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II - L’ELEMENT MATERIEL DE L’INFRACTION

Pour être considéré comme l’auteur de l’infraction, il


faut commettre l’acte matériel que le législateur interdit.

Le Droit pénal ne s’intéresse pas aux seules intentions


qui ne prennent pas un habit matériel, extérieur et
apparent pour constituer un danger certain pour la
société. C’est simplement les manières d’agir qui sont
sanctionnées et non les manières de penser.

Ainsi, la simple tentation criminelle, tant qu’elle n’est


pas extériorisée par un commencement d’exécution, ne
trouble pas l’ordre social.

Habituellement, le comportement incriminé consiste en


une action interdite par le législateur: C’est l’infraction
d’action ou de commission

Mais, l’élément matériel peut consister également en


une omission ou une abstention interdite par la
loi, c’est-à-dire que cette dernière impose un
comportement particulier dans certaines situations et
la personne qui s’abstient de se comporter
conformément à la loi commet une infraction par
omission
-A- En principe, la commission de l’infraction
suppose la réalisation d’un résultat
.
Ce dernier ne doit pas être apprécié du côté du
délinquant mais de celui de la victime, et il consiste
dans le préjudice subi par cette dernière.

- Enfin, si l’élément matériel de l’infraction comporte


une action ou une omission interdite et un résultat, il est
nécessaire que ce résultat soit la conséquence du
comportement incriminé : c’est le lien de causalité

. Parfois, le législateur évoque expressément le lien de


causalité entre le comportement et le résultat en tant
composante de l’élément matériel de l’infraction.

B- La question du lien de causalité se pose avec


délicatesse à l’occasion de la pluralité des causes qui
sont intervenu pour l’avènement du résultat. C’est le cas
la victime de violence qui décède lors de
l’opération chirurgicale suite à une faute médicale.

La doctrine a proposé trois théories pour résoudre


cette difficulté :

- La théorie de l’équivalence des conditions :


Tous les évènements qui ont conditionné le dommage
sont équivalents. Tout fait sans lequel le résultat ne se
serait pas produit est considéré comme la cause de ce
résultat.
- La théorie de la proximité de la cause :
La responsabilité pénale d’un individu n’est retenue
que si sa faute est une cause prochaine, en relation
directe et immédiate du résultat.
- La théorie de la causalité adéquate :
La cause adéquate est celle qui normalement entraîne le
dommage. La question est de savoir ce qu’un homme
raisonnable aurait envisagé comme conséquence
naturelle ou probable d’une faute.

Même si cette dernière théorie paraît être la plus


logique, la jurisprudence française suivie par la
jurisprudence tunisienne a retenu la théorie de
l’équivalence des conditions.

la Cour de cassation considère qu’il ressort de l’article


217 du C.P. que la responsabilité pénale dans
l’homicide involontaire découle d’un fait matériel qui
peut être le fruit de la concordance de plusieurs actes ou
omissions de plusieurs personnes. Est donc pénalement
responsable tout auteur d’acte ou d’omission ayant
conduit, directement ou indirectement, à la
réalisation du résultat tant que le lien de causalité
entre ces faits et ce résultat est avéré.

L’exigence du résultat dans les infractions matérielles


conditionne uniquement l’existence de l’infraction.
Mais, même en l’absence du résultat, il convient de
sanctionner l’auteur de la tentative d’infraction puisque
l’intention criminelle de commettre un acte interdit par
le législateur est manifeste .
C- La tentative
Ainsi, l’article 59 du C.P. dispose que
« toute tentative d’infraction est punissable comme
l’infraction elle-même si elle n’a été suspendue ou si
elle n’a manqué son effet que par des circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur. Toutefois, la
tentative n’est pas punissable, sauf disposition contraire
de la loi, dans les cas où l’infraction ne comporte pas
plus de 5 ans de prison»

. Trois remarques peuvent être dégagées de cet article :

Tout d’abord
le législateur tunisien considère la tentative
d’infraction comme l’infraction elle-même ce qui
explique qu’il leur réserve la même peine. Mais,
souvent le juge, grâce à son pouvoir d’appréciation dans
la détermination de la peine, assouplie celle de la
tentative.
Ensuite, la tentative est toujours punissable dans les
crimes, et seulement en cas spécification par le
législateur en matière de délit. Elle ne l’est jamais en
matière de contravention.

Enfin,
et pour que la tentative d’infraction soit punissable, il
faut que la personne ait commencé l’exécution de son
projet criminel
D- L’absence de désistement volontaire

Selon l’article 59 du C.P., la tentative d’infraction est


punissable si elle n’a été suspendue ou si elle n’a manqué
son effet que par des circonstances indépendantes de la
volonté de son auteur. On distingue alors entre
l’infraction tentée et l’infraction manquée.

L’infraction tentée : est celle dans laquelle l’exécution


de l’infraction a été suspendue pour des raisons
extérieures à la volonté de l’agent.

Dans l’infraction manquée, la personne a commis tous


les actes conduisant normalement à la commission de
l’infraction, mais le résultat voulu n’est pas atteint pour
des causes extérieures à sa volonté

Dans ces deux cas, la personne est puni comme s’il


avait commis effectivement l’infraction et atteint son
but criminel.

Mais, lorsque la personne qui a commencé l’exécution


de l’infraction se désiste volontairement, il n’est pas
sanctionné. La raison de l’impunité de la tentative en
cas de désistement volontaire est d’encourager la
personne de ne pas poursuivre son projet.
Et pour qu’il soit qualifié de volontaire, le désistement
ne doit pas être déterminé par une cause étrangère telle
que l’intervention d’un tiers ou empêché par la
survenance d’un obstacle matériel comme la résistance
d’un coffre-fort.
Par contre, lorsque le désistement est déterminé par les
remords de la personne, par pitié pour la victime ou
même par crainte du châtiment, il constitue malgré tout
un désistement volontaire menant à l’impunité du
commencement d’exécution.

Enfin, il est utile d’évoquer le cas de l’infraction


impossible. C’est l’infraction dans laquelle le résultat
est insusceptible de se produire par suite d’une
impossibilité ignorée de la personne et quelle que soit sa
diligence. C’est le cas de l’individu qui, voulant dérober
un portefeuille, plonge sa main dans la poche vide d’une
veste ou qui tire sur cadavre.

L’infraction impossible est-elle répréhensible ?


la doctrine a distingué entre l’impossibilité absolue qui
n’est pas punissable et l’impossibilité relative
punissable.
L’impossibilité est absolue lorsque l’objet de
l’infraction n’existe pas ou lorsque les moyens
utilisés sont inefficaces : La répression dans ce cas est
inconcevable.
L’impossibilité est, par contre, relative « lorsque
l’objet est momentanément insusceptible d’être
atteint… ou lorsque les moyens, efficaces en eux-
mêmes, ne l’ont pas été par suite de leur utilisation
maladroite (coup trop loin) :
l’infraction ressemble alors à l’infraction manquée et
doit être punie dans les mêmes conditions qu’elles
Une dernière position doctrinale distingue entre
l’impossibilité de droit et l’impossibilité de fait.

L’impossibilité de droit consiste en l’absence d’un


élément de l’infraction comme le décès antérieur de la
«victime » : Dans ce cas, il ne peut y avoir de
répression.

Par contre, lorsque l’impossibilité est de fait, tel le cas


de la poche vide momentanément ou de l’inefficacité
des moyens utilisés, la tentative est punissable.

Ce qui importe donc est l’intention criminelle certaine


chez la personne. C’est dans ce sens qu’est allée la
Cour de cassation, en décidant qu’il y a responsabilité
pénale même si l’inculpé n’a pas atteint son objectif
pour insuffisance de l’instrument utilisé.

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