine . Tchekhov . Premier
amour en permanence. Par un de ses amis le père m'avait trouvé pour
l'été , la haut Ben Chicao , cette place de moniteur ... Une vingtaine
de crapouillots à surveiller . Genre scouts ... Les monos m'en voulaient
un peu ,normal , dans mon groupe ça fumait , parlait fort et veillait
tard . Les feux de camping guitare et tisane ... plein mon casque ...
mais y avait là cette beauté , cheveux longs , bouclés , à se bouffer la
gueule , Dalila . Tard une nuit sorti de ma cahute elle était là ,rose des
sables assise proche des braises dormantes ... j'ai dit :

- insomniaque ?

-non . Je t'attendais .

- moi de même . Sans savoir pourquoi .

- viens près de moi .

Les braises . Ses épaules de cuivre. Premier baiser .Timidité du


toucher .Doigts sans grandes audaces , pas trop . Lumière
brumeuse ,que nous reste-t-il à vivre ? On ne rencontre que de
premières amours ... Pour ça qu'ils faut les faut les flamber . Vite .
Parce qu'elles sont aussi nos dernières .From here to eternity . Ce
bouquin de Tchekhov , bien plus tard , ai grimpé dans les montagnes
pour l'offrir à Kheira l'Oranaise . En mobylette la route ! Kerouac
dans le front , chacun son Neal Cassady ,sa douleur
d’exister , ringolevio , chacun ses errances , chemins de
traviole , passages piétons , sa marge , sa merde aussi ! Pas pleurer ,
qu’il disait Léotard P. le vrai . Pisser ! Pas pleurer ! Des centaines de
milliers de litres on a pissé . Le chagrin pourtant , c’est pas dans la
vessie . Le jazzman a dit t’es complètement taré mec ! Les autres
aussi . JE SUIS PAS TARÉ !!! Hey , les crabes encrabés dans votre
crabitude ! JUSTE BANDÉ SUR LA VIE JE SUIS . L’astidvie à
marde . Mais a QUAND MÊME été bonne avec moi quelques fois ,
rien à dire . Sûr , que la cité je voulais pas quitter mais les vioques et
leur purin de destinée . Juste le temps Jacqueline lui voir en cachette
les seins UNE SEULE FOIS , faut remballer . Crevure ! Juste le temps
de dire on se mariera . Se valiser dans la 403 , direction Marseille.
Son père , sept ans plus tard , en visite chez le mien , juste pour dire ,
alors mon coco , la Jacqueline elle attends toujours que tu viennes la
chercher . Va fêter ses vingt piges sans toi . Je lui réponds quoi ce
brave monsieur Poujol ? La pisse a coulé sous les ponts couverts . La
vie crevasse je dis , putasse carcasse . Pas d’âme qui
vive .Anthropophage , Gargouille , émasculance , cantatrice
castratrice la vie t’es . Mais foutre de dios que j’t’aime ! Le serveur ,
au café du coin , l’aimait lui aussi la chrisite d’vie . Se battait contre se
battait pour . Jamais connu l'école , parents sans relief , un peu
musulmans , beaucoup trimardeurs , le vieux surtout , la mère
pondeuse . couveuse , éleveuse . Voulait nous accompagner au Canada
, sous par sous . Mon chum aussi l’Aziz . Pauvre de chez
pauvre .Vendait pour pas crever des graines de tournesols , des
cacahuètes , de la carantita . Voulait pas clamser comme ça .
terriblement seul dans son gourbi . Me demandait comment tu fais ? Y
a toujours des femmes autour de toi . Faut que je nique moi aussi .
Comprenait pas tout , l’Aziz voulait juste planter son poireau . Pauvres
hommes . Chiquait , salivait , crachait , dents noires ,chemise
militaire , .futal crevé aux coudes .Trainait sa misère visible devant les
cinoches du quartier . Pour quelques dinars de plus . La coussiner sa
vie .Je lui racontais sortant de la salle obscure , Sergio Leone et les
autres avec détails . Repartait , chariot poussant , le smile full face . Ai
fini par eui en payer une de séance . Western . on y donnait en avant-
film un documentaire d'Alain Resnais ," Nuit et brouillard" .Savait
pas l’horreur des hommes , les camps , la shoah , le sort des
communistes , des infirmes , des homosexuels , raflés toutes catégories
,les juifs aussi . L’homme par l’homme écartelé . Savait pas l’Aziz . Tu
rentres au cinéma jeune homme , t’en ressorts adulte un peu plus . Pas
toujours mais . La vie , toujours , faut la regarder en cavale , pas
lâcher prise , tenir par les cheveux , les nouilles , les poils du culte , les
chevilles , l'estomac , n'importe quoi. Pas jamais lâcher sinon t’es faite
. Lâche là pas la catin , serait chiche de te jouer une mauvaise passe ,
un coup de pied dans le ventre par en arrière . Demande que ça la
vache , te fourrer par tous les écrous . Juste à voir tes aminches de
l’autre temps , vieillasses , branques , relégués du bulbe , empapaoutés
de la racine carrée . Mate les mon Bébert , mate les , régale toi les
lampions , pas une pas une , pas un qui lise ou frissonne . Les pieds
dans la mouise , calvaire d’eux-mêmes , cloportés , disparus sans
laisser de tendresse , les filles , les gars , sans distinction , direction
l’extinction , race en voie d’apparition , nombre croissant de lunes .
Môme , on s’y attend pas , le retour du fils indigne . La cité j’y suis
revenu . La Jacqueline guettée , la Jacqueline invisible , la vie .
J'aurais dit quoi ? Suis repassé par les usines , faut bouffer , retrouver
les chaines , le salaire très minimum . Savais pas faire autre chose .
Mon oncle m'a branché . Rue de la Zieguelau . Cette pension , chez ce
vieux couple de Portugais . J'y étais quand même bien ,sous les toits ,
réchaud à gaz , petite lampe , des œufs à tous les jours , des oignons ,
des patates et du rouquin . Belotte rebelotte et dix de der . Emilio , le
boss , aimait ça veiller avec moi , nous sortait un petit spécial de
vinho mais c'est la vieille qui drivait la baraque . Vingt deux heures le
couvre-feu ! Restaient dans la clarté des lampadaires les nappe vichy
rouge et blanc . Vieux linge vieux monde . Escaliers , planchers ,
personnages , tout craquait , fêlait se plaignait , tenait debout sais pas
comment . Presque ruines . Les pichets de mauvais vin mais la
becquetance maison quel régal ! Pour le plaisir c’t’en en face que je
me poussais . Au " Tricolore" . Patron pied noir , calva buvable ,
serveuse accorte , juke- box pi mon vélo ,"Charlot" , sacré
pédalier C’est ici dans ce trou qu’elle m’est revenue la Bayka . Me
dire : est c’que c’est toi ? . Les gamins de la bétonnière ,on s'en est
payées des balades nocturnes jusqu'à s’embrasser un soir prés de nos
bicyclettes , sur un banc , pas loin de notre enfance . On a dormi
ensembles ,choses de la vie maladroite ... Entre ses cuisses ,
l’intrigante géographie de nos royaumes désunis .

…………………………..10

C’est le fleuve qui me l’a dit :

L’amnésie est une infirmité de la mémoire . Souviens toi .

Suis pas homme de prose mais . La cité , comme elle me revient , je la


raconte . Balcons , petits jardins , la rivière , le goudron . Les odeurs ,
les vraies , comme les voix , ça se perd un peu sur la route du
marcheur . Restent des vapes , des effluves , des parfums de lavages à
mitaine , lavande sur cordes à linges , savon de Marseille , pot au
feu , semoule de riz , pâtes en tous genre , cuisinées comme linge en
bassine , viandasse , tripaille , têtes de moutons . Chez grand-mère
pareil . Odorances de cochonnaille , vergers , purin , poulaille , bon
pain , framboises , oignons , myrtilles , confitures qui bouillent au
chaudron , le poil à bois , l’étable et les cages à lapins , fragrances de
bécosses , schnaps ,eau de Cologne , rôtis de porc ,choucrouterie ,
munster , SOUPES !!! À l’église l’encens ,le ciboire ,le goupillon ,
j’aimais pas . Sur les doigts , l’encre , son odeur , quelques fois , le feu
de bois , la bouillotte , le chant du coq , tout ça qu’elles odoraient , la
cambrousse à mémé , la cité , l'enfance . On y reste accroc , pareil à la
tarte aux mirabelles d’Anita mais sept piges plus tard , s’en est
tournées des pages . le grand voyage de la mémé sans retour . C’est la
Nini maintenant qui drive la tribu . Le Frantz , casquette , bretelles ,
clope au bec , s’en allait doucement du moulin à
souvenirs , magnifique toujours mais la vieillesse alcoolo ça zingue
son humain traitreusement . Bois un verre qu'il m’invitait souvent "
Faut que je te raconte un secret sur ton père" La Nini voulait rien
savoir :" Allez donc dans la chambre , moi j’ai des choses à faire" .La
chambre à coucher qui servait aussi de salon et de salle de jeu le
dimanche . Il y organisait des parties de belotte avec les gars du village
qui voulaient bien . Trichait . Table ronde , en face de lui , sur le mur ,
un beau miroir ... Lisait le jeu de son partenaire . Tout le monde savait
, mais bon , c'est lui qui arrosait . Fait qu'un soir , leFrantz et moi , je
devais avoir neuf , dix ans , la bouteille , on lui a chanté tout un sacré
coup dans l’étiquette . Jamais je l'ai connu ce maudit secret . Me reste
les coulures du schnaps et quelques nouvelles des comètes , la mort du
cousin Bernard , le Rémi , la Nicole qui ne reviendront pas , le Max
parti pétrir son bon pain dans la boulangerie des nuages ,la
belle Mathilde à marié ce bon gars d’Albert , fallait bien ,la Marie-
Thérèse a veuvé de son Antoine , l’Irène est allée survivre dans un
village voisin , mon parrain ,le Marcel a quitté la ferme pour les
pâturages infinis , sa fille , Lina , pas de nouvelles , Eugène et la
Simone relisent leurs amours , Max est allé pétrir son pain dans le
fournil du bon Dieu . Pi fallu dire salut la compagnie , à bientôt !
Quarante ans déjà . Galère de vie . On a les à bientôt qu’on peut .
Mortelle de pieu . Mais bénie sois tu ma vie même quand tu salis ma
rue . Bardasse , toujours quitter mes villes ,mes
camarades ,abandonner qui l'on aime . Dickens . Alger la blanche ,
dernier repas chez Mustapha , quelques larmes et les chansons de
Fairouz . Rendez-vous sur le port avec Dalila qui m'a offert une mèche
de ses cheveux . Souvent on s'est arrangé pour nous retrouver , les
deux . La plage , Fort de l'eau , dès que possible , souvent trois jours
semaine , une planque , petite , en arrière des rochers , couverte et
caresses , fébrilité , son jeune coquillage sous mes doigts sourds , les
siens timides , fallait que je guide et toujours à ce moment là , rideau ,
closing time , le mât de mitaine chômeur et puis j'ai su ... treize ans
qu'elle s'en allait fêter ... jeune pas mal , même pour ma vingtaine .
Sur le port ce jour couchant le futur on se l'est promit , je t'attendrai ,
je reviendrai , mais personne savait encore. Magazine , radio , cercle
culturel , JFLN , réseau souterrain , dans l'oeil du cyclope je me
savais . Les chaussures lourdes et noires du Parti me sont venues pour
la palabre . Élection du secrétaire national de la jeunesse . Me
voulaient , me promettaient , me signaient de leur sang le contrat du
diable pour dans un mois . Pas mon genre ce trucage mais j'ai dis
oui , je marche avec vous . Pas fou , le Bébert a grimpé les hauteurs de
la ville blanche , direction l'ambassade de France .Rencontre avec
l'attaché militaire , je suis un insoumis repenti , je veux rentrer dans
les rangs . Le jour d'après , me semble , passeport valable quinze
jours , une place deuxième classe, paquebot direction Marseille , tout
quitter encore , à vingt quatre heures de leurs putains d'élections . Les
camarades , ceux du PAGS , ont compris . Le toubib a dit je sais que
tu ne reviendras plus mais de l'autre bord il y a des hommes comme
nous , peut-être que l'un d'entre eux te contactera si besoin . Le mot de
passe : "Elsa n'est pas morte" . Le mot de passe m'est resté mais plus
rien des hommes . Changer de révolution , de culotte , changer de
trou , les voilà bien mes guerriers de l'ombre . Détachés ,
désasermentés , démaquillés , déséquilibrés , libérés des serments de
leur militante jeunesse . Destinées de braves gens , destinés par eux
mêmes , au confort vivable des amnésiques . Eux non plus . rien ne
sert leur en vouloir . J'ai simplement continué , toujours le trottoir de
gauche . Quelques déceptions , parti communiste , parti socialiste ,
anarchiste période Ferré , la cause du peuple , finir amouriste . La
confusion des sentiments . Les choses derrière les choses , le nageur
que Le Vigan disait déjà peindre en noyé , le premier sourire de l'autre
, maquillé façon trahison . Les châtaignes , ça se bouffe
châtaigne . Marseille , les gendarmes à l'accostage , direct la
Joliette et ses cages à lions le Roméo ,le droit de fumer plus casse-
croûte et café . Lendemain tôt , le GMR7 , caserne . accueil bidasse ,
on commence par huit jours aux arrêts , normal . Cellule vue sur la
cour , grande fenêtre , bureau pour écrire , cigarettes , becquetance à
la cantine . Le train pour Tarascon , passer trois jours , tests et re
tests , l'ouïe , les yeux , les taches d'encre , les couleurs ,
connaissances générales ... Tout fais mon possible pour me planter
mais pas trop . Dernier temps venu ,convocation pour décision . Grand
bureau . Ce tchipe à l'accent pied noir .
- Bonjour monsieur Trouchine !

-Trouchebine mon colonel .

- D'accord , Trouchebine et je suis pas colonel , simplement


lieutenant , asseyez vous .

- Oui mon capitaine .

- J'ai devant moi le résultat de vos tests . Bien joué , le coup de l'idiot
qu'a l'air de rien , surtout pas d'un idiot . Le problème ,voyez vous ,
monsieur Troulebine ...

- Trouchebine ,mon adjudant .Sauf votre respect .

- Vous me dégradez , mais passons ...le problème , disais je ,est , que


des comme vous , j'en ai plein mon casque . J'ai donc décidé ,par
caprice , de vous affecter à l'école des sous-officiers de la marine à
Toulon

- Mais je sais pas nager , monsieur .

- Monsieur ? Retour au civil ? Donc , une dernière question :


pourquoi cet acharnement contre la France et son uniforme ?

- La France ? Mais quelle France mon colonel ? Celle qui a quitté


sans honneur l'Algérie , le gaz , les vignes , les agrumes , le soleil , le
Sahara , la mer , le pétrole , j'en passe ! La France qui a permis l'OAS
et l'abandon sans appel de ses enfants pieds noirs , des ses harkis , de
ses grands colons , de ses raffineries et de son pétrole ! C'est cette
France là , mon colonel , que vous vous m'envoyer servir ? Mais je
suis à vos ordres !

- Monsieur Troubelchine , vous m'en devrez une bonne . Je vous


réforme et vous souhaite bonne chance ... Est ce que je peux faire
quelque chose d'autre pour vous aider ?
- Une cartouche de Gauloise , vingt francs pi un billet de train pour
Strasbourg , votre honneur .

(ici je dois pour des raisons de longueur du texte passer à un nouveau


chapitre me semble... pour ma part je continuerai sur ma lancée ...
années touffues texte lourd ... à discuter ... )

MA ville fallait que j'y revienne l'aime en adulte , la squatte , la fêlure


, l’entretoise de la craquette , me la recouse de partout , des quais de
l'Ill au sommet de la cathédrale , flèche incluse . La vieille gare , un
autobus , direct chez mon oncle . Heureuses retrouvailles , sa louve SS
toujours louve , toujours SS . Hérité de la chambre de leur fille ,
Lisbeth . Inconcevable pour la nazillarde . Je bossais alors chez
Canigou , bouffe pour chats .bouffe pour chiens , rentrais pour souper
, jazzer avec tonton , lire, écrire à Dalila , me reposer de cette vie
d'ouvrier que j'aimais tant mais la lope une nuit est passée me
réveiller ."Je veux plus te voir ici ! Un Trouchebine c'est déjà trop .
Suis aller m'ancrer dans les chiottes , un étage plus bas , façon boa , le
corps enroulé autour de la bol. Rien dit à l'oncle à part que je
commençais mon chiffre une heure plus tôt mais il a finit par
comprendre , le reste je raconte pas . Survécu chez l'Ahmed qui
marnait dans le charbon depuis deux siècles ,massacreur lui aussi de
la langue française ,"va chirchi un galvaze dizboufitte" . Oui
monsieur ! La tabagiste , juste je lui disais c'est pour Ahmed , elle
savait , un paquet de gauloises disque bleu bout filtre ! Le gourbi ?
Rien qu'une cabane au fond de la cour , deux canapés-lits , petite table
centrale vinasse et boites de sardines plus ou moins vides , faut bien
écraser ses mégots mais la tivi ! Là que j'ai vu le show de Georges
Harrison pour sauver le Bengladesh , Ahmed s'est endormi dans sa
noirceur , on chauffait au charbon pour sur mais la suie ., me
réveillait gueule noire , au nord c'était les corons , lavage dans cour ,
pause pinard , laissait pas sa chance passer le mineur de fond . Le
dimanche , c'est pas l'église qu'on allait remplir mais des tickets de
PMU , les petits chevaux , dans leurs pattes , courait le fabuleux destin
des prolos . Savaient pas tous bien lire , les hommes , venaient me
consulter , payaient leur coup , les pauvres , suis pas pronostiqueur
de métier mais bon , si devant un ,deux , trois Picon bière on peut se
rêver un autre monde ... j'ai fini par miser de même qu'eux autres . Le
Canada , sûrement c'est pas donné . Pi le mur craque , l'armure et le
reste , la Kaiser SS , j'en pouvais plus , rendre mon oncle veuf ou
pouloper ... le vieil autobus , le Neuhof , trente trois rue de Nontron ,
la mère Amrani ..." Albert ! Mais qu’est c’qui t’arrive mon p’tit ?
D'où tu sors ,maigre comme ça ? T’as faim , t'as soif ? Entre , entre !
Tu sais où dormir ? T’as pas de lit ? Tu vas dormir dans la chambre
avec l’Anita . C'est la famille ! On s’arrangera toujours ,installe toi ,
c’est ta maison ! Mais kesstafoutu ,bandit , pendant sept ans ? Le
refus des clôtures madame ,tout simplement . J'ai vécu là , chez elle ,
des instants délicieux , des veillées narratives , avec aussi la Nicole le
Hamid , la visite passagère .Sortir mon lard de l'eau chaude , au plus
sacrant .Marre quand même de cette itinérance demie confort .Fusain
de vivre ,

trop souvent connue la rue plumard , sans grande issue , les nuitées
souvent chez des plus poussièreux , tous les brouillons de l'âme
cousus peau d’zob ... Le Coco m' a dit je connais un type qui vit
seul . On s’est rencontré sous les arcades proches de la cathédrale ,
un troquet , "le montmartre" Plusieurs quelques bières plus loin dans
l'est le Gasthy sentencait :" je veux bien te piauler quelques jours
mais fais pas chier" Jamais je l’ai . Rue des drapiers , la porte en bois
, pas de clef , juste un bon coup de bottes , les escadrins , pas de
loupiotte , décor Jack the ripper , un étage in the black et
THE chambre . Le temps que tes lentilles apprivoisent flute borgne !
Le plume encadré de chandelles , deux fenêtres sur la rue d’en face ,
rien en vue coté bouffe . Misère de culte ! Sur le palier , bois
craquant , la suite . Porte défoncée mon palace , bienvenue
l'homme , voici ton lieu , qu’il annonce le Gasthy . Gourbi . Je
tatillonne , mon briquet d’une patte , mon rouksac des deux
autres . Chandelle au milieu du vide , un sommier , ressorts à
poil ,faut avoir confiance . Mon coat en oreiller , m’allonge , crevassé .
Dormir . Au dessus de ma tête de litre viennent se glisser tout proche ,
des mélodies parcourantes . Brassens ,Cohen , Dylan , Allwright . Des
litres de tendresse nues sur le manche de sa gratte , il jouait pour ses
fantomatiques errances , la longue convalescence du silence , les longs
sanglots des voyages qu'il ne saura jamais , trop peur de l'avion . Du
monde y en avait le tour du lit . Rien que des musico de l'imaginaire .
S’envoyait dans le ring des grands , l'ami Fritz . M'a invité me suis
assis dans l’ombre ; " Fais pas chier personne" il a décrété . J’ai . La
mélancolie a reculons rien qu’y penser ." Pas besoin de bosser pour
cette société de merde ! Je fais la manche , ça paye les clopes et la
bibine , pour la bouffe y a le FEC !" On y allait becqueter . Folklo le
FEC , Foyer des Étudiants Catholiques , drôle de jazz Hippie or not
hippie , les grands les vrais scolarisés , le droit ,tous , aux tickets-
repas , nous autres on se débrouillaient aux casseroles durables . Pas
si bêtes finalement . l'infinie tristesse des hommes Les fils de la
savante nation , leur gueuleton fini , s’ils voulaient du surplus , c’est
au rab qu’ils piochaient . Deux grands chaudrons de nouilles , un jour
l’autre de riz , des nouilles , du pain complémentaire . Là que les nous
autres on ferraillaient chaque jour , musettes à l'épaule ,notre bon
dieu de pitance . Le soir on s’arrangeaient , les copains rendaient
visite , confitures , charcute , canes de légumes . Souvent plein de
bijoutiers fantomatiques , le gourbi . La Colette , si bandante , Astrid ,
Léon plein de gestes , Jon de Turquie , Hamid , Francis la pouillasse ,
Ruth la nonchalante , les copains d’abord , le Coco , normal . On
s'est arrangé le confort , un soir , avec le Gasthy .J’ai trainé un
matelas jusqu’à pas loin du sien . Chambre d'asile déjà . Moins de
solitude plus de musique et faut le dire pas mal plus de
jeunettes ... Me souviens les odeurs de tout , la poussière , les tanches
de jambon dans une petite boite en fer , un régal pour les mouches ,
ce soir je fourgue , enchères aux drapiers , je dépense , dilapide ,
liquide , solde , brade , pas d'épargne ,je disperse , ventile et sème au
tout revenant . Les drapiers , du Kerouac sans Greyhound , mais un
luxe : une table tournante , deux LP , Léonard Cohen et Chopin .
Grosse vie sale . Graeme Allwright à la guitare . L’autre Graeme
aussi . Proprio de la taule , Écossais bordélique . Restait au 3ème dans
son antre . Prof je sais plus de quoi . Vivait avec sa chienne . Sharon .
Labrador noire qui partageait ave lui le goût du scotch . Quelques
écuelles semaine . Époque épique et colegram . Au deuxième ,
LA baignoire . Au charbon ! Remplir ses entrailles la vieille bourrique
. Pas si dans la mouise quand on regarde bien , les tendeurs . Pas de
pleurance , ni caleçonnade , rien que du solide un peu fragile . Pour le
voyage on allait sur les quais , sous les saules pleureurs , tout proche
le petit pont , là que les nazis avaient siégé leur kommandantur , dans
les années vert de gris . Les guitareux , les fumeux , les pouilleux , les
garces , les espéranto , les impératrices et les rois de la mangave , les
reines de la Saint-Claude , les balayeurs de la tendresse , toutes et
tous , on y passaient le reste de notre vie , en attendant la suivante .
Cette suivante je me la suis sculptée dans l’os .La manche , pas trop
mon truc , la job je préférence . Commencé chez Kronenbourg , usine
à bitures . Six heure du mat’ fallait que j’y turbine . On avait pas de
cadran ,c’est donc le Gasthy qui me secouait le pucier .Comble du
luxe crapuleux , pour qu’il soit un tantinet tiédasse , on déposait au
soir ma tasse de thé sur l’antique chauffage électrique . Un gobelet .
Dans ma vieille musette , le rabiot de la veille , celui du FEC .
Traverser la ville à pinces ,ensuqué pire que possible , arriver jamais
de retard , bottes de caoutchouc vite ,vite ! Laver à la house les cuves ,
le béton , les palettes , boire , gratos bien sûr , le divin jus
d’houblon ,bosser , bosser , travail à la chaine , défoncés ronds comme
des manches de pioches mais tenir ! Une semaine encore , la première
paye , le premier paquet de tabac , des œufs , du poulet , kartofelsalat .
Pi j’ai trouvé mieux , plus proche de la piaule , mieux payé , quasi
nourrit : plongeur dans un grand resto centre ville . Grosse vie sale .
Tous les soirs j'en ramenais des sacs de beaux restes . Fou comme les
gens friqués payent cher , pour si peu bouffer . De coté j'en mettais ,
de leurs " j'ai pu faim" . Charcutailles , patates en tous genres , côtes
de porc , saucisses , lard sur choucroute , j’en passe pisse et trépasse !
On se régalait , Gasthy ma gueule et moi , pas besoin de frigo , juste
des sacs en papier noués aux escarpolettes , pas laisser grouiller la
barbaque le fromage itou . L’urgence du calebar et de la tortore c’est
kif-kif . No pasaran , on lui disait , à la mère misère . Les cierges
volés ,plein nos musettes , à la cathédrale ,on foutait des boutons
métal dans le st-tronc , pour que fiat lux . La chance avec nous quand
même un chouïa . Le bon Yeu nous aimait pas assez pour nous faire
encore plus mal que ça , nos vies . Si on l’avait tous pris EN MÊME
TEMPS , ce putain d’ascenseur pour les chauffe-eaux , le souk ,
imagine le , monstre ! Bordel fin dix-neuvième , claque à la mode
hussarde , off et sous off , maison close ouverte , vue sur
canapés ,sofas Récamiers , la plage à portée de bourses , la Goulue se
déparait , la suivante s'embijoutait , l'autre , c'est beau
jeu ,qui disparait avec un artiste peintre ,connu dans son quartier , la
levrette qui se relinge et Nana déjà qui se préparait à entrer dans
l'histoire ...Vinaigrée , viandée fumée , notre jeunesse , alcoolisée ,
désossée , niquée de première , totale fourrable et fourrée . Juste mai
68 , plus tard un peu , les pavés sous la plage , pour dire j’y
étais chacun sa façon . Romantique aujourd’hui pour les de ma
génération foutre illusoire pour nos enfants , n’importe quoi pour les
suivants ,baby boomers nous voilà , communards à la retraite ,
grabataires pour beaucoup , pavillons banlieusards , chanteurs
engagés repentis . Madame Rédemption faut dire , a la cuisse légère
comme un cerveau de flic et le bras long , tu dirais celui d’un financier
de là bas . Libres enfants de Sumer Hill , enfarinés par leur drogués
d'engendreurs , bobos , nanars de mes deux guignols , j'
affirme confirme en prime l’imprime . Faites chier ! C’est un drôle
d’aprème , sur les quais , la fille s’est répandue , cherchait qui veut
m’accompagner quelques jours à Paris ? Le Bébert pas deux , pas une
, a dit moi je . Bingo ! Pouces levés , rouksaks , flotte ,casse-croutes .
Direction Montreuil avec la Marie-Annick . Trois jours qui ont duré
proche 20 piges pas loin . Paris ! Je reconnais mais depuis toujours ,
ma galère , c’est à Strass qu’elle a plombé son ancre .

11

C'est le fleuve qui me l'a dit:


Mec faut t'y attendre ton manuscrit de la déchirance voudront te
forcer les éditions les gérants les troubles fiottes c'est leur truc te
pousser à parloter comme eux t'accorder à leur mauvaise haleine leur
mauvaise tuberculose bureaucratique leur mauvaise diction que tu
rote chie et chaude pisse comme eux te diront : "ponctue ! Sois
lisible ! T’arrives à Paris, quand même ! Fais un effort" ! Pas si fort ,
les sténographes de mes souvenances !!! je m'élance m'enrage colère
vocifère gueule chinoise éructe feule grogne blatère m'expectore
tousse mouche retouche pire m'en branle ont qu’à lire comme je
respire sans masque à gaz rien qu’à perdre haleine comme je vis sans
temps mort davaï contre un mur de papier les littérateurs pour
lingerie fine regardez moi je respire encore même que mes poumons
troués sifflent aèrent goudronnent caillassent lancinent lancequinent
vermines vous en avez tué des pires des meilleurs comme dit le Gasthy
les claouis me claouettent et les hyènes me tètent plus supportable
ponctuer quoi qui que comment lâche moi l'agrafeuse ta censure
évoque la révoque des pédoques en tous genres Fahrenheit 4.51 je
ponctue d'un point là que ça me plait vidangeurs de fosses communes
soupeurs patentés crèmes de burnes c'est comme vos chapitrages vos
majuscules vos ordonnances votre volonté de me donner à lire le temps
de ma vie comme étant figé cryogénisé statufié j'aime pas les ordres
pour ça que j'y suis pas c'est comme la chronologie l'écriture dans le
bon sens du temps je sais mais des moments je m'égare gribouille
m.embrouille comme ça me vient la bouillure pas de notes sur mon
bureau forcément je grimpe dans les trains qui passent et chacun
d'entre eux toujours me ramène à la bonne gare Paris j'y suis arrivé
sur le pouce Montreuil en fait Rue Parmentier ,le temple protestant ,
désaffecté , grille ferrée , grinçante , maison Usher . La cour arrière .
Pas de prieur mais de bizarres animaux de la ferme . Elle me présente
, Marie-Annick ... Rangée d'oignons les autres ... Joël , cromagnon .
Martin , bucheron . Frantz ,rouquemoute et lunettes . Rémi ,col roulé .
Le tout mal rasé. Les filles tellement si peu femmes ... Eva ,sans
charme . Isabelle , cet air cochonne . Pimprenelle , sourire plaqué .
Martine , rondeurs cachées .TOUTES en gros chandail , pas qu'on les
trouve attirantes , féminines , bandouillantes . Pantalons de velours
lousses , pas maquillées surtout , pas plaire aux hommes , ces
exploiteurs culiers , sauf au plume , la nuit . Sous les toits mansardés ,
le dortoir , ça grouillait , soupirait , vagissait . Pas très latines les
messes basses , le chant des matelassiers , des fois même ça parlait ,
confessionnal du culte il devenait , le temple .Sans affection déjà ...
déburné , cloué , décroisé , bétonné , communautarisé . Peut-être une
idée signée Mao , Marx , Engels ... Du beau monde les templiers ,
finalement , défroqués juste avant de comparaitre . Issus du
séminaire , sincères de la révolte et de la membrane
siffleuse . Travaillaient tous en usine . Connaitre et partager la
condition humaine des travailleurs , leur misères , difficultés , labeur ,
pourquoi les bistros , les apéros qui durent tard , les amours jamais
roses ,la femme qui vieillit trop vite , le sexe hebdomadaire , plus de
bas , rien que des gros collants ,contre bandaison , le soutien-gorge
devenu monte-charge , les bonhommes pas mieux , le rasage en
retard , les tifs en bataille ,le futal trop large , ventres de noyé ,
salopettes , pifs avinés . Leur fallait ça les templiers , côtoyer l'autre
vie . J'ai . L'usine un peu trop tôt , rien de romantique , les petites
mains , les arpètes , les contremaitres , plus envie , mais jamais reniées
, ces pages de mon livre .Les années militantes . Elsa n'est pas morte .
Jamais eu de message des camarades . Les révolutions , toujours , c'est
d'intellos qu'elles se nourrissent , pas de prolos . Nous , nous aurons
été bonne bouffe , déchets préférentiels chers au canons . Le sommes
encore . Savaient pas , les ceusses , comment elle en fabriquerait des
bobos , des informatichoses , des costardisés label sociétal , endeuillés
de la charnière . On a veillé , cette première fois ,toute la maisonnée .
Du rouquin pour eux , pas trop , tout le monde sur le même litron ,le
tonneau pour ma gueule ... dans cette petite cuisine qui sentait bon la
boiserie , la tortore et le velours , j'avais l'air d'ailleurs ...Jeans , bottes
de cuir , ceinturon , couteau mataf en bandoulière , gros mots de
soutier russe , charcutier des halles , tavernier mal vendangé . Les
histoires sont pour être racontées . Venaient tous de l'Est , certains de
Strasbourg ... défroquage , on the road again , au primaire de la vie ,
fuck toute , Dieu n'est vraiment pas utile pour l'aide humanitaire , on
s'en aperçoit vite . Retour au charbon .Toujours ,dans le coeur des
hommes , y aura des corons , des pleurances et des coups de grisous .
Pourquoi tu penses les manars se beurrent la goule ? Anesthésie ,
cache-merde , précarité de l'oubli .T'as voulu voir Montreuil et pi t'as
vu Montreuil . Dans le temps des 40/50 , y avait là pas mal de
braqueurs , des connus , recherchés , des prostibelles à bougnes et
romanos , du receleurs toutes catégories , du flic pas blanc-bleu , de
l'indic petit pain , du resto populo , clientèle à gapettes , genre Gabin ,
Carette , Le Vigan , de la douairière à fesses affaissées , de la serveuse
pauvre , emmerdées par les clilless , fallait supporter , le taulier veillait
à la graine , à la sienne surtout , pourtant marida le crevard , mais la
tambouille ! Jai connu la fin de ces cantines , rue St-Georges en plein
Paname , à Boulogne aussi , du temps de la Séverine ... entrée
sardines directement de leurs boites , pâtés pareils , rillettes , faut le
dire vite mais baguettes fraiches ,craquantes , souriantes ! Pi le choix ,
tartare fait mains , purée boudin , gratin de chez gratin , grandeur
symphonique ! Le dessert fantasmagorique : tarte aux pommes ou
rhubarbe , après tu t'écroules devant un bon vieux calva , tu jases avec
ton voisin , faut dire , y avait que deux tables , six places chaque ,
forcément la converse embarque . La pluie quelques nuits aussi ,
légère ou grave , on s'en retournait , pas de cavale , abreuvés
d'alcool , de caresses et de baisers mouillés , comme au cinéma noir et
blanc , quand il vivait encore . Tendresse urbaine , la lune , tu la
décrochais pour quelques sous , Armstrong inclus . De nos jours ,
photographiée , rien qu'une fois , panoramique , par un cul conque
Nivelle , Koons ou Murikami , elle vaut bien plus qu'un de nos
repas reposants de l'époque ... Arnaque de l'ART content .
Montreuil , cette fameuse première veillée , le troufion qu'on s'en
plumait , des escrocs modernes , d'autres chocs à régler . M'ont
raconté les visites pas très souhaitées , d'un petit gang de quartier :
"les rapides" . Passaient , chaque jour que la commune leur semblait
vide , bouffer , boire , se servir en disques et tout le possible . Violents
parfois . Le coup , je l'ai vu m'arriver , j'ai dit "si vous avez besoin ... "
La fin de semaine a duré proche 20 ans ... Sont arrivé les crisses , pas
plus tard que le jour d'après , petite équipe , cinq , six ... pas de
chance , dans la cour de la maison y avait déjà quelqu'un . Assis sur
la banquette arrière d'une deudeuche désossée , le gars moi même .
Surprises les gueules de voyelles ? Pareil une poule qui trouve un
couteau . Blanc de mémoire , d'oeuf battu , blanc fantôme . Le
blouson noir de la gang , Smael , un bel étron : " heuuu tequila toi , pi
qu'est c'tu foula ?".Cette manie des infirmes rachidiens , poser des
questions plus bêtes que leurs yeux ... J'ai mit ça clair , assez vite
merci . Mon nom est ... ma job icitte est ... mon tatoo vient de ... mon
poignard me sert à ... je viens de Strasbourg . Pas compris tout de suite
, leur façon de me jauger ... C'est juste , quand le soir , j'ai raconté
ma journée à la familia , que j'ai appris . Un quartier de la grande ville
porte ce nom . Quartier de commerçants plus ou moins chelous ,
vendeurs de casse-croûtes arabo-grec et bosphoriens , boui-bouis à
macs et leurs arrières sales sombrissantes , cachettes à gâchettes ,
sandwicheries cafards inclus , poker places , putes à volonté , jamais
regardantes au client , tarifées par le crouille ou le corsico de serre
vis , tu pouvais même niquer dans le fond de la cour , entre deux
poubelles , si la piaule partagée par ces dames , se trouvait prise . Juste
à faire ÇA debout , comme un cheval de hallage , réduction tarifaire
incluse . Strasbourg-St Denis , ses vendeurs de tapis , de montres , de
sous-tifs , de fausses vraies marques , de tissusse en tous genre ... Les
mômes pensaient que j'étais de là , d'où respect supplémentaire ... Pas
bien catholique , pour sûr , leur suis apparu , les chouraveurs de mes
deux crémantes . On s'est vite mit chums , juste à me défausser d'un
billet de cinq , payer la tournée du jour et jaser de plus tard . Les
humains , bien souvent , demandent que ça : raconter leur enfance
merdique et leur futur qui sent mauvais . Tu les écoute vivre leur vie
rêvée , t'en fait des héros , les gensses . Ont fini , les mômes , par nous
rendre visite bien souvent . Les amis de la commune en revenaient
pas , les recevaient même , certains soirs , à grignoter quelques
rondelles de sifflard . Si vis pacem parabellum . On sait jamais .
Funambules , transformistes , acrobates , opportunistes , maquilleurs
de burnes , tous ! Un peu ...Comme ça , je l'imaginais , ma cabane au
Canada , chaleureuse , boisée , petit bled , voisinage en visite souvent ,
bouteille de fort et belles histoires des pays d'en haut . La
casbah c’est devenu , pas mal vite , l’amical bar open des "rapides" ,
Les mômes s’assizaient sur la caillasse , dans la cour , posaient des
xaines de questions . J'ai , comme les gens qui reviennent de loin ,
raconté quelques unes de mes plus belles aventures . Là , dans cet
endroit de poussière et d , digne d'un polar d'Harlan Coben (note à
moi même retrouver son titre) qu'elle est passée . Catherine Sapin .
Coup de boule en pleine face du coeur , Albert , comme si les nuages
suffisaient pas . Ballades vespérales , Montreuil , le 20ème , le 19ème ,
square de la Réunion , du temps qu'y avait encore des petites
boucheries hallal , des bouges d'arabes et des filles pour . De la
pénombre et des arbres , un banc . S'y reposer le palpitant . J'ai envie
de toi . Me souviens , tu portais souvent de gros pulls de laine et des
jeans velours . La mode , bien avant le recopiage des bonos bobos . La
lope de vie nous aura pas laissé le temps de rien . Les adieux trop
souvent , s'habillent à la va-vite avec les fringues du hasard . Douleur
d'aimer , qui plus un seul instant de cette chienne de vie , me quittera .
Elle . Me suis assis , le lendemain de cette putain de veillée , sur le
siège de ma deudeuche , armé de rouge et de mélancolie . Ce n'était
qu'une chanson d'automne , un frisson monotone . Comme à tant de
choses , de virus , de cloportes , j'y ai survécu . Pourquoi ? Comment ?
Pour quel rôle jouer ? Raconter , c'tu la bonne raison de survivre ?
C'est en lisant , voilà bien des années grises , entre deux larmes "le
livre de la vie" signé Martin Gray , que je me suis dit : c'est le devoir
de certains hommes , dire . Écrire c'est raconter le siècle dans le quel
nous essayons de respirer . Anne Franck , ma petite soeur , je pense à
toi , je pense à mes frères Kabyles dans les camps de Nouméa , je pense
à ma famille enterrée vivante sous les terres , Maroc , Algérie , Moyen-
Orient , des années , tortures comprises , je pense à tous les déportés
du monde , où qu'ils soient , mais aussi à ces auteurs de merde , j'en
tairai le nom , qui oublient , trop souvent , de citer dans leurs
"oeuvres" qu'ils ne sont pas les seuls revenants . Facile un peu de
falsifier l'Histoire quelques fois . Coudon , tu fais tu exprès ?
Monopole de la douleur ? Dans les pages de tes racontages , pas de
noirs , pas d'arabes , d'infirmes , d'homosexuels , pas de nains , pas
d'estropiés , je trouve ça louche pas mal . On touche pas certains
cadavres , ils puent moins que d'autres . Pas ce n'est ? Mordecai ,
Sitruk , Seth , bh machin , filou Zoff !!! Pas vrai ? Souvent , je me
suis étendu , repentant , priant pour le grand pardon , sur les tombes
du peuple juif . Toujours il m'a dit : tes prières ne sont rien , tu n'es
qu'un goye et ton fils aux yeux clairs comme le ciel , ne vaut pas
mieux . "Frères humains qui après nous vivez" disait François de le
résilier , ce contrat de bouffon ? Certains se flinguent , d'autres
bataillent . Rien que les morts qu'ont plus mal aux dents . la môme
Ninette , elle en avait de belles . Palettes royales ! Plusieurs fois que je
la visais , du haut de son sixième ,dominant la cour . Quelques signes
discrets , pi , fatalitas , un geste vers elle , genre visite moi . Ses mains
ont joué clignotant , donne moi dix , quinze minutes . J'en ai coulissé
du trombone ! L'histoire de presque toute une vie , la mienne ,venait
de prendre le bord . Notre premier vendredi soir ...Le jazz dans cette
nuit ... St-Germain des prés ...la rhumerie ... l'avenir qui se conjugue
au passé perdu ... Re défaire sa vie et la recoudre en attendant l'autre .
Traverser Paname à panard , l'ile de la cité , se bouffer la bouche à
longueur de chemin , trafiquer l'or du temps , baguer le cours de la
Seine , remonter le quartier , se payer un casse-croûte à St-Michel ,
s'arrêter place Dauphine , il y a des bancs sous les arbres et des baisers
qui parlent : embrasse moi , j'aime le goût de l'harissa ... les odeurs du
premier métro , ta fatigue sur mon épaule ... j'aime tout pendant que je
t'aime . Oublions pour un instant la lutte des classes . On entrait , avec
l'aube , dans la commune endormie , coller notre jeunesse contre les
vitres sales de l'avenir . Les années coup de foudre , les années
misère ...

………………….12

Manuscrits de la déchirance

On s’est trimbalé sur les ossements de mon enfance De ma jeunesse


un peu La Ninette et moi Le temps d’avant que je me flingue Points de
suture On s’est trimbalé Drôle de générique une vie Rue de l’écrevisse
Le café des arabes disaient les fourcheux ça devrait être interdit On
sait pas skisse passe là dedans Doivent s’entre égorger ces sauvages
Juste à voir leurs gueules Ça doit trafiquer des tas de saloperies Bon
d’accord y en a un paquet je reconnais qu’a libéré la ville C’est pas ça
le problème C’est juste qu’ils sont restés APRÈS Si ça continue comme
c’est partit vont nous coloniser Déjà que j’en connais quelques unes
qui couchent avec Faut avoir envie Coucher avec des rats non mais
quelle idée J’ai dis Ninette écoute les pas Tiens voilà madame Rita la
voisine du dessus Toujours habillés cantatrice Les nichons sul bord
des lèvres Toujours fourrée au cinoche Mouillée façon Mariano Doit
lui faire des spécialités maison à son vieux tyrolien pour qu’il reste
avec Écoute pas ça Ninette Profite de la vue Je te présente MA
cathédrale Ma petite France je te présente MES ruelles Tiens voilà
c’est ici que la Paulette j’avais huit ou neuf ans me demandait si
j’aimais ses gros nichons blancs OUI OUI OUI JE LES AIMAIS
Crisse que oui !!! Ah j’en ponctue encore !!! Son mari le Tamar a été
dessoudé par des gars du FLN Une histoire de cotisation pas payée je
crois L’a été incinéré La belle Paulette veuve ah que j’étais trop trop
gamin grrrr Écoute pas ça Ninette c’est rien qu’une enfance qui se
raconte Pas la peine d’y fouiller Les souvenirs c’est juste du passé qui
veut pas vieillir Garder le plus possible ce goût de moutarde et de
knack Les pissotières facile mais la tortore c’est une autre histoire !!!
C’est d’ici ma Ninette de ce crisse de quai v’là un bon bout de temps
que je me suis envolé vers toi Lui là le type qui se sépare jamais de son
manche ben c’est le Guèck Le Gaston Chez qui c’est une tradition de
piauler Sa meuf c’est la Sylvia T’as vu le morcif ??? Une flamboyance
!!! Avocate un jour pour sûr On s’en reparle bientôt Dis rien Ninette
dis rien laisse toi juste aimer Les drapiers sont devenus Sainte Barbe
on artille comme on peut Même qu’on a dû se rendre à l’hosto
Méchant coup de rapière a dit le doc vous êtes un acrobate !!! Gaston
le Guèck a répondu tu es ma déchirure Ninette ! On a fini par se
trouver une crèche pas loin rue de la chaine d’or C’est la Francine qui
a dit oui La patronne du bistrot Fallu que je lui bouffe le culte mais
bon pas de regret Quelle piaule ! Toute la ville y est passé Dans la
piaule Pas sur la Francine Lol Quelle écope !!!Anita bien sûr Au FEC
je l’ai vue débarquer Bon Dieu de merde T’aurais dis Ekberg La
fontaine de Trevi J’en croyais pas mon corps Nom d’un nœud marin
THE WOMEN !!! Je devais être sacrement beau sacrement baratineur
pour qu’elle dise oui Déballée je l’ai comme un cadeau du ciel Peau
blanche blanche Une porcelaine Soyeuse de partout Teutonne
Vierge !!! Seins d’albâtre Sculpture sculpturale Un Louvre !!! Tous te
le diront qui l’ont connue Sa démarche on aurait juré qu’elle baisait à
chaque pas maintenant !!! Anitaaaaa !!!!!!!!!!!!!!!! La rue de la
chaine quelle épique La Ninette a fini par dire oui Ménage à trois Pis
à quatre faut bien C’est elle Anita qu’à ouvert le bal M’a présenté la
Jenny Psycho chose Imagine Une bouche tu voyais que ça Des
rondeurs at large Envie d’être une femme elle me balance On a fait
ÇA calmement Besogneux L’Anita m’a giclé du merci Revenait tous
les matins ma Jenny Déjeuner de la plume Ostie de vie !!! La Ninette
a fini par crisser son camp Normal Est revenue Normal Entre temps
sont arrivés les yabes Le Bonardi le Napo le grillon le Michel pi
l’arabe du coin La Claudine du Neuhof Et Pépé le Moko !!! Du
Kerouak je dis !!! La crevette ! Luc et sa prude qui soufflait en
cachette dans l’ trombone à papa Genre je veux pas qu’il le sache fais
attention Je vous salis ma rue ! Genre la mère Bruston du temps de la
commune Ça te vidait les rognons sans avoir l’air d’y goûter Rue
Daumesnil au 122 j’ai mémoire Bel appart’ On y vivait tribal Même le
Rémi Même sa gerce l’Isabelle Et le petit Patrick Lui en personne
retrouvé quarante piges plus loin du coté de Montréal Un cirque la
vida je dis Tout le monde on trimait L’usine mon bonhomme l’usine
Métro boulot bio-bio Comme avec la Maria plus tard T’es né pour en
baver alors bave Pas plus riche aujourd’hui le Bébert Pire ! On le
touchait notre salaire à la semaine On gerbait le tout dans le pot
Factures payées le reste on partageait Comme au temple et plus
ailleurs 98 boulevard Blanqui Là qu’il a fallu l’ avorter la Ninette Un
cirque je te dis !!! Quelle époque de fuck !!! Le cérémonial Trouver
par le réseau le bon docteur qui pose la sonde Les rendez-vous à mots
de passe La clinique aussi Plus un secret de nos jours La nôtre c’était
les bleuets Ah Ninette Ninette Ninon !!! Trop pauvres z’étions pour
enfanter plus malheureux que nous Blues encore là là maintenant tout
de suite à l’instant du présent Blues pour toute la vie ! Diablesse elle
est J’ai pas été ce que je voulais Grand footballeur grand avocat grand
flic facteur instit’ !!! Faiseux de chansons j’ai fini Parolier Quelque
peu romancier Pauvre né pauvre crevant Des bons moments quand
même j’admets pi des beaux des sublimes des grandioses des
symphoniques !!!on trimait la ville déjà Comme toutes Nocturnitude
chopinesque Mano a mano les amoroso Les guinches du sam’di soir
les marchés du dimanche Sandwiches à la mie de pain Prolétaires de
tous les pays beurrez vous la tartine !!! Moules frites à volonté !!! Me
manquent mes villes…M’y perds souvent encore Pareil dans Léo
Malet bien souvent D’une rue l’autre Mais devrais te discipliner

Manuscrits de la déchirance …..13

D’un bateau l’autre Au 9 de la rue de l’écrevisse M’en restent des


brumes vaporeuses La place Broglie son beau cinéma La que j’ai vue
Darry Cowl Un tas d’autres Eddie Constantine me semble Sacré
mauvais acteur Mythique aujourd’hui La place Broglie c’est aussi
Coty de Gaule en discours la statue de Kellerman l’opéra le petit carré
de sable et le foyer Charles de Foucault les bretzels et cet ami de mon
père avec sa Juva 4 sa caméra déjà Mortel de pieu sont passé dans
quel coin de la mort ces films On les regardait chez lui Fantastique En
famille et puis la vie tu sais finit de nous finir

La nôtre s’en est allé quartier haut les mains Le nom que les flics et
MÊME les habitants lui donnaient C’est dire l’avenir !!! Leurs noms
de famille à tous m’en souviens encore Ceux du bloc 18 Leurs visages
du temps pareil La mémoire drôle de drame Formol des sentiments

La ville d’Albert Camus pourquoi pas ? Le choix ? N’existe pas


vraiment Naitre est une option Couleur sexe pays date heure tout Brun
blond noir et j’en passe Options La rue Camille Pelletan Les parents
déjà c’est pas toi qui décides Le reste pas trop trop Faque arrange toi
Chacun ses troubles Ce soir j’ai le vin triste sont jamais revenus de
leurs jeunesse les poteaux de ma flagrante fulgurance La poésie mon
frère dira-t-il bien plus tard Sont en errance dans leurs agonies
triomphantes Héros vagabonds invalides Encore vivants parce que je
suis pas totalement crevé Penser à vous c’est vous éterniser Cimetières
de ma terrible solitude vous êtes jonchés de mes plus beaux cadavres
Et Mozart est avec vous mes camarades manquants Vivre amputé de
vous depuis si longtemps m’est si lourd Je croule sous vos absences
Revenez mes revenants faméliques !!! Revenez câlisse !!! Tome 14 !
Envoyez moi vos adresses on s’en fera un de méchoui géant !!!
Comme promis ! Revenez mes anges de bonne volonté !!! Reviens
Mina ! Reviens Malika ! Ma poésie revient !!! Ma Palestine ! Mes
rêveuses mes rêveurs ! Ma vie !!!!! Reviens !!! Dahlia cette putain de
souffrance me la laisse pas en héritage ! Trop longtemps qu’elle traine
sur ce quai de blancheur …Les années sans toi faudrait qu’elles
achèvent ! Je me sens quelques fois si vieux Proche de traverser
l’autre bord du rideau noir Sans cette mèche de tes cheveux remember
you notre dernière étreinte face à la mer C’est une putasse punaise qui
l’a brulée jalouse vingt et trois plus tard Povkonne Ton parfum Dahlia
PERSONNE peut rien contre la souvenance que j’en garde !!!
PERSONNE !!! C’tu clair ? El Biar aussi j’en demeure infirme Tant
de lieux tant de gens tant de rues m’ holocaustent l’en- dedans du
dedans !!! Ce soir j’ai le vin triste rien à faire contre cette saloperie
Mélancolitude mon amour

Marseille pas mieux Les Joliettes pour commencer Cage grillagée Seul
On m’attendait C’est moi qui suis allé dans l’autre gueule de l’autre
loup Fallait J’ai joué le fou L’oscar j’ai mérité Le GMR7 ! Aux arrêts
le premier jour ! De l’autre bord j’avais dis c’est moi le déserteur le
repenti celui qui regrette M’ont filé paperasse et toutim Débarquement
au pied de la bonne mère Notre Dame de la Garde me voici !!!
Tarascon me voilà !!! Voulaient tous que je sois bon soldat Servant de
la république tricolore J’en ai tu passé des tests ! J’ai fais de mon best
pour dérailler mais sont malins c’est leur métier les singes École ses
sous-off de Toulon mon destin Merde ! Le gradé en face de ma
pomme a voulu savoir le pourquoi de mon refus de servir Votre
gradance je réponds c’est juste que j’ai pas en vue de faire honneur à
cette armée qui a laissé les arbis les foutre dehors !!! C’est tout !
L’uniformisé s’est relevé le front Je comprends votre point de vie et je
le partage Vous me devrez une fière chandelle Me suis retrouvé RD2
Quelques jours en asile de scalpés Jouons à la crapette sautons les
murs dansons à Cassis buvons tirons fourrageons La gare St-Charles
au départ Une cartouche de goldos quelques francs ma ville en ligne
de mire

Quartier haut les mains Retour aux sources La rue de Nontron La


Lyautey La Ziegelau Rien que du beau linge et puis les Drapiers bien
sûr entrés dans la légende Quarante piges plus loin suis allé voir Porte
codée Ass hole Mais les sentiments sont remontés de la cave au grenier
Toujours la même histoire les retours en ma ville Visite guidée par la
vieille urgence de pas crever Pourtant crever j’attends Reviendront
plus les belles histoires des pays d’en bas ni celles d’en haut Faut te
faire à l’idée Court vite le temps ce narvalo T’arrive au bout de tien
sans raison Juste harassé Pas glorieux Dévissé plutôt ! Vidé lavé
trépané rincé !!! Courbu foutu plein l’Q déporté !!! Dégradé pissant
coulant chiant saignant !!! Verminal tout le monde !!! Dernière étape
avant la dernière ! Le grand parcours est terminus ! Déposer vos biens
et vos maux vous n’en aurez plus besoin ! Déposez déposez ! Fuck
c’est donc juste ça le chemin ? D’une souffrance l’autre …Sous la
caillasse y pas la plage Un mythe de vieux mélancolo cette histoire Des
pavés j’en ai soulevé Rien en dessous crois moi Juste une tonne
d’illusions Lourd lourd qu’il est le vide et léger léger quelques fois
Vinassé Feuille d’automne surtout qui tombent vite vite Le temps de
s’aimer est bien court mon amour une chance la souvenance de
l’émouvance Les quais du bord de l’Ill pour s’y trimbaler Tous ces
reflets de nous vibrant au touché des écluses Nonchalance avec toi
Ruth avec d’autres ces baisers mouillés de faim Vie de merde comme
tu m’a bien fourré ! J’avoue De partout De première Embastillé cuité
niqué mais lope ça crisse que j’en ai profité ! C’est ainsi que les âmes
vivent

À Montreuil comme partout l’existence manège le tourbillon du temps


La croix de Chavaux L’occupation le croissant rouge et cette
boulangerie avenue de la résistance Le marca pi toi mon Roland déjà
rose de cirrhose plus d’illuses Mais j’y avais un pieu dans ton gourbi
Solidarité des anciens bagnards Pas de café rien que du rouquin du
rhum et de vieilles histoires de vieux chnoques Ce couple aussi pas
loin place du marché La Nicole et son Denis Louche un peu lui
Voulait mater quand je tire-bouchonnais son brancard Un morceau
faut dire Si ça se trouve t’es sûrement clamsé mon Roland T’es pas le
seul remarque j’en sais pas mal d’autres Mais quand même ce quartier
devenu bobo quelle poésie La Suzanne frontière de la vieillesse et son
hostie de Sénégalais qui lui en filait des baffes à longueur de bras
Juste qu’elle aille encore à son âge bosser pour lui payer son seau de
pinard quotidien mais kesse tu veux ? La vie est rate Lui le Soumaré se
laissait pomper souler nourri blanchi Grand luxe après la brousse On
s’en gavait mon Évelyne et moi de ces chantiers J’ai fini soir de
turpitude chez la Fatima pas loin non plus Bistro de cousins Juke-box
téloche radasses de comptoir Cafards Joueuses de flute à temps plein
Maques à sardines Arbis surtout Foire à foireux La matrone nichons
sur le comptoir Chambres à louer J’ai choisi celle du fond de cour Un
plume une table une chaise une armoire Fenêtre barreau La paix juste
après trois ou quatre heure du mat’ La baisance roucouleuse Clair de
lune sur pissotière Brise d’anus On s’est aimé là quelques unes et me
La Joelle un soir d’après bijouterie Besogneuse du prose mais
partageuse Enfant de butin Fille de lutte Sociale du fruit de mer
Comme la Yahyé fille d’Afrique Yaoundé Yaoundé !!! Pendant que tu
me braises ! Yaoundé Yaoundé !!! Pendant que je te biaise !!! La
faute à Ninette la faute à qui ? La faute à qui guette !!! Comme bien
souvent l’autre Elle s’est poussée de chez son bonhomme qui la battait
Yahyé pour finir dans notre lit Rien que du banal Ravages de la pilule
Faut bien la classe ouvrière aussi qu’elle s’éclate Elle s’est Crois en
mon piaf Métro oui boulôt oui mais tringlette AUSSI Commanches !
Cosaques ! Ouvreur d’huitres ! Couvreurs de bas étages ! Ramoneurs
sismiques ! Déboiteurs de mâchoires ! Entrepreneurs des goûts !
Contracteurs de grands travaux Plombiers plombeurs !! L’eau le gaz
l’électricité la limonade tout dans le même tuyau ! Pas de répit ! Le
repos ? Connais pas Bas ventriers voilà tout La job roulait Petits plats
maison Lentilles Riz de ci riz de là Purée de châtaignes Patates cuit-
cuites Les années bouffarde Les premiers emmerdeurs de la boucane
Les grandes emmerdeuses de paf Les allumeuses de vrai berbère Les
intellos déburnés Rabat-joie rabat-nouilles ratatouille ! Défrisés du
kangourou Je bossais par-dessus Toujours été manard La Marie-
Brizard qui assomme à l’heure de la pause Un peu Zola nous étions
mais nobles comme Barabbas Déménageurs éboueurs manœuvres
Fallait oublier la condition humaine la routine et le bataclan Voyaient
ça l’œil de travers les communautaires Pas bon pour leur morale La
bouffe bio d’accord mais le saucisson AVEC ! Emmanuel mon chum
de chantier s’en souvient Fils de bourgeoisie déchue Chevalière en or
avec armoiries Chez eux rue Saint-Lazare un vieil appartement ben
ben cossu Des odeurs un peu psycho le film L’ancêtre qu’il me permet
d’approcher Maman je vous présente Notre ami Bébert C’est avec lui
que j’œuvre dans mon nouveau bureau Sacré voilier cet Emmanuel À
la terrasse du bistro voisin me confiait ses misères Je peux quand
même pas dire à maman que je trime en prolo Pour ça que j’en fais
des heures sup Elle a sa pension oui mais se croit encore dans les
années trente avec domestiques et chauffeur Pense que tout
redeviendra normal Que papa reviendra de son tour du monde avec la
bonniche Je la fais patienter Quatre-vingt sept ans et pauvre faut pas
le décevoir Je lui raconte que je travaille dans une grosse boite que j’ai
un bon salaire Je lui mijote de bons petits plats que j’achète chez le
boucher d’en face Les fins de semaine je loue une belle voiture je
l’emmène en promenade au bois de Boulogne On y trouve encore des
canotiers quelques gens en calèche ou à cheval On y prend le thé Je
lui offre du rêve Qu’elle s’en aille en douceur On se raconte des
histoires Elle de jeunesse moi de tendresse Voudrait tant me voir marié
Oui maman je vous le promets Dès que je rencontrerai un personne de
notre rang Comment veux tu que je lui dise tout de go c’est garçons
que je préfère Elle comprendrait pas Sacré numéro mon Emmanuel
qui adorait tortorer avec les communards et moi Bouffe prolo kil de
rouge camembert et sauciflard Les années métro boulot fion-fion Les
années changement

Vincennes Rue de la liberté Pavillon Des rescapés de la commune La


Ninette bien sûr Beau coin tranquillos calmos quasi à l’os La chafrave
la tambouille un peu de soleil Du bien rien que du bien Vies
monotones Cuites occasionnelles Familles distendues et ces envies de
foutre le camp Tenaillantes Mais Paris tu peux pas lutter La quittance
est terriblement difficile Chaque pas devient souvenir prénom visage
Chaque maison livre d’histoire Je t’en parle tellement plus tellement
loin plus tard

Ce Paris que tu ne vois pas m’est fait de divorce et de chaines Ce


paris que tu ne verras jamais a les yeux de ma peine Ce paris que tu ne
vois pas c’est mon enfer que je déguise cela vaut mieux pour nous Ma
voix ne chante plus aucune église Mon chant est de la terre noire La
vie m’a donné sa couleur Elle a toujours été du soir elle a toujours été
douleur C’est comme si je n’avais eu au bout du compte que les pleurs
de l’existence La paix venue voilà doucement que je meurs Ce paris
que tu ne vois pas je le parcours dans tous les sens en espérant je ne
sais quoi peut être rien de l’espérance Je n’ai jamais rien attendu mais
j’aime le chant des orages Y voir des danser des femmes nues finirait
bien ce long voyage d’orages et que vos chants me disent encore les
noms de mes amis le cœur battant sous leurs chemises Combien
d’entre eux aimaient la vie cette vie aux jambes fragiles qu’ils
voulaient tous vivre debout Ils l’ont vue froide et immobile hurlant la
nuit avec les loups Frères d’amour attendez moi rien que le temps
d’une chanson Je trouverai au dernier pas enfin comment écrire son
nom Je trouverai dans cette ville ce que je n’y trouverai plus Ma
jeunesse encore en exil qui veut passer dans chaque rue Ce paris que
tu ne vois pas qui donc l’a vu comme je le vis Les ombres du café d’en
bas ne se lèvent plus à minuit Les cimetières sont écarlates Elisa
Pierre Alain Marcel je crois qu’il est temps que je parte C’est long
devenir eternel Vous avez tous un jour d’avance un automne plus beau
que le mien Bouquets de roses ma souffrance porte vos prénoms de
chagrin Ma sœur est morte à l’hôpital bénie par un homme de passage
qui a dessiné une étoile dans la lumière de son visage Paris se trouve
où je me trouve je l’emmènerais en voyage Devenu loup tu seras louve
et nos petits seront sauvages Te souviens tu de la chanson qui parlait
de villes étrangères et de ce vieil accordéon Peut être que c’était hier
L’avenir nous aura croisé les yeux bandés Infirme et sourd tu le tenais
Ses doigts brisés ne portaient plus le ciel trop lourd Ses doigts ne
retenaient plus rien Ils avaient perdu la mémoire pourtant la mémoire
des main est plus légère que le soir Les miennes pourtant ont tenu
entre elles un peu de ces temps là Mais faut croire que la malvenue
toujours à la fin nous prendra ce paris que tu ne vois pas Comment te
le montrer mes yeux déjà regardent l’au-delà j’irais y prier pour nous
deux La vie au bout du compte ici a-t-elle un seul jour existé je ne me
souviens de paris que parce que j’y ai rêvé Ce paris que tu ne vois pas
m’est fait de divorce et de chaines Ce paris que tu ne verras jamais est
au cœur de ma peine Combien sommes nous Paris a t’avoir tant et tant
aimée Combien sommes nous Paris ma rose à n’avoir jamais su te
raconter Paris sur Seine Paris ma reine Paris ma pleine Hemingway
Céline Miller Aragon Mouloudji Caussimon Ferré Tabra !!! Colette
Nin Carné Prévert Zola TOUS !!! Je te passerai pas le dico sous les
ongles ! Morgane Paris de toi je suis ! Tant de souvenances je peux
pas me rappeler de tout Faudrait t’écrire un poème que je m’enchaine
à cette folie Forçat du vocabulaire Valjean de la poésie !!! Le temps
pour sûr et le talent manqueront à l’appel Je sais Malade comme je
suis Vieillissant Dinosaure Déjà proche de l’empaillage Dépensé
comme un faux riche mon temps je l’ai !!! Jamais compté rien Du vin
tant j’en aurai du sang tant j’en aurais Simple équation La dame à la
faux tu sais ce que je lui dis ? Mais Paris juste Paris quand tu sais pas
c’est une chose quand tu quittes la musique de tes entrailles est plus la
même jamais Toujours tu te diras que sont devenues que sont devenus
Les rues! Les avenues ! Les boulevards ! Les impasses les jardins les
squares ! Les places les racoins les statues! Les musées les quais les
ponts !!! Jamais tu vivras pareil ! La Villette Pigalle Rochechouart !
Nation Charonne Anvers !Catherine rue de Dunkerque ! Yasmina les
autres avenue Trudaine au 27 ! Notre-dame de Lorette ! Une belle
dans tête ! Saint-Denis ! Richelieu-Drouot Barbès Jaurès !Katy rue de
l’Ourq et son canal ! Couronne Ménilmontant ! La rue de
Ménilmontant Ses vendeurs de chichon ! Mes piales rue Moret cité
Griset l’atelier du Danois rue Oberkampf Enterrez moi proche de ma
vie ! Père Lachaise Corvisart Glacière Bel-Air ! Angélique dommage
ton père m’aurait préféré juif Bordel coment veux tu que je t’oublie !
Jenny pareil le tien ! Mais bâtard suis pas convertible !!! Shalom salut
bonsoir ! Troué tu restes ! Robespierre Porte de Montreuil Les puces
les petits hôtels pas chers cafards inclus ! Marcel Sembat toujours ma
sublime Yasmina Proche de mon pays berbère… Guy Moquet ! Place
Clichy !!! Vérole !!! Avron !!! Porte de Vincennes !!! On allait voir la
mer on allait voir qui tu veux mais ON Y ALLAIT ! Visiteurs du soir
…De l’infini ... Violons pas d’accord toujours MAIS violons Du bal ou
pas crisse on s’en plâtre tu la prostate ? Paris ma rose que mes larmes
t’arrosent de mon humble poétisation C’est comme je dis hein hein …
J’en dirai j’en dirai de toi ma belle au long de ma vomissure
littérateuse Juste que tu saches Pas seulement Léon-Paul Fargues
marcheur de toi !Pas seulement Breton Carco Guimard Clébert !!!Le
paysan de Paris aussi ! Aragon !Suis allé trimer dans son coin …

Rue de varenne le ciel est gris Comme à l’automne en plein mois


d’août Mon cœur se bat contre minuit Mon cœur se bat contre un
vieux Loup Depuis le temps que tu nous chantes la vie qui passe et bat
trop vite Depuis le temps que tu me hantes de n’avoir pas écris la suite
et je ne suis pas assez grand pour mesurer mes rimes aux tiennes Je
n’ai moi même plus le temps ni de l’amour ni de la peine Elle s’enfuit
de plus en plus loin je tremble de plus en plus fort Un seul amour mille
chagrins et voilà que déjà s’endort sous la pluie douce du matin
l’enfant qui n’a jamais grandi Tenant son rêve d’une main dans
l’autre une goutte de pluie On ne revoit plus qu’à l’envers le court
chemin des écoliers À l’âge d’entrer dans l’hiver l’ombre se penche
sur l’encrier Celui qui marche où s’en va-t-il Est ce encore vers toi
mon enfance que se tourne ma vie d’exil au moment de quitter
l’errance Est ce encore toi le dernier lieu où je me console de mes
peines où je me consume de mon feu Ma tendre enfance je me fais
vieux Bien sûr les hommes bien sûr mon fils mais qui arrêtera le temps
La ronde sombre de l’éclipse est sans appel pour les gisants Un jour tu
n’as plus de maison plus rien ni toit Tombent les murs tu ne vois plus
à l’horizon que la promesse d’une blessure C’était pour quoi tant de
chansons La lumière s’éteindra bientôt et tu ne seras plus qu’un nom
sous la poussière de tes mots Un jour tes yeux l’autre ton cœur se
fermeront comme des portes Le vois tu cet enfant qui pleure devant la
statue que tu portes Sous la pluie douce du matin l’enfant qui n’a
jamais grandi tenant son rêve d’une main de l’autre une goutte de
pluie Le vois tu comme il te regarde mais tu ne lui diras plus rien plus
jamais il faut que tu gardes le nom de mon père il est le tien C’est tout
ce que m’auront laissé les hommes au moment de partir Ne me pleure
pas le passé n’est il pas un bon souvenir Je t’emporte sous mes
paupières Ainsi je te verrais encore au plus profond de cette terre que
j’aurai aimé si fort Il était si beau le voyage mais il se fait tard malgré
toi il se fait bien tard à mon âge Merci d’avoir été ma joie Je ne sais
pas qui mais là bas quelqu’un me parlera de nous et je n’aurai plus
jamais froid C’est un peu l’automne au mois d’août Rue de Varenne le
ciel est gris Je te revois poète mon frère Je te revois ton ombre écrit à
tout jamais nos plus beaux vers Je les ai fréquenté souvent les récitant
certaines nuit avec le feu de mes vingt ans et puis voilà que tout
s’enfuit Pourtant je n’étais pas pressé jusqu’ au soir de cette brisure et
tant d’autres soirs sont passé en compagnie de l’écriture Sombre
maitresse au corps ancré depuis toujours dans mes blessures A peine
au monde il faut pleurer Dire la douleur qui nous torture Le règne de
la fin du jour est depuis ce temps commencé La croix est lourde et le
pas lourd L’homme qui marche est un blessé Est il heureux celui qui
chante quand il chante son chant d’adieu Est il heureux celui que
hante un ange noir devenu vieux Elle avait noué ses cheveux autour
de mes poignets d’un mot J’étais alors cet homme heureux qui ne sait
rien de son bourreau Et toi qui a noué les siens aux tiens aux serpents
de tes veines Toi tout au long de ton chemin qui nous auras caché ta
peine Rue de Varenne la porte est close il faut aller jusqu’au moulin
pour connaitre le nom des choses dans la douleur des écrivains Est il
heureux celui qui danse au son de la mélancolie Est il heureux celui
qui pense a l’amour qui n’a plus de lit Une pierre nue lui suffira pour
y graver enfin le nom qu’un autre fou murmurera comme pour lui
demander pardon Comme a l’automne en plein mois d’août mon cœur
se bat contre minuit Mon cœur se bat contre un vieux loup Rue de
Varenne le ciel est gris
Manuscits de la déchirance ……14

Ce Paris de la trimbale Rue des Courtilles La chambre mini minimum


Vivable malgré Nous pauvres pas riches on s’entre habitue de peu De
rien De tout Fait son nid comme il peut le prolo Toute façon le VRAI
salon c’est le bistro du coin Là qu’il a ses habitudes son monde son
glass Là qu’il politise à tour de tournées Branquignole de partout
Brocanteur de la baliverne Orateur pour luxueuses poivrades et EN
PLUS mon frère c’est lui qu’arrose Forcément t’écoutes Ouvriers de
tous les pays munissez vous ! Casquettes cigarettes salopettes
croquenots ! Le voilà son partenariat social Ses universités Jamais
zété à l’école et pourtant j’en sais des choses ! Les crevards soiffards
s’en tapent Ce qu’ils veulent c’est rien que la prochaine le dernier
pour la route Ses histoires au manard s’en contorsionnent le poireau
les éponges de zinc Une autre ils veulent Crevards comme dit l’ami
Gino Crevards L’autre le sait mais s’en torche Veut juste l’attention
que lui donne pas sa Germai-ne Alors il casque Un verre à chacun
voilà son credo C’est plus le cœur sur la main ce type c’est le foie

Ces boui-bouis mon cœur les hante encore Le petit bar de la rue
Lenoir chez madame Paulo Destroy il y a pas si long quel gâchis Le
plus petit de Paris qu’elle disait la mère Paulo Cinquante et quelques
années qu’elle tenait ça debout Jusqu’à des trois heures du mat’ On y
tenait six ou sept gros max Les oiseaux de la nuit toujours J’en ai
gardé quelques ombres de photos Sépia je crois Fallait voir Comptoir
en zinc encore Le vieux vieux matou y trônait fier et lourd Assise
derrière la madame Paulo qui courait plus vraiment vite vite nous
servait calmement Carte postale étrange poésie Manquaient juste
quelques bidasses de la deuxième Éclairage flouté Petit havre paisible
qui sentait bon je ne sais quoi La cage à oiseau dressée là sur un
tabouret c’est possible ou l’encaustique On y attendait la visite du
commissaire Maigret les soirs de pluie Avec le Pat l’épave on
s’échouait là fin de veillée quelques fois D’autres âmes errantes aussi
Le Bibi le Danois le Charlie Des marins de passage des filles en attente
de tendresse Annabelle qui embrassait comme j’aime L’ancre du
souvenir est si lourde mon Bébert tu devrais plus essayer de la
remonter c’est pas bon pour ce que tu as Pis ça fait vieillir Hey
Ducon ! Mes souvenirs j’en fais ce que je veux ! Sont mes seules
économies J’les dépense comme je veux et comme je veux aussi je les
raconte ! Claro ?

Les bouges Nos territoires de l’entre-deux bières entre-deux jactances


entre-deux baisances Entre-deux TOUT en fait ! Comme ça qu’ils se
tenaient vaguement debout les céréales killer ! Les étrangleuses de
battes ! Entre deux quelques choses les enfants de pitance ! Criant !
Gueulant ! Vagissant ! Tonitruant ! La bitance incertaine ! Pêcheurs !
Défricheurs d’huitres perlières ! Collectionneuses de clarinettes ! Le
cul tout le monde en bandoulière ! Haro sur le bidet ! Pas mieux les
unes les uns ! La chatte vagabonde ! Abondante ! La queue
nonchalante Coté matou vu ! Mais l’œil du cyclope ! Le périscope
tribord babord ! le ventre en poupe ! la longue vue à la proue ! Zoukez
ferme ! La chaloupe chavirante ! Le mat de misère dressé ! La grand
voile gonflée ! Le foc en fuck et la marinière en goguette ! Mais pas
toujours de quoi pavoiser …Les matins pas glorieux Des larmes plein
les rêves de la veille L’Amérique et le Pérou gerbés Juste envie de
crapahuter loin de cette lutin de piaule Te sortir te déserter juste ça
t’ignorer Tu commences à boire t’as envie d’aller gambader Tu
commences à devenir chaud t’es en amour Tu deviens brulant t’es pas
mal proche de l’église Tu te vous couches t’es plus vraiment athlète Au
réveil les questions te torchent la tronche Vite vite un coup à boire
Quelle sordide errance de bouges en bouches d’égout Rat t’es ! Chat
de gouttière C’est la faute à Voltaire Le nez dans les bistros c’est faute
à Rousseau Mais se plaindre faut pas faut jamais La tendreté se
mesure pas Se conjugue pas La tendresse EST ! Qu’elle soit de
gamelle ou de palace Des nuits d’un soir qu’ont duré plusieurs on en a
tous connu me semble Je te raconterai si j’en ai le temps Comme au
Gérpil

Une antholologie ce gerpil ! Aznavour ! Pierre Etaix ! Mouloudji !


Dimey ! Corringe ! Quel rade ! Rue Germain Pilon… Métro Pigalle
pour y grimper ! Place des Abbesses pour y chuter ! Rêves de bunker
hill Une place à part sur les chemins de ma trimbale Quartier général
un temps Comme le Selsabil ou l’hôtel de Clermont La cloche d’or
Méchant carré d’as ! Un livre en soi …Steam au collet broue dans
l’toupet nous dit le poète Richard Desjardins Des encyclopédies qu’ils
sont les troquets ! Crades ! Classieux ! Trous ! Cloaques plus ou
moins claques ! Ce temps noyé là !Déporté ! Les bonzes clients !
Découpaient en tranches nos quartiers de tendresse les bistroquets…
Du schluch à la cloche d’or ! Des portes de l’hôpital au bleu et noir !
Le petit Doum vivait encore ! Estaminet disait le Caussimon ! Anne
aussi ! Metro Falguière …Crisse de hyène la vie faut dire ! Aucun
regret de la mienne De la nostalge oui quelques fois Certains soirs
Marcher calmement sous les arcades jusqu’à la rivière Tourner à
droite Les quais L’écluse Flirter avec la passagère de ma romance
L’air est sombre et le ventre gronde Buisson ardent Une ou plusieurs
bières place Gutenberg Le plumard qui se perspective La hase était
ouverte Queue de béton disait le Bonardi Fallait voir ! Acrobate le
Bébert ! Historiques certaines tringlées ! Ma déchirure ! Les claouis
qui castagnettent ! La mémoire qui se frangine et la bite qui se
trompette … L’histoire s’écrit aussi dans les larmes Rue du Saint-
Gothard Anita Jenny les trois ! La tronche ! Au Kululu ! Bardassage !
Ni bars faux ! Du vrai ! Lucke les mains chaudes ! Bagnard de la
culbute ! Chateur féroce vorace véloce ! Papi déguste à tifs !!!
Poinçonneur des lits là ! Nostalgie quand tu nous les cramponnes …
Vivre avec toi devrais pas Permanente la torture de vivre et EN PLUS
trainer ce sac à dos ! Même pas sûr de l’achever ce book Mais kesse tu
veux y en a tellement des copains qui trament dans les feuillages de
ton dictionnaire Les abonnés de ton livre d’or Les accoudés au
comptoir de tes noyades Juste essayer de vivre amnésique impossible
Pas imaginable sans eux la route Suceurs d’énergie souvent mais
inquiets quand même un peu de ta peau De partout je me les rapatrie
avant de quitter J’essaye un grand meeting À table devants la tarte
flambée la Kronenbourg la Fisher La Mutzig ! À table face à la
charcute ! Quelque part en Alsace les anciens comme dit le Guèck on
se ferait du fun Yeah man sauf que ça se fera jamais La cinquante-
cinq soixantaine c’est pas donné à qui le veut Y en a qui supportent
pas J’en ai recroisé c’est vrai des fois Des vioques Des momifiés quasi
Majoritairement déracinés de l’horloge interne Bonjour l’ambiance
disait Papy ! Vaudrait mieux pas se revoir quelques fois Le type était
vaillant cultivé bouffeur de tripes Le voilà full amertume impatient de
son cheque de retraité Le voici triste ad vitam aeternam Courbatu plié
défait Plus de colonne Le zob en berne Pauvres hommes Les filles pas
mieux Conquérantes Conquises Membraneuses Redresseuses de tord
Armes fatales Totales et voilà le résultat des courses Branlantes
Chavirées Détrompées Javellisées J’en ai revues Rosées Veines plein
le pif et l’avarice jambière Pauvres amères ! Pas leur en vouloir
Fatalitas Doit faire dur de se regarder certains moments face au
miroir Se dire mordelle quand je pense que ÇA c’était moi ! Ce tas de
bidoche ces rides cet avachissement ! Vieillir pourquoi pas ? Crever
pourquoi pas ? Mais la tombance en ruine ! Pas supportable ! Y en a
des qui se crachent du haut de la tour et fêlent ! Tu les rencontres
babas tu les retrouves babasses … Phoques merdum et delirium ! La
vie caguasse ! C’est comme l’autre soit- disant poète Le grand
rouquemoute L’ai connu branleur pour magazines Toujours des
photos d’actrices XXX plein les poches Spécialiste de pissotières S’est
mis à leur écrire des acrostiches à les arroser de blancs manteaux les
rincer de bonnes paroles A trouvé sa vocation ! Poète ! J’ai lu ! No
comment ! Faut pas écrire se disant je vais être aimé le ciel me le
rendra les femmes s’en pourront plus ! Pourtant le voilà président de
son fan club le retraité de l’âme ! Parlant aux poules de leurs oeufs
Pathétique souffrance de la maudissure ! Infini malentendu cette
calvasse d’existence ! Remarque… Pas mieux de mon bord … À vivre
en errance dans les grisailles sépia de mon ile intérieure Alcoolisé
cirrhosé arrosé ! Diabétique certifié or ! SAUF que j’en veux pas à
sonne père de ma déchéance autocide Comme dit la belle Annie
Beauregard JE M’ASSUME !!! Et mon désordre aussi ! TOUT !
Comme Buck Ferdinand Burroughs Crogan ! Les rides les rougeurs le
scorbut ! Les pannes d’agrafeuse ! Dois ! Pas finir avec des maigreurs
d’estomac ! Des aigreurs cardiaques ! La vita bella jamais j’y ai tenu
vraiment De moins en moins quand j’y vois tous ces échecs toutes ces
ratures ces ratages Pas de quoi me plaindre Juste espérer finir ma
tartinade avant de laisser aux autres l’occasion d’un éloge aux fines
herbes Soyez juste patients je m’arrange pour que tout arrive le plus
tôt possible

La trimbale……15

Des rues comme s’il en pleurait Des adresses des prénoms des odeurs
Le 27 rue du Neuhof Escaliers cirés Deux pièces cuisine vue sur la
nappe en plastique et le prélart La Ninette Les années gamelles
mansardées La voisine de palier Muriel ses cuisses douces douces et
son gros kong qui lui en foutait des raclées Quelques belles tripotées la
gourmande et moi Petites vite De l’entre-deux portes du furtif de
fugitif Pas d’amour Juste prendre en marche le train qui passe En rut
la bouquetière En rut le bouc Et les trois- huit en supplément Du coté
d’Obernai L’usine Kronenbourg mais pour Heineken Trois chiffres Le
car nous ramassait juste devant la maison nous ramenait au même
endroit Pas qu’on nous voient les pieds ronds Pas rare faut l’admettre
qu’on revenait bien beurrés les têteurs De la bibine jusqu’au trognon
les deux étages parfois sontaient haut La Ninette au garde-à-vous La
trique la tringle et la dormance Toujours aimé ça les trois-huit La
Muriel son batteur mécanique on l’a tellement biaisé qu’il devait
souvent marcher en compas D’autres idem La Ninette laissait aller
Tendresse communarde on se voyait Pas plus loin Cuistance couchage
élevage Elle mère au foyer Pondeuse couveuse éleveuse Moi
syndicaliste Membre du parti communiste Réunions de cellule
Réunions syndicales Manifs Contestation Révolution Cotisations
Comme de l’autre bord Toujours été de gauche Coté Zola Jaurès
Hugo Toujours Je les aimais bien ma salopette ma gamelle et ma carte
de pointage Nos dimanches en famille chez mon oncle ou madame
Amrani Je les aimais ces heures tendres sur la barque tranquille de la
vie On s’en allait calmement sans trop de vagues Sur les rives autours
de nous quelques parasols Renoir Manet Monet Les petits paniers en
osier le saucisson le poulet froid mayonnaise quelques litrons au frais
dans la rivière au bout d’une ficelle Une cane à pêche pas d’hameçon
au bout du fil Juste pour le plaisir Les femmes assises dans la lumière
les hommes jouant aux cartes le ciel capricieux Babas cools un peu
rangés Nostalgiques un brin du mois de mai Sous les pavés finalement
la plage elle y était pas Des fois les soirs de gueulante le Guèck et moi
on se penchait encore comme aux drapiers par les fenêtres de nos
révoltes On criait aux vieilles pouffiasses littéromannes du grand Léo
des injures vésuviennes ! On leur enfoutrait le poitrail ces vaches
ferroviaires ! Boites à KKK ! Lisseuses de membres ! Gerbeuses
d’arsenic ! Au bout du décompte la vie de manard a pris les rennes du
château Case départ encore Flash back La vie est une répétition de la
mort et mourir une espèce de romantisme à la con T’as 16 ans la fille
14 Une pelle maladroite et c’est parti Poète maudit te voilà Chandelles
dans ta misérable piaule tu deviens Musset deviens Rimbaud parfois
Lamartine au bord de son crisse de lac Une frôlure d’aile te voilà pour
le restant de ta souffrance Banlieue de son regard Le soir tard on se
les racontait nos femmes improbables chez le Turc chez Driss ou ben
assis devant la maison chez nous sur le rebord du trottoir On fumait
des rouleuses Des surfines disait Arnomédi Mégots recyclés kils de
rouge planqués nos muses on se les contait Quelques fois ça se passait
chez Mousse qui a fini par marier Nadia la sœur de Driss La poésie
mon frère est un éclat de rire Les sanglots pas loin vrai mais on le
savait pas encore Pas un seul j’ai revu de cette équipe flamboyante
C’est long pas à peu près quarante calendriers mais j’en ai gardé les
odeurs de sable de clarté les voyages en autobus Gardé les impatiences
l’ombre des cabanons les baisers volés Gardé les brumes les chansons
d’Elvis et le spleen interminable d’avoir été jeune Rien ne s’efface de
moi Bougie caroubier rue du Transvaal Rien ne s’en va ne s’enfuit Je
suis carnet de voyages Marée de noms et prénoms Te replace les
hydrocéphales dans leur bocaux Formol à volonté ! Seraient chacun
son contenant rangés sur une étagère dans mon bureau Me reluquant
écrire leurs exploits de braguette Leurs aventures du bout de la rue
Leurs fin de vie bien gagnée Retours au bercail rue de la pompe Leur
montrerait ma grosse plume bien trempée mes ratures mes tâches
d’encre sur mes petites mains Bien qu’ils comprennent un peu la
tragédie respiratoire de celui qui témoigne Me disaient à l’époque ça
sert à rien tes conneries Me demandent aujourd’hui de pas les gommer
Rappelle toi Bébert c’était quand même le bon temps Bizarre comme
c’est toujours le bon vieux temps quand les cloportes l’évoquent ce
temps de crevance Trimer des années pour en arriver là C’était quand
même le bon vieux temps Pauvres zooms On volait pour bouffer
C’était le bon temps Bouffait mal pour mieux boire C’était le bon
temps Dormait à la sauvette se lavait sous la pluie tirait des mollusques
C’était le bon temps Pisse au tiers aussi !On était pauvres mais
heureux dit une chanson Faut croire au bonheur des rétroviseurs Sont
là dans leurs bocaux Les tireuses de tartes Les héroines de nos
vestibules toutes Fort molles Disent rien comme avant Les rapaces
triés Les mancheux du manche Les guignols du vieux lion Deman-
dent plus rien Juste hagards du nord ou de l’est Rangés numérotés
classifiés Naturels Sans haine et sans téloche Répertoriés conserves
Un mur de tendresse autour d’une toile d’Ann Smart La tendresse faut
reconnaitre chevillée full in the tripes l’avait Toujours en manque de
Toujours en surplus de L’estomac sur la main l’autre à la tripote Ville
blanche ville écluses ville portuaires sont tous pas mal pareils Avec le
temps viennent les bleus Rue de la chaine déjà No futur Les femmes
l’arnaque l’alcool Pas besoin de regarder ailleurs C’était baisance Des
jours à rester sous les couvertes Une ou deux beautés pour me clarifier
les klaouettes Les chums autour de la couche Le grilon le Chaize le
Bonardi le Guèck bien sûr ! Les courtisanes attendant l’heure des
tranchées Pas d’heurts pour les graves Le vieux Piavo s’occupait de
l’intendance un peu Nous déblatérait ses taulardes aventures En
rajoutait sûr mais bon conteur Vies sans vie nous étions Tétanisés
dans le bien-être social TOUT DANS LA COMBINE Les années
magouille

…………………..16
Des rues comme s’il en pleurait Fouillis de toutes les errances Du
grand vent plein les poches Normal que j’aie bossé déménageur La
Ninette et moi tournés vinaigre M’a trainé chez un de ses amis en
banlieue À La Queue-en-Brie Voir si l’air de là bas nous ferait du bien
L’époque Imago Béranger mama Béa La que j’ai rencontré
Dominique si blonde au regard si bleu Pas la première fois que je la
spottais Pas résistés long long nous deux Sacrée boule de feu le soleil
au ventre on a finit couple accouplé copulant Suis retourné du coté de
l’ usine Champigny-sur-Marne Journées tranquilles de prolo
tranquille Soirées souvent en famille chez les parents de la ravageuse
Nuits cannibales chaudes et voraces L’envie quand même de crever
Trop d’alcool et cette vision de vieux baiseurs désarticulés La vioque
en pantoufles qui en redemande encore du chibre et lui pas mieux qui
se dit je ne serai jamais rien de bien Surtout pas écrivain Tout ça pour
finir au bagne une fois de plus Marre de voir des blocs bétonniers des
fenêtres closes des boites à malle sans nouvelles Failli m’y flinguer
Valait mieux reprendre la route Kerouac un jour Bébert toujours
Voiture volée clavicule omoplate et compagnie en miettes Bienvenue la
baraka ! Jamais pensé revenir de certains voyages Résilience des
gourbis D’un enfer l’autre Résistant Survivant du camp des sans
caresses Dans une gare Un train passera demain que je guette La
cafétéria Mars en bordure du froid Cette fille aux longs cheveux
sombres Mes entrailles qui se déchirent Solitude nocturne des
voyageurs en attente on ne sait de quelle destination Destin de merde !
Elle s’est levée Je la regardais fuir mon exil Faut pas mon homme faut
pas qu’elle s’en aille Tu vas crever ! Maintenant ! Tas de cendres au
bord des rails de l’inutile tu vas finir ! Tudieu de cibolle !!! Mon
rouksak ! Mes petites jambes de campeur sans reproche ! Let’s go le
crapahuteur !!! Une chance une seule ! Trois biques sont arrivés !
Charrieurs de fumier ! L’ont prise pour cible ! Chibres à la gueule !
Sur un pont ! Bande de rats ! Leur ai sacré ma botte secrète ! En
arbi !!! Hey les bougnes !!! C’est ma femme !!! Y est où vot’ maudit
problème ? Z’ont dit skuze on savait pas dizouli ! Crissé leur camp
moins de zouge plus tard !! Merci qu’elle a dit la sublime … Mon nom
est Bébert fais moi confiance …Devait regagner demain Nantes École
internationale de langues Une Américaine toi ! Je te fais confiance
elle a répondu Le Guèck avait squatté mon appart rue de la chaine
Bivouaquait avec une bande puante de cloportes Dans l’ombre
Chandellisé Merci pour le bordel mais là j’ai besoin de dormir Fous
tes spermophiles hors de ma vie ! Un lit mon frère et vite ! La fille
voulait que je la protège du mal …On s’est couché collé serré …M’a
demandé qui est tu d’où viens tu ? Je sors du bagne je suis pas
fréquentable mais là faut que tu te reposes Demain tu reprendras le
train moi aussi … Destination destin Le Guèck et ses arpèges
caressaient la nuit …Nous… Drôle de jeux … Voulait que je devine
son prénom J’ai passé tout Hoolywood en revue ! Rien… Dormis nous
avons …Petites cuillers mais audacieux j’ai glissé une patte sous son
chandail de laine …Matin calme de mars 1976 on a trimé la ville..
Quelques premiers baisers sur la grand rue…Je te présente ma ville !
Raconte moi la tienne…On a croisé le berbère il a proposé de nous
héberger pour la nuit Je voulais pas qu’elle s’en aille elle voulait que
je continue de lui raconter ma pauvre vie On est restés ... Ballades elle
est moi dans mon enfance.La petite France Le pont St-Thomas Notre
ami Jon le turc bosse au resto juste au bord de l’eau Fenêtres avec vue
sur L’Ill Vite vite une flammekuche !!! Mars

………………16

Des rues comme s’il en pleuvait Des histoires avec Et le Piavo donc Si
t’es né dans mon genre pied noir déjà au départ c’est fatal Dans mon
époque Mostaganem ou banlieue de Paris kif-kif On vivait entre nous
les indigènes Les biques ici les fils de putes là bas Moitié clodos contre
moitié fricassés La scoumoune mon ami cette salope qui te lâchera
plus La guerre les chleuhs les bougnes Je m’ai engrangé dans la
marine Homme sur le pont Le cagnard qui te colle aux poils Corvée de
chiottes et de douches J’en ai vu des bites et des culs Les matafs qui
voulaient se faire sucer contre un paquet de pipes J’étais pas riche
alors j’ai stocké pour m’en taper à ma tour des amateurs Et ce qui
devait advenir adviendra j’ai pris goût à la cause De voleur à la
sauvette je suis devenu maquereau Le pain de fesses mon ami ça
rapporte gros J’aurais pu finir en bourse mais la scoumoune m’a pas
lâché la grappe c’est au violon que j’ai atterris Chef d’orchestre et
cuistot en plus Je gâtais les minets Rencards aux douches

Celle d’Aubervilliers Ce rade Les petits pavés Le père Cuniot qu’est


parti lui avec foutre le bordel en enfer Suis arrivé là sans trop vouloir
avec un type Du trou j’en ai connu

17

Leur ombre , les hommes que ça gène , pas vraiment le reste . S'en
foutent royalement , impérialement ! S'en contre pètent le ventru le
dodu , le poilu ! S'en torchent le velours ! Savent pas la vie autour
d'eux ! Juste LEURS cochonneries qu'ils savent .Pis l'adresse de la
tavarne , des danseuses , du motel .. Savent tout ce qui les concernent ,
les autres on s'en crisse le dessous des burettes . S'occuper de la
voisine ,possible ,mais de la douleur humaine ou de l'avenir : makache
! L'avenir , comprends tu, c'est comme pas possible . Pourtant . C'est
plus tard , beaucoup ,beaucoup plus tard qu'il m'est arrivé en pleine
face ,le joueur de mauvaise farce . Myreille son nom ... coeur de kayak
... je sais plus décrire la beauté ...le fleuve qui avance ... le soir qui
s'emperle , quelques paroles , un sourire immense ... je me souviens de
tout . Cet endroit rien que pour nous deux ... l'avenir en vue ... j'ai
osé : ça fait si longtemps que je t'aime ... elle a répondu mais pourquoi
tu m'as jamais rien dis ? J'avais si peur de te blesser ... On s'est
embrassé pour de vrai ... la nuit s'est jetée du haut de nous ... du haut
de nous vous me manquez ...vos seins de cuivre et votre peau
d'argile ... vos fesses de lionne affolée ... au plus tard de ma vie c'est
toujours toi que j'aimerai ,c'est toujours toi que j'aimerai ... y a rien à
taire je suis à toi ... je suis à toi ... comme à la bouche est la
chanson .Faut bien l'anticiper ce putain d'avenir ... le droit de rêver
existe encore, tu te reconnaitra quand je parlerai d'hier . C'est dans ce
temps là que je dis les choses en mieux . Je suis un nostalgique faut
croire ...Une bête qui saigne et j'ai le sang facile .Pas comme EUX , les
sans dessins , les clandestins de leurs sales existences , les glands
mesquins ! Surtout pas ! Je veux pas ressembler aux ceusses qui
ressemblent à rien .Juste je veux , cette nuit , la revoir . S'en vont si
trop vite , les belles années ...C'est comme tout ,sauf la misère ...
Tout .Comme un éclair d'orage ... L'absence est remarquable .Quand ,
Myreille tu es repartie , je savais . Ces nuits sans parfums ,le partage
de plus rien , les oiseaux de passage qui ne passeront plus ... je
savais ...les ruines de ma chienne de vie ... Cette visite de toi dans mon
petit monde ... merci ...Pis la terre s'est mise à trembler ... normal ...
presque pas croyable comme on revient de tout ... juste comme ça ...
normalement ... cicatrisés ...Vivre il fallait pourtant ...Même à la fin du
livre ! Seul .Comme on se meurt . La presse qui te diras en quelques
lignes . On l'a retrouvé souriant , face à l'éternité ,seul , écroulé devant
son encrier , sa plume , son chat , seul en train de l'écrire son putain
de roman ... mort bandé face contre l'écriture ...presque encore debout
! Face au grand fleuve paisible et lent ... pensait il à LA sirène le
traversant ? Mort il est ,se pissant par dessus ... maudit alcool ! Parties
toutes ses femmes ... Solitaire plus que la solitude à qui pensait il en sa
noire mélancolie ? Tant de mémoire ! À la première ? La dernière ? À
son fils bien sûr ... Mon petit d'homme , bien vrai que je suis pas fin de
te laisser grandir solo dans cet univers de merde , sûr je suis pas le
héros que tu voulais que je sois , sûr tout ça mais nous avons parlé ,tu
savais mon infinie fatigue ,mon combat contre la bêtise humaine ... tu
savais ma resistance , la maladie , ta mère , les vautours ,les rapaces ,
l'âge , les anges , la vérité des planètes , l'orgasme d'avoir vécu! Tout
tu savais ! Fils !

Les hommes ne meurent que de leur peine . Suis parti de même .


Certain qu'ils vont m'en recouvrir de leurs médailles en peau de gosses
et de leurs compliments de poissons rouges ! Il était un grand
paouète , un humaniste ,un fouilleur de marde , the best songwriter au
pays .Faute le dire ! Il en aura écrit de oeuvres des chefs d'oeuvre et
des mains d'oeuvre !Il aura chanté la pomme à toutes les femmes de
par cheux nous , ah que ! Sont pas obligées d'écouter ! Pas obligées de
rien ! Attachez moi quelqu'un ! Tant on m'a traité de fou que j'ai
choisi l'asile ... Coeur de kayak , fallait pas m'laisser partir ... l'avenir
on l'aurait eu beau ... rien n'est arrivé ... c'est triste un fleuve qui ne
bouge plus ... l'immobilité , c'est ça la vraie mort . Au restaurant des
sans repas , on ne sert que du vide au fond des assiettes sans fonds .
Danaïdes ! Bon appétit ! The show must go on ! Digression tu me
diras , ben oui ... je survis dans un étrange couloir plein de portes , j'en
ouvre une , me retrouve ailleurs , comme là ... tiens , les seventies ...
encore loin d'ici , très loin , trop pas visible ...

En fait , l'avenir , c'est quand j'aurais un fils ...

Émilio Armillès
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 Émilio Armillès
emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
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Envoyé :31 mai 2014 06:40:03
À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)

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De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 29 mai 2014 14:31
Objet : 8
À : Emilio armillès <emilio.armilles@hotmail.fr>, celine tremblay <celine_tremblay@videotron.ca>,
"princesse_isabelle@hotmail.com" <princesse_isabelle@hotmail.com>, Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>

chapitre 8

C’est le fleuve qui me l’a dit :


"T’as bien fais de lire ."

Ainsi, Bébert , que petit Roger , rencontrer celles et ceux qui voulaient qui écrivaient, savaient ,
relisaient .traduisaient , poétisaient , romancaient . Reconnu camarade ! Chaque jour chaque
soir on se racontait nos bouquineries . se conseillait , s’expliquait , rebellait pour ou contre .
Comme ça , le monde on l’a découvert .

Le polar prenait l’bord un peu , mais que veux tu ? Sont arrivés Lénine , Marx , Camus , Sartre ,
Aragon . Sont arrivés les poètes , les communistes et ce type , qui a tout fucké ,renversé dans
nos tronches de liseurs , tables et chaises , auquel on doit quelques unes de nos épiques
chamaille : Louis Ferdinand Céline ! Fatal , on s’est retrouvé tous de gauche , de révolte et de
guingois !Littéraires de tous pays ! Les muses plein le citron . La tristesse éternelle qui dure le
temps d’un regard , d’une ballade ,le temps d’une autre promesse frôleuse . Essenine ,
Pouchkine, Tchekov . Suicidés trois fois par jour , ou quatre , ça dépendait . Variation du cours
de l’hormone . Les filles devenaient femmes . Savaient leurs beautés , nos appétits , nos
regards à bonne place , femelles de partout . Nous , lombrics lubriques , on voulait juste les
aimer , dire je t’aime , pleurer pour écrire mieux . Voulaient ce qu’elles nous refusaient .Au
cinoche , rarement , une furtive furtivité nous grafignait l’âme . Mordelle de perte ! On les
savaient attentives , curieuses , craintives , mais toujours par quatre ou six . Bienveilleuses de
l'autre l'une .Les salles obscures on y allait troupeau , ça rassurait son monde , mais pour
l’intime on ceinturait . Nos tortureuses , on les ramenaient par le bus , poignées de mains ,
jamais de bisous . Pas encore ! Mais dans les cages d'escaliers les caves obscures un peu , s'en
passaient ! Fatiha quelle s'appelait , la "mienne"... Rendez-vous trafiqués par le hasard ,
...devant un bloc de la cité , la papèterie ,l'arrêt d'autobus, comment va ? Finissait toujours en
tripotage , nos affaires . Que d'humidités et bandaisons perdues ! Dérivage des continents !
Quelques fois , tout est possible :une bonne main généreuse . Le summum ? Un coups de
pinceau !!!. Les hommes , on finissaient délabrés du cœur .la conquête en berne , chacun pour
soi , rien à faire , juste écrire . Encore écrire . Chopin ! chandelles nocturnes . Que je te me
lamente , écorche , saigne , alarmise de partout ! Que je te me brise , morcelle , ampute ,
crevasse , désosse ! Que je te me vide , abandonne , liquéfie , purule ! Tout ça pour une filante
que je SAIS filante , vraie , fuyante à branle pourpoint .

Pouvoir enfin brasser les p’tites voisines . Pas trop fort , mais suffisant . Peintres du dimanche .
Emmancheur d’entre cuisses ! Lance poupons ! Bienheureux , le simple s’exprime . La viande
c’est fait pour la viande . Comme sur la plage quelques fois . Y avait là des carcasses en béton .
genre bunker , On s’y rendait visite les filles qui voulaient pi nous . Ça sentait le clochard
pisseux , on s’en frottait l’urgence , on s’en déliait les langues , les doigts, les jupes , les jeans .
Débraguette , mon homme , débraguette et déslipe .
Urgente voracerie vorace .
Branlettes ! Sauvage s, éblouissantes , apaisante s, maritimes ! On vous oubliera jamais , les
filles du nord de mer . Naufrageurs volontaires . Faire vite ! Jeune fille , tes parents vont trouver
ça long , tout ce temps pour aller-retour à la boulangerie . Faire vite ! Le camarade guetteur
vient de siffler , du monde s’approche du déversoir à tendresse , Yamina ma petite syrienne ,on
se reprend demain .
La poésie du soir devenait plus violente , plus rock'n roll , plus baudelairienne . Les rêves plus
vibreurs. La poésie mon frère , la poésie à fouilles rabattues . Cinquante piges plus loin dur dur
de raconter ces temps de tordus . Notre folle envie de folies . NOTRE guerre du Vietnam en
toile de fond , Dak To , colline 451 , si je me souviens bien du mal .Tous d'accord . Le toubib , le
turc , l’Arnomédi , le jazzman , le Driss , le philosophe , Tous les Gilles Boulet de l’époque . Le
monde , à Guevara qu’il soit ! A l’oncle Ho , le monde au communards ! On en parlait voix
murmurantes , chez l’autre l'un , c'est nous les enfants de 68 ! Le ghetto de Varsovie ... nos
soeurs , nos frères juifs , gays , lesbiennes , communistes , noirs , handicapés !!! Tout ça qu'on
disaient , parlait , jeunes loups ! Clandestine elle a fini , l'équipe . Noms de code chacun .
Missions . Se renseigner , recruter , se réunir la nuit , tracter , dangers à courir , les guns de
ceux d'en face ? Des vrais ! On les passait , nos messages , sous les portes , plein les boites à
malle , changer de quartier , plusieurs fois par semaine . Moindre risque .

Riait pas bézef l'autre bord : Prisons , tortures ,disparitions . Merci mon colonel pour les
camarades jamais revenus .
Croyants nous étions : d'oncle Ho ! Mao ! Tito ! Castro , Khroutchov ! Pueblo ! JFLN en surface
, poseurs de tombes la nuit recruteurs le jour ! On a voté la naissance d’un centre culturel au
cœur de la cité. Fallait . Voisinage embarquant , m’ont élu tête de pont .
Suis allé voir les Russekoffs : nous faut un ciné-club , des films , un projo , la totale ! Z’ont dit
yes , oui , da . On fourni la marchandise , toi le discours ,Спасибо друзья живут вечной
России On les eu notre mutin de ciné-club , notre biblio , nos leçons de Russe , notre
socialisme de banlieue . Nos films , toujours de gauche . Du Soviet , du rital , du franchouillard ,
la qualité morale en plus ! Un peu de latino , d’Espingos , de chinetoque . La petite salle , bancs
de bois , le voisinage y passait quelques fois , les camarades sans faute . On débattait fort après
les projections ,comme dans "nous nous sommes tant aimé"... Tard souvent . passionnés
toujours , ça finissait eu cercle , gauche , droite , patrons , prolos , bourgeois , racistes , KKK . Le
grand luxe ? Trouver en douce un tonneau de rouge . Dommage les filles dormaient dans leurs
protectorats familiaux . Plus rien à faire une fois partis , les chamailleurs . , Je gardais la baraque
je sortais l'alcool fort planqué pour ma gueule , du papier ma plume et je rejoignais ma belle
maitresse , l’écriture . On s’aimait bien nous deux , sans contrainte , sans attente , juste nous
dans le secret terrain vague des nuits blanches comme la ville . J’en crampais des mains
cernais des veilleuses , ankylosais de partout .L'encre le papier la mémoire .Que je raconte ,
parle ,exprime , gueule , rage , offense , Adolescence chiennasse . La nuit douce la vie cruelle .
Couché de soleil dans le regard d’un aveugle Comment s’endormir mordeur du mal ?, Une
chance, le musulman voisin picolait pire . Je calcinais la porte de son gourbi à pas d’heures !
Kisstivo ? Comme hier mon ami , comme hier : chrab . Souvent flambant nu qu’il délourdait le
pékin . Je buvais pour écrire lousse , pour démonétiser ma solitaire solitude , me déchacaliser
jusqu’au couché de sommeil total . Buvais comme une huitre . Une chambre noire on avait aussi
installée pour les amateurs photographes . Le jazzman y passait quand il s’évadait , pi Charlie
Parker pis Miles , Coltrane , Monck . Je sais plus ce qu’on fumait dans cette cachette sombre
tamisée rouge . On voulait juste être tristes … Souvent des fois , me dis : se revoir ... juste se
raconter comment on est tous morts à la même date . La révolte est pas seulement dans la
culotte ! Se revoir , thé à la menthe , kawa moitié-moitié ,lait fraise . Au café du coin , même le
serveur aimait la poésie. Pour le deuil se refleurir , se poignarder la rêvance , phraséologues de
la vertu , si peu vertueux .Blablateurs , marchands de tapis , résistants sans engagements . . Se
retracer, noircis par l’humaine calamité calamiteuse . Saxophonistes de l’ennui . Sans orchestre
ni partitions , plus rien finalement qu’une jeunesse à déplorer . Se retourner sur le parcours
monotone et long de ces vieux voyageurs arrivés en retard , comme à presque chaque fois .
Les trains c'est pas fait pour attendre les hommes ni les vaches . À l'heure faut embarquer !Le
chef de gare commande , régit , rugit , mugit , mais pas le droit de quitter son sifflette , sa
sémaphore virilité . Moins encore les bagages oubliés .Lumpenprolétaria .,. Ce fameux soir
donc , redire les désarrois de l'élève Törless , Raskolnikov , Joseph K. , Johann Moritz ,
Roubachof . Les chantiers qui grugeaient les terrains vagues , confesser nos erreurs , se
remarquer les cheveux blancs , nos fausses dents , notre foi si plus commune . Branques
branleurs branleux , ébranlés par leurs trimbales rimbaldiennes , leurs cauchemars céliniens ,
l'humanité de Nazim Hikmet Éluard ,Neruda ... Pauvres oiseaux louches dans un café , proche
d'un arrêt d'autobus , toujours prêts à se re-quitter , rdv : dans plus jamais . La tendresse et
Dieu , tout mélangé nous aurons . L'hurlance , la joie douloureuse de nos premières amours , le
tome 14 des oeuvres complètes de Lénine . En ai revu de ceux là pas toutes , pas tous , d’autres
qui ne daignaient plus . Varicés big de partout , du bulbe et de la raie , se glaviottant au miroir ,
sûr . Pauvres hommes , leurs foutres balleuses les entrainent encore par le bout de l’habitant .
Pas corrigibles . Sans distinction . Tous couchant au panier , maganés certifiés or , avariés ,
pouraves , sans colonne , flingue à pour . Plus un de bon pour cogner l’autre . Quelle
retrouvailles j’imagine ! Le Choukri a marié la sœur d’Arnomédi ,ça fait des petits pis ça divorce
, lui banquier , sûr , elle en Provence , retour à la casa familiale .Un jour mon prince viendra . Le
jazzman ? Patron de club , des filles et des clarinettes un peu partout . Le luxe crapuleux qu’il
disait . Le toubib ?À la retraite ou pas loin . Belle maison sur les hauteurs de la ville , marié ,
faut bien tirer son coup . La belotte possiblement encore mais plus avec El Anka .Des collègues
d'horaires , Elsa n’est pas morte . Les autres dans l’informatique , les filles on sait pas . Mères de
famille dans le doute . Faut bien tirer son coup . L'Arnomédi et sa Marie , chatelins en
Bretagne . Une fille qui pratique l'équitation . Sa vieille bossait dans un super marché , son père
en usine , quelle promotion ! Comme s'il fallait un peu oublier la chose honteuse d'une
enfance pauvre ... Zahia , Malika , Mina , comme jamais existées ? Le Mustapha ? Marié à la
belle Nadia , vivent à Londres , parait il . Bébert , juste scribe , ailleurs . Scribouillard , fabriquant
de refrains à la mode , manuscrit froissé . Chercheur de pouls sous la peau des trous noirs .Pas
mieux que les autres ,mais VIVANT ! Se re-unir , si vous en êtes ENCORE CAPABLES ! Mais le fun
, le vrai , celui de la jeunesse , vous l’avez tous flushé , canalisé , rat d’égouttés . La souvenance
fatiguée , vous avez . Normal , Cent , deux cent mètres carrés , maisons , châteaux . Mur du
son , cachettes barbelées , pavillons de mes noises , détecteurs de mouvements , caméras ,
mouchards et plume d’oie , Z'êtes Beaux mes reconvertis. Votre goût de m' encrevasser je l’ai
pas . Juste vous inviter au café du coin . Le serveur aimait la poésie . Les gens du Neuhof , en
banlieue de Strasbourg , aussi . Pas la même . Celle des calbutes , des buissonnières , des cages
à lapins . Le père de la Jacqueline , monsieur Poujol , on ramassait de la luzerne pour ses
bestioles , en échange , le jeudi on allait chez eux voir la téloche . Feuilletons à l’appui , je
bouffais la Jacqueline de toute ma première tendreté , pis la Monique aussi , ben oui , vorace
anthropo . La Mireille avec sa tignasse en boucles , on allait comme ça , les deux , se planquer
sous la cage d’escalier , comme plus tard , avec mes fiançées d'Alger . Remous de la tige et du
vertige . Visite médicale ... Apprentissage . Vivre , tant qu'on sait pas ces choses là ,c'est encore
vivable . Pas un cadeau que je souhaite à grand monde , la vie . Le Sandro c'est sa frangine , la
Bayka , je la trustait pas mal , brunette cheveux noirs , cambrure beurette . On est dû pour se
revoir . Putain d'exil ! Trop aussi , les vioques en bisbille , les vieilles en jachère , les mômes en
circonstances exténuantes . La vie qu’ils disent . Qui te fait naitre pour un petit pain ... Même au
lait , brioché , beurré , chocolaté , ce petit pain là , ma cheyenne , JAMAIS il me suffira ! C’EST
TOUTE LA BOULANGERIE QUE JE VEUX !!! La boulangerie ! pain de fesse , pain de mie , pain
baguette , viennoiseries , tartes et tartelettes , JE VEUX TOUT !!! Les religieuses , les éclairs , les
gâteaux de fêtes , le pudding , le kugelhof , TOUT ! Le bettelman ET LA BOULANGÈRE EN PLUS !
Comme des années plus loin , dans le quinzième à Paris , du coté de la Convention , marcheur
implacable parmi
les ombres marchantes .

Émilio Armillès
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 Émilio Armillès
emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
De :
contacts.
Envoyé :31 mai 2014 06:40:54
À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)

---------- Message transféré ----------


De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 29 mai 2014 14:28
Objet : sauvegarde 9
À : Emilio armillès <emilio.armilles@hotmail.fr>, celine tremblay <celine_tremblay@videotron.ca>,
"princesse_isabelle@hotmail.com" <princesse_isabelle@hotmail.com>, Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>

C’est le fleuve qui me l’a dit :

"Le café du coin ça peut mener loin ."

Camarades ! À vos écrits !


Des silhouettes incertaines à l’heure des loups quadrillaient la basse ville : Hasta siempre commandante Che
Guevarra ! Le cercle et ciné-club se popularisaient ...nous autres on socialisait . Pas le dimanche : on se retrouvait
quelques uns , chevauchant les rails d'une voie ferrée hors d'usage . Avec nos clopes nos pinardises et LE poste à
batteries . Écouter cette émission "le temps d'une chanson" . Contenu sobre , bons choix musicaux pi une section
poésie lue par l'animateur .
C'est les camarades qui m'ont un peu poussé du bras . "tu devrais envoyer un de tes textes ."
J'ai .
Dimanche suivant ... lu ! J'ai continué mes envois , j'ai continué d'être lu . Un moment cette histoire à duré , pis
l'animateur a demander en ondes si je voulais bien le rencontrer .
Le dimanche qui a suivi , c'est moi qui lisait les textes des autres . On s'est , Nourredine Agoulmine et moi partagé
l'émission . Devenu responsable des musiques , j'y ai introduis celles que j'aimais . Beau mixe Nourredine et moi .
Même amour de la poésie .Régime du colonel Boumedienne , tant pis ! Popu suis devenu . Du courrier je recevais
et des rendez-vous bordéliques . Groupies à pinceaux ! Voyages en bus , en train , voyages en cœur . Le vioque
virait fou , le facteur du quartier bossait juste pour moi . Des dizaines de lettres par jour il me ramenait ! Salarié
j’étais mais les timbres coûtaient cher . Je répondais chaque jour à qui me parlait . Amours épistolaires . Un peu
comme aujourd’hui , sauf rareté . Pas changée la donne . Rencontres tatouées dans ma vieille peau de vieux
guerrier .
T’es devenue quoi Leila si belle si ronde ? Te voulais tant pour femme ! Grande poétesse de Sétif ... Devenue quoi
Nadia , jambes de gazelle ? Devenue quoi , mon écrivaine berbère de Bordj ? Assia Djebbar ! Kôlisse ! Depuis le
temps , RÉPONDEZ MOI ! J’au secours de vous ... I’m waiting for the miracle to come . The miracle of love .
Maudite mémoire . "Les hommes de nos montagnes" qu’elle chantait , Belinda , 27 rue Gérard de Nerval Paris
18ème .Une seule rencontre , un choc et plus rien .Je vous aurais TOUTES mariées . Claire surtout , Claire , sa
peau blanche , ses cheveux blonds rouquins . Souvenance de ballade au creux de la cité .Française elle aussi
d'origine etc ... Dina B. Ma fiancée de Bedjaia : Le train nous passait dessus la tête , un tunnel pour s'abriller de la
rumeur et de ses témoins . La rue du Transvaal , tes lèvres framboises . "Dis moi c’est quoi l’amour ?" qu'elle me
demandait . J’attends encore l’impossible mariage de nos vingtaines . Famille je vous hais , qu’il disait l’Arthur .
FAMILLE JE VOUS HAIS ! Pourtant , Dieu que le ciel est beau ce matin sur Vercheres ! Les souvenirs pas toujours .
Faut les embellir anytime . Se dire c’était le bon temps ? Le bon temps , mon culte !POURQUOI LE BON TEMPS
C’EST TOUJOURS DANS LE PASSÉ ??? Flocons de neige ... Zelma . Dis nous c’est quoi la merde , la pluie , les gares
qui nous ont séparé . Je t’aime encore Zelma dans les nocturnes de ma ville aventure . Ces gares toujours et ces
rebeux qui lui voulaient pas du bien, la môme qui panique ! le Roger qui se la joue ¨N’ayez pas peur je suis là ¨
Banale histoire de chevalerie. De magie .¨¨
Trois jours de dingues et re-la gare jusqu’à celle de Nancy ! Zelma pour Nantes moi Paris, des promesses en veux
tu ? San Francisco ! Je verrai jamais les cable cars , Fishermans Warf , le golden gate ! je verrai jamais ce que tu
peignais pour moi ! J'écouterai plus jamais Herman Hermits , plus de trimbale au coeur de Strasbourg ! Plus
jamais entendre ta voix quand tu as dit : "oh ! You are a gangster?" Plus jamais tes seins fruités sous ma bouche !
Nos mélancolies , nos regards cette déchirure sur le quai de la gare à Nancy ... Plus jamais tu me diras "tu es
beau" plus jamais je crierai "Vas t'en pas ! Reste !"
Putain de prison ! Mais tu m'attendais ! Tu me racontais la famille qui m'attendait là bas !
Putain de prison ! Ton courrier m'a pas suivi ...
Trente années sans nous pi le net !
Le téléphone !
Rdv de revoyance à Paris !
Pi rien ... Personne au bout de nos existence !
Tout ça j’en suis sûr pour une histoire de peau ! Reculée devant le grand miroir ... Des rides , Zelma , j’en supporte
aussi !
Les avions sont fait pour se croiser ...

C’est quand ils auront compris , les humains , qu’il n’y a pas grand-chose à comprendre , qu’ils comprendront,
peut-être enfin leur terrible vacuité … leur petitesse et leur injustice d’exister …

La belle Nicole aux yeux bleus qui m'offrait du plaisir a sûrement achevé ses horaires avec elle aussi le bougne
de passage ! Pauvre nous !
TOUTES , ont marié des plus solitaires que leurs tirelires !
Toi tu trames encore ces patins de quais de gares , trames encore tes os , gare du nord , gare de l’est. Foutre de
lieu cette gare du nord ! Patates pilées jambon tour des jeunes mariés La Chantal André ! quelle histoire !(ici la
raconter) un livre ça me prendrait pour la raconter, la décrire, la peindre, comme la Sylvie , l’Anita , la Colette , mes
comètes fulgurantes ! Comme la Céline , la Claudette , la belle Isa ! Toutes les alcoolisées du vain de mon
existence , j’en passe! Mais bilantiser ,ce serait quoi ? Je maladise à tire bouchon . Manouche de ma putain de
seule caravane !

Avec le Jésus le squat à Montreuil on l’a défoncé ! Faut dire on était des premiers ! Les logements vide à ceux
qui en besoin ! Les gauchos qui s'infiltraient , les cathos , le croissant quelque chose , les canards anars , les
accoucheurs clandés ... Montreuil , l'immeuble , quelques étages vivables ... vue sur la ruelle , matelas de fortune le
reste au tout prenant !
Souviens toi la Ninette ,deux pièces cuisine quelques chaudrons , pi un peu d'amour . La rassurance des pauvres .
Le petit Patrick en foyer .J’ai dis c’est mon fils kôlisse . Pi la vie, christie , la cheyenne de vie qui sépare. Je me les
souviens , toutes ces années de ruines à rebâtir sur de la vase .
Les souvenirs voilà le vrai problème .
Les souvenirs .
Coups de cravache dans l’creux des reins . C’est eux les vrais bateaux . Voyagent voyagent au bout de la vie . La
poésie mon frère ! Tout le monde écrivait ! Le charbonnier pour son Évangeline , me souviens , fier qu’il en était .
Des tonnes de papier !
La revue j'ai oublié son nom , passée déjà , publier nos âmes , nos coups de gueule , nos coups d'état érectiles ,
gratte-ciel et satue de ! On se jurait qu'un temps venu c'est au Canada notre belle odyssée qu'elle achèvera
...Fallait juste se gaffer des censeurs , des espions des rampants . Contrebandiers de la rime , de la prose nous
sommes devenus ! Pas se faire enfirouaper ! N’attendaient que ça les rapaces, , flicaille , vautours pas invités ! Rien
que l'occase ! On a passé à travers . Limite quelques fois . La mort pas loin . Guetteuse .
Les années Lénine .

Dialectique ,lutte des classe , thèses d’avril . Arnomédi sa grandesse , tome 14 , Maïakovski . Pouchkine . Tchekhov
Premier amour en permanence !Par un de ses amis le père m'avait trouvé pour l'été , la haut Ben Chicao , cette
place de moniteur ... Une vingtaine de crapouillots à surveiller . Genre scouts ... Les monos m'en voulaient un
peu ,normal , dans mon groupe ça fumait , parlait fort et veillait tard . Les feux de camping guitare et tisane ...
plein mon casque ... mais y avait là cette beauté , cheveux roux longs , bouclés , juste lui bouffer la gueule ! Dalila
.!Tard une nuit sorti de ma cahute elle était là ,rose des sables assise proche des braises dormantes ... j'ai dit :
- Insomniaque ?
-Non . Je t'attendais .
- Moi de même . Sans savoir pourquoi .
- Viens près de moi .
Les braises .
Tes épaules de cuivre.
Premier baiser ...
Maladresses ...
Donne moi toi !
Cercler tes hanches !
Bander !
Doucement baisser ta culotte !
S'allonger sur le terrain vague !
Laisse toi ...
Te manger !
T"as répondu : je t'aime !
Fallait juste pas te déflorer !
Dalila !!!

Lumière brumeuse , que nous reste-t-il à vivre ?


On ne rencontre que de premières amours ...

Pour ça qu'ils faut les flamber ! From here to eternity !

Connes d'années

Aujourd'hui 27 mai 2014 je vis en Bourgogne , dans l'anus du monde , vainqueur d'une leucémie , diabétique ,
cirrhosé , soigné au bon vin de pays : 0 rage ! O déséspoir , entouré de vaches et de poules , Proustien désabusé ,
socialiste abusé , deux amis ! le silence de mise , un lit de coin , des boutanches , des chaudrons , de l'encre , un
Mont-Blanc , du papier d'harmonie , fucking life ! Ni femme ni chat ni piano ! Quelques dollars , l'infirmier de
service et des mots plein la tronche !
Résilient des gourbis !

Kerouac étampé dans le front , chacun son Neal Cassady , sa douleur d’exister ! Ringolevio ! Chacun ses
errances , chemins de traviole , passages piétons , sa marge , sa merde aussi !
Pas pleurer , qu’il disait Léotard P. le vrai ! Pisser ! Pas pleurer !
Des centaines de milliers de litres on a pissé . Le chagrin pourtant , c’est pas dans la vessie ! Le jazzman a dit "t’es
complètement taré mec ! "
Hey , les crabes encrabés dans votre crabitude ! JUSTE BANDÉ SUR LA VIE JE SUIS . L’astidvie à marde . Mais a
QUAND MÊME été bonne avec moi quelques fois , rien à dire . Sûr , que la cité je voulais pas quitter mais les
vioques et leur purin de destinée . Juste le temps Jacqueline lui voir en cachette les seins ! Jacquline UNE SEULE
FOIS ! Faut remballer .!Crevure ! Juste le temps de dire on se mariera . Se valiser dans la 403 , direction Marseille.
Son père , sept ans plus tard , en visite chez le mien , juste pour dire , "alors mon coco , la Jacqueline elle attends
toujours que tu viennes la chercher . Va fêter ses vingt piges sans toi ."
Je lui réponds quoi ce brave monsieur Poujol ? Tant de pisse a coulé sous les ponts couverts . La vie crevasse je
dis , putasse , carcasse . Pas d’âme qui vive . Anthropophage ! Gargouille ! Emasculance ! Cantatrice castratrice la
vie t’es !
Le serveur , au café du coin , l’aimait sa chrisite d’vie . .. Se battait contre se battait pour . Jamais connu l'école ,
parents sans relief , un peu musulmans , beaucoup trimardeurs , le vieux surtout ! la mère pondeuse . couveuse ,
éleveuse ! Voulait nous accompagner au Canada , sous par sous . Finalement c'est rien que l'Albert Trouchebine
qui s'est rendu jusqu'au bout du voyage ... Vingt piges ! Un sacré bail ! Une autre veillée ça prendrait te conter !
Mon chum aussi l’Aziz y voulait . Pauvre de chez pauvre Vendait pour pas crever des graines de tournesols , des
cacahuètes , de la carantita ...Voulait pas clamser comme ça , terriblement seul dans son gourbi . Me demandait :
"comment tu fais ? Y a toujours des femmes autour de toi . Faut que je nique moi aussi ."
Comprenait pas tout , l’Aziz voulait juste planter son poireau . Pauvres hommes . Chiquait , salivait , crachait ,
dents noires ,chemise militaire , futal crevé même aux coudes ! Trainait sa misère visible devant les cinoches du
quartier . Pour quelques dinars de plus . La coussiner sa vie .Je lui racontais sortant de la salle obscure , Sergio
Leone et les autres avec détails . Repartait , chariot poussant , le smile full face . Ai fini par lui en payer une de
séance . Western ! On y donnait en avant-film un documentaire d'Alain Resnais ," Nuit et brouillard" .Savait pas
l’horreur des hommes , les camps , la shoah , le sort des communistes , des infirmes , des homosexuels , raflés
toutes catégories , les juifs aussi ! L’homme par l’homme écartelé ! Savait pas l’Aziz ... Tu rentres au cinéma jeune
homme , t’en ressorts adulte un peu plus . Pas toujours mais ! La vie , toujours , faut la regarder en cavale , pas
lâcher prise , tenir par les cheveux , les nouilles , les poils du culte , les chevilles , l'estomac , n'importe quoi ! Pas
jamais lâcher sinon t’es faite . Lâche là pas la catin , serait chiche de te jouer une mauvaise passe , un coup de
pied dans le ventre par en arrière ! Demande que ça la vache : te fourrer par tous les écrous !

Juste à voir tes aminches de l’autre temps , vieillasses , branques , relégués du bulbe , empapaoutés de la racine
carrée . Mate les mon Bébert , mate les ! Régale toi les lampions , pas une pas un qui lise ou frissonne . Les pieds
dans la mouise ! Calvaire d’eux-mêmes ! Coportés !Disparus sans laisser de tendresse , les filles , les gars , sans
distinction ! Direction l’extinction ! Race en voie d’apparition ! Nombre croissant de lunes blèmes ! Môme , on s’y
attend pas , le retour du fils indigne !
La cité j’y suis revenu ... La Jacqueline guettée , la Jacqueline invisible existence ... J'aurais dit quoi ? Suis repassé
par les usines , faut bouffer , retrouver le travail à la chaine, le salaire très minimum . Savais pas faire autre chose .
Mon oncle m'a branché : Rue de la Zieguelau . Petite pension , chez ce vieux couple Portugais . J'y étais sous les
toits , réchaud à gaz , petite lampe , œufs à tous les jours , oignons ,patates et rouquin . Belotte rebelotte et dix
de der . Emilio , le boss , aimait ça veiller avec moi :nous sortait un petit spécial de vinho mais la vieille drivait la
baraque ... Vingt deux heures le couvre-feu ! Restaient dans la clarté des lampadaires , les nappe vichy rouge et
blanc . Vieux linge vieux monde . Escaliers , planchers , personnages , tout craquait ! Fêlait ! Se plaignait ! Tenait
debout sais pas comment ! Presque ruines .. Les pichets de mauvais vin mais la becquetance maison quel régal !
Pour le plaisir c’t’en en face que je me poussais . Au " Tricolore" . Patron pied noir de droite , calva buvable ,
serveuse accorte , juke- box pi mon vélo , "Charlot" ... sacré pédalier ! C’est ici dans ce trou qu’elle m’est revenue
la Bayka . Me dire : "est c’que c’est toi Roger Tabra ? "
La Bayka !
Gamins de la bétonnière ,on s'est payées des balades nocturnes jusqu'à s’embrasser un soir prés de nos
bicyclettes , sur un banc , pas loin de notre enfance . On a dormi ensembles ...maladroits ... Entre ses cuisses ,
l’intrigante géographie de nos royaumes désunis .

Émilio Armillès
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 Émilio Armillès
emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
De :
contacts.
Envoyé :31 mai 2014 06:43:23
À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)

---------- Message transféré ----------


De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 29 mai 2014 21:12
Objet : 10 A pour sauvegarde
À : Emilio armillès <emilio.armilles@hotmail.fr>, celine tremblay <celine_tremblay@videotron.ca>,
"princesse_isabelle@hotmail.com" <princesse_isabelle@hotmail.com>, Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>

10

C’est le fleuve qui me l’a dit :

"L’amnésie est une infirmité de la mémoire ."

Suis pas homme de prosidie mais !


La cité , comme elle me revient , je la raconte .
Balcons , petits jardins , rivière , goudron ! Pi les odeurs , les vraies , comme les voix , ça se perd un peu sur la
route du marcheur , mitard en bandoulière ... Abbysus abbysum invocat ! Restent des vapes , des
effluves ...Parfums de lavages à mitaine ! Lavande sur cordes à calebards ! Savon de Marseille pour le cul la face
les paluches ! Pot au feu , semoule de riz , pâtes en tous genre , cuisinées comme linge en bassine ! Viandasse !
Tripaille ! Têtes de moutons ! Têtes de neutres ! Paysage blech et béton ! Petit dépanneur et mistrals gagnants !
Carambars ! Magazines de cinoche ! Envie de lui voir les seins , la mère de mon chum ! La fête des paires ! Qui
sait l'aurait peut être voulu ? Des tavernes les hommes rentraient tard , claqués , vargés par la job et l'alcool ,
pour eux c'est le vendredi soir que ça leur venait la désirade ... Chanceux , la mère Khunstein a bien voulu , d'où
je pense ma passion des nichonnées doubles ou XXX ! Môme goulu cette aprème là me demeure à 65 piges a
miracle of love !!!
LA CITE ! Putain qu'elle suppurait la vie !!!

Chez grand-mère pareil : Odorances de cochonnaille !Vergers ! Purin ! Poulaille ! Bon pain ! Famboises !Oignons !
Myrtilles ! Confitures qui bouillent au chaudron ! Poil à bois ! L’étable et les cages à lapins !Fragrances de
bécosses ! Schnaps ! eau de colonne !Rôtis de porc ,choucrouterie , munster ! SOUPES !!!
À l’église , l’encens , le ciboire , le sabre et le goupillon !Sur mes doigts , l’encre , son odeur , quelques fois ... Le
feu de bois , la bouillotte , le chant du coq , tout ça qu’elle calumait, la cambrousse à mémé ...
l'enfance .
On y reste accroc , pareil à la tarte aux mirabelles d’Anita mais sept piges plus tard , s’en est tournées des pages !
Le grand voyage de la mémé sans retour . La Nini maintenant qui drive la tribu . Le Frantz , casquette , bretelles ,
clope au bec , s’en allait doucement du moulin à souvenirs , magnifique toujours mais la vieillesse alcoolo ça
zingue son humain traitreusement . Bois un verre qu'il m’invitait souvent " Faut que je te raconte un secret sur ton
père" La Nini voulait rien savoir :" Allez donc dans la chambre , moi j’ai des choses à faire" .La chambre à coucher
qui servait aussi de salon pi de salle de jeu le dimanche . Il y organisait , le Frantz , des parties de belotte avec les
gars du village qui voulaient bien . Trichait ! Table ronde , en face de lui , sur le mur , un beau miroir ... Lisait le jeu
de son partenaire . Tout le monde savait , mais bon , c'est lui qui arrosait ... Fakequ'un soir , leFrantz et moi , je
devais avoir neuf , dix ans , la bouteille , on lui a un sacré un méchantcoup dans l’étiquette ... Jamais je l'ai connu
ce maudit secret !M'en restent les coulures dueschnaps et quelques mauvaises nouvelles des comètes : la mort
du cousin Bernard , le Rémi , la Nicole qui ne reviendront pas , le Max parti pétrir son bon pain dans le founil du
bon dieu nuages ...la belle Mathilde à marié ce bon gars d’Albert , fallait bien , la Marie-Thérèse a veuvé de son
Antoine , l’Irène est allée survivre dans un village voisin , mon parrain , le Marcel a quitté la ferme pour les
pâturages infinis , sa fille , Lina , pas de nouvelles , Eugène et la Simone relisent leurs amours ... Pi fallu dire salut
la compagnie , à bientôt !
Quarante ans déjà !
Béstiaire !On a les à bientôt qu’on peut ...
Toujours quitter mes villes , mes camarades , abandonner qui j'aime !
Dickens ...Alger la blanche ... dernier repas chez Mustapha , quelques larmes dans les chansons de Fairouz ....
Rendez-vous sur le port avec Dalila qui m'a offert une mèche de ses cheveux ... Souvent trafiquer le temps pour
nous retrouver , les deux . La plage , Fort de l'eau , dès que possible ... souvent trois jours semaine , une
planque , petite , en arrière des rochers , couverte et caresses , fébrilité , son jeune coquillage sous mes doigts
sourds , les siens timides , fallait que je guide et toujours à ce moment là , rideau , closing time , le mât de
mitaine chômeur et puis j'ai su ... Treize ans qu'elle s'en allait fêter ! Jeune pas mal , même pour ma vingtaine ...
Regarder le port ce jour couchant , le futur on se l'est promit , je t'attendrai , je reviendrai , le Kérouan comme
une ancre sous ma peau ... Fallait que je crisse mon camp !
Personne savait la vérité ...
Magazine , radio , cercle culturel , JFLN , réseau souterrain , dans l'oeil du cyclope je me voyais .
Les chaussures lourdes et noires du Parti me sont venues pour la palabre .
Élection du secrétaire national de la jeunesse . Me voulaient , me promettaient , me signaient de leur sang le
contrat du diable pour dans un mois . Y'as gagné d'anance camarade , on a tout organisé !
My back side is not a chicken !
Pas fou , le Bébert a grimpé les hauteurs de la ville blanche , direction l'ambassade de France ...Rencontre avec
l'attaché militaire , je suis un insoumis repenti , je veux rentrer dans les rangs . Le jour d'après , me semble ,
passeport valable quinze jours , une place deuxième classe, paquebot Kérouan direction Marseille !Tout quitter
encore , à vingt quatre heures de leurs putains d'élections . Les camarades , ceux du PAGS , ont compris .Le
toubib a dit "Je sais que tu reviendras plus mais de l'autre bord il y a des hommes comme nous , peut-être que
l'un d'entre eux te contactera si besoin . Le mot de passe : "Elsa n'est pas morte" ... Ciao toubib , embrasse les
camarades , je quitte pas le combat , je m'envole juste pour plus loin ...
Le mot de passe m'est resté mais plus rien des hommes . Changer de révolution , de culotte , changer de trou , les
voilà bien mes guerriers de l'ombre ... Détachés , désarmés , désasermentés , démaquillés , déséquilibrés , libérés
des serments de leur militante jeunesse . Destinées de braves gens , destinés par eux mêmes , au confort vivable
des amnésiques . Rien ne sert leur en vouloir . J'ai simplement continué , toujours le trottoir de gauche ...
Quelques déceptions , parti communiste , parti socialiste , anarchiste période Ferré , la cause du peuple , finir
amouriste ! La confusion des sentiments . Les choses derrière les choses , le nageur que Le Vigan disait déjà
peindre en noyé , le premier sourire de l'autre , maquillé façon trahison . Les châtaignes , ça se bouffe châtaignes !
Marseille , les gendarmes à l'accostage , direct la Joliette et ses cages à lions le patriote ! Doit de fumer plus
casse-croûte et café . Lendemain tôt : GMR7 , caserne . accueil bidasse , on commence par huit jours aux arrêts ,
normal ... Cellule vue sur la cour , grande fenêtre , bureau pour écrire , clopes au prix de gros , becquetance
cantine .
Le train pour Tarascon , passer trois jours , tests et re tests , l'ouïe , les yeux , les taches d'encre , les couleurs ,
connaissances générales ... Tout faist mon possible pour me planter mais pas trop . Dernier temps
venu ,convocation pour décision . Grand bureau . Ce tchipe à l'accent pied noir .
- Bonjour monsieur Trouchine !
-Trouchebine mon colonel .
-D'accord , Trouchebine et je suis pas colonel , simplement lieutenant , asseyez vous .
- Oui mon capitaine .
- J'ai devant moi le résultat de vos tests . Bien joué , le coup de l'idiot qu'a l'air de rien , surtout pas d'un idiot . Le
problème ,voyez vous , monsieur Troulebine ...
- Trouchebine , mon adjudant .Sauf votre respect .
- Vous me dégradez , mais passons ...le problème , disais je ,est , que des comme vous , j'en ai plein mon
casque . J'ai donc décidé , par caprice , de vous affecter à l'école des sous-officiers de la marine à Toulon .
- Mais je sais pas nager , monsieur .
- Monsieur ? Retour au civil ? Donc , une dernière question : pourquoi cet acharnement contre la France et son
uniforme ?
- La France ? Mais quelle France mon colonel ? Celle qui a quitté sans honneur l'Algérie , le gaz , les vignes , les
agrumes , le soleil , le Sahara , la mer , le pétrole , j'en passe ! La France qui a permis l'OAS et l'abandon sans
appel de ses enfants pieds noirs , des ses harkis , de ses grands colons , de ses raffineries , de son pétrole ! C'est
cette France là , mon général , que vous vous m'envoyer servir ? Mais je suis à vos ordres !
- Monsieur Troubelchine , vous m'en devrez une bonne . Je vous réforme et vous souhaite bonne chance ... Est ce
que je peux faire quelque chose d'autre pour vous aider ?
- Une cartouche de Gauloise , vingt francs pi un billet de train pour Strasbourg , votre honneur .
- Je ne suis ni général ni votre honneur !
- Excusez moi votre amiral !
- JE NE SUIS PAS VOTRE AMIRAL MONSIEUR TROUCHEBLINE !!!
- Trouchenine , votre exellence ! Trou-che-bine !!!
- Rompez les rangs ! Sortez d'ici ! Retournez à votre asile de dingues !!!

Émilio Armillès
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emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
De :
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À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)

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De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 30 mai 2014 13:34
Objet : 11
À : Emilio armillès <emilio.armilles@hotmail.fr>, celine tremblay <celine_tremblay@videotron.ca>,
"princesse_isabelle@hotmail.com" <princesse_isabelle@hotmail.com>, Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>

11

C'est le fleuve qui me l'a dit:

"Mec faut t'y attendre … ton manuscrit de la dechirance voudront te forcer les éditions les gérants les troubles
fiottes c'est leur truc te pousser à parloter comme eux t'accorder ton souffle à leur mauvaise haleine leur
mauvaise tuberculose bureaucratique leur pire diction que tu rotes chies et chaude pisse comme eux te diront
ponctue Sois lisible T’arrives à Paris fais un effort "
Pas si fort les sténographes de mes souvenances je m'élance m'enrage colère vocifère gueule chinoise éructe
feule grogne blatère m'expectore tousse mouche retouche pire m'en branle ont qu’à lire comme je respire sans
masque à gaz rien qu’à perdre haleine comme je vis sans temps mort davaï contre un mur de papier les
littérateurs pour lingerie fine regardez moi je respire encore même que mes poumons troués sifflent aèrent
goudronnent caillassent lancinent lancequinent vermines vous en avez tué des pires des meilleurs comme dit le
Gasthy les claouis m'en claouettent ponctuer quoi qui que pour comment lâche moi l'agrafeuse ta censure
évoque la révoque des pébroques en tous genres Fahrenheit 4.51 je ponctue là que ça me plait vidangeurs de
fosses couches communes, soupeurs patentés, crèmes de burnes c'est comme vos chapitrages vos majuscules vos
ordonnances votre volonté de me donner à lire le temps de ma vie figé cryogénisé statufié j'aime pas les ordres
c'est comme la chronologie l'écriture dans le bon sens du temps je sais mais des moments je m'égare gribouille
m’embrouille comme ça me vient la bouillure pas de notes sur mon bureau forcément je grimpe dans les trains
qui passent et chacun d'entre eux toujours me ramène à la bonne gare Paris j'y suis arrivé sur le pouce Montreuil
en fait Rue Parmentier le temple protestant désaffecté grille ferrée grinçante maison Usher la cour arrière pas de
prieur mais de bizarres animaux de la ferme
Elle me présente , Marie-Annick ... Rangée d'oignons les autres ... Joël cromagnon , Martin bucheron . Frantz
éléctro lunettes rouquemout , Rémi ,col roulé jusqu'au gland , rien que du mal rasé.
Les filles tellement si peu femmes ! Eva , lunettes Lennon sur gros pif , aucun charme lésbiche dans le tréfond !
Isabelle , cochonne ça se sentait ! Vingt ans plus tard m'est arrivée à Strasbourg :"Je suis venue te baiser !" Mais
pas assez d'air dans les poumons !
Pimprenelle , sourire plaqué joli fruit , cane en flanelle , "Les hommes aiment pas les handicapées"
Martine , rondeurs où fallait ! Bouche à sucrer mon roc falaisien ! Disait "Tu m'attires mais t'as rien d'écolo ! T'es
juste un un sauvage qui veut rien que mon cul ! "
TOUTES en gros chandail , pas qu'on les trouve attirantes , féminines , bandouillantes ! Pantalons de velours
lousses , pas maquillées surtout , pas plaire aux hommes , ces exploiteurs culiers , sauf au plume , la nuit .
Montreuil sous les toits mansardés , le dortoir , ça grouillait , soupirait , vagissait .
Pas très latines les messes basses , le chant des matelassiers , des fois même ça parlait , confessionnait du culte ,
le temple .
Sans affection déjà ... déburnés , cloués , décroisés bitonnés , communautarisés . Peut-être une idée signée
Proudhon ? Les bagues merdiques aux fions de la curée!
Du beau monde les templiers , finalement , défroqués juste avant de comparaitre ! Issus du séminaire , sincères
de la révolte et de la membrane siffleuse . Travaillaient tous en usine . Connaitre et partager la condition humaine
des travailleurs , leur misères , difficultés , labeurs , Zola ! Pourquoi les bistros , les apéros qui durent tard , les
amours jamais roses , la femme qui vieillit trop vite , le sexe hebdomadaire , plus de bas , rien que des gros
collants , contre bandaison , brassières devenu monte-charge ?
Les bonzes hommes pas mieux , rasage en retard , tifs en brousaille , futal trop large , ventres de noyé , salopettes
, pifs avinés .
Leur fallait ça les templiers , côtoyer l'autre vie ...
J'ai .
L'usine un peu trop tôt , rien de romantique , les petites mains , les arpètes , les contremaitres , plus envie , mais
jamais reniées , ces pages de mon livre .Les années militantes . Elsa n'est pas morte . Jamais eu de message des
camarades . Les révolutions , toujours , c'est d'intellos qu'elles se nourrissent , pas de prolos . Nous aurons été
bonne bouffe , déchets préférentiels chers au canons !Le sommes encore . Savaient pas , les ceusses , comment
elle en fabriquerait des bobos , des informatichoses , des costardisés label sociétal , endeuillés de la charnière .

On a veillé , cette première fois , toute la maisonnée . Du rouquin pour eux , pas trop , tout le monde sur le
même litron ,le tonneau pour ma gueule ...
Dans cette petite cuisine qui sentait bon la boiserie , la tortore et le velours , j'avais l'air d'ailleurs ...Jeans , bottes
de cuir , ceinturon , couteau mataf en bandoulière , gros mots de soutier russe , charcutier des halles , tavernier
mal vendangé .
Les histoires sont pour être racontées .
Venaient tous de l'Est , certains de Strasbourg ... Défroquage , on the road again , au primaire de la vie , fuck
toute , Dieu est vraiment pas utile pour l'aide humanitaire , on s'en aperçoit vite ! Retour au charbon !Toujours
dans le coeur des hommes y aura des corons des pleurances et des coups de grisous .
Pourquoi tu penses les manars se beurrent la goule ?
Anesthésie , cache-merde , précarité de l'oubli !T'as voulu voir Montreuil , t'as vu Montreuil !
Dans le temps des 40/50 voire 60 y avait là pas mal de braqueurs , des connus , recherchés , des prostibelles à
bougnes et romanos , du receleurs toutes catégories , du flic pas blanc-bleu , de l'indic petit pain , du resto
populo , clientèle à gapettes , genre Gabin , Carette , Le Vigan , de la douairière à fesses affaissées , de la serveuse
pauvre , emmerdée par les clilless , fallait supporter ! Le taulier veillait à la graine , à la sienne surtout , pourtant
marida le crevard , mais la tambouille ! Jai connu la fin de ces cantines , rue St-Georges en plein Paname , à
Boulogne aussi , du temps de la Séverine Gayot ... entrée sardines directement de leurs boites , pâtés pareils ,
rillettes , faut le dire vite mais baguettes fraiches ,craquantes , souriantes ! Pi le choix : tartare fait mains , purée
boudin , gratin de chez gratin , grandeur symphonique ! Le dessert fantasmagorique : tarte aux pommes ou
rhubarbe , après tu t'écroules devant un bon vieux calva , tu jases avec ton voisin , faut dire , y avait que deux
tables , six places , forcément la converse embarque . La pluie quelques nuits aussi , légère ou grave ...

On s'en retournait , pas de cavale , abreuvés d'alcool , de caresses et de baisers mouillés , comme au cinéma noir
et blanc , quand il vivait encore . Tendresse urbaine , la lune , tu la décrochais pour quelques sous .Armstrong
inclus !
De nos jours , photographiée , la station St-George , panoramique , par un cul conque Nivelle , Koons ou
Murikami !
Bande de rats !!!
Votre "art" je m'en torche le fondement !
Egon Shiele tu connais ?
Le lard est dns la choucroute !
Vos "oeuvres" c'est que de la merde sur papier chiotte !
Une virgule de caca dans la cage d'éscalier d'une barre HLM !
Tu m'prends tu pour un cendrier plein ?
Enfant de diarhée compulsive ! Ta mère aurait mieux fait de t'avaler !
Trois coups de pinceau détraqués sur une toile d'araignée tu vends ça combien ?
- Tabra tu comprends rien ! C'est pas la toile qu'il faut regarder mais le geste ! Le geste que j'ai du poser pour la
composer ! L'effort matrional qu'il m'a fallusse assumer pour en arriver là ! Partir d'un pot de couleuvres pour
aboutir au centre vital de mes préoccupations génénéticovaginnales !
- Ah bon ?
- La peinture est un acte violent ! Comme la frituraison des merguez , le balayage des d'sous de bras , la
déforestation des nounes !
- Certain de d'ça ?

La vie est pute pour qui se la tape !


Les autres ceinturent !

Elle vaut bien , la vie , tout nos repas reposants de l'époque ...
Montreuil .
Cette fameuse première veillée . M'ont raconté , les défroqués les visites pas très amicales , d'un petit gang de
quartier : "les rapides" . Passaient , chaque jour que la commune leur semblait vide , bouffer , boire , se servir en
disques et tout le possible . Violents parfois . Le coup , je l'ai vu m'arriver , j'ai dit "S vous avez besoin ... "
La fin de semaine a duré proche 20 ans ...
Sont arrivé les ti crisses , pas plus tard que le jour d'après , petite équipe , cinq , six ... Pas de chance , dans la cour
de la maison y avait déjà quelqu'un . Assis sur la banquette arrière d'une deudeuche désossée , le gars moi
même . Surprises les gueules de voyelles ? Pareil une poule qui trouve un couteau . Blanc de mémoire , d'oeuf
battu , blanc fantôme . Le blouson noir de la gang , Smael , un bel étron : " heuuu tequila toi , pi qu'est c'tu
foula ?" Cette manie des infirmes rachidiens , poser des questions plus bêtes que leurs yeux ... J'ai mit ça clair ,
assez vite merci . Mon nom est ... ma job icitte est ... mon tatoo vient de ... mon poignard me sert à ... je viens de
Strasbourg . Pas compris tout de suite , leur façon de me jauger ... C'est juste , quand le soir , j'ai raconté ma
journée à la familia , que j'ai appris . Un quartier de la grande ville porte ce nom . Quartier de commerçants plus
ou moins chelous , vendeurs de casse-croûtes arabo-grec et bosphoriens , boui-bouis à macs , arrières sales
sombrissantes , cachettes à gâchettes , sandwicheries cafards inclus , poker places , putes à volonté , jamais
regardantes au client , tarifées par le crouille ou le corsico de serre vis , tu pouvais même niquer dans le fond de
la cour , entre deux poubelles , si la piaule partagée par ces dames , se trouvait prise . Juste à faire ÇA debout ,
comme un cheval de hallage , réduction tarifaire incluse . Strasbourg-St Denis , ses vendeurs de tapis , de montres
, de sous-tifs , de fausses vraies marques , de tissusses en tous genre ... Les mômes pensaient que j'étais de là ,
d'où respect supplémentaire ... Pas bien catholique , pour sûr , leur suis apparu , les chouraveurs de mes deux
crémantes . On s'est vite mit chums , juste à me défausser d'un billet de cinq , payer la tournée du jour et jaser
de plus tard .

Les humains , bien souvent , demandent que ça : raconter leur enfance merdique et leur futur qui sent mauvais .
Tu les écoute vivre leur vie rêvée , t'en fait des héros , les gensses . Ont fini , les mômes , par nous rendre visite
bien souvent . Les amis de la commune en revenaient pas , les recevaient même , certains soirs , à grignoter
quelques rondelles de sifflard . Si vis pacem parabellum ! On sait jamais . Funambules , transformistes ,
acrobates , opportunistes , maquilleurs de burnes , tous ! Un peu ça comme , je l'imaginais , ma cabane au
Canada : chaleureuse , boisée , petit bled , voisinage en visite souvent , bouteille de fort et belles histoires des
pays d'en haut .
La casbah c’est devenu , pas mal vite , l’amical open bar des "rapides" . Les mômes s’assizaient sur la caillasse ,
dans la cour , posaient des xaines de questions . J'ai , comme les gens qui reviennent de loin , raconté quelques
unes de mes plus belles aventures . Là , dans cet endroit de poussière digne d'un polar d'Harlan Coben qu'elle
est passée .
Catherine Sapin .
Coup de boule en pleine face du coeur , Albert , comme si les nuages suffisaient pas . Ballades vespérales ,
Montreuil , le 20ème , le 19ème , square de la Réunion , du temps qu'y avait encore des petites boucheries hallal ,
des bouges d'arabes et des filles pour . De la pénombre et des arbres , un banc . S'y reposer le palpitant . J'ai
envie de toi . Me souviens , tu portais souvent de gros pulls de laine et des jeans velours . La mode , bien avant le
recopiage des bonos bobos . La lope de vie nous aura pas laissé le temps de rien .
Les adieux trop souvent , s'habillent à la va-vite avec les fringues du hasard .
Douleur d'aimer , qui plus un seul instant de cette chienne de vie , me quittera . Elle .
Me suis assis , le lendemain de cette putain de veillée , sur le siège de ma deudeuche , armé de rouge et de
mélancolie .
Ce n'était qu'une chanson d'automne , un frisson monotone .
Comme à tant de choses , de virus , de cloportes , j'ai survécu . Pourquoi ? Comment ? Pour quel rôle jouer ?
Raconter , c'tu la bonne raison de survivre ?
C'est en lisant , voilà bien des années grises , entre des milliers de larmes "Le livre de la vie" signé Martin Gray ,
que je me suis dit : c'est le devoir de certains hommes : dire .
Écrire c'est raconter le siècle dans lequel nous essayons de respirer .
Anne Franck , petite soeur , je pense à toi , je pense à mes frères Kabyles dans les camps de Nouméa , je pense à
ma famille enterrée vivante sous les terres , Maroc , Algérie , Moyen-Orient , les années tortures ... Je pense à tous
les déportés du monde , où qu'ils soient , mais aussi à ces auteurs de merde , j'en tairai le nom , qui oublient ,
trop souvent , de citer dans leurs "oeuvres" qu'ils ne sont pas les seuls revenants . Facile un peu de falsifier
l'Histoire quelques fois . Coudon , tu fais tu exprès ? Monopole de la douleur ? Dans les pages de tes racontages ,
pas de noirs , pas d'arabes , d'infirmes , d'homosexuels , pas de nains , pas d'estropiés ! Je trouve ça louche pas
mal ... On touche pas certains cadavres ! Ils puent moins bien que d'autres . Pas ce n'est ? Pas vrai camarades à
chaud ?
Souvent , me suis étendu , repentant pour nos pères , priant pour le grand pardon , sur les tombes du peuple juif .
Toujours il m'a dit : tes prières ne valent rien , t'es qu'un goye et ton fils aux yeux clairs comme le ciel est impur !
"Frères humains qui après nous vivez" disait François Villon ...
Contrat de bouffon !
Certains se flinguent , d'autres bataillent . Rien que les morts qu'ont plus mal aux dents . la môme Ninette , elle en
avait de belles . Palettes royales !
Plusieurs fois que je la visais , du haut de son sixième dominant la cour du temple . Quelques signes discrets , pi ,
fatalitas , un geste vers elle , genre visite moi . Ses mains ont joué clignotant , donne moi dix , quinze minutes .
L'histoire de presque toute une vie , la mienne ,venait de prendre le bord . Notre premier vendredi soir ...Le jazz
dans St-Germain des Prés ...la rhumerie ... l'avenir qui se conjugue au passé perdu ... Re-défaire sa vie , la recoudre
attendant l'autre . Traverser Paname à pinces, l'ile de la cité , se bouffer la bouche à longueur de chemin ,
trafiquer l'or du temps , baguer le cours de la Seine , remonter le quartier , se payer un casse-croûte à St-Michel ,
s'arrêter place Dauphine . Il y a des bancs sous les arbres et des baisers qui parlent : embrasse moi !Less odeurs
bleues du premier métro , ta fatigue sur mon épaule ... j'aime tout pendant que je t'aime . Oublions pour un
instant la lutte des classes . On entrait , avec l'aube , dans la commune endormie , coller notre jeunesse contre les
vitres sales de l'avenir .
Les années coup de foudre , les années misère ...
12
Manuscrits de la déchirance :
Quelle ponctuation ? Quels signes ?
On s’est trimbalé sur les ossements de mon enfance de ma jeunesse un peu la Ninette et moi le temps d’avant
que je me flingue points de suture on s’est trimbalé drôle de générique une vie
Rue de l’écrevisse le café des arabes disaient les racisses devrait être interdit on sait pas skisse passe là d'dans les
biques doivent s’entre égorger sûr juste à voir leurs gueules ça doit trafiquer des tonnes de saloperies
Bon d’accord y en a un paquet je reconnais qu’a libéré la ville qui sont morts pour ma patrie c’est pas ça le
problème c’est juste qu’ils sont restés APRÈS si ça continue comme c’est parti vont nous coloniser déjà que j’en
connais quelques unes qui couchent avec faut avoir envie baiser avec des rats
J’ai dis Ninette écoute les pas tiens voilà madame Rita la voisine du dessus toujours habillés cantatrice les nichons
sul bord des lèvres toujours fourrée au cinoche mouillée façon Mariano doit lui faire des spécialités d'Autriche à
son vieux tyrolien pour qu’il reste avec
Écoute pas ça Ninette profite de la vue je te présente ma cathédrale ma petite France mes ruelles tiens voilà c’est
ici que la Paulette j’avais huit ou neuf ans me demandait si j’aimais ses gros nichons blancs OUI OUI OUI JE LES
AIMAIS crisse que oui j’en ponctue encore son mari le Tamar dessoudé par des gars du FLN Une histoire de
cotisation pas payée je crois l’a été incinéré la belle Paulette veuve ah que j’étais trop trop gamin grrrr
Écoute pas ça Ninette c’est rien qu’une enfance qui se raconte pas la peine d’y fouiller les souvenirs c’est juste du
passé qui veut pas vieillir c'est comme l'amour du temps qui traîne en langueur garder le plus possible ce goût de
moutarde et de knack Les pissotières facile mais la tortore c’est une autre histoire c’est d’ici ma Ninette de ce
crisse de quai v’là un temps que je me suis envolé vers toi
Lui là le type qui se sépare jamais de son manche ben c’est le Gasthy chez qui c’est une tradition de piauler Sa
meuf c’est la Sylvia quil mérite pas y a des femes ça comme une flamboyance avocate un jour pour sûr On s’en
reparle bientôt
Dis rien la Ninette dis rien laisse toi juste aimer
Les drapiers sont devenus Sainte Barbe on artille comme on peut Même qu’on a dû se rendre à l’hosto Méchant
coup de rapière a dit le doc vous êtes un acrobate Gasthy le Guèck a répondu tu es ma déchirure Ninette
On a fini par se trouver une crèche pas loin rue de la chaine d’or c’est la Francine la patronne du resto d'en bas
qu'a dit oui fallu que j'y bouffe le culte pas de regret
La piaule toute la ville y est passé quelle écope

Émilio Armillès
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 Émilio Armillès
emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
De :
contacts.
Envoyé :31 mai 2014 06:42:15
À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)
---------- Message transféré ----------
De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 31 mai 2014 00:25
Objet : 13
À : Emilio armillès <emilio.armilles@hotmail.fr>, celine tremblay <celine_tremblay@videotron.ca>,
"princesse_isabelle@hotmail.com" <princesse_isabelle@hotmail.com>, Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>

12
Manuscrits de la déchirance :
Quelle ponctuation ? Quels signes ?
On s’est trimbalé sur les ossements de mon enfance de ma jeunesse un peu la Ninette et moi le temps d’avant
que je me flingue points de suture on s’est trimbalé drôle de générique une vie
Rue de l’écrevisse le café des arabes disaient les racisses devrait être interdit on sait pas skisse passe là d'dans les
biques doivent s’entre égorger sûr juste à voir leurs gueules ça doit trafiquer des tonnes de saloperies
Bon d’accord y en a un paquet je reconnais qu’a libéré la ville qui sont morts pour ma patrie c’est pas ça le
problème c’est juste qu’ils sont restés APRÈS si ça continue comme c’est parti vont nous coloniser déjà que j’en
connais quelques unes qui couchent avec faut avoir envie baiser avec des rats
J’ai dis Ninette écoute les pas tiens voilà madame Rita la voisine du dessus toujours habillés cantatrice les nichons
sul bord des lèvres toujours fourrée au cinoche mouillée façon Mariano doit lui faire des spécialités d'Autriche à
son vieux tyrolien pour qu’il reste avec
Écoute pas ça Ninette profite de la vue je te présente ma cathédrale ma petite France mes ruelles tiens voilà c’est
ici que la Paulette j’avais huit ou neuf ans me demandait si j’aimais ses gros nichons blancs OUI OUI OUI JE LES
AIMAIS crisse que oui j’en ponctue encore son mari le Tamar dessoudé par des gars du FLN Une histoire de
cotisation pas payée je crois l’a été incinéré la belle Paulette veuve ah que j’étais trop trop gamin grrrr
Écoute pas ça Ninette c’est rien qu’une enfance qui se raconte pas la peine d’y fouiller les souvenirs c’est juste du
passé qui veut pas vieillir c'est comme l'amour du temps qui traîne en langueur garder le plus possible ce goût de
moutarde et de knack Les pissotières facile mais la tortore c’est une autre histoire c’est d’ici ma Ninette de ce
crisse de quai v’là un temps que je me suis envolé vers toi
Lui là le type qui se sépare jamais de son manche ben c’est le Gasthy chez qui c’est une tradition de piauler Sa
meuf c’est la Sylvia quil mérite pas y a des femes ça comme une flamboyance avocate un jour pour sûr On s’en
reparle bientôt
Dis rien la Ninette dis rien laisse toi juste aimer
Les drapiers sont devenus Sainte Barbe on artille comme on peut Même qu’on a dû se rendre à l’hosto Méchant
coup de rapière a dit le doc vous êtes un acrobate Gasthy le Guèck a répondu tu es ma déchirure Ninette
On a fini par se trouver une crèche pas loin rue de la chaine d’or c’est la Francine la patronne du resto d'en bas
qu'a dit oui fallu que j'y bouffe le culte pas de regret
La piaule toute la ville y est passé quelle écope
Anita !!!
Le FEC! l’ai vue débarquer !
Bon Dieu de merde ! T’aurais dis Ekberg ! La fontaine de Trevi ! J’en croyais pas mon slip ! Nom d’un nœud
marin : THE WOMEN !!!
Je devais être sacrement beau ,sacrement baratineur , que sais je pour qu’elle me dise oui ? Déballée je l’ai ! Du
ciel ! Peau blanche , blanche ! Porcelaine ! Soyeuse de partout ! La mort en ciboire ! Teutonne Vierge !!! Seins
lourds , magnifiques , mirifiques , mirobolants , dragonnesques , laiteux , poires lourdes , assoifants , sculpturale
sculpture ! Un Louvre !!! Sa démarche on aurait juré le lendemainqu’elle baisait à chaque pas moi pas mieux ...
ANITA !!!!!
La rue de la chaine quelle épique !
La Ninette a fini par dire oui : Ménage à trois ...
C’est elle Anita qu’à ouvert le bal des blessures . M’a présenté la Jenny Cohen ... Psycho chose ... Imagine une
bouche tu voyais que ça ! Des rondeurs at large ! Envie d’être une femme qu'elle me balance .On a fait ÇA
calmement . L’Anita m’a giclé du merci ! Revenait tous les matins ma Jenny... Déjeuner de la plume ! Ostie de
vie !!!
La Ninette a fini par crisser son camp ...Normal ... Est revenue ...Normal ...
Entre temps sont arrivés les yabes : Le Bonardi , le Napo Chaize , morts au chants des bars , le grillon , pi l’arabe
du coin , Jimmy qu'il se faisait appeler ! Manie de bougne ...
La Claudine Hollander du Neuhof : Toute ! Pas de retouches ! Au matin me disant " Gotferdum , j'ai mal au dos "
Normal c'est un clic-clac ton plume ! Pi t'aimes la cavalerie ! Encore une que je l'aurais marida ! Mais une queue
c'est pas toujours baisance ! Sheap shot la vie salope !
Et Pépé le Moko !!!
Du Kerouak je dis !!!
L'ai rencontré gare de Strasbourg , cherchait où crêcher le vieux renard ... J'ai dit "Chez nous mais suis pas
tarlouze ! " L'ai installé rue de la chaine ... 18 ans de penis entier ! Meurte ! Un gars de Marseille voulait lui
chouraver son mignon ! Lui a tirer du onze quarante trois plein le buffet ! S'est garde du corisé de mon bébé
leïla ! Pi me ramenait ses chbebes ! Queutard que j'aimais ! Pénitent du St-Slip ! Revenait !
La crevette ! Madeleine son nom ! Rouquine de partout ! Luc et sa prude qui soufflait en cachette dans l’
trombone à papa ... Genre je veux pas qu’il le sache , fais gaffe ...Genre la mère Bruston du temps de la commune
: ça te vidait les rognons sans avoir l’air d’y goûter ...
Rue Daumesnil au 122 j’ai mémoire .
Bel appart’ .On y vivait tribal . Même le Rémi ,sa gerce l’Isabelle et le petit Patrick ! Lui en personne retrouvé
quarante piges plus loin du coté de Montréal Un cirque la vida je dis !
Tout le monde on trimait ! L’usine mon bonhomme , l’usine ! Métro boulot bio-bio ! Comme avec la Maria plus
tard… T’es né pour en baver alors bave ! Pas plus riche aujourd’hui le Bébert . Pire ! On le touchait notre salaire à
la semaine . On gerbait le tout dans le pot au communs . Factures payées , le reste on partageait .Comme au
temple et plus ailleurs 98 boulevard Blanqui ! Là qu'a fallu qu’elle avorte la Ninette ! Un cirque je te dis !!! Quelle
époque de fuck !!! Le cérémonial ! Trouver par le réseau le bon docteur qui pose la sonde ! Les rendez-vous à
mots de passe ! La clinique aussi ! Plus un secret de nos jours : La nôtre c’était les Beuets . Ah Ninette Ninette
Ninon !!! Trop pauvres z’étions pour enfanter plus malheureux que nous . Blues encore là là maintenant tout de
suite à l’instant du présent ! Blues pour toute la vie ! Diablesse elle est , notre existence ! J’ai pas été ce que je
voulais : grand footballeur , grand avocat , grand flic , facteur , instit’ !!! Faiseux de chansons j’ai fini ! Parolier !
Quelque peu romancier ...Pauvre né pauvre crevant . Des bons moments quand même j’admets , pi des beaux
des sublimes des grandioses des symphoniques !!! On tramait la ville déjà ...Comme toutes Nocturnitude
chopinesque ! Mano a mano les amoroso ! Les guinches du sam’di soir , les marchés du dimanche , les casse-
croûtes à la mie de pain ! Steak à la fauche ! La faim justifie ! Prolétaires de tous les pays beurrez vous la
tartine !!! Moules frites à volonté !!! La Ninette à donfe ! Dulcinéa ! L'autre folitude Et ce Paris que tu ne sais pas !
Ce paris que tu ne vois pas m’est fait de divorce et de chaines ce paris que tu ne verras jamais a les yeux de ma
peine ce paris que tu ne vois pas c’est mon enfer que je déguise cela vaut mieux pour nous ma voix ne chante
plus aucune église mon chant est de la terre noire la vie m’a donné sa couleur elle a toujours été du soir elle a
toujours été douleur c’est comme si je n’avais eu au bout du compte que les pleurs de l’existence la paix venue
voilà doucement que je meurs ce paris que tu ne vois pas je le parcours dans tous les sens en espérant je ne sais
quoi peut être rien de l’espérance je n’ai jamais rien attendu mais j’aime le chant des orages y voir des danser des
femmes nues finirait bien ce long voyage d’orages et que vos chants me disent encore les noms de mes amis le
cœur battant sous leurs chemises combien d’entre eux aimaient la vie cette vie aux jambes fragiles qu’il voulaient
tous vivre debout ils l’ont vue froide et immobile hurlant la nuit avec les loups frêres d’amour attendez moi rien
que le temps d’une chanson je trouverai au dernier pas enfin comment écrire son nom je trouverai dans cette ville
ce que je n’y trouverai plus ma jeunesse encore en exil qui veut passer dans chaque rue ce paris que tu ne vois
pas qui donc l’a vu comme je le vis les ombres du café d’en bas ne se lèvent plus à minuit les cimetières sont
écarlates Elisa Pierre Alain Marcel je crois qu’il est temps que je parte c’est long devenir éternèl vous avez tous un
jour d’avance un automne plus beau que le mien bouquets de roses ma souffrance porte vos prénoms de chagrin
ma sœur est morte à l’hôpital bénie par un homme de passage qui a dessiné une étoile dans la lumière de son
visage Paris se trouve où je me trouve je l’emmènerais en voyage je serai loup tu seras louve et nos petits seront
sauvages te souviens tu de la chanson qui parlait de villes étrangères et de ce vieil accordéon peut être que c’était
hier l’avenir nous aura croisé les yeux bandés infirme et sourd tu le tenais ses doigts brisés ne portaient plus le
ciel trop lourd ses doigts ne retenaient plus rien ils avaient pèrdu la mémoire pourtant la mémoire des mains est
plus légère que le soir les miennes pourtant ont tenu entre elles un peu de ces temps là mais faut croire que la
malvenue toujours à la fin nous prendra ce paris que tu ne vois pas comment te le montrer mes yeux déjà
regardent l’au-delà j’irais y prier pour nous deux la vie au bout du compte ici a-t-elle un seul jour existé je ne me
souviens de paris que parce que j’y ai rêvé ce paris que tu ne vois pas m’est fait de divorce et de chaines ce paris
que tu ne verras jamais est au cœur de ma peine
J'y repasse encore les draps de nos lits quelques fois mais plus rien me parle , plus rien me dessine , plus rien se
souvient de mes pas ... Les rues de Ménilmuche ont bu trop de larmes en fleuve ! La bière-saucisse est devenue
frites-merguez ! Les filles qui se défendaient , la vie devant soi , les voilà top cougards made in China ! Pas
moches mais sont où mes belles putes à flutes soufflantes , bossantes fallait voir comme ! La poésie , mon frère ,
la poésie ! Le fromage est bu , la bière est cuite , Cor Co de amor vit seule au fond du treizième ! On fait quoi ?
Me manquent mes villes…M’y perds souvent encore ... Pareil dans Léo Malet bien souvent ... D’une rue l’autre ...

13
Manuscrits de la déchirance .
D’un bateau l’autre Au 9 de la rue de l’écrevisse M’en restent des brumes vaporeuses La place Broglie son beau
cinéma La que j’ai vue Darry Cowl Un tas d’autres Eddie Constantine me semble Sacré mauvais acteur Mythique
aujourd’hui La place Broglie c’est aussi Coty de Gaule en discours la statue de Kellerman l’opéra le petit carré de
sable et le foyer Charles de Foucault les bretzels et cet ami de mon père avec sa Juva 4 sa caméra déjà Mortel de
pieu sont passé dans quel coin de la mort ces films On les regardait chez lui Fantastique En famille et puis la vie
tu sais finit de nous finir
La nôtre s’en est allé quartier haut les mains Le nom que les flics et MÊME les habitants lui donnaient C’est dire
l’avenir !!! Leurs noms de famille à tous m’en souviens encore Ceux du bloc 18 Leurs visages du temps pareil La
mémoire drôle de drame Formol des sentiments …Le choix ? N’existe pas vraiment Naitre est une option Couleur
sexe pays date heure tout Brun blond noir j’en passe Options La rue Camille Pelletan Les parents déjà c’est pas
toi qui décides Le reste pas trop trop Faque arrange toi Chacun ses troubles Ce soir j’ai le vin triste sont jamais
revenus de leurs jeunesse les poteaux de ma flagrante fulgurance La poésie mon frère dira-t-il bien plus tard Sont
en errance dans leurs agonies triomphantes Héros vagabonds invalides Encore vivants parce que je suis pas
totalement crevé Penser à vous c’est vous éterniser Cimetières de ma terrible solitude vous êtes jonchés de mes
plus beaux cadavres Et Mozart est avec vous mes camarades manquants Vivre amputé de vous depuis si
longtemps m’est si lourd Je croule sous vos absences
Revenez mes revenants faméliques !!! Revenez câlisse !!!

Émilio Armillès
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 Émilio Armillès
emilio.armilles@gmail.com
Emilio armillès (emilio.armilles@gmail.com) Cet expéditeur figure dans votre liste des
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Envoyé :1 juin 2014 06:58:36
À: Gaëtan Leclerc (gaetanleclerc8@sympatico.ca)

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De : Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>
Date : 1 juin 2014 02:13
Objet : Le 13 en corréction
À : Emilio armillès <emilio.armilles@hotmail.fr>, celine tremblay <celine_tremblay@videotron.ca>,
"princesse_isabelle@hotmail.com" <princesse_isabelle@hotmail.com>, "katougagne.20@videotron.ca"
<katougagne.20@videotron.ca>, Roger Tabra <rogertabra@hotmail.com>

13
Manuscrits de la déchirance :
D’un bateau l’autre ... 9 rue de l’écrevisse
M’en restent des brumes vaporeuses ...
La place Broglie , son beau cinéma ... La que j’ai vu Darry Cowl ! Un tas d’autres ! Eddie Constantine ! Sacré
mauvais acteur , mythique aujourd’hui ! La place Broglie : Coty , de Gaule en discours ! La statue de Kellerman ,
l’opéra , le petit carré de sable et le foyer Charles de Foucault , les bretzels et cet ami de mon père avec sa Juva
4 ...sa caméra déjà ! Sont passé dans quel coin de la mort ces films ? On les regardait chez lui . Fantastique !
Rupestres ! Se voir bouger ! Pi la vie tu sais , finit par nous finir ...
La nôtre s’en est allée "quartier haut les mains" Le nom que les flics et MÊME les habitants lui donnaient à la cité
! C’est dire l’avenir !!!
Leurs famille à tous m’en souviens encore , celles du bloc 18 , leurs visages du temps , pareil . La mémoire ?
Drôle de drame . Formol des sentiments … Le choix de camper là ? Pas vraiment . Naitre n'est pas une option .
.La rue Camille Pelletan non plus . Les parents déjà , c’est pas toi qui décides ... Faque arrange toi !Chacun ses
troubles !
Ce soir j’ai le vin triste . Sont jamais revenus de leurs jeunesse les poteaux de ma flagrante fulgurance . La
poésie , mon frère ... Sont en errance dans leurs agonies triomphantes ! Héros vagabonds du terroir , invalides ,
chômeurs de la bigoudance ! Survivants parce que je suis pas totalement crevé ... Penser à vous c’est vous
éterniser . Cimetières de ma terrible solitude , vous êtes jonchés de mes plus beaux cadavres . Et Mozart est avec
vous , mes camarades manquants ! Vivre amputé de vous depuis si longtemps m’est si lourd ... Je croule sous
vos absences .
Revenez !
Revenez mes faméliques revenants ! Revenez ! câlissse !Tome 14 en tête ! Envoyez moi vos adresses ! On se l
'fera ce putain d'méchoui géant ! Les nous allâmes ! Les nous partîmes ! Les nous survécurent ! Les ras l'cul , les
bonbons , les noisettes ! Revenez mes anges de mauvaise volonté ! Reviens Nicole ! Ma bouclure ! Mon
Auvergne ! Reviens Mina ! Reviens Malika ! Ma poésie ! Reviens !Ma Palestine ! Mon Alsace ! Mon Québec !!! Mes
rêveuses ! Mes rêveurs ! Ma vie ! Reviens ! Dalila , cette putain de souffrance me la laisse pas en héritage ! Trop
longtemps qu’elle traine sur ce quai de blancheur …Les années sans toi faudrait qu’elles achèvent ! Je me sens
quelques fois si vieux ... Proche de traverser l’autre bord du rideau noir ... Sans cette mèche de tes cheveux ,
remember you notre dernière étreinte face à la mer ... C’est une putasse qui l’a brulée , jalouse , vingt et trois
ans plus tard ... Povkonne ! Ton parfum Dalila !PERSONNE peut rien contre la souvenance ! PERSONNE !!! C’tu
clair ? El Biar aussi , j’en demeure infirme ! Tant de lieux , de gens , de rues m’ holocaustent l’en- dedans du
dedans !
Ce soir j’ai le vin triste , rien à faire contre cette saloperie ! Mélancolitude mon amour ...
Marseille , pas mieux ; Les Joliettes pour commencer !Cage grillagée ...Seul ... On m’attendait . Loin du
Québec ! C’est moi qui suis allé dans l’autre gueule de l’autre loup .Fallait . Joué le fou ! L’oscar , j’ai mérité ! Le
GMR7 ! Aux arrêts le premier jour ! De l’autre bord j’avais dis : "c’est moi le déserteur ,le repenti ,celui qui
regrette" ; M’ont filé paperasse et toutim . Débarquement au pied de la bonne mère ! Notre Dame de la Garde
,me voici ! Tarascon me voilà ! Voulaient tous que je sois bon soldat . Servant de la république tricolore . J’en ai
tu passé des tests ! J’ai fais de mon best pour dérailler mais sont malins , c’est leur métier les singes ! École ses
sous-off de Toulon mon destin , merde ! Me suis retrouvé RD2 !Quelques jours en asile de scalpés ! Jouons à la
crapettesautons les murs et les moutonnes ! Dansons à Cassis ! Buvons , tirons , fourrageons !La gare St-Charles
au départ ! Une cartouche de goldos quelques francs ,ma ville en ligne de mire ...
Quartier "haut les mains" ! Retour aux sources . Rue de Nontron , cité Lyautey la Solignac , La Ziegelau ! Rien que
du beau linge et puis les Drapiers bien sûr , entrés dans la légende
Quarante piges plus loin suis allé voir , porte codée ... Ass hole ! Putes à run ! Les sentiments sont remontés de
la cave au grenier , toujours la même histoire , les retours . Visite guidée par la vieille urgence de pas crever .
Pourtant , crever j’attends ! Reviendront plus les belles histoires des pays d’en bas ni celles d’en haut . Faut te faire
à l’idée . Court vite le temps , ce narvalo T’arrives au bout de tien sans raison . Juste harassé .Pas glorieux .
Dévissé plutôt ! Vidé lavé trépané rincé ! Courbu foutu plein l’Q , déporté , dégradé , pissant , coulant , chiant
saignant ! Verminal tout le monde ! Dernière étape avant la dernière ! Grand parcours et terminus ! Déposer vos
biens et vos maux , "Arbeit macht frei" ! Déposez , déposez ! Fuck ! C’est juste ça le chemin ? D’une souffrance
l’autre … Sous la caillasse y pas la plage , un mythe pour vieux mélanco cette histoire . Des pavés j’en ai soulevé !
Rien en dessous crois moi . Juste une tonne d’illusions . Lourd lourd qu’il est le vide ! Vinassé ! Feuille d’automne
surtout qui tombent , vite ,vite ! "Le temps de s’aimer est bien court" ! Encore une vape mon amour , une
chance : la souvenance de l’émouvance . Les quais du bord de l’Ill pour s’y trimbaler . Tous ces reflets de nous ,
vibrant au touché des écluses ...Nonchalance avec toi , Ruth , avec d’autres ! Ces baisers mouillés de faim . Vie
de merde , tu m’a bien fourré , j’avoue . De partout ! De première ! De dernière ! De par coeur ! Embastillé ,
cuité , niqué ! Mais lope , ça , crisse , j’en ai profité !
C’est ainsi que les âmes vivent
À Montreuil comme partout l’existence manège le tourbillon du temps . La croix de Chavaux . l'avenue de la
résistance , le marcka pi toi mon Roland , déjà rose de cirrhose , plus d’illuses . Mais j’y avais mon pieu dans ton
gourbi . Solidarité des anciens bagnards . Pas de café , rien que du rouquin , du rhum et de vieilles histoires de
vieux chnoques , des émanances de galetouses , haricots , lard , choucroute en cane , cassoulet made in
Germany Mais le frometon franchouille ! Ce couple aussi , pas loin sur un palier d'en face : la pulpeuse Nicole et
son Denis . Louche un peu lui . Voulait mater quand je tire-bouchonnais son brancard . Un morceau faut dire la
gèerce : sur-nibardée ...
Remarque , si ça se trouve ,t’es sûrement clamsé mon Roland . T’es pas seul remarque , j’en sais d’autres .
Mais quand même ce quartier devenu bobo , quelle poésie ... Montreuil sur scène !
La Suzanne , limite vieillesse et son ostie de Sénégalais qui lui en filait des baffes , à longueur de bras !Juste
qu’elle aille encore à son âge bosser pour lui payer son seau de pinard quotidien ! S'tu veux qu'j'te dise ? La vie
c't'une rate ! La strada ! Lui , le Soumaré , se laissait pomper , soûler , nourrir , BLANCHIR , doigter , vidanger
pacha ! Grand luxe après la brousse ! Faut dire , la Suzanne était pas jolie , jolie ... Osseuse des pôles ! Mègue ,
mègue , mègue ! Devait fouetter du calfouette certain , mais le bonobite s'en crissait , voulait juste la fourrer !
Kapabe de biaiser sa mère , alors ! La vioque ça l'émouvancait les coups de boites sans O , je parie !
J’ai fini , soir de turpitude , chez la Fatima , pas loin non plus de ce boxon . Bistro de cousins . Juke-box , téloche ,
radasses de comptoir , cafards , joueuses de flute à temps plein , maques à sardines , Arbis surtout ! Foire à
foireux ! La matrone , d'Oran je crois , nichons sur le comptoir . Chambres à louer ! J’ai choisi celle du fond de
cour . Un plume , une table ,une chaise ,une armoire , fenêtre en barreaux . La paix , juste après trois ou quatre
heure du mat’ . La baisance roucouleuse . Clair de lune sur pissotière ... On s’est aimé là quelques quelque fois la
Ninette ... Fatima , ben oui , la Joelle ,un soir d’après bijouterie . Besogneuse du prose et partageuse . Enfant de
butin ! Fille de lutte ! Sociale du fruit de mer ! Comme la Yahyé , fille d’Afrique . Yaoundé Yaoundé !Pendant que
tu me braises ! Yaoundé Yaoundé !Pendant que je te raque ! La faute à Ninette ! Voulait qu'on l'héberge ! La faute
à qui guette ! Comme bien souvent l’autre s’est poussée de chez son bonhomme qui la battait .Yahyé pour finir
dans notre lit . Rien que du banal . Faut bien la classe ouvrière aussi qu’elle s’éclate ! Elle s’est ! Métro oui ,
boulôt oui mais tringlette!
Aussi Commanches ! Cosaques ! Ouvreur d’huitres ! Couvreurs de bas étages ! Ramoneurs sismiques ! Déboiteurs
de mâchoires ! Entrepreneurs des goûts ! Contracteurs de grands travaux ! Plombiers plombeurs ! Pas de répit !
Le repos ? Connais pas ! Bas ventriers ,voilà tout . La job roulait . Petits plats maison . Lentilles , patates pilées , riz
de ci ,riz de là , purée de châtaignes , Pétaques au four .
Les années bouffarde .
Les premiers emmerdiers de la boucane , femelles incluses : "fumer c'est pas bien !" Les Marthe Richard de la
pipe ! Les grandes emmerdeuses de pafs au mètre ! Les intellos déburnés ! Rabat-joie , rabat-nouilles ,
ratatouille ! Défrisés du kangourou !
Je bossais par-dessus ! Toujours été manard . La Marie-Brizard qui assomme à l’heure de la pause . Un peu Zola
nous étions mais nobles comme Barabbas en pension !Déménageurs ,éboueurs , manœuvres : fallait oublier la
condition déshumaine , la routine , le bataclan . Voyaient ça culs de travers les communautaires . Pas bon pour
leur morale tout ça . La bouffe bio d’accord mais le saucisson AVEC !
Emmanuel mon chum de chantier s’en souvient ... Fils de bourgeoisie déchue , chevalière en or avec armoiries .
Chez eux rue Saint-Lazare un vieil appartement ben ben cossu , des odeurs un peu psycho , le film . L’ancêtre qu’il
me permet d’approcher :Maman je vous présente notre ami Bébert , c'est avec lui que j’œuvre dans mon
nouveau bureau . Sacré voilier cet Emmanuel .À la terrasse du bistro voisin me confiait ses misères :Je peux
quand même pas dire à maman que je trime en prolo , pour ça que j’en fais des heures sup .Elle a sa pension
mais se croit encore dans ses années trente avec domestiques et chauffeur , pense que tout redeviendra normal
que papa reviendra de son tour du monde avec la bonniche .Je la fais patienter Quatre-vingt sept ans et pauvre
faut pas la décevoir . Je lui raconte que je travaille dans une grosse boite , que j’ai un bon salaire , lui mijote de
bonnes petitses bouffes que j’achète chez le boucher d’en face , lui fais croire que je mange avec mes collègues
au resto chaque jour mais souvent je crève la dalle . Juste besoin de la voir heureuse . Les fins de semaine je loue
une belle voiture , je l’emmène en promenade au bois de Boulogne , on y trouve encore des canotiers , quelques
gens en calèche , des verrières sous lesquelles prendre le thé , je lui raconte l'autre bord du lac , elle voit plus
vraiment bien ça lui donne du bonheur . Je lui offre du rêve , qu’elle s’en aille en douceur ...Voudrait tant me voir
marié . Oui mère , je vous le promets , dès que je rencontrerai une personne de notre rang .Comment veux tu
que je lui dise mais c’est les garçons que je préfère , comprendrait pas ...
Sacré numéro mon Emmanuel qui adorait tortorer avec les communards et moi , bouffe prolo ,kil de rouge
camembert et sauciflard . Les années métro boulot fion-fion . Les années changement .
Méancolie des âmes closes ...
Vincennes .
Rue de la liberté .Pavillon . Des rescapés de la commune ,la Ninette bien sûr . Beau coin tranquillos ,calmos , à
l’os . La chafrave toujours , peu de soleil , du bien , rien que du bien . Vies monotones , cuites occasionnelles ,
baisances ! Familles distendues et ces envies de foutre le camp , tenaillantes , ce Québec trop loin ! Mais Paris tu
peux pas lutter , la quittance est terriblement difficile ,chaque pas devient souvenir , prénom , visage . Chaque
maison livre d’histoire .
(Combien sommes- nous , Paris , t’avoir tant et tant aimée ? Combien sommes- nous , Paris ma rose , à n’avoir
jamais su te conter ? Paris sur Seine , Paris ma reine , Paris ma plaine ! Mon pain blanc , mon pain noir ,mon
pain croûté ! Céline au Wepler ! Hemingway , "Terrasss hôtel" ! Miller , "Journées tranquilles à Clichy" ! Francoise
, "le connétable ! Aragon ! Morelli ! Mouloudji !Caussimon ! Bernard Dimey ! René Meller ! Ferré !!! Colette ! La
Ninette ! Carné ! Prévert ! Zola ! J'en oublie ! Je te passerai pas le dico sous les ongles ! Morgane Paris , de toi je
suis ! Presque trop de souvenances je peux pas me rappeler tout ! Faudrait t’écrire un poème ! Que je
m’enchaine à cette folie , forçat du vocabulaire ! Valjean de la poésie ! Le temps pour sûr et le talent manqueront
à l’appel . Malade comme je suis , veillissant , dinosaure ,déjà proche de l’empaillage ... Dépensé , comme un
faux riche , mon temps je l’ai ! Jamais j'ai su compté rien ! Du vin tant j’en aurai ,du sang tant j’en aurais ... Simple
équation . Mais Paris , juste Paris ,quand tu sais pas , quand tu quittes , la musique de tes entrailles est plus la
même ! Toujours tu diras "Que sont devenues les rues , les grandes artères , les grandes avenues , les boulevards
, les impasses , les jardins , les squares , les places , les quais , les racoins , les statues , les musées , les ponts ,
les tites boutiques !
Jamais tu vivras pareil ! )
Enterrez moi proche de ma vie !
Père Lachaise , Corvisart , Glacière , Bel-Air ! Angélique !!! Dommage , ton père m’aurait préféré juif ... Jenny
pareil , le sien ! Bâtard suis pas convertible ! J'les ai qund même niquées vos filles ! De partout ! Si vous saviez ...
Shalom , salut , bonsoir ! Tant de racisme à l'envers !
Paris ma rose que mes larmes t’arrosent de mon humilité poétisante . J’en dirai , j’en dirai de toi ma belle , au long
de ma vomissure littérateuse . Juste que tu saches . Pas seulement Léon-Paul Fargues , marcheur de toi !Pas
seulement Breton Carco Guimard Clébert ! Le paysan de Paris ! Suis allé tramer dans son coin …
Rue de varenne le ciel est gris Comme à l’automne en plein mois d’août Mon cœur se bat contre minuit Mon
cœur se bat contre un vieux Loup Depuis le temps que tu nous chantes la vie qui passe et bat trop vite Depuis le
temps que tu me hantes de n’avoir pas écris la suite et je ne suis pas assez grand pour mesurer mes rimes aux
tiennes Je n’ai moi- même plus le temps ni de l’amour ni de la peine Elle s’enfuit de plus en plus loin je tremble
de plus en plus fort Un seul amour mille chagrins et voilà que déjà s’endort sous la pluie douce du matin l’enfant
qui n’a jamais grandi Tenant son rêve d’une main dans l’autre une goutte de pluie On ne revoit plus qu’à l’envers
le court chemin des écoliers À l’âge d’entrer dans l’hiver l’ombre se penche sur l’encrier Celui qui marche où s’en
va-t-il Est-ce encore vers toi mon enfance que se tourne ma vie d’exil au moment de quitter l’errance Est- ce
encore toi le dernier lieu où je me console de mes peines où je me consume de mon feu Ma tendre enfance je me
fais vieux Bien sûr les hommes bien sûr mon fils mais qui arrêtera le temps La ronde sombre de l’éclipse est sans
appel pour les gisants Un jour tu n’as plus de maison plus rien ni toit Tombent les murs tu ne vois plus à l’horizon
que la promesse d’une blessure C’était pour quoi tant de chansons La lumière s’éteindra bientôt et tu ne seras
plus qu’un nom sous la poussière de tes mots Un jour tes yeux l’autre ton cœur se fermeront comme des portes
Le vois- tu cet enfant qui pleure devant la statue que tu portes Sous la pluie douce du matin l’enfant qui n’a
jamais grandi tenant son rêve d’une main de l’autre une goutte de pluie Le vois- tu comme il te regarde mais tu
lui diras plus rien jamais faut que tu gardes le nom de mon père c’ est le tien C’est tout ce que m’auront laissé
les hommes au moment de partir Ne me pleure pas le passé n’est- il pas un bon souvenir Je t’emporte sous mes
paupières Ainsi je te verrais encore au plus profond de cette terre que j’aurai aimé si fort Il était si beau le voyage
mais il se fait tard malgré toi il se fait bien tard à mon âge Merci d’avoir été ma joie Je ne sais pas qui mais là- bas
quelqu’un me parlera de nous et je n’aurai plus jamais froid C’est un peu l’automne au mois d’août Rue de
Varenne le ciel est gris
Je te revois poète mon frère je te revois ton ombre écrit à tout jamais nos plus beaux vers Je les ai fréquenté
souvent les récitant certaines nuit avec le feu de mes vingt ans et puis voilà que tout s’enfuit Pourtant je n’étais
pas pressé jusqu’ au soir de cette brisure et tant d’autres soirs sont passé en compagnie de l’écriture Sombre
maitresse au corps ancré depuis toujours dans mes blessures A peine au monde il faut pleurer Dire la douleur qui
nous torture Le règne de la fin du jour est depuis ce temps commencé La croix est lourde et le pas lourd
L’homme qui marche est un blessé Est- il heureux celui qui chante quand il chante son chant d’adieu Est- il
heureux celui que hante un ange noir devenu vieux Elle avait noué ses cheveux autour de mes poignets d’un mot
J’étais alors cet homme heureux qui ne sait rien de son bourreau Et toi qui a noué les siens aux tiens aux serpents
de tes veines Toi tout au long de ton chemin qui nous auras caché ta peine Rue de Varenne la porte est close il
faut aller jusqu’au moulin pour connaitre le nom des choses dans la douleur des écrivains Est- il heureux celui qui
danse au son de la mélancolie Est- il heureux celui qui pense à l’amour qui n’a plus de lit Une pierre nue lui suffira
pour y graver enfin le nom qu’un autre fou murmurera comme pour lui demander pardon Comme à l’automne en
plein mois d’août mon cœur se bat contre minuit Mon cœur se bat contre un vieux loup Rue de Varenne le ciel
est gris

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