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Revue française de pédagogie

De l’émergence du courant « School improvement » et exemples


d’applications
Emanuele Berger, Norberto Bottani, Mme Anne Soussi, Giorgio Ostinelli, Catherine
Gauvreau, Heinz Rhyn

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Berger Emanuele, Bottani Norberto, Soussi Anne, Ostinelli Giorgio, Gauvreau Catherine, Rhyn Heinz. De l’émergence du
courant « School improvement » et exemples d’applications . In: Revue française de pédagogie, volume 148, 2004. pp.
119-134;

doi : 10.3406/rfp.2004.3255

http://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_2004_num_148_1_3255

Document généré le 07/06/2016


Résumé
Depuis une vingtaine d’années, dans le domaine de l’innovation et de la recherche en éducation,
en particulier dans celui de l’évaluation de la qualité de l’enseignement, deux courants se sont
développés en parallèle: celui des écoles efficaces (ou de l’efficacité de l’école), School
effectiveness et celui de l’amélioration de l’école,
School improvement. Ces deux dénominations sont le point de ralliement de deux communautés
de recherche qui en partie se croisent et se superposent, et qui ont engendré une vie scientifique
intense autour de plusieurs instituts et laboratoires de recherche dans de nombreux pays. La
France est restée plutôt en marge du mouvement visant l’amélioration ou le développement des
écoles dont les racines se retrouvent surtout dans la zone d’influence anglophone. Cet article se
propose de résumer l’évolution de ces tendances, de présenter leurs caractéristiques les plus
marquantes et de les situer notamment par rapport à l’évaluation externe et interne. Pour terminer,
on décrira deux applications du courant «amélioration de l’école» ainsi que quelques expériences
d’évaluation de la qualité de l’école et de l’enseignement menées en Suisse et l’on donnera un
aperçu de la situation de ces deux courants en France.

Abstract
Emmanuelle Berger, Norberto Bottani, Anne Soussi, Giorgio Ostinelli, Catherine Gauvreau, Heinz
Rhyn. Emergence of the trend School improvement and examples of application practices For the
last twenty years, two trends have been developing on two parallel tracks in the field of innovation
and research in education, in particular in the field of the quality of teaching assessment: the trend
of efficient schools (or of the efficiency of school): School effectiveness and the trend towards the
improvement of school: School improvement. These two designations are the rallying point of two
research communities that often partly overlap and meet and have also engendered an intense
scientific life around several institutes and research laboratories in many countries. France has
remained on the margin of a movement that aimed at the improvement or at the developing of
schools mainly rooted in English speaking spheres of influence. The present article gives a short
review of the evolution of these trends, it presents their specific features and places them in
relation to external and internal assessment. Eventually two applications of the trend "School
improvement” are being detailed, as well as a few assessment experiments on the quality of
school and on the teaching delivered in Switzerland, plus a survey of the situation of these two
trends in France.
De l’émergence du courant
School improvement
et exemples d’applications
Emanuele Berger, Norberto Bottani, Anne Soussi,
Giorgio Ostinelli, Catherine Gauvreau, Heinz Rhyn

Depuis une vingtaine d’années, dans le domaine de l’innovation et de la recherche en éducation, en particulier
dans celui de l’évaluation de la qualité de l’enseignement, deux courants se sont développés en parallèle : celui
des écoles efficaces (ou de l’efficacité de l’école), School effectiveness et celui de l’amélioration de l’école,
School improvement. Ces deux dénominations sont le point de ralliement de deux communautés de recherche
qui en partie se croisent et se superposent, et qui ont engendré une vie scientifique intense autour de plusieurs
instituts et laboratoires de recherche dans de nombreux pays. La France est restée plutôt en marge du
mouvement visant l’amélioration ou le développement des écoles dont les racines se retrouvent surtout dans
la zone d’influence anglophone. Cet article se propose de résumer l’évolution de ces tendances, de présenter
leurs caractéristiques les plus marquantes et de les situer notamment par rapport à l’évaluation externe et
interne. Pour terminer, on décrira deux applications du courant « amélioration de l’école » ainsi que quelques
expériences d’évaluation de la qualité de l’école et de l’enseignement menées en Suisse et l’on donnera un
aperçu de la situation de ces deux courants en France.

Mots-clés : amélioration, efficacité, évaluation interne, auto-évaluation des établissements, évaluation externe, chan-
gement en éducation.

D ans le domaine de l’innovation et de la recherche


en éducation, en particulier celui de l’évaluation
de la qualité de l’enseignement, les deux dernières
écoles (school improvement). De manière générale,
avec une appréciation considérablement réductrice,
on pourrait dire que la mouvance de l’efficacité des
décennies du XXe siècle ont été marquées par l’émer- écoles est centrée sur les résultats car elle s’occupe
gence et le développement de deux courants : celui surtout d’appréhender et de mesurer les progrès qui
de l’efficacité de l’école ou des écoles efficaces pourraient être prédits à partir des caractéristiques
(school effectiveness) et celui de l’amélioration des des élèves (genre, milieu socioculturel, etc.) et de leur

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niveau de départ. Les tenants de ce courant (notam- the implementation decade. La prise de conscience
ment Sammons, Borger, Rutter, Creemers, Schee- de l’échec des approches top-down pour susciter le
rens et Bosker) ont essayé d’identifier les facteurs qui changement dans les écoles amena à écarter les stra-
concourent à rendre une école efficace, en analysant tégies de réforme par « décret ». La preuve était faite,
les corrélations entre ses caractéristiques et les per- pour ces chercheurs, qu’il était irréaliste de prétendre
formances scolaires des élèves qui la fréquentent. La qu’on pouvait modifier les pratiques des écoles en
mouvance de l’amélioration ou du développement leur imposant des régulations, toutes excellentes
des écoles s’intéresse au contraire plutôt aux proces- qu’elles puissent être, conçues sans leur participa-
sus et est définie par Hopkins (2001), un de ses repré- tion. Dès lors, on commença sérieusement à s’inté-
sentants les plus significatifs, de la manière suivante : resser au processus de changement lui-même, en
prenant tout d’abord conscience qu’il est extrême-
« une approche particulière du changement éduca-
ment lent et complexe, et que pour le mener à terme il
tif qui a pour objectif d’améliorer les résultats des
faut une combinaison de planification stratégique,
élèves aussi bien que la capacité de l’école à gérer
d’apprentissage individuel et de volonté de réus-
les changements. Elle se préoccupe d’améliorer la
sir (3). Le corollaire inéluctable de cette analyse était
performance de l’élève en se concentrant sur le
de placer l’établissement au centre du processus de
processus d’enseignement-apprentissage et sur les
changement, en prenant très au sérieux le processus
conditions qui le soutiennent » (1) (p. 13).
de changement lui-même. L’étude qui marqua cette
réorientation fut le programme « Management of
Innovation », lancé par le CERI (Centre pour l’innova-
tion et la recherche en éducation) de l’OCDE au début
LE CADRE THÉORIQUE GÉNÉRAL des années 70 et centré sur l’identification des stra-
tégies d’innovation au niveau de l’école, de la région
Les différentes phases des études et de l’État central. Ce programme a engendré par la
sur le changement en éducation (2) suite le projet IMTEC (International Management Trai-
ning of Educational Change) dont le but était de for-
Il y a un certain consensus parmi les chercheurs mer les responsables de l’enseignement, décideurs et
(Hopkins 1998 et 2001, Fullan 1998, Miles 1998), pour enseignants, à adopter et mettre en œuvre les condi-
situer dans les années 60 le début des études systé- tions et les procédures appropriées pour conduire et
matiques sur le changement en éducation. Hopkins a réaliser avec succès le changement scolaire.
appelé cette phase initiale, celle de l’« adoption of
curriculum materials » (2001, p. 36), car on avait sup- La troisième phase, de la fin des années 70 jusqu’à
posé que l’innovation scolaire découlait des change- la fin des années 80, a été appelée par Hopkins (2001,
ments apportés au curriculum. Le changement était p. 36) celle du développement des écoles (school
appréhendé dans une optique top-down, comme s’il development) qui deviendra par la suite le school
ne pouvait émaner que du haut de la hiérarchie sco- improvement. Les principales stratégies de chan-
laire en direction de la base, c’est-à-dire les écoles. À gement, comme l’auto-évaluation, étaient basées
cette époque, on estimait que pour avoir un impact essentiellement sur les établissements. C’est aussi à
sur les résultats des élèves, il fallait agir au niveau de cette époque que les premières grandes études sur
la production et de la dissémination des contenus de les « écoles efficaces » (school effectiveness) furent
l’enseignement. L’attention était alors orientée plutôt publiées (Teddlie & Reynolds, 2000, p. 4), dans les-
sur les contenus que sur le processus (Fullan, 1998, quelles étaient présentées des corrélations entre les
p. 215). Cependant, malgré la qualité très souvent écoles considérées comme efficaces et les facteurs
remarquable des nouveaux curricula et les énormes qui y étaient associés. A cette même période, au sein
ressources allouées pour les réaliser, on constata en de l’OCDE, se constitua le projet ISIP (International
général un impact très peu significatif au niveau des School Improvement Project), point de rencontre
établissements et de l’enseignement. important pour tous les groupes de recherche enga-
gés sur ces problématiques, qui popularisa les pra-
Dans la deuxième phase, qui couvrit la plupart des tiques d’auto-évaluation des établissements (school
années 70, parallèlement à la naissance d’un intérêt based review) (4).
pour le développement organisationnel, on essaya
surtout de comprendre les processus de mise en La quatrième phase, celle de la réforme sys-
œuvre (implementation) des réformes dans les écoles témique, s’ouvre au cours des années 90 et se carac-
en tant qu’organisations. Fullan appelle cette phase térise par une stratégie de changement combinant

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centralisation et décentralisation. C’est pendant cette Le courant du « School effectiveness »
phase qu’on s’efforce de mettre en relation les résul-
tats des recherches scientifiques avec les situations Le mouvement centré sur l’amélioration des écoles
réelles rencontrées sur le « terrain » de l’école. En a, comme on vient de le voir, un degré de parenté
outre, l’auto-évaluation n’était plus perçue comme la avec celui de l’efficacité. Les recherches sur l’effica-
simple phase initiale du processus de changement, cité de l’école ont en quelque sorte déblayé le terrain
mais « comme partie intégrante de la stratégie de et préparé l’émergence des travaux sur l’améliora-
changement systémique », présente tout au long du tion. C’est pourquoi nous devons prêter attention aux
processus (5) (Hopkins, 2001, p. 31). Par ailleurs, au traits caractéristiques des études menées pour saisir
lieu de se borner à étudier les phénomènes nova- la configuration des écoles efficaces. Il n’est évidem-
teurs, on a porté une attention presque exclusive au ment pas possible de développer ici de manière
processus de développement des établissements, au approfondie les caractéristiques du school effective-
point de s’y impliquer directement, en se déplaçant ness (7). Ainsi, seul un bref aperçu des recherches
donc toujours plus dans le champ de la recherche- relevant de ce courant et des phases principales sera
action. donné ici.
Ce courant s’est développé à la suite du rapport
Hopkins propose une cinquième phase, celle du
Coleman (1966) portant sur l’étude de 3 000 écoles
school improvement « authentique », « caractérisée
élémentaires et secondaires aux États-Unis. Ce rap-
par des tentatives d’améliorer la performance des
port mettait en évidence l’impuissance des établis-
élèves en utilisant des stratégies pédagogiques qui
sements scolaires à corriger l’influence de l’héritage
auront aussi un impact sur l’organisation et la culture
familial sur l’acquisition des connaissances des
de l’école » (6) (2001, p. 33). Concrètement, cette
élèves. D’autres chercheurs comme Jencks (1972)
phase est caractérisée par une forte intégration des
ont abouti à des résultats similaires en étudiant les
approches school improvement et school effective-
effets de variables telles que la taille de la classe,
ness (cf. le point consacré à l’« approche intégrée »).
le nombre d’heures d’enseignement, le niveau de
compétences des enseignants, l’organisation des
Ses caractéristiques principales sont les suivantes
écoles, etc. Selon Jencks,
(Hopkins, 2001, p. 70 ; Teddlie & Reynolds, 2000,
p. 227) : « les différences entre écoles ont des effets plutôt
minimes à long terme et l’élimination des différences
– une focalisation accrue sur les résultats des
entre écoles n’aurait pratiquement pas d’effet sur la
élèves ;
réduction des inégalités entre adultes. Même l’élimi-
– une prise en compte équivalente des caractéris- nation des différences entre la durée de la scolarité
tiques de l’apprentissage des élèves ou de l’ensei- des individus aurait peu d’influence » (8).
gnement et de celles de l’établissement ; Ces conclusions, minimisant les effets de l’impact
– le développement d’une infrastructure mettant à des écoles sur les résultats, n’ont pas fait l’unanimité
la disposition des praticiens aussi bien les résultats et ont été le point de départ d’une longue série
de la recherche scientifique que la présentation et d’études qui ont ouvert la « boîte noire » de l’établis-
l’analyse de « cas exemplaires » d’écoles et d’innova- sement. Plusieurs équipes de recherche ont alors
tions qui fonctionnent bien et fournissent des preuves cherché à infirmer ces conclusions.
de leur efficacité ; L’étude pilotée par Rutter (1979) sur les effets des
écoles secondaires en Angleterre constitue à cet
– l’utilisation d’une méthodologie de recherche
égard une étape importante dans l’histoire des
« mixte », aussi bien qualitative que quantitative, ins-
études sur l’efficacité des établissements. On y
pirée des deux traditions du school improvement et
démontre que les effets sur les résultats des élèves
du school effectiveness ;
des établissements scolaires sont loin d’être insigni-
– la préoccupation d’assurer la fiabilité et la validité fiants. Plusieurs facteurs au contraire exercent une
des processus ; influence sur les résultats : l’équilibre entre élèves
compétents et moins compétents, le système de
– une attention particulière portée aux aspects du récompense ou de valorisation, le fait d’avoir des
changement « culturel » à l’intérieur des établisse- objectifs académiques, l’enseignant en tant que
ments. modèle positif, la bonne gestion de la classe, ainsi

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qu’un leadership fort et solide combiné avec des l’établissement pour parvenir à changer des condi-
prises de décision démocratiques de la direction. tions vécues par les acteurs (enseignants, parents,
S’ouvre ainsi un nouveau champ de travail qui sera élèves) comme insatisfaisantes (Pourtois et Desmet,
exploité tout au long des années 80. 1997). D’après Hopkins (2001, p. 26), ce n’est pas
seulement sous l’angle de la recherche-action que se
Globalement, on peut donc considérer que le mou- manifeste l’influence de Lewin dans le school impro-
vement des écoles efficaces s’est développé pour vement, mais aussi à travers ses travaux sur la dyna-
démontrer qu’une partie des différences entre les mique de groupe. Les recherches de Lewin ont
résultats des élèves pouvait être expliquée par des montré que « l’apprentissage se réalise de façon plus
facteurs concernant les établissements et les ensei- productive dans les groupes où les membres peuvent
gnants, et non seulement par des facteurs individuels interagir et ainsi réfléchir sur leurs expériences
tels que l’intelligence, l’origine sociale, le sexe, la mutuelles » (9) (ibid. p. 27).
langue, l’origine ethnique, etc. (Creemers, 1996, p. 36).
Enfin, une troisième source d’inspiration pour le
Ce courant utilise un appareillage statistique impor- school improvement, qui a également ses origines
tant car il postule que l’école doit être et peut être chez Lewin, est l’organisational development (OD)
étudiée d’une manière empirique, comme si elle était (Hopkins, 2001, p. 27), ou « développement orga-
un objet physique. Son attention est focalisée sur les nisationnel ». Au cours de ses recherches, Lewin
résultats scolaires (outcomes) ; les processus à l’inté- (1947) (10) avait aussi mis en évidence l’influence des
rieur de l’école n’ont un intérêt que dans la mesure où organisations sur le comportement de l’individu. Dans
ils ont des effets sur les résultats. D’ailleurs, la nature un article publié en 1967 (11), Miles, un des premiers
des résultats eux-mêmes ne suscitait, dans les pre- à comprendre l’importance du facteur « organi-
miers temps, aucun questionnement épistémologique sation » pour l’amélioration de la qualité des presta-
particulier parmi les adeptes de ce courant. Il allait de tions scolaires, proposa de considérer les écoles
soi que les résultats à prendre en compte n’étaient comme des systèmes sociaux et d’appliquer les
que les acquis des élèves en termes de connais- outils de l’OD pour les étudier et en analyser les
sances scolaires ou de compétences de base. En dysfonctionnements. Ayant montré que beaucoup
règle générale dans la recherche sur l’efficacité, « on d’écoles ne se portaient pas très bien du point de
utilise seulement une gamme limitée d’outcomes, en vue organisationnel, il fit une description détaillée
reflétant de cette manière la définition “officielle” de de leurs « pathologies » et proposa toute une série
l’école entendue comme institution académique » de mesures pour en corriger les défauts tels que les
(Reynolds & Stoll, 1996, p. 99). enquêtes internes, le travail en petits groupes, les
jeux de rôle, le problem solving, etc. Selon Hopkins,
Les origines scientifiques du courant la théorie de l’organisational development partage
« School improvement » avec celle de l’amélioration de l’école trois caractéris-
tiques déterminantes :
Selon Hopkins (2001, p. 25), le courant du school – d’abord, le concept de « santé organisationnelle »
improvement a été fortement influencé par les idées comme composante constitutive de l’efficacité ;
de Lewin sur la recherche-action. En effet, il y a de
fortes similitudes entre la recherche-action, dans sa – en deuxième lieu, la nécessité de s’intéresser à
forme originelle proposée par Lewin, et l’approche l’environnement de travail des personnes ;
prônée par le school improvement : le point commun – enfin, l’utilisation de stratégies empiriquement
est le souci de faire sortir la recherche des labora- validées, telles que la rétroaction sur l’enquête (sur-
toires pour l’appliquer aux conditions concrètes du vey feedback), pour identifier les conditions internes
terrain. De ce fait, le chercheur n’est pas seulement de l’organisation et de ce fait les variables détermi-
un observateur soi-disant neutre, mais un acteur qui nantes de son développement.
acquiert ou perfectionne sa connaissance de la réalité
sociale ou éducative car justement il s’engage et
intervient dans le changement. Avantages et désavantages comparés
des deux courants , « school effectiveness »
La méthodologie du school improvement à propre- et « school improvement »
ment parler serait une variante de la recherche-
action, et plus particulièrement de la recherche parti- Comme nous venons de le voir, le school effective-
cipante qui prend appui sur un dysfonctionnement de ness et le school improvement ont des approches

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épistémologiques différentes, ce qui a parfois conduit des valeurs moyennes, ils n’ont pas de répercussions
à créer des divisions et des incompréhensions entre immédiates sur l’amélioration de la situation et néces-
les représentants de ces deux tendances. De plus en sitent des discussions sur des mesures à prendre en
plus, les chercheurs qui les animent reconnaissent vue d’une amélioration (Schratz et al., 1999).
explicitement la valeur de l’autre tradition, ainsi que
D’autre part, des instruments visant à appréhender
leurs limites réciproques. Actuellement, les deux
les processus à l’œuvre dans un établissement (situés
courants sont toujours distincts et évoluent d’une
en haut sur l’axe vertical) peuvent offrir un potentiel
manière indépendante, même si l’on observe de
d’amélioration élevé, mais avoir un faible taux de
fortes tendances à leur intégration.
comparabilité et se prêter difficilement à la généralisa-
Par exemple, on convient désormais que le para- tion.
digme de l’efficacité a tendance à négliger ou à sous- Tandis que la recherche sur l’efficacité de l’école
estimer la réflexion sur la nature des résultats et des s’intéresse aux caractéristiques mesurables ayant une
processus, tandis que celui du school improvement a corrélation avec une vue d’ensemble d’ordre statis-
tendance à prêter une faible attention à la mesure de tique, l’approche de l’amélioration de l’école essaie de
l’effet des innovations sur la réussite scolaire des les décrire dans des études de cas. Dans l’approche
élèves (12). de l’efficacité, on cherche à répondre à la question
« La mise en évidence de cette corrélation entre une
Selon Schratz et al. (1999), les deux paradigmes caractéristique de l’école et les résultats est-elle
peuvent être situés différemment sur des axes de valide ? » et on s’intéresse aux facteurs ou caractéris-
« comparabilité » et d’« amélioration potentielle », tiques de l’éducation qui conduisent à ces résultats.
comme l’illustre son schéma (Figure 1).
Dans l’approche de l’amélioration de l’école, le but
Un instrument de type normatif se situera à un final est de fournir un facilitateur de changement
niveau « élevé » sur l’axe de la comparabilité. Les avec des compétences concernant l’amélioration de
résultats (par exemple des réponses à un question- l’école et une compréhension de cette dernière. On
naire) servent à placer la population concernée dans se pose alors la question de savoir si la stratégie
un certain cadre normatif défini par l’auteur du ques- d’amélioration choisie fonctionne et si l’intervention
tionnaire. Toutefois, comme les résultats se basent sur est efficace dans le contexte en question.

Figure 1. – Critères de comparabilité des paradigmes de l’amélioration et de l’efficacité de l’école

De l’émergence du courant School improvement et exemples d’applications 123


Pour mieux cerner les principales distinctions giques différentes, est celui de l’évaluation, et plus
conceptuelles entre les deux approches, nous allons particulièrement l’attribution de la responsabilité en
les schématiser dans le tableau suivant en accen- matière d’évaluation : incombe-t-elle à un organisme
tuant les différences plus qu’elles n’existent en réa- externe à l’établissement ou doit-elle être prise
lité. L’objectif n’est pas de décrire rigoureusement en main par l’établissement lui-même qui s’auto-
leurs caractéristiques mais plutôt d’identifier les évalue ?
questions les distinguant le plus et qui sont objet de
débat entre chercheurs des deux mouvements. La méthode la plus ancienne, et probablement la
plus pratiquée aussi, est celle de « l’évaluation
externe ». En général, on peut considérer comme
Le contrôle de l’évaluation : externe vs interne « externe » toute évaluation pour laquelle le choix des
domaines et des critères d’analyse, la construction
Un des objets de débat important entre les deux des instruments d’évaluation et leur administration
courants, faisant appel à des options épistémolo- sont contrôlés par des instances ou des personnes

Tableau I. – Caractéristiques principales des paradigmes de l’amélioration et de l’efficacité


de l’école (13)

L’amélioration de l’école (School improvement) L’efficacité de l’école (School effectiveness)


L’approche du changement est systématique et s’étend L’approche du changement est focalisée sur des
sur plusieurs années (Hopkins, 1998, p. 1042) réformes et des transformations ponctuelles, limitées
dans le temps (Reynolds et al., 1996, p. 101)
Chaque établissement scolaire est vu comme un système Les dimensions communes entre les établissements
complexe et particulier qui a des relations importantes scolaires sont considérées comme prioritaires et
avec son milieu de référence déterminantes dans une conception qui vise plutôt
l’uniformité que la diversification
Centration sur les processus de l’école Centration sur l’organisation de l’école
Les objectifs éducatifs pris en compte et observés vont Les tests de performance sur les compétences
au-delà des acquis cognitifs, mesurés avec les tests logico-mathématiques et linguistiques sont dans
de performance la pratique considérés comme indicateurs satisfaisants
et suffisants de la qualité de l’offre éducative
Prise en compte d’un large éventail d’effets éducatifs L’éventail de résultats pris en compte est réduit
Centrée sur les enseignants pris individuellement ou sur Centrée sur les écoles
les groupes d’enseignants
Centrée sur des connaissances pratiques Basée sur les connaissances issues de la recherche
Préoccupation exclusive pour le changement dans Absence de connaissances sur les modalités de mise
les établissements en œuvre des stratégies de changement
Plus concernée par le parcours d’amélioration de l’école Plus concernée par les modifications des résultats
que par sa destination (ou son objectif final) des élèves que sur les stratégies de changement
Philosophie orientée vers des approches bottom-up, Philosophie orientée vers des approches top-down,
où le concept d’empowerment (prise de pouvoir sur son caractérisées par une préoccupation de normalisation
travail ou gestion appropriative) a une fonction importante
L’évaluation empirique des effets du changement est Pilotée par les données, surtout par les résultats
plutôt rare (Reynolds et al., 1996, p. 101)
Orientation qualitative Orientation quantitative
Accent sur « comment » les écoles deviennent efficaces Accent sur les facteurs qui caractérisent les écoles
efficaces
Orientation dynamique (l’école comme elle a été ou Orientation statique (l’école comme elle est)
comme elle pourrait être)

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externes à l’établissement scolaire. Par opposition, Une nouvelle approche : l’approche intégrée
nous parlerons d’évaluation interne ou auto-évalua-
tion quand ce sont les acteurs directement concernés Un projet réalisé aux Pays-Bas en 1995 aurait pu
qui ont la maîtrise du processus d’évaluation dans laisser pressentir l’émergence de l’approche inté-
son ensemble (14). grant les deux courants, school effectiveness et
school improvement, l’effective school improvement
Dans le courant du school improvement, l’auto- (ESI). Ce projet appelé ZEBO se situe un peu à la fron-
évaluation est privilégiée. En effet, en lien avec l’as- tière des deux approches, school effectiveness et
pect bottom-up, il est nécessaire, comme le relève school improvement. En effet, ce projet avait pour but
MacBeath (1999), que l’évaluation ait un sens pour les de rendre les écoles capables d’évaluer leurs propres
écoles intéressées, faute de quoi son utilité, son exé- qualités en vue de les améliorer, tout en maintenant
cution et son exploitation risquent d’être faussées, une comparabilité des résultats avec les autres
rendant toute l’opération peu significative. En se écoles. Cette dimension de « comparabilité » range-
basant sur les théories de la motivation, de l’appren- rait le projet ZEBO plutôt du côté de l’efficacité des
tissage ainsi que sur sa pratique de recherche, Mac- écoles, compte tenu notamment de l’importance qu’il
Beath estime qu’une évaluation de l’établissement réserve à la production d’indicateurs comparables de
doit respecter les principes suivants : performance. Toutefois, il a aussi un caractère forma-
teur car il vise explicitement le développement des
– « partir de l’expérience et de la compréhension
écoles et de ce fait, il pourrait être placé parmi les
des enseignants ;
projets du school improvement. Il faut souligner que
– avoir un but qui ait du sens pour les enseignants ; le but du projet ZEBO était de fournir aux écoles pri-
– respecter et être en relation avec le contexte de maires un instrument grâce auquel elles pourraient
travail des enseignants ; évaluer les résultats de l’enseignement, récolter des
informations sur les caractéristiques contextuelles
– avoir une structure qui aide à donner du sens à des élèves et évaluer le curriculum réalisé.
l’expérience » (ibid. p. 19).
Le projet est né de la volonté de trois organismes
Pour MacBeath qui postule qu’intuition et compré- néerlandais de développer des instruments après
hension sont à la base de l’engagement, « ceux qui avoir constaté la piètre qualité méthodologique des
vivent quotidiennement dans les classes et dans les instruments développés par les écoles pour évaluer
écoles devraient jouer un rôle prépondérant dans leur qualité. Dans ce projet, les résultats des élèves
l’évaluation de leurs propres expériences, de leurs sont au cœur de l’évaluation et les outils produits
propres réussites et de leurs priorités pour les déve- devaient offrir la possibilité aux écoles de se compa-
loppements futurs » (p. 152). rer. Toutefois, si les instruments pour l’évaluation ont
été développés à l’externe, ce sont les écoles qui ont
Néanmoins, ceci ne signifie pas qu’il faut exclure
choisi les dimensions qu’elles souhaitaient évaluer et
totalement les évaluations externes. Comme le rap-
qui ont procédé à la collecte des données. Les trois
pelle Sylvestre (1998), ne pratiquer que l’auto-évalua-
organismes responsables du développement des ins-
tion présente aussi des désavantages, comme le
truments ont ensuite analysé les données et produit
risque de subjectivité et de complaisance dans les
un rapport grâce auquel chaque école pouvait
jugements qui peut déboucher sur l’auto-justification
comparer ses résultats à la moyenne nationale, rap-
des pratiques, voire d’amateurisme, qui peut advenir
ports qui ont ensuite été discutés en vue d’une éven-
lorsque les personnes qui sont supposées réaliser
tuelle amélioration de l’école (Hendricks, Doolaard et
l’évaluation sont insuffisamment compétentes du
Bosker, 2000 et 2001).
point de vue méthodologique. L’auto-évaluation,
selon Hopkins et al. (1996), crée des conditions favo- Après ce premier essai d’intégration, une nouvelle
rables au changement pédagogique, mais n’est pas approche intégrant les deux paradigmes a vu le jour
une condition suffisante à l’amélioration de l’appren- aux Pays-Bas en 1998 : l’effective school improve-
tissage des élèves (p. 77). ment ou ESI. Son objectif est de permettre à chacun
des paradigmes de profiter des forces de l’autre et de
À un niveau général, il existe aujourd’hui un certain développer un modèle de school improvement duquel
consensus sur la nécessité de faire coexister les deux résulterait une école efficace.
approches, qui restent conceptuellement distinctes,
mais qui du point de vue systémique doivent être Le modèle ESI, d’abord fortement orienté vers le
considérées comme complémentaires. school effectiveness, a ensuite été modifié et

De l’émergence du courant School improvement et exemples d’applications 125


comporte maintenant des liens dynamiques qui est une personne extérieure à l’école avec une expé-
représentent plus fidèlement la mise à jour constante rience en matière d’amélioration de l’école (school
des informations ainsi que l’influence de cette mise improvement). « Le concept d’ami critique s’appuie
à jour sur l’ensemble du système, respectant ainsi sur la tension entre une attitude critique à l’égard de
davantage la nature cyclique ou itérative de l’ap- l’école, de manière à remettre en question sa manière
proche school improvement. Ce modèle devrait per- de faire, et le soutien inconditionnel des personnes
mettre d’expliquer pourquoi des efforts d’améliora- impliquées de manière à être accepté et écouté »
tion réussissent ou échouent et de clarifier quels sont (Schratz et al., 1999, p. 29). Ce rôle peut donc être
les facteurs permettant ou au contraire freinant l’amé- joué aussi bien par un consultant, une équipe de
lioration d’une école. recherche que par un parent ou, comme cela s’est
déjà fait, par une autre école engagée elle aussi dans
Au terme de la présentation de ces différents cou-
un processus d’amélioration. En bref, l’ami critique a
rants, nous allons développer deux exemples d’appli-
un rôle important à jouer afin d’éviter que l’école ne
cation du school improvement.
construise une image trop complaisante d’elle-même
et qu’elle accorde ainsi une certaine attention aux
enjeux plus importants.
DEUX EXEMPLES D’APPLICATION
DU SCHOOL IMPROVEMENT Après avoir analysé les indicateurs en fonction de
leur spécificité et leur priorité relativement aux dif-
L’approche de MacBeath : une auto-évaluation férentes catégories d’acteurs, les chercheurs ont
centrée sur les écoles ensuite constitué des groupes d’énoncés en les ratta-
chant à certains thèmes puis ont élaboré un schéma
L’approche développée par MacBeath (1999) dans général qui concilie les préoccupations des différents
son ouvrage Schools must speak for themselves met acteurs interrogés (figure 2) et qui pourra être adapté
l’accent sur l’importance de l’auto-évaluation dans par chaque école. Le schéma permettant de « repré-
l’amélioration continue des écoles. Selon lui, la qua- senter les interrelations complexes et dynamiques
lité du développement de l’école passe par son impli- entre les différents groupes » a été préféré à la liste.
cation réelle dans chaque étape du processus d’éva-
luation. D’où la mise au point d’un cadre conceptuel Certains domaines tels que l’équité, le soutien à
et d’une démarche dont l’objectif est de permettre l’apprentissage et le climat de la classe sont des pré-
aux directeurs d’évaluer leur propre école, et aux occupations spécifiques aux élèves tandis que le sou-
enseignants et aux élèves d’évaluer ce qui contribue tien à l’enseignement, l’organisation, les communica-
à un apprentissage efficace. Ce cadre devrait par
ailleurs être assez solide pour être crédible dans une
multitude de contextes différents mais aussi assez
souple pour répondre aux besoins spécifiques Reconnais-
propres à chaque école. sance de la Relations
réussite
Dans cette recherche, MacBeath et son équipe ont
rencontré, dans une dizaine d’écoles d’Angleterre et
du Pays de Galles, les divers acteurs concernés - Climat de Soutien à
(enseignants, élèves, parents, directeurs, personnel de l’école l’enseigne-
ment
soutien, conseillers pédagogiques) afin de les amener Temps et Organisa -
ressources tion et
à identifier les critères qui font une école efficace et, communi -
dans un deuxième temps, à hiérarchiser vingt critères cation
Soutien à Climat de la
l’apprentis-
développés par l’Office for Standards in Education sage
classe
(OFSTED) (cette étape était optionnelle). Par la suite,
les acteurs concernés devaient se regrouper et parvenir
à un consensus dans l’identification et la hiérarchisa-
Liens entre
tion des cinq critères de l’OFSTED qu’ils considéraient Equité l’école et la
maison
comme les plus importants. Près de 1 800 indicateurs
et 400 priorités ont ainsi été identifiés.
Dans la procédure utilisée, MacBeath et son équipe Figure 2. – Schéma général des indicateurs
ont introduit un élément important : l’ami critique qui d’établissement dans le projet MacBeath

126 Revue Française de Pédagogie, n° 148, juillet-août-septembre 2004


tions et les liens entre l’école et la maison sont des lioration. Ce profil d’auto-évaluation articulé autour
thèmes touchant davantage les adultes (professeurs, de douze domaines est un instrument créé pour per-
parents, directeurs). Les quatre autres thèmes ont été mettre aux écoles d’exprimer des jugements sur
autant mentionnés par les élèves que par les adultes. elles-mêmes. Pour chaque domaine, le niveau de
Au centre du schéma figurent les quatre thèmes ayant l’école est estimé sur une échelle de quatre points
engendré le plus grand nombre d’indicateurs. afin de faire un diagnostic sur son état.
Si MacBeath et son équipe reconnaissent le danger L’instrument est assez simple à utiliser et permet
que les indicateurs identifiés soient trop liés aux tout de suite de mettre en évidence d’éventuelles
caractéristiques propres de l’école qui les a dévelop- divergences entre les divers groupes d’acteurs. Il offre
pés et qu’ils soient donc peu généralisables, ils souli- la possibilité d’amorcer la confrontation des points de
gnent l’importance de l’intuition et des connaissances vue et constitue ainsi un point de départ pour identifier
personnelles en tant que critères essentiels aussi bien les thèmes prioritaires sur lesquels se concentrer. Une
pour obtenir l’engagement des personnes impliquées fois les domaines choisis, les écoles procèdent à des
dans le processus que pour parvenir à une analyse évaluations concrètes instrumentées afin de poser un
fine de la situation d’un établissement. Ce sont ces diagnostic plus précis sur les problèmes préalable-
deux critères qui permettent d’apporter des correctifs ment identifiés à l’aide de la grille d’analyse.
aux problèmes identifiés, et donc d’enclencher un Pour aider les écoles dans cette tâche, les coordina-
véritable processus de développement de l’école. teurs du projet ont proposé toute une série d’exemples
d’instruments (questionnaires, interviews, focus groups,
Le projet pilote européen d’auto-évaluation observation des enseignants par leurs pairs ou par les
de l’école élèves, photo- ou vidéo-évaluation, jeux de rôle, etc.)
dont les écoles ont largement profité. L’intérêt de
Une autre application du school improvement légè-
cette procédure provient d’ailleurs de la variété des
rement différente de la précédente est le « projet
instruments utilisés, allant au-delà du simple ques-
pilote européen d’auto-évaluation de l’école ». Ce
tionnaire qui reste très souvent le seul outil utilisé dans
projet, qui a concerné 101 écoles de 18 pays euro-
un grand nombre de dispositifs d’évaluation et d’auto-
péens durant l’année scolaire 1997-1998, est né des
évaluation d’établissements.
préoccupations qui s’étaient manifestées au sein de
l’Union européenne au sujet de la qualité de l’ensei- D’après nous, le succès d’un projet de ce type
gnement. D’emblée, il était clair qu’on ne pouvait pas réside surtout dans les facteurs suivants :
aborder cette question uniquement en termes d’input – le caractère endogène de la démarche qui est
et d’output, mais qu’il fallait tout de suite mettre née à l’intérieur de l’école et utilise un éventail d’ins-
l’accent sur les processus et les mécanismes d’amé- truments proches du monde de l’école ;
lioration directe des écoles.
– le caractère non normatif du processus qui reste
Ce projet a rassemblé dans un guide de nombreux ouvert (il fait des propositions ou des suggestions de
instruments d’évaluation que les écoles pouvaient processus et d’instruments) et donc sensible aux exi-
utiliser ou adapter pour procéder à leur auto-évalua- gences des écoles, en gardant tout au long de la
tion. En cela, on pourrait considérer cette application démarche la possibilité d’évoluer en fonction des cir-
comme une nouvelle articulation entre une évaluation constances ;
interne et externe (hétéro-évaluation) dans le sens – l’espace de liberté et l’initiative laissés aux écoles,
que les écoles adaptent des outils de l’évaluation qui peuvent modifier à leur gré les procédures et les
externe à leur propre situation. Le guide propose aux instruments.
écoles des procédures en soulignant néanmoins
qu’elles ne sont que des suggestions et que d’autres
pistes sont possibles.
L’ÉVALUATION DE LA QUALITÉ
Dans ce projet, l’établissement devait sélectionner L’ENSEIGNEMENT EN SUISSE
un groupe consistant et représentatif d’élèves, de
parents et d’enseignants. D’abord en sous-groupes, Plusieurs expériences d’auto-évaluation, s’inspi-
puis en se mêlant les uns aux autres, les différents rant plus ou moins du school improvement, ont vu le
partenaires devaient examiner un « profil d’auto- jour en Suisse, et particulièrement en Suisse aléma-
évaluation » afin d’identifier les priorités que l’école nique. Si la Suisse romande et le Tessin ont déve-
devrait prendre en compte dans sa démarche d’amé- loppé des projets d’évaluation de la qualité, de véri-

De l’émergence du courant School improvement et exemples d’applications 127


tables démarches d’auto-évaluation formalisées sont sont donc des caractéristiques de l’enseignement ou
plus rares dans les écoles de ces deux régions. Par de l’école qui ont une influence décisive sur la qualité
contre, en Suisse alémanique, depuis de nombreuses alors que les indicateurs sont des témoins, des révéla-
années, on a pu assister à l’essor d’une véritable teurs de ces caractéristiques et devront par consé-
culture de l’auto-évaluation. quent être observables ou mieux encore, mesurables.
Ainsi, en Suisse alémanique, la question du déve- Des comparaisons entre les élèves portant sur les
loppement de la qualité et de son contrôle a souvent connaissances, les capacités ou le comportement ne
été soulevée en rapport avec des projets de réformes suffisent pas à établir la qualité d’un établissement
initiés par l’administration scolaire et orientés vers scolaire. À cet effet, il est indispensable de prendre
l’efficacité des établissements. Cette tendance très en compte son programme éducatif. Une telle
prononcée s’est souvent heurtée à l’avis des spécia- recherche ne peut que s’appuyer sur des instruments
listes de la formation estimant au contraire qu’il est de recherche qualitatifs. Du point de vue méthodolo-
de l’intérêt des écoles de développer leurs compé- gique, il est recommandé non seulement de combiner
tences pédagogiques par des évaluations de qualité l’évaluation externe avec l’auto-évaluation, comme
(au travers de l’auto-évaluation). Dans diverses ré- on a déjà eu l’occasion de le dire, mais aussi d’appli-
gions et cantons de Suisse alémanique, plusieurs quer la méthode de « triangulation », c’est-à-dire de
projets ont été élaborés dans cette optique (15). Un compléter les informations sur un même thème en
point commun à tous ces projets est le lien entre recourant à des sources différentes et en les recou-
l’autonomie donnée à des établissements et l’aug- pant. De cette manière, on parvient à observer un
mentation de leurs responsabilités. même sujet sous des éclairages différents (cf. Moser,
1995, p. 174 ; Moser, Wettstein, 1997).
Un exemple intéressant est celui du canton de
Bâle-campagne où a été proposée une réforme s’ins- L’avantage du dispositif de triangulation devient ici
pirant fortement des principes du school improve- évident : tout concept d’évaluation qui n’utiliserait
ment. Dès 1994, 120 écoles pilotes ont utilisé le sys- qu’une seule source de données serait affecté d’un
tème d’évaluation formative de la qualité (SEFOQ). La déficit important d’information. En règle générale, on
priorité est donnée à l’auto-évaluation (16) en partant cherche à dépasser la simple complémentarité des
du principe « qu’il appartient à chaque école d’assu- points de vue, mais pour réaliser une nouvelle repré-
mer la responsabilité de vérifier les exigences de qua- sentation de l’école, plus différenciée, à plusieurs
lité – internes ou externes – et d’introduire les régula- dimensions.
tions nécessaires » (Strittmatter, 2001, p. 112). Les
instances externes ont pour rôle de vérifier que les En Suisse romande et à Genève, en particulier,
écoles ont procédé à une auto-évaluation, en déve- une démarche d’auto-évaluation inspirée du school
loppant et utilisant des procédures ou instruments improvement a été adoptée dans le cadre de la réno-
adéquats. Cette auto-évaluation est formative dans vation de l’enseignement primaire mise en place dès
le sens qu’elle vise également « à amener les écoles 1994 (17). Cette réforme qui prévoyait une grande
à entreprendre un diagnostic approfondi de leurs autonomie de la part des écoles a été soumise à des
forces et faiblesses et introduire les régulations conditions strictes imposées par l’administration sco-
nécessaires » (ibid., p. 112). laire : le développement d’une coopération profes-
sionnelle efficace en vue de gérer collectivement la
Le canton de Soleure constitue un autre exemple progression des élèves d’une part, et la mise en place
intéressant car il se situe à la frontière entre l’ap- de démarches ou d’outils pour assurer la qualité de
proche de l’amélioration et celle de l’efficacité. Dans l’évolution et en vue d’améliorer la qualité des pres-
ce cas aussi, on part du présupposé que les indices tations pédagogiques, d’autre part (Gather Thurler,
de qualité ne doivent pas être définis de manière 2001). C’est pourquoi les écoles en rénovation ont
abstraite, mais qu’ils doivent être formulés concrète- élaboré un outil commun d’auto-évaluation. D’après
ment. Pour ce faire, on opère une distinction entre Gather Thurler, coordinatrice du projet pendant la
critères, indicateurs et standards qui sont à chaque phase d’exploration, trois années ont été nécessaires
étape différenciés et concrétisés. pour que les écoles prennent conscience des avan-
tages d’une démarche d’auto-évaluation.
On identifie un critère en répondant à la question
suivante : « Qu’entendons-nous par qualité ? » tandis En Suisse italienne enfin, outre différents projets
qu’un indicateur sera identifié par la réponse à la ques- d’établissement, on a réalisé trois projets s’inspirant
tion : « À quoi reconnaît-on la qualité ? ». Les critères aussi bien de la méthodologie de MacBeath centrée

128 Revue Française de Pédagogie, n° 148, juillet-août-septembre 2004


sur l’auto-évaluation des écoles que de celle du pro- sociale (Derouet) ; ou celle pédagogique axée sur les
jet européen. L’un des projets présente une particula- effets de la décentralisation (il faudrait plutôt parler
rité intéressante : c’est l’enseignant d’une école qui de déconcentration) au niveau des établissements
assume le rôle d’ami critique de l’autre tandis que les (Dutercq). Dans ces deux cas, ce n’est pas la vie de
chercheurs jouent le rôle de méta-amis critiques. l’établissement qui est au cœur de l’analyse mais
plutôt le positionnement de l’établissement dans
Il semblerait que la Suisse latine (romande et ita-
l’architecture du système d’enseignement avec une
lienne) soit un peu réticente à l’approche de l’auto-
attention spécifique réservée à l’évolution de ses
évaluation. On peut faire l’hypothèse d’une expli-
compétences dans un dispositif de régulation chan-
cation culturelle. Les approches de type school
geant. De ce fait, l’attention s’est concentrée sur le
improvement ont été surtout développées dans des
projet d’établissement dont la réalisation a été rendue
pays anglo-saxons caractérisés le plus souvent par
obligatoire dans la loi d’orientation du 10 juillet 1989.
une autonomie des écoles, plus rare en Suisse. En
Suisse alémanique, bien que l’organisation scolaire Ce n’est donc que par un biais particulier qu’on
soit la même que dans le reste de la Suisse, on s’est s’est occupé des établissements en France et c’est
beaucoup impliqué dans l’auto-évaluation, ce qui surtout la question de l’efficacité des écoles (cf. Gri-
pourrait sans doute s’expliquer par l’influence alle- say, 1988, 1990 ; Merle, 1998) qui a été abordée, tan-
mande et surtout autrichienne (Schratz). dis que le volet amélioration de l’école a été plutôt
négligé. À partir des années 80, on s’est s’intéressé à
l’efficacité des écoles et des maîtres, c’est-à-dire aux
LA SITUATION CONCERNANT effets de contexte. Bressoux (1994, 1995) a notam-
LE « SCHOOL IMPROVEMENT » ment mis en évidence que les performances des
ET LE « SCHOOL EFFECTIVENESS » EN FRANCE élèves étaient en relation directe non pas avec l’école
mais plutôt avec la scolarisation dans telle ou telle
Les deux courants que nous venons de décrire ont classe. Mingat (1991) a montré que les caracté-
eu en France une importance très inégale : les ristiques socio-démographiques des enseignants
recherches sur l’efficacité des écoles ont eu une n’avaient pas forcément d’effets sur le niveau de
place plus importante que celles visant l’amélioration réussite de leurs élèves contrairement à d’autres
ou le développement des écoles. Dans une revue de caractéristiques déterminantes liées aux maîtres,
littérature consacrée aux tendances et orientations de telles que le temps consacré à l’apprentissage et
la recherche dans le domaine francophone portant notamment le temps effectif d’apprentissage pendant
sur l’amélioration et l’efficacité des écoles (Szaday, lequel l’élève est réellement engagé dans la tâche, les
Bueler, Favre, 1996), Favre fait remarquer que « le attentes des enseignants et les pratiques pédago-
thème de l’efficacité et de la qualité de l’école, giques. Précisons comme le souligne Duru-Bellat
comme celui de l’amélioration, du renouveau ou du (2001) que les effets établissement sont estimés plus
développement des écoles, sont constamment pré- modérés en France que dans les pays voisins.
sents – au moins en creux ou implicitement – dans la
littérature pédagogique de langue française, depuis Si ces différentes recherches supposent des
plus d’un siècle » (p. 164), mais il ajoute aussi que méthodes quantitatives (utilisant notamment des ana-
« ces différents thèmes – efficacité de l’école et des lyses multiniveaux), d’autres approches plus qualita-
établissements scolaires, qualité de l’enseignement, tives ont été développées en France dans la socio-
amélioration des écoles – sont devenus l’objet d’un logie de l’éducation, et plus particulièrement celle des
traitement spécifique. Pendant longtemps, il a été organisations (Crozier, Ballion). On évoquera les tra-
question d’efficacité de l’école en général, ou de vaux de Derouet (1992), Dutercq (1997) et Demailly
l’efficacité des méthodes, de l’efficacité des maîtres, (1998) notamment. Derouet s’intéresse à l’efficacité
et non point de telle ou telle école particulière, en tant des établissements et à leur analyse. Son approche
qu’unité autonome » (ibid.). Bien sûr, il faudrait descriptive des contextes scolaires se fonde sur des
s’interroger sur la raison d’être de ce particularisme observations ethnographiques s’intéressant moins
français, ce qui n’est pas l’objet de cet article. Il n’en aux effets des caractéristiques du contexte qu’aux
reste pas moins le constat qu’en France, lorsqu’on logiques qui organisent l’identité des établissements
a commencé à considérer l’établissement scolaire et régissent le fonctionnement des acteurs ensei-
comme un objet d’étude en soi, on l’a fait dans une gnants (Duru-Bellat, 2001). Pour nous, cette ap-
optique particulière : celle sociologique qui appré- proche relève encore à sa manière de l’efficacité des
hende l’établissement comme une organisation écoles. Comme il le souligne, « Les deux directions,

De l’émergence du courant School improvement et exemples d’applications 129


recherche de l’efficacité de l’établissement et évalua- premier lieu dans le rôle de l’État central en tant que
tion du fonctionnement ne sont pas fondamentale- facteur exclusif de l’organisation du pays.
ment divergentes puisque si l’on veut que les établis-
sements soient mieux administrés, c’est toujours au
bout du compte pour que les élèves y apprennent CONCLUSION
mieux » (1994, p. 35). La démarche du School impro-
vement a certainement eu moins d’écho en France.
Les travaux les plus proches sont ceux menés par Les différentes approches et applications décrites
Hadji (1994) qui utilise des procédures relativement dans cet article et s’inspirant principalement des prin-
semblables à celles appliquées dans le projet euro- cipes du school improvement supposent, lors de
péen ou dans celui développé par MacBeath en leur développement, l’implication de l’ensemble des
Angleterre. Par le biais d’une recherche-action visant acteurs concernés. Ce paradigme implique un boule-
l’intervention dans l’établissement, il utilise l’« auto- versement des modalités d’organisation et de fonc-
évaluation accompagnée ». tionnement des écoles basées sur une gestion admi-
nistrative imposant d’en haut ses régulations. En effet,
En conclusion, il n’y a pratiquement pas eu, en
la plupart des expériences précédentes en matière
France, dans le domaine des recherches en éduca-
d’évaluation de l’enseignement ont montré clairement
tion, un véritable secteur de travaux orientés vers
que, sans la participation et la motivation de tous les
l’amélioration des établissements scolaires, contraire-
acteurs, les résultats obtenus sont décevants et en
ment à d’autres pays (Royaume-Uni, Pays-Bas,
général, n’apportent pratiquement pas d’aide pour
Canada, États-Unis ou Australie, par exemple). Il est
améliorer la qualité de l’enseignement d’un établisse-
significatif que dans le recueil d’essais rassemblés par
ment. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas surprenant :
Van Zanten (2000) sur l’état des savoirs à propos de
les acteurs d’une école s’investissent dans un projet
l’école, on parle très peu de l’établissement. Un seul
de réforme qui les concerne, mais aussi dans n’im-
essai sur un peu plus de quarante traite directement
porte quelle autre activité, s’ils ont l’opportunité
de l’établissement scolaire (Cousin, 2000). L’auteur y
d’exercer une réelle influence sur les choix et les déci-
écrit qu’en France « les recherches dans le domaine
sions. Comme le souligne Lewin dans ses recherches
de l’école efficace sont récentes et encore peu nom-
sur la dynamique des groupes (Lewin, 1940 ; Lippitt &
breuses » (ibid., p. 140), pour décrire par la suite les
White, 1960), une participation des acteurs aux déci-
thèmes sur lesquels s’est focalisée la recherche fran-
sions dans un contexte démocratique favorise l’ob-
çaise, c’est-à-dire le rôle des établissements dans la
tention de résultats qualitativement meilleurs.
sélection scolaire, la mesure de l’effet établissement,
l’impact sur la performance des élèves des variables L’évolution historique des deux courants montre
de processus, le rôle du projet d’établissement et la que ces approches au départ très différenciées ten-
formation du citoyen dans la vie collégienne et des dent peu à peu à se rapprocher (cf. ESI). D’une
lycées. Selon Cousin, les recherches françaises met- manière générale, on peut considérer que l’avenir de
tent en évidence un rôle modeste du facteur établisse- l’évaluation des établissements repose certainement
ment et l’absence de relations causales observées sur une combinaison d’auto-évaluation et d’évalua-
entre mobilisation à l’intérieur de l’établissement et tion externe. L’avantage de cette formule mixte est de
efficacité. En tout cas, il n’y aurait rien de comparable renforcer les processus internes de développement
en France à l’engouement voué à l’établissement dans de l’école – au sens où l’entendait Fetterman (1996)
d’autres pays. Une hypothèse pour expliquer cette avec son empowerment evaluation. Pour lui, il est
différence est proposée par Cousin : important que l’évaluation ne soit pas considérée
« Tout se passe comme si le système scolaire fran- comme une critique venant de l’extérieur mais
çais était passé d’un modèle hypercentralisé, où la comme une aide permettant aux intéressés d’amélio-
marge des personnels est présentée et vécue comme rer leurs programmes ou leurs projets.
extrêmement faible en dehors de la classe, à un sys-
tème émietté où les établissements doivent réinventer Emanuele Berger*, Norberto Bottani**,
localement l’école et se trouvent face à leurs propres Anne Soussi**, Giorgio Ostinelli*,
décisions » (ibid., p. 147). Catherine Gauvreau**, Heinz Rhyn***
* Ufficio e ricerche (USR), Bellinzona
On peut donc supposer que le décalage par rapport ** Service de la recherche en éducation (SRED), Genève
au mouvement international de la recherche française ***Conférence suisse des directeurs cantonaux
sur les établissements scolaires puise ses racines en de l’Instruction Publique

130 Revue Française de Pédagogie, n° 148, juillet-août-septembre 2004


NOTES

(1) Selon la traduction des auteurs de cet article. (12) Pour une discussion approfondie des limites des deux
approches, cf. Reynolds & Stoll (1996), p. 102-108.
(2) On trouvera une synthèse bien documentée sur les convergences
et divergences entre le courant du School effectiveness et celui (13) Réélaboration d’après Reynolds & Stoll in Reynolds, Bollen,
du School improvement, et plus particulièrement des tendances Creemers, Hopkins, Stoll et Lagerweij (1996), p. 101.
de la recherche sur la qualité et le développement des écoles (14) Certaines évaluations sont présentées comme des « auto-
dans les pays francophones, germanophones et anglophones, évaluations », mais sont en fait des formes hybrides car elles se
dans le rapport (Szaday, Büeler, Favre, 1996) élaboré dans le limitent à déléguer aux enseignants la simple administration des
cadre du programme national suisse de recherche n° 33 sur l’effi- instruments (cf. par exemple Hendriks et al. (2000) et Moelands
cacité des systèmes suisses de formation, programme financé & Ouborg (1998)). Dans ces cas, on ne parlera alors pas d’auto-
par la Confédération suisse qui s’est déroulé entre 1990 et 1999. évaluation, puisque celle-ci se définit justement par la maîtrise
(3) Cf. aussi Miles (1998, p. 51) pour les facteurs explicatifs de l’im- du processus entier par celui qui « est évalué » (cf. Nunziati,
pact des innovations. 1990).
(15) En plus des deux exemples cités, on peut dénombrer plusieurs
(4) Bien que les principales études réalisées au sein du programme autres projets implantés dans une bonne partie des cantons
ISIP au cours des années 80 aient été traduites en français (Edi- alémaniques et se rapportant aux différents ordres d’enseigne-
tions Economica), les retombées en France ont été très peu ment y compris l’enseignement supérieur ou tertiaire : à Zürich
apparentes. (dès 1997), projet « Écoles primaires partiellement autonomes
(5) Selon la traduction des auteurs de cet article. (TAV) » ; à Berne, développement de la qualité et évaluation
du rendement pour enseignants et collectif d’enseignants ; en
(6) Id. note précédente. Argovie (depuis 1999), « Des écoles avec un espace d’autono-
(7) Pour cela, nous renvoyons à Reynolds et al. (1996) et à Teddlie & mie élargi » ainsi que la création d’un office pour assurer la qua-
Reynolds (2000). lité de l’école ou encore le projet de la CDIP-Est « La qualité du
management dans les HES », rapport sur la plate-forme ERFA.
(8) Traduction française : Jencks C., L’inégalité : influence de la (16) L’auteur parle d’auto-évaluation contrôlée.
famille et de l’école en Amérique (Paris : PUF, 1979, p. 34).
(17) Cette réforme a été introduite en plusieurs phases : dans une
(9) Selon la traduction des auteurs de cet article. première phase (de 1995 à 1999), 15 écoles puis 17 ont parti-
(10) Cité dans Hopkins (2001), p. 27. cipé à ces quatre années d’exploration intensive ; une seconde
phase, dès 2000, allait dans le sens d’une extension progressive
(11) Ibid. à l’ensemble des 220 écoles genevoises.

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