L’ENERGIE DU SOUS-SOL
Manifestations
Congrès
- 18 - 20 sept. 2002, Trévizo, Italy - 3rd International
Conference on Energy Efficiency in Motor Driven
Systems (EEMODS'02).
Contact : EEMODS'02 Conference Secretariat,
Dipartimento di Ingegneria Elettrica - Università di
L'Aquila, 67040 Monteluco di Roio, L'Aquila, Italy
Fax : +39 0862 434403 -
e-mail : eemods02@ing.univaq.it ;
http://eemods02.ing.univaq.it
- 22 - 25 sept. 2002, Reno, Nevada, USA - GRC 2002
Annual Meeting, Geothermal Energy - The Baseload
Renewable Resource.
Contact: Geothermal Resources Coucil, 2001 Second St.
Ste. 5, P.O. Box 1350, Davis, CA 95616
Tel: (530) 758-2360; fax: (530) 758-2839 ;
e-mail: grc@geothermal.org;
22 - 30 sept. 2002, Thessaloniki, Adamas (Milos),
Phyra (Santorini), Greece - International
Geothermal Days Greece 2002.
First draft- Programme of the international course on
district heating, agricultural and agro-industrial uses of
geothermal energy (Thessaloniki, 23-25.09.2002)
First draft- International workshop on possibilities of
geothermal energy development in Aegean Islands
(Adamas, 26-28.09.2002)
Volcanology of Aegean Islands - Guided Tour (Phyra,
Santorini, 29-30.09.2002).
Chairman of he organizing committee : Prof. Fytikas,
Aristotle University of Thessalonik.
- 25 - 30 mai 2003, SZEGED, Hongrie, EUROPEAN
GEOTHERMAL CONFERENCE.
Organized under the auspicies of Mayor of Szeged and
the Chairman of the Agricultural Committee of the
Hungarian Parliament, ORGANISERS : Hungarian
Geothermal Association HGA, Aquaplus Ltd.
(Hungary), Porcio Ltd. (Hungary), Romanian
Geothermal Association RGA, Slovakian Geothermal
Association SGA.
Contact : Diamond Congress Ltd. - EGC 2003
Secretariat ,H-1255 Budapest, P.O. Box 48, Hungary
Phone: +36 1 214 7701, +36 1 225 0210 ;
Fax: +36 1 201 2680, +36 1 214 7698
E-mail: diamond@diamond-congress.hu ;
http://www.diamond-congress.hu/egc2003/
L’énergie du sous-sol : La Géothermie en Ile-de France, bulletin n° 3 - mai 2002
- 14 - 17 sept. 2003, Reykjavik, Islande - Multiple
Integrated Use of Geothermal Resources.
The Conference Committee under the chairmanship of
Dr. Einar Tjörvi Elíasson cordially invites all those wor-
king and interested in geothermal development to attend
the Conference that among other things is held to cele-
brate the 25th anniversary of the United Nations
University Geothermal Training.
Contact: e-mail : ete@jardhitafelag.is ;
http://www.jardhitafelag.is/igc/
- 25 sept. - 1er oct. 2003, Beppu, Japon - Société
Internationale des Techniques Hydrothermales (SITH2003).
Theme: Hydrothermal Phenomena - Interaction between
Human and the Earth.
Contact : Secretatriat of SITH2003c/o Beppu Geothermal
Research Laboratory, Kyoto University, Noguchibaru ,
Beppu 874-0903, Japan.
- 25 nov. 2002, Frutigen – Chantier de Mithoz, Suisse –
Société Suisse pur la Géothermie
Thème: Utilisation des eaux chaudes des tunnels de base de
ALP TRANSIT et le projet de Frutigen.
Conférences le matin (MM Geissmann, Rybach, Gorhan,
Oppermann) et visite du tunnel de Frutigen l’après-midi.
Contacts : Secrétariat SVG-SSG, Büro Inter-Prax,
Dufourstrasse 87, CH-2502 Biel-Bienne, Suisse,
svg-ssg@geothermal-energy.ch
Directeur de la publication et Rédacteur en chef :
J. LEMALE - ADEME/IdF
Comité de rédaction : F. BRENIERE / ARENE
P. LAPLAIGE / ADEME
J. DEMANGE / BRGM
A. DESPLAN / BRGM
T. GARNIER / DRIRE
D. LENOIR / AGéMO
Edition, Réalisation : BRGM/CDG/CITEG
Pour toute information contacter :
BRGM/CDG/CITEG
BP 6009—45060 ORLEANS Cedex 2
e-mail : géothermie.idf@brgm.fr
LA GEOTHERMIE EN ILE-DE-FRANCE
Les Journées géothermiques
des 14 et 15 Novembre 2001
L’actualité sur les Energies Renouvelables de ces
derniers mois a été très fournie, notamment au
travers d’un certain nombre de manifestations et
de publications :
- Tout d’abord, nos Journées Techniques sur la
Géothermie 2001, objet de ce numéro spécial, qui ont
connu un réel succès puisque plus de 170 personnes ont
assisté à l’une ou l’autre des 2 journées. Elles ont été
organisées conjointement par l’ADEME, le BRGM,
l’ARENE, la DRIRE Ile-de-France, l’AGéMO, et le
S.M.G. La Courneuve. Ces journées ont permis de
présenter un panorama pour la France de l’état très
encourageant des 4 principales filières de la géothermie
(Basse énergie, Très basse énergie, Haute Energie et
Roches Chaudes Fracturées), avec une focalisation sur
l’opération Basse énergie de La Courneuve.
Vous trouverez tout au long de ce Bulletin n°3, les
interventions qui ont ouvert ou clos ces 2 journées
techniques.
- le premier salon du bâtiment et du développement
durable, organisé par la Fédération Française du
Bâtiment, au cours duquel les EnR ont eu une petite
place, entre le gaz et l’électricité.
- le colloque organisé par le Syndicat des Energies
Renouvelables qui a réuni cette année plus de
1 000 personnes et vu l’intervention de trois ministres
français et d’Herman SCHEER, député allemand au
Bundestag. Pendant ce colloque on a beaucoup parlé
d’électricité, en particulier éolienne, un peu moins de la
chaleur produite à partir des EnR et enfin, quelques
petites minutes, de la géothermie … .
mai 2002 - Bulletin n° 3
- le rapport parlementaire sur « L’état actuel et les
perspectives techniques des énergies renouvelables »,
rédigé par les députés Claude BIRRAUX et Jean-Yves
LE DEAUT, consacre un chapitre intéressant à la
géothermie. On peut citer quelques passages :
« Les réalisations du Bassin parisien sont
incontestablement des expériences concluantes mais qui
n’ont toutefois pas empêché, dans les années 1980, la
géothermie d’avoir une image négative pour des
questions de non-rentabilité supposée et des problèmes
de corrosion non maîtrisés. Or ces deux assertions sont
totalement fausses aujourd’hui » … « Il semble
important de reprendre les études sur le sous-sol de la
France » … « avec une révision des conditions fiscales,
de nouvelles applications devraient alors reprendre » … .
La Courneuve
Pour le futur immédiat, et cela correspond aux
préconisations du rapport parlementaire, l’ADEME,
l’ARENE Ile-de-France et le BRGM ont, en cours,
l’élaboration d’un programme de relance de la
géothermie, avec deux priorités principales :
. la maîtrise, l’optimisation et le développement des
opérations existantes,
. l’actualisation des inventaires des potentiels
géothermiques, dans lesquels on tiendra compte de la
diversification des moyens de production, des usages et
des ressources géothermiques.
Le rédacteur en Chef, Jean Lemale,
Délégation Régionale Ile-de-France de l’ADEME.
ISSN n° 1629-887X
EDITORIAL
La géothermie en Ile-de-France est bien une réalité :
elle représente 90 % de la production nationale de
chaleur d'origine géothermique, soit 140 000 équivalent-
logements alimentés et 130 000 tep économisées par an.
Actuellement, on recense 34 opérations qui fonctionnent
depuis plus de 15 ans ; l'exploitation de Melun
atteignant l'âge de 30 ans.
C'est aussi une solution d'avenir car le potentiel de la
nappe du Dogger permet des prévisions réalistes
d'extension de son emploi au delà de 20 000 équivalent-
logements d'ici 2005 ; l'utilisation d'autres aquifères est
également à l'étude.
D'autres ressources géothermiques sont en cours
d'exploration avec les pompes à chaleur géothermales.
Dans des forages inférieurs à 100 mètres, il s'agit de
capter la chaleur contenue dans le sol et de l'utiliser
grâce à une pompe à chaleur pour chauffer ou rafraîchir
une maison, la distribution étant assurée par plancher
chauffant ou rafraîchissant. Une expérimentation est en
cours à Vaucresson où 11 maisons utilisent ce système.
Le suivi instrumenté permettra de valider les
hypothèses.
L'ARENE et l'ADEME s'engagent en 2002 à
commencer une réévaluation du potentiel de l'ensemble
de ces filières : Dogger, autres aquifères et pompes à
chaleur géothermales.
L'image de la géothermie a beaucoup changé ces
dernières années. Les experts scientifiques sont en effet
convaincus de la nécessité de lutter dès aujourd'hui
contre l'effet de serre. Or l'énergie géothermique ne
pollue pas. La Région Ile-de-France a donc pris en 1994
une délibération qui a abouti à la création de l'Agence
régionale des nouvelles énergies (ARENE), dont le
travail a permis d'évaluer le potentiel des différentes
énergies et de mobiliser les différents acteurs sur ce
sujet. Puis, à partir de 1998, la Région a décidé d'adopter
une nouvelle délibération sur l'énergie pour intervenir
financièrement dans les investissements. Après trois
années de débats, elle a voté le 28 juin 2001 la
délibération « ENERGIE » sur « l'action régionale pour
la maîtrise de l'énergie, le développement des énergies
locales et renouvelables et la réduction de l'effet de
serre » et s'est positionnée fortement pour le respect de
l'application des accords de KYOTO avec des objectifs
clairement énoncés dont la mise en œuvre est locale :
· Réduction des gaz à effet de serre par la recherche
d'économies d'énergies primaires et la substitution des
énergies fossiles par des énergies locales et
renouvelables,
· Economies engendrées sur le budget des collectivités
(réduction de la dépendance de la région Ile-de-France
ou les transports d'énergie),
· Aménagement du territoire et création d'emplois (les
énergies renouvelables génèrent davantage d'emplois
locaux que les énergies fossiles),
· Amélioration de la compétitivité des entreprises,
· Développement de débouchés pour la valorisation des
déchets.
La Région souhaite également favoriser l'émergence de
secteurs professionnels régionaux susceptibles de
devenir des forces d'exportation.
Les modalités retenues par la Région sont surtout des
aides à la décision et à l'investissement, qui s'ajoutent
généralement aux aides de l'ADEME. La Région a
commencé à financer des opérations d'énergies
renouvelables dès juillet 2001. Des subventions de la
Région, ont contribué par exemple au financement de
l'extension des réseaux de chaleur d'Orly-Choisy, de
Villiers-le-Bel-Gonesse et d'Alfortville ; l'extension des
réseaux de Chevilly-Larue, de Melun et de La
Courneuve suivront.
Michel Vampouille
Le Conseil régional a affirmé à plusieurs reprises sa
volonté politique de développer l'ensemble des énergies
renouvelables disponibles en Ile-de-France, à savoir la
biomasse, le bois, le solaire thermique, l'énergie
éolienne et la géothermie, une énergie qui a retrouvé tout
son dynamisme et dont le développement n'a aucune
raison d'être freiné.
Pour conclure, je suis raisonnablement optimiste quant
au développement des énergies renouvelables dans la
Région. Il existe en effet aujourd'hui des outils
techniques fiables et des décisions politiques ont été
prises au plus haut niveau, même si elles ne sont pas
toujours appliquées sur le terrain. Il reste cependant des
risques car les projets d'énergies renouvelables se soldent
parfois par un échec. De plus, le secteur professionnel
des énergies renouvelables ne semble pas en mesure de
répondre à une envolée de la demande. Mais malgré cela,
de bonnes opportunités pour le développement des
énergies renouvelables existent en Ile-de-France.
Michel VAMPOUILLE,
Président de l'ARENE
et conseiller régional d'Ile-de-France
Intervention de Monsieur François DÉMARCQ,
Directeur général de l'ADEME
A ce jour, la géothermie manque encore de visibilité par
rapport aux énergies éolienne, photovoltaïque et solaire.
C'est pourquoi il convient de saluer l'organisation de ces
journées sur la géothermie, initiative qui n'avait pas été
prise depuis de nombreuses années.
Bilan des actions engagées par l'ADEME et ses
partenaires régionaux sur la période 1999-2001
La consolidation des acquis de la géothermie basse
énergie en Ile-de-France est bien engagée :
. prolongation de 10 ans de la vie du Fonds long terme
de péréquation des risques géothermiques (2002-2012),
grâce à un abondement conjoint de l'ADEME (21 MF)
et des maîtres d'ouvrage (21 MF) pour 28 opérations
géothermiques. Cette prolongation de la durée de vie du
Fonds Long Terme Géothermie a été mise en œuvre dès
1999 et va assurer un appui aux maîtres d'ouvrage qui
seront amenés à renégocier certains de leurs contrats dès
2003-2004.
. extension des réseaux de chaleur existants en Ile-de-
France, grâce à une politique d'incitation à destination
des maîtres d'ouvrage (aide ADEME de 400 €/t de
carbone évité, plafonnée à 40 % du coût des extensions).
Cette mesure, mise en œuvre dès la fin 1999, a déjà
donné des résultats très concrets (près de 7 000
nouveaux logements sont raccordés ou en passe de l'être
en Ile-de-France sur une vingtaine d'opérations ; cela
représente un peu plus d'un tiers de l'objectif initial, soit
20 à 30 000 logements à raccorder d'ici 2004-2005). Il
est à noter que le Conseil Régional d'Ile-de-France
intervient de façon complémentaire avec une aide calée
sur 200 €/t de carbone évité et une intervention sur le
financement des études " amont ", à hauteur de 30 % du
montant considéré.
. relance de la politique française d'inventaires des
ressources géothermales qui sera réalisée à partir de
2002, dans le cadre d'une collaboration entre l'ADEME
et le BRGM.
Le développement des capacités électriques dans les
DOM, à partir des ressources haute température :
Plusieurs initiatives ont été prises dans les DOM, depuis
1999, pour dynamiser les programmes de valorisation
des ressources haute énergie :
. programmes de reconnaissance menés en Martinique
et à la Réunion, de façon à préciser les ressources
potentielles. Les partenariats mis en œuvre entre
l'ADEME et les conseils régionaux ont permis de
dégager près de 8 MF de crédits publics en faveur de ces
travaux " amont " ;
. programme d'extension de la centrale géothermique de
Bouillante en Guadeloupe, avec une participation de
l'ADEME, d'EDF, du Conseil Régional, mais aussi de la
Commission européenne.
Un programme de diffusion de pompes à chaleur
géothermales pour le chauffage/climatisation de
l'habitat :
Un travail de base a été mené dans le cadre des accords
ADEME/EDF sur les différents aspects : impacts
environnementaux, analyse des coûts/performances, état
de l'art.
L'ADEME a décidé de s'engager dans une phase plus
active de promotion sur le terrain, avec un double
objectif :
- favoriser le retour d'expérience à partir de plusieurs
dizaines d'opérations concrètes, à compter du 1er janvier
2002,
- structurer l'offre professionnelle : labels
professionnels, qualification des matériels sur le sol
français, en s'inspirant des expériences étrangères … .
François Démarcq
Le programme de R&D " Géothermie Profonde " de
Soultz porté par un GEIE :
Ce projet est entré dans une nouvelle phase : avec la
mise sur pied d'un pilote scientifique en Alsace, sous la
responsabilité d'une maîtrise d'ouvrage industrielle.
L'ADEME joue dans ce domaine un rôle clé, aux côtés
de la Commission européenne et du gouvernement
allemand. L'ADEME mobilisera 6,7 millions d'euros sur
la période 2001-2003, à parité avec nos partenaires
publics allemands et la Commission européenne.
Ce projet est porteur d'une ambition très forte ; il s’agit
de valider un nouveau concept de production
décentralisée d'électricité (et de chaleur) à partir des
ressources du sous-sol, en grande profondeur. L'objectif
est de pouvoir concrétiser cet effort à la fin de la
décennie, avec une industrialisation réussie (module de
20-30 MW électriques).

Les perspectives 2002-2006
En matière de géothermie, les perspectives de
développement sont excellentes et doivent s'orienter
autour des axes suivants :
- relance des inventaires sur tout le territoire national
avec la mise au point de méthodologies adaptées. Ceci
débutera à partir de 2002, sous la forme d'une action
concertée avec le BRGM ;
- poursuite de la réflexion sur les mécanismes de
garantie à très long terme, en faveur de la géothermie
basse énergie, sur des réseaux multi-énergies, en relation
étroite avec l'endettement résiduel des maîtres d'ouvrage
en Ile-de-France. Ceci pourrait se traduire par de
nouvelles propositions visant à promouvoir un
mécanisme de garantie complémentaire prenant en
compte les contraintes financières, résultant d'un
endettement résiduel important ;
- poursuite des programmes d'extension de réseaux de
chaleur en Ile-de-France, sur les bases d’aides actuelles
de l’ADEME et du Conseil Régional, avec l'objectif de
30 000 équivalent-logements supplémentaires raccordés
en 2005-2006 ;
- accélération des programmes de production
décentralisée à partir des ressources géothermales haute
température dans les DOM.
Dès 2002, de nouvelles initiatives seront adoptées :
- mise sur pied d'un programme de diffusion de pompes
à chaleur géothermales en relation avec EDF,
- suivi scientifique et technique du programme de R&D
" Géothermie Profonde " dans cette étape décisive.
- étude d'une nouvelle approche " R&D " en faveur de
systèmes hybrides multi-énergie permettant de s'inspirer
des expériences étrangères (en Allemagne notamment).
Intervention de Monsieur Yves CARISTAN
Directeur Général du BRGM
La Géothermie, source d'énergies renouvelables à
caractéristiques attrayantes
La géothermie est une des sources d'énergies
renouvelables qui s'adresse aux deux grandes filières
énergétiques : production d'électricité et production de
chaleur.
Un premier attrait de la géothermie réside dans la
régularité de sa mise en œuvre qui la destine
particulièrement à la production en base. La ressource
dépend des caractéristiques intrinsèques du sous-sol
(gradient géothermique, perméabilité, …) insensibles
aux éléments extérieurs.
Un deuxième attrait de la géothermie est son caractère
respectueux de l'environnement. Une exploitation
géothermique produit peu de rejets. En ce qui concerne
le CO2 , la quantité moyenne émise dans l'atmosphère
par les centrales électriques géothermiques représente
environ 10 % de l'émission d'une centrale au gaz naturel.
De plus, la généralisation du recours aux techniques de
ré-injection des fluides géothermaux dans les réservoirs
profonds dont ils sont issus permet de ramener les
niveaux d'émission en gaz à effet de serre à des valeurs
quasi nulles.
Yves Caristan
La contribution actuelle de 0,4 % de la géothermie à la
satisfaction des besoins mondiaux en énergie électrique
est probablement amenée à s'accroître, notamment avec
la relocalisation attendue d'industries fortement
consommatrices d'énergie sur des sites de production
mettant en œuvre des sources d'énergies renouvelables à
des coûts compétitifs.
Contribution actuelle de la Géothermie au mix
énergétique français
Du fait de la structure géologique de l'hexagone, la
géothermie en France métropolitaine est surtout connue
par ses applications dans le domaine du chauffage de
l'habitat collectif par réseaux de chaleur, notamment par
les installations géothermiques du Bassin parisien
mettant à contribution l'excellent réservoir du Dogger, et
par celles du chauffage et du rafraîchissement
d'immeubles du secteur tertiaire. Ces applications
rendent compte de la quasi-totalité de la chaleur
géothermique utilisée annuellement qui est de l'ordre de
1 360 GWh (117 ktep) et place la France au 10ème rang
mondial pour l'utilisation de chaleur d'origine
géothermique.
Pour la production d'électricité, économiquement
développée à ce jour dans les zones géologiques actives,
seule la centrale géothermique de Bouillante en
Guadeloupe, propriété commune aux Groupes BRGM et
EDF, produit en continu depuis 1996 environ 21 GWh / an
qui satisfont 2 % des besoins en électricité de l'île.
L'extension de sa capacité à 15 MWe, grâce à la
construction en cours d'une deuxième installation
de 10 MWe, a été rendue possible par le développement
du champ géothermal de la baie de Bouillante. Elle
devrait produire au début de 2003 environ 10 % de
l'électricité guadeloupéenne.
C'est par la production de chaleur (117 ktep) et dans une
moindre mesure par la production d'électricité (21 GWh
soit 4,7 ktep) que la géothermie contribue aujourd'hui à
hauteur de 0,44 %, au mix énergétique à sources
d'énergies renouvelables français où dominent
[références 2000] l'hydraulique (73 587 GWh soit
16 336 ktep), la biomasse (9 267 ktep) et les déchets
urbains solides (999 ktep).
Le potentiel de R&D de la France permettant les
ruptures technologiques, la capacité de réaction au
changement du tissu industriel (grands groupes ou
PME-PMI) et l'action de l'Etat, doivent pouvoir se
combiner pour permettre à la géothermie, seule ou
associée à d'autres sources d'énergie, de figurer à une
meilleure place pour contribuer à la lutte contre le
changement climatique et à l'amélioration de l'efficacité
énergétique.
Pour la production d'électricité en France, trois axes
de développement
Dans les zones géologiques actives
Le développement de la production d'électricité par la
mise en œuvre des technologies conventionnelles des
champs diphasiques concerne principalement les DOM.
Des recherches doivent être conduites pour améliorer, en
innovant, les méthodologies d'exploration et
d'estimation des champs géothermiques. Il s'agit de
réduire l'aléa géologique dans la localisation des
réservoirs et l'estimation des ressources, de valoriser les
informations scientifiques recueillies par les forages
d'exploration ou de développement.
La géothermie profonde généralisée
Jusqu'à ce jour, la géothermie n'a été développée
économiquement que dans des zones géologiques à forte
perméabilité naturelle, qu'il s'agisse de systèmes
volcaniques fracturés ou d'horizons favorables de
certains bassins sédimentaires. Il reste à tester l'immense
potentiel des zones profondes des plates-formes
continentales stables.
La poursuite des efforts de démonstration de la
faisabilité du concept de géothermie profonde de type
"Roches chaudes fracturées" permettra, il faut le
souhaiter, de franchir une étape dans la recherche d'une
véritable rupture technologique en matière de
géothermie. A partir d'un concept né aux USA, la France
a orienté son action dès 1987 sur le site de Soultz-sous-
Forêts dans le graben du Rhin. A ce jour, des industriels
européens réunis dans le GEIE "Exploitation minière de
la chaleur" assurent les tâches de management du plus
grand projet de géothermie profonde conduit dans le
monde, avec le soutien de l'Union européenne et des
Agences de l'énergie française et allemande. A coté du
Groupement d'industriels, une association pan-
européenne de scientifiques, l'EHDRA (European Hot
Dry Rock Association), actuellement présidée par le
BRGM, assure la coordination des actions de recherche
et conseille le Groupement dans ses choix scientifiques
et technologiques.
La généralisation du concept de géothermie profonde
consisterait, par la suite, à démontrer la faisabilité de
l'extension du concept "Soultz" vers, dans un premier
temps, l'ensemble des zones de graben géologiques
identiques au graben du Rhin. Dans un second temps, la
démonstration s'étendrait à l'ensemble des milieux
géologiques profonds, roches de socle plus ou moins
fracturées, ou roches sédimentaires de bassins épais
avec des caractéristiques de porosité et de perméabilité
variables, dont la répartition est ubiquiste dans les
plates-formes continentales stables.
Des recherches doivent être conduites pour modéliser le
comportement des milieux fracturés, réservoirs
sédimentaires profonds ou réservoirs artificiellement
stimulés. Elles comprendront notamment l'amélioration
des modèles conceptuels décrivant le comportement
hydro-thermo-mécanique des milieux fracturés, le
couplage avec les modèles de chimie-transport,
l'amélioration des performances des machines de
percolation à hautes températures et le développement
d'une stratégie particulière de fracturation des réservoirs
gréseux profonds.
La production décentralisée d'électricité (et/ou de
chaleur) par géothermie
La production décentralisée est un objectif vers lequel
tendent certains pays démunis de ressources
conventionnelles à haute enthalpie.
Les aquifères des plates-formes continentales peuvent
constituer des ressources géothermales si les paramètres
de température, porosité et perméabilité autorisent la
production en surface d'un fluide à débit et enthalpie
suffisants. Des températures au-dessus de 100 °C et des
débits de quelques dizaines de litres par seconde sont les
paramètres recherchés pour produire de l'électricité en
mettant en œuvre des installations géothermiques à
cycle binaire (cycle à fluides organiques, cycle de
Kalina, flash à très basse pression,…). Ce type
d'aquifère qui ne nécessite pas de programme lourd de
forage et de stimulation doit être systématiquement
recherché en France.
Le programme de recherche méthodologique serait axé
sur la construction de modèles géologiques 3D intégrant
l'ensemble des données permettant de qualifier un
aquifère pour un usage en géothermie (géométrie,
données thermiques et données physico-chimiques des
réservoirs et des aquifères).
L'avenir de la production de chaleur par géothermie
en France
La France a été l'un des pays pionniers dans le
développement de la géothermie pour alimenter les
réseaux de chaleur de l'habitat collectif. Le BRGM, le
Comité géothermie, l'AFME et les collectivités
territoriales ont été les moteurs de ce développement qui
a doté l'Ile-de-France de nombreuses installations entre
1975 et 1985. Les problèmes techniques, liés à la nature
agressive des fluides géothermaux du Bassin parisien,
ont été surmontés notamment grâce aux efforts conjoints
du BRGM, de l'ADEME et de l'Union européenne qui
ont fait fonctionner, entre 1983 et 1994, l'Institut Mixte
de Recherches Géothermiques (IMRG). Face aux
problèmes de corrosion-dépôt, des traitements
préventifs ont été développés et sont utilisés à ce jour en
routine. Seule la charge des emprunts effectués durant la
période de forte inflation, bien qu'allégée par des
renégociations ultérieures, a été trop lourde pour
certaines collectivités et a conduit à plusieurs fermetures
d'installations.
La dynamique actuelle des énergies renouvelables et
l'attrait pour les dispositifs de production d'énergie
décentralisés sont des éléments favorables à un certain
renouveau de la géothermie. La tendance plaide pour
une plus forte hybridation des sources d'énergie et pour
l'élargissement du champ d'application de la géothermie
de basse enthalpie dans la mesure où cette dernière peut
être impliquée dans des dispositifs complexes multi-
énergie. L'hybridation des systèmes confère une
efficacité énergétique supérieure à la somme de
l'efficacité des systèmes fonctionnant indépendamment.
Ces systèmes hybrides sont amenés à se développer à
deux échelles :
- à l'échelle micro-urbaine où la géothermie sur nappe
permet l'alliance de la production de chaleur et du
stockage de chaleur et/ou de froid (climatisation) ;
- à l'échelle du bâtiment où les dispositifs de sondes
(épingles) géothermiques ou de géostructures (pieux)
énergétiques peuvent être couplés à d'autres dispositifs
énergétiques (solaire thermique, pompes à chaleur,
micro-turbines, piles à combustibles, …).
Conclusions
Durant les 5 dernières années, la production d'énergie
par géothermie s'est développée dans le monde à un taux
annuel d'environ 4 %. Des innovations technologiques
comme les nouveaux cycles de conversion pour la
production d'électricité et les pompes à absorption pour
la production de chaleur, ont progressivement été
adoptées par les industriels. Il faut espérer que la France
saura saisir les opportunités d'une conjoncture favorable
aux énergies renouvelables pour développer ses
ressources domestiques et exporter, au niveau mondial,
ses savoir-faire renouvelés.
La Géothermie figure parmi les nouvelles orientations
stratégiques définies dans le contrat conclu entre l'Etat et
le BRGM pour la période 2001 - 2004. Ce dernier
dispose en son sein des principales compétences pour
mettre en œuvre l'important programme de recherche
conçu avec l'ADEME visant à accroître les
performances des outils d'exploration et de modélisation
des réservoirs géothermiques. Leur mise en œuvre sur le
terrain est essentielle pour diminuer le risque sous-sol
que sont amenés à prendre les industriels de la filière
géothermie.
De même, dans le cadre de ses actions de service public
et toujours en partenariat avec l'ADEME, le BRGM se
prépare à mettre à jour et diffuser l'information sur les
ressources géothermales nationales et les technologies
adaptées à leur valorisation.
Enfin, le Groupe BRGM envisage le développement de
ses filiales dont l'activité se rapporte directement à la
géothermie.
Intervention de Monsieur Philippe BEUTIN
Chef du département des énergies
renouvelables de l'ADEME
Un contexte favorable
Depuis deux ou trois ans, le contexte français des
énergies renouvelables a sensiblement évolué. Chacun
est en effet convaincu de leur intérêt dans la lutte contre
l'effet de serre et les moyens semblent désormais à la
hauteur des objectifs. L'Etat a en effet doté l'ADEME
d'une enveloppe annuelle de 500 millions de francs pour
la maîtrise de l'énergie et le développement des énergies
renouvelables (biomasse, énergie solaire, géothermie,
énergie éolienne, hydroélectricité…) ce qui lui
permettra de relancer ces filières, de participer aux
programmes de recherche et de prolonger le fonds de
garantie de pérennité actuel. Des avantages fiscaux
seront également accordés aux particuliers ou aux
entreprises qui développeront des projets liés aux
énergies renouvelables.
Au niveau européen, la Commission européenne a
adopté une directive visant à faciliter l'accès des
énergies renouvelables au marché électrique. Ce texte
fondateur permettra de concrétiser l'objectif qui a été
fixé pour 2010 et qui consiste à faire passer la part de
l'énergie renouvelable dans la production électrique
européenne à 21 %, contre 15 % aujourd'hui. Pour y
parvenir, la Commission européenne attribuera des
moyens à la promotion des énergies renouvelables et
autorisera les aides d'Etat à destination de ces énergies.
Par ailleurs, un nouveau système de tarification sera mis
en place pour améliorer les conditions de revente de
l'électricité à partir de ces énergies.
Les techniques géothermales
Parmi toutes les énergies renouvelables, la géothermie
est sans doute celle qui a connu les plus importants
développements ces dernières années. Il existe
désormais de nombreuses techniques géothermales. On
peut tout d'abord citer la géothermie basse énergie, dont
les utilisations sont multiples : chauffage de bâtiments et
d'eau sanitaire, thermalisme, pisciculture, cultures sous
serres. Cette technique est déjà très présente en France,
notamment en Ile-de-France où une trentaine de réseaux
de chaleur alimentent près de 140 000 équivalents
logements (en attendant d'éventuelles extensions). Elle
est de plus en plus souvent associée à d'autres techniques
de production, notamment la cogénération. Cette
technique est aujourd'hui totalement mature. La
disponibilité des installations est excellente (de l'ordre
de 95 %) et la durée de vie des équipements est en
hausse constante (25 ans pour les tubages). Elle semble
donc promise à un bel avenir.
Philippe Beutin
On trouve ensuite la géothermie à haute énergie. Cette
technique, qui consiste à utiliser des réservoirs situés
dans des zones à fort gradient de température pour
produire de l'électricité (et éventuellement de la chaleur).
Sa contribution est de l'ordre de 60 TWh chaque année.
Elle est principalement utilisée dans les zones à forte
intensité volcanique, à la jonction des plaques
continentales (Californie, Mexique, Alaska, cordillère
des Andes, Philippes, Indonésie, Japon…). En France, de
nombreux projets utilisant cette technique sont à l'étude
dans les DOM, principalement en Guadeloupe (avec
notamment l'extension de la centrale de Bouillante, dont
la capacité de production installée représente près de 4,5
MW et qui produit actuellement 2 % de l'électricité
consommée dans l'île), mais aussi en Martinique et à la
Réunion. Dans le monde, la géothermie haute énergie a
une puissance installée de 11 000 MW. On estime que ce
chiffre devrait doubler d'ici à vingt ans.
On peut également citer la géothermie profonde, une
technique de production d'électricité qui repose sur le
concept des roches chaudes fracturées et qui est
expérimentée actuellement à Soutz-sous-Forêt, en
Alsace, dans le cadre d'un programme de recherche
européen. Ce projet, qui visait à maintenir une boucle
géothermale fermée à 3 000 mètres de profondeur, a été
une réussite totale et a permis la production pendant
quatre mois de 8 MW thermiques, ce qui correspond au
fonctionnement d'une centrale électrique de 1 MW.
D'autres projets de ce type sont actuellement en cours,
en Allemagne notamment. Le développement en cours
consiste à démontrer que ce dispositif peut être
transposé à 5 000 mètres de profondeur.
On peut enfin citer les pompes à chaleur géothermiques,
une technique de chauffage (pour des températures
inférieures à 35 °C) et de refroidissement
particulièrement bien adaptée aux secteurs résidentiel
(en particulier le logement neuf) et tertiaire. Si
l'installation est bien conçue, cette technique permet de
réduire significativement la consommation d'énergie des
bâtiments, contribuant ainsi à la lutte contre l'effet de
serre. Cette technologie semble promise à un bel avenir
en France où elle bénéficie d'avantages fiscaux, de prêts
particuliers (à un taux d'environ 3 %), de primes à la
performance énergétique (de 2 à 4 euros par m2) et de
primes à l'installation (EDF verse par exemple une
prime de 300 euros pour toute nouvelle installation, et ce
quelle que soit la taille du bâtiment). Elle peut en outre
compter sur le soutien d'une filière technique bien
organisée, autour de sociétés spécialisées telles que
SAPAC, SOLTERM ou TECFOR.
Perspectives
La production d'électricité par géothermie se développe
à un rythme de 4 % par an depuis cinq ans. Les capacités
installées représentent 8 GW électriques, soit 0,2 % de
la capacité de production électrique et 0,4 % de la
production mondiale, et les ressources connues
devraient permettre l'installation d'environ 10 GW
supplémentaires. Le taux de disponibilité moyen des
installations géothermiques est excellent, surtout si on le
compare aux autres sources de production, notamment
celles utilisant des énergies renouvelables. Les
possibilités de développement semblent donc
importantes pour cette technique, d'autant plus que les
investisseurs - publics ou privés - sont de plus en plus
nombreux à s'impliquer dans les projets de géothermie.
Il reste maintenant à réaliser d'importants efforts
d'information, de sensibilisation et de communication
car les énergies renouvelables - notamment la
géothermie - sont encore mal connues du grand public,
même chez ceux qui en bénéficient déjà.
Intervention de Monsieur Laurent LE BEL,
Chargé de mission " Géothermie " au BRGM
Laurent LE BEL indique que le BRGM réfléchit
actuellement à son positionnement stratégique dans le
domaine de la géothermie. A l’occasion de ce congrès, il
livre à l’Assemblée un compte rendu de ses réflexions.
Evolution réglementaire
La prise de conscience mondiale concernant le
changement climatique rend nécessaire le
développement des énergies renouvelables. Des
dispositifs réglementaires commencent à encadrer les
productions d’énergies renouvelables. En France, les
arrêtés garantissant les tarifs d’achat de l’électricité
d’origine renouvelable constituent les premiers
encadrements réglementaires. L’arrêté concernant la
géothermie est en cours d’élaboration.
Activités mondiales
La production d’électricité par géothermie s’est
développée au rythme de 4 % par an, depuis cinq ans.
Actuellement, une capacité de 10 GW électriques est
installée dans le monde ; les ressources connues
permettraient l’installation d’environ 10 GW
supplémentaires (doublement de la capacité mondiale).
Cependant, les ressources géothermiques permettant
actuellement la production d’électricité se trouvent dans
des zones géologiques spécifiques dont la distribution
est hétérogène.
Hormis les développements des projets de production
d’énergie à partir des Roches Chaudes Profondes, les
avancées technologiques des 20 dernières années ont été
plutôt axés sur la mise en oeuvre des cycles de
conversion, notamment les cycles binaires ou sur le
développement de turbines à très basse pression, qui
nécessitent un fluide moins énergétique.
En ce qui concerne les cycles binaires, après
l’industrialisation basée sur les cycles organiques, les
développements actuels se sont concentrés sur la mise
en œuvre du cycle de Kalina (Eau + NH4).
Ces dernières innovations technologiques vont dans le
sens d’une géothermie de proximité et de faible
puissance. L’exploitation des Roches Chaudes
Profondes vise, elle, un objectif de production de
masse, les coûts d’investissements pour produire de
l’énergie à partir d’une source profonde étant
importants.
Le montage de projets
Les projets de développement de la géothermie haute
énergie ont été largement favorisés par les Banques de
développement dans les années 90. Aujourd’hui, les
agences internationales de financement limitent leurs
aides et les orientent vers la privatisation du secteur
énergétique, la modernisation des systèmes fiscaux, la
bonne gouvernance et la protection de l’environnement.
Ainsi, des industriels ont commencé à investir en fonds
propres sur des projets plus accessibles.
Au Kenya, Ormat a directement investi dans la
construction d’une centrale géothermique à fluide
binaire, située dans un parc naturel, en employant la
technique de la réinjection du fluide géothermique pour
éviter que la vapeur ne soit dispersée dans l’atmosphère.
Laurent Le Bel
Les zones d’installation de divers projets au Kenya, au
Guatemala et en Nouvelle-Zélande comprenaient des
ressources difficiles à exploiter. La présence importante
de gaz incondensables dans le fluide étant pénalisante
sur les rendements des turbines, on a tenté d’éviter qu’ils
puissent s’exprimer en surface en les réinjectant avec le
fluide de production.
En faisant la démonstration de la fiabilité de ces
technologies et en montrant leurs vertus
environnementales et économiques, ces investisseurs
se tournent alors vers les organismes de financement
pour le développement de nouvelles installations.
Perspectives : la production d’électricité
Après des essais aux Etats-Unis dans les années 70, au
Japon, en Allemagne et en Grande-Bretagne, un verrou
technologique a été dépassé avec le projet de Soultz-
sous-Forêts. Ce projet qui visait à maintenir une boucle
fermée à 3 000 mètres de profondeur en 1997 a été une
réussite complète. En effet, 8 MW thermiques ont pu
être produits pendant quatre mois, ce qui correspond au
fonctionnement d’une centrale à cycle binaire de 1 MW
électrique. Il s’agit maintenant de montrer que ce
dispositif peut fonctionner à une profondeur de
5 000 mètres.
Le projet de Soultz-sous-Forêts contribue à alimenter
une veille active sur la géothermie profonde porteuse
d’avenir. On peut la qualifier du concept de
“ géothermie généralisée ”, sachant que la ressource
thermique est distribuée de manière ubiquiste dans les
roches cristallines des socles.
Les aquifères profonds connaissent un regain d’intérêt.
Mais leur exploitation est plus délicate en raison des
caractéristiques de porosité et de perméabilité des
roches sédimentaires aux profondeurs nécessaires pour
obtenir des températures suffisantes. Pour pallier la
difficulté, il est envisagé de transposer les technologies
de stimulation des bâtis rocheux de type cristallin vers
les réservoirs sédimentaires.
Ainsi, des joint ventures sur capital risque ont été créés
notamment en Allemagne où les conditions d’achat de
l’électricité produite par la géothermie stimule la
réalisation des projets.
La production de chaleur ou l’imagination au pouvoir
Ces dernières années, les thermiciens, énergéticiens et
les géothermiciens ont accompli un effort imaginatif
sans précédent pour trouver différents moyens d’utiliser
les caractéristiques thermiques de l’eau. L’eau est un
fluide permettant de porter et de stocker de l’énergie.
D’aucuns songent à intégrer la géothermie dans des
systèmes énergétiques complexes, sachant que le
rendement énergétique d’un système hybride est
supérieur à la somme des rendements des composantes
du système.
L’insertion de cogénération à gaz a permis l’extension
des réseaux de chaleur alimentés par la géothermie dans
le Bassin parisien. Ce faisant, le taux de couverture de la
géothermie a globalement diminué. Il ne faut pas
s’opposer à cette évolution (hybridation des systèmes)
qui améliorera la rentabilité économique de l’ensemble,
et du point de vue énergétique permet l’extension des
réseaux de chaleur géothermique.
Les Danois ont beaucoup travaillé sur différents projets.
Un projet de centrale géothermique de démonstration
avec pompe à chaleur à absorption alimentée par une
usine l’incinération d’ordures ménagères dans le nord
du Danemark a fait la démonstration de l’intérêt de cette
hybridation. Par la suite, l’ingénierie danoise qui a
travaillé sur ce projet a réussi à exporter la technologie
des Pompes à chaleur à absorption sur des projets plus
importants notamment à Podhale (Pologne) et à
Klaïpeda (Lithuanie).
Le système hybride mis en place au Reichstag de Berlin
est un modèle d’ingénierie réalisé par la société
Allemande GTN.
En hiver, un système de cogénération à huile végétale
(diester) produit de la chaleur et de l’électricité, alors
que le froid produit par les pompes à chaleur est stocké
dans un aquifère superficiel.
En été, alors que l’énergie thermique de la cogénération
est stockée un autre aquifère plus profond, le froid de
l’aquifère supérieur est rappelée pour les besoins de
climatisation, puisque les pompes à chaleur sont
réversibles.
La rentabilité économique de ce système n’est pas
encore démontrée, mais l’intérêt technologique est
évident et les applications industrielles sont
prometteuses d’avenir pour la géothermie.
La production d’électricité et de chaleur associés
(cogénération géothermique) commence à se
développer. Des opérations de démonstration ou de
validation économique sont en cours de réalisation dans
le monde. Par exemple, à Altheim en Autriche, une
centrale à cycle binaire a été mise en service au début de
l’année 2001. Cette opération de 1 MW électrique est
basée sur l’exploitation d’un aquifère sédimentaire
karstique à 106 °C à 2 000 mètres de profondeur, et
contribue à l’alimentation du réseau de chaleur local.
Une installation en Islande de 2,2 MW électriques à
cycle de Kalina a permis des applications en cascade
(pisciculture, etc.), en plus de l’alimentation d’un réseau
de chaleur.
Enfin, trois projets sont en cours de réalisation aux
Etats-Unis (cycle binaire à fluide organique, cycle de
KALINA, flash à très basse pression), au Nevada pour
ce qui concerne le cycle binaire à fluide organique, au
Nouveau Mexique pour le cycle de Kalina et dans l’Utah
pour le flash à pression sub-atmosphérique (pression
d’admission de 0,8 bar et condenseur à 0,01 bar).
Le potentiel de développement de la géothermie est
donc considérable, pourvu que l’on s’approprie les
nouvelles technologies, celles concernant les cycles de
conversion ou celles concernant l’hybridation des
systèmes.
Les Brèves…
La Southampton Geothermal Heating Company
(SGHC), filiale anglaise du Groupe Idex, a reçu le 28
septembre 2001 le " Queen's Award ". Ce prix décerné à
l'entreprise ayant le mieux servi le développement
durable, couronne le succès de nombreuses années
d'efforts pour le développement à Southampton d'un
réseau de chaleur géothermale et d'une installation de
tri-génération d'une puissance de production électrique
de 8 MWe. Ce réseau s'étend aujourd'hui sur 14 km à
travers la ville et dessert en eau chaude et glacée une
vingtaine de clients aux exigences fortes : City Council
de Southampton, Royal South Hants Hospital, West
Quay Shopping Center…
ENERGIES RENOUVELABLES
ET POLITIQUES PUBLIQUES
Colloque du Syndicat des Energies
Renouvelables (SER)
le 4 avril 2002 au CNIT
En quatre ans, le colloque du SER est devenu le rendez-
vous annuel incontournable de tous les acteurs
intervenant dans le domaine des EnR, a souligné le
Président, André ANTOLINI.
Il prenait place cette année au sein de la première
conférence et exposition mondiale de l'éolien. 1150
inscrits et de nombreux invités l'ont animé.
L'intervention d'Herman SCHERR, parlementaire
allemand à l'origine de toutes les lois de développement
des EnR dans son pays, fut l'un des principaux temps
forts de la journée. Avec concision et clarté, il montra
pourquoi l'usage des EnR suppose de nouvelles
réflexions politiques, économiques et culturelles car elles
diffèrent essentiellement des énergies traditionnelles
(épuisables, à l'origine de la crise écologique et
environnementale, centralisées). Ces différences
entraînent pour lui sept motifs d'application aux EnR de
modes de calcul économique nouveaux : dégâts
environnementaux, risques pour la santé, coûts croissants
pour la défense, coûts d'importations d'énergie, besoins
en infrastructures, coûts de transport d'énergie, tendance
à la croissance des coûts des énergies traditionnelles et à
leur décroissance pour les EnR.
Le Gouvernement allemand tirant les conséquences de
cette nouvelle approche développe une politique
cohérente pour l'ensemble des EnR (tarifs d'achat de
l'électricité, défiscalisation totale des carburants EnR,
réglementations pour le bâtiment, …).
Herman SCHERR considère que tous les progrès
réalisés dans son pays par les EnR l'ont été grâce à la
pression politique des consommateurs-citoyens, surtout
les jeunes.
Christian PIERRET s'est attaché à souligner la volonté
politique du Gouvernement en faveur des EnR et la
cohérence de sa démarche, illustrée par le projet de PPI
(Programmation Pluriannuelle des Investissements pour
les infrastructures de transport d'électricité). Son exposé
a malheureusement permis de constater les lacunes de
l'action gouvernementale pour les EnR thermiques
lorsque l'on connaît les faibles résultats du Plan Bois-
Energie et du Plan Soleil, seuls programmes cités.
En revanche, de nombreux intervenants ont plaidé pour
le développement des EnR thermiques (une table ronde
leur était entièrement consacrée), ce qui suppose un
traitement équilibré de ces EnR par rapport à celui de la
production d'électricité. Cela pourrait intervenir grâce à
l'élaboration d'une loi de politique énergétique que, sous
des formes diverses, Michel DESTOT, Yves COCHET
et les représentants du PCF, de l'UDF, des Verts, du PS
et du RPR appellent de leurs vœux.
La création de certificats verts et celle d'un fonds de
neutralisation pour les EnR thermiques ont été les idées
les plus citées.
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