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Revue de Management et Cultures (REMAC)

ISSN : 2550-6293
N° 7 (2022)
http://revues.imist.ma/?journal=REMAC

DEMATERIALISATION DE LA CHAINE
COMPTABLE ET FINANCIERE DANS LE SECTEUR
PUBLIC AU MAROC : ETAT DES LIEUX ET
IMPACTS SUR LA QUALITE DES COMPTES
PUBLICS
Hanane JAFI1,Said YOUSSEF2

1
Doctorante a l’université HASSAN II /Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Casablanca-
Laboratoire Recherche Prospective en Finance et Gestion, Casablanca, Maroc
Hanane.jafi0508@gmail.com
2Professeur
à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Casablanca)- Université
HASSAN II /- Laboratoire Recherche Prospective en Finance et Gestion, Casablanca, Maroc
saiyoussef@yahoo.fr

Article soumissionné le 07/11/2021; accepté le 15/02/2022 ; publié le………….

Résumé — La révolution numérique a largement impacté tous les domaines de l’activité


humaine et le secteur public n’en fait pas exception. En effet, le numérique tend à redéfinir les
principes de la gestion publique. Au Maroc, l’un des premiers pas vers cette direction a été
franchi à travers l’appropriation des technologies numériques dans le domaine des finances
publiques. C’est dans cette perspective que le Maroc s’est résolument engagé dans un
processus ambitieux de numérisation de sa chaîne budgétaire et comptable. Au travers une
analyse documentaire, cette communication rend compte et analyse les causes d’échec des
principales interventions étatiques en matière numérique, elle met également en lumière les
perspectives d’aboutissement des nouvelles initiatives. Une attention particulière sera accordée
également au rôle de la digitalisation comme vecteur de rapprochement de l’administration
des administrés. Ensuite, cette communication analysera la notion de la qualité comptable au
Maroc à l’aune de la réforme comptable de l’Etat (RCE). En fin, elle tentera de mettre en exergue

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les liens possibles entre la numérisation par voie de dématérialisation du système d’information
comptable de l’Etat et le renforcement de la qualité des comptes publics.
Mots clés — Les technologies numériques, Comptabilité publique, La qualité des comptes
publics, La dématérialisation.

Abstract — The digital revolution has had a major impact on all areas of human activity, and
the public sector is no exception. Indeed, digital technology tends to redefine the principles of
public management. In Morocco, one of the first steps towards this direction was taken through
the appropriation of digital technologies in the field of public finance. In this respect, Morocco
has resolutely embarked on an ambitious process of digitizing its budgetary and accounting
chain. Through a documentary analysis, this communication reports and analyzes the causes
of failure of the main state interventions in digital matters; it also highlights the prospects for
the outcome of new initiatives. Particular attention will be paid to the role of digitalization as a
vehicle for bringing the administration and citizens closer. Next, this communication will
analyze the concept of public accounting quality in Morocco in the light of the public
accounting reform (PAR). Finally, it will try to highlight the possible links between
dematerialization of the public accounting information system and strengthening the quality
of public accounts.
Keywords — Digital technologies, Public accounting, Public accounts’ quality,
Dematerialization.

INTRODUCTION

Sous l’effet de l’évolution des contextes de fonctionnement, la modernisation est


devenue une aspiration clé de toute organisation. Cette vague de modernisation s’est
développée à rythme accéléré chez les pays développés berceau de ces évolutions et dans
une moindre mesure dans les pays en développement .C’est dans cette trame mondiale que
s’inscrit le mouvement de réforme de la gestion publique dont s’est engagé le Maroc depuis
le début du nouveau millénaire. Inspirées de la doctrine du Nouveau Management Public
(Hood, 1995) ces réformes obéissent à un triple objectif : Tout d’abord, elles répondent aux
exigences et recommandations des bailleurs de fonds du pays. Ensuite, elles envisagent de
palier aux principaux dysfonctionnements dont souffre le secteur public et enfin, elles visent à
tirer profit des meilleures pratiques et expériences mondiales en matière de déploiement des
technologies numériques et de l’intelligence artificielle.

Les finances publiques renvoient à une discipline du droit public financier. Elles sont
subdivisées en trois branches : le droit fiscal, le droit de la comptabilité publique et le droit
budgétaire. Le droit fiscal s’intéresse aux règles techniques de détermination et de
recouvrement des recettes fiscales (impôts, taxes ….). La comptabilité publique quant à elle,
s’intéresse aux règles régissant l’encaissement et le décaissement des deniers publics et la
tenue des comptes publics, et finalement le droit budgétaire concerne les règles encadrant
l’adoption et la mise en œuvre du budget.1 L’intégration de la digitalisation dans le secteur

1
« Les finances publiques » (8 e édition) Refondue et augmentée par Franck Waserman Professeur à l’université du Littoral-
Côte d’Opale (ULCO) p.9.
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public concerne deux principaux volets. Le premier se manifeste à travers la refonte des
processus métiers. Le second concerne le rapprochement de l’administration des usagers à
travers la dématérialisation des procédures. Ainsi, pour s’intégrer pleinement dans ce
mouvement de fond, l’administration publique est appelée à agir sur plusieurs fronts : Les
infrastructures numériques, la formation des ressources humaines, la reconfiguration des
processus métiers …

Pour construire un système d’information comptable et financier fiable et pertinent .Le Maroc
a procédé, au cours des dernières années, à la réforme de la comptabilité de l’Etat (RCE). Cette
réforme trace comme objectif principal le renforcement de la qualité des comptes publics,
l’amélioration de la présentation et l’enrichissement du contenu informationnel des états
financiers publics. Au Maroc, le système d’information et la qualité comptable font partie
intégrante des composantes de la Réforme Comptable de l’Etat (RCE). A cela s’ajoute le
référentiel comptable, le bilan d’ouverture, et la conduite de changement. Dès lors, il est
légitime de s’interroger sur les interactions possibles entre le couple système d’information
dématérialisé et qualité des comptes publics.

L’objet de cette communication est de combler le manque d’étude sur la question de la


digitalisation dans le domaine des finances publiques au Maroc en générale et dans le champ
particulier de la comptabilité publique, il s’agira très spécifiquement de répondre à la
problématique saillante : Dans quelle mesure la dématérialisation participera-t-elle au
renforcement de la qualité des comptes publics au Maroc ? Au plan méthodologique ,
cette communication s’est appuyée sur une analyse documentaire des rapports d’étude et
publications officielles des institutions nationales et internationales à l’instar de : La cour de
comptes, les départements ministériels ( Ministère de l’Economie de Finances et de la
Modernisation de l’Administration , Ministère du Commerce de l’Industrie et des Nouvelles
technologies …), l’Organisation de Coopération et de Développent Economiques, l’Institut
Royal des Etudes Stratégique, les normalisateurs comptables national (Conseil National de la
Comptabilité) et international (IPSAS B), 2des textes juridiques ( Loi Organique de Finances
n°130-13, règlement générale de la comptabilité publique …) , et sur la littérature dans le
domaine de la comptabilité publique .

Notre communication est structurée comme suit : Dans la première partie, nous nous
attarderons à décrire et analyser l’historique du déploiement du numérique comme outil de
modernisation au Maroc, en énonçant de manière synthétique et transversale l’état des lieux
et le contenu des réformes digitales précédentes et actuelles. Nous axons dès lors notre
analyse sur la digitalisation dans le secteur public. Dans un deuxième temps nous allons
examiner les retombées de la dématérialisation de la chaîne comptable publique sur la qualité
des comptes publics, cela se fera à travers un essai d’explication des rapports existants entre
dématérialisation et qualité des comptes publics.

Partie I : Genèse du numérique comme outil de modernisation au Maroc

2 Le conseil international de la normalisation comptable pour le secteur public (International Public Sector Accounting
standards Board.
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« La transformation est dans la nature de tout Etat. En termes contemporains , qu’elle


se nomme « réforme » ou « modernisation » de l’Etat , la transformation est un mouvement
qui se joue au niveau mondial depuis des temps immémoriaux , et dont les données se
renouvellent sans cesse , l’enjeu étant la pérennité des institutions et des sociétés »(Huet,
Pompignan, 2013).C’est dans cette perspective de changement perpétuel du rôle et des
missions de l’Etat que s’inscrit la doctrine du Nouveau Management Public, qui a émergé à
partir des années 1980. Parmi les canons du Nouveau Management Public, la digitalisation
occupe une place centrale dans la mesure où elle permet à l’administration publique de
s’inscrire dans une optique d’amélioration de la performance de l’action publique en termes
du trio coût-efficacité-qualité.

La digitalisation ou le numérique renvoi à l’usage des outils numériques tels que : le Big Data
« données massives » en français, l’intelligence artificielle, les systèmes informatiques
dématérialisés, les réseaux sociaux et l’internet (Albessart et al., 2017). C’est un phénomène
omniprésent dans notre société contemporaine, aucune filière n’y semble être épargnée, son
avènement a chamboulé l’activité humaine obligeant ses acteurs à s’y adapter pour continuer
à exister, la majorité écrasante des activités humaines apparaissent dans la « hit-list » de la
disruption 3 .

1. Etats des lieux et évaluation des principales réformes numériques au Maroc :

En matière de technologie d’information et de communication les efforts du royaume


se sont amorcés sur les plans législatifs et institutionnels à travers l’adhésion à l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) en 1995 et l’adoption de la loi n°24-96 en 19974. Cette loi a
annoncé le processus de libéralisation du secteur de télécommunication au Maroc à travers la
suppression des barrières à l’entrée et la privatisation de l’opérateur historique. Les efforts se
sont multipliés après par les pouvoirs publics à travers la conception des stratégies
ambitieuses notamment :
La stratégie e-Maroc 2010: Stratégie nationale pour le développement de la société de
l’information et l’économie du savoir s’étalant sur la période de 2005 à 2010 .Elle s’est articulée
autour d’un préalable visant la révision du cadre réglementaire, la poursuite des efforts de
libéralisation du secteur des Technologies d’Information et de Communication (TIC) au Maroc
et l’extension des infrastructures numériques . Le plan avait défini également cinq lignes
d’action à entreprendre dans des branches prioritaires à savoir : Education et formation,
recherche et culture, administration et collectivité locale, économie et entreprise,
développement du commerce électronique, lutte contre le fossé numérique. (Rochdi,
2001) .

Plan Maroc Numérique 2013 : La stratégie nationale pour la société de l’information et de


l’économie numérique, baptisée communément « Plan Maroc Numéric 2013 » est un plan
stratégique quinquennal qui a couvert la période 2009-2013. Ce plan ambitieux s’est fixé
comme objectif de faire des Technologies d’Information (TI) un maillon du développement

3
« Anglicisme exprimant la « destruction créatrice » que l’on doit à Joseph Schumpeter et qui rappelle qu’il ne peut y avoir
de véritable création sans destruction d’un passé, ce qu’il faut accepter» (Arraou, 2016)
4
Loi n°24-96 relative à la poste et aux télécommunications promulguée par le dahir n°1-97-162 du 2 rabii II 1418 (7 août
1997).
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socio-économique et une source d’avantage concurrentiel en positionnant le Maroc en tant


que pôle technologique régional .Pour ce faire, quatre orientations stratégiques ont été
établies et déclinées en plusieurs programmes : La transformation sociale, services publics
orientés usagers, développement d’une industrie TI.

L’évaluation des différentes interventions étatiques entreprises au Maroc à partir de 1999 dans
le secteur numérique a révélé selon la Cour de Comptes « une certaine déperdition des efforts
en matière d’élaboration et de mise en œuvre, marquée principalement par l’instabilité de
l’autorité gouvernementale chargée de la gestion du secteur des nouvelles technologies ».
Selon la Cour de Comptes l’instabilité au niveau de rattachement avait impacté « la mise en
œuvre, la capitalisation des expériences en matière d’exécution et la traçabilité des différents
documents relatifs à la réalisation des projets ». En outre, la Cour de Comptes avait également
évoqué le manque d’évaluation des dîtes stratégies et leur discontinuité. (La cour de comptes,
2014) .En ce qui concerne, la stratégie Maroc Numéric 2013, la Cour des Comptes estimait que
malgré les efforts consentis le pari numérique été loin d’être gagné. Concrètement parlant,
des chantiers restaient ouverts, d’autres abandonnés et ceux réalisés n’avaient pas abouti aux
résultats escomptés.(La cour de comptes, 2014) .

Par ailleurs, le bilan des initiatives précédentes sur le plan numérique faisait ressortir certains
goulots d’étranglement qui entravaient le décollage numérique au Maroc dont on peut citer
notamment : le fossé numérique creusé entre le milieu urbain et rural, infrastructure
insuffisante, pénurie de compétence dans le domaine numérique…. A cet effet, les efforts à
consentir doivent se concentrer sur l’investissement massif dans les infrastructures surtout dans
les zones dîtes blanches restant à couvrir, et la généralisation de la connectivité pour tous ainsi
que la préparation d’un capital humain talentueux et impliqué.5
En 2017, le Maroc a été placé à la position de challenger (c.à.d. pays dont l’évolution digitale
encore faible, mais qui progressent rapidement), Selon le « Digital Evolution Index » crée par
la Fletcher School en 2014, pour l’analyse de la progression digitale des pays sur la base de
quatre typologies de facteurs fondamentaux (L’offre, la demande, l'environnement
institutionnel, le niveau d’innovation)(Chakravorti & Chaturvedi, 2017) . Au demeurant, la
conception d’une nouvelle stratégie numérique qui prend en compte les facteurs sus
mentionnés devient une nécessité. C’est dans cette optique qu’intervient la stratégie Maroc
Digital 2020.

Stratégie Maroc Digital 2020 : Produite en concertation avec les acteurs des secteurs public
et privé, le Ministère de l'Industrie de l'Investissement, du Commerce et de l'Economie
Numérique et l’Agence de Développement Digital (ADD). Cette nouvelle politique digitale
trace comme objectif principal d’ériger le numérique comme étant un moteur de
développement économique et de l’inclusion sociale et renforcer la place du Maroc en tant
que « Nation Digitale » 6africaine.

2. La digitalisation comme vecteur de rapprochement de l’administration des


administrés :

5 Policy Paper 2019 - Le Maroc, la future « Digital Nation » Africaine ? - La Tribune Afrique en partenariat avec Mazars.
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L’usage des technologies numériques a fait couler plusieurs ancres dans le secteur
privé, cependant un intérêt croissant été adressé à ce sujet dans le secteur public dans la
dernière décennie. Compte tenu du rôle important que joue le numérique en matière
d’amélioration de la qualité des services fournis, le besoin d’alignement du secteur public sur
les technologies numériques devient urgent et pertinent. Sur un plan plus concret, les
administrations publiques utilisent le numérique pour dématérialiser les services publics et
assurer une plus grande transparence , permettant aux utilisateurs un accès gratuit, facile et
moins chronophage .Toutefois certains défis doivent être surmontés liées notamment à la
présence de parties prenantes ayant des intérêts divergents ou contradictoires, la grande
variété de services fournis et la coexistence d’une structure institutionnelle complexe adossée
à des pouvoirs de gestion à la fois politiques et administratifs(Jonathan & Rusu, 2018).
L’e-gouvernement a permis au secteur public de bénéficier de nombreux avantages et
opportunités tels que la réduction du temps et des coûts des prestations de services, la
résolution du problème de la « bureaucratie » et l'augmentation de l’efficience et efficacité des
entités publiques. Dans ce sens , et pour profiter pleinement des atouts du gouvernement
numérique et assurer la réussite des stratégies de son implémentation , Altameem et al.,
(2006) ont développé un modèle conceptuel d’e-gouvernement (Voir la figure n°1) à travers
le recensement des facteurs qui conditionnent le succès ou l'échec des initiatives d’e-
gouvernement dans le monde. Ces facteurs sont classés en trois catégories (facteurs de
gouvernance, facteurs techniques et facteurs organisationnels).

Figure. 1 Les facteurs critiques pour le modèle d’adoption du gouvernement électronique

Source : « Critical Success Factors of E-Government: A Proposed Model for E-Government


Implementation » by (Altameem et al., 2006).

En 2018, l’OCDE a recommandé au Maroc de passer du gouvernement électronique au


gouvernement numérique (voire la figure n°2) dans son rapport intitulé « Revue du
gouvernement numérique du Maroc : Jeter les bases de la transformation numérique du
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secteur public au Maroc ». Le rapport apprécie également le positionnement des pays de la


région MENA dans l’économie numérique, à travers des indicateurs tels que : le taux
d’alphabétisation, l’usage de l’internet, l’infrastructure numérique, utilisations de réseaux
sociaux. Ce diagnostic met en évidence le niveau intermédiaire, voire faible, du positionnement
du Maroc. Le rapport soulève également, l’existence des barrières au déploiement d’une
gouvernance digitale liées au fléau de la corruption et au manque de transparence et de
dialogue avec les citoyens. Il tire également l’attention sur le fait que les stratégies numériques
adoptées par les pays de la zone MENA se sont focalisées sur l’efficience, la transparence et le
développement de services adaptés sans prendre en considération les facteurs liés à une
meilleure gestion de données, au développement de la participation aux décisions
gouvernementales et à l’aide à la prise de décision (Bounfour, 2017).

La Transformation Digital dans le Secteur Public


Gouver,nement numérique
"L'utilisation des technologies numériques en
Gouvernement électronique tant que partie intégrante des stratégies de
modernisation des gouvernements, pour créer de
"L'utilisation par les gouvernements des la valeur publique. Elle repose sur l' écosystème
technologies de l'information et de la gouvernemental numérique composé d'acteurs
communication (TIC), et en particulier de gouvernementaux, d'organisations non
l'Internet, comme outil pour parvenir à un gouvernementales, d'entreprises, d'associations
meilleur gouvernement" citoyennes et d'individus qui soutiennent la
création et la fourniture de données, services et
au contenu à travers des interactions avec le
gouvernement"

Figure. 2 Transformation numérique dans le secteur public : Du gouvernement électronique


au gouvernement numérique

Source: l’OCDE (2018) Jeter les bases de la transformation numérique du secteur public au
Maroc DOI: https://doi.org/10.1787/9789264299917-fr P.17

Récemment encore avec la crise du Covid-19 qui a sévi le monde, le rôle de l’e-gouvernance
s’est manifesté avec acuité ce qui rend urgent la fluidification des échanges, la
dématérialisation des procédures administratives et la numérisation des pièces et documents
justificatifs.

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Partie II : Le numérique dans le domaine de la comptabilité publique : genèse et impact


sur la qualité des comptes publics.

Le domaine du management public a expérimenté depuis les années 1980 des inflexions
profondes en faisant appel à des instruments de gestion conçus originellement pour les firmes
des secteurs marchands concurrentiels. Regroupées sous le vocable « Nouveau Management
Public », plusieurs réformes ont été entreprises pour améliorer la performance de la gestion
publique dont celles relatives à la modernisation des dispositifs de tenue et de présentation
des comptes publics.
Le modèle de comptabilité publique faisant l’objet d’un consensus mondial est celui
préconisant le passage des Etats d’une comptabilité de caisse à une comptabilité d’exercice
conforme au référentiel normatif IPSAS7 (International Public Sector Accounting Standards).
Dans le même sillage, il convient de préciser que c’est au conseil des normes comptables
internationales du secteur public (IPSASB) qu’incombe la mission de la normalisation
comptable internationale pour le secteur public, l’IPSASB façonne des normes comptables dans
le double but d’uniformiser la présentation et le contenu des informations comptables des
entités publiques, et de rendre possible des comparaisons spatio-temporelles.

Etant donné que la comptabilité publique fournit une foule d’information utile pour la prise
de décision et la reddition de comptes, l’impact de la digitalisation sur la qualité des données
fournies sera non négligeable. Au Maroc, le système d’information et la qualité comptable font
partie intégrante des composantes de la Réforme Comptable de l’Etat (RCE). A cela s’ajoute
le référentiel comptable, le bilan d’ouverture, et la conduite de changement. Dès lors, il est
légitime de s’interroger sur les liens possibles entre ces deux composantes.
Qualité comptable
Bilan d’ouverture

Conduite de
changement

Système Référentiel
d’information comptable

Figure. 3 Les composantes de la Réforme Comptable de l’Etat (RCE) au Maroc


Source : La Trésorerie Générale du Royaume
1. Les fondements juridiques de la nouvelle comptabilité de l’Etat :

Dans le cadre de la doctrine du NMP, le Maroc a procédé désormais à une réforme de


la comptabilité de l’Etat (RCE). Le règlement général de la comptabilité publique (RGCP) 8de

7 International Public Sector Accounting Standards


8
Décret Royal n° 330-66 (10 moharrem 1387) portant règlement général de comptabilité publique (B.O. 26
avril 1967).
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1967 abrogé en 2010, précise que l’accomplissement des opérations financières publiques est
une mission partagée entre ordonnateurs et comptables publics (Article 3 du RGCP).Aux termes
du même décret, la comptabilité publique permet la traduction comptable des opérations
budgétaires et financières et l’information des organes chargés de contrôle de gestion (article
55 du RGCP). Véritable clé de voûte de la RCE, la comptabilité générale de l’Etat, est établie en
vertu du principe des « droits constatés », (article 101 du RGCP), elle est tenue par les
comptables publics qui se chargent de la constatation des opérations faites pour le compte de
toutes les composantes du budget de l’Etat notamment ( le budget général, les budgets des
services de l'Etat gérés de manière autonome et les comptes spéciaux du Trésor) , des
opérations relatives au patrimoine de l’Etat ; des opérations pour le compte de tiers ; et des
opérations d'ordre et de trésorerie ( article 120 du RGCP).

Suivant cette rénovation de la chaîne comptable, l’Etat pourra mieux apprécier sa situation
financière. Le passage à un cadre de comptabilité triparti basé sur la comptabilité budgétaire,
la comptabilité générale et la possibilité de tenir une comptabilité d’analyse des coûts a été
reprise également par les dispositions de l’article 31 de la Loi Organique de Finances (LOF)
qui stipule que « L'État tient une comptabilité budgétaire des recettes et des dépenses. Il
tient également une comptabilité générale de l'ensemble de ses opérations. Il peut tenir
une comptabilité destinée à analyser les coûts des différents projets engagés dans le
cadre des programmes ».

La comptabilité
budgétaire

Système comptable La comptabilité


en vigueur au Maroc Adoption de la LOF
d’exercice
= Comptabilité 130-13
budgétaire de caisse
La comptabilité
d’analyse des coûts
Figure. 4 L’architecture de la comptabilité de l’Etat selon la Loi n°130-13

Source : réalisé par l’auteur


La nouvelle architecture de la comptabilité de l’Etat amorce une rupture avec l’ancien système
comptable de caisse fondé sur la logique statique des flux financiers. Ce projet vient aussi
consacrer les principes constitutionnels de transparence, de responsabilité et de reddition des
comptes. Sur un plan plus concret, il s’agit de produire des comptes publics donnant une idée
précise sur l’enrichissement et l’appauvrissement de l’Etat, en prenant en considération la
situation patrimoniale et les engagements pour une gestion efficace et une évaluation des
coûts des programmes et par là assurer l’efficacité et la performance de l’action publique. A
l’aune de la nouvelle réforme de la comptabilité publique au Maroc, les informations véhiculées
sur les comptes de l’Etat seront plus riches et transparentes et devront donner une image
fidèle de son patrimoine et de sa situation financière aux différentes parties prenantes de

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l’action publique. La Cour des comptes certifiera la régularité et la sincérité des comptes de
l'Etat.

Les conditions qui encadrent la tenue de la comptabilité générale de l’État sont regroupées
dans treize « normes comptables » inspirées des normes IPSAS (International Public Sector
Accounting Standards), qui correspondent aux normes comptables et financières
internationales du secteur public. Toutefois, le recueil des normes comptables de l’Etat a
prescrit la conservation de certaines règles du Code Général de la Normalisation Comptable
(CGNC) tant qu’elles ne s’opposent pas avec les normes comptables internationales. Ces
normes sont regroupées dans le recueil des normes comptables de l’Etat qui a été publié en
2010.

Tableau. 1 Les nouvelles normes comptables de l’Etat :

Normes Contenu
Bilan, compte de résultat, tableau des flux de trésorerie,
Norme 1 : Etats financiers
notes aux états financiers
Norme 2 : Immobilisations Brevets, marques, licences, procédés, logiciels
incorporelles
Terrains, constructions et bâtiments, ouvrages
Norme 3 : Immobilisations corporelles d’infrastructures, installations techniques, matériel de
transport… etc.
Prêts et avances, participations, dotation en capital,
Norme 4 : Immobilisations financières
droits d’adhésion aux organismes internationaux.
Biens acquis et détenus pour la consommation ou la
Norme 5 : Stocks
revente
Norme 6 : Créances de l’actif circulant Créances sur les clients, créances sur redevables
Norme 7 : Composantes de la Trésorerie actif (disponibilités…), trésorerie passif (bons
trésorerie de l’Etat du Trésor, dépôts de fonds…)
Norme 8 : Dettes financières et coûts Dette intérieure / Dette extérieure
d’emprunts
Provisions : Obligations juridiques ou reconnues par
Norme 9 : Provisions pour risques et l’Etat vis -à-vis des tiers financières
charges, dettes non financières et Dettes non financières : correspondent à des passifs
autres passifs certains dont l’échéance et le montant sont fixés de façon
précise.
Norme 10 : Produits liés à l’exercice de Produits requis par voie d’autorité sans contrepartie
la souveraineté de l’Etat directe
Norme 11 : Produits non liés à Produits non liés à l’exercice de la souveraineté générés
l’exercice de la souveraineté de l’Etat par l’activité ordinaire
Charges de fonctionnement, charges de transfert;
Norme 12 : Charges
charges financières

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Engagements accords, découlant de la responsabilité de


Normes 13 : Engagements hors-bilan
l’Etat (dette garantie, retraites……)

Source : Instruction n° : TGR-INST-COMPT-03 du 14 Novembre 2019 relative à la tenue de la


comptabilité des trésoreries ministérielles.

2. Impact de la digitalisation sur la qualité du système d’information comptable


public :

Il n’existe pas un consensus sur la définition de la qualité des comptes publics, ce thème
qui a suscité l’intérêt de plusieurs auteurs qui lui ont attribué des terminologies différentes,
qualité de l’information comptable, la qualité des comptes publics ou encore la qualité de
l’information financière (Casta & Stolowy, 2012). Du point de vue des normalisateurs
comptables, c’est le Statement of Financial Accounting Concepts (SFAC N° 2) du normalisateur
américain Financial Accounting Standards Board FASB (1976) qui fut le premier à proposer
une définition de la qualité de l’information comptable issue des états financiers. Cette
définition repose sur quatre critères complémentaires : La pertinence, la fiabilité, l’utilité
pour la prise de décision et la comparabilité (Casta & Stolowy, 2012).
Le normalisateur comptable international pour le secteur public (IPSAS B) a défini un
ensemble de caractéristiques qualitatives des informations incluses dans les rapports financiers
des entités du secteur public, ces caractéristiques sont : la pertinence, l’image fidèle,
l’intelligibilité, la diffusion en temps opportun, la comparabilité et la vérifiabilité.

La pertinence « L’information financière est pertinente si elle est susceptible


d’influencer la réalisation des objectifs de l’information financière
prise de décision et la reddition de comptes ».

« L’information financière donne une image fidèle quand elle dépeint


L’image fidèle un phénomène économique de façon complète, neutre et exempte
d’erreurs significatives ».

« Les rapports financiers à usage général des entités du secteur public


Les caractéristiques L’intelligibilité doivent présenter les informations de manière à satisfaire les besoins
qualitatives des des utilisateurs, en tenant compte de leurs connaissances ».
informations incluses
dans les rapports « Il consiste à rendre l’information accessible aux utilisateurs avant
financiers des entités La diffusion en qu’elle ne perde son utilité du point de vue de la prise de décision de
du secteur public temps opportun la reddition de comptes ».

« La comparabilité est la qualité de l’information qui permet aux


La utilisateurs de relevés les similarités et les différences entre deux séries
comparabilité de phénomènes économiques ».

« La vérifiabilité est la qualité de l’information qui aide à fournir aux


La vérifiabilité utilisateurs l’assurance que l’information donne une image fidèle des
phénomènes économiques qu’elle est censée représenter ».

Figure. 5 Les caractéristiques qualitatives des informations financières incluses dans les
rapports financiers des entités du secteur public selon l’IPSAS Board

Source : IPSAS Board ‘Manuel des normes comptables internationales du secteur public’,
Edition 2015, Volume I, P : 47-52.

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S’agissant de la réglementation française dont le Maroc s’est fortement inspiré, la qualité


comptable a été défini dans le chapitre quatre du décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif
à la gestion budgétaire et comptable publique (GBCP) « Une notion globale qui s’apprécie au
niveau de l’organisme et envisage la comptabilité comme le support nécessaire de la gestion.
Elle vise à donner aux responsables une assurance raisonnable de la conformité de la
comptabilité aux normes et aux standards professionnels prédéfinis pour atteindre les objectifs
de régularité, de sincérité et d’image fidèle de la situation financière et du patrimoine »
(chapitre 4 du décret GBCP du 7 novembre 2012) » (Le Clainche, 2017).

Au Maroc, la qualité comptable a été prévue par l’article 31 de la LOF qui stipule que « ….Les
comptes de l'État doivent être réguliers, sincères et donner une image fidèle de son patrimoine
et de sa situation financière » .Dans le même article, la LOF a confié à la Cour de comptes la
mission de la certification de la régularité et la sincérité des comptes de l'Etat. Toujours dans
le même sillage, et en vertu des dispositions de son article 33, la LOF désigne les comptables
comme garant de la qualité des comptes publics « Les comptables publics sont chargés de la
tenue et de l'élaboration des comptes de l'Etat. Ils veillent au respect des principes et des règles
comptables en s'assurant notamment du respect de la sincérité des enregistrements
comptables, du respect des procédures et de la qualité des comptes publics ».Il en ressort,
que la qualité des comptes publics est devenue une exigence, de ce fait le rôle du comptable
public s’est élargi du contrôle de la régularité des opérations budgétaires et comptables à la
veille sur la sincérité et la qualité des comptes publics .

Le recueil des normes comptable de l’Etat au Maroc, désigne la qualité en tant qu’un des
objectifs assignés à la comptabilité de l’Etat, « La comptabilité de l’Etat doit donc être conçue
et organisée comme instrument de production d’une information comptable et financière de
qualité, destinée à éclairer la prise de décision ». Pour confectionner une information financière
de qualité il faut retracer de manière fidèle et exhaustive toutes les opérations de l’Etat.
Néanmoins, ni la LOF n°130-13, ni l’autorité chargée de la normalisation comptable (CNC) au
Maroc pour les secteurs public et privé n’ont prévu une définition explicite du concept de la
qualité des comptes publics. De ce qui précède, on peut conclure que la qualité comptable au
Maroc est un concept qui s’accommode autour des critères clés suivants : la régularité, la
sincérité, l’image fidèle, la fiabilité, la pertinence.

Considéré comme le père fondateur de la discipline de système d’information (SI) par la


communauté francophone , Robert Reix définit un système d’information comme « un
ensemble organisé de ressources : matériel, logiciel, personnel, données, procédures…
permettant d’acquérir, de traiter, de stocker des informations (sous forme de données, textes,
images, sons, etc.) dans et entre des organisations. » (Reix, 2004). De sa part , Fimbel (2007)
identifie trois visions d’un SI : la première est d’ordre technologique (TIC) inspirée du
déterminisme technologique anglo-saxonne qui soutient que l’engagement de l’organisation
dans des investissements dans les infrastructures technologiques adéquates ( Matériels,
logiciels , réseaux ….) devrait la conduire vers l’obtention automatique des résultats
escomptés . La deuxième vision concerne l’informatisation des objets et métiers, ceci se fait
selon l’auteur à travers « Des logiciels d’application dédiés ou intégrés qui adressent des bases

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de données plus ou moins actualisées et partagées cette prise en charge informatisée


représente un potentiel de valeur. Il est de la responsabilité des différentes catégories et
groupes d’utilisateurs de transformer les potentiels contenus dans ce périmètre en valeur
tangible pour l’organisation ». La troisième et dernière vision s’intéresse aux différentes parties
prenantes internes et externes qui vont prendre en charge les données issues du système
d’information.

En se basant sur les éléments sus étayés, il est frappant de constater que les ressources
techniques sont placées au cœur d’un SI « Ces ressources sont considérées comme un input
qui va mécaniquement être traité selon plusieurs étapes (acquisition, traitement, stockage,
communication) pour permettre de faciliter le fonctionnement organisationnel »(Walsh et al.,
2018). Les ressources techniques soutiennent le SI des organisations en général et le système
d’information comptable spécifiquement. Théoriquement, la comptabilité est un système
normalisé et réglementé d’organisation d’information. Les informations qui en résultent
doivent répondre aux besoins d’un certain nombre d’utilisateurs, avec la qualité et la célérité
requises tout en assurant la maîtrise des coûts. Ces exigences universelles de la comptabilité
sont aussi valides dans le champ de la comptabilité publique. Cette dernière doit être tenue en
respect d’un ensemble de règles et procédures et doit produire des états financiers de qualité
pour servir à la prise de décision et à la reddition de compte. La nécessité de renforcer la qualité
des comptes publics étant parmi les sujets prioritaires identifiés par le Maroc, la situation
actuelle des comptes publics, a en effet mis en lumière l’imperfection des outils classiques de
la tenue de la comptabilité des entités publiques et leur incapacité de réaliser les objectifs de
la RCE. Cette situation rend nécessaire la mise en place d’un système d’information comptable
fiable permettant, d’une part, de rendre compte de la situation des comptes publics, et d’autre
part, d’apprécier la soutenabilité des politiques publiques. A cette fin, la mise en place d’un
Système d’Information Comptable (SIC) performant est devenue une nécessité.

Saboly (1994) souligne que « les données comptables sont produites dans et par une
organisation comptable et la qualité du produit comptable dépend de certaines
caractéristiques de cette organisation ». Cité par (Chapellier et al., 2013) . De ce qui précède,
nous pouvons retenir que la qualité des données comptables dépends des caractéristiques de
son système d’organisation comptable, ces caractéristiques peuvent être d’ordre humain,
technique et financier, la mise en place d’un système d’organisation d’information comptables
performant aura certes un impact positif sur la qualité des comptes publics tant qu’ il
appréhende les « Technologies Numérique d’Information et de Communication » (dite TNIC)
(Bouillon, 2015) .

La dématérialisation du système d’information comptable public s’inscrit dans un continuum


de réformes de la gestion publique inspirée du NMP. Tenue comme principaux responsables
des opérations de finances publiques les ordonnateurs et les comptables publics s’étaient
obligés de s’engager dans cette dynamique mondiale pour renforcer leur transparence et
améliorer leur performance. Concrètement parlant, en raison des difficultés de la mise en
œuvre du Plan comptable de l'Etat et conformément aux prescriptions du Schéma Directeur
Informatique et des Télécommunications (MALIYA, 2011). La Trésorerie Générale du Royaume
a choisi une solution de type progiciel de l’éditeur Oracle. Cette solution technique innovante
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baptisée SI-PCE permettra la génération des écritures comptables à partir des informations
issues des applications remettantes. Ces applications sont (Gestion Intégrée de la Dépense,
wadef@aujour, Gestion Intégrée des Recettes….). En d’autres termes, les événements à
incidences comptables seront repérés, extraites automatiquement et interprétés en écritures
comptables à partir des applications métiers précités9.(MALIYA, 2011) . Pionnier de la
dématérialisation, ORACLE a développé la solution de dématérialisation comptable originale
(SI-PCE). Le déploiement de la nouvelle application comptable s’est fait progressivement et
par étape, et a tracé comme objectifs principaux de (Figure n°8) :
*L’automatisation de
la centralisation
* La suppression de
la pré-centralisation;
et du versement entre
les comptables et
l'entité chargée de la
centralisation *La sécurisation de
la chaîne comptable
*La fluidité et la
*L’instauration de la célérité dans la
culture du Reporting circulation des
périodiques. informations

Les apports
du SIPCE
*La génération
automatique des
écritures comptables
*La réduction des *La gestion
délais. comptable des
*Le renforcement de immobilisations;
la transparence et
l’amélioration de la
performance La comptabilisation
concomitante des
comptabilités
générale et
budgétaire;

Figure. 6 Les apports du SI-PCE

Source : La Trésorerie Générale du Royaume

Suivants les retours d’expérience française, la dématérialisation du système d’information


comptable de l’Etat a annoncé des gains concrets , elle a permis « Une fiabilisation accrue
dans la qualité des comptes grâce à l’automatisation dans la passation des opérations
comptables, une économie de papier, un gain de temps pour la mise en état d’examen des
comptes auprès du juge financier, une facilitation de la recherche, un allègement des tâches,
des délais de paiement raccourcis, une meilleure traçabilité et une transparence totale afin de
permettre une évolution vers un travail qualitatif. » (Evin-Leclerc, 2017).Dans le même sillage,
à terme la dématérialisation de la chaîne comptable dans le secteur public permettra de
développer de « nouveaux processus métier et de nouvelles pratiques comptables » (Evin-
Leclerc, 2017) .

9
Revue AL MALIYA du ministère de l’économie et des finances n°49, janvier – avril 2011 spécial « Réforme de la
comptabilité de l’Etat »
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CONCLUSION
La gestion publique n’a pas cessé de se renouveler au Maroc, la réforme de la
comptabilité publique dans le royaume chérifien s’inscrit dans cette dynamique perpétuelle
de modernisation. La RCE a servi de cadre d’étude de cette communication, qui a tenté
d’examiner l’impact du phénomène de la digitalisation sur la qualité des comptes publics, en
effet le recours à la dématérialisation présente certes d’innombrables atouts et devrait
permettre de renforcer la transparence, la sécurité et surtout la qualité des comptes publics.
Toutefois, bien que la dématérialisation du système de comptabilité publique présente une
panoplie d’atout, celle-ci « ne se résume pas simplement à une mise en conformité
réglementaire ou à un chantier système d'information. Il s'agit également (et surtout) d’une
démarche managériale, organisationnelle et humaine »(Evin-Leclerc, 2017).Son aboutissement
pourra se heurter à certaines difficultés liées notamment à : La sécurité de l’information et la
compétence de l’appareil humaine. Cette dernière sera amenée à développer de grande faculté
d’adaptation et une forte réactivité. Toutefois, une fois confronté à des changements qui
affectent le cœur de leur travail de bases « dématérialisation, arrivée de nouveaux systèmes
d’information couplés à de nouvelles méthodes de travail », les fonctionnaires peuvent
manifester des signes de réticences aux changements, ceci en dépit des avantages que ces
nouveaux outils leur apportent en terme d’optimisation des tâches quotidiennes et
d’amélioration des conditions de travail (Huet, Pompignan, 2013).

La digitalisation pourra s’approprier difficilement dans des organisations où les processus de


circulation de l’information et de prise de décision sont fondés sur des logiques
bureaucratiques, choses qui caractérisent le secteur public au Maroc. De surcroît la transition
digitale dans le secteur public est étroitement liée aux capacités d’investissement des pouvoirs
publics de telles capacités demeurent tributaires de facteurs économiques et financiers.

Pour conclure, il nous paraît crucial de spécifier que bien qu’elle représente un apport sur
la littérature dans le domaine de la comptabilité publique au Maroc et son interaction avec la
notion de la digitalisation cette communication, est loin d’être une exhaustivité. En effet, la
RCE est toujours en cours d’implémentation au Maroc et le phénomène de digitalisation ne
cesse de se développer.

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