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CELLULE DE MERKEL

I. INTRODUCTION

 Cellules neuro-endocrines constituant la 4ème population cellulaire de l’épiderme, décrites pour la 1ère fois par
Friedrich Sigmund Merkel en 1875
 Rôles
− Mécanorécepteurs à adaptation lente de type I.
− Inductrices et trophiques sur les terminaisons nerveuses périphériques et les annexes cutanées
Intérêt :
 Centre du système neuro-endocrino-immuno-cutané grâce à des neuropeptides qui ont un potentiel de
communication
 Cellules rares et difficilement cultivables
 Pathologie : carcinome à cellules de Merkel

II. ORIGINE : Neurale ou épidermique ? Telle est la question !

- Neurale car :
• Expression de facteurs de transcription pro-neuraux et de molécules présynaptiques
• Présence de synapses avec les nerfs périphériques
• Synthèse de neuropeptides
• Excitables en électrophysiologie

- Epidermique:
• Expression de kératines d’épithélium simple (K8, K18, K20) et des protéines desmosomales
• Apparition au cours du développement embryonnaire à partir de précurseurs épidermiques avant l’arrivée des
nerfs cutanés
• Les 1ères cellules de Merkel Cytokératine 20 (+) détectables dans l’épiderme dès la 8ème semaine de gestation
• Puis leur nombre augmente rapidement jusqu’à la 15ème semaine
• A cette période, certaines cellules de Merkel sont retrouvées dans le derme  Rôle dans la mise en place du
plexus nerveux dermique
• A la 16ème semaine, les premières branches de ce plexus traversent la lame basale et innervent les cellules de
Merkel dans l’épiderme

III. DENSITE ET LOCALISATION

 Densité : très variable, abondantes au niveau des lèvres, paumes, pulpe des doigts et dos des pieds.
 Ne desquament pas (# kératinocytes) et ne se divisent pas (cellules post-mitotiques ou en différenciation terminale) 
ce qui explique la diminution de leur densité dans la peau à mesure que la surface cutanée augmente et lors du
vieillissement
 Chez l’adulte, le % des cellules de Merkel varie de 0,5 à 5% dans l’épiderme
 Il existe un pool de cellules indifférenciées capables de redonner des cellules de Merkel au cours de la vie 
régénération 3semaines après blessure
 Evolution possible de leur nombre
o Peau exposée au soleil : 2x plus de cellules de Merkel qu’une peau non exposée
o Personne endentée : 2x plus de cellules de Merkel dans la muqueuse buccale
o Densité au niveau des follicules pileux évolue avec le cycle de croissance du cheveu
 Localisation : couche basale épidermique.

IV. CARACTERISTIQUES CELLULAIRES

A. En MO : Non visualisables

B. En ME :
 Cellules ovalaires à grand axe parallèle à la jonction dermo-épidermique se situant entre les kératinocytes basaux.
 Différentes des autres cellules de l’épiderme par leur :
- Taille plus petite
- Noyau imposant dense, échancré (voire polylobé), pauvre en nucléoles.
- Cytoplasme renferme de très nombreuses vésicules à cœur dense : 80-100nm Ø, à centre très dense aux électrons,
entouré d’un halo clair de 8-10 nm, délimitées par une fine membrane, regroupées près d’une tumeur nerveuse.
- Les vésicules à cœur dense libèrent leur contenu (après fusion avec la membrane cytoplasmique) en contact avec
la tumeur nerveuse via synapse ou par voie paracrine à destination des autres cellules cutanées.
- Desmosomes très courts +/- mélanosomes + App Golgi + vésicules claires (de l’autre côté du noyau)
- Prolongements de la membranes fins, courts et rigides = épines, cornes ou microvillosités, qui s’enfoncent dans le
cytoplasme des ¢ avoisinantes sans desmosomes. Leur axe contient des microfilaments.
 Connexions "synaptiques" cutanées de type A-β : complexe neurite-CM // 1 fibre peut innerver + de 50 cellules de
Merkel
 Mécanorécepteur à adaptation lente de type 1 :
o Adaptation lente = influx nerveux pendant toute la durée de la déformation suivant un stimulus mécanique
(jusqu’à 30 minutes)
o Type 1 = sur une zone très limitée

C. IMMUNO-HISTOCHIMIE :
1. Marqueurs des ¢ nerveuses :
 Les vésicules à cœur dense contiennent de la chromogranine A et des neuromédiateurs qui sont des ligands
agissant sur des cellules cutanées, des neurones sensoriels et des cellules immunitaires
 De multiples neuromédiateurs sont sécrétés :
− ACTH : précurseur de plusieurs neuropeptides dont la mélanotropine,
− Bombésine : uniquement dans les cellules de Merkel fœtales, stimule la division cellulaire
− Cholecystokinine 8 : rôle peu connu dans la peau. Médiation du stress
− Dynorphine A : opioïde endogène
− MSH, β-endorphine: action sur : douleur, homéostasie, différenciation de certains types cellulaires
− Met-enképhaline : inhibition de la douleur, réponse au stress
− Galanine : régule le relargage d'hormone de croissance
− Substance P : provoque la prolifération des kératinocytes et des fibroblastes
− Somatostatine : inhibition de la sécrétion d'autres hormones
− Vasoactive Intestinal peptide (VIP)
− Neuropeptide Y : immunomodulateur

2. Marqueurs des ¢ épithéliales :


 Les filaments intermédiaires des CM contiennent une association très particulière de cytokératine :
- 1 kératine basique (type II) : K8
- 3 kératines acides (type I) : K18, K19 et K20 +++
 Les CM ne contiennent pas d’amines biogènes (pas de catécholamine, pas de sérotonine)
 N’expriment ni la protéine S100 ni l’Ag NK.

V. PATHOLOGIE

LE CARCINOME A CELLULES DE MERKEL

 Tumeur maligne neuroendocrine cutanée primitive rare = carcinome trabéculaire de la peau


 Epidémiologie : Hommes > 65ans – FDR : Âge, exposition chronique aux UV, immunodépression, poliomavirus
 Clinique : présentation monomorphe avec tumeur nodulaire, érythémateuse, ferme et sous-cutanée
 Anapath : tumeur dermique composée de petites cellules basophiles avec de nombreuses mitoses
 Diagnostic histologique basé sur l’IHC avec Cytokératine 20 (+), Cytokératine 7 (-) et TTF1 (-)
 Diagnostic différentiel : métastases d’un carcinome à petites cellules du poumon
 Association avec autres cancers cutanés et hémopathies
 Recherche du ganglion sentinelle = standard
 Bilan initial : examen physique complet (recherche d’autres cancers cutanés +++) + échographie des aires
ganglionnaires de la zone de drainage de la tumeur + TDM TAP
 Récidive = 30-50% localement – 40% au niveau ganglionnaire – 10-35% à distance
 Traitement
o Stade localisé : exérèse chirurgicale en marges saines + radiothérapie locale +/- radiothérapie prophylactique
ganglionnaire
o Si ganglion sentinelle envahi : curage ganglionnaire
o Stade ganglionnaire : chirurgie avec évidement ganglionnaire + radiothérapie
o Stade métastatique : aucune recommandation / possibilité de chimiothérapie conventionnelles et
d’immunothérapie

VI. CONCLUSION

 Les CM se trouvent au pivot des interactions entre systèmes nerveux et immunitaire et les ¢ cutanées.
 Potentiel de communication car riches en neuropeptides
 Carcinome à cellules de Merkel : rare mais de pronostic sombre.

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