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Sur Les Pagnes
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Pagne
pièce de tissu avec laquelle une personne couvre son corps des hanches jusqu'aux cuisses
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Le pagne est un vêtement léger porté dans les pays chauds. Il est fait d'une pièce de tissu, de cuir, de
plume ou de matière végétale tressée généralement et rectangulaire, ajusté autour des hanches et
descendant jusqu'aux cuisses (pagne court) ou aux chevilles (pagne long). Sa taille permet toujours au
minimum de cacher les parties génitales.
Le pagne est un vêtement ou une parure parmi les plus anciens (visible ici sur une sculpture de l'époque
classique de Veracruz, au Mexique).
Chez les amérindiens Tekos de Guyane (autrefois dits émerillons), ce type de petit pagne carré, était
réservé aux femmes et nommé tangue[1]
Selon les époques, les cultures et les âges de la vie, le pagne est mixte ou tantôt porté par les femmes,
par les hommes, dehors, ou à l’intérieur, à partir de l'adolescence en général.
C'est l'un des vêtements les plus simples à fabriquer et à porter, encore couramment utilisé, notamment
dans les régions chaudes. Quelques créateurs de mode et artistes s'en inspirent.
Étymologie et usage
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Ce mot pourrait avoir été emprunté à l'espagnol paño désignant le pan (de tissu) venant lui-même du
latin pannus « morceau d'étoffe » [2].
Ce mot était féminin jusqu'au début du xixe siècle. La Pérouse dans la description de ses voyages[3]
l'utilise pour désigner plus largement « un coupon d'étoffe qui sert à [...] envelopper le corps » et en
1850 Flaubert l'utilise pour décrire « de petits caleçons de cuir » utilisés en Afrique[4]. Une version en
est décrite par J. W. Page en 1941 comme « un vêtement dont un pan est entouré autour de la taille et
l'autre passé entre les jambes et ramené à la ceinture, l'extrémité libre flottant par-devant »[5]. Il est
généralement composé d'une seule pièce, ou d'une pièce et d'une ceinture.
Il peut être simple, coloré, imprimé, brodé ou décoré de diverses manières. Certains pagnes[6]
pouvaient être en tissu plissé pour leur partie inférieure, ou accompagnés de bijoux ou pièces d'étoffe
décoratives.
Utilisation, us et coutumes
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Le pagne est apparu sous diverses formes sur les cinq continents : la toge romaine s'apparente ainsi à un
grand pagne dont le port n'est pas éloigné du kenté que l'on trouve au Ghana.
Le pagne est toujours porté de nos jours dans plusieurs pays d'Amérique tropicale, d'Océanie et surtout
d'Afrique où il conserve une empreinte particulièrement importante sur la mode vestimentaire[7].
Variétés
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En Afrique
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De très nombreuses sortes de pagne existent en Afrique, fabriqués avec les matériaux de la forêt ; en
écorce battue ornée de motifs Mbuti par les Pygmées au Zaïre aux tissus les plus riches et complexes
inspirés des techniques ancestrales, en passant par les pagnes colorés des Masaï et les pagnes courts et
affriolants réservés à l'intimité dans l'Ouest et centre-ouest du continent.
Dans les pays du golfe de Guinée, de la Côte d'Ivoire au Sud du Nigeria, le pagne traditionnel était une
pièce de tissu d'environ 1 m de large et 8,5 m de long, une forme qu'on retrouve également dans le
sari/dhoti indien, la toge romaine et la forme ancienne du kilt écossais. Lors des occupations
quotidiennes, le pagne était plié en deux dans le sens de la longueur et enroulé autour des hanches.
Dans des situations plus solennelles, les cérémonies, ou bien quand il faisait froid, il était déplié et
drapé, une partie s'enroulant autour de la taille et le bord libre rejeté derrière l'épaule gauche, ou
parfois relevé sur la tête. Bien entendu, si un individu pouvait se permettre de posséder plusieurs
pagnes, il utilisait les plus usés en position « travail » lors de ses occupations journalières et un pagne de
bonne qualité drapé autour du corps pour les grandes occasions. À l'époque moderne, le pagne des
femmes fut coupé pour former trois parties (pagne, corsage et surjupe ou châle). Celui des hommes
n'est plus utilisé que pour de grandes occasions et/ou par les hommes d'un certain rang (prêtres, chefs
traditionnels au Ghana, notamment).
On distingue en Afrique de l'Ouest le pagne kita ou kenté (Côte d'Ivoire et au Ghana), le pagne sénoufo
(Côte d'Ivoire), le pagne baoulé (Côte d'Ivoire), le pagne wax. Les pagnes traditionnels gouro et yacouba
sont considérés comme la reproduction du modèle baoulé[8].
On appelle pagne wax les tissus imprimés utilisés notamment en Afrique de l'Ouest mais aussi jusqu'en
République démocratique du Congo, et dont la technique s'inspire des batiks javanais, réalisés avec des
cires hydrophobes (wax signifie « cire »). Les premiers tissus de ce style ont d'ailleurs été ramenés par
des mercenaires ghanéens travaillant en Indonésie pour les Britanniques et les Hollandais. La création et
le tissage de ces pagnes ont donné lieu à une véritable industrie, les originaux ayant été produits en
Hollande (real Dutch wax). Il existe des versions imprimées (faux-wax) très dynamiques en Côte d'Ivoire
notamment. Les motifs, parfois humoristiques ou populaires (images de héros de série télévisée,
formules chocs…) en sont dessinés par des artistes burkinabés, maliens, ivoiriens principalement, faisant
souvent de ce vêtement un moyen de communication[8].
En Polynésie
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On appelle tapa les vêtements en forme de pagne décrits par les navigateurs européens du xixe siècle
constitués d'écorce ou de fibres végétales battues, utilisés en Polynésie (ex : sud du Vanuatu, îles
Salomon et littoraux, nord-ouest de la Nouvelle-Guinée…).
Le paréo est un pagne long, constitué d'une étoffe légère porté comme un pagne, ou noué au-dessus
des seins ou éventuellement au-dessus de l'épaule ou derrière le cou. Son usage s'est répandu dans le
monde comme vêtement d'intérieur et de vacances, évoquant par leur forme et motifs (fleurs,
végétaux…) les images paradisiaques de Tahiti, des vahinés… De nombreux créateurs de la haute
couture et du prêt-à-porter s'en sont inspirés.
En Amérique latine
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Dans les Guyanes, le pagne traditionnellement rouge des amérindiens du plateau des Guyanes, dont par
exemple celui des Wayapi de Guyane[9] où aussi le « don du pagne » (ou du pangi) joue un rôle
important chez les Ndjuka (société matrilinéaire d'origine africaine et implantée au Surinam et dans la
région frontalière aux alentours de Saint-Laurent-du-Maroni) ; rituel qui marque le passage au statut de
femme, préalable au mariage et au droit d’avoir, si elle le souhaite, son propre abattis (différent de celui
de sa mère) et d'avoir - tant qu’elle n’est pas mariée - les relations sexuelles de son choix à condition
que cela se fasse dans une relative discrétion. Le don du pagne s'effectue quand la mère de la jeune fille
juge qu'elle est devenue femme, habituellement vers son dix-huitième anniversaire ou plus tôt en cas de
grossesse[10]. À partir de l'adolescence, les filles portaient un pagne plus court de type cache-sexe, en
tissus de plusieurs couleurs[11] ou orné de dessins[12].
Types de pagne
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Il existe des centaines de sortes de pagnes différents selon l'âge et les activités, ainsi que pour l'intimité.
Le pagne blanc de la mariée, chez certaines ethnies africaines attachant une grande importance à la
virginité, devait être taché de sang le lendemain de la nuit de noces pour prouver la virginité de la
mariée. Il était ostensiblement promené dans les rues jusqu'à la concession du mari afin de montrer à sa
famille que la mariée était vierge[13].
Les pagnes mortuaires sont spécifiquement décorés pour accompagner le défunt dans l'au-delà chez de
nombreuses ethnies d'Afrique, d'Asie du Sud-Est ou de Madagascar, les individus devant dans certaines
cultures préparer ou acheter ce pagne, ou en prévoir plusieurs au long de leur vie[14] en Afrique chez
les Manjaques. Les motifs de ces pagnes peuvent par exemple raconter la vie du défunt, décrire les rites
et cérémonies du village ou décrire l'enterrement du mort[15].
Pagne long
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On appelle également « pagne » tout vêtement long qui donne l’apparence d’une jupe longue quand il
est porté, mais qui n’est constitué que d’une seule pièce de tissu rectangulaire démunie de système de
fermeture (il tient par le fait que le tissu est replié plusieurs fois sur lui-même à la ceinture, ou par un
nœud). L’absence de couture permet une grande liberté de mouvement.
Exemple de motifs
Par exemple au Mali (où le pagne bogolan est dessiné et porté par les femmes), il couvre le corps du
nombril aux chevilles, donc s'arrêtant aux pieds. Il est traditionnellement constitué de sept bandes de
coton cousues entre elles (Le : taafe en bamanan). Il est enroulé autour du corps, le côté droit attaché
sur le côté gauche.
La bordure supérieure (fini siri (attacher) bolo, ou finitayoro), parfois plus solide, sert à nouer le pagne.
Le bord droit (sokonon bolo ; so signifiant : la maison, et konon dedans/à l'intérieur, et bolo : main/
limite) n’est plus visible une fois le pagne noué, alors que la bordure gauche (kenema (dehors) bolo) est
apparente.
La bordure du bas (duguma bolo ou senkorola (duguma signifiant la terre/le sol, et sen le pied, Korola
signifiant auprès de) est une bande décorative comportant des motifs associés à ceux du panneau
principal central, finin ba (ba désignant la grand-mère, et finin l'étoffe).
Les motifs dessinés sur les pagnes en bogolan et leurs positions respectives symbolisent ou évoquent
des récits d'événements réels ou mythiques. Les motifs, qui peuvent avoir plusieurs sens, portent des
noms et ils protègent la femme qui porte le pagne. Ce sont souvent des stylisations d’empreintes
d'homme ou d’un animal. Chez les Bambaras, les traces laissées sur le sol étaient réputées contenir une
partie de la personne.
Certains motifs sont créés à l’occasion d’un événement, et caractéristiques d’une ethnie ou d’une région
et d’une époque.
La technique du Bogolan au Mali a été dans les années 1980 appropriée et transformée par des artistes
maliens, sénégalais ou du Burkina Faso (ex : groupe malien Bogolan kasobané) qui dessinent sur des
pièces de tissus.
Au sein du groupe ethnique des Kuba, les hommes tissent les pagnes, mais ce sont les femmes qui les
décorent au moyen d'appliqués, de broderies et en ajourant le tissu.
Pagne court
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Il existe de nombreuses sortes de pagnes courts, dont en fibre, écorces battues, voire en simple ceinture
de plumes chez certaines ethnies de la forêt sud-américaine.
En Afrique, une jupe-pagne[16] est dérivée du pagne Wax et au Sénégal, le bethio, dit « Petit Pagne »
(Bekou-soukar, tame thiere, keyitoukeur gui en wolof) est un vêtement, parfois ajouré, très lié à la
séduction[17] et à l’érotisme en Afrique, qui peut être porté avec un ou plusieurs colliers de perles
autour des hanches (Dial Dialy est le collier porté par les femmes, Bine Bine étant celui porté par les
jeunes filles, mot qui signifie aussi « doucement » en wolof) autour de la taille pour notamment mettre
en valeur le corps dans certaines danses aux déhanchements évocateurs.
Ce vêtement a également été approprié par des artistes et créateurs, évoquant d’un certain point de
vue le phénomène de la minijupe ou plutôt de la lingerie de séduction (charme ou sexy) en Occident, car
porté à l’intérieur et dans l’intimité.
Périzonium
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Dans la culture chrétienne, le pagne porté par le Christ en croix s'appelle le périzonium.
Évolutions récentes
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Le paréo survit comme vêtement de plage, le temps des vacances, le modèle occidental a fait reculer le
port du pagne dans de nombreux pays.
Voir aussi
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Bibliographie
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ANZAN-N’ZI, M., DANKOCO, I. S., & MOUKPE, G. E. Les déterminants de l'attachement des femmes
ivoiriennes aux marques de tissu pagne Wax [archive]. Volume n, 33.
Fourneau J & Kravetz L (1954). Le pagne sur la côte de Guinée et au Congo du XVe siècle à nos jours. IEC.
Lebreton, S. (2003). La pratique du pagne en Côte d'Ivoire, une expression multiculturelle. Africultures,
(3), 155-160 résumé [archive].
Rivallain, J. (1991). A propos des pagnes modernes du Musée de l'Homme. Techniques et symboliques
[archive]. Journal des africanistes, 61(1), 127-138.
Articles connexes
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Maxtlatl (pagne mésoaméricain)
Boubou
Batik
Sarong
Fundoshi
Liens externes
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Raoul Germain Blé, « Le pagne. Outil de communication en Côte d'Ivoire », dans la revue
Communication [En ligne], vol. 30/1, 2012, mis en ligne le 29 novembre 2012 [archive]. Page consultée
le 27 mars 2013.
Notes et références
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Rahmane Idrissa et Jean-Joseph Boillot, L'Afrique pour les Nuls, edi8, 2015, 400 p. (ISBN 978-2-7540-
8272-3, lire en ligne [archive]), pt536
Raoul Germain Blé, « Le pagne », Communication. Information médias théories pratiques, no Vol. 30/1,
23 février 2012 (ISSN 1189-3788, DOI 10.4000/communication.3026, lire en ligne [archive], consulté le
27 mai 2022)
Grenand F (1980) La langue Wayãpi (Guyane française): Phonologie et grammaire (Vol. 41). Peeters
Publishers.
Jolivet M.J & Vernon D (2007). Droits, polygamie et rapports de genre en Guyane [archive]. Cahiers
d'études africaines, (3), 733-752.
Vêtement couvrant le bas ventre porté par les adolescentes au moment de la puberté [archive], Musée
des Cultures Guyanaises de Cayenne
CACHE-SEXE / kwe, couvrant le bas ventre des adolescentes au moment de la puberté [archive]
Bibila N (2009, octobre). La mode vestimentaire féminine à Brazzaville dans le contexte de la révolution
des TIC: entre innovation et imitation entrepreneuriales [archive]. Georgia Institute of Technology.
PAGES ASSOCIÉES
Boubou (robe)
robe à manches larges portée par les hommes dans certaines parties de l'Afrique de l'Ouest et de
l'Afrique du Nord
Textile africain
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