Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Demanderesse
c.
MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR, exerçant ses fonctions au 1035,
rue de la Chevrotière, Québec, district de
Québec, province de Québec, G1R 5A5
-et-
Défendeurs
I. INTRODUCTION
4. La hausse applicable aux étudiants CNRQ a pour effet d’augmenter les droits de
scolarité payés par ceux-ci de 33,5 %. Toutefois, les étudiants CNRQ inscrits dans
un programme offert en français dans une université « francophone » ne seront
pas assujettis à cette hausse contrairement aux étudiants inscrits dans un
programme équivalent offert en anglais dans une université « anglophone ».
5. Par conséquent, les droits de scolarité des étudiants CNRQ inscrits dans un
programme en anglais dans une université « anglophone » seront nettement
disproportionnés lorsque comparés à ceux des étudiants québécois et à ceux
exigés ailleurs au Canada des étudiants hors province.
1 Lorsque le contexte s’y prête, les termes « étudiants CNRQ » et « étudiants internationaux »
désignent, selon le cas, les étudiants CNRQ ou les étudiants internationaux visés par les Modifications
attaquées, à savoir ceux poursuivant des études de 1er cycle ou 2e cycle de type professionnel.
-4-
8. Cette hausse a pour but et effet de générer des revenus additionnels pour le
gouvernement en diminuant de façon substantielle les sommes à la disposition
des universités. En réalité, bien que cela ne se transpose pas en une hausse des
montants payés par les étudiants internationaux, les sommes octroyées aux
universités en fonction de l’effectif étudiant seront considérablement moins
élevées que celles récupérées par le gouvernement. En raison des Modifications
attaquées, le gouvernement bénéficiera en effet d’une somme additionnelle
approximative de 5 054 $ par EETP international.
14. Cet impact réputationnel néfaste entraînera inévitablement une chute du nombre
d’inscriptions d’étudiants de l’extérieur du Québec, ce qui menace non seulement
la diversité du corps étudiant de McGill, mais également celle de son corps
-5-
15. Étant donné que McGill accueille un nombre important d’étudiants CNRQ et
d’étudiants internationaux, elle estime que l’impact financier et la perte de revenus
qui seront subis entre aujourd’hui et les quatre prochaines années s’élèveront à
un minimum de 40 M$ pour la cohorte 2024-2025 et ce, dans un contexte où le
réseau universitaire est déjà considérablement sous-financé par le gouvernement.
16. Cet impact financier fragilise les finances de McGill au point de mettre en péril
certains aspects de ses programmes d’enseignement et, partant, sa vocation
académique, ainsi que certains projets d’infrastructure importants.
17. Les Modifications attaquées violent donc la liberté académique de McGill, elle-
même protégée par le droit à la liberté d’expression.
18. McGill figure parmi les meilleures universités du monde dont le rayonnement
bénéficie à la province de Québec. Afin de se maintenir parmi les établissements
universitaires de classe mondiale et de poursuivre sa mission d’excellence, McGill
doit pouvoir bénéficier d’un financement acceptable et prévisible, sans être
pénalisée en raison de sa langue d’enseignement principale ou de la langue
maternelle ou d’usage de ses étudiants.
20. Les Modifications attaquées masquent également le véritable enjeu auquel fait
face le réseau universitaire, soit son sous-financement historique par le
gouvernement.
23. Dans ce contexte, les Modifications attaquées ne sauraient être tolérées au sein
de notre société libre et démocratique.
24. De plus, les Modifications attaquées ont manifestement été décrétées par la
Ministre en contradiction avec sa mission, rendant ainsi sa décision de les adopter
déraisonnable et illégale.
-6-
26. Or, la valorisation du français ne peut avoir préséance sur la mission de la Ministre
ou en devenir la considération principale ni d’aucune façon mener à une violation
des droits constitutionnels fondamentaux des étudiants. La Ministre a donc
outrepassé ses pouvoirs en adoptant les Modifications attaquées.
27. La décision de la Ministre doit également être invalidée puisque les prémisses sur
lesquelles elle s’est fondée sont erronées.
28. Elle a aussi violé les principes d’équité procédurale en ne consultant pas
véritablement les universités avant l’adoption des Modifications attaquées.
29. La Ministre n’a pas davantage respecté l’essence même de l’obligation statutaire
de consultation formelle du Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux
études (le « CCAFE ») qui lui incombe. La consultation du CCAFE à l’égard des
Modifications attaquées était en effet factice.
30. Outre ce qui précède, les sommes supplémentaires exigées des étudiants
internationaux constituent des taxes déguisées tout aussi inconstitutionnelles
qu’illégales.
32. Considérant que les Modifications attaquées doivent entrer en vigueur dès la
session d’automne 2024, McGill sollicite d’urgence l’intervention de cette Cour par
voie de sursis afin d’éviter que les préjudices sérieux et irréparables que McGill,
ses employés, ses étudiants et la population de la province de Québec en général
subissent déjà ne continuent de s’aggraver.
34. McGill réserve son droit de réclamer des dommages-intérêts afin de compenser
tous les préjudices subis en raison des agissements des Défendeurs.
-7-
A. FONDATION
35. McGill est une université québécoise faisant partie des 20 établissements
d’enseignement supérieur de niveau universitaire du Québec au sens de l’article
1 de la Loi sur les établissements d'enseignement de niveau universitaire (RLRQ
c. E-14.1).
a) An Act for the Establishment of Free Schools and the Advancement of Learning
(S prov C 1801 (16 & 17 Geo III), c. 17), qui a créé l’Institution royale pour
l’avancement des sciences (l’« Institution ») en 1801, Pièce P-1;
c) l’attribution en 1852 d’une autre charte royale, cette fois par la Reine Victoria,
Pièce P-3;
38. McGill accueille actuellement 39 380 étudiants, dont 27 196 étudiants au 1 er cycle,
10 147 étudiants aux cycles supérieurs, 576 chercheurs postdoctorants et 1 461
résidents en médecine ou moniteurs cliniques.
39. Les activités de McGill sont principalement réparties sur quatre lieux ou campus,
à savoir (i) le campus du centre-ville de Montréal, (ii) le campus Macdonald à
Sainte-Anne-de-Bellevue, (iii) le campus Outaouais à Gatineau et (iv) la Réserve
naturelle Gault à Mont-Saint-Hilaire.
40. Les étudiants de McGill sont répartis au sein de 11 facultés et 14 écoles et autres
unités d’enseignements, ainsi que dans 300 programmes d’études de 1 er cycle et
plus de 400 programmes d'études supérieures.
-8-
41. Les facultés qui accueillent le plus grand nombre d’étudiants sont les suivantes :
45. Les étudiants de certaines facultés sont en large proportion des résidents du
Québec, dont :
46. Pour d’autres facultés, la proportion d’étudiants qui sont des résidents du Québec
est plus faible :
48. McGill compte parmi ses diplômés des politiciens, des astronautes, des lauréats
de prix Nobel et de nombreuses personnalités du monde des arts, de la science,
des affaires et du service public.
49. Les diplômés de McGill contribuent ainsi à toutes les sphères de la société et
assurent le rayonnement du Québec, ici comme à l’étranger.
50. McGill est aussi le lieu de nombreuses et importantes avancées dans de multiples
domaines.
52. Au 1er cycle, environ 50 % des étudiants sont de langue maternelle anglaise tandis
qu’environ 23 % sont de langue maternelle française.
56. Quant à l’écrit, les étudiants ont le droit de soumettre en français ou en anglais
tout travail écrit, sauf dans le cadre des cours dont l’un des objectifs est la maîtrise
d’une langue, conformément à l’article 19 de la Charte des droits de l’étudiant de
McGill, Pièce P-6.
58. Le CEF, avec l'appui de l'Office québécois de la langue française, a aussi mis sur
pied le Projet Expériences, lequel offre une série d’activités destinées aux
étudiants non francophones de McGill qui désirent parfaire leur français.
62. Diplômant annuellement plus de 9 500 étudiants, McGill permet aussi de combler
les besoins du marché du travail québécois au terme de sa mission
d’enseignement.
64. Selon une étude menée par la firme Deloitte en janvier 2024, les dépenses
effectuées au Québec durant l’année fiscale 2022 pouvant être attribuées à McGill
s’élèvent à 2 549 M$ :
65. Selon cette étude de Deloitte (Pièce P-7), ces dépenses de 2 549 M$ ont généré
des retombées économiques à court terme considérables. Plus particulièrement,
ces dépenses ont permis de soutenir 14 646 emplois, et ont contribué au PIB de
la province à une hauteur de 2 249 M$, dont 1 622 M$ versés en salaires et
traitements. Elles ont de plus contribué aux recettes fiscales du gouvernement du
Québec pour une somme de 146 M$. Ces résultats comprennent les effets des
dépenses simulées (effets directs) et les effets des dépenses des fournisseurs et
de leurs fournisseurs (effets indirects).
66. En incluant les effets résultant des dépenses des ménages provenant des salaires
versés, ces dépenses de 2 549 M$ ont en réalité soutenu 20 062 emplois et ont
contribué au PIB du Québec à une hauteur de 2,6 G$, dont 1,8 G$ versés en
salaires et traitements. Dans ce contexte, leur apport aux recettes fiscales du
gouvernement du Québec s’élève quant à lui à 195 M$ (Pièce P-7).
67. En plus de ces retombées économiques à court terme, les activités de McGill
créent des retombées économiques à long terme à l’échelle du Québec,
notamment en contribuant au développement du capital humain sous la forme de
revenus additionnels pour les diplômés et en contribuant à la recherche
l’innovation et l’entrepreneuriat (Pièce P-7).
69. Le Réseau universitaire intégré de santé et services sociaux McGill (le « RIUSSS
McGill ») est au service de près de deux millions de Québécois et est responsable
d’un territoire qui s’étend de Montréal au Nunavik et qui couvre sept régions
administratives, représentant 63 % de la superficie de la province. À ce sujet, le
- 12 -
74. À titre illustratif, au mois d’avril 2023, McGill a reçu, par l’intermédiaire du Fonds
d’excellence en recherche Apogée Canada (FERAC), une subvention de 165 M$
du gouvernement fédéral, soit la deuxième plus importante subvention de ce type
au Canada et la plus importante de toute l’histoire de McGill, favorisant ainsi la
recherche interdisciplinaire, la formation et l’application de découvertes et de
technologies, comme il appert du communiqué de presse de McGill daté du 28
avril 2023 et de l’extrait du site web de McGill concernant cette initiative,
Pièce P-8, en liasse.
3) COLLABORATION INTERUNIVERSITAIRE
78. À titre d’exemple, McGill et HEC Montréal offrent conjointement et depuis plus de
15 ans un programme bilingue de MBA destiné aux gestionnaires d’expérience,
soit le programme « Executive MBA McGill-HEC Montréal ». Cette alliance permet
d’offrir le meilleur programme possible en tirant profit des forces des deux
établissements.
82. De la même façon, Mila, soit l’Institut québécois d’intelligence artificielle, résulte
d’une collaboration unique entre McGill et l’Université de Montréal, en lien étroit
avec Polytechnique Montréal et HEC Montréal. Il est aujourd’hui le plus grand
centre de recherche universitaire en apprentissage profond au monde, comme il
appert de l’extrait du site web de Mila, Pièce P-10.
83. Mila est à l’origine de la réputation internationale dont jouit le Québec en matière
d’intelligence artificielle, ce qui permet d’attirer les plus grands joueurs de
l’industrie, tels que Facebook et Google, avec tous les bénéfices qui en résultent
directement et indirectement.
87. De plus, McGill est une partenaire clé de plusieurs initiatives stratégiques
financées par le gouvernement du Québec à travers divers programmes des
Fonds de recherche du Québec (« FRQ »). McGill prend ainsi part à plus de 45
regroupements stratégiques et réseaux thématiques au sein desquels ses
chercheurs et étudiants collaborent étroitement avec leurs collègues des autres
universités québécoises. D’ailleurs, McGill agit comme université chef de file pour
6 de ces regroupements et pour 3 de ces réseaux.
89. McGill prend également part à divers autres partenariats ou programmes qui ne
sont pas financés par l’entremise des FRQ.
91. Le Centre Dobson pour l’entrepreneuriat de McGill est aussi reconnu comme un
des meilleurs incubateurs universitaires d’entreprises au monde. Il supporte plus
de 470 jeunes entreprises actives au Québec. Ces jeunes entreprises ont levé
3,7 G$ en financement pré-amorçage, ont créé plus de 10 000 emplois et ont
enregistré plus de 100 brevets actifs, comme il appert de l’extrait du site web de
McGill concernant le Centre Dobson, Pièce P-12.
92. McGill entretient également des liens étroits avec les chefs de file de diverses
industries, ce qui favorise tout autant sa contribution à la vitalité économique du
Québec.
93. Notamment, McGill agit comme leader dans le domaine des traitements à base
d’ARN depuis plus de 40 ans. La réputation de McGill dans ce domaine a contribué
à la décision de la société Moderna d’établir sa nouvelle usine de fabrication de
vaccins à base d’ARN messager à Laval, comme il appert entre autres de
l’allocution du recteur et vice-chancelier de McGill, le Professeur Deep Saini (le
« Recteur »), au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) du 7
décembre 2023, Pièce P-13, ainsi que des propos du Directeur général de
- 15 -
94. Moderna a également signé divers accords avec McGill en plus d’avoir annoncé
son intention de supporter financièrement l’Initiative D2R, ouvrant ainsi la voie à
des percées exceptionnelles dans le domaine des vaccins à base d’ARN.
95. Un autre exemple récent est le partenariat entre McGill et BXVentures, le premier
studio de capital de risque du Canada dédié aux technologies propres. Il vise à
accélérer l’émergence de technologies développées dans ses laboratoires et qui
ont le potentiel d’avoir un impact tangible sur l'environnement, comme il appert du
communiqué de presse de BXVentures daté du 27 juillet 2023, Pièce P-15.
98. Le patrimoine naturel du Québec est également mis en valeur grâce aux activités
de McGill, dont celles poursuivies par l’entremise de la Réserve naturelle Gault à
Mont-Saint-Hilaire et l’Arboretum Morgan à Sainte-Anne-de-Bellevue.
99. Plusieurs musées sont affiliés à McGill, dont les musées McCord Stewart,
Redpath, Lyman et Rutherford ainsi que le Zoo Écomusée.
100. L’École de musique Schulich tient chaque année plus de 700 concerts et
événements, dont plusieurs sont offerts gratuitement au grand public. D’ailleurs,
environ 48 % et 51 % des membres de l’Orchestre symphonique de Montréal et
de l’Orchestre Métropolitain sont respectivement des diplômés ou professeurs de
cette école de musique.
102. De plus, en 2022, Alain Farah, professeur agrégé au Département des littératures
de langue française de McGill, a quant à lui remporté le prestigieux Prix littéraire
du Gouverneur général du Canada pour son roman intitulé « Mille secrets mille
dangers ».
- 16 -
F. RENOMMÉE MONDIALE
104. McGill est en effet reconnue comme étant l’une des meilleures universités au
Canada et au monde.
105. Les divers classements, qui classent entre 1000 et 2000 établissements
universitaires à travers le monde, situent McGill au 2 e ou 3e rang au Canada, et
aux 26e (classement annuel Global 2000 du Center for World University Rankings),
30e (classement mondial des universités QS), 49 e (Times Higher Education) ou
70e (classement académique des universités mondiales, « Classement de
Shanghai ») rangs au niveau mondial, comme il appert des extraits de ces
classements, Pièce P-16, en liasse.
106. Le magazine Maclean’s a par ailleurs classé McGill comme étant la meilleure
université au Canada offrant des programmes de médecine et de doctorat depuis
19 années consécutives, comme il appert entre autres des extraits de ce
classement pour les années 2020 à 2024, Pièce P-17, en liasse.
G. SOURCES DE REVENUS
110. Quant aux revenus de McGill provenant des droits de scolarité et autres frais
perçus des étudiants s’élevant à 389,1 M$, ils se ventilent comme suit :
Total : 389,1 M$
112. Madame Pascale Déry occupe le poste de Ministre depuis cette même date.
113. La mission de la Ministre est énoncée aux articles 2 et 4 de la Loi sur le ministère
de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie
(RLRQ c. M-15.1.0.1) (la « Loi sur le Ministère »).
117. La Ministre est donc habilitée, dans le respect de sa mission et de ses devoirs ou
obligations, à décider comment et à quelles conditions seront réparties les
sommes attribuées aux établissements universitaires québécois.
118. Les normes d’attribution de ces sommes sont prévues aux Règles budgétaires,
comme plus amplement exposé ci-après.
120. Selon cette Loi, le CCAFE est composé de 16 membres, dont trois exerçant des
fonctions administratives au sein d’un établissement d’enseignement universitaire
et quatre étudiants à l’ordre d’enseignement universitaire (article 79 al. 2 (3°) et
(5°) de la Loi sur le Ministère).
121. Les nominations des membres sont faites sur la recommandation de la Ministre,
après consultation du ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport (article 79 al. 1
de la Loi sur le Ministère).
122. Le CCAFE est notamment chargé de conseiller la Ministre sur toute question que
celle-ci lui soumet relativement : (i) aux programmes d’aide financière institués par
la Loi sur l’aide financière aux études (RLRQ c. A-13.3), (ii) aux droits de scolarité,
aux droits d’admission ou d’inscription aux services d’enseignement et aux autres
droits afférents à de tels services et (iii) aux mesures ou politiques pouvant avoir
des incidences sur l’accessibilité financière aux études (article 88 de la Loi sur le
Ministère).
- 19 -
124. L’article 90 de la Loi sur le Ministère impose donc à la Ministre une obligation de
consultation formelle à l’égard de la politique de fixation des droits de scolarité.
125. Cet article prévoit de plus que la période minimale de consultation auprès du
CCAFE est de 30 jours et, à défaut pour le CCAFE de transmettre son avis dans
le délai imparti, l’obligation de la Ministre est réputée remplie.
126. Une fois cette période de consultation écoulée et les Règles budgétaires adoptées
par la Ministre, celles-ci doivent être approuvées par le Conseil du trésor avant
d’entrer en vigueur.
128. Ces exceptions incluent les cas où la subvention (i) est effectuée conformément à
des normes approuvées par le gouvernement ou par le Conseil du trésor et (ii)
n’excède pas le solde disponible du poste budgétaire auquel elle se rapporte.
2 Voir : Pièce P-62, p. 8. En excluant le programme Placements Universités, l’enveloppe budgétaire des
universités s’élève à 3 993,3 M$ pour 2023-2024.
- 20 -
132. Depuis ce temps, la majeure partie du financement des universités est basée sur
une approche normée, c’est-à-dire que des subventions leur sont octroyées en
fonction de normes d’allocation préétablies.
136. De plus, puisque tant les subventions de fonctionnement que les droits de scolarité
sont intimement liés à l’effectif étudiant, l’évolution du nombre d’étudiants influe
directement sur les revenus de chaque établissement.
1) SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
137. Les subventions de fonctionnement sont détaillées dans les Règles budgétaires
et déterminées par les normes d’allocation qui y sont prévues.
3 Pièce P-31-B, p. 9.
4 Pièce P-35, p. 7; Pièce P-28, p. 17.
- 21 -
En date du 19 janvier 2024, la somme moyenne octroyée à McGill pour les trois
subventions normées correspond à environ 14 239 $ par EETP québécois,
12 861 $ par EETP CNRQ et 12 683 $ par EETP international.
2) DROITS DE SCOLARITÉ
139. Les droits de scolarité perçus des étudiants peuvent être composés :
140. Sous réserve des exceptions ou exemptions applicables, les droits de scolarité
diffèrent selon la provenance des étudiants (étudiants ayant le statut de résident
du Québec, étudiants CNRQ ou étudiants internationaux).
141. Ainsi, la section 3.3 de la Politique relative aux droits de scolarité exigés des
étudiants canadiens non-résidents du Québec par les universités du Québec
énonce les différents critères donnant lieu à la reconnaissance du statut de
résident du Québec pour les étudiants canadiens, comme il appert de cette
politique datée du 22 avril 2014, Pièce P-21.
142. Aussi, la Politique relative aux droits de scolarité exigés des étudiantes et étudiants
étrangers par les universités du Québec prévoit quant à elle certaines exemptions
pour les étudiants internationaux, comme il appert de cette politique datée de mai
2008, Pièce P-22.
145. Initialement uniformes pour tous, puis majorés pour les étudiants internationaux
d’abord et les étudiants CNRQ par la suite, les droits de scolarité des universités
du Québec ont été graduellement déréglementés pour un nombre important
d’étudiants internationaux.
146. Plus particulièrement, à compter de 2008-20097, les droits de scolarité ont été
déréglementés pour les étudiants internationaux au 1er cycle dans six disciplines
(génie, informatique, mathématique, sciences pures, administration et droit).
147. En 2019, cette déréglementation a été étendue aux autres étudiants internationaux
au 1er cycle ou 2e cycle de type professionnel.
148. La politique de fixation des droits de scolarité a toujours évolué au terme d’une
approche collaborative entre le gouvernement et les diverses parties prenantes,
c’est-à-dire les représentants du milieu universitaire et leurs principaux partenaires
des milieux économique, social, institutionnel et gouvernemental, communautaire
et culturel.
150. Elle a de plus fait fi de l’engagement collectif établi par le Ministère dans le cadre
des travaux relatifs à la révision de la politique de financement des universités, qui
visait à ce que tous collaborent dans un climat de confiance et à ce qu’aucun
établissement ne sorte perdant de cette révision.
151. Les plus récents travaux et échanges liés à la politique de financement des
universités et à l’adoption des Modifications attaquées sont décrits ci-après.
152. Ils illustrent que la politique de fixation des droits de scolarité ne visait pas à faire
obstacle à la venue d’étudiants de l’extérieur du Québec jusqu’à ce que l’État ne
poursuive sa politique linguistique actuelle, notamment mise en œuvre par le biais
6 Pour un historique détaillé de la politique de fixation des droits de scolarité, voir notamment : Pièce
P-23, p. 99-102; Pièce P-25, p. 15-17.
7 Lorsque le contexte s’y prête, les références à certaines années correspondent aux années scolaires
plutôt qu’aux années civiles.
- 23 -
153. Les 25 et 26 février 2013, un sommet sur l’enseignement supérieur a été tenu.
L’ensemble des partenaires du milieu universitaire y étaient représentés, dont des
dirigeants universitaires, des représentants du corps enseignant, des étudiants et
des représentants du monde patronal et du monde syndical.
155. Le 30 juin 2014, le rapport final du chantier sur la politique de financement des
universités a été soumis au gouvernement (le « Rapport du chantier »),
Pièce P-23.
157. Au cours du printemps 2018, donnant entre autres suite au Rapport du chantier,
Pièce P-23, le gouvernement a adopté la Politique québécoise de financement des
universités de 2018-2019 (la « Politique de 2018-2019 »). Une copie de la
Politique de 2018-2019 et d’une brochure faisant état de ses faits saillants sont
respectivement déposées à titre de Pièce P-24-A et Pièce P-24-B.
162. Le 1er avril suivant, le CCAFE a émis son avis en réponse à cette demande,
comme il appert de l’avis du CCAFE du 1er avril 2019 et de son Annexe 1,
Pièce P-25.
163. Le CCAFE a noté que « très peu d’informations [étaient] disponibles sur les effets
de la déréglementation de 2008, notamment en ce qui a trait à l’évolution des frais
de scolarité » et a recommandé qu’une évaluation des effets de la
déréglementation – dorénavant plus étendue – soit complétée.
164. Dès 2019, divers travaux, consultations et délibérations ont été entamés à l’égard
du financement des universités.
165. Les travaux entrepris ont entre autres mené au dépôt ou à la publication :
b) Les universités québécoises sont sous-financées. Pierre Fortin est d’avis qu’en
2018-2019, il aurait fallu ajouter à leurs ressources nettes de fonctionnement
une somme de 1 444 M$17 pour qu’elles puissent disposer du même niveau de
ressources par étudiant à coût équivalent que celles des autres provinces
canadiennes18. Le GREPA a quant à lui énoncé que le Québec devait trouver
2 G$ de subventions additionnelles à répartir entre les différents programmes
d’enseignement supérieur19;
c) Leur financement doit leur permettre d’être attractives pour les étudiants
internationaux et de faire face efficacement à la concurrence pour le
recrutement et la rétention des meilleurs professeurs et étudiants20;
15 Le BCI est une organisation créée par et pour les établissements universitaires québécois. Vingt
établissements s’y regroupent et en sont membres sur une base volontaire, dont McGill, l’Université
Bishop’s (« Bishop’s ») et l’Université Concordia (« Concordia »). Le BCI œuvre notamment à
l’amélioration du système universitaire québécois.
16 Pièce P-26, p. 117.
17 Pierre Fortin situe cette somme à 1 252 M$ si 4 % est soustrait pour tenir partiellement compte de
l’avantage du Québec en matière de prix des biens et des services (Pièce P-27).
18 Pièce P-27, p. 38-42 et 48.
19 Pièce P-28, p. 12 et 236.
20 Pièce P-26, p. 136-137.
21 Pièce P-28, p. 12.
- 26 -
169. À l’exception d’une intervention des universités via le BCI au sujet d’un sondage
problématique, il n’y a pas eu de rencontre de travail avec les universités dans le
cadre de ce mandat d’évaluation.
170. Le 24 mai 2022, le projet de loi 96 a été adopté par l’Assemblée nationale.
171. Le 1er juin suivant, ce projet de loi a été sanctionné, donnant ainsi lieu à la Loi 96.
177. L’article 88.0.1 C.l.f. appose donc pour la première fois une étiquette linguistique
aux universités, jetant ainsi les assises permettant une discrimination fondée sur
la langue.
179. À ce jour, une telle désignation n’a pas été faite conformément à cette disposition,
comme il appert de la lettre du Secrétariat général et de la Direction du bureau de
la sous-ministre de la Langue française datée du 26 janvier 2024, Pièce P-29.
22 Voir notamment : les articles 3, 60, 63 et 64 de la Loi 96, qui modifient ou édictent, selon le cas, les
articles 2, 88.0.19, 88.2 et 88.3 C.l.f.
- 27 -
180. Également, l’article 19 de la Loi 96 a édicté l’article 29.6 C.l.f. Cet article prévoit
une exemption additionnelle à la politique de fixation des droits de scolarité, soit
que les étudiants CNRQ inscrits dans un établissement universitaire
« francophone », dans un programme dont la langue d’enseignement est le
français et qui n’est pas donné en français ailleurs au Canada, paient les mêmes
droits de scolarité que les étudiants québécois23 :
« 29.6. Toute personne qui est domiciliée au « 29.6. Any person who is domiciled in Canada
Canada et qui n’est pas un résident du and not resident in Québec is entitled, when
Québec a droit, lorsqu’elle suit, dans un pursuing, in a French-language college- or
établissement d’enseignement collégial ou university-level educational institution referred
universitaire francophone visé à l’article to in section 88.0.1, a program of studies given
88.0.1, un programme d’études donné en in French that is not given in French elsewhere
français qui n’est pas donné en français in Canada, to pay the same tuition fees as a
ailleurs au Canada, d’acquitter les mêmes resident in Québec, provided that, in the
droits de scolarité qu’un résident du Québec institution’s opinion, the person has sufficient
pourvu que, selon l’établissement, elle ait au knowledge of French at the time of enrolment to
moment de son admission une successfully complete the program.
connaissance suffisante du français lui
permettant de suivre avec succès ce The first paragraph does not apply to remedial
programme. activities that may be necessary for the
enrolment of a person.
Le premier alinéa ne s’applique pas aux
activités de mise à niveau qui peuvent être For the purposes of the first paragraph,
nécessaires à l’admission d’une personne. “resident in Québec” has the meaning assigned
by the General and Vocational Colleges Act
Pour l’application du premier alinéa, (chapter C-29). »
«résident du Québec» s’entend au sens de
la Loi sur les collèges d’enseignement
général et professionnel (chapitre C-29). »
183. Aucun sous-comité n’a été mis en place au sujet de la déréglementation des
étudiants internationaux dans le cadre de cette structure. Le Ministère a toutefois
23 L’article 29.8 C.l.f., également édicté en vertu de la Loi 96, prévoit notamment que la Ministre publie
annuellement, dans le rapport des activités du Ministère, le nombre de personnes qui se sont prévalues
du droit prévu à l’article 29.6. Il prévoit aussi que la Ministre doit consulter les établissements
d’enseignement situés ailleurs au Canada sur les effets de l’article 29.6 et qu’elle doit faire état de ces
consultations au sein du rapport annuel sur les activités du Ministère.
- 28 -
185. Aucune des questions soumises aux organismes participants ne concerne les
droits de scolarité applicables aux étudiants hors Québec. L’une d’entre elles porte
toutefois sur la protection du français (Pièce P-31-B).
186. Le 15 mai 2023, la Ministre a indiqué aux universités « anglophones » que le statu
quo ne pouvait perdurer, celle-ci étant notamment préoccupée par le taux de
rétention des étudiants CNRQ et des étudiants internationaux après leur
diplomation, leur apport culturel et le fait que la déréglementation des droits de
scolarité des étudiants internationaux au 1er cycle ou 2e cycle de type professionnel
bénéficierait surtout aux universités « anglophones », comme il appert de la lettre
de la Ministre datée du 15 mai 2023, Pièce P-32.
187. Le 2 juin 2023, le Ministère a publié son Plan stratégique 2023-2027 (le « Plan
stratégique »), Pièce P-33.
c) « La rétention des étudiants internationaux, une fois diplômés, est une priorité
gouvernementale »28.
190. Il a également ajouté que les inquiétudes exprimées par certains lors de l’adoption
de la Politique de 2018-2019, à savoir que la déréglementation entraînerait un
certain débalancement au sein du réseau universitaire, ne se sont pas
concrétisées. Dans l’ensemble, la déréglementation a bénéficié aux universités
« francophones » et « anglophones » (Pièce P-34).
192. Le 20 juin 2023, McGill a soumis son mémoire, intitulé L’Université McGill, une
institution québécoise à part entière – Protéger le français tout en favorisant le
développement de toutes nos universités (le « Mémoire de McGill »), Pièce P-36.
29 Pièce P-36, p. 8.
30
Pièce P-36, p. 11.
31 Pièce P-36, p. 17.
- 30 -
195. Au terme de ceux-ci, les représentants de McGill ont été rassurés en ce qui a trait
à la révision de la politique de financement des universités.
197. Le Recteur a également précisé que les étudiants CNRQ payaient des droits de
scolarité « globalement comparables » à ceux en vigueur dans les universités des
autres provinces canadiennes, comme indiqué aux Règles budgétaires. Comme
la sous-ministre semblait avoir une perspective différente, il a suggéré de tenir une
rencontre pour en discuter (Pièce P-37).
198. Lors d’une rencontre tenue le 29 septembre 2023 avec un représentant du cabinet
de la Ministre, McGill a informé le gouvernement de la création du programme
Rayonnement du français (le « Programme Rayonnement du français »).
202. Peu après, le 10 octobre 2023, la Ministre a rencontré les représentants de McGill
pour leur présenter de manière générale les changements qu’elle compte apporter
aux Règles budgétaires.
204. Cette annonce tranche avec l’approche collaborative qui avait jusqu’alors prévalu
avec les représentants du Ministère, selon laquelle aucun établissement ne
- 31 -
205. Comme indiqué précédemment, les mesures annoncées concernent les étudiants
de l’extérieur du Québec au 1er cycle ou 2e cycle de type professionnel, et visent
à hausser, de façon significative et à compter de l’automne 2024, les droits de
scolarité des étudiants CNRQ et le seuil des droits de scolarité exigibles des
étudiants internationaux, sous réserve des exemptions applicables.
208. Cette précipitation a affecté, dans les semaines qui ont suivi, la capacité de McGill
de faire valoir son point de vue auprès du Ministère et ce, bien que le Ministère ait
indiqué, le 13 octobre 2023, que « les universités recevr[aient] les règles
budgétaires détaillées sous peu pour consultation » (Pièce P-39).
209. De plus, et en dépit du fait que les mesures envisagées mettent fin à la
déréglementation des étudiants internationaux au 1er cycle ou 2e cycle de type
professionnel, cette annonce a été faite alors que :
b) Le Ministère n’a pas collaboré avec les universités afin d’établir un bilan et
d’évaluer les impacts de cette déréglementation, contrairement à ce qu’il avait
annoncé dans le cadre des travaux du Comité de coordination (Pièce P-30).
210. Dès son annonce, la réforme envisagée a entraîné une vague d’inquiétudes au
sein des universités « anglophones » puisque celles-ci accueillent un nombre
important d’étudiants de l’extérieur du Québec, comme il appert notamment de
l’article de Andy Riga dans le Montreal Gazette, Pièce P-40.
212. Les universités « anglophones » ont multiplié leurs efforts afin d’entamer un
dialogue constructif avec la Ministre et d’éviter les conséquences des mesures
annoncées, notamment en proposant des mesures alternatives favorisant tout
autant la valorisation du français.
213. Ainsi, le 23 octobre 2023, lors d’une rencontre entre la Ministre et le Recteur, celui-
ci a fait état des répercussions négatives de la réforme à l’égard de McGill et des
autres universités québécoises. Il a aussi confirmé que McGill souhaitait travailler
avec le gouvernement afin d’identifier d’autres moyens permettant d’atteindre les
objectifs de ce dernier.
214. Le 24 octobre 2023, le BCI a transmis une lettre à la Ministre, dans laquelle il a
mentionné que plusieurs universités « francophones » et « anglophones »
« auraient souhaité pouvoir contribuer à l’élaboration de ces mesures », comme il
appert de la lettre du BCI datée du 24 octobre 2023, Pièce P-42.
215. Le BCI a également demandé à recevoir les projections et scénarios faits par le
Ministère en lien avec les mesures annoncées. Il a aussi déploré le manque de
collaboration de la Ministre, dont l’approche s’éloigne des pratiques alors en place,
de même que l’abandon de l’idée ayant jusqu’alors guidé les travaux des
intervenants, soit qu’aucun établissement ne sortirait perdant de la révision de la
politique de financement des universités (Pièce P-42).
216. Le 6 novembre 2023, dans le cadre d’une rencontre avec le premier ministre du
Québec et la Ministre, les universités « anglophones » ont formulé une proposition
historique et sans précédent en réponse aux mesures annoncées, c’est-à-dire la
mise en place de mesures ayant pour but d’aider les étudiants non francophones
à s’intégrer au marché du travail et à la société en général dans un délai de trois
ans.
- 33 -
217. L’objectif recherché était qu’au moins 40 % des étudiants non francophones au
1er cycle atteignent le niveau 633 de l’Échelle québécoise des niveaux de
compétence en français (l’« Échelle de compétence en français ») avant
l’obtention de leur diplôme.
218. Les universités « anglophones » ont toutefois indiqué que ces initiatives ne
pouvaient être réalisées que dans la mesure où (1) les droits de scolarité des
étudiants CNRQ étaient maintenus au niveau actuel et que (2) des alternatives
étaient envisagées en ce qui a trait aux étudiants internationaux.
33 Le niveau 6 est un niveau conversationnel intermédiaire, qui est généralement requis pour l’admission
dans les programmes de 1er cycle nécessitant la maîtrise du français.
- 34 -
223. De plus, elle n’a pas donné suite aux multiples invitations des universités de
reporter la réforme et de travailler de concert afin de déterminer des mesures
satisfaisantes pour tous, selon un échéancier raisonnable.
227. Or, au-delà du fait que ce taux de 80 % soit en lui-même beaucoup trop élevé,
l’atteinte de ce niveau de maîtrise par un étudiant dépourvu de toute connaissance
préalable en français nécessite qu’il acquière au moins 18 crédits (6 cours) sur
trois ans, ce qui exigerait d’ajouter un semestre complet à son programme
d’études.
228. Ce niveau de maîtrise du français a par la suite été réduit par la Ministre, mais
uniquement de façon immatérielle, soit au niveau 5 de l’Échelle de compétence en
français.
229. Elle a également unilatéralement déterminé que le seuil des droits de scolarité
qu’elle entendait exiger des étudiants CNRQ serait fixé à 12 000 $. Ce seuil
entraîne une augmentation de leurs droits de scolarité qui est également de nature
prohibitive. En effet, la plupart des programmes des universités québécoises
demeurent néanmoins non concurrentiels au niveau des droits de scolarité
comparativement à ceux des autres provinces canadiennes.
230. Le 9 décembre 2023, McGill a tenu une conférence de presse au nom des
universités « anglophones » à l’occasion de laquelle leur troisième proposition
bonifiée a été présentée, comme il appert de la présentation intitulée Conserver la
compétitivité de nos universités : Une proposition bonifiée et datée du 9 décembre
2023, Pièce P-47.
231. Le 11 décembre 2023, dans une lettre adressée au premier ministre, les
universités « anglophones » ont étoffé cette troisième proposition, tout en réitérant
leur position, comme il appert de la lettre des universités « anglophones » datée
du 11 décembre 2023, Pièce P-48.
233. Il en ressort donc clairement que la Ministre avait l’intention d’aller de l’avant,
quoiqu’il arrive.
234. La Ministre a ainsi déclaré que, pour « inverser le déclin du français au Québec » :
236. À cette même date, soit le 14 décembre 2023, McGill a demandé au premier
ministre de revenir sur la décision de la Ministre, comme il appert du communiqué
de presse émis par McGill daté du 14 décembre 2023, Pièce P-50.
237. Le 20 décembre 2023, le Recteur de McGill a transmis une lettre à la Ministre afin
de réitérer sa position, rejetant son approche et déplorant à nouveau l’absence de
dialogue avec la Ministre ou son Ministère, comme il appert de la lettre du Recteur
datée du 20 décembre 2023, Pièce P-51.
- 36 -
239. Le BCI a aussi invité le Ministère à ne pas appliquer ces mesures aux étudiants
jusqu’à leur diplomation et ce, jusqu’à concurrence d’un maximum de cinq ans et
même en cas de changement de programme d’études par souci de simplification,
de prévisibilité et d’équité (Pièce P-52).
240. Depuis l’annonce initiale du 13 octobre 2023, les mesures annoncées ont entraîné
une forte réaction de l’ensemble du milieu universitaire et de la communauté en
général, incluant de la communauté d’affaires et des universités « francophones »,
comme il appert entre autres des articles de presse déposés en liasse au soutien
des présentes, Pièce P-53.
243. À cette même date, les recteurs de cinq universités québécoises « francophones »
ont également dénoncé certains aspects de la réforme envisagée dans une lettre
ouverte. Ils ont notamment souligné que :
b) « Les étudiants issus de l’extérieur du Québec ont été présentés tour à tour
comme des variables budgétaires, des menaces à l’essor du français, des
pique-assiette ou des vaches à lait. Il faut plutôt les voir comme des acteurs
qui contribuent, comme les étudiants et étudiantes du Québec, à l’excellence,
à la qualité, à la diversité et à la pertinence de nos établissements »;
247. Le 20 décembre 2023, la Ministre ayant déjà annoncé ses couleurs, McGill a
transmis au BCI certains commentaires sur les modifications envisagées aux
Règles budgétaires, comme il appert du courriel du 20 décembre 2023 du bureau
du Recteur et de sa pièce jointe, Pièce P-55, en liasse.
250. Le 15 janvier 2024, le CCAFE a demandé une prolongation de délai, qui lui a été
refusée le 18 janvier 2024.
252. Le 19 janvier 2024, le CCAFE a soumis son avis sur la nouvelle tarification,
Pièce P-57.
Étudiants CNRQ :
a) L’écart grandissant entre les droits de scolarité des étudiants CNRQ et ceux
observés dans les autres provinces, particulièrement à la lumière de la hausse
des droits de scolarité des étudiants CNRQ au terme de la nouvelle tarification;
b) Cette hausse affectera l’accessibilité financière aux études pour les étudiants
CNRQ;
- 38 -
c) Elle est incompatible avec le principe édicté par l’article 1 de la Loi limitant
l’indexation de plusieurs tarifs gouvernementaux (RLRQ c. I-7.1) visant à limiter
à 3 % l’indexation de plusieurs tarifs gouvernementaux, dont les droits de
scolarité et ce, jusqu’au 31 décembre 2026;
Étudiants internationaux
e) Les universités dépendent toujours des revenus générés par les étudiants
internationaux en dépit des commentaires ou recommandations passés du
CCAFE;
255. La Bourse Canada est octroyée aux étudiants qui entreprendront leurs études de
1er cycle à l’automne 2024 ou à l’hiver 2025 dans l’un des programmes suivants :
arts, sciences de l’agriculture et de l’environnement, musique, sciences de
l’éducation, architecture, soins infirmiers et sciences.
256. Elle est garantie pour une période pouvant aller jusqu’à quatre ans et a pour effet
de ramener les droits de scolarité minimaux de 12 000 $ à une somme qui se
rapproche des droits de scolarité exigibles pour l’année scolaire 2023-2024.
257. La Bourse Canada vise donc à attirer autant d’étudiants que possible en dépit des
Modifications attaquées et des sacrifices financiers qu’elle implique.
259. Cela dit, à cette date, l’obligation de francisation n’était pas encore incluse dans
les Règles budgétaires.
262. Le 24 janvier 2024, le Ministère a publié une première version des Règles
budgétaires comportant les Modifications attaquées et annoncé leur publication
aux universités, comme il appert de la lettre de la Ministre datée du 24 janvier
2024, Pièce P-61.
263. Le 13 février 2024, le Ministère a publié une seconde version des Règles
budgétaires qui incorpore non seulement les Modifications attaquées, mais
également certains autres changements ne concernant pas ces dernières,
Pièce P-62.
264. Une version comparée entre les Règles budgétaires qui précédaient l’adoption des
Modifications attaquées, Pièce P-63, et la plus récente version des Règles
budgétaires (Pièce P-62) est déposée au soutien des présentes à titre de
Pièce P-64.
265. Sous réserve des révisions de février 2024, les changements apparaissant à cette
version comparée (Pièce P-64) correspondent aux mesures soumises au BCI et
au CCAFE le 14 décembre 2023.
267. Comme annoncé, elles haussent les droits de scolarité des étudiants CNRQ au
1er cycle ou 2e cycle de type professionnel et réglementent à nouveau les étudiants
internationaux inscrits dans de tels programmes en haussant le seuil des droits de
scolarité exigibles d’eux, le tout sous réserve des exceptions, exemptions ou
ententes internationales applicables.
268. Parmi ces exceptions figurent celles décrétées par la Ministre en lien avec
Bishop’s, celles applicables aux étudiants CNRQ inscrits dans un programme
enseigné en français dans une université « francophone » conformément à l’article
29.6 C.l.f., ainsi que celles applicables aux étudiants belges ou français.
- 40 -
269. Les Modifications attaquées prévoient de plus une clause de droits acquis en
faveur des étudiants actuels des universités « anglophones ». Cela dit, elle trouve
application jusqu’à leur diplomation dans les programmes d’études déjà débutés
uniquement et ce, jusqu’à concurrence de cinq ans.
270. La hausse des droits de scolarité exigibles des étudiants CNRQ et la hausse du
seuil applicable aux étudiants internationaux visés par la réforme emportent trois
effets principaux :
271. Plus particulièrement, la hausse des droits de scolarité des étudiants CNRQ
assujettis aux Modifications attaquées s’élève minimalement à 3 008 $
annuellement34, ce qui correspond à une hausse de 33,5 % :
a) Les anciennes Règles budgétaires (Pièce P-63) prévoyaient que les sommes
exigibles des étudiants CNRQ se limitaient aux droits de scolarité de base de
2 881 $ conservés par les universités, ainsi qu’à un montant forfaitaire
obligatoire de 6 111 $ récupéré par le Ministère, portant ainsi le total à 8 992 $;
b) Les nouvelles Règles budgétaires (Pièce P-62) prévoient que les étudiants
CNRQ devront dorénavant payer, en sus des droits de scolarité de base de
2 881 $ conservés par les universités, un montant forfaitaire obligatoire de
9 119 $ récupéré par le Ministère, portant ainsi le montant minimal total à
12 000 $. À cette somme s’ajoute un montant forfaitaire discrétionnaire
pouvant être exigé et conservé par les universités, lequel n’est sujet à aucun
plafond.
272. Quant aux étudiants internationaux assujettis aux Modifications attaquées, le seuil
qui leur est applicable a été haussé de 11 626 $ annuellement35, ce qui correspond
à une hausse de 129,3 % :
34 Pour une année complète et par étudiant inscrit à 30 crédits sur la base de la tarification 2023-2024,
dont les montants seront indexés pour 2024-2025 et les années suivantes.
35 Les tarifs indiqués sont basés sur la tarification 2023-2024 pour une année complète et par étudiant
inscrit à 30 crédits, dont les montants seront indexés pour 2024-2025 et les années suivantes.
- 41 -
a) Les anciennes Règles budgétaires (Pièce P-63) prévoyaient que les sommes
exigibles des étudiants internationaux (droits de scolarité de base et montants
forfaitaires confondus) étaient fixées et conservées en totalité par les
universités et devaient ensemble minimalement correspondre à ceux exigés
des étudiants CNRQ (soit 8 992 $);
b) Les nouvelles Règles budgétaires (Pièce P-63) prévoient que les étudiants
internationaux devront dorénavant payer, en sus des droits de scolarité de
base de 2 881 $ conservés par les universités, un montant forfaitaire
obligatoire de 17 737 $ récupéré par le Ministère, portant ainsi le montant
minimal total à 20 618 $. À cette somme s’ajoute un montant forfaitaire
discrétionnaire pouvant être exigé et conservé par les universités, lequel n’est
sujet à aucun plafond.
273. Ces hausses sont illustrées au tableau ci-dessous36 et marquent une rupture
historique avec les politiques passées du gouvernement en matière de fixation des
droits de scolarité :
Droits de Montant Montant Total
scolarité forfaitaire forfaitaire
de base obligatoire discrétionnaire
TARIFICATION PRÉCÉDENTE
Étudiants québécois 2 881 $ N/A N/A 2 881 $
Étudiants CNRQ (1er cycle ou 2e 2 881 $ 6 111 $ N/A 8 992 $
cycle de type professionnel)
Étudiants internationaux (1er Ces droits étaient déterminés par les 8 992 $ à
cycle ou 2e cycle de type établissements et devaient minimalement illimité
professionnel) correspondre aux droits de scolarité des
étudiants CNRQ de 8 992 $.
MODIFICATIONS ATTAQUÉES
Étudiants québécois 2 881 $ N/A N/A 2 881 $
Étudiants CNRQ (1er cycle ou 2e 2 881 $ 9 119 $ Illimité 12 000 $ à
cycle de type professionnel) illimité
Étudiants internationaux (1er 2 881 $ 17 737 $ Illimité 20 618 $ à
cycle ou 2e cycle de type illimité
professionnel)
274. En raison des Modifications attaquées, les droits de scolarité des étudiants CNRQ
seront désormais sans commune mesure avec ceux des étudiants québécois et
globalement nettement plus élevés que ceux exigés des étudiants canadiens hors
province dans les autres provinces canadiennes.
275. En mai 2023, le CCAFE notait déjà que, depuis 2019-2020, il y avait des écarts
importants entre les droits exigés des étudiants CNRQ et la moyenne des droits
de scolarité en vigueur dans les autres provinces pour les étudiants canadiens
hors province, comme il appert de l’avis du CCAFE portant sur les droits de
scolarité de la population étudiante universitaire 2023-2024, Pièce P-65.
36 Pour une année complète et par étudiant inscrit à 30 crédits sur la base de la tarification 2023-2024,
dont les montants seront indexés pour 2024-2025 et les années suivantes.
- 42 -
276. Ainsi, en 2022-2023, la moyenne des droits de scolarité exigés au Canada pour
les étudiants canadiens hors province était de 7 797 $ alors qu’elle était de 8 992 $
pour les étudiants CNRQ, comme il appert de la Pièce P-65 et de l’avis du CCAFE
du 19 janvier 2024, Pièce P-57.
277. Les Modifications attaquées ne feront qu’exacerber cette tendance, de sorte que
les droits exigés des étudiants CNRQ seront beaucoup plus élevés au Québec
que la moyenne de ceux exigés des étudiants hors province dans les autres
provinces canadiennes.
278. Il s’agit d’un changement significatif puisque, depuis 1997-1998, la politique les
concernant visait au contraire à assurer que les droits de scolarité des étudiants
CNRQ soient globalement comparables à ceux en vigueur dans les universités
d’ailleurs au Canada37, assurant ainsi un éventail de choix de programmes et une
grande mobilité à tous les étudiants résidant au Canada.
279. Quant aux étudiants internationaux, les Modifications attaquées ont pour
conséquence de générer, de façon inédite, des revenus ultimement récupérés par
le Ministère qui sont substantiellement plus élevés que les sommes en contrepartie
octroyées aux universités en fonction de l’effectif étudiant.
280. Seules les universités « francophones » pourront toutefois tirer un certain bénéfice
de la hausse des revenus récupérés par le Ministère, lequel doit néanmoins être
envisagé à la lumière de leur impact global.
281. En effet, bien que les nouvelles Règles budgétaires (Pièce P-62) prévoient
essentiellement les mêmes normes de calcul ou d’allocation des subventions de
fonctionnement, la Ministre a annoncé que tous les montants forfaitaires
obligatoires payés par les étudiants internationaux visés, incluant les montants
forfaitaires perçus par les universités « anglophones » auprès de leurs étudiants
internationaux, seront distribués aux universités « francophones » uniquement, les
universités « anglophones » étant spécifiquement exclues de cette distribution.
282. Ainsi, et puisque la somme moyenne qui doit être octroyée à McGill pour chaque
EETP international s’élève à environ 12 683 $38, les universités « francophones »
pourront bénéficier d’une somme additionnelle approximative de 5 054 $ par
EETP international (voir le tableau ci-dessous : [C] – [D] = 5 054 $). Ce bénéfice
leur est octroyé, peu importe l’établissement fréquenté par les étudiants
internationaux :
285. La Ministre a de plus justifié sa décision en disant que « ce n’est pas aux
contribuables québécois de financer la formation de milliers d’étudiants canadiens
hors Québec ». À 17 000 $, les droits de scolarité correspondraient au coût moyen
de la formation d’un étudiant pour l’État québécois, a-t-elle expliqué (Pièce P-53).
286. Le gouvernement a annoncé qu’il récupérera 110 M$ par année avec cette mesure
et que cette somme sera redistribuée aux universités « francophones » afin de
« rééquilibrer » le financement du réseau (Pièce P-53).
b) Assurer que les études universitaires des étudiants CNRQ ne soient plus
financées par les contribuables québécois étant donné que ceux-ci quitteraient
présumément le Québec une fois diplômés et ne feraient que profiter d’un
enseignement universitaire « à rabais »;
289. Les Modifications attaquées doivent être invalidées pour les cinq motifs suivants:
290. Les Modifications attaquées ont donné lieu à une politique discriminatoire en
matière de droits de scolarité qui ne saurait être justifiée dans notre société libre
et démocratique.
291. La nouvelle politique tarifaire crée en effet des classes d’étudiants fondées sur des
considérations discriminatoires et viole ainsi le droit à l’égalité des étudiants CNRQ
et des étudiants internationaux visés par la réforme.
292. Par leurs effets, les Modifications attaquées discriminent également le réseau
universitaire « anglophone » et violent la liberté académique de McGill, elle-même
protégée par la liberté d’expression et sa charte royale de 1852 (Pièce P-3), de
même que son droit à la réputation.
39 Loi constitutionnelle de 1982, Annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada (R-U), 1982, c. 11.
- 46 -
[Nos soulignements]
294. Afin de prouver une violation du droit à l’égalité en vertu de cet article, il faut
démontrer que la loi ou la mesure gouvernementale contestée enfreint les deux
volets développés par la jurisprudence, à savoir :
295. L’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne (RLRQ c. C-12) (la
« Charte québécoise ») veille également à assurer le droit à l’égalité, mais ne
s’applique pas uniquement aux actes du gouvernement; il s’applique aussi aux
actes de nature privée :
« 10. Toute personne a droit à la « 10. Every person has a right to full and equal
reconnaissance et à l’exercice, en pleine recognition and exercise of his human rights
égalité, des droits et libertés de la personne, and freedoms, without distinction, exclusion or
sans distinction, exclusion ou préférence preference based on race, colour, sex, gender
fondée sur la race, la couleur, le sexe, identity or expression, pregnancy, sexual
l’identité ou l’expression de genre, la orientation, civil status, age except as provided
grossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, by law, religion, political convictions, language,
l’âge sauf dans la mesure prévue par la loi, ethnic or national origin, social condition, a
la religion, les convictions politiques, la handicap or the use of any means to palliate a
langue, l’origine ethnique ou nationale, la handicap.
condition sociale, le handicap ou l’utilisation
d’un moyen pour pallier ce handicap. Discrimination exists where such a distinction,
exclusion or preference has the effect of
Il y a discrimination lorsqu’une telle nullifying or impairing such right ».
distinction, exclusion ou préférence a pour
effet de détruire ou de compromettre ce [Nos soulignements]
droit. ».
296. La démarche des tribunaux afin de déterminer s’il existe une violation de cette
disposition s’articule autour de la présence des trois éléments suivants :
40 R. c. Sharma, 2022 CSC 39, par. 28; Fraser c. Canada (Procureur général), 2020 CSC 28, par. 27.
41 Québec (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse) c. Bombardier Inc.
(Bombardier Aéronautique Centre de formation), 2015 CSC 39, par. 35.
- 47 -
299. Ils incluent aussi le droit à la dignité et le droit à la réputation prévus à son article 4 :
« 4. Toute personne a droit à la sauvegarde « 4. Every person has a right to the safeguard
de sa dignité, de son honneur et de sa of his dignity, honour and reputation. ».
réputation ».
300. Enfin, l’article 13 de la Charte québécoise interdit toute discrimination dans un acte
juridique :
« 13. Nul ne peut, dans un acte juridique, « 13. No one may in a juridical act stipulate a
stipuler une clause comportant clause involving discrimination.
discrimination.
Such a clause is without effect ».
Une telle clause est sans effet ».
301. Les Règles budgétaires et les Modifications attaquées créent une distinction
fondée sur la langue (maternelle ou d’usage), soit un motif analogue selon l’article
15 de la Charte canadienne et un motif énuméré à l’article 10 de la Charte
québécoise.
302. En effet, les Modifications attaquées haussent de manière significative les droits
de scolarité des étudiants CNRQ et le seuil des droits de scolarité applicables aux
étudiants internationaux, sous réserve des exceptions ou exemptions applicables,
et ce, sur la base de leur langue.
303. Quant aux étudiants CNRQ, la hausse prévue par les Modifications attaquées ne
s’applique pas aux étudiants qui sont inscrits dans une université « francophone »
et dans un programme offert en français conformément à l’article 29.6 C.l.f.
304. Il est évident qu’une université qui est catégorisée « anglophone » comme McGill
accueille en majorité des étudiants qui ne sont pas francophones, et en particulier
des étudiants anglophones.
305. La Cour suprême a reconnu qu’en général, une personne fait ses études dans la
langue qui lui est propre43.
306. Quant aux étudiants internationaux, une distinction basée sur la langue les affecte
pareillement.
307. En effet, des exemptions sont prévues pour les étudiants au 1 er cycle venant de
pays francophones, dont la France et la Belgique, et ces exemptions leur
permettent de bénéficier de la tarification applicable aux étudiants CNRQ. De plus,
conformément aux nouvelles Règles budgétaires (Pièce P-62), les Modifications
attaquées ne s’appliquent pas aux étudiants français et aux étudiants belges
francophones inscrits à un programme de 2 e ou 3e cycle, qui bénéficient plutôt du
tarif applicable aux étudiants québécois.
308. À cela, s’ajoutent d’autres exemptions, dont certaines sont applicables aux
étudiants internationaux provenant de pays membres de l’Organisation
internationale de la francophonie (comme par exemple, le Burkina Faso, le
Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, Haïti, le Luxembourg, le Liban, Madagascar,
le Mali, le Maroc, le Vietnam et la Tunisie), comme il appert du tableau du Ministère
intitulé Pays et organisation internationale signataires d’une entente internationale
en matière de mobilité étudiante à l’ordre universitaire, Pièce P-66.
309. Des exemptions existent aussi pour un quota d’étudiants suivant une formation en
français dans un programme d’études de 1 er cycle en sciences infirmières et en
génie44.
313. Les Règles budgétaires et les Modifications attaquées créent de plus une
distinction fondée sur l’origine nationale, qui est un motif énuméré à l’article 15 de
la Charte canadienne et à l’article 10 de la Charte québécoise, ainsi que sur le lieu
de naissance, un motif analogue aussi reconnu par l’article 15 de la Charte
canadienne.
314. En effet, les droits de scolarité exigés des étudiants diffèrent selon leur
provenance, c’est-à-dire selon qu’ils sont des étudiants québécois ou canadiens
résidents du Québec, des étudiants CNRQ ou des étudiants internationaux.
315. Quant aux étudiants canadiens, l’article 3.2 des nouvelles Règles budgétaires
(Pièce P-62) stipule qu’aux fins de l’application de la politique relative aux droits
de scolarité, les différents critères donnant droit à la reconnaissance du statut de
résident du Québec sont décrits à la section 3.3 de la Politique relative aux droits
de scolarité exigés des étudiants canadiens non-résidents du Québec par les
universités du Québec (Pièce P-21).
317. De plus, le Québec est d’ores et déjà reconnu comme une nation, comme il appert
entre autres du préambule de la C.l.f., ainsi que des notes explicatives de la Loi
96 et de la déclaration du très honorable Stephen Harper du 23 novembre 2006,
Pièce P-68, en liasse.
320. De plus, selon la Ministre, « ce n’est pas aux contribuables québécois de financer
la formation de milliers d’étudiants canadiens hors Québec » (Pièce P-53). Cela
dit, les contribuables des autres provinces canadiennes subventionnent
également les étudiants canadiens non-résidents, favorisant ainsi la mobilité
étudiante et le libre choix académique à travers le Canada.
- 50 -
321. Les Modifications attaquées produisent un effet discriminatoire violant le droit des
étudiants CNRQ et des étudiants internationaux visés à l’égalité protégé par
l’article 15 de la Charte canadienne ainsi que par les articles 10 et 13 de la Charte
québécoise.
322. En effet, les distinctions fondées sur la langue, l’origine nationale et le lieu de
naissance émanant des Modifications attaquées ont pour effet de hausser les
droits de scolarité des étudiants CNRQ poursuivant leurs études en anglais de
33 %. Les Modifications attaquées créent donc un désavantage disproportionné
et excessif aux motifs qu’ils ne sont pas originaires du Québec et qu’ils ont comme
langue maternelle ou d’usage l’anglais par opposition au français.
323. Quant aux étudiants internationaux qui ne bénéficient d’aucune exemption liée à
la langue, l’effet des Modifications attaquées est tout autant disproportionné et
excessif, la hausse du seuil des droits de scolarité exigibles d’eux s’élevant à
129,3 %.
326. Les distinctions mentionnées ci-dessus nient donc un avantage pour les étudiants
non francophones puisqu’elles créent une barrière à l’accès aux études
universitaires et à la poursuite de telles études dans l’université de leur choix.
327. Cette barrière s’applique tant aux nouveaux étudiants qu’à ceux qui souhaiteraient
changer de programme d’études. En effet, un étudiant qui a déjà entamé un
programme d’études avant l’entrée en vigueur des Modifications attaquées, mais
qui décide de changer de programme d’études à compter de l’automne 2024 ne
bénéficie plus de droits acquis et doit acquitter les droits de scolarité de la
tarification prévue par les Modifications attaquées.
328. Pourtant, l’accès à l’éducation, et notamment aux études universitaires, est une
composante fondamentale de l’individu, de son intégration dans la société et de
son épanouissement personnel.
b) « [L]'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en
fonction de leur mérite »;
330. Restreindre l’accessibilité aux études universitaires pour des motifs qui sont de
toute évidence discriminatoires nie donc clairement le droit des individus à
l’égalité, incluant dans la reconnaissance ou l’exercice de leur droit à la dignité,
lequel est protégé par l’article 4 de la Charte québécoise.
331. Aussi, les Modifications attaquées sont arbitraires, car elles ne sont aucunement
liées aux capacités et besoins des étudiants non francophones, tels que leurs
moyens financiers ou leurs habiletés intellectuelles.
332. D’ailleurs, les exemptions décrétées par la Ministre en lien avec Bishop’s illustrent
le caractère arbitraire des Modifications attaquées puisque, bien que cette
université soit catégorisée comme étant une université « anglophone », la nouvelle
tarification ne sera pas applicable pour un certain nombre de ses étudiants CNRQ
par année.
334. Ces stéréotypes sont notamment illustrés par les propos du ministre de la Langue
française, qui a indiqué que :
comme il appert d’un article de Tommy Chouinard du 12 octobre 2023 paru dans
La Presse (Pièce P-53).
335. Or, le fait pour une personne d’être associée à une menace culturelle et
linguistique au motif que sa langue n’est pas celle de la majorité et qu’elle n’est
pas d’origine québécoise constitue une atteinte aux attributs fondamentaux de
l’être humain, dont le droit à la dignité.
- 52 -
336. Au-delà des effets négatifs qui touchent directement les individus, les
Modifications attaquées ont des effets néfastes importants sur les universités
« anglophones », acteurs clés pour l’épanouissement de la culture de la minorité
linguistique anglophone.
338. Il est en effet clair que les Modifications attaquées visent à décourager les
étudiants non francophones, et en particulier anglophones, à poursuivre leurs
études dans une université « anglophone » du Québec.
339. Cet impact réputationnel aura nécessairement pour effet de diminuer le nombre
d’inscriptions des étudiants CNRQ et des étudiants internationaux, abaissant du
même coup les revenus à la disposition de McGill découlant des droits de scolarité
payés par ces étudiants.
342. Finalement, les Modifications attaquées ont également pour effet de stigmatiser,
voire d’ostraciser les employés de McGill en raison de leur appartenance à une
institution « anglophone ». Une telle action gouvernementale constitue donc une
atteinte à la dignité et à la réputation de l’institution elle-même et de ses employés.
344. La jurisprudence reconnaît qu’à titre de personne morale, une université bénéficie
pleinement de plusieurs droits fondamentaux, dont le droit à la réputation 45.
45 Université de Montréal c. Côté, J.E. 2006-485 (C.S.), par. 27; Voir aussi Loto-Québec c. Poker Trail
Management Inc., 2016 QCCS 474 (confirmé par : 2017 QCCA 951, par. 9).
- 53 -
345. Dans le présent cas, en raison de leur caractère déraisonnable, abusif et inique,
les Modifications attaquées, jumelées aux diverses déclarations des représentants
du gouvernement, ont gravement porté atteinte, et continuent à porter atteinte, à
la réputation de McGill.
346. Plus précisément, les Modifications attaquées et les déclarations les concernant
stigmatisent McGill en la traitant comme un établissement qui participe au déclin
et à la menace du français au Québec et, plus particulièrement, à Montréal.
347. Pire encore, elles constituent une action ou politique administrative claire qui, par
le truchement de mesures financières, propagent l’idée que les universités
« anglophones » méritent d’être désavantagées en raison du danger et de la
menace qu’elles représentent.
349. Une telle stigmatisation administrative constitue une violation directe et manifeste
du droit à la réputation. Dès lors, la Cour doit invalider les Modifications attaquées
afin que cette violation cesse conformément à l’article 49 de la Charte québécoise.
353. Lorsque la Ministre demande l’avis du CCAFE le 14 décembre 2023, il est clair
que le gouvernement n’a pas l’intention d’apporter de changements aux
46 R. c. Oakes, [1986] 1 R.C.S. 103. Voir aussi Ontario (Procureur général) c. G, 2020 CSC 38, par. 71.
- 54 -
354. En effet, le même jour, la Ministre a écrit aux universités « anglophones » que
« [l]a nouvelle tarification entrera en vigueur comme annoncé à compter de l’année
universitaire 2024-2025 » et que le gouvernement procèdera « dans les plus brefs
délais à l’approbation et la publication de la nouvelle grille tarifaire », comme il
appert de la lettre de la Ministre datée du 14 décembre 2023, Pièce P-49.
356. La décision de la Ministre était donc de toute évidence déjà prise à cette date.
357. Pire encore, les Modifications attaquées ont été transmises au Conseil du trésor
pour approbation avant l’expiration du délai à l’intérieur duquel le CCAFE devait
faire parvenir à la Ministre son avis sur les Modifications attaquées.
358. En effet, une demande ne peut être présentée au Conseil du trésor avant le 10e
jour qui suit la date de sa réception par le greffier, comme il appert des directives
concernant les demandes soumises à l’approbation du Conseil du trésor,
Pièce P-70.
359. De plus, en date du 9 janvier 2024, le Ministère avait déjà transmis les
Modifications attaquées au Conseil du trésor, comme il appert du courriel de cette
date émanant du ministère des Relations internationales et de la Francophonie,
Pièce P-71.
360. Puisque les Modifications attaquées ont été envoyées pour approbation avant
même l’expiration du délai de consultation du 15 janvier 2024, il est manifeste que
la consultation du CCAFE n’était qu’un simulacre.
361. Dans la même veine, la période accordée au CCAFE était nettement insuffisante
et même injuste. En effet, le délai qui lui a été accordé par la Ministre correspond
au délai minimum de 30 jours prévu à la loi en dépit (1) de la complexité de la
réforme annoncée, (2) de la période d’examens et des fêtes de fin d’année, (3) du
fait que les membres du CCAFE travaillent au sein des établissements
d’enseignement du Québec et (4) du fait que le CCAFE avait déjà deux autres avis
à produire durant cette période, comme il appert de la lettre du 19 janvier 2024
reçue en réponse à une demande d’accès à l’information, Pièce P-72.
362. Cette période a été choisie à dessein par la Ministre, celle-ci sachant
pertinemment que le CCAFE ne pourrait pas livrer ses commentaires dans le délai
- 55 -
imparti, ceci lui permettant de prétendre que son obligation de consultation était
réputée remplie en vertu de l’article 90 de la Loi sur le Ministère.
365. Or, une plus longue période aurait aisément pu être accordée au CCAFE puisque
rien ne nécessitait leur adoption précipitée par le Conseil du trésor étant donné
que celles-ci n’entrent en vigueur qu’à l’automne 2024.
367. L’insuffisance du délai accordé au CCAFE est d’autant plus flagrante qu’une plus
longue période lui est généralement accordée.
368. En effet, depuis 2020, toutes les demandes d’avis visant l’indexation de frais
universitaires ont été accompagnées d’un délai de 45 jours. De plus, parmi les
demandes d’avis au CCAFE recensées par McGill, aucune demande d’avis n’a
été faite en fin d’année (Pièce P-72).
369. Les Modifications attaquées ayant des effets dévastateurs et étant plus complexes
que celles pour lesquelles un délai de 45 jours a été accordé, le CCAFE aurait dû
bénéficier d’une plus longue période ne coïncidant pas avec la période d’examens
et des fêtes de fin d’année, d’autant plus que le CCAFE avait deux autres avis à
produire durant cette période.
370. De plus, cette consultation était inadéquate puisqu’elle reposait sur des
informations insuffisantes, particulièrement en ce qui a trait aux effets de la
déréglementation des étudiants internationaux (Pièce P-35), empêchant ainsi le
CCAFE de fournir à la Ministre un avis éclairé.
372. Pour toutes ces raisons, le gouvernement n’a pas rempli son obligation statutaire
de consultation.
373. Par ailleurs, en vertu des principes d’équité procédurale, les universités
« anglophones », dont McGill, auraient dû bénéficier d’une réelle opportunité de
se faire entendre avant que les Modifications attaquées ne soient adoptées eu
égard à leurs effets dévastateurs48.
375. Or, les universités « anglophones » n’ont pas véritablement été consultées ni avant
ni après l’annonce du 13 octobre 2023.
377. Le BCI a reçu les Modifications attaquées le jeudi 14 décembre 2023 et n’a eu que
cinq jours ouvrables pour transmettre ses commentaires, c’est-à-dire jusqu’au
jeudi suivant, soit le 21 décembre 2023.
378. Tout comme la période accordée au CCAFE, cette période est nettement
insuffisante, non seulement étant donné l’ampleur de la réforme proposée, mais
également puisque cette période concordait avec celle des examens et des fêtes
de fin d’année.
379. L’échéancier suivi par la Ministre à l’égard du BCI n’est qu’une preuve
supplémentaire de la volonté de priver les universités d’un véritable processus de
consultation.
380. Enfin, le Ministère n’a pas réellement collaboré avec les universités afin d’évaluer
l’impact de la déréglementation des étudiants internationaux avant d’adopter sa
réforme, contrairement à ce qui avait été annoncé en février 2023 dans le cadre
des travaux du Comité de coordination portant sur la révision de la Politique de
2018-2019 de financement des universités (Pièce P-30).
381. Au-delà du fait qu’aucune suite n’a été donnée à l’ébauche de « cadre
d’évaluation » soumise le 7 novembre 2023 au Comité sur la déréglementation
mis sur pied à l’hiver 2022, aucune rencontre n’a été tenue à son sujet avant
l’adoption des Modifications attaquées et ce, bien que plusieurs universités et le
bureau de la sous-ministre adjointe « Accessibilité, réussite et expérience
48 Articles 4 et 5 de la Loi sur la justice administrative, RLRQ c. J-3 (la « L.j.a. »); Baker c. Canada,
[1999] 2 RCS 817.
- 57 -
382. Rappelons également qu’à l’exception d’une intervention des universités via le BCI
au sujet d’un sondage problématique, il n’y a pas eu de rencontre de travail avec
les universités dans le cadre de mandat d’évaluation des effets de la
déréglementation du Ministère.
383. La motivation de la décision de la Ministre est également viciée comme celle-ci n’a
visiblement pas traité des préoccupations de McGill et des répercussions des
Modifications attaquées sur elle ainsi que sur la société en général 49.
384. En effet, la Ministre n’a en aucun temps réellement répondu à ces préoccupations
ou abordé ces conséquences, la politique linguistique de l’État ayant de toute
évidence préséance à ses yeux.
385. Ceci est d’autant plus flagrant considérant que la Ministre a annoncé l’imposition
d’une obligation de francisation inatteignable et dont les conséquences sont
encore plus néfastes que celles découlant des hausses relatives aux droits de
scolarité prévues par la réforme.
386. La Ministre n’a ainsi pas envisagé à la lumière des devoirs lui incombant en vertu
de sa mission, de façon attentive et sensible, les préoccupations légitimes clés
soulevées par McGill et ce, en dépit de leur importance non seulement pour celle-
ci, mais également pour la société québécoise dans son ensemble.
387. De plus, le BCI a logé plusieurs demandes auprès du Ministère visant à obtenir
les projections, scénarios ou données à la base de sa décision d’adopter les
Modifications attaquées (Pièces P-42 et P-52). Or, le Ministère n’a jamais donné
suite à ces demandes.
49 Articles 4 et 5 L.j.a.
- 58 -
391. Premièrement, cette décision a été prise sans droit puisqu’elle ne s’inscrit
nullement dans le cadre de la mission qui lui est dévolue en vertu de la Loi sur le
Ministère ou des fins pour lesquelles les Règles budgétaires peuvent être
adoptées ou, à tout le moins, la Ministre a clairement omis de tenir compte de
considérations pertinentes. Parmi celles-ci figurent les effets délétères des
Modifications attaquées sur les universités « anglophones » et la population
québécoise en général.
1° accorder, aux conditions qu’il fixe, une (1) grant financial assistance out of the sums
aide financière sur les sommes mises à sa put at the Minister’s disposal for that purpose,
disposition à cette fin; ». subject to the conditions determined by the
Minister; ».
[Nos soulignements]
394. L’objectif de valorisation de la langue française, aussi louable soit-il, ne fait pas
partie de la mission conférée à la Ministre conformément à la Loi sur le Ministère.
En effet, cet objectif serait plutôt du ressort du Ministère de la langue française.
395. Les effets des Modifications attaquées sur les universités « anglophones » et la
société en général illustrent bien le fait que celles-ci sont incompatibles avec la
mission de la Ministre, telle que définie par les articles 2 al. 1 et 2 et article 4 al. 1
(1°) et (3°) de la Loi sur le Ministère.
- 59 -
397. Ces effets négatifs sont plus amplement exposés ci-après et tout avantage
financier accessoire qui serait accordé aux universités « francophones » au terme
des Modifications attaquées ne fait pas le poids face à ceux-ci.
401. De plus, bien que McGill ait pu bénéficier davantage de revenus provenant
d’étudiants internationaux que d’autres universités, de tels revenus
supplémentaires découlent de sa réputation hors pair.
402. D’autre part, il est faux de prétendre que les étudiants CNRQ profitent du réseau
universitaire québécois au détriment de la population québécoise :
a) Aucune donnée probante n’a été avancée par la Ministre indiquant que les
étudiants CNRQ demeurant au Québec après leurs études ne parlent pas
français;
403. Ces fausses prémisses constituent le fondement des objectifs poursuivis par le
gouvernement ainsi que de la décision de la Ministre d’adopter les Modifications
attaquées.
407. En l’espèce, les pouvoirs délégués à la Ministre par la législature ne lui permettent
pas de percevoir des taxes.
408. La hausse du seuil applicable aux étudiants internationaux vise à mettre en place
une taxe déguisée. En effet, ce seuil ne fait qu’assurer la perception des sommes
additionnelles que le Ministère entend distribuer aux universités « francophones »
exclusivement.
411. Cela aura pour effet de générer des revenus additionnels pour l’État de 5 054 $
par EETP international, revenus additionnels tirés à même le budget de McGill.
412. Cette somme de 5 054 $ est en réalité une taxe puisqu’elle est (i) obligatoire et
exigée par la loi, (ii) imposée sous l’autorité du législateur et (iii) récupérée par
l’État, le tout (iv) pour une fin d’intérêt public, c’est-à-dire pour bonifier le
financement des universités « francophones ».
413. Par ailleurs, elle ne constitue ni une redevance de nature réglementaire ni des frais
d’utilisation.
414. Notamment, il n’existe aucun régime de réglementation en lien avec ces sommes
et, même si un tel régime était présent, ce qui est nié, il n’existerait aucun lien
entre les sommes additionnelles perçues par le gouvernement et ce régime lui-
même.
415. La somme additionnelle perçue par le Ministère par EETP international ne peut
pas davantage être qualifiée de frais d’utilisation étant donné que l’État ne fournit
pas de services aux étudiants internationaux, les services d’enseignement
supérieur étant plutôt rendus par les universités.
416. Ainsi, les Modifications attaquées prévoient une taxe déguisée à l’égard des
étudiants internationaux visés par la réforme qui ne découle d’aucune habilitation
législative et qui est conséquemment illégale et inconstitutionnelle.
419. La hausse des droits de scolarité des étudiants CNRQ constitue manifestement
une mesure de type tarifaire prohibée par l’article 121 de la LC de 1867 et, en
raison de sa nature prohibitive, un étudiant CNRQ souhaitant étudier dans une
université « anglophone » québécoise devra faire face à un fardeau financier plus
élevé.
420. Les Modifications attaquées ont donc pour but et effet d’entraver l’accès des
étudiants CNRQ à des services d’enseignement universitaire de langue anglaise
au Québec, particulièrement à la lumière des déclarations de la Ministre et de
représentants du gouvernement à l’effet qu’ils souhaitaient voir moins d’étudiants
anglophones dans les rues de Montréal, d’une part, et que la hausse vise à assurer
que la société québécoise n’assume pas les coûts des études universitaires des
étudiants CNRQ, d’autre part (Pièces P-38 et P-53).
421. À ce sujet, les droits de scolarité qui seront dorénavant exigés des étudiants
CNRQ seront disproportionnés par rapport à la moyenne des droits de scolarité
en vigueur dans les autres provinces pour les étudiants canadiens hors province,
- 62 -
423. Par ailleurs, les Modifications attaquées relatives aux étudiants CNRQ ne peuvent
pas être justifiées au motif qu’elles sont incluses aux Règles budgétaires, car elles
n’ont aucun lien rationnel avec le régime général de financement des universités
du Québec.
424. L’exclusion de Bishop’s mine entre autres la possibilité de l’existence de tout lien
rationnel avec celui-ci.
425. Il est urgent et crucial qu’une ordonnance de sursis soit émise à l’encontre des
Modifications attaquées jusqu’à jugement final quant à leur validité.
427. Il se justifie aussi par la prépondérance des inconvénients, qui illustre que le
préjudice qui découlerait d’une telle ordonnance est limité, voire inexistant, de
sorte que l’intérêt public milite en faveur du sursis demandé.
428. Les Modifications attaquées causent à McGill un préjudice grave et sérieux tant
pécuniaire que réputationnel qui ne cesse de s’aggraver à chaque jour qui
s’écoule.
430. En effet, le traitement subi par McGill en raison des Modifications attaquées
soulève autant de questions sérieuses, tel que le requiert le critère de l’apparence
de droit établi par la jurisprudence :
f) McGill n’a pas eu une réelle opportunité de se faire entendre avant que la
nouvelle tarification ne soit fixée par la Ministre;
j) McGill n’a pas été désignée à titre d’université « anglophone » par la Ministre
et le ministre de la Langue française tel que requis par l’article 194 de la Loi
96.
432. Si la demande de sursis n’est pas accueillie et que les Modifications attaquées
sont maintenues jusqu’à ce que la Cour statue sur le fond du pourvoi, les effets
déjà produits par les Modifications attaquées ne feront que s’aggraver.
434. Or, la jurisprudence est à l’effet que le préjudice subi en raison de la violation d’un
droit ou d’une liberté garantie par la Charte canadienne ou la Charte québécoise
constitue un préjudice sérieux et irréparable qui ne peut être compensé. Des
mesures nuisant la minorité linguistique peuvent également constituer un tel
préjudice irréparable.
- 64 -
435. Par ailleurs, McGill jouit depuis plus de deux siècles d’une réputation des plus
enviables sur les scènes nationale et internationale.
437. McGill est notamment associée à une menace culturelle et linguistique qui
affecterait la majorité francophone du Québec.
438. Les Modifications attaquées ont déjà affecté et continueront d’affecter de façon
irrémédiable l’attractivité de McGill et la notoriété du Québec à titre de société
ouverte et égalitaire et de destination de renommée nationale et internationale
pour la poursuite d’études universitaires.
440. Les Modifications attaquées entraînent donc, à court, moyen et long terme, une
diminution importante du nombre d’inscriptions d’étudiants de l’extérieur du
Québec en raison de la nature prohibitive des hausses et du climat délétère créé
à l’égard des anglophones ou de ceux qui aimeraient étudier principalement en
anglais et ce, dans un contexte où la concurrence mondiale pour attirer les
meilleurs talents est féroce.
441. Immédiatement après le 1er février 2024, soit la date limite pour le dépôt de
demandes d’admission au 1er cycle pour les étudiants hors Québec, le nombre de
demandes d’admission reçues d’étudiants CNRQ avait chuté d’environ 21 % en
comparaison à la même période l’année précédente.
443. Cette diminution constitue pour McGill une importante perte de clientèle. La
jurisprudence reconnaît de façon constante qu’une telle perte constitue aussi un
préjudice sérieux et irréparable, impossible à quantifier.
444. Les Modifications attaquées compromettent donc l’une des sources de revenus
les plus importantes de McGill, soit ses revenus de fonctionnement (droits de
scolarité et subventions de fonctionnement) puisqu’ils dépendent de l’effectif
étudiant.
- 65 -
446. McGill prévoit que l’impact financier et la perte de revenus liés aux étudiants
CNRQ et aux étudiants internationaux au 1er cycle ou 2e cycle de type
professionnel qui seront subis entre aujourd’hui et les quatre prochaines années
s’élèveront à un minimum de 40 M$ pour la cohorte de 2024-2025.
447. Cette prévision est conservatrice puisqu’elle couvre les quatre prochaines années
uniquement et puisqu’elle ne prend pas en compte :
b) Les autres pertes de revenus dépendant de l’effectif étudiant, tels que les
revenus découlant des résidences étudiantes, qui sont particulièrement
populaires auprès des étudiants hors Québec;
c) Certains frais institutionnels obligatoires, tels que les frais technologiques, les
frais de services aux étudiants et les frais de droit d’auteur;
e) Les coûts à encourir par McGill si le climat délétère instauré par les
Modifications attaquées la force à renouveler la Bourse Canada pour l’année
2025-2026 ou toute autre année ultérieure;
448. Cet impact financier substantiel et cette importante perte de revenus ont exacerbé
une situation déjà difficile, le réseau universitaire du Québec étant déjà sous-
financé par le gouvernement du Québec.
- 66 -
449. Ceux-ci ont également contraint McGill à mettre en place des mesures visant
notamment à réduire les dépenses de l’ensemble de ses facultés et départements.
450. Parmi celles visant à réduire ses dépenses, McGill a décrété, le 1 er décembre
2023, un gel d’embauche affectant tant le personnel enseignant ou académique
que le personnel administratif et de soutien. Ce gel d’embauche doit rester en
vigueur jusqu’à ce que la situation financière de McGill ne soit plus en péril, sauf
exceptions excessivement limitées, comme il appert du courriel du Provost de
McGill daté du 1er décembre 2023, Pièce P-74 et du courriel daté du 11 décembre
2023 comportant certaines lignes directes en lien avec le gel relatif au personnel
administratif et de soutien, Pièce P-75.
451. D’autre part, McGill a été placée sous surveillance de crédit par Moody’s, une
agence de notation parmi les plus reconnues.
452. Ainsi, l’impact financier et la perte de revenus anticipés ont réduit la capacité
d’emprunt et de remboursement de McGill, ses détenteurs de titres de dettes ayant
déjà haussé le taux d’intérêt qui lui est imposé de 0,05-0,10 %.
453. Le coût d’emprunt pour financer les projets d’infrastructure en cours de McGill a
donc déjà augmenté et sa capacité d’emprunt pour financer tout projet futur
d’infrastructure est incertaine.
454. De plus, McGill poursuit des efforts considérables afin d’augmenter (i) ses offres
d’admission dans de nombreux programmes de 1er ou 2e cycle pour lesquels un
bassin d’étudiants de grande qualité existe, et (ii) le nombre d’étudiants inscrits et
supervisés dans des programmes de recherche à la maîtrise ou au doctorat.
455. McGill a également sollicité des dons auprès de ses diplômés afin de tenter de
contrecarrer l’impact des Modifications attaquées, comme il appert de la lettre du
Fonds McGill transmise le 21 décembre 2023, Pièce P-76.
456. Cela dit, les mesures adoptées par McGill, même couronnées de succès, ne
pourront manifestement pas compenser les graves préjudices irréparables qu’elle
subit.
457. De plus, la possibilité pour McGill d’exiger des droits de scolarité plus élevés des
étudiants par l’entremise des montants forfaitaires discrétionnaires est en pratique
irréaliste pour la plupart des étudiants CNRQ. En effet, si des sommes
supplémentaires sont exigées de ceux-ci, cela ne fera qu’exacerber une situation
déjà hautement problématique, McGill ne pouvant pas attirer des étudiants de
l’extérieur du Québec à n’importe quel prix.
458. Les revenus de McGill subiront donc dans les faits une chute significative qui ne
peut être quantifiée et dont les impacts se ressentent au quotidien.
- 67 -
460. Pire encore, en l’absence du sursis demandé, les conséquences dévastatrices des
Modifications attaquées ne feront qu’empirer puisqu’elles forceront McGill à
adopter des mesures affectant la gestion de ses unités administratives et son offre
académique. Ces mesures incluent le ralentissement prévu et la suspension
probable de projets d’infrastructure de McGill, dont certains qui sont critiques à sa
mission ou nécessaires en vertu des normes de santé et sécurité.
463. De plus, bien que les facultés, écoles et programmes de McGill seront affectés de
façon variable, la pérennité de ceux qui sont largement composés d’étudiants
CNRQ ou d’étudiants internationaux pourra être touchée en l’absence du sursis
demandé, dont l’École de musique Schulich, la Faculté des sciences de
l’agriculture et de l’environnement, la Faculté des sciences de l’éducation et les
programmes interfacultaires de baccalauréat ès arts ou ès sciences.
464. À long terme, l’impact des Modifications attaquées sur l’offre académique de
McGill pourrait même avoir pour effet de la déclasser au sein des divers
classements, ce qui affecterait du même coup la notoriété des diplômes qu’elle a
déjà décernés et, partant, ses anciens étudiants.
465. Il n’est par ailleurs pas exclu que certains services aux étudiants soient éliminés
et que des équipes sportives universitaires des Redbirds ou des Martlets soient
- 68 -
466. Il est donc clair qu’un sursis doit être émis puisque l’impact financier et la baisse
de revenus causés par les Modifications attaquées menacent la mission
d’enseignement et d’excellence de McGill, ainsi que l’offre académique et la
qualité de la vie étudiante qu’elle peut offrir à ses étudiants, actuels ou futurs,
francophones ou anglophones.
469. Il est en effet indéniable qu’un réseau universitaire dynamique, diversifié et ouvert
sur le monde constitue un carrefour vers lequel convergent les grands esprits d’ici
comme d’ailleurs pour apprendre et innover. Un réseau universitaire de grande
qualité contribue donc à la société et à l’économie locale tout en augmentant le
potentiel d’influence du Québec à l’échelle internationale et en enrichissant le tissu
social et la diversité culturelle et intellectuelle de la province.
470. Or, les Modifications attaquées et les hausses qu’elles prévoient freinent ces
retombées matérielles et immatérielles.
471. En effet, les effets bénéfiques des Modifications attaquées, s’ils en existent, sont
beaucoup moins importants que leurs effets préjudiciables.
472. Bien que les Modifications attaquées procurent, dans une certaine mesure, des
revenus additionnels à l’État ou aux universités « francophones », cet avantage
financier est négligeable puisqu’il correspond à 2,74 % de l’enveloppe budgétaire
des universités (110 M$ vs 4 018,3 M$) pour 2023-2024, comme il appert des
Pièces P-33, P-53 et P-62.
473. De plus, l’avantage aux universités « francophones » est dilué au point d’être
infinitésimal puisque reparti entre 16 institutions, mais constitue un fardeau
important pour les universités « anglophones », puisque dans les faits, ce seront
principalement deux institutions qui procureront ces revenus additionnels, soit
McGill et Concordia.
474. Les effets destructeurs des Modifications attaquées l’emportent sur cet avantage
financier de par la diminution de manière significative, à court et long termes, des
retombées découlant de la vitalité économique de McGill.
- 69 -
476. À ce sujet, rappelons que les dépenses effectuées au Québec durant l’année
fiscale 2022 pouvant être attribuées à McGill s’élèvent à 2 549 M$ et que ces
dépenses ont permis de soutenir des milliers d’emplois et contribué au PIB de la
province (Pièce P-7).
477. De plus, la Ministre a reconnu que, « [c]ompte tenu du contexte actuel de pénurie
de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs stratégiques de l’économie québécoise
et dans les services publics essentiels à la population, nous ne pouvons accepter
de perdre des milliers de diplômés chaque année » (Pièce P-32).
478. Il est donc manifeste que les Modifications attaquées affecteront négativement
l’économie du Québec en plus de mettre en péril l’avancement du savoir ainsi que
le dynamisme scientifique, social, communautaire et culturel de la province. En
effet, l’ensemble du réseau universitaire québécois de même que la réputation de
McGill et de la province à titre de société ouverte et égalitaire seront négativement
affectés.
479. Sans un sursis, McGill se devra de faire des choix difficiles, incluant notamment
l’annulation de cours et/ou programmes d’études. Ces choix auront un impact sur
les effectifs au sein du corps professoral. Il sera pratiquement impossible de
remplacer ces professeurs au regard de leurs expertises et de la spécificité des
cours et des programmes mis sur pied, d’où l’importance du sursis pour assurer le
maintien de la qualité actuelle de l’enseignement.
b) Le fait que les étudiants CNRQ qui ont déjà entrepris leurs études sont
contraints de demeurer dans leur programme actuel afin d’éviter la hausse des
droits de scolarité découlant des Modifications attaquées;
482. Les Modifications attaquées ont été adoptées en hâte, sans suivre la procédure
appropriée, et le gouvernement n’a donc pas pris en compte tous leurs impacts
négatifs sur l’intérêt public.
483. Dans ce contexte, l’intérêt public milite clairement en faveur du maintien du statu
quo et, partant, de l’émission du sursis demandé afin de préserver, au nom de
l’intérêt public et pour les générations présentes et futures, la réputation de McGill
et du Québec à titre de société ouverte et égalitaire, la stabilité financière de
McGill, la qualité de l’ensemble du réseau universitaire du Québec, ainsi que le
dynamisme économique du Québec.
484. Dans la mesure où l’ordonnance de sursis recherchée est émise, McGill demande
à cette Cour d’ordonner son exécution provisoire nonobstant appel afin d’éviter
qu’un appel régulièrement formé suspende son exécution.
486. Il est également manifeste que les délais inhérents à une procédure d’appel
auraient pour effet de rendre l’ordonnance de sursis inutile si son exécution
provisoire nonobstant appel n’est pas ordonnée puisque les Modifications
attaquées doivent entrer en vigueur à compter de l’automne 2024.
487. De la même manière, toute décision finale rendant nulles et invalides les
Modifications attaquées doit être exécutoire nonobstant appel. Autrement, un
climat d’incertitude sera instauré et les effets néfastes des Modifications attaquées
- 71 -
489. Au-delà des questions propres à McGill, la présente affaire soulève des questions
touchant l’intérêt public et il n’existe pas d’autre moyen raisonnable et pratique de
les judiciariser que le présent pourvoi, étant illusoire qu’un étudiant donné de
l’extérieur de la province les soumette à la Cour vu notamment la nature du débat
qu’elles engendrent et les coûts qui y sont associés.
490. McGill dispose ainsi de l’intérêt public ou privé pour agir afin que la Cour tranche
l’ensemble des questions qu’elle lui soumet.
XII. CONCLUSION
492. McGill soumet également qu’il est nécessaire de surseoir à l’application des
Modifications attaquées afin d’éviter les multiples préjudices sérieux et
irréparables qui sont subis tant par elle, ses étudiants et ses employés que par la
société québécoise en général et qui continuent de s’aggraver.
Je, soussigné, Fabrice Labeau, Premier vice-provost aux études et à la vie étudiante
auprès de l’Institution royale pour l’avancement des sciences (Université McGill),
exerçant mes fonctions au 845, rue Sherbrooke Ouest, Bureau 621, à Montréal (Québec)
H3A 0G4, affirme solennellement ce qui suit :
ET J’AI SIGNÉ :
Fabrice Labeau
AVIS D'ASSIGNATION
PIÈCE P-1 : An Act for the Establishment of Free Schools and the Advancement of
Learning, S prov C 1801 (16 & 17 Geo III), c. 17;
PIÈCE P-4 : Loi concernant l’Institution royale pour l’avancement des sciences, SQ
1933, c. 56;
PIÈCE P-12 : Extrait du site web de McGill sur le Centre Dobson pour l'entreprenariat;
-76-
PIÈCE P-14 : Article d’Olivier Bourque dans le Journal de Montréal daté du 30 avril
2022;
PIÈCE P-17 : Extraits des classements de McGill dans le Magazine Maclean’s pour
les années 2020 à 2024, en liasse;
PIÈCE P-18 : Financial Report to the Board of Governors de McGill pour les années
2022-2023;
PIÈCE P-21 : Politique relative aux droits de scolarité exigés des étudiants canadiens
non-résidents du Québec par les universités du Québec du 22 avril
2014;
PIÈCE P-22 : Politique relative aux droits de scolarité exigés des étudiantes et
étudiants étrangers par les universités du Québec de mai 2008;
PIÈCE P-23 : Rapport final du chantier sur la politique de financement des universités
du 30 juin 2014;
PIÈCE P-24-B : Brochure faisant état des faits saillants de la Politique québécoise de
financement des universités de 2018-2019;
PIÈCE P-40 : Article de Andy Riga dans le Montreal Gazette du 12 octobre 2023;
PIÈCE P-50 : Communiqué de presse émis par McGill daté du 14 décembre 2023;
PIÈCE P-54 : Courriel du BCI daté du 15 décembre 2023 et sa pièce jointe, en liasse;
PIÈCE P-58 : Communiqué de presse émis par McGill daté du 19 décembre 2023;
PIÈCE P-64 : Version comparée entre les Règles budgétaires de mai 2023 et les
Règles budgétaires de février 2024;
PIÈCE P-65 : Avis du CCAFE portant sur les droits de scolarité de la population
étudiante universitaire 2023-2024 daté de mai 2023;
PIÈCE P-75 : Courriel comportant certaines lignes directes en lien avec le gel
d'embauche daté du 11 décembre 2023;
Vous devez répondre à cette demande par écrit, personnellement ou par avocat, au
Palais de justice de Montréal situé au 1, rue Notre-Dame Est , Montréal, Québec,
H2Y 1B6 dans les 15 jours de la signification de la présente demande ou, si vous n'avez
ni domicile, ni résidence, ni établissement au Québec, dans les 30 jours de celle-ci. Cette
réponse doit être notifiée à l'avocat du demandeur ou, si ce dernier n'est pas représenté,
au demandeur lui-même.
Défaut de répondre
Contenu de la réponse
de contester cette demande et, dans les cas requis par le Code de
procédure civile, d'établir à cette fin, en coopération avec le demandeur,
le protocole qui régira le déroulement de l'instance. Ce protocole devra
être déposé au greffe de la Cour du district mentionné plus haut dans les
45 jours de la signification du présent avis. Toutefois, ce délai est de
3 mois en matière familiale ou si vous n'avez ni domicile, ni résidence, ni
établissement au Québec ;
Cette réponse doit mentionner vos coordonnées et, si vous êtes représenté par un
avocat, le nom de celui-ci et ses coordonnées.
Cette demande est, sauf exceptions, entendue dans le district judiciaire où est situé votre
domicile ou, à défaut, votre résidence ou le domicile que vous avez élu ou convenu avec
le demandeur. Si elle n’a pas été déposée dans le district où elle peut être entendue et
que vous voulez qu’elle y soit transférée, vous pouvez présenter une demande au tribunal
à cet effet.
Si vous avez la capacité d'agir comme demandeur suivant les règles relatives au
recouvrement des petites créances, vous pouvez également communiquer avec le
greffier du tribunal pour que cette demande soit traitée selon ces règles. Si vous faites
cette demande, les frais de justice du demandeur ne pourront alors excéder le montant
des frais prévus pour le recouvrement des petites créances.
Dans les 20 jours suivant le dépôt du protocole mentionné plus haut, le tribunal pourra
vous convoquer à une conférence de gestion en vue d’assurer le bon déroulement de
l’instance. À défaut, ce protocole sera présumé accepté.
Une demande présentée en cours d’instance, une demande visée par les livres III ou V,
à l’exception notamment de celles portant sur les matières familiales mentionnées à
l’article 409 et de celles relatives aux sûretés mentionnées à l’article 480, ou encore
certaines demandes visées par le livre VI du Code de procédure civile, dont le pourvoi en
contrôle judiciaire, sont accompagnées, non pas d’un avis d’assignation, mais d’un avis
de présentation. Dans ce cas la préparation d’un protocole de l’instance n’est pas requise.
-82-
CANADA
Demanderesse
c.
MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR
-et-
Défendeurs
AVIS DE PRÉSENTATION
DESTINATAIRES :
Défenderesse Défendeur
PRENEZ AVIS que la Demande de sursis à l’encontre des modifications aux règles
budgétaires haussant les droits de scolarité minimalement exigibles des étudiants
universitaires hors Québec non exemptés au 1 er cycle ou 2e cycle de type professionnel
sera présentée pour décision à l’un des juges de la Cour supérieure, siégeant en chambre
de pratique civile pour le district de Montréal, le 15 mars 2024 à 9 heures, ou aussitôt
que conseil pourra être entendu, au Palais de justice de Montréal, sis au 1, rue Notre-
Dame Est , Montréal, Québec, H2Y 1B6, en salle 2.13
-83-
20599/336678.00001 BF1339
DEMANDE DE POURVOI EN CONTRÔLE
JUDICIAIRE EN DÉCLARATION D’INVALIDITÉ ET
D’INCONSTITUTIONNALITÉ, AINSI QUE DEMANDE
DE SURSIS À L’ENCONTRE DES MODIFICATIONS
AUX RÈGLES BUDGÉTAIRES HAUSSANT LES
DROITS DE SCOLARITÉ MINIMALEMENT
EXIGIBLES DES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES
HORS QUÉBEC NON EXEMPTÉS AU 1ER CYCLE
OU 2E CYCLE DE TYPE PROFESSIONNEL
ORIGINAL
Fasken Martineau DuMoulin S.E.N.C.R.L., s.r.l.
800, rue du Square-Victoria, bureau 3500
Montréal (Québec) H3C 0B4
Fax. +1 514 397 7600
Me Marc-André Fabien, Ad. E. Tél. +1 514 397 7557
mfabien@fasken.com
Me Nathalie-Anne Béliveau Tél. +1 514 397 4381
nabeliveau@fasken.com
Me Lucie Lanctuit Tél. +1 514 397 7434
llanctuit@fasken.com
Me Michael Shortt Tél. +1 514 397 5270
mshortt@fasken.com
Me Claudie Fréchette Tél. +1 514 397 5190
cfrechette@fasken.com