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RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique


Université Amar Telidji de Laghouat
Faculté des Sciences
Département de Mathématiques

Polycopié de Cours.
Intitulé :

Introduction à la Topologie.
Cours et exercices corrigés.
Présenté par : YAGOUB Ameur

Laboratoire de Mathématiques Pures et Appliquées (LMPA).

Email : a.yagoub@lagh-univ.dz.

Année Universitaire : 2022 - 2023.


Avant-propos.
Comme toute première version de tout ouvrage, nous invitons le lecteur, si vous découvrez
des erreurs dans le texte, je vous remercie par avance de m’en faire part. Vous pouvez
m’écrire à l’adresse a.yagoub@lagh-univ.dz.
Toutes vos remarques, vos commentaires, vos critiques, et même vos encouragements, seront
accueillis avec plaisir.

YAGOUB Ameur.
Table des matières

Notations. 5

Introduction. 7

1 Espaces topologiques. 8
1.1 Espaces topologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Voisinages et Bases. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.1 Voisinages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.2 Base d’une topologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.3 Systèmes fondamentaux de voisinages. . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3 Intérieur, adhérence d’une partie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3.1 Intérieur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3.2 Adhérence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.3.3 Frontière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.3.4 Extérieur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.4 Quelques constructions topologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.4.1 Comparaison de topologies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.4.2 Espaces séparés (Hausdorff). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.4.3 Topologie induite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.4.4 Topologie produit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.5 Suites dans les espaces topologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1.6 Applications continues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
1.6.1 Applications ouvertes et fermées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1.6.2 Homéomorphismes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
1.7 Exercices avec solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

3
TABLE DES MATIÈRES

2 Espaces métriques. 76
2.1 Distance, Espace métrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2.2 Boules dans un espace métrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.3 Distance entre deux parties et diamètre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
2.4 Topologie des espaces métriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2.5 Continuité uniforme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
2.6 Produits d’espaces métriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
2.7 Exercices avec Solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

3 Espaces complets. 99
3.1 Suites de Cauchy. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.2 Espaces métriques complets. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.3 Prolongement d’une application uniformément continue . . . . . . . . . . . . 104
3.4 Théorème du point fixe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
3.5 Exercices avec Solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

4 Espaces compacts. 113


4.1 Propriétés des espaces topologiques compacts. . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.2 Propriétés des espaces métriques compacts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
4.3 Espaces localement compacts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
4.4 Exercices avec Solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

5 Espaces connexes. 132


5.1 Composantes connexes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
5.2 Espaces localement connexes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
5.3 Connexité par arcs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
5.4 Exercices avec Solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

6 Espaces vectoriels normés. 145


6.1 Norme sur un espace vectoriel réel ou complexe. . . . . . . . . . . . . . . . . 145
6.2 Distance associée à une norme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
6.3 Normes équivalentes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
6.4 Exercices avec Solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

Bibliographie. 153

4
Notations.

R = R ∪ {+∞, −∞}.
X un ensemble quelconque.
P(X) l’ensemble des parties de X.
Q
i∈I Xi produit de la famille d’ensembles {Xi }i∈I .
Qn
i=1 Xi produit fini de la famille d’ensembles {Xi }i∈{1,2,...,n} .
T topologie sur un ensemble X.
TA topologie induite par une partie A ⊂ X.
TBA topologie induite sur une partie B par TA .
Tdi = P(X) topologie discrète sur X.
Tg = {∅, X} topologie grossière sur X.
Tu topologie usuelle de R.
Tu topologie usuelle de R.
Q
Tp topologie produit sur i∈I Xi .
CXF complémentaire de F par rapport X.
F l’ensemble des fermés de X.
FA l’ensemble des fermés de X pour la topologie induite de A.
∅ l’ensemble vide.
V(x) l’ensemble des voisinages du point x.
V(x)A l’ensemble des voisinages du point x pour la topologie induite de A .
V(A) l’ensemble des voisinages de l’ensemble A.
B base de la topologie T .
BA base de la topologie T pour la topologie induite de A.
B(x) base de voisinages de x (noté SF V ).
B(x)A base de voisinages de x pour la topologie induite de A.

A ou Int(A) l’ensemble d’intérieur de A.

BA l’ensemble d’intérieur de B pour la topologie induite de A.
A ou Adh(A) l’ensemble d’adhérence de A.

5
TABLE DES MATIÈRES

BA l’ensemble d’adhérence de B pour la topologie induite de A.


A0 l’ensemble des points d’accumulation de A.
0
(BA ) l’ensemble des points d’accumulation de B pour la topologie induite de A.
Is(A) l’ensemble des points isolés de A.
F r(A) ou ∂A l’ensemble des points frontières de A.
F r(B)A l’ensemble des points frontières de B pour la topologie induite de A.
Ext(A) l’ensemble des points extérieurs de A .
d distance sur l’ensemble X.
Td la topologie associée à la distance d.
dA distance sur sous-ensemble A ⊂ X.
d1 , d2 , ..., d∞ distances sur Kn , K = R ou C.
D1 , D2 , ..., D∞ distances sur l’espace produit X = X1 × X2 × ... × Xn .
δ(x, y) distance discrète.
dist(A, B) distance entre deux parties A et B.
dist(a, A) distance entre partie A et un point a.
diam(A) ou δ(A) diamètre d’une partie A de X.
B(a, r) boule ouverte de centre a et de rayon r.
B(a, r) boule fermée de centre a et de rayon r.
S(a, r) sphère de centre a et de rayon r.
C(a) composante connexe de l’ensemble X contenant a.
k.k norme sur l’ensemble X.
C[a, b] l’ensemble des fonctions continues sur [a, b].

6
Introduction.

Ce polycopié est un ouvrage, principalement destiné aux étudiants de deuxième année


LMD mathématiques, semestre 03. Le contenu de ce polycopié, correspond au programme
officiel de la matière Introduction à la topologie enseigné en deuxième année. Le polycopié
s’articule autour de six chapitres. A la fin de chaque chapitre on pourra trouver une série
d’exercices. A la fin de ce manuscrit, nous avons donné quelques bibliographies qui sont basé
essentiellement sur la topologie générale, et je conseille les chercheurs et les étudiants de lire
le livre [15] de Nawfal El Hage Hassan, il est très complet et couvre bien plus que le contenu
de ce cours. Nous espérons que ce polycopié réponde aux attentes des étudiants et qu’il les
aidera à réussir.
Le programme du cours est le suivant.
1. Espaces topologiques.
2. Espaces métriques.
3. Espaces complets.
4. Espaces compacts.
5. Espaces connexes.
6. Espaces vectoriels normés.
Les lettres grecques.

α alpha ι iota π pi ϕ var phi


β beta ε var epsilon ρ rho χ chi
γ gamma ϑ var theta % var rho ψ psi
δ delta κ kappa σ sigma ω omega
 epsilon λ lambda ς var sigma Γ Gamma
ζ zeta µ mu τ tau ∆ Delta
η eta ν nu υ upsilon Θ Theta
θ theta ξ xi ϕ phi ∇ nabla

7
Chapitre 1

Espaces topologiques.

Dans ce chapitre, nous présentons toutes les notions de base de la topologie. Nous allons
dégager les structures qui permettent de parler de limite et de continuité. L’exemple fonda-
mental déjà étudié en premier cycle est le cas de R et de Rn . La théorie générale englobe
bien sûr cet exemple, qu’il faut garder en tête, mais conduit parfois à des situations moins
intuitives. Soit X un ensemble quelconque. On note P(X) l’ensemble des parties de X.

1.1 Espaces topologiques.


On commence par une définition fondamentale.

Définition 1.1 (Topologique). Une topologie sur un ensemble X est la donnée d’un en-
semble T de parties de X, i.e. T ⊂ P(X), vérifiant les propriétés suivantes, appelées axiomes
des ouverts.
O1. Les ensembles ∅ et X sont des éléments de T .
O2. ∀U, V ∈ T , alors U ∩ V ∈ T . (toute intersection finie d’éléments de T est un élément
de T ).
O3. Toute réunion d’éléments, (finie ou infinie), de T est un élément de T , c-à-d : pour
toute famille {Oi , i ∈ I} de parties de T , on a
[
Oi ∈ T .
i∈I

Dans l’axiome (O2) on peut remplacer "intersection de deux éléments" par "intersection
finie", l’équivalence découlant par une récurrence immédiate utilisant l’égalité

U1 ∩ U2 ∩ ... ∩ Un = (U1 ∩ U2 ∩ ... ∩ Un−1 ) ∩ Un .

8
1.1. Espaces topologiques.

Définition 1.2 (Espace topologique). Le couple (X, T ) est appelé espace topologique et
les parties de X qui appartiennent à T sont dites parties ouvertes ou ouverts de X. Les
éléments de X sont généralement appelés points.

Les propriétés (O1), (O2) et (O3) peuvent être reformulées de la manière suivante :
O1. La partie vide ∅ et l’ensemble X sont des ouverts.
O2. L’intersection de deux ouverts est un ouvert.
O3. La réunion de toute famille d’ouverts est un ouvert.

Exemple 1.1. Soit X = {a, b}, alors les topologies définies sur X sont :

T1 = {∅, X}, T2 = {∅, X, {a}}, T3 = {∅, X, {b}}, T4 = {∅, X, {a}, {b}}.

Définition 1.3 (Partie fermée). Soit (X, T ) un espace topologique et F une partie de X.
On dit que la partie F est fermée si et seulement si le complément CXF ∈ T . On note par F
l’ensemble des fermés de X.

F = {F ∈ P(X), CXF ∈ T }.

Exemple 1.2. Considérons la topologie

T = {X, ∅, {a}; {c, d}, {a, c, d}, {b, c, d, e}},

sur X = {a, b, c, d, e}. Les fermés de X sont les ensembles

X, ∅, {b, c, d, e}, {a, b, e}, {b, e}, {a}.

La partie {b} est ni ouverte ni fermée.

Exemple 1.3 (Topologie usuelle de R). Soit Tu la famille des parties de R pouvant
s’écrire comme réunion (finie ou infinie) d’intervalles ouverts bornés de R. Alors Tu constitue
une topologie sur R. Notons que pour tout a, b ∈ R tels que a ≤ b, les ensembles ]−∞, a[, ]a, b[
et ]b, +∞[ sont, par définition, des ouverts de R, d’où ] − ∞, a], [a, b] et [b, +∞[ sont des
fermés de R. Notons aussi qu’un sous-ensemble U de R est un ouvert si pour tout x ∈ U , il
existe  > 0 tel que ]x − , x + [⊂ U . Comme
S
]k,k+1[
Z = CR k∈Z

est un fermé de R. En revanche, Q et CRQ ne sont ni ouverts ni fermés dans R (par construc-
tion de R, tout intervalle ouvert de R contient un rationnel et un irrationnel et donc, ni Q,
ni CRQ ne peut-être la réunion d’une famille d’intervalle ouvert de R).

9
1.1. Espaces topologiques.

Exemple 1.4 (Topologie usuelle de R). On note R = R∪{+∞, −∞}. Soit Tu l’ensemble
formé par ∅, R et toute réunion d’intervalles de la forme ]a, b[, ou [−∞, b[, ou ]a, +∞] (où
a et b sont des réels). C’est la topologie usuelle de R.

Remarque 1.1. Une intersection quelconque d’ouverts n’est pas nécessairement un ouvert.
En-effet : dans R muni de la topologie usuelle, les intervalles ] − n1 , n1 [ pour n ∈ N sont des
ouverts mais leur intersection, n∈N ] − n1 , n1 [= {0} n’est pas un ouvert. Tout ensemble admet
T

donc au moins deux topologies.

Définition 1.4 (Topologie discrète et topologie grossière). Soit X un ensemble. Alors


Td = P(X) est une topologie sur X, appelée topologie discrète. Un ensemble muni de la
topologie discrète est dit espace discret. Dans ce espace toute partie est à fois ouverte et
fermée. A l’autre extrême, Tg = {∅, X} est une topologie sur X, appelée topologie grossière
ou triviale.

Remarque 1.2. 1. Une partie d’un espace topologique peut-être à la fois ouverte et fer-
mée (par exemple dans l’espace discret). De même une partie d’un espace topologique
peut-être ni ouverte ni fermée (par exemple [2, 5[⊂ R dans (R, Tu )).
2. Tout ensemble admet donc au moins deux topologies (Tg , Tdi ).

Proposition. 1.1. L’ensemble F des fermés de X vérifie les propriétés suivantes :


F1) X et ∅ sont des fermés,
F2) toute réunion finie de fermés est un fermé,
F3) toute intersection de fermés est un fermé.

Démonstration. Ces propriétés des parties fermées découlent directement des propriétés
vérifiées par les parties ouvertes d’une topologie. En effet :
F1) On a vu que X et ∅ sont des ouverts et puisque CXX = ∅ et CX∅ = X on conclut que X
et ∅ sont des fermés.
F2) Si {Fi : i = 1, ..., N } une famille finie de parties fermées de X. Alors, pour tout
i = 1, ..., N on a CXFi est ouvert, donc

Si=N i=N
Fi
\
CX i=1 = CXFi
i=1

Si=N
est un ouvert (voir O2 page (1)) d’où i=1 Fi est un fermé.

10
1.2. Voisinages et Bases.

F3) Si {Fi : i ∈ I} une famille quelconque de parties fermées de X. Alors, on a


T
Fi
[
CX i∈I = CXFi
i∈I
T
est un ouvert (voir O3 page (1)) d’où i∈I Fi est un fermé.

Remarque 1.3. On peut définir une topologie à partir des ensembles fermés. De façon plus
précise, si X est un ensemble et si F est un sous-ensemble de P(X) vérifiant (F1), (F2) et
(F3), alors
T = O ∈ P(X), CXO ∈ F ,


est une topologie sur X dont l’ensemble des fermés est F.

Proposition. 1.2. Si {Ti }i∈I est une famille de topologie sur X, alors
\
T = Ti
i∈I

est une topologie sur X.

Démonstration. On a X, ∅ ∈ Ti pour tout i donc X, ∅ ∈ T . Si {Oj }j∈J ∈ T est une famille


S
d’éléments de T , alors pour tout i ∈ I et tout j ∈ J, on a Oj ∈ Ti et donc j∈J Oj ∈ Ti
S
pour tout i ∈ I. D’où j∈J Oj ∈ T . De même, T est stable par intersection finie.

Remarque 1.4. Généralement T1 ∪ T2 n’est pas une topologie sur X. En-effet : Soit X =
{a, b, c}, alors T1 = {∅, {a}, X} et T2 = {∅, {b}, X} sont deux topologies. Mais T1 ∪ T2 =
{∅, {a}, {b}, X} n’est pas une topologie, {a}, {b} ∈ T1 ∪ T2 mais {a} ∪ {b} = {a, b} ∈
/ T1 ∧ ∈
/
T2 ⇒∈
/ T1 ∪ T2 .

1.2 Voisinages et Bases.

1.2.1 Voisinages.
Définition 1.5 (Voisinage). Soit (X, T ) un espace topologique et soit x ∈ X. On appelle
voisinage de x dans X, toute partie de X contenant un ouvert contenant x. On note V(x)
l’ensemble des voisinages de x :

V(x) = {V ∈ P(X), ∃O ∈ T , x ∈ O ⊂ V } .

11
1.2. Voisinages et Bases.

Plus généralement, soit A une partie de X, on appelle voisinage de A toute partie V de X


telle qu’il existe un ouvert O de X vérifiant A ⊂ O ⊂ V . On note V(A) l’ensemble des
voisinages de A :
V(A) = {V ∈ P(X), ∃O ∈ T , A ⊂ O ⊂ V } .

On dit que V ∈ V(x) est un voisinage ouvert, si V est ouvert.


On dit que V ∈ V(x) est un voisinage fermé, si V est fermé.

Exemple 1.5. 1. Si R est muni de la topologie usuelle Tu , un sous-ensemble V de R est


un voisinage d’un point x ∈ R si et seulement s’il existe  > 0 tel que ]x − , x + [⊂ V .
Par exemple, ]x − 1, x + 1[ est un voisinage de x.
2. Si R est muni de la topologie usuelle Tu , un sous-ensemble V de R est un voisinage
du point −∞ s’il existe α ∈ R tel que [−∞, α[⊂ V . De même, un sous-ensemble W
de R est un voisinage du point +∞ s’il existe β ∈ R tel que ]β, +∞] ⊂ W .
3. Pour la topologie

T = {X, ∅, {a}; {c, d}, {a, c, d}, {b, c, d, e}},

sur X = {a, b, c, d, e}. L’ensemble {b, c, d} est un voisinage de c et n’est pas voisinage
de b.

Proposition. 1.3. Soit (X, T ) un espace topologique. Un sous-ensemble O de X est un


ouvert si et seulement si il est voisinage de chacun de ses points, i.e :

O ∈ T ⇔ ∀x ∈ O, O ∈ V(x).

Démonstration. ⇒). Si O ∈ T , on a pour tout x ∈ O, x ∈ O ⊂ O et donc O ∈ V(x).


⇐) Si O est un voisinage de chacun de ses points. Pour tout x ∈ O il existe un ouvert
V tel que x ∈ V ⊂ O et on note
[
Vx = V.
x∈V ⊂O

On a alors
[ [
O= {x} ⊂ Vx ⊂ O,
x∈O x∈O
S
et par conséquent O = x∈O Vx est un ouvert (réunion d’ouverts est un ouvert).

Proposition. 1.4. Pour tout x ∈ X, les familles V(x) de voisinages de x vérifient les
propriétés suivantes :

12
1.2. Voisinages et Bases.

1. Clairement : X ∈ V(x).
2. Pour tout x ∈ X, V(x) 6= ∅, et pour tout V ∈ V(x), on a x ∈ V .
3. Pour tout V ∈ V(x), et tout U ⊂ X, si V ⊂ U alors U ∈ V(x).
4. Toute intersection finie de voisinages de x est un voisinage de x.
5. Pour tout V ∈ V(x), il existe W ∈ V(x) tel que pour tout y ∈ W , on ait V ∈ V(y).

Démonstration. • Les trois propriétés 1., 2. et 3. sont évidentes.


• Pour la quatrième propriété, si {Vi , i = 1, ..., n} une famille de voisinages de x ∈ X.
Alors, pour tout i = 1, ..., n il existe Oi ∈ T tels que x ∈ Oi ⊂ Vi d’où on conclut que
n
\ n
\
x∈ Oi ⊂ Vi .
i=1 i=1
Tn Tn
On en déduit que i=1 Vi ∈ V(x) car i=1 Oi ∈ T .
• Pour la cinquième propriété, si V ∈ V(x), alors il existe un ouvert U tel que x ∈ U ⊂ V ,
on pose W = U , alors W ∈ V(x) et pour tout y ∈ W, V ∈ V(y).

1.2.2 Base d’une topologie.


Les ouverts d’un espace topologique ne sont parfois pas facilement identifiables et il est
souvent plus simple de décrire des ensembles particuliers qui vont générer la topologie par
union quelconque. D’où la définition suivante.

Définition 1.6 (Base d’ouvert). Soient (X, T ) un espace topologique et B ⊂ T . On dit


que B est une base d’ouverts de X ou base de la topologie T si tout ouvert non vide de X
est réunion d’ouverts appartenant à B. Autrement dit, B est une base pour T si :
[
∀O ∈ T , ∃(Ui )i∈I , avec Ui ∈ B(∀i ∈ I) : O = Ui .
i∈I

Exemple 1.6. 1. Si (X, T ) est un espace topologique, alors T est une base pour elle
même.
2. Soit l’espace topologique (R, Tu ). Alors, on a :

B = {]x, y[: x, y ∈ R},

est une base d’ouverts de la topologie usuelle. par exemple, pour x ∈ R, ]x, +∞[∈ Tu
et
[
]x, +∞[= ]x + m, x + m + 1[, ]x + m, x + m + 1[∈ B.
m∈N

13
1.2. Voisinages et Bases.

3. Dans un espace topologique (X, Tdi ) on a

B = {{x}, x ∈ X},

est une base de la topologie discrète.


4. Dans un espace topologique (X, Tg ) on a

B = {X},

est une base de la topologie grossière.


5. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X} . Alors, on a

B = {{x}, {y}, X},

est une base pour cette topologie.

Remarque 1.5. 1. Tout espace topologique (X, T ) possède au moins une base d’ouverts,
à savoir T elle même.
2. Si B est une base d’un espace topologique (X, T ) et B 0 est une famille qui contient B,
alors en utilisant la définition précédente on conclut que B 0 est une autre base de T .
Donc, un espace topologique peut avoir plusieurs bases.

Proposition. 1.5. Toute base B dune topologie T sur X possède les deux propriétés sui-
vantes :
1. Pour tout x ∈ X, il existe B ∈ B tel que x ∈ B.
2. Si B1 , B2 ∈ B et x ∈ B1 ∩ B2 , alors il existe B3 ∈ B tel que x ∈ B3 ⊆ B1 ∩ B2 .

Démonstration. Supposons que B est une base de la topologie T .


1. Puisque X est un ouvert, alors
[
X= B,
B∈B

par définition, d’où pour tout x ∈ X, il existe B ∈ B tel que x ∈ B.


2. Si B1 , B2 ∈ B, alors B1 , B2 ∈ T (car B ⊂ T ) d’où B1 ∩ B2 ∈ T . Donc,
[
B1 ∩ B2 = B
B∈B

par définition. Alors, pour tout x ∈ B1 ∩ B2 , il existe B3 ∈ B tel que x ∈ B3 ⊆ B1 ∩ B2 .

14
1.2. Voisinages et Bases.

Proposition. 1.6. Soit (X, T ) un espace topologique et B une partie de T . Alors, B est une
base de T si et seulement si pour tout O ∈ T et pour tout x ∈ O il existe Bx ∈ B tel que :
x ∈ Bx ⊂ O.

B ⊂ T est une base de T ⇔ ∀O ∈ T , ∀x ∈ O, ∃Bx ∈ B, x ∈ Bx ⊂ O.

Démonstration. • Montrons d’abord l’implication (⇒). Si B est une base d’ouverts, alors
tout ouvert O peut s’écrire sous la forme
[
O= Bi ,
i∈I,Bi ∈B

donc quelque soit x ∈ O, il existe i ∈ I tel que x ∈ Bi = Bx ⊂ O.


• Montrons maintenant la réciproque (⇐). Soit O un ouvert. Alors pour tout x ∈ O, il
existe un ouvert Bx ∈ B tel que x ∈ Bx ⊂ O. On a alors,
[ [
O= {x} = Bx ⊂ O.
x∈O x∈O

1.2.3 Systèmes fondamentaux de voisinages.


Comme pour les bases d’ouverts de X, le rôle des systèmes fondamentaux de voisinages
est de simplifier les démonstrations.

Définition 1.7 (Base de voisinage). Soient (X, T ) un espace topologique et x ∈ X. On


appelle système fondamental de voisinages de x ou base de voisinages de x (noté SF V ), toute
famille B(x) de voisinages de x telle que pour tout voisinage V de x, il existe W ∈ B(x) tel
que W ⊂ V :
∀V ∈ V(x), ∃W ∈ B(x), W ⊂ V.

Exemple 1.7. 1. Soient (X, T ) un espace topologique et x ∈ X. Alors V(x) est une base
de voisinages de x.
2. Si B(x) et B 0 (x) sont des parties de V(x) telles que B(x) ⊂ B 0 (x) et si B(x) est une
base de voisinages de x, alors B 0 (x) est également une base de voisinages de x.
3. Soit (X, T ) un espace topologique. Alors, on a :

B(x) = {O ∈ T , x ∈ O} ,

est un SF V de x.

15
1.2. Voisinages et Bases.

4. Dans un espace topologique (X, Tdi ) on a

B(x) = {{x}},

est un SF V de x.
5. Soit l’espace topologique (R, Tu ) et x ∈ R. Alors, on a :

B(x) = {]x − , x + [,  > 0},

est un SF V de x. Par exemple B(x) = {]x − n1 , x + n1 [, n ∈ N∗ }, est un SF V de x.


6. Soit R muni de la topologie usuelle, alors :

B(+∞) = {]a, +∞], a ∈ R},

est un SF V de +∞. Par exemple B(+∞) = {]n, +∞], n ∈ N}, est un SF V de +∞.

Proposition. 1.7. Soit (X, T ) un espace topologique et B ⊂ T . Les propriétés suivantes


sont équivalentes.
1. B est une base d’ouverts de X.
2. Pour tout x ∈ X, la famille {B ∈ B : x ∈ B} est une base de voisinages de x.

Démonstration. • Montrons d’abord l’implication (1 ⇒ 2). On suppose que B est une


base d’ouverts de X. Soit x ∈ X, et V un voisinage de x. Alors V contient un ouvert
B qui contient x. On peut alors écrire B comme l’union d’éléments de B. Il existe une
famille Bi , i ∈ I, d’éléments de B telle que
[
B= Bi .
i∈I

Mais alors, il existe i ∈ I tel que x ∈ Bi . Donc,

x ∈ Bi ⊂ B ⊂ V.

Donc pour tout x ∈ X, la famille {B ∈ B : x ∈ B} est une base de voisinages de x.


• Montrons maintenant l’implication (2 ⇒ 1). Supposons que pour tout x ∈ X, la famille
{B ∈ B : x ∈ B} soit une base de voisinages de x. Soit B un ouvert de X, alors B est
un voisinage de chacun de ses points, donc pour tout x ∈ B, il existe Bx ∈ B tel que
x ∈ Bx ⊂ B. Alors,
[ [
B= {x} = Bx ⊂ B.
x∈B x∈B
Ce qui prouve que B est une base d’ouverts de X.

16
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

1.3 Intérieur, adhérence d’une partie.

1.3.1 Intérieur.
Définition 1.8 (Intérieur d’une partie). Soit (X, T ) un espace topologique. Soit A une
partie de X. On dit que x ∈ X est un point intérieur de A si A est un voisinage de x,
autrement dit,
x un point intérieur de A ⇔ A ∈ V(x).

L’ensemble de tous les points intérieurs de A est appelé l’intérieur ou l’ouverture de A et



on le dénote par A ou Int(A).

A= {x ∈ X, ∃V ∈ V(x), V ⊂ A} = {x ∈ X, A ∈ V(x)}.
◦ ◦
Remarque 1.6. On a, x ∈A⇒ ∃V ∈ V(x), x ∈ V ⊂ A ⇒ x ∈ A, alors A⊂ A.

Proposition. 1.8. L’intérieur d’une partie A de X est le plus grand 1 ouvert contenu dans
A,
◦ [
A= O.
O ouvert, O⊂A


Démonstration. Pour x ∈A, alors A ∈ V(x), donc il existe O ∈ T , tel que x ∈ O ⊂ A, alors
[
x∈ O.
O ouvert, O⊂A

S ◦
Réciproquement, soit x ∈ O ouvert, O⊂A O, alors ∃O ⊂ A : x ∈ O, i.e x ∈A.

◦ ◦
Remarque 1.7. A est une partie ouverte, car A est une union d’ouverts contenus dans A,
donc un ouvert contenu dans A.

La proposition précédente nous permet d’écrire le résultat suivant :



Proposition. 1.9. Une partie A de X est ouverte si et seulement si A =A.

A ⊂ X est ouvert ⇔ A =A .

Démonstration. si A est ouvert il est dans l’union donc A =A, la réciproque est claire, car

A est un ouvert.

Exemple 1.8. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X} . Alors, on a
1. Le terme " plus grand " est utilisé au sens de l’inclusion.

17
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.


a. {x}= {x}.

b. {y, z}= {y}.

c. {z}= ∅.
2. Si A est une partie de (X, Tg ) on a les deux cas suivants :

a. X = A ⇒A= X.

b. X 6= A ⇒A= ∅.

3. Dans un espace topologique (X, Tdi ) on a, Si A est une partie de X, alors A= A (car
tout partie de X est ouverte).
4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :

a. {a}= ∅.
◦ ◦ ◦ ◦
b. [a, b]=]a, b]=[a, b[=]a, b[=]a, b[.
◦ ◦ ◦ ◦
c. N=Z=Q=CRQ = ∅.

Proposition. 1.10. Soit (X, T ) un espace topologique et A, B deux parties de X. Alors :


◦ ◦
1. A ⊂ B ⇒ A⊂B .

2. A ⊂ B et A ouvert ⇒ A ⊂B .

z}|{
◦ ◦
3. A =A.

z }| { ◦ ◦
4. A ∩ B=A ∩ B .

z }| { ◦ ◦
5. A ∪ B⊃A ∪ B . En général, l’inclusion est stricte.

6. A ∈ V(B) ⇔ B ⊂A.

Démonstration. 1. Supposons que A ⊂ B, et soit x ∈A, alors A ∈ V(x), puisque A ⊂ B,

on a aussi B ∈ V(x), donc x ∈B .
2. Par 1.).

z}|{
◦ ◦ ◦
3. Puisque A est une partie ouverte, alors A =A.
◦ ◦ ◦
z }| { ◦ z }| { ◦ z }| { ◦ ◦
4. Comme A ∩ B ⊂ A, on a A ∩ B⊂A, de même, A ∩ B⊂B , d’où A ∩ B⊂A ∩ B . Par

◦ ◦ ◦ ◦ z }| {
ailleurs, A ∩ B est un ouvert contenu dans A ∩ B et donc A ∩ B ⊂A ∩ B.

18
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

◦ ◦ ◦

z }| { ◦ z }| { z }| { ◦ ◦
5. A ⊂ A ∪ B ⇒A⊂A ∪ B, de même, B ⊂A ∪ B et par conséquent A ∪ B⊃A ∪ B .
Un exemple d’inclusion stricte : dans R muni de la topologie usuelle, on prend A =

◦ ◦ z }| {
[0, 1[, B =]1, 2]. On a A=]0, 1[, par le même raisonnement, B =]1, 2[. Alors A ∪ B=
◦ ◦
]0, 2[, mais A ∪ B =]0, 2[\{1}.

6. ⇒) A ∈ V(B) ⇒ ∀x ∈ B, A ∈ V(x) ⇒ B ⊂A.
◦ ◦ ◦
⇐) Supposons que B ⊂A, on a B ⊂A⊂ A, puisque A est un ouvert alors A ∈ V(B).

1.3.2 Adhérence.
Définition 1.9 (Adhérence d’une partie). Soit (X, T ) un espace topologique, A ⊂ X et
x ∈ X. On dit que x est un point adhérent à A si et seulement si tout V ∈ V(x) contient au
moins un point de A. Autrement dit :

x un point adhérent de A ⇔ ∀V ∈ V(x), V ∩ A 6= ∅.

L’ensemble de tous les points adhérents à A est appelé l’adhérence ou la fermeture de A et


on le note par A ou Adh(A).i.e,

A = {x ∈ X, ∀V ∈ V(x), V ∩ A 6= ∅}.

Remarque 1.8. Par définition, si x ∈ A, on a ∀V ∈ V(x), V ∩ A contient au moins le


point x, donc A ⊂ A.

Exemple 1.9. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X} . Alors, on a
a. {x} = {x, z}.
b. {y, z} = {y, z}.
c. {z} = {z}.
2. Si A est une partie de (X, Tg ) on a les deux cas suivant :
a. A = X, si A 6= ∅.
b. ∅ = ∅.
3. Dans un espace topologique (X, Tdi ) on a, Si A est une partie de X, alors A = A (car
tout partie de X est fermée).
4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :

19
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

a. {a} = {a}.
b. [a, b] = ]a, b] = [a, b[ = ]a, b[ = [a, b].
c. N = N, Z = Z, Q = CRQ = R.

Proposition. 1.11. A est le plus petit 2 fermé qui contient A, i.e


\
A= F.
F ∈F ,F ⊃A

Où F désigne l’ensemble de tous les fermés de X.


T
Démonstration. Soit A une partie de X. Il s’agit de montrer que l’on a :A = F. Pour
F ∈F ,F ⊃A
tout x ∈ X, on a :

x∈
/ A ⇔ ∃V ∈ V(x), V ∩ A = ∅,
⇔ ∃O ∈ T , x ∈ O, O ∩ A = ∅,
⇔ ∃O ∈ T , x ∈ O, A ⊂ CXO ,
⇔ ∃F = CXO ∈ F, x ∈
/ F, A ⊂ F,
\
⇔ x∈/ F.
F ∈F ,F ⊃A

T
D’où l’équivalence : x ∈ A ⇔ x ∈ F. Donc, A est le plus petit fermé qui contient A.
F ∈F ,F ⊃A

La proposition précédente nous permet d’écrire le résultat suivant :

Proposition. 1.12. A est fermé dans X ⇔ A = A.

Démonstration. Soit A une partie de X.


⇒) Supposons que A est fermée. Alors, le plus petit fermé de X contenant A est, de toute
évidence, A lui même, c’est-à-dire qu’on a A = A,
⇐) Supposons qu’on a A = A. Comme A est le plus petit fermé de X contenant A, alors
A est fermé alors A (=A ) est fermé.

La proposition suivante nous donne quelques propriétés de l’adhérence d’une partie d’un
espace topologique.
2. Le terme " plus petit " est utilisé au sens de l’inclusion.

20
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

Proposition. 1.13. Soit (X, T ) un espace topologique et A, B deux parties de X. Alors :


1. A ⊂ B et B fermé ⇒ A ⊂ B.
2. A ⊂ B ⇒ A ⊂ B.
3. A = A.
4. A ∪ B = A ∪ B.
5. A ∩ B ⊂ A ∩ B. En général, l’inclusion est stricte.

Démonstration. 1. Soit B un fermé de X tel que A ⊂ B. Pour montrer que A ⊂ B, il


suffit de montrer que l’on a CXB ⊂ CXA . Soit x ∈ CXB . Puisque CXB est un ouvert de X,
alors CXB est un voisinage de x dans X. Or on a (CXB ) ∩ A = ∅, d’où x ∈
/ A. Donc on
a x ∈ CXA . Par conséquent, on a CXB ⊂ CXA .
2. Soit x ∈ A, alors pour tout voisinage V de x dans X, on a V ∩ A 6= ∅. Or on a
V ∩ A ⊂ V ∩ B, donc V ∩ B 6= ∅, et par conséquent x ∈ B, d’où A ⊂ B.
3. Puisque A est une partie fermée, alors (A) = A.
4. Comme A ⊂ A ∪ B, on a A ⊂ A ∪ B, de même, B ⊂ A ∪ B, d’où A ∪ B ⊂ A ∪ B.
De-plus , A ⊂ A, B ⊂ B, donc A ∪ B ⊂ A ∪ B.
5. A ∩ B ⊂ A ⇒ A ∩ B ⊂ A, de même, A ∩ B ⊂ B et par conséquent A ∩ B ⊂ A ∩ B.
Un exemple d’inclusion stricte : dans R muni de la topologie usuelle, on prend A =
[0, 1[, B =]1, 2]. On a A = [0, 1], par le même raisonnement, B = [1, 2]. Alors A ∩ B =
∅ = ∅, mais A ∩ B = {1}.

Proposition. 1.14. Soit (X, T ) un espace topologique et A une partie de X. Alors :



1. CXA = CXA .

2. CXA = CXA .

Démonstration. Soit A une partie de X.


1. Pour tout x ∈ X, on a :

x ∈CXA ⇔ ∃V ∈ V(x), V ⊂ CXA ,
⇔ ∃V ∈ V(x), V ∩ A = ∅,
⇔ x∈
/ A,
⇔ x ∈ CXA

21
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

2. D’après ce qui précède, on a



z}|{
CA CA ◦
CX X =CX X =A,

d’où CXA = CXA .

Nous définissons maintenant les notions du point d’accumulation et du point isolé qui
sont également importantes et riches en application.

Points d’accumulations.
Définition 1.10 (Point d’accumulation). Soit (X, T ) un espace topologique, A ⊂ X et
x ∈ X. On dit que x est un point d’accumulation de A si tout voisinage de x dans X contient
un point de A distinct de x lui-même (x n’est pas forcément dans A).

x un point d’accumulation de A ⇔ ∀V ∈ V(x), V ∩ (A \ {x}) 6= ∅.

L’ensemble des points d’accumulation de A s’appelle ensemble dérivée de A et se note


A0 .i.e,
A0 = {x ∈ X, ∀V ∈ V(x), V ∩ ((A \ {x}) 6= ∅}.

Proposition. 1.15. Tout point d’accumulation est un point adhérent ( i.e A0 ⊂ A), plus de
ça on a :
A = A ∪ A0 .

Démonstration. 1) si x ∈ A0 , alors ∀V ∈ V(x), V ∩ (A \ {x}) 6= ∅ ⇒ ∀V ∈ V(x), V ∩ A 6=


∅ ⇒ x ∈ A.
/ A, alors A \ {x} = A. Donc : ∀V ∈ V(x), V ∩ (A \ {x}) 6= ∅, i.e x ∈ A0 ,
2) Soit x ∈ A. Si x ∈
alors A − A ⊂ A0 ⇒ A ⊂ A0 ∪ A.
Réciproquement, soit x ∈ A ∪ A0 , si x ∈ A, alors x ∈ A. Supposons que x ∈ A0 , alors
∀V ∈ V(x), V ∩ (A \ {x}) 6= ∅. Mais A \ {x} ⊂ A. Donc : ∀V ∈ V(x), V ∩ A 6= ∅, i.e x ∈ A.

Proposition. 1.16. Une partie A est fermée si et seulement si A ⊃ A0 .

Démonstration. Si A est fermée, alors A = A or A ⊃ A0 donc A ⊃ A0 .


Si A ⊃ A0 . on a aussi A ⊃ A0 ⊃ A − A.. Or si x ∈ A − A, alors x ∈ A si et seulement si
A ⊂ A c’est-à-dire A = A, donc A est fermé.

22
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

Exemple 1.10. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X} . Alors, on a
a. Si A = {x}, alors z est un point d’accumulation de A.
b. Si A = {y, z}, alors z est un point d’accumulation de A.
2. Dans un espace topologique (X, Tg ), si A 6= ∅ est une partie de X on a les deux cas
suivant :
{x}
a. A0 = CX , si A = {x}.
b. A0 = X, si A contient 2 points ou plus.
3. Dans un espace topologique (X, Tdi ) on a, si A est une partie de X, donc A0 = ∅. (car
∀x ∈ X, ∃V = {x}, ouvert tel que V ∩ A \ {x} = ∅).
4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :
a. Si A =]a, b], alors a est un point d’accumulation de A.
1
b. Si A = { n+1 , n ∈ N}, alors le point 0 n’appartient pas à A mais il est point
d’accumulation de A.
c. N0 = Z0 = ∅, Q0 = (CRQ )0 = R.

Points isolés.
Définition 1.11 (Point isolé). Soit (X, T ) un espace topologique, A ⊂ X. On dit qu’un
point x ∈ A est un point isolé dans A s’il existe un voisinage V de x dans X tel que
V ∩ A = {x}.
x un point isolé de A ⇔ ∃V ∈ V(x), V ∩ A = {x}.

On note Is(A) l’ensemble des points isolés de A. i.e,

Is(A) = {x ∈ A, ∃V ∈ V(x), V ∩ A = {x}}.

Remarque 1.9. 1. Un point x ∈ A qui n’est pas un point d’accumulation de A est un


point isolé de A.
2. Tout point adhérent à A est soit un point d’accumulation de A, soit un point isolé de
A (d’après les définitions). On a donc

A = A0 ∪ Is(A) et A0 ∩ Is(A) = ∅.

Proposition. 1.17. Un point x de X est un point isolé dans X si et seulement si le singleton


{x} est un ouvert de X.

23
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

Démonstration. ⇐) Supposons que le singleton {x} est un ouvert de X, alors ∃V = {x} ∈


V(x), {x} ∩ X = {x}, donc x est un point isolé dans X.
⇒) Supposons que x est un point isolé dans X, alors ∃V ∈ V(x), V ∩ X = {x},donc ∃O
ouvert de X, tel que x ∈ O, O ∩ X = {x}, puisque O ⊂ X ∧ O ∩ X = {x}, alors O = {x},
d’où {x} est ouvert dans X.

Exemple 1.11. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X} . Alors, on a
a. Si A = {x}, Le point x est un point isolé de A.
b. Si A = {y, z}, Le point y est un point isolé de A.
2. Si A est une partie de (X, Tg ) on a Is(A) 6= ∅.
3. Tout point d’un espace topologique (X, Tdi ) est isolé.(car le singleton {x} est un ouvert
de X).
4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :
a. Si A = {0} ∪ [1, 2], alors 0 est un point isolé de A.
1
b. Si A = { n+1 , n ∈ N}, alors Le point 1 est un point isolé de A, mais n’est pas point
1 1
d’accumulation, et tout point n+1
de A est un point isolé de A (car A∩] n+2 , n1 [=
1
{ n+1 }).
1
c. Dans A = {0} ∪ { n+1 , n ∈ N}, 0 n’est pas isolé.
d. tous les points de N sont isolés, i.e Is(N) = N,
Is(Z) = Z, Is(Q) = Is(CRQ ) = ∅.

Densité.
Définition 1.12 (Ensemble dénombrable). On dit qu’un ensemble X est dénombrable
s’il existe une bijection de X sur l’ensemble des entiers naturels N. On dit que N est au plus
dénombrable s’il existe une bijection de X sur une partie de N.

Exemple 1.12. 1. Les ensembles N, N∗ et Z sont dénombrables.


2. Une partie infinie de N est dénombrable.
3. Une partie infinie de ensemble dénombrable est dénombrable.
4. Le produit cartésien d’un nombre fini d’ensembles dénombrables est dénombrable.
5. L’ensemble Z × N∗ est dénombrable, donc Q est aussi dénombrable.
6. Toute réunion dénombrable d’ensembles dénombrables est dénombrable.

24
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

7. L’ensemble des nombres réels R est un ensemble infini non dénombrable.

Définition 1.13. Soit (X, T ) Un espace topologique.


1. (X, T ) est à base dénombrable de voisinages si tout point admet une base dénombrable
de voisinages.
2. (X, T ) est à base dénombrable si T admet une base dénombrable.

Définition 1.14 (Partie dense). Soit (X, T ) un espace topologique, A et B deux parties
de X.
1. On dit que A est dense dans B si et seulement si tout point de B est un point adhérent
de A, autrement dit :
A est dense dans B ⇔ B ⊂ A.

2. On dit que A est partout dense (ou dense dans X) si A = X.


2. On dit que X est séparable s’il admet une partie dénombrable et dense dans X.

Remarque 1.10. Soient X un espace topologique et A ⊂ X. On déduit de la proposition


1.14 que l’on a :

A est dense dans X ⇔ CXA = ∅.

Exemple 1.13. 1. Soient X = {x, y, z, t} et T = {∅, {x}, {x, y}, X}. On pose A = {t}
et B = {x, z}, on a B est dense dans A car A ⊂ B = X mais A n’est pas dense dans
B car B * A = {z, t}.
2. Dans (X, Tg ), toute partie de X est dense dans X.
3. Dans un espace topologique (X, Tdi ), soient A et B deux partie de X telles que B ⊂ A,
alors A est dense dans B. De plus, il n’existe aucune partie A 6= X dense dans X, X
est la seule partie partout dense.
4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :
a. Soient A = [a, b[ et B =]a, b[. Il est claire que A est dense dans B car B ⊂ A =
[a, b].
c. On a Q = R, alors Q est partout dense dans R, de-pulse, comme Q est dénom-
brable, alors R est séparable.

Proposition. 1.18. A est dense dans X si et seulement si tout ouvert non vide de X contient
au moins un point de A.
A = X ⇔ ∀O ∈ T , O ∩ A 6= ∅.

25
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

Démonstration. ⇒) Supposons que A est une partie dense dans X et O un ouvert non vide
de X. Puisque A = X, il vient que O ⊂ A d’où A ∩ O 6= ∅, car O est un voisinage de chacun
de ses points.
⇐) Supposons que pour tout ouvert O de X on a A ∩ O 6= ∅. Alors, pour tout voisinage V
d’un point x ∈ X on aura A ∩ V 6= ∅, car V contient un ouvert non vide. Donc, x ∈ A, d’où
A = X.

Proposition. 1.19. Tout espace à base dénombrable est à bases dénombrables de voisinages.

Démonstration. Soient x ∈ X et B une base dénombrable de T . Alors Bx = {O ∈ B, x ∈ O}


est une base dénombrable de voisinages de x.

Proposition. 1.20. Tout espace à base dénombrable est séparable.

Démonstration. Soit B = {Oi , i ∈ N} une base dénombrable de T . Pour tout i ∈ N tel


que Oi soit non vide, fixons un point xi ∈ Oi . L’ensemble D = {xi , i ∈ N} est visiblement
dénombrable. Il est aussi dense. En effet, soient U un ouvert non vide et x ∈ U . Il existe
i ∈ N tel que x ∈ Oi ⊂ U . Alors xi est dans U , et D rencontre U , donc d’après proposition
1.18, D = X.

1.3.3 Frontière.
Définition 1.15 (Frontière d’une partie). Soient (X, T ) un espace topologique, A ⊂ X
et x ∈ X. On dit que x est un point frontière de A s’il est adhérent à la fois à A et à CXA .
Autrement dit :
x un point frontière de A ⇔ x ∈ A ∩ CXA .

L’ensemble de tous les points frontières à A est appelé frontière de A et on le note par F r(A)
ou ∂A.
F r(A) = {x ∈ X, ∀V ∈ V(x), V ∩ A 6= ∅ ∧ V ∩ CXA 6= ∅}.

Il existe une autre formule pour définir la frontière d’une partie d’un espace topologique,
elle est donnée par la proposition suivante :

Proposition. 1.21. Soient (X, T ) un espace topologique, et A ⊂ X, on a


◦ ◦
F r(A) = A ∩ CXA = A ∩ CXA = A− A .

26
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

Démonstration. C’est une conséquence immédiate de la proposition (1.14).

Remarque 1.11. Par définition, F r(A) est une partie fermée.

Exemple 1.14. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X}. Alors, on a
{x}
a. F r({x}) = {x} ∩ CX = {x} ∩ {y, z} = {x, z} ∩ {y, z} = {z}.
{y,z}
b. F r({y, z}) = {y, z} ∩ CX = {y, z} ∩ {x} = {y, z} ∩ {x, z} = {z}.
{z}
c. F r({z}) = {z} ∩ CX = {z} ∩ {x, y} = {z} ∩ {x, y, z} = {z}.
2. Si A est une partie de (X, Tg ) on a les deux cas suivants :
a. F r(A) = A ∩ CXA = X ∩ X = X, si A 6= ∅.
b. F r(∅) = ∅ ∩ CX∅ = ∅ ∩ X = ∅.
3. Dans l’espace topologique (X, Tdi ) on a, si A est une partie de X, alors

F r(A) = A ∩ CXA = A ∩ CXA = ∅,

(car toutes les parties de X sont fermées et ouvertes sur Tdi ).


4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :
[a,b]
a. F r([a, b]) = [a, b]∩CR = [a, b]∩] − ∞, a[∪]b, +∞[ = [a, b]∩(]−∞, a]∪[b, +∞[) =
{a, b}.
b. F r(N) = N ∩ CRN = N ∩ R = N,
F r(Z) = Z ∩ CRZ = Z ∩ R = Z,
F r(Q) = Q ∩ CRQ = R ∩ R = R.

Maintenant, voici quelques propriétés de la frontière.

Proposition. 1.22. Soit A une partie d’un espace topologique (X, T ). Alors, on a :
1. A est à la fois ouvert et fermé ⇔ F r(A) = ∅.
2. A est ouvert ⇔ F r(A) ∩ A = ∅.
3. A est fermé ⇔ F r(A) ⊆ A.
4. F r(A) = F r(CXA ).

Démonstration. 1. A est à la fois ouvert et fermé ⇔ A =A= A ⇔ F r(A) = ∅.
2. ⇒) Soit A est ouvert ⇒ F r(A) ∩ A = CXA ∩ A ∩ A = (A ∩ CXA ) ∩ A = ∅ ∩ A = ∅.
⇐) Soit F r(A) ∩ A = ∅ ⇒ CXA ∩ (A ∩ A) = ∅ ⇒ CXA ∩ A = ∅ ⇒ CXA ⊂ CXA , d’où
CXA = CXA , donc CXA est fermé, alors A est ouvert.

27
1.3. Intérieur, adhérence d’une partie.

3. ⇒) Soit A est fermé, alors F r(A) = CXA ∩ A ⊆ A.


⇐) Soit F r(A) ⊆ A ⇒ CXA ∩ A ⊆ A ⇒ CXA ∩ A ∩ CXA = ∅ ⇒ A ∩ CXA = ∅ ⇒ A ⊂ A,
d’où A = A, donc A est fermé.
CA
4. F r(CXA ) = CXA ∩ CX X = CXA ∩ A = F r(A).

1.3.4 Extérieur.
Définition 1.16 (Extérieur d’une partie). Soient (X, T ) un espace topologique, et A ⊂
X et x ∈ X. On dit que x est un point extérieur de A s’il est intérieur au complémentaire
de A. Autrement dit :

z}|{
x un point extérieur de A ⇔ x ∈ CXA .

L’ensemble de tous les points extérieurs à A est appelé extérieur de A et on le note par
Ext(A).
Ext(A) = {x ∈ X, CXA ∈ V(x)}.

Proposition. 1.23. Soient (X, T ) un espace topologique, et A ⊂ X, on a



z}|{
Ext(A) = CXA = CXA .

Démonstration. C’est une conséquence immédiate de la proposition (1.14).

Remarque 1.12. Par définition, Ext(A) est une partie ouverte.

Exemple 1.15. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X}. Alors, on a

z}|{ ◦
{x}
a. Ext({x}) =CX ={y, z}= {y}.

z }| { ◦
{y,z}
b. Ext({y, z}) =CX ={x}= {x}.

z}|{ ◦
{z}
c. Ext({z}) =CX ={x, y}= {x, y}.
2. Sur l’espace (X, Tg ) on a les deux cas suivant :

z}|{
a. Si A = X, alors Ext(A) = CXX = ∅.

28
1.4. Quelques constructions topologiques.


z}|{
b. A 6= X ⇒ Ext(A) = CXA = ∅.
3. Dans l’espace topologique (X, Tdi ) on a, si A est une partie de X, alors Ext(A) = CXA .
4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :

z}|{
{a}
a. Ext({a}) =CX = R − {a}.
b. Ext([a, b]) = Ext(]a, b]) = Ext([a, b[) = Ext(]a, b[) =] − ∞, a[∪]b, +∞[.
c. Ext(N) = Ext(Z) = R.
d. Ext(Q) = Ext(CRQ ) = ∅.

Maintenant, voici quelques propriétés de l’extérieure.

Proposition. 1.24. Soient A et B deux parties d’un espace topologique (X, T ). Alors :
1. Ext(A) ⊆ CXA .
Ext(A)
2. Ext(A) = Ext(CX ).
3. Ext(A ∪ B) = Ext(A) ∩ Ext(B).
4. A = X ⇔ Ext(A) = ∅.

z}|{
Démonstration. 1. Ext(A) = CXA ⊆ CXA .

z }| { ◦
Ext(A)
C
Ext(A)
z }| {
2. Ext(CX ) =CX X =Ext(A)= Ext(A).
◦ ◦
z }| { z }| { ◦ ◦
3. Ext(A ∪ B) =CXA∪B =CXA ∩ CXB =CXA ∩ CXB = Ext(A) ∩ Ext(B).
4. A = X ⇔ Ext(A) = CXA = ∅.

1.4 Quelques constructions topologiques.

1.4.1 Comparaison de topologies.


Définition 1.17 (Comparaison de topologies). Soit X un ensemble et T1 , T2 deux
topologies sur X.
1. On dit que T1 est plus fine que T2 si T2 ⊂ T1 , autrement dit, si tout ouvert de X par
rapport à T2 est aussi un ouvert de X par rapport à T1 .

T1 est plus fine que T2 ⇔ T2 ⊂ T1 ⇔ ∀O ∈ T2 , O ∈ T1 .

29
1.4. Quelques constructions topologiques.

2. On dit que T1 est est moins fine que T2 si T1 ⊂ T2 .

T1 est moins fine que T2 ⇔ T1 ⊂ T2 ⇔ ∀O ∈ T1 , O ∈ T2 .

3. On dit T1 et T2 sont comparables si T2 ⊂ T1 ou si T1 ⊂ T2 .

Exemple 1.16. La topologie discrète est la plus fine et la topologie grossière, la moins fine
de toutes les topologies. Dans le cas de R la topologie usuelle se situe entre les deux.

Proposition. 1.25. Soit {Ti : i ∈ I} un ensemble de topologies sur X. Alors, l’intersection


T
i∈I Ti est une topologie sur X qui est la moins fine de chaque une des topologies Ti .

T
Démonstration. Évidente, car i∈I Ti ⊂ Ti , ∀i ∈ I.

1.4.2 Espaces séparés (Hausdorff).


La notion d’espace séparé que l’on va définir est très importante dans la suite, car elle
assure notamment l’unicité de la limite d’une fonction lorsqu’elle existe ( voir section 1.5).

Définition 1.18 (Espace séparé). Un espace topologique (X, T ) est dit séparé ou Haus-
dorff si et seulement si pour tous deux points distincts x et y de X, il existe V ∈ V(x) et
W ∈ V(y) tels que V ∩ W = ∅.

X est séparé ⇔ ∀x, y ∈ X, x 6= y, ∃V ∈ V(x), W ∈ V(y), V ∩ W = ∅.

Autrement dit, aussi, on peut séparer les points par des ouverts, c.à.d

X est séparé ⇔ ∀x, y ∈ X, x 6= y, ∃Ox , Oy ∈ T , Ox ∩ Oy = ∅.

Exemple 1.17. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X}. Alors, X n’est
pas séparé, car ∃x, z ∈ X, x 6= z, ∀V ∈ V(x), W ∈ V(z), V ∩ W 6= ∅.
2. L’espace (X, Tg ), n’est pas séparé car si x 6= y alors tout voisinage de x ou de y est
l’ensemble X lui même.
3. Dans l’espace topologique (X, Tdi ), alors {x} et {y} sont des ouverts disjoints si x et
y sont distincts, donc X est séparé.
4. L’espace topologique (R, Tu ) est un espace séparé, en-effet : ∀a, b ∈ R, a < b, en posant
|b−a|
x= 3
, les deux intervalles ouverts ]a − x, a + x[ et ]b − x, b + x[ sont bien disjoints,
le premier étant un voisinage de a et le second est un voisinage de b.

30
1.4. Quelques constructions topologiques.

Proposition. 1.26. Soit X un espace topologique. Les propriétés suivantes sont équivalentes.
1. X est séparé.
2. L’intersection des voisinages fermés d’un point quelconque de X est l’ensemble réduit
à ce point. i.e pour tout x ∈ X on a
\
Vx = {x},
Vx ∈V(x)

tel que Vx est voisinage fermé de x.

Démonstration. ⇒) Soit X un espace topologique séparé et x ∈ X. On veut montrer


T
que Vx ∈V(x) Vx = {x}, tel que Vx est voisinage fermé de x. Supposons qu’il existe y ∈
T
Vx ∈V(x) Vx , tel que y 6= x, alors ils existent deux voisinages ouverts Ox et Oy de x et y,
O
respectivement, tels que Ox ∩ Oy = ∅ ce qui signifie que CX y est un voisinage fermé de x
(car il contient Ox ) ce qui contredit l’appartenance de y à tous les voisinages fermés de x.
⇐) supposons que, pour tout x ∈ X, l’intersection des voisinages fermés de a se réduise à
{x}. Soient alors x et y distincts. Puisque y n’appartient pas à tous les voisinages fermés de
x, il existe un voisinage fermé V0 de x tel que y ∈
/ Vx , alors ∃Ox ouvert tel que y ∈
/ Vx ⊃ Ox ,
donc Ox est un ouvert contenant x, et CXVx est un ouvert contenant y, dont l’intersection est
vide, et X est bien séparé.

En utilisant la proposition précédente on obtient le résultats suivant :

Proposition. 1.27. Soit (X, T ) un espace topologique séparé. Alors


1. Tout singleton {x} ⊂ X est fermé.
2. Si A = {x1 , x2 , ..., xn } est fini dans X, alors A est fermé.
T
Démonstration. 1. Si X est séparé, alors pour tout x ∈ X on a {x} = Vx ∈V(x) Vx , avec
Vx est voisinage fermé de x, donc {x} est intersection quelconque des fermes, d’où {x}
est fermé.
Tn
2. Si X est séparé, alors pour tout i = 1, 2, ..., n, {xi }, est fermé, on a A = i=1 xi l’union
fini des fermés est fermé, ce qui implique que A est fermé.

Proposition. 1.28. Soit (X, T ) un espace topologique séparé. Soit A une partie X. Alors x
est un point d’accumulation de A (x ∈ A0 ) si et seulement si pour tout V ∈ V(x), V ∩ A est
contient une infinité de points. i.e,

(X, T ) séparé , x ∈ A0 ⇔ ∀V ∈ V(x), Card(V ∩ A) = +∞.

31
1.4. Quelques constructions topologiques.

Démonstration. ⇐) Il existe au moins un élément y, y 6= x dans V ∩ A, et donc x ∈ A0 .


⇒) Si V ∩ A était fini alors V ∩ (A \ {x}) serait aussi fini, c’est-à-dire V ∩ (A \ {x}) =
{x1 , x2 , ..., xn } est un fermé F , et donc CXF est un ouvert contenant x, soit W = CXF , on a
V ∩ W = U est un voisinage de x et U ∩ (A \ {x}) = ∅, c’est-à-dire x n’est pas un point
d’accumulation, d’où la contradiction.

Remarque 1.13. Il vient de la proposition précédente que toute partie finie d’un espace
topologique séparé ne possède aucun point d’accumulation.

1.4.3 Topologie induite.


Définition 1.19 (Sous-espace topologique). Soient (X, T ) un espace topologique et A
une partie non vide de X.
1. On appelle la trace d’un ouvert O ∈ T sur A, la partie OA définie par : OA = A ∩ O.
La famille des traces des ouverts de X sur A est notée par TA et on écrit :

TA = {OA = A ∩ O, O ∈ T }.

2. La famille des traces, TA , est une topologie sur A appelée la topologie induite par la
partie A. On dit que (A, TA ) est un sous-espace topologique de (X, T ).

Proposition. 1.29. le couple (A, TA ) est un espace topologique.

Démonstration. Soient (X, T ) un espace topologique et A une partie non vide de X.


1. Puisque X, ∅ ∈ T (car T est une topologie sur X) alors X ∩ A = A ∈ TA , et ∅ ∩ A =
∅ ∈ TA .
2. Soient U1 et U2 deux parties de A, appartenant à TA , et montrons que U1 ∩ U2 ∈
TA . Par définition même de TA , les parties U1 et U2 de A sont de la forme : U1 = O1 ∩A
et U2 = O2 ∩ A, avec O1 , O2 ∈ T . D’où :

U1 ∩ U2 = (O1 ∩ A) ∩ (O2 ∩ A) = (O1 ∩ O2 ) ∩ A ∈ TA ,

car O1 ∩ O2 ∈ T .
S
3. Soit (Ui )i∈I une famille de parties de A, appartenant à TA , et montrons que i∈I Ui ∈
TA . Par définition même de TA , chaque Ui (i ∈ I) s’écrit sous la forme : Ui = Oi ∩ A,
avec Oi ∈ T . D’où :
[ [ [
Ui = (Oi ∩ A) = A ∩ Oi ∈ TA ,
i∈I i∈I i∈I
S
car i∈I Oi ∈ T .

32
1.4. Quelques constructions topologiques.

En conclusion, TA constitue bien une topologie sur A.

Exemple 1.18. 1. Soient X = {a, b, c, d, e}, T = {∅, {a}, {c, d}, {a, c, d}, {b, c, d, e}, X}
et A = {a, b, e}. Alors la topologie induite par T sur A est

TA = {∅, {a}, {d}, {a, d}, {d, e}, A}.

2. Dans l’espace (X, Tg ), si A est une partie de X, alors la topologie induite par la partie
A, c’est la topologie grossière sur A, i.e, TA = {∅, A}.
3. Dans l’espace (X, Tdi ), a topologie de A induite par la topologie discrète de X est la
topologie discrète de A. En-effet : pour tout x ∈ X, {x} est un ouvert de (X, Tdi ), donc
pour tout x ∈ A, {x} = {x} ∩ A est un ouvert de A.
4. Dans l’espace topologique (R, Tu ) et a, b ∈ R. Alors, on a :
la topologie induite sur Z par la topologie usuelle sur R est la topologie discrète car

∀n ∈ Z : {n} =]n − 1, n + 1[∩Z,

Comme ]n − 1, n + 1[ ouvert dans R, alors {n} ouvert de la topologie induite sur Z.


Les singletons sont des ouverts de la topologie induite sur Z donc celle-ci est bien la
topologie discrète sur Z.

Proposition. 1.30. Soient (X, T ) un espace topologique et A une partie de X, on a


1. FA = (F ∩ A)F ∈F (où F est l’ensemble des fermés de X ) est la famille des fermés de
A pour la topologie induite par celle de X.
2. Soit x ∈ A, alors
V(x)A = (V ∩ A)V ∈V(x)

est la famille des voisinages de x dans A pour la topologie induite (où V(x) est la
famille des voisinages de x dans X).
3. Si B(x) est un base de voisinages de x dans X alors

B(x)A = {B ∩ A, B ∈ B(x)},

est une base de voisinages de x dans A pour la topologie induite.


4. Si B est une base de (X, T ), alors

BA = {B ∩ A, B ∈ B},

est une base de (A, TA ).

33
1.4. Quelques constructions topologiques.

Démonstration. 1. FA est un fermé de A pour la topologie induite si et seulement si CAFA


est un ouvert de A pour la topologie induite, si et seulement si il existe O ∈ T tel que
CAFA = A ∩ O. Donc FA est un fermé de A pour la topologie induite si et seulement si
il existe O ∈ T tel que
FA
C
FA = CA A = CAA∩O = A − (A ∩ O) = A ∩ (CXA ∪ CXO ) = A ∩ CXO ,

si et seulement si il existe F ∈ F tel que FA = A ∩ F .


2. Si V ∈ V(x), x ∈ A alors il existe O ∈ T tel que x ∈ O ⊂ V . Alors x ∈ O ∩A ⊂ V ∩A,
et donc V ∩ A est un voisinage de x dans A pour la topologie induite (V ∩ A ∈ V(x)A ).
Réciproquement, si VA est un voisinage de x dans A pour la topologie induite, alors il
existe un ouvert O ∩ A de A (i.e. O ∈ T ) tel que x ∈ O ∩ A ⊂ VA . Soit V = O ∪ VA
vérifie x ∈ O ⊂ V , donc V est un voisinage de x dans X et on a

V ∩ A = (O ∪ VA ) ∩ A = (O ∩ A) ∪ (VA ∩ A) = (O ∩ A) ∪ VA = VA .

3. Soit VA = V ∩ A un voisinage de x dans A pour la topologie induite, avec V voisinage


de x dans X. Si B(x) est un base de voisinages de x dans X alors il existe B ∈ B(x)
tel que B ⊂ V et donc B ∩ A ⊂ VA . On en déduit que {B ∩ A, B ∈ B(x)}, est un base
de voisinages de x dans A pour la topologie induite.
4. Soit x ∈ A et VA un ouvert de A tel que x ∈ VA . Il existe V ouvert dans X tel que
VA = V ∪ A. Puisque B est une base de topologie pour X, il existe B ∈ B tel que
x ∈ B ⊂ V . On a alors x ∈ B ∩ A ⊂ V ∩ A ⊂ VA , d’où BA = {B ∩ A, B ∈ B} est une
base de (A, TA ).

Remarque 1.14. Soient (X, T ) un espace topologique et A une partie de X. Tout ouvert
( resp. fermé) dans X inclus dans A est ouvert ( resp. fermé) dans A, mais tout ouvert (
resp. fermé) de A n’est pas en général ouvert ( resp. fermé) dans X. En-effet, soit O ∈ T (
resp. F fermé dans X) tel que O ⊂ A ( resp. F ⊂ A), alors OA = O ∩ A = O ∈ TA ( resp.
FA = F ∩ A = F fermé dans X).
Réciproquement, on a le contre exemple suivant : l’intervalle [0, 1[ est un ouvert de [0, 2]
muni de la topologie induite par Tu , car

[0, 1[=] − 1, 1[∩[0, 2] et ] − 1, 1[∈ Tu .

Noter que [0, 1[ est aussi un fermé de [−1, 1[ muni de la topologie induite par Tu car

[0, 1[= [0, 4] ∩ [−1, 1[, avec [0, 4] fermé de (R, Tu ).

34
1.4. Quelques constructions topologiques.

En revanche, [0, 1[ n’est ni ouvert ni fermé dans (R, Tu ).

Proposition. 1.31. Soit (A, TA ) un sous-espace d’un espace topologique (X, T ). Alors, tout
ouvert (resp. fermé) dans A est un ouvert (resp. fermé) dans X si et seulement si A est un
ouvert(resp. fermé) dans X.

Démonstration. ⇒) Supposons que tout ouvert dans A est un ouvert dans X, alors A est
un ouvert dans X.
⇐) Supposons que A est un ouvert de X et soit OA un ouvert de A, alors il existe O ∈ T
tel que OA = A ∩ O qui est un ouvert dans X car A ∈ T .
Par des arguments similaires on montre ce résultat pour les fermés.

Exemple 1.19. Dans un espace topologique (X, Tdi ) on a, si A est une partie de X, alors
A est un ouvert et fermé à la fois, donc tout ouvert et fermé dans A est un ouvert et fermé
dans X, d’où la topologie induite sur A, c’est la topologie discrète sur A, i.e : TA = P(A).

Proposition. 1.32 (Transitivité de la topologie induite). Soient (X, T ) un espace topolo-


gique et B ⊂ A ⊂ X deux parties de X. On note par TBA la topologie induite sur B par TA .
Alors, on a
TBA = TB .

Démonstration. ⊃) Soit U ∈ TB , alors il existe O ∈ T tel que U = B ∩ O et puisque


A ∩ O ∈ TA on obtient

U = B ∩ O = (B ∩ A) ∩ O = B ∩ (A ∩ O) ∈ TBA .

⊂) Soit U ∈ TBA , alors il existe OA ∈ TA tel que U = B ∩ OA et puisque OA ∈ TA il existe


O ∈ T tel que OA = A ∩ O. Ainsi U = B ∩ (A ∩ O) = B ∩ O, et donc U ∈ TB .

Remarque 1.15. Ceci revient à dire que si A est un sous-espace topologique de X et B est
un sous-espace topologique de A, alors B est un sous-espace topologique de X.

Le résultat suivant concerne l’adhérence, intérieur de la topologie induite.

Proposition. 1.33. Soient (X, T ) un espace topologique et B ⊂ A ⊂ X deux parties de X.


Alors
1. B A = A ∩ B (où B A et B sont les adhérences de B pour TA et T , respectivement.)

35
1.4. Quelques constructions topologiques.

◦ ◦ ◦ ◦
2. B ⊂B A , (où B A et B sont les intérieurs de B pour TA et T , respectivement.)
3. (BA )0 = A ∩ B 0 , (où (BA )0 et B 0 sont les ensembles des points d’accumulations de B
pour TA et T , respectivement.)
4. F r(B)A ⊂ A ∩ F r(B), (où F r(B)A et F r(B) sont les frontières de B pour TA et T ,
respectivement.)

Démonstration. 1. Soit B A l’adhérence de B dans A. Comme les fermés de A sont de la


forme A ∩ F avec F fermé de A , alors B ∩ A est un fermé de A contenant B, donc on
a B A ⊂ B ∩ A. Inversement, soit x ∈ B ∩ A. Alors pour tout voisinage W de x dans
A, il existe un voisinage V de x dans X tel que W = V ∩ A et V ∩ B 6= ∅, d’où on a

W ∩ B = V ∩ A ∩ B = V ∩ B 6= ∅,

donc x ∈ B A . Par conséquent, on a B A = A ∩ B.


◦ ◦ ◦ ◦
2. Soit B A l’intérieur de B dans A. On a B ⊂ B ⊂ A et B est un ouvert de X, donc B
◦ ◦
est un ouvert de A contenu dans B. Par conséquent, on a B ⊂B A .
3. Soit BA0 l’ensemble des points d’accumulation de B dans A. Soit x ∈ A , alors x ∈ BA0
si et seulement si pour tout voisinage V de x dans X, on a

((V ∩ Y ) \ {x}) ∩ B 6= ∅.

Or on a ((V ∩A)\{x})∩B = (V \{x})∩B, alors on en déduit que l’on a (BA )0 = A∩B 0 .


4. Soit F r(B)A la frontière de B dans A. Comme on a
◦ ◦
B ⊂B A ⊂ B A = B ∩ A,

alors
◦ ◦
F r(B)A = B A − B A ⊂ B− B = F r(B).

Donc on a F r(B)A ⊂ A ∩ F r(B).

Proposition. 1.34. Soient (X, T ) un espace topologique et B ⊂ A ⊂ X deux parties de X.


Alors,
1. B A = B ⇔ A est fermé dans X.
◦ ◦
2. B =B A ⇔ A est ouvert dans X.

36
1.4. Quelques constructions topologiques.

Démonstration. 1. Supposons que pour toute partie B de A on a B A = B, alors A =


AA = A car A est fermé dans A d’où A est fermé dans X.
Réciproquement, si A est fermé dans X, alors B ⊂ A = A d’où B A = A ∩ B = B.

2. Supposons d’abord que A est un ouvert de X. Soit B une partie de A. Comme B A est
◦ ◦
un ouvert de A, alors il existe un ouvert U de X tel que B A = A ∩ U , donc B A est un
◦ ◦
ouvert de X contenu dans B. Par conséquent, on a B ⊃B A . D’après 2 de la proposition
◦ ◦ ◦ ◦
1.33, on a aussi B ⊂B A , d’où B =B A .
◦ ◦ ◦ ◦
Supposons que pour toute partie B de A, on a B =B A . Alors on a A=AA , donc A est
un ouvert de X.

Proposition. 1.35. Soient (X, T ) un espace topologique séparé et A une partie de X. alors
la topologie induite sur A par la topologie de X est séparée.

Démonstration. Soient (A, TA ) un sous espace topologique d’un espace topologique (X, T )
et x, y ∈ A tels que x 6= y. Puisque X séparé alors il existe V ∈ V(x) et W ∈ V(y) tel que
V ∩ W = ∅ d’où (A ∩ V ) ∩ (A ∪ W ) = ∅. Donc, (A ∩ V ) et (A ∩ W ) sont deux voisinages
de x et y, respectivement, disjoints dans A ce qui montre que A est séparé.

1.4.4 Topologie produit.


Soit {Xi }i∈I une famille d’ensembles. On définit le produit de cette famille par :
Y
Xi = {(xi )i∈I , xi ∈ Xi }.
i∈I

I désigne un ensemble d’indices, qui peut être soit fini, soit infini, dénombrable ou non. La
notation (xi )i∈I indique donc une famille d’éléments, où xi est un élément de Xi . Dans le
cas d’une famille finie ou dénombrable X1 , X2 , ..., Xn , ... on peut représenter les éléments du
produits par des suites (x1 , x2 , ..., xn , ...), avec xh ∈ Xh . Mais dans le cas général, I est un
ensemble quelconque et une telle représentation n’a pas de sens.
Q
Notons que si l’un des Xi est vide, alors i∈I Xi est vide aussi. On suppose dorénavant que
les Xi sont non vides.
Un produit cartésien d’espaces topologiques peut être muni d’une topologie importante,
appelée la topologie produit. Pour une raison de clarté, nous avons préféré de décrire et
étudier préalablement cette topologie dans le cas d’un produit fini d’espaces topologiques,
puis en donner la généralisation adéquate au cas d’un produit quelconque.

37
1.4. Quelques constructions topologiques.

Produits finis d’espaces topologiques.

Soit n ≥ 2 un entier et soient (X1 , T1 ), (X2 , T2 ), ..., (Xn , Tn ) des espaces topologiques. On
pose le produit cartésien suivant
n
Y
X := Xi = X1 × X2 × ... × Xn .
i=1

Définition 1.20 (Ouvert élémentaire). 1. On appelle ouvert élémentaire de X toute


partie O ⊂ X de la forme O = O1 × O2 × ... × On tel que Oi ∈ Ti , i = 1, ..., n.
2. On appelle ouvert de X toute réunion d’ouverts élémentaires.
Qn
3. On appelle voisinage élémentaire de x ∈ X, l’ensemble V = i=1 Vi où chaque Vi ∈
V(xi ).

Remarque 1.16. Tout ouvert élémentaire contenant {x} est un voisinage élémentaire de
x.

Définition 1.21 (Espace topologique produit). On appelle la topologie produit, Tp , la


famille formée de l’ensemble vide et des réunions quelconques d’ouverts élémentaires sur X.
[
Tp = {∅} ∪ { Oi , Oi ouvert élémentaire de X}.
i∈I

On appelle espace topologique produit des espaces topologiques (Xi )1≤i≤n , l’ensemble X muni
de la topologie produit.

Proposition. 1.36. (X, Tp ) est un espace topologique.

Démonstration. 1. On a X = X1 × X2 × ... × Xn ∈ Tp et ∅ = ∅ × ∅ × ... × ∅ ∈ Tp car


ce sont des ouverts élémentaires.
2. Si {Oi , i ∈ I} une famille de parties ouvertes de X, alors on a :
!
[ [ [ [
1 2 n 1 2 n
Oi = (Oi,j × Oi,j × ... × Oi,j ) = (Oi,j × Oi,j × ... × Oi,j ) ∈ Tp ,
i∈I i∈I j∈J (i,j)∈I×J

car c’est une réunion quelconque d’ouverts élémentaires.


T
3. Il suffit de montrer que si O1 , O2 ∈ Tp , alors O1 O2 ∈ Tp . Puisque O1 , O2 ∈ T alors
S S
O1 = i∈I Vi et O2 = j∈J Wj tels que Vi et Wj sont des ouverts élémentaires pour
tout i ∈ I et j ∈ J. Donc, on obtient :
! !
[ \ [ [ \
O1 ∩ O2 = Vi Wj = (Vi Wj ).
i∈I j∈J (i,j)∈I×J

38
1.4. Quelques constructions topologiques.

T
Il suffit de montrer maintenant que Vi Wj est un ouvert élémentaire pour tout i ∈ I
et j ∈ J. Par définition on a Vi = R1i × R2i × ... × Rni et Wj = K1j × K2j × ... × Knj tels
que Rαi ∈ Tα et Kαj ∈ Tα pour tout α = 1, ..., n, ce qui nous permet d’écrire :
\ \ j \ j \
Vi Wj = (R1i K1 ) × (R2i K2 ) × ... × (Rni Knj ),

et comme (Rαi Kαj ) sont des parties ouverts de Tα , α = 1, ..., n, alors Vi


T T
Wj est un
ouvert élémentaire. En fin, nous concluons que Tp est une topologie sur X.

Exemple 1.20. 1. Soient X = {x, y, z} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X} . Alors les ou-
verts élémentaires de X × X sont

∅, {x}×{x}, {x}×{y}, {x}×{x, y}, {x}×X, {y}×{x}, {y}×{y}, {y}×{x, y}, {y}×X,

{x, y}×{x}, {x, y}×{y}, {x, y}×{x, y}, {x, y}×X, X×{x}, X×{y}, X×{x, y}, X×X,

et la topologie produit, Tp , la famille formée des réunions quelconques d’ouverts élé-


mentaires sur X × X.
2. Soit {(Xi , P(Xi )), i = 1, ..., n} une famille d’espaces discrets, alors le produit X =
Qn S 1 n
i=1 Xi est un espace discret. En effet, soit O ∈ Tp alors O = i∈I Oi × ... × Oi , Oi ∈

P(Xi ), i ∈ {1, ..., n}, donc O ∈ ni=1 P(Xi ) = P(X), d’où Tp ⊂ P(X).
Q

Si O ∈ P(X) = ni=1 P(Xi ) alors ∃Oi ∈ P(Xi ), i ∈ {1, ..., n} tel que O = O1 × ... × On ,
Q

d’où O est un ouvert élémentaire, donc O ∈ Tp .


3. Soit {(Xi , Ti ), i = 1, ..., n} une famille d’espaces grossiers, alors le produit X = ni=1 Xi
Q

est un espace grossier. En effet, si O = ni=1 Oi est un ouvert élémentaire différent de


Q

X alors il existe i0 tel que Oi0 6= Xi0 et puisque Ti0 = {Xi0 , ∅} on obtient Oi0 = ∅,
d’où O = ∅, et donc la famille des ouverts élémentaires est {X, ∅} ce qui montre que
X est un espace grossier.
4. La topologie usuelle sur l’espace Rn est la topologie produit des topologies usuelles sur
les n espaces facteurs R. Les ouverts de Rn sont des réunions des ouverts élémentaires
de la forme
n
Y
]ai , bi [ tels que ai , bi ∈ R pour tout i = 1, ..., n.
i=1
Qn
Proposition. 1.37. Soit X = i=1 Xi un espace produit. On a :
1. l’ensemble des ouverts élémentaires est une base de la topologie produit, i.e :

B = {O = O1 × ... × On , Oi ∈ Ti , ∀i ∈ {1, ..., n}} .

39
1.4. Quelques constructions topologiques.

2. Soit x = (x1 , ..., xn ) ∈ X. l’ensemble des voisinages élémentaires de x est une base de
voisinages de x, i.e :

B(x) = {V = V1 × ... × Vn , Vi ∈ V(xi ), ∀i ∈ {1, ..., n}} .

Démonstration. 1. En utilisant la définition (1.21),


[
∀V ∈ Tp , ∃(Oi )i∈I , avec Oi ∈ B(∀i ∈ I) : V = Oi .
i∈I

2. Soit x = (x1 , ..., xn ) ∈ X. Soit V ∈ V(x), V contient un ouvert qui contient x, et donc
V contient un ouvert élémentaire qui contient x (car tout ouvert est réunion d’ouverts
élémentaires). D’où l’ensemble des voisinages élémentaires est une base de voisinage
de x.

Exemple 1.21. 1. Soient {(Xi , P(Xi )), i = 1, ..., n} une famille d’espaces discrets et x =
(x1 , ..., xn ) ∈ X = ni=1 Xi , alors
Q

B(x) = {{x} = {x1 } × {x2 } × ... × {xn }, i = 1...n},

est un (SFV ) de x.
2. Soient Rn muni de la topologie usuelle et x = (x1 , ..., xn ) ∈ Rn . La famille
n
Y
{ ]xi − i , xi + i [: i = 1, ..., n}
i=1

tels que (1 , ..., n ) ∈ (R+ n


∗ ) est un (SFV ) de x. De même, la famille

n
Y
{ ]xi − , xi + [},
i=1

tel que  ∈ R+
∗ est un (SFV ) de x.

Qn Qn
Proposition. 1.38. Soit A = i=1 Ai une partie d’un espace produit X = i=1 Xi . Alors,
on a :
Qn Qn
1. A = i=1 Ai = i=1 Ai .
2. A est fermé dans X si et seulement si Ai est fermé dans Xi pour tout i = 1, ..., n.

z }| {
n
◦ Y ◦
3. A= Ai = ni=1 Ai .
Q
i=1

40
1.4. Quelques constructions topologiques.

4. A est ouvert dans X si et seulement si Ai est ouvert dans Xi pour tout i = 1, ..., n.
Qn Qn
Démonstration. Soit A = i=1 Ai ⊂ X = i=1 Xi .
1. Soit x = (x1 , ..., xn ) ∈ A. Alors pour tout Vi ∈ V(xi ) on a :

(V1 × ... × Vn ) ∩ A = (V1 ∩ A1 ) × ... × (Vn ∩ An ) 6= ∅,

d’où Vi ∩ Ai 6= ∅, pour tout i = 1, ..., n et donc xi ∈ Ai pour tout i = 1, ..., n ce qui


montre que x ∈ ni=1 Ai .
Q

Réciproquement, si x ∈ ni=1 Ai . Alors, pour tout Vi ∈ V(xi ), i = 1, ..., n, on a Vi ∩Ai 6=


Q

∅ d’où
(V1 ∩ A1 ) × ... × (Vn ∩ An ) = (V1 × ... × Vn ) ∩ A 6= ∅,

et donc x ∈ A.
Qn Qn Qn
2. D’après 1., on a, A est fermé ⇔ A = A = i=1 Ai = i=1 Ai = i=1 Ai ⇔ Ai = Ai
pour tout i = 1, ..., n.
◦ ◦ ◦
3. Puisque ni=1 Ai est un ouvert de X contenu dans A, alors on a A⊃ ni=1 Ai .
Q Q

Réciproquement, soit x = (xi )1≤i≤n ∈A, alors il existe un ouvert élémentaire ni=1 Ui
Q

dans X tel que x = (xi )1≤i≤n ∈ ni=1 Ui ⊂ A. Donc pour tout i ∈ {1, ..., n}, on a
Q
◦ ◦
xi ∈ Ui ⊂ Ai , d’où xi ∈Ai . Autrement dit, on a x ∈ ni=1 Ai . Par conséquent, on a
Q
◦ Qn ◦
A= i=1 Ai .
◦ Q ◦ ◦ ◦
4. D’après 3., on a, A est ouvert ⇔ A =A= ni=1 Ai = ni=1 Ai = ni=1 Ai ⇔Ai = Ai pour
Q Q

tout i = 1, ..., n.

Qn
Proposition. 1.39. Un espace produit X = i=1 Xi est séparé si et seulement si Xi est
séparé pour tout i = 1, ..., n.
Qn
Démonstration. ⇐=) Soient x = (x1 , ..., xn ), y = (y1 , ..., yn ) ∈ X = i=1 Xi tel que x 6= y.
Alors, il existe au moins i0 ∈ {1, ..., n} tel que xi0 6= yi0 , mais Xi0 est séparé donc il
T
existe un voisinage V de xi0 et un voisinage W de yi0 tel que V W = ∅. Soient Ox =
X1 × ... × Xi0 −1 × V × Xi0 +1 × ... × Xn et Oy = X1 × ... × Xi0 −1 × W × Xi0 +1 × ... × Xn , alors
T
on obtient Ox ∈ V(x), Oy ∈ V(y) et Ox Oy = ∅ et donc X est séparé.
=⇒) Supposons que X = ni=1 Xi est séparé et xi0 , yi0 ∈ Xi0 tels que xi0 6= yi0 . Il existe un
Q

voisinage O de (x1 , ..., xi0 , ..., xn ) et un voisinage O0 de (x1 , ..., yi0 , ..., xn ) tel que O O0 = ∅,
T

41
1.4. Quelques constructions topologiques.

mais O = V1 × ... × Vi0 × ... × Vn et O0 = V10 × ... × Vi00 × ... × Vn0 avec V1 , V10 ∈ V(x1 ),...,
Vi0 ∈ V(xi0 ), Vi00 ∈ V(yi0 ),..., Vn , Vn0 ∈ V(xn ) d’où on obtient :
\ \
∅=O O0 = (V1 × ... × Vi0 × ... × Vn ) (V10 × ... × Vi00 × ... × Vn0 )
\ \ \
= (V1 V10 ) × ... × (Vi0 Vi00 ) × ... × (Vn Vn0 ),

Vi00 = ∅, donc Xi0 est séparé.


T
d’où Vi0

Proposition. 1.40. Si pour tout i ∈ {1, 2, ..., n}, (Ai , TAi ) est un sous-espace topologique
de (Xi , Ti ), alors la topologie induite par Tp = ni=1 Ti sur A = ni=1 Ai ⊂ X = ni=1 Xi est
Q Q Q

la topologie produit ni=1 TAi .


Q

Démonstration. Soit OA un ouvert dans la topologie induite par Tp sur A, alors il existe un
ouvert ,O, de Tp tel que OA = O ∩ A, on a O = j∈J ni=1 Oi,j , avec Oi,j ∈ Ti , i = 1, 2...n,
S Q

et ∀j ∈ J, donc
" n
# n
" ! #
[Y Y [
OA = O ∩ A = Oi,j ∩ A = Oi,j ∩ Ai ,
j∈J i=1 i=1 j∈J
S Qn
puisque j∈J Oi,j est un ouvert dans Ti , alors OA ∈ i=1 TA i .

Produit infinis d’espaces topologiques.

Plus généralement, on peut définir ainsi la topologie produit d’une famille quelconque
d’espaces topologiques :

Définition 1.22. 1. Soit une famille {Xi }i∈I d’espaces topologiques, où I représente un
ensemble d’indices. Les ouverts élémentaires, (ou rectangles ouverts), de l’ensemble
Q
produit X = i∈I Xi sont les ensembles de la forme :
Y Y
O= Oj × Xj
j∈J j ∈J
/

où J est une partie finie de I et où les Oi sont des ouverts des Xi .


Q
( ou bien O = i∈I Oi où Oi ∈ Ti et où {j ∈ J, Oj 6= Xj } est fini.)
Q
2. On appelle ouvert de X = i∈I Xi une réunion de ouverts élémentaires.

Remarque 1.17. Lorsque l’ensemble d’indices I est fini, toute partie de la forme O =
Q
i∈I Oi avec Oi ouvert de Xi , est un ouvert élémentaire. ce n’est plus le cas lorsque l’ensemble

I est infini : il ne faut pas oublier alors de préciser que Oi doit être égal à Xi sauf pour un
nombre fini de valeurs de l’indice i ∈ I.

42
1.5. Suites dans les espaces topologiques.

La plupart des raisonnements de section(1.4.4) s’étendent avec des complications mi-


nimes. Énonçons les résultats :
Q
1. Si {Xi }i∈I est une famille d’espaces discrets, alors la topologie produit sur X = i∈I Xi
n’est, en général, pas la topologie discrète.
Q Q
2. Soit A = i∈I Ai ⊂ X = i∈I Xi . Alors, on a :
Q Q
(a) A = i∈I Ai = i∈I Ai .

◦ ◦
z }| {
◦Y Q
(b) A= Ai ⊂ i∈I Ai . Il n’y a pas égalité, en général, car si Ai est ouvert, Ai = Ai
i∈I
Q ◦ ◦
et si les Xi 6= Ai alors i∈I Ai n’est pas ouvert donc ne peut pas être égal à Ai .
Q
3. Soit x = (xi )i∈I ∈ X = i∈I Xi , où xi ∈ Xi pour tout i ∈ I. Les ensembles de la forme
Q
V = i∈I Vi où Vi est un voisinage de xi dans Xi , et où Vi = Xi pour presque tout i
(ou {i, Vi 6= Xi } est fini) , constituent un système fondamental de voisinages de x dans
X.
Q
4. X = i∈I Xi est séparé si et seulement si Xi est séparé pour tout i.

1.5 Suites dans les espaces topologiques.


Une suite de points d’un ensemble non vide X est une application f de N (ou une partie
non vide de N) dans X. L’image f (n) d’un n ∈ N (ou une partie non vide de N) par f sera
notée xn et sera appelée terme d’ordre n de la suite f et alors notée (xn )n≥0 .
Une suite (yn )n≥0 de points de X est appelée sous-suite ou suite extraite de (xn )n≥0 s’il existe
une application strictement croissante ϕ de N dans lui-même telle que, pour tout n ∈ N, on
ait yn = xϕ(n) . En général, on note une telle sous-suite (xnk )k≥0 , où nk = ϕ(k).

Définition 1.23 (Convergence et valeur d’adhérence d’une suite ). Soit (X, T ) un


espace topologique. Soit (xn )n∈N une suite d’éléments de X et soit x ∈ X.

1. On dit que x est une limite de la suite (xn )n∈N quand n tend vers l’infini si pour tout
voisinage V de x dans X, il existe un rang à partir duquel tous les termes de la suite
sont dans V . i.e
∀V ∈ V(x), ∃N0 ∈ N, ∀n ≥ N0 , xn ∈ V.

Dans ce cas, on dit que la suite (xn )n∈N converge vers x, et on écrit : limn→+∞ xn = x
(ou xn → x). Une suite qui n’est pas convergente est dite divergente.

43
1.5. Suites dans les espaces topologiques.

2. On dite x est une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N si, pour tout voisinage V de
x dans X et pour tout entier N0 ∈ N, il existe n ≥ N0 tel que xn ∈ V . i.e

∀V ∈ V(x), ∀N0 ∈ N, ∃n ≥ N0 , xn ∈ V.

Remarque 1.18. La définition précédente a une signification très simple, qui apparaît lors-
qu’on les énonce comme suit :
1. Un élément x de X est limite de la suite (xn )n∈N si tout voisinage de x contient tous
les termes xn de la suite, sauf pour un nombre fini de valeurs de l’indice n.
2. Un élément x de X est valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N si tout voisinage de x
contient les termes xn de la suite pour une infinité de valeurs distinctes de l’indice n.
3. La limite d’une suite (si elle existe) est toujours une valeur d’adhérence pour cette
suite mais l’inverse est (généralement) faux. En-effet : soit xn est converge vers x,
dans (T , X), alors ∀V ∈ V(x), ∃N0 ∈ N, ∀n ≥ N0 , xn ∈ V , donc ∃N1 ∈ N, N1 ≥
N0 ∧ ∀V ∈ V(x), ∀N1 ≥ N0 , ∃n ≥ N1 ≥ N0 , xn ∈ V , d’où x une valeur d’adhérence.
Réciproquement, par exemple, dans R muni de sa topologie usuelle, la suite (xn )n∈N
définie par : xn = (−1)n , possède 1 et −1 comme valeurs d’adhérence, et (xn )n∈N n’est
pas convergente. En-effet : 1 est valeur d’adhérence, car, si V ∈ V(1), et N0 ∈ N, alors
∃n = 2N0 tel que n ≥ N0 , xn = (−1)n = 1 ∈ V. On a aussi −1 est valeur adhérence,
car, si V ∈ V(−1), et N0 ∈ N, alors ∃n = 2N0 + 1 tel que n ≥ N0 , xn = (−1)n =
−1 ∈ V. Mais xn = (−1)n ne converge pas dans R, car ∀x ∈ R − {1, −1}, ∃V =
]x − ε, x + ε[∈ V(x), 1, −1 ∈]x
/ − ε, x + ε[, ∀N0 ∈ N, ∃n = 2N0 ≥ N0 , {xn } = {1} * V.
De-plus si x = 1, ∃V1 =]1 − ε1 , 1 + ε1 [∈ V(1), −1 ∈]1
/ − ε1 , 1 + ε1 [, ∀N1 ∈ N, ∃n =
2N1 + 1 ≥ N1 , {xn } = {−1} * V1 . Même pour x = −1, d’où xn est diverge.
4. Une valeur d’adhérence d’une suite (xn )n de (X, T ) est un point adhérent à la partie
{xn , n ∈ N} ⊂ X, mais la réciproque est fausse.

Exemple 1.22. 1. Toute suite constante est convergente dans tous les espaces topolo-
giques.
1. Soient X = {x, y, z, t} et T = {∅, {x}, {y}, {x, y}, X}. Soit

x si n = 3p,





xn = z si n = 3p + 1,



t si n = 3p + 2.

alors, (xn )n∈N converge vers z et t (limn→+∞ xn = z et limn→+∞ xn = t).

44
1.5. Suites dans les espaces topologiques.

2. Une suite d’un espace grossière est convergente vers tout point de cet espace.
En-effet : si xn est convergente, et soit x ∈ X, alors X le seul ouvert qui contient x,
donc il existe N tel que n ≥ N ⇒ xn ∈ X, d’où xn → x.
3. Si (X, Tdi ) un espace discret, alors une suite (xn )n∈N de X converge vers x si et seule-
ment s’il existe N0 tel que xn = x quand n ≥ N0 . Ainsi, les seules suites convergentes
dans un espace discret sont les suites qui sont constantes à partir d’un certain indice.
En-effet : si xn converge vers x, alors {x} ∈ V(x) est un ouvert, donc il existe N0 tel
que ∀n ≥ N0 ⇒ xn ∈ {x} ⇒ xn = x.
1
4. La suite xn = , ∀n ∈ N∗ , est convergente vers 0 dans (R, Tu ) et elle est divergente
n
1
dans (R, P(R)). En-effet : supposons que xn = , ∀n ∈ N∗ , est convergente dans
n
(R, P(R)) vers x ∈ X, alors il existe N0 tel que xn = x quand n ≥ N0 , donc N10 =
1 1
N0 +1
= N0 +2
= ..., contradiction, d’où xn est divergente dans (R, P(R)).

Remarque 1.19. Une suite convergente d’un espace topologique peut posséder plusieurs
limites (voir Exemple 1.22).

Pour avoir l’unicité de la limite d’une suite, on a la :

Proposition. 1.41. Si (X, T ) est un espace topologique séparé, alors toute suite convergente
dans X admet une limite unique.

Démonstration. Raisonnons par l’absurde. Soit (xn ) une suite convergente dans X. Sup-
posons qu’elle admet deux limites distinctes x1 6= x2 . Comme (X, T ) est séparé, il existe
T
V1 ∈ V(x1 ) et V2 ∈ V(x2 ) tels que V1 V2 = ∅. D’après définition, il existe deux entiers N1
et N2 tels que :
∀n ≥ N1 , xn ∈ V1 et ∀n ≥ N2 , xn ∈ V2 .

Soit N0 = max(N1 , N2 ), alors on obtient

∀n ≥ N0 , xn ∈ V1 ∩ V2 ,

ce qui est impossible car V1 ∩ V2 = ∅.

Proposition. 1.42. Si (X, T ) est un espace topologique séparé, alors toute suite convergente
dans X admet une unique valeur d’adhérence qui est sa limite.

45
1.5. Suites dans les espaces topologiques.

Démonstration. Raisonnons par l’absurde. Soit (xn ) une suite convergente dans X vers x,
alors x est une valeurs d’adhérence de (xn ). Supposons qu’elle admet deux valeurs d’adhé-
T
rence distinctes x 6= y. Il existe V1 ∈ V(x) et V2 ∈ V(y) tels que V1 V2 = ∅, et puisque
x, y sont deux valeurs d’adhérence distinctes, on a ∀N1 et ∀N2 tels que :

∃n1 ≥ N1 , xn1 ∈ V1 et ∃n2 ≥ N2 , xn2 ∈ V2 .

Mais (xn ) converge vers x, ∀n ≥ N0 , xn ∈ V1 , pour N2 ≥ N0 , alors on obtient xn2 ∈ V1 ∩ V2 ,


ce qui est impossible car V1 ∩V2 = ∅, donc la suite (xn ) admet une unique valeur d’adhérence
qui est sa limite x.

Remarque 1.20. La réciproque en générale est fausse, par exemple, dans (R, Tu ), xn = 1
si n est pair et xn = n si n est impair. Alors 1 est l’unique valeur d’adhérence de la suite
(xn ), mais la suite n’est pas convergente.

Proposition. 1.43. Soient A une partie d’un espace topologique X et (xn ) une suite de A
convergente dans X vers x ∈ X. Alors x ∈ A.

Démonstration. Soit V un voisinage de x. Soit N0 tel que xn ∈ V pour tout entier n ≥ N0 .


Puisque xN0 ∈ A, on a A ∩ V 6= 0 d’où x ∈ A.

Proposition. 1.44. Un espace topologique X qui possède une base de voisinages dénombrable
est séparable.

Démonstration. Soit Un une base dénombrable de voisinages. On choisit un point xn dans


chaque voisinage Un . Soit A l’ensemble des éléments xn . Soit x un point quelconque de X et
U un voisinage de x. Comme Un est une base de voisinage, il existe un Un qui contient x et
qui est contenu dans U . Il s’en suit qu’il existe un point xn dans le voisinage U . Un point
quelconque de X est ainsi adhérent à A. Autrement dit, A est une partie dénombrable de X
qui est partout dense et X est séparable.

La proposition simple suivante décrit l’ensemble des valeurs d’adhérence d’une suite.

Proposition. 1.45. Soit A l’ensemble des valeurs d’adhérence de (xn ), alors

\
A= Fn , où Fn = {xn , xn+1 , ...}.
n∈N

En particulier, l’ensemble des valeurs d’adhérence d’une suite quelconque est fermé dans X.

46
1.5. Suites dans les espaces topologiques.

Démonstration. Pour démontrer cela, il suffit décrire que


\
x∈ Fn ⇔ ∀n ∈ N, x ∈ Fn = {xn , xn+1 , ...},
n∈N
⇔ ∀n ∈ N, ∀V ∈ V(x), V ∩ {xn , xn+1 , ...} =
6 ∅,
⇔ ∀n ∈ N, ∀V ∈ V(x), ∃m ≥ n, xm ∈ V,
⇔ x ∈ A,

par définition de l’adhérence d’un ensemble.

Proposition. 1.46. Si B(x) est une base de voisinages de x ∈ X, alors xn → x si et


seulement si pour tout B ∈ B(x), il existe un entier N0 tel que n ≥ N0 ⇒ xn ∈ B.

xn → x ⇐⇒ (∀B ∈ B(x), ∃N0 , n ≥ N0 ⇒ xn ∈ B) .

Démonstration. Commençons par supposer que xn converge vers x ∈ X. Si B est un élément


de la base de voisinages B(x), alors B est un voisinage de x, donc il existe O ⊂ X ouvert avec
x ∈ O ⊂ B. Par définition de la convergence, il existe N0 tel que n ≥ N0 ⇒ xn ∈ O ⊂ B, ce
qui démontre une implication.
Réciproquement, soit O ⊂ X un ouvert qui contient x, c’est un voisinage de x ∈ X, donc
par définition d’une base de voisinages, il existe B ∈ B(x) avec B ⊂ O. Par hypothèse, il
existe N0 tel que n ≥ N0 ⇒ xn ∈ B ⊂ O, ce qui montre l’autre implication.

Proposition. 1.47. Soient (xn )n∈N une suite d’éléments de X et soit x ∈ X.


1. Si la suite (xn )n∈N converge vers un élément x de X, toute suite (yn )n∈N extraite de la
suite (xn )n∈N converge également vers x.
2. Si une suite (yn )n∈N , extraite de la suite (xn )n∈N , admet une valeur d’adhérence x ∈ X,
alors x est aussi valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N ,
3. Si une suite (yn )n∈N , extraite de la suite (xn )n∈N , est converge vers x, x est valeur
d’adhérence de (xn ).
4. La suite (xn )n∈N converge vers une limite x si et seulement si les sous-suites (x2n )n∈N
et (x2n+1 )n∈N convergent vers x.

Démonstration. 1. Soit (xn )n∈N converge vers x, soit V un voisinage de x, ∃N0 ∈ N, tel
que ∀n ≥ N0 , xn ∈ V . Soit (yk )k≥0 = (xnk )k≥0 suit extraite, on a nk est une application
strictement croissante, alors 1 ≤ k(1) < k(2) < ... < k(n) < ..., par récurrence on a
k(n) ≥ n, d’où ∃N0 ∈ N, tel que ∀k(n) ≥ n ≥ N0 , xnk ∈ V . On a donc prouvé que la
suite (yn )n∈N est convergente vers x.

47
1.5. Suites dans les espaces topologiques.

2. Si x est une valeur d’adhérence d’une sous-suite (xnk )k . Soient V de un voisinage de


x dans X et N ∈ N. Alors il existe k ∈ N tel que k ≥ N et xnk ∈ V . Or on a nk ≥ k,
d’où nk ≥ k et xnk ∈ V . Donc x est une valeur d’adhérence de (xn )n .
3. Soit V ∈ V(x), n0 ∈ N, il existe k0 entier tel que yk ∈ V pour k ≥ k0 , et il existe
k1 entier tel que k1 ≥ k0 et nk1 ≥ n0 , alors xnk1 = yk1 ∈ V . Ainsi on obtient que
l’ensemble {n ∈ N : xn ∈ V } est infini, ce qui prouve que a est une valeur d’adhérence.
4. Pour ⇒) résulte de 1. ⇐) supposons que les sous-suites (x2n )n∈N et (x2n+1 )n∈N convergent
vers x. Soit V un voisinage de x dans X. Alors il existe N1 ∈ N tel que pour tout n ≥ N1 ,
on ait x2n ∈ V et il existe , N2 ∈ N tel que pour tout n ≥ N2 , on ait x2n+1 ∈ V . Soit
N = max(2N1 , 2N2 + 1), alors N ∈ N et pour tout n ≥ N , on a xn ∈ V , donc (xn )n∈N
converge vers x.

Remarque 1.21. 1. Dans le cas X est métrisable, x est valeur d’adhérence de (xn ), alors
la suite (xn ) admet une sous-suite qui tend vers x.
2. Sur les espaces topologiques séparés, on notera que si deux suites extraites convergent
vers deux limites différentes, la suite initiale n’est pas convergente.

Exemple 1.23. Dans la topologie (R, Tu ) séparé, soit la suite xn = sin nπ


6
. Les suites yn =
x6n = 0, zn = x3(2n+1) = (−1)n sont deux suites extraites de la suite (xn ). En particulier, la
suite (xn ) n’est pas convergente.
Qn
Proposition. 1.48. Soit X = i=1 Xi un espace produit. Alors une suite (xn )n∈N = (x1n ×
x2n × ... × xnn )n∈N ⊂ X converge vers x = x1 × x2 × ... × xn , si et seulement si toutes les suites
données par les composantes (xkn )n∈N ⊂ Xk convergent vers xk , 1 ≤ k ≤ n.

Démonstration. Soit (xn )n∈N une suite dans X. On suppose d’abord que la suite converge
vers x dans X. Alors dans tout voisinage V ∈ V(x) se trouve presque tout point de la suite.
Soit Vk un voisinage de la composante xk dans Xk . Alors Vk contient un ouvert Ok qui
contient xk . Comme O1 × O2 × ... × On est un voisinage de x il contient presque tout point
de la suite(xn )n∈N . Donc Vk contient presque tout point de la suite (xkn )n∈N . Donc (xkn )n∈N
tend vers xk .
Supposons maintenant que les (xkn )n∈N tend vers xk . Soit V un voisinage de x. Or comme V
contient un ouvert qui contient x il contient même un ouvert de la forme O1 × O2 × ... × On ,
Ok ∈ Tk , qui contient x. Ok est un voisinage de xk et donc contient presque tout point de la

48
1.6. Applications continues.

suite (xkn )n∈N . Donc d’abord O1 × O2 × ... × On et en conséquence aussi V contient presque
tout point de la suite (xn )n∈N . Donc (xn )n∈N tend vers x.

Qn
Proposition. 1.49. Soit X = i=1 Xi un espace produit. Si x = x1 × x2 × ... × xn est
une valeur d’adhérence de (xn )n∈N = (x1n × x2n × ... × xnn )n∈N ⊂ X, alors xi est une valeur
d’adhérence de xin pour tout i = 1, ..., n.

Démonstration. Soit Vi ∈ V(xi ) pour tout i = 1, ..., n, alors

W = X1 × ... × Xi−1 × Vi × Xi+1 × ... × Xn ,

est un voisinage de x dans X. Par conséquent on obtient :

card{n ∈ N : xn ∈ W } = +∞,

ce qui entraîne que :


card{n ∈ N : xin ∈ Vi } = +∞,

d’où xi est une valeur d’adhérence de xin pour tout i = 1, ..., n.

Remarque 1.22. Le réciproque du résultat précédent est en général faux. Par exemple dans
1
R2 si on prend la suite zn = (xn , yn ) définie par la relation suivante : x2n = n, x2n+1 = n
et
y2n = n1 , y2n+1 = n. Il est claire que 0 est une valeur d’adhérence de (xn ) et (yn ) mais (0, 0)
n’est pas une valeur d’adhérence de (zn ).

1.6 Applications continues.


Une notion essentielle que l’on définit au moyen d’ouverts est celle de continuité d’une
application d’un espace topologique dans un autre.

Définition 1.24 (Continuité ponctuelle). Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topolo-
giques, x0 ∈ X et f : X → Y une application. On dit que f est continue en x0 si pour tout
voisinage U de f (x0 ) dans Y, il existe un voisinage V de x0 dans X tel que f (V ) ⊂ U . Cela
s’écrit
∀U ∈ V(f (x0 )), ∃V ∈ V(x0 ), f (V ) ⊂ U.

En utilisant l’image réciproque on obtient V ⊂ f −1 (U ) d’où f −1 (U ) est un voisinage de x0 .


Donc, on peut écrire de maniérer équivalente par : On dit qu’une application f est continue

49
1.6. Applications continues.

en x0 ∈ X si et seulement si l’image réciproque de tout voisinage de f (x0 ) dans Y est un


voisinage de x0 dans X. Autrement dit,

∀U ∈ V(f (x0 )), f −1 (U ) ∈ V(x0 ).

Définition 1.25 (Continuité globale). Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques
et f : X → Y une application. On dit que f est continue sur X si elle est continue en chaque
point de X.

Remarque 1.23. Utilisation de bases de voisinages. Pour prouver qu’une application f d’un
espace topologique X dans un autre espace topologique Y est continue en un point x ∈ X,
il suffit de choisir un système fondamental W (f (x)) de voisinages du point f (x) ∈ Y, et
de vérifier que pour tout V ∈ W (f (x)), f −1 (V ) est un voisinage de x, ou, si l’on a choisi
aussi un système fondamental W (x) de voisinages de x dans X, de vérifier que pour tout
V ∈ W (f (x)), f −1 (V ) contient un élément de W (x).

Définition 1.26 (Continuité séquentielle). Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topolo-
giques et f : X → Y une application. On dit que f est séquentiellement continue en x si
pour toute suite (xn ) qui converge vers x, la suite f (xn ) converge vers f (x).
On dit que f est séquentiellement continue sur X si elle est séquentiellement continue en
tout point de X.

Proposition. 1.50. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques et f : X → Y une


application. f est continue ⇒ f est séquentiellement continue.

Démonstration. Soit f une application continue en x0 , et (xn ) une suite convergente vers
x0 . Donc, si V est un voisinage de f (x0 ) alors f −1 (V ) est un voisinage de x0 d’où il existe
n0 ∈ N tel que :
n ≥ n0 ⇒ xn ∈ f −1 (V ),

donc
n ≥ n0 ⇒ f (xn ) ∈ V,

ce qui montre que limn→∞ f (xn ) = f (x0 ).

Remarque 1.24. La réciproque dans la proposition précédente n’est pas vraie en général.
La réciproque de cette propriété est vraie si l’espace est à base dénombrable de voisinage.
En-effet : Soit X un ensemble infini non dénombrable, par exemple X = R, et

T := {O ∈ P(X), CXO , est fini ou dénombrable } ∪ {∅}.

50
1.6. Applications continues.

Alors (X, T ) est un espace topologique, dont les suites convergentes sont les suites station-
{xk ,k∈N}
naires. En-effet, considérons xn → x dans (X, T ). Alors V := (CX ) ∪ {x} est un
voisinage ouvert de x donc il existe n0 ∈ N tel que xn ∈ V pour tout n ≥ n0 . Nécessai-
rement, xn = x pour tout n ≥ n0 . Il en résulte que toute application f : X → R est
séquentiellement continue. Mais toutes ne sont pas continues. Par exemple 1− ∗
{x} (R ) = {x}
n’est pas un ouvert de (X, T ).

Proposition. 1.51. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques et f : X → Y une


application. Alors f est continue si et seulement si l’image réciproque de tout ouvert de Y
est un ouvert de X, c’est-à-dire

∀O ∈ TY , f −1 (O) ∈ TX .

Démonstration. ⇒ : Supposons que f est continue sur X et soit O un ouvert quelconque de


Y. Il s’agit de montrer que f −1 (O) est voisinage de chacun de ses points. Soit x ∈ f −1 (O),
Comme O est un ouvert de Y et que f (x) ∈ O, alors O est un voisinage de f (x). Ce qui
entraîne que f −1 (O) est un voisinage de x.
⇐ : Supposons que l’image réciproque par f de tout ouvert de Y est un ouvert de X et
montrons que f est continue sur X. Soit donc x ∈ X. Soit U ∈ V(f (x)) alors il existe un
ouvert O de Y tel que f (x) ∈ O ⊂ U . On a donc x ∈ f −1 (O) ⊂ f −1 (U ). Ce qui entraîne
(puisque f −1 (O) est un ouvert de X, en vertu de l’hypothèse faite sur f ) que f −1 (U ) est un
voisinage de x.

Proposition. 1.52. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques et f : X → Y une


application. Alors f est continue si et seulement si l’image réciproque de tout fermé de Y
est un fermé de X.

Démonstration. C’est une conséquence immédiate de la proposition précédente et de la


formule :
f −1 (F )
f −1 (CYF ) = CX , ∀F ∈ F.

Proposition. 1.53. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques et f : X → Y une


application. Alors, les conditions suivantes sont équivalentes :
1. f est continue.
2. f (A) ⊂ f (A) pour toute partie A de X.
3. f −1 (B) ⊂ f −1 (B) pour toute partie B de Y.

51
1.6. Applications continues.

Démonstration. Soit f : X → Y une application.


- (1 ⇒ 2) : Soit f continue et x ∈ A. Soit W un voisinage de f (x). Par continuité de
f il existe un voisinage V de x tel que f (V ) ⊂ W . Comme x ∈ A on a V ∩ A 6= ∅.
Donc ∅ 6= f (V ∩ A) ⊂ f (V ) ∩ f (A) ⊂ W ∩ f (A). Il en suit que f (x) ∈ f (A).
- (2 ⇒ 3) : Soit B une partie de Y. On pose A = f −1 (B), alors on a

f (f −1 (B)) = f (A) ⊂ f (A) = f (f −1 (B)) ⊂ B,

d’où f −1 (B) ⊂ f −1 (B).


- (3 ⇒ 1) : Soit B une partie fermée dans Y, alors

f −1 (B) ⊂ f −1 (B) ⊂ f −1 (B) = f −1 (B),

d’où f −1 (B) = f −1 (B), donc f −1 (B) est une parie fermée, alors f est continue.

Proposition. 1.54. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques et f : X → Y une


application. Alors, les conditions suivantes sont équivalentes :
1. f est continue.

◦ z }| {
2. f −1
(B ) ⊂f −1 (B) pour toute partie B de Y.

Démonstration. (1 ⇒ 2) : Soit f continue et soit B une partie de Y. Comme B est un ouvert

◦ ◦ ◦ z }| {
de Y, alors f −1 (B ) est un ouvert de X et on a f −1 (B ) ⊂ f −1 (B), d’où f −1 (B ) ⊂f −1 (B).
◦ ◦
◦ z }| { z }| {
(2 ⇒ 1) : Soit B une partie ouvert de Y. f −1 (B ) = f −1 (B) ⊂f −1 (B), d’où f −1 (B) =f −1 (B),
donc f −1 (B) est ouvert, alors f est continue.

Remarque 1.25. Si B est une base d’ouverts de Y, alors pour tout U ∈ B, f −1 (U ) est un
ouvert de X si est seulement si f : X → Y est une application continue. Résulte du fait que
pour toute famille (Uj )j∈J de parties de Y, on a
[ [
f −1 ( Uj ) = f −1 (Uj ).
j∈J j∈J

Exemple 1.24. 1. L’application identité d’un espace topologique,

IX : (X, TX ) → (X, TX ), IX (x) = x,

52
1.6. Applications continues.

est continue.
Soient T1 et T2 deux topologies sur un même ensemble X. Alors, l’application identité
IX : (X, T1 ) → (X, T2 ), IX (x) = x, est continue si et seulement si T1 est plus fine que
T2 .
2. L’application constante d’un espace topologique vers un autre espace topologique est
continue. En-effet : si f (X) = {y0 }, f −1 (V ) est soit X, si y0 ∈ V , soit vide, si y0 ∈
/ V.
Dans les deux cas, l’image réciproque est un ouvert.
3. Si X est un espace topologie discret, tous les applications de X dans un espace topolo-
gique Y sont continues, car toute partie de X est ouverte.
3. Si Y est muni de la topologie grossière, alors toute application de X dans Y est conti-
nue. En-effet : soit x ∈ X, on a, Y est le seule voisinage de f (x), alors ∀V ∈
V(x), f (V ) ⊂ Y.
4. L’application f : (R, Tu ) → (R, P(R)) telle que pour tout x ∈ R on a f (x) = x n’est pas
continue sur R, car V = {x} est un voisinage de x dans (R, P(R)) mais f −1 (V ) = {x}
n’est pas un voisinage de x dans (R, Tu ).
5. Soit (N, TN ) est un espace topologique, tel que

TN = ∅ ∪ {A ∈ N, CNA est fini}.

Soit f : (N, TN ) → (R, Tu ) une application donnée par f (n) = en , on a ]1, 4[∈ Tu , mais
f −1 (]1, 4[) = {1} ∈
/ TN . Donc f n’est pas continue sur N.
6. Soit X = {x, y, z, t} et TX = {∅, X, {x}, {y}, {x, y}, {y, z, t}} et Y = {1, 2, 3, 4} et
TY = {∅, Y, {1}, {1, 2}. On définie l’application f : X → Y telle que f (t) = 4, f (z) = 2,
f (x) = f (y) = 1. Par exemple, on a VY (f (t)) = VY (4) = {Y} et f −1 (Y) = X ∈ VX (t)
d’où f est continue en t. On a aussi, VY (2) = {{1, 2}, Y}. Si on prend V = {1, 2} on
obtient f −1 (V ) = {x, y, z} ∈
/ VX (z), donc f n’est pas continue en z.

Proposition. 1.55. Soient X, Y et Z trois espaces topologiques, f : X → Y et g : Y → Z.


Si f est continue en un point x0 ∈ X et g est continue en f (x0 ) alors g ◦ f est continue en
x0 .

Démonstration. Soit W ∈ V(g ◦ f (x0 )). Comme g est continue en f (x0 ), il existe V ∈
V(f (x0 )) tel que g(V ) ⊂ W et comme f est continue en x0 , il existe U ∈ V(x0 ) tel que
f (U ) ⊂ V . On en déduit que g ◦ f (U ) ⊂ W , d’où g ◦ f est continue en x0 .

Proposition. 1.56. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques.

53
1.6. Applications continues.

1. Si A est un sous-espace de X, alors l’inclusion jA : A → X est continue.


2. Si f : X → Y est continue et A est un sous-espace de X, alors la restriction f |A : A →
Y de f à A est continue.

Démonstration. Si O est un ouvert de X, alors j −1 (O) = A ∩ O est un ouvert de A par la


définition de topologie induite, cela démontre le premier point. Le second en découle, puisque
la restriction de f à A n’est autre que la composition f |A = f ◦ j de deux applications
continues, et donc elle-même continue.

Définition 1.27 (Projections canoniques). Soit {Xi }i∈I une famille d’ensembles. Pour
tout j ∈ I on définit la projection canonique par :
Y
pj : X = Xi → Xj , pj ((xi )i∈I ) = xj .
i∈I

Dans le cas du produit d’une famille finie d’ensemble, pj est simplement la projection sur le
j–ième facteur.
Soit O = ni=1 Oi est un ouvert élémentaire, puisque pi (X1 ×...Xi−1 ×Oi ×Xi+1 ×...×Xn ) = Oi
Q

alors n
\ \
O= (X1 × X2 × ...Xi−1 × Oi × Xi+1 × ... × Xn ) = p−1
i (Oi ).
i=1 i∈I
−1
Q T
Dans le cas produit infini, on a O = i∈I Oi = i∈I pi (Oi ).

Q
Proposition. 1.57. Si X = i∈I Xi est espace topologique produit, la projection canonique
pj : X → Xj est continue pour les topologies Tp de X et Tj de Xj .

Démonstration. Cela revient à montrer que l’image réciproque par pj de tout ouvert de Xi
est un ouvert de X. Pour tout ouvert Oj de Xj , on a clairement :
Y
p−1
j (Oj ) = Vi , avec Vi = Xi , si i 6= j, et Vj = Oj ,
i∈I

qui est visiblement un ouverts élémentaires de X, donc un ouvert de X.


Q
Proposition. 1.58. La topologie produit Tp = i∈I Ti est la topologie la moins fine qui rend
Q
toutes les projections pj : X = i∈I Xi → Xj continues.

Démonstration. Soit T une topologie sur X rendant chacune des projections pi continue.
Soit Oi un ouvert de Xi , alors
Y
p−1
j (Oj ) = Vi , avec Vi = Xi , si i 6= j, et Vj = Oj ,
i∈I

54
1.6. Applications continues.

est un ouvert de T . Les ouverts élémentaires sont des intersections finies de ce type d’ouverts,
donc appartiennent aussi à T . Il en résulte que T contient la topologie produit.

Xi un espace topologique produit. Soit X0 un autre


Q
Proposition. 1.59. Soit X = i∈I

espace topologique. Une application f : X0 → X est continue si et seulement si chacune de


ses composantes fi = pi ◦ f : X0 → Xi est continue.

Démonstration. ⇒) Si f est continue, alors fi est continue, pour tout i ∈ I, car pi est
continue ( pi ◦ f transitivité de la continuité).
Q
⇐) Si les fi sont toutes continues et si O = i∈I Oi est un ouvert élémentaire, on a

\ \ \
f −1 (O) = f −1 ( p−1
i (Oi )) = f −1 −1
(p i (Oi )) = fi−1 (Oi ).
i∈I i∈I i∈I

Cet ensemble est une intersection d’ouverts tous égaux à X sauf pour les i appartenant à
une partie finie J de I. Alors f −1 (O) = i∈J fi−1 (Oi ) qui est ouvert. Et puisque un ouvert
T

de X est réunion d’ouverts élémentaires, son image réciproque par f est un ouvert de X.

1.6.1 Applications ouvertes et fermées.


Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques, et f : X → Y une application. L’image
f (V ) d’un ouvert (resp. d’un fermé) de X n’est pas nécessairement ouverte (resp. fermée)
dans Y , même lorsque f est continue. En effet, si X = Y = R muni de la topologie usuelle
et si f (x) = x2 , alors f est continue et f (] − 1, 1[) = [0, 1[ n’est ni ouvert ni fermé de R. On
donne d’ailleurs un nom aux applications ayant de bonnes propriétés d’image directe.

Définition 1.28 (Applications ouvertes et fermées ). Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux es-
paces topologiques, et f : X → Y une application.

1. On dit que f est ouvert si l’image par f de tout ouvert de X est ouvert dans Y.
2. On dit que f est fermé si l’image par f de tout fermé de X est fermé dans Y.

Exemple 1.25. 1. L’application identité d’un espace topologique est ouverte et fermée.
2. Si Y est un espace topologie discret, tous les applications de X dans Y sont fermées et
ouvertes.

Proposition. 1.60. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques, et f : X → Y une


application. Alors, pour tout A ∈ X on a :

55
1.6. Applications continues.



z }| {
1. f est une application ouverte ⇔ f (A) ⊂f (A).
2. f est une application fermée ⇔ f (A) ⊂ f (A).

Démonstration. Soit f : X → Y une application.



1. ⇒) : Supposons que f est ouvert, donc f (A) est ouvert dans Y. Par conséquent,

z }| { ◦
◦ ◦ ◦ ◦ z }| {
f (A) ⊂ f (A) (car A⊂ A), donc f (A)= f (A) ⊂f (A).

◦ z }| {
⇐) : Supposons que f (A) ⊂f (A) et soit A un ouvert de X, alors


z }| {
f (A) = f (A) ⊂f (A),

z }| {
et donc f (A) =f (A) ce qui montre que f est ouvert.
2. ⇒) : Supposons que f est fermé. Soit A une partie de X, alors f (A) est un fermé de
Y et on a f (A) ⊂ f (A), d’où f (A) ⊂ f (A).
⇐) : Supposons que f (A) ⊂ f (A) et soit A un fermé de X, alors f (A) ⊂ f (A) = f (A),
donc on a f (A) = f (A). Par conséquent, f (A) est un fermé de Y, alors f est fermé.

Proposition. 1.61. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques, et f : X → Y une


application. Alors, pour tout A ∈ X, B ∈ Y on a :

z }| { ◦
1. f est une application continue ouverte ⇔ f −1 (B ) =f −1 (B).
2. f est une application continue fermée ⇔ f (A) = f (A).

Démonstration. 1. ⇒) : Supposons que f est ouvert et continue. Donc, on obtient



◦ z }| {
−1
f (B ) ⊂f −1 (B),

z }| {
d’après la proposition (1.54). D’autre part, puisque f −1 (B) est un ouvert dans X alors

z }| {
f (f −1 (B)) est ouvert dans Y (car f ouvert). Par conséquent
◦ ◦
z }| { z }| { ◦
f (f −1 (B)) ⊂f (f −1 (B)) ⊂B ,

d’où ◦
z }| { ◦
f −1 (B)⊂ f −1 (B ).

56
1.6. Applications continues.


◦ z }| {
⇐) : Supposons que f −1
(B ) =f −1 (B) donc f est continue (voir la proposition(1.54)).
De plus, si B un ouvert de X on obtient
◦ ◦
◦ z }| { z }| {
−1 −1
B =B ⊂f (f (B))= f (f (B)),

z }| {
et doncf (B) ⊂f (B). Ainsi, f (B) est ouvert d’où f est ouvert.
2. Ceci résulte de la proposition précédente et de la proposition (1.53).

Proposition. 1.62. Chaque projection canonique pi : X → Xi de l’espace topologique produit


Q
X = i∈I Xi sur un de ses facteurs est une application ouverte.

Démonstration. Le résultat en découle immédiatement, l’image, par la projection pi , d’un


ouvert élémentaire, est évidemment un ouvert de Xi .

Remarque 1.26. Les projections canoniques ne sont pas en général des applications fer-
mées. En effet, il suffit de considérer l’ensemble F = {(x, y) ∈ R2 , xy = 1}, alors F est un
fermé de R2 , mais par exemple, la première projection canonique de F sur R2 est R∗ qui est
ouvert non fermé dans R.

Proposition. 1.63. Soient (X, TX ) espace topologique, et A ⊂ X. Alors l’injection canonique


jA : A → X définie par j(a) = a pour a ∈ A, est ouverte (fermée) si et seulement si A est
ouvert (fermé).

Démonstration. Soit jA ouverte et U un ouvert de A alors jA (U ) = U = O ∩ A est ouvert


dans X si et seulement si A est ouvert dans X.

1.6.2 Homéomorphismes.
Définition 1.29 (Homéomorphisme ). Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques
et f : X → Y une application.
1. On dit que f est un homéomorphisme de X sur Y si elle est bijective et si f et f −1
sont continues (On dit aussi quel est bicontinue).
2. On dit que les espaces topologiques X et Y sont homéomorphes ou bien topologiquement
équivalents s’il existe un homéomorphisme de X sur Y, et on le note par X ∼= Y.

57
1.7. Exercices avec solutions.

Exemple 1.26. 1. L’application identique de (X, T ) dans lui-même est un homéomor-


phisme.
2. Soit X = {0, 1}, avec les topologies T1 = {∅, {0, 1}, {0}}, T2 = {∅, {0, 1}, {1}}. L’ap-
plication f : X → X qui envoie 0 sur 1 et 1 sur 0 est un homéomorphisme.
3. Soit X = R et Y =] − 1, 1[ munis de la topologie usuelle. La fonction f : R →] − 1, 1[
x
définie par f (x) = est un homéomorphisme. Par conséquent, X et Y sont
1 + |x|
homéomorphe.

Remarque 1.27. Une application continue bijective n’est pas nécessairement un homéo-
morphisme. Par exemple. Si X = Y = R et si TX = P(R) la topologie discrète de R et si
TY est la topologie usuelle de R, alors l’application identique IR : (R, P(R)) → (R, Tu ) est
continue bijective, mais n’est pas un homéomorphisme, car IR−1 n’est pas continue.

Proposition. 1.64. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques, et f : X → Y une


application bijective. Les propriétés suivantes sont équivalentes
1. f est un homéomorphisme.
2. f est continue et ouverte.
3. f est continue et fermée.
4. f et f −1 sont fermées.
5. f et f −1 sont ouvertes.

Démonstration. Soit f : X → Y est bijective.


1. ⇒ 2.) : Si f est homéomorphisme, alors f et f −1 sont continues. Soit g = f −1 , donc pour
toute partie ouverte O de X, g −1 (O) = f (O) est ouvert de Y, d’où f et ouvert.
f (F )
2. ⇒ 3.) : Si f est continue et ouverte, soit F est fermé dans X, on a CY = f (CXF ), puisque
f (F )
f est ouvert, alors CY est ouvert, et f (F ) fermé.
3. ⇒ 4.) : Si f est continue et fermée, on a f bijective continue, alors f −1 est fermée.
4. ⇒ 5.) : Si f et f −1 sont fermées, de plus f est bijective, alors f et g = f −1 sont continues,
d’où f et f −1 sont ouvertes.
5. ⇒ 1.) : Si f et f −1 sont ouvertes, de plus f est bijective, alors f et g = f −1 sont continues,
d’où f est homéomorphisme.

1.7 Exercices avec solutions.


Exercice 1.1. Soit X = {a, b, c, d}. Lesquelles parmi les collections de sous-ensembles sui-
vants déterminent une topologie sur X ? Justifier.

58
1.7. Exercices avec solutions.

1. ∅, X, {a}, {b}, {a, c}, {a, b, c}, {a, b},


2. ∅, X, {a}, {b}, {a, b}, {b, d},
3. ∅, X, {a, c, d}, {b, c, d},

Solution 1.1. 1. Définit une topologie.


2. Ne définit pas une topologie, car {a} ∪ {b, d} = {a, b, d} N’est pas dans la collection.
3. Ne définit pas une topologie, car {a, c, d}∩{b, c, d} = {c, d} n’est pas dans la collection.

Exercice 1.2. Soit l’ensemble X = {a, b, c}, muni d’une topologie. Montrer que si les sin-
gletons {a}, {b}, {c} sont ouverts dans X, la topologie X est discrète.

Solution 1.2. Il faut montrer que toute partie de X est ouverte. Or une partie A est réunion
de ses singletons. Comme une réunion d’ouvert est ouvert, A est ouvert. Par exemple A =
{a, b} = {a} ∪ {b}.

Exercice 1.3. Soit T la collection de parties de R contenant ∅, R et tout les intervalles de


la forme ] − ∞, a[.
1. Montrer que T est une topologie sur R.
2. Déterminer les parties fermées de (R, T ).

3. Donner les ensembles A et A telle que A = [1, 2].
4. Montrer que (R, T ) n’est pas séparé.

Solution 1.3. Soit T = {∅, R, ] − ∞, a[, ∀a ∈ R}.


1. Montrer que T est une topologie sur R.
(a) ∅, R ∈ T .
(b) Soit ] − ∞, a[, ] − ∞, b[∈ T , donc ] − ∞, a[∩] − ∞, b[=] − ∞, c[∈ T , avec c =
min(a, b).
(c) Soit ] − ∞, ai [, ∀i ∈ I une famille d’ouverts, alors
[
] − ∞, ai [=] − ∞, b[∈ T , avec b = sup ai .
i∈I
i∈I

Donc (R, T ) est un espace topologique.


2. Les fermés sont les compléments des ouverts donc, les fermés de T sont ∅, R et
]−∞,a[
CR = [a, +∞[, ∀a ∈ R.
◦ ◦
3. A=[1, 2]= ∅ et A = [1, 2] = [1, +∞[.

59
1.7. Exercices avec solutions.

4. (R, T ) n’est pas séparé, car ∃ 1, 2, tel que ∀V ∈ V(1), ∀U ∈ V(2), ] − ∞, 1[⊂ V ∩ U .

Exercice 1.4. Soit X un ensemble non vide. On pose

T = {∅} ∪ A ⊂ X, tel que Card(CXA ) < +∞ .




1. Montrer que T est une topologie sur X.


2. Déterminer quels sont les parties fermées de X.

3. Soit A une partie de X, trouver A, A, pour
(a) A est fini.
(b) A est infini.
4. Si X est fini, quels sont les ensembles fermés pour cette topologie.

Solution 1.4. 1. a)Il est clair que ∅, X ∈ T , car Card(CXX ) = 0 < +∞.
b) Soit A, B ∈ T , avec CXA , CXB sont finis, donc

Card(CXA∩B ) = Card(CXA ∪ CXA ) ≤ Card(CXA ) + Card(CXA ) < +∞.

D’où A ∩ B ∈ T .
c) Soit (Ai )i∈I ∈ T , avec CXAi est fini ∀i ∈ I, donc
S
Ai A
\
Card(CX i∈I ) = Card( CXAi ) ≤ Card(CX j ) < +∞, ∀j ∈ I.
i∈I
S
D’où i∈I Ai ∈ T .
2. Les fermés sont les compléments des ouverts donc les fermés de T sont les parties
finies de X ou bien X.

3. (a) Soit A une partie finie de X, A = A, car A est fermé, A= ∅ car c’est le seul
ouvert contenu dans A.
(b) Soit A une partie infinie de X, A = X, car c’est le plus petit fermé contenant A,
◦ ◦
A= A si CXA est fini, et A= ∅ si CXA est infini.
4. Si X est fini, tout partie A dans X est ouvert, car CXA est fini, donc la topologie X est
discrète.

Exercice 1.5. Soient An = {n, n + 1, n + 2, ...}, ∀n ∈ N et T = {∅} ∪ {An , ∀n ∈ N}.


1. Montrer que (N, T ) est un espace topologique.
2. Déterminer les fermés de l’espace topologique (N, T ).

60
1.7. Exercices avec solutions.

3. Écrire V (m), le voisinage de m ∈ N.



4. Donner l’ensemble A telle que A = {7, 24, 39}.
5. Montrer que (N, T ) n’est pas séparé.

Solution 1.5. Soient An = {n, n + 1, n + 2, ...}, ∀n ∈ N et T = {∅} ∪ {An , ∀n ∈ N}.


1. T est une topologie sur X, car
(a) ∅, A0 = N ∈ T .
(b) Toute réunion d’éléments de T est un élément de T , c-à-d : pour toute famille
{An , ∀n ∈ I ⊂ N} de parties de T , on a
[
An = An0 ∈ T , avec n0 = inf n.
n∈I
n∈I

(c) Toute intersection finie d’éléments de T est un élément de T , c-à-d : pour toute
famille {An , ∀n ∈ I ⊂ N, I fini} de parties de T , on a
\
An = An0 ∈ T , avec n0 = max n.
n∈I fini
n∈I

2. Les fermés de l’espace topologique (N, T ) sont les parties Fn , n ∈ N, dans N tel que
CNFn est ouverte, donc

{n,n+1,n+2,...}
Fn = CNAn = CN = {0, 1, 2, ..., n − 1}, n ∈ N∗

et
{0,1,2,...}
F0 = CNA0 = CN = CNN = ∅.

3. V (m) est un voisinage de m ∈ N si ∃An , tel que m ∈ An ⊂ V (m), donc

An ⊂ V (m), n ≤ m.

◦z }| {
4. A={7, 24, 39}= ∅, car A n’est pas un voisinage de 7,24, et 39.
5. Soient 1, 3 ∈ N, et ∀V ∈ V(1), ∀U ∈ V(3) on a V ∩ U ⊃ A3 6= ∅, donc (N, T ) n’est pas
séparé.

Exercice 1.6. Soient X =]0, +∞[ et T = {∅} ∪ {θα =]α, +∞[, α ∈ R+ }.


1. Montrer que T constitue une topologie sur X.
2. Déterminer les fermés de l’espace topologique (X, T ).

61
1.7. Exercices avec solutions.


3. Donner (sans démonstration) A et A pour A =]0, 1[, A = [2, +∞[, et A = N∗ .
4. Montrer que (X, T ) n’est pas séparé.

Solution 1.6. Soient X =]0, +∞[ et T = {∅} ∪ {θα =]α, +∞[, α ∈ R+ }.


1. T est une topologie sur X, car :
(a) ∅, X = θ0 ∈ T .
(b) Toute réunion d’éléments de T est un élément de T , c-à-d : pour toute famille
{θαi , i ∈ I} de parties de T , on a
[
θαi =]α0 , +∞[∈ T , avec α0 = inf αi ≥ 0.
i∈I
i∈I

(c) Toute intersection finie d’éléments de T est un élément de T , c-à-d : pour toute
famille {θαi , i ∈ I fini } de parties de T , on a
\
θαi =]α0 , +∞[∈ T , avec α0 = max αi ≥ 0.
i∈I fini
i∈I fini

2. La partie F ∈ X est fermée si et seulement si le complément CXF ∈ T , donc les fermés


de l’espace topologique (X, T ), sont ∅, X et ]0, β], β > 0.

3. (a) Si A =]0, 1[, alors A= ∅, A =]0, 1].

(b) Si A = [2, +∞[, alors A=]2, +∞[, A = X.

(c) Si A = N∗ , alors A= ∅, A = X.
4. (X, T ) n’est pas séparé, car ∃1, 2 ∈ X tel que

∀V ∈ V(1), ∀W ∈ V(2), ]2, +∞[⊂ V ∩ W 6= ∅.

Exercice 1.7. Soient X = [0, 1[ et T = {θα = [0, α[, 0 ≤ α ≤ 1}.


1. Montrer que T constitue une topologie sur X.
2. Déterminer les fermés de l’espace topologique (X, T ).

3. Soit A = [a, b] ⊂ [0, 1[, trouver A et A.
4. Montrer que (X, T ) n’est pas séparé.

Solution 1.7. Soient X = [0, 1[ et T = {θα = [0, α[, 0 ≤ α ≤ 1}.


1. T est une topologie sur X, car :
(a) ∅ = θ0 ∈ T , X = θ1 ∈ T .

62
1.7. Exercices avec solutions.

(b) Toute réunion d’éléments de T est un élément de T , c-à-d : pour toute famille
{θαi = [0, αi [, i ∈ I} de parties de T , on a
[
θαi = [0, α0 [∈ T , avec α0 = inf αi .
i∈I
i∈I

(c) Toute intersection finie d’éléments de T est un élément de T , c-à-d : pour toute
famille {θαi = [0, αi [, i ∈ I fini } de parties de T , on a
\
θαi = [0, α0 [∈ T , avec α0 = max αi ≥ 0.
i∈I fini
i∈I fini

2. La partie F ∈ X est fermée si et seulement si le complément CXF ∈ T , donc les fermés


de l’espace topologique (X, T ), de la forme [β, 1[, 0 ≤ β ≤ 1.
3. Si A = [a, b] ⊂ [0, 1[, A est le plus petit fermé contenant A, donc A = [a, 1[. De même,
◦ ◦ ◦
A est le plus grand ouvert contenu dans A, donc si a 6= 0, A= ∅ et si a = 0, A= [0, b[.
4. Cette topologie n’est pas séparée. Soient en effet x, y ∈ [0, 1[, x < y. Tout voisinage de
y contient [0, x], donc rencontre tout voisinage de x.

Exercice 1.8. Soit (X, T ) un espace topologique ; pour A, B ⊂ X, on pose


◦ ◦
α(A) =A et β(A) = A.

1. Montrer que A ⊂ B ⇒ α(A) ⊂ α(B) et β(A) ⊂ β(B).



z }| { ◦
2. Montrer que α(A) = β(A), β(A)= α(A).
3. Montrer que A ouvert entraîne A ⊂ α(A) et A fermé entraîne β(A) ⊂ A.
4. Montrer qu’on a toujours α(α(A)) = α(A) et β(β(A)) = β(A).
5. Soient A et B deux ouverts dans X. Montrer que si A ∩ B = ∅, alors on a α(A) ∩
α(B) = ∅.

6. On pose maintenant, α(A) =A et β(A) = A.
(a) Montrer que la famille Tα = {α(A), A ∈ P(X)} est une topologie sur X.
(b) Montrer que la famille F = {β(A), A ∈ P(X)} est l’ensemble des fermés d’une
topologie Tα sur X.
◦ ◦
Solution 1.8. Soient α(A) =A et β(A) = A.
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
1. A ⊂ B ⇒ (A ⊂ B et A⊂B ) alors (A⊂B et A ⊂ B ) d’où α(A) ⊂ α(B) et β(A) ⊂
β(B).

63
1.7. Exercices avec solutions.

◦ ◦
◦ ◦z }| { ◦ ◦
2. On a α(A) = A = (A) = β(A), et β(A)=A= α(A)
◦ ◦ ◦ ◦
3. On a A ⊂ A alors A⊂A= α(A), donc A ouvert ⇒ A= A ⊂ α(A) et on a A⊂ A alors

A = β(A) ⊂ A, donc A fermé ⇒ β(A) ⊂ A.
◦ ◦
4. On a α(A) est ouvert, donc α(A) =A⊂ A, alors
◦ ◦
z }| { ◦
α(A) =α(A)⊂A= α(α(A)),

de plus, d’après 2) et 3), on a α(A) = β(A) ⊂ A, d’où α(α(A)) ⊂ α(A).


Pour la deuxième égalité, on a β(A) est fermé, d’après 3), β(β(A)) ⊂ β(A), de plus,
d’après 2) et 3)
◦ ◦
◦ z }| { ◦ ◦ z }| {
A⊂ α(A) ⊂β(A)⇒ A = β(A) ⊂ β(A) = β(β(A)).

5. Soient A et B deux ouverts dans X. On a A ∩ B = ∅, d’où A ⊂ CXB qui est fermé dans
X, donc on a A ⊂ CXB . Par conséquent, on a A∩B = ∅ et α(A)∩B = ∅. On en déduit
α(A) α(A) α(A)
que B ⊂ CX qui est fermé dans X, d’où B ⊂ CX . Donc on a α(B) ⊂ CX , d’où
α(A) ∩ α(B) = ∅.

6. Soient α(A) =A et β(A) = A.
◦ ◦
(a) On a α(X) =X= X ∈ Tα . On a α(∅) =∅= ∅ ∈ Tα .
Soient α(A), α(B) ∈ Tα , alors on a


z }| { ◦
α(A) ∩ α(B) =A ∩ B =A ∩ B= α(A ∩ B) ∈ Tα .

Donc Tα est stable par intersection finie.


Soit α(Ai )i∈I une famille d’éléments de Tα , d’après 1) on a pour tout i ∈ I,
S S S
α(Ai ) ⊂ α( i∈I Ai ), d’où i∈I α(Ai ) ⊂ α( i∈I Ai ). Par conséquent, d’après 4),
on a
[ [ [ [
α(Ai ) = α(α(Ai )) ⊂ α( α(Ai )) ⊂ α(Ai ),
i∈I i∈I i∈I i∈I
S S
d’où on a i∈I α(Ai ) = α( i∈I α(Ai )) ∈ Tα . Donc Tα est stable par réunion

quelconque. Donc Tα est bien une topologie sur X.


(b) On a β(X) = X = X est fermé dans F. On a β(∅) = ∅ = ∅ est fermé dans F.
Soient β(A), β(B) ∈ F, alors on a

β(A) ∪ β(B) = A ∪ B = A ∪ B = β(A ∪ B) est fermé dans F.

64
1.7. Exercices avec solutions.

Donc F est stable par réunion finie.


Soit β(Ai )i∈I une famille d’éléments de F, d’après 1) on a pour tout i ∈ I,
T T T
β( i∈I Ai ) ⊂ β(Ai ), d’où β( i∈I Ai ) ⊂ i∈I β(Ai ). Par conséquent, on a
\ \ \ \
β(Ai ) ⊂ β( β(Ai )) ⊂ β(β(Ai )) = β(Ai ),
i∈I i∈I i∈I i∈I
T T
d’où on a i∈I β(Ai ) = β( i∈I β(Ai )) ouvert dans F. Donc F est stable par
intersection quelconque. Donc F est bien l’ensemble des fermés d’une topologie
T sur X.

Exercice 1.9. Dans (R, Tu ), soit A = ([0, 1[∪]1, 2]) ∪ {3} ∪ (Q ∩ [4, 5]) une partie de R.
1. Calculer l’intérieur et l’adhérence de [4, 5] ∩ Q.
2. Montrer que les parties suivantes

◦ ◦ ◦ ◦ ◦
A, A, A, A, A, A et A .

sont deux à deux distincts.

Solution 1.9. Soit A = ([0, 1[∪]1, 2]) ∪ {3} ∪ (Q ∩ [4, 5]). Alors

z }| { ◦ ◦
1. [4, 5] ∩ Q=[4, 5] ∩ Q= [4, 5] ∩ R = [4, 5], et (Q ∩ [4, 5]) = [4, 5].

◦ ◦ ◦ ◦ ◦
2. A=]0, 1[∪]1, 2[, A = [0, 2], A=]0, 2[, A = [0, 2] ∪ {3} ∪ [4, 5], A=]0, 2[∪]4, 5[, A = [0, 2] ∪
[4, 5]. Les 7 ensembles considérés sont deux à deux distincts.

Exercice 1.10. Soient (X, T ) un espace topologique, et A, B deux parties de X.


1. Montrer que si x ∈ Is(A), alors x ∈ Is(A).
2. Si X est séparé, montrer que (A)0 = A0 et A0 est fermé dans X. En déduire que
(A0 )0 ⊂ A0 .

3. Montrer que F r(A) ⊂ F r(A), F r(A) ⊂ F r(A) et donner des exemples où ces inclu-
sions sont strictes.
4. Montrer que, A est fermé dans X ⇔ F r(A) ⊂ A.
5. Montrer que, A est ouvert dans X ⇔ F r(A) ∩ A = ∅.

z }| {
6. Montrer que, si A est ouvert (ou fermé) dans X, alors F r(A)= ∅.
7. Montrer que, A est ouvert et fermé dans X ⇔ F r(A) = ∅.

65
1.7. Exercices avec solutions.

8. Montrer que F r(A ∪ B) ⊂ F r(A) ∪ F r(B) et donner un exemple o‘u cette inclusion
est stricte.

Solution 1.10. Soit A une partie de X.


1. Si x ∈ Is(A), alors il existe un voisinage V de x dans X tel que V ∩ A = {x}. Puisque
V ∩ A 6= ∅ et V ∩ A ⊂ V ∩ A, alors V ∩ A = {x}, donc x est un point isolé de A.
2. Soit X est séparé, on a A ⊂ A, d’où A0 ⊂ (A)0 . Inversement, soit x ∈ (A)0 , alors
pour tout voisinage ouvert V de x dans X, on a V \ {x} ∩ A 6= ∅. On en déduit que
V \ {x} ∩ A 6= ∅, car V \ {x} est un ouvert de X, donc x ∈ A0 . Par conséquent,
A0 = (A)0 .
0
De-plus, pour montrer que A0 est fermé dans X, on montre que CXA est ouvert dans
0
X. Soit x ∈ X, alors x ∈ CXA si et seulement s’il existe un ouvert V de X contenant x
0
tel que V ∩ A = {x} ou V ∩ A = ∅. Supposons x ∈ CXA , et soit y ∈ V tel que y 6= x.
Alors il existe un voisinage ouvert W de y dans X tel que x ∈
/ W et W ⊂ V . Alors on
0 0 0
a W ∩ A = ∅, donc y ∈ CXA . D’où V ⊂ CXA . donc CXA est ouvert dans X. Finalement
A0 est fermé dans X, alors A0 = A0 , et on a toujours (A0 )0 ⊂ A0 = A0 .
◦ ◦ ◦ ◦ ◦
3. Par définition, on a F r(A) = A− A, alors, puisque A⊂A⊂ A, on a (A− A) ⊂ (A− A),
◦ ◦ ◦ ◦ ◦
d’où F r(A) ⊂ F r(A). De-plus puisque A⊂ A ⊂ A, on a (A− A) ⊂ (A− A), d’où

F r(A) ⊂ F r(A).

Dans (R, Tu ) et A = Q, on a F r(Q) = F r(R) = ∅, F r(Q) = F r(∅) = ∅ et F r(Q) =
R.

4. On a F r(A) = A− A⊂ A, si A est fermé dans X, alors A = A, d’où F r(A) ⊂ A.
◦ ◦
Réciproquement, si F r(A) ⊂ A, on a A =A ∪F r(A) ⊂A ∪A = A, d’où A = A donc
A est fermé dans X.

5. Si A est ouvert dans X, alors A= A, d’où F r(A)∩A = (A−A)∩A = ∅. Inversement,
◦ ◦
supposons F r(A) ∩ A = ∅. Comme on a A ⊂ A =A ∪F r(A), alors A ⊂A. Donc A
est ouvert dans X.

z }| { ◦ ◦
6. Si A est fermé dans X, d’après 4., on a F r(A) ⊂ A alors F r(A)⊂A, et F r(A) = A− A
◦ ◦
◦ z }| { ◦ z }| {
or on a F r(A)∩ A= ∅ ⇒F r(A) ∩ A= ∅, d’où F r(A)= ∅.
Si A est ouvert dans X, alors on a

F r(A) = A− A= A − A = A ∩ CXA .

66
1.7. Exercices avec solutions.

On déduit que
◦ ◦ ◦
z }| { z }| { ◦ z}|{ ◦ ◦
F r(A)=A ∩ CXA =A ∩ CXA =A ∩CXA =A −A = ∅.

7. D’après 4. et 5. on a, A est ouvert et fermé dans X ⇔ F r(A) ∩ A = ∅ ∧ F r(A) ⊂ A


⇔ F r(A) = ∅.
8. Soient A, B ⊂ X, alors
(A∪B)
F r(A ∪ B) = (A ∪ B) ∩ CX
  A B

= A ∪ B ∩ CX ∩ CX
  
⊂ A ∪ B ∩ CXA ∩ CXB
   
= A ∩ CXA ∩ CXB ∪ B ∩ CXA ∩ CXB
   
A B
⊂ A ∩ CX ∪ B ∩ CX
= F r(A) ∪ F r(B).

Dans (X, R) muni de la topologie usuelle et A = Q, B = CRQ , on a F r(A ∪ B) =


F r(R) = ∅ et F r(A) = F r(B) = R.

Exercice 1.11. Soient X1 , X2 deux espaces topologiques et A ⊂ X1 , B ⊂ X2 . Déterminer la


frontière de A × B.

z }| { ◦ ◦
Solution 1.11. Puisque A × B = A × B et A × B=A × B , alors :

z }| {
F r(A × B) = A × B− A × B,
◦ ◦
= A × B− A × B ,
h ◦ i h  ◦ i
= A− A × B ∪ A × B− B ,
   
= F r(A) × B ∪ A × F r(B) .

Exercice 1.12. Soient (X, T ) un espace topologique et A, B ⊂ X. Montrer que si A est un


ouvert de X et A ∩ B = ∅, alors A ∩ B = ∅, mais que A ∩ B n’est pas nécessairement vide.

Solution 1.12. Supposons l’inverse, A ∩ B 6= ∅, c’est-à-dire, il existe x ∈ A et x ∈ B,


comme A est un ouvert, alors A ∈ V(x), puis x est point adhérent à B, par définition, on a
A ∩ B 6= ∅, d’où la contradiction car A ∩ B = ∅. A ∩ B n’est pas nécessairement vide, par
exemple : dans (R, Tu ), on a A =]0, 1[ et B =]1, 2], alors A ∩ B = ∅ ⇒ A ∩ B = ∅, mais
A ∩ B = [0, 1] ∩ [1, 2] = {1} =
6 ∅.

67
1.7. Exercices avec solutions.

Exercice 1.13. Soient A, B et C des parties d’un espace topologique X vérifiant A ⊂ B ∩C.
Montrer que si A est ouvert (resp., fermé) à la fois dans B et C, il est ouvert (resp., fermé)
dans B ∪ C.

Solution 1.13. Supposons A ouvert dans B et dans C. Il existe des ouverts V et V 0 de X


tels que A = V ∩ B = V 0 ∩ C. On a alors

(V ∩ V 0 ) ∩ (B ∪ C) = (V ∩ B ∩ V 0 ) ∪ (V ∩ V 0 ∩ C) = A ∪ A = A,

comme V ∩V 0 est un ouvert de X, cela prouve que A est ouvert dans B ∪C. Le raisonnement
est identique lorsque A est fermé dans B et dans C.

Exercice 1.14. Soient (X, T ) un espace topologique, A ⊂ X muni de la topologie induite


par celle de X, et B un sous-ensemble de A. Montrer que si B est dense dans A et A est
dense dans X, alors B est dense dans X.

Solution 1.14. Soit B A l’adhérence de B dans A, on a A = B A = B ∩ A , d’où A ⊂ B.


Or on a A = X, donc B = X, i.e. B est dense dans X.

Exercice 1.15. Soient X un espace topologique séparé, 4 la diagonale de X×X (c’est-à-dire


l’ensemble des (x, x) où x parcourt X). Alors 4 est fermé dans X × X.
4
Solution 1.15. Montrons que CX×X est ouvert dans X×X, c’est-à- dire voisinage de chacun
de ses points. Soit (x, y) ∈ X × X. Si (x, y) ∈
/ 4, on a x 6= y. Puisque X est séparé, il existe
des voisinages disjoints V , W de x, y. Alors V × W est un voisinage de (x, y) dans X × X,
4 4
et V × W est disjoint de 4, c’est-à-dire contenu dans CX×X . Ainsi, CX×X est voisinage de
4
(x, y), d’où CX×X est ouvert, donc 4 est fermé.
Q
Exercice 1.16. Soit X = i∈I Xi un espace topologique produit, et a = (ai , i ∈ I) un point
de X. Montrer que l’ensemble des points b = (bi , i ∈ I) de X tels que bi = ai sauf pour un
nombre fini de valeurs de l’indice i ∈ I, est dense dans X.

Solution 1.16. Soient x = (xi , i ∈ I) et a = (ai , i ∈ I) des points de X. Soit l’ensemble

S = {b = (bi , i ∈ I), bi = ai , sauf un nombre fini de l’indice i ∈ I}


Q
dans X, et V un voisinage de x. Alors V contient un ouvert élémentaire i∈I Vi , Vi voisinage
ouvert de xi dans Xi et Vi = Xi sauf pour un nombre fini de valeurs de l’indice i ∈ I. Soit
I1 ⊂ I l’ensemble des i ∈ I tels que Vi 6= Xi ,

I1 = {i ∈ I, Vi 6= Xi }.

68
1.7. Exercices avec solutions.

C’est un ensemble fini. Soit b = (bi , i ∈ I) ∈ S le point de X défini par



x i si i ∈ I1 ,
bi =
a
i / CII1
si i ∈
Q
Visiblement, b ∈ i∈I Vi ⊂ V , et bi = ai sauf pour un nombre fini de valeurs de l’indice
i ∈ I, donc V ∩ S 6= ∅, alors S = X, ce qui prouve le résultat annoncé.

Exercice 1.17 (Espace de Sierpinski). Soient X = {0, 1} et T = {∅, {1}, X}.


1. Montrer que T est une topologie sur X.
2. Quel les sont les suites dans X qui convergent vers 0 ?
3. quel les sont celles qui convergent vers 1 ?
4. dans un espace topologique arbitraire, quelles sont les parties dont la fonction indica-
trice, à valeurs dans X, est continue ?

Solution 1.17. 1. T contient ∅ et X et, puisqu’elle ne contient qu’une seule autre partie,
elle est stable par intersections(en particulier par intersections finies) et par réunions.
C’est donc une topologie sur X.
2. Toute suite dans X converge vers 0 puisque X est le seul voisinage de 0.
3. Une suite (xn ) converge vers 1 si et seulement si {1} (seul voisinage de 1 à part X)
contient tous les xn à partir d’un certain rang.
4. 1−1 −1
A (∅) = ∅ et 1A (X) = Y sont toujours des ouverts de Y, donc 1A est continue si et

seulement si 1−1
A ({1}) = A est un ouvert de Y.

Exercice 1.18. Soit X un espace topologique séparé.


1. Soit {x1 , ..., xn } une famille finie d’éléments deux à deux disjoints de X. Montrer qu’il
existe, pour chaque i (1 ≤ i ≤ n), un voisinage Vi de xi , les Vi étant deux à deux
disjoints. Cette propriété subsiste-t-elle pour une famille infinie d’éléments de X ?
2. Montrer que toute partie finie de X est fermée.

Solution 1.18. 1. La propriété est vraie pour n = 2, d’après la définition même d’un
espace séparé. Supposons-la vraie pour n ≤ p, et soient {x1 , ..., xp+1 } une famille de
p+1 points deux à deux distincts de X. D’après l’hypothèse de récurrence, pour 1 ≤ i ≤
p, il existe un voisinage Wi de xi , les Wi étant deux à deux disjoints. Puisque xi 6= xp+1 ,
il existe un voisinage Ui de xi et un voisinage Zi de xp+1 vérifiant Ui ∩ Zi = ∅. Pour

69
1.7. Exercices avec solutions.

1 ≤ i ≤ p, Vi = Wi ∩ Ui est un voisinage de xi , et Vp+1 = ∩1≤i≤p Zi un voisinage de


xp+1 , et on vérifie aisément que les Vj , avec 1 ≤ j ≤ p + 1, sont deux à deux disjoints.
La propriété ne subsiste pas en général pour une famille dénombrable de points deux
1
à deux distincts : prenons par exemple X = R, x0 = 0 et, pour tout n ≥ 1, xn = n
.
Tout voisinage de x0 contient une infinité de points xn distincts, donc ne saurait être
disjoint des voisinages de ces points.
2. Soit F = {x1 , ..., xn−1 } une partie finie de X, les xi étant deux à deux distincts. Soit
xn ∈ CXF . D’après la question précédente, il existe des voisinages respectifs V1 de x1 ,
V2 de x2 ,..., Vn de xn deux à deux disjoints. Donc Vn ⊂ CXF , ce qui prouve que CXF est
ouvert, ou encore que F est fermé.

Exercice 1.19. Soit (un , n ∈ N) une suite dans un espace topologique X. On note E =
{un , n ∈ N} l’ensemble des points de cette suite. Montrer que l’adhérence E de E est la
réunion de E et de l’ensemble des valeurs d’adhérence de (un , n ∈ N).

Solution 1.19. Notons ad(un ) l’ensemble des valeurs d’adhérence de la suite (un , n ∈ N).
Nous avons
\
ad(un ) = {um , m ≥ n}.
n∈N

Cela prouve que ad(un ) ⊂ E. On a bien sûr aussi E ⊂ E, et par suite (ad(un ) ∪ E) ⊂ E.
Réciproquement, soit x ∈ E et (vn , n ∈ N) une suite d’éléments de E qui converge vers x.
On pose V = {vn , n ∈ N}. Nous allons considérer séparément deux cas, selon que V est
fini ou infini. Supposons l’ensemble V fini. La suite (vn ) est donc constante à partir d’un
certain rang et, pour n assez grand, nous avons vn = x, donc x ∈ E. Supposons l’ensemble
V infini. Il existe une application f de N vers N telle que ∀n ∈ N, vn = uf (n) . On cherche
à construire une suite extraite de (vn ) qui soit aussi une sous-suite de (un ), c’est-à-dire
une fonction strictement croissante ϕ de N vers N telle que f ◦ ϕ soit aussi strictement
croissante. On définit ϕ par récurrence. On pose ϕ(0) = 0. On suppose ϕ(n) déterminé tel
que ϕ(n) > ϕ(n−1) et f ◦ϕ(n) > f ◦ϕ(n−1). Puisque V est infini, l’ensemble f (N) est infini
et en particulier l’ensemble {p ∈ N, f (p) > f ◦ ϕ(n)} est infini. On choisit dans cet ensemble
un élément, noté ϕ(n + 1), tel que ϕ(n + 1) > ϕ(n). On a bien f ◦ ϕ(n + 1) > f ◦ ϕ(n). La
suite vϕ(n) ainsi obtenue est extraite de la suite (un ) et converge vers x, ce qui prouve que
x ∈ ad(un ).

Exercice 1.20. Soit A = { n1 + 1


m
, n, m ∈ N∗ } dans la topologie (R, Tu ).
1. Calculer sup(A) et inf(A).

70
1.7. Exercices avec solutions.

2. Soit p ∈ N∗ . Déterminer ε > 0 pour que l’intervalle ] (p+1)


1
+ ε, p1 − ε[ ne soit pas vide.
Montrer qu’alors il ne contient qu’un nombre fini de points de A.
3. Trouver tous les points d’accumulation de A.
4. La partie A de R est-elle ouverte ? est-elle fermée ?.

Solution 1.20. Soit A = { n1 + 1


m
, n, m ∈ N∗ }.
1. On a sup(A) = 2 et inf(A) = 0.
1
2. Un calcul simple montre que ] (p+1) + ε, p1 − ε[ si et seulement si ε < 1
(2p(p+1))
.
Soient n, m ∈ N∗ tels que 1
(p+1)
+ε < 1
n
+ 1
m
< 1
p
− ε. La seconde inégalité montre
1 1 1
que m
< p
et n
< p1 , donc que m ≥ p + l et n ≥ p + 1. La première donne alors
1 1 1
(p+1)
+ε < m
+ (p+1)
, donc m < 1ε , et de même n < 1ε . En résumé, les entiers m et
n doivent appartenir à l’intervalle [p + 1, 1ε [. Le couple (m, n) ne peut donc prendre
qu’un nombre fini de valeurs.
3. Tout point d’accumulation x de A vérifie, d’après la question 1, 0 ≤ x ≤ 2. De plus,
1
x ne peut pas appartenir à un intervalle de la forme ] (p+1) , p1 [, avec p ∈ N∗ , car il
1
existerait alors un ε > 0 tel que ] (p+1) + ε, p1 − ε[ soit un voisinage de x, ce voisinage ne
contiendrait, d’après 2, qu’un nombre fini d’éléments de A, ce qui contredirait le fait
que x est point d’accumulation de A. On voit de même que x ne peut pas appartenir
à l’intervalle ]1, 2]. Seuls peuvent donc être points d’accumulation de A l’origine 0
et les points de la forme p1 , avec p ∈ N∗ . On vérifie immédiatement que chacun de
1
ces points est effectivement point d’accumulation de A : p
et 0 sont en effet limites
des suites strictement décroissantes de points de A, ( p1 + 1
n
,n ∈ N∗ ), et ( n2 , n ∈ N∗ ),
respectivement.
4. La partie A n’est pas ouverte car si elle l’était, il existerait un intervalle ouvert non
vide dont tous les points seraient points d’accumulation de A. Elle n’est pas non plus
fermée car l’origine 0 appartient à A, mais pas à A.

Exercice 1.21. Soit f : X → (Y, TY ) une application d’un ensemble non vide X dans un
espace topologique Y. Soit T la famille des images réciproques par f des ouverts de Y.i.e

T = O, O = f −1 (U ), U ∈ TY .


Montrer que T est la famille des ouverts d’une topologie sur X.

Solution 1.21. 1. La partie vide ∅ et Y étant des ouverts de Y, leurs images réciproques,
qui sont ∅ et X, sont éléments de T .

71
1.7. Exercices avec solutions.

2. Soit O1 , O2 deux d’éléments de T . Alors il existe des ouverts U1 , U2 de Y tel que


O1 = f −1 (U1 ), O2 = f −1 (U2 ). on a

O1 ∩ O2 = f −1 (U1 ) ∩ f −1 (U2 ) = f −1 (U1 ∩ U2 ),

comme U1 ∩ U2 est un ouvert de Y (intersection d’ouverts de Y), donc O1 ∩ O2 ∈ T .


3. Soit (Oi , i ∈ I) une famille d’éléments de T . pour chaque i ∈ I, il existe un ouvert Ui
de Y tel que Oi = f −1 (Ui ). on a
[ [ [
Oi = f −1 (Ui ) = f −1 ( Ui ),
i∈I i∈I i∈I
S S
comme i∈I Ui est un ouvert de Y (réunion d’ouverts de Y), donc i∈I Oi ∈ T .
Nous avons montré que T vérifie les axiomes des ouverts. c’est donc bien la famille des
ouverts pour une topologie sur X.

Exercice 1.22. Soient (X, T ) un espace topologique, A une partie de X, et 1A : X → R la


fonction caractéristique de A définie par :

1 si x ∈ A,
1A (x) =
0 si x ∈
/A

1. Pour tout sous-ensemble ouvert I de R, trouver l’image réciproque de I par 1A .


2. Montrer que 1A : X → R est continue ⇔ A est à la fois ouvert et fermé dans X.

Solution 1.22. Soit 1A : X → R, définie par : 1A (x) = 1 si x ∈ A, et 1A (x) = 0 si x ∈


/ A.
1. Pour tout sous-ensemble ouvert I de R, on a :




 ∅ si 1 ∈
/I ∧0∈
/ I,


si 1 ∈ I ∧0∈I

X
−1
1A (I) =



 A si 1 ∈ I ∧0∈
/I


C A si 1 ∈

/I ∧0∈I
X

2. 1A est continue sur X ⇔ 1−1


A (I) est ouvert dans X pour tout ouvert I de R ⇔ ∅, X, A

et CXA sont ouverts ⇔ A est ouvert et fermé.

Exercice 1.23. Soit f une application continue injective sur un espace topologique X dans
un espace topologique séparé Y. Montrer que X est séparé.

72
1.7. Exercices avec solutions.

Solution 1.23. Soient x, y des points distincts de X et f : X → Y une application injective


continue. Puisque f est injective, on a f (x) 6= f (y). Comme Y est séparé, il existe un
voisinage V de f (x) dans Y et un voisinage W de f (y) dans Y tels que V ∩ W = ∅. Alors
f −1 (V ) et f −1 (W ) sont des voisinages disjoints de x et y dans X. Donc X est séparé.

Exercice 1.24. Soient X et Y deux espaces topologiques quelconques, f : X → Y une


application continue et A, B deux parties de X ayant même adhérence. Montrer que f (A) =
f (B).

Solution 1.24. f (A) = f (B) (car A = B) et f (B) ⊂ f (B) (car f est continue) donc f (A)
est inclus dans le fermé f (B), donc f (A) ⊂ f (B). Idem en intervertissant A et B, d’où
l’égalité.

Exercice 1.25. Soient f et g deux applications continues sur un espace topologique X et à


valeurs dans R (topologie usuelle).
1. Montrer que l’ensemble A = {x ∈ X, 1 < f (x) < 2} est ouvert.
2. Montrer que l’ensemble B = {x ∈ X, f (x) ≤ g(x)} est fermé.

Solution 1.25. 1. Comme f est continue et que l’intervalle ]1, 2[ est ouvert dans R, il
suit que A = f −1 (]1, 2[) est ouvert dans X.
2. On a clairement B = {x ∈ X, f (x) − g(x) ∈] − ∞, 0]} = (f − g)−1 (] − ∞, 0]). Or f , g
continues implique que f − g est continue. Comme ] − ∞, 0] est fermé dans R, il suit
que B est fermé dans X.

Exercice 1.26. Soient f et g deux applications continues sur un espace topologique X et à


valeurs dans un espace topologique séparé Y .
1. Vérifier que l’ensemble A = {x ∈ X, f (x) = g(x)}, est un fermé de X.
2. Si f = g sur une partie dense dans X, alors f = g sur X.

Solution 1.26. 1. On va montre que CXA est ouvert dans X. Soit y ∈ CXA alors f (y) 6=
g(y). Puisque Y est séparé ils existent des ouverts U, V dans Y tels que f (y) ∈ U ,
g(y) ∈ V et U ∩ V = ∅. Donc y ∈ f −1 (U ) ∩ g −1 (V ) est un ouvert dans X, car f, g
sont continues et U, V sont ouverts dans Y. De plus l’ouvert f −1 (U ) ∩ g −1 (V ) ⊂ CXA
qui entraine que CXA est ouvert et donc A est fermé.
2. Soit B une partie dense dans X telle que pour tout x ∈ B, on a f (x) = g(x). On en
déduit que B ⊂ A. Par conséquent, on a X = B ⊂ A, d’où X = A (d’après 1. A est
fermé). Autrement dit, on a f = g sur X.

73
1.7. Exercices avec solutions.

Exercice 1.27. Soient X, Y et Z trois espaces topologiques, et f : X → Y, g : Y → Z des


applications.
1. Montrer que si f et g sont ouvertes (resp., fermées), alors g ◦ f est ouverte (resp.,
fermée).
2. Montrer que si g ◦ f est ouverte (resp., fermée) et si g est injective et continue, alors
f est ouverte (resp., fermée).
3. Montrer que si g ◦ f est ouverte (resp., fermée) et si f est surjective et continue, alors
g est ouverte (resp., fermée).

Solution 1.27. 1. Pour toute partie A ouverte (resp., fermée) de X, on a g ◦ f (A) =


g(f (A)) est ouverte (resp., fermée). On en déduit immédiatement le résultat annoncé.
2. Supposons g injective. Alors pour toute partie A de X, f (A) = g −1 (g ◦ f (A)). Si de
plus g est continue et g ◦ f ouverte (resp., fermée), pour toute partie ouverte (resp.,
fermée) A de X, g ◦ f (A) est ouvert (resp., fermé), ainsi que son image réciproque par
g, donc f (A) est ouvert (resp., fermé).
3. Supposons f surjective. Alors pour toute partie B de Y, g(B) = g ◦ f (f −1 (B)). Un
raisonnement analogue à celui de la question précédente permet alors de conclure.

Exercice 1.28. Soit f : X → Y une application d’un espace topologique X dans un espace
topologique Y. Soient A et B deux parties de X telles que A ∪ B = X. Soient fA et fB les
restrictions de f à A et B.
Montrer que si A et B sont ouverts (resp. fermés) la continuité de fA et de fB entraîne celle
de f .

Solution 1.28. Si A et B sont des ouverts de X et U un ouvert de Y, f −1 (U ) = fA−1 (U ) ∪


fB−1 (U ), mais fA−1 (U ) est un ouvert de A, c’est-à-dire un ouvert de X contenu dans A, et
de même fB−1 (U ) est un ouvert de X contenu dans B. Par suite, f −1 (U ) est ouvert comme
réunion de deux ouverts. Le raisonnement est analogue si A et B sont fermés, en remplaçant
U par une partie fermée de F .

Exercice 1.29. Soit f : R → R une application. On appelle graphe, épigraphe et typographe


de f les parties G, G+ et G− de R2 ,

G = {(x, y) ∈ R2 , y = f (x)},
G+ = {(x, y) ∈ R2 , y > f (x)},
G− = {(x, y) ∈ R2 , y < f (x)}.

74
1.7. Exercices avec solutions.

1. On suppose f continue. Montrer que G+ et G− sont des ouverts, et G un fermé de


R2 . Déterminer G+ , G− , F r(G+ ), et F r(G− ).
2. On suppose le graphe G de f fermé dans R2 . Peut-on en déduire que f est continue ?
3. Plus généralement, soit f : X → Y une application continue d’un espace topologique X
dans un espace topologique séparé Y, et G = {(x, y) ∈ X × Y, y = f (x)}, son graphe.
Montrer que G est fermé dans X × Y.

Solution 1.29. 1. L’application ϕ : R2 → R, ϕ(x, y) = y − f (x) est continue car compo-


sée de (x, y) 7→ (f (x), y) qui est continue puisque ses deux composantes le sont, et de
(x, y) 7→ z − y, qui est continue puisque linéaire. Nous avons

G = ϕ−1 ({0}),
G+ = ϕ−1 (]0, +∞[),
G− = ϕ−1 (] − ∞, 0[),

ce qui prouve que G est fermé, G+ et G− ouverts.


Tout voisinage d’un point (x, y) de G rencontre à la fois G+ et G− , donc G ⊂ F r(G+ )∩
F r(G− ). Comme G, G+ et G− forment une partition de R2 , avec G+ et G− ouverts,
G = F r(G+ ) = F r(G− ), G+ = G+ ∪ G, G− = G− ∪ G.
2. Non, f n’est pas nécessairement continue. Considérons par exemple la application

0 si x = 0,
f (x) =
x−1 si x 6= 0.

Elle n’est pas continue à l’origine. Son graphe G est réunion de G1 = {(x, y) ∈
R2 , xy = 1}, qui est fermé puisque image réciproque de {0} par l’application conti-
nue (x, y) 7→ xy − 1, et du singleton G2 = {(0, 0)}, qui est fermé puisque R2 est
séparé. Le graphe G est fermé puisque réunion de deux fermés.
3. L’application ϕ : X × Y → X × Y, (x, y) 7→ (f (x), y), est continue car ses deux
composantes le sont. La diagonale 4 = {(y1 , y2 ) ∈ X × Y, y1 = y2 } est une partie
fermée de X × Y, on voit en effet qu’exprimer que son complémentaire est ouvert
équivaut à exprimer que Y est séparé (voir Exercice 1.15). Le graphe G de f n’est
autre que ϕ−1 (4), il est donc fermé.

75
Chapitre 2

Espaces métriques.

Les espaces métriques forment une sous-classe très importante d’espace topologiques
particuliers où les ouverts sont définies à l’aide d’une distance. Le terme " métrique" vient
du grec metrikos, signifiant " qui peut être mesuré ".

2.1 Distance, Espace métrique.


Définition 2.1 (Espace métrique). Une distance (ou métrique) sur un ensemble X est
une application :

d : X × X −→ R+
(x, y) 7−→ d(x, y)

possédant, pour tous x, y, z ∈ X, les propriétés suivantes :


1. d(x, y) = 0 ⇔ x = y ( propriété de séparation).
2. d(x, y) = d(y, x) ( propriété de symétrie).
3. d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z) (inégalité triangulaire).
Muni de la distance d, X est appelé espace métrique, on note parfois un tel espace (X, d).
Le nombre réel positif d(x, y) est appelé la distance entre x et y dans X.

Définition 2.2 (Sous-espace métrique). Si A ⊂ X alors la restriction de d à A × A,


notée dA , possède les propriétés de distance ci-dessus. On dit que le couple (A, dA ) est un
sous-espace métrique de (X, d).

Remarque 2.1. Pour montrer qu’un espace est métrique on doit vérifier les 3 conditions
ci-dessus. Les deux premières sont faciles, c’est l’inégalité triangulaire qui demande généra-
lement du travail.

76
2.1. Distance, Espace métrique.

Exemple 2.1. 1. L’application d : R × R → R+ définie par :

d(x, y) = |x − y|, ∀x, y ∈ R,

constitue une distance sur R, on l’appelle la distance usuelle de R et on la désigne


souvent par du .
2. L’application d : C × C → R+ définie par :

d(z1 , z2 ) = |z1 − z2 |, ∀z1 , z2 ∈ C,

constitue une distance sur C, on l’appelle la distance usuelle de C et on la désigne


souvent par du .
3. Dans Kn avec K = R ou C, on peut alors définir plusieurs distances faisant in-
tervenir les distances entre les composantes. Pour deux éléments arbitraires de Kn ,
x = (x1 , ..., xn ) et y = (y1 , ..., yn ), alors les applications suivantes
n n
1
X X
d1 (x, y) = |xi − yi |, d2 (x, y) = ( |xi − yi |2 ) 2 , et d∞ (x, y) = max |xi − yi |,
i∈{1,2,...,n}
i=1 i=1

sont des distances sur Kn . La distance d2 est appelée la distance euclidienne sur Kn .
4. Soit X = R avec la distance usuelle d(x, y) = |x − y| et A = [a, b], avec a 6= b, alors
(A, dA ) où dA (x, y) = |x − y| pour tout x, y ∈ A est un espace métrique. On peut
générer ainsi une infinité de sous-espace métriques de R.
5. La distance δ : R × R → R+ définie par :
(
1 si x 6= y
δ(x, y) =
0 si x = y

est appelée la distance discrète. L’espace métrique muni de cette distance est appelé
espace métrique discret.
6. Soit C[a, b] l’ensemble des fonctions continues sur l’intervalle [a, b], et on définie sur
C[a, b]
d(f, g) = max |f (t) − g(t)|,
t∈[a,b]

alors (C[a, b], d) est aussi un espace métrique.


7. Soit X = C([0, 1], R) l’ensemble des fonctions continues de [0, 1] dans R. Pour tous
f, g ∈ X, on pose Z 1
d(f, g) = |f (x) − g(x)|dx.
0
Alors d est une distance sur X.

77
2.2. Boules dans un espace métrique.

8. Sur R la fonction d(x, y) = | arctan(x)−arctan(y)|, où arctan(+∞) = π2 , et arctan(−∞) =


−π
2
est une distance.

Proposition. 2.1. Soit (X, d) un espace métrique. La distance entre les distances est plus
petite que la distance, ie, pour tout x, y, z ∈ X, on a

|d(x, z) − d(z, y)| ≤ d(x, y).

Démonstration. D’après les propriétés de distance, on a d(x, z) ≤ d(x, y)+d(z, y) et d(z, y) ≤


d(x, z)+d(x, y), d’où d(x, z)−d(z, y) ≤ d(x, y) et d(z, y)−d(x, z) ≤ d(x, y). Par conséquent,
on a |d(x, z) − d(z, y)| ≤ d(x, y).

2.2 Boules dans un espace métrique.


Définition 2.3 (Boules dans un espace métrique ). Soient (X, d) un espace métrique,
a ∈ X et r > 0.
1. On appelle boule ouverte de centre a et de rayon r l’ensemble :

B(a, r) = {x ∈ X, d(a, x) < r}.

2. On appelle boule fermée de centre a et de rayon r l’ensemble :

B(a, r) = {x ∈ X, d(a, x) ≤ r}.

3. On appelle sphère de centre a et de rayon r l’ensemble :

S(a, r) = {x ∈ X, d(a, x) = r}.

Remarque 2.2. 1. Notons que l’on a B(a, r) = B(a, r) ∪ S(a, r).


2. Toute boule contient son centre et par conséquent est non vide.
3. Si 0 < r < s alors,
{a} ⊂ B(a, r) ⊂ B(a, r) ⊂ B(a, s).

4. Si d1 , d2 , ..., dn sont toutes des distances sur le même espace X, alors on notera les
boules par rapport aux différentes distances par Bd1 (a, r), Bd1 (a, r), ..., Bdn (a, r).

Exemple 2.2. 1. Si X = R avec la distance usuelle alors :

78
2.2. Boules dans un espace métrique.

(a) B(a, r) = {x ∈ R, |a − x| < r} =]a − r, a + r[.


(b) B(a, r) = {x ∈ R, |a − x| ≤ r} = [a − r, a + r].
(c) S(a, r) = {x ∈ R, |a − x| = r} = {a − r, a + r}.
2. Dans (X, δ) l’espace métrique discret, soient a ∈ X et r > 0, on a
(a) Si 0 < r < 1, on a B(a, r) = B(a, r) = {a} et S(a, r) = ∅.
(b) Si 0r = 1, on a B(a, r) = {a}, B(a, r) = X et S(a, r) = X − {a}.
(c) Si 1 < r, on a B(a, r) = B(a, r) = X et S(a, r) = ∅.
3. Dans R2 les boules de centre 0 et de rayon 1 ont la forme suivante :

Définition 2.4 (Parties bornées). Soient (X, d) un espace métrique et A une partie de
X. A est une partie bornée de X s’il existe une boule fermée B(a, r) de X contenant A.

∀x ∈ A, d(x, a) ≤ r.

Remarque 2.3. Compte tenu de la remarque ci-dessus sur les inclusions des boules, il
est clair que l’on peut remplacer la boule fermée par la boule ouverte. De plus l’inégalité
triangulaire entraîne que le caractère borné de A ne dépend pas du choix de a (avec un b il
suffit de remplacer r par r0 = r + d(a, b)).

Définition 2.5 (Suies bornées). Une suite (xn )n dans (X, d) est dite bornée si l’ensemble
{xn , n ≥ 0} est borné dans (X, d).

Définition 2.6 (Fonctions bornées). Soient X un ensemble et (Y, d) un espace métrique.


On dit qu’une fonction f : X → Y est bornée si son image f (X) est bornée.

79
2.3. Distance entre deux parties et diamètre.

2.3 Distance entre deux parties et diamètre.


Définition 2.7 (Distance entre deux parties). Soit A et B deux parties quelconques
d’un espace métrique (X, d). On appelle distance de A et B, et l’on note dist(A, B) la
quantité positive définie par

dist(A, B) = inf d(x, y).


x∈A,y∈B

On a évidement
dist(A, B) = dist(B, A).

Si A = {a}, cette distance se nomme distance du point a à l’ensemble B et se note :

dist(a, B) = inf d(a, y).


y∈B

Remarque 2.4. 1. Si a ∈ B on a évidement d(a, B) = 0.


1. Pour toutes parties A et B de (X, d) on a :

dist(A, B) = inf dist(x, B) = inf dist(A, y).


x∈A y∈B

2. Si A ∩ B 6= ∅ ⇒ dist(A, B) = 0. La réciproque de l’implication n’est pas toujours


1
vraie. Par exemple, on prend A = {0} ⊂ R et B = { 1+n , n ∈ N} dans la distance
usuelle, on a d(A, B) = 0, et A ∩ B = ∅.
3. dist(A, B) n’est pas une distance sur l’ensemble P(X) des partie de X. Par exemple
dist(A, B) = 0 n’entraine pas A = B. Si X = R, A = [0, 2], B = [2, 3], dist(A, B) = 0
mais A 6= B.

Exemple 2.3. 1. Dans (R, du ), dist(a, Q) = 0 pour tout a ∈ R.


2. Si A = ∅, {d(x, a)} = ∅, a ∈ ∅ et donc dist(x, A) = inf{∅} dans R. Soit m ∈ R, m
est un minorant de ∅ si pour tout x ∈ ∅, m ≤ x, et donc d(x, ∅) = +∞.

Définition 2.8 (Diamètre d’une partie). On appelle diamètre d’une partie A de X, et


l’on note par diam(A) ou δ(A), la quantité :

δ(A) = sup d(x, y).


x,y∈A

Remarque 2.5. On vérifie immédiatement qu’une partie A de X est bornée si et seulement


si son diamètre est fini.

80
2.4. Topologie des espaces métriques.

2.4 Topologie des espaces métriques.


Soit (X, d) un espace métrique.

Définition 2.9 (Partie ouverte dans espace métrique). Une partie O ⊂ X est ouverte
si, pour tout point x ∈ O, il existe une boule ouverte B(x, r) centrée en x et de rayon non
nul incluse dans O.

O est ouvert dans X ⇔ ∀x ∈ O, ∃r > 0, B(x, r) ⊂ O.

En particulier, la partie vide est ouverte.

Définition 2.10 (Voisinage d’un espace métrique ). Soit Vx partie de X, Vx est un


voisinage de x ∈ X ⇔ ∃r > 0 tel que B(x, r) ⊂ Vx .

Proposition. 2.2. 1. La boule ouverte B(x, r) est un ouvert.


2. La boule fermée B(x, r) et la sphère S(x, r) sont des fermés.

Démonstration. 1. Soit B(x, r) une boule ouverte et y ∈ B(x, r). Alors d(x, y) < r. Soit
ry > 0 tel que ry < r − d(x, y). Alors si z ∈ B(y, ry ) on a

d(z, x) ≤ d(z, y) + d(y, x) < ry + d(y, x) < (r − d(x, y)) + d(y, x) = r.

Donc z ∈ B(x, r). Ainsi B(y, ry ) ⊂ B(x, r). Donc B(x, r) est ouvert dans X.
2. B(x, r) est fermé si et seulement si son complémentaire est un ouvert. Donc, montrons
B(x,r)
que A(x, r) = CX = {y ∈ X, d(y, x) > r} est un ouvert. Si y ∈ A(x, r) alors d(y, x) > r
et pour 0 < ρ < d(y, x) − r on a B(y, ρ) ⊂ A(x, r). Donc A(x, r) est ouvert.
Pour S(x, r), il suffit de noter que

S(x, r) = {a ∈ X, d(x, a) ≤ r} ∩ {a ∈ X, d(x, a) ≥ r},

les deux ensembles étant fermés, S(x, r) est fermé.

Proposition. 2.3. Un ouvert de (X, d) est une union quelconque de boules ouvertes.

Démonstration. Soit O ⊂ X un ouvert et x ∈ O. Comme O est ouvert, ∀x ∈ O, ∃rx > 0


S
tel que B(x, rx ) ⊂ O. Posons V = x∈O B(x, rx ). Pour tout y ∈ O on a y ∈ B(y, ry ) et
B(y, ry ) ⊂ V . Donc y ∈ V et on en déduit l’inclusion O ⊂ V . De plus, O contient toute les
boules B(y, ry ) donc leur réunion. D’où V ⊂ O et par suite O = V .

81
2.4. Topologie des espaces métriques.

Proposition. 2.4. Soit Tdi la famille des ouverts dans X. Alors, Tdi est une topologie sur
X telle que la famille des boules ouvertes est une base de cette topologie.

Démonstration. 1. Tdi est une topologie car


(a) ∅, X ∈ Tdi .
S
(b) Soient O = Oi et x ∈ O. Alors ∃i0 ∈ I tel que xOi0 . Comme Oi0 est ouvert
i∈I
S
⇒ ∃r > 0 tel que B(x, r) ⊂ Oi0 ⇒ B(x, r) ⊂ i∈I Oi = O. Comme x ∈ O était
quelconque ⇒ O est ouvert.
(c) Soit x ∈ O1 ∩O2 . Alors x ∈ O1 et x ∈ O2 . Comme O1 , O2 sont des ouverts, il existe
r1 > 0, r2 > 0 tels que B(x, r1 ) ⊂ O1 , B(x, r2 ) ⊂ O2 . Soit r = min(r1 , r2 ) > 0.
Alors B(x, r) ⊂ O1 ∩ O2 . Donc O1 ∩ O2 est ouvert.
2. On a B(x, r) est un ouvert dans Td . De-plus, soit O ∈ Td , pour tout x ∈ O, il existe
S
B(x, rx ) ⊂ O. Par conséquent x∈O B(x, rx ) ⊃ O et d’où le résultat.

Définition 2.11 (Topologie associée à une métrique). La topologie Td est appelée la


topologie associée à la distance d. Un espace métrique (X, d) sera toujours considéré comme
un espace topologique, muni de la topologie Td .

Exemple 2.4. 1. si δ est la métrique discrète, Td est la topologie discrète. En-effet, pour
x dans X on a
B(x, r) = {x} ⊂ {x} avec r < 1 et {x} ∈ Td .

2. Pour tout point x de X, (B(x, n1 ))n∈N∗ , forme un système fondamental dénombrable de


voisinages de x dans (X, d), et
 
1 ∗
B = B(x, ), n ∈ N , x ∈ X ,
n

est une base d’ouverts de (X, d).

Proposition. 2.5. Un espace métrique est séparé.

Démonstration. Soient x et y deux points distincts de X. Posons e = d(x, y), on a e > 0.


Les boules ouvertes U et V de centres x et y, de rayon e/3, qui sont des voisinages de x et
y sont disjointes. En effet s’il existait a ∈ U ∩ V , de d(x, y) ≤ d(x, a) + d(a, x) on déduirait
e < e/3 + e/3, ce qui est absurde.

82
2.4. Topologie des espaces métriques.

Définition 2.12 (Convergence de suites dans espace métrique). Soient (X, d) un es-
pace métrique et (xn )n une suite de X. On dit que (xn )n converge vers l ∈ X si et seulement
si
∀ε > 0, ∃nε ≥ 1, ∀n ≥ nε ⇒ xn ∈ B(l, ε),

et on écrit limn→+∞ xn = l. Autrement dit, la suite (xn )n converge vers l ∈ X si, et seulement
si, on a limn→+∞ d(xn , l) = 0 dans R.

Définition 2.13 (Suites bornées). Soient (X, d) un espace métrique et (xn )n une suite de
X. On dit que (xn )n ⊂ X est bornée s’il existe a ∈ X et r > 0 tels que d(a, xn ) ≤ r, ∀n.

Exemple 2.5. Soit d la distance discret définit sur R. Si (xn )n converge vers l dans (R, d),
alors
∃n0 ∈ N, n ≥ n0 , xn = l.

Par exemple, la suite (e−n )n ne converge pas dans l’espace métrique discrète, mais (e−n )n
converge vers 0 dans l’espace métrique usuelle.

Proposition. 2.6. Soit (X, d) un espace métrique et A ⊂ X.



1. x ∈A si et seulement s’il existe r > 0 tel que B(x, r) ⊂ A.
2. x ∈ A si et seulement si ∀r > 0, B(x, r) ∩ A 6= ∅.

Démonstration. La démonstration est assez simple et consiste à remplacer les voisinages par
les boules, qu’on a vu dans le premier chapitre.

Remarque 2.6. Les propriétés et les définitions de ces points ( Intérieur, extérieur, adhé-
rence, frontière ...), qu’on a vu dans le premier chapitre restent valable dans ce chapitre.

Proposition. 2.7 (Caractérisation des ensembles à l’aide des suites). Soient (X, d)
un espace métrique et F une partie de X. On a
 
A = x ∈ X, ∃(xn )n ⊂ A, telle que lim xn = x .
n→+∞

Démonstration. ⊃) On considère un x appartenant à l’ensemble de droite. Soit r > 0, il


existe n0 ∈ N tel que xn ∈ B(x, r), pour tout n ≥ n0 . En particulier, xn0 ∈ B(x, r) ∩ A,
donc B(x, r) ∩ A 6= ∅, d’où x ∈ A.
1
⊂) Soit x ∈ A, pour n ∈ N, on considère un xn ∈ A ∩ B(x, n+1 ), Alors (xn )n ⊂ A,
1
d(xn , x) < n+1
, pour tout n ∈ N, donc limn→+∞ xn = x.

83
2.4. Topologie des espaces métriques.

Proposition. 2.8. A est un fermé si et seulement si pour toute suite convergente (xn )n ⊂ A
on a limn→∞ xn ∈ A.

Démonstration. ⇒) Si x est tel qu’il existe une suite (xn ) ⊂ A telle que xn → x, alors
x ∈ A = A.
⇐) Si x ∈ A, il existe une suite (xn ) ⊂ A telle quexn → x. Par conséquent, x ∈ A, et donc
A ⊂ A. Comme on a toujours A = A, donc A est fermé.

Proposition. 2.9. Soient A une partie non vide de X, et a un point de X. Alors


1. a ∈ A si et seulement si dist(a, A) = 0.

2. a ∈A si et seulement si dist(a, CXA ) > 0.

Démonstration. 1. Soit x ∈ X. Si x ∈ A, alors il existe une suite (an )n dans A telle


que x = limn→+∞ an , i.e. limn→+∞ d(x, an ) = 0. Comme pour tout n ≥ 0, on a
|dist(x, A) − dist(an , A)| ≤ d(x, an ) et dist(an , A) = 0, alors on a dist(x, A) = 0.
Réciproquement, supposons que dist(x, A) = 0. Comme on a dist(x, A) = inf a∈A d(x, a),
1
alors pour tout n ≥ 0, il existe an ∈ A tel que d(x, an ) < n+1
. Par conséquent, la suite
(an )n converge vers x, d’où on a x ∈ A.
◦ CA ◦
2. On a A= CX X , d’où a ∈A si et seulement si dist(a, CXA ) > 0.

Proposition. 2.10. x est valeur d’adhérence de la suite (xn )n si et seulement si il existe


une sous-suite (xnk )k de la suite (xn )n , telle que limk→+∞ xnk = x.

Démonstration. ⇒) Par définition d’une valeur d’adhérence, l’ensemble B(x, 1) contient au


moins un point de la suite disons xn1 . Par récurrence, supposons qu’il existe n1 < n2 <
1
< nk construits tels que xnk ∈ B(x, k1 ). L’ensemble B(x, k+1 ) est un voisinage de x. Donc
1
l’ensemble {n ∈ N : xn ∈ B(x, k+1 )} est infini. Donc il existe nk+1 > nk tel que xnk+1 ∈
1
B(x, k+1 ). On construit ainsi une sous-suite (xnk )k telle que d(xnk , x) < k1 . En faisant tendre
k → ∞, on obtient alors que (xnk )k converge vers x.
⇐) Voir Proposition 1.47.

Définition 2.14 (Topologie métrisable). On dit qu’une topologie T sur un ensemble X


est métrisable si on peut trouver une distance d sur X qui donne la topologie T , c’est à dire
T = Td .

Remarque 2.7. Si (X, T ) est métrisable, alors il existe une infinité de distances permettant
de définir la topologie T . En-effet, si la distance d existe, alors pour tout r > 0, la distance
dr = rd définie par dr (x, y) = rd(x, y) vérifie aussi T = Tdr .

84
2.4. Topologie des espaces métriques.

Exemple 2.6. Tout espace topologique discret est métrisable, en fait, la distance discrète
induit la topologie discrète.

Il y a au moins deux façons de comparer deux distances définies sur un même ensemble
X. On peut se contenter de comparer les topologies associées ou faire une comparaison plus
quantitative.

Définition 2.15 (Équivalence de deux distances ). Soient d1 et d2 deux distances sur


un ensemble X.
1. On dit que d1 et d2 sont topologiquement équivalentes si elles définissent la même
topologie (Td1 = Td2 ).
2. On dit que d1 et d2 sont métriquement équivalentes si il existe α > 0 et β > 0 tels que

∀x, y ∈ X, αd2 (x, y) ≤ d1 (x, y) ≤ βd2 (x, y).

Proposition. 2.11. Soient d1 et d2 des distances sur un ensemble X. Notons B1 (resp B2 )


les boules ouvertes de l’espace (X, d1 ) (resp. (X, d2 )). Alors d1 et d2 sont topologiquement
équivalentes si et seulement si elles vérifient les deux conditions :

∀x ∈ X, ∀r > 0, ∃r0 > 0, B2 (x, r0 ) ⊂ B1 (x, r).

∀x ∈ X, ∀r0 > 0, ∃r > 0, B1 (x, r) ⊂ B2 (x, r0 ).

Démonstration. On constate que la première équation traduit la continuité de l’application


Id : x 7→ x de l’espace topologique (X, d1 ) dans l’espace topologique (X, d2 ), en tout point
x ∈ X. Il en résulte que la première équation à Td1 ⊂ Td2 . De même la deuxième équation
équivaut à Td2 ⊂ Td1 .

Proposition. 2.12. Soient d1 et d2 deux distances sur un ensemble X. Les distances d1 et


d2 sont métriquement équivalentes alors elles sont topologiquement équivalentes.

Démonstration. Soient d1 et d2 sont métriquement équivalentes alors ∀x, y ∈ X, αd1 (x, y) ≤


d2 (x, y) ≤ βd1 (x, y). Soit O un ouvert de (X, d1 ). Soit a ∈ O. Alors ∃r > 0 tel que Bd1 (a, r) ⊂
r∗
O. On pose r∗ = rα. Si d2 (a, x) < r∗ , alors d1 (x, a) ≤ α1 d2 (x, a) < α
et donc d1 (x, a) < r.
D’où x ∈ O. Ainsi pour r∗ = rα on a

Bd2 (a, r∗ ) = {x ∈ X, d2 (x, a) < r∗ } ⊂ O.

85
2.5. Continuité uniforme.

Donc O est ouvert dans (X, d2 ). Réciproquement en permutant les rôles de d1 et d2 il vient
que si O est un ouvert de (X, d2 ) alors O est un ouvert de (X, d1 ). Donc d1 et d2 sont
topologiquement équivalentes.

Exemple 2.7. 1. Sur R+ les distances d1 (x, y) = |x − y| et d2 (x, y) = |x2 − y 2 | sont


topologiquement équivalentes mais pas métriquement équivalentes.
2. Les distances d1 , d2 et d∞ définies sur Rn sont équivalentes puisque : d∞ ≤ d1 ≤ nd∞ ,

d∞ ≤ d2 ≤ nd∞ , et d2 ≤ d1 ≤ nd2 .

2.5 Continuité uniforme.


Définition 2.16 (Continuité dans les espaces métriques). Si (X, d1 ), (Y, d2 ) sont mé-
triques, f : X → Y est dite continue en a ∈ X si

(∀ε > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ X) : d1 (x, a) ≤ δ ⇒ d2 (f (x), f (a)) ≤ ε.

On a vu dans le premier chapitre que la continuité implique la continuité séquentielle


et que la réciproque n’est pas vraie. La proposition suivante montre que la continuité et la
continuité séquentielle sont équivalentes dans les espaces métriques.

Proposition. 2.13. Si (X, d1 ), (Y, d2 ) sont métriques, soit f : X → Y une application.


Alors, f est continue si et seulement si f est séquentiellement continue.

Démonstration. Soit a ∈ X. ⇒) Soit ε > 0. Pour le δ correspondant, il existe un n0 tel que


d1 (xn , a) < δ, n ≥ n0 . Alors d2 (f (xn ), f (a)) < ε, n ≥ n0 , d’où f (xn ) → f (a).
⇐) Par l’absurde : si f n’est pas continue en a, il existe un ε > 0 tel que, pour tout δ > 0, il
1
existe un x tel que d1 (x, a) < δ mais d2 (f (x), f (a)) ≥ ε. Pour δ = , on trouve un xn
(n + 1)
1
tel que d1 (xn , a) < et d2 (f (xn ), f (a)) ≥ ε. On a donc xn → a mais f (xn ) 9 f (a),
(n + 1)
contradiction.

Définition 2.17 (Continuité uniforme). Si (X, d1 ), (Y, d1 ) sont métriques, f : X → Y


est dite uniformément continue si

(∀ε > 0)(∃δ > 0)(∀x, x0 ∈ X) : d1 (x, x0 ) ≤ δ ⇒ d2 (f (x), f (x0 )) ≤ ε.

Remarque 2.8. 1. Dans la continuité uniforme, on a δ ne dépend pas de x0 . Clairement,


la continuité uniforme entraine la continuité.

86
2.5. Continuité uniforme.

2. La composée de deux applications uniformément continues est uniformément continue.


3. La notion de continuité uniforme, dans des espaces métriques, n’est pas généralisable
sur des espaces topologiques quelconques.
4. Les seuls polynômes uniformément continus sont les polynômes du premier degré.

Définition 2.18 (Applications lipschitzienne, contractante, et isométrie ). Soient


(X, d1 ) et (Y, d1 ) deux espaces métriques, f : X → Y une application et k un réel strictement
positif.

1. On dit que f est lipschitzienne de rapport k (ou simplement k-lipschitzienne) si :

∀x, x0 ∈ X : d2 (f (x), f (x0 )) ≤ kd1 (x, x0 ).

2. On dit que f est bilipschitzienne si elle est bijective et chacune des deux applications
f et f −1 est lipschitzienne.
3. On dit que f est contractante si elle est lipschitzienne de rapport inférieur strictement
à 1.
4. On dit que f est une isométrie si :

∀x, x0 ∈ X : d2 (f (x), f (x0 )) = d1 (x, x0 ).

En d’autre termes : une isométrie est une application qui conserve les distances.

Remarque 2.9. Les fonction k-lipschitziennes sont uniformément continues (si k = 0 elles
sont constantes. Sinon on pose δ = kε ). En particulier, elle sont évidemment continues.

Remarque 2.10. 1. On montre aisément que toute isométrie est injective.


2. Il est immédiat que toute isomérie est lipschitzienne de rapport 1, elle est donc uni-
formément continue sur X.
3. La composée de deux isométries est une isométrie.

Proposition. 2.14. Soient (X, d1 ) et (Y, d1 ) deux espaces métriques, f : X → Y une


application. Alors f est uniformément continue si est seulement si pour toutes suites (xn )n
et (zn )n dans X telles que limn→+∞ d1 (xn , zn ) = 0, on ait limn→+∞ d2 (f (xn ), f (zn )) = 0.

Démonstration. ⇒). Soient ((xn )n et (zn )n dans X telles que limn→+∞ d1 (xn , zn ) = 0. Soit
ε > 0, puisque f est uniformément continue, il existe η > 0 tel que pour tout x, z ∈ X
vérifiant d1 (x, z) < η, on ait d2 (f (x), f (z)) < ε. Comme on a limn→+∞ d1 (xn , zn ) = 0, il

87
2.5. Continuité uniforme.

existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , on ait d1 (xn , zn ) < η, d’où on a d2 (f (xn ), f (zn )) < ε.
Par conséquent, on a limn→+∞ d2 (f (xn ), f (zn )) = 0.
⇐). Supposons que f n’est pas uniformément continue. Alors il existe ε > 0 tel que pour
tout η > 0, il existe x, z ∈ X tels que d1 (x, z) < η et d2 (f (x), f (z)) ≥ ε. En prenant, η = n1 ,
avec n ∈ N∗ , on trouve deux suites (xn )n et (zn )n dans X telles que pour tout n ≥ 1, on ait
1
d1 (xn , zn ) < n
et d2 (f (xn ), f (zn )) ≥ ε. Par conséquent, on a limn→+∞ d1 (xn , zn ) = 0, mais
la suite de réels (d2 (f (xn ), f (zn )))n ne converge pas vers 0 dans R. C’est une contradiction.

Exemple 2.8. L’application f : R → R, f (x) = x2 est continue, mais elle n’est pas
1
uniformément continue. En-effet, on pose xn = n + n
et yn = n, alors |xn − yn | → 0, mais
1 1
f (n + n
) − f (n) = 2 + n
ne tend pas vers 0.

Proposition. 2.15. Soient d1 et d2 deux distances sur un ensemble X.


1. Les distances d1 et d2 sont métriquement équivalentes si et seulement si l’application
identité Id : (X, d1 ) → (X, d2 ) est bilipschitzienne.
2. Les distances d1 et d2 sont topologiquement équivalentes si et seulement si l’application
identité Id : (X, d1 ) → (X, d2 ) est bicontinue.

Démonstration. Soient d1 et d2 deux distances sur un ensemble X.


1. L’application Id : (X, d1 ) → (X, d2 ) est lipschitzienne équivaut à l’existence d’un
k > 0 tel que : d2 ≤ kd1 . De même, son application inverse Id−1 : (X, d2 ) → (X, d1 )
est lipschitzienne équivaut à l’existence d’un l > 0 tel que : d1 ≤ ld2 . On obtient
que l’application Id : (X, d1 ) → (X, d2 ) est bilipschitzienne si et seulement s’il existe
k, l > 0 tels que : 1l d1 ≤ d2 ≤ d1 .
2. L’application Id : (X, d1 ) → (X, d2 ) est continue si et seulement si l’image réciproque
de tout ouvert de (X, d2 ) est un ouvert de (X, d1 ), ce qui revient simplement à dire
(puisque Id est l’identité) que Td2 ⊂ Td1 . On montre de la même façon que l’application
inverse Id−1 : (X, d2 ) → (X, d1 ) est continue si et seulement si Td1 ⊂ Td2 .

88
2.6. Produits d’espaces métriques.

2.6 Produits d’espaces métriques.


Proposition. 2.16. Soient (X1 , d1 ), ..., (Xn , dn ) des espaces métriques et X = X1 × ... × Xn
l’ensemble produit. Pour x = (x1 , ..., xn ) ∈ X et y = (y1 , ..., yn ) ∈ X, on pose :
v
n
X
u n
uX
D1 (x, y) = di (xi , yi ), D2 (x, y) = t di (xi , yi )2 , D∞ (x, y) = sup di (xi , yi ).
1≤i≤n
i=1 i=1

Alors D1 , D2 et D∞ sont trois distances équivalentes sur X, et la topologie associée à l’une


de ces distances coïncide avec la topologie produit sur X.

Démonstration. Il est clair que D1 et D∞ sont des distances sur X. Vérifions que D2 est une
distance sur X. Il est clair que l’on a D2 (x, y) = 0 ⇔ x = y, et que D2 (x, y) = D2 (y, x).
Il reste à montrer l’inégalité triangulaire. Pour tous x = (x1 , ..., xn ), y = (y1 , ..., yn ), z =
(z1 , ..., zn ) ∈ X, on a :
v
u n
uX
D2 (x, z) = t di (xi , zi )2
i=1
v
u n
uX
≤ t (di (xi , yi ) + di (yi , zi ))2
i=1
v v
u n u n
uX uX
= t 2
di (xi , yi ) + t di (yi , zi )2 ( Minkowski voir exo 2.3)
i=1 i=1

= D2 (x, y) + D2 (y, z).



Il est clair que pour tout x, y ∈ X, on a D∞ (x, y) ≤ D1 (x, y) ≤ nD2 (x, y) ≤ nD∞ (x, y).

L’inégalité D1 (x, y) ≤ nD2 (x, y) est une conséquence immédiate de l’inégalité de Cauchy-
Schwarz (voir Exercice 2.3). Donc D1 , D2 et D∞ sont équivalentes. Ainsi, les trois distances
D1 , D2 et D∞ définissent la même topologie sur X. Pour tout x = (x1 , ..., xn ) ∈ X et pour
tout ε > 0, on note B∞ (x, ε) la boule ouverte de centre x et de rayon ε dans (X, D∞ ), et
on note Bi (xi , ε) la boule ouverte de centre xi et de rayon ε dans (Xi , di ). Comme on a
B∞ (x, ε) = B1 (x1 , ε) × ... × Bn (xn , ε), on en déduit que la topologie produit sur X coïncide
avec la topologie associée à la distance D∞ .

Définition 2.19 (Espace métrique produit). L’espace X = X1 × ... × Xn muni de l’une


des distances ci-dessus est dit l’espace métrique produit des espaces métriques (X1 , d1 ), ..., (Xn , dn ).

89
2.7. Exercices avec Solutions.

2.7 Exercices avec Solutions.


Exercice 2.1. Soit X un ensemble non vide. Soit d une distance sur X. Montrer que δ =
min(1, d) est une distance sur X.

Solution 2.1. On va vérifier les trois propriétés qui définissent une distance.
1. δ(x, y) = 0 ⇒ min(1, d(x, y)) = 0 ⇒ d(x, y) = 0 ⇒ x = y. Aussi, si x = y alors
δ(x, y) = 0.
2. min(1, d(x, y)) = min(1, d(y, x)) évidemment.
3. A t-on que δ(x, z) ≤ δ(x, y) + δ(y, z) ? On va pour montrer que c’est vrai en distin-
guant plusieurs cas. Supposons que d(x, z) ≤ 1 alors c’est clairement par l’inégalité
triangulaire appliquée à d(x, z), est vrai. Supposons que d(x, z) > 1. A-t-on alors
1 ≤ δ(x, y) + δ(y, z)? C’est clairement oui si d(x, y) ≥ 1 ou d(y, z) ≥ 1. Si cela n’est
pas le cas et comme d(x, z) > 1 il suffit de remarquer que, puisque par l’inégalité
triangulaire, d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z), on a nécessairement que d(x, y) + d(y, z) > 1.

Exercice 2.2. Soient (X, d) un espace métrique et A, B deux parties non vides de X. Mon-
trer que

1. Si A ⊂ B, alors δ(A) ⊂ δ(B).


2. On a δ(A) = δ(A).
3. Pour tout x ∈ X et tout r > 0, on a δ(B(x, r)) ≤ δ(B(x, r)) ≤ 2r.
4. On a dist(A, B) = dist(A, B) = dist(A, B) = dist(A, B).
5. On a δ(A ∪ B) ≤ δ(A) + δ(B) + dist(A, B).

Solution 2.2. 1. On suppose A ⊂ B. Pour tout x, y ∈ A, on a d(x, y) ≤ δ(B), d’où


δ(A) ⊂ δ(B).
2. D’après ce qui précède, on a δ(A) ≤ δ(A). Réciproquement, soient x, y ∈ A, alors il
existe des suites (xn )n et (yn )n dans A telles que limn→+∞ xn = x et limn→+∞ yn = y.
D’où on a limn→+∞ d(xn , yn ) = d(x, y), or pour tout n on a d(xn , yn ) ≤ δ(A), d’où
d(x, y) ≤ δ(A). Par conséquent, on a δ(A) ≥ δ(A).
3. Puisque B(x, r) ⊂ B(x, r), on a δ(B(x, r)) ≤ δ(B(x, r)). Soient y, z ∈ B(x, r), alors
on a d(y, z) ≤ d(y, x) + d(x, z) ≤ 2r, d’où δ(B(x, r)) ≤ 2r.
4. Puisque, A ⊂ A et B ⊂ B, alors on a dist(A, B) ≤ dist(A, B) ≤ dist(A, B) et
dist(A, B) ≤ dist(A, B) ≤ dist(A, B). Soient x ∈ A et y ∈ B, alors il existe des

90
2.7. Exercices avec Solutions.

suites (an )n , (bn )n dans A et B respectivement telles que an → x et bn → y. D’où on a


d(an , bn ) → d(x, y). Or pour tout n ≥ 0, on a dist(A, B) ≤ d(an , bn ), d’où dist(A, B) ≤
d(x, y). Donc on a dist(A, B) ≤ dist(A, B). Par conséquent, dist(A, B) = dist(A, B) =
dist(A, B) = dist(A, B).
5. Soient x, y ∈ A ∪ B. Si x, y ∈ A alors d(x, y) ≤ δ(A) ≤ δ(A) + δ(B) + dist(A, B). Si
x, y ∈ B alors d(x, y) ≤ δ(b) ≤ δ(A) + δ(B) + dist(A, B). Supposons que x ∈ A, y ∈ B.
Pour tout a ∈ A et tout b ∈ B, on a d(x, y) ≤ d(x, a) + d(a, b) + d(b, y) ≤ δ(A) +
d(a, b) + δ(B). Par conséquent, on a d(x, y) ≤ δ(b) ≤ δ(A) + δ(B) + dist(A, B), d’où
δ(A ∪ B) ≤ δ(A) + δ(B) + dist(A, B).

Exercice 2.3. Pour tous x = (x1 , ..., xn ), y = (y1 , ..., yn ) ∈ Rn , on a :


1. ! 21 ! 12
n
X n
X n
X
xi y i ≤ x2i yi2 (inégalité de Cauchy-Schwarz).
i=1 i=1 i=1

2. ! 21 ! 12 ! 12
n
X n
X n
X
(xi + yi )2 ≤ x2i + yi2 (inégalité de Minkowski).
i=1 i=1 i=1

Solution 2.3. On a :
1.
n
! 21 n
! 21 n
!2 n
! 12 n
! 21 n
!2
X X X X X X
x2i yi2 − xi yi = x2i yj2 − xi yi
i=1 i=1 i=1 i=1 j=1 i=1
n n
! n
!
X X X
= x2i yj2 − xi y i xj y j
i,j=1 i=1 j=1
X n n
X
= x2i yj2 − xi y j xj y i
i,j=1 i,j=1
" n n
#
1 X 2 2 X
= (x y + x2j yi2 ) − 2xi yj xj yi
2 i,j=1 i j i,j=1
" n #
1 X
= (xi yj − xj yi )2 ≥ 0.
2 i,j=1

91
2.7. Exercices avec Solutions.

2.
n
X n
X n
X n
X n
X
(xi + yi )2 = (x2i + yi2 + 2xi yi ) = x2i + yi2 + 2 xi y i
i=1 i=1 i=1 i=1 i=1
n n n
! 21 n
! 21
X X X X
≤ x2i + yi2 + 2 x2i yi2
i=1 i=1 i=1 i=1

n
! 21 n
! 12 2
X X
=  x2i + yi2 
i=1 i=1

Exercice 2.4. Soit X l’ensemble des suites réelles, X = {x = (xn )n : (xn )n une suite réelles }.
Pour x = (xn )n et y = (yn )n dans X, on pose
X 1 |xn − yn |
d(x, y) = .
n≥0
2n |xn − yn | + 1

1. Montrer que d est une distance sur X.


2. Montrer que (X, d) est borné.
|xn −yn |
Solution 2.4. 1. Soit x, y, z ∈ X, posons un = |xn −yn |+1
, pour tout n ∈ N, alors 0 ≤
un ≤ 1, alors
X 1 |xn − yn | X 1
d(x, y) = n |x − y | + 1
≤ n
= 1 < ∞.
n≥0
2 n n n≥0
2

donc, l’application d : X × X → R+ est bien défini. Il est clair que d(x, y) = d(y, x) et
d(x, y) = 0 si et seulement si x = y.
t
Posons f (t) = pour tout t ∈ [0, +∞[, on vérifie facilement que f est strictement
t+1
croissante et que
f (t + s) ≤ f (t) + f (s), ∀t, s ∈ [0, +∞[,

alors
X 1
d(x, y) = n
f (|xn − yn |)
n≥0
2
X 1
≤ n
f (|xn − zn | + |zn − yn |)
n≥0
2
X 1 X 1
≤ n
f (|x n − zn |) + n
f (|zn − yn |)
n≥0
2 n≥0
2
= d(x, z) + d(z, y).

donc, d est aussi une distance sur X.

92
2.7. Exercices avec Solutions.

2. Soit x ∈ X, on a
1 |xn | X 1
d(x, 0) = ≤ = 1,
2n |xn | + 1 n≥0 2n

alors x ∈ B d (0, 1), d’où (X, d) est borné.

Exercice 2.5. Dans R2 , dessiner les boules ouvertes de centre 0 et de rayon 1 pour les
distances suivantes :
1. d1 (x, y) = |x1 − y1 | + |x2 − y2 |.
p
2. d2 (x, y) = (x1 − y1 )2 + (x2 − y2 )2 .
3. d∞ (x, y) = max{|x1 − y1 |, |x2 − y2 |}.

Solution 2.5. On a, par définition B((0, 0), 1) = {(x, y) ∈ R2 , di (x−0, y−0) = di (x, y) < 1}
pour i = 1, 2, ∞. Pour d1 on obtient un losange s’appuyant sur les points (−1, 0), (0, 1), (1, 0), (0, −1).
Pour d2 la sphère usuelle centrée en (0, 0) et de rayon 1. Pour d∞ on obtient le carré de coté
1 centré en (0, 0). On vérifie sur ces exemples que la notion de boule dépend de la distance
choisie.

Exercice 2.6. Soient (xn )n et (yn )n deux suites convergentes dans (X, d) respectivement
vers x et y. Montrer que
lim d(xn , yn ) = d(x, y)
n→+∞

dans R.

Solution 2.6. On a

|d(x, y) − d(xn , yn )| ≤ |d(x, y) − d(xn , y) + d(xn , y) − d(xn , yn )|


≤ |d(x, y) − d(xn , y)| + |d(xn , y) − d(xn , yn )|
≤ d(x, xn ) + d(y, yn ).

Comme on a limn→+∞ d(xn , x) = limn→+∞ d(yn , y) = 0, alors limn→+∞ d(xn , yn ) = d(x, y).

Exercice 2.7. Soient (X, d) un espace métrique, x ∈ X, et r > 0. Soient B(x, r) est la boule
ouverte (est une partie ouverte sur X), et B(x, r) est la boule fermée (est une partie fermée
sur X).

z }| {
1. Montrer les inclusions B(x, r) ⊂B(x, r) et B(x, r) ⊂ B(x, r).

z }| {
2. Soit δ la distance discrète sur X. Calculer B(x, 1), B(x, 1), B(x, 1) et B(x, 1). Vérifier
que les inclusions précédentes peuvent être strictes.

93
2.7. Exercices avec Solutions.

Solution 2.7. Soient (X, d) un espace métrique, x ∈ X, et r > 0.


1. On a B(x, r) ⊂ B(x, r), et puisque B(x, r) est une partie ouverte sur X, alors
◦ ◦
z }| { z }| {
B(x, r) =B(x, r)⊂B(x, r)

et puisque B(x, r) est une partie fermée sur X, alors

B(x, r) ⊂ B(x, r) = B(x, r)

2. Si δ la distance discrète sur X, on a



z }| {
B(x, 1) = {x}, B(x, 1) = X, B(x, 1) = {x}, B(x, 1)= X,

donc en générale, on a

z }| {
B(x, r) B(x, r), B(x, r) B(x, r) .

Exercice 2.8. Soit (X, d) un espace métrique.


1. Montrer que d0 = d
1+d
est une distance sur X topologiquement équivalente à d.
2. En prenant X = R, d(x, y) = |x − y| au point (1) montrer que d et d0 ne est pas
métriquement équivalents.

Solution 2.8. Soit (X, d) un espace métrique.


1. Montrons que ∀x ∈ X, ∀r > 0 il existe r0 > 0 tel que

Bd0 (x, r0 ) ⊂ Bd (x, r).

Pour cela il faut montrer que, r > 0 étant fixé on peut trouver un r0 > 0 (assez petit)
pour lequel
d(x, y)
< r0 ⇒ d(x, y) < r.
1 + d(x, y)
r0
Mais d(x, y) < r0 + r0 d(x, y) ⇒ d(x, y)(1 − r0 ) < r0 ⇒ d(x, y) < 1+r0
et en prenant
r0
r0 > 0 assez petit on a bien que 1+r0
< r. On procède de même pour l’inclusion d’une
boule Bd (x, r) ⊂ Bd0 (x, r).
2. On voit que si |x − y| → ∞ alors
|x − y|
→ 1.
1 + |x − y|
On ne peut donc pas métriquement équivalents (raisonner par l’absurde en posant
d1 = d, d2 = d0 et en supposant que α > 0 existe).

94
2.7. Exercices avec Solutions.

Exercice 2.9. Soit d1 , d2 deux distances sur un ensemble X non vide. Montrer que si pour
toute suite (xn )n d’éléments de X et tout x ∈ X on a la propriété :

xn → x au sens d1 ⇔ xn → x au sens d2 ,

alors d1 et d2 sont topologiquement équivalentes. Est ce que cette condition est nécessaire ?

Solution 2.9. On va utiliser le fait que deux distances sont topologiquement équivalentes
si elles définissent les mêmes fermés (car alors les ouverts sont les mêmes). Montrons tout
d’abord que si F est un fermé au sens d1 alors F est fermé au sens d2 . Pour cela on va
utiliser les suites. Soit (xn )n ⊂ F tel que xn → x ∈ X au sens d2 , il faut montrer que x ∈ F .
Mais par hypothèse on a alors que xn → x au sens d1 et comme F est un fermé de X on a
que x ∈ F . On conclut par l’unicité de la limite. Les rôles de d1 et d2 étant symétrique cela
termine la preuve.
Cet exercice montre qu’il est suffisant de montrer que xn → x au sens d1 si et seulement si
xn → x au sens d2 pour prouver que d1 et d2 sont topologiquement équivalentes. Clairement
la réciproque est vraie car la notion de convergence de suite ne dépend que de la notion
d’ouvert.

Exercice 2.10. 1. Montrer que d : (x, y) → | x1 − y1 | est une distance sur ]0, 1[.
2. Montrer que d est topologiquement équivalente sur ]0, 1[ à du définie par du (x, y) =
|x − y|.
3. Montrer qu’il n’existe pas de distance D sur R topologiquement équivalente à du sur R
telle que D et d coïncident sur ]0, 1[.

Solution 2.10. 1. Il convient principalement de vérifier (les deux autres propriétés sont
immédiates) que
d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z), ∀x, y, z ∈]0, 1[.

On a
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
| − | = | − + − | ≤ | − | + | − | = d(x, y) + d(y, z), ∀x, y, z ∈]0, 1[.
x z x y y z x y y z

2. Puisque la convergence des suites défini la topologie (voir l’exercice 2.9 ) il suffit de
vérifier que xn → x au sens d si et seulement si xn → x au sens du . Il est clair que
xn → x au sens d implique que xn → x au sens du car, comme |x|, |xn | < 1,
1 1 xn − x
| − |=| | ≥ |xn − x|.
xn x xxn

95
2.7. Exercices avec Solutions.

Réciproquement si xn → x au sens du alors, pour n ∈ N assez grand (xn ) reste bornée


x
loin de zéro, disons que xn ≥ 2
pour n ∈ N assez grand et il vient alors que
1 1 2
| − | ≤ 2 |xn − x|.
xn x x
3. Supposons, par l’absurde, qu’une telle distance D existe. On considère alors la suite
1 1
des couples { 2n , 4n } ⊂]0, 1[ pour n ≥ 1. Comme d et du sont topologiquement équiva-
1 1 1
lentes sur R et que du ( 2n , 0) → 0 on a que D( 2n , 0) → 0 . De même D( 4n , 0) → 0.
Maintenant, en utilisant l’inégalité triangulaire,
1 1 1 1
D( , ) ≤ D( , 0) + D( , 0).
2n 4n 2n 4n
1 1 1 1
Comme, par hypothèse, D( 2n , 4n ) = d( 2n , 4n ) = 2n on obtient alors une contradiction.

Exercice 2.11. Soit A une partie non vide d’un espace métrique (X, d). Montrer que, pour
tout x, y ∈ X, on a |dist(x, A) − dist(y, A)| ≤ d(x, y). En particulier, l’application x 7→
dist(x, A) est continue de X dans R.

Solution 2.11. Pour tout z ∈ A, d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z), d’où on a :

dist(x, A) = inf d(x, z) ≤ inf (d(x, y) + d(y, z))


z∈A z∈A
= d(x, y) + inf d(y, z)
z∈A
= d(x, y) + dist(x, A).

Donc on a dist(x, A) − dist(y, A) ≤ d(x, y). De même, on a dist(y, A) − dist(x, A) ≤


d(y, x) = d(x, y). Par conséquent, on a |dist(x, A) − dist(y, A)| ≤ d(x, y). De-plus, l’appli-
cation f (x) = dist(x, A), est lipschitzienne de rapport 1, alors est continue.

Exercice 2.12. Montrer que dans un espace métrique, tout fermé est une intersection dé-
nombrable d’ouverts.

Solution 2.12. Soient F un fermé d’un espace métrique (X, d) et f : X → R, x 7→ dist(x, F )


(continue). Puisque, on a x ∈ A ⇔ dist(A, x) = 0, alors
\ −1 1
F = F = f −1 ({0}) = f −1 (] , ),
n∈N∗
n n

intersection dénombrable d’ouverts.

Exercice 2.13. Soit (X, d) un espace métrique et f : (X, d) → (X, d) un homéomorphisme.


Montrer qu’alors
δ : (x, y) ∈ X × X → δ(x, y) = d(f (x), f (y)),

est une distance topologiquement équivalente à d.

96
2.7. Exercices avec Solutions.

Solution 2.13. Soit f : (X, d) → (X, d) un homéomorphisme.


1. On a δ(x, y) = 0 ⇔ d(f (x), f (y)) = 0 ⇔ f (x) = f (y) ⇔ x = y ( f est bijective).
2. δ(x, y) = d(f (x), f (y)) = d(f (y), f (x)) = δ(y, x).
3. δ(x, z) = d(f (x), f (z)) ≤ d(f (x), f (y)) + d(f (y), f (z)) = δ(x, y) + δ(y, z).
Donc δ est une distance. Pour prouver que d et δ sont topologiquement équivalentes on va
utiliser le fait que deux distances d1 et d2 sont topologiquement équivalentes si (X, d1 ) et
(X, d2 ) ont les mêmes suites convergentes (voir l’exercice 2.8). Soit xn → x dans (X, d)
(i.e. d(xn , x) → 0) alors, par continuité de f , f (xn ) → f (x) dans (X, d). Autrement dit
δ(xn , x) = d(f (xn ), f (x)) → 0. Réciproquement si δ(xn , x) → 0, i.e. f (xn ) → f (x) dans
(X, d) on a, par continuité de f −1 , xn → x dans (X, d).

Exercice 2.14. Soit F un fermé non vide de R. Si F est majoré (respectivement minoré),
alors sup F ∈ F (respectivement inf F ∈ F ).

Solution 2.14. On suppose, par exemple, F majoré. Pour chaque n ∈ N, il existe un xn ∈ F


1
tel que sup F − n+1
< xn ≤ sup F . Il s’ensuit que xn → sup F , et donc sup F ∈ F .

Exercice 2.15. Soient (X, d1 ) et (Y, d2 ) deux espaces métriques et f : X → Y une applica-
tion. Pour tout a, b ∈ X, on pose

df (a, b) = d1 (a, b) + d2 (f (a), f (b)).

1. Montrer que df est une distance sur X et que f est une application lipschitzienne de
(X, df ) dans (Y, d2 ).
2. Montrer que df est topologiquement équivalente (resp. équivalente) à d1 si et seulement
si f est continue (resp. lipschitzienne) de (X, d1 ) dans (Y, d2 ).

Solution 2.15. Soit df (a, b) = d1 (a, b) + d2 (f (a), f (b)).


1. Il est clair que df (a, b) = df (b, a) et df (a, b) = 0 ⇒ d1 (a, b) = 0 ∧ d2 (f (a), f (b)) = 0 ⇒
a = b. De-plus, Pour tout a, b, c ∈ X

df (a, c) = d1 (a, c) + d2 (f (a), f (c))


≤ d1 (a, b) + d1 (b, c) + d2 (f (a), f (b)) + d2 (f (b), f (c))
= df (a, b) + df (b, c),

d’où df est une distance sur X.


Pour tout a, b ∈ X, on a d2 (f (a), f (b)) ≤ df (a, b). Donc f est lipschitzienne de (X, df )
dans (Y, d2 ).

97
2.7. Exercices avec Solutions.

2. Pour tous a, b ∈ X, on a d1 (a, b) ≤ df (a, b), donc l’application identique de (X, df ) dans
(X, d1 ) est lipschitzienne. Par conséquent, df est topologiquement équivalente (resp.
équivalente) à d1 si et seulement si l’application identique de (X, d1 ) dans (X, df ) est
continue ( resp. lipschitzienne). Or il est clair que l’application identique de (X, d1 )
dans (X, df ) est continue (resp. lipschitzienne) si et seulement si l’application f est
continue ( resp. lipschitzienne) de (X, d1 ) dans (Y, d2 ). D’où le résultat.

Exercice 2.16. Soit (X, d) un espace métrique. On munit l’espace produit X × X de la


distance D∞ ((x, z), (y, t)) = max{d(x, z), d(y, t)}, ∀(x, y), (z, t) ∈ X × X. Montrer que l’ap-
plication (x, y) 7→ d(x, y) est lipschitzienne de (X × X, D∞ ) dans R.

Solution 2.16. On a

|d(x, y) − d(z, t)| = |d(x, y) − d(y, z) + d(y, z) − d(z, t)|


≤ |d(x, y) − d(y, z)| + |d(y, z) − d(z, t)|
≤ d(x, z) + d(y, t)
≤ D∞ ((x, z), (y, t)).

98
Chapitre 3

Espaces complets.

Nous allons aborder l’étude d’une classe particulièrement importante d’espaces mé-
triques, c’est-à-dire la complétude est une notion métrique. Dans tout ce chapitre, (X, d)
désigne un espace métrique muni de la topologie associée à d.

3.1 Suites de Cauchy.


Définition 3.1 (Suite de Cauchy). On appelle suite de Cauchy toute suite (xn )n∈N d’élé-
ments de X vérifiant :

∀ > 0, ∃N ∈ N, ∀p ≥ N, ∀q ≥ N, d(xp , xq ) < ε.

Remarque 3.1. La définition est équivalente à

∀ > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, ∀p ≥ N, d(xn+p , xn ) < ε.

Proposition. 3.1. Soit (X, d) un espace métrique. Alors


1. Toute suite de Cauchy est bornée.
2. Toute suite convergente est de Cauchy.
3. Toute sous-suite d’une suite de Cauchy est de Cauchy.
4. Une suite de Cauchy a au plus une valeur d’adhérence.
5. Une suite de Cauchy converge si est seulement si elle a une valeur d’adhérence.

Démonstration. 1. Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans (X, d). Alors il existe N ∈ N∗
tel que pour tout p, q ≥ N , on ait d(xp , xq ) < 1. Soit :

r = max{1, d(x0 , xN ), d(x1 , xN ), ..., d(xN −1 , xN )}.

99
3.1. Suites de Cauchy.

Alors r ∈]0, +∞[ et pour tout n ≥ 0, on a xn ∈ B(xN , r). Donc la suite (xn )n∈N est
bornée.
2. considérons une suite (xn )n∈N convergente vers une limite l. Pour tout e strictement
positif, il existe un entier n0 tel que l’on ait
ε
∀n ≥ n0 , d(xn , l) < .
2
Donc, si p et q sont deux entiers plus grands que n0 , on a

d(xp , xq ) ≤ d(xp , l) + d(xq , l) ≤ ε.

3. Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans (X, d) et (xnk )k∈N une sous-suite de (xn )n∈N .
Soit ε > 0, alors il existe N ∈ N∗ tel que pour tout p, q ≥ N, on ait d(xp , xq ) < ε.
On a nk une application strictement croissante, d’où pour tout k ≥ 0, nk ≥ k. Donc,
pour tout k, m ≥ N , on a nk ≥ nN ≥ N et nm ≥ nN ≥ N , d’où d(xnk , xnm ) < ε. Donc
(xnk )k∈N est de Cauchy.
4. Soient a, b ∈ X tels que, pour deux sous-suites, (xnk )k et (xns )s , on ait xnk → a et
xns → b. On suppose par l’absurde a 6= b et soit ε = d(a, b) > 0. Il existe trois entiers,
ε ε ε
n0 , n1 , n2 , tels que : d(xn , xm ) < 3
si n, m ≥ n0 , d(xnk , a) < 3
si n ≥ n1 , d(xns , b) < 3
si n ≥ n2 . Par ailleurs, on a xnk → ∞ et xns → ∞, et donc il existe un k 0 tel que
k 0 ≥ n1 et nk0 ≥ n0 , respectivement un s0 tel que s0 ≥ n2 et ns0 ≥ n0 . On obtient la
contradiction

ε = d(a, b) ≤ d(xnk0 , a) + d(xnk0 , xns0 ) + d(xns0 , b) < ε.

5. ⇒) Une suite convergente a une valeur d’adhérence (voir Proposition 1.42).


⇐) Si a est une valeur d’adhérence de (xn ), il existe une sous-suite (xnk )k telle que
ε
xnk → x. Soit ε > 0. Il existe un n1 tel que d(xnk , a) < 2
si n ≥ n1 . Avec le n0
correspondant à ε
2
dans la définition d’une suite de Cauchy, il existe un k 0 ≥ n1 tel
que nk0 ≥ n0 . Pour n ≥ n0 , on trouve

d(xn , a) ≤ d(xn , xnk0 ) + d(xnk0 , a) < ε, n ≥ n0 .

Exemple 3.1. 1. La réciproque de 1) est fausse. Dans R, la suite xn = (−1)n , est bornée,
mais pas de Cauchy. En-effet, d(0, xn ) ≤ 1, ∀n. Comme 1 et −1 sont des valeurs
d’adhérence de (xn ), cette suite n’est pas de Cauchy.

100
3.2. Espaces métriques complets.

2. La réciproque √de 2) est fausse. Dans Q muni de la distance usuelle dans R, la √ suite
n n
E(2 2) E(2 2)
(xn )n = n
est de Cauchy, mais ne converge pas. En-effet, on a <
2 2n
1 √
xn ≤ , d’où xn → 2 dans R. Donc (xn ) est une suite de Cauchy. Par ailleurs,
√ 2
2∈ / Q. L’unicité de la limite implique que (xn ) ne converge pas dans Q.

Remarque 3.2. On conclure que, si (xn ) une suite de Cauchy dans X, alors la suite (xn )
est convergente si et seulement si elle possède une sous-suite convergente. Autrement dit,
une suite de Cauchy dans X possédant une valeur d’adhérence est convergente. La valeur
d’adhérence est alors unique, c’est la limite de la suite.

Proposition. 3.2. Soient (X, dX ) et (Y, dY ) deux espaces métriques et f : X → Y une


application uniformément continue. Alors pour toute suite de Cauchy (xn )n∈N de (X, dX ), la
suite (f (xn ))n∈N est de Cauchy dans (Y, dY ).

Démonstration. Soient (X, dX ) et (Y, dY ) deux espaces métriques et f : X → Y une applica-


tion uniformément continue et (xn )n∈N une suite de Cauchy dans (X, d). Soit ε > 0. Puisque
f est uniformément continue, il existe η > 0 tel que pour tout x, z ∈ X vérifiant dX (x, z) < η,
on ait dY (f (x), f (z)) < ε. Comme (xn )n∈N est de Cauchy, alors il existe N ∈ N tel que pour
tout p, q ≥ N , on ait dX (xp , xq ) < η, d’où pour tout p, q ≥ N , on a dY (f (xp ), f (xq )) < ε.
Par conséquent, la suite (f (xn ))n∈N est de Cauchy dans (Y, dY ).

Remarque 3.3. La continuité uniforme est indispensable dans la proposition précédente.


En-effet, soient X =]0, +∞[ muni de la topologie induite par R et f (x) = x1 , alors f est un
homéomorphisme de X sur X et si on note xn = n1 , alors (xn )n est de Cauchy dans X, mais
(f (xn ))n n’est pas de Cauchy dans X.

3.2 Espaces métriques complets.


Définition 3.2 (Espace métrique complet). Soit (X, d) un espace métrique.
1. Un espace métrique (X, d) est dit complet si toute suite de Cauchy de X est convergente.
2. Un sous-ensemble A de (X, d) est dit complet si A muni de la distance induite est un
espace métrique complet.

Exemple 3.2. (R, |.|) est complet. En-effet, Soient A . n = {xn , xn+1 , . . . , }, an = inf An ,
bn = sup An . On a an , bn ∈ R, car An est borné. Clairement, an ≤ bn , (an ) est croissante, (bn )

101
3.2. Espaces métriques complets.

décroissante. Soit ε > 0. Il existe un n0 tel que |xn − xm | < ε/2 si n, m ≥ n0 . Pour n ≥ n0 ,
on a donc A. n ⊂ [xn0 − ε/2, xn0 + ε/2], ce qui implique xn0 − ε/2 ≤ an ≤ bn ≤ xn0 + ε/2 ; d’où
bn − an ≤ ε. Il s’ensuit que les suites (an ), (bn ) sont adjacentes. Par conséquent, il existe un
a ∈ R tel que an → a, bn → b. Comme an ≤ xn ≤ bn , on trouve xn → a.

Exemple 3.3. 1. (Q, |.|) n’est pas complet (voir Exemple 3.1).
2. Si d(x, y) = | arctan x − arctan y|, (R, d) n’est pas complet bien que d soit topologi-
quement équivalente à |.|. En-effet, la suite des entiers naturels est de Cauchy pour d
puisque :
π π
d(p, q) = | arctan p − arctan q| → |
− | = 0,
2 2
quand p et q → +∞, mais la suite ne converge pas dans (R, d), sinon elle convergerait
dans (R, |.|), ce qui n’est pas le cas.
3. Considérerons A =]0, 1] muni de la distance usuelle |.| et (xn )n = ( n1 )n ⊂ A. Puisque
xn → 0 dans (R, |.|), (xn )n est une suite de Cauchy dans (R, |.|) et donc de Cauchy
dans (A, |.|). Pourtant elle ne converge pas dans (A, |.|).

Proposition. 3.3. Soient (X, dX ) et (Y, dY ) deux espaces métriques et f : X → Y un


homéomorphisme. Si f est uniformément continue et si Y est complet, alors X est complet.

Démonstration. Soit (xn )n une suite de Cauchy dans (X, dX ). Puisque Y est complet, alors
D’après, (f (xn ))n est une suite de Cauchy dans (Y, dY ), donc elle converge vers un élément
l ∈ Y. Puisque f −1 est continue de Y dans X, alors (xn )n converge vers f −1 (l) ∈ X. Donc
(X, dX ) est complet.

On va donner la relation entre la complétude et fermeture d’une partie.

Proposition. 3.4. Soient (X, d) un espace métrique, et A une partie de X.


1. Si le sous-espace (A, d) est complet, alors A est un fermé de X.
2. Si (X, d) est complet et A est un fermé de X, alors le sous-espace (A, d) est complet.

Démonstration. Soient (X, d) un espace métrique, et A ⊂ X.


1. Soient (xn ) ⊂ A et a ∈ X tels que xn → a. Alors (xn ) est une suite de Cauchy,
donc convergente (dans A) vers un b ∈ A. L’unicité de la limite (dans X) implique
a = b ∈ A. Il s’ensuit que A ⊂ A, d’où A fermé.

102
3.2. Espaces métriques complets.

2. Soit (xn )n une suite de Cauchy dans A. Alors il existe un a ∈ X tel que xn → a dans
X (complet). Il s’ensuit que a ∈ A = A, et donc (xn ) converge dans A.

Remarque 3.4. D’après la proposition précédente, on a


1. dans un espace métrique complet, A complet ⇔ A fermé de X.
2. Si A est dense dans X et A 6= X, alors A n’est pas complet.

Proposition. 3.5. Soient (Xi , di ), 1 ≤ i ≤ n, une famille finie d’espaces métriques. Alors
l’espace métrique produit X = X1 × X2 × ... × Xn est complet si et seulement si pour tout
i ∈ {1, ..., n}, (Xi , di ) est complet.

Démonstration. On procède par récurrence sur n en se servant de deux espaces.


Supposons que l’espace produit X = X1 × X2 est complet, avec d = max{d1 , d2 }. Soient alors
(xn )n et (yn )n deux suites de Cauchy de (X1 , d1 ) et (X2 , d2 ). Par hypothèse, on a

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀p > q > n0 ⇒ d1 (xp , xq ) < ε ∧ d2 (yp , yq ) < ε


⇒ max{d1 (xp , xq ), d2 (yp , yq )} < ε
⇒ d((xp , yp ), (xq , yq )) < ε.

Donc la suite ((xn , yn ))n de X est de Cauchy dans (X, d). Puisque (X, d) est complet, alors
la suite ((xn , yn ))n est convergente dans (X, d). En désignant par (l1 , l2 ) ∈ X sa limite, on a

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n > n0 ⇒ d((xn , yn ), (l1 , l2 )) < ε


⇒ d1 (xn , l1 ) < ε ∧ d2 (yn , l2 ) < ε,

Ce qui montre que la suite (xn )n converge vers l2 (dans (X1 , d1 ) et la suite (yn )n converge vers
l2 (dans (X2 , d2 )). D’où la complétude de chacun des espaces métriques (X1 , d1 ) et (X2 , d2 ).
Réciproquement, supposons que les espaces métriques (X1 , d1 ) et (X2 , d2 ) sont complets, soit
((xn , yn ))n une suite de Cauchy de (X, d), par hypothèse, on a : ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀p > q > n0
alors
d1 (xp , xq ) < d((xp , yp ), (xq , yq )) < ε ∧ d2 (yp , yq ) < d((xp , yp ), (xq , yq )) < ε.

alors (xn )n et (yn )n deux suites de Cauchy de (X1 , d1 ) et (X2 , d2 ). Comme chacun des deux
espaces métriques (X1 , d1 ) et (X2 , d2 ) sont complets, il s’ensuit que chacune de ces deux
suites est convergente dans l’espace où elle est définie. Et on déduit aussi que si xn → l1 et
yn → l2 , alors (xn , yn ) → (l1 , l2 ).

Exemple 3.4. Pour tout n ≥ 1, les espaces métriques Rn et Cn sont complets.

103
3.3. Prolongement d’une application uniformément continue .

3.3 Prolongement d’une application uniformément conti-


nue .
Une propriété fort utile des espaces complets est la possibilité de prolonger des applica-
tions uniformément continues définies sur une partie dense.

Proposition. 3.6 (Théorème de prolongement). ] Soient (X, dX ) et (Y, dY ) deux es-


paces métriques, A une partie dense dans X et f : A → Y une application uniformément
continue. Si (Y, dY ) est complet, f se prolonge de manière unique en une application conti-
nue fb : X → Y. De plus, fb elle-même est uniformément continue.

Démonstration. Si fb1 , fb2 sont deux prolongements possibles, fb1 = fb2 sur A, donc fb1 = fb2
sur A = X (voir Exercice 1.26).
Soit x ∈ X et (xn )n une suite de points de A qui converge vers x (une telle suite existe
puisque A est dense dans (X, dX )). La suite (xn )n étant de Cauchy dans (A, d), la suite
(f (xn ))n est aussi de Cauchy dans (Y, dY ) (puisque f est uniformément continue), et donc
convergente (puisque (Y, dY ) est complet). l’idée est de poser fb(x) = limn→+∞ f (xn ), encore
faut-il s’assurer que la limite de la suite (f (xn ))n ne dépend pas du choix de la suite (xn )n de
points de A qui converge vers x. Soit donc (x0n )n une autre suite de points de A qui converge
aussi vers x dans X, les suites (xn )n et (x0n )n sont donc Cauchy et équivalentes dans A,
ce qui implique que leurs images (f (xn ))n et (f (x0n ))n sont Cauchy et équivalentes dans Y
puisque f : A → Y est uniformément continue. Il en résulte immédiatement que ces suites
convergent vers la même limite, puisque (Y, dY ) est complet. L’égalité fb(x) = limn→+∞ f (xn )
définit donc sans ambiguïté une application fb : X → Y qui prolonge f a X (si x ∈ A, on a
fb(x) = limn→+∞ f (xn ) = f (x), puisque f est continue).
Prouvons que fb est uniformément continue sur X. Soit donc ε > 0, comme f est uniformé-
ε
ment continue sur A, il existe un η > 0 tel que l’on ait dY (f (a), f (b)) < 2
pour tout a, b ∈ A
vérifiant dX (a, b) < 2η. Considérons alors x, y ∈ X vérifiant dX (x, y) < η, et montrons que
dY (fb(x), fb(y)) < ε. A étant dense dans X, il existe deux suites (xn )n , (yn )n dans A qui
ε
convergent respectivement vers x et y, d’après ce qui précède, on a dY (f (xn ), f (yn )) < 2
pour tout n ∈ N tel que , dX (xn , yn ) < 2η. Mais comme xn → x et yn → y, on sait qu’il existe
η
un N ∈ N tel que, pour tout entier n ≥ N , on ait dX (xn , x) < 2
et dX (yn , y) < η2 , donc aussi
dX (xn , yn ) ≤ dX (xn , x) − dX (x, y) + dX (y, yn ) < 2η et donc aussi dY (f (xn ), f (yn )) < 2ε . Par
un passage a la limite, on obtient, en utilisant la continuité de dY , dY (fb(x), fb(y)) ≤ ε < ε. 2

104
3.4. Théorème du point fixe.

1
Remarque 3.5. Soient X = [0, 1], A = [0, 1[ et l’application f : A → R, f (x) = .
1−x
Alors A est dense dans X, R est un espace métrique complet et f est une application conti-
nue, mais f ne se prolonge pas par continuité sur X. Donc l’hypothèse f est uniformément
continue dans le théorème précédent est indispensable.

3.4 Théorème du point fixe.


Le théorème du point fixe est un outil fondamental de l’analyse numérique (résolution
d’équations par la méthode des approximations successives).

Définition 3.3 ([Point fixe). ]Soient X un ensemble et f : X → X une application. On


dit qu’un point x ∈ X est un point fixe de f lorsque l’on a f (x) = x.

Théorème 3.1 (Théorème du point fixe ). Soient (X, d) un espace métrique complet et
f : X → X une application contractante. Alors f possède un unique point fixe x ∈ X.

Démonstration. Montrons d’abord l’unicité. Soient x1 , x2 ∈ X tels que f (x1 ) = x1 et f (x2 ) =


x2 . Alors on a d(x1 , x2 ) = d(f (x1 ), f (x2 )) ≤ kd(x1 , x2 ), d’où 0 ≤ (1 − k)d(x1 , x2 ) ≤ 0. Donc
on a (1 − k)d(x1 , x2 ) = 0. Or 1 − k 6= 0, d’où d(x1 , x2 ) = 0, i.e. x1 = x2 .
Montrons l’existence du point fixe. Soit x0 = x ∈ X, et pour tout n ≥ 1, on pose xn =
f (xn−1 ), i.e. xn = f n (x0 ). Montrons par récurrence que pour tout n ≥ 0, on a :

d(xn+1 , xn ) ≤ k n d(x1 , x0 ) pn .

Si n = 0, on a d(xn+1 , xn ) = d(x1 , x0 ) = k 0 d(x1 , x0 ), donc (P0 ) est vraie. Supposons que


(Pn ) est vraie, et montrons qu’alors (Pn+1 ) est vraie. On a :

d(xn+2 , xn+1 ) = d(f n+2 (x0 ), f n+1 (x0 )) = d(f (f n+1 (x0 )), f (f n (x0 )))
≤ kd(f n+1 (x0 ), f n (x0 ))
= kd(xn+1 , xn ) = k n+1 d(x1 , x0 ).

Donc (Pn+1 ) est vraie. Par conséquent, pour tout n ≥ 0, (Pn ) est vraie. On a d(xn+p , xn ) ≤
d(xn+p , xn+p−1 ) + d(xn+p−1 , xn+p−2 ) + ... + d(xn+1 , xn ), d’où d(xn+p , xn ) ≤ (k n+p−1 + ... +
kn −kn+p kn −kn+p
k n )d(x1 , x0 ). Or on a k n + ... + k n+p−1 = 1−k
, donc d(xn+p , xn ) ≤ 1−k
d(x1 , x0 ) ≤
kn k n
1−k
d(x1 , x0 ). Comme on a k ∈ [0, 1[, alors limn→+∞ k n = 0, d’où limn→+∞ 1−k d(x1 , x0 ) = 0.
Donc, pour tout ε > 0, il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N et pour tout p ≥ 0, on ait
d(xn+p , xn ) < ε. Autrement dit, la suite (xn )n est de Cauchy dans (X, d) qui est complet,

105
3.5. Exercices avec Solutions.

donc il existe x ∈ X tel que limn→+∞ xn = x. Comme on a 0 ≤ d(f (x), xn ) ≤ kd(x, xn−1 ),
limn→+∞ d(f (x), xn ) = d(f (x), x) et limn→+∞ d(x, xn−1 ) = d(x, x) = 0, alors d(f (x), x) = 0,
i.e. f (x) = x. Autrement dit, x est un point fixe de f .

Remarque 3.6. 1. Si k = 1 le théorème est faux, il n’y a ni existence, ni unicité. A titre


d’exemples : considérer dans X = R et la fonction f (x) = x + 1. Alors d(f (x), f (y)) =
|f (x) − f (y)| = |x − y| = d(x, y) et il n’existe pas de point fixe.
2. Le théorème est faux si (X, d) est non complet. A titre de contre exemple, considérer
X =]0, 1[ et f (x) = x2 .

Proposition. 3.7. Soient (X, d) un espace métrique complet et f : X → X. S’il existe


n ∈ N∗ telle que f n soit contractante, alors f admet un unique point fixe.

Démonstration. Puisque (X, d) est complet et f n une application contractante, alors f n


possède un unique point fixe x ∈ X. Comme f n (f (x)) = f (f n (x)) = f (x) on en déduit, par
l’unicité du point fixe de f n , que f (x) = x d’où x est l’unique point fixe de f .

Proposition. 3.8. Si f : R → R avec |f 0 | ≤ k < 1, alors f possède un unique point fixe.

Démonstration. On a :
Z y
|f (x) − f (y)| = | f 0 (t)dt| ≤ k|x − y|,
x

et donc f est 1-Lipschitzienne. Alors f est une contraction, et puisque R est complet on
conclut que f possède un unique point fixe.

Exemple 3.5. Trouver le nombre des Solutions de l’équation cos x = x. On a cosx = x ⇒


x ∈ [−1, 1]. Soit f : X = [−1, 1] → X, f (x) = cos x. [−1, 1] est complet (avec la distance
usuelle), car fermé dans R. Par ailleurs, on a |f 0 (x)| ≤ sin 1 < 1, x ∈ X. Le théorème des
accroissements finis implique |f (x)−f (y)| ≤ sin(1)|x−y|, x, y ∈ X. Il s’ensuit que l’équation
cos x = x a exactement une Solution.

3.5 Exercices avec Solutions.


Exercice 3.1. Soit (X, d) un espace métrique. Montrer que, si toutes les parties fermées et
bornées de X sont complètes, alors X est complet.

106
3.5. Exercices avec Solutions.

Solution 3.1. Soit (xn ) une suite de Cauchy dans X. Alors (xn ) est bornée, et donc (xn ) ⊂
B(a, r) pour un a ∈ X et un r > 0. B(a, r) étant un fermé borné, (xn ) converge dans B(a, r),
et donc dans X.

Exercice 3.2. Soit S un ensemble. On note B(S) l’ensemble des fonctions f : S → R


bornées sur S. On pose, pour tous f et g ∈ B(S), d(f, g) = supx∈S |f (x) − g(x)|. Montrer
que d est une distance sur B(S) et que, pour cette distance, cet espace est complet.

Solution 3.2. Les propriétés faisant de d une distance sur B(S) se déduisent immédiatement
des propriétés de la valeur absolue dans R. Montrons que (B(S), d) est complet. Soit (fn )n
une suite dans B(s), de Cauchy pour la distance d. Pour tout ε > 0, il existe N ∈ N tel
que pour tous p et q ∈ N vérifiant p ≥ N et q ≥ N , on ait d(fp , fq ) < ε. Pour tout
x ∈ S, on a |fp (x) − fq (x)| ≤ d(fp , fq ) < ε, ce qui prouve que la suite réelle (fn (x))n est
de Cauchy. Comme R est complet, cette suite converge. Soit f (x) sa limite. On a ainsi
défini une fonction f sur S. En faisant tendre q vers +∞, on voit que pour tout x ∈ S
et tout entier p > N , |fp (x) − f (x)| = limq→+∞ |fp (x) − fq (x)| ≤ ε, et par suite |f (x)| ≤
supy∈S |fp (y)| + ε. Cette inégalité prouve que f est bornée, donc élément de B(S), tandis que
l’inégalité précédente exprime que pour p > N , d(fp , f ) ≤ ε, donc que la suite (fn )n converge
vers f dans (B(S), d). On a ainsi prouvé que cet espace est complet.

Exercice 3.3 (Fermés emboîtés). Montrer l’équivalence entre :


1. (X, d) est complet.
2. Toute suite décroissante de fermés non vides Fn dont le diamètre tend vers zéro a une
intersection non vide (donc réduite à un point).

Solution 3.3. 1. ⇒ 2. Choisissons un point xn dans chaque Fn , si q > p, xp , xq ∈ Fp et


d(xp , xq ) ≤ diamFp , la suite (xn )n est donc de Cauchy, soit x sa limite, pour tout p, x est
aussi la limite de (yn ) = (xn+p ) qui est une suite dans Fp , donc x ∈ Fp = FP et ∞
T
1 Fp

contient x.
2. ⇒ 1. Si (xn )n est de Cauchy dans X, soit An = {xn , xn+l , ...} et Fn = An , diamFn =
diamAn tend vers zéro par l’ hypothèse sur (xn )n , l’intersection des Fn contient donc un
point x tel que d(x, xn ) ≤ diamFn , et xn tend vers x.

Exercice 3.4. Soient (X, d) un espace métrique et A un sous-ensemble de X. On suppose


que ∃α > 0 telle que ∀a, b ∈ A, a 6= b, on ait d(a, b) ≥ α. Montrer que (A, d) est un espace
complet. En déduire que A est fermé dans X.

107
3.5. Exercices avec Solutions.

Solution 3.4. Soit (an )n une suite de Cauchy dans A. Alors il existe N ∈ N tel que pour
tous n, m ≥ N , on ait d(an , am ) < α. Par conséquent, pour tout n ≥ N , on a an = aN .
Donc la suite (an )n converge vers aN ∈ A. Donc (A, d) est complet, donc A est fermé dans
X. Par exemple pour cette situation, on pose X = R, A = Z ou A = N et α = 1.

Exercice 3.5. Pour tous n, m ∈ N∗ , on pose :


1 1
d(n, m) = 1 + + , si m 6= n, et d(n, n) = 0.
n m
1. Montrer que d est une distance sur N∗ .
2. Montrer que (N∗ , d) est complet. (Induction : on a ∀n, m ∈ N∗ , d(n, m) ≥ 1.)
3. Soit f (n) = n + 1 pour n ∈ N∗ . Montrer que d(f (n), f (m)) < d(n, m) si n 6= m mais
que f n’est pas de contractante.

Solution 3.5. Pour tous n, m ∈ N∗ , on pose :


1 1
d(n, m) = 1 + + , si m 6= n, et d(n, n) = 0.
n m
1. Il est clair que pour tous n, m ∈ N∗ , on a d(n, m) ≥ 0, d(n, m) = d(m, n) et que
d(n, m) = 0 ⇔ n = m. Il reste à montrer l’inégalité triangulaire. Soient n, p et m trois
éléments distincts de N∗ , on a
1 1 1 1 1 1
d(n, m) = 1 + + ≤1+ + +1+ + = d(n, p) + d(p, m).
n m n p p m
Donc d est bien une distance sur N∗ .
2. (N∗ , d) est un complet. Pour tous éléments distincts n et m dans N∗ , on a d(n, m) ≥ 1.
Soit (an )n≥0 une suite de Cauchy dans N∗ . Alors il existe N ∈ N tel que pour tous
n, m ≥ N , on ait d(an , am ) < 1. Donc an = am pour tous n, m ≥ N . Donc la suite
(an )n≥0 converge vers aN ∈ N∗ . Donc (N∗ , d) est complet.
3. Soit f (n) = n + 1 pour n ∈ N∗ . Si n 6= m, on a
1 1 1 1
d(f (n), f (m)) = 1 + + <1+ + = d(n, m).
n+1 m+1 p m
Comme f n’admet pas de point fixe, il résulte du théorème de point fixe que f n’est
pas contractante. Une autre manière de montrer que f n’est pas contractante. Si f est
contractante, il existe k ∈ [0, 1[ tel que pour toutn ≥ 1, on ait d(f (n), f (n + 1)) ≤
1 1 1 1 n+1
kd(n, n + 1), d’où 1 + n+1
+ n+2
≤ k(1 + n
+ n+1
), et donc on a n+2
≤ k pour tout
n ≥ 1. On en déduit 1 ≤ k, ce qui est impossible. Donc f n’est pas contractante.

108
3.5. Exercices avec Solutions.

Exercice 3.6. Soient (X, dX ) et (Y, dY ) deux espaces métriques et f : X → Y une application
isométrique. Montrer que l’image par f d’une partie complète de X est fermée dans Y.

Solution 3.6. Soit A ⊂ X une partie complète. Pour montrer que f (A) ⊂ Y est fermée
il faut montrer que pour toute suite (yn ) ⊂ f (A) telle que yn → y il existe x ∈ A tel que
f (x) = y. Puisque (yn ) ⊂ f (A), ∃(xn ) ⊂ A tel que f (xn ) = yn . Maintenant (yn ) ⊂ f (A)
est de Cauchy (puisqu’elle converge) et f est une isométrie. Par suite (xn ) ⊂ A est aussi
de Cauchy. Donc, puisque A est complet, xn ∪ x ∈ A. Finalement, par la continuité de f
(évidente car f est une isométrie), il vient que f (xn ) → f (x). Par l’unicité de la limite on
déduit que y = f (x).

Exercice 3.7. Montrer qu’un espace métrique X est complet si et seulement si toute suite
(un )n dans X telle que d(un , un+1 ) ≤ 2−n , n ∈ N converge.

Solution 3.7. Montrons l’implication directe. Pour cela il convient de montrer que les suites
(un ) ⊂ X telles que d(un , un+1 ) ≤ 2−n sont de Cauchy. On peut écrire, pour tout m ≥ n,

d(um , un ) ≤ d(um , um−1 ) + ... + d(un+1 , un )


1 1 1
≤ m−1 + m−2 + ... + n
2  2 2 
1 1 1
= n 1 + + ... + m−n−1
2 2 2
1
≤ n−1 ,
2
et donc (un ) ⊂ X est bien de Cauchy.
Montrons maintenant l’implication inverse. Pour cela on considère une suite de Cauchy
et on montre qu’elle converge. On va utiliser le fait qu’une suite de Cauchy qui contient
une sous-suite convergente est convergente. Montrons donc que si (un ) ⊂ X est une suite
de Cauchy on peut trouver une sous-suite, notée (unk ) telle que d(unk+1 , unk ) ≤ 2−k . Soit
1
n1 ∈ N telle que d(up , uq ) ≤ 2
si p, q ≤ n1 . On définit par récurrence nk+1 comme le plus
petit des entiers strictement plus grand que nk ∈ N tel que d(up , uq ) ≤ 2−(k+1) si p, q ≥ nk+1 ,
la sous-suite ainsi construite répond à la question.

Exercice 3.8. Soit (X, d) un espace métrique. Montrer que, si toutes les parties fermées et
bornées de X sont complètes, alors X est complet.

Solution 3.8. Soit (xn )n une suite de Cauchy dans X. Alors (xn )n est bornée, et donc
(xn ) ⊂ B(a, r) pour un a ∈ X et un r > 0. B(a, r) étant un fermé borné, (xn )n converge
dans B(a, r), et donc dans X.

109
3.5. Exercices avec Solutions.

Exercice 3.9. Dans un espace métrique (X, d), soit (an )n∈N une suite de Cauchy.
1. Montrer que pour tout x ∈ X, la suite (d(x, an ))n∈N converge dans R. On note f (x) sa
limite.
2. Montrer que f : X → R est continue.
3. Calculer inf x∈X f (x). Quand cette limite est-elle atteinte ?
4. Déduire de ce qui précède que si X n’est pas complet, il existe une application g : X → R
continue et non bornée.

Solution 3.9. 1. La suite réelle (d(x, an ))n∈N est de Cauchy car |d(x, ap ) − d(x, aq )| ≤
d(ap , aq ). Par complétude de R, elle est donc convergente.
2. f est continue et même 1-lipschitzienne, par passage à la limite dans les inégalités
|d(x, an ) − d(y, an )| ≤ d(x, y).
3. inf x∈X f (x) = 0 car f (an ) → 0. En-effet, pour tout ε > 0, il existe Nε tel que

∀m, n ≥ Nε , d(an , am ) ≤ ε,

donc (en faisant m → ∞ pour n fixé) ∀n ≥ Nε , f (an ) ≤ ε. Cette limite est atteinte
s’il existe un x ∈ X tel que f (x) = 0, c’est-à-dire tel que an → x, autrement dit si la
suite (an )n converge dans X.
4. Dans X non complet, soit (an )n une suite de Cauchy non convergente. L’application
1
continue associée f a pour inf 0, non atteint. L’application g = f
: X → R est donc
bien définie et continue, mais non majorée.

Exercice 3.10. Soit X =]0 + ∞[. Pour x et y dans X, on pose

δ(x, y) = | ln x − ln y|.

1. Vérifier que δ est une distance sur X.


2. Soit d la distance usuelle sur X. Montrer que d et δ sont deux distances topologiquement
équivalentes (Td = Tδ ).
3. Montrer que (X, d) n’est pas complet.
4. La suite ( n1 )n≥1 , est-elle convergente dans l’espace métrique (X, δ). Est-elle de une
suite de Cauchy dans (X, δ).
5. Montrer que l’espace métrique (X, δ) est complet.

110
3.5. Exercices avec Solutions.

6. Soit f ∈ C 1 (X, X) telle que x|f 0 (x)| ≤ kf (x), ∀x ∈ X, où k ∈ [0, 1[. Montrer que f a
un point fixe et un seul dans X.

Solution 3.10. 1. Il est facile de voir que δ est une distance.


2. Par continuité de la fonction x → ln x sur ]0 + ∞[, montre que, pour tout ε > 0, il
existe η > 0 tel que pour tout x ∈]0 + ∞[, |x − x0 | < η implique | ln x − ln x0 | < ε
c’est-à-dire Bd (x0 , η) ⊂ Bδ (x0 , ε) donc Td ⊃ Tδ .
Inversement, par continuité de la fonction x → exp x sur ]0 + ∞[, montre que, pour
tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈]0 + ∞[, | ln x − ln x0 | < η implique
|x − x0 | < ε c’est-à-dire Bδ (x0 , η) ⊂ Bd (x0 , ε) donc Td ⊂ Tδ . D’où Td = Tδ .
3. La suite ( n1 )n≥1 est une suite de Cauchy dans (X, d) mais ne converge pas dans (X, d),
donc (X, d) n’est pas complet.
4. Supposons que la suite ( n1 )n≥1 converge dans (X, δ). Il existerait l ∈ X tel que | ln( n1 ) −
ln l| = | ln n + ln l| → 0, lorsque n → +∞. Ce qui est impossible. La suite ( n1 )n≥1
diverge donc dans (X, δ). Supposons que ( n1 )n≥1 soit une suite de Cauchy dans (X, δ),
il vient
1 1
| ln( ) − ln( )| = | ln n − ln m| → 0, n, m → +∞.
n m
Cela veut dire que la suite (ln n)n est de Cauchy dans R et donc converge, ce qui est
absurde.
5. Soit (xn )n une suite de Cauchy de (X, δ). On a | ln xn − ln xm | → 0, lorsque n, m →
+∞. Cela montre que la suite (ln xn )n est de Cauchy dans R complet, donc (ln xn )n
converge, si l est sa limite, | ln xn − l| → 0, lorsque n → +∞, c’est-à-dire que (xn )n
converge vers el dans (X, δ).
6. Si 0 < u < V ,
v v
f 0 (t) |f 0 (t)|
Z Z
d[f (u), f (v)] = | ln f (v) − ln f (u)| = | dt| ≤ dt
u f (t) u f (t)
Z v
k
≤ dt = k| ln v − ln u| = kd(u, v),
u t
donc f est k-contractante de (X, d) dans (X, d).

Exercice 3.11. Soit (X, d) un espace métrique. Soit (xn )n une suite de Cauchy dans X,
non convergente.
1. Montrer que pour tout x ∈ X la suite (d(x, xn ))n ⊂ R est convergente vers un nombre
g(x) > 0.

111
3.5. Exercices avec Solutions.

1
2. Montrer que l’application x → est continue de X dans R.
g(x)
1
3. Montrer que l’application x → n’est pas bornée.
g(x)
Solution 3.11. 1. On va montrer que (d(x, xn )) ⊂ R est de Cauchy. On a

d(x, xn ) ≤ d(x, xm ) + d(xm , xn ).

D’où
d(x, xn ) − d(x, xm ) ≤ d(xm , xn )

et en échangeant le rôle de n et m on a globalement

|d(x, xn ) − d(x, xm )| ≤ d(xn , xm ).

Par suite (d(x, xn )) est bien de Cauchy et donc elle converge vers un g(x) ∈ R. Main-
tenant si g(x) = 0 alors d(x, xn ) → 0, c’est à dire que xn → x et donc que (xn ) est
convergente contrairement à l’hypothèse. Donc g(x) > 0.
2. Puisque g(x) 6= 0, ∀x ∈ X il suffit de montrer que x → g(x) est continue. Soit (ym ) ∩ X
tel que ym → y. Montrons qu’alors g(ym ) → g(y). On peut écrire, pour tout n, m ∈ N,

|d(xn , ym ) − d(xn , y)| ≤ d(y, ym ).

En posant à la limite n → ∞, pour m ∈ N fixé il vient

|g(ym ) − g(y)| ≤ d(y, ym ).

En passant à la limite m → ∞ il vient alors, puisque d(y, ym ) → 0, que g(ym ) → g(y).


1
3. Dire que est bornée c’est dire que
g(x)

∃α > 0, g(y) ≥ α, ∀y ∈ X.

Mais puisque (xn ) ⊂ X est une suite de Cauchy,


α
∃n0 ∈ N, d(xn0 , xn ) ≤ , ∀n ≥ n0 .
2
α
En prenant y = xn0 on a d(y, xn ) → g(y) d’où nécessairement g(y) ≤ 2
ce qui est une
contradiction.

112
Chapitre 4

Espaces compacts.

Définition 4.1 (Recouvrement ouvert d’un espace topologique). Soit (X, T ) un es-
pace topologique. Un recouvrement ouvert de X est une famille d’ouverts (Ai )i∈I de parties de
S
X telle que X = i∈I Ai . Si I est un ensemble fini, on dit que (Ai )i∈I est un recouvrement fini
S
de X. De plus si ∃J ⊂ I tel que X = j∈J Aj , on dit que (Aj )j∈J est un sous-recouvrement
de (Ai )i∈I .

Proposition. 4.1. Soit (X, T ) un espace topologique. Les deux assertions suivantes sont
équivalentes :
1. De tout recouvrement de X par une famille (Ai )i∈I d’ouverts, on peut extraire un sous-
recouvrement fini.
2. De toute famille (Fi )i∈I de fermés de X, dont l’intersection est vide, on peut extraire
une sous-famille finie dont l’intersection est vide.

Démonstration. Vérification immédiate par passage aux complémentaires.

Définition 4.2 (Espace topologique compact). Un espace topologique est dit compact
si et seulement s’il est séparé, et s’il vérifie l’assertion (1.) de la proposition 4.1, qui est dite
propriété de Borel-Lebesgue.

Définition 4.3 (Compacité par les suites). Un espace métrique X est compact si, de
toute suite (xn )n à valeurs dans X, on peut extraire une sous-suite convergente, qui est dite
propriété de Bolzano-Weierstrass
Autrement dit, un espace métrique X est compact si et seulement si toute suite de points de
X admet une valeur d’adhérence.

113
4. Espaces compacts.

Remarque 4.1. 1. Il y a la compacité à la Borel-Lebesgue (qui est plus générale puis-


qu’elle définit la compacité d’un espace topologique quelconque) et la compacité à la
Bolzano-Weierstrass (qui est restreinte aux espaces métriques).
2. L’hypothèse de séparation est toujours vérifiée pour les espaces topologiques dans les
espaces compacts.

Exemple 4.1. 1. Tout espace topologique séparé et fini est compact.


2. L’espace discret est compact si et seulement s’il est fini. En-effet, si X est fini, évidant
X est compact. Réciproquement, supposons que X est compact. Pour tout x ∈ X, soit
Ox = {x}, alors (Ox )x∈X est un recouvrement ouvert de X, donc il existe x1 , ..., xp ∈ X
tels que X = pi=1 Oi = {x1 , ..., xp }. Par conséquent, X est fini.
S

3. R n’est pas compact. Soit An =]−n, +∞[. (An )n∈N est un recouvrement par des ouverts,
il n’existe pas de sous-recouvrement fini.

Définition 4.4 (Partie compacte). Soient (X, T ) un espace topologique, A une partie de
X. A est dite partie compacte de (X, T ) si et seulement si le sous-espace (A, TA ) est compact.

En utilisant la définition de la topologie induite, on obtient les caractérisations suivantes :

Proposition. 4.2. Soit A une partie de l’espace topologique séparé (X, T ). Alors
1. A est compact si et seulement si, pour toute famille (Ai )i∈I d’ouverts de X tels que
S
A ⊂ i∈I Ai il existe une sous-famille finie (Aik )16k6n telle que :
[
A⊂ A ik .
16k6n

2. A est compacte si et seulement si, pour toute famille (Fi )i∈I de fermés de X tels que
T
A ∩ ( i∈I Fi ) = ∅, il existe une sous-famille finie (Fik )16k6n telle que :
\
A∩( Fik ) = ∅.
16k6n

Démonstration. 1. ⇒) Soit (Ai )i∈I la famille d’ouverts recouvrant A. Les Ai ∩ A sont


des ouverts de A. Si A est compact, alors on peut extraire un sous recouvrement fini,
S
c’est-à-dire qu’il existe ik fini ⊂ I tel que 16k6n (Aik ∩ A) = A. Et par conséquent
S
A ⊂ 16k6n Aik .
S
⇐) Soit (ωi )i∈I la famille d’ouverts de A telle que i∈I ωi = A. Pour tout i ∈ I,
S S
ωi = Ai ∩ A et donc i∈I (Ai ∩ A) = A, soit encore A ⊂ i∈I Ai . Par hypothèse, il
S
existe il existe une sous-famille finie (Aik )16k6n tel que A ⊂ 16k6n Aik , ce qui donne
S S
16k6n (Aik ∩ A) = 16k6n (ωik ) = A, et par conséquent A est compact.

114
4. Espaces compacts.

2. ⇒) Supposons que A est compact, alors on a


T
F
\ [
A ∩ ( Fi ) = ∅ ⇒ A ⊂ CX i∈I i = CXFi .
i∈I i∈I

puisque {CXFi }i∈I est une famille d’ouverts de (X, T ), on déduit que, il existe une
Fi
sous-famille finie (CX k )16k6n telle que :
[ Fi
A⊂ CX k .
16k6n
T
D’où A ∩ ( 16k6n Fik ) = ∅.
⇐) On a

T
F
\ [
A ∩ ( Fi ) = ∅ ⇔ A ⊂ CX i∈I i = CXFi .
i∈I i∈I

Donc
\ n
\
A∩( Fi ) = ∅ ⇒ ∃{i1 , ..., in }, A ∩ ( F ik ) = ∅
i∈I k=1
n
[ Fi
⇒ ∃{i1 , ..., in }, A ⊂ CX k ,
k=1

Fi
et puisque {CX k , k ∈ {1, ..., n}} est une famille d’ouverts de (X, T ) on conclut que A
est compact .

Exemple 4.2. 1. Dans tout espace topologique (X, T ), les singletons, et plus générale-
ment les sous-ensembles finis, sont compacts.
2. Dans X séparé, soit (xn ) une suite convergente vers a, alors

A = {a, x0 , x1 , ..., xn , ...}

est compacte. En-effet A est compacte car si a ∈ V avec V ∈ V(a), alors V contient
tous le éléments de la suite sauf un nombre fini, ce qui montre qu’un nombre fini
d’ouverts recouvrira les autres points, et donc A est compacte.
3. A =]0, 1] n’est pas compact dans R car In =] n1 , 1] est une suite d’ouverts de A re-
couvrant A (A ⊂ n∈N ] n1 , 1]) et dont on ne peut extraire aucun sous recouvrement
S

fini.

115
4. Espaces compacts.

Définition 4.5 (Partie relativement compacte). Soient X un espace topologique et A


une partie de X. On dit que A est relativement compacte si A est compact.

Proposition. 4.3 (Propriété des fermés emboîtés). Soient (X, T ) un espace compact et
T
(Fn )n∈N une suite décroissante (pour l’inclusion) de fermés non vides. Alors n∈N Fn 6= ∅.
T
Démonstration. supposons n∈N Fn = ∅. De (2.) de la proposition 4.1, on déduit l’existence
d’une sous-famille finie de (Fn ) d’intersection vide. Mais, la suite (Fn ) étant décroissante,
l’intersection d’une telle sous-famille est égale à l’un des Fn qui n’est pas vide. On aboutit
à une contradiction.

Proposition. 4.4. Soit X un espace topologique compact. Alors

1. Toute suite de X possède au moins une valeur d’adhérence.


2. Une suite dans X est convergente si, et seulement si, elle a une unique valeur d’adhé-
rence, qui est alors sa limite.

Démonstration. Soit X un espace topologique compact.

1. Soit An = {xi , i ≥ n} = {xn , xn+1 , ...}. Alors a est une valeur d’adhérence de (xn ) si,
pour tout n, a ∈ An . L’ensemble des valeurs d’adhérence est A = ∞
T
n=1 An . A est donc

l’intersection de la suite décroissante des fermés non vides Fn = An , (puisque X est


compact), donc A possède au moins un élément.
2. Une suite convergente dans un espace topologique quelconque a une unique valeur
d’adhérence.
Supposons maintenant que la suite (xn )n a une unique valeur d’adhérence α. Procédons
par l’absurde et supposons que (xn ) ne converge pas vers α. Il existe alors un voisinage
ouvert V ∈ V(α) telle que F = CXV contienne une infinité de termes de la suite. Cette
partie F est fermée dans X, donc compacte. On obtient donc une seconde valeur
d’adhérence β ∈ F (et donc avec α 6= β) pour (xn )n .

1
Exemple 4.3. Pour n ≥ 1, on pose a2n = 2n
et a2n+1 = 2n + 1. Alors la suite (an )n≥1
admet 0 comme unique valeur d’adhérence, mais (an )n≥1 ne converge pas dans R (car R est
non compact).

Proposition. 4.5. Toute partie infinie A de X compact admet au moins un point d’accu-
mulation.

116
4. Espaces compacts.

Démonstration. Si A est une partie infinie de X qui ne possède aucun point d’accumulation,
alors pour tout x ∈ X il existe un voisinage ouvert Vx ∈ V(x) tel que Vx ∩ A = {x} si x ∈ A,
et Vx ∩ A = ∅ si x ∈
/ A. d’où la famille {Vx , x ∈ X} est un recouvrement d’ouverts de X qui
est compact. Donc, on peut extraire un sous-recouvrement finie {Vxi , i = 1, ..., n} tel que
X = ni=1 Vxi . Mais, A = A ∩ X = A ∩ ni=1 Vxi = ni=1 (A ∩ Vxi ) et donc A contient au plus
S S S

n éléments ce contredit que A est infini.

Remarque 4.2. Dans X compact, si A = {(xn )}, alors A n’admet pas nécessairement un
point d’accumulation, car A peut être fini ou réduit à un point (cas de suite constante).

Proposition. 4.6. Soient X et Y deux espaces topologiques non vides. Alors l’espace topo-
logique produit X × Y est compact si et seulement si X et Y sont compacts.

Démonstration. Si X × Y est compact, alors X et Y sont compacts car ils sont les images
des projections continues PX (X × Y) = X et PY (X × Y) = Y.
Supposons que X et Y sont compacts. Soit {Oi , i ∈ I} un recouvrement ouvert de X × Y.
Alors, pour tout (x, y) ∈ X × Y ils existent U(x,y) ∈ TX et V(x,y) ∈ TY tels que (x, y) ∈
U(x,y) × V(x,y) ⊆ O(x,y) avec O(x,y) ∈ {Oi , i ∈ I}. On remarque que pour tout x ∈ X la
famille {V(x,y) , y ∈ Y} est un recouvrement ouvert de l’espace compact Y et donc on peut
extraire un sous-recouvrement fini {V(x,yi ) , i = 1, .., n} pour ce dernier. D’autre part, si on
prend Wx = ni=1 U(x,yi ) alors la famille {Wx , x ∈ X} est un recouvrement ouvert de l’espace
S

compact X et donc on peut extraire un sous-recouvrement fini{Wxj , j = 1, .., m}. On en


déduit que la famille {Wxj × V(xj ,yi ) : i = 1, ..., n, j = 1, ..., m} est un recouvrement fini de
X × Y. Mais, on a :

Wxj × V(xj ,yi ) ⊂ U(xj ,yi ) × V(xj ,yi ) ⊂ O(xj ,yi ) , ∀1 ≤ i ≤ n, 1 ≤ j ≤ m.

Donc, la famille {O(xj ,yi ) , 1 ≤ i ≤ n, 1 ≤ j ≤ m} est un recouvrement ouvert fini de X × Y


ce qui montre que X × Y est compact.

Une conséquence immédiate

Corollaire 4.7 (Théorème de Tychonoff). Soient X1 , ..., Xn des espaces topologiques non
vides. Alors X1 × ... × Xn est compact ⇔ X1 , ..., Xn sont compacts.

117
4.1. Propriétés des espaces topologiques compacts.

4.1 Propriétés des espaces topologiques compacts.


Proposition. 4.8. Soit (X, T ) un espace topologique séparé. Alors toute partie compacte de
X est fermée.

Démonstration. Soit A est une partie compacte de X. Montrons que CXA est ouvert, c’est-à-
dire voisinage de chacun de ses points. Soit x ∈ CXA et a ∈ A. Comme X est séparé, alors il
S
existe Oa ouvert ∈ V(a) et il existe Va ∈ V(x) tels que Oa ∩Va = ∅. Maintenant A ⊂ a∈A Oa
S T
compacte, donc il existe B fini ⊂ A tel que A ⊂ a∈B Oa . Soit alors V = a∈B Va ∈ V(x)
(car intersection finie). Comme V ∩ A = ∅, alors V ⊂ CXA , soit encore CXA ∈ V(x) et donc
CXA est ouvert, c’est-à-dire A fermé.

Proposition. 4.9. Soit (X, T ) un espace topologique compact. Alors toute partie fermée de
X est compacte.

Démonstration. Soit A est une partie fermée de X. Alors, si {Fi , i ∈ I} est une famille de
T T
fermés de X telle que A ∩ ( i∈I Fi ) = ∅, on obtient i∈I (A ∩ Fi ) = ∅. Puisque X est
T T
compact, il existe J (fini) ⊂ I tel que ∅ = i∈J (A ∩ Fi ) = A ∩ ( i∈J Fi ). Donc, A est
compact.

Remarque 4.3. 1. D’après les propositions prescientes, on voit que dans un espace to-
pologique compact, on a équivalence entre partie fermée et partie compacte.
2. Toute partie fermée incluse dans une partie compacte d’un espace topologique est, elle
même, compacte.
3. Toute partie non vide d’un espace compact est relativement compacte.
4. Toute partie compacte est relativement compacte.

Voici une nouvelle propriété de stabilité de la compacité, très utile dans la pratique.

Proposition. 4.10. Soient X et Y deux espaces topologiques, avec Y séparé, et f une


application continue de X dans Y. Alors
1. L’image par f de toute partie compacte de X est une partie compacte de Y.
2. Si X est compact, alors f est une application fermée.
3. Si X est compact et si f est bijective, alors f est un homéomorphisme.

118
4.2. Propriétés des espaces métriques compacts.

Démonstration. 1. Soient A est compact de X, avec f (A) = B. B étant séparé par hypo-
S
thèse, considérons une famille (Ai )i∈I d’ouverts de B tels que f (A) ⊂ i∈I Ai . f étant
continue, f −1 (Ai ) est un ouvert de A. D’autre part i∈I f −1 (Ai ) = f −1 ( i∈I Ai ) =
S S

A. On dispose donc d’un recouvrement ouvert de A, on peut en extraire un sous-


recouvrement fini (f −1 (Ai ))i∈J . De i∈J f −1 (Ai ) = A on déduit f (A) ⊂ i∈J Ai .
S S

2. Soit X est compact. Soit F une partie fermée de X, alors F est une partie compacte
de X, donc f (F ) est une partie compacte de Y. On déduit que f (F ) est une fermée
de Y. Par conséquent, f est une application fermée.
3. Ceci résulte de 2.

4.2 Propriétés des espaces métriques compacts.


Proposition. 4.11. Un espace métrique (X, d) compact est complet.

Démonstration. Soit (X, d) un espace compact. Alors toute suite de Cauchy admet une
valeur d’adhérence, elle est donc convergente, par conséquent, (X, d) est complet.

Remarque 4.4. La réciproque de la proposition précédente est fausse. En-effet : R est


complet mais non compact

Proposition. 4.12. Toute partie compacte d’un espace métrique est bornée.
S
Démonstration. Comme on a A ⊂ a∈AB(a, 1) et A est compacte, alors il existe un sous-
ensemble fini {a1 , ..., an } de A tel que A ⊂ ni=1 B(ai , 1). Soit α = max1≤i≤n d(a1 , ai ), alors
S

on a A ⊂ B(a1 , α + 1). Donc A est bornée.

Proposition. 4.13. Dans (R, |.|).


1. [Bolzano-Weierstrass.] Tout intervalle fermé et borné de R est compact.
2. Les parties compactes de R sont les parties fermées et bornées.

Démonstration. 1. Montrons que [a, b] est compact. Il est clair que [a, b] est séparé. Soit
(Ui )i∈I une famille de parties ouvertes de R recouvrant [a, b]. Soit A l’ensemble des
x ∈ [a, b] tels que [a, x] soit recouvert par un nombre fini de parties Ui . L’ensemble A
est non vide car a ∈ A. Il est contenu dans [a, b], donc il est majoré. Soit m sa borne
supérieure. On a a ≤ m ≤ b. Il existe J ∈ I tel que m ∈ Uj . Puisque Uj est ouvert

119
4.2. Propriétés des espaces métriques compacts.

dans R, il existe ε > 0 tel que [m − ε, m + ε] ⊂ Uj . Puisque m est la borne supérieure


de A, il existe x ∈ A tel que m − ε < x ≤ m. Alors [a, x] est recouvert par un nombre
fini de Ui et [x, m + ε] ⊂ Uj , donc [a, m + ε] est recouvert par un nombre fini de Ui . Si
m < b, on voit, en diminuant au besoin e de manière que m + ε ∈ [a, b], que m + ε ∈ A,
ce qui contredit la définition de la borne supérieure. Donc m = b, et [a, b] est recouvert
par un nombre fini de Ui .
2. Soit A une partie compacte de R. Alors A est fermé dans R. D’autre part, il est clair
que
[
A⊂ ]x − 1, x + 1[,
x∈A

donc A est recouvert par un nombre fini d’intervalles ]xi − 1, xi + 1[, donc est borné.
Soit B une partie fermée bornée de R. Il existe un intervalle [a, b] tel que B ⊂ [a, b].
Alors [a, b] est compact, B est fermé dans [a, b], donc compact.

Remarque 4.5. D’après la proposition précédente, on a équivalence entre, A relativement


compacte et A bornée.

Proposition. 4.14. Soient non vide, f une fonction continue réelle sur X. Alors f est
bornée, et atteint ses bornes inférieure et supérieure.

Démonstration. On a X est compact, alors f (X) est une partie compacte de R, donc une
partie fermée bornée de R. Puisque f (X) est bornée, f est bornée. Puisque f (X) est de plus
fermée, f (X) possède un plus petit et un plus grand élément. Si, par exemple, f (x0 ) est le
plus grand élément de f (X), f atteint sa borne supérieure en x0 .

Proposition. 4.15. Si f : (X, dX ) → (Y, dY ) est continue et X est compact, alors f est
uniformément continue.

Démonstration. Par l’absurde, supposons qu’il existe ε > 0 tel que, pour tout n ∈ N, il
1
existe xn , yn ∈ X tels que dX (xn , yn ) ≤ n
et dY (f (xn ), f (yn )) > ε La suite (xn , yn )n est une
suite de X × X qui est compact. Soit (xnk , ynk )k une sous-suite convergente qui converge vers
1
(a, b) ∈ X × X. Comme dX (xnk , ynk ) ≤ nk
pour tout k ∈ N, on a a = b. La fonction f est
continue, on a f (xnk ) → f (a) et f (ynk ) → f (b) = f (a) ce qui est impossible.

Définition 4.6 (Espace métrique précompact). 1. Un espace métrique (X, d) est dit
précompact si, pour tout r > 0, il existe un recouvrement fini de X par des boules de

120
4.2. Propriétés des espaces métriques compacts.

rayon r. ie
n
[
∀r > 0, ∃x1 , ...xn ∈ X, X = B(xi , r).
i=1

2. On dit que une partie A, dans X, est précompacte si


n
[
∀r > 0, ∃x1 , ...xn ∈ A, A ⊆ B(xi , r).
i=1

Remarque 4.6. 1. Toute partie précompacte est bornée. En-effet, si A est précompact,
alors pour toutr > 0 ils existent x1 , ..., xn tels que A ⊂ ni=1 B(xi , r). Donc
S

n
X
diamA ≤ diamB(xi , r) = 2nr.
i=1

2. Tout espace métrique compact est précompact. En-effet, soient (X, d) un espace mé-
trique compact et r > 0. Comme (B(x, r))x∈X est un recouvrement ouvert de X, alors
il existe x1 , ...xn , X = ni=1 B(xi , r). Par conséquent, (X, d) est un espace précompact.
S

Proposition. 4.16. Soient (X, d) un espace métrique et A une partie de X. Alors


1. Si (X, d) est précompact, alors A est précompact.
2. Si A est précompact, alors A est précompact.

Démonstration. 1. Par définition.


2. Supposons que A est précompact donc pour tout r > 0 ils existent x1 , ..., xn tels que
A ⊂ ni=1 B(xi , r). Si y ∈ A − A, alors B(y, r) ∩ A 6= ∅, il existe donc z ∈ B(xk , r) ∩ A
S

pour un certain xk . On a d(y, xk ) ≤ d(y, z) + d(z, xk ) ≤ 2r donc y ∈ B(xk , 2r). Donc


A ⊂ ni=1 B(xi , 2r) qui montre que A est précompact.
S

Proposition. 4.17. Soit (X, d) un espace métrique précompact. Alors X est séparable.

Démonstration. Si X est précompact, alors pour tout n ≥ 1, il existe un sous-ensemble fini


Dn de X tel que X = x∈Dn B(x, n1 ). Soit D = n∈N∗ Dn , alors D est dénombrable. Soient
S S

y ∈ X et ε > 0. Alors il existe n ≥ 1 tel que n1 < ε. Comme on a X = x∈Dn B(x, n1 ), il


S

existe x ∈ Dn ⊂ D tel que y ∈ B(x, n1 ), d’où d(y, x) < 1


n
< ε. Donc D est dense dans X.
Par conséquent, (X, d) est séparable.

Remarque 4.7. En particulier, tout espace métrique compact est séparable car, tout espace
métrique compact est précompact.

121
4.2. Propriétés des espaces métriques compacts.

Proposition. 4.18 ((Lebesgue). Soient (X, d) un espace métrique possède la propriété de


Bolzano-Weierstrass et (Oi )i∈I un recouvrement ouvert de X. Alors, il existe r > 0 tel que
pour tout x ∈ X la boule B(x, r) est contenue dans l’un des ouverts Oi .

On va donner le résultat fondamental de la compacité d’un espace métrique.

Proposition. 4.19. Soit (X, d) un espace métrique. Les propriétés suivantes sont équiva-
lentes.
1. X est compact.
2. L’espace métrique (X, d) est précompact et complet.
3. Toute partie infinie de X possède au moins un point d’accumulation.
4. Toute suite de X possède une sous-suite convergente.

Démonstration. - 1. ⇒ 2. Puisque X est compact, d’après la remarque 4.6, (X, d) est


précompact, et par la proposition 4.11, X est complet.
- 2. ⇒ 1. Soit G = {Oi , i ∈ I} un recouvrement ouvert de X. Puisque X est précompact,
alors pour tout r > 0 ils existent x1 , ..., xn ∈ X tels que X = nk=1 B(xk , r). Mais,
S

pour tout 1 ≤ k ≤ n il existe Ok ∈ G tel que xk ∈ Ok . Donc, il suffit de choisir


r > 0 tel que B(xk , r) ⊂ Ok pour tout 1 ≤ k ≤ n ( par le proposition 4.18, et X
est complet). On en déduit que X = nk=1 B(xk , r) ⊂ nk=1 Ok , ce qui montre que la
S S

famille {Ok , k = 1, ..., n} est un recouvrement ouvert fini de X et donc compact.


- 1. ⇒ 3. Voir Proposition 4.5.
- 3. ⇒ 4. Soit (xn )n une suite dans X, on distingue deux cas :
Premier cas : l’ensemble {xn , n ∈ N} est fini. Alors il existe x ∈ X et une partie infinie
D de N tele que pour tout n ∈ D, on ait xn = x. Soit ϕ(0) le plus petit élément de
D, et par récurrence, ϕ(n + 1) le plus petit élément de D strictement plus grand que
ϕ(n). Alors (xϕ(n) )n sous-suite de (xn )n qui converge vers x.
Deuxième cas : l’ensemble {xn , n ∈ N} est infini. Par hypothèse, cet ensemble possède
un point d’accumulation noté y. Vérifions que y est une valeur d’adhérence de la suite
(xn )n . Soient ε > 0 et N ∈ N. Soient C = {d(y, xn ), 0 ≤ n ≤ N, xn 6= y} ∪ {ε}
et ε0 = inf(C), alors ε0 > 0. Comme y est un point d’accumulation de l’ensemble
{xn , n ∈ N}, il existe xn ∈ B(y, ε0 ) − {y}, d’où n > N . Ainsi, pour tous ε > 0 et
N ∈ N, il existe n > N tel que xn ∈ B(y, ε). Donc y une valeur d’adhérence de la
suite (xn )n .

122
4.3. Espaces localement compacts.

- 1. ⇒ 4. Voir Proposition 4.4, puisque toute suite d’éléments de (X, d) admet une
valeur d’adhérence (i.e de toute suite d’éléments de (X, d) on peut extraire une sous-
suite convergente).
- 4. ⇒ 1. Soit (Ui )i∈I un recouvrement ouvert de X. Par la proposition 4.18, il existe
r > 0 tel que pour tout x ∈ X, il existe i ∈ I pour lequel B(x, r) ⊂ Ui . Supposons
S
qu’il n’existe pas de sous-ensemble J de I tel que X = i∈J Ui . Alors pour toute partie
S
finie B de X, comme x∈B B(x, r) est inclus dans un nombre fini d’ouverts est Ui , il
existe y ∈ X tel que d(x, y) ≥ r pour tout x ∈ B. On choisit un point x0 ∈ X, puis
un point x1 ∈ X tel que d(x0 , x1 ) ≥ r, puis un point x2 ∈ X que tel d(x0 , x2 ) ≥ r et
d(x1 , x2 ) ≥ r et, par récurrence, une suite (xn )n dans X telle que pour tous p, q ∈ N
avec p 6= q on ait d(xp , xq ) ≥ r. Par conséquent, la suite (xn )n n’admet aucune sous-
suite convergente, c’est une contradiction. Donc il existe bien un sous-ensemble fini j
S
de I tel que X = i∈J Ui .

Proposition. 4.20. Soient (X, d) un espace métrique et A une partie de X. Les propriétés
suivantes sont équivalentes.
1. A est relativement compacte.
2. Il existe une partie compacte de X contenant A.
3. Toute suite dans A possède une sous-suite convergente dans X.

Démonstration. - L’implication 1.⇒ 2.) est triviale, A la partie compacte de X conte-


nant A.
- L’implication 2.⇒ 3. résulte immédiatement de la Proposition 4.19.
- 3.⇒ 1.) Soit (xn )n une suite dans A. Pour tout n ≥ 0, il existe an ∈ A tel que
1
d(an , xn ) < n+1
. Par hypothèse, il existe une sous-suite convergente (ank )k de (an )n .
Soit a = limk→+∞ ank . Pour tout k ≥ 0, on a 0 ≤ d(a, xnk ) ≤ d(a, ank ) + d(ank , xnk ) <
d(a, ank ) + nk1+1 et on a limk→+∞ nk1+1 = 0, donc (xnk )k converge aussi vers a. Il résulte
de la proposition 4.19 que A est compact.

4.3 Espaces localement compacts.


De nombreux espaces topologiques que l’on rencontre dans les applications de la topologie
ne sont pas compacts, mais ont une propriété plus faible, la compacité locale.

123
4.3. Espaces localement compacts.

Définition 4.7 (Espace localement compact). Un espace topologique (X, T ) est locale-
ment compact si tout point de X a un voisinage compact.

Remarque 4.8. Évidemment, tout espace compact (X, T ) est localement compact, puisque
X est voisinage de chacun de ses points. La réciproque est fausse, considérer R.

Exemple 4.4. 1. R est localement compact puisque R est séparé et pour chaque point x
de R admet un voisinage compact [x − r, x + r], (r > 0).
2. Montrons que Q n’est pas localement compact. Supposons que le point 0 de Q possède
dans Q un voisinage compact V . Il existe un voisinage W de 0 dans R tel que V =
W ∩ Q. Puis il existe α > 0 tel que ] − α, α[⊂ W , d’où ] − α, α[∩Q ⊂ V . Par ailleurs,
puisque V est compact, V est fermé dans R. Or tout nombre réel de ] − α, α[ est
adhérent à ] − α, α[∩Q, d’où ] − α, α[⊂ V , ce qui est absurde puisque V ⊂ Q.
3. X discret est localement compact. En-effet, X est séparé et, pour tout x ∈ X, {x} ∈
V(x) et {x} est compact. Remarquons que si X discret est infini, alors X est localement
compact mais non compact.

Proposition. 4.21. L’intersection de deux sous-espaces localement compacts d’un espace


topologique séparé est localement compacte.

Démonstration. Soient A et B sont deux sous-espaces localement compacts dans X séparé,


et C = A ∩ B. On a C est séparé (car sous-espace de X séparé). Soit a ∈ C. Comme a ∈ A
localement compact, alors il existe K1 ∈ V(a), K1 compact ⊂ A. Comme a ∈ B localement
compact, alors il existe K2 ∈ V(a), K2 compact ⊂ B. Ainsi nous avons K1 ∩ C ∈ VC (a) et
K2 ∩ C ∈ VC (a). Soit alors K = K1 ∩ K2 est un compact (car intersection de compacts) et
K = (K1 ∩ C) ∩ (K2 ∩ C) ∈ VC (a). Et donc C est localement compact.

Remarque 4.9. La réunion de deux parties localement compactes n’est pas toujours locale-
ment compacte. En-effet : considérer X = R2 et A = {(0, y), y > 0} et B = {0}. A et B sont
localement compacts et A ∪ B est non localement compacts car 0 n’admet pas de voisinage
compact.

Proposition. 4.22. Si f est un homéomorphisme X → Y et si X est localement compact,


alors Y est localement compact.

Démonstration. Y est séparé car f est un homéomorphisme. Soit x0 ∈ Y, alors x0 = f (x)


où x ∈ X. Comme X est localement compact, il existe K compact ∈ V(x). Par conséquent
f (K) est compact et f (K) = K 0 ∈ V(x0 ).

124
4.4. Exercices avec Solutions.

Remarque 4.10. Si f est continue : X → Y, avec X localement compact et Y séparé, alors


f (X) n’est pas nécessairement localement compact. En-effet : considérons X = N discret et
Y = Q (sous-espace de R). Alors X est localement compact et Y est non localement compact.
On sait qu’il existe une bijection f : N → Q qui est donc continue puisque X est discret.

Proposition. 4.23. Soient X un espace localement compact, A une partie ouverte ou fermée
de X. Alors l’espace A est localement compact.

Démonstration. D’abord, A est séparé. D’autre part, soit y ∈ A. Il existe un voisinage


compact V de y dans X. Alors V ∩ A est un voisinage de y dans A. Si A est fermé dans X,
V ∩ A est fermé dans A, donc compact. Si A est ouvert dans X, on peut supposer V ⊂ A,
et alors V ∩ A = V .

Proposition. 4.24. Soient X et Y deux espaces topologiques non vides. Alors l’espace to-
pologique produit X × Y est localement compact si et seulement si X et Y sont localement
compacts.

Démonstration. L’espace topologique produit X×Y est séparé si et seulement si X et Y sont


séparés. Supposons d’abord que l’espace topologique produit X × Y est localement compact.
Puisque les projections canoniques de X × Y sur les X et Y sont continues, surjectives et
ouvertes, on déduit que X et Y sont localement compacts.
Réciproquement, supposons que X et Y sont localement compact. Soit x = (x1 , x2 ), soit
V1 , V2 des voisinages compacts de x1 , x2 dans X1 , X2 respectivement. Alors V = V1 × V2 est
un voisinage compact de x dans X × Y. Donc X est localement compact.

Exemple 4.5. Rn est localement compact (sans être compact). En-effet, Rn est séparé, et
tout point de Rn admet pour voisinage une boule fermée, laquelle est compacte.

4.4 Exercices avec Solutions.


Exercice 4.1. Dans l’espace métrique (Q, du ) où du (x, y) = |x − y| et

A = {x ∈ Q, 2 < x2 < 3}.

Montrer que A est fermé et borné mais n’est pas compact.

125
4.4. Exercices avec Solutions.

Solution 4.1. Il est clair que A est borné. On peut écrire A comme :
√ √ √ √
A = {x ∈ Q, 2 < x < 3} ∪ {x ∈ Q, − 3 < x < − 2} = A1 ∪ A2 .
√ √ √ √
De plus on a A1 = [ 2, 3] ∩ Q et A2 = [− 3, − 2] ∩ Q. Donc A1 et A2 sont fermés dans
1
Q. Pour la compacité considérons G = {Gn , n ≥ 1} où Gn = {x ∈ Q, 2 + n
< x2 < 3 − n1 }.
G est un recouvrement ouvert de A qui ne possède aucun sous-recouvrement fini.

Exercice 4.2. Montrer que l’ensemble suivant est compact

A = {(x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 ≤ 1}.

Solution 4.2. Soit


f : R2 → R, f (x, y) = x2 + y 2 .

On remarque que A est fermé puisque A = f −1 ([0, 1]. D’autre part A est borné car A ⊂
B((0, 0), 1).

Exercice 4.3. Soient A une partie compacte et B une partie fermée de R. On pose

C = A + B = {x + y, x ∈ A, y ∈ B}.

1. Montrer que C est fermé.


2. Montrer que si B est compact, alors C est compact.

Solution 4.3. 1. Soit c ∈ C. Il existe une suite (cn )n de points de C qui converge vers
c. Pour chaque entier n, il existe an ∈ A et bn ∈ B tels que cn = an + Bn . La suite
(an )n est contenue dans le compact A, on peut donc en extraire une sous-suite (ank )k
qui converge vers une limite a ∈ A. La sous-suite (cnk )k de (cn )n converge vers c, et
puisque, pour tout entier n, bnk = cnk − ank la sous-suite (bnk )k de (bn )n converge vers
c − a. Or B est fermé, donc c − a ∈ B soit, en posant b = c − a, c = a + b, avec a ∈ A
et b ∈ B. Ceci prouve que c ∈ C donc que C est une partie fermée de R.
2. Si A et B sont tous deux compacts, ils sont bornés. Il existe donc α > 0 et β > 0 tels
que tout a ∈ A et tout b ∈ B vérifient |a| ≤ α, et |b| ≤ β. Mais alors si c = a + b,
|c| ≤ |a| + |b| ≤ α + β qui prouve que C est borné. Mais d’après la question précédente,
C est fermé. Les parties compactes de R étant les parties fermées et bornées, C est
compact.

Exercice 4.4. Soit X un espace topologique séparé. Montrer que

126
4.4. Exercices avec Solutions.

1. union finie de compacts est compacte.


2. Intersection quelconque de parties compactes est compacte.

Solution 4.4. 1. Soit {Kk , k = 1, ..., n} une famille finie de compacts dans un espace
topologique (X, T ) et soit K = nk=1 Kk . Alors, tout recouvrement d’ouverts {Oi , i ∈ I}
T

de K est un recouvrement d’ouverts de Kk , pour tout k = 1, ..., n. Donc, il existe Jk


S
(fini) ⊂ I tel que Kk ⊂ i∈Jk Oi , pour tout k = 1, ..., n. On prend J = J1 ∪ ... ∪ Jn ,
S
alors i∈J Oi est un sous-recouvrement fini de K et donc K est compact.
2. Soit {Ki , i ∈ I} une famille de compacts dans un espace topologique séparé (X, T ) et
T
soit K = i∈I Ki . Alors, K est un fermé (car c’est une intersection de fermé ) dans
un compactes Ki0 , i0 ∈ I. Donc K est compact.

Exercice 4.5. Soient K un compact de l’espace métrique (X, d) et r > 0.


S
1. Montrer que F = x∈K B(x, r) est fermé dans (X, d).
T
2. Montrer que U = x∈K B(x, r) est ouvert dans (X, d).

Solution 4.5. 1. Soient (yn )n une suite dans F et y ∈ X tels que limn→+∞ yn = y.
Pour tout n ≥ 0, il existe an ∈ K tel que d(an , yn ) ≤ r. Puisque K est compact, la
suite (an )n admet une sous-suite convergente (ank )k vers un élément a ∈ K, d’où on a
limk→+∞ d(ank , bnk ) = d(a, y). Par conséquent, on a d(a, y) ≤ r, d’où y ∈ B(a, r) ⊂ F .
Donc F est fermé dans (X, d).
B(x,r)
2. Montrons que CXU = x∈K CX
S
est fermé dans (X, d). Soient (yn )n une suite dans
CXU et y ∈ X tels que limn→+∞ yn = y. Pour tout n ≥ 0, il existe xn ∈ K tel que
d(xn , yn ) ≥ r. Puisque K est compact, la suite (xn )n admet une sous-suite conver-
gente (xnk )k vers un élément x ∈ K, d’où on a limk→+∞ d(xnk , bnk ) = d(x, y). Par
B(x,r)
conséquent, on a d(x, y) ≥ r, d’où y ∈ CX ⊂ CXU . Donc CXU est fermé dans (X, d).

Exercice 4.6. Soient K une partie compacte non vide d’un espace métrique (X, d) et (xn )n
une suite dans X telle que la suite de réelle (dist(xn , K))n tende vers 0. Montrer qu’il existe
une sous-suite de (xn )n convergeant vers un point de K.

1
Solution 4.6. Pour tout n ≥ 0, il existe an ∈ K tel que d(xn , an ) < dist(xn , K) + n+1
.
Comme K est compacte, il existe une sous-suite convergente (ank )k de (an )n . Soit a =
limk→+∞ ank , alors a ∈ K et pour tout k ≥ 0, on a 0 ≤ d(xnk , a) ≤ d(xnk , ank ) + d(ank , a) <
dist(xnk , K) + nk+11 +1 + d(ank , a). Donc on a limk→+∞ d(xnk , a) = 0, i.e. la sous-suite (xnk )k
converge vers a.

127
4.4. Exercices avec Solutions.

Exercice 4.7. Soit (X, d) un espace métrique compact et f : X → X une application vérifiant

d(f (x), f (y)) < d(x, y), ∀(x, y) ∈ R2 , x 6= y.

Le but de cet exercice est de montrer que f admet un point fixe unique p ∈ X.
1. Montrer que les ensembles Xn = f n (X), n ∈ N, forment une suite décroissante de
T
compacts et que Y = n≥0 Xn n’est pas vide.
2. Montrer que Y est un ensemble invariant, i.e. f (Y ) = Y , et en déduire que le diamètre
de cet ensemble est 0.
3. Conclure que f a un unique point fixe p ∈ X et que ∀x0 ∈ X, la suite (xn )n définie par
xn = f n (x0 ) converge vers p lorsque n tend vers ∞.

Solution 4.7. 1. La suite donnée est décroissante car on a

Xn+1 = f n+1 (X) = f n (f (X)) ⊂ f n (X) = Xn .

Vérifions que Xn est compact pour tout entier n ≥ 0. C’est vrai pour n = 0 car X
est compact par hypothèse. On suppose que Xn est compact, puisque f est continue et
que l’espace d’arrivée est séparé, l’image f (Xn ) du compact Xn est aussi un compact.
T
Montrons à présent que Y = n≥0 Xn est non vide. (Xn )n est une famille de compacts
T
dont l’intersection de toute sous-famille finie est non vide (en-effet : i∈{i1 ,...,ik } Xi =
Xmax{i1 ,...,ik } qui est non vide), puisque cette famille est dans l’espace X qui est compact,
alors l’intersection de tous les éléments de la famille, c’est à dire Y , est non vide.
2. Montrons l’égalité Y = f (Y ). On a f (∩n Xn ) ⊂ ∩n f (Xn ), d’où l’inclusion f (Y ) ⊂ Y .
Inversement, soit α ∈ Y , alors α s’écrit sous la forme

α = f (α1 ) = f 2 (α2 ) = ... = f p (αp ) = ...,

où α1 , ..., αp ... est une suite convenable dans X. Si on considère la suite (γp )p =
(f p−1 (αp ))p , elle admet une valeur d’adhérence λ car X est compact. De plus, comme
cette suite se trouve dans Xn , pour tout n, à partir d’un certain rang, par conséquent,
une suite extraite convergente vers λ dans X est aussi convergente vers λ dans Xn pour
tout n, car Xn est fermé. Ainsi, on a obtenu λ ∈ Y . D’autre part, f étant continue, la
suite (γn )n admettant une suite extraite convergente (γnk )k vers λ, la suite (f (γnk ))k
tend vers f (λ) qui est aussi α. Nous avons donc établi que pour tout α ∈ Y , il existe
λ ∈ Y tel que f (λ) = α, d’où l’autre inclusion Y ⊂ f (Y ).
Supposons que δ(Y ) = δ(f (Y )) > 0. Tout d’abord, rappelons que si K est une partie

128
4.4. Exercices avec Solutions.

non vide, compacte d’un espace métrique, alors il existe deux éléments k, k0 de K tels
que δ(K) = d(k, k0 ). ( Ceci est dû a fait que l’application distance est continue, à
valeurs dans R, donc elle est bornée sur un compact et atteint ses bornes sur ce com-
pact.) Ainsi, il existe y1 , y2 deux éléments de Y tels que δ(f (Y )) = d(f (y1 ), f (y2 )).
Puisqu’on a d(f (y1 ), f (y2 )) < d(y1 , y2 ), alors δ(Y ) ≥ d(y1 , y2 ) > δ(f (Y )), ce qui est
une contradiction. Par conséquent, on a δ(Y ) = 0 et Y est réduit à un seul élément
noté λ.
3. On a obtenu Y = {λ} avec f (λ) = λ, c’est donc un point fixe qu’on note aussi p. Il
est unique car si on raisonne par l’absurde, on suppose l’existence de deux points fixes
y0 6= y1 , on aboutit à d(f (y0 ), f (y1 )) = d(y0 , y1 ) < d(y0 , y1 ) ce qui est une contradiction.
Soit x0 ∈ X quelconque, la suite (f n (x0 ))n est dans le compact X, elle admet donc
une valeur d’adhérence qu’on note β. Comme précédemment, cette valeur d’adhérence
appartient à Y , c’est donc forcément λ qui est le point fixe unique.

Exercice 4.8. Soient X un espace topologique séparé et A, B deux parties compactes de X


telles que A ∩ B = ∅. Montrer qu’il existe deux ouverts U et V dans X tels que A ⊂ U ,
B ⊂ V et U ∩ V = ∅.

Solution 4.8. Soit b ∈ B. Comme X est séparé, pour tout a ∈ A, il existe Ua,b et Va,b
deux ouverts de X tels que a ∈ Ua,b , b ∈ Va,b et Ua,b ∩ Va,b = ∅. Comme A est compact
S
et comme on a A ⊂ a∈A Ua,b , alors il existe un sous-ensemble fini {a1 , ..., an } de A tel
que A ⊂ ni=1 Uai ,b . Soient Ub = ni=1 Uai ,b et Vb = ni=1 Vai ,b , alors Ub et Vb sont deux
S S T

ouverts de X tels que A ⊂ Ub , b ∈ Vb et Ub ∩ Vb = ∅. Comme B est aussi compact et on


B ⊂ b∈B Vb , alors il existe un sous-ensemble fini {b1, ..., bp } de B tel que B ⊂ pj=1 Vbj .
S S

Soient U = pj=1 Ubj et V = pj=1 Vbj , alors U et V sont deux ouverts de X tels que A ⊂ U ,
T S

B ⊂ V et U ∩ V = ∅.

Exercice 4.9. Soient (X, d) un espace métrique compact et f : X → X une application


continue telle que f (x) 6= x pour tout x ∈ X. Montrer qu’il existe k > 0 tel que d(x, f (x)) ≥ k
pour tout x ∈ X.

Solution 4.9. Pour tout x ∈ X, soit g(x) = d(x, f (x)), alors g est une application continue
de X dans R et pour tout x ∈ X, on a g(x) > 0. Comme X est compact, il existe x0 ∈ X tel
que inf x∈X g(x) = g(x0 ). Soit k = g(x0 ), alors k > 0 et pour tout x ∈ X, on a d(x, f (x)) ≥ k.

Exercice 4.10. Soient (X, dX ), (Y, dY ) des espaces métriques et f : X → Y une application.

129
4.4. Exercices avec Solutions.

1. Montrer que f est continue si et seulement si f |K est continue pour tout compact K
de X.
2. On suppose que f est injective et que ∀K ⊂ X compact, f (K) est compact de Y.
Montrer qu’alors f est continue.

Solution 4.10. 1. Si f est continue, alors la restriction de f à toute partie A de X est


continue.
Réciproquement, supposons que pour tout compact K de X, f |K est continue sur K.
Soient x ∈ X et (xn )n une suite dans X telle que limn→+∞ xn = x. Alors l’ensemble
K = {x} ∪ {xn , n ≥ 0} est un compact de X. Comme f |K est continue en x, alors on
a limn→+∞ f (xn ) = f (x). Par conséquent, f est continue en x, donc f est continue
sur X.
2. Soit K une partie compacte de X. Alors f (K) est une partie compacte de Y. Soit
g : K → f (K) définie par g(x) = f (x), pour tout x ∈ K. Alors g est une application
bijective. Soit F un fermé de K, alors F est un compact, donc g(F ) = f (F ) est un
compact, d’où g(F ) est une partie fermée de f (K). Par conséquent, l’application g −1
est continue. On déduit que g est continue, d’où f |K est continue. Il résulte de 1 que
f est continue.

Exercice 4.11. Soient X un espace topologique séparé et A un sous-ensemble de X locale-


ment compact pour la topologie induite par celle de X. Montrer que, si A est dense dans X,
alors A est ouvert dans X.

Solution 4.11. Soit y ∈ A. Puisque A est localement compact, y possède un voisinage


compact K dans A. Alors K est aussi un voisinage compact de y dans X, donc A est un
voisinage de y dans X. Par conséquent, A est voisinage de chacun de ses points dans X,
donc A est un ouvert de X.

Exercice 4.12. On munit R de la topologie usuelle et soit X = R − { n1 , n ∈ N∗ }.


1. Montrer que X n’est pas localement compact.
2. Montrer que X−{0} est localement compact. En déduire qu’une réunion de deux parties
localement compactes de R n’est pas toujours localement compacte.
3. Montrer qu’une intersection dénombrable de parties localement compactes de R n’est
pas toujours localement compacte.

Solution 4.12. Soit X = R − { n1 , n ∈ N∗ }.

130
4.4. Exercices avec Solutions.

1. On a X est dense dans R. Si X était localement compact, alors X serait ouvert dans
R, voir Exercice 4.11, ce qui est impossible, car pour tout r > 0, ]r, r[⊂ X. Donc X
n’est pas localement compact.
2. On a X − {0} = R − K, où K = {0} ∪ { n1 , n ∈ N∗ } est un compact de R, donc X − {0}
est ouvert dans R. Par la proposition 4.23, X − {0} est localement compact. On a
X = (X − {0}) ∪ {0} et X − {0} et {0} sont localement compacts, mais X n’est pas
localement compact.
3. On a X = n≥1 R − { n1 }, et pour tout n ≥ 1, R − { n1 } est localement compact, mais X
T

n’est pas localement compact.

Exercice 4.13. Si A et B sont deux parties compactes d’un espace métrique X, montrer
que
1. ∃a ∈ A, b ∈ B, d(a, b) = dist(A, B).
2. dist(A, B) = 0 si et seulement si A ∩ B n’est pas vide.

Solution 4.13. 1. L’application f : (x, y) ∈ A×B → d(x, y) ∈ R est continue sur A×B.
Or A et B sont compactes, donc A × B est compact, et par conséquent f atteint sa
borne inférieure dans A × B qui est dist(A, B).
2. "⇐" évidant. "⇒" si dist(A, B) = 0, d’après 1. ∃a ∈ A, b ∈ B, d(a, b) = dist(A, B),
alors d(a, b) = 0 ⇒ a = b ⇒ a ∈ A ∩ B.

131
Chapitre 5

Espaces connexes.

Définition 5.1 (Espace connexe). Soit (X, T ) un espace topologique. On dit que X est
connexe s’il n’est pas réunion de deux ensembles ouverts non vides disjoints. Autrement dit,
pour tous ouverts disjoints U et V de X tels que X = U ∪ V , alors on ait U = ∅ ou V = ∅.

Remarque 5.1. Les définitions et les propriétés de la connexité dans les espaces métriques
sont les même que les espaces topologiques.

Exemple 5.1. 1. L’ensemble vide ∅ est connexe.


2. Soit l’espace (X, |.|) tels que X =] − 1, 0[∪]1, 5[, les deux parties O1 =] − 1, 0[ et O2 =
]1, 5[ sont à la fois ouvert et fermé dans X car O1 = X∩] − 1, 0[= X ∩ [−1, 0] et
O2 = X∩]1, 5[= X ∩ [1, 5]. De plus, on a X = O1 ∪ O2 et donc la famille {O1 , O2 } est
une partition de X en deux ouverts (en deux fermés) disjoints. Dans ce cas on va dire
que X n’est pas connexe.
3. Tout espace discret (X, T ) tel que card(X) ≥ 2 n’est pas connexe. En-effet, si x ∈ X
{x} {x} {x}
alors on a {x} ∪ CX = X et {x} ∩ CX = ∅ avec {x} et CX sont deux ouverts.
4. L’espace muni de la topologie grossière est connexe.

Proposition. 5.1. Soit X un espace topologique. Les propriétés suivantes sont équivalentes.
1. L’espace X est connexe.
2. L’espace X n’est pas réunion de deux ensembles fermés non vides disjoints.
3. Il n’existe pas dans X d’autres parties qui soient à la fois ouvertes et fermées que X et
∅.
4. Toute application continue de X dans l’espace discret Z est constante.
5. Toute application continue de X dans l’espace discret {0, 1} est constante.

132
5. Espaces connexes.

Démonstration. L’équivalence (1) ⇔ (2) s’obtient par passage aux complémentaires.


Pour (2) ⇒ (3). Soit A une partie non vide de X et supposons que A est à la fois ouverte et
fermée dans X. Soit B = CXA , alors B est fermé dans X tel que X = A ∪ B et A ∩ B = ∅.
Donc on a B = ∅, d’où A = X.
Pour (3) ⇒ (4). Soit f : X → Z une application continue. Soit x0 ∈ X, alors {f (x0 )} est
une partie à la fois ouverte et fermée dans Z. Comme f est continue, alors f −1 ({f (x0 )}) est
une partie non vide à la fois ouverte et fermée dans X, donc on a X = f −1 ({f (x0 )}), d’où
f (x) = f (x0 ) pour tout x ∈ X. Autrement dit, f est constante.
Pour (4) ⇒ (5). Soit f : X → {0, 1} une application continue. Or l’injection i : {0, 1} → Z
est continue. Donc i ◦ f est constante. Par conséquent, f est constante.
Pour (5) ⇒ (1). Si X n’était pas connexe, alors il existerait deux ouverts non vides et
disjoints U et V dans X tels que X = U ∪ V . Pour tout x ∈ U , on pose f (x) = 0 et pour
tout x ∈ V , on pose f (x) = 1, alors f est une application continue non constante de X dans
l’espace discret {0, 1}, ce qui est contraire à l’hypothèse. Donc X est bien connexe.

Comme d’habitude, on peut définir la connexité d’une partie.

Définition 5.2 (Partie connexe). Une partie A de (X, T ) est connexe si l’espace topolo-
gique (A, TA ) est connexe.

Proposition. 5.2. Si une partie A d’un espace topologique (X, T ) est connexe, alors l’exis-
tence de deux ouverts O1 , O2 ∈ T tels que A ⊂ O1 ∪ O2 et O1 ∩ O2 = ∅ entraîne A ⊂ O1 ou
A ⊂ O2 .

Démonstration. Supposons que A est connexe et soient O1 , O2 ∈ T tels que A ⊂ O1 ∪ O2


et O1 ∩ O2 = ∅ . Alors, A = (A ∩ O1 ) ∪ (A ∩ O2 ) et (A ∩ O1 ) ∪ (A ∩ O2 ) = ∅. Comme A
est connexe on obtient (A ∩ O1 = ∅) ou (A ∩ O2 = ∅) d’où A ⊂ O1 ou A ⊂ O2 .

On rappelle qu’un intervalle A est, par définition, une partie telle que pour tout a, b ∈ A,
l’intervalle [a, b] ⊂ A. On admet que ∅ et {a} sont des intervalles.

Proposition. 5.3 (parties connexes de R). Une partie A de R est connexe si et seulement
si A est un intervalle.

Démonstration. Si A n’est pas un intervalle, alors il existe x < z < y tels que x, y ∈ A, mai
z∈
/ A. Alors U = A∩] − ∞, z[, V = A∩]z, +∞[ sont des ouverts non vides et disjoints de A
tels que A = U ∪ V , et donc A n’est pas connexe.

133
5. Espaces connexes.

Réciproquement, supposons A intervalle et soit f : A → {0, 1}. Si, par l’absurde, f n’est
pas constante, alors il existe x, y ∈ A tels que f (x) = 0 et f (y) = 1. De par le théorème des
valeurs intermédiaires, il existe un z compris entre x et y (donc appartenant à A) tel que
f (z) = 21 , contradiction.

Exemple 5.2. 1. L’ensemble {x}, dans l’espace (X, T ), est connexe.


2. Une partie de R est, donc connexe si et seulement si elle est de la forme ]a, b[, [a, b], [a, b[, ]a, b],
avec a et b éventuellement égaux à ±∞.
3. A = [0, 1] ∪ [2, 3] ⊂ R n’est pas connexe.
4. L’espace (R∗ , |.|) n’est pas connexe.
√ √
5. Q n’est pas connexe avec Q = (] − ∞, 2[∩Q) ∪ (] 2, +∞[∩Q).
6. En générale, un sous espace d’un espace connexe n’est pas connexe.

Proposition. 5.4. Soit (X, T ) un espace topologique et soit A ⊂ X un ensemble connexe.


Alors tout ensemble B tel que A ⊂ B ⊂ A est connexe. En particulier A est connexe.

Démonstration. Soit f : B → {0, 1} une fonction continue. Alors f |A est une fonction
continue sur A à valeurs dans {0, 1}. Comme A est connexe, f |A est constante, on note
a ∈ {0, 1} la valeur de la constante. Soit x ∈ B. Comme x ∈ A, il existe une suite (xn ) ⊂ A
tel que xn → x. Alors f (xn ) = a, ∀n ∈ N (car xn ∈ A) et aussi f (xn ) → f (x) car f est
continue. D’où f (x) = a. Donc f est constante sur B et donc B est connexe. En particulier
si B = A, alors A est connexe.

Proposition. 5.5. Soit X un espace topologique connexe et soit A une partie non vide dans
X, avec A 6= X, alors la frontière de A, F r(A) 6= ∅.
◦ ◦ ◦
Démonstration. On a F r(A) = A− A, et X = Ext(A)∪ A ∪F r(A), avec Ext(A), A et

∪F r(A) sont disjoints, alors Ext(A), A et ∪F r(A) forment une partition de X. Ainsi si

F r(A) = ∅ alors on aurait X = Ext(A)∪ A et donc X ne serait pas connexe.

Remarque 5.2. Cette proposition peut également s’énoncer sous la forme : Dans X connexe,
soit A ⊂ X. Si F r(A) = ∅ alors A = ∅ ou A = X.

Proposition. 5.6. Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques, et f une application
continue de X dans Y. Alors, si X est connexe alors f (X) est une partie connexe de Y.

134
5.1. Composantes connexes.

Démonstration. Soit G une partie ouverte et fermée de f (X) pour la topologie induite.
Comme f est continue comme application à valeurs dans f (X) muni de la topologie induite,
on en déduit que f −1 (G) est à la fois ouverte est fermée dans X. Puisque X est connexe, on
en déduit que f −1 (G) = ∅ ou f −1 (G) = X. Comme f (f −1 (G)) = G on obtient que G = ∅
ou G = f (X) ce qui montre que f (X) est connexe.

Proposition. 5.7 (Théorème des valeurs intermédiaires). Soit f : X → R une fonction


continue avec X connexe. Alors, pour tout (a, b) ∈ X2 , f prend toutes les valeurs comprises
entre f (a) et f (b).

Démonstration. X est connexe, donc f (X) est une partie connexe de R donc, il s’agira
d’un intervalle. Mais f (a) et f (b) appartiennent à l’intervalle f (X), donc toutes les valeurs
comprises entre f (a) et f (b) également.

Proposition. 5.8. Soient {(Xi , TXi )}i∈{1,2,...,n} des espaces topologiques. Alors X = X1 ×
X2 × ... × Xn est connexe si et seulement si Xi sont connexes ∀i ∈ {1, 2, ..., n}.

Démonstration. ⇒) Siot X est connexe. On a pXi (X) = Xi telles que {pXi }i∈{1,2,...,n} sont les
projection canonique continues. On en déduit que Xi sont connexes ∀i ∈ {1, 2, ..., n}. ⇐) sup-
posons que Xi sont connexes ∀i ∈ {1, 2, ..., n}, et soit f : X → {0, 1} une application conti-
nue. Donc, il suffit de montrer que f est constante. Comme Xi est connexe, alors l’application
f (x1 , .., xi−1 , ., xi+1 , ..., xn ) : Xi → {0, 1} sont constantes, et donc f (x1 , .., xi−1 , y1 , xi+1 , ..., xn ) =
f (x1 , .., xi−1 , y2 , xi+1 , ..., xn ), ∀i ∈ {1, 2, ..., n}. Donc f (x1 , ..., xn ) = f (x01 , ..., x0n ) pour tout
(x1 , ..., xn ), (x01 , ..., x0n ) ∈ X ce qui montre que f est constante et donc X est connexe.

Exemple 5.3. 1. L’ensemble C (muni de sa topologie usuelle) est connexe. En-effet : on


se sert de l’isométrie bijective : f : (C, |.|) → (R2 , d2 ) f (z) = (Re(z), Im(z)), qui est
un homéomorphisme.
2. Pour tout n ∈ N∗ , les espaces Rn et Cn sont connexes.

5.1 Composantes connexes.


Quand un espace (X, T ) n’est pas connexe, il est naturel de le décomposer en "morceaux
connexes". C’est l’idée des composantes connexes.

Définition 5.3 (Composante connexe). Soit X un espace topologique et soit a ∈ X.

135
5.1. Composantes connexes.

1. La composante connexe de X contenant a est la plus grande partie connexe de X


contenant a, noté C(a).
[
C(a) = U.
U connexe, a∈U

2. Une partie A de X est une composante connexe s’il existe un a tel que A = C(a).
Autrement dit A est connexe et n’est pas contenu dans une autre partie connexe.
3. On appelle composantes connexes de A les composantes connexes de (A, TA ).

Exemple 5.4. 1. Si A ⊂ R et x ∈ A, alors la composante connexe de x dans A est le plus


grand intervalle contenant x et contenu dans A. En-effet : posons J = {I intervalle ⊂
A, x ∈ I}. J est un intervalle, car une union d’intervalles dont l’intersection est non
vide (ce qui est le cas ici, car x est dans chaque intervalle) est un intervalle. Par
définition de J, c’est le plus grand intervalle de A contenant x, donc J est connexe
et donc J ⊂ C(x). Par ailleurs, C(x) est un intervalle contenant x, d’où C(x) ⊂ J.
Finalement, C(x) = J.
2. Si X = Q, alors C(x) = {x}, x ∈ Q. En-effet, Q ne contient pas d’intervalle non
trivial, car entre deux rationnels il existe toujours un irrationnel.
3. R − {0} a deux composantes connexes R∗+ et R∗− .
4. R2 − {x = y} a deux composantes connexes {x > y} et {x < y}.
5. La seule composante connexe dans (R, |.|) c’est R lui même.
6. Les composantes connexes d’un espace discret sont les parties singletons.

Proposition. 5.9. Soient (X, T ) un espace topologique, a, b ∈ X.


1. C(a) est un fermé de X.
2. Si les composantes connexes sont en nombre fini, alors chaque composante connexe
est ouverte dans X.

Démonstration. 1. Puisque C(a) est connexe, d’après la proposition 5.4, on a C(a) est
S
connexe de X contenant a. Donc C(a) ⊂ U connexe, a∈U U = C(a). D’où C(a) = C(a)
c’est à dire que C(a) est fermé.
C(a)
2. On a CX = {C(b), C(a)∩C(b) 6= ∅}. C’est une union finie de fermés, donc un fermé.
Il s’ensuit que C(a) est un ouvert.

Proposition. 5.10. les composantes connexes forment une partition de X.

136
5.2. Espaces localement connexes.

Démonstration. Si C(a) ∩ C(b) 6= ∅, alors C(a) ∪ C(b) est connexe et contient a. On trouve
C(a) ∪ C(b) ⊂ C(a), d’où C(b) ⊂ C(a), de même, on a C(a) ⊂ C(b), d’où C(a) = C(b). Par
ailleurs, on a
[ [ [
X= {x} ⊂ C(x) ⊂ X, d’où C(x) = X.
x∈X x∈X x∈X

5.2 Espaces localement connexes.


Définition 5.4 (Espace localement connexe). Soit (X, T ) un espace topologique. On dit
que X est localement connexe si, tout point admet une base de voisinages connexes.

Remarque 5.3. La définition veut dire que, pour tout x ∈ X et pour tout V ∈ V(x), alors
V contient un voisinage O de x qui est connexe.

Exemple 5.5. 1. R est localement connexe, car tout voisinage V de x contient, pour h
convenable, ]x − h, x + h[ qui est connexe.
2. L’espace Rn est localement connexe, puisque les boules ouvertes centrées sur un point
sont connexes et forment un système fondamental de voisinages de ce point.
3. Tout intervalle de R est localement connexe.
4. X discret est localement connexe, car tout voisinage V ∈ V(x), contient {x} qui est
connexe.
5. L’ensemble A = {1, 21 , 13 , ..., n1 , ...} ⊂ R est discret, donc localement connexe. Mais
A = {0, 1, 12 , 31 , ..., n1 , ...} n’est pas localement connexe, car aucun voisinage v de 0 dans
A n’est connexe. En-effet pour n assez grand { n1 } est non vide et distinct de v.

Proposition. 5.11. Soit (X, T ) un espace topologique. X est localement connexe si et seule-
ment si les composantes connexes des ouverts de X sont des ouverts de X.

Démonstration. ⇒) Supposons que X est localement connexe. Soit O un ouvert de X et soit


C(O) une composante connexe de O. Alors, pour tout a ∈ C(O), il existe V ∈ V(a) tel que
V est connexe et V ⊂ O. Donc, V ⊂ C(O) ce qui montre que C(O) est ouvert (un voisinage
de chacun de ses points).
⇐) Soit a ∈ X et V un voisinage ouvert de x. Donc, la composante connexe de a dans V
est ouvert ce qui montre que X localement connexe.

137
5.3. Connexité par arcs.

Proposition. 5.12. Si f est un homéomorphisme X −→ Y et si X est localement connexe,


alors Y est localement connexe.

Démonstration. Soit x0 ∈ Y, x0 = f (x) avec x ∈ X. Soit V 0 ∈ V(x0 ), V = f −1 (V 0 ) est un


voisinage de x. X étant localement connexe, alors il existe U ⊂ V , U connexe ∈ V(x).
U 0 = f (U ) ⊂ V 0 est connexe et U 0 ⊂ V 0 , donc Y est localement connexe.

Remarque 5.4. Dans un espace topologique localement connexe, chaque composante connexe
est à la fois ouverte et fermée. En-effet : on sait déjà que chaque composante connexe d’un
espace topologique est fermée. Si l’espace considéré est localement connexe on voit aisément
que chaque composante connexe est voisinage de chacun de ses points, donc est ouverte.

5.3 Connexité par arcs.


Définition 5.5 (Espace connexe par arcs). Un chemin ou arc de X joignant un point x
à un point y est une application continue f : [0, 1] → X telle que f (0) = x et f (1) = y.
L’espace (X, T ) est connexe par arcs si pour tout couple de points (x, y) ∈ X2 , il existe un
arc joignant x à y.

Remarque 5.5. 1. La notion de connexité par arcs est plus forte que la notion de
connexité.
2. L’espace est localement connexe par arcs s’il possède une base d’ouverts connexes par
arcs.

Exemple 5.6. 1. R est connexe par arcs. Il suffit de prendre comme chemin dans R
l’application f : [0, 1] → R définie par f (x) = a + x(b − a), pour tout a, b ∈ R.
2. R − {0} n’est pas connexe par arcs (nous ne pouvons pas joindre un réel négatif à un
réel positif par un chemin continu sans passer par 0).
3. les boules ouvertes (fermées) sont connexes par arcs.
4. Q et CXQ ne sont pas connexes par arcs.
5. R2 − {0} est connexe par arcs, mais R − { droite } n’est pas connexe par arcs. (Si x
et y ne sont pas du même côté de la droite, alors tout chemin continu reliant x à y
rencontre la droite).

Proposition. 5.13. 1. Si (X, T ) est connexe par arcs, il est connexe.

138
5.4. Exercices avec Solutions.

2. Si (X, T ) est localement connexe par arcs, alors X est localement connexe.

Démonstration. 1. Raisonnement par l’absurde. Nous supposons X connexe par arcs mais
X non connexe. Il existe alors une décomposition X = U ∪ V en deux ouverts disjoints
non-vides. Nous choisissons x ∈ U , et y ∈ V . Comme X est connexe par arcs, nous
pouvons joindre x et y par un chemin continu f : [0, 1] → X, tel que f (0) = x et
f (1) = y, mais puisque X = U ∪ V , nous obtenons que [0, 1] = f −1 (U ) ∪ f −1 (V ) qui
sont deux ouverts non vides. Cela contredit donc le fait que [0, 1] est connexe.
2. Ceci résulte immédiatement de 1.

Proposition. 5.14. Si l’application f est continue : X → Y et si X est connexe par arcs,


alors f (X) est connexe par arcs.

Démonstration. Soient x0 = f (x) ∈ f (X) et y 0 = f (y) ∈ f (X). Comme x, y ∈ X connexe


par arcs, cela implique qu’il existe un chemin ϕ d’origine x et d’extrémité y ( ϕ(0) = x et
ϕ(1) = y). Ainsi f ◦ ϕ est continue : [0, 1] → Y avec f ◦ ϕ(0) = x0 et f ◦ ϕ(1) = y 0 . Par
conséquent, f (X) est connexe par arcs.

Remarque 5.6. Les définitions et les propriétés de la connexité dans les espaces métriques
sont les même qu’on a vus dans les espaces topologiques.

5.4 Exercices avec Solutions.


Exercice 5.1. Soit A, B connexes de X tels que A ∪ B 6= ∅, montrer que A ∪ B est connexe.

Solution 5.1. Soit f : A ∪ B → Z continue, A et B étant connexes, il existe a, b ∈ Z tels


que f |A = a etf |B = b par continuité, f vaut encore a sur A ∩ (A ∪ B) qui est l’adhérence
de A dans A ∪ B, a fortiori, f vaut a sur A ∪ B, d’où a = b et f est constante.

Exercice 5.2. Soit X un espace topologique.


1. Soit (Ai )i∈I une famille de parties connexes de X. Si pour tout i, j ∈ I, avec i 6= j, on
S T
a Ai ∩ Aj 6= ∅, alors i∈I Ai est connexe. En particulier, si on a i∈I Ai 6= ∅, alors
S
i∈I Ai est connexe.

2. Si (An )n est une famille de parties connexes de X telle que pour tout n ≥ 0, on ait
S
An ∩ An+1 6= ∅, alors n≥0 An est connexe.

139
5.4. Exercices avec Solutions.

3. Soit (Ai )i∈I une famille de parties connexes de X. S’il existe k ∈ I tel que Ak ∩ Ai 6= ∅
S
pour tout i ∈ I, alors i∈I Ai est connexe.
T
Solution 5.2. 1. Soit (Ai )i∈I une famille de parties connexes de X. Soit f : i∈I Ai →
{0, 1} une application continue, où {0, 1} est muni de la topologie discrète. Soient
T
x, y ∈ i∈I Ai , alors il existe i, j ∈ I tels que x ∈ Ai et y ∈ Aj . Comme les restrictions
f |Ai et f |Aj sont continues et Ai et Aj sont connexes, alors f |Ai et f |Aj sont
constantes. Puisque Ai ∩ Aj 6= ∅, alors il existe z ∈ Ai ∩ Aj , d’où on a f (x) = f (z) =
T
f (y). Donc f est constante. Par conséquent, i∈I Ai est connexe.
S
2. Soit f : n≥0 An → {0, 1} une application continue, où {0, 1} est muni de la topologie
discrète. Comme pour tout n ≥ 0, An est connexe, alors pour tout n ≥ 0, f |An est
S
constante. Soient x, y ∈ n≥0 An , alors il existe n, m ≥ 0 tels que x ∈ An et y ∈ Am .
On peut supposer que m ≥ n. Pour tout i ∈ {n, ..., m − 1}, soit xi ∈ Ai ∩ Ai+1 . Alors
on a f (x) = f (xn ) = f (xn+1 ) = ... = f (xm−1 ) = f (y). Donc f est constante. Par
S
conséquent, n≥0 An est connexe.
3. Pour tout i ∈ I, soit Bi = Ak ∪ Ai , alors Bi est une partie connexe de X et on a ?
T S S S
i∈I Bi 6= ∅. Or on a i∈I Bi = i∈I Ai , donc i∈I Ai est connexe.

Exercice 5.3. Soit d la distance euclidienne sur R (resp. C). On considère les sous-
ensembles
A = {x ∈ R, dist(x, Z) < r}, B = {z ∈ C, dist(z, Z) < r}.

A quelle condition sur r a-t-on A connexe puis B connexe ?

Solution 5.3. Soit x ∈ R, alors x ∈ A si et seulement s’il existe n ∈ Z tel que d(x, n) < r.
Donc on a A = n∈Z B(n, r) dans R. Si r ≤ 21 , alors B(n, r) ∩ B(m, r) = ∅ si n, m ∈ Z
S

tels que n 6= m. Donc A n’est pas connexe. Si r > 21 , alors B(n, r) ∩ B(n + 1, r) 6= ∅ pour
S
tout n ∈ Z. Il résulte du Exercice 5.2 que A est connexe. De même, on a B = n∈Z B(n, r)
dans C et B est connexe si et seulement si r > 12 .

Exercice 5.4. Notons A = ({0} × [−1, 1]) ∪ ([−1 − 1] × {0}) muni de la topologie induite
de R2 .
1. Montrer que A est compact et connexe et que f (A) est un segment si f : A → R est
une fonction continue.
2. Déterminer les points x ∈ A pour lesquels A − {x} est connexe.
3. Montrer que A n’est homéomorphe à aucune partie de R.

140
5.4. Exercices avec Solutions.

Solution 5.4. 1. A est compact car c’est un fermé borné de R2 . Soit g : A → {0, 1} une
application continue. Par connexité du segment [−1, 1], g est constante sur {0}×[−1, 1]
(et vaut v), g est aussi constante sur [−1−1]×{0} et vaut v 0 . Mais alors v = g(0, 0) =
v 0 donc g est constante sur A. Donc A est connexe. Pour f : A → R une fonction
continue. A est compact donc f (A) est compact. A est connexe donc f (A) est connexe.
Donc f (A) est un compact connexe de R c’est donc un segment compact.
2. Ce sont les quatre points cardinaux x1 = (0, 1), x2 = (0, −1), x2 = (1, 0), x4 = (−1, 0).
3. Par l’absurde, supposons que A soit homéomorphe à une partie I de R, alors il existe
un homéomorphisme f : A → I. Par le premier point I est un segment compact
I = [a, b]. A − {x1 } est connexe donc sont image par f , f (A − {x1 }) est connexe,
mais c’est aussi le segment I privé d’un point. I privé d’un point étant connexe, le
point retiré est nécessairement une extrémité. Donc f (x1 ) = a ou f (x1 ) = b. Supposons
par exemple f (x1 ) = a. On refait le même raisonnement avec x2 , qui s’envoie aussi sur
une extrémité, comme f est bijective cela ne peut être a, donc f (x2 ) = b. Maintenant
f (x3 ) est aussi une extrémité donc f (x3 ) ∈ {a, b}. Mais alors f n’est plus injective car
on a f (x1 ) = f x1 ) ou f (x3 ) = f (x2 ). Contradiction.

Exercice 5.5. Dans R2 , soit


(
{a}×]0, 1] si a ∈ Q
Ba =
{a}×] − 1, 0] si a 6∈ Q.

Montrer que
[
B= Ba ,
a∈R
2
est une partie connexe de R .

Solution 5.5. Montons que f : B → {0, 1} une fonction continue et montrons qu’elle est
constante. Remarquons que la restriction de f à tout ensemble Ba est constante (Ba est
connexe). On définit g : R → {0, 1} tel que g(x) prend la valeur qu’a f sur Bx . Nous allons
montrer que g est localement constante (on ne sait pas si g est continue).
- Soit a ∈
/ Q alors on a (a, 0) ∈ B, f est une fonction continue et {f (a, 0)} est un ouvert de
{0, 1}, donc f −1 ({f (a, 0)}) est un ouvert de B. Donc il existe e > 0 tel que si (x, y) ∈ (]a −
e, a+e[×]−e, e[) alors f (x, y) = f (a, 0). Alors pour x ∈]a−e, a+e[ on a g(x) = g(a), si x ∈
/Q
alors g(x) = f (x, 0) = f (a, 0) = g(a), et si x ∈ Q alors g(x) = f (x, 2e ) = f (a, 0) = g(a).
Donc g est localement constante au voisinage des point irrationnels.
- Si a ∈ Q et soit b ∈]0, 1] alors f est continue en (a, b) donc il existe e > 0 tel que pour tout

141
5.4. Exercices avec Solutions.

x ∈]a − e, a + e[∩Q, g(x) = f (x, b) = f (a, b) = g(a). Si maintenant x ∈]a − e, a + e[∩(CRQ ),


on prend une suite (xn ) de rationnels qui tendent vers x. Comme f est continue alors
g(a) = g(xn ) = f (xn , b) tend vers f (x, b) = g(x). Donc g(a) = g(x). Nous avons montrer
que g est localement constante au voisinage des point rationnels.
Finalement g est localement constante sur R. Comme R est connexe, alors g est constante
sur R. Donc f est constante sur R.

Exercice 5.6. Soient X, Y des espaces topologiques et f : X → Y une application continue.


Montrer que si X est connexe, alors le graphe de f est une partie connexe de X × Y.

Solution 5.6. Comme f est continue, l’application x 7→ (x, f (x)) est continue de X dans
X × Y, et son image est le graphe de f . Comme X est connexe, alors le graphe de f est une
partie connexe de X × Y.

Exercice 5.7. Soit f : R −→ R une application continue. Montrer que f est monotone si
et seulement si pour tout x ∈ R, f −1 ({x}) est connexe.

Solution 5.7. Supposons que f est monotone. Soient x ∈ R et a, b ∈ f −1 ({x}) tels que
a < b. Alors on a f (a) = f (b) = x. Si f est croissante, alors pour tout t ∈ [a, b], on a
f (a) ≤ f (t) ≤ f (b), d’où f (t) = x, donc on a t ∈ f −1 ({x}). Si f est décroissante, alors
pour tout t ∈ [a, b], on a f (b) ≤ f (t) ≤ f (a), d’où f (t) = x, donc on a t ∈ f −1 ({x}). Par
conséquent, f −1 ({x}) est un intervalle. Donc f −1 ({x}) est connexe.
Réciproquement, supposons que pour tout x ∈ R, f −1 ({x}) est un intervalle de R. Si f n’est
pas monotone, alors il existe a, b, c ∈ R tels que a < b < c et vérifiant f (b) < f (a) = f (c),
ou f (a) = f (c) < f (b). Par conséquent, f −1 ({f (a)}) n’est pas un intervalle de R, ce qui est
contraire à l’hypothèse. Donc f est bien monotone.

Exercice 5.8. Dans R2 on considère l’ensemble A = {(x, sin( x1 )), x > 0}.
1. Montrer que A est une partie connexe et connexe par arcs de R2 .
2. Déterminer A et justifier que A est connexe.
3. Montrer que A n’est pas connexe par arcs.

Solution 5.8. 1. Si (x1 , sin( x11 )) et (x2 , sin( x12 )) sont deux points de A alors le graphe
au dessus de [x1 , x2 ] définie un chemin reliant ces deux points. Plus précisément le
chemin est l’application g : [x1 , x2 ] → R2 définie par g(t) = (t, sin( 1t )). Donc A est
connexe par arcs donc connexe.

142
5.4. Exercices avec Solutions.

2. Montrons que A = A ∪ ({0} × [−1, 1]). ⊂) Soit (x, y) ∈ A. Alors il existe une suite
((xn , yn ))n de A qui converge vers (x, y). Si x > 0 alors yn = sin( x1n ) converge vers
sin( x1 ) (par continuité de sin) d’où (x, y) ∈ A. Dans le cas x = 0, on a yn = sin( x1n ) d’où
yn ∈ [−1, 1]. Par conséquent, à la limite on a y ∈ [−1, 1]. D’où (x, y) ∈ {0} × [−1, 1].
Montrons l’inclusion ⊃). Soit (x, y) ∈ {0} × [−1, 1], le but étant de montrer qu’il
existe une suite ((xn , yn ))n de A qui converge vers (x, y). Si x > 0, une telle suite
existe trivialement (il suffit de prendre la suite constante égale à (x, y)). On suppose
donc x = 0. Ainsi y ∈ [−1, 1] est quelconque. Soit z ≥ 1 tel que sin(z) = y. Soit alors
1
xn = (z+2πn)
. On aura sin( x1n ) = sin(z) = y Par conséquent la suite ((xn , sin( x1n ))n est
une suite de A qui tend vers (0, y) d’où l’inclusion voulue. On a A est connexe alors
A est connexe.
3. Par l’absurde, supposons A connexe par arcs. Il existe c : [0, 1] → A continue tel
que c(0) = (1, sin(1)) et c(1) = (0, 0). Notons c(t) = (x(t), y(t)). Notons T0 = {t ∈
[0, 1], x(t) > 0}. Cet ensemble est non vide puisque 0 ∈ T0 . On considère alors t0 =
sup(T0 ). Par l’absurde, supposons x(t0 ) > 0. Alors par continuité de x, on aurait x > 0
sur un voisinage de t0 ce qui en contredit la définition. Par conséquent x(t0 ) = 0. Ainsi
par continuité de x en t0 , on a : limt→t0 x(t) = 0. Ainsi il existe une suite (τn ) qui
tend en croissant vers t0 telle que la suite (x(τn )) tend en décroissant vers 0. Notons
c(t0 ) = (0, y0 ). Soit y ∈ [−1, 1] − {y0 }. Soit z > 0 tel que sin(z) = y. Pour tout n, il
1
existe un entier kn assez grand pour que xn := 2πkn +z
< x(τn ). Par le théorème des
valeurs intermédiaires appliqué à x, il existe tn ∈ [τn , t0 ] tel que x(tn ) = xn . On a alors
c(tn ) = (xn , sin(2πkn + z)) = (xn , y). Ainsi la suite tn tend vers t0 et c(tn ) tend vers
(0, y) 6= c(t0 ). Contradiction.

Exercice 5.9. Montrer qu’une partie ouverte et connexe de Rn est connexe par arcs.

Solution 5.9. Soit G un partie ouverte et connexe de Rn et x0 ∈ G. Soit A = {x ∈


G qui ont un arc joignant x0 et x}. A est connexe par arcs. Si on montre que A est à la
fois ouvert et fermé dans Rn , alors G = A ∪ (G − A) serait une partions d’ouverts de la
partie connexe G. Donc soit A = ∅ ou bien G − A = ∅. Puisque x0 ∈ A alors on a
G − A = ∅. Donc G = A est connexe par arc.
Montrons que A est ouvert. Soit x ∈ A ⊂ G, puisque G est ouvert alors il existe r > 0 tel
que B(x, r) ⊂ G. Tout point y ∈ B(x, r) peut être joint à x par un segment de ligne droite
dans B(x, r) donc tout point y ∈ B(x, r) peut être joint à x0 par un arc et donc B(x, r) ⊂ A
qui montre que A est ouvert.

143
5.4. Exercices avec Solutions.

Montrons que G − A est ouvert aussi. Soit x ∈ G − A alors il existe r > 0 tel que B(x, r) ⊂
G − A. Sinon cela veut dire que B(x, r) ∩ A 6= ∅. Soit y ∈ B(x, r) ∩ A alors on peut joindre
x0 à y et y à x qui est une contradiction car x ∈ G − A. Donc G − A est ouvert.

Exercice 5.10. Montrer qu’un espace localement connexe par arcs est connexe si et seule-
ment s’il est connexe par arcs.

Solution 5.10. Les composantes connexes par arcs d’un espace X forment une partition et
en notant que les composantes connexes par arcs sont non-vides et ouvertes (être localement
connexe par arcs implique que chaque point a un voisinage connexe par arcs), la connexité
de X implique qu’il y a qu’une seule composante connexe par arcs.

Exercice 5.11. Montrer que X = C([0, 1]) avec d(f, g) = supt∈[0,1] |f (t) − g(t)| est connexe
par arcs et donc connexe.

Solution 5.11. Supposons que f, g sont deux éléments quelconques dans C[0, 1]. On défini
un chemin h : [0, 1] → C[0, 1] par h(t) = tf +(1−t)g. Alors pour chaque t ∈ [0, 1] la fonction
h(t) est continue donc est un élément de C[0, 1]. De plus, la fonction h est continue puisque

d(h(t), h(s)) = sup |(t − s)f (x) + (s − t)g(x)| ≤ |t − s|(Mf + Mg ),


t∈[0,1]

ε
où |f (x)| ≤ Mf et |g(x)| ≤ Mg pour tout x ∈ [0, 1]. Pour tout ε > 0, soit δ = (Mf +Mg )
, alors
on obtient d(h(t), h(s)) < ε quand |t − s| < δ. Finalement , h(0) = g et h(1) = f , donc h
est un chemin continu dans C[0, 1] de g vers f . Donc C[0, 1] est connexe par arcs et donc
connexe.

144
Chapitre 6

Espaces vectoriels normés.

Nous définissons maintenant les espaces vectoriels normés qui forment une classe d’es-
paces métriques qui jouent un rôle très important dans l’analyse. On considère un K-espace
vectoriel X avec K = R ou C.

6.1 Norme sur un espace vectoriel réel ou complexe.


Définition 6.1 (Norme sur un espace vectoriel). On appelle norme sur X, toute ap-
plication

k.k : X −→ R+
x 7−→ kxk

qui vérifie les propriétés suivantes :


1. ∀x ∈ X, kxk = 0 ⇔ x = 0 (homogénéité).
2. ∀x ∈ X, ∀λ ∈ K, kλxk = |λ|kxk.
3. ∀x, y ∈ X, kx + yk ≤ kxk + kyk(inégalité triangulaire).

Définition 6.2 (Espace vectoriel normé). Un espace vectoriel normé (e.v.n) est un
couple (X, k.k) où X est un espace vectoriel sur K et k.k est une norme sur X.

Exemple 6.1 (Normes usuelles sur Rn et Cn ). 1. Sur R (considéré comme R-espace vec-
toriel), la norme usuelle est la valeur absolue (kxk = |x|, ∀x ∈ R). Sur C (considéré
comme C-espace vectoriel), la norme usuelle est le module (kzk = |z|, ∀z ∈ C).

145
6.2. Distance associée à une norme.

2. Étant donné n ≥ 2 un entier, on peut définir sur Rn plusieurs normes, ces normes
sont les plus utilisées sur Rn et sont définies par : ∀x = (x1 , x2 , ..., xn ) ∈ Rn ,
n
v
u n n
! 31
X uX X
kxk1 = |xi |, kxk2 = t |xi |2 , kxk3 = |xi |3 , kxk∞ = max |xi |.
1≤i≤n
i=1 i=1 i=1

3. Pour Rn : ∀z = (z1 , z2 , ..., zn ) ∈ Cn ,


n
v
u n n
! 13
X uX X
kzk1 = |zi |, kzk2 = t |zi |2 , kzk3 = |zi |3 , kzk∞ = max |zi |.
1≤i≤n
i=1 i=1 i=1

Dans Rn et Cn , la norme k.k2 s’appelle la norme euclidienne.

Exemple 6.2. 1. Soient (X, k.k) un espace normé et A un sous-espace vectoriel de X.


La restriction de la norme k.k sur A est une norme, appelée norme induite.
2. Soient X un ensemble non vide et B(X, K) le K-espace vectoriel des applications bor-
nées définies sur X et à valeurs dans K. Pour tout f ∈ B(X, K), on pose kf k∞ =
supx∈X |f (x)|. Alors k.k∞ est une norme sur B(X, K).
3. Soient X un espace compact et C(X) l’espace vectoriel des applications continues de
X dans K, on a C(X) ⊂ B(X, K). Donc (C(X), k.k∞ ) est un espace normé.
4. Soient X un espace localement compact et C0 (X) l’espace vectoriel des applications
de X dans K continues et tendant vers 0 à l’infini, on a C0 (X) ⊂ B(X, K). Donc
(C0 (X), k.k∞ ) est un espace normé.
5. Sur le K-espace vectoriel C([0, 1]) des applications continues de [0, 1] dans K, on a la
R1
norme suivante : pour tout f ∈ C([0, 1]), kf k1 = 0 |f (t)|dt.

Remarque 6.1. Sur un espace vectoriel admettant plusieurs normes, le choix d’une norme
donnée dépend de ce que l’on veut étudier exactement.

6.2 Distance associée à une norme.


Définition 6.3 (Distance associée à une norme). Soit (X, k.k) un e.v.n. On définit :

d : X × X → R+
(x, y) 7→ d(x, y) = kx − yk.

On vérifie aisément que d est une distance sur X. Cette distance est appelée la distance
associée à la norme k.k de X. La distance d associée à la norme possède les propriétés
suivantes :

146
6.3. Normes équivalentes.

1. d(x + z, y + z) = d(x, y) quels que soient x, y, z ∈ X.


2. d(λx, λy) = |λ|d(x, y) pour tout x ∈ X et tout λ ∈ K.

Remarque 6.2. 1. Grâce à la notion de la distance associée à une norme, un e.v.n est
vu comme un cas particulier d’un espace métrique ; qui est à son tour (comme on le
sait) un cas particulier d’un espace topologique.
2. Les définitions de boule ouverte, boule fermée, sphère, ouvert, fermé, voisinage, inté-
rieur, adhérence, limite, continuité, etc dans un e.v.n sont simplement celles relatives
à la distance associée à sa norme.

Définition 6.4 (Espace de Banach). On dit que l’espace normé (X, k.k) est de Banach,
si X est complet pour la distance associée à k.k.

6.3 Normes équivalentes.


Définition 6.5 (Normes équivalentes). Soient X un K-espace vectoriel et k.k1 et k.k2
deux normes sur X.
1. On dit que k.k1 et k.k2 sont topologiquement équivalentes si les distances associées sont
topologiquement équivalentes, c’est-à-dire si les topologies associées sont identiques.
2. On dit que k.k1 et k.k2 sont équivalentes si les distances associées sont équivalentes,
c’est-à-dire s’il existe α, β > 0 tels que : αk.k1 ≤ k.k2 ≤ βk.k1 .

Remarque 6.3. Dans les espaces métriques, on a vu que deux distances équivalentes sont
forcément topologiquement équivalentes, mais que l’inverse est généralement faux. Dans les
e.v.n, on a deux normes d’un K-espace vectoriel sont topologiquement équivalentes si et
seulement si elles sont équivalentes.

Exemple 6.3. Sur Rn , les normes k.k1 , k.k2 et k.k∞ sont équivalentes. Plus précisément,

on a kxk∞ ≤ kxk1 ≤ nkxk2 ≤ nkxk∞ , pour tout x ∈ Rn .

Théorème 6.1. Sur un espace vectoriel de dimension finie, toutes les normes sont équiva-
lentes.

Démonstration. Soit {e1 , . . . , en } une base fixée de l’espace de dimension finie X. Soit T :
Rn → X, T (x1 , . . . , xn ) = x1 e1 + . . . + xn en , qui est clairement linéaire et bijective. Soient

147
6.4. Exercices avec Solutions.

k k1 , k k2 deux normes sur X. On définit k|xk|j = kT xkj , j = 1, 2. Il est immédiat que k| k|j
sont des normes sur Rn . Il existe alors C1 , C2 > 0 telles que

C1 kek1 = C1 k|T −1 ek|1 ≤ kek2 = k|T −1 ek|2 ≤ C2 kek1 = C2 k|T −1 ek|1 , ∀ e ∈ X.

Remarque 6.4. Ce résultat est faux si X n’est pas supposé de dimension finie, par exemple,
dans C([a; b]; K), les normes k.k1 et k.k∞ ne sont pas équivalentes.

Exemple 6.4. Toutes les normes sur Rn sont équivalentes.

6.4 Exercices avec Solutions.


Exercice 6.1. Soit (X, k.k). un K-espace vectoriel normé.
1. Soit F un sous-espace vectoriel de X. Montrer que F est aussi un sous-espace vectoriel
de X.
2. Soit F un sous-espace vectoriel de X d’intérieur non vide. Montrer que F = X.

Solution 6.1. Soit (X, k.k). un K-espace vectoriel normé.


1. Il nous faut montrer que αx + βy ∈ F , pour tout x, y ∈ F et α, β ∈ R. Puisque x ∈ F
il existe (xn ) ⊂ F tel que xn → x. De même il existe (yn ) ⊂ F tel que yn → y.
On a αxn + βyn ∈ F car F ⊂ X est un sous-espace vectoriel et clairement aussi
αxn + βyn → αx + βy. D’où αx + βy ∈ F .

2. Supposons, par l’absurde, qu’il existe x ∈ X − F . Soit x0 ∈F un point intérieur de F .
Il existe alors B(x0 , 2r) ⊂ F . Maintenant on peut écrire :
kx − x0 k r(x − x0 )
x = x0 + (x − x0 ) = x0 +
r kx − x0 k
kx−x0 k r(x−x0 )
ce qui montre que x ∈ F puisque x0 ∈ F , r kx−x0 k
∈ F et que F est un sous-espace
vectoriel. Cette contradiction montre que l’on a bien que F = X.

Exercice 6.2. Soit (X, k.k) un espace normé sur R.


1. Montrer que la distance d associée ‘à k.k vérifie :

∀x, y, t ∈ X, d(x + t, y + t) = d(x, y),

∀∀x, y ∈ X, λ ∈ R, d(λx, λy) = |λ|d(x, y).

148
6.4. Exercices avec Solutions.

2. Montrer (si X n’est pas réduit à un point) que quelle que soit la distance d0 , d =
min(1, d0 ) est une distance qui ne découle pas d’une norme.

Solution 6.2. 1. On a immédiatement, ∀x, y, t ∈ X, ∀λ ∈ R,

d(x + t, y + t) = k(x + t) − (y + t)k = kx − yk = d(x, y).

d(λx, λy) = kλx − λyk = |λ|kx − yk = |λ|d(x, y).

2. Si l’on suppose qu’il existe une norme correspondant à cette distance (on a montré
à l’exercice 2.8 qu’il s’agit bien d’une distance) on devrait avoir, en particulier, que
d(0, λy) = |λ|d(0, y). Mais d(0, λy) ≤ 1, d(0, y) > 0 et |λ| → ∞ et l’on obtient une
contradiction.

Exercice 6.3. On considère sur X = C([0, 1], R) les deux normes définies par
Z 1
kf k∞ = sup |f (t)| et kf k1 = |f (t)|dt.
t∈[0,1] 0

Montrer que ces deux normes ne sont pas équivalentes.

Solution 6.3. Pour tout f ∈ X, on a kf k1 ≤ kf k∞ . Supposons que les deux normes soient
équivalentes, il existe alors c > 0 tel que

∀f ∈ X, kf k∞ ≤ ckf k1 .
1
Soit n ∈ N et fn (t) = tn la fonction définie sur [0, 1]. On a kfn k∞ = 1, kfn k1 = ,
n+1
c
pour tout n ∈ N, et l’inégalité 1 ≤ , pour tout n ∈ N, ne peut être satisfaite pour tout
n+1
n ∈ N.

Exercice 6.4. Soient X un espace vectoriel normé, α ∈ R∗+ , et A une partie de X telle que

(x, y) ∈ A2 , x 6= y ⇒ kx − yk ≥ α.

Montrer que A est une partie complète de X.

Solution 6.4. Soit (xn )n ⊂ X une suite de Cauchy, alors pour n, m ∈ N assez grand on a
α
kxn − xm k ≤ 2
. D’où nécessairement (xn ) ⊂ X est constante à partir d’un certain indice.
D’où (xn ) ⊂ X converge.

Exercice 6.5. Soit (X, k.k) un espace vectoriel normé. Soit (xn )n une suite de Cauchy de
xn
(X, k.k) et soit M > 0 tel que ∀n ∈ N, kxn k ≤ M. Montrer que la suite ( )n est une suite
M
de Cauchy dans la boule unité fermée. En déduire, que (X, k.k) est complet si et seulement
si la boule unité fermée est complète.

149
6.4. Exercices avec Solutions.

Solution 6.5. Soit (xn )n ⊂ X une suite de Cauchy telle que kxn k ≤ M . On sait que

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n, m ≥ n0 , kxn − xm k ≤ M ε.

Donc il vient immédiatement que


xn xm
∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n, m ≥ n0 , k − k ≤ ε,
M M
xn
et donc la suite ( )n est bien de Cauchy dans la boule unité fermée. Si (X, k.k) est complet
M
alors B(0, 1) est complète (car elle est fermée). Si B(0, 1) est complète montrons que (X, k.k)
est complet. Soit (xn )n ⊂ (X, k.k) une suite de Cauchy, on sait que toute suite de Cauchy est
xn
bornée et donc par ce qui précède il existe M > 0 telle que ( )n est de Cauchy dans B(0, 1).
M
Donc, par hypothèse, elle converge dans B(0, 1), c’est à dire que pour un y ∈ B(0, 1) on a
xn
( )n → y. Maintenant il est facile de voir que xn → M y ∈ X.
M
Exercice 6.6. Soit (X, k.k) un espace normé de dimension finie. Alors :
1. X est complet.
2. A ⊂ X est complet ⇐⇒ A est fermé.
3. A ⊂ X est compact ⇐⇒ A est fermé et borné.

Solution 6.6. Soit T l’application définie par T : Rn → X, T (x1 , . . . , xn ) = x1 e1 +. . .+xn en .


Il suffit de considérer sur X la norme kek = kT −1 ek∞ .
1. Si (en ) est une suite de Cauchy dans X, il est clair que (T −1 en ) est un suite de Cauchy
dans (Rn , k k∞ ), qui est complet. Si T −1 en → x, alors clairement en → T x.
2. "⇒" Un sous-espace complet est toujours fermé. "⇐" Soit (en ) une suite de Cauchy
de A. Alors (T −1 en ) est une suite de Cauchy dans Rn . Si x est la limite de cette
deuxième suite, alors en → T x dans X. A étant fermé, on trouve que T x ∈ A ; par
conséquent, tout suite de Cauchy de A converge dans A.
3. "⇒" est vraie dans tout espace métrique. "⇐" Clairement, si A est fermé et borné,
T −1 (A) l’est aussi. Donc T −1 (A) est un compact de Rn . Il s’ensuit que A = T (T −1 (A))
est un compact de X (car image d’un compact par une fonction continue).

Exercice 6.7. Soit X un espace vectoriel norme sur le corps K = R ou C. Montrer que les
applications x 7→ kxk de X dans R+ , (x, y) 7→ x + y de X × X dans X, et (α, x) 7→ αx de
K × X dans X, sont continues.

150
6.4. Exercices avec Solutions.

Solution 6.7. pour tous x et y ∈ X on a, d’après l’inégalité triangulaire, |kx|| − kyk| ≤


kx + yk, ce qui prouve que l’application x 7→ kxk est lipschitzienne, donc uniformément
continue sur X.
On munit l’espace produit X × X de la norme (x, y) 7→ k(x, y)k = kxk + kyk. pour tous
x, y, x0 , y 0 ∈ X on a, par application de l’inégalité triangulaire,

k(x + y) − (x0 + y 0 )k ≤ kx − x0 k + ky − y 0 k.

Mais kx − x0 k + ky − y 0 k = k(x − x0 , y − y 0 )k = k(x, y) − (x0 , y 0 )k. d’où finalement

k(x + y) − (x0 + y 0 )k ≤ k(x, y) − (x0 , y 0 )k,

ce qui prouve que l’application (x, y) 7→ x+y est lipschitzienne, donc uniformément continue
sut X × X.
On munit l’espace produit K × X de la norme (α, x) 7→ k(α, x)k = |α| + kxk. Pour tous
x, x0 ∈ X et tous α, α0 ∈ K, on a

kαx − α0 x0 k ≤ |α|kx − x0 k + |α − α0 |kx0 k.

le second membre de cette inégalité a pour limite 0 lorsque x tend vers x0 et α vers α0 ,
c’est-à-dire lorsque (α, x) tend vers (α0 , x0 ). ainsi, l’application (α, x) 7→ αx est continue
au point (α0 , x0 ).

Exercice 6.8. Soit R2 [X] désigne l’espace vectoriel des polynômes à une indéterminée, à
coefficients réels et de degré n ≤ 2. On pose, pour tout P ∈ R2 [X] donné par P (x) =
ax2 + bx + c :
kP k∞ = sup |P (x)|, et kP k = max{|a|, |b|, |c|}.
x∈[0,1]

Montrer que ces deux normes sont équivalentes.

Solution 6.8. Si P (x) = ax2 +bx+c, on a |P (x)| ≤ |a|x2 +|b|x+|c| ≤ |a|+|b|+|c|, ∀x ∈ [0, 1].
Par suite, on a : kP k∞ ≤ |a| + |b| + |c| ≤ 3 max{|a|, |b|, |c|} = kP k. On a également,
P (1) = a + b + c, P (0) = c et P ( 21 ) = a
4
b
+
2
+ c. On peut calculer a, b et c en fonction de
P (0), P (1) et P ( 21 ). On obtient : a = −4P ( 2 ) + 2P (1) + 2P (0), b = 4P ( 12 ) − P (1) − 3P (0)
1

et c = P (0). D’où |a| ≤ 8kP k∞ , |b| ≤ 8kP k∞ et |c| ≤ kP k∞ et on obtient kP k ≤ 8kP k∞ .

Exercice 6.9. Soit X = C([0, 1], R) le R-espace vectoriel des applications continues de [0, 1]
dans R. Pour tout f ∈ X, on pose :
Z 1
N (f ) = t|f (t)|dt et kf k∞ = sup |f (t)|.
0 t∈[0,1]

151
6.4. Exercices avec Solutions.

1. Montrer que N est une norme sur X.


2. Pour tout n ≥ 1, on pose :
(
1
1 − nt si 0 ≤ t ≤ n
fn (t) = 1
0 si n
≤ t ≤ 1.

Calculer kfn k∞ et N (fn ). En déduire que les deux normes ne sont pas équivalentes.

Solution 6.9. 1. Pour tout f, g ∈ X et pour tout λ ∈ R, on a :


Z 1 Z 1
N (λf ) = t|λf (t)|dt = t|λ||f (t)|dt = |λ|N (f ),
0 0

et Z 1 Z 1
N (f + g) = t|f (t) + g(t)|dt ≤ t|f (t)| + |g(t)|dt
0 0
Z 1 Z 1
= t|f (t)|dt + t|g(t)|dt = N (f ) + N (g).
0 0

On a N (f ) = 0 ⇔ f = 0, donc N est une norme sur X.


R1 R1 1
2. Pour tout n ≥ 1, on a : kfn k∞ = 1 et N (fn ) = 0 t|fn (t)|dt = 0n (t − nt2 )dt = 6n2
.
Donc les deux normes ne sont pas équivalentes (n’existe pas α, β > 0, αN (fn ) ≤
kfn k∞ ≤ βN (fn )).

Exercice 6.10. `∞ = {x = (xn ) ⊂ R ; (xn ) bornée} muni de la norme kxk∞ = supn∈N |xn |
est un espace de Banach.

Solution 6.10. On munit N de la distance discrète d. Si (ak ) ⊂ N, on a ak → a ⇐⇒


il existe un rang k0 tel que ak = a pour k ≥ k0 . "⇐" est claire. Pour "⇒", ∃ k0 tel que
d(ak , a) < 1/2 si k ≥ k0 ; il s’ensuit que ak = a si k ≥ k0 . Conséquence : toute application
f : (N, d) → (Y, D) est continue, quel que soit l’espace métrique (Y, D). On trouve que
(`∞ , k k∞ ) = Cb ((N, d), (R, | |)) qui complet.

152
Bibliographie

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