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BIP 54 1996 Les Fusions Et Scissions Selon La Réforme de
BIP 54 1996 Les Fusions Et Scissions Selon La Réforme de
Mai 1996
INTRODUCTION :
La fusion est prévue par les articles 45 à 48 du dahir formant code de commerce et
l’article 3 de la loi annexée au dahir du 11 août 1922.
Sur le plan juridique, la fusion consiste pour deux ou plusieurs sociétés à faire apport de
leur patrimoine soit à une société déjà créée qui disparaîtra ensuite (fusion absorption),
soit à une société nouvelle (fusion par combinaison) les deux sociétés fusionnantes
disparaissant ensuite.
Sur le plan économique la fusion entraîne une diminution du nombre des entreprises et
l’accroissement de leur capacité de production. La fusion permet la réalisation de l’unité
de direction économique d’entreprises auparavant indépendantes.
Certains secteurs clés de l’économie marocaine ont utilisé, dès le début des années
soixante, la fusion comme outil de concentration, notamment dans le secteur bancaire (la
Banque Marocaine du Commerce Extérieur a ainsi absorbé des établissements bancaires
tels le Crédit du Maghreb, la société de banque du Maghreb, la banque MAS, le Crédit
Foncier de l’Ouest Africain), le secteur des assurances, des transport (C.T.M/LN), le
secteur des conserves (SUMACO a absorbé des sociétés comme la SAFIOTE, les
établissements Grands Louis , la société Etablissements ESCADAFAL PERE
LEGRAND, les Conserveries Salaisons et les Conserveries de l’Atlantique).
Il reste que le Maroc, irrévocablement engagé notamment depuis les accords du GATT
sur la voie du développement économique et financier a vocation à connaître un
processus de concentration économique, ne serait -ce que parce qu’il compte dans son
économie de nombreuses multinationales dont les mouvements concentrationnistes
observés ailleurs continueront d’avoir des impacts au niveau local.
Il est évident que dans ce contexte les dispositions juridiques en matière de fusion qui
datent de 1913 sont sensiblement inadaptées. Aussi, le droit fiscal s’est très vite imposé
pour asseoir une réglementation précise des opérations de restructuration en général,
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qu’il s’agisse de fusion, d’apport partiel d’actif ou de scission. Cette réglementation est
d’ailleurs inspirée des textes français en la matière et reste la source de référence.
Un point sur cette question stratégique du monde des affaires est donc ici exposé.
Il clôt par ailleurs notre série amorcée en juin 1995 sur l’étude du projet de réforme de
la société anonyme dont nous avons tenu à analyser l’essentiel de ses dispositions.
Le projet de loi édicte, d’une part, des règles générales, et d’autre part, des dispositions
propres aux sociétés anonymes.
On soulignera que dans la matière des fusions et scissions, le projet de réforme vise à
déterminer des règles générales ayant vocation à s’appliquer à tous types de sociétés.
Définitions :
Fusion :
La fusion et une opération par laquelle des sociétés se réunissent pour n’en former plus
qu’une seule. La fusion peut résulter (article 221) :
Cette définition correspond à la définition donnée par le droit fiscal marocain seul au
demeurant, à proposer une définition précise de l’opération.
La pratique marocaine montre que la fusion absorption est plus fréquemment utilisée que
la fusion par création d’une société nouvelle. Cela tient essentiellement à des
considérations fiscales notamment dues à la taxation des plus-values réalisées sur une
assiette plus élargie dans le cas d’une fusion création.
Scission :
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Par ailleurs, l’échange des droits sociaux ne peut se faire qu’au profit des associés ou
actionnaires de la société absorbée ou scindée.
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La valeur globale des sociétés est ensuite divisée par le nombre d’actions ou de parts
composant leur capital respectif de telle sorte que soit déterminée une valeur unitaire de
chaque titre.
La comparaison de ces valeurs unitaires donne une parité théorique d’échange des titres
permettant de fixer un rapport d’échange qui déterminera le nombre des actions
nouvelles émises par la société absorbante ou nouvelle ou en vue de leur attribution aux
actionnaires de la société absorbée ou scindée.
Exemple :
Chaque fois que la valeur réelle des actions ou parts de la société absorbante excède leur
montant nominal, la différence entre la valeur des biens reçus en apport et le montant de
l’augmentation du capital de la société absorbante doivent être portés au passif du bilan
au compte de « Prime de Fusion ».
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Il est fréquent que l’une des sociétés qui envisagent leur fusion ait une participation dans
l’autre. Il s’agit le plus souvent de la société absorbante. Mais l’inverse peut se présenter.
Dans ce cas la société absorbante a une double qualité : d’une part, elle reçoit l’apport de
la société absorbée, apport qu’elle doit rémunérer par une attribution de parts ou
d’actions nouvelles ; mais d’autre part, en tant que membre de la société absorbée, elle a
vocation à recevoir une fraction des parts ou actions nouvelles qu’elle doit émettre.
Fusion-renonciation :
Ce procédé est dit « fusion renonciation », car la société absorbante renonce à émettre
des actions ou des parts qui devraient lui revenir.
Exemple :
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2. Fusion allotissement :
Dans le cas où la société absorbante détient une participation dans la société absorbée,
les deux parties pourraient aussi convenir du système suivant :
Dans cette conception, le profit réalisé par la société absorbée (différence entre la
valeur réelle et la valeur comptable de son actif net) n’a que partiellement le caractère
d’un profit de fusion ; à concurrence de l’actif alloti, il s’agit d’un profit de liquidation.
Exemple :
actions « A» 200
=
actions «B» 400
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Mais comme la société « A » ne peut pas détenir ses propres actions, elle doit supprimer
de son actif les 4.000 actions « A » qui lui ont été apportées par la société « B » pour une
valeur de 800.000 DH.
Pour cela, elle réduit immédiatement son capital de 400.000 DH (100 DH x 4.000), soit
la valeur nominale, et impute sur la prime de fusion la différence entre la valeur d’apport
et la valeur nominale des actions annulées, soit :
Prime de fusion :
Dans ce cas, on applique cumulativement les procédés indiqués ci-dessus c’est à dire une
fusion renonciation et une réduction de capital pour éviter que la société absorbante ne
devienne propriétaire de ses propres actions.
Exemple :
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Par hypothèse, l’actif net de la société « A » après déduction du passif réel, mais sans
tenir compte de la valeur de sa participation dans la société « B » estimé à 6.000.000
DH.
Par ailleurs, l’actif net de la société « B » après déduction du passif mais sans tenir
compte de la valeur de sa participation dans la société « A » a été estimé à 5.000.000
DH.
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soit :
40 a = 6.000 + 5b
15 b = 5.000 + 5a
a = 6.000/40 + 5b/40
a = 150 + b/8
120 b = 46.000 + 5b
115 b = 46.000
b = 46.000/115 = 400 DH
40 a = 6.000 + 5(400)
= 6.000 + 2.000
= 8.000
a = 8.000/40 = 200 DH
actions A 200 1
= =
actions B 400 2
La société « A » doit donc créer 30.000 actions nouvelles au titre de la fusion soit
(15.000 x 2) dont 10.000 devraient lui revenir puisqu’elle détient 5.000 actions de la
société « B ».
Elle renonce à ces 10.000 actions et se borne à créer 20.000 actions nouvelles qui
seront attribuées aux actionnaires de la société « B » autres qu’elle même.
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La société « A » reçoit donc un apport global porté à l’actif pour une valeur de 6.000.000
DH.
La contrepartie est :
La prime de fusion :
Mais la société « A » va trouver dans l’actif apporté par la société « B » 5.000 de ses
propres actions évaluées à 1.000.000 DH qu’elle doit annuler.
Elle va donc réduire son capital de 100 DH x 5.000 soit 500.000 DH.
La différence, soit :
Il est très rare que le rapport d’échange des titres à l’occasion d’une fusion ou d’une
scission permette d’attribuer un nombre entier d’actions ou de parts nouvelles par chaque
action ou part ancienne.
Pour les actionnaires qui ne possèdent pas le nombre de titre prescrit pour obtenir les
actions ou parts nouvelles, il y a obligation d’acheter ou de céder des droits formant
rompus.
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Exemple :
Chaque fois que le rapport d’échange ne correspond pas à une partie arithmétique simple,
les techniques suivantes peuvent être envisagées pour éviter la négociation de nombreux
« rompus » :
Les valeurs d’apport fixées dans le contrat de fusion sont en général fondées sur des
valeurs comptables.
Or, la démarche à adopter devrait être différente selon qu’il s’agit d’un fonds de
commerce, d’une entreprise artisanale ou d’un établissement industriel.
L’évaluation des apports à effectuer doit se faire suivant une analyse sérieuse fondée sur
les solutions d’évaluation actuellement admises.
Le projet de fusion ou de scission doit contenir les indications suivantes (article 226) :
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4. Les modalités de remise des parts ou actions et la date à partir de laquelle ces
parts ou actions donnent droit aux bénéfices ainsi que toute modalité
particulière relative à ce droit et à la date à partir de laquelle les opérations de la
société absorbée ou scindée seront, du point de vue comptable, considérées comme
accomplies par la ou les sociétés bénéficiaires des apports.
5. Les dates auxquelles ont été arrêtés les comptes des sociétés intéressées utilisés
pour établir les conditions de l’opération.
8. Les droits accordés aux associés ayant des droits spéciaux et aux porteurs de
titres autres que des actions et, le cas échéant, tous avantages particuliers.
Une fois établi et signé, le projet de fusion ou de scission doit être déposé au greffe du
Tribunal du lieu du siège des différentes sociétés.
Il fait également l’objet d’un avis inséré dans un journal d’annonces légales du siège
social, par chacune des sociétés participant à l’opération. Cet avis contient exactement
les mêmes dispositions que précitées.
Si une au moins de ces sociétés fait publiquement appel à l’épargne, un avis doit être
inséré au Bulletin Officiel (article 225).
? Délai :
Le dépôt au greffe et la publicité doivent avoir lieu au moins un mois avant la date de
la première assemblée générale appelée à statuer sur l’opération (article 228).
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aussitôt qu’elles en ont pris connaissance, tout fait intervenant dans leur situation
commerciale, technique ou financière, et pouvant avoir une influence significative
sur les cours en Bourse de leurs titres.
Cette obligation qui ne figure pas dans le projet de réforme est parfaitement claire, et
impose aux sociétés cotées devant fusionner ou se scinder, de publier leur projet dans un
journal d’annonces légales.
1. Fusions :
En outre, ils peuvent obtenir auprès de chaque société communication de tous les
documents utiles et procéder à toutes vérifications nécessaires.
? ils vérifient que les valeurs relatives attribuées aux actions des sociétés
participant à l’opération sont pertinentes et que le rapport d’échange est équitable
(article 232 alinéa 3) ;
? ils vérifient notamment si le montant de l’actif net apporté par les sociétés
absorbées est au moins égal au montant de l’augmentation de capital de la
société absorbante ou au montant du capital de la société nouvelle issue de la fusion.
La même vérification est faite en ce qui concerne le capital des sociétés bénéficiaires
de la scission.
Le rapport du ou des commissaires aux comptes indique la ou les méthodes suivies pour
la détermination du rapport d’échange proposé, si elles sont adéquates en l’espèce, et les
difficultés particulières à l’évaluation s’il en existe.
Le projet ne précise pas si doivent être établis autant de rapports que de sociétés
participantes.
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La décision des associés doit être prise par l’assemblée générale extraordinaire de
chacune des sociétés qui participent à l’opération (article 230).
La fusion est soumise, le cas échéant, dans chacune des sociétés qui participent à
l’opération, à la ratification des assemblées spéciales d’actionnaires.
a) Rapport du Conseil :
Toute société anonyme participant à une opération de fusion ou de scission doit mettre à
la disposition des actionnaires au siège social, un mois au moins avant la date de
l’assemblée générale appelée à se prononcer sur le projet, les documents suivants :
3. Les comptes annuels approuvés ainsi que les rapports de gestion des trois derniers
exercices des sociétés participant à l’opération.
4. Un état comptable, établi selon les mêmes méthodes et la même présentation que le
dernier bilan annuel, qui si les derniers comptes annuels se rapportent à un exercice
dont la fin est antérieure de plus de six mois à la date du projet de fusion ou de
scission, doit être antérieure de moins de trois mois à la date de ce projet.
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Tout actionnaire peut obtenir sur simple demande et sans faire copie totale ou partielle
communication des documents susvisés (article 233).
On notera que le projet de réforme ne fait pas la distinction suivant qu’une société
absorbée est ou non une filiale à 100% de la société absorbante. Le droit français,
prévoit au contraire une procédure simplifiée éliminant notamment l’obligation d’établir
un rapport du conseil d’administration.
Les fusions et les scissions entraînent, comme nous l’avons exposé, la transmission
universelle du patrimoine de la société qui disparaît (société fusionnée, absorbée ou
scindée) au profit des sociétés existantes ou nouvelles qui le recueillent en tout ou
partie. Ces sociétés doivent donc en principe se substituer à la société absorbée ou
scindée dans les droits et obligations de cette dernière.
Dans tous les autres cas, la fusion ou la scission prend effet à la date de la dernière
assemblée générale ayant approuvé l’opération sauf si le contrat prévoit que l’opération
prend effet à une autre date, laquelle ne doit être ni postérieure à la date de clôture de
l’exercice en cours de la ou des sociétés bénéficiaires ni antérieure à la date de clôture
du dernier exercice clos de la ou des sociétés qui transmettent leur patrimoine.
? Les principes :
En cas de fusion : la société absorbante est débitrice des créanciers non obligataires de
la société absorbée aux lieu et place de celle-ci, sans que cette substitution emporte
novation à leur égard ce qui signifie en principe que la créance est reprise sans aucune
modification concernant notamment ses garanties, ses modalités de remboursement, le
taux d’intérêt convenu (article 238).
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En cas de scission : le même principe est applicable en cas de scission : les sociétés
bénéficiaires des apports résultants de la scission sont débitrices solidaires des
obligataires et des créanciers non obligataires de la société scindée aux lieu et place de
celle-ci, sans que cette substitution emporte novation à leur égard.
Toutefois, il peut être stipulé que les sociétés bénéficiaires de la scission ne seront
tenues que de la partie du passif de la société scindée mise à la charge respective et sans
solidarité entre elles (article 239). Cette disposition permet ainsi de faire échec au
principe suivant lequel les sociétés bénéficiaires des apports sont débitrices solidaires,
ce qui permet aux créanciers de la société scindée de demander le remboursement de
leurs créances à l’une ou l’autre des sociétés issues de la scission.
Le droit d’opposition ne peut s’exercer au profit d’un créancier non obligataire de l’une
des sociétés participant à l’opération de fusion que si :
L’opposition formée par un créancier n’a pas pour effet d’interdire la poursuite des
opérations (article 238 alinéa 3).
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? ne pas consulter les obligataires mais leur proposer de les rembourser (article 231).
Dans l’hypothèse où les obligataires sont consultés deux cas doivent être distingués
selon le vote des obligataires.
Dans ce cas, les sociétés bénéficiaires des apports résultant de la scission sont
débitrices solidaires des obligataires qui demandent le remboursement.
L’offre de remboursement doit être publiée au Bulletin Officiel et à deux reprises dans
deux journaux d’annonces légales du lieu du siège social. Le délai entre les deux
insertions est de 10 jours au moins (soit cinq insertions obligatoires).
Si toutes les obligations sont nominatives, la publicité prévue ci-dessus est facultative.
En cas de fusion, les obligataires disposent d’un délai de trois mois à compter de la
dernière formalité de publicité ou de l’envoi de la lettre prévue ci-dessus pour demander
le remboursement de leurs titres. Tout obligataire qui n’a pas demandé son
remboursement dans le délai ci-dessus prévu conserve sa qualité dans la société
absorbante aux conditions fixées par le contrat de fusion (article 235 alinéa 5).
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Toutefois, l’assemblée générale ordinaire des obligataires peut donner mandat aux
représentants de la masse de former opposition à la fusion ou à la scission, dans les
conditions et sous les effets prévus à l’article 238 précité.
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