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Fy PUES 3 Avg A PEMA USMY OM MCE UL OE OD Figurant parmi les plus marquants de la Seconde Guerre mondiale, le terme de Blitzkrieg ou « guerre éclair » reste encore aujourd'hui associé & la traumatisante défaite francaise de mai 1940. Pour autant, cette métaphore journalistique issue des premiers succés de la Wehrmacht n’en reste pas moins particuliérement floue. Ce hors-série a pour but de replacer le concept de « guerre-écl industrielle née en 1914-18. Face & I'impasse sanglante des tactiques « traditionnelles » basées sur les assauts d'infanterie et le blocage général que constitue la guerre de tranchées, les exigences et les principes d’un Blitzkrieg commencent peu a peu a s'imposer aux belligérants. Comment renouer avec la manoeuvre ? Comment obtenir une décision rapide dans une guerre qui s°éternise ? Chacun apporte alors ses réponses. Le « moteur-combattant », le blindage, l'avion, la redéfinition de la place de linfanterie et de I‘artllerio, ete, joueront alors dee réles fondamentaux. Les fruits de ces réflexions, mieux assimilés dans une Allemagne avide de revanche, sont a la base du « systéme Wehrmacht » aul triomphera en 1940. dans le contexte de guerre 5 1 =e. Edito Dans le monde de la presse, on a coutume de dire qu'un magazine ressemble & son rédacteur en chef, & sa rmaniére d’étre, de voir les choses. C'est vrai et ga est encore plus pour des revues comme Batailes & Bindés qui sont des concentrés de pure passion. On Yy met ses trpes, ses envies et toute son Energie... ot parfois méme sa santé. A {force de fare, de maintenir des cadences de avail élovées (car désormais je ‘n’ocoupe aussi de Ligne de Front et de Trucks & Tanks magazine, sans oubber les hore séres), de se couper en quatre pour teirles dea, ly acerainesréaités ui vous rattrapent. Pour ma part, c'est Lune pneumonie bien déicate& tater qui rma cloué au lit pendant trois bonnes semaines, Trois semaines sans pouvoir travail... Et voll que ce numéro 19 de Batalles & Blindés accuse Liiméme trois semaines de retard. Imparable, car méme ‘avec la meiloure volonté du monde, ine rma pas été possible de faire en temps ‘et en houre. Bion sir, jesus le premier & regret o9 retard et je sais & quel point 1 est frustrant voire pénible pour vous de chercher en vain votre revue dans los Kiosques, mais il y 8 des moments od Von est réduit@ impuissance. Cela dt, tout ceci n’empéche pas Batalles ‘& Bindés de poursuivee son chemin tout en étant désarmais épaulé par Trucks & Tanks magazina. Avec ce numéro et Vartcle sur les « chasseurs de chars » alemands sur le front de Fest, nous renouons avec la publication de documents extaits des archives. Eloquent ! Nous nous intéressons aussi sous un angle doctrinal et grBce & de précieux rapports de combat, & usage du célebre canon de 88; que valait:l réellement dans son réle antichar ? Cos ‘textes sont servis par une iconographie inédite ou peu connue, Crest la la marque de fabrique des magazines que je puble t le sceau de ma passion pour {ces machines at cos hommes. Bonne lecture & toutes ot & tous. ‘A teés bent! Yannis Kadari Balle & Blindés 0°19 Ai Ma 007 Radaction 04 91 73 76.67 “Faseopie "04 91 79 11 68 info@caskterecort "Bist pu BNF howto eareceatere 0 CFo ten Baie Batailles & Blindés n° 1 | Lanaissance difficile des chars francais lors du premier conflit mondial, la France se doit de trouver une solution pour sortir de impasse meurtrifre des tranchées. Aprés bien des tétonnements, pour y artver, elle prendra le parti d'utiiser des chars dassaut. Ne sachant pas a quoi doit ressembler engin idéal, les inventeurs tricolores vont rivaliser de créativité, Paredoxalement, te foisonnement didées et de concepts retardera considérablement rémergence de la solution adéquate. Le canon de 88 allemand fait partio des armements de légende de ls Seconde Guerre mondiale. Héritor en droite ligne de son prédécesseur de la Grande Guere, le 8,8cm Flak 18/36 sera utiisé sur tous les fronts, du ord de la France en 1940 jusqu'en Silésie on 1945, on passant par Ia Libye en 1941, Plus que son role antiaérien, il marquora les esprits pour ‘aes qualtés antichars ; toutefois, que valai:l réelement dans ce role? Févtier 1944, promu Levinant, un Allemand nommé d’Engelbrecht est muté au sein du Panzer Grenadier Ersatz-Batailon 83. Stationnée dans une paisible bourgade danoise, I unité fait alors parti de la 233. Reserve Panzer Division. Mais les jours heureux touchent bientot & leur fin et le jeun lofficier se retrouve engagé dans une lutte A mort contre les Sovitiques, en Prusse-Oriental, au so de la Panzer Brigade 102. ‘« Lengagement de Khali ne fut pas congu comme un engagement Jimité. le devine seulement du fat de impact des trappes aériennes ‘sur les forces irakiennes tentant de faire mouvement. Khafi fut au Contraire un effort majeur pour amorcer la guerre tereste, le seul effort de ce type que firent les lrakiens et dont rampleur de 'échec est indéniable. » ‘Auteur d'un ouvrage initulé « La Roumanie des années trente », Matthio Boisdron nous propose un état des lieux quant & la mécanisation de I'Armé royale roumaine durant l'ente-deux-querres. Equipées de chars tchéques frangais, les troupes d’Antonescu partont en guerre en Union Sovitigu avec des matérie's obsolétes et surtout totalement inadaptés & la guerre mouvement les attendant ! +) ‘Aveo une production mensuelle de plusieurs millers de chars, les armées de Staline seront en mesure dés la mi-1942 d'aligner «importantes formations blindées sur le front. Pour opposer aux T-34 et KV, les fantassins sllemands développeront alors des tactiques de ‘combat rappraché, Le document inédit que nous publions explique comment venir & bout de ce ‘mastodontes avec des mines, des grenades voir une simple hache et beaucoup de courage ! TOFICWE DE LESTURE « T-34, Mythical weapon » a a een Par Andrew Hunterington ors du premier conflit mondial, la France, tout comme les autres belligérants, se doit de trouver une solution pour sortir de impasse meurtriére des tranchées. Apras bien des tatonnements, elle prendra finalement le parti d’utiliser des chars d’assaut pour y arriver. Ne sachant pas quoi doit ressembler I'engin idéal pour aider les fantassins, les inventeurs francais vont rivaliser de créativité, Paradoxalement, ce foisonnement d’idées retardera I'émergence de la solution adéquate. | Pour faire simple, un char d‘assaut nest ni plus ni moins qu'un véhicule cchenilé transportant une arme légire ‘ou bien un canon en étant entirement protégé par un blindage. En France, le premier homme & avoir propasé un véhicule correspondant & cette defini tion est le capitaine Lovassour, officer au 6 Bataillon d’Atilerie & Pied. Ce dernier est basé 8 Toul lorsqu'll met Vid6e, en 1903, de mouvoir un canon 8 Taide d'un engin motoriss doté de chenilles. Si fon sen réfore & la déti- nition ci-dessus, nous pouvons consi dérer qu'lls'agit de la premiére descrip tion d'un char d'assaut. Il faut rendre justice & ce Francais oublié car il le rmérite de proposer cette idée avant la parution d'une oeuvre visionnaire signée du romancier HG Wells; nouvelle que bien des historiens militares conside- rent comme ayant été le premier écrit 8 avoir envisage cette application mil tire du moteur thermique. En offet, «« The Land lronclads » qui déerit, avec beaucoup de prescience, l'utilisation de véhicules massifs, fortement blindés ot tout-terrin, dans un confit imaginair ne para qu’en décembre 1903, Vidée de Levasseur, revue ot corrigée pendant deux ans, est si aboutie qu'elle fetient attention d'un général oui piéside le Comité Technique de I'Ar tilerie, Dans sa lettre n°135 datée du 11 féurier 1905, ce demier présente le projet & son ministre de tulle, Il note Auil se propose d’étabir une piéce de campagne automobile susceptible de pparcourir tous les terrains accessibles ‘ux voitures attelées et qui assurera au personnel une protection contre les tics fusants et les bales d'infanterie. Malheureusement pour 'Armée fren aise, les résultats de la guerre franco: prussienne de 1870 focalisent I'atten: tion des bureaux techniques militares ‘sur améloration des armes d'appui, ‘ce dans le cadre d'une doctrine basée ‘sur le feu et le mouvement. De plus, le moteur thermique n’en est encore qu’ ses balbutiements et manque cruelle- ment de fiabilté. Quant aux mitraileu- ses, hormis sur Ile de Cuba quelques années plus tot lors de la guerre oppo- sant |'Espagne aux Etats-Unis, olles ‘ont pas encore fait la preuve de leur puissance d'arrét qui sera synonyme @'hécatombes sur les futurs champs de batalle de la Der des Ders. En bref ‘vue depuis les ministéres parsions,I'n- vention de Levasseur ne semble guére util, Pour ne rien arranger, le concepteur fest également bien & la peine lorsquil agit d’expliquer ce qu'est une chenille € des décideurs nés bien avant 'avéne- ment de I'ére industrielle. Sa descrip tion quoique fastidieuse est pourtant précise: « La mobilté nécessaire & ce ‘matériel en tout-terrain est obtenve, dans fe projet dont il s’agit, par 'emiploi d'un dspositf équivalant des roves de trés grand diamétre. Co dispost: tif appelé « rove articulée » consiste fen une sorte de jante composée de Vvoussairs réunis entre eux par des boulons autour desquels iis peuvent tourner et munis d'une liaison élestique tendant & appliquer 'une contre autre les faces voisines de deux voussoirs. 401h cane pete cu pretype peat do ben appshonda Feta de relement tha Somer Cou est ‘steals en dau pares (Coe partcuaro dcrne un salar do souplesse la Sispersion EceAD tracaurl alonge est Paisement vse sr 2 ‘io. Le se aceur su equal es concopiours ert ‘roves pour ator ‘soon do taneheserer lenguour ea machin, ECPAD Comparatvrent os Santichamord fit bien mur ise et ostoner sr ist ‘he ane rou gl sor tanta ect esbaroelee (acta epacsago ce ‘apie arches a festmur ce unues de ‘anchssoment partant Les iventors le las seufoqses sntemisanees eur fcleriavicore fe Ie un groupe debservaton iron icant dea cat ‘elas pula mavetance Dheloprecique ges anes ECPAD LA NAISSANCE DIFFICILE DES CHARS FRANCAIS Un autre fortin mobile est proposé par le député de Paris, Monsieur Aubrot ‘Avec 'aide de son collaborateur, Monsieur Gabet, ce dernier s'intéresse la propulsion électrique, Il propose de monter sur un tracteur agricole tieyele Lun appareilage réalisé par la société Barbier, Bernard et Turenne. Mieux ‘connue sous le nom SBT, cette firme fabrique déja des projecteurs pour le compte de Armée, Lide est d'utl ser un moteur électrique pour mouvoir Vengin. Ce demier est aimenté en ‘courant par lintermédiaire d'un fil qui ‘se déroulorait au fur et & mesure de la ‘marche de I'engin. Un apparel biplace est construt. II est protégé par une cuirasse et surmonté d'une tourelle & révolution totale armée d'un eanon de marine de 37mm. Les inventeurs ne se pposant pas la question du sort réservé ‘ux équipages qui se seraient etrouvés Ccoincés dans leno man’s land suite & la Ccoupure de leur nourrice électrique, la proposition est classée sans suite. De son c0té, la Section Technique du Génie sous 'égide du commandant Boissin étudie et réalise une modifica tion du tracteur agricole Fitz quelle quipe d'un blindage de 9 a 12 mil metres et d'une mitralleuse, Comme souvent dans ce genre de disposit, engin progresse en marche artidre Dix exemplaires sont constrits ot se voient munis du systéme Breton: Prétot. Le moteur de 45ev actionne deux grandes roues métallques eran tées, ce qui, malheureusement, ne suffit pas & donner une mobilté suff sante & engin, Ce souei devient criant lorsque ces appareils sont essayés en premidre ligne en aodt 1915 au sein des IV" ot X* Armées. Le projet est également abandonné. Ces impasses. technologiques. font Perdre beaucoup de temps a la France dans la course aux armements, Alors que les Anglais arrivent & la phase terminale de lélaboration du premier prototype de « Tank », I'Armée tran: fase n'a toujours aucun engin digne de ce nom pour appuyer ses fantas- sins lors d'attaques, ce en dépit de énergie et de l'argent dépensés, UIMPULSION DU GENERAL ESTIENNE Pour que la chenille s‘impose dans les esprit, il faut limpulsion ¢’un soldat reconnu pour avoir déja éxé Pionnier dens certains aspects de Fart militaire, Cet homme se nomme Jean-Baptiste Estienne. Avant-guore, deux de ses projets ont retenu I'atten tion : un systéme de visée performant pour le canon de 75mm et la mise sur pied de la reconnaissance aérienne pour les besoins de lAvtillerie. Cet ingénieur polytechnicien est aussi un homme de guerre qui a fortement été impressionné par les portes humai: nes essuyées pendant les premisres heures du conflt. Comme Swinton en Angletere, il est persuadé que a solu tion pour permettre & I'infanterie de vaiincre est de I'accompagner de véhi- cules armés et cuirassés. Le premier décembre 1915, il s‘adresse directe ment Joffre pour lui demander une ‘audience. Les termes employés dans salettrene laissent planer aucun doute sur la raison de sa demande : « J'ai eu Mhonneur depuis un an dappeler 4 deux reprises votre haute atten: tion sur emploi de euirassements ‘mobiles pour assurer directement la progression de Vnfanterie. Au cours de ces demiéres attaques, le valeur ‘incomparable de ce procédé s'est ‘imposée it mon esprit avec une force roissante et, aprés une nowvelle et ‘sévére analyse des conditions tech: niques et tactiques du probléme, je regarde comme possible la réalisation de véhicules & traction mécanique permettant de transporter & travers tous les obstacles, et sous le feu, @ une vitesse supérieure 8 6 krwh, de Vinfenterie avec armes. Jestime quill feut six mois et dix milions de francs pour réaliser le matériel hnécessaire au transport d'une ving- taine de mille hammes, force suffi ssante pour enlever, par surprise, les lignes successives sur quarante kilo ‘metres de front et permetire liup- tion de masses disposées en arrire. Une telle entreprise exige un secret absolu et la prompte réalisation d'un premier véhicule, conditions jncom- atibles avec les discussions d'une commission d'examen. Pour réussir, J'8i besoin d'une seule chose, mon général, votre confiance, et vous ‘me Vaccorderez j‘espere, si vous me permettez de vous faire partager ma {oi rétiéchie de technicion et ma foi ardente de soldat, en contact immé- diat, depuis le début de la guerre, avec les réaités du combat. » Lthomme peut etre crédité d'un certain culot car il entame cette démarche ‘aupres de Jottre avec mépris de toutes les rdgles administratives et hiérarchi- ques. Et de fait, en effet, Estienne souhaite court-circuiter les « ronds de cuir » des diverses commissions et lorganismes qui usqu’a présent ont été pour le moins improductifs. Les choses re trainent pas. Le 12 décembre 1915, Estienne est regu au quartier général de Joffre pour exposer ses idées. Ile fait sous la forme de deux exposés l'un orienté vers aspect technique, l'autre fest orienté tactique d'emploi ‘un point de vue technique, le projat propose la construction d'un cuirassé terrestre ayant des. caractéristiques bien précises. Le poids qui_ tient compte dun blindage d'une épaisseur variant de 15 & 20mm s'élve aux alentours de 12 tonnes. La longueur do engin est de 4 métes. Cette valeur n'est pas choisiearbitrairement, lle doit étre mise en relation avec la performance exigée en termes de capacités de franchissement d'une ‘coupure tranche. Celle-ci s'éleve & 2 motres soit la moitié de Ia longueur de Vengin projets. En effet, en théorie, si le centre de gravité est bien placé au centre de I'engin, il ne peut « piquer du rez » en franchissant des tranchées de 2 metres. La largeur de 2,60 metres Correspondant & son empattement lui évite de basculer lorsqu'll progresse ‘ransversalement sur_un talus. La hauteur est faible, elle ne s'élave qu’ un 1,60 métre, ce qui se révélera insuffisant mais témoigne déja d'une certaine volonté de « discrétion » en campagne. La puissance du. moteur est de 80cv pour lui permettred'avan- cer 3 dos vitesses de pointe de ordre de 9 kmih. L’équipage est de quatre hommes. L'atmement comporte 2 + mitraleuses pouvant tirer dans tous les azimuts et un canon de 37mm JBestine a V'attaque des miraileuses & bouclier. Estienne demande en outre que Fengin puisse remorquer sur des pentes de 20% une voiture blindée de 7 tonnes transportant 20 hommes. Fait ‘troublant, démontrant le méme chemi: rnement de pensée, cette exigence est semblable aux promiéres idées ang ses de cuirassés terestres. Pour ce qui est de l'aspect tact que, Estienne décrit 'emploi futur dos chars dassaut jusqu’a la fin du premier conflit mondial. Citons ses otes : « Avant la nuit de (attaque, des cuirassés sans remorques sont disposés & labri des vues 8 trois ou quatre kilometres en arriére de la premiare ligne & raison d'un cuiressé ppar cont métres de front @ attaquer. is s‘branient une heure avant le four, franchissent nos lignes en bataile et ‘abordent la premiére tranchée enne- mie, Notre artillrie peut ouvrir le feu et le continuer en tir fusant (ce tir ne présente aucun danger pour les curas- 'sés) si on le juge utile pour couvrr le bruit des moteurs mais j‘estime qu’ est préférable de ne pas faire inter venir le canon. La moitié des cuiras- és franchit la tranchée ennemic et pousse de I'avant, prenant a partie es ‘mitraleuses qui viendraient se révé ler, Fautre moitié reste & cheval sur is tranchée, la couvrant de feux d'ent- lade (une mitralleuse par cent métres courant) pour permettre 8 notre Jnfanterie de Yaborder en utifsant les ‘cheminements ouverts dans les défen: ses accessoires par les cuirassés. Dés ‘que nous sommes en possession de la premitre tranchée, tous les cuiras ‘és attaquent fa seconde par le méme procédé. La réitération de ce proces ‘sus permettra dentever la ligne des batteries une heure au plus aprés (a rise en branle des cuirassés, c'est dire au point du jour, sans que Fen ‘nem ait pu, dans ebscurité, entraver ‘sérieusement notre progression rapide et jmprévue au casur méme de ses positions. Sil'on dispose d'un nombre ssuffisant de cuirassés, V'emploi des 141h remorques prévues permettrait dame rer plus rapidement Vinfanterie néces- ‘sare & enlovement des batteries, ces cuirassés & remorques marcheraient & ‘quelques centaines de metres derriére les cuirassés sans remorque. Dés que les batteries sont prises, 'armée tenue préte en arriére est portée en avant. » Les idées tactiques d'Estienne sont comparables & celles formulées par ‘Swinton. Cependant, le principe oat ‘aque en masse préchée par I'Anglais, Qui sera la vértable clé du succes des chars, n'est pas encore présent dans ‘esprit d'Estienne, Néanmoins, l'idée fest trop séduisante pour étre laissée pour compte et le général Janin, qui teprésente Joffre lors de lentreve, donne un nouveau rendez-vous le 20 janvier & Estienne. I doit revenit ‘avee une proposition plus coneréte ‘et prendie les premiers contacts avec Vindustrie, A peu pres & cette date, de autre cOté de la Manche, Lord Kitchener assiste & une démonstra tion de « Mother », le prototype des (Mk. 1 qui s‘élanceront & \'assaut de Flers neuf mois plus tard. Ainsi, les Frangais, bien qu’ayant déja eu Vidéo de construire un char d’s 1903, se retrouvent avec un retard dun an sur leurs als. En matiére de réflexions, ‘ergiversations et essais farfelus ont fait perdre & Paris le bénéfice de Ii tiative au profit de Londres. ‘A ce moment, fort du soutien du Grand Quartier Général, Estienne se lance dans la recherche dun industriel capa- ble de produire V'engin projeté. II se ‘tourne d'abord vers Louis Renauit. Ce dormir décline offre car ses capacités de production sont déja surchargées. Par conte, il 'aiguile vers la maison Schneider. Un ingénieur de cette firme, Eugene Brilié, fait découvrc 8 Estionne le tacteur « Baby » Holt. Cotuest rape cn eu ‘quis a rancouver os Solas. Le concept ‘opr thewreactuete sir lee eons tscanmand. CCet engin est une extrapolation du trac tur utiisé dans I'Armée anglaise. La différence fondamentale ente ces deux modéles est que la version « Baby » fest plus petite mais que, surtout, elle tourne comme un char moderne, c'est cite par freinage de I'une de ses deux cheniles, tandis que, pour changer de direction, le tracteur erginel doit quant 2 lui utiliser une roue directice & la ‘maniére d'un gouvernal, Le « Baby » Holt semble parfait pour serve de base au cuirassé terreste frangais. Schne' der offre done sur plateau d'argent le chassis nécessaiv. Estienne fit immédiatement un rapport détailé. & 0 hirarchie dens lequet il précise que, aprés un rapide tour d’horizon, le véhi ‘cule proposé par Brilié est le seul qui puisse déboucher dans les plus brefs délais sur une réalisation concréte. En homme intellectuelioment honnéte, i analyse le coup en main d'ceuvre de son idée : « Un cuirassé est une pidce de grosse mécanique dant fabrication ‘au point de vue main-d‘ceuvre, matie- res premieres, outilage, prix de revent, est analogue 8 cole des obus. 400 Cuirassés équivalent en gros @ 4000 tonnes dobus. En admettant que In dustrie francaise ne puisse augmenter son effort actuel, if faudrat donc, au Dis aller, renoncer, d'ici au mois de septembre, @ 3 ou 400 000 obus pour avoir & cette époque 400 cuirassés. Le sacrifice parait peu important. Une seule question se pose. D’orcre pure ‘ment miliaie, c'est celleck. Au jour de Vattaque, la progression de Yinfan- teriesera--ole mieux assurée par 400 ‘cuirassés que par un appoint de quel- ques millers dobus ? » Ce détail de analyse ¢'Estienne démontre qu'il a bh Rage von compte de on poet ca iT FER compte de son aspect industriel | dans une économie de guere, Dautres | n’auront guére ce gene de sous, comme nous le varrons pus loin. Lamarcte a arindise laprésence de and vent porate Sper les ob woos, Cau ECPAD Le général Pétain approuve le projet. I esstime plus utile pour le succds d'une offensive la construction de chars {ue la fabrication d'un poids équiva: lent d'obus. Joffre est enthousiaste et demande que des tests soient menés. La proposition d'Estienne est remise au Sous-secrétaire d'ftat & la guerre our I'Artilerie. Ce dernier demande ‘au Service Technique Automobile de suivre ce dossier. Estienne, par son Energie et sa rapidité d'exécution, a coupé I'herbe sous le pied de cette institution en proposant une soli- tion clef en main. Directement, une ‘objection majeure fuse ; le trecteur fest jugeé trop court pour pouvoir fran: chir des tranchées. Pourtant, le véhi- cule chenillé de Schneider a déia regu tun train de roulement amélioré par tun allongement de 30 centimatres. ‘Afin de lui donner plus de souplesse, 885 concepteurs I'artculent en deux chariots comportant_respectivement de lavant a Y'arridre trois et quatre ‘galets. Ces petites roues sont reliées fete elles par un jeu de belles et den tretoises qui leur assurent une mobilté ‘cohérente. Le tout est fixé par Finter: Imédiaire de ressorts 8 deux longerons dtacier réunis par des entretoises. Le moteur situé 8 avant est coupé & lune boite de transfert qui distribue la puissance disponible sur les barbotins Studs & l'arriére. Ces demniers entral- ent une chenille 8 34 patins. La poulio de renvoi est placée & I'avant. Elle est ‘montée sur un dispositit de tension de la chenille. Pour améliorer encore les Ccapacités de franchissement, tengin recoit le 5 janvier 1916, un avant-bec et des ailerons arréres, Ces disposi- tions font objet d'un brevet Sehne' der. La partie avant, taillée en pointe, fale un passage en écartant piliers et barbelés qui sont ensuite écrasés par les chenilles. I! fait également office de glissoire lorsque lengin doit tran: cchir des coupures tranches. Les alle rons instaiés &l'artire servent & art ficiallement allonger le chassis pour lui permettre de passer les tranchées plus larges. Un systéme basculant est également testé. Bion qu’étant astu: cious, il est rapidement abanconné du fait de sa fragiite. En dépit de ces amélorations, le Service Technique Automobile préfere ‘miser sur un allongement du train de roulement, Le lieutenant Fouche réalise ln prototype en fusionnant deux tree: tours Holt. Deux éooles satrontent lors dos tests. Le concept de Bilis sfavbre étre le plus agile, A travers li Crest également la volonté d'Estienne ui s'exprime et impose. Le chassis sélectionné posséde cepen- dant des caractéristiques finales légé- rement différentes de celles propo: sées par Estionne quelques mois plus tot. Le futur char mesurera 6 metres de long et 2 de large. Il est égale ment plus haut et son poids s’éléve désormais 13,5 tonnes. Le moteur 4 cylindres Schneider est moins puis: sant que celui prévu & origina, i ne fait que 60cv. Co dernier point dim rue le rapport poids / puissance d'une manidre considérable. Le réservoit, d'une capacité de 160 litres assure au véhicule 6 & 8 heures d’autonomie, I fest situé plus bas que le moteur, ce {qui implique qu'l soit mis sous pres: sion. Cette pressurisation est obtenue ‘au démarrage par une pompe 8 main mais, ensuite, lors de la marche, par lune dérivation de I'échappement. Le procédé est original mais il impose injection de chaleur dans le récipient our en augmenter Ia pression, ce qui pprovoque I'émission de vapeurs des- sence qui se répandent dans I’habita- cle. Nous verrons plus loin impact que Cette conception aura sur le champ de bataile. Le biindage est moins épais ‘que celui préconisé par Estienne, lest de 11,4mm sur les flancs et que de 5,4mm sur le toit. L’armement cconsiste en un canon de 75mm BS (Blockhaus Schneider) de 9,5 calibres approvisionné 2 90 coups. Il tire des fobus de campagne & cartouche spé- ciale autorisant une portée utile de 600 metres, Deux mitralleuses Hot- chkiss 1914 de Smm sont montées sur les flancs. Elles sont protégées par des coupoles hémisphériques. Enfin Véquipage est de 6 hommes. La commande secréte de 400 de ces stracteurs biindés & chenilles » ost signée le 25 février 1916, soit & peine ttois mois aprés limpulsion donnée pat Estienne ; miracle de rapidité qui permet a la France de presque rattra per le temps perdu en projets divers. Pour préserver le secret, cos ongins sont désignés « tractours Estienne » Le ealendrier de livraison prévoit que les 100 premiers engins soient dispo- nibles pour le 25 aoat 1916, le reste étantlivré pour le 25 novembre. C'est Une prévision optimiste et la produc- tion va essuyer de nombreux retards. Le promior char est une maquette en acier doux. C'est un engin d'instruc- tion qui, de par sa protection rédluite, fest impropre au combat. Il arrive au camp d'entrainament de Marly le 8 septembre 1916. Le 25 novembre, il Wy a sur place que 8 engins, tous fen acier doux ; cing d'entre eux sont dé hors d'état de marche... L’Armée francaise, de par les carences de son Industrie, reperdu le temps qu'elle avait rattrapé. Elle assiste donc en spectatrice au. premier engagement des chars anglais, & Flers, lo 18 sep: tembre. Le bénéfice de la surprise est perdu! Les Allemands découvrent ‘médusés l'entrée en lice de cette nou volle arme. lls mettent au point des ‘contre-mesures basées sur la concen- tration des feux de lartllerie sur les mastodontes. Les chars frangais n’arrivent dans les Uunités qu’au compte-goutte. Le 1" décembre, il n'y a encore que huit appareils & la nouvelle base opéra: tionnelle de I'Arme Blindée Cavaierie de Champlieux. Notons au passage que la nouvelle Arme se nomme pour Frheure : Artileri d’Assaut etlou Arti. levie Spéciale. Le 14 janvier, 32 engins sont disponibles. Le 15 mars, ily en 2 160. A la veile du baptéme du feu des chars & Berry-au-Bac, le 16 avil 1917, il en manque encore 130. La commande des 400 pidces ne sera finaloment achevée qu/au mois d'ao0t 1918. Aurela du courage des 6quipages et de leur chef, le commandant Bossut, engagement de Berry-au-Bac est un chec. Mal employés sur le champ de batalle, les chars rencontrent un adversaira tes bien organisé. D’un point de vue technique, sills s‘ave- Tent relativement fiables en regard des standards de I'époque, ils sont paar contre trds facilement inflamma- bles. L'équipage paie par [8 les fai blesses de conceptions initiales, en particulier au niveau de lalimentation fen essence. Des modifications sont donc demandées par les combatants. Tout d'abord, un démarrour intérieur est installé et un blindage supplémen: tire de 5,5mm espacé de 40mm est absolument nécessaire pour résister ‘aux tis d‘atilerie des Allemands. Pour diminuer lo risque d’incendie, les réservoirs sont déplacés & V'arriére du char et dotés d'une double paroi dont Vinterstice est rempli de feutre absor bant, comme dans les avions pour viter des épanchements. Physique- ‘ment, c@ double blindage agit comme lun condenseur qui rassemble les vapeurs d'essence, celles-ci ne sont done plus volatiles dans Ihabitacle. Le Schneider ne s‘impose donc pas ‘comme étant la panacée. Estienne en fest parfaiterent conscient, ce avant meme son premier engagement. prépare son successeur qui ii sera un ‘rand succés : le FT-17 de Renault. LELEPHANT AUX PIEDS DE GAZELLE La commande passée chez Schneider 1a 6té possible que grice 4 obstination dEstienne @ faire aboutir son projet, ce ten dépit des objections du Service Tech: nique Automobile. Le général Mouret fen charge de cet axganisme n'appreécie (qubred'étrecourt-ctcuité par un homme de terrain, Aussi, en dépit des tests ‘comparatifs ob engin a démontré son inféronté par rapport au « Baby » Hol, il vout que le prototype étudié par son service, basé sur celui du tracteur Holt allongé, soit également produit. Mouret charge le colonel Rimaiho, également anilaur et technicien de grande valeur, de torminer la conception de engin. La Compagnie des Forges et Aciéres de la Marine qui ne vout pas se laisser distancer commercalement par Schne'- dor est partie prenante dans le projet. ‘second plan os aro ‘3hunecramtre now ‘Sera developer les ‘ions prs pos appar ‘oto. Cave! ont bs Souci crscanis ot ‘Seeencnea&datnce Eopao > Sie Schnader este broullon du ch sath ipo FT-7 su dois lboraton fre Finds Rensut on ta porate mise au port! ECPAD Laffaire est rondement menée et des le 8 avril une seconde commande de 400 cuirassés terrestres est passée. C’est I'usine Saint-Chamond qui est chargée de la construction en série, elle donnera son nom a I'engin. Ce n’est qu’a la fin du mois d’avril qu’Estienne est mis devant le fait ‘accompli Il est surprs et furieux car il n’a pas été consulté pour donner son avis. L’appareil est totalement différent de celui produit au Creu- sot. Le colonel Maurin du Cabinet du Ministre de la Guerre déclare que le Saint-Chamond nest pas un enfant d'Estienne. Ce demier, pourtant spécialiste reconnu, est en effet mis hors-jeu dans cette affair. Le char se présente sous la forme d'une caisse rectangulaire avec lune proue plus effilée dans laquelle pprend place un canon de 75mm, quatre mitraileuses défendant ses flanes. L’appareil, construit par Saint-Chamond, pache par de graves détauts mécaniques. II tombe tres souvent en panne. Pourtant, tech. nologiquement parlant, il utilise des solutions avant-gardistes. La. plus moderne est la transmission dite « pétroléo-électrique ». L'idée est ‘adopter le systéme Crochat-Collar- deau qui a déja fait ses preuves sur les engins ferroviaires. militairas ot les « autos projectour ». Le principe réside dans le remplacement d'une boite de vitesse mécanique par deux moteurs électriques. Ces derniers sont alimentés par une dynamo mise en rotation par une motorisa- tion thermique classique Panhard & Levasseur de 80cv. Pour piloter engin, il suffit de faire varier le courant aux bones des machines Glectriques. Par exemple, pour faire tourner te char, le pilote inverse les polarités sur l'une d'entre elles. Cotte opération provoque le chan- gement de sens de rotation de la chenille concernée, inversion qui fait pivoter engin. En comparaison du ssystome britannique qui exige quatre hommes & la manceuvre en plus du pilote, le Saint-Chamond n'a besoin que d'un soul mécanicien-plote. Le poste de pilotage est un ensemble dinterrupteurs et variateurs électr ‘ques, les commandes sont doublées pour permettre de piloter I'engin de Favant et de Varriére, Cette inno: vation permet d'affecter 7 des 9 hommes d'équipage au service des Toute sophistication, si elle n'est pas éprouvée, induit sur le champ de bataille un taux de panne élevé, Celaa également un effet dévastateur sur la isponibilté des engins car les piéces de rechange manquent. De plus, la cannibalisation des chars endom- magés au combat pour remettre en tat de marche les engins détaillants ‘est pas une solution aisée. En effet, la production industrielle de I'épo- {que n’est pas focalisée sur la méme standardisation qu’aujourd'hui. Si les véhicules sont fabriqués & I'unité en suivant un plan fixe, les organes mécaniques sont, quant & eux, ajus {és les uns aux autres pour obte- LA NAISSANCE DIFFICILE DES CHARS FRANCAIS nir un produit fini. Ce qui fait que les dimensions d'une meme piéce peuvent légérement varier d'un véhi cule @ autre. Leur interchangeabilté ose donc un prabléme supplémen: taire aux mécaniciens. Parfois, cette solution est tout simplement impossi: bile suite @ un changement de forme radical. Il y @ eu par exemple quatre moddles de cheniles dférents sur le Saint-Chamond, Toutefois, le véritable probleme de Vengin réside dans sa forme. Le canon de 75mm est placé dans une ‘casemate on porte-8-faux par rapport au train de roulement, L’engin a le defaut majeur de « piquer du nee » lorsqu'll traverse les cratéres. L'ar niére est lui aussi trop proéminent, ce {ui lu vaut un enlisenent rapide dane lun terrain dévasté. Pourtant, par un simple examen visuel, un technicien avert tel qu'Estienne aurait découvert cette feiblesse morphologique consé- cutive au montage des cherilles trop fen retrait. Certes bien disposé inté ‘igurement, le char est si pataud qu'il regoit le surnom ironique « d’éléphant aux pieds de gazelle». C’est done Ln engin impropre au combat qui est fourni aux équipages ; coux-ci devront s'en accommoder au prix de fortes pertes. Le baptéme du feu de len- sin, qui a lieu le 5 mai 1917, ilustre Parfaitement la faible valour militaire du Saint-Chamond. Seize engins sont ‘engegés, 12 seulement artivent a la position de départ, 2 tombent encore fen panne. Finalement, & la fin deI'as saut, un seul parvient & se replier Mais le vértable drame de aventure de cet apparel réside dans la perte de temps quill a provoquée dans tout le processus industriel. La production du ‘Schneider, char de meilloure qualité, 2 6t6 retardée car certains des éléments ‘ui lui étaient destinés furent détour és au profit de autre engin. Ce n'est qu'avec I'avénement du FT: 17 issu de la collaboration fructueuse ‘entre industriel Louis Renault et Estienne que la France va enfin se voir dotée de loutil de la victoire. his: toire des chars francais lors du promier confit mondial peut étre qualifide do ‘aabedie. Elle démontre la véracité de la ‘maxime bien connue des gestionnaires affirmant que : « Si vous avez quelque chose d'urgent a faire, faites-le vous: ‘méme, si vous avez I'éternité, confiez- fe une Commission ». Les ressources d‘ingénieries.indus- trilles gaspllées dans la concep: tion des différents moddles d'engins farfelus et inefficaces du début de la Bp PHOTO Toutes photos : MRA Bruxclles Le crocodile de Schneider est le second engin de genie floguide Invent pour Ar ‘mo frangalse. I se présente Sous la for- me dun tube bindé monté sur cheniles. La série de clichés reprise ci monte en- {in fors dune démonstzaton devant un arene doficirs. La batter do tests passe en revue toutes les performances ‘de engi, Une bile de bois permet de vé- fier les capacités du petit vehicule vis-a- vis d'une coupure vertcale tandis qu'une tranchée et une série de petits obstacles completent la mise & 'épreuve de la mo- Dit de invention, Ensuito, lo saurion mécanique est attlé & tun ruban explosf dans une tranche pro- tactics. Bien quétant de pete tale, Hest camoullé pour ére dérobe aux youx de Tennemi, La machine tracte son dange- eux fardeau quielle va amener 2 travers champs, sous un réseau de barbelés. La detonation soutle ensuite les redoutables fils efacer. Le résutat final est dvastaieu : le dspostif défensif est presque enter ‘men dent. Enpratique, clest ice moment {que infarterie devra donner assault Outre le transport explosifs,celuici est ‘aussi capable demporter un redoutable lance-flammes. Force est donc de consta- Jer que Percy Hobart nia pas été le pre- ‘niet 8 ulilser le nom de ce reptile pour "ullisation de cote arme terrible. ‘guerre auraient été largement mieux. ‘emplayées si elles avaient 616 concen- ‘uées et coordonnées comme en Angleterre Cela est d’autant plus effe- rant qu’un organisme est mis sur pied pour centraliser les idées. Les chitfres sont éloquents & ce sujet, la Commis. sion des Inventions 9 examiné pas moins de 44976 propositions pour ren retenir que 1.958, Sur ce total, 1.654 sont ansmises aux services techniques concernés et seulement 781 sont mises au point et réalisées. Pas une seule d'etre olles n’a pormis, de doter la France d'un char d'assaut digne de ce nom. L'appareil Schneider ‘vest jamais que ‘extrapolation d'un systéme existant bien avant-guerte dont les capacités do. franchise ment restent fortement limitées. et ui s'avére trop facilement inflamma ble. Le tout se traduira par 'échec de Berry-au-Bac. Le Saint-Chamond est un autre exem- ple révélateur de la mauvaise gestion Qui rgne dans le processus de concep: tion des chars en France, Bion que Ar imée dispose on la personne d'Estienne d'un visionnaice reeonnu en matiére engine blindés, elle autorise une pol tique de dispersion de ses moyens. En effet, ce polytechnicien hors pair et expérimenté n'est méme pas mis au courant du fait que les services de l'ar riére congoivent de leur cété un char différent. Modéle qui, rappelonsct, fest d'une faible valeur militaire tant i ppéche par ses défauts de conception Une competition pout avoir des effets bénéfiques. Crest le cas quand elle pprovoque |'émulation des ingénieurs fat quielle limite l'ampleur des efforts consentis & la production d'un seul prototype, comme cola a été le cas en Angleterre. Ici, ole a des conséquen- ces tragiques pour I'Armée francaise. Cela est dautant plus stupide qu'un rmoddle principal de char d'essaut est dé sélectionné au moment de la prise de décision d’en produire un second. Une gestion qui se veut rationnelle faurait coordonné les. efforts pour produire une flotte plus conséquente d'un seul type dengin. Lintolligence des ingénieuts, focalsée sur 'amélio ration de ce dernier, lui auraitcertaine ment permis d'avoir une valeur opera tionnelle bien plus grande encore. 2 i pa = i LA NAISSANCE DIFFICILE DES CHARS FRANCAIS | CHAR “BABY HOLT” ‘ever Cnc Exile 8 Bint, 2007 NO a ace eee RENAULT FT-17 Pratap est en 1938 que le Heereswaffenamt décide d'utiliser le 88cm Flak 18 pour le tit Contre des cibles terrestres fixes (bunkers, fortifications de campagne, etc.) et mobiles (dont les chars). Il est donc erroné de considérer que le réle antichar du « 88 », comme es Alliés le surnommeront, est une improvisation de génie née lors de la campagne de France au sein de la Panzer-Division d’Erwin Rommel ; certaines légendes sont tenaces. Toutefois, comme le montret documents d'origine allemande exhumés des archives américaines par I’historien militgiro Thomas Jentz ~ le 8,8cm n‘est pas & considérer comme une piece antichar & Proprement parler, comme par exemple le Pak 40 de 7,5cm. Son poids, sa trés haute silhouette, son manque de manceuvrabilité et son temps de mise en batterie, plus de deux minutes pour des servants bien entrainés, en font un canon relativement mal adapté dans clairement les trois rapports de combats que nous publions ce Ole. C’est done en attendant mieux et pour lutter contre les chars lourds francais, viétiques et britanniques que la Wehrmacht utiisera dans ce role. Toutefois et malgré ses handicapes, bien servi et correctement utilisé, il se révélera un advers ire redoutable Pour les tankistes qui auront le malheur de croiser sa ligrié de visée. Place a I’action | Rapport n°t poston au Sud de Mate, Au cours de 8.8cm CONTRE CHARS FRANCAIS, 8 tverse de Rosoy, vers 11 heures, Ia batterie rencontra te commandant SECTEUR DE MONTCORNET, 17 MAI1940 ge Abteilung qui tui ordonne de pre: dre postion & "Ouest de Rosoy afin Dés 1935, les Allemands savent que de s'y préparer & un assaut de chars les Francais ont entrepris de produire ennemis pres de Montcomet. Les un miller de chars dotés d'un biindage liisons prises avec des unités de la de 40mm. lls chorchent dés lors une Flak légére révelent qu'une attaque de parade en développant & la fois un chars ennemis a déja pu étre repous: char Equipé d'un canon de 3, 76m, le sée gre & des piéces de 3,7em et Panzer Il, ot des pidces entichers de des mines. D'autres opérations offen- mméme calibre. Cependant, il n’existe _sives frencaises sont attendues. Pour aucun —renseignement démontrant cette raison, un canon de 2em et deux que les troupes allemandes aient été de 86cm sont envoyés vers l'avant, informées que le nouveau char fran- au-dola d'un bouchon antichar rapide Gais BI bis dsposeit d'une protection ment érigé@ la somtie Ouest de Rosoy. de 55 & GOmm de blindage, De fait, Le détachement dépasse cing chars Lune telle épaisseur dacier ne pouvait adverses mis hors de combat par le ttre perforbe par un coup unique tieé feu des piéces de 3, 7m : il progresse per un Pak 25/36 de 3,7em, la canon jusqu' cing kilometres environ de du Panzer i ou méme le 7,5cm court Montcomet ‘monté sur le Panzer IV. En revanche, Un officer rapporte alors qu'une recon de par le phénoméne d'échautferent neissance atrionne 3 repeéré des chars {du métl, il tat possible de percer un ennemis se rassemblant et se préparant tel blindage par une succession rapide & une nouvelle attaque. La batterie se {de coups portés & faible distance par_met en position au Sud de la route de le 3,7em en outre, le 10,5em leichte Montcomet, & Marl, 8 500 métres au Foldnaubitze 18 ou le 88cm Flak Sud de la route. Le reste de Tunité est 18/96 trant des munitions pecforan- _poussé en avant ets vois autres pitces tes étaient capables de venir & bout se mettent également en positon. de rimporte quel blindé aiérencontré Apres environ deux heures d'attente dans le cadre de la Westfeldzug. tune reconnaissance & moto effectuse Ainsi, ors dela campagne de France, parle chet de batterie révéle que le te ‘des six pidces de 8,8cm Flak rain est vide d'ennemis jusau’aux sec: de la Panzer Jager Abteiung 8 tours de Ville-aux-Bo's et de Clermont ‘rentaine de pidces sous blin- les-Fermes. Vers 16h30, deux corps jes PanzerJégerAbreiungen do soldats alemands tombés au fou et 605, quelques centaines sont trouvés sur la route de Montcor de 8.8cm Fiok 78/36 sont net & Clermont. Alors qu'ls sont enter 1 sbin d'urités mobiles dela rés, une de nos voitures blindées achées & (Armée. Les rend compte que l'ennemi est en train joyées por ces unites de do progresser. Vers 17h3O, les pre ager les chars francais, iors chars francais sont repérés lon ggeant notre position & environ 3.000 mmétres de distance. Compte tenu de Ia distance, is ne sont pas engages. I Le 17 mai 1940, la batter progresse apparait que ces blindés changent de rection de Marie direction pour marcher vers Montcor net. Pour tentor de les ralentir, mal Ia distance, nos pidces ouvrent finale mente fev. Du fait du terrain vallonn, observation est rendue difficile. Les chars ne restent visibles qu'un instant avant de disparaitre derritre des cot lines. En conséquence, notre tir reste inetticace, Ala demande de nos chefs, le canon de 8,8¢m du Loutnant Pitker est mis fen position & un kilometre Ouest Sud. (Quest de Montcornet. A cet endrot, la perspective d'un tir eficace est plus favorable méme si les cibles ~ deux chars de 32 tonnes immobiles et en train de tier ~ sont engagées 8 une dis tance de 2 500 métres. Cette fois, lo tir est un succes et les blindés francais sont neutralisés. Alors que le canon change de position, d'autres. chars fen train de reculer viennent & portée effective de notre batterie dans des ‘conditions de tr favorables. Engagés & lune portée inférieure & 2 500 metres, ‘nos impacts peuvent facilement étre ‘observés. Aprés avoir pris sous le feu des pices commandées par Roger et Fallenbacher, un char lourd commence {beer et s‘arréte aussitdt. Ses muni tions explosent. La pice de Rauth fait feu sur un autre char de 32 tonnes qui est également mis hors de combat. Parce qu'une nouvelle attaque de char semble possible, le chef de batterie part la recherche d’une nouvelle posi tion sur la route de Montcornet. Pour protéger le mouvement des canons de 8,8cm, la pidce de 2cm de Kessenich fest immédiatement mise en batterie. A ‘ce moment, un side-car portant deux soldats francais surgit dans la direction ide Montcornet. Le 2cm tire quelques ‘bus dans leur direction, les obligeant { abandonner leur machine prés d'un ppaseage @ niveau situé au Sud-Ouest, de Montcomet ; ils filent & travers champ. A peine la promidre pidce de 8,8cm vient tlle o’atre difficilement ‘amenée sur Ia route qu’un groupe de nos Stukas est obsorvé en train de toumoyer au-dessus de nos tates. BientOt, ils plongent d'une altitude drenviron 2.000 motres. Plusieurs fois, nous pensons quills vont s’en prendre & la batterie par erreur mais, finalement, les bombes tombent dans les bois entre Clermont et Ville-aux Bois, Notre changement de position fait qu‘aucun panneau

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