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PUES 3
Avg A
PEMA USMY OM MCE UL OE ODFigurant parmi les plus marquants de la Seconde Guerre mondiale, le terme de Blitzkrieg ou « guerre
éclair » reste encore aujourd'hui associé & la traumatisante défaite francaise de mai 1940. Pour autant,
cette métaphore journalistique issue des premiers succés de la Wehrmacht n’en reste pas moins
particuliérement floue.
Ce hors-série a pour but de replacer le concept de « guerre-écl
industrielle née en 1914-18. Face & I'impasse sanglante des tactiques « traditionnelles » basées sur
les assauts d'infanterie et le blocage général que constitue la guerre de tranchées, les exigences et
les principes d’un Blitzkrieg commencent peu a peu a s'imposer aux belligérants. Comment renouer
avec la manoeuvre ? Comment obtenir une décision rapide dans une guerre qui s°éternise ? Chacun
apporte alors ses réponses. Le « moteur-combattant », le blindage, l'avion, la redéfinition de la place
de linfanterie et de I‘artllerio, ete, joueront alors dee réles fondamentaux. Les fruits de ces réflexions,
mieux assimilés dans une Allemagne avide de revanche, sont a la base du « systéme Wehrmacht » aul
triomphera en 1940.
dans le contexte de guerre
5
1=e.
Edito
Dans le monde de la presse, on a
coutume de dire qu'un magazine
ressemble & son rédacteur en chef, & sa
rmaniére d’étre, de voir les choses. C'est
vrai et ga est encore plus pour des
revues comme Batailes & Bindés qui
sont des concentrés de pure passion. On
Yy met ses trpes, ses envies et toute son
Energie... ot parfois méme sa santé. A
{force de fare, de maintenir des cadences
de avail élovées (car désormais je
‘n’ocoupe aussi de Ligne de Front et de
Trucks & Tanks magazine, sans oubber
les hore séres), de se couper en quatre
pour teirles dea, ly acerainesréaités
ui vous rattrapent. Pour ma part, c'est
Lune pneumonie bien déicate& tater qui
rma cloué au lit pendant trois bonnes
semaines, Trois semaines sans pouvoir
travail... Et voll que ce numéro 19 de
Batalles & Blindés accuse Liiméme trois
semaines de retard. Imparable, car méme
‘avec la meiloure volonté du monde, ine
rma pas été possible de faire en temps
‘et en houre. Bion sir, jesus le premier &
regret o9 retard et je sais & quel point
1 est frustrant voire pénible pour vous
de chercher en vain votre revue dans los
Kiosques, mais il y 8 des moments od
Von est réduit@ impuissance.
Cela dt, tout ceci n’empéche pas
Batalles ‘& Bindés de poursuivee son
chemin tout en étant désarmais épaulé
par Trucks & Tanks magazina. Avec ce
numéro et Vartcle sur les « chasseurs
de chars » alemands sur le front de
Fest, nous renouons avec la publication
de documents extaits des archives.
Eloquent ! Nous nous intéressons aussi
sous un angle doctrinal et grBce & de
précieux rapports de combat, & usage
du célebre canon de 88; que valait:l
réellement dans son réle antichar ? Cos
‘textes sont servis par une iconographie
inédite ou peu connue, Crest la la
marque de fabrique des magazines que
je puble t le sceau de ma passion pour
{ces machines at cos hommes.
Bonne lecture & toutes ot & tous.
‘A teés bent!
Yannis Kadari
Balle & Blindés 0°19
Ai Ma 007
Radaction 04 91 73 76.67
“Faseopie "04 91 79 11 68
info@caskterecort
"Bist pu BNF howto
eareceatere
0 CFo ten Baie
Batailles & Blindés n° 1
| Lanaissance difficile des chars francais
lors du premier conflit mondial, la France se doit de trouver une
solution pour sortir de impasse meurtrifre des tranchées. Aprés bien
des tétonnements, pour y artver, elle prendra le parti d'utiiser des
chars dassaut. Ne sachant pas a quoi doit ressembler engin idéal,
les inventeurs tricolores vont rivaliser de créativité, Paredoxalement,
te foisonnement didées et de concepts retardera considérablement
rémergence de la solution adéquate.
Le canon de 88 allemand fait partio des armements de légende de ls
Seconde Guerre mondiale. Héritor en droite ligne de son prédécesseur de
la Grande Guere, le 8,8cm Flak 18/36 sera utiisé sur tous les fronts, du
ord de la France en 1940 jusqu'en Silésie on 1945, on passant par Ia
Libye en 1941, Plus que son role antiaérien, il marquora les esprits pour
‘aes qualtés antichars ; toutefois, que valai:l réelement dans ce role?
Févtier 1944, promu Levinant, un Allemand nommé d’Engelbrecht est muté au sein du Panzer
Grenadier Ersatz-Batailon 83. Stationnée dans une paisible bourgade danoise, I unité fait alors parti
de la 233. Reserve Panzer Division. Mais les jours heureux touchent bientot & leur fin et le jeun
lofficier se retrouve engagé dans une lutte A mort contre les Sovitiques, en Prusse-Oriental, au so
de la Panzer Brigade 102.
‘« Lengagement de Khali ne fut pas congu comme un engagement
Jimité. le devine seulement du fat de impact des trappes aériennes
‘sur les forces irakiennes tentant de faire mouvement. Khafi fut au
Contraire un effort majeur pour amorcer la guerre tereste, le seul
effort de ce type que firent les lrakiens et dont rampleur de 'échec
est indéniable. »
‘Auteur d'un ouvrage initulé « La Roumanie des années trente », Matthio
Boisdron nous propose un état des lieux quant & la mécanisation de I'Armé
royale roumaine durant l'ente-deux-querres. Equipées de chars tchéques
frangais, les troupes d’Antonescu partont en guerre en Union Sovitigu
avec des matérie's obsolétes et surtout totalement inadaptés & la guerre
mouvement les attendant !
+)
‘Aveo une production mensuelle de plusieurs millers de chars,
les armées de Staline seront en mesure dés la mi-1942 d'aligner
«importantes formations blindées sur le front. Pour opposer aux
T-34 et KV, les fantassins sllemands développeront alors des tactiques de
‘combat rappraché, Le document inédit que nous publions explique comment venir & bout de ce
‘mastodontes avec des mines, des grenades voir une simple hache et beaucoup de courage !
TOFICWE DE LESTURE « T-34, Mythical weapon »
a a eenPar Andrew Hunterington
ors du premier conflit mondial, la France, tout comme les autres belligérants, se doit de trouver
une solution pour sortir de impasse meurtriére des tranchées. Apras bien des tatonnements,
elle prendra finalement le parti d’utiliser des chars d’assaut pour y arriver. Ne sachant pas
quoi doit ressembler I'engin idéal pour aider les fantassins, les inventeurs francais vont rivaliser de
créativité, Paradoxalement, ce foisonnement d’idées retardera I'émergence de la solution adéquate.|
Pour faire simple, un char d‘assaut
nest ni plus ni moins qu'un véhicule
cchenilé transportant une arme légire
‘ou bien un canon en étant entirement
protégé par un blindage. En France,
le premier homme & avoir propasé un
véhicule correspondant & cette defini
tion est le capitaine Lovassour, officer
au 6 Bataillon d’Atilerie & Pied. Ce
dernier est basé 8 Toul lorsqu'll met
Vid6e, en 1903, de mouvoir un canon
8 Taide d'un engin motoriss doté de
chenilles. Si fon sen réfore & la déti-
nition ci-dessus, nous pouvons consi
dérer qu'lls'agit de la premiére descrip
tion d'un char d'assaut. Il faut rendre
justice & ce Francais oublié car il le
rmérite de proposer cette idée avant la
parution d'une oeuvre visionnaire signée
du romancier HG Wells; nouvelle que
bien des historiens militares conside-
rent comme ayant été le premier écrit
8 avoir envisage cette application mil
tire du moteur thermique. En offet,
«« The Land lronclads » qui déerit, avec
beaucoup de prescience, l'utilisation de
véhicules massifs, fortement blindés ot
tout-terrin, dans un confit imaginair
ne para qu’en décembre 1903,
Vidée de Levasseur, revue ot corrigée
pendant deux ans, est si aboutie qu'elle
fetient attention d'un général oui
piéside le Comité Technique de I'Ar
tilerie, Dans sa lettre n°135 datée du
11 féurier 1905, ce demier présente le
projet & son ministre de tulle, Il note
Auil se propose d’étabir une piéce de
campagne automobile susceptible de
pparcourir tous les terrains accessibles
‘ux voitures attelées et qui assurera au
personnel une protection contre les tics
fusants et les bales d'infanterie.
Malheureusement pour 'Armée fren
aise, les résultats de la guerre franco:
prussienne de 1870 focalisent I'atten:
tion des bureaux techniques militares
‘sur améloration des armes d'appui,
‘ce dans le cadre d'une doctrine basée
‘sur le feu et le mouvement. De plus, le
moteur thermique n’en est encore qu’
ses balbutiements et manque cruelle-
ment de fiabilté. Quant aux mitraileu-
ses, hormis sur Ile de Cuba quelques
années plus tot lors de la guerre oppo-
sant |'Espagne aux Etats-Unis, olles
‘ont pas encore fait la preuve de leur
puissance d'arrét qui sera synonyme
@'hécatombes sur les futurs champs
de batalle de la Der des Ders. En bref
‘vue depuis les ministéres parsions,I'n-
vention de Levasseur ne semble guére
util,
Pour ne rien arranger, le concepteur
fest également bien & la peine lorsquil
agit d’expliquer ce qu'est une chenille
€ des décideurs nés bien avant 'avéne-
ment de I'ére industrielle. Sa descrip
tion quoique fastidieuse est pourtant
précise: « La mobilté nécessaire & ce
‘matériel en tout-terrain est obtenve,
dans fe projet dont il s’agit, par 'emiploi
d'un dspositf équivalant des roves
de trés grand diamétre. Co dispost:
tif appelé « rove articulée » consiste
fen une sorte de jante composée de
Vvoussairs réunis entre eux par des
boulons autour desquels iis peuvent
tourner et munis d'une liaison élestique
tendant & appliquer 'une contre autre
les faces voisines de deux voussoirs.
401h
cane pete cu pretype
peat do ben appshonda
Feta de relement
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‘steals en dau pares
(Coe partcuaro dcrne un
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Sispersion
EceAD
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‘io. Le se aceur su
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ECPAD
Comparatvrent os
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Les iventors le las
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Ie un groupe debservaton
iron icant dea cat
‘elas pula mavetance
Dheloprecique ges anes
ECPAD
LA NAISSANCE DIFFICILE DES CHARS FRANCAIS
Un autre fortin mobile est proposé par
le député de Paris, Monsieur Aubrot
‘Avec 'aide de son collaborateur,
Monsieur Gabet, ce dernier s'intéresse
la propulsion électrique, Il propose de
monter sur un tracteur agricole tieyele
Lun appareilage réalisé par la société
Barbier, Bernard et Turenne. Mieux
‘connue sous le nom SBT, cette firme
fabrique déja des projecteurs pour le
compte de Armée, Lide est d'utl
ser un moteur électrique pour mouvoir
Vengin. Ce demier est aimenté en
‘courant par lintermédiaire d'un fil qui
‘se déroulorait au fur et & mesure de la
‘marche de I'engin. Un apparel biplace
est construt. II est protégé par une
cuirasse et surmonté d'une tourelle &
révolution totale armée d'un eanon de
marine de 37mm. Les inventeurs ne se
pposant pas la question du sort réservé
‘ux équipages qui se seraient etrouvés
Ccoincés dans leno man’s land suite & la
Ccoupure de leur nourrice électrique, la
proposition est classée sans suite.
De son c0té, la Section Technique du
Génie sous 'égide du commandant
Boissin étudie et réalise une modifica
tion du tracteur agricole Fitz quelle
quipe d'un blindage de 9 a 12 mil
metres et d'une mitralleuse, Comme
souvent dans ce genre de disposit,
engin progresse en marche artidre
Dix exemplaires sont constrits ot
se voient munis du systéme Breton:
Prétot. Le moteur de 45ev actionne
deux grandes roues métallques eran
tées, ce qui, malheureusement, ne
suffit pas & donner une mobilté suff
sante & engin, Ce souei devient criant
lorsque ces appareils sont essayés en
premidre ligne en aodt 1915 au sein
des IV" ot X* Armées. Le projet est
également abandonné.
Ces impasses. technologiques. font
Perdre beaucoup de temps a la France
dans la course aux armements, Alors
que les Anglais arrivent & la phase
terminale de lélaboration du premier
prototype de « Tank », I'Armée tran:
fase n'a toujours aucun engin digne
de ce nom pour appuyer ses fantas-
sins lors d'attaques, ce en dépit de
énergie et de l'argent dépensés,
UIMPULSION DU GENERAL ESTIENNE
Pour que la chenille s‘impose dans
les esprit, il faut limpulsion ¢’un
soldat reconnu pour avoir déja éxé
Pionnier dens certains aspects de
Fart militaire, Cet homme se nomme
Jean-Baptiste Estienne. Avant-guore,
deux de ses projets ont retenu I'atten
tion : un systéme de visée performant
pour le canon de 75mm et la mise sur
pied de la reconnaissance aérienne
pour les besoins de lAvtillerie. Cet
ingénieur polytechnicien est aussi un
homme de guerre qui a fortement été
impressionné par les portes humai:
nes essuyées pendant les premisres
heures du conflt. Comme Swinton en
Angletere, il est persuadé que a solu
tion pour permettre & I'infanterie de
vaiincre est de I'accompagner de véhi-
cules armés et cuirassés. Le premier
décembre 1915, il s‘adresse directe
ment Joffre pour lui demander une
‘audience. Les termes employés dans
salettrene laissent planer aucun doute
sur la raison de sa demande : « J'ai
eu Mhonneur depuis un an dappeler
4 deux reprises votre haute atten:
tion sur emploi de euirassements
‘mobiles pour assurer directement la
progression de Vnfanterie. Au cours
de ces demiéres attaques, le valeur
‘incomparable de ce procédé s'est
‘imposée it mon esprit avec une force
roissante et, aprés une nowvelle et
‘sévére analyse des conditions tech:
niques et tactiques du probléme, je
regarde comme possible la réalisation
de véhicules & traction mécanique
permettant de transporter & travers
tous les obstacles, et sous le feu,
@ une vitesse supérieure 8 6 krwh,
de Vinfenterie avec armes. Jestime
quill feut six mois et dix milions
de francs pour réaliser le matériel
hnécessaire au transport d'une ving-
taine de mille hammes, force suffi
ssante pour enlever, par surprise, les
lignes successives sur quarante kilo
‘metres de front et permetire liup-
tion de masses disposées en arrire.
Une telle entreprise exige un secret
absolu et la prompte réalisation d'un
premier véhicule, conditions jncom-
atibles avec les discussions d'une
commission d'examen. Pour réussir,
J'8i besoin d'une seule chose, mon
général, votre confiance, et vous
‘me Vaccorderez j‘espere, si vous me
permettez de vous faire partager ma
{oi rétiéchie de technicion et ma foi
ardente de soldat, en contact immé-
diat, depuis le début de la guerre,
avec les réaités du combat. »Lthomme peut etre crédité d'un certain
culot car il entame cette démarche
‘aupres de Jottre avec mépris de toutes
les rdgles administratives et hiérarchi-
ques. Et de fait, en effet, Estienne
souhaite court-circuiter les « ronds de
cuir » des diverses commissions et
lorganismes qui usqu’a présent ont été
pour le moins improductifs. Les choses
re trainent pas. Le 12 décembre 1915,
Estienne est regu au quartier général
de Joffre pour exposer ses idées. Ile
fait sous la forme de deux exposés l'un
orienté vers aspect technique, l'autre
fest orienté tactique d'emploi
‘un point de vue technique, le projat
propose la construction d'un cuirassé
terrestre ayant des. caractéristiques
bien précises. Le poids qui_ tient
compte dun blindage d'une épaisseur
variant de 15 & 20mm s'élve aux
alentours de 12 tonnes. La longueur
do engin est de 4 métes. Cette
valeur n'est pas choisiearbitrairement,
lle doit étre mise en relation avec
la performance exigée en termes de
capacités de franchissement d'une
‘coupure tranche. Celle-ci s'éleve & 2
motres soit la moitié de Ia longueur de
Vengin projets. En effet, en théorie, si
le centre de gravité est bien placé au
centre de I'engin, il ne peut « piquer du
rez » en franchissant des tranchées de
2 metres. La largeur de 2,60 metres
Correspondant & son empattement lui
évite de basculer lorsqu'll progresse
‘ransversalement sur_un talus. La
hauteur est faible, elle ne s'élave qu’
un 1,60 métre, ce qui se révélera
insuffisant mais témoigne déja d'une
certaine volonté de « discrétion » en
campagne. La puissance du. moteur
est de 80cv pour lui permettred'avan-
cer 3 dos vitesses de pointe de ordre
de 9 kmih. L’équipage est de quatre
hommes. L'atmement comporte 2
+ mitraleuses pouvant tirer dans tous
les azimuts et un canon de 37mm
JBestine a V'attaque des miraileuses &
bouclier. Estienne demande en outre
que Fengin puisse remorquer sur des
pentes de 20% une voiture blindée de
7 tonnes transportant 20 hommes. Fait
‘troublant, démontrant le méme chemi:
rnement de pensée, cette exigence est
semblable aux promiéres idées ang
ses de cuirassés terestres.
Pour ce qui est de l'aspect tact
que, Estienne décrit 'emploi futur
dos chars dassaut jusqu’a la fin du
premier conflit mondial. Citons ses
otes : « Avant la nuit de (attaque,
des cuirassés sans remorques sont
disposés & labri des vues 8 trois ou
quatre kilometres en arriére de la
premiare ligne & raison d'un cuiressé
ppar cont métres de front @ attaquer.
is s‘branient une heure avant le four,
franchissent nos lignes en bataile et
‘abordent la premiére tranchée enne-
mie, Notre artillrie peut ouvrir le feu
et le continuer en tir fusant (ce tir ne
présente aucun danger pour les curas-
'sés) si on le juge utile pour couvrr le
bruit des moteurs mais j‘estime qu’
est préférable de ne pas faire inter
venir le canon. La moitié des cuiras-
és franchit la tranchée ennemic et
pousse de I'avant, prenant a partie es
‘mitraleuses qui viendraient se révé
ler, Fautre moitié reste & cheval sur is
tranchée, la couvrant de feux d'ent-
lade (une mitralleuse par cent métres
courant) pour permettre 8 notre
Jnfanterie de Yaborder en utifsant les
‘cheminements ouverts dans les défen:
ses accessoires par les cuirassés. Dés
‘que nous sommes en possession de
la premitre tranchée, tous les cuiras
‘és attaquent fa seconde par le méme
procédé. La réitération de ce proces
‘sus permettra dentever la ligne des
batteries une heure au plus aprés (a
rise en branle des cuirassés, c'est
dire au point du jour, sans que Fen
‘nem ait pu, dans ebscurité, entraver
‘sérieusement notre progression rapide
et jmprévue au casur méme de ses
positions. Sil'on dispose d'un nombre
ssuffisant de cuirassés, V'emploi des
141h
remorques prévues permettrait dame
rer plus rapidement Vinfanterie néces-
‘sare & enlovement des batteries, ces
cuirassés & remorques marcheraient &
‘quelques centaines de metres derriére
les cuirassés sans remorque. Dés que
les batteries sont prises, 'armée tenue
préte en arriére est portée en avant. »
Les idées tactiques d'Estienne sont
comparables & celles formulées par
‘Swinton. Cependant, le principe oat
‘aque en masse préchée par I'Anglais,
Qui sera la vértable clé du succes des
chars, n'est pas encore présent dans
‘esprit d'Estienne, Néanmoins, l'idée
fest trop séduisante pour étre laissée
pour compte et le général Janin, qui
teprésente Joffre lors de lentreve,
donne un nouveau rendez-vous le
20 janvier & Estienne. I doit revenit
‘avee une proposition plus coneréte
‘et prendie les premiers contacts avec
Vindustrie, A peu pres & cette date,
de autre cOté de la Manche, Lord
Kitchener assiste & une démonstra
tion de « Mother », le prototype des
(Mk. 1 qui s‘élanceront & \'assaut de
Flers neuf mois plus tard. Ainsi, les
Frangais, bien qu’ayant déja eu Vidéo
de construire un char d’s 1903, se
retrouvent avec un retard dun an sur
leurs als. En matiére de réflexions,
‘ergiversations et essais farfelus ont
fait perdre & Paris le bénéfice de Ii
tiative au profit de Londres.
‘A ce moment, fort du soutien du Grand
Quartier Général, Estienne se lance
dans la recherche dun industriel capa-
ble de produire V'engin projeté. II se
‘tourne d'abord vers Louis Renauit. Ce
dormir décline offre car ses capacités
de production sont déja surchargées.
Par conte, il 'aiguile vers la maison
Schneider. Un ingénieur de cette
firme, Eugene Brilié, fait découvrc
8 Estionne le tacteur « Baby » Holt.
Cotuest rape cn eu
‘quis a rancouver os
Solas. Le concept
‘opr thewreactuete sir
lee eons tscanmand.CCet engin est une extrapolation du trac
tur utiisé dans I'Armée anglaise. La
différence fondamentale ente ces deux
modéles est que la version « Baby »
fest plus petite mais que, surtout, elle
tourne comme un char moderne, c'est
cite par freinage de I'une de ses deux
cheniles, tandis que, pour changer de
direction, le tracteur erginel doit quant
2 lui utiliser une roue directice & la
‘maniére d'un gouvernal, Le « Baby »
Holt semble parfait pour serve de base
au cuirassé terreste frangais. Schne'
der offre done sur plateau d'argent
le chassis nécessaiv. Estienne fit
immédiatement un rapport détailé. &
0 hirarchie dens lequet il précise que,
aprés un rapide tour d’horizon, le véhi
‘cule proposé par Brilié est le seul qui
puisse déboucher dans les plus brefs
délais sur une réalisation concréte. En
homme intellectuelioment honnéte, i
analyse le coup en main d'ceuvre de
son idée : « Un cuirassé est une pidce
de grosse mécanique dant fabrication
‘au point de vue main-d‘ceuvre, matie-
res premieres, outilage, prix de revent,
est analogue 8 cole des obus. 400
Cuirassés équivalent en gros @ 4000
tonnes dobus. En admettant que In
dustrie francaise ne puisse augmenter
son effort actuel, if faudrat donc, au
Dis aller, renoncer, d'ici au mois de
septembre, @ 3 ou 400 000 obus pour
avoir & cette époque 400 cuirassés.
Le sacrifice parait peu important. Une
seule question se pose. D’orcre pure
‘ment miliaie, c'est celleck. Au jour
de Vattaque, la progression de Yinfan-
teriesera--ole mieux assurée par 400
‘cuirassés que par un appoint de quel-
ques millers dobus ? » Ce détail de
analyse ¢'Estienne démontre qu'il a
bh Rage von compte de on poet ca
iT FER compte de son aspect industriel
| dans une économie de guere, Dautres
| n’auront guére ce gene de sous,
comme nous le varrons pus loin.
Lamarcte a arindise
laprésence de and vent
porate Sper
les ob woos, Cau
ECPAD
Le général Pétain approuve le projet. I
esstime plus utile pour le succds d'une
offensive la construction de chars
{ue la fabrication d'un poids équiva:
lent d'obus. Joffre est enthousiaste et
demande que des tests soient menés.
La proposition d'Estienne est remise
au Sous-secrétaire d'ftat & la guerre
our I'Artilerie. Ce dernier demande
‘au Service Technique Automobile de
suivre ce dossier. Estienne, par son
Energie et sa rapidité d'exécution, a
coupé I'herbe sous le pied de cette
institution en proposant une soli-
tion clef en main. Directement, une
‘objection majeure fuse ; le trecteur
fest jugeé trop court pour pouvoir fran:
chir des tranchées. Pourtant, le véhi-
cule chenillé de Schneider a déia regu
tun train de roulement amélioré par
tun allongement de 30 centimatres.
‘Afin de lui donner plus de souplesse,
885 concepteurs I'artculent en deux
chariots comportant_respectivement
de lavant a Y'arridre trois et quatre
‘galets. Ces petites roues sont reliées
fete elles par un jeu de belles et den
tretoises qui leur assurent une mobilté
‘cohérente. Le tout est fixé par Finter:
Imédiaire de ressorts 8 deux longerons
dtacier réunis par des entretoises. Le
moteur situé 8 avant est coupé &
lune boite de transfert qui distribue la
puissance disponible sur les barbotins
Studs & l'arriére. Ces demniers entral-
ent une chenille 8 34 patins. La poulio
de renvoi est placée & I'avant. Elle est
‘montée sur un dispositit de tension de
la chenille. Pour améliorer encore les
Ccapacités de franchissement, tengin
recoit le 5 janvier 1916, un avant-bec
et des ailerons arréres, Ces disposi-
tions font objet d'un brevet Sehne'
der. La partie avant, taillée en pointe,
fale un passage en écartant piliers et
barbelés qui sont ensuite écrasés par
les chenilles. I! fait également office
de glissoire lorsque lengin doit tran:
cchir des coupures tranches. Les alle
rons instaiés &l'artire servent & art
ficiallement allonger le chassis pour
lui permettre de passer les tranchées
plus larges. Un systéme basculant est
également testé. Bion qu’étant astu:
cious, il est rapidement abanconné du
fait de sa fragiite.
En dépit de ces amélorations, le
Service Technique Automobile préfere
‘miser sur un allongement du train de
roulement, Le lieutenant Fouche réalise
ln prototype en fusionnant deux tree:
tours Holt. Deux éooles satrontent
lors dos tests. Le concept de Bilis
sfavbre étre le plus agile, A travers li
Crest également la volonté d'Estienne
ui s'exprime et impose.
Le chassis sélectionné posséde cepen-
dant des caractéristiques finales légé-
rement différentes de celles propo:
sées par Estionne quelques mois plus
tot. Le futur char mesurera 6 metres
de long et 2 de large. Il est égale
ment plus haut et son poids s’éléve
désormais 13,5 tonnes. Le moteur
4 cylindres Schneider est moins puis:
sant que celui prévu & origina, i ne
fait que 60cv. Co dernier point dim
rue le rapport poids / puissance d'une
manidre considérable. Le réservoit,
d'une capacité de 160 litres assure au
véhicule 6 & 8 heures d’autonomie, I
fest situé plus bas que le moteur, ce
{qui implique qu'l soit mis sous pres:
sion. Cette pressurisation est obtenue
‘au démarrage par une pompe 8 main
mais, ensuite, lors de la marche, par
lune dérivation de I'échappement. Le
procédé est original mais il impose
injection de chaleur dans le récipient
our en augmenter Ia pression, ce qui
pprovoque I'émission de vapeurs des-
sence qui se répandent dans I’habita-
cle. Nous verrons plus loin impact que
Cette conception aura sur le champ de
bataile. Le biindage est moins épais
‘que celui préconisé par Estienne,lest de 11,4mm sur les flancs et que
de 5,4mm sur le toit. L’armement
cconsiste en un canon de 75mm BS
(Blockhaus Schneider) de 9,5 calibres
approvisionné 2 90 coups. Il tire des
fobus de campagne & cartouche spé-
ciale autorisant une portée utile de
600 metres, Deux mitralleuses Hot-
chkiss 1914 de Smm sont montées
sur les flancs. Elles sont protégées par
des coupoles hémisphériques. Enfin
Véquipage est de 6 hommes.
La commande secréte de 400 de ces
stracteurs biindés & chenilles » ost
signée le 25 février 1916, soit & peine
ttois mois aprés limpulsion donnée
pat Estienne ; miracle de rapidité qui
permet a la France de presque rattra
per le temps perdu en projets divers.
Pour préserver le secret, cos ongins
sont désignés « tractours Estienne »
Le ealendrier de livraison prévoit que
les 100 premiers engins soient dispo-
nibles pour le 25 aoat 1916, le reste
étantlivré pour le 25 novembre. C'est
Une prévision optimiste et la produc-
tion va essuyer de nombreux retards.
Le promior char est une maquette en
acier doux. C'est un engin d'instruc-
tion qui, de par sa protection rédluite,
fest impropre au combat. Il arrive au
camp d'entrainament de Marly le 8
septembre 1916. Le 25 novembre,
il Wy a sur place que 8 engins, tous
fen acier doux ; cing d'entre eux sont
dé hors d'état de marche... L’Armée
francaise, de par les carences de son
Industrie, reperdu le temps qu'elle
avait rattrapé. Elle assiste donc en
spectatrice au. premier engagement
des chars anglais, & Flers, lo 18 sep:
tembre. Le bénéfice de la surprise est
perdu! Les Allemands découvrent
‘médusés l'entrée en lice de cette nou
volle arme. lls mettent au point des
‘contre-mesures basées sur la concen-
tration des feux de lartllerie sur les
mastodontes.
Les chars frangais n’arrivent dans les
Uunités qu’au compte-goutte. Le 1"
décembre, il n'y a encore que huit
appareils & la nouvelle base opéra:
tionnelle de I'Arme Blindée Cavaierie
de Champlieux. Notons au passage
que la nouvelle Arme se nomme pour
Frheure : Artileri d’Assaut etlou Arti.
levie Spéciale. Le 14 janvier, 32 engins
sont disponibles. Le 15 mars, ily en
2 160. A la veile du baptéme du feu
des chars & Berry-au-Bac, le 16 avil
1917, il en manque encore 130. La
commande des 400 pidces ne sera
finaloment achevée qu/au mois d'ao0t
1918.
Aurela du courage des 6quipages et
de leur chef, le commandant Bossut,
engagement de Berry-au-Bac est un
chec. Mal employés sur le champ
de batalle, les chars rencontrent un
adversaira tes bien organisé. D’un
point de vue technique, sills s‘ave-
Tent relativement fiables en regard
des standards de I'époque, ils sont
paar contre trds facilement inflamma-
bles. L'équipage paie par [8 les fai
blesses de conceptions initiales, en
particulier au niveau de lalimentation
fen essence. Des modifications sont
donc demandées par les combatants.
Tout d'abord, un démarrour intérieur
est installé et un blindage supplémen:
tire de 5,5mm espacé de 40mm est
absolument nécessaire pour résister
‘aux tis d‘atilerie des Allemands.
Pour diminuer lo risque d’incendie, les
réservoirs sont déplacés & V'arriére du
char et dotés d'une double paroi dont
Vinterstice est rempli de feutre absor
bant, comme dans les avions pour
viter des épanchements. Physique-
‘ment, c@ double blindage agit comme
lun condenseur qui rassemble les
vapeurs d'essence, celles-ci ne sont
done plus volatiles dans Ihabitacle.
Le Schneider ne s‘impose donc pas
‘comme étant la panacée. Estienne en
fest parfaiterent conscient, ce avant
meme son premier engagement.
prépare son successeur qui ii sera un
‘rand succés : le FT-17 de Renault.
LELEPHANT AUX PIEDS DE GAZELLE
La commande passée chez Schneider
1a 6té possible que grice 4 obstination
dEstienne @ faire aboutir son projet, ce
ten dépit des objections du Service Tech:
nique Automobile. Le général Mouret
fen charge de cet axganisme n'appreécie
(qubred'étrecourt-ctcuité par un homme
de terrain, Aussi, en dépit des tests
‘comparatifs ob engin a démontré son
inféronté par rapport au « Baby » Hol,
il vout que le prototype étudié par son
service, basé sur celui du tracteur Holt
allongé, soit également produit. Mouret
charge le colonel Rimaiho, également
anilaur et technicien de grande valeur,
de torminer la conception de engin.
La Compagnie des Forges et Aciéres
de la Marine qui ne vout pas se laisser
distancer commercalement par Schne'-
dor est partie prenante dans le projet.
‘second plan os aro
‘3hunecramtre now
‘Sera developer les
‘ions prs pos appar
‘oto. Cave! ont bs
Souci crscanis ot
‘Seeencnea&datnce
Eopao> Sie Schnader este
broullon du ch sath
ipo FT-7 su dois
lboraton fre
Finds Rensut on ta
porate mise au port!
ECPAD
Laffaire est rondement menée et des
le 8 avril une seconde commande de
400 cuirassés terrestres est passée.
C’est I'usine Saint-Chamond qui est
chargée de la construction en série,
elle donnera son nom a I'engin.
Ce n’est qu’a la fin du mois d’avril
qu’Estienne est mis devant le fait
‘accompli Il est surprs et furieux car
il n’a pas été consulté pour donner
son avis. L’appareil est totalement
différent de celui produit au Creu-
sot. Le colonel Maurin du Cabinet du
Ministre de la Guerre déclare que le
Saint-Chamond nest pas un enfant
d'Estienne. Ce demier, pourtant
spécialiste reconnu, est en effet mis
hors-jeu dans cette affair.
Le char se présente sous la forme
d'une caisse rectangulaire avec
lune proue plus effilée dans laquelle
pprend place un canon de 75mm,
quatre mitraileuses défendant ses
flanes. L’appareil, construit par
Saint-Chamond, pache par de graves
détauts mécaniques. II tombe tres
souvent en panne. Pourtant, tech.
nologiquement parlant, il utilise des
solutions avant-gardistes. La. plus
moderne est la transmission dite
« pétroléo-électrique ». L'idée est
‘adopter le systéme Crochat-Collar-
deau qui a déja fait ses preuves sur
les engins ferroviaires. militairas ot
les « autos projectour ». Le principe
réside dans le remplacement d'une
boite de vitesse mécanique par deux
moteurs électriques. Ces derniers
sont alimentés par une dynamo
mise en rotation par une motorisa-
tion thermique classique Panhard
& Levasseur de 80cv. Pour piloter
engin, il suffit de faire varier le
courant aux bones des machines
Glectriques. Par exemple, pour faire
tourner te char, le pilote inverse
les polarités sur l'une d'entre elles.
Cotte opération provoque le chan-
gement de sens de rotation de la
chenille concernée, inversion qui fait
pivoter engin. En comparaison du
ssystome britannique qui exige quatre
hommes & la manceuvre en plus du
pilote, le Saint-Chamond n'a besoin
que d'un soul mécanicien-plote. Le
poste de pilotage est un ensemble
dinterrupteurs et variateurs électr
‘ques, les commandes sont doublées
pour permettre de piloter I'engin de
Favant et de Varriére, Cette inno:
vation permet d'affecter 7 des 9
hommes d'équipage au service des
Toute sophistication, si elle n'est
pas éprouvée, induit sur le champ de
bataille un taux de panne élevé, Celaa
également un effet dévastateur sur la
isponibilté des engins car les piéces
de rechange manquent. De plus, la
cannibalisation des chars endom-
magés au combat pour remettre en
tat de marche les engins détaillants
‘est pas une solution aisée. En effet,
la production industrielle de I'épo-
{que n’est pas focalisée sur la méme
standardisation qu’aujourd'hui. Si
les véhicules sont fabriqués & I'unité
en suivant un plan fixe, les organes
mécaniques sont, quant & eux, ajus
{és les uns aux autres pour obte-
LA NAISSANCE DIFFICILE DES CHARS FRANCAIS
nir un produit fini. Ce qui fait que
les dimensions d'une meme piéce
peuvent légérement varier d'un véhi
cule @ autre. Leur interchangeabilté
ose donc un prabléme supplémen:
taire aux mécaniciens. Parfois, cette
solution est tout simplement impossi:
bile suite @ un changement de forme
radical. Il y @ eu par exemple quatre
moddles de cheniles dférents sur le
Saint-Chamond,
Toutefois, le véritable probleme de
Vengin réside dans sa forme. Le
canon de 75mm est placé dans une
‘casemate on porte-8-faux par rapport
au train de roulement, L’engin a le
defaut majeur de « piquer du nee »
lorsqu'll traverse les cratéres. L'ar
niére est lui aussi trop proéminent, ce
{ui lu vaut un enlisenent rapide dane
lun terrain dévasté. Pourtant, par un
simple examen visuel, un technicien
avert tel qu'Estienne aurait découvert
cette feiblesse morphologique consé-
cutive au montage des cherilles trop
fen retrait. Certes bien disposé inté
‘igurement, le char est si pataud qu'il
regoit le surnom ironique « d’éléphant
aux pieds de gazelle». C’est done
Ln engin impropre au combat qui est
fourni aux équipages ; coux-ci devront
s'en accommoder au prix de fortes
pertes. Le baptéme du feu de len-
sin, qui a lieu le 5 mai 1917, ilustre
Parfaitement la faible valour militaire
du Saint-Chamond. Seize engins sont
‘engegés, 12 seulement artivent a la
position de départ, 2 tombent encore
fen panne. Finalement, & la fin deI'as
saut, un seul parvient & se replierMais le vértable drame de aventure
de cet apparel réside dans la perte de
temps quill a provoquée dans tout le
processus industriel. La production du
‘Schneider, char de meilloure qualité, 2
6t6 retardée car certains des éléments
‘ui lui étaient destinés furent détour
és au profit de autre engin.
Ce n'est qu'avec I'avénement du FT:
17 issu de la collaboration fructueuse
‘entre industriel Louis Renault et
Estienne que la France va enfin se voir
dotée de loutil de la victoire. his:
toire des chars francais lors du promier
confit mondial peut étre qualifide do
‘aabedie. Elle démontre la véracité de la
‘maxime bien connue des gestionnaires
affirmant que : « Si vous avez quelque
chose d'urgent a faire, faites-le vous:
‘méme, si vous avez I'éternité, confiez-
fe une Commission ».
Les ressources d‘ingénieries.indus-
trilles gaspllées dans la concep:
tion des différents moddles d'engins
farfelus et inefficaces du début de la
Bp PHOTO
Toutes photos : MRA Bruxclles
Le crocodile de Schneider est le second
engin de genie floguide Invent pour Ar
‘mo frangalse. I se présente Sous la for-
me dun tube bindé monté sur cheniles.
La série de clichés reprise ci monte en-
{in fors dune démonstzaton devant un
arene doficirs. La batter do tests
passe en revue toutes les performances
‘de engi, Une bile de bois permet de vé-
fier les capacités du petit vehicule vis-a-
vis d'une coupure vertcale tandis qu'une
tranchée et une série de petits obstacles
completent la mise & 'épreuve de la mo-
Dit de invention,
Ensuito, lo saurion mécanique est attlé &
tun ruban explosf dans une tranche pro-
tactics. Bien quétant de pete tale, Hest
camoullé pour ére dérobe aux youx de
Tennemi, La machine tracte son dange-
eux fardeau quielle va amener 2 travers
champs, sous un réseau de barbelés. La
detonation soutle ensuite les redoutables
fils efacer. Le résutat final est dvastaieu :
le dspostif défensif est presque enter
‘men dent. Enpratique, clest ice moment
{que infarterie devra donner assault
Outre le transport explosifs,celuici est
‘aussi capable demporter un redoutable
lance-flammes. Force est donc de consta-
Jer que Percy Hobart nia pas été le pre-
‘niet 8 ulilser le nom de ce reptile pour
"ullisation de cote arme terrible.
‘guerre auraient été largement mieux.
‘emplayées si elles avaient 616 concen-
‘uées et coordonnées comme en
Angleterre Cela est d’autant plus effe-
rant qu’un organisme est mis sur pied
pour centraliser les idées. Les chitfres
sont éloquents & ce sujet, la Commis.
sion des Inventions 9 examiné pas
moins de 44976 propositions pour
ren retenir que 1.958, Sur ce total,
1.654 sont ansmises aux services
techniques concernés et seulement
781 sont mises au point et réalisées.
Pas une seule d'etre olles n’a pormis,
de doter la France d'un char d'assaut
digne de ce nom. L'appareil Schneider
‘vest jamais que ‘extrapolation d'un
systéme existant bien avant-guerte
dont les capacités do. franchise
ment restent fortement limitées. et
ui s'avére trop facilement inflamma
ble. Le tout se traduira par 'échec de
Berry-au-Bac.
Le Saint-Chamond est un autre exem-
ple révélateur de la mauvaise gestion
Qui rgne dans le processus de concep:
tion des chars en France, Bion que Ar
imée dispose on la personne d'Estienne
d'un visionnaice reeonnu en matiére
engine blindés, elle autorise une pol
tique de dispersion de ses moyens. En
effet, ce polytechnicien hors pair et
expérimenté n'est méme pas mis au
courant du fait que les services de l'ar
riére congoivent de leur cété un char
différent. Modéle qui, rappelonsct,
fest d'une faible valeur militaire tant i
ppéche par ses défauts de conception
Une competition pout avoir des effets
bénéfiques. Crest le cas quand elle
pprovoque |'émulation des ingénieurs
fat quielle limite l'ampleur des efforts
consentis & la production d'un seul
prototype, comme cola a été le cas en
Angleterre. Ici, ole a des conséquen-
ces tragiques pour I'Armée francaise.
Cela est dautant plus stupide qu'un
rmoddle principal de char d'essaut est
dé sélectionné au moment de la prise
de décision d’en produire un second.
Une gestion qui se veut rationnelle
faurait coordonné les. efforts pour
produire une flotte plus conséquente
d'un seul type dengin. Lintolligence
des ingénieuts, focalsée sur 'amélio
ration de ce dernier, lui auraitcertaine
ment permis d'avoir une valeur opera
tionnelle bien plus grande encore.2i
pa
=i
LA NAISSANCE DIFFICILE DES CHARS FRANCAIS |CHAR “BABY HOLT”
‘ever Cnc Exile 8 Bint, 2007NO a ace eee
RENAULT FT-17
Pratapest en 1938 que le Heereswaffenamt décide d'utiliser le 88cm Flak 18 pour le tit
Contre des cibles terrestres fixes (bunkers, fortifications de campagne, etc.) et mobiles
(dont les chars). Il est donc erroné de considérer que le réle antichar du « 88 », comme
es Alliés le surnommeront, est une improvisation de génie née lors de la campagne de
France au sein de la Panzer-Division d’Erwin Rommel ; certaines légendes sont tenaces.
Toutefois, comme le montret
documents d'origine allemande exhumés des archives américaines par I’historien
militgiro Thomas Jentz ~ le 8,8cm n‘est pas & considérer comme une piece antichar &
Proprement parler, comme par exemple le Pak 40 de 7,5cm. Son poids, sa trés haute
silhouette, son manque de manceuvrabilité et son temps de mise en batterie, plus de deux
minutes pour des servants bien entrainés, en font un canon relativement mal adapté dans
clairement les trois rapports de combats que nous publions
ce Ole. C’est done en attendant mieux et pour lutter contre les chars lourds francais,
viétiques et britanniques que la Wehrmacht utiisera dans ce role. Toutefois et malgré
ses handicapes, bien servi et correctement utilisé, il se révélera un advers
ire redoutable
Pour les tankistes qui auront le malheur de croiser sa ligrié de visée. Place a I’action |Rapport n°t poston au Sud de Mate, Au cours de
8.8cm CONTRE CHARS FRANCAIS, 8 tverse de Rosoy, vers 11 heures,
Ia batterie rencontra te commandant
SECTEUR DE MONTCORNET, 17 MAI1940 ge Abteilung qui tui ordonne de pre:
dre postion & "Ouest de Rosoy afin
Dés 1935, les Allemands savent que de s'y préparer & un assaut de chars
les Francais ont entrepris de produire ennemis pres de Montcomet. Les
un miller de chars dotés d'un biindage liisons prises avec des unités de la
de 40mm. lls chorchent dés lors une Flak légére révelent qu'une attaque de
parade en développant & la fois un chars ennemis a déja pu étre repous:
char Equipé d'un canon de 3, 76m, le sée gre & des piéces de 3,7em et
Panzer Il, ot des pidces entichers de des mines. D'autres opérations offen-
mméme calibre. Cependant, il n’existe _sives frencaises sont attendues. Pour
aucun —renseignement démontrant cette raison, un canon de 2em et deux
que les troupes allemandes aient été de 86cm sont envoyés vers l'avant,
informées que le nouveau char fran- au-dola d'un bouchon antichar rapide
Gais BI bis dsposeit d'une protection ment érigé@ la somtie Ouest de Rosoy.
de 55 & GOmm de blindage, De fait, Le détachement dépasse cing chars
Lune telle épaisseur dacier ne pouvait adverses mis hors de combat par le
ttre perforbe par un coup unique tieé feu des piéces de 3, 7m : il progresse
per un Pak 25/36 de 3,7em, la canon jusqu' cing kilometres environ de
du Panzer i ou méme le 7,5cm court Montcomet
‘monté sur le Panzer IV. En revanche, Un officer rapporte alors qu'une recon
de par le phénoméne d'échautferent neissance atrionne 3 repeéré des chars
{du métl, il tat possible de percer un ennemis se rassemblant et se préparant
tel blindage par une succession rapide & une nouvelle attaque. La batterie se
{de coups portés & faible distance par_met en position au Sud de la route de
le 3,7em en outre, le 10,5em leichte Montcomet, & Marl, 8 500 métres au
Foldnaubitze 18 ou le 88cm Flak Sud de la route. Le reste de Tunité est
18/96 trant des munitions pecforan- _poussé en avant ets vois autres pitces
tes étaient capables de venir & bout se mettent également en positon.
de rimporte quel blindé aiérencontré Apres environ deux heures d'attente
dans le cadre de la Westfeldzug. tune reconnaissance & moto effectuse
Ainsi, ors dela campagne de France, parle chet de batterie révéle que le te
‘des six pidces de 8,8cm Flak rain est vide d'ennemis jusau’aux sec:
de la Panzer Jager Abteiung 8 tours de Ville-aux-Bo's et de Clermont
‘rentaine de pidces sous blin- les-Fermes. Vers 16h30, deux corps
jes PanzerJégerAbreiungen do soldats alemands tombés au fou
et 605, quelques centaines sont trouvés sur la route de Montcor
de 8.8cm Fiok 78/36 sont net & Clermont. Alors qu'ls sont enter
1 sbin d'urités mobiles dela rés, une de nos voitures blindées
achées & (Armée. Les rend compte que l'ennemi est en train
joyées por ces unites de do progresser. Vers 17h3O, les pre
ager les chars francais, iors chars francais sont repérés lon
ggeant notre position & environ 3.000
mmétres de distance. Compte tenu de
Ia distance, is ne sont pas engages. I
Le 17 mai 1940, la batter progresse apparait que ces blindés changent de
rection de Marie direction pour marcher vers Montcor
net. Pour tentor de les ralentir, mal
Ia distance, nos pidces ouvrent finale
mente fev. Du fait du terrain vallonn,
observation est rendue difficile. Les
chars ne restent visibles qu'un instant
avant de disparaitre derritre des cot
lines. En conséquence, notre tir reste
inetticace,
Ala demande de nos chefs, le canon
de 8,8¢m du Loutnant Pitker est mis
fen position & un kilometre Ouest Sud.
(Quest de Montcornet. A cet endrot, la
perspective d'un tir eficace est plus
favorable méme si les cibles ~ deux
chars de 32 tonnes immobiles et en
train de tier ~ sont engagées 8 une dis
tance de 2 500 métres. Cette fois, lo
tir est un succes et les blindés francais
sont neutralisés. Alors que le canon
change de position, d'autres. chars
fen train de reculer viennent & portée
effective de notre batterie dans des
‘conditions de tr favorables. Engagés &
lune portée inférieure & 2 500 metres,
‘nos impacts peuvent facilement étre
‘observés. Aprés avoir pris sous le feu
des pices commandées par Roger et
Fallenbacher, un char lourd commence
{beer et s‘arréte aussitdt. Ses muni
tions explosent. La pice de Rauth fait
feu sur un autre char de 32 tonnes qui
est également mis hors de combat.
Parce qu'une nouvelle attaque de char
semble possible, le chef de batterie
part la recherche d’une nouvelle posi
tion sur la route de Montcornet. Pour
protéger le mouvement des canons de
8,8cm, la pidce de 2cm de Kessenich
fest immédiatement mise en batterie. A
‘ce moment, un side-car portant deux
soldats francais surgit dans la direction
ide Montcornet. Le 2cm tire quelques
‘bus dans leur direction, les obligeant
{ abandonner leur machine prés d'un
ppaseage @ niveau situé au Sud-Ouest,
de Montcomet ; ils filent & travers
champ. A peine la promidre pidce de
8,8cm vient tlle o’atre difficilement
‘amenée sur Ia route qu’un groupe de
nos Stukas est obsorvé en train de
toumoyer au-dessus de nos tates.
BientOt, ils plongent d'une altitude
drenviron 2.000 motres. Plusieurs
fois, nous pensons quills vont s’en
prendre & la batterie par erreur mais,
finalement, les bombes tombent dans
les bois entre Clermont et Ville-aux
Bois, Notre changement de position
fait qu‘aucun panneau