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BIP N°75

Juin 1998

COMMENTAIRE DU PROJET DE LOI RELATIF AUX


GROUPEMENTS D’INTERET ECONOMIQUE
Vers la définition du régime juridique marocain du GIE

Introduction

L’article 37 de la loi n°15-95 du 1er août 1996 formant code de commerce, entrée en vigueur le 3
octobre 1996, prévoit que le groupement d’intérêt économique (GIE) doit être immatriculé au
registre de commerce. Cette disposition, fort discrète, intervient alors qu’il n’existe à l’heure
actuelle aucune réglementation marocaine sur le GIE.

Pourtant, un premier projet de code des sociétés datant de 1989 et dont aucune concrétisation n'a
vu le jour, contenait un titre dont la deuxième partie était consacrée aux GIE (article 356 à 369).

Un deuxième projet de loi n°13 / 97 vient d'être adopté au cours du conseil des ministres du 7 juin
1998 renforçant les chances de voir introduit en droit marocain ce nouvel instrument juridique.

Ce projet de loi s’inspire de l’ordonnance française du 23 septembre 1967, modifiée et complétée


par une loi du 13 juin 1989, qui fixe le régime du groupement d’intérêt économique en France.

L’objet du présent article est de présenter le régime juridique marocain du groupement d’intérêt
économique tel qu’il est esquissé à l’heure où nous éditons ces lignes. Cette première étude peut
paraître prématurée puisqu’elle est effectuée sur la base d’un projet de loi. Néanmoins, il demeure
intéressant, à ce stade de l’élaboration normative de faire connaissance avec une structure réclamée
par de nombreuses entreprises et qui a fait l’objet en France de près de trente ans de pratique.
Nous ne manquerons pas de compléter la présente étude dès la publication de la loi sur le
groupement d’intérêt économique.

A titre préliminaire et dans le cadre de notre introduction à la présente étude, il convient de présenter
brièvement :

1. la définition du GIE
2. les caractéristiques essentielles du GIE
3. son objet

1. Définition du GIE

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Un groupement d’intérêt économique est une structure juridique dotée de la personnalité morale
constituant essentiellement un instrument de collaboration entre les entreprises membres qui veulent
développer leur activité économique en bénéficiant de services communs que leur apporte le
groupement, tel que comptoirs de vente ou d’achat, marketing, recherche.…

Doté de la personnalité juridique, le GIE n’est cependant ni une société ni une association ; il
constitue un cadre intermédiaire entre ces deux entités juridiques.

Le groupement d’intérêt économique est inscrit au registre de commerce. Il n’est pas pour autant
commercial à raison de sa forme ; il sera civil si son activité est de nature civile, il sera commercial si
son activité est commerciale.

2. Les caractéristiques essentielles du GIE

La vocation du GIE

ç Le but du groupement d'intérêt économique est de permettre la mise en œuvre de tous les
moyens propres à développer l’activité économique de ses membres et améliorer ou accroître
les résultats de cette activité.

L’activité du groupement doit se rattacher à l’activité économique de ses membres et ne peut avoir
qu’un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci.

La formulation de l'article ler du projet de loi est très large et laisse une grande place à la liberté
contractuelle dans la limite des réglementations spécifiques à l'activité en cause.

Le groupement d’intérêt économique pourra, selon nous, être retenu par tous les acteurs du secteur
économique et notamment par :

ç des entreprises commerciales, artisanales, industrielles ;


ç des membres de professions libérales sous réserve de leurs règles déontologiques propres ;
ç des entreprises agricoles ;
ç des établissements publics.

Le groupement pourra également être formé entre commerçants et non- commerçants. II est, en effet
destiné à être utilisable aussi bien par de grandes sociétés ou par des petites et moyennes
entreprises. Son but essentiel est de regrouper des moyens afin de donner plus d'efficacité aux
entreprises membres qui conservent une certaine autonomie.

Sur le plan fiscal, le GIE devrait bénéficier, à titre de mesures d’encouragement, de la transparence
fiscale, et ceci compte tenu de son caractère auxiliaire par rapport aux membres qui le composent.

Ainsi, les bénéfices du groupement non réalisés pour lui-même devraient être appréhendés, quant à
leur imposition, auprès de ses membres.

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Inversement, il y a lieu d’admettre, chez chacun de ses membres, la déductibilité de leur quote-part
de pertes, le tout proportionnellement à leurs droits aux résultats.

Exemples d’utilisation du GIE

La vocation du GIE n’étant pas de réaliser des bénéfices, cette structure est conseillée pour la
constitution de regroupement de trésorerie de ses sociétés membres, activité qui ne génère pas en
tant que telle de bénéfices.

Par ailleurs, le GIE sert très souvent de base à une organisation et à la gestion de services de
coordination entre sociétés d’un même groupe. II ne doit pas pour autant être considéré comme une
filiale au sens de l’article 143 de la loi n°17-95 du 30 août 1996 relative aux sociétés anonymes.

Certains GIE connaissent une notoriété internationale comme le GIE Carte Bleue. La pratique
française a montré que les utilisations de cette structure sont diverses et variées et peuvent être
regroupées autour des grands thèmes suivants :

• Mise en commun de moyens de recherche, exploitation des résultats de la recherche, bureau


d’étude, ingéniérie ;
• Promotion des ventes, campagnes publicitaires, groupement d’achats, comptoirs des ventes ;
• Organisation de services commerciaux et financiers.

Capital facultatif

Un GIE peut être constitué avec ou sans capital ; si un capital est prévu aucun minimum n'est exigé.
Son but n'est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même, mais rien ne lui interdit d'en réaliser dans
le cadre de l'activité auxiliaire qui lui est impartie.

Responsabilité solidaire de ses membres

Les membres du GIE sont tenus des dettes de celui-ci sur leur patrimoine propre et ils sont par
principe solidaires pour leur paiement.

Par ailleurs, la solidarité attachée au GIE fait courir un risque pour les actionnaires minoritaires d’une
société membre du GIE qui, par ailleurs, ne font pas partie des autres sociétés du groupe. En effet,
à supposer que des opérations sensibles sont réalisées au sein du groupement d’intérêt
économique, celles-ci engagent tous les membres, y compris la société concernée dont les
minoritaires supporteraient indirectement les conséquences financières.

Cependant, un nouveau membre peut, sous certaines conditions de publicité, être exonéré des dettes
nées antérieurement à son entrée dans le groupement.

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3. Objet du GIE

Les futurs caractères génériques posés, il n'en demeure pas moins que l'objet du GIE aura ses
propres limites liées à sa structure et à sa finalité. II ne pourra avoir qu'un caractère accessoire par
rapport à l'activité des membres qui le composeront; il ne pourra créer une entreprise exerçant une
activité nouvelle, voire totalement différente des activités exercées par ses membres.

L'activité du GIE ne pourra absorber totalement celle de ses membres. Le non - respect de ces
règles pourra, comme en témoigne la pratique française amener à une requalification du GIE en
société créée de fait.

Ces traits étant présentés, notre étude se propose d’analyser les éléments fondamentaux
caractérisant :

ç La naissance du groupement
ç Le fonctionnement du groupement
ç La responsabilité des membres du groupement
ç Les causes de nullité du groupement et ses conséquences

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CHAPITRE I
NAISSANCE DU GROUPEMENT

1. Les membres

1.1. Choix des membres

Comme l'indique le terme même de groupement une pluralité de membres est indispensable; l'article
1er du projet de loi indique d'ailleurs qu'il faut pour que le GIE soit constitué au moins deux
personnes morales. Aucun maximum n'est prévu.

Néanmoins cette liberté apparente sera rapidement confrontée à des limites de fait. En effet sauf cas
exceptionnels, le nombre des membres sera assez restreint pour trois raisons étroitement liées les
unes aux autres :

ç d'une part, le contrat sera conclu en fonction de la personnalité des membres, ce qui impose une
étroite connaissance des participants, inconciliable avec une pléthore de contractants ;

ç d'autre part, le poids de la responsabilité solidaire et indéfinie s'accommodera mal d'un grand
nombre d'adhérents. II implique une information totale sur la situation financière des participants,
surtout si des cautions personnelles des dirigeants sont exigées de sociétés membres du GIE.

Les membres doivent exercer une activité économique. Le but du groupement, comme cela a été
exposé supra, sera avant tout de développer l'activité économique des membres et d'améliorer ou
accroître les résultats de cette activité.

Il est vrai que l'expression laconique "d'activité économique" peut recouvrir plusieurs sens. D'une
façon générale, toutes les activités sont économiques, mais toutes ne sont pas de nature à se
développer au sein d'un groupement d'intérêt économique.

En raison de son caractère spécifique, le GIE devra être réservé à des activités qui satisfont des
besoins d'entreprises titulaires de parts de marché et exercées à titre professionnel. Le GIE ne
devrait pas, en conséquence, être utilisé, par exemple, pour la défense des intérêts d'actionnaires, ce
rôle ne pouvant être assimilé à une activité économique au sein d'une entreprise, ni comme facilitant
ou développant l'activité économique des membres.

Selon la doctrine dominante française, le GIE doit réunir soit une activité économique du même
ordre, soit des activités complémentaires, parallèles ou connexes car un GIE est conçu comme l'outil
à usage commun de ses membres, mis à la disposition de ceux-ci pour leur rendre certains services.

En outre, on conçoit mal un groupement d'intérêt économique dont les membres auraient des
activités divergentes.

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1.2. Personnes physiques ou morales

Le projet de loi ne prévoit que la constitution de GIE entre personnes morales et non entre
personnes physiques. Cette position est elle volontaire ou s'agit-il d'une omission? Une telle
disposition écarte la possibilité pour un entrepreneur exerçant à titre individuel de faire partie d’un
groupement alors que cela lui permettrait de développer son activité, et à terme, éventuellement de
devenir lui-même une société.

Quelles personnes morales?

Toutes les personnes morales exerçant une activité économique conforme à l'objet d'un GIE
pourront, a priori faire partie d'une telle structure. Cette possibilité est offerte à des entreprises
d'importance inégale. Certaines précisions s'imposent néanmoins.

Les sociétés seront les membres privilégiés d'un GIE: la nature et la forme importent peu du moment
qu'elles ont la personnalité morale.

La décision de participer à un groupement d'intérêt économique appartiendra, en principe, à l'organe


de gestion : gérant dans les SARL, conseil d'administration dans la société anonyme ou directoire
dans la société anonyme à conseil de surveillance. En effet, cette participation, devant se situer dans
le prolongement de l'activité économique de ses membres (article 1er alinéa 1), n'aura pas pour
conséquence de modifier directement ou indirectement l'objet social.

Lorsque le groupement d'intérêt économique entend émettre des obligations, il doit être composé de
sociétés susceptibles d'émettre des emprunts obligataires (article 3 alinéa 2) .

Par ailleurs il est à noter que le projet de loi n'interdit pas à un groupement d'intérêt économique de
faire lui-même partie d'un autre groupement d’intérêt économique, étant entendu que ce dernier
devra permettre d'accroître et de développer sa propre activité et celle de ses membres.

2. Existence ou absence de capital

L'article 3 du projet de loi stipule: «le GIE peut être constitué sans capital».

Ainsi un GIE pourra être constitué avec ou sans capital ; la solidarité des membres et l'étendue de
leurs obligations justifient l'absence éventuelle de capital; la contribution des membres ne s'en
trouvera, en fait, que différée à l'occasion de difficultés.

Avec ou sans capital, le GIE sera doté d'un patrimoine comme toute personne, pour assurer ses
besoins de financement. Les membres d'un GIE pourront effectuer, néanmoins, des apports en
industrie.

2.1. Groupement sans capital

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Constitué sans capital, un GIE assurera son financement au moyen de versements de cotisations par
ses membres, la facturation de ses services, etc.

En France la plupart des GIE sont constitués sans capital et donc sans immobilisation de fonds.
2.2. Groupement avec capital

Les membres du groupement pourront doter celui-ci d'un capital. La constitution d'un capital
impliquera des apports. Ceux-ci pourront s'effectuer en numéraire, en nature ou en industrie.

Nous ne reviendrons pas sur les apports de type classique, c'est à dire sur les apports en nature et
les apports en numéraire que l'on retrouve dans les SA ou les SARL.

En revanche le GIE, tel qu'il est imaginé par ses concepteurs semble permettre les apports en
industrie.

Ce type d'apport se caractérise par le fait qu'un ou plusieurs membres peuvent n'apporter que leur
activité ou leur compétence technique ou professionnelle. Cet apport sera à exécution successive
dans la mesure où l'apporteur se libérera de son obligation en même temps et successivement durant
la vie du groupement. Les apports en industrie ne pourront cependant être compris dans le capital du
groupement si celui-ci en a un, mais ils pourront être rémunérés de la manière suivante :

ç soit par des droits donnant lieu au partage des bénéfices à charge de contribuer aux pertes ;

ç soit par la création de deux catégories de droits: les uns en contrepartie des apports en nature et
espèces fait par le reste des membres, les autres correspondant aux apports en industrie ; ce
mécanisme évitera l'attribution de droits de même nature pour tous les membres qui
correspondront mieux à la réalité.

II appartient aux parties lors de la constatation d'apports en industrie de déterminer les conditions
des prestations à fournir par l'apporteur et les limites de ses obligations exclusives envers le
groupement.

Il est par ailleurs intéressant de noter que l'apport en jouissance (qui une modalité d'apport et non
autre type d'apport) correspond aux besoins et à la vocation du GIE. Le groupement utilisera,
pendant la durée prévue, le bien remis en jouissance à la dissolution du groupement ou à l'arrivée du
terme convenu, le bien l'objet de l'apport, reviendra à son propriétaire. Des précautions devront
néanmoins être prises lors de la constitution de tels apports :

ç d'une part, les risques resteront à la charge de l'apporteur en jouissance des assurances devront
être souscrites en conséquence,

ç d'autre part, ce droit de jouissance et d'utilisation des biens est de nature à entraîner, soit des
améliorations, soit au contraire des détériorations. Il devra être statué sur le sort de ces plus ou
moins-values éventuelles lors de l'apport.

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De même, l'acte d'apport précisera les conditions de protection des droits apportés, notamment
lorsque ceux-ci sont soumis à publicité ou à dépôt.

Dans les GIE, le capital n'ayant pas cette fonction de garantie, les membres pourront, sous réserve
des clauses du contrat, en disposer ou le partager. Le fait que le projet de loi n'impose pas que le
capital soit mentionné au registre du commerce ou sur les papiers commerciaux est révélateur de son
rôle subsidiaire pour les tiers.

Les ressources financières d'un groupement pourront aussi provenir d'emprunts.

3. Les bénéfices (article 1er alinéa 2 et article 34 et suivants)

Les groupements devront avoir pour objet le développement des activités économiques de leurs
membres, la réalisation pour eux-mêmes de bénéfices et le partage de ceux-ci ne pourront constituer
leur but. Les bénéfices devront être la conséquence de la gestion du groupement dans le cadre de
l'essor de l'activité des membres qui le composent.

Des marges à l'occasion de facturations pourront être dégagées, des bénéfices pourront exister, ils
seront dus, principalement, aux services rendus entre les membres.

En résumé, si la vocation du GIE n'est pas la recherche et le partage de bénéfices, il n'est pas illicite
qu'i1 en réalise.

4. Objet civil ou commercial.(article 5)

Les fondateurs auront le choix : ils décideront dès l'origine et en fonction de leurs objectifs de la
commercialité ou de la non - commercialité du groupement. Cependant seule la nature des actes
accomplis déterminera le caractère commercial ou non du GIE et c'est en fonction de celle- ci que
les tribunaux pourront établir la commercialité du groupement.

5. L'importance de la notion de contrat ( article 8 )

Le GIE est avant tout un contrat entre plusieurs personnes morales.

5.1. Caractères principaux

L'accord de volonté des personnes physiques ou morales qui décideront de constituer un GIE joue
un rôle prédominant. Toutefois, ainsi qu'on le verra plus loin, l'acquisition de la personnalité morale
du groupement est subordonnée à l'immatriculation au registre du commerce et le contrat constitutif
devra respecter un certain nombre de dispositions impératives de la loi, tel que notamment la
rédaction d'un écrit ( article 9 ), le tout à peine de nullité du groupement lui- même.

Le contrat pourra être établi soit par acte authentique, soit par acte sous seing privé.

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Si les statuts sont établis par acte sous seing privé, il faudra prévoir la rédaction de plusieurs
originaux pour les formalités administratives et, en outre, un original pour chaque membre du
groupement.

En outre le contrat devra contenir les mentions obligatoires suivantes ( article 10) :

1) Dénomination :

Le GIE doit avoir une dénomination ; celle-ci est librement choisie.

Pour éviter de prendre une dénomination déjà existante, il convient de se renseigner et demander un
certificat négatif au registre du commerce. De même, l'utilisation d'un nom commercial ou patrony-
mique d'une personne physique devra faire l'objet de recherches préalables afin d'éviter toute
poursuite pour concurrence déloyale.

En outre l'article 6 dispose que les actes et documents émanant du groupement et destinés aux tiers,
notamment les lettres, factures, annonces et publications diverses, doivent indiquer lisiblement la
dénomination du groupement suivie des mots : «groupement d'intérêt économique » ou du sigle «
GIE ».

2) Identification des membres du groupement :

L'indication du nom, de la raison ou de la dénomination sociale de la forme juridique, de l'adresse du


domicile ou du siège social, éventuellement du numéro d'immatriculation au registre du commerce de
chacun des membres du groupement est formellement et obligatoirement prévue par l'article 11 du
projet de loi.

3) Durée :

L'indication de la durée du groupement est également obligatoire (article 10). L'article 1er du projet
de loi semble en contradiction avec l'article 10 car il stipule qu'un groupement d'intérêt économique
peut être constitué pour une durée « déterminée ou indéterminée ». Or, une durée illimitée peut
paraître contradictoire, selon nous avec l'idée selon laquelle le GIE est créé pour développer
l’activité de ses membres sachant que la durée ,de ceux- ci est en général, elle- même déterminée
(99 ans).

La durée du contrat de GIE pourra être liée à la réalisation d'une opération en vue de laquelle le
GIE a été crée. Une durée trop courte nécessitera la prorogation du groupement avec les frais s'y
rapportant. La durée commence à courir à partir du jour de l'immatriculation du GIE au registre du
commerce.

4) L'objet du groupement :

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Il doit être obligatoirement indiqué dans le contrat. On ne saurait trop insister sur l'intérêt qu'il y a à
bien définir l'objet du groupement d'intérêt économique. C'est en effet son étendue qui délimite la
responsabilité du groupement pour tout acte de l'administrateur et, par conséquent, la solidarité des
membres. Il y a donc lieu de mettre en garde contre la formule qui consistera à reprendre les termes
de l'article 1er du projet de loi «faciliter ou développer l'activité économique de ses membres,
améliorer ou accroître les résultats de cette activité...». Ce texte indique non un objet de contrat mais
le champ dans lequel il peut être choisi.

De même, l'adjonction, après la définition de l'objet choisi, d'une formule qui généralise les
opérations pouvant être poursuivies par le groupement d'intérêt économique, viendrait non seulement
détruire la précision des limites dans lesquelles peut jouer la solidarité des membres, mais serait
contraire à sa spécificité.

L'objet, ainsi que nous l'avons souligné, doit être dans le prolongement de l'activité des membres. Il
peut être civil ou commercial.

5) Siège :

L'indication du siège du groupement devra figurer obligatoirement dans le contrat.

Le siège constitue le domicile du groupement. II détermine :

ç le lieu où doivent être effectuées les différentes formalités de publicité lors de la constitution, du
fonctionnement et de la dissolution du groupement;
ç la compétence du tribunal devant lequel le groupement pourra être assigné ou qui prononcera le
redressement ou la liquidation du groupement en cas de cessation de paiements.

5.2. Les autres points forts du contrat

Il est vrai que le contrat de groupement pourra se limiter aux mentions obligatoires énoncées dans la
future loi, le législateur considérant que ces éléments seront suffisant pour la naissance du GIE.

En pratique, ces dispositions ne pourront permettre de régler tous les problèmes d'autant que les
membres du groupement disposent d'une liberté contractuelle leur permettant d'introduire dans le
contrat les clauses qui leur paraissent les plus appropriées dans la mesure où elles ne sont pas
contraires aux règles impératives.

Le contrat traduira l'accord librement consenti par les membres pour toutes les modalités
d'organisation et de fonctionnement. A défaut de clause précise, les membres n'auront aucune règle à
opposer et tout reposera sur une simple pratique pouvant être remise en cause. Le financement du
groupement, les conditions d'entrée et de retrait des membres doivent faire l'objet d'une étude toute
particulière.

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A titre d'exemple les règles suivantes pourront ainsi faire l'objet de stipulations différentes :

ç unanimité pour les décisions de l'assemblée des membres. Le contrat pourra fixer les conditions
de quorum et de majorité de son choix et il sera nécessaire de fixer les modalités de convocation,
d'information des membres et de tenue des assemblées ;

ç égalité des voix pour le vote de l'assemblée; le contrat pourra, par exemple, attribuer à chaque
membre un nombre de voix différent de celui attribué aux autres;

ç dissolution du groupement d'intérêt économique par dissolution des membres. Le contrat pourra
faire échec à cette dissolution et prévoir sa survie entre les autres membres ;

ç dissolution pour incapacité d'un membre ou faillite ou interdiction de diriger, de gérer,


d'administrer ou de contrôler une entreprise commerciale ou une personne morale membre du
groupement. Là encore le contrat pourra déroger à ces cas de dissolution ;

6. Force d'un règlement intérieur ( article 12)

Les statuts d'un GIE pourront être utilement complétés par un règlement intérieur ; son rôle essentiel
est de préciser tel ou tel point des statuts auxquels il ne pourra se substituer. II ne pourra déroger
aux règles impératives de la loi, ni à celles relatives à la protection des tiers auxquels il n'est d'ailleurs
pas opposable puisque non publiée.

Ce document facultatif devra être élaboré pour répondre pleinement aux exigences d'un groupement,
le cas échéant, établi après une période probatoire de fonctionnement.

Les statuts pourront en prévoir le principe et laisser le soin de son élaboration au conseil
d'administration, l'assemblée ayant généralement le pouvoir d'en approuver le texte définitif aux
conditions de quorum et de majorité retenues dans les statuts pour ce type de décision (AGO ou
AGE).

A titre indicatif le règlement intérieur peut prévoir :

ç les règles pratiques de convocation de l'assemblée,


ç l'organisation interne du conseil d'administration (procédure de vote, lieu de réunion...),
ç l'utilisation du matériel et des locaux,
ç les règles de discipline entre les membres,
ç les relations des membres entre eux pour l'exécution des opérations engagées par le
groupement...

L'établissement d'un règlement intérieur suppose le respect des clauses figurant dans les statuts du
GIE lui- même, et naturellement l'absence de contradictions entre elles.

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7. Financement du groupement (article 13)

Ainsi que nous l'avons souligné, le GIE pourra être doté ou non d'un capital. Dans l'hypothèse où le
GIE sera constitué avec un capital, le contrat déterminera le montant de ce capital, la nature des
apports et les modalités d'augmentation de ce capital dans l'avenir.

A défaut de capital, le contrat prévoira le mode de financement au moyen notamment de cotisations


ou d'appels de fonds, d'avances en compte et parfois de prêts, il déterminera les modalités de
versement de ces sommes et leur périodicité, il conférera aux administrateurs le pouvoir de réclamer
ces sommes et de poursuivre leur recouvrement éventuel.

En toute hypothèse, le groupement peut avoir à faire face à des dépenses importantes dépassant les
recettes normales et nécessitant des appels de fonds supplémentaires. Le contrat pourra utilement
parfois imposer aux membres du GIE d’effectuer ces versements supplémentaires.

Le contrat de GIE pourra prévoir que le refus absolu et définitif d’un membre de contribuer aux
appels de fonds nécessaires au fonctionnement du groupement pourra être sanctionné par
l’exclusion du membre.

Les conditions statutaires de l'exclusion mises en place devront être respectées à défaut, la
procédure d'exclusion sera annulée.

Il est à préciser en outre que le retrait d’un membre ne peut s’effectuer que sous réserve qu’il ait
exécuté ses obligations.

q Retrait d'un membre ( article 17 alinéa 2 )

Tout membre du groupement pourra se retirer dans les conditions prévues par le contrat, sous
réserve qu'il ait exécuté ses obligations. Cette faculté de retrait sans trouver un successeur peut être
très lourde de conséquences pour les membres restants: notamment, leur obligation au paiement des
dettes futures s'en trouve augmentée d'autant. Aussi il appartient aux rédacteurs du contrat de fixer
les conditions du retrait, telles que :

ç autorisation préalable par les membres du groupement statuant à une majorité arrêtée dans le
contrat,

ç période à laquelle le retrait peut intervenir, par exemple en fin d'exercice ou, après l'exécution
d'un contrat ou d'un programme,

ç mise en oeuvre de la faculté de retrait : envoi aux administrateurs d'une lettre recommandée, avec
demande d'avis de réception, délai de convocation de l'assemblée et délai de réponse de celle-
ci, justification que le candidat au retrait, ait rempli ses obligations.

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En revanche, le contrat ne pourra interdire ce retrait et il est conseillé de le prévoir avec, par
exemple, une indemnisation du membre se retirant à l'amiable, fixé à dire d’expert, des conditions de
reprise des apports.

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CHAPITRE II

ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT

L'organisation du groupement résultera :

ç de la loi pour quelques règles limitées et précises qu'elle imposera,

ç de la loi encore pour les règles qu'elle énoncera à titre supplétif, et applicables dans le silence du
contrat,

ç du contrat de groupement, les membres disposant d'une très grande liberté pour le modeler selon
leurs aspirations,

ç de l'assemblée des membres pour les domaines où n'interviendraient, ni la loi ni le contrat.

Tout groupement d'intérêt économique comprendra obligatoirement les organes suivants (article 18 )
:

ç un ou plusieurs administrateurs,
ç une assemblée de membres,
ç un ou plusieurs contrôleurs de comptes ( article 39 ).

1. Administration

Le groupement est administré par une ou plusieurs personnes physiques ou morales. La personne
morale sera nommée administrateur du groupement sous réserve qu'elle désigne un représentant
permanent, qui encourra les mêmes responsabilités civile et pénale que s'il était administrateur en son
nom propre ( article 21). On retrouve en ce point la réglementation applicable dans les sociétés
anonymes régie par la loi du 30 Août 1996.

Dans la mesure du possible, la désignation obligatoire du représentant permanent aura lieu lors de la
nomination de la personne morale comme administrateur ; à défaut et en raison de la formulation du
texte, on prendra soin de désigner ce représentant au plus tard lors de l'entrée en fonction de la
personne morale au poste d'administrateur. L'observation de cette règle devrait ainsi éviter les
problèmes liés à une nomination irrégulière.

Comme pour les sociétés, nous pensons que le représentant permanent n'aura pas à être agréé par le
GIE, c'est la personne morale qui sera titulaire du mandat d'administrateur et elle pourra remplacer à

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tout moment son représentant permanent, la société notifiera au GIE le nom du représentant
permanent désigné ; elle se ménagera ainsi la preuve qu'elle a rempli ses obligations légales envers
son mandataire.

Le contrat de groupement ou, à défaut, l'assemblée des membres, organisera librement


l'administration du groupement et nommera les administrateurs dont il déterminera les attributions, les
pouvoirs et les conditions de révocation (article 22).

Dans les rapports avec les tiers, un administrateur engagera le groupement par tout acte entrant dans
l'objet de celui-ci. Toute limitation de pouvoirs sera inopposable aux tiers (article 24).

1.1. Choix des administrateurs

Il faut au moins un administrateur; en revanche, il n'existe pas dans le projet de loi de maximum
(article 21).

En fait, la pratique française démontre qu'il est exceptionnel de procéder à la désignation d'un grand
nombre d'administrateurs dont chacun a, vis-à-vis des tiers, le pouvoir d'engager le groupement dans
la limite de l'objet de celui-ci.

Néanmoins le contrat pourra prévoir en présence de plusieurs administrateurs la constitution d'un «


conseil » ou d'un « bureau », voire d'un « comité » ou la désignation d'un président ou d'un
administrateur principal assurant la direction générale.

Cependant toutes ces solutions n'auront d'effet que sur le plan interne. Vis-à-vis des tiers, un
administrateur engagera le groupement par tout acte entrant dans l'objet de celui-ci .

Le contrat de GIE pourra stipuler que le ou les administrateurs seront obligatoirement choisis parmi
les membres du groupement, que cette fonction est réservée à certains membres titulaires de parts
d'une catégorie déterminée ou remplissant certaines conditions d'ancienneté, de compétence, etc.

Ces stipulations présenteront des avantages et des inconvénients :

ç elles peuvent avoir le mérite de "fermer" le groupement en excluant de la gestion toute personne
étrangère à celui-ci ou ne remplissant pas les conditions requises.
ç elles limitent par avance la liberté du choix, dans l'ignorance des conditions dans lesquelles
l'administration du GIE sera la plus opportunément assurée à tel ou tel moment de son existence.
Le cas échéant, les partenaires seront amenés à modifier cette clause si elle se révèle inadaptée.

Le contrat fixera librement les conditions d'organisation du GIE. Les modes de désignation et de
révocation des administrateurs y seront arrêtés ainsi que les modalités de renouvellement du mandat,
il précisera si le mandat des administrateurs est gratuit ou rémunéré, et, dans ce cas, les conditions de
la rémunération. Les pouvoirs internes y seront définis ainsi que la répartition éventuelle des tâches
entre plusieurs administrateurs.

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1.2. Désignation des administrateurs

Le ou les administrateurs seront désignés par les membres du groupement dans les conditions
prévues par le contrat.

Les administrateurs pourront être désignés dans le contrat constitutif. En fonction du libellé de cette
désignation et du libellé de la clause relative à la révocation des administrateurs, les intéressés seront
alors soit des administrateurs « statutaires » ne pouvant être révoqués qu'aux conditions requises
pour la modification du contrat de groupement, soit des administrateurs ne jouissant d'aucune
protection particulière quant à leur révocation qui interviendra en conformité avec les règles prévues
à cet égard par le contrat de groupement.

1.3. Renouvellement

Le contrat fixera les modalités de renouvellement du mandat. En présence de plusieurs


administrateurs formant un collège, le contrat pourra adopter une procédure de cooptation calquée
sur celle prévue par la loi relative aux sociétés anonymes en cas de vacance d'un siège et dans
l'attente d'une ratification par l'assemblée.

1.4. Acceptation des fonctions

L'administrateur devra accepter ses fonctions ; le plus souvent cette acceptation résultera de la
signature du contrat de groupement ou du procès-verbal de la délibération qui l'a nommé, mais elle
pourra aussi être donnée, selon nous, par acte séparé.

1.5. Durée des fonctions d’administrateurs

Elle sera fixée par le contrat de groupement ou par la décision de nomination prise en conformité des
stipulations du contrat.

Si aucun terme n'est fixé, on doit considérer en principe que l'administrateur est réputé avoir été
nommé pour la durée du groupement, ce qui n'interdit évidemment pas que ses fonctions prennent fin
par anticipation, par suite par exemple de décès, de démission, etc.

1.6. Démission

Il appartiendra au contrat de prévoir les modalités de démission : préavis, forme, motivation,


indemnisation, etc. A défaut, la démission n'aura pas à être motivée ou assortie d'un préavis.

1.7. Rémunération

Elle sera fixée par le contrat de groupement ou plus commodément dans l'acte de désignation de
l'administrateur. A défaut, le mandat sera gratuit.

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La rémunération pourra être fixe ou variable (en proportion ou en fonction de tel ou tel paramètre :
chiffre d'affaires, bénéfices, nombre des membres du groupement, etc.) ou être composée d'une
partie fixe et d'une partie variable.

1.8. Pouvoirs vis-à-vis des tiers

Dans les rapports avec les tiers, un administrateur engagera le groupement par tout acte entrant dans
l'objet de celui-ci. Toute limitation de pouvoirs sera inopposable aux tiers (article 24).

S'il y a pluralité d'administrateurs., chacun d'eux engagera le groupement par tout acte entrant dans
l'objet de celui-ci.

Il en résulte également que toute clause décidant, en cas de pluralité d'administrateurs, que ceux-ci
devront agir conjointement pour tout acte ou certains actes déterminés, est inopposable aux tiers. Il
en sera de même lorsqu'un administrateur général sera investi des pouvoirs généraux de direction et
de représentation envers les tiers, les autres administrateurs conserveront le pouvoir légal d'engager
le groupement.

Ce groupement est engagé même par les actes qui dépassent son objet ; à moins qu’il ne prouve
que le tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des
circonstances la seule publication du contrat ne suffisait pas nécessairement à constituer cette preuve.
Cette règle que l’on retrouve en droit des sociétés vient conférer aux transactions passées par les
tiers, la sécurité juridique nécessaire.

1.9. Pouvoirs internes

Dans les rapports internes au groupement, le contrat (ou l'acte de nomination intervenu en application
des dispositions du contrat) pourra restreindre la compétence de l'administrateur ( article 23 ) :

ç Soit positivement en énumérant les actes ou opérations qu'il peut accomplir,


ç Soit négativement (cas le plus fréquent) en déterminant les opérations pour lesquelles il devra
obtenir l'autorisation préalable des membres du groupement (statuant selon des règles
déterminées : unanimité, majorité simple ou qualifiée, le cas échéant, quorum, etc.). Ainsi, il est
souvent fait interdiction à l'administrateur, sauf autorisation préalable, de contracter des emprunts
autres que les crédits en banque, de vendre ou d'hypothéquer les biens immeubles, de passer des
contrats engageant le GIE au-delà d'une certaine somme…etc.

Le contrat pourra aussi soumettre à autorisation préalable des autres administrateurs ou de


l'assemblée les actes devant être passés entre un administrateur et le groupement, des solutions
voisines de celles retenues pour les SARL ou les sociétés anonymes pourront être retenues .

Les limitations de pouvoirs des administrateurs ne seront valables que si elles offrent plusieurs intérêts
:

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ç D'une part, pour les actes les plus graves, elles attireront l'attention des rédacteurs de l'acte sur
les autorisations à solliciter,
ç D'autre part, elles constitueront un frein aux initiatives.

2. Assemblée ( article 30 )

L'assemblée des membres du groupement sera habilitée à prendre toute décision, y compris de
dissolution anticipée ou de prorogation, dans les conditions fixées par le contrat (article 30 alinéa
1er).

Cette liberté doit cependant être bornée.

En effet les contrats devront éviter les phrases génériques telles que :" les décisions sont prises à la
majorité des membres", ou ," les décisions sont prises à la majorité des votants". Ces formulations
pourront soulever parfois plus de problèmes qu'elles pourront en résoudre. En effet, on peut
s'interroger sur la nature de la majorité, sur le décompte des voix des présents abstentionnistes, etc.
En l'absence de règles légales et de solutions éprouvées, il appartient aux contrats d'être très précis
sur le décompte des voix et les règles de majorité.

a) Droits de vote

Le contrat pourra attribuer à chaque membre un nombre de voix différent de celui attribué aux
autres, à défaut chaque membre dispose d'une voix ( article 30 alinéa 4).

Si le droit de vote peut être inégal, il ne peut être totalement supprimé à l'encontre de certains
membres du groupement.

En dehors de cette limite les procédés de répartition peuvent être multiples : droit de vote
proportionnel au nombre de parts ou aux droits définis dans le contrat, vote plural lié à l'ancienneté
de la qualité de membre du groupement, droit de vote proportionnel mais limité à tant de voix au
maximum (pour tous ou pour certains), une seule voix à chaque membre.

a) Procès-verbal.

Pour établir la preuve du contenu des délibérations, il sera recommandé qu’un procès-verbal soit
dressé. Dans le silence de la loi, le contrat imposera utilement l'établissement de ce document et les
renseignements qu'il doit contenir tels que : date et lieu de la réunion, membres présents ou
représentés, indication du président de séance, résumé des débats, etc.

3. Le Contrôle du groupement d’intérêt économique (article 39 )

Le contrôle des comptes du GIE n’est obligatoire que lorsque le GIE émet des obligations.

arrêtant des conditions : âge, expérience dans un domaine, etc….


Il est obligatoirement exercé par un ou plusieurs commissaires aux compte (article 39).

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Le ou les commissaires aux comptes certifient que les comptes annuels sont réguliers et sincères et
donnent une image fidèle du résultat des opérations de l'exercice écoulé ainsi que de la situation
financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice.

Ils ont pour mission permanente, à l'exclusion de toute immixtion dans la gestion, de vérifier les
valeurs et les documents comptables du groupement et de contrôler la conformité de sa comptabilité
en fonction des règles en vigueur. Ils vérifient également la sincérité et la concordance avec les
comptes annuels des informations données dans le rapport du ou des administrateurs, si
l'établissement de celui-ci est prévu dans le contrat, et dans les documents adressés aux membres du
groupement sur la situation financière et les comptes annuels .

Les règles relatives à la nomination des commissaires aux comptes prévues dans la loi 17 / 95 sont
applicables au GIE, sous réserve des règles propres de celui-ci (article 40).

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Par ailleurs, notons que le projet de loi ne prévoit pas de contrôle de la gestion à l’instar de la
réglementation française. Le contrôle de gestion pourra être organisé contractuellement pour les GIE
d’une certaine importance, étant précisé qu’il conviendra de bien dissocier le rôle du commissariat
aux comptes (vérification) de celui du contrôle de gestion (appréciation critique).

Comme pour le retrait, le contrat fixera les conditions de reprise des apports du membre exclu et le
remboursement de ses droits et, par exemple pourra le priver de toute autre indemnisation à titre de
sanction ; les modalités de restitution des biens mis à la disposition du GIE seront, s'il y a lieu,
arrêtées dans le contrat.

q Entrée d'un nouveau membre ( article 17 alinéa 1er )

En ce domaine, il appartiendra également au contrat de fixer les conditions d'entrée d'un nouveau
membre lors de la cession de droits, du décès d'un des membres ou de l'admission pure et simple.
Pour les cessions de droits par un membre du GIE, le contrat s'attachera à préserver le caractère
«intuitus personae» au groupement. À cette fin, un droit d'agrément unanime peut être retenu, il peut
être aussi organisé un droit de préemption au profit des membres anciens au prorata de leurs droits.

En toute hypothèse, le contrat définit avec précision la procédure à suivre : notification de la cession
projetée délai imparti à l'assemblée ou le conseil pour statuer sur l'autorisation sollicitée, modalité de
mise en œuvre du droit de préemption, estimation des droits par expert.

Un droit d'entrée pourra être prévu dans les statuts et exigé du nouveau membre, l'admission de
nouveaux membres pourra s'opérer au moyen d'une procédure d'augmentation de capital avec
versement ou non d'une prime.

Le contrat peut également définir le «profil» du nouveau membre en

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CHAPITRE III

RESPONSABILITE DES MEMBRES

Les membres du groupement sont tenus des dettes de celui-ci sur leur patrimoine propre. Ils sont
solidaires, sauf convention contraire avec le tiers cocontractant.

Cette responsabilité indéfinie des membres du groupement est contenue dans le projet de loi, elle est
une des pierres d'angle de ce nouveau type de structure. Toute clause excluant la solidarité des
membres du GIE sera d'ailleurs, selon nous, inopposable à ceux-ci. En revanche, la solidarité pourra,
si le modèle français est suivi, être écartée en accord avec le tiers cocontractant au moyen d'une
stipulation expresse.

Toute poursuite d'un membre, suppose que le GIE devra avoir été au préalable, mis en demeure de
payer sa dette. Le contrat constitutif pourra fixer une clé de contribution aux dettes de chacun des
membres.

L'obligation au passif des membres suppose toutefois que la dette du GIE ait été contractée par un
administrateur, que celui- ci ait agit ou non dans les limites de l'objet du groupement défini au contrat.

A l'égard des tiers, ce seront les membres du groupement qui seront tenus solidairement des dettes
de celui-ci dans les conditions déterminées par la future loi.

1. Conséquences de la responsabilité indéfinie

Le principe est que les membres du groupement pourront convenir entre eux que les pertes seront
réparties inégalement entre eux.

A défaut, l'étendue de la responsabilité des membres d'un GIE ne sera pas limitée soit au montant
d'un apport, soit à une fraction de capital, soit à une autre proportion. Tout membre d'un GIE est
tenu des dettes du groupement sur l'ensemble de son patrimoine saisissable. Mais il n'assumera
l'intégralité de cette responsabilité que dans l'éventualité d'une défection des autres membres dans
leur contribution aux dettes du groupement, il ne sera pas possible de restreindre l'engagement des
associés et par exemple de le limiter au montant de leur apport. La garantie des tiers contractant
avec un GIE réside dans l'obligation indéfinie et solidaire des membres, contrepartie de l'absence de
capital.

2. Conséquences de la responsabilité solidaire

La solidarité entre les membres prévue par le projet de loi est une solidarité parfaite. Par conséquent
:

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ç le créancier pourra s'adresser à celui des membres qu'il veut choisir, sans que celui- ci puisse lui
opposer le bénéfice de division.

ç le paiement fait par un des membres libérera tous les autres à l'égard du créancier; - la mise en
demeure de l'un des membres produira son effet à l'égard de tous.

ç les poursuites contre un membre interrompent la prescription à l'égard de tous les autres.

3. Mise en œuvre de la responsabilité indéfinie et solidaire

Les créanciers ne peuvent poursuivre le paiement des dettes contre un membre qu'après avoir
vainement mis en demeure le groupement.

La poursuite des membres du groupement ou seulement de certains d'entre eux par un créancier est
subordonnée à une mise en demeure préalable du GIE restée infructueuse. Le créancier n'a pas
l'obligation de poursuivre d'abord le GIE et de mettre en œuvre à son égard tous les moyens pour
recouvrer sa créance avant d'exercer une action envers les membres. Il suffit d'une mise en demeure
préalable demeurée vaine pour que les créanciers assignent en paiement des dettes les membres du
groupement.

En cela, cette action préalable envers le GIE ne peut être assimilée au bénéfice de discussion exclu
en l'espèce. Elle permet de distinguer l'obligation du membre par rapport à celle d'un codébiteur
solidaire.

A notre avis, l’utilisation de la notion de « vaines poursuites » au lieu de « vaine mise en demeure »
aurait été plus judicieuse voire plus juste pour éviter des menaces intempestives des créanciers à
l’encontre de tels ou tels membres.

4. Exception contractuelle à la responsabilité solidaire

Tout tiers qui contractera avec un GIE pourra renoncer à se prévaloir de la responsabilité solidaire à
l'égard de ses membres. Par exemple, il sera possible de mentionner dans des contrats, des lettres
de change ou des billets à ordre acceptés par un GIE que ces effets sont émis « sans solidarité avec
les membres du groupement ».

Il ne sera d'ailleurs pas indispensable que cette exception contractuelle à la solidarité soit précisée au
moment de la passation d'un accord. Ultérieurement, un tiers contractant pourra décharger un
membre qui règle sa part de la dette lui incombant de la solidarité avec les autres adhérents d'un
GIE.

5. Recours entre les membres

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Le membre qui aura payé une dette du GIE pourra se retourner contre celui-ci ainsi que contre les
autres membres. Pour exercer son recours, il sera subrogé dans les droits du créancier sans toutefois
pouvoir réclamer le tout à un autre membre.

Le membre qui aura payé la dette totale ne peut réclamer à chacun des autres membres que la partie
de la dette leur incombant. Cette part pourra dépendre des dispositions du contrat de groupement :
contribution égale pour tous, proportionnelle aux apports, etc.

Ces règles fixant la contribution au passif entre les membres semblent parfaitement valables dans les
rapports des membres entre eux, mais elles restent, à notre avis, sans aucun effet à l'égard des tiers.

6. Membres nouveaux, membres exclus ou se retirant

De nouveaux membres pourront faire partie d'un GIE au cours de son existence. Le plus souvent ils
entreront dans le GIE en rachetant leurs parts à un autre membre. Par principe, ce nouveau membre
sera responsable des dettes antérieures à la cession. Il devra répondre des dettes qui naîtront après
son entrée dans le groupement mais aussi de celles qui existeront à la date de son adhésion.
Toutefois, le contrat peut exonérer un nouveau membre des dettes antérieures à son entrée dans le
groupement.

En principe, le nouveau membre ne devra être tenu au passif que si les formalités inhérentes à son
entrée ont été respectées.

q Exclusion d'un membre ( article 19)

Le contrat constitutif pourra prévoir une telle sanction à l'égard d'un membre ne respectant pas
délibérément ses obligations ou violant gravement le contrat. La gravité de cette décision nécessitera
de l'assortir d'une procédure préalable plus ou moins complexé (mise en demeure restée sans effet,
convocation du membre récalcitrant, audition du membre par le conseil d'administration, mise en
place d'une commission consultative, notification de la convocation de l'assemblée devant statuer sur
son exclusion avec une indication précise et détaillée des faits reprochés). La décision d'exclusion
sera du domaine réservé de l'assemblée statuant à des conditions de quorum et de majorité qualifiée
arrêtées dans les statuts, le membre en cause (normalement exclu du vote) ayant eu la possibilité de
présenter au préalable sa défense.

En effet, ce membre devra avoir été en mesure avant le vote d'obtenir de l'assemblée l'information à
laquelle il a droit et de s'exprimer sur les faits qui lui sont reprochés.

Par ailleurs, un adhérent qui se retire sera normalement responsable des dettes du groupement
jusqu'à inscription modificative au registre du commerce constatant son retrait.

7. Non - respect des obligations par un membre

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Les obligations des membres à l'égard du groupement seront librement fixées par le contrat
constitutif ou le règlement intérieur. Outre les obligations pécuniaires, les membres souscriront des
obligations personnelles dont la première est celle de jouer un rôle actif au sein du GIE.

L'obligation de coopération dans l'exécution des contrats sera, bien entendu, privilégiée dans les
contrats de GIE où la collaboration est de règle.

La prestation à fournir par les membres dépendra de la nature et de l'objet du GIE, le contrat en
fixera l'étendue.

Les conventions conclues entre les membres et le GIE ne seront soumises à aucune procédure
particulière. Il appartiendra au contrat de la prévoir (autorisation de l'assemblée, information aux
contrôleurs, etc.). En l'absence d'une telle clause, les parties intéressées devront agir avec prudence
et éventuellement consulter les autres membres.

En contrepartie du respect des obligations contractuelles, chaque membre aura droit de bénéficier
des services du GIE dans les limites de son objet et selon les modalités arrêtées dans l'acte constitutif
ou le règlement intérieur. Il aura le droit à participer aux assemblées.

8. Sanctions contractuelles

A défaut de respecter les obligations prévues dans le contrat, la responsabilité contractuelle du


membre défaillant pourra être retenue. Le contrat pourra prévoir des sanctions, amendes, indemnité
forfaitaire, suspension de certaines prestations, avertissement, etc.

La possibilité pour l'assemblée d'infliger une amende sera discutée avec l'intéressé afin que ce dernier
puisse assurer sa défense en effet, le respect des droits de la défense s'impose dans toute procédure
disciplinaire.

Plus généralement, toute sanction devra être entourée d'un certain formalisme tel que
l'autorisation de l'assemblée ou pour le moins information au cours de la prochaine assemblée.

9. Exclusion d'un membre

En cas de défaillance d'un membre, le groupement pourra t- il franchir un pas supplémentaire et


prononcer l'exclusion dudit membre?

Le contrat pourra prévoir une procédure d'exclusion des membres ayant commis des manquements
importants aux règles professionnelles ou aux stipulations du contrat ou du règlement intérieur. La
procédure instaurée au contrat s'imposera et devra être respectée.

A défaut de clause précise, l'exclusion d'un membre pour quelque motif que ce soit entraînera une
modification du contrat et toute modification nécessite, sauf clause contraire, l'unanimité. En présence
d'une situation de crise rendant impossible l'accord de coopération, les autres membres pourraient

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demander en justice la dissolution du GIE pour justes motifs. L'exclusion d'un membre ne sera
opposable aux tiers qu'après inscription modificative selon les modalités que définira la loi.

10. Prise de participation et exclusion

Le règlement intérieur d'un GIE pourra prévoir qu'une prise de participation dans le capital d'un
adhérent par toute personne physique ou morale ayant des liens économiques, juridiques ou
financiers avec une entreprise distribuant une marque concurrente à celle dont le GIE a l'usage
constitue une cause éventuelle d'exclusion du GIE si cette participation entraînait un préjudice certain
et indiscutable pour le groupement titulaire d'un contrat de franchise conférant l'usage d'une marque,
d'un produit.

11. Droit au retrait

Tout membre du groupement pourra normalement se retirer dans les conditions prévues par le
contrat, sous réserve, qu'il ait exécuté ses obligations.

Les clauses prévues à cet égard par le contrat pourront être extrêmement diverses : préavis à
observer ou encore fixation d'un délai pendant lequel le remboursement des apports ne peut être
exigé, cession des droits, modalités de liquidation des droits pécuniaires, etc. Mais le droit de retrait
- sous réserve que l'intéressé ait exécuté ses obligations - ne pourra être mis en échec par une clause
contraire du contrat ou par des stipulations exagérément restrictives aboutissant de fait à le rendre
impossible.

Pour être opposable aux tiers et limiter l'obligation au passif du membre se retirant, le retrait de celui-
ci devra normalement faire l'objet d'une inscription modificative au registre du commerce.

12. Admission d'un nouveau membre

L'admission pure et simple, indépendamment d'une cession de droits par un membre ne soulèvera
pas de problème particulier sur le plan juridique. Elle sera décidée selon les conditions prévues par le
contrat .

L'entrée d'un nouveau membre pourra aussi être la conséquence d'une augmentation de capital.

13. Cession de ses droits par un membre du GIE

Le contrat de groupement d'intérêt économique étant conclu en considération de la personne, les


cessions de droits à des tiers étrangers au groupement constitueront une modification du contrat qui
ne pourra intervenir que dans des conditions qui y sont prévues.

Les droits des membres ne pourront être représentés par des titres négociables. Les cessions seront
donc empreintes de formalisme.

Le cessionnaire ne deviendra, selon nous, membre du groupement que par :

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ç la signification de la cession au GIE par acte extrajudiciaire, ou son acceptation dans un acte
authentique par ses représentants;
ç la modification du contrat constitutif tendant à y substituer le nom du cessionnaire à celui du
cédant.

La cession ne deviendra opposable aux tiers que par l'accomplissement des formalités auprès du
greffe du tribunal et du registre de ce dernier. En ce qui concerne l'obligation aux dettes du nouveau
membre, il convient de se reporter au paragraphe f) III. Le cessionnaire a tout intérêt à négocier une
clause l'exonérant des dettes antérieures à son entrée.

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CHAPITRE IV

DISSOLUTION ET LIQUIDATION

1. Dissolution ( article 42 )

Causes de dissolution. - Le groupement d'intérêt économique est dissous :

ç par l'arrivée du terme ;


ç par la réalisation ou l'extinction de son objet ;
ç par la décision de ses membres ;
ç par décision judiciaire, pour de justes motifs (voir ci-après) ;
ç par la dissolution d'une personne morale, membre du groupement, sauf stipulation contraire du
contrat

Dissolution judiciaire pour justes motifs.

Le législateur offre à un membre comme en matière de société, la possibilité de demander la


dissolution du groupement avant le terme convenu lorsqu'il y a de justes motifs. Les juges du fond
apprécieront souverainement, dans chaque cas d'espèce. la légitimité et la gravité des motifs
invoqués à l'appui de la demande en dissolution.
Pourraient notamment être retenues comme de justes motifs :

ç l'inexécution de ses obligations par un membre;


ç la mésentente entre les membres paralysant le fonctionnement du groupement.
ç Réunion de toutes les parts en une seule main.

Les règles posées par le projet de loi sont extrêmement succinctes. Elles sont énoncées par les
articles 42, 43 et 44.

La dissolution du groupement d'intérêt économique entraîne sa liquidation.

2. La liquidation (article 45)

La personnalité du groupement subsiste pour les besoins de la liquidation. La liquidation s'opère


conformément aux dispositions du contrat. À défaut, un liquidateur est nommé par l'assemblée des
membres du groupement ou, si l'assemblée n'a pu procéder à cette nomination, par décision de
justice.

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Après paiement des dettes, l'excédent d'actif est réparti entre les membres dans les conditions
prévues par le contrat; à défaut, la répartition est faite par parts égales.

La plus grande liberté est donc laissée en ce domaine. Il convient toutefois de respecter les règles
généralement retenues en droit des sociétés.

Le principe est donc la survie de la personnalité du GIE pour les besoins de la liquidation. Cette
règle fondamentale entraîne une série de conséquences pratiques :

ç le patrimoine du groupement demeure distinct de celui des membres : il reste le gage des
créanciers du groupement à l'exclusion des créanciers personnels des membres du groupement ;

les droits des membres du groupement demeurent des droits mobiliers, quelle que soit la nature
des biens dépendant du groupement; ces droits peuvent être cédés dans les mêmes conditions
qu'il avant la dissolution;

ç le groupement conserve son siège qui peut être transféré en cours de liquidation; le groupement
conserve sa dénomination Il est cependant nécessaire que, de façon directe ou indirecte, la
situation juridique du groupement apparaisse clairement. II nous semble indispensable à cet
égard que le signataire de la correspondance émanant du GIE fasse précéder ou suivre
immédiatement sa signature de l'indication de sa qualité de «liquidateur du groupement».

La survie de la personnalité morale du GIE sera limitée aux besoins de la liquidation.

q Désignation du liquidateur

Cette désignation est obligatoire; il ne paraît pas possible de faire coexister les fonctions
d'administrateur et celles de liquidateur. Le liquidateur peut être désigné à l'avance par le contrat qui
stipule par exemple que l'administrateur du groupement en fonction lors de la dissolution sera le
liquidateur du GIE.

Dans ce cas, l'intéressé perd sa qualité d'administrateur et exerce des fonctions nouvelles dans le
cadre d'un groupement en liquidation qui ne survit que pour les besoins de cette liquidation.

Dans le silence du contrat, il convient de procéder à la nomination d'un liquidateur par l'assemblée
des membres ou, si l'assemblée n'a pu procéder à cette nomination, par décision de justice à la
requête de tout intéressé .

q Statut de liquidateur

Le liquidateur nommé par les membres du groupement est un mandataire révocable par l'assemblée
des membres dans les conditions fixées par le contrat.
Lorsque le liquidateur a été nommé en justice, il ne peut être révoqué que judiciairement.

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Sauf cause de cessation anticipée du mandat (décès, révocation...), les fonctions du liquidateur
prendront fin avec l'assemblée de clôture.

q Pouvoirs du liquidateur

Ils sont fixés par le contrat ou à défaut par l'acte de désignation. Très généralement, il pourra être
stipulé que «le ou les liquidateurs ont les pouvoirs les plus étendus pour mettre fin à toutes les
opérations engagées au nom du groupement ainsi qu'à l'effet de réaliser l'actif du groupement et
d'acquitter le passif ».

Les tiers appelés à traiter avec les liquidateurs d'un GIE, lors de la cession des éléments d'actif,
pourront avoir intérêt à leur demander la justification de leurs pouvoirs. En effet, il n'est pas certain, à
défaut de texte, que les restrictions aux pouvoirs des liquidateurs décidées par l'assemblée soient
inopposables aux tiers.

La rémunération des liquidateurs est fixée par la décision qui les nomme. Si le liquidateur a été
désigné amiablement, il est important que l'acte de nomination fixe non seulement cette rémunération
mais encore les modalités de son règlement car le liquidateur ne peut pas de son propre mouvement
se payer d'avance ou se verser des. acomptes en cours de liquidation par voie de prélèvement sur
les fonds du groupement.
Si aucune rémunération n'est prévue, le liquidateur exerce ses fonctions gratuitement (application des
règles du mandat).

Si le liquidateur est nommé par justice, sa rémunération est fixée ou taxée par le tribunal.

q Opération de liquidation et clôture de la liquidation

La liquidation d'un GIE sera parfois difficile à effectuer, en raison des comptes différents qui peuvent
exister, non seulement avec les tiers qui ont contracté avec le groupement mais aussi avec les
entreprises adhérentes, celles-ci pouvant être à la fois créancières et débitrices du groupement.

L'assemblée des membres du groupement sera appelée en fin de liquidation à statuer sur les
comptes, à donner quitus au liquidateur et à constater la clôture de la liquidation. Le contrat
précisera les règles applicables à la répartition de l'excédant d'actif entre les membres ainsi qu'à la
contribution des membres au règlement du passif. Pour éviter des difficultés il convient de retenir
dans le contrat les mêmes clefs de répartition que celles adoptées pour la répartition des bénéfices et
des pertes.

A défaut d'indication dans le contrat sur la répartition entre les membres de l'excédent d'actif après
paiement des dettes, cette répartition est faite par parts égales ( article 34 alinéa 1er). Lorsque le
contrat a prévu des règles de répartition celles-ci s'imposent au liquidateur et elles prévalent sur des
décisions prises par des organes de direction en dehors de toute modification statutaire.

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q Radiation au registre du commerce

Toute cessation d'activité d'un groupement d'intérêt économique dans le ressort du tribunal où il est
immatriculé donnera lieu à une demande de radiation du registre. Cette demande indique la date de
la cessation.

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