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PIERRE MONTAGNON

DICTIONNAIRE
DE LA
SECONDE GUERRE
MONDIALE
Montagnon Pierre

Dictionnaire de la Seconde Guerre


mondiale

Flammarion

Maison d’édition : Pygmalion

© 2008, Pygmalion, département de Flammarion


Dépôt légal : octobre 2008

ISBN numérique : 978-2-7564-0378-6


N° d’édition numérique : N.01EUCN000149.N001

Le livre a été imprimé sous les références :


ISBN : ISBN 978-2-7564-0166-9
N° d’édition : L.01EUCN000178.N001

Ouvrage composé et converti par Nord Compo


Présentation de l’éditeur :
Ce dictionnaire, traitant le conflit dans sa globalité,
présente à travers 3000 entrées environ : Les faits Graphisme : Atelier
politiques, pactes, traités, ententes, conférences... Les Didier Thimonier ©
événements militaires, batailles sur terre, sur mer et Flammarion.
dans le ciel... Les hommes, responsables politiques, Photos Henri
Martinie, LAPI, US
chefs militaires, combattants... Les matériels et les National Archives,
armements... Les conséquences humaines, matérielles ND,
et politiques... Ce volume est signé par un spécialiste Gaston Paris,
TopFoto © Roger
unanimement reconnu. Viollet.
Photo de Jean Moulin
© Centre National
Jean Moulin /
Keystone.
Photos de Roosevelt
et Mussolini :
Archives
Flammarion.
DANS LA MÊME COLLECTION
DICTIONNAIRE DES MARÉCHAUX
DE NAPOLÉON
par Jean-Claude Banc
DICTIONNAIRE DES PAPES
par Ivan Gobry
DICTIONNAIRE DES SOUVERAINS DE FRANCE
ET DE LEURS ÉPOUSES
par Didier Feuer et Jean d’Hendecourt
AVERTISSEMENT

L’ampleur du sujet traité – la Seconde Guerre mondiale – imposait,


obligatoirement, un choix à tous niveaux, événements politiques ou
militaires, personnels et matériels. Ceci est particulièrement vrai dans le cas
de la France.
L’intérêt historique, et le désir d’objectivité ont seuls guidé les choix de
l’auteur.
La table des abréviations se trouve au début des annexes.
L’astérisque * après un mot correspond à une entrée.
A

A-20
Bombardier bimoteur américain Douglas A-20 Havoc (employé par les
Britanniques sous le nom de Boston*).
Sorti à partir de 1939 et fabriqué à 7 385 exemplaires en plusieurs
versions. Utilisé par les Français, les Britanniques, les Soviétiques et
l’USAAF*.
Caractéristiques du A-20 G sorti en 1942. Vitesse : 540 km/h ;
autonomie : 1 750 km ; armement : 8 mitrailleuses, 1 180 kg de bombes ;
équipage : 4 hommes.
Son successeur, le A-26 Invader, sorti à partir de 1944 à 2 446
exemplaires, sera particulièrement rapide et puissant.

AB AKTION (AUßERORDENTLICHE
BEFRIEDUNGSAKTION OU OPÉRATION
EXTRAORDINAIRE DE PACIFICATION)
Nom de code de l’extermination des élites polonaises par les Allemands
durant et après la campagne de Pologne*. On estime que 3 500 intellectuels
et cadres polonais ont été tués de septembre 1939 à juin 1940.

ABBEVILLE, COMBAT D’
Le 29 mai 1940, le colonel de Gaulle*, commandant la 4e DCR*, se lance
avec 140 chars, 6 bataillons d’infanterie, 6 groupes d’artillerie, pour réduire
la poche d’Abbeville, dangereuse enclave allemande au sud de la Somme.
Bouter les Allemands hors d’Abbeville permettrait peut-être de rétablir le
contact avec le groupe d’armées nord encerclé.
De Gaulle* fait quatre cents prisonniers, gagne une citation à l’ordre de
l’armée, mais sa division épuisée ne parvient pas à prendre Abbeville.
Abbeville et non Montcornet* est le vrai succès, bien que relatif, de
Charles de Gaulle* en mai 1940.

ABDA COM (AMERICAN-BRITISH-DUTCH-


AUSTRALIAN COMMAND)
Organisme de commandement américain-britannique-hollandais et
australien. Convenu lors de la conférence Arcadie* en décembre 1941, il
entre en fonction le 15 janvier 1942. Son secteur opérationnel comprend la
Birmanie*, la Malaisie*, les Indes néerlandaises*, la Thaïlande*, le sud de la
Chine* et le nord et le nord-ouest des côtes australiennes. Il est dirigé par le
général Wavell* (britannique) avec pour adjoint le général Brett de l’US
Airforce* (PC à Lembang, Java). Le général Pownall (britannique) est chef
d’état-major ; l’amiral Hart (américain) commande la marine.
Insuffisance des liaisons et des moyens, absence de réserves, intérêts
nationaux divergents, et surtout progression de l’invasion japonaise, rendent
vite ABDA Com sans objet. Il est dissous de fait au départ de Wavell*, le
25 février, devant la menace du débarquement nippon sur Java.

ABETZ, OTTO (1903-1958). Diplomate allemand.


Francophone, marié à une Française, francophile pour certains, mais
d’abord citoyen allemand, Abetz, qui fait partie des fidèles de Ribbentrop*,
est nommé après la défaite française à la tête des services de l’ambassade
d’Allemagne* à Paris.
Il prendra rang d’ambassadeur en août 1940. À côté de l’autorité
militaire, il fait figure, pour les responsables français, de personnage
incontournable même s’il dispose de pouvoirs très limités. Intermédiaire entre
l’occupant et l’État français*, il sera l’interlocuteur privilégié de Laval*,
Darlan* et surtout de tous les collaborateurs* parisiens. En disgrâce durant
quelques mois en 1943, après l’évasion du général Giraud*, il reprend son
poste fin 1943 et soutient de plus en plus Laval* contre les ultras de la
collaboration* (Darnand*, Déat*...).
Arrêté en octobre 1945, il est condamné à vingt ans de détention par un
tribunal militaire français en juillet 1949 et sera libéré en 1955.

ABWEHR
Services spéciaux de la Wehrmacht*.
Le Service de Renseignements de l’armée allemande apparaît en 1870,
est officiellement supprimé en 1918 et réapparaît en 1925 sous le nom
d’Abwehr (étymologiquement, défense contre les entreprises ennemies).
En 1935, le capitaine de vaisseau, bientôt amiral, Canaris* en prend la
direction. Organisme militaire, siégeant à Berlin, l’Abwehr devient sous
l’impulsion de Canaris* une puissante organisation. Il est divisé en trois
sections principales ou Abteilung, plus une section administrative :

Abteilung I Espionnage.
(colonels Piekenbrock puis Hansen).
Sabotages et activités
Abteilung II (major Groscurth, colonels
subversives. Régiment puis
Lahousen* puis Freytag-Loringhoven).
division Brandenburg*.
Abteilung III (major Bamler puis colonel von Contre-espionnage et Sécurité
Bentivegni). militaire.
Abteilung Z (major-général Oster* puis
Section administrative.
colonel Jakobsen).

Les principaux succès de l’Abwehr* se situent au niveau des activités de


subversion et de contre-espionnage. Est ainsi détruit le célèbre réseau
soviétique de la Rote Kapelle* (Orchestre rouge*).
De 1935 à 1944, l’Abwehr vit en constante rivalité avec le SD*, le
service de sécurité SS* dirigé par Reinhard Heydrich* puis Walter
Schellenberg*. Finalement, il n’échappe pas au SD* que l’Abwehr, sous
l’impulsion discrète de Canaris*, recèle un noyau important d’opposants au
régime : Oster*, Groscurth, Hansen, Lahousen*... Un décret du Führer*, en
date du 12 février 1944, enlève à l’OKW* le contrôle de l’Abwehr pour le
confier au RSHA*. Canaris* est relevé de ses fonctions. L’Abwehr militaire
n’est plus qu’un service entre les mains des SS*.
ABYSSINIE
(voir ÉTHIOPIE)

ACCIDENTS D’AVIATION
De nombreux chefs militaires disparaissent au cours de la guerre suite à
des accidents d’avions : le Britannique Arthur Purvis en août 1941, l’as
allemand Molders* en novembre 1941, le général français Huntziger* à la
même époque, le docteur Todt* en février 1942, le général polonais
Sikorski*en juillet 1943, l’amiral japonais Koga* en mars 1944, les généraux
allemands Hube* en avril 1944, Dietl* en juin 1944, le général anglais
Wingate* en 1944, le maréchal de l’air britannique Leigh-Mallory* en
octobre 1944, l’amiral anglais Ramsay* en janvier 1945, les colonels français
Barril et de Roux au début de 1943 et en août 1943, etc.
Les conditions météo, les défaillances techniques, la déficience des
instruments de navigation, sont essentiellement aux origines de ces accidents.
La fiabilité de la navigation aérienne n’est pas au début des années 1940 ce
qu’elle est devenue.
Sans être aussi tragiques, des accidents d’aviation enverront des chefs
militaires à l’hôpital pour des semaines : cas des généraux français
Weygand* ou Mast par exemple.
Pour ces raisons, Staline* avait une frayeur maladive du transport aérien
et se refusait à prendre l’avion, ce qui n’était pas le cas de Churchill*.

ACHNACARRY
École des commandos britanniques dans le nord de l’Écosse.
Ce centre d’entraînement est dirigé par un vieux soldat, le lieutenant-
colonel Charles Vaugham, ancien regimental sergeant-major des Guards et
ancien du commando No 4. Son énergie, son intransigeance l’ont fait
surnommer le Rommel* du Nord. Il est vrai que le passage à Achnacarry n’a
rien d’un séjour dans un camp de vacances. Tout est fait pour plonger les
stagiaires dans une ambiance de guerre. À l’entrée du camp, des tombes
fictives rappellent aux arrivants que le moindre faux pas peut leur être fatal.
Les volontaires effectuent un stage de dix semaines. L’objectif est de les
préparer physiquement et moralement aux épreuves qu’ils auront à affronter
dans les conditions réelles des opérations de commandos. L’entraînement,
intensif et sévère, comporte : escalades de falaises, traversées de rivières,
raids amphibies avec manœuvres de débarquement, exercices de survie,
combat rapproché (le fameux close-combat) et combat de nuit.
La plupart des exercices s’effectuent à balles réelles (quarante
commandos seront tués à l’entraînement, soit une moyenne de deux pour
mille). Les marches, avec équipement et armement, sont routine. Celle
baptisée speed march impose de parcourir sept milles (11,2 km) en soixante
minutes. Une autre excède cinquante kilomètres.
L’esprit d’initiative individuelle est tout autant développé. Les
circonstances de l’action peuvent conduire des commandos à se retrouver
isolés, privés de chefs et livrés à eux-mêmes. Les hommes doivent pouvoir
faire face à de telles situations et prendre les décisions les mieux adaptées à
l’accomplissement de leur mission.
Ceux qui ne se sont pas vus notifier le Return to unit reçoivent à l’issue
du stage le béret vert des commandos, orné d’un badge représentatif de leur
unité. Le badge des commandos français est en forme d’écu avec une croix
de Lorraine et un brick-goélette traversé par un poignard.

AÇORES
L’archipel, jusqu’en 1941, est prévu base de repli du gouvernement
portugais en cas d’occupation du Portugal* par la Wehrmacht*.
À partir de 1943, il fournit des bases aériennes à la Grande-Bretagne*
pour la bataille de l’Atlantique*. Les Américains obtiendront également des
bases en 1944.

ADD (AMIS DE DARLAN*)


(voir AMIRAUX FRANÇAIS)

ADEN
Protectorat britannique, puis colonie de la couronne depuis 1937, le
territoire servira, en 1940, de zone de repli pour les troupes du Somaliland,
puis de base de départ pour la reconquête en 1941.
ADLERTAG
Jour de l’Aigle. Jour du déclenchement – 13 août 1940 – de l’attaque
massive de la Luftwaffe* contre la RAF* (voir Angleterre, bataille d’).

ADRIAN, CASQUE
Casque traditionnel de l’armée française, modèle 1915, fabriqué à
20 millions d’exemplaires.
Poids : 765 g. Le modèle 1936, renforcé et plus résistant, fabriqué à
3 millions d’exemplaires, aura vocation d’équiper l’armée française* de la
Seconde Guerre mondiale (avec le casque américain).

AEF (AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE)


Cette AEF, au 1er septembre 1939, compte quatre colonies : Gabon*,
Moyen-Congo, Oubangui-Chari, Tchad, soit 2 370 000 km2 avec une
population de 3 200 000 habitants pour seulement 5 000 Européens.
S’y adjoint le Cameroun, territoire sous mandat de la SDN*, 418 000 km2
avec 2 230 000 habitants. La valeur stratégique de ces possessions, au cœur
de l’Afrique, est certaine.
Plus ou moins enserrée entre des colonies anglaises et belges, l’AEF est
plus sensible aux pressions extérieures que l’AOF*, ceinturée par les sables
ou la forêt tropicale, ou que l’AFN*, proche de la métropole. Les contacts
sont réguliers entre Cameroun anglais et français. À Brazzaville*, on suit
attentivement ce qui se passe sur l’autre rive du Stanley Pool. En Oubangui-
Chari, les planteurs élèvent la voix contre la défaite. Un peu partout, une
agitation s’amplifie. Certains, militaires ou colons, franchissent la frontière
d’une colonie britannique pour aller poursuivre la lutte. À Fort-Lamy
(N’Djamena), le gouverneur général Éboué, dès la mi-juillet 1940, noue des
contacts « séditieux ».
Cette agitation n’échappe pas à Vichy*. Dépêché par Darlan*, l’amiral
Platon* se rend à Conakry, Abidjan, Cotonou, Lomé, Douala, Yaoundé,
Libreville, Port-Gentil, Pointe-Noire, Brazzaville*. Partout, il prêche la
fidélité au gouvernement du Maréchal. À Brazzaville*, le général Husson,
gouverneur général de l’AEF, fait du zèle.
De Gaulle*, informé de cette situation, voit le péril. Ses partisans risquent
d’être neutralisés. Il ne pourrait plus alors intervenir de l’intérieur et perdrait
une place précieuse par son étendue et son réservoir d’hommes. Ses moyens
sont limités, mais il dispose de quelques officiers encore plus riches de
courage et d’ardeur que de galons : le commandant Leclerc*, le lieutenant de
réserve de Boislambert, le commandant Parant. À ces trois s’adjoindront le
colonel de Larminat* et le commandant Colonna d’Ornano*. Le civil de
l’équipe est l’économiste René Pleven. Les uns et les autres pourront
s’appuyer sur le Guyanais Félix Éboué, personnage de haute carrure physique
et morale.
Tout se trame au départ de Freetown, Lagos et Léopoldville, non sans
parfois certaines réticences de responsables anglais, et se dénouera en trois
actes bien menés.
Le 26 août, Pleven et d’Ornano*, un peu anxieux, se posent sur le terrain
d’aviation de Fort-Lamy. À l’inquiétude succède vite l’allégresse. Éboué
accueille avec les honneurs militaires les émissaires du général de Gaulle*.
Le ralliement du Tchad à la France libre* est proclamé. Le Tchad est la
première parcelle de l’Empire à faire sécession (si l’on excepte les Nouvelles-
Hébrides* ralliées le 22 juillet) et prêter allégeance à l’homme du 18 juin.
Le Cameroun l’imite sans attendre. Dans la nuit du 27 au 28 août, sous
une pluie diluvienne, Leclerc* et de Boislambert, accompagnés de deux
douzaines de volontaires, quittent le Nigeria britannique, traversent en
pirogues l’estuaire du fleuve Bouri et, aidés de complicités locales, dont celle
du capitaine Dio, prennent possession de Douala. (Cinq ans plus tard, Dio
succédera à Leclerc* à la tête de la 2e DB*.) Le lendemain, de Boislambert,
utilisant la desserte ferroviaire, arrive à Yaoundé et y fait reconnaître
l’autorité de Leclerc* qui s’est investi du grade de colonel et du titre de haut-
commissaire pour la circonstance.
Cameroun, Tchad. La liaison Atlantique-mer Rouge par le Soudan est
assurée. De Gaulle* a marqué un point et récupéré déjà du monde.
Depuis le 16 août, de Larminat* est à Léopoldville, dans ce Congo belge
qui hésite à s’engager totalement (il finira par le faire) mais regarde
favorablement vers Londres. Il ne se prive pas pour diffuser tracts et appels à
la sédition. De Brazzaville*, des sympathisants lui rendent régulièrement
visite, en dépit de la hargne croissante du général Husson. Le commandant
Delange, commandant le bataillon Sara du Tchad méridional, se prépare. Le
28 août au matin, il passe aux actes et encercle le PC de Husson. Ligoté, le
gouverneur général est transféré sans ménagements sur l’autre rive. De
Larminat* n’a plus qu’à effectuer le trajet en sens inverse. Reçu par le
médecin général Sicé, tout acquis lui aussi, et Delange, il se proclame aussitôt
gouverneur général d’une AEF devenue en majeure partie gaulliste.
De Brazzaville*, la dissidence fait tache d’huile. À Bangui, le gouverneur
de Saint-Mart, en dépit de quelques réticences militaires, brisées par le
capitaine de Roux, entraîne l’Oubangui-Chari.
À Pointe-Noire, port de Brazzaville*, une équipe de dissidents, bientôt
épaulés par un croiseur anglais, achève de conforter l’entreprise conduite
depuis la capitale du Congo français.
Au lendemain de ce que le vocabulaire gaulliste dénomme Les Trois
Glorieuses, pour dominer intégralement l’AEF, il ne manque plus à de
Gaulle* que le Gabon*. La colonie est cernée sur deux faces, mais la mer
reste un accès possible. Vichy* se dispose à y envoyer des renforts pour tenir
cet ultime bastion et, qui sait, préparer ultérieurement une reconquête des
territoires perdus.
Pour enlever le Gabon*, les gaullistes devront se battre.
À la mi-novembre 1940, toute l’AEF est passée sous l’autorité de
l’homme du 18 juin qui dispose désormais d’un territoire bien à lui (voir
Brazzaville) où il recrutera des cadres et des troupes. Des officiers en séjour
colonial, alors que nombre de leurs camarades prenaient le chemin des oflags,
sauront saisir leur chance. (Pas tous : 396, par fidélité au Maréchal, refuseront
de se rallier. Ils resteront détenus durant près de trois ans dans des conditions
difficiles. Sept d’entre eux mourront au cours de cette détention.) Les ralliés
sortiront d’un anonymat militaire auquel la majorité était vouée. Plus d’un
tombera. Plus d’un s’y fera un nom : Dio, Massu, Ingold, Crépin, Vézinet,
Garbay... Ces chefs trouveront sur place des soldats. Le BM/2, recruté en
Oubangui-Chari, encadré par des colons locaux, se battra à Bir-Hakeim*. Le
régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad constituera l’ossature du futur
régiment de marche du Tchad de la 2e DB*.
Terrible contrepartie, Les Trois Glorieuses, Dakar*, Gabon*, avant la
Syrie*, portent en germe un avenir difficile. « Dissidents ! » lancent les uns.
« Vichystes ! » grommellent les autres. Cependant un modus vivendi
s’instaurera. Vichy*, après avoir envisagé une reconquête, acceptera le fait
accompli de la perte de l’AEF. Weygand* se portera le garant du statu quo.
AÉROPORTÉES, TROUPES
Les combattants descendus du ciel, par parachutes ou en planeurs,
constituent une grande innovation qu’apporte la Seconde Guerre mondiale à
l’art militaire.
Si le parachutisme ne relève pas du surhomme, il exige une bonne santé
physique et morale. Les parachutistes se présentent donc comme des soldats
d’élite.
Les Soviétiques, les premiers, ont formé des unités parachutistes avant la
guerre. Pourtant, ils en feront relativement peu usage, ce qui ne sera pas le
cas des autres belligérants. Presque tous auront leurs troupes aéroportées.
Les Allemands auront théoriquement une armée aéroportée dépendant de
la Luftwaffe*. Leurs premiers parachutistes se manifesteront en Norvège*,
puis en Hollande* et Belgique*, le 10 mai 1940. Après la conquête sanglante
de la Crète*, Hitler*, sauf cas d’espèce (Gran Sasso*, Ardennes*), renoncera
à utiliser ses parachutistes en aéroportés. Ils se battront comme troupe
d’infanterie.
Les Américains disposeront de quatre divisions aéroportées (voir
Airborne) qui sauteront en Sicile*, Normandie*, Hollande*, Allemagne* et
dans le Pacifique*.
Les Anglais auront deux divisions aéroportées et une brigade SAS*.
Leurs parachutistes seront présents de Bruneval* à Varsity*, par la Tunisie*,
la Sicile*, la Normandie*, la Hollande*, l’Allemagne*, la Grèce*.
Les Français auront trois régiments de parachutistes (voir RCP).
Les Italiens auront une bonne unité de parachutistes, division Folgore*,
présente surtout en Libye* comme unité d’infanterie.
Les Japonais ne feront qu’un faible emploi de leurs parachutistes.
Il est enfin à relever que le parachute sera très souvent le moyen d’accès
dans des territoires occupés des résistants, français comme Jean Moulin*,
tchèques comme le commando ayant exécuté Heydrich*, norvégiens comme
le commando sur Norsk Hydro*, etc.

AFGHANISTAN
Bien que favorable à l’Axe*, le royaume restera neutre en 1939. Puis,
après Barbarossa*, sous la pression alliée, il rompra ses relations avec les
puissances de l’Axe* et expulsera leurs ressortissants.
AFRIKA KORPS (DEUTSCHES AFRIKA
KORPS)
Corps expéditionnaire allemand envoyé en Libye* au début de 1941 pour
soutenir les Italiens en difficulté devant les Britanniques.
Ce corps, sous les ordres du général Rommel*, fort de 45 000 hommes,
comprend initialement la 15e PD, la 90e division légère et la 5e division
légère (future 21e PD). Il s’étoffera quelque peu par la suite. Le lieutenant
général Cruewell en prendra le commandement à l’été 1941, Rommel*
devenant le patron de l’ensemble allemand et italien Panzergruppe.

AFRIQUE, ARMÉE D’
Par armée d’Afrique s’entendent traditionnellement les troupes françaises
ayant vocation à être implantées en Afrique du Nord : tirailleurs, zouaves,
légionnaires, goumiers, spahis, chasseurs d’Afrique, etc.
Au 1er novembre 1942, elle compte 122 000 réguliers, 10 000 rapatriés
du Levant, 60 000 hommes camouflés non inscrits sur les contrôles (engagés,
surnuméraires des goums et maghzens, unités de gardiennage, milice
urbaine). Bien que pétainiste dans son ensemble, elle est foncièrement
germanophobe, ce qui explique son engagement immédiat dans la campagne
de Tunisie* et son ardeur de l’Italie* à la Libération*.

AFRIQUE DU NORD, DÉBARQUEMENT EN

1. LA GENÈSE
Ouvrir un second front. Cette ouverture d’un second front est devenue le
leitmotiv de Staline* depuis l’invasion de l’URSS*. En mai 1942, le
président américain promet à Molotov* de soutenir activement l’URSS*.
Promesse ? Car comment et où frapper ?
— Sur les côtes de France* ? Une telle opération n’est pas possible en
1942. En 1943, peut-être, et encore !
— En Norvège* septentrionale ? Projet soutenu par Churchill*.
— Sur Brest ou Cherbourg ? Il y a risque de tomber dans un cul-de-sac.
— En Afrique du Nord ? Churchill* s’y rallie. L’opération lui paraît
militairement la moins risquée. Roosevelt*, raisonnant de même, approuve. À
une condition : action de caractère strictement américain, les Anglais étant
par trop persona non grata auprès des Français, après Mers el-Kébir*,
Dakar* et la Syrie*.
À la mi-juillet 1942, les principaux responsables militaires se réunissent à
Londres. Les discussions s’enlisent. De Washington, Roosevelt* fait pencher
la balance. Ce sera le projet Gymnast*, débarquement en AFN à réaliser
avant le 30 octobre au plus tard. Churchill* se réjouit et rebaptise l’opération
Torch*. Elle sera la torche de la liberté.

2. LES PRÉPARATIFS
À ce débarquement, qui sera à dominante américaine, il faut un
responsable. Ce sera le général Eisenhower*, envoyé en Angleterre quelques
mois plus tôt pour organiser les forces américaines commençant à s’y
regrouper. Une fois investi, Eisenhower* s’entoure. Des Américains ! Pour
adjoint, le général Clark*, quarante-six ans. Aux responsabilités terrestres
majeures : Patton*, Fredendall, Ryder. À l’air : Doolittle*, le héros du raid
sur Tokyo*. Un seul Anglais : Cunningham*, l’amiral qui a résolu en
souplesse le problème de la flotte française d’Alexandrie* et évité un second
Mers el-Kébir*, prend en charge la marine.
L’état-major de Torch* constitué, que décidera-t-il ? Plus exactement,
que décideront les responsables politiques et les hauts états-majors ?
Le Maghreb, devenu l’Afrique française du Nord, est vaste. Près de
2 000 km séparent Casablanca de Tunis. Sa profondeur varie : 3 à 400 km
entre Méditerranée* et immensité saharienne, plus du double aux deux
extrémités.
Les Américains, plaidant la sécurité, ne voudraient débarquer qu’au
Maroc*. Les Britanniques qui connaissent bien la Méditerranée* souhaitent
aller plus loin. Ils n’hésitent pas à parler, avec force, d’Algérie*, de Tunis et
Bizerte. Roosevelt*, devant tant d’insistance, donne son accord pour
Casablanca, Oran et Alger, l’est Constantinois avec Bône (Annaba) restant
exclu.
Comment réagira Franco* ? Et les Allemands ? Exigeront-ils un droit de
passage par l’Espagne* ?
Le plan allié peu à peu prend forme. 35 000 Américains, sous Patton*,
débarqueront au Maroc*. 39 000 autres en Oranie, 10 000 encore et 23 000
Anglais dans l’Algérois. Total, un peu plus de 100 000 hommes.
Le 6 septembre, Eisenhower* fixe la date : 8 novembre.
Il faut évidemment donner le change aux agents ennemis. La distribution
de tenues légères tend à faire croire que l’opération est destinée à la
Tripolitaine ou à Bassorah.
La grande inconnue réside dans l’attitude des Français d’AFN. Se
comporteront-ils en amis ou en ennemis ? L’état-major allié envisage jusqu’à
18 000 hommes hors de combat s’ils résistent.
La France* est chez elle en Afrique du Nord où plus d’un million
d’Européens se sont implantés. Elle régente les deux protectorats, Tunisie* et
Maroc*, et les trois départements algériens d’Alger, d’Oran et de
Constantine.
Weygand* fut le grand maître de cette AFN. Il y a prêché l’esprit de
revanche et a été évincé en novembre 1941 sur ordre des Allemands. Le
général Noguès*, résident général, commande à Rabat. Il bénéficie de
l’amitié du souverain, Mohammed V. L’amiral Esteva* assure les mêmes
fonctions à Tunis auprès du bey Moncef*. À Alger, l’autorité se divise.
Chatel est gouverneur général. À ses côtés, le général Alphonse Juin*, libéré
d’Allemagne* sur l’intervention expresse de Weygand*, commande les
forces terrestres d’AFN. La marine est évidemment aux mains des amiraux :
Michelier à Casablanca, Moreau à Alger, Derrien* à Bizerte.
L’AFN de 1942 est pétainiste et ne s’en cache pas. L’armée tout autant,
sans être pour cela pro-allemande. Elle prépare la revanche. Mal équipée
mais bien encadrée, l’armée française d’AFN peut représenter un obstacle
sérieux pour un envahisseur éventuel. Le Jean-Bart*, ancré à Casablanca,
possède des 380 redoutables et il n’est pas seul.
D’entrée, Roosevelt* a posé un préalable aux contacts à prendre avec les
Français : pas un mot à de Gaulle*. Il le juge cassant, autoritaire et a même
tendance à le regarder comme un apprenti dictateur.
Les Français dits libres éliminés d’office, demeurent les autres. Ils
constituent, pour l’heure, les gros bataillons. Parmi eux, les partisans de la
revanche ne manquent pas. L’homme de Roosevelt* dans la place, Robert
Murphy*, consul américain à Alger, avait négocié des accords économiques
avec Weygand* dans l’espoir d’aboutir à des accords politiques. Weygand*
parti, il a cherché d’autres interlocuteurs. Il a trouvé aisément ceux qui
formeront le groupe dit des cinq* : Lemaigre-Dubreuil, Rigault, Van Hecke,
Henri d’Astier et Saint-Hardouin. Ils sont en liaison avec des militaires et non
des moindres, le général Mast qui commande la division d’Alger, le général
de Monsabert* qui commande à Blida, le colonel Jousse de l’état-major du
XXe corps.
Ces hommes, civils et militaires, qui aspirent à l’entrée de la France*
dans la guerre et qui sont persuadés que cette rentrée se fera depuis l’AFN,
ont conscience d’avoir besoin d’un chef de renom. Weygand* ? Il se refuse à
devenir un rebelle. De Gaulle* ? Non ! Le Gabon*, Dakar*, la Syrie*. Juin* ?
Intelligent, germanophobe certes, mais manquant par trop de caractère.
La solution surgit brusquement en avril 1942. Le général Henri Giraud*,
soixante-trois ans, réussit une évasion spectaculaire de la forteresse de
Koenigstein où il était détenu. Contacté, il dit oui, trop heureux d’exprimer
son patriotisme qui est certain et ses talents qu’il juge grands.
Pour Roosevelt* et Murphy*, ce général au passé glorieux apparaît
comme l’homme dont ils ont besoin pour entraîner l’armée d’Afrique* dans
la guerre. Même Churchill*, lassé de ses démêlés avec de Gaulle*, se laisse
séduire.
Les Américains, sans attendre, font demander à Giraud* s’il est
disposé « à travailler avec le président Roosevelt* à la libération de la
France*, et dans quelles conditions ». Ses conditions, l’évadé de Koenigstein
s’empresse de les faire connaître :
1. La France* sera rétablie dans son intégrité territoriale du 1er septembre
1939, en métropole et en dehors de la métropole.
2. La souveraineté française sera entière en territoire français, partout où
des troupes françaises combattront aux côtés des troupes américaines.
3. Le général Giraud* aura le commandement en chef des forces alliées
sur le théâtre d’opérations où combattront des troupes françaises.
4. Le taux du franc par rapport au dollar équivaudra à celui consenti par
l’Angleterre* au général de Gaulle* par rapport à la livre sterling.
Fin juillet, Washington fait connaître sa réponse : « Conditions
acceptées ».
Giraud* se voit déjà le nouveau Foch d’une vaste coalition groupant
Français, Américains, voire Anglais, pour libérer la France*.
En Algérie, les cinq* voudraient y voir clair. Ils réclament à Murphy* la
tenue d’une conférence avec des représentants qualifiés. Fait extraordinaire
mais révélateur de l’intérêt porté à la collaboration française, il leur est rendu
une réponse positive. Ce sera la conférence de Cherchell*.
Murphy* ne s’interdit pas de doubler, entre-temps, ses amis algérois. Il
contacte Juin* par l’intermédiaire de son chef de cabinet. Il a des entretiens
avec le lieutenant-colonel Chrétien, chef des services spéciaux en Algérie*. Il
noue des liens avec Darlan*, par l’amiral Fenard et le fils de l’amiral, Alain
Darlan. La tâche, il est vrai, lui est facilitée. Darlan* envisage désormais un
succès allié. Juin* désire connaître l’aide éventuelle des Américains en cas
d’intervention militaire allemande en AFN. Les deux naturellement sont
condamnés à la prudence.

3. LES DERNIERS JOURS


Les Allemands se doutent-ils ? Ils ont des présomptions mais non des
preuves. Leurs observateurs à Algésiras ont rendu compte d’une agitation
accrue à Gibraltar*. Le sultan du Maroc*, informé par des indiscrétions, a
prévenu le grand mufti de Jérusalem qui travaille pour l’Abwher* de
l’imminence d’une action américaine au Maroc*. Faute d’éléments probants,
Hitler* et l’OKW* en restent au ravitaillement de Malte* ou à une action en
Cyrénaïque sur les arrières de Rommel*.
Côté Alliés*, Gibraltar* est devenu la plaque tournante de l’opération.
Eisenhower* y a installé son PC. Les convois ont pris la mer. Depuis les
États-Unis*, la Western Task Force, sous Patton*, vogue vers le Maroc*. La
Center Task Force, sous Fredendall, a quitté la Clyde. L’Eastern Task Force
de Ryder est partie, elle, de Grande-Bretagne*. Toutes deux naviguent sous la
protection de la Navy*. D’après le programme, elles passeront Gibraltar*
dans la nuit du 5 novembre. L’imposante colonne de 40 navires de transport
et 160 bâtiments de guerre se dirigera ensuite vers l’Oranais et l’Algérois.
Les conjurés français attendent. Murphy*, fin octobre, se jette à l’eau. Le
29, il informe Mast. Le général ne dispose que d’une semaine pour agir.
Giraud*, informé, est déçu. Trop proche selon lui. Le plan d’un
débarquement qu’il avait prévu dans le midi de la France*, en liaison avec
l’armée* de l’armistice, n’a pas été retenu. Cependant, il n’a plus le choix.
Dans la nuit du 5 au 6 novembre, il embarque avec son fils Bernard, le
capitaine Beaufre et le lieutenant de vaisseau Viret à bord du Seraph devenu
le grand spécialiste des missions délicates. Récupérés par un hydravion, ils
seront à Gibraltar* le 7 au soir.
Une autre déception y attend le général. Il partait pour devenir
commandant en chef des forces alliées. Il se découvre simple spectateur. Il
acceptera finalement de ne se voir imparti de responsabilités qu’en arrivant à
Alger. D’autres déconvenues l’y attendent.

À Casablanca :
Le général Béthouart*, commandant la division, a de longue date donné
son accord aux cinq. Le 2 novembre, Rigault, arrivé par le train, lui apprend
l’imminence du débarquement. Il doit donc avec ses adjoints, le colonel
Magnan, commandant le RICM, et le lieutenant-colonel Molle, son chef
d’état-major, neutraliser les éléments suspects ou douteux, le moindre d’entre
eux n’étant pas le résident général, le général Noguès*.

À Oran :
La conjuration demeure embryonnaire. À Alger, par contre, les conjurés
sont mieux à même de prendre leurs dispositions. Dans la nuit du 7 au
8 novembre, ils seront près de quatre cents, jeunes dans l’ensemble, pour
occuper les points sensibles suivant les plans de Mast et Jousse.
Ces bonnes volontés ne sont pas globalement politiquement marquées.
Les communistes ont refusé de s’associer. Les gaullistes, derrière le
professeur Capitant, ne peuvent se targuer d’amener qu’une vingtaine de
participants.
Curieusement, ceux qui tireront – provisoirement – profit de l’événement
se trouvent à Alger la veille du 8 novembre. Le général Bergeret, ancien
secrétaire d’État à l’Air et inspecteur de la défense aérienne du territoire, a été
informé. Avant de partir pour Alger sous couvert d’une inspection, il a
prévenu Pétain* et lui a proposé de l’emmener. Le Maréchal s’est récusé.
La présence de Darlan*, elle, semble toute fortuite. Il s’est précipité à
Alger le 5 novembre pour venir au chevet de son fils Alain, malade, et dont
les jours paraissent en danger. Cet impératif familial n’empêche pas le
dauphin en titre, responsable de la Défense nationale, de suivre l’évolution.
Par le 2e Bureau, il a appris l’entrée d’une flotte importante en
Méditerranée*. Fort de ses contacts avec Murphy* et de ses propres
conclusions, il ne croit pas à une action sur les côtes françaises du Maghreb.
Sa surprise et son courroux seront significatifs de sa méconnaissance de ce
qui se tramait.

4. LE DÉBARQUEMENT
« Attention, Robert, Franklin arrive ! » Les initiés n’ont pas besoin de
faire preuve de grande perspicacité.
8 novembre 1942, 0 h. La Seconde Guerre mondiale a trois ans d’âge.
Brutalement, elle va changer de visage. Les Alliés* prennent l’initiative des
opérations.
Les Américains mettent leurs pas dans ceux des soldats de Bourmont de
1830. À partir de 2 h, ils débarquent à Sidi-Ferruch (et à Castiglione proche).
Ils prennent également terre de l’autre côté de la rade d’Alger, à Cap Matifou,
afin d’aller occuper l’aérodrome de Maison-Blanche. Le colonel Baril,
commandant le 29e RT, couvre la zone de Sidi-Ferruch. À Maison-Blanche,
le commandant Dartois, à Blida, le général de Monsabert*, s’efforcent de
tenir les lieux.
Dans Alger, les 400 jeunes recrutés par les conjurés occupent les points
sensibles. Darlan*, Juin* se retrouvent bloqués chez eux. Un officier couche-
tard fait basculer le scénario. Le commandant Dorange, chef de cabinet de
Juin, se rend compte de l’aspect insolite de l’environnement. Il alerte les
gardes mobiles de la caserne des Tagarins. Juin*, Darlan* se retrouvent
rapidement libres mais furieux.

À Vichy* :
Pétain reçoit en pleine nuit la visite du chargé d’affaires américain
porteur d’un courrier de Roosevelt* lui annonçant sa décision d’envoyer de
puissantes armées américaines en AFN. La réplique, rédigée par Pierre
Laval*, formule : « Nous nous défendrons. »
À 5 h du matin, Darlan* est avisé par l’Amirauté que : « L’OKW*
propose concours aviation. Sous quelle forme et en quel lieu désirez-vous ce
concours ? »
Réponse de Darlan* : « Concours sur transports au large d’Alger. »
Que conclure ? Collusion avec l’Axe* ou volonté d’un wait and see
britannique, la position des transports correspondant à une évidence
militaire ?
7 h. La radio d’Alger, encore aux mains des conjurés, diffuse un appel de
Giraud*.
Sur le terrain, Juin* a ordonné de maintenir « un contact élastique sans
agressivité » avec les Américains qui avancent applaudis par la population.
En milieu d’après-midi, ils seront sur les hauts de la ville à El-Biar et La
Bouzaréah. Quelques fusillades, quelques résistances obstinées sans plus.
Le pire a été évité mais demeure possible. L’évolution de la situation
dépend de Darlan* et Juin*. L’amiral en mesure le prix immédiat. Très
certainement, la rupture de l’armistice. Juin*, inquiet de ce qu’il appelle des
« tirailleries incontrôlées », le presse de trancher. À 16 h 30, survient le grand
tournant de l’amiral de la Flotte. Il autorise Juin* à traiter d’une suspension
d’armes sur Alger.
Juin* ne se le fait pas dire deux fois. Murphy*, trop heureux, joue les
bons offices. À 19 h, Juin* et Ryder signent un gentleman’s agreement :
cessez-le-feu sur la place d’Alger ; liberté d’accès au port pour les
Américains ; les troupes françaises réintègrent leurs casernes en gardant
armes et munitions.
A priori, tout se termine bien sur Alger. Les « tirailleries », comme les
dénomme Juin*, se soldent néanmoins par onze morts et des blessés dans les
rangs de la marine, onze morts dans ceux de l’armée de terre.
L’affaire aurait pu être plus sanglante. Le travail des cinq, l’entregent de
Murphy*, le bon sens de Juin*, la présence de Darlan*, le sang-froid des
chefs et soldats américains, la bonne volonté réciproque ont évité que le sang
ne coule par trop.
Il n’en est pas de même en Oranie et au Maroc. Patton* et Fredendall, en
vrais cow-boys, ont dégainé et tiré sans sommation. Entraînés par leurs chefs,
les Français disciplinés ont riposté.

Oranie :
Le contexte, en Oranie, est bien différent de celui de l’Algérois. Peu de
connivences. Des unités dont de nombreux cadres sont des rapatriés de
Syrie*. Anglais, FFL*, ne sont pas en odeur de sainteté.
Les convois étant signalés depuis trente-six heures, une certaine vigilance
régnait. Les débarquements dans la baie d’Arzew sont vite repérés et pris à
partie.
Les combats les plus violents se déroulent en mer et dans le port de la
capitale oranaise. Dans la nuit, deux bâtiments américains veulent forcer les
défenses des quais d’Oran pour y débarquer des commandos. Canonnés
presque à bout portant, ils subissent des pertes sévères. 200 tués sur le
Walney, 170 sur le Hartland. Les navires français ne sont pas davantage
épargnés. L’aviso Surprise, en mission de reconnaissance, est coulé. 55 tués à
son bord dont six officiers. Les torpilleurs Tramontane, Tornade et Typhon
sont sérieusement endommagés. Deux sous-marins sont portés disparus avec
leurs équipages.
On se bat également dans le ciel. Huit à dix appareils américains, cinq
français sont abattus au-dessus de Lartigue.
Dans cette Oranie qui se refuse, il est une poche aux mains des dissidents.
À Tiaret, le sous-préfet Luizet*, gaulliste de longue date, tient la ville.
Le 8 au soir, les généraux en place, Rioult et Boissau, sont informés du
cessez-le-feu intervenu à Alger. Cet exemple leur ouvrira-t-il les yeux ? Non.
Le 9 novembre sera encore une journée de lutte en Oranie.

Maroc :
Le Maroc est protectorat. Le résident général de France, le général
Noguès*, n’est officiellement que le ministre des Affaires étrangères du
sultan. Il n’en détient pas moins tous les pouvoirs civils et militaires.
Les Américains arrivent, commandés par Patton*, général sans nuances.
La diplomatie, il connaît mal. Ils débarquent manifestement en pays ennemi.
« Frappez fort et pulvérisez toute résistance. » Il y a assez de gloire pour tous.
« Bonne chance et Dieu avec nous ! » a lancé l’amiral Griffen, commandant
de la force de couverture. Avec un tel viatique, la suite s’explique. Comme
les Japonais à Pearl Harbor*, les Américains attaquent sans préavis un pays
neutre avec lequel ils entretiennent des relations diplomatiques normales.
Béthouart* a été prévenu avec un préavis trop court pour mettre en place
un dispositif cohérent. Les unités entraînées par Béthouart* et Magnan se
retrouvent vite isolées. Leurs chefs sont arrêtées et Noguès* prescrit de
résister. Oui, pourquoi prescrit-il de résister et pourquoi persistera-t-il dans
son intransigeance ? Noguès*, chef intelligent, a pris là une lourde
responsabilité. Autant que Patton*, se faisant précéder des salves de sa flotte.
Résultat : le sang coule sur les côtes marocaines, à Casablanca, à Port-
Lyautey (Kenitra), à Fedala, à Safi.
À Casablanca :
Le Jean-Bart* riposte de ses 380 tandis que la 2e escadre légère s’efforce
d’appareiller. En fin de journée, onze bâtiments auront été coulés et huit
autres endommagés. Dans le ciel, la lutte est aussi sévère. À 17 h, le potentiel
aérien du Maroc sera réduit de moitié.
À la nuit, la lutte s’essouffle partout, mais rien n’est réglé. Les
Américains ont implanté des têtes de pont à Port-Lyautey, Fedala et Safi.
Noguès*, qui compte relancer la bataille dès le lendemain, a ordonné
d’envoyer des renforts de Marrakech, Fez et Meknès. On est loin du climat de
conciliation d’Alger !
De fait, dans une armée d’Afrique* fidèle à Philippe Pétain*, en dépit
d’engagements individuels comme Mast, Béthouart* ou Monsabert*, la
poursuite de la résistance dépendra largement des ordres venus de Vichy*.
Vichy* où le gouvernement se divise. Inconditionnels de la collaboration
derrière Laval* et Bridoux. Revanchards emmenés par l’amiral Auphan et ses
amis. Pétain*, quatre-vingt-six ans maintenant, est la citadelle que chacun
veut enlever. Weygand*, arrivé en milieu d’après-midi, lui a donné des
conseils très fermes : déclarer la guerre à l’Allemagne*, résister à l’invasion
probable, ordonner à la flotte de gagner l’Afrique, rejoindre lui-même
l’Afrique du Nord. Le Maréchal n’a pas tranché.

9 novembre :
Les armes continuent de résonner en Oranie et au Maroc. Dans la nuit,
l’OKW* a sommé Vichy* d’autoriser ses avions à se baser sur Constantine et
Tunis. Le gouvernement français a cédé. En début d’après-midi, les premiers
avions à croix gammée se posent à El Aouina, l’aérodrome de Tunis. Ils
seront une centaine en fin de journée.
Dans la matinée, Giraud* arrive à Blida. Il y trouve un accueil de glace
ainsi qu’à Alger. Alger où Darlan* et Juin* ont repris autorité. Les conjurés
de la veille sont regardés comme des parias et se sont regroupés à Sidi-
Ferruch sous protection américaine.
En Oranie, la résistance faiblit. Certains, délibérément, comme le colonel
Du Vigier, font traîner les regroupements et contre-attaques prévus.
Au Maroc*, la résistance demeure très vive devant Port-Lyautey. On
commence à se battre à l’entrée de Casablanca.
10 novembre :
Dans la nuit, Juin* a rencontré Giraud*. Les deux hommes se connaissent
bien. Le colonel Giraud* et le commandant Juin* ont baroudé ensemble dans
les années 20. Ils se sont retrouvés à Koenigstein. Même si Juin* estime son
aîné, il lui reproche d’avoir brouillé les cartes. Conscient de l’importance du
mythe Pétain*, il est persuadé que le cessez-le-feu et l’engagement aux côtés
des Alliés ne peuvent passer par Giraud* qui s’est mis en marge du Maréchal.
Seul Darlan*, se réclamant de la confiance du chef de l’État, peut y parvenir.
Paradoxalement, l’Américain Murphy* est arrivé à la même conclusion.
En fin de matinée, Darlan*, ébranlé par les arguments de Juin* – unité et
désir de revanche de l’armée –, se décide. Sous sa responsabilité et au nom
du Maréchal, il ordonne un cessez-le-feu général en Afrique du Nord.
Transmis par télégraphe ou par émissaire, ces ordres partent aussitôt vers
l’Oranie et le Maroc*. Sous réserve de retards locaux, ils sont appliqués. Le
feu s’interrompt en fin de journée à Oran, dans la nuit au Maroc*.
Le 10 novembre, à midi, tout paraît clair. Les combats sont sur le point de
prendre fin. Les Américains, sous couvert de neutralité de façade, deviennent
des amis.
Entre-temps, Juin* a mandé au général Barré qui commande les troupes
de Tunisie* de prendre ses dispositions pour couvrir les communications
avec l’Algérie.
Pratiquement, ce 10 novembre à midi, le débarquement allié – l’opération
Torch* – a réussi au Maroc*, en Oranie et dans l’Algérois. Restent les cas du
Constantinois et de la Tunisie* ainsi que les problèmes politiques internes des
Français. Là, les événements se compliquent.
16 h 25. Message de Pétain* à Darlan* et aux généraux et amiraux
commandant en AFN : « J’avais donné l’ordre de défendre contre
l’envahisseur ; je maintiens cet ordre. »
C’est le désaveu complet pour Darlan*. Laval* est passé par là.
Tout se brouille. Auphan, via l’Amirauté, possède une liaison chiffrée
sûre avec Alger. Vers 15 h 30, sur l’initiative de Pétain* semble-t-il, il fait
passer à l’amiral de la Flotte un message soigneusement détruit après son
émission, reflétant la pensée réelle du Maréchal : « Ne tenez aucun compte de
nos messages et ordres officiels envoyés sous la contrainte. Sommes
pleinement d’accord avec vous. »
Darlan* aurait répondu : « Compris. »
Si ce télégramme a existé – et tout donne à penser qu’il a été envoyé puis
volontairement détruit –, il répond à ce qui fut appelé « le désaveu du
désaveu ».

11 novembre :
10 h. Coup de massue. Un autre télégramme de Vichy* : « Le Maréchal,
chef de l’État, désigne comme son seul responsable en Afrique du Nord le
général Noguès*. Transmettez à toutes autorités. »
Darlan* n’est plus rien. Pour l’intéressé, pour Juin* qui veut aller vite, ce
message est une catastrophe. Car, ce matin même, le commandant en chef des
forces en Afrique du Nord a envoyé ses ordres :
« 1. Dès réception du présent ordre, la position de neutralité vis-à-vis de l’Axe* cesse.
2. Toute tentative d’intervention des forces de l’Axe* en Afrique du Nord doit être repoussée
par la force.
3. Il y a lieu dès maintenant de se préparer à des opérations actives.
Destinataires : Préfet maritime IVe Région, Amiral Maroc, XIXe Région, Résident général
Maroc, CSTT, Air Supérieur. »

(Le CSTT est le Commandant supérieur des troupes de Tunisie*, le


général Barré.)
Le mal de la désignation de Noguès* est fait. Deux généraux récusent les
ordres de Juin*. Noguès*, selon eux, est seul habilité.

12 novembre :
Les armes se sont tues mais les Français arriveront-ils à se mettre
d’accord ? Il faut faire vite. Les nouvelles de Tunisie* sont mauvaises.
Esteva* à Tunis, Derrien* à Bizerte laissent les Allemands s’installer en
force.
Dans la matinée, on apprend le largage de deux compagnies de
parachutistes britanniques sur l’aérodrome de Bône, bientôt renforcées par le
commando No 6 et un squadron de Spitfire*. Parallèlement, les Américains
débarquent l’arme à la bretelle à Bougie et Philippeville. Les Alliés* ont
enfin un pied dans l’est algérien.
On a aussi confirmation de l’entrée des Allemands en zone libre.
L’événement bouleverse toutes les données. Le Maréchal n’est même plus
censé disposer de sa liberté.
18 h. Réunion houleuse chez Darlan*. Noguès* refuse de serrer la main
de Giraud*. Clark*, présent, s’énerve. Vers minuit, relatif consensus. Darlan*
grand patron civil et militaire à Alger. Noguès* reprenant ses fonctions à
Rabat. Giraud* prendrait le commandement d’un corps franc de volontaires.

13 novembre :
Barré est seul à écouter Juin*, mais il refuse de faire front directement
faute de moyens.
10 h. Nouvelle réunion des ténors. Juin* sauve la situation. S’adressant à
Noguès*, il lui dit :
« Allons, mon général, on ne peut pas en rester là. Le général Giraud* ne
peut tout de même pas commander un corps franc. Il s’agit de la France*. Il
faut marcher tous ensemble ! Je suis prêt à servir sous les ordres du général
Giraud*. Il faut combattre le Boche. Allons, nous sommes tous français,
serrez-vous la main ! »
Noguès* fait un geste méritoire. Il s’avance vers Giraud* et lui tend la
main.
Un conseil entre Darlan*, Noguès* et Giraud* conclut, sitôt après les
questions essentielles, celles des personnes :
1. Le général de Gaulle* ne viendra pas en Afrique.
2. Le général Giraud* se mettra aux ordres de l’amiral Darlan*.
3. Le général Giraud* commandera au nom du Maréchal.
Surtout, comme le rapportera Juin* en ses Mémoires, « fut admis le
principe de la sécession de l’Afrique du Nord et de sa collaboration totale
avec les Alliés* ».
Avec le titre de haut-commissaire, Darlan* prend la tête du
gouvernement. Giraud* devient commandant en chef de toutes les forces de
terre et de l’air. Juin* garde ses fonctions de commandant en chef terre.
Noguès* retourne à Rabat.
Est-il à noter que tous ces arrangements s’effectuent sous l’ombre
tutélaire du Maréchal ? Les présents – sauf Giraud* – se réclament de lui.
Pour preuve, deux proclamations de Darlan* et Noguès*.
Le premier termine par : « Vive le Maréchal ! »
Le second : « Au nom du Maréchal, je remets mes pouvoirs entre les
mains de l’amiral Darlan*. »
À 15 h, toujours par la ligne secrète, arrive un nouveau télégramme
d’Auphan : « Accord intime... Maréchal Pétain* et président Laval*, mais
décisions officielles soumises à autorités occupantes. »
Auphan a pris l’initiative de ce télégramme pour faciliter la tâche de son
patron à Alger. Celui-ci, qui a vécu des états d’âme, s’en félicite : « Nous
avons l’accord du vieux monsieur. »
Effectuant un rapide aller et retour depuis Gibraltar*, Eisenhower* trouve
une situation débloquée qu’il s’empresse d’entériner. Comme Clark* et
Murphy*, il comprend qu’il ne faut pas être trop rigoriste sur les principes.
L’expérience du cessez-le-feu a prouvé que Darlan* était obéi, pas Giraud*.
Efficacité prime. Que Darlan* commande, s’il sert la cause alliée. Churchill*
n’avait rien préconisé d’autre.
Le débarquement allié en AFN, commencé dans la nuit du 8 novembre,
s’achève pratiquement le 13 sur la poignée de main Darlan* – Eisenhower*.
Une autre bataille se prépare, celle de la Tunisie*.

5. LE BILAN HUMAIN DU DÉBARQUEMENT


Il a été beaucoup épilogué sur le rôle des uns et des autres, durant
l’opération Torch*, qu’ils fussent loyalistes, dissidents, ou simplement anglo-
américains.
Aux questions, aux jugements expéditifs, les chiffres apportent un
tragique éclairage. Certaines équations sont éloquentes.
— Algérois : Darlan* + Juin* + cinq* + Murphy* = vingt-deux morts
français.
— Oranie : Rioult + Boissau + Fredendall = 347 morts français, un peu
plus de 300 blessés.
— Maroc : Noguès* + Béthouart* + Patton* = 952 morts et disparus
français, un peu plus de 300 blessés.
Quant aux pertes alliées, faibles sur l’Algérois, elles montent à 570 tués,
300 disparus en Oranie, et 1 500 hommes hors de combat au Maroc. Dans les
deux camps, de lourds dommages matériels.
Après de tels affrontements, la rancœur, l’hostilité auraient pu persister
comme après Mers el-Kébir* et la Syrie*. Le comportement des chefs des
deux bords, le souci de la lutte commune estomperont presque tout de suite
les animosités. Chacun y mettra du sien. Patton* à Casablanca se montrera
grand seigneur. Il recevra ses adversaires de la veille en amis, en ayant les
mots apaisants : « Nous avons tous fait notre devoir. »
Ensuite, les combats finiront d’unir les combattants.

AFRIQUE DU SUD
Dominion britannique dans le cadre du Commonwealth, l’Afrique du
Sud, en 1939, souhaite rester neutre.
La guerre des Boers n’est pas si lointaine. Le nazisme* a des
sympathisants. La majorité noire ne voit pas l’intérêt du conflit. Le pays n’a
pas d’armée. Heureusement pour la cause alliée, le général Smuts* arrive au
pouvoir. Il entraîne son pays qui, le 6 septembre, déclare la guerre à
l’Allemagne*.
En septembre 1941, 60 000 volontaires sud-africains, dont 15 000 noirs,
seront en Égypte*. Ils participeront aux batailles de Sidi Rezegh, d’El-
Alamein* et au siège de Tobrouk* où 10 722 seront faits prisonniers. Les
rescapés se battront en Italie* d’avril 1944 à la fin. Les aviateurs sud-
africains équiperont vingt-huit squadrons qui serviront dans la RAF*. Quant
aux forces navales, elles équiperont soixante-dix-huit bâtiments de moyen et
petit tonnage. Au total, 334 000 Sud-Africains, hommes ou femmes, blancs
ou noirs, ont été volontairement mobilisés, nombreux dans le pays même, une
menace japonaise, au début de 1942, n’étant pas à écarter.
Sa situation permet à l’Afrique du Sud de tenir un rôle stratégique
essentiel. À défaut de la Méditerranée*, les convois vers le Moyen-Orient ou
l’Extrême-Orient font le grand tour. Six millions d’hommes transiteront par
les ports sud-africains.
L’économie reçoit un formidable coup de fouet. L’industrie produit du
matériel de guerre de toute nature, des casques aux véhicules.
La guerre a coûté à l’Afrique du Sud 9 000 morts, 8 000 blessés et 14 000
prisonniers.

AIRBORNE, 1ère
Britannique, elle est créée le 1er novembre 1941, sous le commandement
du général Browning.
Elle comprendra : la 1ère brigade parachutiste, créée le 15 septembre
1941, la 2e brigade parachutiste, créée le 17 juillet 1942, la 1ère brigade
planée, la 4e brigade, créée au Moyen-Orient en novembre 1942, plus un
régiments de reconnaissance blindé, un groupe d’artillerie, trois batteries
antichars.
La compagnie C du 2e bataillon réussit l’opération sur Bruneval*, le
28 février 1942. Le 3e bataillon est largué sur l’aérodrome de Bône (Annaba),
le 12 novembre 1942. Le 1er bataillon saute à Souk el Arba (Tunisie*), le
16 novembre. Le 2e bataillon est largué à Depienne (Tunisie*), le
29 novembre. Il revient très éprouvé. 1856 hommes de la 1ère brigade sautent
en Sicile*, le 13 juillet 1943.
La division débarque à Tarente en septembre 1943. La division, moins la
e
2 brigade restée en Italie*, saute sur Arnhem* en septembre 1944 où elle est
décimée. Le 4e bataillon saute sur le terrain d’aviation de Megara (Grèce*), le
12 octobre 1944.
À l’heure de la capitulation* allemande, elle est envoyée partie au
Danemark*, partie en Norvège*, pour assurer la parfaite libération de ces
pays.

AIRBORNE, 6e
La 6e Airborne britannique est créée le 3 mai 1943, sous le
commandement du général Gale.
Elle comprend : la 3e brigade parachutée, formée en novembre 1942, la
5e brigade parachutée, créée le 1er juin 1943, la 1ère Air Landing Brigade
planée, c’est-à-dire transportée par planeurs.
La 6e Airborne saute ou est planée, entre Orne et Vire, dans la nuit du 5
au 6 juin 1944, pour assurer la sécurité du flanc gauche du débarquement en
Normandie*.
Elle est engagée au sol dans les Ardennes* en décembre 1944.
6 000 hommes de la division participent à l’opération Varsity*, le
24 mars 1945.
Sur la fin de la guerre en Europe, elle est envoyée en Extrême-Orient
mais arrivera à la capitulation japonaise*.
AIRBORNE, 11e
La 11e Airborne américaine est créée le 25 février 1943, sous le
commandement du général Swing.
Elle se battra dans le Pacifique*.
Son 503e régiment saute sur Corregidor*, le 16 février 1945.
Elle saute ou est aérotransportée à Aparri, au nord de Luçon*, dans les
Philippines*, le 23 juin 1945.
Elle est la première grande unité à débarquer au Japon*, en août 1945.

AIRBORNE, 17e
La 17e Airborne américaine est créée le 15 avril 1943, sous le
commandement du général Miley.
Elle saute lors de l’opération Varsity*, le 24 mars 1945, et est
démobilisée le 14 septembre 1945.

AIRBORNE, 82e
La 82e Airborne américaine est créée en 1942, sous le commandement du
général Ridgway*.
Quatre mille de ses paras sauteront en Sicile*, en juillet 1943.
En avril 1944, elle comprendra les 504e, 505e, 507e, 508e régiments
d’infanterie parachutée, le 325e régiment plané, trois bataillons d’artillerie.
Elle saute dans le Cotentin dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, puis lors de
l’opération Market Garden* en septembre.
En décembre 1944, elle est engagée à pied dans la bataille des
Ardennes*.
Elle termine la guerre sur l’Elbe, ayant eu au combat 1 619 tués,
6 560 blessés et trente-deux morts des suites de blessures.

AIRBORNE, 101e
La 101e Airborne est créée en 1942, sous le commandement du général
Lee, remplacé par le général Taylor* le 14 mars 1944.
Elle saute dans le Cotentin dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, puis lors de
l’opération Market Garden* en septembre.
En décembre 1944, elle est engagée à pied dans la bataille des
Ardennes*.
Elle termine la guerre à Berchtesgaden* et sera démobilisée le
30 novembre 1945.
Elle reçoit la Presidential Unit Citation pour sa conduite à Bastogne*.
Son insigne est un aigle hurlant.

AIX-LA-CHAPELLE
Cité historique d’Allemagne* en bordure des frontières belge et
hollandaise.
180 000 habitants avant la guerre. Très sérieusement endommagée par les
bombardements alliés jusqu’en septembre 1944, elle est l’objet de la première
grande bataille menée par les Alliés* sur le sol allemand.
Du 12 au 15 septembre 1944, la 1ère Armée du général Hodges* s’efforce
sans succès d’investir le sud de la ville. L’attaque est reprise au nord, le
2 octobre. La ville est encerclée le 16 et après de durs combats de rues
capitule le 21. Elle est en ruine. La résistance opiniâtre du colonel allemand
Gehard Wilck a retardé l’avance de Hodges* durant plus de cinq semaines et
lui a coûté 8 000 hommes. En mars 1945, le maire d’Aix-la-Chapelle, nommé
par les Américains, sera assassiné par les Werewolves*.

AJAX
Croiseur britannique armé de canons de six pouces.
Navire amiral du commodore Harwood*, il joue un rôle essentiel dans la
bataille du Rio de la Plata*.

AK (ARMIA KRAJOWA – armée de l’intérieur –


POLONAISE)
Cette résistance armée est créée officiellement le 14 février 1942, par
fusion des mouvements déjà existants. Sous les ordres des généraux Roweck
puis Komorowski* (connu sous le pseudonyme de Bór), forte d’environ
350 000 hommes et dépendant du gouvernement polonais en exil à Londres,
elle est l’âme de l’insurrection de Varsovie*.
Elle est dissoute le 19 janvier 1945 pour éviter les risques de guerre
civile. Lors de l’occupation de la Pologne* par l’Armée rouge*, ses chefs
sont attirés dans un véritable traquenard. Début mars 1945, sous prétexte de
discuter du gouvernement d’unité nationale convenu à Yalta*, ils sont invités
à rencontrer des émissaires soviétiques.
Les 27 et 28 mars, le général Okulicki, successeur de Komorowski* à la
tête de l’AK, et 15 délégués répondent à cette invitation où il leur a été donné
garantie écrite de sécurité personnelle. Ils ne reviennent pas. On apprendra
par la suite qu’ils ont été arrêtés et transférés à Moscou où leur procès
s’ouvre le 18 juin. Accusés de subversion, terrorisme et espionnage, douze
d’entre eux sont condamnés à de lourdes peines de prison. À l’intervention de
Churchill*, Staline* répond par une fin de non-recevoir.
Nombre des cadres et combattants rescapés, environ 50 000 hommes,
seront arrêtés par l’Armée rouge* et déportés dans les goulags sibériens*.
L’AK, témoignage de l’héroïsme polonais, aurait perdu environ 100 000
hommes dans ses combats contre les Allemands.

AL (ARMIA LUDOWA – armée populaire –


POLONAISE)
Armée constituée à partir de 1943 et liée au Parti communiste polonais.
Rivale de l’AK*, ses effectifs resteront modestes (de l’ordre de 22 000
hommes).

ALAM EL HALFA, BATAILLE D’


Churchill* est volontiers rancunier. Auchinleck* paie la perte de
Tobrouk* malgré son succès à la première bataille d’El-Alamein*. Il est
remercié, remplacé le 15 août 1942 par Alexander. Gott* devait prendre le
commandement de la VIIIe Armée. Il est tué et Montgomery*, disponible,
prend sa place. C’est donc lui qui, sous les ordres d’Alexander*, dirigera la
bataille dite d’Alam el Halfa*.
Rommel*, à la fin du mois d’août 1942, après le coup d’arrêt d’El-
Alamein*, est condamné à attaquer au plus vite. Son adversaire reçoit des
renforts. Dans quelques semaines, le rapport des forces jouera par trop contre
lui.
L’héritage d’Auchinleck* n’est pas si mauvais. Une VIIIe Armée
ressoudée et disposant de 700 chars. Une ligne de défense bien choisie et bien
organisée, sur les crêtes de Ruweisat et d’Alam el Halfa, un peu en avant
d’El-Alamein*.
Dans la nuit du 30 au 31 août, Rommel* s’élance entre la crête de
Ruweisat et la dépression d’El Qattara. Il a l’intention de marcher vers l’est
sur 50 km, puis d’obliquer vers le nord. Il serait alors à même de frapper la
VIIIe Armée dans le dos tout en désorganisant ses communications. S’il
réussit, la porte du Caire lui est ouverte. Champs de mines, bancs de sable,
intervention de la RAF. Rommel* piétine et éprouve des pertes. Le général
Nehring, commandant de l’Afrika Korps*, est blessé ; le général von
Bismarck, descendant du chancelier et commandant la XXIe PD, est tué.
Risquant de manquer de combustible, Rommel* décide de réduire le
crochet envisagé et de se rabattre au plus court sur la mer. La position clé à
enlever est la cote 132 sur la crête d’Alam el Halfa.
La résistance rencontrée à Alam el Halfa, la pénurie de carburant, la
supériorité de la RAF*, imposent à Rommel* de mettre un terme à son
attaque après des pertes sérieuses. Le 2 septembre, il amorce un repli qui,
contre un adversaire plus manœuvrier, pourrait l’enfermer dans l’un des
fameux chaudrons de la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas le style
Montgomery* prudent à l’extrême et n’osant rien risquer. Le 6 septembre,
Rommel* est pratiquement de retour à sa case départ, à une trentaine de
kilomètres à l’ouest d’El-Alamein*.
Le bilan de ces six jours n’est pas si mauvais pour les Britanniques.
Rommel* a perdu 3 000 hommes, tués, blessés ou prisonniers, quatre cent
véhicules et cinquante chars. La VIIIe Armée a perdu 1 800 hommes et gagné
du temps. Les renforts, via Le Cap, continuent d’affluer. La bataille décisive
d’El-Alamein*, fin octobre, pourra s’engager dans de bonnes conditions.

ALASKA
Seule région des États-Unis* ayant véritablement subi la guerre, puisque
deux îles des Aléoutiennes* sont occupées par les Japonais et Dutch Harbor
bombardé.

ALBACORRE
Fairey Albacorre.
Avion torpilleur britannique, sorti en 1940 et fabriqué à huit cents
exemplaires.
Vitesse : 260 km/h ; autonomie : 1 500 km ; armement : 3 mitrailleuses,
une torpille de 750 kg ; équipage : 3 hommes.
Cet appareil initialement basé à terre sera ensuite embarqué.

ALBANIE
Ce petit pays de 28 700 km2, majoritairement montagneux, en bordure de
l’Adriatique, apparaît en tant qu’État en 1913.
Durant l’entre-deux-guerres, il vit sous influence italienne et sous la
dictature d’Ahmed Zagou qui s’est en 1928 proclamé roi sous le nom de Zog
Ier*. Le 7 avril 1939, Vendredi saint, l’Italie* attaque l’Albanie. La résistance
ne saurait se prolonger. Zog Ier* s’enfuit. Victor-Emmanuel III* devient roi
d’Albanie et les Italiens occupent le pays. Ils l’utiliseront comme base de
départ dans leur agression contre la Grèce*. Ils rattachent le Kosovo à
l’Albanie ainsi que des provinces grecque et macédonienne pour former une
Grande Albanie dans l’espoir de s’attirer la sympathie des Albanais.
La résistance* s’organise contre l’occupant italien. Tout d’abord, derrière
Abas Kupi et Mithat Frasheri dans le cadre d’un Front national (Balli
Kombëtar) de caractère nationaliste et bourgeois. Puis derrière Enver Hoxha,
responsable du parti communiste albanais. Durant un certain temps, les deux
mouvements font front commun, puis les divergences éclatent, comme en
Yougoslavie* entre Mihaïlovic* et Tito*. Les Britanniques finissent par
soutenir Hoxha déjà appuyé par les partisans de Tito*. L’Albanie n’échappe
pas à la guerre civile. Les Italiens, au moment de leur armistice de septembre
1943, se divisent. Les uns s’allient aux résistants, leur apportant des armes.
Les autres appellent les Allemands à la rescousse. Ces renforts rétablissent en
partie la situation, mettent en place un gouvernement fantoche et aident à
lever une 21e division SS Skanderberg, à base de volontaires musulmans, de
faible valeur, et qui devra être dissoute devant les désertions. En septembre
1944, la Wehrmacht* commence à évacuer le pays. Hoxha est le plus fort. Il
entre à Tirana le 29 novembre 1944 et pose les bases d’un nouveau régime.
La République populaire d’Albanie est proclamée. Le roi Zog* est condamné
à l’exil. Pour des décennies, l’Albanie, sous la poigne de Hoxha, s’isole et se
durcit. Elle aura du moins recouvré ses frontières d’avant 1939.

ALBEMARLE
Armstong Whitworth Albemarle MK1.
Bimoteur britannique de bombardement, de reconnaissance et de
transport. Sorti en six cents exemplaires à partir de 1944, sera surtout utilisé
pour le remorquage de planeurs.
Vitesse : 430 km/h ; autonomie : 2 100 km ; armement : 2 mitrailleuses ;
équipage : 4 hommes.

ALÉOUTIENNES, CAMPAGNES DES


L’archipel des Aléoutiennes, possession américaine, prolonge la
péninsule de l’Alaska* vers le sud-ouest sur près de 2 000 kilomètres. Il
sépare la mer de Béring de l’océan Pacifique*.
Dans son plan d’attaque de Midway*, l’amiral Yamamoto* a concocté
une diversion sur les Aléoutiennes. À l’extrême nord, la 2e force de l’amiral
Kakuta doit bombarder Dutch Harbor, tandis que l’amiral Hosogaya occupera
Attu* et Kiska, deux îles à l’extrémité occidentale des Aléoutiennes.
Yamamoto* escompte une réaction américaine et pense l’annihiler grâce aux
puissants moyens mis en œuvre (2 porte-avions légers, 4 cuirassés, 2
croiseurs lourds et 12 destroyers). Ces forces des Aléoutiennes interviendront
le 3 juin 1942 sur Dutch Harbor et le 5 sur Attu* et Kiska. L’occupation de
ces deux îles, jointe à celle de Midway*, assurera, pense le commandement
japonais, un écran protecteur à l’est du Japon* à hauteur du 180°.
Si les Japonais perdent à Midway* le 4 juin 1942, ils glanent dans les
Aléoutiennes une petite victoire. Le raid de Kakuta sur Dutch Harbor cause
d’importants dégâts, mais échoue contre la baie de Makushi, base de
destroyers. Sans grands mérites, Hosogaya occupe Attu* et Kiska. La
première était inhabitée ; la seconde n’abritait que les dix membres d’une
station météo. En valeur absolue, le Japon* occupe un territoire américain,
raison suffisante pour l’en déloger. Pour le reste, ces îles perdues, noyées
dans les brumes, ne peuvent apporter grand concours.
Les deux garnisons d’Attu* et Kiska ont été renforcées. Faute de mieux,
dans l’immédiat, les Américains les pilonnent par mer et par air. Des pistes
ont été construites spécialement à cet effet sur Adak et Amchitka, la dernière
à 150 km de Kiska. La bataille des îles Komandorski, le 26 mars 1943,
interdit aux Japonais de soutenir Attu*.
La reconquête des Aléoutiennes a été programmée pour début mai. Le
11 mai, masqués par un épais brouillard, les 11 000 hommes de la 7e division
abordent l’île d’Attu*. Trois vieux cuirassés appuient les débarquements.
La garnison est estimée à quelques milliers de combattants. Retranchés
dans le réduit de Chichagof Harbor, ils sont, en bons Japonais, résolus à faire
payer cher leur défense.
La progression est lente et coûteuse. Le soutien constant de l’artillerie
navale et de l’aviation finit par payer d’autant que les Américains attaquent à
cinq contre un.
Un moment, Tokyo envisage de soutenir Attu*. La prudence finit par
imposer de garder le gros de la flotte à l’intérieur du périmètre stratégique
essentiel à la défense du Japon*.
Le commandant de la garnison se retrouve seul, à court de vivres et de
munitions. Le 29, le 30 mai, ses hommes se lancent dans des assauts aussi
héroïques que suicidaires en hurlant : « Les Japonais boivent le sang comme
le vin ! » Certains, faute de cartouches, s’avancent armés de leur seule
baïonnette au canon. Les survivants se suicident.
La reconquête d’Attu* coûte plus de 1 000 tués aux assaillants. Ils n’ont
fait que vingt-huit prisonniers. 2 351 cadavres japonais gisent sur les pentes
de Chichagof Harbor.
Par contrecoup, Kiska, isolée à l’est, devient indéfendable. Le 28 juillet,
les Japonais renouvellent leur opération d’évacuation de Guadalcanal*. À la
faveur du brouillard, les 5 183 défenseurs et civils sont emmenés vers les
Kouriles*. Débarqués trois semaines plus tard, les 35 000 Américains et
Canadiens ne découvriront qu’une steppe désertée. Ils auront cependant 56
tués et blessés par méprise entre patrouilles amies.
Ayant repris pied aux Aléoutiennes, les Américains se rapprochent des
Kouriles* et de l’espace soviétique. L’attaque du Japon* par le nord devient
possible. L’Alaska* n’est plus menacé.
ALEXANDER, HAROLD (1891-1969). Maréchal
britannique.
Sorti de Sandhurst, le Saint-Cyr britannique, combat sur le front français
en 14-18. À la tête d’un corps d’armée, participe à la défense de Dunkerque*
en mai-juin 1940. Il est l’un des derniers Britanniques évacués. Organise
ensuite la défense du sud de l’Angleterre* avant d’être envoyé commander en
Birmanie* où il manque de peu d’être capturé par les Japonais. Parvient,
toutefois, à ramener les débris de son armée en Inde*.
Devant le calme du front birman, est rappelé pour exercer le
commandement en chef au Moyen-Orient. Sous ses ordres, Montgomery*
gagne la bataille d’El-Alamein*. En février 1943, Alexander* devient
commandant en chef du XVe GA (1ère Armée britannique, VIIIe Armée
britannique, troupes françaises du front de Tunisie, IIe CA US). Obtient la
capitulation des forces germano-italiennes, le 13 mai 1943. Occupe ensuite la
Sicile* et débarque en Italie*. Il y commandera les forces alliées jusqu’ à la
capitulation allemande (2 mai 1945).
Promu maréchal en novembre 1944, Alexander laisse le souvenir d’un
chef courtois, intelligent et de haute valeur professionnelle. Il est
certainement avec le maréchal Slim* l’un des deux grands noms de l’armée
de terre britannique de la Seconde Guerre mondiale, la renommée de
Montgomery* étant largement surfaite.

ALEXANDRIE, OPÉRATION CATAPULT


Dans la rade d’Alexandrie, le 3 juillet 1940, est mouillée la Force X*
française de l’amiral Godfroy*.
L’amiral anglais Cunningham* reçoit des instructions identiques à celles
de l’amiral Somerville* devant Mers el-Kébir*. Mais Cunningham* n’est pas
Somerville*. Ce marin gentleman répugne à tirer sur des frères d’armes dont
les navires sont amarrés à quelques centaines de mètres des siens.
Pour éviter l’affrontement, il prend sur lui de proposer à Godfroy* trois
solutions : mettre ses navires à la disposition de l’Amirauté britannique avec
leur armement de volontaires, les désarmer sous la contrainte, les couler.
Il est alors 9 h. À 11 h, le Français répond que la troisième solution est
pour lui seule compatible avec son sens naval de l’honneur. Ce serait donc la
fin de la dizaine de bâtiments de la Force X*.
Au matin du 4 juillet, les marins français découvrent que les batteries
anglaises sont braquées en leur direction. Mers el-Kébir* va-t-il se renouveler
à Alexandrie ? Non, Cunningham* ne le veut pas. Il échange des
télégrammes avec Godfroy*. Dans le milieu de l’après-midi, entre hommes
de bonne volonté, un terrain d’entente se dessine. Godfroy*, réaliste,
propose : de débarquer le mazout, de déposer au consulat de France*, hors de
tout contrôle anglais, les obturateurs d’artillerie et les pointes percutantes des
torpilles, de procéder au débarquement d’une partie des équipages.
Cunnigham* donne son accord avec une profonde reconnaissance. Le
pire a été évité. Le 7 juillet, un gentleman’s agreement est signé entre les
deux parties. L’escadre d’Alexandrie sera épargnée. On pourra épiloguer sur
sa passivité du moment, tandis que le monde s’embrase. Cette trêve durera
jusqu’en mai 1943. Les marins d’Alexandrie reprendront alors le combat
avec des bâtiments intacts. Il y aura eu toutefois 353 évasions au profit des
FFL* sur les 3 000 marins français d’Alexandrie.

ALGÉRIE
L’Algérie, en septembre 1939, est terre française avec trois départements,
Alger, Oran, Constantine, et l’immensité saharienne. La mobilisation
s’effectue sans incidents.
Le régime de Vichy*, au lendemain de la défaite, est bien accepté.
Pétain* a gardé tout son prestige. L’abolition du décret Crémieux* satisfait
l’opinion musulmane.
Cette Algérie française connaît son premier incident grave avec la révolte
du régiment de marche du Levant, en 1941, qui génère des dizaines de morts.
Le débarquement du 8 novembre 1942, fait rentrer l’Algérie dans la guerre
aux côtés des Alliés*. Les troupes d’Algérie partent pour la Tunisie*,
l’Italie*, puis la France*. 134 000 Algériens musulmans, majoritairement
volontaires, sont sous les drapeaux aux côtés de leurs camarades européens
mobilisés des classes 1919 à 1945. Les uns et les autres verseront
généreusement leur sang pour la délivrance de ce qui est présenté comme la
mère patrie.
Alger devient capitale de la France* en guerre sous Darlan*, Giraud*,
Giraud*- de Gaulle* et enfin de Gaulle* seul. Cherchell* forme 5 000 futurs
officiers, tandis que l’Algérie se transforme en plate-forme de préparation à la
Libération*.
L’affaiblissement de l’autorité française avec la présence des Anglo-
Américains favorise le développement du nationalisme. Ferhat Abbas, le
31 mars 1943, lance son Manifeste du peuple algérien. Messali Hadj, en mai
1945, déclenche la révolte dite de Sétif qui fait 113 morts européens et des
milliers de morts musulmans au terme d’une répression sanglante. (Les
chiffres extrêmes, certainement erronés, vont de 2 000 à 45 000 morts.)
C’est une Algérie où la scission entre les communautés s’est aggravée qui
aborde la décennie avant le début de la guerre d’indépendance.

ALLEMAGNE
L’Allemagne voulait effacer ce qu’elle appelait le « diktat de
Versailles ».
Crise économique aidant, elle se donne à Hitler*. S’il y eut une résistance
allemande* au régime nazi, les Allemands ont toutefois : amené Hitler* à peu
près légalement au pouvoir ; fourni au dictateur la SS*, la Waffen SS*, tous
les nervis et séides qui ont participé aux horreurs et atrocités du nazisme*,
des camps de concentration* à la Solution finale* par la Gestapo*, les
Einsatzgruppen*, etc. ; donné au Führer* les chefs militaires et les soldats qui
furent, au départ, les artisans enthousiastes de ses conquêtes militaires. Le cas
Rommel* illustre cette adhésion.
La responsabilité du peuple allemand dans la sanglante aventure du IIIe
Reich* est largement engagée. Il devait terriblement en payer le prix :
bombardements*, occupation soviétique, pertes civiles et militaires, ruine
économique, réfugiés, etc.
La Wehrmacht*, voulue par Hitler* et organisée par les bons soins des
états-majors (OKW*, OKH*, etc.), permet à l’Allemagne, après ses succès
politiques – intégration de l’Autriche* et de la Tchécoslovaquie* –, de
remporter des victoires qui semblent un moment sans appel : chute de la
Pologne* ; chute de la France* ; invasion de l’Europe occidentale :
Danemark*, Norvège*, Belgique*, Hollande*, Luxembourg* ; invasion des
Balkans*, Yougoslavie*, Grèce* ; invasion d’une grande partie de l’URSS*
après le déclenchement de Barbarossa* ; marche de Rommel* sur l’Égypte
avec la chute de Tobrouk*.
À la fin de 1942, le sort des armes bascule, les défaites s’enchaînent : El-
Alamein*, Stalingrad*, Tunisie*, Koursk*, armistice italien* ; et les armées
alliées et soviétiques poursuivent inexorablement leur marche vers
l’Allemagne.
Overlord*, Dragoon* et les offensives de l’Armée rouge* conduisent, en
dépit du bref sursaut des Ardennes*, au suicide de Hitler* et à la capitulation
allemande* sans conditions le 8 mai 1945.
Toute l’Allemagne est occupée par les armées américaines, britanniques,
françaises, soviétiques. Cette occupation permet de découvrir l’horreur des
camps et les dévastations du pays. La majorité des villes et centres industriels
a été en grande partie rasée.
L’Allemagne en 39-45 a eu 7 060 000 morts, soit : 3 250 000 militaires,
3 810 000 civils.
En mai 1945, elle compte 10 millions de prisonniers*. Certains ne
rentreront que très tard, dans les années 1950 ; ceux de l’URSS*, pour
beaucoup, jamais.
L’épuration* dans ce pays ayant accepté ou subi le nazisme* sera sévère.
Le TMI de Nuremberg* châtiera les grands coupables ; les tribunaux
militaires alliés et allemands frapperont les seconds couteaux (voir
Épuration).
Si ses frontières occidentales restent intactes, celles de l’Est* sont
profondément modifiées. La ligne Oder-Neisse*, nouvelle frontière avec la
Pologne*, l’ampute de vieux territoires germaniques : la Silésie, la
Poméranie, une partie de la Prusse-Orientale cédées à la Pologne*. L’URSS*
s’est adjugée le nord de la Prusse-Orientale avec Königsberg, la capitale,
rebaptisée Kaliningrad.
L’Allemagne issue de la Seconde Guerre mondiale ne compte plus que
356 000 km2 contre 470 000 en 1937. Dix millions de personnes ont été
jetées définitivement hors de leurs foyers d’origine. Et le pays se retrouve,
pour près d’un demi-siècle, scindé en deux, soit future RFA, 248 000 km2,
future RDA, 108 000 km2.
Par ses conséquences pour le pays, par l’opprobre jeté à jamais sur cette
période de son passé, avec la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a vécu
les heures les plus noires de son histoire. Hitler* et elle-même en sont les
grands responsables.
ALLEMAGNE, CAMPAGNE D’
Cette campagne vise à l’invasion complète du territoire allemand.
Elle se déroule sur deux fronts, occidental et oriental, et elle est
relativement courte. Du côté des Occidentaux, elle ne démarre que le 8
février 1945 après la remise en ordre du saillant des Ardennes*. Côté
soviétique, on peut considérer qu’elle débute le 21 mars, l’Armée rouge*
ayant toutefois, à cette date, déjà pénétré en Allemagne et atteint l’Oder.
À l’ouest, Eisenhower* a décomposé sa manœuvre en trois phases :
destruction de l’ennemi à l’ouest du Rhin et alignement des troupes le long
du fleuve ; conquête de têtes de pont à partir desquelles se poursuivront les
opérations vers l’intérieur de l’Allemagne* ; destruction de l’ennemi à l’est
du Rhin et progression au cœur de l’Allemagne*.
Ce plan sera suivi et réalisé. Pour l’attaque qu’il prépare, Eisenhower*
dispose de 71 divisions dont 25 blindées. Elles seront portées à 85 en mars
avec l’arrivée de renforts. Évidemment, ces divisions bénéficient de la
maîtrise du ciel.
À l’est, l’Armée rouge* possède une masse gigantesque en place depuis
janvier sur l’ensemble du front de l’Est* : 11 500 000 hommes, 11 000 chars
et automoteurs, 91 400 canons et mortiers, 3 000 lance-fusées et 14 500
avions.
Pour faire face, les Allemands ont, sur le papier : 50 DI et 12 PD* à l’est
et 71 DI dont 8 PD* à l’ouest. Mais dans quel état ! À peine représentent-
elles à l’ouest la moitié du potentiel de leur adversaire, le quart peut-être à
l’est et toujours sans soutien de la Luftwaffe*.

À l’ouest :
L’offensive débute le 8 février avec l’action du XXIe GA de
Montgomery* (1ère canadienne Crerar*, 2e britannique Dempsey*, 9e
américaine Simpson*). Du 8 février au 5 mars, ces trois armées se portent
pratiquement sur le Rhin de Nimègue à Cologne et font face à la Ruhr.
Le 6 mars, le 12e GA de Bradley* attaque à son tour (1ère américaine
Hodges*, 3e américaine Patton*). En quatre jours, il longe le Rhin de
Cologne à Coblence et la Moselle de Coblence à Trèves.
Le 11 mars, le 6e GA de Devers* (7e américaine Patch*, 1ère française de
Lattre*) démarre avec la 3e américaine de Patton*. Sous réserve d’une poche
dans le Palatinat, le Rhin est bordé intégralement de Coblence à Bâle en
quatre jours.
La fortune sourit aux Américains. Le 17 mars, Hodges* s’empare, par
surprise, du pont de Remagen*. Il a sur la rive droite du Rhin un pied qu’il
s’empresse d’exploiter. Quant à Patton*, toujours aussi agressif, dans la nuit
du 22 au 23 mars, il franchit le Rhin à Oppenheim, un peu au sud de
Mayence. Hodges* et Patton* vont désormais piquer plein est et nord-est.
Montgomery* n’a ni la chance ni l’audace des deux Américains. Le
23 mars, il déclenche l’opération à grand spectacle Varsity*. Lui aussi se
retrouve sur la rive gauche du Rhin à hauteur de Wesel.
Tout va aller très vite devant les poussées alliées. Le 4 avril, la Ruhr est
encerclée et Patton* atteint la Thuringe. Le 19 avril, Montgomery* approche
de Hambourg, Simpson* est sur l’Elbe, Hodges* à Leipzig, Patton* à la
frontière tchécoslovaque, Patch* à Nuremberg et de Lattre* déborde la Forêt
Noire. Le 25 avril, la liaison sera effective avec les Soviétiques à Torgau*.
Toute la partie occidentale et centrale de l’Allemagne est occupée.

À l’est :
Les Soviétiques attaquent à partir du 21 mars depuis l’Oder et la Neisse
sur un front plus étroit, moins de 500 km, avec une arrière-pensée. S’ils se
sont donnés Berlin* comme objectif premier, ils songent à l’après-guerre et
regardent vers la Tchécoslovaquie*, la Hongrie* et la Roumanie*, d’où de
violentes offensives dans ces directions. Hitler*, pour sa part, privilégie la
Hongrie* au détriment de Berlin* au grand dam de Guderian* (voir Budapest
et Balaton).
Trois fronts, Rokossovski*, Joukov*, Koniev*, marchent sur Berlin*
atteint le 16 avril. Tout y sera terminé le 2 mai.
À l’heure de la capitulation allemande*, le 7 mai, pratiquement toute
l’Allemagne sera submergée. Ne subsisteront que quelques poches :
Schleswig-Holstein, Saxe méridionale.
Les Allemands n’avaient pas connu les combats sur leur sol en 14-18 et
doutaient de leur défaite militaire. Le 7 mai 1945, ils ne peuvent pas la
contester.
ALLEMAGNE, CAPITULATION DE L’
(voir CAPITULATION ALLEMANDE)

ALLIANCE, RÉSEAU
« L’un des premiers et plus importants services de renseignements sous
l’occupation » (Charles de Gaulle*).
Il est créé après l’armistice par le commandant Loustaunau-Lacau, ancien
saint-cyrien classé très à droite et héroïque combattant de 14-18. Pétainiste
aux origines, patriote et germanophobe, Loustaunau-Lacau, Navarre, recrute
principalement dans les milieux militaires et diplomatiques. Dès avril 1941, il
bénéficie de l’appui britannique.
Après l’arrestation de Navarre, en juillet 1941, Marie-Madeleine Meric,
future Marie-Madeleine Fourcade*, assume avec intelligence et courage la
direction du réseau qui devient un élément essentiel de la résistance
giraudiste. Alliance assure du reste le départ de Giraud* de métropole vers
l’Algérie* en novembre 1942.
Outre Navarre et Marie-Madeleine Fourcade*, le réseau, fort de près de
3 000 membres, compte en ses rangs le commandant Faye, qui sera assassiné
par les Allemands, l’avocat Louis Jacquinot, futur ministre, Jean Roger,
mieux connu sous le nom de Jean Sainteny. En juin 1944, il disposera de 17
émetteurs le reliant à l’Intelligence Service et au BCRA* qu’il a rejoint au
printemps 1944.
Les Allemands l’avaient surnommé L’arche de Noé à cause des indicatifs
d’animaux de ses membres : M.-M. Fourcade* Hérisson, commandant Faye
Aigle etc.
Alliance a perdu 4 381 des siens. Loustaunau-Lacau rentrera de
déportation fortement éprouvé. Georges Petrel, Jean Sainteny seront faits
Compagnon* de la Libération, le premier à titre posthume.

ALLIÉS
Par Alliés, s’entendent généralement les deux grands alliés occidentaux,
les États-Unis* et la Grande-Bretagne*.
Ce sens s’élargit souvent à l’ensemble des coalisés contre l’Axe* et le
Japon*.
ALPES, BATAILLE DES
Le 3 septembre 1939, Mussolini* n’a pas osé s’engager.
Le 10 juin 1940, il sent la victoire acquise et il veut une place au festin. À
18 h, à Rome, du balcon dominant la place de Venise où il a habitude de
haranguer le populaire, il annonce l’entrée en guerre de l’Italie* contre la
France*. Malgré les appels à la prudence du comte Sforza*, le roi a la
faiblesse d’entériner. L’Italie* entame sa marche vers le gouffre.
Mussolini* se croit fort. Il se voit à la tête de soixante-dix divisions et
capable d’en mobiliser soixante-dix autres dans les meilleurs délais. Il se
leurre. À peine possède-t-il dix divisions opérationnelles et encore !
Dans l’immédiat, pour attaquer sur les Alpes, 312 000 hommes ont été
rassemblés sous les ordres de l’héritier du trône, le prince Umberto*. Cette
masse peut faire nombre mais seuls les Alpini ont quelque expérience de la
vie en haute montagne.
Les généraux italiens, sauf exception, n’ont guère d’illusions. Ils
apprécient leurs troupes à leur juste valeur et ne sont pas pressés de les voir
engagées... L’état-major ne précipitera pas l’action. Au demeurant, la qualité
du dispositif français explique cette attitude timorée.
Des contreforts du Mont-Blanc à la Méditerranée, sur près de 400 km à
vol d’oiseau, la frontière franco-italienne suit pour l’essentiel la ligne de
crêtes. En garde face à l’est, l’armée française des Alpes du général Olry a été
sérieusement amputée par les prélèvements au profit des autres théâtres
d’opérations. Elle n’aligne que 175 000 hommes, dont 80 000 combattants de
première ligne répartis en trois secteurs dits fortifiés : Savoie, Dauphiné,
Alpes-Maritimes. En avant, sur les hauts, 86 SES (Sections d’éclaireurs
skieurs) constituées avec des enfants du pays contrôlent les points de passage
obligés. En retrait, épaulés par les ouvrages fortifiés ou de campagne, 46
bataillons d’infanterie barrent le débouché des cols et l’entrée des vallées.
Pour soutenir les uns et les autres, 65 groupes d’artillerie ont repéré leurs
plans de feux. Fait important, l’armée des Alpes, bien commandée, s’est
forgée un solide moral. Elle ne craint pas l’Italie*. Au contraire !
Elle est en droit cependant de redouter la menace allemande. Le 12 juin,
les PD* sont encore sur la Seine et la Marne, elles progressent très vite. Le
17, elles atteindront la Saône. Le général Olry est un chef énergique. Le 17, il
prescrit la levée en masse pour rameuter tous les disponibles. Des divisions
improvisées se constituent pour tenir le Rhône de Lyon à Bellegarde. Une
telle mesure couvre, en principe, l’armée des Alpes sur son flanc nord.

11-21 juin :
Sur la place de Venise, Mussolini* a parlé trop vite et trop fort. Il a perdu
le bénéfice de la surprise. Dans les heures qui suivent, 53 tonnes d’explosifs,
côté français, font sauter les ponts, coupent les routes et les voies ferrées. Les
axes de pénétration, déjà peu nombreux, sont désormais interdits à des
éléments motorisés... Les hommes du prince Umberto* sont condamnés à
marcher à pied. Une marche à pied à plus de 2 000 m d’altitude où il fait très
froid. L’hiver s’attarde. À la fin de la campagne, l’armée italienne annoncera
2 141 congelati (hommes atteints de gelures profondes).
Le schéma s’avère presque toujours le même. Des colonnes italiennes,
avec plus ou moins de précautions, abordent les cols. Les SES, les postes
avancés signalent leur présence et engagent le combat. L’artillerie française
entre en action. Sous le feu, l’arrivant reflue ou reste cloué au sol. Au mieux
grignote-t-il quelques hectares d’alpage ou de pierraille. À chaque
engagement, il laisse des tués, des blessés, voire des prisonniers.
Quelques faits d’armes émergent de ces accrochages localisés. La SES du
80e BAF, celle du 7e BCA bloquent des heures durant, par le tir de leurs FM
24-29*, de forts contingents adverses. Les ouvrages ne sont pas en reste.
Dans la Redoute ruinée, les quarante compagnons du lieutenant Desserteaux
s’interposent au passage du Petit-Saint-Bernard. Même attitude, au col du
Mont-Cenis, des forts de la Turra et des Revets. Au mont Genèvre, les deux
mortiers de 280 mm du lieutenant Miguet entreprennent, non sans succès, de
réduire au silence les tourelles du fort du Chaterton qui, du haut de leurs
3 000 m, menacent tout le Briançonnais.
Le 17 juin, l’annonce de la demande française d’armistice modifie les
perspectives militaires et politiques. Le gouvernement Pétain*, à Bordeaux,
entend ne pas indisposer l’adversaire. Hitler* redoute que des exigences
italiennes ne conduisent la France* à une solution de désespoir entraînant de
sa part la poursuite de la guerre avec sa flotte et son empire. Il veut lui aussi
calmer le jeu, espérant après la paix avec la France* traiter avec
l’Angleterre*.
Le Duce* apprend avec rage que son partenaire refuse une annexion
possible de Nice, de la Corse, voire de la Tunisie*. L’Italie* n’occupera que
les territoires qu’elle aura effectivement conquis. Mussolini* est contraint de
se hâter s’il veut gagner quelque chose. Le 18 juin, il ordonne de suspendre
les hostilités. Ses troupes apprennent la nouvelle avec joie : « La guerre est
finie ! » Le 19 au soir, Mussolini* lance un ordre d’attaque générale.
Objectifs : Bourg-Saint-Maurice, Modane, Briançon, Menton, dans un
premier temps ; Chambéry, Grenoble, Nice, dans un second. Ses généraux,
cette fois, n’ont plus qu’à s’exécuter, comptant bien, au fond d’eux-mêmes,
sur l’aide allemande dans la vallée du Rhône pour glaner quelques succès.
Sur intervention de son maire, Édouard Herriot, Lyon, le 18 juin, est
proclamée ville ouverte. C’est un mauvais coup porté à l’armée des Alpes. Le
lendemain, les Allemands pénètrent dans la ville. Peu après, l’un des ponts de
Culoz tombe intact entre leurs mains. Le Rhône n’est plus un obstacle. La
défense est contrainte de se replier sur une autre ligne de résistance. Les
unités levées à la hâte par Olry tiennent bon.
À partir de leurs têtes de pont de Lyon ou de Culoz, les Allemands
parviendront à atteindre les abords de Valence et à s’emparer d’Aix-les-
Bains. Le 25 juin les trouvera sur la basse Isère et bloqués devant Chambéry
entre les pentes du Revard et le lac du Bourget. Au centre du dispositif, des
canons bien servis par des marins accourus de Toulon interdiront de franchir
la trouée de Voreppe. L’armée française des Alpes n’aura pas été tournée.
Coordonnée avec la poussée allemande, l’offensive italienne se déclenche
véritablement le 21, quoique la veille un premier effort ait été tenté sur les
hauteurs de Menton. Le prince Umberto* a opté pour trois actions
principales : Opération R sur la Riviera avec 80 000 hommes ; Opération M
au col de l’Arche avec 52 000 hommes ; Opération B au Petit-Saint-Bernard
avec 52 000 hommes.
Il engage également 40 000 hommes au Mont-Cenis, 35 000 au mont
Genèvre et 12 000 en Queyras.
Cette marée humaine de près de 300 000 Italiens devait être à même de
submerger les positions françaises. Déconvenue brutale ! Umberto* et ses
hommes n’obtiennent aucun succès marquant. Le scénario des journées
précédentes se reproduit. Les SES rivalisent d’efficacité dans leurs combats
retardateurs. Les groupes d’artillerie déclenchent leurs salves sur les
concentrations. Les ouvrages ne cèdent pas. Les pertes ennemies sont
importantes.
En quatre jours, les Italiens n’avancent que de quelques kilomètres dans
des zones évacuées par leurs habitants. Ils restent contenus à la partie
supérieure des vallées, transis de froid dans la neige et dans la brume. Des
unités se débandent. D’autres se terrent pour résister aux intempéries et aux
obus français.
À l’extrême sud, ils voudraient bien s’emparer de Menton. Menton, la
porte d’accès à Nice. Quelque 80 000 hommes attaquent dans les Alpes-
Maritimes, où n’existe guère, à l’époque, qu’une seule voie valable, la route
côtière. L’état-major italien y hasarde ses colonnes tout en amorçant des
mouvements tournants par les collines côtières. À la borne frontière de cette
route du bord de mer, un petit poste contrôle le pont Saint-Louis. 5 km en
retrait, l’ouvrage du cap Martin domine la côte et l’arrière-pays. En avant,
comme toujours, des SES celles des 20e, 25e, 49e BCA, 76e, 86e, 96e BAF, et
une série de forts : Scuvion, Pierre-Pointue, Chapelle Saint-Bernard, Coletta,
Collet du Pilon.
L’attaque, l’infiltration plus exactement, commence le 22 juin à 6 h 30.
Le brouillard facilite la progression des arrivants et les SES veillent. Le
scénario, bien rodé, se reproduit une fois encore. Combats retardateurs. Tirs
de harcèlement et d’arrêt. Résistance obstinée des forts.
Au pont Saint-Louis, la modeste garnison du fort est encerclée mais
refuse de céder. Les Italiens ne parviennent pas à déboucher. Leur
commandement a chauffé un train blindé qui se camoufle dans un tunnel
proche. Ce train s’est manifesté le 20 contre le cap Martin. Le 22, il ressort de
son abri. La contre-batterie française a raison de la vaillance – à relever – de
son commandant et de son équipage. Locomotive, wagons, canons sautent
dans des gerbes de flammes et de fumée.
Au soir de ce 22 juin, l’armistice franco-allemand* est signé. Le temps
est désormais compté pour le Duce* qui exige de ses troupes d’enlever
Menton. La ville a été évacuée le 3 juin par sa population. Le 23, à l’aube,
fidèle à la volonté de son chef, le XVe corps italien fait mouvement vers
l’avant. Le brouillard, la pluie réduisent la visibilité. Quelques percées sont
réalisées grâce au mauvais temps, mais les forts tiennent. Au Scuvion,
l’adjudant-chef Vignau s’enferme dans son fort et demande aux artilleurs de
le pilonner. Au pont Saint-Louis, les FM crachent sans discontinuer. Dans
Menton, des combats de rue infligent des pertes sérieuses à quatre bataillons
adverses. Le 24, la lassitude italienne est générale. Manifestement, de leur
côté, le cœur n’y est plus. L’armistice, signé le 24 au soir entre Huntziger* et
Badoglio*, met fin aux combats le 25 à 1 h 35 (heure italienne).
Pour zone d’occupation, l’Italie* doit se contenter des territoires où ses
troupes ont pris pied. Une amorce de la Tarentaise, trois communes des
Alpes-Maritimes (Fantan en totalité, Isola en partie, la vieille ville de
Menton) ont été seules envahies. Partout ailleurs, l’Italien a été repoussé.
L’armée des Alpes peut se glorifier d’une résistance qui est une victoire.
Elle accuse 37 tués, 62 blessés, 155 prisonniers ou disparus. En face : 621
tués, 2 631 blessés, 616 prisonniers ou disparus. Soit 3 868 hors de combat
contre 254 ! Ce rapport est éloquent. Des ouvrages, dépassés par l’ennemi,
résistent toujours et refusent de se rendre. La Redoute ruinée, la Turra, les
Revets, Plan du Lin, la Balmette, pont Saint-Louis tiennent en respect les
nouveaux arrivants. Ils ne seront évacués par leurs défenseurs que le 2 juillet
et sur l’intervention formelle du commandement français. Les Italiens
rendront les honneurs de la guerre à ces farouches combattants qui quitteront
les lieux, libres, avec armes et bagages.

ALSACE-LORRAINE
L’armistice franco-allemand* de juin 1940 ne contenait aucune clause
spécifique à l’Alsace-Lorraine.
Elle demeure terre française même si elle se situe en zone occupée. Très
vite, Hitler* viole les clauses du texte signé avec le gouvernement Pétain*.
Les trois départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle sont de
facto annexés et intégrés à des gaue allemands. Des gauleiters* les régentent.
La loi y devient la loi allemande. 200 000 francophones sont expulsés. Le
9 septembre 1940, la Hitlerjugend impose l’embrigadement obligatoire. Le
8 mai 1941, le travail obligatoire est institué à compter de dix-huit ans. Les
camps de Schirmeck et du Struthof* s’ouvrent pour recevoir les opposants.
Hitler* a donné dix ans au gauleiter* Wagner pour assimiler l’Alsace.
Le 25 août 1942, ce dernier décrète l’incorporation des Alsaciens dans la
Wehrmacht*. Son collègue Burkel, à Metz, l’imite le 29 août. Commence
alors le drame des Malgré-nous*.
Les trois départements seront libérés durant l’automne et l’hiver 1944-45.
Metz sera libérée le 21 novembre par la IIIe Armée américaine du général
Patton* ; Strasbourg* le 23 novembre par la 2e DB* française du général
Leclerc* ; Colmar* seulement le 2 février 1945 par la 1ère Armée française*
du général de Lattre*.

ALTMARK, INCIDENT DE L’
L’Altmark est un pétrolier ravitailleur de 14 000 tonnes, travaillant au
profit du cuirassé Graf von Spee*.
Après l’interception du cuirassé, il a réussi à s’esquiver et s’efforce de
rallier l’Allemagne. Au terme d’une longue course par l’Atlantique nord, il
parvient à se glisser entre Islande* et Féroé*. Comme les cargos transporteurs
de minerai, il compte sur les chenaux côtiers norvégiens pour lui offrir un
itinéraire sûr jusqu’au terme de son périple. Le 14 février 1940, en milieu de
journée, il est repéré par des avions britanniques au large des côtes
méridionales de la Norvège*. Aussitôt pris en chasse par des destroyers, il se
réfugie dans le Jossingfjord, une échancrure à la pointe sud de la Norvège*.
Les Norvégiens, interrogés sur la présence d’un navire allemande dans leurs
eaux, affirment qu’il s’agit d’un bâtiment désarmé.
À Londres, Churchill*, de par ses fonctions de Premier Lord de
l’Amirauté, est informé de l’affaire. Il connaît le rôle passé de l’Altmark aux
côtés du Graf von Spee*. Il sait aussi que l’Altmark transporte des marins
anglais capturés après la destruction de leurs bâtiments. Prenant ses
responsabilités, forçant la main de Lord Halifax*, il ordonne à la flottille de
destroyers du capitaine de vaisseau Vian* de l’arraisonner et de le visiter. Le
commandant anglais ne se le fait pas dire deux fois. Il pousse son Cossack,
accoste l’Altmark et passe à l’abordage, selon les plus belles traditions de la
flibuste. Quatre Allemands sont tués, cinq blessés ; 299 prisonniers anglais
sont libérés au milieu des cris d’allégresse : « C’est la Navy* ! »
Les Anglais exultent. Les Norvégiens protestent. Les Allemands
s’inquiètent. L’incident dit de l’Altmark pèsera dans les décisions futures des
deux camps. Cette opération, exécutée sur ordre de Churchill*, fait forte
impression sur Hitler*. Il en conclut que pour couper le ravitaillement en
minerai de fer au départ de Narvik*, d’importance capitale pour
l’Allemagne*, Churchill* n’hésiterait pas à violer la neutralité norvégienne.
D’où sa décision d’envahir la Norvège* quelques semaines plus tard.

AMALGAME
Expression datant des Temps révolutionnaires : deux bataillons de bleus
et un bataillon de blancs constituant une demi-brigade.
Elle est reprise par le général de Lattre* à l’automne 1944 pour intégrer à
la 1ère Armée française* les combattants des maquis* et les jeunes
volontaires. Cette intégration doit permettre la relève des troupes africaines
(tirailleurs sénégalais) ou nord-africaines (1er RTM, 1er et 7e RTA) éprouvées
par les combats et le climat. Elle doit également permettre la mise sur pied de
cinq nouvelles divisions : 10e DI, général Billotte ; 27e DIA, colonel Valette
d’Osia ; 1ère DI, général Callies ; 14e DI, général Salan ; 36e DI, général
Cazaud.
Ce sans tenir compte des Forces de l’Atlantique*. Cet apport de plus de
130 000 hommes n’est pas sans poser des problèmes de logistique, les
effectifs initiaux de la 1ère Armée* étant prévus à 260 000 hommes.

AMARANTE, BÉRET
Le célèbre béret amarante des aéroportés britanniques, devenu également
celui des paras français, est homologué le 29 juillet 1942.

AMBROSIO, VITTORIO (1879-1958). Général


italien.
Commande en 1941 la IIe Armée en Croatie* et en Slovénie.
Succède à Cavallero, le 1er janvier 1943, à la tête de l’armée italienne.
Travaille pour éloigner son pays de la guerre et du fascisme*. Monarchiste, il
participe à la chute de Mussolini*, le 24 juin 1943. Après l’armistice italien,
il s’efforce de ranger les troupes italiennes dans la guerre aux côtés des
Alliés*. Cède sa place au général Messe le 20 novembre 1943 et prend sa
retraite en juillet 1944.

AMERICAL DIVISION
L’une des plus célèbres divisions américaines de la guerre du Pacifique*,
la seule à porter un nom et non un numéro, la division Philippines ayant
disparu lors de la campagne des Philippines*, au début de 1942.
Elle est constituée en mai 1942 à partir de la TF 6184* stationnée en
Nouvelle-Calédonie*. Son 164e régiment part à Guadalcanal* renforcer les
Marines* en octobre 1942. Le reste de la division le rejoint en décembre avec
le XIVe CA du général Patch*. Elle combattra ensuite à Bougainville et
participera à la libération des Philippines*.

AMGOT
Allied Military Government of Occupied Territories, Gouvernement
militaire allié des territoires occupés.
Des officiers et des administrateurs américains prennent en main la
gestion des affaires courantes. Des billets de banque sont émis par les troupes
d’occupation. De Gaulle* parlera à leur sujet de « fausse monnaie ». La
France*, quant à elle, ne connaîtra pas l’AMGOT. Une administration
française avait été prévue par le GPRF* pour remplacer, dès la Libération*,
celle de Vichy*. Ainsi, après sa visite à Bayeux* libérée, le 14 juin 1944, de
Gaulle* laisse derrière lui Raymond Triboulet chargé de remplacer le sous-
préfet en place nommé par Vichy*.

AMHERST, OPÉRATION
Opération menée du 7 au 20 avril 1945 par les 2e et 3e RCP* français en
Hollande*.
Dans la nuit du 7 au 8 avril, 700 paras français, dans le cadre de la
brigade SAS*, sautent au sud de Groningue avec mission de jeter la
confusion chez l’ennemi et de préparer l’avance du 2e CA canadien. En dépit
d’erreurs de largage de quelques kilomètres, l’opération connaît un plein
succès. Avant d’être rejoints, les Français, au prix de 58 tués et disparus,
mettent hors de combat 660 adversaires, neutralisent les communications
ennemies et accélèrent la Libération* de la Hollande* du nord-est.

AMILAKVARI, DIMITRI (1906-1942). Officier


français.
Issu d’une famille princière géorgienne qui a dû s’exiler en France* lors
de la Révolution soviétique.
Saint-cyrien de la promotion du Rif (1924-1926), il rejoint la Légion*
comme sous-lieutenant à titre étranger. Il ne la quittera pas. Combats de la
pacification marocaine, campagne de Norvège* avec la 13e DBLE*. Rallié à
la France libre* le 30 juin 1940. Campagne de Syrie. Le 25 septembre 1941,
lieutenant-colonel, il prend le commandement de la 13e DBLE*. Se bat avec
elle à Bir-Hakeim* et tombe à sa tête à El Himeimat, lors de la bataille d’El-
Alamein*, le 24 octobre 1942. La promotion 1954-1956 de Saint-Cyr porte
son nom. Il avait écrit : « Nous, Étrangers, n’avons qu’une façon de prouver à
la France* notre gratitude : nous faire tuer pour elle. »
Tragédie des temps, son frère Constantin sera dans le camp opposé.
Ancien sous-officier de Légion*, premier porte-drapeau de la LVF*, il aura
les pieds gelés devant Moscou*, sera amputé et mourra avant la fin de la
guerre. Constantin Amilakvari s’est engagé à la LVF* par hostilité au
communisme. Les deux frères s’entendaient fort bien.
Compagnon de la Libération*.

AMIN EL-HUSSEINI HADJ (1897-1974).


Mufti de Jérusalem en 1921, grand Mufti dix ans plus tard, il s’oppose à
la présence juive en Palestine*.
Compromis dans le coup d’État de Rachid Ali* en Irak en 1941, trouve
refuge en Allemagne* où il est reçu par Hitler*. Appuie résolument les nazis
durant la seconde partie de la guerre. Nommé Grand inspecteur de la Waffen
SS* musulmane, encourage les Musulmans des Balkans, d’Albanie* ou de
Tunisie* à s’engager dans les Waffen* SS et prêche le Djihad, la guerre
sainte. Arrêté par les Français en 1945, il bénéficie d’une certaine
mansuétude pour ne pas envenimer les relations avec le monde arabe.
Réfugié au Caire, il continuera à soutenir la cause palestinienne.

AMIOT 143
Bimoteur français de bombardement, sorti en 1935.
Vitesse : 310 km/h ; autonomie : 1 200 km ; armement : 4 mitrailleuses,
1 300 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.
Cet appareil, lent et peu maniable, est voué à des missions de sacrifice.
Sur douze Amiot 143, engagés contre les ponts de Sedan* le 13 mai 1940, un
seul parvient à regagner sa base.

AMIOT 354
Bimoteur français de bombardement, de bonne qualité, sorti en 1940.
Seuls 86 appareils sont livrés avant l’armistice.
Vitesse : 480 km/h ; autonomie : 2 500 km ; armement : 1 canon de
20 m/m, 2 mitrailleuses, 1 000 kg de bombes ; équipage : 4 hommes.
Cet avion démontre que l’industrie française était capable de produire de
bons appareils ; encore aurait-il fallu que l’impulsion politique soit donnée.

AMIRAUTÉ, ÎLES DE L’
Cet archipel de 2 000 km2, à 400 km au nord-ouest du cap Gloucester et à
600 km de Rabaul*, sous mandat australien, est occupé en avril 1942 par les
Japonais.
Les renseignements aériens ne décèlent aucun indice de présence
japonaise importante.
Pour y voir clair, MacArthur* lance, le 29 février 1944, une
reconnaissance en force sur l’île de Manos, la plus importante. Les Japonais
sont bien là ainsi que sur l’île de Manos. La 1ère division de cavalerie doit se
battre pour enlever les lieux. Les combats se poursuivront jusqu’au 18 mai au
prix de 326 Américains tués contre 3 280 Japonais.
Par ce coup d’audace, MacArthur* a isolé un peu plus Rabaul* et couvert
au nord sa route vers les Philippines*, via la Nouvelle-Guinée*.
AMIRAUX FRANÇAIS
Vichy est l’âge d’or des amiraux français. Darlan* place ceux que l’on
appelle les ADD*, les Amis de Darlan :
Abrial, Gouverneur général de l’Algérie (1940-1941), puis secrétaire
d’État à la Marine (1942-1943) ; Auphan, secrétaire d’État à la Marine (avril-
novembre 1942) ; Decoux*, Gouverneur général de l’Indochine* (1940-
1945) ; Esteva*, Résident général de France en Tunisie* (1940-1943) ;
Robert*, haut-commissaire aux Antilles (1940-1943) ; Fernet, Secrétaire
général à la présidence du Conseil (1940-1941) ; Platon*, secrétaire d’État
aux Colonies puis auprès du gouvernement (1940-1943).

AMTRACK
Appelé par les Français Alligator (voir LVT-4 A).

ANAMI, KORECHIKA (1887-1945). Général


japonais.
En 1940, Anami est vice-ministre de la Guerre et chef de la faction qui
amènera Tojo* au pouvoir en octobre 1941.
Il commande ensuite les 8e et 2e Armées en Chine* et Mandchourie*. En
novembre 1943, il dirige les opérations en Nouvelle-Guinée*. Finalement, il
est nommé ministre de la Guerre dans le cabinet Suzuki* en avril 1945.
Il hésite entre la guerre et la paix, refusant toutefois une capitulation sans
conditions. Il refuse son aval aux jeunes officiers investissant le palais royal
le 14 août 1945 et choisit de se suicider en expiation des fautes de l’armée.
Ce suicide met un terme aux velléités de révolte militaire contre la
capitulation.

ANDERS, WLADYSLAW (1892-1970). Général


polonais.
Commandant une brigade de cavalerie, est blessé et fait prisonnier par
l’Armée rouge* en septembre 1939.
Interné, il reste vingt mois à la prison Loubianka avant d’être libéré pour
constituer une armée polonaise. Avec celle-ci, passe d’abord en Iran*, puis
rejoint l’Égypte*. À la tête de ce qui est devenu le 2e CA polonais (52 000
hommes), se couvre de gloire en Italie* en 1944 et 1945. Nommé
commandant en chef des forces polonaises de l’Ouest en janvier 1945. Après
la capitulation allemande, vivra en exil en Grande-Bretagne*, refusant de
rentrer dans son pays tombé sous la coupe soviétique. Il avait eu ce mot :
« En 1945, ce fut la fin de la guerre pour le monde, pas pour la Pologne*. »
L’avenir devait lui donner raison.

ANDERS, ARMÉE
Armée polonaise constituée en URSS*, après les accords soviéto-
polonais du 14 août 1941, sous le commandement du général Anders*.
Devant les obstacles mis par le Kremlin pour armer sa troupe, Anders*
réussit, en 1942, à la transférer en Iran* puis en Palestine*. 72 000 hommes
sont ainsi évacués, ne représentant qu’un faible pourcentage des Polonais
internés en URSS*.
En 1943, l’équipement et l’instruction s’effectuent en Palestine*,
incorporant la brigade des Carpates déjà présente au Moyen-Orient auprès
des Britanniques depuis 1940. Trois mille Juifs polonais sur quatre mille
profitent de ce séjour pour déserter et rallier le futur État d’Israël en gestation
(parmi eux, un certain Menahem Begin). 3 500 hommes par ailleurs quittent
les rangs sur ordre pour aller servir dans l’aviation.
L’armée Anders*, dénommée 2e corps polonais, compte alors 52 000
combattants, soit la 3e division de chasseurs des Carpates, la 5e division
d’infanterie des Confins, deux brigades blindées, un groupe d’artillerie, un
régiment de reconnaissance. Engagée en Italie* au début de 1944, elle se bat
à Cassino*, puis sur les bords de l’Adriatique, dans le cadre de la 8e Armée
britannique. En avril 1945, elle enlève Bologne. La campagne d’Italie* lui a
coûté 11 000 morts.
Après la guerre, Anders* et la majorité de ses soldats refusent de rentrer
dans une Pologne* sous mainmise soviétique. Transportés en Grande-
Bretagne*, ils seront démobilisés et l’exil deviendra la destinée de ces
Polonais au courage indomptable.
ANDERSON, KENNETH (1891-1959). Général
britannique.
Commande, sans grand éclat, la 1ère Armée britannique durant la
campagne de Tunisie* 1942-1943, privilégiant le plus souvent la défensive
sur l’offensive.

ANFA, CONFÉRENCE D’
Dite aussi conférence de Casablanca, Anfa étant un faubourg cossu de la
ville à sa périphérie occidentale.
Torch* a été un succès. Du coup, Roosevelt* est persuadé d’en finir en
AFN* sous quelques semaines. Cette vision optimiste le conduit, dès le
26 novembre1942, à proposer à Staline* et Churchill* de se rencontrer pour
préparer la suite. Staline* se récuse, prétextant la bataille de Stalingrad*. La
conférence aura donc lieu en petit comité. Casablanca, site d’accès
relativement aisé, est retenu pour siège de la rencontre.
Churchill* et ses conseillers arrivent les premiers, le 12 janvier 1943,
avec un dossier bien ficelé. Churchill* sait où il veut en venir : abattre
l’Italie* pour entraîner la Turquie*. Les Américains se présentent en force le
14 sans la cohésion de leurs interlocuteurs. Roosevelt* pense débarquement
en Europe de l’Ouest. Ses amiraux se tournent vers le Pacifique*. Marshall*
serait prêt à les suivre tout en restant fidèle à un débarquement en Europe
occidentale.
La rigueur du Premier ministre lui permet de dominer la partie et
d’enlever des décisions correspondant à ses vues. Priorité à la sécurité des
communications maritimes. Affirmation renouvelée de la priorité donnée à la
défaite de l’Allemagne*. Les opérations en Tunisie* terminées, conquête de
la Sicile*. Poursuite de la préparation du débarquement en Europe. En
Extrême-Orient, contre-offensive en Birmanie*, opérations pour la prise de
Rabaul* et nettoyage de la Nouvelle-Guinée*.
Avec la conquête envisagée de la Sicile*, Churchill* a marqué des points.
Il soulage Malte*, libère la route de Suez et occupe un tremplin pour jaillir à
la gorge de l’Italie fasciste*. De là, la route s’ouvrirait vers la vallée du Pô et
Vienne. Vienne, qui permettrait de coiffer Staline* en Europe centrale.
Au programme figure encore un dossier délicat : amener Giraud* et de
Gaulle* à s’entendre et à unir leurs efforts. Giraud* se rend à Aufa
d’enthousiasme, trop heureux de jouer dans la cour des grands. De Gaulle* se
fait désirer et refuse même de venir. Roosevelt*, ulcéré, incite Churchill* à
lui couper les vivres. Contraint et forcé, le chef de la France libre* se résigne.
Il acceptera de serrer officiellement la main de Giraud* devant un aréopage
de photographes. À l’issue des rencontres, deux textes sont publiés :
Giraud* et de Gaulle* constatent leur « accord sur le but à atteindre, la
défaite totale de l’ennemi et le triomphe des libertés humaines. But qui sera
atteint par l’union dans la guerre de tous les Français ».
Giraud*, surtout, reçoit un mandat officiel des gouvernements américain
et anglais :
« Ils reconnaissent au commandant en chef (Giraud*) siégeant à Alger le droit et le devoir de
préserver sur le plan militaire, économique, financier et moral tous les intérêts français. »

Alors, Giraud*, patron en titre de tous les Français en lutte contre


l’Axe* ? À priori, oui ! Mais Churchill* veille. Il défend de Gaulle*, son
poulain. Le 5 février, il se précipitera à Alger et limitera les droits du
commandant en chef aux territoires d’AFN* et d’AOF*.
À l’issue de la conférence, le 24 janvier 1943, Roosevelt* provoque une
surprise. Il emploie une formule inédite : les Alliés* se battent pour obtenir
une reddition sans conditions*. Une formule qui pèsera lourd dans la partie
ultime du conflit.

ANGLETERRE
(voir GRANDE-BRETAGNE)

ANGLETERRE, BATAILLE D’
À la mi-juillet 1940, au lendemain de la défaite française, Churchill* n’a
pas lâché.
Il a repoussé d’un revers de main les appels hitlériens à la paix. Il se
battra et défendra l’Angleterre. Hitler*, peu à peu, prend conscience de cette
intransigeance qu’il n’avait pas envisagée. Pour forcer les Britanniques à la
reddition, il ne dispose que d’une seule ressource : débarquer sur leur sol et
s’en emparer.
Le schéma allemand, fort de l’occupation du littoral européen, se met en
place. Dix divisions débarqueront en quatre jours au sud-est de l’Angleterre
entre Folkestone et Brighton. Dans le même temps, une division aéroportée
occupera les arrières du secteur Douvres-Folkestone. En soutien, trois
divisions, au départ de Cherbourg, prendront terre entre Plymouth et
Portland.
Après quoi, dans une seconde phase, six PD* et trois divisions motorisées
effectueront la percée et exploiteront en direction de Londres et de la Severn.
Faut-il encore faire traverser le Channel et la Manche aux chars et
fantassins appelés à débarquer sur le sol britannique. La Navy* et la RAF*
existent. La Kriegsmarine* se montre réservée. Son potentiel est insuffisant.
Mais voici que Goering* se targue d’écarter la Navy* du Channel et de
chasser la RAF* de l’horizon avec sa Luftwaffe*. Dès lors le combat change
de cadre. Il se jouera dans le ciel. La Luftwaffe* devra l’emporter pour que
Hitler* puisse réaliser Seelöwe*, le débarquement en Grande-Bretagne*.
Face à l’Angleterre, l’Allemagne* dispose de trois Luftflotten. L’une
d’elles, la Ve, n’interviendra qu’en une seule occasion, le 15 août, à partir du
Danemark* et de la Norvège*, avec 123 bombardiers. Les autres, IIe sous
Kesselring* et IIIe sous Sperrle*, basées en France* et en Belgique*,
mèneront seules la bataille. Elles constituent une force impressionnante : 875
bombardiers de haute altitude, Dornier 17*, Junker 88*, Heinkel 111* ; 376
bombardiers en piqué JU 87 B Stuka* ; 929 chasseurs Me 109* et Me 110*.
Si les bombardiers manquent un peu de vitesse, les chasseurs ont pour eux
leur vitesse moyenne (540 km/h) et leur puissance de feu.
La défense aérienne anglaise relève du Fighter Command* sous le
commandement de Sir Hugh Dowding* et est articulée en quatre groupes. Le
gros de l’ouvrage reposera sur le G/11 du vice-air marshal Keith Park*,
responsable de la région Sud-Est (Kent-Sussex-Essex-Hampshire) et des
approches de Londres.
À la mi-juillet 1940, la chasse anglaise aligne 650 appareils modernes en
état de vol, principalement Hurricane* et Spitfire*, deux chasseurs
d’excellente qualité. (En gros, 37 % de Spitfire*, 63 % de Hurricane*.) Elle
accuse, toutefois, une infériorité numérique sensible, 650 contre 929.
D’un côté comme de l’autre, les équipages sont valeureux. Un « duel
d’aigles », écrira l’un d’eux (Peter Townsend). Chez eux, les Britanniques
possèdent un avantage : le sort des pilotes abattus. Anglais, ceux-ci regagnent
leurs escadrilles. Allemands, ils se retrouvent prisonniers. Le commandement
anglais prescrira d’intercepter autant que possible les appareils ennemis au-
dessus de l’Angleterre. Ces directives n’empêcheront pas la majorité des
combats de se dérouler au-dessus de la Manche.
À la qualité de ses boys, l’Angleterre joindra l’efficacité de son
organisation (dispositif radar à longue distance, 170 km) et de son
commandement. Dowding* et Park* relèvent d’un autre style que l’obèse et
prétentieux Goering*. Professionnels appliqués et précis, ils vivent leur
bataille avec intelligence et sang-froid. Leurs ordres portent. Face à eux,
Goering* affirme ses certitudes sans plus.
Les historiens anglais, Churchill* en tête, voient dans ce qui restera pour
eux la bataille d’Angleterre trois phases distinctes : une bataille pour les ports
et le Channel du 10 juillet au 13 août (les Allemands l’appellent
Kanalkampf) ; la bataille d’Angleterre proprement dite, tentative avortée de la
Luftwaffe* pour détruire la chasse anglaise en s’en prenant tant aux appareils
qu’aux infrastructures ; le Blitz*, qui durera plusieurs mois pour tenter de
briser la population et le gouvernement.
Le Kanalkampf débute avant que soit pleinement au point l’opération
Seelöwe* de Hitler*. La météo est capricieuse. Temps morts, interventions
massives se succèdent au fil des ordres et des conditions météorologiques.
L’Allemagne*, en fin de compte, marque un point en dépit de ses pertes (364
bombardiers contre 203 chasseurs pour la RAF*). Il devient suicidaire, pour
les Anglais, de faire transiter un convoi par le Channel.
Début août, Goering* s’enflamme : « Le Führer* m’a donné l’ordre
d’écraser l’Angleterre avec ma Luftwaffe*. » Laquelle Angleterre, entre-
temps, s’est renforcée. 1 500 ballons, tenus par des filins d’acier, forment
barrage autour des points névralgiques ; la DCA compte maintenant 1 270
pièces de gros calibre et 620 de petit calibre.
La grande offensive aérienne allemande se déclenche le 13 août.
Adlertag*. Jour de l’Aigle, a proclamé Goering*. Dans la journée, la
Luftwaffe*, en 1 485 sorties, pilonne les aérodromes avancés et les stations
radar de la RAF*. Le 15, la Luftwaffe* renouvelle. Elle lance près de 2 000
avions, dont 800 bombardiers. 75 appareils abattus pour la Luftwaffe*, 35
pour la RAF*.
La bataille désormais sera pratiquement quotidienne. Pour les équipages
anglais, le combat semble devenir une routine meurtrière :
— 16 août : temps splendide. 45 contre 22.
— 17 août : calme. Pourquoi ?
— 18 août : un dimanche. 71 contre 27.
— 19-23 août : nuages et pluie. 32 contre 11...
L’empoignade, commencée de fait à la mi-juillet, dure depuis plus d’un
mois. Les équipages sont harassés. Chaque camp surestime les pertes
adverses... Goering* commet une erreur, une de plus. Il change de cible alors
qu’il touchait au but. Il délaisse la RAF* et ses infrastructures pour s’en
prendre aux usines d’aviation. Cette nouvelle stratégie est une aubaine pour
la chasse anglaise. Elle peut reprendre souffle et réparer ses dommages.
Commence la troisième phase, le Blitz* contre les civils. Le
14 septembre, Hitler* confirme la nouvelle orientation donnée par Goering* :
« Raids sur habitations et défenses aériennes des grandes villes, y compris
Londres. »
Terrible journée du 15 septembre. Heinkel 111* et JU 88* se ruent sur
Londres. La capitale a souffert, mais la Luftwaffe* ne peut se proclamer
vainqueur. 60 bombardiers perdus contre 26 appareils à la RAF*.
Le 17 septembre, Hitler* reconnaît son échec. Il donne ordre de remettre
l’invasion à une date ultérieure. Celle-ci ne viendra jamais, même si le Blitz*
se poursuit.
Dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, la bataille d’Angleterre
n’est pas encore le grand tournant. Elle n’est qu’un repère dans la trame de la
guerre, mais quel repère ! La RAF* l’a emporté, interdisant l’invasion de la
Grande-Bretagne. Celle-ci envahie, que se serait-il passé ?
Victoire non sans sacrifices. Sur 3 080 pilotes engagés côté anglais, 481
ont été tués, portés disparus ou faits prisonniers, 422 blessés. La Grande-
Bretagne peut être fière de ses fils. Elle ne saurait, cependant, oublier les 500
volontaires étrangers présents dans ses rangs, venus de Pologne*, France*,
Belgique*, Canada*, Nouvelle-Zélande*, Tchécoslovaquie*, Afrique du
Sud*, Rhodésie, Australie*, Jamaïque, Palestine*, voire de pays neutres tels
l’Irlande* et les USA*. Ces 3 000 pilotes méritent bien l’épitaphe célèbre de
Winston Churchill* :
« Jamais, dans l’arène des conflits mondiaux, tant d’hommes n’ont dû tant de choses à si peu
d’entre eux. »

ANGLO-NORMANDES, ÎLES
Elles sont occupées par la Wehrmacht*, en juin 1940, suite à
l’effondrement français et étaient bien incapables de s’opposer à une
invasion.
Les envahisseurs débarquent sans risques : le 29 juin à Guernesey, le 1er
juillet à Jersey, le 2 à Aurigny. Une partie de la population avait pu être
évacuée. Le restant, demeuré sur place, est contraint de cohabiter,
cohabitation dans l’ensemble de bon voisinage, sans incidents majeurs. Les
cas de collaboration sont rares. Tout au plus quelques naissances illégitimes.
Les lieutenants gouverneurs à attributs militaires se sont éloignés mais les
baillis, sur ordre exprès du Home department, sont demeurés en fonctions
avec des consignes précises : faire bon accueil à l’occupant.
Ces îles, au cœur de la Manche, offrent un intérêt militaire. Hitler leur
attribue une haute valeur stratégique. Il les fait fortifier et, le 4 mars 1944, il
les décrétera forteresses. Des prisonniers originaires du continent œuvrent
dans les pires conditions. À Aurigny, le camp Sylt, gardé par des SS*, rejoint
l’univers concentrationnaire nazi habituel.
Les Anglais semblent se désintéresser de leurs possessions en Manche.
Ils se contentent de lancer quelques raids pour sonder les défenses et
entraîner leurs commandos. Au total, sept raids se dérouleront du 13 juillet
1940 au 25 décembre 1943 avec des succès modérés.
Overlord* remet tout l’équilibre en question. Dans les îles, 30 000
Allemands se retrouvent isolés sans avoir participé au combat. Rommel*
avait demandé en vain leur repli. Hitler*, égal à lui-même, a interdit tout repli
et ordonné de se battre jusqu’au dernier.
Ces isolés vont vivre vaille que vaille avec une ration alimentaire
tombant à 1 250 calories en janvier 1945. Ils savent appartenir à la Division
Canada. Seul acte de guerre, fin décembre 1944, ils lancent un coup de
commando sur Granville faisant quelques prisonniers et rapportant un peu de
ravitaillement.
Finalement, la capitulation du 8 mai 1945 mettra un terme à cette
occupation. Le 9 mai, tout sera terminé. Le général von Schmettow et
l’amiral Hüffmeier, les gardiens des lieux, accepteront de rendre leurs armes.
L’Union Jack flottera à nouveau sur les îles.

ANSCHLUSS
En allemand, rattachement. Occupation et annexion de l’Autriche* par
l’Allemagne*, le 12 mars 1938. La France* et la Grande-Bretagne* ne
réagissent pas.
ANTONESCU, ION (1882-1946). Maréchal
roumain.
Ancien chef d’état-major de l’armée roumaine, devient Premier ministre
le 4 septembre 1940.
S’appuyant sur l’influence allemande et la Garde de fer, s’affirme
conducator, dictateur de fait, de la Roumanie, le roi Carol* ayant abdiqué au
profit de son jeune fils Michel*, dix-huit ans, et s’étant exilé. Entraîne son
pays dans la guerre aux côtés de l’Allemagne* dans l’espoir de récupérer la
Bessarabie* et la Bucovine annexées par l’URSS* en juin 1940. Ses troupes
occuperont Odessa mais connaîtront Stalingrad*. Dans la débâcle allemande
et le renversement des alliances en Roumanie*, est arrêté le 23 août 1944 et
remis aux Soviétiques puis au nouveau gouvernement roumain d’obédience
communiste. Traduit devant un tribunal populaire, est condamné à mort et
exécuté le 1er juin 1946.

ANTONOV, ALEXEÏ (1896-1962). Général


soviétique.
Officier d’état-major, assiste plusieurs commandants d’armée ou de front.
De 1942 à 1945, est chef de la direction opérations de l’état-major
général de l’Armée rouge*, c’est-à-dire assistant direct de Staline* pour la
conduite de la guerre et les plans d’opérations. Il savait parfaitement analyser,
synthétiser et présenter une situation. Ses avis étaient écoutés.
Récompense des services rendus, il sera le seul général soviétique décoré
de l’ordre de la Victoire.

ANVERS
Sur la lancée de l’avance rapide dans le nord de la France* et en
Belgique*, la IIe Armée britannique libère Anvers le 4 septembre 1944.
Le port est intact. Il pourrait être d’un apport capital pour la logistique
alliée. Montgomery* néglige de faire nettoyer les rives de l’Escaut. Il songe
d’abord à Market Garden*. Au lendemain de son échec à Arnhem*, l’amiral
Ramsay* intervient, appuyé par Brooke*. Priorité à Anvers. Un mois a été
perdu. Les Allemands ont eu le temps de s’organiser. Les combats pour
l’occupation de Walcheren qui barre l’estuaire de l’Escaut seront rudes.
Enfin, le 4 novembre, l’accès à Anvers est libre. Le déminage commence. Le
26, les caboteurs s’engageront dans l’estuaire, suivis, 48 heures plus tard, par
les premiers cargos. Début décembre, 10 000 tonnes seront débarquées à
Anvers (20 000 à la mi-décembre).

ANVIL, OPÉRATION
Nom de code initial donné au débarquement allié en Provence*, le
15 août 1944. Il deviendra Dragoon*, le 1er août 1944.

ANZIO, LA POCHE D’
Les Alliés piétinent en Italie* devant la ligne Gustav*. Churchill* n’est
pas content. Il l’écrit le 19 décembre 1943 à ses généraux :
« Il n’y a pas de doute que la stagnation des opérations sur le front
d’Italie devient un scandale. Le fait que l’on a totalement négligé de prévoir
des actions amphibies sur la côte de l’Adriatique et que l’on n’en a exécuté
aucune sur la côte occidentale est un véritable désastre. »
Opération amphibie sur les arrières du front : l’idée est lancée.
Au 1er janvier 1944, les têtes changent en Méditerranée*. Eisenhower*,
Montgomery* partent pour Londres. Wilson* devient commandant en chef
du théâtre méditerranéen. Leese* remplace Montgomery*. Alexander*,
Clark* conservent leurs commandements. Ces deux derniers ont senti passer
le souffle du boulet churchillien. Tancés, ils se hâtent de mettre sur pied un
double plan comprenant : un débarquement de part et d’autre d’Anzio, à 60
km au sud de Rome, pour prendre à revers la ligne Gustav* ; une attaque
préalable axée sur Cassino* et la vallée du Liri.
L’opération amphibie se présente sous les meilleurs auspices. Les plages
sont signalées excellentes. Overlord* étant encore éloignée, les LST* sont
toujours en Méditerranée*. La supériorité aérienne et navale des Alliés* est
totale. Anzio se situe à distance convenable de la Ve Armée qui doit pouvoir
rallier assez vite les unités débarquées. L’opportunité d’une telle manœuvre
semble évidente : menacer Rome, prendre les Allemands entre deux feux,
disperser leurs réserves contraintes à se porter sur Anzio et Cassino*.
Alors que la partie contre Cassino* se développe, celle sur Anzio
s’engage comme prévue. Tout, au début, se déroule correctement. Le 22
janvier au matin, la 1ère division britannique et des commandos prennent terre
sur les plages sablonneuses au nord d’Anzio, la 3e division US et le 504e
régiment parachutiste sur celles au sud de Nettuno. 84 LST* les ont amenés à
pied d’œuvre depuis Naples. Les Américains sont maîtres à bord. Clark* tient
à entrer le premier dans Rome. Le général Lucas, commandant du VIe CA
US, dirige l’opération, baptisée Shingle (Galet).
Ciel clair. Mer calme. Bonne protection aérienne et navale. Totale
surprise allemande. Les débarquements s’effectuent sans difficulté.
Anzio et Nettuno, désertées par leurs habitants, sont occupées. La
progression vers l’intérieur, dans la zone des marais Pontins, établit
rapidement une large tête de pont trapézoïdale. La rivière Moletta, le canal
Mussolini et celui du Pantano en marquent les limites, tout en procurant un
fossé antichar d’envergure. D’Anzio, une route remonte vers Rome* et, à
hauteur des monts Albains, rejoint la Via Appia arrivant de Gaète.
Clark* n’a pas oublié Salerne* où la réaction allemande fut rapide et
brutale. Il recommande à Lucas de se montrer prudent : « Ne sortez pas trop
vite votre cou. Je l’ai fait à Salerne* et j’ai eu des ennuis. »
Lucas n’y est que trop enclin. Ce général fatigué, malade, doutait déjà du
succès. Clark* connaissait les réserves de son subordonné. Comme il ne
désirait pas prendre de risques, Lucas lui était apparu comme le right man.
À défaut d’un départ de 100 m, Lucas met vite et bien ses troupes à terre,
60 000 hommes avec 15 jours de vivres et de munitions. Puis il s’enterre en
prévision d’une contre-attaque aussi inévitable qu’à Salerne*.
Pourtant, les 22 et 23 janvier, la route de Rome* est libre. Dans la
capitale italienne, plus d’un est même prêt à faire le coup de feu contre
l’Allemand avec les Alliés*.
Ces réflexes de rapidité que Clark* et Lucas rejettent, Kesselring* les
possède. Il a gardé deux divisions en réserve près de Rome* dans l’hypothèse
d’un débarquement, et les a envoyées à Vietinghoff*. Alors, il fait feu de tout
bois. Tandis que les 22, 23, 24 janvier Lucas s’installe, il rameute le
disponible. Lorsque, le 25, des patrouilles s’aventurent vers Carroceto,
Aprilia* et Cisterna, elles se heurtent aux embuscades d’éléments
hétérogènes (4e division parachutiste, 65e DI, 362e DI, 3e Pz Gr D). La
Luftwaffe* ose des raids sur les abords des plages, coulant le destroyer
Janus, le navire-hôpital Saint-David.
Au bout d’une semaine, 70 000 hommes s’entassent dans le chaudron
d’Anzio. Pourquoi ? Des unités de huit divisions leur font face. La totalité de
la tête de pont est sous le feu de l’ennemi. Clark* est obligé de le constater.
Faute d’agir, Anzio se transformera de plus en plus en cul-de-sac. Avec
Alexander*, il presse Lucas d’avancer et de s’emparer de Campoleone et
Cisterna.
Contraint et forcé, Lucas sort de sa coquille. Le 30 janvier, la sortie de la
division américaine vers Cisterna tourne mal. Les Rangers* sont pris au
piège. Il n’en rentre que six sur 767. Le 2 février, au sud de Campoleone, les
champs de mines et les antichars arrêtent les blindés.
Churchill* est courroucé et le fait savoir. Toujours imagé, il écrira :
« J’avais escompté que nous lancerions à terre un chat sauvage, nous n’avons fait qu’y
échouer une baleine. »

Lucas paie la déconvenue. Il est remplacé par Truscott*, l’un de ses


divisionnaires.
Hitler* n’est pas moins intéressé que Churchill* par ce qui se passe à
Anzio. Il pressent la possibilité de rejeter les Anglo-Américains à la mer.
Quel succès psychologique ce serait pour lui ! Quelle possibilité de retarder le
débarquement en Europe en contraignant l’adversaire à repenser ses
méthodes ! Quel gain de temps dès lors pour la réalisation de ses armes
secrètes ! Aussi envoie-t-il des troupes de France*, d’Allemagne*, de
Yougoslavie* ainsi que de l’artillerie lourde et 200 chars (dont quelques
Tigre*).
La bataille d’Anzio change de visage. Le VIe CA US n’est plus là pour
engager une opération offensive et couper les communications de la ligne
Gustav*. Il défend un camp retranché. Mackensen, qui commande la XIVe
Armée, le lui fait bien voir.
Le 7 février, il attaque à Aprilia et Carroceto, s’empare des deux localités
après de sanglants combats. Les panneaux de signalisation indiquent :
« Anzio : 15 km ». Grâce à ses renforts, Mackensen prépare une nouvelle
offensive – entre Aprilia et Cisterna cette fois. Son plan a reçu l’aval de
Kesselring* mais Hitler*, de loin, brouille les cartes en faisant resserrer le
front d’assaut et placer en tête une unité inexpérimentée, ce qui facilite
l’intervention de l’aviation et l’artillerie alliées. Certes, le VIe CA US est
définitivement ramené derrière la ligne des canaux, mais les pertes étant trop
lourdes, Kesselring* stoppe l’action.
Le 29, les Allemands repartent, comptant sur la pluie qui tombe à seaux ;
par contre, la météo s’améliore, la supériorité aéronavale de leur adversaire
peut jouer ! L’affaire en reste là. Anzio tourne à la guerre de tranchées. C’est
un abcès pour chaque camp qui pèse assurément sur les batailles de Cassino*.

AOF (AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE)


Cette vaste possession française de 4 750 000 km2, peuplée de dix-sept
millions d’habitants (30 000 Européens), constitue un bel ensemble : huit
colonies (Sénégal, Mauritanie, Soudan, Haute-Volta, Niger, Guinée, Côte-
d’Ivoire, Dahomey) et un territoire sous mandat (Togo). Sa capitale, Dakar*,
120 000 habitants, avec son port en eau profonde, est l’escale par excellence
vers l’Atlantique sud. La résistance de la ville, en septembre 1940, fixe le
destin immédiat de la colonie. Elle reste dans l’orbite de Vichy*, améliorant
ses défenses.
Au lendemain du débarquement allié en AFN*, son gouverneur général,
Pierre Boisson, opte pour le ralliement à Darlan* puis à Giraud*. L’AOF
rentre à son tour dans la guerre. Les tirailleurs sénégalais d’AOF rempliront
les rangs de la 9e DIC pour la libération de la France*. Dakar* sera, pour les
Alliés*, une place précieuse pour les liaisons maritimes atlantiques.

AOSTE, DUC D’ (1898-1942).


Amédée II de Savoie, mieux connu sous le nom de duc d’Aoste.
Appartenant à la famille royale italienne, il succède en décembre 1937 au
maréchal Graziani* comme vice-roi d’Éthiopie*. Commande les troupes
italiennes lors de l’offensive britannique de 1941. Vaincu et fait prisonnier,
meurt en captivité à Nairobi en 1942. À donné à ses adversaires l’image d’un
chef compétent et chevaleresque.

APENNINS, BATAILLE DANS LES


Au début du mois d’août 1944, au terme d’une bataille poursuite de huit
semaines, le front italien se fige au sud de l’Arno et du Matano. Florence a
été évacuée sans combats dans la nuit du 2 au 3 août.
En fait, le XVe GA allié n’a remporté qu’une demi-victoire. Sa
progression, si éclatante soit-elle depuis Rome, ne lui a pas permis de détruire
les armées de Kesselring*. Le maréchal allemand a pu replier le gros de ses
forces. Il barre maintenant la péninsule italienne dans les Apennins. De La
Spezia, sur la mer Tyrrhénienne, à Pesaro, sur l’Adriatique, sa ligne
Gothique*, utilisant au mieux les possibilités du terrain – relief, cours
d’eau –, représente un solide écran défensif avec fossés antichars, nids de
mitrailleuses et champs de mines.
La percée de cette ligne Gothique* ne sera donc pas une partie facile pour
le XVe GA d’autant qu’il vient d’être amputé de plusieurs de ses meilleurs
éléments. Le VIe CA US et le CEF* sont partis pour débarquer dans le midi
de la France*.
Churchill* cependant insiste pour que ses généraux reprennent
l’offensive. Il se veut sur le Pô et la Piave au plus vite.
Pour forcer la ligne Gothique*, Alexander* dispose d’environ vingt
divisions en deux armées : Ve Armée de Clark* sur le versant de la mer
Tyrrhénienne, VIIIe Armée de Leese* sur le versant de la mer Adriatique. En
contrepartie des ponctions, il reçoit quelques renforts : corps expéditionnaire
brésilien (25 000 hommes) et 92e DI US (première grande unité composée
d’hommes de couleur).
En face, Kesselring* aligne à peu près le même nombre de divisions
(moins étoffées, six bataillons au lieu de neuf), elles aussi en deux armées :
Xe de Vietinghoff* face sensiblement à la VIIIe britannique, XIVe de Lemels
face à la Ve US. Les Alliés* ont pour eux leur artillerie, leurs blindés, leur
aviation, mais le ciel sera-t-il de leur côté ?
Alexander* compte frapper en plusieurs temps, par coups de boutoir
successifs, afin de déséquilibrer son adversaire. En opérant ainsi, il espère
amener Kesselring* à déplacer ses unités au profit du secteur attaqué et finir
par créer un point faible.
L’offensive débute le 25 août avec dix jours de retard. La VIIIe Armée
attaque la première, sur l’Adriatique, à partir de Metauro et en direction de
Rimini. Assez vite les Polonais d’Anders* s’enfoncent dans la ligne
Gothique*.
En une semaine, la progression est d’une trentaine de kilomètres. À la
hâte, Kesselring* fait riper deux divisions pour la stopper. Résistance
allemande, pluies prématurées, vu la saison, l’attaque de la VIIIe Armée
s’arrête. Elle a eu l’avantage de dégarnir un peu le centre ennemi où Clark*
va s’engager à son tour avec son 11e CA en fer de lance.
Kesselring* a anticipé. Il a délibérément abandonné la vallée de l’Arno
pour défendre la ligne Gothique* sur les hauteurs des Apennins. Clark*, qui
est plus riche de blindés que de fantassins, doit livrer un combat en montagne
dans ce décor de l’Apennin toscan où les crêtes excèdent souvent
1 500 mètres.
Clark* a entamé son action le 10 septembre. Le 17, le mont Altuzzo,
point fort, est conquis de haute lutte. Le 21, la petite cité de Firuenzola, sur le
versant septentrional des Apennins, est occupée. La ligne Gothique* a été
percée une seconde fois. De nouveau, Kesselring* prélève deux divisions sur
son dispositif général. Clark*, à son tour, est bloqué.
Alexander* ne saurait en rester là. Churchill* le talonne. La VIIIe Armée
repart. Les Canadiens et la brigade grecque entrent dans Rimini. À Rimini, ils
sont sortis des Apennins et abordent le delta du Pô.
Mais Kesselring* ne renonce pas. Il organise une ligne d’arrêt sur l’Uso,
cette rivière que César franchit dans l’autre sens et qui s’appelait alors le
Rubicon. Une fois de plus, le relief et le ciel favorisent les Allemands. Outre
l’Uso, une dizaine de cours d’eau descendent perpendiculairement à
l’Adriatique, formant autant de coupures. Le temps, effroyable, neutralise
l’aviation alliée, détrempe le sol. Du 29 septembre au 2 octobre, les pluies
tombent sans interruption. La plaine, au nord de Rimini, se transforme en
marécage. Les blindés de la VIIIe Armée sont incapables de se déplacer en
dehors des axes. Kesselring*, en revanche, dispose de la RN 9 pour orienter
rapidement des unités sur Bologne où la Ve Armée renouvelle son effort.
Bologne, objectif premier de Clark* ! D’un observatoire de la Ve Armée,
il peut apercevoir la ville et la vallée du Pô. Son but s’annonce bien proche.
Aussi, il persévère. Le 6 octobre, ses éléments de tête ne sont plus, à vol
d’oiseau, qu’à 35 km de Bologne. Pour poursuivre, devant une défense
allemande obstinée, il faudrait des moyens. Il ne les a pas. Son infanterie est
épuisée. Ses SOS à Wilson* restent vains. Overlord* est prioritaire.
Alexander* ne pourra envoyer à Clark* qu’une division : la 78e DI
britannique.
Paradoxalement, Kesselring* ne se sent pas plus fort. Il voit Clark*
déboucher de Bologne et menacer ainsi tout son flanc gauche. Il doit aussi se
couvrir sur ses arrières avec le succès de Dragoon* qui met Français et
Américains à même de déboucher entre Turin et Milan par les cols alpins.
Devant le danger, il demande à Hitler* la permission de se retirer sur le Pô.
La réponse est connue d’avance. L’OKW* fait savoir que Hitler* a décidé de
défendre le front des Apennins et de tenir l’Italie* du Nord. Kesselring*
s’exécute. Ses soldats s’accrochent farouchement à leurs positions et ne
lâchent pas. Certains parleront du « miracle allemand ».
Le 20 octobre, le 11e CA qui mène l’attaque parvient à une petite dizaine
de kilomètres de la RN 9. Il n’ira pas plus loin. Ses 4 divisions sont épuisées.
Depuis le 10 septembre, 15 176 de leurs hommes ont été mis hors de combat.
Bologne est en vue mais reste insaisissable.
Une contre-attaque menée contre la 92e DI par des Italiens de la RSI*, en
bordure de la mer Tyrrhénienne, contrarie encore davantage les desseins de
Clark*. La 92e plie sous le choc. Une division de renfort doit être envoyée
d’urgence dans le secteur, ce qui dégarnit d’autant le dispositif de Clark*.
L’avance sur Bologne est définitivement ajournée.
Sur la droite, la VIIIe Armée, ne pouvant avancer dans la plaine
embourbée, grignote par le piémont des Apennins. Sa 10e division indienne
s’infiltre habilement. Menacée d’être tournée, la 90e PzGRD cède du terrain
sur la RN 9 et abandonne Cesena où la VIIIe Armée entre le 20 octobre.
Depuis Rimini, elle n’a gagné que 30 km et progresse encore un peu. Forli, à
50 km au nord-ouest de Rimini, est atteint le 9 novembre.
L’affaire grecque, survenue entre-temps, exige un supplément de troupes
britanniques. Manifestement, le XVe GA, affaibli par les ponctions pour
Dragoon* et la Grèce*, usé par la résistance allemande et les conditions
climatiques de cet impossible automne, est à bout de forces. La Ve Armée est
immobilisée sur le versant nord de la montagne. La VIIIe connaît la même
situation dans la plaine. Dans un ultime effort, elle parviendra à enlever
Ravenne le 4 décembre mais n’ira guère plus loin. La Senio en crue, la rive
méridionale du lac Comacchio marquent son avance extrême.
Le front se stabilise. Il court le long de la Senio, rejoint la région
Vergato-Montese, au sud-ouest de Bologne, puis pique à travers les Apennins
jusqu’à hauteur de Massa, aux abords de la mer Tyrrhénienne. Sous un ciel
toujours hostile, dans la neige souvent, les combattants des deux camps
s’enterrent. Nombre d’entre eux se disposent à passer un second hiver
consécutif dans la montagne. Après les Abruzzes, les Apennins...
Pour les Alliés*, c’est l’échec ; pour Churchill*, la fin d’une grande
espérance : il ne coiffera pas les Soviétiques sur le poteau à Vienne.

APP (ARMÉE DU PEUPLE POLONAIS)


Armée sous obédience soviétique, constituée en 1944 en majeure partie
avec des cadres et des soldats prisonniers et libérés.
Elle comprendra en fait deux armées : la 1ère, commandée
successivement par les généraux Zymierski-Rola, Berling, Poplavskii et
Korczyc ; la 2e, commandée successivement par les généraux Poplavskii et
Svirtsevskii.
Renforcés par la conscription dans les territoires libérés et l’enrôlement
de combattants de l’AK*, leurs effectifs devaient avoisiner 300 000 hommes
en mai 1945.

APPEL DU 18 JUIN
Appel lancé le 18 juin 1940, à 18 h, au micro de la BBC par le général de
Gaulle* :
« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises ont formé
un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi
pour cesser le combat.
Certes nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne
de l’ennemi.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle
définitive ? Non !
Car la France* n’est pas seule. Elle n’est pas seule...Elle n’est pas seule...
Elle a un vaste empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’empire britannique qui tient la
mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre*, utiliser l’immense industrie des États-
Unis*.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas
tranchée par la bataille de France*. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous
les retards, toutes les souffrances n’empêchent pas qu’il y ait dans l’univers tous les moyens pour
foudroyer un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons
vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, général de Gaulle*, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français
qui se trouvent en territoire britannique, ou qui viendraient à s’y trouver, avec ou sans leurs armes,
j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement qui se trouvent en
territoire britannique, ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Demain comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Londres. »

Cet appel est un acte capital pour la France* de la Seconde Guerre


mondiale. Il est le fondement du gaullisme et de l’autorité de son chef.
Malgré les divergences sur le bien-fondé ou non de l’armistice* de juin 1940,
il permettra à la France*, en 1945, de figurer dans les rangs des vainqueurs.
Cet appel radiodiffusé ne doit pas être confondu avec le texte remanié qui
sera placardé le 14 juillet et au début d’août à Londres, où on lit la phrase
célèbre : « La France* a perdu une bataille, mais la France* n’a pas perdu la
guerre ! »

APYL(ARMÉE POPULAIRE YOUGOSLAVE DE


LIBÉRATION)
Armée constituée par les partisans de Tito* et groupant, à la fin de 1944,
environ 200 000 hommes bien armés. De par la personnalité de son chef et
l’élimination de Mihailovic* et de ses fidèles, elle penche résolument vers le
communisme.

AR 234B-2
Biréacteur allemand de bombardement sorti en 1944 et opérationnel à la
fin du conflit, en 1945.
Fabriqué à environ deux cents exemplaires par Arado Flugzeugwerke
GmbH. Trop peu d’appareils sont effectivement opérationnels pour poser un
problème sérieux.
Vitesse : 740 km/h ; autonomie : 1 630 km ; armement : 2 canons de 20,
1 500 kg de bombes ; équipage : 1 homme.

ARABIE SAOUDITE
Officiellement neutre, l’Arabie Saoudite se range malgré tout dans le
camp allié en ne soutenant pas la révolte de Rachid Ali* en 1941, et en
autorisant une base américaine à Dhahran.
Elle déclarera finalement la guerre à l’Allemagne* et au Japon* en mars
1945.

ARAKAN, CAMPAGNES EN
La province d’Arakan, sur la côte orientale de la Birmanie*, si
montagneuse soit-elle, a l’avantage de posséder un port convenable : Akyab
(actuel Sittwe) et autour d’Akyab plusieurs terrains d’aviation.
À l’automne 1942, Wavell*, commandant en chef en Inde*, décide de
lancer une offensive en Arakan. Il envisage de s’emparer des terrains
d’aviation d’Akyab afin de bombarder Rangoon.
La première campagne d’Arakan débute le 23 octobre. Les moyens
qu’escomptait Wavell* ne lui sont pas accordés. La priorité, à cette heure,
s’appelle Torch*. La 14e division indienne s’enlise dans la péninsule de
Mayu. Un effort, en mars 1943, pour prendre Donbaik, au nord d’Akyab,
échoue. Les Japonais envoient des renforts et menacent, par leurs infiltrations
dans la jungle, de couper les Britanniques. Le 29 mars, Wavell* doit
ordonner le repli, mouvement qui se termine à la mi-mai. La campagne lui a
coûté 5 000 hommes hors de combat.
Churchill* n’aime pas l’échec. Wavell* est nommé vice-roi des Indes.
Auchinleck*, le disgracié du Moyen-Orient, le remplace comme commandant
en chef.
1944. Les Alliés*, partout, sont passés à l’offensive.
En février, Slim*, qui commande maintenant la XIVe Armée britannique,
a reçu de Mountbatten*, patron du SEAC*, deux axes d’efforts : l’Arakan,
depuis le Bengale, la Birmanie* centrale, depuis Imphal*.
Le XVe CA du général Christison* entame donc la seconde campagne
d’Arakan, direction Akyab. Assez vite, il pénètre profondément en
Birmanie*. Les Japonais réagissent habilement. Leur 55e division s’infiltre
dans la jungle et coupe les Anglais de leurs arrières. Slim avait, en partie,
prévu cette manœuvre. Il fait organiser un solide point d’appui ravitaillé par
air, sur lequel les Japonais s’usent par des assauts massifs. Fin février, faute
de ravitaillement, ils doivent se replier. À la mi-mars, le XVe CA n’est plus
qu’à une vingtaine de kilomètres d’Akyab.
Les batailles qui s’engagent devant Kohima* et Imphal* lui imposent un
temps d’arrêt.
Le XVe CA, resté sur la défensive durant ces batailles, doit attendre la fin
de la saison des pluies pour repartir. Il ne s’élance donc qu’à la fin décembre
1944 contre la 28e Armée du général Saruka : trois fortes divisions contre
deux petites. Les Japonais doivent évacuer l’Arakan. L’île d’Akyab est
occupée le 4 janvier 1945 par la 25e division indienne. L’Arakan s’achève sur
une victoire britannique, de bon augure pour la marche sur Rangoon.

ARBEIT MACHT FREI


Le travail rend libre.
Inscription allemande apposée au-dessus de l’entrée principale du camp
d’Auschwitz*.

ARCADIE
Nom de code de la première conférence de Washington* (22 décembre
1941-14 janvier 1942).

ARCTIQUE, CONVOIS DE L’
Deux routes s’offrent pour ravitailler l’URSS*.
Celle du transiranien par Le Cap et le golfe Persique, très longue et
n’assurant qu’un faible débit. Celle de l’extrême nord, dans l’Arctique,
ralliant Mourmansk, port constamment libre de glaces en hiver, est autrement
plus courte, mais combien plus dangereuse !
En 1941, les Allemands, assurés de leur victoire à l’Est*, laissent passer.
Sur treize convois (neuf bâtiments en moyenne) partis d’Angleterre*, un seul
a été détruit. En 1942, tout change. Hitler* décide d’interdire l’accès aux
ports soviétiques pour affaiblir l’Armée rouge*. Le dispositif d’intervention,
en Norvège*, contre les convois est renforcé.
Ces convois ont devant eux un parcours de 2 000 milles depuis
l’Islande*. Il leur faut remonter vers le nord par les îles Jean Mayen et des
Ours, puis passer au sud du Spitzberg, traverser la mer de Barentz, gagner les
rives de la Nouvelle-Zemble et de là Mourmansk*, Kola ou Arkhangelsk
suivant la saison. (La route d’été passe le plus au nord ; celle d’hiver, 300 à
400 km plus au sud.) Outre la Luftwaffe* et la Kriegsmarine*, le froid, les
brouillards, les tempêtes, la banquise, les jours ou les nuits de 24 heures de
ces régions inhospitalières les menacent.
Une trentaine d’U-Boote* ainsi que des forces aériennes importantes ont
été affectés au secteur Norvège*. Par contre, Hitler* n’ose pas risquer ses
navires de ligne. La Home Fleet fait bonne garde. La RAF* est vigilante.
U-Boote* plus Luftwaffe*, les convois de l’Arctique souffrent. Le
PQ/17*, en juin 1942, est décimé. Le PQ/18, en septembre, laisse treize
navires derrière lui. Le 24 décembre 1942, quatorze cargos escortés par cinq
destroyers et deux corvettes quittent l’Écosse. La Kriegsmarine* tente
d’intervenir, puis devant les risques recule. Pour Hitler*, la cause est
entendue. Les navires de surface sont des armes périmées. Raeder*, leur
héraut, donne sa démission. Les coups portés au Tirpitz* puis au cuirassé
Scharnhorst* (coulé le 26 décembre 1943) finissent d’écarter la grosse
menace. Après une année 1943 difficile, en 1944 et 1945, les convois
circuleront beaucoup plus librement. Depuis le premier départ de Scapa Flow
le 21 août 1941, ils auront livré à l’URSS*, de 1941 à 1945, 4,43 millions de
tonnes de marchandises. Le taux de pertes de navires marchands aura été de
7,8 % en charge, de 3,8 % au retour (voir aussi Mourmansk, convois pour).

ARDÉATINES, FOSSES
(voir FOSSES ARDÉATINES)

ARDENNES
Sur 10 000 km2, le massif boisé des Ardennes, aux vallées souvent
encaissées, couvre le Luxembourg*, la Belgique* orientale et la partie
septentrionale du département français des Ardennes (vallée de la Meuse*).
Le haut commandement français l’a jugé infranchissable. Le maréchal
Pétain*, alors ministre de la Défense nationale, s’est exprimé à son sujet, en
1934, devant la commission de l’armée au Sénat :
« À partir de Montmédy, il y a la forêt des Ardennes. Elle est impénétrable si l’on fait des
aménagements spéciaux. Par conséquent, nous considérons cela comme zone d’obstruction.
Naturellement, les lisières du côté de l’ennemi seront protégées.
On y installera des blockhaus. Comme ce front n’aurait pas de profondeur, l’ennemi ne
pourrait pas s’y engager. S’il s’y engageait, on le repincerait à la sortie. Donc ce secteur n’est pas
dangereux. »

Le maître avait parlé. L’impasse avait été faite sur les Ardennes. La ligne
Maginot* s’arrêtait à Montmédy, à l’ouvrage de La Ferté. En septembre
1939, Gamelin* avait placé ses deux plus faibles armées (IIe et IXe) face aux
Ardennes. La percée allemande par les Ardennes et sur la Meuse s’explique.

ARDENNES, SAILLANT DES


Le front de Normandie est enfoncé et vacille.
Hitler* songe déjà à la riposte qui lui rendra la victoire à l’ouest. S’il
envisage sa contre-attaque à la fin de juillet 1944, il sait parfaitement qu’il
doit attendre les brumes et brouillards de l’automne pour la déclencher.
Auparavant, l’aviation alliée vouerait son entreprise à l’échec.
Schématiquement, le Führer* conçoit un plan jaune bis*. Il percera à
travers les Ardennes* pour isoler les armées alliées du nord et les éliminer.
Seule différence : l’objectif n’est plus Dunkerque* mais Anvers*. Une telle
victoire contraindrait la Grande-Bretagne* à repenser sa participation à la
guerre et éliminerait l’essentiel.
Hitler* est un obstiné auquel il est difficile de tenir tête. Malgré les
réserves des gens du terrain, von Rundstedt*, Model*, von Manteuffel*, il a
fixé une date à son opération baptisée Herbstnebel (Brouillard d’automne) :
1er décembre, que la météo et divers retards obligeront à reporter au
16 décembre. Il a réussi à regrouper des moyens : en principe 200 000
hommes et 800 chars. Tout cela dans le plus grand secret. Hitler* voit dans
cette opération la grande chance de l’Allemagne*.
Trois armées attaqueront sur un front de 135 km entre Monschau (au sud
d’Aix-la-Chapelle) et Echternach (au nord-ouest de Trèves). La VIe AB de
Sepp Dietrich*, la plus au nord, devra atteindre la Meuse entre Liège et Huy
et se porter sur Anvers*. Pour cette mission principale, répondant au but
même de l’offensive, elle est la plus étoffée : 4 PD SS*, 4 DI, 1 division
parachutiste. Sur sa gauche, la Ve AB du général von Manteuffel* devra
gagner la Meuse entre Namur et Dinant, puis se porter sur Bruxelles. Enfin,
sur le flanc méridional, la VIIe Armée du général Brandenberger, la plus
faible (4 DI, une division parachutiste), assurera la couverture, en cas de
contre-attaque de la IIIe Armée de Patton*, au nord d’une ligne
Luxembourg/Neufchâteau.
Hitler* a, de plus, mis sur pied deux actions accessoires dont il attend
beaucoup – de la seconde surtout.
La première, baptisée Autour*, sera aéroportée. Le lieutenant-colonel von
der Heydte, héros de Crète* et du Cotentin, sautera avec 1 250 paras dans le
massif des Hautes-Fagnes (à 40 km au sud d’Aix-la-Chapelle*), afin de tenir
les passages routiers entre Verviers et Malmédy.
La seconde opération accessoire, Hitler* l’a confiée à son homme lige, le
colonel nouvellement promu Otto Skorzeny*. Le 21 octobre, il l’a convoqué
à son PC et lui a révélé ce qu’il attendait cette fois de lui : s’infiltrer derrière
les positions américaines avec des volontaires sélectionnés, déguisés en
GI’s*, et y semer la confusion et la panique. Ce sera l’opération Griffon*.
Dans le camp adverse, l’heure n’est pas à l’offensive mais, au contraire, à
souffler quelque peu. Le haut commandement campe sur ses certitudes :
l’Allemand est blessé, les futures offensives l’achèveront. Eisenhower* se
prépare à aller à un mariage et Montgomery* à partir en permission. Leurs
subordonnés, tout autant, commencent à penser à Noël. Patton* est sans
doute le plus belliqueux de tous. Il compte lancer ses Sherman* en Sarre le
19 décembre. Dans l’immédiat, le dispositif allié s’étire sur 500 km de la mer
du Nord à la Suisse sans véritable réserve stratégique. Seuls les 82e et 101e
Airborne*, après leur saignée d’Arnhem*, sont au repos dans la région de
Reims. Partout ailleurs, la quasi-totalité des forces est engagée : 1ère Armée
canadienne sur la Meuse, IIe Armée anglaise sur la frontière
Allemagne*/Hollande*, IXe Armée américaine (nouvellement introduite)
dans la région de Maastricht, Ière Armée américaine dans le saillant d’Aix-la-
Chapelle* et les Ardennes*, IIIe Armée américaine en Lorraine, VIIe Armée
américaine au nord des Vosges, et enfin la Ière Armée française* de part et
d’autre de la trouée de Belfort.
Sur la rive occidentale de la Sauer et de l’Our, puis sur les hauteurs
boisées du Schnee Eifel, d’Echternach à la trouée de Losheim, le VIIIe CA de
la Ière Armée est censé garder les Ardennes. Sur 135 km, le front n’est qu’une
couverture. Pas de continuité. De larges espaces vides. Les avant-postes,
souvent installés dans des fermes, se sont d’abord organisés pour lutter contre
un hiver particulièrement rigoureux. Dans les villes et les villages de l’arrière,
la recherche d’un minimum de confort a prévalu sur le souci du
retranchement. Les Ardennes sont regardées comme le secteur tranquille par
excellence. Comme chez les Français, le 9 mai 1940 ! Les divisions en place
sont là pour se refaire ou se roder.

16 décembre :
5 h 30. Le brouillard recouvre une grande partie des Ardennes. Sur les
rives de la Sauer et de l’Our, dans le Schnee Eifel, les batteries allemandes
tonnent.
6 h 30. Les fantassins allemands partent à l’attaque. Derrière eux, chars et
véhicules blindés se tiennent prêts à les appuyer. Les GI’s* sont surpris. Face
au péril, il n’est de règle absolue. Des groupes affolés s’enfuient ou lèvent les
bras. D’autres se cramponnent à leurs armes. Sur les crêtes d’Elsenborn, au
sud de Monschau, les Américains ne lâchent pas. La VIe Armée de Sepp
Dietrich* marque le pas. Sauf dans la trouée de Losheim où s’engouffre la
1ère PD SS*.
Au sud de Losheim, von Manteuffel* est plus heureux. Sa Ve AB
s’engage résolument en direction du plateau de Bastogne*. À l’extrémité
orientale, devant la VIIe Armée, Echternach bombardée est encerclée.
Fin de journée. Informé, Eisenhower* jauge sur-le-champ la menace.
Malgré les protestations de Patton* qui voit remettre en cause son action en
Sarre, la Xe DB est dirigée vers Bastogne* ; la VIIe DB reçoit l’ordre de se
porter sur Saint-Vith, à l’ouest du Schnee Eifel.

17 décembre :
3 h 30. L’opération Autour* s’enclenche sans succès, tandis que
l’opération Griffon* commence à payer.
Toute la journée, sur l’ensemble du front, sous un ciel toujours lourd de
nuages, von Manteuffel* poursuit sa progression alors que Sepp Dietrich*
piétine. Le Schnee Eifel, Clairvaux, sont encerclés. La réaction défensive
américaine s’organise progressivement. Les groupements blindés des VIIe et
Xe DB marchent sur Saint-Vith et Bastogne*. L’intervention des 82e et 101e
Airborne* est décidée. Les 11 000 paras de la 101e partent pour Bastogne*.
Ce 17 décembre se déroule la tragédie de Malmédy*.

18 décembre :
L’opération Autour* ne compte plus. Par contre l’opération Griffon*
aggrave les problèmes de circulation des Américains.
Si Sepp Dietrich* marque le pas, von Manteuffel* progresse et bute sur
Bastogne* qu’il est obligé de contourner.
Et toujours des massacres SS*. Près du village de Trois Ponts (10 km sud
de Malmédy), vingt-deux civils belges, hommes, femmes, enfants, sont
sauvagement assassinés.

19 décembre :
Le Schnee Eifel, à bout de vivres et de munitions, capitule. Deux
régiments, 8 à 9 000 GI’s*, sont prisonniers. L’armée américaine connaît sa
plus grande reddition depuis Bataan*. Toutefois, Saint-Vith défendue par la
VIIe DB résiste.
Au centre de ce que les Américains commencent à appeler the Bulge*,
von Manteuffel* maintient son rythme. Il occupe Houffalize au nord de
Bastogne* qui améliore sa défense.
Ce même jour, Eisenhower* a convoqué ses lieutenants, Bradley*,
Devers*, Patton*, à Verdun. Il a prescrit à Patton* de contre-attaquer en
direction de Bastogne*. Le fougueux Patton* s’est engagé à être à Bastogne*
pour Noël. À quelques heures près, il tiendra parole.
De retour à son PC de Versailles, le commandant en chef prend une
décision curieuse. Il confie à Montgomery*, le vaincu d’Arnhem*, les Ière et
IXe Armées américaines pour commander le front septentrional au nord d’une
ligne Givet/Prum. Bradley* gardera le sud.
Cette décision est mal perçue à Washington, Montgomery*, de surcroît,
n’hésitant pas à se présenter en sauveur des Américains...

20 décembre :
Le temps est redevenu exécrable depuis le 18. Les appareils anglo-
américains sont cloués au sol ou aveugles. L’offensive allemande atteint sa
puissance maximum tout comme la suspicion envers tous ceux qui portent un
uniforme américain. Saint-Vith et Bastogne* tiennent toujours.

21 décembre :
Patton* traverse Luxembourg, follement acclamé par la population. En
deux jours, sa IIIe Armée effectue un déplacement de plus de 150 km sur des
routes verglacées et inconnues.
Von Manteuffel*, pour gagner du temps, se contente de contourner
Bastogne*. Ses PD* foncent vers l’ouest. Saint-Vith, en fin de journée, est
abandonnée. La ville risquait par trop d’être complètement encerclée.

22 décembre :
Journée cruciale. Il neige sur Bastogne* et les Ardennes*. La poussée
allemande commence à prendre la forme d’un « V », pointe à l’ouest, base de
Monschau à Echternach. Les jours suivants, ce « V » s’accentuera encore en
s’allongeant et s’effilant à son extrémité, non sans tentacules de-ci de-là.
À l’ouest de Saint-Vith, un autre centre de résistance s’est constitué qui
fait obstacle à une avance en direction de Liège et Namur. 20 000 hommes
défendent ce verrou.
À Bastogne, McAuliffe* repousse avec hauteur les demandes de
reddition et lance son légendaire : « Nuts ! »

23 décembre :
5 h. Il gèle. L’anticyclone sibérien s’abat sur les Ardennes. B-26* et
P 47* ne tarderont pas à se manifester. À 11 h 50, les C-47* se présenteront
au-dessus de Bastogne* et les coupoles colorées des parachutes de
ravitaillement descendront lentement vers les assiégés.
Si la bataille est générale, la 11e PD a pris du champ. Elle atteint Celles,
modeste village à 8 km de Dinant. La Meuse coule un peu en contrebas.
Crainte des mines ? Pénurie d’essence ? Risque d’embuscade dans ce terrain
coupé ? La 11e PD s’arrête. La 2e DB US et la P 47* vont bientôt s’occuper
d’elle.
Ce même jour, trente-deux civils belges sont encore massacrés par les
Allemands.

25 décembre :
Noël de neige et de froid. Le V du Bulge prend sensiblement son tracé
définitif. Sa face nord s’aligne de Monschau à Beauraing (25 km au sud de
Dinant), avec une protubérance vers Celles ; huit divisions américaines sont
au coude à coude pour faire écran devant la Meuse. La face sud, entre
Beauraing (non atteint) et Echternach, reste floue. Le front n’est pas figé.
La psychose Skorzeny* continue de sévir.

26 décembre :
Depuis 48 heures, l’aviation alliée effectue 5 000 sorties par jour. Cela
explique bien des choses !
Sepp Dietrich* est battu. La 11e PD, devant Celles, est en train de
disparaître. Sur Bastogne*, trois divisions allemandes n’arrivent pas à
entamer les défenseurs au moral toujours au plus haut.
Manifestement, l’ennemi a perdu sa puissance offensive. Bradley* presse
Montgomery* d’attaquer. Celui-ci, plus circonspect que jamais, s’y refuse.
Au soir du 26 décembre, la bataille a changé de visage. Dans le ciel,
Typhoon*, Spitfire*, P 47* traquent les blindés et les convois allemands. Sur
le terrain, les GI’s*, durcis par l’épreuve, veulent venger leurs camarades et
se battent en vétérans pour tuer des Krauts*.
Von Manteuffel*, le 30 décembre, lancera en vain l’offensive du
désespoir contre Bastogne*. Il se heurtera à Patton* encore plus résolu.
Paradoxalement, c’est dans son propre camp que le plus haut responsable
militaire allié éprouvera ses plus graves soucis. Face à un Montgomery*
retors, qui récuse son autorité et ses ordres d’attaquer, il lui faudra taper sur la
table et menacer d’en appeler aux chefs d’état-major alliés, sachant fort bien
de quel côté le haut commandement américain, grand maître des destinées
des armées alliées, ferait pencher la balance. Finalement, le Britannique
mettra les pouces, lâché par son propre Premier ministre, envisageant de le
faire coiffer par Alexander* rappelé d’Italie*.
Ces vicissitudes internes n’empêchent pas l’essentiel. Fin décembre, le
Bulge* se trouve cloisonné. Hitler* n’atteindra ni la Meuse, ni Anvers.
Ce saillant des Ardennes* sera réduit en janvier 1945. À la demande de
Churchill*, les Soviétiques déclencheront leur offensive le 12 janvier. Ce qui
contraindra Hitler* à expédier la VIIe Armée de Sepp Dietrich* vers l’Est*.
Les Américains attaquent sur les deux faces. Les PD* de von
Manteuffel* enfoncées vers l’ouest connaissent, d’heure en heure, une
situation de plus en plus délicate. Von Rundstedt* tire la sonnette d’alarme :
le risque d’être pris au fond de la nasse se précise. Le 8 janvier, Hitler*
accepte un repli. Insuffisant. Patton*, au sud, Hodges*, au nord, se
rapprochent. La situation l’exige. Les Allemands refluent de partout,
abandonnant derrière eux des bouchons sacrifiés.
Au soir du 29 janvier, les Américains ont regagné leur base de départ du
16 décembre. D’Echternach à Monschau, ils bordent la frontière allemande,
le long de la Moselle, de la Sûre et de l’Auer.
Hitler* a échoué. Les meilleures armées allemandes se sont usées dans
cette bataille qu’il voulait décisive. Elles ont laissé derrière elles plus de
100 000 des leurs, tués ou prisonniers.
Ce mois de janvier, qui se termine bien, a toutefois été rude pour les
Alliés*. Hitler* a lancé une nouvelle attaque, Nordwind*, une offensive
aérienne, Hermann*, et menacé Strasbourg.

ARGENLIEU, GEORGES THIERRY D’ (1889-


1964). Amiral français.
Cet ancien de l’École navale, entré dans les ordres en 1920, est mobilisé
en 1939 comme lieutenant de vaisseau.
Fait prisonnier, s’évade et gagne l’Angleterre où il se rallie à la France
libre*. L’un des premiers compagnons de De Gaulle*, participe à
l’expédition de Dakar* où il est blessé, puis est nommé haut-commissaire
pour le Pacifique*. Promu amiral, il occupera ensuite diverses hautes
fonctions dont celle de membre du Conseil de l’Empire. Sera nommé haut-
commissaire en Indochine* en août 1945.
Ce moine-soldat fait figure de fidèle parmi les fidèles de Charles de
Gaulle*.
Compagnon de la Libération*.

ARGENTINE
Après l’entrée des États-Unis* dans la guerre, l’Argentine affirme sa
neutralité sans parvenir toutefois à former un bloc neutraliste avec le Chili*,
le Paraguay* et le Pérou*.
Dans cet esprit, elle résiste aux pressions américaines de rejoindre le
camp des Alliés*. La tension existante conduit même les États-Unis* et la
Grande-Bretagne* à rappeler leurs ambassadeurs. En octobre 1944, après la
démission de Cordell Hull*, Washington prend une position plus souple qui
finalement, après la conférence de Mexico, conduit l’Argentine à déclarer la
guerre à l’Axe*, le 27 mars 1945. Mais elle ne signe pas la déclaration des
Nations Unies* et n’est pas invitée à la conférence de San Francisco*.
Après la guerre, l’Argentine sera une terre de refuge pour de nombreux
dignitaires nazis ou collaborateurs de l’Axe*. Ante Pavelic*, Eichmann*
seront de ceux-là.

ARGONAUTE
Nom de code de la conférence alliée de Yalta* du 2 au 11 février 1945 en
Crimée.

ARIETE
132e division blindée Ariete, la plus célèbre des divisions blindées
italiennes.
Se battra essentiellement en Afrique. Présente devant Bir-Hakeim* et à
El-Alamein*, elle finira par être complètement décimée. Reconstituée en
Italie*, elle prendra nom de 135e division Ariete avec mission de défendre
Rome. Après l’armistice italien, elle livrera quelques combats contre les
Allemands.
6 500 hommes, 146 chars M13/40 au départ.

ARISAKA
Fusil japonais à verrouillage manuel, inspiré du Mauser* allemand,
existant en deux modèles :
— Modèle 1905 (Meiji type 38).
Poids à vide : 4, 310 kg ; longueur : 1, 275 m ; calibre : 6, 5mm ;
magasin : 5 coups-chargeur fixe. Le modèle 1905 est pratiquement une
carabine. Il a l’avantage de faire peu de bruit, atout non négligeable pour le
combat de jungle.
— Modèle 1939. Sensiblement identique au modèle 1905 mais avec
munitions de 77 mm.
On estime que 10 millions d’Arisaka furent en service durant la guerre.
Paradoxalement, les Japonais ne s’intéresseront pas à un fusil semi-
automatique.

ARK ROYAL
Porte-avions britannique de 22 000 tonnes pouvant transporter soixante
appareils.
Vitesse maximum : 31, 5 nœuds ; blindage sur les flancs : 11 mm.
Revenant de Malte*, il est torpillé le 13 novembre 1941 à 30 milles de
Gibraltar* par l’U-81. Il met 15 heures pour sombrer. Son naufrage ne fait
qu’une victime mais procure une émotion considérable en Grande-Bretagne*.
Il était l’un des vainqueurs du Bismarck* et fut devant Mers el-Kébir* pour
lancer ses avions torpilleurs le 6 juillet 1940.

ARMÉE
Une armée nationale se décompose, en principe, en trois forces
principales : l’armée de terre, la marine, l’aviation.
Certains pays disposent toutefois de forces armées supplémentaires. Cas
par exemple de l’Allemagne avec la Waffen SS* ou des États-Unis* avec
l’US Marine Corps*.
Allemagne : voir Wehrmacht, Waffen SS, Luftwaffe, Kriegsmarine.
Australie : voir Australie.
Belgique : voir Belgique.
États-Unis : voir Navy US, USMC, US AAF, US Army.
France : voir armée française, marine française, aviation française.
Grande-Bretagne : voir RAF, Royal Navy.
Inde : voir Inde.
Italie : voir Italie, Regia aeronautica.
Japon : voir Japon.
URSS : voir Armée rouge, marine soviétique, aviation soviétique.

ARMÉE DE L’ARMISTICE
Armée française prévue par l’armistice franco-allemand du 25 juin 1940
et implantée en zone libre.
L’armée de terre ne doit pas excéder 90 000 hommes avec un armement
réduit et reposer uniquement sur des engagés. L’aviation finira par obtenir de
disposer de 300 appareils. Quant à la marine, elle doit être regroupée et
désarmée.
La réserve sur la conscription conduira à la création des Chantiers de la
Jeunesse*.
L’armée de terre de l’armistice, sous l’impulsion de ses chefs, général
Picquendar et général Verneau (mort en déportation), fera un important effort
de camouflage du matériel et de préparation d’une éventuelle mobilisation.
L’armée de l’armistice sera dissoute sur ordre de Hitler* du 27 novembre
1942, après l’occupation de la zone libre. De ses rangs sortira l’ORA*
(Organisation de Résistance de l’Armée).
ARMÉE FRANÇAISE
Par armée française, il faut entendre l’armée mobilisée en septembre
1939 et qui se bat jusqu’à l’armistice du 25 juin 1940 contre l’Allemagne* et
l’Italie*.
Il faut entendre armée de terre, principale composante des forces
militaires françaises. (Voir marine française et aviation française.)
La mobilisation s’effectue dans l’ordre. Près de cinq millions de Français
se retrouvent sous les drapeaux, 4 895 000 très exactement. Ces chiffres sont
trompeurs. L’armée de terre se taille la part principale avec 2 330 000
hommes ; les effectifs de la marine, 180 000, et ceux de l’armée de l’air,
150 000, sont plus modestes. Ces chiffres montrent que plus de deux millions
d’hommes ne sont pas sur le front. 300 000 sont encore à l’instruction,
250 000 sont restés chez eux pour les besoins de l’agriculture, 650 000
assurent les différents services du territoire, 150 000 occupent des postes dits
divers. Il y a surtout 700 000 affectés spéciaux jugés indispensables à
l’industrie. Quelle source d’acrimonie !
Première caractéristique de cette armée : elle marche à pied ; la majeure
partie de son matériel est hippotractée : fourgons mobiles 1874 ou 1881 !
L’armement individuel rappelle celui du poilu des tranchées. Le MAS
36*, robuste mais à répétition, ne remplace pas partout le vieux Lebel. La
mitrailleuse Hotchkiss* a gardé tout son poids. Le FM 24-29* n’a que des
chargeurs de 22 à 23 cartouches. Le pistolet mitrailleur MAS 38* entre à
peine en service et en petit nombre, et manque de puissance d’arrêt.
La panoplie des chars de combat est large, du FT 17* Renault de 14-18
jusqu’au puissant char B1 bis*. Tous ces chars, Somua S35*, Renault R35*,
Hotchkiss 39*, et autres sont bons mais pèchent par leur doctrine d’emploi.
Ils sont regardés comme l’engin d’accompagnement d’infanterie par
excellence. 40 bataillons de chars sont ainsi éparpillés le long du front. Les
chars ne sont regroupés qu’en trois DLM*. Les DCR* de mai-juin sont
encore à créer. L’artillerie a fait ses preuves en 14-18. Cette gloire l’a figée.
Ses 8 000 engins de tous calibres ne sont pas adaptés à une guerre où la
mobilité s’affirmera essentielle. Canons antichars ou de DCA manquent
cruellement. Le Génie se complaît dans les fortifications. Le Train avance au
rythme de ses percherons. Les transmissions sont à créer, les postes radio
sont rares, ceux en phonie, l’exception.
Bref, c’est l’armée de 1918 et du front continu. Ses chefs, à commencer
par son généralissime, Gamelin*, l’ont voulue ainsi. Ce généralissime a prévu
un dispositif incohérent. Le plus gros de ses forces, le GA/2*, couvre la ligne
Maginot* ; le reste, le GA/1*, fait face aux Ardennes* jugées
infranchissables et à la Belgique officiellement pays neutre.
Le désastre de mai-juin 1940 s’explique.
Cette armée disparaît le 25 juin 1940. Après quoi, il y aura l’armée de
l’armistice*, puis les différentes forces levées par les Français pour reprendre
le combat : FFL*, BFLO*, 1ère DFL*, Force L*, CEF*, 2e DB*, Armée B
future 1ère Armée*, FFI*, forces des poches de l’Atlantique* (voir à armée
d’Afrique).

ARMÉE ROUGE
En juin 1941, l’Armée rouge ne se porte pas bien.
Elle a souffert. Elle manque d’expérience. Elle est sous-équipée. En
1937, Staline* l’a décapitée. Trois maréchaux sur cinq, la majorité des
généraux ont disparu. 35 000 officiers – estimation – sur 80 00 ont été
exécutés. N’ont été épargnées que de vieilles gloires incapables de porter
ombre au dictateur : Boudienny*, Vatoutine*. Les cadres présents sont
inexpérimentés.
Les historiens soviétiques annoncent 20 000 chars. Chiffre plausible,
mais avec beaucoup de modèles dépassés. Face à l’ouest, il n’est que 508 KC
et 967 T34*, largement éparpillés. Il existe plusieurs divisions de cavalerie,
entièrement à cheval. Cosaques, Kalmouks, il est vrai, sont de rudes
cavaliers. Ils s’infiltreront sur les arrières et porteront – au prix fort – des
coups sévères.
L’artillerie est bien pourvue en pièces de 76 et de 122 ; mais elle est
hippotractée, manque de mobilité et de munitions. Les fameuses Katiouchia*
n’apparaîtront qu’au début de 1943. Les véhicules font défaut et l’état du
réseau routier ne facilite pas les déplacements automobiles. Les routes ne sont
souvent que des pistes. Les ponts en bois ne peuvent supporter de lourdes
charges. L’armement individuel est à l’avenant. Le fusil Mossin-Nagant*,
modèle 1891, est lourd et encombrant. Les mitrailleuses sont souvent de
vieilles Hotchkiss* 1910. Le célèbre pistolet mitrailleur, PPSh-41*, cher au
combattant soviétique, n’apparaîtra que dans quelques mois.
L’aviation emploie environ 4 000 appareils souvent dépassés. Mig-3*,
Yak-1*, bombardiers Pe-2*, ne sont pas encore sortis. Rares sont les pilotes
ayant plus de quinze heures de vol. Les terrains d’aviation, mal camouflés,
sont proches de la frontière. Ils constitueront des cibles idéales pour la
Luftwaffe*.
Barbarossa* fait éclater la faiblesse de l’Armée rouge. La discipline
soviétique et le courage des combattants, le général hiver, les renforts
sibériens, les erreurs de Hitler*, sauvent l’URSS* du désastre absolu ; en
revanche, l’Armée rouge est à repenser. Staline* et la Stavka* s’y emploient.
Le matériel proviendra des fournitures américaines et britanniques et
surtout des usines soviétiques (Leningrad, Moscou et principalement Oural*).
Le peuple sera mobilisé, les chefs battus remplacés. L’Armée rouge,
renforcée en chars, artillerie et aviation, subira encore des défaites mais
remportera des victoires (Stalingrad*, Koursk*, Berlin*, etc.).
Les Soviétiques annoncent avoir aligné sur le front de l’Est*, en janvier
1945 : 6 millions de combattants ; 91 000 canons et mortiers, non compris les
lance-fusées ; 11 000 chars et canons d’assaut ; 14 500 avions de combat
(essentiellement appareils d’appui, ceux du bombardement stratégique font
défaut).
Les victoires obtenues, les défaites subies, ont un prix. 10 millions de
combattants (estimation ; le chiffre de 8,7 millions a été officiellement
annoncé en 1990) sont morts de 1941 à 1945 (30 000 en Extrême-Orient),
dont plus de trois millions dans les camps allemands de prisonniers. Dix-huit
millions ont été blessés (un million mourra de ses blessures).
Cette armée aura aussi ses faiblesses. Le nombre élevé de prisonniers
(5, 5 millions) et de déserteurs s’explique – en partie – par le découragement,
la trop stricte discipline, les attaques sans souci des pertes et par le rejet du
régime.
En 1944, l’Armée rouge deviendra officiellement l’Armée soviétique
mais le précédent vocable subsistera.
Armée rouge signifie également aviation et marine (voir aviation
soviétique et marine soviétique).

ARMISTICE FRANCO-ALLEMAND
Pétain*, de retour en France le 18 mai 1940, était déjà sans grandes
illusions sur l’issue des combats.
Weygand*, arrivé le lendemain pour remplacer Gamelin*, est d’un
tempérament autrement plus optimiste. Il se battra et tente tout pour
l’emporter.

12 juin :
Après l’échec de la bataille de France* et l’entrée en guerre de l’Italie*
l’avant-veille, Pétain* et Weygand* sont unanimes et le vieux Maréchal le dit
avec force : « Un armistice est inévitable. » L’armistice, Paul Reynaud* n’en
veut pas. Tout d’abord, il est tenu par ses propres engagements avec les
Anglais. Cet accord britannique pour négocier avec l’adversaire, Churchill*
ne le donne pas. Il dit simplement : « We understand. » (Nous comprenons).
Les responsables se divisent. Parmi les voix qui optent pour l’armistice :
Pétain*, Weygand*, Chautemps, Baudouin, Villelume et en coulisse Madame
de Portes, la maîtresse du président du Conseil ; pour la poursuite de la
guerre : Reynaud*, Mandel, de Gaulle*, les deux présidents du Sénat et de la
Chambre, Jeanneney et Herriot.

13 juin au soir :
Pétain* frappe un grand coup. Il lit au gouvernement un texte où il
affirme : « L’armistice est, à mes yeux, la condition nécessaire à la pérennité
de la France*. » Les partisans du départ, de la poursuite de la guerre hors du
territoire métropolitain, voient se dresser devant eux un maréchal de France*
drapé dans sa légende. Difficile de bousculer un tel monument.

14 juin :
Les Allemands entrent dans Paris. Les ministres, non sans difficultés, se
réfugient à Bordeaux.

15 juin :
Réunis par Georges*, en son PC de Briare, les généraux commandants
d’armée, Besson, Huntziger*, Hering, Frère*, Touchon, Requin, expriment
un avis unanime : il faut arrêter les hostilités au plus tôt.
À 15 h 45, Paul Reynaud* annonce avoir trouvé le biais : capitulation
militaire, laissant le gouvernement libre de ses mouvements. Weygand
explose* : « Je refuse, je me refuserai toujours, quoi qu’il puisse arriver, à
couvrir nos drapeaux de cette honte. » Reynaud* parle de limoger Weygand*,
mais velléitaire sans plus, ne se décide pas.

16 juin :
L’ennemi est sur la Loire. Les ministres prennent de plus en plus
conscience de la nécessité d’un arrêt des combats. La veille, un tour de table a
donné treize voix pour et six contre. Pétain*, devant l’impasse, annonce
vouloir quitter le gouvernement.
À 16 h 30, de Gaulle*, envoyé à Londres, appelle du 10 Downing Street.
Les Anglais seraient prêts à une union de fait entre la France* et la Grande-
Bretagne* pour intensifier et poursuivre la lutte. À Bordeaux, les réactions ne
répondent pas à cet espoir d’une alliance indissoluble franco-britannique. On
entend des propos sévères du genre : « La France* ne va pas devenir un
dominion de l’Angleterre* ! » Madame de Portes fait passer un billet à Paul
Reynaud* : « Vous n’allez pas jouer les Isabeau de Bavière ! »
C’en est trop pour le malheureux Reynaud*. Fatigué, brisé, il jette
l’éponge. À 22 h, il est démissionnaire et conseille à Albert Lebrun, président
de la République, de faire appel à Pétain* pour former un nouveau
gouvernement. Sollicité, le Maréchal répond aussitôt : « Le voici ! » Sa liste
était prête.

17 juin :
Le gouvernement Pétain* est là pour obtenir un armistice. Il s’y
empresse.
À 1 h du matin, Baudouin, à peine intronisé dans ses fonctions de
ministre des Affaires étrangères, prie l’ambassadeur d’Espagne* de demander
à son gouvernement de servir d’intermédiaire. Dans la matinée, il effectuera
la même démarche auprès du nonce apostolique afin que le Vatican*
intervienne, à son tour, auprès de l’Italie*.
À 12 h 30, Pétain* s’adresse au pays. Annonçant qu’il fait à la France* le
don de sa personne pour atténuer son malheur, il ajoute : « C’est le cœur serré
que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. » Propos
malheureux ! Les timorés se persuaderont aisément qu’il s’agit d’un ordre de
cessez-le-feu.
Hitler* exulte. Il tient sa victoire. Mussolini* reste renfrogné. La gloire
lui échappe. Son armée sur les Alpes* marque le pas.
N’y aurait-il pas, cependant, quelques velléités de résistance ? Certes, il y
a toujours ceux qui continuent de se battre, à commencer par le GA/2* dans
l’Est. Le sursaut, la résistance ne surgiront-ils pas de l’empire fort de soixante
millions d’habitants ? Peyrouton, résident général en Tunisie*, réagit l’un des
premiers et incite à la lutte. Gabriel Puaux, haut-commissaire en Syrie,
Coppet, gouverneur général de Madagascar*, Pierre Boisson, gouverneur
général de l’AOF*, félicitent Peyrouton et l’appuient. Ils offrent de se ranger
derrière le général Noguès*, résident général de France* au Maroc* et
commandant en chef du théâtre d’opérations d’AFN, lequel mande au
gouvernement de poursuivre le combat en AFN.

18 juin :
Rien n’est résolu. Pétain* a fait savoir sa volonté formelle de rester en
France*. Albert Lebrun annonce son intention de gagner l’AFN, imité par
Daladier*, Reynaud*, Mandel, Herriot, Jeanneney.
Il y a l’appel d’un certain Charles de Gaulle* à Londres (voir Appel du
18 juin). Appel que sur-le-champ bien peu entendent.

19 juin :
10 h 25, l’ambassadeur d’Espagne* apporte une réponse positive. Berlin
est prêt à faire connaître ses conditions pour la cessation des hostilités.
À 10 h 30, les noms des personnalités destinées à composer la délégation
française sont transmis à l’Allemagne* : général Huntziger*, président ;
ambassadeur Léon Noël ; vice-amiral Le Luc ; général Parisot ; général
d’aviation Bergeret.

20 juin :
À 14 h 30, la délégation française quitte Bordeaux. À 23 h, elle prend
contact avec un avant-poste de la Wehrmacht* près d’Amboise. Le
lendemain matin, elle sera à Paris.
21 juin :
À 13 h 30, la délégation quitte Paris. Après Compiègne, un écriteau :
« Carrefour de l’Armistice ». Hitler* a voulu que le symbole de sa revanche
soit éclatant. Il est là, au pied du célèbre wagon de Rethondes*, avec autour
de lui tout un aréopage, Goering*, Hess*, Ribbentrop*, Keitel*...
D’un geste brusque, une fois à l’intérieur du wagon, Hitler* tend à
chacun des membres de la délégation française un exemplaire des conditions
allemandes. Celles-ci s’avèrent sévères, très sévères :
— Occupation du territoire national situé à l’ouest ou au nord d’une ligne
passant par Orthez, Mont-de-Marsan, Libourne, Angoulême, Angers, Tours,
Bourges, Paray-le-Monial, Dole.
— Démobilisation de l’armée française*, à l’exception des troupes
nécessaires au maintien de l’ordre.
— Remise à l’Allemagne* du matériel de guerre.
— Regroupement de la flotte française* dans des ports à déterminer pour
y être démobilisée et désarmée sous contrôle de l’Allemagne* et de l’Italie*.
La désignation de ces ports sera faite selon les ports d’attache des navires en
temps de paix (article 8).
— Interdiction de décollage des appareils français.
— Arrêt des émissions radio.
— Frais d’entretien des troupes d’occupation à la charge du
gouvernement français.
— Libération des prisonniers de guerre allemands.
— Remise à l’Allemagne* des ressortissants allemands désignés par le
gouvernement du Reich* qui se trouvent sur des territoires français
(métropole et colonies).
— Maintien en captivité des prisonniers de guerre français jusqu’à la
conclusion de la paix.
Il est prévu la création d’une commission chargée de régler et contrôler
l’exécution des conventions d’armistice. Il n’est qu’un seul baume dans le
cœur des émissaires français. La France* – du moins pour l’instant –
conserve l’intégralité de son empire.
Par téléphone, seul moyen autorisé, et encore difficilement, par les
Allemands, Huntziger* retransmet à Weygand* la teneur du diktat de
Rethondes. Il appartient au gouvernement du maréchal Pétain* de trancher,
aux responsables de s’exprimer. Pour tous où est le devoir ? Demeurer en
France* signifie accepter l’armistice ; rejoindre l’Algérie* ou le Maroc*
équivaut à poursuivre la lutte.
Les militaires ont tranché. Ils ont reconnu leur défaite et poussent à l’arrêt
des combats pour ne pas aggraver les malheurs de leurs troupes et de leurs
compatriotes.
La grosse majorité des hommes politiques présents se range sans
murmure sous la tutelle protectrice du vainqueur de Verdun. Les velléitaires
de la lutte à outrance ne présentent que des rangs dispersés. Albert Lebrun
erre au hasard des couloirs. Herriot, Jeanneney, ne promènent que leur
superbe. Reynaud* traîne l’opprobre d’une démission peu flatteuse.
Daladier* et quelques autres donnent plutôt l’impression de céder à l’esprit
de fuite qu’à prôner l’ardeur de se battre. Finalement, ils seront vingt-six
députés et un sénateur à embarquer, le 22 au soir, sur le Massilia*.
Et l’Empire ? L’avis des gouverneurs ou résidents en place est à prendre
en considération. Weygand* interroge Noguès* sur ses possibilités de
résistance et lui envoie un émissaire. Déjà les jeux sont faits. Les proconsuls
africains obéiront à Pétain*.
Cet armistice franco-allemand de juin 1940 continue de faire débat quant
à son bien-fondé. Était-il inéluctable ? De Gaulle* s’appuiera sur son refus
pour établir sa légitimité. L’Histoire a démontré le bien-fondé de l’appel du
18 juin* et de l’opposition absolue au nazisme*. Elle n’a pas démontré pour
autant – ne pourra jamais démontrer – que l’armistice ne fut pas un temps
mort obligatoire et sur le fond bénéfique. Tout demeure sur ce sujet domaine
de l’hypothèse et de l’interprétation. Pétain* en tirera une reconnaissance
immédiate des millions de Français sur les chemins de l’exode et des soldats
en déroute. Derrière se dressera l’opprobre de Vichy* et de la collaboration*.
L’étude objective semble montrer que la résistance en AFN* à l’été 1940
était très difficile voire impossible, faute de troupes entraînées, d’aviation, de
munitions et de pièces de rechange. L’irruption de la Werhmacht* en
Tunisie*, en novembre 1942, le confirme. Churchill* reconnaîtra que
l’armistice fut utile et servit à préparer l’avenir, Torch* en particulier. Keitel*
déclarera que ce fut une erreur de Hitler*.

22 juin :
Keitel*, qui mène les débats, côté allemand, s’impatiente. À 18 h 34, il
fixe un ultimatum à Huntziger*. Dernier délai de réflexion : 19 h 30. À
18 h 36, le Français est fixé par télégramme : « Signez. » À 18 h 50, Keitel*
signe, suivi par Huntziger*.
Cependant, pour que l’armistice franco-allemand entre en application,
l’accord avec l’Italie* reste à conclure.

ARMISTICE FRANCO-ITALIEN
Les Allemands avaient fixé un préalable à accorder un armistice :
« Que le gouvernement français entre aussi en intelligence sur ce point avec le gouvernement
italien. »

Les contacts voulus ont donc été pris. Le 23 juin 1940, vers 6 h, la
délégation française qui a signé à Rethondes s’envole dans trois JU 52* à
destination de Rome via Munich. L’accord avec les Italiens devient une
nécessité urgente pour le commandement français. La Wehrmacht* atteint
Rochefort, Royan, Poitiers, dépasse Issoudun et Châteauroux, descend la
vallée du Rhône et livre combat avec des éléments retardateurs au nord-ouest
de Saint-Étienne. Dans l’Est, elle termine l’anéantissement des troupes
encerclées dans les Vosges ou à l’intérieur de la ligne Maginot*.
L’accueil à Rethondes était glacial. À Rome, il se veut courtois.
L’incongruité de la situation n’échappe pas aux Italiens. Vingt-deux ans plus
tôt, ils étaient avec les Français contre ces Allemands devenus leurs alliés.
Aujourd’hui, ils ne peuvent se présenter en vainqueurs.
Sans doute est-ce pour ces raisons que Mussolini* s’est abstenu de
paraître. Il a mandaté Ciano*, son gendre, assisté du maréchal Badoglio*.
Les prétentions italiennes sont modérées. L’Italie* ne réclame, comme
zone d’occupation, que le territoire occupé au moment de la signature de
l’armistice. Autrement dit, quasiment rien. Dans la nuit du 23 au 24 juin,
Huntziger* rend compte à Weygand*.
Le 24, à 8 h, Pétain* réunit le conseil des ministres. Le pire paraît évité.
Aucune revendication italienne sur la flotte, la Syrie* ou la Tunisie*. Seul est
précisé que le territoire de la Côte française des Somalis sera démilitarisé et
que l’Italie* pourra utiliser le port et les installations portuaires de Djibouti*
ainsi que la voie ferrée Djibouti*/Addis-Abeba sur le parcours français.
À 19 h 10, au terme de quelques réajustements, Huntziger* reçoit l’ordre
de signer ; ce qui est réalisé à 19 h 15 par les chefs des deux délégations.
Le cessez-le-feu général interviendra le 25 juin à 0 h 35. Les clairons le
sonneront à l’heure prescrite.

ARMISTICE ITALIEN
Le renversement de Mussolini*, dans l’esprit de ses auteurs, répond à une
perspective très claire : sortir l’Italie d’une guerre qui la conduit à sa ruine.
Les liens formels avec Berlin, la présence de la Wehrmacht*, les
réactions probables de Hitler* interdisent toutefois à Victor-Emmanuel III*, à
Badoglio* et ses ministres, à Ambrosio* et ses généraux de manœuvrer à
visage découvert. Les nouveaux dirigeants italiens sont obligés de dissimuler
leur jeu, de prendre des contacts secrets.
Roosevelt*, par son initiative d’Anfa* sur la reddition inconditionnelle*,
n’a pas facilité la tâche des futurs négociateurs. La paix, oui ! Doit-elle
encore ne pas être achetée par le déshonneur de la nation. Du côté des
Alliés*, des informations ont filtré sur la lassitude du peuple italien. Ils ne
sous-estiment pas – Churchill* surtout – l’intérêt d’une capitulation italienne.
Hitler*, surpris par la chute de son ami Mussolini*, est bien décidé à ne
pas laisser l’Italie* voguer sans lui. Il ordonne de libérer le Duce* et fait
élaborer des plans pour occuper Rome et soutenir le fascisme défaillant.
Rommel* reçoit « ordre de rassembler des troupes dans les Alpes pour
préparer une éventuelle entrée en Italie* ».
Le maréchal, depuis les cols italiens, s’empresse de faire tache d’huile en
Italie* du Nord. Par ailleurs, la 2e division parachutiste est envoyée, sous les
ordres de Student*, à Ostie.
Churchill* a défini les principes d’une négociation à mener en souplesse :
libération de tous les prisonniers britanniques (74 000 internés en Italie*).
Reddition de la Sardaigne et des îles du Dodécanèse*. Retrait de la Corse*,
de la Côte d’Azur, des Balkans*. Faire de l’Italie* un allié et promettre aux
Italiens assistance contre les Allemands. Livraison de celui que Roosevelt*
appelle le « grand chef des démons ».
Au terme d’une discussion assez longue, Roosevelt* et Churchill* se sont
mis d’accord sur ces bases, en y adjoignant en particulier l’envoi des navires
de guerre et de l’aviation aux points désignés par le commandant en chef
allié.
Le 3 août 1943, alors que Churchill* se prépare à traverser l’Atlantique
Nord pour rencontrer Roosevelt* à Québec*, l’ambassade britannique à
Lisbonne rend compte d’un premier contact. Le marquis d’Ayeta, envoyé de
la part de Guariglia, nouveau ministre des Affaires étrangères, a expliqué la
position difficile du roi et du gouvernement obligés de louvoyer. Cela les a
amenés à réclamer à l’OKW* le retour en Italie* des divisions implantées en
France* et dans les Balkans*. Officiellement, pour faire face à l’invasion qui
menace. En fait, pour les soustraire aux Allemands.
Le 6 août, autre contact. À Tanger*, Berio, envoyé spécial de Badoglio*,
est dûment mandaté par ce dernier pour ouvrir des négociations.
Réponse immédiate de Churchill*, en plein Atlantique, à Eden* resté à
Londres : « Ne manquez pas le coche ! » L’émissaire italien a été informé
que les Alliés* attachent une importance primordiale au sort des prisonniers
britanniques et entendent réserver à l’Italie*, après la guerre, une place
respectée.
Le processus est engagé. Le 15 août, le général Castellano, chef d’état-
major d’Ambrosio*, arrive à Madrid. Il rencontre aussitôt Samuel Hoare,
l’ambassadeur britannique. Parlant au nom de Badoglio*, il fait savoir que les
Italiens sont prêts à se joindre aux Alliés* contre l’Allemagne*, sitôt que
ceux-ci débarqueront en Italie* continentale. Roosevelt* et Churchill* voient
dans cette déclaration un pas en avant créant une situation nouvelle.
Bedell-Smith*, chef d’état-major d’Eisenhower*, part à son tour pour
Lisbonne, porteur d’un protocole définitif répondant à la motion Roosevelt*
Churchill*. Ce texte précise que la nouvelle de la cessation des hostilités sera
annoncée par le général Eisenhower* et confirmée aussitôt par le
gouvernement italien.
La conquête de la Sicile* accentue la pression sur l’Italie*. Un nouvel
émissaire italien apporte des renseignements utiles sur les positions
allemandes. Manifestement, Badoglio* donne des gages. Il veut traiter et
retourner sa veste.
Eisenhower* perçoit que la peur est l’un des éléments essentiels du
comportement des Italiens. Il prend un risque et accepte de révéler
l’imminence d’un débarquement sur Salerne* en exigeant une réponse par
« oui » ou par « non » avant le 2 septembre à 0 h aux conditions avancées. La
réponse ne tarde pas. Elle est positive.
Le 3 septembre, la VIIIe Armée anglaise franchit le détroit de Messine.
Le soir même, Castellano et Bedell-Smith* paraphent près de Syracuse la
convention d’armistice.
Le 7 septembre, le général Taylor*, commandant la 82e division
aéroportée américaine*, se rend à Rome pour organiser l’occupation des
aérodromes italiens la nuit suivante. Il trouve partout le désarroi le plus
complet. Armée démoralisée. Gouvernement aux abois redoutant
l’intervention des Allemands. Aéroports tenus par la Wehrmacht*. Badoglio*
paniqué demandant le report de l’armistice.
Eisenhower*, alerté, décide de forcer la main aux Italiens. Il annule
l’opération aéroportée envisagée contre les terrains d’aviation. Le
8 septembre, à 18 h, avec l’accord de Roosevelt* et Churchill*, il annonce
officiellement l’armistice signé le 3.
Une heure plus tard, Badoglio* confirme la déclaration d’Eisenhower*.
Le matin même, les Anglo-Américains ont débarqué à Salerne*.
Les Allemands sont surpris. Les Italiens avaient joué sans relâche le jeu
de l’amitié indéfectible.
Partout, en Italie*, durant quelques jours, le désordre règne. La famille
royale, Badoglio*, les ministres gagnent Brindisi. Un gouvernement
antifasciste s’y organise sous la tutelle des Alliés*.
Hitler*, lui, n’était pas dupe. Sa réplique est rapide. La Wehrmacht*
occupe Rome, désarme les troupes italiennes et prend le contrôle général de
la situation. Quelques combats éclatent de-ci de-là. Des unités régulières, des
partisans attaquent les troupes allemandes mais sont vite écrasés. Toutefois,
une résistance se développe en Italie du Nord*.
Conformément aux prescriptions de l’armistice, la flotte italienne
appareille, le 8 au soir, de Gênes et de La Spezia, pour aller se constituer
prisonnière à Malte*. L’opération, sans couverture aérienne, est hasardeuse.
Le convoi est attaqué le long des côtes de la Sardaigne. Le Roma, le cuirassé
amiral, est atteint par une bombe planante radio-commandée, et explose.
1 400 marins, dont l’amiral Bergamini, commandant en chef de la flotte,
trouvent la mort. Un autre cuirassé est sérieusement endommagé. L’arrivée
de la flotte britannique assure enfin l’escorte jusqu’à Malte*, que rallie
simultanément l’escadre de Tarente.
Le 11 septembre, l’amiral anglais Cunningham* peut adresser son
fameux message à l’Amirauté :
« Ai le plaisir d’informer leurs Seigneuries que la flotte de guerre italienne est maintenant
mouillée sous les canons de la forteresse de Malte*. »
Cette reddition habilement négociée représente un gros succès pour les
Alliés*. Le danger naval disparaît en majeure partie en Méditerranée*.
Le cas italien n’est pas totalement réglé pour autant. L’évasion
spectaculaire de Mussolini* du Gran Sasso*, le 12 septembre 1943, relance le
fascisme italien*. L’Italie* ne sera pas unie dans son entrée en guerre contre
son ex-allié (voir Salò, République de).

ARMY US
Suivant la tradition, l’US Army, l’armée de terre américaine, comprend,
en septembre 1939, trois composantes : l’armée régulière (190 000 hommes
incluant la garde territoriale et des Scouts philippins) ; la Garde nationale
(200 000 civils volontaires pour des périodes d’entraînement), les réserves
organisées (effectifs variables).
Ces chiffres révèlent la modestie de l’armée des États-Unis*, pays en
paix et qui entend le rester. La conflagration européenne, la menace japonaise
bouleversent cette quiétude. Dès le 31 décembre 1941, l’US Army aligne
1 650 000 hommes.
Le 30 avril 1945, elle en comptera 8 150 000, dont 5 000 000
opérationnels sur les principaux théâtres : théâtre européen : 3 065 000 ;
théâtre méditerranéen : 490 000 ; théâtre Pacifique* sud-ouest : 800 000 ;
théâtre océan Pacifique* : 450 000 ; théâtre Chine*-Inde*-Birmanie* :
200 000.
11 armées auront ainsi été mises sur pied, avec 68 divisions déployées en
Europe et 22 dans le Pacifique*. Ces divisions, fortes en principe de 14 250
hommes, sont constituées sur le type ternaire. Elles incluent 16 divisions
blindées et 5 divisions aéroportées. S’y ajoutent, évidemment, toutes les
unités non endivisionnées.
Le général Marshall* est le grand organisateur de cette formidable
puissance.
L’US Army déplorera 182 701 morts durant la Seconde Guerre mondiale.

ARNHEM
Petite cité hollandaise coquette et agréable sur la rive nord du Lek (Rhin
inférieur).
De modestes collines boisées la ceinturent au nord et à l’ouest. Deux
ponts – un routier, un ferré – et un bac la relient à la rive méridionale.
Objectif de la 1ère Airborne* britannique en septembre 1944, la ville
connaîtra de violents combats et deviendra Arnhem la sanglante. Suite à
l’échec de Market Garden*, elle ne sera libérée que le 14 avril 1945.

ARNIM, HANS VON (1889-1962). Général


allemand.
Spécialiste des blindés, commande la 17e PD, puis le 39e CB sur le front
de l’Est*, avant de partir en Tunisie*, en décembre 1942, commander la Ve
Armée allemande.
Successeur, le 9 mars 1943, à la tête du groupe d’armées Afrika, de
Rommel* malade, il signe, à ce titre, la capitulation des forces de l’Axe* en
Tunisie*, le 13 mai 1943. Prisonnier de guerre, est libéré en 1947.

ARNOLD, HENRY (1886-1950). Général


américain.
Cet ancien de West Point* se trouve être le premier pilote militaire
américain et consacre sa vie à l’aviation de son pays.
En septembre 1938, il est nommé commandant de l’Army Air Corps qui,
en 1941, deviendra l’US Army Air Force* (Armée de l’Air des États-Unis*).
Promu lieutenant général (trois étoiles) en décembre 1941, Arnold prend
officiellement le commandement de la nouvelle US AAF* en mars 1942. (Il
sera quatre étoiles un an plus tard et cinq étoiles en décembre 1944.) À ce
titre, il est le véritable créateur de l’US AAF* qui passe de 20 000 hommes à
2, 4 millions, disposant de 80 000 avions modernes contre quelques centaines
d’appareils dépassés.
Homme d’expérience, d’imagination, de relations agréables, très gros
travailleur, Arnold est également membre du JCS* et du CCS*. Il participera
à plusieurs conférences internationales.

ARROMANCHES
Arromanches-les-Bains. Petit port de pêche normand, à 10 km au nord-
est de Bayeux*, 300 habitants avant la guerre.
Arromanches est libérée le 6 juin au soir. Les Alliés* y installeront un
port artificiel, le célèbre port Winston, qui restera seul en place, le port
artificiel d’Omaha Beach* ayant été détruit par la tempête du 19 juin. En cent
jours, le port Winston, avec sa rade de 12 km de long, permet de débarquer
2 500 000 hommes, 500 000 véhicules et 4 000 000 de tonnes de matériel. Il
sera utilisé durant huit mois.
Les caissons du port artificiel sont encore visibles.

AS (ARMÉE SECRÈTE)
En 1942, Frenay* a l’idée de regrouper les forces paramilitaires de zone
sud en une Armée Secrète et commence à la mettre sur pied. Jean Moulin*
reprend l’idée et parvient à évincer Frenay* qui souhaitait en avoir le
commandement. Celui-ci échoit au général Delestraint* que de Gaulle*
connaît et estime. Delestraint* entreprend un gros travail d’organisation et se
heurte à un dilemme : action immédiate ou non ?
L’arrestation de Delestraint* le 9 juin 1943 pose le problème immédiat de
son successeur. Ce sera le colonel Dejussieu-Pontcarral avec fonctions
réduites de chef d’état-major respectant ainsi les prérogatives locales. Arrêté
à son tour et déporté en mai 1944, il sera remplacé par Malleret-Joinville,
militant communiste.
Ces changements n’empêchent pas l’AS de se développer, en particulier
avec l’apparition des maquis*. Le 6 juin 1944, l’AS semble avoir disposé de
150 800 hommes : 27 800 maquisards actifs, 3 000 Groupes francs et 120 000
sédentaires destinés à aller, l’heure venue, gonfler les rangs des combattants.
Elle est l’une des trois grandes composantes des FFI*.
Ses cadres proviennent soit de l’armée d’active, soit des milieux civils
résistants. Certaines de ses unités auront la double étiquette AS-ORA*.

ASCQ
Village martyr de la région de Lille.
Dans la nuit du 1er au 2 avril 1944, un train de matériel allemand est
stoppé en gare d’Ascq par un attentat qui ne fait pas de victimes. En
représailles, les SS* de la division Hitlerjugend massacrent quatre-vingt-six
habitants.
Les responsables, retrouvés, éviteront la peine de mort et seront libérés en
1956-1957.

ASDIC (ALLIED SUBMARINE DETECTION


INVESTIGATION COMMITTEE)
Organisme franco-britannique créé en 1917 afin de détecter les sous-
marins par le son, d’où le nom de l’appareil en service en Grande-Bretagne*
à partir de 1938. Il indique la direction et la distance de l’objectif, non sa
profondeur. Les Américains le développeront sous le nom de Sonar.

ASPERGES DE ROMMEL
Pieux plantés en France*, dans les espaces dégagés de la zone côtière, sur
ordre de Rommel*, afin d’interdire l’atterrissage des planeurs. Cette méthode
avait déjà été utilisée par les Anglais en 1940 dans leur arrière-pays côtier,
Sussex et Kent.
ATHENIA
Paquebot anglais torpillé au nord-ouest de l’Irlande*, au début de
septembre 1939, par le sous-marin U-30 du lieutenant de vaisseau Lemp. 128
passagers, dont 28 Américains, trouvent la mort lors du naufrage.
Ce torpillage marque l’entrée en action des sous-marins allemands.
Trente-deux navires marchands seront coulés durant le premier mois de la
guerre. Il contribue à développer le sentiment anti-nazi aux États-Unis*. (Il
semble dû à une méprise, l’Athenia ayant été pris pour un croiseur auxiliaire
ou un Q-ship*.)

ATLANTIQUE, BATAILLE DE L’
L’Angleterre* est largement tributaire des approvisionnements extérieurs
pour poursuivre son effort de guerre.
Celui-ci requiert chaque semaine 800 000 à un million de tonnes
d’approvisionnements, ce sans compter le pétrole. Parallèlement, la Grande-
Bretagne* doit acheminer renforts et ravitaillement à ses troupes qui se
battent outre-mer. Dans cette double perspective, contrôler l’Atlantique revêt
une importance stratégique capitale.
Hitler* et Raeder* connaissent cette dépendance britannique. Dès
l’ouverture des hostilités, l’Allemagne* a déclenché la bataille contre les
flottes marchandes. Deux corsaires ont été lancés ainsi que des bombardiers
Focke-Wulf (FW 200 Condor*) à long rayon d’action. L’affaire du Graaf von
Spee* démontre la limite des corsaires. L’arme à privilégier contre les navires
marchands s’appelle l’U-Boote*, le sous-marin germanique. Churchill* le
reconnaîtra après la guerre : « La seule chose qui m’effraya vraiment pendant
la guerre fut le péril sous-marin. »
Commandés par des officiers ardents et formés par des mois de guerre
sous-marine – les Prien, Kretschmer, Schepke et autres –, les U-Boote*
hantent l’Atlantique Nord, leur terrain de chasse privilégié, car espace
maritime par excellence entre ports américains et britanniques. L’occupation
du littoral français apportera à ces maraudeurs des possibilités de raids
accrues. Ils n’auront plus à transiter par la mer du Nord, longue et
dangereuse. Lorient, Saint-Nazaire, La Pallice, Bordeaux deviendront leurs
bases de départ où, pour contrer les bombardements aériens, de vastes abris
bétonnés seront construits.
Les possibilités de défense anglaise, en 1940, demeurent modestes. Le
Coastal Command manque d’avions. L’Irlande* interdit d’utiliser son sol.
Progressivement, la situation s’améliore. Le Coastal Command s’étoffe et
reçoit des Whitley à long rayon d’action. La Navy* hérite de cinquante
destroyers acquis aux États-Unis*. L’Amirauté organise des convois protégés
qui, de Glasgow et de Liverpool, ports relativement à l’abri des incursions de
la Luftwaffe*, empruntent le Canal du nord et, de là, gagnent la haute mer à
la limite des eaux de l’Arctique.
Ces mesures sont incapables d’interdire tous les mauvais coups. Au
premier semestre 1941, les Britanniques et leurs alliés perdent : en janvier, 75
navires, soit 320 000 tonnes de jauge ; en février, 100 navires, soit 402 000
tonnes de jauge ; en mars, 139 navires, soit 537 000 tonnes de jauge ; en
avril, 154 navires, soit 654 000 tonnes de jauge.
Ces pertes massives sont susceptibles de peser sur l’issue de la guerre.
Cependant, au fil des mois, l’outil allemand commence à s’émousser. Des
bases alliées s’installent à Terre-Neuve, au Groenland*, en Islande*. L’US
Navy* s’intègre dans la surveillance maritime. Les matériels de détection
s’améliorent. Le radar repère au large ce qui bouge. L’ASDIC* découvre les
sous-marins à proximité. Des résultats tombent. Le Bismarck* est coulé le
27 mai 1941. Le tonnage perdu chute. 121 000 tonnes, en juillet ; 131 000
tonnes, en août.
L’Angleterre* respire un peu, d’autant que la Luftwaffe* s’éloigne vers
l’Est*.
Toutefois, 1942 reste une mauvaise année. 6,6 millions de tonnes coulées
par les U-Boote* de janvier à octobre.
Les Alliés* intensifient leurs efforts de défense : radars, ASDIC*,
grenades, porte-avions d’escorte, Liberators* à long rayon d’action.
L’ensemble s’avère payant. À partir de 1943, le tonnage coulé diminue : 2,
1 millions de tonnes durant le premier semestre, 1 million de tonnes durant le
second. Dönitz* voit avec effroi le nombre de ses bâtiments en service
diminuer. En mai 1943, 34 de ses sous-marins sont portés disparus. En août,
les Loups gris ont perdu la partie. Les Alliés* ont gagné la batailler de
l’Atlantique. Les Liberty Ships* drainent vers la Grande-Bretagne*, l’AFN,
la Sicile*, le matériel de la victoire.

ATLANTIQUE, CHARTE DE
Déclaration formulée à l’initiative du Président des États-Unis*, et signée
le 12 août 1941 par Roosevelt* et Churchill lors de leurs entretiens de Terre-
Neuve*.
« Le Président des États-Unis d’Amérique* et le Premier ministre, M. Churchill*,
représentant le gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni, s’étant rencontrés, estiment
devoir faire connaître certains principes communs de la politique nationale de leurs pays
respectifs, principes sur lesquels ils fondent leurs espoirs d’un monde meilleur pour le monde :
1. Leurs pays ne désirent aucun agrandissement territorial ou autre.
2. Ils ne désirent voir aucun changement territorial qui ne soit conforme à la volonté
librement exprimée des peuples intéressés.
3. Ils respectent le droit de tous les peuples à choisir la forme de gouvernement sous laquelle
ceux-ci veulent vivre ; ils souhaitent voir rétablir les droits souverains et le gouvernement
indépendant des nations qui en ont été dépouillées par la force.
4. Ils s’efforceront, avec tout le respect dû à leurs obligations existantes, de favoriser l’accès
de tous les États, grands ou petits, vainqueurs ou vaincus, et sur le pied de l’égalité des droits, au
commerce et aux matières premières du monde nécessaires à leur prospérité économique.
5. Ils souhaitent établir la collaboration la plus complète entre toutes les nations dans le
domaine économique, afin d’assurer à toutes de meilleures conditions de travail, une situation
économique plus favorable, et la sécurité générale.
6. Après la destruction de la tyrannie nazie, ils espèrent voir rétablir une paix qui fournira à
toutes les nations les moyens de vivre en sécurité à l’intérieur de leurs propres frontières et qui
apportera aux habitants de tous les pays l’assurance de pouvoir finir leurs jours à l’abri de la
crainte et du besoin.
7. Une telle paix devra permettre à tous les hommes de franchir les mers et les océans sans
aucune entrave.
8. Ils croient que toutes les nations du monde, pour des raisons matérielles aussi bien que
spirituelles, doivent en venir à renoncer à l’emploi de la force. Étant donné qu’il ne pourra y avoir
de paix durable si des armements continuent d’être utilisés sur terre, sur mer et dans les airs par
des nations qui menacent ou peuvent menacer de se livrer à des agressions au-delà de leurs
frontières, ils sont convaincus que, en attendant l’établissement d’un système plus vaste et
permanent de sécurité générale, le désarmement de telles nations est essentiel. Ils aideront et
encourageront également toutes les autres mesures pratiques susceptibles d’alléger le fardeau
écrasant des armements pour les peuples épris de paix. »
Ce texte a de quoi surprendre. Un neutre se joint à une puissance
belligérante, et ce neutre n’hésite pas à évoquer « la destruction de la tyrannie
nazie ». Manifestement, il proclame hautement dans quel camp il se range.
Roosevelt*, sur le fond, a quelque lieu de s’estimer satisfait. Son pays et
la Grande-Bretagne* se sont donnés le beau rôle. Ils représentent le droit face
à la force brutale ; ils ont renoncé pour eux-mêmes, en cas de victoire, au
moindre profit. Les grands idéaux, si chers à l’Américain, se voient définis,
reconnus : droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (article 3), liberté
économique (articles 4 et 5), liberté des mers (article 7), abandon du recours à
la force (article 8).
Plus d’un sourira, peut-être, devant certaines utopies idéalistes bien à la
Roosevelt*, sur la paix ou le désarmement. Plus d’un verra, au passage, dans
l’article 3, poser les germes d’une décolonisation qui, en 1941, n’a pas encore
commencé.
Cette déclaration commune, entre les États-Unis* et la Grande-
Bretagne*, équivaut surtout à une alliance. À l’été 1941, le fait n’est pas sans
importance.

ATLANTIQUE , MUR DE
« Un rempart de points fortifiés et des fortifications gigantesques
s’étendant de Kirkenes aux Pyrénées... c’est ma décision inébranlable de
rendre ce front imprenable à tout ennemi », annonce Hitler*, le 11 décembre
1941, en déclarant la guerre aux États-Unis*.
Ce « front imprenable » sera baptisé le Mur de l’Atlantique dans le cadre
de la Forteresse Europe*.
L’Allemagne a ainsi 4 500 km de côtes à défendre, puisqu’elle occupe
toute l’Europe occidentale à l’exception de la péninsule Ibérique.
Dès 1941, l’organisation Todt* s’est mise à l’ouvrage. 1941-1942, le
danger paraît lointain. Les travaux progressent lentement sur 2 685
kilomètres des Pays-Bas aux Pyrénées. Ils sont consacrés essentiellement à la
défense des ports. Hitler* est persuadé que les Alliés* auront besoin de
s’approprier l’un ou l’autre. Les fortifications s’intensifient autour de
Cherbourg*, du Havre, de Calais, etc. L’expérience prouvera à Dieppe*, le
19 août 1942, qu’il faut compter avec elles.
À partir de 1943, la construction du Mur de l’Atlantique* s’accélère
grâce à l’utilisation massive de milliers de travailleurs étrangers requis.
(Recours qui permet à la Résistance française* et aux Alliés* de faire ample
moisson de renseignements précieux sur les implantations.) Treize millions
de mètres cubes de béton, 1,2 million de tonnes de fer seront utilisés pour
édifier casemates d’artillerie, blockhaus ou fortins abritant pièces antichars,
armes automatiques, groupes de fantassins, PC, infirmeries, relais de
transmissions, dépôts de munitions. Complètent ce dispositif quantité
d’obstacles : dents de dragon, réseaux de barbelés, champs de mines, etc.
Fin novembre 1943, Rommel* prend le commandement du GA/B au nord
de la Loire avec également une mission d’inspection des Pays-Bas* aux
Alpes. Il se dépense pour multiplier les obstacles qui retarderont l’adversaire
en lui occasionnant des pertes. Il impose un rythme de travail infernal :
« J’interdis tout exercice de défilé et j’exige qu’il n’y ait pas une minute qui ne soit
consacrée aux défenses accessoires de la côte. Car c’est sur la côte que se jouera le sort de
l’invasion et ce dès les premières vingt-quatre heures. »

Quitte à faire preuve de ce que les Français dénomment le système D, les


idées ne lui manquent pas. Les zones inondées sont agrandies, surtout dans le
Cotentin, afin de réduire les possibilités de parachutage ou d’atterrissage des
planeurs. Contre ces derniers, Rommel* hérisse le sol de pieux ou de troncs
d’arbres vite baptisés asperges de Rommel*. Il porte essentiellement son
attention sur les plages où se présentera le gros de l’invasion. Persuadé lui
aussi que celle-ci profitera de la marée haute, il invente des obstacles destinés
à stopper les bâtiments ou à éventrer leurs coques. Il sème les grèves de
tripodes, de hérissons tchèques, de rails, de poutrelles ou de madriers
solidement étayés et piégés. Comme les mines lui manquent, il fait feu de
tout bois, utilisant notamment de vieux stocks d’obus.
L’apparition de tous ces engins surprendra et inquiétera les Alliés*. Les
photographies aériennes, les reconnaissances navales discrètes en
discerneront vite la nature. Ce sont celles-ci qui, entre autres, feront opter
pour un débarquement à marée basse.
Imagination, labeur parviennent, partiellement, à réparer certaines
carences. En six mois, Rommel* aura amélioré la consistance du Mur de
l’Atlantique* ; mais cela ne sera pas suffisant pour interdire l’accès de la
Forteresse Europe*. Il ne constitue qu’un écran côtier et manque totalement
de profondeur. Des secteurs entiers sont dépourvus de troupes et de défense.
Parfois plus de 3 km entre deux blockhaus. Quant aux troupes, elles sont de
valeur très inégale.
ATLANTIQUE, POCHES DE L’
Sur ordre formel de Hitler*, la Wehrmacht*, en se repliant, a laissé des
garnisons en plusieurs points du littoral atlantique.
Les Allemands sont ainsi : 27 000 à Lorient où a buté, en août 1944, une
DB américaine qui n’a pas insisté pour ne pas s’immobiliser trop longtemps ;
18 000 à Saint-Nazaire ; 16 000 à La Rochelle ; 8 000 à Royan, dont 3 000 au
Verdon.
70 000 hommes sont ainsi immobilisés avec pour seuls résultats
d’interdire l’estuaire de la Gironde et de contraindre des forces françaises et
américaines (66e DI US devant Lorient et Saint-Nazaire) à faire le siège de
leurs positions. Devant ces résistances qui se prolongent, il est deux attitudes
possibles : attendre leur chute avec la défaite allemande qui se rapproche ;
imposer leur disparition par les armes. De Gaulle*, le 18 septembre 1944, a
donné ses directives : ne pas négocier, imposer une attitude ferme,
sauvegarder les villes, surseoir à tout bombardement non justifié.
Sur la base de ces instructions, le capitaine de frégate Meyer, qui avait
obtenu le 12 septembre l’évacuation de Rochefort, a parlementé, non sans
résultats, avec l’amiral Schirlitz, commandant d’armes à La Rochelle. Un no
man’s land a été instauré entre les combattants. Les Allemands se sont
engagés à respecter la ville et ses habitants. À défaut de glorieux lauriers
militaires, cette diplomatie épargnera la vieille cité et bien des vies humaines.
Écarté par de Lattre*, peu après le débarquement de Provence*, le
général de Larminat* s’est retrouvé à la tête du détachement d’armée de
l’Atlantique, appuyé par les forces aériennes du général Corniglion-Molinier
et les forces navales de l’amiral Rue. Il a sous ses ordres 73 000 hommes, en
majorité issus des FFI* du Sud-Ouest, équipés et armés le plus souvent de
façon précaire.
De Gaulle* a écarté le principe d’un bombardement ultima ratio,
préconisé par les Américains. De Larminat* l’a néanmoins admis sur la
pointe de la Coubre, au nord-ouest de Royan.
Le 5 janvier 1945, un peu après minuit, une vague de bombardiers
américains se présente au-dessus de Royan. Elle déverse 1 600 tonnes de
bombes. Les Allemands ont quatre-vingt-dix tués, les civils français près de 2
000. La ville est rasée à 80 %. De Larminat* n’a pas sollicité cette
intervention mais a autorisé les bombardements – dangereux – sur la pointe
de la Coubre. Les Américains se sont trompés. Un général américain est
limogé. L’ancien FFL* de Larminat* est intouchable, mais à Royan son nom
ne sera pas oublié.
Après ce drame, durant l’hiver, les adversaires campent sur la défensive.
De Larminat* reçoit des renforts : 2e DB* et une fraction de la 10e DI
nouvellement créée. L’opération Indépendance, plus politique que militaire,
vise à : libérer le port de Bordeaux ; donner aux Forces françaises de l’Ouest
l’honneur de participer au redressement militaire de la France*.
Le 13 avril, de Larminat* déclenche l’attaque sur Royan. La ville est
libérée en quatre jours, la pointe de Grave en six. Les Allemands ont perdu
un millier de tués, 800 blessés et 8 000 prisonniers ; les Français : 364 tués,
1 560 blessés et treize disparus. Royan est complètement rasée.
Cet assaut réussi, mais meurtrier, incite à patientier. La capitulation
allemande* précipite la fin des dernières poches. Le 8 mai, La Rochelle
intacte, grâce aux accords Meyer-Schirlitz, est enfin libérée. Saint-Nazaire,
Lorient le sont le lendemain dans la matinée. Contrairement aux clauses de la
capitulation, deux sous-marins prendront le large. Sans doute direction
l’Argentine*.

ATOMIQUE, BOMBE
(voir MANHATTAN PROJECT)

ATROCITÉS
Une guerre génère toujours des atrocités. La Seconde Guerre mondiale ne
déroge pas à cette règle qui atteint des dimensions effroyables. Ces atrocités
sont à mettre, en premier lieu, sur le compte de trois pays :
— L’Allemagne* : Solution finale*, camps de concentration* et
d’extermination*, Einsatzgruppen*, activités de la Gestapo* ou du SD*, la
liste est interminable des atrocités menées sous l’égide du régime nazi. S’y
ajoutent toutes celles à charge des SS*, de la Waffen SS* et de la
Wehrmacht* : Lidice*, Oradour-sur-Glane*, Malmédy*, Ascq*, Fosses
Ardéatines*, etc. Partout où ils sont passés, les Allemands ont laissé derrière
eux une traînée de sang.
— Le Japon*. Le sac de Nankin en 1937 (250 000 victimes civiles) a
montré les atrocités que pouvait commettre l’armée japonaise. Les camps de
prisonniers, la marche à la mort de Bataan*, les tueries de Balikpapan*, de
Palawan*, etc. s’inscrivent dans ce sillage.
— L’URSS*. Katyn* en est la première expression officielle. Le
goulag*, la balle dans la tête, feront des millions de morts. Quant à l’Armée
rouge*, dans sa soif de vengeance contre l’envahisseur allemand, elle
accumule pillages, viols, exécutions sommaires, etc.
Bien qu’à des degrés moindres, les autres belligérants ont connu des
horreurs, principalement la Yougoslavie*. Si les Oustachis* se manifestent
par leur cruauté, ils en payent terriblement le prix à Bleiburg*.
Les Alliés* occidentaux ont certainement à balayer devant leurs portes.
Que de crimes sordides à l’heure de la Libération* ! Si les bombardements de
Hiroshima *et Nagasaki* peuvent se justifier par les centaines de milliers de
morts américains et japonais évités, celui de Dresde* cherche sa pleine
justification.

ATSUGI
Aérodrome militaire proche de Tokyo, devenu en 1945 une base de
kamikazes* de la marine impériale.
C’est à Atsugi que se posèrent sans incidents, le 30 août 1945, les avions
transportant les premiers parachutistes de la 11e Airborne américaine*.
MacArthur* arrivera ce même jour, vers 14 h 30.

ATTENTAT CONTRE HITLER


L’attentat contre Hitler* du 20 juillet 1944, qui faillit réussir, reste la
tentative allemande la plus notoire pour mettre un terme au régime nazi.
Au cœur de cet attentat et de la conspiration qui l’accompagne, un
homme : le colonel von Stauffenberg*. Le 1er juillet 1944, il devient chef
d’état-major de l’Armée dite de réserve. Cette Armée englobe toutes les
forces situées dans l’intérieur de l’Allemagne* et non engagées pour une
raison ou pour une autre. Son rôle est primordial pour organiser et instruire
les renforts à envoyer sur les divers fronts. De par ses fonctions, von
Stauffenberg* a des contacts fréquents avec l’OKW* et Hitler* lui-même afin
de rendre compte des effectifs disponibles.
Le 14 juillet, Hitler* quitte Berchtesgaden et s’installe à son PC de
campagne de Rastenburg*, le fameux Wolfsschanze* (le repaire du Loup). Le
20 juillet, convoqué au Wolfsschanze, von Stauffenberg* s’envole dans un
Heinkel 111* de l’aérodrome de Rangsdorf, dans la banlieue sud de Berlin,
avec son aide de camp, le lieutenant von Haeften. Dans sa serviette, il
emporte une bombe à retardement.
Derrière lui, toute une conspiration est en place. Une décision s’est
imposée. Bien que Goering* et Himmler* soient absents à la réunion à
laquelle se rend Stauffenberg*, priorité à la disparition de Hitler*. Sitôt ce
dernier éliminé, Walkyrie* entrera en action. L’Armée de l’intérieur
détiendra tous les pouvoirs. Beck* deviendra chef de l’État et Gordeler*
chancelier.
Le colonel est prêt à tout. D’avance, il a fait le sacrifice de sa vie. La
veille, il s’est longuement recueilli dans une église...
Le repaire du Loup est sévèrement gardé, mais Stauffenberg* est
parfaitement en règle. La conférence est avancée. Elle aura lieu à 12 h 30 et
non 13 h à cause de la visite de Mussolini*. Elle se tiendra dans la salle des
cartes, pièce de douze mètres sur cinq, dans un long baraquement. La salle est
à peine meublée. Au centre, une grande table rectangulaire en chêne de cinq à
six mètres reposant sur deux socles massifs en bois. Il fait très chaud, les trois
fenêtres sont grandes ouvertes.
La conférence commence à l’heure. Avant de pénètre dans la salle avec
Keitel*, le colonel a pu amorcer son engin. Il dispose d’une dizaine de
minutes pour déposer sa charge et s’éclipser.
Ils sont une bonne vingtaine, vingt-quatre semble-t-il, à participer à la
conférence. Hitler* préside. Le colonel s’est glissé non loin de lui. Il a
prévenu. La surdité, suite à ses blessures, lui impose d’être proche de Hitler*
pour bien l’entendre. Il s’installe donc un peu à droite de celui qu’il a
l’intention de faire périr. Posément, il se débarrasse de sa serviette et la pose à
ses pieds, plaquée contre la paroi intérieure du socle de la table.
En entrant dans les lieux et ostensiblement devant Keitel*, il a informé le
sous-officier de service qu’il attendait un coup de téléphone. Des
renseignements de dernière minute pour son rapport. Le plan agencé
fonctionne bien. D’un signe discret, le sous-officier l’alerte. En fait, c’est von
Haeften qui l’appelle pour lui donner l’occasion de sortir.
Le colonel souffle à son voisin immédiat : « Je vais téléphoner. Je laisse
un instant ma serviette. » Malchance, cette serviette gêne quelque peu ce
voisin. Il la déplace, la reposant sur le côté extérieur du pilier. Ce geste va
sauver Hitler*. Il créera un rempart entre la bombe et l’homme à abattre.
12 h 42. La bombe ébranle la salle des cartes. L’un des secrétaires
particuliers du Führer* s’est souvenu :
« Je me rappelle comme un coup de tonnerre... Des vitres, des morceaux de bois volaient un
peu partout. La grande table est brisée. Après quelques secondes de silence, j’entends une voix,
probablement celle du maréchal Keitel* : “Où est le Führer*” ? »

Le Führer* est sauf. S’appuyant sur Keitel*, il quitte les lieux.


Manifestement, il est choqué. Son visage est noirci, son pantalon en
lambeaux, son bras droit paralysé. Tous n’ont pas eu sa chance. Trois
officiers mourront de leurs blessures.
Von Stauffenberg* et von Haeften se sont éclipsés. À 12 h 44, ils ont
passé, en voiture, le premier point de contrôle. Au second, le colonel a dû
discuter. Le Heinkel 111* attendait. À 13 h 15, il décolle de Rastenburg*. À
cette heure, von Stauffenberg*, qui a entendu l’explosion de sa bombe, a tout
lieu de croire que Hitler* est mort... Il en est même persuadé.
Hélas pour lui et les autres conjurés, il n’en est rien (voir Complot du
20 juillet 1944).

ATTILA
Plan d’occupation de la zone libre française prévu par les Allemands.
Il sera appliqué le 11 novembre 1942.

ATTLEE, CLEMENT (1883-1967). Homme


politique britannique.
Chef de l’opposition travailliste, soutient la nomination de Churchill*
comme Premier ministre à la tête d’un ministère de coalition afin de faire
face au danger nazi. Jouera ensuite très loyalement son rôle de Premier
ministre adjoint tout en se voyant confier, successivement, divers
portefeuilles ministériels (lord du sceau privé, secrétaire d’État aux
Dominions, lord-président du Conseil). À la surprise de remporter les
élections le 26 juillet 1945, en pleine conférence de Potsdam*, et remplace
immédiatement Churchill*.
Personnalité assez terne, mais homme profondément honnête et loyal,
Attlee ne pouvait que paraître fade après une carrure comme celle de
Churchill*. À son actif, cette loyauté et cette conscience professionnelle qui
se manifestent tout au long de sa carrière.

ATTU
(voir ALÉOUTIENNES, CAMPAGNE DES)

AUCHINLECK, CLAUDE (1884-1981). Maréchal


britannique.
Commande en mai 1940 les forces alliées envoyées en Norvège*.
Après un séjour en Inde*, remplace Wavell*, en juillet 1941, comme
commandant en chef au Moyen-Orient. Aura la tâche ingrate de contenir
l’Afrika Korps* de Rommel*. Après une série de succès, il connaît la chute
de Tobrouk* et le repli sur l’Égypte*. Par son sang-froid et son autorité,
gagne, en juillet 1942, la première bataille d’El-Alamein* qui écarte le
danger de l’Égypte*. Soucieux de temporiser quelque peu pour réorganiser
ses troupes, il est désavoué par Churchill* désireux d’une victoire rapide à
tout prix. En août 1942, il est relevé par Alexander*. À partir de 1943, il sera
commandant en chef de l’armée des Indes. Promu maréchal en 1946.
Ce chef intègre et austère eut la malchance de ne pouvoir apporter à
Churchill* la victoire immédiate dont il avait besoin. Ses adversaires, par
contre, reconnaissaient sa valeur.

AUSCHWITZ
Oswiecim en polonais.
Complexe de concentration et d’extermination allemand situé à 30 km au
sud-est de Katowice (Haute-Silésie), en Pologne*. Le premier camp est
ouvert le 14 juin 1940, sur ordre de Himmler*, pour recevoir des prisonniers
polonais puis allemands. En octobre 1941, est ouvert Auschwitz-Birkenau
destiné à devenir un camp d’extermination. En mars 1942, est ouvert Buna-
Monowitz destiné à fournir du personnel aux usines de l’IG Farben
implantées pour produire du pétrole et du caoutchouc synthétiques. À côté de
ces trois centres principaux existent également quarante-cinq petits camps de
travail forcé à vocation de main-d’œuvre pour des firmes industrielles.
Auschwitz sera libéré par les Soviétiques le 27 janvier 1945. Il restait
7 650 survivants à demi morts de faim.
Le Hauptsturmführer SS Rudolf Hoess, devant le tribunal international
de Nuremberg*, le 16 avril 1946, a rendu compte de la terrible réalité
d’Auschwitz qu’il commandait :
« J’estime qu’au moins 2 500 000 victimes ont été passées à la chambre à gaz et au four
crématoire ; plus d’un demi-million d’autres personnes ont succombé à la faim et à la maladie, ce
qui fait un total d’environ 3 millions de morts. Ce chiffre représente entre 70 à 80 % de tous les
prisonniers envoyés à Auschwitz, le reste ayant été utilisé au travail forcé.
J’avais reçu l’ordre d’installer à Auschwitz tous les appareils d’extermination en juin 1941.
À ce moment, trois autres camps d’extermination fonctionnaient déjà : Belzec*, Treblinka* et
Wolzek. Je visitai Treblinka* pour voir comment on y procédait. Le commandant du camp
m’expliqua qu’il avait liquidé 80 000 prisonniers en moins de six mois. Il se servait de gaz
monoxyde. Il me semble que les méthodes n’étaient pas aussi efficaces qu’elles auraient pu l’être.
Aussi, lorsque j’installai le bâtiment d’extermination à Auschwitz*, je décidai d’utiliser de
l’acide prussique cristallisé que nous versions dans la chambre à gaz par un orifice étroit. Cela
prenait de trois à quinze minutes, pour tuer toutes les personnes qui étaient enfermées. Nous
savions que les victimes étaient mortes quand les cris cessaient. Nous attendions d’habitude une
demi-heure avant d’ouvrir les portes et d’enlever les corps. Ensuite, nos commandos spéciaux
ôtaient aux cadavres leurs alliances et leurs dents en or.
Une autre amélioration, par rapport à Treblinka*, fut de construire une chambre à gaz pour
2 000 personnes, alors qu’à Treblinka* les dix chambres ne contenaient chacune que 200
personnes.
Nous choisissions nos victimes de la façon suivante : deux médecins SS* observaient au
passage les déportés qui arrivaient à Auschwitz. Ceux qui pouvaient encore travailler étaient
envoyés au camp. Les autres partaient immédiatement pour les chambres d’extermination. Les
enfants de moins de dix ans étaient invariablement exterminés, puisqu’ils étaient trop jeunes pour
travailler.
À Treblinka*, les victimes savaient presque toujours qu’elles allaient être exterminées. À
Auschwitz, nous nous efforcions de persuader les détenus qu’on allait les épouiller. Néanmoins,
ils devinaient souvent nos intentions ; il y eut parfois quelques troubles. Les mères essayaient de
cacher leurs enfants sous leurs vêtements, mais dès que nous nous en apercevions, nous les leur
arrachions pour les expédier à la chambre à gaz.
Nous avions l’ordre de procéder à ces exécutions en secret, mais l’odeur infecte qui se
dégageait continuellement du four crématoire se répandait à distance et, bien entendu, tout le
monde savait, dans les environs, ce qui se passait à Auschwitz. »

1 à 1,5 million d’individus, à 90 % des Juifs, sont estimés avoir disparu à


Auschwitz par extermination systématique ou mauvais traitements.

AUSTER AOP1(AERIAL OBSERVATION POST)


Avion léger de reconnaissance et d’observation, d’origine américaine et
fabriqué en Grande-Bretagne* en plusieurs versions dépassant le millier
d’exemplaires.
Vitesse : 200 km/h ; autonomie : 400 km ; pas d’armement ; équipage :
deux hommes (pilote et observateur).

AUSTRALIE
Cet immense pays peu peuplé – sept million d’habitants en 1939 pour
sept millions de km2 –, démocratie indépendante dans le cadre du
Commonwealth, n’est pas préparé à une guerre qu’il ne souhaite pas.
Cependant, sous l’influence du Premier ministre Menzies*, dès le
3 septembre 1939, l’Australie emboîte le pas à la Grande-Bretagne*, déclare
la guerre à l’Allemagne* et envoie bientôt un corps d’armée se battre en
Europe occidentale et sur le théâtre méditerranéen. Les Australiens se
battront avec courage en Grèce*, Crète*, Syrie*, Libye*.
Pearl Harbor*, la menace japonaise, un raid nippon sur Port Darwin* le
19 février 1942, un changement de gouvernement (Curtin* remplace
Menzies*), amènent une modification de la politique australienne. Priorité est
donnée à la menace d’invasion, écartée toutefois par la bataille de la mer de
Corail* en mai 1942. Deux divisions sont rapatriées pour participer à la lutte
contre le Japon*. Une alliance préférentielle se noue avec l’allié paraissant le
plus solide, en l’occurrence les États-Unis*. Les Australiens, sous
MacArthur*, se battent pour la reconquête de la Nouvelle-Guinée* et des
Salomon*. 691 000 hommes sont mobilisés ainsi que 36 000 femmes. Le
pays fait un gros effort pour développer sa marine, son aviation et ses
industries de guerre.
La Seconde Guerre mondiale aura coûté à l’Australie 9 572 tués contre
l’Axe* et 17 501 contre le Japon*.

AUTOMITRAILLEUSE M8
Automitrailleuse américaine de reconnaissance, fabriquée à 9 253
exemplaires de 1941 à 1944.
Robuste, silencieuse, elle pèche par son canon de 37 mm insuffisant et
ses capacités tout terrain limitées.
Poids : 7,7 tonnes ; blindage : 3 à 19 mm ; vitesse : 80 à 90 km/h sur
route ; armement : un canon de 37 mm, une mitrailleuse de 12,7 mm, une
mitrailleuse de 7,62 mm ; équipage : 4 hommes.
AUTOUR, OPÉRATION
Nom de code de l’opération aéroportée conçue par Hitler* dans le cadre
de son offensive dans les Ardennes*, en décembre 1944.
Sous les ordres du lieutenant-colonel von der Heydte, héros de Crète* et
du Cotentin, 1 250 parachutistes, dont 200 à 300 rescapés de Crète*, sont
prévus sauter dans le massif des Hautes-Fagnes (40 km au sud d’Aix-la-
Chapelle) afin de tenir les passages routiers entre Verviers et Malmédy.
L’opération, déclenchée le 17 décembre, à 3 h 30, sera un fiasco total. Sur
105 Ju-52* ayant décollé, dix seulement suivent leur chef de file. 15 larguent
avant les lignes. Les autres s’égarent, éparpillant les combattants. Dans
l’obscurité et par vent violent, un grand nombre de paras sont mis hors de
combat. Les hommes dispersés sont traqués par les Américains. Von der
Heydte doit donner l’ordre de regagner les lignes allemandes par groupes de
trois. Lui-même, blessé, épuisé, sera fait prisonnier le 22 décembre au soir.
L’opération Autour est terminée sans le moindre résultat.

AUTRICHE
La république autrichienne, en 1918, succède à l’Empire des Habsbourg.
La nouvelle Autriche ne compte plus que 84 000 km2 et 6,7 millions
d’habitants. Première victime de l’expansionnisme nazi, elle est incorporée
par le IIIe Reich*, en 1938, avec une large approbation populaire. Placée sous
l’autorité d’un gauleiter*, elle suit alors le sort de l’Allemagne*, fournissant à
cette dernière de valeureux combattants.
L’opposition puis la résistance* qui se manifestent contre le nazisme*
permettent à l’Autriche de renaître après la défaite de l’Allemagne*. La
guerre lui a coûté 230 000 morts militaires et 80 000 civils dont 50 000 Juifs.
L’Autriche connaîtra son épuration*.

AVALANCHE, OPÉRATION
Nom de code donné au débarquement de la Ve Armée anglo-américaine
dans le golfe de Salerne*, en septembre 1943.

AVENGER
Grumman TBF.
Bombardier monomoteur embarqué américain. Fabriqué à 9 836
exemplaires en plusieurs versions.
TBF 1 : vitesse : 430 km/h ; autonomie : 1 950 km ; armement :
3 mitrailleuses, 725 kg de bombes ; équipage : 3 hommes.
Il est le meilleur des avions torpilleurs américains.

AVIATION FRANÇAISE
L’aviation française de 1939 est loin de la splendeur de la Royale* dans
un pays qui fut le pionnier des plus lourds que l’air.
Où sont les 258 escadrilles et les 4 000 appareils de novembre 1918 ?
Indépendante depuis 1933, l’aviation se présente en parent pauvre.
Oubliée dans les crédits, perturbée dans les fabrications par les mouvements
socio-économiques (nationalisations, grèves, etc.), elle n’a pas renouvelé son
parc. Les ministres qui se sont succédé à sa tête (Laurent-Eynac, Pierre Cot,
Guy La Chambre) ont manifesté parfois plus d’intérêt pour leurs électeurs
que pour les chaînes de montage. Et parmi les chefs militaires successifs,
aucun n’a été un Darlan*. Le dernier en date, Vuillemin, a été un glorieux
aviateur en 14-18, ce qui n’implique pas de savoir se montrer bon
gestionnaire. L’homme s’est plié au pouvoir politique, faute d’être de taille à
l’aborder de front.
Les résultats de ces carences tombent comme un constat de faillite. Les
ailes françaises de 1939, en dépit de la qualité de leurs pilotes, sont en
mauvaise santé. Sur 1 400 appareils de première ligne, deux tiers sont
périmés. Seuls 450 chasseurs (MS 406* ou premiers Dewoitine 520*) et une
trentaine de bombardiers sont du matériel moderne. Amiot 143*, Bloch 210,
Farmann F 222* de bombardement sont dépassés, tout comme les Potez 25
ou 39 et les Breguet 27 de reconnaissance. Les uns et les autres paieront très
cher ce handicap.

AVIATION SOVIÉTIQUE
L’aviation soviétique, au déclenchement de « Barbarossa* », compte
environ 8 100 appareils.
Presque tous sont obsolètes ; ils seront détruits dès les premiers jours du
conflit, soit en combats aériens, soit surpris au parking, le 22 juin 1941.
L’industrie soviétique repense ses fabrications et sort des modèles qui
seront capables de faire face : Yak-3*, Stormovik*.
2 650 avions seront engagés lors de la bataille de Koursk* en août 1943,
5 700 lors de l’offensive en Biélorussie* en juin 1944, 7 200 lors de la chute
de Berlin*. En mai 1945, l’aviation soviétique disposera de 17 000 avions.

AVRANCHES, PERCÉE D’
En Normandie*, sur leur base de départ située à hauteur de la route
Périers-Saint-Lô, les Américains sont prêts.
Patton*, chargé de la rupture du front allemand, avec les VIIe et VIIIe
CA, piaffe à cause du temps affreusement mauvais.
25 juillet 1944. Enfin le soleil ! L’aviation alliée a le ciel pour elle.
L’opération Cobra* peut débuter avec un formidable pilonnage aérien. 1 500
B-17* et B-24*, 380 bombardiers moyens, 550 chasseurs bombardiers,
déversent 4 150 tonnes de bombes. Simultanément, Britanniques et
Canadiens attaquent au sud de Caen pour tromper l’adversaire.
Le premier jour, le VIIe CA enfonce le front adverse et gagne 10 km. Le
lendemain, le VIIIe CA démarre à son tour. L’avalanche est déclenchée. Les
bombardements ont disloqué les défenses. Le front rompu, les résistances
arrière s’effondrent sous les coups des blindés. Patton* mène la charge,
hurlant sans répit : « Marchez ! Marchez ! Ne vous souciez pas de vos
flancs ! »
Lessay, Périers sont libérés le 24, Coutances le 28. Le 30 juillet, dans
l’après-midi, c’est Avranches. Le front gauche allemand est enfoncé, ouvert
de Saint-Lô à la baie du Mont-Saint-Michel. La preuve est faite que le
débarquement a vraiment réussi.
Devant ce désastre, von Kluge* préconise un repli général sur la Seine.
Hitler* ne l’écoutera pas.

AVRE, CHAR (ASSAULT VEHICLE ROYAL


ENGINEER)
Char (Churchill*, Centaur, Sherman* ou autres) modifié afin d’assurer
diverses missions : appui feu, canon de démolition, transport de fascines ou
de passerelles, explosion de mines, etc.

AXE
Formule lancée par Mussolini* le 1er novembre 1936 pour symboliser les
accords politiques passés entre Rome et Berlin en octobre 1936.
Ces accords, le 21 mai 1939, se transformeront en alliance formelle
(Pacte d’acier*) entraînant l’Italie* dans la guerre le 10 juin 1940. L’Axe*
sera élargi le 27 septembre 1940 par le Pacte tripartite* signé avec le Japon*.
Ce dernier pacte sera une désillusion pour Hitler* qui escomptait voir l’URSS
obligée de se garder à l’Est*. Japon* et URSS* signeront le 14 avril 1941 un
traité de neutralité réciproque pour cinq ans.

AXIS
Mot de code envoyé par Kesselring*, le 7 septembre 1943, à ses
subordonnés directs pour les informer que l’Italie* avait quitté les rangs de
l’Axe* et que des mesures devaient être prises pour désarmer les Italiens.

AZUL, DIVISION
Prudent, Franco* n’a pas voulu se ranger ouvertement dans le camp de
l’Axe*.
Après le déclenchement de Barbarossa*, il donne toutefois son accord
pour la constitution d’une unité de volontaires destinée à aller combattre sur
le front de l’Est*. Il sauve la face vis-à-vis de celui qui l’a soutenu durant la
guerre d’Espagne.
Ils sont ainsi 18 000 Espagnols auxquels se joignent quelques centaines
de Portugais à partir volontairement pour le front de l’Est* en 1941. Ils
constitueront la 250e division d’infanterie sous les ordres des généraux
Munoz Grandes, puis Emilio Esteban Infantes. La couleur bleue de leur
chemise les fera désigner sous le nom de Division Azul. En septembre 1943,
Franco*, conscient de l’évolution du conflit, décidera de les retirer. Quelques
poignées resteront dans les Waffen SS*.
Ils seront environ 37 000 à avoir combattu – très courageusement – sur le
Volkhov* et le lac Ilmen.
4 954 auront été tués et 8 700 blessés. Les derniers prisonniers ne seront
rendus par les Soviétiques qu’au bout d’une dizaine d’années.
B

B1, CHAR
Char lourd français conçu au début des années 1930.
Avec le B1 bis* équipera en mai 1940 les DCR* françaises. Fabriqué à
trente-cinq exemplaires, à 369 dans la version B1 bis*.

B1 BIS, CHAR
Char lourd français sorti en 1936, version améliorée du B1 (moteur plus
puissant, blindage avant porté à 60 mm).
Est en 1940 le char le plus puissant du champ de bataille. Fortement
blindé, pèche par son autonomie : 150 km. Sera un adversaire redoutable
pour les PD*. Malheureusement utilisé en ordre dispersé.
Poids : 32 tonnes ; vitesse : 28 km/h ; armement : 1 canon de 75 sous
casemate, 1 canon de 47 sous tourelle, 2 mitrailleuses de 7,5 mm ; équipage :
4 hommes.
Les Allemands, après la défaite française, utiliseront des B1 bis comme
lance-flammes ou canons automoteurs.

B-10 B MARTIN
Bombardier bimoteur américain connu en France* comme Glenn Martin
du nom de son fabricant.
Vitesse : 340 km/h ; autonomie : 1 000 km ; armement : 3 mitrailleuses,
1 000 kg de bombes ; équipage : 4 hommes.
Faute de mieux, les Français l’utiliseront souvent comme avion de liaison
pour le haut commandement. (En mai 1940, Weygand* reviendra du Levant
avec un Glenn Martin qui se posera sur le ventre à Étampes.)

B-17 FLYING FORTRESS


Quadrimoteur américain de bombardement.
Fabriqué à environ 12 600 exemplaires, en plusieurs versions, par Boeing
Aircraft Co.
Vitesse : 510 km/h ; autonomie : 3 220 km ; armement : 10 à
13 mitrailleuses, 8 000 kg de bombes ; équipage : 9 hommes.
Le B-17 est l’appareil par excellence des bombardements massifs sur
l’Allemagne* et le Japon*. Les équipages l’apprécient pour sa robustesse.

B-24 LIBERATOR
Quadrimoteur américain de bombardement sorti à partir de 1940.
Fabriqué à 18 188 exemplaires en plusieurs versions par Consolidated,
puis Ford, Douglas et North Aviation.
Vitesse : 470 km/h ; autonomie : 3 380 km ; armement : 10 mitrailleuses,
4 000 kg de bombes ; équipage : 8 à 10 hommes.
Cet avion polyvalent (bombardement, reconnaissance, transport) est
principalement en service dans le Pacifique*.

B-25 MITCHELL
Bimoteur américain de bombardement, du nom du général William
Mitchell, apôtre de l’aviation des années 20.
Fabriqué à 11 000 exemplaires, en plusieurs versions, par North
American Aviation.
Vitesse : 440 km/h ; autonomie : 2 170 km ; armement : 1 canon de 75,
quatorze mitrailleuses, 1 360 kg de bombes ; équipage : 3 à 6 hommes.
C’est avec ce type d’appareil que Doolittle* réalisa son célèbre raid sur
Tokyo*, le 18 avril 1942.

B-26
Martin B-26B Marauder.
Bimoteur américain de bombardement. Fabriqué à 5 157 exemplaires par
Glenn L. Martin Co.
Vitesse : 510 km/h ; autonomie : 1 850 km ; armement : 6 mitrailleuses,
1 360 kg de bombes ; équipage : 7 hommes.
La version B-26G comprendra 11 mitrailleuses et 1 815 kg de bombes.
Le B-26 est impressionnant pour les troupes au sol. Lors de la ressource
de l’avion, elles continuent à être sous le feu du mitrailleur de queue.

B-29 SUPERFORTRESS
Quadrimoteur américain de bombardement stratégique, opérationnel à
partir de 1944.
Fabriqué à 3 970 exemplaires, en plusieurs versions, par Boeing Aircraft
Co.
Vitesse : 576 km/h ; autonomie : 6 600 km ; armement : 1 canon de 24,
10 mitrailleuses, 4 100 kg de bombes ; équipage : 10 hommes.
Ce sont deux B-29, baptisés Enola Gay* et Bock’s car*, qui, en août
1945, larguent les deux premières bombes atomiques sur Hiroshima* et
Nagasaki*.

BABI YAR
Ravin tragique aux environs de Kiev.
Les 28 et 29 septembre 1941, après l’occupation de Kiev* par la
Wehrmacht*, tous les Juifs encore présents sont arrêtés, soit environ 60 000
personnes. Les hommes valides sont mobilisés pour travailler. 33 371
vieillards, femmes et enfants sont massacrés par les SS* de l’Einsatzgruppe
C*, secondés par des auxiliaires ukrainiens.
Les mois suivants, environ 100 000 juifs, tsiganes, communistes et
prisonniers de guerre soviétiques, seront encore massacrés dans ce ravin de
Babi Yar.

BACH ZELEWSKI, ERICH, von dem (1899-1972).


Obergruppenführer SS.
Nazi de la première heure.
Dirige le massacre de Riga, le 31 octobre 1941. Lutte contre les partisans
de Biélorussie en 1943, puis écrase l’insurrection de Varsovie* durant l’été
1944. Témoin à Nuremberg*, condamné à la réclusion à perpétuité en 1962,
meurt en prison en 1972.

BADOGLIO, PIETRO (1871-1956). Maréchal


italien.
Chef d’état-major de l’armée italienne, conscient de la faiblesse militaire
de son pays, essaye de freiner Mussolini* dans son intention d’attaquer la
France* en juin 1940.
Est démis de ses fonctions et remplacé par Cavallero le 6 décembre 1940,
payant le fiasco de l’invasion de la Grèce* qu’il avait désapprouvée. Rendu à
la vie civile, se range parmi les opposants du régime. Après l’arrestation de
Mussolini* en juillet 1943, devient Premier ministre et prépare discrètement
l’armistice signé le 8 septembre avec les Alliés*. Ayant dû s’enfuir à Brindisi
avec le roi, y dirige un gouvernement soutenu par les Américains, contesté
par la résistance italienne. Après la chute de Rome* en juin 1944, son passé
au service de Mussolini* avant la guerre (il avait conquis l’Éthiopie* en
1935), l’opposition du Comité de Libération nationale, le contraignent à
démissionner.

BAD TÖLZ
SS Junkerschule, située en Bavière.
Créée en 1935, elle assure la formation militaire et politique des futurs
officiers SS*. Le régime y est rigoureux, appliquant le vieil adage : « La
sueur épargne le sang. »

BAGRAMIAN, IVAN (1897-1982). Maréchal


soviétique.
D’origine arménienne, commande le 1er Front de la Baltique de 1943 à
1945, puis le 3e Front de Biélorussie* en avril-mai 1945.
Promu maréchal le 11 mars 1955.
BAGRATION, OPÉRATION
(voir BIÉLORUSSIE, DÉSASTRE ALLEMAND EN)

BAILEY, PONT
Pont préfabriqué et portatif, conçu par l’Anglais Donald Bailey et
fabriqué essentiellement par les Américains (40 km de pont ont été fabriqués
durant la guerre).
Il est constitué d’éléments métalliques s’assemblant et pouvant être
transportés par camions. Ses pièces de 202 à 262 kilos sont manipulées par
quatre ou six hommes. Ses travées d’une portée maximale de soixante mètres
autorisent le passage des chars.

BAKA, BOMBE
Petit avion fusée japonais, piloté par un kamikaze* et transportant une
charge explosive de 816 kg.
Il se montre si peu efficace que les Américains le surnomment Baka, idiot
en japonais. De son vrai nom, Ohka (cerisier). Employé pour la première fois
le 21 mars 1945.
Vitesse : en vol horizontal : 650 km/h, en piqué : 930 km/h ; distance
franchissable : 37 km environ.

BALATON, BATAILLE DU LAC


Le 13 février 1945, la garnison de Budapest* a fini par succomber.
Cette perte de la capitale ne détourne pas Hitler* de la Hongrie*. Au
contraire. Il y tient à cause des champs pétrolifères du lac Balaton. Ils sont
son ultime ressource en la matière. Perte de Ploesti* en Roumanie*,
bombardements massifs des usines de fabrication d’essence synthétique,
l’Allemagne est à court de carburant.
Le Führer* s’est également convaincu qu’un succès sur le Danube
compenserait celui qu’il n’a pu obtenir dans les Ardennes*. L’Armée rouge*
campe aux portes de sa capitale ; il ne la voit pas ou feint de ne pas la voir.
C’est donc en Hongrie* qu’il a dépêché sa seule véritable réserve, la VIe AB
SS de Sepp Dietrich*. Elle serait plus utile sur l’Oder. Guderian* le lui a
répété sans être entendu. Il n’est qu’un seul stratège dans le IIIe Reich*
agonisant : Adolf Hitler*.
On en est là, sur le front hongrois, au début de mars 1945. Après la chute
de Budapest*, les positions se sont stabilisées. Chaque camp se prépare pour
la bataille à venir, les Allemands ayant incorporé les PD SS* de Sepp
Dietrich*. Ce secteur Hongrie*/Slovaquie*, de la Drave aux monts
Métalliques slovaques, relève toujours de la responsabilité du GA Sud du
général Wöhler*. Il est loin d’être nazi. Hitler* le sait et lui tient gré de sa
solidité. « Ce Wöhler*, c’est un homme ! » a-t-il confié.
Ce GA Sud, éprouvé dans les Balkans au second semestre 1944 (ainsi
qu’à Budapest), renforcé par les PD SS*, comporte quatre forces principales :
VIIIe Armée sur le Hron, au nord du Danube ; VIe Armée au nord du lac
Balaton ; IIe AB entre lac Balaton et Drave ; VIe AB SS, le cadeau de Hitler*,
qui se tient en réserve mobile à l’ouest des lacs Balaton et Velencei.
Reconstituée, assez bien équipée, cette armée blindée représente encore un
bel outil de guerre. Hitler* en attend beaucoup, d’autant qu’il l’a confiée à
Sepp Dietrich*, l’un de ses reîtres de la première heure.
Wöhler* peut-il encore compter sur la IIIe Armée hongroise, sur la rive
droite du Danube, dans les monts Vertès ? Reliquat de l’armée de l’ex-allié
hongrois, elle n’a plus véritablement volonté de combattre.
En face, les Soviétiques opposent, du nord au sud, les 2e et 3e Fronts
d’Ukraine de Malinovski* et Tolboukhine*, leur ligne de séparation se
situant à l’ouest de Budapest. (Au nord, en Slovaquie*, le 2e Front se
raccorde au 4e Front d’Ukraine de Petrov ; au sud, un peu avant le confluent
Drave-Danube, la 3e Armée yougoslave prolonge le 2e Front.)
Si Tolboukhine* a été éprouvé par l’âpre résistance rencontrée dans
Budapest, il reste fort : 400 000 hommes, avec 7 000 canons et mortiers,
400 chars et un millier d’avions. Malinovski* avec 7 armées est aussi fort.
Quelle que soit la puissance de choc des PD SS*, l’Armée rouge*, en
Hongrie* comme ailleurs, s’affirme un adversaire redoutable.
Pourtant, Hitler* a décidé de vaincre sur le Danube ! Personne n’est
capable de le faire dévier. L’offensive, baptisée Frühlingserwachen (Éveil du
printemps), mettra en œuvre un corps de bataille puissant : VIe Armée et VIe
AB SS, soit en principe 10 PD* et 12 DI (ainsi qu’un CA hongrois). Cet
ensemble débouchant entre les lacs Balaton et Velencei visera à atteindre le
Danube. Il devrait ensuite éclater pour prendre à revers le 3e Front d’Ukraine
d’un côté et se porter sur Budapest* par le sud d’un autre. Simultanément, au
sud du lac Balaton et sur la Drave, se produiront des attaques de diversion
pour fixer l’ennemi et participer à son encerclement. L’essentiel de
l’offensive doit se dérouler devant le 3e Front d’Ukraine, la défensive étant de
règle sur le Hron et à l’ouest de Budapest.
Tolboukhine*, principal visé, a l’avantage de localiser où se portera
l’essentiel de l’effort ennemi. Il organise en conséquence un système défensif
en profondeur entre lac Balaton et Danube avec champs de mines, armes
antichars et artillerie lourde. La 27e Armée se rapproche et se masse en
première réserve en avant du Danube. La 9e est dépêchée en réserve spéciale
de la Stavka*.
Hitler*, impatient, presse Wöhler* d’attaquer. Pourtant, les conditions
météorologiques se montrent des plus défavorables. Il a beaucoup neigé fin
février ; puis le temps s’est radouci, provoquant une véritable débâcle. Les
chars éprouvent d’extrêmes difficultés à se déplacer. Enfin, le 5 mars, vers
20 h, Sepp Dietrich* fait savoir qu’il est « substantiellement prêt ».
Les actions secondaires, sur la Drave et au sud du lac Balaton, se
déroulent comme prévu avec un relatif succès. Elles tendent à occuper
Tolboukhine* où le Soviétique attend l’attaque principale.
Les conditions climatiques ne se sont pas améliorées. Chaleur, fonte
accélérée des neiges, d’où boue profonde en dehors des axes eux-mêmes
minés. Le terrain, marécageux, coupé de nombreux petits canaux, n’est pas
davantage favorable aux blindés. Les PD* de Sepp Dietrich*, attaquant
depuis le créneau, large de 40 km, entre les lacs Balaton et Velencei, se
heurtent aux difficultés naturelles et aux retranchements soviétiques.
Pourtant, en quelques jours, elles gagnent 40 km, le long du canal de Sarviz
qui balise vers le sud-est leur axe de marche en direction du Danube. Sur leur
flanc gauche, où elles ont piqué au plus court pour atteindre le fleuve, leurs
éléments de tête n’en sont plus qu’à une dizaine de kilomètres.
La première ligne soviétique a été enfoncée. La seconde connaît en partie
un sort identique. Finalement, la progression allemande marque le pas.
Tolboukhine* fait intervenir ses réserves. La Stavka* garde sous la main la 9e
Armée de la Garde. Elle pense à la contre-attaque.
Wöhler* voit la menace. Le 14 mars, il alerte le Führer*. Sa VIe AB SS
est dangereusement avancée à l’est du couloir de départ. Si les Soviétiques
parviennent à surgir à l’ouest des lacs, le gros du corps de bataille du GA Sud
sera coupé. Pour Hitler*, il ne saurait être question de renoncer ou de faire
demi-tour. La marche sur le Danube doit se poursuivre.
Dans l’après-midi du 16 mars, la contre-offensive soviétique se déclenche
au nord du lac Velencei. Le IVe CB SS qui reçoit une partie du choc de
Tolboukhine* tient mais, sur sa gauche, la IIIe Armée hongroise attaquée par
Malinovski* s’effondre. Le lendemain, la poussée du 2e Front d’Ukraine peut
se développer à travers les monts Vertès. De son propre chef, Wöhler*
amorce des replis.

Le 19 mars :
Les troupes d’élite entrent en action. 9e et 4e Armées de la Garde se
lancent à l’assaut du IVe CB SS. L’intention de Tolboukhine*, et de
Timochenko* au-dessus de lui, est bien, comme le craignait Wöhler,
d’obturer le corridor entre Balaton et Velencei par lequel s’est engouffré
Sepp Dietrich*.
Le commandant du GA Sud s’efforce de parer au mieux. Il prescrit à la
e
VI Armée de garder le passage et aux PD SS* de remonter vers le nord pour
pallier la défaillance des Hongrois.
Une fois de plus, Hitler* intervient dans la conduite de la bataille. Il exige
que la VIe Armée défende les mines de bauxite de Szekesfervar, près du lac
Velencei. C’est la maintenir sous la menace d’être encerclée. Hitler*
s’obstine, alors que, le 20, Tolboukhine* engage la 6e AB de la Garde.
L’encerclement des forces avancées vers le Danube se précise. Wöhler*
prend sur lui d’ordonner un repli général. Il a trop de souvenirs dans l’esprit.
Malgré les protestations de Hitler*, la région de Szekesfervar est abandonnée.
Au sud, la IIe AB poursuivant ses efforts grignote quelques kilomètres
mais l’enjeu n’est plus là. Les VIe Armée et VIe AB SS sont maintenant
prises à revers par la contre-attaque de Tolboukhine*. Parviendront-elles à se
dégager ?
Des combats que certains regardent comme les plus violents de la
Seconde Guerre mondiale opposent les deux adversaires. La situation est
floue durant quelques jours, avant que les deux armées allemandes finissent
par craquer sous la terrible pression qu’exercent vers le sud-ouest les armées
de Tolboukhine*. Brutalement, le moral des combattants allemands lâche. Le
23 mars, le général Balck, commandant la VIe Armée, téléphone par deux
fois à Berlin pour rendre compte que ses troupes perdent la volonté de se
battre. Ont-elles pris conscience de l’inanité de leurs efforts ? On signale des
cas de désertions jusque chez les SS*.

25 mars :
La dernière grande offensive allemande de la guerre a échoué. Les restes
de la IIIe Armée hongroise sont encerclés, voués à l’anéantissement. Les
VIe Armée et VIe AB SS qui se sont efforcées de se retirer en deçà du lac
Balaton se retrouvent à 100 km à l’ouest du lac. La majeure partie de la
VIe Armée a disparu. Tout l’armement lourd a été abandonné.
Hitler* est furieux et ordonne de retirer leurs brassards et insignes aux
unités SS* en déroute, mesure que Sepp Dietrich* n’applique pas et qui a
déjà trouvé exécution pratique. Par crainte de tomber aux mains de l’ennemi,
les SS* ont abandonné d’eux-mêmes leurs signes distinctifs.
De Komarno sur le Danube à l’ouest du lac Balaton, il n’est plus guère de
front. Des brèches se sont créées. La victoire totale se précipite en Hongrie*.
Le 27 mars, Tolboukhine* atteint la frontière autrichienne (voir chutes de
Vienne et de Bratislava).

BALIKPAPAN, BATAILLE NAVALE DE


Le 23 janvier 1942 au soir, les Japonais se préparent à débarquer à
Balikpapan (est de Bornéo).
Forts de leurs perpétuels succès, ils ne prennent pas de précautions
particulières. Dans la nuit du 23 au 24 janvier, quatre destroyers américains,
vétérans de la Première Guerre mondiale, s’infiltrent audacieusement dans le
détroit de Makassar. À 3 h, ils abordent à 27 nœuds la flotte nippone, ancrée
au large de Balikpapan, et dont les bâtiments se détachent en masses sombres
sur le fond des champs pétrolifères en feu. Attaquant à la torpille puis avec
leurs pièces de cinq pouces, les quatre destroyers coulent quatre transporteurs
et un patrouilleur. Avec de bonnes torpilles, ils auraient obtenu un bien
meilleur score.
Balikpapan est un beau succès. Les Américains ont livré et gagné leur
première bataille navale de la guerre. Ce succès ne retarde la poussée
japonaise que d’une journée et n’interdit pas une tragédie. Furieux de la
destruction des installations pétrolières, les Japonais massacrent à l’arme
blanche toute la population européenne de la ville.

BALKANS
Il est deux campagnes des Balkans : celle de l’invasion et celle de la
Libération*.
L’invasion est menée par l’Italie* en octobre 1940, puis par
l’Allemagne* en avril 1941 (voir Invasion de la Grèce ; Yougoslavie).
La Libération* intervient en 1944-1945 (voir : Libération de la Grèce ;
Yougoslavie).
Les Balkans incluent également l’Albanie*, la Bulgarie*, le sud de la
Roumanie*, la Turquie* d’Europe.

BALTES, ÉTATS
Durant des siècles, Lituanie*, Lettonie*, Estonie*, ont connu des rivalités
d’influence entre Slaves et Germains.
Pendant deux siècles, jusqu’à la Révolution russe, le tsarisme a paru y
imposer sa loi. Sa chute a permis l’éclosion des aspirations nationales et
l’accession à l’indépendance des trois pays, au terme de batailles sévères
contre les armées bolcheviques de 1919 à 1930. Les États baltes sont, en
1939, membres de la Société des Nations*.
En mars 1939, renouant avec les traditions teutoniques, les Allemands
occupent Memel (Klaïpeda*) en Lituanie*. Le pacte germano-soviétique*
d’août 1939 reconnaît les pays baltes comme zone d’influence soviétique, ce
qui permet à l’URSS* d’y obtenir des bases militaires.
Le 14 juin 1940, tandis que la France* et l’Angleterre* ont d’autres
soucis, l’Armée rouge*, sans préavis, envahit ses voisins bien incapables de
résister. Le 21 juillet, ils sont officiellement annexés à l’Union soviétique. Ils
connaissent alors une épuration sévère. Les classes bourgeoises et
intellectuelles sont frappées. Arrestations, déportations se suivent.
Au lendemain du 22 juin 1941, la Wehrmacht* occupe relativement vite
la région où elle est généralement bien accueillie et regardée comme armée
des libérateurs. L’illusion ne dure pas. La terreur nazie succède à la terreur
soviétique. Les Juifs en sont les premières victimes. Les défaites allemandes
de 1944-1945 ramènent à la situation de 1940. Pour près d’un demi-siècle, les
États baltes vivront sous la férule moscovite. Elle amènera un exil définitif de
la population de souche polonaise et un afflux russe, surtout en Estonie* et
Lituanie*.

BANDERA, STEFAN (1909-1959). Homme


politique ukrainien.
Chef de l’OUN (Organisation ukrainienne nationaliste) et fondateur de
l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne).
Proclame, le 30 juin 1941, à Lwow, l’indépendance de l’Ukraine*. Arrêté
peu après par les Allemands, est envoyé au camp de concentration de
Sachsenhausen*. Libéré à l’automne 1944 afin de lutter sur les arrières de la
Wehrmacht*. Rescapé, sera empoisonné, en 1959, à Munich, par un agent du
KGB sur ordre de Khrouchtchev.

BANGALORE, TORPILLE
Tube de 40 à 50 mm de diamètre, long de 2,4 mètres, renfermant 4 à
5 kilos d’amatol, explosif très puissant.
L’explosion d’une torpille dans un champ de mines ou un réseau de
barbelés dégage un espace de 0,75 à 3 mètres de largeur permettant de créer
une brèche. Les tubes peuvent s’emboîter prolongeant la longueur à dégager.

BANZAÏ
Cri de guerre des combattants japonais.
Littéralement : « Dix mille années ! » sous-entendu : « à l’Empereur ! ».
Il dérive de l’injonction : Tenno heika banzaï (Longue vie ou dix mille vies à
l’Empereur).
Une charge banzaï sera synonyme de charge suicidaire en ultime recours.
Les Américains le constateront à Attu* ou Saipan*. Les rescapés se
suicideront plutôt que de se rendre.

BAR (BROWNING AUTOMATIC RIFLE)


Fusil mitrailleur américain introduit sur le front français peu avant le
11 novembre 1918.
Poids : 7, 280 kg ; longueur : 1, 219 m ; calibre : 7, 62 mm ; cadence :
500 coups/minute ; chargeur amovible : vingt coups.
Arme robuste mais péchant par la faiblesse de son chargeur. Aux États-
Unis*, durant la Seconde Guerre mondiale, elle est fabriquée à environ
350 000 exemplaires.

BARBARA, LIGNE
Ligne de résistance allemande, couvrant Cassino* à une vingtaine de
kilomètres au sud-est. Elle va de la mer Tyrrhénienne aux monts Matese.

BARBAROSSA, OPÉRATION (22 juin 1941).


De longue date, Hitler* songe à marcher vers l’Est*.
Il en parlait dans Mein Kampf. Le Lebensraum* est l’une de ses grandes
visions politiques.
L’hypocrite traité de non-agression du 24 août 1939 a apporté au Führer*
tranquillité pour guerroyer à l’Ouest. Sans plus. Il ne signifie pas paix
éternelle avec Moscou.
Dès le 29 juillet 1940, alors qu’à priori l’on s’oriente vers un
débarquement en Angleterre, Jodl* confie à une poignée d’officiers d’état-
major la décision quasi effective de Hitler* d’attaquer à l’Est*. Le second
semestre 1940 conforte celui-ci dans son intention. Envahir l’Angleterre* se
révèle impossible, la bataille aérienne se soldant par un échec. Les États-
Unis* aident et aideront de plus en plus la Grande-Bretagne*. Un jour, ils
entreront dans la guerre. Les Soviétiques, de leur côté, se renforceront. Bref,
le temps joue contre l’Allemagne*. Pour l’emporter, celle-ci doit, très vite,
annihiler l’URSS*. L’Angleterre*, alors, se rendra compte qu’elle est seule
en Europe, que la puissance allemande est écrasante. Elle devra composer.
Le 18 décembre 1940, Hitler* signe la directive no 21, véritable ordre
d’opérations contre l’URSS* :
« Il est nécessaire que la Wehrmacht* soit en mesure d’écraser la Russie dans une courte
campagne.
La masse de l’armée russe doit être battue au moyen d’opérations de chars hardies, et la
retraite de troupes intactes vers les espaces vastes de la Russie doit être interdite.
Une poursuite rapide permettra d’atteindre une ligne à partir de laquelle les forces aériennes
russes ne constitueront plus une menace pour le territoire du Grand Reich* allemand. Le premier
but est de protéger, contre la Russie asiatique, les régions situées à l’ouest de la ligne générale
Volga-Arkhangelsk. En cas de nécessité, la dernière région industrielle russe, celle de l’Oural,
serait éliminée par la Luftwaffe*.
Comme les marais du Pripet* coupent en deux le théâtre d’opérations, le centre de gravité de
nos forces se trouvera au nord de ces marais avec deux groupes d’armées.
Le groupe d’armées Sud de ce mouvement aura avant tout pour mission d’anéantir la force
combative de l’armée russe. Le groupe d’armées Nord prendra Leningrad* et Cronstadt. Nos
forces se concentreront ensuite contre Moscou, important centre de communications et
d’armement.
Le groupe d’armées opérant au sud du Pripet* s’emparera de l’Ukraine*.
Seule une rupture complète de la force combative russe permettra d’atteindre simultanément
ces objectifs ».

L’essentiel y est.
Décidant de tout, Hitler*, qui s’est intronisé commandant en chef par
décret du 4 février 1938, a fixé le plan d’opérations en dépit de l’opposition
de von Brauchitsch* et de Halder*. L’effort principal sera au nord.
Leningrad*, ville jugée bastion du communisme, est l’objectif no 1. Moscou,
le second, l’Ukraine* ne venant qu’au troisième rang.
Cette offensive contre l’URSS*, Hitler* l’a d’abord baptisée « Otto », en
souvenir d’Otto le Grand. Puis il s’est ravisé. Ce sera l’opération Barbarossa
du nom cette fois de Frédéric 1er Barberousse, parti en croisade en Terre
sainte en 1189.
« Quand Barbarossa se déclenchera, le monde retiendra son souffle et
restera sans voix », déclarera l’auteur du projet en février 1941. Hitler* a fixé
une date : 15 mai 1941. L’intervention dans les Balkans* la repoussera au
22 juin.
Hitler* a franchi le pas et accepté de combattre sur deux fronts. Goering*,
non sans bon sens, lui reprochera : « Ce fut votre chef-d’œuvre, mein
Führer*, au printemps 1940 de vous battre sur un seul front... »
Propos inutiles ! Son interlocuteur est persuadé qu’il doit écraser
l’URSS* pour amener l’Angleterre* à composition.

LES FORCES EN PRÉSENCE

La Wehrmacht*.
En fonction des objectifs impartis par Hitler*, l’OKH* a organisé un
dispositif en trident correspondant à trois axes de marche en direction des
objectifs lointains : Leningrad*, Moscou*, Ukraine-Caucase*.
GAN (Groupe d’armées Nord). Maréchal von Leeb*
XVIIIe Armée Général von Küchler
XVIe Armée Général Busch*
IVe Armée blindée Général Hoepner
GAC (Groupe d’armées Centre) Maréchal von Bock*
IIIe Armée blindée Général Hoth*
IXe Armée Général Strauss
IVe Armée Maréchal von Kluge*
Général Guderian*, subordonné à
IIe Armée blindée Kluge*
GAS (Groupe d’armées Sud) Maréchal von Rundstedt*
VIe Armée Maréchal von Reichenau*
1ère Armée blindée Général von Kleist*
XVIIe Armée Général von Stülpnagel*
Corps d’armée hongrois
Corps d’armée italien Général Masse
IIIe Armée roumaine Général Dumitrescu
Ve Armée roumaine Général Ciuperca
XIe Armée (intercalée entre Général von Schobert
contingents alliés)

À ces trois GA doit s’adjoindre le contingent destiné au Grand Nord sous


les ordres du général Dietl*, soit deux divisions de montagne, deux divisions
d’infanterie et deux divisions finlandaises. Dietl* a mission de prendre
Mourmansk et de s’emparer du nickel de Petsamo. À cet effet, il a
personnellement mis sur pied l’opération Renard Argenté au départ de
Kirkenes en Norvège*.

L’ensemble de ces forces terrestres donne 130 DI (dont deux de


montagne), 27 PD ou DM, cinq divisions SS* et huit RIB (régiment
d’infanterie blindé). Dix-huit autres divisions dont deux PD* se tiennent en
réserve à l’arrière-plan des GA Nord et Centre. Ce sont donc près de 200
divisions (dont trente-cinq hongroises, italiennes, roumaines ou finlandaises)
qui se lancent dans la plus grande bataille de l’Histoire ; 3 600 engins blindés,
600 000 véhicules, 7 200 pièces d’artillerie accompagnent ces trois millions
d’hommes.
Pour les appuyer, 4 000 avions tournoieront dans le ciel, répartis en trois
flottes aériennes :
— au profit du GAN, la 1ère Flotte aérienne du général Alfred Keller ;
— au profit du GAC, la 2e Flotte aérienne du général Albert Kesselring* ;
— au profit du GAS, la 4e Flotte aérienne du général Alexander Lohr*.
Incontestablement, la Wehrmacht* le 22 juin 1941 représente un
formidable engin de guerre. Elle est entre les mains de chefs expérimentés,
von Leeb*, von Bock*, von Rundstedt* au niveau des hauts
commandements ; Kleist*, Guderian*, Hoth*, Hoepner à celui des forces
blindées. Après les succès de Pologne* et de France*, officiers et soldats
aguerris possèdent un moral de vainqueurs. Ils ont entre leurs mains l’un des
meilleurs armements du moment : PK III* ou IV, Messerschmitt 109, Stuka*,
JU 88*, canons de 88, mitrailleuses MG 34*, PM modèle 40.
Cette armée apparemment invulnérable recèle cependant des faiblesses.
Son chef tout d’abord. Les erreurs stratégiques et tactiques d’Adolf Hitler*
saperont l’outil. Les PD* ont perdu de leur efficacité. Six seulement
possèdent trois bataillons de chars. Sur 3 000 véhicules par division, 300
seulement sont munis de chenilles. Le blindage des PK III* et IV est
insuffisant. Leur canon de 50 manque de pouvoir de perforation. Derrière les
PD* ou DM, le gros de l’armée marche à pied. Les divisions d’infanterie ne
peuvent suivre le rythme des éléments blindés.
L’Armée rouge*.
Le dispositif de départ aligne 170 divisions – souvent de moins de 10 000
hommes – réparties en cinq districts militaires appelés, le 23 juin, à devenir
des Fronts (équivalent d’un groupe d’armées) :
DM de Leningrad, futur Front Nord, Général Popov.
Commissaire politique*, Klementev.
XIVe Armée, Général Frolov.
XXIIIe Armée, Général Pchennikov.
DM de la Baltique, futur Front Nord-Ouest, Général Kouznetsov.
Commissaire politique*, Dibrov.
VIIIe Armée, Général Sobennikov.
XIe Armée, Général Morozov.
XVIIe Armée, Général Berzarin.
DM de l’ouest, futur Front Ouest, Général Pavlov*.
Commissaire politique*, Fominyi.
IIIe Armée, Général Kouznetsov.
Xe Armée, Général Kolubev.
IVe Armée, Général Korobkov.
6e, 11e, 13e (incomplet), 14e Corps mécanisés.
DM de Kiev, futur Front sud-ouest, Général Kirponos.
Commissaire politique*, Rykov.
Ve Armée, Général Potapov.
VIe Armée, Général Muzychenko.
XXVIe Armée, Général Kostenko.
6e, 8e, 15e et 22e Corps mécanisés.
DM d’Odessa, futur Front Sud, Général Toulenev.
XVIIIe et IXe Armées.
En réserve générale : quatre armées et cinq corps mécanisés très loin en
arrière de la frontière.
Sont censées également participer à la défense – des côtes tout au moins
– les flottes du Nord (mer de Barents), de la Baltique et de la mer Noire, soit
200 000 marins.
Hitler*, pour l’aventure dans laquelle il se lance, a réussi à forger une
coalition. Roumanie*, Hongrie*, Finlande*, ont une revanche à prendre sur
l’Histoire présente ou plus lointaine. D’où leurs contingents relativement
étoffés (vingt-huit divisions pour les Roumains). L’Italie* se présente en
obligée. Quant à Franco*, il s’est bien gardé de s’immiscer dans la bataille à
venir. Pour sauver la face vis-à-vis du Führer, il enverra la division Azul*.
Sans plus.
L’ensemble des trois Fronts soviétiques face à l’Ouest représente environ
2 600 000 hommes pour trois millions de mobilisés. C’est peu pour un pays
de 179 millions d’habitants. L’effort de guerre multipliera ce chiffre par
deux, trois, quatre, cinq et même davantage.
Les forces terrestres ne couvrent pas les frontières. Elles occupent des
zones et s’échelonnent jusqu’à 250 km en profondeur. Staline et ses
conseillers en ont décidé ainsi afin d’éviter les provocations. Une telle mise
en place interdit de constituer un front défensif. Il existe bien une ligne de
défense baptisée ligne Staline*. Elle court nord-sud par Polotsk, Minsk, les
marais du Pripet*, Jitomir et la rive gauche du Dniestr. Certains de ses
ouvrages sont d’une puissance qui surclasse ceux de la ligne Maginot*. Sa
faiblesse, elle n’est pas continue. Elle offre de nombreuses brèches et ne
saurait constituer un écran pour barrer la route à l’envahisseur.
Dans un État dictatorial comme l’URSS*, tout est centralisé au niveau de
Staline*. Le maître du Kremlin présidera en personne un GKO* qui donnera
ses ordres à une sorte de GQG (Grand quartier général), la Stavka*,
organisme militaire créé le 23 juin.
Les Soviétiques se doutent-ils de ce qui se prépare ? Ils ont reçu des
avertissements. Staline* ne les a pas crus. Il joue le traité du 24 août 1939. À
fond ! Gardes frontières, troupes de couverture, vivent la routine du temps de
paix. Les permissions s’accordent normalement. Aucune concentration de
blindés et d’artillerie n’a été envisagée pour faire face à toute éventualité. La
surprise sera totale et cruelle.

L’INVASION
Hitler* voit grand : il fixe à ses troupes d’atteindre une ligne
Arkhangelsk-Astrakhan.
Pratiquement, la Wehrmacht* doit conquérir un territoire sensiblement
égal à six fois celui de la France*.
Dès le premier jour, la surprise joue à fond. L’Armée rouge* est frappée
dans ses cantonnements, mitraillée par l’aviation, écrasée par l’artillerie ou
les blindés. À l’exception de Brest-Litovsk*, le dispositif soviétique se
fissure de partout.
La résistance héroïque de Brest-Litovsk* ne remet pas en cause les plans
de l’OKH*. Celui-ci sait parfaitement que l’arrière-pays de Brest-Litovsk*
n’est qu’une fondrière qu’il faudra éviter. Sur 350 km d’est en ouest et 250
du nord au sud, les marais du Pripet* interdisent la circulation. Ces données
physiques coupent le front. Il y a le nord et le sud du Pripet*.
Avant d’étudier cet ensemble de batailles qui finalement mèneront la
Wehrmacht* sous les murs de Leningrad* et de Kiev* et à 30 km de
Moscou*, une remarque préliminaire s’impose. La clarté de l’exposé conduit
à dissocier les trois fronts : nord, centre, sud. Découpage évidemment
artificiel mais malgré tout chaque secteur présente une certaine spécificité.

SUR LE FRONT NORD


Von Leeb* et son groupe d’armées ont pour mission première de réduire
les garnisons en pays baltes de leur adversaire direct, Kouznetsov, tout en
visant vers Leningrad*. En pointe du dispositif, Hoepner et son IVe groupe
blindé (56e et 41e CB) progresse très vite.
Von Manstein* avec son 56e CB a franchi le Niémen le 22. Le 26, il
s’approche de Dunabourg où les Brandebourgeois*, par un coup de main
audacieux, enlèvent le pont sur la Dvina. Il a alors 100 à 150 km d’avance sur
ses voisins (41e CB et 16e Armée). Von Leeb* qui ne partage pas ses audaces
lui ordonne de stopper pour permettre un alignement.
Le 2 juillet, l’avance reprend. 41e CB et 56e CB sont maintenant au coude
à coude. Il faut compter avec l’opiniâtreté russe. Les défenses de la ligne
Staline doivent être forcées. Pskov, les rives méridionales du lac Peïpous ne
sont atteints que le 9 juillet. Du moins, la ligne Staline a-t-elle été percée.
Von Leeb* veut prendre Leningrad* avec un dispositif cohérent. Sur son
flanc nord, sa 18e Armée (Küchler) ne saurait aller aussi vite que les deux
CB. Riga a été enlevée le 4 juillet. La Courlande* a été prise dans la nasse.
Mais, à Libau, comme à Brest-Litovsk*, la lutte a été chaude.
Le 8 août, les PD* reprennent leur progression sur Leningrad.
Poursuivant sa marche vers le nord, la 18e Armée atteint le golfe de Finlande.
Le môle de résistance établi devant Tallin, capitale de l’Estonie*, tiendra
jusqu’au 26 août.
Les 41e et 56e CB ont franchi la Louga le 14 juillet. Après le passage de
cette dernière coupure sérieuse avant Leningrad*, ils ne sont plus qu’à 115
km de la cité de Pierre le Grand. Soudain, leurs chefs ne comprennent plus.
Une nouvelle fois, ils reçoivent ordre de stopper. À l’attaque frontale
initialement prévue, Hitler* et l’OKW* préfèrent l’encerclement par le sud-
est. La directive no 33 de l’OKW* prescrit :
« Le GAN continuera à marcher sur Leningrad* lorsque la 18e Armée sera en liaison avec le
IVe GB et que ce dernier aura son flanc droit couvert par la 16e Armée ; il devra s’emparer des
bases navales d’Estonie* et interdire à l’ennemi d’en retirer les garnisons pour renforcer
Leningrad. »

Ce souci d’aligner le IVe GB avec ses ailes (16e et 18e Armées) sert
l’adversaire. À Leningrad*, la population mobilisée édifie des fortifications,
creusant tranchées et fossés. Les usines tournent sans relâche. KV/1* et
KV/2, à peine sortis des ateliers Kolpinokul, se hâtent vers le front avec leurs
équipages d’essai.
Le 8 août, l’alignement à hauteur de la Louga est chose faite. Les 18e et
16e Armées ont rejoint. Le IVe GB repart à l’attaque. Au terme de six jours
d’une rude bataille, les PD*, en dépit de leurs pertes, ont raison de leur
adversaire. La voie vers Leningrad* est définitivement libre.
Sur la droite, la 16e Armée a également bien marché. Le 16 août, elle est
entrée dans Novgorod la Dorée, cité historique. Le 28, elle a atteint
Tchoudovo. La voie ferrée Leningrad*-Moscou* est coupée.
Sur le flanc gauche, Narva, en bordure du golfe de Finlande*, est tombée
entre les mains de la 18e Armée. Devant tout le GAN, le dispositif russe est
disloqué. L’inquiétude augmente dans Leningrad*. Les communistes
multiplient les appels au combat. Le 20 août, Vorochilov*, le militaire,
Jdanov*, le civil, les deux hauts responsables en charge de la défense, créent
un soviet militaire pour la défense de Leningrad*. L’initiative déplaît au
maître du Kremlin. Y voit-il une atteinte à son autorité ? Soupçonne-t-il
Vorochilov* d’envisager la reddition de la ville ? Vorochilov* et Jdanov*
sont désavoués. Fin août, Malenkov et Molotov* arrivent avec mission
d’organiser la défense. La véritable impulsion coordonnée n’interviendra que
le 9 septembre avec l’arrivée de Gregor Joukov*.
Au GAN, la victoire s’annonce à portée de main en dépit des pertes et de
l’usure des unités et du matériel.

Hitler* en juge autrement :


Non sans raisons, il redoute le piège d’une cité de l’importance de
Leningrad*, les combats de rues meurtriers, l’occupation d’une ville qu’il
avait envisagé initialement de niveler et de rendre inhabitable, le
ravitaillement d’une population dont il n’écarte pas la possibilité de la laisser
périr. Un simple encerclement de la ville lui suffirait.
Surtout, anticipant sur le cours des événements, il se prépare à donner une
autre tournure aux opérations militaires. Il fixe au centre son axe d’effort
principal. Le 6 septembre, sa directive numéro 35 prescrit au IVe GB de
rallier le GAC de von Bock* et à la VIIIe Armée aérienne de venir aussi
renforcer celui-ci.
Von Leeb* perd sa double force de frappe. Plus de chars. Plus d’avions.
Avant d’être complètement désarmé, il tente un ultime effort. Le
11 septembre, vers 16 heures, la 1ère PD enlève la cote 167, le monticule le
plus élevé des hauteurs de Duderhof, à 10 km au sud-est de Leningrad*. Sur
sa gauche, l’infanterie pénètre dans les faubourgs de la ville. Un long siège
débute.

AU GROUPE D’ARMÉES CENTRE


À défaut d’un repère naturel, Baltique ou golfe de Finlande, le maréchal
von Bock* ne dispose que d’un axe, bien balisé certes, qui lui montre la
voie : Bialystok, Slonim, Minsk, Orcha, Smolensk, Viazma, et enfin
Moscou*. Il passe entre Dvina et Dniepr supérieur. Là se situe la coulée
historique menant à Moscou empruntée par Napoléon. Là a été construite
l’autoroute Minsk-Smolensk-Moscou (qui est loin de répondre aux critères
autoroutiers).
Couvert sur sa gauche (en principe) par von Leeb*, sur sa droite par
l’univers inhospitalier des marais du Pripet*, von Bock* a du champ pour
manœuvrer. Il dispose du GB/3 de Hoth* et du GB/2 de Guderian*. À charge
à ses deux GB, placés sur les ailes, d’encercler l’Armée rouge* par leurs
actions en tenailles. Bialystok, Slonim, Minsk, Smolensk, Viazma, autant de
larges investissements où Pavlov*, puis Timochenko*, perdront une bonne
partie de leurs divisions. Quant aux IVe et IXe Armées, intercalées entre les
deux GB, elles ont mission de terminer l’ouvrage, c’est-à-dire achever de
détruire l’ennemi cerné par les PD.
Hoth* et Guderian* n’ont de cesse de forcer leurs gens et leurs moteurs.
Le 24 juin, Guderian* atteint Slonim. Il poursuit aussitôt sur Minsk. Hoth*
n’est pas moins rapide. Il prend Vilna le 24, puis se rabat sur Minsk où ses
avant-gardes rejoignent celles de Guderian*. Quatre armées soviétiques, un
demi-million d’hommes, se retrouvent enfermées dans une gigantesque
vessie de 300 km de long. Il appartient maintenant aux IVe et IXe Armées de
disloquer cette masse et de la réduire.
Les combattants du GAC font les mêmes découvertes que leurs
camarades du GAN. Des Russes, choqués, surpris, à court de munitions,
lèvent les bras. D’autres, en revanche, ne renoncent pas. Ils s’efforcent de
sortir des rets et luttent avec opiniâtreté. Les Allemands ne comprennent pas.
Pourquoi cet acharnement ?
À Bialystok, la résistance rappelle celle de Brest-Litovsk* ou de Libau.
Bialystok devient l’un de ces nombreux chaudrons dont le front soviétique
sera riche.
Le 8 juillet, l’ordre du jour du maréchal von Bock* annoncera :
« La double bataille de Bialystok et de Minsk est terminée... Le groupe d’armées a détruit
vingt-deux divisons de tirailleurs, sept divisions blindées, six brigades motorisées et trois divisions
de cavalerie. Les chiffres des prisonniers sont les suivants : 287 704 dont plusieurs généraux de
corps d’armée et de division. »

Les besoins de la propagande nazie auraient pu gonfler les chiffres, mais


le bilan des militaires paraît plausible. 500 000 hommes étaient pris dans la
nasse. La logique arithmétique trouve son compte dans 300 000 prisonniers,
200 000 tués ou échappés.
Que comptent 300 000 individus pour un pays de 179 millions
d’habitants ? Hitler* qui se croit victorieux oublie cette donnée fondamentale.

Les 1er et 2 juillet :


Guderian* borde la Berezina, la rivière aux bouleaux, fossé d’eau glacée,
qui barrait, en novembre 1812, la retraite de la Grande Armée. Le tableau a
changé de visage. Il fait 28° à l’ombre.
Heinz le rapide, comme ses soldats ont baptisé Guderian*, a laissé la
Berezina derrière lui. Il veut maintenant franchir le Dnieprr et foncer sur
Smolensk. Son supérieur direct, von Kluge*, souhaite attendre un soutien
d’infanterie. Von Kluge*, finalement, se laisse forcer la main. Et Guderian*
de bourrer sur Smolensk par l’autoroute et son sud.
Hoth*, de son côté, déborde largement Smolensk par le nord-ouest. Le
15 juillet, sa 17e PD coupe l’autoroute Smolensk-Moscou et tend la main à
Guderian*.
Le piège se referme sur Smolensk. Quatorze divisions sont encerclées au
nord de la ville qui, pratiquement rasée, tombera le 16.
Ce succès est claironné comme il se doit. Il ne signifie pas cependant
anéantissement total des troupes encerclées. Dans les nuits des 23 et
24 juillet, huit divisions parviendront à s’échapper. Partout, du reste, la
défense soviétique se raidit. Elle n’empêche pas Hoth* de s’approcher des
contreforts du plateau du Valdaï et Guderian d’enlever Roslav au sud-est de
Smolensk. Le bilan de la bataille pour Smolensk se révèle pour les Allemands
largement positif. Encore 300 000 adversaires hors de combat.
Une question se pose : quelle suite donner à l’avance des PD* ?
Les généraux, tant sur le terrain, von Bock*, Guderian*, que dans le haut
état-major, Brauchitsch*, Halder* et même Jodl*, aspirent à marcher sur
Moscou. La première quinzaine d’août se perd en opérations secondaires.
Hitler*, enfin, fait connaître ses intentions. Sa directive no 34 du 22 août
tombe comme un couperet :
« En conséquence, j’ordonne ce qui suit :
L’objectif primordial à atteindre avant l’entrée de l’hiver n’est pas la prise de Moscou*,
mais, au sud, la conquête de la Crimée, du bassin industriel et charbonnier du Donetz,
l’interruption des approvisionnements russes en pétrole venant de la région du Caucase et, au
nord, l’investissement de Leningrad* et la jonction avec les Finlandais. »
Aux objections de Guderian*, le Führer* tranche d’un mot :

« Mes généraux ne connaissent rien à l’aspect économique de la guerre. »

En quoi il n’a peut-être pas tout à fait tort. Occuper l’Ukraine* avec les
bassins du Donetz et du Donbass, c’est priver l’URSS* de la majeure partie
de ses ressources équestre, minières et industrielles. Hitler* sous-estime
cependant, parce qu’il les ignore :
— Les transferts* vers l’est.
— L’importance des combinats implantés au-delà de l’Oural*.
— Les fournitures de guerre américaines futures.
Le GAC de von Bock* est donc contraint d’arrêter sa marche vers
Moscou* et d’infléchir son action (voir Kiev, encerclement de).

DEVANT LE GAS
Au sud, des marais du Pripet* jusqu’à la mer Noire et à la mer d’Azov, la
forêt s’estompe et domine la plaine sans fin. Le GAS du maréchal von
Rundstedt* y a devant lui les Fronts soviétiques sud-ouest (général Kirponos)
et sud (général Tyoulenev).
En fait, von Rundstedt* a deux zones d’action : au nord du Dniestr, au
débouché des Carpates, depuis la Pologne* méridionale ; au départ de la
Roumanie*, le long du cours du Pruth.
Cette dernière zone a été confiée essentiellement aux Roumains du
maréchal Antonescu* (3e et 4e Armées), épaulés par la XIe Armée allemande
du général von Schobert. Ensemble ils doivent s’emparer d’Odessa dans un
premier temps, puis poursuivre en direction de la Crimée ; mission qui
implique de forcer la ligne Staline* sur le cours inférieur du Dniestr.
Von Rundstedt* a réservé le plus gros de l’ouvrage à ses compatriotes :
1er GB (général von Kleist*), VIe Armée (général von Reichenau*) et XVIIe
Armée (général von Stülpnagel*). À eux d’avancer sur Kiev et le Dniepr
inférieur.
Les premières journées sont difficiles. Kirponos tient bon. Le 3 juillet,
enfin, le front chancelle. La pluie avec la boue freine les PD* durant une
semaine. Le 7 juillet, Berditchev est occupée. Le 1er GB se trouve à 250 km
de Kiev*. À la mi-juillet, il déborde Jitomir et n’est plus qu’à une quarantaine
de kilomètres de la capitale de l’Ukraine* où les Soviétiques massent leurs
troupes.
Celles-ci possèdent un nouveau patron. Le 10 juillet, Staline* a fait
fusionner les Fronts sud-ouest et sud-est et les a placés sous le
commandement d’un homme sûr, le maréchal Boudienny*, flanqué d’un
commissaire politique destiné à un bel avenir, Nikita Khrouchtchev.
Boudienny*, l’ancien sous-officier de l’armée du tsar, ne saurait se plaindre.
Il dispose d’un beau commandement et de moyens : un million et demi de
combattants et 2 400 chars. Von Kleist* n’en a que 600 mais bénéficie d’un
sérieux appui : la Luftwaffe* domine le ciel.
Cette dernière lui permet de contrer la Ve Armée soviétique surgissant du
Pripet*. Après quoi, plus libre, mais bloqué devant Kiev*, il s’infléchit sud-
est. Roumains et XIe Armée, après un décalage voulu, ont franchi le Pruth. La
XIe Armée marche nord-est. Le 3 août, un gigantesque filet se referme à l’est
d’Ouman. Trois Armées soviétique se retrouvent encore prises au piège. La
pince, trop large pour interdire toutes les fuites, livrera cependant 130 000
prisonniers.
Les arrières sont dégagés. Von Kleist* peut poursuivre. Il se saisit de
Dniepropetrovsk le 26 août. Dans son dos reste Kiev.
À l’automne 1941, Barbarossa* semble avoir remporté un formidable
succès. Semble ! Car Leningrad* et Moscou* ne tomberont pas. En fin de
compte, Barbarossa* se soldera par un échec.

BARBIE, KLAUS (1913-1991). SS


Hauptsturmführer.
Chef de la Gestapo* de Lyon.
Tortionnaire de Jean Moulin*, le président du CNR*. Après 1945, bien
que criminel de guerre, est employé par les services de renseignements
américains qui lui permettent de fuir en Amérique du Sud. Extradé de
Bolivie* en France* en 1983. Condamné à la réclusion à vie le 3 juillet 1987.
Décédé en prison le 25 septembre 1991.

BARI, RAID SUR


Raid de JU 88* allemands contre le port italien de Bari le 2 décembre
1943.
39 000 tonnes de navires marchands alliés sont coulées. Il y a plus d’un
millier de morts civils et de nombreuses victimes du gaz moutarde stocké par
les Alliés* pour servir si besoin de représailles. Malgré les efforts pour garder
l’affaire secrète, elle fut éventée.

BARRACUDA (FAIRLEY BARRACUDA MK)


Avion monomoteur torpilleur britannique, successeur des Swordfish* et
Albacorre*. Sorti à partir de janvier 1943 à 2752 exemplaires en plusieurs
versions.
Caractéristiques du MKII. Vitesse : 460 km/h ; autonomie : 1 100 km ;
armement : deux mitrailleuses, une torpille de 730 kg ; équipage : trois
hommes. Les Barracuda auront, entre autres, à leur actif le torpillage du
cuirassé allemand Tirpitz*.
BARRAGES DE LA RUHR
Dans la nuit du 16 au 17 mai 1943, 19 Lancaster* de la RAF*,
commandés par le Wing Commander Gibson, attaquent les trois barrages sur
la Möhne, l’Eder et la Sorpe, alimentant la Ruhr. Ils utilisent à cet effet une
bombe spéciale de cinq tonnes.
Sur dix-neuf appareils, neuf ne rentreront pas, mais les barrages sur la
Möhne et l’Eder auront été détruits. La Ruhr aura perdu pour un temps 75 %
de ses ressources électriques.
Les équipages appartenant au 617e Squadron étaient surnommés les Dam
Busters.

BASTOGNE
Petite cité belge, d’environ 5 000 habitants avant la guerre, à 50 km au
nord-ouest de Luxembourg.
Ce carrefour routier se trouve brusquement, le 17 décembre 1944, au
cœur de l’offensive allemande dans les Ardennes*. Pour tenir la place,
Eisenhower* dépêche sur place un groupement de la Xe DB et surtout la 101e
Airborne*.
Arrachés à leur villégiature rémoise où ils étaient en réserve, les 11 000
combattants de la 101e Airborne* font mouvement toute la nuit. Arrivés à
l’aube du 18 décembre dans la ville, ils se mettent aussitôt à l’ouvrage pour
défendre les lieux. Si Bastogne tombe, le carrefour menant vers Namur et
Liège saute, la route vers la Meuse s’ouvre largement. Pour l’heure, en sus
des paras et des tankistes qui se retranchent à ses abords, la ville est
encombrée de camions, de canons, de fuyards et abrite encore 3 500 civils.
Le 19 au matin, Eisenhower* arrive à Verdun et retrouve ses lieutenants :
Bradley*, Devers*, Patton*. Interrogé pour savoir dans quelles conditions il
peut contre-attaquer pour soulager Bastogne pratiquement encerclée, Patton*
se fait fort d’y être pour Noël. Faire pivoter plein nord en 48 heures sa
3e Armée orientée plein est, personne ne le croit. À quelques heures près,
Patton* tiendra parole.

20 décembre :
Les Allemands butant sur Bastogne contournent la ville.
21 décembre :
Il neige. L’aviation alliée est paralysée. Il est environ 11 h 30 lorsque
quatre émissaires se présentent devant un petit poste américain. L’un d’eux
apporte un message de suite transmis au général McAuliffe*, commandant
par intérim la 101e Airborne* :
« Au commandant américain de la ville encerclée de Bastogne.
Le sort des armes est changeant. Cette fois-ci, les forces américaines dans Bastogne et aux
environs ont été encerclées par de puissantes unités blindées allemandes.
Il y a seulement une possibilité pour sauver les troupes américaines encerclées de
l’annihilation totale : la reddition honorable de la ville. »

McAuliffe* lit le papier. L’histoire et la légende se sont emparées de sa


réaction. Lecture faite, il éclate de rire et lance : « Nuts ! »
En traduction littérale, « des noix ! », en traduction de l’expression
argotique américaine : « des clous ! ». Pour l’épopée, Cambronne a un
successeur. Car la repartie de McAuliffe* sonne comme telle.
Elle n’est pas sans courage. Rations, munitions s’épuisent. Le temps n’a
permis aucun ravitaillement par air. Pourtant, les défenseurs de Bastogne ont
maintenant un réconfort de taille : « Hugh arrive ! » Hugh, le prénom du
général Gaffey, patron de la IVe DB de Patton*.

23 décembre :
Patton* a fait composer une prière par son aumônier pour demander au
Seigneur « de lui accorder un temps favorable pour la bataille ». Serait-il
exaucé ? Il gèle ! L’anticyclone sibérien s’abat sur les Ardennes. Le ciel
s’éclaircit. L’aviation alliée peut intervenir en force. À partir de 11 h 50, les
C 47* se présentent au-dessus de Bastogne. Les coupoles colorées des
parachutes de ravitaillement descendent lentement, saluées par des hourras.

26 décembre :
Les Allemands n’arrivent pas à entamer ceux qui se sont donnés pour
surnom : « les bâtards battus du bastion de Bastogne ».
À 16 h 30, l’escadron Abrams de la IVe DB prend contact avec les
parachutistes de McAuliffe*. La cité phare de la résistance américaine n’est
plus encerclée.
30 décembre :
Le général von Manteuffel* lancera l’offensive du désespoir contre
Bastogne. Il se heurtera à un Patton* encore plus résolu et attaquant de son
côté. Les Américains maintenant dominent la situation.

BATAAN, CHUTE DE
Manille* ayant été déclarée ville ouverte, les Japonais du général
Homma* y sont entrés le 2 janvier 1942.
MacArthur*, pour sa part, a regroupé son dispositif dans la presqu’île –
50 km de long sur 20 de large – de Bataan à l’ouest de Manille*. Ils sont ainsi
80 000 défenseurs ; 15 000 Américains, 65 000 Philippins, repliés dans cette
péninsule montagneuse, avec en sus 26 000 réfugiés. Les dépôts de munitions
sont bien approvisionnés mais ceux de vivres n’ont pas été constitués à
temps. La faim, le manque de médicaments éprouvent les organismes.
MacArthur* est vite sans grandes illusions. Son pays, à cette heure, ne
peut rien pour l’appuyer. Replié personnellement sur l’îlot de Corregidor*
avec le président philippin Quezon*, il se prépare à mourir. La fin de Bataan
et de Corregidor* se terminera par une mêlée sanglante.
Roosevelt* ne veut pas d’un tel sort pour son prestigieux général faisant
figure de héros national. MacArthur* captif, quelle humiliation pour les
États-Unis* ! MacArthur* tué, quel deuil ressenti par l’opinion publique ! Le
23 février, Roosevelt* lui enjoint de gagner l’Australie*. Après avoir
longtemps hésité, le 11 mars, à son corps défendant, sur ordre ultime, le
général embarque dans la vedette lance-torpilles PT/41. Un long et périlleux
périple l’attend. Formel, il s’engage : « Je suis parti, mais je reviendai ! » Il
tiendra parole.
Avant de s’éloigner, il a transmis le commandement au général
Wainwright*. (Quezon* était parti par sous-marin, bien avant lui, le 21
février.)
Sur Bataan, Américains et Philippins, maintenant sous les ordres du
général King, ont reculé d’une trentaine de kilomètres. Au milieu de la
péninsule, un peu avant les hauteurs difficilement pénétrables du mont
Bataan, ils s’organisent sur une ligne Bagac-Orion.
Pour en finir, Homma* reçoit des troupes fraîches : la 4e division en
provenance de Shanghai, de l’artillerie, du génie et soixante bombardiers
bimoteurs.
Le 3 avril, au matin, canons, obusiers, mortiers, durant cinq heures,
préparent l’assaut du mont Samat, point haut du dispositif américain. Quatre
jours plus tard, au terme de combats acharnés, le coin est enfoncé. La ligne de
résistance a craqué. La poussée japonaise peut s’infléchir vers le sud-est pour
tourner l’ensemble des positions de King.
Celui-ci voudrait contrer la menace. Ses unités, trop affaiblies par la
maladie, le manque de nourriture, n’en sont plus capables. Partout, le front
est disloqué ; le moral lâche.
Le 9 avril, King envoie deux émissaires avec un drapeau blanc. Bataan
capitule. 2 500 hommes parviennent à gagner Corregidor*. 78 000 autres,
physiquement et moralement à bout, sont prisonniers.

BATAAN, LA MARCHE À LA MORT DE


Avec la chute de Bataan, les Japonais ont fait 78 000 prisonniers.
Depuis Mariveles, à la pointe sud de Bataan, ils entraînent leurs captifs
dans une marche infernale de 100 km pour les regrouper à San Fernando au
nord de Manille*. Des centaines et des centaines de captifs, pressés, frappés,
poussés à coups de baïonnette, meurent au cours de cette marche impitoyable
qui prendra nom de marche à la mort de Bataan. Les malades, les traînards
sont sommairement abattus.
Après la guerre, le général Homma* aura à rendre compte de ces crimes
et sera exécuté.

BATAILLON SACRÉ
On trouve aussi la dénomination Escadron Sacré.
Unité grecque formée, en 1942, à partir, en principe, d’officiers ayant
réussi à gagner l’Égypte*. Elle doit son nom au souvenir de 300 guerriers
thébains au IVe siècle avant J.-C. et aux révoltés de 1821 dressés contre
l’occupant turc. Rattachée au SAS* de Stirling*, elle comprend, à l’automne
1942, cent officiers, quarante-deux sous-officiers, quatorze techniciens, sous
les ordres d’un vieux soldat, le colonel Chritodoulos Gigantes, diplômé de
l’École de Guerre française. Son premier combat sérieux se déroulera avec
les Français de Leclerc* à Ksar Rhilane*.
Après quoi, avec la fin de la guerre du désert, le BS s’intégrera au SBS*
britannique. Il sautera sur Samos le 26 octobre 1943 avant de rejoindre les
Forces de raid pour mener une véritable guerre de pirates de haute mer dans
les îles du Dodécanèse* en 1944 et 1945. Il sera finalement dissous le 8 août
1945.

BATTLEAXE, OPÉRATION
Contre-attaque britannique en Libye* menée à partir du 15 juin 1941 afin
de contrer la progression de l’Afrika Korps* de Rommel* qui vient d’enlever
la Cyrénaïque.
Sous les ordres du général Beresford-Peirse, 25 000 hommes, 350 chars
s’ébranlent en direction du nord-ouest. Objectifs premiers : Solloum et Fort
Capuzzo, celui-ci dans l’intérieur des terres. Objectifs lointains : Bardia et
Tobrouk*. En face, Rommel* dispose sensiblement du même effectif.
La progression initiale se déroule plutôt bien. Fort Capuzzo est enlevé.
Toutefois les points d’appui de la cote 208 et surtout d’Halfaya* tiennent
bon. Le 15 au soir, les Britanniques sont stoppés. Le lendemain, Rommel*
contre-attaque à son tour. Le 17 au soir, les deux adversaires, épuisés, se
retrouvent sur leurs positions de départ et s’immobilisent pour plusieurs
semaines. Les Britanniques ont perdu quatre-vingt-sept chars et cinq cents
hommes tués ou prisonniers. Les Allemands à peu près autant en personnel,
un peu moins en matériel.
Rommel* est en droit de se présenter en vainqueur. Il a conquis la
Cyrénaïque et contré Battleaxe qui se solde par un fiasco. L’Afrika Korps*
campe aux portes de l’Égypte*.

BAYERLEIN, FRITZ (1899-1970). Général


allemand.
Spécialiste des blindés, participe aux campagnes de Pologne* et de
France*, puis à Barbarossa*.
Envoyé au Moyen-Orient au début de 1942, devient chef d’état-major de
Rommel* à l’Afrika Korps*, puis commandant de la Panzerarmee. Évacué
sur ordre de Tunisie*, repart à l’Est* avant de commander en Normandie* la
division blindée Panzerlehr. La commandera encore durant l’offensive des
Ardennes*.
Après la guerre, il apportera une aide importante à Liddell Hart pour la
publication des cahiers de Rommel*.

BAYEUX
Sous-préfecture du Calvados.
7 300 habitants avant la guerre. La ville est libérée le 7 juin 1944, sans
grands dommages, par la 5e DI britannique.
Le 14 juin, elle reçoit un hôte de marque. À 8 h 10, le torpilleur La
Combattante* des FNFL* embarque à Portsmouth le général de Gaulle* et
tout un aréopage : Béthouart*, d’Argenlieu* et autres VIP. À 14 h, le chef de
la France* combattante retrouve, à Courseulles, la terre de France*. À
15 h 16, il entre dans Bayeux. Arrivé en précurseur, Koenig* l’accueille avec
Maurice Schumann. Sur la petite place, devant la population rassemblée à la
hâte, Schumann annonce : « Honneur et Patrie ! Voici le général de
Gaulle* ! »
Une ovation lui répond. Les Français de Bayeux, comme demain ceux
des autres villes de France*, acclament, félicitent, remercient l’homme du
18 juin. Nulle querelle de préséance. Il est bien le premier dans leur cœur.
Ce plébiscite règle sur-le-champ le problème du pouvoir en France*.
D’autres pensaient l’accaparer. Roosevelt* avait annoncé : les Français
décideront. C’est chose faite. Ils ont tranché pour de Gaulle*.
Regagnant La Combattante*, le Général laisse en place une autorité qui
n’est ni vichyste, ni alliée. Promu commissaire régional du gouvernement,
François Coulet représente de Gaulle* et la nouvelle France*. Raymond
Triboulet remplace le sous-préfet en place nommé par Vichy*. Les Alliés*
sont placés devant le fait accompli. Le mois suivant, de Gaulle* sera aux
États-Unis*. En octobre, Washington et Londres reconnaîtront le GPRF*. Le
sacre de Charles de Gaulle* a commencé à Bayeux.

BAYTOWN, OPÉRATION
Nom de code donné au débarquement de la VIIIe Armée anglaise dans le
sud de la Calabre en septembre 1943.

BAZNA, ÉLIAZA (1905-1970). Espion albanais.


Albanais, valet de chambre de l’ambassadeur britannique à Ankara, Sir
Hugh Knatchbull-Hugessen.
En octobre 1943, il commence à photographier des documents secrets
dans le coffre de l’ambassadeur et les revend à l’attaché militaire de
l’ambassade d’Allemagne*. Pour les Allemands, il devient alors Ciceron*.
S’il transmet des renseignements sur les rapports entre les Alliés et le
gouvernement turc, il ne communique aucun élément concernant Overlord*.
Les Britanniques perçoivent les fuites mais jugent Bazna trop stupide
pour en être responsable. À la fin de février 1944, Bazna cesse son activité.
Ce n’est qu’après la guerre qu’il est identifié, suite à l’interrogatoire de
Schellenberg*.
Ayant été payé en fausse monnaie, Bazna s’efforcera vainement de se
faire rembourser par la RFA. Son histoire donnera lieu à un film sous le titre
L’Affaire Cicéron*.

BAZOOKA
Arme antichar individuelle américaine propulsant une fusée à charge*
creuse d’un diamètre de 88 mm.
L’allumage du moteur de la fusée est réalisé par une impulsion électrique.
Distance maximum de tir : 150 m ; pénétration : 210 mm de blindage. Le
bazooka est en principe servi par deux hommes : le tireur et un assistant. Il
entre en service en AFN* fin 1942.

BCRA(BUREAU CENTRAL DE
RENSEIGNEMENTS ET D’ACTION)
Créé officiellement à Londres le 22 janvier 1942 et succédant au SR de la
France libre* sous le nom initial de BCRAM (Bureau central de
renseignements et d’action militaire).
Sera dirigé durant toute la guerre par le commandant puis colonel
polytechnicien Dewavrin* mieux connu sous le nom de Passy*. Articulé en
cinq (puis huit) sections : Commandement, Renseignements, Action militaire,
Contre-espionnage, TCF soit Techniques, Chiffres et problèmes Financiers.
Organisme dépendant directement du général de Gaulle*, sera l’un des
vecteurs principaux de l’action clandestine, en métropole, de la France libre*
et de la France combattante*.
BEAVERBROOK, WILLIAM (1879-1963).
Homme politique britannique.
Entre en mai 1940 dans le gouvernement Churchill* où il occupera
successivement diverses fonctions : ministre de la Production aéronautique,
ministre des Approvisionnements, ministre des Industries de guerre, lord du
sceau privé.
En septembre 1941, il conduira la délégation britannique partie établir à
Moscou les nouveaux rapports avec les Soviétiques. En décembre de la
même année, il accompagnera Churchill* à Washington.
Ce politicien, qui est également un magnat de presse, est l’un des grands
auxiliaires de Churchill* durant la guerre.

BECK, JOSEPH (1894-1945). Homme politique


polonais.
Fidèle du maréchal Pilsudski, il devient, en 1932, ministre des Affaires
étrangères et le restera jusqu’en 1939.
Homme fort du gouvernement, dirige la politique extérieure polonaise. À
ce titre conclut des pactes de non-agression avec l’URSS* et l’Allemagne* et
mène une politique ambiguë avec la France*. En 1938, profite de la crise de
Munich* pour faire octroyer à la Pologne* la région de Teschen*. Parvient, le
25 août 1939, à conclure une alliance avec la Grande-Bretagne*. Cette
signature entraînera l’entrée en guerre de l’Angleterre* et de la France* après
le refus de concessions sur Dantzig*. Lors de l’invasion de son pays, Beck,
avec le gouvernement, tente de gagner la France* via la Roumanie*. Malgré
les assurances reçues, il est arrêté et interné par les Roumains. Décédera
durant sa captivité.

BECK, LUDWIG (1880-1944). Général allemand.


Officier brillant, devient le 1er juillet 1935 chef d’état-major général de la
nouvelle Wehrmacht*.
Opposé aux desseins de Hitler*, démissionne le 21 août 1938. Est alors
de tous les complots* contre le nazisme* et s’affirme l’un des chefs de celui
du 20 juillet 1944. En cas de succès, devait devenir président du Reich* par
intérim. Devant l’échec, tente de se suicider, se manque et doit être achevé.

BEDELL-SMITH, WALTER (1895-1961). Général


américain.
Sorti du rang, son avancement est lent, puis se précipite devant ses
qualités reconnues d’administrateur.
Lieutenant-colonel en avril 1941, colonel en août, brigadier en février
1942, major général en décembre 1942, lieutenant général (trois étoiles) en
janvier 1943.
Il est surtout pour l’Histoire le chef d’état-major d’Eisenhower* de
septembre 1942 jusqu’à la fin de la guerre, véritable Weygand* de son
patron.
Général quatre étoiles en 1951.

BEF (BRITISH EXPEDITIONARY FORCE)


Corps expéditionnaire anglais envoyé en France* sous les ordres du
général Gort*. Le 10 mai 1940, il compte 394 000 hommes dont 150 000 à
l’arrière. Engagé en Belgique*, il fait rapidement cavalier seul et se replie sur
Dunkerque* pour être rapatrié.
Le BEF a en France 68 111 tués, blessés ou prisonniers et perd
pratiquement tout son matériel lourd.

BEGIN, MENAHEM (1913-1992). Homme


politique israélien.
Juif polonais de l’Armée Anders*, profite du séjour de celle-ci en
Palestine* pour déserter et rejoindre l’Irgoun dont il deviendra le chef en
décembre 1943. Futur Premier ministre d’Israël.

BELGIQUE
La Belgique voulait la paix et se déclarait neutre.
Elle a donc mal préparé la guerre. Son armée, en mai 1940, comptera
environ 600 000 hommes, manquant d’armes antichars, de blindés et
d’avions modernes (cinquante au maximum). La marine n’existe
pratiquement pas.
Le pays est surpris par l’offensive allemande du 10 mai 1940. Le 28 mai,
le roi Léopold III* capitule en tant que commandant en chef mais se
regardant prisonnier ne signe pas d’armistice. Le gouvernement Pierlot, en
exil à Londres, poursuit la guerre, rejoint par sa colonie du Congo belge*.
La Belgique vit sous occupation allemande, les cantons d’Eupen,
Malmédy et Saint-Vith étant rattachés au IIIe Reich* qui s’efforce de se
concilier les Flamands. Seuls 60 000 Wallons sont retenus comme prisonniers
de guerre.
La Belgique occupée n’échappe pas à la collaboration : nationalistes
flamands de Staf de Clercq, rexistes wallons de Léon Degrelle*. Ce dernier
parviendra à mettre sur pied la Légion Wallonie* qui ira se battre sur le front
de l’Est*.
De son côté, le gouvernement en exil constitue de petites forces armées :
Brigade Piron d’environ 2 000 hommes, unités de commandos, aviateurs,
environ 1200, servant dans la RAF* et deux navires de guerre. 40 000
hommes recrutés au Congo belge* combattront en Afrique orientale. En
Belgique même, la Résistance*, étant donné la géographie du pays, s’oriente
surtout vers le renseignement et l’évasion des pilotes alliés dont les avions
ont été abattus.
La Belgique est assez rapidement libérée en septembre 1944. Une armée
de 75 000 hommes est constituée. La question royale divisera alors le pays
(voir Léopold III). L’épuration* sera sévère.
La guerre aura coûté à la Belgique 10 000 morts militaires et 90 000
morts civils dont 24 000 Juifs.

BELGRADE, BOMBARDEMENT DE
Dans la nuit du 26 au 27 mars 1941, le régent de Yougoslavie* qui vient
d’adhérer au pacte tripartite* est renversé par un groupe d’officiers
nationalistes exprimant la révolte populaire.
Le jeune Pierre II* monte sur le trône et confie au général Simovitch le
soin de former un gouvernement hostile au IIIe Reich*.
La réaction allemande est brutale. Hitler* lui a donné un indicatif
significatif : Punition ! Il entend châtier les Yougoslaves.
Le 6 avril, à l’aube, la 4e flotte aérienne commence à pilonner Belgrade.
Durant trois jours, elle déversera ses bombes sur le cœur de la ville. On
relèvera 17 000 victimes civiles. Simultanément, la Wehrmacht* débouche de
Roumanie* et de Hongrie*.
La guerre en Yougoslavie* a commencé par un massacre, symbole du
destin qui attend ce malheureux pays.

BELGRADE, LIBÉRATION DE
Dans un aller et retour sur Moscou, Tito* a réussi à convaincre Staline*
de lui donner la main pour enlever Belgrade.
Entré en Yougoslavie, Tolboukhine* s’axe vers l’ouest, couvert sur sa
gauche par la 1ère Armée bulgare qui marche sur Skoplje. Ces progressions
risquent, pour les Allemands, de couper les vallées de la Morava et de l’Ibar,
axes naturels de remontée vers le nord. De surcroît, surgissant des montagnes
de la Yougoslavie* occidentale, les partisans de Tito* – ils sont plus de
200 000 – accentuent leur pression sur les arrières.
À partir du 10 octobre 1944, le GA/E entame son repli de Grèce*.
L’Albanie* se vide également de ses Feldgrau qui se replient sur Sarajevo par
l’axe Scutari-Mostar.
Il faut faire vite. Partisans et 3e Front d’Ukraine convergent en force sur
Belgrade. À Négotin, à Bor, des détachements importants de la Wehrmacht*
sont encerclés et exterminés par l’Armée rouge (20 000 hommes près de Bor,
au sud-ouest des Portes de fer).
La bataille de Belgrade est gagnée presque aussitôt qu’engagée. Tito*
débouche du sud-ouest, Tolboukhine* du nord-est et du sud-est. Le
20 octobre, les derniers Allemands sont chassés de la capitale yougoslave. Ils
y ont perdu 24 000 hommes, dont 9 000 prisonniers.
Le 18 novembre, conformément à ses intentions premières, Staline*
ordonnera à Tolboukhine* de délaisser la Yougoslavie* et de se reporter sur
la Hongrie*. Les résultats acquis dans le fief de Tito* lui suffisent et il le
regarde comme rallié à sa cause. Il se trompe. Tito* aura les mains libres pour
travailler à son seul profit.
BELVÉDÈRE, BATAILLE DU
À peine le malheureux assaut de la division Texas terminé (20-23 janvier
1944), le général Clark* ordonne de reprendre l’action, toujours en vue
d’ouvrir la vallée du Liri, mais par ses versants nord.
La 34e division US reçoit mission d’enlever Cassino* et les hauteurs à
l’ouest et au nord-ouest de la ville pour terminer sur le mont Cassin. Sur son
flanc droit, le CEF* du général Juin* doit marcher sur le massif du Belvédère
et le petit hameau de Teruelle à ses pieds. Ce massif du Belvédère, 10 km au
nord de Cassino*, est un ensemble de sommets et de points cotés 771, 915,
875, 862, 682, 721, qui forment un croissant ouvert vers le sud. 915, 875
constituent le Casale Abate ; 862, 682, 721, le Casale Belvédère, le Belvédère
proprement dit.
À ce débordement, à portée de fusil, Juin* aurait préféré une manœuvre
d’armée plus large, et il orientait déjà son dispositif sur Attena, 20 km au
nord-nord-ouest de Cassino*. Discipliné et solidaire de ses alliés, il marchera
sur le Belvédère et ses 921 m.
L’ensemble du secteur est défendu par la 44e DI, renforcée par des
parachutistes du 3e régiment.
Les Américains, partis le 25 janvier, sont stoppés devant Cassino* et ne
peuvent véritablement déboucher.
À leur nord, la 3e DIA* a démarré dans la nuit du 24 au 25 contre le
Belvédère.
Des fonds du Rapido, près du village de Sant’Elia, la base de départ, se
dressent 800 m de dénivellation à gravir. Le 4e RTT* ouvre la marche.
Falaises, escarpements, champs de mines, barbelés, tranchées, casemates
ennemies avec nids de mitrailleuses, rien ne lui est épargné. Pratiquement
dans son dos, des hauteurs du Cifalco (947 m), les observateurs allemands
peuvent régler leurs tirs. Pourtant les tirailleurs, entraînés par leurs gradés
européens et tunisiens, passent. Ils s’infiltrent par le ravin Gandoet, réduisent
à la grenade les défenses, montent mètre par mètre, de rocher en rocher.
Laissant derrière lui une traînée de sang – l’héroïsme existe dans les deux
camps –, le 4e RTT* finit par coiffer le Belvédère. Pendant une longue
semaine, les deux adversaires se disputent ensuite les sommets, les enlevant,
les perdant, les reprenant. Le 4e RTT* sort vainqueur de l’épreuve, mais à
quel prix ! Il a 264 tués, 400 disparus, 800 blessés et a perdu son colonel. Les
deux tiers des effectifs engagés sont hors de combat.
Le CEF*, au Belvédère, a creusé un saillant dans la ligne Gustav*. S’il se
prolonge sur Attena, le dispositif adverse est susceptible d’être enveloppé.
Juin* n’a pas de réserves. Ses deux divisions sont engagées. Clark* n’a pas
davantage de disponibilités. La conquête du Belvédère reste inexploitée.
Succès inutile ? Au plan tactique immédiat, oui. Pour le renouveau de la
Patrie, après la défaite de juin 1940, non.
De cette bataille du Belvédère, qui voit Français de souche et Tunisiens
de sang lutter et tomber étroitement unis au nom de la France*, le maréchal
Juin* écrira dans ses Mémoires :
« Je ne sache pas qu’il y ait dans les annales de l’armée française, au cours de toute son
histoire, de fait d’armes plus éclatant, ni plus sillonné d’éclairs d’héroïsme que celui accompli par
le 4e Tunisien au Belvédère. »

BELZEC
Camp d’extermination nazi, à 160 kilomètres au sud-est de Varsovie*,
près de la voie ferrée Lublin-Lwow.
Ouvert en mars 1942, il est rasé durant l’automne 1943. On estime à
600 000 le nombre de personnes exterminées à Belzec qui avait un potentiel
d’extermination de 1 500 par jour. Un jeune Polonais, Jan Kaski*, réussit à
entrer à Belzec, à en ressortir et à venir rendre compte à Londres de ce qu’il
avait vu.

BEN BELLA, AHMED


(né en 1916). Homme politique algérien.
Sous-officier au 5e RTM durant les campagnes de France* et d’Italie*,
Ahmed Ben Bella, futur Président de la République algérienne, obtient quatre
citations dont deux à l’ordre de l’armée et gagne la Médaille militaire.
Cet exemple illustre le courage manifesté par les troupes dites indigènes
françaises pendant la Seconde Guerre mondiale.

BENDLERBLOCK
Bâtiment militaire de Berlin, à proximité du parc du Tiergarten, siège de
plusieurs organismes de haut commandement de la Kriegsmarine*, de
l’Abwehr* et de l’OKH*.
Centre de la résistance militaire au nazisme*. C’est là que s’élabore le
complot du 20 juillet 1944*. Le général Olbricht*, le colonel von
Stauffenberg* et d’autres résistants seront exécutés dans sa cour intérieure.
Depuis la fin des années soixante, abrite le Mémorial de la Résistance
allemande*.

BENES, ÉDOUARD
(1884-1948). Homme politique tchèque.
Contribue avec Masaryk à la création de la Tchécoslovaquie*.
Longtemps ministre des Affaires étrangères puis Président de la République
en 1935, il mesure mal le danger nazi. « Plutôt Hitler* que les Habsbourg »,
disait-il. En 1938, lors de la crise des Sudètes*, est obligé de céder et
démissionne.
Réfugié en France* et à Londres, constitue, en octobre 1939, un Comité
national tchèque destiné à poursuivre la lutte contre l’Axe*. Parvient
difficilement à diriger ce qui se déroule dans son pays (résistance
communiste, séparation de la Slovaquie*). Rentré en Tchécoslovaquie* au
début de 1945, installe son gouvernement à Kosice en Slovaquie orientale*,
mais ne peut empêcher les communistes de tenir les postes clés du pays. Bien
que réélu Président de la République en 1946, sera évincé au profit d’un
régime soutenu par Moscou.

BERCHTESGADEN
Village des Alpes bavaroises.
Quelques centaines de mètres au-dessus, sur le plateau du Platerhof,
Hitler* y possédait une résidence d’été – le Berghof – offrant une magnifique
vue panoramique où il reçut de nombreux visiteurs étrangers.
Le site du Berghof est occupé par la 2e DB* française le 4 mai 1945. La
Mercedes du Führer* découverte sur les lieux est envoyée par Leclerc* à de
Gaulle*.
BERETTA
1938 A
Moschetto Automatico Modello 1938 A.
Pistolet mitrailleur italien de très bonne facture.
Longueur : 947 mm ; poids : 4,190 kg ; calibre : 9 mm ; cadence de tir :
600 coups/minute ; chargeur : amovible de 10, 20, 30 ou 40 coups.
Le modèle 38 2 sera suivi d’un modèle 1938/42 tout aussi performant.
Ces PM Beretta seront très largement utilisés par les partisans italiens.
Mussolini* a certainement été abattu par un 38/42.

BERGÉ, PIERRE
(1909-1997). Officier français.
Le capitaine, à titre temporaire, Bergé se bat avec un grand courage en
mai-juin 1940, est blessé trois fois.
Refusant l’armistice, il gagne l’Angleterre* le 23 juin et le lendemain se
présente à de Gaulle*. Fort de son passé de jeune officier au 601e groupe
d’infanterie de l’air, il se propose pour mettre sur pied une unité de
parachutistes. Le 29 septembre 1940 est créée la 1ère compagnie d’infanterie
de l’air. Au 1er mai 1941, les parachutistes français comptent neuf officiers,
dix-neuf sous-officiers, soixante-dix hommes de troupe. L’unité est alors
coupée en deux : une section travaillera en métropole dans le cadre du
BCRA* ; une section mènera le combat en uniforme.
Cette dernière, sous Bergé, sera le French Squadron du SAS* de
Stirling*.
Bergé, après une mission en métropole, dirige, en juin 1942, dans le cadre
du SAS*, le commando contre Héraklion*.
Si l’opération est un succès, Bergé, fait prisonnier lors du repli, restera
interné à Colditz* jusqu’en avril 1945.
Le créateur des parachutistes de la France* libre poursuivra ensuite sa
carrière militaire, obtenant ses étoiles.
Compagnon de la Libération*.
BERGEN-BELSEN
Camp de concentration allemand, près de Hanovre, à partir de 1943.
En mars 1945, il compte environ 60 000 détenus. À la libération du camp,
un mois plus tard, les Britanniques découvrent 38 500 survivants ; mais
28 000 mourront les semaines suivantes. Ils découvrent également une fosse
commune avec 40 000 cadavres et 10 000 cadavres non enterrés.

BERIA, LAVRENTI
(1899-1953). Homme politique soviétique.
Chef du NKVD*, la police politique soviétique, de novembre 1938 à
1946 et l’un des hommes les plus puissants d’URSS*. À ce titre sera le grand
exécuteur des purges, exécutions et déportations, plus particulièrement
responsable de la soviétisation dans les territoires annexés. Est en outre
membre du GKO* (Comité d’État à la défense). Promu maréchal en 1945,
sera exécuté en 1953. L’homme froid et impitoyable se situe au premier rang
des auteurs des atrocités de la période stalinienne.
Héros de l’Union soviétique*.

BERLIN, CHUTE DE

25 avril 1945 :
La capitale allemande est encerclée. La IVe AB de Koniev*, les IIe AB de
la Garde et 47e Armée de Joukov* se donnent la main à Potsdam, au sud-
ouest de Berlin. Selon les Soviétiques, 200 000 hommes, 3 000 canons, 250
chars défendraient la ville. En fait, la garnison de la place est modeste :
soixante bataillons de Volksturm* (42 000 hommes), une division de Flak*
(16 000), des SS* (4 000), des policiers (6 000 à 7 000), des Jeunesses
hitlériennes (4 000), quelques troupes de la Wehrmacht* (26 000).
L’ensemble donne environ 98 000 défenseurs.
26 avril :
Le collet de l’Armée rouge* se resserre sur Berlin*. Des vides dans
l’encerclement n’existent qu’à l’ouest, sur les lacs Havel où les plans d’eau
sont assez mal contrôlés. Joukov* ceinture à lui seul les trois quarts de la
périphérie, de Spandau à Tempelhof. Koniev* n’occupe que la face sud-
ouest, de Schmargendorf à la Havel.
Les bombardements alliés ont ravagé les quartiers extérieurs à l’habitat
assez dense. Les immeubles en partie écroulés offrent aux défenseurs de
solides retranchements comme précédemment à Stalingrad* ou Cassino*. Les
Soviétiques massent de formidables concentrations d’artillerie dans les
espaces dégagés. Leurs tirs s’abattent sans répit, provoquant des incendies,
rasant des blocs entiers, rendant la circulation de plus en plus difficile et
périlleuse. Ils creusent de véritables couloirs de destruction par où s’infiltrent
les assaillants.
En dépit de pertes sévères, les progrès sont sensibles. Au nord, Joukov*
atteint la Spree et s’enfonce résolument sur la rive gauche, débordant
l’aérodrome de Tempelhof et la gare de Görlitz. Koniev*, de son côté,
pénètre dans la forêt de Grünewald et approche des quartiers de Schöneberg
et Wilmersdorf.
Cette journée du 26 se termine par une percée sensible dans les défenses
allemandes et l’occupation d’une partie importante de la ville.

27 avril :
Les bombardements se sont poursuivis toute la nuit. Avec le jour, les
Soviétiques reprennent leur progression. En face, ils sont encore 30 000 vrais
combattants, Waffen SS*, soldats de la Wehrmacht*, pour se battre et
entraîner le Volksturm* et les Jeunesses hitlériennes. Contre 450 000
Soviétiques, soutenus par neuf cents chars, SS* et gamins de la Hitlerjugend
rivalisent de témérité et d’adresse. Leurs Panzerfausts* frappent à courte
distance.
En fin de journée, Joukov* et Koniev* ont encore amélioré leurs
positions. La Spree finit d’être bordée de Moabit à l’Alexander Platz. Le
canal de la Landwehr est atteint près de la gare d’Anhalt. Tempelhof est
tombée.

28 avril :
Le périmètre tenu s’est réduit. Il ne représente plus qu’un haricot de 15
km sur 5, parfois beaucoup moins.
Au nord, Joukov* est sur la Spree et menace la Charlottenburger
Chaussee. Au sud-ouest, il n’est plus qu’à 1 000 m de la Chancellerie.
Tchouikov*, avec sa VIIIe Armée, a enfoncé un coin vers le Tiergarten et le
Jardin zoologique.
Plus que jamais la résistance repose sur les hommes du CA Weidling*,
les SS* et les Jeunesses hitlériennes. Des désertions sont signalées.
Impitoyables, des patrouilles de SS* rôdent, appliquant leur justice sommaire
d’exécutions et de pendaisons.
Après le passage de la vague d’assaut, les habitants timidement se
risquent hors de leurs caves et abris. Derrière les troupes de choc qui
poursuivent leur progression, déferlent les unités de seconde main. Avec
elles, le cours rituel des crimes, des viols, des rapines, de la mise à sac
systématique. Les hommes faits prisonniers sont regroupés pour partir vers
l’est. Les femmes, quels que soient les sévices subis, sont mises au travail
afin de déblayer les ruines.

29 avril :
La Belle Alliance Platz, la Cottbus Platz, l’Alexander Platz sont
tombées ; le canal de la Landwehr a été franchi. Le Jardin zoologique, le
Tiergarten, Unter der Linden, la Chancellerie et le Reichstag sont à la portée
des armes automatiques. L’usure et la fatigue se font sentir chez les
défenseurs.

30 avril :
La bataille, comme la veille, a diminué légèrement d’intensité. Les
Soviétiques eux aussi sont épuisés.
La IIIe Armée de choc a réussi à s’emparer du pont Moltke sur la Spree,
accédant à la Königsplatz devant le Reichstag. Les fantassins ont pu passer
sur les vestiges du pont en partie effondré. L’immeuble de la Gestapo*, tout
proche, a été occupé sans combats. Le Reichstag se profile à cinq cents
mètres.
À 1 500 mètres de là, au sud, les 280 Waffen SS* français du bataillon
Fenet, arrivés à Berlin le 25 avril, barrent les Friedrichstrasse et
Wilhelmstrasse depuis la Belle Alliance Platz. Ils savent qu’ils défendent
l’accès au bunker du Führer*.

1er mai :
Hitler* est mort. Il s’est suicidé le 30 avril dans son bunker et a désigné
l’amiral Dönitz* comme son successeur. La lutte continue et les dignitaires
du IIIe Reich encore en place essayent d’y mettre fin.
Depuis la veille, le Reichstag est sous le feu. À la longue, les
concentrations d’artillerie ouvrent des brèches. Galvanisés par l’enjeu, les
hommes de la 3e Armée de choc s’engouffrent dans le bâtiment pour un
terrible combat au corps à corps. Avant que le succès décisif soit obtenu, les
sergents Yegorov et Kontary hissent un drapeau rouge sur le dôme de
l’édifice. Il se distingue de loin, présageant la victoire prochaine même si les
derniers hectares à enlever, défendus par des poignées de SS*, seront durs à
conquérir.
Pour Goebbels* et Bormann*, les politiques, Krebs* et Weidling*, les
militaires, l’issue est évidente. Il faut traiter et cesser le combat. Krebs* a été
attaché militaire à Moscou. Il parle russe. Il lui appartiendra de mener les
pourparlers.
À 3 h 30, il est introduit au PC de Tchouikov*. Porteur d’une lettre de
Goebbels*, il réclame un cessez-le-feu et la possibilité de réunir le nouveau
gouvernement allemand de l’amiral Dönitz afin de débattre de la cessation
des hostilités. Tchouikov* alerte Joukov* qui appelle Staline* qui exige une
capitulation sans conditions.
À 13 h 08, Krebs* quitte les mains vides le PC de Tchouikov*. Dans le
bunker*, une page se tourne puisque rien de positif n’est ressorti des
discussions avec les Soviétiques. Les uns optent pour la mort, les autres pour
la fuite. Vers 20 h, les époux Goebbels* se suicident après avoir fait
administrer une piqûre mortelle à leurs enfants. Krebs* se tire une balle dans
la tête. Bormann* choisit la fuite vers l’ouest avec les hommes de Weidling*
résolus à tenter leur chance. Peu réussiront. Nombreux seront faits
prisonniers.

2 mai :
Goebbels*, Krebs* sont morts. Bormann* a disparu. Les autres ténors du
régime, Dönitz*, Himmler*, Goering*, Speer*, sont loin. Weidling* se
retrouve seul à porter le sort de Berlin. À 6 h, le général allemand se présente
devant Tchouikov* et Sokolovski, l’adjoint de Joukov*. D’un commun
accord, un texte est diffusé et porté dans les lignes par des officiers russes
flanqués d’homologues allemands. Weidling* y ordonne de cesser la
résistance.
Les ordres de reddition se répandent peu à peu. Des irréductibles
continuent de tirer. La majorité assommée par le désastre ambiant lève les
bras. Certains se suicident. Des fanatiques, exécutant des ordres antérieurs du
Führer*, sabotent le canal de la Landwehr. L’eau s’engouffre dans des
galeries de métro où des civils se sont réfugiés. La vague fera au moins un
millier de victimes.
Progressivement le silence retombe sur Berlin que noie l’Armée rouge*.
Les Soviétiques célèbrent leur victoire sur place comme à Moscou où
retentissent les traditionnelles salves d’artillerie. Combien leur a-t-elle coûté ?
Ils déclareront 404 787 tués, blessés, disparus pour les trois Fronts impliqués
dans la marche de l’Oder sur Berlin.
Les pertes allemandes sont mal connues. 100 000 civils seraient morts
dans la bataille, 150 000 auraient été blessés. Pour les militaires, les chiffres
sont encore plus incertains ayant été inclus dans le bilan global de la guerre.
À Berlin, les Soviétiques affirment avoir fait 70 000 prisonniers.
La capitale est à moitié détruite. Près de 30 000 bâtiments ou habitations
sont inutilisables, 20 000 gravement endommagés. Dans cette cité en ruine,
livrée au pillage, de nouvelles structures se mettent en place. Un
gouvernement militaire, une administration sous tutelle de l’Armée rouge*
sont instaurés. Moscou avait tout prévu. Des communistes allemands dirigés
par Walter Ulbricht* et réfugiés en URSS* depuis 1933-1934 sont arrivés à
Berlin le 1er mai. Une ère nouvelle débute.

BERLING, ZYGMUNT
(1896-1980). Général polonais.
Sorti des camps d’internement russes en 1941, met sur pied et commande
la division Kosciusko, puis la 1ère Armée polonaise sous obédience
soviétique. Cette Armée alignera 40 000 hommes – prisonniers libérés dans
l’ensemble – en juillet 1943 et le double l’année suivante. Pour avoir tenté
d’aider ses compatriotes insurgés dans Varsovie*, Berling sera relevé de son
commandement en septembre 1944.

BERMUDES, CONFÉRENCE DES


Conférence tenue à huis clos, en avril 1943, aux Bermudes, entre
émissaires britanniques et américains pour débattre des problèmes posés par
la Solution finale* dont la preuve a été apportée par le témoignage de Jan
Karski* (et d’autres). Son seul résultat concret est l’ouverture d’un centre
pour les réfugiés en Afrique du Nord. Son compte rendu final n’est pas rendu
public. Manifestement, par incrédulité et par crainte d’aggraver la situation,
les Alliés préfèrent se taire. Cette conférence s’est ouverte le jour du
déclenchement de l’insurrection du ghetto de Varsovie*.

BERNADOTTE, COMTE FOLKE


(1895-1948). Diplomate suédois.
Neveu du roi de Suède* et vice-président de la Croix-Rouge suédoise, le
comte Bernadotte s’entremet par deux fois pour l’échange de prisonniers de
guerre malades ou handicapés. En avril 1944, Himmler lui demandera de
servir d’intermédiaire avec les Alliés* occidentaux.

BERNARD, OPÉRATION
Fabrication, par les Allemands, de fausses livres sterling destinées aux
pays neutres afin de dévaluer la monnaie britannique.

BERNHARDT, LIGNE
Ligne de résistance allemande couvrant Cassino*, une petite vingtaine de
kilomètres à l’est. Elle va du Garigliano* au Sangro.

BESSARABIE
Province roumaine entre le Dniestr et le Prut. Le Pacte germano-
soviétique* du 23 août 1939 reconnaît l’intérêt porté par les Soviétiques à
cette région.
Le 26 juin 1940, un ultimatum de Moscou oblige la Roumanie* à lui
céder la Bessarabie et la Bukovine du nord. Aussitôt après cette annexion, les
terres et les entreprises privées sont nationalisées et plus de 100 000
Roumains sont déportés en Asie centrale dans les camps de travail.
Barbarossa* met un terme aux déportations et permet à la Roumanie de
récupérer la Bessarabie. En contrepartie, Juifs et Tsiganes sont transférés à
l’est du Dniestr dans la région d’Ukraine* occupée par l’armée roumaine.
La reconquête de l’Armée rouge* à l’été 1944 redonne la Bessarabie à
l’URSS*, annexion confirmée par le traité de Paris* en 1947 (la majeure
partie de la province formant la république soviétique de Moldavie, la partie
méridionale étant rattachée à l’Ukraine*).

BÉTHOUART, ANTOINE-MARIE
(1889-1982). Général français.
Saint-cyrien, est camarade de promotion de Charles de Gaulle* et
d’Alphonse Juin* (Fez 1909-1912).
Colonel au début de 1940, reçoit mission de constituer une brigade de
haute montagne en vue d’intervenir en Finlande*. À défaut de Finlande*, ira
en Norvège* et, promu général, prendra Narvik*. Ayant opté après
l’armistice pour le retour au Maroc, ne cache pas ses sentiments et,
commandant la division de Casablanca le 8 novembre 1942, est l’un des
acteurs majeurs œuvrant en faveur de la réussite du débarquement américain.
Arrêté, risque durant quelques jours le pire. Libéré, fait partie de ceux qui,
derrière Giraud*, participent à l’organisation de l’armée de Libération*. En
1944, chef d’état-major de l’Armée avant de prendre le commandement du
1er CA de l’Armée B* pour les combats de la Libération de la France* et
l’entrée en Allemagne*.
Général d’armée, est, après 1945, haut-commissaire français en
Autriche*.
Compagnon de la Libération*.
BETTY
Mitsubishi G4 M (Betty dans le code allié).
Le meilleur bimoteur japonais de bombardement, sorti en 1941, fabriqué
à 3 660 exemplaires en plusieurs versions.
Caractéristiques du G4 M1. Vitesse : 430 km/h ; autonomie : 6 000 km ;
armement : un canon de 20, quatre mitrailleuses, 800 kg de bombes ;
équipage : 7 hommes.

BEVIN, ERNEST
(1881-1951). Homme politique britannique.
D’origine modeste, se fait un nom dans le syndicalisme et le parti
travailliste. Dans les années trente, dénonce les dangers du pacifisme face à
Hitler*. En mai 1940, intègre le cabinet d’union nationale de Churchill*,
comme ministre du Travail. À la chute de Churchill*, devient responsable du
Foreign Office et participe à la fin de la conférence de Potsdam*. Restera
fidèle à l’alliance américaine.

BFLO (BRIGADE FRANÇAISE LIBRE


D’ORIENT)
Unité constituée au début de 1941 en vue de participer aux campagnes
britanniques en Afrique orientale. Sous les ordres du général
Legentilhomme*, elle comprend essentiellement :
Le BM 3 (bataillon de marche no 3) du commandant Garbay, arrivé du
Tchad par Abéché et Khartoum.
Le BIM (bataillon d’infanterie de marine) du capitaine Lorotte, issu du
3 bataillon du 24e RIC rallié à Chypre en juillet 1940.
e

La 13e DBLE* du colonel Monclar*.


L’ensemble est fort d’environ 4 000 hommes, dont 1 800 Africains.
Entrée en campagne le 23 février 1941 en Érythrée, la BFLO, après avoir
participé à la rude bataille de Kerem, entrera la première dans Massaouah, le
8 avril.
Cette BFLO donnera naissance à la 1ère DFL*, qui sera en Syrie*, et à la
future 1ère BFL* de Bir-Hakeim*.

BIA(BURMA INDEPENDENCE ARMY – ARMÉE


DE L’INDÉPENDANCE BIRMANE)
Elle a pour origine un noyau de trente nationalistes birmans, les Thakin*,
entraînés par les Japonais dans l’île de Hainan dès 1940 et dirigés par Aung
San.
Ce petit groupe, porté à trois cents, fournit des guides aux envahisseurs
japonais de la Birmanie* en janvier 1942. Étoffé, il devient la BIA, forte de
1 300 hommes qui combattent les Anglais en retraite dans le Sud de la
Birmanie. Cette participation à la guerre auprès des Japonais n’est pas sans
mécomptes : lourdes pertes, trois cents déserteurs. Se transposant sur le plan
politique, la BIA, impopulaire et suspectée par les Japonais, est dissoute en
août 1942. Aung San, devenu général dans l’armée nippone, relance une
nouvelle armée, la BNA (Burma National Army) qui, instruite et équipée par
les Japonais, atteint 10 000 hommes en août 1943. Cette force n’est toutefois
pas engagée contre les Britanniques. Travaillée en sous-main par le SOE*,
elle change de camp en avril 1945, se rallie aux Britanniques et prend le nom
de Forces patriotiques birmanes.

BIAK, BATAILLE POUR


L’île de Biak, dans l’archipel des Shouten, s’étale sur environ 55 km à
150 km des côtes nord-ouest de la Nouvelle-Guinée*.
Après un succès rapide dans l’île de Wake*, plus à l’est, en mai 1944,
MacArthur* pense enlever aisément Biak qu’il suppose faiblement tenue.
Débarquée le 27 mai près de Bosnek, la 41e division tombe sur 11 000
Japonais résolus, bientôt renforcés par 1 200 autres. Truffées de galeries, les
collines leur tiennent lieu de ligne Maginot* naturelle. Leurs chars légers
épaulent leurs contre-attaques. Les assaillants doivent débarquer d’urgence
des Sherman*. Leurs canons de 75 ont raison des petits 9 tonnes dont les
obus de 37 ricochent sur les blindages américains.
La résistance de Biak se prolongera. La poche d’Ibdi ne tombera que le
28 juillet. Un débarquement sera nécessaire dans la baie de Wardo pour en
finir le 17 août. La bataille pour Biak aura coûté 474 tués et 200 blessés aux
Américains (plus 7 000 hommes hors de combat par typhus et fièvres).

BIBER
Sous-marin de poche allemand.
Il est armé de deux torpilles de 533 mm et peut atteindre six à huit nœuds
avec un rayon d’action de l’ordre de 200 km. Il n’a qu’un pilote pour
équipage.
Environ 169 Biber sont mis en service en 1944-45. Ils semblent avoir
coulé 9 bâtiments alliés en mer du Nord. 23 seront perdus en mission, 12
capturés et 134 détruits ou sabordés avant la capitulation.

BIDAULT, GEORGES
(1899-1983). Résistant français.
En 1939, le professeur agrégé d’histoire Bidault, rédacteur en chef de
L’Aube, est mobilisé.
Fait prisonnier en juin 1940, libéré comme ancien combattant de 1918, il
rejoint la Résistance* et devient membre du comité directeur de Combat, le
mouvement de Henri Frenay*. Jean Moulin* lui confie l’organisation et la
direction du BIP, le Bureau d’information et de presse. Jean Moulin* arrêté,
Bidault lui succède à la tête du CNR*. À ce titre, il recevra de Gaulle* à
l’Hôtel de Ville de Paris le 25 août 1944. Le 10 septembre 1944, ce
démocrate-chrétien deviendra ministre des Affaires étrangères du GPRF*.
Il poursuivra une carrière politique sous la IVe République et finalement
s’opposera à de Gaulle* sur le problème algérien.
Compagnon de la Libération*.

BIÉLORUSSIE, DÉSASTRE ALLEMAND EN


Au printemps 1944, suite aux diverses offensives soviétiques, le front de
l’Est* n’a plus l’aspect grosso modo nord-sud qu’il présentait six mois plus
tôt, de Leningrad* à la mer Noire.
Depuis Narva, sur le golfe de Finlande, à l’embouchure du Dniestr, la
ligne des combats affecte vaguement le profil d’une gigantesque chaise. Son
dossier, bordant au départ la rive orientale du lac Peïpous, descend jusqu’au
Pripet*. Son siège repose sur les marais du même nom. Son pied chute vers
les Carpates et se casse en biais avant de reposer sur la mer Noire.
Cette silhouette approximative ne doit pas estomper un large coin au bas
du dossier. De Vitebsk au Pripet, sur près de 400 km, les Allemands
continuent de s’enfoncer vers l’est, par Orcha, Moghilev et Bobrouisk,
comme pour continuer à menacer Smolensk et Moscou. Toujours les illusions
de Hitler* ! Comme tout saillant, celui-ci est vulnérable par des actions
menées sur ses extrêmes du nord au sud et du sud au nord.
L’avancée en Ukraine* a conduit Hitler* à se persuader que la Stavka*
prépare un gigantesque coup de faux vers le nord-ouest, de la Galicie à la
Prusse-Orientale, par Varsovie et la vallée de la Vistule. 450 kilomètres
seulement à couvrir pour couper les GAS et GAN de leurs arrières. Hitler*
s’attend tellement à cette attaque qu’il masse ses blindés au sud-est de Brest-
Litovsk* pour la contrer. Ce faisant, il affaiblit d’autant son GAC, dont 80 %
des PD* partent pour la Galicie.
La Stavka*, bien renseignée sur ce qui se décide à l’OKW*, a renoncé à
cette manœuvre si séduisante du coup de faux. L’opération Bagration, du
nom de ce général russe mortellement blessé à la bataille de la Moskova en
1812, sera une attaque frontale en Biélorussie contre le GAC. Sur les 700 km
du front central, les Soviétiques savent qu’ils disposent d’une écrasante
supériorité. Peut-être pas en hommes (1 250 000 contre 800 000) mais
assurément en matériel : 28 600 bouches à feu contre 10 000, 4 000 blindés
contre 800, 5 300 avions contre 900.
Le 10 juin 1944, l’Armée rouge* est prête. Staline* n’attend plus que son
heure. Il finit de s’assurer de la solidité d’Overlord* et entend frapper les
esprits de son peuple. Hitler* a lancé Barbarossa* un certain 22 juin 1941.
Le déclenchement de l’offensive est irrémédiablement fixé pour ce jour
anniversaire.
À cette date, l’opération a déjà débuté. L’aviation s’en prend aux
objectifs repérés : PC, dépôts, cantonnements. Les partisans, le 20 juin,
déclenchent une campagne de sabotages généralisés. En cette Biélorussie,
terre de forêts et de marécages où ils sont chez eux, ils font peser une menace
perpétuelle sur les arrières allemands.
La Stavka* s’est fixée deux axes d’efforts essentiels sur les ailes, vers
Vitebsk au nord, vers Bobrouisk au sud. Après destruction de l’adversaire sur
ces deux extrémités, les brèches ouvertes autoriseront un large encerclement
de Minsk, capitale de la Biélorussie. Le plan se déroulera comme prévu. Les
Soviétiques remporteront immédiatement des succès amplifiés par la surprise
créée et les ordres donnés de Hitler* : tenir des forteresses, résister sur place.
L’offensive débute par l’attaque des 1er Front de la Baltique et 3e Front de
Biélorussie contre Vitebsk. La ville a valeur de symbole. Les Allemands, qui
l’occupent depuis 1941, s’y sont accrochés lors de leur repli de 1943. La cité,
débordée, est encerclée au bout de trois jours. Elle tombe le surlendemain. La
IIIe Armée y laisse 20 000 morts et 10 000 prisonniers. Situation et
conclusion identiques à Borbrouisk où les XXXVe CA et XVIe PD se
retrouvent pris au piège. 30 000 hommes sur 100 000 parviennent à
s’échapper. La ville est occupée le 29 juin. Entre les deux villes, Moghilev,
sur le Dniepr supérieur, a été enlevée le 28. Les écluses lâchent !
Hitler* réagit comme à l’accoutumée. Le 28, il relève Busch* du
commandement du GAC et le remplace par Model* qui continue de coiffer
son Groupe d’armées d’Ukraine* nord. Comment endiguer le torrent qui
déferle ? La Wehrmacht* est dominée sur le terrain. L’aviation soviétique*
ne lui accorde aucun répit. Les partisans multiplient les harcèlements.
La Dvina, la Berezina sont atteintes. La manœuvre contre Minsk peut se
développer. Le 3 juillet, l’étau se referme sur les restes de trois CA et deux
CB, enserrant plus de 100 000 hommes des IVe et IXe Armées. Dans le même
temps, l’avance se développe vers Vilnius au nord et Brest-Litovsk au sud.
Les Russes pénètrent dans Minsk, cité en ruine que les Allemands ont
pillée et dévastée. La Wehrmacht* perd dans la bataille 70 000 tués et 35 000
prisonniers dont douze généraux. L’effondrement du GAC tourne au désastre.
Une brèche s’est ouverte sur plus de 300 km de large.
Sans marquer de temps d’arrêt, Vassilievski* et Joukov*, sur l’intégralité
du front, pressent leurs troupes contre Dvinsk, Vilnius, Bialystok, Brest-
Litovsk*. La capitale de la Lituanie* est occupée le 13 juillet ; les
communistes s’emparent aussitôt du pouvoir. Le 3e Front de Biélorussie
atteint le Niémen et enlève Kaunas. Bientôt les poteaux-frontière de la
Prusse-Orientale seront en vue.
Au sud, le 1er Front d’Ukraine de Koniev entre en action le 13 juillet. Le
Boug est franchi. L’Armée rouge* entre dans la partie de la Pologne* que
Staline* admet polonaise. Lublin* est occupée le 23, Brest-Litovsk le 28. Les
chars soviétiques bordent la Vistule en maints endroits. Des têtes de pont sont
jetées sur sa rive occidentale. Varsovie* est à moins de 20 km.
En hommes, en matériel, en perte de terrain, en menace immédiate, le
désastre de Biélorussie a été pire que celui de Stalingrad*.

BIERUT, BOLESLAW
(1892-1956).
Militant communiste polonais condamné en 1933 à sept ans de prison. Sa
peine purgée, il se réfugie en URSS* et devient en 1944 Président du Comité
de Lublin*. Sera, en 1947, élu Président de la République polonaise sous
obédience soviétique.

BIHAC
Commune de l’ex-Yougoslavie au nord-ouest de la Bosnie. C’est à Bihac,
les 26 et 27 novembre 1942, que Tito* définit son programme communiste
dans le cadre du Conseil antifasciste de Libération nationale de la
Yougoslavie*, première ébauche d’un gouvernement.
Bihac sera par la suite un point fort des partisans de Tito*.

BIR-HAKEIM
Bir-Hakeim, le puits du chien, ou Bir-Hakim, le puits du vieillard ?
De puits il n’en existe plus en ce site aride à 80 km au sud-ouest de
Tobrouk*. L’endroit est plat, dénudé. À peine s’élève-t-il légèrement à
l’ouest. Une petite ondulation court de la cote 186 au nord-ouest jusqu’à un
fortin délabré à l’extrême sud. Cette cuvette relative commande les derniers
kilomètres utilisables avant la mer de sable du désert libyen. C’est pourquoi
les Anglais ont installé le box le plus méridional de la ligne Gazala qui
couvre Tobrouk à l’ouest.
Lorsque les Français de la 1ère BFL, le 19 février 1942, y relèvent la
50e brigade britannique, l’organisation défensive n’a été qu’ébauchée. La
pelle et la pioche deviennent l’arme numéro un de ces soldats qui
préféreraient une autre forme de guerre.
Toute la fine fleur des Français libres* est là (si l’on excepte les hommes
de Leclerc* au Tchad). Le lieutenant-colonel Broche avec ses Tahitiens et
Néo-Calédoniens. Le lieutenant-colonel Amilakvari* avec ses légionnaires.
Le commandant Savey avec ses marsouins. Le capitaine Gravier avec ses
sapeurs. Le commandant Laurent-Champrosay avec ses artilleurs. Le
capitaine de corvette Amyot d’Inville, l’amiral, avec ses fusiliers marins. À
leurs côtés, des Nord-Africains, des Indochinois, des Malgaches. À leur tête,
un général de quarante-trois ans, Marie-Pierre Koenig*.
Ils sont, au départ, 3 826 dont 103 Anglais pour défendre ce box de Bir-
Hakeim. Le périmètre retranché est modeste : 17 km environ. Il épouse
sensiblement la forme d’un triangle équilatéral, sommet au nord-ouest (cote
186). Le BM 2 garde au nord, le 2e BLE à l’est, le BP/1 au sud-ouest. Le 3e
BLE fournit la réserve d’intervention. Les canons de 75 sont éclatés en
défense antichars ou regroupés pour les tirs d’arrêt. Les quarante Bofors* des
fusiliers marins surveillent le ciel. Ils feront mouche à plusieurs reprises.
Tout autour du camp retranché, les sapeurs de Gravier ont disposé des
champs de mines pour ceinturer la défense. Plus au large, ils ont éparpillé des
marais de mines pour interdire les approches plus lointaines. Peu de barbelés.
Le produit est rare.
Dans le matériel fourni par les Anglais, les Français libres* ont découvert
un merveilleux petit véhicule, le Bren Carrier*. Cette petite chenillette
blindée, basse sur le sol, passe partout. La brigade en possède soixante-trois
et elle sert à tout : reconnaissance, appui-feu, transport.
Bir-Hakeim gêne Rommel*. Ses feux et ses patrouilles motorisées
entravent les lignes de communications. Sa présence interdit une action
massive contre Tobrouk* et la VIIIe Armée.

27 mai :
Vers 8 h 15, première attaque sérieuse contre le 2e BLE. Les 75 se
déchaînent. La position tient bien. 10 h 30, le silence retombe. Trente-cinq
chars se consument. La Légion* a fait quatre-vingt-onze prisonniers.
L’assaillant était italien. Division Ariete*.

28-29 mai :
Peut-on parler de jours plus calmes ? La BFL en profite pour lancer des
Jock Columns*, ces patrouilles motorisées en chasse libre dans un rayon de
10 à 20 km autour de Bir-Hakeim.

31 mai :
La Luftwaffe* se manifeste. Un convoi passe amenant 6 000 obus de 75
et 1 200 gallons d’eau.

1er juin :
Sur ordre des Anglais, un fort détachement aux ordres du lieutenant-
colonel Broche s’éloigne en direction de Rotunda Signali, 50 km au nord-
ouest. À cette heure, les Britanniques sont optimistes. Ils croient au succès
d’ensemble.

2 juin :
Toujours devant le 2e BLE, un véhicule à drapeau blanc. Des
plénipotentiaires italiens viennent demander à la garnison de se rendre, sinon
elle sera exterminée. Réponse sans équivoque. Par contre, le détachement
Broche reçoit ordre de rentrer.

3 juin :
Bombardiers et chasseurs précèdent l’artillerie. Bir-Hakeim paraît
encerclée sur toutes ses faces. Encore des plénipotentiaires devant le 2e BLE.
Deux Anglais prisonniers porteurs d’un message signé Rommel* en
personne :
« Aux troupes de Bir-Acheim. Toute prolongation de la résistance signifie une effusion de
sang inutile. Vous endureriez le même sort que les deux brigades anglaises de Got el Oualeb, qui
ont été détruites hier. Nous cesserons le combat quand vous montrerez des drapeaux blancs et que
vous vous dirigerez vers nous sans armes.
Rommel*, général d’armée. »

La réponse est encore sans équivoque. Rommel* devra donc se battre. Il


le fait. Heinkel* et Stuka* se succèdent dans le ciel. Obusiers, mortiers,
mitrailleuses balaient la position. Il y a des morts et des blessés.

4 juin :
La journée paraît plus calme. Deux camions parviennent à passer avec
1 300 obus de Bofors*. La DCA abat un Stuka* et un Marchetti. Un autre
Stuka* paraît probable.
Dans la nuit, de nouveaux parlementaires se présentent sans plus de
succès.

5 juin :
L’artillerie lourde entre en action au matin. 105, 210 tirent sans
discontinuer. Le 75 est bien incapable de leur donner la réplique et Laurent-
Champrosay économise ses munitions pour la défense rapprochée.
Heureusement, un courageux citoyen de Sa Majesté rejoint avec 6 000
coups de 75 et 5 500 de Bofors*. Manifestement, les Britanniques s’efforcent
de soulager le camp retranché. Leurs blindés harcèlent les assiégeants. Leur
aviation ne ménage pas sa peine.
« La défense de Bir-Hakeim par les Français libres est un exemple pour
tous », déclare le général Richtie* à la BBC.

6 juin :
Vers 11 h 30, la 90e division légère allemande attaque et se trouve
stoppée à 800 m. Les Italiens sont également repoussés.
Ces succès n’empêchent pas Koenig* d’être inquiet. Les munitions
baissent. Son dispositif est très étendu. Contre un déferlement de fantassins il
serait douteux de tenir. Et, dans le fond, que veulent les Anglais ? Résister ?
Contre-attaquer ?
7 juin :
Harcèlements de chars. Bombardements de la Luftwaffe*. Dans la nuit,
un petit convoi parvient à passer, apportant de l’eau, un peu.

8 juin :
Treizième jour de la bataille. La chaleur devient plus lourde. La fatigue,
la tension nerveuse se font sentir. La ration d’eau s’avère insuffisante.
Et toujours bombardements et attaques de chars qui ne sont stoppées qu’à
courte distance. La journée coûte au total trente-quatre tués et soixante-quatre
blessés.

9 juin :
Les Stuka* reviennent avec le jour et la dissipation des brouillards. Un
bombardement frappe l’infirmerie : quinze blessés et trois infirmiers sont
tués.
Nouvelles attaques chars-infanterie.
À 20 h, le lieutenant-colonel Broche est tué avec son adjoint à son
observatoire avancé. Le bataillon du Pacifique* perd son chef, son fondateur,
son âme.
En milieu d’après-midi, Koenig* a reçu un message confidentiel :
« La position de Bir-Hakeim n’est plus considérée comme essentielle. Dans ces conditions,
une évacuation peut-elle être envisagée ? Si cette évacuation n’est pas souhaitée, la brigade
pourrait rester sur place en recevant les ravitaillements indispensables par air. »

La décision de Koenig* est vite prise. Les quelques expériences de


ravitaillement par air n’ont pas été concluantes, loin de là ! Ce sera donc
l’évacuation dans la nuit du 10 au 11 juin.

10 juin :
Ultime journée. Toujours sous les bombardements et les attaques
d’infanterie et de chars.

La sortie :
Elle débutera à 23 h 30. Direction générale de marche : un point de
recueil B 837 tenu par les Britanniques (azimut magnétique : 210° 30).
À la tombée du jour, Gravier et ses sapeurs se mettent au travail pour
dégager une trouée devant la porte de sortie au sud du camp. Le travail dans
l’obscurité n’est pas aisé. Toutefois un couloir est ouvert. À partir de 23 h 30
comme fixé, légionnaires et coloniaux du bataillon du Pacifique se glissent
hors des défenses pour couvrir la sortie des véhicules. Les Allemands ont
perçu de l’agitation. La surprise ne jouera pas. Il faut foncer. Koenig* donne
l’exemple. Mêlée épique de nuit. Des véhicules, des hommes passent,
d’autres non. Le courage est anonyme.
À la borne B 837, les Britanniques sont fidèles au rendez-vous avec
soixante camions. Pendant quelques heures on craint le pire. Cependant peu à
peu l’espoir renaît. Des isolés, de petits détachements arrivent, épuisés.
Au crépuscule du 11, quelque 2 500 hommes auront été récupérés. Le
commandant Savey, le capitaine de Lamaze et d’autres ont été tués.

Le bilan global :
Il est lourd : 72 morts, 763 disparus, 21 blessés. Beaucoup plus lourd que
celui du siège : 99 morts et 109 blessés au soir du 10 juin.
Bir-Hakeim, toponyme inconnu du désert libyen, fait soudain son entrée
au premier plan de l’actualité internationale. Il révèle un fait inattendu. Des
Français se battent bien. De Gaulle* et la France libre* en tirent fierté et
légitimité.
Et sur le plan militaire ? À quoi a servi Bir-Hakeim ?
Le camp retranché a fait du mal à l’ennemi et il lui a surtout coûté du
temps et des moyens. En s’acharnant sur Bir-Hakeim, Rommel* a perdu une
bonne semaine. La semaine qui lui manquera, peut-être, pour entrer en
Égypte. Les Britanniques, malgré Tobrouk*, ont pu se réorganiser. Ce sera la
première bataille d’El-Alamein*, victoire défensive capitale.

BIRMANIE, CAMPAGNES DE
Les campagnes de Birmanie débutent le 15 janvier 1942, par l’offensive
japonaise à partir de la Thaïlande* et de la Malaisie*.
Elles se terminent de fait le 3 mai 1945 avec l’entrée des Britanniques
dans Rangoon, même si les combats se poursuivent de mai à août pour
éliminer les 70 000 Japonais réfugiés dans le sud-est du pays. Elles peuvent
se décomposer en :
— l’invasion japonaise de la Birmanie au premier semestre 1942 (voir
Birmanie, invasion de la) ;
— une première offensive en Arakan* fin 1942 et un raid des Chindits*
en 1943 ;
— la seconde campagne de Birmanie avec les batailles de Kohima* et
Imphal et la reprise de la Haute-Birmanie en 1944 (voir Birmanie*,
reconquête de la Haute-) ;
— la reconquête totale de la Birmanie en 1945 (voir Birmanie, victoire
en).
Ces campagnes, dans des conditions très difficiles de par le terrain et le
climat, coûteront 71 200 hommes hors de combat aux Britanniques et aux
troupes du Commonwealth contre 106 000 aux Japonais.

BIRMANIE, INVASION DE LA
Si l’Inde* n’entre pas véritablement dans les visées des Japonais, la
Birmanie les intéresse. Rangoon, la route de Birmanie, les champs
pétrolifères de Yenangyaung, constituent autant d’objectifs justifiant leur
intervention.
Ce pays de 680 000 km2 n’est pas défendu. Le 8 décembre 1941, à peine
est-il protégé par deux bataillons britanniques, quatre bataillons de fusiliers
birmans et neuf bataillons autochtones de police militaire. L’aviation ne
compte que seize chasseurs Buffalo. La situation intérieure n’améliore rien.
La défense dépend à la fois du War Office et du gouvernement birman.
Outre, la présence d’un fort courant nationaliste n’est pas sans avantager, en
principe, les Japonais forts de leur slogan : « L’Asie aux Asiatiques ».
Des raids aériens, les 23 et 25 décembre, préparent l’invasion, s’en
prenant à Rangoon. Les assaillants perdent cinquante appareils, mais les
dockers effrayés désertent les quais. Il devient de plus en plus difficile de
décharger à Rangoon.
Grâce à leur implantation en Thaïlande* depuis le 8 décembre, les
Japonais disposent de plusieurs possibilités d’accès au sud de la Birmanie. Le
15 janvier 1942, le général Lida, commandant la XVe Armée, entre en
campagne avec deux divisions et une brigade blindée. Des éléments de la
XXVe Armée de Malaisie l’épaulent dans l’isthme de Kra. Progressant le
long de la côte occidentale de l’isthme, les Japonais ont tôt fait de dépasser
Victoria Point abandonné. Tavoy est atteinte le 19, sa garnison de fusiliers
birmans bousculée.
Débouchant le 20 janvier de la région de Raheng, en Thaïlande*, la 55e
division marche sur Moulmein. La 15e brigade indienne, envoyée en
couverture, parvient à s’esquiver mais perd tous ses moyens d’appui et de
transport.
Le général Smyth, qui commande devant Moulmein, a reçu l’ordre de
tenir la place. Sa situation devient vite impossible. Prenant ses
responsabilités, ce soldat courageux (Victoria Cross*) se dégage par mer de
la souricière. Moulmein tombe le 30 janvier.
La manœuvre japonaise, désormais, s’infléchit sur deux axes : Rangoon
par la côte, le nord par les vallées du Salouen et du Sittang.
Les Britanniques voudraient tenir sur le Sittang pour protéger Rangoon.
Les Japonais les devancent. La division indienne, encore sur la rive gauche,
sera piégée, l’unique pont sur le bas Sittang ayant sauté. Trois mille Indiens
passent à la nage, mais de fidèles Gurkhas, ne sachant pas nager, sont
emportés par le courant, sur des radeaux de fortune.
Churchill* n’aime pas les défaites. Le général Hutton est remplacé par
Alexander* qui a prouvé sa valeur et son sang-froid à Dunkerque*.
Alexander* est un chanceux. Bloqué dans Rangoon, il parvient à se dégager.
Le 8 mars, les Japonais entreront dans la ville désertée.
Alexander* est donc désormais le patron coiffant deux nouveaux venus :
son compatriote Slim* et l’Américain Stilwell*. Le premier commande les
forces britanniques, basées pour l’essentiel dans la vallée de l’Irrawaddy. Le
second, envoyé par Roosevelt* auprès de Tchang Kaï-chek*, a mission de
faire au mieux avec le bon vouloir des Chinois dans les vallées du Sittang et
du Salouen et sur le plateau de Shan. L’homme, solide, intelligent,
courageux, est bien décidé à se battre en utilisant au mieux les éléments des
5e et 8e Armées que Tchang Kaï-chek* lui concède peu à peu.
Alexander* reçoit quelques renforts dont la 7e brigade blindée arrivée du
Moyen-Orient. D’accord avec Stilwell*, il voudrait tenir une ligne Prome-
Toungoo, barrant ainsi les vallées de l’Irrawaddy et du Sittang. Il souhaite
aussi gagner du temps. La mousson approche avec ses cataractes interdisant
tout mouvement d’envergure.
Le plan Alexander* est judicieux mais les moyens manquent. Hormis la
valeureuse 7e BB, Slim* dispose surtout de rescapés regroupés vaille que
vaille. Stilwell* n’a, lui, qu’une division chinoise. La RAF* a dû se réfugier
en Inde et les Tigres volants* regagner la Chine*. En face, Lida a reçu deux
nouvelles divisions et deux régiments de chars. Son potentiel aérien atteint
quatre cents avions.
Les Japonais se montrent maîtres dans l’art des débordements et
s’infiltrent partout. Débouchant sur les arrières de leurs adversaires, ils les
contraignent à se replier pour éviter l’encerclement. Le 18 avril, ils
s’emparent des puits de Yenangyaung ; le 28, ils entrent dans Lashio. La
route de Birmanie est coupée.
Mandalay se retrouve prise en tenailles. Le 30 avril, Alexander* doit
abandonner la ville aux mille pagodes.
Il faut encore et toujours battre en retraite. La saison sèche s’achève. La
température excède 40°. L’aviation japonaise ne cesse de harceler les
convois. À la confusion générale s’ajoute la masse des réfugiés. Près de
900 000 Indiens fuient l’envahisseur et les Birmans hostiles.
Slim* et les Britanniques se replient vers le nord-ouest par la vallée du
Chindwin. Stilwell* et les Chinois s’efforcent de gagner la Haute-Birmanie et
la région de Myitkyina. Le 6 mai, les éléments avancés britanniques entrent
dans la province d’Assam en Inde*. La longue marche s’achève alors que les
premières pluies de la mousson débutent. Douze mille hommes ont réussi à
passer. Treize mille Anglais, Indiens, Gurkhas, Birmans, sont morts au
combat durant cette retraite de 1 400 km.
250 000 réfugiés ont également succombé aux fatigues de la route.
Le 13 mai 1942, Stilwell*, marchant lui aussi à pied, franchit à son tour
le haut Chindwin et par des pistes de jungle rejoint l’Assam.
Ce sexagénaire est indomptable. Il reprend aussitôt un avion pour
rejoindre Tchang Kaï-cheik* et poursuivre la lutte. Comme MacArthur* aux
Philippines*, il se promet bien de revenir.
La fin de la conquête de la Birmanie marque une étape. Malaisie*, Indes
néerlandaises*, Philippines* et enfin Birmanie. Le plan programmé a
parfaitement réussi. Le Japon a bâti son empire de la Grande Asie orientale.

BIRMANIE, RECONQUÊTE DE LA HAUTE-


Le général Stilwell* est bien décidé à forcer le cours des événements en
Birmanie.
Contrairement aux Britanniques, il croit en la valeur du combattant
chinois. À cet effet, il entraîne deux divisions à Ramgarh, près de Ledo. Il
compte avec ses Chinois s’emparer du nord de la Birmanie et frayer une
nouvelle route de Ledo à Lashio afin de renforcer la voie aérienne par-dessus
l’Himalaya.
De retour du Caire*, où il avait été convoqué pour la conférence
internationale et où il a obtenu le feu vert pour ses projets, il s’engage. En
décembre 1943, avec deux divisions chinoises et les Maraudeurs de Merrill*,
il quitte Ledo et s’enfonce en Birmanie. Objectif : Myitkyina, terminus de la
voie ferrée Rangoon-Mandalay, à 300 km au sud-est. Si l’itinéraire paraît
court sur la carte, il impose de franchir trois chaînes montagneuses, de
traverser fleuves et rivières, de vaincre la nature, le climat et les Japonais.
Personne au PC de Mountbatten* ne croit au succès.
Stilwell*, lui, n’en doute pas. Il prend lui-même le commandement de la
colonne pour mieux stimuler ses 50 000 Chinois. En avant, les Maraudeurs
de Merrill* flanquent l’avance principale. Les parachutages du Xe groupe
aérien assurent le ravitaillement. Derrière, le Génie construit la route. En
face, il y a 40 000 à 50 000 Japonais dont la célèbre 18e division.
Si l’avance est lente, elle est régulière. Stilwell* grogne, peste, mais sait
communiquer son ardeur. Ses Chinois ont pris confiance et se battent. Ses
Maraudeurs ne ménagent ni leur peine ni leur sang.
Stilwell* s’est fixé Myitkyina comme objectif. Il y parviendra.
Pour l’atteindre, le dernier obstacle majeur s’appelle les monts Kumaun.
Les passages se situent à environ 2 000 m d’altitude. Près de trois semaines
sont nécessaires pour les franchir.
Le 17 mai 1944, 1 400 Maraudeurs* rescapés, accompagnés de 4 000
Chinois, occupent le terrain d’aviation de Myitkyina. À partir de 15 h 30, les
premiers avions de transport peuvent s’y poser. Sportivement, Mountbatten*
salue le succès : « C’est un exploit qui restera dans les annales militaires. »
Les Britanniques, malgré leurs réserves, ont apporté leur pierre. Comme
en 1943, avec plus d’ampleur encore, les Chindits* sont intervenus sur les
arrières.
Il ne suffit pas d’occuper le terrain d’aviation de Myitkyina pour être
débarrassé des Japonais. 6 à 7 000 d’entre eux se sont retranchés dans
Myitkyina-ville et aux abords. Mais ils sont en partie isolés alors que leurs
adversaires, par le ciel, reçoivent de l’aide.
Un autre siège débute. Après des semaines de jungle, les Maraudeurs* de
Stilwell* sont à bout, lessivés, suivant l’expression de leur patron. Celui-ci ne
peut les ménager. Chinois, Britanniques, seraient en droit de rompre le fer
dans cette aventure montée par un Américain. Le calvaire continue avec les
pluies torrentielles de la mousson, la boue, les sangsues, les moustiques, les
maladies tropicales.
Tchang Kaï-chek*, pressé par Roosevelt*, se décide enfin à participer
plus activement à la lutte. À partir du 10 mai, des divisions venues du
Yunnan harcèlent les Japonais de flanc. Ces 73 000 hommes, dits Force Y*,
se heurtent, au départ sans résultats probants, aux 15 000 Japonais de la 56e
division mieux équipée et mieux commandée.
Myitkyina-ville tombe le 3 août. La garnison ne comptait plus que 3 500
combattants. Six cents ont réussi à s’échapper. Les autres ont été tués.
Stilwell* a gagné. Sa route depuis Ledo s’affirme chaque jour un peu plus
une réalité. Il n’en verra pas la fin. Payant la hargne de Tchang Kaï-chek*,
Stilwell*, qui a reçu sa quatrième étoile en juillet, est rappelé en octobre
1944.
Stilwell* parti, la campagne en Haute-Birmanie se poursuit cependant. Le
15 décembre, Bhamo, situé dans le coude de l’Irrawaddy, tombe.
Simultanément, la Force Y* franchit le Salouen et attaque sud-ouest le long
de la route de Birmanie. À la fin de décembre, elle sera pratiquement sur la
frontière, prête à tendre la main aux unités progressant depuis Bhamo. En
janvier 1945, la jonction sera effective, non loin de Wanting, entre routes de
Ledo et de Birmanie. Maigre satisfaction pour son promoteur, la route de
Ledo deviendra la route Stilwell. Le ravitaillement routier de Tchang Kaï-
chek* est assuré.
Simultanément, un peu à l’ouest, la 36e division britannique, qui a relevé
les Maraudeurs et les Chindits*, avance en suivant la voie ferrée de
Mandalay. Elle occupe Indaw le 10 décembre, malgré quelques contre-
attaques de la 33e Armée japonaise. Elle y opère sa jonction avec la XIVe
Armée britannique arrivant d’Imphal. D’ores et déjà, la Haute-Birmanie peut
être regardée comme reconquise.

BIRMANIE, ROUTE DE
Route de 565 km reliant la Birmanie* à la Chine* depuis Lashio jusqu’à
Kunming.
Route aux 10 000 virages, elle est construite par 20 000 ouvriers chinois
et terminée en 1938. Avec le contrôle des côtes chinoises par le Japon*, la
fermeture de la voie ferrée Haiphong-Yunnan et de la frontière avec
l’URSS*, elle devient la principale voie de ravitaillement des troupes de
Tchang Kaï-chek*. L’invasion de la Birmanie*, en décembre 1941, la rend
inutilisable et impose l’ouverture de la voie aérienne Assam-Yunnan (voir
Hump). La reconquête du nord de la Birmanie*, l’ouverture de la route de
Ledo en janvier 1945, la rendront à nouveau utilisable.

BIRMANIE, VICTOIRE EN
En Birmanie, 1944 se solde par un bon bilan pour les trois Alliés,
Britanniques, Américains, Chinois. Succès en Arakan*, en Haute-Birmanie*,
à Kohima* et Imphal.
Les armées japonaises ont été laminées. En quelques mois, elles ont
perdu plus de 100 000 hommes. La 15e Armée est réduite à environ 21 000
hommes. La 28e Armée ne compte plus que deux maigres divisions. La 33e
Armée est réduite à trois divisions, qui équivalent ensemble à une division
normale. Pis encore pour eux, les Japonais ne peuvent tabler sur aucun
renfort. La situation militaire est trop grave dans le Pacifique* pour que
Tokyo dépêche des troupes en Birmanie.
Fort de sa supériorité à tous égards (air, terre, mer), l’amiral
Mountbatten*, patron du SEAC*, a l’intention de reconquérir au plus vite la
Birmanie. (Churchill*, qui regarde vers Singapour* et la Malaisie*, n’est pas
le dernier à l’y inciter.) La fin de la mousson lui permet d’envisager une
opération généralisée d’envergure au début de 1945, que la structure de
commandement et le terrain décomposeront en trois : une action principale de
la XIVe Armée britannique en Birmanie centrale ; un effort sino-américain
simultané en Birmanie septentrionale ; une opération – qui sera rondement
menée – contre Rangoon.

L’offensive en Birmanie centrale :


Le général Slim*, commandant la XIVe Armée, prévoit un plan simple
mais judicieux. Le XXXIIIe CA du général Stopford (quatre divisions) se
portera sur Mandalay, capitale historique du pays. Durant ce temps, le IVe
CA du général Messervy (trois divisions) s’infiltrera vers le sud par la vallée
de la Myittha, puis piquera vers Pakkoku et Meiktila afin de couper
l’Irrawaddy et d’isoler le gros des forces ennemies.
Les combats de janvier 1945 permettent d’améliorer les bases de départ.
Les Japonais sont refoulés à l’est de l’Irrawaddy, sauf devant Mandalay.
Messervy, avec le IVe CA, attaque comme prévu, le premier au sud de
Pakkoku, le 10 février. Ses adversaires immédiats, des nationalistes indiens à
la solde des Japonais, sont aisément bousculés. Meiktila, abordée le 28
février, tombe le 3 mars. Le plan Slim se déroule parfaitement. La 15e Armée
japonaise, ainsi que la 33e qui se bat au nord, sont prises dans la trappe alors
que Stopford s’engage à son tour. Quant à la 28e Armée qui se replie à l’ouest
devant l’avance du XVe CA en Arakan*, ses arrières sont menacés par
l’irruption britannique en force dans la vallée de l’Irrawaddy.
Les Japonais sont isolés. Leur infériorité numérique est aggravée par leur
manque d’aviation et de blindés dans le terrain découvert de la Birmanie
centrale. S’ils combattent avec leur détermination habituelle, leurs
adversaires sont aussi opiniâtres. Mandalay est enlevée le 20 mars. À la fin
du mois, la Birmanie centrale a changé de mains. Les débris des 15e et 33e
Armées, dont Honda a pris le commandement d’ensemble, refluent vers le
sud.

L’ouverture de la route de Birmanie :


Au nord de la Birmanie, Américains, Chinois, Britanniques (36e division)
constituent sous l’Américain Sultan – successeur partiel de Stilwell* – une
véritable armée de coalition. À la fin de 1944, leur progression régulière les a
menés jusqu’à la boucle supérieure de l’Irrawaddy.
Devant eux, la 33e Armée japonaise mène un combat retardateur sans
grandes illusions. Le 20 janvier 1945, la Force Y chinoise entre dans
Wanting, ville frontière. Des irréductibles défendent toujours des carrefours
sur le vieil itinéraire Lashio-Kunming et sur le nouveau tracé débouchant de
Ledo. Le 27, le passage est définitivement déblayé. La voie terrestre est
rouverte. Le 4 février, un premier convoi américain entrera dans Kunming
sous les acclamations.
De tous côtés, la 33e Armée japonaise plie sous la poussée adverse. Fin
février, la 31e division britannique enlève Myitson et entre dans Mogok. Les
Chinois de la 1ère Armée occupent Lashio le 7 mars. Le 24, Chinois et Force
Mars américaine se rejoignent à Hsipaw. La prise de Kyaukmer, le 31 mars,
marque cette fois la fin pratique de la campagne dans le nord de la Birmanie.
Cette victoire complète celle de Birmanie centrale. Les troupes de Slim* et de
Sultan* ont fait jonction. Les rescapés de la 33e Armée, déjouant au mieux –
ou au moins mal – les embuscades, se glissent vers le sud pour se soustraire
du piège tendu par Slim* sur leurs arrières.

La course à Rangoon :
Succès au nord. Succès au centre. Succès en Arakan* à l’ouest où le
XVe CA a occupé l’île de Ramree et Kangaw sur le continent. L’objectif
maintenant s’appelle Rangoon, encore à 500 km, avec la mousson qui
approche.
Mountbatten*, pour l’emporter rapidement, double la mise. Évidemment,
Slim* descendra du nord par les vallées de l’Irrawaddy et du Sittang. En
complément, interviendront, le 1er mai, un lâcher de parachutistes et un
débarquement réalisé par une division du XVe CA. Ce sera l’opération
Dracula, un vieux projet de Churchill*.
Slim*, c’est humain, voudrait bien arriver le premier à Rangoon. Il
engage le IVe CA de Stopford par la vallée du Sittang et le XXVIIIe de
Messervy par celle de l’Irrawaddy. Devant lui, Honda, avec les reliquats des
15e, 28e et 33e Armées, essaye de gagner du temps. Il attend la mousson !
D’âpres combats se déroulent sur le mont Popa et les champs pétrolifères de
Yenangyaung. Le 2 mai, toutefois, le XXXIIIe CA entre dans Prome,
important port fluvial et terminus d’une voie ferrée remontant de Rangoon.
Avec la prise de Prome, la 28e Armée est isolée à l’ouest de l’Irrawaddy.
Messervy* a enfilé la vallée du Sittang, bousculant les trois petites
divisions de la 33e Armée. Au fil des jours, la distance jusqu’à Rangoon
s’amoindrit. 10 avril, Pyawbé, 420 km ; 20 avril, Lewe, 320 km ; 23 avril,
Toungoo, 240 km (avec la saisie des deux meilleures pistes de Birmanie) ;
25 avril, Nyaunglebin, 150 km ; 29 avril, Papahy, 100 km ; 2 mai, Pegou, 85
km.
Le IVe CA aura-t-il l’honneur d’entrer en grand vainqueur dans
Rangoon ? Non. Dracula lui ravit de justesse sa couronne.
À l’aube du 1er mai, un bataillon de parachutistes gurkhas, malgré des
conditions météorologiques difficiles, saute un peu à l’ouest de la rivière de
Rangoon. Il a mission de s’emparer de la pointe de l’Éléphant qui commande
l’entrée de la rivière. L’affaire lui coûte quarante et un tués.
Le 2 mai, à 7 h 15, la 26e division indienne commence à débarquer sur les
deux rives de la rivière de Rangoon. Aucune résistance ne se dévoile. Les
villageois des environs sont formels. Les Japonais ont décampé. Un pilote de
la RAF* confirme. Sur un toit, il a pu lire une grande banderole : « Japs gone.
British here. » (Japonais partis. Ici des Anglais). Oui, des prisonniers de
guerre britanniques sans gardiens.

Le 3 mai :
Vers 16 h, la 36e brigade, qui a remonté la rivière sur des bâtiments légers
précédés de dragueurs de mines, accoste aux quais de Rangoon. Après trente-
huit mois d’occupation, la capitale birmane est libérée sans combats, mais la
cité est en piteux état.
Cinq jours plus tard, la 17e division indienne descendant du nord et la
26e division montant de Rangoon se donnent la main à 40 km de la ville.
La campagne n’est pas entièrement terminée. 60 000 à 70 000 Japonais,
rescapés des trois armées nippones, occupent encore le sud-est du pays,
défendant la région de Moulmein et l’accès à la Thaïlande* par le col des
Trois Pagodes. Des combats sporadiques se poursuivront à l’est du Sittang
jusqu’à la signature des préliminaires de reddition du chef d’état-major du
maréchal Terauchi, le 28 août, à Rangoon.

BISCARI, MASSACRES DE
En juillet-août 1943, durant la campagne de Sicile*, soixante-seize
prisonniers allemands et italiens sont fusillés près de l’aérodrome de Biscari,
par des unités du 180e régiment de la 45e division américaine. Certains des
suppliciés avaient été capturés en civil ou en simili-uniforme, les armes à la
main.
Les deux responsables, le capitaine Compton et le sergent West, sont
traduits en conseil de guerre. Leur défenseur affirme que leur chef, le général
Patton*, avait déclaré que « tout franc-tireur devait être éliminé », lequel
Patton* avait surtout essayé de classer l’affaire.
Compton est acquitté et sera tué peu après. West, condamné à
l’emprisonnement à vie, sera libéré un an après et retournera dans l’armée
comme simple soldat.
Cette affaire malheureuse, mettant en cause des subalternes, jettera de
l’huile sur le feu du cas Patton* accusé à cette date d’avoir giflé un GI*.

BISMARCK, ARCHIPEL DES


Vaste archipel de plus de deux cents îles au nord-est de la Nouvelle-
Guinée*, incluant la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande et les îles de
l’Amirauté.
Il est le théâtre de nombreux combats durant la guerre du Pacifique*.

BISMARCK, BATAILLE DE LA MER DE


Depuis le début de la guerre, les B-17* sur cibles mobiles, maritimes en
l’occurrence, font preuve d’une efficacité décevante.
Le nouveau patron de la 5e Air Force de MacArthur* prend sur lui de
modifier les méthodes utilisées. Des bombardiers B-25* procèdent à des
essais concluants d’attaque au ras des flots avec des bombes de 50 kg ou des
projectiles à fragmentation pourvus de détonateurs à retardement.
Le 28 février 1943, le général Adachi quitte Rabaul* avec un gros convoi
qui emmène la 51e division en renfort à Lae* et Salamaua en Nouvelle-
Guinée*. Ses huit transporteurs et ses huit destroyers d’escorte sont couverts
par une centaine d’avions.
Repéré et localisé, le convoi est attaqué, le 3 mars, au large du cap
Gloucester, à la pointe occidentale de la Nouvelle-Bretagne*. Fidèles à leur
tactique habituelle, les B-17* vident leurs soutes à haute altitude, coulant un
transport. Une seconde attaque en endommage un autre. Puis le gros du
convoi poursuit sa route, toujours escorté par des chasseurs volant très haut
pour faire face aux B-17*.
L’irruption de 30 B-25*, volant à hauteur des mâts, surprend les vigies et
les équipages japonais. Appliquant leur nouvelle tactique, les B-25* jettent la
mort sur leur passage.
Le lendemain et le surlendemain, aviation et vedettes lance-torpilles
finissent l’ouvrage. Au bilan, tous les transports, quatre destroyers, un navire
auxiliaire ont été envoyés par le fond. Avec eux, près de 3 500 hommes ont
péri dans les attaques, dont la majorité des cadres de la 51e division. Les
Alliés* n’ont perdu que six appareils.
Lae* et Salamaua, faute de secours, ne tarderont pas à tomber.

BISMARCK, « COULEZ LE BISMARCK ! »


Conformément à ses conceptions de la guerre navale et au rôle des grands
bâtiments de surface, l’amiral Raeder*, en mars 1941, décide de lancer le
cuirassé Bismarck dans la bataille de l’Atlantique*. À ses yeux, cette
intervention devrait constituer l’arme absolue dans la lutte contre les
transports britanniques.
Le 18 mai, le Bismarck, escorté du croiseur lourd Prinz Eugen, gagne
l’Atlantique* en contournant l’Islande* par le nord. Au débouché du canal de
Danemark, sa route doit croiser celle des convois rejoignant l’Écosse. Le
commandant de l’escadre, le vice-amiral Gunther Lütjens, cinquante-deux
ans, nazi convaincu, en est persuadé.
L’amirauté britannique, alertée, rameute aussitôt ses gros.
De Scapa Flow, les croiseurs de bataille Hood, Prince of Wales*, et six
destroyers se portent vers le canal de Danemark. La Home Fleet de l’amiral
Tovey (un cuirassé, un porte-avions, quatre croiseurs) gagne la zone de
transit des convois. De Gibraltar*, la Force H de l’amiral Somerville*
remonte vers le nord avec le croiseur Renown et le porte-avions Ark Royal*.
Le 23, en soirée, à la faveur d’une éclaircie dans la brume épaisse qui
recouvre le canal, le Bismarck et le Prinz Eugen sont repérés par deux
croiseurs. La chasse commence.
À l’aube du 24, le Hood distingue l’adversaire à dix-sept milles dans le
nord-ouest. À 5 h 52, à une distance de 23 000 m, il ouvre le feu de ses 381.
La riposte du Bismarck lui est fatale. Un coup embrase le bâtiment. Coupé en
deux à 6 heures par une explosion, le Hood sombre quelques minutes plus
tard. Il n’y a que trois survivants sur 1 416 officiers et marins. Le Prince of
Wales*, touché, doit rompre le combat.
L’affaire se présente mal pour la Navy*. Du moins, le Bismarck a-t-il été
parfaitement localisé. Il a souffert. Le navire laisse derrière lui une traînée
repérable.
Blessé, le cuirassé allemand pourrait regagner sa base ou un port occupé.
Curieusement, il pique plein sud, abandonnant le Prinz Eugen. En fin de
journée, malgré un fort vent debout, les Swordfish* du porte-avions
Victorious arrivé sur zone prennent l’air. Bravant la DCA du Bismarck, ils
parviennent à placer une torpille au but sous la passerelle.
Dans la nuit du 25, le contact radar est rompu.
Alors que l’espoir de retrouver le fugitif s’amenuise, le 26, à 10 h 30, un
Catalina* du Coastal Command repère le Bismarck à 790 milles à l’ouest de
Brest. Manifestement, il se dirige, vers le port breton. Le King George V, le
Rodney de la Home Fleet, sont à cinquante milles plus au nord. La Force H,
avec le Renown et l’Ark Royal*, se rapproche, ainsi que le Sheffield qui arrive
à coller à sa proie. Il guide les Swordfish* pour une nouvelle attaque. À
21 h 30, deux torpilles atteignent leur cible. Gouvernail bloqué, le Bismarck
dérive en faisant des cercles. Autour, les destroyers, menés par le Cossack du
commandant Vian*, tournent et harcèlent.
Le navire désemparé est encore à 400 milles de Brest. Des bombardiers,
des sous-marins se portent à son secours. Il est trop tard.

Au matin du 27 mai :
Une forte tempête souffle du nord-ouest. Le Rodney, le King George V
sont maintenant à bonne distance. À 8 h 48, le King George V ouvre le feu.
Sur le Bismarck, l’équipage, très jeune dans son ensemble, épuisé et en bonne
partie démoralisé, est à bout. La riposte aux tirs du King George V puis du
Rodney est imprécise. L’incendie fait rage de partout. À 10 h 15, le cuirassé
n’est plus qu’une épave. Le croiseur Dorsetshire l’achève à la torpille. À
10 h 40, le Bismarck chavire et sombre par 48°05 nord et 16° ouest. Il
entraîne 2190 hommes dans la mort. Les Britanniques ne recueillent que 110
survivants exténués.
La fin du Bismarck marque un grand tournant de la bataille de
l’Atlantique* et de la guerre navale. L’aviation a eu raison du cuirassé géant.
La primauté appartient désormais aux porte-avions pour les engagements sur
mer et aux sous-marins pour la bataille de l’Atlantique*.
(La fin du Bismarck est controversée. Des rescapés affirmeront que le
navire s’est sabordé.)

BISMARCK, CUIRASSÉ ALLEMAND


Lancé en 1940, le Bismarck, au début de 1941, se présente comme l’un
des plus puissants navires de ligne du monde avec le Yamato* japonais.
Tonnage : 51 000 tonnes ; vitesse : trente nœuds ; armement : quatre
tourelles doubles de 381, douze pièces de 150, surclassant tous les bâtiments
britanniques ; équipage : 2 300 officiers et marins.
« Vous êtes l’orgueil de la flotte », a déclaré Hitler* au terme d’une de
ses visites.
Coulé le 27 mai 1941 dans l’Atlantique Nord.

BLAMEY, THOMAS
(1884-1951). Maréchal australien.
Nommé commandant en chef des forces terrestres australiennes en 1939,
il commande le 1er CA australien en Libye* et Méditerranée* (Libye*,
Grèce*, Crète*, Syrie*).
En mars 1942, il rentre en Australie et, sous MacArthur*, commande les
forces alliées en Nouvelle-Guinée*. Après la chute de Buna* en janvier 1943,
il revient en Australie, MacArthur* l’ayant jugé trop lent.
Sera promu maréchal en 1950.

BLASKOWITZ, JOHANNES
(1883-1948). Général allemand.
Après divers commandements d’armée, commande en 1944 le groupe
d’armées GA/G (1ère et 19e Armées) couvrant le sud de la Loire.
Mènera une retraite habile permettant aux deux tiers de ses forces
d’échapper à la tenaille des débarquements alliés en Normandie* et
Provence*. Finalement commandant en chef de la forteresse des Pays-Bas*
en mars-avril 1945. Capturé par les Américains, se suicide en captivité à
Nuremberg*, le 5 février 1948.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne et glaives.

BLEIBURG, MASSACRE DE
Bleiburg, petit village autrichien, à environ 200 km au sud-ouest de
Vienne et proche de la frontière slovène.
Dans les environs de Bleiburg, en mai 1945, des dizaines de milliers de
soldats et de civils croates sont massacrés par les partisans de Tito*. Les
estimations sur le nombre des victimes varient de 55 000 à 250 000. En 2001,
sur la base de 296 charniers découverts, des sources slovènes avanceront le
chiffre de 190 000.
Ces massacres exécutés avec beaucoup de sauvagerie venaient en
représailles des atrocités des Oustachis* croates durant la guerre.

BLENHEIM
Bristol Blenheim. Bimoteur britannique de bombardement sorti en 1937
et fabriqué à 5 500 exemplaires en plusieurs versions.
Cet appareil assez lourd, surtout utilisé sur le théâtre méditerranéen, sera,
à partir de 1942, remplacé par des Boston*.
Caractéristiques du Mk 1. Vitesse : 430 km/h ; autonomie : 1 810 km ;
armement : 2 mitrailleuses, 445 kg de bombes ; équipage : 3 hommes.
Le modèle Mk IV amélioré aura une autonomie de 2 350 km et
transportera 600 kg de bombes.

BLEUE, OPÉRATION
Opération définie par la directive no 41 de Hitler* en date du 5 avril
1942, visant à la conquête de Stalingrad* et du Caucase par le Groupe
d’armées Sud.
BLIND, SAUTER
Expression britannique. Littéralement : sauter aveugle, c’est-à-dire sans
DZ* balisée et sans comité de réception à l’arrivée. Sauter ainsi à
l’aveuglette, seul, dans la nuit, dans l’inconnu absolu, implique
d’exceptionnelles qualités de courage. Des résistants osent le faire pour
rejoindre leur patrie occupée. Cas des Français Jean Moulin*, Pierre
Fourcaud.

BLITZ
Terme tiré de l’allemand Blitzkrieg (guerre des éclairs) pour désigner les
bombardements des villes anglaises d’août 1940 à mi-mai 1941.
Non contents d’ouvrir la voie à l’invasion de la Grande-Bretagne*
(opération Seelowe*), Hitler* et Goering* entendent par des bombardements
intensifs détruire le potentiel industriel de la RAF* et surtout briser le moral
de la population britannique. À cet effet, les raids contre la capitale et les
villes britanniques vont se développer durant plus de six mois.
En principe, la Luftlotte 2, basée aux Pays-Bas*, doit intervenir de jour et
la Luftlotte 3, basée en France*, de nuit. Dans la pratique, elles se
chevaucheront, surtout de nuit, à une cadence quotidienne moyenne de deux
cents bombardiers (des appareils italiens y participent) jusqu’à mi-novembre.
Birmingham est attaquée les 25-26 août, Liverpool du 28 au 31 août et du
2 au 6 septembre. L’attaque sur Londres marque le véritable début du Blitz.
À cette date, la capitale est peu protégée : quatre-vingt-douze canons
antiaériens seulement, peu de radars, chasse de nuit mal équipée, projecteurs
insuffisants en altitude (3 600 m). La réaction est vive et les défenses se
renforcent rapidement. La principale attaque contre la capitale intervient dans
la nuit du 15 octobre avec quatre cents bombardiers. On dénombre neuf cents
incendies dans la ville. À la mi-novembre, les raids s’orienteront sur
Coventry*, Southampton, Birmingham, Liverpool, Bristol, Plymouth, puis
contre les ports.
Les Allemands savent qu’ils ont perdu la bataille d’Angleterre* et que
Seelowe* n’est plus réalisable. Ils poursuivent toujours dans l’espoir de
casser le moral britannique. En mai, Barbarossa* fait retirer les gros des
bombardiers. Le Blitz s’achève.
Il aura causé la mort de 43 000 civils (139 000 auront été blessés). Il n’a
pas détruit le potentiel industriel aéronautique ni mis à genoux les Anglais en
dépit des dommages urbains. Six cents bombardiers allemands ont été perdus,
soit un taux de pertes par rapport aux sorties de 1,5 %.
Les bombardements anglais sur les cités allemandes seront la juste
réplique au Blitz.

BLOCKSHIP
Navire ancien destiné à être coulé devant les plages de débarquement en
Normandie en vue de faire écran à la houle et de constituer cinq havres
sommaires.
Ils seront 48 à appareiller d’Écosse à cet effet le 30 mai 1944, naviguant à
cinq nœuds pour éviter tout incident, soit 18 britanniques, 22 américains et
panaméens, 3 grecs, 2 norvégiens, 1 belge, 1 hollandais, 1 polonais. Quelques
autres se joindront à ce convoi principal.
Parmi ces blockships, trois vieilles gloires privées de leurs canons, les
cuirassé et croiseur britanniques Centurion et Durban, le croiseur hollandais
Sumatra. Le cuirassé français Courbet, un vétéran datant de 1911, sera de
ceux qui rejoindront le convoi principal.
Toutes les cloisons étanches de ces bâtiments ont été percées pour
permettre un échouage en quinze minutes. Bon nombre d’entre eux
s’intègreront aux ports artificiels d’Arromanches* et Saint-Laurent.

BLOMBERG, WERNER VON


(1878-1946). Maréchal allemand.
Ministre de la Guerre et commandant en chef de la Wehrmacht*, doit
démissionner en février 1938, suite à son remariage avec une dame au passé
douteux.
Ne joue aucun rôle durant la guerre. Emprisonné par les Alliés* en 1945,
décède à la prison de Nuremberg le 13 mars 1946.

BLUMENTRITT, GUNTHER
(1892-1967). Général allemand.
Longtemps à des responsabilités d’état-major, commande, à partir
d’octobre 1944, une armée et un groupe d’armées.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne.

BM (BATAILLONS DE MARCHE)
Bataillons constitués par les FFL* à partir d’un recrutement de tirailleurs
sénégalais d’AEF*.
Ils s’intègreront aux diverses unités FFL* : BFLO*, brigades françaises
libres, 1ère DFL*, et seront pratiquement de tous les combats des FFL*.
Sont ainsi constitués à l’automne 1940 : BM 1 au Gabon* ; BM 2 en
Oubangui-Chari (Centrafrique) ; BM 3 au Tchad ; BM 4 au Cameroun ; BM
5 au Cameroun.
Le BM 1 se dédoublera en Syrie*, le 1er novembre 1941, pour donner
naissance au BM 11.
Seront, en février 1943, constitués les BM 21 et 24 avec la brigade
Raynal venue de Djibouti*. (Le BM 24 disparaîtra à Obenheim en janvier
1945.)
Présent à Bir-Hakeim*, le BM 2 sera fait Compagnon* de la Libération.

BOCAGE NORMAND, BATAILLE DANS LE


Montgomery* l’avait annoncé : il faudra d’abord se loger, c’est-à-dire
occuper un espace suffisamment large où se déployer, s’équiper, se préparer à
la rupture, à faire suivre de l’exploitation.
Le Jour J* s’est achevé sur un succès. La journée du 7 juin, encore
dangereuse, permet aux Anglo-Américains d’améliorer leur pré carré.
Bayeux* est libéré par la 50e DI britannique. À l’ouest, les Américains
débouchent de leur réduit d’ Omaha Beach* et atteignent également la
nationale. Port-en-Bessin libéré dans la nuit du 7 au 8 permet d’assurer la
jonction des secteurs américain et anglais. Même jonction entre Canadiens et
Britanniques au nord de Caen. À l’est de l’Orne, la 6e Airborne* ne se laisse
pas entamer par la 711e DI.
La situation est plus confuse dans le bas Cotentin. Troupes débarquées et
aéroportées s’opposent aux 709e, 243e DI et 91e aéroportée. Pas de front
linéaire. Les Allemands échouent dans leur tentative pour reprendre Saint-
Mère-Église. À Carentan, le 6e régiment parachutiste se défend solidement.
Débordé, il n’évacuera la ville que le 11 juin au soir.
Manifestement, pas plus le 7 que les jours suivants, n’existe de riposte
allemande d’ensemble. Hitler* refuse de faire intervenir la XVe Armée.
Rommel* doit se contenter de faire venir de Bretagne la 77e DI et la 3e
division parachutiste. Ordre est toutefois donné à la IIe PD SS Das Reich* et
à la XVIIe Pz Gr SS de remonter vers le nord : 700 km pour la première
depuis Montauban, 350 pour la seconde depuis Poitiers !
Les Allemands, sur le papier, disposent de soixante divisions ; mais
Hitler* a ordonné de ne pas céder un pouce de terrain. Von Rundstedt* et
Rommel* le rencontrent à Soissons, le 17 juin. Rommel* ne cache rien : la
maîtrise ennemie du ciel est totale ; les chutes de Caen et Cherbourg sont
inéluctables, de même que la percée qui isolera la Bretagne et permettra la
marche sur Paris. Le Führer* ne veut rien entendre et repousse toutes les
suggestions. Les deux maréchaux sont incapables de manœuvrer.
Les Alliés* continuent de se renforcer. Cinquante mille hommes
débarquent quotidiennement avec le matériel correspondant. À partir du
8 juin, Port-en-Bessin et Courseulles reçoivent des caboteurs et des LST*.
Les deux ports artificiels se mettent en place.
Le 19 juin, la tempête éclate. La plus violente en Manche depuis au
moins quarante ans. Durant trois jours l’ouragan fait rage. Au matin du 22, la
Manche commence à se calmer, mais elle ne retrouvera son aspect habituel
que le lendemain. Huit cents navires de tous gabarits ont été jetés à la côte.
Le port artificiel de Saint-Laurent est condamné. Celui d’Arromanches*
ayant mieux résisté, on décide de reporter sur lui tous les efforts. À la fin du
mois, il sera opérationnel, avec un débit de 15 000 tonnes et 15 000
hommes/jour.
L’alerte a été chaude. La bataille reprend ses droits. Dans le Cotentin
contre Cherbourg*, sur l’Orne contre Caen. Le 27 juin, Cherbourg* tombera.
Caen ne sera dégagée que le 9 juillet, au terme d’une très dure journée. À
cette date, les Alliés* ont déjà dans leur réduit un million de combattants.
Treize divisions américaines, douze divisions britanniques ou canadiennes,
170 000 véhicules y sont à pied d’œuvre. Et les renforts continuent de
débarquer, à la cadence moyenne de 50 000 hommes/jour.
Le 24 juillet, la ligne de contact passe par Lessay, Saint-Lô, Caumont
l’Éventé, quelques kilomètres au sud de Caen, et remonte sur la mer entre
Orne et Dives. Une cinquantaine de pistes d’aviation sont exploitables. Le
port artificiel d’Arromanches*, les petits ports de Courseulles, Port-en-
Bessin, Ouistreham* sont en exercice ; Cherbourg* le sera bientôt.
L’offensive générale se prépare inexorablement. Seul handicap : le temps.
Juillet 1944 est obstinément pluvieux.
La bataille engagée le 6 juin a usé et use la Wehrmacht*. Elle a perdu,
outre ses morts, ses blessés, plusieurs dizaines de milliers de prisonniers.
Lucide, Rommel* estime que la rupture du front n’est plus l’affaire que de
deux à trois semaines. Von Rundstedt* est arrivé à la même conclusion.
L’avenir proche leur donnera raison (voir Avranches, percée d’).

BOCK, FEDOR VON


(1880-1945). Maréchal allemand.
Chef de bataillon, obtient la décoration Pour le Mérite en 14-18.
Général le 1er mars 1938, commande un mois après les forces
d’occupation de l’Autriche*. À la tête d’un groupe d’armées durant les
campagne de Pologne* et de France*. Promu maréchal en juillet 1940, est
nommé commandant en chef du groupe d’armées Centre lors de l’invasion de
l’URSS* en 1941. Stoppé devant Moscou*, est mis en congé maladie en
décembre et remplacé par von Kluge*. À la mort de von Reichenau*, en
janvier 1942, reprend du service à la tête du groupe d’armées Sud devant
marcher sur le Don et le Caucasse. Jugé par Hitler* insuffisamment docile,
est démis de ses fonctions en juillet 1942. Ne retrouvera plus de
commandement. Tué le 4 mai 1945 dans sa voiture par le mitraillage d’un
avion britannique. Chef de grand prestige, von Bock détestait le nazisme*
mais appuyait les visées militaires de Hitler*.

BOCK’S CAR
Nom donné au B-29* Superfortress no 44-2729, piloté habituellement
par Fedor von Bock, devant larguer la seconde bombe atomique Fat man*.
Ce bombardement interviendra le 9 août 1945 sur Nagasaki*.

BODYGUARD, OPÉRATION
Opération de dissuasion alliée, à l’échelle de l’Europe, pour détourner les
Allemands de la Normandie*.
Une opération Zeppelin tend à faire croire à une irruption dans les
Balkans. Une autre campagne d’intoxication laisse pressentir une attaque en
Norvège*, menée conjointement avec les Soviétiques. Ironside est une
opération fictive vers Bordeaux, Vendetta vers Marseille.
Le piège fonctionnera. Hitler* sera obligé de disperser sa Wehrmacht*.

BOFORS AA
Le Bofors, fabriqué en Suède*, précis et rapide, est durant toute la guerre
l’une des meilleures armes de DCA des Alliés*.
Poids en action : 2, 4 tonnes ; portée verticale : 3 600 m ; cadence de tir :
120 coups/minute ; poids de l’obus : 0, 9 kg ; calibre : 40 mm.

BOGEY
Nom de code allié pour un avion non identifié.

BOGOMOLOV, ALEXANDRE
(né en 1901). Diplomate soviétique.
Ambassadeur d’URSS* auprès du gouvernement Pétain* à Vichy*, est
expulsé après Barbarossa*.
Devient représentant de l’URSS* auprès de Charles de Gaulle*, puis
ambassadeur de son pays à Paris* après la Libération*.

BOHR, NIELS
(1885-1962).
Physicien danois, prix Nobel de physique en 1922.
En 1942, il alerte les Britanniques sur les recherches allemandes sur
l’arme atomique. L’année suivante, menacé, en tant que Juif, il gagne la
Suède et appelle le roi à donner accueil aux Juifs danois. Passé aux États-
Unis*, il travaille comme conseiller au Manhattan Project*. À partir de 1944,
afin d’éviter une course aux armements après la guerre, il plaide pour faire
partager à l’URSS* les connaissances sur l’arme atomique. Cette position
tend à le rendre suspect et il est placé sous surveillance. Après la guerre, il
rentrera dans son pays.

BOLIVIE
Ce pays d’Amérique latine rompt ses relations diplomatiques avec l’Axe*
à la conférence de Rio en janvier 1942 et lui déclare la guerre le 7 avril 1943.
Le mois suivant, il signe la déclaration des Nations Unies* et renouvelle
sa déclaration de guerre le 4 décembre, le Parlement bolivien n’ayant pas été
consulté lors de la première déclaration.
Durant tout le conflit, la Bolivie sera le principal fournisseur d’étain des
Alliés*.

BOMBARDEMENTS
Les bombardements aériens, encore timides en 14-18, démontrent leur
puissance dévastatrice durant la guerre d’Espagne (Guernica) et deviennent,
dès le début de la Seconde Guerre mondiale, un aspect majeur de la bataille.
Varsovie*, septembre 1939, Rotterdam, mai 1940, en sont les premières
illustrations. Après quoi, ils ne cesseront de se développer en nombre et en
diversité. Hitler* et Goering* penseront mettre l’Angleterre* à bas par des
bombardements intensifs (le Blitz*). Les Alliés* répliqueront par leurs raids
de plus en plus massifs sur l’Allemagne*. (Il en sera de même contre le
Japon*.) Ces bombardements aériens présenteront des aspects diversifiés :
bombardements en piqué, introduits par les Allemands avec leurs fameux
Stuka*, pour appuyer la lutte au sol ; bombardements tactiques prolongeant
l’action de l’artillerie (la destruction de l’abbaye du Mont Cassin* en 1944 en
est un exemple) ; bombardements stratégiques visant à briser le moral et le
potentiel économique de l’adversaire. Les Alliés* seront maîtres en ce type
de bombardements mettant en jeu des centaines d’appareils à chaque sortie.
Les Allemands, tardivement, s’efforceront de compenser leur infériorité en ce
domaine par leurs bombes volantes (V 1* et V 2*).
La courbe des milliers de tonnes déversées sur l’Allemagne* ne cessera
de grimper. Cinquante mille tonnes en 1942, 200 000 en 1943, 900 000 en
1944. 1945 sera une année infernale pour les cités allemandes. À chaque fois,
les populations civiles paieront un lourd tribut : Tokyo*, 83 000 morts dans la
nuit du 9 au 10 mars 1945 ; Dresde*, 135 000 morts estimés en février 1945.
Les Britanniques privilégieront le bombardement de nuit, les Américains
celui de jour, pensant pouvoir repousser les chasseurs ennemis par leurs
escortes de chasse et leurs appareils lourdement armés.
À la fin de la guerre, sur 70 grandes villes allemandes, 23 seront détruites
à 60 %, 47 à quelque 50 %. 593 000 civils auraient été tués.
Une polémique s’élèvera toutefois sur la valeur de ces bombardements
stratégiques. Au 1er janvier 1945, l’industrie allemande ne se s’est pas encore
effondrée. Grâce à la dissémination, elle continue de produire : 3 185 avions
en janvier 1945 (moyenne mensuelle de 1943 : 2093), 1 766 chars ou
chasseurs de chars (moyenne mensuelle de 1943 : 1 009). L’attaque des voies
de communications, réseau ferré, routes, canaux, interdira enfin l’arrêt de la
circulation. L’industrie mourra par asphyxie. Les réserves s’épuiseront.
L’Allemagne* possédera des avions et des chars, mais ne pourra les faire ni
voler ni rouler.
Ce qui est vrai pour l’Allemagne* l’est également pour le Japon*.

BOMBARDIER
Pour répondre aux exigences des bombardements, les belligérants
produiront et mettront en service des appareils aux performances sans cesse
accrues.
En 1939, la majorité des bombardiers sont des bimoteurs transportant de
450 à 2 000 kg de bombes avec un rayon d’action moyen de 2 000 km. En
1945, le B-29* américain sera capable d’aller lancer, à 30 000 pieds et à
2 650 kilomètres de sa base, la bombe atomique sur Hiroshima*. Américains
et Britanniques seront du reste les seuls à vraiment posséder des bombardiers
stratégiques portant de lourdes charges à longues distances. Principaux types
d’appareils :
Manifestement, les Américains l’emportent par le nombre et la qualité de
leurs appareils.

BOMBER COMMAND
Subdivision de la RAF* créée en 1936 afin d’effectuer les missions de
bombardement et en particulier de bombardement stratégique.
Le Bomber Command, de 1939 à 1945, effectuera 389 809 sorties,
larguera 955 044 tonnes de bombes et perdra près de 56 000 des siens.
Il est placé le 23 février 1942 sous le commandement du futur maréchal
Arthur Harris* qui lui donnera un remarquable essor. De 378 bombardiers
dont 79 lourds disponibles en février, il passera à plus de 1 000 appareils
utilisables quotidiennement en 1944, scindés en plusieurs groupes dont l’un
canadien.
C’est au Bomber Command que revient la charge de frapper le potentiel
économique allemand.

BONOMI, IVANOE
(1873-1952). Homme politique italien.
Modéré et antifasciste, il s’efforce, à partir de 1942, d’amener le roi à
limoger Mussolini*.
Préside à partir du 8 septembre 1943 le Comité de libération nationale.
Après la libération de Rome*, succède à Badoglio* et constitue un
gouvernement démocratique qu’il dirigera jusqu’en juin 1945. Fidèle à la
monarchie, devra finalement démissionner. En 1949, sera élu président du
Sénat italien.

BORGHESE, JUNIO, VALERIO


(1906-1974). Marin italien.
Officier de marine et sous-marinier italien, s’illustre dès le début de la
guerre avec le sous-marin Sciré et en menant à bien, avec des sous-marins de
poche, des attaques à l’intérieur des rades d’Algésiras et d’Alexandrie.
À partir de juillet 1941, est commandant en titre de la célèbre Decima
Flottiglia MAS*. Après la chute de Mussolini*, mène une lutte sévère contre
les partisans de l’Italie du Nord*. Prisonnier des Anglais le 10 mai 1945, est
condamné à la prison à vie en 1947, mais libéré le 17 février 1949.
Ce patricien de grande famille, dit le Prince noir, partisan affirmé de
Mussolini*, est un chef militaire persuadé d’œuvrer pour la grandeur de son
pays

BORIS III
(1894-1943). Roi de Bulgarie.
Monte sur le trône à l’abdication de son père en 1918.
Dans un pays agité, doit subir la pression allemande alors que sur le fond
il est plutôt pro-allié. S’efforce de maintenir une certaine neutralité bulgare.
Mort dans des conditions suspectes au retour d’une rencontre houleuse avec
Hitler*. L’empoisonnement a été évoqué sans preuves formelles.

BOR-KOMOROWSKI, TADEUSZ
(1895-1966). Général polonais.
Se bat farouchement contre les Allemands, à la tête d’un groupement de
cavalerie, en septembre 1939.
Décide ensuite de rester en Pologne* afin de poursuivre la résistance
clandestine. Sous le pseudonyme de Bor (forêt), est chargé du
commandement de la région de Cracovie. Après l’arrestation du général
Rowecki, en juillet 1943, devient chef de l’AK*, l’Armia Krajowa (armée de
l’intérieur). Dirige à ce titre l’insurrection de Varsovie*. Est nommé le
2 octobre 1944 commandant suprême de l’armée polonaise en remplacement
du général Sosnkowski relevé de son commandement. Fait prisonnier après la
capitulation de Varsovie*, sera remis aux Suisses en mai 1945 et vivra par la
suite en exil.

BORMANN, MARTIN
(1900-1945 ?).
Adhère au parti nazi en 1925 et fait partie des SA de 1928 à 1930.
Entre au Reichstag en 1933. Chef de la chancellerie du parti nazi en
1941. Devient secrétaire de Hitler* en avril 1943 et se mue en numéro 2 du
régime dont il assume la responsabilité de toutes les horreurs. Quitte le
bunker* de Hitler* le 30 avril 1945 et disparaît. Très certainement tué peu
après. (Cadavre identifié par ADN en 1998.) Condamné à mort par
contumace par le Tribunal international de Nuremberg*.
Bormann se présente comme le nazi type, cynique, inhumain et amoral.

BORNÉO, CHUTE DE
Cette grande île de l’Insulinde est, le 8 décembre 1941, schématiquement
divisée en deux. La partie centrale et méridionale, soit les trois quarts de l’île,
relève des Indes néerlandaises*. La frange nord-ouest est sous protectorat
britannique.
Le 16 décembre, un petit détachement de fusiliers marins japonais
débarque à Mira dans le protectorat anglais de Sarawak et s’empare de
l’aérodrome. Des chasseurs bombardiers s’y installent aussitôt. Une opération
identique, le 24, permet d’occuper Kuching. La mainmise sur les points
stratégiques de Sarawak a été rapide. Les Britanniques n’avaient pas les
moyens de s’y opposer.
La véritable conquête de Bornéo intervient en janvier 1942.
— 11 janvier : débarquement à Balikpapan* (est de Bornéo). Peu de
résistance.
— 27 janvier : débarquement à Pemangkat (ouest de Bornéo). Peu de
résistance.
— 29 janvier : débarquement à Pontianak (sud de Pemangkat). Peu de
résistance.
Au 31 janvier, Bornéo, à l’exception des côtes méridionales, est entre les
mains des Japonais dont les porte-avions ont appuyé chaque débarquement.
Le 10 février, un débarquement à Banjermasin (sud de Bornéo) achève la
conquête nippone. Celle-ci, toutefois, a connu un revers : Balikpapan*.
La libération n’interviendra qu’en 1945.

BOSE, CHANDRA
(1897-1945). Nationaliste indien.
En septembre 1939, Bose, président du Congrès National Indien, rompt
avec Gandhi et voit dans la guerre l’opportunité pour renverser la domination
anglaise.
Arrêté, il parvient à s’évader et gagne l’Allemagne* en janvier 1941. Il
s’efforce alors de mettre sur pied une Légion indienne. En 1943, il quitte
l’Allemagne* et rejoint le Japon*, en juin, par sous-marin. Il devient chef de
la Ligue de l’Indépendance indienne et d’une Armée Nationale Indienne,
ANI*. Le 23 octobre 1943, il annonce la formation d’un gouvernement de
l’Inde libre* qui s’installe à Singapour* puis à Rangoon (janvier 1944-avril
1945). Il déclare également la guerre aux États-Unis* et à la Grande-
Bretagne*. Ses espoirs dans l’ANI* sont déçus et en avril 1945 il se replie sur
la Thaïlande*. Le 18 août 1945, il est tué dans un accident d’avion en se
rendant en Mandchourie*.

BOSTON
Bimoteur américain de bombardement, fabriqué par Douglas Aircraft Co
et utilisé par les Anglais sous le nom de Boston.
Vitesse : 490 km/h ; autonomie : 1 650 km ; armement : 8 mitrailleuses,
900 kg de bombes ; équipage : 4 hommes.

BOUDIENNY, SEMYON
(1883-1973). Maréchal soviétique.
Sous-officier de l’armée tsariste, se rallie à la Révolution et participe avec
éclat à la guerre civile à la tête d’une division de cavalerie. Très lié avec
Staline* dès 1919. Maréchal en 1939. Membre du Comité central en 1939.
Commandant du Front du sud-ouest du 10 juillet 1941 à octobre. Relevé
de son commandement devant la déroute de ses armées dans la défense de
Kiev* bien qu’il n’en soit pas le seul responsable (Staline* lui avait interdit
de se replier). N’occupera plus que des fonctions secondaires et honorifiques.
L’homme, aux moustaches imposantes, était populaire.
Trois fois Héros de l’Union soviétique*.

BOURGUIBA, HABIB
(1903-2000). Homme politique tunisien.
Arrêté par les Français pour ses activités nationalistes, est libéré par les
Allemands en 1942. À la libération de la Tunisie*, l’agent italien numéro
13 120 juge prudent de s’enfuir au Caire où il poursuivra ses activités
politiques. Sera président du Conseil en 1956 et Président de la République
tunisienne en 1957.

BR 20
Bombardier bimoteur italien fabriqué par Fiat à cinq cents exemplaires à
partir de 1937.
Vitesse : 430 km/h ; autonomie : 3 000 km ; armement : 3 mitrailleuses,
1 600 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.

BRADLEY, OMAR
(1893-1981). Général américain.
Ce camarade de promotion d’Eisenhower* à West Point* devient, en
février 1943, l’adjoint de Patton* en Afrique du Nord puis son successeur.
Promu général trois étoiles en juin 1943, il commande le 2e CA US, sous
Patton*, en Sicile*. En septembre 1943, il reçoit en Angleterre* le
commandement de la 1ère Armée américaine qui débarquera à Omaha Beach*
et à Utah Beach*. Puis, en août 1944, il commande le XIIe GA américain
qu’il mènera jusqu’en Allemagne*. À la capitulation allemande, il a sous ses
ordres 1,3 million d’hommes.
Calme, plein de bon sens, excellent tacticien, il est nommé quatre étoiles
en mars 1945, puis cinq étoiles en 1950.

BRANDENBURG, DIVISION
Le 15 octobre 1939, l’amiral Canaris*, chef de l’Abwehr*, le service de
renseignements de la Wehrmacht*, crée une compagnie dite Compagnie
allemande pour missions spéciales.
Celle-ci, installée à Brandenburg sur le Havel (d’où son nom), dans une
ancienne caserne d’artillerie, et répertoriée zbv 800, deviendra un régiment et
finalement une division fin 1942. Son premier chef, le capitaine von Hippel, a
été clair : « Vous devez constituer, une bande de brigands capables d’aller
chercher le diable jusqu’en enfer. »
Les volontaires, issus de tous les milieux, reçoivent un entraînement
spécial. Ils se battront sur tous les fronts, dans trois continents, presque
toujours sur les arrières, et au prix de lourdes pertes.
Leurs principaux exploits sont des conquêtes, par surprise, de ponts, au
Danemark*, en Hollande* et surtout lors de Barbarossa*. À partir de 1943 et
avec la mainmise de la SS* sur l’Abwehr* en février 1944, la division perd
son caractère actions spéciales pour devenir réserve de l’OKW* et finalement
se transformer en Panzergrenadier-division (à l’exception d’un régiment
gardant sa mission première de commando).

BRASILLACH, ROBERT
(1909-1945). Écrivain français.
Normalien talentueux, écrivain reconnu, Robert Brasillach, avant la
guerre, se laisse séduire par le fascisme*.
Prisonnier en 1940, il est libéré en avril 1941 et devient rédacteur en chef
de Je suis partout où il publie de très violents articles antirépublicains,
antisémites et anticommunistes. Durant l’été 1943, avec de Brinon, il se rend
en Allemagne* et en Russie. À l’automne 1943, il quitte Je suis partout et
semble prendre du recul.
Incarcéré à Fresnes, en septembre 1944, il est condamné à mort et
exécuté le 6 février 1945. Malgré de nombreuses interventions, dont celle de
François Mauriac, de Gaulle* avait refusé la grâce de cet écrivain intelligent
mais par trop engagé avec l’ennemi. « Le talent n’excuse pas la trahison », a
écrit le résistant Debû-Bridel.
L’écrivain a laissé une œuvre considérable.

BRASSARD, OPÉRATION
Nom de code de la conquête de l’île d’Elbe* par les Français, en juin
1944.

BRATISLAVA, CHUTE DE
Le 25 mars 1945, le GA Sud de Wöhler* a fini de craquer devant les
offensives des 2e et 3e Fronts d’Ukraine de Malinovski* et Tolboukhine*.
De part et d’autre du Danube, Malinovski* progresse vers le Nord-Ouest.
Hitler* a encore imposé à la VIIIe Armée de défendre Kormano (100 km
nord-ouest de Budapest) et ses puits. À quoi bon ? Le site n’est plus que
cratères de bombes. La VIIIe Armée, le 29 mars, se fait sérieusement étriller
en s’efforçant de le préserver.
La progression s’accélère. Devant Malinovski*, au nord du Danube, les
partisans slovaques contribuent à disloquer les arrières de la VIIIe Armée. La
résistance de celle-ci ne saurait se prolonger. Effectivement ! Le 4 avril,
Bratislava est libérée. L’irruption brutale de l’Armée rouge* ne laisse même
pas aux Allemands le temps d’emporter le trésor de la Banque nationale
slovaque. L’éphémère État de Monseigneur Tiso* n’est plus. Le président
Benes*, de retour de Londres via Moscou, s’installe à Kosice, en Slovaquie*
orientale, escomptant s’accorder avec les Soviétiques. La suite en 1948 est
connue.

BRAUCHITSCH, WALTER VON


(1881-1948). Maréchal allemand.
Officier d’artillerie, succède à von Fritsch en février 1938 comme
commandant en chef de l’armée de terre. Devient d’entrée le féal de Hitler*
en acceptant de sa part une forte somme d’argent pour régler un problème
personnel de divorce. En septembre 1939, dirige les forces armées engagées
en Pologne*. Promu maréchal le 19 juillet 1940 à l’issue de la campagne de
France qu’il avait menée à bien. À son actif encore, le planning heureux et les
premiers succès de Barbarossa*. L’échec devant Moscou*, le 19 décembre
1941, provoque sa révocation et son semi-remplacement par Halder*, Hitler*
s’intronisant commandant en chef de l’armée de terre. Il passe la fin de la
guerre sans affectation. Se voit à Nuremberg* reprocher l’ordre des
commissaires, prescrit par Hitler* mais agencé par ses soins. Meurt en prison
sans avoir été jugé.

BRAUN, ÉVA
(1912-1945).
Fille d’un maître d’école allemand, devenue la maîtresse de Hitler* en
1932.
Le Führer* l’épousera le 29 avril 1945. Le lendemain, il se suicide après
qu’elle se soit empoisonnée. Leurs corps sont brûlés. Cette femme
profondément amoureuse ne paraît pas avoir eu une influence politique sur
Hitler*.

BRAUN, WERNHER VON


(1912-1977). Ingénieur allemand.
Directeur d’essais, à partir de 1937, à Peenemünde*.
À ce titre met au point le futur V2*. Prisonnier des Américains en 1945.
Est transféré aux États-Unis* et y conduit une carrière bien connue dans le
domaine des études spatiales. Obtiendra en 1955 la nationalité américaine.
Pour ses bons services, avait été promu Sturmbannführer SS par
Himmler*.

BRAZZAVILLE
Brazzaville, capitale du Moyen-Congo et de l’AEF*, bourgade de
quelques milliers d’habitants surgie de la forêt équatoriale par la volonté du
colonisateur, devient, à partir de l’automne 1940, la véritable capitale de la
France libre*.
À Londres, de Gaulle* est un exilé logé chez l’étranger. À Brazzaville, il
est chez lui, en terre française, avec en contrepartie l’éloignement, la modicité
des infrastructures. Ses séjours y seront donc épisodiques, car les grands
problèmes ne sauraient se traiter à Brazzaville. Toutefois, c’est à Brazzaville
que, le 27 octobre 1940, de Gaulle* institue un Conseil de défense de
l’Empire chargé de la conduite générale de la guerre en vue de la libération
de la patrie. C’est à Brazzaville que, ce même 27 octobre, il nommera les
premiers membres de ce Conseil : Catroux*, Muselier*, de Larminat*,
Éboué, Sautot, Sicé, Cassin, d’Argenlieu*, Leclerc*. C’est à Brazzaville que,
le 16 novembre, de Gaulle créera l’ordre de la Libération*, destiné à honorer
ses authentiques compagnons pour la libération de la France*. Radio
Brazzaville permet en outre de faire entendre la voix de la France libre*.
L’installation de De Gaulle* à Alger, en juin 1943, mettra – à l’exception de
la conférence de Brazzaville – un terme au rôle exceptionnel joué par la petite
ville nichée sur les bords du Congo.

BRAZZAVILLE, CONFÉRENCE DE
La conférence de Brazzaville, du 30 janvier au 5 février 1944, réunit,
autour de De Gaulle*, les ténors de la France* combattante.
Ceux du moins dont la place à cette heure n’est pas sur un théâtre
d’opérations. Le cadre de cette petite métropole coloniale se prête à évoquer
les problèmes liés à la colonisation et les solutions à y apporter. Il est sur ce
sujet un mythe soigneusement entretenu : la conférence de Brazzaville aurait
ouvert les vannes de la décolonisation française. Les textes démentent une
telle assertion puisqu’on peut lire dans le communiqué final :
« Les fins de l’œuvre de colonisation accomplie par la France dans les colonies écartent toute
idée d’autonomie, toute idée d’évolution hors du bloc français de l’Empire ; la constitution
éventuelle, même lointaine, de self-gouvernements dans les colonies est à écarter. »

Le reste est surtout une suite de recommandations sans bouleversements.

BREJNEV, LEONID
(1906-1982). Homme politique soviétique.
Membre du Parti communiste en 1931.
Avec la guerre devient commissaire politique dans l’Armée rouge avec
rang de général de brigade. Commissaire politique en octobre 1941 sur le
front sud, en 1942 dans le Caucase, en 1943 à la 18e Armée, à la fin de la
guerre au 4e Front d’Ukraine* qui entre à Prague. Quitte définitivement
l’Armée rouge* en 1946 avec le grade de major général et entame une
carrière politique qui fera de lui le numéro un de l’URSS*.
Quatre fois Héros de l’Union soviétique*.

BREN MK II
Fusil mitrailleur anglais.
Cette arme sûre, robuste et précise, issue de la ZB 30 tchécoslovaque, est
livrée à environ 300 000 exemplaires à partir de 1938 et fabriquée
essentiellement à Enfield en Grande-Bretagne. Son seul défaut provient de sa
boîte-chargeur, incurvée et sujette à enrayage.
Poids : 10 kg 150 ; longueur : 1,15 m ; calibre : 7,7 mm ; cadence de tir :
500 coups/minute ; chargeur : 30 cartouches.

BREN-CARRIER
Littéralement porteur de Bren, le Bren étant un fusil mitrailleur calibre
7,7 mm. Véhicule de transport léger sur chenilles, de fabrication anglaise.
Poids : 4,5 tonnes ; vitesse : 48 km/h ; blindage : 7 à 10 mm ; équipage :
quatre hommes ; armement : un fusil antichar de 13, 3 mm, deux FM Bren,
un mortier de 52 mm ; dimensions : longueur : 3,7 m ; largeur : 2,10 m ;
hauteur : 1,6 m ; autonomie : 260 km.
La garnison française de Bir-Hakeim* dispose de soixante-trois Bren-
Carriers et en fait un large usage, en particulier lors de sa sortie.

BRÉSIL
Lors de l’entrée en guerre des États-Unis* en décembre 1941, le Brésil se
déclare solidaire tout en maintenant ses relations diplomatiques avec l’Axe*.
Cependant, à la conférence de Rio, en février 1942, il les rompt et
s’oriente résolument en faveur des États-Unis*. Il leur sert d’escale aérienne
entre la Floride et Takoradi* et leur fournit des matières premières. Suite au
torpillage de plusieurs de ses navires, il déclare la guerre à l’Allemagne* et à
l’Italie* le 22 août 1942. (Il la déclarera au Japon* le 5 juin 1945.)
Un corps expéditionnaire de 25 000 hommes rejoindra la Ve Armée
américaine en Italie* durant l’été 1944 (1ère division du général
Mascarenhas) ; des aviateurs combattront avec le 350 th Squadron de l’US
Air Force* ; des navires de guerre, en liaison avec l’US Navy*, patrouilleront
le long des côtes brésiliennes.
Cette participation au conflit permettra au Brésil d’obtenir un siège de
non-permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies* et de développer
ses relations avec les États-Unis*.

BREST, LIBÉRATION DE
Le grand port militaire, d’où le Richelieu* a réussi à s’échapper le 17 juin
1940, vit sous l’occupation allemande depuis la seconde quinzaine de juin 40.
Il a servi de base au Scharnhorst* et au Gneisenau ainsi qu’aux
rédoutables Condor*. En 1943, les Alliés ont songé débarquer dans la
péninsule bretonne et s’emparer de Brest (Opération Sledgehammer), puis le
projet a été abandonné.
Le 1er août 1944, les Américains percent à Avranches*. Patton* et sa
IIIe Armée ont reçu mission de saisir les ports bretons regardés comme futurs
débarcadères pour les convois d’outre-Atlantique. La 6e DB US fonce plein
ouest via Saint-Malo et Loudéac. À la grande fureur de Patton*, son
commandant de CA (le VIIe) lui fait perdre du temps à Saint-Malo. Elle
n’arrivera dans les faubourgs de Brest que le 6 août. Le temps perdu permet
aux Allemands de s’organiser. Le général Ramcke*, vétéran d’El-Alamein*
où sa brigade parachutiste fut l’un des piliers de Rommel*, ventile les SS*
pour encadrer la garnison. Il tiendra jusqu’au 18 septembre. Les Alliés
pénétreront dans une ville et un port en ruines.

BREST-LITOVSK
Ville polonaise saisie en 1939 par les Allemands qui la rétrocèdent aux
Soviétiques.
Sera à nouveau occupée par les Allemands en juin 1941 au terme d’une
vigoureuse résistance. Reprise par l’Armée rouge* en juillet 1944. La ville
reçoit, en 1965, le titre de Forteresse-héros. (Appartient aujourd’hui à la
Biélorussie.)

BRETTON WOODS, CONFÉRENCE DE


Conférence d’experts financiers du 1er au 22 juillet 1944 à Bretton
Woods dans le New Hampshire.
Elle a pour but de préparer le monde économique de l’après-guerre.
Quarante-quatre pays y participent. L’Américain Morgenthau* et le
Britannique Keynes en sont les moteurs. Trois décisions majeures sont
prises :
— Le FMI (Fonds monétaire international) est créé. Il régulera
l’évolution des monnaies. Chaque membre y versera une contribution
proportionnelle à son revenu et son marché.
— La BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le
développement), créée officiellement le 27 décembre 1945, doit fournir des
prêts aux pays en ayant besoin.
— La parité des monnaies se déterminera en fonction de l’or et du dollar.
Cette clause assurera la domination du dollar au lendemain de la guerre.

BRISTOL BEAUFIGHTER MK1


Chasseur bombardier bimoteur britannique apparu en septembre 1940.
Fabriqué à 5 562 exemplaires, en plusieurs versions, sera un appareil
polyvalent : chasseur jour et nuit, chasseur bombardier, avion torpilleur, lutte
anti-sous-marine.
Caractéristiques du MK1 F. Vitesse : 510 km/h ; autonomie : 1 900 km ;
armement : 4 canons de 20 mm, 6 mitrailleuses ; équipage : 2 hommes.
Les modèles suivants auront des performances améliorées.

BROOKE, ALAN
(1883-1963). Maréchal britannique.
Ce futur maréchal britannique est né en France* (Bagnères-de-Bigorre), a
fait une partie de ses études à Pau et parle parfaitement le français.
Général en 1935, Brooke commande en septembre 1939 le 2e CA
britannique appelé à faire partie de la BEF* en France*. Il se montre habile
tacticien durant le repli sur Dunkerque*. Après quoi, il est nommé
commandant en chef des forces de l’intérieur et chargé de réorganiser les
débris de l’armée britannique. En décembre 1941, il remplace Dill* comme
chef de l’état-major impérial et devient le bras droit militaire de Churchill* et
du Comité de guerre. Lucide, professionnel rigoureux, ses avis sont de poids.
Promu maréchal en 1944, il a la déception de ne pas commander Overlord*.
Il restera chef de l’état-major impérial jusqu’en janvier 1946. Avec
Alexander*, Montgomery*, Slim*, il fait partie des protégés de Churchill*
qui a une totale confiance en lui et en sa droiture.
Anobli en 1940, il est fait baron Alanbrooke de Brookeborough en
septembre 1945. (Ce qui explique qu’il soit souvent présenté sous le nom
d’Alanbrooke.)

BROSSET, DIEGO
(1898-1944). Général français.
Engagé volontaire en 1916, termine la guerre sergent avec quatre
citations.
Officier par Saint-Maixent, est méhariste durant quinze ans. En mission
en Amérique du Sud, se rallie à de Gaulle* le 27 juin 1940. Après plusieurs
postes d’état-major auprès de De Gaulle* et Catroux*, prend le
commandement de la 2e brigade française libre en février 1943 pour la
campagne de Tunisie*. Promu général le 1er juin 1943, prend le 1er août de la
même année le commandement de la 1ère DFL* qu’il conduira avec brio en
Italie* puis en France*. Tué accidentellement le 20 novembre 1944 dans les
Vosges.
Non-conformiste, entraîneur d’hommes, il était parfaitement à sa place à
la tête de la 1ère DFL*. Gendre du général Mangin.
Compagnon de la Libération*.

BROWNING, FREDERICK
(1896-1965). Général britannique.
Pionnier de l’emploi des troupes aéroportées britanniques, il supervise
leur action sur Bruneval*, en AFN* et en Sicile*.
À partir de janvier 1944, il commande le 1er CA aéroporté britannique
employé pour Overlord*. Adjoint du commandant de la 1ère Armée
aéroportée alliée, il participe à l’élaboration des plans de l’opération Market
Garden*. C’est lui qui met en garde Montgomery* :
« Je crains bien, monsieur le maréchal, que nous n’allions un pont trop loin ! »

En novembre 1944, il est nommé chef d’état-major de Mountbatten*,


commandant en chef du Sud-Est asiatique.

BROWNING M2HB
Mitrailleuse lourde américaine à refroidissement par air.
Calibre : 12,7 mm (0, 50 in.) ; poids : 38, 220 kg ; alimentation par
bandes ; cadence de tir : 500 coups/minute.
Elle est surtout utilisée sur véhicules et dans les avions. Elle est
également utilisée en DCA, sur châssis quadruple monté sur half-track (voir
half-track M16).

BROWNING M19 A4
Mitrailleuse légère américaine sur trépied à refroidissement par air.
Calibre : 7,62 mm (0, 30 in.) ; poids : 14,050 kg : cadence de tir : 500
coups/minute ; alimentation par bandes.
Bien que datant de 1917, elle est la mitrailleuse américaine de la Seconde
Guerre mondiale par sa simplicité et sa sécurité de fonctionnement.
Il existe également une version à refroidissement par eau, d’un poids
légèrement supérieur (14,970 kg).

BRUNEVAL, COMMANDO SUR


À la fin de 1941, les Allemands ont réalisé d’incontestables progrès dans
la radiodétection.
Leurs radars commencent à signaler avec efficacité les vols du Bomber
Command*. L’un des plus gênants a été localisé par la Résistance française*,
près du petit hameau de Bruneval, à une vingtaine de kilomètres au nord du
Havre. Au début de janvier 1942, la décision est prise non seulement de le
détruire mais encore d’essayer de s’emparer de ses constituants pour les
étudier à loisir.
Des photographies aériennes viennent compléter les renseignements
procurés par le réseau Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy*. Le radar est
juché au sommet d’une falaise surplombant de quatre-vingts mètres les galets
du littoral. Il n’est accessible que par un étroit vallon où descend une petite
route le long de laquelle s’alignent les maisons de Bruneval. De la plage,
l’accès à ce vallon est barré par des réseaux de barbelés battus par quatre
postes de mitrailleuses. Le radar lui-même serait gardé par une trentaine
d’hommes. À une centaine de mètres, une maison, isolée dans la prairie qui
couvre les hauteurs, serait occupée. Plus loin, derrière un rideau d’arbres, un
groupe de fermes, improprement appelé le Presbytère, hébergerait un petit
détachement. Au total, l’endroit compterait une centaine de défenseurs. Des
escadrons d’automitrailleuses et de motocyclistes cantonnent dans les
villages voisins.
Les falaises, la défense du goulet de Bruneval interdisent un assaut par
mer. L’attaque ne peut s’effectuer que par le ciel. Cette mission est confiée à
la compagnie C, du 2e bataillon de la 1ère brigade aéroportée britannique,
commandée par le major Frost*.
Marée, lune, bonne météo doivent être de la partie, ce qui imposera
plusieurs reports. Enfin, le 27 février, un peu avant minuit, 119 parachutistes
embarquent dans les Whitley* du squadron 51. Parmi eux, un ingénieur
spécialiste radio, Cox, volontaire pour effectuer les démontages et récupérer
les pièces essentielles du radar. Le wing commander Pickard, un as de la
navigation, a charge de larguer les sticks sur la DZ*, à 1 200 m de l’objectif.
La Flak* se manifeste à l’arrivée sur les côtes de France*. Quelques
appareils sont légèrement touchés. Deux d’entre eux doivent se dérouter.
Le premier, Frost* se laisse choir dans le trou béant d’où monte un air
glacé. À sa suite, ses compagnons disparaissent un à un dans le vide.
La neige et la lune éclairent le paysage. Il est bien celui étudié sur les
photographies aériennes et les maquettes. Le regroupement s’effectue
rapidement à l’endroit fixé. Le radar est à 500 m.
Le détachement, comme prévu, se scinde en trois. Frost* et une douzaine
d’hommes se précipitent pour nettoyer la villa. Le lieutenant Young s’occupe
du radar. La 3e équipe s’installe en protection face au Presbytère.
Partout, les grenades ont raison des quelques occupants des lieux. Sans
perdre un instant, Cox et ses aides se mettent à l’ouvrage. Les minutes sont
comptées. Les Allemands ne tarderont pas à se manifester. Effectivement,
deux MG* se dévoilent depuis le Presbytère. Un para est tué. Du matériel
démonté est brisé entre les mains de Cox. Déjà, des phares en mouvement se
dessinent dans les lointains.
Il appartient au lieutenant Charteris de nettoyer les abords de la plage
pour assurer l’évacuation. Il a pris quelque retard, les Whitley* qui
transportaient son groupe étant ceux que la Flak* a contraints à s’écarter
quelque peu. Ses sticks ont été largués trop au sud, mais il a su rattraper son
retard pour enlever au bon moment les blockhaus qui interdisent l’accès à la
grève.
Il est 2 h 15. Les paras se regroupent avec leur radar, leurs blessés, leurs
prisonniers. Mais où est la Navy* ? Rien ne répond aux signaux. Des minutes
d’angoisse. Frost* commence à organiser un dispositif de défense mais tout
se termine bien. « Les bateaux arrivent. Dieu bénisse la Navy* ! »
Les bateaux se profilent dans la brume. Une mauvaise rencontre les avait
quelque peu retardés.
L’embarquement se déroule au plus vite, tandis que grenades et obus de
mortiers commencent à exploser sur les galets. Le retour sur Portsmouth sera
sans incident, hormis le survol inquiétant de Spitfire* qui paraissent
s’interroger sur l’identité des bâtiments.
Il manque huit hommes, deux morts et six disparus qui n’ont pas eu le
temps de rejoindre. Outre six blessés, ce sera le prix du commando de
Bruneval, appelé à demeurer exemplaire dans les annales des troupes
aéroportées britanniques.

BT2
Char soviétique léger sorti en 1931 à environ quatre cents exemplaires.
Il a surtout pour lui sa vitesse sur route.
Poids : 10,2 tonnes ; vitesse : 61 km/h ; armement : 1 canon de 37 mm,
1 ou 2 mitrailleuses de 7,62 mm ; équipage : 3 hommes.

BT7
Version améliorée du BT2 et de son successeur le BT5 produit à 2 108
exemplaires (BT7 et BT-7M le seront à 5 755 exemplaires).
Poids : 13 tonnes ; vitesse : 53 km/h ; armement : un canon de 45 mm,
deux mitrailleuses de 7,62 mm ; équipage : 3 hommes.
Le BT7, après avoir été présent à la bataille de Khalkin-Gol*,
interviendra au début de la guerre, vite décimé par les chars allemands plus
puissants. Il participera à la défense de Moscou*. Certains BT7 seront encore
en Mandchourie* en 1945.

BUCHENWALD
Camp de concentration allemand, situé près de Weimar, ouvert en juillet
1937.
238 980 personnes y ont été détenues, 56 545 y sont mortes.
Les 20 000 rescapés se révolteront le 11 avril 1945 au matin. Les
Américains, arrivant dans l’après-midi, découvriront un camp déjà libéré.

BUCKMASTER, MAURICE
(1902-1992). Officier britannique.
Chef de la section française du SOE* de 1941 à 1944.
Enverra en France* environ 470 agents dont le quart a disparu.

BUCKNER, SIMON
(1886-1945). Général américain.
Fils unique d’un général de l’armée des Confédérés et ancien de West
Point*, le général Buckner commande de 1940 à 1944 les forces de défense
de l’Alaska*.
En septembre 1944, il est nommé à la tête de la Xe Armée américaine
dans le Pacifique*. Avec elle, il mène la sanglante conquête d’Okinawa*. Est
tué, aux avant-postes à la pointe sud-ouest de l’île, le 18 juin 1945.

BUDAPEST, BATAILLE DE
Après une offensive foudroyante depuis le Dniestr, les 2e et 3e Fronts
d’Ukraine de Malinovski* et Tolboukhine* ont atteint, fin septembre 1944, la
frontière Roumanie*/Hongrie*.
Un mois plus tard, leurs arrières assurés par le changement de camp de la
Roumanie, ils campent en Hongrie*. Deux mois plus tard encore, soit pour la
Saint-Sylvestre 1944, ils occuperont la plus grosse partie du territoire
hongrois, bordant le lac Balaton*, jouxtant la frontière slovaque et encerclant
Budapest.
Est-ce à cause de ses champs pétrolifères ? Est-ce parce qu’il est né
autrichien et que la Hongrie, par la vallée du Danube, offre la principale porte
d’invasion sur l’Autriche ? Hitler* accorde à ce pays une attention
particulière.
À la fin de 1944, la Hongrie* relève du GA Sud du général Wöhler* (soit
VIe et VIIIe Armées allemandes, IIe Armée blindée allemande, IIIe Armée
roumaine). Le 23 décembre, les 2e et 3e Fronts d’Ukraine ont donc fermé la
nasse sur la capitale. La valeur de quatre divisions allemandes (dont deux de
SS*), renforcées de militants fascistes et de miliciens hongrois, est encerclée
dans Budapest. L’ensemble est évalué à 190 000 hommes ; ceux-ci sont loin
de représenter tous de vrais combattants. Beaucoup sont mal équipés et ils
manquent d’armes lourdes. La manœuvre, pour en arriver là, a exigé un mois
et demi à l’Armée rouge*. Durant les premiers jours de l’encerclement,
l’étreinte autour de la ville demeure ténue. Une sortie serait réalisable. Mais
Hitler* s’y oppose. Fin décembre, il croit encore au succès dans les
Ardennes*. Celui-ci serait estompé par la chute de Budapest. Est-ce si sûr ?
L’important, pour le IIIe Reich*, n’est-il pas présentement de sauver des
hommes pour défendre l’intégrité du pays qui sera bientôt investi de toutes
parts ? Dans cette bataille de janvier 1945 en Hongrie*, Hitler* multipliera
les contradictions.
Au début du mois, il prescrit au GA Sud de passer à l’offensive en
direction du sud-est pour atteindre le confluent Drave-Danube. Après quoi, ce
GA Sud devra remonter vers le nord pour libérer Budapest. Cet ordre n’aura
pas de suite. Le 2e Front d’Ukraine le devance. Il franchit le Hron et attaque
sur la rive nord du Danube, axé sur Bratislava et Vienne. Pour s’y opposer,
Wöhler* renonce à l’action prévue. Faute de mieux, il tente un effort direct
sur Budapest, distant d’une quarantaine de kilomètres de sa base de départ. À
défaut de dégager la garnison, il espère inciter Hitler* à accepter que celle-ci
tente une sortie. Espoir naturellement déçu. Budapest doit être défendue.
Nouvelle décision du Führer*, le 12 janvier. Il ordonne de transférer le
IVe PK SS à la corne nord du lac Balaton* en vue d’une nouvelle attaque vers
le Danube. En cinq jours, par des routes de montagne enneigées où
s’accumulent les congères, le IVe PK se met en place. Le 18, il se précipite
sur le Danube qu’il atteint à 60 km en amont de Budapest. Tolboukhine*, un
moment surpris, réagit avec force. Trois corps d’armée dont un blindé sont
engagés pour interdire la remontée sur la capitale hongroise. Épuisé, le IVe
PK est stoppé à 25 km de la ville, en butte à des violentes contre-attaques.
Entre-temps, le 16 janvier, Hitler* a décidé d’acheminer la VIe AB de
Sepp Dietrich* à l’Est*. Sur Vienne, en principe, dans un premier temps.
Serait-ce pour un effort puissant afin de sauver Budapest ? Cependant, la VIe
AB, étrillée dans les Ardennes*, a au préalable besoin de se refaire.
À l’intérieur de Budapest, le périmètre défensif s’est réduit. Les
Soviétiques avancent sous le couvert de formidables feux d’artillerie. SS* et
hommes des Croix Fléchées* se battent farouchement, sachant quel sort les
attend en cas de victoire des communistes. Les immeubles sont transformés
en forteresses rappelant Stalingrad*.
À l’encontre de ce qui s’était passé sur les bords de la Volga, vivres et
munitions ne manquent pas. Si Tolboukhine* progresse, il n’avance que
lentement. Staline* s’emporte contre lui, s’irrite de cette conclusion qui tarde.
Il veut démontrer sa puissance à Roosevelt* et Churchill*.
L’OKH* pensait que la VIe AB serait confiée à Wöhler*. Erreur, elle lui
échappe. Hitler* se l’approprie pour préserver les champs pétrolifères de
Nagyhanizsa (150 km sud-ouest de Budapest) et couvrir la route de Vienne.
Dès lors, Budapest est définitivement condamnée. Le combat de ses
défenseurs, si héroïque soit-il, est sans espoir. La zone tenue se rétrécit. Ne
subsistent que quelques points forts : le Parlement, la caserne Marie-Thérèse.
La capitulation devient inévitable. Le général Pfeffer-Wildenbruch, le
commandant de la place, malgré les protestations des Croix Fléchées*,
entame des négociations. Le 13 février, il accepte une reddition sans
conditions. Quelques milliers de SS* rescapés tentent une sortie. 785
seulement y parviendront et regagneront les lignes allemandes.
La ville dévastée est livrée au pillage. Les Soviétiques annoncent 110 000
prisonniers. (Des civils raflés pour être déportés dans les camps de travail en
URSS* expliquent ces chiffres.) Des membres du Parti communiste hongrois
s’installent dans la capitale pour court-circuiter leurs alliés bourgeois du
gouvernement de Debrecen.
Si Budapest est tombée, les combats sont loin d’être terminés en
Hongrie*. L’Allemagne*, en cette région de l’Europe, dispose encore de
bonnes troupes, et Hitler* est résolu à y forcer le destin.

BUFFALO
Brewster F2A Buffalo.
Chasseur monomoteur embarqué américain, fabriqué à 507 exemplaires.
Vitesse : 520 km/h : autonomie : 1 500 km ; armement : 4 mitrailleuses ;
équipage : 1 homme.
Cet appareil, aux performances médiocres, car trop lourd, sera vite
abandonné par l’US Navy*.
BULGARIE
La Bulgarie est sortie vaincue de la Première Guerre mondiale.
Alliée de l’Allemagne*, elle a perdu la Dobroudja méridionale et l’accès
à la mer Égée. Son entre-deux-guerres est agitée. Terrorisme et contre-
terrorisme plus difficultés économiques. Le roi Boris III* a du mal à
s’imposer dans un pays où il sera de bon ton de dire, après 1941, que le roi
est pro-allié, l’armée pro-allemande, le peuple pro-russe.
Grâce à un rapprochement avec l’Allemagne*, la Bulgarie parvient à
annexer la Dobroudja méridionale, la majeure partie de la Macédoine grecque
et yougoslave, la Thrace occidentale grecque, une frange de la Serbie et les
îles de Thasos et Samothrace en mer Égée. Ces acquisitions ont un prix :
signature du Pacte tripartite* le 1er mars 1941, déclaration de guerre à la
Grande-Bretagne* et aux États-Unis* le 13 décembre 1941. Par contre, la
Bulgarie ne déclare pas la guerre à l’URSS*, refuse d’envoyer des volontaires
sur le front de l’Est*. Manifestement, Boris III* ne veut pas s’engager trop
avant, freine son gouvernement tout en manœuvrant pour garder ses
annexions (envoi de trois divisions en Macédoine et Thrace).
Lui disparu en août 1943, les éléments germanophiles l’emportent. (Son
fils Siméon II n’a que six ans.) La Bulgarie est prise dans un piège. Elle se
présente en alliée de l’Allemagne* alors que celle-ci commence à s’effondrer.
Le 5 septembre 1944, pour sanctionner le soutien apporté à la
Wehrmacht*, l’URSS* déclare la guerre à la Bulgarie. Elle est d’autant
mieux placée pour le faire que l’Armée rouge* est aux portes du pays.
Dès le lendemain, Sofia sollicite un armistice et s’empresse de donner des
gages. Le 8 septembre, la guerre est déclarée à l’Allemagne*. L’armée
bulgare s’efforce de neutraliser les garnisons allemandes du territoire. Le
cessez-le-feu avec l’URSS* est signé le 11. Entre-temps, Tolboukhine* et le
3e Front d’Ukraine, dévalant de la Dobroudja, entrent dans les ports de Varna
et Burgas. Les bâtiments de la Kriegsmarine*, au mouillage, ne peuvent que
se saborder. Sofia ne tarde pas à être occupée.
Moscou peut imposer ses conditions. Retrait des territoires annexés en
Grèce* et Yougoslavie*. Occupation du pays qui durera jusqu’à la fin de
1947. Constitution d’un gouvernement procommuniste proclamant la
nécessité d’une alliance indissoluble avec l’URSS*. Mobilisation pour
participer à la lutte contre l’Allemagne* et la Hongrie*.
Les armées bulgares – 340 000 hommes – participeront ainsi à la fin des
combats contre l’Allemagne*. Simultanément, la répression s’abat, frappant
l’élite bulgare. Avant la fin de 1944, 20 000 personnes seront exécutées sous
des prétextes divers. Des camps de concentration s’ouvriront de 1945 à 1949.
Les Juifs, 1 % de la population, auront par contre été épargnés.
Le traité de Paris*, en 1947, enlève à la Bulgarie toutes ses annexions à
l’exception de la Dobroudja méridionale. L’entrée dans le conflit lui a coûté
38 000 morts militaires et 7 000 civils. La monarchie est abrogée le
15 septembre 1946 et, conséquence directe de la guerre, la Bulgarie est
tombée sous l’obédience de Moscou.

BULGE, THE
Le saillant.
Nom donné par les Alliés* au coin enfoncé par les Allemands dans les
Ardennes* en décembre 1944.

BULLITT, WILLIAM
(1891-1965). Diplomate américain.
Ambassadeur des États-Unis* en France* de 1936 à 1940.
Est, le 15 mai 1940, dans le bureau de Daladier* lors de l’appel
téléphonique de Gamelin* annonçant la « destruction de l’armée française ».
L’information fera le tour des capitales.
Francophile, Bullitt, avec le grade de commandant, participera à la
campagne de 1944-45 comme officier de liaison à la 1ère Armée française*.

BUNA
Port sur la côte septentrionale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée*.
En juillet 1942, le général MacArthur* comptait y débarquer afin d’y
installer une grande base. De là, il serait en bonne position pour reprendre
Lae* et Salamaua avant de pousser vers Rabaul*. Les 16 000 hommes du
général Tonitaro l’y précèdent avec une intention évidente : atteindre par
terre Port-Moresby* qu’ils n’ont pu atteindre par mer deux mois plus tôt (voir
Mo, opération).
Un seul itinéraire relaie Buna à Port-Moresby* : la piste Kokoda.
MacArthur* compte également l’emprunter, mais en sens inverse. Sur cet
itinéraire impossible, Australiens et Japonais se livrent une lutte féroce. Les
premiers finissent par l’emporter. Le 28 octobre, ils délogent les seconds de
Kokoda. Une centaine de kilomètres de jungle ou de marécages les séparent
encore de Buna. Quant aux Américains de la 32e DI, débarqués au sud de la
péninsule, ils s’efforcent de remonter vers le nord.
De son PC* de Port-Moresby, MacArthur* s’impatiente. Il n’a pas
conscience – ou refuse de prendre conscience – des conditions dans
lesquelles ses hommes se battent : taux d’humidité atteignant 85 % ; chaleur
ambiante de l’ordre de 32o ; snipers tapis dans la végétation ; casemates
habilement camouflées ; grenades qui souvent n’explosent pas, humidité
peut-être.
Le commandant du Pacifique* sud-ouest veut à tout prix l’emporter,
change les têtes et nomme le général Eichelberger* patron de l’offensive.
Le nouveau promu, arrivé en première ligne le 3 décembre 1941, se rend
aussitôt compte de la réalité de la situation : outre l’adversaire, le terrain et
les conditions climatiques, les troupes sont à court de munitions, de
médicaments et d’armement lourd.
Un mois de combats furieux, l’utilisation de chars, l’arrivée d’une
nouvelle brigade australienne seront nécessaires pour finir d’enlever Buna et
Gona, un petit port plus au nord, défendus par 7 000 Japonais. Ceux-ci, faute
de vivres, en arrivent à des actes de cannibalisme et luttent jusqu’au dernier.
Au total, six mois de lutte acharnée s’achèvent par 3 000 tués chez les
Australiens et les Américains.
Ce fanatisme nippon, ce mépris de la mort et de la vie ne sont pas sans
inquiéter soldats et généraux alliés : « Des centaines de Buna sont encore
devant nous. »
BUNKER DE HITLER
Abri bétonné de Hitler*, construit sous la Chancellerie à Berlin, lui
servant à la fois de PC et de domicile.
C’est là, à cinquante pieds sous terre, que le Führer* vivra ses dernières
semaines.
Ce bunker est un monde en marge. Édifié sur deux niveaux, ses murs et
ses plafonds ont 2,5 mètres d’épaisseur de béton. Les pièces sont des alvéoles
rectangulaires. À l’étage inférieur, Hitler* y possède son bureau et sa
chambre ainsi qu’ Eva Braun*. La famille Goebbels* réside à l’étage
supérieur. Les deux issues sont soigneusement gardées et les entrées sont
filtrées par des SS*. Le principal occupant de cet univers coupé du monde vit
en permanence sous lumière artificielle. Malgré son isolement, le fracas de la
bataille finira par lui parvenir.

BUSCH, ERNST
(1885-1945). Maréchal allemand.
Jeune officier, gagne la croix Pour le mérite* en 1918.
Devenu un nazi fidèle, commande un corps d’armée en Pologne*, puis la
16 Armée durant la campagne de France*. Toujours avec la 16e Armée,
e
participe à l’opération Barbarossa*. Promu maréchal en décembre 1943,
prend la tête du Groupe d’armées Centre. Limogé en juin 1944 suite au
désastre en Biélorussie, est remplacé par Model*. Est rappelé le 1er mars
1945 pour assurer la direction du groupe d’armées nord-ouest sur le front
occidental dont il accepte la reddition aux Britanniques le 4 mai. Fait
prisonnier le 8 mai, succombe peu après de maladie.

BUSHIDO
Ou Voie du guerrier, longtemps un code transmis oralement aux bushis
ou samouraïs.
Le bushi apprenait à endurer souffrances et privations. Pour lui, « la mort
devait être plus légère que la plume » et « le devoir plus lourd qu’une
montagne ».
Ce bushido qui enseigne à bien mourir est devenu la règle du guerrier
nippon. Par corollaire, le soldat de l’armée impériale préfère mourir au
combat. Le code militaire le prévoit : se rendre est s’exposer à un jugement
en cour martiale et jeter l’opprobre sur ses parents, ses amis, son voisinage,
sur le pays et son empereur. Les réactions d’individus élevés de toute
jeunesse en de tels principes se comprennent. Elles généreront des dizaines
de milliers de morts plutôt que de se rendre. Elles sous-tendent le phénomène
kamikaze*. Elles expliquent aussi – sans les excuser – les comportements des
Japonais vis-à-vis de leurs prisonniers qu’ils sont portés à mépriser.

BUSSE, THEODOR
(1897-1986). Général allemand.
Commande en avril 1945 la 9e Armée allemande qui s’efforce sur l’Oder
de barrer la route de Berlin*.

BYRNES, JAMES
(1879-1972). Homme politique américain.
Ami personnel de Roosevelt*, il devient, en 1943, responsable de
l’économie de guerre américaine, poste qui en fait l’un des principaux
adjoints du Président.
Il assiste à la conférence de Yalta*, devient secrétaire d’État sous
Truman* et participe à la conférence de Potsdam*.
C

C-47B SKYTRAIN
Douglas C-47B Skytrain.
Version militaire du bimoteur de transport DC 3 américain. Sorti à partir
de 1941 et fabriqué par Douglas Aircraft Co. Sera construit à plus de 13 000
exemplaires dont 2 000 livrés aux Britanniques qui le dénommeront Dakota.
Avion par excellence de transport et de largage des Alliés*.
Vitesse : 370 km/h ; autonomie : 2 500 km ; charge utile : 2,5 tonnes, soit
27 passagers ou 23 parachutistes équipés ; équipage : 2 à 3 hommes.

C-54A SKYMASTER
Quadrimoteur américain de transport, version militaire du DC 4.
En service à partir de 1942 et fabriqué à 1 100 exemplaires par Douglas
Aircraft Co.
Vitesse : 420 km/h ; autonomie : 6 300 km ; équipage : 4 hommes ;
transport : 50 passagers.
L’avion du Président Roosevelt*, à partir de 1943, baptisé Sacred Crow
par l’équipe de presse de la Maison Blanche, est un C-54 A.

CABANATUAN
Camp de prisonniers américains, de l’île de Luçon*, à 7 km de la ville de
Cabanatuan, dans la large dépression menant du golfe de Lingayen à
Manille* (soit à 100 km au nord de la capitale).
Connu aussi sous le nom de camp No 3 de Pangatian, il héberge 6 500
prisonniers en septembre 1942. Au début de 1945, ils ne sont plus que 500.
3 000 reposent dans le cimetière proche. Les autres sont partis à Mindanao*
ou Palawan*. Cabanatuan est devenu un mouroir. Les rescapés survivent
avec huit cents calories par jour.
Les Américains qui ont débarqué dans le golfe de Lingayen le 9 janvier
connaissent l’existence du camp. Leur progression vers Manille* les
rapprochant de Cabanatuan, ils redoutent le sort que les Japonais risquent de
réserver à leurs prisonniers.
Le 30 janvier 1945, à la tombée de la nuit, un commando de 120 hommes
du 6e bataillon de Rangers*, assisté par des scouts d’Alamo et la guérilla
philippine, investit le camp au terme d’une sévère marche d’approche. Jouant
sur la surprise, sentinelles, guetteurs, personnel de garde sont abattus. 511
prisonniers sont libérés, presque tous Américains (il y a vingt et un
Britanniques, trois Hollandais et deux Norvégiens). Deux Rangers*, un
capitaine et un caporal, sont tués. Les pertes ennemies sont évaluées à 250
hommes au titre des Rangers*, 300 au titre de la guérilla.
Le retour avec des prisonniers affaiblis sera épique.
L’exploit est militaire et sportif. Les Rangers* ont accompli, à pied, 150
km en 30 heures.

CACTUS
Nom de code du débarquement américain à Guadalcanal*, le 7 août 1942.
Il est aussi le nom de la force aérienne initiale, principalement de
l’USMC*, basée à Henderson Field*.

CADETS DE LA FRANCE LIBRE*


( voir RIBBESFORD)

CAÏMAN, PLAN
Plan français daté du 16 mai 1944, connu depuis plusieurs semaines.
Répondant aux intentions de De Gaulle* d’appuyer Overlord* et
d’asseoir l’autorité nationale dès son déclenchement, il vise à la libération*
par les FFI* de zones entières du territoire. Ces zones se situent, en Sud-
Ouest-Centre, dans le Sud-Est et en Bretagne.
Sur le plan pratique, il donnera naissance à trois réduits : Massif Central
avec môles au Mont Mouchet*, autour de Chaudes-Aigues et dans le Lioran ;
Alpes avec le Vercors* ; Bretagne avec Saint-Marcel*.

CAIRE, CONFÉRENCE DU 23 AU
26 NOVEMBRE 1943
Connue sous le nom de code de Sextant*.
Se rendant à Téhéran* pour la rencontre des Trois Grands, Roosevelt* et
Churchill* ont convenu de faire, au préalable, escale au Caire.
Roosevelt* a choisi la voie maritime – cuirassé Iowa – pour gagner Oran
avant de prendre l’avion pour Le Caire ; Churchill* l’a précédé de 48 heures
comme le couple Tchang Kaï-chek*. Les responsables asiatiques,
Mountbatten* et Stilwell*, ont également été convoqués.
Churchill*, en Italie*, voudrait pousser jusqu’à la vallée du Pô. De là, les
Alliés* seraient en mesure de menacer le sud-est de la France* et l’Autriche*.
Par une voie détournée, c’est retrouver le chemin de Vienne. Une telle
stratégie suppose des moyens au détriment, peut-être, d’Overlord*, le
débarquement en Normandie*. Et là, pour les Américains, pas question
d’affaiblir Overlord*.
Autre sujet de discorde : le commandement suprême proposé par les
Américains pour coiffer Overlord* et Méditerranée*. Les Britanniques ne
sauraient l’admettre. S’ils ont accepté qu’un Yankee dirige Overlord*, ils
estiment avoir droit – au moins – à la Méditerranée*. On discute, mais on ne
tranche pas.
Le plus épineux est encore à débattre : la Chine*. Les Rosbifs, comme les
appelle Stilwell*, n’ont aucune confiance dans les Chinois. Les Américains,
par contre, entendent les soutenir dans la lutte contre les Japonais.
Pragmatiques, ils préfèrent voir les Asiatiques s’entre-tuer, épargnant ainsi le
sang de leurs compatriotes.
Dans l’immédiat, le raisonnement américain aboutit à une conclusion
pratique. Renforcer Tchang Kaï-chek* oblige de rouvrir la route de Chine*
coupée de Mandalay à Lashio (la voie aérienne n’assure que des tonnages
limités). Cette réouverture impose de reprendre l’offensive en Birmanie*,
perspective qui n’est pas pour plaire à Churchill*. Les offensives anglaises en
Arakan* et dans le nord de la Birmanie en 42-43 se sont mal terminées.
Le ton s’envenime. On n’avance pas. Quant à Tchang Kaï-chek*, il joue
les prima donna, exigeant avions, fournitures, voulant tout connaître et tout
fixer. Il finit par exaspérer ses interlocuteurs militaires qui ignorent que le
Chinois a obtenu de Roosevelt* une promesse formelle de l’aider.
Au passage, du reste, le Président, qui commence à régenter le monde à
sa guise, a évoqué l’Indochine française*. Plus question de pavillon tricolore
sur Hanoi et Saigon. Trois hauts-commissaires – américain, britannique,
chinois – et ce pour vingt-cinq ans ! Le démocrate Roosevelt* gomme
allégrement le droit des peuples à disposer de leur propre avenir.
Téhéran* procure un break. Roosevelt* et Churchill*, de retour au Caire,
le 3 décembre, se retrouvent en tête-à-tête. Churchill* voudrait des moyens
pour enlever Rhodes et ainsi décider la Turquie* à rallier les Alliés*. Là
encore, pour Roosevelt*, pas question d’amputer Overlord*.
Les entretiens du Caire, hormis les assurances américaines à Tchang Kaï-
chek*, n’ont débouché sur rien.
Sauf sur un point. Rentrant à Washington, Roosevelt* fait une courte
escale à Tunis. Eisenhower* est venu le saluer. Une courte phrase le ravit :
« Eh bien, Ike, vous allez diriger Overlord*. »
Le Britannique Wilson* le remplacera en Méditerranée*. Voilà de quoi
satisfaire Churchill*.

CALUIRE, TRAGÉDIE DE
Caluire, commune de la banlieue de Lyon, 16 000 habitants avant la
guerre.
Le 21 juin 1943, au début de l’après-midi, une petite dizaine de policiers
de la Gestapo* y font irruption au domicile du docteur Dugoujon. Ils arrêtent
huit résistants qui tiennent réunion en vue d’étudier la succession du général
Delestraint*. Parmi eux, Aubry, Aubrac, le colonel Lacaze et surtout Jean
Moulin*, le président du CNR* dont le sort sera tragique. Un seul parvient à
s’échapper, René Hardy, chef de NAP-Fer (Noyautage de la SNCF).
Qui a renseigné les Allemands ? Ceux-ci ne savaient pas tout. Ils se sont,
au départ, trompé d’adresse.
Un homme est très vite soupçonné, René Hardy. Il a dissimulé à ses
camarades qu’il avait été arrêté et relâché par deux fois par la Gestapo*. Mais
il ignorait le lieu de la réunion. Deux procès l’acquitteront. (Peut-être parce
qu’il est Compagnon de la Libération* ?)
Il y eut des imprudences. La réunion, Hardy n’auraient pas dû se
trouver là. Alors ? L’énigme reste entière et Barbie* lui-même, chef de la
Gestapo* de Lyon, n’a pas apporté d’éléments positifs durant ses
interrogatoires.

CAM (CATAPULT AIRCRAFT


MERCHANTMAN)
Navire marchand équipé pour catapulter un chasseur, en principe un
Hurricane*, afin de participer à la protection d’un convoi. Le pilote de
l’avion doit se crasher en mer ou, si possible, regagner la terre ferme.
Ce procédé, plus que scabreux, disparaît avec la mise en service de porte-
avions d’escorte.

CAMP X
Camp britannique ouvert près d’Oshawa, Ontario, au Canada, afin
d’entraîner du personnel destiné au SOE*.
Du 9 décembre 1941 à 1944, il formera environ 500 personnes venues du
Canada*, des États-Unis* et de Grande-Bretagne*.
Il héberge un centre de télécommunications, principal relais entre
Londres, Ottawa et Washington.

CAMPELTOWN HMS
Ancien destroyer américain Buchanan.
L’un des 50 destroyers fournis à la Grande-Bretagne*, en septembre
1940, par les États-Unis* (voir Saint-Nazaire, opération contre).

CANADA
Dominion britannique, le Canada compte 11, 5 millions d’habitants en
1939.
Tous ceux-ci ne souhaitent pas entrer dans la guerre ; mais son Premier
ministre, Mackenzie King*, tient à partager le sort de la Grande-Bretagne*.
Le Canada participera activement, économiquement et militairement, à la
guerre. Les Canadiens, soldats, marins, aviateurs, seront partout aux côtés des
Britanniques. Ils seront les grandes victimes du débarquement de Dieppe*. Ils
constitueront une armée (1ère Armée canadienne du général Crerar*) sur le
continent en 1945. Ils participeront à 41 000 opérations aériennes et
largueront 126 000 tonnes de bombes (un huitième du total du Bomber
Command*).
Le Canada, durant la guerre, perd 37 000 hommes (2 000 marins, 19 000
aviateurs, 18 000 soldats).

CANADA, BARAQUE
À Auschwitz-Birkenau*, nom donné par les déportés polonais à la
baraque où sont récupérés et triés les objets ayant appartenu aux internés
venant d’être exécutés et incinérés.
(Canada ainsi appelé en souvenir des richesses escomptées jadis de
l’émigration au Canada.)

CANADA, DIVISION
Terme par lequel se désignent les soldats de la Wehrmacht* piégés dans
une position d’où ils ne sortiront que pour les camps de prisonniers au
Canada*. (Cas des garnisons des îles anglo-normandes, par exemple.)

CANARIS, WILHELM
(1887-1945). Amiral allemand.
Entre dans la Marine impériale comme élève officier en 1905.
En 1915-1916, jeune lieutenant de vaisseau, il effectue une mission
d’observation en Espagne qui fait apparaître ses dons pour la recherche du
renseignement.
En 1933, à l’avènement de Hitler*, le capitaine de vaisseau Canaris
commande le groupe fortifié de Swinemünde tout en étant bien introduit
auprès du haut commandement de l’Armée. Hitler* veut alors à la tête de
l’Abwehr un officier de confiance, cultivé et souple, capable de voir grand.
Canaris semble répondre à ces conditions. Proposé par la Marine, et accepté,
il prend en 1935, à quarante-sept ans, la direction de l’Abwehr*.
Paradoxalement, cet homme jugé de confiance se révèle à ses familiers
foncièrement hostile au régime. Ce patriote intelligent a vite compris que
Hitler* menait l’Allemagne* au gouffre. Sous réserve de quelques nazis
patentés pour sauver la face, l’Abwehr* regroupe des officiers et
fonctionnaires qui souhaitent la fin du nazisme*.
Avant 1939, Canaris s’efforce d’éviter la guerre. Celle-ci déclenchée, il
pratique un double jeu bien que ses services paraissent remplir leurs
missions. Il ne donne pas suite à l’ordre de Hitler* d’éliminer physiquement
le général français Weygand* et contribue à sauver des Juifs. À partir de
1942, l’Abwehr* commence à être accusé de carences. Himmler* et les SS*
s’en prennent à l’organisation et à son chef. Le 12 février 1944, l’Abwehr*
est intégré au RSHA*. Le 21 mars, Canaris est remis à la disposition de son
Arme.
Avec l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler*, une vingtaine d’officiers
de l’Abwher* sont compromis. Canaris est arrêté le 23 juillet. Il sera pendu le
9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenburg* sur ordre de Hitler*.
Les légendes qui l’entourent, sa fin tragique, font de Canaris l’une des
personnalités les plus marquantes et les plus discutées du IIIe Reich*. Cet
antinazi, foncièrement patriote, a certainement voulu servir son pays en
s’opposant au Führer* tout en continuant officiellement son travail à
l’Abwehr*.

CANT Z 1007 BIS ALCYONE


Trimoteur italien de bombardement sorti à 560 exemplaires à partir de
1938.
Vitesse : 460 km/h ; autonomie : 2 000 km ; armement : 4 mitrailleuses,
1 000 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.

CAP NORD, BATAILLE DU 26 DÉCEMBRE 1943


Le 25 décembre 1943, sur ordre de Dönitz*, le croiseur de bataille
Scharnhorst*, accompagné de cinq contre-torpilleurs, sort de son refuge dans
un fjord du nord de la Norvège* pour intercepter un convoi de l’Arctique*.
Alertés par leurs écoutes radio, les Britanniques, en renfort du groupe de
protection du convoi, soit trois croiseurs lourds et quatre torpilleurs,
parviennent à dépêcher sur les lieux le cuirassé Duke of York, le croiseur
Jamaica et quatre torpilleurs. Conscient de son infériorité, le Scharnhorst*
tente de rejoindre son refuge. Le 26, à 16 h 50, suivant son adversaire au
radar, le Duke of York ouvre le feu. La supériorité de ses pièces, le travail des
torpilleurs, paient. À 19 h 45, le croiseur de bataille en flammes s’engloutit
dans les flots au large du cap Nord. Les Britanniques ne repêchent que trente-
six marins sur 2 000 hommes d’équipage.
Cette victoire anglaise, obtenue en bonne partie par la qualité des radars
et l’ordre audacieux de Dönitz*, marque pratiquement la fin de la flotte de
haute mer allemande.

CAPITULATION ALLEMANDE
Lundi 30 avril 1945. 15 h 25. Hitler* est mort.
Le Führer* n’a pas voulu survivre à la défaite. Il s’est suicidé avec son
pistolet 7, 65.
Le lendemain, un peu après 7 h 30, Bormann*, l’homme fort à l’intérieur
du bunker*, adresse un télégramme à Dönitz* :
« Grossadmiral Dönitz*. Le Führer* est mort hier à 15 h 30. Le testament du 29 avril vous
transfère le titre de Président du Reich*. La forme et l’annonce de la nouvelle sont laissées à votre
appréciation. Confirmer réception. Goebbels*, Bormann*. »

Dans le bunker, une page se tourne. Les époux Goebbels* se suicident en


fin de journée. Bormann* choisit d’essayer de fuir. À l’extérieur, Himmler*,
Goering* sont officiellement disgraciés. Dönitz* se retrouve, seul, en charge
d’un IIIe Reich* submergé de partout par les armées alliées.
Devant l’irruption britannique, le 2 mai, il transfère son PC de Plön à
Flensburg en bordure de la frontière danoise et s’efforce de mettre sur pied un
gouvernement. Goebbels*, Bormann* sont morts ou disparus. Ribbentrop*
est mal en cour. Himmler* qui joue les nécessités est dans le même cas. À
défaut de têtes vraiment nouvelles, Dönitz* s’entoure de personnalités
modérées : le comte Schwerin von Krosigk aux Affaires étrangères et surtout
Speer*. Celui-ci, depuis longtemps, ne cache pas qu’il faut d’abord penser
aux Allemands.
La situation militaire est à double face. Elle réclame de traiter vite devant
l’effondrement généralisé. Elle exige de perdurer quelque peu pour replier
tout ce qui peut l’être à l’ouest.
L’amiral von Friedeburg* a remplacé Dönitz* à la tête de la
Kriegsmarine*. Le Grand Amiral le charge de négocier avec Montgomery*.
Recevant von Friedeburg* à son PC, le 3 mai, le Britannique ne peut
s’engager que pour son théâtre d’opérations et encore en restant dans l’esprit
d’Anfa* : reddition sans conditions.
Le 4 au matin, l’émissaire rend compte des résultats de sa mission.
Malgré l’opposition de Jodl*, Dönitz* décide de s’incliner. Von Friedeburg*
repart pour signer. Le cessez-le-feu interviendra le 5 mai à 8 h devant le XXIe
GA de Montgomery*. Une clause a certainement été très pénible pour
l’ancien sous-marinier Dönitz*. Il doit donner l’ordre à ses U-Boote* de
regagner leurs bases et de ne pas se saborder.
Il y a reddition sans conditions mais sur un seul théâtre. Von Friedeburg*
a obtenu un succès répondant à l’attente de Dönitz*. Le 5, il repart pour une
mission identique auprès d’Eisenhower* à Reims.
L’Américain vient de visiter Ohrup et Buchenwald*. Il en est sorti
horrifié et la culpabilité allemande éclate à ses yeux sans restrictions. De plus,
il entend jouer la conciliation avec son partenaire de l’Est*. Bedell-Smith*, le
chef d’état-major d’Eisenhower* qui reçoit von Friedeburg et Jodl*, ce
dernier venu épauler le marin, se montre catégorique : capitulation totale
immédiate ou rien.
Que peut faire le Grand Amiral ? Ce 6 mai, à l’ouest, tout a fini de
s’écrouler.
Au nord-ouest, la reddition signée avec Montgomery* amène les blindés
britanniques devant Kiel, Bremerhaven et Wilhelmshaven. Les Occidentaux
alignent un front continu de Wismar à la Tchécoslovaquie par l’Elbe et la
Mulde. Patton*, entré en Autriche*, occupe Linz. Il se prépare à pénétrer en
Tchécoslovaquie*. Au sud de l’Allemagne*, le GA/G met bas les armes le
6 mai à midi, alors que la VIIe Armée américaine arrive à Innsbruck et la
1ère Armée française à l’Arlberg.
À l’est, la situation n’est pas meilleure pour la Wehrmacht*, même si elle
résiste toujours. La bataille de Berlin* terminée, l’Armée rouge* gagne l’Elbe
presque partout. À Prague, l’insurrection générale s’est déclenchée le 5 mai.
Breslau tombe dans la journée.
Le monde encore en paix a fini de se liguer contre le Reich* (et le
Japon*). Le Paraguay*, l’Équateur* (le 9 février), le Pérou* (le 12), le Chili*
(le 14), le Venezuela* (le 16), l’Uruguay* (le 22), l’Égypte* (le 25), et enfin
la Turquie* (le 1er mars) lui ont déclaré la guerre.
L’Allemagne* nazie a perdu. Le 7 mai, à 1 h 30, Dönitz* communique à
Jodl* :
« Le Grand Amiral Dönitz* vous donne pleine autorité pour signer suivant les termes
communiqués. »

Vingt-sept ans après, l’Allemagne* connaît un autre 11 novembre. Le


décor n’est plus le wagon* de Rethondes mais celui d’une modeste salle de
classe d’une école de Reims où Eisenhower* a installé son PC.
À 2 h 41, Bedell-Smith* signe pour Eisenhower*, Jodl* pour Dönitz. Le
général Sousloparov pour le commandement soviétique, le général Sevez
pour la France*, assistent en qualité de témoins.
Les clauses de la reddition mentionnent :
« 1./ Nous, soussignés, agissant avec l’autorisation du Haut Commandement allemand,
reconnaissons par la présente la reddition inconditionnelle au Commandant Suprême des forces
expéditionnaires alliées et simultanément au Haut Commandement soviétique de toutes les forces
de terre, de mer et de l’air qui sont à cette date sous contrôle allemand.
2./ Le Haut Commandement allemand donnera immédiatement à toutes les autorités
militaires, navales et aériennes allemandes l’ordre de cesser les opérations actives à 23 h 01, heure
de l’Europe centrale, le 8 mai, et de rester sur les positions occupées à cette heure. Aucun navire,
vaisseau ou avion ne peut être sabordé ni aucun dégât ne peut être fait à leur coque, à leurs
machines ou à leur équipement.
3./ Le Haut Commandement allemand donnera immédiatement des ordres aux commandants
appropriés et assurera l’exécution de tous ordres futurs donnés par le Commandant Suprême des
forces expéditionnaires alliées et par le Haut Commandement soviétique.
4./ Cet acte de reddition militaire inconditionnelle est sans préjudice de tout instrument
général de reddition imposé par ou au nom des Nations unies et applicable à l’Allemagne et aux
forces armées allemandes dans leur totalité et qui remplacerait ce document.
5./ Au cas où le Haut Commandement militaire allemand ou toute autre force sous son
contrôle n’agirait pas en conformité avec le présent acte de capitulation, le Commandant Suprême
des forces expéditionnaires alliées et le Haut Commandement soviétique entreprendraient telle
action punitive qu’ils jugeraient appropriée. »

Reddition* inconditionnelle à l’est comme à l’ouest. Eisenhower* n’a


dérogé en rien aux instructions reçues.
Les signatures ont été échangées. Une seconde ratification est prévue à
Berlin. Eisenhower* veut donc préserver le secret en attendant les ultimes
paraphes. Mais des fuites se produisent, un journaliste indélicat révèle
l’événement. Le 8 mai, le monde apprend officiellement que la paix est
revenue en Europe.
Dans la nuit du 8 au 9 mai, interviennent les signatures chez les
Soviétiques. C’est encore une ancienne école, à Karshorst, dans la banlieue
est de Berlin, qui sert de cadre. Joukov* préside avec à ses côtés le
Britannique Tedder*, l’Américain Spaatz*, le Français de Lattre*. Un peu
après minuit, Keitel*, très raide, est introduit, saluant l’assistance de son
bâton de maréchal. Derrière lui, von Friedeburg*, vieilli avant l’âge, et le
général d’aviation Stumpf.
À 0 h 43, tout est terminé. Joukov* et Tedder* ont signé pour les Alliés*,
Keitel* pour l’Allemagne, Spaatz* et de Lattre* en qualité de témoins.
L’Allemagne est vaincue et l’a reconnu. À cette heure, le pays est envahi
et la Wehrmacht* n’occupe plus que quelques portions de terrain : sur le
littoral atlantique : Lorient, Saint-Nazaire* ; les îles anglo-normandes en
Manche ; Dunkerque* en mer du Nord ; en Méditerranée : la Crète* et
Rhodes ; sur le continent : la Courlande* et deux poches en Prusse-Orientale ;
le nord de la Norvège* et des secteurs côtiers près d’Oslo, Bergen,
Trondheim et Narvik ; un coude à l’est de l’Elbe devant Magdebourg ; un
large haltère de Zagreb à Dresde en Bohême-Croatie avec son étranglement
entre Linz et Vienne.
Au total, plus de 1 500 000 hommes (soit 150 divisions nominales), le
9 mai à 0 h, n’ont pas encore fait leur reddition. Celle-ci interviendra dans les
heures et jours à venir.
Demeurent également à flot dans les ports danois des navires de la flotte
de surface : Prinz Eugen, Hipper, Nürnberg, Leipzig. 1 500 avions sont
réfugiés en Bohême et dans le Jutland mais sont dépourvus de carburant.
Quelques jours plus tard, de Gaulle* pourra annoncer :
« En tant qu’État, en tant que puissance, en tant que doctrine, le Reich* allemand est
complètement détruit. »

Oui, mais quel sillon sanglant derrière lui !

CAPITULATION JAPONAISE

9 août 1945 :
Terrible journée pour les hauts responsables japonais ! Entrée en guerre
de l’URSS*. Bombe atomique sur Nagasaki*. Invasion de la Mandchourie*
par l’Armée rouge*.
À Tokyo, le Conseil Suprême de la Guerre, le Conseil des ministres se
réunissent d’urgence. Les positions s’opposent. D’un côté, les partisans de
l’acceptation pure et simple de l’ultimatum allié lancé après l’explosion de
Hiroshima* : Suzuki*, le Premier ministre, Shigenrori Togo*, le ministre des
Affaires étrangères, Yonaï, le ministre de la Marine. Face à eux, le clan
militaire qui refuse tout compromis : Anami*, le ministre de la Guerre,
Umezu*, le chef d’état-major des armées, Toyoda*, le patron de la marine.
En désespoir de cause, Suzuki* et Togo* sollicitent une audience du
souverain et le prient de réunir le Conseil impérial.

10 août :
Le Conseil impérial s’est réuni peu avant minuit. Hiro-Hito* préside. Le
monarque a laissé gouvernants et militaires engager le pays dans la guerre
depuis 1931. Aujourd’hui, il veut enfin la paix. Aura-t-il l’énergie nécessaire
pour l’imposer ?
Une fois encore, le débat s’enlise. Et, peu après 2 h, Suzuki* se lève et se
tournant vers le trône, il se permet d’énoncer :
« Il appartient à Votre Majesté Impériale de décider quelle proposition doit être adoptée. »

C’est-à-dire celle de la paix ou celle de la lutte à outrance.


Hiro-Hito* est pâle. Au terme de son propos où il a relevé l’impossibilité
matérielle de poursuivre la guerre, il conclut :
« Le Japon* doit savoir supporter l’insupportable, accepter l’inacceptable », avant d’ajouter :
« Je donne mon accord à la proposition qui m’est faite d’accepter la déclaration de
Potsdam*. »

L’Empereur a tranché. Des télégrammes de ratification sont câblés aux


Alliés* par les ambassades de Suisse* et de Suède*. Dans l’immédiat,
l’aviation américaine intensifie ses ravages. Truman* a ordonné de maintenir
la pression sur l’adversaire.
Suzuki*, Togo* se méfient. Ils ont raison. Au ministère de la Guerre, le
lieutenant-colonel Takeshita, beau-frère d’Anami*, dirige un petit groupe
d’officiers décidés à les éliminer et à se battre jusqu’au bout.
À Washington, avec le décalage horaire, Truman* et ses conseillers
prennent connaissance des premiers câbles de Tokyo. L’unanimité se fait
assez vite pour accepter l’exigence japonaise du maintien de l’Empereur et
annoncer que le pouvoir, au Japon, passera, dès l’instant de la capitulation,
entre les mains du Commandant suprême des forces alliés. MacArthur*,
Commandant suprême, reçoit ordre de commandement à cet effet.
11 août :
Par la presse, les Japonais apprennent que des tractations sont en cours
mais en ignorent l’issue. Devront-ils se battre jusqu’au dernier ? Peuvent-ils
espérer en la paix ?

12 août :
Les responsables japonais continuent de se diviser. Malgré la décision
impériale, Anami* n’a pas renoncé et cherche tout prétexte pour interrompre
le processus de paix. Une formule américaine prévoyant que l’Empereur
serait subject to donne lieu à interprétation passionnée. Soumis à ou sous le
contrôle de. Sous le contrôle de est jugé acceptable, soumis à ne l’est pas.

13 août :
Les bombardements américains ne faiblissent pas et les responsables
japonais continuent d’argumenter entre eux. L’agitation s’intensifie au
ministère de la Guerre. Anami* ne s’y oppose pas.

14 août :
Des tracts s’ajoutent aux bombes. Ils reproduisent la note d’acceptation
du gouvernement japonais et la réponse des États-Unis*. Ces révélations
décuplent la fureur des jeunes officiers.
10 h 30. Nouvelle conférence impériale. Partisans et adversaires de la
paix s’expriment avec passion. Hiro-Hito*, à son tour, prend la parole. Il le
fait lentement, avec effort, en des termes décisifs et termine sa longue exhorte
par des propos sans ambiguïté :
« Je prie le Conseil des ministres de préparer le plus rapidement possible la proclamation
impériale annonçant la fin de la guerre. »

C’est clair. Anami*, les grands responsables militaires s’inclinent :


« Les forces impériales se conformeront strictement à la décision de l’Empereur. »

21 h. Un communiqué des services de l’information annonce qu’une


proclamation impériale sera diffusée le lendemain à midi.
Cette proclamation, Hiro-Hito* l’enregistre à la Maison impériale. D’une
voix sourde, il lit son texte que les ministres, entre-temps, ont entériné :
« À Nos bons et loyaux sujets.
Après avoir mûrement réfléchi à la situation mondiale actuelle et à celle où se trouve
aujourd’hui Notre Empire, nous avons pris la décision de rétablir cette situation en faisant appel à
une mesure exceptionnelle. Nous avons donné l’ordre à Notre gouvernement d’informer les
gouvernements des États-Unis*, de la Grande-Bretagne*, de la Chine* et de l’Union* soviétique
que Notre Empire accepte les conditions de leur conjointe déclaration...
Notre pays devra encore endurer de grandes souffrances et épreuves. Nous comprenons et
partageons les sentiments de tous Nos sujets. Cependant, étant donné les dures et pénibles
conditions que le sort nous impose, Nous avons résolu de frayer la voie à une paix durable pour
les générations à venir en supportant l’insupportable et en tolérant l’intolérable...
Gardez-vous de vous laisser aller à des manifestations émotives qui risqueraient d’entraîner
d’inutiles complications, des dissensions et des luttes fratricides... »

Cette fois, le destin du Japon* est définitivement scellé. L’Empereur a


informé son peuple que le pays avait perdu, qu’il devait se résigner à subir la
loi du vainqueur et à déposer les armes. Il a recommandé d’éviter les
dissensions inutiles.

15 août :
L’Empereur a regagné son palais.
Dans la plaine de Kanto, les sirènes hululent une fois de plus. Les
bombardiers américains sans interruption reviennent sillonner le ciel nippon.
La nuit n’est pas terminée et les jeunes officiers ont résolu de passer à
l’action. Après la proclamation de l’Empereur, il sera trop tard.
Leur tentative pour investir le palais impérial n’ira pas loin. Mais il y aura
du sang. Sang de ceux qui refusent de s’engager comme le général Mori,
commandant la 1ère division de la Garde impériale, abattu par un conjuré.
Sang des révoltés eux-mêmes, comme Hatanaka, qui, se rendant compte
qu’ils ne sont pas suivis, se donnent la mort.
Le coup d’État des jeunes officiers avorté, aux douze coups de midi, le
speaker de la radio nationale annonce : « Sa Majesté l’Empereur va lire sa
Proclamation impériale au peuple japonais. »
Et le peuple japonais entend. Les faces blêmissent, les sanglots éclatent
librement. La situation était mauvaise, personne n’en doutait. De là à
imaginer une capitulation immédiate pure et simple. Le fait est là, presque
incroyable. 75 millions de Japonais s’attendaient à mourir. Ils le croyaient, le
disaient, s’apprêtaient à l’accepter. Leur Empereur s’est exprimé. Il leur a
demandé d’accepter leur destin et de bâtir un Japon* nouveau de progrès et
de paix. Les bons et loyaux sujets s’exécutent comme à la parade.
Il n’est pas à s’étonner que nombre d’entre eux se réfugient dans le
trépas, seule porte de sortie honorable pour un samouraï. Ainsi en sera-t-il
d’Anami*, de l’amiral Ugaki, du général Tanaka* et de milliers d’autres.
Washington attendait. Un écho officieux avait laissé entendre que la
capitulation était imminente. Enfin, elle tombe cette approbation synonyme
de la fin de la guerre.
Un peu avant 19 h, Truman* réunit ses principaux collaborateurs et tient
une brève conférence de presse. Les Américains ont gagné la guerre engagée
le 8 décembre 1941.
Aussitôt, l’amiral Leahy*, le chef d’état-major du Président, adresse des
instructions aux forces américaines pour arrêter les hostilités. La nouvelle se
répand. La liesse populaire se déchaîne. Le sang ne coulera plus.
Cette capitulation japonaise, il appartient au Commandant suprême, le
général Douglas MacArthur*, soixante-cinq ans, de la faire exécuter.
Couronnement d’une prestigieuse carrière, le voici intronisé véritable
proconsul de l’ancien Empire nippon. Une tâche gigantesque l’attend : la
libération des prisonniers civils et militaires, action prioritaire, l’occupation
du pays, le maintien de l’ordre, le ravitaillement de la population et le
rétablissement de l’économie, l’instauration de réformes profondes destinées
à conduire le Japon* à la démocratie et, en urgence, le désarmement et la
démobilisation des forces armées japonaises. À la capitulation, plus de cinq
millions d’hommes sont mobilisés à des titres divers, 2,6 dans l’archipel, les
autres dispersés sur le continent asiatique et les îles du Pacifique* centre et
sud-ouest.
Le Commandant suprême transmet immédiatement ses directives par
radio au gouvernement japonais : envoyer une délégation à Manille* afin d’y
recevoir ses instructions, notamment quant au cérémonial de la reddition ;
démonter les hélices de tous les avions sur l’aéroport d’Atsugi*, principale
base des kamikazes* ; réserver le Nouveau Grand Hôtel de Yokohama où il
compte installer son QG provisoire.
Son entourage lui fait remarquer le danger que peut présenter une telle
installation au milieu de vingt-deux divisions japonaises. Mais MacArthur*
est un vieil Oriental. Il connaît l’état d’esprit des populations. La discipline
prévaudra. Lui-même se rendra sur place dans les premiers.
MacArthur* ne se trompe pas. Les observateurs étrangers, des
Occidentaux bloqués sur place à cause de la guerre, se rendent
immédiatement compte du changement d’attitude. Du jour au lendemain, les
Japonais deviennent amicaux voire obséquieux. Miracle immédiat : les camps
de prisonniers, soigneusement cachés jusqu’alors, sont signalés et s’ouvrent.
Mais dans quel état apparaissent les rescapés !
Et les Soviétiques ? Ils ont été pris de vitesse par Hiroshima* et la
capitulation japonaise. Le 15 août, à midi, leurs trois fronts s’enfoncent
profondément en Mandchourie* et en direction de la Corée. Sans vergogne,
ils s’octroient des journées de guerre supplémentaires. Forçant l’allure contre
un adversaire qui pendant trois jours résiste puis s’incline sur ordre de Tokyo,
ils gagnent Moukden (le 20) et Port-Arthur (le 22). La Grande Muraille, le
Yalu sont atteints. Dans les Kouriles*, les débarquements ont débuté le 18.
Comme ils ont été effectués dans le sud de Sakhaline.
Le 23 août, Staline* publie un communiqué de victoire. Pour les
Japonais, 80 000 morts et 594 000 prisonniers. Chez les Soviétiques, 8 000
morts et 22 000 blessés. L’URSS*, en Extrême-Orient, a besoin de main-
d’œuvre. Les 594 000 Japonais la lui fourniront. Peu rentreront chez eux.

La fin d’un empire :


Le pire aurait pu se produire : révolte militaire, résistance acharnée. Il
n’en est rien. En dehors de quelques spasmes, le gouvernement du prince
Higashi Kuni, oncle de l’Empereur, qui le 17 août a remplacé Suzuki*,
maîtrise la situation.
Dans la journée du 28 août, la 3e flotte de l’amiral Halsey* se glisse dans
la baie de Tokyo. Les batteries du littoral se taisent. La formidable armada
s’avance sans susciter le moindre écho.
À l’aube du 30, les Marines* de la 6e division – des anciens d’Okinawa*
– débarquent près de la base navale d’Ousaka. Des officiers japonais les
accueillent courtoisement.
Simultanément, des avions de transport bourrés de parachutistes de la 11e
Airborne se posent toutes les trois minutes sur l’aérodrome d’Atsugi*.
Aucune mauvaise rencontre.
Le même jour, vers 14 h 30, le C-54 Bataan* amorce son entrée de piste.
À son bord, MacArthur* en personne. La radio retransmet en direct son
débarquement sous faible escorte au milieu de soldats japonais non encore
désarmés. Churchill* le qualifiera de fait d’armes le plus remarquable de la
guerre de la part d’un chef.
La signature de l’acte de capitulation suscite un litige. L’amiral Nimitz*
est vexé pour son arme de voir MacArthur* au premier rang. Forrestal*,
secrétaire à la Marine, arrondit les angles. La signature aura lieu à bord du
cuirassé Missouri*, navire amiral de la 3e flotte. MacArthur* présidera et
Nimitz* signera au nom des États-Unis*. Tribut sera ainsi rendu à la Navy*
et à son chef.

2 septembre :
Il est 8 h 45 lorsque MacArthur* monte à bord du Missouri* ancré dans
la baie de Tokyo. Le mastodonte de 45 000 tonnes écrase de sa haute
silhouette les bâtiments voisins. Dans la brume matinale se distinguent
d’autres colosses, l’Iowa, le South Dakota, le Duke of York, le King George V
(ces deux derniers britanniques). Ces présences, à quelques milles de la
capitale nippone, sont éloquentes. Elles attestent à la face du monde la
victoire alliée.
Sur le pont supérieur, une petite table a été disposée recouverte de
feutrine noire. Les officiels sont alignés en équerre sur deux côtés. Au
premier rang, les généraux Wainwright* et Percival*, les défenseurs
malheureux de Corregidor* et Singapour*. Légèrement décalés, les généraux
représentant les puissances alliées : l’amiral Fraser pour la Grande-Bretagne*,
le général Blamey pour l’Australie, le général Derevyanko pour l’URSS*, le
général Leclerc* pour la France*, le général Hsu Yung Chang pour la
Chine*, l’amiral Helfrich pour les Pays-Bas*, le vice-maréchal de l’air Isitt
pour la Nouvelle-Zélande*, le colonel Cosgrave pour le Canada*.
Perpendiculairement, les généraux et amiraux américains. Tout autour, la
foule, marins en blanc, GI’s* en kaki.
La délégation japonaise a quitté Tokyo à 5 h. Sa désignation a été
délicate. Nul ne tenait à participer à cette ingrate mission dont Shigemitsu, le
successeur de Togo* aux Affaires étrangères, s’est vu confier la
responsabilité. Le général Umezu*, a eu besoin de l’insistance de Hiro-Hito*
pour le seconder. Au total, ils sont neuf Japonais, civils et militaires, à monter
à la coupée du Missouri*.
Volontairement, MacArthur*, accompagné par Nimitz*, se fait attendre.
Silencieuse, la délégation doit patienter debout.
MacArthur* a préparé un texte où il parle espoir de paix et volonté de sa
part de justice et de tolérance. Sans doute les Japonais éprouvent-ils un
soulagement. La pensée de MacArthur* ne correspond pas à celle d’un
justicier impitoyable.
Puis interviennent les signatures. Shigemitsu, Umezu* et MacArthur*,
Nimitz*, suivis par les représentants des puissances alliées. Le seul général
en képi a, au nom de la France*, appuyé la calligraphie de son nom :
Leclerc*.
Les émissaires nippons s’éloignent. Un lourd grondement monte de
l’horizon et grandit. 1 500 avions embarqués, 400 B-29*, en une
impressionnante parade, survolent le Missouri*. Montrer sa force pour ne pas
avoir à l’employer, disait Lyautey.
Ce 2 septembre 1945 n’a pas dans le monde le retentissement du 8 mai
précédent. La capitulation japonaise a été célébrée le 15 août. À cette date,
l’empire nippon avait définitivement sombré. Derrière lui, comme pour le
Reich* nazi, quel sillon d’exactions, de crimes et de sang !

CARABINE M1
Carabine M1 américaine semi-automatique.
Appréciée pour sa légèreté ; manquant de puissance d’arrêt. Fabriquée à
environ 10 millions d’exemplaires.
Poids : 2, 480 kg ; calibre : 7, 62 mm ; longueur : 905 mm ; chargeur : 15
ou 30 coups.
Existe une version à crosse repliable pour les aéroportés. Il est également
possible de la rendre à tir par rafales.

CARLSON’S RAIDERS
Nom donné au 2e bataillon de Raiders américains commandé par le
lieutenant-colonel Evans Carlson de l’US Marine Corps*.
Les Carlson’s Raiders effectueront avec succès un raid contre Makin*
dans les Gilbert*, en août 1942, et une patrouille de trente jours à
Guadalcanal* restée légendaire dans l’histoire des Marines*.

CAROL II DE ROUMANIE
(1893-1953)
Monarque dictatorial de Roumanie* de 1930 à 1940, menant de 1938 à
1940 une politique de rapprochement avec l’Allemagne*.
Cette politique, suite au pacte germano-soviétique d’août 1939, permet à
l’URSS* d’annexer la Bucovine et la Bessarabie*. Le Premier ministre
Antonescu* le contraint en septembre 1940 à abdiquer en faveur de son fils
Michel*, dix-huit ans. Carol II s’exilera définitivement en Espagne*.

CAROLINES, ARCHIPEL DES


Groupe de 680 îles, îlots et atolls du Pacifique* occidental entre la
Nouvelle-Guinée* et les Mariannes*.
Possession allemande, les Carolines sont confiées au Japon* par la SDN*
au lendemain de 14-18. Celui-ci a donc pu s’y installer et, en particulier,
organiser une très forte base aéronavale à Truk*.
En septembre 1944, les Américains occupent l’atoll d’Ulithi qui s’avèrera
un excellent ancrage. Par contre, Ponape, Yap et surtout Truk* seront by-
passés, ce dernier après un fort pilonnage de la TF/58*.

CARPATES, BRIGADE DES


Brigade polonaise, forte d’environ 5 000 volontaires, constituée en Syrie*
dès mai 1940 avec des rescapés de la campagne de Pologne*.
Passée en Palestine* après la défaite française, elle se bat en Libye* et à
Tobrouk*. Sera le noyau de la future 3e division de chasseurs des Carpates
sous les ordres du général Kopanski qui participera à la campagne d’Italie*
dans les rangs du 2e CA polonais du général Anders*.

CARRÉ, MATHILDE
(1910-1970). Espionne française.
Recrutée par le réseau franco-polonais Interalli, arrêtée, retournée, elle
devient la maîtresse d’un agent de l’Abwehr* et accepte de travailler à son
profit.
Envoyée en Angleterre* par l’Abwehr* qui essaye de pénétrer le SOE*,
elle est démasquée et emprisonnée. Extradée en France* en 1945, elle est
condamnée à mort, graciée, puis libérée en 1954.
Elle avait pour indicatif La Chatte. Son histoire sera le sujet et le titre
d’un film.

CARTON DE WIART, ADRIAN


(1880-1963). Général anglais.
Héros de l’armée britannique, d’origines belge par son père et irlandaise
par sa mère.
Plusieurs fois blessé durant la Première Guerre mondiale où il perd un œil
et la main gauche.
En avril 1940, commande la force alliée débarquée à Namsos*.
Envoyé en mission à Belgrade, est fait prisonnier par les Italiens, son
avion ayant fait un atterrissage forcé. Tente de s’évader. Repris. Envoyé par
les Italiens au Portugal* pour négocier leur futur armistice, peut rejoindre
Londres. Part ensuite en Chine* comme représentant personnel de Winston
Churchill* auprès de Tchang Kaï-chek*. À ce titre participe à la conférence
du Caire* en novembre 1943. Restera trois ans en Chine* avant de prendre sa
retraite à soixante-six ans.
Victoria Cross*, KBE, DSO*.

CARTWHEEL, OPÉRATION
Mars 1943. Les conquêtes de Guadalcanal* et de l’extrêmité orientale de
la Nouvelle-Guinée* offrent aux Américains de nouvelles perspectives.
Réunis à Washington, avec les JCS*, les adjoints de MacArthur*, Nimitz* et
Halsey*, mettent au point la suite. Ce sera l’opération Cartwheel (Roue de
charrette) destinée à s’emparer des Salomon* et de Rabaul*.
Il a fallu respecter les susceptibilités et prérogatives des grands chefs
américains, d’où un montage assez complexe :
— MacArthur* s’empare de Lae* et prend le contrôle du golfe de Huon
et du détroit de Vitiaz (entre Nouvelle-Guinée* et Nouvelle-Bretagne*).
— Halsey* s’empare de la Nouvelle-Géorgie*.
— Halsey* s’empare de Bougainville, tandis que MacArthur* envahit la
Nouvelle-Bretagne*.
— Halsey* s’empare de l’aéroport de Kavieng* en Nouvelle-Irlande*.
— MacArthur* et Halsey* convergent sur Rabaul*.
Sur le plan du commandement, MacArthur* sera le chef en titre de
Cartwheel. Halsey*, travailleur indépendant, sera sous sa tutelle
opérationnelle mais dépendra de Nimitz* pour le soutien logistique. Ce
dernier devra également reconquérir les Aléoutiennes*.
Autant d’objectifs, autant de batailles en perspective : Lae*, Salomon*,
Nouvelle-Géorgie*, Bougainville, Rabaul*.
Cartwheel ne sera considérée comme terminée que le 31 mars 1944.

CASABIANCA
Sous-marin français, de la classe dite des 1 500 tonnes, entré en service
en 1935.
Le 27 novembre 1942, sous les ordres du commandant Lherminier*,
réussit à s’évader de Toulon* et gagne Alger. Effectuera ensuite des missions
spéciales entre l’AFN* et la Corse*. Emmène, en particulier, le 11 septembre
1943, les premiers éléments du bataillon de choc. En service à la mer, coulera
le 22 décembre 1943 un patrouilleur allemand. Avariera également en 1944
un cargo italien et un autre patrouilleur allemand.

CASERTE
Ville d’Italie, à 35 km au nord de Naples, célèbre pour son palais royal.
Après le débarquement en Italie, en septembre 1943, le haut
commandement allié s’était installé à Caserte*. C’est là que fut signée le
29 avril 1945, entre les émissaires des généraux anglais Alexander* et
allemand Viethingoff*, la Convention de Caserte*, à entrer en application le
2 mai, et mettant fin aux combats en Italie*.

CASSINO
Petite ville d’Italie*, à une centaine de kilomètres au sud-est de Rome,
proche du confluent du Liri et du Garigliano*.
Sa position commande l’accès à la vallée du Liri qu’emprunte la
Nationale 6 (via Casilina) menant à Rome*, ce qui explique les combats pour
sa possession.
La ville elle-même est dominée par le mont Cassin (Monte Cassino*) sur
lequel est édifiée l’abbaye bénédictine du même nom (voir batailles de
Cassino et Monte Cassino, abbaye de).

CASSINO, BATAILLES DE
Les généraux alliés, Alexander* et Clark*, sont persuadés que Cassino*
est le verrou qui leur interdit la voie d’accès à Rome*.
Ils vont donc tout faire pour s’emparer de la ville qui n’est plus que
ruines afin de s’ouvrir la route de Rome*. Toutes leurs tentatives seront
infructueuses et coûteuses. Ce sera finalement la manœuvre par les hauts
conçue et réalisée par le général Juin* qui imposera aux Allemands d’évacuer
la ville menacée d’être encerclée.
Cette obstination du commandement à faire sauter le verrou de Cassino
conduit ainsi à une série de batailles, où pratiquement toutes les troupes
alliées, sauf les françaises, sont engagées contre Cassino et Monte Cassino.
Le 20 janvier 1944 au soir, les fantassins américains de la 36e division, la
division Texas, franchissent le Gari de part et d’autre du petit village de
Sant’Angelo. La 1ère DB se tient prête à s’engouffrer dans la brèche qui sera
ouverte. La traversée des eaux glacées est déjà un premier exploit, mais le
plus dur attend sur la rive, avec le jour. Les observatoires allemands
dominent la vallée. Les tirs de mortiers s’abattent sur les attaquants. Les
champs de mines obstruent les passages. Les contre-attaques de la 15e PzGrD
font le reste. Au terme de trois jours de lutte, la 36e division est rejetée sur sa
base de départ, ayant perdu 1 700 des siens, tués, blessés ou prisonniers.
À peine le malheureux assaut de la division Texas terminé, Clark*
ordonne de reprendre l’action, toujours en vue d’ouvrir la vallée du Liri, mais
par ses versants nord. La 34e division reçoit mission d’enlever Cassino et les
hauteurs à l’ouest et au nord-ouest de la ville pour terminer sur le mont
Cassin. Sur son flanc droit, le CEF* doit marcher sur le massif du
Belvédère*.
Les Américains, partis le 25 janvier, sont stoppés devant Cassino. Ils
parviennent à franchir le Rapido (un peu au nord) et à s’emparer du village de
Cairo. Un élément du 135e RI US s’approche des pentes du mont Cassin,
mais les parachutistes envoyés à la rescousse repoussent toutes les attaques.
La 34e division est finalement bloquée sur une ligne est-ouest (entrée nord de
Cassino-flancs du mont Cassin-mont du Calvaire).
Le front s’est immobilisé. Le 11 février, le XIe CA US, marqué par ses
combats de janvier, est relevé par le corps néo-zélandais du général
Freyberg*. Celui-ci a reçu mission d’enlever le mont Cassin et de réaliser une
tête de pont au sud de Cassino. Il est persuadé que les Allemands occupent
l’abbaye de Monte Cassino*. Il obtient un bombardement aérien, qui, le 15
février, détruit le monastère.
L’action des troupes au sol a été mal coordonnée avec celle de l’aviation.
Les assauts menés les 17 et 18 par les Néo-Zélandais n’aboutissent pas. Le
18 février, un bataillon qui avait traversé le Rapido, est rejeté au-delà de la
rive. Alexander* se résigne à tout stopper.
Un mois, bien mouillé, s’écoule. La mission, celle du corps néo-zélandais
surtout, n’a pas changé : attaquer pour prendre Cassino et Monte Cassino*.
L’état-major de la Ve Armée rassemble 600 000 obus.
Le 15 mars, à partir de 8 heures, 775 avions, bombardiers lourds et
moyens, chasseurs bombardiers, chasseurs, se présentent par vagues. Toutes
les positions allemandes repérées devant les Néo-Zélandais sont bombardées
et mitraillées. À 12 h 30, 745 canons prennent le relais jusqu’à 15 h 30. En
certains endroits, les Allemands ont 50 % de pertes ; à d’autres, ils ont eu le
temps de se terrer.
Ce sont tous ces survivants qui cueillent les Néo-Zélandais partis à
l’attaque à la fin des pilonnages. Les parachutistes sortis des caves et de leurs
abris ajustent à coup sûr les silhouettes qui se profilent. Dans les rues de
Cassino, les amas de décombres ou les roquettes de Panzerfaust* bloquent les
chars. Les fantassins progressent quelque peu, mais le centre ville leur
échappe. Sur le mont Cassin, devant la division indienne, la situation paraît
meilleure. Les Gurkhas s’emparent de la cote 435, de la colline du pendu, et
parviennent jusqu’à 400 mètres des arrières du monastère.
La bataille se poursuit, véritable Stalingrad* italien, lutte d’homme à
homme au pistolet mitrailleur et à la grenade. L’issue demeure incertaine.
Rares sont les prisonniers. Chacun se bat sans merci.
Le 21, Alexander*, inquiet, songe à suspendre l’offensive. Freyberg*
insiste. Il croit la percée encore possible et relance son corps d’armée. Mais il
a trop présumé de ses forces. Le 22 mars au soir, Alexander* fait arrêter la
tuerie.
L’hiver s’achève sur ce revers des Alliés*. La propagande nazie
l’exploite. L’opinion américaine s’émeut. Churchill* bombarde Alexander*
de missives courroucées. Pourquoi s’obstiner sur les mâchoires de Cassino ?
Le général lui réplique que la montagne barre partout la route et qu’un seul
axe mène à Rome : le Liri.
Churchill* à raison. La solution n’est pas sur le verrou de Cassino. Le
général Juin* et son CEF* le démontreront magistralement par la bataille du
Garigliano*.

CASTELROSSO
Petite île italienne du Dodécanèse* (23 km2), à 130 km à l’est de Rhodes.
Elle est occupée par les Britanniques au lendemain de la capitulation
italienne de septembre 1943. Contrairement aux autres îles du Dodécanèse,
elle restera ensuite entre leurs mains et servira de base pour les raids en mer
Égée. En 1947, par le traité de Paris*, elle reviendra à la Grèce*.

CATALINA
Consolidated PBY Catalina.
Le plus célèbre hydravion bimoteur américain de la guerre. Sorti en 1935
et fabriqué en 3 290 exemplaires (hors URSS*). Caractérique du PBY-5 A :
Vitesse : 280 km/h ; autonomie : 3 800 km ; armement : 5 mitrailleuses,
1 800 kg de bombes ; équipage : 7 à 9 hommes.

CATAPULT, OPÉRATION
Nom de code de l’opération décidée par Churchill* pour frapper la flotte
française partout où cela lui est possible : Mers el-Kébir* ; Alexandrie* ;
Ports anglais (voir Portsmouth et Plymouth) ; Dakar*.
Churchill* a besoin de montrer à son peuple, à ses adversaires, à la face
du monde, qu’il est résolu à aller jusqu’au bout quel qu’en soit le prix.
Pour lui, la flotte française réunie aux marines allemande et italienne
équilibrerait celle de l’Angleterre*. Elle représente donc un danger mortel qui
doit être éliminé. Ce danger a d’autant plus de quoi inquiéter Churchill* que
l’article 8 de la convention d’armistice franco-allemand prévoit que la flotte
française « serait rassemblée dans des ports à déterminer, pour y être
démobilisée et désarmée sous contrôle allemand et italien ». Pour Churchill*,
il existe un risque même si Darlan*, le 12 juin 1940, lui a juré qu’il ne
laisserait jamais ses bâtiments tomber aux mains des Allemands. Par
contre, le Premier ministre ignore que, le 28 mai, ce même Darlan* a donné
des ordres formels dans ce sens. Ordres renouvelés les 14 et 24 juin.
Le 1er juillet 1940, la flotte française est très largement dispersée.
Certains bâtiments ont trouvé refuge à Portsmouth* et Plymouth* en
Angleterre. Le Richelieu* et le Jean-Bart* ont pu gagner Dakar* et
Casablanca. Trois croiseurs ont rallié La Martinique. En Méditerranée*,
Alexandrie*, Bizerte, Alger, Mers el-Kébir*, Toulon*, servent de mouillages.
Churchill* a tranché. Il annihilera le danger là où il peut frapper : à Mers
el-Kébir*, dans les ports anglais, à Alexandrie*, à Dakar*. Ce sera
l’opération Catapult.
Cette opération Catapult, en particulier la tragédie sanglante de Mers el-
Kébir*, aura des conséquences considérables.
Contrairement aux intentions de Churchill*, la flotte française n’est pas
détruite. Elle a perdu 120 000 tonnes sur 660 000. Si les navires détruits ne
pourront être utilisés contre l’Angleterre*, ils ne pourront, également, l’être à
nouveau contre l’Allemagne*.
Psychologiquement, les dégâts de Mers el-Kébir* sont considérables.
François Mauriac, traduisant le sentiment général, écrit dans Le Figaro :
« M. Winston Churchill* a dressé pour combien d’années contre l’Angleterre* une France*
unanime ! »

Darlan* est révolté. Laval* l’approuve et le soutient. Seul le sang-froid


de Baudouin et Weygand*, le 4 juillet, empêche l’irréparable : déclarer la
guerre à l’Angleterre*.
Laval*, avec son anglophobie patentée, a la partie belle pour dénoncer la
trahison anglaise et prôner le rapprochement avec le vainqueur présumé.
Les séquelles de Catapult, par le ressentiment créé dans les rangs
français, seront innombrables : la politique de collaboration de Vichy*, la
guerre de Syrie*, la résistance sanglante au Maroc le 8 novembre 1942,
l’attitude d’Esteva* et Derrien* en Tunisie, le sabordage de la flotte à
Toulon* plutôt que de rallier les Alliés*, le rejet de De Gaulle* allié à
l’Angleterre*, etc.
De Gaulle* et la France libre* en pâtissent tout autant. Nombreux qui
avaient prévu de demeurer en Angleterre ou de la rejoindre y renoncent. De
Gaulle* vit des heures difficiles. Brûlant ses vaisseaux jusqu’au bout, il
donne raison à Churchill*. On ne manquera pas de lui reprocher ses propos
qui font bien piètre cas du sang français versé :
« En vertu d’un engagement déshonorant, le gouvernement qui fut à Bordeaux avait consenti
à livrer nos navires à la discrétion de l’ennemi. Il n’y a pas le moindre doute que, par principe et
par nécessité, l’ennemi les aurait employés, soit contre l’Angleterre*, soit contre notre propre
empire. Eh bien ! Je dis sans ambages qu’il vaut mieux qu’ils aient été détruits. »

Catapult, Mers el-Kébir* sont certainement la grande faute de Churchill*


durant la Seconde Guerre mondiale. La France*, les Français, la cause des
Alliés* en paieront lourdement le prix.
Cette tragédie procure, dans l’immédiat, une relative compensation. Aux
yeux des Allemands, les Français ont parfaitement respecté l’armistice. La
délégation française à la commission d’armistice s’empresse de réclamer
quelques aménagements pour mieux se défendre si un nouveau Mers el-
Kébir* survenait. Hitler* donne son accord sur les points sollicités :
suspension pure et simple des conditions stipulées à l’article 8 de la
convention d’armistice sur la démobilisation des équipages et le désarmement
des navires ; libération du personnel de la Marine bloqué à Rochefort (575
officiers, fonctionnaires civils et secrétaires) ; libre passage à Gibraltar* des
bâtiments de guerre et de commerce.

CATROUX, GEORGES
(1877-1969). Général français.
Saint-cyrien, sa carrière militaire se déroule essentiellement outre-mer.
En captivité de 1915 à 1918, le commandant Catroux côtoie le capitaine
de Gaulle*. Dans le sud marocain, au début des années trente, le général
Catroux fait campagne avec le général Giraud*. Gouverneur général de
l’Indochine*, il est en juillet 1940 relevé de son commandement par Vichy*
pour avoir accepté certaines exigences des Japonais.
Libre, il se rallie aux FFL* et se place, attitude méritoire pour un général
cinq étoiles, sous l’autorité du général de brigade de Gaulle*. Responsable de
la France libre* en Méditerranée*, il reconnaît l’indépendance du Liban et de
la Syrie* en juin 1941 et participe aux négociations de Saint-Jean-d’Acre. En
1943, il sert d’intermédiaire entre Giraud* et de Gaulle* et prépare l’arrivée
du second à Alger.
Nommé commissaire d’État au CFLN*, il assure simultanément le
gouvernement général de l’Algérie*. Sera, en février 1945, nommé
ambassadeur à Moscou.
Ce soldat, plus diplomate qu’homme de guerre, fait figure de véritable
numéro deux de la France libre*, atténuant parfois par sa souplesse le
rigorisme de son chef.
Ses détracteurs soulèvent une interrogation : s’il n’avait pas été relevé de
ses fonctions par Vichy* en juillet 1940, aurait-il rejoint de Gaulle* ?
Compagnon de la Libération*.

CAUCASE, INVASION DU
Hitler*, au début de 1942, se montre assez réaliste.
Il est arrivé à la conclusion qu’il ne peut renouveler l’offensive
généralisée de 1941. Ses moyens ne le lui permettent pas. Il est donc résolu à
faire l’impasse – provisoirement du moins – sur Leningrad* et Moscou*.
L’économie guide sa future stratégie. Sur la foi de certains experts, il est
persuadé que le pétrole du Caucase lui est absolument nécessaire pour
poursuivre la guerre. Il frappera donc au sud pour conquérir les puits de
Maikop et Grozny. Cette avancée lui permettra, au passage, de s’approprier le
reste du Donbass et de couper l’importante ligne de communications de la
Volga. Il n’écarte pas l’idée de prendre Stalingrad* sur cette même Volga et –
qui sait ? – d’obliquer ensuite vers le nord en direction de Moscou*.
De telles ambitions, ses lieutenants, à la fin de 1941, ne les partageaient
pas. Les von Brauchitsch*, von Leeb*, von Rundstedt*, Guderian* et autres,
au contact des dures réalités du terrain, aspiraient plutôt à s’installer sur la
défensive. Ils ne sont plus là. Hitler* les a poussés vers la sortie. Les
nouveaux promus, les Halder*, von Kluge*, von List*, Paulus*, von Kleist*,
tiennent à leurs dignités. Ils se montreront plus souples, plus enclins à écouter
sans rechigner la voix de leur Führer*.
Ses intentions pour 1942, Hitler* les traduit dans sa directive no 41 du
5 avril. Une opération Nordlich visera, dès que possible, à la prise de
Leningrad*, mais là n’est pas l’essentiel. Celui-ci se situera au sud avec le
GAS dans le cadre de l’opération bleue prévue en quatre phases :
1/ Franchissement du Don dans la région de Voronej par les IIe Armée et
IVe Armée blindée.
2/ Anéantissement des forces soviétiques à l’est de Kharkov*.
3/ Scission du GAS en deux :
— le groupe B (VIe Armée de Paulus* et IVe Armée blindée de Hoth*)
marchera sur Stalingrad* par la rive droite du Don ;
— le groupe A (XVIIe Armée et Ière Armée blindée) se rabattra sur
Stalingrad* par le Don inférieur.
4/ Conquête du Caucase jusqu’à la ligne Batoum-Bakou en vue de saisir
les champs pétrolifères du Caucase et de l’Azerbaïdjan.
L’attaque se déclenche le 28 juin au matin plein est en direction du Don.
Voronej, l’objectif premier, est distant de 200 km.
L’été frappe avec force. Les colonnes des PD* sur un sol desséché
soulèvent de hauts tourbillons de poussière. La plaine s’étale uniforme et se
prête mal à la défensive. La Wehrmacht* retrouve ses jours de triomphe.
Partout la progression est rapide, facile. Les Soviétiques évitent le combat.
Volontairement, Timochenko*, leur chef, ne veut plus risquer les terribles
encerclements qui à Kiev* ou Kharkov* ont coûté si cher. Il troque de
l’espace contre du temps. L’été n’est pas si long.
Le 5 juillet, le Don de Voronej est atteint. Von Bock*, patron en titre de
ce qui est encore le GAS, conteste la manœuvre qui lui a été imposée à
Rastenburg*. Il ne se cache pas pour le dire. Hitler* n’apprécie pas qu’on lui
tienne tête. Le 15 juillet, exit von Bock* pour une retraite définitive.
L’éclatement prévu, du coup, s’effectue avant l’heure. Groupe B au nord
sous Weich*, ancien commandant de la IIe Armée, mission Stalingrad*.
Groupe A, plus au sud, sous List* rappelé des Balkans*. À ce groupe A,
auquel est affectée la IVe Armée blindée, mission : marcher sur le Caucase.
Les pions se mettent en place pour s’aligner sur le Don. D’ouest en est :
XVIIe Armée, Ière Armée blindée, IVe Armée blindée.
La prise de Rostov-sur-le-Don est une lutte farouche. Des unités spéciales
du NKVD* se sont barricadées dans la ville. Rostov et ses passages sur le
Don ne sont saisis que le 25 juillet. La directive no 45 du Führer*, en date du
23 juillet, est désormais applicable :
1/ Encercler et anéantir les forces ennemies qui ont traversé le Don, dans
les secteurs sud et sud-est de Rostov.
2/ Occuper la côte de la mer Noire, s’emparer des ports et mettre ainsi
hors de combat les forces navales qui s’y abritent ; traverser le Kouban,
occuper les hautes terres de Maikop et Armavir.
3/ S’emparer des cols commandant les routes militaires de l’Ossétie et de
la région de Grozny ; s’avancer le long de la Caspienne et occuper Bakou.
Vaste programme.
La plaine et bientôt la steppe s’étalent, vides et dégagées. En ce terrain
trop plat, les Soviétiques refusent le combat. Les PD* s’enfoncent librement.
La Ière AB, au centre, atteint le Manytch dès le 29 juillet.
Au-delà de ce long fleuve de 700 km commence un autre monde. Ce
n’est plus l’Europe, c’est l’Asie. Le 5 août, la Ière AB pénètre dans Stavropol,
le 7 dans Armovir, le 9 dans Maikop où se dressent les premiers derricks.
Mais les puits, les réservoirs ont été incendiés. Même pas de quoi faire les
pleins.
Sur la droite, la XVIIe Armée, à base d’infanterie, ne saurait progresser
aussi vite. Pourtant, elle marche bien. Le 13 août, elle franchit le Kouban à
Krasnodar et aborde les contreforts du Caucase. Le combat se durcit devant
Novorossisk, grand port enlevé le 1er septembre.
Sur le flanc gauche, bouleversement. Comme Paulus* piétine devant
Stalingrad*, Hitler* s’est ravisé. La Ière AB doit remonter le Don sur sa rive
gauche et investir Stalingrad* par le sud. Obligatoirement, une brèche énorme
s’ouvre entre les groupes B au nord et A au sud. La 26e DM est dépêchée
pour tenter de l’obstruer. Croisant sur sa route des caravanes de chameaux et
de dromadaires, elle atteindra Elista le 12 août. Certaines de ses patrouilles
couperont la voie ferrée Grozny-Astrakhan ; d’autres, à mi-septembre,
s’aventureront jusqu’à 100 km d’Astrakhan. Astrakhan, à l’embouchure de la
Volga ! Elles sont là à un point phare de cette ligne Arkhangelsk-Astrakhan
que Hitler* avait fixée dans sa fameuse directive sur l’opération
Barbarossa*.
Le maître du IIIe Reich* révise une nouvelle fois sa copie. Il fixe comme
objectif la diagonale Batoum-Tiflis-Bakou, sur le versant méridional du
Caucase qui mettrait en sa possession tous les champs pétrolifères. Si
séduisante soit-elle, cette ligne reste à atteindre. Sur 1 000 km du Kouban à
Bakou, le Caucase barre l’horizon de ses cimes altières dressées parfois à
plus de 5 000 m. Les routes de pénétration y sont rares, les cols élevés. Les
Soviétiques ont reflué sans se laisser anéantir. En embuscade à l’entrée des
vallées, ils attendent, prêts à se battre en terrain favorable.
Pour le groupe A, les distances se sont allongées. 500 km séparent le Don
du pied du Caucase et tous les approvisionnements proviennent du nord. Sauf
une partie des vivres. Le piémont offre ses potagers, ses vergers, ses
vignobles. Pays heureux où la Wehrmacht* est bien reçue. Les populations
non russes de ces régions méridionales lui font accueil. Ukrainiens exilés,
Cosaques du Don et du Kouban, Caucasiens, musulmans rejetant le
communisme athée, Kalmouks, regardent souvent les soldats allemands
comme des libérateurs. Beaucoup viendront, de leur plein gré, proposer leurs
services.
Sans s’abandonner aux délices d’une Capoue caucasienne, il faut
poursuivre. Hitler* le veut. Les fantassins de la XVIIe Armée butent sur les
contreforts occidentaux du massif. La route vers Batoum leur est fermée.
Dans la montagne, la Ière AB trouve des passages éboulés et des bouchons
bien organisés.
Simple satisfaction d’amour-propre, vingt-trois hommes des 1ère et 3e
divisions de montagne plantent, le 21 août 1942, l’emblème allemand au
sommet de l’Elbrouz, à 5 633 m d’altitude. Mais cet exploit plus sportif que
militaire ne déverrouille pas l’accès aux barils de pétrole.
À la mi-septembre, la température chute. Les cols enneigés
laborieusement conquis sont abandonnés, car le ravitaillement ne peut y
accéder. Lisière septentrionale du Caucase, le Tcherek marque l’avance
allemande extrême à l’automne 1942. Des généraux paient la rancœur de
Hitler* devant l’échec de la percée du Caucase. Von List* est remercié sans
avoir de successeur. Hitler* prend sous sa coupe directe le groupe d’armées
enfoncé en enfant perdu et tributaire du nord. Si la Wehrmacht* perd la ligne
du Don, il est condamné. Qui y songe vraiment ? À cette heure, un objectif
prime : Stalingrad*.

CAUCASE, RETRAITE DU
Avec l’encerclement de Stalingrad*, le GA/A, dont von Kleist* s’est vu
finalement confier le commandement, se trouve en position délicate et
aventurée.
Si les Soviétiques percent au nord et atteignent Rostov ou la mer d’Azov,
il est coupé de ses arrières. La menace est réelle. Staline* a bien l’intention de
l’exécuter.
Hitler*, dans son obstination maladive à tout repli, s’oppose à tout
mouvement s’y apparentant. Pourtant, le 29 décembre 1943, l’évidence
s’impose à lui. Si le front de Stalingrad*, qui progresse sur la rive gauche du
Don, poursuit sa marche, Rostov sera atteinte. Ce serait la catastrophe. La
ville et ses ponts sont le point de passage quasi obligatoire vers le GA/A. Le
Führer* se résigne. La Ière AB est autorisée à se replier en ordre.
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 1944, la Ière AB entame son
mouvement vers le nord. Vers le nord-ouest très exactement. Mais si elle
connaît son axe de marche, elle ignore vers où exactement infléchir sa route :
Rostov ou le Kouban ?
Elle ne part pas seule. Cosaques et Volontaires du Caucase* qui ont lié
leur cause à la sienne l’accompagnent. Ils ont trop à craindre de la vengeance
de Staline*. Ils partent, emmenant femmes, enfants, troupeaux.
Von Kleist* a prévu d’amarrer son repli sur des cours d’eau, Kuma,
Kouban, et de ne rien précipiter. Conformément aux ordres de Hitler*, il
entend tout ramener intact, matériel lourd inclus.
Cette cohésion bien contrôlée assurera la sécurité de la troupe. La lenteur
du mouvement – un mois – aurait pu tourner au drame si Rostov, entre-
temps, était tombée. Cette retraite n’est qu’une succession de décrochages et
de combats d’arrière-garde face aux Soviétiques qui harcèlent et attaquent
quasiment sans relâche, souvent avec un fol héroïsme.
La Ière AB sait qu’elle régresse vers le nord, mais jusqu’où ? Hitler* qui
subit cette retraite ne fait connaître ses intentions que fin janvier. Les
éléments lourds franchiront le Don sur les ponts de Rostov ; les éléments
légers emprunteront la mer d’Azov gelée. D’importantes unités blindées
seront envoyées dans la presqu’île du Kouban. Hitler* l’impose dans la folle
perspective de repartir vers les champs pétrolifères. Plusieurs PD* seront
ainsi immobilisées dans un réduit sans avenir.
Pour ceux qui sont appelés à traverser la mer d’Azov, les longues étapes
dans la neige et la boue s’achèvent par 40 km de traversée sur la glace.
L’angoisse étreint les cœurs. La couche glacée cédera-elle sous le poids ? Un
Stormovik* surprendra-t-il la colonne à découvert ?
Le 8 février, enfin, la Ière AB se retrouve derrière la Mius.
Le 10 janvier, la XVIIe Armée a reçu à son tour l’autorisation de se
replier. Ses distances sont moindres, mais elle marche à pied. Elle doit
traverser des zones boisées, refuges de partisans. Contre elle joue également
l’absence de toute notion de surprise. Les Soviétiques, éclairés par le
précédent de la Ière Armée, savent qu’elle va décrocher.
Hitler, cette fois, a précisé ses intentions. La XVIIe Armée se repliera sur
la péninsule du Kouban, toujours dans la perspective d’une nouvelle
offensive sur le Caucase.
Avec ses dix-sept divisions, ses unités autonomes, ses alliés et ses
supplétifs, la XVIIe Armée représente une masse énorme à déplacer. Maikop,
Krasnodar, la rive nord du Kouban, balisent l’axe à emprunter.
Les Allemands ont d’abord à se dégager de la montagne. Les routes y
sont rares. Torrents gonflés par les pluies ou les neiges barrent les vallées.
Cette armée de fantassins et d’artilleurs dispose surtout de bêtes de trait. Des
prodiges d’ingéniosité et de courage sont à déployer pour tirer le matériel
roulant, replier les blessés, détruire ce qui ne peut être emporté. Le tout sous
la pression du groupement de la mer Noire et des partisans.
Pour protéger la péninsule du Kouban, von Kleist* a organisé une ligne
de défense, dite des Goths*. Depuis Novorossisk, sur la mer Noire, celle-ci
décrit un arc de cercle qui rejoint la mer d’Azov et couvre Krasnodar. À la fin
du mois de janvier, 400 000 hommes se trouveront regroupés derrière cet
écran. La presqu’île de Kertch, la mer d’Azov constituent leurs liens avec
l’extérieur, la marine soviétique contrôlant la mer Noire orientale.
Attaquant sur trois faces, le groupement de la mer Noire perce la ligne
des Goths* et enlève Krasnodar le 13 février. Il n’est plus de ligne des
Goths*. Les Allemands s’accrochent, profitant des inondations du printemps.
La péninsule du Kouban, point d’amarre de la XVIIe Armée, résistera
jusqu’en octobre 1943.
Sur le fond, le repli du Caucase s’est achevé par un succès pour la
Wehrmacht*. Le GA/A a échappé au piège. Von Kleist*, son chef, sera
promu maréchal pour l’habileté de sa retraite.

CAUCASE, VOLONTAIRES DU
Un fort esprit indépendantiste subsiste au Caucase.
La répression menée par Staline* jusqu’en 1934 n’a pas tout effacé.
Cosaques du Kouban et du Tcherek, Kabardes, Balkares, Ossètes,
Karatchaïans, Ingouches, accueillent en libérateurs les soldats de la
Wehrmacht*. Celle-ci joue très souvent le jeu. (Les séides de Himmler* ne se
sont pas aventurés si loin.) On entend des discours du genre :
« Karatchaïans ! Nous savons que dans le Caucase vit un noble peuple, celui des
Karatchaïans. Nous avons appris que les Bolcheviques ont pris à ce peuple ses biens et sa liberté.
C’est pourquoi Adolf Hitler* a envoyé sa Wehrmacht* et vous a libérés. »

Des officiers lèvent des supplétifs pour surveiller les arrières. Des
Cosaques se présentent spontanément pour s’enrôler et retrouvent leurs
habitudes ancestrales. Seize escadrons de Kalmouks, des légions géorgienne,
arménienne, azerbaïdjanaise, turkmène, sont créés.
Partant avec les fourgons de la Wehrmacht*, ces enrôlés fuiront vers
l’ouest. Certains se retrouveront en Silésie, d’autres dans les Balkans ou en
Italie du Nord* avant de connaître un sort tragique. Staline* exigera que lui
soient restitués ses anciens administrés qui seront massacrés ou expédiés au
goulag*. Quant aux populations germanophiles, elles seront soient éliminées
soient déportées en Sibérie (voir Panwitz).

CAVALLERO, UGO
(1880-1943). Maréchal italien.
Succède à Badoglio* en décembre 1940 comme chef d’état-major de
l’armée italienne et prend personnellement le commandement sur le front
d’Albanie* où il ne peut faire mieux que son prédécesseur.
Démis de ses fonctions le 31 janvier 1943 après les défaites en Libye*. Se
suicide le 12 septembre 1943 après avoir refusé de combattre avec les
Allemands (à moins que ceux-ci ne l’aient exécuté).
Avait été promu maréchal le 1er juillet 1942.

CCS (COMBINED CHIEFS OF STAFF


COMMITTEE – CONSEIL INTERALLIÉ DES
CHEFS D’ÉTAT-MAJOR)
Cet organisme est créé en décembre 1941 par Roosevelt* et Churchill*.
Pour donner l’efficacité maximum à l’effort de guerre, il vise à fusionner
étroitement les opérations terrestres, navales et aériennes des Alliés*.
À partir de janvier 1942, il siège en principe chaque semaine à
Washington et comprend :
— du côté américain, les membres du JCS*, l’amiral Leahy*, président (à
partir de juillet 1942), le général Marshall*, l’amiral King*, le général
Arnold* (ou à défaut leurs représentants) ;
— du côté britannique, le maréchal Dill* représentant le maréchal Alan
Brooke*, l’amiral Cunningham* représentant l’amiral Pound*, le maréchal
Evill représentant Sir Charles Portal. (En 1944, le maréchal Dill*, décédé,
sera remplacé par le maréchal Wilson* ; l’amiral Cunningham* n’apppartient
au CCS que de juin à octobre 1942 ; il est alors remplacé par l’amiral Percy
Noble.)
Le CCS tiendra environ deux cents réunions durant la guerre dont 89
durant les conférences interalliées. Il donnera également naissance à plusieurs
comités ou bureaux spécialisés (plans, renseignements, transports, munitions,
etc.).

CEFI (CORPS EXPÉDITIONNAIRE FRANÇAIS


EN ITALIE)
115 000 Français se battent en Italie* de novembre 1943 à juillet 1944.
Placés sous les ordres du général Alphonse Juin*, ils sont intégrés à la
Ve Armée américaine du général Clark*. Arriveront dans l’ordre : 2e DIM,
3e DIA*, 4e DMM, 1ère DFL* (ou DMI), plus, entre-temps, GTM* du général
Guillaume* (10 000 hommes), groupes d’artillerie, éléments non
endivisionnés (7e et 8e RCA, sapeurs, transmetteurs, service médical). À
80 %, ils proviennent de l’armée d’Afrique*.
Dès leur arrivée, fin novembre 1943, les Français, engagés dans des
combats très durs dans le massif des Abruzzes au sud de Rome, se couvrent
de gloire : conquête du Pentano, de la Meinarde, de Mona Casale, du
Belvédère* où le 4e RTT* perd les deux tiers de son effectif. Surtout
l’offensive conçue par le général Juin* dans les monts Aurunci permet
d’enfoncer la ligne Gustav* et de tourner les défenses de Cassino* qui
doivent être abandonnées par les Allemands le 18 mai 1944, ouvrant la route
de la capitale italienne... Seuls les soucis de prestige personnel des Anglo-
Américains interdiront aux Français d’entrer les premiers dans Rome*
(5 mai). Après quoi, le CEFI poursuivra jusqu’à Sienne (3 juillet), avant
d’aller embarquer pour participer au débarquement de Provence* le 15 août
1944. Il aura perdu en Italie* 11 000 des siens.

CENTERBOARD, OPÉRATION
Nom de code de la phase finale du Manhattan Project*, le lancement
effectif de la bombe atomique.
Quatre villes ont été retenues comme objectifs, de par leur importance
industrielle : Hiroshima*, Nagasaki*, Kokura, Niigata.
On sait ce qu’il en est advenu.

CERBÈRE, OPÉRATION
Nom de code de l’opération ordonnée par Hitler* pour évacuer de Brest
sur la Norvège* les croiseurs de bataille Scharnhorst* et Gneisenau ainsi que
le croiseur lourd Prinz Eugen (Hitler* redoutait une invasion de la
Norvège*).
L’opération, entamée le 11 février 1941 à 22 h 45, est un plein succès,
surprenant la Navy* et la surveillance côtière britannique. Les trois bâtiments
franchissent le Channel en plein jour, les quelques interventions pour les
intercepter se soldant par un échec.

CÉSAR, LIGNE
Sur le front italien, ligne de résistance prévue par Kesselring* à une
trentaine de kilomètres au sud de Rome. Elle permettra de retarder l’avance
alliée d’environ 48 heures.

CFLN (COMITÉ FRANÇAIS DE LIBÉRATION


NATIONALE)
Créé à Alger, le 3 juin 1943, suite aux tractations entre gaullistes et
giraudistes.
Par le décret du 7 juin, les généraux Giraud* et de Gaulle* assurent la
coprésidence de ce CFLN qui compte, au départ, douze commissaires en
majorité de sensibilité gaulliste. Le 9 novembre 1943, de Gaulle* en devient
seul président... Les remaniements successifs verront l’arrivée de résistants
(Frenay*, d’Astier de la Vigerie, de Menthon), de politiques (Mendès France,
Queuille, Tixier), de communistes (Billoux, Grenier).
Le 3 juin 1944, le CFLN se transforme en GPRF*, Gouvernement
provisoire de la République française. Il aura tenu lieu de véritable
gouvernement français dans la lutte contre l’Axe* aux côtés des Alliés. La
France* s’est trouvée ainsi en 1943-1944 avec deux gouvernements de fait :
celui de Vichy*, celui d’Alger. (Les deux ayant des représentations
internationales.)

CFP (CORPS FRANC POMMIÈS)


Organisation de résistance et maquis ORA*. Certainement la plus solide
unité combattante du sud-ouest mise sur pied par le commandant Pommiès.
Après les combats locaux de la Libération*, le CFP rejoint la 1ère Armée* et
devient le 49e RI.

CHAFFEE
M24 Light (Chaffee).
Char léger américain sorti en 1944 et entré en service à la fin de l’année.
Poids : 18 tonnes ; vitesse : 56 km/h ; autonomie : 160 km ; armement :
1 canon de 75 mm, 1 mitrailleuse de 12,7 mm, 2 mitrailleuses de 7,62 mm ;
équipage : 4 hommes.
(Les Français utiliseront quelques Chaffee à Dien Bien Phu.)

CHAIR À PÂTÉ
Nom de code de l’opération secrète ayant réussi à mystifier les
Allemands et à leur faire croire qu’un débarquement interviendrait en
Sardaigne (ou au Péloponnèse) et non en Sicile*, en juillet 1943.

CHAMBERLAIN, ARTHUR NEVILLE


(1869-1940). Homme politique britannique.
Leader des Conservateurs et chef du gouvernement de mai 1937 à mai
1940.
Homme intègre mais peu au courant des problèmes internationaux, il se
laisse duper par Hitler*. Il reste passif devant l’Anschluss* et signe les
accords de Munich* le 30 septembre 1938 espérant déboucher sur la paix en
Europe.
L’occupation de Prague par la Wehrmacht*, en mars 1939, lui ouvre les
yeux. Il donne à la Pologne* la garantie de la Grande-Bretagne*, parole qu’il
respectera, déclenchant la guerre avec l’Allemagne* le 3 septembre 1939.
L’homme n’a pas toutefois le tonus nécessaire pour dynamiser son pays qui
s’embourbe, comme la France*, dans la Drôle de guerre*. Abandonné par
une partie des députés conservateurs, il démissionne le 10 mai. Dans le
cabinet d’union nationale formé par Churchill*, il accepte un portefeuille
secondaire et soutient loyalement le nouveau chef du gouvernement. La
maladie a raison de lui et il abandonne rapidement ses fonctions
ministérielles.
Cet homme qui avait été très populaire connaîtra un complet discrédit
devant les faiblesses de sa politique.

CHANTIERS DE LA JEUNESSE
Au lendemain de l’armistice franco-allemand* du 25 juin 1940, près de
87 000 appelés des 8 et 9 juin se retrouvent disponibles sans pouvoir être
intégrés dans l’armée de l’armistice*.
Le général Colson, secrétaire d’État à la Guerre, confie au général de la
Porte du Theil le soin de les organiser. Le décret du 30 juillet 1940 entérinera
cette décision.
De la Porte du Theil met sur pied une organisation inspirée du scoutisme
et rassemble les jeunes dans des camps de plein air où ils sont employés à des
travaux forestiers et ruraux. Cette organisation, toujours par le décret du
30 juillet, est appelée Chantiers de la Jeunesse. D’anciens officiers et sous-
officiers d’active ou de réserve en assurent l’encadrement.
La loi du 18 janvier 1941 officialise en quelque sorte les Chantiers. À
défaut de conscription interdite par l’armistice, tous les jeunes de France*
seront tenus d’aller y servir durant huit mois. Il ne saurait être question
d’instruction militaire, quoique le régime en ait l’aspect. L’ambiance est
naturellement très Travail, Famille, Patrie, avec en exergue la Patrie. Près de
480 000 jeunes Français passeront par les Chantiers dont 75 000 en AFN*. Ils
n’en garderont généralement pas mauvais souvenir en dépit des rudes
conditions de vie. Un ancien cadre, Philippe Akar, futur para SAS*, les
définira comme « tout à fait vichyssois, d’un paternalisme catholique, d’un
patriotisme certain et d’une niaiserie puérile ». Il n’est sans doute pas loin de
la vérité.
Ces Chantiers, implantés uniquement en zone libre et en AFN*, seront
une pépinière de résistants et de maquisards. En AFN*, 39 000 jeunes des
Chantiers iront gonfler les rangs de la 1ère Armée* et de la 2e DB*. À
l’initiative du lieutenant-colonel Van Hecke, l’un des membres du groupe des
cinq* du 8 novembre 1942, sera formé un régiment de chasseurs d’Afriques,
le 7e RCA, appelé le régiment au béret vert. Constitué d’anciens des
Chantiers, il portera le béret vert des Chantiers et se couvrira de gloire en
Italie* puis en France* et Allemagne*. Le 8 mai 1945, 100 000 anciens des
Chantiers seront sous les armes, en Allemagne* ou en France*.
Contrepartie, ces Chantiers représentent un vivier de recrutement pour le
STO*. Au départ, en 1943, de la Porte du Theil a un comportement ambigu.
Bien que hostile à la collaboration*, il opte pour l’obéissance à Vichy*.
16 000 jeunes partiront ainsi en Allemagne* souvent avec leur encadrement
qui veillera à leur protection. Arrêté par les Allemands en janvier 1944, de la
Porte du Theil sera transféré en Allemagne* et gardé en résidence surveillée.
À sa libération, il bénéficiera d’un non-lieu pour faits de Résistance*.
Les Chantiers de la Jeunesse émanent de l’armée de Terre. Jeunesse et
Montagne, les Chantiers de Jeunesse de la Marine, relèveront indirectement
de l’armée de l’Air et de la Marine. (Les trois organismes, pour ne pas être
accusés de fausser l’armistice, relèvent de la Jeunesse et des Sports.)
Les Chantiers seront dissous par la loi 324 du 10 juin 1944.
Une loi du 1er octobre 1945 validera le temps dans les Chantiers comme
temps de service militaire.

CHAR
Le char (tank en anglais) apparaît en 14-18 et s’affirme, durant la
Seconde Guerre mondiale, comme l’un des éléments essentiels de la bataille.
Très vite, il connaît des fabrications et des engagements de masse, en
particulier pour les Allemands, les Américains et les Russes. Chaque pays a
du reste des productions différenciées : char léger, char moyen, char lourd,
auxquels il faut adjoindre les chasseurs de chars et les chars à fonctions
ponctuelles, ces derniers spécialité britannique. Curieusement, un pays
semble à la traîne dans la présentation des matériels : le Japon*.
Avant 1939, et principalement en France*, s’opposaient deux conceptions
de l’utilisation du char : l’appui de l’infanterie ou la rupture et l’exploitation.
Les Allemands, avec leurs PD*, démontreront très vite l’intérêt des
concentrations de blindés pour rompre un front et exploiter. Les Alliés*, avec
Patton* au premier chef, les imiteront.
Principaux modèles de chars, par nation :

Italie. Japon. Union soviétique.


M 11/39* T 97 Chi-Ha* BT-2*
M 13/40* T 97 Chi-nu* T-35*
BT-7*
KV-IA*
T-34*
T-44*
JS II*

CHARGE CREUSE
Type d’explosif apparu avec la Seconde Guerre mondiale.
La charge creuse concentre un dard focalisant l’énergie de l’explosif et
susceptible de percer des blindages très épais. Ce principe se retrouve dans
les armes antichars, surtout celles de combat rapproché (Panzerfaust*
allemand, bazooka* américain, grenades à fusil).

CHARIOT
Engin sous-marin britannique s’assimilant au maiale* italien.
Ses deux hommes d’équipage sont baptisés charioters.
Leur principal succès est, en janvier 1943, le torpillage d’un croiseur
italien et d’un navire de transport en rade de Palerme.

CHARIOT, OPÉRATION
Nom de code du commando britannique contre Saint-Nazaire*, le
28 mars 1942.

CHARLEMAGNE, DIVISION SS
33e Division SS Charlemagne.
Division de Waffen SS* français, formée à Wildflecken à compter de
juillet 1944, et regroupant : 1 200 rescapés de la LVF* ; 1 000 rescapés de la
Sturmbrigade Franckreich ; 2 500 francs-gardes de la Milice* ; 1 500
volontaires provenant de la Kriegsmarine* ; quelques centaines d’hommes
provenant de l’Organisation Todt*.
Elle est commandée par le colonel Puaud, supervisé par le général
allemand Krukenberg.
De valeur militaire médiocre, elle sera décimée en Poméranie en février-
mars 1945. Les rescapés compteront parmi les derniers défenseurs de
Berlin*.
Parmi les personnalités de cette division Charlemagne : Mgr Mayol de
Luppé, soixante-dix ans, aumônier ; Victor de Bourmont, descendant du
maréchal, tué en Poméranie ; Jean Bassompierre, fusillé après la Libération.

CHASSE
La chasse a été le fleuron de l’aviation de 14-18 avec ses grands noms,
Richthofen, Guynemer, Fonck...
Elle le reste en 39-45 avec encore ses grands noms, Bader, Deere,
Nicolson, pour les Britanniques ; Molders*, Galland*, pour les Allemands ;
Clostermann, Marin La Meslée, pour les Français...
La Seconde Guerre mondiale signe pratiquement la fin du biplan de
chasse, avec des monoplans aux vitesses, rayons d’action, altitudes,
armements largement améliorés. La fin de la guerre voit apparaître le
chasseur à réaction dépassant les 800 km/h.
Apparaît aussi le chasseur bombardier appelé à faire des ravages chez les
troupes au sol.
Une constante demeure : les qualités de celui qui est le plus souvent seul
derrière son cockpit.

CHASSELAY-MONTLUZIN
Commune du Rhône et couvent de Lontluzin, cadres d’une héroïque
résistance de la 3e compagnie du 25e RTS* les 19 et 20 juin 1940.
À l’issue des combats, les Allemands séparent les prisonniers : blancs
d’un côté, tirailleurs sénégalais de l’autre. Ces derniers, au nombre de
quarante-huit, sont bientôt exécutés à la mitrailleuse ou écrasés sous des
chenilles de char.
Le Tata (enceinte de terre sacrée) de Chasselay abrite aujourd’hui les
restes de 188 tirailleurs sénégalais tombés durant les combats ou massacrés
par la suite par les Allemands.

CHASSEURS
Suite aux progrès techniques réalisés, les chasseurs des belligérants
seront de plus en plus performants.

Principaux appareils en service :


Italie. Japon. URSS.
Fiat CR 42* Zeke (voir Zero) Lavochkine La 5*
Polikarpov I-16* (voir
Macchi C 200* N1 K 2*
Rata)
Macchi C 202* J2 M2 Raiden* Yak 1*
Re 2002* Ki-43*
Ki 61 Hien*
Ki-84*

CHÂTEAUBRIANT
Le 22 octobre 1941, en représailles de l’attentat contre le
Feldkommandant Hotz, les Allemands fusillent à Châteaubriant vingt-sept
otages français.
Vingt-cinq étaient communistes, dont l’étudiant Guy Môquet, dix-sept
ans, auteur, avant de mourir, d’une lettre patriotique émouvante.

CHAUDRON DE SORCIÈRE
(voir KESSEL)

CHELMNO
Camp d’extermination nazi connu également sous le nom de Kulmhof.
Situé à soixante-cinq kilomètres au nord-ouest de Lodz en Pologne, il est
le premier et le camp le plus secret ouvert en décembre 1941 à l’intention des
Juifs et des Gitans. On estime à 152 000 les Juifs gazés dès leur arrivée au
camp. Dix survivants de Chelmno seulement sont connus.

CHENNAULT, CLAIRE
(1890-1958). Général américain.
Cet ancien pilote de 14-18 professe, dans les années trente, des idées
jugées non orthodoxes.
Il estime que les chasseurs doivent apporter appui aux bombardiers. À la
retraite en 1937, il part entraîner les pilotes chinois équipés de matériel
américain dans leur guerre contre les Japonais. En novembre 1940, il retourne
aux États-Unis* recruter le premier noyau de ceux qui deviendront les Tigres
volants*, les Américains volontaires pour lutter contre le Japon* en Chine* et
Birmanie*. Ce groupe ne disposera jamais de plus de deux cents avions.
En avril 1942, Chennault est rappelé au service et promu général. En
juillet, il prend le commandement de la China Air Task Force, nouvellement
formée (future 14e Armée aérienne en mars 1943). Celle-ci contrôle toutes les
unités aériennes combattant en Chine* et organise le célèbre Hump* assurant
le ravitaillement de la Chine*, au départ de l’Inde*, au-dessus de l’Himalaya.
Chennault gagne l’attention de Roosevelt* en affirmant obtenir la chute
du Japon* en le bombardant à partir de la Chine. En 1944, le repli chinois
devant l’offensive japonaise et la conquête de ses bases rendent sa
perspective illusoire.
Avec son franc-parler, Chennault ne s’est pas fait que des amis à
Washington. Il lui est peut-être également reproché de s’être efforcé d’aider
les Français d’Indochine* après le 9 mars 1945. En juillet 1945, il est
déchargé de ses fonctions.

CHERBOURG, LIBÉRATION DE
Sous-préfecture de la Manche et port important à la pointe septentrionale
du Cotentin, Cherbourg comptait 38 000 habitants avant la guerre. La ville
est occupée le 18 juin 1940 par les Allemands qui, dans le cadre du Mur de
l’Atlantique*, développent ses fortifications.
Le débarquement allié en Normandie* réussi, Cherbourg représente un
des objectifs immédiats d’Eisenhower*. Sa conquête apporterait un port.
Trois divisions américaines remontent vers le nord et convergent vers la ville
par Valognes, Bricquebec et Les Pieux. Le général von Schlieben, qui
commande dans le Cotentin, a préféré abandonner la campagne et se replier
sur les fortifications qui ceinturent Cherbourg en la dominant. Du fort du
Roule, la vue porte sur la rade et l’arrière-pays.
Ainsi couverte par les hauts, la position est solide mais Typhoon* et
Mustang* ajustent avec leurs rockets tout ce qui bouge. Les chasseurs
bombardiers de la 9e US Air Force se succèdent par vagues à cinq minutes
d’intervalles. Les cuirassés Texas, Nevada, Arkansas, les croiseurs
Tuscaloosa, Quincy, Glasgow, Enterprise et une flottille de destroyers,
défiant les règles de la guerre navale, s’en prennent, à moins de 10 000 m,
aux casemates côtières de la Kriegsmarine* qui sont parfois armées de pièces
de 280 capables de porter à 20 000 m. Commencé le 26 juin 1944 à midi,
alors que les fantassins sont au contact, le tir des navires de ligne a raison du
feu ennemi. 3 000 obus de 380 et 305 ont écrasé les blockhaus allemands.
Hitler* avait ordonné de défendre Cherbourg « jusqu’à la dernière goutte
de sang ». Rommel* a modifié la formule en « jusqu’à épuisement de toutes
ses munitions ». Le 26, vers 16 heures, le moral des défenseurs s’effondre.
Les obus alliés ont tout éventré. Les chars américains s’infiltrent dans les
faubourgs. Von Schlieben se résigne à hisser le drapeau blanc. Le 27, toute
résistance a cessé dans Cherbourg. 39 000 Allemands sont prisonniers. Les
six mille hommes qui tiennent encore à la pointe de la Hague se rendront à
leur tour le 30 juin.
Cherbourg est libérée mais en ruine, et son port inutilisable. Depuis le
7 juin, le Génie naval allemand s’est livré à un travail systématique de
destruction. La rade, infestée de mines, est obstruée par les navires sabordés.
Les quais ont été éventrés, les grues détruites. La jetée a été dynamitée. Au
bout de trois semaines, les Américains rouvriront le port ; des mois seront
nécessaires pour qu’il puisse recevoir des cargos en nombre.

CHERCHELL, CONFÉRENCE DE
Rencontre tenue, le 22 octobre 1942, à la ferme de Messelmoun, un peu à
l’ouest de la petite ville algérienne de Cherchell, entre des émissaires
américains et des résistants français en vue de préparer le futur débarquement
allié en AFN. Débarqués du sous-marin Seraph, participent à cette rencontre :
le général Clark*, adjoint du général Eisenhower*, et plusieurs officiers
américains. Le général Mast dirige la délégation française, assisté du colonel
Jousse, du capitaine de frégate Barjot, du commandant Dartois et de Jean
Rigault. Le consul des USA à Alger, Robert Murphy*, principal
intermédiaire entre Américains et Français en AFN, est également présent.
Ces entretiens apporteront aux Américains de précieux renseignements
techniques et les conforteront sur les collaborations qu’ils rencontreront. Par
contre, pour les Français, des point essentiels resteront dans le flou : date et
lieux exacts du débarquement, responsabilités confiées au général Giraud*.

CHERCHELL, ÉCOLE MILITAIRE DE


École militaire créée, à la fin de 1942, par le général Giraud*, en vue de
former de futurs officiers de réserve, aspirants chefs de section pour
l’essentiel. De 1942 à 1945, elle comptera cinq promotions :

15 décembre 1942-30 avril


Weygand 1 101 élèves
1943
826 élèves. Promotion en
Tunisie 1er mai 1943-30 septembre partie formée à
1943 Médiouna, au Maroc.
Libération 1er octobre 1943-15 avril 1944 919 élèves
Marche au Rhin 16 avril 1944-30 octobre 1944 782 élèves
Rhin français novembre 1944-mai 1945 1 477 élèves

École d’élèves aspirants de 1942 à 1944, elle prend ensuite le nom


d’École militaire interarmes.
Des élèves, des deux dernières promotions, ont rang de saint-cyriens,
donc de futurs officiers d’active.
Soixante anciens élèves de Cherchell sont tués en Italie*, cent cinquante
en France* et en Allemagne*.

CHILI
Bien que pro-allié, le Chili s’oppose durant longtemps à la rupture de ses
relations avec l’Axe*.
Sous la pression américaine, il le fait le 20 janvier 1943 et refuse de
déclarer la guerre à l’Allemagne*. Il la déclarera toutefois au Japon*, le 12
février 1945.

CHINDITS
Nom donné aux groupes dits Long Range Penetration (Pénétration à
longue distance) appelés à combattre derrière les lignes japonaises durant les
campagnes de Birmanie*.
Il est une déformation du vocable birman chinthe (lions de pierre gardant
les lieux saints).
Créés par Wingate*, sur instruction de Wavell*, fin 1942, ces Chindits
constituent officiellement la 77e brigade, décomposée en huit colonnes
autonomes, chacune de quatre patrouilles de quatre sections. L’ensemble
comprend, au départ, 3 000 hommes, Britanniques, Gurkhas, Birmans,
entièrement dévoués à Wingate*, qui se targue de pouvoir combattre sur les
arrières japonais à condition d’être ravitaillé par air.
La première opération Chindits se déroule de février à juin 1943.
Au début de 1943, Wavell* se rend compte qu’à l’exception d’une
opération en Arakan, il ne peut lancer une offensive d’envergure en
Birmanie*. Convaincu par Wingate*, il donne son accord pour une action
localisée sur les arrières ennemis.
Wingate* et ses Chindits quittent Imphal, en Assam, le 8 février 1943,
pour l’opération Longcloth. En deux colonnes, ils pénètrent en Birmanie*
occupée. Après avoir franchi le Chindwin, ils se dirigent vers la voie ferrée
Mandalay-Miytkyina. Sur une cinquantaine de kilomètres, ils effectuent des
destructions de ponts ou des sabotages de rails. Ces premiers résultats acquis,
Wingate*, soucieux de démontrer la justesse de ses vues, décide de
poursuivre vers l’est pour opérer entre l’Irrawaddy et la Schweli.
Il y découvre un terrain dégagé et dépourvu d’eau, conditions contraires à
la guérilla. Traqué par les Japonais, il effectue alors une terrible retraite. Les
vivres manquent. Ses hommes se nourrissent de riz, de plantes, de serpents,
rarement d’une côte de buffle. Des 2 182 Chindits qui regagnent l’Inde*, sur
un effectif initial d’environ trois mille, six cents seulement seront, par la
suite, jugés aptes à reprendre du service...
Cette première opération Chindits se solde donc par un échec militaire à
peu près total. La voie ferrée est vite remise en état. Si les Japonais ont perdu
quelques centaines d’hommes, ils gardent la haute main sur le nord de la
Birmanie*. La légende, cependant, s’empare de l’aventure. Wingate* et ses
Chindits s’auréolent de gloire. Ils ont osé affronter le Japonais, chez lui, dans
son milieu. Le combattant britannique est capable de dominer celui-ci.
Wingate*, le barbu au regard de feu, a créé le mythe des Chindits et détruit
celui de l’invincibilité des Japonais. Il est promu général de division et les
effectifs de ses Chindits sont triplés.
La seconde opération Chindits se déroule un an plus tard, de mars à août
1944. Elle double une offensive sino-américaine menée par Stilwell* dans le
nord de la Birmanie pour occuper Myitkyina.
L’intention de Wingate* est d’opérer au sud de Myitkyina dans un
haricot d’environ 250 km sur 120. Ainsi placé, il peut travailler au profit de
Stilwell* et de la XIVe Armée de Slim* œuvrant à son ouest. Ce secteur,
traversé par la voie ferrée montant de Mandalay, est défendu par la 53e
division japonaise. Le 5 février, la 16e brigade Chindit quitte Ledo et entame
la longue marche de 700 km qui doit la mener aux approches d’Indaw (150
km au sud-ouest de Myitkyina). Le 1er mars, elle franchit le Chindwin et
arrive à mi-mars sur zone où elle établit la zone Aberdeen.
Le 5 mars, à la tombée de la nuit, la 77e brigade commence son
aérotransport. Soixante et un planeurs Waco* s’envolent, remorqués par des
C 47*, pour aller établir les bases Broadway et Piccadilly. Les conditions
d’atterrissage imposent un regroupement sur Broadway où le souci le plus
urgent est d’aménager une piste. Dans la nuit suivante, les C 47* pourront se
poser avec le reliquat de la 77e brigade, puis la 111e.
Le 13 mars, Wingate* possède 9 000 hommes dans sa zone d’action. Il
peut engager la lutte contre les arrières de la XIVe Armée japonaise. Il ne la
vivra pas. Le 24 mars, par temps bouché, son B 25* s’écrase contre une
montagne. Le 27, le général Lentaigne, commandant la 111e brigade, lui
succède. Ce même jour, les Japonais lancent un violent assaut difficilement
repoussé contre Aberdeen.
Se poursuivent alors quatre mois d’attaques et de défenses. Renforcés par
la 14e brigade et la 3e brigade de l’Ouest africain, les Chindits enlèvent Indaw
et Mogaung mais perdent certaines de leurs bases. Combinant leurs actions,
ils incendient vingt et un dépôts de ravitaillement et coupent la voie ferrée
en 16 endroits. Leurs coups répétés affaiblissent les 53e et 18e divisions
japonaises, épaulant d’autant la progression de Stilwell* dans le nord de la
Birmanie* (ils passeront sous ses ordres le 17 mai), le tout étant réalisé grâce
au ravitaillement acheminé par la voie aérienne, exigeant de durs efforts pour
récupérer les colis largués souvent sur des DZ* de fortune au milieu de la
jungle.
Ce sont des hommes épuisés, amaigris, ravagés par les fièvres, ayant
perdu le cinquième de leurs effectifs, qui seront ramenés en Inde* courant
août. (La 16e brigade éprouvée par sa longue marche avait été retirée fin
avril.)
Les Chindits seront dissous en février 1945.

CHINE
La Chine – ce grand pays, disait de Gaulle* – entre véritablement dans la
Seconde Guerre mondiale le 7 juillet 1937 avec l’incident de Wanping près
de Pékin.
La lutte contre le Japon* se double d’une guerre sourde entre le régime
nationaliste de Tchang Kai-chek* et les communistes de Mao Tsé-toung*
(voir sino-japonaise, guerre).
Dès le début des opérations, l’offensive japonaise recouvre une grande
portion du territoire chinois. Le nord du pays, avec Pékin, les bassins
inférieurs du Fleuve jaune et du Yang Tsé-kiang, la province de Canton, les
principaux ports méridionaux, Swatow, Amoy, Foochow, Wenchow, sont
occupés. Tchang Kaï-chek* a théoriquement du monde – trois cents divisions
– mais il ne peut compter que sur une trentaine. Il se replie vers l’ouest et
installe une nouvelle capitale à Tchoung-King sur le haut Yang Tsé. Un
certain équilibre s’établit ; mais si Tchang Kaï-chek* dispose de l’immensité
de la Chine* occidentale ainsi que de plusieurs provinces méridionales,
Kiangsi, Fukien, Chekiang, Kwangtung, l’accès à la mer lui est interdit. Son
ravitaillement ne peut lui accéder que par l’intérieur – chemin de fer du
Yunnan, puis route de Birmanie*.
Les bombardements américains, entrepris par Chennault*, déclenchent
une violente offensive japonaise afin d’éliminer les pistes d’aviation d’où
décollent les appareils partant pilonner Tokyo et les autres villes nippones.
Une fois de plus, Tchang Kaï-chek* est contraint de reculer. Pratiquement
partout les Japonais s’enfoncent, depuis la mer, de plus de 600 km à
l’intérieur de la Chine*. Il en sera pratiquement ainsi jusqu’à la fin. (Seules
les quatre provinces du sud-ouest échapperont à l’occupation.) Ni Stilwell*,
ni Wedemeyer*, son successeur, n’auront pu, malgré l’aide matérielle
américaine, constituer une armée chinoise capable de s’opposer aux Japonais.
La Chine nationaliste, rongée par la corruption, sortira affaiblie de ce
conflit. En 1945, la victoire des communistes, qui comptent 1 200
000 membres et une armée de 900 000 hommes, se profile à l’horizon de
1949. Ils contrôlent déjà 95 millions d’habitants, soit 20 % de la population
chinoise.
En ce qui concerne les pertes chinoises de la guerre, les chiffres avancés
ne peuvent être qu’une estimation sujette à caution. Ils donnent dix millions
de morts civils et 3, 5 millions de morts militaires.

CHOLTITZ, DIETRICH VON


(1894-1966). Général allemand.
Chef de corps, se fait remarquer en Hollande*, en France* et au siège de
Sébastopol*.
Pour sa fidélité supposée, fin juillet 1944, alors qu’il commandait un CA
en Normandie*, est nommé à Paris à la place du général von Stülpnagel*
compromis dans le complot du 20 juillet*. Responsable de la défense de
Paris, lors de la révolte de la capitale en août, n’exécute pas les ordres de
Hitler* – le fameux « Paris brûle-t-il ? » – et finalement se rend au général
Leclerc* le 25 août. A-t-il agi par humanisme ou par prudence, conscient de
l’inéluctable défaite allemande ? Prisonnier de guerre, sera libéré en 1947.

CHRISTISON, PHILIPP
(1893-1993). Général anglais.
Commande le 15e CA britannique lors de la campagne d’Arakan* où il se
fait remarquer par la solidité de sa résistance.
Anobli en 1944.

CHURCHILL, WINSTON
(1874-1965). Homme d’État britannique.
Ce lointain descendant du duc de Marlborough – celui de la chanson – est
un lutteur-né.
Il aime les joutes, qu’elles soient politiques, militaires ou autres. Jeune
officier sorti de Sandhurst, il s’est empressé d’aller guerroyer aux quatre
coins de l’Afrique et sur les frontières de l’Inde*. Devenu journaliste, il a
évité les endroits paisibles. Promu parlementaire et ministre, il a défrayé la
chronique et largement croisé le fer avec ses adversaires. En 1916, l’aventure
malheureuse des Dardanelles lui a coûté son poste à l’Amirauté. Avec des
fortunes diverses, il s’est remis en selle. En 1938, il s’est violemment opposé
à Munich*. Le 1er septembre 1939, il a retrouvé avec joie l’Amirauté et
inondé le cabinet d’idées pour faire la guerre.
Le 10 mai 1940, devant les insuffisances de Chamberlain*, le roi George
VI* l’appelle au 10 Downing Street. Enfin l’Angleterre* a un chef. Elle en
aura besoin. Visage garni de bon vivant sur un gabarit de demi de mêlée,
nœud papillon et chapeau melon de parfait gentleman, cigare agressif, regard
malicieux et sourire bonhomme, mais propos incisif, le personnage ne passe
pas inaperçu. Il irradie ardeur de vivre, force et détermination.
D’entrée, il se heurte à la déconfiture militaire française. Il souhaite aider
son allié mais, en bon Britannique, il songe d’abord à son île. Il garde ses
avions et pense au sort de la Royale.
Le 17 juin, il accueille de Gaulle* dont il a pu jauger la carrure. Malgré
des hauts et des bas, il le soutiendra.
Dans l’adversité, alors que la Grande-Bretagne* se retrouve seule, il ne
promet aux siens que « du labeur, des larmes, de la sueur et du sang ».
Inflexible face au danger nazi, il refuse toute perspective de négociations. Il
montre sa détermination en n’hésitant pas à faire couler le sang français à
Mers el-Kébir*.
Il a compris que son pays ne pouvait vaincre seul et se tourne vers
l’Amérique, trouvant l’oreille complaisante de Roosevelt*. Au
déclenchement de Barbarossa*, il n’hésite pas. Il soutiendra l’URSS* contre
l’ennemi commun même s’il réfute le communisme.
Très certainement, il a écho de ce qui se trame contre Pearl Harbor* mais
se garde bien de le révéler. Il a trop besoin que les États-Unis* entrent dans le
conflit. Cet homme, à bien des égards, a un tempérament de révolutionnaire.
Catapult*, Coventry*, Pearl Harbor* le montrent. Il dira clairement : « Ma
conscience est une bonne fille, je m’entends bien avec elle. »
Dès l’annonce de l’entrée en guerre américaine, il se précipite auprès de
Roosevelt* pour nouer ce qu’il appellera la Grande Alliance*. Dès lors, du
reste, il s’affirmera le globe-trotter de la victoire, n’hésitant pas à braver les
dangers des déplacements en avion ou en bateau pour rencontrer les grands
responsables. Il se rend à Moscou, en août 1942, pour affronter la mauvaise
humeur et les exigences de Staline*. L’initiative des conférences qui soudent
les rangs alliés, Washington*, Anfa*, Québec*, Le Caire*, Téhéran*, Yalta*,
etc., vient en majeure partie de lui. Jusqu’en 1943, il est le grand animateur
de la coalition contre l’Axe* et le Japon*, insufflant les grandes décisions
opérationnelles. Il est sur le terrain. En 1942, les soldats de Sa Majesté le
voient déambuler sous le soleil de plomb de l’été égyptien. Sans cesse et
partout, il anime et presse.
Sa prééminence de catalyseur politique faiblit à la fin de 1943.
Roosevelt* a pris conscience de la puissance de son pays et veut séduire
Staline*. Churchill n’obtient pas l’adhésion qu’il souhaite sur le Dodécanèse,
la Birmanie*, et surtout pour la marche sur Vienne via l’Italie du Nord*. Cela
ne l’empêche pas de continuer à payer de sa personne. À Noël 1944, il se
rend en Grèce* pour empêcher le communisme de s’y implanter. Il sera à
Yalta* et au début de la conférence de Potsdam* dont il ne voit pas la fin. Le
peuple britannique, ingrat, donne la préférence à Attlee*, son adversaire
politique, aux élections de juillet 1945.
Si l’homme possédait de remarquables qualités, intelligence, imagination,
énergie, obstination, s’intéressait à tout, il n’était pas sans défauts. Il régentait
tout. Il n’aimait pas les échecs et se montrait volontiers rancunier contre ceux
qu’il en jugeait responsables. Wavell*, Auchinleck* en savent quelque chose.
Celui qui fut l’âme de la lutte quitte le 10 Downing Street le 26 juillet
1945. Cette éviction ne saurait lui enlever le titre de premier défenseur des
libertés occidentales et de vainqueur de la lutte contre le nazisme*. Selon de
Gaulle*, il fut « le grand champion d’une grande entreprise et le grand artiste
d’une grande histoire ».
Il a été anobli. Compagnon de la Libération*.

CHURCHILL I
Infantry Mark IV (Churchill I).
Char lourd anglais sorti à 5 640 exemplaires à partir de 1941. Trop lent, il
sera progressivement remplacé par le char Cromwell MK IV.
Poids : 39,5 tonnes ; vitesse : 25 km/h ; autonomie : 250 km ; armement :
1 canon de deux livres ou de 75 mm, 2 mitrailleuses en principe de 7, 2 ;
équipage : 5 hommes.
Son châssis servira de support à plusieurs versions utilisées lors du
débarquement en Normandie : char lance-flammes, char passerelle, char
mortier, etc. (voir Hobart et AVRE).

CHURCHILL VII
Char lourd anglais sorti en 1944.
Poids : 40 tonnes ; vitesse : 19 km/h ; autonomie : 250 km ; armement :
1 canon de 75 mm avec frein de bouche, 2 mitrailleuses ; équipage : 5
hommes.
Il pèche par sa lenteur.

CHYPRE
Colonie britannique depuis 1925, restera possession britannique, abritant
des bases aériennes, des centres d’entraînement et de repos.

CIANO, GALEAZZO
(1903-1944). Comte de Cortellazzo. Homme
politique italien.
En 1930, épouse Edda Mussolini, fille du Duce*, mariage qui assure sa
fortune politique. De 1936 à février 1943, est ministre des Affaires
étrangères. Il s’y montre hostile à l’entrée en guerre de l’Italie* aux côtés de
l’Allemagne* ; par contre, il pousse à l’invasion de la Grèce*. De plus en
plus hostile à la politique proallemande du Duce*, est démis de ses fonctions
en février 1943 et devient simple ambassadeur au Vatican*. Fait partie de la
conspiration pour renverser Mussolini* le 25 juillet 1943. Arrêté par les
Allemands, remis entre les mains de Mussolini*, il est condamné à mort au
procès de Vérone* et exécuté le 12 janvier 1944.
Personnage vaniteux et impopulaire, Ciano avait eu le bon sens de
comprendre sur quelle pente tragique la politique proallemande du Duce*
entraînait l’Italie*. Devenu adversaire de son beau-père, il devait périr de sa
main.

CICÉRON, AFFAIRE
(voir BAZNA)

CIGS (CHIEF OF THE IMPERIAL GENERAL


STAFF – CHEF D’ÉTAT-MAJOR IMPÉRIAL)
Ce poste, au sommet de la hiérarchie de l’armée britannique, est occupé
durant la guerre par le maréchal Ironside*, remplacé en mai 1940 par le
maréchal Dill*, lui-même remplacé en décembre 1941 par le maréchal
Brooke*.

CINQ, GROUPE DES


Équipe de cinq Français d’AFN*, ayant œuvré en vue de la revanche et
aidé à préparer le débarquement allié du 8 novembre 1942. Elle se compose
de :
— Jacques Lemaigre-Dubreuil, industriel connu, directeur général des
huiles Lesieur.
— Jean Rigault, collaborateur de Lemaigre-Dubreuil.
— Colonel Van Hecke, chef des Chantiers de la Jeunesse* en Algérie*.
— Henri d’Astier de la Vigerie, monarchiste, frère de deux d’Astier
résistants connus.
— Saint-Hardouin, diplomate en disponibilité.
L’action des cinq aura une efficacité. Elle apportera aux Alliés* des
renseignements et des concours ; elle évitera sur Alger une résistance
sanglante (voir Afrique du Nord, débarquement en).

CITADELLE, OPÉRATION
(voir KOURSK, BATAILLE DE)

CLARK, MARK WAYNE


(1896-1984). Général américain.
Ancien élève de West Point*.
Nommé adjoint du général Eisenhower* en juin 1942. Participe à la
scabreuse rencontre de Cherchell* en octobre 1942 et se trouve le principal
interlocuteur de Darlan* au lendemain du débarquement allié en AFN* le
8 novembre 1942. Commande la Ve Armée américaine en Italie* en
septembre 1943, puis le 15e GA allié en décembre 1944. Reçoit à ce titre la
reddition des Forces allemandes d’Italie*, le 2 mai 1945.
Ce général, aux allures de grand cow-boy, savait prendre des risques mais
ne dédaignait pas la gloire.

CNE (COMITÉ NATIONAL DES ÉCRIVAINS)


Comité constitué avant la Libération et contrôlé par les communistes.
Dans Les Lettres françaises des 16 et 21 septembre 1944, il publiera deux
listes d’interdiction d’écrivains jugés coupables de collaboration. On trouvera
dans ces listes un certain nombre de personnalités du monde littéraire : Pierre
Benoit, Henri Béraud, Robert Brasillach*, Alexis Carrel, André Castelot, L.-
F. Céline, Jacques Chardonne, Drieu La Rochelle, Jean Giono, Sacha Guitry,
Édmond Jaloux, Maurice Martin du Gard, Henri Massis, Charles Maurras,
Henry de Montherlant, Maurice de Vlaminck.
CNR (CONSEIL NATIONAL DE LA
RÉSISTANCE)
Organisme voulu par de Gaulle* et mis en place par Jean Moulin*.
Le 21 février 1943, de Gaulle* signe un texte prévoyant :
« un Conseil de la Résistance unique pour l’ensemble du territoire métropolitain. Ce Conseil
de la Résistance assurera la représentation des groupements de la Résistance*, des formations
politiques résistantes et des syndicats ouvriers résistants qui acceptent que le rassemblement
s’effectue autour des principes suivants :
— contre les Allemands par tous les moyens et particulièrement les armes à la main ;
— contre toutes les dictatures et notamment celle de Vichy* ;
— pour la liberté ;
— avec de Gaulle* ».

Ce texte élargit également les fonctions de Jean Moulin* à l’ensemble du


territoire métropolitain ; et c’est du reste lui qui est chargé de la création de
ce CNR. Il doit, pour ce, vaincre les réticences de plusieurs chefs de
mouvement hostiles à la résurgence des anciens partis politiques.
Finalement, le CNR comprendra :
— Au titre de la Résistance intérieure : huit représentants de
mouvements :
Zone sud : Combat, Libération, Franc-Tireur.
Zone nord : OCM, Libération-Nord, Front National, Ceux de la
Libération, Ceux de la Résistance.
— Au titre des syndicats et partis : huit représentants pour :
CGT
CFTC
PCF*
SFIO
Parti radical-socialiste
Parti démocrate populaire
Alliance démocratique
Union républicaine et démocratique.
Ce Conseil penche à gauche. Cette dernière y est majoritaire. Fort de dix-
huit membres, le CNR se réunit pour la première fois à Paris, le 27 mai 1943,
sous la présidence de Jean Moulin* qui en devient le chef. Sa motion initiale
fait allégeance au général de Gaulle* pour organiser et diriger un
gouvernement provisoire, tout en souhaitant que le général Giraud* prenne le
commandement de l’armée française ressuscitée. Cette déclaration servira de
Gaulle* dans son duel avec Giraud*.
L’arrestation de Jean Moulin* à Caluire* décapite le CNR qui choisira,
en septembre 1943, Georges Bidault* pour succéder à son fondateur. Le CNR
aura tendance jusqu’à la Libération* à s’opposer à la mainmise militaire du
CFLN* et de De Gaulle* sur la Résistance intérieure*. Il aura barre sur le
COMAC* à dominante communiste et le soutiendra. Sa présence soulèvera
un grave problème de dualité du commandement des FFI*. Ses décisions ne
seront pas toujours celles de l’état-major mis en place sous Koenig*. Il
apparaîtra comme le représentant de la Résistance intérieure*. C’est à ce titre
que Bidault*, son président, accueillera de Gaulle* à l’Hôtel de Ville de
Paris, le 25 août 1944. La Libération* marquera le début de la fin de son
audience.

COAST WATCHERS
Postes de guet, tenus dans le Pacifique* par des officiers australiens, des
colons et des autochtones, afin de signaler les passages des navires japonais
au large des Salomon*.
Ils remontent, de fait, à la Première Guerre mondiale où ils avaient été
mis en place contre les Allemands.
Ils couvrent près de 4 000 km de la Papouasie* aux Nouvelles-Hébrides*
et plus de cent stations sont équipées d’émetteurs radio. Ils rendent les plus
grands services, surtout dans les Salomon*, par leurs renseignement, en
servant à l’occasion de guides et en venant au secours des aviateurs ou marins
naufragés. Ils sauvent les rescapés de la PT 109 de J.F. Kennedy coulée dans
la nuit du 1er au 2 août 1943 au large de l’île de Kolombangara.

COBRA
Nom de code de l’opération déclenchée le 25 juillet 1944 par les
Américains pour percer le front de Normandie* et ayant débouché sur la
percée d’Avranches*.

COCKLE MK II
Type de canoë ayant servi au commando dans la Gironde*.
Deux hommes sont à son bord et il comporte cinq compartiments
étanches contenant l’armement et le matériel indispensables.

COLDITZ
Forteresse allemande du Moyen Âge, à 48 km au sud-est de Leipzig.
Bâtie sur le sommet d’une colline escarpée, elle domine le paysage
environnant, avec des murs de 75 m de haut.
Dès 1939, Colditz est utilisée comme camp de prisonniers pour officiers
alliés. Elle devient, à partir de 1940, un camp de haute sécurité pour recevoir
les récidivistes de l’évasion ou les personnalités militaires à ne pas laisser
échapper. À ce titre seront internés à Colditz des Britanniques (Stirling*,
Bader...), des Polonais (Komorowski*...), ou des Français (Bergé*...).
31 officiers dont 11 Français parviendront néanmoins à s’échapper de
Colditz, dont le capitaine Le Ray*, alpiniste de haut niveau et futur chef des
FFI* de l’Isère, et le lieutenant Darthenay, héros du maquis*, dont une
promotion de Saint-Cyr porte le nom.
Colditz sera libérée en avril 1945 par la IIIe Armée américaine du général
Patton*. Il y avait alors un millier de prisonniers.

COLLABO
Vocable péjoratif désignant les collaborateurs. À l’heure de la
Libération*, il ne fut pas bon d’être regardé comme collabo (voir Épuration).

COLLABORATEUR
Terme désignant les partisans de la collaboration* avec l’Allemagne*.
En France*, il englobe souvent, dans cet opprobre, les fidèles, pas
obligatoirement germanophiles, du maréchal Pétain*.

COLLABORATION
Politique de rapprochement avec l’Allemagne* pratiquée par des
gouvernements, des partis, des associations ou des individualités.
Aucun pays occupé par le Reich* n’a vraiment échappé au phénomène de
la collaboration.
En France*, elle est officiellement prônée par le maréchal Pétain* dans
son discours du 30 octobre 1940, quelques jours après la rencontre de
Montoire*. Il escomptait en obtenir des adoucissements aux conditions de
l’armistice et certains avantages. Cette collaboration française se manifestera
sous différents aspects :
— politique avec des hommes venus aussi bien de l’extrême droite
(Darnand*) que de l’extrême gauche (Doriot*),
— intellectuel avec parfois des noms connus des lettres françaises :
Brasillach*, Drieu La Rochelle, Céline, etc.
— économique : des groupes français importants comme Renault ou
Berliet seront mis en cause après la guerre,
— artistique : de nombreuses personnalités des divers milieux artistiques
seront compromises,
— militaire avec la LVF*, la Milice*.

COLLINS, JOSEPH
(1896-1963). Général américain.
Surnommé Lighnin’Joe, commande une division à Guadalacanal* et
Nouvelle-Géorgie*, un CA en Normandie* et dans les Ardennes*.
Il avait une réputation non usurpée de fonceur. (Il avait pris Cherbourg*,
rompu le front à Saint-Lô et mené avec force la contre-attaque dans les
Ardennes*.)

COLMAR, LIBÉRATION DE
Après les combats de novembre-décembre 1944 et du début de janvier
1945, la XIXe Armée allemande, accolée au Rhin a réussi à se maintenir dans
le centre de la plaine d’Alsace et une partie des Vosges méridionales.
La ligne de contact, depuis le Rhin et Erstein, longe l’Ill jusqu’à Sélestat.
Elle s’incurve ensuite vers l’ouest par Guemar et Ostheim. Passant à quelques
kilomètres au nord de Colmar, elle gagne les crêtes vosgiennes pour dessiner
un large périmètre qui englobe Walbach, Munster, le ballon de Guebwiller.
Puis, par Thann et les lisières sud de la forêt de Nonenbruck, elle rejoint l’Île-
Napoléon, la forêt de Harth et enfin le Rhin, Mulhouse étant aux mains des
Français.
La XIXe Armée aligne neuf divisions, dont une division de montagne
fraîche, ramenée de Norvège*. Des ponts, à hauteur de Neuf-Brisach et
Chalampé, continuent de lui assurer les passages d’une rive du Rhin à l’autre.
Les Français, en face, alignent deux CA, Monsabert* au nord et
Béthouart* au sud, aux troupes éprouvées par des combats menés sans répit
depuis la Provence*. Outre, la 3e DIA* défend Strasbourg et les troupes de
couleur de la 9e DIC ont été relevées par les volontaires venus des maquis
dont l’ardeur ne supplée pas toujours à une relative inexpérience. Quant à la
10e DI, récemment constituée d’éléments FFI*, elle doit, dans l’immédiat, se
cantonner à la défensive. À l’usure et à la fatigue des combattants s’ajoute le
temps. Température moyenne de -15° à -20°. Un mètre de neige par endroits.
Les Allemands ont pu tout à loisir dissimuler leurs mines et se retrancher
dans les fermes et villages qui leur procurent abri.
Tous ces handicaps n’empêchent pas la hâte du commandant de la 1ère
Armée française* de vouloir liquider cette poche de Colmar. Il y a le sort des
populations toujours sous la botte nazie. Il y va de l’honneur du pavillon. Et
puis, de Lattre* perçoit la suite. Si les Français sont encore englués en
Alsace, ils ne pourront participer à l’ultime affrontement sur le territoire
ennemi. Les conséquences politiques de cette absence seraient graves pour la
France*.
Le Roi Jean est donc décidé à attaquer. Son IPS (Instruction personnelle
et secrète) no 7 du 15 janvier 1945 devient un véritable ordre d’opérations.
Les actions convergentes de cette offensive générale d’armée débuteront, au
sud, le Jour J, dans le but :
« – de prendre Cernay pour couvrir le débouché au nord de la Thur ;
— d’atteindre l’Ill depuis Ensisheim...
— Elles s’étendront ensuite au nord, à partir de J+2 en principe, dans le but de déborder
Colmar par le nord ...
— Les unes et les autres de ces actions seront complétées par une exploitation générale en
direction de Brisach, devant tendre à l’étranglement de la poche de Colmar puis à sa liquidation. »

La bataille est décrite dans son principe. Déborder Colmar par le nord-
est. Encercler les forces allemandes par une action conjointe du nord comme
du sud qui refermera la nasse à hauteur de Neuf-Brisach. Début de
l’offensive : 20 janvier.
La résistance allemande, les intempéries altéreront le schéma.
À l’aube du 20 janvier, Béthouart*, au sud, fait tonner son artillerie.
L’ennemi, surpris, multiplie les contre-attaques. La neige entrave les
mouvements des véhicules. Partout la progression est stoppée. Monsabert*, le
22 au soir, démarre à son tour. Il a été renforcé par trois DI US et éprouve les
mêmes difficultés que Béthouart* : neige, glace et opiniâtreté allemande. Pas
plus qu’au sud, les résultats ne sont probants. L’offensive piétine.
Ce relatif immobilisme amène Eisenhower* à s’énerver et il entend « une
fois pour toutes se débarrasser de cet ennui » (sous-entendu Colmar). Le
saillant des Ardennes* résorbé, il est plus à l’aise pour voter l’appui d’un CA
complet, le 21e du général Milburn, soit trois DI et une DB. S’y intégreront
bientôt les 2e et 5e DB françaises, plus des troupes de choc françaises (1er
RCP*, groupement de choc).
Le 28 janvier, le 21e CA US est prêt à attaquer plein sud-est direction
Neuf-Brisach. Les Américains ont un avantage sur les Français. Ils sont plus
riches en munitions. Leurs préparations d’artillerie frappent fort.
350 000 Franco-Américains sont maintenant engagés. La bataille fuse de
toutes parts et les combats sont très rudes. Ruisseaux, canaux entravent la
progression des chars. Partout mines et pièges infestent les sous-bois et les
points de passage. Les pertes sont lourdes.
Progressivement, cependant, le succès se dessine au nord. Le canal de
Colmar est franchi par les 3e et 75e DI US. À l’est de Sélestat, aux débouchés
de l’Illwald, devant la 2e DB* et la 1ère DFL*, l’ennemi menacé d’être tourné
se dérobe vers Neuf-Brisach.
Le 1er février au soir, la situation est nettement plus favorable.
L’encerclement de Colmar se précise. Par contre, chez Béthouart*, au sud, les
gains demeurent modestes.
Ce 1er février, un autre facteur intervient. Un vent chaud balaie la plaine.
Il dégage la campagne de sa couche neigeuse, rend les mines visibles ;
contrepartie, ce dégel brutal enfle les cours d’eau.
Manifestement, tous les coups de boutoir successifs ont ébranlé la XIXe
Armée. Au matin de la Chandeleur, le 109e RI US et le CC 4 de la 5e DB se
présentent aux portes nord de Colmar. Le débordement réussi la veille et
l’avant-veille a fait filer le gros de la garnison adverse. Chevaleresque, le
colonel commandant le 109e RI US arrête ses fantassins pour laisser aux
blindés français l’honneur d’entrer les premiers. À 11 h 30, le char de tête
déboule place Rapp. Ici et là, les ultimes résistances obstinées sont
neutralisées. Colmar est libérée.
Le 3, le CA Béthouart* repart. Ses efforts ne tardent pas à être enfin
récompensés. Il nettoie vallées et plaine, et fait jonction avec les Américains
à Rouffach et au sud de Colmar. Ensisheim est enlevé. La 1ère DB se précipite
sur Fessenheim et Chalampé.
Depuis le 1er février, les responsables de la XIXe Armée demandent
l’évacuation de la tête de pont allemande d’Alsace et se heurtent au refus
traditionnel du Führer*. La chute de Colmar, la menace sur les ponts, lèvent
enfin le veto. Ceux qui le peuvent s’éclipsent par les ponts encore intacts... Le
9 février, la bataille de la poche de Colmar sera terminée.
Les Alliés*, du 20 janvier au 9 février, ont eu 2 037 tués : 1 495 Français
et 542 Américains. La XIXe Armée allemande en compte deux à trois fois
plus et a également perdu 20 000 prisonniers.
Sous réserve des ports de l’Atlantique* et d’une frange de territoire au
nord de Haguenau, le drapeau tricolore flotte désormais librement sur le sol
de France*.

COLOMBIE
Rompt ses relations diplomatiques avec l’Axe* en décembre 1943 et
déclare la guerre à l’Allemagne en novembre 1943. Signera la déclaration des
Nations unies* en janvier 1944.

COLONNA D’ISTRIA, PAUL


(1905-1982). Général français.
Officier de gendarmerie, il est envoyé par Giraud* en Corse*, en avril
1943, pour diriger la Résistance sur sa terre natale.
En liaison avec le Front national communiste et grâce à l’armement entré
clandestinement dans l’île, il parvient à préparer 10 000 combattants.
Le 8 septembre 1943, Colonna lance l’insurrection, somme les Italiens de
choisir, et fait appel à Alger pour obtenir l’aide de l’armée. Les troupes
envoyées d’AFN, l’aide italienne, permettent de chasser définitivement les
Allemands. Le 4 octobre, Bastia tombe. La Corse est complètement libérée.
Cet officier sorti du rang (Saint-Maixent, 1927-1929) rappelle qu’en
période de guerre courage et caractère dépassent tous les diplômes.
Compagnon de la Libération*.

COLONNA D’ORNANO, JEAN


(1895-1941). Colonel français.
Officier d’infanterie coloniale, rejoint la France libre* à l’été 1940 après
avoir gagné une colonie britannique.
Participe activement au ralliement du Tchad. Tué à Mourzouk, le 11
janvier 1941, lors d’un raid mené avec le LRDG* britannique.
Compagnon de la Libération*. Une rue d’Alger portait son nom.

COLT
Pistol, Automatic, Caliber .45 in M 1911 A 1 (Colt).
Le plus célèbre pistolet automatique américain adopté en 1911.
Arme automatique à court recul du canon.
Poids : 1, 130 kg ; longueur : 216 mm ; chargeur amovible : 7 coups ;
calibre : 11, 43 m/m.
Ce pistolet, apprécié pour sa forte puissance d’arrêt, de par son calibre,
exige une poigne solide.

COMAC (COMITÉ MILITAIRE D’ACTION)


Apparaît le 1er février 1944, sous le nom de Comidac, une commission
créée par la Résistance intérieure* et ayant vocation de diriger les FFI*. Le
13 mai, le CNR* décide que ce Comidac relèvera désormais de son autorité
sous le nom de COMAC. Il prend alors une connotation nettement orientée
puisqu’il est composé de deux communistes sur trois (Pierre Villon et
Kriegel-Valrimont). Il ne tarde pas à entrer en conflit avec l’état-major FFI*
du général Koenig* à Londres. Prônant l’action immédiate, il affirme se
réclamer uniquement de la Résistance*.
Dans la pratique, les situations locales l’emporteront et l’action des FFI*
échappera largement aux organismes centraux de commandement. Ce n’est
vraiment qu’au moment de la libération de Paris* que les divergences, entre
COMAC et EM/FFI de Koenig* se feront sentir.
Après la libération de Paris*, de Gaulle* ordonnera sa dissolution.

COMANDO SUPREMO
Terme désignant le haut état-major italien.

COMBATTANTE, LA
Torpilleur cédé fin 1942 par les Britanniques aux FNFL* (ex-HMS
Haldon).
Déplacement : 1 050 tonnes ; vitesse : 28 nœuds ; armement : 4 canons de
102 mm, 5 canons de 40 mm, 6 canons de 20 mm, 2 tubes lance-torpilles de
533 mm.
Elle coule deux vedettes lance-torpilles allemandes, en Manche, en avril-
mai 1944. Transporte en Normandie* le général de Gaulle*, le 14 juin 1944.
Coulée par un sous-marin de poche allemand, en Manche, le 23 février 1945.

COMET A 34
Char moyen anglais sorti en 1944.
Poids : 32,5 tonnes ; vitesse : 46 km/h ; autonomie : 200 km ; armement :
1 canon de 77 mm avec frein de bouche, 2 mitrailleuses ; équipage : 5
hommes.
Le Comet est un engin robuste arrivé un peu tard. Il eût été fort utile en
Afrique du Nord*.

COMITÉ NATIONAL DE L’ALLEMAGNE


LIBRE
NKFD (Nationalkomitee Freies Deutschland).
Comité fondé à Moscou, en 1943, par des communistes allemands en
exil, dont Wilhelm Pieck et Walter Ulbricht*.
Il comprend également quelques personnalités hostiles au nazisme*.
Vise, dans un premier temps, à inciter les soldats allemands à déserter et les
prisonniers à se détourner du nazisme*. Ce comité fournira les éléments du
futur gouvernement communiste sous obédience soviétique en Allemagne*
occupée par l’Armée rouge*.

COMMAND CAR
Voiture de commandement.
Dodge WC-56 ou WC-57 (WC-58 si équipé d’appareils radio). Staff car
ou Command car. Véhicule quatre roues, produit à 27 000 exemplaires dans
les trois versions.
Poids à vide : 2 570 kg : longueur : 4, 6 m ; vitesse : 87 km/h ; 5 places.
Éventuellement, une mitrailleuse de 50 à l’avant.
Les officiers lui préfèrent la Jeep* plus légère et plus maniable.

COMMANDO
Terme d’origine portugaise remontant à la guerre des Boers en Afrique
du Sud, au début du XXe siècle.
Un commando, à l’époque, désigne un petit groupe de francs-tireurs à
cheval chargés d’effectuer des coups de main contre les Britanniques.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le vocable désigne deux entités
totalement différentes. Pour les Allemands, un Arbeitskommando ou
Kommando correspond à un détachement de travailleurs, en principe des
prisonniers de guerre, affectés à divers travaux. Pour les Anglo-Saxons,
restant fidèles aux sources, un commando représente une troupe spécialisée
chargée de mener des actions de toutes natures sur les arrières ennemis. Ce
sens prévaut aujourd’hui. Le vocable s’est élargi, désignant l’action elle-
même menée par un commando.
De nombreux belligérants auront recours à des commandos intervenant
par terre, par mer ou par air. Les Britanniques semblent avoir été les maîtres
en la matière. Le SAS* de Stirling, les commandos contre Bruneval*, Saint-
Nazaire* et autres sont entrés dans la légende. Les commandos de l’Allemand
Skorzeny* eurent aussi un grand retentissement. Ainsi, par exemple, la
libération de Mussolini* au Gran Sasso* le 12 septembre 1943.
Quel que soit le drapeau des exécutants, un commando implique toujours
d’exceptionnelles qualités militaires et humaines. L’héroïsme double
l’audace.
L’apparition de ce nouveau type de combattant, agissant parfois à visage
masqué, a soulevé le problème de sa reconnaissance vis-à-vis des règles
habituelles de la guerre. Hitler* a donné une réponse bien dans son style par
un ordre resté dans l’Histoire sous le nom d’ordre des commandos*.
À Nuremberg*, si la monstruosité de l’ordre des commandos* est
soulignée, l’utilisation d’uniformes ennemis par des commandos allemands
ne sera pas retenue, les Alliés* ayant utilisé le même subterfuge.

COMMANDOS D’AFRIQUE
(voir CORPS FRANC D’AFRIQUE)

COMMANDOS, ORDRE DES


(voir ORDRE DES COMMANDOS)

COMMISSAIRE DU PEUPLE
Fonction désignant un ministre en Union soviétique.
Staline* est Commissaire à la défense tout en étant Président du Conseil
des Commissaires du peuple. Molotov*, Commissaire aux Affaires
extérieures de 1939 à 1956.

COMMISSAIRE POLITIQUE
Dans l’Armée rouge*, officier désigné par le Parti communiste pour
contrôler l’autorité militaire. Le commissaire politique – politruk – a pouvoir
d’outrepasser les décisions militaires et de révoquer les cadres jugés
insuffisants ou douteux. Sa présence, évidemment, est loin d’être appréciée
par les chefs militaires.
Brejnev*, Khrouchtchev sont les commissaires politiques les plus
notoires de la Seconde Guerre mondiale.

COMMISSAIRES, ORDRE DES


(voir KOMMISARBEFELH)
COMPLOT DU 20 JUILLET 1944
La main du diable a protégé Hitler*.
Toutes les tentatives pour le faire disparaître ont échoué. La malchance
tout autant accable les opposants. L’Abwehr* est passé sous la coupe du
SD*. Toutes les tentatives de contact avec les Anglo-Saxons, via les neutres,
ont avorté. Les Américains campent sur le postulat de Roosevelt* :
« Reddition inconditionnelle*. » De fait, les Anglo-Saxons, s’ils restent
silencieux devant les ouvertures de la Schwarze Kapelle*, savent
parfaitement qu’un coup d’État se prépare en Allemagne*.
Comme tout autre, le complot anti-hitlérien dénombre ses porte-
drapeaux, ses prudents, ses activistes. De longue date, le général Beck* en est
le chef. Autour de lui, se groupent des hommes au prestige reconnu : le
général von Witzleben* actuellement à la retraite, et ancien commandant en
chef à l’ouest ; le général Hoepner, limogé par Hitler* en janvier 1942, alors
qu’il commandait un groupe blindé ; les généraux von Stülpnagel* et von
Falkenhausen, commandants des troupes d’occupation en France* et en
Belgique* ; des civils aussi : Gördeler*, ancien bourgmestre de Leipzig, le
Dr Stroelin, maire de Stuttargt.
En fond de tableau se profilent les célébrités incontestées, les maréchaux,
les von Rundstedt*, von Manstein*, von Kluge*, Rommel*. Leur
engagement est plus aléatoire, même s’ils n’ignorent rien. Von Rundstedt* a
invoqué son âge – soixante-neuf ans – pour laisser à d’autres le soin de se
mouiller. En disgrâce, von Manstein* a prétexté les risques d’une rupture du
front de l’Est*, pour refuser son adhésion personnelle. Von Kluge* a donné
l’impression de s’impliquer dans la révolte. Mais ce personnage ondoyant
remplira-t-il ses engagements ? Reste Rommel*. Il fut un fidèle du Führer*. Il
ne l’est plus. Cependant une vieille allégeance le retient de parler
d’assassinat. Il préférerait un procès.
Tous ces ténors sont connus. Ils peuvent sur leur nom drainer les
adhésions, imposer l’obéissance le cas échéant. Au-dessous d’eux, la
conjuration s’appuie sur une génération souvent plus jeune d’individualités
déterminées et titulaires de fonctions essentielles : le général von Treschkow,
chef d’état-major du GA/C ; le général Olbricht*, bras droit du général
Fromm*, commandant de l’armée de l’intérieur à Berlin ; le général
Fellgiebel, chef des transmissions de l’OKW* ; le général von Hase,
commandant militaire du Grand Berlin ; le colonel Hansen, du SD* ; le
comte Helldorf, préfet de police de Berlin ; le colonel Roenne, chef de la
FHW*, etc.
Manifestement, l’armée de terre est la cheville ouvrière du complot. La
Kriegsmarine*, la Luftwaffe*, sont trop liées au IIIe Reich* pour pouvoir
escompter leur soutien.
Dans la toile qui se tisse depuis le front de l’Est* jusqu’à celui de
l’Atlantique, un jeune colonel de 37 ans, Klaus von Stauffenberg*, a pris une
place prépondérante. L’action qui se trame est son œuvre. Chef d’état-major
du général Fromm* depuis le 1er juillet 1944, son poste lui permet d’assister
aux conférences du Führer* à la Wolfsschanze, à Rastenburg*.
Ces facilités ont tracé les desseins du colonel. Profitant d’une
convocation à la Wolfsschanze*, il introduira lui-même une charge explosive
dans la salle de réunion. Après l’élimination du Fuhrer* et de ses comparses,
Goering* et Himmler*, le plan Walkyrie* sera déclenché.
L’intention des conjurés repose donc sur l’exécution d’un attentat contre
Hitler*, à la charge de Stauffenberg*, dans un premier temps ; puis sur la
prise de contrôle du pays, par application de Walkyrie*, à la charge de
Fromm* et d’Olbricht*, dans un second. Sur le front occidental, von Kluge*
et Rommel* prendront contact avec les Alliés* en vue de rechercher un
armistice. Un gouvernement de transition sera immédiatement mis en place,
Beck* devenant chef de l’État, Gördeler*, chancelier, et von Witzleben*,
commandant de l’armée.
Début juillet 1944, Stauffenberg* est prêt et résolu à agir. Convoqué à la
Wolfsschanze* les 11 et 15 juillet, il ne peut passer à exécution, le trio à
éliminer n’étant pas au complet.
Le 17 juillet, Rommel* est grièvement blessé, sur la route de Livarot, par
le mitraillage de deux Typhoon* de la RAF*. La conjuration vient de perdre
son principal appui.
Le 20 juillet, Stauffenberg* est convoqué à nouveau à Rastenburg*. Cette
fois, il va passer aux actes (voir Attentat du 20 juillet 1944).
À Berlin, le 20 juillet 1944, Bendlerstrasse, les chefs de la conjuration
attendent. Faute d’informations précises, personne ne déclenche Walkyrie*.
À 15 h 30, arrivant de Rastenburg*, von Stauffenberg* fait savoir que
l’attentat a réussi. Abasourdi que rien n’ait démarré, il exige un
déclenchement immédiat. Las, trois heures ont été perdues. À la hâte,
Olbricht* s’efforce de rattraper le retard, l’important étant de lancer
Walkyrie* avec l’aval de Fromm*. Première déception, Fromm* hésite puis
renâcle. Il veut avoir la certitude de la mort du Führer*. Par suite d’une
défaillance de Fellgiebel, les liaisons avec Rastenburg* ne sont pas
totalement coupées. En quelques instants, Fromm* obtient Keitel* qui
vocifère : « Mensonge ! Le Führer* n’est que légèrement blessé. Il est en ce
moment avec le Duce*. » Du coup, Fromm* prend peur et cale. Finalement,
Olbricht* et Stauffenberg* le placent en état d’arrestation.
Il est maintenant 17 h 30. Olbricht*, de son propre chef, a déclenché
Walkyrie*. Son exécution se fait mal. Bien que quelques défections se
produisent, les troupes informées de l’assassinat de Hitler* obéissent. Radio
Berlin, le ministère de la Propagande commencent à être investis.
Goebbels*, ministre de la Propagande et de l’Information, est le plus haut
dignitaire nazi présent à Berlin. Il reconnaît l’officier qui interdit les
approches et sorties de son ministère, le major Remer. Celui-ci est un fidèle
notoire du Führer* mais, en soldat discipliné, il exécute ce soir-là les ordres
de ses supérieurs. Goebbels* s’empresse de le prier de monter à son bureau,
appelle la Wolfsschanze au télephone et lui passe Hitler*. « Major Remer,
reconnaissez-vous ma voix ? » Le major se fige au garde-à-vous : « Jawohl,
mein Führer* ! » Remer, promu lieutenant-colonel par Hitler* en personne,
se voit chargé de mater la rébellion.
Et tout bascule. Goebbels* dispose d’une troupe de choc pour reprendre
les affaires en main. À partir de 19 h, le QG de la Bendlerstrasse* commence
à être encerclé. Radio Berlin annonce l’échec de l’attentat.
Pour les conjurés cernés dans leur forteresse, le succès ne peut plus venir
que de l’ouest où von Kluge* et von Stülpnagel* sont censés intervenir. À
Paris, le second a tenu ses engagements. Tous les officiers et responsables
SS* ont été arrêtés. La capitale française est entre ses mains. Par contre, von
Kluge* se dérobe.
Dans l’immeuble de la Bendlerstrasse*, la confusion est à son comble.
Kaltenbrunner*, Skorzeny* arrivent sur les lieux en renfort de Remer. Entre
22 et 23 heures, Fromm* est libéré. Celui-ci, maintenant, parle haut et fort.
Les conjurés se laissent arrêter sans résistance. Beck* tente de se donner la
mort ; il se manque. Un sous-officier doit l’achever.
Fromm*, qui était au courant de tout, a besoin de se dédouaner et
d’éliminer les témoins gênants. Se réclamant d’une prétendue cour martiale
instituée au nom du Führer*, il fait fusiller Olbricht*, Stauffenberg* et leurs
adjoints. Von Witzleben*, Hoepner, Gördeler* sont prisonniers. À Paris, von
Stülpnagel*, désavoué par von Kluge*, se retrouve seul et fait libérer les SS*
arrêtés.
Le complot du 20 juillet a échoué. Il se conclura dans le sang. La
vengeance de Hitler* sera terrible. Plusieurs milliers d’exécutions (5 000 sans
doute). Les familles ne sont pas épargnées : épouses envoyées dans les camps
de concentration, enfants dispersés. Rommel* sera acculé au suicide. (La
vérité ne sera connue qu’après la guerre.) Fromm* lui-même n’échappera pas
au courroux.
Il serait vain de rétablir l’histoire. Que se serait-il passé si Hitler* avait
disparu le 20 juillet 1944 ? Il est impossible d’en préjuger. On est simplement
en droit de penser que sa mort aurait pesé lourdement sur les derniers mois de
la Seconde Guerre mondiale et certainement hâté sa fin.

CONCENTRATION, CAMP DE
Théoriquement, un camp de concentration est un camp d’internement.
Il se différencie du camp d’extermination dont la finalité première,
comme son nom l’indique, est la disparition de ceux qui y entrent. Dans la
pratique, les conditions de vie, la brutalité des gardiens, en feront une terrible
machine de destruction de l’être humain. Les camps de concentration se
révéleront également un formidable réservoir de main-d’œuvre exploitée sans
scrupules par l’économie allemande.
Les premiers camps de concentration apparaissent en Allemagne* avec
l’arrivée de Hitler* au pouvoir. Ils sont destinés à recevoir les opposants,
communistes ou sociaux-démocrates. Dachau* est ouvert en 1933,
Buchenwald* en 1937.
La majorité de ces camps de concentration se trouvera en Allemagne* :
Dachau*, Flossenburg*, Buchenwald*, Dora-Mittelbau*, Bergen-Belsen*,
Gross-Rosen, Neuengamme, Oranienburg*, Esterwegen, Sachsenhausen,
Ravensbruck* (réservé aux femmes). Il y en aura quelques-uns dans les pays
occupés : Struthof* en France*, Vight en Hollande*, etc.
On estime que environ 1 600 000 personnes ont été détenues dans ces
camps et que 600 000, peut-être un peu plus, y seraient mortes. Ces chiffres
n’englobent pas ceux de la Solution finale*.
Ces camps de concentration, comme ceux d’extermination, sont une
illustration tragique de l’horreur nazie. Ils ont pour homologues les goulags
soviétiques.
CONDOR
Focke Wulf F w 200 C1. Condor.
Quadrimoteur allemand de reconnaissance navale et de bombardement,
issu d’un appareil commercial de la Lufthansa, sorti à partir de 1940 et
fabriqué à 263 exemplaires en plusieurs versions.
Vitesse : 360 km/h ; autonomie : 3 550 km ; armement : 4 mitrailleuses,
1 canon de 20, 1 250 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.
Cet appareil sera appelé le fléau de l’Atlantique*. (Du 1er août 1940 au
9 février 1941, il réussit à couler 363 000 tonnes de bâtiments alliés.) Il
poursuivra son action dans l’Atlantique* jusqu’en 1944. Hitler* utilise un
Condor aménagé, baptisé Immelmann III, pour ses déplacements aériens.

CONFÉRENCES INTERALLIÉES
Hitler* impose ses décisions à son acolyte Mussolini* bien que celui-ci
ait parfois tendance à vouloir faire cavalier seul (exemple, la Grèce*).
Le Japon* conduit à sa guise sa bataille dans le Pacifique* et en Extrême-
Orient. Par contre les deux grandes démocraties occidentales, États-Unis* et
Grande-Bretagne*, ont besoin d’aligner leurs vues pour conduire la guerre et
envisager l’après-guerre. Elles sont dans l’obligation de se concerter avec le
maître du Kremlin qui ne cesse de réclamer de l’aide et l’ouverture d’un
deuxième front en Europe. Ces impératifs provoquent la tenue d’un certain
nombre de conférences au sommet réunissant les grands du moment et à
l’occasion des seconds plans :
— Placentia bay* (dite aussi de Terre-Neuve). 9-12 août 1941.
Roosevelt*, Churchill*.
— Moscou, 29 septembre-1er octobre 1941. Staline*, Harriman*,
Beaverbrook*.
— Washington, dite Arcadie*. 22 décembre 1941-14 janvier 1942.
Roosevelt*, Churchill*.
— Washington, seconde conférence de. 20-25 juin 1942. *Roosevelt,
Churchill*.
— Moscou, seconde conference de. 12-17 août 1942. Staline*,
Churchill*, Harriman*.
— Cherchell, 21-22 octobre 1942. Clark*, Murphy*, Mast.
— Anfa (dite aussi de Casablanca). 14-24 janvier 1943. Roosevelt*,
Churchill*, Giraud*, de Gaulle*.
— Washington, troisième conférence de, dite Trident. Mai 1943.
Roosevelt*, Churchill*.
— Québec, première conférence de, dite Quadrant*. 17-24 août 1943.
Roosevelt*, Churchill*, Mackenzie King*.
— Le Caire, dite Sextant. 23-26 novembre 1943. Roosevelt*, Churchill*,
Tchang Kaï-chek*, Smuts*.
— Téhéran. 28 novembre-2 décembre 1943. Roosevelt*, Churchill*,
Staline*.
— Le Caire, seconde conférence du. 4-6 décembre 1943. Roosevelt*,
Churchill*, Inonu*.
— Québec, seconde conférence de, dite Octagon*. 11-15 septembre
1944. Roosevelt*, Churchill*.
— Dumbarton Oaks. 21 août-7 octobre 1944. Représentants alliés.
— Moscou. 9-18 octobre 1944. Staline*, Churchill*, Mikolajczyk.
— Yalta. 4-11 février 1945. Roosevelt*, Churchill*, Staline*.
— San Francisco*. 25 avril-26 juin 1945. 50 nations alliées.
— Potsdam*, dite Terminal. 16 juillet-2 août 1945. Truman*, Churchill*,
Staline*, puis Attlee* sans Churchill*.

CONGO BELGE
Cet immense territoire – 3, 9 millions de km2 avec les territoires sous
mandats de l’Urundi et du Ruanda –, colonie belge peuplée de 10, 4 millions
d’habitants (25 000 Européens), après quelques hésitations suit le
gouvernement belge en exil.
Ses ressources minières, en cuivre particulièrement, sont mises à la
disposition de la Grande-Bretagne*. Celles d’uranium serviront pour la
réalisation de Manhattan Project*. Le Congo belge fournira également un
détachement militaire envoyé dans l’Est africain et au Moyen-Orient.
Les années de guerre seront marquées par des troubles et des grèves.

CONGRÈS, MÉDAILLE D’HONNEUR DU


Plus haute distinction militaire américaine pour raisons de courage.
Créée en 1862, elle est conférée par le Président des États-Unis* au nom
du Congrès, d’où son nom. Son ruban est bleu parsemé d’étoiles. La médaille
présente trois versions : US Army*, US Navy*, US AAF*.
Depuis sa création, elle a été attribuée à 3 464 personnes dont 464 durant
la Seconde Guerre mondiale. Parmi ces dernières : MacArthur*,
Wainwright*, Doolittle*.

CONINGHAM, ARTHUR
(1895-1948). Maréchal de l’air britannique.
Inapte dans l’infanterie, s’engage dans l’aviation et devient un pilote
remarqué en 14-18.
Commande le 4e Groupe du Bomber Command* de juillet 1939 à juillet
1941, puis les forces aériennes britanniques en Égypte*-Libye*. Est ensuite
en Tunisie*, Sicile*, Italie*, avant de préparer Overlord* et d’y commander
la Seconde Force aérienne tactique.

COPPs (COMBINED OPERATION PILOTAGE


PARTIES)
Unité de Marines britanniques formée en décembre 1942 en vue de la
reconnaissance des plages de débarquement en Europe.

COPROSPÉRITÉ, SPHÈRE DE LA GRANDE


ASIE ORIENTALE
Vocable par lequel le Japon* entendait sa zone de conquête ou
d’influence.
Les batailles de la mer de Corail* et de Midway*, en mai-juin 1942, ainsi
que le débarquement américain à Guadalcanal*, devaient marquer la limite de
cette expansion militaire qui incluait pratiquement outre l’archipel nippon : le
sud de Sakhaline*, les Kouriles*, la Corée*, la Mandchourie*, les rivages
chinois occidentaux, l’Indochine française*, la Thaïlande*, la Birmanie*, la
Malaisie*, les Indes néerlandaises*, les Philippines*, Bornéo, la Nouvelle
Guinée* (sauf sa corne sud-est), l’essentiel des Salomon* et, dans le
Pacifique central*, les Gilbert*, les Marshall*, les Mariannes*, et même, dans
les Aléoutiennes*, Attu* et Kiska.
Pour estimer l’étendue de ces conquêtes, il n’est pas inutile de se rappeler
que 6 000 km séparent Tokyo de Singapour* ou des Gilbert*.

CORAIL, MER DE, BATAILLE DE LA


(voir MER DE CORAIL)

CORÉE
Protectorat japonais en 1905, annexée en 1910, la Corée de 1939, avec
ses 23, 5 millions d’habitants, vit mal.
Elle est sous la coupe d’un gouverneur général nippon et soumise à une
japonisation intense. La littérature et la langue coréennes sont bannies dans
les écoles ; les jeunes sont embrigadés.
La guerre aggrave cette situation. 2, 6 millions de Coréens sont contraints
au travail forcé, 723 000 sont envoyés travailler outre-mer et au Japon*, des
milliers de femmes sont exploitées par l’armée japonaise comme femmes de
réconfort*. En 1942, la conscription est imposée.
Des Coréens toutefois parviennent à fuir, rejoignant les nationalistes ou
les communistes chinois. Une unité coréenne participera à la campagne de
Birmanie*. Un gouvernement coréen en exil, dirigé par Syngman Rhee,
s’installe à Washington.
La conférence du Caire annonce l’indépendance future de la Corée,
décision entérinée par Staline* à Yalta*.
En août 1945, les Soviétiques pénètrent en Corée à partir de la Chine* et
occupent, comme convenu avec les Américains, la péninsule au nord du 38e
parallèle. Les Américains, eux, débarqueront le 8 septembre, au sud. La
partition de la Corée est acquise.

CORONET, OPÉRATION
Nom de code de l’opération américaine prévue pour envahir l’île
japonaise de Honshu, le 1er mars 1946, dans le cadre de l’opération
Downfall*.
Coronet sera le coup le plus fort mais aussi le plus difficile porté au
Japon*. Cette fois, les Américains porteront le fer au cœur même du pays,
aux approches de sa capitale dont ils ambitionnent de s’emparer.
Le secteur choisi, la fameuse plaine de Kanto, au nord-est de Tokyo, est
retenu pour plusieurs raisons : sa côte comporte de bonnes plages ; son terrain
plat permet une exploitation maximale de la supériorité américaine en
blindés. Il possède de bons ports. Il correspond, surtout, au cœur industriel et
politique du pays. Sa perte devrait amener les Japonais à reconnaître leur
défaite. Les Américains l’espèrent. Sinon la lutte se prolongerait et les
Britanniques, alors, interviendraient. Les Soviétiques également, en principe.
Au moment de l’élaboration de Downfall*, l’échéance de Coronet,
intervenant après Olympic*, est encore lointaine. Des retouches peuvent être
apportées aux projets. Ceux-ci sont néanmoins largement définis : la Ière
Armée du général Hodges* (3 DI, 3 divisions de Marines*) prendra terre
dans la baie de la Kujukurihama, à l’est de Tokyo ; la VIIIe Armée du général
Eichelberger* (6 DI, 2 DB) débarquera dans la baie de Sagami, au sud-est de
Tokyo, soit 80 km au sud de la Ière Armée.
Avec ses blindés, Eichelberger* remonterait vers le nord à la rencontre de
Hodges*, marchant plein ouest dans la plaine de Kanto. Des aéroportés
soutiendraient les troupes débarquées, tandis qu’un fer de lance se dirigerait
directement sur Tokyo.
Coronet comme Olympic* restera dans les cartons suite à la capitulation
japonaise* du 15 août 1945.

CORPS FRANC D’AFRIQUE


Unité constituée le 12 décembre 1942 à l’initiative du général de
Monsabert*.
Sous le commandement initial du colonel Magnan, ancien patron du
RICM à Casablanca, elle regroupe des volontaires marqués par leur
opposition au régime de Vichy*. Français d’Algérie* et du Maroc*,
Espagnols réfugiés politiques, gaullistes sortant parfois de prison comme
Puesch Sanson, légionnaires déserteurs, musulmans, israélites, forment une
troupe hétéroclite équipée et armée à la va-vite avec du matériel anglais. Ils
ne tarderont pas à se distinguer par leur courage et leur esprit frondeur. Leurs
chefs s’appelleront Bouvet, Ducourneau, Bonnard, Girardon. La gloire les
attend de l’île d’Elbe* à l’Allemagne* au prix de trois cents morts et
disparus. Le corps franc d’Afrique deviendra les « Commandos d’Afrique »,
le 13 juillet 1943.

CORREGIDOR
Îlot de 7 km2 à l’entrée de la baie de Manille*.
Il est le plus important des quatre îlots de l’entrée de la baie. Caballo
(Fort Hughes) : 30 hectares ; El Fraile (Fort Drum) : un demi-hectare ;
Carabao (Fort Franck) : 18 hectares.
Corregidor présente la silhouette d’un têtard. Sa tête, circulaire et massive
sur un rayon d’un kilomètre, domine la mer de ses 310 m. Son corps et sa
queue s’allongent vers l’est en s’effilant sur 5 km.

CORREGIDOR, CHUTE DE
Bataan* a cessé le combat le 7 avril 1942, mais Corregidor se dresse
toujours indomptable à 5 km au large.
Les Américains, locataires des lieux, les ont fortifiés au début du siècle,
puis ont eu tendance à laisser aller. Bref, les fortifications manquent de
solidité. À l’extrémité est a été édifié le petit terrain d’aviation de Kindley
Field, sans grande protection. Au centre et largement en vue s’étalent les
bâtiments militaires. Il n’est qu’un endroit protégé des bombardements : le
tunnel de liaison de Malinta, taillé dans le roc. À défaut de confort, il assure
une sécurité relative.
Sur Corregidor, le général Wainwright*, successeur de MacArthur*
replié sur ordre formel de Roosevelt*, dispose d’environ 15 000 hommes,
administatifs plus que combattants dans leur majorité. Seule troupe de choc,
les 1 130 Marines* du 4e régiment.
Depuis la prise de Manille, les Japonais ne cessent de pilonner Corregidor
pour saper sa résistance. Leurs bombardiers vident régulièrement leurs
soutes. Leur artillerie s’est rapprochée et des hauteurs voisines de la
péninsule les batteries nippones tirent quasiment sans interruption.
Sur l’îlot, le souci premier est le ravitaillement. Aucun secours n’est
espéré. Le rationnement est impératif et le moral s’en ressent. Heureusement,
Corregidor possède un chef solide. Wainwright* va d’une position à l’autre
pour exhorter ses hommes.
Massive et brutale, la préparation d’artillerie s’abat sur Corregidor le
29 avril à 7 h 15. L’aviation s’y joint sans attendre. Sous les coups, il semble
que la vie ne puisse subsister dans l’île. L’assaut final est proche.
Le 5 mai, à 21 h, 2 000 hommes du 61e RI se ruent sur les plages au nord
du terrain d’aviation de Kindley. Le feu des défenseurs les surprend et
décime les premiers rangs. Mais l’assaillant s’obstine sans souci de ses
pertes.
Dans la nuit, les Américains improvisent une ligne de défense pour barrer
l’accès à l’intérieur de l’île et au tunnel de Malinta. Une contre-attaque
échoue. Les Marines* ne peuvent être partout.
Le débarquement de quelques chars légers fait définitivement basculer le
sort des armes. Les défenseurs n’ont plus d’eau ; les munitions se raréfient.
Wainwright*, chef humain, redoute un massacre dans le tunnel de
Malinta où s’entassent 4 à 5 000 blessés, malades, infirmiers, personnel des
services.
À midi, le 6 mai 1942, des drapeaux blancs sont hissés sur les positions
américaines, aussi bien à Corregidor que sur les îlots. Wainwright*, emmené
au PC du général japonais Homma*, est placé devant un choix impossible.
Successeur de MacArthur*, il a rang sur le général Sharp qui poursuit la lutte
à Mindanao*. Sa reddition pour être acceptée doit englober Mindanao*.
À minuit, pour éviter le pire, le massacre à Corregidor, Wainwright* cède
au chantage et ordonne de cesser le combat aux Philippines*.
La dernière journée a coûté 350 morts aux Américains. Ils en avaient eu
300 durant le siège. Les Japonais ont eu des pertes équivalentes.
Au total, les Japonais, à Corregidor, garnisons des trois îlots incluses,
font quelque 16 000 prisonniers. Pendant un mois, ces malheureux seront
considérés comme des otages garantissant la reddition de Mindanao*. Après
quoi, ils connaîtront les affres de la captivité. Wainwright*, à sa libération, en
1945, ne sera plus qu’une silhouette décharnée.

CORREGIDOR, RECONQUÊTE DE
Depuis le 6 mai 1942, les Japonais occupent Corregidor.
À la fin de janvier 1945, la garnison renforcée compte environ 5 000
défenseurs (5 062), appuyés par dix pièces de marine de 150 mm. Le G2
(Deuxième bureau) américain les estime à un millier, estimation qui pèse
dans la décision de reconquête de l’îlot.
Cette reconquête est un impératif. À défaut, l’accès aux installations
portuaires de Manille* est interdit. (Les combats pour la prise de la ville ont
commencé début février.)
La partie supérieure de Corregidor – la tête du têtard –, que les
Américains appellent Topside, est un plateau tombant assez brutalement sur
la mer. Cette topographie rend un débarquement trop risqué. Reste un
parachutage. Les photographies aériennes laissent apercevoir sur Topside
deux DZ* possibles bien que modestes et non dépourvues d’obstacles.
C’est sur ces deux DZ* que saute le 16 février 1945, à partir de 8 h 30, le
503e régiment d’infanterie parachutiste du colonel Jones. Le largage a été
précédé d’un matraquage aérien intensif afin de détruire les batteries
japonaises et forcer les défenseurs à se réfugier sur les pentes.
Sur 2 065 Américains largués, 280 sont tués on grièvement blessés. Sur
ces 280, 220 se tuent ou se blessent en touchant le sol. Soixante sont touchés
par des tirs japonais.
Le capitaine Itagaki, commandant de Corregidor, est l’un des premiers
tués japonais. La défense est décapitée peu avant que débutent les
débarquements. À 10 h 28, les éléments de tête du 34e RI américain abordent
les plages. Le saut des paras a rendu l’invasion par mer possible en prenant
les défenses côtières par les arrières.
Les Américains auront besoin de 15 jours pour liquider la résistance des
5 000 Japonais. Ils dénombreront 4 506 morts nippons et environ 500 autres
ensevelis à jamais dans les abris souterrains. Les prisonniers ne seront que
31.
Paras et unités débarquées auront eu 197 tués et 1 022 blessés, soit le
quart de l’effectif engagé.

CORRIDOR POLONAIS
Étroite bande de terre de 15 500 km2 accordée à la Pologne* par le traité
de Versailles en 1919.
Elle lui donnait ainsi un libre accès à la Baltique tout en séparant la
Prusse-Orientale de l’Allemagne*. Ce corridor, de population mixte mais en
majorité polonaise, créera un casus belli, comme Dantzig*, entre le IIIe
Reich* et la Pologne*.
CORSAIR
Vought F4U Corsair.
Chasseur monomoteur américain embarqué.
Fabriqué à 12 681 exemplaires en plusieurs versions. F4U-1 sorti en
1943. Vitesse : 670 km/h ; autonomie : 1 600 km ; armement :
6 mitrailleuses ; équipage : 1 homme.
Est, avec le Hellcat*, le grand vainqueur de la guerre aérienne du
Pacifique*.

CORSE, LIBÉRATION DE LA
Le 8 septembre 1943 au soir, la Corse apprend avec enthousiasme la
nouvelle de l’armistice italien signé par Badoglio*.
Pour les insulaires, la déconfiture du pays de Benito Mussolini* annonce
la libération proche. 45 000 Italiens, sous les ordres du général Magli,
occupent l’île de Beauté, sans oublier 10 à 12 000 Allemands implantés sur la
côte orientale.
Partout les cloches carillonnent. À Ajaccio, un comité de libération
s’installe à la préfecture, où le préfet de Vichy* se voit contraint de signer un
arrêté proclamant le ralliement de la Corse à la France libre*. Quelle sera la
réaction du commandement italien ?
À Alger, Giraud* pense à la Corse. Depuis le 5 décembre 1942, le
Casabianca*, évadé de Toulon*, assure des liaisons avec l’île, amenant des
hommes et des armes. Le 4 avril 1943, le commandant Colonna* d’Istria-
Cesari – mandé spécialement par Giraud* a débarqué pour prendre la
direction de la Résistance*. En quête d’effectifs, il a travaillé en bonne
entente avec Arthur Giovani, le responsable communiste. 8 000 mitraillettes,
800 FM, introduits dans l’île par parachutage ou par le Casabianca*, ont
permis d’équiper quelque 10 000 combattants.
Le 8 septembre, au soir, Colonna* d’Istria adresse au général Magli un
ultimatum sans équivoque :
« Vous me direz sans phrases, ce soir avant minuit, si vous êtes avec nous, contre nous ou
neutres. »

La réponse tombe sans tarder : « Avec vous. »


Magli tient parole. À Bastia, le général Stivala fait ouvrir le feu sur des
appareils à croix gammée. Dans le port, des péniches de débarquement sont
attaquées, cinq coulées, une centaine d’Allemands faits prisonniers. Pendant
ce temps, des escarmouches éclatent dans le sud-est. Les patriotes sont passés
à l’action. Les Allemands ont l’avantage de disposer d’unités régulières et
d’armement lourd. Ils entendent assurer la sécurité de leurs mouvements sur
l’axe Bonifacio-Bastia. Pour faire face à une situation qui risque d’empirer,
Colonna* d’Istria n’a qu’un recours : Alger. Il lance un SOS.
Le 9 septembre, à 20 h, Giraud* reçoit l’appel. Il est toujours coprésident
du CFLN* et commandant en chef. Prenant les événements à son compte, il
réagit promptement, bien que la difficulté réside dans le tonnage maritime.
Le 11, à 18 h, la compagnie Manjot du bataillon de choc embarque sur le
Casabianca*. Ses 106 combattants sont destinés à précéder l’ensemble du
bataillon, lui-même devant être suivi du corps d’armée du général Martin,
patron de l’opération Vésuve (Libération de la Corse).
Le 13, vers 1 h, Ajaccio en liesse voit s’extraire du Casabianca* les
sections de la compagnie Manjot. Les chocs sont peu nombreux mais
respirent l’ardeur. 40 d’entre eux partent aussitôt sur des camions italiens
tenir l’aérodrome de Campo de Oro. Cette première arrivée produit un effet
salutaire sur les « partenaires » italiens. Magli confirme sa volonté de
coopérer. Il tiendra une partie des cols, face à l’est, de Zivaco à Saint-Florent.
À Alger, Giraud* a finalement obtenu d’Eisenhower* et Cunningham* de
récupérer des bâtiments. Les croiseurs Jeanne d’Arc et Montcalm, les contre-
torpilleurs Fantasque et Terrible, les torpilleurs Alcyon et Tempête, le sous-
marin Aréthuse, peuvent se joindre au valeureux Casabianca*. Le reste du
bataillon de choc rallie le premier. Arrivent avec lui les nouvelles autorités
désignées par le CFLN*, le préfet Luizet* et le général Mollard, gouverneur
général.
Martin embarque à son tour avec le bataillon Boulangeot du 1er
RTM. Les chocs, installés en protection d’Ajaccio, sont tout de suite relevés
par les tirailleurs de Boulangeot et partent étoffer les maquisards qui gardent
la montagne. Pendant trois semaines, guidés et aidés par les enfants du pays,
ils attaqueront les convois, harcèleront les cantonnements, les PC allemands.
Ils s’infiltreront jusqu’à la côte orientale, coupant à hauteur de Porto-Vecchio
la route de Sardaigne que Hitler* a ordonné d’évacuer (comme la Corse).
Peu à peu, les rotations de la marine amènent les renforts : gros du
1er RTM, 2e GTM* du colonel de La Tour, spahis algériens, services. Le 23,
4 000 combattants sont en place Ils seront bientôt 6 000. Giraud a effectué un
aller et retour depuis Alger. À Corte, il a demandé à Magli l’appui de son
artillerie et de ses camions. L’Italien a accepté.
À la fin de septembre, la bataille, destinée au départ à couvrir la zone
ouest, a évolué. La 20e PzGrD a évacué la Sardaigne. Elle s’efforce, épaulée
par la brigade SS Reichsführer, de se regrouper autour de Bastia, point
d’embarquement vers l’île d’Elbe* et Livourne. Les combats se concentrent
bientôt autour de la ville.
Prendre Bastia et interdire ainsi à l’ennemi de s’enfuir n’est pas partie
facile. Dans la plaine côtière, les blindés allemands l’emporteraient. L’attaque
ne peut être menée que par les hauts, à l’ouest. Les crêtes y dépassent souvent
1 000 m. Les Allemands tiennent certains sommets et surtout, du nord au sud,
les cols de San Leonardo, de Teghime, de San Stephano.
Celui de Teghime, au centre, paraissant solidement verrouillé, le général
Martin décide de faire effort par le col de San Leonardo, au nord-ouest. Il
confie cette mission aux tirailleurs et goumiers, troupe aguerrie, habituée du
terrain montagneux.
Dans cette affaire, les Italiens jouent loyalement le jeu. Leurs batteries se
mettent en place pour appuyer les Français.
L’ultime approche est aussi pénible que délicate. Il pleut. Les marches de
nuit dans le maquis détrempé, sur les pistes boueuses, les rochers glissants ou
à travers la broussaille mouillée, sont harassantes.
Le 30 septembre, en milieu d’après-midi, les goumiers, épuisés, occupent
le col de San Leonardo. Le lendemain, le 60e goum débouche dans le
brouillard à 1 km de Teghime. L’artillerie allemande impose de stopper. Au
sud, toutefois, les tirailleurs du 1er RTM parviennent finalement, par un
assaut de nuit, à enlever le col de San Stephano.
Teghime bloque toujours le passage. Les Allemands contre-attaquent
avec chars et appui des batteries de la plaine. Les navires dans la rade mêlent
leurs feux. Approchant d’un sommet, le 47e goum a vingt-cinq hommes hors
de combat en quelques minutes.
Cependant la pression française s’accentue. Les tirs intensifs de l’ennemi
cachent en fait une évacuation à la hâte, mais non sans habileté.
Le 4 octobre, vers 5 h, le 73e goum* du capitaine Then se glisse dans
Bastia. Les Allemands ont disparu. Peu après, la compagnie Manjot, ayant
tourné le cap Corse, débouche à son tour, suivie par les tirailleurs. 6 heures,
le drapeau tricolore est hissé sur l’hôtel de ville. Hélas, vers 10 h 30, une
escadre alliée, mal informée, largue ses bombes sur Bastia et ses abords. Des
malheureux sont victimes de cette ultime méprise.
Avec la prise de Bastia, la libération de la Corse est terminée. Démentant
les prévisions les plus noires, elle a coûté 72 tués et 220 blessés (le bataillon
de choc a eu 21 tués et 31 blessés, et a mis plus de 400 adversaires hors de
combat). Les patriotes corses, au cours de leurs diverses actions de résistance,
ont perdu 86 des leurs (surtout à l’automne). Le succès de l’entreprise revient
incontestablement à Giraud*, à Colonna* d’Istria, aux combattants de toutes
origines, Italiens inclus, qui ont très correctement participé.
Un département français a été libéré. L’aspect militaire de la campagne
est important ; Eisenhower* demande d’urgence d’établir un tremplin aérien
avec 17 terrains pour recevoir 2 000 avions. Il permettra de frapper l’Italie du
Nord*. Et, dans quelques mois, la Corse accueillera 100 000 combattants
rassemblés pour le débarquement de Provence* (12 000 Corses s’engageront
ou seront mobilisés).

COS (CHIEFS OF STAFF COMMITTEE –


CONSEIL DES CHEFS D’ÉTAT-MAJOR)
Conseil réunissant les chefs d’état-major britanniques pour définir la
stratégie militaire du pays et en faire assurer l’exécution par les responsables
sur le terrain. Churchill*, devenu Premier ministre et ministre de la Guerre en
mai 1940, en prit personnellement la direction.
À la déclaration de guerre, il comprenait le maréchal Ironside*, l’amiral
Pound*, le maréchal de l’air Newall, avec le général Ismay* comme
secrétaire. Le maréchal Dill* remplacera Ironside* en mai 1940, le maréchal
Portal, Newall en octobre 1940, Brooke*, Dill* en décembre 1941,
Cunningham*, Pound* en octobre 1943. Brooke* devient le président
permanent en mars 1942.
L’amiral Mountbatten* et son successeur le général Laycock* y siégeront
également en tant que responsables des opérations combinées.
Les membres du COS participent à la majeure partie des conférences
interalliées et ont toujours une grande influence.
COSSAC (CHIEF OF STAFF TO THE SUPREME
ALLIED COMMANDER – CHEF D’ÉTAT-
MAJOR DU COMMANDANT EN CHEF ALLIÉ)
Le titre désigne un homme. En mars 1943, ce sera le général anglais
Morgan. Dans la pratique, le COSSAC, né à Anfa* en janvier 1943,
correspondra à l’équipe chargée d’élaborer les modalités du débarquement en
Europe. Cette équipe anglo-américaine, installée Norfolk House, St Jame’s
Square, au cœur de Londres, réalisera la majorité des plans d’Overlord* et
concevra des schémas de dissuasion.
Le COSSAC sera pratiquement absorbé par l’état-major d’Eisenhower*
en février 1944, Morgan devenant l’un des adjoints de Bedell-Smith*.
Eisenhower* écrira plus tard : « Morgan rendit le Jour J* possible. »

COSTA RICA
Premier État américain à déclarer la guerre à l’Axe* en décembre 1941,
précédant même les États-Unis*.
Il sera l’un des premiers signataires de la Déclaration des Nations unies*.
Les Américains y établiront une base de secours.

COURAGEOUS
Porte-avions britannique de 22 000 tonnes.
Torpillé le 19 septembre 1939, à 200 milles au sud-ouest de l’Irlande*,
par le U-29. Il coule en un quart d’heure. 518 officiers et marins, dont le
commandant, sont portés disparus.

COURLANDE, PRESQU’ÎLE DE
Province du nord-ouest de la Lettonie*, entre mer Baltique et golfe de
Riga.
Est rapidement occupée par le GAN de la Wehrmacht* lors du
déclenchement de Barbarossa* (Riga est tombée le 4 juillet 1941).
L’offensive des 1er et 2e Fronts de la Baltique en septembre 1944 atteint
la mer et coupe la presqu’île de la Prusse-Orientale. 300 000 hommes des 16e
et 18e Armées allemandes s’y retrouvent rejetés et isolés, appuyés et
ravitaillés par la Kriegsmarine*. À l’heure de l’effondrement général de
l’Allemagne*, ces troupes immobilisées représentent une force importante
qui permettrait de consolider le front oriental allemand. Guderian* se bat
pour obtenir du Führer* l’évacuation de la Courlande. Vainement. Hitler*
s’obstine à vouloir conserver la Courlande dans l’hypothétique perspective
d’une contre-offensive à l’Est*. Les divergences provoquent, le 8 février
1945, une scène violente entre les deux hommes et précipiteront le
remplacement de Guderian *, fin mars.
Vingt divisions d’infanterie, deux divisions blindées se défendront
victorieusement en Courlande, bénéficiant d’un front relativement court entre
Baltique et golfe de Riga. Elles ne déposeront les armes qu’après la
capitulation du 8 mai 1945. Quarante-deux généraux, 189 000 hommes,
n’ayant pas été évacués les derniers jours, partiront pour des camps de
prisonniers dans la région du Valdaï. Bien peu reverront leur patrie.

COVENTRY
Ville industrielle anglaise de 250 000 habitants, à 145 km au nord-ouest
de Londres.
Le 12 novembre 1940, au matin, Ultra* révèle que les Allemands
préparent pour la nuit du 14 au 15 un raid massif baptisé Clair de lune.
Churchill* informé décide de ne faire prendre aucune précaution particulière
afin de ne pas dévoiler aux Allemands que leur codage est décrypté. Le bilan
sera terrible : 50 000 maisons détruites ou endommagées, des dizaines
d’usines anéanties, 554 morts, 865 mutilés, 4 000 blessés.

COVENTRISATION
Par analogie au bombardement de Coventry* – 80 % des habitations
détruites ou endommagées –, noyer une ville sous un déluge de feu pour la
raser. Ce sera le cas pour Hambourg* en juillet-août 1943.

CRAB CHAR
Sherman Crab Mark 1.
Char fléau, équipé à l’avant d’un cylindre qui, actionnant un fléau de
chaînes, fait exploser les mines devant lui.
Ce système est efficace mais s’avère particulièrement éprouvant pour
l’équipage.
Ce char est parfois appelé Scorpion. Ses premiers exemplaires sont
utilisés avec succès à El-Alamein*.

CRÉMIEUX, DÉCRET
Décret du 24 octobre 1870, à l’initiative du député Benjamin Crémieux,
d’où son nom, déclarant « citoyens français les israélites indigènes des
départements de l’Algérie ».
Ce décret est aboli par Vichy* en 1940 et rétabli par le général Giraud*
en 1943.

CRERAR, HENRY
(1888-1965). Général canadien.
Chef d’état-major de la petite armée canadienne en 1940, il prend en
1942 le commandement de la 2e division canadienne, puis en 1943 celui du
1er CA combattant en Italie*.
Promu à la tête de la 1ère Armée canadienne incluant des Américains, des
Belges, des Britanniques et des Polonais, il la conduit durant les campagnes
de Normandie*, de Belgique* et d’Allemagne* au sein du XXIe GA de
Montgomery*. Ses rapports avec ce dernier étaient loin d’être bons.

CRÈTE, CONQUÊTE DE LA
(voir OPÉRATION MERKUR)

CRIMÉE, CONQUÊTE ET PERTE DE LA


(voir SÉBASTOPOL)

CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ


(voir HUMANITÉ)

CRIMES DE GUERRE
Les crimes de guerre sont des atteintes aux conventions de Genève (1864,
1906 et 1929) et de La Haye (1907).
Celles-ci veillent au respect des blessés, des malades, de ceux qui les
soignent, et des prisonniers de guerre. En 1939, elles n’ont toujours pas été
ratifiées par le Japon* et l’URSS*.
La déclaration de Moscou (30 octobre 1943) prévoit que les auteurs de
crimes de guerre seront jugés dans les pays où les crimes ont été commis. À
l’exception des grands criminels de guerre qui feront l’objet d’une juridiction
spéciale (Nuremberg*).
Les nations occidentales respecteront les conventions. Il en sera
autrement de l’Allemagne*, du Japon* et de l’URSS* (voir Atrocités).

CRIPPS, RICHARD STAFFORD


(1889-1952). Homme politique britannique.
Personnalité brillante du Parti Travailliste, est ambassadeur à Moscou de
1940 à 1942, avant de faire partie du cabinet de guerre.
Très critique envers la politique de Churchill*, il démissionne. Le
Premier ministre réussit à le convaincre de revenir et il devient ministre de la
Production aéronautique, fonction qu’il occupera jusqu’à la fin de la guerre.

CRIQUET
Petit instrument métallique sonore de la taille d’un sifflet à roulette.
Les parachutistes américains des 82e et 101e Airborne* l’utiliseront,
comme signal de reconnaissance, dans la nuit du Jour J*.

CROATIE
Au lendemain de la 1ère Guerre mondiale, les Croates, tout en aspirant à
une large autonomie, s’intègrent au royaume des Serbes, Croates et Slovènes,
future Yougoslavie* en 1929.
L’opposition nationaliste conduit à la formation, par Ante Pavelic*, du
mouvement des Oustachis* en 1932. Ces Oustachis* sont responsables de
l’assassinat du roi Alexandre Ier en 1934.
En 1939, la Croatie obtient une relative autonomie et Ante Pavelic*
profite de l’invasion allemande d’avril 1941 pour proclamer l’indépendance
du pays (10 avril 1941). La Croatie, englobant la Bosnie, la Slovénie et une
partie de la Dalmatie, devient alors le royaume de Croatie. Le duc de Spolète,
de la famille royale italienne, en est le souverain nominal. Ante Pavelic*,
sous le titre de Poglavnik, assure une dictature de fait et lie son sort à
l’Allemagne*.
Des troupes (valeur d’un gros régiment, plus des aviateurs et des marins)
sont envoyées sur le front de l’Est*. Des volontaires bosniaques musulmans
sont levés dans le cadre de la 13e division de Waffen SS Handschar. Les
Volksdeutsche de Croatie sont mobilisés d’office pour la division SS Prinz
Eugen.
Une lutte farouche est engagée contre les Serbes, les Juifs, les Tziganes.
Le camp de Jasenovac* verra mourir près de 80 000 personnes.
Conséquence de la collaboration* avec l’Axe*, une guerre civile
impitoyable oppose les Oustachis* aux Tchetniks* de Mihailovic* et aux
partisans de Tito*. Dans chaque camp ne se dénombrent plus les assassinats,
les viols, les exécutions sommaires.
La Croatie d’Ante Pavelic* n’est qu’à demi emportée par la défaite
allemande dans les Balkans. L’Armée rouge*, après la prise de Belgrade, a
préféré se porter vers Budapest* et Vienne. Tito* a buté sur la résistance
croate. Le Poglavnik et l’armée croate n’évacuent Zagreb que le 8 mai 1945.
Un exode gigantesque de soldats et de civils commence en direction de
l’Autriche* dans l’espoir de trouver refuge près des Anglo-Américains. Tout
autour les partisans de Tito* frappent. Cette fuite se terminera par un
gigantesque massacre près de Bleiburg*.
La Croatie indépendante n’est plus pour des décennies. Tito* la réintègre
dans le giron d’une Yougoslavie* communiste.

CROCODILE-CHURCHILL
Char lance-flammes britannique d’une portée d’environ 120 m et tirant
derrière lui une remorque transportant 1 800 litres de liquide inflammable.
CROIX DE FER
Décoration militaire allemande créée en 1813 par le roi Frédéric-
Guillaume III de Prusse.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, suite aux créations de Hitler*
pour sanctionner les combattants de la Wehrmacht*, elle comprenait huit
classes aux récipiendaires de moins en moins nombreux en s’élevant dans la
hiérarchie :

2e Classe environ 2 300 000 récipiendaires


1ère Classe environ 300 000 récipiendaires
Croix de chevalier (Ritterkreuz). 7 313
Croix de chevalier avec feuilles de
833
chêne.
Croix de chevalier avec feuilles de
159
chêne et glaive
Croix de chevalier avec feuilles de
27
chêne, glaive et diamants
Croix de chevalier avec feuilles de
1 titulaire : l’aviateur Rudel*
chêne, glaive et or
Grande Croix 1 titulaire : Hermann Goering*

À l’instar de la Croix de Commandeur de la Légion d’honneur, la


Ritterkreuz se porte en cravate.

CROIX FLÉCHÉES
En hongrois : Nyilaskeresztes Part Hungarista Mozgalo.
Mouvement fasciste, antisémite, raciste et progermanique hongrois, fondé
en 1935 par Ferenc Szalasi*. Ce dernier sera, du reste, chef du gouvernement
hongrois du 15 octobre 1944 à janvier 1945.
Ce parti, qui comptait, en 1939, 42 membres sur 260 au Parlement
hongrois, jouera jusqu’au bout la carte nazie et porte une lourde
responsabilité dans la Solution finale* en Hongrie* (180 000 morts).
Son emblème de Croix fléchées est un ancien symbole des tribus
magyares.

CROMWELL IV
Cruiser Mark VII (Cromwell IV).
Char britannique sorti à partir de 1942 pour remplacer le Churchill VII
jugé trop lent.
Poids : 28 tonnes ; vitesse : 65 km/h ; autonomie : 265 km ; armement :
un canon de 75 mm, deux mitrailleuses de 7,92 ; équipage : 5 hommes.
Le Cromwell qui avait pour lui sa mobilité et sa vitesse sera le char
britannique de la fin de la guerre.

CRUISER MARK IV
Char léger britannique sorti en 1939 et très vite dépassé.
Poids : 15 tonnes ; vitesse : 48 km/h ; armement : 1 canon de 40 mm ;
équipage : 4 hommes.

CRUSADER I
Cruiser Mark VI.
Char léger britannique sorti à partir de 1941.
Poids : 19 tonnes ; vitesse : 42 km/h ; autonomie : 300 km ; armement :
1 canon de 40 mm, 3 mitrailleuses ; équipage : 5 hommes.
Il est par excellence le char de la bataille du désert.
(La version Crusader II a un blindage légèrement renforcé.)

CRUSADER, OPÉRATION
Battleaxe* n’a été qu’un demi-succès, voire même un fiasco.
Si Rommel* a été stoppé, il campe toujours devant Tobrouk* et aux
portes de l’Égypte*.
Churchill* n’aime pas l’échec. Wavell*, en dépit de ses précédents
succès – Somalie, Érythrée, Cyrénaïque –, est relevé. Il part pour New Delhi,
remplacé par Auchinleck*, The Auk, chef de prestige.
Chaque camp a consacré l’été 1941 à reconstituer ses forces pour
reprendre l’offensive.
Les forces en présence sont-elles égales ? 118 000 Britanniques,
Australiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains, Hindous, font face à 100 000
soldats de l’Axe*, 2/3 Italiens, 1/3 Allemands. Si les Italiens font nombre, ils
ne font pas obligatoirement rang de combattants. Ceux des divisions Ariete*
et Trieste feront cependant, dans l’ensemble, bonne figure. En août 1941,
Rommel* est devenu commandant du groupe blindé (Panzegruppe), soit
pratiquement de l’ensemble allemand et italien. Le lieutenant général
Cruewell a pris le commandement de l’Afrika Korps* (15e et 21e PD, 90e
division légère).
Dans le ciel, l’avantage est aux Britanniques, bien que les Allemands
aient la possibilité de faire intervenir leurs appareils basés en Sicile* ou en
Crète*. Le nombre de chars est sensiblement identique (455 contre 412 à
Rommel). Les blindés allemands surclassent nettement ceux de leurs
adversaires, Crusader M V1* ou Stuart M 3*.
Auchinleck*, qui doit effacer « Battleaxe* », a mis sur pied, avec
l’ensemble de ses forces, une VIIIe Armée et l’a confiée au général
Cunningham* qui, depuis sa campagne orientale, jouit d’une bonne
réputation. Les deux généraux, harcelés par Churchill*, activent leurs
préparatifs. L’offensive à venir porte un nom : Crusader. Elle se déroulera au
nord, avec une attaque du XIIIe CA le long de la côte, tandis que le XXXe
CA, agissant plus au sud, se rabattra vers Tobrouk.
Rommel* avait prévu d’attaquer Tobrouk* qui le gêne, le 23 novembre.
Crusader, le 18 à l’aube, le prend de vitesse.
Novembre continue ses bourrasques. Roues et chenilles patinent dans un
sol meuble. Ces intempéries favorisent les assaillants. Elles ont interdit à la
Luftwaffe* d’effectuer des reconnaissances aériennes.
Les deux premiers jours de l’offensive ne connaissent pas d’incidents
majeurs. À partir du 20, la mêlée devient confuse. Sur le littoral, le XIIIe CA
déborde les garnisons de Bardia, Solloum, Fort Capuzzo, comme celle de la
redoutable passe d’Halfaya*. En revanche, la situation se dégrade au XXXe
CA montant nord-ouest. La 7e brigade blindée perd 113 chars sur 141. La
4e brigade blindée est écrasée lors d’une attaque de nuit.
Rommel*, sentant le XXXe CA en difficulté, lance l’Afrika Korps* et la
division Ariete* à l’hallali. Au soir du 23, le XXXe CA est exsangue. La
7e DB ne dispose plus que de 70 chars.
Cependant, entre la Via Balbia et le Trigh Capuzzo, les Néo-Zélandais
progressent. De Tobrouk, à 30 km, on entend leur canonnade. Sortant de leur
réduit, les défenseurs de la forteresse bousculent la division italienne Bologna
et se portent au-devant de leurs camarades.
Que peut-il se passer maintenant ? Lequel des deux, épuisé, rompra le
combat le premier ?
Rommel* a une âme d’inflexible. Se portant en tête, il entraîne derrière
lui l’Afrika Korps et la division Ariete* et pique vers l’est-sud-est. Son but ?
Couper les arrières du XIIIe CA qui marche sur Tobrouk.
Il a vu grand, trop grand peut-être, eu égard à ses moyens réels. Son
Afrika Korps* a été éprouvé.
Cunningham* fléchissait. Il était prêt à retraiter. Un homme sauve les
Britanniques : Auchinleck*, qui, arrivé sur les lieux, refuse la défaite... Il juge
Rommel* aussi affaibli que sa VIIIe Armée :
« Il fait un effort désespéré mais il n’ira pas loin. Tout simplement parce que cette colonne
de chars ne peut se ravitailler. »

Auchinleck* a raison. Au fil des heures, la marée des Panzers


s’immobilise par faute de carburant. La résistance britannique fait le reste.
Progressivement, le fléau de la bataille vacille.
Côté anglais, un nouveau chef la mène. Cunningham*, fatigué, n’avait
plus, aux yeux d’Auchinleck*, l’esprit suffisamment offensif. Le
26 novembre, il est relevé par le général Neil Richtie*, quarante-quatre ans,
énergique et consciencieux. Il appliquera soigneusement les directives
reçues : « Ne lui accordez aucun répit ! Un seul ordre : attaquer et
poursuivre ! »
Sous l’impulsion d’Auchinleck* et Richtie*, les combattants
britanniques, qui sont loin d’avoir démérité, repartent de tous côtés à
l’attaque.
Au sud de Tobrouk*, les Néo-Zélandais enlèvent Sidi Rezeg. La 70e
division, débouchant du réduit, fait jonction. Le siège de Tobrouk* est
provisoirement levé.
Rien n’est encore gagné. Rommel*, stoppé à l’est, revient vers l’ouest.
Les 29, 30 novembre, le 1er décembre sont de folles journées... Les
adversaires s’imbriquent. Tobrouk* se retrouve à nouveau encerclée.
Le XXXe CA, soulagé durant quelques jours, s’est renforcé. Ses équipes
de dépannage ont travaillé sans répit. Ayant pu reconstituer une partie de son
corps de bataille, il commence à faire pression sur le flanc sud de Rommel*.
Pour celui-ci, la décision s’impose. Ses rangs s’amenuisent. Les renforts
ne parviennent pas. Le 7 décembre, les troupes italiennes et allemandes
entament leur repli général vers l’ouest. Par contrecoup, elles lèvent le siège
de Tobrouk*. La pugnacité d’Auchinleck* l’a emporté sur la fougue de
Rommel*.
Le premier temps de Crusader se solde par des résultats positifs : menace
immédiate sur l’Égypte* écartée, places allemandes de la frontière
encerclées, Tobrouk* dégagée, forces de l’Axe* obligées de se replier en
Cyénaïque. Mais Rommel*, si diminué soit-il, est toujours là. Son Afrika
Korps* bat en retraite mais en bon ordre. Son potentiel n’a pas été détruit.

CUBA
L’île, théoriquement indépendante, vit dans l’orbite des États-Unis*.
Le 9 décembre 1941, elle déclare la guerre au Japon*, et le 11 décembre à
l’Allemagne* et à l’Italie*, sans pour autant envoyer de contingents militaires
sur un théâtre d’opérations.
Un espion allemand, Heinz Luning, sera capturé sur son territoire et
exécuté.
Cuba abritera de nombreuses bases américaines.

CUNNINGHAM, ALAN
(1887-1983). Général britannique.
Commandant des forces britanniques en Afrique orientale, il obtient au
début de 1941 une victoire totale sur l’armée italienne, libérant ainsi
l’Éthiopie* et l’Érythrée*.
Nommé ensuite à la tête de la VIIIe Armée en Libye*, est relevé au bout
de quelques mois et rentre en Grande-Bretagne*.
Sera de 1945 à 1948 haut-commissaire britannique en Palestine*.

CUNNINGHAM, ANDREW
(1883-1963). Amiral britannique.
À cinquante-six ans, avec quarante années de service dont la moitié en
Méditerranée, ce marin de bonne école prend, en mai 1939, le
commandement de la Mediterranean Fleet.
En juillet 1940, il règle avec distinction le problème de la flotte française
immobilisée à Alexandrie*, évitant un autre Mers el-Kébir*. Quatre mois
plus tard, il gagne la bataille de Tarente*, renversant la situation stratégique
navale en Méditerranée*. Il récidive, le 28 mars 1941, sous le cap Matapan*.
À chaque fois, il sait, habilement, utiliser son aviation embarquée.
Durant quelques mois, de juin à septembre 1942, il fait partie du CCS* à
Washington avant de retrouver la Méditerranée*. En octobre 1943, il succède
à l’amiral Pound* comme Premier lord de la mer.
Partout où il est affecté, ce grand marin réussit parfaitement.

CURTIN, JOHN
(1885-1945). Homme politique australien.
Chef du parti travailliste australien, il devient Premier ministre en octobre
1941 et le restera jusqu’à sa mort en juillet 1945.
Il conduit avec fermeté son pays en guerre, imposant la conscription,
s’appuyant résolument sur les Américains, tout en s’affirmant loyal vis-à-vis
de la couronne britannique. Le retrait de deux divisions australiennes du
théâtre méditerranéen l’opposera assez sérieusement à Churchill*.

CURTISS
Série de monomoteurs de chasse américains produits par Curtiss-Wright
Corp (voir P /40).

CURZON, LIGNE
Frontière orientale de la Pologne*, proposée en 1919 par Lord Curzon,
secrétaire au Foreign Office.
Cette frontière, approuvée par Clemenceau, passait par Suwalki, Grodno,
Brest-Litovsk, le cours moyen du Bug et à l’est de Przemysl. Les succès
militaires polonais firent repousser cette ligne frontière 150 à 200 km plus à
l’est. À Yalta*, Staline* reprend cette notion de ligne Curzon comme
nouvelle frontière soviéto-polonaise, en englobant également Lwow
(Lemberg). Roosevelt* et Churchill* accepteront.

CYRÉNAÏQUE, CAMPAGNES DE
Il est deux grandes campagnes de Cyrénaïque : la première à l’actif des
Britanniques, conduite par le général O’Connor* au début de 1941 ; la
seconde à l’actif des Allemands, conduite par le général Rommel* en avril
1941.

La campagne britannique :
Fort de sa supériorité numérique – 250 000 hommes contre 37 000 –, le
général italien Graziani* a pu, à l’automne 1940, repousser les Britannique
devant lui et pénétrer en Égypte. Le 17 septembre, il a atteint Sidi-Barani à
une centaine de kilomètres au-delà de la frontière égypto-libyenne. Satisfait
de ce résultat, il a mis l’arme au pied. 80 000 hommes de sa Xe Armée
stationnent dans une dizaine de camps échelonnés à l’est de la frontière.
Derrière, en Cyrénaïque, s’éparpille le reliquat (170 000 hommes) de ses
troupes.
En face, le général Wavell* a reçu quelques renforts. Il confie au général
O’Connor*, Irlandais à l’imagination vive et à la décision ferme, le soin
d’éloigner le danger italien du delta du Nil.
O’Connor* ne dispose que de 36 000 hommes. La qualité supplée.
Les Britanniques se regroupent dans les nuits des 7 et 8 décembre 1940.
O’Connor* a prévu de s’infiltrer par le désert, de se rabattre plein nord et de
frapper les positions italiennes sur leurs arrières.
L’attaque débute à l’aube du 9. La surprise est totale et sème la
confusion. En trois jours de combats, O’Connor* anéantit deux corps
d’armée, fait 38 000 prisonniers et ne déplore que 624 tués, blessés ou
disparus.
Sur sa lancée, il continue. Le voici maintenant en Libye*. Le
16 décembre, Bardia est atteinte. Le 5 janvier 1941, la bataille est terminée.
47 000 prisonniers. La route de Tobrouk* est ouverte. Le 7 janvier,
O’Connor* sera devant la place.
Le 21 janvier, Tobrouk* tombe. 25 000 prisonniers supplémentaires. Le
ravitaillement anglais peut suivre par le port.
Tobrouk saisie, la Cyrénaïque s’offre à O’Connor*. Pour parvenir à
Benghazi, la métropole, la route côtière, la Via Balbia, y conduit. Le général
lance ses Australiens tout en optant pour une autre route plus risquée mais
plus directe. La 7e DB pique au plus court, coupant le demi-cercle de la
Cyrénaïque au sud du Djebel Achdar. Amoncellements pierreux, sables mous
font obstacle. Sur ce sol ingrat, les véhicules de la 7e DB progressent
néanmoins. Ils passent Mechili, atteignent M’Sous, puis Antelat. Le golfe des
Syrtes est à 80 km. Dans l’après-midi du 5 février, la Via Balbia est atteinte à
Beda Fomm. La retraite des Italiens est coupée. Ils se retrouvent pris au
piège. Sous la pluie d’hiver, leurs colonnes tentent de forcer le passage. En
vain. O’Connor* a rameuté les siens. Le 7 février, à 9 h, il peut câbler à
Wavell* : « Renard tué à ciel ouvert. » Il n’y a plus de Xe Armée italienne.
O’Connor* n’est qu’à 700 km de Tripoli. Sûr de son fait, il programme
son avance. Avant la fin février, il atteindra Tripoli.
Le Premier ministre en décide autrement. De tout temps, Churchill* a eu
un faible pour les Balkans*. Il impose de défendre la Grèce* et exclut toute
action sérieuse contre Tripoli. Churchill* est le maître à bord. La division
australienne embarque pour la Grèce*. La 7e DB repart pour le delta. Elles
ont fait 130 000 prisonniers, parcouru 800 km. À l’ultime minute, elles se
retrouvent frustrées de la victoire finale. Des unités moins expérimentées les
relèvent et se retranchent dans les dunes d’El Agheila. O’Connor* rentre au
Caire. Le général Neame le remplace. La victoire incomplète n’a pas permis
de chasser l’Axe* de la Libye*, ce qui aurait été le cas avec la prise de
Tripoli, ultime port avant la Tunisie*. Churchill*, seul, en porte la
responsabilité.

La campagne allemande :
Pour Hitler*, le front méditerranéen n’est pas essentiel. Une déroute
totale de son acolyte en Afrique du Nord aurait cependant des répercussions
graves sur tout le théâtre méditerranéen.
Aussi, le Führer*, le 11 janvier 1941, signe-t-il la directive no 22 :
« La situation en Méditerranée* exige pour des raisons stratégiques, politiques et
économiques une action de soutien allemand. La Tripolitaine doit être défendue. »
Concrètement, une force d’intervention, au départ de deux divisions, une
division légère et une division blindée, se prépare à embarquer pour Tripoli
sous les ordres du général Erwin Rommel*. Rommel*, à cette date, n’est
qu’un petit général parmi tant d’autres. Toutefois, son comportement, ses
initiatives, ses succès en mai-juin 40, à la tête de la VIIe PD, l’ont fait
remarquer. Il paraît le plus apte à s’adapter à une situation nouvelle en
Libye*.
Sitôt arrivé en Libye*, Rommel* s’informe. Il découvre le désert dans sa
nudité et son immensité. Il perçoit la difficulté des approvisionnements. Il
apprend également par son service de renseignements que les Anglais en
Cyrénaïque sont faibles. Il en conclut qu’il est inutile d’attendre.
Graziani* n’est plus là. Ses échecs lui ont coûté son poste et le général
Gariboldi le remplace. Il ne peut que s’incliner devant l’autorité de ce
collègue allemand qui impose ses vues et ses décisions.
Le 31 mars, à 9 h 50, Rommel* frappe les trois coups. Il n’a à cette date
que la valeur d’une division légère. Il s’en contentera.
Son avance, appuyée par les Stukas*, est rapide. Les Anglais refluent vers
Benghazi.
Conformément aux instructions du Haut Commandement italien dont il
dépend théoriquement, Rommel* devrait stopper. Que valent les ordres des
lieutenants de Mussolini* pour un général allemand habitué à tout
bousculer ?
Ironie du sort ! Les blindés allemands – et italiens – reprennent, en sens
inverse, la route suivie par les Britanniques deux mois plus tôt. Les uns
foncent par la Via Balbia, le long de la côte ; les autres s’enfoncent dans le
désert, vers M’Sous, vers Mechili. Au tour de Rommel* de couper la
Cyrénaïque. Cette fois, vers le nord-est.
Le Rommel* de mai-juin 1940 ressuscite en avril 1941, est partout pour
presser ses gens.
Wavell* est pris de court. Faute de mieux, il expédie son seul atout,
O’Connor*, pour coiffer Neame. Las ! O’Connor* et Neame s’égarent dans
le désert et sont faits prisonniers. L’état-major anglais est décapité.
La suite évolue très vite.
Le 4 avril, Benghazi est atteinte. Le 7 avril, Mechili est encerclée. 2 000
hommes y sont faits prisonniers. Derna est dépassée le 11. Le prochain
objectif s’appelle Tobrouk*.
Wavell* voudrait l’évacuer. Churchill* en juge autrement et n’a sans
doute pas tort.
Rommel*, conscient de l’intérêt du site, tente de l’enlever. Un coup de
main des avant-gardes échoue. La ville est trop bien protégée. 25 000
combattants s’y sont repliés et retranchés.
En dépit de cette verrue, Rommel* persiste à aller vers l’est. Bardia,
Solloum. Les Britanniques refluent en Égypte*. L’Afrika Korps* parviendra-
t-elle à Alexandrie* ?
Wavell* contrera par Battleaxe*.
Mais Rommel* aura reconquis la Cyrénaïque.
D

D1A
Char léger français, fabriqué par Renault en 150 exemplaires et entré en
service en 1931.
Équipé de D1, le 67e BCC se battra héroïquement à Souain, au nord de
Suippes, le 12 juin 1940, bloquant la progression de la 8e PD. Les derniers
D1 existants seront engagés dans la campagne de Tunisie* en 1942-1943.
Poids : 12 tonnes ; vitesse : 19 km/h ; autonomie : 90 km ; armement :
1 canon de 37 mm, deux mitrailleuses de 7,5 mm ; équipage : 3 hommes.

D37
Grenade à main défensive française, fusante automatique, en fonte
aciérée, à fond plat.
Poids : 660 g avec bouchon allumeur Mle 35 ; portée moyenne : 25 à
30 m ; rayon d’efficacité : éclats dangereux jusqu’à 100 m ; retard : 4 à 7
secondes.

DACHAU
Camp de concentration* allemand, à une vingtaine de kilomètres au nord
de Munich, ouvert en mars 1933.
225 000 personnes y sont internées de 1933 à 1945. Officiellement,
31 950 y sont mortes (le chiffre exact est peut-être supérieur).
Lorsque le camp est libéré, il renferme des personnalités comme le
chancelier autrichien von Schuschnigg, les Allemands Halder*, Schacht*.
DAKAR, ATTAQUE FRANCO-ANGLAISE
CONTRE
Le 1er septembre 1940, pour le général de Gaulle* qui vient de
s’approprier l’AEF* (moins le Gabon*), l’AOF* offre d’autres perspectives
et surtout un objectif de choix : Dakar.
Dakar, à la pointe du cap Vert, avec sa baie en eau profonde, ses quais,
ses docks, se présente comme l’escale par excellence de l’Atlantique au-delà
de Casablanca. Dakar dispose aussi d’un terrain d’aviation (Ouakam) qui ne
demande qu’a se développer.
Les initiés, peu nombreux, mais de Gaulle* en est de par ses précédentes
fonctions, savent également que Dakar détient un trésor. Une partie des
réserves d’or de la Banque de France (1 800 tonnes), l’or polonais et belge, se
sont retrouvés, en juin 1940, sur des navires français en direction de Dakar.
De là, ils ont été placés en sécurité à Thiès, à une centaine de kilomètres dans
l’intérieur. L’or de Thiès, une raison de plus d’aller à Dakar.
De Gaulle* trouve l’accord de Churchill*, sensible à la valeur stratégique
du site. Dakar est, certes, une belle proie, mais c’est un gros morceau. Trois
RTS*, un régiment d’artillerie coloniale stationnent aux approches de la ville.
Les batteries côtières du cap Manuel, de Bel Air, de Rufisque, du cap Vert,
de Yof, des Mamelles ou de l’île de Gorée, alignent des pièces de 240, 155,
138 et 95. Deux escadrilles de chasse, équipées de Curtiss*, sont basées à
Ouakam, et un groupe de bombardement, sur Glenn-Martin*, à Thiès.
Il faut surtout compter avec la marine. Le Richelieu* est à quai avec ses
pièces de 380, et il n’est pas seul. Près de lui : 1 torpilleur, 3 patrouilleurs,
6 avisos, 3 sous-marins (Ajax, Persée, Béveziers). De plus, une Force dite Y,
dépêchée de Toulon pour intervenir en AEF*, s’est amarrée à Dakar le
14 septembre. Elle compte trois croiseurs (Gloire, Montcalm, Georges-
Leygues) et sera bientôt rejointe par la 10e division de contre-torpilleurs
(Fantasque, Audacieux, Malin).
Le 16 septembre, le gouvernement anglais, informé de cette présence,
décide de renoncer à l’opération « Menace ». Mais de Gaulle* insiste. Le 17,
Londres donne son feu vert.
Le 23, l’armada franco-britannique se présente devant Dakar où une
brume épaisse limite la visibilité. De Gaulle* y est le parent pauvre. Il n’a
guère que trois avisos (Savorgnan de Brazza, Commandant Duboc,
Commandant Dominé) et 2 400 hommes, pour l’essentiel légionnaires de la
13e DBLE*. L’Anglais Cunningham* est autrement plus riche. Sa force M
comporte deux cuirassés (Barham et Resolution), 3 croiseurs lourds, 1
croiseur léger, 10 patrouilleurs, un porte-avions (Ark Royal*) avec 32 avions
embarqués. Par ailleurs, 4 000 fantassins sont prêts à débarquer.
De Gaulle* a prévu trois actions, à peu près simultanées. Une petite
équipe atterrira à Ouakam pour rallier le personnel de la base. Une autre, plus
importante, débarquera au port. Enfin, des débarquements interviendront dans
l’enceinte du port ainsi qu’à Rufisque, à une trentaine de kilomètres plus au
sud.
De Gaulle*, dans ses plans, a péché par manque d’informations. Il a sous-
estimé l’hostilité à sa personne et aux Anglais au lendemain de Mers el-
Kébir*. Il a sous-estimé l’influence du maréchalisme qui, en septembre 1940,
vit son apogée.
Au lever du jour de ce 23 septembre 1940, des tracts sont lancés sur la
ville par des Swordfish* de l’Ark Royal*. Peu après, de Gaulle* lance son
premier appel à la radio pour annoncer son arrivée et celle de ses émissaires.
Effectivement, alors que quelques aviateurs tentent un coup de main vite
avorté sur Ouakam et sont faits prisonniers, deux vedettes avec des
parlementaires se présentent au môle II. Le chef de ce petit détachement, le
capitaine de corvette Thierry d’Argenlieu*, demande aussitôt à remettre les
messages du général de Gaulle* au gouverneur général, au général
commandant supérieur, et au commandant de la marine. Ce dernier, l’amiral
Landriau, ordonne d’arrêter les parlementaires. D’Argenlieu* et ses
compagnons n’ont que le temps de se dégager et écopent de rafales de
mitrailleuses à la sortie du port. D’Argenlieu* et l’un de ses adjoints sont
blessés.
L’affaire commence mal et se poursuit tout aussi mal. Les complicités
prévues dans la ville ne sont pas au rendez-vous. L’alerte générale est
déclenchée.
À 8 h 07, nouvel appel de De Gaulle*, sans effet. À 10 h 07, ordre est
donné aux bâtiments de la Royale de se disperser en grand-rade pour couvrir
le port.
À 10 h 20, de Gaulle* se fait menaçant. Il demande aux Anglais
d’intervenir alors que les batteries côtières ouvrent le feu. À 11 h 05, les
salves de la Navy* commencent à tomber dans la darse. Le paquebot Porthos
est atteint. Le sous-marin Persée doit être évacué et coule. Le croiseur anglais
Cumberland est lui-même touché. À 16 h 30, le contre-torpilleur Audacieux
est sérieusement touché, quatre-vingts marins tués. Il finira par s’échouer en
rade de Rufisque.
Rufisque où, à 17 h, les Français libres tentent un débarquement. La
batterie de 75 du port, une section de mitrailleuses du 4e RTS*, les
contraignent à se replier avec trois morts.
Manifestement, Dakar refuse de recevoir de Gaulle*, qui, à la tombée du
jour, décide de regagner le large.
À Londres, Churchill* s’obstine et ordonne d’aller jusqu’au bout. Le 24,
à 1 h, un ultimatum anglais donne jusqu’à 6 h au gouverneur général Boisson
pour se soumettre. À 4 h 24, Boisson fait connaître sa réponse : « La France*
m’a confié Dakar. Je défendrai Dakar jusqu’au bout. » Ce sera donc
l’affrontement. Soldats, marins, aviateurs sont ennemis. L’ennemi, quel qu’il
soit, doit être repoussé.
La journée du 24 septembre est sanglante mais n’apporte pas de décision.
Le sous-marin Ajax est coulé. L’aéronavale anglaise, par deux fois, pique sur
le Richelieu*. Trois appareils sont abattus. Dans Dakar même, les victimes
civiles sont nombreuses.
La bataille reprend le 25. Le beau temps est revenu. À 9 h 02, le sous-
marin Béveziers met une torpille au but sur le cuirassé Resolution. À 9 h 25,
le cuirassé Barham encaisse un coup du Richelieu*. Cette fois c’en est trop.
Cunningham* décide de rompre le combat. Son armada se replie sur
Freetown. L’attaque sur Dakar est terminée.
Elle a coûté 166 tués, civils et militaires, des marins surtout, et quelque
300 blessés aux Français. Leurs assaillants comptent sensiblement le même
nombre de pertes. (Les Anglais se montreront très discrets sur ce point.)
Le chef de la France libre* sort grand perdant de l’équipée. Britanniques
et Américains ne cachent pas leur hostilité à son endroit. Fort heureusement
pour lui, Churchill* lui réitère sa confiance. Par contre, le fossé creusé par
Mers el-Kébir* s’accentue.

DAKAR, « CATAPULT* » CONTRE


Catapult* doit frapper partout où c’est possible.
Le 8 juillet 1940, le Richelieu*, qui a réussi à gagner Dakar, est visé à son
tour. Le grand cuirassé est encore en état d’infériorité. Ses machines ont
souffert d’un voyage mené à trop vive allure. Son armement lourd n’est pas
totalement installé. Les bombardiers Swordfish* anglais, venus du porte-
avions Hermes, qui l’attaquent à la pointe du jour, le trouvent immobilisé et
mal défendu. Il encaisse une torpille qui l’immobilise pour plusieurs mois.
Fort heureusement, il n’y a pas de victimes.

DALADIER, ÉDOUARD
(1884-1970). Homme politique français.
Après une belle guerre 14-18, l’agrégé d’histoire Daladier lancé en
politique devient en 1919 député radical du Vaucluse.
Sa vigueur physique, la fermeté de ses propos, le feront surnommer le
Taureau du Vaucluse. Les mauvaises langues diront devant certaines
faiblesses de sa politique qu’il ne s’agit que d’une « vachette ». Chef du parti
radical, maintes fois ministre, souvent président du Conseil, en septembre
1938, il rencontre Hitler* et signe les accords de Munich*.
La déclaration de guerre le trouve président du Conseil et ministre de la
Défense nationale. Il n’hésite pas alors à dissoudre le Parti communiste
inféodé à l’URSS* alliée de l’Allemagne* et à faire arrêter la majorité de ses
députés. Le 20 mars 1940, contesté sur sa droite et sur sa gauche, il doit
laisser la place à son vieux rival Paul Reynaud*, tout en restant à la Défense.
Le 19 mai, il passera aux Affaires étrangères jusqu’au 5 juin. Embarqué sur le
Massilia*, il est arrêté en septembre 1940 et devient l’un des inculpés du
procès de Riom*. Il se défend énergiquement, d’accusé devenant accusateur.
Remis aux Allemands, il est ensuite déporté à Oranienburg*, puis au château
d’Itter*. Libéré le 7 mai 1945, il retrouvera son siège de député.
Ses fonctions de haut niveau avant 1939 le font apparaître comme l’un
des grands responsables du manque de préparation politique et militaire de la
France* au conflit qui couvait. L’homme, toutefois, était chaleureux et ne
manquait pas de sens de l’humain. Ceci ajouté aux souvenirs de la Première
Guerre mondiale pourrait expliquer son pacifisme d’avant 1938.

DALUEGE, KURT
(1897-1946).
Successeur de Reinhard Heydrich* comme protecteur adjoint du Reich*
en Bohême-Moravie.
Organisateur du massacre de Lidice*. Condamné à mort par un tribunal
tchécoslovaque en 1946.

DAMASKINOS, MONSEIGNEUR
(1889-1949).
Archevêque d’Athènes.
S’oppose avec fermeté aux occupants et défend la communauté juive. Le
31 décembre 1944, devient régent de Grèce* pour résoudre le problème de
l’impasse monarchique. Il le restera jusqu’au retour du roi en 1946.

DANEMARK
Le Danemark, en 14-18, était resté neutre.
Il entendait le rester et ne s’était préparé en rien à la guerre. En septembre
1939, il affirme sa neutralité. L’occupation brutale du pays par la
Wehrmacht* le 9 avril 1940, crée une situation juridique paradoxale. Le pays
n’est pas en guerre avec l’Allemagne*. Il est un État indépendant auquel
l’occupant impose sa présence et un protectorat. Sans plus dans l’immédiat.
Contrecoup de cette vassalité, l’Angleterre* fait occuper les îles Féroé*,
propriété du Danemark. L’Islande* proclame son indépendance. Le
Groenland* échappe, provisoirement, à la Couronne. (Les Américains y
établissent des bases en 1941.)
La résistance danoise à l’occupant, à partir de 1943, modifie cette
situation. Le chef de l’opposition s’enfuit en Angleterre*. Les élections à
97 % confirment l’unité du pays contre le nazisme. Le roi Christian X qui
incarne l’esprit de résistance est gardé en son palais. Le 29 août 1943, le
commissaire politique allemand fait supprimer les libertés politiques. En
septembre 1943, un Comité des libertés danoises se constitue.
Le 4 mai 1945, les troupes allemandes du Danemark capitulent. Les
Britanniques occupent provisoirement le pays ; les Soviétiques s’installent
dans l’île de Bornholm. Le régime monarchique constitutionnel est remis en
vigueur. Les collaborateurs sont sanctionnés.
Le Danemark est l’un des pays d’Europe a avoir le moins souffert de la
guerre. Peu de combats, hormis quelques sabotages, et peu de
bombardements. La population juive a été partiellement épargnée et protégée
par le roi et le gouvernement. De 7 000 personnes en 1939, elle est passée à
5 500 en 1947, diminution où il faut tenir compte des exils (6 000) en Suède*
proche.

DANEMARK, OCCUPATION DU
Hitler* ayant décidé d’intervenir en Scandinavie, l’étude du projet
conduit tout naturellement à envisager de se saisir conjointement du
Danemark.
La petite péninsule danoise commande la porte d’entrée de la Baltique.
Son occupation offrirait des terrains d’aviation à courte distance de la
Scandinavie et en face de l’Écosse. Berlin a signé le 31 mai 1939 un pacte de
non-agression avec Copenhague. Qu’importe ? Un chiffon de papier de plus !
Le Danemark s’annonce une proie aisée : peu d’armée de terre, pas
d’aviation, une marine de guerre squelettique, une frontière commune avec
l’Allemagne*. Rien ne lui permet de tenir sérieusement.
Le 9 avril 1940, à 4 h 20, Renthe-Fink, le ministre allemand à
Copenhague, explique au ministre danois des Affaires étrangères que « les
intentions agressives de l’Angleterre* contre le Danemark imposent à
l’Allemagne* de prendre les devants ». Les nazis n’en sont pas à une
allégation mensongère de plus.
À la même heure, des colonnes motorisées envahissent le Jutland, tandis
qu’un millier de soldats arrivés par mer investissent la capitale. La résistance
est sporadique, voire à peu près nulle. Sur les frontières, quelques avant-
postes essayent de repousser l’adversaire. Il y aura une cinquantaine de tués
(dont deux aviateurs). Dans la matinée, tout est terminé. Le roi, le
gouvernement s’inclinent. Le Danemark est devenu un protectorat allemand.

DANNECKER, THEODOR.
SS Hauptsturmführer.
« Nazi frénétique qui entrait en transes dès qu’on prononçait le mot juif »
(X. Vallat).
Sous les ordres directs d’Eichmann*, il est, de septembre 1940 à
septembre 1942, le principal responsable et interlocuteur des Français pour la
Question juive en France*. Serait mort en 1945.

DANTZIG
(En polonais : Gdansk.)
Ville au débouché du bassin de la Vistule, incluse dans un secteur de
1 950 km2.
Bien que géographiquement polonaise, sa population, en 1939, était très
majoritairement allemande. Seulement 6 % de Polonais sur 400 000
habitants.
Le traité de Versailles, en 1919, en fit une ville libre sous contrôle de la
SDN*. Son existence devint un casus belli entre le IIIe Reich* et la Pologne*,
le premier exigeant son intégration à l’Allemagne*, et aida à précipiter le
déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Occupée par la Wehrmacht*
au début de la campagne, Dantzig est alors intégrée au Reich* avant d’être
attribuée à la Pologne* après la guerre. Sa population allemande est
transférée en Allemagne* et remplacée par un peuplement polonais.

DANTZIG, MOURIR POUR


Formule célèbre de Marcel Déat* dans un article retentissant paru dans
L’Œuvre du 4 mai 1939, sous le titre : « Faut-il mourir pour Dantzig ? »
Le transfuge du parti socialiste et futur collaborateur* notoire en refuse le
principe, préconisant pour la France* une politique isolationniste, laissant
Hitler* s’engager et s’enliser à l’Est*.

DARLAN, FRANÇOIS
(1881-1942). Amiral français.
Cet ancien de l’École navale, après une « belle » guerre 14-18, est
incontestablement l’un des grands responsables de la bonne santé des forces
navales françaises en 1939, dont il est le commandant en chef avec le titre
d’amiral de la flotte.
À partir de septembre 1939, de son PC de Maintenon, parfaitement
organisé, il dirige les opérations de la Royale avec prudence et efficacité.
Celle-ci sortira de la première partie de la guerre sans gros dommages.
Partisan un moment du refus de l’armistice, il se rallie rapidement au
maréchal Pétain* qui le nomme le 16 juin 1940 ministre de la Marine. Avant
l’armistice, il s’engage, à plusieurs reprises, auprès des Britanniques à ne
jamais livrer la marine française aux Allemands. Il donne du reste des ordres
secrets en conséquence.
Mers el-Kébir*, Dakar*, rendent ce marin, peu anglophile au départ,
foncièrement hostile aux Britanniques. Persuadé par ailleurs, durant un
temps, de la victoire allemande, il joue ostensiblement la carte de la
collaboration* avec l’Allemagne*.
Successeur éventuel du maréchal Pétain*, en vertu de l’acte
constitutionnel no 4 quarter du 10 février 1941, il devient vice-président du
Conseil, le 24 février 1941. Poste qu’il cumule avec les Affaires étrangères,
l’Information et la Marine. Il mène alors une politique de conciliation avec
l’Allemagne*, s’engageant même très loin, et rencontre personnellement
Hitler* les 11 et 12 mai. Seule l’opposition violente du général Weygand*
met un terme à des engagements susceptibles d’entraîner la France* dans la
guerre aux côtés de l’Allemagne*.
L’évolution du conflit et en particulier l’entrée des États-Unis* dans la
guerre conduisent progressivement Darlan à louvoyer et changer de bord.
En avril 1942, les Allemands obtiennent son remplacement par Laval*. Il
n’est plus que le dauphin en titre du Maréchal et le commandant en chef des
forces de terre, de mer et de l’air.
Dans le courant de l’été, de plus en plus conscient du camp des
vainqueurs, il amorce des contacts avec les Américains. Mais le mal est fait.
Il est suspect aux yeux de tous.
Présent à Alger, pour raison familiale, le 8 novembre 1942, il est surpris
par le débarquement. Après des heures difficiles, persuadé d’avoir l’accord
intime du vieux monsieur, il ordonne le cessez-le-feu et se range franchement
auprès des Alliés*. Ceux-ci qui ont constaté sur place qu’il était le seul à
pouvoir être obéi l’acceptent en tant que haut-commissaire en Afrique
française. Catalogué expédient provisoire, mais reconnu utile, il fait figure de
premier interlocuteur français auprès du commandement allié. S’il engage
l’armée d’Afrique* dans la campagne de Tunisie*, il échoue, par contre, à
obtenir le ralliement de la flotte à Toulon*.
Contesté pour son passé de collaboration*, attaqué par les gaullistes qui
voient en lui un adversaire dangereux dans la conquête du pouvoir, donnant
l’impression que Vichy* se poursuit malgré l’arrivée des Alliés, il est
finalement assassiné à Alger, le 24 décembre 1942.

DARLAN, ASSASSINAT DE
Le sol se creuse sous les pieds de Darlan, le haut-commissaire en Afrique
française. Il réussit trop bien et devient pour trop de clans le gêneur numéro
un.
Les monarchistes sont aux avant-postes. Leur chef, le comte de Paris, est
arrivé clandestinement à Alger, bien décidé à remonter sur le trône.
Les gaullistes sont amers. Ils sont les grands perdants du moment. De
Gaulle* a conscience qu’il risque de se trouver marginalisé. Il exprime sa
réprobation à Churchill* et sa colère à ses compagnons de la première heure,
Larminat* et Leclerc* : « Darlan est un traître qui doit être fusillé. » À la mi-
décembre, le chef de la France libre* expédie à Alger le général d’aviation
François d’Astier. Celui-ci part avec de l’argent et une mission claire :
« préparer le terrain ».
Autres adversaires de l’amiral de la flotte, les ulcérés du 8 novembre.
Civils ou militaires, leur attitude le jour du débarquement leur vaut d’être
tenus en suspicion ou en quarantaine. Vichy* se prolonge avec les mêmes
chefs de file et les mêmes discriminations.
Il n’est pas que des Français à refuser Darlan*. Des Anglais s’en mêlent.
Cadogan, le secrétaire général d’Eden*, se permet de déclarer : « Nous ne
ferons rien de bon tant que nous n’aurons pas tué Darlan. »
Les proches de l’amiral ont conscience de cette ambiance assassine. Son
épouse s’alarme : « Ils vont le tuer ! »
Ce que redoutait madame Darlan se produit le 24 décembre 1942.
Dans la matinée, un jeune homme bien mis se présente au Haut-
Commissariat et demande à être reçu. L’amiral n’est pas là. Le visiteur
revient à 15 heures. Le planton le laisse passer. Darlan arrive avec son chef
de cabinet. Deux coups de feu claquent. Darlan, transporté à l’hôpital Maillot,
meurt en arrivant sur la table d’opération à 15 h 45.
L’assassin maîtrisé, et interrogé, avoue très franchement :
« Bonnier de la Chapelle, Fernand, étudiant, 20 ans, habitant à Alger, 56, rue Michelet,
déclare :
J’affirme avoir tué l’amiral Darlan après en avoir référé à l’abbé Cordier, sous la forme
d’une confession. C’est M. Cordier qui m’a remis les plans des bureaux du commissariat et du
cabinet de l’amiral, et c’est par lui que j’ai pu me procurer le pistolet et les cartouches qui m’ont
servi à exécuter la mission que je m’étais assigné et qui était de faire disparaître l’amiral Darlan. »

Le coupable est parfaitement désigné. Il a cité des noms, l’abbé Cordier,


Henri d’Astier, signalé la présence du comte de Paris. Le policier aurait pu
poursuivre ses investigations. Curieusement, il ne l’a pas fait.
Giraud* étant en Tunisie*, Bergeret prend les choses en main. Il fait
préparer les obsèques de l’amiral et ordonne le passage immédiat du
meurtrier devant le tribunal militaire.
Le procès est rapidement mené. Bonnier ne conteste pas et se présente en
justicier. Condamné à mort, il est fusillé le 26 décembre à l’aube au polygone
d’Hussein-Dey.
Qui a tué Darlan ?
Giraud*, promu le 27 décembre commandant en chef civil et militaire,
doit avant tout faire la lumière sur la disparition de Darlan. Les Américains le
pressent de faire éclater la vérité. L’autorité française est en jeu.
L’instruction a été baclée, l’exécution de Bonnier précipitée. Pour repartir
à zéro, un jeune juge d’instruction, en poste au Maroc, le commandant
Voituriez, est désigné.
Voituriez se met aussitôt à l’ouvrage. Il perçoit vite, dans ce dossier à
aborder sur la pointe des pieds, l’existence de deux grandes filières : la filière
monarchiste, la filière gaulliste. La première est assez bien marquée, la
seconde moins nette.
Le jeune Bonnier, catholique et patriote, était monarchiste. Son maître à
penser en la matière était l’abbé Cordier, résistant, et présentement lieutenant,
en situation d’activité, au 2e bureau d’Alger. Cordier est un proche d’Henri
d’Astier. Par lui, Bonnier a été introduit dans le cercle des amitiés royalistes.
Depuis le 10 décembre, le comte de Paris, persuadé que les temps sont
favorables à une restauration, vit à Alger, à peine incognito. Une savante
combinaison faisant recours à une vieille loi, la loi Treveneuc du 25 février
1872, a laissé un moment espérer réunir les conseils généraux d’Algérie.
Ceux-ci, suppléant à l’absence de Chambre et de gouvernement, inviteraient
le prétendant à faire office de rassembleur. L’opposition du président du
conseil général d’Alger a fait capoter le projet. Le 19 décembre, tout est
remis en question. Le départ en douceur de Darlan, évincé grâce à
l’interprétation d’une vieille loi, n’est plus possible.
L’élimination physique est la seule possible. Désigné par un tirage au sort
dans un petit groupe de cinq volontaires, Bonnier sera l’agent du destin et du
devoir. Soit ! Qui a donné l’ordre formel ? Bonnier avant d’être exécuté a cité
des noms : le comte de Paris, de Gaulle*, et parlé d’amis puissants.
Les perquisitions effectuées permettent de découvrir une proclamation du
comte de Paris annonçant qu’il prenait le pouvoir, la composition d’un
ministère avec de Gaulle* comme adjoint au comte, une somme de 40 000
dollars remise par le général François d’Astier, émissaire de De Gaulle*, à
son frère Henri, l’existence du banquier Pose, ministre des finances de
Darlan, comme directeur du complot monarchiste.
Pour en savoir davantage, Voituriez a besoin d’interroger. Interroger
Henri d’Orléans, prétendant au trône de France, Alfred Pose, personnalité
éminente du régime ? Le juge sollicite l’accord de Giraud*. Celui-ci n’est pas
spécialement monarchiste mais refuse.
L’instruction s’arrête là, le 17 janvier 1943. Voituriez demande à être
déchargé d’un dossier qu’on s’empresse d’enterrer. Giraud* est satisfait. Il a
informé les Américains que le complot était strictement monarchiste et que
les gaullistes impliqués avaient seulement pris le train en marche. De leur
côté aussi la page se tourne.
En septembre 1943, une fois de Gaulle* devenu le maître à Alger, les
victimes du juge seront libérées et décorées. (L’abbé Cordier recevra la
médaille de la Résistance* avec rosette. Henri d’Astier sera fait Compagnon*
de la Libération. Quant à Bonnier de la Chapelle, en 1953, il recevra la
Médaille militaire à titre posthume et la croix de guerre.)
L’interrogation demeure. Qui a commandité l’acte ? Des monarchistes ou
des gaullistes ? Ou encore, des monarchistes et des gaullistes ?
La réponse prête obligatoirement à controverse.
Le comte de Paris était à Alger où il n’aurait pas dû être. L’épouse et le
fils d’Henri d’Astier affirmeront qu’il a donné l’ordre formel d’abattre
Darlan*.
Et de Gaulle* et les gaullistes ? La trame est plus floue. 2 000 des 40 000
dollars apportés par le gaulliste François d’Astier ont été retrouvés sur
Bonnier de la Chapelle. Est-il l’argent du crime ? On ne saura jamais si de
Gaulle* a ordonné ou non l’élimination physique d’un homme qu’il voulait
faire fusiller. Il est, par contre, plus plausible de penser qu’il était au courant
des desseins des royalistes d’Alger. Et pourquoi se serait-il opposé à un plan
qui servait si bien ses intérêts ?
À Anfa*, Giraud* et de Gaulle* conviendront d’étouffer l’affaire pour ne
pas ternir la position de la France* vis-à-vis de ses alliés.
Darlan* a été inhumé à l’Amirauté à Alger, puis à Mers el-Kébir*, en
1964, dans le cimetière des marins tombés le 3 juillet 1940. Sur sa tombe,
comme sur celle de son assassin, une inscription : « Mort pour la France*. »

DARNAND, JOSEPH
(1897-1945). Homme politique français.
Le sergent Darnand a son heure de gloire en 1918, rapportant, après un
audacieux coup de main, des renseignements précieux pour contrer
l’offensive allemande de juillet.
Rendu à la vie civile, il milite à l’extrême droite et appartient à la
Cagoule.
En 39-40, il reste fidèle à sa légende de combattant exemplaire. Fait
prisonnier après une belle guerre, il s’évade et prend la tête de la section
départementale des Alpes-Maritimes de la Légion des Combattants* à peine
créée. Il se montre très vite en avant-garde, lance le SOL* (Service d’ordre
légionnaire), fer de lance musclé de la Légion*. L’homme y apparaît tel qu’il
est, un chef, un battant, mais aussi un antisémite antidémocratique. Un
moment, fin 1942, il songe à rejoindre la Résistance*, mais il est allé trop
loin. De Gaulle* le refuse. Son destin a basculé. Il sera un collabo* forcené.
En janvier 1943, le SOL* devient la Milice* française pratiquement sous
les ordres de Darnand qui en fait l’instrument premier de la répression
française de la Résistance*. Collaborateur* engagé, Darnand prête serment de
fidélité à Hitler*, s’engage dans la Waffen* SS, se rend en Russie pour
soutenir la LVF*. Le 30 décembre 1943, il est nommé secrétaire général au
maintien de l’ordre avec pratiquement rang de ministre. Le 13 juin 1944, il
sera secrétaire d’État à l’Intérieur.
En septembre 1944, il fuit en Allemagne*. Arrêté en Italie* en 1945, il
est remis à la France, condamné à mort et exécuté le 10 octobre 1945.
De Gaulle*, l’évoquant, parlera de « grand dévoyé de l’action ».

DARQUIER, LOUIS, DIT DARQUIER DE


PELLEPOIX
(1897-1980). Homme politique français.
Cet ancien combattant courageux s’est fait remarquer par ses opinions
collaborationnistes et ses obsessions antisémites.
Le 6 mai 1942, il succède à Xavier Vallat* comme Commissaire aux
questions juives, sans doute imposé par les Allemands. Il donne alors libre
cours à ses sentiments, proposant de dénaturaliser les Juifs naturalisés après
1927, de donner un statut aux demi-Juifs, etc. Il donne surtout la main aux
grandes rafles de 1942. Il quitte ses fonctions en février 1944, Laval*, qui ne
l’aimait pas, ayant obtenu son renvoi. Réfugié en Espagne*, il restera fidèle à
ses convictions, allant jusqu’à nier l’holocauste.

DARWIN, RAID SUR


Darwin, connu également sous le nom de Port Darwin, est effectivement
un port de la côte septentrionale de l’Australie*. Timor n’en est qu’à 450 km
et les Australiens ont fait du site une base navale et aérienne en couverture de
leurs rivages nord.
Sur le point d’attaquer Java, le 1er mars 1942, les Japonais décident de
frapper Darwin pour couper les communications avec l’Australie*. Une flotte
importante, quatre porte-avions avec une forte escorte dont deux cuirassés,
commandée par l’amiral Nagumo*, l’homme de Pearl Harbor*, vogue vers
Port Darwin par la partie sud de la mer de Timor. Le 19 février, à l’aube, elle
lance 71 bombardiers en piqué, 81 avions torpilleurs et 36 chasseurs contre
Port Darwin. Cette action est conjuguée avec celle d’appareils décollés de
bases saisies dans les Indes* néerlandaises. Les Australiens sont surpris.
L’aérodrome est détruit, la ville sérieusement bombardée. Un destroyer
américain est coulé, un autre endommagé. Huit autres navires sont également
coulés et 18 avions détruits. Il y a 200 victimes civiles et militaires.
Ce raid provoque une panique locale et une grosse émotion en Australie*.
La menace japonaise est là, toute proche.

DAUNTLESS
Douglas SDB.
Bombardier en piqué embarqué, monomoteur, américain. Fabriqué à
5 936 exemplaires en plusieurs versions. Sera le grand vainqueur de la
bataille de Midway*.
SDB 3 : vitesse 400 km/h ; autonomie : 2 200 km ; armement :
4 mitrailleuses, 544 kg de bombes ; équipage : 2 hommes.

DB 2e (DEUXIÈME DIVISION BLINDÉE


FRANÇAISE)
Grande unité formée à Temara, au Maroc, en 1943, sous les ordres du
général Leclerc*.
Elle a pour noyau initial la Force L* de Leclerc sans ses Africains. Elle
doit donc se renforcer pour atteindre 16 000 hommes. Elle le sera par des
évadés de France*, des jeunes des Chantiers de la Jeunesse* d’AFN, des
unités de l’Armée d’Afrique*. Tous ne sont pas obligatoirement gaullistes et
des incidents éclateront. Le rayonnement de Leclerc*, la fraternité des
combats souderont l’unité.
En avril 1944, la 2e DB est transférée en Grande-Bretagne* dans la
perspective, le jour venu, d’une marche sur Paris. Forte de 16 000 hommes,
elle débarque à Utah Beach* le 1er août 1944 et est intégrée à la IIIe Armée
de Patton*. Elle libérera Paris* et Strasbourg* avant de terminer à
Berchtesgaden*.

DBLE 13e (13e DEMI-BRIGADE DE LÉGION


ÉTRANGÈRE)
Sous le nom de 13e DBMLE (Demi-Brigade de montagne de Légion
Étrangère), est créée en février-mars 1940, au Maroc* et en Algérie*, une
unité de Légion* destinée à intervenir en Scandinavie. Elle prend
officiellement le nom de 13e DBLE le 27 mars 1940 et compte à cette date 55
officiers, 210 sous-officiers, 1984 caporaux et légionnaires sous les ordres du
lieutenant-colonel Magrin-Vernerey*.
Débarquée en Norvège*, elle joue un rôle essentiel dans la prise de
Narvik* (mai-juin 1940).
Rapatriée en France*, puis repliée en Angleterre*, l’unité éclate fin juin.
Sous l’impulsion de son chef qui devient Monclar*, 983 de ses membres se
rallient au général de Gaulle* afin de poursuivre la lutte. La 13 sera
désormais le fer de lance des Forces françaises libres*. Elle est présente
devant Dakar*, au Gabon*, en Érythrée*, puis en Libye* où elle défend avec
éclat le camp retranché de Bir-Hakeim*. Elle est ensuite à El-Alamein*, où le
lieutenant-colonel Amilakvari*, qui en a pris le commandement le 19 octobre
1941 en Syrie*, est tué.
Dans les rangs de la 1ère DFL*, elle participe à la fin de la campagne de
Tunisie*, puis se bat en Italie* et en France*, terminant la guerre dans les
Alpes. Des renforts, des ralliements, après les campagnes de Syrie* et de
Tunisie*, ont permis de gonfler ses rangs affaiblis par les pertes.
De la Norvège* aux Alpes, la 13e DBLE a perdu 882 des siens : 27
officiers, 110 sous-officiers, 685 caporaux et légionnaires, soit plus du tiers
des effectifs moyens.
83 Compagnons de la Libération* ont servi dans ses rangs.
Unité Compagnon de la Libération*.

DCR (DIVISION CUIRASSÉE)


Dite de réserve à cause du R, pour la distinguer des DC, divisions de
cavalerie.
La campagne de Pologne* a montré l’intérêt des PD*. Le 13 novembre
1939, le colonel de Gaulle* adresse une note au GQG de Gamelin* :
« Le moteur bouscule nos doctrines comme il bousculera nos fortifications. Nous avons un
matériel excellent, il s’agit de l’organiser comme l’emploient les Allemands, et nous aurons la
supériorité sur eux. »

Vaine requête. La création de divisions cuirassées est cependant décidée.


Le projet reste timide : les DCR n’alignent que 169 chars en moyenne face
aux 280 des PD*.
Les 1ère et 2e DCR sont créées en janvier 1940, la 3e en mars. Une 4e
confiée au colonel de Gaulle* sera mise sur pied, à la hâte, après le 10 mai.
Ces DCR doivent comporter deux bataillons de chars B*, deux bataillons de
chars H 39*, un bataillon de chasseurs portés, un régiment d’artillerie.
Ces DCR, regroupées, pourraient à l’instar des corps blindés allemands
constituer un ensemble puissant de manœuvre et de contre-attaque.
Gamelin*, Georges* en décident autrement.
Le 14 mai 1940, la 1ère DCR du général Bruneau est mise à la disposition
de la IXe Armée. Le général Corap l’envoie aussitôt devant Dinant contrer le
39e corps blindé. Au matin du 15, ses quatre bataillons se retrouvent face aux
5e et 7e PD*. Le courage est certain, l’esprit de sacrifice total. Au soir du
15 mai, trois bataillons sur quatre sont décimés : le 26e ramène 20 chars, le
28e : 15, le 37e : 9. Les Allemands ont laissé une centaine de chars sur le
terrain, mais la 1ère DCR n’existe plus.
La 2e DCR du général Bruche, mise en alerte le 13 mai, supporte une
série de contrordres, se voyant d’abord destinée à la Ière Armée, puis à la IXe,
enfin à la VIe en formation. Ces contretemps bouleversent sa mise en place
ferroviaire. Ses unités sont dispersées dans quatre localités distantes de
plusieurs dizaines de kilomètres entre Oise et Aisne. L’issue n’est pas
douteuse. Les diverses fractions de la 2e DCR sont laminées par les 6e et 8e
PD. Regroupée enfin le 18 mai aux abords de la forêt de Compiègne, la 2e
DCR n’alignera plus que 17 chars B1* et 25 Hotchkiss*.
La 3e DCR du général Érocard est moins bien lotie que ses deux aînées.
Mal instruite, elle n’est pas prête, nécessité fait loi. Le 14 mai, ses bataillons
sont dispersés sur un front de 20 km et intégrés à un système défensif au
profit de la IIe Armée. La 3e DCR sera condamnée à des combats locaux à
hauteur de Stonne*, puis en barrage sur l’axe Sedan*-Vouziers. Elle s’y
épuisera.
La 4e DCR, confiée au colonel de Gaulle* le 11 mai 1940, sera engagée
contre Montcornet* et Abbeville*. Dans ses rangs, le colonel Chaumel, futur
chef des maquis du Berry* et de la 25e DI sur le front de l’Atlantique*, et le
lieutenant-colonel Sudre, futur commandant de la 1ère DB de la Libération*.
Les rescapés de la 4e DCR, comme ceux des trois autres divisions
cuirassées, ne mèneront plus que des combats retardateurs.

DD, CHAR (DUPLEX-DRIVE)


Ce char Sherman*, rendu amphibie par l’adjonction d’une large jupe et
de deux petites hélices, est en principe capable de gagner la terre ferme par
ses propres moyens depuis un LCT*. Sur terre, la jupe est repliée et les
hélices pivotent vers le haut.
Au matin du 6 juin 1944, la houle interdira à bien des DD d’atteindre le
rivage.
D-DAY (JOUR J*)
Terme des états-majors anglo-américains pour désigner le jour du début
d’une opération. Le D-Day le plus notoire est le 6 juin 1944 (voir Jour J).

DÉAT, MARCEL
(1894-1955). Homme politique français.
Normalien, au lendemain d’une guerre brillante en 14-18, il entre en
politique dans les rangs du parti socialiste qu’il quitte en 1933.
Député à plusieurs reprises, il est ministre de l’Air en 1936. Munichois, il
affirme, en mai, 1939, son pacifisme par un article qui fait sensation : Mourir
pour Dantzig* ?
Très vite, il s’oppose au gouvernement de Vichy* qu’il juge réactionnaire
et clérical. Installé à Paris, il fonde le Rassemblement National Populaire
dont il envisage de faire le parti unique.
Blessé dans l’attentat de Colette, le 7 août 1941, il s’enfonce dans la
collaboration* et essaye, en vain, d’unifier les collaborateurs* de zone
occupée.
Laval* lui confie un ministère en 1944 et, à l’été suivant, il s’enfuit à
Sigmaringen.
Condamné à mort par contumace, il échappe aux poursuites et trouve
asile jusqu’à sa mort en Italie* sous un nom d’emprunt.

DECIMA FLOTTIGLIA MAS


Dixième flottille MAS, abrégé de Memento Audere Semper (Souviens-toi
d’oser). Célèbre flottille italienne qui, sous les ordres du capitaine de frégate
Paolo Aloisi, puis des commandants Giorgini et Moccagatta, et enfin du
prince Borghese*, devait, avec ses sous-marins de poche, ses vedettes rapides
et ses hommes-grenouilles, réaliser un certain nombre d’exploits :
immobilisation du croiseur anglais York et de trois navires de commerce en
baie de Suda (Crète*), le 26 mars 1941 ; 35 000 tonnes envoyées par le fond
en rade de Gibraltar*, le 20 septembre 1941 ; immobilisation des cuirassés
Valiant et Queen Elizabeth* et du pétrolier Sagona, en rade d’Alexandrie*, le
19 décembre 1941, etc.
Le 10 juin 1943, elle recevra la médaille d’or de la valeur militaire de
Sardaigne, la plus haute distinction militaire italienne instituée en 1833.
Après l’armistice italien de septembre 1943, la Decima Flottiglia éclatera.
Certains de ses marins suivront Borghèse*, fidèle à Mussolini* ; d’autres
rallieront le camp des Alliés* où ils s’illustreront.

DECOUX, JEAN
(1884-1963). Amiral français.
Après un brillant parcours dans la Royale, l’amiral Decoux, ancien de
l’École navale, commande au début de 1940 les forces navales d’Extrême-
Orient.
Le général Catroux*, gouverneur général de l’Indochine*, ayant été
désavoué par Vichy* pour avoir cédé aux exigences nippones, il lui succède
le 20 juillet. Durant près de cinq ans, il va se heurter à l’impérialisme nippon,
ne pouvant éviter certains conflits où ses forces militaires sont en infériorité
manifeste. Sur le plan politique, il s’efforce, suivant sa propre expression, de
maintenir, c’est-à-dire de maintenir haut la présence française. Certains
pourront lui reprocher d’avoir trop fait chanter Maréchal, nous voilà* ; ils ne
pourront lui reprocher son patriotisme et son humanisme, s’efforçant d’ouvrir
de nouveaux horizons aux Indochinois en amorçant des réformes libérales
pour leur donner plus de responsabilités.
Il espérait maintenir l’Indochine* en paix jusqu’à la fin de la guerre. Le
coup de force japonais du 9 mars 1945 ruine cette ambition. Arrêté, libéré
avec la capitulation japonaise, l’amiral Decoux sera, à son retour en France*,
l’objet de poursuites qui se termineront sur un non-lieu.

DEGAUSSING (DÉMAGNÉTISATION)
Système mis au point par les Britanniques pour protéger leurs navires des
mines magnétiques. Il consiste à les entourer d’un câble électrique.

DEGRELLE, LÉON
(1906-1994).
Fondateur avant la guerre du parti politique belge Rex, de tendance
nationaliste et fasciste.
Rejoint en 1941 la Légion Wallonie*. Parti simple grenadier, finit, par
son courage et son audience personnels, à en devenir le chef. Se distingue
lors de l’évacuation de la poche de Tcherkassy* en février 1944. Lui
remettant la Croix de chevalier, Hitler* lui aurait dit : « Si j’avais eu un fils,
j’aurais aimé qu’il fût comme vous. »
Début mai 1945, il réussit à gagner l’Espagne* où il vivra en exil sans
rien renier de ses engagements.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne.

DELESTRAINT, CHARLES
(1879-1945). Général français.
Ce général, ancien saint-cyrien, spécialistes des blindés, a sous ses ordres,
en 1937, le colonel de Gaulle*, commandant le 507e RCC.
C’est ce même de Gaulle* qui le nomme, en octobre 1942, au
commandement de l’Armée Secrète* à organiser en France occupée*. Malgré
son âge – soixante-trois ans –, celui qui devient Vidal a accepté les risques de
la fonction. En liaison directe avec Jean Moulin*, il effectue un gros travail
d’organisation et de préparation d’implantations de maquis. Arrêté le 9 juin
1943, il connaît Fresnes et le Struthof* avant d’être envoyé à Dachau*. Il y
est assassiné par les SS* le 19 avril 1945.
Compagnon de la Libération*.

DÉMARCARTION, LIGNE DE
Ligne d’environ 1 200 km de long, fixée par l’armistice franco-allemand*
du 25 juin 1940, et scindant la France* en deux.
Au nord et à l’ouest, une zone occupée ; au sud et au centre, une zone dite
libre. Cette ligne partant des Pyrénées passait par Orthez, Mont-de-Marsan,
Libourne, Angoulême, Angers, Tours, Bourges, Paray-le-Monial, Dole, et
atteignait la Suisse*. Frontière hermétique, un laissez-passer, délivré par les
Allemands, était nécessaire pour la franchir. L’occupation de la zone libre, en
novembre 1942, la fera disparaître, suppression qui, à certains égards,
facilitera le travail de la Résistance*.
DEMIANSK, POCHE DE
Poche constituée, au sud du lac Ilmen, lors de la contre-offensive
soviétique devant Moscou*.
Un corps d’armée, environ 100 000 hommes, y est encerclé et représente
une belle proie. Les Soviétiques s’acharnent pour éliminer ce Kessel* que son
chef, le général Brockdorff-Ahlefeldt, est âprement résolu à sauver.
Les assiégés de Demiansk ont dégagé une piste d’atterrissage, large d’une
trentaine de mètres, à une douzaine de kilomètres au nord de la ville. Chaque
jour, 100 à 150 JU 52*, méprisant les Yak* et les Rata*, se posent pour
déverser des troupes fraîches et enlever les blessés. Au total, les Tante Julie
évacuent les 22 000 blessés, amènent 50 000 combattants, 24 000 tonnes de
vivres. 265 appareils sont abattus ou détruits, mais le pont aérien sauve le
corps d’armée promis à la mort. Le 21 avril 1943, le groupement Seydlitz
assure la percée salvatrice. Dans cette défense d’un Kessel*, l’aviation a joué
un rôle essentiel. De cette résistance et de ce soutien, Hitler*, huit mois plus
tard, tirera deux conclusions formelles : une troupe bien commandée ne lâche
pas ; l’aviation est capable d’approvisionner une armée encerclée. Demiansk,
indirectement, aura contribué à perdre Stalingrad*.

DEMPSEY, MILES
(1896-1969). Général britannique.
Commande la 13e brigade d’infanterie devant Arras en mai 1940, puis
participe à l’évacuation de Dunkerque*.
Général en 1941, il commande ensuite une DB et le 13e CA de la 8e
Armée anglaise en Libye*, Tunisie*, Sicile* et Italie*, avant de rejoindre la
Grande-Bretagne* pour prendre la tête de la 2e Armée anglaise pour
Overlord*. Il en gardera la responsabilité jusqu’à la fin de la guerre en
Europe et partira alors (octobre 1945) comme commandant en chef des forces
terrestres dans le Sud-Est asiatique. Après sa participation aux débarquement
de Sicile* et de Salerne*, il était regardé comme un spécialiste des opérations
amphibies.
Dempsey était l’un des fidèles de Montgomery* qui avait tenu à l’avoir
avec lui pour le débarquement et la campagne en Europe du nord-ouest.
DENTZ, HENRI
(1881-1945). Général français.
Issu d’une famille alsacienne ayant opté pour la France* en 1871.
Saint-cyrien, est nommé haut-commissaire de France* et commandant en
chef au Levant, le 7 décembre 1940. Face à l’attaque franco-britannique du
8 juin 1941, estime de son devoir de défendre le territoire confié. Bousculé
par l’assaillant, envisage un moment de faire appel à la Luftwaffe*, puis y
renonce. Doit finalement accepter l’armistice de Saint-Jean-d’Acre, le
14 juillet 1941, qui remettra pratiquement le Levant français aux mains des
Britanniques.
Rentré en France*, s’abstient de toute activité politique. Condamné à
mort par la Haute Cour de justice le 20 avril 1945, est gracié après six mois
de chaînes et meurt en prison, faute de soins, en décembre 1945.

DERRIEN, EDMOND
(1882-1946). Vice-amiral français.
Commande une escadre légère durant la campagne de Norvège* en 1940.
En novembre 1942, commande la marine en Tunisie* et la base de
Bizerte. Germanophobe, envisage dans un premier temps de s’opposer aux
forces de l’Axe* prenant pied en Tunisie*. Sous l’impulsion de l’amiral
Esteva*, estime de son devoir d’obéir à Vichy*. Afin d’éviter un massacre de
la population et de la garnison de Bizerte, laisse sans opposition les
Allemands occuper la base. Sera à ce titre accusé d’avoir occasionné la prise
de 3 torpilleurs, 2 avisos, 1 contre-torpilleur, un pétrolier et de petits
bâtiments.
Condamné à la réclusion à perpétuité en 1944, sera libéré 12 jours avant
sa mort, le 25 mai 1946.

DÉSERTIONS
Les désertions ont existé, à des degrés variables, dans toutes les armées
durant la Seconde Guerre mondiale. Certains chiffres, toutefois, ne sont que
des estimations :
— Allemagne* : 35 000, soit 22 750 condamnations à mort (au moins
15 000 exécutées).
— États-Unis* : 40 000.
— France* : 1000, le cas le plus connu étant celui du sergent communiste
Maurice Thorez*.
— Grande-Bretagne* : 100 000.
— Japon* : 1 085 ? Certainement le pourcentage le plus bas.
— Pologne* : 3 000 de l’Armée Anders* en Palestine* pour rejoindre les
organisations sionistes de résistance.
— URSS* : estimées au 16e des prisonniers, soit environ 350 000.
— Une armée a déserté au complet pour rejoindre le camp opposé (voir
BIA).
— Les Hongrois sont nombreux à déserter sur le front de l’Est* et devant
Budapest*.

DESTROYER
Les Français parlent de contre-torpilleur.
Bâtiment de guerre de l’ordre de 2 200 tonnes moyennement armé. Le
destroyer s’appuie d’abord sur sa vitesse. Il sert surtout de navire d’escorte.

DE VALERA, EAMON
(1882-1975). Homme politique irlandais.
Premier ministre de 1932 à 1948, il garde une stricte politique de
neutralité, se montrant néanmoins favorable aux Alliés* et accordant des
concessions à la Grande-Bretagne* (voir Irlande).

DEVASTATOR
Douglas TBD-1 Devastator. Avion torpilleur monomoteur, embarqué,
américain.
Conçu en 1934 et fabriqué à 129 exemplaires, il est l’avion torpilleur du
début de la guerre du Pacifique* (36 sur 41 furent détruits à Midway*).
Vitesse : 330 km/h ; autonomie : 1 150 km ; armement : 2 mitrailleuses,
450 kg de bombes ; équipage : 3 hommes.
DEVERS, JACOB
(1887-1979). Général américain.
Administrateur de talent, il succède, en mai 1943, au général Andrews à
la tête de l’ETOUSA*.
À la fin de 1943, il est nommé adjoint du général Wilson*, commandant
suprême en Méditerranée*. Après quoi, à partir du 15 septembre 1944, il
dirige le VIe GA, comprenant la 7e Armée américaine et la 1ère Armée
française*. Promu général quatre étoiles en mars 1945.

DEWAVRIN
(voir PASSY)

DEWOITINE D 520
Vitesse : 530 km/h ; autonomie : 1 000 km ; armement : un canon de 20,
4 mitrailleuses ; équipage : 1 homme.
Fabriqué jusqu’en 1942, il servira aux Allemands et aux Italiens. La
France libre* en possédera quelques-uns.
Certainement le meilleur chasseur français. Sorti en 1938, il fut
commandé trop tard et fabriqué en trop petites quantités. 36 exemplaires en
service le 10 mai 1940, 437 fabriqués le 25 juin.

DFL 1ère (1ère DIVISION FRANÇAISE LIBRE)


Officiellement, elle voit le jour le 1er février 1943, à Gambut, en Libye*,
sous les ordres du général de Larminat*. De fait, elle s’inscrit dans la lignée
des Forces Françaises Libres* ayant combattu en Afrique et au Moyen-Orient
depuis 1940. Ses constituants proviennent des Français libres* de la première
heure : corps expéditionnaire français libre à Dakar* et au Gabon*, Brigade*
française libre d’Orient du général Monclar* en Érythrée*, Division légère
française libre du général Legentilhomme* en Syrie*, brigades françaises
libres d’Égypte* et de Libye* (dont la 1ère ayant défendu Bir-Hakeim*).
Cette DFL regroupe donc tous les historiques des FFL* : légionnaires de
la 13e DBLE*, fusiliers marins, bataillons* de marche d’Afrique centrale,
artilleurs coloniaux, tirailleurs algériens du 22e BMNA, Tahitiens et Néo-
Calédoniens du BIMP. Sont venus s’y adjoindre, formant la 4e brigade, les
coloniaux de Djibouti* du colonel Raynal.
Les deux brigades FFL*, jusqu’alors indépendantes, en assurent la
première ossature, se transformant en brigades d’infanterie à trois bataillons.
L’ensemble forme une petite division, à l’effectif d’à peine 7 000 hommes.
L’arrivée de 1 500 coloniaux du colonel Raynal débarquant de Djibouti*,
formant la 4e brigade, permet de gonfler un peu les rangs.
Après une brève participation à la campagne de Tunisie*, elle est équipée
en matériel américain et s’étoffe de volontaires de l’armée d’Afrique*,
d’évadés de France* et de jeunes Corses. Ayant atteint grâce à ces ralliements
et renforts la taille d’une véritable division, elle prend en principe le nom de
1ère DMI (Division motorisée d’infanterie). Dans la pratique, elle restera
fidèle à son sigle et son patronyme de DFL. Elle sera en Italie*, et en France*
(Provence*-Rhône-Vosges-Alsace-Alpes), sous le commandement du général
Brosset à partir du 1er août 1943, puis du général Garbay après la mort
accidentelle de Brosset, le 20 novembre 1944.
Elle sera officiellement dissoute le 15 août 1945, ayant laissé derrière elle
les tombes de 3 542 des siens depuis le Gabon* et obtenu 358 Croix de la
Libération*. Huit de ses unités auront également obtenu la Croix de la
Libération : 13e DBLE*, RFM*, BM 2, 1er RA, 2e Compagnie de chars de
combat, 1er RSMM, 2e BFLBIMP.

DFS 230, PLANEUR ALLEMAND


DFS, pour Deutsche Forsch für Segelflug (Institut de recherche sur les
planeurs).
812 kg à vide ; 1, 2 tonne de charge utile, soit 10 hommes équipés dont le
pilote.
Le DFS 230 sera le planeur par excellence des aéroportés allemands,
présent à Eben-Emael* en 1940, en Crète* en 1941, au Gran Sasso* en 1943.
DIA 3e (TROISIÈME DIVISION D’INFANTERIE
ALGÉRIENNE)
La division des Trois Croissants, en référence à ses trois régiments de
tirailleurs (3e RTA, 7e RTA, 4e RTT*). Créée en Algérie* le 1er mai 1943, se
battra en Italie*, France*, Allemagne* jusqu’au 8 mai 1945, sous les ordres
des généraux de Monsabert* puis Guillaume* (1/9/1944). En décembre 1944,
elle intégrera le Corps Franc Pommiès*, futur 49e RI, en remplacement du 7e
RTA. Sera la division du Belvédère*, de la marche sur Rome*, de la prise de
Sienne, de la libération de Marseille*, de la défense de Strasbourg, des
combats des Vosges, du franchissement du Rhin.
Dissoute le 15 avril 1946. Avait obtenu quatre citations à l’ordre de
l’armée.

DIADÈME, OPÉRATION
Nom de code donné à l’offensive alliée en vue d’occuper Rome* au
printemps 1944.

DIEPPE, DÉBARQUEMENT DE
Pourquoi Dieppe, véritable opération amphibie et non simple coup de
commando comme Bruneval* ou Saint-Nazaire* ? La réponse est double,
politique et militaire.
L’URSS* vit des heures difficiles. Staline* réclame à cor et à cri un
second front. Un débarquement dans le Cotentin, opération Sledgehammer,
semble suicidaire. Celui en Afrique du Nord* est envisagé, mais ne sera
définitif qu’en juillet. À défaut, les opérations combinées reçoivent mission
de faire un geste. Le 4 avril 1942, Mountbatten* souscrit à la préparation
d’une attaque contre Dieppe.
Mais pourquoi Dieppe, port d’un intérêt secondaire ? Son choix répond à
des critères de distance et de défense. Calais, Boulogne, Le Havre sont trop
près, trop loin ou trop bien défendus.
Il est encore, dans ce dossier, un autre aspect politique. Les Canadiens
sont venus en Grande-Bretagne* pour se battre et demeurent l’arme au pied.
Leur Premier ministre, Mackenzie King*, s’en irrite et s’en inquiète. Cette
inactivité le dessert dans son pays. Les règles politiciennes imposent
d’utiliser les Canadiens.
À la mi-avril, Roosevelt* et Churchill* approuvent l’ajournement de
Sledgehammer et l’exécution de Rutter*. Rutter*, qui deviendra Jubilee*,
c’est-à-dire le débarquement à Dieppe. Le 27 avril, le général Montgomery*,
qui commande la région sud-est de la Grande-Bretagne*, reçoit ordre d’en
exercer le commandement militaire. Il va donc faire appliquer ses plans,
récusant ceux de la direction des opérations combinées. Refusant les larges
débordements à l’est et l’ouest proposés, jouant ce qu’il appelle la surprise
tactique, il impose un assaut frontal directement contre la ville. Cette
conception débouchera sur un échec sanglant. Envoyé en Égypte*,
Montgomery* ne sera plus là pour en endosser la responsabilité.
Une visite de Molotov*, au printemps, presse Londres et Washington
d’agir.
Le 3 juillet, la force de débarquement embarque ; le secret de Rutter* est
levé. La météo s’en mêle. Le vent forcit. Les parachutages prévus deviennent
impossibles. Le 8 juillet, les troupes débarquent. Rutter* est enterré.
Provisoirement. Tobrouk* a capitulé. Les Japonais sont aux portes de
l’Inde*. La Grande-Bretagne* a un besoin urgent de contrer l’adversité.
Rutter* est repris sous le nom de Jubilee*.
Le 17 août, en fin de journée, 6 468 officiers et soldats embarquent sous
couvert d’exercices. La grosse majorité sont des Canadiens français. Les
commandos 3 et 4, celui des Royal Marines, ont fourni un millier hommes et
les Américains 50 Rangers*. 237 bâtiments de tous tonnages participent à
l’expédition. 60 squadrons de chasse sont prévus pour appuyer le
débarquement.
Le plan, qui a repris les prescriptions de Montgomery*, prévoit :
— Sur le flanc gauche, l’est de Dieppe, le commando no 3 doit détruire la
batterie Goebbels* ; le régiment royal du Canada* doit annihiler la batterie
Rommel* qui domine directement le port et ses approches.
— Au centre, le régiment écossais d’Essex et le régiment d’infanterie
légère Royal Hamilton ont à s’emparer du port, du casino et du centre ville.
— Sur le flanc droit, à l’ouest de Dieppe, le régiment du Sud
Saskatchewan et les Highlanders du Own Cameron de la Reine doivent
s’emparer de la ferme des Quatre-Vents, annihiler la batterie Hindenburg,
puis s’enfoncer vers l’intérieur pour occuper le terrain d’aviation de Saint-
Aubin et le PC de la division allemande, à Arques-la-Bataille.
— Enfin, à l’extrême droite, le commando no 4 doit détruire la batterie
Hess* et les défenses côtières de Varengeville.
Pas de parachutages donc. Pas de bombardements préalables. Toujours la
surprise tactique de Montgomery*.
Les Allemands, de leur côté, n’ont aucun renseignement précis mais sont
vigilants et en force. Il y a eu les reconnaissances aériennes, les rumeurs et
l’intuition de Hitler* désignant la côte entre Dieppe et Le Havre. Des travaux
de défense ont été effectués. Von Rundstedt*, commandant en chef en
Europe occidentale, a notifié à la 302e DI, tenant le secteur de Dieppe, de
prendre l’état d’alerte de danger menaçant du 10 au 20 août.
19 août. 3 h 30. 6 000 hommes des navires de débarquement foncent vers
le rivage. Leur zone s’étale sur quelque 18 km de front.
3 h 45. Les 23 LCP* du commando no 3 tombent sous le feu de cinq
chasseurs de sous-marins. Six seulement atteindront le rivage dont celui du
major Young. Avec ses vingt hommes, Young lance l’attaque de la batterie
Goebbels*. Contrainte de se défendre, elle ne tire pas sur les navires en mer.
À court de munitions, au bout d’une heure et demie de combat, Young
décroche. Les vingt hommes, dont certains blessés, rejoindront l’Angleterre*.
4 h 50. Le commando no 4 de Lord Lovat* touche la plage. Une heure
après, il donne l’assaut à la batterie Hess*, enlevée en dix minutes. Les
Allemands laissent 98 morts sur le terrain et 4 prisonniers. Lovat* a 45 morts
et blessés et parvient à rembarquer, mission accomplie. La batterie Hess* est
définitivement silencieuse.
Young a réalisé le plus bel exploit et Lovat* remporté le seul succès de la
journée. Partout ailleurs, tout va de mal en pis. Le plan Montgomery*
transforme la bataille de Dieppe en tragédie.
Le premier drame se déroule sur la plage que le régiment royal du
Canada* doit enlever. La défense allemande ne compte que 94 hommes, mais
ils sont bien armés et sur leurs gardes. Plage trop petite, falaise trop haute.
Seuls quelques hommes parviendront à se hisser sur la crête. Sur les 554
hommes du régiment royal, 65 seulement reviendront, dont 32 blessés.
Au régiment de Saskatchewan du colonel Meritt, la surprise joue un
moment. Puis blockhaus et batteries de DCA opposent une forte résistance.
La ferme des Quatre-Vents, l’objectif premier, ne peut être occupée. Les
Cameron, débarqués à 5 h 30, n’ont pas la voie libre vers l’aérodrome de
Saint-Aubin. À 9 h, devant l’arrivée des renforts ennemis, Saskatchewan et
Cameron reçoivent l’ordre de se replier. Ils représentent une proie facile pour
les Allemands qui tiennent les hauts. À 13 h, l’arrière-garde doit se résigner à
hisser le drapeau blanc.
L’échec sur les hauteurs de Dieppe condamnait l’assaut frontal. Le drame
se jouera dans l’espace réduit entre la plage, les falaises de chaque côté de la
ville, et l’esplanade du bord de mer que limitent les premiers immeubles. Sur
un front d’environ 800 m sur 300 de profondeur, vont venir s’agglutiner
quelque 2 000 fantassins du régiment d’Essex, du Royal Hamilton, ainsi que
les tankistes du 14e bataillon. Les uns et les autres sont décimés dès la plage
ou le long du mur bordant la grève. La mort n’interdit pas le courage.
Quelques détachements isolés s’infiltrent dans les rues de Dieppe et
parviennent à tendre des embuscades meurtrières aux Allemands qui arrivent
en renforts.
La RAF* est incapable d’intervenir. Où sont les amis ? Où sont les
ennemis ? La fumée empêche de distinguer ce qui se passe à terre. Il en est de
même pour les navires au large.
Vers 6 heures, les fusiliers du Mont-Royal ont été lancés à la rescousse.
À leur tour, ils ont couru au massacre.
À 9 h, l’échec est flagrant. L’ordre de repli général est lancé. Des arrière-
gardes se dévouent. La Navy tente l’impossible. À 14 h, tout est terminé. Les
rescapés du raid voguent vers l’Angleterre*.
Les Canadiens ont perdu 215 officiers et 3164 hommes, les commandos
24 officiers et 223 hommes, la Navy* 81 officiers et 469 marins. Plus de la
moitié de l’effectif engagé est hors de combat. Tout le matériel débarqué est
perdu.
Les Allemands ont beau jeu de clamer victoire. « Plus un seul Anglais en
armes sur le continent », annoncent les communiqués. Ce n’est pas faux.
Dieppe, holocauste inutile ? « Pour un soldat mort à Dieppe, affirmera
Mountbatten*, dix furent sauvés sur les plages normandes. » Il pouvait
difficilement énoncer une autre assertion. Il est vrai, cependant, que lui et les
autres généraux et amiraux ont analysé les raisons de l’échec sanglant de
Dieppe : défaut de renseignements précis sur les défenses adverses ; précarité
de l’appui-feu ; absence de liaisons radio sûres ; erreurs et retards dans les
débarquements ; manque de souplesse suite à un plan trop rigide, etc.
Ils sauront en tirer les enseignements et la Résistance française* fournira
sur le Mur de l’Atlantique les renseignements que la bataille de Dieppe avait
par trop négligés.
Les pertes dans la population civile furent de 40 morts et 40 blessés.
Trois petits bâtiments des FNFL* ont participé à l’opération en soutien des
débarquements : les chasseurs CH 10 Bayonne, CH 42 Larmor, CH 43
Lavandou.

DIETL, EDUARD
(1890-1944). Général allemand.
Né autrichien, s’engage en 1909 dans un régiment bavarois et devient
officier.
Reste dans la Reichswehr* après la guerre. Adhère au parti nazi, par
sentiment patriotique, semble-t-il. Sportif et montagnard de haut niveau,
commande en 1940 le détachement allemand de Narvik*. Spécialiste des
troupes de montagne, assure ensuite des commandements en Finlande* et
Russie du nord. Tué dans un accident d’avion en juin 1944.
Chef populaire, surnommé Büffel, le Buffle.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne et épées.

DIETRICH, JOSEPH (SEPP)


(1892-1966). Général allemand.
Engagé volontaire en août 1914, termine la guerre adjudant, titulaire de la
Croix de fer de 1ère classe.
Participe au putsch de Munich et en mai 1928 adhère au parti nazi.
S’engage peu après dans l’Allgemeine SS. Longtemps garde du corps de
Hitler*, se fait très vite remarquer par ses qualités de meneur d’hommes et
acquiert un avancement rapide. SS Oberführer en 1930, prend en 1933 le
commandement de ce qui deviendra la LSSAH, la Liebstandarte SS Adolf
Hitler, unité motorisée à partir de 1938. Fidèle parmi les fidèles, accompagne
Hitler* lors de la nuit des longs couteaux, en 1934.
À la tête de la LSSAH, participe aux campagnes de Pologne*, de
France*, de Yougoslavie* et de Grèce*. Toujours avec la LSSAH, qui
devient division puis Panzerdivision* en septembre 1942, il combat sur le
front de l’Est* jusqu’en 1943, avec, en 1942 en France, un temps de remise
en condition de l’unité fortement éprouvée. En juillet 1943, il participe à la
bataille de Koursk*. Revenu en France* en 1944, il est chargé de contre-
attaquer sur les plages après le débarquement allié en Normandie*. Nommé
SS Generaloberst le 1er août 1944, il commande la 6e Armée blindée durant la
bataille des Ardennes* avant d’être envoyé en Hongrie* en mars 1945.
Dans tous ses commandements, il couvre les exactions de ses
subordonnés bien qu’il ne les ait pas ordonnées.
S’étant constitué prisonnier des Américains le 8 mai 1945, il est
condamné à 25 ans de prison pour le massacre de Malmédy* le 17 décembre
1944. Libéré en 1955, il est à nouveau poursuivi par la justice allemande et
fait encore plusieurs mois d’internement avant de bénéficier d’une mesure de
clémence en février 1959.
Cet autodidacte fut l’un des chefs notoires de la Waffen SS* avec
Hausser* et Steiner.

DIGSON
Nom de code de la base organisée, en juin 1944, par les FFI* bretons et
les paras du 2e RCP* près de Saint-Marcel*, dans le Morbihan.

DILL, JOHN
(1881-1944). Maréchal anglais.
Termine la Grande Guerre officier général et en mai 1940 succède à
Ironside* comme chef de l’état-major impérial. Suite à sa mauvaise santé,
doit céder sa place à Brooke* en décembre 1941 après avoir été nommé
maréchal.
En décembre 1941, accompagne Churchill* à Washington et devient le
représentant britannique au Joint Chiefs of Staff*, poste clé dans les relations
entre les deux pays.
Il y gagne la confiance de Roosevelt* et des chefs d’états-majors. À sa
mort, il sera enterré au cimetière américain d’Arlington. Le maréchal
Wilson* lui succédera.
Anobli en 1937.

DIRWELANGER, OSKAR
(1895-1945). Responsable nazi.
Nazi plusieurs fois condamné, ayant constitué, durant l’été 1940, le SS
Sonderkommando Dirwelanger, largement à base de repris de justice. Cette
troupe se fait partout remarquer par ses atrocités, en particulier à Varsovie*.
Ayant atteint la valeur d’une division, devient fin 1944 la 36e Waffen-
Grenadierdivision der SS et est engagée sur le front de l’Oder. Doit se rendre
aux Russes le 29 avril 1945, au sud-est de Berlin*. Dirwelanger aurait été
exécuté peu après ainsi que la majorité de ses hommes.
Malgré l’opposition de la Wehrmacht*, Dirwelanger avait reçu la
Ritterkreutz.

DIUS 3e (3e DIVISION D’INFANTERIE


AMÉRICAINE)
L’une des plus glorieuses divisions américaines. Avait pour enseigne
Rock on the Marne, souvenir de ses combats de 1918.
Débarque au Maroc*, en Sicile*, à Salerne*, à Anzio*, en Provence*.
Poursuivra jusqu’à Salzbourg en Autriche*. Obtient durant la guerre 36
Médailles d’Honneur du Congrès*.

DJIBOUTI
Capitale de la Côte française des Somalis et port à la corne orientale de
l’Afrique.
Le 17 juillet 1940, le général Legentilhomme*, commandant supérieur
des troupes, appelle à poursuivre la guerre aux côtés des Britanniques. Il
paraît suivi mais tergiverse, perd du temps. Un envoyé de Vichy* renverse la
situation. Legentilhomme* seul rejoint de Gaulle*.
Le 27 novembre 1942, une partie de la garnison de Djibouti, 40 officiers
et 1 500 hommes, entraînés par le lieutenant-colonel Raynal, passe en
Éthiopie* et se rallie à la France libre*. Le 26 décembre, Raynal rentre en
Côte française des Somalis et marche sans coup férir sur Djibouti. La colonie
passe dans le giron de la France libre*. Le gros de la garnison, derrière
Raynal, partira renforcer la 1ère DFL* créée à Gambut, le 1er février 1943.
DLC (DIVISION LÉGÈRE DE CAVALERIE
FRANÇAISE)
Faute de matériel nécessaire pour transformer en DLM* d’anciennes
divisions de cavalerie, un compromis avait été adopté. Une DLC possédait
une brigade légère motorisée avec un régiment d’automitrailleuses et de chars
légers et un régiment de dragons portés. À côté, elle conservait une brigade
à cheval (2 régiments). L’artillerie était motorisée. Le 10 mai 1940, le théatre
nord-est disposait de 5 DLC : 2 à la IXe Armée, 2 à la Ve Armée, 1 à la
IIIe Armée. Ces DLC ne pouvaient peser lourd devant les chars des PD*.
Il existait aussi encore trois brigades de spahis à cheval.

DLM (DIVISION LÉGÈRE MÉCANIQUE)


Le général Weygand*, généralissime désigné de 1931 à 1935, croit à la
motorisation. Mais il n’est pas le seul à trancher. Pétain* est là. L’infanterie
veut garder ses chars. Les fortifications des frontières drainent la majeure
partie des crédits. Weygand* est contraint de se limiter. En 1933, est créée la
1ère DLM relevant de la cavalerie. Une deuxième DLM sera lancée en 1936.
Le 10 mai 1940, la France* disposera de trois DLM qui se révéleront de
magnifiques unités, combatives et manœuvrières. Cependant, outre leur
nombre insuffisant, équipées de chars Somua* ou Hotchkiss*, elles ne
possèdent pas de chars lourds. Sans bénéficier d’appui aérien, elles opèrent
en ordre dispersé. La 1ère DLM est affectée à la VIIe Armée du général
Giraud* et avancera en Hollande*. Les 2e et 3e DLM constituent le corps de
cavalerie du général Prioux. Elles auront à se porter sur la Dyle* et livreront
de durs combats dans la région d’Hannut*.

DODÉCANÈSE, ÎLES DU
En 1943, les îles du Dodécanèse (12 îles principales, Rhodes, Cos, Leros,
etc.), bien qu’à population majoritairement grecque, appartiennent à l’Italie*
depuis 1912.
Ces îles, au large de la Turquie*, commandent l’accès méridional de la
mer Égée. Rhodes, la plus importante, possède deux terrains d’aviation et un
bon port ; Cos, Scarpanto, chacune un terrain et Leros une base d’hydravions.
Les Italiens y tiennent partout garnison, mais les Allemands se sont
également installés en force à Rhodes où ils alignent 7 000 hommes, les
Italiens 30 000. Cette présence proche de la Syrie* et du Liban a contraint la
Grande-Bretagne* à maintenir deux divisions au Levant.
Rhodes et les îles avoisinantes présentent de longue date, pour
Churchill*, un enjeu stratégique majeur. Leur prise apporterait beaucoup aux
Alliés* : influencer la Turquie* voisine avec espoir d’arriver enfin à
l’entraîner ; ouvrir la route de la mer Noire et par là même en finir avec les
coûteux convois de l’Arctique* et le long cheminement par le transiranien ;
s’approcher à meilleure distance des installations pétrolières roumaines ;
mieux assurer la défense du Moyen-Orient ; surtout fournir une entrée sur les
Balkans*. Les Balkans* ! L’idée de toujours de Churchill*. Par la vallée du
Danube, il serait possible de frapper le ventre mou de l’Europe et de gagner
Vienne. Et là, même si Churchill* se garde bien de le dire, devancer les
Soviétiques.
À Québec*, au mois d’août 1943, avec l’effondrement prochain de
l’Italie*, Churchill* avait relancé le débat sur l’Italie*. Ses interlocuteurs
américains avaient fait la sourde oreille, contrant les tentatives envisagées.
Priorité à Overlord* et à l’Italie*. Wilson*, qui avait reçu le 9 septembre un
télégramme de Churchill* : « Voici le moment de jouer le grand jeu.
Improvisez et osez ! », se trouvait pratiquement dépourvu de moyens. À
peine pouvait-il compter sur le LRDG*, transformé en force de raid, et une
brigade, la 234e basée à Malte*. C’est peu. Il n’est pas mieux pourvu sur mer.
Pour débarquer, il dispose essentiellement de barcasses de pêche grecques
réquisitionnées.
Dans la nuit du 8 au 9 septembre, le major Jellicoe est parachuté sur
Rhodes pour engager des négociations avec l’amiral Campioni, gouverneur
de l’île. L’Italien n’est pas un va-t-en-guerre. Il veut bien s’opposer aux
Allemands à condition d’être soutenu. Jellicoe, à cet égard, est bien incapable
de trop s’avancer. Prudent, Campioni gagne du temps, mais les Allemands le
prennent de vitesse. Le général Kleman lui adresse un ultimatum (assorti
d’un bombardement) qu’il préfère accepter. L’Allemagne* est maître de
Rhodes. Jellicoe doit s’éclipser, emportant du moins les plans des champs de
mines de la mer Égée et des défenses de Rhodes.
Pour s’emparer de l’ancien fief des Chevaliers de Saint-Jean
(ultérieurement Chevaliers de Malte), la Grande-Bretagne* devra se battre.
Pour ce faire, Wilson* a besoin de navires pour ses débarquements, d’avions
pour ses parachutages et sa couverture aérienne. Churchill* s’empresse de
s’adresser à Eisenhower*.
Le commandant en chef raisonne en Américain et en responsable de
l’offensive engagée à Salerne*. Pas question pour lui de se laisser entraîner
dans les projets du Premier ministre britannique. Questionné par Churchill*,
Roosevelt* a la même attitude.
Churchill* et Wilson* ne peuvent que se plier. Il n’y aura pas de bataille
de Rhodes faute de moyens. L’île restera aux mains des Allemands
quasiment jusqu’à la capitulation finale.
À défaut de pouvoir s’emparer de Rhodes, Wilson* s’efforce de prendre
pied dans les autres îles. Il les saupoudre au mieux. Un bataillon à Cos, un
autre à Leros, un autre à Samos, de petits détachements de-ci de-là. Les
garnisons italiennes accueillent généralement bien les nouveaux venus. Ceux-
ci, en principe, doivent les protéger des Allemands, puisque leur pays a
rompu avec le IIIe Reich*. À ce titre, elles se voient confier des missions : les
5 000 Italiens de Cos, plus exposée à cause de la proximité de Rhodes,
reçoivent mission de défendre le terrain d’aviation. Le terrain rocheux se
prête mal à des travaux de défense, notamment contre des attaques aériennes.
Hitler*, une fois encore en désaccord avec ses généraux, a décidé de
défendre Rhodes et de tenir le Dodécanèse. Comme Churchill*, il a
conscience de leur poids face à la Turquie* et dans les Balkans. Il fait
considérablement renforcer le potentiel aérien en prélevant sur le sud de la
France*, l’Italie* et même le front de l’Est*. Au 1er octobre, la Luftwaffe*,
avec 350 appareils basés en Grèce*, Crète* et Rhodes, possède la maîtrise
aérienne. La RAF* n’aligne qu’une dizaine d’appareils au départ de Cos. Les
bases de Libye* sont trop éloignées pour être à même d’intervenir utilement.
Quant à la Royal Navy*, elle n’est pas plus riche dans le secteur. Ses
bâtiments ont été expédiés ailleurs. Toujours la volonté américaine.
Le 3 octobre 1943, à l’aube, une brigade de 1 200 soldats allemands
débarque au centre de l’île de Cos, appuyée peu après par une compagnie de
parachutistes larguée en renfort. Un bataillon britannique est venu depuis peu
soutenir les 5 000 Italiens de Cos. Seul un faible pourcentage de ces Italiens
participera aux combats où les Stukas*, à 20 minutes de vol depuis Rhodes,
ne cessent d’intervenir pour soutenir les leurs. Les pertes sont sévères des
deux côtés. En fin de journée, les Britanniques sont débordés. Ordre leur est
donné de se disperser et de poursuivre la guérilla dans les collines.
Pendant quelques jours, ils le tentent courageusement, aidés par des
détachements italiens plus résolus et des bergers grecs.
Fatigue, manque de vivres finissent par en avoir raison. Une centaine
d’hommes réussissent à gagner de nuit la côte turque distante de quelques
kilomètres. Les autres sont capturés. Au total, 900 Britanniques, 3 000
Italiens sont pris. De rage, les Allemands fusillent 80 officiers italiens pour
avoir osé reprendre les armes contre leur ancien allié.
Malgré la perte de Cos, Wilson* décide de tenir Leros. Un bataillon est
déjà sur place. Les anciens du LRDG* viennent le soutenir. Les Italiens sont
bien pourvus en artillerie, mais, réservistes assez âgés, ils paraissent dans
l’ensemble peu enclins à se battre. Le handicap principal provient toujours du
ciel. Décollant de Gambut, près de Benghazi, les Lightning* ne restent que
quelques minutes sur zone. Comme à Cos, les Stukas* sont chez eux. En
s’efforçant de ravitailler l’île, la Navy* subit des pertes. Quatre destroyers
sont coulés, deux croiseurs et un autre destroyer endommagés. Les
Allemands perdent de leur côté 400 hommes au large de l’île de Sampatria.
L’assaut débute le 12 novembre 1943. Un premier débarquement sur les
côtes septentrionales est en partie repoussé. En milieu d’après-midi, 500
parachutistes sont largués dans un terrain difficile de collines rocheuses.
Accidents de saut, tirs meurtriers des armes automatiques du LRDG*, 60 %
de l’effectif sont mis hors de combat en quelques minutes. Les paras
cependant parviennent à occuper la crête de Rachi (103 m de haut), scindant
la défense anglaise.
Durant quelque temps, l’issue des combats, est incertaine. Le soutien sans
faille de la Luftwaffe*, l’arrivée de renforts assurent l’avantage des
assaillants. Un nouveau parachutage a lieu le 13 au matin. Les contre-
attaques sont bloquées par les Stukas*.
Au fil des journées, la situation s’aggrave pour les défenseurs. Les
liaisons internes sont mauvaises, l’appui aérien inexistant, l’armement lourd
italien défaillant. Près de 4 500 Allemands sont dans l’île face à une garnison
qui ne reçoit pas d’aide extérieure. Le 16, à 17 h 30, le colonel Tilney
capitule, imité une heure après par l’amiral italien Mascherpa. Profitant de
l’obscurité, la Navy* s’efforcera d’évacuer les rescapés depuis le petit port de
Portolago.
Cos et Leros perdues, les autres îles sont condamnées. Samos est évacuée
dans la nuit du 19 au 20 novembre. Dans les deux cas sans intervention
allemande. La tentative britannique pour s’emparer du Dodécanèse a échoué.
Les Britanniques ont perdu 4 800 hommes, en grande partie faits
prisonniers, et 115 avions. Les marines grecque et anglaise, 6 destroyers, 2
sous-marins et 10 petits navires de débarquement. 4 croiseurs, 4 destroyers
ont été endommagés. Les Allemands, pour leur part, ont perdu environ 4 000
hommes dont beaucoup par noyades.
Les îles du Dodécanèse, à l’exception de Castelrosso, resteront entre les
mains des Allemands jusqu’à la capitulation du IIIe Reich*. Le traité de
Paris*, en 1947, les remettra à la Grèce*.
La perte de ces îles est incontestablement un échec militaire pour les
Britanniques. Elle est surtout instructive au plan politique. Churchill* n’a pas
été suivi par ses alliés américains, de Roosevelt* aux chefs militaires. La
direction des opérations est passée entre les mains des Américains. Forts de
leur argent, de leur matériel, bref de leur puissance industrielle et militaire, ils
imposeront désormais leurs vues.

DOLLMANN, FRIEDRICH
(1882-1944). Général allemand.
Commandant la 7e Armée allemande en Normandie, au printemps 1944,
succombe à une crise cardiaque, le 28 juin 1944.
Le général Hausser*, commandant un corps blindé SS*, lui succédera.

DOMINICAINE, RÉPUBLIQUE
Déclare la guerre à l’Axe* en décembre 1941 et signe la déclaration
originelle des Nations unies*.

DÖNITZ, KARL
(1891-1980). Amiral allemand.
Ce marin, qui n’aspirait sans doute au départ à n’être qu’un soldat, eut la
redoutable tâche d’être durant quelques jours le successeur de Hitler*.
En avril 1910, Karl Dönitz entre dans la Marine impériale en qualité de
cadet. Son destin est fixé. Officier embarqué, il gagne la croix de Fer de
première classe avant, fin 1916, de s’orienter vers les sous-marins.
Commandant de l’UB-68, il est coulé peu avant la fin de la guerre et fait
prisonnier. Libéré, il décide de rester dans la Marine et les sous-marins bien
qu’ayant été fortement marqué par les mutineries de 1918-1919.
Ce spécialiste des sous-marins, non dépourvu d’ambition et plutôt
favorable au nazisme*, est remarqué par Hitler* qui, en 1935, le nomme à la
tête des U-Boote*. Ses résultats sont brillants (torpillages du Royal Oak*, de
l’Ark Royal*, pertes alliées dans l’Atlantique*). Suite au fiasco des bâtiments
de ligne et à la démission de Raeder*, en janvier 1943, il est promu
Grossadmiral (Grand amiral) et commandant en chef de la Kriegsmarine*. Il
s’y montre moins à l’aise qu’à la seule direction des U-Boote* mais reste
fidèle jusqu’au bout au Führer*. Celui-ci dans son testament le désigne
comme son héritier. Conscient de la réalité de la situation, le nouveau maître
du IIIe Reich* accepte la capitulation de son pays, le 8 mai 1945. Arrêté le
22 mai 1945, il est condamné à dix ans de détention par le TMI* de
Nuremberg, peine qu’il purgera intégralement. (Si certains faits avaient été
connus lors du procès, il n’aurait pas échappé à la potence.)
Ses obsèques sont l’objet d’une manifestation de fidélité des anciens de la
Kriegsmarine* et de la Wehrmacht*. Le chef était estimé.

DONOVAN, WILLIAM
(1883-1959). Diplomate et officier américain.
L’avocat Donovan termine la Première Guerre mondiale l’un des deux
officiers américains les plus décorés (l’autre étant MacArthur*).
En juillet 1940, Roosevelt* l’envoie en mission d’information en Grande-
Bretagne*. Infirmant les rapports pessimistes de Joseph Kennedy,
ambassadeur à Londres, il rentre convaincu que le Royaume-Uni* ne
capitulera pas, avis qui pèsera sur la politique du Président américain. En
1942, son service devient l’OSS*, prédécesseur de la CIA. Promu général,
Donovan travaillera en liaison étroite avec le JCS*. Avocat, diplomate et
général américain, surtout connu comme créateur et premier chef de l’OSS*.
Proche de Roosevelt*, au tempérament de guerrier, il reste pour l’Histoire
le fondateur de l’OSS*.

DOOLITTLE, JAMES
(1896-1988). Général américain.
Le colonel d’aviation Doolittle, ancien combattant de 14-18, est rappelé
au service par la guerre.
Esprit fécond, toujours en quête d’améliorations techniques, il est choisi
pour organiser et diriger le raid sur Tokyo*. Le succès de l’opération lui vaut
d’être promu général. Il commandera la VIIIe US Air Force pour Overlord*.
Médaille d’Honneur du Congrès*.

DOOMSDAY (JUGEMENT DERNIER),


OPÉRATION
Nom de code de l’opération destinée à assurer la libération* de la
Norvège*.
Début mai 1945, 350 000 à 400 000 Allemands stationnent en Norvège*
autour d’Oslo, Bergen, Trondheim, Narvik. Décideront-ils de poursuivre le
combat ? À cet effet, le général britannique Thorne a été désigné comme
commandant en chef des troupes alliées sur le territoire. Ces dernières,
essentiellement norvégiennes, sont modestes. Environ 30 000 hommes, dont
14 000 d’une Police Force rassemblée en Suède*. Si Thorne peut compter
sur un nombre équivalent de résistants locaux, il n’en reste pas moins en
infériorité.
Le 6 mai, et une partie de la journée du 7, les Norvégiens vivent dans
l’angoisse. Des rumeurs circulent. Les Allemands seraient résolus à se battre.
La capitulation allemande* signée à Reims précipite le dénouement. Dans la
soirée du 7, le général Böhme, commandant en chef des forces allemandes,
fait savoir qu’il se soumettra aux ordres de Dönitz*. L’opération Doomsday
peut débuter.
Le 8 mai, le chef d’état-major du général Thorne se rend à Oslo pour
recevoir la capitulation. Le lendemain, les premiers parachutistes de la 1ère
Airborne* britannique – qui comporte nombre de rescapés d’Arnhem* –
commencent à arriver pour seconder la Résistance norvégienne. Non sans
difficultés à cause des conditions climatiques. Sur les 39 Stirling* de ce vol,
27 sont déroutés par le brouillard, 4 disparaissent en mer, 8 seulement se
posent à Oslo.
Tout ensuite se déroule très vite. Le gauleiter Terboven*, le général SS*
Rediers, des responsables du parti nazi norvégien se suicident. Quisling*, le
chef du gouvernement mis en place par les Allemands, est arrêté, ainsi que de
nombreux collaborateurs*. (Le chiffre des arrestations oscille de 14 000 à
40 000.) Le 13 mai, le prince héritier Olav regagne son pays ; le 7 juin, ce
sera le tour du roi Haakon VII*. La Norvège* est libérée.

DORA
Nom de code du camp de concentration Mittelbau KL, Kommando du
camp de Buchenwald* en Thuringe, à 250 km au sud-ouest de Berlin.
Ce camp, ouvert fin août 1943, comprenait essentiellement deux usines
souterraines destinées à fabriquer les futurs V2*. 60 000 prisonniers ont vécu
à Dora ; près de 20 000 y sont morts.
Dora a été libéré le 11 avril 1945 par les Américains.

DORA, CANON
Canon allemand conçu pour frapper la ligne Maginot*.
D’un diamètre de 800 mm, avec un tube long de 30 m et un affût de la
hauteur d’une maison de trois étages, il se déplace sur rail et peut tirer, à
l’heure, trois obus de 4 800 kg à une distance de 47 km.
Employé devant Sébastopol*, il tirera 48 obus. Surnommé Gros Gustav
par les troupiers, il sera détruit par les Allemands avant la fin de la guerre.

DORIOT, JACQUES
(1898-1945). Homme politique français.
Ce transfuge du Parti communiste, où il fut le rival de Maurice Thorez*,
député-maire de Saint-Denis, fonde, en 1934, le PPF (Parti populaire
français), parti d’orientation fasciste et anticommuniste, qui suscite un grand
enthousiasme et de nombreuses adhésions.
Mobilisé en 39-40, le Grand Jacques, gagne la Croix de guerre. (Il sera
toujours courageux.) Pétainiste en 1940, il s’enflamme à l’annonce de
Barbarossa* et lance l’idée d’une Légion de volontaires français contre le
bolchevisme (LVF*). Il n’hésite pas à s’y engager, servant sur le front de
l’Est* comme sous-officier puis officier. En 1942, son PPF connaît son plus
grand essor, s’opposant vigoureusement à Laval* qu’il juge trop timoré et
n’hésitant pas à réclamer l’entrée en guerre de la France* contre la Grande-
Bretagne*. En 1943-1944, Doriot, entre séjours à l’Est*, en France* ou sur le
front de Normandie*, participe à la guerre civile contre résistants et
communistes. Réfugié en Allemagne* en août 1944, il ne désespère pas de
l’avenir et est tué le 22 février 1945 par le mitraillage de sa voiture par deux
avions vraisemblablement britanniques.
Doriot apparaît avec Darnand* et Déat* comme l’un des ténors de la
Collaboration*.

DORNIER DO 17
Bombardier bimoteur allemand sorti en 1939.
Le modèle DO 17 Z fut fabriqué à 500 exemplaires et resta en service
jusqu’à la fin de 1942.
Vitesse : 410 km/h ; autonomie : 1 160 km ; armement : 6 mitrailleuses,
1 000 kg de bombes ; équipage : 4 hommes.

DORNIER DO 21
Successeur du DO 17*, sorti en 1940 et fabriqué à 1 541 exemplaires en
plusieurs versions.
Caractéristiques du DO 217 E-1.Vitesse : 515 km/h ; autonomie : 2 300
km ; armement : 1 canon de 15 mm, 2 000 kg de bombes ; équipage : 4
hommes.

DORTMUND
Signal radio, passé le 22 juin 1941 à 3 h 15 à la Wehrmacht*, pour
déclencher l’opération Barbarossa*.

DOWDING, HUGH
(1882-1970). Maréchal de l’air britannique.
Cet ancien aviateur de 14-18, général à trente-sept ans, est nommé le
14 juillet 1936 chef du Fighter Command*.
Il a donc mission de préparer la chasse anglaise au futur conflit.
Lors de la bataille de France*, au printemps 1940, il fixe le nombre
minimum de squadrons pour assurer la défense de l’Angleterre* et refuse des
renforts à la France*.
Après la défaite française, de son PC de Stanmore, près de Londres, il
dirige habilement la bataille d’Angleterre* afin de repousser la menace
d’invasion (Opération Seelowe*). Centralisant les informations, il dirige ses
squadrons vers les formations ennemies et obtient le maximum de résultats.
Dowding est, a bien des égards, l’un des grands artisans de la victoire dans la
bataille d’Angleterre*.
Paradoxalement, il est remplacé le 25 novembre 1940 et prendra sa
retraite en 1942.
L’homme était austère et totalement dévoué à son travail.
Anobli en 1933 et fait baron en 1944.

DOWNFALL, OPÉRATION
Nom de code de l’invasion du Japon*, décidée le 25 mai 1945, à
Washington, par Truman* et les chefs d’état-major américains.
Ils ont tranché dans le sens souhaité par MacArthur* qui s’est vu confier
la mission de l’organiser et de la commander. Depuis avril, MacArthur* est
patron de toutes les forces terrestres du Pacifique*, Nimitz* étant celui des
forces navales. Les deux hommes auront donc à travailler ensemble.
Cette opération Downfall (Chute), Overlord* du Pacifique, comprendra,
de fait, deux opérations principales bien distinctes : Olympic* contre
Kyushu ; Coronet* contre Honshu.
La première est censée intervenir le 1er décembre 1945 (X Day), la
seconde, le 1er mars 1946 (Y Day). Les Américains comptent mettre en œuvre
cinq millions d’hommes, la plus forte armada terrestre, navale et aérienne de
tous les temps.
Fin juin 1945, les plans américains sont prêts dans leurs grandes lignes.
Le préalable d’Overlord* se reproduit. L’aviation américaine pilonne sans
relâche les terrains d’aviation, les voies de communications. Le blocus naval
rend aléatoires voire impossibles les transferts de troupes du continent vers le
Japon*. D’une île à l’autre, les passages s’avèrent tout aussi dangereux.
Les Américains savent que la partie sera rude car, à Tokyo, l’État-Major
impérial n’a pas renoncé. S’il a conscience de l’état réel du pays et de la
puissance de l’adversaire, il ne peut s’empêcher de s’illusionner sur la valeur
guerrière que représente la masse des Japonais. Le 29 mai, un communiqué
proclame venue l’heure de la bataille décisive et exhorte les cœurs :
« Nous devons nous préparer au pire et renouveler notre résolution de vaincre ou mourir.
Nous devons faire de nos corps des bombes humaines contre l’adversaire. [...]
Le suicide en bombes humaines des 100 millions (qui ne sont que 75 millions) ne doit pas
être purement verbal. Les 100 millions doivent être comme des kamikazes*. »

Fort des sacrifices que consentira son peuple, l’État-Major impérial croit
possible de repousser l’invasion américaine. Le Japon* se retrouvera en
position nettement plus favorable pour négocier une paix de compromis avec
un adversaire dont l’ardeur sera affaiblie par l’échec. Il doit donc l’emporter
sur Kyushu, puis sur Honshu.
Répondant aux appels, partout s’organisent des corps de volontaires du
peuple. Ces territoriaux, made in Japan, devraient s’élever à 28 millions
d’âmes. Mais comment les équiper ? Les Japonais de tout sexe et de tout âge,
levés pour défendre leur Empereur et leur patrie, ne reçoivent qu’un
armement aussi sommaire que leur entraînement : mousquetons à un coup du
début du siècle, fusils en bois, lances de bambou, arcs et flèches. Ils ne
peuvent compter que sur leur courage et leur esprit de sacrifice.
Devant l’imminence de l’invasion, l’État-Major impérial a divisé le
territoire national en plusieurs zones de défense (Ketsu) :
— Ketsu 1, Hokkaido : 5e Armée territoriale, 5 DI ;
— Ketsu 2, Nord Honshu : 11e Armée territoriale, 6 DI ;
— Ketsu 3, Plaine de Kanto : 12e Armée territoriale, 18 DI, 2 DB ;
— Ketsu 4, Région Nagoya-Shizuoka : 13e Armée territoriale, 6 DI ;
— Ketsu 5, Ouest Honshu-Shikoku : 15e Armée teritoriale, 8 DI ;
— Ketsu 6, Kyushu : 16e Armée territoriale, 14 DI.
Au total, 2 300 000 hommes, dont beaucoup n’ont jamais combattu, sont
censés défendre leur sol national. 103 nouveaux régiments ont été constitués
à cet effet et ont reçu leurs drapeaux des mains de l’Empereur. Ces armées
hâtivement levées sont, comme les milices, terriblement dépourvues. Les
dotations en munitions correspondent à moins de 50 % des normes
réglementaires. Même les baïonnettes manquent.
Le plus gros des forces a été regroupé dans les secteurs les plus
sensibles : Kyushu et plaine de Kanto. Faute d’acier et de ciment, début août,
moins de 50 % des travaux de fortifications ont été réalisés.
L’État-Major impérial connaît ces lacunes. Il sait également que ses
troupes sont condamnées à se déplacer à pied (de nuit pour les blindés). C’est
pourquoi il a opté pour une défense directe devant et sur les plages. Celle-ci
devrait se décomposer en quatre temps :
1/ action des sous-marins et de l’aviation contre les bases de
regroupement de l’adversaire,
2/ action contre les convois à partir de 300 km des côtes japonaises,
3/ action généralisée des kamikazes* de toute espèce (principalement de
nuit) lors des débarquements,
4/ contre-attaque de l’infanterie, sitôt les troupes ennemies débarquées,
en vue de détruire les têtes de pont en formation.
Il est clair que le succès attendu repose sur le sacrifice. Sacrifice des
kamikazes*. Sacrifice des vagues de fantassins lancés en assauts suicidaires.
Là se situe le vrai danger pour les Américains. Les Japonais disposent
encore de 10 000 avions. (Deux tiers de ceux-ci sont d’un modèle périmé.) La
moitié d’entre eux est destinée aux plongeons kamikazes*. Employés en
masse, ces 5 000 avions, obligatoirement, occasionneront de sévères
dommages.
Ces pertes, Washington les appréhende et les a chiffrées. Les précédents
sur Okinawa* comme sur Iwo Jima* permettent d’en définir un pourcentage.
Ils en situent le taux autour de 35 %. 750 000 hommes devraient participer à
la campagne contre Kyushu. Sur la base de 35 %, le bilan impliquerait un peu
plus de 250 000 tués ou blessés. Stimson*, le secrétaire d’État à la Guerre,
redoute, quant à lui, un million de victimes américaines dans l’invasion
globale du Japon. De tels chiffres font peur. Ils expliquent le feu vert donné à
l’arme atomique.
Hiroshima* et Nagasaki* provoqueront la capitulation japonaise. Les
Jours X et Y d’Olympic* et Coronet* n’interviendront jamais. Tout donne à
penser que la puissance formidable déployée par les Américains leur aurait
permis de l’emporter. Tout donne à penser conjointement que l’héroïsme
nippon aurait rendu son succès sanglant. Des centaines de milliers de morts
pour les Américains, des millions de morts pour les Japonais.

DP 28
Pulemet Degtyareva Pekhotnïï (du nom de son inventeur Vasily
Degtyarev).
Mitrailleuse soviétique s’assimilant plus à un fusil mitrailleur, adoptée en
1927. Arme remarquable utilisée par l’infanterie, les chars et les avions.
Poids : 9, 120 kg ; longueur : 1, 290 m ; calibre : 7, 62 mm ; chargeur
tambour 47 coups ; cadence de tir : 500-600 coups/minute.

DRACULA
Nom de code de l’opération britannique menée par air et par mer contre
Rangoon au début de mai 1945.
Elle devait connaître un plein succès et conduire à la libération de
Rangoon, les Japonais s’étant esquivés (voir Birmanie, victoire en).

DRAGOON
Nom de code définitif du débarquement allié en Provence* d’août 1944,
ayant remplacé Anvil*, le 1er août 1944.

DRANCY, CAMP DE
De septembre 1939 à juin 1940, la cité de la Muette, à Drancy, en
banlieue parisienne, sert de centre d’internement pour les communistes
français.
Elle est ensuite utilisée par les Allemands comme lieu de transit vers
l’Allemagne* de prisonniers anglais.
Les premiers Juifs arrivent le 20 août 1941. Leur nombre ira fluctuant en
fonction des arrestations, des départs et des exécutions : 3 000 à Noël 1941,
moins de 1 000 en septembre 1943.
Le 27 août 1941, le camp de Drancy est placé sous autorité directe du
préfet de Police. Sa garde est assurée par la gendarmerie française, d’où ces
photos déprimantes de gendarmes français gardant le camp ou faisant monter
des familles juives dans des wagons à destination de l’Allemagne*. Au-
dessus, les SS* sont les véritables décideurs des destinées des internés qui, à
l’intérieur du camp, organisent eux-mêmes son organisation.
Les départs vers l’Allemagne* commencent en 1942. Le 19 juillet,
s’éloigne le premier train : 879 hommes, 121 femmes. Dès leur arrivée à
Auschwitz*, 375 hommes sont gazés. Et les convois se succéderont. Entre
deux haies de gardes mobiles, les malheureux embarquent dans des wagons à
bestiaux, et s’y entassent à 90, parfois à 120, par wagon. À la frontière, les
Allemands réceptionnent, prenant la relève des gendarmes. Le dernier départ
aura lieu le 17 août 1944. Avec le retrait des Allemands, ce même jour,
Drancy passe à la charge du consul suédois Nordling et sous le contrôle de la
gendarmerie française. Drancy était libérée alors que les combats à Paris* ne
faisaient que commencer. Paradoxalement, les gendarmes mettront des
difficultés administratives à laisser sortir les Drancéens – ils étaient 1 718 –
dont Nordling a confié à la Croix-Rouge la mission d’assurer la libération. Ce
n’est que le 21 août que les derniers quitteront le camp.
70 000 Juifs sont passés par Drancy et 67 000 ont été déportés.
On sait que 76 000 Juifs, dont 24 000 français, ont été déportés ; 2 000
seulement sont revenus. Drancy a donc été le grand centre de transit vers les
camps de la mort.
D’anciens collabos* ou agents de Vichy* seront internés à Drancy après
la Libération*.

DRESDE, BOMBARDEMENT DE
Dans la nuit du 13 au 14 février 1945, puis dans la journée du 14, des
vagues de bombardiers britanniques et américains se succèdent au-dessus de
Dresde, capitale de la Saxe.
En moins de vingt-quatre heures, elles occasionnent environ 135 000
victimes.
Dresde, lovée de part et d’autre d’une boucle de l’Elbe, avait été
épargnée. Loin des aérodromes britanniques, 1 000 km à vol d’oiseau, l’esprit
de défense s’était émoussé. Les batteries de Flak* avaient été transférées sur
des secteurs jugés plus sensibles. Les bombardiers ont pu frapper, en relative
impunité, une ville renfermant de 1 200 000 à 1 400 000 personnes, pour
beaucoup des réfugiés accourus d’Allemagne orientale*. 3 500 tonnes de
bombes ont été lâchées. Dresde brûlera durant sept jours et huit nuits.
Qui a donné l’ordre formel de ce bombardement ? Réponse délicate.
Churchill* ne veut pas arriver à Yalta* les mains vides. Il a besoin de montrer
à ses partenaires soviétiques sa propre force et ses efforts pour les appuyer
dans leur offensive, Dresde étant un centre de communications important.
L’idée de frapper une ville de l’est autre que Berlin était dans l’air. Toujours
pour montrer aux Russes le désir de les aider.
Le général Harris*, patron du Bomber Command* britannique, mis en
cause après la guerre par des hommes politiques, dont Attlee*, n’hésitera pas
à répliquer : « La stratégie de la force de bombardement fut décidée par le
gouvernement. » Sous-entendu, gouvernement dont faisaient partie
Churchill* et Attlee*.
On peut également s’interroger. À l’heure où la vérité sur les camps de
concentration commençait à sortir, Churchill* n’a-t-il pas voulu punir les
Allemands ?

DRÔLE DE GUERRE
Expression attribuée à Roland Dorgelès, suite à l’un de ses articles parus
dans Gringoire en octobre 1939 pour qualifier la période : fin de l’offensive
en Sarre (24 octobre 1939)-10 mai 1940.
Peu d’actions de guerre véritables. Quasiment pas d’engagements ou
d’accrochages significatifs. Les adversaires s’observent et se ménagent.
Les Anglais parlent de funny war (guerre en toc), déformation
phonétique de phoney war (guerre bidon).

DRONNE, RAYMOND
(1908-1991). Officier français.
Administrateur de la France d’outre-mer, est mobilisé sur place, au
Cameroun, en 1939.
En 1940, se rallie à la France libre*. Avec la colonne Leclerc*, se bat au
Fezzan* et en Tunisie* où il est sérieusement blessé. Commande ensuite la
9e compagnie (la nueve) du RMT* de la 2e DB*. À la tête d’un petit
détachement, est le premier officier français à entrer dans Paris*, le 24 août
1944 au soir. Après quoi, campagnes d’Alsace, d’Allemagne* et
d’Indochine*.
Quitte l’armée comme colonel en 1947.
Compagnon de la Libération*.
DSO (DISTINGUISHED SERVICE ORDER)
Seconde haute distinction militaire britannique, immédiatement derrière
la Victoria Cross*. Peut être accordée plusieurs fois. Une épingle (bar en
anglais) barre, alors, le ruban rouge bordé de bleu. Deux bars signifient donc
trois DSO.
En principe, la DSO est réservée aux officiers supérieurs à partir du grade
de major. Peut toutefois être décernée à des officiers subalternes. Le capitaine
Paddy Mayne, l’adjoint de Stirling*, termine la guerre avec quatre bars. À la
fin de la campagne d’AFN, il avait à son actif plus de 100 avions détruits.

DUCE (CHEF)
Titre dont s’était paré Mussolini* après sa prise du pouvoir en Italie*
(équivalent du Führer* allemand).

DUKW 353
Camion amphibie américain, de 2, 5 tonnes de charge utile.
6 roues motrices ; vitesse route : 80 km/h ; vitesse eau : 10 km/h ;
autonomie terre : 385 km ; eau : 80 km.
Fabriqué à 21 147 exemplaires. Opérationnel à partir de 1942, sera de
toutes les grandes opérations amphibies : Sicile*, Overlord*, Pacifique*.

DULLES, ALLEN
(1893-1969). Avocat et diplomate américain.
Après une carrière de diplomate et d’avocat, il devient, en 1941, adjoint
du général Donovan*, fondateur de l’OSS*.
En poste à Berne de 1942 à 1945, il obtient de précieux renseignements et
aide en particulier le mouvement français Combat.
En 1945, il joue un rôle d’intermédiaire actif dans la reddition des forces
allemandes d’Italie*.
Après la guerre, il deviendra chef de la CIA, ayant succédé à l’OSS*.

DUMBARTON OAKS, CONFÉRENCE DE


Cette cité de la banlieue de Washington est bien peu connue.
Elle intervient pourtant dans l’Histoire. Du 21 août au 7 octobre 1944, les
représentants américains, britanniques, soviétiques et chinois y élaborent les
projets qui serviront de base à l’édification des Nations unies*.
Wilson avait porté sur les fonts baptismaux la défaillante SDN*. Un autre
président américain tient absolument à reprendre la formule, mais avec un
ingrédient de meilleure qualité. Depuis la Charte de l’Atlantique*, en août
1941, Roosevelt* ne cesse d’en parler.
À la lumière des échecs passés, les négociateurs s’efforcent de bâtir du
neuf. Aux côtés de l’Assemblée générale, ils prévoient un Conseil de
Sécurité. Chaque État disposerait d’une voix à l’Assemblée générale chargée,
exclusivement, d’émettre des propositions et recommandations. Le Conseil
de Sécurité aurait seul pouvoir d’exécution, si besoin par la force. Là
intervient la nouveauté dans l’espoir de sortir de l’impuissance d’une
Assemblée générale les bras liés par son nombre d’adhérents. Les trois
Grands* et la Chine* en seraient membres permanents. Puis, en principe, la
France*. Six autres États élus pour deux ans en feraient également partie.
Rien n’est définitif, car les sujets de discorde ne manquent pas. À
commencer par le mode d’attribution des sièges à l’Assemblé générale.
Chaque État doit en posséder un. Forte de ce principe, chaque république
soviétique réclame un siège. Ce qui donnerait 16 voix à Moscou !
Il faudra attendre Yalta* et San Francisco* pour y voir plus clair.

DUNKERQUE, ÉVACUATION DE
Le 16 mai 1940, le général Gamelin* donne un ordre de repli général aux
troupes engagées en Belgique, la menace sur le flanc droit se faisant par trop
précise.
Celle-ci s’accentue. Le 20, en fin de journée, les PD* de Guderian*
atteignent la Manche, à Saint-Valéry-sur-Somme, à l’embouchure de la
Somme. Le GA/1* des Français, Belges et Anglais est isolé au nord de la
Somme. L’armée française est coupée en deux.
Le 19, déjà, Lord Gort* a pris la décision de retraiter vers la côte pour
sauver son BEF*. Désormais, sur le terrain, côté franco-britannique, la partie
est faussée. L’un des deux partenaires dribble à son seul profit.
Les Allemands poursuivent. Guderian*, le 22, est devant Boulogne ; le 23
au matin, il sera devant Calais ; le soir, il bordera le canal de l’Aa.
Dunkerque, seule porte de sortie valable, se trouve à moins de 20 km. À cette
heure, Gort* abandonne Arras et donne le signal du grand repli sur
Dunkerque. Dunkerque, où un rembarquement paraît une hypothèse aléatoire
devant la pression générale allemande.
Soudain, et contre toute attente, Hitler*, le 24 mai, donne l’ordre de
stopper. Cet Haltbefehl* du Fuhrer* ne se discute pas. Les PD* s’arrêtent. À
18 km de Dunkerque. Cet Haltbefehl* quasi miraculeux sauve les
Britanniques et soulage un peu les Français. Les Allemands vont s’arrêter
durant trois jours, permettant d’accélérer les embarquements et de renforcer
les positions autour de Dunkerque.

27 mai :
Une journée où tout s’accélère : repli anglais, effondrement belge,
encerclement de la 1ère Armée française. La veille, à 15 h 30, les Allemands
ont repris l’offensive, von Brauchitsch*, patron de l’OKH*, ayant obtenu de
Hitler* la levée du Haltbefehl*.

28 mai :
À 4 h, l’armée belge dépose les armes. Elle se retrouve prisonnière ainsi
que le roi Léopold III*. Du coup, la 1ère Armée française voit son flanc nord
découvert. Elle se retrouvera vite encerclée autour de Lille. Ses divers
groupements, Juin*, Jenoudet, Dame, Mesny, Mellier, seront contraints de
déposer les armes à partir du 29.

31 mai :
Le 31 au soir, tout est terminé entre Lille et l’Yser. Les Belges ont
capitulé ; les Français ont cessé le combat.
Depuis le 25, le général Weygand* est sans illusions. Il a laissé liberté
d’action au commandant du GA/1*, invitant les rescapés du GA à gagner le
réduit de Dunkerque.
Dunkerque. Les falaises de Douvres se profilent, proches et lointaines.
Pour les atteindre, il n’est qu’une vingtaine de milles. Une heure de traversée.
Mais les mines et la Luftwaffe* ont transformé le Channel en un piège
meurtrier.
La responsabilité globale de la défense terre-mer appartient à l’amiral
Abrial. Ce marin y gagnera une gloire méritée. Ses deux adjoints, l’amiral
Platon*, gouverneur de Dunkerque, et le général Fagalde, commandant le 16e
CA, le seconderont mieux qu’honorablement. Côté anglais, l’évacuation,
baptisée opération Dynamo, est confiée au vice-amiral Ramsay*, marin de
caractère.
Les Anglais se sont hâtés vers Dunkerque. L’évacuation a commencé le
26 mai au soir. On embarque le long des jetées du port. On embarque sur les
plages, utilisant tout ce qui flotte. Le 30, le 31, le ciel bouché se fait
complice. Sinon, il faut attendre la nuit.
Le 31 au soir, donc, 134 000 Britanniques ont traversé contre 12 000
soldats alliés, presque tous français. L’égoïsme anglais a joué à fond.
« Chaque Français embarqué est un Anglais perdu », a annoncé Gort*. Les
marins anglais refoulent tous ceux qui ne sont pas des compatriotes, oubliant
que ce sont des Français qui, au fur et à mesure qu’ils arrivent, assurent la
défense du périmètre et donc la possibilité d’évacuation.
Au Conseil suprême interallié, le 31, à 14 h, à Paris, Weygand* s’insurge.
Où est la solidarité interalliée ? Churchill* s’inquiète. La coalition ne risque-
t-elle pas d’éclater. ? Il jure de partager. Les priorités se prolongent. Le 2 juin
au matin, il n’est plus que 4 000 Anglais sur le continent.
À la périphérie de Dunkerque, l’étau se resserre. Les défenseurs reculent
pied à pied. Le 3 au soir, les faubourgs de Dunkerque et de Malo-les-Bains
sont atteints. La nuit du 3 au 4 sera la dernière.
À 3 h 45, le torpilleur Sikari s’éloigne avec 600 hommes à bord. Il est
l’ultime bâtiment à quitter les rivages français. Au jour, les Allemands
pénètrent dans Dunkerque. 30 000 à 40 000 hommes n’ont pu s’en échapper.
Héros obscurs ou malheureux apeurés, terrés dans des caves, ils sont les
laissés-pour-compte d’une évacuation quasi miraculeuse.
332 000 hommes ont été extraits de la poche de Dunkerque (212 000
Anglais, 120 000 Français). L’Angleterre a sauvé son corps expéditionnaire.
Les Français ont payé leurs erreurs et le sauvetage des Britanniques. Ils se
souviennent de l’absence de la RAF*, des départs précipités, des refus
d’embarquer les non-Britanniques. Le divorce franco-anglais s’amorce.
DUNKERQUE, LIBÉRATION DE
En se repliant du territoire français, les Allemands ont laissé des
garnisons dans des ports : Royan*, La Rochelle*, Lorient et Dunkerque.
À Dunkerque, le commandant de la place, l’amiral Frisius, s’est toujours
montré irréductible et s’est battu avec fanatisme contre les assiégeants
britanniques, français et tchèques (une brigade indépendante). Contraint et
forcé, il n’accepte de signer sa capitulation que le 9 mai 1945 dans la journée.
Les Alliés, le 10 mai à 9 h 45, entrent dans une ville où ne demeurent plus
que 6 à 700 habitants (32 000 avant la guerre). Leur chef est tchèque et les
Français sont regardés en parents pauvres. Les trois couleurs mettront
quelque temps à flotter sur la dernière ville de France libérée*.

DUTCH HARBOR
Base navale américaine dans les Aléoutiennes* (voir Aléoutiennes,
campagne des).

DYLE, MANŒUVRE
L’invasion de la Belgique* est une hypothèse d’école trop classique pour
ne pas avoir été envisagée par le commandement français qui sait que le
danger surgit souvent des Flandres. Et puis, soutenir les Belges coule de
source.
Gamelin* a donc prévu de se porter au secours de la Belgique* et
d’ancrer la défense sur trois lignes possibles. Ancrer la défense ! Verdun,
toujours Verdun !
Dans cette perspective, les trois cas de figures étudiées se nomment :
canal Albert, Escaut, Dyle.
Se porter sur le canal Albert suppose qu’on soit capable d’arriver à temps
sur la ligne Maastricht-Anvers. La majeure partie de la Belgique* serait alors
protégée. Mais le canal Albert, politiquement intéressant, est loin.
La solution Escaut a l’avantage d’être beaucoup plus rapprochée. Elle
préserve Anvers, Gand et Ostende, en délaissant Bruxelles, abandon
difficilement acceptable.
Finalement, Gamelin* a retenu une tierce voie baptisée Dyle. La Dyle,
entre Escaut et canal Albert, est un affluent de l’Escaut à l’est de Bruxelles.
L’armée française*, encore hippomobile ou à pied (sauf ses DLM*), doit
avoir le temps de s’y porter et de s’y installer défensivement. Pourtant, cette
Dyle n’est pas à l’abri des critiques. Fort modeste cours d’eau, elle ne
représente pas vraiment une coupure bien conséquente. Surtout, elle n’est
absolument pas préparée et organisée pour le rôle qu’on envisage de lui
attribuer.
Le 10 mai 1940, à l’aube, la Belgique* envahie réclame l’aide française
(et anglaise). À 6 h 30, Gamelin* ordonne de passer à la réalisation de la
manœuvre Dyle*. La 1ère Armée française (général Blanchard) part pour la
Dyle et la ligne Wavre-Namur, dépêchant en avant les 2e et 3e DLM du corps
de cavalerie afin de retarder l’avance ennemie. Le 11 mai, le général Prioux,
patron du corps de cavalerie, rend compte : « La ligne Dyle ne présente
aucune valeur défensive. Avance allemande trop rapide, résistance belge trop
faible. Mieux vaudrait s’organiser sur l’Escaut. »
Gamelin* n’avait fait effectuer aucune reconnaissance discrète sur la
Dyle avant le 10 mai.
Et par pigeon voyageur (on en est là dans l’armée française* en 1940 !),
Prioux prévient un peu plus tard : « Il semble difficile de couvrir (avec mon
corps de cavalerie) l’installation de la 1ère Armée sur position Wavre-
Gembloux jusqu’au 16. » (Cette position Wavre-Gembloux est un peu en
avant de la Dyle).
Une manœuvre prévue est une manœuvre prévue. Gamelin* ordonne de
tenir sur la Dyle. Pourtant, sur l’Escaut, comme suggéré par Prioux, les
Français gagneraient des heures pour mieux s’organiser. La manœuvre Dyle*
sera une manœuvre stérile qui contribuera largement à faire tomber les
Français dans le piège créé par la percée allemande sur la Meuse*.

DZ (DROPPING ZONE)
Terme d’origine anglaise véritablement apparu durant la Seconde Guerre
mondiale et désignant la zone où doit être effectué un largage (de personnel
ou de matériel). Les Français, aujourd’hui, parlent de ZS, zone de saut.
Une DZ pour larguer des parachutistes doit respecter des critères :
dimensions (fonction de l’effectif à larguer), absence d’obstacles majeurs,
nature du sol, éloignement de l’ennemi. Ces critères ne pourront toujours être
respectés, d’où des accidents plus ou moins nombreux à l’arrivée au sol (cas
par exemple du terrain rocailleux d’Afrique du Nord* en novembre 1942 ou
marécageux de Normandie* le 6 juin 1944). Ce sans parler de la vitesse du
vent, devant en principe être inférieure à 10 m/s.
E

EAM (ETHNIKON APELEFTHEROTIKON


METOPON)
Front de Libération nationale grec sous obédience communiste.

EAU LOURDE
Est ainsi appelé l’oxyde de deutérium, modérateur employé pour la
préparation de l’uranium 235, matière première essentielle pour la libération
de l’énergie nucléaire.
Sa fabrication apparaît comme l’une des étapes capitales sur la route de
l’arme atomique. Cette eau lourde ressemble à de l’eau ordinaire, mais elle
contient deux fois plus d’atomes d’hydrogène et pèse 10 % plus lourd. (Étant
donné les délais nécessaires pour en obtenir des quantités suffisantes, les
Américains la remplaceront par le graphite.)

EAU LOURDE, BATAILLE DE L’


Située près de Rujkan, en limite du plateau de Hardanher, à
100 kilomètres à l’ouest d’Oslo, l’usine de Norsk-Hydro*, connue également
sous le nom d’usine de Vemok, est la plus importante du monde pour la
fourniture d’eau lourde*. (La France*, en 1940, y avait des intérêts.)
Preuve de l’importance accordée à cet oxyde de deutérium, les Français,
en mars 1940, obtiennent tout le stock disponible en Norvège*, soit 185 litres
en 26 bidons, prenant de vitesse les Allemands. (Ces 26 bidons, le 17 juin
1940, seront expédiés en Grande-Bretagne*.)
L’occupation de la Norvège* par la Wehrmacht* fait tomber Norsk-
Hydro* aux mains des Allemands. Au début de 1942, les services de
renseignements britanniques apprennent que la production d’eau lourde de
Norsk-Hydro* a été intensifiée. Londres a ainsi confirmation
d’avertissements récents du savant danois Niels Bohr*. Le IIIe Reich*
prépare la fabrication d’une bombe atomique. La conclusion s’impose.
L’usine doit être neutralisée et le stock existant détruit.
Norsk-Hydro* se trouve au cœur d’une région montagneuse, à 1 400 m
d’altitude moyenne, coupée de vallées profondes et encaissées. L’usine elle-
même est scindée en deux parties : la centrale hydroélectrique et l’usine
proprement dite, haut bâtiment édifié à flanc de montagne en bordure d’un
précipice de 300 m de dénivelée. À ces obstacles naturels, à la présence en
force de l’occupant, s’ajoutent les distances depuis les aérodromes écossais.
Le Bomber Command* estime un bombardement de précision impossible. Le
cas de Norsk-Hydro* ressort spécifiquement d’un travail de commando.
Une première tentative, le 19 novembre 1942, échoue. Deux planeurs
Horsa* avec au total 34 commandos à bord, tractés par des Halifax*, sont
surpris par la tempête et s’écrasent au sol. Onze hommes sont tués sur le
coup. Les autres, faits prisonniers par les Allemands, sont exécutés.
Conséquence de ce drame, les Allemands sont alertés.
Sur le terrain, quatre résistants norvégiens parachutés (les Swallows)
avaient préparé la réception et le guidage du commando. Ils ont échappé aux
recherches allemandes et continuent de renseigner Londres.
Le 17 février 1943, six Norvégiens sont parachutés à environ
40 kilomètres au nord-ouest de Norsk-Hydro*. Ils prennent contact avec
l’équipe des Swallows destinés à les guider vers l’objectif. Ils seront neuf au
total à partir sur Norsk-Hydro*.
Le 27 février, à 20 h, le commando s’éloigne pour une longue marche
d’approche. Après quoi une escalade risquée sur plus de 150 m l’attend. Vers
minuit, l’enceinte de l’usine est atteinte. Tout est calme. Les Allemands se
tiennent à l’abri dans la salle de garde. Le commando se scinde en deux : un
groupe en couverture, un groupe de destruction qui s’infiltre dans les salles
des machines. Les explosifs sont mis en place avec un retard de deux minutes
pour empêcher de les neutraliser. Ils ne feront qu’un bruit assourdi qui ne
donnera pas immédiatement l’alerte.
Les hommes en couverture n’ont pas eu à intervenir. Le commando se
regroupe et se lance dans une vertigineuse descente avant de se hâter de fuir
les lieux.
Les dégâts, dans la salle de l’eau lourde, sont considérables. Une demi-
tonne d’oxyde de deutérium s’échappe des réservoirs éventrés, se répand sur
le sol et coule vers les égouts. Le IIIe Reich* n’en profitera pas.
Les Allemands ont lancé la traque, mais les courageux Norvégiens
échappent aux recherches. Cinq passent en Suède* et retourneront en Grande-
Bretagne*. Les autres se terrent et continuent d’informer.
Fin 1943, il est signalé que l’usine recommence à produire. Le
16 novembre, les bombardiers à long rayon d’action de la VIIIe US Air Force
détruisent en partie la centrale électrique. Goering*, responsable du
programme nucléaire allemand, décide alors de transférer tout le stock d’eau
lourde disponible dans une usine souterraine en Allemagne. Le 19 février
1944, des résistants norvégiens font sauter le ferry Hydro effectuant le
transport. Le bateau et son chargement sombrent par près de 400 m de fond
dans les eaux du lac Tinnsjko. Les ambitions nazies de fabriquer une bombe
atomique en exploitant de l’oxyde de deutérium sont définitivement ruinées.

EBEN-EMAEL, LA PRISE DU FORT D’


Le fort belge d’Eben-Emael, au nord-est de Liège, a été construit de 1932
à 1935, dans le droit fil des réalisations de la ligne Maginot*.
Il est censé couvrir trois ponts à son nord, sur le canal Albert.
En forme sensiblement de triangle isocèle, sommet vers le nord, le fort,
juché sur une hauteur, s’allonge sur 900 mètres du nord au sud et 700 d’est en
ouest. Au nord-est, la saignée du canal Albert assure une coupure aux parois
abruptes de 65 m de haut. Sur la face nord-ouest, une petite rivière, la Geer, a
été aménagée en plan d’eau. Au sud et sud-ouest courent un fossé antichars et
un mur de quatre mètres de haut, doublé par un réseau de barbelés.
Les concepteurs d’Eben-Emael ont surtout voulu en faire une position
d’artillerie. Sous casemates ou coupoles, le fort dispose de deux canons de
120 mm et de 16 de 75 mm. La garnison compte théoriquement 1 100
hommes logés dans une caserne souterraine avec accès par ascenseurs ou
escaliers à leurs emplacements de tir de surface. Le fort d’Eben-Emael
constitue l’une des pierres d’achoppement du dispositif de défense belge et
certains le jugent imprenable.
Le service de renseignements allemand a percé les secrets des défenses
d’Eben-Emael. Pour s’enfoncer en Belgique*, le 10 mai 1940, la VIe Armée
allemande a besoin de ne rien craindre d’Eben-Emael et de disposer des
ponts, à son nord, sur le canal Albert. La solution possible pour s’emparer du
fort est imaginée par Hitler* : des planeurs se poseront au plus près des
troupes d’assaut. Au plus près, c’est-à-dire sur le fort lui-même, à proximité
immédiate des casemates et coupoles.
Les planeurs utilisés seront des DFS 230* capables d’emmener 10
hommes équipés. L’action sera menée par les sapeurs parachutistes du 1er
régiment de parachutistes, groupe dénommé Granit et commandé par le
lieutenant Witzig*, vingt-trois ans. Au total, 11 planeurs et 85 hommes
seulement seront engagés, priorité étant donnée aux explosifs et en particulier
aux charges creuses*.
10 mai 1940, 4 h (heure allemande). De 45 secondes en 45 secondes, les
JU 52* arrachent les lourds DFS 230* tractés par un câble de 70 m de long.
Les décollages s’effectuent depuis les deux aérodromes de Cologne-Ostheim
et Cologne-Butzeilherhof. Des lumières au sol balisent le cap de Cologne à
Aix-la-Chapelle*. À la verticale d’Aix-la-Chapelle*, décrochage des câbles
de remorquage. Après quoi, les planeurs n’ont plus que 12 à 14 minutes d’un
vol silencieux, soit 25 à 30 km, pour atteindre Eben-Emael.
La flottille Granit aborde Eben-Emael par le sud. 5 h 25, l’horaire est
parfaitement respecté. Dans cinq minutes, les PD* entreront à leur tour en
action. Les planeurs atterrissent au plus près comme à l’entraînement.
Dans le camp des Belges, défenseurs d’Eben-Emael, sur 1 100 inscrits,
650 seulement sont présents au fort ce 10 mai à l’aube. Permissionnaires,
indisponibles pour diverses raisons, personnel envoyé tenir des blockhaus le
long du canal Albert, ont vidé les rangs de moitié. Les emplacements de tir
seront en sous-effectifs à l’arrivée des planeurs.
Ceux-ci ne sont que neuf. Deux ont eu des ruptures de câble dont celui de
Witzig*. Mais Witzig* est un battant. Il arrivera à 7 h 30. D’ici là, le sergent
Wenzel l’aura remplacé.
Le jour se lève. Au sol, les guetteurs s’interrogent : quels sont ces avions
mystérieux et silencieux ? Lorsque les ordres de tir résonnent dans les haut-
parleurs, il est trop tard. Les DFS* sont déjà très bas et atterrissent.
Les paras jaillissent des carlingues éventrées à l’impact. Le scénario est
partout identique. Neutralisation des objectifs par charges creuses, grenades
ou lance-flammes. Mise en garde pour s’opposer à d’éventuelles contre-
attaques.
5 h 50. Neuf ouvrages ont été neutralisés. À l’exception des blocs
périphériques et de l’ouvrage dit Coupole sud, qui ne peut tirer que vers le
sud, toute l’artillerie du fort a été neutralisée. Les blindages ont été percés, les
embrasures éventrées, les tubes des bouches à feu mis hors d’état de
fonctionner. En 20 minutes, 61 sapeurs parachutistes ont fait d’Eben-Emael
un colosse inutile. Au-dessous, il y a un millier de Belges qui ont dû se
replier dans les profondeurs des abris et des tunnels de liaison.
À 5 h 42, Wenzel a fait passer un message : « Objectif atteint. Tout est en
ordre. » À 5 h 55, il demandera l’intervention de l’aviation en piqué. C’était
prévu. Les Stukas*, 10 minutes après l’atterrissage des planeurs, étaient à la
verticale. Tout ce qui bouge, en dehors des points d’appui des sapeurs paras,
est systématiquement mitraillé ou bombardé.
Avec la nuit, les Stukas* sont contraints de regagner leurs bases. Granit
est isolé, en enfant perdu. Par prudence et vu la faiblesse de son effectif,
Witzig* rassemble ses gens dans la partie nord du fort. La nuit sera longue.
Enfin, le 11 mai, à 7 h, la section de tête du 51e bataillon de pionniers
assure le contact. Vers midi, le gros du bataillon les a rejoints. À cette heure,
la garnison a capitulé. À 11 h 15, un clairon, à plusieurs reprises, a sonné le
cessez-le-feu.
Au prix de 6 tués et 12 blessés, une soixantaine de gaillards décidés ont
eu raison d’un millier de troupiers sans grand ressort (les Belges comptent
23 morts et 59 blessés).
Witzig*, promu capitaine par Hitler* dès le 11, tirera la conclusion de
l’action de son commando :
« Le succès est dû à l’efficacité et à l’enthousiasme des sapeurs paras, utilisant de nouvelles
armes et de nouveaux moyens de transport, aidés par une préparation minutieuse, à la participation
de la Luftwaffe*, et à des conditions précises de commandement ».

Innovation. Préparation. Surprise. Audace. Commandement. À Eben-


Emael, tous les ingrédients d’un parfait commando étaient réunis.
Cette prise d’Eben-Emael, comme celle des ponts à son nord par d’autres
commandos, permettra à la VIe Armée allemande de déferler en Belgique*.
Organiser une ligne de résistance sur le canal Albert sera caduque.

ECK, HEINZ.
Lieutenant de vaisseau allemand.
Commandant l’U-Boot U-852*.
Le 13 mars 1944, il coule le cargo allié Peleus dans l’Atlantique central.
Après le naufrage, il fait fusiller tous les survivants pour éliminer, dira-t-il,
les traces du torpillage pouvant signaler sa présence. Condamné à mort pour
crimes de guerre en 1946, Eck sera exécuté ainsi que l’officier de quart et le
médecin du bord.

EDEN, ANTHONY
(1897-1977). Homme politique britannique.
Parfait gentleman conservateur, dans le style comme sur le fond, est
responsable du Foreign Office de 1935 à 1938, et surtout de décembre 1940 à
juillet 1945.
Était déjà ministre de la Guerre dans le cabinet d’union nationale de mai
1940.
Sera, à ce titre, le brillant second de Churchill* durant toute la guerre,
allant de capitale en capitale pour sceller ou resserrer les alliances contre
l’Axe*. Participe aux principales conférences de Téhéran* à Yalta*. Fait à
bien des égards figure de dauphin du Premier ministre.
Ce gentleman francophile sera un défenseur de Charles de Gaulle*. Il
tentera également de soutenir les Polonais de Londres et s’opposera de son
mieux aux visées communistes.
Lors de la défaite électorale de Churchill* le 26 juillet 1945, cédera ses
fonctions à Bevin beaucoup moins bien préparé que lui à un tel poste.
Sera Premier ministre d’avril 1955 à janvier 1957.

EDES (ETHNIKOS DIMOKRATIKOS


ELLINIKOS SYNDESMOS)
Ligue grecque, nationale, républicaine. Oganisation de Résistance*
grecque non communiste.

ÉGYPTE
Le pays est théoriquement indépendant depuis 1922, mais la Grande-
Bretagne* y garde de fortes responsabilités (Défense, Affaires étrangères).
Elle y occupe des positions militaires importantes : Alexandrie*, canal de
Suez.
Le roi Farouk et l’armée sont favorables à l’Axe*. Au début de la guerre,
l’Égypte se déclare en état de non-belligérance même si des troupes
britanniques stationnent sur son sol où des combats se déroulent. Ce n’est
qu’à partir de l’été 1942 que le nouveau Premier ministre, Nahas Pacha, se
déclare nettement favorable aux Alliés*. Mais la déclaration de guerre contre
l’Allemagne* n’interviendra que le 26 février 1945, permettant à l’Égypte de
signer la déclaration des Nations unies*.

EHRENBOURG, ILYA
(1891-1967). Journaliste et écrivain soviétique.
Correspondant de guerre pour l’Étoile Rouge, se signale par la virulence
de ses articles appelant à la haine et à la vengeance contre l’Allemagne*.
« Tue, tue », écrit-il dans un texte largement diffusé, par tracts et par
radio, à l’Armée rouge*.
« La race allemande n’incarne que le mal. Suis les préceptes du camarade Staline*. Écrase la
bête fasciste, une fois pour toutes, dans son antre ! Use de la force et brise l’orgueil des femmes
allemandes. Prends-les comme ton butin légitime. »
« Tue ! Fonce ! Tue, vaillant soldat de l’*Armée rouge ! » etc.

(Des traductions ont pu donner des versions légèrement modifiées de ce


texte. Mais le fond reste identique dans son appel au meurtre, au viol et à la
vengeance.)
Cette virulence fut telle qu’en avril 1945, un coup d’arrêt, venu de très
haut semble-t-il, y mit fin.

EICHELBERGER, ROBERT
(1886-1961). Général américain.
L’un des principaux lieutenants de MacArthur* dans le Pacifique*.
Il rétablit la situation à Buna* et occupe la place après la célèbre
admonestation de son patron : « Prends Buna* ou ne reviens pas vivant. » Il
peine dans l’île de Biak* durant l’été 1944. En mars 1945, il prend le
commandement de la VIIIe Armée américaine pour la seconde campagne des
Philippines*. Il sera l’un des premiers à débarquer au Japon* après la
capitulation nippone.
Il avait, au total, programmé et exécuté 58 opérations amphibies dans le
Pacifique* sud-ouest.

EICHMANN, ADOLF
(1906-1962). SS Obersturmbannführer.
Entré chez les SS* en 1932, au SD* en 1934.
Ses qualités d’organisateur, son travail méthodique le font remarquer.
Chef du département B4 de la Gestapo* à partir de l’automne 1941. Participe
en janvier 1942 à la conférence de Wannsee* qui vise à l’application pratique
de la Solution finale* dont il sera l’un des principaux exécutants. Est à ce titre
le responsable direct de la mort de milliers d’innocents.
Réfugié en Argentine*, est enlevé par les services secrets israéliens le
13 mai 1960. Jugé à Jérusalem, il est condamné à mort le 15 décembre 1961
et pendu le 1er juin 1962.

EIKE, THEODOR
(1892-1943). SS Obergruppenführer.
Nazi fanatique et discipliné.
Commandant du camp de Dachau*, devient en 1934 inspecteur du
système concentrationnaire allemand. Commandant de la division SS
Totenkopf en 1939. Tué sur le front de l’Est* en 1943.
Croix de chevalier avec feuilles de chêne.

EINSATZGRUPPE
Groupe d’action.
Équipe spéciale d’extermination de la SS*, chargée dans le sillage de la
Wehrmacht* de l’élimination des Juifs et de tous ceux que le nazisme*
entendait éliminer. Les cadres provenaient de la Gestapo*, du SD* et de la
Kripo* ; la troupe, en majorité des Waffen SS* et de l’Orpo. Les
Einsatzgruppen commencent à se manifester en Autriche* en mars 1938, puis
en Pologne*, où ils exécutent l’élite du pays et de nombreux Juifs. En juin
1941, cinq Einsatzgruppen totalisant environ 5 000 hommes suivent la
Wehrmacht* dans l’invasion de l’URSS*, tuant systématiquement Juifs et
commissaires politiques*. Ils auraient massacré près de 600 000 Juifs.

EISENHOWER, DWIGHT
(1890-1969). Général et président américain.
L’ancien cadet de West Point*, Dwight Eisenhower, Ike pour les amis,
est, le 1er octobre 1939, lieutenant-colonel en service aux Philippines* sous
MacArthur*.
En mars 1941, il est colonel à titre temporaire ; en septembre, général de
brigade, toujours à titre temporaire. Marshall*, qui l’a remarqué, le prend
dans son état-major, le nomme divisionnaire et l’envoie en Angleterre*
organiser les forces américaines qui commencent à s’y rassembler. C’est là
qu’il apprend sa nomination comme commandant en chef du débarquement
prévu en AFN*.
Fait singulier pour un soldat promu à de telles responsabilités, il y accède
sans avoir aucune expérience de la guerre. Le premier conflit mondial n’a pas
voulu de lui. Des postes d’état-major ont ensuite été le plus souvent son lot.
Pour avoir émergé si vite afin de remplir le rôle redoutable jadis imparti à
Foch de commander une coalition, Eisenhower a certainement paru à ses
supérieurs doté des qualités indispensables de l’emploi : souplesse
intellectuelle, esprit de conciliation, sens du possible. Et certainement aussi
une autorité naturelle.
Ce jeune général de cinquante-deux ans, au sourire enjôleur – ce sourire
qui vaut une armée, dit-on –, au regard bleu très droit, drainant la confiance et
la sympathie, va mener à bien toutes les tâches qui lui seront imparties :
débarquements en AFN*, en Sicile*, en Italie*, en France*, victoire totale sur
l’Allemagne nazie*. Il saura prendre ses responsabilités. Le report du
débarquement en Normandie*, la décision finale de lancer Overlord* le
6 juin 1944 au matin, malgré une météo incertaine, le rappellent.
Peut-être lui reprochera-t-on d’avoir dû céder – coalition oblige – au
souci de gloriole de Montgomery*. Le pont trop loin d’Arnhem* a empêché
Patton* de pénétrer en Allemagne* dès l’automne 1944, retardant la fin de la
guerre de quelques mois.
D’aucuns, encore, lui reprocheront peut-être ce manque de relief
extérieur dont se parent volontiers certains capitaines. Point d’apparitions
théâtrales à la MacArthur*. Point de triomphalisme usurpé à la
Montgomery*. Point de foucades capricieuses à la de Lattre*. L’homme reste
équilibré, maître de lui.
Les Français lui seront toujours reconnaissants d’avoir permis à la 2e
DB* de rallier Paris* pour soutenir la capitale insurgée. Ils savent aussi que
le succès d’Overlord* et donc de leur Libération* lui est largement
imputable.
Ses compatriotes, pour leur part, sauront reconnaître la valeur sûre qu’il
représente. Par deux fois, ils l’éliront Président des États-Unis*.

EL-ALAMEIN, PREMIÈRE BATAILLE D’


Tobrouk* est tombée le 21 juin 1942.
Tobrouk*-frontière égyptienne : 100 km, Tobrouk-Alexandrie* : 440 km.
La VIIIe Armée britannique se replie vers l’est. Son chef, le général
Richtie*, espère bloquer Rommel* à hauteur de Marsa-Matrouh, à 250 km à
l’est de Tobrouk*. À défaut, la porte de l’Égypte* risque d’être ouverte.
Auchinleck*, le patron de Richtie* et responsable du théâtre
d’opérations, se rend compte que le commandant de la VIIIe Armée n’a pas
été à la hauteur de la situation. Il prend ses responsabilités, relève Richtie* et
assume personnellement la direction de la bataille à venir. Sa décision est
prise : il se battra, non à Marsa-Matrouh mais à El-Alamein, plus en arrière,
où il pourra mieux s’organiser.
Mercredi 1er juillet 1942. Les Britanniques baptiseront cette journée le
Mercredi des Cendres. Le Caire vit son jour de panique. Les administrations
brûlent archives et documents. À Alexandrie*, l’amiral Harwood* éloigne ses
navires.
Rommel* est devant El-Alamein. Il pense enfoncer au centre puis
déborder vers le nord et vers le sud pour enfermer les Britanniques.
Auchinleck* a organisé quatre box mais il s’est bien gardé d’y concentrer
l’intégralité de ses moyens. Des groupes tactiques sont destinés à riper d’un
point à un autre. La majeure partie de l’artillerie a été regroupée pour
permettre des concentrations de feu.
La bataille commence donc le 1er juillet à l’heure. À la tombée de la nuit,
Rommel* n’a pas pu passer. Auchinleck* a marqué un point et monte une
contre-attaque. Mais ses troupes sont fatiguées. La contre-attaque ne
débouche pas.
Le 3, le Renard du désert refuse de renoncer. Chez lui aussi les troupes
sont à bout.
Le 4 juillet, les deux armées en présence, tels deux boxeurs groggy, se
tiennent dans les cordes. Les deux attendent du renfort.
Le 10, Auchinleck* avec la 9e division australienne, nouvelle venue,
bouscule les Italiens. Rommel* n’a plus les moyens de tenter une offensive.
Son adversaire ne cesse de le harceler et les Italiens continuent de lâcher pied.
Churchill*, en fond de tableau, presse Auchinleck* d’écraser Rommel* ;
mais son général commande une coalition. Australiens, Néo-Zélandais, Sud-
Africains renâclent devant certains efforts et font perdre du temps.
L’offensive britannique débutera dans la nuit du 26 au 27 juillet.
Rommel* a reçu, lui aussi, quelques renforts. Le 27, vers 10 h, Auchinleck*
doit stopper son action à défaut de résultats probants. Du moins a-t-il
empêché Rommel* d’aller jusqu’au bout. Pour l’heure, il faut attendre des
renforts et la fin des grosses chaleurs.
Première victoire britannique à El-Alamein, elle porte le nom
d’Auchinleck*.

EL-ALAMEIN, SECONDE BATAILLE D’


(23 octobre - 4 novembre 1942)
Après la chute de Tobrouk* et les deux batailles d’El-Alamein*
(première bataille et bataille d’Alam Halfa*), les deux adversaires, en
septembre 1942, se retrouvent face à face à hauteur d’El-Alamein, à 95 km à
l’ouest d’Alexandrie.
Leurs positions s’étirent sur 60 km entre la Méditerranée* et la
dépression d’El Qattara. Les forces en présence sont très inégales. 195 000
combattants du Commonwealth ou des Alliés* contre 104 000 Germano-
Italiens ; 1 429 chars contre 489 dont 278 italiens ; 2 311 pièces d’artillerie
contre 1 219 ; 750 avions contre 675 dont 400 italiens.
Les Britanniques bénéficient de la proximité de leurs bases de
ravitaillement. Celles des Allemands sont autrement éloignées : Tobrouk* à
380 km, Tripoli à 1 300. La RAF* et la Navy* surveillent la Méditerranée*.
Elles ont envoyées 220 000 tonnes par le fond durant les quatre derniers
mois.
Au sommet, les généraux ont changé. Auchinleck* a payé pour
Tobrouk*. Alexander* est devenu commandant en chef et Montgomery* a
pris la tête de la VIIIe Armée. Rommel*, malade, est rentré en Allemagne*,
remplacé par Stumme qui lui aussi a des problèmes de santé.
Churchill*, pour des raisons politiques, presse l’attelage du Caire
d’attaquer. Il a besoin d’une offensive victorieuse, pour prouver à Staline*
que les Britanniques agissent, pour ne pas paraître inférieur aux Américains
qui viennent de l’emporter à Midway*, pour rassurer son opinion publique et
soigner son image, et enfin pour impressionner Espagnols et Français à la
veille du débarquement en AFN*.
Rommel*, avant son départ, était conscient de la précarité de sa position
trop avancée. Il souhaitait se replier mais Hitler* refusa, le contraignant à
rester sur place dans l’attente de l’inéluctable attaque.
Montgomery* a pris son temps. Ce général prudent – trop disent
certains – veut parfaire équipement et entraînement. Enfin, le 23 octobre au
soir, Churchill* reçoit le message convenu : « Zip ! »
Effectivement, à 21 h 25, 1 000 pièces d’artillerie rugissent.
Montgomery* se sait le plus fort. Son intention de manœuvre est simple :
« Tuez du Boche ! » ne cesse-t-il de répéter aux siens. En usant l’adversaire,
il l’emportera et il l’affirme : « Ce sera une bataille d’usure. La VIIIe Armée
l’emportera. Elle est supérieure en hommes et en moyens. Nous gagnerons en
onze jours. »
Le patron de la VIIIe Armée a, malgré tout, défini un plan d’action. Au
nord, le XXXe CA (5 DI, 2 DB) a mission de rupture et de réalisation de deux
couloirs par où débouchera le Xe CA (3 DB). Ce dernier, une fois les champs
de mines dépassés, mènera une bataille de blindés pour laminer l’Afrika
Korps*. Au sud, le XIIIe CA (2 DI, I DB, 3 brigades alliées) n’assurera
qu’une mission de diversion, toujours dans l’espoir de saper l’adversaire.

22-23 octobre :
Les fantassins australiens, écossais, néo-zélandais, anglais, sud-africains,
français, partent à l’attaque. Une nuit de rudes combats sans succès
significatifs. Les blindés ne peuvent déboucher.

24 octobre :
Journée difficile pour Montgomery*. Son offensive est bloquée partout et
la VIIIe Armée demeure empêtrée dans les champs de mines.
Montgomery* ce jour-là l’ignore. Son adversaire se retrouve sans chef.
Stumme est victime d’une crise cardiaque. Informé, Hitler* demandera à
Rommel* de repartir. Le maréchal reprendra le 25 au soir son ancien
commandement dont l’intérim aura été assuré par le général von Thoma
arrivé depuis peu de Russie.

25 octobre :
Nuit orageuse chez les responsables britanniques. Montgomery* accuse
les généraux du corps blindé de laxisme. Ses subordonnés récusent une
manœuvre qui les enferme.
Sur le terrain, la VIIIe Armée marque le pas.

26 octobre :
La profondeur du dispositif germano-italien, avec ses champs de mines
(500 000 environ), surprend. Les Britanniques ont perdu 200 chars, les
Allemands une cinquantaine.
La bataille se transforme en une guerre de tranchées. La VIIIe Armée
applique la tactique prescrite : user l’adversaire.

29 octobre :
Montgomery* reçoit des visiteurs de marque, un ministre accompagné
d’Alexander, qui s’inquiètent. Il se veut optimiste. Il avait annoncé un « dog-
fight », un combat de chiens, de onze jours. Celui-ci est en cours.

30-31 octobre :
Dans la nuit, les Australiens, au nord, marquent des points, atteignant la
route côtière. Rommel* a subi des dommages.
2 novembre :
Montgomery* est un partisan convaincu des attaques de nuit. Il en lance
une à 1 h après une violente préparation d’artillerie. Au nord de la crête
Kidney, secteur du XXXe CA, un coin s’enfonce sur 6 km de front. À 6 h 15,
les blindés prennent le relais des fantassins. Contrés par les 88 allemands, ils
éprouvent des pertes sévères mais ont l’avantage du nombre.

3 novembre :
Les reconnaissances aériennes de la RAF* commencent à signaler des
mouvements de repli, parfois à pied.
Rommel* sait son armée à bout, laminée par dix jours de combats
meurtriers. De tous côtés, il risque d’être pris à revers par des irruptions de
brigades blindées. Aussi a-t-il fait entamer des replis aux unités les plus
exposées.
De son lointain PC, Hitler* ne l’entend pas ainsi. En Égypte* comme en
Russie, pas un pouce de terrain ne doit être abandonné. Il l’exige.
Brutalement, pour Rommel*, tout un capital de confiance s’écroule. « Cet
ordre exigeait l’impossible », écrit-il. Soldat avant tout, il s’exécute et lance
une ultime bouteille à la mer. Son aide de camp s’envole pour essayer
d’ouvrir les yeux au Führer*.

4 novembre :
Partout la digue craque. Partout le flot de la VIIIe Armée submerge les
Germano-Italiens. La division blindée italienne Ariete* finit d’être anéantie.
Le général von Thoma, patron de l’Afrika Korps*, est fait prisonnier.
À 15 h 30, enfreignant les instructions de son Führer*, Rommel* franchit
le pas. Il donne un ordre de retraite générale. Il ne sera un rebelle que
quelques heures. Tard dans la soirée, Hitler*, contrairement à toute attente,
donne son accord pour le repli.
Les Britanniques ont gagné la bataille d’El-Alamein. Ils ont perdu 13 500
hommes, dont 4 000 tués, et 600 chars. Les Allemands comptent 1 000 tués et
8 000 prisonniers ; les Italiens, 1 000 tués et 16 000 prisonniers.
5 novembre :
Montgomery*, théâtral, annonce aux journalistes : « Messieurs, c’est une
victoire totale, absolue. »
Une victoire dont, tel Hannibal, il ne saura pas profiter. Prudent, soucieux
de sécurité, il laisse filer Rommel*. Jusqu’à la Tunisie*, la VIIIe Armée se
transformera en serre-file de la Panzerarmee. Rommel* s’en étonnera : « Je
me demande pourquoi il ne se presse pas. Mais c’est une chance pour nous. »
« Il », c’est Montgomery* qui avance à petits pas, gardant ses troupes
dans sa main, refusant les audaces, de peur d’être ramené en arrière « comme
les autres ». El-Alamein ne se terminera pas par un gigantesque K.O. Cette
victoire inachevée vaudra quand même à Montgomery* d’être fait vicomte
d’El-Alamein.

ELAS (ETHNIKOS LAIKOS


APELEFTHEROTIKOS STATOS)
L’EAM, Front national de libération, dominé par le Parti communiste
grec, est créé le 27 septembre 1941.
Cet EAM met sur pied en décembre l’ELAS, armée populaire de
libération, avec vocation de mener la lutte armée contre les occupants italiens
et allemands.
L’ELAS, saura, en septembre 1943, profiter du désistement italien et
récupérera une bonne partie de l’armement de deux divisions italiennes. Elle
représentera, à la fin de 1944, la principale force de résistance, s’opposant
non seulement aux Allemands mais également au retour de la monarchie.

ELBE, CONQUÊTE DE L’ÎLE D’


Après la capitulation italienne, les Allemands ont occupé l’île d’Elbe,
modeste bande de terre de 224 km2 entre Corse* et continent, et célèbre pour
avoir été, durant quelques mois, le royaume de Napoléon.
Les Alliés estiment que leur présence ne gêne pas faute de structures et
de moyens adaptés. Neuf mois après la libération de la Corse*, l’île d’Elbe
est donc toujours allemande avec une garnison de 3 000 hommes. Ceux-là,
comme tant d’autres, sont voués à faire partie un jour de la division Canada*.
Le général de Lattre*, appelé à commander l’Armée B* qui débarquera
en Provence*, veut se faire la main. Peut-être tient-il aussi à saupoudrer son
battle-dress de gloire. Étant donné l’importance de la garnison ennemie,
l’opération Brassard* ne peut s’assimiler à un simple coup de commando.
Elle nécessite une opération amphibie avec de gros moyens. Y participeront
donc : la 9e DIC (général Magnan), le 2e GTM* (lieutenant-colonel de La
Tour), le bataillon de choc (lieutenant-colonel Gambiez), les commandos
d’Afrique* (commandant Bouvet), transportés et appuyés par Britanniques et
Américains.
Dans la nuit du 16 au 17 juin 1944, à 1 h, le bataillon de choc et les
commandos* d’Afrique mettent pied sur l’île les premiers pour neutraliser les
batteries côtières. À 4 h, le débarquement se heurte au tir des 88 et des armes
de tous calibres. Le bataillon Gilles (13e RTS) se fraie au prix fort un passage
dans les mines et barbelés. À partir de 5 h 30 le gros des troupes commence à
débarquer. À la fin de la journée, la partie occidentale de l’île est conquise.
Le 18, à 14 heures, le 13e RTS occupe Portoferraio. Le 19, s’achève le
nettoyage du secteur oriental où l’ennemi s’est réfugié. La conquête terminée,
le colonel Salan, commandant du 6e RTS, devient gouverneur de l’île.
L’opération Brassard* a coûté aux Allemands 700 morts et 2 400
prisonniers, aux Français 201 morts, 51 disparus et 635 blessés.

ELSTER, COLONNE
Elster, du nom de son chef, le général Elster, ancien chef de la
Kommandantur de Dax ; de son vrai nom, Marschgruppe Süd.
Ensemble assez hétéroclite d’environ 18 000 hommes, cette colonne,
depuis le 17 août 1944, se replie du sud-ouest en étant harcelée par les
maquis. Début septembre, elle tombe en Brenne sur la brigade Chomel, puis
le 1er RI du colonel Bertrand, tout en étant mitraillée par l’aviation américaine
et les jeeps* du 2e RCP*. Elle est finalement arrêtée sur la Loire par la
division légère d’Auvergne. Son chef accepte de se rendre sous réserve de ne
pas tomber entre les mains des maquis rouges. La signature intervient les 10
et 11 septembre, paraphée par un général américain et les colonels Chomel et
Bertrand.
Le bilan de cette reddition en rase campagne donne : 18 000 prisonniers,
dont 470 officiers et deux généraux, 29 canons de campagne, 14 de DCA,
24 000 armes individuelles, 557 mitrailleuses, 375 camions, 591 VL et 2 000
chevaux.
La reddition de la colonne Elster est la plus grande victoire des
maquisards français avec les capitulations de Castres et Estivareilles*.

ENGANO, BATAILLE DU CAP


Dans le cadre de l’opération Sho-1*, pour annihiler l’invasion américaine
dans les Philippines*, les Japonais ont prévu un appât.
L’amiral Ozawa*, avec 4 porte-avions, 4 cuirassés, 3 croiseurs légers et
10 destroyers, doit attirer à lui l’essentiel de la flotte américaine. Durant ce
temps, seront éliminés les transports et leurs escortes mouillant devant
Leyte*.
Appâté, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1944, l’amiral Halsey*, avec sa
3e flotte, vogue, à puissance maximum, vers le nord, où a été localisé
Ozawa*. Au matin, il se situe par le travers du cap Engano, à la corne nord-
est de Luçon*.
Avec le jour, 180 avions décollent des porte-avions américains. D’autres
vagues suivront tout au long de la journée. Les Hellcat* ont vite raison des
quelques chasseurs venus courageusement à leur rencontre.
Halsey* ne saurait se plaindre. Quatre porte-avions, un destroyer sont
envoyés par le fond, mais sa satisfaction ne saurait être complète. Les
messages radio se succèdent de plus en plus pressants. La situation s’aggrave
devant pour la VIIe flotte de l’amiral Kinkaid* chargé de protéger les zones
de débarquement à Leyte* (voir Samar, bataille de).

ENGINS SPÉCIAUX
Pour le débarquement et les opérations à terre qui s’ensuivront, l’esprit
inventif du général anglais Hobart* a conçu, en grande partie, les engins
spéciaux utilisés.
— Le char DD*.
— Le char Crab*.
— Le tankdozer, véritable bulldozer blindé pour renverser les obstacles.
— Le Churchill Avre*.
Ont été également fabriqués des chars porte-passerelles, des chars
déroulant un tapis métallique pour terrain sablonneux, des chars porte-
fascines pour franchir les fossés, des chars lance-torpilles du type
Bangalore*.

ENIGMA
Machine à coder, perfectionnée par l’armée allemande, pour chiffrer ses
messages secrets.
Utilisant un tambour chiffrant ou rotor, elle offre 17 576 caractères et
s’utilise avec des tableaux mensuels des réglages quotidiens à effectuer. En
1934, les Polonais en percent les secrets, en partie grâce aux tableaux de clés
que s’étaient procurés les Français, et les livrent aux Britanniques. Les
opérateurs de Bletchley Park, à Londres, arriveront ainsi à déchiffrer une
grande partie des messages nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

ENIWETOK
L’immense atoll d’Eniwetok, à l’extrémité occidentale des Marshall*, se
trouve pratiquement à mi-chemin entre le cœur des Carolines* et celui des
Marshall*.
Ses principaux îlots s’appellent Engebi, Parry, Jepta et Eniwetok. Les
Japonais utilisent l’atoll comme étape. Conscients de l’imminence d’une
attaque, ils ont renforcé le site occupé par environ 2 000 hommes.
Engebi est investi le premier, le 18 février 1944, après un pilonnage très
sévère. Les Japonais, bien qu’ayant souffert, se défendent âprement, utilisant
de longs tunnels pour surgir sur les arrières des Marines*. Dans la matinée du
19, la bannière étoilée flotte sur Engebi.
À la même heure, deux bataillons de l’armée abordent Eniwetok où le
combat cessera le 21. Il ne reste plus aux Marines* qu’à liquider quelques
bastions sur Parry et Jepta. Le 23 février, tout est terminé.
La conquête de l’ensemble a coûté 299 tués et 766 blessés. À l’exception
de 66 prisonniers, les garnisons japonaises ont été anéanties.
Avec la prise d’Eniwetok, les Marshall* sont définitivement contrôlées.
La route vers les Carolines* et les Mariannes* s’ouvre. Quant aux bases
japonaises qui n’ont pas été prises, elles sont condamnées à mourir
d’asphyxie.
(À 300 km à l’est d’Eniwetok existe un autre atoll qui deviendra célèbre,
deux ans plus tard, pour d’autres raisons : Bikini.)
ENOLA GAY
Nom donné au B 29* Superfortress ayant largué la première bombe
atomique de l’Histoire sur Hiroshima*, le 6 août 1945, à 9 h 15 (8 h 15, heure
locale).
Le colonel Tibbets*, son pilote, l’a ainsi baptisé, par affection filiale,
Enola et Gay étant les prénoms de sa mère. Et pour que l’avion « soit sur une
bonne étoile », a dit Tibbets.
L’Enola Gay avec le commandant Marquadt aux commandes assurera la
reconnaissance météorologique sur Kokur, lors de la seconde attaque
atomique sur Nagasaki*.

ÉPURATION
La collaboration* avec l’occupant a obligatoirement fait figure de
trahison et généré des haines.
Répression, épuration s’inscrivent dans une logique inéluctable au
lendemain même des faits. Ces phénomènes dans les pays libérés par les
armées alliées sont relativement bien connus sous réserve d’incertitudes sur la
période transitoire de la Libération*. Les règles démocratiques recouvrant
leurs droits, les procès sont publics, les mesures répressives adoptées sont
divulguées. Chose curieuse, répression et épuration se retrouvent aussi là où
on n’est pas en droit de les attendre : Grande-Bretagne* et Suisse*. Enfin,
naturellement, elles s’exercent là où le national-socialisme a fleuri, en
Allemagne* et Autriche*, pour confondre et châtier ses initiateurs.
Il est beaucoup plus difficile de rapporter ce qui s’est déroulé dans les
pays tombés sous la coupe soviétique. La presse y est serve. Surtout,
l’épuration prend un autre visage. Elle vise tout autant, si ce n’est plus, ceux
qui sont susceptibles de faire barrage au communisme que les anciens adeptes
du nazisme*.
Se distinguent donc deux types d’épuration : à l’Ouest et à l’Est.

ÉPURATION À L’OUEST

La Belgique* :
Si la topographie y a interdit une implantation de maquis* importants et
par là même évité les potentats locaux mal contrôlés, la Belgique* se trouve
confrontée à deux problèmes épineux : la question monarchique,
l’antagonisme Wallons-Flamands.
Sous l’occupation, les nationalistes flamands républicains ont réclamé
l’indépendance des Flandres ou leur intégration dans un nouvel État
germanique. Faut-il en conclure à une collaboration plus marquée ici que là ?
Plus d’un Wallon l’affirme, oubliant que chaque région a fourni un fort
contingent pour se battre, sur le front de l’Est*. 40 000 Wallons et Flamands
se sont engagés dans les divisions SS Langemarck* et Wallonie*.
Dans ce climat de divisions, l’occupation allemande s’est durcie à partir
de 1943. Les camps opposés ont suivi. Les représailles se sont multipliées. La
Belgique*, à l’heure de la Libération*, vivait dans une semi-guerre civile.
Ce petit pays, 30 000 km2, connaît de très nombreuses arrestations.
Quelque 150 000, estime-t-on. Chiffre plausible puisqu’il est annoncé
officiellement 57 000 condamnations (238 condamnations à mort exécutées,
dont celles de plusieurs journalistes). Les exécutions sommaires sont assez
mal connues. Elles varient, suivant les sources, de plusieurs centaines à
plusieurs milliers.
La répression, en Belgique*, se prolongera longtemps. En 1956, il restait
encore 250 « inciviques » dans les prisons belges (contre 60 en France*). La
réintégration des libérés y sera difficile eu égard aux restrictions apportées à
leurs droits.

Le Danemark* :
Jusqu’en 1943, le Danemark* avait relativement peu souffert de la
guerre, malgré l’occupation allemande. Un modus vivendi avait instauré une
certaine cohabitation, l’occupant se voulant modéré. Le souverain en avait
profité pour protéger les Juifs et épargner un sort tragique à la majorité
d’entre eux qui avaient pu gagner la Suède*.
Durant l’été 1943, avec la perspective de la défaite allemande, la situation
avait évolué. Le gouvernement avait démissionné ; la Résistance s’était
manifestée avec son cortège de représailles. Quoique la Libération* fût
intervenue en mai 1945 sans grands combats, les passions étaient vives contre
les collaborateurs* (6 000 Danois s’étaient engagés dans les Waffen SS* et
avaient été, généralement, intégrés dans les divisions SS* Viking et
Tottenkopf). S’ensuivirent environ 20 000 arrestations et quelques exécutions
sommaires.
Le 1er juin 1945, le Parlement vote une loi intitulée « Supplément à la loi
concernant les trahisons et les activités déloyales ». Dépassant le code pénal
et faisant abstraction du principe de non-rétroactivité, le texte rétablit la peine
de mort et stipule pour le délit de collaboration une peine minimum de quatre
ans de prison.
Cette législation devait conduire à 14 127 condamnations (46 à mort
exécutées). Dans le même temps, 12 673 personnes étaient privées de leurs
droits civiques. Chiffre important pour un pays de trois millions d’habitants.
Singularité de cette épuration danoise, les hommes politiques ne furent
pas inquiétés. Jusqu’en 1943, tous avaient collaboré à des degrés divers...

La France* :
Climat passionnel, incitations émanant du CFLN* ou des mouvements de
Résistance*, le transfert de souveraineté lors du départ de l’occupant
s’annonce forcément brûlant. Les collaborateurs* s’y attendent. Certains ont
pris leurs précautions. Les plus compromis se sont efforcés de décamper dans
les fourgons de la Wehrmacht*. Quelques-uns ont prévu une retraite discrète,
loin de leur résidence habituelle. La grosse majorité est prise au piège dans
une ville encerclée par les maquis*, à moins qu’elle ne soit restée sur place,
délibérément ou non.
Il serait erroné de fixer les débuts de l’épuration à l’heure stricte de la
Libération*. Bien avant cette dernière, plus d’un a déjà payé le prix de ses
sympathies ou engagements. Partout, à Paris comme en province, des
membres de la Légion française des combattants*, des officiers de police ou
de gendarmerie, des miliciens ont été assassinés. Suivant des statistiques
émanant de Vichy*, 709 personnes, dont 250 gendarmes, ont péri de la sorte
durant les quatre derniers mois de 1943. Peu après le débarquement, Philippe
Henriot, secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande, chantre par
excellence de la collaboration*, a été abattu à son domicile, le 28 juin 1944.
L’élan était donc donné à un mouvement d’une ampleur variable suivant
les régions. Les départements libérés par les Alliés* ne connaissent
généralement pas de remous exceptionnels, hormis en Bretagne. Il est vrai
qu’au nord de la Loire, portion balayée par le flux anglo-américain débarqué
en Normandie*, la topographie ne favorisait guère l’existence de maquis*
importants.
Il en était tout autrement dans le Massif central, le Sud-Ouest, le Midi. La
lutte armée y avait été sévère. Les combats meurtriers du Mont Mouchet*, du
Vercors*, des Glières*, avaient fait date, ainsi que la répression sanglante
opérée par la Wehrmacht*, la Milice* ou la Franc-Garde.
Dans les villes et les villages libérés, la joie éclate, bientôt relayée par le
grand défoulement de la chasse au collabo*. Tous ceux qui se sont fait
repérer du mauvais bord sont recherchés, arrêtés, malmenés, traînés vers des
prisons officielles ou clandestines. Les exécutions sauvages suivent souvent.
La collaboration* dite « horizontale » connaît une sanction immédiate.
Les coupables se retrouvent tondues, marquées parfois d’une croix gammée,
exposées aux quolibets de la populace. Il arrive que les choses aillent plus
loin.
En arrière-plan de cette explosion coercitive, les dénonciations
anonymes, qui sévissaient déjà sous l’occupant, pullulent à nouveau. Les
notables, même s’ils n’ont rien à se reprocher, fournissent des cibles
préférentielles. L’été 1944 prend parfois l’aspect d’une petite revanche de la
Commune, en particulier dans le Limousin, le Sud-Ouest et le Midi. Dans le
Limousin, les maquis FTP* ont une forte connotation communiste ; dans le
Sud-Ouest, les exilés espagnols qui ont rejoint la Résistance* veulent faire
expier les fascistes. Et puis il a été ratissé large. Dans l’anonymat de la
clandestinité, bien des individus douteux ont pu s’infiltrer sous les couverts
les plus nobles.
La Libération* survenue, les authentiques patriotes ne se sont pas
attardés. Les éléments sains sont partis rejoindre la 1ère Armée française*, les
futures forces de l’Atlantique* ou l’armée des Alpes. Diverses régions
demeurent de la sorte aux mains de groupes plus ou moins politisés qui
aspirent à profiter des circonstances. Henri Frenay*, le résistant d’une
honnêteté et d’un courage incontestables, le reconnaîtra.
Le CFLN* avait prévu l’implantation de commissaires de la République
destinés à prendre, en son nom, l’administration des territoires libérés. Faute
d’un bras séculier à leur disposition, l’autorité de ces commissaires s’avère
souvent limitée.
À l’initiative des comités de Libération*, organismes locaux, des cours
martiales sont hâtivement constituées et jugent sans appel. Une certaine
procédure est respectée, un avocat peut plaider quelques minutes, mais les
verdicts sont rarement nuancés. D’aucuns estimeront que les pelotons
d’exécution évitent des débordements en canalisant les haines. Ils citent à cet
égard le cas du Grand-Bornand*, en Haute-Savoie. Le 24 août 1944, au terme
d’une audience expéditive, 76 miliciens sont fusillés. Dans cette contrée
montagneuse qui avait connu les Glières*, les familles, les amis des torturés
et des morts criaient vengeance. L’holocauste aurait apaisé les rancœurs.
Plausible.
De cette épuration brutale, imputable à des initiatives personnelles ou aux
cours martiales surgies dans les villes libérées, le bilan exact est difficile à
établir. Des traîtres ont payé. Des innocents ont péri. Des atrocités ont été
commises. Combien furent-ils à disparaître, abattus après un rapide jugement
sans appel, liquidés à la hâte ou morts sous les coups ? Les historiens
tâtonnent. Peu après les faits, Adrien Tixier, ministre de l’Intérieur, annoncait
105 000 exécutions de juin 1944 à février 1945.
Chiffre terrible retenu par les sympathisants de Vichy*, mais qui semble
excessif. Il donnerait plus de 1 000 morts par département. De Gaulle*, dans
ses Mémoires, avance, sans citer ses sources, le total précis de 10 842. Ce
compte, cette fois, ne risque-t-il pas d’être faible ? Robert Aron, dans la
seconde mouture de son Histoire de l’épuration, penche pour 30 000 à
40 000. L’estimation la plus objective devrait se situer entre 10 000 à 15 000
victimes, sous réserve d’une marge d’erreur significative de la confusion de
l’époque.
Confusion ! Le terme, en bien des endroits, est insuffisant pour décrire la
réalité. Anarchie serait plus appropriée. Plusieurs mois durant, des
départements ou portions de départements vivront en marge du GPRF*.
L’autorité gouvernementale ne s’affirmera que progressivement. À Lyon,
Marseille, Toulouse, Bordeaux, Limoges, de Gaulle* devra taper du poing
sur la table. Il confortera les pouvoirs des préfets et commissaires de la
République par la présence de cadres et de détachements de l’armée
régulière. Alors s’élimineront les prisons clandestines, les internements
abusifs, les exactions relevant du droit commun. Les cours martiales
improvisées seront relayées par les cours de justice (ainsi que la Haute Cour
et les chambres civiques). Les verdicts auront beau ne pas perdre du jour au
lendemain leur côté passionnel – le procès Laval* le montre –, ils tendront
vers plus d’équité pour juger les coupables.
Et les coupables, ou perçus comme tels, foisonnent. Ils proviennent de
toutes les couches de la société.
En tête de liste figurent les anciens ministres ou hauts responsables de
Vichy. Chasseigne, Chevalier, Dayras, Gibrat, Guérard, Hilaire, Jardel,
Lagardelle, Marion, Rochat, Vallat*, pour n’en citer que quelques-uns, sont
poursuivis. De Brinon* n’échappera pas au peloton d’exécution, le 15 avril
1947. Darnand*, non plus, le 10 octobre 1945. Benoist-Méchin, plus heureux,
sera gracié.
Les détracteurs de Charles de Gaulle* lui ont toujours reproché son côté
rancunier et son ostracisme envers ceux qui ne s’étaient pas ralliés – ou pas
assez vite – à lui. Ils en donnent pour preuve supplémentaire sa hargne, sitôt
au pouvoir en AFN*, contre Boisson, Peyrouton et d’autres. Ils retrouvent
des témoignages dans l’acharnement manifesté contre des hommes ayant
démontré leur opposition à l’Axe*. Weygand*, dès son retour de déportation
en Allemagne*, est inculpé et interné. Autres déportés, Jean Borotra ou le
général de la Porte du Theil, dont les Chantiers de la Jeunesse* furent un
foyer de lutte contre l’opposant, connaissent le même sort. L’amiral
Decoux*, à peine sorti des geôles japonaises, n’est pas mieux traité.
Écrivains, journalistes, intellectuels – certains ayant occupé des postes
ministériels –, regardés comme de grands coupables pour avoir influencé les
esprits dans le mauvais sens, sont lourdement sanctionnés. Robert
Brasillach*, Paul Chack, Jean Luchaire, Georges Suarez, Jean-Hérold Paquis,
sont parmi les premiers fusillés. Lucien Rebatet sera gracié, de même que
Henri Béraud. Drieu La Rochelle préférera le suicide. Beaucoup d’autres,
même à des degrés moindres, auront des ennuis : Pierre Benoit, Jacques
Chardonne, Sacha Guitry, Jean Giono, Henry de Montherlant, Paul Fort, Paul
Morand... Le CNE (Conseil national des écrivains), mené par Paul Éluard,
Gabriel Marcel, Vercors, a dressé une liste noire et ne ménage pas les
confrères en écriture.
Les feux d’une autre rampe s’attardent aussi sur des artistes : Pierre
Fresnay, Arletty, Corinne Luchaire, Mistinguett, Maurice Chevalier, Serge
Lifar, Fernandel, Tino Rossi, Georges Guétary, Paul Meurisse, Yvonne
Printemps, Ginette Leclerc et d’autres subiront des tracasseries plus ou moins
longues.
Le cercle militaire ne pouvait échapper au courroux. Même si de Gaulle*
y appartenait. Au contraire, il trouve plaisant d’avoir cinq de ses camarades
de promotion « en taule » et se montre particulièrement sévère pour ses pairs.
Le général Dentz*, ancien haut-commissaire au Levant, et condamné à
mort en avril 1945, n’est gracié que peu de temps avant sa mort, en décembre
1945, à Fresnes. Les amiraux, si présents dans les couloirs de Vichy*,
écopent de rudes bordées judiciaires : Laborde, condamné à mort, gracié ;
Esteva*, perpétuité ; Abrial, dix ans ; Auphan, condamné à mort par
contumace ; Marquis, cinq ans de prison, etc.
La confiscation des biens accompagne presque toujours les
condamnations. Ainsi en est-il pour Pierre Laval*. De même, les industriels
suspectés d’avoir travaillé au profit de l’Allemagne sont-ils poursuivis. À
Lyon, la société Berliet est placée sous administration séquestre, Marius
Berliet et ses fils arrêtés. Situation analogue à Billancourt. Louis Renault,
interné à Fresnes, meurt dans des conditions mystérieuses (peut-être victime
de sévices).
La presse connaît des transferts de propriété qui ne sont pas toujours
innocents. Rares sont les titres qui échappent à l’interdiction, pour le plus
grand bénéfice d’une nouvelle presse issue de la Résistance* et exploitant
souvent des locaux investis.
Les hommes de science n’ont aucune raison d’être protégés. Le savant
Georges Claude est condamné à la réclusion à perpétuité. (Il sera libéré fin
1949, à soixante-dix-neuf ans.)
Si le sort des « collaborateurs de bonne foi » déclenche à l’occasion
quelques remous, nul ne s’apitoie sur celui des séides de la Gestapo* ou de la
Milice*. Les tortionnaires, les tueurs périssent dans l’opprobre général. La
sinistre paire Bony-Laffont est exécutée avec six de ses hommes, le
27 décembre 1944. Le milicien Lecussan, assassin de Victor Basch et de son
épouse, était condamné avant d’être jugé. Les bourreaux retrouvés de
Georges Mandel paient.
Au bilan de l’épuration légale, il semble que l’on puisse retenir comme
approximativement exacts les chiffres donnant 168 248 dossiers ouverts
devant les cours de justice, la Haute Cour et les chambres civiques. 45 017
furent classés, 28 484 débouchèrent sur un acquittement ; il y eut 46 263
condamnations dont 6 763 à mort. 767 de ces dernières furent exécutées, le
reste donnant : 2 777 peines de travaux forcés à perpétuité ; 10 434 peines de
travaux forcés à temps ; 24 166 peines d’emprisonnement ; 2 173 peines de
réclusion.
Les chambres civiques pour leur part infligèrent 48 484 peines de
dégradation nationale.
La comparution devant un tribunal quel qu’il soit relève du seul domaine
judiciaire. Se poursuit simultanément une épuration dans les grands corps de
l’État et les organismes professionnels, épuration dont Vichy* avait donné
l’exemple en 1940. Des milliers de personnes sont touchées pour sympathie
envers le précédent régime ou tiédeur vis-à-vis de la Résistance*. 141
généraux, 650 officiers supérieurs sont mis à la retraite d’office ; 25 700
officiers sont dégagés des cadres, c’est-à-dire rendus à la vie civile. À
l’Éducation nationale, 2 074 personnes sont sanctionnées à des titres divers.
Globalement, administration et entreprises nationalisées auraient prononcé
16 113 sanctions, chiffre soumis à discussion. Maître Isorni avancera le
chiffre de 150 000.
Les Français jugeront dans l’ensemble assez sévèrement leur épuration.
Trop brutale ou trop clémente ! Cependant, le temps de l’apaisement
surviendra relativement vite. À partir de 1946, des voix d’anciens résistants
s’élèveront pour réclamer la clémence et l’oubli : le colonel Rémy*, le père
Bruckberger, Jean Paulhan. François Mauriac parlera des « cours sans
justice ». En 1949, Georges Bidault*, l’ancien président du CNR*, se joindra
à eux.
Une série de mesures videront les prisons. Le 1er janvier 1949, 10 611
collaborateurs restaient détenus. Un an plus tard, ils ne seront plus que 4 784.
L’amnistie de 1953 permettra quasiment d’en finir.
La collaboration, l’épuration ne pouvaient pas ne pas laisser de traces.
Des dizaines de milliers d’individus, 200 000 au moins, ont été poursuivis.
Ce sont autant de familles frappées, autant de sources de rancœurs tenaces
dans les foyers. Revenu au pouvoir, de Gaulle* trouvera dans leurs rangs
nombre de ses irréductibles opposants.

L’Italie* :
Mussolini* et son régime auraient pu disparaître sans trop de
convulsions. Le fascisme ne traînait pas derrière lui les monstruosités nazies.
Au lendemain de l’armistice du 8 septembre 1943, le roi et son
gouvernement avaient souhaité apaiser les esprits, l’irrémédiable ne s’étant
pas encore produit. Les mesures d’épuration, annoncées en octobre,
prévoyaient contre les fascistes des peines relativement modérées,
principalement des pertes de droits civiques.
Avant la fin du conflit, le dictateur déchu avait tout bouleversé. Il avait
fait exécuter ceux qui l’avaient lâché. Sa république de Salò* avait plongé
l’Italie* du Nord dans la guerre civile. Fascistes et antifascistes s’étaient
livrés à une lutte sans merci. Les partisans avaient perdu 6 000 hommes au
combat, leurs adversaires 7 000. De chaque côté, 12 000 à 13 000 personnes
étaient tombées, victimes des représailles réciproques.
Nul n’oubliait les crimes des Allemands : Fosses Ardéatines*, Santa
Anna di Stazzema, Marzabotto... La liste des tortures, exactions, assassinats
pratiqués par les Allemands, fascistes, antifascistes, était longue.
La fin brutale de Mussolini* et de plusieurs de ses ministres, le 28 avril
1945, n’épargnait pas pour autant les règlements de comptes, qui prirent
d’emblée une violence féroce. Sur ces semaines et ces mois tragiques,
l’écrivain Curzio Malaparte, antifasciste dès 1933, a pu écrire :
« Dans le nord de l’Italie*, en 1945, pendant les jours de la Libération*, la tuerie a été
épouvantable. Les journaux ont parlé de 300 000 victimes. Le gouvernement n’a pas démenti ce
chiffre... »

Alexander* désignera les principaux coupables :


« Des partisans communistes, des criminels en puissance, qui trouvaient dans la vengeance
un moyen de prendre le pouvoir ». (Maréchal Alexander*, La Libération* de l’Italie*, 1957,
Paris).

Malaparte parlait de 300 000 victimes. Des historiens italiens, Enrico de


Boccard, Ugo Franzolin, Giorgio Pisano, Mario Ravenna, Mario Tedeschi,
ont repris ces chiffres.
Des décomptes, établis par les familles, prouveraient 6 000 morts à
Milan, 4 000 à Bergame, 2 000 à Turin, 1 400 à Modène, 700 à Côme, etc.
Dans quelle mesure est-il possible d’admettre tous ces bilans ?
En 1961, la revue romaine Gente reviendra – sans être démentie – sur le
sujet. Elle parle de 45 000 fascistes abattus sommairement, de 10 000
personnes exécutées par les partisans yougoslaves en Vénétie Julienne, Istrie
et Dalmatie. Cette dernière estimation est certainement proche de la vérité.
Les hommes de Tito* ont déboulé en pays conquis avec l’intention d’y
demeurer. Qu’ils aient pratiqué une purification ethnique n’aurait rien
d’étonnant.
Par contrecoup de la tuerie qui a frappé le pays, les tribunaux d’après-
guerre se montrent relativement cléments en prononçant seulement 1 316
condamnations (dont 220 à mort). Manifestement, l’Italie aspire au répit.
Elle le montre en tournant au plus vite la page. Une première amnistie est
signée en octobre 1946 par le ministre de la Justice, Togliatti, lequel est
communiste. Le Parti entend faire libérer les siens, compromis dans des
actions criminelles, et espère par la même occasion rallier les compagnons
déçus de Mussolini*.
Les effets de l’amnistie se firent rapidement sentir. Les 50 000 détenus
politiques d’octobre 1946 n’étaient plus que 3 000 en avril 1947. Les ultimes
verdicts devaient être marqués par cette clémence. Condamné à dix-neuf ans
de prison le 2 mai 1950, le maréchal Graziani* était libéré le 2 août de la
même année. Condamné à la prison à vie par la cour d’assises spéciale de
Rome, le 15 octobre 1947, le prince Borghèse* était libéré le 17 février 1949.
Finalement, les compagnons du Duce* rescapés recouvraient rapidement le
droit à la parole. On les retrouvera dans la vie politique italienne.

Le Luxembourg* :
Ce pays avait subi le sort de l’Alsace-Lorraine*. Un mouvement,
préconisant l’intégration du Luxembourg dans le IIIe Reich*, la
Volksdeutsche Bewegung, avait été organisé. Des Luxembourgeois s’y étaient
compromis. Sans atteindre le climat existant en France* ou en Italie*, les
oppositions s’étaient durcies. Les résistants, groupés derrière la grande-
duchesse, exilée en Angleterre*, exigeaient le châtiment des traîtres.
10 000 personnes auraient été arrêtées à la Libération* (pourcentage
élevé pour une population de 270 000 habitants). En revanche, aucune
exécution sommaire n’est signalée.
Ces détenus sont aussitôt mis au travail pour la reconstruction du pays qui
a souffert des ultimes offensives allemandes de décembre 1944. Les procès
commencent à la fin de 1945 (il y a encore environ 4 000 internés). La peine
de mort a été rétablie, en juillet 1943, contre ceux qui avaient porté les armes
contre le grand-duché et ses alliés ou aidé l’Allemagne*.
L’épuration se soldera par quelques centaines de condamnations. Quatre
condamnés seront fusillés, notamment le professeur Damien Kratzenberg,
directeur de la Volksdeutsche Bewegung, qui avait délibérément opté pour la
germanisation totale du grand-duché.
Le Luxembourg* retrouvera assez vite son calme, des mesures
individuelles élargissant les condamnés sans qu’il y ait d’amnistie générale.

La Norvège* :
Avant la guerre, en Norvège*, existait un important mouvement national-
socialiste. 50 000 Norvégiens militaient au sein du Nasjonal Samling* de
Vidkun Quisling*, lequel, sitôt l’occupation d’Oslo, s’était placé au service
de Hitler*.
Ce dernier regardait la Norvège* comme un pays pur sur le plan racial et
voulait séduire les « Aryens du Nord ». Il avait donc ordonné de jouer la
conciliation. Le gauleiter Terboven* avait œuvré en ce sens, non sans
quelques résultats immédiats. Le primat de Norvège* (il devait évoluer) et
Kurt Hamsun, prix Nobel de Littérature, avaient été sensibles aux discours
tenus. En janvier 1942, Quisling* était devenu premier ministre mais sous la
coupe directe des Allemands.
Progressivement, le peuple norvégien dans son immense majorité avait
perçu le jeu et le danger hitlériens. Il s’était dressé contre l’occupant. La
Résistance*, épaulée par les Britanniques, s’était développée. Elle s’était
particulièrement manifestée lors de la bataille de l’eau lourde*. 100 000
Norvégiens étaient toutefois partis travailler volontairement en Allemagne*.
6 000 s’étaient engagés dans la Waffen SS*.
La Libération* se déroule sans incidents majeurs. Pas d’exécutions
sommaires, mais le cortège habituel de femmes tondues et d’arrestations de
Landviskere, les collabos norvégiens. Il y en aurait eu 60 000.
Quisling*, le traître par excellence, est fusillé en octobre 1945. 25
Norvégiens, 12 Allemands, reconnus coupables de trahison ou de crimes de
guerre, partageront son sort. Restaient à juger des militants et sympathisants
du Nasjonal Samling*. Au total, 92 000 personnes seront inquiétées à des
titres divers. 5 500 seront passibles d’une peine supérieure à 3 ans de prison,
18 000 d’un emprisonnement de vingt et un jours à trois ans ; 40 000
tomberont sous le coup d’une amende ou d’une privation de droits civiques.
À partir de 1949, interviendront les premières mesures de clémence qui
s’accompagneront d’un effort réel pour le reclassement rapide des
condamnés. La Norvège, pays ayant eu à souffrir de la guerre, semble avoir
donné l’exemple d’une épuration assez modérée.

Les Pays-Bas* :
Les Pays-Bas font partie des nations de l’Europe occidentale qui furent le
plus éprouvées par la guerre. Seyss-Inquart*, gauleiter* désigné dès la
capitulation hollandaise de mai 1940, s’était efforcé d’intégrer au IIIe Reich*
ce pays sans véritable tradition germanophobe. La grosse majorité de la
population s’y était opposée et était restée fidèle à la reine et au
gouvernement qui, de Londres, animaient la résistance.
Derrière Anton Mussert* existait cependant avant la guerre un assez fort
parti national-socialiste (le NSB), groupant près de 8 % des suffrages. Celui-
ci s’était résolument mis au service de l’Allemagne* et avait incité à
s’engager à ses côtés. 25 000 Hollandais s’étaient ainsi portés volontaires
pour les forces armées allemandes.
Le sort réservé aux Juifs hollandais (140 000 en 1940) n’avait pu que
séparer un peu plus les deux camps : 100 000 d’entre eux, soit le plus fort
pourcentage de victimes d’Europe occidentale, ne devaient pas rentrer de
déportation.
À la Libération*, les exécutions sommaires sont relativement rares. Par
contre, les arrestations se multiplient. De 150 000 à 200 000 pour une
population de 10 millions d’habitants. Le rétablissement rapide de l’autorité
permet la libération de ceux sur lesquels ne pèsent pas de charges
particulières. En octobre 1945, 96 000 personnes (dont 24 000 femmes) sont
néanmoins détenues.
Le jugement de tant d’individus impose un très gros travail. Des cours
spéciales jugent les crimes de guerre ; des tribunaux d’exception, le délit
baptisé « attitude déloyale », formule assez large englobant bien des types de
collaboration* avec les nazis. La peine de mort, abolie en 1873, a été
spécialement rétablie. Elle sera peu appliquée (200 condamnations, 38
exécutions dont celle de Mussert*).
Sur le fond, les verdicts sont rigoureux : 45 000 peines
d’emprisonnement ; 127 000 privations du droit de vote ; 92 000 interdictions
de servir dans l’armée ; 60 000 déchéances de la nationalité néerlandaise
(toutes peines cumulables le cas échéant).
Pour l’importance du pays, une répression d’une telle ampleur engendre
des problèmes pratiques. Les conditions d’internement sont mauvaises,
camps et prisons étant surpeuplés, les sévices nombreux. Pour y remédier, en
août 1946, près de la moitié des détenus seront libérés, 56 000 restant
internés.
Le gouvernement se rend compte que l’ampleur de la répression finit par
porter atteinte à l’unité nationale. En 1948, la reine plaide pour l’apaisement.
1950 verra la disparition des cours spéciales. Le retour à la normale
s’amorce, mais le reclassement des condamnés demeurera longtemps
difficile.

La Grande-Bretagne* :
La Grande-Bretagne* aurait pu être occupée ; elle ne le fut pas. Une
fraction du sol britannique a cependant connu la mainmise ennemie. Envahies
en juin 1940, les îles anglo-normandes* n’ont été libérées qu’au lendemain
de la capitulation du 8 mai 1945.
Une partie de leur population avait été préalablement évacuée et la
cohabitation s’est déroulée sans incidents majeurs. Cas de collaboration rares,
tout au plus quelques naissances illégitimes. La répression, dans de telles
conditions, ne peut être que légère : quelques femmes tondues, quelques
suspects renvoyés en Angleterre*.
Le Royaume-Uni* a cependant ses félons. 125 sujets de Sa Majesté sont
accusés de trahison (45 avaient servi dans les forces armées allemandes), près
de la moitié condamnée. Trois d’entre eux sont pendus pour avoir trop
ouvertement rallié et soutenu la cause nazie en Allemagne* même. Pourtant,
l’un d’eux, John Amery, est le fils d’un ministre de Churchill* de 1940 à
1945. Passé en Allemagne*, il avait notamment recruté des volontaires dans
les camps de prisonniers afin de constituer la Légion Saint-Georges destinée
à combattre dans les rangs de la Waffen SS*. Un autre est un certain Joyce
dit Lord Haw-Haw, « l’homme le plus haï d’Angleterre* ». Fasciste
convaincu, il avait organisé des émissions en langue anglaise à la radio
berlinoise. Capturé en juin 1945, il est exécuté en mai 1946.
Ceux-là étant des traîtres plus que des collaborateurs, on peut considérer
qu’il n’y eut pas véritablement d’épuration en Grande-Bretagne*.

La Suisse* :
On peut s’étonner de voir évoquer la Suisse*, pays neutre épargné par la
guerre.
Si la Confédération n’est pas partie prenante dans le conflit, sa position
géographique, sa neutralité font d’elle le théâtre de maintes trames de l’un ou
l’autre bord. Certains de ses nationaux y sont impliqués. Nombre d’entre eux
ne cachent pas leur sympathie envers l’Allemagne*. Un millier, pour la
plupart natifs des cantons alémaniques, ont même franchi la frontière pour
aller se battre sur le front de l’Est*. Le pouvoir fédéral se trouve donc
confronté à diverses formes de collaboration plus ou moins actives avec le
IIIe Reich*.
Le 1er janvier 1942, avait été adoptée une loi visant quiconque portait
atteinte à l’indépendance de la Confédération, crime dénommé « trahison
politique ». La peine prévue était de vingt ans d’emprisonnement.
À l’issue de la guerre, 102 nationaux-socialistes suisses, coupables de
relations avec l’Allemagne* nazie, sont, au titre de ladite loi, déférés devant
la Cour fédérale. Les condamnations varieront de deux ans à vingt ans de
détention.
Les rescapés du front de l’Est* sont également inculpés, mais cette fois
pour engagement dans une armée étrangère sans autorisation du Conseil
fédéral. Signe des temps, les jeunes Suisses engagés dans les armées alliées
ne seront pas inquiétés (Rudolf Eggs, alias Goldbin, adjudant à Bir-Hakeim*
à la 13e DBLE*, est Compagnon de la Libération*).

L’Allemagne* :
L’Allemagne* est coupable. Les puissances liguées contre elle l’ont
clamé haut et fort. Par conséquent, les Allemands sont coupables. Huit
millions d’entre eux, contraints ou volontaires, n’appartenaient-ils pas au
parti nazi avant la guerre ?
Hauts dignitaires, responsables civils et militaires sont recherchés sans
relâche. Derrière eux, le menu gibier suit. Militants, exécutants de toute
nature sont arrêtés. À la fin de 1945, 250 000 Allemands se trouveraient
internés dans les trois zones d’occupation occidentale (ce sans compter les
prisonniers de guerre, 10 millions au total).
Nuremberg*, procès à retentissement international, retient l’attention de
l’opinion publique, sans achever ses travaux à l’énoncé du verdict frappant
Goering* et ses compagnons. D’ici à la fin de 1948, il y aura 12 « petits
Nuremberg* ». 185 accusés y sont répartis en 12 groupes de mise en
accusation : médecins, magistrats, camps de concentration, industriels du
groupe Flick, industriels du groupe IG Farben, généraux du Sud-Est, officiers
des Einsatzgruppen, RSHA*, Krupp, généraux ayant envahi la Russie, etc.
Au bout du compte, 35 acquittements, 97 emprisonnements à temps, 20 à
perpétuité, 25 condamnations à mort (12 exécutées).
Simultanément, les Occidentaux mettent sur pied des tribunaux militaires.
Certains de ceux-ci siégeront sur les lieux mêmes des crimes retenus, à
Dachau*, à Buchenwald*. 2 000 personnes seront condamnées à des peines
d’emprisonnement et 400 à mort (bon nombre seront graciées).
Les chefs militaires connus se retrouvent presque tous devant ces
tribunaux qui leur infligent généralement de lourdes peines : Kesselring*,
Kurt Meyer, Peiper, sont condamnés à mort mais graciés ; Sepp Dietrich*, à
vingt-cinq ans de prison ; Kramer, à dix ans de prison. Oui, bien peu de
commandants de GA ou d’armée échappent aux poursuites : Hoth*, von
Kuchler, Lanz, von List*, von Leeb*, Reinhardt, Rendulic*, Warlimont*,
Wöhler*, von Roques, von Salmuth, Student*... Tous, à un moment ou un
autre, eurent leur heure de gloire ; mais sous leurs ordres ont été commis des
actes contraires aux lois de la guerre, mettant en cause leur responsabilité de
chefs.
Un procès a davantage de retentissement. Le maréchal von Manstein*
comparaît également devant un tribunal militaire britannique et se voit
condamné à dix-huit ans de prison. Son avocat, un Anglais, soulève le vieux
débat de la discipline militaire et évoque l’obéissance et la responsabilité de
l’amiral Somerville* à Mers el-Kébir* dans la mort de 1 400 marins français.
Les bourreaux des camps ne sauraient se prêter à de semblables
dissertations. Eux n’inspirent que répulsion, et ils connaîtront la potence :
Irma Grese (Auschwitz*), Hoven (Buchenwald*), Klem (Auschwitz*),
Kramer (Bergen-Belsen*).
Le cas avait été prévu. Les coupables sont extradés vers les pays où ils
avaient sévi. Un tribunal militaire français inflige vingt ans de prison à Otto
Abetz*, ancien ambassadeur du Reich* à Paris, condamne à mort Knochen*
et Oberg*, chefs de la police et de la Gestapo* en France* (tous deux seront
graciés). Le général von Falkenhausen est condamné à douze ans de prison en
Belgique*. Rudolf Höss est exécuté à Auschwitz* en 1947, Karl Frank* en
Tchécoslovaquie* la même année, Wilhelm Fuchs à Belgrade en 1946, Karl
Rahm en Tchécoslovaquie* en 1947, Hans Rauter en Hollande* en 1949.
Et puis, derrière tous les répertoriés fichés de longue date, il y a la masse,
cette masse a priori suspecte. Pour essayer d’y voir clair, les Américains font
remplir un questionnaire en 131 points. Chacun doit répondre avec soin,
rapporter sa vie entière et notamment toute son activité militaire.
Les « grands coupables » sont jugés. Ceux dont la culpabilité est
reconnue mineure sont rendus à la liberté. Nombre de gens qui, sans avoir été
internés, ont appartenu à des formations hitlériennes, sont frappés dans leurs
droits civiques.
Vers la fin de 1950, les tribunaux alliés achèveront leur travail.
L’évolution de la situation internationale, la guerre froide, tout les y invite.
La vindicte de leurs vainqueurs apaisée, les Allemands auraient pu
s’estimer quittes. Loin de là ! Les tribunaux allemands prennent le relais de
ceux des Alliés* et n’hésitent pas à augmenter les peines. Des condamnés à
des peines légères, des libérés comparaissent à nouveau devant eux. Les trois
acquittés de Nuremberg* ne peuvent profiter longtemps de leur liberté. À
peine sorti de dix ans de captivité en URSS*, le maréchal Schoerner* écope
de quatre années et demi supplémentaires en rentrant chez lui ! (Il ne sera
libre qu’en août 1960.) Les procès en dénazification se poursuivront au cours
des années soixante, vingt ans après la fin du conflit. Il semblerait que 80 000
Allemands aient ainsi été sanctionnés dans la seule RFA.

L’Autriche* :
Après l’Allemagne*, l’Autriche* est un autre terrain brûlant.
Apparemment, elle a chanté à pleine voix les vertus de l’Anschluss* et du
national-socialisme.
La procédure appliquée à l’Allemagne* se reproduit. Arrestations.
Questionnaire. Les arrestations relevant cette fois des Alliés* et de la police
autrichienne. Environ 20 000 pour les premiers, 50 000 pour la seconde.
Le 8 mai 1945, le gouvernement autrichien intronisé en avril promulgue
une loi dite « loi des interdictions » contre les anciens membres du parti nazi,
les SS* et les criminels de guerre. En valeur absolue, beaucoup de monde est
impliqué, et l’éventail des peines est large : de la révocation à la mort.
Les tribunaux autrichiens qui prennent en charge les accusations (13 000)
verront leurs verdicts fort contestés : 35 condamnations à mort, 5 569 peines
d’emprisonnement. Devant l’importance des acquittements ou des simples
révocations, les Alliés* regardent ce bilan comme dérisoire et accusent les
pouvoirs autrichiens de faiblesse.
L’opinion publique, au contraire, réclame de tourner la page à l’égard des
« peu compromis », soit à ses yeux l’immense majorité. Elle estime, à tort ou
à raison, qu’ils ont été entraînés par les circonstances.
Cet état d’esprit finit par l’emporter. La loi d’amnistie du 13 juillet
1949 montre au passage que l’Autriche* n’est pas l’Allemagne*. Bien
qu’occupé – il le sera jusqu’en 1955 –, le pays dispose d’une certaine latitude
d’action. Il peut absoudre et réintégrer ses enfants (mais l’action contre les
criminels de guerre se poursuivra vingt ans après la fin des hostilités).
Il serait possible d’épiloguer sur l’épuration occidentale et d’en comparer
les modalités d’un pays à l’autre. On découvrirait ainsi que la plus sanglante
sévit en Italie*, la plus sévère aux Pays-Bas*. On découvrirait qu’elle
réintroduit la peine de mort là où elle avait été abolie. De ces caractères
dominants, il est possible d’écrire : incontestablement, il y a eu vengeance ;
l’ampleur du phénomène de l’épuration ne saurait être sous-estimée ;
l’opprobre a été jeté, pour des générations, sur le fascisme* et le nazisme* ;
des pays de droit ont été conduits à bafouer le principe de non-rétroactivité
des lois pénales.
On peut ajouter que si le monde occidental accable, à juste titre, le
nazisme*, il se tait sur ce qui se passe derrière le rideau de fer.

L’ÉPURATION À L’EST*
La procédure suivie est partout la même, à des variantes locales près. Les
baïonnettes et les chars de l’Armée rouge* permettent à des individus formés
à Moscou d’occuper les postes clés – ministères de l’Intérieur et de la
Défense – et de prendre le contrôle du gouvernement. Le cheminement, dès
lors, devient classique. Les listes électorales sont révisées pour supprimer
« les personnes que leur conduite a rendues indignes d’exercer le droit de
vote ». Les pressions sur les votants font le reste. Les élections entraînent des
scores supérieurs à 90 % en faveur de la liste communiste – souvent seule –
et tout s’enchaîne ou a déjà commencé.
Les personnalités politiques connues se voient accusées de trahison et de
sabotage. Les camps de concentration, les prisons, la mort, les feront
disparaître. La vie économique adopte le modèle soviétique : confiscation des
grands domaines et des propriétés, saisie des usines, nationalisation des
entreprises bancaires et commerciales, exploitation collective du sol.
Dans ces conditions, où finit donc l’épuration nazie, où débute la
répression communiste ? Les deux se chevauchent.

L’URSS* :
L’URSS* n’a pas eu besoin d’attendre la victoire pour châtier. Le
NKVD* a pignon sur rue depuis longtemps.
À l’arrivée de la Wehrmacht*, Staline* avait vu nombre de peuples
asservis, Baltes*, Ukrainiens, Caucasiens, se dresser contre lui. Sa vengeance
sera dans la ligne du personnage.
Il en fait également un acte politique au profit du peuple russe, « peuple
dirigeant de l’Union soviétique », qui a joué le rôle principal durant la guerre.
Se pose aussi le problème des prisonniers. Par principe, ils sont
coupables, pour avoir levé les bras devant l’ennemi.
Les Baltes* s’étaient opposés avec vigueur à l’annexion soviétique et
avaient fourni à l’Allemagne* d’importants contingents pour combattre le
régime d’un pays considéré comme envahisseur. Outre les exécutions, aux
chiffres incertains, les déportations vers la Sibérie sont importantes :
Lituaniens : 400 000, Lettons : 150 000, Estoniens : 50 000.
En Ukraine* occidentale, les nationalistes s’étaient efforcés de constituer
des gouvernements à Kiev et Lwow, et de recruter des troupes (notamment la
division SS Galicie). Durant l’été 1944, avait même été mise sur pied une
armée ukrainienne destinée à mener la lutte contre l’Armée rouge*
réoccupant la région. Il devait s’ensuivre une guérilla appelée à se prolonger
jusqu’en 1950. En représailles, 300 000 personnes auraient été arrêtées,
exécutées ou déportées.
Les Caucasiens avaient tout particulièrement manifesté leur satisfaction à
l’arrivée de la Wehrmacht*. Les déportations les frappent sévèrement dès
1944. Tchétchènes : 400 000 ; Ingouches : 100 000 ; Kalmouks : 140 000 ;
Balkars : 40 000 ; Karatchaïs : 80 000 ; ainsi que les Tatars de Crimée :
200 000.
Quant aux prisonniers rapatriés, non contents d’être généralement traités
en lâches, ils doivent être empêchés de rapporter ce qu’ils ont vu en dehors de
l’URSS*.
Plus de trois millions de prisonniers ont péri dans les camps. Des 2 270
000 rescapés déclarés et aussitôt placés sous contrôle, 20 % seulement
auraient été autorisés à rentrer chez eux. Les autres comparaissent devant le
Tribunal spécial auprès du NKVD* créé en avril 1943. Internement, exil,
travail forcé les attendent au terme de rapides débats.
À toutes ces mesures s’ajoutent les représailles terribles exercées après le
8 mai 1945 contre les soldats de Vlassov*, les cosaques de Pannwitz* et tous
ceux qui avaient servi dans la Wehrmacht*. Sur le million de Soviétiques
ayant porté l’uniforme allemand, des centaines de milliers sont liquidés
sommairement à leur retour – forcé – en URSS*.
Du vivant de Staline*, les persécutions se poursuivront. Ce n’est qu’après
sa mort en 1953 que des amnisties interviendront, ouvrant les portes des
camps et autorisant le retour des déportés.

La Pologne* :
Avec le cas de la Pologne* apparaît la répression à double visage et aux
contours incertains. Elle se retrouvera sensiblement identique dans tous les
pays libérés par l’Armée rouge*.
Si les Polonais ne dissimulèrent pas, à l’occasion, des sentiments
antisémites, ils ne manifestèrent pas pour autant de sympathie active pour
l’occupant. Les collaborateurs* furent rares, hormis quelques individus sans
foi ni loi. Ne sont donc frappés, a priori, que des Allemands ayant sévi dans
le pays (tortionnaires des camps, SS*, etc.).
Néanmoins, après l’arrivée de l’Armée rouge*, sont poursuivis les
Polonais susceptibles de s’opposer au nouveau gouvernement de Lublin*. Tel
est le cas des chefs de l’AK*, condamnés en juin 1945 par un tribunal
soviétique. Ces hommes, qui s’étaient battus depuis des années contre le
nazisme*, n’avaient qu’un tort, celui de relever de l’équipe de Londres et non
de celle inféodée à Moscou.
Combien d’autres furent, à leur instar, sanctionnés ? On ne saurait se
montrer catégorique. On a parlé de 150 000 arrestations. On estime
également que 1 500 000 Polonais déportés en Sibérie ou au Kazakhstan en
1939 finirent par rentrer en Pologne*. On sait en revanche qu’en septembre
1946, Anders* et 75 officiers généraux ou supérieurs de l’armée polonaise
servant auprès des Occidentaux furent déchus de la nationalité polonaise. Eux
et la majorité de leurs soldats ne regagneront jamais leur terre natale.

La Hongrie* :
En Hongrie*, le parti pronazi des Croix Fléchées* avait largement
recruté. Son chef, Szalasi*, promu Chef de la Nation après l’arrestation de
l’amiral Horthy* par les Allemands, est pendu en 1946 avec plusieurs de ses
ministres.
Les rescapés des Croix Fléchées* connaissent un sort identique. Au
lendemain de la prise de Budapest*, nombreux avaient été ceux tués par les
Soviétiques ou déportés.
La Bulgarie* :
En Bulgarie*, l’épuration, massive, est pratiquée par des « tribunaux
populaires ». 3 000 personnes (dont 70 députés) auraient été condamnées à
mort, 2 000 à la détention à perpétuité, plus de 6 000 à des peines
d’emprisonnement à temps.

La Roumanie* :
À bien des égards, la Roumanie* fournit le cas d’école d’une répression
mise au service de l’implantation du communisme dans un pays où celui-ci
n’était guère bienvenu.
Les partis politiques ayant, sous la dictature, perdu de leur consistance,
l’armée royale roumaine incarne le premier adversaire à éliminer. Fin
septembre 1944, les Soviétiques exigent la dissolution de l’armée dite de
l’intérieur qui assurait la maintenance des divisions au front. Un mois plus
tard, ils imposent le licenciement de 50 % des officiers et de deux tiers des
effectifs. Peu après la gendarmerie et les gardes frontières sont placés sous
l’autorité du ministère de l’Intérieur.
Simultanément s’ouvre un premier camp de concentration (puis nombre
d’autres) à l’intention des « criminels de guerre et de tous ceux qui ont
collaboré avec les anciens régimes responsables des malheurs de la
Roumanie* depuis 1920 ». Plusieurs millions de Roumains y seront internés,
des centaines de milliers d’entre eux y mourront.
En janvier 1945, 8 000 personnes (dont 36 généraux) passent en jugement
devant les « tribunaux du peuple ». Si les peines de mort sont assez rarement
appliquées, les camps se chargent d’exterminer lentement les condamnés.
Les responsables politiques sont arrêtés à leur tour. Maniu, chef du Parti
National Paysan, est condamné à la prison à vie en 1947. Il mourra en février
1953 au camp d’extermination de Sighet. Bratianu, chef du Parti libéral,
condamné lui aussi à la prison à vie, mourra dans le même camp en juin
1953.
Cette épuration, où la notion de collaboration avec l’Axe* n’a plus de
sens, se prolongera.

La Tchécoslovaquie* :
En Tchécoslovaquie*, l’ennemi numéro un a pour nom Monseigneur
Tiso*, le chef de l’État slovaque soutenu par le Reich*. Arrêté après la
Libération* de la Slovaquie*, il est jugé pour haute trahison et exécuté à
Bratislava, le 18 avril 1947. Ses partisans sont décimés alors que l’épuration
prend un autre visage : l’élimination des opposants au communisme.

La zone russe d’Allemagne* :


En pénétrant en Allemagne*, l’Armée rouge* a eu la rafale facile et ne
s’est pas encombrée de fastidieux procès. Aussi recherche-t-elle avant tout
l’efficacité. Les nazis sont éliminés ou reconvertis s’ils sont susceptibles
d’être utiles. Par la force des choses, beaucoup deviendront de bons
communistes.

La Yougoslavie* :
Il ne saurait y avoir eu de point de départ à la répression dans un pays
aussi déchiré entre Serbes, Croates, Titistes, Tchetniks*, musulmans et
autres, qu’est la Yougoslavie.
Les Serbes avaient imposé leur loi avant la guerre. Dès 1941, les Croates
avaient multiplié les atrocités. Les Tchetniks* auraient massacré 100 000
musulmans en Bosnie orientale. Tito*, quant à lui, avait appliqué sa loi :
« pas de prisonniers tchetniks », et ainsi de suite. La vie de la Yougoslavie*
n’est qu’une suite de tortures, d’exécutions. Le nombre total de victimes est à
peu près connu mais comment le répartir ? Chaque camp a payé sa quote-part
au fil des époques, avant, durant et après la guerre.
Les Croates rappellent le terrible massacre qui, à Bleiburg*, en mai 1945,
aurait vu assassiner sauvagement 250 000 personnes.
Mais combien de milliers de Serbes l’avaient-ils été auparavant ?
Combien l’armée des « ouvriers et des paysans yougoslaves » de Tito* a-t-
elle laissé de cadavres derrière elle ? Et combien la division SS Prinz Eugen ?
Combien la division SS Handschar ? Combien les Albanais et les
Monténégrins ? Etc.
Au bout du compte, *Tito, le vainqueur, fait régner sa propre loi. Les
derniers Tchetniks* sont traqués et condamnés à l’exemple de leur chef,
Mihailovic*. Pour préparer les futures élections qui donneront à Tito 90 %
des voix, des centaines de milliers de personnes se voient privées du droit de
vote.

La Finlande* :
Dans ce terrible constat de la répression à l’Est*, il n’est qu’un havre de
miséricorde : la Finlande*. Le pays a eu ses deuils durant la guerre.
Mannerheim* ne tient pas à en rajouter. Et si la pression soviétique le
contraint à sanctionner les coupables de guerre, il le fait avec modération.
L’ancien président Ryti*, qui avait ouvert les hostilités contre l’URSS*
en juin 1941, est condamné à dix ans de travaux forcés, plusieurs ministres à
des peines d’emprisonnement. Mais, dans l’ensemble, ils seront élargis à mi-
peine. Ryti* sera libéré pour raisons de santé en 1949.
La Finlande* avait su tourner avec sagesse une page douloureuse. Elle fut
la seule.

Tous les coupables ne seront pas sanctionnés :


Le Belge Degrelle*, le Croate Pavelitch*, personnages de premier plan,
réussissent à s’échapper. Comme eux, combien d’autres ? Simon Wiesenthal
annonce 16 000. Le chiffre de 20 000 est également avancé. De telles
évaluations laissent rêveur et impliquent de solides infrastructures d’évasion
et de refuges préparées de longue date.
Les points de chute sont connus : l’Espagne*, le Moyen-Orient,
l’Amérique du Sud. Le Moyen-Orient, notamment, sera une terre hospitalière
pour les anciens nazis. Ils y seront des conseillers appréciés en tous domaines
sous des noms d’emprunt arabisés. Von Leers, l’un des adjoints de
Goebbels*, devient ainsi le responsable de la politique antisémite de Nasser
en 1955.
Parmi les rescapés, quelques noms plus tristement célèbres : les Français
Déat*, Darquier de Pellepoix*, les Allemands Muller*, Mengele*. Le sort de
quelques-uns, un jour, finira par tourner : Eichmann*, Barbie*, Stangl.
Les séquelles de la guerre se prolongeront longtemps. Degrelle*, malgré
les années passées, ne sera jamais autorisé à revenir mourir dans sa Belgique*
natale.

ÉQUATEUR
En janvier 1942, il rompt ses relations diplomatiques avec les pays de
l’Axe*.
Déclare la guerre au Japon* le 2 févier 1945 et signe la déclaration des
Nations unies*. Permet aux États-Unis* d’implanter des bases aux îles
Galapagos.

EREMENKO, ANDREI
(1892-1970). Maréchal soviétique.
Durant la guerre, commande le Front de l’Ouest en 1941, le Front de
Stalingrad* en 1942 et enfin le IVe Front d’Ukraine.
Promu maréchal le 11 mars 1955, après la mort de Staline* qui s’était de
son vivant opposé à cette promotion.
S’orthographie aussi Ieremenko.

ERREURS
Errare humanum est, disaient les Anciens.
La Seconde Guerre mondiale n’échappe pas à cette loi au niveau des
grands dirigeants. Pour preuve, entre autres, quelques exemples d’erreurs
ayant eu des répercussions souvent graves.

Churchill :
— a déclenché Catapult* ;
— a remplacé Auchinleck* par Montgomery* ;
— a abandonné Mihailovic* et soutenu Tito*.

De Gaulle :
— a déclenché la guerre de Syrie* ;
— a occupé Saint-Pierre-et-Miquelon*, se brouillant avec Roosevelt*.

Hiro-Hito :
— a toléré l’accession du clan militaire et belliciste au pouvoir ;
— a accepté Pearl Harbor*.

Hitler :
— a engagé la guerre sur deux fronts en se lançant dans Barbarossa* ;
— a refusé à ses généraux de céder du terrain, leur interdisant de
manœuvrer.

Mussolini :
— a déclaré la guerre à la France* et à la Grande-Bretagne* ;
— a déclaré la guerre à la Grèce*.

Pétain :
— a officiellement annoncé s’engager dans la voie de la collaboration ;
— a accepté le statut des Juifs.

Roosevelt :
— a, à Téhéran* et Yalta*, nettement soutenu Staline* au détriment de
Churchill* ; l’Europe de l’Est* devait en payer le prix.

Staline :
— ne pas avoir tenu compte des renseignements lui annoncant
Barbarossa* ;
— avoir, comme Hitler*, refusé d’inéluctables replis. Ainsi, par exemple,
pour Kiev* durant l’été 1941.

Tchang Kaï-chek :
— avoir accepté que la corruption s’érige en maître autour de lui.

ÉRYTHRÉE, CAMPAGNE D’
Simultanément à l’offensive contre l’Éthiopie*, et même un peu avant, le
général anglais Platt, le 19 janvier 1941, attaque l’Érythrée occupée par les
Italiens.
Les 4e et 5e divisions indiennes se heurtent à la position montagneuse de
Kerem barrant la route d’Asmara, la capitale. Habilement commandés par le
général Carmineo, les Italiens se battent bien. Six semaines durant, ils
contiennent l’assaillant, en dépit des interventions de la RAF* au départ
d’Aden. Enfin, le 27 mars, le 4e Royal Tank Regiment force le passage. Au
terme d’une lutte sévère de 53 jours, la position de Kerem est dépassée. Les
légionnaires français de la 13e DBLE*, fer de lance de la BFLO* engagée
aux côtés des Britanniques, ont participé à cette rude mêlée et enlevé, non
sans pertes, les hauteurs du grand Willy.
La chute de Kerem permet celle d’Asmara occupée le 1er avril.
Mussolini* a donné ordre de défendre à tout prix Massaoua, le grand port
sur la mer Rouge. Les forts de Montecullo, Vittorio Emmanuele, Umberto,
sont bien pourvus en mitrailleuses lourdes et canons de 37. La 13e DBLE*
entre la première à Massaoua. Avec la 3e compagnie du BIM, elle s’empare
du fort de Montecullo, position clé de la défense. L’amiral commandant le
port tombe entre ses mains. Massaoua est définitivement conquise le 8 avril.
L’effondrement italien est général. Le duc d’Aoste*, vice-roi d’Éthiopie*
et commandant en chef, capitule à Amba Aledji, 130 km au sud d’Asmara. Il
n’avait plus autour de lui que 7 000 hommes. La campagne est pratiquement
terminée, mais des irréductibles, non sans courage, se réfugient dans la région
de Gondar (300 km au sud d’Asmara). Ils se défendront jusqu’en novembre
1941 avant d’accepter de se rendre.
À cette date, et depuis longtemps, il n’est plus d’Afrique orientale
italienne. 230 000 soldats italiens, de toutes origines, ont été faits prisonniers.
Ces succès britanniques, en Érythrée comme en Éthiopie, autorisent des
contingents importants à remonter vers le nord. Ils permettront d’intervenir
en Syrie* et de contre-attaquer en Libye*. Ils apportent, aussi et surtout, un
libre accès à Suez.

ESPAGNE
L’Espagne de 1939 sort épuisée de la guerre civile.
A priori favorable à l’Axe* qui l’a soutenu, Franco* se tient sur une
prudente neutralité. Sollicité par Hitler* pour un libre passage, il exige
beaucoup : Gibraltar*, le Maroc français*, une partie de l’Oranie et de
l’AOF* ainsi que des armes et du ravitaillement. C’est trop. L’ayant
rencontré personnellement, Hitler* n’en obtiendra rien. Son refus sauve
certainement Gibraltar* et pèse dans la bataille de la Méditerranée*.
Au mieux, après Barbarossa*, l’Espagne enverra une division de
volontaires, la Division Azul*, qui sera retirée en 1943. Pour le reste, elle
reste ferme sur sa neutralité, abritant, malgré tout, nombre d’espions de
l’Axe*. Sur pression alliée, en mai 1944, elle cessera ses livraisons de
tungstène à l’*Allemagne et procédera à l’expulsion des agents allemands.
Ce n’est qu’en avril 1945 qu’elle rompra ses relations diplomatiques avec
le Japon* et l’Allemagne*. Si, après la capitulation allemande*, elle refuse
d’héberger Laval*, elle accepte sur son sol nombre d’anciens nazis ou
collaborateurs comme Degrelle* ou Darquier de Pellepoix*.
Rançon de son attitude équivoque, elle ne sera admise à l’ONU* qu’en
1955.

ESPÉRANCE, BATAILLE DU CAP


Ainsi nommée par les Américains à cause de sa proximité du cap
Espérance à la pointe septentrionale de Guadalcanal*.
Dans la nuit du 11 au 12 octobre 1942, le Tokyo express* sort du Slot, le
détroit entre Guadalcanal* et Santa Isabel. À 23 h 25, il est signalé par les
radars du croiseur Helena. Les Américains, réagissant vite mais en ordre
dispersé, parviennent à couler le destroyer Fubuki et le croiseur Furutaka,
tout en perdant le destroyer Duncan. Leur croiseur léger Boise est
endommagé.
Le lendemain, le destroyer Murakumo sera gravement touché par les
avions d’Henderson* Field et devra être sabordé.
Cette bataille du cap Espérance est un peu pour les Américains une
revanche de celle de Savo*.

ESSEX
Porte-avions américain de 33 000 tonnes, ayant donné suite à une série de
même type. Lancé le 31 juillet 1942, il sera suivi de 16 autres identiques
durant la guerre.
Longueur : 265 mètres ; vitesse maximum : 33 nœuds ; transport : 90
avions.
(Étant donné les besoins dans le Pacifique*, les Américains parviendront
à fabriquer des Essex en 14 mois.)

EST
Front de l’Est ; guerre à l’Est ; etc. Le générique Est englobe l’Europe
orientale et, en premier lieu, l’Union soviétique*.

EST AFRICAIN, CAMPAGNES DE L’


(voir ÉTHIOPIE, ÉRYTHRÉE CAMPAGNE D’, SOMALIE BRITANNIQUE, SOMALIE
ITALIENNE)

ESTEVA, JEAN-PIERRE
(1880-1951). Amiral français.
Ancien élève de l’École navale, se distingue aux Dardanelles en 1915.
Amiral, commande en 1939 les forces maritimes du Sud. Le 26 juillet
1940, il est nommé Résident général de France en Tunisie*, poste qu’il
conservera jusqu’au 7 mai 1943. Lors du débarquement allié en Afrique du
Nord*, par fidélité aux ordres reçus de Vichy*, laisse les Allemands
s’implanter en Tunisie* et donne par la suite l’impression de couvrir leurs
activités. Prend néanmoins des mesures pour permettre aux diplomates
américains, aux condamnés politiques, aux Juifs et aux Alsaciens-Lorrains
d’échapper aux Allemands. Ramené de force en France* par les Allemands le
7 mai 1943, est arrêté en septembre 1944. Condamné à la détention
perpétuelle en mars 1945, est libéré pour raisons de santé le 11 août 1950 et
meurt quelques mois après.
Regardé comme le « saint de la marine », cet amiral, profondément
religieux et sincèrement patriote, fut victime d’un certain sens du devoir et de
sa fidélité à Philippe Pétain*.

ESTIENNE D’ORVES, HONORÉ D’


(1901-1941). Officier français.
À sa sortie de Polytechnique, Honoré d’Estienne d’Orves choisit la
marine.
À l’été 1940, il est lieutenant de vaisseau, sous-chef d’état-major de
l’escadre de l’amiral Godfroy* (Force X*) ancrée à Alexandrie.
Profondément patriote, il refuse de rester immobile alors que sa patrie est
occupée et rallie la France libre* en septembre. Promu capitaine de corvette
et ne pouvant recevoir un commandement à la mer, il s’engage dans les
services secrets. Débarqué en Bretagne le 22 décembre 1940 muni d’un poste
émetteur, il est trahi par son radio et arrêté. Face au tribunal militaire
allemand, il fait preuve d’un grand courage et d’une grande dignité.
Condamné à mort, Hitler* refuse sa grâce et il est fusillé au mont Valérien, le
29 août 1941. (Darlan* était intervenu pour le sauver, mais l’assassinat d’un
aspirant de la Kriegsmarine* par le futur colonel Fabien* avait annihilé ses
efforts.)
Par son héroïsme, par la valeur de son engagement, d’Estienne d’Orves
apparaît comme la plus noble figure de la marine française de la Seconde
Guerre mondiale.
Compagnon de la Libération*.

ESTIVAREILLES
Village de la Loire, 1 100 habitants, 5 kilomètres à l’ouest de Saint-
Bonnet-le-Château.
Une forte colonne allemande – un millier d’hommes dont une
cinquantaine de miliciens – a quitté Le Puy, le 18 août 1944, et remonte plein
nord par la RN 106. Le commandant Marey, chef des FFI* de la Loire,
décide de lui barrer la route. S’appuyant sur 3 000 maquisards et une
compagnie de gendarmerie, il établit son barrage à hauteur d’Estivareilles. La
bataille fait rage toute la journée du 21 août. Des déserteurs russes, une
compagnie FTP* de la Haute-Loire arrivent en renfort. Au matin du 22, la
reddition allemande laisse aux mains du maquis : 18 officiers, 60 sous-
officiers, 850 hommes et une cinquantaine de miliciens. Les maquisards de
Marey comptent 9 morts et 3 blessés. Il y a une cinquantaine de tués en face
et une centaine de blessés. Cet écart assez exceptionnel s’explique par
l’avantage de la position et la qualité des combattants.
ESTONIE
Ce petit pays en bordure orientale de la Baltique s’est vu reconnaître son
indépendance par l’URSS* au traité de Tartu, le 2 février 1920.
Au lendemain du pacte germano-soviétique* du 23 août 1939, Moscou
lui impose un pacte d’assistance mutuelle. Puis, profitant de la défaite
française, fait occuper l’Estonie les 16 et 17 juin 1940. Le 6 août, la
République socialiste d’Estonie est intégrée à l’URSS*. Commence une
période d’internement et de déportation des élites estoniennes. L’invasion
allemande, de juillet à octobre 1941, est saluée comme une délivrance, mais
l’euphorie ne dure pas. Les Allemands appliquent en Estonie la même
politique que partout à l’Est*. Des unités sont levées pour combattre sur le
front de Leningrad*. La petite communauté juive (5 000 personnes) est
frappée : 2 000 morts. L’anti-communisme génère toutefois des engagements
dans la Waffen SS*, environ 20 000.
Le retour de l’Armée rouge* provoque un exil en Suède* de 70 000
personnes et des déportations sur la Sibérie (50 000), tandis que le pays
revient sous la coupe du Kremlin. En janvier 1945, Moscou déclare le traité
de Tartu nul et non avenu, ce qui lui permet d’annexer la région de Setumaa
(frange orientale du pays). L’Estonie d’après-guerre passe ainsi de 47 500 à
45 000 km2 et connaît, pour des décennies, le régime de démocratie populaire
régenté par Moscou. L’opposition armée des Frères de la forêt*, apparue dès
1940, se prolongera jusque dans les années 1950.

ÉTAT FRANÇAIS
Régime institué en France*, par le vote des parlementaires du 10 juillet
1940, donnant tous pouvoirs au maréchal Pétain* pour promulguer une
nouvelle constitution de l’État Français.
La France n’est plus une République. Elle est un État qui écarte la
démocratie et ouvre la porte à un autoritarisme qui, à l’époque, se porte bien
en Europe.
« Liberté, Égalité, Fraternité » ornaient les frontons des temples de feu la
République. « Travail, Famille, Patrie » les remplacent.
L’État Français disparaîtra de fait avec l’arrestation de Pétain* par les
Allemands, le 20 août 1944, la Libération de la France* et la fuite en
Allemagne des membres du gouvernement.
De ce régime transitoire, de Gaulle, le 25 août 1944, en réponse à
Bidault* lui demandant de restaurer la République, répliquera : « La
République n’a jamais cessé d’être. La France libre*, la France combattante*,
le Comité français de Libération nationale* l’ont, tour à tour, incorporée.
Vichy* fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même, je suis le
président du gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la
proclamer ? »

ÉTATS-UNIS
Les États-Unis de 1940 connaissent une situation paradoxale.
Les Américains dans leur ensemble n’entendent pas se mêler des guerres
européennes et se préoccupent avant tout du business. Leur Président élu,
Franklin Roosevelt*, entend contrer le totalitarisme nazi et soutenir la lutte de
la Grande-Bretagne*. Faute d’une adhésion populaire, il doit donc donc agir
avec retenue.
Des torpillages de navires américains, officiellement neutres, et surtout
Pearl Harbor* renversent l’état d’esprit outre-Atlantique. Le 8 décembre
1941, les Américains se dressent derrière leur Président pour faire face à
l’agression nippone doublée, le 11 décembre, de la déclaration de guerre de
l’Allemagne* et de l’Italie*. La machine industrielle américaine se met en
route au service des fabrications de guerre, avec une formidable efficacité.
Elle produira : 300 000 avions, 952 navires de guerre, 147 porte-avions, 215
sous-marins, 88 000 navires de débarquement de toutes natures, 5 200 navires
marchands, le tout avec l’armement correspondant.
Une partie de ces fabrications, dans le cadre du prêt-bail*, sera livrée aux
pays alliés. Ainsi, par exemple, sur 300 000 avions fabriqués, 33 000 iront à
la Grande-Bretagne*, Canada*, Australie* et Nouvelle-Zélande*, 18 000 à
l’URSS*, 4 000 à la Chine*.
L’Amérique devient l’arsenal des démocraties et – ironie – du
totalitarisme soviétique. L’armée française de Libération* sera équipée avec
du matériel et de l’armement américains.
Parallèlement, la mobilisation met sur pied 14 millions d’hommes et de
femmes, soit :
— 8 157 000 au titre de l’US *Army.
— 4 060 000 au titre de l’US *Navy, de l’USMC* et des Coast Guards.
— 1 900 000 au titre de l’US* AAF.
Washington connaît un premier problème : par qui commencer ? L’Axe*
ou le Japon* ? Churchill* réussit à faire donner la priorité à l’Europe, ce qui
n’interdira pas aux États-Unis de mener la guerre sur deux fronts. Tandis que
Eisenhower* mènera sa « Crusade in Europe », MacArthur* et Nimitz*
mettront à mal l’empire nippon.
Les grandes étapes à l’ouest seront : l’AFN*, la Sicile*, l’Italie*,
Overlord*. Celles dans le Pacifique* et le Sud-Est asiatique seront : mer de
Corail*, Midway*, Guadalcanal*, Nouvelle-Guinée*, îles et atolls du
Pacifique (Saipan*, Tainan*, Iwo Jima*, Okinawa*), la Birmanie* avant
Hiroshima* et Nagasaki*.
Cette guerre de 1941 à 1945 fera sortir de l’anonymat des noms qui
deviendront familiers aux Américains : Eisenhower*, MacArthur*,
Marshall*, Patton*, Nimitz*...
Grâce à son éloignement et à son insularité, le territoire américain restera
pratiquement inviolé, hormis la pointe de l’Alaska* et quelques tentatives de
bombardement sur la côte ouest. Les Américains n’auront que quelques
victimes civiles (moins de dix), bien loin de celles des autres pays engagés
dans le conflit. Ils laisseront sur les champs de bataille 295 000 des leurs,
dont 36 000 marins, 19 000 Marines* dans le Pacifique*, 60 000 aviateurs en
Europe. La Seconde Guerre mondiale a pour les États-Unis une incidence
immédiate : ils deviennent la première puissance militaire et industrielle du
monde.

ÉTHIOPIE, CAMPAGNE D’
Le Duce* rêvait d’un empire. En 1940, ses rêves sont presque réalisés.
Il occupe la Libye*, l’Érythrée*, sa part de Somalie, l’Éthiopie. 250 000
colons venus de la péninsule y vivent et y travaillent. Profitant des déboires
européens du Royaume-Uni*, Mussolini* pousse son avantage et envahit la
Somalie britannique. Les rivages de la mer Rouge et de l’océan Indien, du
Soudan au Kenya, toute la corne orientale de l’Afrique sont italiens. (À
l’exception de Djibouti*, toujours possession française sous l’égide de
Vichy*.)
L’Angleterre* tient bon ancrée à son île. En Afrique, elle reprend force
avec l’apport des Dominions. À la fin du mois d’octobre 1940, une
conférence réunit à Khartoum, au Soudan, des responsables civils et
militaires : Eden*, Smuts*, Hailé Sélassié*, Wavell*. Il est décidé de mettre
en place les moyens pour passer au plus tôt à l’offensive dans l’Est africain.
À la fin de 1940, le général Alan Cunningham* dispose au Kenya de trois
divisions, soit près de 80 000 hommes (11e et 12e divisions africaines, 1ère
division sud-africaine). Au Soudan, le général Platt a pour sa part la 5e
division indienne qui sera bientôt renforcée par la 4e, retirée de Cyrénaïque.
Wavell*, qui au Caire commande l’ensemble, voudrait attendre la fin de
la saison des pluies en mai. *Churchill le presse. L’offensive débutera en
janvier et février suivant les secteurs. Contre la Somalie italienne, elle
débutera en février 1941.
En Éthiopie, la résistance intérieure se fait vive. Des officiers anglais,
dont celui qui deviendra le célèbre général Wingate* avec sa Gideon Force*,
encadrent des maquis* qui mènent une contre-guérilla efficace. Le duc
d’Aoste*, vice-roi d’Éthiopie et commandant en chef, devra se battre sur
plusieurs fronts dans un environnement hostile. Cependant, il n’est pas sans
moyens. Il a sous ses ordres environ 280 000 hommes, dont 80 000 Italiens.
L’avancée de Cunningham*, débouchant du Kenya, le 11 février 1941,
est rapide. Il franchit la Djouba, bouscule la garnison de Djelib, faisant
30 000 tués ou prisonniers. Il s’empare, au passage, d’un butin précieux, un
important stock de carburant. Le 25 février, il entre à Mogadiscio, capitale de
la Somalie italienne et, de là, pique nord-ouest vers le cœur de l’Éthiopie.
L’action se poursuit, en dépit des distances qui ne cessent de s’allonger.
Le 17 mars, Cunningham* atteint Djidiga. Addis-Abeba n’est plus qu’à 500
km. En moins d’un mois, le général anglais a mis 50 000 Italiens hors de
combat (tués ou prisonniers) et n’a perdu que 500 hommes. La veille, deux
bataillons en provenance d’Aden ont repris pied à Berbera, en Somalie
britannique. La ville a été reconquise en quelques heures, la garnison s’étant
débandée.
Le 29 mars, Cunningham* occupe Harare. Le 6 avril, il pénètre dans
Addis-Abeba. Un mois plus tard, l’empereur Hailé Sélassié* retrouvera sa
capitale dans la liesse populaire et la terreur des 20 000 colons italiens de la
ville. La fermeté anglaise évitera des représailles trop sanglantes, mais il y
aura des excès.
Après la libération de son pays, Hailé Sélassié* s’efforcera de rester en
dehors du conflit.
Par le traité de Paris, en 1947, l’Italie* renoncera définitivement à
l’Éthiopie.
ETOUSA (EUROPEAN THEATRE OF
OPERATIONS, UNITED STATES ARMY)
Quartier général administratif américain pour la mise sur pied des forces
américaines en Grande-Bretagne*. Commandé initialement par le général
Eisenhower*, puis par les généraux Andrews et Devers*. En janvier 1944,
fusionnera avec le QG chargé de la logistique.

EURÊKA
Nom de code donné à la conférence des Trois Grands* à Téhéran* du
28 novembre au 1er décembre 1943.

EUROPE, FORTERESSE
L’Allemagne*, le 1er janvier 1944, occupe toute l’Europe occidentale, à
l’exception de la péninsule ibérique.
Elle est ainsi vulnérable en maints endroits et les chefs du IIIe Reich*
sont convaincus qu’un débarquement interviendra. Trop d’éléments
concordent. 75 divisions estimées en Grande-Bretagne*. Arrivée, toujours sur
le sol britannique, des chefs victorieux en Méditerranée* : Eisenhower*,
Montgomery*. Le nom de code de l’invasion du continent a filtré :
Overlord*.
Mais où se produira-t-elle ? Norvège* ? Le relief de la péninsule
scandinave se prête mal à une large utilisation des blindées. Italie*, où la
bataille se poursuit et où les Alliés* marquent le pas ? Aucun rassemblement
particulier n’est signalé en Méditerranée*. C’est donc bien du côté de
l’Europe de l’Ouest qu’il faut regarder.
Par élimination, l’analyse conduit à un secteur privilégié : le nord de la
France*. Le sud de la Loire et même la Bretagne paraissent trop éloignés. Les
approches de la Normandie* sont réputées dangereuses à cause de bandes
rocheuses. Le pays de Caux dresse un mur de falaises. Reste le Pas-de-Calais
qui, avec l’embouchure de la Somme, réunit le maximum d’éléments
favorables : Channel (détroit) le plus étroit ; aviation au plus près de ses
bases ; ouverture de la route directe vers la Ruhr ; bons ports très vite
exploitables ; élimination des bases de V1* frappant l’Angleterre*.
Bref, dans l’esprit des hauts responsables militaires allemands, il ne
saurait y avoir de doute. Le secteur de l’embouchure de la Somme à
Dunkerque* s’annonce de loin comme la zone dangereuse par excellence.
Au-delà, un débarquement dans les Flandres obligerait les navires alliés à
défiler devant les batteries du cap Gris-Nez. Trop osé !
Au début du printemps 1944, deux hommes pourtant ne partagent pas
entièrement l’opinion générale : Hitler* et Rommel*.
Le 2 mai, un message tombe de l’OKW* :
« Le Führer* pense qu’il ne faut pas s’attendre à un débarquement sur un front de 500 km,
mais que l’attaque portera en premier lieu sur la Normandie* et en second lieu sur la Bretagne. »

Les jours suivants, Hitler* sera même encore plus catégorique :


« Les Alliés débarqueront en Basse-Normandie entre l’Orne et la Vire. »

Rommel*, lui, est arrivé à une conclusion identique à celle de Hitler*,


mais par une voie différente : celle du simple bon sens.
« Un débarquement ne peut intervenir que là où il a des chances de réussir. »

Il faut donc exclure le Pas-de-Calais trop bien défendu.


Ce débarquement qu’il pressent en Normandie*, Hitler* le souhaite.
Lucide malgré tout, il est sans grandes illusions sur l’issue du conflit. Un
débarquement repoussé constitue sa seule chance. Il lui permet de gagner du
temps.
La défense de la Forteresse Europe, le Führer* l’a organisée sur deux
plans : une défense plus ou moins statique : le Mur de l’Atlantique* ; un
dispositif militaire.
Ce dernier, véritable limes atlantique, a été confié au maréchal von
Rundstedt*, soixante-sept ans, promu Commandant en chef à l’Ouest. La
menace croissant, le Commandement à l’Ouest a pris de l’ampleur. Au
printemps 1944, von Rundstedt* dispose de 58 divisions, dont 31 statiques
occupant les défenses du littoral, réparties en trois grands commandements :

88e GA
Général Christiansen : Pays-Bas* 3 DI
GA/ B
Maréchal Rommel* : Meuse-Loire
1/ XVe Armée (général von Salmuth) : Orne-Meuse 4 PD, 17 DI
3 PD, 12 DI, 2 Div.
2/ VIIe Armée (général Dollmann*) : Loire-Orne para
GAG : Général Blaskowitz* : Loire-Alpes
1/ 1ère Armée : Loire – Hautes-Pyrénées 1 PD, 1 DM, 5 DI
2/ XIXe Armée : Hautes-Pyrénées – Alpes 2 PD, 8 DI

Soit, Commandement de l’Ouest : 58 divisions dont 10 PD.


Les divisions blindées relèvent du Corps blindé de l’Ouest sous les ordres
du général Geyr von Schweppenburg. Elles sont théoriquement sous
l’autorité opérationnelle de von Rundstedt*. L’une d’elles, la tristement
fameuse PD SS Das Reich*, est implantée à Montauban.
Aux côtés de von Rundstedt*, l’amiral Krancke commande la marine
Ouest et le général Speerle* la IIIe flotte aérienne de la Luftwaffe*.
Incontestablement, le GA/B représente l’essentiel du dispositif et sa XVe
Armée, stationnée en grande partie au nord de la Seine, y est de loin la plus
étoffée. Mais quelle est la valeur de l’ensemble, défenses et troupes ?
Si les ports sont bien défendus, que dire du reste ? Le dispositif du Mur
de l’Atlantique* manque totalement de profondeur. Il ne constitue qu’un
écran côtier. Des secteurs entiers sont dépourvus de troupes et de défenses.
Parfois plus de 3 km entre deux blockhaus.
Quant aux troupes, elles sont de valeur très inégale. PD* et divisions
parachutistes, composées de jeunes façonnés par le moule nazi, sont de bonne
qualité. Tel n’est pas le cas de nombre de DI à base souvent de vieilles
classes. Sept d’entre elles sont encore en formation ou à l’entraînement. À la
709e DI, la moyenne d’âge des hommes de troupe est de trente-sept ans. Les
éléments hétérogènes non allemands ont largement rempli les rangs. Des
livrets de solde de la 276e DI laisseront découvrir huit modèles distincts
correspondant à des Russes, des C osaques, des Arméniens, des
Azerbaïdjanais, des Géorgiens, des Nord-Caucasiens, des Turkestanais, des
Tatars. Ces mercenaires ont revêtu l’uniforme allemand uniquement pour ne
pas mourir de faim dans les camps de prisonniers.
Le recrutement n’est pas meilleur dans les batteries côtières de la marine.
Dönitz* a évidemment conservé ses meilleurs éléments et tous les moins de
trente-cinq ans pour les forces navales. L’armement est aussi hétéroclite que
la composition des unités. Si l’on en croit l’amiral Ruge, conseiller naval de
Rommel*, les armes de la VIIe Armée sont de 92 types et utilisent 252 sortes
de munitions (47 n’étant plus fabriquées).
En matériel, la marine et l’aviation ne sont pas mieux loties. Le gros de la
Luftwaffe* se bat à l’Est* ou défend le ciel allemand. À la veille du
débarquement, Speerle* n’aura sur 500 avions que 90 bombardiers et 70
chasseurs en état de vol, avec des équipages sous-entraînés. Son collègue
Krancke est encore plus démuni et l’aviation alliée réduira sa flotte à presque
rien : quelques destroyers, des vedettes, des dragueurs de mines. Quant aux
U-Boote* de Lorient ou La Pallice, ils ne relèvent pas de son autorité.
Von Rundstedt* est le patron en titre, Rommel* son subordonné direct.
Ne pouvant améliorer l’exercice du commandement, le courant ne passe pas
entre les deux hommes. En trois ans, Rommel* est passé du grade de colonel
à celui de maréchal. Cette promotion fulgurante du quinquagénaire, son aîné
aurait tendance à l’imputer à la seule faveur de Hitler*. Il qualifie volontiers
son cadet de « Marshall Bubi » (maréchal gosse).
Le conflit de personnes s’aggrave de différences stratégiques. Von
Rundstedt* raisonne à partir de ses expériences de France* ou de Russie. Il
compte regrouper ses PD* pour asséner des contre-attaques massives sur les
éléments débarqués. Rommel* est loin d’une telle conception. Ayant vu
l’aviation alliée à l’œuvre en Afrique, il sait quel atout représente la maîtrise
du ciel. Sa conclusion est formelle : un CB cantonné à deux ou trois journées
de route de sa zone d’action ne l’atteindra pas. Il sera décimé auparavant. Les
PD* doivent stationner au plus près des points de débarquement possibles.
Mais von Rundstedt* est le commandant en chef. Les PD* resteront loin
à l’arrière (sauf une, la XXIe, implantée dans la banlieue sud de Caen).
Du reste, toucher aux PD*, quelle autre source de discorde ! Hitler* s’en
est réservé de fait la disposition. Leur implantation, leur utilisation passent
obligatoirement par son accord.
Von Rundstedt*, de surcroît, est dans l’impossibilité de mener une vraie
bataille interarmes. Krancke, le marin, reçoit ses ordres directement de
Dönitz* ; Speerle*, l’aviateur, de Goering*.
Hitler* et Goebbels* clament que leur Forteresse Europe est
inexpugnable. Le manque de profondeur du Mur de l’Atlantique*, les
faiblesses qualitative et quantitative de bien des défenses et bien des unités,
les contradictions internes du commandement allemand, se chargeront d’en
révéler les lézardes. Sept semaines suffiront à l’envahisseur pour forcer le
passage.

EXETER
Croiseur léger britannique, héros de la bataille du Rio de la Plata en
décembre 1939. Coulé dans la mer de Java, le 27 février 1942.

EXODE
Fuite, à partir du 10 mai 1940, des populations luxembourgeoise,
hollandaise, belge et française devant l’invasion allemande.
Elle est à la fois spontanée – peur des Allemands – et prescrite par les
pouvoirs publics comme c’est le cas à Paris pour les hommes de dix-sept à
soixante ans.
Ce mouvement lance sur les routes, à pied, à bicyclette, en carriole,
quelquefois en voiture, des millions de personnes dans des conditions de vie
précaires, entravant les déplacements des troupes. Des trains évacuent
également vers le sud. S’il est difficile de chiffrer le nombre de victimes des
mitraillages et bombardements sur les routes, on estime qu’environ dix
millions d’individus de tous âges et de tous sexes ont été touchés par l’exode.
(Le nombre de victimes aurait peut-être été pire si les réfugiés étaient restés
chez eux à la merci des combats et des bombardements.)
La signature de l’armistice franco-allemand*, mettant un terme à l’exode
et permettant le retour dans les foyers abandonnés, ne fut pas la moindre des
raisons de la popularité de Philippe Pétain* en 1940.

EXPÉDIENT PROVISOIRE
Expression par laquelle Churchill*, le 17 novembre 1942, définit le cas
Darlan*.
Pragmatique, le Premier ministre a constaté que l’amiral de la flotte, dans
l’immédiat, est le seul capable d’être obéi par les Français d’AFN*. Par
conséquent, faute de mieux, il était préférable provisoirement de composer
avec lui quels que soient les reproches à lui adresser sur son attitude en 1941.
EX-PERSONNALITÉ NAVALE
Terme sous lequel se désigne Churchill* dans sa correspondance au
président Roosevelt*, en 1914 et 1939.

EXTERMINATION, CAMP D’
Ces camps installés à partir du début 1942 visaient à l’extermination
massive – en principe par les gaz – des Juifs dans le cadre de la Solution
finale*.
Les six principaux se trouvent en Pologne : Belzec*, Sobibor*,
Treblinka* (Opération Reinhard*), Chelmno*, Lublin*–Maïdanek,
Auschwitz*–Birkenau. D’autres camps, moins importants, se situent en
Ukraine* (Maly Trostinetz, Petsiora, Mostovoï, Berezovka, Dumanovka,
Bogdanovka, Armitsetka, Vertugen), en Roumanie* (Tiraspol), en
Yougoslavie* (Danitsa, Djakovo, Rab, Sabac, Jadovno, Sabac, Nis).
Cinq millions de Juifs sont estimés avoir été exterminés dans ces camps.
F

FABIEN, COLONEL
( voir GEORGES, PIERRE)

FAFL (FORCES AÉRIENNES FRANÇAISES


LIBRES)
Elles apparaissent le 1er juillet 1940, regroupant tous les aviateurs
français refusant l’armistice et ayant rejoint de Gaulle*. Faute d’un officier
supérieur ou général de l’armée de l’Air, elles sont provisoirement sous le
commandement de l’amiral Muselier*. Le colonel Valin, Saint-Cyrien passé
dans l’aviation en 1927, rallié aux FFL*, ayant rejoint Londres en avril 1941,
en prendra le commandement en juillet de la même année.
Au départ, les aviateurs libres sont plus ou moins contraints de servir
dans le cadre de la RAF*. Le ralliement de l’AEF*, l’occupation du Levant,
des évadés de France* ou de l’Empire apportent des moyens nouveaux en
hommes et matériels. Valin peut progressivement constituer des unités
nationales auxquelles il donne des noms de provinces françaises : groupe de
chasse Alsace, groupe de bombardement Lorraine* en septembre 1941 ;
groupe de chasse Île-de-France en octobre ; groupe de bombardement
Bretagne en janvier 1942 ; groupe de chasse Normandie, futur régiment
Normandie-Niémen*, en septembre 1942.
Les parachutistes de la France libre du capitaine Bergé* se sont
constitués dès l’automne 1940 et relèvent des FAFL.
Ces aviateurs français libres ne seront jamais très nombreux. 3 600 en
août 1943, soit 374 navigants dont 104 officiers. La qualité supplée au
nombre.
Le 1er août 1943, la fusion des armées Giraud*-de Gaulle* voit la
disparition officielle des FAFL. La 1ère escadrille de chasse, les Groupes
Alsace, Lorraine, Île-de-France, le régiment Normandie-Niémen*, le 2e
RCP*, héritier du French Squadron du SAS*, ont reçu la Croix de la
Libération*.
Parmi les grands noms des FAFL : Martial Valin, René Mouchotte, Jean
Tulasne*, Pierre Clostermann, Jean Maridor, Joseph Pouliquen, Charles
Pijeaud, Albert Littolf, tous Compagnon de la Libération*.

FALAISE, POCHE DE
Les Américains ont percé à Avranches*, le 30 juillet 1944.
Résolument, ils se sont enfoncés vers l’ouest et le sud. Dans l’espoir de
les couper de leurs arrières, Hitler* a lancé une vaine attaque sur Mortain*,
déplaçant vers l’ouest le centre de gravité de ses troupes du front de
Normandie*. Trois armées allemandes se trouvent nettement engagées face
au nord et à l’ouest : Ve Armée blindée de Sepp Dietrich*, VIIe Armée de
Hauser*, Panzergruppe d’Eberbach. Bradley*, qui commande les forces
américaines, voit clair. Il ordonne à Patton* qui fonce sur la Bretagne et la
Loire de virer vers l’est avec sa IIIe Armée, puis de remonter plein nord sur
l’axe Le Mans-Alençon-Argentan. Si Montgomery* et les Britanniques
percent sur Falaise au sud de Caen, les trois armées allemandes seront
quasiment prises dans la nasse. Patton* a compris. À son habitude, il va vite.
Dans la nuit du 11 au 12 août, la 2e DB* de Leclerc* entre dans Alençon. Le
13 au soir, le XVe CA US aborde Argentan et Patton* n’aspire qu’à
poursuivre direction Falaise. Il en a les moyens. Mais Montgomery* veille. Il
tient à avoir l’honneur de fermer à Argentan la poche où sont enfermées les
trois armées allemandes qui entament seulement leur repli. Toujours Hitler*
et son refus de céder du terrain ! Patton* est stoppé sur ordre. Montgomery*
est bloqué aussi pour une autre raison. Ses troupes butent sur Falaise. Elles ne
feront jonction avec les Américains que le 19 août à 18 h. Et les combats à
l’intérieur du Kessel* se prolongeront jusqu’au 22 août.
Certes, les Allemands ont laissé dans l’intérieur de la poche de Falaise
10 000 tués et 50 000 prisonniers. Les autres ont réussi à filer avant la
fermeture du goulet de sortie. Cadeau de Montgomery* ! Les historiens
américains et canadiens se montreront sévères envers lui : « L’échec de
Falaise nous fit rater la plus belle occasion de la guerre. »

FALKENHAUSEN, ALEXANDER VON


(1878-1966). Général allemand.
Cet ancien conseiller militaire de Tchang Kaï-chek* est commandant
militaire de la Belgique* et du nord de la France* du 1er juin 1940 au
13 juillet 1944.
Antinazi, il est suspecté dans le complot du 20 juillet 1944*. Arrêté par la
Gestapo*, il finit la guerre à Dachau*. En 1951, la justice belge le condamne
à douze ans de prison bien qu’il ait, semble-t-il, joué un rôle modérateur.
Libéré peu après.

FALKENHORST, NIKOLAUS VON


(1885-1968). Général allemand.
Commande en 1940 le 21e CA chargé d’occuper le Danemark* et la
Norvège*.
Opposé au Commissaire du Reich* Torboven*, démissionne le
18 décembre 1942 et reste sans affectation. Condamné à mort par un tribunal
militaire britannique pour exécution d’otages et de résistants, est gracié et
libéré en 1953.

FALL GELB
(voir PLAN JAUNE)

FALL WEISS
(voir PLAN BLANC)

FAMO (FORWARD AIRFIELDS


MAINTENANCE ORGANISATION)
Abréviation de l’organisme ayant la charge des aérodromes avancés au
service des troupes combattant en Birmanie*. En quelques jours, les équipes
de la FAMO, suivant la progression des unités, réalisent dans la jungle des
pistes de 920 m susceptibles de recevoir des C 47* de transport.

FARMAN 222
Quadrimoteur français de bombardement.
Vitesse : 315 km/h ; autonomie : 1 500 km ; armement : 3 mitrailleuses,
4 200 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.
Cet appareil, sorti en 1937 et fabriqué à une cinquantaine d’exemplaires,
est surtout utilisé pour la reconnaissance, le lancer de tracts et le transport.
Péchant par sa lenteur, il est caractéristique du retard de l’aviation française
de bombardement.

FASCISME
Le 23 mars 1919, Mussolini* fonde les Fasci italiani di combattimento
(Faisceaux italiens de combat).
Le fascisme italien est né. Il fera appel au nationalisme, à l’impérialisme,
au socialisme, au culte du chef, mais, à l’inverse du nazisme*, ne sera pas
antisémite.
Il apportera à l’Italie* d’incontestables réalisations économiques, sociales
et même colonialistes. Son chef, emporté par sa folie de puissance et de
gloire, liera son sort à celui de l’Allemagne* et précipitera son pays dans la
guerre. Régime dictatorial, signifiant la toute-puissance d’un homme et de
son parti, le fascisme trouvera des émules à travers le monde.

FAT MAN
Nom de code de la bombe atomique au plutonium qui sera larguée sur
Nagasaki*. (Voir Manhattan Project.)

FELDGENDARMERIE
Prévôté allemande dépendant de l’administration militaire locale.
FELLGIEBEL, ERICH
(1886-1944). Général allemand.
Cadet de l’armée impériale en 1905.
Chef des transmissions à la Tanière du loup*, est exécuté le 2 septembre
1944 pour sa participation au complot du 20 juillet*.

FEMMES DANS LA GUERRE


Les femmes, de tout temps, ont participé à la guerre.
La Grande Mademoiselle fait tirer au canon contre l’armée du roi, son
cousin. En 14-18, les femmes remplacent les hommes dans les champs et les
usines, et accomplissent de nombreuses tâches militaires en tant
qu’infirmières, secrétaires, etc. Ceci étant, le sexe dit faible sous l’uniforme
reste un cas d’exception. La Seconde Guerre mondiale bouleverse cette
situation.
La Grande-Bretagne, en 1941, décrète la mobilisation féminine dans une
perspective plus civile que militaire. L’URSS s’engage beaucoup plus loin.
En 1942, elle lance résolument les jeunes filles soviétiques dans la bataille.
Ces exemples seront suivis. Les autres belligérants, à l’exception du Japon,
auront des auxiliaires féminines dans leurs forces armées.
À la fin de la guerre, 830 000 Anglaises servent dans les services de
défense et d’assistance, plusieurs milliers dans les WAAF (Women’s
Auxiliary Air Forces) de la RAF*. En URSS, 800 000 femmes se battent avec
l’Armée rouge*, 200 000 dans les maquis avec les partisans. Trois régiments
féminins d’aviation sont constitués. Les Allemands dénomment les équipages
du régiment de bombardement « Les sorcières de la nuit ».
Côté américain, 100 000 femmes servent dans les WAC*, 39 000 dans les
USAAF*.
Dans les maquis grec, yougoslave, italien, on estime que le tiers des
combattants sont des femmes. Même proportion dans la Résistance
polonaise*.
Si ce n’est pas le cas en France, bien des Françaises répondent à l’appel
de la Résistance, de Bertie Albrecht à Marie-Madeleine Fourcade. Le SOE
parachutera cinquante agents féminins sur la France. Six femmes seront
Compagnon de la Libération* (Bertie Albrecht, Laure Diebold, Marie
Hackin, Marcelle Henry, Simone Michel-Lévy, Émilienne Moreau-Écrard).
10 000 Françaises, à 85 % des résistantes, connaîtront Ravensbrück. Chez
Juin*, Leclerc* et de Lattre*, les infirmières et ambulancières en uniforme
sont en première ligne.
Paradoxalement, les Allemandes resteront hors du champ de bataille, à
l’exception des équipes de DCA. Le IIIe Reich* privilégie la maternité.
Existent toutefois des Helferinnen, des auxiliaires militaires.

FEMMES DE RÉCONFORT
Euphémisme nippon pour désigner les femmes originaires de Chine*, de
Corée* et des Philippines*, enlevées par l’armée japonaise pour les prostituer
dans les bordels militaires.
Elles auraient été environ 200 000 (plus quelques Européennes).

FER, ROUTE DU
Expression attribuée à Paul Reynaud*, annonçant avoir coupé aux
Allemands la route du fer, c’est-à-dire la voie d’évacuation par la Norvège
(Narvik*) du fer suédois de Galliware*.
La volonté de couper la route du fer entraînera l’intervention franco-
britannique en Norvège* et plus spécialement à Narvik*.

FÉROÉ
Archipel danois, à mi-chemin entre l’Islande* et la Grande-Bretagne*.
Après l’entrée des Allemands au Danemark*, le 9 avril 1940, il est
occupé, préventivement, par les Britanniques, le 12 avril 1940.

FERRAILLE, FOND DE LA
Nom attribué par les Marines* américains à la portion de mer entre la
côte septentrionale de Guadalcanal* et l’île de Florida (50 km au nord).
Les épaves de bâtiments coulés s’y comptent par dizaines, suite aux
diverses batailles navales au large de Guadalcanal*.
FEZZAN, CAMPAGNES DU
Opérations menées dans le désert libyen par les FFL* à partir du Tchad.
Ces forces, sous les ordres du colonel puis général Leclerc*, comprennent
essentiellement le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (futur RMT*)
et le Groupe nomade du Tibesti. Elles sont soutenues par le LRDG*
britannique et une douzaine de bombardiers, futur Groupe Lorraine*.
Leur succès empêchera les Italiens d’interférer avec la route de
Takoradi*.
Ces campagnes débutent en janvier 1941 avec le raid franco-britannique
sur Mourzouk où est tué le colonel Colonna d’Ornano*. En mars 1941,
Leclerc* prend Koufra*, puis lance des raids contre les postes italiens autour
de Mourzouk*. En décembre 1942, avec 3 250 hommes et 1 000 véhicules, il
pénètre au cœur du Fezzan, détruit la résistance italienne et occupe
Mourzouk*, le 12 janvier 1943. Après avoir brisé une forte opposition à
Mizda (100 km sud de Tripoli), le 22 janvier, il fait liaison à Tripoli, le 26
janvier, avec la VIIIe Armée britannique. Il s’intègre alors à cette VIIIe
Armée et sa troupe devient la Force L*. Entre-temps, les 24 et 26 janvier, il
avait également fait liaison à Ghat et Ghadames avec les troupes françaises de
Giraud* de l’est algérien.
Le périple Tchad-Tripoli représente 2 575 km.

FFI (FORCES FRANÇAISES DE L’INTÉRIEUR)


Armée constituée en métropole par les diverses composantes de la
Résistance armée* : AS*, FTP*, ORA* et formations diverses, groupes
Veny, républicains espagnols.
Les accords du 29 décembre 1943 entre AS* et FTP*, et signés par Louis
Mangin, délégué militaire national du CFLN*, ont prévu, tout en respectant
la spécificité des unités, des commandements unifiés au niveau
départemental, régional et national. Le 26 février 1944, l’ORA* s’est intégrée
à cet ensemble dénommé FFI. En mars a été mis en place un état-major
national commandé par le colonel Dejussieu-Pontcarral, officier d’active.
Pontcarral, arrêté le 5 mai, est remplacé par Malleret-Joinville, futur député
communiste.
Le CFLN*, de son côté, en avril 1944, crée un état-major FFI confié au
général Koenig* en poste à Londres. Le 30 mai, Eisenhower* entérine cette
nomination de ce général connu et respecté comme commandant en chef des
FFI. En juillet, l’état-major Koenig* aura barre également sur les
Britanniques du SOE* et les Américains de l’OSS*. Il s’ensuit donc une
dualité de commandement. Koenig* commande, au nom du GPRF* ayant
succédé au CFLN* ; Malleret-Joinville au nom du CNR* et dans un large
sens du PC français. Le premier, à Londres, manque d’autorité directe mais
bénéficie d’une investiture officielle française et alliée. Le second a
l’avantage d’être sur le terrain mais n’échappe pas aux initiatives des
responsables locaux. Ceci explique certains contretemps, en particulier lors
de la Libération* de Paris*. Quant au sigle FFI, peu connu avant le 6 juin, il
se généralisera très vite.
Sur le plan pratique, les FFI, c’est-à-dire généralement les maquis (pas
toujours), seront principalement actifs en Bretagne, Massif central, Alpes,
Jura et Sud-Ouest.
En Bretagne, avec l’aide des paras du 2e RCP*, ils donneront la main aux
Américains pour réduire les forces allemandes. Dans le Massif central, ils
mèneront la vie dure à la Wehrmacht* et à la Milice* en retraite. Dans les
Alpes, après les rudes combats des Glières* et du Vercors*, ils ouvriront la
voie aux unités américaines débarquées en Provence*. Dans le Sud-Ouest, le
repli général des Allemands leur permettra de libérer la région, non sans de
rudes combats parfois. Ils finiront par investir les poches de l’Atlantique*.
Enfin, dans de nombreuses villes, comme Marseille* ou Paris*, les résistants
armés des FFI donnent le signal de l’insurrection contre l’occupant.
Ces FFI, estimées à environ 100 000 hommes au déclenchement
d’Overlord*, seront près de 500 000 au lendemain de la Libération*, grâce à
l’armement reçu durant l’été et aux Résistants de septembre*. De Gaulle*, le
28 août 1944, procédera à la dissolution des organismes de commandement
FFI. Les combattants plus résolus signeront un engagement pour la durée de
la guerre. À la 1ère Armée, de Lattre* procédera à ce qu’il appellera
l’amalgame, intégrant des unités entières pour remplacer souvent des troupes
d’outre-mer. 140 000 jeunes Français, anciens maquisards pour l’essentiel,
rejoindront ainsi l’armée régulière (1ère Armée*, 2e DB*, unités du Front de
l’Atlantique*).
Eisenhower* estimera que l’action des FFI, donc de la Résistance* armée
française, correspondit à la valeur de 15 divisions et leur rendra hommage.
Les maquisards français auront eu 24 000 morts. À ce chiffre s’ajoute celui
des membres des FFI arrêtés, fusillés, morts en déportation.
FFL (FORCES FRANÇAISES LIBRES)
Armée constituée, avec l’aide de Churchill*, par le général de Gaulle*
après son refus de l’armistice franco-allemand du 25 juin 1940, avec tous
ceux qui entendent poursuivre la lutte contre l’Axe*.
Elle repose sur les ralliements obtenus, en Angleterre*, à titre collectif
(13e DBLE*) et surtout individuel (capitaine Dewavrin*, lieutenants de
Boislambert, Girard...). Elle englobe les individualités ayant quitté la
métropole pour poursuivre la lutte (amiral Muselier*, capitaines de
Hauteclocque*, Bergé*, Pijeaud, Soufflet, lieutenants Château-Jobert, Simon,
sous-lieutenant Messmer...). Au 14 juillet 1940, après Mers el-Kébir* et
devant l’hostilité à peine déguisée des Britanniques, les FFL ne comptent que
7 000 hommes (il y avait pourtant 115 000 Français en Angleterre* à la fin du
mois de juin 1940). Ces volontaires ne manquent ni de courage ni de
patriotisme. La Grande-Bretagne* est seule, l’issue de la guerre est
incertaine. Ils sont des réprouvés dans leur propre pays. La rupture avec leurs
proches risque d’être longue.
La mainmise gaulliste sur l’AEF* et les lointains territoires du
Pacifique*, d’août à novembre 1940, permet de gonfler les rangs, tandis que
progressivement se constituent les FNFL* (Forces Navales Françaises
Libres) et les FAFL* (Forces Aériennes Françaises Libres). Des ralliements
interviennent également dans des unités du Moyen-Orient (Escadron Jourdier
au Levant ; des marsouins d’un bataillon stationné à Chypre).
Les évadés de France (30 000, tous n’iront pas aux FFL) apportent du
sang frais et leur motivation
Au tout début, les cadres supérieurs sont rares : amiral Muselier*, colonel
de Larminat*, colonel Magrin-Vernerey* qui deviendra Monclar*, capitaine
de corvette d’Argenlieu*... D’autres suivront au fil des mois : Valin*,
Brosset*, Petit, Auboyneau, Cochet, François d’Astier de la Vigerie...
Les Forces terrestres s’articuleront progressivement autour de deux
ensembles : 1ère DFL issue de la BFLO* des combats d’Érythrée*. Elle se
battra au Levant, en Libye* et Tunisie* (sa grande heure sera à Bir-Hakeim*
en mai-juin 1942.) La Force L* de Leclerc* s’organise au Tchad et combattra
au Fezzan*, en Libye*, puis en Tunisie*. DFL* et Force L* donneront
naissance à la 1ère DMI et à la 2e DB* de la seconde partie de la guerre.
Viennent évidemment s’y adjoindre des unités spécifiques comme les
parachutistes du SAS* de Stirling*.
À l’heure de la fusion avec les troupes du général Giraud*, le 1er août
1943, les FFL s’élèveront à environ 60 000 hommes, soit 50 000 hommes
dans l’armée de terre, 7 000 dans les FNFL* et 3 500 dans les FAFL*. Il
semblerait que les Français de souche européenne aient représenté 18 % des
effectifs opérationnels, les indigènes 66 % et les légionnaires étrangers 16 %.
Le 1er août 1943 marque une date butoir à l’engagement dans les FFL.
Longtemps après cette fusion, sentiment légitime devant l’option choisie,
les risques encourus, les pertes subies, les combattants des FFL se montreront
volontiers en marge, voire même méprisants vis-à-vis de leurs camarades
pétainistes de 1940. (Le terme de caste sera évoqué.) Tous seront unis par la
fidélité envers le chef volontairement choisi. Lequel saura s’en souvenir et
s’en servir.
Ces FFL, bras séculier de l’Homme du 18 juin dans son combat pour la
Libération* de la France*, représentent aussi pour lui une force politique lui
permettant d’affermir son autorité.

FFWD (FORCES FRANÇAISES DU WESTERN


DESERT*)
Nom porté, en 1942-43, par les Forces françaises* libres d’Égypte* et de
Libye* avant la création de la 1ère DFL*, le 1er février 1943.
Articulées en deux brigades, elles sont commandées par le général de
Larminat*. La 1ère de ces brigades, sous Koenig*, est à Bir-Hakeim*.

FG -42 (FALLSCHIRMJAEGER GEWEHR 42)


Fusil automatique, pouvant tirer coup par coup ou par rafale, conçu pour
les parachutistes de la Luftwaffe*. Arme à bien des égards remarquable mais
produite en trop petite quantité (7 000). Les parachutistes chargés de délivrer
Mussolini* en 1943 en étaient équipés.
Poids à vide : 4, 5 kg ; longueur : 0, 940 m ; calibre : 7, 92 mm ;
magasin : 20 coups-chargeur amovible.

FHW (FREMDE HEERE WEST)


Section chargée, au sein de l’OKW*, d’analyser les renseignements
concernant les Alliés.
Son chef, le colonel Roenne, le 20 juillet 1944, faisait partie du complot*
contre Hitler*.

FIAT CR 42
Le Faucon. Dernier chasseur biplan de la guerre.
Fabriqué par Fiat à 1 781 exemplaires de 1939 à 1943 en versions CR 42
et CR 42 CN. (En finale servira à la reconnaissance, à l’attaque au sol et à la
chasse de nuit.)
Vitesse : 440 km/h ; autonomie : 280 km ; armement : 2 mitrailleuses ;
équipage : 1 homme.

FIDJI
Cet archipel du Pacifique*, sous tutelle britannique, est utilisé comme
base par les Américains.
Il fournit un contingent militaire d’environ 11 000 hommes qui combat
avec courage dans les Salomon* et en Nouvelle-Guinée*.

FIESELER FI. 156 STORCH (CIGOGNE)


Avion allemand, à décollage court, de reconnaissance et liaison.
Distance de décollage inférieure à 50 m, d’atterrissage inférieure à 15 m.
Deux passagers. Cet excellent appareil sera construit à près de 2 900
exemplaires.
C’est avec un Fieseler Storch piloté par le capitaine Gerlach que
Mussolini*, accompagné de Skorzeny*, s’évadera du Gran Sasso*, le
12 septembre 1943.

FIGHTER COMMAND
Commandement de la chasse.
L’une des grandes divisions de la RAF*, créée en 1936, avec le Bomber
Command*, le Coastal Command, le Training Command et le Reserve
Command.
Devait être le grand héros de la bataille d’Angleterre*. Pour celle-ci, il
était divisé en groupes responsables chacun d’une portion du territoire
national :
— 10e groupe : Pays de Galles et sud-ouest.
— 11e groupe : Londres et sud-est.
— 12e groupe : Midlands et est.
— 13e groupe : nord Angleterre et sud Écosse.
Un groupe se décompose en squadrons, eux-mêmes divisés en flights
(escadrilles).
Après la bataille d’Angleterre*, le Fighter Command se consacrera à
dominer la Luftwaffe*, escorter les bombardiers, participer aux grandes
opérations sur le continent : Dieppe*, Overlord*, etc.
Le Fighter Command, de 1939 à 1945, a perdu 3 690 pilotes et 4 790
avions. 1 215 pilotes ont été blessés et 601 faits prisonniers.

FINLANDE
La vie de la Finlande de 1939 à 1945 est essentiellement marquée par
l’agression dont elle est victime de la part de l’Union soviétique*, le
30 novembre 1939.
La guerre d’hiver lui coûte 25 000 morts, le dixième de son territoire, et
elle doit absorber 400 000 réfugiés issus des provinces perdues.
Le souci de retrouver son intégrité nationale la conduit à pactiser
provisoirement avec l’Allemagne* et à reprendre les armes le 28 juin 1941
pour la guerre de continuation. Les succès obtenus permettent, dans un
premier temps, de récupérer les terres enlevées après quoi l’armée finlandaise
reste strictement sur la défensive. Helsinki entend montrer le sens exact de
son alliance avec le Reich*.
L’évolution générale du conflit incite la Finlande à vouloir se dégager
d’une guerre qui a levé contre elle non seulement l’URSS* mais aussi la
Grande-Bretagne*. (Celle-ci, par solidarité avec Moscou, lui a déclaré la
guerre le 6 décembre 1941.) L’armistice est signé le 19 septembre 1944 et
confirme les pertes de la guerre d’hiver, à l’exception de la substitution de
Porkkala à Hangö pour le port laissé à bail à l’URSS* (Porkkala sera restituée
en 1955). Ces clauses seront à nouveau confirmées par le traité de Paris* le
10 février 1947. Les régions abandonnées feront l’objet d’une intense
colonisation russe et ukrainienne.
L’ensemble de son bras de fer avec l’URSS* a coûté à la Finlande 85 000
tués et 220 000 blessés et invalides. L’accès à l’océan Arctique* lui a été
enlevé. 12 % du pays lui ont été amputés par les Soviétiques. La Laponie a
été ravagée. De nombreuses cités sont à rebâtir et l’économie a souffert.
Au plan politique, la Finlande appliqua l’union sacrée contre l’agression.
Le président Ryti*, élu en décembre 1940, céda sa place en août 1944 au
maréchal Mannerheim* pour faciliter les négociations de paix avec l’URSS*.
En 1946, sur pression soviétique, quelques hommes politiques regardés
comme fauteurs de guerre, Ryti*, Tanner, seront condamnés à des peines
d’emprisonnement et libérés assez vite pour raisons de santé ou à mi-peine.
Curieusement, la Finlande d’après 1944 ne devient pas un satellite de
l’URSS* comme tant d’autres pays de l’Europe orientale. Les raisons de cette
modération politique de Moscou sont obscures. Cet avenir préservé permettra
à la Finlande de développer son économie et de se rapprocher des
démocraties occidentales.

FINNO-SOVIÉTIQUE, PREMIÈRE GUERRE ou


GUERRE D’HIVER
(30 novembre 1939-13 mars 1940)
Le Géorgien Staline* se montre bien l’héritier des tsars moscovites.
Tout autant qu’eux, il aspire à une plus grande Russie et à des accès sur
une mer libre. Après la Pologne* et les États baltes*, la Finlande ne tarde pas
à devenir sa cible.
Pourtant, a priori, la concorde règne entre les deux pays. Le 21 janvier
1932, ils ont signé un pacte de non-agression et d’inviolabilité des frontières.
En 1934, ce pacte a été reconduit jusqu’au 31 décembre 1945. La petite
Finlande est donc en droit de se croire à l’abri des convoitises de son
gigantesque voisin.
Courant octobre 1939, le Kremlin manifeste ses prétentions. Il réclame la
cession à bail, pour trente ans, de la presqu’île de Hango. Cette position, à la
corne sud-ouest du pays, contrôle les entrées des golfes de Botnie et de
Finlande ainsi que l’accès à Leningrad*. Elle n’en est pas moins
spécifiquement finlandaise, comme certaines îles du golfe de Finlande et le
petit port de Petsamo dont Moscou demande également la cession.
La Finlande, pour éviter le pire, serait prête à certaines concessions sauf
sur Hango. À Moscou, Molotov* se fait exigeant et menaçant. Le
28 novembre, l’URSS* dénonce le pacte de non-agression et rompt les
relations diplomatiques. Le 30 novembre, la guerre éclate sans préavis ni
déclaration. À la mi-journée, Helsinki est bombardée. David contre Goliath.
Une nation de 3 600 000 habitants contre un État de 175 millions. Plusieurs
dizaines de divisions contre moins de 200 000 combattants. Plus de 800
avions contre une centaine d’appareils dépassés. La partie, sans conteste, est
jouée d’avance. La frontière russo-finlandaise s’étire du golfe de Finlande
jusqu’à l’océan Arctique* (mer de Barents très exactement) sur près de 1 500
km. L’Armée rouge* n’a que l’embarras du choix pour frapper. Elle le fait
sur trois axes principaux : au sud, dans l’isthme de Carélie, entre le lac
Ladoga* et le golfe de Finlande, face à une zone de défense baptisée ligne
Mannerheim* ; au centre, en Carélie soviétique ; à l’extrême nord, à partir de
Mourmansk, en direction de Petsamo*.
Courageux, bien commandés, les agressés font mieux que se défendre.
Leurs contre-attaques sont des succès. Le 12 décembre, la bataille à hauteur
de Tolvajari se solde par un millier de prisonniers soviétiques et plusieurs
centaines de tués.
L’opinion internationale – celle des pays européens libres – réagit
vivement à l’agression russe contre son minuscule voisin. À Paris, Daladier*
est décidé à intervenir. Le 4 janvier 1940 est décidée la création d’une
brigade de haute montagne sous les ordres du colonel Béthouart*. L’affaire
dans l’immédiat n’avance pas faute de véritable volonté politique et parce
que sur le terrain les choses en décident autrement.
Moscou pouvait difficilement rester sur un échec. 12 divisions
d’infanterie, 4 brigades de chars lourds, se massent devant l’isthme de
Carélie. 10 divisions convergent au nord du lac Ladoga*. 6 autres encore se
préparent plus au nord. Toutes sont appuyées par des blindés.
L’attaque générale est déclenchée le 11 février. Cette fois, le Goliath
moscovite est trop fort.
En dépit de leur courage et de leurs contre-attaques, les Finlandais sont
contraints de plier. La ligne Mannerheim* est enfoncée. Le 3 mars, les
Soviétiques arrivent à hauteur de Vyborg. Seul réconfort, en bordure
septentrionale du lac Ladoga*, deux divisions soviétiques sont quasiment
anéanties.
Durant ce temps, Français et Anglais discutent. Daladier déclare attendre
un appel d’Helsinki pour « voler au secours de la Finlande par tous les
moyens ». Le gouvernement finnois est sans illusions. Pour éviter le pire qui
serait la prise d’Helsinki, il entame des pourparlers. Le cessez-le-feu
intervient le 13 mars à 11 heures.
Les Soviétiques l’ont emporté et profitent de leur victoire. La Finlande
doit consentir d’importants sacrifices territoriaux en Carélie et Laponie.
Viipuri (Vyborg) change de drapeau. Hango est cédé à bail pour trente ans.
400 000 Finlandais doivent s’exiler.
La Finlande a perdu. Ses voisins, Suède* et Norvège*, cantonnés dans
leur stricte neutralité, n’en sortent pas grandis. Les Alliés* ont démontré leur
manque de cohésion. L’Armée rouge* a étalé ses insuffisances à tous les
niveaux. Hitler* l’a constaté.

FINNO-SOVIÉTIQUE, SECONDE GUERRE ou


GUERRE DE CONTINUATION
(28 juin 1941-19 septembre 1944)
La Finlande possède son Alsace-Lorraine*.
Le gouvernement, l’opinion publique tiennent à regagner les terres
arrachées. Hitler* a tout intérêt à profiter de ce climat et à pactiser avec les
Finlandais. En s’entendant avec eux, il se placerait en bonne position pour
attaquer Leningrad* et Mourmansk ; il ravitaillerait sans danger ses troupes
de Norvège* ; il évacuerait le fer de Narvik* et s’approcherait du nickel de
Petsamo* qu’il convoite.
En août 1940, un premier accord autorise les transits de troupes
allemandes par les ports du golfe de Botnie ainsi que l’évacuation du minerai
de Narvik*. Des unités allemandes s’installent en Laponie. Les Soviétiques
exigent un libre passage jusqu’à Hango.
La Finlande doit choisir. Son choix se précise. Le 9 juin 1941, elle
mobilise. Le 17 juin, cette mobilisation devient générale.
Les Soviétiques ouvrent le feu les premiers, forts des orientations
finlandaises. Le 25, ils bombardent Helsinki et Turku. La guerre commence
le 28 juin à minuit. Mannerheim*, le commandant en chef finlandais, a,
d’entrée, signifié aux Allemands qu’il la mènerait à sa guise. Elle ne sera
qu’une guerre de revanche.
Il se préoccupe d’abord de Hango. 27 000 Soviétiques occupent la
presqu’île. Leur ravitaillement, qui ne peut être assuré que par mer, les
handicape. Les bâtiments allemands et finlandais sillonnent la mer. Aussi
Mannerheim* ne laisse-t-il qu’une division, la 17e, en bouclage. Décision
heureuse. Les Russes, à partir du 2 décembre, évacueront les lieux sans
opposition notable.
Mannerheim masse donc le gros de ses forces, 13 divisions en 4 corps
d’armée, devant la Carélie. La Carélie, terre ancrée au cœur des Finlandais !
C’est pour elle que 400 000 mobilisés se battent. Le reste du conflit n’est pas
leur affaire.
Devant eux, les Soviétiques alignent deux armées, la 7e et la 23e, avec un
nombre de divisions légèrement inférieur. Mannerheim* entame son
offensive au nord du Ladoga*. Le rapport des forces est de deux contre un.
Les Soviétiques se défendent bien. Ils commettent l’erreur de trop compter
sur leurs positions frontalières. Le 17 juillet, l’extrémité septentrionale du
Ladoga* est atteinte. La progression se poursuit vers le sud-est, par la rive
orientale du lac. Le 1er septembre, les VIe et VIIe corps qui ont mené l’action
depuis la mi-juillet s’arrêtent. La frontière de 1939 se situe maintenant à
quelques kilomètres dans leur dos.
Pour s’emparer de l’isthme de Carélie et de Viipuri, Mannerheim* a
prévu de frapper entre le Ladoga* et le Vuoski, puis de se rabattre sur le golfe
de Finlande. Viipuri serait alors encerclée et ses défenseurs pris dans la nasse.
Le plan se déroule sensiblement comme fixé avec toutefois quelques
lenteurs. Menacée d’isolement, la garnison de Viipuri commence son
évacuation. Le 29 août, les Finlandais entrent dans la ville symbole. Le 1er
septembre, ils campent partout un peu en avant de leur ancienne frontière. Ils
n’iront pas plus loin.
Les Allemands pourraient se montrer satisfaits des succès de leurs alliés
mais ils en demandent davantage. Ils veulent étroitement verrouiller
Leningrad*. Ceci implique que les Finlandais poursuivent leur progression
dans l’isthme de Carélie et contribuent à la fermeture d’une gigantesque
tenaille sur le lac Ladoga*. Malgré les interventions de Keitel* et de Jodl*,
Mannerheim* refuse de se laisser entraîner dans l’engrenage de l’aventure
hitlérienne. En a-t-il conscience ? Il sauve Leningrad*. La trappe n’est pas
fermée. Un trou béant demeure. Une liaison par le lac demeure possible entre
Leningrad* et les troupes regroupées dans la partie méridionale de l’isthme
de Carélie.
Les Finlandais désormais campent sur leurs positions. Leur passivité dans
l’isthme de Carélie permet au commandement soviétique d’y dégarnir son
front au profit de la défense dans les faubourgs sud de Leningrad*.
Au nord du Ladoga*, Mannerheim* entend se donner du champ pour
conforter sa sécurité. Lentement, il remonte vers le nord où il se heurte à une
résistance de plus en plus dure. Petrozavodsk, capitale de la Carélie
soviétique, ne tombe que le 1er octobre. Partout la frontière de 1939 a été
dépassée.
Tenace dans sa volonté de couvrir son pays à l’est, le commandant en
chef finlandais poursuit plus encore vers le nord. Non sans mal ! Intervention
des unités sibériennes. Insubordination de ses propres soldats. Les
combattants finlandais ne comprennent pas ces sacrifices supplémentaires.
L’attaque finale ne sera lancée que le 5 décembre par -30°. Medvezhagorsk
est pris le lendemain ; Povenets, sur le canal de la mer Blanche, est atteint.
Deux divisions soviétiques sont complètement détruites au sud de la ville.
Mannerheim*, enfin, ordonne de stopper. Ses hommes se retranchent sur les
positions acquises, d’où ils ne bougeront plus jusqu’en juin 1944.
La bataille leur a coûté 25 000 morts et 50 000 blessés. Les pertes
soviétiques sont mal connues. Ils ont eu 47 000 prisonniers.
Fin janvier 1944, Leningrad* est totalement dégagée. Ce succès
soviétique, l’évolution de la situation sur l’ensemble du front de l’Est*,
précipitent les intention des Finlandais. Ils ne sont entrés dans la guerre aux
côtés de l’Allemagne* que pour récupérer les provinces perdues de 1940.
Depuis des mois, ils sont singulièrement passifs. Courant février, souhaitant
se désengager, ils entament des négociations d’armistice avec Moscou.
Celles-ci se déroulent par l’intermédiaire de la Suède*. Aux frontières de
1940, exigences relativement modérées, les Soviétiques ajoutent deux autres
préalables :
1/ Les troupes allemandes seront internées ou chassées de Finlande en
avril au plus tard.
2/ Une indemnité de 600 millions de dollars payable en marchandises
sera versée dans un délai de cinq ans.
La Finlande n’est pas prête à accepter ces dernières clauses. Les
entretiens sont rompus le 1er avril.
Pourtant, il faut sortir de la guerre. Le 28 juillet, le président Ryti*
démissionne. Mannerheim* lui succède le 4 août pour « piloter le pays hors
de la guerre ». Le 27 août, il fait reprendre les pourparlers avec Moscou. La
réponse paraît acceptable : rompre toute relation avec l’Allemagne*, inviter
les troupes allemandes à quitter le pays, sinon les désarmer. Sur ces bases, un
accord de cessez-le-feu est convenu pour le 4 septembre qui n’interviendra
effectivement que le 5. L’armistice est signé le 19 septembre 1944, dans des
termes qui, à quelques améliorations près, respectent les clauses initialement
annoncées : retour aux frontières de 1940 (traité de Moscou) ; cession de
Petsamo* et de son territoire ; substitution de Porkkala à Hango comme prêt à
bail à l’URSS* ; indemnité de 300 millions de dollars et non plus de 600.
L’armée finlandaise doit en outre être démobilisée dans les deux mois et
demi. Les ports et aérodromes finlandais peuvent être utilisés par l’armée
soviétique pendant la durée de la guerre.

FLAK (FLIEGER-ABWEHR-KANON – CANON


ANTIAÉRIEN)
Dans la pratique, équivalent du terme français DCA : Défense contre
avions.
Armées d’un excellent canon de 88 mm, les unités de Flak combattirent
très souvent en antichars avec d’éloquents bilans. Le maréchal Kesselring*,
dans ses Mémoires, rapporte le cas du 1er Flak-Korps ayant abattu 314 avions
russes et détruit plus de 3 000 chars.

FLAK 88
Canon antiaérien de 88 mm sorti secrètement à partir de 1933.
En 1944, plus de 10 000 exemplaires étaient en service. Plafond : 10 600
mètres ; masse en action : 1450 kgs ; poids de l’obus : 9,24 kg ; vitesse
initiale : 820 m/s ; cadence de tir : 15 à 20 coups/minute.
Ce canon, au claquement métallique caractéristique, est souvent utilisé en
antichar ou, étant donné sa précision, pour le tir contre des embrasures de
blockhaus. Le 88 est durant toute la guerre la terreur des Alliés*.
Le modèle Flak 41, sorti en 1943, ne connaîtra que 318 exemplaires.

FLASH, OPÉRATION
Nom de code de l’opération visant à l’élimination physique de Hitler*.
Cette opération Flash sera déclenchée plusieurs fois.
Le 13 mars 1943, midi, le Focke-Wulf 200* du Führer* se pose à
Smolensk. Hitler* vient rendre visite au maréchal von Kluge*, commandant
le GAC. Pendant le repas, le général Tresckow, chef d’état-major de von
Kluge* et antinazi, demande au colonel Brandt, venu avec Hitler, d’avoir
l’amabilité de rapporter à Berlin un petit paquet contenant deux bouteilles de
Cointreau pour l’un de ses amis. Brandt part avec le paquet qui, en fait,
contient une bombe avec mise à feu retardée. L’avion de Hitler sur son retour
est condamné à exploser en vol. Le système de mise à feu sera défaillant. (Le
paquet sera, à l’arrivée à Berlin, récupéré sans dommages.)
Le 20 mars 1943, un colonel du GAC se dévoue pour une opération
kamikaze*. Il réussit à s’approcher de Hitler* avec des explosifs sous sa
capote, mais au dernier moment Hitler* s’éclipse.
En novembre 1943, un jeune officier se porte encore volontaire pour une
mission identique. Il doit, en présentant un nouvel habillement militaire à
Hitler*, cacher sur lui deux bombes. Une attaque aérienne annulera la
présentation.
Un historien, Alan Clark, écrira : « La main du diable avait protégé
Hitler*. »

FLETCHER, FRANK
(1885-1973). Amiral américain.
Fletcher, dit Black Jack avait la réputation d’être prudent.
Il gagne cependant la bataille de la mer de Corail* en repoussant
l’invasion japonaise en direction de Port Moresby*. À Midway*, son navire
amiral est coulé. Son action à Guadalcanal* et durant la bataille des Salomon
orientales* est très prudente. Cette prudence, en octobre 1942, lui vaut de se
retrouver dans le Pacifique nord. En avril 1945, toutefois, il participera à
l’invasion d’Okinawa*.

FLORENCE, PRISE DE
Après la prise de Rome, le vainqueur souffle un peu.
Le maréchal Kesselring* l’espérait et compte en profiter. Il entend se
retrancher sur la ligne Gothique*, La Spezia-Pesaro, qu’il a de longue date
commencé à organiser. Il prévoit également deux lignes d’arrêt
intermédiaires, l’une à hauteur du lac Trasimène, l’autre sur l’Arno. La Xe
Armée tient son flanc gauche, la XIVe son flanc droit. Pour freiner
l’adversaire, il compte sur une vieille complice, la mine, qu’elle soit
antipersonnel ou antichar.
Les Alliés* s’efforcent de remonter en rouleau compresseur, alignant de
la mer Tyrrhénienne à l’Adriatique : VIe CA US, CEF*, XIIIe et Xe CA
britanniques, IIe CA polonais. Le relief, sur le versant tyrrhénien, est plus
perméable aux blindés. Il permet de porter des pointes contre un ennemi dont
l’aviation mitraille les colonnes.
Sur l’Adriatique, le corps polonais, parti de la région de Pescara, occupe
Ancône le 18 juillet 1944. Sur la côte tyrrhénienne, le VIe CA US fait tomber
Livourne le lendemain. Au centre droit, les Britanniques ont beau être arrêtés
un moment à Arezzo, au pied de l’Apennin toscan, leurs yeux sont fixés sur
Florence, qui leur a été réservée : compensation pour la déconvenue de
Rome. Ils y pénètrent le 4 août, Kesselring* l’ayant déclarée ville ouverte.
Quant au CEF*, il est bien décidé à se battre jusqu’au bout. Juin* a placé
en pointe un corps de poursuite : 3e DIA*, 1ère DFL*, Tabors, sous les ordres
du général de Larminat*. Le 18 juin, la 13e DBLE* se distingue à
Radicofani ; le 3 juillet, Monsabert* après une habile manœuvre
d’encerclement entre dans Sienne, la cité de Monluc. Dans cette remontée
vers le nord, la 1ére DFL* a perdu, sur mines, le capitaine de frégate Amyot
d’Inville, le lieutenant colonel Laurent-Champrosay, tous deux Français
libres* de la première heure. Pour le CEF*, la campagne d’Italie* s’achève
après Sienne. Le 23 juillet, à minuit, il passe à l’armée B du général de
Lattre* afin d’aller se préparer au débarquement de Provence* qui
interviendra le 15 août.
Fin juillet, le front d’Italie* tend à s’immobiliser. Les Alliés* sont sur
l’Arno et n’iront guère plus loin au-delà de Florence. Dans un mois, ils
stopperont sur la ligne Gothique*. Un autre hiver italien les attend, non plus
dans les Abruzzes mais dans les Apennins*.

FLOSSENBURG, CAMP DE CONCENTRATION


Ce camp est ouvert en mai 1938 près de la ville bavaroise de
Flossenburg, à 200 km au nord de Munich.
Relativement modeste, il réceptionna environ 65 000 prisonniers. 14 000
moururent ou furent exécutés durant les 14 derniers mois de la guerre. Parmi
eux, l’amiral Canaris*, le général Oster, le pasteur Bonhoeffer.
Le camp sera libéré le 4 mai 1945 par les Américains (3e Armée du
général Patton*).

FM 24-29
Fusil mitrailleur MAC 1924 modifié 29.
Arme automatique, collective, à tir tendu, de l’Armée française*,
fabriquée par la manufacture d’armes de Châtellerault. Poids avec bipied : 8
kg 930. Calibre : 7,5 mm ; chargeur de 25, poids garni : 900 g ; vitesse
pratique de tir : 150 à 200 coups/minute ; arme à culasse calée, fonctionnant
par emprunt des gaz en un point du canon.
Arme robuste, fiable et maniable. Surclassée par les mitrailleuses à
bandes allemandes, américaines ou anglaises. Équipera l’armée française*
durant la Seconde Guerre mondiale, puis par la suite en Indochine* et en
Algérie*.

FNFL (FORCES NAVALES FRANÇAISES


LIBRES)
Elles sont créées le 1er juillet 1940 par l’amiral Muselier* qui en sera le
chef jusqu’en mai 1942, remplacé alors par l’amiral Auboyneau. Elles visent
à apporter aux FFL* une composante maritime. L’opération Catapult*, avec
la tragédie de Mers el-Kébir*, rend son recrutement initial difficile. Du reste,
ses effectifs resteront toujours assez modestes : 7 000 hommes au 1er août
1943, lors de sa fusion avec l’armée Giraud*. Ils proviendront des marins
ralliés en Angleterre et dans les possessions d’outre-mer, de volontaires civils
ou militaires, d’évadés de France ou de bases de Vichy* (cas d’Estienne
d’Orves*, de Barberot, d’Auboyneau ayant quitté la Force X* à Alexandrie).
Les bâtiments proviendront de rétrocession après Catapult* ou de
livraisons britanniques. Les FNFL disposeront ainsi :
— d’un vieux cuirassé (Courbet),
— de deux contre-torpilleurs,
— de trois torpilleurs,
— de cinq avisos et cinq frégates,
— de neuf corvettes dont l’Aconit, bâtiment Compagnon de la
Libération*,
— de sept sous-marins dont le Rubis, bâtiment Compagnon de la
Libération*,
— de patrouilleurs (7), de chasseurs (11), de MTB* (9), etc. soit 56
navires.
Les FNFL mettront également sur pied des unités à terre :
— Régiment de fusiliers marins (unité Compagnon de la Libération*),
— Bataillon de fusiliers marins commandos.
Elles comprendront encore des bâtiments de caractère civil (12) au titre
de la marine marchande.
Les FNFL participeront à la bataille de l’Atlantique*, à des escortes de
convois, à des opérations de débarquement ou de commandos (Saint-Pierre-
et-Miquelon*, Bruneval*...). Elles manifesteront longtemps un esprit
spécifique les opposant aux anciens Vichystes.
Parmi les personnalités des FNFL, on relève : les amiraux Muselier*,
Thierry d’Argenlieu*, Auboyneau, Jubelin, Patou, les commandants
Destroyat, d’Estienne d’Orves*, Kieffer, le lieutenant de vaisseau Barberot.
De juillet 1940 à mai 1945, les FNFL perdront 1 039 officiers et marins
pour la marine de guerre et 445 pour la marine marchande.

FOCKE WULF F W 190


Le meilleur chasseur allemand de la guerre. Opérationnel à partir de
1941. Fabriqué, en une dizaine de versions, à 13 367 exemplaires en
intercepteur et 6 634 en chasseurs bombardiers, par Focke Wulf Flugzengbau
GmbH. Caractéristiques du 190 A-1 : vitesse : 650 km/h ; autonomie : 800
km ; armement : 4 mitrailleuses, 2 canons de 20 mm ; équipage : 1 homme.

FOCKE WULF 200 CONDOR


Quadrimoteur allemand de bombardement et surtout de reconnaissance
navale (voir Condor).

FOLGORE
185e Division parachutiste italienne Folgore.
Certainement l’une des meilleures divisions italiennes. Forte de 6 000
hommes, elle est envoyée en juillet 1942 en Libye*. Se battra à El-Alamein*
où elle subira de lourdes pertes et sombrera dans la défaite germano-italienne
de Tunisie* en mai 1943. Reconstitué en tant que régiment, le régiment
Folgore se battra sous le drapeau de la RSI*. Il sera en particulier sur le front
des Alpes occidentales opposé aux troupes alpines françaises en mars-avril
1945.

FORCE H
Puissante escadre britannique, comprenant notamment le porte-avions
Ark Royal*, constituée à Gibraltar le 28 juin 1940 pour suppléer à la
disparition de la flotte française dans la bataille de la Méditerranée*.
Commandée successivement par les amiraux Somerville*, Syfret et
Algernon, elle interviendra tout d’abord contre Mers el-Kébir*, début juillet
1940. Puis elle participera à l’action contre le Bismarck*, aux débarquements
à Madagascar* et aux opérations en Méditerranée. Elle sera dissoute en
octobre 1943.

FORCE K
Force navale britannique constituée à Malte* en octobre 1941 en vue de
participer à la défense de l’île et à l’interception des bâtiments ennemis en
Méditerranée.
Initialement sous les ordres de Lord Louis Mountbatten*, elle comprend
le croiseur Gloucester et six destroyers. Les pertes subies obligeront à la
reconstituer plusieurs fois.

FORCE L
Nom donné en février 1943 à la colonne Leclerc*, arrivant du Fezzan,
après son intégration à la VIIIe Armée britannique.
Elle est forte d’environ 2 500 hommes et englobe le bataillon Escadron*
sacré grec (100 officiers, 40 sous-officiers, une douzaine de techniciens). Elle
participera à la campagne de Tunisie* et livrera le dur combat de Ksar
Rhilane*.

FORCE X
Escadre française réfugiée à Alexandrie au lendemain de l’armistice
franco-allemand de juin 1940.
Sous les ordres de l’amiral Godfroy*, forte de 66 000 tonnes, elle
comprenait le cuirassé Lorraine, les croiseurs Duquesne, Tourville, Suffren,
Duguay-Trouin, les torpilleurs Le Fortuné, Basque, Forbin et le sous-marin
Protée. Le sang-froid de l’amiral anglais Cunningham* et de l’amiral
Godfroy* lui évitera un autre Mers el-Kébir* en juillet 1940. Après quoi cette
force restera immobilisée jusqu’au 17 mai 1943, l’amiral Godfroy*
s’obstinant dans sa fidélité au maréchal Pétain*. Elle rejoindra alors Dakar et
l’AFN et reprendra le combat. Des officiers et marins refuseront ce long
immobilisme et rallieront la France libre*, dont le lieutenant de vaisseau
d’Estienne d’Orves*, l’enseigne de vaisseau Barberot et le futur amiral
Auboyneau.
À l’occasion, cette passivité, alors que la France* était occupée,
provoquera des altercations violentes avec les combattants des FFL*, en
repos à Alexandrie*.

FORCE Z
À la fin du mois d’août 1941, devant la menace japonaise croissante, le
gouvernement britannique, sous l’impulsion de Churchill*, décide d’envoyer
une force de dissuasion en Extrême-Orient.
Il est prévu qu’au printemps 1942, elle soit composée de 7 navires de
ligne, d’un porte-avions de première classe, de 10 croiseurs et 24 destroyers.
Dans l’immédiat, elle comprend le cuirassé Prince of Wales*, le croiseur de
bataille Repulse*, sous les ordres de l’amiral Phillips. Arrivée à Singapour le
2 décembre, elle prend le nom de Force Z, étant renforcée des 4 destroyers :
Electra, Express, Encounter et Jupiter, mais sans porte-avions.
(L’Indomitable, affecté à l’Extrême-Orient, est immobilisé par un accident.)
Le 8 décembre 1941, au reçu d’un télégramme de l’Amirauté lui
enjoignant pratiquement d’intervenir contre un débarquement japonais en
Malaisie, Phillips* fait prendre la mer à la Force Z et remonte plein nord en
mer de Chine. Le lendemain, le commandement local à Singapour l’informe
ne pas pouvoir lui assurer une couverture aérienne.
Dans la nuit du 9 au 10, Singapour signale un débarquement nippon à
hauteur de Kuantan, sur la côte est de la Malaisie, par 3°5 de latitude nord.
Phillips décide de se porter sur les lieux. Mais, au matin, il découvre, à
Kuantan, des plages vides. Il ne sait pas que sa Force Z a été repérée par un
sous-marin ennemi.
Vers 11 h, des avions japonais de la 22e flotte aérienne partis de Saigon,
en recherche de la Force Z, la découvrent. Sous les coups, à 12 h 33, le
Repulse* disparaît le premier. À 13 h 20, c’est le tour du Prince of Wales*.
413 officiers et marins du Repulse* sur 1 309 sont morts ou portés disparus ;
327 sur 1 612 du Prince of Wales*. Phillips compte parmi les victimes. Les
rescapés sont secourus par les destroyers d’escorte. Les Japonais n’ont perdu
que trois appareils.
Après Tarente*, après le Bismarck*, après Pearl Harbor*, l’aviation
vient, une fois de plus, de démontrer sa supériorité sur les puissants navires
de guerre. Toute la stratégie navale est remise en question. Désormais, devant
les Japonais, la mer est vide et le ciel presque aussi dégagé des côtes
d’Afrique jusqu’en Amérique.

FORMOSE (TAIWAN)
En 1941, Formose appartient au Japon* depuis 1895.
Tokyo s’en sert comme base de départ pour attaquer les Philippines* et la
Chine continentale*. L’île sert aussi de camp de prisonniers. Suivant les
accords passés avec Tchang Kaï-chek* à la conférence du Caire* en 1943,
l’île est restituée à la Chine*, après la capitulation japonaise*, le 20 octobre
1945.
FORRESTAL, JAMES
(1892-1949). Homme politique américain.
Ce banquier d’origine devient en juin 1940 sous-secrétaire d’État à la
Marine, adjoint de Knox* auquel il succède en 1944.
Il n’hésitera pas à visiter Iwo Jima* sous le feu en avril 1945. Il saura
donner un grand essor à l’US Navy* et restera en fonction sous Truman*.

FORTITUDE, OPÉRATION
Opération de dissuasion alliée concernant le nord-ouest de la France*.
Elle vise à donner l’impression de vouloir attaquer ailleurs qu’en
Normandie*. Un sosie de Montgomery* parade avec une discrétion affectée à
Gibraltar* et Alger pour laisser supposer que quelque chose se prépare en
Méditerranée*. Simultanément sont demandées à Franco* des facilités pour
implanter un important hôpital à Barcelone. On laisse aussi entendre que
Patton* commande un GA de 50 divisions rassemblées dans le sud-est de
l’Angleterre*, donc face au Pas-de-Calais où les bombardements et
reconnaissances aériennes sont trois fois plus intenses qu’ailleurs.
Les Britanniques ont-ils accepté de payer un prix autrement plus fort que
celui du périple du faux Montgomery* ? Des résistants n’hésiteront pas à
affirmer que certains de leurs camarades ont été délibérément trahis pour
transmettre des renseignements erronés et orientés.
Le bilan de Fortitude* et de Bodyguard* ne sera pas négatif. Von
Rundstedt*, maintiendra sa principale force, la XVe Armée, dans le Pas-de-
Calais. Les divisions allemandes continueront d’être dispersées en Europe.

FORT-LAMY, BOMBARDEMENT DE
Le 21 janvier 1942, le terrain d’aviation de Fort-Lamy, tenu par les FFL*,
est bombardé par un Heinkel 111* décollé de Campo Uno, base italienne à
1 500 kilomètres, en Libye*.
Les 16 bombes de 50 kg incendient 400 000 litres d’essence (sur un stock
global de 2 500 000). Il y a sept blessés mais aucun avion détruit.
Le pilote, Theo Blaich, à court d’essence, se posera à 200 kilomètres de
sa base et devra attendre les secours durant six jours.
FORTRESS FLYING
(voir B-17)

FOSSES ARDÉATINES, MASSACRE DES


Le 24 mars 1944, 335 civils italiens (prisonniers politiques et Juifs) sont
sommairement exécutés aux Fosses Ardéatines, près de Rome, suite à une
embuscade montée par des partisans et qui avait coûté la vie à 32 soldats
allemands.
Commandant en chef en Méditerranée, le maréchal Kesselring*, ayant
signé des ordres où la notion de représailles était nettement évoquée, sera
condamné à mort le 6 mars 1947. Sa peine sera commuée le 4 juillet 1947 et
il sera libéré en 1952.

FOURCADE, MARIE-MADELEINE
(1909-1989). Résistante française.
Née Bridou, Marie-Madeleine Meric en premières noces.
Crée et organise avec le commandant Loustaunau-Lacau le réseau
Alliance* qui sera l’un des plus importants de la Résistance française*. Après
l’arrestation de Loustaunau-Lacau, elle en assure avec courage et intelligence
la direction. Arrêtée en 1942 et 1944, parvient à s’échapper et à reprendre son
poste. Indicatif : Hérisson.
Commandeur de la Légion d’honneur.

FRANCE
La France d’avant 1939, sortie victorieuse mais épuisée de la Grande
Guerre – 1 400 000 morts –, aspire à la paix.
Derrière sa ligne Maginot*, elle se croit en sécurité. Pourtant, elle se
déchire. Des extrémismes de droite comme de gauche se manifestent.
Certains écoutent les sirènes du fascisme ; d’autres penchent vers le
marxisme.
Cette France alanguie, divisée, mal gouvernée, reste passive. Ses chefs
politiques et militaires – à l’exception de ceux de la marine – préparent mal
une guerre que pourtant ils voient venir. Ils laissent Hitler* remilitariser la
rive gauche du Rhin, bâtir une armée, s’approprier l’Autriche*, envahir la
Tchécoslovaquie*. Ils ne se réveillent que le 3 septembre 1939 pour honorer
la signature vis-à-vis de la Pologne*. La suite est fatale. Au printemps 1940,
en six semaines, la France connaît la plus grande défaite militaire de son
histoire. Celle qui passait pour la première armée du monde a été battue, à la
régulière, par un adversaire ayant su innover.
L’armistice* franco-allemand du 25 juin 1940 laisse aux mains de
l’ennemi 1 900 000 prisonniers. 90 000 combattants sont tombés, 200 000 ont
été blessés.
La métropole est scindée en deux, voire en trois, et même quatre. Une
zone occupée englobe les trois cinquièmes du pays. Les départements du
Nord et du Pas-de-Calais sont déclarés zone interdite. L’Alsace-Lorraine* ne
tardera pas à être germanisée. La zone dite libre, donc non occupée, héberge
le gouvernement, l’armée de l’armistice (100 000 hommes).
Le 10 juillet 1940, les Assemblées, par 569 voix contre 80, font du
maréchal Pétain*, président du Conseil depuis le 16 juin, un chef d’État nanti
pratiquement de tous les pouvoirs. La IIIe République, officiellement, n’est
plus, remplacée par cet État Français* ayant fait de Vichy* sa capitale
provisoire.
Le pays assommé par l’épreuve se donne à Philippe Pétain* à l’exception
d’une poignée d’irréductibles qui suivent Charles de Gaulle* qui, le 18 juin, à
la radio de Londres, a lancé son appel à poursuivre la guerre. Les FFL*, au
départ, ne seront qu’une minorité, mais elles se battront.
Collaboration, statut des Juifs, Vichy* montre son mauvais jour en dépit
de ses efforts réels pour atténuer les rigueurs de l’armistice. Les
collaborateurs* parlent haut et fort et se font les valets de l’occupant. Ce sont
souvent des hommes politiques ou des écrivains connus : Laval*, Doriot*,
Déat*, etc. pour les uns ; Brasillach*, Paul Chack, Drieu La Rochelle, Céline,
etc. pour les autres.
Le débarquement allié en AFN* relance une partie de la France dans la
guerre. L’Armée d’Afrique* rejoint le combat des FFL*, tandis que
politiquement les déchirements s’accentuent. Le 1er janvier 1943, la France
possède trois gouvernements : Pétain-Laval* à Vichy* ; de Gaulle* à
Londres ; Giraud à Alger*.
Giraud* écarté à la fin de 1943, il ne reste plus que deux équipes face à
face. Celle de Vichy*, celle de De Gaulle* à Alger, tandis que la métropole
connaît une véritable guerre civile. La Résistance*, derrière Frenay*, Jean
Moulin*, le général Delestraint*, etc. malgré les coups reçus, ne cesse de se
développer. La Milice* et ses séides, le clan des collabos* ultra s’alignent
sur l’Allemagne*, frappant sans vergogne.
Du moins Bir-Hakeim* et surtout l’Italie* démontrent qu’il existe
toujours une armée française.
Celle-ci est bien présente, avec la 1ère Armée* et la 2e DB*, dans les
combats de la Libération*, ainsi que résistants et maquisards. Il seront
280 000 venus de la France et de son empire à débarquer en Normandie* ou
en Provence* (ou à sauter sur la France) pour participer aux combats de la
Libération.
Pétain* emmené par les Allemands, Laval* éliminé de facto avec le
départ de la Wehrmacht*, Charles de Gaulle*, dans Paris* libérée le 25 août
1944, fait figure de libérateur même s’il ne fut pas le seul. Les lendemains de
la Libération* sont rudes : ultimes combats des Vosges, d’Alsace et des
poches de l’Atlantique*, épuration sauvage, épuration* tout court. Si de
Gaulle* évite à la France de tomber entre les mains des communistes, il doit
composer avec la force qu’ils représentent en 1945 (près du quart du corps
électoral).
C’est une France affaiblie qui sort de la guerre. Économie en partie
ruinée, scissions internes, affaiblissement de son empire colonial qui lui a
permis de reprendre un rang honorable dans le conflit et surtout pertes civiles
et militaires (combats, bombardements, exécutions, déportations). Les
chiffres le montrent même s’ils sont inférieurs à ceux de 14-18 :

Civils :
- bombardements : 60 000
- fusillés : 30 000
- indéterminées : 76 000
Total : 166 000

Prisonniers et déportés :
- prisonniers : 40 000
- déportés (politiques,
124 000 dont 40 000 STO*
travailleurs du STO*) :
76 000 juifs dont 24 000 juifs français soit
- déportés raciaux : 52 000 juifs étrangers à éliminer
normalement du total national
Total : 240 000

Total général : 620 000


Mais, malgré tout, la France, grâce à l’obstination de De Gaulle*, fait
partie des cinq grands (États-Unis*, Grande-Bretagne*, URSS*, Chine*,
France*). Il faudra continuer à compter avec elle.

FRANCE, BATAILLE DE
Depuis le 26 mai 1940, et peut-être même avant, le général Weygand* a
compris que la lutte pour sauvegarder la frontière franco-belge était perdue, et
l’effondrement du GA/1* inévitable.
Où s’installer pour barrer la route à l’envahisseur ? Sur les positions
présentes, la Somme et l’Aisne grosso modo ? Ou sur de nouvelles, plus en
retrait, permettant un meilleur regroupement des forces françaises, ce qui
impliquerait l’abandon de la ligne Maginot* ?
La décision finale de Weygand* est logique. En décidant de faire barrage
sur l’Aisne et la Somme, il préserve la majeure partie du territoire national,
couvre la région parisienne et n’abandonne pas la ligne Maginot*.
Cette bataille sur la Somme et l’Aisne, que l’on dénommera la bataille de
France s’annonce mal. Rapport de forces de un contre trois ; terrain favorable
aux blindés ; supériorité aérienne allemande. Outre les poches de Saint-
Valéry-sur-Somme, Abbeville*, surtout Amiens et Péronne, offrent des bases
de départ pour les PD*.
Sur cette ligne de défense, longue de 360 km, Weygand* ne peut aligner
que 40 divisions articulées en deux GA : GA/3 de Besson (trois armées) entre
la mer et Neufchâtel, GA/4 d’Huntziger (deux armées) de Neufchâtel aux
abords de Montmédy. Au-delà, le GA/2 de Prételat tient la ligne Maginot*
avec trois armées. Certes, des armées, des divisions existent ; mais elles sont
loin des effectifs réglementaires. L’armement lourd manque. Quant aux
DLC* et DCR* hâtivement reformées, leur potentiel se limite à quelques
dizaines de chars ou véhicules blindés par unité.
Weygand*, conscient de cette pénurie, la gère au mieux. Son dispositif
frontal s’appuie sur les cours d’eau, et il s’est efforcé de lui donner de la
profondeur avec des groupements d’intervention. Au plan tactique, il a
préconisé l’édification de hérissons dans villages et forêts pour briser l’élan
des PD*. Enfin, il reste l’ardeur que le commandant en chef a communiquée.
Les combattants, eux-mêmes, se sont endurcis et il y a chez eux une volonté
de lutte supérieure à celle du 10 mai.
Les Allemands disposent de 120 divisions dont 10 PD*. Leur aviation
domine le ciel. Leur intention est de forcer la décision en Champagne après
avoir donné le change sur la Somme. Ils espèrent ainsi crever les défenses
françaises et déborder la ligne Maginot* par l’ouest. Les seules armées
françaises représentant encore un potentiel seront encerclées.
L’offensive se déclenche le 5 juin au matin. Sur la Somme, les PD* se
ruent en force, débouchant des têtes de pont d’Amiens et Péronne. Le
dispositif Weygand* encaisse le choc avec plus ou moins de bonheur. En fin
de journée, l’avance adverse n’est en moyenne que de 15 à 20 km.
Weygand*, lucide, alerte le président du Conseil. La France est seule.
Pratiquement aucune aide de l’Angleterre*. La RAF* est absente. Churchill*,
relancé par Paul Reynaud*, répond par une fin de non-recevoir. Weygand* en
tire conclusion :
« Dans l’hypothèse du pire, si la bataille est nettement perdue, le véritable courage sera de
traiter avec l’ennemi. »

Tandis que la bataille, avec des hauts et des bas, se poursuit au sud de la
Somme, la tempête se déclenche, en Champagne, le 9 juin au matin. Von
Kleist* et Guderian* attaquent avec 15 DI et 8 PD. Guderian* voit loin. Il a
fixé aux siens Châlons-sur -Marne et Besançon comme objectifs.
10 juin. « Jour d’agonie », notera Charles de Gaulle*.
Sur l’aile gauche, la Xe armée craque. Rommel* atteint la Seine à Elbeuf.
Pivotant de 90°, il descend le fleuve sur la rive droite et en fin de journée
campe devant Fécamp. Le 12 au soir, plus de 30 000 hommes encerclés
seront faits prisonniers à Saint-Valéry-en-Caux.
Au centre du dispositif, au nord de Paris, la VIIe armée bat en retraite en
abandonnant des effectifs et du matériel à chaque coupure.
Vers l’est, la situation s’aggrave. VIe et IVe Armées sont repoussées sur
la Marne ; Château-Thierry, Reims seront atteintes le lendemain.
La capitale se voit désormais menacée d’être tournée par l’ouest en
Basse-Normandie, et par l’est en Champagne.
Compte tenu de la situation, Weygand* estime de son devoir d’alerter le
gouvernement : « La dislocation de l’armée n’est plus qu’affaire de temps. »
La bataille de France a été perdue. Le territoire national risque d’être
submergé. Ce même 10 juin, l’Italie déclare la guerre à la France. À minuit,
le gouvernement quitte Paris.

FRANCE, CAMPAGNE DE
Campagne de France ou seconde bataille de France ?
Les deux termes s’entrecroisent. En principe, bataille de France s’entend
pour les combats de juin 1940, campagne de France pour les opérations
alliées en vue de la Libération* du pays en 1944-45.
Cette campagne de France débute incontestablement le 6 juin 1944, avec
le débarquement en Normandie*. Sa date finale est plus imprécise. Le
16 décembre 1944, avec le déclenchement de l’offensive allemande des
Ardennes*, peut en marquer le terme. À cette date, la quasi-intégralité du
territoire français a été libérée (sauf la poche de Colmar* et celles de
l’Atlantique* ainsi que Dunkerque*) et les priorités sont ailleurs. Les Alliés*
doivent d’abord faire face à la réaction allemande. Cette campagne de France
se déroule en plusieurs temps :
— débarquement (voir Overlord), le 6 juin 1944 ;
— bataille dans le bocage normand*, avec la vaine tentative anglaise au
sud de Caen (opération Goodwood*) ;
— percée américaine à Avranches* (fin juillet) ;
— irruption de Patton* jusqu’à la Loire et la Seine (Orléans le 16 août,
Mantes le 19, Troyes le 25) ;
— débarquement de Provence* et remontée franco-américaine vers Lyon
(2 septembre), Dijon (11 septembre) et Besançon (9 septembre) ;
— poche de Falaise* fermée le 19 août ;
— libération de Paris* (25 août) ;
— progression de Patton* jusqu’en Lorraine (Nancy le 15 septembre) et
liaison Overlord*-Dragoon* (12 septembre) ;
— progression anglo-canadienne au nord de la Seine et entrée en
Belgique* (Arras, le 1er septembre, Lille le lendemain) ;
— temps d’arrêt imposé à Patton* par Market Garden* (17-27
septembre). À cette date, hormis le nord-est et les poches de l’Atlantique*, la
France est libérée. La ligne de contact passe par Anvers, Aix-la-Chapelle, la
frontière allemande, à l’ouest de Metz, englobe Nancy et pique sur le sud-
ouest, puis sud-est vers la Suisse* ;
— octobre : reprise de l’offensive Patton* en Lorraine (Metz, le
22 novembre) ;
— libération de Strasbourg* (23 novembre) par la 2e DB* ;
— libération de Mulhouse et Belfort (21 et 25 novembre) par la 1ère
Armée française* ;
— arrêt imposé par la contre-attaque allemande du 16 décembre 1944
dans les Ardennes*.
La campagne de France a vu la mise en œuvre de puissants moyens alliés,
alignant de la mer du Nord à la Suisse* :
— 1ère Armée canadienne, général Crerar* ;
— 2e Armée britannique, général Dempsey* ;
— 1ère Armée américaine, général Hodges* ;
— 9e Armée américaine, général Simpson* ;
— 3e Armée américaine, général Patton* ;
— 7e Armée américaine, général Patch* ;
— 1ère Armée française*, général de Lattre*.
Cette présentation souligne l’importance des forces américaines
engagées, quatre armées pour une seulement chez chacun des trois autres
alliés (Canada*, Grande-Bretagne*, France*).
Face à elles, se dressaient le Mur de l’Atlantique* et la Forteresse
Europe* avec la Wehrmacht* scindée en deux groupes d’armées sous les
ordres du maréchal von Rundstedt* :
— le GA/B, commandé par le maréchal Rommel*, de la Loire à la
Hollande*, avec deux armées : VIIe Armée, général Dolmann*, de la Loire à
l’Orne (Bretagne-Normandie) ; XVe Armée, général von Salmuth, de l’Orne
à la Meuse ;
— le GA/G, commandé par le général Blaskowitz*, avec deux armées :
Ière Armée, général von Chevallerie, de la Loire aux Pyrénées ; XIXe Armée,
général Sodenster puis Wiese, des Pyrénées aux Alpes.
L’ensemble comprenait 9 PD*, mais Hitler* s’en était réservé l’emploi.
Sur le plan aérien et naval, les Alliés* possédaient la maîtrise quasi
complète du ciel et de la mer.
Fait exceptionnel, Hitler*, le 17 août, ordonne au GA/G l’évacuation du
centre et du sud-ouest de la France devant la menace d’encerclement par les
troupes débarquées en Normandie* et Provence*. Cette évacuation accélère
la Libération* des régions évacuées et déjà soumises à la pression des
maquis*.

FRANCE COMBATTANTE
Nouvelle appellation de la France libre* à partir de 1942.

FRANCE LIBRE
Son point de départ est évidemment l’Appel du 18 juin 1940* du général
de Gaulle*.
Ce dernier, le 28 juin, est reconnu par Churchill* comme chef des
Français libres. Il se présentera longtemps sous ce titre. De Français libres à
France libre, le pas est vite franchi. Ainsi s’appellera cette Résistance*
extérieure qui s’organise derrière l’Homme du 18 juin. Elle regroupe tous
ceux qui refusent l’armistice franco-allemand* et entendent poursuivre la
lutte aux côtés des Britanniques.
Au départ, ils sont peu nombreux. Mers el-Kébir* porte un coup sévère
aux ralliements. 7 000 fin juillet 1940. Les personnalités civiles sont rares : le
professeur Cassin, l’économiste Pleven ; les militaires, souvent de grades
modestes, sont plus importants : amiral Muselier, général Legentilhomme*,
colonel de Larminat*, lieutenant-colonel Magrin-Vernerey* (Monclar),
capitaine de Hauteclocque* (Leclerc), capitaine de corvette d’Argenlieu*.
L’important n’est pas dans les effectifs, encore que... La France libre
s’affirme comme la France* qui n’a pas renoncé et tient toujours sa place
dans le conflit.
L’accord franco-anglais du 7 août 1940 confirme la position personnelle
de De Gaulle* et de sa troupe. Les Britanniques les reconnaissent
formellement et les prendront en charge matériellement (sous forme
d’avances qui seront effectivement remboursées après la Libération*). Ils
s’engagent à restaurer dans leur intégralité l’indépendance et la grandeur de
la France*.
Peu à peu, cette France libre s’étoffe (ralliement de l’AEF* et des
territoires d’Océanie) et s’organise : création, le 22 octobre 1940, d’un
Conseil de défense de l’Empire comprenant : Catroux*, Muselier*,
Larminat*, Éboué, Sicé, Cassin, d’Argenlieu*, Leclerc*. Ce n’est, toutefois,
que le 24 septembre 1941 qu’un Comité national, embryon d’un futur
gouvernement, peut être mis sur pied avec Pleven, Dejean, Valin,
Legentilhomme*, Diethelm, d’Argenlieu*, Muselier*.
Des organismes militaires ou civils se développent : FFL*, FNFL*,
FAFL*, renseignements (avec le futur BCRA*), radio (avec, sur les ondes de
la BBC, la célèbre émission Des Français parlent aux Français). Des
délégations extérieures s’ouvrent à l’étranger ; des contacts diplomatiques se
prennent.
La mise sur pied de forces militaires permet d’intervenir dans la bataille :
Libye*, Érythrée*, Fezzan*... ou des des actions moins heureuses (Dakar*,
Syrie*).
Au printemps 1942, de Gaulle* décide d’élargir son mouvement,
englobant ainsi déjà non seulement ceux qui se battent à l’extérieur mais
aussi ceux qui luttent à l’intérieur, en métropole même. La France libre
devient la France combattante*.

FRANCISQUE
Décoration de l’État Français définie par le décret du 18 juillet 1942.
Elle récompense des « services exceptionnels rendus au régime ou à la
personnalité du maréchal Pétain* depuis l’armistice ». Elle implique d’avoir
eu avant la guerre une action politique en faveur des idées de la Révolution
nationale. Elle suppose aussi un bon comportement militaire en 14-18 ou en
39-40.
Elle semble avoir été accordée à 2 600 personnes. Outre les ministres de
Vichy*, on trouve des fonctionnaires, des journalistes, des artistes. François
Mitterrand l’a reçue.
L’insigne représente un bâton de maréchal accosté de deux francisques
d’argent symbolisant les deux batailles de Tolbiac et de Verdun.

FRANCK, HANS
(1900-1946). Conseiller juridique de Hitler*.
Ce nazi de la première heure (1923), antisémite forcené, devient, en
octobre 1939, gouverneur général des provinces polonaises occupées par le
IIIe Reich*, poste qu’il gardera jusqu’en 1945.
Pratiquera sans retenue l’extermination des Juifs polonais et de l’élite
polonaise tout en pillant le pays. En avril 1943, détruira le ghetto de
Varsovie*.
Arrêté en 1945, déféré devant le Tribunal militaire international de
Nuremberg*, plaide coupable, étant semble-t-il revenu au catholicisme de sa
jeunesse. Condamné à mort, pendu le 16 octobre 1946.

FRANCO Y BAHAMONDE, FRANCISCO


(1892-1975). Général espagnol.
Le 1er septembre 1939, Franco, qui vient de l’emporter au terme d’une
terrible guerre civile, est le maître absolu de l’Espagne*, le Caudillo, le chef.
À bien des égards, il est redevable aux Allemands et aux Italiens qui l’ont
aidé militairement pour vaincre. Hitler*, venu spécialement le rencontrer à
Hendaye, le 23 octobre 1940, pour obtenir le passage en direction de
Gibraltar*, le lui rappelle. Prudent, Franco se dérobe. Il sait son pays épuisé
par la guerre, connaît la puissance des Anglo-Saxons et se refuse à
hypothéquer l’avenir en dépit des promesses sur l’AFN* et Gibraltar*.
L’Espagne*, qui, de surcroît, a besoin de recevoir pétrole, blé, coton, produits
industriels d’outre-Atlantique, restera neutre. Hitler* n’obtiendra rien de ce
« sale ingrat ». Il renonce à revoir cet interlocuteur d’un soir, affirmant que
plutôt « que de le voir de nouveau, il préférerait se faire arracher trois ou
quatre dents ». Seule contrepartie accordée à ses anciens soutiens, Franco
autorisera une division de volontaires, la Division Azul*, à partir sur le front
de l’Est* lutter contre le bolchevisme.

FRANK, ANNE
(1929-1945).
Jeune Juive allemande réfugiée en Hollande*, arrêtée en 1944 et déportée
à Bergen-Belsen* où elle devait mourir.
Avait écrit un journal découvert après sa mort et devenu un best-seller
mondial : Le journal d’Anne Frank.

FRANK, KARL
(1896-1946).
Allemand des Sudètes, nazi de la première heure, promu SS
Gruppenführer en 1939.
Fondateur avec Henlein du parti nazi tchèque. Exerce de fait l’autorité
allemande en Tchécoslovaquie* occupée en tant que secrétaire d’État et chef
de la Police. Ordonne ainsi les représailles contre les villages de Lidice* et
Lezaky après l’attentat contre Heydrich*.
Condamné par un tribunal populaire, est pendu en public à Prague, le
22 mai 1946.

FRASER, BRUCE
(1888-1981). Amiral britannique.
Troisième Lord de la mer de 1939 à 1942.
Puis, commandant en second et commandant en chef de la Home Fleet en
1942, est le vainqueur du Scharnhorst* en décembre 1943. En novembre
1944, il prend le commandement de la nouvelle flotte britannique du
Pacifique*.
A été anobli en 1941.
FRÉDÉRIC Ier
Opération lancée en mai 1942 par les généraux Paulus* et von Kleist*
pour réduire le saillant de Barvenkovo au sud-est de Kharkov*.
Elle se soldera par un incontestable succès allemand.

FRENAY, HENRI
(1905-1988). Officier français.
Le Saint-Cyrien Frenay, breveté de l’École de Guerre, est capitaine dans
les Vosges en juin 1940.
Refusant d’être fait prisonnier, au terme d’un long périple, il parvient à
rejoindre la zone libre. Sans s’opposer, au départ, directement à Philippe
Pétain*, il s’engage dans la voie de la Résistance*. Ayant démissionné de
l’armée en janvier 1941, il lance d’abord des journaux clandestins (Petites
ailes, Vérités), puis un mouvement de Résistance*. Celui-ci, après fusion
avec Liberté de François de Menthon, devient le MLF (Mouvement de
Libération), mieux connu sous le nom de Combat, et plus grand mouvement
de Résistance* de zone sud. Au printemps 1942, Frenay fonde l’AS*, future
pépinière de maquis*, en regroupant les formations paramilitaires.
Soucieux de garder son indépendance politique, il s’oppose à Jean
Moulin* et au général de Gaulle*. Il se montre hostile à la création du CNR*
dans lequel il voit ressurgir les anciens partis.
En novembre 1943, en mission à Alger, il lui est confié le poste de
Commissaire aux prisonniers, déportés et réfugiés du CFLN*. Il sera ensuite
ministre du GPRF*, avec les mêmes attributions, jusqu’en novembre 1945.
Un Compagnon de la Libération*, Pierre de Bénouville, dira de lui qu’« il
fut le Leclerc* de l’intérieur ».
Après la guerre, Frenay écrira ses Mémoires (La nuit finira) et soulèvera
le problème des relations liant Jean Moulin* au Parti communiste (L’énigme
Jean Moulin*).
Compagnon de la Libération*.

FRÈRE, ALBERT
(1881-1944). Général français.
Cet ancien Saint-Cyrien, très courageux combattant de 14-18, commande
en juin 1940 la VIIe Armée.
Son sens de la discipline, sa fidèlité envers Philippe Pétain* expliquent sa
nomination à la présidence du tribunal militaire qui, en août 1940, condamne
de Gaulle* à mort par contumace. Il ne s’en montre pas moins hostile à toute
collaboration avec l’Allemagne* et ne se cache pas pour le dire. En novembre
1942, il accepte de prendre la direction de l’OMA, future ORA*. Chef de
grand prestige, à ce poste il insuffle à tous un esprit de résistance. Se
regardant comme le lieutenant du général Giraud* en France, il évite tous
rapprochements avec les autres mouvements mais donne son accord pour une
entente avec l’AS*.
Bien que se sachant menacé, il refuse de quitter la France* et de rejoindre
l’AFN*, afin de poursuivre sa mission de Résistance*. Arrêté le 13 juin 1943,
il est incarcéré à Fresnes, avant d’être conduit au Struthof où il meurt
d’épuisement, le 13 juin 1944.
Dans la biographie qu’il lui a consacrée, le général Weygand* a écrit en
exergue : « Un chef, un héros, un martyr. »
La promotion 1946-1948 de Saint-Cyr porte son nom.
Grand-Croix de la Légion d’honneur.

FRÈRES DE LA FORÊT
Mouvement nationaliste estonien apparu avec l’occupation soviétique en
1940.
Ses maquis* poursuivront le combat contre l’Armée rouge* après 1945
jusqu’à la fin des années cinquante.

FREYBERG, BERNARD
(1889-1963). Général anglais.
Gagne la Victoria Cross* en 14-18.
À la retraite en 1937, est rappelé pour commander la division néo-
zélandaise. Dirige les forces alliées engagées en Crète* en avril-mai 1941.
Commande ensuite un corps d’armée néo-zélandais en Italie* en 1944.
Butant devant Cassino*, sera le principal instigateur du bombardement de
l’abbaye du mont Cassin*.

FRICK, WILHELM
(1877-1946). Homme politique allemand.
Nazi affirmé.
Promulgue les lois antisémites de Nuremberg* en 1935. Ministre de
l’Intérieur du Reich* de 1933 à 1943, puis Reichsprotector de Bohême et de
Moravie. Accusé au procès de Nuremberg* où il refuse de témoigner, il est
condamné à mort et pendu le 16 octobre 1946.

FRIEDEBURG, HANS VON


(1895-1945). Amiral allemand.
Successeur de Dönitz* à la tête de la Kriegsmarine* en mai 1945. Se
suicidera peu après.

FRIEDENTHAL
Petite localité au nord-est de Berlin où Skorzeny* forme et intruit un
bataillon SS* pour devenir le commando Jagdverband 502 (Groupe de
chasse 502).
Étant donné sa localisation, ce commando prend finalement l’indicatif de
Friedenthal.

FRIESSNER, JOHANNES
(1892-1971). Général allemand.
Après divers commandements, se retrouve au second semestre 1944
commandant du groupe d’armées Sud-Ukraine.
Devant les revers dont il n’est pourtant pas responsable, est démis de ses
fonctions le 22 décembre 1944 et reste sans emploi jusqu’à la fin de la guerre.
Croix de chevalier avec feuilles de chêne.
FROMM, ERICH
(1888-1945). Général allemand.
En juillet 1944, Fromm commande l’armée dite de réserve, c’est-à-dire
les forces armées à l’intérieur de l’Allemagne*.
Il a donné son accord à son chef d’état-major, le colonel von
Stauffenberg*, pour participer au complot qui se trame contre Hitler*. Cet
accord est capital, car Fromm peut déclencher et exécuter Walkyrie*, le plan
qui permet de détenir le contrôle de l’ensemble du pays.
Le 20 juillet, s’étant rendu compte que Hitler* n’était pas mort, pour se
dédouaner il prend les devants. Il fait fusiller quatre des principaux conjurés,
dont von Stauffenberg* et le général Olbricht* et achever Beck* qui a
manqué son suicide. Goebbels*, arrivé sur les lieux, lui reprochera une
précipitation qui le rend suspect.
Arrêté le lendemain, il est exécuté le 2 mars 1945.

FRONT
Dans la terminologie militaire soviétique, équivalent d’un groupe
d’armées.
Au printemps 1944, peu avant que les écluses lâchent, l’Armée rouge*
compte onze Fronts disposés du nord au sud :
— Front de Leningrad (Govorov).
— Front du Volkhov (Meretskov*).
— 1er Front de la Baltique (Bagramian).
— 3e Front de Biélorussie (Tcherniakhovski*).
— 2e Front de Biélorussie (Zakharov).
— 1er Front de Biélorussie (Rokossovsky*).
— 1er Front d’Ukraine (Vatoutine*).
— 2e Front d’Ukraine (Koniev*).
— 3e Front d’Ukraine (Malinovski*).
— 4e Front d’Ukraine (Tolboukhine*).
— Front du Caucase (Eremenko).
Existe également un Front de Carélie à l’extrême nord.
Ces appellations sont largement tributaires des positionnements
géographiques et sont appelées à se modifier. Ainsi il y a eu des Fronts de
Voronej, de Stalingrad*, du Don, etc.
La division soviétique étant très inférieure (moins de 10 000 hommes) à
la division de type occidental, les Fronts soviétiques ne correspondent pas en
effectifs et moyens aux groupes d’armées classiques, qu’ils soient allemands
ou alliés.

FROST, JOHN
(1912-1993). Officier parachutiste anglais.
Commande le coup de main sur Bruneval*, puis un bataillon en Tunisie*,
en Sicile*, en Italie* et à Arnhem* où il anime la résistance et est grièvement
blessé.
Promu général après la guerre.
Order of the Bath, DSO*, Military Cross.

FS
Fighting Knife.
Poignard de combat des commandos britanniques, du nom de ses deux
créateurs, les capitaines Fairbarn et Sykes, instructeurs, qui avaient mis au
point une méthode de combat au corps à corps. Le FS possède une lame en
losange de 17 centimètres.

FT-17 RENAULT
Le plus célèbre char français de 14-18.
Fabriqué par Renault à 3 500 exemplaires. Masse : 7,4 tonnes ; vitesse
route : 8 km/h ; autonomie : 35 km ; armement : un canon de 37 ou une
mitrailleuse ; équipage : 2 hommes.
En accompagnement d’infanterie, le FT-17 sera encore en service dans
l’armée française* en 1940 (en valeur absolue, il en existait encore 2 850 ;
800 environ seront employés).
FTPF (FRANCS-TIREURS ET PARTISANS
FRANÇAIS)
Organisation de résistance armée française d’obédience communiste. Elle
apparaît, au printemps 1942, par la fusion de trois formations armées : le TP
(travail particulier ou travail partisan) de Jules Dumont ; les JC, les
bataillons de la jeunesse d’Albert Ouzoulias ; la MOI (main-d’œuvre
immigrée), dirigée par Conrado Miret-Must.
Au sommet de l’organisation, le CMN (Comité militaire national) réunit
Charles Tillon (commandant en chef), Eugène Henaff puis René Camphin
aux effectifs, Albert Ouzoulias aux opérations, Georges Beyer à l’armement
et au renseignement.
En principe, tout au long de 1942, les équipes de trois ou quatre hommes
se regroupent pour une opération, puis se fondent dans l’anonymat de leur vie
quotidienne. À partir de 1943, apparaissent les premiers maquis*, que les
FTPF voudront de préférence légers et mobiles, portés sur l’action directe.
Outre les militants communistes, leur encadrement est assuré par des officiers
d’active ou de réserve. Tous les maquisards FTPF, du reste, ne sont pas
communistes. Bien des jeunes, sans orientation politique, s’y intègrent sans
arrière-pensée ou orientation politique.
Le 29 décembre 1943, les FTPF signeront l’accord de création des FFI*
dont ils deviendront officiellement une composante. Ils sembleraient, au
printemps de 1944, dénombrer environ 25 000 hommes (chiffres renforcés
durant l’été). Ils seront surtout actifs sur Paris et l’Île-de-France, le Limousin,
la Savoie, les Bouches-du-Rhône et le Sud-Ouest. De nombreux anciens
FTPF rejoindront la 1ère Armée*.

FUCHIDA, MITSUO
(1902-1976). Officier japonais.
Le 8 décembre 1941, le capitaine de corvette Fuchida, décollé du porte-
avions Agaki, conduit la première vague d’attaque sur Pearl Harbor*.
À 7 h 53, il lance le fameux « Tora, Tora, Tora* » pour indiquer à
Nagumo* que l’effet de surprise joue. Revenu sur l’Agaki, il insistera en vain
auprès de Nagumo* pour envoyer une troisième vague.
Le 5 avril 1942, pensant rééditer Pearl Harbor* contre les Anglais, il
mènera un raid sans grands résultats contre Colombo, la flotte britannique,
alertée, étant à 600 km ce jour-là. Fuchida survivra à la guerre et se convertira
au christianisme.

FÜHRER
Titre adopté par Hitler*, suggéré par Goering*, et rendu obligatoire dans
le parti nazi à partir de 1931.
Il n’est, au départ, qu’une analogie avec celui de Duce* utilisé par
Mussolini* en Italie*. Lorsque Hitler* cumule les fonctions de président et de
chancelier en 1934, Führer et Reichskanzler deviennent ses titres officiels.

FÜHRERBEFEHL
Ordre du Führer* qui par conséquent ne se discute pas, surtout dans
l’armée allemande où, plus que dans toute autre armée, « ein befehl ist ein
befehl » (un ordre est un ordre).
Le plus célèbre Führerbefehl est le Haltbefehl du 24 mai 1940 imposant à
la Wehrmacht* de s’arrêter à 20 km de Dunkerque*. Hitler* pense, après
avoir écrasé la France*, pouvoir s’entendre avec l’Angleterre* et refuse de
l’accabler (à moins que la superbe de Goering* ne soit passée par là pour se
donner la gloire d’achever les divisions franco-anglaises avec sa seule
Luftwaffe*).

FUNK, WALTHER
(1890-1960). Économiste et homme politique
allemand.
Se rallie au parti nazi en 1930, et après divers postes dans des ministères,
devient en 1938 inistre de l’ Économie.
Passera en 1939 à la tête de la Reichsbank. Pour son activité en faveur de
l’économie et du régime du IIIe Reich*, sera condamné à la prison à vie par le
tribunal de Nuremberg*. Libéré en mai 1957 pour raisons de santé.
FUSIL
Le fusil, avec baïonnette, Mauser* allemand, Lebel* français,
303 anglais, fut l’arme de base du combattant des tranchées.
Il restera de 1939 à 1945 l’instrument essentiel du fantassin avec
toutefois une évolution. Il tend à se spécialiser : automatique ou semi-
automatique, tir de précision, lance-engins (grenade antichar ou autre). Il est
surtout de plus en plus concurrencé. Pour le combat rapproché, le combattant
lui préfère le pistolet mitrailleur : MP 40* allemand, Sten* anglaise, PPSh
41* russe ou lourde Thomson* américaine. À moins qu’il n’utilise une
carabine plus légère comme la M1* américaine. Chaque armée continue
cependant de doter sa troupe d’un fusil standard aussi solide que rustique
ayant fait ses preuves au fil des ans. Principaux fusils du conflit :

FUSILLÉS
La France, sous l’occupation allemande, déplore 30 000 fusillés.
Parmi les plus connus : Estienne d’Orves*, Gabriel Péri*, Guy Môquet.
Le Parti communiste a 10 000 fusillés (et non 75 000 suivant la propagande
d’après-guerre).
G

GA-1 (GROUPE D’ARMÉES FRANÇAISNo 1)


Le 10 mai 1940, le GA-1 s’aligne de Dunkerque* à Longwy où s’arrête la
ligne Maginot*. Sous les ordres du général Gaston Billotte, il comprend, du
nord au sud, cinq armées dont une anglaise : VIIe Armée française (général
Giraud*) devant Dunkerque* ; BEF* (Lord Gort*) devant Lille ; Ière Armée
française (général Blanchard) de Douai à Maubeuge ; IXe Armée française
(général Corap) devant Charleville-Mézières ; IIe Armée française (général
Huntziger*) de Sedan à Montmédy.
Au total, 41 divisions là où n’existe aucune fortification. En revanche,
50 divisions se massent sur la ligne Maginot*. Quel curieux génie a conduit
Gamelin* à une telle ventilation de ses moyens et à ce schéma
disproportionné ? L’essentiel des forces françaises stationne où les défenses
sont les plus solides. Un élève caporal aurait eu, sans doute, une vision plus
réaliste.
Ce GA-1 est voué à être rapidement disloqué. Dès le 10 mai, son aile
gauche effectue la manœuvre Dyle* et s’enfonce en Belgique*. Son aile
droite (IIe et IXe Armées) est enfoncée sur la Meuse*.
Le 21 mai au soir, le général Billotte est tué accidentellement et remplacé
par Blanchard vite dépassé. À cette heure, le sort du GA-1 est fixé. La percée
allemande sur la Meuse* a atteint la Manche et l’a coupé en deux. Les
éléments engagés en Belgique* se replient et sont condamnés à
l’encerclement ou à une hypothétique évacuation par Dunkerque*.
Avec la destruction du GA-1 et surtout de la 1ère Armée richement dotée,
l’armée française* a perdu le meilleur de ses forces (3 DLM*, 6 DIM sur 7,
1 DINA, 2 DCR*).
GA-2 (GROUPE D’ARMÉES FRANÇAIS No 2)
Le 10 mai 1940, sous les ordres du général Prételat, il couvre la frontière
nord-est de Bâle à Longwy et englobe la ligne Maginot*.
Du nord au sud, il aligne trois armées : 3e Armée, général Condé ; 4e
Armée, général Requin ; 5e Armée, général Bourret.
En dehors de la brève offensive en Sarre, il ne sera que peu sollicité
jusqu’en juin 1940. À partir du 10 juin, l’offensive allemande, en
Champagne, le débordera. Weygand*, le 12 juin, lui donnera alors l’ordre de
battre en retraite. Ses unités, pour beaucoup de forteresse, sont lourdes, peu
manœvrières. Ses 500 000 hommes seront presque tous pris dans la nasse
dans les Vosges. Après celui de Dunkerque*, les Allemands ont réalisé l’un
des plus grands encerclements de l’histoire. N’échapperont à la capture que
des isolés résolus comme le capitaine Frenay*.

GABON, CAMPAGNE DU
Les Trois glorieuses, les 26, 27 et 28 août 1940, assurent à la France
libre* le ralliement de l’AEF*, à l’exception du Gabon, 275 000 km2,
400 000 habitants.
Le 29 août, le gouverneur général Masson annonce vouloir se rallier puis
se désiste. Les Français libres* qui veulent occuper le Gabon, dont ils ont
besoin comme débouché sur l’Atlantique, sont contraints de se battre.
Les opérations commencent à la mi-septembre. Deux colonnes venues du
Cameroun et du Moyen-Congo marchent vers la colonie. La lutte fratricide
devient obligatoire. Le colonel Leclerc*, assisté par les commandants
Koenig* et Parant, prend le commandement d’un ensemble spécifiquement
FFL*. Les Britanniques, échaudés par Dakar*, se sont désistés, se contentant
d’un blocus naval lointain. Au terme d’une série d’affrontements, Libreville,
la capitale, signe sa reddition le 9 novembre. Les combats ont fait 33 tués, 26
côté Vichystes, 7 côté FFL*. La victime la plus notoire est le lieutenant de
vaisseau Bertrand de Saussine, commandant le sous-marin Poncelet, venu de
Dakar* prêter main-forte aux défenseurs. Après avoir fait évacuer son
équipage, il se saborde pour éviter que son bâtiment ne tombe aux mains de
ceux qu’il regarde comme l’ennemi (Masson, s’estimant coupable, se
suicide).
Le sang a coulé entre Français. Après le Gabon, la Syrie* accentuera les
clivages, pour ne pas écrire la haine, entre Vichystes et Dissidents.

GALAHAD
Nom de code donné à une force de volontaires américains, officiellement
5 307e Composite Unit.
Cette force est aussi connue sous l’indicatif, donné par un journaliste, de
Maraudeurs de Merill*, du nom du général Frank Merril*, son chef.
Forte d’environ 3 000 hommes, entraînée à la méthode Chindits*, elle fut
utilisée par Stilwell* lors de la reconquête de la Haute-Birmanie de mars à
août 1944.
L’unité fut dissoute après la campagne et les rescapés transformés en
475e RI. Pour leurs actions, ses membres reçurent 6 DSC, 4 Legions of Merit
et 44 Silver Stars. L’unité obtint une Presidential Unit Citation.

GALICIE
14e Waffen-Grenadier- division der SS Galychina dite division SS
Galicie.
En avril 1943, est lancé en Ukraine* un appel en vue de la formation
d’une division SS*.
100 000 Ukrainiens se portent volontaires ; 30 000 seront retenus. Cette
division composée d’Ukrainiens sera dénommée Galicie pour sauver la face,
subterfuge ne trompant personne. Elle sera en majorité décimée sur le front
de l’Est*, dans la région de Brody, un an plus tard.
L’existence de cette unité slave (donc formée d’« untermenschen* »)
illustre le besoin en hommes du IIIe Reich* et l’hostilité au régime soviétique
du peuple ukrainien.

GALLAND, ADOLF
(1912-1996). Général allemand.
Entre en 1935 à la Luftwaffe*. Combat en Espagne avec la Légion
Condor. Premières victoires en mai 40. Colonel le 8 décembre 1940 avec déjà
40 victoires à son actif. Remplace Molders* tué dans un accident d’avion en
novembre 1941 comme Inspecteur de la chasse. Plus jeune général de la
Wehrmacht* en novembre 1941. Au début de 1945, commande l’escadrille
de Me 262* à réaction. Blessé peu avant la fin de la guerre. Après deux
années de captivité en Angleterre*, se reconvertit dans la vie civile en
Argentine* d’abord, en Allemagne* ensuite. 104 victoires homologuées.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne, glaives et brillants.

GALLIWARE (OU GALLIVARE)


Mines de fer en Laponie suédoise.
Ce fer est exporté par Lulea au fond du golfe de Botnie et surtout par
Narvik* en Norvège*. Lulea étant bloquée par les glaces sept mois de
l’année, l’essentiel part par Narvik*, port constamment libre.
En 1939, l’Allemagne* importe 10 millions de tonnes de minerai de fer
suédois indispensable pour sa sidérurgie. Neuf dixièmes proviennent de
Galliware, d’où l’intérêt du contrôle de Narvik* par l’un ou l’autre camp.
Après la défaite française de juin 1940, les nazis disposeront du fer
lorrain et Galliware perdra une partie de son intérêt stratégique. La Suède*
n’en continuera pas moins à exporter du minerai de fer vers l’Allemagne*.

GALVANIC, OPÉRATION
Nom de code de l’opération menée par les Marines* américains contre
Tarawa* en novembre 1943.

GAMBIT, OPÉRATION
Le vendredi 2 juin 1944, un peu avant minuit, deux petits sous-marins
quittent discrètement Portsmouth.
Remorqués jusqu’à une cinquantaine de kilomètres des côtes françaises,
les X-20 – enseigne de vaisseau Hudspeth – et X-23 – lieutenant de vaisseau
Honour – poursuivent ensuite isolément. Ces deux submersibles de 19 m,
avec 5 hommes d’équipage sélectionnés, partent pour une mission périlleuse.
Ils doivent aller mouiller à quelques centaines de mètres du rivage pour
baliser très exactement les secteurs Sword* et Juno*, difficilement
identifiables depuis le large. Chacun se tiendra à la limite extérieure de son
secteur.
Dimanche 4 juin, vers 23 h. X-20 et X-23 débouchent sur zone et font
surface. Leur navigation a été correcte. Les amers, étudiés avant le départ, se
découpent, reconnaissables à courte distance : clocher et phare de
Ouistreham*, clochers de Langrune et Saint-Aubin. Les deux petits
submersibles se situent bien aux extrémités des plages Sword* et Juno*. Mais
le report du débarquement, appris par radio, impose aux marins de demeurer
vingt-quatre heures supplémentaires sous l’eau dans un habitat plus qu’exigu.
Lundi 5 juin, vers 23 h. Surface. Sortie des antennes. Message radio.
« OK pour Padfoot ! ». L’invasion est en route.
Mardi 6 juin, 4 h 45. Les commandants des X-20 et X-23 soulèvent
l’écoutille de leurs submersibles. Enfin de l’air frais ! Il fait encore nuit. La
grève s’étire à moins de 2 000 m, ourlée d’un liséré blanchâtre bien visible à
l’œil nu. Les 10 marins de l’opération Gambit n’ont plus qu’à déployer leurs
mâts télescopiques avec balises lumineuses vers le large pour guider les
forces G et S. Ici, les erreurs d’orientation qui se produiront à Utah Beach*
n’interviendront pas.
L’opération Gambit a été un plein succès.

GAMELIN, MAURICE
(1872-1958). Général français.
Jusqu’au 10 mai 1940, Maurice Gamelin réussit à faire illusion.
Major de Saint-Cyr, École de Guerre, état-major de Joffre,
commandements élogieux en 14-18, général en 1916, chef-d’état-major de
l’armée (de terre) en 1935, chef d’état-major de la Défense nationale en 1938.
Le généralissime du 1er septembre 1939 jouit d’une bonne réputation. « Notre
Joffre », se plaisent à dire les flatteurs.
L’Histoire retient toutefois qu’en mars 1936, au moment de la
remilitarisation de la Rhénanie, Gamelin est le principal frein à une
intervention militaire française qui aurait fait reculer Hitler*. Deux ans plus
tard, il renouvelle, sanctionnant le général Faucher, attaché militaire à Prague,
qui plaidait en faveur des Tchèques.
Quelques-uns ne sont pas dupes de la valeur réelle du chef de l’armée
française. « Gamelin, c’est une nouille », énonce le capitaine Zeller, futur
grand résistant. « C’est un évêque, ce n’est pas un chef », murmure Paul
Reynaud* qui, au matin du 10 mai 1940, déclare : « Maintenant, on va voir
ce que vaut Gamelin. » Comme beaucoup d’autres, il voit au résultat : une
armée mal préparée, ayant négligé l’arme blindée ; un dispositif général
inadapté ; plus de troupes sur la ligne Maginot* que sur la frontière
Luxembourg-Belgique dépourvue de fortifications ; une absence de réserve
qui stupéfiera Churchill* ; une manœuvre hasardeuse en Belgique*
(opération Dyle*), plaçant l’armée française* en situation d’être frappée de
flanc et coupée (ce qui se produira) ; une inaptitude totale à décider et à
prendre ses responsabilités avec le souci constant de se couvrir auprès des
responsables politiques.
Le 19 mai 1940, dépassé par les événements, le généralissime Gamelin
est relevé de son commandement et remplacé par Weygand*, mais il est trop
tard. Les fautes de ceux qui l’ont nommé à ses hautes fonctions sont au moins
égales aux siennes.
Arrêté le 6 septembre 1940, Gamelin sera l’un des accusés du procès de
Riom. Livré aux Allemands en avril 1943, il sera transféré en Allemagne* et
restera interné au château d’Itter* dans le Tyrol jusqu’à sa libération en mai
1945 par les Américains.
Ses Mémoires, Servir, auront valeur de plaidoyer pro domo peu
convaincant.
Le général Gamelin, intelligent mais manquant de caractère et de fermeté,
sans être le seul, loin de là, apparaît comme l’un des grands responsables de
la défaite de l’armée française* au printemps 1940.
Grand-Croix de la Légion d’honneur.

GAMMON
Grenade britannique no 82 dite Gammon.
Son corps est un petit sac contenant une charge de plastic modulable et
susceptible d’être renforcé de matériaux divers trouvés sur le champ de
bataille (ferraille ou autres). Elle est ainsi très souple d’utilisation.

GARAND
Rifle, Caliber. 30 in M1.
Fusil semi-automatique américain, entré en service en 1937, le premier au
monde. Arme solide et sûre fabriquée durant la guerre à plus de quatre
millions d’exemplaires.
Poids à vide : 4,370 kg ; longueur : 1 m 03 ; calibre : 7,62 mm ; magasin :
8 coups.

GARDE DE FER
Mouvement nationaliste, fasciste et antisémite apparu en Roumanie* en
1930.
Mènera une double action, parlementaire et terroriste, avant d’être
éliminé brutalement, au début de 1941, par Antonescu* qu’il avait soutenu
lors de sa prise de pouvoir en septembre 1940. Durant ses quelques mois dans
les couloirs du nouveau régime, pratiqua une campagne de pogroms et
d’assassinats politiques.

GARIBALDI, DIVISION
Division italienne ayant combattu avec les partisans de Tito*.
Lors de l’armistice italien*, 600 000 soldats italiens se trouvent en
Albanie*, Grèce* et Yougoslavie*. 3 000 sont tués en luttant contre les
Allemands qui fusillent 5 généraux et plus de 200 officiers. Quelques milliers
réussissent à rejoindre le sud de l’Italie*. Des centaines de milliers d’autres
sont faits prisonniers et internés en Allemagne*. Deux divisions, les divisions
Taurinense (13 000 hommes) et Venezia (10 000), rejoignent les partisans de
Tito* et constituent, le 2 décembre 1943, avec d’autres petites unités, la
division Garibaldi forte théoriquement de 6 000 hommes (en fait, plus, le
personnel non utilisé immédiatement assurera les relèves). Cette division, en
liaison avec le gouvernement italien, combat avec les troupes de Tito*,
participant en particulier à la libération de Belgrade* et de Zagreb. Elle sera
rapatriée en mars 1945.
Environ 10 000 Italiens sont tués dans les combats menés avec les
partisans en Yougoslavie*, Grèce* et Albanie*.

GARIGLIANO
Petit fleuve côtier italien, formé par la jonction du Gari et du Liri, un peu
au sud de Cassino*, et se jetant dans la mer Tyrrhénienne dans le golfe de
Gaète.
GARIGLIANO, BATAILLE DU
Les attaques directes contre Cassino*, de janvier à mars 1944, ont
échoué.
Les Alliés* attendent les beaux jours pour la reprise de l’offensive.
Alexander* en profite pour modifier son dispositif, toujours dans la
perspective d’attaquer sur Cassino* et la vallée du Liri. La poche d’Anzio*
renferme maintenant six divisions. Le reste de la Ve Armée ripe sur sa
gauche. Le IIe CA US tient toujours le secteur côtier de la mer Tyrrhénienne
avec sur sa droite le CEF* qui relève les Britanniques du Xe CA sur le
Garigliano. À partir du confluent du Liri, jusqu’à l’Adriatique, s’étale la VIIIe
Armée britannique.
Au total, 25 divisions alliées, renforcées de groupements de toute nature,
se disposent à engager l’offensive de printemps. Contre elles, Kesselring*
aligne 22 divisions en deux armées : XIVe de Mackensen enserrant Anzio* et
couvrant Rome ; Xe de Vietinghoff, gardant la ligne Gustav*. Apparemment,
le rapport des forces est équilibré. Il n’en est rien. Les DI allemandes ne
comptent que 6 bataillons contre 9. Les effectifs théoriques ne sont jamais
atteints. La puissance de feu des Alliés est impressionnante, leur supériorité
aérienne écrasante.
Alexander*, Clark* et Leese* (successeur de Montgomery* à la
VIIIe Armée) ne veulent pas en démordre : la clé du problème passe par la
vallée du Liri. La future offensive s’y engouffrera après conquête de deux
môles bien connus : mont Cassin*, au nord, mont Majo, au sud, le premier à
la charge des Polonais, le second des Français.
En reconnaissant ses nouvelles positions sur la tête de pont à l’ouest du
Garigliano, Juin* a vite discerné les perspectives que lui offrait le terrain
s’étageant devant lui : mont Majo et ses 940 m, préliminaire indispensable,
puis les monts Aurunci avec la pyramide du Petrella (1 535 m) en bastion
avancé. Les Allemands, eu égard aux difficultés naturelles du site, ne doivent
pas occuper spécialement ce massif dépourvu de routes. Un tel relief offre un
parcours privilégié pour les troupes de montagne du CEF*. S’enfoncer dans
les monts Aurunci est donner une autre envergure à la manœuvre. C’est
renouer avec la percée des Allemands dans les Ardennes* : attaquer en
secteur peu défendu car jugé impénétrable. Au terme, c’est enfoncer la ligne
Gustav*, déborder les défenses du Liri et de la côte et amener leur
effondrement par crainte d’un enroulement.
Le 4 avril, Juin* adresse à Clark* un « Mémoire sur les futures opérations
du CEF* dans les monts Aurunci ». Il n’est jamais facile de vouloir paraître
plus doué que ses supérieurs. Juin* le perçoit bien. Mais Clark*, Alexander*,
se laissent séduire. Puisque les Frenchies se font fort de traverser le massif
montagneux, ravitaillés par leurs mulets, la Royale Brêle Force*, pourquoi
pas ? S’ils réussissent, ils faciliteront la progression du XIIIe CA dans la
vallée du Liri et du IIe CA US sur la côte. Car, évidemment, les coups de
poing sur Monte Cassino* et Cassino* sont maintenus.
Il est un aspect de ce plan Juin* qui gêne les généraux anglo-américains.
Si les Français parviennent à leurs fins, ils apportent certes la victoire à la
collectivité, mais ils devancent tout le monde. Ils risquent alors de se trouver
en position d’entrer les premiers à Rome*.
Le 11 mai 1944, à 23 h, 2 000 bouches à feu tonnent du Rapido à la mer
Tyrrhénienne. À minuit, les Ve et VIIIe armées s’ébranlent. Seule exception,
les Français ont démarré à 23 h pour créer la surprise.
L’offensive piétine partout. Les Français, attaquant dans le noir absolu,
connaissent le sort de tous. La 2e DIM, chargée de l’effort principal, est
sérieusement accrochée sur le Faito, un peu au sud-est du mont Majo.
Au jour, Juin*, se porte aux avant-postes. Le commandant du CEF* voit
et juge :
« Ça a raté, mais ils sont aussi fatigués que nous. On remet ça demain
matin avec une préparation de toute l’artillerie. Ça collera ! »
Il a raison. L’artillerie poursuit son matraquage. Le 13, à 4 h, la 2e DIM
repart de l’avant, escaladant les flancs du mont Majo. Dans l’après-midi, le
succès s’affirme partout devant les divisions françaises. Un immense drapeau
tricolore flotte sur le mont Majo. Il se voit de la vallée.
La rupture du front est acquise mais, pour l’heure, chez les Français
uniquement. Au plan Juin* de se développer à fond. Le corps de montagne
prévu à cet effet – 4e DMM et Tabors – passe à l’action. Le 14 après-midi, il
aborde les pentes du Petrella et s’élance pour chevaucher les crêtes. Le
Petrella est enlevé le 15, le mont Revole (1 367 mètres) le 16. « Zidou
l’gouddam » (« En avant ! »), hurle Guillaume* à ses goumiers qui avalent
les îlots de résistance et les dénivelées. La ligne Hitler* est forcée. Sur la
droite du corps de montagne, la 3e DIA* et la 2e DIM forcent les contreforts
dominant la vallée du Liri. La 1ère DFL* peut pousser ses blindés.
Le 17 mai, la rocade Itri-Pico est sous le feu des Français qui se trouvent
désormais à 40 km à l’ouest du Garigliano*. La furia francese a tout balayé,
alors que Britanniques et Polonais se heurtent toujours à la résistance
intraitable des parachutistes à Cassino* et Monte Cassino*. Ligne Gustav*,
ligne Hitler*, sont percées. La situation d’ensemble ne va pas tarder à s’en
ressentir.
Devant l’évolution de la bataille, Kesselring* achemine des renforts mais
le sort en est jeté. L’avance française est trop dangereuse. Le 17, le maréchal
allemand donne un ordre de repli au front de Cassino*. Le champ est libre
devant les Britanniques et les Polonais.
Le 18 mai, à 10 h 20, une patrouille du 12e régiment de lanciers polonais
plante le drapeau blanc et rouge au sommet des ruines de l’abbaye. Sa prise
éclate comme une formidable victoire alliée au terme de quatre mois de lutte.
Cassino*, également abandonnée, est occupée le même jour par la 4e division
anglaise.
À cette heure, le CEF*, Guillaume* en tête, est loin. La rocade Itri-Pico
est dépassée. Le corps de montagne pénètre dans les monts Ausoni. Pico
tombe le 22 mai, après de violents combats menés par la 3e DIA*.
Plus que jamais, Juin* voit clair. Il prescrit à son aile droite, 3e DIA et
1ère DFL*, de se porter sur San Giovanni au confluent du Liri et du Secco (le
Liri s’infléchit vers le nord, le Secco prolonge sa vallée en direction de
Rome). Il sera alors en mesure de couper la Via Casilina et de barrer la
retraite à l’ennemi.
Mais Alexander* veille. La Via Casilina est réservée aux Britanniques,
pour qu’ils parviennent à Rome, même si, présentement, ils n’avancent qu’au
pas. Le CEF* ne doit pas descendre dans la vallée du Secco. La Xe Armée
pourra continuer sa retraite.
La victoire française au Garigliano*, victoire ayant permis de faire sauter
les verrous de Cassino* et Monte Cassino*, va maintenant déboucher sur une
âpre rivalité entre Américains et Britanniques pour acquérir l’honneur
d’entrer les premiers dans Rome*.

GAULEITER
De gau, région au sens politique et leiter, chef.
Les régions occupées par le Reich*, ainsi en Alsace-Lorraine*, en
Pologne*, en Autriche* etc., sont dirigées par un gauleiter.

GAULLE, CHARLES DE
(1890-1970). Général et homme politique français.
Saint-Cyrien (Fez, 1909-1912), capitaine en 1915, blessé, fait prisonnier ;
au lendemain de la Grande Guerre, est durant quelques années le nègre de
Philippe Pétain* ; se fait remarquer par ses écrits et en particulier par Vers
l’armée de métier (1934), où il prône le recours à une force blindée.
Non suivi par sa hiérarchie mais soutenu par Paul Reynaud* qui s’affirme
son protecteur.
Au lendemain de la déclaration de guerre, il commande les chars de la
Ve Armée, où il retrouve de Lattre* qui assume les fonctions de chef d’état-
major.
Nommé à la tête de la 4e DCR*, il se bat à Montcornet* et surtout à
Abbeville*. Ici comme là, la modestie de ses moyens lui permet, à peine, de
contenir l’adversaire.
Le 23 mai 1940, il est promu général de brigade à titre temporaire. Cette
promotion préserve son avenir. Cinq galons, il n’aurait fait figure que de
colonel de pronunciamento sud-américain. Général, il prend une autre stature.
Dès lors, son destin s’accélère. Le 6 juin, Paul Reynaud* l’appelle au
gouvernement comme sous-secrétaire d’État à la Guerre. Fonctions
éphémères auxquelles le gouvernement Pétain* mettra un terme le 16, mais
qui lui permettront d’approcher Churchill*.
Le 17 juin, dans l’avion du général anglais Spears, il part pour Londres et
le lendemain lance son célèbre Appel où il affirme refuser l’armistice et incite
à se serrer autour de lui pour continuer la lutte.
Son livret matricule enregistre alors quelques décisions sans portée
pratique. Le 22 juin, il est rétrogradé colonel ; le 23 juin, il est mis à la
retraite d’office ; le 2 juillet, il est condamné à quatre ans de prison par le TM
de Toulouse ; le 2 août, le TM de Clermont-Ferrand le condamne à mort par
contumace. Le 8 décembre, il sera déchu de la nationalité française. Ce sont
là jeux d’écriture car l’essentiel est ailleurs. À Londres, en l’occurrence, dans
l’immédiat.
Churchill, qui lui a permis de s’exprimer le 18 juin, l’accepte, faute de
mieux, comme chef des Français libres. Son combat désormais s’associe à
celui de la France libre* avec ses hauts et ses bas : Catapult*, ralliement de
l’AEF*, Dakar*, Gabon*, BFLO*, Syrie*, Saint-Pierre-et-Miquelon*.
Au printemps 1942, la France libre* devient la France combattante*. Son
chef a pris rang sur la scène internationale même si ses moyens militaires
demeurent limités. Bir-Hakeim*, du moins, révèle avec éclat le sens du
combat mené par Charles de Gaulle.
Le débarquement en AFN* lui échappe et durant quelques semaines il
peut craindre d’être mis hors course. L’assassinat de Darlan*, le
commandement civil et militaire de Giraud* lui écartent ce risque d’autant
que sa position personnelle s’affermit. La Résistance intérieure*,
globalement, le suit. Le peuple de France commence à voir son nom
synonyme de Libération*.
Devenu, avec Giraud*, coprésident du CFLN* créé le 3 juin 1943 à
Alger, il n’a de cesse d’éliminer celui qui se pose en rival. Le 9 novembre, il
devient unique président du CFLN* et est en mesure d’apparaître comme le
seul libérateur du pays.
C’est ainsi qu’il se présente au peuple de Paris, le 26 août 1944, étant
devenu entre-temps président du GPRF* remplaçant le CFLN*. Son autorité
est reconnue non seulement par la majorité de ses compatriotes mais
également par les Alliés.
Le fin du conflit le voit tenter de redonner son rang à la France*, d’où ses
déplacements aussi bien en métropole qu’à l’étranger.
Le 20 janvier 1946, il démissionne, persuadé être rappelé dans un avenir
très proche. Sa traversée du désert durera douze ans avant que le drame
algérien ne le tire de sa retraite. Il sera président de la République de 1959 à
1969.
Personnage dominant de la vie nationale française – avec Pétain* –
durant la Seconde Guerre mondiale, Charles de Gaulle ne saurait laisser
indifférent.
Ses fidèles saluent l’homme du 18 juin, le rassembleur des énergies
nationales en vue de la Libération*, le visionnaire qui prend des décisions en
conséquence, le patriote inflexible se battant pour relever son pays malgré ses
relations difficiles avec les Alliés*, le chef de gouvernement qui parvient – en
dépit des apparences – à écarter le communisme.
Ses détracteurs soulignent sa superbe, sa soif de pouvoir, son
machiavélisme, son esprit rancunier et son sectarisme pour dénoncer et
châtier tous ceux qui ne se sont pas ralliés à lui.
À chacun, en conscience, de trancher. En toute équité, il est, toutefois,
juste d’affirmer que son appel du 18 juin 1940 a permis à la France* de
figurer, en 1945, dans le camp des vainqueurs de la Seconde Guerre
mondiale.

GAVIN, JAMES
(1907-1990). Général américain.
Cet ancien de West Point* est, avec Ridgway*, l’un des plus célèbres
généraux parachutistes américains.
Il avait du reste été surnommé le jumping general.
Après avoir commandé le 505e régiment parachutiste et sauté en
Normandie* comme commandant en second de la 82e Airborne*, il prend le
commandement de cette 82e Airborne* avec laquelle il participe à l’opération
Market Garden*, à la bataille des Ardennes*, à la campagne d’Allemagne*.
Il est le plus jeune général de division américain.
Après avoir quitté le service en 1959, il sera ambassadeur des États-Unis*
en France*.

GEBIRGSKORPS
Corps de montagne allemand composé principalement d’Autrichiens.
Son chef jusqu’à sa mort en 1944, le général Dietl*, est lui-même
autrichien.
Le Gebirgskorps se battra principalement en Norvège (Narvik*) et en
Laponie.

GEMBLOUX
Commune de Belgique* à environ 40 km au sud-est de Bruxelles.
Du 13 au 15 mai 1940, la 1ère Division marocaine du général Mellier,
arrivée à marches forcées, soutenue par la 15e DIM du général Juin*, fait
front aux 3e et 4e PD*. Multipliant les contre-attaques sans souci des pertes,
les 1er, 2e et 7e RTM retiendront l’adversaire avant de devoir se replier suite à
la percée allemande sur la Meuse.

GEORGE CROSS
Décoration britannique, instituée le 24 septembre 1940 par le roi George
VI* pour récompenser les actes de courage des personnels civils et militaires.
Elle se porte immédiatement après la Victoria Cross*. Son ruban bleu
supporte une croix en argent.
L’île de *Malte*, pour sa résistance héroïque, se voit attribuer la George
Cross. Les Maltais, flattés mais affamés par le siège, ont ce mot : « Mais la
George Cross, elle ne se mange pas. » Cette George Cross apparaît
aujourd’hui sur le drapeau maltais.

GEORGE VI
(1895-1952). Roi d’Angleterre de 1936 à 1952.
Durant la Seconde Guerre mondiale, symbolisera l’unité nationale en
restant près de son peuple dans l’épreuve et soutiendra Winston Churchill*,
le grand artisan de la lutte contre le nazisme*.

GEORGES, ALPHONSE
(1875-1951). Général français.
Au terme d’une carrière militaire brillante, le général Georges se voit
confier par Gamelin* le théâtre d’opérations nord-est, c’est-à-dire
pratiquement le gros de l’Armée française*.
C’est cependant un homme diminué auquel incombe une telle
responsabilité. En 1934, il a été très grièvement blessé lors de l’attentat qui a
coûté la vie au roi Alexandre Ier de Yougoslavie*. Séquelles de ses
blessures ? Le commandant du théâtre nord-est se montre totalement dépassé
par les événements devant l’invasion allemande de mai 1940.
Mis à la retraite en août 1940, il se tient à l’écart de Vichy* et refuse la
collaboration*. Après le débarquement du 8 décembre 1942, il conseille en
vain à Pétain* de gagner Alger. En avril 1943, Churchill*, avec lequel il
entretient des relations amicales, assure son départ de France* par avion.
Ayant gagné Alger, il fait équipe avec Giraud* et intègre le CFLN* comme
commissaire d’État. Fidèle à Giraud*, il démissionne lorsque celui-ci est
écarté du pouvoir et se retire de la vie politique et militaire.

GEORGES II DE GRÈCE
(1890-1947). Roi des Hellènes de 1922 à 1923, de
1935 à 1944, de 1946 à 1947.
Après un long exil, revient en Grèce* en novembre 1935 et soutient le
régime dictatorial du général Metaxas*.
En avril 1941, devant l’invasion allemande, quitte son pays pour Londres
puis Le Caire, où il s’efforce de constituer un gouvernement grec en exil
soutenu par les Britanniques. À la Libération* de son pays, en octobre 1944,
devant les oppositions à sa personne et à la monarchie, la régence est confiée,
le 30 décembre, à Monseigneur Damaskinos*, archevêque d’Athènes. Le
référendum – suspect – du 27 septembre 1946 lui permettra de rentrer en
Grèce* et de rétablir la monarchie. Décédera six mois après.

GEORGES, PIERRE
(1919-1944). Résistant français.
Plus connu sous le nom de colonel Fabien*.
Très jeune, adhère aux Jeunesses communistes ; puis se bat en Espagne
avec les Brigades internationales. Ses trois blessures y attestent de son
courage. Fidèle au PC, il est arrêté le 3 décembre 1939 et parvient à s’évader
en juin 1940 lors d’un transfert. Après l’armistice, clandestin, il continue de
militer et passe à la lutte armée contre les Allemands au lendemain de
Barbarossa*. Il est alors Fredo. Payant de sa personne, il abat, au métro
Barbès, l’aspirant Moser, le 21 août 1941. Envoyé en province, il est blessé
au cours d’un affrontement avec les gendarmes. Revenu à Paris, il est arrêté
le 30 novembre 1942 et livré aux Allemands. En mai 1943, il parvient à
s’échapper et regagne la province où il effectue plusieurs missions. De
nouveau à Paris, chef des FTP* du sud de la Seine, il participe activement à
la Libération* de la capitale. Devenu le colonel Fabien, il constitue ensuite
une colonne de volontaires FTP*, la brigade de Paris, qui rejoint la 1ère
Armée*. Il trouve la mort accidentellement le 27 décembre 1944, à
Habsheim, près de Mulhouse, en manipulant une mine RMI antichars piégée.
Fidèle à lui-même, il avait l’intention de fabriquer une « machine infernale »
qu’il comptait placer en un point de passage obligé des Allemands.
Ce chef jeune, alerte, d’un courage exceptionnel, avait beaucoup
d’ascendant sur ses hommes.
Pour les communistes, il est devenu le légendaire colonel Fabien.

GESTAPO
Geheime Staatspolizei – Police Secrète d’État.
Police politique, créée en Prusse le 26 avril 1933 par Hermann Goering*,
alors ministre de l’Intérieur de Prusse. Elle prend la suite d’une police
politique instituée en 1919 pour lutter contre les communistes. Passe sous le
contrôle de Himmler* et des SS* en 1934. Devenue la seconde branche de la
Sipo, en 1939, elle s’intègre au RSHA*, en tant qu’AMT IV.
Siège à Berlin, Prinz Albrecht Strasse.
Elle comprenait plusieurs départements :
A : ennemi.
B : sectes et églises. Le B4, dirigé par Adolf Eichmann*, s’occupait des
Juifs.
C : administration.
D : territoires occupés.
E : contre-espionnage.
F : police des frontières.
Couvrant l’Allemagne* et les territoires occupés par le Reich* pour
traquer les opposants au régime, elle laisse derrière elle un terrible sillon de
sang et d’atrocités. Tomber entre ses mains était synonyme des pires tortures.
Elle a été reconnue criminelle par le Tribunal international de Nuremberg* et
condamnée.
Son chef, de 1935 à 1945, Heinrich Muller*, a disparu en 1945.

GEWEHR 41 (G 41)
Fusil semi-automatique allemand sorti en 1941, utilisé en petit nombre
sur les fronts russe et italien où il n’eut qu’un succès mitigé.
Poids : 4,980 kg ; longueur : 1,130 m ; calibre : 7, 92 mm ; magasin :
10 coups-chargeur fixe.

GEWEHR 43 (G 43)
Fusil semi-automatique allemand, version améliorée du G 41.
Il est un peu plus léger (4,330 kg) et possède un chargeur amovible.
Conçu comme arme de tireur d’élite, il est utilisé sur tous les fronts mais en
petit nombre.

GHETTO
En Pologne*, dans les États baltes* et en Russie occupée, les Allemands
imposent le retour à la pratique du ghetto pour regrouper la population juive.
Les principaux seront ceux de Lwow, Vilna, Cracovie, Lublin*,
Varsovie*. Les conditions de vie y sont effroyables et ces ghettos ne sont, à
partir de 1942, que des antichambres des camps d’extermination* et de
travail. Certains tenteront de se soulever, dont, en avril 1943, celui de
Varsovie*.

GI (GOVERNMENT ISSUE)
Simple soldat américain. L’origine General Issue ou Galvanized Iron
(boîte de conserves) est encore avancée.

GIBRALTAR
Possession britannique depuis 1704, la pointe rocheuse de Gibraltar
verrouille l’entrée occidentale de la Méditerranée*, d’où son importance
stratégique.
Les Anglais l’ont transformée en forteresse, creusant 40 km de galeries
pour y abriter des dépôts et des retranchements. Les déblais permirent la
construction d’une piste d’aviation.
Après la chute de la France*, Hitler* souhaite s’en emparer (opération
Felix). Le refus de Franco* de laisser la Wehrmacht* traverser librement le
territoire espagnol ne lui permit pas de mener à bien ses projets.
Gibraltar, base-escale de navires de guerre et marchands, est bombardée
par les Italiens, attaquée par mer par les commandos de la Decima MAS*. En
novembre 1942, Eisenhower* y installe son PC avant le débarquement en
AFN*. Le général polonais Sikorski* y trouvera la mort au décollage de son
avion en 1943.

GIDEON, FORCE
Force organisée par le lieutenant-colonel Wingate*.
Forte de 50 officiers et 20 sous-officiers britanniques, de 800 Soudanais
et 800 Éthiopiens, elle mène, en 1941, en Éthiopie*, une guérilla audacieuse
et d’une grande habileté contre l’armée italienne. Elle escortera Hailé
Sélassié* lors de son retour à Addis-Abeba en mai 1941.

GILBERT, ARCHIPEL DES


Archipel du Pacifique occidental*, au sud-est des Marshall* et nord-est
des îles Salomon*, centré sur l’équateur.
Colonie britannique, l’archipel est occupé par les Japonais au lendemain
de Pearl Harbor* et représente leur avance extrême vers l’est.
Dans la perspective de la reconquête des Marshall*, les Américains ont
besoin d’écarter une menace de flanc en provenance des Gilbert. Ce souci
débouchera sur les attaques contre Mainkin* et surtout Tarawa* en novembre
1943.

GIRAUD, HENRI
(1879-1949). Général français.
Le Saint-Cyrien Giraud est d’abord un glorieux soldat.
Fait prisonnier en 14-18, il s’évade. Il renouvellera l’exploit en avril 1942
en s’évadant de la forteresse de Koenigstein.
Le « combattant de la Grande Guerre », le « baroudeur du Maroc »,
promu général d’armée, commande en mai 1940 la VIIe Armée qui a mission
de soutenir les Hollandais. Devant la débâcle, sur la Meuse*, de la IXe Armée
du général Corap, il est désigné pour remplacer celui-ci. C’est alors qu’il est
fait prisonnier, se trouvant comme toujours aux avant-postes.
Après son évasion et son arrivée en zone libre, il accepte volontiers les
offres américaines pour prendre le commandement en chef des forces alliées
sur le théâtre des opérations, où combattront les forces françaises.
Parallèlement, pour être tranquille, il signe une lettre d’allégeance à Pétain*.
Geste maladroit que de Gaulle* ne manquera pas de clamer.
Enlevé par sous-marin, le 4 novembre 1942, il gagne Gibraltar* puis
Alger, où il n’arrive que le 9 novembre. Il a la fâcheuse surprise, à Gibraltar*,
de découvrir qu’il n’est rien et, à Alger, qu’il est mal reçu. L’intervention de
Juin* lui permet d’obtenir le commandement en chef des forces françaises
d’Afrique du Nord*. L’assassinat de Darlan*, le 24 décembre 1942, le
propulse au premier rang. Il devient commandant en chef civil et militaire, à
la tête de forces et de territoires (AFN*, AOF*) importants. À Anfa*, en
janvier 1943, il obtient l’accord de Roosevelt* pour réarmer l’Armée
d’Afrique* qui se bat en Tunisie*. Face à Pétain* tributaire de Laval* et des
Allemands, à de Gaulle* aux moyens militaires limités, il fait à cette heure
figure de numéro un français.
Devant lui se dresse de Gaulle* appuyé par Churchill* et bientôt par la
Résistance* intérieure. Se dressent aussi contre lui son inexpérience politique
et ses bévues. Talonné, il compose et accepte une présidence bicéphale, avec
de Gaulle*, du Comité Français de Libération Nationale*. À ce poste, il se
consacre au réarmement militaire et à la Libération* de la Corse*.
Très critiqué par l’équipe gaulliste, il est écarté de la coprésidence du
CFLN* en novembre 1943 et en avril 1944 voit supprimer ses fonctions de
commandant en chef.
Retiré, il est victime d’un attentat mystérieux dont les commanditaires
restent incertains.
Rentré en France* le 1er octobre 1944, il sera élu député en 1946 et
maintenu en activité de service sans limite d’âge.
Ce soldat courageux – « miles gloriosus », ironisait de Gaulle* – a
manqué les grandes marches de l’Histoire. Son courage, son patriotisme
incontestable, quelques événements fortuits – l’assassinat de Darlan*, par
exemple – l’ont hissé en quelques semaines au premier rang. Mais il avait
devant lui trop forte partie. Son duel avec de Gaulle* est celui de Machiavel
contre don Quichotte. Il reste à son actif, outre son passé militaire, la victoire
en Tunisie*, la Libération* de la Corse*, le réarmement de l’Armée
française*.
Il eut la douleur d’apprendre la mort de sa fille déportée en Allemagne*
avec ses quatre enfants.
Grand-Croix de la Légion d’honneur. Médaillé militaire.

GIRONDE, COMMANDO DANS LA


Les Allemands utilisent les quais de Bordeaux pour réceptionner des
produits essentiels à leur effort de guerre, caoutchouc, tungstène, huiles, etc.,
qu’apportent des cargos rapides.
Ceux-ci par leur vitesse échappent aux sous-marins. Des bombardements
ont été effectués sans résultats. Des hommes doivent donc aller sur place
détruire les cargos qui échappent au blocus allié.
Le 1er décembre 1942, dix fusiliers marins embarquent à bord du sous-
marin Tuna. Depuis des semaines, ils se sont entraînés à naviguer par tous les
temps dans des kayaks biplaces.
Le 7 décembre, vers 19 h 30, le Tuna fait surface à 12 milles de l’estuaire
de la Gironde. Les dix fusiliers se glissent dans leurs esquifs, longs de 4,8 m,
bourrés d’armes et de bombes collantes. Le capitaine Hasler, 28 ans,
commande ce petit groupe d’intrépides qui doit remonter la Gironde et aller
fixer les bombes collantes sur les cargos à quai à Bordeaux.
Ces petits kayaks bien frêles, qui tanguent sur l’océan, ont adopté des
indicatifs en rapport avec l’univers aquatique dans lequel ils sont appelés à
évoluer : Catfish (poisson-chat), Coalfish (Colin), Crayfish (Écrevisse),
Cuttlefish (Seiche), Conger (Congre).
Le Colin, le premier, sombre dans les remous à l’entrée de l’estuaire. Ils
ne sont bientôt plus que deux à pagayer de nuit vers Bordeaux, se cachant de
jour dans les îles ou sur les rives.
Le 11 décembre au soir, les deux kayaks sont en vue de Bordeaux. Dans
le port, les navires sont en déchargement à la lueur de lampes fixées en tête
de mâts. Les quatre fusiliers se répartissent leurs bombes à retardement de 9
h. Quatre chacun.
Le capitaine Hasler et son coéquipier Sparks parviennent à plaquer leurs
engins sur trois cargos et un pétrolier, leurs deux camarades, sur deux
seulement.
Il faut rentrer. Le retour est prévu par couple, via l’Espagne*. Les quatre
hommes se séparent. Cinq mois plus tard, Hasler et Sparks seront à Londres.
Aidés par la Résistance française*, ils ont pu gagner l’Espagne*. Après la
guerre, on apprendra que leurs camarades, faits prisonniers, avaient été
fusillés. Deux s’étaient noyés. Le commando dans la Gironde s’affirme l’un
des plus beaux exemples d’héroïsme et de résistance physique de la Seconde
Guerre mondiale.
Six bâtiments ennemis coulés.

GISEVIUS, HANS BERNT


(1904-1971). Juriste allemand.
Opposant farouche au nazisme dès 1933.
Vice-consul en Suisse* durant la guerre, travaille avec l’Abwehr* et
l’OSS*. Participant actif au complot du 20 juillet 1944, parvient à échapper
aux poursuites. Témoigne à charge à Nuremberg*.
À écrit ses souvenirs sur la Résistance allemande* : Jusqu’à la lie, 2
tomes, éd. Calmann-Lévy, Paris, 1949.

GKO (GOSUDARSTVENNV KOMITET


OBORONY – COMITÉ D’ÉTAT POUR LA
DÉFENSE)
Organisme soviétique de direction de la défense. Essentiellement civil,
composé de personnalités jugées sûres, il est présidé par Staline* et
comprend, en juin 1941, Molotov*, vice-président, Beria*, Malenkov,
Vorochilov*. S’y adjoindront, par la suite, Mikoya, Boulganine,
Kaganovitch, Voznesensky.

GLACE, ROUTE DE LA
Depuis septembre 1941, Leningrad* est encerclée.
Elle serait complètement coupée de l’extérieur s’il n’y avait pas le
Ladoga*. La XVIIIe Armée allemande l’atteint à Schlüsselburg, isolant ainsi
les assiégés de l’arrière-pays. Mais, hormis ce point d’amarre allemand, les
rives du lac sont soviétiques. Elles évitent l’asphyxie totale de la ville.
Une ligne de chemin de fer, la voie ferrée d’Octobre, a été construite au
milieu des forêts et des marécages. Elle débouche sur le Ladoga*, gelé sur
une épaisseur de 20 cm et qui atteindra 90 cm en janvier. Longue de
35 kilomètres, cette route est une épopée. 400 camions l’empruntent, bravant
le blizzard, la neige, les crevasses, les bombes de la Luftwaffe*. De loin en
loin, des panneaux portent des slogans pour encourager les chauffeurs : « La
Patrie et Leningrad* n’oublieront jamais votre effort. »
Cette liaison par le Ladoga* a évité le pire. Tout au long de 1942,
Leningrad* a pu recevoir des secours. 1 800 tonnes de vivres par jour en
moyenne.

GLEIWITZ, INCIDENT DE
Hitler* veut la guerre et il a besoin d’un prétexte pour envahir la
Pologne* dans un premier temps.
Le 5 août 1939, Heydrich*, le tout-puissant chef du SD*, ordonne à l’un
de ses hommes de main, le dénommé Alfred Naujocks*, de monter une
simili-attaque contre l’émetteur radio de Gleiwitz (aujourd’hui, Gliwice en
Pologne*), à 150 km au sud-est de Breslau (aujourd’hui, Wroclaw).
Le 31 août, à 19 h, après plusieurs reports, Naujocks* et ses comparses
déguisés en soldats polonais font irruption dans la station radio. L’arme à la
main, ils en prennent possession et Naujocks* lit à l’antenne un texte
provocateur préparé à l’avance :
« Les dirigeants allemands précipitent l’Europe dans la guerre. La pacifique Pologne* est
menacée. Hitler* doit être écrasé à tout prix. Dantzig* est polonais. »

Pour faire plus vrai, Naujocks* avant de s’enfuir laisse sur place un
cadavre. Un malheureux Polonais abattu peu avant et censé avoir été tué par
la réaction de la police allemande.
Hitler* tient son casus belli. Moins de 12 heures après l’action contre la
station de Gleiwitz, les chars allemands franchissent la frontière, tandis que la
presse nazie se déchaîne. 15 ans après, Naujocks*, rescapé de la Seconde
Guerre mondiale, rapportera les dessous de l’incident de Gleiwitz.

GLEN
Ainsi nommé par les Américains. Hydravion monomoteur japonais
Yokosuka E14 Y1.
Envergure : 11 m ; poids au décollage : 1 450 kg ; autonomie : 880 km ;
vitesse : 245 km/h ; équipage : 2 hommes.
En 1942, l’un de ces E14 Y1, parti d’un sous-marin 128 avec quatre
bombes au phosphore de 75 kg – donc sans passager –, atteindra l’Oregon et
tentera de déclencher des incendies de forêts. La tentative, sans grands
résultats pratiques, aura un gros impact psychologique. Elle sera le seul
bombardement du territoire nord-américain durant la guerre.

GLIÈRES, PLATEAU DES


À une quinzaine de kilomètres au nord-est d’Annecy, le plateau des
Glières, est un vaste quadrilatère d’une bonne vingtaine de kilomètres de
pourtour, à 1 500 m d’altitude moyenne.
La montagne des Frettes le barre en diagonale et la montagne des Auges
se dresse en parapet à l’est. Entre, une large cluse dégagée et à peu près plane
s’étale sur environ cinq kilomètres de long et un peu moins de deux de large.
Cet espace dénudé assure une zone de largage bien identifiable et de bonnes
dimensions.
Les chefs locaux de la Résistance* décident d’y installer au départ un
centre de parachutage puis, sous l’influence du BCRA*, un môle de maquis*
face à l’occupant. Les circonstances précipitent la concentration de
maquisards. Le 30 janvier 1944, GMR*, gardes mobiles, Milice* investissent
en masse la Haute-Savoie. De Londres, Maurice Schumann, le porte-parole
de la France combattante*, les 6 et 7 février, appelle tous les Savoyards au
combat. À Londres, les responsables français désirent établir une poche de
fixation. De Gaulle* a à l’esprit ce qui se passe chez Tito* en Yougoslavie*.
Il appartient au Saint-Cyrien Théodose Morel*, Tom dans la
clandestinité, vingt-huit ans, et commandant des maquis AS* de Haute-
Savoie, de diriger le réduit des Glières. Ils seront 465 au total derrière lui sur
le plateau : maquisards savoyards dans l’ensemble avec 56 Espagnols et une
centaine de FTP* qui, malgré les ordres, ont tenu à partager le sort de leurs
camarades AS*-ORA*. Patriote ardent, Tom insuffle à ses hommes l’ardeur
de « Vivre libre ou mourir ».
Ce rassemblement aux Glières ne pouvait pas passer inaperçu. Les
Glières défient Vichy* et l’occupant. Dès les premiers jours de février, gardes
mobiles, GMR*, miliciens*, gendarmes se pressent autour des Glières. Des
accrochages se produisent autour du réduit. Il y des pertes de chaque côté.
Puis un certain statu quo s’établit. Il se produit même quelques rencontres
entre chefs. Mais pour les maquisards pas question de transiger.
Dans la nuit du 15 février, la RAF* largue 54 containers. Les Glières ont
enfin des armes. Ils en ont besoin, 3 000 hommes se massent autour du
plateau.
Darnand*, trouve que la garde mobile est « trop molle ». Il n’hésite pas à
faire appel aux Allemands. Les Glières, comme Bir-Hakeim*, deviennent un
symbole de la Résistance française*.
Dans la nuit du 9 au 10 mars, Morel* est tué alors que personnellement il
effectuait une liaison auprès d’un commandant de GMR* auquel il comptait
demander des comptes. La disparition de Tom cause un choc. D’un commun
accord, les chefs de la Résistance* dans les Alpes désignent pour lui succéder
le capitaine Anjot, Bayard dans la clandestinité. (Saint-Cyrien de la
promotion du chevalier Bayard, Anjot avait par fidélité pris le nom de Bayard
comme indicatif.)
Le 18 mars au matin, Anjot en tenue de capitaine de chasseurs prend son
commandement. Les Glières sont à nouveau entre de bonnes mains.
Les escarmouches se multiplient avec les miliciens qui exécutent les
malheureux qui tombent entre leurs mains. L’intervention allemande sur
demande de Darnand* se précise. Depuis le 12 mars, le plateau est mitraillé.
Le 26 mars, la 157ème division allemande passe à l’attaque. Le combat va être
à un contre dix, voire à un contre vingt. Les maquisards sont trop peu
nombreux pour tenir un vaste front et surtout insuffisamment armés. À 22 h,
Anjot, soucieux d’éviter une tuerie, donne l’ordre de repli et de dispersion. La
chasse à l’homme se poursuivra quatre jours. Après la guerre, les historiens
affineront les chiffres : 155 tués au combat, 30 disparus, 160 prisonniers en
majorité massacrés ou déportés après tortures. Anjot compte parmi les morts.
Les Glières ne peuvent être regardés comme un succès tactique, mais ils
demeurent un symbole, haut lieu de la Résistance*.
Un mois après, une cinquantaine de rescapés remontent aux Glières. Le
maquis renaît. Le capitaine Godard, devenu chef de l’AS* en Haute-Savoie,
reconstitue un nouveau Bataillon des Glières qui interviendra avec brio dans
les combats de la Libération* et redonnera naissance au 27e BCA.
GMC
Camion américain fabriqué par General Motors Truck Company, d’où
son nom.
Pouvant transporter 2, 5 tonnes de charge, il fut le véhicule de transport
par excellence de l’armée américaine. Il en sera fabriqué 600 000 durant la
guerre.

GMR
Groupes mobiles de réserve, unités de maintien de l’ordre, créées par le
décret du 7 juillet 1941, et ancêtres des CRS de 1947.
À base surtout d’anciens militaires. Ne montreront qu’un zèle très relatif
dans la lutte contre les maquis*. (Un officier de GMR tuera cependant Tom
Morel*.) En 1944, à titre individuel ou en unités constituées, bien des
membres des GMR rejoindront les maquis.

GNEISENAU, LIGNE
Ligne de défense allemande organisée, en 1943, en demi-cercle autour de
Simféropol et Sébastopol* en Crimée.
Elle sera forcée par les Soviétiques en avril 1944.

GODFROY, RENÉ
(1885-1981). Amiral français.
Cet ancien de l’École navale, amiral en 1936, commande en 1940
l’escadre française de Méditerranée orientale qui sera baptisée Force X*.
Par son sang-froid et celui de son interlocuteur anglais, l’amiral
Cunningham*, il évite à sa flotte le sort de celle de Mers el-Kébir*. Sa
fidélité envers le maréchal Pétain* immobilisera son escadre jusqu’au 17 mai
1943, date à laquelle il acceptera de se rallier au pouvoir en place à Alger et
de reprendre la lutte contre les Allemands. De Gaulle* arrivé au pouvoir, il
sera mis à la retraite d’office fin 1943.
Grand officier de la Légion d’honneur.
GOEBBELS, JOSEPH
(1897-1945)
Dès 1922, le docteur en philosophie Goebbels tombe sous l’emprise de
l’éloquence de Hitler* et adhère au parti nazi.
Gauleiter de Berlin en 1926, chef de propagande nazie en 1930, il devient
ministre de l’Information et de la Propagande du Reich* en 1933. Brillant
orateur, utilisant largement la radio et le cinéma, ce petit homme au pied-bot
poursuit de ses diatribes les Juifs, les intellectuels déracinés, les bourgeois,
les ploutocrates, L’Église catholique et, naturellement, tous les adversaires de
l’Axe. La guerre déclarée, il clame, sans hésitations, des contre-vérités.
Le 20 juillet 1944, il parvient, sur Berlin, à déjouer le coup d’État et
s’affirme comme l’un des piliers du régime.
Sur la fin du conflit, il se transforme en organisateur de la résistance à
tout prix.
Dans son testament, Hitler* le désigne comme Chancelier du Reich, poste
qu’il n’occupera pas. Le 1er mai 1945, après avoir empoisonné ses cinq
enfants, il se suicide avec son épouse dans le bunker berlinois du Führer. Son
suicide est sans doute la preuve la plus formelle de la disparition de Hitler*,
l’homme sur lequel il avait fait reposer sa vie.

GOERING, HERMANN
(1893-1946). Maréchal allemand.
Commandant en chef de la Luftwaffe* et successeur désigné de Hitler*
de 1939 à avril 1945.
En 14-18, il commence la guerre dans l’infanterie, puis passe dans
l’aviation où il gagne la Croix pour le Mérite*. À la fin du conflit, il
commande la célèbre escadrille Richthofen. Officier en non-activité, après
des années d’errance, il rejoint le Parti nazi en 1922 et devient le chef des
gardes du corps de Hitler*. Blessé lors du putsch de novembre 1923, il
commence à s’adonner à la morphine pour calmer ses douleurs.
Député au Reichstag en 1928, il en est élu président en août 1932. À
l’accession de Hitler* au pouvoir, est nommé ministre de l’Intérieur de
Prusse, puis président en avril 1934. Commissaire à l’aviation en janvier
1933 et en mai ministre de l’Air. Avec Milch*, Kesselring* et quelques
autres, il édifie, en dépit du Traité de Versailles, la Luftwaffe* dont il devient
commandant en chef en mars 1935. Bien qu’incompétent en économie, il est
responsable du Plan de quatre ans en 1936 et remplace même un moment
Schacht comme ministre des Affaires économiques. En 1938, il est promu
maréchal.
La campagne de Pologne* et le bombardement sans pitié de Varsovie* en
1939 lui valent la Grande Croix de la Croix de fer. Toutefois, l’homme,
fortuné maintenant, bon vivant, redoute la guerre qui se profile, mais par
manque de caractère n’ose pas s’opposer aux desseins de Hitler*.
Après la défaite française, il obtient le titre unique de Reichsmarschall.
Deuxième personnage de l’État, il est alors au sommet de sa puissance. Cette
période ne durera pas. Sa position personnelle, à partir de l’automne 40,
s’affaiblit. L’échec de la Luftwaffe* dans la bataille d’Angleterre* lui est
imputé. Comme lui seront imputés les bombardements alliés qui s’abattent
sur le sol allemand malgré ses rodomontades initiales. Ses subordonnés lui
reprochent, à raison, d’avoir ordonné, en février 1940, l’arrêt de l’étude et de
la fabrication de nouveaux types d’avions. La Luftwaffe* se bat avec des
appareils dépassés.
En 1941, toutefois, Hitler* désigne son vieux complice comme son
successeur en cas de mort ou d’incapacité. L’homme ne saura pas profiter de
cette investiture, pesant de moins en moins dans la conduite des affaires
allemandes. Stalingrad*, les bombardements alliés sur l’Allemagne*
signeront l’échec d’Hermann Goering, le chef de la Luftwaffe*.
Morphinomane, il vit en satrape, fastueusement, dans sa résidence de
Carinhall, en banlieue de Berlin, préférant le luxe, les diamants et les
collections artistiques, fruits de ses pillages de biens juifs et étrangers.
Lucide, il sent venir la débâcle finale. Il a perdu la confiance de Hitler*.
Bormann*, Himmler* se liguent contre lui pour l’évincer définitivement.
C’est en vain que fin avril 1945, à l’heure de l’agonie, il tentera de s’imposer.
Hitler* et Bormann* le feront arrêter par les SS*. Un détachement de la
Luftwaffe* le délivrera. Le Tribunal militaire international de Nuremberg*,
devant lequel il se montre l’inculpé le plus incisif, le condamne à mort.
Quelques heures avant son exécution, le 16 octobre 1946, il parviendra à
s’empoisonner.
Ainsi finit ce nazi intelligent, aussi ambitieux qu’haineux, adjoint servile
et obséquieux du Führer*, sur lequel pesaient les plus lourdes charges :
création des camps de concentration*, de la Gestapo*, participation active à
toutes les monstruosités nazies, de la Solution finale* aux crimes de guerre de
toute nature.

GOLIATH
Petit char allemand apparu pour la première fois à Anzio*, en février
1944.
Hauteur : 0,6 m ; charge : 100 kg ; vitesse moyenne : 10 km/h.
Télécommandé au moyen d’un fil d’environ 600 m, il est destiné à pénétrer
les lignes ennemies et à exploser au point désiré. Mais sa faible vitesse le
rend éminemment repérable, donc vulnérable aux armes de petit calibre. Son
utilisation sera décevante.

GOLIKOV, FILIP
(1900-1980). Général soviétique.
Après avoir commandé la VIe Armée lors de l’attaque de la Pologne*,
devient en juillet 1940 adjoint de Timochenko* et chef du renseignement
militaire.
À ce dernier poste, en dépit des renseignements de Sorge*, ne perçoit pas
l’imminence de Barabarossa*. Après une mission à Londres et Washington,
prend le commandement de la Xe Armée de réserve qui participe à la contre-
attaque devant Moscou*. Responsable ensuite du Front de Briansk, est relevé
de ses fonctions pour n’avoir pu éviter la chute de Voronej. Reprendra son
poste de Commissaire adjoint à la défense en avril 1943.

GOLOVANOV, ALEXANDER
(1904-1975). Maréchal de l’air soviétique.
Commandant de l’aviation stratégique soviétique à partir de 1942. Promu
maréchal de l’air en 1944.

GOMULKA, WLADISLAW
(1905-1982). Militant communiste polonais.
Incarcéré en 1939, profite de l’invasion allemande pour s’évader.
Entré dans la Résistance*, est en 1943 secrétaire général du Parti Ouvrier
Polonais (POP). Sera, en 1945, vice-président du gouvernement polonais issu
du Comité de Lublin*. Jouera un rôle politique important en Pologne* après
la guerre.

GOODWOOD
Nom de code d’une opération britannique montée par Montgomery* en
vue de prendre Caen et de percer les lignes de défense allemandes du bocage
normand.
Le 18 juillet 1944, le 1er CA britannique attaque sud sud-est depuis la tête
de pont de la 6e Airborne* à l’est de l’Orne.
Objectif premier : la route Caen-Falaise qui conduit à Alençon et au
Mans.
Goodwood débute par une débauche de feu aérien : à 1 000 Lancaster* et
Halifax* de la RAF* succèdent 1 500 Fortress* et Liberator* de la 8e US Air
Force, puis 600 bombardiers moyens britanniques et américains, enfin des
vagues de chasseurs bombardiers.
Au total, 12 000 tonnes de bombes accompagnées par les obus de la
marine toujours à portée des lignes de défense allemandes. Ce gigantesque
bombardement est censé ouvrir une voie royale où s’engouffreront blindés et
fantassins.
À 7 h 45, les explosions à peine éteintes, plus de 1 000 Sherman* et
Cromwell* font grincer leurs chenilles. 5 DI, 3 DB, 3 brigades blindées
participent à l’action.
La voie ferrée Paris-Caen est dépassée sans se heurter à de fortes
résistances. Au-delà s’étend la crête Bourguébus largement dégagée, terre de
céréales et de betteraves sucrières.
Soudain, Tigre* et 88* se dévoilent. La XXIe PD et la 1ère PD SS ne se
trouvaient pas dans la zone des bombardements. Elles forment écran à
hauteur de Bourguébus, en avant de la route de Falaise. La bonne visibilité
leur permet d’ajuster Sherman* et Cromwell* à distance. En peu de temps,
les Britanniques en perdent 106. Vont-ils persévérer ? En valeur absolue, ils
possèdent une nette supériorité sur les deux PD* déjà éprouvées.
Montgomery* n’insiste pas. Goodwood se stabilise, à la grande irritation
d’Eisenhower*. Montgomery* se contente de nettoyer la rive droite de
l’Orne. Les Allemands se replient à 8 km au sud de Caen. La ville est enfin
libre, mais à quel prix ! 9 000 maisons détruites, 5 000 endommagées ; à
peine un millier encore intactes. La population avait été progressivement
évacuée en juin, mais 12 000 personnes vivent encore dans des abris
sommaires. Des familles entières ont été ensevelies sous les bombardements.
Le 19 juillet, il pleut. Une pluie persistante liquéfie la glaise de la plaine
de Caen et embourbe les véhicules. Il devient difficile de se déplacer.
Goodwood s’arrête définitivement le 21. Montgomery* a échoué même s’il
plaide avoir fixé de forts contingents ennemis à l’est du front de Normandie*.
Ce manque de résultats, le souci personnel de gloire de Monty, la fierté
britannique devant les succès des Américains à l’ouest, deux mois plus tard,
généreront Arnhem*.

GOOSEBERRY
Groseille à maquereau. Nom de code donné, pour le débarquement en
Normandie*, à cinq havres sommaires aménagés à l’aide de vieux navires, ou
blockships*, pour faire écran à la houle au large de Varaville, Saint-Laurent,
Arromanches*, Courseulles, Ouistreham*. Deux d’entre eux s’intégreront
ensuite aux ports artificiels d’Arromanches* et Saint-Laurent.

GORGOPOTAMOS, VIADUC DU
Viaduc, dans les gorges du Gorgopotamos, de la voie ferrée Salonique-Le
Pirée. Ce viaduc est détruit le 25 novembre 1942 par des résistants grecs des
deux camps (ELAS* et EDES*), conduits par un commando britannique
parachuté du SOE*. Le trafic vital pour le ravitaillement de Rommel* en
Libye* est interrompu durant 39 jours.

GORT, JOHN
(1886-1946). Maréchal britannique.
Chef de l’état-major impérial en 1937. Assume en 1939 le
commandement du BEF* (British Expeditionary Force) sur le continent. Fin
mai 40, n’hésite pas à rompre la solidarité alliée pour sauvegarder les forces
britanniques et assurer leur rapatriement.
Gouverneur militaire de Gibraltar* puis de Malte*, 4 mai 1942-19
septembre 1944, où il s’illustre par la ténacité de sa résistance au blocus et
aux bombardements allemands. Nommé ensuite haut-commissaire en
Palestine*.
Maréchal en 1943. Victoria Cross*.

GOTHIQUE, LIGNE
Ligne de défense organisée, à la fin de l’été 1944, dans les Apennins par
le maréchal Kesselring* pour barrer la péninsule italienne.
De La Spezia, sur la mer Tyrrhénienne, à Pesaro, sur l’Adriatique,
utilisant au mieux les possibilités du terrain – relief, cours d’eau –, elle
représente un solide écran défensif. L’organisation Todt*, utilisant la main-
d’œuvre italienne requise, a multiplié les fossés antichars, les nids de
mitrailleuses, les emplacements d’artillerie, les abris pour le personnel.
Chaque site a été truffé de mines.
Les défenses de la ligne Gothique ne seront percées qu’en avril 1945.

GOTHS, LIGNE DES


Ligne défensive organisée en janvier 1943 par le général von Kleist*
pour couvrir la presqu’île du Kouban, zone de regroupement de la XVIIe
Armée se repliant du Caucase.
Depuis Novorossisk, sur la mer Noire, elle décrit un demi-cercle qui
rejoint la mer d’Azov et englobe Krasnodar. Elle sera percée et Krasnodar
enlevée le 13 février 1943.

GOTT, WILLIAM
(1897-1942). Général britanique.
Commande en 1941, en Libye*, la célèbre 7e DB britannique (les Rats du
désert).
Reçoit au début de 1942, toujours en Libye*, le commandement du
XXXe CA qu’il mène durant les batailles de Gazala et d’El-Alamein*
(première). En août 1942, Churchill* entend lui confier la VIIIe Armée qu’il
retire à Auchinleck*. Alors qu’il rentre au Caire, son avion est abattu par un
Me 109*. Rescapé du crash, il est tué par le mitraillage des avions d’escorte
du Me 109*.
La mort de celui que son tempérament fougueux avait fait baptiser the
Strafer (le Mitrailleur) fera la fortune de Montgomery* qui, à défaut de Gott,
sera appelé à la tête de la VIIIe Armée.

GOULAG
Acronyme du vocable russe « Administration principale des camps ».
Le goulag est l’homologue du camp de concentration* nazi avec une
orientation peut-être plus marquée vers le travail forcé. Sous la dépendance
du NKVD*, situés dans l’intérieur de l’URSS*, notamment en Sibérie le long
de la voie ferrée Moscou-Vladivostok, parfois au-delà du cercle polaire, les
goulags fournissent durant toute la guerre une main-d’œuvre exploitable sans
retenue. Ils accueillent tous ceux qui, soviétiques ou étrangers, déplaisent au
régime. Les conditions de vie particulièrement inhumaines débouchent sur un
terrible taux de mortalité. On estime que 20 millions d’individus sont morts
au goulag sous le communisme (un million par an durant les années de
guerre).

GOUM
Troupe d’auxiliaires marocains levée par les Français dès les débuts de la
conquête du Maroc*.
Un goum correspond à l’effectif d’une compagnie. Trois goums forment
un tabor, trois tabors, un GTM*, groupement de tabors marocains, soit
l’équivalent d’un régiment.
Après avoir participé à la pacification marocaine (Bournazel est tombé à
la tête d’un goum, le 28 février 1933), les goumiers, sous les ordres du
général Guillaume*, se couvrent de gloire en Italie* en 1944, puis durant les
campagnes de France* et d’Allemagne*.
4500 officiers, sous-officiers et hommes de troupe, français et marocains,
des goums sont morts pour la France de 1908 à 1956.
GOVOROV, LEONID
(1897-1955). Maréchal soviétique.
Rejoint l’Armée rouge* durant la guerre civile. Échappe de peu aux
purges en 1938.
Commandant de la 5e Armée en 1941, se bat avec vigueur devant
Moscou*. Au printemps 1942, prend le commandement du Front de
Leningrad* où il gagnera la célébrité par sa farouche résistance et son
offensive victorieuse en janvier 1943. Maréchal le 18 juin 1944.
Héros de l’Union soviétique*.

GPRF (GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA


RÉPUBLIQUE FRANÇAISE)
Gouvernement constitué officiellement le 3 juin 1944 à Alger, sous la
présidence du général de Gaulle* et succédant au CFLN*. Il comprend cinq
Commissaires d’État, quatorze Commissaires et quinze Secrétaires généraux
provisoires (en métropole). Il se transportera à Paris dès la Libération* de la
capitale et sera remanié le 10 septembre 1944, avec l’arrivée de Georges
Bidault* aux Affaire étrangères et du dernier président du Sénat, Jules
Jeanneney, comme ministre d’État. (Les Commissaires prendront à cette date
nom de Ministres.)
Les Alliés* le reconnaîtront le 23 octobre 1944. Son autorité l’était de
facto depuis juillet, de Gaulle* ayant été personnellement largement
plébiscité à Bayeux* et ayant mis en place de suite les rouages d’une
nouvelle administration française.
Ce GPRF sera en place jusqu’au 1er cabinet de Gaulle* du 21 novembre
1945.

GRAF VON SPEE


Croiseur lourd allemand de 10 000 tonnes lancé en 1936.
Vitesse : 27 nœuds et demi ; armement : 6 pièces de 280, 8 de 150 ;
équipage : 926 hommes.
Fin août 1939, avant même l’ouverture des hostilités, le Graf von Spee
quitte Wilhelmshaven. Son commandant, le capitaine de vaisseau Langsdorff,
a mission, dans la grande tradition de 14-18, de se livrer à la guerre de
course. Il n’appareille pas seul. L’Altmark*, pétrolier ravitailleur de 8 000
tonnes, doit discrètement et en pleine mer subvenir aux besoins du corsaire.
Le 30 septembre, le Graf von Spee coule un petit cargo anglais, le
Clement, et dès lors les tonnages s’additionnent : Newton Beach (4 400
tonnes) le 5 octobre ; Huntsman (8 300 tonnes) le 7 ; Trevanion (5 299
tonnes) le 22 ; Africa Shell, petit pétrolier de 700 tonnes, le 5 novembre ;
Foric Star (10 000 tonnes) le 2 décembre ; Tairoa (7 983 tonnes), et enfin,
Streonshalh à 900 km au large de Rio de Janeiro. Les uns étaient chargés de
minerai, les autres de viande congelée, de maïs, de blé, voire de tapis, de
gomme arabique et de thé de Ceylan.
Pour un tel bilan, le commandant du Graf von Spee n’a pas hésité à
zigzaguer de l’Atlantique Sud à l’océan Indien et au détroit de Mozambique.
L’Amirauté britannique est aux abois. Elle lance ses sous-marins et ses
meilleures unités, le Renown, l’Ark Royal*. La Provence, le Bretagne de la
marine française* participent à la chasse depuis Dakar. Sous les ordres du
commodore Harwood*, une force rapide dite G de deux croiseurs lourds,
l’Exeter* et le Cumberland, et deux croiseurs légers, l’Ajax* et l’Achille,
sillonne l’Atlantique Sud. Au début de décembre, réduite à trois, le
Cumberland étant en réparations aux Falkland, elle patrouille par le travers
du Rio de la Plata*. C’est là que, par 34°34’ de latitude sud et 49°17’ de
longitude ouest, son destin va croiser celui du Graf von Spee.
Langsdorff vogue dans cette même zone. Il sait qu’il peut, au débouché
des eaux de l’Uruguay* et du Paraná, rencontrer les navires qui quittent
Montevideo ou Buenos Aires. Harwood*, de son côté, a pressenti le
raisonnement de son adversaire.
Le 13 décembre, vers 6 h du matin, les vigies de l’Achille signalent une
fumée vers l’ouest. Bientôt le doute n’est plus permis. La petite escadre
britannique a devant elle le Graf von Spee et ses tourelles de 280.
Les Anglais sont trois, et plus rapides (32 nœuds contre 27). Ces
avantages ne comblent pas leur handicap pour un combat naval. Ils ne
disposent que de 203 et 152, portée maximum 24 km. Les 280 du Graf von
Spee tirent à 27 km, deux fois à la minute, des engins beaucoup plus
dévastateurs.
Harwood* ne suppute pas longtemps les risques. Il lance l’attaque.
Courageusement et habilement. Ses bâtiments se séparent, abordant
latéralement l’adversaire pour disperser l’action de ses canonniers.
À 5 h 20, le Graf von Spee ouvre le feu, concentrant son tir sur l’Exeter*,
le plus dangereux des assaillants. À 6 h 24, un obus de 280, suivi de deux
autres, touche le croiseur de plein fouet. Deux tourelles sur trois sont
inutilisables, le château avant n’est plus que ferraille. Une voie d’eau se
déclare. À bord, on compte plus de 50 morts. À 7 h 29, le dernier canon se
tait. Désemparé, l’Exeter* doit rompre le combat.
Sans souci du péril, l’Ajax* et l’Achille se sont portés en avant pour
soulager leur camarade. Crachant de tous leurs feux, les deux croiseurs légers
harcèlent le croiseur, méprisant les salves qui les encadrent. De la passerelle
de l’Ajax*, Harwood* mène la bataille. Non moins dédaigneux du danger,
Langsdorff, de se propre dunette, dirige la manœuvre de son navire.
D’un côté comme de l’autre, on encaisse des coups au but. À 7 h 25,
l’Ajax* a deux tourelles hors d’usage. Le Graf von Spee souffre aussi.
Soudain, vers 7 h, il met à 22 nœuds, la barre au 270, cap qui le conduit
dans l’estuaire du Rio de la Plata. Molosses vigilants, l’Ajax* et l’Achille le
suivent à distance.
Le soir, à 22 h 50, le Graf von Spee mouille dans le port de Montevideo.
Langsdorff espère dans ce pays neutre pouvoir panser ses plaies. Les
Uruguayens, respectant les règlements internationaux, le forcent à choisir :
l’internement ou le départ dans les quarante-huit heures.
Langsdorff connaît l’état de son bateau. Il est également à court de
munitions. Il se doute que les Anglais l’attendent pour l’achever à sa sortie.
Raeder*, approuvé par Hitler*, lui a donné ordre de ne pas se laisser interner
et plutôt de se saborder.
Le 17 décembre 1939, à 18 h 15, le Graf von Spee lève l’ancre. Un demi-
million de personnes le regardent manœuvrer. Y aura-t-il combat avec les
Anglais qui attendent leur proie ? L’Allemand parviendra-t-il à s’échapper ?
En secret, Langsdorff a fait évacuer le gros de son équipage. À l’entrée
du chenal qui mène à Buenos Aires, il met en panne. À 19 h 30, les derniers
volontaires qui ont amorcé les détonateurs des têtes de torpilles embarquent
dans une chaloupe avec leur commandant.
Le Graf von Spee brûlera durant quatre jours avant de s’enfoncer
lentement dans la vase du Rio de la Plata. Son équipage, 800 hommes, sera
interné. Son commandant se suicidera le surlendemain du sabordage.
L’Allemagne* tire ses propres conclusions. Les sous-marins sont une
arme moins onéreuse.

GRANATWERFER 34 8 CM
Mortier standard de l’infanterie allemande dérivé du mortier Brandt
français.
Sa précision et sa cadence de tir sont réputées. Calibre : 81,4 mm.
Poids, en 3 fardeaux : 64 kg ; longueur du tube : 114,3 cm ; cadence de
tir : 15-25 coups/minute ; portée maximum : 2 400 m ; obus explosif à
ailettes, avec 0,50 kg de TNT.

GRAND-BORNAND, EXÉCUTIONS DU
À côté des Allemands capturés lors de la reddition d’Annecy, le 19 août
1944, se trouvent 109 miliciens.
Ils se sont rendus, sous condition qu’ils soient jugés en toute légalité. Le
22, Lambroschini, en tant que commandant des FFI* de la Haute-Savoie,
signe un décret ordonnant la comparution de 97 d’entre eux devant la cour
militaire du département. Des avocats sont commis d’office. La cour est
présidée par le commandant « Grand » (FTP*), assisté de cinq juges, trois
AS*, deux FTP*. Les accusés ont été transférés au Grand-Bornand, au pied
des Glières*. Le 23, à 10 h, ils comparaissent devant la cour. 76 sont
condamnés à mort, 21 sont relaxés au bénéfice du doute. Les exécutions ont
lieu le lendemain à l’aube. Certains des suppliciés étaient d’affreux
tortionnaires. D’autres peut-être simplement des égarés de bonne foi. La
Milice*, en ces montagnes de Haute-Savoie, avait laissé derrière elle tant de
sang, dont celui des maquisards des Glières*, que la vox populi criait
vengeance.

GRANDE ALLIANCE
Terme par lequel Churchill* désignait l’alliance des États-Unis*, de la
Grande-Bretagne* et de l’URSS* contre les puissances de l’Axe*.

GRANDE-BRETAGNE
(ou encore, Royaume-Uni, ou Angleterre).
Comme la France*, la Grande-Bretagne aspirait à la paix.
Bien que fidèle à l’Entente cordiale, elle se méfiait d’une France* trop
forte sur le continent, tout en espérant la voir faire contre-poids à la puissance
allemande qu’elle laissait se développer. À aucun moment, elle ne s’était
vraiment opposée à la montée du nazisme et aux ambitions forcenées de
Hitler*.
Elle ne se réveille qu’en septembre 1939 pour secourir la Pologne*, sans
aller très loin néanmoins faute de moyens. Si son empire colonial est le
premier du monde, si la Navy* domine sur mer – avec l’US Navy* –, si sa
RAF* est capable de rivaliser avec la Luftwaffe*, elle n’a pas de véritable
armée de terre. Le 10 mai 1940, la BEF* n’aligne que 10 divisions sur le
continent.
L’armistice franco-allemand* la laisse seule face à l’Axe*. Elle pourrait
s’incliner. Certains de ses dirigeants y songent, mais elle a Churchill*.
Churchill* qui impose à son pays de faire front si isolé soit-il. Il va le rester
durant un an, assuré toutefois du soutien discret mais ferme de Roosevelt*. Il
peut aussi compter sur le soutien fidèle du Commonwealth qui fournit des
hommes et du matériel.
La RAF* gagne la bataille d’Angleterre*, écartant la menace d’une
invasion des îles Britanniques. L’armée anglaise défait les Italiens en Afrique
mais la Wehrmacht* intervient. Les Anglais sont battus en Grèce* et en
Libye* et accusent des pertes sévères sur mer.
1941 apporte des faits nouveaux, confortant la volonté et les espoirs de
Churchill*. L’URSS* puis les États-Unis* entrent dans le conflit. Le succès,
à long terme, paraît assuré, mais il passe au préalable par de sérieux revers :
Hong Kong*, Singapour*, Tobrouk*. El-Alamein*, enfin, en octobre 1942,
marque pour la Grande-Bretagne un grand tournant. Désormais, elle ne
connaîtra plus que des succès même si Montgomery* lui coûte Arnhem*.
Tunisie*, Italie*, Overlord*, sont les grandes étapes de la marche vers la
victoire sur le continent. En Asie, la route est plus rude. Si Mountbatten* et
Slim* l’emportent en Birmanie*, le gros du travail en Extrême-Orient* est
réalisé par les États-Unis*.
Les capitulations allemande* et japonaise* laissent une Grande-Bretagne
appauvrie. Son économie s’est consacrée à la guerre. Les bombardements ont
provoqué des séquelles douloureuses. Dans les territoires asiatiques, le
Japon* a semé de solides germes d’indépendance. L’Inde* ne tardera pas à
s’émanciper.
Paradoxalement, la Grande-Bretagne qui a mené la lutte du début à la fin
sur toute la surface du globe déplore moins de victimes que la France*, la
Roumanie*, la Pologne*. Encore faut-il déduire de ses pertes militaires celles
des contingents originaires du Commonwealth : Australie* : 23 000 ;
Canada* : 37 000 ; Inde* : 24 000 ; Nouvelle-Zélande* : 10 000, Afrique du
Sud* : 6 000 ; soit en tout 100 000 hommes étrangers aux îles Britanniques.
La Grande-Bretagne a de la sorte perdu 352 000 nationaux sur les champs
de bataille (dont une forte proportion sur mer et dans les airs). Quant aux
62 000 victimes civiles, elles sont presque toutes imputables aux
bombardements aériens, depuis le Blitz* jusqu’aux attaques des V1* et V2*.

GRANDE GUERRE PATRIOTIQUE


Terme par lequel les Soviétiques désignent leur guerre contre les
puissances de l’Axe* de 1941 à 1945.

GRANDI, DINO
(1895-1988). Homme politique italien.
Valeureux combattant de 14-18, rejoint très vite Mussolini*.
Ministre des Affaires étrangères de 1929 à 1932, puis ambassadeur à
Londres de 1932 à 1939. Persuadé que le Duce* entraîne l’Italie* à la ruine,
fait, avec Giuseppe Bottai et Ciano*, basculer le Grand Conseil fasciste, le
24 juillet 1943. Est ainsi l’un des premiers responsables de la chute de
Mussolini* et du futur renversement des alliances de l’Italie*.

GRANDS, TROIS
Les trois dirigeants des trois grandes puissances alliées contre l’Axe* et
le Japon*, soit : Staline* pour l’URSS* ; Roosevelt*, puis Truman* (avril
1945), pour les États-Unis* ; Churchill*, puis Attlee* (juillet 1945), pour la
Grande-Bretagne*.

GRANIT
Nom de code du groupe de 85 sapeurs parachutistes allemands chargés,
sous la direction du lieutenant Witzig*, d’enlever le fort belge d’Eben-
Emael* le 10 mai 1940.

GRAN SASSO
Massif des Abruzzes, à 100 km au nord-est de Rome.
C’est là, dans le seul hôtel de l’endroit, le Refugio Albergo, à 2 112
mètres d’altitude, que Mussolini* était détenu et sera, le 12 septembre 1943,
délivré par le commando de Skorzeny*.

GRANT
(voir M3 MEDIUM)

GRAZIANI, RODOLFO
(1882-1955). Maréchal italien.
Promu maréchal le 21 mai 1936 après la campagne d’Éthiopie.
Acquiert en Afrique, – en Éthiopie* comme en Libye* – une réputation
de boucher par sa répression des insurrections.
Commandant des forces italiennes en Libye* en 1940, subit une série de
défaites qui conduisent à sa quasi-retraite au début de 1941.
Après la libération de Mussolini*, devient ministre de la Guerre de la
République de Salò* et mène une lutte vigoureuse contre les partisans. Évite
le sort de Mussolini* fin avril 1945. Condamné par une cour de justice
italienne à 19 ans de prison, est libéré en 1950.

GRÈCE
La Grèce, pays de 7,4 millions d’habitants en 1940, s’était, non sans
hésitations, rangée dans le camp des Alliés en 14-18.
Elle en avait tiré profit. En 1939, le gouvernement Metaxas* opte pour la
neutralité. C’était compter sans la mégalomanie de Mussollini*.
Le 28 octobre 1940, l’Italie* attaque la Grèce et subit une sévère défaite.
L’irruption de la Wehrmacht* en Yougoslavie, le 6 avril 1941, se prolonge en
Grèce. En dépit du courage de ses soldats et d’une intervention britannique,
le pays est rapidement occupé. Le roi Georges II* réussit à s’enfuir et anime
un gouvernement en exil. Ce dernier bénéficie de l’appui de Churchill* et
dispose d’une petite armée, surtout des marins, ayant réussi à éviter la capture
au printemps 1941.
La Bulgarie* accapare la Thrace et la Macédoine. Les Italiens occupent la
majeure partie du pays (jusqu’en septembre 1943). Les Allemands tiennent
Athènes, Le Pirée, la Crète* et des îles de la mer Égée.
Les années de guerre sont très dures. Les atrocités allemandes et bulgares
s’enchaînent. L’hiver 1941-1942 est rigoureux. 100 000 morts. La
communauté juive est décimée. Moins de 10 000 survivants sur 75 000
membres.
La Résistance* est active mais se divise. ELAS* dans la mouvance
communiste et EDES* d’un autre bord se battent non seulement pour la
Libération* de leur pays mais dans des visions d’avenir totalement
différentes. Leur affrontement, après 1945, conduira à la guerre civile.
Les Britanniques ont dû évacuer le pays en mai 1941. Churchill* ne veut
pas le voir tomber dans l’orbite soviétique. Ils débarquent à l’automne 1944,
alors que la Wehrmacht* amorce son repli, permettent la Libération*, en
liaison avec la Résistance*, et leurs forces s’opposent brutalement à
l’ELAS*.
Le problème monarchique est provisoirement réglé par la nomination, le
30 décembre 1944, d’un régent, Monseigneur Damaskinos*, archevêque
d’Athènes, en attendant le recours au suffrage populaire. Celui-ci conduira au
maintien de la monarchie sans éviter une guerre civile qui se prolongera
jusqu’en 1949.
La Grèce, dans la Seconde Guerre mondiale, a perdu 620 000 des siens,
presque 10 % de sa population (100 000 militaires et 520 000 civils). Elle
récupère les provinces annexées par la Bulgarie et au Traité de Paris* en
1947 obtient les îles du Dodécanèse* (Rhodes, Patmos, Cos, Leros...),
propriétés italiennes depuis 1912 mais de peuplement grec.

GRÈCE, INVASION DE LA
Mussolini* rêve de gloire et de conquête.
La Libye*, l’Éthiopie*, l’Albanie* ne lui suffisent pas. Ayant échoué
contre la France*, il songe à la Grèce.
Il trouve un prétexte. La péninsule hellénique, à l’entendre, sert de refuge
aux avions et navires anglais. Fallacieux subterfuge. Ni la Navy* ni la RAF*
n’utilisent les ports ou aérodromes de Grèce.
Quoi qu’il en soit, Mussolini* est résolu. Cette décision est sienne. Ses
trois chefs d’état-major sont contre. Les renseignements sont mauvais.
L’armée italienne n’est pas prête. L’hiver approche. Le relief montagneux
grec autorise une solide défense. Qu’importe !
Le 28 octobre 1940, à 3 h 15, Grazi, l’ambassadeur italien, réveille le
général Metaxas*, chef du gouvernement grec. Mal à l’aise, il annonce les
exigences de son maître : accepter l’occupation de l’Epire, de Corfou, de la
Crète*, des Cyclades, de Salonique, du Pirée. À défaut, ce serait la guerre.
La réponse de Metaxas* est sans équivoque : « Alors, c’est la guerre. »
Une guerre dont le Duce* n’a même pas prévenu son allié Hitler*.
Attaqué, le gouvernement grec s’empresse de faire appel aux
Britanniques, conformément à des accords signés avec Chamberlain*, le
13 avril 1939. Le roi George VI*, Churchill* répondent avec chaleur, mais
les moyens anglais demeurent limités. Le danger n’est pas totalement écarté
sur la Manche. L’Égypte est menacée. La bataille de l’Atlantique débute. La
flotte italienne en Méditerranée surclasse quantitativement la Navy*. La
Regia Aeronautica* dispose de bases rapprochées en Sicile* et en Calabre.
L’îlot de Pantellaria* peut lui servir de relais. La Crète*, terre grecque, n’est
pas aménagée en base aéronavale. Malte*, vulnérable, est à préserver.
Face à un pays de 7,4 millions d’habitants, le Duce* s’attend à une
simple promenade militaire. Il sous-estime la détermination des Grecs, leurs
16 divisions, leur connaissance du terrain, les insuffisances de la sienne, les
rigueurs de la saison.
Le 28 octobre, à 5 h du matin, 24 divisions se mettent en mouvement sur
les 200 km de la frontière albanaise. Au nord, la Yougoslavie* est neutre.
Comme la Bulgarie*. L’Albanie* est bien la seule base de départ possible.
Il pleut à seaux. Sur les hauts des monts Grammos, il neige. L’aviation
est aveugle. Partout, la boue entrave les pistes et les routes.
L’état-major italien a prévu deux axes d’efforts : le long de la côte de
l’Adriatique et au centre du dispositif en direction de Janina et Mezzovo. La
prise de ces deux carrefours stratégiques ouvrirait l’accès de la péninsule.
Tapis sur les crêtes, retranchés derrière des barres rocheuses, les avant-
postes grecs connaissent leurs premières missions : gagner du temps.
Quelques jours durant, les Italiens se croient vainqueurs. L’adversaire se
replie. Au sud, en Épire, le fleuve Kalamas est franchi. Le 6 novembre,
Igoumenitsa, en face de Corfou, tombe. Au centre, dans le massif du Pinde, la
percée paraît acquise. Il n’en est rien. Un piège se met en place. Le
commandement grec laisse la division alpine Julia s’enfoncer dans les défilés
entre les monts Grammos et Smolika. Les généraux italiens ne voient pas
que, sur les hauteurs, les renforts grecs accourent pour fermer la nasse.
Le 14 novembre, la contre-offensive se déclenche. Poussant leur séculaire
cri de guerre : « Aera ! », les troupes grecques se lancent à l’assaut. Le front
italien craque de partout. Dans le Pinde, la division Julia, quasiment
encerclée, ne sauve qu’un millier d’hommes. En quelques jours, les Italiens
sont reconduits à la frontière, laissant derrière eux un butin impressionnant.
Les Grecs, sans marquer d’arrêt, pénètrent en Albanie*. Au nord,
l’importante cité de Koritsa est prise le 22 novembre.
Mussolini*, accablé, en est réduit à envisager de demander un armistice
par l’intermédiaire de Hitler*.
Dans l’immédiat, il n’en aura pas besoin. Sur les hauts plateaux albanais,
à 1 200 m d’altitude, la température tombe à -20°. Fin décembre, les
antagonistes sont contraints de s’immobiliser. Les Grecs n’en sont pas moins
les vainqueurs. Cinq divisions italiennes ont été décimées.
Prasca, le général italien, responsable des opérations, a été remercié.
Cavallero, son successeur, pressé par Mussolini*, repart à l’attaque, profitant
d’un répit climatique. Les Grecs le rejettent au-delà de sa base de départ.
L’effondrement de la Yougoslavie*, au début d’avril 1941, bouleverse
tout. La Wehrmacht*, après les campagnes de Pologne* et de France*,
constitue un outil bien rodé. La Yougoslavie* l’a confirmé.
Hitler*, à son tour, veut se débarrasser de l’épine grecque. Un contingent
britannique – deux divisions, une brigade blindée – a été dépêché dans la
péninsule. S’il est valeureux, son soutien aérien est modeste : 80 avions. La
Luftwaffe* en possède dix fois plus.
Avec toute sa puissance, la Wehrmacht* se précipite contre la Grèce. Par
Monastir, par le Vardar, elle pénètre dans la péninsule.
Le corps de bataille grec est scindé en deux. L’un fait face à la frontière
d’Albanie* ; l’autre tient la ligne Metaxas devant la Bulgarie*. Les
Britanniques, accourus à la rescousse, se trouvent dans une situation difficile,
pratiquement seuls au centre et coupés de leurs alliés.
Salonique tombe le 9 avril 1941. La mer Égée est atteinte. La ligne
Metaxas, solide fortification destinée à couvrir la Macédoine, est contournée
comme l’a été naguère la ligne Maginot*.
Le général Wilson*, commandant les forces britanniques, se doute que la
partie est perdue et qu’il devra rembarquer. Il s’efforce de verrouiller les
routes du sud et s’accroche au massif du mont Olympe. Attaques allemandes,
contre-attaques britanniques se succèdent du 10 au 13 avril. La bataille fait
rage pour Larissa enfin abandonnée le 19. L’ensemble de la position du mont
Olympe est finalement tourné par l’ouest. L’histoire se répète. Le célèbre
défilé des Thermopyles s’avère l’ultime rempart d’Athènes. Trois jours
durant, les Néo-Zélandais revivent l’épopée de Léonidas et de ses
compagnons. Leur résistance permet les regroupements en vue d’évacuation
par les ports de l’Attique et du Péloponnèse. Le 20 avril, les Thermopyles
doivent être abandonnés. À la même date, les divisions grecques du front
d’Albanie* capitulent. Plus au sud-ouest, la colonne de la division SS Adolf
Hitler, après avoir pris Janina, traverse le golfe de Corinthe et occupe Patras.
Le 26, des parachutistes s’emparent du pont sur le canal de Corinthe. Le
Péloponnèse est investi de toutes parts. Depuis le 25, le svastika* flotte sur
l’Acropole.
Les Britanniques ont réussi à rembarquer 41 000 hommes. 12 000
combattants ont été perdus sur les 53 000 engagés. Par contre, les pertes
grecques sont importantes : 15 000 tués ou portés disparus, 218 000
prisonniers. La défaite est incontestable. Le pays est occupé en partie par les
Allemands, en partie par les Italiens. Le roi a dû s’enfuir en Crète. Les
aéroports sont à la disposition de la Luftwaffe*. Contrepartie heureuse, 1
croiseur, 6 destroyers, 4 sous-marins grecs ont réussi à gagner Alexandrie*.
Ils combattront courageusement aux côtés des Britanniques.
Personne n’en prend vraiment conscience sur-le-champ. Yougoslavie* et
Grèce* ont été occupées en moins d’un mois. Ces quatre semaines peuvent
paraître brèves. Ce serait oublier que l’armée von List*, chargée des Balkans,
devra remonter vers le nord sur de mauvaises routes, panser ses plaies et
réviser son matériel. Mai y sera employé. Le dispositif pour Barbarossa* ne
sera prêt qu’à la mi-juin. Deux mois de bonne saison auront été perdus.
L’échec devant Moscou* trouve une première explication dans la péninsule
hellénique.

GRÈCE, LIBÉRATION DE LA
Après le revirement italien de septembre 1943, la Grèce est occupée par
la seule Wehrmacht* à l’exception de ses provinces septentrionales (Thrace
et Macédoine) annexées par la Bulgarie.
Devant l’évolution militaire du conflit et la progression de l’Armée rouge
dans les Balkans, le maréchal von Weichs*, commandant du GA Sud-Est
d’occupation en Grèce*, s’inquiète. Il craint d’être contourné. Il veut activer
l’évacuation de la Grèce, opération que Hitler* refuse dans l’espoir de voir
les Alliés* s’affronter entre eux pour sa possession. Chef responsable, il agit
néanmoins conséquemment. Ses garnisons de la mer Égée sont les plus
exposées. Il les fait évacuer à la hâte par un pont aérien. La Crète* fait
exception. Les effectifs sont trop importants (22 000 hommes) pour les JU-
52* qui effectuent les rotations. Le svastika* flottera sur l’île jusqu’en 1945.
Début octobre 1944, le danger se précise dans la péninsule hellénique.
Entré en Yougoslavie*, le général soviétique Tolboukhine* s’axe vers
l’ouest, couvert sur sa gauche par la 1ère Armée bulgare qui marche sur
Skoplje. Ces progressions risquent de couper les vallées de la Morava et de
l’Ibar, axes naturels de remontée vers le nord. De surcroît, surgissant des
montagnes de la Yougoslavie* occidentale, les partisans de Tito* – ils sont
plus de 200 000 – accentuent leur progression sur les arrières.
Entre-temps, le 26 septembre, le général Wilson*, commandant en chef
en Méditerranée, réussit à réunir les principaux antagonistes grecs à Caserte*
(Italie*) : Papandreou (chef du gouvernement en exil), Seraphis (ELAS*),
Zervas (EDES*). Un accord a été signé. Un gouvernement avec des ministres
de chaque camp a été constitué.
À partir du 10 octobre, le GA/E (ou Sud-Est) entame son repli de Grèce
où les Anglais, qui ont une revanche à prendre, se manifestent. Leurs
commandos débarquent à Patras le 4 octobre, et leurs parachutistes sautent
sur Mégare, l’aéroport d’Athènes. La capitale est libérée le 15. L’accueil
populaire est plus qu’enthousiaste. Le 16, Papandreou installe son
gouvernement dans la capitale.
Les Allemands se sont éloignés en détruisant un maximum de routes et de
voies ferrées. Le ravitaillement manque. L’ELAS* tient le devant du pavé en
ville et dans les campagnes. Les moyens de Papandréou sont insuffisants
pour asseoir l’autorité du gouvernement royal. En dépit du marchandage
entre Churchill* et Staline* à Moscou*, le 9 octobre précédent, la Grèce
risque de glisser inexorablement vers le communisme. Churchill* s’y refuse.
Il prescrit à Wilson* d’envoyer des renforts à Scobbie* qui commande sur
place.
Débarqué à Athènes peu après l’arrivée des parachutistes, le général
anglais dispose de bonnes troupes : 2e brigade aéroportée, 23e brigade
blindée, premiers éléments de la 4e division indienne. Papandreou*, se
sentant épaulé, exige la démobilisation de tous les maquisards pour créer une
armée et une police nationales.
L’EAM* perdrait son bras séculier, l’ELAS*. Le 1er décembre, rompant
les engagements de Caserte*, ses ministres démissionnent. La grève générale
est déclenchée à Athènes qu’abandonne la direction du parti communiste.
Des heurts se produisent entre police et manifestants communistes. Les
soldats britanniques se regroupent en hâte à Athènes et au Pirée, non sans
violents combats avec les bandes de l’ELAS*. La Grèce, à peine libérée, se
précipite dans une guerre civile qui couvait depuis quelques mois.

GRÈCE, RÉGENCE DE LA
Le 1er décembre 1944, la Grèce est entrée dans la guerre civile.
ELAS*, EDES* sont face à face avec en toile de fond le sort de la
monarchie et le destin du pays. Tombera-t-il sous la coupe communiste ?
Pour l’ELAS*, l’important est de prendre le contrôle de la capitale. Les
postes de police sont attaqués, la plupart de leurs occupants massacrés. Les
Britanniques sont les cibles privilégiées de tireurs actifs et dangereux.
Churchill* sait toujours prendre ses responsabilités aux heures de crise.
Le 3 décembre, il mande à Wilson* et Scobbie* de « neutraliser ou détruire
toutes les bandes EAM*-ELAS* qui approcheraient de la ville [...] ».
Wilson* et Scobbie* sont couverts. Le second peut passer aux actes. La
23e brigade blindée et les parachutistes s’efforcent de nettoyer la ville des
insurgés.
Churchill* n’a pas hésité à donner l’ordre de frapper fort, permettant ainsi
– l’avenir le prouvera – à la Grèce de demeurer dans le camp des pays libres.
Sur-le-champ, il n’est pas toujours compris et approuvé. Dans son propre
pays, certains quotidiens désapprouvent ses décisions. Aux États-Unis*, le
département d’État se montre critique. Le Premier ministre tient bon et le
Cabinet de guerre, à Londres, fait bloc derrière lui.
À Athènes, cependant, la partie n’est pas gagnée. Les soldats anglais sont
contraints de livrer de durs combats de rues. La route de l’aéroport n’est pas
sûre. Les navires ne peuvent débarquer librement au Pirée.
Une crise politique grecque embrouille encore davantage la situation.
L’autorité royale est remise en cause, ce qui s’explique par les menées de
l’EAM* et les incertitudes du régime de la Grèce dans l’entre-deux-guerres.
On parle d’une régence de l’archevêque d’Athènes, Monseigneur
Damaskinos*. De Londres, Georges II* a fait savoir qu’il n’en était pas
question.
Churchill* est seul. Roosevelt* se contente de sauver la face par quelques
bonnes paroles sans grande portée. Staline* se tait mais soutient en sous-main
les insurgés de l’ELAS*. Le maréchal Alexander* qui remplace Wilson*
parti à Londres avertit qu’une solution politique rapide s’impose et qu’il doit
expédier de nouveaux renforts.
La place du chef est là où il peut le mieux se rendre compte pour décider.
Churchill* sacrifie son Noël familial et se retrouve une fois de plus dans
l’avion. Le 25 décembre, il débarque avec Eden* à Athènes. Il s’installe sur
l’Ajax*, le glorieux croiseur de la bataille du Rio de la Plata*, et découvre
très vite l’ambiance générale. Quelques obus tirés par l’ELAS* éclaboussent
la mer à courte distance.
Au soir du 26, une conférence au ministère des Affaires étrangères grec
réunit les principaux protagonistes : Churchill*, Eden*, Alexander*, Mgr
Damaskinos* et trois dirigeants communistes. Y assistent en observateurs
l’ambassadeur américain, le ministre de France* et le représentant militaire
soviétique. Après avoir, suivant l’expression de Churchill*, brisé la glace, les
Britanniques se retirent, laissant les Grecs débattre entre eux sous la
présidence de l’archevêque.
Les discussions se prolongent le 27 sans véritablement déboucher sur un
accord. L’EAM* ne cède pas. Seule concession de sa part : une régence de
l’archevêque.
De retour à Londres, Churchill* parvient, non sans peine, à en faire
accepter le principe par Georges II*. Le 30 décembre, Mgr Damaskinos*
devient régent pendant la période de crise.
Les apparences sont sauves. La Grande-Bretagne* n’impose ni la
monarchie ni le retour immédiat du roi. Les Grecs en décideront eux-mêmes.
Le 3 janvier 1945, le général Plastiras, farouche républicain, remplace
Papandreou comme Premier ministre. Scobbie, renforcé, dispose maintenant
de 75 000 hommes et se trouve en position de force. Le 11 janvier, l’ELAS*
se décide à accepter une trêve. (Peut-être Staline* est-il intervenu afin de
respecter son marchandage de Moscou.) Ses troupes évacuent Athènes,
Salonique, Patras. Six semaines de combats s’achèvent... provisoirement ! Ils
ont coûté aux Britanniques un millier d’hommes.
L’accord définitif paraît se réaliser à Varkiza, le 12 février. L’ELAS*,
dissoute, s’engage à remettre ses armes et à évacuer les zones qu’elle contrôle
encore. La paix n’est pas acquise pour autant. Une terreur blanche succède
aux exactions des Allemands puis des communistes qui avaient à leur tour
multiplié les destructions, sabotages et exécutions d’otages.
Si le comportement de l’EAM*-ELAS* a éloigné de sa cause la majorité
du peuple grec, si la fermeté de Churchill* a évité au pays une mainmise
communiste, rien n’est résolu définitivement. Les haines subsistent. Les
armes se dissimulent dans les caches. La Grèce n’est pas au bout de ses
épreuves.

GREIM, ROBERT, RITTER VON


(1895-1945). Maréchal allemand.
Officier d’artillerie, passé dans l’aviation en 1915.
Termine la guerre avec 28 victoires et la croix Pour le mérite*. En 1933,
à la demande de Goering*, rejoint la Luftwaffe* en formation. Durant la
guerre, commande une Luftflotte en Pologne*, durant la bataille
d’Angleterre* et sur le front de l’Est. Fin avril 1945, promu maréchal et
successeur de Goering* à la tête de la Luftwaffe*, réussit à gagner Berlin par
avion. Blessé en fin d’approche. Ne parvient pas à convaincre Hitler* de
quitter le bunker*.
Fait prisonnier par les Américains le 8 mai 1945 et craignant d’être remis
aux Russes, se suicide le 24 mai.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne et épées.

GRENADE
La grenade est l’arme du fantassin par excellence.
Elle implique courage et savoir-faire. Courage pour s’approcher au plus
près de l’adversaire et, parfois, dominer sa nervosité en la laissant fuser deux
à trois secondes. Savoir-faire pour propulser l’engin avec dextérité.
On distingue les grenades offensives à effet de souffle et défensives, les
plus dangereuses, à fragmentation et projection d’éclats. On trouve encore
des grenades fumigènes, incendiaires. Certaines grenades sont dites
percutantes car explosant à l’impact. Pour projeter leurs engins à plus longue
distance, les Allemands utilisent des grenades à manche (Steilhandgranate
39). Les Soviétiques également avec la RGD-33. Les grenades dites à fusil
allongent aussi les distances et servent principalement en antichars.
Principales grenades utilisées :

Offensives OF 37 (française),
Ruchinaya (soviétique à surpression),
Steilhangranate ou M 24 (allemande susceptible de se
transformer en défensive par adjonction d’une chape à
fragmentations),
M K 3 (américaine).
Défensives MK 2* (américaine),
Mills* no 36 (britannique),
F 1 (soviétique à percussion),
Gammon* (britannique à percussion),
DF 37 (française).
Incendiaires WP Smoke* (américaine).

GRENADE, OPÉRATION
Nom de code de l’opération menée en février 1945 par la IXe Armée
américaine du général Simpson.
Débouchant de la vallée de la Roer, elle fait jonction le 3 mars, devant
Düsseldorf, avec la 1ère Armée canadienne du général Crerar* ayant attaqué
au nord (opération Veritable). Les défenses allemandes ont été encerclées et
comptent 16 000 tués et blessés ainsi que 29 000 prisonniers. Les Américains
ont eu 7 500 hommes hors de combat.

GRIFFON
Nom de code de l’opération confiée au colonel Skorzeny* durant
l’offensive allemande des Ardennes* en décembre 1944 : infiltrer sur les
arrières ennemis des hommes déguisés en GI’s* pour y semer la confusion et
la panique.
Selon Skorzeny*, sur 600 volontaires, supposés anglophones, recrutés à
travers la Wehrmacht*, 10 parlent anglais couramment, 40 assez bien, 150
sont capables de se faire comprendre, 200 baragouinent, 200 sont tout juste
capables de répondre yes ou no. Finalement, Skorzeny* en retient 150 et en
action ils ne seront pas nombreux : 8 équipes de 4 hommes à bord de jeeps,
déployant une folle audace. S’étant infiltrés par des axes secondaires, ces
commandos coupent les câbles téléphoniques, inversent les poteaux
indicateurs, orientent les colonnes de véhicules dans de fausses directions.
L’arrestation de l’un d’eux provoque une perturbation générale. Du coup, les
vrais Américains voient de faux Américains partout. La psychose remontera
jusqu’à Versailles, PC d’Eisenhower*. Les Skorzeny* veulent assassiner le
commandant suprême.
L’effet psychologique se prolongera une quinzaine de jours, 500 000
Américains voyant partout des Allemands. Les Skorzeny* faits prisonniers
seront, suivant les lois de la guerre, passés par les armes. (Ils auraient été 18
dans ce cas.)
Parallèlement à ces commandos infiltrés, véritables auteurs de la
perturbation créée, Skorzeny* lancera en avant-garde de la VIe Armée de
Sepp Dietrich* une fausse colonne américaine plus étoffée (près de 2 500
hommes avec du matériel américain récupéré). Engagée jusqu’au
29 décembre, cette colonne ne donnera pas grand résultat.

GROENLAND
Cette plus grande île du monde est possession danoise.
Lors de l’invasion du Danemark par les Allemands, en avril 1940, les
gouverneurs de la colonie se rallient à un gouvernement danois libre constitué
à Washington et dirigé par Henrik Kauffmann, ambassadeur du Danemark
aux États-Unis*. En avril 1941, des bases au Groenland seront accordées aux
Américains. La partie orientale de l’île verra une guerre des météorologistes,
les Allemands y ayant établi des stations météo.
GROMYKO, ANDREI
(1909-1989). Homme politique et diplomate
soviétique.
Économiste d’origine, rejoint le service diplomatique en 1939 et devient
le protégé de Molotov*.
Ambassadeur de son pays à Washington de 1943 à 1946. Dirige à ce titre
la délégation soviétique aux conférences de Dumbarton Oaks* et San
Francisco*. Participe également aux conférences de Yalta* et Potsdam*.
Sera après la guerre ministre des Affaires étrangères de 1957 à 1985.

GROVES, LESLIE
(1896-1970). Général américain
Cet ancien de West Point*, personnalité affirmée, est autant un technicien
qu’un militaire.
Avant la guerre, il supervise la construction du Pentagone, ce vaste
immeuble abritant le ministère de la Guerre américain. En septembre 1942, il
est nommé directeur des études et recherches de ce qu’il appellera le
Manhattan Project*, c’est-à-dire l’élaboration de la bombe atomique.
Animant physiciens, techniciens et entreprises, il mènera à bien ce
gigantesque chantier qui débouchera sur l’explosion de la première bombe
atomique de l’Histoire sur le champ de tir d’Alamogordo, le 16 juillet 1945,
puis sur les explosions d’Hiroshima* et Nagasaki* en août (voir Trinity).

GROZA, PETRU
(1884-1958). Homme politique roumain.
Communiste, grâce à la présence de l’Armée rouge*, il crée en octobre
1944 le FND (Front national démocratique) d’obédience soviétique et, sur
l’intervention de Vychinski*, il devient le 6 mars 1945 le chef du
gouvernement roumain, succédant au général Radescu.
Poste qu’il conservera jusqu’en 1952, étant alors nommé chef de l’État.
GTM (GROUPEMENT DE TABORS
MAROCAINS)
Soit groupement de trois tabors donnant l’équivalent d’un régiment.
Quatre GTM seront mis sur pied durant la Seconde Guerre mondiale et
participeront avec éclat aux campagnes de Tunisie*, d’Italie*, de France* et
d’Allemagne*, ainsi qu’à la Libération* de la Corse*.

GUADALCANAL
Île du sud-est de l’archipel des Salomon. 6 500 km2, 148 kilomètres de
long sur 45 de large.
Montagneuse, point culminant à 2 240 mètres. Végétation équatoriale,
forêt vierge sur la plus grande partie de l’île.
Cette végétation, lianes, plantes grimpantes ou rampantes, fougères,
arbres gigantesques, ainsi que les fourmis géantes, les guêpes de 7 cm, les
araignées, les sangsues, les moustiques porteurs de fièvres, et l’humidité
constante, rendent les conditions de déplacement, de vision et de vie très
difficiles.

GUADALCANAL, BATAILLE NAVALE DE


Cette bataille se déroule en deux temps, à mi-novembre 1942, au large
immédiat de Guadalcanal, d’où son nom.
Yamamoto* a décidé de faire un gros effort pour renforcer son contingent
sur Guadalcanal : 2 porte-avions, 4 cuirassés, 7 croiseurs lourds, 4 croiseurs
légers, 33 destroyers et des sous-marins. Les Américains, pour leur part,
veulent tout autant renforcer Guadalcanal. Un porte-avions, 2 cuirassés, 3
croiseurs lourds, 22 destroyers voguent pour soutenir leurs convois. Ils
disposent surtout de 200 avions basés à terre à Henderson Field* et Espiritu
Santo, la grande base américaine dans les Nouvelles-Hébrides*.
Les combats, dans la nuit du 12 au 13 novembre, se déroulent, d’abord,
dans le fameux fond de ferraille, immédiatement au nord-est de Guadalcanal.
Ils se prolongent les 14 et 15 aussi bien de jour que de nuit avec intervention
des avions basés à Henderson Field* et Espiritu Santo, cette fois à l’ouest et
au sud de Savo.
Au bilan, un cuirassé, un destroyer, des navires de transport coulés chez
les Japonais, 3 destroyers perdus chez les Américains et de nombreux éclopés
dans les deux camps ainsi que des avions abattus. Cette bataille prouve la
supériorité américaine et l’incapacité des Japonais à soutenir leurs soldats à
Guadalcanal. Le repli nippon de l’île interviendra à court terme.

GUADALCANAL, BATAILLES NAVALES DE


L’affrontement pour la possession de l’île de Guadalcanal* provoque
dans les deux camps un besoin en ravitaillement, en troupes et en matériel.
S’y joint pour les Japonais la volonté d’annihiler le terrain d’aviation
américain d’Henderson Field*.
S’ensuivent un certain nombre de batailles navales, généralement de nuit,
et pour plusieurs directement au large de Guadalcanal :

Savo* 9 août 1942


Salomon orientales* 24 août 1942
Cap Espérance* 11-12 octobre 1942
Santa Cruz* 26 octobre 1942
Guadalcanal* 12-13 et 14-15 novembre 1942
Tassafaronga* 30 novembre-1er décembre 1942
Île Rennell* 29-30 janvier 1943

Ces engagements, coûteux pour les deux camps (24 navires de tous types
de chaque côté), se soldent par un bilan positif pour les Américains. Les
Japonais finissent par se trouver dans l’impossibilité de ravitailler
Guadalcanal*. Leurs pertes ne peuvent être compensées alors que l’effort de
guerre américain commence à produire ses effets.

GUADALCANAL, LUTTE POUR


Le 9 juillet 1942, un Catalina* de reconnaissance rend compte que les
Japonais sont en train de construire une piste d’aviation à Guadalcanal*.
Le 10 juillet, un message de Washington prescrit à Nimitz* et
MacArthur* de débarquer immédiatement à Guadalcanal*, sans souci des
pertes, et de s’emparer de l’aérodrome en construction.
Sur le plan pratique, l’amiral s’en charge avec les moyens dont il
dispose : un bataillon de raiders, un de parachutistes, la 1ère division de
Marines* du général Vandegrift*.
Le 7 août au matin, 10 500 hommes, couverts par l’US Navy* et
l’aviation embarquée, débarquent à Guadalcanal*, 6 500 à Tulagi*, Gavutu et
Tanambogo, petites îles au sud de Florida.
Dans les îles, les plages sont désertes, mais l’intérieur est solidement
tenu. Les pertes sont lourdes. Parfois 20 % de l’effectif engagé pour en finir.
Ambiance initiale bien différente à Guadalcanal*. Les quelque 500
travailleurs du terrain d’aviation et leurs équipes de protection s’enfuient
précipitamment. Les Marines*, durant 24 heures, n’entendent claquer aucune
balle ; par contre, ils découvrent les réalités du terrain. Avec le matériel
récupéré sur place, les sapeurs se mettent aussitôt au travail pour achever la
piste que le général Vandegrift*, le patron des Marines, baptise Henderson
Field*.
Plus grave est l’intervention dans la nuit du 8 au 9 août de la flotte de
l’amiral Mikawa. Elle surprend les bâtiments américains au mouillage (voir
Savo, bataille de). Quatre croiseurs sont envoyés par le fond.
Au matin du 9, les Américains l’ont emporté sur terre, les Japonais sur
mer. Les Marines* et leurs camarades sont seuls. Par prudence, l’US Navy*
s’est retirée.
Vandegrift* se doute que les Japonais ne tarderont pas à s’occuper de lui.
Il s’organise pour tenir solidement un périmètre défensif de 10 km autour
d’Henderson Field* où les sapeurs travaillent d’arrache-pied. Le 29 août, 19
Wildcat* et 12 Dauntless* se posent sur la piste achevée. Ils constitueront
l’embryon de la Cactus Force*.
Vandegrift* avait raison. Le 18 août, un millier de Japonais débarquent à
Tavu, à une trentaine de kilomètres à l’est de sa position. Leur patron, le
colonel Ichiki, estime n’avoir en face de lui que 2 000 hommes au moral au
plus bas. Il se trompe. Ses charges à la baïonnette, le 21 au matin, sont
décimées. Le reste des assaillants est liquidé par une habile manœuvre et le
feu des Wildcat* qui décollent d’Henderson Field*. Pour expier sa défaite,
Ichiki se suicide.
Les Américains l’ont emporté mais les Japonais s’obstinent. Ils veulent
enlever Guadalcanal*. Question de prestige et de stratégie.
Presque chaque nuit, le Tokyo express* déverse de petits contingents à
l’est et à l’ouest des positions américaines. Leurs destroyers ajustent leurs tirs
sur Henderson Field*.
Progressivement, le dispositif nippon s’étoffe. D’une hauteur dominant la
plaine côtière, le mont Ansten, à 5 ou 6 km d’Henderson Field*, les artilleurs
japonais règlent le tir de leurs mortiers qui vient s’ajouter au feu des
destroyers et des bombardiers.
Vandegrift* lance avec succès un raid de parachutistes et de raiders sur
Tavu où un camp a été installé. Ils découvrent qu’un assaut général se
prépare pour enlever Henderson Field*. Les Américains sont sur leurs gardes.
Le 13 septembre, à 21 h, le célèbre « Banzaï* » est hurlé par 2 000
assaillants. À l’aube, les rescapés se replieront dans la jungle, laissant plus de
1 200 morts et blessés. Les 750 raiders* ont perdu 234 combattants tués ou
blessés, les 377 parachutistes 212.
Le retranchement d’Henderson Field* est sauf. Les Américains ont
prouvé qu’il fallait compter avec eux.
Chaque camp se renforce. L’un par le Tokyo express*, l’autre par air et
par mer. Début octobre, il y aura 20 000 Japonais dans l’île avec trois
batteries d’artillerie lourde, un bataillon de mortiers, un escadron de chars.
Vandegrift* reçoit le 7e régiment de Marines*, le 164e RI, un détachement
d’artillerie, qui portent ses effectifs à 23 000 hommes. Son aviation s’est
étoffée. Roosevelt*, conscient de l’importance psychologique de
Guadalcanal, a enjoint à ses chefs d’état-major « de renforcer Guadalcanal, et
vite » !
Le combat est une chose. Pour les combattants, s’ajoutent la dysenterie,
les affections de la peau, la malnutrition, l’épuisement. Dans un secteur
moins exposé, plus du tiers des hommes seraient déclarés inaptes.
Le 23 octobre, 5 600 hommes attaquent en force le périmètre oriental. Le
lendemain, 7 000 autres repartent, côté sud. Pendant deux jours, les
combattants se tuent à courte distance sur les collines. Épuisés, les Japonais
se retirent, ayant perdu 3 500 hommes. Les Américains ont remporté la phase
défensive terrestre de Guadalcanal. La partie va, durant un temps, se jouer sur
mer avec les batailles navales de Santa Cruz*, de Guadalcanal, et de
Tessafaronga*.
Le commandement se rend compte que la 1ère division de Marines* est à
bout. Début décembre, Vandegrift* et ses hommes sont relevés par le
XIVè CA du général Patch* (25ème DI, 2ème division de Marines*, Americal
Division*).
Le 9 décembre, Vandegrift* passe ses consignes de défense à
Guadalcanal et Tulagi*. L’épuisenent de ses hommes ne signifie pas que les
Japonais l’ont emporté, loin de là. Les batailles pour les convois et le passage
du Tokyo express* leur ont coûté très cher. Décimées par les tentatives pour
enlever Henderson Field, mal ravitaillées, leurs troupes, sont, elles aussi, à
bout. De surcroît, elles n’ont plus grand espoir de l’emporter.
13 000 hommes leur ont été envoyés en renfort à la mi-novembre. À
peine 2 000, et beaucoup sans leurs équipement, ont mis le pied à
Guadalcanal. Les batailles navales des 12-13, 14-15 novembre, connues sous
le nom de batailles de Guadalcanal*, ont eu raison des tentatives pour
renforcer le contingent sur place.
Les Japonais, ne pouvant plus soutenir l’île, sont condamnés à la perdre.
Le 31 décembre 1942, l’Empereur approuve le retrait. Pas à pas, ses
soldats reculent vers la portion occidentale de l’île sans donner l’éveil à leurs
adversaires. Du 1er au 9 février 1943, 11 000 rescapés abandonnent les lieux,
une ultime demande d’autorisation d’assaut suicide, formulée par leur chef,
ayant été refusée. Les destroyers du Tokyo express* les embarquent
discrètement de nuit. Le 9 février, le général Patch* peut passer un message
de victoire : « L’express de Tokyo n’a plus son terminus à Guadalcanal ! ».
Plus encore que celle de Midway*, la victoire de Guadalcanal marque un
tournant décisif dans le Pacifique. La supériorité américaine s’est affirmée,
même dans les combats les plus durs. Le Japon* se retrouve définitivement
acculé à la défensive pour tenter de préserver ce qu’il a conquis au lendemain
de Pearl Harbor*.
Chaque côté a payé cher : 24 navires US, autant de japonais, partis
meubler le fond de la ferraille. Les attaques suicides ont coûté 24 000 tués
aux assaillants contre 1 500. De plus, le Japon*, depuis le 7 août 1942, a
perdu 800 avions dans le secteur, avec autant de pilotes le plus souvent
chevronnés. Une perte irremplaçable.
À l’heure où les Soviétiques l’emportent à Stalingrad*, les Américains
gagnent à Guadalcanal. Les Britanniques, trois mois plus tôt, ont vaincu à El-
Alamein* et les Alliés* viennent de débarquer en Afrique du Nord*. La
Seconde Guerre mondiale a ainsi vécu son grand tournant.
GUAM
Île de 534 km2, au sud des Mariannes*, possession américaine depuis
1898.
Lorsque les premières bombes japonaises commencent à tomber sur
Guam, le 8 décembre 1941, à 8 h 27, l’île est pratiquement sans défense. La
garnison de 500 hommes manque d’armement. Le destroyer Penguin est
coulé, les casernes détruites.
Les Japonais débarquent le lendemain et marchent sur Agana, la capitale.
Après 30 minutes de combat, le gouverneur juge la résistance suicidaire et
ordonne le cessez-le-feu. Les Américains comptent 17 tués et les Japonais 10.
Les Japonais tiennent désormais Guam, contrôlant ainsi, avec Wake*, les
routes du Pacifique central*.
Reconquérir cette terre, leur propriété depuis 43 ans, est d’abord pour les
Américains une question de fierté. L’île possède, en outre, un excellent port
naturel et des sites favorables à des pistes de bombardiers lourds.
Le 21 juillet 1944, à 8 h 30, les Marines* prennent pied sur les plages
d’Asan (3e division) et Agat (1ère division puis 77e DI de l’armée), dans les
parties occidentale et centrale de Guam. Le soir même, ils tiennent de solides
têtes de pont.
Les Japonais multiplient les assauts désespérés. Dans la nuit du 25 au
26 juillet, 7 de leurs meilleurs bataillons contre-attaquent. La 3e division
connaît des heures critiques. À midi, l’offensive est brisée. La puissance de
feu américaine a fini par en avoir raison. 3 500 cadavres gisent dans le
périmètre de la 3e division qui compte 166 tués, 34 disparus et 645 blessés.
Plus au sud, la 1ère division a connu des charges similaires. Là encore, des
centaines de cadavres jonchent les lignes américaines.
Cette nuit sanglante a brisé l’essentiel des forces vives des Japonais. Cela
ne les empêche pas de continuer à résister. Trois semaines seront nécessaires
aux Marines* et aux fantassins de la 77e DI pour liquider les résistances.
Guam comptait 19 500 soldats japonais. Au soir du 10 août, 1250 sont
prisonniers ; les autres sont morts. Les Américains sont à nouveau chez eux à
Guam, avec des pertes très sévères : 1 744 tués, 5 970 blessés.
Grâce à cette conquête, l’amiral Nimitz* dispose désormais d’une
position stratégique exceptionnelle. Les B-29*, décollant de Guam*, ne
tarderont pas à prendre le chemin du sanctuaire nippon.
Des irréductibles refuseront de se rendre et se réfugieront dans la jungle.
Deux d’entre eux y survivront jusqu’en 1960. Minagawa Bunzo avait alors
40 ans, Ito Masashi 39. Le sergent Yokoi, 57 ans, ne sera capturé qu’en 1972.

GUATEMALA
Le Guatemala déclare la guerre aux puissances de l’Axe* en décembre
1941 et signe la déclaration originelle des Nations unies*.
Des bases américaines seront installées sur son territoire durant la guerre.

GUBBINS, COLIN
(1896-1976). Général britannique.
Ce général, parlant le russe, est, en 1939, chef d’état-major de la mission
militaire britannique en Pologne.
Durant la campagne de Norvège*, il commande des compagnies
indépendantes, commandos avant l’heure. En novembre 1940, il rejoint le
SOE* comme responsable de l’entraînement et des opérations. En septembre
1943, il en devient le chef, fonction qu’il gardera jusqu’à la dissolution du
SOE* en janvier 1946.
Cet homme de petite taille, supérieurement intelligent, possédait de
remarquables talents de persuasion et de commandement. Il savait se montrer
parfaitement diplomate avec les gouvernements en exil des pays sur les
territoires desquels il travaillait. Le SOE* lui doit une partie de son
efficience.

GUDERIAN, HEINZ
(1888-1954). Général allemand.
Resté dans la Reichswehr* après la Première Guerre mondiale, se fait,
dès le début des années trente, le doctrinaire de la force blindée.
Général en 1936, publie l’année suivante Achtung ! Panzer ! (Attention !
Blindé !), où il développe ses idées sur l’utilisation des unités blindées,
prônant vitesse et mobilité qu’il appliquera personnellement sur le terrain.
Prône surtout le regroupement des chars en force de frappe au lieu de leur
dispersion en soutien d’infanterie.
Commande le 19e CA durant la campagne de Pologne*, puis le 19e Corps
blindé en France*. Devient Heinz le rapide par la rapidité de ses
progressions. En 1941, à la tête de la 2e armée blindée du GA Centre de von
Bock*, s’enfonce vite et fort en Russie avant d’être bloqué lui aussi devant
Moscou* en décembre. Limogé le 26 décembre pour reproche injustifié de
repli, se retrouve en disponibilité jusqu’en février 1943. Est alors rappelé
comme Inspecteur général des blindés, avec rang et prérogatives de général
d’armée, afin de redonner souffle aux PD* mises à mal par 18 mois de
guerre.
Au lendemain du 20 juillet 1944, est nommé chef d’état-major de
l’OKH*, poste qu’il devait conserver jusqu’au 28 mars 1945, Hitler* ne
supportant plus l’impertinence de ses propos.
Guderian, soldat imprégné de convictions chrétiennes dans un univers
amoral, se voulait essentiellement un soldat. Il reste le théoricien et
l’exécutant des blindés. Chef soucieux du sort de ses hommes, il était
profondément populaire. Ses rapports avec Hitler* furent marqués d’estime et
de méfiance réciproques, Guderian ayant fini par regarder le Führer* comme
un personnage dangereux pour l’Allemagne*. Ne s’est pour autant impliqué
dans aucun complot pour le renverser par la force.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne.

GUERRE RUSSO-JAPONAISE
(voir MANDCHOURIE, CAMPAGNE DE)

GUILLAUME, AUGUSTIN
(1895-1983). Général français.
Saint-Cyrien (promotion Croix du Drapeau).
Fait prisonnier en novembre 1914, côtoie en captivité le capitaine de
Gaulle*. Sert ensuite longuement au Maroc*. En 1942, commande les
goums* marocains qu’il réussit à monter à 26 000 volontaires. Est à leur tête
en Italie* puis en France* avant de commander, fin août 1944, la 3e DIA*
avec laquelle il entrera en Allemagne*. Chef énergique, entraîneur
d’hommes, s’est bâti une solide réputation d’homme de guerre.
Après le conflit, sera résident général de France* au Maroc* et chef
d’état-major des armées.
Grand-Croix de la Légion d’honneur.
Une promotion de Saint-Cyr (1990-1993) porte son nom.

GUINGOUIN, GEORGES
(1913-2000). Résistant français.
Lorsque l’instituteur communiste Guingouin se proclame « Premier
maquisard de France* », il dit vrai.
Révoqué de l’enseignement en septembre 1940 par Vichy*, il plonge
dans la clandestinité dès février 1941. Il devient alors, pour beaucoup, le fou
qui vit dans les bois. Il vit effectivement, en Limousin, une existence traquée
dans des cabanes en pleine forêt ou des fermes abandonnées, ce qui ne
l’empêche pas de manifester son opposition au régime de diverses façons. Au
début de 1943, il crée les groupes armés qui deviendront la Première brigade
de marche du Limousin. Armés par des parachutages britanniques, les
maquis* de Guingouin constituent, en juin 1944, une force appréciable qui
livre les durs combats du mont Gargan, le 18 juillet. Ils contrôlent la région
au sud-est de Limoges. Guingouin s’y présente comme le préfet du maquis*.
Bien qu’intégré aux FTP*, il s’oppose à certains ordres du PC, refusant ainsi
d’investir Limoges par crainte de représailles type Tulle* ou Oradour*.
Nommé commandant des FFI* de la Haute-Vienne (8750 FTP*, 4 000
AS* et 1 050 ORA*), il libère Limoges sans dommages le 21 août. Le préfet
du maquis* deviendra maire de Limoges de 1945 à 1947.
Il aura de sérieux déboires judiciaires en 1952 pour des accusations
d’exécutions sommaires qui se termineront par un non-lieu.
Compagnon de la Libération*.

GUINGUAND, FRANCIS DE
(1900-1979). Général britannique.
Remarqué par Auchinleck*, commandant en chef au Moyen-Orient, il est
promu général et affecté à l’état-major de la VIIIe Armée britannique.
En août 1942, il devient chef d’état-major de Montgomery* nommé à la
tête de cette VIIIe Armée. Il le suit en Afrique et en Europe, l’assistant avec
dévouement et atténuant avec tact sa rigueur.
Après la guerre, Montgomery* sera incorrect à son égard. L’honnête
Guinguand ne lui pardonnera jamais.

GUISSAN, HENRI
(1874-1960). Général suisse.
Commandant de l’armée suisse qu’il saura mettre en état de résister à la
menace d’une invasion allemande.
Tout en s’efforçant de respecter la neutralité de son pays, jouera
résolument la carte alliée.

GÜNSCHE, OTTO
(1917-2003). Sturmbannführer SS.
Officier d’ordonnance de Hitler*.
Témoin des derniers moments du Führer*. Après la guerre, passera douze
ans dans les prisons soviétiques.

GUSTAV, LIGNE
Ligne de résistance allemande organisée, à la fin de 1943, par le maréchal
Kesselring* pour barrer la péninsule italienne dans les Abruzzes, à une
centaine de kilomètres au sud de Rome.
Elle va sensiblement du confluent du Garigliano*, sur la mer
Tyrrhénienne, à celui du Sangro, sur l’Adriatique, en suivant les vallées du
Garigliano*, du Rapido, et en passant un peu au nord de celle du Sangro.
(Partiellement, et un peu en avant, elle est flanquée par les lignes Barbara* et
Bernhard*.)
La ligne Gustav est percée le 13 mai 1944 par le CEF* du général Juin*,
ouvrant aux Alliés* la route de Rome*.
GYMNAST
Premier nom de code du débarquement allié en Afrique du Nord* en
novembre 1942.
Deviendra Torch*, en juillet 1942, à l’instigation de Churchill*.
H

HAAKON VII
(1872-1957). Roi de Norvège.
En juin 1940, son pays occupé, décide de se réfugier en Angleterre* avec
le gouvernement pour poursuivre la lutte.
Le 7 juin 1945, cinq ans jour pour jour après son départ de Tromsø, il
rentrera dans son pays, auréolé d’une très forte popularité. Son choix avait été
le bon.

HACHA, EMIL
(1872-1945). Homme politique tchèque.
Il est élu président de la République tchécoslovaque le 30 novembre
1938, après la démission d’Édouard Benes* refusant les accords de Munich*.
Il devient ensuite président fantoche du Protectorat de Bohême-Moravie
sous obédience allemande. Arrêté en 1945 pour haute trahison, il meurt en
prison.

HAILÉ SÉLASSIÉ
(1891-1976). Empereur d’Éthiopie*.
Il est chassé de son pays, en 1936, par l’invasion italienne.
Après la victoire britannique dans la corne de l’Afrique, il y revient en
mai 1941, escorté par les hommes de Wingate*, et retrouve son trône.
Churchill* saluera l’événement et lui écrira :
« [...] vous êtes le premier souverain à rentrer chez lui en vainqueur. »

HAINAN, ÎLE DE
Île chinoise située à 480 kilomètres au sud de Hong Kong.
Elle est occupée par les Japonais en 1939 et leur sert à surveiller Hong
Kong et l’Indochine française*. C’est à Hainan que s’entraînent les 30
Thakins*, nationalistes birmans, noyau initial de la constitution de l’armée de
l’indépendance birmane créée en décembre 1941. La Chine* récupérera
Hainan après la guerre.

HALDER, FRANZ
(1884-1972). Général allemand.
Successeur de von Blomberg, en 1938, à la tête de l’OKH*.
Conduit avec succès les opérations contre la Pologne* puis la France*.
Bouc émissaire des échecs contre l’URSS*, est démis de ses fonctions le
24 septembre 1942. Bien que non impliqué dans l’attentat du 20 juillet 1944
contre Hitler*, est arrêté et envoyé dans les camps de concentration de
Flossenburg* et Dachau*. Après la guerre, travaille durant quinze ans pour
les services historiques américains.
Ce soldat traditionnel, sur le fond antinazi, a envisagé plusieurs fois de
renverser le régime mais n’a jamais été au bout de ses convictions.

HALFAYA, PASSE D’
Un des deux points de passage obligés dans les escarpements de la plaine
côtière près de la frontière entre l’Égypte* et la Libye*, un peu au sud de
Solloum.
À ce titre, la passe d’Halfaya est occupée, perdue, reprise, par chaque
camp, à plusieurs reprises. Le major allemand Bach, bien qu’encerclé, y
résiste de juin 1941 à janvier 1942.
L’infanterie néo-zélandaise s’en empare définitivement en novembre
1942 après la seconde bataille d’El-Alamein*.
HALF-TRACK M 3
Engin semi-chenillé blindé américain se rapprochant des célèbres semi-
chenillés Citroën de la Croisière Jaune.
Conçu comme Battle-Taxi, il était destiné à déposer les fantassins au plus
près de leur objectif sans pour autant combattre lui-même. 41 470
exemplaires, en 70 versions, seront produits de 1941 à 1944.
Vitesse : 72 km/h ; autonomie : 312 km ; armement : une mitrailleuse de
12, 7 mm sur support circulaire ; équipage : 3 à 10 hommes.

HALF-TRACK M 16
Version antiaérienne du modèle 3.
Comprend dans le compartiment arrière un affût quadruple de
mitrailleuses de 12,7 mm Browning M2*. La haute cadence de tir des quatre
mitrailleuses constitue un puissant barrage de feu. Dans le tir à terre, elle est
redoutable.

HALIFAX, EDWARD
(1881-1959). Homme politique anglais.
Nommé en février 1938 à la tête du Foreign Office, se montre un partisan
déterminé des accords de Munich*. Ayant perçu la duplicité nazie, évolue et,
appuyant la notion de garantie à la Pologne*, se prononce pour l’entrée en
guerre de la Grande-Bretagne*. Aurait pu succéder à Chamberlain* le 10 mai
1940*, mais l’homme manque du charisme et de la pugnacité nécessaires
pour conduire la Grande-Bretagne* dans une bataille sans merci contre
l’Axe*. Aurait peut-être accepté de pactiser avec Hitler* devant sa puissance
apparente. Reste néanmoins au Foreign Office, dans le cabinet Churchill*,
jusqu’en décembre 1940. Part ensuite à Washinghton jusqu’en 1946 comme
ambassadeur de son pays. Contribuera ainsi au commandement unifié et à
l’organisation des Nations unies*.

HALIFAX MK III (HANDLEY PAGE HALIFAX


MK III)
Quadrimoteur anglais de bombardement en service à partir de février
1944. Version la plus performante des bombardiers Halifax, fabriqué à 2 060
exemplaires par Handley Page Ltd.
Vitesse : 450 km/h ; autonomie : 1 650 km ; armement : 9 mitrailleuses,
5 900 kg de bombes ; équipage : 7 hommes.
Les Halifax, en plusieurs versions, seront fabriqués au total à 6 176
exemplaires. Certains serviront au transport de parachutistes ou au
remorquage de planeurs.

HALSEY, WILLIAM
(1882-1959). Amiral américain.
Ce marin, de forte personnalité, s’oriente dès 1934 vers l’aéronavale.
Vice-amiral, il commande en 1939 les forces aéronavales de la flotte
américaine du Pacifique*.
La guerre lui donne l’occasion de donner sa mesure à la tête d’une Task
Force*, puis de la IIIe flotte américaine en juin 1944. Il lance le raid de
Doolittle* contre Tokyo en avril 1942 ; manque, pour maladie, la bataille de
Midway*. Il est présent contre les Gilbert* et les Mariannes*, à
Guadalcanal*, dans les Salomon*, avant de couvrir les débarquements de
MacArthur* dans les Philippines*. Lors de la bataille de Leyte*, emporté par
son tempérament, il se lance à la poursuite de l’escadre d’Ozawa* et
découvre une partie des bâtiments de débarquement. Nimitz*, qui
l’appréciait, ne devait pas lui en tenir rigueur.
En 1945, à la tête d’une énorme armada, il s’en prend au sanctuaire
japonais. La capitulation nippone est signée sur son navire amiral, le cuirassé
Missouri*, le 2 septembre 1945.
Surnommé le Taureau, Halsey était un chef populaire, rugueux, mais
aimé et admiré, à la combativité remarquée. L’un de ses propos, grommelé au
lendemain de Pearl Harbor*, caratérise bien le personnage : « Nous n’en
aurons fini avec eux (les Japonais) que quand le japonais ne sera plus parlé
qu’en enfer. »
Promu amiral de la flotte en décembre 1945.

HALTBEFEHL
Les historiens se querellent toujours sur les raisons profondes du fameux
Haltbefehl – ordre d’arrêt – d’Adolf Hitler*, le 24 mai 1940, alors que les
PD* de Guderian* n’étaient plus qu’à 18 km de Dunkerque*.
Selon les uns, marqué par ses souvenirs de la boue des Flandres en 14-18,
le maître du Reich* aurait jugé le terrain impropre à la manœuvre des PD*.
Pour d’autres, une considération beaucoup plus politique aurait dicté sa
conduite. Il aurait souhaité ne pas trop accabler la Grande-Bretagne*, afin de
l’amener à une paix de conciliation.
Il semble bien, à l’analyse des révélations des proches de Hitler*, que la
vérité soit ailleurs, et qu’elle s’appelle la superbe d’Hermann Goering*. Il
s’est fait fort d’achever les débris des divisions franco-anglaises avec sa seule
Luftwaffe*, souhaitant lui octroyer à Dunkerque* ses lettres de noblesse.
Créée en 1933, n’est-elle pas un pur produit du national-socialisme méritant
d’être mis en exergue ?

HAMBOURG, BOMBARDEMENT DE
Hambourg, deuxième grande ville d’Allemagne* avec 1, 5 million
d’habitants, est choisie en 1943 comme objectif par le Bomber Command*
britannique pour frapper les capacités industrielles de l’Allemagne* (45 %
des sous-marins y sont fabriqués) et porter un coup sévère au moral des
Allemands.
L’opération qui s’effectuera en quatre raids est baptisée Gomorrhe du
nom de cette ville de l’Ancien Testament détruite par le feu du ciel.
Les 3 091 sorties de cette frappe sur Hambourg s’étalent sur quatre nuits :
24-25, 27-28, 29-30 juillet, 2-3 août 1943. Les Britanniques utilisent
largement les Window* pour désorienter la chasse adverse. Au total, près de
10 000 tonnes de bombes sont larguées, produisant au second raid une
gigantesque tornade de feu. 86 appareils sont perdus. La ville est dévastée à
30 %, 45 000 de ses habitants sont tués ainsi que 800 militaires. Les quatre
principaux chantiers de constructions navales sont gravement endommagés ;
travail et trafic cessent dans la cité.
Apeurée, la population fuira Hambourg. Ce raid est un encouragement
pour le Bomber Command*. Les Allemands, eux, parlent d’une catastrophe.

HAMMER
Opération prévue à partir du 11 avril 1940, par les Britanniques, contre la
ville de Trondheim en Norvège centrale*.
Un débarquement devrait être soutenu par la Navy*. La prise de
Trondheim, tout en apportant un soutien aux Norvégiens, assurerait le
contrôle des principaux axes de communications du pays. Le 20 avril, après
bien des tergiversations, Hammer sera annulée devant l’évolution favorable
aux Allemands de la situation militaire en Norvège*.

HANDSCHAR
13e Waffen-Gebirgsdivision der SS dite Handschar (Kroat No 1).
Division de Waffen SS* constituée en 1943 de Croates catholiques et de
Bosniaques musulmans pour beaucoup enrôlés de force. Elle participera à la
lutte contre les partisans de Tito* en Yougoslavie*. Des éléments envoyés en
France* se révolteront (voir Villefranche-de-Rouergue).

HANNUT
Hannut, 40 km à l’ouest de Liège.
Cadre d’un violent combat mené les 12 et 13 mai 1940 par le corps de
cavalerie du général Prioux, qui s’était porté de l’avant contre les 3e et 4e
PD*. Les équipages des 2e et 3e DLM* sont de qualité, leur matériel bien
servi ; il est toutefois trop léger et surtout sans couverture aérienne. Devant
les Panzers, comme toujours, la Luftwaffe* intervient sans relâche. En fin de
journée du 13, les deux DLM* doivent se retirer sur Gembloux*. La bataille
de Hannut, si coûteuse soit-elle, n’est pas une défaite. L’ennemi reste
contenu.

HARLING, OPÉRATION
Parachutage en Grèce*, en septembre 1942, d’un commando de
11 membres du SOE* britannique dirigé par le lieutenant-colonel Barnes
(néo-zélandais).
Ce commando avait mission, en liaison avec la Résistance grecque*, de
détruire le viaduc du Gorgopotamos* sur la voie ferrée Salonique-Le Pirée,
afin d’entraver les approvisionnements de Rommel* qui transitaient par cette
voie ferrée. Il devait connaître un plein succès.
HARRIMAN, AVERELL
(1891-1986). Homme politique et diplomate
américain.
Il est plusieurs fois l’envoyé spécial du président Roosevelt* durant la
guerre, notamment en Grande-Bretagne* au titre de la loi Prêt-bail*, et
participe à la conférence de l’Atlantique* en août 1941.
De 1943 à 1945, il sera ambassadeur des États-Unis* à Moscou.
Il jouera un rôle politique important dans son pays après la guerre.

HARRIS, ARTHUR
(1892-1984). Maréchal de l’air britannique.
Entré dans l’aviation durant la Première Guerre mondiale, il prend en
1939 le commandement du 5e groupe de bombardement.
Le 23 février 1942, il est nommé commandant en chef des forces de
bombardement (Bomber Command*).
Il donne au bombardement stratégique une formidable impulsion et s’en
prend aux centres vitaux allemands. Il accroît le nombre de bombardiers
lourds et lance des bombardements à grande échelle avec plusieurs centaines
d’appareils. Il met ainsi sur pied l’opération des 1 000 avions dans un raid
meurtrier sur Cologne le 30 mai 1942 avec un pourcentage de pertes faible,
3,3 %. Il poursuivra une politique de bombardements de nuit et sur zone
durant toute la guerre, visant les grandes villes et centres industriels.
Hambourg* et Dresde* seront parmi les cités les plus touchées.
Harris prendra sa retraite en 1946 et sera promu maréchal de la RAF*.

HARTMANN, ERICH
(1922-1993). Aviateur allemand.
As des as allemands. 352 victoires homologuées.

HARWOOD, HENRY
(1888-1950). Amiral britannique.
Commodore à la tête de la Force G, gagne la bataille du Rio de la Plata
contre le croiseur Graf von Spee* en décembre 1939.
Promu amiral, commande la flotte de la Méditerranée* de mai 1942 à
avril 1943. Retraité en 1945.
Knight Commander de l’Ordre du Bain.

HAUSSER, PAUL
(1880-1972). SS Oberstgruppenführer.
Officier d’active, prend sa retraite en 1932 comme général de division.
Entré à la SS*, commande l’école d’officiers SS*. Durant la Seconde
Guerre mondiale, commande des régiments puis des divisions SS* ainsi que
la 7e Armée allemande en Normandie*. Termine la guerre adjoint du
maréchal Kesselring* en Italie*. Chef apprécié et estimé, il était surnommé
Papa Hausser. Sachant prendre ses responsabilités, il refusait d’exécuter
certains ordres néfastes de Hitler*. Ne lui seront pas imputés de crimes de
guerre.

HAWKINS 75 Mk-1
Mine antichar anglaise.
Elle pesait 1,360 kg et contenait 680 grammes d’explosif.

HEER, DAS
L’armée de terre allemande.
Elle est de loin la première composante de la Wehrmacht* avec 3 740
000 hommes en 1939 et 6 500 000 en 1944. Elle sera du reste celle qui
souffrira le plus avec : 1 622 561 tués au combat ; 160 237 morts pour
diverses raisons ; 4 165 863 blessés ; 1 646 316 disparus, chiffre qui s’ajoute
naturellement à celui des tués.
À l’inflation de ses effectifs correspond celle de ses divisions :
UNITÉS 1939 1945
PD* 6 31
Division motorisée 4 13
DC - 2
Division légère 4 -
DI 86 176
Montagne 3 10
Volksgrenadier - 5
Infanterie légère 2 11
Planée 1 1
Défense côtière - 4
Sécurité 6
TOTAL 106 306

À la fin de 1944, ces divisions constitueront 26 armées regroupées en


11 groupes d’armées. Il est évident toutefois que les effectifs divisionnaires
de 1944 ne sont plus ceux de 1939.
Si la Luftwaffe* avec Goering* et la Kriegsmarine* avec Raeder* puis
Dönitz* connaissent une relative stabilité de commandement, il n’en est rien
pour l’armée de terre. Elle subit de plein fouet les sautes d’humeur de Hitler*.
L’OKH* (Ober Kommando das Heer) est à plusieurs reprises modifié.
C’est au sein de l’armée de terre que se trouveront le plus d’opposants au
nazisme. Attentats* et complots* contre le Fuhrer* viendront de ses rangs,
car imprégnée de traditions elle était la plus imperméable au nazisme*.

HEIL HITLER !
Heil (longue vie) est un terme traditionnel d’acclamation en Allemagne*.
Le Heil Hitler* sera utilisé, à partir de 1925, par le Parti nazi, adjoint au
salut fasciste. Goering* le rendra obligatoire à Berlin, en 1926, entre
membres du Parti.
Ce Heil Hitler et le salut fasciste au garde-à-vous sont devenus des
symboles de l’époque nazie.
HEINKEL HE 111
Bimoteur de bombardement allemand datant de 1934, fabriqué par Ernst
Heinkel à près de 7 000 exemplaires en diverses versions.
Vitesse : 405 km/h ; autonomie : 2 060 km ; armement : 6 mitrailleuses,
2,5 tonnes de bombes ; équipage : 5 hommes.

HEINKEL HE 177
Bimoteur de bombardement stratégique allemand sorti en 1942 et
fabriqué à 1 000 exemplaires en plusieurs versions.
Caractéritiques du He 177 A-1. Vitesse : 510 km/h ; autonomie : 1 200
km ; armement : 5 mitrailleuses, 2 400 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.

HEINRICI, GOTTHARD
(1886-1971). Général allemand.
Vieux soldat, refusant la politique de la terre brûlée et grand spécialiste
du combat défensif.
Succède à Himmler* à la tête du groupe d’armées de la Vistule en 1945.
Fait prisonnier par les Américains, est libéré en mai 1948.
Bien que peu connu, est certainement l’une des plus honorables figures
d’officier général de la Wehrmacht*, fidèle à son pays et à ses valeurs de
chrétien.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne et épées.

HÉLICOPTÈRE
Les Allemands étudièrent deux types d’appareils, le Kolibri et le Drache
(lourd), mais les bombardements aériens stoppèrent leurs tentatives.
La société Sikorski, aux États-Unis*, produisit plusieurs centaines
d’appareils. Quelques-uns seront utilisés en Birmanie* à partir d’avril 1944 ;
les autres seront employés par les gardes-côtes pour le sauvetage en mer.

HELLCAT
Grumann F6 F.
Chasseur monomoteur américain embarqué. Fabriqué à 12 272
exemplaires en plusieurs versions.
F6 F-3, sorti en 1943 : vitesse : 600 km/h ; autonomie : 1 750 km ;
armement : 6 mitrailleuses ; équipage : 1 homme.
Il est, avec le Corsair*, le grand vainqueur de la guerre aérienne du
Pacifique*.

HENDERSON FIELD
Premier terrain d’aviation de Guadalcanal*, commencé par les Japonais
et achevé par les sapeurs des Marines (deux autres pistes s’y adjoindront).
Il porte le nom d’un jeune chef de flottille des Marines* tombé à
Midway*. Wildcat* et Dauntless* s’y poseront rapidement, apportant un
soutien précieux au périmètre de défense des Américains.
C’est d’Henderson Field que, le 16 avril 1943, décollera l’escadrille de
P 38* partant tendre une embuscade fatale à Yamamoto*.

HENLEIN, KONRAD
(1898-1945).
Allemand des Sudètes, fondateur, avec Karl Frank*, du parti nazi
tchèque. Gauleiter* des Sudètes* durant toute la guerre. SS
Obergruppenführer en juin 1943.
Arrêté en mai 1945 par les Américains, parvient à se suicider.

HÉRAKLION, COMMANDO CONTRE


L’AÉRODROME D’
Les Britanniques, à plusieurs reprises, ont bombardé l’aérodrome
d’Héraklion.
Sans grands résultats. De là décollent les avions attaquant les convois de
Malte* ou soutenant l’Afrika Korps* en Libye*.
À défaut de résultats, un commando du SAS* reçoit mission de frapper
l’aérodrome. Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, six hommes sont déposés
par sous-marin à l’est de l’aérodrome. Quatre Français : Bergé*, Mouhot,
Sibard, Léostic ; un Britannique : Jellicoe ; un Grec : Petrakis.
Au cours de la nuit du 12 au 13, le commando s’infiltre sur le terrain
d’aviation et détruit 21 appareils au sol. Presque tous des bombardiers JU
88*. Le retour est tragique. Léostic est tué ; les trois autres Français sont faits
prisonniers. Seuls Jellicoe et Petrakis parviennent à se sauver. Les
Allemands, de rage, fusillent 50 otages crétois.
Ce succès imposera aux Allemands de renforcer les surveillances,
immobilisant ainsi du potentiel humain.

HERBSTNEBEL
Brouillard d’automne. Nom de code de l’offensive allemande dans les
Ardennes* en décembre 1944.
Était jusqu’au début de ce mois de décembre Wacht am Rhein (Garde au
Rhin).

HERCULES, OPÉRATION
Opération prévue par les Allemands pour s’emparer de l’île de Malte*.
Les parachutistes allemands et italiens (division Folgore*) s’entraîneront
à cet effet. Échaudé par le coût humain de la conquête de la Crète* et
préoccupé par le front de l’Est*, Hitler* renoncera.

HERMANN, OPÉRATION
Opération lancée par Goering*, le 1er janvier 1945. 1 100 Focke Wulf 190
et Messerschmitt* 109 fondent sur 27 bases aériennes alliées du nord-ouest
de l’Europe.
La surprise joue en bien des cas. 300 appareils sont détruits au sol. Mais
ce n’est qu’un succès à la Pyrrhus. Les pilotes allemands, dans l’ensemble,
manquaient d’expérience ; 300 d’entre eux ne rentrent pas. La Luftwaffe* a
payé trop cher. Eisenhower* peut en quelques jours reconstituer ses
escadrilles. Goering* en est incapable.

HÉROS DE L’UNION SOVIÉTIQUE


Distinction soviétique suprême, instituée le 16 avril 1934.
Sera décernée à 11 200 personnes, principalement durant la Seconde
Guerre mondiale, dont le tiers à titre posthume. Elle peut être attribuée
plusieurs fois. Cas extrême 4 fois : maréchal Joukov*, Leonid Brejnev*.
Quatre Français du régiment Normandie-Niémen* se sont vus décerner
cette distinction : Marcel Albert, Jacques André, Marcel Lefèvre (à titre
posthume), Roland de la Poype.
Le ruban de moire écarlate soutient une étoile d’or de 32 grammes.

HESS, RUDOLF
(1894-1987).
Le personnage reste un mystère.
Dans son aventureuse entreprise vers la Grande-Bretagne*, agissait-il
comme un missus dominicus ? Était-il un utopiste de bonne foi ou un
déséquilibré ?
Officier aviateur en 14-18, adhère en 1920 au parti nazi, subjugué par
l’éloquence de Hitler*. Compromis dans le putsch de 1923, est interné avec
Hitler* à la prison de Landsberg. Devient son intime et son secrétaire.
Participe à la rédaction de Mein Kampf, prenant sous dictée, des heures
entières, les propos du Führer*. Avec l’accession des nazis au pouvoir, est
promu général SS*. En 1933, il est chef adjoint du parti et en 1939 second
successeur du Führer* après Goering*. A priori, ce troisième personnage de
l’État semble pleinement intégré au régime qu’il a contribué à édifier et
bénéficie de la pleine confiance de son chef.
Le 10 mai 1941, vers 18 heures, pilotant un Messerschmitt Me 110*,
Hess s’envole d’un aérodrome près d’Augsbourg. Au terme de cinq heures de
navigation précise, il s’éjecte au-dessus de l’Écosse et atterrit sain et sauf en
parachute. Arrêté et interrogé, il déclare : « Je suis venu pour sauver
l’humanité » et se pose en émissaire de la paix. Selon lui, Hitler* serait prêt à
s’entendre avec la Grande-Bretagne* et à lui garantir l’intégrité de son
empire. En contrepartie, il ne réclame que les mains libres à l’Est* et le retour
à l’Allemagne* de ses anciennes colonies.
Churchill*, naturellement, ne donne pas suite à ces étranges propositions.
Hitler* fait regarder l’équipée comme œuvre d’un soudain déséquilibré.
Toutefois, il laisse passer trente-six heures avant de la mentionner, comme
s’il préférait attendre d’en connaître les résultats.
Interné par les Britanniques, Hess sera ensuite condamné à la prison à vie
par le Tribunal militaire international de Nuremberg*. Resté seul prisonnier à
la prison de Spandau*, il se suicidera le 17 août 1987, les Soviétiques ayant
toujours refusé toute mesure de grâce.

HEYDRICH, REINHARD
(1904-1942).
Ancien officier de marine radié en avril 1931 pour cause d’indignité.
Intégré dans les SS* le 5 octobre, avec le grade de Sturmbannführer
(commandant). La même année, Himmler* a mis sur pied un service de
sûreté SS*, non officiel, le SD*. En 1934, Heydrich prend le commandement
de ce SD*, devenu, le 9 juin 1934, le service de renseignements et de contre-
espionnage du parti nazi. En 1936, il cumule cette fonction avec celle de
patron de la Kripo* et de la Gestapo*. À la création du RSHA*, le
27 septembre 1939, groupant Gestapo*, Kripo* et SD*, il est nommé à sa
tête. Arrestations, exécutions sommaires, envois dans des camps de
concentration*, jalonnent le parcours d’un homme devenu l’adjoint de
Himmler* et l’un des puissants d’Allemagne*.
Le 27 septembre 1941, Heydrich est nommé Obergruppenführer SS et
Reichsprotektor (Gouverneur) de Bohême-Moravie, tout en gardant ses
responsabilités à la tête du RSHA*. Est ainsi l’un des grands protagonistes de
la Solution finale* du problème juif.
Après une période de traque sans pitié de la Résistance tchèque, Heydrich
change de méthode et se fait charmeur. Il met en œuvre une série de mesures
humanitaires et sociales en faveur des classes populaire. Un climat de détente
s’instaure dans le pays que le peuple tchèque apprécie.
Devant le risque de voir la population se plier facilement au joug
allemand, le gouvernement tchèque en exil à Londres décide l’envoi d’un
commando pour éliminer le Reichsprotektor. Ce commando fort de sept
hommes sera parachuté dans la nuit du 28 au 29 décembre 1941. Le 27 mai
1942, deux de ses membres parviendront à blesser mortellement Heydrich qui
décédera le 4 juin à Prague.
Cette mort sera suivie de terribles représailles. 3 000 arrestations, 1 357
exécutions, 657 morts sous la torture (voir Lidice). Le commando lui-même,
suite à une trahison, sera cerné et se suicidera plutôt que de se rendre.
Sous une présentation d’aryen de belle carrure aux yeux bleus, se
dissimulait un névrosé sexuel, un personnage intelligent et remarquable
organisateur, mais faux et cruel. Hitler* l’avait qualifié d’« homme au cœur
de fer ».

HIGASHIKUNI, NARUHIKO
(1887-1990). Homme politique japonais.
Ce prince de la famille impériale, en son temps hostile à Tojo*, est
désigné, au lendemain de la capitulation japonaise, pour remplacer l’amiral
Suzuki* comme chef du gouvernement à compter du 17 août 1945.
Il lui incombe alors une double mission : assurer l’ordre, démobiliser les
forces armées. Il ne restera en fonction que 54 jours avant l’arrivée de
MacArthur*.

HIMMLER, HEINRICH
(1900-1945). SS Reichsführer.
Chef de la SS* de 1929 à 1945, ministre de l’Intérieur d’Allemagne* de
1943 à 1945.
Fils d’un maître d’école catholique, voit le jour à Munich en 1900.
Ingénieur agronome, il adhère au Parti nazi en 1925, nommé par Hitler* chef
de la SS*, SS Reichsführer, le 16 juin 1929. Député au Reichstag l’année
suivante. À partir de 1936, cumule les fonctions de chef des SS* et de la
police nationale. De 1943 à 1945, ministre de l’Intérieur. Après l’attentat* du
20 juillet 1944, prend en sus le commandement de l’armée de remplacement.
En janvier 1945, commande le groupe d’armées de la Vistule où devant, son
inaptitude, il est vite remplacé par le général Heinrici*. Ayant perçu l’issue
de la guerre, prescrit l’arrêt de la Solution finale* et s’efforce d’entrer en
négociations avec les Alliés*. Est démis de toutes ses fonctions peu avant la
mort de Hitler*. Arrêté par les Britanniques qui n’ont pas encore décelé son
identité, se suicide le 23 mai 1945.
Chef de la SS*, Heinrich Himmler apparaît comme l’un des plus grands
responsables des monstruosités du régime nazi et en premier lieu de
l’extermination des Juifs.

HIRO-HITO
(1901-1989). Empereur du Japon*.
Monté sur le trône impérial le 25 décembre 1926, à la mort de son père,
Hiro-Hito laisse progressivement les militaires diriger le gouvernement
japonais.
En 1941, alors que, par son autorité impériale, il a pouvoir de s’opposer à
la guerre, il laisse Tojo* précipiter son pays dans le conflit avec les États-
Unis* et entérine toutes les décisions prises. Il accepte de signer les
déclarations de guerre à la Grande-Bretagne* et aux États-Unis*.
Par son silence, il couvre les atrocités de ses armées aussi bien sur le
continent asiatique que dans le Pacifique*. À partir de 1944, conscient de
l’inéluctable défaite, il souhaite, mais sans l’imposer, voir le Japon*
s’orienter vers la paix. Il faudra les bombes de Hiroshima* et Nagasaki* pour
qu’il sorte de sa réserve et s’exprime publiquement. À la radio, il exige de
son peuple d’« accepter l’inacceptable », c’est-à-dire la reddition sans
conditions.
Au vu des atrocités commises par les Japonais, il était dans la logique des
choses que le nom de leur chef s’inscrive au premier rang des grands
criminels de guerre. MacArthur*, connaissant l’attachement du peuple
japonais à la fonction impériale, en décidera autrement. Toucher à Hiro-Hito
aurait sans doute précipité les Japonais dans une révolte difficile à maîtriser.
Hiro-Hito, pour raisons d’État, sauvera donc sa tête et son trône. L’après-
guerre le verra toutefois perdre le caractère divin de sa fonction. Par contre, il
soutiendra MacArthur* dans sa démocratisation du Japon*.

HIROSHIMA, BOMBARDEMENT DE
Depuis les premiers jours de juin 1945, le 509e Composite Group du
colonel Tibbets* est regroupé au complet sur Tinian*.
La petite île est une ruche. Plus de 6 millions de m3 de déblais ont été
rejetés pour construire six pistes de 2,5 km chacune. Des réservoirs géants
sont susceptibles de stocker 25 millions de litres d’essence pour B-29*. Ces
derniers décollent ou atterrissent sans interruption. Le pilonnage du Japon* se
poursuit inlassablement.
Le 24 juillet, un document ultra-secret est transmis à Truman*. Il précise
les intentions et projets du général Groves* :
A/ La 1ère bombe sera prête à être lancée entre les 1er et 10 août.
B/ Les objectifs suivants ont été choisis :
— Hiroshima* (350 000 habitants). PC important, industrie considérable.
— Nagasaki* (210 000 habitants), grand centre industriel et naval.
— Kokura (17800 habitants), plus grand centre de stockage de munitions
du sud.
— Niigata (150 000 habitants), port clé pour le trafic vers le continent.
C/ La bombe sera transportée par un appareil accompagné de 2 autres B-
29* spéciaux avec les observateurs et les instruments particuliers.
D/ Les 3 B-29* décolleront de Tinian*.
E/ L’avion porteur attaquera l’objectif à une altitude de 30 000 pieds.
Le 26 juillet, le croiseur Indianapolis mouille devant Tinian*, apportant
un petit cylindre renfermant le cœur même de la bombe atomique.
Le 30 juillet, Truman* approuve les intentions de Groves*. Devant la
réaction négative de Tokyo à la déclaration de Potsdam*, le Président
américain et ses adjoints politiques et militaires sont décidés à frapper. Ils
éviteront ainsi la perte d’un million de vies américaines, coût estimé pour en
finir avec le Japon*. Ils épargneront de même bien des vies japonaises
victimes de la poursuite du conflit.
Sur Tinian*, l’assemblage de Little boy*, la bombe atomique, est achevé
le 31. Seul contretemps, la météo. Une éclaircie n’est annoncée qu’à partir du
5.
Après trois jours d’extrême mauvais temps, la météo est enfin favorable.
Hiroshima* figure donc en tête de la liste maudite. PC du 2e GA japonais, la
ville est située à 700 km de Tokyo, dans la corne sud-ouest de Honshu.
Distance Tinian*-Hiroshima*, 2 650 km, soit au minimum six heures de vol
aller, étant donné les méandres obligés. La bombe sera lancée
obligatoirement à vue entre 28 000 et 30 000 pieds, à une vitesse de 420
km/h.
6 août 1945. Minuit. Ultime briefing. Le secret est levé. Le B-29* no 82
Enola Gay* du colonel Tibbets* sera à la fin de son parcours escorté par
deux autres Superfortress* : celles des commandants Sweeney et Maarquardt.
Ces deux appareils emportent le matériel scientifique destiné à enregistrer les
résultats du tir.
1 h 37 Trois F-13 A Photofort (B-29* modifiés pour la reconnaissance)
décollent pour vérifier au préalable les conditions météorologiques au-dessus
de Hiroshima*, Kokura et Nagasaki*.
2 h 45. Sur le terrain de North Field de Tinian*, l’Enola Gay* est paré au
décollage avec 12 hommes à bord dont quatre scientifiques et Little boy*
dans sa soute. En bout de piste, moteurs à pleine puissance, Tibbets* lâche
les freins. Les initiés sont crispés. Que se passerait-il si le B-29*, en pleine
charge et avec sa redoutable cargaison, s’écrasait en limite du terrain ?
Certes, la bombe n’a pas encore été amorcée, mais le pire reste toujours
possible en ce domaine mal connu.
Décollage impeccable. Au-dessous, le Pacifique* luit comme une laque
argentée.
3 h 30. Tibbets* baisse son niveau de vol : 4 000 pieds. Le capitaine
Parson, ancien du laboratoire de Los Alamos, se glisse dans la soute à
bombes. Il a, la veille encore, répété le job à effectuer en plein vol. Un pouce
se lève. Tout est OK ! Little boy est opérationnel.
Sweeney et Maarquardt sont fidèles au rendez-vous. 600 milles ont été
parcourus depuis Tinian*.
7 h 40. La formation commence à prendre son altitude de bombardement
(9 950 m).
7 h 52. Survol d’Iwo Jima*. À des centaines de kilomètres devant, les
trois Photofort arrivent sur zone. Les villes nippones, cibles possibles, ont
reçu un numéro de code. Les résultats des reconnaissances météo filent sur
les ondes : « 112 est invisible, beaucoup de turbulences. 236 ne vaut pas
mieux. Du côté de 324, c’est nettement mieux. »
324 : Hiroshima* ! Le sort en est définitivement jeté.
9 h 09. Il fait grand jour. Le ciel est parfaitement dégagé. Hiroshima*
commence à se distinguer. Tout y paraît calme. Même pas la lueur d’un
départ de DCA. Les B-29* volent trop haut.
Le commandant Thomas Ferebee, l’officier de tir, connaît par cœur la
topographie de Hiroshima*. Dans son viseur, il repère maintenant très
distinctement l’objectif : un pont sur le plus large bras de l’Ota, le fleuve qui
irrigue la ville.
9 h 15 (8 h 15 heure locale). Ferebee déclenche le largage. Soulagé de
son chargement, l’Enola Gay* semble rebondir vers le ciel. À ses côtés, les
deux autres B-29* larguent leurs instruments scientifiques. Puis, comme à la
parade, les trois pilotes amorcent un virage à 150° en piquant pour gagner de
la vitesse. Les secondes sont comptées. 51 très exactement entre l’instant du
largage et celui de l’explosion. Il faut s’éloigner au maximum.
Soudain une lueur aveuglante envahit la carlingue de l’Enola Gay*.
Quelques instants après, le lourd bombardier tangue, brutalement secoué.
L’onde de choc l’a rattrapé à 20 km du lieu de l’explosion.
Une autre secousse moins forte. La seconde onde de choc. Pour en savoir
plus, Tibbets* amorce un 180°. L’Enola Gay* se retrouve cap sur
Hiroshima*. Un immense nuage monte en bouillonnant de la ville. En deux
minutes, il atteindra la hauteur de vol de l’avion, découpant sur l’horizon la
silhouette d’un gigantesque champignon.
À Hiroshima*, il est 8 h 15 au moment de l’explosion. À 7 h 31, avec
l’arrivée du B-29* de reconnaissance, les sirènes avaient retenti. Vingt-deux
minutes plus tard avait sonné la fin de l’alerte. Vers 8 h, la formation des trois
B-29* de Tibbets* a bien été repérée, aucune alerte supplémentaire n’a été
déclenchée. Ces appareils isolés ne pouvaient effectuer qu’un vol de
reconnaissance sans danger particulier.
La bombe a explosé dans une ville vaquant à ses activités habituelles.
Brusquement, c’est l’apocalypse. Combien de victimes ? 75 000 morts,
56 000 blessés sont les bilans généralement retenus. Mais rien ne saurait être
sûr. Par suite des évacuations, le montant exact de la population, le 6 août
1945, est mal connu. La ville abritait en revanche de nombreux militaires
faisant mouvement pour assurer la défense du sud de Honshu. Et, par-delà les
morts, il y a les blessés et tous ceux qui mourront des séquelles de l’explosion
et des radiations, dans les semaines, les mois, et les années à venir. (En 1993,
le bureau du bombardement stratégique américains annonce 80 000 morts.)
En 1960, le bureau japonais de défense contre les incendies mentionne
70 000 morts et 130 000 blessés.
Truman*, rentrant de la conférence de Potsdam*, apprend la réussite de
l’explosion à bord du croiseur Augusta. Il fait aussitôt publier une déclaration
présidentielle rédigée avant le départ de Potsdam* :
« Nous sommes désormais capables d’araser rapidement et complètement tous les
établissements de production que les Japonais possèdent au-dessus du sol dans n’importe quelle
ville. C’était pour épargner une terrible destruction à la population nippone que nous avons lancé
l’ultimatum du 26 juillet, à Potsdam*. »

La conclusion tombe :
« S’ils n’acceptent pas de se rendre maintenant, ils peuvent s’attendre à voir la mort et la
ruine tomber du ciel. »

De prime abord, les Japonais pensent à un explosif très puissant mais de


type traditionnel. Très vite, le spectacle contemplé par les enquêteurs
officiels, les comptes rendus des rescapés, les écoutes des radios américaines
ne laissent aucun doute. Une arme nouvelle tirant sa source de l’énergie
nucléaire a frappé Hiroshima*.
Le débat, au sommet de l’État, demeure confus. L’empereur Hiro-Hito*,
l’amiral Togo* se montrent partisans d’accepter la déclaration de Potsdam*.
Les tenants de la résistance ne désarment pas pour autant. Un Conseil
suprême est prévu mais doit être retardé, plusieurs de ses membres se
trouvant dans l’incapacité d’y assister.
Les responsables japonais palabrent et se déchirent. Tokyo semble
n’avoir pas compris, tandis que le 509e Composite Group, durant ce temps, se
prépare à frapper à nouveau pour renouveler l’avertissement.

HITLER, ADOLF
(1889-1945). Homme politique allemand.
L’homme qui a édifié le Troisième Reich* disposait obligatoirement de
solides talents de chef, d’orateur et d’organisateur.
Son ambition démesurée, son mépris de l’existence humaine, son
antisémitisme, sa folie morbide, en ont fait l’un des plus grands destructeurs
d’humanité des temps modernes. Il a précipité l’Allemagne* dans le chaos et
ensanglanté le monde.
Il naît autrichien, troisième enfant d’une famille modeste, le 20 avril
1889, à Braunau-am-Inn. À 19 ans, Adolf Hitler se retrouve seul. De 1909 à
1913, il connaît une vie de bohème à Vienne et y devient un antisémite
violent. Les tranchées dans un régiment bavarois où il s’est porté volontaire
font de lui un caporal décoré de la Croix de fer de première classe, distinction
assez exceptionnelle chez un homme de troupe.
Les temps troublés de l’après-guerre en Allemagne* lui apprennent qu’il
sait parler. Tribun, il entre en politique. Le 1er août 1920, est créé le Parti
national-socialiste allemand des Travailleurs, le NSDAP. À l’usage, le sigle
se simplifiera en Parti national-socialiste ou en abrégé : Parti nazi. Le
nazisme* est né. Hitler* en est naturellement le chef. Commence alors une
longue marche vers le pouvoir. Coup d’État, violence, démagogie
s’entremêlent. En juillet 1932, les nazis ont 320 députés au Reichstag. Ils sont
les plus forts. Le 30 janvier 1933, le président Hindenburg se résigne. Le
caporal Hitler devient chancelier.
Il élimine ses adversaires, communistes, SA. En 1935, en contradiction
formelle avec le Traité de Versailles, la conscription est rétablie dans toute
l’Allemagne*, la Luftwaffe* est créée, la Kriegsmarine* obtient de
l’Angleterre* de possèder une flotte correspondant à 35 % de celle de la
Royal Navy*. L’outil de guerre se forge inexorablement. En 1936, la rive
gauche du Rhin est remilitarisée. La France* et la Grande-Bretagne* tolèrent.
Hitler l’a emporté. Il a pris la mesure de la non-détermination des
démocraties. Majoritairement, son peuple, emporté par un élan patriotique
pour effacer le Diktat de Versailles, l’acclame. Et le caporal Hitler de
poursuivre. En mars 1938, par l’Anschluss*, il intègre l’Autriche* à
l’Allemagne*. En septembre de la même année, Chamberlain* et Daladier*, à
Munich*, le laissent accaparer les Sudètes*. En mars 1939, la Wehrmacht*,
la nouvelle armée allemande, entre à Prague. Hitler désormais se croit tout
permis. L’alliance avec Moscou du 23 août 1939 le conforte dans sa volonté
d’expansion.
Il va trop loin en s’en prenant à la Pologne*. La France* et la Grande-
Bretagne*, fidèles à leurs engagements, lui déclarent la guerre. Une nouvelle
fois Hitler l’emporte. La campagne de Pologne* n’est qu’une chevauchée. Au
printemps 1940, Norvège*, Danemark*, Pays-Bas*, Belgique*, France* sont
envahis en quelques jours ou quelques semaines. Hitler, pour vaincre la
première armée du monde, avait accepté avec enthousiasme le plan von
Manstein* de percée par les Ardennes*. Comme il avait souscrit à la création
et à l’emploi des PD* et de l’aviation en piqué. Fort de ses succès, il ne doute
plus de ses talents de stratège et de génie militaire. Mais pourquoi ordonne-t-
il à ses PD* de stopper devant Dunkerque* ? Pourquoi, dans la foulée de sa
victoire contre la France*, n’envahit-il pas l’Angleterre* ?
Le 22 juin 1941, il signe son arrêt de mort. À défaut d’avoir pu vaincre la
résistance britannique, il s’enfonce vers l’Est*. Désormais, il est condamné à
se battre sur deux fronts. Il se voit vainqueur. Il ne l’est pas. Il bute devant
Leningrad* et Moscou*. Il échoue devant Stalingrad* et refuse à Paulus*
d’évacuer les lieux. Il y perd plus de 200 000 hommes alors que Rommel* se
replie en Libye*.
Dès lors son obstination à conserver le terrain acquis multiplie les
saignées de son armée. Irascible, replié sur lui-même, ancré dans ses
certitudes de seul chef militaire capable, il ne sait plus que refuser les
indispensables replis. Tunisie*, Normandie*, front de l’Est*. Le coup de
boutoir des Ardennes*, en décembre 1944, qu’il a voulu, ne change rien à
l’inéluctable effondrement militaire devant la puissance des armées alliées et
soviétiques.
Pénétrant en Allemagne* et dans les pays occupés, les vainqueurs
découvrent les horreurs du nazisme* et de la Solution finale* conçue par
Hitler et ses séides. Ils découvrent aussi la monstruosité des vengeances
hitlériennes contre ceux qui se sont opposés à lui.
Il n’a plus qu’à se suicider, le 30 avril 1945, pour échapper à la justice
des hommes.
Terrible constatation, cet individu démoniaque avait suscité des fidélités.

HITLER, LIGNE
Appelée aussi ligne Dora.
Sur le front italien, ligne de résistance prévue par Kesselring* à une
trentaine de kilomètres en retrait de la ligne Gustav*. D’Aquina, par Pico et
Fond, elle doit rejoindre la mer Tyrrhénienne. La percée réalisée par le CEF*
la rend caduque.

HITLER, MORT DE
20 avril 1945. Au dernier niveau du bunker* où il vit depuis la mi-
janvier, Hitler est censé fêter ce jour son cinquante-sixième anniversaire.
Les visiteurs se succèdent : Dönitz*, Keitel*, Krebs*, Bormann*,
Ribbentrop*, Speer*, Goering*, Himmler*, Goebbels*. Si les esprits sont
ailleurs, tout ce qui compte au sein du IIIe Reich* se doit de présenter ses
vœux au Führer*.
Keitel a parlé de pourparlers de paix, mais il a été coupé : « Je tomberai
au combat, à Berlin ou hors de Berlin ! »
Hitler a incité ceux qui le pouvaient à s’éloigner. Goering* ne se l’est pas
fait dire deux fois. Les deux vieux complices se sont séparés avec une froide
politesse. Par contre, Eva Braun* est là. Elle a rejoint Hitler à la mi-février,
bien décidée à ne pas le quitter.
Au-dehors du bunker*, la bataille pour Berlin a commencé. Joukov* la
mène au nord avec 6 armées dont deux blindées, Koniev* au sud avec 5 dont
2 blindées. L’artillerie lourde de Koniev*, ce 20 avril à 11 h 30, est arrivée à
portée de la ville.

21 avril :
Heinrici* qui a succédé à Himmler* à la tête du GA Vistule et Busse* qui
commande la IXe Armée sont bien d’accord. Se battre, oui, mais pas question
de se laisser enfermer dans un Kessel*. Leurs ordres prescrivent de se
dégager vers l’ouest. Dans ses mouvements le 56e CA du général Weidling*
se retrouve isolé et sur ordre de Hitler se rabat sur Berlin*. Son chef prend le
commandement de la défense de la place.

22 avril :
Hitler et son dernier carré passent de la révolte à l’accablement.
Depuis plusieurs jours le Führer* paraît avoir reporté toute son espérance
sur deux forces hypothétiques : la XIe Armée du général Wenck* et un
groupement dénommé groupement Steiner. Le général SS* s’efforce de
rassembler bataillons de marche de la Luftwaffe*, de la Kriegsmarine*,
Volksturm* et policiers. Ce 22 avril, vers 16 h, Keitel* doit lui avouer que
Steiner en est encore à rassembler des troupes et que les blindés soviétiques
ont pénétré dans les faubourgs de Berlin*. Fureur et désespoir de Hitler qui
hurle :
« La guerre est perdue... Je resterai à Berlin* et me tuerai le moment venu. »

23 avril :
Goering* a quitté le bunker* toujours officiellement investi du titre de
dauphin. S’imagine-t-il que son heure a sonné ? Il adresse une lettre au
Führer*, lui annonçant que sauf avis contraire il prend en main les intérêts du
pays. La réplique est brutale. Le Reichsmarschall est déchu de son titre de
dauphin. Sur ordre de Bormann*, il est arrêté par les SS*. Goebbels* et
Bormann* se retrouvent les deux hommes forts près du Führer.
24 avril :
Hitler passe la journée à attendre l’intervention de l’armée Wenck*.

25 avril :
Joukov* et Koniev* font jonction au sud-ouest de Berlin*. Hitler est
désormais piégé dans son bunker*.

26 avril :
« Où est Wenck* ? » questionne Hitler à maintes reprises. Wenck* ne
viendra pas. Soucieux de ses hommes, il n’a pas envie de les enfermer dans
une ville encerclée.
La fin de soirée apporte des visiteurs. Pour remplacer Goering* à la tête
de la Luftwaffe*, Hitler a désigné le général von Greim* et l’a convoqué.
Von Greim*, nazi fervent, obtempère. En compagnie de la célèbre aviatrice
Hanna Reitsch*, il décolle, avec un Fieseler Storch*, de l’aérodrome de
Gatow encore libre avec l’intention d’atterrir sur une artère proche de la
Chancellerie. Blessé au cours de l’approche, il laisse les commandes à Hanna
Reitsch* qui réussit à poser le petit appareil sur la Charlottenburger
Chaussee. Cette audace, cet exploit confortent les cœurs à l’intérieur du
bunker.
« Ainsi, bon, il reste encore des gens fidèles et braves sur cette terre ! »
s’exclame Hitler*, un instant revigoré.

27 avril :
Hitler* offre un visage résigné, tout en exprimant sa confiance en
Wenck*, « un homme digne de confiance ». Il est obsédé par son propre sort,
se refusant à tomber aux mains des Russes.

28 avril :
Une émission de la BBC a été captée par le ministère de la Propagande et
retransmise au bunker un peu avant 9 h : « Himmler* vient d’offrir la
capitulation sans conditions. »
Pour Hitler, cette trahison du treue Heinrich (du fidèle Heinrich) est un
coup terrible. « Il était comme fou, rapportera Hanna Reitsch. Son teint vira
au pourpre et ses traits étaient presque méconnaissables. Après une longue
crise, il tomba dans un morne abattement et, pendant un moment, le silence
régna sur le bunker tout entier. »
Vers 23 h, se raccrochant toujours à l’armée Wenck*, il fait transmettre
un questionnaire impératif à Jodl* :
« Primo : où sont les éléments avancés de Wenck* ?
Secundo : quand attaqueront-ils de nouveau ? »

29 avril :
À 1 h, réponse de Jodl* : « La XIe Armée ne peut plus poursuivre
l’attaque sur Berlin*. »
À défaut d’espérance, Hitler n’a plus qu’à régler les détails de la fin qu’il
a choisie.
En petit comité, avec Goebbels* et Bormann* comme témoins, il épouse
Eva Braun*. Le mariage est célébré dans la salle de conférences par Walter
Wagner, un fonctionnaire de la mairie de Berlin* requis pour la circonstance
sous son uniforme du Volksturm*. Avant de s’engager, les futurs époux ont
déclaré être de purs aryens.
Ce même jour, Hitler dicte à une secrétaire ses dernières volontés privées
et son testament politique :
« Je ne pouvais accepter la responsabilité du mariage durant les années de lutte, mais j’ai
décidé maintenant, à la fin de ma carrière terrestre, de prendre pour épouse la jeune femme qui,
après des années de fidèle amitié, est venue librement me rejoindre dans cette ville déjà presque
encerclée, afin de partager mon sort. [...]
Ma femme et moi, nous avons préféré mourir pour échapper à la honte d’une défaite ou
d’une capitulation. Nous désirons être incinérés à l’endroit même où j’ai accompli la majeure
partie de mon travail quotidien [...] »

Son testament politique est assez simple. Sa confiance va à ceux qu’il


regarde comme ses derniers fidèles. Dönitz* lui succédera à la tête du Reich*
et au commandement suprême des forces armées. Goebbels* deviendra
Chancelier, Bormann*, ministre du Parti, Seyss-Inquart*, ministre des
Affaires étrangères. Le maréchal Schoerner* commandera la Wehrmacht*, le
maréchal von Greim*, la Luftwaffe* (ils viennent tous deux d’être promus
maréchaux), le gauleiter Hanke, l’ensemble des SS* et de la police.
À la veille de sa mort, la haine de Hitler envers les Juifs n’a pas désarmé :
« Des siècles pourront s’écouler, mais des rues de nos villes et de nos monuments artistiques
ne cessera de s’élever la haine contre le peuple responsable en dernier ressort, celui à qui nous
devons tout cela : la juiverie internationale et ses complices. »

Lundi 30 avril :
Un peu après minuit, Hitler a fait ses adieux au personnel subalterne, puis
pris quelque repos.
Les Soviétiques sont tout près. Leurs chars sont à moins de 800 mètres de
l’entrée du bunker.
À 14 h 30 :
Hitler déjeune légèrement. Un plat de spaghettis. Puis, en compagnie
d’Eva Braun*, il prend congé de ses derniers fidèles : Goebbels* et sa
femme, Bormann*, Axmann, le chef des Jeunesses hitlériennes, les généraux
Krebs et Burgdorf, les deux secrétaires. À tous, il tend une main molle,
serrant plus longuement celle de Karl Linge*, son valet de chambre, auquel il
conseille de quitter Berlin.
Il est un peu plus de 15 h quand le couple regagne le bureau du Führer*.
Otto Günsche*, l’officier d’ordonnance, se place en faction devant la porte.
15 h 25 :
Une détonation. Linge* ouvre la porte et entre avec Günsche* et
Bormann*. Vingt ans après, il décrira la scène :
« Hitler s’était affaissé sur le coin droit du canapé, faisant face à la porte, et Eva Hitler gisait
à l’autre extrémité du même canapé. Sur la table placée devant Hitler* se trouvait un pistolet
Walther 7,65. Un autre pistolet Walther, de calibre 6,35, était tombé sous la table et reposait sur la
moquette aux pieds de Hitler*. Sa tête était penchée du côté droit. »
A priori, Eva Braun* s’est empoisonnée et Hitler* s’est suicidé avec son pistolet 7,65. Les
deux corps sont roulés dans des couvertures et transportés à l’extérieur, tout près de la sortie, à
cause des bombardements incessants. Il n’est pas facile d’embraser ce bûcher par crainte d’une
explosion. Il semblerait que Bormann* ait réussi à y projeter une torche.
À 18 h, selon un témoin, les deux cadavres sont méconnaissables. Vers 22 h 30, les restes
sont enterrés sommairement dans un trou d’obus proche.
En 1935, le Führer* avait déclaré à son peuple : « Donnez-moi dix ans et vous ne
reconnaîtrez plus l’Allemagne* ! » Il a eu ses dix ans. L’Allemagne* est effectivement
méconnaissable. Elle n’est plus que ruines et deuils.

HIVER, LIGNE
Ligne de défense allemande, prévue par Kesselring*, pour couvrir Rome*
en avant de Cassino* (les Allemands l’appelaient aussi ligne Reinhard ou
Bernhard*).
Elle fut forcée par les Français de la 2e DIM en décembre 1943. Succès
du Pantano et de La Mainarde.

HIWIS, DE HILSFREIWILLIGE
(VOLONTAIRES AUXILIAIRES)
Soldats soviétiques servant volontairement comme auxiliaires dans la
Wehrmacht*.
En 1943, ils seront estimés à 800 000 dilués dans les unités allemandes
dont 200 000 en tant que combattants. Au début, ils ont tendance à s’engager
pour libérer leur pays du régime stalinien ; par la suite, ils préféreront porter
l’uniforme allemand plutôt que de mourir de faim dans les camps de
prisonniers. (Trois millions de prisonniers soviétiques sont littéralement
morts de faim de 1941 à 1945.)

HM 2 (HOWITZER MEDIUM – OBUSIER


MOYEN)
L’homologue pour les Américains du 75 français de 14-18. Obus :
diamètre 105 mm ; portée maximum : 11 km.
Il existe une version en canon automoteur pour les divisions blindées.

HOBART, PERCY
(1885-1957). Général britannique.
Cet officier du génie passé dans l’ABC, dont il avait pressenti l’intérêt,
forme et entraîne de 1937 à 1939 la 7e Division blindée.
Mis à la retraite, il est, en 1940, rappelé à l’activité par Churchill*. Il
forme alors la 11e DB et surtout la 79e DB qu’il équipe d’engins de son cru
pour affronter les pièges des débarquements. L’expérience prouvera la valeur
d’engins dus à son esprit imaginatif : chars DD*, chars Crab* ou Scorpions,
Tank-dozer*, Churchill Avre*, etc.
HOC, POINTE DU
À la base du Cotentin, la côte normande s’infléchit, formant un rentrant à
l’équerre.
Les deux plages américaines de débarquement se situent de part et
d’autre de ce rentrant : Utah Beach* au nord, Omaha Beach* à l’est.
À l’ouest d’Omaha Beach* s’étirent des falaises calcaires sensiblement
rectilignes qui poussent toutefois une avancée sur la mer, la Pointe du Hoc.
Or, photographies aériennes et renseignements de la Résistance* française
confirment : cette Pointe du Hoc recèle une position fortifiée qui contiendrait
des pièces d’artillerie de 155. Un canon de 155 a une portée moyenne de 20
km. Omaha Beach* et Utah Beach* sont largement à distance de tir. Une
flotte en soutien en haute mer serait prise sous le même feu. Bref, la batterie
de la Pointe du Hoc représente au Jour J* un danger redoutable pour les
Alliés*.
Neutraliser cette batterie au matin du 6 juin 1944 est la mission confiée
au 2e Bataillon de Rangers* du lieutenant-colonel Rudder.
Ils seront 200, aux ordres directs de Rudder, à aborder la grève au pied de
la falaise de la Pointe du Hoc, le 6 juin, à 7 h. Aussitôt, avec des grappins,
des échelles, des cordes, ils s’efforcent de monter, bravant les défenseurs
allemands qui dominent les lieux. Par petites équipes de quelques hommes,
ils atteignent les hauteurs et se répandent dans la position. Les
bombardements préalables donnent au paysage un aspect lunaire. Progressant
de cratères en cratères, les Rangers* occupent la Pointe du Hoc et découvrent,
à leur grande surprise, qu’elle est vide de pièces d’artillerie. Celles-ci ont été
évacuées un peu en arrière. C’est là qu’elles seront repérées et détruites par
les patrouilles envoyées en reconnaissance
Contre-attaqués, les Rangers* tiendront seuls la position jusqu’au 8 dans
la matinée, avant que ne se profilent les renforts du bataillon débarqué un peu
plus loin vers Omaha Beach*.
La neutralisation de la Pointe du Hoc aura coûté au 2e Bataillon 77 tués,
152 blessés et 70 disparus (certains seront retrouvés).
Visitant le site quelques jours plus tard, le général Eisenhower* s’écriera,
au vu des falaises : « Eh bien, pour monter là, il fallait en avoir dans le
ventre ! »
Peut-être même a-t-il tenu un propos plus cru et plus militaire que
l’Histoire n’ose rapporter.
HÔ CHI MINH
(1890-1969). Homme politique vietnamien.
Il voit le jour le 19 mai 1890 dans le Nghe An (Nord Annam).
Ce fils d’un lettré hostile au protectorat français s’appelle alors Nguyên
Tat Thanh. Par la suite, il se fera connaître sous le nom de Nguyên Ai Quoc,
Nguyên le patriote, avant finalement d’entrer dans l’histoire sous celui de Hô
Chi Minh (Celui qui éclaire).
Arrivé en France* vers la fin de la Grande Guerre, il se rallie dès 1921 au
futur Parti communiste. En 1939, représentant officiel du Komintern, il
s’affirme le chef du Parti communiste Indochinois (PCI) et crée une ligue
pour l’indépendance du Viêt-nam, le Viêt-minh.
Il profite de la Seconde Guerre mondiale et de la présence japonaise en
Indochine* pour développer son mouvement qui apparaît au grand jour en
août 1945. Au lendemain de la capitulation japonaise, ses partisans
s’emparent de Hanoi, où, le 2 septembre, il proclame l’indépendance du Viêt-
nam. Son combat se transforme ensuite en une lutte militaire contre les
Français d’abord, contre ses compatriotes du Sud Viêt-nam ensuite. Ce
révolutionnaire aura réussi à mener à bien son objectif : une Indochine*
rouge et indépendante (le Viêt-nam communiste contrôlant ses deux voisins,
le Laos et le Cambodge).

HODGES, COURTNEY
(1887-1966). Général américain.
Recalé au concours d’entrée à West Point*, il s’engage et devient
officier.
Combattant valeureux de 14-18, il commande l’école d’infanterie de Fort
Bening et en mars 1944 est nommé adjoint de Bradley* à la 1ère Armée. Il lui
succède en août lorsque Bradley* prend le commandement du 12e GA. Il
prend – non sans peine – Aix-la-Chapelle*, encaisse le gros de la poussée
allemande de la campagne des Ardennes*, saisit le pont de Remagen* et
finalement fait liaison avec les Soviétiques près de Torgau*. Taciturne,
méprisant la publicité, Hodges était un général de grande classe. Il est promu
général quatre étoiles en avril 1945.
HOEPNER, ERICH
(1886-1944). Général allemand.
Ancien de la Reichswehr*, spécialiste des blindés, commande un CB en
Pologne* et en France*, puis la IVe AB pour Barbarossa*.
Relevé de son commandement début 1942, pour avoir battu en retraite
devant Moscou. Anti-nazi de longue date, participe au complot du 20 juillet
1944*. Est exécuté le 8 août.

HOESS, RUDOLF
(1900-1947). SS Hauptsturmführer (capitaine).
Commandant du camp d’extermination d’Auschwitz*, de 1940 à 1945.
Jugé par un tribunal polonais siégeant à Varsovie, appuie sa défense sur
l’exécution des ordres reçus. Condamné à mort, est pendu à Auschwitz*, le
15 avril 1947.

HOLLANDE
État de l’Europe occidentale, connu également sous le nom de Pays-Bas*
(Nederland).
Ce petit pays de 34 000 km2 compte 9 millions d’habitants en 1939. Bien
que de modeste étendue, il est riche par son empire colonial, les Indes*
néerlandaises acquises aux XVIe et XVIIe siècles.
La Hollande, monarchie constitutionnelle, a pu rester neutre en 14-18.
Elle entend bien qu’il en soit encore ainsi en 1939. En septembre 1939,
Hitler* envoie un message à la reine Wilhelmine* pour l’assurer qu’il
respecterait la neutralité de la Hollande. L’invasion du pays* le 10 mai 1940
correspond donc à une surprise sous réserve d’informations de dernière heure
(voir Hollande, invasion de). La déconfiture militaire, suivie par la
capitulation de l’armée hollandaise, conduit la reine et le gouvernement à
s’exiler et à chercher refuge en Grande-Bretagne*, tout en annonçant leur
volonté de poursuivre la lutte.
Hitler*, par-delà l’occupation militaire, confie la Hollande à un Reich
Commissioner, l’Autrichien Seyss-Inquart*. Celui-ci et la SS* vont pressurer
le pays au profit de l’Allemagne*, appliquer les lois nazies et lutter contre la
Résistance* qui s’intensifie. 104 000 Juifs hollandais seront déportés et ne
reviendront pas ; 36 000 réussiront à s’esquiver.
Sur place, Seyss-Inquart* trouve quelques complicités. Un parti
hollandais nazi avait récolté 4 % des voix en 1937. Il était donc marginal,
Mussert*, son chef, parvient à faire passer ses membres de 30 000 à 50 000,
sans toutefois réussir à s’immiscer dans la direction du pays. Quelque 5 000
Hollandais rejoindront la Waffen SS* dans le cadre de la 23e division SS
Nederland et environ 54 000 appartiendront à des associations
collaborationnistes.
De Londres, la reine et le gouvernement en exil animent la Résistance*
intérieure et s’efforcent de mettre sur pied des forces armées. Celles-ci
resteront modestes : le Squadron 320 de la RAF*, une brigade qui combattra
en Normandie* et des navires de guerre rattachés à la Navy*. La partie
militaire essentielle des Pays-Bas se jouera dans les Indes* néerlandaises
après Pearl Harbor*.
Market Garden*, l’aide apportée par les Hollandais aux Britanniques à
Arnhem*, accentuent la répression nazie. Faute de ravitaillement, les
Hollandais connaissent un hiver 44-45 terrible. Et malheureusement pour eux
la lente progression de Montgomery* retarde la délivrance. Groningue n’est
libérée que le 18 avril 1945. La Hollande méridionale, au sud du Zuyderzee,
avec Amsterdam et Rotterdam, restera aux mains de la XXVe Armée
allemande jusqu’à la capitulation (des accords passés le 30 avril avec Seyss-
Inquart* éviteront des combats dans la forteresse Hollande durant les
derniers jours du conflit).
La guerre a coûté à la Hollande 220 000 vies humaines essentiellement
civiles (juives pour moitié).

HOLLANDE, INVASION DE LA
L’invasion allemande de la Hollande s’inscrit dans le cadre du Plan*
jaune destiné à annihiler l’armée française.
Elle se décompose en deux :
— une opération aéroportée de grande envergure ;
— une offensive terrestre menée par la XVIIe Armée.
L’ambition du général Student*, responsable de l’opération aéroportée,
est double : occuper les ponts vitaux pour la XVIIe Armée marchant sur
Rotterdam ; s’emparer d’aérodromes pour prendre La Haye, et par là capturer
le gouvernement hollandais et la reine. Pour ce, Student* dispose de la 7e
Fliergerdivision et de la 22e division amenées par 450 JU 52*.
La Hollande comptait sur sa neutralité encore que des renseignements
fournis par le colonel Oster* de l’Abwher* l’aient informée de la menace. Le
9 mai 1940 au soir, Oster* avait prévenu : ce sera pour demain. La reine avait
pu quitter La Haye. Des ordres avaient été donnés en vue de la destruction
des ponts. Mais un pays ne passe pas brutalement de la paix à la guerre.
Le pont de Moerdjik, sur la Meuse, est enlevé par le 2e bataillon du 1er
RCP atterrissant des deux côtés de l’ouvrage. Plus au nord, sur le terrain
d’aviation de Waalhaven, paras et aérotransportés s’emparent des pistes et du
pont sur la Nouvelle Meuse. Dans Rotterdam même, un coup de main
ingénieux conduit directement un détachement à pied d’œuvre par douze
hydravions Heinkel 59. Débarquant au plus près, les assaillants ont tôt fait
d’occuper les passages et de neutraliser les charges explosives.
Le succès de la 7e Fliegerdivision semble acquis sur Rotterdam et ses
approches. Plus au nord, la situation est tout autre. Les Hollandais sont sur
leurs gardes. À Valkenburg, Ockenburg, Ysenburg, les JU 52* qui se
présentent pour un véritable poser d’assaut – les terrains n’ayant pu être saisis
par les parachutistes – tombent immédiatement sous le feu. À Ysenburg, 11
transporteurs sur 13 sont abattus en fin d’approche. Bref, 2 000 hommes
seulement de la 22e division peuvent atterrir. 5 000 autres sont contraints de
faire demi-tour. Leurs camarades au sol sont condamnés à se retrancher. 40 %
des officiers, 28 % des gradés et des soldats disparaîtront dans la bataille.
Student* lui-même sera grièvement blessé. L’attaque sur La Haye doit être
ajournée.
Car les Hollandais, en dépit de leurs faibles moyens, résistent et passent à
la contre-attaque. Leur armée s’élève théoriquement à 400 000 hommes. Tous
ne sont pas sous les armes au matin du 10 mai 1940. Leur aviation se réduit à
132 appareils, dont 40 périmés. Ils seront presque tous abattus, non sans avoir
causé des ravages dans les vagues de JU 52*.
En fin de journée du 10, les Allemands auront perdu 170 appareils,
170 autres étant endommagés. Heureusement pour eux et pour les hommes de
Student*, la XVIIIe Armée de von Bock*, précédée par la 9e PD*, progresse
et converge sur Rotterdam. La ligne Grebbe, imaginée par le commandement
hollandais, se révèle purement théorique.
11 mai :
Les Hollandais se défendent de leur mieux mais sans grandes illusions.
Giraud* et sa VIIe Armée, envoyés à la rescousse, après avoir atteint Anvers,
leur donnent une petite main du côté de Breda. Geste plus symbolique que
pratique.

12 mai :
Après 48 heures de combat, la pression allemande commence à produire
ses effets. L’ouverture des digues du Zuyderzee n’a guère contrarié
l’adversaire. Un ultime périmètre défensif tient encore, protégeant plutôt mal
que bien le bastion La Haye-Amsterdam-Rotterdam. On se bat dans
Rotterdam. Les paras de Student* y ont reçu du renfort et la jonction a été
réalisée avec les troupes motorisées. Et les Hollandais avec la chute de Liège
sont maintenant coupés de leurs alliés.

13 mai :
Rotterdam, à 12 h, capitule. Cette capitulation rend théoriquement sans
objet le bombardement prévu par Goering* pour accélérer la fin. Student*
qui, sur place, a reçu la reddition, s’efforce d’informer l’armada déjà en l’air
de l’arrêt des combats. Le signal fumigène est mal perçu. Une fraction des
bombardiers se déroute ; une autre poursuit. Huit cents civils hollandais sont
tués, plusieurs milliers blessés.
Le bombardement de Rotterdam, après celui des cités polonaises, révèle
clairement les intentions des nazis. Ils ne reculeront devant rien.

14 mai :
L’ultime résistance hollandaise s’effondre. Le commandant en chef, à
20 h 35, proclame la cessation des combats, capitulation qui sera effective le
15 mai à 11 h 45. Il n’est plus de résistance militaire même si les dirigeants,
qui ont opté pour la fuite et l’exil, annoncent la poursuite de la lutte. La
Hollande, pendant près de cinq ans, va vivre sous la botte allemande.
HOLLANDIA
Centre administratif sur la côte nord de la Nouvelle-Guinée* hollandaise.
En avril 1942, il est occupé par les Japonais qui le transforment en base
aéronavale. Sa force aérienne est détruite par les bombardements de la Ve US
Air Force en avril 1944 et Hollandia est enlevée le 22 avril par un
débarquement américain. La XVIIIe armée japonaise qui garde la côte à l’est,
prise à revers par les débarquements de MacArthur*, sera anéantie après de
durs combats avant la fin juillet.

HOLLARD, MICHEL
(1897-1993). Résistant français.
Créateur du réseau Agir, travaillant en liaison avec l’Intelligence Service,
le futur colonel Hollard fournit, dès mai 1941, de précieux renseignements
aux Britanniques.
À partir de 1943, découvre et localise l’existence de rampes de lancement
pour V1. Les informations très précises qu’il parviendra à transmettre
permettront de bombarder efficacement près de 9O % de ces rampes.
Ce travail et ces résultats le feront baptiser L’Homme qui a sauvé
Londres.

HOLOCAUSTE
L’Historiographie juive appelle Holocauste la perte des foyers du yiddish,
de l’étude talmudique, du mysticisme et du folklore que représentaient les
communautés juives de Pologne* suite à la Solution finale*.

HOMMA, MASAHARU
(1887-1946). Général japonais.
Après avoir participé à l’incident de Chine, Homma est nommé
commandant de la XIVe Armée japonaise pour envahir les Philippines*,
mission qu’il doit accomplir en 50 jours.
Celle-ci exige beaucoup plus de temps et après la chute de Corregidor*
(6 mai 1942), Homma est rappelé au Japon* et reste sans affectation.
En décembre 1945, il comparaît pour crimes de guerre devant la justice
militaire américaine. Condamné à mort, en particulier à cause de la marche à
la mort de Bataan*, il est exécuté le 3 avril 1946.
(La découverte par l’opinion nippone de la marche à la mort de Bataan*
crée un sentiment de profonde réprobation. L’Empereur fait radier Homma
du corps des officiers et lui retire ses décorations.)

HONG KONG, CHUTE DE


Hong Kong n’est qu’une île de 83 km2 où les Britanniques ont planté
l’Union Jack en 1842, suite au traité de Nankin.
Au fil des années, la colonie s’est développée sur la péninsule lui faisant
face, a englobé Kowloon en 1860, puis les nouveaux territoires en 1888.
Ce bastion fameux de la grandeur britannique est une proie vulnérable.
La Chine* occupée par les Japonais l’enserre de partout et sa garnison est
modeste.
Pour son offensive contre ce symbole de la présence européenne, le
général Taikashi Sakai dispose d’environ 20 000 hommes bien équipés. Son
vis-à-vis, le général Maltby, ne peut lui opposer que six bataillons
d’infanterie, 28 pièces d’artillerie de marine et presque pas de marine. Sans
illusions, il a organisé une ligne de défense (Gindrinkers line) sur 17 km en
vue de barrer l’accès à la partie méridionale de la péninsule. Le rapport des
forces est au minimum de deux contre un.
Le 8 décembre 1941, à l’aube, les Japonais traversent le Sham Chunb,
rivière frontière, et pénètrent dans les nouveaux territoires. En deux jours, ils
progressent de 15 km. La position fortifiée de Shing Mun tombe dans la nuit
du 9 au 10. La Gindrinkers line est découverte. Le repli sur Hong Kong
devient inévitable.
Taikashi Sakai, pensant l’emporter rapidement, adresse un ultimatum au
gouverneur, Sir Mark Young, qu’il menace d’un sévère bombardement.
Refus catégorique. Young exhorte les siens à tenir bon.
Maltby dispose de 10 000 Canadiens, Écossais, Indiens et d’environ
2 000 volontaires de Hong Kong. Avec très peu d’artillerie. Le continent est
proche. Quelques centaines de mètres.
Un intense bombardement s’abat sur Hong Kong. La plupart des fortins
et des projecteurs sont atteints. Le 17 décembre, le Japonais envoie un second
ultimatum. Nouveau refus.
Le lendemain, des préparatifs de débarquement sont repérés. Dans la nuit,
sur les jonques et sampans capturés à Kowloon, 6 bataillons franchissent le
détroit. Les Japonais sont dans l’île et avec eux les crimes de guerre.
Prisonniers, personnel médical sont, entre autres, massacrés à la baïonnette.
Durant huit jours, la bataille fait rage avec de lourdes pertes de chaque
côté. Les Japonais poussent sans relâche. La résistance britannique éclate et
se reporte sur la péninsule Stanley, à l’extrémité sud, et dans la partie ouest
de l’île.
La garnison est épuisée, ses unités exsangues. Eau, munitions
commencent à manquer. Le 25 décembre au matin, les défenseurs sont
acculés dans leurs deux réduits. À 15 h 15, Maltby indique au gouverneur
« que la poursuite de la lutte signifierait le massacre de la garnison et
n’affecterait pas le résultat final ». Sir Mark Young doit se résigner à
capituler.
4 500 Canadiens, Écossais, Indiens ou volontaires ont été tués ; 6 500
sont prisonniers. Les Japonais auraient perdu 2 750 hommes.
Dans l’île livrée à la soldatesque ivre, viols, pillages et meurtres se
succèdent avec l’aval du commandement japonais.

HONGRIE
93 000 km2 en 1938. Superficie identique en 1946.
L’un des grands perdants de la Première Guerre mondiale. Le traité de
Trianon en 1920 l’a amputé des deux tiers de son territoire au profit de la
Roumanie*, de la Tchécoslovaquie*, de la Yougoslavie* et de l’Autriche*.
Cette diminution territoriale a marqué celui qui, à partir de 1920, dirige d’une
main ferme le pays sous le qualificatif de Régent, l’amiral Horthy*. Bien que
non nazi, il se tournera initialement vers l’Allemagne* et l’Italie* pour tenter
de rendre à la Hongrie une partie de sa splendeur passée et des terres
largement peuplées de Hongrois.
Cette politique lui permet d’annexer :
— En mars 1938, la Ruthénie* tchécoslovaque.
— Le 2 novembre 1938, sur arbitrage allemand et italien, 19 000 km2 de
territoire tchèque (districts méridionaux de la Slovaquie et de la Ruthénie*).
— Le 30 août 1940, par l’arbitrage de Vienne, la Transylvanie
septentrionale roumaine
— En avril 1941, le district yougoslave de Baranya.
La Hongrie a ainsi lié son sort à celui de l’Allemagne* d’autant qu’elle a
signé le Pacte Tripartite* le 20 novembre 1940. Dans la logique de cette
politique, elle déclare le 27 juin 1941 la guerre à l’Union soviétique*, après
l’incident de Kassa. Un corps mobile, partiellement motorisé, se joint à la
VIIe Armée allemande durant l’été 1941 avant d’être retiré. Sous la pression
allemande, une seconde armée, forte d’environ 250 000 hommes, intervient
en Ukraine* en 1942 et, mal équipée, sera finalement détruite à Stalingrad*.
Ce désastre conforte le gouvernement hongrois dans sa volonté de se
retirer du conflit (la Hongrie est aussi en guerre avec la Grande-Bretagne* et
les États-Unis* depuis décembre 1941). À partir de 1943, les forces
hongroises engagées à l’Est* ne sont plus que des divisions légères ayant
valeur de troupes d’occupation.
Hitler*, soupçonneux, fait occuper le pays en mars 1944. Occupation qui
aura une répercussion terrible sur la communauté juive de Hongrie
jusqu’alors protégée par le régime. 200 000 Juifs hongrois disparaîtront.
Horthy* juge le moment venu de renverser ses alliances. Il remanie son
gouvernement et dépêche des émissaires à Moscou pour négocier. Budapest
n’est pas une capitale discrète. La Gestapo* a écho de ce qui se trame. Hitler*
ne peut pas se permettre de laisser la Hongrie lui échapper. Si la Honved*,
l’armée hongroise, 30 divisions, retourne ses armes contre lui, 400 000
hommes se retrouveront en difficulté sur le front hongrois. Les portes de
Vienne et de l’Allemagne* du sud s’ouvriront. En Italie*, Kesselring* et sa
ligne Gothique* sont susceptibles d’être tournés par la trouée de Ljubljana et
la Vénétie.
Depuis l’affaire du Gran Sasso*, Hitler* a son homme lige, Skorzeny*. Il
le charge de régler le cas Horthy*. Ce sera l’opération Panzerfaust*, le
16 octobre 1944. Les Allemands sont maîtres de Budapest mais pas de toute
la Hongrie, même si Szalasi* a mis sur pied un gouvernement inféodé au
Reich*.
Dès octobre, des officiers ont commencé à prendre des contacts avec
l’Armée rouge* qui s’enfonce dans le pays. Le 22 décembre, le général
Miklos constitue, à Debrecen un gouvernement provisoire hongrois avec des
personnalités de gauche, des résistants, des horthystes antiallemands. Ce
gouvernement déclare aussitôt la guerre à l’Allemagne* et lance un appel aux
soldats pour cesser de lutter contre l’Armée rouge*.
La fin de la Wehrmacht* en Hongrie sonne inexorablement.
Budapest*, encerclée depuis le 23 décembre, capitule sans conditions le
13 février 1945 (voir Budapest, bataille de). Des membres du parti
communiste hongrois s’installent dans la capitale pour court-circuiter le
gouvernement de Debrecen.
La bataille du lac Balaton* se termine par un effondrement allemand
(voir Balaton, bataille du lac) en mars
Entre-temps, le gouvernement de Debrecen a sollicité un armistice qui est
signé à Moscou le 30 janvier 1945. Les soldats hongrois encore enrôlés dans
la Wehrmacht* profitent de la première occasion pour s’esquiver.
Début avril, toute la Hongrie est pratiquement aux mains de l’Armée
rouge*. Le traité de Paris* en 1947 la rétablira dans ses frontières de 1938.
Conséquence de l’annexion par les Soviétiques de la Ruthénie
subcarpatique*, elle est désormais limitrophe de l’URSS*.
L’épuration sera sans indulgence (voir Épuration).
120 000 soldats hongrois sont morts sur le front de l’Est* et au début de
1945. 180 000 Juifs ont péri après l’éviction de l’amiral Horthy*. 100 000
civils ont été tués au cours des combats et bombardements. La Seconde
Guerre mondiale a donc coûté à la Hongrie 400 000 morts.

HONVED
Nom traditionnel de l’armée hongroise. Honved signifiant : défenseur de
la patrie.

HOOD
Prestigieux croiseur de bataille britannique coulé dans le détroit de
Danemark, le 24 mai 1941, un peu après 6 heures du matin, par le cuirassé
allemand Bismarck*. 1 416 officiers et marins sont tués ou portés disparus.
Il n’y a que trois survivants.
Ce drame permet du moins de localiser le Bismarck* et de le blesser.
(voir Bismarck, « coulez le Bismarck ! »).
Le Hood avait été devant Mers el-Kébir*, le 3 juillet 1940.
HOOVER, EDGAR
(1895-1972). Homme politique américain.
Directeur du FBI, il ne voit pas venir l’attaque sur Pearl Harbor*, mais
n’en restera pas moins en fonction, œuvrant pour débarrasser les Etats-Unis*
des espions et des saboteurs.
Sera un ennemi acharné de Donovan* dans lequel il voyait un rival.

HOPKINS, HARRY
(1890-1945). Homme politique et diplomate
américain.
Conseiller du président Roosevelt* et souvent son envoyé spécial.
Ce rôle d’éminence grise lui ouvre bien des portes : Churchill*, Staline*,
Pie XII*. Il pèse dans la décision de donner la priorité à la guerre en Europe
sur celle dans le Pacifique*, contribue au lancement du Prêt-bail*, participe
aux conférences de Yalta* et Potsdam*. Handicapé par sa mauvaise santé, il
démissionne en juillet 1945 après une ultime mission à Moscou pour essayer
de régler le problème du gouvernement provisoire polonais.

HORER-BELISHA, LESLIE
(1893-1957). Homme politique britannique.
Ministre de la Guerre à partir de 1937, s’efforce de développer et
moderniser l’armée anglaise dans la perspective du conflit qui menace.
Son intransigeance et peut-être un certain antisémitisme ambiant (il était
juif) provoquent des conflits avec les personnalités militaires. Abandonne ses
fonctions en janvier 1940.

HORSA
Planeur britannique Airspeed AS 51 Horsa.
Longueur : 20 m 42 ; équipage : deux hommes. Il peut transporter de 25 à
28 passagers avec leurs équipements. Tracté par un bombardier Halifax* ou
Albermale*, il possède une vitesse de croisière de 160 km/h. 3 655
exemplaires ont été construits durant la Seconde Guerre mondiale.

HORTHY, MIKLOS
(1868-1957). Amiral hongrois.
Cet amiral sans flotte et ce régent sans roi ni reine gouverne la Hongrie*,
en qualité de régent, de 1920 à 1944.
Marqué par le traité de Trianon de 1920, ayant fait perdre à la Hongrie*
les deux tiers de son territoire, il tend à restaurer la grandeur de son pays.
Dans cette perspective, et bien qu’antinazi, il fait durant un temps cause
commune avec l’Allemagne*. Il en tirera quelques gains substantiels
(Transylvanie septentrionale, districts méridionaux de la Slovaquie* et de la
Ruthénie). En juin 1941, il envoie un corps d’armée sur le front de l’Est*.
Dès 1942, il se rend compte qu’il fait fausse route et prend contact avec
les Alliés*.
Arrêté par les Allemands en septembre 1944, est à nouveau interné par
les Américains en 1945.
À son actif, la protection des ressortissants juifs. La Solution finale* ne
sera appliquée qu’après sa chute.
Libéré en 1946, s’exile au Portugal*.

HOTCHKISS H 35
Char léger français, sorti à partir de 1936.
800 environ équipent les DCR*, DLC*, DLM* de l’armée française.
Leurs équipages se battent avec beaucoup de courage, en particulier à Flavion
et Stonne*.
Poids : 12 tonnes ; vitesse : 28 km/ h ; autonomie : 130 km ; armement :
un canon de 37 mm, une mitrailleuse de 7,5 mm ; équipage : 2 hommes.
(La version modifiée 39 possède un meilleur canon, le SA 38, toujours de
37 mm.)
Ce char relativement bien blindé est d’une conduite difficile. Il est en
principe prévu pour la cavalerie et non en appui d’infanterie.

HOTCHKISS MLE 14
Mitrailleuse française à refroidissement par air, en service pratiquement
jusqu’en 1943 (campagne de Tunisie*).
Fabriquée à environ 65 000 exemplaires. Cette arme robuste pèche par sa
faible cadence de tir (450 coups/minute), des incidents d’approvisionnement
et surtout par son poids.
Longueur : 1,310 m ; poids : 40 kg avec affût et trépied ; calibre : 8 mm ;
alimentation : lame chargeur métallique de 30 ou bande.

HOTH, HERMANN
(1885-1971). Général allemand.
Promu général d’armée en juillet 1940, commande la IVe Armée blindée
de juin 1942 à novembre 1943 sur le front de l’Est*.
Démis, reste sans affectation. Condamné à 15 ans d’internement en 1948,
est gracié en 1954.

HOXHA, ENVER
(1908-1983). Homme politique albanais.
Fondateur, en 1941, du parti communiste albanais.
Mène la lutte contre les occupants italiens et allemands ainsi que contre la
Résistance* non communiste du Balli Kombëtar. Soutenu par les partisans de
Tito*, puis par les Britanniques, finit par s’imposer au moment de la retraite
allemande. Entre à Tirana le 29 novembre 1944, y installe un gouvernement
communiste et proclame la République populaire d’Albanie* dont il sera le
chef absolu jusqu’à sa mort.

HUBE, HANS
(1880-1944). Général allemand.
Perd un bras en 14-18 et n’en continue pas moins à rester en activité.
Colonel en 1939, est blessé en Pologne*. Commande la 16e division
mécanisée en France en 1940. Combattant sur le front de l’Est*, est évacué
de Stalingrad* sur ordre formel de Hitler*. Commande ensuite le 14e Corps
blindé en Italie*, puis la 1ère Armée blindée en octobre 1943 en Russie. Tué
dans un accident d’avion, le 21 avril 1944.
Devant son courage et ses qualités viriles, ses subordonnés l’avaient
baptisé Der Mensch (L’homme).
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne, épées et
diamants.

HUKS
Guérilleros philippins anti-japonais d’obédience communiste
particulièrement actifs dans le centre de Luçon*.
Leur nom provient du sigle Hukbong Bayan Laban sa Hapon (armée
anti-japonaise du peuple) ou Hukbalahap. Après la guerre, ils s’opposeront
au gouvernement philippin qui devra mener une lutte sévère pour les réduire.

HULL, CORDELL
(1871-1955). Homme politique américain.
Sénateur démocrate, Cordell Hull est nommé, en 1933, par Roosevelt*
arrivant au pouvoir, secrétaire d’État en charge des Affaires étrangères.
Il sera très souvent court-circuité par son président et son sous-secrétaire
d’État, Summer Welles. Il restera toutefois en fonction durant onze ans,
s’étant principalement manifesté sur deux points :
— Son hostilité à la France libre* et à de Gaulle*. Attitude qui
s’exprimera violemment lors de l’affaire de Saint-Pierre-et-Miquelon* en
décembre 1941 et se retrouvera dans le refus de voir la France libre* signer la
déclaration des Nations unies*, le 1er janvier 1942.
— Ses efforts pour mettre sur pied une organisation internationale se
fondant sur le principe de la Sécurité collective. Aussi sera-t-il véritablement
le père des Nations unies*. C’est à ce titre que le prix Nobel de la Paix lui
sera attribué en 1945.
Fatigué, il cédera la place à Edward Stettinius* en décembre 1944.

HUMANITÉ, CRIMES CONTRE L’


Assassinat, extermination, réduction en esclavage de populations civiles.
Ces crimes sont imprescriptibles.
Cette définition de crimes contre l’humanité découle des horreurs nazies :
Solution finale*, camps d’extermination*, etc.

HUMP, THE
La bosse
Nom donné à la route aérienne organisée par les Américains, au départ de
l’Inde*, pour leur ravitaillement en Chine* et celui des troupes de Tchang
Kaï-chek*.
Le contrôle japonais des côtes chinoises, l’occupation de la Birmanie*
interdisant la route de Birmanie*, le seul axe pour atteindre la Chine* est la
voie aérienne. Celle-ci part des aérodromes d’Assam, dans l’est de l’Inde*,
survole l’Himalaya et gagne Kunming, en Chine* méridionale, soit une
distance d’environ 800 km. L’altitude de vol, au-dessus de massifs
montagneux atteignant 4 500 m, les risques de givrage, les vents violents, la
mousson, rendent le trajet particulièrement risqué.
Cette route aérienne est inaugurée en juillet 1942 avec 82 tonnes
enlevées. Le tonnage atteint 1000 tonnes en décembre 1942, 2 916 en juillet
1943, 18 975 en juillet 1944, et 71 042 en juillet 1945, mois record. Au total,
650 000 tonnes de ravitaillement furent ainsi transportées, soit l’équivalent de
70 Liberty Ships*. Ce pont aérien emploiera jusqu’à 22 000 personnes et
47 000 civils.
Les pertes furent lourdes étant donné les conditions de vol. Ainsi,
36 morts en janvier 1945.

HUNTZIGER, CHARLES
(1880-1941). Général français.
Ce Saint-Cyrien, ayant effectué une bonne partie de sa carrière outre-mer,
se retrouve, en septembre 1939, commandant de la IIe Armée sur la Meuse*.
Il ne paraît pas avoir, dans cette fonction, fait preuve d’une clairvoyance
et d’une efficience particulières. Il est surpris le 10 mai et restera pour
beaucoup le vaincu de Sedan*. Ayant réussi toutefois à rétablir la continuité
de son front en Meuse et Aisne, il échappe aux fourches caudines que connaît
son voisin Corap. Curieusement même, de Gaulle* envisage sérieusement de
le voir remplacer Weygand*. Projet sans suite.
Le 17 juin, Huntziger, qui, entre-temps, a reçu le commandement du GA/
4, reçoit l’ingrate mission d’aller négocier et signer la convention d’armistice
avec les Allemands.
Le 6 septembre 1940, Pétain* en fait son secrétaire d’État à la Guerre,
puis le nomme commandant en chef des forces terrestres. Rentrant d’une
inspection en Afrique du Nord, il disparaît dans un accident d’avion, le
12 novembre 1941.
Ce soldat ambitieux, anglophobe, très Révolution Nationale, semble avoir
penché pour la collaboration avec l’Allemagne*. Semble ! Car il est possible
qu’il ait voulu, avant tout, relever et renforcer l’Armée française*.

HURRICANE
Hawker Hurricane MK I.
Chasseur britannique sorti à la fin de 1937. Sera, avec le Spitfire*, l’avion
de la bataille d’Angleterre* (32 escadrilles équipées de Hurricane*, 19 de
Spitfire*). En plusieurs versions, sera fabriqué à 14 233 exemplaires.
Vitesse : 518 km /h ; autonomie : 845 km ; armement : 8 mitrailleuses ;
équipage : 1 homme.
La version MK II, utilisée comme chasseur bombardier, aura 4 canons de
20 mm et 450 kg de bombes.

HUSKY, OPÉRATION
Nom de code de l’invasion de la Sicile* par les Alliés, en juillet 1943.
I

IEREMENKO
(voir EREMENKO)

IL 4
IL 4 Iliouchine.
Bombardier bimoteur soviétique, sorti en 1940 et fabriqué à environ
6 800 exemplaires. (Le bois, souvent, remplacera des parties métalliques
après 1941.) Sera utilisé durant toute la guerre.
Vitesse : 410 km/ h ; autonomie : 4 300 km ; armement : 3 mitrailleuses,
2 500 kg de bombes (parfois une torpille de 940 kg pour les appareils utilisés
par la marine) ; équipage : 3-4 hommes.

ILLUSTRIOUS
L’un des plus célèbres porte-avions britanniques.
23 000 tonnes ; vitesse : 31 nœuds ; longueur : 247 m ; transport : 36
avions.

IMPHAL
Chef-lieu de la province indienne de Manipur.
Cadre d’une farouche bataille pour sa possession, de mars à juillet 1944,
entre Japonais et Britanniques (voir Kohima et Imphal, batailles de)
INA (INDIAN NATIONAL ARMY – ARMÉE
NATIONALE INDIENNE)
Armée formée en février 1942 par le nationaliste indien Prita Singh et le
major japonais Fujiwara Iwaichi à partir des combattants indiens faits
prisonniers en Malaisie* et à Singapour*.
Sur 60 000 prisonniers, 20 000 se portent volontaires, sous le
commandement du capitaine Mohand Singh. En décembre 1942, Singh
devenu suspect est arrêté et l’INA dissoute. Elle est reconstituée en juin 1943
derrière Chandra Bose*.
Bose* désirerait l’utiliser en fer de lance d’une offensive japonaise en
Inde*. Les Japonais, par contre, souhaitaient l’employer en petites unités
rattachées à leurs propres troupes. Suite à un compromis, une force de 7 000
hommes est constituée qui se battra à Imphal* en 1944. Ces Indiens sont mal
équipés et leur moral n’est pas brillant. Désertions et redditions se
multiplient. Les 3 000 hommes de la 1ère division se rendent au complet, sans
tirer un coup de fusil. 5 000 autres les imitent près de Rangoon. Au total,
l’INA compte 400 tués au combat et 1 500 morts de maladies ou autres. Ce
chiffre paraît faible par rapport aux 11 000 prisonniers indiens morts dans les
camps japonais.
Les rescapés seront jugés par les Britanniques ou regardés comme des
héros par les nationalistes indiens.
Cette INA comprenait également une unité féminine, dirigée par une
doctoresse de Singapour, Laxmi Swaminathan.

INDE
Cet immense territoire, peuplé de 319 millions d’habitants en 1939, est
possession britannique.
Par son potentiel humain, ses richesses naturelles, sa position
géographique, il est destiné à peser lourdement dans le conflit contre l’Axe*
et le Japon*.
Les responsables nationalistes se divisent. Gandhi, fidèle à lui-même,
récuse la violence et donc la participation à la guerre. Nehru est hostile au
nazisme*, farouchement indépendantiste, donc hostile à la Grande-Bretagne*.
Chandra Bose* voit dans la guerre la possibilité d’évincer les Britanniques.
Les membres du Congrès sont face à un dilemme : soutenir la guerre et, en
contrepartie, obtenir l’indépendance à terme ou rester sur une position
pacifique. Ils décident de ne pas s’engager.
Néanmoins, les Indiens s’engageront. Ils seront près de 2 500 000
volontaires sous les armes en 1945. Ils se battront en Afrique orientale en
1940-41, en Irak* en 1941, en Afrique du Nord* et au Moyen-Orient de 1939
à 1943, en Grèce* et en Italie* de 1943 à 1945, en Birmanie* de 1942 à 1945,
en Malaisie* et Singapour* en 1941-42.
L’Inde connaîtra relativement peu la guerre sur son sol. En avril 1942, les
Japonais tenteront des raids sans grands résultats contre Ceylan et les côtes
occidentales du golfe du Bengale. Il y aura surtout des combats dans la région
de Kohima* et Imphal*, en Assam, au printemps 1944.
Les deux Alliés*, sur le rôle de l’Inde dans le conflit contre le Japon*, ont
des opinions opposées. Les Américains y voient une base de départ pour
soutenir la Chine*. Ce qui se produira effectivement avec the Hump* et la
route de Ledo*. Les Britanniques, depuis l’Inde, regardent vers la Birmanie*
et Singapour*. D’où les divergences entre Mountbatten* et Stilwell* sur le
rôle du SEAC* et la guerre en Birmanie*.
La guerre aura coûté à l’Inde 24 338 tués, 12 000 disparus, 80 000
prisonniers. Elle ouvrira le pays, à court terme, à l’indépendance dans la
scission entre hindous et musulmans.

INDES NÉERLANDAISES, CHUTE DES


Troisième empire colonial du monde en 1941.
Les Indes néerlandaises, près de 2 millions de km2, s’étendent sur 5 000
km. 13 677 îles dont 6 000 habitées de Sumatra à la Nouvelle-Guinée*
occidentale par Java, Bali, Timor, Bornéo (aux trois quarts), les Célèbes, etc.
Lointain héritage de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, ces terres
produisent riz, caoutchouc, tabac, sucre avec un sous-sol riche en pétrole,
étain, charbon, nickel et même or et argent. Ce sont là des biens précieux
pour le Japon* qui en est si mal pourvu.
Pour garder de telles richesses, les Hollandais sont bien peu nombreux.
100 000 d’entre eux y vivent à demeure, noyés dans une population de
70 millions d’âmes. L’armée ne représente qu’une force de souveraineté en
territoire colonial. Ses 140 000 hommes, presque tous indigènes, mal armés
et surtout peu motivés, sont disséminés. Mais aussi comment surveiller et
défendre 81 497 km de côtes ? La marine, composée de quelques croiseurs et
destroyers, n’a ni porte-avions ni couverture aérienne sérieuse.
Et puis, la Hollande* est en guerre en Europe. Envahie en mai 1940, elle
n’a pas cédé. La reine et le gouvernement se sont réfugiés à Londres. En
1941, leur souci premier est la lutte contre le nazisme* et la Libération* du
territoire national.
Durant la seconde quinzaine de décembre 1941, les Japonais se sont
installés à Sarawak. Leur conquête de la Malaisie* et des Philippines* se
déroule bien. Ils peuvent, sans plus tarder, se reporter sur les Indes
néerlandaises dont ils ont tant besoin, en particulier sur le plan pétrolier.
Leur planning d’invasion prévoit trois forces et trois étapes. Une force
est, en janvier 1942, occupera Bornéo et les Célèbes. Une force ouest, en
février, occupera Sumatra, Banka et l’ouest de Java. Timor sera occupée en
février. Java, l’île la plus riche, sera alors encerclée. Son invasion
correspondra au troisième temps par une force centrale en mars.
Ce schéma permet en outre de se rapprocher de l’Australie*. De Timor,
Port Darwin* ne sera plus qu’à 450 km. Une heure de vol.
Le calendrier prévu se déroule avec une implacable rigueur.

Janvier 1942.

Le 11 : débarquement à Tarakan (nord-est de Bornéo). Un jour de


résistance ; débarquement à Manado (nord-est des Célèbes). Peu de
résistance. Ces actions marquent la déclaration de guerre officielle du Japon*
à la Hollande*.
24 : débarquement à Balikpapan* (est de Bornéo). Peu de résistance ;
débarquement à Kandari (est des Célèbes). Peu de résistance.
27 : débarquement à Pemangkat (ouest de Bornéo). Peu de résistance.
29 : débarquement à Pontianak (sud de Pemangkat). Peu de résistance.
30 : débarquement à Ambon (ouest de Ceram). Peu de résistance.
Au 31 janvier, Bornéo et les Célèbes, à l’exception des côtes
méridionales, sont entre les mains des Japonais.

Février 1942.

9 : débarquement à Makassar (sud des Célèbes). Peu de résistance.


10 : débarquement à Banjermasin (sud de Bornéo). Peu de résistance.
14 : débarquement à Banka (au large de Sumatra). Peu de résistance.
Parachutage à Palembang (sud-est de Sumatra). Violents combats durant une
journée.
19 : débarquement à Bali. Aucune résistance.
20 : parachutage et débarquement à Timor*. Début d’une guérilla qui
durera près d’un an.
Le plan est parfaitement respecté. À la fin février, Java est encerclée. Les
troupes à terre étaient trop peu nombreuses et trop dispersées pour s’opposer
sérieusement à l’envahisseur. Les forces navales alliées, pourtant, se sont
efforcées d’intercepter les convois de débarquement. Le 27 février, leur
intervention s’est terminée par un désastre (voir Java, bataille de la mer de).
Le 1er mars 1942, au matin, les Japonais débarquent à Java. Les
Hollandais n’ont qu’une division pour tenir les 800 km de côtes. À leurs
côtés ne se trouvent que 7 000 Anglais et Australiens et deux douzaines de
chasseurs surclassés par les Zero*. Personne pour les soutenir. Les
Britanniques font retraite en Birmanie*. Les Australiens craignent pour leur
continent. Les Américains, incapables de soulager Bataan* et Corregidor*,
sont encore moins en mesure de se manifester.
Les combats sur l’île dureront une semaine. Baundoung, l’ultime bastion,
tombera le 9 mars à minuit. Les Pays-Bas* ont perdu leur empire des Indes.
Ils n’en conservent que quelques milliers de kilomètres carrés au sud de la
Nouvelle-Guinée*.

INDIAN LEGION
Légion indienne. Unité formée par le nationaliste indien Chandra Bose*
avec les soldats indiens faits prisonniers en Libye*.
Sur 15 000 prisonniers, 2 000 se portent volontaires. En décembre 1942,
trois petits bataillons sont ainsi sur pied, commandés par des officiers
allemands parlant en allemand. En 1943, une mutinerie éclate. Les Indiens
veulent bien se battre contre la Grande-Bretagne* mais non contre l’URSS*.
Une dizaine d’entre eux sont fusillés. Les trois bataillons deviennent alors le
régiment 590 de la Wehrmacht* implanté dans le sud-ouest de la France*,
près de la frontière espagnole. Fin 1944, les rescapés, parvenus en
Allemagne*, seront intégrés à la Waffen SS* dans le cadre de la 18e SS
Freiwilligen-Panzergrenadierdivision Horst Wessel. Pratiquement, la Légion
indienne ne combattra jamais. Les survivants rendront des comptes à la
justice britannique en Inde*.

INDIANAPOLIS
Croiseur américain.
Du 16 au 26 juillet 1945, il transporte de San Francisco à l’île de Tinian*
(8 000 km) un petit cylindre de près de 300 kg contenant le cœur même de la
masse atomique, une masse sous-critique d’uranium 235.
Mission remplie, l’Indianapolis cingle vers Guam* pour un destin
tragique. Le 29 juillet, à 23 h 25, il est torpillé par le sous-marin japonais I/58
et sombre en 40 minutes. Des 1 169 membres d’équipage, il n’y aura que 316
survivants (l’alerte est donnée trop tard ; les secours n’arrivent sur les lieux
que trois jours plus tard.)
L’Indianapolis est le dernier bâtiment américain d’importance coulé
durant la guerre du Pacifique*.

INDOCHINE
L’Indochine française, ou plus exactement l’Union indochinoise,
représente, en 1940, un vaste ensemble regardé, avec l’Algérie*, comme le
fleuron de l’empire colonial français.
24 millions d’habitants, dont 30 000 Européens, sur une superficie de
748 000 km2, regroupant une colonie, la Cochinchine, et quatre protectorats,
l’Annam, le Tonkin, le Cambodge, le Laos (Cochinchine, Annam, Tonkin,
formant l’actuel Viêt-nam). Les populations de ce futur Viêt-nam sont
largement majoritaires (20,5 millions).
Si les souverains sont en titre restés en place, empereur en Annam-
Tonkin, rois au Cambodge et au Laos (plus exactement à Louang-Prabang),
l’autorité effective appartient à la puissance coloniale. Le gouverneur général
y exerce les pouvoirs de la République, disposant de l’administration et des
forces armées. Ces dernières sont relativement modestes. 90 000 hommes
dont 75 000 Indochinois pour l’armée de terre. Une centaine d’appareils
presque tous démodés pour l’aviation. Deux croiseurs, un sous-marin, cinq
avisos et des canonnières fluviales pour la marine.
En Extrême-Orient, la France d’avant 1939, grande puissance
internationale, joue cartes sur table. Elle soutient la Chine* de Tchang Kaï-
chek* dans son conflit contre le Japon* en autorisant ses approvisionnements
par le chemin de fer du Yunnan. Sa défaite remet tout en question. Tokyo
exige la rupture du cordon ombilical du Yunnan. Le gouverneur général, le
général Catroux*, lucide quant à ses moyens militaires, accepte la fermeture
des frontières et un contrôle sous réserve qu’il soit discret. Le gouvernement
Pétain le désavoue. Le 20 juillet, le vice-amiral d’escadre Decoux*,
commandant les forces navales d’Extrême-Orient, lui succède. Voici donc
Decoux* à la barre. Ce marin de tradition sera fidèle à Pétain* avec un
objectif : maintenir, c’est-à-dire préserver la présence française face à la
pression nippone. Les épreuves ne manqueront pas.
En août 1940, Tokyo réclame des facilités militaires en Indochine.
Decoux*, sur l’assurance de son adjoint militaire, refuse de céder. Le
22 septembre, les Japonais attaquent à Langson et Haiphong. Trois jours de
combats. Manifestement les assaillants sont les plus forts. Decoux* doit
composer. L’Indochine hébergera des garnisons nippones.
Nouvelle alerte en janvier 1941. Cette fois ce sont les Thaïlandais qui,
forts du soutien nippon, cherchent querelle pour saisir la région d’Angkor et
obtenir des avantages territoriaux le long du Mékong. Les combats terrestres
se terminent par un pat, mais la Marine française l’emporte à Koh Chang*.
La pression de Tokyo fait pencher au profit de Bangkok. Le Cambodge perd
la province de Battambang et une partie de celle de Siem Reap ainsi que le
Laos, 7 000 km2 sur la rive droite du Mékong (ces territoires seront restitués
après la guerre).
Après Pearl Harbor*, les États-Unis rentrent dans le conflit. Si
l’Indochine est épargnée par l’offensive généralisée, elle reçoit des coups des
uns et des autres, les Japonais entretenant une présence militaire sur son sol.
Néanmoins, elle connaît une paix relative marquée au Tonkin par l’apparition
du Viêt-minh de Hô Chi Minh*.
Decoux* espère maintenir jusqu’à la fin du conflit. Au début de 1945, la
défaite japonaise se précise, mais l’amiral est dans une position inconfortable.
La France* de De Gaulle* a officiellement déclaré la guerre au Japon*. En
Indochine, la Résistance* forge ses armes avec plus ou moins de discrétion.
Le coup de force japonais du 9 mars 1945 prend les Français au
dépourvu. Malgré des résistances héroïques, leurs positions sont vite
submergées. Decoux* et ses principaux adjoints sont arrêtés. Atrocités et
massacres – comme à Langson – s’inscrivent dans le sillage de l’armée
japonaise. Des éléments français parviendront à échapper à l’étreinte. 5 700
hommes dont 3 200 Indochinois trouveront refuge en Chine*. La colonne
Alessandri, forte d’environ 2 700 hommes à base du 5e REI, après un périple
de 800 km en combattant, échappera à la capture (la fameuse retraite de
Chine*).
Roosevelt*, par anticolonialisme primaire, interdit à ses forces
d’intervenir au profit des Français pourtant en lutte contre l’adversaire
commun. Au total, l’armée française perd le 9 mars et les jours et semaines
suivants 2 119 Européens et environ 4 700 tirailleurs ou gardes indochinois.
Ce 9 mars 1945 marque véritablement la fin de l’autorité française en
Indochine. Au mois d’août, profitant de la capitulation japonaise, Hô Chi
Minh* fait occuper Hanoi par ses partisans. Le 2 septembre, il y proclame
l’indépendance du Viêt-nam. Au Cambodge, le roi Norodom Sihanouk, sous
la pression des Japonais, avait proclamé celle de son pays, le 12 mars. Seul le
Laos manifeste sa fidélité. Des maquis* franco-laotiens, anti-japonais, y
subsisteront.
La fin de la Seconde Guerre mondiale voit donc l’agonie du régime
colonial en Indochine. L’après-guerre verra le début d’un autre long conflit
entre la France* et le Viêt-minh communiste.

INÖNÜ, ISMET
(1884-1973). Homme politique turc.
Succède le 11 novembre 1938 à Atatürk à la présidence de la République.
Très marqué par le prix payé par la Turquie* pour son engagement auprès
des Allemands en 14-18, est bien résolu à maintenir son pays en dehors du
conflit. Donnera donc habilement des gages des deux côtés. Signe des pactes
de non-agression avec l’URSS* et le Reich* en 1941. Finalement, l’issue de
la guerre paraissant acquise, rompt en août 1944 ses relations diplomatiques
avec l’Allemagne* et arrête ses livraisons de chrome. Se décide le 1er mars
1945 à déclarer la guerre au Reich*. Après la défaite allemande, s’opposera
aux exigences de Staline* qui resteront lettre morte.

INTERALLIÉ
Réseau de renseignements franco-polonais fondé à Paris à l’automne
1940 par Roman Garby-Czerniawski, un aviateur polonais qui avait réussi à
fuir la Pologne* envahie.
Il donne au MI 6* d’utiles renseignements sur les ports de l’Atlantique
avant d’être décapité à l’automne 1941.

IRAK
L’Irak, ancienne province turque sous le nom de Mésopotamie, a obtenu
son indépendance en 1932.
La Grande-Bretagne*, pays qui en assurait la tutelle, y garde des intérêts
– surtout pétroliers – importants et y maintient une présence militaire.
Au début de la guerre, le prince Fayçal, petit-fils du fondateur de la
dynastie, n’étant encore qu’un enfant, la régence à Bagdad est assurée par son
oncle, le prince Abdul Illah. Celui-ci et son Premier ministre, Nouri Saïd,
poursuivent la politique traditionnelle d’amitié avec la Grande-Bretagne*.
Bagdad, dès les premiers mois de 1940, devient la métropole des
complots contre les Anglais et leurs amis. La raison première est simple. À
Bagdad s’est réfugié Hadj Amine el-Husseini*, mieux connu sous le nom de
grand mufti de Jérusalem. Musulman rigoureux, nationaliste intransigeant, il
s’est imposé comme le chef de l’émancipation arabo-islamique.
Sur cette route, il a trouvé non seulement des coreligionnaires, des
officiers comme les colonels du Carré d’or, mais aussi des Allemands.
L’Abwehr de Canaris*, la Wilhelmstrasse le soutiennent. Ils projettent un
large renversement d’alliances dans le monde arabe – Turquie* incluse. Von
Papen a été envoyé à Ankara à cet effet.Le grand mufti a délégué un
émissaire à Berlin. Dans la grande stratégie de l’alliance Croix gammée-
Croissant, le point de départ a été fixé à Bagdad. Le mouvement escompte, en
cascade, entraîner à sa suite les autres pays du Moyen-Orient.
Le 10 avril 1941, le Parlement irakien, devant les armes des comploteurs,
détrône le régent Abdul Illah et le remplace par le très proallemand Cherif
Charaf. Rachid Ali el-Kailani devient Premier ministre et homme fort du
nouveau régime. Le docteur Grobba, le Lawrence germanique, qui, de Berlin,
a noué les fils de l’intrigue, part pour Bagdad comme ambassadeur. L’Irak,
apparemment, change de camp et se place dans l’orbite du IIIe Reich*.
La révolte armée éclate contre la Grande-Bretagne*. Le 30 avril, des
unités irakiennes ouvrent le feu contre la base britannique de Habbanié. Le
grand mufti lance un appel au Djihad, la guerre sainte. Les Anglais se
trouvent dans une situation difficile : Crète*, Égypte* à défendre ; l’Irak qui
leur impose un nouveau fardeau.
Ils réagissent avec sang-froid et méthode face à des Irakiens mal
organisés. John Bagot, alias Glubb Pacha, se met en marche depuis la
Palestine* avec une colonne motorisée de guerriers bédouins. Des renforts,
venus des Indes*, débarquent à Bassorah. Une autre contre-offensive
s’amorce. À Habbanié, les aviateurs du général Smart, un moment sous les
coups de leurs adversaires installés sur le plateau dominant leur base, font
mieux que se défendre. Churchill* rapporte, dans ses Mémoires :
« Après quatre jours d’attaque par la RAF*, l’ennemi avait son compte. »
Le 7 mai, le siège de Habbanié est levé. Le 30, les avant-gardes
britanniques pénètrent dans les faubourgs de Bagdad. Le grand mufti* et
Rachid Ali s’enfuient en Iran, d’où ils gagneront Berlin.
L’armistice est signé le 31 mai ; le régent Abdul Illah est rétabli. Un
gouvernement pro-britannique se met en place. Le grand dessein de révolte
du monde arabe a tourné court. En janvier 1942, l’Irak déclarera la guerre à
l’Axe*.

IRAN
En 1940, la Perse, devenue l’Iran depuis 1934, penche fortement du côté
de l’Axe*.
Près de 5 000 Allemands, techniciens ou conseillers, y travaillent. Ce sont
eux, du reste, qui viennent d’achever le Transiranien, long de 1 400 km,
reliant le golfe Persique à la mer Caspienne.
L’agression allemande contre l’URSS*, le 22 juin 1941, après le
soulèvement en Irak* contre la Grande-Bretagne*, soulève l’urgence d’une
solution à cette influence allemande. Les Britanniques tirent du pays
8 millions de tonnes de pétrole brut indispensable à leur effort de guerre. Le
Transiranien se présente comme une voie de transit majeure pour l’appui
anglo-saxon au front de l’Est*.
Devant l’hostilité manifestée par Reza Shah* aux sommations de Londres
et de Moscou d’expulser les ressortissants allemands et de se ranger de leur
côté, Britanniques et Soviétiques envahissent le pays le 25 août 1941.
D’Irak*, les 8e et 10e divisions indiennes marchent sur Téhéran, tandis que
l’Armée rouge déboule par la rive occidentale de la Caspienne. Il ne saurait y
avoir de résistance organisée.
Reza Shah* abdique en faveur de son fils, Mohammad Reza*, et s’exile.
L’Iran rompt ses relations diplomatiques avec l’Allemagne* et l’Italie* (il en
sera de même avec le Japon*, le 12 avril 1942).
Contraint et forcé, le jeune et nouveau souverain se plie aux desiderata
des occupants. Il obtient toutefois, le 29 janvier 1942, l’assurance que ceux-ci
quitteront son pays six mois après la fin des hostilités en Europe. Mesure qui
sera rapportée ensuite à six mois après la fin des hostilités avec le Japon*.
Les Trois Grands* estimeront l’Iran territoire sûr, au point qu’ils y
tiendront personnellement leur conférence de Téhéran* en novembre 1943.
Ils exploiteront tout autant les possibilités du pays, ports, routes, voies de
communications. Le Transiranien assurera le transport de 4 150 000 tonnes
de marchandises au profit de l’URSS* (soit 23,8 % de l’aide totale alliée).
Sur la fin de la guerre, les Soviétiques s’efforceront d’asseoir leur
influence dans les provinces septentrionales du pays. La pression de l’ONU*
et de Truman*, en 1946, les obligera à quitter l’Iran qui retrouvera alors sa
pleine souveraineté.

IRLANDE (EIRE)
À la déclaration de guerre en septembre 1939, l’Irlande se déclare neutre
et le restera malgré les pressions britanniques puis américaines, suivies de
sanctions économiques.
L’invasion de l’Irlande a même été envisagée afin de pouvoir utiliser ses
ports.
Malgré cette neutralité officielle, 38 544 Irlandais iront volontairement
servir dans l’armée britannique.

IRONSIDE, EDMUND
(1880-1959). Maréchal britannique.
Gouverneur de Gibraltar* depuis 1938, est, le 3 septembre 1939, nommé
chef de l’état-major impérial, poste pour lequel il était mal préparé.
Son inaction durant la drôle de guerre*, la défaite en Norvège* et sur le
continent, son incapacité à plaire à Churchill*, conduisent à son départ, le
27 mai 1940, remplacé par Dill*. Est alors durant deux mois commandant en
chef des forces de l’Intérieur. Promu maréchal, se retire ensuite du service
actif.

ISLANDE
En septembre 1939, l’Islande est un État souverain lié au Danemark* par
une simple union personnelle avec la couronne danoise.
L’occupation allemande, en avril 1940, rompt cette union et l’Islande
tend à s’affirmer neutre dans le conflit engagé. Pour prévenir un
débarquement allemand, Churchill*, en mai 1940, expédie sur place des
troupes britanniques puis canadiennes. En juillet 1941, celles-ci seront
relevées par des forces américaines, l’Islande se plaçant sous la protection des
États-Unis*. Le pays se déclarera officiellement indépendant en 1944. Durant
toute la bataille de l’Atlantique*, sa position aura une valeur stratégique
considérable.

ISMAY, HASTINGS
(1887-1965). Général britannique.
Chef de l’état-major particulier de Winston Churchill* dans ses fonctions
de ministre de la Guerre. Il avait la totale confiance du Premier ministre et
assurait, avec beaucoup d’aplomb, les liaisons avec les chefs d’état-major.
Son audience était incontestable.

ITAGAKI, SEISHIRO
(1885-1948). Général japonais.
Après avoir été un temps ministre de la Guerre, Itagaki devient, en 1939,
chef d’état-major de l’armée japonaise de Chine*.
En juillet 1941, il commande en chef en Corée*, puis, en 1945, se
retrouve à la tête de la VIIe Armée en Malaisie*.
Condamné à mort, il est pendu en 1948.

ITALIE
Le 10 juin 1940, l’Italie fasciste déclare la guerre à la France* et à la
Grande-Bretagne*, ses alliées de 14-18. Ainsi l’a voulu Mussolini* en quête
de gloire et de conquêtes.
Depuis octobre 1936, il a lié son sort à celui de l’Allemagne* dans ce
qu’il appelle l’Axe* et a signé, le 21 mai 1939, le fameux Pacte d’acier*. Le
Duce* sera déçu.
L’armistice* franco-italien du 25 juin ne lui apporte rien, car son armée a
marqué le pas sur les Alpes*. À fin de l’année 1940 et au début de 1941, il
subit de sévères défaites en Afrique orientale et en Libye*. Son attaque contre
la Grèce* se solde par un autre fiasco. Heureusement, la Wehrmacht*
intervient pour secourir l’armée italienne aussi bien en Grèce* qu’en Libye*.
La marine italienne* n’est pas plus heureuse (voir à ce nom et à Tarente
et Matapan).
L’Italie se joint à l’Allemagne* dans sa lutte contre l’URSS*. Ses armées
connaissent des saignées sanglantes à Stalingrad* (85 000 morts) avant que la
fin de la campagne de Tunisie* n’éclaire définitivement les Italiens sur les
chimères de leur Duce*.
Celui-ci renversé et arrêté par ses compatriotes, avant d’être libéré par les
Allemands au Gran Sasso*, l’Italie se scinde en deux. Le roi Victor-
Emmanuel III* et son gouvernement signent, le 8 septembre 1943, un
armistice* avec les Alliés* et se rangent dans leur camp. Mussolini* et ses
fidèles se regroupent dans l’éphémère République de Salò*.
L’invasion de l’Italie*, engagée par la conquête de la Sicile* et par les
débarquements de Salerne* et de Calabre, connaît une dure campagne d’hiver
que clôture la chute de Rome* le 5 juin 1944 (voir Cassino et Garigliano,
batailles de). L’Italie n’est pas libérée pour autant. Jusqu’au 2 mai 1945, les
combats entre Alliés et Allemands séviront en Italie du Nord, accompagnés
d’une véritable guerre civile opposant adversaires et partisans de Mussolini*,
lequel est exécuté le 28 avril 1945 par des résistants communistes.
Le changement de camp, la participation à la victoire finale épargnent le
pire à l’Italie. Elle est néanmoins condamnée à perdre son empire africain,
une partie de l’Istrie concédée à la Yougoslavie*, à céder à la Grèce* des îles
du Dodécanèse*, Rhodes notamment, à abandonner à la France Tende* et La
Brigue.
La guerre lui a coûté 330 000 morts militaires (150 000 sur le front de
l’Est*) et 80 000 morts civils. Ces derniers proviennent essentiellement de la
guerre civile et de l’épuration (voir Épuration). L’Italie de Mussolini* avait
protégé ses Juifs. Les 9 000 Juifs italiens victimes de la Solution finale* sont
tombés entre les mains des Allemands après 1943.

ITALIE, CAMPAGNE D’
La campagne d’Italie se décompose en trois phases assez bien marquées :
— Les débarquements sur le sol italien en Calabre et à Salerne* en
septembre 1943 (voir Invasion de l’Italie).
— La rude campagne d’hiver 1943-1944 dans les Abruzzes, suivie par les
prises de Rome* et Florence* (voir Cassino et Monte Cassino, Anzio,
Garigliano, bataille du, Rome et Florence, prise de).
— La campagne d’hiver 1944-1945 suivie de la capitulation italienne
(voir Apennins, campagne dans les, capitulation italienne, Mussolini, mort
de).
Cette campagne d’Italie est menée, côté Alliés*, par le XVe GA du
maréchal Alexander* disposant des Ve Armée américaine (général Clark) et
VIIIe Armée anglaise (général Montgomery* puis Leese*). Clark* succède à
Alexander* promu commandant en chef en Méditerranée* en décembre
1944. Il est remplacé par Truscott*, McCreery* succédant à Leese* parti en
Extrême-Orient.
Côté allemand, la campagne est menée essentiellement par le maréchal
Kesselring*, disposant des Xe Armée (général Vietinghoff*) et XIVe Armée
(général Mackensen). Kesselring*, grièvement blessé dans un accident de
voiture en octobre 1944, est remplacé par Vietinghoff. Herr succède à
Vietinghoff* à la Xe Armée, Lemelsen prenant le commandement de la
XIVème Armée.
À noter que les forces armées de la RSI* se joignent aux Allemands
durant la campagne (voir RSI).

ITALIE, INVASION DE L’
Le 17 août 1943, à 10 h 15, Patton* entre dans Messine.
La côte italienne se dresse devant lui à moins de cinq kilomètres.
L’Italie* est à portée de main. S’il s’écoutait, le bouillant commandant de la
VIIe Armée américaine serait déjà sur l’autre rive. Mais il n’est pas seul à
décider.
Les chefs militaires au-dessus de lui, Eisenhower*, Alexander*, ont
besoin du feu vert de Washington et Londres pour se risquer dans la
péninsule italienne. Si Churchill* est plus que favorable, les Américains sont
réticents. Ils privilégient le Pacifique* et Overlord*, le débarquement en
Europe occidentale fixé au printemps 1944. Le succès rapide en Sicile*, le
renversement de Mussolini*, le peu d’ardeur manifesté par les soldats
italiens, les approches de Badoglio* en vue d’un armistice, créent un fait
nouveau. Churchill* l’exploite. La décision, toutefois, n’est prise que le
19 octobre 1943 à Québec*. Non sans réserves : n’altérer en rien le potentiel
d’Overlord*, utiliser les moyens disponibles en Méditerranée*.
Les généraux alliés ne sont donc pas les vrais responsables des délais
apportés à l’invasion de l’Italie. Une fois son principe acquis, les hommes de
l’art peuvent se mettre à fond à l’ouvrage.
Celui-ci s’effectuera en deux grandes étapes. Tout d’abord, débarquement
de Montgomery* et de sa VIIIe Armée en Calabre (Opération Baytown). Puis,
avec quelques jours de décalage, intervention de Clark* dans le golfe de
Salerne* avec une Ve Armée anglo-américaine. (Opération Avalanche).
Simultanément, prise de Tarente que les Italiens, lors des négociations
d’armistice, se sont engagés à livrer (Opération Slapstick). Enfin, si possible,
à la même date ou peu après, intervention aéroportée sur Rome.
Montgomery* aime frapper fort par crainte des échecs. 600 pièces
d’artillerie, 100 canons de marine tonnent contre la pointe de la Calabre. Un
déluge de feu s’abat sur des grèves vides.
Les divisions allemandes ne se sont pas attardées. Elles se savaient dans
une souricière. Kesselring*, le commandant en chef allemand en
Méditerranée*, a pressé les replis, ne laissant que les 26e et 29e divisions en
arrière-garde (30 000 hommes).
Le 3 septembre, à 4 h 30, les rotations commencent dans le détroit de
Messine. Faute de combattants adverses, le XIIIe CA ne rencontre pas
d’opposition et occupe rapidement Reggio. Au soir de la première journée, il
a fait prisonniers 3 traînards allemands et 3 000 Italiens qui n’aspiraient qu’à
cela.
La Calabre forme une longue arête montagneuse (1 995 m à
l’Aspromonte), longée par deux routes côtières, une sur chaque versant. Le
XXXe CA s’engage sur celle de l’ouest, le XIIIe sur celle de l’est.
Les escarmouches sont rares. Les Allemands se contentent d’obstructions
et de combats retardateurs, d’autant que Montgomery*, malgré ses gros
moyens, prend son temps. Pourtant, il a reçu mission de faciliter l’opération
Avalanche*, le débarquement sur Salerne*.
Salerne* ! C’est là un objectif bien lointain sur ce terrain réfractaire aux
chevauchées des blindés. 500 km de routes de montagnes, étroites et
sinueuses, pour y accéder. Le 10 septembre, à peine le tiers du trajet a été
parcouru.
À cette date, les événements ont sérieusement évolué. Le 8, l’Italie a
capitulé. Le 9, sont lancées Avalanche* et Slapstick.
Slapstick, la prise de Tarente, est en principe dévolue aux aéroportées. Le
potentiel aérien manque. L’amiral anglais Cunningham* propose ses bateaux.
La 1ère Airborne* britannique regroupée en Tunisie* se présentera donc par
mer. Embarquée sur cinq croiseurs et un mouilleur de mines, elle quite
Bizerte le 8 septembre au soir. Le lendemain, elle débarque directement sur
les quais de Tarente. Les installations portuaires sont intactes, l’accueil de la
population chaleureux. L’affaire n’aurait été qu’une promenade militaire si le
dragueur de mines Abdiel n’avait sauté sur une mine, entraînant 130 hommes
dans la mort.
Le 10, 6 668 paras sont à pied d’œuvre, mais sans blindés. Faute de
mieux, ils progressent avec quelques jeeps, des bicyclettes, des autobus
civils. Audacieusement, ils lancent des pointes. Les résistances rencontrées
sont épisodiques mais sévères. Le général Hopkinson, commandant la
division, est tué au cours d’un affrontement. Le 11, Brindisi est atteinte. Le
17, le terrain d’aviation de Gioia, à 50 km au nord de Tarente, est occupé. La
RAF* s’empresse d’y baser ses squadrons. Le 20, Potenza tombe. Les 22 et
23, la 78e division britannique débarque en renfort à Bari. Foggia est occupée
le 1er octobre. Des commandos s’emparent de Termoli le 2. Avec Bari et
Brindisi, les Alliés* disposent de bons ports sur l’Adriatique. Surtout, leur
présence dans la partie orientale de la péninsule influe sur la situation à
Salerne* ; Salerne* où Avalanche* a connu des heures difficiles.
Clark*, responsable d’Avalanche*, a sous ses ordres deux corps d’armée,
le Xe britannique, prévu pour débarquer au nord du golfe de Salerne, le VIe
américain, destiné à prendre pied plus au sud, dans la région de Paestum.
Sous couleur de surprise tactique, il a refusé le principe d’un bombardement
préliminaire. C’est compter sans le métier de Kesselring* et de son état-
major, pour qui le débarquement dans le golfe de Salerne* s’affirme comme
une évidence. Le site offre un bon port et ouvre la porte vers Naples. Surtout,
il reste dans la limite de la couverture aérienne depuis la Sicile*. Kesselring*
a donc concentré dans l’amphithéâtre de la plaine de Salerne l’essentiel de la
Xe Armée récemment constituée du général Vietinghoff. Kesselring redoute
surtout une chose : une opération aéroportée sur Rome et un débarquement en
Latium, qui l’obligeraient alors à évacuer toute la moitié sud de l’Italie.
Il apprend donc avec une relative satisfaction qu’un très important
convoi, repéré le 8 septembre, dans l’après-midi, se dirige vers Salerne. Il a
en outre le temps, dès 15 h 30, d’alerter ses troupes.
À bord des navires alliés, l’ambiance est euphorique À 18 h 30,
Eisenhower* a annoncé l’armistice italien, bientôt confirmé par Badoglio*.
Chacun est persuadé n’avoir à remplir qu’une formalité. L’adversaire a
capitulé.
Les batteries allemandes, suite au refus de Clark* d’effectuer des
bombardements préalables, sont intactes et, de plus, sur leurs gardes. Les
péniches de débarquement se retrouvent sous leurs tirs. Les troupes subissent
des pertes.
À l’extrême gauche, les Rangers* américains s’emparent aisément du col
de Chiunzi ; les commandos britanniques du général Laycock* butent à
l’entrée du défilé de Cava et réussissent à s’infiltrer dans Salerne*. Au sud de
la ville, leurs camarades du Xe CA se heurtent partout à une solide résistance.
Au nord de Paestum, le VIe CA connaît une épreuve encore plus sévère.
Attendu, il est cueilli, dès son arrivée, par la 29e Pz Gr D et la 1ère PD*. Pour
de nombreux GI’s*, c’est le baptême du feu. S’ils parviennent, en certains
endroits, à s’enfoncer de quelques kilomètres, en d’autres, ils restent cloués
aux plages. Heureusement que tous les destroyers, bravant les champs de
mines, apportent une aide efficace pour stopper les contre-attaques des chars
allemands.
Au terme de trois jours de combats, le succès n’est toujours pas acquis.
L’avance générale n’est que de quelques kilomètres. Le col de Chiunzi,
Salerne sont occupés. En secteur britannique, la petite ville de Battipaglia et
l’aérodrome de Monte Corvino ont été pris puis évacués. Chez les
Américains, la situation est pire. La liaison n’est pas assurée avec le Xe CA.
Partout, les Anglo-Américains sont enserrés dans l’étroite plaine de Salerne*
et, sur un point, à 800 mètres des plages.
Le 13 septembre, Clark*, durant quelques heures, prend peur et envisage
de rembarquer ou de regrouper les deux corps dans un seul secteur.
Cette perspective accélère les renforts et soutiens. Ridgway* largue les
premiers éléments de sa 82e division aéroportée. La 7e DB britannique
commence à débarquer. La marine intensifie son action. Tedder* engage le
maximum de ses moyens aériens. 1 900 sorties sont effectuées le
14 septembre.
Le 16, Alexander* se rend sur les lieux. Il a une expérience que Clark* ne
possède pas, ayant vécu Dunkerque*, la Birmanie*, El-Alamein*, la
Tunisie*, et écarte toute idée d’évacuation. Depuis Malte, il fait pousser les
cuirassés Warspite et Valiant. Quelques heures plus tard, leurs 380 entreront
en action.
L’action de l’artillerie terrestre, de la marine, de l’aviation, la
« progression prudente de Montgomery* » (dixit Kesselring*), finissent par
porter leurs fruits. Kesselring* ne peut plus rejeter les Anglo-Américains à la
mer. Il s’affaiblit – Hitler* ne lui destine aucun renfort – et risque d’être
tourné si Montgomery* se décide à forcer l’allure sur le flanc oriental de la
péninsule. Dès le 10 septembre, il a fixé une position de repli susceptible de
barrer la botte. Le 16, il autorise Vietinghoff* à se replier sur le Volturno, une
trentaine de kilomètres au nord de Naples.
La cause est entendue. Avalanche se terminera bien. Progressivement, la
V Armée s’aligne face au nord-ouest, la VIIIe Armée ripant sur sa droite. Le
e
20 septembre, les Canadiens entrent dans Potenza. La semaine suivante, leurs
patrouilles poussent jusqu’à Melfi à 50 km au nord. Mais Montgomery*
refuse une exploitation qu’il juge téméraire, invoquant son ravitaillement, des
contre-attaques allemandes sur Termoli. Bref, il marque le pas durant deux
semaines pour se regrouper. Vietinghoff* peut décrocher, couvert par des
éléments retardateurs qui s’accrochent au terrain.
Le 1er octobre, la Ve Armée pénètre dans Naples ravagée par les
bombardements aériens. Le Génie américain se met immédiatement à
l’ouvrage. En moins de trois semaines, le port sera réutilisable. Pour en
arriver là, la Ve Armée a perdu 12 500 hommes, 7 000 Anglais et 5 000
Américains, soit 2 000 tués, 7 000 blessés et 3 500 disparus.
En avance sur la saison, les pluies freinent la reprise de la progression.
L’attaque de la ligne du Volturno ne peut débuter que le 12 octobre. Trois
jours plus tard, les troupes allemandes se retirent sur une position défensive
25 km plus au nord. Les Ve et VIIIe Armées se trouvent désormais devant ce
que Kesselring* a baptisé la ligne Gustav*. Les intempéries sont là, les
Allemands résolus à tenir. Les Alliés* ressentent le prix d’un mois de lutte.
Rome* est à moins de 150 km. Mais, pour atteindre la Ville éternelle, des
mois et une rude campagne seront nécessaires. Il appartiendra aux Français
d’en ouvrir la route

ITTER, CHÂTEAU D’
Château moyenâgeux, isolé sur un promontoire, près de Kitzbühel dans le
Tyrol, où seront détenues un certain nombre de personnalités françaises :
Paul Reynaud*, Édouard Daladier*, le général Weygand*, le général
Gamelin*, Jean Borotra, Léon Jouhaux, André François-Poncet, le colonel de
La Rocque, etc.
Paradoxalement, les conditions de détention y sont convenables. Les
Allemands ont permis, et même recommandé, aux prisonniers de faire venir
leurs épouses (ou à défaut leurs secrétaires). Pourquoi de telles libéralités à
comparer à la rigueur des camps de concentration ?
Le château sera libéré le 7 mai 1945 par la 103e division américaine
commandée par le général McAucliffe*, le héros de Bastogne*.

IWO JIMA
Le jambon de Bayonne d’Iwo Jima, triangle axé nord-est sud-ouest, de 8
km sur 4, pointe au sud, compte à peine 2 000 ha, dans un décor d’éruptions
volcaniques pas si lointaines, et ne représente, à première vue, qu’un modeste
objectif.
Pourtant, les chefs d’état-major américains ont prescrit à l’amiral Nimitz*
de l’enlever.
Depuis la fin novembre 1944, les B-29* s’en vont vider leurs soutes au-
dessus du Japon*. Plus de 5 000 km aller-retour. Distance à parcourir, vol à
haute altitude, diminuent leur chargement. À peine 3 tonnes de bombes au
lieu de 10 ! Iwo Jima n’est qu’à 1 100 km au sud de Tokyo. En décoller
bouleverserait la donne des bombardements sur le Japon, ce qui explique les
instructions données à Nimitz*.
Dans un espace aussi exigu, les Japonais ont déjà construit deux terrains
d’aviation et en terminent un troisième. Surtout, ils ont transformé cet îlot en
forteresse. L’âme de l’organisation de cette défense est le général
Kuribayashi qui, le 30 juin 1944, en a pris le commandement. Il a avec lui
21 000 hommes qu’il a fait travailler et creuser sans relâche.
Près de 1 200 hommes occupent le mont Suribachi (180 m), volcan éteint
à l’extrémité méridionale. La majorité des autres est retranchée sur le plateau
de Motoyami (330 à 360 m) et ses contreforts, au cœur et au nord de l’île.
Partout, des fortins, des casemates ont été édifiés, des galeries et des tunnels
creusés pour relier les points d’appui. Les 1 500 grottes naturelles ont été
fortifiées. 334 canons, obusiers ou mortiers, 400 mitrailleuses lourdes, 800
armes automatiques de tous calibres, 200 lance-fusées appuient les
défenseurs.
Nimitz* ne sous-estime pas Iwo Jima. Le bombardement préparatoire des
B-24* a débuté. Il durera 72 heures. La brume, la poussière, l’altitude
enlèvent toute précision aux appareils. Force de soutien et TF 58* s’en
mêlent. La première avec ses cuirassés et ses croiseurs ouvre le feu le 16
février 1945. La seconde, avec son aviation embarquée, les 16 et 17. Au total,
300 000 obus se déversent sur Iwo Jima avant l’assaut.
L’honneur d’enlever Iwo Jima appartient, une fois encore, aux meilleurs :
aux Marines*. Trois de leurs divisions sont là : 3e et 4e avec les anciens de
Guam*, Saipan* et Tinian*, et la 5e, nouvelle venue mais composée à 40 %
de vétérans. Pour les soutenir, 450 bâtiments de la Ve flotte pour les amener
au rivage et 482 LST*.
Il est 9 h 02, le 19 février 1945, lorsque les barges de la première vague
talonnent la côte orientale, immédiatement au nord du Suribachi. 4e division
sur la droite, 5e division sur la gauche, la 3e restant pour l’heure en réserve.
La météo est favorable. Les feux de tous les soutiens encadrent les plages.
Surprise, la résistance initiale s’annonce légère, mais la quiétude relative
ne dure pas. Brutal, le barrage japonais se déclenche. 8 bataillons de
Marines* étaient déjà à terre, avancés de 200 à 300 m dans l’intérieur.
Derrière eux, les LST* déversent chars, bulldozers et surtout LVT* Buffalo
amphibies.
Les Marines* sont sous les coups. Les tués, les blessés ne cessent de
tomber. Ces soldats sont des professionnels. Leur science se double
d’héroïsme. À quel prix ! Des bataillons se retrouveront à 150 hommes
valides.
En fin de journée, les sacrifices sont récompensés. La tête de pont
possède une base de 4 km du sud au nord. La 5e division a parcouru les 1 200
m qui la séparaient de la côte occidentale qu’elle borde sur un bon kilomètre.
Le Suribachi est isolé. Sur la droite, la 4e division a gagné 400 à 500 m et
mordu le terrain d’aviation no 1. Les hauteurs à l’est du Motoyami la
prennent de flanc. Derrière, 30 000 Marines* sont désormais à pied d’œuvre.
Leurs pertes sont déjà sévères : 600 tués, 1 800 blessés.
Le 20, au matin, la 5e division amorce une conversion sur sa gauche,
direction le Suribachi. Navires de guerre, bâtiments lance-fusées, artillerie
débarquée concentrent leurs feux sur les pentes que le 28e RI va devoir
enlever.
C’est à la grenade, à l’explosif, au lance-flammes, que les Marines* du
e
28 doivent, après l’orage de feu, débusquer leur adversaire qui a su se terrer.
Le 20, ils ne grignotent que 200 m. Le 21, ils arrivent à mi-pente.
Dans la nuit du 21 au 22, une pluie torrentielle s’abat sur Iwo Jima. Une
pâte gluante encrasse les armes, obligeant les fusils à tirer au coup par coup.
Au matin du 22, le sommet du Suribachi, investi sur toutes ses faces,
n’est plus très éloigné. Des Japonais, invités à se rendre, se suicident.
À l’aube du 23, une patrouille gravit les derniers mètres et parvient sans
encombre au sommet. Le Suribachi est tombé en quatre jours, mais les
Américains ne possèdent que la moitié méridionale du jambon.
La 3ème division est venue s’intercaler entre les 4e et 5e. Les trois
divisions se retrouvent au coude à coude pour remonter vers le nord.
Les Américains ont leurs avions, leurs navires, leur artillerie, leurs chars
lance-flammes. Bien souvent, les uns et les autres sont impuissants dans le
chaos des ravinements, des éboulis, des excavations de toute nature. La
tactique des Japonais ne varie pas. Tapis au fond de leurs grottes et de leurs
retranchements lorsque déferlent les bombes et les obus, ils se précipitent à
leurs meurtrières sitôt le tir levé. Parfois, utilisant les galeries souterraines, ils
ressurgissent sur les arrières. Les Marines* sont contraints d’avancer en
rouleau compresseur rectiligne.
Le 24 février, la ligne de front a atteint le milieu du second terrain
d’aviation sur l’avancée du Motoyami. Au centre, la 3e division se fraie un
chemin difficile sur le plateau. Sur sa gauche, la 5e division bute sur la cote
362. Quant à la 4e division, elle a hérité d’un secteur infernal que les hommes
ont baptisé le Meatgrinder (Hachoir à viande). Elle comptera 6 591 tués et
blessés avant de l’emporter. Le tiers de son effectif.
Le 3 mars, toute résistance a cessé sur le Hachoir. La 3e division s’est
enfoncée sur le plateau de Motoyami. La cote 362 est tombée aux mains de la
5e division.
Kuribayashi tient toujours mais réclame de l’aide à Tokyo, aide qui ne
peut provenir que des kamikazes.
L’héroïsme des Marines* ne se révèle pas vain. Le 4 mars, un B-29*,
rentrant d’un raid sur Tokyo et à court d’essence, se pose en catastrophe sur
le terrain no 1 à peine remis en état. L’équipage est sauf. À la suite de ce
précurseur, et jusqu’à la fin de la guerre, 2 251 Superfortress* auront fait de
même. 850 réaliseront un atterrissage d’urgence. Sans Iwo Jima, l’immense
majorité d’entre elles auraient disparu. À 11 hommes d’équipage par appareil,
il a été estimé que près de 10 000 vies humaines avaient été sauvées grâce à
la conquête d’Iwo Jima.
Le 9 mars, la zone encore tenue par les Japonais s’est considérablement
réduite. Moins d’un kilomètre de profondeur. Les suicides deviennent plus
fréquents. Le 8 mars, un millier de combattants se précipitent pour forcer le
passage, le corps ceint de charges explosives. 784 se font décimer en terrain
découvert.
Les Américains appellent les derniers carrés à se rendre. Retranchés au
sud du cap Kitano, ceux-ci se battent sans espoir.
Dans la nuit du 25 au 26 mars, quelque 300 rescapés se ruent jusqu’à des
bivouacs d’aviateurs mal préparés à une telle irruption nocturne. Les
Marines* rétablissent la situation. Au jour, 223 cadavres japonais s’alignent
en bordure de mer.
Le 26 mars, tout est fini.
Le 7 avril, 10 Mustang* décollent d’Iwo Jima pour escorter une attaque
diurne de B-29* contre Tokyo.
Pour posséder ces quelques kilomètres carrés, 5 885 Marines* sont morts,
46 portés disparus, 17 272 blessés. Des 21 000 Japonais, seuls 1083 ont
survécu. Le corps de Kuribayashi n’a jamais été retrouvé.
J

J2 M2 RAIDEN
Chasseur monomoteur de la marine japonaise.
Sorti en 1943, fabriqué à 462 exemplaires. Dans la version J2 M3, sera un
avion de la fin de la guerre. Jack dans le code allié.
Caractéristiques du J2 M3. Vitesse : 590 km/h ; autonomie : 1900 km ;
armement : 4 canons de 20 mm, 120 kg de bombes ; équipage : 1 homme.

JABO
Diminutif allemand de Jagdbombardier.
De fait, les meilleurs chasseurs bombardiers de la guerre sont anglais :
Typhoon* et Tempest*.

JAGDPANTHER
Jagdpanzer V.
Le meilleur de tous les chasseurs de chars. Fabriqué à 382 exemplaires à
partir de février 1944, en utilisant un châssis de char Panther*. Il est bien
profilé, de faible hauteur et fortement blindé.
Poids : 43,6 tonnes ; vitesse : 47 km/h ; autonomie : 160 km ; armement :
un canon de 88 m/m, deux mitrailleuses de 7,92 m/m ; équipage : 6 hommes.

JAGDPANZER
Chasseur de chars allemand. Les deux modèles les plus célèbres seront
les Jadgpanther* et Jagdtiger*.
JAGDPANZER 38 (T) « HETZER » (piqueur)
Chasseur de chars allemand léger, sorti en mai 1944 et fabriqué à environ
1 500 exemplaires.
Monté sur un châssis de Pz Kpw 38 (t), il sera une réussite.
Poids : 16 tonnes ; vitesse : 42 km/ h ; autonomie : 175 km ; armement :
un canon de 75 mm, une mitrailleuse de 7,92 mm ; équipage : 4 hommes.

JAGDTIGER
Jagdpanzer VI. Ultime chasseur de chars allemand d’un poids de 70
tonnes.
Canon de 128 mm à 1000 m/s de vitesse initiale. Doté d’un épais
blindage, presque invulnérable de face et de flanc, il peut être détruit par une
roquette d’avion. À l’usage, il s’avère insuffisamment maniable.

JAPON
Le Japon ne s’est ouvert à la modernité qu’en 1867, mais s’est empressé
de rattraper le temps perdu, économiquement, militairement.
Les victoires contre la Chine* lui ont apporté Formose* et les îles
Pescadores ; celles contre la Russie, la presqu’île de Liao-Toung et la partie
méridionale de l’île de Sakhaline*. Outre, il a annexé de fait la Corée*. Bien
qu’il se soit tenu à l’écart en 14-18, la SDN* lui a accordé mandat sur les
Carolines*, les Marshall*, les Mariannes*, des possessions destinées à lui
être précieuses. Le traité sur les armements navals lui a accordé 315 000
tonnes, loin derrière les États-Unis* et la Grande-Bretagne*, mais devant la
France* et l’Italie* qui n’avaient eu droit qu’à 175 000 tonnes.
Le Japon des années trente se présente comme la puissance majeure du
monde asiatique. Les facteurs de cette émergence sont multiples : intérêts des
grands groupes économiques, nationalisme exalté de jeunes officiers
imposant leurs vues à leur hiérarchie, frustration du peuple japonais étouffant
dans l’exiguïté de son pré carré.
En 1931, le Japon envahit la Mandchourie* transformée en
Mandchoukouo*. En 1933, il rompt avec la SDN*. En 1936, il signe le pacte
antikomintern qui fait de lui, en théorie du moins, l’allié du IIIe Reich*.
En juillet 1937, il déclenche la guerre contre la Chine*. Pékin, Nankin,
les régions côtières sont occupées. La prise de Nankin révèle au monde la
sauvagerie nippone. 250 000 hommes, femmes et enfants sont massacrés, le
plus souvent à coups de baïonnette.
Lorsque la guerre éclate en Europe, le Japon est devenu une grande
puissance.
Si son industrie arrive loin derrière celle des États-Unis*, elle produit
annuellement 7 millions de tonnes d’acier, lui assurant la primauté en
Extrême-Orient. Mais charbon et pétrole lui font défaut. Sa force navale est
impressionnante. En 1941, le Japon disposera de 10 cuirassés, 10 porte-
avions, 36 croiseurs, 113 destroyers, 63 sous-marins. Le cuirassé Yamato* est
le plus redoutable bâtiment jamais construit. L’environnement maritime a
conduit à privilégier l’aviation embarquée. La plupart des 2 600 appareils
relèvent de l’aéronavale équipée d’Archi D 3/A et surtout des célèbres Zero*.
L’armée de terre, grande rivale de la marine, a gardé une vision étroite de la
guerre. Pas de divisions blindées. Des chars intégrés aux unités. Peu de
motorisation (le carburant fait défaut). Le soldat japonais se déplace à pied ou
à bicyclette. Son armement est robuste mais vétuste. L’armée japonaise a
surtout pour elle sa discipline, la valeur et l’entraînement de ses combattants.
Cette faiblesse intrinsèque se manifeste lors de la bataille de Khalkin-
Gol*, affrontement de deux impérialismes, soviétique et japonais. Cet échec
fait pencher la balance. La partie contre l’URSS* s’annonce trop difficile.
Mieux vaut profiter de la puissance de la flotte nippone sur d’éventuels
adversaires britanniques et américains.
Car le Japon est tombé sous la coupe du clan militaire impérialiste et
dominateur. Et l’empereur Hiro-Hito* se tait. Il laisse généraux et amiraux
bellicistes conduire le pays à la guerre. Le 16 octobre 1941, Tojo*,
précédemment ministre de la Guerre, devient Premier ministre. Avec lui les
choses vont aller très vite.
La guerre, les États-Unis* n’en veulent pas. Roosevelt* la voit monter.
Dans l’espoir de freiner les Japonais qui ont pris pied en Indochine
française*, il décide un embargo, le 26 juillet 1941, sur la ferraille et les
produits pétroliers. C’est peut-être précipiter l’explosion et aider Tojo* et ses
amis.
Le 8 décembre 1941, éclate l’agression contre Pearl Harbor*. Les États-
Unis* sont désormais dans la guerre.
Le Japon avait préparé son affaire. En quelques semaines, il submerge les
Philippines*, les Indes néerlandaises*, la Malaisie*, la Birmanie*, Bornéo, la
Nouvelle-Guinée*, Guam*, Wake*. Des symboles de la puissance
britannique, Hong Kong*, Singapour*. Le Japon domine ce qu’il appelle la
sphère de coprospérité*. Mais, il a sous-estimé le potentiel américain et la
volonté de laver le coup bas de Pearl Harbor*.
La bataille de la mer de Corail*, en mai 1942, écarte le danger sur
l’Australie*. Celle de Midway*, en juin, sonne le début de la revanche.
Guadalcanal*, les Salomon*, marquent l’impuissance nippone à dominer
l’armée américaine. Dès lors, MacArthur* et Nimitz* entreprennent la longue
bataille du Pacifique* qui voit le premier revenir dans les Philippines* et le
second enlever Iwo Jima* et Okinawa*.
Le Japon est désormais à portée des bombardiers américains. Des milliers
et des milliers de tonnes de bombes s’abattent sur son sol. Le pays exsangue,
sa marine et son aviation décimées, en est réduit au recours aux
kamikazes*. Seuls le patriotisme et une discipline de fer permettent au Japon
de tenir.
Les bombes atomiques de Hiroshima* et Nagasaki* donnent le coup de
grâce à un Japon affaibli mais toujours capable de tuer. Hiro-Hito*, sortant de
son mutisme, impose la paix (voir Capitulation japonaise). L’invasion
américaine programmée n’aura pas lieu (voir Downfall). Le 2 septembre
1945, la délégation japonaise signe l’acte de capitulation sur le cuirassé
américain Missouri*. Les Américains occupent le pays. MacArthur*, promu
proconsul à Tokyo, a mission de désarmer le Japon, de le conduire vers la
démocratie et de punir les coupables (voir Tokyo, procès de).
On estime que le Japon durant la guerre a subi 1 700 000 morts militaires
et 360 000 morts civils, ce dernier chiffre étant, sûrement sous-estimé.
Si le pays n’a pas subi de combats sur son territoire national, Tokyo et ses
principales cités ont été dévastées par les bombardements. Le pays sort
également amoindri. Il perd toutes ses possessions sur le continent
(Mandchourie*, Corée*, etc.), ses archipels sous mandat, les Kouriles* et le
sud de Sakhaline*.

JASENOVAC
Camp de concentration créé par les Oustachis* croates de l’été 1941 à
février 1942.
Situé à une centaine de kilomètres de Zabreb, il comprend cinq lieux de
détention. De 60 000 à 80 000 Serbes, Juifs et Tziganes sont morts à
Jasenovac. Le camp se révolte à la fin d’avril 1945. Bon nombre de
prisonniers sont tués ; quelques-uns parviennent à s’échapper. Les gardes
assassinent les survivants.
Le camp est libéré au début du mois de mai 1945 par les partisans de
Tito*. Les conditions de vie à Jasenovac étaient particulièrement dures.

JAVA, BATAILLE DE LA MER DE


Balikpapan* a montré que contre l’invasion japonaise dans les Indes
néerlandaises* il était possible de s’interposer.
La flotte alliée, à cet effet, représente un atout non négligeable : 9
croiseurs, 26 destroyers, 40 sous-marins. Mais elle est trop hétérogène.
Chacun, hollandais, australien, américain, anglais, y a ses habitudes. La
faiblesse de la couverture aérienne la pénalise encore davantage.
L’amiral hollandais Doorman reçoit mission d’intercepter un convoi
signalé faire route vers Bali. Dans la nuit du 18 au 19 février 1942, Doorman,
à bord du croiseur De Ruyter, intervient dans le détroit de Lombok, avec
quelques destroyers et huit vedette lance-torpilles, plus un croiseur léger et
quatre destroyers américains qui l’ont rejoint à propos. L’habile réaction
japonaise déjoue l’attaque. Seul, un de leurs destroyers est endommagé.
Si Doorman a échoué, il ne renonce pas. Il se précipite contre un autre
convoi signalé devant Java. Il dispose cette fois non seulement du De Ruyter
mais de quatre croiseurs, deux lourds, deux légers, et de neuf destroyers, tant
hollandais qu’australiens, américains et britanniques. Pratiquement, tout le
potentiel naval allié est là. Doorman, sans radar ni aviation de
reconnaissance, est aveugle. Les Japonais par contre le suivent régulièrement
par leur aviation.
Ils ont aussi des pièces de 200 tandis que Doorman n’est armé que de
batteries de 150. Forcé de se rapprocher pour devenir efficace, il se rend
vulnérable aux torpilles. Le combat, engagé le 27 février vers 16 h, dans la
mer de Java, tourne vite à son désavantage. Le De Ruyter, l’Exeter*, glorieux
vainqueur du Graf von Spee*, sont touchés. Un destroyer est coupé en deux
par une torpille.
Héroïque et tenace, Doorman persiste. Le combat se poursuit de nuit, à
courte distance. Moins de 10 km. Les torpilles japonaises démontrent, une
fois encore, leur supériorité. Le De Ruyter, frappé à mort, coule avec
Doorman et 366 marins. Au total, deux croiseurs, quatre destroyers sont
perdus. La bataille de la mer de Java se solde par un lourd échec. Les
rescapés essayent de gagner l’océan Indien. Les croiseurs australien Perth et
américain Houston sombrent, pavillon haut, après avoir coulé ou endommagé
quatre bâtiments japonais. L’Exeter* et les deux destroyers qui l’escortaient
sont coulés par le feu des croiseurs lourds adverses. La disparition de
l’Exeter* est un choc de plus pour la Navy* et les Britanniques.
Il n’y a donc plus de flotte alliée constituée. Britanniques et Américains
retirent leurs derniers destroyers et sous-marins. La mer est libre autour de
Java.

JCS (JOINT CHIEFS OF STAFF - CONSEIL


INTERARMES DES CHEFS D’ÉTAT-MAJOR)
Conseil militaire américain créé en février 1942 par le président
Roosevelt*. Présidé, à partir de juillet 1942, par l’amiral Leahy*, chef d’état-
major du président des États-Unis*, et officier le plus ancien en grade, il est
composé d’hommes de qualité :
— Le général Marshall*, pour l’armée de terre.
— L’amiral Stark*, puis l’amiral King*, pour la marine.
— Le général Arnold*, pour l’armée de l’air.
Ce conseil est l’organe de coordination principal entre les forces
terrestres, navales et aériennes. Conseiller militaire du président,
commandant en chef des armées, et également chargé de l’exécution de ses
décisions, il distribue les missions et les moyens, en laissant les détails
d’exécution aux soins des commandants locaux. Durant toute la guerre, ce
JCS joue un rôle très important sur le plan de la stratégie générale, de
l’organisation logistique et des rapports avec les autres commandements
militaires alliés. Ses membres accompagnent le plus souvent le président
Roosevelt* aux diverses conférences interalliées.

JDANOV, ANDREÏ
(1896-1948). Homme politique russe.
Stalinien fidèle et rigoureux, entre au Politburo en 1939. Contribue
largement à la conclusion du pacte germano-soviétique* d’août 1939 et à
l’entrée en guerre contre la Finlande*.
Secrétaire du parti pour la région de Leningrad*, anime la défense de la
ville durant le siège.
De 1944 à 1947, dirige la commission de contrôle de l’armistice en
Finlande*. Après 1945 sera également un initiateur de la guerre froide.
Devenu numéro trois de l’Union soviétique, décède en 1948 dans des
conditions troubles (alcoolisme ou empoisonnement ?).

JEAN-BART
Cuirassé français de 35 000 tonnes de la classe du Richelieu*.
Achevé à 77 %, parvient à quitter Saint-Nazaire le 19 juin 1940 et à
gagner le Maroc* sans compas de route et avec deux machines sur quatre.
Ancré ensuite à Casablanca où il est gravement avarié, les 8 et 10 novembre
1942. Sera achevé après la guerre.
Ses huit pièces de 380 le rendent redoutable.

JEDBURG
Indicatif des équipes composées en principe de 3 hommes, un officier
américain ou britannique, un officier français, un radio, pour encadrer,
instruire, conseiller les maquis* tout en assurant la liaison avec la Grande-
Bretagne* pour les parachutages.
Ces cadres provenaient du SOE britannique* ou de l’OSS* américain.
93 équipes Jedburg seront larguées sur la France* après le 6 juin 1944.
21 de leurs membres seront tués. Des équipes Jedburg, avec du personnel
hollandais, seront également larguées aux Pays-Bas*, lors de Market
Garden* en septembre 1944, ainsi qu’en Norvège*.

JEEP WILLYS MB
4 × 4, 1,4 tonne, choisi en 1941 pour la production de masse.
Sera de 1941 à 1945 fabriquée à 639 245 exemplaires par Willys et Ford
sous le nom de GPW (General Purpose Willys), d’où le nom de Jeep,
phonétique de GP, toutes destinations).
Poids : 1,41 tonne ; vitesse : 105 km/h ; autonomie : 285 km ; équipage :
4 places assises.
L’armement sera à la demande. (Le SAS* l’équipera généralement de
3 mitrailleuses Vickers* de 7,92 mm.)

JÉRICHO, OPÉRATION
Bombardement de précision de la RAF* effectué le 18 février 1944
contre la prison d’Amiens où sont internés des résistants français gardés par
des Allemands.
87 prisonniers sont tués mais 250 réussissent à s’évader.

JERRYCAN
Bidon métallique allemand de carburant d’une contenance d’environ
20 litres.
Les Britanniques en Libye* appellent les Allemands Jerry, d’où le nom
de ces bidons, bidon des Allemands (can signifiant réservoir, boîte).
Devant leur qualité, la Grande-Bretagne* décide d’en fabriquer
d’identiques. Le terme Jerrycan était destiné à passer à la postérité.

JESCHNONNEK, HANS
(1899-1943). Général allemand.
Chef d’état-major de la Luftwaffe*, il se fait l’apôtre du bombardement
en piqué mais néglige l’aviation stratégique.
N’ayant pas développé la chasse, ne peut contrer les bombardements
alliés sur l’Allemagne*.
Brouillé avec Goering*, ce nazi fervent se suicide le 18 août 1943.

JIBAKU
Plongeon mortel du kamikaze*.

JN 25
Code naval japonais.
Il est percé par les Américains. Il leur permettra, en particulier, de
connaître les intentions nippones et de préparer en conséquence les batailles
de la mer de Corail* et de Midway* en 1942. Il leur permettra également de
monter l’embuscade fatale à Yamamoto*, le 16 avril 1943.

JOCK COLUMNS
Du nom de leur créateur, le général anglais Jock.
Colonnes motorisées relativement légères ayant mission de patrouiller en
chasse libre dans le désert. Elles traquent les colonnes de ravitaillement, les
retardataires, les véhicules isolés, surveillent les champs de mines. Les
Français, au départ de leur camp retranché de Bir-Hakeim*, passeront maîtres
dans ces chasses où Bren Carriers* et canons de 75 font merveille.

JODL, ALFRED
(1890-1946). Général allemand.
Officier général nommé en août 1939 chef du bureau opérations de
l’OKW*.
Jusqu’à la fin, il se montrera fidèle à Hitler*, mais sans servilité.
Le 7 mai 1945, il signe à Reims la capitulation sans conditions au nom du
gouvernement allemand.
Accusé de crimes de guerre, il est condamné par le Tribunal international
de Nuremberg* et pendu le 16 octobre 1946. La cour allemande de
dénazification devait le décharger de crimes de guerre en 1953.
Le général Jodl* était le gendre du maréchal Keitel*, ce qui explique, en
partie, sa nomination à la tête du bureau opérations de l’OKW*.

JOE, ONCLE
Surnom donné à Staline* par Winston Churchill*.

JOUKOV, GHEORGHI
(1896-1974). Maréchal soviétique.
Sous-officier de cavalerie dans l’armée tsariste, se rallie à la Révolution
et connaît un avancement rapide.
Gagne en 1939 la bataille de Khalkin-Gol* contre les Japonais en
Mongolie extérieure*. Auréolé par ce succès, devient en février 1941 chef de
l’état-major général à Moscou, poste dont il est démis en juillet pour
positions divergentes à celles de Staline*. N’en reste pas moins membre de la
Stavka* et sera, durant toute la guerre, le grand bras droit militaire du maître
du Kremlin.
Est envoyé à Leningrad* pour coordonner la défense, puis, rappelé ;
dirige celle de Moscou. Organise, avec Vassilievski*, la contre-attaque
victorieuse à Stalingrad* (Opération Uranus*). Coordonne de même la
bataille de Koursk* en 1943. En 1944, détruit le Groupe d’armées Centre de
la Wehrmacht* en Biélorussie. À la tête du 1er Front de Biélorussie, marche
finalement sur Berlin* où il entre en vainqueur en mai 1945.
Promu maréchal, le 18 janvier 1943.
Joukov est incontestablement la personnalité militaire soviétique numéro
Un. Staline* sut s’en servir habilement, tout en manifestant à son endroit une
certaine méfiance et en limitant ses moyens. Craignait-il que ce général
victorieux ne devienne un rival ? Ce n’est pas impossible.
Quatre fois héros de l’Union soviétique*.

JOUR J
Parachutages, arrivées par planeurs, débarquements sur les plages des
forces alliées d’Overlord* se sont succédés durant toute la Nuit J* et
prolongés depuis le matin du Jour J.
L’adversaire en face n’est pas un vain mot. La Wehrmacht*, le 6 juin
1944, est toujours vivante. Près de 60 divisions attendaient le débarquement.
Les soldats attaqués se défendent, selon leur moral, la valeur de leur
encadrement, les dommages occasionnés par les bombardements. De petits
groupes se rendent, paquetages bouclés, manifestement prêts pour les camps
de prisonniers. À côté, se dressent des fanatiques, des disciplinés, des
patriotes. À Omaha Beach*, ceux-là font payer le prix du sang.
Les commandants locaux perçoivent vite que l’affaire est d’importance
mais demeurent tributaires des décisions de leur hiérarchie. Là se paient les
absences, Rommel*, généraux partis à Rennes pour un Kriegspiel,
disparitions comme celle du général Falley. Faute de directives émanant du
haut commandement, la journée du 6 juin chez les Allemands se présente
essentiellement comme une journée d’initiatives personnelles.
Implantée de Pont-l’Abbé à Saint-Sauveur-le-Vicomte, la 91e aéroportée
serait de nature à contrer les aéroportés américains. Privée de son chef, elle
n’entrera vraiment en action que le 7.
Avec ses 146 chars et ses 51 canons d’assaut, la XXIe PD est en mesure de
perturber considérablement les débarquements au nord de Caen. Ce n’est
qu’en fin de matinée que le général Marcks, responsable de la région entre
Orne et Vire, reçoit autorisation de l’utiliser. Les chasseurs bombardiers
tournoient au-dessus de la campagne normande. Les blindés allemands se
déplacent très lentement. Les Britanniques ont le temps de débarquer blindés
et antichars. Le 22e régiment, fort de 98 chars, perd 25 % de son potentiel et
se voit contraint de s’arrêter et de s’enterrer. La contre-attaque de la XXIe PD,
la plus dangereuse dans l’immédiat, a échoué.
Rommel*, alerté vers 10 h, a 800 km devant lui. Il ne rejoindra son PC
qu’un peu avant minuit. La journée qu’il pressentait décisive se sera déroulée
sans lui.
Von Rundstedt* refuse de regarder le débarquement en Normandie*
comme l’élément essentiel de l’invasion de l’Europe occidentale. Il ne touche
donc pas à la XVe Armée stationnée au nord de la Seine. En revanche, il a
sous la main la XIIe PD SS vers Évreux et la Panzerlehr* entre Le Mans et
Nogent-le-Rotrou. Il estime, avec elles, pouvoir rejeter les arrivants à la mer.
Comme les deux PD* dépendent de l’OKW*, il en réclame l’emploi à Jodl*
qui refuse : les PD* sont du seul ressort de Hitler* ! Lequel dort.
Hitler* est un couche-tard. Personne n’ose le déranger et il ne s’éveille
qu’à 11 heures. Informé, il s’énerve et ne décide rien. À 16 heures seulement,
le Führer* donnera son accord pour l’emploi réclamé par von Rundstedt*. Il
est trop tard pour que les deux PD* puissent entrer en action le jour même.
Elles sont trop loin et le ciel appartient aux Alliés*. Seuls quelques pilotes
audacieux ont tenté l’impossible. Quelques rares FW 190 ou JU 88* ont
piqué sur les plages, incapables de modifier l’échéance. L’aviation alliée,
elle, effectue plus de 11 000 sorties, le 6 juin.
Au soir du Jour le plus long, la guerre est bien là, sur la terre normande,
du Cotentin au pays de Caux.
3 divisions aéroportées, 5 DI, 3 brigades blindées, 2 brigades de
commandos, des groupements de toute espèce, Génie, transmissions, service
médical, etc., sont maintenant engagés chez les Alliés*. Sauf à Omaha
Beach, les arrivées se sont succédé dans les délais. Les effectifs prévus –
175 000 hommes – sont presque atteints, soit 83 000 Britanniques et 72 000
Américains.
Il en va tout autrement des acquis territoriaux. Eisenhower* et
Montgomery* comptaient border la Dives, occuper Caen, dépasser la RN 13
de Caen à Isigny, tenir le pavé Quinéville–Pont-l’Abbé–Saint-Côme-du-
Mont–Utah Beach* dès le premier soir. Ils en sont loin. Surtout dans le
secteur américain.
À l’est, 6e Airborne* et 3e DI britannique sont retranchées dans le carré
Lion-sur-Mer, Biéville, Ranville, estuaire de l’Orne ; la liaison n’est pas
établie avec les Canadiens. La XXIe PD couvre en partie Caen, et une poche
de résistance subsiste à l’ouest de Douvres.
La situation est meilleure à l’aplomb de Gold* et Juno*. 50e DI
britannique et 3e division canadienne ont progressé d’une dizaine de
kilomètres après avoir occupé Arromanches*, Courseulles et Creully.
Le point noir s’appelle toujours Omaha Beach. La progression n’a guère
dépassé 2 km vers l’intérieur et, au passage, a libéré Vierville, Saint-Laurent,
Colleville. Un peu à l’ouest, les Rangers* rescapés de la Pointe du Hoc*
s’apprêtent à passer une nuit inconfortable.
Au-delà de Carentan, à la base du Cotentin, règne une certaine confusion.
Si Utah Beach* est bien tenu, les parachutistes s’éparpillent dans la
campagne. Ils ont l’avantage de couper la RN 13 à Sainte-Mère-Église*. Une
grosse partie de la 82e Airborne* est isolée de l’autre côté du Merderet.
Ces gains territoriaux incomplets ne doivent pas occulter l’essentiel. Le
débarquement a réussi. La mise à terre n’a pas été repoussée. Le Mur de
l’Atlantique* a été enfoncé. Certes, il y a eu des pertes qui s’avèrent très en
dessous des perspectives les plus sombres. 10 000 combattants alliés sont
hors de combat ; il y a eu 2 500 tués dont un millier sur Omaha Beach.

JOYCE, WILLIAM
(1906-1946).
Né à New York de père américain et de mère anglaise, vit en Angleterre*
à partir de 1922 et rejoint le parti fasciste de Mosley*.
Voyageant avec un passeport britannique, il gagne l’Allemagne* en 1939
pour éviter d’être arrêté. En septembre 1940, acquiert la citoyenneté
allemande. Durant la guerre, travaille comme propagandiste dans une radio
allemande de langue anglaise.
Condamné à mort pour trahison, est pendu en 1946.

JS II
JS pour Joseph Staline*.
Char lourd soviétique, étudié à partir du début de 1943 pour contrer les
Tigre* allemands. Lancé en fabrication fin 1943, est véritablement
opérationnel au milieu de 1944. Sera le char lourd des offensives soviétiques
de la fin de la guerre.
Poids : 46 tonnes ; vitesse : 37 km/ h ; autonomie : 240 km ; armement :
un canon de 122 mm, 3 mitrailleuses ; équipage : 4 hommes.
Le modèle JS 3 sortira trop tard pour participer au conflit.
Le blindage latéral et arrière du JS II peut être percé par les canons du
Tigre*, du Panther*, les canons d’assaut et les Pz.Kpfw IV*.

JU 52 (TANTE JULIE)
Trimoteur allemand de transport et éventuellement de bombardement.
Fabriqué en plusieurs versions à 4835 exemplaires par Junkers Flugzeug
und Motorenwerke A.G.
Vitesse maximum : 277 km/h ; autonomie : 1 300 km ; armement :
2 mitrailleuses ; équipage : 4 hommes ; charge transportée : 1,5 tonne, soit 15
parachutistes.
Cet avion robuste est l’appareil de transport et de largage de la
Luftwaffe* durant toute la Seconde Guerre mondiale. Il est, pour
l’Allemagne*, l’équivalent du célèbre C 47* américain.

JU 88
Bimoteur allemand polyvalent : bombardement, bombardement en piqué,
chasse de nuit, reconnaissance.
Fabriqué à 16 000 exemplaires, en plusieurs versions, par Junkers
Flugzeug und Motorenwerke A.G.
Vitesse : 450 km/h ; autonomie : 1700 km ; armement : 3 mitrailleuses,
1 800 kg de bombes ; équipage : 4 hommes.

JUBILEE
Nom de code de l’opération contre Dieppe*, le 19 août 1942,
précédemment appelée Rutter.

JUIN, ALPHONSE
(1888-1967). Maréchal de France.
Fils de gendarme, brillant sujet, major de Saint-Cyr où il est camarade de
promotion de Charles de Gaulle*.
Après de courageuses campagnes en 14-18 et au Maroc*, est promu
général de brigade en 1938. Commandant la 15e DIM, est fait prisonnier à
Lille en juin 1940. Doit sa libération à Weygand*. Connaissant sa valeur,
l’ancien généralissime, devenu proconsul en Afrique du Nord*, a demandé à
Vichy* d’obtenir des Allemands qu’il soit libéré pour un commandement
important en AFN.
Le camp FFL* lui reprochera longtemps d’avoir reçu ses troisième et
quatrième étoiles de Vichy* et d’avoir pour ce même Vichy* effectué une
mission diplomatique auprès de Goering* à Berlin. Ce qui ne l’a pas empêché
à l’été 1942 de prendre contact avec les Américains dans la perspective de la
revanche prônée avant lui par Weygand*. Commandant des forces terrestres
en AFN, le 8 novembre 1942, il intervient habilement pour un cessez-le-feu
contre les Alliés* et la rentrée dans la guerre de l’Armée d’Afrique*. Dirige
ensuite les forces françaises engagées en Tunisie* contre les Allemands.
Nommé chef du Corps expéditionnaire français en Italie*, conçoit et
réalise la manœuvre qui, en mai 1944, permet, sur le Garigliano*, la rupture
de la ligne Gustav*, le débordement de Cassino* et l’ouverture de la route de
Rome*.
Fin juillet 1944, après le retrait du CEF* d’Italie, est nommé chef d’état-
major de l’Armée. Fonction qu’il conservera jusqu’en 1947, devenant alors
Résident général de France au Maroc*.
Promu à la dignité de maréchal de France le 7 mai 1952.
Chef intelligent et humain, Alphonse Juin reste pour l’Histoire le
vainqueur du Garigliano*. Est, sur la fin de la guerre, un adjoint fidèle et
compétent de Charles de Gaulle*.
Médaillé militaire. Grand-Croix de la Légion d’honneur.

JÜNGER, ERNST
(1895-1998). Écrivain allemand.
A gagné la croix Pour le Mérite* en 14-18.
Puis a pris ses distances vis-à-vis du nazisme*. Mobilisé en 1939, il passe
la guerre dans un état-major parisien et rédige son Journal de guerre. Dans
l’entourage de Rommel* en 1944, est tenu en suspicion après le 20 juillet
1944. Rappelé en Allemagne*, conseille, sur la fin, de cesser la résistance
afin d’éviter des pertes inutiles.
K

KACHIN RANGERS
Troupe organisée et entraînée par le détachement 101 de l’OSS*.
Elle est recrutée dans la tribu Kachin du nord de la Birmanie et regarde
les Birmans comme ses ennemis héréditaires. Ces Kachin Rangers, de l’ordre
de 5 500 hommes, servent de guides et d’éclaireurs aux Maraudeurs* et
autres unités alliées. Ils feront toujours preuve d’un grand courage et d’une
parfaite loyauté.

KALAVRITA
Village martyr grec du Péloponnèse.
En décembre 1943, suite à l’exécution par l’ELAS* de 80 prisonniers
allemands, la 117e division de montagne, en représailles, détruit le village de
Kalavrita et plusieurs autres villages proches. 696 habitants sont massacrés.

KALTENBRUNNER, ERNST
(1903- 1946). SS Obergruppenführer.
Avocat autrichien, rejoint en 1930 le parti nazi (matricule 300 179) et en
1933 les SS* dont il prend la direction « pour sa terre natale ».
Joue un rôle important dans le succès de l’Anschluss* et devient
responsable de la police à Vienne. Après la disparition de Heydrich*, en
janvier 1943, sa fidélité le fait choisir par Himmler* pour diriger le RSHA*.
Est, à ce titre, l’un des grands exécutants de la Solution finale. Représentant
les SS* dans le box, où il fait véritablement figure de criminel cynique et
amoral, il est condamné à mort par le Tribunal de Nuremberg* et pendu le
16 octobre 1946.

KAMENETS PODOLSKY
Cette ville à 300 km au sud-ouest de Kiev deviendra-t-elle un nouveau
Stalingrad* ? La question se pose en mars 1944.
La 1ère Armée blindée, 22 divisions, dont d’excellentes PD, se retrouve
dans la situation de l’armée Paulus*, isolée entre Bug et Dniestr. Son chef, le
général Hube*, le général manchot, homme énergique, se refuse à connaître
le sort de Paulus*. Il veut percer et économise son essence pour sortir de ce
chaudron.
Une fois encore, Hitler* a fait connaître sa décision. Oui à une percée
pour rétablir une liaison vers l’arrière, non à un retrait.
Von Manstein* commande le Groupe d’armées Sud dont relève Hube*.
Son entretien avec Hitler* le 25 mars est orageux. Finalement, le Führer*
donne son accord. La 1ère Armée blindée percera vers l’ouest pour se
dégager. Joukov* prévoyait une contre-attaque par le sud où il avait massé
ses blindés. Il est pris de court par l’attaque du 29 mars. Les Allemands,
alors, entendent un curieux message qui s’annonce signé Joukov* :
« Si vous ne capitulez pas à la fin du 2 avril, un soldat sur trois sera fusillé de tous ceux qui
n’acceptent pas l’offre de mettre fin à cette résistance qui n’a pas de sens. »

La neige qui s’est remise à tomber contrarie l’aviation soviétique. Il


gèle ! Sur le sol durci les déplacements s’effectuent sans accrocs. Des coups
de main saisissent les ponts. Le 6 avril, l’ultime verrou soviétique saute. La
liaison devient effective avec l’arrière. Les 200 000 hommes de la 1ère Armée
blindée s’échappent. Kamenets Podolsky ne sera pas Stalingrad*. Joukov* a
subi une défaite (relative). Von Manstein*, le sauveur de la 1ère Armée, n’a
pas vécu le final. Il a payé la rancœur de Hitler* qui, le 30 mars, lui a
annoncé :
« J’ai décidé de me séparer de vous. Le temps des manœuvres est terminé. Je n’ai besoin que
d’hommes qui résistent sur place. »

KAMENETS PODOLSKY, MASSACRE DE


En août 1941, 23 600 Juifs hongrois et ukrainiens furent massacrés par la
Wehrmacht* et les SS* à Kamenets Podolsky.
Les atrocités allemandes en Union soviétique* commençaient.

KAMIKAZE
La tradition, la religion, le célèbre code bushido* des chevaliers
samouraïs ont façonné l’âme du guerrier japonais. La fierté nationale,
l’allégeance à l’Empereur y rejoignent le sens du devoir et une grande
sérénité devant la mort, simple étape vers l’au-delà. Ce stoïcisme face au
sacrifice suprême a sidéré les GI’s* et inquiété leurs supérieurs.
Mieux que leurs camarades de l’armée de terre, les aviateurs nippons
n’ignorent pas dans quelle situation difficile se trouve un peu plus chaque
jour leur pays. Devant un adversaire plus expérimenté, mieux armé, ils en
arrivent à tenter carrément l’abordage afin de le déséquilibrer. Un héroïsme
aussi suicidaire atteste où en sont arrivés les esprits.
Le 15 octobre 1944, l’amiral Arima, commandant de la 26e flottille de la
1ère flotte aérienne, prend l’air aux commandes d’un bombardier Suisei. Il
s’est présenté dépouillé de tout insigne de grade et a décollé comme un
simple pilote. En milieu d’après-midi, sortant d’un nuage, Arima pique sur le
porte-avions Franklin qui croise au large de Luçon* et vient s’écraser sur le
pont. Donnant de la bande, en partie en feu, le Franklin parvient à éviter le
naufrage mais n’est plus, provisoirement, opérationnel.
Arima a « fait jaillir l’étincelle qui enflamme l’ardent désir de ses
hommes ». Quelques jours plus tard, l’amiral Onishi*, commandant de la 1ère
flotte aérienne, déclare posément à ses officiers :
« Je suis persuadé que le seul moyen de parvenir à empêcher les avions américains de
décoller de leurs porte-avions est de monter des bombes de 250 kg sur nos appareils de chasse qui
iront s’écraser sur l’objectif. »

Le capitaine de frégate Tamaï, commandant la 201e escadre, et son


adjoint se portent volontaires pour constituer une unité d’attaque spéciale.
Sous peu, elle sera connue sous un autre nom : kamikaze. Littéralement vent
des dieux ou vent divin. En août 1282, une flotte sino-mongole de 3 500
navires s’approchait des rivages japonais. Un ouragan inopiné détruisit
l’armada d’invasion. Les Japonais ne manquèrent pas de voir une
intervention céleste à ce kamikaze, ce vent divin qui venait de sauver leur
pays. Ils s’en souviennent encore en 1944.
23 jeunes pilotes récemment affectés à la 201e escadre sont aussitôt
volontaires pour l’attaque spéciale. Ils partiront sous les ordres du lieutenant
de vaisseau Seki.
La météo retarde la première attaque kamikaze d’importance de
l’Histoire.
Le ciel, enfin, se dégage. Au début de la matinée du 25 octobre, 4 porte-
avions américains escortés par plusieurs destroyers sont localisés dans le
golfe de Leyte. Ils participent à l’invasion des Philippines*. Seki et ses jeunes
camarades sont prêts. Avant de monter à bord de leurs appareils, ils
entonnent un chant héroïque. Sous leur ventre, les Zero* emportent une
bombe de 250 kg qui rend le décollage périlleux et les manœuvres délicates.
Avec stupeur, les marins américains voient des avions se précipiter sur
eux sans chercher, au dernier moment, à dévier de leur trajectoire. Les pièces
de tous calibres donnent. Des Zero* s’abattent en mer. D’autres frappent des
superstructures. Quelques-uns s’abattent sur les ponts.
En fin de journée, le bilan est lourd pour les Américains. Un porte-avions
abandonné, trois gravement endommagés, trois autres plus légèrement.
Le succès – réel – est aussitôt diffusé pour exalter l’héroïsme et l’exploit
des pilotes kamikazes. L’enthousiasme créé suscite des centaines de
volontaires. Il n’est nul besoin de faire appel à la harangue ou à la pression
pour recruter. L’appel au sacrifice vient de la base.
Onishi* décide de former de nouvelles unités d’attaque spéciale. Les
équipes comporteront 5 appareils, 3 d’attaque spéciale, 2 d’escorte. Il est
interdit aux pilotes expérimentés de se porter volontaires. Ils sont trop
précieux.
Les Américains prennent conscience du danger que représentent ces
actions suicides si peu intelligibles pour un esprit occidental. Il n’est qu’une
parade possible : interdire aux kamikazes d’atteindre leurs cibles. La DCA est
renforcée, la vigilance accrue, les chasseurs prennent la prééminence.
Car les attaques kamikazes se poursuivent et font mal. Du 20 octobre au
31 décembre 1944, les Américains perdent : un porte-avions léger, un porte-
avions d’escorte, 4 destroyers, 5 transporteurs, un pétrolier. Des dizaines
d’autres bâtiments sont endommagés. Dans tous les cas, il y a des victimes à
bord.
L’assaut kamikaze devient un rituel des offensives japonaises. Dans leurs
écouteurs, les pilotes nippons entendent régulièrement la voix de leurs
camarades : « Maintenant je pique. Tenno Banzai* ! » (Mille vies à
l’Empereur !).
En 1945, et jusqu’à la fin, les kamikazes sont l’arme ultime et combien
redoutable de l’empire nippon glissant vers le gouffre. Ils alignent sans répit
leurs attaques.
Le 3 janvier, un porte-avions est coulé ; 2 cuirassés, 2 croiseurs lourds,
1 croiseur léger, un porte-avions d’escorte, des destroyers, des dragueurs sont
sérieusement endommagés.
Début avril, 1 cuirassé, 1 croiseur lourd, 1 croiseur léger, 1 grand porte-
avions, 11 destroyers et escorteurs et plusieurs bâtiments plus modestes sont
endommagés.
Le 16 avril, le porte-avions Franklin est sérieusement endommagé, un
destroyer, un dragueur coulés.
Le 28, un destroyer, un navire-hôpital coulés.
Le 29, un destroyer coulé.
Le mois de mai est terrible pour les Américains, comme le souligne le
tableau des pertes du 3 au 29 de la flotte de Nimitz* en couverture au large
d’Okinawa* :
3 mai :
— Destroyer Little, coulé.
— Destroyer Luce, coulé.
— Navire de débarquement lance-fusées 195, coulé.
— Destroyer mouilleur de mines Aaron Ward, irréparable.
4 mai :
— Destroyer Morrison, coulé.
— Navire de débarquement lance-fusées 190, coulé.
— Navire de débarquement lance-fusées 195, coulé.
9 mai :
— Destroyer d’escorte Oberrrender, irréparable.
— Destroyer d’escorte England, coulé.
11 mai :
— Destroyer Evant, coulé.
— Destroyer Hugh W. Hadeley, coulé.
21 mai :
— Chasseur de sous-marins 1603, coulé.
25 mai :
— Transport rapide Bates, coulé.
— Transport rapide Bassy, coulé.
— Transport de débarquement 135, coulé.
— Dragueur de mines Butler, irréparable.
27 mai :
— Dragueur de mines Forrest, irréparable.
28 mai :
— Destroyer Drexler, irréparable.
29 mai :
— Destroyer Shubrick, irréparable.
À tous ces bâtiments définitivement perdus viennent s’adjoindre tous
ceux qui sont sérieusement endommagés : le grand porte-avions Bunker Hill,
le cuirassé New Mexico.
Ces actes désespérés portent. L’inquiétude devient anxiété. Les équipages
vivent dans la hantise de l’appareil qui s’écrasera sur leur bastingage ou leur
pont. Le commandement fait ses comptes. L’offensive sur Okinawa* risque
d’être remise en question.
Ces opérations sont toutefois à double tranchant. Les 3 et 4 mai, les
Japonais voient disparaître 125 kamikazes, 180 chasseurs et bombardiers
d’escorte. Le vivier se tarit. Le recrutement des kamikazes commence à poser
problème. Les nouveaux kamikazes ne sont pas tous volontaires et pèchent
par insuffisance de formation. Ils se présentent en proies faciles souvent
résignées. Le vent divin finira par s’essouffler.
Le 15 août, 11 Suisei, emmenés par l’amiral Ugaki*, décolleront pour une
mission sans retour. On ne sut jamais où s’était écrasée l’escadrille de la
dernière heure. Aucun navire américain ne fut touché ce jour-là.
Le même jour, vers minuit, Onishi*, l’inspirateur des attaques spéciales
et de l’esprit kamikaze, s’enfoncera un fin poignard dans le ventre. Il mettra
douze heures pour mourir fidèle au bushido* jusqu’au bout.
On estime que 5 000 kamikazes ont péri d’octobre 1944 à août 1945.
Pour le même laps de temps, les statistiques américaines donnent 47
bâtiments de tous types coulés et 295 autres endommagés devant leurs
attaques.

KAMINSKI.
Ingénieur russe.
A organisé avec ses compatriotes une milice armée de la valeur d’une
brigade, luttant aux côtés des Allemands sur les arrières du front.
Le SS Sonderkommando Kaminski, fort de 6500 Soviétiques, en majorité
des Ukrainiens, se distingue par ses atrocités lors de l’insurrection de
Varsovie*. Devant le tollé soulevé par les crimes commis, l’unité est
incorporée dans l’armée Vlassov* et son chef aurait été condamné à mort et
exécuté.

KARSKI, JAN
(1914-2000). Résistant polonais.
De son vrai nom Jan Kozielewski.
En novembre 1942, il parvient, déguisé en gardien, à pénétrer dans le
camp d’extermination de Belzec* et à en ressortir. Ayant gagné l’Angleterre*
et les États-Unis*, il rend compte à Eden* et Roosevelt* de ce qu’il a
personnellement vu et de la réalité de la Solution finale. Suite au témoignage
de Karski, le gouvernement polonais en exil à Londres adresse une requête
formelle aux gouvernements alliés. Ceux-ci, le 17 décembre 1942,
condamnèrent la politique d’extermination bestiale des nazis et convoquèrent
la conférence secrète des Bermudes* en avril 1943.
Les dirigeants alliés étaient donc pleinement au courant de l’existence de
la Solution finale* ; cependant, beaucoup d’interlocuteurs de Karski ne
l’avaient pas cru.

KASSA, INCIDENT DE
Kassa en hongrois, Kosice en slovaque.
Cette ville de Slovaquie* orientale occupée par les Hongrois depuis 1938
est bombardée, le 27 juin 1941, par des avions non identifiés. Soviétiques ?
Peu probable. Moscou a d’autres soucis et ce n’est pas son intérêt.
Allemands ? Probablement, sans preuves formelles, afin de créer une
provocation. Ce qui se produit. En dépit d’un message conciliant de
Molotov*, la Hongrie* déclare la guerre à l’URSS*.
KASSERINE, BATAILLE DE LA PASSE DE
Contre-attaque menée en Tunisie* par Rommel* du 14 au 22 février
1943, en vue de percer le front allié à hauteur de la passe de Kasserine, porte
du sud constantinois, de marcher sur Tebessa et de prendre le dispositif allié à
revers.
Face à une défense américaine assez lâche, Rommel* peut enlever la
passe avant d’être stoppé et de renoncer (22 février). La passe sera réoccupée
le 24 février. L’alerte avait été chaude et les pertes élevées. Elle entraînera le
remplacement du général Fredendall, commandant le 2e CA US, par Patton*.

KATE
Nakajima B5 N.
Kate dans le code allié. Le meilleur avion torpilleur japonais. 144
participent à l’attaque sur Pearl Harbor*. Fabriqué à 1 149 exemplaires en
plusieurs versions.
Caractéristiques du B5 N2. Vitesse : 380 km/h ; autonomie : 2000 km ;
armement : 1 mitrailleuse, 1 torpille de 800 kg ; équipage : 3 hommes.

KATIOUCHA
Catherinette, d’après le titre d’une chanson de l’époque.
Lance-fusées multitubes plus connu sous le nom d’orgues de Staline*. La
version M/8, sur camion, était équipée de rampes de lancement pour 36
fusées de 82 mm (portée 6,5 km). La version M/13, en principe sur châssis
chenilles, lance 16 fusées de 132 mm (portée 9,6 km). Cette arme, très
secrète, aux effets dévastateurs, est utilisée par du personnel du NKVD*.
(Les Allemands en ont si peur qu’ils exécutent ses utilisateurs faits
prisonniers.)

KATYN, MASSACRE DE
Les Soviétiques ont fait 215 000 prisonniers polonais, dont 15 500
officiers d’active ou de réserve.
Ces officiers sont répartis dans trois camps. 5 000 se retrouvent à
Kozielsk en Biélorussie, 4 000 à Starobiesk en Ukraine* et 6 500 à
Ostachkov sur la Volga.
Le 13 avril 1943, les Allemands annoncent la découverte de charniers
dans la forêt de Katyn, à 20 km à l’ouest de Smolensk : 4 143 cadavres sont
ceux d’officiers polonais sommairement exécutés d’une balle dans la tête.
Les cadavres découverts à Katyn, puis ceux par la suite à Starobiesk et
Ostachkov, conduisent à supposer que les premières tueries ont dû avoir lieu
dans la nuit de Noël 1939, les autres vraisemblablement en avril-mai 1940.
Berlin accuse Moscou. Moscou accuse Berlin. La vérité sans être absolue
se devine peu à peu : les Soviétiques sont les coupables. Le charnier
découvert à Katyn correspond au camp de Kozielsk. Churchill* n’en doute
pas, mais, toujours soucieux de ses bons rapports avec Staline*, conseille à
Sikorski*, lequel ne saurait dissimuler la colère des siens, de se taire. La
réaction de Sikorski* finit par entraîner, le 26 avril 1943, la rupture des
relations entre le gouvernement polonais en exil à Londres et Moscou.
À la fin du procès de Nuremberg*, le dossier est abordé par l’accusateur
soviétique Prokrovsky. Celui-ci, agissant évidemment sur ordre, applique le
vieux principe selon lequel la meilleure défense est l’attaque. Ses accusations
contre les Allemands s’accompagnent-elles de preuves ? Une première
enquête, conduite par une commission internationale, avait déclaré que le
massacre avait eu lieu en mars-avril 1940. Une seconde, menée après la
guerre par les Polonais, avait dénoncé le NKVD*. Une troisième, mandatée
par les Soviétiques, a accusé à nouveau les Allemands.
Les témoignages contradictoires se succèdent devant le Tribunal
international*, les Soviétiques se montrant particulièrement virulents. Dans
l’incertitude, le TMI* ne statue pas. Cependant, il ne retient pas les crimes de
Katyn à charge des accusés allemands.
On en connaît aujourd’hui parfaitement l’origine. Le Kremlin, en avril
1990, sous Gorbatchev, a reconnu sa culpabilité vis-à-vis du peuple polonais.
Le massacre est imputable au NKVD*. Qui en a donné l’ordre, Staline* ou
Beria ? Ou les deux réunis ? Tout donne à penser que Staline*, émule de
Hitler* sur ce point, entendait briser à jamais le peuple polonais en éliminant
ses élites.
Katyn plus Starobiesk plus Ostachkov, une arithmétique implacable
donne 15 000 morts, tous assassinés dans la force de l’âge.

KAVIENG
(voir NOUVELLE-IRLANDE)

KAWABE, MASAKAZU
(1886-1965). Général japonais.
Après divers commandements, en Chine notamment*, est nommé
commandant en chef en Birmanie*, le 13 août 1943.
Est relevé de son commandement le 30 août 1944, après l’échec de son
offensive en Birmanie* centrale (batailles de Kohima* et Imphal*) qui avait
montré son incapacité à organiser. Arrêté en 1945, sera relâché sans avoir été
jugé.

KE, OPÉRATION
Nom de code donné à l’évacuation des Japonais de Guadalcanal*
commencée dans la nuit du 1er au 2 février 1943.

KEARNY
Destroyer américain torpillé par des sous-marins allemands, en octobre
1941, alors qu’il escortait des convois dans l’Atlantique Nord*.
Il est le premier navire de guerre américain endommagé alors que la
guerre n’était pas encore déclarée entre les États-Unis* et l’Allemagne*.
Plusieurs de ses marins avaient été tués. Suite à cette attaque, les points
principaux du Pacte de neutralité seront abrogés par les Américains.

KEITEL, WILHELM
(1883-1946). Maréchal allemand.
Artilleur et officier d’état-major, devient en février 1938 chef de l’OKW*
nouvellement créé. En juin 1940, conduit personnellement les négociations
d’armistice avec les Français et est nommé maréchal en juillet. Bras droit de
Hitler* pour toutes les questions militaires, se fait l’exécutant servile de la
volonté de son chef. Signe ainsi l’ordre des Commissaires*, le décret Nuit et
brouillard, le texte pour encourager la population civile à lyncher les
aviateurs alliés capturés. Est le 8 mai 1945 à Berlin le signataire de l’acte de
reddition de l’Allemagne*. Accusé de crimes de guerre, condamné à mort par
le Tribunal international de Nuremberg*, est pendu le 16 octobre 1946.
Il laisse le souvenir d’un individu ambitieux mais sans talent, loyal mais
sans caractère, non dépourvu d’habileté diplomatique et de charme, mais sans
intelligence ni personnalité. Son comportement devant Hitler* lui avait valu
le sobriquet de Lakaitel (petit laquais).

KEMPEI
Police secrète militaire japonaise.
Créée en 1881, elle se veut au départ sur le modèle de la gendarmerie
française. À partir des années 1930, elle s’oriente vers les missions de
renseignement et de sécurité, s’assimilant par ses méthodes à la Gestapo
allemande*. Elle tend du reste, aujourd’hui, à être présentée comme telle.
Elle dépendait des ministères de la Guerre et de l’Intérieur avec de très larges
pouvoirs d’investigation et d’arrestation. Sur les théâtres d’opérations, elle ne
dépendait que des commandants en chef.
Ses effectifs passent de 6 300 en 1937 à 36 000 au moment de la
capitulation* japonaise, répartis sur tous les territoires occupés par le Japon.
Soit :

Japon* : 10 679
Formose* : 745
Corée* : 1 927
Armée de Kwantung : 4 946
Chine du nord : 4 253
Chine centrale : 6 115
Chine méridionale : 1 094
Indochine française* : 479
Singapour* : 479
Malaisie* : 758
Thaïlande* : 937
Birmanie* : 540
Philippines* : 829
Sumatra : 387
Java : 538
Bornéo : 156
Mers du sud : 89
Théâtres d’opérations : 1 200

À ces chiffres s’ajoutent les auxiliaires recrutés localement.


Après la guerre, 312 membres de la Kempei seront exécutés pour crimes
de guerre, 125 condamnés à l’emprisonnement à vie, 1 185 à des peines
d’emprisonnement à temps. La Kempei elle-même sera dissoute.

KENNEY, GEORGE
(1889-1977). Général américain.
Cet aviateur, deux victoire homologuées en 14-18, est promu général en
1941 et prend en 1942 le commandement de la 5e Air Force sous
MacArthur*.
Il améliore les tactiques de bombardement. Lors de la reconquête des
Philippines*, toujours avec MacArthur*, il commande les Forces aériennes
d’Extrême-Orient, poste qu’il conservera jusqu’à la capitulation* japonaise.
Promu général quatre étoiles en mars 1945.

KERAMA RETTO
Archipel nippon, à 25 km au sud-ouest d’Okinawa*, devenu une base de
canots suicides.
La 77e DI américaine s’en empare à partir du 26 mars 1945. Les îlots se
révèlent procurer un mouillage abrité propice aux hydravions et à une base
logistique. Dès le 28 mars, pétroliers, ravitailleurs, navires-ateliers, transports
de munitions, bâtiments auxiliaires peuvent venir y jeter l’ancre et constituer
une base flottante de réparations et de services. Celle-ci sera très utile pour la
conquête d’Okinawa*.
KERSTEN, FELIX
(1898-1960).
Médecin, plus exactement masseur, de Himmler*.
Né en 1898 à Tartu, Estonie*. En 1939, après avoir durant onze ans
soigné la famille royale néerlandaise, prend en main le Reichsführer SS
Himmler*. Grâce à ses massages qui soulagent son patient de ses maux
d’estomac, a sur lui une influence heureuse et réussit à sauver des milliers de
Juifs.

KERTCH, DÉSASTRE DE
(voir SÉBASTOPOL)

KESSEL (HEXENKESSEL – CHAUDRON DE


SORCIÈRE)
Cette formule imagée désigne des positions ou des troupes encerclées et
soumises aux vicissitudes d’un siège.
Ces Kessel seront aussi bien soviétiques (Brest-Litovsk*, Libau, etc.)
qu’allemands (Demiansk*, Stalingrad*, Tcherkassy*, etc.).

KESSELRING, ALBERT
(1885-1960). Maréchal allemand.
Entré en 1905 dans l’armée impériale allemande, officier d’artillerie en
14-18, reste ensuite dans la Reichswehr*.
En 1933, sous couverture civile à cause du Traité de Versailles, est muté
dans la future Luftwaffe*. Général en 1936, commande la 1ère Flotte aérienne
durant la campagne de Pologne, puis la 2ème à l’Ouest, en 39-40. Promu
maréchal en juillet 1940. Alors qu’il continue d’être à la tête de la 2ème Flotte
aérienne sur le front de l’Est*, est nommé commandant en chef sud-ouest en
novembre. À ce titre il dirige les forces allemandes et bientôt italiennes en
Méditerranée*, Afrique du Nord* et Italie*. En 1944, en Italie*, mène un
combat défensif habile contre les armées alliées. S’efforce, dans le même
temps, de préserver les trésors artistiques italiens. Grièvement blessé dans un
accident de voiture, le 23 octobre 1944. À l’issue de sa convalescence,
remplace von Rundstedt* au commandement du théâtre Ouest le 10 mars
1945. Jusqu’au bout, se montre un soldat discipliné aux ordres de Hitler*,
s’efforçant toutefois d’éviter le combat dans les villes. Traduit, en 1947,
devant un tribunal militaire anglais pour le massacre des Fosses Ardéatines*
et deux ordres concernant la répression des maquis italiens*, est condamné à
mort puis gracié. Libéré en 1952.
Allemand fidèle à son pays et à Adolf Hitler*, Kesselring affirmait se
vouloir avant tout un soldat. Sa fidélité à Hitler* lui fit, parfois, franchir la
ligne blanche, n’hésitant pas à ordonner de fusiller des otages ou de brûler
des localités « lorsque des actes de violence se produisent » (ordre du 1er
juillet 1944). Cette fidélité, en dehors d’incontestables qualités militaires,
explique son rapide avancement.

KEYES, GEOFFREY
(1916-1941). Lieutenant-colonel britannique.
Ce jeune officier, au visage poupin et au regard malicieux, manifeste en
une très brève carrière un courage et une résolution qui lui vaudront la
Military Cross et la Victoria Cross*.
Il avait, il est vrai, de qui tenir. Son père, l’amiral Keyes*, fut le héros du
raid sur Zeebrugge en 1918.
Commandant en second du commando no 11 durant la guerre de Syrie*,
se fait remarquer dans l’attaque d’un point d’appui tenu sur le Litani par le
22e RTA français. (Opération où le commando no 11 perd le quart de son
effectif.)
Mortellement blessé en menant l’action contre le PC supposé de
Rommel* à Beda Littoria, le 17 novembre 1941.
Victoria Cross*.

KEYES, ROGER JOHN


(1872-1945). Amiral britannique.
Durant la Première Guerre mondiale, planifie et dirige le raid contre la
base navale allemande de Zeebrugge en Belgique*, les 22 et 23 avril 1918.
En mai-juin 1940, est officier de liaison du gouvernement britannique
près du roi des Belges, Léopold III*. Nommé le 17 juin 1940 chef des
Opérations combinées, poste qu’il transmettra le 27 octobre 1941 à Lord
Louis Mountbatten*.
Personnalité énergique, l’amiral Keyes est le véritable créateur des
commandos britanniques. Se fera également l’avocat de l’attitude
controversée du roi Léopold III*.

KHALKIN-GOL, BATAILLE DU
Au début de 1939, le long du Khalkin-Gol, dont le cours sert
sensiblement de frontière entre la Mongolie* protégée par l’URSS* et la
Mandchourie* occupée par le Japon*, les incidents se multiplient.
Les généraux nippons, forts de leurs succès devant les troupes de Tchang
Kaï-chek*, veulent en découdre. Ils lancent des incursions de cavaliers dans
la steppe au-delà du Khalkin-Gol, d’où des escarmouches meurtrières avec
des supplétifs mongols.
À partir de mai 1939, les accrochages frontaliers deviennent quasi
quotidiens et prennent de l’ampleur. Des unités soviétiques interviennent non
sans pertes.
Staline*, grâce à Sorge*, son espion dans la place, sait que Tokyo ne
souhaite pas d’affrontement généralisé, mais il ne veut pas prendre de
risques. Pour montrer qu’il est le plus fort, il expédie des renforts en
Mongolie*. Des chars, des avions, et surtout un général connu pour son bon
sens et sa solidité, Joukov*, gagnent la région du Khalkin-Gol.
Au mois d’août, Joukov* est prêt. 35 bataillons d’infanterie, 20 escadrons
de cavalerie, 498 chars, 346 véhicules blindés, 502 canons de tous calibres,
sont massés sur un front de 70 km. Habilement, le Soviétique a laissé
supposer qu’il n’entendait mener qu’un combat défensif. Les Japonais sont
les agresseurs. Il n’est là que pour les repousser.
Le 20 août, il déclenche brusquement son offensive. À 8 h 45, après un
fort bombardement d’aviation et d’artillerie, blindés et fantassins se lancent
en avant.
Les Japonais pensaient surprendre et attaquer en force. Ils se retrouvent
surpris. En bon stalinien, négligeant les pertes, remplaçant les chefs, Joukov*
active l’action. Il a un coup d’œil certain, un sens tactique efficace, sait
manœuvrer. En 10 jours de combats, les lignes japonaises sont forcées et
tournées. Partout la lutte a été sévère.
Le 31 août, Joukov* peut proclamer sa victoire. Sur les 60 000 hommes
qui lui faisaient face, 50 000 sont hors de combat, morts, blessés, prisonniers.
Lui-même reconnaît avoir perdu 10 000 des siens, chiffre certainement
inférieur à la réalité.
La route de Mandchourie* est libre. L’état-major japonais s’attend au
pire.
Hitler* et Staline* ont signé le 23 août leur pacte de non-agression. Or,
l’Allemagne* est déjà l’alliée du Japon*. Un conflit soviéto-japonais devient
impensable et Staline* a mieux à faire en se gardant vers l’ouest. Un cessez-
le-feu interviendra le 15 septembre.
Cette bataille localisée passera inaperçue mais ne sera pas sans
conséquences. Certains, à Tokyo, penchaient pour une progression sur le
continent. D’autres voyaient une avancée dans le Pacifique sud*, en
Indonésie. L’échec cuisant sur le Khalkin-Gol fera pencher la balance. La
partie contre l’URSS* s’annonce trop difficile à emporter. Mieux vaut
profiter de la puissance de la flotte nippone sur d’éventuels adversaires
britanniques ou américains. L’agression contre les Philippines*, Singapour*,
l’Indonésie et, par voie de conséquence, contre Pearl Harbor*, sera au terme
de cette option.

KHARKOV, BATAILLES DE
Kharkov, 400 km à l’est de Kiev* et quatrième ville d’URSS*, est le plus
grand centre industriel de l’Ukraine*.
L’Ukraine* orientale (bassin du Donetz) fournit à l’Union soviétique*
60 % de son charbon, 30 % de son fer, 20 % de son acier. S’approprier
Kharkov et le Donetz affaiblirait sérieusement le potentiel économique
soviétique.
La prise de Kiev* et l’encerclement des forces soviétiques d’Ukraine*, en
septembre 1941, ont pratiquement éliminé les possibilités de défense de
Kharkov. La VIe Armée allemande de von Reichenau* occupe la ville le
24 octobre. Le front s’immobilise sur le Donetz.
Au printemps 1942, la Stavka* entend reprendre Kharkov. L’opération
est confiée au Front sud-ouest de Timochenko*, appuyé sur son aile gauche
par le Front sud. À la manière allemande, elle se veut une gigantesque
tenaille. Au nord de Kharkov, les 28e et 57e Armées déboucheront du Donetz,
de Volchansk. Au sud, les 6e et 9e Armées auront la tâche principale.
Jaillissant du saillant de Barbenkovo, sur la rive occidentale du Donetz, elles
attaqueront au nord-ouest vers Poltava, puis se rabattront sur Kharkov.
Les Allemands, de leur côté, ont regroupé des troupes. Les services de
renseignements soviétiques, déficients, n’ont pas remarqué les concentrations
adverses : VIe Armée de Paulus* au nord, Groupement Kleist* (XVIIe Armée
et 1ère AB) au sud. Paulus* et Kleist* se préparent à étrangler le saillant de
Barvenkovo par l’opération Frédéric Ier.
Les forces en présence s’équilibrent : 636 000 Allemands contre 640 000
Soviétiques, 1 000 chars contre 1 300, 16 000 bouches à feu contre 13 000,
1 200 avions contre 900. Une fois encore, le métier du commandement et de
la troupe, l’intervention de l’aviation enlèveront la décision.
Timochenko* lance les dés le premier, le 12 mai. Pendant 48 heures, la
situation lui semble favorable. La 28e Armée progresse de 25 km, la 6e d’une
cinquantaine. La percée se réalise au sud. Mais le Russe ne couvre pas ses
flancs et ne renforce pas ses éléments avancés pour exploiter l’avantage.
Les Allemands sont autrement attentifs. Des renforts bloquent la 28e
Armée. Le 17 mai, von Kleist* et ses Panzers engagent Frédéric Ier . Leur
progression est rapide. Ni la Stavka* ni Timochenko* ne prennent conscience
du danger que représente von Kleist* remontant du sud. Staline*, mal
informé, ordonne de poursuivre. Les Soviétiques continent à se tasser vers le
nord-ouest en direction de Kharkov. Timochenko*, enfin, s’inquiète et alerte
Moscou pour ralentir son offensive et étoffer ses flancs. Moscou renouvelle
ses directives : « Poursuivre ! »
Le 23 mai, Paulus* et von Kleist* font jonction à Balakleia, au sud-est de
Kharkov. Les 6e et 9e Armées se trouvent enveloppées. Un gigantesque
encerclement, à l’image de ceux de 1941, a été réalisé. Seuls des débris
d’unités parviendront à s’échapper. La Wehrmacht* annoncera avoir fait
240 000 prisonniers, anéanti 20 DI, 7 DC, 14 brigades blindées et détruit
1 200 chars. Le champ est libre devant elle, jusqu’au Don. L’Armée rouge*
ne réoccupera pas Kharkov en 1942.
En février 1943, il en va tout autrement. Stalingrad* est tombée. Les
Allemands battent en retraite. L’Armée rouge* a repris Voronej le 26 janvier,
Koursk, à 250 km à l’ouest, le 8 février. Le Donetz est franchi de Bielgorod à
Vorochilovgrad. Kharkov est menacée.
Hitler ordonne* à Hausser*, commandant du corps blindé SS* arrivé de
l’ouest, de défendre la ville à tout prix. Hausser*, le SS*, possède un
caractère que n’avait pas Paulus*. Le 14 février, à 17 h 25, il reçoit du
général Lanz, son patron direct, le télégramme suivant :
« Conformément aux ordres du Führer*, le corps blindé tiendra jusqu’au dernier homme sur
les positions actuelles à l’est de Kharkov. »

Hausser* se refuse à un nouveau Stalingrad*. Le 15, à 13 heures, il


informe Lanz :
« Pour éviter l’encerclement des hommes et la perte du matériel, ai donné à 13 heures l’ordre
de percer derrière le secteur de l’Oudy, à la lisière de la ville. À l’ouest et au sud-ouest de la ville,
combats de rues. »

À 15 h 30, Lanz répond, pour se couvrir :


« Ordre de défendre Kharkov, quelles que soient les circonstances. »

Hausser* n’en a cure. Il perce sud-ouest et sauve son corps blindé (PD
Das Reich* et Liebstandarte Adolf Hitler, division Panzergrenadiere
Grossdeutschland). Comment réagira Hitler* à une telle désobéissance de
l’un de ses fidèles ? La suite, en donnant raison à Hausser*, ne lui en laisse
pas le temps.
Les Soviétiques entrent dans Kharkov insurgée où partisans et habitants
font le coup de feu contre les arrière-gardes allemandes. Staline* exulte et
intime de marcher sur le Dniepr.
C’est mal connaître von Manstein* qui coiffe ce qui s’appelle maintenant
le Groupe d’armées du sud et dispose, grâce à Hausser*, du corps blindé SS*
intact. Volontairement, il cède du terrain pour raccourcir son front et
reconstituer ses réserves blindées.
Les rôles s’inversent. Confiance excessive. Usure des troupes pressées
d’aller de l’avant. Longueur des communications. Von Manstein* est près de
ses bases, ses adversaires loin des leurs. Le 20 février, il déclenche sa contre-
offensive. Hoth*, avec sa IVe armée blindée, frappe du sud, Hausser*, avec
son CB, du nord. La 6e Armée, le groupe blindé Popov, sont pris en écharpe.
Vatoutine*, leur patron, ne voit pas le danger. Il pousse à l’attaque. À la
Stavka*, on ne dit pas autre chose.
Le groupe Popov est scindé en plusieurs tronçons et se fait laminer. La
6 Armée est écrasée. L’intervention de la 3e Armée blindée n’y changera
e
rien. Les Stuka* la clouent sur sa base de départ. Le char Tigre*, nouveau
venu avec son canon de 88, fait merveille. Les Allemands se retrouvent sur le
Donetz. Kharkov est reprise le 15 mars après un large mouvement tournant
par le nord, du CB SS*. Le dégel figera provisoirement les combattants.

La Wehrmacht* sort terriblement affaiblie de la bataille de Koursk.


L’Armée rouge* en profite et redouble ses coups. Le front allemand se
craquelle. Orel tombe le 5 août 1943. Bielgorod, cité exposée, doit être
abandonnée, découvrant Kharkov que les Allemands désertent le 22 août.
Quatre armées soviétiques se massent autour de la ville. Au terme de derniers
combats de rues dans la nuit du 22 au 23, leurs combattants entrent dans
Kharkov définitivement libérée. En décembre, les Russes auront repris Kiev
et le front se situera à 300 km à l’ouest de Kharkov désormais à l’abri. Dans
ces combats, la ville aura quatre fois changé de mains.

KI-21
Mitsubishi Ki-21.
Bimoteur japonais de bombardement. Sally dans le code allié. Cet avion,
sorti à 2 064 exemplaires en plusieurs versions, fait toute la guerre.
Caractéristiques du Ki-21-IIb sorti en 1941. Vitesse : 480 km/h ;
autonomie : 2 700 km ; armement : 6 mitrailleuses, 1100 kg de bombes ;
équipage : 5 hommes.

KI-43
Nakajima Ki-43 Hayabusa (faucon pèlerin).
Chasseur monomoteur japonais des débuts de la guerre où il est un
adversaire redoutable. Fabriqué à 5 919 exemplaires en plusieurs versions.
Terminera sa carrière comme avion kamikaze*. Oscar dans le code allié.
Caractéristiques du Ki-43-I. Vitesse : 490 km/h ; autonomie : 1 200 km ;
armement : 2 mitrailleuses, 30 kg de bombes ; équipage : 1 homme.
K-61 HIEN
Kawasaki Ki-61 Hien.
Chasseur monomoteur japonais de l’armée de terre de la fin de la guerre.
Sorti en 1943 et fabriqué à 3 078 exemplaires en plusieurs versions. Tony
dans le code allié.
Caractéristiques du Ki-61-1 ; Vitesse : 590 km/ h ; autonome : 1 100 km ;
armement : 4 mitrailleuses ; équipage : 1 homme.

KI-67
Mitsubishi Ki-67 Hiruy.
Peggy dans le code allié. Le meilleur bombardier bimoteur japonais de
tout le conflit, maniable et rapide. Sorti en 1944 et fabriqué à 698
exemplaires, servira dans la marine et l’armée de terre.
Vitesse : 540 km/ h ; autonomie : 3 800 km ; armement : 1 canon de
20 mm, 4 mitrailleuses, 800 kg de bombes ; équipage : 6-8 hommes.

KI-84
Nakajima Ki-84-Ia Hayate.
Chasseur monomoteur japonais de la fin de la guerre. Construit à 3 514
exemplaires. Frank dans le code allié.
Vitesse : 630 km/ h ; autonomie : 1 700 km ; armement : 2 canons de
20 mm, 2 mitrailleuses ; équipage : 1 homme.

KIEV, ENCERCLEMENT DE
Le 22 août 1941, par sa directive no 34, le Führer* a tranché. Priorité à
l’Ukraine* au détriment de Moscou*.
L’économique avant le politique. En conséquence de quoi von Bock* et
ses lieutenants, à 300 km du but, ont stoppé.
Hitler* est un visionnaire. Il voit von Bock* à Smolensk et von
Rundstedt* à Dniepropetrovsk, tous les deux nettement en flèche par rapport
au dispositif général. Son imagination ne demande qu’à s’enflammer. Une
partie du GAC de von Bock* piquera plein sud, tandis qu’une autre de von
Rundstedt* remontera vers le nord. À leur jonction, une gigantesque poche se
refermera. Kiev où l’Armée rouge* ne cesse de faire affluer des renforts, la
vallée du Dniepr moyen, le Pripet seront pris dans l’étau.
Conformément à la volonté du Führer*, le GAC se disloque. GB/3 et IXe
Armée regardent vers Leningrad* ou se mettent en garde face à Moscou*.
IVe Armée et GB/2 de Guderian* pivotent de 90° vers le sud.
La IVe Armée possède un axe de marche bien défini : la vallée du Dniepr
par Gomel. À terme, elle débouchera sur Kiev. Guderian* progresse à 150
km sur sa gauche. Pour se couvrir face à l’est, il dépêche deux divisions le
long de la Diesna et devant Briansk.
Cette manœuvre finit de convaincre les Soviétiques. Les Allemands,
estiment-ils, déborderont Moscou par Briansk et le sud-est. Deux armées qui
protégeaient l’Ukraine* septentrionale sont rappelées devant Moscou*.
Guderian* a pratiquement le champ libre dans sa marche plein sud.
Staline* n’a toujours pas vu le danger. Il est obsédé par Moscou* et Kiev.
Les renforts affluent aux abords des deux villes. Durant ce temps, les
Allemands poursuivent leur descente vers le sud. Le 30 août, la IVe Armée
encercle Gomel, verrouillant les débouchés du Pripet*.
Le 4 septembre, Guderian* reçoit des directives précises : « Avancez
direction Romny. » Il se doute que c’est non loin de cette cité, au nord de
Krementchoug, qu’il fera jonction avec les amis venant à sa rencontre.
Effectivement, le 10, von Kleist*, volontairement maintenu sur le Dniepr
pour ne pas alerter les Soviétiques, est libéré de son attente. Il passe en force
sur la rive nord du Dniepr et lance son attaque. La brèche entre lui et
Guderian* n’est plus que de 100 km.
Boudienny* tient Kiev solidement. Avec lui, dans une poche de 100 km
de long, cinq armées plus ou moins rescapées, les 5e , 21e , 26e , 37e , 38e. Pas
si sot qu’on veut bien le présenter, il comprend le danger. Si l’on en croit
l’historique officiel soviétique, le Conseil militaire du Front sud-ouest
adresse le 11 septembre un appel urgent à la Stavka*. Appel signé de
Boudienny* et Khrouchtchev, le conseiller politique. Staline* ne bouge pas.
Il veut se battre pour Kiev.
Et l’étau se resserre. Le 15 septembre, il ne demeure plus qu’un défilé de
50 km entre GB/2 de Guderian* et GB/1 de von Kleist*. Enfin, le 16, à
18 h 30, des détachements d’avant-garde referment le filet à Lokhvista, à 200
km plein est de Kiev. Le plus vaste enveloppement de toute la campagne est
réalisé. Les mailles du filet sont encore lâches. Des deux côtés, les Allemands
poussent des renforts. Les assauts désespérés des Soviétiques viennent se
briser contre un mur compact.
Boudienny* n’est plus là. Le 13, Staline* l’a fait enlever pour éviter que
ce maréchal historique ne tombe aux mains de l’envahisseur. Bon nombre de
ses soldats par contre n’échappent pas à la mort ou à la captivité. Kiev, prise
à revers, tombe le 19 septembre. Le 26, tout est terminé. Le champ de
bataille, à cette date, représente un immense cimetière : chars et véhicules
noircis par les flammes, canons sabotés, fusils et armes de petit calibre
stockés en énormes tas. Et puis aussi, par milliers, les cadavres des
malheureux tués au combat ou achevés sommairement. Serpentant au milieu,
de longues colonnes de prisonniers accablés par la défaite.

KIEV, LIBÉRATION DE
Au lendemain de la bataille de Koursk*, l’Armée rouge* passe à
l’offensive. En Biélorussie contre le GAC le 7 août 1943, en Ukraine* contre
le GAS le 26.
Partout le succès est général. Le front de la Mius est enfoncé. Taganrog
tombe le 30 août, Stalino le 8 septembre. Avec la chute de Stalino, le
Donbass change de mains. Sur sa lancée, l’Armée rouge* court au Dniepr.
Fin septembre, 23 têtes de pont auront été établies. Pour les soutenir, la
Stavka* engage ses troupes aéroportées. Toutes ces opérations mal conçues,
mal montées, se terminent en échec. Les parachutistes rescapés n’ont qu’un
recours : rejoindre les partisans. Quelque 2 300 y parviendront, rappelant que
la Wehrmacht* n’est pas encore morte.
Malgré ces échecs, les Soviétiques finissent par se retrouver en force au-
delà du Dniepr et n’hésitent pas à viser Kiev. Le 6 novembre, la capitale de
l’Ukraine*, débordée par le nord, est libérée. Cette prise de Kiev se révèle un
beau succès tactique à l’actif du 1er Front d’Ukraine (ex-Front de Voronej) et
de son chef, le général Vatoutine*.
Des salves retentissent, suivant l’usage, dans la nuit moscovite pour
célébrer cette victoire. La défaite de septembre 1941 est vengée.

KIKUSUI
Littéralement : Chrysanthèmes volants.
Lorsque Onishi* a lancé et développé le mouvement kamikaze*, il s’est
appuyé sur du personnel confirmé et du matériel éprouvé. La méthode est
plus sûre mais elle revient cher.
L’amiral Ugaki*, commandant les forces aériennes basées sur Kyushu,
récuse une formule aussi onéreuse. Il décide de réserver les attaques
spéciales, avec tout le vieux matériel en état de vol, à des pilotes novices.
Ceux-ci seront guidés et protégés par les anciens jusqu’à leurs cibles. Le
nombre et le cœur suppléeront à l’expérience et à la qualité.
Ces groupes de missions-suicides, Ugaki* les baptise Kikusui. (Au
Japon*, le chrysanthème est considéré comme le symbole de la pureté
spirituelle. Aussi les kamikazes* l’avaient-ils adopté comme emblème sous
forme d’un demi-chrysanthème flottant sur l’eau.)
Ces Kikusui seront les grandes victimes, souvent sans grands résultats,
des attaques kamikazes*.

KIMMEL, HUSBAND
(1882-1968). Amiral américain.
Commandant en chef de la flotte du Pacifique* lors de l’attaque contre
Pearl Harbor*, le 8 décembre 1941.
Relevé de ses fonctions, il passera son commandement à l’amiral Nimitz*
le 17 décembre et sera mis à la retraite.
En 1944, une commission d’enquête navale le déchargera de fautes, mais
une commission du Congrès l’estimera coupable d’erreurs de jugement.

KING, ERNEST
(1878-1956). Amiral américain.
En 1940, l’amiral King commande la flotte de l’Atlantique.
Au lendemain de Pearl Harbor*, il est promu à la tête de la marine
américaine, poste qu’il cumule, à partir du 13 mars 1942, avec celui de chef
des opérations navales.
Membre du JCS*, il est durant toute la guerre le patron tout-puissant de
l’US Navy*, n’hésitant pas à s’exprimer haut et fort. Ancien de l’aéronavale,
il s’attachera en particulier à développer les porte-avions. Il jouera un rôle
important dans les options stratégiques américaines, privilégiant le
Pacifique*, s’opposant parfois avec violence aux conceptions britanniques, et
participera à plusieurs conférences internationales. En décembre 1944, il est
nommé au grade d’amiral de la flotte (cinq étoiles), équivalent du grade de
maréchal dans l’armée de terre. Se retire en novembre 1945, abandonnant ses
fonctions à l’amiral Nimitz*.

KING
(voir MACKENZIE KING)

KING-PIN
Clef de voûte.
Indicatif donné par Churchill* au général Giraud*. Cette image de clef de
voûte illustre bien le rôle que les Alliés* pensaient attribuer à Giraud* dans le
camp français.

KINKAID, THOMAS
(1888-1972). Amiral américain.
Commande de 1943 à 1945 la VIIe flotte américaine avec laquelle il
livrera et gagnera la bataille de Leyte* en octobre 1944.
Un bâtiment de l’US Navy* porte son nom.

KISKA
(voir ALÉOUTIENNES, CAMPAGNES DES)

KLAÏPEDA
(voir MEMEL)
KLEIST, PAUL EWALD VON
(1881-1954). Maréchal allemand.
L’un des créateurs de l’arme blindée allemande.
Son hostilité à Hitler* le pousse à la retraite en 1938. Rappelé au service,
fait campagne en Pologne* et commande le corps blindé (5 PD-3 DM),
portant son nom, qui forcera le passage par les Ardennes* en mai 1940.
Combat ensuite sur le front de l’Est*. Promu maréchal en 1943. Chef du
GA/A (rescapé du Caucase et du Don), est démis de ses fonctions en avril
1944.
Arrêté par les Britanniques en 1945, condamné à 15 ans de travaux forcés
par les Yougoslaves, remis aux Soviétiques en 1949, meurt en captivité en
1954.

KLUGE, HANS VON


(1882-1944). Maréchal allemand.
Général en 1938, est mis à la retraite pour avoir émis des objections à
l’annexion des Sudètes*.
Rappelé en 1939, commande la IVe Armée en Pologne*, en France*, puis
en Russie devant Moscou*. A été promu maréchal le 13 juillet 1940. Au
début de 1942, remplace von Bock* limogé à la tête du groupe d’armées
Centre. Fait face habilement aux offensives russes durant deux ans.
Grièvement blessé dans un accident de voiture en octobre 1943, ne peut
reprendre du service qu’en juillet 1944. Succède alors à von Rundstedt* à
l’Ouest et n’obtient pas de Hitler* l’autorisation d’effectuer les replis
indispensables. Devant l’effondrement du front, est remplacé par Model* le
17 août. Sans être partie active dans le complot du 20 juillet 1944, était
toutefois en contact avec les conjurés. Se doutant du sort qui l’attendait à son
retour en Allemagne*, se suicide le 19 août.
Chef intelligent et compétent, « Hans le sage » pour ses subordonnés, von
Kluge, bien qu’antinazi, a peut-être manqué de caractère à l’heure de vérité
en ne prenant pas ouvertement le camp des conjurés du 20 juillet 1944. Dans
un message posthume à Hitler*, il lui demandait de terminer une guerre
devenue sans espoir.
KNOCHEN, HELMUT
(1910-1965).
Docteur en philosophie, il entre au SD* en 1937.
L’opération de Venlo* lui vaut la Croix de fer de première classe et la
direction du Sonderkommando entré dans Paris le 14 juin 1940. Installée
finalement 72, avenue Foch, cette petite équipe d’une vingtaine d’hommes
sera la tête de pont des SS* dans la traque des Juifs, francs-maçons, puis
communistes, s’opposant à la prééminence de la Wehrmacht*. Knochen sera,
en avril 1942, pour mieux contrer cette même Wehrmacht*, coiffé par le SS
Brigadeführer Karl Oberg. Les deux hommes travailleront ensemble jusqu’à
l’évacuation de la capitale.
Condamné à mort par un tribunal militaire français, le 9 octobre 1954,
Knochen sera gracié en avril 1958, puis libéré, sur ordre du général de
Gaulle*, en novembre 1962.

KNOX, FRANKLIN
(1874-1944). Homme politique américain.
Adversaire républicain de Roosevelt*, il accepte en juin 1940 de devenir
secrétaire à la Marine malgré les critiques de certains de ses amis politiques.
À ce poste, il se montre partisan d’une double marine (Atlantique* et
Pacifique*) et renforce le corps des Marines*.
Homme de franc-parler, il est regardé comme l’un des meilleurs
secrétaires à la Marine des États-Unis*.

KOCH, ERICH
(1896-1986).
Reichskommissar d’Ukraine* et gouverneur de la Prusse-Orientale.
Ce nazi fanatique se définissait lui-même comme un « chien brutal ».
Arrêté par les Anglais en 1949, remis aux Polonais, mourra en prison.

KOCH, ILSA
La chienne de Buchenwald*.
Épouse du colonel SS Karl Koch, commandant du camp de
Buchenwald*, se signale par sa cruauté et son sadisme. Condamnée à
l’emprisonnement à vie par un tribunal allemand en 1949, se suicide en 1969.

KOENIG, PIERRE
(1898-1970). Maréchal de France à titre posthume.
Gagne la Médaille militaire comme jeune aspirant en 1918 et décide de
rester dans l’armée.
Fait campagne au Maroc* avec la Légion étrangère*. Capitaine à la
13e DBLE* en 1940. Replié en Angleterre* après Narvik*, est, avec Magrin-
Vernerey, (Monclar*), l’un des promoteurs du ralliement de la 13 à la France
libre*. Son avancement est rapide.
Général de brigade, commande la 1ère Brigade française libre à Bir-
Hakeim*. Est, en 1944, nommé commandant des Forces françaises de
l’Intérieur*. Gouverneur militaire de Paris à la Libération*. Est chargé le
26 avril 1945 de recevoir le maréchal Pétain* rentrant volontairement en
France*. Sera, après la guerre, de 1945 à 1949, à la tête des troupes françaises
d’occupation en Allemagne*. Nommé maréchal à titre posthume en 1984.
Compagnon de la Libération*.

KOGA, MINECHI
(1885-1944). Amiral japonais.
Successeur de Yamamoto à la tête de la flotte combinée en avril 1943.
Disparu dans un accident d’avion, le 31 mars 1944.
Il avait la réputation d’être très prudent et de sous-estimer la puissance
aérienne.

KOH-CHANG, BATAILLE NAVALE DE


La Thaïlande* – ex-Siam –, soutenue par le Japon*, se sent forte pour
réclamer à la France* défaite la province cambodgienne d’Angkor.
D’incidents en incidents, le conflit devient général à la frontière au début
de janvier 1941. Pour venir en aide à l’armée de terre, la Marine met sur pied
un groupe occasionnel commandé par le capitaine de vaisseau Bérenger :
croiseur La Motte-Picquet, avisos coloniaux Amiral Charner, Dumont
d’Urville, Marne et Tahure.
Au matin du 17 janvier 1941, ce groupe occasionnel survient devant
l’archipel de Koh-Chang (golfe du Siam) où les reconnaissances aériennes
ont repéré le gros de la flotte siamoise. Le feu est ouvert à 6 h 14. En
30 minutes, les torpilleurs Songkla, Chonburi, et Trat sont expédiés par le
fond. Le garde-côte Domburi, armé de canons de 203, attaqué et poursuivi
par le La Motte-Picquet, finit par chavirer dans l’après-midi. L’Aytuthia,
bâtiment similaire au Domburi, atteint par une torpille, est forcé de s’échouer.
Ce succès total, sans pertes chez Bérenger, est la dernière victoire navale
de la Marine française*.

KOHIMA ET IMPHAL, BATAILLES DE


En Birmanie*, au mois de mars 1944, la situation paraît favorable aux
Alliés* Stilwell* progresse dans le nord et Christison marque des points en
Arakan*.
Soudain, elle évolue. La XVe Armée du général Mutaguchi* attaque en
force depuis la Birmanie centrale*.
Cette offensive était, en fait, attendue. Les écoutes radio avaient percé les
concentrations japonaises. Le général Kawabe, le commandant en chef
nippon en Birmanie, souhaite porter la guerre chez les Britanniques en
Assam. Son opération U-60 visait la région d’Imphal.
Imphal, cité indienne d’environ 100 000 habitants, commande une large
cuvette marécageuse à 60 km de la frontière orientale de l’Assam. Une route
carrossable, par Kohima, 100 km au nord, la relie à Dimapur située sur la
voie ferrée de Calcutta. La perte d’Imphal serait catastrophique pour les
Alliés*, la reconquête de la Birmanie* remise en cause, l’Assam, le Bengale
menacés. Le général Scoones, qui commande le IVe CA, a donc reçu mission
impérative de tenir la plaine d’Imphal à tout prix. Pour ce faire, il dispose de
trois divisions d’infanterie et d’une brigade de chars. Il recevra bientôt en
renforts une autre division et une brigade parachutiste. Sa supériorité en chars
et avions est certaine avec l’avantage de posséder 6 terrains d’aviation.
Mutaguchi* a sous ses ordres 85 000 hommes, soit trois divisions
japonaises et une division dite de l’armée nationale indienne* (formée de
nationalistes indiens recrutés dans les camps de prisonniers). Il bénéficie de
l’avantage de l’initiative.
Les unités du IVe CA tiennent Imphal et ses approches éloignées
(Sangshah, Tamu, Tiddim) et surtout Kohima. Cette bourgade d’altitude
(1 600 m) commande le passage de la route Imphal-Dimapur indispensable
pour l’arrivée des secours. Trois bataillons y sont implantés sous les ordres
du colonel Hugh Richards.
La première attaque japonaise est déclenchée dans la nuit du 7 au 8 mars
contre Tiddim, 150 km au sud d’Imphal. La 17e division indienne est très vite
isolée. Le 13, Scoones lui ordonne de se replier. Retraite délicate durant
16 jours.
Dans la nuit du 15 au 16, le gros de la XVe Armée franchit le Chindwin.
Par petites colonnes, les Japonais débordent Tamu et Sangshah et visent à
atteindre la route Imphal – Kohima – Dimapur. L’offensive étant devenue
générale, le regroupement sur Imphal s’impose.
Prélevée en Arakan, la 5e division indienne est aérotransportée en toute
hâte dans la cuvette. Les unités débarquant des C 47* sont aussitôt engagées.
Tout aussi rapidement, la 50e brigade parachutiste est dirigée sur Sangshah,
point névralgique à mi-distance entre Imphal et Kohima. Les parachutistes –
trois bataillons et demi – occupent une petite colline de 600 m de long sur
300 de large. Attaques et contre-attaques se succèdent durant plusieurs jours.
Le 26 mars, la 50e brigade, à court de vivres et d’eau, reçoit l’ordre de percer
jusqu’à Imphal. Par petits groupes, les paras gagnent la jungle et la montagne
pour tenter de s’esquiver. La plupart y parviendront.
Cette résistance a permis aux trois divisions du IVe CA de s’organiser.
Au début d’avril, le périmètre défensif britannique épouse sensiblement la
forme d’un fer à cheval de 150 km de long ouvert au nord-ouest. S’appuyant
sur les hauteurs orientales, il protège bien la plaine d’Imphal avec ses dépôts,
ses batteries d’artillerie, ses terrains d’aviation qui assureront le succès.
Les Japonais lancent de furieuses attaques contre les points d’appui tenus
par Britanniques, Indiens ou Gurkhas. Les collines, hier recouvertes par la
jungle, se transforment en paysage de Verdun.
Mutaguchi* ne cesse de harceler ses divisionnaires, à commencer par
Soto qui a reçu mission d’enlever Kohima avec sa 31e division. Près de
Kohima, sur Garrison Hill, Richards se retrouve encerclé avec 1 500 hommes
par 12 000 Japonais au moins.
Le Haut État-Major nippon laisse passer sa chance. À 80 km, dans la
vallée, Dimapur, avec ses entrepôts et sa gare bondée de trains de
marchandises, offre une cible décisive. Mutaguchi* l’a compris. Il ordonne à
Soto de fondre sur la cité. Mais, au-dessus de lui, Kawabe annule son ordre.
Ce contrordre sauve Kohima et Imphal. Une force de secours, le XXXIIIe
CA, s’organise et pousse vers Dimapur d’abord, Kohima ensuite, où Richards
s’accroche avec ses braves. Le 18 avril, les défenseurs épuisés ne paraissent
plus pouvoir tenir que quelques heures, la relève approche. Le 28, c’est chose
faite.
Fin avril, les premières pluies de la mousson se manifestent. Les Japonais
espéraient se procurer du ravitaillement sur place. Il n’en est rien faute
d’avoir conquis les lieux. Les Britanniques, eux, bénéficient de leur
aérotransport.
Avec la mousson, les deux adversaires mènent une guerre de tranchées.
Les Japonais, mal ravitaillés, s’usent en assauts successifs et Mutaguchi*
s’énerve. Il s’obstine, voulant sa victoire. Il ne fait qu’augmenter le nombre
de ses morts.
Le 31 mai, Soto, de lui-même, décroche. Les derniers éléments l’imitent
dans la nuit du 6 au 7 juin. Les hauteurs autour de Kohima se vident. La
bataille a duré 64 jours. Son issue, c’est le dégagement d’Imphal.
Le 22 juin au matin, la liaison est effective entre le IVe CA débouchant
d’Imphal et le XXXIIIe CA descendant de Kohima. Les longues colonnes de
camions apportant les approvisionnements ont la voie libre.
Partout, la XVe Armée japonaise épuisée bat en retraite dans des
conditions épouvantables avec la moussson. Repassant le Chindwin, elle a
perdu 55 000 hommes, un peu plus de 55 % de ses effectifs. Elle ne laisse pas
en prisonniers la valeur d’une compagnie. Les Britanniques ont perdu 17 000
des leurs, évitant des pertes plus lourdes grâce à un commandement plus
prudent et plus soucieux du sang de ses soldats.
Imphal, Kohima sont des batailles oubliées de la Seconde Guerre
mondiale. Pourtant, elles ont largement influé sur la campagne dans le Sud-
Est asiatique.

KOISO, KUNIAKI
(1880-1950). Général japonais.
Koiso est gouverneur de la Corée* lorsqu’il est rappelé à Tokyo pour
succéder à Tojo* comme Premier ministre (18 juillet 1944).
Pour équilibrer les pouvoirs armée de terre-marine, il doit faire équipe
avec l’amiral Yonai, son adjoint. Il mène une politique incertaine, hésitant
entre la guerre et la paix, échouant dans de vagues négociations avec la
Chine*. La chute d’Iwo Jima*, le débarquement américain sur Okinawa* ont
raison de son cabinet et il démissionne le 5 avril 1945.
Condamné à la détention à vie pour crimes de guerre, celui qui avait été
appelé le Tigre de Corée meurt en prison.
Les Français se souviennent qu’il était au pouvoir lors du sanglant coup
de force japonais du 9 mars 1945 contre l’Indochine française*.

KOKODA, PISTE DE
Piste de 1 610 km de long reliant Port Moresby* sur la côte sud de la
Nouvelle-Guinée* à Buna* sur la côte nord.
Elle franchit la chaîne des Owen Stanley (4 000 m d’altitude).
Mentionnée sur les cartes australiennes et japonaises comme une route, elle
n’est qu’une piste filant à travers la montagne, la jungle, les marais, les
escarpements rocheux. Japonais, Australiens et Américains se livrent une
lutte sévère pour la contrôler.

KOLLONTAÏ, ALEXANDRA
(1872-1952).
Féministe et philosophe, est la première femme ambassadrice.
Est ainsi ambassadrice de l’URSS* en Suède* de 1930 à 1945, poste qui
lui permet de jouer un rôle important dans les relations internationales de
l’URSS*.

KOMINTERN
Appellation soviétique de la IIIe Internationale fondée par Lénine en mars
1919 afin de propager la révolution communiste internationale.
Il regroupait tous les partis communistes ayant rompu avec les partis
socialistes de la IIe Internationale. À la demande de Roosevelt* et Churchill*,
ce Komintern est dissous le 22 mai 1943 afin de conforter l’unité des pays
alliés contre l’Axe*. Cette décision du Præsidium du Comité de
l’Internationale Communiste était signée, outre les Soviétiques, par de futurs
chefs communistes de l’Europe de l’après-guerre : Gottwald, Thorez*, Ercoli
(Togliatti), Anna Pauker*, Rakosi.

KOMMISSARBEFEHL
Ordre des commissaires, ordre donné par Hitler* et signé par Keitel* le
6 juin 1941, prescrivant à la Wehrmacht* de fusiller tous les commissaires
politiques soviétiques faits prisonniers.

KONIEV, IVAN
(1897-1973). Maréchal soviétique.
Combattant de la guerre civile, est remarqué par Vorochilov* qui le
parrainera.
En août 1941, il défend le secteur de Smolensk et commande une armée
devant Moscou. En 1942, il est nommé commandant du Front de Kalinine. À
la tête du Front des steppes, il participe à la bataille de Koursk* et reprend
Orel et Poltava. Promu maréchal le 20 février 1943, il dirige le 1er Front
d’Ukraine et le mène en Silésie, Tchécoslovaquie* et Saxe. Le 25 avril 1945,
il fait jonction avec les Américains à Torgau* sur l’Elbe, tandis qu’une partie
de ses troupes pique nord-ouest en direction de Berlin*. Sera commandant en
chef de l’armée soviétique de 1946 à 1960. A toujours été, plus ou moins, le
rival de Joukov*, en particulier lors de la marche sur Berlin*.
Héros de l’Union soviétique* et Ordre de la Victoire*.

KONOYE, FUMIMARO
, prince, (1891-1945).
Homme politique japonais (s’écrit également Konoe).
Ce parent de la famille impériale devient Premier ministre en juin 1937.
À ce titre, il entérine la guerre engagée contre la Chine* à partir de juillet et
se montre nettement impérialiste. En novembre 1938, il prône un nouvel
ordre asiatique et la formation d’une sphère de co-prospérité où le Japon*
tiendrait le premier rôle. Critiqué pour sa politique diplomatique en Chine*, il
démissionne en 1939, mais le clan militaire le ramène au pouvoir en juillet
1940. Il pense pouvoir s’appuyer sur lui pour aller à la guerre. Sur le fond,
Konoye n’est pas partisan d’une guerre contre les États-Unis*. Le 16 octobre
1941, il doit démissionner et est remplacé par le belliciste général Tojo*.
Devenu conseiller impérial, à partir de 1944, il préconise une fin rapide du
conflit. Arrêté après la capitulation japonaise, il se suicide en prison le
15 décembre 1945 sans avoir été jugé.

KONRAD, OPÉRATION
Opération lancée par les Allemands le 1er janvier 1945 afin de rompre
l’encerclement de Budapest*.
Les éléments de tête du régiment SS Westlan arriveront à une dizaine de
kilomètres de la ville sans aller plus loin.

KONZENTRAZIONSLAGER, OU K Z
(voir CONCENTRATION)

KORALLE
Nouvel emplacement du grand quartier général de la Kriegsmarine*, à
une trentaine de kilomètres au nord de Berlin, suite à la destruction du PC de
la Marine, sur le quai Tirpitz à Berlin, par un bombardement aérien, dans la
nuit du 22 novembre 1943.
L’amiral Dönitz* s’y tiendra jusqu’au 19 mai 1945.

KORTELISY
Village martyr d’Ukraine.
Il est complètement détruit et l’intégralité de sa population, 2 892
personnes, massacrée par les Allemands, le 23 septembre 1942.

KORYZIS, ALEXANDRE
(1884-1941). Homme politique grec.
Gouverneur de la Banque de Grèce*, devient Premier ministre à la mort
de Metaxas*, le 29 janvier 1941.
Devant la défaite de son pays, se suicide le 18 mai suivant.

KOSCIUSKO, DIVISION
Division polonaise, créée en mai 1943, en URSS, sous le commandement
du colonel Berling*.
Forte initialement de 11 000 hommes, elle donnera, par la suite, naissance
à la 1ère Armée polonaise, sous obédience soviétique, et commandée au
départ par Berling*, promu général.

KOSCIUSZKO, TADEUSZ
(1746-1817).
Héros national polonais.
Durant la Seconde Guerre mondiale, son nom sera donné :
— à une escadrille de chasse polonaise servant dans la RAF*,
— à la 1ère division d’infanterie polonaise formée, sous obédience
soviétique, en 1943, aux environs de Moscou.

KOUFRA
Oasis de Libye*, enlevée le 1er mars 1941 par les Français libres du
colonel Leclerc* à la garnison italienne retranchée dans le fort d’El Tag.
Koufra servira, ensuite, de base pour les raids du LRDG* britannique.
C’est à Koufra que Leclerc* prononce son célèbre serment :
« de ne pas déposer les armes avant que le drapeau tricolore ne flotte sur les cathédrales de
Metz et Strasbourg ».
KOURILES, ARCHIPEL DES
Archipel volcanique (56 îles, soit 15 600 km2) s’étalant sur 1 200 km, au
nord-est d’Hokkaido, jusqu’à la presqu’île du Kamtchatka.
Il sépare la mer d’Okhotsk de l’océan Pacifique*. Possession japonaise
depuis 1875, les Kouriles sont accordées par Roosevelt* aux Soviétiques lors
de la conférence de Yalta*. Les Russes y débarquent et s’en emparent en août
1945. Les 17 000 habitants japonais sont expulsés. Depuis de longues années,
le Japon* essaye vainement de se les faire restituer par la Russie. (Tout au
moins les plus proches du Japon, Habomaï, Shikotan, Etorofu, Kunashiri.)

KOURSK, BATAILLE DE
Connue sous le nom d’opération Citadelle* (5 juillet-23 août 1943).
Hitler* sent qu’il doit faire quelque chose. Politiquement, militairement,
au début de 1943, il y a nécessité. 1941 s’est achevée par un échec devant
Moscou*, 1942 par le désastre de Stalingrad*. L’Armée rouge*, hydre jamais
abattue, ressurgit toujours devant la Wehrmacht*, même lorsqu’elle paraît
terrassée. L’année 1943 permettra-t-elle enfin de la réduire à merci ?
Le saillant de Koursk, entre Orel et Bielgorod, vestige des combats de
1941 et 1942, s’annonce une proie possible. Deux fronts, celui du centre de
Rokossovki* et celui de Voronej de Vatoutine*, soit 11 armées, sont signalés
défendre ce coin massif de 120 km de profondeur sur un peu plus en largeur.
Éliminer ce saillant permettrait de raccourcir le front et d’anéantir bon
nombre d’unités soviétiques.
Progressivement, l’intention première évolue. Citadelle*, tel est le nom
donné à la manœuvre, ne serait pas une simple opération localisée. Elle
déboucherait sur une véritable épreuve de force avec l’Armée rouge* pour la
casser. Car les renseignements le confirment, les Soviétiques ont massé des
forces nombreuses et bien retranchées devant Koursk. Ils engageront
certainement beaucoup de monde pour les soutenir.
Sur le plan tactique, Citadelle* se présente comme une manœuvre
séduisante. De la région d’Orel au nord à celle de Bielgorod au sud, il n’y a
que 112 km à franchir pour sectionner le saillant. Moins de 60 km à parcourir
pour chaque branche de la tenaille. Les PD* ont réalisé de plus amples
chevauchées. Au premier bilan de l’opération, au moins un demi-million
d’hommes se trouveraient encerclés.
Hitler hésite. Ses généraux se divisent. Keitel*, von Kluge* l’y incitent.
Model*, Guderian*, von Manstein* lui déconseillent. Résultat, il laisse filer
du temps. La défaite de l’Axe*, en mai, en Tunisie*, le contraint à réagir. Il
donne son accord tout en reportant la date du déclenchement. Il veut attendre
la sortie massive des Tigre* et des Panther*.
Deux groupes d’armées sont impliqués : le GAC (groupe d’armées
Centre) de von Kluge* avec la IXe Armée de Model* en aile marchant, le
GAS (groupe d’armées Sud) de von Manstein* avec la IVe Armée de Hoth*
dans la même fonction, et le détachement d’armée Kempf renforçant Hoth*
sur sa gauche. Au total, les Allemands, pour Citadelle*, alignent 50 divisions
en première ligne et 20 sur les arrières. 900 000 hommes attaqueront,
appuyés par 2 700 chars ou canons d’assaut, 10 000 canons et 2 000 avions.
Les Soviétiques, par Lucie*, n’ignorent rien de ce qui se prépare. Ils
connaissent les effectifs engagés, les axes d’attaque. Ils peuvent s’organiser
en connaissance de cause. Aux deux GA de von Kluge* et von Manstein*,
suite à une réorganisation après Stalingrad*, ils opposent six Fronts du nord
au sud :
— le Front de l’Ouest : Sokolovski,
— le Front de Briansk : Popov,
— le Front du Centre : Rokossovski*,
— le Front de Voronej : Vatoutine*,
— le Front de réserve ou de la steppe : Koniev*.
— le Front du Sud-Ouest : Malinovski*.
Les forces rassemblées sont considérables : 1 300 000 hommes, 3 600
chars ou canons d’assaut, 20 000 mortiers ou canons, 2 400 avions. Une fois
de plus, Staline a fait donner la garde. Joukov* et Vassilevski*, les artisans
de la contre-offensive du 19 novembre 1942 à Stalingrad*, ont été dépêchés
pour coordonner défense et riposte. 300 000 civils ont été mobilisés pour
creuser des tranchées. 400 000 mines ont été disposées. Par endroits, la
densité d’artillerie atteint 100 pièces au kilomètre. Des créneaux ont été
ouverts pour laisser s’infiltrer les chars ennemis et les canaliser vers les
positions antichars. Le cadre se prête à une grande bataille de blindés. Pas de
forêts comme en Biélorussie. Peu de coupures importantes. Peu de zones
marécageuses. Le champ de bataille se présente comme une vaste plaine
coupée de nombreuses vallées, parsemée de petits taillis ; çà et là, des
villages aux toits de chaume. Partout, des grands champs de blé, qui gênent la
visibilité.
L’entrée en service des Tigre* a retardé le déclenchement de Citadelle*.
Début juillet, tout semble prêt. L’attaque interviendra le 5.
À Moscou, la Stavka* a été informée de l’heure H par Lucie*, par des
déserteurs, par des prisonniers. Le 5 juillet, à 2 h 20, pour contrecarrer les
préparatifs allemands, Vatoutine* et Rokossovski* engagent le fer les
premiers. Leur artillerie entre en action contre les concentrations localisées
par l’observation aérienne. La lutte qui s’engage, après le calme de mai et
juin, connaîtra deux phases essentielles :
— l’offensive allemande au nord et au sud du saillant,
— la contre-offensive soviétique, entamée le 12 juillet.
Model* intervient au nord avec sa IXe Armée. En deux jours, il gagne
14 km sur une dizaine de large. C’est peu. Le 9, il n’a progressé que de 19
km.
Von Manstein*, au sud, est plus étoffé que Model*. Hoth* s’enfonce de
19 km avec la IVe Armée blindée. Là encore, c’est peu au regard des pertes et
de la fatigue des combattants.
Le 12 juillet, Joukov* lance sa contre-attaque forte de 800 chars et
canons d’assaut. Durant huit heures, par une chaleur étouffante, 1 500 blindés
vont se heurter dans ce qui sera dénommé « la plus grande bataille de chars
de l’Histoire ». La rage de vaincre est égale, mais les Soviétiques sont plus
frais. Le Tigre* l’emporte à distance, mais sa visibilité est souvent réduite par
les incendies des champs de blé ou des véhicules détruits. Les T 34*,
rapportera un témoin, « ne tarderont pas à se répandre partout comme des rats
».
Au soir de ce 12 juillet, 800 chars, 500 allemands, 300 russes, gisent dans
la plaine et les Soviétiques restent maîtres du terrain. Von Manstein* n’a pu
déboucher. Cependant, estimant son vis-à-vis blessé, il veut poursuivre.
Hitler* ne lui permet pas. Les Alliés* ont débarqué le 10 juillet en Sicile*. Il
faut retirer des troupes de l’Est* pour étoffer le front méditerranéen. Le
16 juillet, ordre est donné d’arrêter définitivement Citadelle*. Le 23, Model*
et Hoth* sont de retour sur leurs bases de départ alors que les Soviétiques
attaquent avec une nouvelle ardeur. Le rapport des forces en leur faveur
atteint 2 contre 1 pour les hommes, 3 contre 1 pour les canons, 2 contre 1
pour les chars. Les Allemands sont submergés et reculent. Orel tombe le
5 août. Kharkov* est libérée le 23.
La chute d’Orel, celle de Kharkov* surtout, marquent la fin de
Citadelle*. Ces deux temps se soldent, pour le IIIe Reich*, par un échec aussi
lourd que coûteux. La Wehrmacht* n’a pas réussi et a été sévèrement contrée.
Ses PD*se sont usées dans de terribles combats. Le tribut payé en
combattants aguerris et en matériel est grand. Dans les 50 jours de combats,
la Wehrmacht* aurait perdu selon des chiffres soviétiques à partir de
documents allemands : 500 000 hommes, 1 500 chars, 3 000 canons, 3700
avions. De telles pertes, même si elles sont légèrement forcées, surtout en ce
qui concerne les avions, expliquent son affaiblissement après la bataille de
Koursk et ses lendemains.
Son outil émoussé, Hitler* ne pourra pas le reforger. La bataille de
Koursk lui enlève tout espoir de l’emporter sur le plan militaire. À l’Est*, il
n’est plus qu’une seule possibilité : se figer sur la défensive.

KRAGUJEVAC, MASSACRE DE
Le 21 octobre 1941, suite à un combat avec des partisans yougoslaves, les
724e et 749e régiments de la Wehrmacht* massacrent 2 300 personnes dans
les environs de la ville de Kragujevac, en Serbie.

KRAUTS
Les Boches pour les GI’s*.

KREBS, HANS
(1898-1945). Général allemand.
Chef de l’OKH* au départ de Guderian*, le 29 mars 1945.
Disparaît début mai 1945. Probablement suicidé.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne

KREISAU, CERCLE DE
Groupe de résistants allemands antinazis (voir Résistance allemande).

KRIEGSMARINE
Le Traité de Versailles réduit pratiquement à zéro la marine impériale
allemande.
La Reichsmarine des années 1920 s’efforce dans l’ombre de renaître.
L’arrivée des nazis au pouvoir remet tout en question. En 1935, Hitler*
négocie avec l’Angleterre* et obtient de posséder une flotte de surface égale à
35 % de celle de la Navy* (45 % pour les sous-marins). La même année, la
Reischsmarine devient la Kriegsmarine (la Marine de guerre).
À partir de 1938, Hitler* s’oriente résolument vers la guerre contre la
France* et la Grande-Bretagne*. La Kriegsmarine commandée par l’amiral
Raeder*, s’y prépare avec deux tendances opposées. Raeder* a foi dans les
navires de ligne, Dönitz*, patron des U-Boote*, dans ses submersibles. Le
premier semble l’emporter. En janvier 1939, Hitler* approuve un plan Z qui
prévoit une importante flotte de surface en 1944.
Le 1er septembre 1939, la Kriegsmarine aligne : deux croiseurs de bataille
de 31 000 tonnes, Scharnhorst* et Gneisenau, 2 cuirassés de 51 000 tonnes
qui seront achevés en 1941, Tirpitz* et Bismarck*, 3 cuirassés de poche, 3
croiseurs lourds et 6 croiseurs légers, 21 destroyers, 12 vedettes lance-
torpilles et 57 U-Boote*. Bien que largement surpassée par les flottes
française et britannique, elle représente une force non négligeable. À défaut
de pouvoir contrer la Navy*, elle ambitionne de couper les lignes de
ravitaillement britanniques. D’où des raids, plus ou moins heureux, contre les
convois de l’Atlantique* et de l’Arctique*.
Les bâtiments de ligne plus ou moins éliminés (Bismarck* coulé, Tirpitz*
neutralisé puis coulé), la force principale de la Kriegsmarine appartient aux
U-Boote*. Dönitz*, le 30 janvier 1943, remplace Raeder* à la tête de la
Kriegsmarine, nomination illustrant l’abandon par Hitler* de la flotte de
surface qu’il voue à la ferraille. Les U-Boote* seront jusqu’en 1945 le
principal vecteur de la guerre menée par la Kriegsmarine.
Celle-ci eut de 1939 à 1945 : 48 904 tués au combat, 25 529 blessés,
100 256 disparus et 11 125 morts.
(Goering* s’y étant opposé, la Kriegsmarine ne possède pas de porte-
avions. Les avions sont le monopole de la Luftwaffe*.)

KRIPO
Reich Kriminalpolizei.
Police criminelle d’État. L’une des deux branches, avec la Gestapo*, de
la Sicherheistpolizei ou Sipo (Police de sûreté).

KRUEGER WALTER
(1881-1967). Général américain.
D’origine allemande, sorti du rang, prend, au début de 1943, le
commandement de la VIIe Armée américaine avec laquelle il sera de tous les
combats de MacArthur* dans le Pacifique* jusqu’à la fin.
MacArthur* le regardait comme un très grand général.

KSAR RHILANE
Défilé du sud tunisien, d’une quinzaine de kilomètres de large, sur le
versant ouest des Ksour, à hauteur de Foum Tataouine.
Fin février 1943, la Force L* du général Leclerc*, qui a rejoint la
VIIIe Armée britannique à Tripoli, reçoit mission de couvrir celle-ci sur son
flanc gauche en gardant le défilé de Ksar Rhilane. Le 10 mars, Leclerc*, qui
s’est solidement retranché, est attaqué par la 90e division légère allemande.
La bataille fait rage toute la journée. Vers 18 h, Leclerc*, qui a été bien
soutenu par la RAF*, peut passer son compte rendu :
« Ennemi en retraite vers le nord. Il a perdu 60 voitures, 10 camions ! »
Le commandant de la VIIIe Armée lui mande en clair :
« Well done ! » (Bien joué).
Le Bataillon Escadron sacré* grec, rattaché à la Force L*, participait au
combat de Ksar Rhilane

KÜCHLER, GEORG VON


(1881-1968). Maréchal allemand.
Commande la IIIe Armée lors de la campagne de Pologne* en septembre
1939.
Toujours à la tête d’une armée, envahit les Pays-Bas* en mai 1940,
occupe Anvers et arrive devant Dunkerque*. Commande la XVIIIe Armée à
Barbarossa* et succède à von Leeb*, le 17 janvier 1942, au commandement
du GA Nord. Démis de ses fonctions en janvier 1944 pour s’être replié. Avait
été promu maréchal le 30 juin 1942.
Refuse de participer au 20 juillet 1944. Condamné à 20 ans de prison en
1948 pour crimes de guerre, est libéré en 1955.

KULMHOF
Camp d’extermination nazi, connu également sous le nom de Chelmno*.

KURITA, TAKEO
(1889-1977). Amiral japonais.
Participe à l’invasion de la Malaisie* en décembre 1941, puis à celle des
Indes néerlandaises*.
À la bataille de Midway*, il commande le groupe de soutien rapproché
(croiseurs et destroyers). Durant la bataille de Leyte*, où il commande la
2e flotte, chargée de fermer la tenaille nord, son navire amiral sombre sous
lui. Rescapé, il reprend le combat mais ordonne le repli devant la réaction
américaine, manquant sans doute alors d’un peu d’audace pour poursuivre et
attaquer les transports au large de Leyte.

KUUSINEN
Communiste finlandais ayant pris parti pour l’Union soviétique* lors de
son agression contre la Finlande* en 1939.
Son nom devint synonyme de traître dans toute l’Europe du Nord.

KUZNETSOV, NIKOLAI
(1904-1974). Amiral de la flotte soviétique.
Commandant des forces navales soviétiques, est promu amiral de la flotte
le 31 mai 1944, dignité créée spécialement pour lui par Staline*.
En 1955, cette dignité sera reconnue équivalant à celle de maréchal.

KV 1 A
Char lourd soviétique sorti en 1940.
Poids : 43,5 tonnes ; vitesse : 34 km/h ; armement : un canon de
76,2 mm, 3 mitrailleuses de 7,62 mm ; équipage : 4 hommes.
Le 22 juin 1941, 639 KV 1 A sont en service. Engagés en ordre dispersé,
utilisés souvent par des équipages inexpérimentés, ils pèsent peu dans la
bataille et sont assez vite abandonnés ou capturés. Par contre, leur blindage et
leur canon surprenaient leurs adversaires.

KWAJALEIN, ATOLL DE
Principal atoll des Marshall* et le plus grand du monde, au centre de
l’archipel.
Il présente une barrière de corail et un lagon intérieur pleinement ouvert
sur le large. Il possède trois îlots importants : Roi et Namur, pavés quasiment
accolés au nord, Kwajalein, en forme de croissant de lune, 70 km au sud.
8 000 Japonais les occupent. 2 200 seulement sont de vrais combattants. Les
autres, travailleurs ou techniciens, ont été rapidement armés.
L’expérience cruelle de Tarawa* n’est pas oubliée. À partir du début de
janvier 1944, TF/58* puis gros cuirassés se succèdent pour des
bombardements massifs et prolongés. Cette fois, les défenses terrestres
subissent de sérieux dégâts.
Le 31 janvier, les petits îlots autour de Kwajalein sont occupés.
Le 1er février, bien couverts par marine et aviation, les Marines* abordent
Roi et Namur. Roi est enlevé dans la journée, Namur le surlendemain. Les
Marines* ont eu 196 morts et 550 blessés. Des 3 545 Japonais, ne survivent
que 51 prisonniers.
Sur Kwajalein, les opérations s’effectuent avec une rigueur encore
accentuée. La 7e DI de l’armée débarque le 1er février à 9 h 30 parfaitement
appuyée. Le soir, 10 000 Américains seront à terre et il leur faudra quatre
jours pour annihiler toutes les résistances. L’intense bombardement a
économisé bien des vies. Les pertes américaines ne s’élèvent qu’à 177 tués et
un millier de blessés. Par contre, côté japonais, la garnison accuse 4 800 tués
et disparus et 49 prisonniers.
Avec ces conquêtes, les Américains disposent de bonnes pistes aussi bien
à Kwajalein même qu’à Namur.
Le succès appelle le succès. L’amiral Nimitz* décide de s’en prendre à
Eniwetok*, l’ultime gros morceau des Marshall*, à 500 km au nord-ouest de
Kwajalein. La prudence lui recommande cependant, au préalable, de se
soucier de Truk*.

KYU-GO 95
Char japonais sorti en 1935 mais très vite surclassé étant donné la
faiblesse de son blindage et la modicité de son canon. La production cesse en
1943.
Poids : 8,5 tonnes ; vitesse : 45 km/ h ; autonomie : 175 km ; armement :
un canon de 37 mm et deux mitrailleuses de 7,7 mm ; équipage : 3 hommes.
(Le modèle Kyu-go 94, de 15 tonnes, équipé d’un canon de 57 mm,
équipage : 3 hommes, était beaucoup moins répandu.)
L

LACONIA
Paquebot anglais en provenance de Suez via Le Cap, coulé le
12 septembre 1942, au nord-est de l’île de l’Ascension, dans l’Atlantique
Sud, par le sous-marin allemand U-156.
Le commandant du U-Boot* découvre que le Laconia transportait 1 800
prisonniers italiens, 811 soldats britanniques, ainsi que des femmes et des
enfants. L’ordre est alors donné aux sous-marins allemands naviguant à
proximité de se porter au secours des naufragés, le U-156 lançant un message
en clair pour réclamer de l’aide. Trois bâtiments de guerre français venus de
Dakar participeront aux recherches et sauveront 1 081 naufragés. Les sous-
marins allemands embarquent des survivants et remorquent des embarcations
de sauvetage, mais dans l’après-midi du 16, un bombardier B 24* américain
venu d’Ascension survole les lieux.
En dépit du pavillon Croix-Rouge étalé sur le pont, il bombarde le U-
156*. Cette intervention provoquera l’ordre dit du Laconia.

LACONIA ORDER
Ordre de l’amiral Dönitz* du 17 septembre 1942 interdisant aux sous-
marins allemands de porter assistance aux survivants des bâtiments coulés.
Cet ordre est donné après le torpillage du Laconia* et le bombardement
par un avion américain du sous-marin allemand se portant au secours des
naufragés. Au procès de Nuremberg*, les Alliés* essayeront de prouver qu’il
s’agissait d’un ordre délibéré de massacrer les survivants. L’examen des faits
fit rejeter cette accusation.
LADOGA, LAC
Lac russe de 17 700 km2 au nord-est de Leningrad*, pris par les glaces de
novembre à mai.
Le Ladoga joue un rôle décisif durant le siège de Leningrad* en
permettant l’acheminement de renforts et matériel à la ville. Durant l’hiver, la
route de la glace* relie les portions de berges occidentale et orientale tenues
par les Soviétiques. Longue de 35 km de Kabona à Ossinovets, elle peut
supporter des camions roulant espacés avec une tonne en charge (voir plus en
plein hiver, la couche de glace atteignant 90 cm en janvier). L’été, des
chalands effectuent des navettes.

LAE, PRISE DE
Lae et Salamaua, sur le versant septentrional du golfe Huon, ne sont à
l’origine que deux modestes villages du sud-est de la Nouvelle-Guinée*.
Les Japonais ont fait de Lae un bon mouillage doté d’un terrain
d’aviation. Le site, en outre, commande les vallées du Markham et du Ramu
qui remontent nord-ouest en direction de Medang et Vewak, importantes
bases nippones sur la côte nord de la Nouvelle-Guinée*.
L’attaque contre Lae, dans le cadre de l’opération Cartwheel*, débute
bien. Le 17 août 1943, la 5e Force aérienne lance un raid surprise contre
Vewak et détruit 100 avions japonais. À peine reste-t-il une douzaine
d’appareils disponibles. D’entrée, MacArthur* possède la maîtrise du ciel.
Le 4 septembre, la 4e division américaine, la 9e division australienne –
des vétérans d’El-Alamein* – débarquent à 30 km à l’est de Lae. Sans
rencontrer de résistances sérieuses, elles marchent vers le port.
Le lendemain, cent C/47* larguent le 503e régiment aéroporté sur la rive
nord du Markham. Les parachutistes s’emparent du terrain d’aviation de
Nadzab permettant l’arrivée de la 7e division australienne. Les Japonais,
encerclés, n’insistent pas. 9 000 d’entre eux s’éclipsent par une piste de
montagne en direction du nord.
Salamaua tombe le 12 septembre, Lae le 16. Par contre, la prise de
Finschafen, à la pointe de la presqu’île de Huon, imposera aux Australiens
une dure semaine de combats, prélude à de très sévères engagements pour
conquérir toute la péninsule qu’occupent les Japonais réfugiés dans la
montagne. MacArthur* n’en viendra à bout qu’au début de 1944. Du moins,
fin septembre, l’essentiel est réalisé.

LAHOUSEN
, Erwin. Général allemand.
Adjoint de Canaris* à l’Abwehr* et antinazi.
Renseignait régulièrement les Alliés* et s’efforçait de faire obstruction
aux directives hitlériennes. Ayant survécu, viendra témoigner à charge au
procès de Nuremberg* en 1946.

LANCASTER
Avro Lancaster.
Le plus célèbre des bombardiers quadrimoteurs stratégiques britanniques.
Fabriqué à 7 011 exemplaires en Grande-Bretagne* et en plusieurs versions.
Version MK 1, opérationelle en 1942. Vitesse : 460 km/ h ; autonomie :
2 600 km ; armement : 10 mitrailleuses, 10 tonnes de bombes ; équipage :
7 hommes.

LANCE-FLAMMES
D’une portée moyenne d’environ 45 m, le lance-flammes sera utilisé par
tous les belligérants : Flammenwerfer 35 ou 41 par les Allemands, Lifebuoy
Mark 1 par les Britanniques, M2 A 1-7 par les Américains, ROK-2 par les
Soviétiques.
Les Américains en feront grand usage dans le Pacifique* pour réduire les
blockhaus japonais.
Seront également mis sur pied des lance-flammes sur véhicules. Le plus
notoire sera le char Churchill crocodile lance-flammes.

LANDING CRAFT
Bâtiment de débarquement.
Les LC sont en principe mis à l’eau comme des chaloupes avant les
débarquements. Pour des raisons de transport, ils sont essentiellement
fabriqués en Angleterre* (cas de ceux d’ Overlord*). Principaux types :
— LCA* : Landing craft assault. Spécifiquement britannique. 12 m de
long, susceptible de transporter de 30 à 35 hommes. Il convient parfaitement
aux commandos : faible tirant d’eau (0,7 m), très bas sur l’eau donc peu
repérable, moteurs silencieux.
— LCI : Landing craft infantry. Longueur : 48 m ; vitesse : 12 nœuds ;
équipage : 29 hommes ; transport : 200 hommes. Débarquement non par une
rampe mais par deux passerelles disposées sur chaque bord. Fabriqué à 1139
exemplaires.
— LCM* : Landing craft mechanized.
— LCS : Landing craft support. LCA ponté et fortement armé.
— LCT* : Landing craft tank.
— LCVP* : Landing craft vehicle and personnal. Longueur : 11 m ;
vitesse : 12 nœuds ; équipage : 3 hommes ; transport : 35 hommes en
moyenne. Débarquement par rampe.

LANDING SHIP
Navire de débarquement.
Les LS sont capables d’affronter la haute mer. À ce titre, ils sont le plus
souvent fabriqués aux USA*.

LANGEMARCK
Nom de la 27e SS Freiwillige Grenadier Division, constituée par des
volontaires des Flandres belges et des Pays-Bas*.
Issue de la brigade d’assaut flamande Langemarck en octobre 1944. Elle
combat essentiellement en Courlande* et Pologne*. Termine la guerre très
éprouvée

LANGSDORFF, HANS WILHELM


(1897-1939). Capitaine de vaisseau allemand.
Commandant le cuirassé de poche Graf von Spee*, son bâtiment est
détérioré lors de la bataille du Rio de la Plata ; il le saborde pour lui éviter de
tomber entre les mains des Britanniques.
Nazi résolu, se suicide le surlendemain après avoir écrit :
« Je suis heureux de payer de ma vie tout ce qui pourrait atteindre l’honneur du pavillon. Je
vais au-devant de mon destin avec une foi inébranlable dans la cause de mon pays, dans son
avenir et dans mon Führer* ».

LAPONIE, GUERRE DE
Les Allemands ont 200 000 hommes en Finlande*, stationnés pour la
plupart en Laponie, qui constituent la XXe Gebirgsarmee (armée de
montagne) sous les ordres du général Rendulic*.
L’armistice finno-soviétique du 19 septembre 1944 prévoit leur départ du
pays ou à défaut leur internement.
La brigade 303 – quelques milliers d’hommes – a quitté Helsinki le
9 septembre. 8 000 autres ont embarqué à Kemi, au fond du golfe de Botnie,
avec leur matériel. Le gros est toujours là, retranché sur la Litsa, devant
Petsamo*, à hauteur de Salla, 400 km plus au sud et aux abords de Kemi. Son
retrait s’annonçait possible à l’amiable lorsque la situation se complique.
Hitler*, qui tient au nickel de Petsamo*, ordonne de tenir le site à tout prix.
Les Finlandais se retrouvent dans une position délicate. Suivant leur
contrat avec les Soviétiques, les Allemands doivent se retirer ou être internés.
La réaction de Hitler* rend le retrait impossible sans incidents. De plus, les
unités de la Wehrmacht* de Laponie se mettent à piller et à saccager sans
vergogne, soulevant l’indignation populaire. Dans l’armée finlandaise, le
ressentiment contre le nazisme* avec la répression en Allemagne* du coup
d’État manqué du 20 juillet s’accroît. Helsinki ne s’estime plus tenu à
manifester certains égards envers son ex-partenaire.
Progressivement, Mannerheim* fait riper des divisions vers le nord. Les
Finlandais passent à l’action sur Kemi et débarquent à l’arrière du dispositif
allemand. Le 8 octobre, Kemi – dont la population s’est soulevée – est
occupée. Le reliquat du groupement allemand se replie vers l’extrême nord-
ouest du pays d’où les Finlandais n’arriveront pas à le déloger. Il y subsistera
jusqu’à la fin de la guerre.
La guerre de Laponie aura fait un millier de morts finlandais et le double
de morts allemands.
Elle n’est pas qu’une guerre entre Allemands et Finlandais. Le 7 octobre,
le général Meretskov*, qui commande le front de Carélie, attaque, sur ordre
de la Stavka*, sur le Front de Mourmansk afin d’enlever le secteur de
Petsamo* appelé à revenir à l’URSS*. Pour forcer les défenses de la Litsa, sa
XIVe Armée déborde largement par le sud et débarque à l’ouest de la
péninsule de Rybachy.
La progression de Meretskov*, qui utilise des chars lourds KV*, est
rapide. Le 15 octobre, Petsamo* tombe. Les Allemands font retraite vers la
frontière norvégienne. Tout le territoire destiné aux Soviétiques est envahi.
Meretskov*, sur sa lancée, propose à Moscou de poursuivre jusqu’à
Kirkenes, principale base allemande en Norvège* septentrionale. Staline* en
personne s’empresse de lui répondre que « ce serait excellent ».
Au cours de leur retraite, les Allemands, comme à l’accoutumée, truffent
le terrain de mines mais ne peuvent stopper la XIVe Armée, souvent guidée
par les Norvégiens. Le 25 octobre, Kirkenes est investie et libérée. Mais
l’hiver est là. Les troupes s’enterrent. Le front s’immobilise à l’ouest de
Kirkenes, comme plus au sud, au-delà de Nautsi et devant Kirkenes. Il ne
bougera plus. La guerre de l’Arctique, comme celle de Finlande*, est
terminée de facto six mois avant l’heure. Hitler* aura inutilement conservé au
fin fond de la Scandinavie de bonnes troupes.

LARMINAT, EDGAR DE
(1895-1962). Général français.
Le Saint-Cyrien de la célèbre promotion De la grande revanche de 1914
est, en juin 1940, lieutenant-colonel, chef d’état-major du commandant du
théâtre d’opérations en Méditerranée orientale*.
Refusant l’armistice, arrêté, il s’évade et passe en Palestine* pour se
rallier au général de Gaulle*. En août, il contribue au ralliement du Moyen-
Congo à la France libre* et devient haut-commissaire à Brazzaville. En juillet
1941, il rejoint Beyrouth et prend le commandement des FFL* appelées à
participer à la guerre du désert. Il coiffe ainsi la 1ère brigade du général
Koenig* se battant à Bir-Hakeim*. Au lendemain de la bataille d’El-
Alamein*, ses rapports se tendent avec Montgomery* et son rôle opérationnel
se réduit. Adjoint de Juin* durant la seconde partie de la campagne d’Italie*,
il commande le corps de poursuite après la prise de Rome*. Lors du
débarquement de Provence*, de Lattre* ne le garde que peu de temps près de
lui. En octobre 1944, il est nommé commandant en chef des forces françaises
du front de l’Atlantique* où il laisse un souvenir diversement apprécié. Le 1er
juillet 1962, déchiré entre deux fidélités, il optera pour le suicide.
Tempérament accusé, bon professionnel et bon organisateur, Larminat ne
se faisait pas que des amis par un certain sectarisme et des jugements
excessifs. Il était contesté même chez les FFL*.
Compagnon de la Libération*.

LATÉCOÈRE 298
Hydravion monomoteur de bombardement dévolu à l’aéronavale
française.
Sorti en 1938 et fabriqué à environ 200 exemplaires, il équipa avec
succès huit formations.
Vitesse : 300 km/h ; autonomie : 1 500 km ; armement : 3 mitrailleuses,
670 kg de bombes ; équipage : 2 à 3 hommes.

LATTRE DE TASSIGNY, JEAN DE


(1889-1952). Maréchal de France.
Un général qui ne passe pas inaperçu et qui fait tout pour qu’il en soit
ainsi.
Saint-Cyr où il est l’ancien de De Gaulle*. 14-18, huit citations, quatre
blessures. Maroc* sous Lyautey. École de Guerre. Commandement remarqué
du 15/1 RI à Metz avec Giraud* pour patron et de Gaulle* pour voisin.
Manifestement, Jean de Lattre s’est placé sur orbite pour une brillante
carrière. Agressif ou enjôleur selon l’heure, il soigne son image de marque.
Du moins il commande. Il le montre une fois de plus en juin 40, à la tête de la
14e DI sur l’Aisne.
Pétainiste en 40-41, comme tout un chacun (à l’exception des audacieux
qui répondent à l’Appel* du 18 juin). Il le proclame très fort au retour des
anciens de Syrie*. Vichy* récompense ses bons et loyaux services, troisième
et quatrième étoiles. Celui que ses subordonnés appellent le Roi Jean n’est
point sot. Il sait se dédouaner à temps par un coup d’éclat en tentant de
résister à l’invasion de la zone libre. 10 ans de prison. Des complicités
l’aident à s’évader à la fin de 1943. Un peu inquiet, il retrouve de Gaulle*.
Entre celui qui n’a pas vieilli et celui qui a grandi, l’accord se fait. Le chef du
CFLN* a besoin de généraux valables et Juin* a suffisamment moissonné de
gloire en Italie*. Avec cinq étoiles, de Lattre commandera la future armée
appelée à débarquer en France*.
Campagne de Libération*, où ses lieutenants, Monsabert*, Brosset* et
d’autres, aident à la renommée du patron qui s’embourbe un peu dans les
Vosges. Du moins, ce dernier réalise avec brio l’amalgame* entre les
vétérans de l’Armée d’Afrique* et les jeunes des maquis*. Signature de la
capitulation* allemande à Berlin où le commandant de la 1ère Armée
française* impose la présence de la France*, ce qui n’était pas évident au
départ.
Après ce sera la plus grande heure, l’Indochine* en 50-51. Le haut-
commissaire et commandant en chef donnera toute sa mesure et en un court
moment changera le cours des choses.
La promotion 1951-1953 de Saint-Cyr porte son nom. Maréchal de
France* à titre posthume
Compagnon de la Libération*.

LAUREL, SERGIO
(1891-1959). Homme politique philippin.
Ancien ministre de l’Intérieur, devient en 1943 chef d’un gouvernement
philippin fantoche mis en place par les Japonais.
En septembre 1944, ce gouvernement déclarera la guerre aux États-
Unis*. Réfugié au Japon* en 1945, il se rendra aux Américains, sera amnistié
en 1948 et reprendra une activité politique.
Son passé de 1943 à 1945 est contesté dans son pays. Collaborateur ou
défenseur de ses compatriotes contre l’occupant ?

LAVAL, PIERRE
(1883-1945). Homme politique français.
Le temps n’a guère atténué la haine autour du nom de Laval.
L’individu, de prime abord, n’attire pas. La veste et le pantalon tombent
mal. Le gilet accuse l’embonpoint. Le teint fait maladif. Les dents jaunies,
au-dessus d’une lippe épaisse, trahissent les éternelles cigarettes. Seul détail
de prix, la cravate de soie blanche qui le fera appeler l’homme à la cravate
blanche.
Le personnage, pourtant, ne saurait être sans talent ni entregent. L’enfant
de Châteldon a su s’imposer, alliant ténacité, intelligence, séduction. Le petit
pion est devenu avocat, puis député socialiste et maire d’Aubervilliers. Au fil
des années, il a abandonné ses amis d’origine et glissé vers le centre droit
pour se retrouver deux fois président du Conseil et plusieurs fois ministre. Ce
cursus politique n’a pas été innocent. L’Auvergnat dispose d’une fortune
importante.
Sur le plan politique, il est partisan d’un rapprochement avec l’Italie* et
surtout avec l’Allemagne* dont il est persuadé qu’elle jouera un rôle majeur
en Europe. Il ne dissimule pas non plus son hostilité envers l’Angleterre*.
Paradoxalement, Pétain*, qui ne l’aime pas, en fait, le 24 juin 1940, un
ministre d’État et un vice-président du Conseil. Sans doute pense-t-il que
l’homme lui sera utile par son entregent. À ce poste, Laval va créer l’État
Français* avec Pétain* pour chef. Au lendemain du 10 juillet, il est l’homme
fort du gouvernement et joue à fond la carte allemande. Il noue, en
particulier, des relations privilégiées avec Otto Abetz*.
Un sursaut de Pétain* et d’une partie de son entourage, le 13 décembre
1940, provoque son éviction, éviction qu’il ne pardonnera jamais à ses
auteurs. Inlassablement, il prépare son retour, et se rétablit vite. Appuyé,
poussé par les Allemands, il revient aux affaires le 18 avril 1942, cette fois
comme chef du gouvernement en titre. La collaboration* s’affirme à travers
sa politique même s’il s’efforce d’atténuer certains aspects de l’occupation.
Le 22 juin 1942, il prononce à la radio des propos qui lui seront lourdement
reprochés :
« Je souhaite la victoire de l’Allemagne*, car sans elle bientôt le communisme s’installerait
partout en Europe. »

Lors de son procès, Philippe Pétain* affirmera lui avoir demandé de ne


pas prononcer de telles paroles.
Après le débarquement allié en AFN*, bien que chef en titre du
gouvernement, Laval perd de plus en plus le contrôle de la situation.
L’Allemagne* exige et impose. Les ultras de la collaboration* constituent un
pouvoir en marge multipliant les méfaits et les crimes. Dans ce contexte,
Laval tente de manœuvrer, de sauver ce qu’il peut. Pour la troisième fois en
deux ans, il rencontre Hitler*, sans résultats, le 19 décembre 1942. Son
gouvernement, de cœur ou forcé, crée la Milice française* (30 janvier 1943),
décrète le STO* (16 février 1943), admet en son sein des collaborateurs
patentés : Henriot, Déat*, Darnand*. En août 1944, Laval louvoie encore,
essayant d’entraîner Herriot dans une hypothétique convocation de
l’Assemblée nationale pour barrer la route à de Gaulle*. Arrêté par la
Gestapo* le 17 août, il est conduit en Allemagne* et retrouve à Sigmaringen
les exilés. Il n’est plus rien.
La Suisse* lui refuse l’asile politique.Franco* l’héberge trois mois et le
rend à la France*.
Dans le climat passionnel du moment, son procès ne peut être
qu’expédié. La condamnation à mort est inéluctable. Il tente d’échapper à
l’exécution en s’empoisonnant. Ranimé, il est fusillé le 15 octobre 1945.
Alors, Laval, le traître absolu ? Les apparences sont contre lui.
Incontestablement, il fut pour une collaboration* étroite avec l’Allemagne*.
Des confidences, le 17 novembre 1942, laissent apercevoir un autre
personnage, persuadé œuvrer pour le bien de son pays :
« Moi, que voulez-vous, je joue la partie comme si les Allemands devaient gagner la guerre.
Les Allemands gagneront-ils la guerre ? Je n’en sais rien. Plus ça va, moins je crois que c’est vrai.
Il y a deux hommes qui peuvent rendre service à leur pays : c’est le général de Gaulle* et moi.
Si les Allemands gagnent la guerre ou peuvent arriver à une paix de compromis, faisant avec
eux une politique loyale qui ne soit pas qu’une politique de marchandage, peut-être pourrai-je
encore rendre service à mon pays et discuter avec les Allemands un traité de paix honorable.
Si les Allemands sont battus, le général de Gaulle* reviendra. Il a avec lui – je ne me fais
aucune espèce d’illusions – 80 ou 90 % de la population française, et moi je serai pendu. Qu’est-
ce que ça peut bien me faire ? »

De Gaulle*, dans ses Mémoires de Guerre, ne le contredit pas :


« Laval a joué. Il a perdu. Sans doute dans son gouvernement, déployant pour soutenir
l’insoutenable toutes les ressources de la ruse, tous les ressorts de l’obstination, chercha-t-il à
servir son pays. Que cela lui soit laissé ! »

LAVOCHKINE. LA-5.
Chasseur monomoteur soviétique, issu du modèle La GG3 sorti en 1941.
Fabriqué à plus de 15 000 exemplaires en plusieurs versions (La-7, La-9). Le
La-5 est opérationnel en 1942.
Vitesse : 650 km/h ; autonomie : 700 km ; armement : 2 canons de
20 mm, 150 kg de bombes ; équipage : 1 homme.
LAYCOCK, ROBERT
(1907-1968). Général anglais.
Le nom du colonel puis général Laycock est étroitement associé aux
commandos britanniques dont il est l’un des principaux patrons.
Cet officier supérieur de classe est regardé par ses pairs et supérieurs
comme « grand, beau, dynamique, insolent et doublement compétent ».
Issu des Royal Horse Guards, diplomé d’état-major, volontaire pour les
commandos.
Colonel, patron de la Layforce* comprenant les commandos 7, 8 et 11 en
Égypte* en 1941.
En mai 1941, couvre avec sa Layforce* le repli des forces britanniques
vers la côte méridionale de la Crète*.
Participe personnellement à l’opération malheureuse contre Rommel*.
Après 41 jours d’errance dans le désert avec le sergent Terry, parvient à
rejoindre la VIIIe Armée.
Chef des opérations combinées de 1943 à 1947, poste où il succède à
l’amiral Mountbatten*.
Distinguished Service Order.

LAYFORCE
Force britannique de commandos constituée au Moyen-Orient en février
1941 sous les ordres du colonel Laycock*.
Elle est composée des commandos 7, 8 et 11, des commandos 50 et 52 du
Moyen-Orient et du Special Boat Section. Pour des raisons de sécurité, les
commandos 7, 8 et 11 sont dénommés bataillons A, B, C et les commandos
50 et 52 le bataillon D. Les bataillons A et D assurant l’arrière-garde sont
capturés en Crète*. Le bataillon C combat en Syrie* et quatre troops du
bataillon B rejoignent la garnison de Tobrouk*. La Layforce est dissoute en
août 1941. Les éléments restants forment la troop No 3 d’un nouveau
commando du Moyen-Orient sous Laycock*.

LCA (LANDING CRAFT ASSAULT)


Barge d’assaut de débarquement. Vitesse : 6 nœuds ; capacité de
transport : 35 combattants.

LCM (LANDING CRAFT MARINE)


Bâtiment de débarquement de la marine. Vitesse : 7,5 nœuds ; capacité de
transport : 100 combattants.

LCT (LANDING CRAFT TANK)


Bâtiment de débarquement de chars. Vitesse : 10,5 nœuds ; capacité de
transport : 5 chars de 40 tonnes ou 10 camions de 3 tonnes.

LCVP (LANDING CRAFT VEHICLE AND


PERSONAL)
Barge de débarquement d’infanterie. Longueur : 11 m ; vitesse : 12
nœuds ; équipage : 3 hommes ; capacité de transport : environ 35
combattants.

LEAHY, WILLIAM
(1875-1959). Amiral américain.
En 1937, l’amiral Leahy devient chef des opérations navales des États-
Unis*, le plus haut poste de la marine américaine. Atteint par la limite d’âge,
il est, le 6 juin 1939, nommé gouverneur de Porto-Rico. En novembre 1940,
Roosevelt* l’envoie comme ambassadeur auprès du maréchal Pétain* afin de
détourner Vichy* de la collaboration* avec l’Allemagne*. Si ses contacts
avec Philippe Pétain* sont bons, il ne peut empêcher le retour de Laval*, en
avril 1942 ; ce qui provoque son rappel à Washington.
En juillet, Roosevelt*, avec lequel il entretient d’excellents rapports, lui
confie les fonctions de chef de son état-major particulier. À ce poste, de par
son ancienneté, son expérience, sa rigueur et sa modération, il joue un rôle
essentiel. Il préside le JCS*, participe à presque toutes les conférences
internationales, se montre un conseiller avisé du Président et de ses collègues
militaires.
En novembre 1944, il est promu amiral de la flotte. À la mort de
Roosevelt*, Truman* lui demande de rester auprès de lui, ce qu’il fera
jusqu’en 1949. Ce marin de la vieille école, qui n’aimait pas de Gaulle*,
désapprouvait les concessions de Roosevelt* à Staline* et se montrait plutôt
hostile à l’emploi de l’arme atomique.
Il devait écrire ses Mémoires, parus en français sous le titre : J’étais là !
Ce témoignage est précieux pour la connaissance de la politique américaine
durant la Seconde Guerre mondiale. S’y perçoivent également très bien les
frictions avec les intérêts britanniques.

LEBENSRAUM (ESPACE VITAL)


Revendication de Hitler*, exprimée dans Mein Kampf, du droit de
l’Allemagne* à un juste espace vital :
« Nous autres, nationaux-socialistes, nous devons nous en tenir d’une façon inébranlable au
but de notre politique extérieure : assurer au peuple allemand le territoire qui lui revient en ce
monde. »

Cette prétention conduira à l’invasion de l’Europe orientale.

LECLERC DE HAUTECLOCQUE, PHILIPPE


(1902-1947). Maréchal de France, à titre posthume.
Saint-Cyrien de la promotion Metz et Strasbourg, le capitaine de
Hauteclocque appartient, en mai 1940, à l’état-major de la 4e DI.
Son unité sur le point d’être capturée, étant officier sans troupe, il obtient
l’autorisation de tenter sa chance pour ne pas être fait prisonnier. Sa chance,
bien servie par son courage et son habileté (blessé, il s’évade), le mène à
Londres, ayant refusé l’armistice. De Gaulle* le nomme commandant et il
devient Leclerc, pour éviter des ennuis à sa famille.
L’épopée commence : ralliement sans heurts du Cameroun, plus difficile
du Gabon* ; commandement militaire du Tchad à Fort-Lamy ; prise de
Koufra* le 1er mars 1941, et célèbre serment dit de Koufra*. En août 1941, il
est promu général.
En janvier 1943, avec la Force L*, il rejoint la VIIIe Armée britannique en
Libye et livre la rude bataille de Ksar Rhilane*. À partir d’août 1943, il met
sur pied au Maroc* la future 2e DB*. Avec elle, il débarque à Utah Beach* le
1er août 1944. Après Alençon et les combats de la forêt d’Écouché, il obtient
l’autorisation de se porter sur Paris. Le 25 août, à la gare Montparnasse, il
reçoit la reddition du général von Choltitz*, commandant du Gross Paris.
Sa route par Dompaire et Baccarat le conduit à Strasbourg*, libérée le
23 novembre. Il termine la guerre, partie en Alsace, partie sur le front de
l’Atlantique*, partie enfin en Allemagne*, atteignant Berchtesgaden* le
5 mai 1945.
Le 7 juin 1945, il est chargé de mettre sur pied un corps expéditionnaire
pour participer à la guerre contre le Japon* et rétablir l’autorité de la France*
en Indochine*. Il représentera la France* à la signature de la capitulation
japonaise* le 2 septembre 1945.
En Indochine*, d’octobre 1945 à juillet 1946, il obtient le retour de
l’armée française à Saigon et Hanoi et préconise une solution politique.
Nommé inspecteur des forces armées en AFN*, il disparaît dans un accident
d’avion, le 28 novembre 1947.
De ce soldat passionné, intrépide, patriote, chef rempli d’ascendant et qui
voyait clair, de Gaulle* dira qu’il était « d’un pur métal ». Il laisse derrière lui
une légende.
Maréchal de France à titre posthume, le 23 août 1952.
Compagnon de la Libération*.

LEDO, ROUTE DE
Route de 770 km de long depuis Ledo, dans le nord de l’Inde, près de la
frontière birmane, jusqu’à Myitkyina, en Birmanie* septentrionale.
Elle a pour ambition de rejoindre la route de Birmanie* afin de ravitailler
la Chine*. Entreprise par Stilwell* en décembre 1942, elle sera terminée en
janvier 1945 et prendra alors le nom de route Stilwell*. 17 000 sapeurs alliés
y ont travaillé pour un coût de 148 milions de dollars. Elle est terminée trop
tard pour remplir un véritable emploi stratégique.

LEEB, WILHELM VON


(1876-1956). Maréchal allemand.
Hitler se méfiait de ce général antinazi aux convictions religieuses
affirmées et l’avait mis à la retraite en 1938.
Conscient de ses qualités professionnelles, il lui confie le groupe
d’armées chargé d’attaquer la ligne Maginot* en 1940. Après la défaite
française, von Leeb est promu maréchal et reçoit le commandement du
groupe d’armées Nord pour l’opération Barbarossa*. En janvier 1942, pour
raccourcir ses lignes de communications, demande à se retirer de devant
Leningrad*. Sur le refus de Hitler*, démissionne et reste sans affectation.
Condamné à trois ans de prison en 1948 par un tribunal allié pour crimes de
guerre mineurs.

LEESE, OLIVER
(1894-1978). Général anglais.
Commande le XXXe CA de la VIIIe Armée britannique d’août 1942 à
décembre 1943.
Succède alors à Montgomery* à la tête de la VIIIe Armée en Italie*. De
décembre 1944 à juillet 1945, commande le XIe GA allié en Birmanie*.
Démis de ses fonctions suite à sa mauvaise entente avec Mountbatten*.
Anobli en 1943. Ce chef, bon tacticien, était apprécié de ses subordonnés.

LEGENTILHOMME, PAUL
(1884-1975). Général français.
Saint-Cyrien, officier des troupes coloniales, comme général de brigade,
est, en juin 1940, commandant supérieur des troupes de la Côte française des
Somalis.
Après l’armistice* franco-allemand du 25 juin, tente de maintenir la
colonie dans la guerre. Ayant perdu du temps, se retrouve quasiment seul et
obligé de s’évader de Djibouti* dans la nuit du 1er au 2 août. Est ainsi, avec
Catroux*, le seul général à avoir rallié la France libre* à l’été 1940.
Commande en juin 1941 les troupes françaises attaquant la Syrie*.
Commissaire national au sein du Comité national français* en novembre
1942, devient, le 1er décembre, haut-commissaire des possessions françaises
dans l’océan Indien.
Commissaire adjoint à la Défense nationale le 5 août 1943, puis
commissaire à la Défense nationale du 2 octobre au 8 novembre 1943.
Gouverneur militaire de Paris, le 20 juillet 1945. Promu général d’armée le
21 janvier 1947.
Compagnon de la Libération*.

LÉGION ÉTRANGÈRE
En 1939, comme en 1870 et 1914, la Légion étrangère française met sur
pied des unités de marche pour défendre la métropole attaquée.
Sont ainsi constitués les 11e, 12e REI et le GRD 97 qui se battront avec
panache durant la bataille de France au printemps 1940. Les anciens
légionnaires mobilisés sont regroupés dans trois RMVE, 21e, 22e, 23e.
Est également constituée la 13e DBLE* destinée, au départ, à se battre en
Norvège*. Après Narvik*, ralliée à la France libre*, elle en sera l’unité phare.
Durant ce temps, le 6e REI garde le Levant français et le 5e REI la
lointaine terre française d’Indochine*. Le premier connaîtra la mauvaise
guerre de Syrie* ; le second, après le conflit contre le Siam en 1941,
effectuera la fameuse retraite de Chine* en 1945.
La Légion, aux premières places en Tunisie*, met à nouveau sur pied
deux unités pour les combats de la Libération* : le RMLE* et le 1er REC*. Le
RMLE* fournira à la 5e DB son infanterie portée, le REC* son régiment de
reconnaissance.
9 017 légionnaires sont tombés pour la France* durant la Seconde Guerre
mondiale (pertes en Extrême-Orient jusqu’en 1945 non comprises).
115 anciens légionnaires (96 de la 13e DBLE*) ont reçu la Croix de la
Libération*.
Monclar*, Koenig*, Amilakvari*, Messmer, Simon, de Sairigné,
Lalande, de la Tour, Miquel, Trischler, Gaultier, sont les grands noms de
cette Légion de 39-45.

LÉGION FRANÇAISE DES COMBATTANTS


Organisation instituée par Vichy*, le 29 août 1940.
Elle vise à regrouper toutes les associations d’anciens combattants en un
mouvement unique. Ce dernier, par-delà son rassemblement de caractère
patriotique, doit tendre à promouvoir les valeurs de l’État Français*, Travail,
Famille, Patrie, et à être le parti unique, celui du Maréchal.
Cette Légion, interdite en zone occupée, compte environ 900 000
membres en zone libre et 300 000 dans l’Empire. Le maréchal Pétain* en est
officiellement le chef. Elle ne tarde pas à se diviser. Les plus extrémistes,
derrière Darnand* et Bassompierre, créent le SOL, Service d’Ordre
Légionnaire, prédécesseur de la Milice*. Les résistants, se rendant compte
qu’ils s’égarent, s’éloignent, comme c’est le cas de François Valentin, ancien
directeur de la Légion, dénonçant officiellement, en août 1943, la politique de
collaboration*. À cette date, la masse des anciens combattants (80 % sont des
anciens de 14-18), s’est détachée de l’organisation.
Ne pas confondre cette Légion des combattants avec la Légion étrangère*
et la LVF*.

LEIGH-MALLORY, TRAFFORD
(1892-1944). Maréchal de l’air britannique.
Ancien aviateur de 14-18, l’air vice-marshall Leigh-Mallory commande
le Fighter Group No 12 durant la bataille d’Angleterre*.
En juillet 1942, il est promu maréchal et commande la couverture
aérienne pour le raid sur Dieppe*. En décembre de la même année, il devient
commandant en chef des forces aériennes d’Overlord*. Partant prendre le
commandement des forces aériennes du Sud-Est asiatique, il est victime d’un
accident d’avion en novembre 1944.
Il a été anobli en 1943.

LE MAY, CURTIS
(1906-1990). Général américain.
Entré dans l’aviation en 1928, Le May, en octobre 1942, commande,
comme colonel, un groupe de bombardement en Grande-Bretagne*.
Promu brigadier général en septembre 1943, puis major général (le plus
jeune de l’armée américaine), il prend le commandement du 2e Bomber
Command de la 20e US Air Force du théâtre Chine-Birmanie*-Inde* en août
1944. En janvier 1945, il est nommé à la tête du 2e Bomber Command,
toujours de la 20e US Air Force, basé aux Mariannes* pour bombarder le
Japon*. Il modifie les techniques utilisées. Au lieu des vols à haute altitude
larguant des bombes de forte puissance, il fait effectuer à ses B-29* des raids
à basse et moyenne altitude pour larguer des engins incendiaires. Les
résultats sont dévastateurs sur Tokyo et les centres urbains nippons. En juillet
1945, Le May devient le patron de la 20e Air Force.

LEMUY, PARACHUTAGE DE
Lemuy, commune du Jura, 350 habitants avant la guerre.
Le 9 septembre 1944, vers 11 h, 67 bombardiers alliés escortés par 33
chasseurs effectuent le plus important parachutage d’armes au profit de la
Résistance* française. 200 tonnes de matériel, supportées par 800 parachutes,
sont larguées sur le plateau marécageux au sud-est du village. Ce matériel
permettra d’équiper le 1er régiment de Franche-Comté

LEND-LEASE
(voir PRÊT-BAIL)

LENINGRAD, SIÈGE DE
Le 11 septembre 1941, au terme d’une longue chevauchée, les tankistes
de la 1ère PD (GAN, Groupe d’armées Nord de von Leeb*), au sommet du
Mont Chauve sur les hauteurs de Duderhof, dominent Leningrad.
La ville paraît à portée de main. Moins de 10 km. À la lunette se
distingue le fourmillement du trafic dans les grandes artères. À l’œil nu se
découvrent les pavés des usines, le golfe de Finlande, les contours de l’île de
Killin, de la base navale de Cronstadt, et, dans le port, les coups de départ des
305 du cuirassé Marat.
La cité où le communisme a pris corps va-t-elle passer sous la coupe
nazie ? Non ! À cause de Hitler*. À cause des Finlandais. À cause de la
résistance des Soviétiques.
Hitler* a changé d’avis. Il abandonne Leningrad au profit de Moscou*.
Von Leeb* perd sa VIIIe Armée aérienne, ses divisions blindées et motorisées
transférées vers le Groupe d’armées Centre. Faute de blindés, il lui devient
impossible, avec des troupes fatiguées, d’aller plus avant et de franchir la
Neva pour réaliser sa jonction avec les Finlandais de l’isthme de Carélie.
Le 25 juin, la Finlande* a repris les armes dans une seule perspective :
récupérer les provinces perdues lors de son conflit avec son puissant voisin.
Mannerheim*, le président finlandais, n’entend pas aller plus loin. Avisé – il
connaît de longue date l’ours soviétique et ne veut pas trop l’irriter –, il ne
désire pas se laisser entraîner dans l’engrenage de l’aventure hitlérienne. Il
consent seulement à se porter légèrement au-delà de l’ancienne frontière.
Mannerheim* en a-t-il conscience ? Il sauve Leningrad*. Le 8 septembre, le
GAN a atteint Schlüsselburg, à l’embouchure de la Neva. Sur une trentaine
de kilomètres, il borde le Ladoga*. Si Finlandais et Allemands se donnaient
la main, la trappe se refermerait. À défaut, demeure un trou béant. Une
liaison par le lac est toujours possible avec Leningrad* et les troupes
regroupées dans la partie méridionale de l’isthme de Carélie.
Perte de potentiel du GAN, attitude des Finlandais, bientôt arrivée de
l’hiver, n’expliquent pas tout. Devant Leningrad*, la Wehrmacht* se heurte à
une défense soviétique de mieux en mieux organisée et de plus en plus
résolue.
Seconde ville de l’Union soviétique*, fenêtre sur l’Europe, Leningrad*,
en juin 1941, compte environ 3 100 000 habitants. Étalée sur plus de 15 km
du nord au sud et d’ouest en est, elle possède, dans les faubourgs, des
activités industrielles importantes : usine Kirov, fabrique Lénine, usine
Staline, usine Electro-sila, chantiers de constructions navales, etc. Près de
12,5 % de la production globale de l’URSS* proviennent de Leningrad.
Perdre une telle ville avec ses références historiques, son potentiel industriel,
ou bien la déclarer ville ouverte, voilà des hypothèses inacceptables pour le
Kremlin. Leningrad* sera défendue à tout prix.
Staline* possède dans la place deux fidèles : Vorochilov* le militaire,
Jdanov* le civil. Le premier montrera vite ses limites. Le 10 septembre, il
sera remplacé pour un mois par Joukov*, le joker stalinien. Entre-temps,
Molotov* et Malenkov seront venus organiser la défense, c’est-à-dire veiller
à ce que personne ne faiblisse. L’âme de la résistance sera en fait Jdanov*.
Assisté du Conseil militaire du Front du nord-ouest, il dirigera la défense
d’une main ferme.
L’Armée rouge* dispose d’environ 200 000 hommes devant Leningrad,
effectif insuffisant pour faire écran au GAN. Les gros bataillons sont à lever
dans la population, tant pour combattre que pour réaliser les travaux de
défense.
Dès le 27 juin a été décidée la création d’une armée du peuple,
l’opolchenie, forte en principe de plusieurs divisions. Il semblerait que
300 000 personnes de toutes les couches sociales aient répondu présent au
30 septembre. Peu ou mal entraînées, ces divisions de l’opolchenie paieront
le prix fort de leur inexpérience.
Le 27 juin a également vu décréter la mobilisation de tous les hommes de
16 à 50 ans et de toutes les femmes de 16 à 45 ans en vue de participer à
l’organisation du terrain. De 500 000 à 1 000 000 de citadins partent, la pelle
ou la pioche à la main, édifier des barricades, creuser des fossés antichars,
installer des nids de mitrailleuses, organiser des emplacements de tir.
Comme partout en zone menacée, une partie des usines est démontée et
expédiée vers l’arrière. L’évacuation des femmes et des enfants est ordonnée.
À la fin du mois d’août, 630 000 d’entre eux auront quitté la ville, mais celle-
ci aura vu affluer des milliers de réfugiés. Leningrad* coupée de l’extérieur
comptera encore 2 600 000 bouches à nourrir durant le siège.
Le 22 juin, Leningrad* disposait d’environ un mois de vivres. La rupture
des communications interrompt les acheminements réguliers. Les
bombardements aériens détruisent des stocks. Il faut organiser un
rationnement strict de tout. Inexorablement, Leningrad* s’enfonce dans la
misère et la famine.
Les efforts, les sacrifices demandés à la population sortent des normes.
Pourtant, celle-ci, stoïque, s’exécute. Le Parti, le NKVD*, la milice imposent
leur discipline. Un authentique élan patriotique qu’il serait fallacieux de
minimiser sous-tend également les énergies.
Hitler finira-t-il par voir tomber dans son escarcelle une métropole hier
débordante d’activité ? Qu’en ferait-il alors ?
Sa pensée a évolué. Au début, il pensait enlever Leningrad* de haute
lutte. Puis, il s’est ravisé, donnant la priorité à Moscou*. Un moment, il
songe à « niveler la ville, la rendre inhabitable et se dégager de toutes
obligations d’avoir à nourrir la population durant l’hiver ». Il pense aussi
offrir la région aux Finlandais qui se récusent. Finalement, il tranche pour
une ville morte, grâce à l’exode massif de ses habitants chassés par la faim et
les bombardements. Dans cette perspective, un strict encerclement et un
maintien sur la défensive suffisent. Le siège et sa longueur s’expliquent.
Le 7 octobre, un ordre précise aux généraux allemands l’attitude à tenir
vis-à-vis de Leningrad* :
« Le Führer* a décidé que la capitulation de Leningrad*, et plus tard celle de Moscou*, ne
seront pas acceptées, dût l’ennemi les proposer.
Il faut permettre l’exode de la population vers l’intérieur de la Russie à travers des brèches
aussi étroites que possible. La ville devra être soumise à des tirs d’artillerie et d’aviation, afin que
la population soit contrainte de fuir. »

Depuis la fin du mois de septembre, le front devant Stalingrad* s’est


stabilisé. De Novoï Kerzon, sur le golfe de Finlande, il s’incurve en croissant
vers l’est jusqu’à Peterhof, encerclant la poche dite d’Oranienbaum tenue par
la 7e Armée soviétique. Au large, la base navale de Cronstadt interdit l’accès
de Leningrad* par l’ouest. Depuis Outitsk, le front repart en demi-cercle par
Pouchkine, Kolpino, Ijora, le cours de la Neva, et rejoint le Ladoga* à
Schlüsselburg. 50 km au-delà, de l’autre côté de la ville, les Finlandais, sur
une ligne nord-est sud-ouest, barrent l’isthme de Carélie. À l’intérieur de ce
périmètre se situent les garnisons et les populations à ravitailler.
Les créneaux ouverts pour atteindre ce réduit de quelque 4 000 km2, soit
un petit département français, ne sont que trois : le ciel, la mer, le lac. Le
premier, périlleux, doit être aménagé. C’est seulement à partir d’octobre
qu’une vingtaine de bimoteurs, transportant 2 à 2,5 tonnes, effectueront des
rotations.
Du côté de la mer, rien à espérer. Le golfe de Finlande est une souricière ;
il débouche sur une Baltique dont les rivages sont largement tenus par les
Allemands, les eaux sillonnées par leurs bâtiments. La flotte de guerre
soviétique, piégée au fond du golfe, ne peut guère participer qu’à la bataille
terrestre avec ses batteries de bord.
Reste, en revanche, le lac Ladoga*, mer intérieure de 18 000 km2.
Certaines positions de ses rives sont encore entre les mains de l’Armée
rouge*. Sur plus d’une soixantaine de kilomètres dans l’isthme de Carélie.
Sur le double côté opposé, au sud du Svir, donnant accès aux profondeurs de
l’Union soviétique. La Wehrmacht* ne tenant que le saillant de
Schlüsselburg, qui assure l’étranglement de Leningrad*, il est possible de
ravitailler la ville en allant d’une berge à l’autre.
Cet axe encore libre n’a jamais été exploité à cause de l’existence du
chemin de fer. 16 chalands, en dépit de la Luftwaffe* et des tempêtes
automnales, entreprennent de relier la rive orientale au petit port
d’Ossinovets, au nord-est de Leningrad.
La voie est tracée, mais que ce soit par le ciel ou par le lac, le trafic
demeure limité. Leningrad* n’aurait, en septembre, reçu que 178 tonnes par
jour alors que 2 000 étaient nécessaires. Le 2 novembre, la ration quotidienne
de pain tombera à 250 g pour les ouvriers, 125 pour les autres catégories.
Pour gagner du tonnage, il faut accélérer les arrivages par le Ladoga*, et ce
au moment où le gel arrête les navigations.
Dans ce but, le Conseil militaire du front de Leningrad décide la
construction d’une autoroute militaire. Des milliers et des milliers d’hommes
se mettent à l’ouvrage au milieu des bois et des marécages. Des milliers
d’entre eux succomberont. Évitant Tikhvine occupée, une route de fortune,
construite en 27 jours, relie Zaborie (100 km à l’est de Tikhvine), sur la voie
ferrée Leningrad-Moscou, à Novoya-Ladoga*. La reprise de Tikhvine par le
général Meretskov*, le 9 décembre, permettra de réduire la distance. La
traversée du lac s’effectuera de Kabona à Ossinovets sur 35 km de glace.
La population de Leningrad dénommera route de la vie cette route de la
glace* !
Selon les jours, 20 à 100 tonnes de vivres parviennent à passer. C’est trop
peu. En décembre, 52 000 personnes mourront de faim à Leningrad. Le siège,
le terrible siège de Leningrad, n’en est qu’à son quatrième mois. Et il va durer
900 jours.
1942. Au nord, cinq divisions finlandaises se contentent de monter la
garde devant Leningrad sans insister. Au sud, par contre, la XVIIe Armée
allemande maintient sa pression.
Pour les assiégés, les rives du Ladoga* continuent d’apporter le salut,
évitant l’asphyxie totale de la ville. Une ligne de chemin de fer, la voie ferrée
d’Octobre, a été construite et débouche à Kabona, sur le Ladoga*. Après la
route hivernale de la glace, l’été, de petites flottilles assurent le transfert par
le lac. Ainsi, tout au long de l’année, Leningrad continue de recevoir des
secours. 1 800 tonnes de vivres par jour en moyenne. C’est insuffisant malgré
les évacuations et surtout les décès. Les habitants meurent d’inanition. 3 500
à 4 000 décès quotidiens en janvier 42. Les statistiques varient, terribles.
L’hécatombe, elle, persiste. Un million à 1 250 000 personnes auront péri
durant le siège. La population tombera à moins d’un million en mai 1942.
Elle sera officiellement de 637 000 âmes en mars 1943.
Envers et contre tout, Leningrad résiste. On extrait de la tourbe, pour
suppléer au charbon. Les usines, même au ralenti, continuent de produire.
Au mois d’août 1942, la XIe Armée de von Manstein*, rendue disponible
par la prise de Sébastopol*, est partiellement envoyée au sud de Leningrad.
Elle doit percer le long de la rive occidentale du Ladoga* pour parachever
l’encerclement. Les Soviétiques ont anticipé l’action. La XIe Armée s’use à
repousser une offensive sur le front du Volkhov*. Les Allemands ne
prendront jamais Leningrad*.
La Stavka* veut desserrer l’étreinte. La disparition du saillant – ou
couloir – de Schlüsselburg lui en offre la meilleure possibilité. Elle
permettrait de rétablir une liaison terrestre avec les assiégés.
Le 12 janvier 1943, l’offensive Iskra (Étincelle) est déclenchée. 67e et
2e Armée de choc, épaulées par la 8e Armée, attaquent le saillant. La
première opère depuis Leningrad*, d’ouest en est ; la seconde, depuis le
Volkhov* en sens opposé. L’objectif est non seulement de faire sauter le
verrou mais aussi de reprendre la voie ferrée dite de Kirov menant à
Stalingrad. Les Soviétiques ne ménagent ni les moyens ni le sang. 4 500
bouches à feu tonnent contre les positions allemandes. Des vagues entières
sont décimées en franchissant le glacis de la Neva gelée, entre Schlüsselburg
et Doubrouka. Pris dans l’étau, les Allemands n’ont que six divisions mais
opposent une résistance farouche. Au terme d’une semaine de combats, le 18
janvier, les deux armées soviétiques arrivent au contact à hauteur de Poselok
5 (cité ouvrière No 5) et au sud-est de Schlüsselburg.
Les Russes ont remporté un succès important. Si étroit soit-il –
une dizaine de kilomètres environ – un corridor est ouvert jusqu’à Leningrad.
Du 10 février au 31 mars, les tentatives pour l’élargir, effectuées cette fois
par quatre autres armées (42e et 55e à l’ouest ; 8e et 54e à l’est), échouent. La
XVIIIe Armée allemande s’accroche aux hauteurs de Siniavino et au sud de
Mga. La voie de Kirov ne change pas de mains.
Qu’à cela ne tienne ! Les Soviétiques se mettent à l’ouvrage et
construisent une voie ferrée le long du Ladoga*. Longue de 36 km, elle relie
Polgami à Schlüsselburg, enjambe la Neva sur un pont de fortune et se
raccorde au tronçon existant. Sur une partie du parcours, elle reste exposée
aux coups des batteries ennemies. Qu’importe ! Nitchevo (C’est la guerre) !
Le 7 février, le premier train en provenance de l’intérieur de l’URSS* entre
dans Leningrad*, exploit salué par une explosion de fierté.
Leningrad n’est pas complètement sauvée mais le ravitaillement
s’améliore. La ration de pain passe de 250 à 600 g pour les ouvriers, de 125 à
400 g pour le reste de la population Toutefois, en avril 1943, un ouvrier ne
perçoit encore par mois que 1 800 g de viande, 500 g de poisson, 200 g de
céréales, 800 g de graisse, 900 g de sucre. C’est dire la précarité des
approvisionnements.
Si les conditions de vie se sont améliorées, la misère subsiste, les
bombardements aveugles de l’artillerie allemande se poursuivent. Devant
l’amélioration générale de la situation militaire après la bataille de Koursk*,
la Stavka* décide de donner la priorité à Leningrad. Pour le renom d’une ville
qui a vu naître la Révolution. Pour le bon développement de l’effort de guerre
et le libre accès à la Baltique. Pour démontrer que l’Armée rouge* est capable
de l’emporter aussi bien dans les forêts septentrionales que dans les steppes
méridionales.
Chaque camp, de fait, se tient depuis des mois sur la défensive sur le
périmètre d’encerclement. Les Allemands, pour se prémunir d’éventuelles
contre-attaques, ont édifié de solides retranchements étalés en profondeur.
L’OKW* regarde même ces défenses comme infranchissables.
Le front, délimité par l’ultime avance allemande, sorte de large coin
enfoncé vers le Ladoga*, est favorable à une offensive soviétique. Il peut être
attaqué de face devant Leningrad ; il peut surtout être forcé sur ses ailes. À
partir du saillant d’Oranienbaum au nord-ouest, à partir de Novgorod et du
lac Ilmen au sud-est.
En septembre 1943, la Stavka* prescrit de préparer l’opération de
dégagement. Govorov*, commandant le front de Leningrad et Meretskov*,
celui du Volkhov*, se mettent à l’ouvrage. La configuration générale du front
guide leur intention de manœuvre : percer aux extrémités tout en poussant
fortement au centre. Les ailes marchantes, se rejoignant sur la Louga,
encercleront leur adversaire immédiat, la XVIIIe armée allemande. Celle-ci
serait alors assaillie de toutes parts.
Les généraux soviétiques savent qu’ils disposent d’une large supériorité
aussi bien en hommes qu’en matériel, 375 000 combattants contre 168 000,
14 300 bouches à feu contre 4 500, 1 200 chars contre 200. L’aviation
l’emporte dans les mêmes proportions. Après les terribles ponctions
supportées en 1943 par la Wehrmacht*, le formidable effort de mobilisation
de l’URSS*, et avec l’aide alliée, le rapport des forces est définitivement
inversé.
Le déclenchement était prévu pour décembre, avec l’hiver, allié
traditionnel des Russes et qui leur permet de se déplacer plus facilement
grâce à la glace des fleuves et des marécages. Les préparatifs se sont
prolongés pour acheminer les troupes. La météo de décembre s’est faite
capricieuse. Les glaces de la Neva et du lac Ilmen n’étaient pas suffisamment
solides pour supporter le passage des engins blindés. Les conditions requises
ne sont au rendez-vous que début janvier 1944.
Le 14 janvier 1944, la préparation d’artillerie se déchaîne,
impressionnante par sa densité de feu. 125 pièces au kilomètre devant
Oranienbaum, 100 au kilomètre sur le Volkhov*.
Les attaques latérales débutent simultanément avec des succès divers. La
e
2 Armée de choc dans le saillant d’Oranienbaum parvient à gagner 3 km sur
10 des fronts. La 59e, au nord de Novgorod, est moins heureuse. Elle ne
gagne que 2 km. Par contre, au sud de la ville, ayant franchi le lac Ilmen sur
la glace, elle réalise une tête de pont de 4 km.
L’assaut massif devant Leningrad intervient le lendemain. Artillerie et
flotte de la Baltique lancent 220 000 obus. Les combats sont tout de suite
acharnés surtout sur les hauteurs de Pulkovo. Les Soviétiques savent mettre
le prix. Après plusieurs jours d’une lutte intense, la Wehrmacht* se voit, le
17, par endroits, menacée d’être tournée. Des mouvements de repli
s’amorcent.
Dans l’après-midi du 19 janvier, les éléments de tête de la 2e Armée de
choc débouchant d’Oranienbaum et ceux de la 42e Armée issus de Leningrad
opèrent leur jonction au sud-est de Krasnoïe Selo (à une trentaine de
kilomètres au sud-est du centre de Leningrad*). Le succès s’accélère : deux
divisions allemandes sont balayées, 5 autres sérieusement éprouvées. Leur
artillerie n’est plus en mesure d’atteindre Leningrad*. Dans le secteur sud, la
percée est réalisée le 17. Novgorod est libérée le 20.
À la fin de janvier 1944, le cours inférieur de la Louga est atteint. Partout
la progression soviétique dépasse 100 km depuis Leningrad. Le 29, la prise
de Chudovo signifie la réouverture de la voie ferrée directe Moscou-
Leningrad.
Un siège de 900 jours, le plus long de l’histoire moderne, a pris fin. Avec
lui cesse le terrible holocauste : 900 000 victimes, minimum, de la famine, du
froid, des bombardements. Des palais, des églises, des immeubles, des
maisons, des usines sont détruits. À Pouchkine, le célèbre palais de la Grande
Catherine a été dévasté. A Peterhof, le petit Versailles sur mer est dans le
même état.
La résistance de la ville, comme celle de Stalingrad*, l’offensive à
nouveau victorieuse de l’Armée rouge confortent l’image de l’URSS*. Elles
sont largement célébrées. Leningrad se voit décerner l’ordre de Lénine.
470 000 citoyens reçoivent la médaille pour la défense de Leningrad. Les
Alliés* ne sont pas en reste : le 17 mai, le président Roosevelt* adresse à la
cité un message de félicitations analogue à celui dont il avait honoré
Stalingrad*.

LE O 451
Lioré et Olivier 451.
Certainement le meilleur bombardier français de 1940, mais sorti trop
tard. Ce bimoteur fut fabriqué à 350 exemplaires avant l’armistice franco-
allemand. 150 autres fabriqués ensuite servirent dans l’aviation française de
Vichy*.
Vitesse : 500 km/h ; autonomie : 2 300 km ; armement : 1 canon de
20 mm, 2 mitrailleuses, 2000 kg de bombes ; équipage : 4 hommes.

LÉOPOLD III
(1901-1983). Roi des Belges.
Successeur de son père, le roi-chevalier Albert Ier, le 23 février 1934, le
nouveau souverain – comme le gouvernement belge – mène une politique
ambiguë. Il affirme la neutralité belge, lance des appels en faveur de la paix,
tout en comptant sur le soutien franco-britannique. Cette dualité ne permet
pas à la France* de préparer sérieusement sa riposte militaire en cas
d’invasion de la Belgique*. On le constatera cruellement, avec la manœuvre
Dyle*, après le 10 mai 1940.
Son armée bousculée, son pays envahi, le roi refuse de quitter la
Belgique* et de suivre le gouvernement en exil, s’affirmant solidaire de son
peuple. Dans la nuit du 27 au 28 mai 1940, en tant que commandant en chef,
il ordonne à ses troupes de cesser le combat, lui-même se regardant comme
prisonnier. Cette décision, à caractère humanitaire, contestée par la classe
politique, lui sera toujours reprochée. Sur-le-champ, elle découvre une partie
du front franco-britannique.
Après le débarquement allié en Normandie*, le 7 juin 1944, le roi et les
siens sont transférés en Allemagne*. Libérés par les Américains, le 7 mai
1945, ils partent alors pour un exil en Suisse*.
La question royale est posée et divise l’opinion publique belge. Le
20 septembre 1945, le Parlement, dans une Belgique* libérée, élit le prince
Charles, frère de Léopold III, comme régent. Le 15 mars 1950, les élections
donneront au roi une large majorité (57,68 % des voix). Devant l’opposition à
sa personne, Léopold III déléguera ses pouvoirs à son fils Baudouin et
finalement abdiquera en sa faveur le 1er juillet 1951.

LE RAY, ALAIN
(1910-2007). Officier et résistant français.
Fait prisonnier le 9 juin 1940 après de durs combats, cet alpiniste de haut
niveau réussit, l’année suivante, l’exploit de s’évader de Colditz*.
Entré dans la Résistance*, est l’organisateur et le premier chef militaire
du Vercors* jusqu’en janvier 1944. Commande ensuite les FFI* de l’Isère,
puis une demi-brigade de chasseurs dans les Alpes durant l’hiver 1944-1945.
Général de corps d’armée. Grand-Croix de la Légion d’honneur.

LE TROQUER, ANDRÉ
(1884-1963). Homme politique français.
Pour les Français des années cinquante, Le Troquer est le héros de la
sulfureuse affaire des Ballets roses.
Pour les anciens du CEF*, il est le Commissaire à la guerre du CFLN*
qui, apprenant l’héroïsme des combattants d’Italie*, déclare :
« Faut-il qu’ils en aient à se faire pardonner pour avoir accompli tout
cela ! »
Propos qui illustrent bien les clivages de l’époque entre gaullistes et non-
gaullistes et le sectarisme de certains. Résistant, ayant gagné Alger, Le
Troquer est Commissaire à la guerre du CFLN* du 9 novembre 1943 au
4 avril 1944. Lors du procès Pétain*, en août 1945, il demandera que le
Maréchal, avant d’être exécuté, soit dégradé publiquement par un soldat de 2e
classe.

LETTONIE
Pays central des États baltes*, la Lettonie partage le sort commun.
Après le pacte de non-agression germano-soviétique, elle doit supporter
le stationnement de troupes soviétiques avant l’invasion brutale de l’Armée
rouge* en juin 1940. Elle vit alors, jusqu’au déclenchement de Barbarossa*,
sous la férule moscovite avec son régime de terreur et de déportations. Le
5 août, la Lettonie devient officiellement une République socialiste de
l’URSS*.
L’invasion allemande la place sous la tutelle du Reich Commissariat
Ostland* dirigé par Alfred Rosenberg*. La police et l’armée passent sous
autorité allemande. Une division SS*, qui trouve des volontaires par haine du
communisme, est recrutée et part sur le front de l’Est*. La population juive,
regroupée dans le ghetto de Riga, est presque intégralement exterminée. Il y
avait 95 000 Juifs en Lettonie en 1939. Il n’y en aura plus que 12 000 en
1947.
Le retour de l’Armée rouge* en 1945 ramène le régime de terreur de
1940 avec ses déportations, la collectivisation des terres agricoles et un afflux
d’émigrants russes.

LEV (LEGION ESPANOLO DE VOLUNTARIOS)


Unité de volontaires espagnols, issus de la Division Azul*, lorsque celle-
ci fut rappelée en Espagne* en 1943. Forte d’environ 1 500 hommes, sous les
ordres du colonel Antonio Navarro, elle opère d’abord contre les partisans,
puis est rattachée à une division allemande en décembre 1943. Ayant
participé à la retraite consécutive à la fin du siège de Leningrad*, elle reçoit,
en février 1944, ordre de rentrer en Espagne*. Des irréductibles constituent
un bataillon rattaché à la 28e Division SS Wallonie* et comptent parmi les
derniers défenseurs de Berlin*.

LEWIS
Mitrailleuse britannique surtout utilisée sur véhicules ou navires.
Poids : 11,8 kg ; longueur :1,283 m ; calibre : 7,7 mm : alimentation :
chargeur à tambour tournant de 47 ou 97 coups.

LEXINGTON
Porte-avions américain sorti en 1934.
Longueur : 235 m ; tonnage : 50 000 tonnes ; vitesse : 35 nœuds ; avions :
91 ; équipage : 2 122 officiers et marins. Celui qui était souvent appelé Lady
Lex est coulé durant la bataille de la mer de Corail*, le 8 mai 1942.

LEY, ROBERT
(1890-1945).
Chef du service du travail obligatoire, organise la déportation vers
l’Allemagne* des travailleurs européens.
Interné à Nuremberg*, se suicide le 25 octobre 1945, avant l’ouverture
des débats.

LEYTE, BATAILLE NAVALE DE


Opérations contre Morotai et les Palaos*, renseignements obtenus par
l’observation aérienne, tout concorde.
À la mi-octobre 1944, Tokyo ne doute plus que la prochaine attaque
américaine n’intervienne contre les Philippines*. Le plan Sho-Go* devient
exécutoire dans sa variante Sho-1* destinée à apporter la victoire dans les
Philippines*.
Les Japonais aiment la notion d’appât. À l’annonce de l’irruption
ennemie dans les Philippines*, une flotte de porte-avions quasiment
inutilisable, faute d’aviation embarquée, descendra de la mer Intérieure vers
le sud, avec pour mission d’attirer à elle l’essentiel de la flotte américaine.
Durant ce temps, le gros des navires de guerre convergera vers les plages de
débarquement pour encercler et détruire les transports américains et leur
escorte dans une gigantesque tenaille. Le choc produit par la destruction de
leurs moyens de débarquement et de leur tête de pont devrait contraindre
Washington à renoncer à l’invasion des Philippines*.
Pour l’appât, Ozawa*, outre 4 porte-avions, dispose de 4 cuirassés, 3
croiseurs légers, 10 destroyers. Partant de la région de Singapour, Kurita*
formera la branche nord de la tenaille avec 10 croiseurs lourds, 2 croiseurs
légers, 16 destroyers et surtout 5 cuirassés dont les redoutables Yamato* et
Musashi*. La branche sud sera constituée par les forces de Nishimura (2
cuirassés, 1 croiseur léger, 4 destroyers) et Shima (2 croiseurs lourds, 1
croiseur léger, 7 destroyers). Certes, cuirassés et croiseurs représentent une
puissance de feu considérable. Les transports qui tomberont sous leur feu
seront pulvérisés. Mais la guerre du Pacifique* a enseigné que la bataille sur
mer se gagne à partir du ciel.
La bataille navale qui va s’engager, au large de Leyte éclipse par les
moyens mis en œuvre la célèbre bataille du Jutland du 31 mai 1916. Elle est
loin de répondre aux trois unités de la tragédie classique : lieu, temps, action.
Échelonnée sur plusieurs jours, dispersée sur des centaines de kilomètres
carrés, elle verra quatre engagements principaux :
— dans la mer de Sibouyan*,
— dans le détroit de Surigao*,
— au large du cap Engano*,
— devant Samar*.
Les 24 et 25 octobre 1944 en seront les journées décisives.
Les rencontres, Sibouyan*, Surigao*, Engano*, Samar*, se soldent par
des succès pour les Américains, mais dans la journée du 25 apparaît pour eux
un péril nouveau : les kamikazes*.
Au soir du 25, le bilan de ces attaques suicides inattendues est lourd : le
porte-avions Saint-Lo, trop sévèrement touché, a dû être abandonné ; les
porte-avions Santee, Suwannee, Kalinin Bay, sont gravement endommagés, 3
autres plus légèrement.
Ces pertes n’estompent pas le reste. La bataille navale de Leyte s’achève
en désastre pour le Japon*. La flotte impériale a cessé d’exister. Elle a perdu
306 000 tonnes, soit 3 cuirassés, 4 porte-avions, 10 croiseurs et 9 destroyers.
L’aviation est décimée. Les Philippines* sont menacées d’être envahies
complètement, mettant le Japon lui-même en première ligne. Les Américains,
avant l’intervention des kamikazes*, n’ont perdu qu’un porte-avions léger,
2 porte-avions d’escorte et 3 destroyers.
C’est dire que l’extension de l’action kamikaze* s’impose comme seul
recours pour les Japonais.
LEYTE, RECONQUÊTE DE
Fin juillet 1944, Roosevelt*, à Pearl Harbor*, a concilié les points de vue,
avec une préférence toutefois pour l’opinion de MacArthur*.
Celui-ci aura son débarquement dans les Philippines*. Nimitz* épaulera
son collègue, tout en intensifiant son action navale et aérienne contre le
Japon* lui-même.
MacArthur* peut donc frapper dans les Philippines*, en commençant au
centre très exactement, dans l’île de Leyte jugée peu défendue.
Le débarquement sur Leyte a été fixé au 20 octobre 1944. Le 10, la
bataille s’engage pour l’isoler et briser les défenses éloignées. Les B-29*
basés en Chine* attaquent Formose* ; les bombardiers basés à Biak*,
Morotai et en Nouvelle-Guinée, s’en prennent à Mindanao* au sud de Leyte.
La IIIe flotte, avec un millier d’avions décollant des porte-avions, entre en
action contre Luçon*, Formose*, Okinawa*. Tout, défenses, aviation, est pris
à partie. Le potentiel japonais se lamine : plus que 300 avions à Formose, 150
dans les Philippines*, 100 sur les porte-avions.
La force d’invasion de MacArthur* est considérable. La VIe Armée du
général Krueger*, chargée de la conquête terrestre, compte plus de 200 000
hommes. Elle est convoyée et protégée par la VIIe flotte de l’amiral Kinkaid*,
forte de 100 navires de guerre, 500 transports et 500 avions. La IIIe flotte du
Pacifique de Halsey*, relevant de Nimitz*, couvre l’opération à distance avec
100 navires de guerre supplémentaires et un millier d’avions. Enfin, le
général Kenney, qui commande les forces aériennes d’Extrême-Orient,
apporte le concours de ses 2 500 chasseurs et bombardiers.
MacArthur est ponctuel au rendez-vous de Leyte, le 20 octobre à l’aube.
Le Xe CA débarque dans le golfe de Leyte, non loin de Tacloban, le chef-lieu,
le XXIVe CA un peu plus au sud vers Dulag. Mise à terre, progression vers
l’intérieur se déroulent dans de bonnes conditions. Au soir du 20, 60 000
hommes seront débarqués, l’aérodrome de Tacloban occupé. La tête de pont
atteindra 2 km de profondeur sur 16 de large. Les Japonais, refusant le
combat sur le rivage, établissent leurs lignes de défense en retrait dans les
collines.
À 13 h, une vedette a mené MacArthur* au rivage. L’évadé de
Corregidor* revient pour tenir son serment : « Je reviendrai ! » Il le clame
aussitôt aux micros qui se tendent vers lui :
« Peuple des Philippines*, je suis revenu ! » À ses côtés, le président
Osmena*, successeur de feu Quezon*. La libération des Philippines* est
amorcée. Elle n’est pas pour autant terminée.
Il faudra se battre sur mer (voir Leyte, bataille navale de).
Il faudra se battre sur terre.
Fin octobre, la mousson survient avec ses pluies torrentielles. Avec les
intempéries, les Américains perdent leur supériorité en blindés et avions. De
leur côté, les Japonais se renforcent. À la fin de novembre, ils seront 70 000
contre 180 000 Américains et les kamikazes* ne cesseront de se manifester.
Sous les trombes d’eau, l’avance reste lente. Le Xe CA finit par tenir la
vallée de Leyte et le XXIVe le sud de l’île, mais Suziki, qui commande la 35e
Armée japonaise, se défend vigoureusement dans la partie centrale, ravitaillée
par le petit port d’Ormoc. Il tente même de reprendre l’initiative. Un petit
détachement de 305 parachutistes est largué sur l’un des terrains d’aviation
indispensables aux Américains. Après quelques succès ponctuels, ces braves
seront assez vite neutralisés.
Pour précipiter le dénouement, Krueger* décide de frapper sur la façade
occidentale. Le 7 décembre, la 77e DI débarque un peu au sud d’Ormoc. Elle
occupe la ville le 10, tandis que le Xe CA fait pression au nord. Le
21 décembre, la jonction est réalisée entre la 77e DI et la 1ère division de
cavalerie du Xe CA. La défense japonaise est désorganisée et coupée de
l’extérieur.
Le jour de Noël, MacArthur* annoncera la fin de la résistance,
déclaration passablement prématurée. Quatre mois seront nécessaires pour
éliminer les derniers irréductibles.
Au terme de la bataille, 68 000 Japonais auront été tués ou auront
succombé à la famine et aux maladies. Un millier auront pu s’échapper ; 400
seulement se seront rendus. La prise de Leyte s’achève, comme les
précédentes, par l’anéantissement total d’un adversaire toujours aussi
opinîatre. Les Américains compteront 3 500 tués et 12 000 blessés.
Cette conquête de Leyte permet à MacArthur* d’envisager la suite dans
les Philippines*. L’occupation de Mindoro* a commencé le 15 décembre et
procure trois bons aérodromes. La suite s’appellera donc Luçon*.

LEZAKY
Village martyr de Tchécoslovaquie*.
Un radio du commando chargé d’exécuter Heydrich* s’y étant abrité, le
village est rasé par les Allemands le 24 juin 1942. Ses habitants, 18 femmes
et 11 hommes, sont massacrés. Les enfants déportés ne survivront pas, sauf
deux.

L’HERMINIER, JEAN
(1902-1953). Capitaine de vaisseau français.
Ancien de l’École navale, spécialiste des sous-marins, après avoir
participé aux batailles de Norvège* et de Dakar* sur le croiseur Montcalm,
commande le 27 novembre 1942 le sous-marin Casabianca* à Toulon*.
Réussit à faire sortir son bâtiment de la rade et à gagner Alger. Avec son
Casabianca*, il effectuera ensuite plusieurs missions spéciales au profit de la
Résistance* corse avant de devoir quitter son commandement pour raisons de
santé.
S’est affirmé, avec Bertrand de Saussines et Honoré d’Estienne d’Orves*,
l’une des plus hautes figures de la Marine nationale de la Seconde Guerre
mondiale.
Grand-Croix de la Légion d’honneur.

LIBÉRATION
Pour les pays occidentaux, fin de l’occupation par un pays de l’Axe*.
En Europe de l’Est*, Libération signifiait généralement remplacement
d’une occupation par une autre occupation. C’est particulièrement vrai pour
la Pologne* et les États baltes*.

LIBÉRATION, COMPAGNON DE LA
Titre accordé aux titulaires de la Croix de la Libération*.
Sur les 1 038 civils ou militaires Compagnons, on compte :
— des fidèles de la première heure : Éboué, Leclerc*, Monclar*,
Koenig*, d’Argenlieu*, Muselier*, Passy*, de Larminat*, Sautot, Catroux*,
— des soldats héroïques : Amilakvari*, Broche, Ceccaldi, Amyot
d’Inville, Brunet de Sairigné, Château-Jobert, d’Estienne d’Orves*, Laurent-
Champrosay, Tulasne*, Zirnheld*, Bergé* ;
— des résistants : Jean Moulin*, Georges Bidault*, général Delestraint*,
Rémy*, de Bénouville, Pierre Brossolette, Frenay*, Guingouin*, Rol-
Tanguy*, Chavant, Ingrand, Noireau, Romans-Petit, Touny ;
— quelques anciens de l’armée de l’armistice : Béthouart*, de Lattre* de
Tassigny, Monsabert*, Jousse, Tom Morel* ;
— quelques personnalités étrangères : Winston Churchill*, général
Eisenhower*, George VI* ;
— six femmes, dont Bertie Albrecht, héroïne de la Résistance*.
Certains noms peuvent surprendre : Malraux, Mohammed V. Quelques
absences aussi : Marie-Madeleine Fourcade*, commandant Faye... On peut
s’étonner également de ne pas y trouver le nom du général Giraud*.
Les 18 unités militaires Compagnon sont :
Le BM 2, la 13e DBLE*, le BIMP, le RMT, le 2e RIC, le 1er RAC, le 1/3e
RAC, le 1er RSM, le 501e RCC pour l’armée de terre.
La 1ère escadrille de chasse, le régiment Normandie-Niémen*, le 2e
RCP*, le groupe Lorraine, le groupe Île-de-France, le groupe Alsace pour
l’armée de l’air.
Le sous-marin Rubis, la corvette Aconit, le 1er RFM* pour la Marine.
Cinq communes de France sont également Compagnon :
Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors*, l’Île-de-Sein.

LIBÉRATION, CROIX DE LA
Elle se présente sous la forme d’un écu en bronze poli rectangulaire de
33 mm de haut sur 30 mm de large portant un glaive de 60 mm sur 7 mm.
La lame du glaive est chargée d’une Croix de Lorraine. Au verso est
inscrit : Patriam Servando Victoriam Tulit (En servant la patrie, il apporta la
victoire.)
Le ruban est de couleur verte, rayé de deux filets noirs et bordé de deux
bandes cinq fois plus épaisses.
La Croix de la Libération se porte immédiatement après la Légion
d’honneur.

LIBÉRATION, ORDRE DE LA
Ordre créé le 16 novembre 1940, à Brazzaville*, par le général de
Gaulle* et « destiné à récompenser les personnes ou les collectivités
militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de la Libération* de
la France* et de son Empire ».
Ses membres porteront le titre de Compagnon de la Libération*.
Un décret du 23 janvier 1946 déclara closes les promotions dans l’Ordre
de la Libération. Celles-ci n’étaient accordées que par le chef de la France
libre*.
Furent promus : 1 038 civils ou militaires, 18 unités militaires, 5
communes.
Cet ordre prestigieux est condamné à s’éteindre. Pour lui permettre de
subsister a été instituée en 1996 une fourragère aux couleurs de l’Ordre de la
Libération, remise aux unités de l’armée française titulaires de la Croix de la
Libération ou héritières du patrimoine des unités Compagnons. Surtout, le
26 mai 1999, une loi a créé le Conseil national des Communes Compagnons
de la Libération qui aura mission d’assurer les traditions de l’ordre, d’en
conserver la mémoire. Il sera composé des maires en exercice des cinq
communes et d’un délégué national nommé pour quatre ans par le président
de la République.

LIBERATOR
(voir B 24)

LIBERIA
Ce pays de l’ouest africain peu peuplé, (les estimations de 1939 donnent
de 12 000 à 20 000 habitants), fournit, à partir de 1942, des bases militaires
aux États-Unis* et déclare la guerre à l’Allemagne* et au Japon* en janvier
1944.

LIBERTÉ, VOIE DE LA
Axe routier, matérialisé après la guerre par des bornes kilométriques,
allant de Sainte-Mère-Église* à Bastogne*. Il symbolise ainsi la chevauchée
de la 3e Armée du général Patton* en 1944-45.
LIBERTY SHIP
Cargo américain lancé à partir de 1941 à cadence accélérée.
Un Liberty Ship est construit en cinq jours en moyenne. 2 710 le sont
durant la guerre et permettent d’assurer le transit Amérique-Grande-
Bretagne* et dans le Pacifique*. Ils allient simplicité et rusticité avec parfois
quelques variantes de fabrication suivant les chantiers. La bataille de
l’Atlantique* a pu être gagnée grâce à eux et ils furent surnommés les cargos
de la victoire.
Tonnage : 7 126 tonnes, 14 245 tonnes en charge ; vitesse : 11 nœuds ;
longueur : 127 m ; armement : 8 canons de 20 mm, un de 76 mm à la proue,
un de 127 à la poupe ; équipage : 50 hommes plus 30 canonniers.
Un Liberty Ship avec une seule cheminée et trois mâts est parfaitement
identifiable.

LIBYE
Colonie italienne d’Afrique du Nord.
900 000 habitants en 1939, dont 10 % d’immigrés italiens résidant
essentiellement dans les villes côtières. Les deux provinces de Tripolitaine et
surtout de Cyrénaïque sont le théâtre des campagnes du désert occidental de
juin 1940 à janvier 1943, date de l’éviction des forces de l’Axe*. Mohammed
Idriss, chef de la confrérie senoussie, en exil au Caire, se range en 1940 aux
côtés des Alliés* et lève des troupes destinées à combattre avec les
Britanniques. C’est lui qui, en 1950, deviendra le premier monarque du pays
sous le nom d’Idriss Ier.

LIBYE, CAMPAGNE DE
Il serait plus approprié de parler de campagne d’Égypte*-Libye* puisque
les combats de 1940 à 1943 se déroulent aussi bien en Égypte* qu’en Libye*.
Les Britanniques, parlent de campagnes du Western Desert*, désignant par là
l’immense étendue de rocaille et de sable allant du Nil à la Tunisie*.
Cette campagne est une série d’aller-retour des belligérants se terminant
avec la victoire d’El-Alamein* et le repli définitif des forces de l’Axe* sur la
Tunisie*.
Le 10 juin 1940, avec la déclaration de guerre de l’Italie* à la France* et
à la Grande-Bretagne*, Italiens et Britanniques se retrouvent face à face de
part et d’autre de la frontière Égypte*-Libye*.
— Les Italiens de Graziani* déclenchent les hostilités. Du 13 au
16 septembre 1940, ils pénètrent en Égypte* et s’installent à hauteur de Sidi
Barani, à 80 km à l’est de la frontière.
— Les Britanniques de Wavell* réagissent le 9 décembre. En quelques
semaines, le général O’Connor* occupe la Cyrénaïque et fait 130 000
prisonniers italiens. Le 7 février 1941, il atteint El Agheila, prêt à marcher sur
Tripoli. Un ordre de Churchill*, suite à la situation en Grèce*, l’arrête.
— Inquiet de la déconfiture africaine de son partenaire Mussolini*,
Hitler* envoie Rommel* avec des renforts allemands en Afrique. Le 24 mars
1941, à peine débarqué, Rommel* contre-attaque. Le 15 juin, les troupes
germano-italiennes (Afrika Korps*) sont de retour sur la frontière de
l’Égypte*.
— Le 18 novembre 1941, les Britanniques lancent l’opération Crusader*.
Le 31 décembre 1941, les Allemands se retrouvent à El Agheila, leur point de
départ.
— Rommel* repart vers l’est, le 21 janvier 1942, pour une série de
victoires ponctuées par la chute de Tobrouk*. Auchinleck* sauve la situation
par la première victoire d’El-Alamein*. Mais il déplaît à *Churchill*.
*Montgomery*, fortuitement, le remplace.
— Fort d’une terrible supériorité, Montgomery* remporte la seconde
victoire d’El-Alamein* (23 octobre-3 novembre 1942). Rommel*, épuisé, se
replie sur la Tunisie* mais El-Alamein* est une victoire inachevée.
Montgomery*, par crainte d’être battu, laisse son adversaire s’échapper. Le
21 mars 1943, les Britanniques sont devant la ligne Mareth*. Ils ont gagné la
campagne de Libye.
Les FFL* ont participé à ces combats. Ils furent surtout à Bir-Hakeim*,
permettant aux Britanniques de gagner du temps pour organiser leur défense.
(Voir aussi Cyrénaïque, campagne de, Alam Halfa, bataille d’.)

LIDICE
Commune de 500 habitants, à 25 km au nord-ouest de Prague.
Sous prétexte d’avoir abrité les auteurs de l’attentat contre Reinhard
Heydrich*, le village est rasé et nivelé, la population mâle (184 personnes)
exécutée, les femmes (255) sont déportées à Ravensbrück*, les enfants
dispersés. Les villages de Lezky, Svermovo et Javoricko connaîtront le même
sort, le 20 juin.
Survenue le 10 juin 1942, deux ans jour pour jour avant le massacre
d’Oradour-sur-Glane* en France*, la tragédie de Lidice s’affirme l’un des
témoignages les plus horribles de la barbarie nazie.

LIECHTENSTEIN
La petite principauté (160 km2, 20 000 habitants) reste neutre durant la
guerre sous protection suisse.
Certains de ses ressortissants s’engageront dans la division SS Wiking*.

LIGNE
Curzon : voir Curzon.
Des Goths : voir Goths.
Gneisenau : voir Gneisenau.
Gothique : voir Gothique.
Gustav : voir Gustav.
Hitler : voir Hitler, ligne.
Hiver : voir Hiver.
Maginot : voir Maginot.
Mareth : voir Mareth.
Oder-Neisse : voir Oder-Neisse.
Shuri : voir Shuri line.
Siegfried : voir Siefgried.

LILA, OPÉRATION
Nom de code de l’opération allemande visant, dans la nuit du 26 au
27 novembre 1942, à s’emparer de la flotte française ancrée à Toulon* (voir
Sabordage de la flotte française).

LIMPET, MINE
Charge explosive pouvant être plaquée par magnétisme sur une paroi en
acier.
Cette mine, conçue par le MD 1*, est fabriquée à plus de deux millions et
demi d’exemplaires (un million fut expédié en URSS*). Elle est largement
utilisée par les hommes-grenouilles, les canoéistes et les commandos du
SAS*.

LINGE, HEINZ
(1913-1980).
Majordome de Hitler* à Rastenburg, puis dans le bunker* de Berlin qu’il
sera l’un des derniers à quitter.
Après la guerre, restera 10 ans en captivité en URSS*. Son témoignage
est précieux pour la connaissance de la vie intime et des ultimes moments du
Führer*.

LIPPERT, LUCIEN
Officier belge.
Kommandeur de la Légion SS Wallonie*, est tué le 13 avril 1944 à Novo-
Buda.

LIST, WILHELM VON


(1880-1971). Maréchal Général allemand.
Commande la 14e Armée en Pologne* en 1939 et la 12e Armée en
France* en 1940.
Promu maréchal en juillet 1940, conquiert la Grèce* durant la campagne
des Balkans* en 1941. À la tête du groupe d’armées A dans le Caucase en
1942. Mis à la retraite fin 1942 devant l’échec de la marche au Caucase.
Condamné à la réclusion à perpétuité après la guerre, est libéré pour raisons
de santé en 1952.

LITTLE BOY
Nom de code de la première bombe atomique à uranium 235, larguée le
6 août 1944 sur Hiroshima*.
Poids : 4 037 kg ; longueur : 3,2 m ; diamètre : 0,71 m. Elle se présente
sous la forme d’un cylindre terminé par un cône supportant les ailettes.
Son transport sera assuré par un B-29 Superfortress* (voir Enola Gay).

LITUANIE
Le plus méridional et le plus vaste des trois États baltes* (65 000 km2).
Partage durant la guerre le sort des deux autres États : occupation
soviétique, allemande, puis de nouveau soviétique. Après des élections
truquées, la Lituanie, le 3 août 1940, est proclamée République socialiste de
l’URSS*. Sous l’occupation allemande, sa population juive est
particulièrement éprouvée. Elle passe de 155 000 à 20 000.
Avec le retour de l’Armée rouge* à la fin de 1944, la Lituanie jusqu’en
1990 redevient une République socialiste de l’URSS*. La guérilla
antisoviétique (près de 40 000 partisans) se poursuivra jusqu’au début des
années 1950, tandis que les déportations vers la Sibérie s’intensifieront.

LITVINOV, MAKSIM
(1876-1951). Homme politique et diplomate
soviétique.
Commissaire du peuple aux Affaires étrangères, est, en mars 1939,
remplacé par Molotov* car jugé antinazi et trop favorable aux Occidentaux et
devient simple vice-commissaire.
En novembre 1941, est nommé ambassadeur à Washington où il restera
jusqu’en 1943. Négocie, à ce titre, le traité d’assistance américano-soviétique
de juin 1942. À son retour à Moscou, n’occupera plus que son poste de vice-
commissaire aux Affaires étrangères.

LMG TYPE 99
En japonais : Shiki Kikanju.
Fusil mitrailleur japonais ayant remplacé à partir de 1939 le type 96 au
calibre jugé trop faible (6,5 mm). Arme sûre et efficace mais coûteuse à
fabriquer.
Poids : 10,4 kg ; longueur : 1,190 m ; chargeur de 30 coups ; cadence
théorique : 800 coups/minute ; calibre : 7,7 mm.
Les Japonais font un grand usage de leurs mitrailleuses. Un bataillon
d’infanterie possède, en principe, 36 mitrailleuses légères et 8 mitrailleuses
moyennes.

LOFOTEN, COMMANDO CONTRE LES


Les îles Lofoten, au large de la Norvège* septentrionale et un peu au sud-
ouest de Narvik*, ont été occupées par les Allemands.
Ils en tirent des poissons frais ou surgelés, et surtout des quantités
appréciables d’huile de morue et de hareng. Cette huile est utilisée à la
fabrication de vitamines A et D pour l’armée et de glycérine pour les
explosifs.
Les 4 mars et 29 décembre 1941, les commandos britanniques lancent des
raids sur ces îles. Ces raids leur permettent de détruire les installations
existantes, de ramener des prisonniers allemands et des Norvégiens
volontaires pour rejoindre les Forces norvégiennes libres, et surtout peut-être
de se faire la main et de tirer des enseignements. Ils sont aussi l’occasion –
heureuse – d’obtenir des renseignements précieux pour décrypter Enigma*.

LÖHR, ALEXANDER
(1885-1947). Général allemand.
Général d’aviation, commande une flotte aérienne durant les campagnes
de Pologne* et des Balkans*.
Se bat ensuite sur le front de l’Est* après avoir dirigé l’opération
Merkur* contre la Crète*. En juillet 1942, est nommé commandant en chef
sud-est, puis en janvier 1943 du groupe d’armées E en Grèce* et mer Égée.
Fait prisonnier par les partisans de Tito* lors de la retraite de ses troupes en
1945, condamné à mort, il est exécuté.
A été, avec Kesselring*, le seul officier de la Luftwaffe* à commander un
théâtre d’opérations.

LORRAINE, GROUPE
Groupe de bombardement, officiellement des Forces aériennes françaises
libres*, créé à Damas le 24 septembre 1941 sous les ordres du commandant
Corniglion-Molinier.
Il est l’héritier du Groupe réservé de bombardement constitué en octobre
1940 et ayant entre autres appuyé Leclerc* devant Koufra*.
Équipé de bombardiers Blenheim* britanniques, il participe à la
campagne de Libye*. En octobre 1942, il rejoint la Grande-Bretagne*,
perçoit des bombardiers Boston* et se spécialise dans le bombardement de
nuit. S’implante en France* le 17 octobre 1944 et termine la guerre avec des
B-25* d’origine américaine.
Unité Compagnon de la Libération*, ayant perdu 127 des siens (soit le
double de son effectif normal). 54 membres du groupe Lorraine sont
également Compagnon de la Libération*.

LOVAT, SHIMI
(1911-1999). Général britannique.
Ce Lord écossais, avec sa silhouette de chasseur de grands fauves,
accompagné de son célèbre piper Bill Millin, reste une figure légendaire des
commandos britanniques.
Après 6 années d’armée, revient à la vie civile en 1938. En décembre
1940, rejoint le commando No 4 dont il deviendra le chef en janvier 1942.
Promu général de brigade le 23 avril 1943, prendra le commandement de la
1ère brigade spéciale de commandos.
Sera à Dieppe*, puis en Normandie*, où il sera grièvement blessé.
Distinguished Service Order.

LRDG (LONG RANGE DESERT GROUP –


GROUPE DU DÉSERT À LONG RAYON
D’ACTION)
À l’été 1940, R. A Bagnold, officier spécialiste des longues randonnées
dans le désert, est affecté à l’état-major du général Wavell* au Caire. Il avait
jadis préconisé, sans succès, la création d’une colonne du désert. Il en reparle.
L’actualité lui donne raison. Wavell* l’écoute et l’approuve. Le 27 août 1940,
la première colonne est prête. Les véhicules sont des camions Bedford,
châssis haut, à larges pneus, charge utile 1 500 kg. Les hommes, tous
volontaires, sont en majorité au départ des Néo-Zélandais.
Point heureux, le LRDG* est bien équipé en armement : canons de
20 mm Bofors* ou Breda, mitrailleuses Lewis*, fusils et pistolets. Il peut
faire parler la poudre, y compris contre les avions, car pour lui le premier
danger surgit du ciel.
L’eau, le carburant représentent les impératifs de base. Des déplacements
de 1 800 kilomètres aller-retour depuis les bases égyptiennes supposent de ne
pas partir les mains vides. Cette nécessité conduira à installer des bases relais
à l’intérieur même du désert libyen. En s’emparant de Koufra* le 1er mars
1941, le Français Leclerc* rend un grand service au LRDG*. Koufra*, à 900
km au sud de Tobrouk*, servira longtemps de grande base arrière. Il y en
aura d’autres : Siouah, Djarabub, Jalo, encore plus à l’ouest. Les avances
allemands contraindront par moments à abandonner ces oasis, points de
départ et de retour si précieux.
Doté de surcroît de puissants moyens de liaison radio, le LRDG* s’avère
parfaitement adapté à des missions diverses : transporter des agents, tendre
des embuscades, miner des itinéraires, transmettre des renseignements,
secourir des aviateurs accidentés, etc. Presque continuellement éclaté en
petits détachements, il agit en véritable commando sur les arrières adverses.
C’est lors d’un coup de main avec le LRDG, le 11 janvier 1941, contre la
garnison italienne de Mourzouk*, que sera tué le colonel français Colonna
d’Ornano*.
Le LRDG et le SAS* travailleront la main dans la main. Le premier a la
possibilité de déposer les gens du SAS* à courte distance de leurs objectifs,
de les récupérer et de les ramener à bon port.
La fin de la campagne de Libye* marquera évidemment la fin du
LRDG*. Ses membres iront constituer des unités de raids.

LSD (LANDING SHIP DOCK)


Navire ravitailleur amenant à pied d’œuvre LVT* et LCVP* lors des
opérations amphibies.
Déplacement : 7 800 tonnes ; vitesse maximum : 16 nœuds ; équipage :
290 hommes ; capacité de transport : 1 500 tonnes et 263 hommes.
LST (LANDING SHIP TANK)
Navire de débarquement. Vitesse : 12 nœuds ; équipage : 98 marins ;
capacité de transport : 18 chars de 30 tonnes, 217 combattants.

LUBLIN, COMITÉ DE
C’est à Lublin, ville à 150 km au sud-est de Varsovie*, libérée le
23 juillet 1944 par l’Armée rouge*, que s’installe, le 26 juillet, le Comité
Polonais de Libération Nationale créé le 22 juillet et plus connu sous le nom
de Comité de Lublin.
Il se présente comme l’émanation d’un Conseil du Peuple de Pologne*
qui aurait été créé à Varsovie le 1er janvier 1944 par les partis démocratiques
et groupes armés combattant contre l’occupant allemand. Fort de
17 membres, hommes de paille des Soviétiques, ce Comité est dirigé par
Boleslav Bierut*, ancien agent du Komintern. Il se pose directement en rival
du gouvernement polonais en exil de Londres. Le 31 décembre 1944, Moscou
le reconnaîtra comme Gouvernement provisoire de la République Polonaise.
Son existence, sa servilité devant les directives du Kremlin, ses prétentions à
gouverner la Pologne libérée*, constitueront un gros point de friction entre
Moscou et les Occidentaux. Finalement, placés devant le fait accompli, la
Grande-Bretagne* et les États-Unis*, le 5 juillet 1945, finiront également par
le reconnaître.

LUÇON, LIBÉRATION DE
Le 1er janvier 1945, Leyte* et Mindoro* libérées, MacArthur* peut se
tourner vers Luçon, la principale île des Philippines* avec ses 105 000 km2.
Une vraie victoire ne peut se signer qu’à Manille* et Corregidor* pour
effacer l’affront de 1942.
À Pearl Harbor*, fin juillet 1944, le commandant en chef du Pacifique*
sud-ouest a obtenu l’adhésion de Roosevelt* à ses plans de Libération des
Philippines*. Le 10 décembre 1944, les chefs d’état-major américains lui ont
donné leur accord pour l’opération Luçon. Battant immédiatement le fer, il a
annoncé un débarquement pour le 9 janvier 1945.
Pour s’en prendre à la forteresse Luçon, il dispose de solides moyens
terrestres, navals et aériens. La VIe Armée du général Krueger* aligne
200 000 hommes en premier échelon et quelques dizaines de milliers d’autres
en réserve. (La VIIIe Armée du général Eichelberger* nouvellement formée
peut également apporter son concours.) La VIIe flotte de l’amiral Kinkaid* est
forte de 750 navires. La IIIe flotte de l’amiral Halsey*, chargée de la
couverture stratégique vers Formose* et le nord-est, présente une puissance
bien connue en porte-avions et aviation embarquée. Enfin, les Far East Air
Forces du général Kenney, basées maintenant à Leyte* et Mindoro*,
assureront l’appui aérien.
En face, le général Yamashita* s’appuie sur sa 15e Armée, forte
d’environ 260 000 hommes, mais avec peu de moyens aériens. Pleinement
conscient de son infériorité générale et de son isolement, il ne s’est fixé qu’un
but défensif : retarder le plus possible l’attaque contre le Japon* en
immobilisant sur Luçon le maximum de forces ennemies. Il a prévu trois
secteurs de défense :
— un dans la zone montagneuse au nord de Luçon, de part et d’autre de
la riche vallée de Cagayen. Il compte y constituer le point fort de sa
résistance avec 152 000 hommes ;
— un second dans les hauteurs à l’est et au nord-est de Manille* (80 000
hommes) ;
— un troisième enfin, à l’ouest de Manille* cette fois, pour couvrir Clark
Field, vaste complexe aérien datant de l’avant-guerre (30 000 hommes
dénommés groupe Kembu).
MacArthur* a décidé de reprendre l’itinéraire emprunté jadis par ses
adversaires. Il débarquera au nord-ouest de Luçon dans le golfe de Lingayen
puis, par la grande plaine centrale, se portera sur Manille. Pour ce faire, il
commence par duper son adversaire. Maître de Mindoro, il y masse des
éléments de la VIIIe Amée et laisse supposer qu’il va attaquer les côtes
méridionales de Luçon. Yamashita* est enclin à le croire et dégarnit son
dispositif nord.
Les kamikazes* se manifestent toujours. Les groupes de soutien qui, le
2 janvier, pénètrent en mer de Chine direction les Philippines*, le constatent.
Un porte-avions est coulé ; deux croiseurs lourds, un porte-avions d’escorte,
puis deux cuirassés, un croiseur, des destroyers sont atteints. En quelques
jours, les kamikazes* causent 235 tués et 800 blessés.
L’aviation terrestre et embarquée intervient avec vigueur contre les bases
de départ à Luçon et Formose* et parvient à atténuer le péril. Mais des isolés
surgiront toujours des fonds de l’horizon. L’un d’eux manquera de peu le
croiseur léger sur lequel était embarqué MacArthur*.
Le 9 janvier 1945, à l’aube, les 1er et 14e CA se présentent devant les
plages de Lingayen. Les Japonais ayant renoncé à un combat sur les plages,
les débarquements s’effectuent sans opposition majeure. En fin de journée, la
tête de pont s’étale sur 25 km de large et 5 de profondeur. 68 000 hommes
sont à terre.
La nuit apporte une attaque kamikaze* par canots suicides. 70 foncent en
direction de la flotte de débarquement. L’alerte donnée, le barrage d’artillerie
les repousse mais six réussissent à passer. Un LCI* est coulé.
Ses troupes débarquées, Krueger* engage la bataille. Son 1er CA s’oriente
vers l’est et le nord-est dans les collines de Cabaruan. Le PC de Yamashita*
n’est qu’à une centaine de kilomètres mais les défenses japonaises sont
solides. La progression est lente mais assure la couverture du 14e CA qui
s’enfonce au sud, sur Manille*.
À partir du 23, il se heurte aux positions de Clark Field et de Bamban.
Les pertes s’élèvent. Le 31 janvier, Clark Field est définitivement occupé.
Dans le même temps, le 1er CA atteint le Pacifique* et la rive orientale de
Luçon. Les forces japonaises au nord de l’île se retrouvent isolées et coupées
de celles de la région de Manille*.
Pour accélérer la conquête, MacArthur*, le 29 janvier, fait débarquer le
1er CA (de la VIIIe Armée) au nord de la péninsule de Bataan* en vue d’y
interdire un repli. Il y ajoute un autre débarquement d’une partie de la 11e
Airborne*, au sud de la baie de Manille*, à 80 km sud-ouest de la capitale.
Trois jours plus tard, le reste de la division saute sur Tagaytay Ridge, 30 km
dans l’intérieur des terres. Rapidement rejoints par leurs camarades arrivés
par mer, les parachutistes foncent sur Manille*. Le 4 février, dans l’après-
midi, les faubourgs sont atteints. La bataille pour Manille* est engagée. Elle
se terminera le 3 mars après des combats urbains sans merci.
En pleine bataille de Manille* se déroule l’un des plus prestigieux faits
d’armes à mettre à l’actif des combattants descendus du ciel : la reconquête
de Corregidor*. Les paras du 503e régiment parachutiste sautent sur l’île le
16 février. La reconquête sera terminée le 2 mars.
La chute de Manille* et Corregidor* marque la fin de la phase essentielle
de la reconquête de Luçon, même si 170 000 Japonais demeurent encore sur
l’île. Réfugiés principalement dans la partie nord-est, ils sont coupés de
l’extérieur, tronçonnés, réduits à la défensive. Les bombardements
s’acharnent sur leurs positions. La seule satisfaction de ces obstinés est de
maintenir sur place quatre divisions américaines et leur équivalent en
maquisards philippins.
À l’heure de la capitulation japonaise*, ils ne seront plus que 60 000, tous
les autres ayant été tués ou étant morts d’épuisement ou de maladie. Les
Américains, pour leur part, auront eu 8 000 morts et 30 000 blessés, sans
parler des pertes des marins dues à l’action des kamikazes* (environ
2 000 marins américains ou australiens tués ou blessés au large de Luçon).

LUCY ou LUCIE
Nom de code du communiste allemand Rudolf Rössler qui, de Suisse*,
fournit à Moscou des renseignements stratégiques durant la guerre.
Ses quatre sources, en Allemagne* même, baptisées Werther – la plus
importante –, Teddy, Olga et Anna, semblent avoir été Hans Gisevius*, Carl
Goerdeler*, le général Oster*. La quatrième n’est pas connue. Lucy a informé
du déclenchement de Barbarossa* et fourni de précieuses informations pour
la bataille de Koursk*.

LUFTWAFFE
En 14-18, l’armée de l’air allemande avait été bien présente avec ses
grands noms, von Richthofen, Goering*, Voss, Christiansen...
Le Traité de Versailles interdit à l’Allemagne* de posséder une force
aérienne. Dès leur arrivée au pouvoir, les nazis n’en ont cure et entreprennent
d’en rebâtir une. Sous couvert d’activités commerciales, des pilotes
s’entraînent en URSS* et en Italie*. Des avions, à vocation – théoriquement
– de transport de passagers, comme le JU 52*, sont fabriqués.
En mars 1935, la Luftwaffe (armée de l’air) sort officiellement de la
clandestinité. Goering*, déjà ministre de l’Air, se fait nommer général de
l’aviation. À côté de lui travaille une équipe d’aviateurs, Milch, Kesselring*,
Udet*, ou d’industriels, Willy Messerschmitt, Ernst Heinkel. Udet*, pilote
intrépide, lance le bombardier en piqué qui prouvera son efficience. La jeune
Luftwaffe fait ses classes en Espagne avec la Légion Condor sous von
Sperrle*. Elle y expérimente les effets du bombardement en piqué ou massif
(1 600 morts à Guernica).
Le 1er septembre 1939, la Luftwaffe est prête. Elle compte 2 564 avions
opérationnels (bombardiers et chasseurs) avec les équipages correspondants.
Les campagnes de Pologne* puis de France* démontrent le danger qu’elle
représente. Par contre, en dépit des rodomontades de son commandant en
chef, celui qui est maintenant le Reichsmarschall Goering*, elle ne peut
emporter la bataille d’Angleterre*. Elle n’en poursuit pas moins, durant des
mois, ses raids de terreur du Blitz* sur l’Angleterre*.
Barbarossa* et le front de l’Est* accaparent ensuite le gros de son
potentiel. Si elle obtient des succès, elle est incapable, contrairement aux
engagement de Goering*, de ravitailler Stalingrad* et surtout de protéger
l’Allemagne* des bombardements. Durant la seconde partie de la guerre, elle
est de plus en plus laminée par la supériorité aérienne alliée croissante. Le
6 juin 1944, le ciel lui échappe. Un moment, avec la sortie du Me 262* à
réaction, elle peut espérer contrer les bombardiers alliés pilonnant
l’Allemagne*, Hitler* interfère. Il veut faire du Me 262* un bombardier et
non un chasseur. La carrière de cet avion précurseur avorte. Dans le même
temps, la pénurie de carburant interdit l’entraînement des pilotes et équipages
et les affaiblit.
Il est encore des feux de paille comme l’opération Hermann*, en janvier
1945 ; mais, au début de 1945, en dépit du courage des siens, la Luftwaffe est
à bout de souffle. Pourtant, les fabrications s’étaient poursuivies sous
l’impulsion d’Albert Speer*.
Entre le 1er septembre 1939 et le 8 mai 1945, la Luftwaffe a perdu 94 500
avions de tous modèles dont 38 900 chasseurs, 9 800 chasseurs de nuit,
21 800 bombardiers. C’est dire que la production, envers et contre tout,
n’avait cessé de croître. 138 596 aviateurs et soldats de la Luftwaffe ont été
tués au combat et 56 132 portés disparus.
Comme en 14-18, des pilotes ont laissé une légende : Galland*,
Nowotny, Rudel*, Molders*...
Les parachutistes allemands étaient rattachés à la Luftwaffe. Une
division* est créée en 1938 qui interviendra en Hollande* et Belgique* (et en
Norvège*) en 1940, puis en Crète* en 1941. Effrayé par les pertes subies
durant cette opération Merkur*, Hitler* renoncera à utiliser ses paras dans de
nouvelles opérations aéroportées. La 1ère Armée parachutiste sera utilisée
comme une troupe d’infanterie en Europe de l’ouest et plus rarement à l’Est*.
LUIZET, CHARLES
(1903-1947). Résistant français.
Saint-Cyrien, le capitaine Luizet est, le 18 juin 1940, attaché militaire à
Tanger*.
Il se rallie aussitôt à la France libre* et reçoit ordre de rester sur place
pour transmettre des informations. Mission qu’il accomplira une fois muté
aux services de renseignements à Vichy*. Sous-préfet de Tiaret, le
8 novembre 1942, s’engage totalement en faveur du débarquement allié.
Manque de peu d’être condamné à mort et fusillé. Nommé préfet de la
Corse* libérée en septembre 1943. Désigné comme préfet de police de Paris,
rejoint, non sans difficultés, la capitale le 17 août 1944 et joue un rôle
important dans la libération de la ville. Quitte l’armée en 1947 comme
lieutenant-colonel et devient gouverneur général de l’AEF*.
Compagnon de la Libération*.

LUXEMBOURG
Le grand-duché, 300 000 habitants, est occupé par la Wehrmacht* le
10 mai 1940.
La souveraine et le gouvernement parviennent à fuir et formeront un
gouvernement en exil. Le grand-duché est soumis à une intense
germanisation. 13 000 Luxembourgeois seront enrôlés de force ; 2 848
mourront sous l’uniforme allemand. La Résistance luxembourgeoise*
travaillera en liaison avec la Résistance belge* et des Luxembourgeois
parviendront à rallier la Grande-Bretagne* et à servir dans des unités alliées.
Les troupes américaines entreront au Luxembourg le 10 septembre 1944. Le
pays ne sera totalement libéré qu’en février 1945 après l’offensive des
Ardennes*.
5 259 Luxembourgeois, civils ou militaires, ont été tués durant la guerre.
10 000 ont été sanctionnés pour collaboration.

LVF (LÉGION DES VOLONTAIRES FRANÇAIS


CONTRE LE BOLCHEVISME)
En juillet 1941, les chefs des mouvements collaborationistes de zone
occupée, Deloncle, Doriot*, Déat*, Bucard*, avec le soutien de Fernand de
Brinon et d’Otto Abetz*, lancent l’idée d’un corps expéditionnaire destiné au
front de l’Est*. La LVF est officiellement constituée. Les initiateurs du projet
envisageaient une troupe de 30 000 hommes. Les Allemands, peu soucieux
de redonner éclat à la France*, n’en désirent pas tant ; et les volontaires ne se
pressent pas.
Un premier contingent de 25 officiers et 803 sous-officiers et soldats
quitte Versailles le 4 septembre. Finalement, ils seront, en octobre, 181
officiers et 2 271 sous-officiers et soldats en uniforme allemand à prêter
serment à Hitler* pour mener croisade contre le bolchevisme. Fascistes,
anticommunistes, anciens militaires, anciens légionnaires, quelques
royalistes, idéalistes sincères, exaltés, aventuriers ou laissés-pour-compte, ils
constituent une troupe hétéroclite où les rivalités politiques s’affrontent. Sous
les ordres du colonel Labonne, ils s’intègreront à la Wehrmacht* sous le sigle
de 368e RI.
La LVF, première mouture, ira mourir devant Moscou en décembre 1941.
Reconstituée, elle sera employée à la lutte contre les partisans jusqu’à sa
dissolution, le 1er septembre 1944. Son personnel sera alors versé d’office
dans la brigade Charlemagne en formation, future 33e division SS
Charlemagne*.
Il y aura au total 6 500 incorporations à la LVF.

LVT-4 A (LANDING VEHICLE TRACKED)


Appelé aussi Buffalo ou Amstrack (mieux connu par les Français en
Indochine* sous le nom d’Alligator). Chenillette amphibie américaine
légèrement blindée, susceptible d’être utilisée en version transport ou en
version appui de feu. Sur terre, elle atteint 40 km/h. Par contre, sur l’eau, elle
ne progresse qu’à 7 ou 8 km/h. Particularité, elle se montre assez bruyante.
En version transport, elle peut emporter une quarantaine d’hommes. En
version appui, elle peut être équipée, soit d’un canon de 75 mm soit de 2
canons de 20 mm.

LYSANDER WESTLAND
Avion anglais, à ailes hautes, de reconnaissance et liaison.
Fabriqué en plusieurs versions à 1 368 exemplaires, à partir de 1938, par
Westland Aircraft Ltd. À atterrissage et décollage courts, il n’avait besoin
que d’une piste de 280 m pour atterrir et de 220 m pour décoller.
Vitesse : 370 km/h ; autonomie : 965 km ; équipage : 2 hommes.
Sa version MK III équipée de réservoirs supplémentaires dispose de
8 h d’autonomie. Elle se rend célèbre par le transport d’agents secrets et de
résistants en Europe occupée. De nombreux résistants français (J.-P. Lévy, D.
Mayer, E. d’Astier, H. Queuille ...) effectueront des liaisons entre la France*
et la Grande-Bretagne* avec ce type d’avion. Les squadrons 138 et 161 sont
spécialisés pour ces missions.
M

M3 MEDIUM
Char moyen américain baptisé Grant* par les Britanniques.
Apparaît en Libye* en mai 1942. Sera supplanté en 1943 par le Sherman*
et abandonné en 1944. Aura été fabriqué à 6 500 exemplaires.
Poids : 27 tonnes ; vitesse : 42 km/h ; autonomie : 190 km ; armement :
un canon de 75 mm sous casemate, un canon de 37 mm. sous tourelle ;
équipage : 6 hommes. Ce char pèche par sa lenteur.
Son châssis servira pour des canons automoteurs.

M3 STUART
Char léger américain apparu en Libye* en 1941 et baptisé Stuart par les
utilisateurs britanniques.
Sera fabriqué à 13 859 exemplaires de mars 1941 à septembre 1943. Sa
mobilité, sa robustesse, la modicité de son armement en font plus un char de
reconnaissance qu’un char de combat. La version M5, améliorée, terminera la
guerre en Europe dans les divisions blindées alliées (la 2e DB française en
était pourvue.)
Poids : 12,4 tonnes ; blindage : 10 à 45 mm ; vitesse (route) : 58 km/h ;
autonomie : 112 km ; armement : 1 canon de 37 mm, 2 mitrailleuses de
7,62 mm ; équipage : 4 hommes.

M4 A3 E8 MEDIUM
Char Sherman* équipé d’un canon de 76,2 mm.
Sorti en 1944, il participe à la fin de la guerre.
M7 B1
Obusier automoteur américain.
Poids : 22,5 tonnes ; vitesse : 42 km/h ; autonomie : 200 km ; armement :
un obusier de 105 mm, une mitrailleuse de 12,7 mm ; équipage : 7 hommes.

M8
Obusier automoteur américain produit à 1 778 exemplaires de 1942 à
1945 par la firme Cadillac.
Conçu à partir d’une caisse de char léger M5, ce blindé, armé d’un canon
de 75 mm, apporte un appui de feu immédiat aux unités de l’avant.

M10
Tank destroyer américain (chasseur de chars) (voir TD M10).

M11 39
Char léger italien sorti en 1939 et très vite dépassé.
Poids : 11 tonnes ; vitesse : 32 km/h ; armement : un canon de 37 mm ;
équipage : 3 hommes.

M13-40
Char léger, fabriqué par Fiat, connu également sous le nom de Carro
Armato, sorti en 1940, et le plus employé par l’armée italienne.
Ce char inconfortable, peu fiable et vulnérable, est souvent abandonné
par ses équipages.
Poids : 12 tonnes ; vitesse : 30 km/h ; autonomie : 200 km ; armement :
un canon de 47 mm et quatre mitrailleuses Breda de 8 mm ; équipage : 4
hommes.
Un modèle M 14-41, très légèrement supérieur, apparaîtra à l’été 1942.

M18 HELLCAT
Tank destroyer américain plus léger et plus rapide que le M10.
Il est conçu pour le mouvement.
Poids : 20 tonnes ; vitesse : 85 km/ h ; armement : un canon de 76,2 mm,
deux mitrailleuses de 12,7 mm ; équipage : cinq hommes.

M26 PERSHING
Char lourd américain apparu sur le terrain en janvier 1945 à environ 200
exemplaires.
Poids : 42 tonnes ; vitesse : 48 km/h ; autonomie : 160 km ; armement :
un canon de 90 mm, deux mitrailleuses de 7,62 mm, une mitrailleuse de
12,7 mm ; équipage : 5 hommes.

MAC 31
Mitrailleuse MAC 31 (Manufacture d’armes de Châtellerault, 1931),
dérivée du FM 24-29 et connue sous le nom de mitrailleuse Reibel, du nom
du colonel Reibel, directeur de la MAC. Utilisée, jumelée ou non, sur chars,
avions et dans les casemates de la ligne Maginot*.
Calibre : 7,5 mm ; cadence : 750 coups minute ; chargeur tambour de 150
coups.

MACAO
Colonie portugaise à l’ouest de Hong Kong*.
Le Portugal* étant neutre, Macao n’est pas occupée par les Japonais, en
restant constamment sous leur contrôle.

MACARTHUR, DOUGLAS
(1880-1964). Général américain.
Cet ancien de West Point* est, avec Eisenhower*, le plus prestigieux des
généraux américains de la Seconde Guerre mondiale, l’emportant même par
son panache et son sens de la communication.
Au lendemain d’une carrière militaire brillante qui le vit numéro un de
l’armée américaine, Pearl Harbor* le trouve aux Philippines*, commandant
en chef des forces armées en Extrême-Orient. Roosevelt*, sentant monter la
menace japonaise, le rappelle au service. Face à l’invasion nippone,
MacArthur, en position d’infériorité, doit se replier, dans un premier temps,
sur la presqu’île de Bataan*, dans un second, sur Corregidor*. Sur ordre
formel de Roosevelt*, conscient du choc psychologique que seraient la mort
ou la capture du commandant en chef, MacArthur*, le 12 mars 1942, quitte
Corregidor*, dans des conditions scabreuses et gagne l’Australie*. Avant de
partir, il lance son fameux : « Je reviendrai ! »
Nommé, le 18 avril 1942, commandant en chef des forces alliées dans le
Pacifique* sud-ouest, il entreprend la reconquête de la Nouvelle-Guinée* et
des Salomon*, le regard tourné vers les Philippines* pour tenir sa promesse.
Ayant reconquis les Salomon* et la Nouvelle-Guinée*, il obtient de
Roosevelt*, en juillet 1944, de débarquer aux Philippines*, ce qu’il
commence à réaliser en septembre. Général d’armée (cinq étoiles) en
décembre 1944, il entre en vainqueur dans Manille* le 23 février 1945, au
terme d’une sanglante bataille. Le 6 avril 1945, il prend le commandement de
toutes les forces armées dans le Pacifique* et prépare l’assaut final contre le
Japon. Hiroshima* et Nagasaki* ayant précipité la fin de la guerre, le
2 septembre 1945, il reçoit la capitulation japonaise sur le pont du cuirassé
Missouri*. Il devient ensuite commandant en chef des troupes d’occupation
au Japon*. Véritable proconsul dans le pays, il assure son désarmement,
l’oriente vers la démocratie et sanctionne les criminels de guerre. Bien averti
de la mentalité populaire vis-à vis de la monarchie, il épargne Hiro-Hito*.
1950 le verra encore commandant en chef des Troupes des Nations unies
en Corée avant d’être relevé de ses fonctions par Truman* pour avoir voulu
aller trop loin.
Chef populaire et auréolé aux États-Unis*, MacArthur* aurait pu
représenter un candidat redoutable aux présidentielles de 1944. Roosevelt*
sut l’écarter en lui donnant satisfaction dans sa marche vers les Philippines*.
L’homme était riche de contradictions. Flamboyant et vaniteux, il savait
se montrer aimable et cultivé. Organisateur, entraîneur d’hommes, il goûtait
la publicité, refusait la critique et méprisait ses supérieurs. Son entourage lui
devait fidélité, d’où cette réflexion du général Marshall* : « Ce n’est pas un
état-major que vous avez, général, mais une cour ! » L’Histoire retient sa
vision stratégique, ses débarquements audacieux, et en fin de compte ses
victoires dont les Américains avaient besoin.
Médaille d’Honneur du Congrès*.
MACCHI C 200
Chasseur italien des débuts de la guerre, fabriqué à 1 151 exemplaires
avant d’être remplacé par le Macchi C 202*.
Vitesse : 510 km/h ; autonomie : 870 km ; armement : 2 mitrailleuses ;
équipage : 1 homme.

MACCHI C 202
Certainement le meilleur chasseur italien.
Fabriqué à 1 100 exemplaires par Aeronautica Macchi Spa à partir de
1941.
Vitesse : 600 km/h ; autonomie : 765 km ; armement : 2 mitrailleuses ;
équipage : 1 homme.

MACHINE GUN M 1919 A 4


Mitrailleuse légère américaine, datant de 1917, à refroidissement par air,
montée en principe sur trépied.
Poids : 14,050 kg ; longueur : 1,195 m : calibre : 7,62 mm ; cadence : 500
coups/minute ; alimentation : bande souple de 230 coups.
À la fin de la guerre, le modèle à refroidissement par air est le plus
répandu, ayant largement supplanté le refroidissement à eau de 14-18.
(Les Français la désignent sous le nom de mitrailleuse de 30.)

MACKENZIE KING, WILLIAM


(1874-1950). Homme politique canadien.
Il est Premier ministre durant 21 ans et en particulier de 1935 à 1948.
Il croit tout d’abord à la bonne foi de Hitler* et il espère s’accorder avec
lui. La réalité lui ouvre les yeux. Le 10 septembre 1939, sous son impulsion,
le Canada* déclare la guerre à l’Allemagne*. Il a profité de sa neutralité
officielle depuis le 3 septembre pour acheter des armes aux États-Unis*.
Par la suite, Mackenzie King s’alignera sur les deux grands alliés et les
soutiendra ; sera présent aux deux conférences de Québec* et s’efforcera
d’introduire la conscription dans son pays pour répondre à l’effort de guerre.
(Mackenzie est en fait son premier prénom mais, à la longue, s’intégrera
à son nom.)

MACLEAN, FITZROY
(1911-1996). Général anglais.
Membre du Parlement et ancien officier du SAS*, il est parachuté en
septembre 1943 en Yougoslavie* pour diriger la mission de liaison
britannique auprès de Tito*.
Aura tendance à influencer Churchill* en faveur de ce dernier. En
décembre 1943, les Anglais abandonneront Mihailovic*.

MACMILLAN, HAROLD
(1894-1988). Homme politique britannique.
En 1943, il représente la Grande-Bretagne* à Alger auprès du PC
d’Eisenhower*.
Il remplit les mêmes fonctions en 1944-45, à Caserte*, auprès
d’Alexander* en Italie*. Sera ensuite, la guerre terminée, toujours en Italie*,
président de la Commission de contrôle alliée. Il sera Premier ministre de
1957 à 1963.

MACZEK, STANISLAS
(1892-1994). Général polonais.
Commandant de la 1ère DB polonaise de 1942 à 1945.
Débarquera à Arromanches* le 1er août 1944 et fera toute la campagne
avec la 1ère Armée canadienne.

MADAGASCAR
La Grande Île, un peu plus vaste que la France*, 3 750 000 habitants avec
les Comores et la Réunion*, est terre française depuis la fin du XIXe siècle.
Un gouverneur général, résidant à Tananarive, y exerce l’autorité de la
métropole.
À l’ouverture du conflit, près de 34 000 tirailleurs malgaches sont
mobilisés pour le front français. Ils s’y battront courageusement.
En juin 1940, le gouverneur général Coppet pense, un moment, se dresser
contre l’armistice, puis se ravise. L’administration de Vichy* y règne, dès
lors, sans partage, représentée à partir de 1941 par le gouverneur général
Armand Annet, vieux colonial.
Madagascar risque brusquement de connaître un destin imprévu. Hitler*
veut se débarrasser des Juifs, « bacille nuisible » selon lui, mais comment ?
Après la défaite française, le haut-commissariat SS* élabore un plan de
regroupement de 15 millions de Juifs à Madagascar. La Grande Île est vaste,
peu peuplée. L’impossibilité pratique d’expédier, en temps de guerre, des
millions d’individus en limite de l’océan Indien fait écarter le projet. Hitler*
et les siens opteront pour la Solution finale*.
En avril 1942, les Japonais lancent, non sans succès, un raid contre
Ceylan. Cette intrusion inquiète Churchill*. Si les Japonais, poussant plus
vers l’ouest, prenaient pied à Madagascar, ils contrôleraient le canal de
Mozambique. La route vitale du Moyen-Orient par Le Cap serait coupée.
Au demeurant, qui pourrait affirmer que Churchill* et ses compatriotes,
sur Madagascar, ne dissimulent pas quelque arrière-pensée ? La Grande Île a
été l’objet d’une sévère rivalité franco-anglaise durant la seconde moitié du
XIXe siècle. Les Sud-Africains auraient-ils le même dessein ? Ils ne le disent
pas. La tentation est plausible. Le canal de Mozambique n’est large que de
500 km à certains endroits.
De Gaulle*, mesure tout l’intérêt de Madagascar. Il a envisagé
l’intervention d’une brigade française pour y établir l’autorité de la France
libre*. Londres, se souvenant de Dakar*, n’a pas donné suite.
Incontestablement, Churchill* redoute une mainmise nippone sur
Madagascar. Brutalement, après le raid sur Ceylan, il décide d’occuper
Diégo-Suarez, à la pointe septentrionale de l’île. Le maréchal Smuts*, son
homologue sud-africain, promet son concours. Roosevelt*, en revanche,
refuse de s’associer. Foncièrement hostile à de Gaulle*, il espère encore du
côté de Vichy*.
Diégo-Suarez, l’objectif britannique, offre l’emplacement par excellence
d’une base navale bien située et bien agencée. La défense demeure toutefois
insuffisante. Peu de fortifications. Une garnison assez faible, éparpillée
autour d’Antsirane. 4 000 hommes. Une aviation réduite à quelques avions
anciens. Une marine de quelques avisos et sous-marins. Quant au reste de
Madagascar, les moyens militaires sont modestes. L’île, coupée de la
métropole, vit en autarcie.
Soucieux d’éviter un échec, Churchill* prescrit d’utiliser de gros moyens.
Le cuirassé Ramillies sera accompagné de deux porte-avions, de plusieurs
croiseurs, destroyers, sous-marins, dragueurs de mines et bâtiments de
débarquement. La force d’intervention dite Force 121 comprendra trois
brigades, un commando, des éléments d’appui, soit environ 30 000 hommes.
L’aéronavale interviendra avec des Albacore* lancés depuis les deux porte-
avions.
Le 5 mai 1942, à 4 h 30, les 17e et 29e brigades prennent terre dans les
baies du Courrier et d’Ambararatra, peu surveillées, à l’ouest de Diégo-
Suarez. Simultanément, le commando 5 se dirige sur Diégo-Suarez. À
15 h 30, tout y sera terminé. Au sud de la baie, les éléments débarqués
empruntent la piste menant à Antsirane par le petit col de Bonne-Nouvelle.
Les Français ont été surpris. Les quelques avions situés au camp
Arrachart, à 10 km au sud, ont été détruits sur le terrain. Les bâtiments au
mouillage ont été coulés par les attaques à la torpille.
La défense terrestre ne peut pas être qu’improvisée et sporadique si
courageuse soit-elle.
Au col de Bonne-Nouvelle, des 75 arrêtent quelques heures durant la
progression anglaise. Toute la journée du 6 mai, une série de combats
retardateurs s’efforcent de contenir l’adversaire. Au soir du 6, les agresseurs
bordent la ligne fortifiée protégeant Antsirane, 3 km au sud de la ville. Dans
le ciel, les rares Morane 406* et Potez 63 venus de Tananarive ont tenté
l’impossible. Presque tous ont été très vite éliminés. Le capitaine Jean
Assolant, qui a repris du service pour l’occasion, est tombé parmi les
premiers. Avec lui disparaît l’un des grands noms de l’aviation française.
Pour forcer la décision, le destroyer Anthony tente, dans la nuit du 7, un
coup d’audace. Au coucher du soleil, il s’infiltre dans la rade pour débarquer
un petit détachement de 60 fusiliers marins sur les quais d’Antsirane. Les
fusiliers marins prennent les Français à revers. Poussant audacieusement, ils
pénètrent dans la ville européenne, capturent le PC de l’artillerie et font
jonction avec leurs camarades arrivant du sud. Au matin du 7, Antsirane est
aux mains des Britanniques. La médiation d’un prêtre permet la reddition,
sans effusion de sang, du dernier bataillon retranché dans la presqu’île
d’Orongéa.
Les Anglais sont maîtres de Diégo-Suarez. L’affaire leur a coûté
109 morts et 284 blessés. Les Français ont eu près de 200 tués et 500 blessés.
Parmi les rescapés de Diégo-Suarez maintenant prisonniers des Anglais, le
capitaine de corvette Maggiar. Deux ans plus tard, il commandera le
Régiment blindé de fusiliers marins de la 2e DB*, constitué initialement en
majorité de marins de Diégo-Suarez.
Les occupants se contenteront-ils de ce succès ? À priori, oui, dans
l’immédiat. Deux brigades rembarquent. À une centaine de kilomètres au sud
de Diégo-Suarez, à Ambilobe, s’établissent les avant-postes anglais et
français. Un escadron sud-africain s’installe à Arrachart.
Le gouverneur général Annet espère parvenir à un modus vivendi
acceptable pour les deux parties. Mais les Anglais sont exigeants et les
semaines passent.
Suite à des incursions de sous-marins japonais dans le canal de
Mozambique, de fausses rumeurs circulent. Les Japonais mazouteraient dans
les ports de Madagascar*. Annet s’indigne et dément. En vain.
Sur place, les amiraux prônent l’occupation de Tamatave et de Majunga,
les deux autres ports de l’île. Le Sud-Africain Smuts* pousse dans le même
sens. Churchill*, finalement, acquiesce.
Le 10 septembre 1942, la 29e brigade occupe Majunga sans rencontrer de
forte résistance. Laissant la place à la 22e, elle rembarque pour se diriger sur
Tamatave. Là, pas plus qu’à Majunga, il ne saurait y avoir de véritable
bataille. Des colonnes marchent aussitôt sur Tamatave et Tananarive.
Tananarive, déclarée ville ouverte, est atteinte le 23 septembre. Annet s’est
réfugié provisoirement, à Fianarantsoa. Le 29, les Sud-Africains débarquent à
leur tour à Tuléar et volent au secours de la victoire. De jour en jour, les
représentants de Vichy* perdent du terrain. Pour éviter la capture, ils
s’enfoncent vers le sud. Fianarantsoa est prise le 29 octobre.
Annet ne serait pas hostile à une fin honorable du conflit. Vichy le
somme de lutter jusqu’au bout. Loyal, il s’incline en s’efforçant de limiter les
combats.
Le 5 novembre, il se voit contraint d’accepter un armistice qui est une
capitulation. Du moins peut-il y faire insérer un article qui engage la Grande-
Bretagne* :
« Rien dans les présentes conventions ne modifie ni diminue d’aucune façon la souveraineté
de la France* sur l’île de Madagascar* et ses dépendances. Le drapeau français continuera à
flotter partout où il sied dans ses territoires. »

Ces derniers affrontements ont encore coûté quelques dizaines de morts


et de blessés de chaque côté.
Plus d’un historien s’est interrogé sur l’utilité de cette seconde campagne.
Le débarquement en Afrique du Nord* approchait. Madagascar, comme
l’AOF* ou Djibouti*, aurait basculé sans effusion de sang. Churchill* donne-
t-il, dans ses Mémoires, la véritable explication à cette intervention ? :
« La nouvelle de l’heureuse conclusion de l’épisode de Madagascar parvint à un moment où
nous avions le plus pressant besoin d’un succès. »

Quelques semaines après Dieppe*, ce besoin est, pour le moins, évident.


La France libre*, dans cette campagne, a été tenue à l’écart. De Gaulle*,
à juste titre, s’en irrite, d’autant qu’il avait fait des offres de service. Ce
contentieux malgache s’ajoute à d’autres, et en particulier à la conjuration du
secret vis-à-vis des Free French dans les opérations à venir en Afrique du
Nord*. Septembre et octobre sont des mois de relations tendues entre de
Gaulle* et ses alliés. C’est le 30 septembre que se produit l’algarade célèbre,
au 10 Downing Street, entre Churchill* et de Gaulle*.
Personne, cependant, n’a intérêt à envenimer la querelle. De Gaulle* est
tributaire des Britanniques pour le quotidien. Churchill* doit faire feu de tout
bois.
Est-il sincère dans ses Mémoires ? Il laisse entendre sa pensée. Il ne peut
pas continuer à traîner à ses basques un partenaire irrité. Il vote un lot de
consolation en quelque sorte, Madagascar*. Madagascar* où, la marée
japonaise brisée, les risques s’atténuent.
Selon l’auteur des Mémoires de guerre, Eden*, le 6 novembre 1942, vient
le voir, « tout sucre et tout miel ». Il lui annonce que le gouvernement de Sa
Majesté a décidé de rétrocéder Madagascar à la France combattante*. Il lui
propose d’annoncer, dans un communiqué commun, le départ pour
Tananarive du général Legentilhomme*, déjà nommé haut-commissaire pour
l’océan Indien.
Le communiqué commun sur Madagascar sera effectivement publié le
11 novembre. Le dossier malgache s’oriente vers un règlement.
Le 14 décembre, de Gaulle* et Eden* signeront un texte remettant la
Grande Île entre les mains de la France combattante*. Le gouverneur Saint-
Mart, désigné comme nouveau gouverneur général, quittera Bangui pour
Tananarive. L’administration française, peu à peu, reprendra ses droits.
Les possessions françaises reprennent le combat. À Madagascar, comme
à la Réunion, les troupes se rallient à de Gaulle* dans une large proportion. À
Madagascar, la moitié des officiers, les deux tiers des sous-officiers,
l’intégralité des hommes de troupe. Ceux qui refusent le ralliement sont
transférés en Grande-Bretagne* et regardés comme prisonniers ; les autres
rejoindront l’Afrique du Nord une fois l’union réalisée entre Giraud* et de
Gaulle* (cas par exemple des marins du futur RBFM* de la 2e DB*). Quant à
Annet, placé en résidence en Afrique du Sud, il rentrera en France* en 1945,
passera deux ans en détention avant d’être acquitté par la Haute Cour.

MAGINOT, LIGNE
La France* des lendemains de 1918 se refuse à une nouvelle hécatombe.
Elle se veut pacifiste. Résolument, elle se tient sur la défensive. Pas de
stratégie offensive. Pas de motorisation. Elle se range derrière une idée chère
au maréchal Pétain* : le front continu.
« Le front continu est la grande révélation de la guerre. Il s’est montré
stable », déclare-t-il, avant de conclure : « Le front continu suffira à tout ».
L’application pratique de ce front continu, la France* l’a réalisée dans un
barrage fortifié sur ses frontières. Elle substitue la fortification permanente à
la fortification de campagne. Ainsi limite-t-elle les pertes en utilisant le béton
et le blindage. Ainsi économise-t-elle, théoriquement, des effectifs par une
augmentation de la puissance de feu.
Le principe d’une telle construction est adopté par le Parlement, le 4
janvier 1930. Le rapporteur du projet est un valeureux sergent de 14-18
devenu ministre de la Guerre : André Maginot. Il donnera son nom à ce limes
des temps modernes : on parlera de la ligne Maginot.
L’édification est prévue durer jusqu’en 1935, date de la fin de
l’occupation militaire alliée de la Rhénanie. Les délais seront, dans
l’ensemble, tenus. Cette ligne Maginot, puisqu’il s’agit d’un dispositif
linéaire, doit couvrir la frontière franco-allemande du Rhin à la Moselle, un
peu au-delà de Montmédy. Deux fronts fortifiés, Lauter et Moselle, séparés
par une zone d’inondation devant la Sarre, sont réalisés.
Ces fronts fortifiés, longs de 80 km, comportent un gros ouvrage tous les
10 km. Il y aura au total 22 gros ouvrages, 36 petits ouvrages, 339 casemates
d’intervalles.
En mai 1940, 400 000 hommes occuperont la ligne Maginot qui sera
finalement tournée par l’offensive allemande dans le nord de la France*.
Il y aura également une ligne Maginot sur les Alpes, forte de 22 gros
ouvrages, 22 petits ouvrages et 2 casemates d’intervalles. Contrairement à la
ligne nord-est, elle sera très utile et contribuera à contrer l’offensive italienne
après le 10 juin 1940.
Les gros ouvrages abritent en principe 19 officiers et 553 hommes
servant 7 blockhaus équipés de canons de 75 mm, de mortiers de 81 mm et de
mitrailleuses jumelées. Ce sont de véritables casernes enterrées.
Les petits ouvrages abritent de 2 à 4 officiers et de 100 à 150 hommes
servant 3 à 4 blockhaus.
Les casemates d’intervalles, sur deux niveaux, abritent un officier, une
trentaine d’hommes servant un canon de 37 ou de 47 et deux mitrailleuses
jumelées.

MAGRIN-VERNEREY
(voir MONCLAR)

MAIALE
Littéralement : cochon, pluriel maiali.
De son vrai nom : S L C, Silura a lenta corsa, torpille à faible vitesse.
Appareil conçu et mis au point par deux Italiens, l’ingénieur Rossetti et le
major Teseo Tesei. Il s’apparente à une torpille et à un sous-marin de poche.
Il se présente sous la forme d’un cylindre à tête conique, de faible diamètre et
d’une dizaine de mètres de longueur. Un moteur électrique actionne une
hélice qui assure le déplacement à faible vitesse. Sa particularité essentielle
provient du positionnement de l’équipage. Les deux hommes-grenouilles ne
sont pas installés à l’intérieur mais à l’extérieur de l’engin. Revêtus de leurs
combinaisons de plongée, ils se tiennent à cheval sur deux sièges fixés sur le
dessus du submersible. À peine sont-ils protégés par un cockpit en matière
plastique. Cet attelage leur permet de se déplacer, de se poser au fond de la
mer, puis de nager ou marcher. Libres de leurs mouvements, ils peuvent
couper les filets de protection tendus sous l’eau à l’entrée des ports. Pénètrer
à l’intérieur des bases navales adverses leur est possible. Ils sont alors à
même d’approcher un navire à quai et de plaquer sous sa coque la charge
explosive contenue dans le nez de leur maiale.
C’est avec des engins de ce type que trois équipes de marins italiens de la
Décima MAS parviendront, le 19 décembre 1941, en rade d’Alexandrie*, à
endommager gravement les cuirassés anglais Valiant et Queen Elizabeth* et
le pétrolier Sagona.
Caractéristiques techniques : longueur : 6,7 m ; diamètre : 0,53 m ;
tonnage : 1,52 tonne ; vitesse surface : 4,5 nœuds ; vitesse immergé : 2,3
nœuds ; moteur électrique ; rayon d’action, en surface : 17 milles, immergé :
4,6 milles ; armement : 1 charge de 250 à 300 kg ; équipage : 2 hommes.

MAÏDANEK
Camp d’extermination allemand situé à 2 kilomètres à l’ouest de Lublin,
en Pologne*.
Libéré par l’Armée rouge* le 23 juillet 1944. Plusieurs centaines de
milliers d’êtres humains dont 50 000 Juifs y sont exterminés. Avant de fuir,
les Allemands n’avaient pas pu éliminer toutes les traces de leurs exactions
dont l’horreur, sur-le-champ, parut difficilement crédible.

MAILLÉ
Village martyr de Touraine.
Le 25 août 1944, à 12 h 30, 124 habitants dont 44 enfants de moins de
14 ans, du village de Maillé situé à 40 km au sud de Tours, sont massacrés
par les troupes allemandes. Sur les 60 habitations du bourg, 52 sont
partiellement ou entièrement détruites. Ce massacre aurait été organisé en
représailles des actions des maquis proches. Les coupables n’ont jamais pu
être identifiés et poursuivis.

MAÏSKY, IVAN
(1884-1952). Diplomate soviétique.
Ambassadeur de l’URSS* à Londres de 1939 à 1943.
Il signera, le 4 juillet 1941, les accords Sikorski-Maïsky*, prévoyant la
mise sur pied d’une armée polonaise en URSS*, et, le 26 septembre 1941, la
lettre reconnaissant, au nom de son gouvernement, le général de Gaulle*
comme chef de tous les Français libres*.
Ses rapports avec Churchill* seront parfois houleux.

MAKIN
Atoll le plus septentrional de l’archipel des Gilbert*.
En août 1942, les Carlson’s Raiders* américains, forts de 222 hommes,
arrivés par sous-marins, effectuent avec un plein succès un raid sur Makin.
Ce succès incite les Américains à estimer que les défenses des Gilbert* sont
faibles. Par contre, il conduit les Japonais à les renforcer.
Dans le cadre de la reconquête des Gilbert*, le 20 novembre 1943 à
l’aube, la 27e DI débarque à Makin. Les 800 Japonais de la garnison ne sont
pas décidés à se rendre. Au bout de quatre jours de combats, ne subsistera
qu’un prisonnier. Les Américains déplorent 64 tués et 152 blessés. Ils
déplorent surtout la perte du porte-avions d’escorte Liscome Bay torpillé par
le sous-marin 1-175. Le Liscome Bay sombre en 23 minutes avec 650
hommes d’équipage.

MALAISIE, CHUTE DE LA
Tokyo est pressé que la XXVe armée du général Yamashita* s’empare de
la Malaisie.
Ce protectorat britannique fournit 38 % du caoutchouc mondial et 58 %
de l’étain. Et, à l’extrémité de la péninsule malaise, se dresse Singapour*,
autre clé de la puissance britannique en Extrême-Orient.
Le colonel Tsuji, l’un des cerveaux de l’État-Major nippon, était parvenu,
au terme d’une longue étude, à trois conclusions essentielles : Singapour* est
très mal défendue du côté de la terre ; le potentiel aérien britannique en
Malaisie est très fortement surestimé ; enfin, sur les 88 000 hommes chargés
de la défense de la péninsule malaise, moins de 40 % sont britanniques. D’où
l’idée de Tsuji d’une attaque terrestre en Malaisie, la plus rapide possible,
afin de ne pas laisser à l’adversaire le temps de fortifier Singapour* vers le
nord.
Pour appliquer ce plan, il a été confié à Yamashita* de gros moyens : 3
DI, 2 régiments d’artillerie, une brigade de chars, soit au total 60 000
hommes ; 459 avions, 159 navires se tiennent prêts à le soutenir.
Le général Percival*, commandant en chef en Malaisie, peut compter sur
trois DI, deux régiments blindés et des services. Ses troupes, mal entraînées,
ne sont pas préparées à la guerre dans la jungle.
En dépit des bourrasques et des creux de 6 pieds, les débarquements du
8 décembre 1941 à Singora et Patani, en Thaïlande*, et Kota-Bahru, au nord-
est de la Malaisie, sont des succès. Conséquence immédiate, les Thaïlandais
se rangent dans le camp nippon. À Kota-Bahru, la résistance anglaise est
bousculée et la 8e division indienne doit se replier. La RAF* ne connaît pas
un meilleur sort. Son potentiel, dans le nord de la Malaisie, passe de 110 à 50
appareils suite aux bombardements de ses terrains.
De Singora et Patani, les 5e et 18e divisions japonaises s’enfoncent vers le
sud par de bonnes routes menant à Kuala Lumpur, Malacca et Singapour*,
dans la partie occidentale de la péninsule. Il pleut sans relâche. Les
emplacements de combat se transforment en poches d’eau. La 5e division,
attaquant avec des chars, se heurte à des positions sans grande consistance.
De crainte d’être débordé, Percival*, le 11 décembre, autorise un repli qui
tourne vite à la débandade. La 11e division indienne panique devant les chars.
La perte de Jitra ouvre la porte de la Malaisie.
Gurin, 40 km au sud de Jitra, tombe le 15. L’île de Penang est
abandonnée le 16 après un terrible bombardement. L’écho de cette
évacuation catastrophe retentit jusqu’à Singapour. La ville prend peur.
La ruée japonaise se poursuit par tous les moyens. À pied, en camion, à
bicyclette même. Percival* entendait stopper l’ennemi sur la Perak. Tentative
vaine, la rivière est franchie le 16. Les troupes britanniques démoralisées
fuient. Ipoh tombe le 28 décembre. Le 31, plus du tiers de la distance jusqu’à
Singapour* a été parcouru.
Les Japonais, sûrs d’eux, poursuivent leurs débordements. Ils lancent des
colonnes à travers la jungle ou effectuent des débarquements sur les arrières.
Face aux résistances plus solides, ils engagent leurs chars. La litanie des
points perdus s’égrène. La défense sur le fleuve Slim est écrasée. La 12e
brigade indienne disparaît. Port Swettenham est occupée le 9 janvier 1942,
Kuala Lumpur le 11.
À la mi-janvier, Wavell* découvre avec stupeur que rien n’existe pour
défendre Singapour* côté terre. Churchill*, alerté, tempête. Organiser les
défenses de Singapour* paraît bien tardif. Rien n’a été prévu. La jungle était
déclarée impénétrable. Les batteries regardent vers le large d’où l’ennemi a
toujours été supposé venir.
Les Japonais continuent de déferler, progressant également le long de la
côte orientale et atteignant Endau le 21 janvier. Ils avancent toujours à l’ouest
par Port Dickson, Malacca, Batu Pahat. Ils n’hésitent pas à s’enfoncer dans la
jungle qui chez eux ne suscite aucune appréhension.
Le général Benett, commandant la 8e division indienne, s’efforce
d’installer une ligne de défense sur le Sunger Muar, en limite de la province
de Johore. Singapour n’est plus qu’à 150 km. Des renforts sont acheminés.
7 000 hommes de la 44e brigade le 22, la 18e division britannique deux jours
plus tard. Ces troupes, sans entraînement préalable, ne vont pas tarder à payer
leur inexpérience, de même que 50 Hurricane*, nouveaux venus, vite
éliminés par les Zero*.
Sur le Sunger Muar comme ailleurs, il n’y a rien à faire. Le 30 janvier,
Percival* donne l’ordre de regroupement général dans l’île de Singapour*. Le
31, à l’aube, le repli est terminé. À 8 h 15, les sapeurs ont enclenché leurs
détonateurs et fait sauter la jetée de 400 m de long qui relie Singapour* au
continent. L’utime bataille va s’engager (voir Singapour, la chute de).

MALDIVES
L’atoll d’Addu, le plus méridional de l’archipel, sera utilisé comme base
secrète par la flotte britannique.

MALGRÉ-NOUS
Terme remontant aux lendemains de la Première Guerre mondiale qui
avait vu l’incorporation d’office dans l’armée allemande des enfants des
provinces annexées.
Le 25 août 1942, le gauleiter Wagner* décrète l’incorporation des
Alsaciens dans la Wehrmacht*. Son collègue Burkel, à Metz, l’imite le
29 août.
Alsaciens et Mosellans se retrouvent ainsi, contraints et forcés, sous
l’uniforme allemand. Les réfractaires sont passibles de la peine de mort, leurs
proches de persécutions (12 000 seront déclarés réfractaires, et 5 600
personnes seront envoyées dans des camps de concentration*). Une zone
interdite de 15 km est érigée le long de la frontière suisse.
Ils seront 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans la
Wehrmacht*, certains même intégrés dans les Waffen SS*. Les quatre
cinquièmes partiront pour le front de l’Est*. 38 000 ne reviendront pas, tués
dans les combats, ou décédés dans le camp soviétique de Tambov* après leur
capture par l’Armée rouge* (ou leur désertion). 35 000 rentreront grièvement
blessés ou handicapés. L’incertitude demeure sur le sort de 10 000 d’entre
eux. Ce sont les disparus.
Ce drame de l’Alsace-Lorraine* se vit également au Luxembourg* et sur
la frontière orientale de la Belgique* (régions d’Eupen et Malmédy).
À l’exemple de ses collègues Wagner et Burkel, le 30 août 1942, le
gauleiter Simon* décrète à son tour la mobilisation des jeunes
Luxembourgeois. Cinq classes seront affectées par cette mesure. 12 000
enfants du grand-duché sont enrôlés de force dans la Wehrmacht* (3 510
parviendront à s’échapper). 3 025 y perdront la vie.

MALINOVSKI, RODION
(1898-1967). Maréchal soviétique.
S’engage très jeune et se retrouve sur le front français.
Servira en 1918 à la Légion étrangère*. Au début de la Seconde Guerre
mondiale, se distingue en Ukraine*. Commande au nord-est de Stalingrad* la
66e armée, puis la 2e armée de la garde et des Fronts (Sud-Ouest, 3e Front
ukrainien, 2e Front ukrainien). Promu maréchal le 10 septembre 1944 après
ses succès dans les Balkans*. Prend Budapest* le 13 février 1945. Envoyé
ensuite en Extrême-Orient, envahit la Mandchourie* avec le Front de
Transbaïkalie.
Sera ministre de la Défense après la guerre. Est certainement l’un des
plus grands chefs militaires de la Russie.
Deux fois héros de l’Union soviétique*.
MALMÉDY, MASSACRE DE
Le 17 décembre 1944, lors de la contre-attaque allemande dans les
Ardennes, 71 prisonniers de guerre américains sont massacrés à la
mitrailleuse puis achevés par des Waffen SS* de la 1ère PD SS Adolf Hitler.
Il n’y a que de rares survivants. Pour ce crime et celui de nombreux civils
belges 73 généraux et officiers allemands seront, en 1946, traduits devant un
tribunal militaire américain siégeant à Dachau*. Les 43 condamnations à
mort furent commuées et les derniers coupables libérés en 1956.

MALTE
Île britannique de Méditerranée* depuis 1800.
Le territoire de Malte forme un petit archipel de 314 km2 composé de
deux îles (Malte et Gozo) et de trois îlots (Comino, Cominitto, Filfola). Il
compte 270 000 habitants. Malte proprement dite a la forme d’un haricot
d’environ 25 km sur 12. Sa situation géographique fait sa valeur. La Sicile*
n’en est qu’à 70 km, la Tunisie* à 300, la Tripolitaine à 350. Qui tient Malte
commande le passage de la Méditerranée occidentale* à la Méditerranée
orientale*.

MALTE, SIÈGE DE
Les Britanniques, durant des décennies, ont été tranquilles à Malte.
La défaite française, l’entrée en guerre de l’Italie* en juin 1940,
l’occupation de la Grèce* puis de la Crète* par les Allemands, remettent tout
en question. Malte se dresse seule face à la Sardaigne*, la Sicile*, la
péninsule hellénique, la Crète*, aux mains des forces de l’Axe*. Seule mais
redoutable, ancrée au milieu des routes principales des convois voguant vers
l’Afrique : Brindisi-Benghazi, Naples-Tripoli. Churchill* voit juste en
annonçant : « Malte sera un porte-avions incoulable. »
Le 10 juin 1940, l’île est quasiment démunie pour protéger ses 170 km de
côtes. Il appartient à Sir William Dobbie, le gouverneur, de faire face à une
menace qui ne tarde pas à se concrétiser. Du 27 juin au 23 juillet, les Italiens
effectuent 80 raids aériens sur l’île.
Actif, Dobbie construit ou améliore trois aéroports, fait creuser des abris,
sollicite de l’aide. Il en reçoit : radars, DCA. Le 2 août, 12 Hurricane* lancés
depuis le vieux porte-avions Argus se posent dans l’île.
Hitler* s’inquiète des revers italiens sur mer (Tarente*) ou en Afrique
(Wavell* conquiert la Cyrénaïque). Il expédie 450 appareils en
Méditerranée*.
Les pilotes de Stuka* ou de JU 88* ne sont pas ceux de l’Aeronautica*
qui, à bonne distance, piquetaient la mer de leurs bombes ; eux n’hésitent pas
à braver la DCA. Les ruines s’accumulent sur La Valette, devenue la cible
par excellence, avec son port et ses navires à quai. Les victimes civiles sont
nombreuses. Elles ne sont pas seules. Le porte-avions Illustrious*, en escorte
de convoi vers Malte, échappe de peu à la catastrophe. C’est un bâtiment hors
service, avec 121 morts et 400 blessés, qui accoste à La Valette.
Le 10 février 1941, l’Afrika Korps* de Rommel* commence à débarquer
en Tripolitaine. Les attaques sur Malte s’intensifient pour lui garantir le
passage, non sans pertes pour les agresseurs. Les pilotes allemands prennent
l’habitude de surnommer le vol Sicile-Malte la route de la mort.
Le 26 février, les 5 et 6 mars, les aérodromes sont pilonnés à plusieurs
reprises. La véritable bataille de Malte et des convois de l’Axe* est engagée.
Devant le péril, la Grande-Bretagne* fait un effort exceptionnel en avions
et navires de guerre. 35 Hurricane* arrivent en avril. Une force K* composée
du croiseur Gloucester et de six destroyers, sous les ordres de Lord Louis
Mountbatten*, renforce les sous-marins et bâtiments déjà sur place.
En mai, les résultats tombent. 62 avions allemands et 15 italiens abattus
par la chasse ou la DCA. 25 navires, soit 90 000 tonnes, coulés.
L’état-major allemand presse Hitler* d’intervenir à Malte* comme en
Crète*. Le Führer*, marqué par les pertes de l’opération Merkur*, refuse de
lancer ses paras sur Malte.
Il existe aussi des soldats et des marins italiens courageux.
Dans la nuit du 25 au 26 juillet, les nageurs de combat de la 10e MAS*
tentent de forcer les défenses du port de La Valette. L’attaque vise un convoi
juste arrivé : 20 morts, 18 prisonniers chez les assaillants.
De plus en plus le problème de Malte s’appelle le ravitaillement. Il faut
nourrir la population, la garnison et alimenter la bataille. Le rationnement, à
partir d’août 1941, signifie presque demi-famine.
Faute de pouvoir assurer des convois réguliers, la Navy*, à partir de
Gibraltar* et d’Alexandrie*, lance des sous-marins forceurs de blocus. En
dépit des mines à proximité de La Valette, des destroyers et des avions
ennemis, une équipe de submersibles bourrés d’approvisionnement de toutes
sortes gagne l’île. Avec ce tapis magique arrive l’indispensable.
L’été est relativement plus calme, malgré le souci constant du
ravitaillement.
En septembre, un gros convoi venant de Gibraltar* parvient à passer.
L’opération a mobilisé toute la flotte de Méditerranée*. Le cuirassé Nelson
est avarié par une torpille.
Septembre est aussi un mois faste pour les sous-marins de l’île. Ils
coulent quatre paquebots rapides italiens transporteurs de troupes. Autant de
combattants que la VIIIe Armée britannique ne trouvera pas devant elle.
De juin à novembre 1941, Rommel* aura vu 242 000 tonnes s’envaser au
fond de la mer, et ne recevra que 8 000 hommes en renfort au lieu de 60 000.
Hitler* s’énerve : « Malte n’est plus une île mais une infection à
guérir ! » Il ordonne d’envoyer en Méditerranée* des sous-marins de
l’Atlantique*, des vedettes rapides de la Baltique et de tripler les forces
aériennes de Kesselring*, le patron en Méditerranée*.
Malte gêne l’Axe*. Malte coûte cher.
Le 13 novembre, le porte-avions Ark Royal*, rentrant d’une mission sur
Malte, est torpillé par un sous-marin au large de Gibraltar*. Le 25 novembre,
le cuirassé Barham, en couverture de la force K* de Malte, connaît le même
sort. Le bâtiment coule en six minutes avec 868 marins ; il y aura 500
rescapés. Dans la nuit du 18 au 19 décembre, la force K* pénètre dans un
champ de mines. Le croiseur Neptune en est la première victime. Un seul
survivant sera retrouvé des 500 marins du Neptune. Dans la nuit du 19 au
20 décembre, six hommes-grenouilles italiens se glissent dans la rade
d’Alexandrie jusqu’aux cuirassés Queen Elizabeth* et Valiant. Les deux
cuirassés seront immobilisés pour de longs mois. La flotte britannique en
Méditerranée orientale* ne dispose plus que de trois croiseurs.
Au début de 1942, Malte est pratiquement neutralisée par les
bombardements et le blocus naval. Rommel* en bénéficie. Son tonnage
débarqué s’améliore. Il pourra en profiter pour reprendre une offensive qui le
mènera aux portes de l’Égypte*.
L’année 1942 sera pénible pour l’île : bombardements aériens quasi
quotidiens, pénurie de ravitaillement. Gort*, en mai 1941, a remplacé
Dobbie. Sa ferme défense lui vaudra son bâton de maréchal en 1943.
Récompensée également de son courage, Malte, en avril, reçoit la George
Cross*. Les Maltais apprécient mais affamés murmurent : « La George
Cross*, ça ne se mange pas. »
L’arrivée du convoi Pedestal* en août sauve l’île de la famine et d’une
inévitable capitulation.
La situation bascule avec la victoire d’El-Alamein* fin octobre et le
débarquement allié en AFN* le 8 novembre, préludes à la défaite totale de
l’Axe* en Tunisie* le 13 mai 1943. À cette date, le siège sera pratiquement
levé.
Il aura coûté à la population 1 493 tués et 3 764 blessés (avec un haut
pourcentage d’enfants). Vestige de ces temps héroïques, la Georges Cross*
fleurit aujourd’hui sur le drapeau de Malte devenue indépendante. Quant aux
Britanniques, ils auront perdu, avec les convois de Malte en 1941-42, 33
bâtiments coulés et 28 endommagés. Mais l’existence de l’île aura
certainement interdit à Rommel* d’aller jusqu’au Caire.

MANDCHOUKOUO
Nom donné à la Mandchourie* durant l’occupation japonaise.

MANDCHOURIE
Région du nord-est de la Chine*, que la Chine*, la Russie et le Japon* se
disputent à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Les Japonais l’occupent
en septembre 1931 et lui donnent le nom de Mandchoukouo* (le pays des
Mandchous). Un État et un gouvernement fantoches y sont installés en mars
1932. L’émigration nippone y est massive : 840 000 Japonais en 1939.
Seuls, le Japon*, l’Allemagne*, l’Italie* et le régime chinois de Nankin
ont reconnu l’existence du Mandchoukouo* placé sous l’autorité fictive de
l’empereur Pu Yi*, dernier héritier de la dynastie mandchoue disparue en
1911.
Après la campagne de Mandchourie* et la capitulation japonaise*, le
Mandchoukouo* sera restitué à la Chine*.

MANDCHOURIE, CAMPAGNE DE
Entre les fils du Soleil-Levant et les héritiers de l’Empire des tsars se
dresse un vieux contentieux.
Le traité de Portsmouth (15 septembre 1905), sanction de ses revers
militaires, a été pour la Russie un véritable camouflet : perte de Port-Arthur,
de la presqu’île de Liao-Toung et de la moitié sud de Sakhaline*, évacuation
de la Mandchourie* et reconnaissance du protectorat japonais sur la Corée*.
C’est ce passé que le maître du Kremlin entend gommer. À Yalta*, il
s’est engagé à entrer dans la guerre contre le Japon* trois mois après la fin du
conflit en Europe. Roosevelt*, trop heureux de cette participation, a consenti
à en payer le prix fort (au détriment de son ami Tchang Kaï-chek*). Moscou
récupérera ce qu’il a perdu à Portsmouth et même un peu plus. L’acquisition
des Kouriles*, la mainmise de fait sur la Mongolie extérieure, sont comprises
dans le marché.
Durant quatre ans, depuis le 22 juin 1941, Staline* s’est tenu sur une
prudente réserve en Extrême-Orient, donnant la priorité au combat en Europe.
Par Sorge*, il savait que le Japon*, trop préoccupé par ailleurs, n’attaquerait
pas en Sibérie. Les Japonais, en effet, malgré l’invite allemande, ont préféré
s’en tenir au traité de neutralité du 13 avril 1941. Du coup, la Stavka* a pu
dégarnir l’Extrême-Orient. L’apparition des Sibériens, en décembre 1941, a
été l’un des éléments qui ont permis de sauver Moscou*.
Au printemps de 1945, tout a évolué. L’effondrement du Reich* n’est
plus qu’une question de jours. Dès la mi-avril, Staline* commence à retirer
des troupes d’Europe et à les expédier vers l’est.
Au début du mois d’août, 1,5 million d’hommes se massent aux abords
de la frontière sibérienne ; 26 000 pièces d’artillerie, 5 500 chars, 3 900
avions se tiennent prêts à les appuyer. L’ensemble des forces a été placé sous
l’autorité du maréchal Vassilievski* qui a largement fait ses preuves à
l’ouest. Trois Fronts ont été constitués, à l’exemple de ce qui s’était pratiqué
en Europe :
— Front de Transbaïkalie sur l’Amour supérieur et en Mongolie
extérieure, sous Malinovski* ;
— 1er Front d’Extrême-Orient, sous Meretskov*, dans les provinces
maritimes au nord-est de Vladivostok ;
— 2e Front d’Extrême-Orient, sous Purkayev, toujours sur l’Amour, de
Blagoveshthensk à Khabarovsk. Ce théâtre a tendance à être regardé comme
secondaire.
De ces trois Fronts, celui de Transbaïkalie est le plus étoffé, avec 5
armées et une armée aérienne.
Vassilievski* dispose encore de la flotte du Pacifique* et de l’Amour
(soit 2 croiseurs, 12 torpilleurs, 500 navires de combat et 1 500 avions).
Les intentions des Soviétiques sont ambitieuses. Leurs moyens, la
géographie le permettent. Du désert de Gobi à Vladivostok, la frontière
dessine sur près de 5 000 km un gigantesque fer à cheval longeant l’Amour et
l’Oussouri. À l’intérieur de cette nasse, l’armée du Kwantung, qui occupe la
Mandchourie* et le nord de la Corée*, est très largement enveloppée. Elle est
à la merci d’un encerclement par deux actions latérales refermant la trappe au
sud dans la région Changchun-Shenyang (Moukden). Évidemment, il faut
compter avec les distances.
Face aux forces soviétiques d’Extrême-Orient renforcées par les unités
aguerries de l’ouest, l’armée du Kwantung aligne 1 040 000 hommes. Bien
qu’appuyée par 5 400 pièces d’artillerie, 1 000 chars et 1 800 avions, elle est
donc en très nette infériorité. Son chef, le général Yamada, sous-estime le
danger. Ses rapports avec ses voisins sont bons et il croit en la vertu du pacte
de neutralité. Les Japonais, du reste, vivent dans une certaine quiétude face à
l’URSS*. Toujours le pacte de neutralité.
La foudre, le 8 août 1945, vers 17 h, s’abat au pied de l’ambassadeur
nippon Sato rendant visite à Molotov* à Moscou. Monsieur Niet laisse
tomber au diplomate que son pays se considérera en guerre avec le Japon* le
lendemain 9 août. L’URSS* répond, ce faisant, à une demande de ses alliés.
Officiellement, Staline* honore son contrat de Yalta*. La réalité est tout
autre. Il estimait avoir du temps devant lui. Hiroshima* a tout remis en
question. Les heures sont comptées. Il faut se hâter d’exploiter la 11e.
Vassilievski* ne manque pas son rendez-vous. Il attaque dès le 9 août à
l’aube, en franchissant la frontière mandchoue. Dans quelques heures, la
seconde bombe atomique tombera sur Nagasaki*.

Sur le front de Transbaïkalie :


L’effort principal se situe au centre, sur les axes de Changchun et
Moukden. Malgré les pluies violentes, la 6e Armée de la Garde s’insinue
hardiment par les défilés des monts Khingan. Les 11 et 12, elle enlève les
cols et bascule dans la plaine, suivie par les 39e et 53e Armées japonaises. La
résistance rencontrée est dans l’ensemble assez modeste. Le 14 août, les
éléments de tête approchent de Changchun. En certains endroits, les blindés
ont progressé de 400 km en quelques jours. Seule contrepartie à cette avance
aussi rapide, leurs réservoirs se retrouvent à sec. À la hâte, la 12e Armée
aérienne, bravant pluies et brouillard, organise un pont aérien.
Dans la partie méridionale du front, la République populaire de
Mongolie*, le 10 août, déclare à son tour la guerre au Japon*. Les Mongols
du maréchal Tchoïbalsan entrent aussitôt en action dans le désert de Gobi. Le
14 août, leur menace se précise à 200 km au nord-ouest de Pékin.

Au 1er Front d’Extrême-Orient :


Malinovski* avait devant lui les monts Khingan. Meretskov* fait face à
de solides fortifications qui couvrent l’intérieur de la Mandchourie où sont
implantées les meilleures unités japonaises. Leurs positions exploitent
habilement le terrain boisé et les vallées encaissées.
Malinovski* avait envisagé une attaque de style classique. Les pluies
torrentielles l’obligent à modifier ses plan. Sa 5e Armée s’infiltre par petits
éléments profitant des intempéries. Les points forts sont court-circuités, les
voies de communications coupées, les PC neutralisés.
Cependant, la résistance japonaise se montre beaucoup plus solide. Les
Soviétiques découvrent, à leur tour, les charges suicides, les combattants qui
se précipitent sous les chars avec des engins explosifs. Une amélioration de la
météo permet à l’aviation de se manifester. Le 12, au soir, Mitankiang tombe.
La porte vers Kharbin et Kirun est ouverte aux renforts qui affluent.
Simultanément, la 25e Armée a frappé le long de la route côtière qui
conduit de Vladivostok à la Corée. Des débarquements, effectués par la flotte
du Pacifique*, lui dégagent la voie.

Au 2e Front d’Extrême-Orient :
Son action ne devait être qu’une opération de diversion. Cependant, en
quatre jours, ses éléments, ayant franchi l’Amour, réalisent une progression
de 200 km. Kharbin et Tsitsikar voient l’ennemi converger de plusieurs côtés.
Au soir du 14 août, l’offensive soviétique obtient un plein succès. Les
défenses nippones craquent. Les trois Fronts s’enfoncent profondément en
Mandchourie*. Simultanément, une division renforcée a pénétré en Sakhaline
méridionale*. Plus au nord, un débarquement se prépare à investir Shumshu,
la plus septentrionale des Kouriles*.
Staline* ne saurait se plaindre, mais brutalement, le 15, Tokyo annonce
son intention de capituler, lui coupant l’herbe sous le pied. Le dictateur
soviétique a besoin de quelques journées supplémentaires pour atteindre les
objectifs qu’il s’est fixés. Sans vergogne, il se les octroie bien que cette
nouvelle guerre soit impopulaire chez lui. Les Russes, après les années
sanglantes qu’ils viennent de vivre, n’en voient ni les fondements ni l’intérêt.
La proclamation impériale crée la confusion dans les rangs de l’armée du
Kwantung. Certes, l’Empereur a parlé, mais les Soviétiques continuent
d’attaquer. L’honneur militaire impose de résister.
Du côté soviétique, c’est la course contre la montre. À Moscou, le chef de
l’état-major de guerre annonce froidement que la déclaration faite par
l’Empereur « avait seulement évoqué en termes généraux la capitulation
japonaise ». En conséquence, les opérations continuent.
Le 17, un membre de la famille impériale apporte à Yamada l’ordre de
l’Empereur de mettre bas les armes. Yamada obéit. Les soldats japonais se
rendent. Les Soviétiques en profitent pour forcer l’allure. Ravitaillés par air,
les blindés de Malinovski* atteignent Moukden le 20 août et Port-Arthur le
22. Sur le front oriental, le 1er Front d’Extrême-Orient franchit le Yalu et
borde le 38e parallèle, limite convenue à Potsdam* pour la future occupation
de la Corée*, Soviétiques au nord, Américains au sud.
Pour accélérer sa manœuvre, Vassilievski a organisé des détachements
aéroportés. Ceux-ci arrivent en précurseurs dans les principales cités,
facilitant la progression des éléments venant par terre.
Dans les îles, les débarquements s’accélèrent. Le 23, tout est terminé dans
les Kouriles*, le 25 sur Sakhaline*.
Par la suite, les Soviétiques publieront le bilan d’un mois de campagne,
du 9 août au 9 septembre. Pour les Japonais, 80 000 morts et 594 000
prisonniers. Dans leurs rangs : 8 000 morts et 22 000 blessés. L’URSS*, en
Extrême-Orient, a besoin de main-d’œuvre. Les 594 000 Japonais la lui
fourniront. 263 000 périront de faim ou de misère dans les usines sibériennes,
ou en construisant la seconde voie du transsibérien Baïkal-Amour. Tous les
officiers supérieurs seront massacrés.
Par cette guerre à sens unique, Staline* a obtenu ce qu’il désirait :
occupation de la Mandchourie* et du nord de la Corée*, mainmise sur les
Kouriles*, le sud de Sakhaline*, et la péninsule de Liao-Toung avec Port-
Arthur. Il se trouve en position de force pour débattre de la suite avec les
Chinois, qu’ils soient ceux de Tchang Kaï-chek* ou de Mao Tsé-toung* qui
s’est manifesté avec sa 8e Armée populaire de libération.

MANHATTAN PROJECT
En 1896, le Français Henri Becquerel découvre, sur les sels d’uranium,
les phénomènes de radioactivité.
En 1919, l’Anglais Rutherford parvient à fendre l’atome. Poussant plus
avant, le Français Frédéric Joliot-Curie produit en 1934 du plutonium en
bombardant de neutrons les atomes d’uranium. Peu après, l’Italien Enrico
Fermi préconise l’utilisation de neutrons lents pour la désintégration de
l’atome. En 1938, l’Allemand Otto Hahn détermine le processus de la fission
déclenchant une réaction en chaîne. En 1939, le Danois Niels Bohr démontre
que l’uranium 235 l’emporte très largement sur l’uranium 238 plus commun
pour déclencher une réaction en chaîne.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il est généralement admis par
les savants de plusieurs nations que la libération de l’énergie par la fission de
l’atome est possible. Quatre pays, les États-Unis*, la Grande-Bretagne*, la
France*, mais également l’Allemagne*, apparaissent sur la voie qui mène à la
fabrication effective d’une arme dite atomique. En 1939, l’équipe Joliot-
Curie propose au général Gamelin* de construire une bombe capable de
détruire à elle seule « un port comme Brest ».
Cette situation incite Enrico Fermi et le Hongrois Szilard, qui ont émigré
aux États-Unis*, à presser Albert Einstein d’alerter F. D. Roosevelt*. La
lettre du 2 août 1939 que le père de la relativité adresse au président des
États-Unis* marque une étape essentielle.
Roosevelt* a compris. Un bureau de recherches est mis sur pied et
marque le pas. Pearl Harbor* précipite l’évolution. En septembre 1942, le
général Groves* est nommé à la tête du programme désigné sous le nom de
Manhattan Project. Groves*, forte personnalité, technicien autant que
militaire, sera le chef d’orchestre du projet.
Il s’entoure de savants et de physiciens de valeur et place Robert
Oppenheimer, en octobre 1942, à la direction du centre de recherches de Los
Alamos. C’est là, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, à 50 km au nord-
ouest de Santa Fé, que s’installe, début 1943, l’équipe de chercheurs.
Un budget énorme est consacré aux études et travaux : 600 millions de
dollars par an. 20 physiciens de réputation mondiale, 100 000 personnes
travaillent sans relâche. Des usines sont construites pour la séparation des
isotopes d’uranium et la production de plutonium (les recherches s’orientent
aussi bien vers une bombe à l’uranium 235 qu’au plutonium).
Les Britanniques, qui, de leur côté, ont réussi à récupérer de nombreux
physiciens européens fuyant le nazisme, poursuivent leurs études. Celles-ci
sont désignées sous le nom de code de Tube Alloys (Direction des alliages
pour tubes). Mais l’évidence s’impose. Seuls les États-Unis* ont les moyens
industriels et financiers susceptibles de mener les travaux à leur terme. À
Washington, en juin 1942, Roosevelt* et Churchill* se mettent d’accord. Les
États-Unis* prennent l’affaire en main.
À Québec*, en août 1943, le Président et le Premier ministre définissent
les conditions de l’emploi de l’arme. Américains et Britanniques ne
l’utiliseront jamais l’un contre l’autre ni contre une tierce personne sans un
accord commun. Soviétiques et Français sont tenus à l’écart.
Grâce aux travaux d’Otto Hahn, de Heisenberg, Bothe, von Ardenne, les
Allemands peuvent également prétendre participer à la compétition. Avec
l’invasion de la Norvège*, ils mettent la main sur l’usine de Norsk-Hydro qui
produit la fameuse eau lourde*. Cette eau lourde* (oxyde de deutérium) est le
modérateur employé pour la préparation de l’uranium 235.
Londres s’émeut de l’existence de cette usine. Niels Bohr, depuis le
Danemark* qu’il n’a pas encore quitté, alerte à la fin de 1941 les services de
renseignements anglais. Il est persuadé que les Allemands préparent la
bombe. Pour Londres, la cause ; est entendue. Il faut détruire au plus vite
l’usine et son stock. Ce qui sera fait (voir Eau lourde, bataille de l’).
Pourtant, les Britanniques et le Danois s’égarent. Dès l’automne 1942, les
Allemands se rendent compte qu’ils ne possèdent pas les moyens techniques
et financiers suffisants. Hitler* lui-même n’y croit pas. Il qualifie la physique
nucléaire de « physique juive ».
Lors de la seconde conférence de Québec*, en septembre 1944, les
Alliés* conviennent, sans avoir a priori éprouvé de cas de conscience, qu’une
fois la bombe atomique prête, « elle serait peut-être, après examen
approfondi, utilisée contre le Japon* ».
À cette date, deux procédés d’élaboration de la future bombe sont en
cours : l’un avec de l’uranium 235, l’autre avec du plutonium. Lequel sera
employé ? Tout sera fonction des résultats ultérieurs.
Groves* a donc fait dessiner deux modèles de bombes : Fat man* avec le
plutonium et Thin man ou Little boy* avec l’uranium 235 (poids 4 037 kg
pour Little boy*, longueur 3,2 m ; sensiblement de même dimensions, Fat
man* est un peu plus ventru et un peu plus lourd).
Obligatoirement, les caractéristiques extérieures de Little boy* et Fat
man* ont été adaptées aux possibilités de l’appareil capable de porter le plus
vite au plus loin, en l’occurrence, le B-29 Superfortress*. À cet effet, une
escadrille de B-29* s’est spécialement préparée pour cette mission dans l’île
de Tinian*, dans les Mariannes*.
Au Nouveau-Mexique, les ultimes essais se préparent fébrilement. Le site
choisi pour l’expérimentation cruciale est un terrain de bombardement de
l’armée de l’air américaine à Alamogordo.
Le 11 juillet 1945, les techniciens de Los Alamos prennent livraison du
plutonium destiné à l’engin expérimental Trinity*. Une tour, devant l’abriter,
est édifiée. Devant ce saut dans l’inconnu, Groves* redoute le pire. Il
envisage même de faire évacuer les villes proches (voir Trinity).
Le 30 juin, Oppenheimer a fixé la date et le moment de l’essai Trinity*.
Celui-ci sera retardé quelque peu par des pluies ; enfin, le 16 juillet 1945, à
5 h 30, l’explosion redoutée et espérée se produit. Dans un rayon de 1,5 km
tout est détruit. La puissance de Trinity* équivalait à 20 000 tonnes de TNT.
Le Manhattan Project a été mené à bien. Deux bombes sont prêtes.
L’obstination du Japon* vaudra à deux de ses cités, Hiroshima* et
Nagasaki*, d’entrer tragiquement à jamais dans l’Histoire.

MANILLE, LIBÉRATION DE
La VIe Armée américaine a débarqué dans la baie de Lingayen, au nord-
ouest de Luçon, le 9 janvier 1945 et son 14e CA a aussitôt entamé sa
progression sur Manille, la capitale des Philippines*.
Le 30 janvier au soir, MacArthur* lui-même a exhorté l’ardeur des unités
de tête : « En avant pour Manille ! Encerclez les Japonais, éjectez-les et
prenez la ville ! » La 1ère division de cavalerie et la 37e DI se sont disputées
l’honneur de gagner la ville au plus vite.
L’audace et la surprise paient. Les ponts sont enlevés avant d’avoir été
dynamités. Le 3 février au soir, les éléments avancés de la 1ère division de
cavalerie débouchent dans la ville et se précipitent à l’université Saint-
Thomas transformée en camp d’internement. 1 300 prisonniers civils et
militaires sont libérés. Dans un bâtiment proche, 300 femmes et enfants
retenus en otages font l’objet d’une transaction délicate. Leurs gardiens sont
autorisés à s’éclipser contre la vie de leurs captifs. Peu après, dans la vieille
prison Bilivid, 800 autres personnes sont sauvées par l’arrivée de la 37e DI.
Simultanément, des parachutistes de la 11e Airborne*, débarqués par mer
ou largués dans l’intérieur, montent du sud-ouest. Le 4 février, dans l’après-
midi, ils atteignent les faubourgs de la ville désormais aux trois quarts
encerclée.
Yamashita* a officiellement déclaré Manille ville ouverte. Le
commandant local, l’amiral Iwabuchi, ne l’entend pas ainsi. Yamashita* n’est
pas son supérieur direct. Avec ses 17 000 hommes, des marins en majeure
partie, Iwabuchi est résolu à se battre jusqu’au bout dans la capitale. Une cité
comme Manille, avec ses immeubles bétonnés, son vieux quartier espagnol
intra-muros ceinturé par un rempart de 5 mètres de hauteur sur 12 à la base,
offre de formidables possibilités de défense.
MacArthur* répugne à engager massivement l’aviation à cause des civils
philippins. Ses trois divisions, 1ère DC, 37e DI, 11e Airborne*, sont
condamnées à mener un combat de rues, maison par maison, rappelant
Stalingrad*. Un Stalingrad* dans l’odeur insupportable des cadavres
décomposés par la chaleur tropicale. Les Japonais, en infériorité numérique,
ont l’avantage des retranchements. On se bat à la grenade, au lance-flammes.
Des chars, des obusiers de 105, des mortiers lourds sont amenés au plus près.
Les Japonais, comme toujours, refusent de se rendre.
Le 3 mars, tout est terminé. Dans cette lutte d’un mois pour Manille, les
Américains ont eu 1 000 tués et 5 500 blessés. Aucun Japonais n’a survécu.
100 000 civils philippins, dans une cité qui en comptait 700 000, ont payé de
leur vie l’intensité des combats et la sauvagerie nippone. La ville, elle-même,
est aux trois quarts détruite. Dès le 28 février, avant les ultimes coups de feu,
MacArthur* y a rétabli le gouvernement Osmena*. L’indépendance des
Philippines*, promise en 1934 et réaffirmée par Roosevelt* en 1943, après
l’éviction des Japonais, peut commencer à se concrétiser.

MANIU, IULIU
(1873-1953). Homme politique roumain.
Chef du parti national paysan, s’oppose à la politique pro-allemande
d’Antonescu*.
Libéral, conseiller du roi Michel*, est arrêté en juillet 1947 et condamné
à la réclusion à vie. Décédé au camp d’internement de Sighet en 1953.

MANNERHEIM, CARL
(1867-1951). Maréchal de Finlande.
Nommé commandant en chef de l’armée finlandaise en 1939, au début de
la guerre d’hiver, dirige et anime habilement la résistance.
Conduit à nouveau les opérations militaires durant la guerre de
continuation avec l’URSS*. Lucide, se garde bien de s’engager trop avant
auprès du IIIe Reich*. Promu maréchal de Finlande* le 4 juin 1942. Élu
président de la République en août 1944 afin, grâce à son prestige, « de
piloter le pays hors de la guerre ». Se retire de la vie politique pour raisons de
santé en 1946.
Le maréchal Mannerheim* est le grand homme de la Finlande*.

MANNERHEIM, LIGNE
Ligne fortifiée finlandaise visant à barrer l’isthme de Carélie entre le lac
Ladoga* et le golfe de Finlande.
En retrait de la frontière de 30 à 80 km et longue d’une centaine de km,
elle s’appuie sur des plans d’eau et se compose en gros de fortins et abris
échelonnés en profondeur. 66 seulement de ces ouvrages sont bétonnés, les
autres édifiés en rondins de bois. Elle comporte trois positions : une zone
avancée, une position principale et la couverture propre de Vyborg (Viipuri).
Tranchées, points d’observation, emplacements de mitrailleuses, champs de
mines et obstructions complètent les défenses. Sur le fond, par la modicité de
ses ouvrages, elle ne peut être regardée comme une ligne Maginot*.

MANSTEIN, ERICH VON


(1887-1973). Maréchal allemand.
Chef d’état-major de von Rundstedt* durant la campagne de Pologne* en
1939, est, au début de 1940, l’instigateur du plan de percée par les Ardennes*
et de marche à la Manche pour isoler le flanc nord du dispositif franco-
anglais.
Commandant du 38e CA en France*, puis du 56e Corps blindé au
déclenchement de Barbarossa*. Son habileté et ses succès le font nommer à
la tête de la 11e Armée du GA Sud. Ayant réussi à enlever la forteresse de
Sébastopol* en juillet 1942, est promu maréchal. En novembre, se voit
confier le GA Don en vue de dégager Stalingrad*, entreprise impossible
devant les exigences de Hitler*. Chef du GA Sud, l’emporte brillamment à
Kharkov* et Bielgorod en mars 1943. Après un échec pour éliminer le
saillant de Koursk* (opération Citadelle*), est obligé de passer à la stricte
défensive, mécontentant Hitler*. Démis de ses fonctions le 30 mars 1944, ne
retrouvera plus de commandement.
Condamné par un tribunal militaire anglais à 18 ans de prison pour
crimes de guerre en Union soviétique*, est libéré au bout de quatre ans.
Selon le critique militaire britannique Liddell Hart :
« Manstein fut le plus redoutable adversaire des Alliés. Un chef qui alliait la maîtrise des
détails techniques au don du commandement le plus large. »

Malheureusement pour lui, Hitler* était son patron.


Croix de fer avec feuilles de chêne.

MANTEUFFEL, HASSO-ECCARD VON


(1897-1978). Général allemand.
En 1939, von Manteuffel est lieutenant-colonel et spécialiste reconnu des
blindés.
Au début de 1941, il se bat en Libye*, puis commande un bataillon de la
7e PD pour Barbarossa*. Le 22 août 1943, il commandera cette 7e PD. Le
1er septembre 1944, il est nommé à la tête de la 5e Armée blindée et participe
à la bataille des Ardennes*. Commandant de la 3e Armée blindée sur le front
de l’Est*, le 10 mars 1945, il retraite habilement pour éviter à sa troupe de
tomber entre les mains des Soviétiques. Fait prisonnier par les Américains, il
est libéré en 1947.
Son avancement rapide prouve ses qualités de chef et de tacticien.
Il fera, par la suite, en RFA, une carrière politique. C’est lui qui donnera
son nom à la Bundeswehr.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne, glaives et brillants.

MAO TSÉ-TOUNG
(1893-1976). Homme politique chinois.
Réfugié au Shensi depuis 1935, au terme de la Longue Marche, Mao Tsé-
toung y réorganise et développe son armée et son parti.
Son Armée populaire de libération comptera 900 000 hommes en 1945. Il
bénéficie en outre d’un certain aval des Américains qui ont dépêché près de
lui une mission militaire en juin 1944. Le VIIe Congrès du Parti, réuni du
24 avril au 11 juin 1945, consolide sa position personnelle et le réélit
triomphalement à la présidence. Il en profite pour annoncer : « Notre Congrès
représente l’autre destin de la Chine*. » Effectivement, ce nouveau destin ne
tardera pas.

MAQUIS
L’expression populaire Prendre le maquis signifie le refus de se
soumettre à l’autorité en place. Dans le cas de la Seconde Guerre mondiale,
prendre le maquis, aller au maquis, monter au maquis, expriment la décision
d’hommes et de femmes de s’opposer à l’occupant allemand (ou soviétique).
Les maquis apparaissent peu après l’invasion allemande de juin 1941 en
URSS* et se développent ensuite dans toute l’Europe occupée. Ils
représentent des centres de refuge ou de résistance pour les combattant isolés,
coupés de leurs unités, pour les résistants patriotes, pour les réfractaires à une
forme ou une autre d’embrigadement. Ils s’implantent naturellement dans les
zones propices à se dissimuler et s’organiser : forêts, massifs montagneux.
Qui dit maquis dit maquisard en France, partisan dans d’autres pays.
L’URSS*, la Yougoslavie*, les États baltes* parleront des partisans. Ces
maquisards ou partisans, au fil des mois, finiront par constituer des forces
organisées avec lesquelles l’ennemi devra compter. Ils se trouveront en :

Biélorussie :
Où les forêts leur offrent un cadre favorable. Ils seront estimés à 250 000.

États baltes* :
Les partisans baltes lutteront contre la Wehrmacht* puis contre l’Armée
rouge*. 80 000 peut-être.

France* :
400 000, le 1er septembre 1944 ? (Estimation sans doute forte mais tenant
compte des résistants de septembre*.) Ils seront particulièrement actifs dans
l’Ain, le Jura, les Alpes, le Massif central, les Pyrénées (voir Glières, Mont
Mouchet, Vercors et aussi Saint-Marcel, Oyonnax, Guingouin).

Grèce* :
Ils seront peut-être 100 000 en forces rivales (Elas* et Edes*).

Italie* :
Ils apparaissent en Italie* du Nord après l’armistice italien*. Ils seront
estimés à une centaine de mille. Les Allemands, à leur sujet, parleront de
bandes.

Pologne* :
Regroupés eux aussi dans les forêts polonaises. Au moins 100 000.

Ukraine* :
Là encore, dans les forêts d’Ukraine* septentrionale. En 1944, ils seront
estimés à 250 000, Ukrainiens à 65 %. De nombreux partisans ukrainiens
nationalistes lutteront contre l’Armée rouge*.

URSS* :
Voir Partisans soviétiques.
Yougoslavie* :
Le relief accidenté favorise leur implantation dès l’invasion allemande de
1941. Après une lutte farouche entre Tito* et Mihailovitch*, les partisans de
Tito* seront estimés à 200 000.

Les chiffres avancés (estimations) montrent l’ampleur du phénomène


maquis. Les Allemands devront consacrer des forces importantes pour tenter
de les neutraliser.
Ces maquis, pour survivre et se développer, auront largement besoin de
l’aide extérieure qui arrivera effectivement, mais pas toujours ; d’où des
tragédies comme le Vercors*. L’expérience, à ce sujet, apprendra aux
maquisards et partisans que si la guérilla est de leur ressort, le combat de type
conventionnel ne l’est pas.
On ne saurait encore oublier que la vie au maquis* exige un cœur bien
trempé. Les conditions de vie y sont difficiles, la menace permanente, les
représailles pour les prisonniers et les blessés terribles. Quant à l’armement, il
est souvent insuffisant.

MARÉCHAL, NOUS VOILÀ !


Tube du moment, composé par Montagnard et Courtioux à la gloire du
maréchal *Pétain.
L’air traîne un peu mais, les paroles, si puériles soient-elles, rendent
compte de la ferveur de 1940-41. Les enfants des écoles, les anciens
combattants, les orphéons petits ou grands l’entonnent en toutes occasions.

1er couplet. Refrain.


Une flamme sacrée Maréchal, nous voilà
Monte du sol natal Devant toi, le sauveur de la France !
Et la France enivrée Nous jurons, nous, tes gars,
Te salue, Maréchal ! De servir et de suivre tes pas.
Tous tes enfants qui t’aiment Maréchal, nous voilà,
Et vénèrent tes ans Tu nous as redonné l’espérance !
À ton appel suprême La Patrie renaîtra,
Ont répondu présents ! Maréchal (bis), nous voilà !

MARETH, LIGNE
Ligne de défense réalisée par les Français, avant 1939, pour couvrir la
Tunisie* face à la Libye* italienne.
Située un peu au sud de la petite ville de Mareth, elle s’étire sur 35 km de
la mer aux monts de Matmata.
En mars 1943, les Allemands et les Italiens s’efforcent de l’utiliser pour
stopper la VIIIe Armée britannique arrivant de Libye*. Elle est forcée le
27 mars.

MARIANNES, ÎLES
Archipel du Pacifique occidental*, étalé sur près de 800 km, entre Japon*
et Nouvelle-Guinée*, à environ 2 400 km à l’est des Philippines*.
Les principales îles ou atolls sont : Guam*, Tinian*, Saipan*, Agrita,
Rota.
À l’exception de Guam*, possession américaine depuis 1898, l’archipel,
en 1914, était colonie allemande. Il fut confié au Japon* par mandat de la
SDN* au lendemain de 14-18. Les Japonais occupaient ainsi des positions
stratégiques capitales lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
La conquête de Guam*, le 9 décembre 1941, devait rapidement s’y ajouter.
La reconquête des Mariannes, durant l’été 1944, permet aux Américains
d’installer des bases d’où les B-29* partent pilonner le Japon*.
(Voir Guam, Tinian, Saipan.)
Au large des Mariannes, les 19 et 20 juin 1944, s’est jouée l’une des plus
grandes batailles navales de la guerre du Pacifique*, autorisant les
débarquements dans l’archipel et rendant le ciel pratiquement libre devant les
Américains. Curieusement, l’Histoire l’appelle bataille des Philippines*.
(Voir Philippines, bataille navale des.)

MARINE ALLEMANDE
(voir KRIEGSMARINE)
MARINE AMÉRICAINE
(voir US NAVY

MARINE ANGLAISE
(voir ROYAL NAVY)

MARINE CORPS
De tradition, l’USMC (United States Marine Corps) représente les
soldats de la Marine américaine.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il sera beaucoup plus que cela.
À la veille de Pearl Harbor*, l’USMC compte deux divisions, les 1ère et
2e. Chacune comprend trois régiments d’infanterie, un régiment d’artillerie,
des unités d’appui et, cas d’espèce, une aviation d’appui. L’ensemble,
officiers et engagés, s’élève à 75 000 hommes (chiffre pratiquement triplé
depuis juillet 1940). Des 3e, 4e, 5e et 6e divisions ne tarderont pas à être
créées, ainsi que des unités de Raiders* et de parachutistes. À l’heure de la
capitulation japonaise, ceux qu’on appelle les Marines* seront 485 000 dont
17 000 femmes, un véritable État au sein de l’armée américaine. (L’aviation
de l’USMC aura suivi : 641 pilotes en décembre 1941, 10 049 pilotes en
septembre 1945.)
L’USMC sera de toutes les grandes batailles du Pacifique* et se fera une
spécialité des opérations de débarquement. Il aura pour chefs les généraux
Holcomb jusqu’en 1943, puis Vandegrift*, le héros de Guadalcanal*. Ses
pertes s’élèveront à 91 718, dont 24 511 tués ou décédés. Guadalcanal*, Iwo
Jima*, Okinawa*, Tarawa* seront ses hauts lieux.

MARINE FRANÇAISE
La marine française, la Royale, à la veille de la Seconde Guerre
mondiale, porte beau, non sans raisons.
Elle a retrouvé ses heures fastes de 1690 après les deux Colbert ou de
1787 après Sartine et Castries. Elle est la quatrième du monde, avec un
tonnage supérieur à 550 000 tonnes. Elle comprend :
— 2 cuirassés anciens de 22 000 tonnes (Courbet et Paris),
— 3 cuirassés de 22 000 tonnes révisés en 1935 et 1936 (Bretagne,
Provence, Lorraine),
— 2 bâtiments de ligne récents de 26 500 tonnes (Dunkerque et
Strasbourg),
— 1 porte-avions (Béarn) qui est, en fait, un transporteur d’avions,
— 38 croiseurs de 5 000 et 10 000 tonnes,
— 32 contre-torpilleurs,
— 38 torpilleurs,
— 77 sous-marins, dont le Surcouf*, le plus grand sous-marin du monde
à l’époque (2 880 tonnes).
Sont également en fin de chantier deux cuirassés de 35 000 tonnes
(Richelieu* et Jean-Bart*) qui s’ajoutent à ce tonnage.
Cette réalisation est l’œuvre des derniers ministres de la Marine et de
leurs chefs d’état-major, dont le dernier en date, François Darlan*. Elle
prouve que des budgets bien employés peuvent porter fruit à l’encontre de ce
qui se passe pour l’aviation et l’armée de terre.
Cette marine sortira pratiquement intacte de la première partie de la
guerre. On comprend la convoitise qu’elle suscitera, en particulier chez les
Britanniques, d’où la funeste opération Catapult*. Le ressentiment créé
conduira, l’aveuglement anglophobe de l’amiral de Laborde aidant, au
sabordage de la moitié de ce magnifique potentiel (voir Toulon, sabordage de
la flotte à).
Par la faute de Churchill*, de Laborde et de quelques autres (Godfroy*,
Robert*, Platon*, Abrial*), la marine française n’a pas joué dans la guerre le
rôle qu’elle aurait dû jouer.

MARINE ITALIENNE
La marine italienne, en 1940, n’est pas négligeable.
Elle aligne 6 cuirassés, 19 croiseurs, 100 bâtiments plus petits et 113
sous-marins. Des fabrications ultérieures la renforceront. La Méditerranée*
est, a priori, son théâtre d’opérations privilégié.
Cette marine subit presque d’entrée de sérieux revers : Tarente*, cap
Matapan*. Seule la Decima MAS* sauve l’honneur. La marine parvient
toutefois, en dépit des pertes, à ravitailler le corps expéditionnaire en Libye*.
Après l’armistice italien*, mieux inspirée que la marine française de Toulon*,
elle choisit le camp allié et la flotte rescapée rallie Malte*. Rescapée, car par
attaques mer ou air, par mines, elle avait perdu 2 cuirassés, 5 croiseurs,
33 destroyers, 64 sous-marins.

MARINE SOVIÉTIQUE
Comparée à la puissante Armée rouge*, la marine soviétique fait un peu
figure de parent pauvre.
Jusqu’en 1938, elle fut négligée, et elle est surtout très dispersée.
Officiellement, elle comprend quatre flottes :
— Flotte du Pacifique*.
— Flotte polaire.
— Flotte de la Baltique.
— Flotte de la mer Noire.
S’y adjoignent de nombreuses petites flottilles : de la Caspienne, du
Ladoga*, de la mer d’Azov, et des flottilles dites de rivières : Danube, Pripet,
Dniepr, Amour.
Les Soviétiques auraient possédé (chiffres incertains) : 4 cuirassés, 2
croiseurs lourds, 7 croiseurs, 5 croiseurs légers, 78 destroyers, 200 sous-
marins, 55 dragueurs de mines, 270 vedettes lance-torpilles (souvent du
matériel assez ancien).
La marine de la Baltique est de loin la plus forte. Seuls les sous-marins
jouent un rôle notoire durant la guerre. La majeure partie des équipages sert à
la défense des villes comme à Leningrad* ou Sébastopol*.
L’URSS* met également sur pied un corps d’environ 100 000 fusiliers
marins engagés dans la bataille terrestre.

MARINES
Nom traditionnel des soldats de l’USMC*.

MARITA, OPÉRATION
Nom de code de l’invasion de la Grèce* par la Wehrmacht*, prévue par
la directive No 20 de Hitler* en date du 13 décembre 1940.
Le Führer* l’envisageait afin de faire avorter les efforts anglais pour
créer, sous le couvert d’un front balkanique, une dangereuse base aérienne
qui menacerait gravement d’abord l’Italie*, puis les gisements pétrolifères
roumains.
Marita sera accélérée par la déconfiture italienne devant les Grecs et
l’invasion de la Yougoslavie* par la Wehrmacht*. Débutant le 6 avril 1941,
elle se terminera le 28 avril par la chute de Kalamata à la pointe sud du
Péloponnèse (voir Grèce, invasion de la).

MARKET GARDEN, OPÉRATION


Nom de code de l’opération conçue par le maréchal Montgomery* pour
atteindre la Ruhr en saisissant, par des aéroportés, les ponts sur les coupures
des voies d’eau jusqu’au Rhin inférieur.
Montgomery* est un perpétuel écorché vif. L’audace, les succès de
Patton*, durant l’été 1944, ne cessent de le fouetter. La IIIe armée ravit le
premier rôle à la Grande-Bretagne* et à lui-même. Alors, soudain,
l’inconcevable se produit. Ce général toujours si circonspect conçoit un plan
audacieux.
Vers l’est, la ligne Siegfried* puis le Rhin lui barrent la route directe vers
la Ruhr. Par contre, s’il atteint Arnhem* sur la rive droite du Rhin inférieur, il
déborde la Ruhr par le nord et y accède en remontant le fleuve. D’où son
intention de manœuvre entre Arnhem* et sa position présente sur le canal
Meuse-Escaut : larguer des parachutistes afin de saisir les ponts sur les
coupures des voies d’eau – canal Wilhelmine, Meuse, Rhin (Waal), Rhin
inférieur (Lek) ; dans le même temps, lancer ses blindés sur l’axe Eindhoven
– Grave – Nimègue – Arnhem pour rejoindre les aéroportés et les soutenir.
Dans le couloir ainsi créé, faire écouler son armée pour une exploitation qui,
par Wesel et la Westphalie, s’annonce aisée. La Ruhr tombe. Sans elle,
l’industrie allemande s’effondre. La route de Berlin* s’ouvre. La victoire se
dessine en quelques semaines.
Eisenhower*, habitué à une autre prudence, se laisse convaincre. Le
10 septembre 1944, il rencontre Montgomery* à Bruxelles pour la mise au
point définitive de ce qui sera appelé Market Garden* (Market correspondant
à l’engagement des troupes aéroportées, Garden à celui des forces terrestres).
Eisenhower*, bon prince et qui doit tenir compte des contraintes d’une
guerre de coalition, donne de gros moyens en essence, aviation et aéroportés.
L’opération doit aboutir à l’encerclement complet de la Ruhr. Les
Britanniques, arrivant par Arnhem* et Münster, les Américains par Aix-la-
Chapelle* et Cologne, se rejoindront à Harm, à 50 km au sud de Münster.
Market Garden débutera le 17 septembre. Trois divisions aéroportées
tomberont du ciel pour s’emparer des ponts : 101e Airborne* (au nord
d’Eindhoven, sur le canal Wilhelmine et le canal Willems) ; 82e Airborne*
(au sud de Nimègue, sur la Meuse, le Waal et le canal Waal-Meuse) ; 1ère
Airborne* (au nord-ouest d’Arnhem*, sur le Lek).
Les blindés auront 107 km à parcourir pour retrouver les parachutistes à
Arnhem*. Dans un tel plan, la résistance adverse représente une donne
d’importance. L’euphorie de la rapide avance depuis la Seine conduit tout
naturellement à la sous-estimer. La déconfiture de la Wehrmacht* paraît
tellement certaine !
C’est oublier un peu vite le travail de réorganisation entamé par von
Rundstedt*, le sentiment patriotique national, le répit accordé par
Montgomery* avec un regroupement sur le canal Meuse-Escaut.
Interviendront également des implantations d’unités, plus ou moins à
l’instruction, dans la région d’Arnhem*. La résistance hollandaise les
signalera. Dans l’euphorie ambiante, elles passeront inaperçues.
Quelques-uns, cependant, restent lucides. Le général Browing,
responsable des aéroportés, demande à Montgomery* :
« Combien de temps faudra-t-il aux blindés pour nous rejoindre ?
— Deux jours.
— Nous pourrons tenir quatre jours. Mais je crains bien, Monsieur le Maréchal, que nous
n’allions un pont trop loin*. »

La supériorité aérienne autorise un largage de jour, favorable à une


meilleure précision.
Les 494 transporteurs qui emmènent la 101e Airborne* sur les DZ*
d’Eindhoven empruntent la route dite du sud par la Belgique* et survolent,
sauf en approche finale, des régions libérées. Par contre, les 1 050 autres de la
route nord, vers les secteurs de Nimègue et Arnhem*, se voient dans
l’obligation de s’engager au-dessus d’une Hollande* toujours occupée. Au
préalable, 900 bombardiers ont pilonné les batteries de DCA, les défenses et
quatre aérodromes proches. Plus d’un millier de chasseurs se relaient pour
escorter les appareils qui emportent les parachutistes (20 000) ou tractent les
planeurs (14 000 combattants aérotransportés). L’action des uns et des autres
sera bénéfique, éliminant en bonne partie le feu de la Flak*. Par contrecoup,
les erreurs de largage resteront limitées et les pertes relativement modestes
(164 avions, 132 planeurs, du fait de l’ennemi ou par accidents).

Avec la 101e Airborne* sur Eindhoven.


Le largage est bon, au terme d’un vol presque parfait par la route du sud.
Sitôt à terre, le 506e régiment se rue sur le village de Son en Breugel à
sept kilomètres au nord d’Eindhoven. Les Allemands parviennent de justesse
à faire sauter le pont sur le canal Wilhelmine, mais la brèche est peu
importante. 2 bataillons, grâce à une passerelle de fortune, poursuivront sur
Eindhoven. Les faubourgs de la ville seront atteints le lendemain vers 10 h.
Eindhoven, liaison assurée avec les blindés, tombera en fin de journée. Les
sapeurs travailleront d’arrache-pied pour lancer un Bailey*. Le 19, à 6 h 15,
la voie sera ouverte.
Mais, en deux jours, le XXXe CA britannique chargé de la liaison avec les
aéroportés n’a progressé que d’une trentaine de kilomètres.
Les choses se sont mieux déroulées dans les deux autres régiments (501e
et 503e) de la 101e. Ils ont saisi intacts les passages sur l’Aar, le Dommel et le
canal Willems
Pour la 101e Airborne*, un autre combat s’engage : préserver le couloir
conquis des réactions adverses. La route sera coupée et reprise par deux fois.
D’ici au 25 septembre, la division déplorera 2 074 tués, blessés et disparus
(sur un effectif de 7 000 hommes).

Avec la 82e Airborne* sur Nimègue.


Les paras du jeune général Gavin* (trente-sept ans) sautent assez loin de
leurs objectifs principaux, pont sur le canal Meuse-Waal, pont de Nimègue
sur le Waal.
Seule la 2e compagnie du 2e bataillon du 504e tombe aux approches
immédiates de sa cible, le pont de Grave sur la Meuse, ouvrage de 500 m de
long, dont elle s’empare à peine à terre. Ce succès était indispensable pour la
liaison entre 101e et 82e Airbornes*.
Les trois régiments de la 82e, à marche forcée, se précipitent sur Nimègue
et le canal Meuse-Waal. Le pont sur ce dernier est saisi intact vers 14 h 30.
Le succès total se joue à Nimègue où il faudra entamer de sévères
combats de rues. Les ouvrages seront enlevés intacts mais le 20 au soir
seulement. Market Garden a débuté depuis quatre jours.
Pour la 82e*, rejointe par le XXXe CA, le combat désormais s’assimilera à
celui de la 101e* : tenir le couloir. La situation restera difficile jusqu’au
27 septembre.

Avec la 1ère Airborne* britannique.


Les paras de la 1ère Airborne* ont reçu la mission la plus exposée, celle
de sauter le plus au nord, sur Arnhem. Le général Urquhart et ses hommes le
savent. Ils ont deux ponts sur le Lek à conquérir, un ferré, un routier, ainsi
qu’un pont de bateaux.
Les DZ* retenues, à l’ouest de la ville, offrent un sol ferme et bien
dégagé, mais se situent à une bonne dizaine de kilomètres du centre ville.
Autre handicap, Urquhart, faute de transports, a été obligé d’étaler ses
arrivées sur deux jours, perdant ainsi l’effet de masse.
Les paras et aérotransportés, largués ou déposés correctement dans
l’ensemble, se heurtent vite à de fortes résistances et éprouvent des pertes.
Seul le 2e bataillon du lieutenant-colonel Frost*, héros de Bruneval*, vétéran
de Tunisie* et de Sicile*, trouve la voie à peu près libre. Il accède au pont de
chemin de fer pour le voir sauter sous ses yeux. Le pont de bateaux ayant
également été détruit, tous ses espoirs reposent sur le pont routier, magnifique
arche métallique de 600 m de long que précèdent des rampes d’accès. Il
l’atteint au crépuscule et se retranche autour de l’accès nord. C’est là qu’il
compte tenir jusqu’à l’arrivée des amis débouchant de Nimègue. Le succès
final de Market Garden repose sur les 6 à 700 hommes de Frost* (ils n’ont
pas pu franchir le pont balayé par des feux d’une pièce de DCA et d’une
automitrailleuse).
Les 1er et 3e bataillons, très éprouvés, se révèlent incapables de rejoindre
Frost*. Détail caractéristique de la vigueur de la réaction allemande, le
général Urquhart et le général Lathbury qui commande la 1ère brigade arrivée
en tête sont isolés quelque temps sans moyens radio.
Désorganisation du commandement, absence de liaisons radio, brouillard
retardant les décollages des renforts en Angleterre*, apparition de chars chez
les Allemands. La situation de la 1ère Airborne* s’aggrave rapidement.

18 septembre au soir.
Suivant les plans de Montgomery*, la liaison aurait dû être réalisée avec
Arnhem*. Si le bataillon Frost* se défend bien, il accuse des pertes et ses
munitions baissent.

19 septembre.
La 4e brigade, larguée la veille, fait effort sur Arnhem* mais se trouve
bloquée. Il y a des Waffen SS* en face qui entraînent les troupes moins
ardentes de la Wehrmacht*.
Au pont, le périmètre défensif de Frost* tient mais se rétrécit.
Un parachutage de vivres et de munitions se perd en majeure partie dans
les lignes ennemies.

20 septembre.
Frost* est grièvement blessé aux jambes mais refuse toute idée de
reddition. Autour de lui, ils ne sont plus que 150 valides.
À l’ouest d’Arnhem*, à hauteur d’Oosterbeek, Urquhart a fait organiser
un périmètre défensif d’environ 1 km sur 2 avec une ouverture sur le Lek.
Quant aux amis du XXXe CA, leurs obus commencent à tomber sur
Arnhem* mais les liaisons radio restent défaillantes. Et il manque surtout un
Patton* pour inciter les blindés de Sa Majesté à pousser de l’avant au plus
vite.

21 septembre.
Au bataillon Frost*, ils ne sont plus que 80 encore en état de se défendre.
Vers 9 h, ils passent leur ultime message : « Plus de munitions. God save the
King ! » Les Allemands reprennent le contrôle de l’accès nord du pont.
17 h 08, la brigade polonaise saute non loin du village de Driel, sur la
rive sud du Lek. Les 1 003 parachutistes polonais sont pris à partie en l’air.
Certains sont tués avant l’arrivée au sol. D’autre se noient dans le Lek
proche. Beaucoup s’éparpillent dans les polders et les vergers. Chose
incroyable, le soutien aérien fait défaut. Pour les Polonais rescapés, pas de
moyens de traversée du fleuve.

22 septembre.
Vers 8 h, un escadron de reconnaissance de la 2e division de cavalerie
royale qui s’est faufilé atteint Dreil. Mais, derrière, les gros n’ont pas suivi.
Ils n’arriveront qu’à 17 h, apportant des ducks qui devraient permettre de
franchir le Lek. Mais les berges sont trop abruptes pour mettre les ducks à
l’eau.
Le commandant du périmètre d’Arnhem* fait savoir que sur les 10 000
hommes débarqués, il n’en reste qu’un tiers de valides. Seuls quelques
dizaines de Polonais, embarqués sur des canots peu stables, ont réussi à
passer.

23 septembre.
Il pleut. Les Allemands poussent au sud le long du fleuve afin d’isoler le
périmètre.
Sous le feu ennemi, 200 Polonais parviennent à renforcer les défenseurs.

24 septembre.
Les Allemands reçoivent encore des renforts et des chars lourds. Faute de
bateaux, les fantassins britanniques ne peuvent traverser.
Le commandant du périmètre doit se résigner. Il demande une
évacuation. Ironie ! Elle sera désignée sous le nom d’opération Berlin.

25 septembre.
21 h. La pluie tombe, rendant la nuit plus obscure. L’artillerie ouvre le
feu. À 22 h, les sapeurs canadiens, qui ont aménagé les berges, commencent
les transferts. Avec l’aube, les traversées doivent cesser. 2 700 hommes ont
réussi à passer. 300 sont encore sur la rive nord. Certains traversent à la nage.
Durant plusieurs jours, des isolés rejoindront avec l’aide des Hollandais.
La 1ère Airborne* britannique a payé très cher Market Garden. 2 800
rescapés, mais 1 500 tués et 6 450 prisonniers dont de nombreux blessés. Elle
devait tenir deux jours. Elle a résisté huit jours. Arnhem* demeure un haut
lieu des parachutistes britanniques. La ville n’a pas été saisie. La porte n’est
pas ouverte sur l’Allemagne*. Les combats se stabiliseront au sud du Lek.
Arnhem* ne sera libérée que le 14 avril 1945, trois semaines avant la fin de la
guerre.
Market Garden, le plan voulu et conçu par Montgomery*, a donc échoué.
L’échec final est largement imputable à son auteur : présomption d’une
victoire facile, sous-estimation du potentiel adverse, temps d’arrêt devant
Anvers*, méconnaissance des difficultés du terrain, parachutages échelonnés
de la 1ère Airborne*, insuffisance de l’appui aérien. L’héroïsme des
combattants n’est pas en cause, tant s’en faut, mais comment ne pas s’étonner
du manque de dynamisme du commandement britannique ?
Les exigences de Montgomery*, qu’elles soient pour Market Garden ou
autre, ont-elles empêché de voir la guerre se terminer en 1944 ? On ne le
saura jamais. Alimenté en essence le 30 août et les jours suivants, Patton*,
avec sa fougue habituelle, aurait peut-être crevé les défenses allemandes et
pénétré en Allemagne*. Il est loisible de le penser. Il n’est pas possible de le
démontrer.
MAROC
En 1939, le Maroc est scindé en deux.
La partie septentrionale, la moins importante, est sous protectorat
espagnol. La partie centrale et méridionale est sous protectorat français. Le
sultan Mohammed V règne à Rabat ; le général Noguès*, résident général,
assume les vrais pouvoirs.
Dès le début du conflit, le souverain demande à ses compatriotes de
soutenir la France*. La défaite française ne modifie pas le régime du
protectorat. Le statut sur les Juifs, édicté par Vichy*, n’est toutefois pas
appliqué.
Le 8 novembre 1942, le Maroc connaît les sévères combats du
débarquement allié en AFN*. La France* rentrant à nouveau dans la guerre,
le Maroc va lui fournir 73 000 solides combattants volontaires qui
constitueront les 2e DIM, 4e DMM et Tabors de Guillaume*. On les verra en
Tunisie*, Corse*, Italie*, France* et Allemagne*. En Italie*, avec la 3e
DIA*, ils formeront le fer de lance du CEF* du général Juin*.
C’est au Maroc que se tiendront les conférences d’Anfa* et Marrakech*.
À Anfa*, Roosevelt* fera entrevoir à Mohammed V un autre avenir sans la
France*. Quels que soient le courage et la fidélité des soldats marocains, le
nationalisme provoque des émeutes en 1944, tandis que Ahmed Balafrej
fonde le parti nationaliste de l’Istiqlal. L’après-guerre du Maroc français sera
difficile ; la puissance protectrice y a perdu de son prestige.

MARRAKECH, CONFÉRENCES DE
Il y en a deux, alors que Churchill* était en convalescence à Marrakech.
La première, les 7 et 8 janvier 1944, réunit Churchill*, Beaverbrook*,
Alexander*, Devers*, Bedell, Smith*, Wilson* et Cunningham* pour
discuter du débarquement d’Anzio*. La seconde est une rencontre Churchil-
de Gaulle*, le 12 janvier. De Gaulle* entend rappeler à Churchill* qu’il est le
seul maître à bord de la nef française et que Marrakech est en terre française
(à l’époque). Il réclame, en outre, des armes pour la Résistance* française.

MARSEILLE, LIBÉRATION DE
Le 22 août 1944, alors que les combats se poursuivent dans Toulon*,
Monsabert* qui, avec sa 3e DIA*, a contourné la ville par le nord, aborde les
faubourgs de Marseille où depuis la veille les résistants sont passés à l’action.
Le conseil de guerre à Gémenos est houleux. Monsabert*, qui arrive de
Marseille, entend intensifier l’action qui l’a mené dans les murs de la ville.
De Lattre* – il ne s’en vantera pas ensuite – veut marquer le pas et en
terminer d’abord avec Toulon*. Il refuse de « s’aventurer dans la pagaille
d’une ville en pleine insurrection ». Monsabert* a la repartie rapide : « Nous
sommes le 22. Après-demain au plus tard, nous boirons le pastis sur la
Canebière. » Guillaume*, patron des Tabors, approuve. Sudre, qui commande
le CC1 de la 1ère DB, et dont certains escadrons sont déjà loin, partage le
même avis.
On se quitte mi-figue mi-raisin, sur un demi-feu vert, Monsabert* bien
décidé à n’en faire qu’à sa tête.
Le 23, le 7e RTA taraude les défenses périphériques de la cité phocéenne
et enfonce un doigt de gant par la Canebière jusqu’au Vieux-Port. 800
tirailleurs, Monsabre à leurs côtés, se battent en enfants perdus dans une ville
occupée par 17 000 Allemands et où résonnent les coups de feu des FFI*.
Comme à Toulon*, il faut encercler la ville. Les goumiers s’en chargent
(1er GTM* au nord, 2e et 3e GTM* au sud). Le CC2 les flanque largement au
nord et s’oriente vers Gardanne et Salon. Le CC1 accourt à la rescousse.
Quatre journées de combats au pied de la Bonne Mère. Les goumiers
encerclent la colline et l’enlèvent de haute lutte. Vers 17 h, le 25, la section
Audibert du 7e RTA entre la première dans la basilique. Le 28 au matin, alors
que le feu cesse à Toulon*, le général Schaeffer, commandant la garnison
allemande, signe sa reddition. Le bourdon de Notre-Dame-de-la-Garde entre
en branle, imité par toutes les cloches de la ville. Monsabert* a triomphé.
Le lendemain, le pieux Gascon fait célébrer une messe d’action de grâces
avec Magnificat, puis les vainqueurs, Monsabert*, Guillaume*, Chappuis (7e
RTA), Linarès (3e RTA), Besançon l’artilleur, les commandants de Tabors,
redescendent en ville. De Lattre* n’est pas encore arrivé ; il ne se manifestera
que pour le défilé de l’après-midi, déplorant hautement qu’on ne l’ait pas
averti de la cérémonie religieuse du matin. Mais Monsabre lui a rendu un
service sans prix. Son audace indisciplinée a fait du Roi Jean un général
victorieux.
Toulon*, Marseille sont tombées bien avant les délais envisagés. Le 28
au soir, le patron de l’armée B* peut s’offrir une auto-satisfaction dans un
message à de Gaulle* : « Dans le secteur de l’armée B* ; aujourd’hui J + 13,
il ne reste plus un Allemand qui ne soit mort ou captif. »
La bataille de Marseille a coûté 1 500 tués aux Français et 5 000 aux
Allemands, auxquels il faut ajouter 10 000 prisonniers. Les quais du port sont
sérieusement endommagés. 160 épaves obstruent la rade. Cependant, le
15 septembre, les premiers Liberty Ships* s’amarreront le long des môles
hâtivement aménagés. Marseille assurera par la suite un débit de 18 000
tonnes/jour.
Dans la ville même, le résistant Gaston Defferre s’installe à la mairie et
jette les bases de son futur empire de presse en publiant, dès le 22 novembre,
le premier numéro du Provençal sur les vestiges du Petit Provençal.
Raymond Aubrac est nommé Commissaire régional de la République.

MARSHALL, ARCHIPEL DES


Archipel de la Micronésie comprenant 36 atolls dont celui de Kwajalein*,
le plus grand du monde.
Possession allemande, l’archipel est confié au Japon* par la SDN* au
lendemain de 14-18. Avec la Seconde Guerre mondiale, il correspond au
périmètre extérieur de défense nippon.
Devant l’occupation ou la neutralisation des Gilbert*, les Japonais
fortifient les atolls extérieurs, Mille, Jaluit, Wotje, Maloelap, négligent le plus
central, Kwajalein*. C’est pourtant celui que l’amiral Nimitz* veut occuper
pour se procurer des terrains d’aviation. Ce qu’il fait (voir Kwajalein).
Avec Kwajalein*, puis Eniwetok*, les Américains contrôlent les
Marshall. Les autres atolls, puisamment fortifiés, sont délaissés. Coupés du
monde extérieur, ils ne représentent plus une menace. Les succès américains
aux Marshall font craquer la « coquille de défense nippone » dans le
Pacifique* central et offrent un remarquable tremplin pour de nouveaux
bonds en avant.

MARSHALL, GEORGE
(1880-1959). Général américain.
Il ne sort pas de West Point* mais de l’Académie militaire de Virginie.
Bien que remarqué par Pershing en 14-18, sa carrière traîne un peu. Il
n’est promu brigadier général qu’en 1936. Le 1er septembre 1939, sur la
recommandation d’Hopkins* et Pershing, Roosevelt* le nomme chef d’état-
major de l’armée de terre. Le Président et le général vont constituer une
équipe très soudée, Marshall s’entendant également très bien avec Stimson et
King*.
Chef d’état-major, Marshall assiste aux grandes conférences, développe
les forces terrestres et appuie pour la priorité à la guerre en Europe avec
débarquement. Il aurait dû commander Overlord*. Roosevelt* ne pouvait se
séparer de son principal adjoint militaire.
Promu général cinq étoiles en décembre 1944, Marshall quitte le service
actif en novembre 1945. Une carrière civile fera de lui l’homme du célèbre
Plan Marshall alors qu’il était secrétaire d’État. En 1953, il obtiendra le prix
Nobel de la Paix.
Il sut choisir Eisenhower*, Devers*, Hodges*, Patton*, Eichelberger*,
Clark*. Truman* dira de lui qu’il avait apporté la victoire. Ce soldat
profondément honnête, parfait administrateur, rassemblait compétences,
autorité et sens du dialogue.

MARTIN, COMMANDANT
Nom fictif de l’homme qui n’existait pas (Opération Chair à Pâté*).
L’identité réelle de ce commandant Martin était celle d’un SDF d’origine
galloise, Glyndwr Michaël, qui s’était suicidé en avalant de la mort-aux-rats.

MARZABOTTO
Commune martyre d’Italie*, à 30 km au sud de Bologne.
Sous couvert d’assistance aux partisans, la commune est rasée en octobre
1944, 1 604 de ses habitants, hommes, femmes et enfants, sont massacrés par
un détachement de la division SS Adolf Hitler*. 226 partisans sont également
exécutés.
Cette tragédie, témoignage de l’horreur nazie, rejoint celles de Lidice* et
d’Oradour-sur-Glane*. Le responsable, le major Walter Reder, sera
condamné à la prison à vie après la guerre.
MAS 36
Manufacture d’armes de Saint-Étienne, fusil modèle 1936. Fusil à
répétition réglementaire de l’Armée française. Poids : 3 kg 750 avec
baïonnette ; calibre : 7,5 mm ; lame chargeur de 5 cartouches ; portée
pratique : 400 m.
L’arme est robuste mais n’est pas susceptible d’être employée comme
fusil de précision.
À la mobilisation, seule une partie de l’Armée française* en est pourvue.
Lebel et mousquetons 1892 sont encore en service.
Il existe une version à crosse métallique repliable pour les troupes alpines
(qui sera après la guerre utilisée par les troupes aéroportées).

MAS 38
Manufacture d’armes de Saint-Étienne, pistolet mitrailleur modèle 1938.
Poids : 2,830 kg ; longueur : 0,635 m ; calibre : 7,65 mm ; cadence de tir :
600 coups/ minute ; chargeur : 32 coups.
Cette arme, adoptée en 1938, n’était guère en service en 1940. Elle
péchait par sa faible puissance d’arrêt.

MASON-MACFARLANE, F. N.
(1889-1953). Lieutenant-général britannique.
Gouverneur de Gibraltar* de 1942 à 1944.

MASSILIA
Transatlantique français qui, le 23 juin 1940, appareille du Verdon, avec
l’accord écrit de l’amiral Darlan*, direction le Maroc*.
Il a, à son bord, vingt-sept parlementaires dont Édouard Daladier*, André
Le Troquer*, Georges Mandel, Pierre Mendès France, Pierre Vienot, Jean
Zay, décidés à poursuivre la lutte. Le 24, le bateau accoste à Casablanca.
D’abord consignés sur le navire, les élus sont bloqués sur place puis rapatriés.
Une campagne de presse se développe contre eux. Ils seront présentés comme
les « fuyards du Massilia ». Certains ne tarderont pas à être arrêtés. L’affaire
du Massilia marque la fin des projets officiels de poursuivre la lutte hors du
territoire métropolitain.

MASSON, ROGER
(1894-1967). Colonel-brigadier suisse.
Chef des renseignements de l’armée suisse. Comme son patron, le
général Guissan, il joua résolument la carte alliée.

MATAPAN
Victoire navale britannique de l’escadre de l’amiral Cunningham* dans la
nuit du 28 au 29 mars 1941, au large du cap Matapan et au sud du
Péloponnèse.
Les Italiens, sous l’amiral Oachino, alignent trois croiseurs et quatre
destroyers ; les Anglais, un porte-avions, trois cuirassés et neuf destroyers.
Les trois croiseurs, Giume, Pola et Zara, sont envoyés par le fond contre un
hydravion pour les Britanniques. Ce succès apporte un soulagement aux
convois anglais ralliant Malte* et Alexandrie*.

MATILDA
Infantry Mark II (Matilda).
Char d’assaut britannique fabriqué à 2 987 exemplaires à partir de 1937.
Après la bataille d’El-Alamein*, suite à la faiblesse de son canon, sera utilisé
comme char de reconnaissance.
Poids : 29,7 tonnes ; blindage : de 14 à 78 mm ; vitesse route : 24 km/h ;
armement : un canon de 40 mm, une mitrailleuse de 7,92 ; équipage :
4 hommes.
Est principalement utilisé en Afrique du Nord*. Il péchait par sa lenteur.

MATSUOKA, YOSUKA
(1880-1946). Homme politique japonais.
Bien qu’ayant reçu une solide formation à l’occidentale Matsuoka* se
montre résolument hostile à la Grande-Bretagne* et aux États-Unis*,
n’hésitant pas à prendre des initiatives lourdes de conséquences.
Devenu ministre des Affaires étrangères en juillet 1940, il est à l’origine
de l’implantation d’unités japonaises en Indochine française* et exige la
fermeture de la route de Birmanie*. Il négocie l’adhésion du Japon* au Pacte
tripartite* et y adhère le 27 septembre 1940. En avril 1941, il signe un pacte
de non-agression avec l’URSS*. Pour se débarrasser de lui, le prince
Konoye* présente, en juillet 1941, la démission collective de son
gouvernement. Matsuoka ne fera pas partie du nouveau cabinet. Arrêté après
la capitulation nippone*, il meurt avant de passer en jugement.

MAURICE, FORCE
Contingent allié (8 000 hommes dont 6 000 Français) débarqué à
Namsos*, du 15 au 19 avril 1940, sous les ordres du général Carton de
Wiart*, en vue de se porter sur Trondheim. La supériorité allemande, en
particulier dans le ciel, l’obligera à évacuer Namsos* les 2 et 3 mai.

MAURICE, ÎLE
L’ancienne île de France, devenue île Maurice, colonie britannique, en
1810, fournit des volontaires à la Grande-Bretagne* et sert de centre
d’internement pour les émigrants juifs clandestins vers la Palestine*.

MAUS
Dernier char lourd allemand, apparu au début de 1945, avec seulement
deux prototypes.
Son poids et son empattement le rendent difficile à manier.
Il est armé d’un canon de 128 mm jumelé avec un autre de 75 mm. Il ne
fut jamais opérationnel.

MAUSER 98
Fusil allemand à répétition, et à verrouillage manuel.
Arme robuste et sûre, en service depuis 1904, équipe tous les combattants
non spécialisés.
Poids à vide : 4,140 kg ; longueur : 1,255 m ; calibre : 7,92 mm ;
magasin : 5 coups – chargeur fixe. Son long canon (740 mm) lui assure une
bonne précision.

MAUTHAUSEN, CAMP DE
Camp de concentration allemand, ouvert en 1938, près de Linz en
Autriche*.
Il possède 60 annexes : carrières de pierre ou industries d’armement.
206 000 prisonniers y auraient séjourné. 71 000 y seraient morts.
Le camp est libéré le 5 mai 1945 par les Américains qui découvrent une
fosse commune avec 10 000 cadavres.

MAXIM 1910
Mitrailleuse datant de 1910 et toujours en service dans l’Armée rouge*
durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette arme robuste et fiable pèche par son poids aggravé encore par le
refroidissement par eau.
Poids : 23,8 kg ; longueur : 1,107 m ; calibre : 7,62 mm ; cadence de tir :
550 coups/minute ; alimentation : bande souple de 250 coups.

MCAULIFFE, ANTHONY
(1898-1975). Général américain.
Cet ancien de West Point* saute en Normandie* au Jour J*, comme
commandant de l’artillerie de la 101e Airborne*.
Participe ensuite à Market Garden*. Commandant par intérim de cette
même 101e à Bastogne*, il fait la célèbre réponse : « Nuts* ! » (Des clous !)
aux Allemands qui le somment de se rendre. Il commande ensuite la 103e DI
jusqu’à la fin de la guerre. Sera promu général quatre étoiles en 1955.
Cet officier général, pas très haut sous la toise, reste à jamais dans
l’histoire américaine l’émule de Cambronne à Waterloo.
Distinguished Service Cross.
MCCREERY, RICHARD
(1898-1967). Général britannique.
Alexander*, qui avait une haute opinion de McCreery*, le prend comme
chef d’état-major lorsqu’il est promu commandant en chef au Moyen-Orient,
en août 1942.
McCreery commande ensuite le 10e CA de la 8e Armée à Salerne* et
devant Cassino*. En novembre 1944, au départ de Leese* pour l’Extrême-
Orient, il devient le dernier commandant de la 8e Armée.

MD 1 (MINISTRY OF DEFENCE 1)
Cet organisme britannique est créé au début de 1939 pour développer les
armes spéciales. Sous la direction du major Jefferis, il dépendra directement
du Cabinet de guerre, c’est-à-dire de Churchill*. (Ses détracteurs le
baptiseront la boutique à jouets de Churchill*.) Il produira 26 armes
nouvelles, dont la limpet mine*, la sticky bomb, le PIAT*, diverses mines
antipersonnel, et les équipements spéciaux de la 79e division.

ME BF 109 E
Chasseur monomoteur allemand, apparu durant la guerre d’Espagne.
En plusieurs versions, fabriqué à 35 000 exemplaires par Messerschmitt
A.G.
Vitesse : 550 km/h ; autonomie : 660 km ; armement : 2 mitrailleuses,
2 canons de 20 ; équipage : un homme.
Cet appareil est l’un des meilleurs chasseurs de la première partie de la
Seconde Guerre mondiale.

ME BF 109 F
Version améliorée du 109 E, sortie en 1941.
Vitesse : 600 km/h ; autonomie : 700 km ; armement : 2 mitrailleuses,
1 canon de 15 mm ; équipage : 1 homme.
ME BF 109 G
Version du 109 E, sortie en 1942.
Vitesse : 650 km/h ; autonomie : 850 km ; armement : 2 mitrailleuses,
1 canon de 20 mm ; équipage : 1 homme.

ME BF 110 C
Chasseur bimoteur allemand sorti en 1939, qui sera surtout un chasseur
bombardier, un avion de reconnaisance et un chasseur de nuit. Sera fabriqué à
6050 exemplaires.
Vitesse : 540 km/h ; autonomie : 1 100 km ; armement : 2 canons de
20 mm, 5 mitrailleuses ; équipage : 2-3 hommes.

ME 163 B
Chasseur monoréacteur allemand, sorti en 1944 et fabriqué à environ 300
exemplaires.
Cet intercepteur fusée arrivera trop tard pour les Allemands.
Vitesse : 900 km/h ; autonomie : 7,5 minutes ; armement : 2 canons de
20 mm ; équipage : 1 homme.

ME 262 A
Bimoteur à réaction allemand, apparu à l’automne 1944.
Fabriqué à 1430 exemplaires, en plusieurs versions, par Messerschmitt
A.G. Une centaine, à peine, seront opérationnels.
Vitesse : 870 km/h ; autonomie : 1 050 km ; armement : 4 canons de
30 mm ; équipage : 1 homme.
Ce Me 262, premier avion à réaction opérationnel, conçu comme
intercepteur, par sa vitesse et son armement, aurait pu changer le cours du
conflit en attaquant les vagues de bombardiers alliés. Sur ordre express de
Hitler*, il se mue en bombardier, perdant la majeure partie de son efficience
et accumulant les retards suite aux divers essais. Il correspond aux efforts
allemands pour développer des appareils à réaction restés dans l’ensemble à
l’état de prototypes : Me 163* de Messerschmitt, Ba 349 de Bachem, He 162
de Heinkel.
MÉDITERRANÉE, BATAILLE DE LA
Par bataille de la Méditerranée s’entend généralement l’ensemble des
combats menés dans le bassin méditerranéen.
Des diverses batailles de la Seconde Guerre mondiale, celle de la
Méditerranée est la plus longue, la plus diversifiée, la plus britannique.
La plus longue : elle débute véritablement le 10 juin 1940, avec la
déclaration de guerre de l’Italie*, et ne s’achève qu’avec la capitulation
allemande début mai 1945.
La plus diversifiée, avec des théatres d’opérations aussi différenciés que
le désert libyen, les massifs montagneux italiens ou les îles du Dodécanèse*.
Elle n’est pas seulement une bataille terrestre mais comprend de nombreux
engagements sur mer : Tarente*, Matapan*.
La plus britannique, car les Anglais, qui tiennent les points clés,
Gibraltar*, Malte*, Suez, ont tendance à regarder la Méditerranée comme
leur chasse gardée. C’est du reste en Méditerranée que les Américains seront
le moins présents, le commandement en chef revenant à un Britannique,
Wilson* puis Alexander*, après le départ d’Eisenhower* pour préparer
Overlord*.
Il est clair aussi que le facteur politique y joue un rôle essentiel avec la
rentrée de l’AFN* dans la guere, le revirement italien de septembre 1943, les
dissensions internes en Albanie*, Grèce*, Yougoslavie*, la position de la
Turquie* pour une éventuelle ouverture des Détroits. Sans oublier, en arrière-
plan, l’importance du pétrole du Moyen-Orient conduisant les Britanniques à
réagir vigoureusement en Irak*.
Cette absence d’unité impose donc de traiter les événements théâtre par
théâtre :
— Libye*-Égypte* s’achevant par la Tunisie* (voir Libye-Égypte,
campagne de, Crusader, Battleaxe, Bir-Hakeim, Tobrouk, El-Alamein, Afrika
Korps).
— Afrique du Nord* française (voir Débarquement en AFN, Tunisie,
campagne de).
— Italie*.
— Balkans*.
— Îles : conquête, libération ou défense des (voir Crète, Malte, Sicile,
Dodécanèse, Chypre, Pantelleria, Elbe).
— Engagements sur mer (voir Alexandrie, Tarente, Matapan, cap).
MEMEL (KLAÏPEDA)
Ville allemande, sur la Baltique, à forte population de Lituaniens,
détachée de la Prusse-Orientale au Traité de Versailles, confiée
provisoirement à la France*, puis remise à la Lituanie* en 1923 sous le nom
de Klaïpeda.
Le 23 mars 1939, le IIIe Reich* l’annexe par un coup de force. Au second
semestre 1944, la ville est l’objet d’un long siège par l’Armée rouge* avant
de capituler le 28 janvier 1945. Devient alors soviétique avant de revenir à la
Lituanie* après la dissolution de l’URSS*.

MENACE, OPÉRATION
Nom de code de l’opération franco-anglaise contre Dakar* en septembre
1940.

MENGELE, JOSEF
(1911-1979).
Blessé dans les rangs des Waffen SS* sur le front de l’Est*, devient, à
partir de 1943, médecin-chef du camp de Birkenau où il se livre à des
expérimentations médicales sadiques sur des prisonniers.
Vêtu d’une blouse blanche, il avait été surnommé l’ange de la mort. À la
fin de la guerre, ses responsabilités personnelles ayant échappé aux
enquêteurs, il peut, pendant près de cinq ans, vivre librement en Allemagne*.
Ayant finalement été démasqué, il réussit à s’enfuir en Amérique du Sud et
échapper aux recherches.
Son nom reste lié aux pires atrocités nazies.

MENZIES, ROBERT
(1894-1978). Homme politique australien.
Chef du Parti conservateur, Premier ministre d’Australie* d’avril 1939 à
août 1941, il soutient vigoureusement la Grande-Bretagne*, n’hésitant pas, en
février 1941, à se rendre personnellement à Londres pour alerter les
Britanniques de la menace japonaise.

MENZIES, STEWART
(1890-1968). Général britannique.
Entré dans les services de renseignements en 1915, il devient, en
novembre 1939, le C, c’est-à-dire le chef du MI 6*, fonction qu’il assumera
jusqu’en 1952.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il dirige avec succès les services de
décryptement, de contre-espionnage et de renseignements. Il veille avec soin
à la sécurité de Ultra*. De par la qualité de ses services, l’homme bénéficiait
d’un grand prestige.
Anobli en 1943.

MER DE CORAIL, BATAILLE DE LA


Après leurs succès au lendemain de Pearl Harbor*, les Japonais
continuent de voir grand.
Leur calendrier pour début mai 1942 ne manque pas d’audace :
débarquement à Port-Moresby*, sur la côte sud-ouest de la Papouasie
(Opération Mo*), occupation des Salomon* et des Nouvelles-Hébrides*,
avant d’éclater sur Samoa et la Nouvelle-Calédonie*.
À cet effet, il est mis en œuvre sous l’amiral Inouye :
— Un groupe d’invasion de onze navires de transport qui sera protégé par
un écran de destroyers durant sa marche sur Port Moresby*.
— Un petit détachement pour occuper l’île de Tulagi*, au nord de
Guadalcanal*, où doit être construit un terrain d’aviation.
— Une force de couverture, sous l’amiral Goto, avec le porte-avions
léger Shoho, quatre cuirassés et un destroyer destinés à protéger les
débarquements à Tulagi* et Port Moresby*.
— Une force de frappe, sous l’amiral Tagaki, avec les deux porte-avions
Shokaku et Zuikaku, censée briser toute réaction américaine.
À la fin du mois d’avril, les interceptions radio américaines précisent que
Port Moresby* est visé et que trois porte-avions se dirigent vers le Pacifique
sud*.
Pour faire face, Nimitz* et King* mettent sur pied deux Task Forces* :
— La 17, sous l’amiral Fletcher*, autour du porte-avions Yorktown, avec
trois croiseurs lourds et six destroyers au départ de Nouméa.
— La 11, sous l’amiral Fitch, autour du porte-avions Lexington*, Lady
Lex, avec deux croiseurs lourds et cinq destroyers.
Ces deux Task Forces* doivent se regrouper à 400 km au sud-ouest de
San Cristobal et passer sous les ordres de Fletcher*. Mission : barrer la route
à l’envahisseur.
Le 2 mai, une reconnaissance aérienne signale un débarquement à
Tulagi*. Fletcher*, entré dans la mer de Corail, lance, le 4, à 6 h 30, les
appareils du Yorktown. Profitant du rideau nuageux qui recouvre la mer de
Corail, les Devastator* et Dauntless* s’abattent par surprise sur les bâtiments
au mouillage. Un destroyer, quelques dragueurs de mines ou barges de
débarquement sont coulés.
Inouye sait maintenant qu’un, voire deux porte-avions, voguent dans la
mer de Corail. Il rameute Tagaki et Goto.
Contournant les Salomon* par l’est, le Zuikaku et le Shokaku débouchent
dans la mer de Corail le 6 au matin, où se trouve déjà le Shoho. Trois porte-
avions japonais contre deux américains.

7 mai.
Les deux armadas ont tôt fait de se localiser grâce aux avions de
reconnaissance.
Peu après 11 h, les Dauntless* du Lexington* repèrent le Shoho. Atteint
de 13 bombes et sept torpilles, le porte-avions sombre à 11 h 35.
Les Japonais ne tardent pas à se venger. Le destroyer Slims connaît une
fin rapide.
Le pétrolier Neosho, en flammes, devra finalement être sacrifié.

8 mai.
Le souci premier est toujours de situer l’adversaire.
À 10 h 57, le Shokaku est endommagé. Il doit rompre le combat et
s’éloigner vers Truk*.
À 11 h 27, le Lexington* est atteint par une torpille. L’optimisme
prévaut. Les grosses avaries sont réparées. Soudain, à 12 h 47, une
formidable explosion secoue le bâtiment. Une étincelle a fait détoner un
mélange de gaz d’essence échappés des réservoirs. À 17 h 10, le porte-avions
en feu doit être abandonné.
Tout est terminé. Inouye n’a plus qu’un porte-avions et a perdu la moitié
de ses appareils. Prudent, il décide d’en rester là et annule l’invasion de Port
Moresby* par mer.
Chaque camp a eu ses pertes. 77 appareils, 1 074 aviateurs et marins, un
porte-avions de 12 000 tonnes, côté japonais ; 66 appareils, 543 morts, un
pétrolier, un destroyer, un porte-avions de 40 000 tonnes, côté américain,
sans oublier pour ces derniers le Yorktown qui a été endommagé (comme le
Shokaku). En tonnage, les Américains ont davantage souffert, mais cela ne
les empêche pas de clamer victoire. Les Japonais aussi. Objectivement, ils ont
raison. N’ont-ils pas contrecarré le plan japonais d’avance vers le sud, de
contrôle de la mer de Corail* et d’approche de l’Australie* ?
Comment une telle victoire a-t-elle été obtenue ? Nimitz* savait. Inouye
ne savait pas. Pleinement informé des intentions adverses, Nimitz* a pu
manœuvrer en conséquence. La valeur des pilotes américains a fait le reste.

MERETSKOV, KIRILL
(1897-1968). Maréchal soviétique.
Malheureux dans la guerre contre la Finlande* en décembre 1939, est
relevé par Timochenko*.
Remplace Popov au commandement du Front Nord en 1941. Commande
en janvier 1943 l’armée du Volkhov* qui rompt l’encerclement de
Leningrad*, puis le Front de Carélie en 1944. En 1945, est à la tête du 1er
Front d’Extrême-Orient. Maréchal le 26 octobre 1944.
Médaille Pour la victoire*.

MERILL, FRANK
(1903-1955). Général américain.
Organisateur et commandant de la Force Galahad*, baptisée par un
journaliste les Maraudeurs de Merill.
De santé fragile, terminera la campagne de 1944 très éprouvé et devra
être hospitalisé plusieurs mois. Sera, à la fin de la guerre, chef d’état-major de
Stilwell* à la Xe Armée.

MÉRITE, POUR LE
Plus haute décoration militaire allemande de 1740 à 1918.
Parmi les personnalités de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs
l’avaient obtenue en 14-18, preuve d’un courage physique certain : capitaine
von Arnim*, capitaine von Bock*, major Goering*, lieutenant Jünger*, sous-
lieutenant Rommel*, lieutenant Schoerner*, capitaine von Greim*.

MERKUR, OPÉRATION
Nom de code de l’opération menée par les Allemands, en mai 1941,
contre la Crète*.
Les Allemands occupent la Grèce* par conquête et Rhodes par Italiens
interposés. Cette présence sur le pourtour de la mer Égée couvre le pétrole
roumain et assure une meilleure protection des convois ralliant la Libye*.
Cependant, bouchant la mer Égée au sud, une île les gêne toujours : la Crète.
Des rivages crétois à ceux de Cyrénaïque, il n’y a que 300 km. Ploesti* n’est
qu’au double.
Dans son bras de fer avec la Grande-Bretagne*, Hitler* pourrait préférer
Malte*. Ce faisant, il n’écarterait pas la menace sur Ploesti*. Il opte donc
pour la Crète*. Sa directive No 28 du 25 avril 1941 ordonne de préparer
l’opération Merkur visant à occuper l’île de Crète* afin de l’utiliser comme
base aérienne contre l’Angleterre* en Méditerranée* orientale.
Objectif stratégique, la Crète*, île grecque, se présente comme une
longue langue de terre de 250 km de long sur 12 à 50 km de large, au relief
accusé. Une ligne de crêtes court d’ouest en est, dépassant parfois les 2 000
m. Les plaines côtières de la face septentrionale sont modestes et reliées par
une voie unique. Un seul mouillage, bien abrité, est vraiment exploité : la
baie de Sude. Les trois aéroports de Malème, Rethimno et Héraklion ne
disposent pas de grands équipements.
La Crète* – les Allemands ne le savent pas – est mal protégée. Le général
néo-zélandais Freyberg* ne dispose que de 27 500 combattants britanniques
(ou originaires des Dominions). Plus de 20 000 sont des rescapés de Grèce*.
Ils ont débarqué épuisés, désorganisés et pratiquement les mains nues. Les
Grecs sont environ 14 000, pas mieux lotis. La DCA manque. La RAF* est
quasiment inexistante. La côte égyptienne est trop loin.
Les Britanniques bénéficient cependant d’un atout considérable. Grâce à
Ultra*, ils savent où, quand et comment les Allemands frapperont.
L’assaillant surgira du ciel. La présence de la Navy* exclut une attaque
d’envergure par mer.
Pour mener à bien l’opération Merkur, le général Student* s’est vu
confier de gros moyens : une division parachutiste (la 7e, 12 000 hommes),
une division de montagne (la 5e, 9 750 hommes), un régiment d’assaut
parachutiste (3 000 hommes), 500 Ju 52*, 180 planeurs DFS 230*, 150
Stuka*, 160 bombardiers, 180 chasseurs. Student* a du métier. Il a dirigé
avec succès l’opération aéroportée contre la Hollande*. Il prévoit d’agir en
deux temps. Une première vague investira Malème et La Canée à l’ouest.
Une seconde, huit heures après, interviendra sur Héraklion et Rethimno à
l’est.

20 mai :
7 h 15. Deux compagnies du Fallschirm-Sturmregiment se posent en
planeurs aux abords de l’aérodrome de Malème. Peu après, le régiment tout
entier saute de part et d’autre de la ville.
Les Ju 52* ont largué leurs sticks à 120-150 m d’altitude. Le vent est fort.
Des zones de saut sont tenues. Les Néo-Zélandais étaient sur leurs gardes.
Mitrailleuses et mortiers fauchent les assaillants. Les pertes allemandes sont
très lourdes.
Sur La Canée, la situation n’est pas meilleure pour le Fallschirmjäger-
Regiment 3. Il rencontre les mêmes difficultés et subit les mêmes pertes. Le
général Susmann, commandant la division, a lui-même été tué avant d’arriver
sur l’objectif. L’alerte cependant fut chaude pour le roi Georges II* réfugié à
Perivollio, au sud de La Canée. Il n’a eu que le temps de s’esquiver et de
gagner la montagne avec son escorte.
À midi, les paras sont cloués au sol. Sur le continent, les informations
remontent avec parcimonie sans échos alarmistes. Tout paraissant normal,
Student* lance la deuxième vague.
Vers 15 h, le scénario du matin se renouvelle à Rethimno et Héraklion.
Les tués se comptent par centaines, les prisonniers par dizaines.
Le 20 au soir, enfin, grâce aux liaisons radio établies, Student* y voit plus
clair. La situation est critique à l’est. La tête de pont, très relative, de Malème
paraît la meilleure ou la moins mauvaise. Le général allemand décide d’y
jouer son va-tout par terre et par mer.
Les Allemands sont en position difficile. Des contre-attaques vigoureuses
pourraient les déloger et les anéantir. Freyberg* ne s’y risque pas. Il manque
de blindés. Ses troupes se battent avec opiniâtreté mais encadrement et
cohésion font défaut. La campagne de Grèce* est passée par là.
Le 21 au matin, 500 nouveaux paras sautent encore sur Malème. Cet
appoint fait basculer le rapport des forces. À 14 h 30, trois autres compagnies
sont larguées sur Malème. Avec ce renfort décisif, la piste d’atterrissage est
en partie contrôlée. Un risque-tout y pose son Ju 52*, en dépit des impacts
qui l’environnent. Il apporte des munitions et embarque des blessés. Ce coup
d’audace galvanise les combattants et donne le signal d’une noria d’avions de
transport. Certains s’écrasent. D’autres s’immobilisent et sont poussés à la
hâte hors de la piste. Cependant, sans souci des pertes, les pilotes allemands
posent leurs appareils. 650 chasseurs de montagne sont ainsi amenés à pied
d’œuvre.
La nuit en mer est tragique. La Navy* veille. Deux convois partis du
Pirée et de Milos sont interceptés. Un millier d’hommes périssent noyés. Les
renforts allemands ne parviendront pas en Crète par voie maritime. Pour
l’instant du moins.
Si la Navy* sillonne la mer, la Luftwaffe* occupe le ciel. Le 22 mai,
celle-ci s’en prend aux vainqueurs de la nuit. Les cuirassés Warspite et
Valiant sont endommagés, les croiseurs Fidji et Gloucester coulés.

Sur terre :
La lutte se poursuit farouchement. Les civils crétois s’y joignent. De
petits groupes de volontaires pourchassent et dépouillent les paras isolés. Les
représailles sont impitoyables. Dix Crétois sont exécutés pour un Allemand
assassiné.
Sur la piste de Malème, les rotations se poursuivent sans relâche. Au
rythme de vingt par heure, les appareils déposent des chasseurs de montagne.
Ces arrivées massives permettent d’envisager de progresser vers l’est sur
Héraklion et Rethimno.
Le 23, la défense britannique commence à faiblir. Insuffisance de moyens
lourds, absence de DCA, supériorité de la Luftwaffe*.
Le 24, deux compagnies, rassemblées à la hâte sur le terrain de Malème,
sautent sur Héraklion pour soulager leurs camarades encerclés. La nuit
suivante, le contact sera assuré avec une colonne progressant par les hauts.
Freyberg* a rendu compte des difficultés et de l’épuisement des troupes.
Tenir n’est plus possible. Le 26, autorisation est donnée d’évacuer.
Dans la nuit du 28 au 29 mai, la Navy* réalise l’évacuation d’Héraklion.
4 000 hommes peuvent être embarqués. Les Allemands trouveront une ville
vide. À Rethimno, tous les défenseurs n’auront pas cette opportunité. La cité
tombera le 30.
Le rembarquement le plus difficile se déroule au sud, dans le petit port de
Skafia. Pour atteindre cette rive méridionale, les unités exténuées doivent
franchir les cols surveillés et mitraillés par Stuka* et Heinkel*. Les deux
commandos du colonel Laycock* (750 hommes) récemment débarqués
assurent l’arrière-garde. Quatre nuits de suite, les bâtiments de la Navy* se
présenteront au rendez-vous. Près de 12 000 hommes pourront ainsi être
embarqués, mais ils abandonnent véhicules et matériel. Un destroyer a
ramené le roi, un hydravion, le général Freyberg*.
Le 1er juin, à 16 h, le feu s’arrête devant Skafia. Les dernières troupes
britanniques ont dû se rendre. La campagne de Crète* est terminée.
Le bilan est très lourd pour les deux camps. Les Britanniques ont eu
1 700 tués, autant de blessés et laissent 11 800 prisonniers. 15 000 hommes
ont été évacués en Égypte* par la Navy* qui accuse des pertes sensibles :
2 000 marins tués, 3 croiseurs, 6 destroyers coulés ; 1 porte-avions, 3
cuirassés, 6 croiseurs, 9 destroyers endommagés.
Les pertes allemandes sont aussi sévères. Sur 22 000 hommes engagés,
6 000 ont été tués, en grande majorité des parachutistes ; 271 avions de
transport, 180 chasseurs bombardiers ont été détruits.
Si Hitler* a gagné la partie, sa victoire est à la Pyrrhus. Il a perdu les
meilleurs de ses soldats. Avec de tels combattants, le maître du Reich* aurait
pu enlever Malte*, Chypre* et frapper au Moyen-Orient. Il aurait pu tenter un
coup de force sur la Grande-Bretagne*. Effrayé par le coût de l’opération, il
renoncera désormais aux interventions aéroportées. Les paras se battront en
fantassins.
MERS EL-KÉBIR
Le 1er juillet 1940, la flotte française est très largement dispersée.
Certains bâtiments ont trouvé refuge à Portsmouth* et Plymouth en
Angleterre*.
Le Richelieu* et le Jean-Bart* ont pu gagner Dakar et Casablanca. Trois
croiseurs ont rallié la Martinique. En Méditerranée*, Alexandrie*, Bizerte,
Alger, Mers el-Kébir et Toulon* servent de mouillages. Il existe enfin des
forces navales dans les territoires coloniaux.
Churchill* a tranché. Il annihilera le danger là où il peut frapper : à Mers
el-Kébir, dans les ports anglais, à Alexandrie*. Ce sera l’opération Catapult*.
Des hauteurs de Santa-Cruz, qui dominent Oran, à celles du djebel
Santon, la rade de Mers el-Kébir s’évase sur une petite dizaine de kilomètres.
En eau profonde, à l’abri du promontoire de même nom, la marine française a
édifié une base solide. Suite à l’armistice* franco-allemand, l’endroit connaît
une importante concentration. Amarrés à la jetée, s’alignent les bâtiments de
gros tonnage : le Dunkerque, sur lequel l’amiral Gensoul, commandant
l’escadre, a hissé sa marque ; le Provence ; le Strasbourg ; le Bretagne ; le
Commandant Teste, transporteur d’avions. Un peu en retrait, vers le rivage,
se balancent les contre-torpilleurs.
3 juillet 1940. 7 h. Le contre-torpilleur Foxhound se présente devant la
passe de Mers el-Kébir. À la coupée, le capitaine de vaisseau Holland,
envoyé de l’amiral Somerville* et porteur d’un pli destiné à l’amiral Gensoul.
Le texte de ce pli a été rédigé par Churchill* lui-même. Il propose à Gensoul
trois solutions :
— venir poursuivre la lutte aux côtés des Britanniques ;
— appareiller avec des équipages réduits pour gagner un port
britannique ;
— appareiller avec des équipages réduits pour les Antilles où les navires
seront démilitarisés.
À défaut d’un accord, les bâtiments français seront coulés.
Gensoul bien qu’anglophile refuse. Son sens de l’honneur lui interdit de
biaiser. Il craint en s’inclinant de faire rompre l’armistice. Dans l’escadre,
c’est le branle-bas.
De Nérac, PC de l’amirauté, ordre est donné aux amiraux à Toulon et
Alger de rallier Oran pour se mettre aux ordres de Gensoul. La marine
française se prépare au combat.
Sur le Hood, son navire amiral, Somerville* hésite. À Londres, les
amiraux s’interrogent. Tous visiblement répugnent à l’épreuve de force. C’est
compter sans Churchill*. Il reconnaîtra dans ses Mémoires avoir donné des
ordres péremptoires.
À 16 h, dernier ultimatum à l’intention de Gensoul. Sans résultats. À
16 h 56, les premières salves de 380 anglaises s’abattent dans la rade de Mers
el-Kébir. Les navires français, quasiment immobiles, constituent une proie
facile, surtout les gros. Les contre-torpilleurs, plus rapides et plus légers,
s’ébranlent à toute vitesse. Pour les autres, les salves portent. Le Bretagne est
touché le premier et chavire, entraînant dans la mort la majorité de son
équipage (37 officiers, 940 marins). Le Dunkerque est frappé à son tour. Le
Provence, touché, parvient à s’échouer. Le Strasbourg, magnifique vaisseau
de ligne, se dirige vers la haute mer. À 17 h 09, il atteint la porte du barrage
et met à 28 nœuds, tandis que ses 330 crachent des bordées.
L’Anglais, dissimulé derrière un écran de fumée, sait que les escadres de
Toulon, Alger, poussent leurs feux. Il craint de trop s’engager et se replie.
Le premier acte s’achève. Le 4 juillet, à 20 h 10, le Strasbourg escorté
par le Volant, le Tigre, le Terrible, le Lynx, eux-mêmes rejoints devant Oran
par les torpilleurs Bordelais et Poursuivante, rallient Toulon.
Le second acte surviendra le surlendemain. Entre 5 h 30 et 6 h, trois
vagues d’avions torpilleurs lancés de l’Ark Royal* attaquent à nouveau le
Dunkerque. Le navire amiral échappe aux coups directs, mais le chalutier
Terre-Neuve explose. 4 officiers, 150 marins s’ajoutent aux victimes.
Le bilan de l’agression anglaise contre Mers el-Kébir est lourd : 1 297
marins, dont 47 officiers, tués ; 351 sont blessés. Trois gros bâtiments sont
hors d’usage. D’autres sont paralysés pour longtemps.

MERVILLE, BATTERIE DE
À 2 km à l’est de l’embouchure de l’Orne, un peu en retrait du littoral, la
batterie dite de Merville, à cause de sa proximité avec le village de Merville,
abrite – théoriquement – des pièces susceptibles de battre l’estuaire de l’Orne
et Sword Beach*.
L’ouvrage, de 400 m sur 400, est constitué de plusieurs casemates
bétonnées. Protégé par des barbelés, des champs de mines, des nids de
mitrailleuses, il serait défendu par une garnison de 180 à 200 hommes. Sur sa
face nord a été creusé un fossé antichar large de 5 m.
Le 9e bataillon de la 6e Airborne* a reçu mission de le neutraliser dans la
nuit du Jour J*. À cet effet, les 750 hommes du lieutenant-colonel Otway ont
à maintes reprises répété en taille réelle l’attaque du site sur une fortification
analogue reconstituée en Angleterre* d’après photographies aériennes.
Vent. Brume. Absence de balisage. Flak. Inexpérience des équipages des
avions. Le 9e bataillon est largement dispersé au largage. Le 6 juin 1944, à
2 h 30, Otway n’a rallié autour de lui que 150 de ses parachutistes. Malgré
cela, il décide de passer à l’action.
À 4 h 30, sa petite troupe aborde la batterie. Juste dans les temps. Trois
planeurs devant se poser au cœur de la batterie se distinguent en approche. En
fait, ils ne sont que deux, guettant désespérément les signaux convenus. En
l’absence de repères, l’un se pose aux abords des barbelés, l’autre à près d’un
kilomètre.
Cette diversion n’est pas inutile. Les Bengalore* ont ouvert une brèche.
Le gros des paras s’y engouffre. Le combat au corps à corps dure peu. Moins
d’une quinzaine de minutes. Soudain, un Allemand hurle :
« Fallschirmjäger ! » Des parachutistes ! Le cœur des défenseurs lâche
devant cette révélation. Ils ne sont plus que 22 survivants sur 130. Les
assaillants, eux, ont perdu la moitié de leurs effectifs. Surprise, les 150 ne
sont que des obusiers tchèques Skoda de 100 mm vite sabotés. Ils auraient
cependant pu faire grand mal si Sword Beach* avait été sous leurs feux.
Avant le jour, Otway et les rescapés quittent les lieux, en direction du
hameau du Plein, leur prochain objectif. Un message par pigeon, faute de
radio, a rendu compte du succès.
Abandonné par le 9e bataillon, le site de la batterie de Merville sera pris
et repris par chaque camp avant l’offensive alliée victorieuse du mois d’août.

MESSE, GIOVANNI
(1883-1968). Maréchal italien.
Chef militaire remarqué par son caractère et ses qualités professionnelles,
commande en 1941 les troupes italiennes envoyées sur le front de l’Est*.
En désaccord avec l’OKH*, démissionne fin 1942. Au début de 1943,
part en Libye* commander la 1ère Armée germano-italienne. S’y battra ainsi
qu’en Tunisie* non sans succès contre Montgomery*. Fait prisonnier le
13 mai 1943, alors qu’il venait d’être promu maréchal. Libéré après
l’armistice italien du 8 septembre, succède le 18 novembre à Ambrosio*
comme chef d’état-major de l’armée italienne, poste qu’il conservera
jusqu’en 1945.

MESSELMOUN
Ferme du littoral algérien, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de
Cherchell*, où s’est tenue, le 23 octobre 1942, la conférence dite de
Cherchell*.

MESSERVY, FRANK
(1893-1973). Général britannique.
Général audacieux et l’un des plus victorieux chefs militaires
britanniques de la Seconde Guerre mondiale.
Il commande une brigade en Afrique orientale, puis la 4e division
indienne et la 7e DB durant la guerre du désert. Il se bat avec succès en
Birmanie* avec une division et un corps d’armée. Il termine la guerre comme
commandant en chef en Malaisie*.
Anobli en 1945.

METAXAS, IOANNIS
(1871-1941). Général et homme politique grec.
Monarchiste, nommé Premier ministre en 1936, instaure en Grèce* une
véritable dictature de type fasciste.
Plus proche toutefois des démocraties occidentales que de l’Axe*, opte
pour la neutralité au début de la Seconde Guerre mondiale. Son refus face aux
exigences italiennes, le 28 octobre, déclenche la guerre tout en lui procurant
la popularité. Décédé à Athènes le 29 janvier 1941, ne voit pas la suite du
conflit.
Son Ochi (Non) aux exigences de l’ambassadeur italien, le 28 octobre
1940, est resté célèbre.
MÉTÉO D’OVERLORD*
(voir OVERLORD, MÉTÉO D’)

METEOR
Gloster Meteor MK III. Premier chasseur à réacteur britannique
opérationnel. Fabriqué à plusieurs centaines d’exemplaires, ce biréacteur
apparaît dans le ciel européen au début de 1945. Il peut atteindre 800 km/h à
9 000 m d’altitude et est armé de deux canons de 20 mm.

MEUSE, PERCÉE SUR LA


Le 10 mai 1940, à 5 h 35, la Wehrmacht* passe à l’attaque de la Moselle
à la mer du Nord. Dans la mission qui lui est impartie, on peut lire :
« Atteindre la Meuse et forcer le passage entre Namur et Carignan, à *Sedan, en y faisant
porter tout le poids des divisions blindées et motorisées disponibles, enfin de pousser jusqu’à la
mer,en s’appuyant sur le réseau fluvial de l’Aisne et de la Somme. »

Il ne manque qu’un nom : Dunkerque*. Mais le site du futur désastre est


sous-jacent. Il est le terme logique de la manœuvre.
Les PD* de von Rundstedt* s’engouffrent dans les Ardennes* belges et
luxembourgeoises. Leurs colonnes s’étirent bientôt sur 150 km de profondeur
dans le fond des vallées ardennaises.
A partir de 7 h, suite à la manœuvre Dyle* pour secourir la Hollande* et
la Belgique* envahies, l’armée française bascule sur sa droite, avec
Charleville-Mézières pour charnière. Au sud du dispositif, la IXe Armée
(Corap) se dirige sur la Meuse, de Givet à Namur. Dans le même temps, deux
DLC* et une brigade de spahis marocains passent à l’est de la Meuse, tandis
que la IIe Armée (Huntziger*), à hauteur de Sedan*, pousse des éléments
équivalents pour des missions de reconnaissance dans les Ardennes*.
Ces derniers mouvements, dans l’ensemble, s’effectuent avec lenteur et
prudence. Aucune comparaison avec l’envolée des colonnes allemandes. Le
10 mai au soir, le Luxembourg* sera occupé, et une bonne partie des
Ardennes* traversée.

11 mai :
Toute la journée, les PD* poursuivent leur infiltration dans les Ardennes*
belges. Des éléments de la 2e DLC* qui s’étaient portés en reconnaissance
sont rejetés sur la Semois. Hormis quelques coups de feu de chasseurs
ardennais, les véhicules allemands progressent sans difficulté.

12 mai :
IXe et IIe Armées arrivent sur la Meuse et récupèrent leurs DLC*
éprouvées dans les engagements des Ardennes*. Il est difficile de se battre en
voiture légère, à moto, voire à cheval, contre des Mark* II ou III.

13 mai :
L’irréparable se dessine sur la Meuse. Les actions allemandes pour la
franchir et en déboucher s’effectuent sur trois axes bien marqués :
— entre Namur et Dinant, contre la IXe Armée ;
— à hauteur de Monthermé, contre la IXe ;
— de part et d’autre de Sedan*, contre la IIe.
En arrivant sur la Meuse belge, Corap constate l’absence – comme sur la
Dyle* – de travaux d’organisation du terrain. Son armée couvre 100 km. Une
section d’une trentaine d’hommes a parfois en charge plus de 800 m de front.
Les trous sont obligatoires. La Meuse, large en moyenne d’une centaine de
mètres, représente un fossé non négligeable. Les sapeurs français ont réussi –
contrairement aux assertions de Paul Reynaud* par la suite – à faire sauter
tous les ponts. Pour lancer des portières ou des ponts de bateaux, il est
indispensable de tenir de solides têtes de pont sur la rive opposée. Profitant
du terrain boisé, des liaisons mal assurées, des relèves malencontreuses ou
des défenses mal conques, les troupes d’assaut allemandes se faufilent,
utilisant barrages et écluses peu gardés. Le 13 au matin, elles sont en place
sur la rive ouest.
À hauteur de la petite ville d’Anhée, une dizaine de km au nord de
Dinant, Rommel* mène lui-même l’attaque de sa 7e PD. Il sera légèrement
blessé le 14. La vitesse, l’effet de choc paient. En quelques heures, Rommel*
occupe Anhée et ses abords. Des unités surprises sur leurs arrières, se croyant
cernées, refluent en désordre. Le pan gauche de la IXe Armée (2e et 5e DI) se
disloque. À 18 h, faute de contre-attaque française, la poche allemande sur la
rive ouest de la Meuse dépassera 10 km.
À la mi-journée de ce même 13 mai, le 41e CB, 30 km plus au sud,
s’efforce de traverser la Meuse à hauteur de Monthermé. Face aux deux PD*
(6e et 9e), la 101e DIF, division coloniale, se bat fort honorablement. Elle est
là, en territoire français ; les travaux défensifs sont plus avancés qu’en
Belgique* entre Namur et Dinant. Néanmoins, à 14 h 30, deux compagnies
parviennent à passer. Progressivement, la presqu’île de Monthermé est
submergée, en dépit de la résistance des mitrailleurs coloniaux. Cette
conquête reste modeste. Le général Reinhard, qui commande le 41e CB, se
trouve en retard, alors que ses collègues et rivaux, Rommel* et Guderian*, se
précipitent.
Car, plus au sud encore, sur Sedan*, Guderian* ne chôme pas. Depuis la
veille, il a massé ses trois PD* en amont et en aval de la ville. Les deux
divisions françaises qui recevront le choc, les 55e et 71e DI, sur la gauche de
la IIe Armée, sont de série B, à base d’honnêtes réservistes bien mal préparés
à se battre. Toujours la certitude du commandement qu’il ne se passera rien
de sérieux dans les Ardennes* ! L’artillerie, comme ailleurs, ce 13 mai, surgit
du ciel. La Luftwaffe*, omniprésente, fournit l’appui feu. Dès 7 h, elle
commence ses bombardements contre la rive sud. De 11 h à 15 h, elle
concentre ses efforts. Il y aura jusqu’à mille appareils allemands en l’air. Les
Stuka* piquent dans le hurlement des sirènes. Pendant des heures, les
troupiers français, plaqués au sol ou tapis dans leurs fortins, subissent le
matraquage. Il y a des dégâts. Il y a des victimes. Pas de DCA ! Pas de chasse
amie ! « Où sont nos chasseurs ? » se répètent les biffins.
À 16 h, l’attaque est déclenchée de part et d’autre de Sedan*. Dans ces
hauts lieux de 1870, Donchery, Bazeilles, la bataille, une fois encore, fait
rage. Mais le poids des bombardements a été trop fort. La ligne française
fléchit. Partout, l’ennemi réussit à passer la Meuse. La peur saisit la 55e DI.
Des unités lâchent pied et se débandent. Des troupes, avec ou sans leurs
cadres, s’enfuient paniquées, alors que comme toujours des individualités
jusqu’au bout sauvent au moins l’honneur.
Huntziger* ne croyait pas à une irruption rapide par les Ardennes*. Pris
de court, il envisage des contre-attaques de la 1ère DIC et de la 3e DCR* pour
le lendemain et pousse la 3e DIM pour tenir les sorties sud de Sedan*.
Et le Haut Commandement ? Gamelin*, de son lointain PC de Vincennes,
ne prend pas encore la mesure de l’événement. Georges*, se rendant compte
de l’importance de la bataille sur la Meuse, oriente des réserves vers les IXe
et IIe Armées et prescrit de contre-attaquer.

14 mai :
De Dinant à Sedan, la résistance s’effiloche d’heure en heure. Au-delà de
Dinant, Rommel* ne cesse de bousculer les siens. La Meuse coule 20 km
derrière eux. Un terrain découvert, favorable aux chars, s’ouvre devant leurs
chenilles. En aval et en amont de Monthermé, le 41e CB continue de piétiner
devant la 102e DIF. Pour peu de temps. Sa tâche sera bientôt facilitée par la
poussée de Guderian*.
Celui-ci poursuit deux actions. Sur son flanc droit, sa 2e PD* franchit le
canal des Ardennes sur deux ponts saisis intacts. Elle peut infléchir des
éléments vers le nord-est en direction de Mézières et menacer les arrières de
la 102e DIF. Une fois dépassée la région boisée, s’offrent les larges plateaux
du nord de l’Aisne. Guderian* peut y lancer sa 1ère PD franchement vers
l’ouest. Sur son flanc méridional, par contre, le général se heurte sur les
hauteurs de Stonne* aux bataillons de la 3e DIM soutenus par les chars de la
3e DCR*. La cité sera prise et perdue (voir Stonne).
Quoi qu’il en soit de l’ardeur des uns, de la défaillance des autres, en
cette journée du 14 mai 1940, l’irréparable se produit. Sur 20 km face à la IIe
Armée, sur 50 km face à la IXe, les Allemands se sont frayés un chemin. Le
sacrifice des aviateurs a été inutile. 145 bombardiers, 100 chasseurs ont tenté
de détruire les ponts jetés par Rommel* et Guderian* à Dinant et Sedan*. La
DCA était trop fournie, les Messerschmidt trop nombreux. Une grande partie
des équipages n’est pas rentrée. La Meuse est franchie. Le flot qui
s’engouffre par la percée va bientôt tout balayer.

MEXIQUE
Le Mexique reste neutre jusqu’à l’entrée en guerre des États-Unis*.
Il rompt alors ses relations avec l’Axe*, puis entre en guerre après le
torpillage d’un pétrolier mexicain en mai 1942. Sa contribution est longtemps
essentiellement économique en fournissant des matières premières aux
Américains. 250 000 Mexicains, résidant aux États-Unis*, rejoignent les
forces armées. 14 000 iront au feu.
Toutefois, un petit corps expéditionnaire mexicain participera à la
libération des Philippines* et un Squadron aux derniers mois de la guerre du
Pacifique*.

MEYER, KURT
(1910-1961). SS Brigadeführer.
L’un des plus notoires chefs de guerre de la Waffen SS*, dit Panzer
Meyer.
Commandait en 1944 en Normandie* la 12e PD SS Hitlerjugend.
Condamné à mort pour crimes de guerre, gracié, libéré en 1954.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne et glaives.

MG 34 (MASCHINEN GEWEHR MODÈLE 1934)


Arme automatique collective allemande équipant la Wehrmacht*.
Il existera plusieurs variantes, d’aspect identique, suite aux améliorations
apportées. Calibre : 7,92 mm ; alimentation par bandes de 50 ou chargeurs
tambours également de 50 ; cadence 800-900 coups/minute ; poids : 11,9 kg
avec bipied, 31 kg avec trépied en mitrailleuse lourde.
(Le problème du refroidissement est résolu par changement de canon.)

MG 42
Version de 1942 de la MG 34* tirant à cadence 1 100 coups/minute.

M I /5 (MILITARY INTELLIGENCE SECTION 5)


Branche du Secret Intelligence Service britannique chargée du contre-
espionnage.

M I /6 (MILITARY INTELLIGENCE SECTION 6)


Branche du Secret Intelligence Service britannique chargée du
renseignement extérieur.
Dirigée durant la Seconde Guerre mondiale par Stewart Menzies*.

MICHEL Ier DE ROUMANIE, MIHAIL Ier


(né en 1921).
Fils de Carol* II, roi de Roumanie* du 20 juillet 1927 au 8 juin 1930 et
du 6 septembre 1940 au 30 décembre 1947.
De par son jeune âge, à l’abdication de son père, en septembre 1940, ne
peut exercer de pouvoir réel et sert de couverture à Antonescu*. En août
1944, à l’heure de la débâcle allemande, parvient avec les résistants proalliés,
à renverser Antonescu* et à le faire arrêter. Renversant les alliances, il
déclare la guerre à l’Allemagne* mais ne peut éviter l’occupation de la
Roumanie* par l’Armée rouge*. Celle-ci, en mars 1945, fait former un
gouvernement communiste qui finalement forcera le roi Michel à abdiquer en
décembre 1947 et à s’exiler.

MIDGET
Sous-marin de poche.
Les midgets sont utilisés par quatre puissances, la Grande-Bretagne*, le
Japon*, l’Italie* et l’Allemagne*, en présentant des caractéristiques assez
différentes. Ainsi, pour les principaux :

X britannique :
Tonnage : 30,5 tonnes ; vitesse surface : 6 nœuds ; autonomie : en surface
1 320 milles, immergé 160 milles ; armement : 2 charges latérales de
1 996 kg ; équipage : 4 hommes.

Type A japonais :
Tonnage : 46,7 tonnes ; vitesse surface : 19 nœuds ; autonomie : en
surface 80 milles, immergé 20 milles ; armement : 2 torpilles de 450 mm ;
équipage : 2 hommes.
Maiale* italien (voir à ce nom).

Biber* allemand (voir à ce nom).


Ces caractéristiques permettent de se rendre compte des différences de
conception et de réalisation. Les midgets britanniques, japonais et allemands
sont de véritables sous-marins. Ils disposent d’un rayon d’action leur
apportant autonomie. En revanche, le maiale* italien, qui doit être amené à
pied d’œuvre, est, sur le fond, une torpille équipée. Sa désignation officielle
le précise : SLC (Siluro à lenta corsa, soit torpille à faible vitesse).
Ces midgets ont essentiellement à leur actif :

Pour les Britanniques :


Immobilisation du cuirassé Tirpitz* dans un fjord norvégien en septembre
1943, l’opération Gambit* le 6 juin 1944 ; avaries graves au croiseur lourd
Takao en rade de Singapour*, le 31 juillet 1944.

Pour les Japonais :


Avaries graves sur le cuirassé Ramillies en rade de Diégo-Suarez, le
30 mai 1942. Par contre, échecs en rades de Pearl Harbor* (8 décembre 1941)
et de Sydney (31 mai 1942).

Pour les Allemands :


Leur succès le plus notoire est le torpillage du torpilleur français La
Combattante* dans la nuit du 23 au 24 février 1945.

Pour les Italiens :


Avaries graves sur les cuirassés Valiant et Queen Elizabeth et le pétrolier
Sagona, en rade d’Alexandrie*, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1941.

MIDWAY, BATAILLE DE
Àpartir de la mi-mai 1942, Nimitz*, comme il l’avait été quelques
semaines plus tôt avant la mer de Corail, est renseigné.

Dans un délai proche, Yamamoto* attaquera Midway. Perdre l’atoll de


Midway, à 2 000 km au nord-ouest de Hawaii, serait grave. Les deux îlots de
Midway, avec leurs 500 hectares et leurs terrains d’aviation, constituent le
bastion avancé de la défense de Pearl Harbor* et de la côte occidentale des
États-Unis*.
Des renforts en hommes et avions sont dépêchés sur l’atoll. Le Yorktown,
réparé à vitesse record, part avec la TF/17 rejoindre la TF/16 de Spruance*
(Hornet et Enterprise). Fletcher* coiffe l’ensemble.
C’est une gigantesque embuscade que Nimitz* a montée. Défenses
renforcées sur Midway. Sous-marins en avant. Task Forces* 16 et 17 en
alerte à quelque 560 km au nord. Les services de renseignements ont précisé
que les Japonais se présenteraient le 4 juin, devant Midway, arrivant du nord-
ouest sur une position de 325°.
Yamamoto* ne se doute de rien. Il a concocté un plan ingénieux et
complexe pour faire tomber l’US Navy* dans ses rets.
Entre Midway et Pearl Harbor*, un cordon de 18 sous-marins doit servir
de sonnette. Il sera mis en place trop tard. Les Américains seront déjà passés
et Yamamoto* les croira toujours à Pearl Harbor*.
À l’extrême nord, la 2e Force de l’amiral Kakuta doit attaquer les
Aléoutiennes* pour détourner l’attention et annihiler une éventuelle
intervention.
L’essentiel se jouera au centre.
Nagumo*, avec quatre porte-avions, Akagi, Soryu, Kaga et Hiryu, doit
arriver par le nord-ouest. Tanaka*, avec la force d’occupation, Kunika, avec
celle dite de garde, se présenteront au sud-ouest. Entre eux, déboucheront
Kondo, avec la 2e Flotte, et surtout Yamamoto*, légèrement en retrait, avec
sa force d’attaque principale. Le Japon engage là quasiment l’essentiel de sa
marine : 4 porte-avions, 5 cuirassés, 7 croiseurs lourds, plus des destroyers,
des sous-marins et environ 300 avions.
Fletcher* n’aligne pas de tels moyens : 3 porte-avions seulement,
escortés de croiseurs, de destroyers et de sous-marins. Sur terre et sur les
porte-avions, il dispose de 300 avions, mais généralement moins performants
que les Kate*, les Val* ou les Zero*.
Yamamoto* compte livrer une bataille classique. Le 4 juin, à l’aube,
l’aviation embarquée adoucira les défenses terrestres de Midway. Le 6, les
débarquements s’effectueront. Avec l’arrivée, jugée inévitable, de l’US
Navy*, les gros bâtiments entreront en action. Toute la supériorité japonaise
alors se manifestera. N’aligne-t-elle pas le Yamato*, plus puissant cuirassé du
monde, 70 000 tonnes, huit pièces de 18 pouces ?
3 juin.
Un Catalina* repère, à plus de 1 000 km à l’ouest de Midway*, une
formation japonaise. 9 B 17* décollent de Midway* et vident leurs soutes à
haute altitude sans résultats.
Dans la nuit, Fletcher se rapproche et arrive à quelque 300 km au nord-est
de Midway.

4 juin.
4 h 30. 36 Kate*, 36 Val*, avec une escorte de Zero*, décollent de
l’Akagi et du Kaga. Alertés, les Brewster Buffalo des Marines* partent de
Midway pour les intercepter mais ne sauraient rivaliser avec les Zero*. 17
sont abattus ; 6 autres, gravement endommagés, se reposent en catastrophe
sur Midway où hangars et dépôts de carburant n’échappent pas aux coups.
L’attaque a coûté cher aux Japonais devant une DCA efficace : 38
appareils abattus ; 30 autres rentrent inutilisables.
Une seconde intervention contre Midway est prévue. Odres, contrordres,
renseignements contradictoires se succèdent. Chez Nagumo*, du temps est
perdu.
Depuis 7 h 33, les appareils américains sont en l’air à la recherche de
l’ennemi : 35 Dauntless*, 15 Devastator*, 10 Wildcat* du Hornet, 37
Dauntless*, 14 Devastator*, 10 Wildcat* de l’Enterprise. À 8 h 38, les
appareils du Yorktown ont décollé à leur tour. La mer, sous leurs plans,
semble désespérément vide.
Des Devastator* ont cependant décelé des fumées. Sans protection de
chasse, ils n’hésitent pas. L’attaque se termine en massacre. Un seul pilote
s’en sortira, soutenu par son gilet de sauvetage.
Ces sacrifices, néanmoins, ne sont pas vains. Les Zero* tourbillonnent à
basse altitude. Très haut dans le ciel, des Dauntless* du Hornet et de
l’Enterprise se regroupent sans être inquiétés. Ils sont 35 au total et, suivant
le sillage d’un destroyer, ils ont vu la flotte japonaise. Tels des faucons, ils
plongent brutalement, presque à la verticale.
Sur les quatre porte-avions de Nagumo*, le plein en carburant et
munitions s’achève. Les ponts sont couverts d’appareils prêts à l’envol.
Il est 10 h 30. La surprise est totale. Les bombes de 1 000 livres
s’abattent sur l’armada japonaise. L’Akagi, le navire amiral, est le premier
touché. En quelques minutes, il n’est plus qu’un brasier. Nagumo*, presque à
bout de forces, est transféré sur le croiseur léger Nagara.
Quatre bombes frappent le Kaga et un pétrolier ravitailleur à ses côtés. Le
Kaga, devenu incontrôlable, doit être abandonné.
Le Soryu est touché à son tour par le lieutenant commander Leslie et ses
vétérans de la mer de Corail*. Il doit lui aussi être abandonné.
Seul le Hiryu, préservé par miracle, se dérobe vers le nord.
Sur le Yamato*, à quelque 300 milles des lieux, Yamamoto* apprend les
terribles nouvelles. Selon les témoins, « il semblait hébété, et personne
n’osait l’approcher ». Son plan s’est écroulé. Une trentaine de pilotes
américains, en moins d’un quart d’heure, ont anéanti tous ses rêves. Se
reprenant, il fait ses comptes. Le Hiryu est intact, comme les cuirassés et les
croiseurs. Refusant l’adversité, le commandant de la flotte combinée ordonne
un regroupement pour reprendre la lutte.
Val* et Zero* veulent venger leurs camarades. Vers 14 h, ils découvrent
le Yorktown. Méprisant les Wildcat* et la DCA, ils se précipitent. Vingt
minutes après le début de l’attaque, le Yorktown est immobilisé. Fletcher*,
privé de radio et de radar, est comme Nagumo* contraint de quitter son
navire amiral pour le croiseur Astoria. À 15 h, semblant sur le point de
chavirer, le Yorktown devra être abandonné. Il s’engloutira à jamais le 7 juin
à 6 h.
En fin de journée, les Dauntless* de Spruance* assurent définitivement le
succès. Quatre bombes atteignent l’Hiryu. À 21 h 23, le porte-avions en feu
s’immobilisera.
Cette fois, c’en est trop. Quatre porte-avions japonais ont disparu. À
2 h 55, Yamamoto* ordonne un repli général. La chance bascule
complètement en faveur des Américains. L’apparition du sous-marin Tambor
fait effectuer une fausse manœuvre à deux croiseurs lourds. Le Mogami
aborde violemment le Mikuma. Les deux bâtiments sont sérieusement
endommagés.
La victoire américaine est totale et sans appel. L’invincible marine
impériale a perdu quatre porte-avions, un croiseur lourd, 234 avions et 2 200
marins. Les meilleurs de ses pilotes ont disparu. En une journée, le sort des
armes a basculé dans le Pacifique*.
Midway met fin à la supériorité navale et aérienne des Japonais. Ils se
retrouvent sur la défensive. L’ère de leurs victoires fulgurantes est close. La
conquête des Fidji, des Samoa, de la Nouvelle-Calédonie*, de Port Moresby*
et, plus tard, de l’Australie*, est définitivement abandonnée.
Midway est aussi un succès bienvenu pour la cause alliée au moment où
les Allemands l’emportent en Russie et en Libye*. Dans le cas contraire, les
Américains n’auraient-ils pas été forcés de négliger l’Europe pour renforcer
le Pacifique* ? La victoire finale contre l’Allemagne* en eût été retardée.

MIG 3 (MIKOYAN-GOUREVITCH MIG 3)


Sorti en 1941.
Monomoteur de chasse soviétique. Vitesse : 650 km/h ; autonomie :
820 km ; armement : 3 mitrailleuses, 200 kg de bombes ; équipage : 1
homme.
À partir de 1943, cet appareil sera supplanté par les Yak*.

MIHAILOVIC, DRAZA
(1893-1946). Général serbe.
Colonel lors de l’invasion de la Yougoslavie*, organise aussitôt la
Résistance* armée.
Chef des Tchetniks* serbes, promu général et nommé ministre de la
Guerre par le gouvernement yougoslave en exil, se trouve dès la fin de 1941
face à trois adversaires : les Allemands, les Oustachis* croates et les partisans
communistes de Tito*. Devant la férocité des représailles allemandes, a
tendance à freiner les opérations pour ménager les populations. D’abord
soutenu par les Alliés*, est, fin 1943, lâché par Churchill* qui joue la carte
Tito* pour se concilier Staline*. Bousculés, certains de ses lieutenants
tendront à se rapprocher des Allemands pour obtenir des soutiens.
Abandonné finalement par une partie des siens, Mihailovic tombe entre
les mains de Tito* le 13 mars 1946. Condamné à mort, est exécuté.
Laisse le souvenir d’un monarchiste sincère et d’un ardent patriote trahi
par les Occidentaux.

MIKOLAJCZYK, STANISLAS
(1901-1966). Homme politique polonais.
Chef du parti paysan.
Membre du gouvernement polonais en exil à Londres, devient Premier
ministre en juillet 1943, à la mort du général Sikorski*. En juillet 1944,
gagne Moscou dans l’espoir de trouver un terrain d’entente avec les
Soviétiques. Ayant démissionné le 24 septembre, fera quelque temps cause
commune avec le gouvernement de Lublin* en qualité de vice-président. En
1947, comprenant faire fausse route, s’exilera aux États-Unis*.

MILCH, ERHARD
(1892-1972). Maréchal allemand.
Pilote de chasse en 14-18, directeur de la Lufthansa en 1929, nazi de la
première heure, devient adjoint de Goering* en 1933.
Véritable secrétaire d’État à l’Air, met sur pied la jeune Luftwaffe*.
Colonel en 1933, général en 1938, commande la 5e flotte aérienne durant la
campagne de Norvège* en 1940. Promu maréchal en juillet de la même
année. Inspecteur général de la Luftwaffe*, après le suicide de Udet*. Le
remplace comme responsable technique de l’Air. En vingt mois double les
constructions aéronautiques. En juin 1944, passe sous la coupe du ministère
de l’Armement d’Albert Speer*. Condamné à la prison à vie par le Tribunal
de Nuremberg*, est libéré en 1955.

MILICE FRANÇAISE
Organisme officiel de l’État Français, créé par la loi No 63 du 30 janvier
1943, par le gouvernement Laval*.
Cette création répond d’abord à la rencontre Hitler-Laval* du
19 décembre 1942 où le Français s’était vu demander de lutter avec force
contre le terrorisme. Elle répond aussi au désir de Laval* de disposer d’une
force bien à lui à l’écart des partis de la Collaboration*.
Le noyau initial de cette Milice est le SOL légionnaire de Darnand*,
regroupant environ 15 000 militants, les plus engagés dans la Révolution
Nationale* et la Collaboration*.
Si Laval* est le chef théorique de cette Milice, Darnand*, patron du SOL,
en est le véritable chef en tant que Secrétaire général. Il s’entoure d’hommes
à lui : Pierre Cance, Francis Bout de l’An, Henry Charbonneau, Jean
Bassompierre.
Cette Milice, à son étiage, comptera près de 30 000 hommes. Les uns
proviennent de l’extrême droite, des milieux de la Collaboration* ; les autres
sont des jeunes sans métier, des marginaux, voire des repris de justice. Il faut
faire nombre. La Milice n’est pas homogène. Les idéalistes se mêlent à la lie.
Elle a reçu une double mission : propagande active et répression. Dans ce
dernier but, est créée, sous la direction du commandant Vaugelas, une Franc-
Garde, formation en partie permanente et destinée aux opérations de maintien
de l’ordre. Cette Franc-Garde sera forte d’environ 12 000 hommes.
L’utilisation de la Milice pose très vite problème. Elle n’est pas armée et
ne doit en principe intervenir qu’en zone sud. Des attentats contre plusieurs
de ses membres, des accords passés avec les SS* en vue de favoriser les
recrutements dans la Waffen SS*, débouchent, en novembre 1943, sur son
armement officiel. À partir du 27 janvier 1944, elle sera autorisée à
s’implanter en zone nord.
Darnand* étant devenu le 30 décembre 1943 secrétaire général au
Maintien de l’Ordre, la Milice s’affirme l’instrument premier de la répression
française contre la Résistance*. La Franc-Garde est engagée contre les
maquis* en Limousin, Bretagne, Bourgogne, et surtout dans les Alpes
(Glières*) sans obtenir de résultats probants. Les miliciens ne sont pas des
combattants de choc. Ils sont plus à l’aise dans les arrestations et
interrogatoires où certains d’entre eux se font une sinistre réputation de
tortionnaires... Des équipes plus ou moins incontrôlées assassinent des
personnalités politiques (Jean Zay, Georges Mandel, les époux Basch,
Maurice Sarraut...). Des miliciens, comme Philippe Henriot, tombent aussi,
victimes de la guerre civile entre résistants et collabos*.
Violemment antisémite, la Milice est à l’origine de l’arrestation et de la
déportation de nombreux Juifs. Le symbole de cet antisémitisme sera le chef
milicien de Lyon, Paul Touvier. L’individu échappera d’abord aux
recherches, puis sera condamné, gracié, à nouveau condamné en 1992. Il
mourra en prison en 1996.
À l’heure de la Libération*, la Milice fait figure de rassemblement de
nervis à la solde de l’occupant. Elle le paie lourdement. Ceux qui ne
parviennent pas à fuir dans les fourgons de la Wehrmacht* connaissent
exécutions sommaires ou jugements sans appel comme au Grand-Bornand*.
Environ 1 500 miliciens, réfugiés en Allemagne*, seront intégrés à la
division SS Charlemagne*. Beaucoup iront, avec elle, mourir en Poméranie.
L’épuration n’épargnera guère les rescapés. Joseph Darnand*, Raoul
Dagostini, Jean Bassompierre, Joseph Lécussan, entre autres, seront fusillés.
Cance, plus heureux, sera gracié. Certains, comme Filliol, Vaugelas,
parviendront à s’échapper (Vaugelas aurait été abattu par les Services
spéciaux en Argentine* en 1954).
Drapés de bleu, béret alpin avec le gamma pour insigne, les miliciens
correspondent à la période la plus noire de Vichy*.

MILLS (MARK 1 NUMERO 36 MILLS)


Grenade à main défensive anglaise.
De forme ovulaire et en fonte à structure dentelée. Poids : 630 g ; portée :
une trentaine de mètres ; charge : 70 g de TNT ; retard : 4 à 5 secondes.

MINDANAO
Île la plus méridionale des Philippines*.
98 700 km2. Sommet au mont Kaatoan (896 m d’altitude).
L’île, défendue par 25 000 Américains et Philippins, sous les ordres du
général Sharp, est investie dès le 20 décembre 1941 par les Japonais. Ces
derniers intensifient leurs efforts pour en finir et débarquent au nord et à
l’ouest, les 29 avril et 3 mai 1942. La capitulation de Wainwright* à
Corregidor* contraint Sharp a déposer également les armes à partir du 6 mai.
Toutefois, une résistance philippine s’organise sous la direction du
colonel américain Fertig. Cette guérilla oblige les Japonais à se réfugier dans
les ports.
Dans le cadre de la reconquête des Philippines lancée par MacArthur* au
début de 1945, les Américains débarquent à Mindanao à partir du 10 mars
1945 et la VIIIe Armée du général Eichelberger* entreprend l’élimination
progressive des 20 000 Japonais de l’île. Davao au sud, Cayaan au nord, sont
libérés les 5 et 14 mai. Le 24, l’île est coupée en deux par la prise de
l’aérodrome de Valencia.
Du coup, les Japonais se réfugient dans les régions montagneuses, tandis
que des débarquements successifs finissent de les isoler. Sans secours
possible, dans un environnement difficile, traqués par la guérilla philippine,
ces hommes sont condamnés. Bien peu verront la fin de la guerre.

MINE S
Mine antipersonnel allemande.
Mine bondissante (Springenmine), explosant à environ un mètre du sol,
elle était particulièrement dangereuse par les centaines de billes d’acier ou
éclats qu’elle projetait dans un rayon de 90 à 150 mètres.

MIRANDA, CAMP DE
El deposito de concentration de Miranda de Ebro.
Camp de concentration espagnol, dans la province de Burgos, où fut
internée la majorité des évadés de France* par l’Espagne*. Ceux-ci étaient
essentiellement français ; mais il y avait des Britanniques, des Canadiens,
prisonniers évadés ou aviateurs abattus généralement, des Belges, des
Hollandais, des Luxembourgeois, des Polonais, des résistants, des Juifs, etc.
Il y eut 35 000 évadés de France qui, à partir de 1943, commencèrent à
être libérés, l’Espagne* prenant du recul avec l’Axe*. Les conditions de vie à
Miranda étaient très dures : nourriture insuffisante, absence d’hygiène,
sévérité des gardiens. Tous les anciens en gardent un souvenir pénible, même
si Miranda n’était pas un camp de concentration de style nazi.

MISSOURI
Cuirassé américain de 45 000 tonnes, navire amiral de l’amiral Halsey*,
commandant la 3e Flotte américaine.
C’est à son bord qu’est signée la capitulation japonaise*, en rade de
Tokyo, le 2 septembre 1945.
Vitesse : 33 nœuds ; armement : 9 pièces de 406 mm, 20 de 125 mm, 80
de 40 mm, 49 de 20 mm ; équipage : 1 851 hommes (de 1 500 à 3 000 suivant
les périodes).
Il est aujourd’hui un navire musée dans le port de Pearl Harbor*.

MITRAILLEUSES
Les mitrailleuses, et à un degré moindre leurs petits frères les fusils
mitrailleurs, apparaissent véritablement en 14-18 et deviennent une
composante incontournable du champ de bataille par leur intensité de ce feu
qui tue.
La Seconde Guerre mondiale accentue cette évolution. Les mitrailleuses
sont partout dans le ciel, sur terre et sur mer. Quant aux fusils mitrailleurs,
l’infanterie ne saurait s’en dispenser. Les armées de toutes les nations sont
bien pourvues de ces armes dites collectives :

Allemagne MG 34*
MG 42*
États -Unis BAR*
Browning 30 et 50*
France FM 24-29*
Hotchkiss*
MAC 31*
Grande-Bretagne Bren*
Lewis*
Vickers*
Japon LMG 99 (Shiki Kikanju*)
URSS Maxim 1910*
DP 28*
SG 43*

MITSCHER, MARK
(1887-1947). Amiral américain.
Commandant de la Task Force* de porte-avions rapides (TF 58) de la 5e
Flotte américaine durant la guerre du Pacifique*, se montre un second habile
des amiraux Nimitz* et Spruance.
Se distingue particulièrement durant les batailles de la mer des
Philippines* (juin 1944) et de Leyte* (novembre 1944). En avril 1945, il
coule le Yamato* se portant au secours d’Okinawa*. Devant ce même
Okinawa*, le 11 mai 1945, son navire amiral est sérieusement touché par
deux kamikazes* et il doit changer de bâtiment.
Ce marin savait toujours prendre des risques et ses responsabilités.

MK II
Grenade défensive américaine à main, fusante automatique, en fonte, à
fragmentation extérieure.
Poids : 595 g ; portée moyenne : 25 à 30 m ; rayon d’efficacité : éclats
dangereux dans un rayon de 100 m ; retard de 4 à 5 secondes.

MK II A 1
Grenade à main, défensive, américaine, à fragmentation.
Poids : 640 g ; explosif : 22,5 grammes de nitrate d’amidon ; retard de 4 à
4,8 secondes ; portée : une trentaine de mètres.

MO, OPÉRATION
En avril 1942, les Japonais sont encore dans la phase de conquêtes et
d’expansion des lendemains de Pearl Harbor*. Ils continuent de voir grand.
Une opération contre Port Moresby* et les Salomon* est programmée début
mai.
À la fin du mois d’avril, les interceptions radio américaines qui percent le
système de communications des Japonais, en particulier leur code naval JN
25, précisent que Port Moresby* est visé et que trois porte-avions se dirigent
vers le Pacifique sud*. L’opération MO contre Port Moresby* se déroulera
les 2 et 3 mai. Les amiraux Nimitz* et King* savent ainsi où et quand
surgiront les dangers. Ils sont à même de faire l’impasse sur Pearl Harbor*,
puisqu’il n’est pas dans les intentions de Yamamoto* de s’y manifester une
seconde fois.
Les deux amiraux disposent, sur les lieux ou aux abords, de deux porte-
avions. Ils mettent sur pied deux Task Forces* : l’une autour du Yorktown,
l’autre autour du Lexington.
Ces deux Task Forces* doivent se regrouper au point Buttercup, à 400
km au sud-ouest de San Cristobal, afin de barrer la route à l’envahisseur.
Cette manœuvre conduira à la bataille de la mer de Corail*. L’opération MO
avortera.

MODEL,WALTHER
(1891-1945). Maréchal allemand.
Capitaine en 1918, il reste dans la Reichswehr* et ne commence
véritablement à se faire remarquer qu’avec l’opération Barbarossa*.
Commande tout d’abord la 3e PD, puis un corps blindé devant Moscou*.
À la tête de la 9e Armée au début de 1942, défend Kiev victorieusement.
Chargé de l’offensive nord, pour l’opération Citadelle*, contre le saillant de
Koursk* en juillet 1943, ne parvient pas à percer et perd beaucoup de monde.
Malgré cet échec, il prend le commandement du GA Nord en janvier 1944 et
défend habilement le terrain confié, alternant retraites et contre-attaques.
Cette habileté lui vaut son bâton de maréchal le 1er mars 1944. Après deux
autres commandements sur le front de l’Est, est envoyé en France* pour
remplacer von Kluge* le 17 août 1944.Von Rundstedt* étant redevenu
commandant en chef à l’Ouest, il dirige le GA B avec lequel il mène
l’offensive dans les Ardennes*, une entreprise qu’il avait déclarée difficile au
Führer*. Ses dernières forces ayant été encerclées dans la Ruhr, il préfère se
suicider pour éviter la capture.
Chef énergique, d’un grand dynamisme, fidèle à Hitler* par conviction
ou intérêt, Model est l’un des généraux allemands marquants de la seconde
partie de la guerre. Se portant sans cesse d’un point menacé à un autre, il
avait été surnommé le pompier de Hitler*.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne et diamants.

MOHAMMAD REZA
(1919-1980).
Son père, Reza Shah, ayant abdiqué, il devient Shah d’Iran* le
16 septembre 1941.
Durant la guerre, il s’appuiera sur les Américains pour contrer la
pénétration soviétique dans son pays et y parviendra, après une épreuve de
force, en 1946.

MOLDERS, WERNER
(1913-1941). Colonel aviateur allemand.
As des as allemands de la Seconde Guerre mondiale.
Entre en 1935 à la Luftwaffe*.
14 victoires durant la guerre d’Espagne avec la légion Condor. Colonel
à vingt-huit ans. Commandant sur le front de l’Est* du JG 51
(Jagdgeschwader 51, escadre de chasse 51), puis Inspecteur de la chasse. Au
total, 115 victoires homologuées. Tué dans un accident d’avion, le
22 novembre 1941, alors qu’il se rendait aux obsèques du général Udet*.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne, glaives et
brillants.

MOLOTOV, COCKTAIL
Arme artisanale à main utilisée contre les blindés.
Employée pour la première fois par les nationalistes espagnols en
Espagne. En principe, une bouteille renfermant un liquide inflammable
obturée par un bouchon et un tissu lui aussi inflammable. Le tissu embrasé, la
bouteille est projetée contre l’objectif et se brise en répandant son liquide
Le qualificatif de Molotov sera donné, par dérision, à ce type d’arme par
les soldats finlandais lors de la guerre d’hiver.

MOLOTOV, MIKHAILOVICH
(1890-1986). Homme politique russe.
De son vrai nom, Skryabin. Compagnon de Staline* durant la Révolution
et la guerre civile. Chef du Conseil des commissaires du peuple de décembre
1930 au 9 mai 1941.
Commissaire du peuple aux Affaires étrangères de 1939 à 1949, puis de
1953 à 1956. Signe le pacte germano-soviétique* d’août 1939 et l’ordre
d’exécution des officiers polonais de Katyn*. Fidèle bras droit de Staline*,
l’accompagne à toutes les conférences internationales. Cet homme au regard
impénétrable a largement partagé les crimes de son chef.

MONCEF BEY
(1881-1948).
Nom francisé de Muhammad al- Munsif. Accède au trône de Tunisie* le
12 juin 1942 et ne tarde pas à manifester ses opinions – déjà exprimées – par
un message au maréchal Pétain* pour réclamer un certain nombre de
réformes politiques et sociales.
Durant l’occupation allemande de novembre 1942 à mai 1943, se montre
peut-être un peu trop conciliant vis-à-vis de l’occupant. Cette présomption de
collaboration* permettra la déposition d’un prince jugé par trop nationaliste.
Sera remplacé par Lamine Bey et mourra en exil à Pau.

MONCLAR
(1892-1964). Général français.
Charles-Raoul Magrin-Vernerey, dit Monclar. Saint-Cyrien, très glorieux
combattant de 14-18, commande, en 1940, la 13e DBLE* à Narvik*.
Rallie la France libre* le 30 juin 1940 avec une partie de son unité. Sera
en Érythrée* à la tête de la BFLO*, mais refuse de participer à la campagne
de Syrie*, attitude qui lui vaudra d’être mis à l’écart par Charles de Gaulle*.
Sera inspecteur de la Légion étrangère* de 1948 à 1950.
La France libre* lui doit l’une de ses unités fer de lance.
La promotion 1984-1987 de Saint-Cyr porte son nom.
Compagnon de la Libération*.

MONGOLIE EXTÉRIEURE
République Populaire de Mongolie (RPM) depuis 1924, inféodée à
l’URSS*.
Sa frontière orientale est, en août 1939, le théâtre de la bataille de
Khalkin-Gol*. Le 10 août 1945, la RPM déclare la guerre au Japon* et son
armée participe à la campagne de Mandchourie*. Elle avait été reconnue
officiellement par les Occidentaux à Yalta*. Un référendum organisé le
20 octobre 1945 donne 97,8 % des voix pour l’indépendance vis-à-vis de la
Chine*.

MONGOLIE INTÉRIEURE
Occupée par les Japonais, devient l’État de Mengjiang, gouverné durant
la guerre par le gouvernement fantoche du prince Tö.
Elle fournit, à ce titre, quelques contingents militaires à l’armée nippone.
Elle réintégrera la communauté chinoise, avec tous ses aléas, au
lendemain de la capitulation japonaise*.

MONSABERT, JOSEPH DE GOISLARD DE


(1887-1981). Général français.
Saint-Cyrien, officier de tirailleurs, valeureux combattant de 14-18,
Monsabert, dit Monsabre pour ses hommes, est un chef populaire et
enthousiaste, véritable moine-soldat.
Général, commandant la brigade de Blida, est un acteur majeur en faveur
du débarquement allié du 8 novembre en AFN*. Chef des corps francs*
d’Afrique durant la campagne de Tunisie*, prend ensuite la tête de la 3e DIA*
avec laquelle il se couvre de gloire en Italie*. Débarqué en Provence* le
16 août 1944, il libère Marseille* par une manœuvre hardie. Remplace
ensuite Larminat* à la tête du 2e CA de la 1ère Armée* qu’il mène jusqu’en
Allemagne*. Dynamique, profondément humain, il est l’un des généraux
français les plus prestigieux de la Seconde Guerre mondiale.
Compagnon de la Libération*.

MONTAGNE, CORPS DE
Corps constitué, par le général Juin*, en mai 1944, avec la 4e DMM et les
Tabors marocains (soit près de 30 000 hommes).
Reposant sur les solides marcheurs de l’Atlas, ravitaillé par les unités
muletières, il avait mission, une fois la ligne Gustav* percée, de s’enfoncer
par les monts Aurunci, Ausoni et Lepini et de déborder les défenses
allemandes de Cassino*. Cette mission, parfaitement remplie, permit, au
final, la chute de Rome*.

MONTCORNET, COMBAT DE
Montcornet est un gros bourg à 30 km au nord-est de Laon.
Il offre un bon carrefour routier en direction de Reims, Laon et Saint-
Quentin. Le tenir serait planter un dard dans les communications allemandes.
De Gaulle*, commandant de la 4e DCR*, est chargé par le général
Georges* de frapper l’Allemand Guderian* sur le flanc :
« Allez, de Gaulle*, pour vous qui avez préconisé depuis longtemps les conditions que
l’ennemi applique, voilà l’occasion d’agir. »

Le 17 mai 1940, à 4 h 30, la 4e DCR s’ébranle, forte de moins de 100


chars, dont heureusement nombre de chars B*. Les blindés de Guderian* sont
postés en face, sur la rive droite de la Serre, petit affluent de l’Oise qui coule
d’est en ouest. Les premiers éléments français, débouchant plein sud,
abordent Montcornet, mais la Luftwaffe* et la 10e PD interviennent en force.
La 4e DCR doit se replier sur Laon. Elle a perdu le quart de ses effectifs.
Montcornet n’est qu’un coup de poing malheureux, sans portée effective.
Renforcé, redoublé, il aurait pu gêner Guderian*, mais de Gaulle*, le 17 mai,
n’en avait pas les moyens. La légende gaulliste a privilégié Montcornet.
Pourquoi ? Montcornet n’est qu’un échec. Elle aurait dû préférer Abbeville*.

MONTE CASSINO, ABBAYE DE


Le mont Cassin (Monte Cassino) domine de quelques centaines de mètres
(cote 516) la petite ville de Cassino (cote 185) et la vallée du Liri où passe la
Nationale 6 (via Casilina), menant à Rome.
Au Ve siècle, saint Benoît a fondé au sommet du mont un monastère
devenu, au fil des générations de moines, un temple de la pensée chrétienne
et un reliquaire de trésors inestimables : objets d’art et cultuels, imprimés,
manuscrits, parchemins, tableaux, sculptures, etc.
En octobre 1943, le père abbé Gregorio Diamare et ses religieux occupent
toujours leur couvent. La bataille n’est pas très loin, mais ils refusent de
croire que les hommes oseront s’en prendre à leur lieu saint. Les Allemands
respectent le site et n’y pénètrent pas.
La canonnade se rapprochant, le colonel autrichien Schlegel réussit à
convaincre le père Diamare du danger et fait évacuer sur le Vatican* tout ce
qui est transportable.
Le 11 février 1944, le XIe CA US, marqué par ses combats de janvier, est
relevé par le corps néo-zélandais du général Freyberg*. Face aux arrivants,
une troupe d’élite, la 1ère division parachutiste venue assurer la défense du
mont Cassin et de ses approches.
Freyberg* est un rude soldat. Il a reçu mission d’enlever le mont Cassin
et de réaliser une tête de pont au sud de Cassino. Pour lui, aucun doute ! Les
Allemands occupent l’abbaye et rendent ainsi la conquête du mont
impossible. Il en tire une conclusion formelle : un bombardement préalable
du monastère est indispensable à l’assaut mené dans la foulée.
Qui a donné l’ordre formel ou toléré ce bombardement réclamé par
Freyberg* ? Clark* ? Alexander* ? Wilson* ? Clark*, bien que réticent, en a
admis le principe. Alexander* et Wilson* de même. Depuis longtemps, les
Américains ont fait savoir qu’à leurs yeux les vies humaines priment. Outre,
l’impétueux Freyberg* est l’ami de Churchill*. En cas d’échec, il pourrait se
plaindre en haut lieu de ne pas avoir été appuyé.
Le 15 février, 142 B 17*, 47 B 25*, 40 B 26 se succèdent au-dessus de
Monte Cassino 453 tonnes de bombes explosives et incendiaires s’abattent
sur l’abbaye. Seules la façade et la porte principale résistent. Il y a environ
250 morts, pour beaucoup des réfugiés.
Aucun Allemand ne se trouvait dans l’édifice. Les plus proches étaient
sur les pentes, à 400 m au moins. Mais dorénavant ils n’ont plus aucun motif
pour ne pas pénétrer dans les décombres et s’y retrancher.
Les assauts menés les 17 et 18 par les Néo-Zélandais n’aboutissent pas.
La destruction de l’abbaye n’a servi à rien. Au contraire même elle a renforcé
les défenses allemandes. Des ruines forment d’excellentes positions
défensives. Tous les assauts alliés ultérieurs resteront vains.
La percée du CEF*, le 13 mai, débloquera la situation. Le 17,
Kesselring*, craignant à juste titre d’être tourné, donnera un ordre de repli du
front de Cassino. Dans la nuit, les parachutistes allemands, la rage au cœur,
évacueront des positions où ils n’avaient pas cédé.
Le 18 mai, à 10 h 20, une patrouille du 12e régiment de lanciers polonais
plante le drapeau blanc et rouge au sommet des ruines de l’abbaye. Monte
Cassino est conquis. Si heureusement la majorité de ses trésors a pu être
sauvée, l’abbaye est à reconstruire. Elle le sera.

MONTGOMERY, BERNARD
(1887-1976). Maréchal britannique.
Après Dunkerque*, Singapour*, Tobrouk* et tant d’autres revers, la
Grande-Bretagne* a besoin d’un héros pour relever la fierté nationale.
Montgomery*, par hasard, a la bonne fortune d’être celui-là et de se
trouver aux commandes à El-Alamein*, la bataille ne pouvant pas être perdue
de par les rapport des forces. Cette victoire le rendra intouchable. La note à
payer de l’ensemble s’appellera Cassino*, Falaise*, Arnhem* et tant d’autres
batailles coûteuses.
Ancien de Sandhurst, général en 1937, Montgomery commande, au
printemps 1940, la 3e division puis le IIe CA du BEF*. Avec ce dernier, il
participe à l’évacuation de Dunkerque*. De juillet 1940 à août 1942, il
assume la direction et l’entraînement des troupes chargées de la défense du
sud-est de l’Angleterre*.
La mort du général Gott, désigné pour remplacer Auchinleck* à la VIIIe
Armée au Moyen-Orient, le propulse, étant disponible, le 13 août 1942, à un
poste pour lequel il n’était pas prévu.
Bénéficiant d’une supériorité de trois contre un, il gagne, fin octobre
1942, la bataille d’El-Alamein* qui renverse le cours des choses au Moyen-
Orient. Il se montre, dès lors, sous son vrai jour. Chef méticuleux, économe
du sang de ses soldats, mais ayant toujours peur d’être battu, il n’ose se
risquer et avance avec une extrême prudence. Il laisse ainsi Rommel*
s’échapper en Libye*, progresse avec lenteur en Sicile* et surtout en Italie*,
permettant aux Allemands d’organiser leurs défenses à hauteur de Cassino*.
Auréolé par El-Alamein*, il devient l’adjoint d’Eisenhower* et
commande le XXIe GA britannique d’Overlord*. Il lui sera alors sévèrement
reproché de ne pas avoir laissé se fermer la poche de Falaise* qui aurait
permis l’anéantissement complet de la VIIe Armée allemande.
La percée et la chevauchée de Patton* lui permettent de s’extraire du
bocage normand, de franchir la Seine et d’entrer en Belgique. Il atteint
Anvers* mais ne dégage pas les bouches de l’Escaut, interdisant
l’exploitation immédiate du port. Avide d’imposer sa marque, il obtient
d’Eisenhower*, soucieux de conciliation, de lancer la fameuse opération
Market Garden*, qui se termine par le fiasco d’Arnhem*.
Après la bataille des Ardennes*, il monte l’opération à grand spectacle
Varsity* en vue de traverser le Rhin et pénètre ensuite en Allemagne*. Le
4 mai, il reçoit la capitulation des forces allemandes du nord-ouest.
Promu maréchal le 31 août 1944, il laisse le souvenir d’un personnage
complexe. Bon professionnel, excellent entraîneur d’hommes, mais
individualiste exacerbé, stratège limité, peu diplomate dans une guerre de
coalition. Sa quête constante de publicité personnelle avait tendu ses rapports
avec ses pairs et altéré ses liens de subordination envers Eisenhower*. Son
renvoi fut sur le point d’être demandé – et accepté – en février 1945.
Churchill* lui-même songeait à le remplacer par Alexander*.
Il avait été fait vicomte d’El-Alamein*.
K.G., G.C.B., DSO.

MONT MOUCHET, COMBATS DU


Par Mont Mouchet s’entendent les combats de juin 1944, en Auvergne,
de part et d’autre du Mont Mouchet lui-même, à cheval sur le Cantal et la
Haute-Loire, près de Chaudes-Aigues, dans le réduit de la Truyère, (Cantal),
et autour de Venteuges, à 10 km à l’est du Mont Mouchet (en Haute-Loire).
Combats menés dans le cadre du plan Caïman*. Conduits par deux
hommes, Coulaudon, chef régional FFI* et le colonel Garcie, chef militaire,
ils se déroulent en trois temps :
— Venteuges : 10-11 juin.
— Mont Mouchet aux mêmes dates.
— Chaudes-Aigues : 20-21 juin.
Le 20 mai, suite à ses contacts avec des missions françaises et anglaises
qui lui ont été parachutées, Coulaudon se sent imparti d’une mission d’intérêt
général. Sa région doit fournir une plate-forme d’envergure au cœur du
Massif central. Il lance donc un ordre général de mobilisation. Cet ordre est
largement entendu et provoque un afflux. À partir du 1er juin, le dispositif
général prend tournure. 2 700 hommes au Mont Mouchet, 2 500 à la Truyère,
1 500 à Venteuges. Plus à l’ouest, dans le Lioran, entre Saint-Flour et
Aurillac, ils seraient 2 500. Garcie les organise. 20 compagnies et quatre
bataillons. Tous sont à peu près armés grâce aux parachutages. Points
faibles : l’absence d’armement semi-lourd, les munitions, les liaisons.
Certainement aussi le manque de métier au niveau des chefs et des
combattants. Tous ces maquisards de la Margeride relèvent de l’AS* et
certains de l’ORA*. Les FTP* n’ont pas rejoint.
Curieusement, dans cette phase de mobilisation, les Allemands ne se
manifestent pas. Ils ont certainement comme arrière-pensée de laisser mûrir
l’abcès avant de le crever. Ce n’est que le 3 juin que le commandement du
groupe d’armées G (sud de la Loire), ordonne de réduire les maquis* du
Cantal.
Un engagement s’est déjà produit le 2 juin à Paulhiac, à 8 km au sud du
Mont Mouchet. 500 hommes de l’Ostlegion* et de la Milice* ont été contrés.
Ils se sont repliés, laissant cinq cadavres allemands sur le terrain et des fusils
brisés. Le maquis* n’a eu que cinq blessés légers. Ce succès est bon pour le
moral, mais il est trompeur sur le rapport des forces.
Inexorablement, l’ennemi resserre ses filets. Le général Jesser et l’état-
major 588 sont chargés de la réduction du Mont Mouchet parfaitement
localisé. Jeser articule son dispositif en trois groupements :
— Le premier au départ de la région Brioude-Langeac, au nord-est.
— Le second depuis Saint-Flour, au nord-ouest.
— Le troisième, partant du Puy et des rives de l’Allier, à l’est.
Tous doivent converger vers le Mont Mouchet. Au total, 2 500 hommes,
dont six compagnies d’Ostlegion*. Face aux maquisards, ils possèdent un
avantage notoire. Ils sont appuyés par la Luftwaffe*, de l’artillerie et des
mortiers. Ils disposent même de blindés légers.

10 juin.
L’attaque se déclenche à mi-journée, contre Venteuges au nord-est et
Clavières au nord-ouest. L’ennemi est tenu en échec et avec la nuit il met fin
au combat. Les maquisards ont tenu sensiblement leurs positions mais les
munitions manquent. Conscients de leur infériorité contre des blindés,
Coulaudon et Garcie ordonnent de se replier sur la Truyère ou d’éclater. Les
combats autour du Mont Mouchet vont continuer le 11 pour permettre
d’assurer les replis. Puis la nuit et les bois faciliteront les départs.
Les deux journées ont coûté 160 morts et 80 blessés. Il faut adjoindre les
pertes civiles. Les Allemands ont tué, achevé les blessés, et pillé. Eux-mêmes
comptent une vingtaine de tués et 60 blessés. Les premiers bilans étaient
excessifs.
À partir du 13 juin, ils sont environ 4 000, rescapés du Mont Mouchet et
anciens des lieux, dans le réduit de la Truyère avec PC au petit village de
Saint-Martial, à quelques kilomètres au nord de Chaudes-Aigues. Le 18,
Coulaudon fait marquer avec éclat le quatrième anniversaire du 18 juin.
Les Allemands ne peuvent accepter cette verrue dans une région où
l’insécurité règne. Un parachutage le 17 n’est pas passé inaperçu.
Fantassins, blindés, aviation sont de la partie, attaquant au nord comme
au sud. Devant la puissance de feu, les résistances craquent. En fin de
journée, l’ordre de dispersion est donné. Les évacuations s’effectuent par les
vallées de la Truyère et du Bès, peu contrôlées par l’ennemi.
Le 21, autour de Chaudes-Aigues, les Allemands sont maîtres du terrain.
Les maquisards ont eu 80 tués et une centaine de blessés. Les Allemands sans
doute une cinquantaine de tués.
Ces combats de la Margeride ont mis en œuvre les plus forts
rassemblements de maquisards constitués sous l’occupation. Même si
l’Allemand est resté maître du terrain, celui qui était à la Truyère n’était pas
en Normandie*. Tous les coups d’épingle des maquis* – gros coups
d’épingle ! – ont contribué au succès de la campagne de France*.

MONTOIRE-SUR-LE-LOIR
Chef-lieu de canton du Loir-et-Cher, à 18 km à l’ouest de Vendôme.
2 700 habitants avant la guerre. Une gare.

MONTOIRE, RENCONTRE DE
Sur cette rencontre du 24 octobre 1940 entre le vieux maréchal français et
le dictateur allemand, près de soixante-dix ans après l’événement, la sérénité
a du mal à s’imposer. « Montoire, Verdun diplomatique » ou « Montoire,
main tendue aux nazis » ?
Pour s’exprimer objectivement, il faudrait connaître la pensée profonde
en cet instant de Philippe Pétain*. Quel crédit apporter à des déclarations
officielles peut-être à l’usage de l’adversaire ? Comment ne pas relever
certaines contradictions entre Montoire et des faits antérieurs ou postérieurs ?
Cette entrevue, un homme l’a voulue : Pétain*. Un autre l’a souhaitée et
acceptée : Hitler*. Un troisième l’a agencée : Laval*.
Philippe Pétain* est sensible à la misère humaine. Avare hier du sang de
ses hommes, il se veut maintenant ménager les souffrances des Français. Près
de deux millions d’entre eux sont prisonniers. Le pays est scindé en deux,
voire en trois ou en quatre. Les familles sont séparées par la ligne de
démarcation. La germanisation s’abat sur l’Alsace-Lorraine*. 150 000
Alsaciens-Lorrains seront expulsés et chassés de leurs foyers par l’occupant.
Certaines régions, tel le Nord, tombent sous une férule militaire totale. Les
frais d’occupation grèvent le Trésor. Les richesses nationales, mines,
industries, etc. sont mises à sac.
Fortement marqué par la défaite française, Philippe Pétain* est
apparemment persuadé que l’Angleterre* s’inclinera et que l’Allemagne*
imposera sa loi. Il est opportun de traiter avec le vainqueur et il le confesse à
l’un de ses proches : « N’y a-t-il pas eu Tilsit ? »
Pour en arriver là, il a chargé le colonel Fonck, l’as des as de 14-18, de
sonder son ancien adversaire, Hermann Goering*. Laval* s’entremet de son
côté, par le truchement d’Otto Abetz*. Il a même rencontré Hitler* partant
pour Hendaye discuter avec Franco*.
Toutes ces démarches aboutissent à ce 24 octobre 1940 dans la petite gare
de Montoire-sur-le-Loir. Pétain* et Hitler*, arrivés, l’un en train blindé,
l’autre en limousine, se saluent militairement puis échangent une poignée de
main. L’entretien qui a lieu dans le train blindé est relativement bref. Pétain*
quittera les lieux une heure trente après son arrivée.
D’entrée, Pétain* se démarque. Il n’a pas voulu la guerre. Ce plaidoyer
lui permet d’évoquer les sujets qui lui tiennent à cœur : prisonniers, ligne de
démarcation, Alsaciens-Lorrains.
Il s’attarde sur les colonies. La France* respecte ses engagements de
l’armistice. Dakar* l’a prouvé.
Cela, Hitler* ne le conteste pas mais il campe sur ses positions : défaite
anglaise assurée, victoire allemande proche. Ce double postulat lui permet
d’énoncer ses propres conclusions : le sort futur de la France* dépendra de
son attitude présente. Si elle se montre conciliante, il lui en sera tenu compte.
In fine, Hitler* résume sans être repris par son interlocuteur :
« Le maréchal Pétain* se déclarait prêt à prendre en considération le principe d’une
coopération avec l’Allemagne dans le sens qu’avait exposé le Führer*. Les modalités de cette
action seraient fixées en détail et point par point. Le maréchal Pétain* souhaitait pour la France*
une fin plus honorable du conflit. Le Führer* exprima son accord sur ce point. »
C’est fini. Les deux interlocuteurs se quittent apparemment satisfaits l’un
de l’autre.
Hitler* est en droit d’estimer s’être assuré un allié relatif ou du moins une
neutralité bienveillante dans son conflit avec l’Angleterre*. La France* ne
fera rien pour favoriser celle-ci, outre-mer notamment. Pétain* espère, lui, se
trouver en position plus forte pour arracher quelques avantages matériels en
faveur de ses compatriotes et leur assurer un meilleur sort si l’Allemagne*
l’emporte.
Ce terrain d’entente, si hypocrite soit-il, les deux parties lui ont trouvé un
nom : collaboration*. Par ce terme, il faut comprendre coopération politique
et économique, à l’exclusion de tout engagement militaire.
Au fond, tout est à faire. Un principe, seul, a été défini. Aucun texte ne
définira l’application de cette collaboration*, que certains Français vivront
réellement.
Sur cette rencontre, Philippe Pétain*, quelques jours plus tard, jugera
utile de s’expliquer :
« Français,
J’ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich*. Cette rencontre a suscité des
espérances et provoqué des inquiétudes. Je vous dois à ce sujet quelques explications. C’est dans
l’honneur et pour maintenir l’unité française – une unité de dix siècles –, dans le cadre d’une
activité constructive du nouvel ordre européen, que j’entre aujourd’hui dans la voie de la
collaboration*.
Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays,
amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d’occupation. Ainsi pourraient être
assouplie la ligne de démarcation* et facilités l’administration et le ravitaillement du territoire. »

Aucune ambiguïté. Collaboration* contre avantages divers. Il s’agit bien


d’un troc. Le chef de l’État avait-il le droit de l’envisager et de l’accepter ?
Les Français en débattent encore.
Montoire : Verdun diplomatique ou mésalliance avec le nazisme* ? Dans
l’immédiat, des prisonniers sont libérés. Quelques facilités d’échanges
épistolaires entre les deux zones sont obtenues.
Pour les Français demeurent une image et un mot. La poignée de main
jugée dégradante pour un maréchal de France*. Une politique, synonyme de
trahison, les offusque. Elle conduira des hommes, dont la vocation n’était pas
de trahir, à se fourvoyer. Joseph Darnand* comptera parmi ceux-là. Lors de
son procès, le RP Bruckberger, son vieux camarade de guerre, pourra
s’écrier :
« C’est la poignée de main de Montoire qui a revêtu Darnand* de l’uniforme allemand. »

La véritable conclusion de Montoire se situe là. La pente savonneuse de


la collaboration* avec l’ennemi s’ouvre, un soir d’automne, par une brève
rencontre dans une modeste gare de province. Laval*, devenu grand maître
du régime, y précipitera Vichy* et ses partisans.
On peut, néanmoins, s’étonner que celui qui pesait si bien le poids des
mots n’ait pas vu que collaboration* ne signifiait pas cohabitation, mais tout
au contraire travail en commun.

MORANE-SAULNIER (MS 406)


Avion de chasse français sorti en 1938.
Son prototype, en 1937, est regardé comme le meilleur chasseur du
monde. En fait, il sera inférieur au Me 109* et au Dewoitine 520*.
Vitesse : 490 km/h ; autonomie : 800 km ; armement : un canon de 20,
2 mitrailleuses ; équipage : 1 homme.
MOREL, THÉODORE
(1915-1944). Résistant français.
Cet ancien Saint-Cyrien de vingt-huit ans a tout pour lui.
Un beau sourire lumineux. Un courage sans faille qui lui vaut la Légion
d’honneur pour les combats de 1940 à la tête de la SES du 27e BCA. Un
patriotisme farouche et sans compromission. Un ascendant sur son entourage
qui exalte les énergies et en fait un exceptionnel entraîneur d’hommes.
Lieutenant instructeur à Saint-Cyr, replié à Aix-en-Provence après
l’armistice, il a inculqué à ses élèves officiers le précepte qui guide sa vie :
« Si vous hésitez entre deux devoirs, choisissez celui qui vous coûte le plus, où il y a le plus
de sacrifices à faire. Ainsi vous êtes sûrs de ne pas vous tromper. »

Résistant – indicatif Tom –, commandant des maquis* AS* de Haute-


Savoie, il prend le commandement du maquis* des Glières fin janvier 1944,
avec une devise : « Vivre libre ou mourir ». Il est tué dans un coup de main
contre un PC de GMR* dans la nuit du 9 au 10 mars.
Une promotion de Saint-Cyr porte son nom.
Compagnon de la Libération*.

MORGENTHAU, HENRY
(1891-1965). Homme politique américain.
Proche de Franklin Roosevelt*, secrétaire d’État au Trésor de 1933 à
1945.
Inspire la loi Prêt-bail* (Lend Lease) et préconise le plan portant son nom
sur l’avenir de l’Allemagne*.
MORGENTHAU, PLAN
Du nom du secrétaire d’État au Trésor, Henry Morgenthau*, son
concepteur.
Ce plan prévoit de scinder l’Allemagne* vaincue en deux États, nord et
sud, et de transformer le pays en terre agricole (la pastoraliser). Son potentiel
industriel serait démantelé et réparti entre les Alliés*, écartant ainsi le risque
d’une éventuelle revanche. Roosevelt* avait approuvé avec enthousiasme et
Churchill* entériné pour se concilier Morgenthau* dont il avait besoin.
Truman*, successeur de Roosevelt*, s’y étant finalement opposé,
Morgenthau* démissionnera, le plan restant sans suite.

MOROTAI
Île de 1 800 km2 au nord des Moluques.
Les Japonais l’avaient transformée en base aéronavale. Les Américains y
débarquent le 11 septembre 1944, se l’approprient rapidement et y
construisent deux pistes qui leur seront précieuses pour l’invasion des
Philippines*.

MORSHEAD, LESLIE
(1889-1959). Général australien.
Commandant de la 9e division australienne, défend Tobrouk* en 1941 et
se bat à El-Alamein* en 1942. Sera à la tête du 1er CA australien dans le
Pacifique* en 1945.
Anobli en 1942.

MORTAIN, CONTRE-ATTAQUE DE
Contre-attaque allemande, lancée dans la nuit du 6 au 7 août 1944 par
4 PD*, sur ordre formel de Hitler*, afin de couper le cordon ombilical
alimentant la percée d’Avranches*.
Après quelques gains territoriaux, les blindés allemands sont décimés par
les chasseurs bombardiers alliés, P 47* et Typhoon*. La résistance sur place
fait le reste. Pour la première fois dans l’Histoire, une offensive terrestre est
stoppée par une réaction aérienne. Cette contre-attaque a surtout pour résultat
d’enfoncer un peu plus la VIIe Armée allemande dans ce qui deviendra
rapidement la poche de Falaise*.

MORTIER
Arme, en principe d’infanterie, tirant sous un angle supérieur à 45°.
Particulièrement intéressante pour le tir devant obstacles ou en appui
rapproché d’infanterie. De nombreux mortiers de la Seconde Guerre
mondiale sont des héritiers de ceux de 14-18, en particulier des Brandt
français. Traditionnellement se distinguent :
— les mortiers légers de diamètre de 50 à 60 mm ;
— les mortiers moyens autour de 81-82 mm ;
— les mortiers lourds au-dessus de 100 mm (120, 160 mm en principe).
Les mortiers lourds seront surtout utilisés par les Soviétiques qui les
regarderont comme des pièces d’artillerie.

Principaux modèles utilisés :

Granatwerfer* 34 . Dérivé du Brandt français.


Allemagne*
Diamètre : 81,4 mm.
États-Unis* Modèle 81 mm Brandt.
France* Modèles 60 et 81 mm Brandt.
Modèles 2 pouces (50,8 mm) et 3 pouces (76,2 mm).
Grande-Bretagne*
Un modèle 4,2 pouces sera utilisé en Birmanie*.
Modèles 10 (50 mm) et 97 (fabriqués sous licence
Japon*
Brandt ; diamètre : 81 mm ; portée : 2850 m).
URSS* Modèles 160 et 240 mm.

MOSCOU, CONFÉRENCES DE
Plusieurs conférences interalliées se tiennent à Moscou.
Elles répondent au désir des Occidentaux de s’entendre avec le Kremlin
et d’aider l’URSS* dans sa lutte contre le Reich*. Diverses raisons
expliquent cette localisation. Staline* craint pour sa sécurité et a peur de
l’avion. Ses déplacements extérieurs seront exceptionnels et relativement
proches (hormis Téhéran*, il se rendra toujours en territoire tenu par l’Armée
rouge*, Yalta*, Potsdam*). Il est certain également que de 1941 à 1943 sa
présence dans sa capitale se justifie pleinement sur un plan strictement
militaire.

Automne 1941 :
28 septembre-3 octobre. Staline*, Lord Beaverbrook*, Averell
Harriman*, ces deux derniers envoyés spéciaux de Churchill* et Roosevelt*.
Les discussions sont rien moins qu’amicales. Un maître mot, qui
reviendra souvent chez les Soviétiques : second front. Un protocole est
toutefois signé, indiquant les livraisons que la Grande-Bretagne* et les États-
Unis* pourront effectuer à l’Union soviétique entre octobre 1941 et juin
1942. À défaut de mieux, un premier lien est créé. Le Britannique a eu du
mal à se retenir de rappeler à ses interlocuteurs que quelques semaines plus
tôt l’Angleterre* était seule et que l’URSS* était l’alliée de son adversaire.

Été 1942 :
12 août-16 août 1942. Churchill*, Staline*.
Churchill* a pris des risques. Long voyage aérien par Le Caire-Téhéran-
l’Elbrouz-la Caspienne. Le petit père des peuples n’est pas facile à dérider. Il
prend très mal le report à 1943 d’une intervention anglo-américaine en
Europe. Il ne se radoucit qu’à l’annonce du débarquement prévu en Afrique
du Nord*. La veille du départ, le Soviétique se fait plus cordial et invite son
hôte chez lui. Avant de se séparer, les deux parties signent un communiqué
commun :
« Un certain nombre de décisions concernant la guerre contre l’Allemagne* hitlérienne et ses
satellites européens ont été prises. Les deux gouvernements sont résolus à poursuivre cette juste
guerre de libération de toutes leurs forces et toute leur énergie jusqu’à la complète destruction de
l’hitlérisme et des autres tyrannies similaires. Les conversations, qui se sont déroulées dans une
atmosphère de cordialité et de totale franchise, ont permis de réaffirmer l’étroite amitié et
l’entente complète qui existent entre l’Union soviétique*, la Grande-Bretagne* et les États-Unis
d’Amérique*, en parfait accord avec leurs liens d’alliance. »
Le voyage n’a pas été inutile. Churchill* a conforté la Grande Alliance*.
L’URSS* ne fera pas bande à part.

Automne 1944 :
9-18 octobre. Churchill*, Staline*, Mikolajczyk* (nom de code Tolstoï*).
L’horizon s’est éclairci. Les Soviétiques l’emportent partout et
Churchill* peut se présenter paré de la prise de Rome* et des succès
d’Overlord*. Le face à face initial du Britannique et du Géorgien n’est pas
sans un certain cynisme. Le visiteur a eu le loisir de mûrir son discours durant
ses heures d’avion. Il se veut clair et précis :
« Réglons nos affaires des Balkans. Vos armées se trouvent en Roumanie* et en Bulgarie*.
Nous avons des intérêts, des missions et des agents dans ces pays. Évitons de nous heurter pour
des questions qui n’en valent pas la peine. En ce qui concerne la Grande-Bretagne* et la Russie,
que diriez-vous d’une prédominance de 90 % pour vous en Roumanie*, d’une prédominance de
90 % pour nous en Grèce*, et de l’égalité, 50/50, en Yougoslavie* ? »

Tout en parlant, il écrit :sur une feuille posée devant lui :


— Roumanie* : Russie 90 %, les autres : 10 %.
— Grèce* : Grande-Bretagne* 90 % (en accord avec les États-Unis*),
Russie : 10 %.
— Yougoslavie* : 50 %, 50 %.
— Hongrie* : 50 %, 50 %.
— Bulgarie* : 75 %, les autres : 25 %.
Staline* a écouté sans dire un mot le traducteur et saisi le papier où son
interlocuteur a aligné ses chiffres. Il ne marque qu’un bref temps d’arrêt.
Avec son crayon bleu, il trace un trait pour signifier son approbation.
Le sort des Balkans s’est décidé en quelques minutes. Dans l’esprit de
Churchill*, le présent contrat n’engage que le temps de guerre. Une
conférence de la paix régira la suite. Dans l’esprit de Staline*, il en va tout
autrement.
Voici que se dresse le dossier plus que délicat : la Pologne*.
Mikolajczyk*, le Premier ministre du gouvernent polonais à Londres,
convoqué, participe au débat. Deux obstacles : la frontière orientale de la
Pologne*, la composition du gouvernement polonais. Churchill* accepte la
ligne Curzon* que Mikolajczyk* récuse. Les Polonais de Lublin*, soutenus
par le Kremlin, exigent 75 % des ministères. C’est l’impasse.
Les autres dossiers filent plus vite. Participation de l’URSS* à la guerre
contre le Japon* après la victoire à l’ouest ; reconnaissance par Staline* du
gouverment de Gaulle* ; sort des criminels de guerre nazis : ils seront jugés ;
passage des navires de guerre dans les Détroits.
N’était le litige polonais, Churchill* serait légitimement en droit de
repartir satisfait. Le sort des Balkans a été réglé d’après ses propositions. Des
compromis s’annoncent possibles ailleurs. L’ambiance générale des
entretiens a été bonne, voire chaleureuse. Roosevelt*, régulièrement tenu
informé des tractations, sera enclin à penser que l’ours Joe est amadouable. Il
arrivera à Yalta* avec cette conviction.

Décembre 1944 :
2-11 décembre. Staline*, de Gaulle*.
De Gaulle* tient à se rendre à Moscou, visite qu’il a sollicitée plus qu’il
n’y a été invité. « L’idée de base, non exprimée mais d’une limpidité de
cristal, était de trouver au Kremlin un contrepoids aux Anglo-Saxons
supposés hostiles », écrira Georges Bidault*, ministre des Affaires étrangères
du moment et lui aussi du voyage à Moscou.
De Gaulle* n’est pas un grand homme en URSS*. On le lui fera
amplement sentir. Il a pourtant beaucoup à réclamer : la rive gauche du Rhin,
un pacte franco-soviétique et – pourquoi pas ? – une place de grande
puissance à part entière. Et, en toile de fond discrète, l’obédience des
communistes français auxquels la Résistance* a forgé un nouveau visage.
Staline* n’a, pour sa part, accepté cette rencontre que dans un but bien
précis : obtenir d’un Occidental la reconnaissance du gouvernement de
Lublin*. L’Occidental de Gaulle*, sur ce point, partage l’opinion de
l’Occidental Churchill*. Il repartira donc quasiment les mains vides, car le
Soviétique en affaires est donnant peu, recevant beaucoup.
Au bout du compte, toutefois, de Gaulle* n’est pas perdant. Il a été reçu à
Moscou. Il y gagne en prestige personnel et en rapporte un parchemin dont
on ne lit que le titre : Pacte franco-soviétique, oubliant qu’il n’est qu’une
potiche vide.

MOSCOU, DÉFENSE DE
Hitler*, en août, a dédaigné Moscou.
Il a préféré Leningrad* et l’Ukraine*. La fortune des armes lui a souri
devant Kiev* et s’est montrée plus réticente devant Leningrad*. Enfin, cédant
à la pression de ses généraux, le Führer* se décide. Le 29 septembre 1941, il
en donne l’ordre exprès. L’opération Typhoon* mènera la Wehrmacht* à
Moscou.
À Rastenburg*, penché sur ses cartes, Hitler* a imaginé une gigantesque
manœuvre en tenailles se refermant 200 km au-delà des murs du Kremlin.
Pour ce, il déborde la ville par Kalinine au nord et Toula au sud.
Début octobre 1941, ses armées sont encore à 300 km de Moscou et le
calendrier s’effeuille très vite. L’hiver russe n’est pas loin. Hitler* l’oublie,
comme il oublie les retards par sa faute et les difficultés que rencontrent ses
soldats. Trois mois de campagnes ont usé les organismes et les machines.
Certes le moral reste haut mais la capacité de résistance de l’adversaire a
surpris. « Les Russes sont des gens qu’il faut tuer deux fois. »
Hitler* ignore tout cela, comme il ignore tout des desseins de son
adversaire. Staline* a l’avantage sur lui d’être un homme bien renseigné. Par
la Rote Kapelle*, par Lucy*, par Sorge*, il connaît l’ordre de bataille et les
intentions de la Wehrmacht*. Sorge* lui a affirmé :
« Le Japon* ne bougera pas. Il a mieux à faire dans le Pacifique*, en Malaisie* ou dans les
Indes néerlandaises* que dans l’austère Sibérie. »

Fort de ces renseignements, Staline* peut rappeler les Sibériens qui


gardaient l’Extrême-Orient. 15 divisions d’infanterie, 3 divisions de
cavalerie, 8 brigades de chars. Cette force aguerrie, habituée aux grands
froids, constitue un danger dont Hitler*, le 1er octobre, ne soupçonne pas
l’existence.

2 octobre :
Le temps est ensoleillé et sec. Le groupe d’armées Centre de von Bock*,
chargé de l’effort principal, bénéficie de conditions idéales. À son aile sud,
Guderian*, montant nord-est avec son Panzer Group, avale les distances. Le
3 octobre, il entre par surprise dans Orel. L’électricité n’a pas été coupée. Les
tramways roulent normalement. Eremenko*, dans son PC de Briansk, sent la
nasse se refermer et alerte Moscou. « Attendez ! » Guderian*, Heinz le
rapide, n’attend pas. Le 6, il entre dans Briansk. Trois armées soviétiques
sont prises au piège.
Au centre du dispositif, le IVe GB de Hoepner fait voler en éclats la ligne
de défense de Viazma. Le 7, il pénètre dans une cité en flammes et fait
jonction avec le IIe GB de Hoth* qui a percé au nord de l’autoroute
Smolensk-Moscou.
Von Bock* est en droit de s’estimer satisfait. En une semaine, son groupe
d’armées a parcouru les deux tiers des 300 km jusqu’à Moscou. Des
centaines de milliers de soldats soviétiques sont encerclés.
Brusquement le ciel change de visage. La première neige de l’hiver
tombe dans la nuit du 6 au 7 octobre. Elle ne tient pas mais la terre soviétique
devient un immense bourbier. La Wehrmacht s’enlise. Le troupier allemand
commence à souffrir du froid.
Le Russe, comme l’appelle Guderian*, se manifeste lui aussi. Il ne
renonce pas et contre-attaque. Ses T 34* sont redoutables. La boue, les
Russes, les mines semées de tous côtés. Péniblement la progression continue
vers l’est. Le 12, Hoepner franchit l’Ougra qui charrie d’énormes glaçons. Le
14, le GB Hoth* s’engouffre dans Kalinine. Son avance menace Moscou par
le nord. Longeant la Volga, il s’approche de la mer de Moscou et du canal de
la Volga qui mène tout droit à la capitale.
En cette mi-octobre, l’empire de Staline* va-t-il s’écrouler ? L’étau
semble se resserrer sur le Kremlin. Par Hoth* sur la Volga au nord, par
Guderian* qui se présente devant Toula au sud, alors que Hoepner, au centre,
chevauche la Moskova. Moscou vit des journées d’effroi. Les 16, 17,
18 octobre, la panique devient générale. Tous ceux qui le peuvent quittent la
ville. Des pillages se produisent. De nuit, les incendies éclairent seuls la cité,
tandis que les échos de la canonnade se font plus proches.
Staline* a refusé de quitter Moscou. Ses heures de détresse sont derrière
lui. Il se bat. Le 14, il confie la direction de la bataille à Joukov*, en poste à
Leningrad* depuis à peine un mois.
La situation que découvre Georgi Joukov*, quarante-cinq ans, est loin
d’être brillante. La supériorité des Allemands est incontestable. Le rapport
des forces en leur faveur est de 1,4 pour l’infanterie, 2,2 pour les chars, 2,6
pour l’aviation.
L’OKH* a prescrit à von Bock* de poursuivre son attaque sur trois axes.
Von Bock* aurait préféré foncer sur Moscou en y concentrant ses forces. Il
sait que le point faible des Soviétiques se situe juste devant leur capitale.
Joukov*, à peine intronisé, partage le point de vue de son adversaire
direct. Il ordonne d’organiser la défense sur une ligne Volokolamsk-Mojaïsk-
Kalouga. Pour y parvenir, il retire des unités des ailes, reconstitue quatre
armées. En une dizaine de jours, 90 000 hommes se massent sur la ligne de
Mojaïsk. Joukov* sait qu’il doit gagner du temps. Il compte sur l’arrivée de
l’hiver et des Sibériens. La chance déjà lui apporte la pluie et donc la boue.
Dans Moscou, l’effroi du 16 octobre s’atténue. Staline* a proclamé l’état
de siège. Des troupes de sécurité du NKVD* ont été dirigées sur la capitale
pour rétablir l’ordre. Comme à Leningrad*, la mobilisation de la population
devient générale.
La pluie, les averses de neige entravent les Allemands qui, en trois
semaines, ne gagnent qu’une cinquantaine de kilomètres.
Dans la nuit du 6 au 7 novembre, le froid s’abat partout devant le GAC de
von Bock*. La terre se raffermit. Les blindés et les véhicules reprennent
prise. Seul mécompte, les équipements d’hiver ne sont pas là. Et le
thermomètre descend très vite : -15° le 12, -20° le 13.
Les généraux allemands doutent et s’interrogent. Faut-il ou non
poursuivre ? Moscou à moins de 100 km ! Hitler* exige Moscou et von
Bock* aspire à la gloire d’entrer au Kremlin.
En dépit de la gravité de l’heure, Staline* a tenu, comme chaque année, à
célébrer l’anniversaire de la révolution d’Octobre. Il a maintenu le défilé et
tenu le traditionnel meeting. Habilement, évoquant les grands ancêtres, il a
exalté le sentiment national et appelé à la défense de la Patrie. Le petit père
des peuples sera entendu et la discipline soviétique fera le reste.
Les 15 et 16 novembre, von Bock* s’engage pour le suprême effort. Le
sol est dur comme du roc ; il fait -20°. À l’aile gauche, le canal Volga-
Moscou est atteint. Moscou n’est plus qu’à 35 km. À l’aile droite, par contre,
Guderian* bute devant Toula. La ville a été transformée en véritable
forteresse.
Au centre, l’autoroute et la vieille route que suivit Napoléon en 1812
balisent l’axe de marche. Les Allemands attaquent ; les Russes se défendent
ou contre-attaquent. Ils luttent avec acharnement, se faisant tuer jusqu’au
dernier.
Staline* s’inquiète. Joukov* affirme qu’il tiendra. Il a raison. Le rapport
des forces s’inverse. Les divisions allemandes sont laminées et ont perdu de
30 à 50 % de leurs effectifs. Les Soviétiques, eux, depuis Moscou alimentent
la bataille et le thermomètre chute toujours. Bientôt -30°, -35°. Les moteurs
refusent de démarrer. Les armes automatiques, huile gelée, ne fonctionnent
plus.
En dépit de leurs épreuves, les Allemands se sentent happés par Moscou
qu’ils devinent blottie derrière l’écran des forêts. De jour, le vol des JU 88*
partant pilonner la ville leur indique la direction. De nuit, ils distinguent les
lueurs de la DCA.
Les Russes s’accrochent à leurs blockhaus et à leurs tranchées. Les
Sibériens, nouveaux venus, attaquent sans répit.

Décembre :
Les PD* sont pratiquement toutes bloquées. Le 2 décembre, von Kluge*
à cheval sur l’autoroute tente un dernier effort avec sa IVe Armée. Hitler* a
donné l’ordre de continuer à avancer. Le blizzard s’est levé. La visibilité
n’excède pas une quinzaine de mètres. Ici, les historiens s’interrogent.
Jusqu’où les Allemands les plus hardis ou les plus chanceux ont-ils réussi à
arriver ? Tant de légendes ont couru sur des Allemands « voyant le soleil
couchant se refléter sur les coupoles du Kremlin ». Les comptes rendus
formels des deux parties admettent la prise de Khimki, à 8 km de Moscou, les
combats de la 21e PD à Katchouski (16 km), l’arrêt de la division Das
Reich*, à un moment où la capitale se trouvait presque à portée de tir de ses
obusiers (de 10 à 11 km).
Hitler*, l’OKW*, l’OKH* n’ont aucune conscience des drames qui se
jouent, de la rigueur du ciel, des hommes qui meurent de froid ou
d’épuisement, des blessés qui agonisent sans soins. Les chefs, ceux de
l’avant, comprennent que leurs troupes sont arrivées à l’extrémité de leurs
possibilités. Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1941, ils décident de stopper.
Partout, la Wehrmacht* passe sur la défensive : elle ne prendra pas Moscou.
Depuis le 22 juin, elle a perdu 743 000 hommes, soit 23 % de ses effectifs.
Pourquoi cet échec ? Les Allemands clameront : « Le général Hiver ! ».
Les Russes répliqueront : « Notre résistance ! » Chaque camp détient une part
de vérité. La pluie a enlisé l’offensive, le froid a frappé une troupe non
équipée. Le courage du combattant russe a conclu l’ouvrage face à une armée
à bout de souffle et dépourvue de réserves. Une armée qui a, de surcroît, payé
les revirements de Hitler*.

MOSCOU, CONTRE-OFFENSIVE SOVIÉTIQUE


DEVANT
Dans la nuit du 5 au 6 décembre, la Wehrmacht* a été contrainte de
cesser son offensive contre Moscou.
À cette date, le rapport des forces dans cette bataille de Moscou
s’équilibre sensiblement. 720 000 Soviétiques contre 800 000 Allemands. Les
nazis l’emportent en blindés, 1 000 chars contre 670, et en bouches à feu,
10 400 contre 5 900 mais la Luftwaffe* n’a plus la maîtrise absolue du ciel.
Élément capital, l’Armée rouge* n’est plus ce qu’elle était le 22 juin
1941. Le soldat soviétique s’est aguerri. Ses chefs ont gagné en expérience.
La sélection (Staline* aidant) a éliminé. Le sentiment patriotique s’est
fortifié. La haine de l’envahisseur, devant ses exactions, s’est incrustée dans
les cœurs. La discipline de fer imposée par l’arsenal du parti interdit les
dérobades.
Joukov*, toujours responsable de la défense de la capitale, sait ce qu’il
peut attendre de ses troupes. Pas d’encerclement type Guderian*. Pas de
chevauchées à la poursuite d’un ennemi en retraite. Fort des 17 armées dont il
dispose, dans lesquelles ont été incorporés les Sibériens, Joukov* se fixe un
objectif simple : rejeter l’ennemi le plus loin possible de Moscou.
L’offensive débute le 5 décembre. Elle tend à éliminer les saillants qui
tendent à enserrer Moscou.
Le GAC de von Bock* est surpris. Il ne s’attendait pas à une telle
réaction adverse par -35°. Les moteurs refusent de démarrer. La neige interdit
les déplacements. Résister sur place ou reculer ? Les généraux allemands
entendent raccourcir leurs fronts pour mieux se défendre. Sur initiatives
locales, des unités se replient. Le 8 décembre, Hitler* intervient. Sa directive
No 39 prescrit de passer partout sur la défensive et de ne tolérer aucun
abandon de terrain. Le 16, il enjoindra von Bock* de :
« Contraindre les troupes à défendre avec une extrême opiniâtreté les positions menacées,
sans tenir compte des percées de l’adversaire sur les flancs et les arrières de nos troupes. »

Cette décision évite sans doute un désastre. Contrainte et forcée, la


Wehrmacht* fait face. Ses unités forment le carré. Villes et villages se
transforment en hérissons contre lesquels viennent buter cavaliers et
fantassins soviétiques.
Néanmoins, la Wehrmacht* recule. Kalinine est réoccupée par les Russes
le 16 décembre, Volokolamsk, haut lieu de la défense, le 20. Dans le secteur
de Toula, Guderian* avait pris sur lui d’amorcer un repli. Tout le secteur au
sud de Moscou, conquis fin novembre, est perdu en une quinzaine de jours.
Au début de janvier 1942, la situation de Moscou s’est bien améliorée.
Les deux grandes trouées risquant d’enfermer la capitale ont été résorbées.
Au nord, le front a reculé d’environ 70 km, du double au sud entre Orel et
Toula. En revanche, au centre, vers Mojaïsk, le dispositif allemand a peu
lâché. La IVe Armée s’accroche à ses retranchements, à une soixantaine de
kilomètres de Moscou. Non sans danger. Elle est susceptible d’être tournée
par des attaques surgissant de Volokolamsk ou de Kalouga. Le 10 janvier,
Joukov* repart à l’attaque. Le gros du GAC toujours figé à l’ouest de
Moscou risque d’être encerclé. Hitler*, le 3 janvier, a, une nouvelle fois,
prescrit de s’accrocher à chaque localité. Cette obstination paiera malgré les
offensives soviétiques et les partisans qui hantent les forêts à l’est de
Smolensk. Le verrouillage du GAC ne s’effectuera pas. Du moins Moscou est
hors d’atteinte.
La Wehrmacht* a connu à son tour les mécomptes de la défaite.
Véhicules calcinés. Blessés sans soins. Combattants faits prisonniers. Le
soldat soviétique n’a pas été enclin à s’apitoyer. Il a retrouvé sa terre dévastée
et partout les traces des méfaits de l’envahisseur.
Cette contre-offensive victorieuse de l’Armée rouge*, à l’heure où les
Anglo-Américains éprouvent de rudes revers en Extrême-Orient, conforte la
position internationale de l’URSS*. Elle apporte un espoir dans le camp des
peuples opprimés. Les Allemands peuvent être battus.
Autre conséquence inattendue, elle provoque la relève d’un certain
nombre de généraux ayant, aux yeux du Führer*, trop vite accepté de se
replier : von Bock*, Guderian*, Hoepner, von Rundstedt* (au GA sud), von
Leeb* (pour échec devant Leningrad*), von Brauchitsch*, patron de l’OKH*,
ayant plaidé pour un repli général. Hitler* dans cette bataille d’usure devant
Moscou a perdu des chefs expérimentés (certains reviendront) et surtout les
meilleurs de ses combattants des troupes blindées, ceux des grandes percées
de Pologne*, de France*, des plaines soviétiques. Après Moscou, le glaive de
la Wehrmacht* est définitivement émoussé.
Si l’Allemagne* termine affaiblie cette première phase de la guerre,
paradoxalement, l’autoritarisme de son chef en sort renforcé. Hitler* avait
imposé de résister sur place. Cette tactique a payé. Le pire a été évité. Le
maître du IIIe Reich* se conforte dans la certitude de ses talents militaires et
des vertus de la défense statique. Il a éliminé les généraux qui ne partageaient
pas ses vues. Fort du précédent, il imposera le même refus aux prochains
mouvements de repli. Les désastres, à commencer par celui de Stalingrad*,
seront au terme de son implacable obstination.
L’URSS* n’a pas pour autant partie gagnée. La Wehrmacht* occupe la
partie la plus riche, la plus peuplée du territoire ennemi. Celle qui produisait
65 % du charbon, 48 % des céréales, 60 % de l’aluminium, 65 % de l’acier.
Les pertes humaines ont été terribles. De 5 à 7 millions de tués. De 3 à
5 millions de prisonniers. Les estimations hésitent. L’URSS*, heureusement
pour elle, dispose d’un capital humain de 179 millions d’habitants. De ce
vivier, la poigne de fer de Staline* tirera les millions de combattants
nécessaires pour les batailles à venir.

MOSLEY, OSWALD
(1896-1980). Homme politique britannique.
Fondateur, en 1932, de l’Union des fascistes britanniques.
Pacifiste engagé en 1939, est arrêté en mai 1940 ainsi que 1 300 militants
pacifistes. Restera interné près de quatre ans sans être inculpé. Churchill*,
comme Clemenceau, fait la guerre et ne tolère pas de voix discordantes
devant le péril nazi.

MOSQUITO (DE HAVILLAND MOSQUITO)


Chasseur bombardier britannique, opérationnel à partir de 1941, fabriqué
en Angleterre* à 6 439 exemplaires en plusieurs versions.
Sera le premier appareil équipé de radar. Ce bimoteur en bois est quasi
universel : chasse de nuit, reconnaissance, bombardement.
Version MK II de 1942 : vitesse : 570 km/h ; autonomie : 2 400 km ;
armement : 4 canons de 20 mm, 4 mitrailleuses ; équipage : 2 hommes.

MOSSIN-NAGANT
(M 1891/30)
Fusil à répétition réglementaire de l’Armée rouge*.
Poids : 3,950 kg ; longueur : 1 232 mm ; calibre : 7,62 mm ; magasin :
5 cartouches. Ce fusil lourd et encombrant peut être équipé d’une baïonnette
ou d’une lunette pour tireur d’élite. L’infanterie russe fait toute la guerre avec
cette arme dont plusieurs millions d’exemplaires sont en service en 1945.

MOULIN, JEAN
(1899-1943). Résistant français.
Le 1er juin 1940, Jean Moulin, ancien chef de cabinet de Pierre Cot,
ministre de l’Air du Front populaire, est préfet de l’Eure-et-Loir.
Celui qui fut le plus jeune préfet de France, n’a que quarante et un ans.
Les Allemands entrant dans Chartres, il s’oppose à eux, refusant
d’accuser les tirailleurs sénégalais de massacres de populations civiles et
tente de se suicider pour ne pas céder. Quelques mois plus tard, le
2 novembre, il est révoqué par Vichy*. Il s’installe dans le sud de la France*,
contacte les organisations de Résistance* qui se mettent en place. En octobre
1941, il gagne Londres, rend compte à de Gaulle* de ce qu’il a vu et se
propose pour rallier à lui la Résistance* de zone sud. Dans ses Mémoires de
guerre, le chef de la France libre* écrira :
« Cet homme encore jeune, mais dont la carrière avait déjà formé l’expérience, était pétri de
la même pâte que les meilleurs de mes compagnons. Rempli, jusqu’aux bords de l’âme, de la
passion de la France*, convaincu que le gaullisme devait être, non seulement l’instrument du
combat, mais encore le moteur de toute une rénovation, pénétré du sentiment que l’État
s’incorporait à la France libre*, il aspirait aux grandes entreprises. »

Les deux hommes se sont jaugés. De Gaulle* fait de Moulin son premier
féal pour la France*. Moulin accepte de le servir loyalement durant toute la
guerre. « Après, on verra. »
Dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942, Moulin, devenu Rex, est parachuté
blind* en Provence. Sur lui, quelques lignes où de Gaulle* le désigne
« comme son représentant et comme délégué du Comité national », avec
mission de réaliser l’unité d’action de tous les éléments de résistance pour la
zone non directement occupée de la métropole. Ce mandat sera, le 21 février
1943, élargi à l’intégralité du territoire métropolitain. En moins de dix-huit
mois, Jean Moulin rassemble, non sans heurts, les diverses factions de la
Résistance*, fait coiffer l’AS* par le général Delestraint*, crée le CNR*. De
Gaulle* est reconnu comme le seul chef politique de la France résistante.
Tout ce travail, républicain et jacobin, a dû vaincre les réserves et réticences
de beaucoup. Les responsables en place entendaient rester maîtres chez eux,
même s’ils acceptaient la prééminence militaire de De Gaulle*. Plus d’un,
comme Frenay*, s’opposent à la résurgence des anciens partis politiques que
prévoit la création du CNR*.
Le 23 juin 1943, Jean Moulin, devenu chef du CNR*, est arrêté à Caluire
près de Lyon et tombe entre les mains de Barbie* et des tortionnaires de la
Gestapo*. Héroïque, il ne parle pas et succombe sous les coups. Il serait mort
le 8 juillet entre Metz et Francfort, lors de son transfert en Allemagne*.
Cet homme, qui avait rallié la Résistance* intérieure à de Gaulle*, sera,
après la guerre, objet d’un débat contesté. Était-il un cryptocommuniste ?
Depuis le 19 décembre 1964, il repose au Panthéon, hommage rendu à
cette grande figure de la Résistance*.
Compagnon de la Libération*.

MOUNTBATTEN, LORD LOUIS


(1900-1979). Amiral britannique.
Cet arrière-petit-fils de la reine Victoria commande, en 1939, le destroyer
Kelly avec lequel il s’illustre.
En octobre 1941, il succède à l’amiral Keyes* à la tête des opérations
combinées avec rang de vice-amiral. Il dirige ainsi les raids sur Bruneval*,
Saint-Nazaire* et Dieppe*. En août 1943, il est nommé à la tête du SEAC* et
s’installe à New Delhi puis Kandy. À ce titre, il procède à la reconquête de la
Birmanie* et reçoit, en septembre 1945, la reddition de toutes les forces
nippones d’Asie du Sud.
L’homme, profondément diplomate et bon organisateur, ne manquait ni
de prestance, ni d’intelligence. Il poursuivra brillamment sa carrière après la
guerre.

MOURMANSK, BATAILLE POUR


En Finlande*, au-delà du cercle polaire, les Allemands se sont octroyés la
direction totale des opérations.
Le général von Falkenhorst qui a mené, en avril 1940, l’invasion de la
Norvège*, assure le commandement des quatre divisions allemandes et des
deux divisions finlandaises appelées à intervenir dans le Grand Nord.
Hitler*, éternel touche-à-tout, en dépit des réserves de Dietl*, le patron
du corps de montagne, a tranché. Dietl* tiendra Petsamo et prendra
Mourmansk. Le 36e corps allemand marchera sur Salla, 400 km au sud. Le
IIIe CA finlandais occupera le nord de la Carélie soviétique. Tous les deux
devront, à terme, atteindre la voie ferrée de Mourmansk.
Le Führer* tient à son offensive sur Mourmansk, laquelle a reçu
l’indicatif poétique de Renard argenté. Renard argenté lui procurera le nickel
de Petsamo* et facilitera l’écoulement du fer de Narvik*. Petsamo* et
Mourmansk occupées, Narvik* et les ports de la Norvège* septentrionale
seront couverts.
L’offensive, au début, se déroule bien. Le 36e CA dépasse Salla et
franchit la frontière de 1939. 150 km plus au sud, le IIIe CA finlandais occupe
Kestenga et atteint le lac Kuito. Il serait prématuré de crier victoire. Les
Soviétiques, bousculés comme partout fin juin 1941, réagissent. En fin de
compte, Allemands et Finlandais marquent le pas. Ils s’arrêtent à 36 et 70 km
de la voie ferrée. Le trajet Mourmansk-Belomorsk-Vologda-Moscou reste
ouvert. Avec l’arrivée des convois alliés à Mourmansk, la noria des trains
s’accélérera.
Les Finlandais sont satisfaits (ils ont recouvré leur frontière) ; les
Allemands ont d’autres priorités. Le front, au sud de la péninsule de Koula,
en restera là.
Les combats les plus durs se dérouleront dans l’extrême nord de la
Laponie où Hitler* entend toujours enlever Mourmansk.
En juin 1941, la Finlande* avait encore accès à l’Arctique*. Petsamo* lui
appartenait toujours. La frontière avec l’URSS* longeait le fleuve Titovka
jusqu’au lac Tchapr.

MOURMANSK, CONVOIS POUR


Deux routes s’offrent aux Anglo-Américains pour ravitailler l’URSS.
Celle du trans-iranien par Le Cap et le golfe Persique, allongeant les
distances et ne procurant qu’un faible débit. Celle de l’extrême nord, dans
l’Arctique, ralliant Mourmansk, port en limite du 70° de latitude nord
constamment libre de glaces en hiver grâce au Gulf Stream, est autrement
plus courte. Mais combien plus dangereuse !
Assurés de leur succès sur le front de l’Est, les Allemands, en 1941, ont
« laissé passer ». Sur 13 convois (9 bâtiments en moyenne) partis
d’Angleterre, un seul a été détruit. À partir de 1942, la situation change.
Hitler* décide de fermer l’accès aux ports soviétiques pour affaiblir l’Armée
rouge*. Redoutant également une attaque alliée contre la Norvège*, il y
renforce son dispositif. La péninsule se transforme en base d’agression contre
les convois.
Ceux-ci ont devant eux un parcours de 2 000 milles depuis l’Islande*. Il
leur faut remonter vers le nord par les îles Jean Mayen et des Ours, puis
passer par le sud du Spitzberg, traverser la mer de Barents, gagner les rives
de la Nouvelle-Zemble et de là Mourmansk, Kola ou Arkhangelsk suivant la
saison. Outre la Luftwaffe* et la Kriegsmarine*, le froid, les brouillards, les
tempêtes, la banquise, les jours ou les nuits de 24 h de ces régions
inhospitalières les menacent.
Une trentaine de U-Boote* ainsi que des forces aériennes importantes ont
été affectées au secteur Norvège*. Hitler* n’ose pas risquer ses navires de
ligne. La Home Fleet fait bonne garde. La RAF* est vigilante. À l’abri dans
les fjords norvégiens, cuirassés et croiseurs ne servent que de force
dissuasive.
U-Boote* plus Luftwaffe*, les convois pour Mourmansk souffrent. On
compte parfois pas moins de 100 chasseurs bombardiers sur des objectifs de
20 à 25 navires marchands. Le PQ/17*, en juin 1942, est décimé. Il perd
23 navires sur 34. Le PQ/ 18, en septembre, laisse 13 navires derrière lui. Du
coup les Britanniques stoppent jusqu’à l’automne des convois jugés trop
périlleux.
Mais Churchill*, à Moscou* en août, s’est engagé vis-à-vis de Staline*.
Le 24 décembre 1942, 14 cargos escortés par 5 destroyers et 2 corvettes
quittent l’Écosse. Cette fois, la Kriegsmarine* risque ses gros. La Navy*
expédie deux croiseurs. Redoutant l’intervention globale de la Home Fleet,
les Allemands rompent le contact. Le convoi peut continuer.
Cet échec a une conséquence. Pour Hitler*, la cause est entendue. Les
navires de surface sont des armes périmées. L’amiral Raeder*, leur héraut,
donne sa démission. Dönitz*, le patron des U-Boote*, promu Grossadmiral à
cinquante et un ans, le remplace. Avec lui, la priorité sera accordée aux sous-
marins.
Mars 1943 est un très mauvais mois dans l’Atlantique*. Les records de
1942 reviennent. 693 000 tonnes perdues. Les convois sur l’Arctique* sont
provisoirement suspendus dans l’attente du retour des longues nuits
d’automne. Moscou revient à la charge, alléguant, entre autres, les besoins
urgents d’appuis pour les offensives soviétiques.
Début septembre 1943, le cuirassé Tirpitz*, attaqué par des sous-marins
de poche dans un fjord norvégien, est immobilisé pour de longs mois. La
menace qu’il représentait s’éloigne. Les convois reprennent. 72 navires
passent sains et saufs en novembre et décembre. À la fin de 1943, la bataille
est pratiquement gagnée. En 1944 et 1945, les convois circuleront beaucoup
plus librement, ce qui ne signifie pas sans combats ni dommages parfois.
Sur 40 convois envoyés en Russie à partir de 1941, 58 navires ont été
coulés, 33 ont fait demi-tour pour une raison ou une autre, 720 sont arrivés à
bon port. 5 000 chars et plus de 7 000 avions ont été livrés. Au cours de ces
opérations dans l’Arctique, les Alliés* ont perdu 18 bâtiments de guerre, les
Allemands, un croiseur de bataille, 3 destroyers et 38 sous-marins.
Les pertes des convois de l’Arctique* ont été le prix à payer pour soutenir
matériellement les Soviétiques et prouver à Staline* que les Anglo-
Américains, à défaut de l’ouverture d’un important second front, faisaient le
maximum pour l’aider. (Voir Arctique, convois pour.)

MOURZOUK
Oasis du Fezzan à 800 km au sud de Tripoli.
Le lieutenant-colonel des FFL* Colonna d’Ornano* y trouve la mort, le
11 janvier 1941, lors d’une attaque menée, avec le LRDG* britannique,
contre la garnison italienne.

MP 28 (MASCHINEN PISTOLE 28/II)


Poids : 3,970 kg ; longueur : 0,812 m ; calibre : 9 mm ; cadence de tir :
500 coups/minute ; chargeur : 20, 32 ou 50 coups.
Cette arme, conçue en 1928 et à cette date interdite en Allemagne*, fut
fabriquée en Belgique* et en Suisse*. Largement distribuée en Europe, elle
est récupérée en grande quantité par la Wehrmacht* à partir de 1939.

MP 40 (MASCHINEN PISTOLE 40)


Version à peine retouchée du MP 38 connue sous le nom de Schmeisser.
Poids : 3,7 kg ; longueur : 0,856 m ; calibre : 9 mm ; cadence de tir :
500 coups/minute ; chargeur : 32 coups.
Avec sa crosse pliante, le MP 40 est l’arme par excellence des
parachutistes allemands.

MTB (MOTOR TORPEDO BOAT)


Vedette lance-torpilles de fabrication anglaise.
Tonnage : 60 tonnes à pleine charge ; vitesse : 42 nœuds ; armement :
deux tubes lance-torpilles de 550 mm, un canon de 20 mm, plusieurs
mitrailleuses ; équipage : 2 officiers, 12 marins.
Ces MTB sont destinées à intercepter les convois ennemis en Manche et
mer du Nord et peuvent effectuer des missions spéciales dans les pays
occupés. Elles interviendront également en Méditerranée. Les FNFL*
équipaient 8 MTB.

MUFTI, GRAND, DE JÉRUSALEM


(voir AMIN EL-HUSSEINI HADJ)

MULBERRY
Mûre. Nom de code donné aux ports artificiels du débarquement allié en
Normandie*.
(Voir Ports artificiels.)

MULLER, HEINRICH
(1900-1961). SS Gruppenführer allemand.
Entre très tôt dans la police criminelle de Munich et intègre les SS* en
1934.
Après divers emplois au SD*, ce fonctionnaire bavarois discipliné et
opiniâtre, remarqué par Himmler*, devient chef de la Gestapo*. Disparaît en
avril 1945. A-t-il été, à compter de 1943, un agent soviétique, ou, après la
guerre, a-t-il servi la CIA ? Les avis divergent sur le sort final de ce grand
criminel de guerre.
MUNICH, ACCORDS DE
Accords signés à Munich, le 30 septembre 1938, par Daladier*,
Chamberlain*, Hitler* et Mussolini*, octroyant les Sudètes* à l’Allemagne*.
S’ils reculent la guerre d’un an et sont accueillis dans l’ensemble avec
soulagement, ils sont le témoignage de la faiblesse des dirigeants français et
britanniques devant la volonté de puissance des nazis. (Voir Sudètes.)

MUNOZ GRANDES, AGUSTIN


(1896-1970). Général espagnol.
Commandant de la division Azul* sur le front de l’Est* du 20 juillet 1941
à décembre 1942.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne.

MUR (MOUVEMENTS UNIS DE RÉSISTANCE)


Le 26 janvier 1943, les trois grands mouvements de Résistance* de zone
sud, Combat de Henri Frenay*, Libération d’Emmanuel d’Astier de la
Vigerie, Franc-Tireur de Jean-Pierre Levy, décident de fusionner et donnent
naissance aux MUR. En décembre 1943, ils se transformeront en MLN,
Mouvement de Libération nationale, en fusionnant avec trois autres
mouvements de zone nord, Défense de la France, Résistance et Lorraine.
Cette construction d’une Résistance* unifiée permet aux mouvements
métropolitains de constituer un front plus solide face à la Résistance*
extérieure.

MURPHY, ANDRÉ
(1924-1971). Combattant américain.
D’origine modeste, engagé très jeune dans l’infanterie, est présenté
comme le soldat le plus décoré des États-Unis.
Une trentaine de médailles, dont la Médaille d’Honneur du Congrès.
Fera, après la guerre, une carrière cinématographique.
MURPHY, ROBERT
(1894-1978). Diplomate américain.
Conseiller d’ambassade à Paris, devient, en 1941, consul des États-Unis*
à Alger, poste où il se dépense activement.
Il signe des accords économiques avec Weygand* et prépare le
débarquement* allié du 8 novembre 1942 prenant en particulier contact avec
le groupe dit des cinq*. À ce titre, il participe à la conférence de Cherchell*
en octobre 1942. Conseiller politique d’Eisenhower* durant la campagne de
Tunisie*, il est ensuite attaché à l’AMGOT* en Italie*. Il termine la guerre
conseiller politique du SHAEF* pour les affaires allemandes.
Il a laissé des Mémoires parus sous le titre français : Un diplomate parmi
les guerriers.

MUSASHI
Plus grand navire de guerre jamais construit avec le Yamato*.
Cuirassé japonais de 73 000 tonnes. Longueur : 263 m ; vitesse : 27
nœuds ; armement : 9 pièces de 457 mm, 12 de 155, 12 de 127 AA, 24 de 25
AA ; équipage 3 332 hommes.
Avec ses pièces de 457, il tire des projectiles de 1 360 kg jusqu’à 37 850
m et perce les blindages de tous les navires américains.
Il est coulé le 24 octobre 1944, dans la mer de Sibouyan, lors de la
bataille de Leyte*, après avoir reçu 19 torpilles et 17 bombes.

MUSELIER, ÉMILE
(1882-1965). Amiral français.
« Intellectuellement fort doué, servi par une exceptionnelle mémoire et une brillante
imagination, paré d’un charme levantin, marin cent pour cent, audacieux, brave, patriote »,

écrira de ce marin un autre marin, l’amiral Thierry d’Argenlieu*.


Camarade de promotion à l’École navale de François Darlan*, il entre en
conflit avec l’amiral de la flotte qui le met à la retraite en novembre 1939. Le
23 juin 1940, il part pour Londres et devient, derrière de Gaulle*, le créateur
et l’organisateur des FNFL*. Il est l’inspirateur de la Croix de Lorraine,
emblème des FFL*.
En décembre 1941, sur ordre, il assure le ralliement de Saint-Pierre-et-
Miquelon*.
Brouillé avec de Gaulle*, il ira ensuite se ranger aux côtés de Giraud* à
Alger.
Compagnon de la Libération*.

MUSSERT, ANTON
(1894-1946).
Chef du parti nazi hollandais (4 % du corps électoral en 1937).
Collabore avec les Allemands sans être vraiment payé de retour.
Condamné à mort et exécuté en 1946.

MUSSOLINI, BENITO
(1883-1945).
Homme politique italien, fondateur du fascisme*, obtient du roi Victor-
Emmanuel III* d’accéder au pouvoir au lendemain de la marche sur Rome de
25 000 fascistes, le 27 octobre 1922.
S’affirme, dès lors, dictateur de fait, se faisant reconnaître comme le
Duce* (le chef).
S’il mène une politique sociale relativement audacieuse pour l’époque, il
entame une expansion coloniale (conquête de l’Éthiopie*) qui le brouille avec
l’Angleterre* et la France*. Par contrecoup, il se rapproche de l’Allemagne*
(Axe* Rome-Berlin à l’automne 1936). Dans sa frénésie de grandeur, il
envahit l’Albanie* en avril 1939.
Le 3 septembre 1939, il n’ose s’engager dans le conflit ouvert entre le
Reich* et les démocraties occidentales et ne se décide à frapper dans le dos la
France* blessée que le 10 juin 1940. Il a désormais partie liée avec
l’Allemagne*. S’illusionnant sur la valeur de son armée et poursuivant sa
politique d’expansion, il va aller désormais de revers en revers : déconfiture
en Grèce*, défaites en Éthiopie* et Libye*, désastre à Stalingrad*.
Finalement, le Grand Conseil fasciste le désavoue le 25 juillet 1943. Arrêté
peu après, il est libéré au Gran Sasso*, par un commando dépêché exprès par
Hitler* (voir libération de Mussolini).
Il n’est plus que l’homme lige du Führer*, ayant perdu dans son pays la
popularité qui fut la sienne durant une vingtaine d’années. Sa république de
Salò*, instaurée dans le nord de l’Italie*, ne regroupe que des fidèles et des
recrues incorporées contre leur gré. Elle est vouée à partager le final du
Reich* (voir Salò république de).
Essayant de fuir, Mussolini est reconnu par des partisans italiens et
exécuté avec sa maîtresse par des éléments communistes, le 28 avril 1945
(voir mort de Mussolini).
Fin tragique d’un dictateur qui avait eu, entre autres, le tort de voir trop
grand et de lier le sort de l’Italie* à celui de l’Allemagne*.

MUSSOLINI, CHUTE DE
Les Italiens sont las du fascisme*, de Mussolini*. Ils leur coûtent trop
cher.
Morts du front de l’Est*. Prisonniers d’Afrique. Empire perdu. Et
maintenant les bombes. Il en tombe chaque jour un peu plus.
Des grèves éclatent à Milan, à Turin. Des inscriptions apparaissent sur les
murs : « À bas le fascisme* ! », « Nous voulons la paix ». La crise a atteint
les sommets de l’État où les grands dignitaires doutent et même complotent.
Le 5 février 1943, Mussolini* a démissionné ses ministres. Ses fidèles,
Grandi, Bottai, Pavolini, Ricci, Riccardi, ont été écartés. Ciano*, son gendre,
a été évincé des Affaires étrangères.
La prise de Pantelleria*, le débarquement en Sicile* du 10 juillet 1943,
accentuent l’évolution des Italiens. L’invasion se présente à leur porte.
Demain, elle sera chez eux. Le 19 juillet, Rome est bombardée de 11 h à 14
h, alors que les rues brûlées par le soleil sont désertes. La gare de
marchandises était visée. Des bombes se sont abattues sur des quartiers
ouvriers. On relève des milliers de victimes sous les décombres.
Dans l’ombre, un homme s’active : le comte Grandi. Ancien ministre de
la Justice, il a lui aussi perdu son portefeuille en février. Bien que compagnon
de la première heure du Duce*, il ne cache pas ses critiques contre le
dictateur. Il a des entretiens avec le roi Victor-Emmanuel III*, avec
Ambrosio*, avec des membres du Grand Conseil fasciste, instance dirigeante
du parti. Partout règne une ambiance de complot. La chute de Mussolini
apparaît nécessaire pour permettre à l’Italie* de s’éloigner de l’Allemagne* et
du conflit. Ce climat sert Grandi. Il obtient la convocation du Grand Conseil
fasciste, événement qui n’était pas intervenu depuis le début de la guerre.
D’abord hostile, le Duce* en a accepté le principe. Il ne semble pas inquiet
malgré les avertissements de ses proches.
Il fait chaud, très chaud, à Rome, le 24 juillet à 16 h. Les membres du
Grand Conseil arrivent peu à peu. On dit qu’ils sont armés. Mussolini arrive
le dernier et entame un long plaidoyer. Grandi parle à son tour. Il a préparé
une motion qui, en termes clairs, fait comprendre à Mussolini qu’il doit
abandonner le pouvoir.
La discussion s’envenime dans une salle surchauffée. Mussolini voudrait
lever la séance. Grandi, Ciano et d’autres refusent. À 2 h du matin, on passe
au vote sur la motion Grandi. 19 « oui », 8 « non », une abstention. Le Duce*
est désavoué. C’est la crise de régime.
Le 25, Mussolini revient au Palais de Venise travailler comme à
l’accoutumée. Il veut se croire encore le maître mais les événements lui
échappent. La suite a été programmée dès avant la tenue du Grand Conseil.
Le maréchal Badoglio*, 72 ans, reçu en audience par le roi, est chargé de
former un nouveau gouvernement. À 17 h, le Duce* se présente à son tour au
palais royal. Victor-Emmanuel III*, bien effacé depuis 20 ans, a repris
quelque assurance. Il répète à Mussolini qu’il est son ami et lui explique que,
n’ayant plus la confiance des Italiens, il doit s’en aller. À 17 h 20, Mussolini
prend congé et se dirige vers sa voiture. Un capitaine de carabiniers l’aborde :
« Duce*, j’ai ordre de Sa Majesté le roi de vous accompagner pour vous
protéger de la foule. »
Mussolini esquisse un geste de refus. Derrière l’officier, une cinquantaine
de carabiniers armés se tiennent prêts à intervenir. L’ancien dictateur
s’engouffre dans une voiture qui démarre en trombe. Il passera sa première
nuit de prisonnier dans une caserne de carabiniers. Le 27 juillet au soir, il est
transféré dans la petite île de Ponza, au nord du golfe de Naples, puis, dans la
nuit du 9 août, dans celle de Santa Maddalena, au nord de la Sardaigne.
Dans la Ville éternelle, la prudence impose le silence. Le 25 juillet, en fin
de matinée, la chute du Duce* et son remplacement par Badoglio* sont
annoncées officiellement. Aussitôt la haine populaire déferle : « Mort aux
fascistes ! » Le siège du parti est saccagé. Les portraits de Mussolini, les
emblèmes fascistes sont arrachés. Les violences toutefois sont rares. Pas de
mort d’homme.
Le Duce* prisonnier. Les hiérarques fascistes disparus. Le régime s’est
effondré en quelques heures. Mais attention ! Les Allemands débouchent en
force dans la péninsule.

MUSSOLINI, LIBÉRATION DE
« Je suis autrichien, mein Führer*. »
Apparemment, c’est le déclic. Hitler* attarde son regard sur ce colosse au
visage balafré, Croix de fer et médaille des blessés. Il a trouvé son homme
parmi les six qu’il avait convoqués. Le capitaine Otto Skorzeny*, 34 ans,
commandant du bataillon Zbv Friedenthal, est celui qu’il recherche.
« Il faut savoir où le Duce* est retenu prisonnier et le libérer. Voilà ce que j’attends de vous,
capitaine Skorzeny*.
– Jawohl, mein Führer* ! »

Il est un peu plus de 20 h 30, ce 25 juillet 1943, dans la grande salle des
cartes du Wolfschanze* à Rastenburg*. Le capitaine Skorzeny* vient de
prendre connaissance de la mission qui lui est confiée par Hitler*
personnellement : délivrer le Duce* prisonnier quelque part en Italie*. Où ?
Nul ne le sait.
Une ultime recommandation, encore renouvelée : ne rien révéler à
personne, hormis à Student*, le patron des paras en Italie*.
Skorzeny* part pour l’Italie*, se faisant passer pour l’officier
d’ordonnance de Student*. Son adjoint, le lieutenant Radl, organise le départ
de ses hommes et de leur matériel.
Durant près d’un mois, diverses informations, certaines sérieuses, laissent
entrevoir le lieu où est détenu Mussolini. À chaque fois, l’oiseau s’est envolé.
Enfin, un renseignement obtenu par hasard, et corroboré par un message
radio capté par les Allemands, remet Skorzeny* sur la piste. Le 27 août au
soir, le Duce* s’est envolé à bord d’un hydravion de l’île de Santa
Maddalena. Il se trouve maintenant dans un hôtel refuge, l’Alberto Campo
Imperatore, à 2 112 m d’altitude, au Gran Sasso*, dans le massif des
Abruzzes (100 km au nord-est de Rome). Il y est étroitement gardé. L’accès
de l’hôtel ne s’effectue que par un téléphérique.
Il faut en savoir plus. Un discret survol du site par un Heinkel 111*, à
5 000 m d’altitude, permet à Skorzeny* d’en prendre des photographies.
Depuis Aquila des Abruzzes, une petite route serpente dans la vallée sur une
vingtaine de kilomètres jusqu’à la station inférieure du téléphérique (1 161
m). Ce dernier débouche sur une terrasse jouxtant l’hôtel, large bâtiment avec
une rotonde sur l’arrière. L’esplanade devant l’édifice s’annonce assez
dégagée.
Skorzeny* et Radl étudient leurs possibilités. Le téléphérique ? Il serait
immédiatement immobilisé. Un parachutage ? Les arrivées seraient trop
imprécises. Des hélicoptères ? Aucun n’est disponible en Allemagne. Des
planeurs ? Seule solution. Douze DFS 230* amèneront 108 combattants à
pied d’œuvre. 200 carabiniers garderaient l’hôtel avec des ordres stricts :
abattre le Duce* plutôt que de le laisser retomber aux mains des Allemands.
Skorzeny* a fait ses comptes. Il débarquera sur le Gran Sasso* avec une
centaine de volontaires : 90 paras et 18 de ses équipes de Friedenthal. Il
estime disposer de 4 minutes pour arriver à ses fins. Durant ce temps, une
colonne de parachutistes sous les ordres du major Mors remontera la vallée et
occupera la station inférieure du téléphérique.
Dimanche 12 septembre, 13 h. (L’armistice italien est signé depuis le 8.)
L’expédition met le cap sur le Gran Sasso*. Tout est en ordre, à l’exception
des planeurs 1 et 2 qui ont été contraints de renoncer. Du coup Skorzeny*
dans le numéro 3 est en tête.
Vol à 3 500 m d’altitude. Largage des câbles de remorquage. Ultime
approche. En partie ralenti par son parachute de queue, le DFS* de
Skorzeny* se cabre et s’écrase dans un fracas. Par miracle nul n’est blessé.
L’hôtel n’est qu’à 15 m. La surprise a joué.
De la carlingue éventrée les hommes jaillissent. Skorzeny* se retrouve
sur la façade de l’immeuble. Une silhouette se dessine derrière une fenêtre.
Mussolini ! Skorzeny* hurle : « Duce*, éloignez-vous de la fenêtre ! » Les
Allemands foncent en criant : « Mani in alto ! »
Il n’est pas de résistance. Deux caporaux, les premiers, atteignent la
chambre de Mussolini. Le Duce*, sain et sauf, est désormais sous bonne
garde.
Entre-temps, les autres planeurs se posent. Pour tous l’atterrissage tient
du miracle. Quelques blessés légers. À peine distingue-t-on dans le tumulte
deux ou trois coups de feu. Les paras allemands, bardés de bandes de MG*,
dominent la situation.
Skorzeny* aborde Mussolini : « Duce*, le Führer* nous a donné l’ordre
de vous délivrer. » L’ancien dictateur est en civil, mal rasé, presque un
pauvre hère ; ses yeux pétillent : « Je savais que mon ami Adolf Hitler* ne
me laisserait pas longtemps aux mains de ces gens-là. »
Tout est terminé. Mors et le restant de ses paras ont rejoint par le
téléphérique. Dans le ciel, un Fieseler Storch* tournoie. À la hâte, carabiniers
et parachutistes dégagent une bande de terrain. Mussolini lui-même donne la
main pour rouler un rocher. À la fusée verte, le capitaine Gerlach, le pilote
personnel de Student*, se pose en virtuose.
L’instant le plus périlleux. Redécoller pour enlever Mussolini du Gran
Sasso* et le conduire vers un Heinkel 111* prévu pour l’emmener en
Allemagne*. Le Duce* se glisse dans la carlingue. Skorzeny* aussi. Gerlach
proteste. Trop chargé, mais Skorzeny* est inflexible. Gerlach pousse son
moteur à fond. Une dizaine de paras retiennent l’avion et le lâchent au signal.
Le Storch* roule en cahotant. Le vide s’ouvre. L’avion plonge dans la
vallée et un peu avant le fond Gerlach parvient à le remettre en ligne de vol.
Cap sur le terrain de Pratica de Mare.
La suite paraît simple. Rome. Vienne. En quelques heures, Skorzeny*
devient une gloire nationale.
La libération du Duce* éclate comme un coup de théâtre heureux pour
l’Allemagne*. Elle en a bien besoin. Quant au prisonnier ragaillardi, il forme
des projets (voir Salò, république de).

MUSSOLINI, MORT DE
Depuis son odyssée du Gran Sasso*, le Duce* n’est plus ce qu’il était. Le
tribun a perdu sa prestance, l’homme s’est tassé. À soixante-deux ans, il jette
un regard sans illusions sur son avenir ; sa destinée se terminera
tragiquement. Il l’accepte.
Au printemps 1945, devant l’ampleur de l’avance alliée en Italie*, il
hésite. S’enfuir en Suisse* ou en Espagne* ? Il semble s’y refuser. Alors ?
Résister dans Milan ? Se réfugier en Valteline, dans la montagne ?
Le 25 avril, un entretien avec le général Cardona, chef de la Résistance,
dans le bureau du cardinal Schuster, archevêque de Milan, en vue de trouver
un accord, lui apprend que les Allemands sont sur le point de signer leur
reddition. Révolté, il quitte Milan en direction de Côme. Le commandement
allemand lui adjoint comme escorte deux camions de SS*.
Quelques ministres restent à Milan. La majorité d’entre eux suit le
Duce*.
Que veut effectivement Mussolini ? Mourir au combat ou gagner la
Suisse* ? Il n’en montre rien.
Au matin du 26, après une courte nuit à Côme, il repart vers le nord en
longeant la rive occidentale du lac. Il a toujours avec lui des Italiens et les
SS*. Clara Petacci*, sa maîtresse, l’a rejoint et suit dans une voiture à plaque
du corps diplomatique espagnol.
Les rangs se vident peu à peu. La crainte des partisans en conduit de
nombreux à s’éclipser discrètement.
Le 27 à l’aube, ils ne sont plus que quelques douzaines autour du Duce*.
La garde SS* est toujours là.
La route se poursuit vers le nord, se joignant à un convoi allemand qui
remonte vers Innsbruck. Soudain, vers 7 h, arrêt. Embuscade ! Les partisans
mal armés ne sont pas en force. On parlemente. Les Allemands pourront
continuer, les Italiens non. Le chef d’escorte a des scrupules. Mussolini* lui a
été confié. Il l’embarque dans l’un de ses camions avec un casque sur la tête
et une capote sur les épaules. La voiture à plaque diplomatique de Clara
Petacci s’intègre dans la petite colonne.
Durant les pourparlers, Mussolini* a été repéré. À Dongo, les partisans
exigent de fouiller le convoi. Mussolini* est arrêté, mais traité avec égards.
À Milan, le général Cardona a été prévenu de cette capture. Ordre est
donné de ramener le Duce* à Milan.
Le Duce* et Clara Petacci* ont passé la nuit dans une modeste ferme. Au
jour, l’ancien dictateur paraît résigné. Il avance le visage blême sans
demander à se raser ou à se laver.
Les communistes, comme les autres, à Milan, ont appris l’événement.
Pour eux, le destin de Mussolini est scellé depuis longtemps. Sitôt pris, le
Duce* et ses ministres seront exécutés. Un certain Audisio, connu sous le
nom de colonel Valerio, est chargé de l’exécution.
Le 28, à 14 h 10, Valerio arrive à Dongo et, fort d’un ordre de mission, se
fait remettre les prisonniers. Le groupe embarque dans une voiture. Selon des
témoins, Mussolini était pâle, la signora calme. Le véhicule ne va pas très
loin. Il stoppe le long d’un mur de pierre. Le colonel ordonne aux deux
passagers de descendre. Il aurait dit à Clara Petacci*, s’accrochant au cou de
Mussolini : « Laissez-le tranquille, sinon vous allez vous faire tuer aussi ! »
La mitraillette du tueur s’enraye, son pistolet aussi. Un compagnon tend
son arme. « Tirez dans la poitrine », commande Mussolini.
Clara Petacci est tuée la première. Mussolini doit être achevé. Les voisins
estiment qu’il y eut une dizaine de coups de feu.
La suite appartient aux mauvaises images de la guerre. Churchill* en sera
révolté et demandera en quoi Clara Petacci* pouvait être regardée comme
une criminelle de guerre.
Les deux cadavres sont ramenés à Milan ainsi que ceux de 15 autres
fascistes, dont trois ministres, exécutés également à Dongo par Valerio. Le
29 avril, Piazzale Loreto, à l’endroit où 15 otages ont été fusillés 9 mois
auparavant par les Allemands, ils resteront exposés plusieurs heures,
suspendus par les pieds devant une populace déchaînée. Certains viendront
tirer sur les cadavres.
Cette disparition, celle de nombreux ministres, même si personne ne
l’avoue, servent les gouvernants alliés et italiens. Elle épargnent aux uns un
Nuremberg italien*, aux autres des rétrospectives dangereuses sur des
comportements antérieurs.

MUSTANG
Chasseur monomoteur américain construit en plusieurs versions (voir P
51).

MUTAGUCHI, RENYA
(1888-1966). Général japonais.
Commandant de la XVe Armée japonaise lors de l’offensive en Birmanie*
centrale du printems 1944 (batailles de Kohima* et Imphal). Relevé de son
commandement à la fin de 1944.
Arrêté en 1945, sera relâché sans jugement en 1948.

MYITKYINA, BATAILLE DE
Bataille menée de mai à août 1944 par les troupes américaines et
chinoises de Stilwell* pour s’emparer de la ville et de l’aérodrome de
Myitkyina (nord de la Birmanie*, point de jonction futur des routes de Ledo*
et de Birmanie*).
Après 79 jours de siège, les rescapés parviennent à s’éclipser. Les
Japonais comptent 790 tués et 1 200 blessés. Leur chef s’est suicidé.
N

N1 K2 (KAWASAKI N1 K2-J SHIDEN KAI)


Chasseur monomoteur de la marine japonaise de la fin de la guerre.
Successeur du N1 K1- J. Sorti en 1944, fabriqué à 415 exemplaires.
Capable de s’opposer aux Hellcat* et Corsair* américains.
Vitesse : 600 km/h ; autonomie : 2 400 km ; armement : 4 canons de
20 mm, 500 kg de bombes, équipage : 1 homme.

NACHT-UND-NEBEL-ERLASS (NUIT ET
BROUILLARD)
Ordre donné par Hitler* et décret, connu par sa désignation allemande,
signé le 12 décembre 1941 par Keitel* :
« C’est la volonté mûrement réfléchie du Führer* que, dans les régions occupées, les auteurs
d’attaques contre le Reich* ou l’armée allemande soient soumis à d’autres mesures que celles qui
ont été appliquées jusqu’ici. Le Führer* estime que les peines de prison ou de travaux forcés sont
considérées comme un signe de faiblesse. Une terreur efficace et durable ne peut être obtenue que
par des condamnations à mort ou par des peines qui laissent les familles ou la population dans
l’incertitude sur le sort des coupables. Le transfert secret en Allemagne* répond à ce but. »

Ce décret aurait fait 7 000 victimes.


À la demande de l’accusation française, un Norvégien, nommé Cappelen,
rescapé par miracle, vint devant le Tribunal international de Nuremberg*
rapporter le calvaire que lui valut Nacht-und-Nebel : arrestation par la
Gestapo* à Oslo en 1941 ; tortures renouvelées de toutes natures : coups,
brûlures, etc. ; déportation ; au début de 1945, transfert de camp (longue
marche durant laquelle les gardes abattent les retardataires, puis déplacement
en train par -10°, cinq jours sans nourriture : 1 347 prisonniers seraient morts
durant ce voyage) ; enfin, Dora* près de Buchenwald*.

NAGASAKI, BOMBARDEMENT DE
Little boy* a ravagé Hiroshima* et Tokyo se tait.
Les Américains sont prêts à frapper une seconde fois. Fat man*, l’engin
au plutonium, est disponible à Tinian*. Les derniers constituants ainsi que le
plutonium nécessaire sont arrivés par un C 54* spécialement équipé.
L’équipage du B 29* No 77 baptisé Bock’s car*, est paré. Son chef pilote, le
commandant Sweeney, qui pilotait l’une des Superfortress* d’escorte de
l’Enola Gay, n’attend plus que l’ordre de décoller.
Les Japonais, par leur mutisme, creusent leurs tombes. À Washington,
Truman*, Stimson* et Marshall* sont persuadés qu’une double dose de
l’arme atomique aura raison de l’opiniâtreté nippone et terminera la guerre,
épargnant la vie d’un million d’Américains et de nombreux Japonais. Les
techniciens du Manhattan Project* raisonnent sensiblement comme eux et,
bien qu’ils ne le clament pas, voudraient bien comparer la bombe au
plutonium à celle à l’uranium.
Tout concourt à l’exécution d’un second tir, initialement programmé pour
le 11 août. La détérioration des conditions météorologiques annoncée à cette
date précipite l’événement au 9. Trois objectifs demeurent inscrits sur la liste
établie le 24 juillet : Nagasaki*, Niigata, Kokura. Des trois, Kokura se
présente comme la cible la plus intéressante. C’est donc vers cette cité que le
commandant Sweeney a reçu ordre de se diriger.
Il est 3 h 49 lorsque le Bock’s car* s’aligne en extrémité de piste. Dans sa
soute, Fat man*. Contrairement à ce qui s’est passé précédemment, il est
impossible de l’armer en vol. L’opération a été réalisée au sol.
Le vol d’Enola Gay* avait été paisible. Celui de Bock’s car* tourne au
cauchemar dans la tempête tropicale. Autre incident, les B 29* d’escorte sont
absents au rendez-vous. Sweeney poursuit seul sur Kokura.
« No see, no bomb. » Pas de visibilité, pas de bombe. La consigne est
formelle.
Après trois passages à la verticale supposée de Kokura, le Bock’s car*
s’éloigne vers une autre proie. Des cumulo-nimbus ont infléchi le sort de
Kokura et scellé à jamais le destin tragique de Nagasaki*.
La couche est toujours aussi opaque au-dessus du nouvel objectif.
Brusquement, au dernier moment, une déchirure se dévoile. L’officier de tir
peut profiter d’une rapide brèche. 10 h 58, heure locale. D’une altitude de
28 900 pieds, Fat man* plonge sur Nagasaki*.
Les mêmes causes engendrent les mêmes effets. Cinquante secondes
après le lancement, le Bock’s car* tangue sous l’onde de choc tandis qu’un
immense champignon s’élève dans le ciel. Mais, cette fois, ce dernier se
teinte de colorations pourpres, jaunes et vertes.
L’explosion s’est produite à quelques centaines de mètres du point
d’impact prévu, tout en restant centrée sur la ville. La dévastation s’étend sur
un ovale de plus de cinq kilomètres de grand axe.
L’horreur vaut celle de Hiroshima*. Les chiffres américains de 1953
donnent 35 000 morts et 50 000 blessés. La topographie du terrain explique
les différences constatées avec Hiroshima* (le terrain de Hiroshima* est plat,
celui de Nagasaki* légèrement vallonné.) Ceci posé, la puissance des deux
bombes est identique.
Au soir du 9 août, les mauvaises nouvelles s’abattent sur les hauts
responsables japonais : bombe atomique sur Nagasaki, invasion soviétique de
la Mandchourie*. Ils vont, enfin, devoir opter (voir Capitulation japonaise).

NAGUMO, CHUICHI
(1887-1944). Amiral japonais.
Le 8 décembre, il commande la première flotte aérienne japonaise
attaquant Pearl Harbor* et restera à jamais l’homme de Pearl Harbor*.
Durant le premier semestre 1942, il est responsable de la saisie des Indes
néerlandaises* et des raids contre Darwin* et dans l’océan Indien. Mais il est
battu à Midway* en juin, et après quelques succès dans les eaux de
Guadalcanal*, il est relevé et envoyé diriger la défense de Saipan*. C’est là
qu’il se suicide au terme de l’offensive victorieuse des Américains pour
conquérir l’île en juillet 1944 (voir Saipan).

NAMSOS
Port norvégien à 150 km au nord de Trondheim, point de débarquement
et d’embarquement d’un contingent allié en avril-mai 1940.
La ville sera complètement détruite par les bombardements allemands.

NARVIK
Bourgade de pêcheurs, nichée au fond de l’Ofotenfjord, au-dessus du
cercle polaire, par 68° 45’ de latitude nord.
Libre de glace toute l’année, elle est devenue le point d’embarquement
par excellence du minerai suédois qui arrive par chemin de fer depuis
Galliware*. En 1939, 70 % de ce minerai s’écoulait par Narvik. Le site sera
l’objet d’une farouche bataille pour sa possession en mai 1940 (voir Prise de
Narvik).

NARVIK, PRISE DE
Les Anglais, par les deux batailles navales des 10 et 13 avril 1940 dans le
fjord de Narvik, ont placé les éléments allemands débarqués en Norvège*
septentrionale en position d’assiégés (voir Norvège, invasion de la).
La voie maritime leur est coupée. La route terrestre, plusieurs centaines
de kilomètres, en cette fin d’hiver est longue et montagneuse. Le général
Dietl*, le commandant allemand, ne peut compter que sur lui-même et la
Luftwaffe*, elle-même à plusieurs heures de vol et tributaire des conditions
climatiques.
Dietl*, chef énergique, dispose d’un peu plus de 4 000 hommes
d’origines diverses : chasseurs de montagne du 139e régiment arrivés les
premiers, marins rescapés de la destruction de leurs bâtiments (1 500 environ
dont un tiers sont des gradés), nouveaux venus (quelques centaines, dont
nombre de parachutistes, amenés par avion).
L’armement, les munitions sont abondants. En revanche, les moyens
lourds font défaut, beaucoup ayant disparu les 10 et 13 avril.
Le dispositif de Dietl* est large. Il tient évidemment Narvik, Ankenes (4
km au sud-ouest), Ojord (5 km au nord-est), Bjervik (au fond du
Gratangenfjord), l’ancien camp norvégien de l’Elvegaard, non loin de
Bjervik. Le lac Hartvigland, gelé et lui aussi à proximité de Bjervik, a été
transformé en terrain d’aviation.
Les Alliés apparaissent en force. Les Britanniques disposent de 3
bataillons de Guards. Les Norvégiens du général Fleischer constituent deux
brigades de bons combattants, habitués à se déplacer en terrain enneigé. Les
Polonais du général Bohusz-Szysko (4 800 hommes) n’aspirent qu’à venger
l’invasion de leur pays. Quant aux Français, chasseurs alpins de la 27e demi-
brigade et légionnaires de la 13e DBLE*, ils représentent une troupe d’élite.
Hélas, leur équipement, de par les aléas des embarquements et
débarquements, ne répond pas toujours à leurs besoins.
La direction anglaise ne favorise pas les prises de décision. L’amiral Cork
veut s’engager. Le major général Mackezy, son homologue terrestre, tend à
repousser les échéances : rien avant la fonte des neiges. Un temps précieux
est perdu qui permet aux Allemands de se fortifier.
Le 28 avril, Béthouart*, nommé général de brigade à titre temporaire peu
de jours avant et arrivant de Namsos*, débarque à Harstadt, 40 km au nord-
ouest de Narvik, que les Britanniques s’efforcent de transformer en grande
base logistique. D’entrée, il découvre que ses éléments sont pas mal
aventurés, assez loin de Narvik et empêtrés dans une neige épaisse. En vrai
fantassin, il va sur le terrain se rendre compte et découvre assez vite que la
mer est la meilleure des voies d’accès. Avec les puffers* norvégiens, il
rapproche ses unités de Narvik et occupe Foldvik et Elvenes.
La ville, à vol d’oiseau, est désormais à moins de 30 km. Ce n’est pas
gagné pour autant. Une ligne de crêtes, dont les sommets culminent à plus de
1 000 m, sépare les Alpins du dispositif allemand de Bjervik et du camp
d’Elvegaard qui couvre Narvik au nord. Le seul point de passage est un col,
la cote 333.
Les chasseurs entament une progression difficile. Les Allemands tiennent
la cote 333 et se battent bien. La Luftwaffe*, le froid, la neige s’ajoutent aux
obstacles. En six jours, le 6e BCA ne progresse que de 5 km.
Est-ce le fruit de ses manœuvres habiles sur Foldvik et Elvenes ? Le
7 mai, un télégramme de Londres charge Béthouart* de l’attaque sur Bjervik
qui ouvrirait la porte de Narvik. Londres, pressée par Churchill*, veut Narvik
pour couper la route du fer.
Ce que Mackezy refusait de risquer, Béthouart*, après étude des lieux sur
un destroyer britannique, décide de le tenter. Il prendra Bjervik avec la
Légion*, par un débarquement au plus près. Simultanément, chasseurs et
Norvégiens attaqueront au nord. Quant aux Polonais, débouchant de l’ouest,
ils se porteront à la rescousse des légionnaires.
Cork s’était engagé. Il tient parole. La Navy* est au rendez-vous. Le
12 mai, en fin de journée, elle entame son mouvement par un temps bouché,
pluie ou neige par intermittence. Cette météo sert les assaillants. Béthouart* a
choisi d’attaquer à minuit pour profiter de la courte nuit polaire (deux heures
à cette date) et de l’absence momentanée de la Luftwaffe*.
Minuit. Les batteries du cuirassé Resolution, des croiseurs Effingham et
Vindictive et des destroyers se déchaînent. À moins d’un mille, Bjervik
s’embrase. L’église transformée en dépôt de munitions explose. Les
renseignements fournis par les Norvégiens étaient faux. Le village n’avait pas
été abandonné par ses habitants.
Couverts par le vacarme, les chalands blindés foncent à la côte. À leur
bord, le 1er bataillon de la 13e DBLE* et quelques chars d’accompagnement.
Les chalands porte-chars abordent les premiers le rivage. Sans attendre, le
petit groupe de blindés entame sa progression sur Bjervik tout proche.
Les fantassins rencontrent plus de difficultés : les mitrailleuses
allemandes balaient trop la plage. Ils doivent se détourner quelque peu et se
porter vers une anse plus abritée d’où ils peuvent se déployer. Chars et
légionnaires convergent aussitôt sur Bjervik. En deux heures, la résistance est
bousculée.
Ce premier succès autorise un second débarquement un peu plus à l’est.
Le 2/13, à son tour, prend pied à Meby et se dirige vers le camp d’Elvegaard.
À 11 h, après avoir enlevé baraque après baraque, la Légion* occupe les
lieux. Le bilan est impressionnant : plus de 100 mitrailleuses, un hôpital de
campagne avec 60 blessés, 70 prisonniers, une dizaine d’avions capturés sur
le terrain d’Hartvigland.
Au nord, la défense s’est durcie devant les chasseurs. Les 6e et 14e BCA
mettront 24 heures pour enlever la cote 333 et rallier Bjervik.
Bjervik, Elvegaard tombées, la route vers Narvik s’ouvre. Sans attendre,
Béthouart* lance le peloton motocycliste de la 13 en direction d’Ojard. Lui-
même, sur le destroyer Havelock, couvre la progression de ses motards. En
fin de journée, légionnaires et Polonais, arrivés comme prévu en renfort,
tiennent la presqu’île d’Ofjord. Narvik est maintenant à moins de 3 km de
l’autre côté du Rombaksfjord.
Les Anglais ont compris. Béthouart* a réussi ce débarquement que
Mackezy jugeait trop dangereux et refusait. Churchill* aime l’efficacité.
Mackezy est remercié. Auchinleck* le remplace. Béthouart* est désigné pour
diriger la prise de Narvik. Dès ses premières reconnaissances, Béthouart* a
élaboré la manœuvre pour prendre Narvik :
La 13, venue d’Ofjord par mer et épaulée dans un deuxième temps par les
Norvégiens, débarquera à l’est de Narvik et abordera la ville par les hauts. Le
14e BCA les couvrira sur le versant nord du Rombaksfjord. Au sud, le
12e BCA, maintenant très renforcé par les Polonais, attaquera Ankenes avec
également mission de se porter vers l’est pour prendre l’adversaire à revers et
lui interdire le repli. L’escadre anglaise et une escadrille de six Hurricane
appuieront les débarquements.
Le plan est prêt. Brusquement, tout paraît remis en question. Le 26 mai,
Lord Cork fait appeler le Français :
« Le gouvernement de Sa Majesté a décidé que vos forces devraient évacuer la Norvège
septentrionale le plus rapidement possible. »

Que pèse effectivement Narvik alors que le sort de la France* et de la


Grande-Bretagne* est en jeu ? Cependant Cork et Béthouart* tombent vite
d’accord. Évacuer, oui ! L’évacuation sera facilitée si Narvik est occupée.
Les Allemands seront aveugles et pourront difficilement alerter la
Luftwaffe*, danger numéro un pour la flotte alliée.
Le 27 mai, à 23 h 45, le croiseur Cairo fait face, avec le gros de l’escadre,
à Narvik et à la péninsule d’Orneset. Le Southampton et un destroyer
stationnent au large d’Ankenes.
À minuit précis, Béthouart* déclenche l’ouverture du feu.
La 13 est encore aux places d’honneur. Sitôt débarqués des chalands à
hauteur d’Orneset, à l’est de Narvik, les légionnaires du 1/13 s’élancent pour
saisir les premières hauteurs et la voie ferrée Narvik-Suède*.
À terre, la mêlée s’annonce incertaine. La contre-batterie allemande
frappe le 2/13 en train d’embarquer. Il y a des pertes. L’arrivée du renfort
prend du retard. Elle devient pourtant nécessaire. Légionnaires et Norvégiens
débarqués se heurtent à la résistance farouche des chasseurs de montagne
autrichiens et des marins allemands. La bataille pour s’emparer de la cote
457, point fort de la péninsule de Narvik, reste durant quelques heures
incertaine.
Sur mer, la partie est tout aussi incertaine. Les Hurricane* n’ont pu
décoller à cause du brouillard ; par contre, la Luftwaffe* remplit l’horizon.
Les bâtiments anglais doivent zigzaguer sans répit pour esquiver les piqués.
Le Cairo écope de deux coups au but et menace de sauter. Lord Cork et
Béthouart*, à son bord, échappent de justesse.
Vers 6 h, le 2/13 débarque à son tour. Et la Légion*, une fois de plus,
honore sa signature. Non sans pertes, mais la cote 457 est enlevée. Le combat
change de face, alors que la chasse britannique apparaît pour dégager le ciel.
La cote 457 perdue, les Allemands réalisent le danger. Sous peu, ils
seront complètement isolés et cernés. Par le sud encore libre, ils évacuent
Narvik où Norvégiens et légionnaires pénètrent en fin d’après-midi.
De l’autre côté du Beisfjord, la bataille pour Ankenes a été aussi sévère.
Le 2e bataillon polonais a souffert. Le succès tarde à se dessiner avant que la
garnison allemande, se voyant elle aussi isolée, ne se décide à faire retraite.
Le 28, sur Narvik, le 30, sur Ankenes, Béthouart* et les siens ont partout
enlevé la décision. L’adversaire se dérobe. Il se replie vers la Suède*, pressé
par les légionnaires et les Polonais. Ceux-ci, le 2 juin, feront leur jonction à
hauteur de la cote 818, bouclant ainsi complètement la péninsule de Narvik.
Sans désemparer, le 1/13 poursuit sur Sildvik où Dietl* doit abandonner son
PC de fortune.
Narvik est occupée. Les Allemands ont perdu 400 prisonniers et de
nombreux tués et blessés. Les Franco-Polonais s’avancent vers la Suède*. La
frontière est à moins de 15 km. La 3e division de montagne est à bout de
soufle. La victoire totale paraît à portée de main.
Mais les ordres sont formels. La Norvège* septentrionale, à son tour, doit
être abandonnée.
L’évacuation s’effectuera en bon ordre. Dietl* n’a pas les moyens
d’intervenir sur Narvik. Le 8 juin, à minuit, Béthouart* et son état-major
seront les derniers à embarquer, tandis qu’une poignée de légionnaires réglera
les dernières destructions. Mais la protection des convois qui rallieront à bon
port la Grande-Bretagne* coûtera cher aux Britanniques : un porte-avions et
deux destroyers.
Durant la bataille de Narvik, les Franco-Polonais ont eu 250 tués, dont 12
officiers, et 500 blessés. Ils ramènent 500 prisonniers. A priori leur mission
est remplie. La route du fer est coupée pour longtemps. Le port et ses
infrastructures, la voie ferrée et ses ouvrages d’art ont été mis pis qu’à mal.
L’Allemagne*, par la suite, ne renoncera pas pour autant au précieux minerai.
600 000 tonnes en 1941, 1 800 000 tonnes en 1943 lui parviendront grâce à
des installations de fortune. Ces chiffres sont loin de ceux de 1938, mais le
fer suédois n’a plus l’importance de naguère. Le Reich* du début des années
40 dispose des mines lorraines et luxembourgeoises.
Victoire essentiellement française rendue possible par l’obstination de
Béthouart*, le courage de ses combattants, l’appui et la logistique
britanniques, la bataille pour Narvik garde un goût amer. Elle est sans
lendemains ; elle fut la seule pour les armes françaises du printemps 1940.

NASJONAL SAMLING (RASSEMBLEMENT


NATIONAL)
Parti fasciste norvégien fondé en 1933 par Vidkun Quisling*.
Comptera 50 000 membres en 1939, mais seulement 2,5 % de l’électorat
(45 000 membres à la fin de la guerre). Derrière Quisling*, pratiquera sans
réserve la collaboration avec l’Allemagne* durant l’occupation du pays de
1940 à 1945. Avoir appartenu au Nasjonal Samling après le 9 avril 1940 sera
regardé comme un acte de trahison.

NATIONS UNIES, DÉCLARATION COMMUNE


DES
Déclaration signée, le 1er janvier 1942, à Ottawa, par Roosevelt*,
Churchill*, Litvinov* pour l’URSS*, Soong pour la Chine* et paraphée par
vint-deux autres nations.
« Déclaration commune des États-Unis* d’Amérique, du Royaume-Uni* de Grande-
Bretagne et d’Irlande du Nord*, de l’Union des républiques socialistes soviétiques*, de la Chine*,
de l’Australie*, de la Belgique*, du Canada*, du Costa Rica*, de Cuba*, de la Tchécoslovaquie*,
de la République dominicaine*, du Salvador*, de la Grèce*, du Guatemala*, de Haïti, du
Honduras*, de l’Inde*, du Luxembourg*, des Pays-Bas*, de la Nouvelle-Zélande*, du
Nicaragua*, de la Norvège*, du Panama*, de la Pologne*, de l’Afrique du Sud* et de la
Yougoslavie*.
Les gouvernements soussignés.
Ayant souscrit
Au programme commun de buts et de principes énoncé par la Déclaration conjuguée du
Président des États-Unis* d’Amérique et du Premier ministre du Royaume-Uni* de Grande-
Bretagne et d’Irlande du Nord, en date du 14 août 1941, connue sous le nom de Charte de
l’Atlantique*.
Étant convaincus qu’il est essentiel de remporter une victoire complète sur leurs ennemis
pour défendre leur existence, leur liberté, leur indépendance et leur liberté religieuse, ainsi que
pour sauvegarder les droits de l’homme et la justice aussi bien dans leur propre pays que dans les
autres, et qu’ils sont désormais engagés dans une lutte commune contre des forces sauvages et
brutales visant à asservir le monde, déclarent :
1. Chaque gouvernement s’engage à mettre en œuvre toutes ses ressources, militaires ou
économiques, contre les membres du Pacte tripartite* ou ses adhérents avec lesquels ce
gouvernement est en guerre.
2. Chaque gouvernement s’engage à coopérer avec les gouvernements soussignés, et à ne pas
conclure d’armistice ou de paix séparés avec les ennemis.
Les autres nations qui collaborent ou pourront collaborer par une assistance et une
contribution matérielle à la lutte pour vaincre l’hitlérisme pourront adhérer à la présente
déclaration. »

La France libre* est absente. Animosité de la Maison Blanche, de Cordell


Hull* en particulier.
« Liberté religieuse », Staline* a accepté le terme, présenté, il est vrai,
comme signifiant simplement d’avoir ou non de la religion.
Roosevelt* et Churchill* peuvent être satisfaits. Les idéaux chers au
premier sont proclamés. La Grande Alliance* du second existe.
La majeure partie du monde s’est liguée contre l’Allemagne*, l’Italie*, le
Japon* et leurs satellites.

NAUJOCKS, ALFRED
(1911-1966).
Homme de main du SD* allemand.
Participe à l’enlèvement de deux officiers anglais à Venlo*, en
Hollande*, le 9 novembre 1939. Dirige le simulacre d’attaque du poste radio
allemand de Gleiwitz*, le 31 août 1939, prétexte à l’invasion de la Pologne*
(voir Gleiwitz et Venlo). Il survivra à la guerre et rapportera ses souvenirs.

NAVY, ROYAL
La Navy est de tradition et de nécessité.
Retranchés dans leur île, les Britanniques ont besoin d’une marine
puissante, tant sur le plan militaire que sur le plan économique.
L’Angleterre* de septembre 1939 n’échappe pas à cette règle. Sa flotte, avec
1 300 000 tonnes, est la première du monde, ex æquo avec celle des États-
Unis*. Elle compte 10 cuirassés, 6 porte-avions, 74 croiseurs, 57 sous-
marins. Ses effectifs, Royal Marines compris, s’élèvent à 180 000 hommes.
L’effort, en sa faveur, ne faiblira pas durant toute la guerre, au seul
détriment des cuirassés supplantés par les porte-avions. 21 porte-avions, 44
porte-avions d’escorte seront au total utilisés avec des fortunes diverses. Les
effectifs iront également croissant pour atteindre 783 000 hommes en 1945.
Traditionnellement, la Navy se décompose en deux : la Home Fleet,
basée à Scapa Flow, la flotte de la Méditerranée*, basée à Alexandrie*, en
Égypte*. Viendront s’y adjoindre une flotte du Pacifique repliée sur
Mombasa*, en Afrique orientale, et surtout la Task Force* 57 apparue en
1945.
La Navy, durant la guerre, aura fort à faire : protection des îles
Britanniques, bataille de l’Atlantique*, convois pour l’Arctique*, batailles en
Méditerranée*, dans le Pacifique*, Overlord*, plus des missions multiples et
de toutes natures comme les opérations de commandos.
La Navy possède également la Fleet Air Arm, indépendante de la RAF*.
Cette aéronavale passera de 232 appareils obsolètes à 1 336 en juin 1945.
Les Royal Marines, 12 390 en septembre 1939, connaîtront le même
essor, se spécialisant de plus en plus en unités de commandos.
Au cours de la guerre, la Royal Navy perdra :
— 50 758 tués.
— 820 disparus.
Elle aura également 14 663 blessés et 7 401 prisonniers.

NAVY, US
L’Amérique n’est presque qu’une île.
Elle a besoin de la mer et doit la contrôler pour sa sécurité et son
commerce. Elle possède aussi son outre-mer avec les Philippines*, les
Caraïbes, Hawaï*.
Les États-Unis* ont su, sur le plan international, défendre leurs intérêts.
En 1939, le tonnage de leur flotte équivaut à celui de la Grande-Bretagne* et
surclasse celui du Japon* (en principe). Néanmoins, malgré certaines
expérimentations en porte-avions*, la force de l’US Navy, en 1939, repose
essentiellement sur ses cuirassés. Pearl Harbor* permettra de le constater.
En juillet 1940, sous le choc de la défaite française, Roosevelt* obtient
4 milliards de dollars pour la défense. Il en obtiendra 5,25 en septembre.
Comme il a foi dans la Marine et le porte-avions, la construction de cuirassés
et de porte-avions est accélérée. À la veille de Pearl Harbor*, la flotte du
Pacifique* – première urgence – sera presque au niveau de celle des Japonais.
10 cuirassés contre 11, 4 porte-avions contre 11 ; 35 croiseurs contre 34 ; 90
destroyers contre 110 ; 1 110 avions (souvent périmés) contre 1 250. Le
retard est donc sensible en ce qui concerne les porte-avions. 11 bâtiments du
type Essex (porte-avions rapides, 27 000 tonnes, 91 avions) sont en
construction.
L’industrie américaine comblera en deux ans les retards, en particulier en
porte-avions. Le 30 juin 1940, l’US Navy possédait 1 099 bâtiments de tous
types, le 30 juin 1945, elle en possédera 67 952. Dans ces cinq ans, elle aura
reçu en complément : 10 cuirassés, 27 porte-avions, 111 porte-avions
d’escorte, 47 croiseurs, 874 destroyers, 217 sous-marins, 66 055 LST* ou
LCT*, etc. Elle aura reçu aussi 75 000 avions et sera passée en effectifs de
160 997 hommes à 3 408 437.
L’US Navy* aura le Japon* pour principal adversaire mais assurera des
escortes de convois en Atlantique*, effectuera les débarquements en AFN*,
Sicile*, Italie*, Normandie*, Provence*.

NAZISME
Nom tiré de Nationalsozialistiche Deutsche Arbeiterpartei, N.S.D.A.P,
(parti national-socialiste allemand des travailleurs), que l’on nommera, en
abrégé, parti nazi.
Le nazisme apparaît comme l’application des idées de Adolf Hitler*
devenu, le 29 juillet 1921, chef de ce parti politique allemand, fondé en 1919.
Ce nazisme est l’expression d’un nationalisme revanchard, au lendemain
de la défaite de 1918, d’un socialisme populaire, d’une volonté d’expansion
(Lebensraum*), auxquels se joindront le culte du chef, le racisme (pureté de
l’Aryen), l’antisémitisme, le despotisme. Il plongera l’Allemagne* et
l’Europe dans le chaos et le sang.
Ce nazisme, allemand aux origines, fera des émules. De nombreux partis
politiques européens se réclameront de lui (Autriche*, Belgique*, Hongrie*,
Norvège* ...).

NEBE, ARTHUR
(1894-1945). Nazi allemand.
En 1941, Nebe est le chef de la Kripo*, la police criminelle, et lors de
Barbarossa*, prend le commandement de l’Einsatzgruppen B* qui sera
responsable de la morts de 45 000 personnes.
Il expérimente, en particulier, les gaz asphyxiants d’un camion pour tuer
ses victimes.
Suspecté de participation au complot du 20 juillet 1944*, il est pendu le
21 mars 1945.

NEBELWERFER
Lance-roquettes allemand de 210 mm à six tubes.
Cette arme provoquera de lourdes pertes aux Britanniques dans le
bocage* normand.

NEDITCH, MILAN
(1877-1947). Général serbe.
Ministre de la Guerre de 1938 à 1941.
Sous l’occupation allemande, chef du gouvernement serbe de 1941 à
1944. Arrêté en 1944, se suicide en prison en 1947.

NÉGATIONISME
Négation de faits historiques, principalement du génocide juif et des
chambres à gaz.

NEHRU, JAWAHARLAL
(1889-1964). Homme politique indien.
Le futur Premier ministre indien sera emprisonné par les Britanniques
d’octobre à décembre 1941, puis d’août 1942 à juin 1945 pour son
nationalisme.

NEPTUNE, OPÉRATION
Nom du planning du débarquement en Normandie*.
Le 15 janvier 1944, Eisenhower* retrouve le fog londonien, investi de
son nouveau son rang : Commandant suprême des forces expéditionnaires
alliées. Son QG, le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Forces ;
l’état-major autour de lui sera bientôt célèbre sous le sigle de SHAEF* (voir
SHAEF).
C’est cette équipe d’état-major qui prend la suite du travail préparatoire
réalisé par le COSSAC* pour Overlord* et Neptune*, Overlord* désignant
l’invasion de l’Europe dans son intégralité, Neptune*, sa phase initiale,
l’assaut à travers la Manche.
Le COSSAC*, dans ses plans, long travail de plusieurs mois, a dû
répondre à une redoutable question : Où débarquer eu égard aux moyens ? Il
a dévoilé son choix à Québec* (conférence Quadrant*, août 1943) et
préconisé de débarquer sur les côtes normandes en baie de Seine, entre l’Orne
et la Vire. Personne n’y a trouvé à redire, vu les arguments présentés pour
justifier ces lieux de préférence à d’autres :
— défenses allemandes moins importantes que dans le Pas-de-Calais ;
— presqu’île du Cotentin fournissant un écran contre les vents d’ouest
dominants ;
— région nord-ouest de la France*, entre Seine et Loire, susceptible
d’être plus facilement isolée par les bombardements ;
— distance d’appui aérien jouant en faveur des troupes au sol : quelque
200 km ; la péninsule bretonne, intéressante à cause de ses ports, eût été trop
éloignée.
Le COSSAC*, en étudiant les lieux, a écarté l’objection relevée par les
Allemands en Normandie* : la présence de barres rocheuses non loin du
rivage. Des reconnaissances ont montré que celles-ci n’existaient pas partout.
Enfin, la côte de Basse-Normandie fait face aux ports de regroupement
anglais : Southampton, Poole, Portland, Torquay, Falmouth.
L’interrogation essentielle sur les ports indispensables a été soulevée.
Réponse : il faudra occuper Cherbourg* au plus vite. Avec une arrière-pensée
sur un projet en développement : les ports artificiels*.
Fort de l’aval donné à Québec*, Morgan et ses équipiers ont soumis, fin
décembre 1943, un plan détaillé aux responsables militaires.
Pour le débarquement proprement dit, sur un front de 60 km, ils prévoient
d’engager 3 divisions, encadrées par 2 divisions aéroportées. Eisenhower* et
Montgomery* sont immédiatement unanimes pour considérer cette option
insuffisante.
La mouture initiale de Neptune* s’étoffe donc en s’élargissant. 5
divisions débarqueront en premier échelon, suivies par deux autres en soutien
immédiat ; 3 divisions aéroportées couvriront leurs flancs : au-delà de l’Orne,
à l’est, à la base de la presqu’île du Cotentin, à l’ouest. Au total, une force
d’assaut de 176 000 hommes avec 20 000 véhicules et plusieurs milliers de
tonnes de matériel sera mise à terre en deux jours.
À la mi-avril 1944, le plan peut être regardé comme définitif avec
l’apparition de la terminologie des points de débarquement.
Les Américains (Ière Armée, général Bradley*) débarqueront à l’ouest, de
part et d’autre de la baie des Beys, en deux points :
— 4e DI à la base du Cotentin, devant le hameau de la Madeleine, Utah
Beach*.
— 1ère DI au nord de Bayeux, devant Vierville, Saint-Laurent et
Colleville, Omaha Beach*.
Les Britanniques (IIe Armée, général Dempsey*) débarqueront à l’est,
entre Arromanches et Ouistreham :
— 50e division britannique, d’Arromanches* à la Rivière, Gold Beach* ;
— 3e division canadienne, devant Courseulles, Juno Beach* ;
— 3e division britannique, de Lion-sur-Mer à Ouistreham*, Sword
Beach* ;
Dans la perspective de ces mises à terre, sont constituées deux Task
Forces*, l’une à l’est, l’autre à l’ouest. La première sous l’amiral Vian*
débarquera les Britanniques ; la seconde sous l’amiral Kirk, les Américains.
Quant aux forces terrestres, constituant le XXIe GA de Montgomery*,
elles se scindent en deux armées :

Le tragique souvenir de Dieppe* ne s’est pas estompé. Des blindés sont


indispensables pour accompagner et même précéder l’infanterie. Aussi les
divisions de premier échelon ont-elles été organisées en brigades d’assaut ou
groupes de combat régimentaires (RCT*, Regimental Combat Team) munis
de chars (organisation variable suivant chaque nationalité, mais en principe
deux bataillons d’infanterie, un bataillon de chars).
Entre les uns et les autres se glisseront les commandos, chargés d’enlever
les points forts ou de jeter des passerelles entre les plages. Le 2e bataillon de
Rangers américains aura la redoutable mission de neutraliser les batteries de
la Pointe du Hoc* qui, à l’est de Grandcamp, peuvent pilonner les plages
Utah* et Omaha*. Le 47e commando de Royal Marines, débarqué à
Arromanches*, se portera, lui, au sud de Port-en-Bessin pour établir la liaison
avec les Américains. Les 41e et 48e commandos de Royal Marines établiront
également des liaisons à partir de Saint-Aubin et Lion-sur-Mer. Le 4e
commando britannique, qui comprend les 177 Français du commandant
Kieffer, devra prendre d’assaut Ouistreham* et réduire le casino de Riva-
Bella transformé en forteresse.
Toutes ces troupes, endivisionnées ou commandos, mises à terre au matin
du Jour J*, seront couvertes par deux importantes opérations aéroportées
réalisées durant la nuit. La 6e Airborne* s’emparera des ponts sur le canal de
Caen, défendra les passages de l’Orne, détruira la batterie de Merville*, puis
sera rejointe dans la journée par la 1ère brigade de commandos de Lord
Lovat*, un ancien de Dieppe*. Sur le flanc ouest, les Américains tomberont
en force, de part et d’autre de Carentan, petite cité carrefour au seuil du
Cotentin. La 101e Airborne* (général Taylor*) sautera au nord. La 82e
Airborne* (général Ridgway) au nord-ouest, par-delà la petite rivière du
Merderet. L’une comme l’autre devront faciliter le débarquement sur Utah
Beach*, permettre une coupure de la presqu’île et une marche rapide sur
Cherbourg*. Plus loin, des parachutistes français (2e RCP* du commandant
Bourgoin) sauteront en Bretagne pour encadrer les maquis* et entraver la
marche des unités allemandes vers la Normandie*.
Le plan global de Neptune* est ambitieux. Il suppose qu’au terme de la
première journée aura été établie une tête de pont atteignant la Dives,
englogant Caen, Bayeux et la RN 13 Caen-Isigny. Dans le Cotentin, le
périmètre compris entre la Douve, le Merderet et une ligne Pont-l’Abbé-
Quinéville doit être tenu ; outre les hommes, devraient avoir été mis à terre
1 500 chars, 5 000 véhicules blindés, 3 000 canons, 10 500 véhicules, depuis
la jeep jusqu’au bulldozer.
Les militaires ont répondu aux interrogations de base : où et comment ?
Mais quand ? L’immense tâche de préparation allonge les délais alors que la
conférence Quadrant* avait fixé le 1er mai. Quand donc interviendront les
fameux Jour J* et heure H ?
Une mer et un ciel cléments ne suffisent pas. L’approche des aéroportées
et de la marine exige un clair de lune.
Se pose aussi le problème de la marée. À cet égard, les Allemands ont
tranché. Persuadés que les assaillants se présenteront à marée haute, ils ont
truffé les grèves de pièges. Pour les Alliés, le dilemme des obstacles
invisibles ou des longues plages à découvert a trouvé une solution médiane.
L’heure H, la mise à terre, sonnera trois heures avant la pleine mer. Les
chalands de débarquement verront les pièges de Rommel*. Les fantassins
auront moins de terrain nu à parcourir.
Tous ces impératifs réduisent les créneaux favorables. En juin, trois jours
offrent les conditions requises de lune et de marée, les 5, 6 et 7.
Eisenhower* sait qu’à compter du 1er juin tout sera prêt. Le 8 mai, il
arrête sa décision définitive : Jour J*, le 5 juin 1944. Mais le ciel le
permettra-t-il ?
NEURATH, CONSTANTIN VON
(1873-1956). Diplomate allemand.
Ministre allemand des Affaires étrangères en 1932.
Hitler*, à son arrivée au pouvoir, en 1933, le garde en fonction comme
fiction démocratique du nazisme*. Il semble avoir voulu modérer les
ambitions du Führer*. En février 1938, il est remplacé par Ribbentrop*.
Protecteur de Bohême-Moravie de 1939 à 1941, il paraît trop souple et finit
par céder son poste à Heydrich*. En 1946, le TMI de Nuremberg* le
condamne à 15 ans d’internement, mais il est libéré pour raisons de santé en
1954.

NICARAGUA
Le Nicaragua déclare la guerre aux puissances de l’Axe* en décembre
1941, signe la déclaration originelle des Nations unies* mais n’est jamais
impliqué directement dans la guerre.

NIMITZ, CHESTER
(1885-1966). Amiral américain.
Cet ancien de l’École navale d’Annapolis est dans la guerre du
Pacifique* le grand rival en victoires et notoriété de MacArthur*.
Après une longue carrière de sous-marinier, il est promu amiral en juin
1939. Roosevelt, de préférence à 28 amiraux plus anciens, le choisit le
17 décembre 1941 pour commander en chef la flotte du Pacifique*.
Profondément offensif, il engage la guerre sous-marine et constitue des Task
Forces* avec lesquelles il gagne les batailles de la mer de Corail* et de
Midway*. Entre-temps il avait organisé le raid de Doolitle* contre Tokyo.
Conscient du danger que représenterait une implantation japonaise à
Guadalcanal*, il n’hésite pas à livrer bataille pour en conserver le contrôle.
Après quoi il entreprend la reconquête des Salomon*.
Devenu commandant en chef du Pacifique* central, il entre plus ou moins
en conflit avec MacArthur* qui, fort de sa promesse – « Je reviendrai » –,
entend privilégier les Philippines*. Il plaide pour une stratégie plus directe en
direction du Japon*, via les Gilbert*, les Marshall*, les Mariannes*, avant
Iwo Jima* et Okinawa*. Roosevelt* tranche ou, plus exactement, ne tranche
pas. Les deux champions auront chacun leur théâtre d’opérations et leur
offensive.
Celle de Nimitz débute, en novembre 1943, par la prise sanglante de
Tarawa* et se poursuit par Kwajalein*, Guam* et Saipan*. Dans sa marche
en avant, il n’hésite pas à « by-passer » des bases nippones comme Rabaul*
et Truk*, rendues stériles faute de liaisons avec l’extérieur.
En septembre 1944, la victoire dans la bataille de Leyte* assure la défaite
définitive de la marine nippone et permet les débarquements sur Iwo Jima* et
Okinawa*.
Nimitz* et MacArthur* se retrouvent à nouveau opposés sur la suite à
donner à leurs succès en vue de conclure. Le premier parle d’un blocus
renforcé ; le second envisage des débarquements sur Honshu et Kyushu.
Hiroshima* et Nagasaki* précipitent le dénouement du conflit. Le
2 septembre 1945, MacArthur* préside la cérémonie de capitulation, Nimitz*
signe l’acte de reddition.
Promu amiral de la flotte (cinq étoiles) en novembre 1944, successeur de
King* un an plus tard, Nimitz, grand marin et grand stratège, laisse le
souvenir d’un chef calme, modeste, parfait organisateur. L’Histoire lui rend
justice en le reconnaissant comme le grand vainqueur de la guerre du
Pacifique*, plus encore certainement que MacArthur*.

NIPPOS-AMÉRICAINS
La perfidie de l’attaque contre Pearl Harbor* crée, aux États-Unis*, un
profond sentiment de rejet de la communauté japonaise implantée sur le sol
américain depuis une ou deux générations.
« Un Jap est un Jap ! » Il s’ensuit des conséquences pratiques
douloureuses pour les Nippos-Américains.
Le 8 décembre 1941, 120 000 Japonais vivent sur la côte ouest,
principalement en Californie. Le 19 février 1942, Roosevelt* signe l’ordre
d’exécution No 9066 enjoignant aux autorités militaires de les éloigner des
secteurs militaires. Le 2 mars, le général De Witt, responsable des défenses
des régions occidentales, déclare les États de Californie, Oregon, et
Washington zones stratégiques d’où tous les Nippos-Américains doivent être
expulsés. 110 000 de ceux-ci, à 64 % citoyens américains, sont contraints
d’abandonner leurs foyers et leurs activités et d’aller vivre dans des centres
d’internement. En 1944, la Cour Suprême déclarera cette détention
inconstitutionnelle. Les camps seront fermés et les intéressés pourront rentrer
chez eux. Mais la discrimination se poursuivra assez longtemps.
À Hawaii, sur une population de 150 000 habitants, 37 % sont d’origine
nippone. Avec les besoins en main-d’œuvre et aucun cas de sabotage n’ayant
été signalé, les autorités civiles et militaires se montrent plus conciliantes.
Pour preuve, 1 % des Nippos-américains seulement seront frappés par des
mesures d’internement.
Ces mesures sont contredites par le courage de certains volontaires
Nippos-Américains. Le 100e bataillon composé de Nisei (Nippos-Américains
de la seconde génération) de Hawaii ayant donné entière satisfaction à
l’instruction, il est décide d’élargir le recrutement. Est ainsi formé le 442e
RCT à 5 bataillons dont le 100e. Ce dernier, débarqué à Salerne* le
26 septembre 1943, se bat avec héroïsme en Italie* et éprouve de lourdes
pertes qui le feront baptiser bataillon Purple Heart*. Le 442e Regimental
Combat Team* le rejoint en juin 1944. L’ensemble du 442e RCT, incluant le
100e bataillon, débarquera en Provence* en 1944, se battra en France*,
Allemagne* et Italie* éprouvant encore de grosses pertes jusqu’à la fin de la
campagne. L’unité, forte, au départ, de 3 800 hommes, issus pour deux tiers
de Hawaii et un tiers des États-Unis*, aura gagné de nombreuses décorations
dont 7 citations présidentielles.

NIPPOS-CANADIENS
En décembre 1941, 23 000 Nippos-Canadiens vivent au Canada*,
essentiellement en Colombie-Britannique.
En 1940, ils ont été interdits de service militaire. Après le décret de
Roosevelt* du 19 février 1942, le gouvernement canadien prend des mesures
identiques. Tous les Nippos-Canadiens, citoyens américains ou non, hommes
et femmes, sont transférés vers l’intérieur. Ils y vivent dans des conditions
difficiles. Le 4 août 1944, Ottawa décidera de rapatrier tous les Nippos-
Canadiens déloyaux. 3 964 personnes quitteront ainsi le pays. Les autres
s’établiront à l’est des Rocheuses.

NISEI
Nippos-Américains de la seconde génération, nés dans les années 1920 à
Hawaii ou sur le sol américain. 3 800 d’entre eux se battront volontairement
avec un grand courage dans les rangs du 442e RCT (voir Nippos-
Américains).

NKFD (NATIONALKOMITEE FREIES


DEUTSCHLAND)
(voir COMITÉ NATIONAL DE L’ALLEMAGNE LIBRE)

NKVD (NARODNYI KOMMISSARIAT


VNUTRENNIK DEL – COMMISSARIAT POUR
LES AFFAIRES INTÉRIEURES)
Sous les ordres de Beria* de 1938 à 1953, le NKVD est, par excellence,
l’agent d’exécution de la volonté de Staline* et l’instrument premier de sa
puissance. Organisme de sécurité intérieure et extérieure, non sans analogies
avec le RSHA* nazi, il surveille, contrôle, agit et réprime.
Les Soviétiques fixent ses effectifs à 58 divisions et 28 brigades
auxquelles il convient d’adjoindre, en juin 1941, 158 000 gardes-frontières.
Même si la division soviétique est inférieure en nombre à celle de type
occidental (moins de 10 000 hommes), l’ensemble du NKVD représente
environ un million de policiers et agents armés sans parler de la multitude des
indicateurs de toutes natures. Cette force est l’ossature de la dictature du
Kremlin.
Les basses œuvres sont son fait. En 1937, le NKVD réalise les grandes
purges de l’Armée rouge*. Il poursuit durant toute la guerre, s’en prenant
aussi bien aux Soviétiques qu’aux populations des pays occupés. La balle
dans la tête est sa première arme. Il en est ainsi pour les officiers polonais de
Katyn* et tous les cadres de l’armée Vlassov* tombés entre ses mains.
L’envoi au goulag* est la seconde. Des millions d’hommes et de femmes y
sont expédiés pour procurer de la main-d’œuvre à bon marché. Il en est ainsi
pour un million et demi de Polonais, 4 % de la population d’Estonie*, 2 % de
celles de Lituanie* et Lettonie*, deux millions de Soviétiques, etc. On estime
qu’un million d’individus mouraient au goulag* chaque année de guerre.
Parallèlement à cette activité répressive, la plus connue, le NKVD
entretient un peu partout à travers le monde des espions s’efforçant de
s’infiltrer dans tous les milieux, alliés ou ennemis. Il réussit à introduire des
agents dans l’entourage de Manhattan Project*. L’explosion de Trinity* ne
surprendra pas Moscou.

NOGUÈS, CHARLES
(1876-1971). Général français.
Le comportement de ce général reste une énigme.
Le général polytechnicien Noguès a effectué une carrière militaire
brillante et passe pour un homme de gauche. Gendre de Delcassé, le père de
l’Entente cordiale, il est regardé comme anglophile. En juin 1940, il est
résident général de France* au Maroc* et commandant en chef du théâtre
AFN*. L’homme a du prestige et bénéficie de l’amitié du sultan.
Un moment, il annonce vouloir poursuivre la lutte comme les autres
proconsuls coloniaux, puis se ravise. Il se range derrière Pétain*. Mers el-
Kébir* semble l’avoir marqué. Il fait expulser le personnel britannique des
consulats du Maroc*. Toutefois, en accord avec le sultan, il ne fait pas
appliquer dans le protectorat les lois juives de Vichy*. Parallèlement, il
couvre des opérations de camouflage d’armement et des goums* en vue de la
revanche.
Le 8 novembre 1942, confronté au débarquement américain, il ordonne
de résister et maintient sa position durant plusieurs jours au prix de plusieurs
centaines de morts. Loyaliste, il regarde Giraud* comme un rebelle et fait
arrêter Béthouart* et ses amis pour lesquels une exécution n’est pas à écarter.
Un moment, il fait figure de représentant de Pétain* en AFN*, puis
finalement se range derrière Darlan*. Membre du Conseil, impérial, il est
pressenti pour remplacer Darlan* assassiné ; les Américains récusent ce choix
suite à son attitude de novembre. À la constitution du CFLN*, en juin 1943, il
prend du champ et se réfugie au Portugal* où il vivra en exil jusqu’en 1954.
En 1955, à la demande du gouvernement français, il interviendra pour
aider à régler le retour du sultan au Maroc*.
Pourquoi ce soldat intelligent s’est-il obstiné à résister le 8 novembre
1942 ?
Grand-Croix de la Légion d’honneur.
NOMURA, KICHISABURO
(1877-1964). Amiral japonais.
Ce marin prend officiellement sa retraite en 1937 et devient, de 1939 à
1940, ministre des Affaires étrangères du Japon*.
En mars 1941, il est nommé ambassadeur à Washington. Il lui incombera
d’aller informer le département d’État de l’attaque sur Pearl Harbor*. Pour
sauver la face, il aurait dû prévenir ses interlocuteurs américains 30 minutes
avant le déclenchement de l’agression. Du retard dans le décryptage du
message à transmettre, reçu de Tokyo, le fera se présenter une fois l’attaque
effectuée, accentuant l’inconfort de sa position.

NON-AGRESSION, PACTE DE
Signé le 24 août 1939, à Moscou, par Ribbentrop* et Molotov*, ministres
des Affaires étrangères de l’Allemagne* et de l’URSS*, en présence de
Staline*, ce texte spécifie :
« Le gouvernement du Reich* allemand et le gouvernement de l’Union des républiques
socialistes soviétiques*, mus par le désir de consolider la cause de la paix entre l’Allemagne* et
l’URSS* et partant des dispositions fondamentales du traité de neutralité conclu entre
l’Allemagne* et l’URSS* en avril 1926, sont parvenus à l’accord suivant :
— Article 1 – Les deux parties contractantes s’engagent à s’abstenir de tout acte de violence,
de toute agression et de toute attaque l’une contre l’autre, soit isolément, soit conjointement avec
d’autres puissances.
— Article 2 – Dans le cas où l’une des deux parties contractantes ferait l’objet d’une action
de guerre de la part d’une tierce puissance, l’autre partie ne donnerait en aucune manière son
soutien à cette tierce puissance. »

Personne ne s’en vante, personne ne le publie, un protocole additionnel


secret stipule :
« À l’occasion de la signature du traité de non-agression entre le Reich* allemand et l’Union
des républiques socialistes soviétiques*, les plénipotentiaires soussignés des deux parties ont eu
des conversations strictement confidentielles sur la question de leurs sphères d’intérêt respectives
en Europe orientale. Ces conversations ont eu les résultats suivants :
1 – Dans le cas d’une modification territoriale et politique survenant dans les territoires qui
font partie des États baltes* (Finlande*, Estonie*, Lettonie*, Lituanie*), la frontière septentrionale
de la Lituanie* constituera la frontière des sphères d’intérêt de l’Allemagne* et de l’URSS*.
L’intérêt de la Lituanie* au territoire de Vilna est à cet égard reconnu par les deux parties.
2 – Dans le cas d’une modification territoriale et politique survenant dans les territoires qui
font partie de l’État polonais, les sphères de l’Allemagne* et de l’URSS* seront délimitées
approximativement par les rivières Narew, Vistule et San.
3 – En ce qui concerne l’Europe du sud-est, on fait ressortir, du côté soviétique, l’intérêt
porté à la Bessarabie*. Du côté allemand, on fait valoir un total désintéressement politique à
l’égard de ces territoires. »

Une carte est jointe au document. La grande signature, en bleu, de


Staline* rejoint celle, en rouge, de Ribbentrop*.
Les deux complices communiste et nazi se partageront le butin escompté.
Moitié de la Pologne* pour chacun. Et, en prime, États baltes* et Bessarabie*
pour l’Union soviétique*.
Pour la France* et la Grande-Bretagne*, ce traité est un revers grave.
Dans l’espoir de renouer avec l’alliance russe, si bénéfique en 1914, les deux
pays ont, début août 1939, dépêché des délégations à Moscou. Elles arrivent
trop tard, avec des émissaires de valeur mais de rang trop modeste et sans
autorité pour conclure. Elles se heurtent à l’intransigeance polonaise de voir
des Russes se déplacer sur leur sol si besoin. Durant ce temps, Ribbentrop*
activait ses gens. Résultat : la signature du 24 août.
Hitler* y gagne la sécurité sur ses arrières orientaux. Staline* obtient du
temps. Il sait son armée affaiblie après les purges de 1937 et doit la
restructurer. Le traité le tranquillise, a priori, pour longtemps, en écartant le
danger nazi. Sur ce point, il s’égare. Le 22 juin 1941 le lui démontrera.
Outre les démocraties occidentales, le PC français* sort grand perdant. Il
tirait à boulets rouges sur Hitler* et celui-ci devient l’allié de Staline*. La
masse des militants ne comprend ni n’accepte de telles subtilités. La révolte
gronde dans les cellules. L’entrée en guerre l’accentuera.

NORDWIND, OPÉRATION
Vent du nord.
Attaque déclenchée par Hitler* dans la région de Bitche afin de gagner la
trouée de Saverne. Le Führer* entend, par là, isoler la VIIe Armée US engagée
en Basse-Alsace, au nord de Strasbourg*, dans la région Haguenau-
Wissembourg.
Ce n’est pas là la moindre singularité du pouvoir d’Adolf Hitler* sur une
armée saignée par les combats du second semestre 1944. Il a trouvé de quoi
engager l’offensive des Ardennes*. Il a trouvé de quoi lancer Nordwind*.
Au soir de la Saint-Sylvestre 1944, six DI et une PD* de la 1ère Armée
allemande se ruent contre la VIIe Armée US. Les GI’s* de la VIIe Armée se
défendent bien. Ils veulent tuer des « Krauts ». Leurs positions ne sont guère
entamées. Néanmoins, cette offensive crée des inquiétudes. Eisenhower*
craint pour la VIIe Armée et prescrit à Devers* d’abandonner l’Alsace.
L’exécution du repli sur les Vosges doit être terminée le 5 janvier 1945, à
midi.
Se replier sur les Vosges implique d’abandonner Strasbourg* libérée par
Leclerc*. Les Français se cabrent. Le ton monte entre Juin* et Bedell-Smith*.
De Lattre* est tiraillé entre les ordres qu’il reçoit de Devers*, son supérieur
hiérarchique, et ceux qu’il reçoit de De Gaulle* : prendre à son compte la
défense de Strasbourg.
Churchill* évitera le clash. Il a compris le choc psychologique de
l’abandon de Strasbourg* et se précipite au PC d’Eisenhower*. Succès pour
le Reich*. Divorce entre Français et Alliés. Habilement, il arrange les choses.
Arguments politiques et militaires : il parvient à convaincre Eisenhower*.
Les Français garderont Strasbourg*, à eux de défendre la ville. Ils le feront.
Guillaume*, avec sa 3e DIA*, s’enferme dans Strasbourg et ses abords.
La mêlée sera rude. Les Allemands, non contents d’attaquer sur Saverne,
ont franchi le Rhin à hauteur de Gambsheim à une vingtaine de kilomètres de
la place Kléber. À un moment, ils n’en seront plus qu’à quinze ! Les Français
tiendront, bien épaulés par les contre-attaques américaines, sur leur flanc
ouest. Fin janvier 1945, les Allemands évacueront Gambsheim.
Au sud, la 1ère DFL* aura connu des jours sévères, recevant le choc de la
XIXe Armée allemande attaquant plein nord depuis la poche de Colmar*.
(BM 24 décimé, bataillon du Pacifique* fortement éprouvé.) L’intervention
des aviations française et américaine, des troupes à terre, rétablira la situation.

NORMANDIE, DÉBARQUEMENT EN
Voir :
Overlord.
Overlord, armada alliée d’.
Overlord, genèse politique d’.
Overlord, météo d’.
Overlord, plages d’.
Europe, forteresse (les défenses allemandes).
Atlantique, mur de l’ (les fortifications allemandes).
Neptune, plan (le plan d’opérations).
Fortitude, opération (les plans de dissuasion).
Bodyguard, opération.
Nuit J (les opérations dans la nuit du 5 au 6 juin 1944).
Jour J (les opérations le 6 juin 1944).

NORMANDIE, TRANSATLANTIQUE
FRANÇAIS
Brûle dans le port de New York, le 9 février 1942.

NORMANDIE-NIÉMEN, RÉGIMENT
Unité française d’aviation de chasse ayant combattu dans les rangs
soviétiques sur le front de l’Est* de 1943 à 1945.
Constituée en Syrie à l’automne 1942, par le commandant Pouliquen,
sous le nom de Groupe de chasse No 3. Arrivé en Russie fin décembre (19
officiers aviateurs, 24 mécanos, effectif progressivement renforcé).
Opérationnel au début de 1943 sur Yaks* soviétiques en tant qu’escadrille
Normandie combattant sur le nord du front. Devient ensuite régiment
Normandie, autorisé en novembre 1944 à adjoindre le nom de Niémen après
ses combats au profit du 3e Front de la Baltique. Sous les ordres successifs du
commandant Tulasne* (Compagnon de la Libération*, tué le 17 juillet 1943),
du commandant puis lieutenant-colonel Pouyade (Compagnon de la
Libération*), du commandant puis lieutenant-colonel Delfino.
273 victoires homologuées au prix de 43 tués. Décorations obtenues :
Légion d’honneur, Croix de la Libération*, Médaille militaire, Croix de
guerre 39-45 avec six palmes, Ordre du Drapeau rouge, Ordre d’Alexandre
Nevski. Quatre pilotes auront été faits « Héros de l’Union soviétique* ».
Après la capitulation allemande, Normandie-Niémen rentrera en France
sur ses Yaks* donnés par Staline* en remerciement de l’aide apportée.

NORSK-HYDRO, USINE DE
Usine norvégienne de fabrication de l’eau lourde* (voir Eau lourde,
bataille de l’).
NORVÈGE
La Norvège était neutre en 14-18.
Elle entendait le rester. Comme les autres pays scandinaves, elle
proclame sa neutralité en septembre 1939.
L’agression allemande du 9 avril 1940 trouve un pays non préparé à la
guerre même si sa marine de commerce est la troisième du monde. Une
armée de 7 000 hommes, pratiquement pas d’aviation et de marine de guerre.
Les Allemands se rendent rapidement maîtres du territoire, mais la
Norvège poursuit la guerre. Le roi Haakon VII*, le gouvernement, le
parlement, se réfugient en Grande-Bretagne* et animent la Résistance*.
Celle-ci sera de plus en plus active dans le cadre du Front de la Patrie. Elle
contribuera au succès de l’opération contre l’usine de l’eau lourde* de Norsk-
Hydro*.
Contrepartie, la collaboration* trouve des adeptes, entraînés par le
Rassemblement national de Vidkun Quisling*. 100 000 Norvégiens partiront
volontairement travailler en Allemagne*. 15 000 iront servir sous l’uniforme
allemand dont 6 000 dans la Waffen SS* (Régiment Nordland, 950 seront
tués).
Le pays vit sous l’autorité du Commissaire du Reich Terboven*,
Quisling* ne jouant qu’un rôle de comparse (voir Quisling).
La Norvège sort de la guerre éprouvée. 20 % de la fortune nationale
perdue, la marine marchande détruite de plus de moitié, l’armement de pêche
réduit de 40 %.
Les pertes humaines sont relativement modestes : 10 000 morts, presque
tous militaires, plus un millier de Juifs.
L’épuration sera assez modérée dans ce pays où les collaborateurs
n’avaient pas manqué (voir Épuration).

NORVÈGE, CAMPAGNE DE
L’invasion de la Norvège* et du Danemark* prend Londres et Paris de
court.
En fin d’après-midi du 9 avril 1940, un Conseil suprême interallié se
réunit d’urgence à Londres. Les Norvégiens ont fait savoir qu’ils
demanderaient de l’aide. Les Français se montrent partisans d’une action
contre Narvik* à cause du minerai de fer suédois qui s’écoule par ce petit
port. Churchill* les rejoint. Chamberlain* et son ministre de la Guerre
penchent pour une intervention en Norvège centrale, sur Trondheim et
Bergen, afin de contrer directement l’attaque allemande. Finalement l’option
Narvik* est retenue, eu égard à son importance stratégique. Cette décision
n’exclut pas les petits ports de Namsos* et Andalsnes comme autres points
d’intervention.
L’Amirauté britannique sait Narvik* occupée par les Allemands, mais
elle ignore leurs effectifs. Le capitaine de vaisseau Walburton Lee,
commandant du Hardy et de la 2e flottille de destroyers, est envoyé sur les
lieux le 9 avril. À 17 h 51, il rend compte :
« Les Norvégiens signalent que les Allemands tiennent Narvik* en force, qu’il s’y trouve six
destroyers et un sous-marin, et que le chenal est peut-être miné. Compte attaquer à l’aube, marée
haute. »

Walburton paiera son courage de sa vie. Sa flottille de cinq bâtiments


coulera trois destroyers, en endommagera deux autres et détruira huit navires
de commerce allemands. L’arrivée de renforts bouleverse le rapport des
forces. Les Anglais perdent le Hardy et le Hunter non sans avoir coulé le
Ranenfels chargé de munitions.
Les Alliés ont décidé d’aller à Narvik*. Le combat héroïque de
Walburton a révélé que les Allemands y étaient solidement retranchés.
L’Amirauté ne lésine pas. Elle rameute neuf torpilleurs, le cuirassé Warspite
armé de dix pièces de 380 et le porte-avions Furious avec ses Swordfish*. En
face, les Allemands alignent huit torpilleurs que la Luftwaffe* est hors d’état
de soutenir avec ses bases trop lointaines.
Le 13 à midi, l’escadre l’anglaise de l’amiral Whitworth s’engage dans le
fjord. À 17 h 45 tombe le bulletin de victoire. Les salves de 380, les torpilles
et les pièces de 120 ont eu raison de tous les navires allemands devant
Narvik*. Pour prix : un bâtiment échoué, un autre endommagé, 28 tués, 55
blessés.
Whitworth ne peut aller plus loin. Son corps de débarquement ne dispose
que de 200 marins. Sur le rivage, le général allemand Dietl* est fort de 1 500
à 2 000 combattants bientôt renforcés des marins rescapés.
Conformément aux décisions prises à Londres le 9 avril, des troupes
embarquent pour la Norvège. Les unités françaises, prévues de longue date
pour la Finlande*, chasseurs alpins et légionnaires, sous les ordres du général
Audet et du colonel Béthouart*, sont solides. Par contre, les onze bataillons
britanniques, levés à la hâte et composés de réservistes, manquent de métier.
Narvik* étant occupée, les premiers contingents alliés débarquent le
14 avril à Harstadt, 50 km au nord-ouest. Alors que tout paraît s’orienter vers
Narvik*, l’idée d’intervenir sur Trondheim est reprise (voir Opération
Hammer). Elle n’aura pas de suite. À défaut d’un coup de marteau,
Trondheim sera prise par une opération en tenailles.
Les éléments alliés prennent pied en Norvège centrale. Le 14 avril à
Namsos*, le 17 à Andalsnes, le 18 à Alesund et Molde. Sur Namsos*, le
général Carton de Wiart* dispose de 8 000 hommes dont 6 000 Français. Sur
Andalsnes, le général Morgan aligne 5 000 hommes. Les départs ont été trop
précipités. La logistique a été bousculée. Du matériel manque, dont des
équipements de skis. Et il y a plusieurs pieds de neige à Namsos*.
Sur l’axe Oslo-Lillehammer-Dombas-Trondheim, la petite armée
norvégienne du général Ruge* livre un combat retardateur aux forces
allemandes montant depuis Oslo. Morgan pousse en soutien à hauteur de
Dombas et avance une brigade sur Lillehammer. Le 23, la ville doit être
évacuée non sans lourdes pertes. Les combattants anglais n’ont pas pesé
devant « l’audace et le parfait entraînement des soldats de Hitler* »
(Churchill*).
Au nord, sur Namsos*, la situation n’est pas meilleure. Chasseurs alpins
du général Audet, Norvégiens du colonel Getz se battent bien, quoique
manquant de skis, de chars, de munitions. L’offensive sur Trondheim n’est
pas possible. Carton de Wiart* au nord, Morgan au sud, sont réduits à la
défensive. Il faut songer à évacuer pour éviter le pire.
Évacuer : politiquement, la mesure n’est pas flatteuse pour les hauts
responsables. Le gouvernement anglais, le premier, se décide. Pour sauver la
face, Chamberlain* invoque la possibilité, de la sorte, de mieux recentrer
l’effort sur Narvik*. Le 28 avril, les ordres partent pour Andalsnes et
Namsos* : évacuation immédiate.
Le roi et le gouvernement, repliés par Lillehammer et Dombas,
embarquent le 29 à 22 h 30 à Molde pour Tromsö, à l’extrême nord du pays.
Alesund est évacuée le 1er mai, Andalsnes le 2, Namsos* le 3. Plus au
nord, Lo est abandonnée le 8, Mösjoen le 10. Les combats, désormais, se
concentreront au-delà du cercle polaire.
Ce n’est pas un désastre, mais l’évacuation, réussie dans son ensemble, a
coûté cher. La brigade de Morgan a perdu 700 des siens entre Lillehammer et
la côte. Deux contre-torpilleurs, le Bison français et l’Afridi britannique, ont
été coulés avec 250 hommes. Sur place, les reliquats de l’armée norvégienne
seront contraints de capituler.
Plus que l’échec militaire, le bilan politique s’étale au grand jour. Neville
Chamberlain*, le locataire du 10 Downing Street, est la grande victime. Il a
montré ses insuffisances. Violemment attaqué aux Communes, il se sent
désavoué. Un homme fort est appelé pour le remplacer. Le 10 mai, vers 18 h,
Winston Churchill* est convoqué à Buckingham Palace. Le roi George VI*
lui confie le soin de former un gouvernement qui sera d’union nationale.
Enfin, la Grande- Bretagne* a un chef. Et quel chef ! Celui qui saura
refuser la soumission au nazisme*. Le monde libre lui doit sa liberté. La
campagne de Norvège, bien que défaite militaire, en est la première
responsable.

NORVÈGE, INVASION DE LA
Chaque partie intéressée a tiré ses leçons de l’incident de l’Altmark*, ce
ravitailleur pétrolier allemand arraisonné par le COSSACK* britannique le
16 février 1940, dans les eaux territoriales norvégiennes.
La Grande-Bretagne* y voit l’impuissance de la Norvège à faire respecter
ses eaux territoriales. L’Allemagne* conclut à la duplicité de la Norvège qui
ne s’est pas opposée à l’arraisonnement de l’Altmark*. Hitler*, longtemps
indécis sur le sujet, précipite son action. Elle interviendra dans la nuit du 8 au
9 avril.
Depuis la fin de février 1940, le général Falkenhorst et une petite équipe
travaillaient sur les plans de Weserubung, l’invasion de la Norvège. L’idée de
manœuvre est très simple : forcer par mer les défenses norvégiennes que l’on
sait très faibles. Par le poids de cette menace, imposer diplomatiquement aux
dirigeants norvégiens la présence allemande. Parallèlement, des unités
aéroportées s’empareront des terrains d’aviation d’Oslo et de Stavanger.
Quant au Danemark*, il devrait être investi par terre essentiellement sans
grandes difficultés.
Au total, cinq divisions seront déployées dans l’opération avec le
concours de la Kriegsmarine* et de la Luftwaffe*.
L’Allemagne* est en bonne position pour tenter de l’enlever à la
hussarde. Si la Norvège dispose d’une excellente flotte de commerce, la
troisième du monde, elle est pratiquement désarmée. Son armée ne compte
que 7 000 hommes.
Depuis le 7 avril, les services de renseignements britanniques signalent
d’importants mouvements de la flotte allemande en direction du nord. La
Home Fleet, dépêchée de Scapa Flow, ne signalera rien. Pourtant, les
Allemands passent à peu de distance. À intervalles réguliers, leurs convois
ont quitté Kiel et Wilhelmshaven. Objectifs visés par les débarquements :
Oslo, Kristiansand, Egersund, Stavanger, Bergen, Trondheim et Narvik*.
L’alerte est donnée le 8 avril un peu avant minuit. On apprend que des
bâtiments inconnus remontent le fjord d’Oslo.
Comme son homologue de Copenhague, le Dr Kurt Brauer ne tarde pas à
se présenter au ministère des Affaires étrangères, son ultimatum à la main :
« Le gouvernement allemand a entrepris ce jour certaines opérations militaires qui aboutiront
à l’occupation de certains points stratégiques importants en territoire norvégien. Le gouvernement
allemand assume en conséquence la protection du royaume de Norvège pour la durée de la
guerre. »

À 5 h 30, la Norvège fait connaître sa décision de rejeter l’ultimatum.


Elle se battra.
La canonnade résonne déjà dans le fjord d’Oslo. La vieille forteresse
d’Oscarborg se dresse seule pour barrer la route avec deux canons Krupp du
XIXe siècle, Moïse et Aaron. Le commandant de la forteresse, le colonel
Eriksen, est un brave. Il laisse approcher l’armada allemande. À 4 h 21, il
ordonne l’ouverture du feu. Le Blücher, croiseur lourd de 10 000 tonnes, se
dessine à 500 m. La première salve trouve impact. Le Blücher devient un
brûlot à la dérive. L’évacuation est ordonnée. Derrière, la colonne fait demi-
tour. Le Lutzow a été touché par deux fois. Les troupes embarquées prendront
terre loin de leurs objectifs.
Eriksen ne fait pas toujours école. Des garnisons se défendent ; d’autres
se rendent, intimidées par l’adversaire. Dans l’ensemble le succès allemand
est rapide et général. Les objectifs sont saisis dans la journée du 8 ou du
9 avril.
À Narvik*, les chasseurs de montagne du général Dietl* prennent
possession de la ville et des abords. A Oslo, les parachutistes s’emparent du
terrain d’aviation.
Devant la menace, le roi, le gouvernement, le parlement quittent Oslo. La
capitale connaît un vide politique. Quisling*, le néo-nazi, chef du
Rassemblement National, tente d’en profiter pour former un gouvernement.
Ceux que les Français dénommeront les « collabos » font leur apparition.
Le roi Haakon VII* refuse ce transfuge de l’unité nationale et n’accepte
pas de le nommer Premier ministre. Derrière son roi, la Norvège* s’organise
pour lutter (voir Norvège, campagne de).

NOUIKOV, ALEXANDER
(1900-1976). Maréchal de l’air soviétique.
Commandant des forces aériennes soviétiques de 1942 à 1946.
Promu maréchal de l’air, le 21 février 1944.

NOUVELLE-BRETAGNE
Ce croissant de l’archipel des Bismarck*, de 500 km de long, avec
Rabaul* à sa corne nord-est, était, en 1941, sous mandat australien.
Les Japonais l’occupent et font de Rabaul* une puissante base aéronavale
avec cinq aérodromes bien équipés.
Avec leurs pieds sur Bougainville, à la fin de 1943, les Américains sont à
portée de Rabaul*. Répondant à la question de l’amiral King* s’il était bien
nécessaire de perdre du temps et des vies humaines pour s’en emparer, les
JCS* ont décidé de court-circuiter la place. MacArthur* estime cependant
qu’il est nécessaire de cerner Rabaul* au plus près. Ses succès dans la
péninsule de Huon le lui permettent et l’ont placé à bonne distance du cap
Gloucester, à la pointe nord-ouest de la Nouvelle-Bretagne.
L’encerclement, et donc la mise hors course de Rabaul*, sera effectué par
un double encerclement en tenaille. À l’est depuis les Salomon* en direction
des îles Saint-Matthieu, à l’ouest depuis la Nouvelle-Guinée* via la
Nouvelle-Bretagne.
Le 26 décembre 1943, les premiers éléments des 1ère et 7e divisions de
Marines* débarquent dans la baie de Borgen, un peu à l’est du cap
Gloucester. Ils y découvrent un enfer vert encore plus terrible que celui des
Salomon*. Leur entraînement, leur expérience, leur puissance de feu paient.
En quatre jours, les Marines* se saisissent de l’aérodrome du cap
Gloucester, puis progressent vers l’est de la Nouvelle-Bretagne*. Début mars
1944, la péninsule Willaumez est atteinte avec un nouveau terrain d’aviation
à Talaséa. Le tiers de la Nouvelle-Bretagne est tenu. Rabaul* est à moins de
300 km. La campagne s’arrête là. MacArthur* regarde déjà de l’avant. La
Nouvelle-Bretagne ne représente plus une menace sur les arrières.

NOUVELLE-CALÉDONIE
Cette terre française, au nord-est de l’Australie*, se rallie dès l’été 1940 à
la France libre* sous la pression des Caldoches.
Le capitaine Broche, futur lieutenant-colonel Broche tué à Bir-Hakeim*,
y mettra sur pied le bataillon du Pacifique* qui sera de l’épopée de la 1ère
DFL*.
Les Américains établiront à Nouméa une base importante pour couvrir
l’Australie* et soutenir leur effort de guerre dans le Pacifique*. Un million
d’Américains, Australiens, Néo-Zélandais, transiteront par l’île. L’Americal
Division* y est constituée à partir de la Task Force* 6 811. De 1941 à 1947,
une milice civique française constituée de volontaires de toutes ethnies, sous
les ordres du capitaine Dubois, ancien de 14-18, aide les Américains dans la
surveillance du territoire, une intervention japonaise n’étant pas à exclure, au
début tout au moins.

NOUVELLE-GÉORGIE, CAMPAGNE DE
Au printemps de 1943, la Nouvelle-Géorgie, cette île centrale des
Salomon* (80 km de long sur 35 de large), devient l’objectif de l’amiral
Halsey* dans le cadre de l’opération Cartwheel*.
L’occupation totale de Guadalcanal* et des îles Russell, en février, donne
de bonnes bases de départ à moins de 150 km.
Le général Sasaki, défenseur du site, dispose de 11 000 hommes bien
pourvus en mitrailleuses et artillerie.
L’intention d’Halsey* est de se saisir des deux terrains d’aviation de
Munda (corne nord-ouest de l’île) et Vila (sur l’île de Kolombangara,
immédiatement au nord). En juin, des bombardements par air et par mer
précèdent le déclenchement de l’opération Toenails.
Au préalable, l’amiral Turner* fait dérailler le Tokyo express* qui,
comme à Guadalcanal*, ravitaille régulièrement la Nouvelle-Géorgie*. Dans
la nuit du 6 mai, trois croiseurs, cinq destroyers, trois poseurs de mines se
glissent discrètement entre les îles Kolombangara et Gizo et disposent un
champ de mines magnétiques. Le piège paye. La nuit suivante, un destroyer
japonais sombre, deux autres sont endommagés. À l’aube, les avions
d’Henderson Field* achèvent l’ouvrage.
D’autres succès ont suivi. 152 appareils abattus au-dessus des îles Russell
et Savo entre les 7 et 16 juin (contre 21 américains).
Un renseignement transmis par un Coast Watcher*, sur la construction
d’un aérodrome bien camouflé non loin de Segi Point, à la pointe méridionale
de l’île, précipite le déclenchement de l’opération.
Le 21 juin, le 4e bataillon de Raiders* débarque discrètement à
l’extrémité orientale de la Nouvelle-Géorgie*. Bientôt renforcé, il s’infiltre
jusqu’à Segi Point et en surprend la garnison. Le 1er juillet, il s’empare du
petit port de Viru.
La veille, les groupes Barracuda du 172e RI ont pris pied sur l’île de
Rendova, à l’ouest. Les 250 défenseurs japonais s’éparpillent dans les
collines où ils seront traqués par les commandos Fiji. Tenir Rendova permet
à l’artillerie de pilonner l’aérodrome de Minda distant seulement de 8 km.
La situation, cependant, est difficile à l’ouest de la Nouvelle-Géorgie*,
aux approches de Munda. La 43e division y a débarqué du 2 au 5 juillet, mais
elle manque d’expérience face à 4 500 Japonais bien retranchés. Et la jungle
de la Nouvelle-Géorgie* est encore plus dense que celle de Guadalcanal*.
Bref, les Américains, bien que plus nombreux, peinent. Ils marquent toutefois
des points sur mer et dans le ciel. Quatre destroyers, un croiseur léger du
Tokyo express* sont envoyés par le fond. Un raid aérien nippon tourne à la
catastrophe : les trois quarts des avions sont abattus par la DCA. Les revers
sur mer entravent l’arrivée des renforts : un peu moins de 5 000 hommes.
Les Américains, eux, se renforcent. 32 000 soldats, 1 700 Marines* sont à
pied d’œuvre avec des chars et de l’artillerie. L’objectif essentiel reste
toujours le terrain d’aviation de Munda, la noix de Munda solidement
défendue. Pas à pas, chars et lance-flammes en viennent à bout. Le 5 août, la
noix tombe. À la fin du mois d’août, la Nouvelle-Géorgie* est vide de ses
9 500 défenseurs. 45 000 hommes ont été nécessaires pour en venir à bout.
1 136 ont été tués. Les pertes japonaises sont incertaines. Sasaki et une partie
des survivants ont pu gagner Kolombangara.

NOUVELLE-GUINÉE
La grande et montagneuse île de Nouvelle-Guinée (772 000 km2 sur plus
de 2 000 km de long), située immédiatement sous l’équateur, est, en 1941,
politiquement scindée en trois :
— La Nouvelle-Guinée du nord-est sous mandat australien.
— La Papouasie relevant de l’Australie*.
— La Nouvelle-Guinée occidentale appartenant aux Pays-Bas*.
Le déferlement japonais au début de 1942 s’abat sur pratiquement toute
la Nouvelle-Guinée à l’exception de la région de Port Moresby*, la capitale
de la Papouasie, que défendent les Australiens. En effet, le détroit de Torrès,
entre la pointe de l’Australie* et la Nouvelle-Guinée*, est exigu. Les
Japonais n’osent s’y risquer. Ils s’installent seulement sur le versant
septentrional du dinosaure de Nouvelle-Guinée.
La prise de Lae* et de la péninsule de Huon, dans la partie orientale de la
Nouvelle-Guinée, permet à MacArthur*, en avril 1944, d’envisager la
reconquête de l’île, qu’il estime le meilleur tremplin pour son retour aux
Philippines*, sa principale pensée (voir Nouvelle-Guinée, campagne de).

NOUVELLE-GUINÉE, CAMPAGNE DE
Les chefs d’état-major, à Washington, ont tranché entre les conceptions
opposées de MacArthur* et Nimitz*.
Nimitz* poussera dans le Pacifique* central sur les Mariannes*, d’où les
B-29* pourront aller vider leurs soutes sur le Japon. MacArthur*, par la
Nouvelle-Guinée*, progressera sur Mindanao*, la plus méridionale des
Philippines*.
En avril 1944, MacArthur* est donc en mesure de marcher vers l’ouest
par la frange nord de la Nouvelle-Guinée. Il ne s’en privera pas.
La côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée est jalonnée de ports :
Wewack, Aitape, Hollandia* – actuelle Djapura –, que tiennent les Japonais.
Le général Adachi, responsable du secteur, est persuadé que, vu sa proximité,
les Américains attaqueront Wewack et l’a solidement renforcé. Hollandia*, à
plus de 800 km de la presqu’île de Huon, est jugée trop éloignée pour être
menacée (Wewack n’est qu’à mi-distance). Des 11 000 hommes qui la
gardent, à peine 500 sont des combattants entraînés.
Grâce aux écoutes et déchiffrements, MacArthur* connaît les dispositions
de son adversaire. Il fait tout pour le conforter dans ce sens par
bombardements, parachutages fictifs ou fuites voulues.
La surprise est donc totale lorsque, le 22 avril 1944, les 24e et 41e
divisions, appuyées par les 5e et 7e flottes, se présentent devant Aitape et
Hollandia*. Les défenseurs s’enfuient en désordre. 3 000 Japonais sont tués,
600 faits prisonniers. Les autres s’égaillent dans la jungle où la mort les
attend. Trois aéroports sont aux mains de MacArthur*.
La conquête de Hollandia* et de ses terrains serait précieuse si elle
permettait d’accueillir des bombardiers lourds. Le sol, trop meuble, l’interdit,
à moins d’important travaux.
MacArthur* n’hésite pas. À la mi-mai, il fait investir l’île de Wake*,
200 km au nord-ouest. En deux jours, l’opération est menée à bien. La
garnison (800 hommes) est anéantie. MacArthur* possède enfin une piste
capable de recevoir les B-24*.
Conforté par ce succès il pense enlever aisément une autre île, celle de
Biak*, dans l’archipel des Shouten, davantage encore au nord-ouest, qu’il
suppose faiblement tenue. Débarquée le 27 mai, près de Bosnek, la 41e
division tombe sur 11 000 Japonais résolus. La résistance se prolongera
jusqu’au 17 août (voir Biak, bataille pour).
Devant ce retard, MacArthur* fait sauter le 503e régiment aéroporté sur
l’île de Noemfor, 100 km à l’ouest, le 2 juillet. Si le bombardement naval a
bien assoupli les DZ* et leurs abords, le sol rocheux provoque des accidents.
En dépit de 10 % de pertes à l’arrivée, les parachutistes parviennent à
éliminer les défenses. Fin juillet, les pistes de Noemfor sont opérationnelles.
Dès lors, les Philippines* sont à portée des B 24*.
Tenir Hollandia* et sa région ne signifie nullement que les Japonais de la
côte centrale de la Nouvelle-Guinée, ceux de Wewack principalement,
cessent le combat. Prise à revers, la XVIIIe Armée d’Adachi (20 000 hommes
dont 8 000 combattants aguerris), marche vers l’ouest pour s’extraire de la
souricière. Avec 15 bataillons, le général Hall s’organise pour lui barrer la
route.
Adachi déclenche son attaque le 10 juillet au soir et parvient à percer le
dispositif de Hall qui se rétablit quelques kilomètres en deçà. S’infiltrant à
travers la jungle et les contreforts escarpés des monts Torricelli, les Japonais
s’efforcent de tourner les lignes américaines par le sud. Une telle manœuvre
ne facilite pas les liaisons et communications. Au bout de trois semaines de
combats, les troupes d’Adachi se retrouvent exsangues. Plus de
ravitaillement. L’artillerie a été abandonnée. Les régiments sont réduits à une
centaine d’hommes. Presque tous les officiers ainsi que 9 000 hommes sont
morts ou blessés. La XVIIIe Armée ne représente plus une menace.
Ses arrières assurés, MacArthur* peut achever sa progression en
Nouvelle-Guinée. Le 30 juillet, il débarque au cap Sansapor, à la pointe
occidentale de l’île. Le 15 septembre, la 31e division s’emparera de l’île de
Moratai, dans les Moluques. Les Philippines* et Mindanao* ne sont plus qu’à
500 km.
En octobre 1944, pour libérer les forces américaines en vue de l’invasion
des Philippines*, les Australiens prennent leur relève à Bougainville, en
Nouvelle-Bretagne* et en Nouvelle-Guinée. Wewack tombera le 10 mai
1945. Les rescapés japonais, repliés dans les monts du Prince Alexandre, au
sud de Wewack, résisteront jusqu’à la fin de la guerre. À l’heure de la
capitulation, ils ne seront plus que 13 500.
La véritable campagne de Nouvelle-Guinée était de fait terminée depuis
des mois et l’île était sortie des préoccupations des Américains.

NOUVELLE-IRLANDE
Île de l’archipel des Bismarck*, sous mandat australien en 1940.
Les Japonais y débarquent le 23 janvier 1942 et y organisent l’importante
base de Kavieng*, à la pointe nord-ouest de l’île, avec une garnison
d’environ 11 000 hommes.
Comme Rabaul*, Kavieng* sera court-circuitée par l’occupation des
Salomon*, de la Nouvelle-Bretagne* occidentale, des îles de l’Amirauté et du
nord-est de la Nouvelle-Guinée*.
La capitulation japonaise*, en août 1945, contraindra la garnison isolée à
se rendre.

NOUVELLES-HÉBRIDES
L’archipel des Nouvelles-Hébrides, à 500 km au nord-est de la Nouvelle-
Calédonie*, est, en 1940, un condominium franco-britannique.
Le 20 juillet 1940, le commissaire-résident français Sautot se rallie à la
France libre*. Les Américains pourront, par la suite, y installer la base
d’Espiritu Santo qui jouera un grand rôle dans la première partie de la guerre
du Pacifique*.
NOUVELLE-ZÉLANDE
Ce pays faiblement peuplé, 1 630 000 habitants, est celui du
Commonwealth britannique qui, proportionnellement, fournit le plus gros
effort de guerre. En septembre 1942, il aura 157 000 hommes et femmes sous
les drapeaux. En novembre 1943, 70 000 serviront outre-mer.
Ils se battront :

Sur terre 2e division du général Freyberg* en Égypte*, Libye*,


Italie* ;
3e division dans les Salomon*.
croiseurs légers Achilles et Leander, 2 corvettes,
Sur mer 16 dragueurs de mines, etc. L’Achilles jouera un rôle
essentiel lors du combat contre le Graaf von Spee*.
10 000 Néo-Zélandais serviront dans la RAF*, soit à titre
Dans les airs
individuel, soit en unités constituées.

11 671 Néo-Zélandais seront tués (6 839 pour l’armée de terre, 573 pour
la Navy, 4 259 pour la marine), 15 749 blessés et 8 469 faits prisonniers.
De juillet 1940 à 1945, la direction du gouvernement fut assurée par Peter
Fraser.
Si la Nouvelle-Zélande fut menacée, elle ne fut jamais directement
attaquée et servit de base aux Américains pour les campagnes dans les
Salomon*.

NOWOTNY, WALTER
(1920-1944). Aviateur Allemand.
As des as allemands. 258 victoires homologuées, tant sur le front
occidental que sur le front de l’est.
Tué dans le crash de son Me 262, le 8 novembre 1944. Il avait vingt ans
et, comme lieutenant-colonel, commandait le Jagd-Geswader 52, soit environ
400 appareils de combat.
Nowotny avait adressé une vigoureuse protestation à Hitler* lorsque
27 pilotes alliés qui avaient tenté de s’évader avaient été fusillés.
Croix de fer avec épées, feuilles de chêne et diamants.

NSB (NATIONAL-SOCIALISTISCHE
BEWEGING)
Parti national-socialiste hollandais, d’Anton Mussert*, ayant collaboré
activement avec les occupants allemands.
Il semblerait qu’en 1941, 3 % des Hollandais y aient appartenu.

NSZ (NORODOWER SILY ZBROJNE)


Forces armées nationales.
Résistance armée polonaise d’extrême droite nationaliste. Participera à
l’insurrection de Varsovie* avec quelques centaines de combattants.

NUIT J
Avant même que les deux aiguilles du cadran se soient jointes pour
basculer sur la journée du 6 juin 1944, la Nuit J s’est déjà ouverte.
Dans la Manche, les convois ont mis le cap sur leurs plages de
destination. Dans le ciel, les avions volent vers la Normandie*, emportant
leurs parachutistes ou tractant leurs planeurs.
23 000 vont surgir du ciel pour soutenir Overlord*. 18 000 la première
nuit, le reliquat le Jour J* et la nuit suivante.

AVEC LES PARAS FRANÇAIS


L’honneur de parvenir en avant-garde sur la terre de France revient à une
poignée de Français. Ils ne sont pas nombreux ! Quatre sticks de 9 du 4e
bataillon SAS* devenu le 2e RCP*.
Les deux premiers, avec les lieutenants Deschamps et Botella, sautent
dans les Côtes-du-Nord, près de la forêt de Duault, pour installer la base
Samwest. Leur largage est correct. Au jour, ils se terreront dans la forêt, prêts
à passer aux phases suivantes : sabotage de voies ferrées, réception des
camarades les nuits à venir.
Les deux autres sticks, avec les lieutenants Marienne et Deplante,
tombent dans le Morbihan, sur les landes de Lanvaux. Ils y précèdent les 400
officiers et parachutistes du futur bataillon du ciel du commandant Bourgoin,
Le Manchot. La mission est aussi simple que vaste : encadrer les maquis
bretons* pour retarder l’arrivée en Normandie* des 8 divisions allemandes (6
d’infanterie et 2 aéroportées) stationnées en Bretagne.
Après avoir décollé vers 22 h, les sticks Marienne et Deplante tombent
hors de la zone prévue et butent sur un groupe ennemi. Le caporal Bouetard,
Breton de souche, est le premier Français tué d’Overlord*. Le 7, les rescapés
rejoindront les maquisards de Saint-Marcel*.

AVEC LA 6e AIRBORNE BRITANNIQUE*


La 6e Airborne* du général Gale est une jeune division ; mais nombre des
siens, surtout parmi les cadres, ont combattu en Europe ou en Afrique*. Elle
est appelée à intervenir entre Orne et Dives avec une mission essentielle :
couvrir le débarquement sur sa gauche et stopper une contre-attaque de la
XXIe PD, débouchant du sud-est de Caen. Dans cette perspective, elle doit
s’emparer des deux ponts de Ranville* et Bénouville, constituer des
bouchons devant ces petits villages qui se nomment Ranville*, Bénouville,
Longueval. Elle doit, de surcroît, neutraliser les passages sur la Dives et la
batterie de Merville* (voir Pegasus Bridge et Merville, batterie de).
6 juin. 0 h 20. Au moment où les Horsa* de leurs camarades abordent les
ponts de Ranville* et Bénouville, les 60 pathfinders* de la division
s’apprêtent à se laisser choir par les trappes des Albemarle*. Ces sticks de
volontaires ont pour mission de baliser les trois DZ*, N de Ranville, K de
Touffreville, V de Varaville. Ils disposeront en tout et pour tout de 30 minutes
pour tout préparer. La chance n’est pas avec eux. Des secteurs sont noyés
dans la brume. Des avions, déroutés par la Flak*, s’égarent.
Les pathfinders* se reçoivent souvent loin des points prévus. Bien des
sticks des nouveaux arrivants seront largués à l’aveuglette. Les hommes
auront du mal à se situer. Dans la nuit, ceux qui sont tombés à distance se
guideront au son des trompes de chasse signalant les points de regroupement.
Il est 0 h 50 lorsque les paras de la 5e brigade de la division commencent
à sauter. En raison des DZ* mal ou non balisées, l’éparpillement est la règle.
Le 7e bataillon chargé de se porter en soutien au pont de Bénouville ne
regroupe que 200 de ses 620 combattants ; le 12e n’aura rassemblé que 10 %
des siens au lever du jour ; le 13e récupérera 60 %, mais seulement à la fin du
Jour J*. Les autres parachutistes sont tombés parfois à des kilomètres de là.
Certains disparaîtront à jamais ; d’autres seront faits prisonniers ; d’autres
rejoindront plus tard, souvent aidés et guidés par les paysans français. Tous
les éléments hâtivement rassemblés occupent et mettent en état de défense les
villages de Ranville* et Bénouville. Un bouchon s’installe devant celui du
Port, tenu par l’ennemi.
Le saut de la 3e brigade est aussi confus que celui de la 5e pour les mêmes
raisons. Les inondations pratiquées par les Allemands dans la vallée de la
Dives le rendent encore plus périlleux. Au moins 200 paras trouveront la
mort, noyés.
Les hommes de la 3e brigade réagissent conformément à l’esprit de leur
mission. De petites équipes font, de Varaville à Troarn, sauter les ponts sur la
Dives et la Divette, avant de se regrouper dans le bois de Bavent et au
hameau du Mesnil pour y organiser un autre bouchon. Tout cela au hasard de
rencontres fortuites avec des patrouilles ou des détachements ennemis. Ces
escarmouches contrarient les réactions de la 711e division allemande
implantée à l’est de l’Orne.
Les paras ont aussi dégagé de leur mieux une zone d’atterrissage au nord-
est de Ranville pour recevoir la brigade planée. Celle-ci se présente à partir
de 3 h 20. Les 49 planeurs cassent du bois, mais ils débarquent le général
Gale, un millier d’hommes, du matériel de génie, des pièces antichars, une
batterie d’artillerie. Le prochain renfort viendra de la mer.
Les paras de la 6e Airborne* se sont parallèlement occupés des ponts de
Ranville* et Bénouville*, ainsi que de la batterie de Merville*. Missions
remplies avec un plein succès.

AVEC LES 82e ET 101e AIRBORNE* AMÉRICAINES


Les avions britanniques ont piqué directement sur les rivages normands.
Les C 47* américains effectuent un long crochet, effleurant les îles anglo-
normandes pour aborder le Cotentin par l’ouest.
Plus encore que celui entre Orne et Dives, le saut dans le Cotentin
représente un exercice périlleux. La péninsule n’est pas si large. À peine 10 à
12 minutes pour la traverser. Des hommes s’abîmeront en mer pour quelques
secondes de retard. Les zones inondées sont importantes. Pièges mortels, les
vallées de la Douve et du Merderet sont sous l’eau sur des centaines de
mètres. La situation est identique dans la plaine côtière d’Utah Beach*.
Pourtant, c’est dans ces secteurs que se situent les DZ* des 82e et 101e
Airbornes*, sinon elles eussent été trop éloignées.
La mission initiale des deux divisions est double : tenir les chaussées
d’accès à Utah Beach*, interdire l’approche des zones de débarquement,
notamment par la RN 13 Caen-Cherbourg.
La réception de la 101e du général Taylor* est prévue sur trois DZ*
(ouest de Saint-Germain-de-Vareville, ouest de Sainte-Marie-du-Mont, est de
Saint-Côme-du-Mont), celle de la 82e du général Ridgway* également sur
trois DZ*, l’une au nord-ouest de Sainte-Mère-Église, les deux autres à
l’ouest du Merderet et de la voie ferrée Carentan-Cherbourg.
Les pathfinders* rencontrent les mêmes difficultés que leurs collègues
britanniques : brume, Flak* et, de surcroît, un vent de nord-ouest assez
violent. Leurs arrivées sont une loterie. À la 101e, 38 seulement des 120
éclaireurs se posent au bon endroit. Faute de balisage convenable, les 6 600
paras de la division s’éparpillent sur un rectangle de 40 km sur 25. Un seul
régiment tombe à l’emplacement prévu, à l’est de Saint-Côme-du-Mont.
Conditions sensiblement identiques à la 82e. Seul le 505e se réceptionne à peu
près correctement au nord-ouest de Sainte-Mère-Église, non sans que deux ou
trois sticks tombent sur le village.
Faute d’avoir atterri sur les DZ* retenues, nombreux, du général à
l’homme du rang, se retrouvent perdus au hasard d’un chemin creux, d’un
carré de prairie, d’un marécage nauséabond. Combien se sont noyés ?
Alors que les Britanniques se regroupent au son d’une trompe de chasse,
les Américains se rassemblent à l’écho d’un criquet* : à un claquement doit
répondre un double claquement à la 101e et un mot de passe à la 82e. Dans
l’obscurité, il est des rencontres heureuses, d’autres qui le sont moins.
Avec la dispersion, les unités s’entremêlent. Des hommes de la 101e
marchent avec des groupes de la 82e et inversement. À l’aube, la 101e n’aura
vraiment rassemblé que 1 100 hommes sur 6 600. Le général Taylor n’aura
longtemps sous ses ordres qu’une poignée d’officiers et deux ou trois soldats.
Le matériel n’est pas mieux loti.
L’esprit para est fait d’initiative et d’audace. Les hommes connaissent
l’idée directrice de leur mission. Des petits éléments de la 101e s’infiltrent
jusqu’aux chaussées menant à Utah Beach*. Les positions allemandes
découvertes sont harcelées et attaquées. Les Feldgrau de la 709e division
préfèrent, du coup, se terrer. Par contre, vers Beuzeville-au-Plain, deux
compagnies se défendent farouchement.
La 82e multiplie bouchons et embuscades. L’une de celles-ci est fatale, un
peu avant l’aube, au général Falley, commandant la 91e aéroportée, regagnant
son PC au nord de Périers.
En fin de nuit, les 2e et 3e bataillons du 505e, largués correctement,
occupent Sainte-Mère-Église. Ils verrouillent ainsi la RN 13 entre Carentan et
Montebourg. La lutte sera sévère dans les heures et jours à venir autour de la
petite localité qui couvre Utah Beach* et isole Cherbourg*.
Un peu après 4 h, une seconde vague de C 47* se présente, remorquant
des planeurs qui apportent des jeeps, des pièces antichars, un hôpital de
campagne. Les pilotes manquent d’expérience ; les feux de balisage de la
101e Airborne*, à 6 km au sud de Sainte-Mère-Église, sont pourtant visibles.
Les 52 planeurs cassent du bois mais se posent sans trop de dommages
hormis celui du général Pratt, adjoint de Taylor*, qui percute une haie. Pratt
est le premier officier général américain tué dans la bataille.
À la 82e, le poser des planeurs au nord-ouest de Sainte-Mère-Église est
beaucoup moins heureux. La majorité du matériel est détruite ou égarée.

DANS LE CAMP ALLEMAND


On ne se doute de rien, vu le mauvais temps. Chacun peut donc vaquer à
ses petites affaires. Von Rundstedt* envisage une tournée d’inspection pour
le lendemain. Rommel* est chez lui à Herrlingen. L’amiral Krancke part pour
Bordeaux. À Rennes, se prépare un grand Kriegspiel de la VIIe Armée sur le
thème : « Débarquement des Anglo-Américains précédé d’un assaut de
troupes aéroportées. »
Les généraux commandant les divisions du Cotentin y sont convoqués. À
la fin de la journée du 5, les patrons des 243e, 709e DI et 91e aéroportée ont
pris la route pour la Bretagne.
Ainsi, dans la nuit du 5 au 6, la plupart des responsables militaires
allemands sont absents.
À 22 h, les services de renseignements captent la suite du poème de
Verlaine : « Blessent mon cœur d’une langueur monotone. » Ils s’empressent
de jeter l’alarme.
Le général von Salmuth, commandant la XVe Armée, met ses troupes en
état d’alerte mais sans précipitation. « Je suis un trop vieux singe pour
m’exciter là-dessus. »
Von Rundstedt* tient sensiblement le même langage.
Attitude identique à l’OKW*.
La principale intéressée, la VIIe armée, n’est avertie ni par l’Ob West* de
von Rundsted*, ni par le QG du GA/B de Rommel*. Pourquoi ? Le mystère
demeure. Peut-être trop de fausses alertes. À force de crier au loup...
Dans la nuit, des renseignements fragmentaires, épars, remontent. On
signale des parachutages dans l’Orne, puis dans le Cotentin. Aviateurs ayant
abandonné un avion en détresse, mannequins avec des mécanismes simulant
une fusillade ou authentiques combattants ?
À 2 h 11, le général Marcks, qui commande à Saint-Lô le 84e CA, reçoit
des précisions sur un lâcher de parachutistes aux environs de Ranville. À
2 h 35, nouveau rapport du 84e CA : parachutistes près de Montebourg, dans
le Cotentin.
En ce milieu de nuit, l’information reste floue. La VIIe Armée a été mise
en Alarmastuff, le plus haut degré d’alerte. Dans les états-majors les opinions
divergent. Speidel, Blumentritt, chefs d’état-major de Rommel* et von
Rundstedt*, se montrent sceptiques. Le général Pemsel, leur homologue à la
VIIe Armée, est persuadé qu’il s’agit du débarquement.
Le décalage se poursuivra plusieurs heures durant entre la base et le haut
commandement. Sur le terrain, les cadres ont pris conscience de l’importance
des parachutages et savent que des accrochages se produisent. Ils n’osent
insister de peur de paraître alarmistes.
Conséquence immédiate des incertitudes, les unités allemandes ne
reçoivent pas d’instructions. Les 16 000 tankistes de la XXIe PD, moteurs au
ralenti, patientent au sud de Caen dans l’attente d’un ordre de départ.
Seuls trois torpilleurs de la 5e flottille quittent Le Havre. Initiative de leur
patron ou directives supérieures ? Sortant d’un écran de fumée artificielle, ils
découvrent une nuée de navires de toutes tailles, encadrés de très gros. Avant
de foncer se dissimuler dans la brume, ils lancent 18 torpilles. Les cuirassés
Warspite et Ramillies parviennent à les esquiver mais le destroyer norvégien
Svenner est atteint par le milieu. Le patron des torpilleurs, radio détériorée,
n’a pu rendre compte. Pourtant, l’heure H se rapproche. Elle sonnera en
moyenne dans 90 minutes.
6 juin, 6 h. Le haut commandement allemand est toujours dubitatif.

NUREMBERG, LOIS DE
Les lois de Nuremberg, promulguées en septembre 1935, apportent une
première réponse aux théories antisémites de Hitler* exposées dans Mein
Kampf.
Les Juifs allemands perdent leur citoyenneté. Mariages, relations extra-
conjugales avec les autres Allemands leur sont interdits. Progressivement,
d’autres mesures les frapperont : port imposé de l’étoile jaune (assez tard
toutefois en Allemagne*, septembre 1941), exclusion des professions
libérales, amendes, interdiction de quitter le pays. En novembre 1938, si
150 000 Juifs allemands ont pu s’exiler, les autres vivent comme des otages.
Ces lois de Nuremberg préludent à la Solution finale*.

NUREMBERG, PROCÈS DE
De novembre 1946 à avril 1949, des tribunaux militaires américains
siégeant à Nuremberg jugent 185 inculpés allemands, complétant l’action des
TMI* de Nuremberg et Tokyo.
Sur 185 inculpés, 35 sont acquittés (certains seront poursuivis par les
cours allemandes de dénazification), 19 sont renvoyés sur d’autres
juridictions, 24 sont condamnés à mort, 20 à la prison à vie et 87 à des
peines d’emprisonnement à temps.

NUREMBERG, RAID SUR


Raid aérien monté par le Bomber Command* britannique contre
Nuremberg dans la nuit du 30 au 31 mars 1944. Il est présenté comme la plus
grande bataille aérienne de l’Histoire.
Sur 782 bombardiers engagés, 186 sont perdus, soit un taux de pertes
particulièrement élevé de 13,6 %. 743 aviateurs britanniques sont tués ou
blessés et 743 faits prisonniers. Le très beau temps, l’excellente visibilité,
l’utilisation du nouveau radar SN-2, expliquent l’efficacité de la chasse de
nuit allemande qui ne perd que 10 appareils.
Les dommages à Nuremberg furent minimes.

NUREMBERG, TRIBUNAL MILITAIRE


INTERNATIONAL DE
Dès octobre 1941, Churchill* l’avait réclamé :
« Les atrocités commises en Pologne*, en Yougoslavie*, en Norvège*, en Hollande*, en
Belgique*, et surtout en arrière du front allemand en Russie, dépassent tout ce qu’on a connu
depuis les âges les plus sombres. Le châtiment de ces crimes doit à présent compter parmi les buts
de la guerre. »

Roosevelt* a partagé ce sentiment. Staline parlait de liquider purement et


simplement 50 000 coupables. L’entrée des armées alliées et soviétiques en
Europe occupée et sur le territoire allemand avait confirmé et étalé
l’immensité de l’horreur nazie.
Les clivages demeuraient entiers, mais finalement Truman* est parvenu à
« faire triompher le droit et la morale ». Il a désigné à cet effet un juriste,
Robert Jackson, qui a fait le tour des capitales et réussi à convaincre.
Le 8 août 1945, a été créé le Tribunal Militaire International*, « chargé
de juger et punir de façon appropriée et sans délai les grands criminels des
pays européens de l’Axe* ». Pour éviter les digressions dangereuses
(bombardements des villes allemandes, occupations soviétiques), Jackson a
trouvé la parade. Le Tribunal n’évoquera que les actes commis par les
accusés.
L’acte d’accusation ne retient que quatre charges principales :
1 – Crimes contre la paix.
2 – Crimes de guerre.
3 – Crimes contre l’humanité.
4 – Complot.
Quatre puissances jugent et désignent chacune deux juges : les États-
Unis*, la Grande-Bretagne*, la France* et l’URSS*. Elles ont à se partager
les charges d’accusation : 1 et 4 pour les Anglo-Américains, 2 et 3 pour
Français et Soviétiques. Ce qui implique de dépouiller des centaines de
tonnes d’archives.
Hitler*, Goebbels*, Himmler* sont morts ; bien d’autres ténors du régime
ont été capturés. Finalement sont retenus :
Goering*, Rudolf Hess*, Ribbentrop*, Keitel*, Rosenberg*, Frank*,
Frick*, Streicher*, Funk*, Schacht*, Dönitz*, Raeder*, Sauckel*, Jodl*, von
Papen*, Seyss-Inquart*, Speer*, von Schirach*, von Neurath*, Fritzsche,
Kaltenbrunner*.
D’autres noms étaient avancés. Bormann* a disparu. Le docteur Ley se
suicidera. Krupp est d’une sénilité avancée. Ils sont donc 21, le jour de
l’ouverture des débats, le 20 novembre 1945, dans la grande salle du Palais
de Justice de Nuremberg. Les accusés, logés la nuit et sévèrement surveillés
dans la prison voisine, se tiennent sur deux rangs face aux huit juges. Tous
ont des avocats et portent des casques pour suivre les traductions.
Les débats, ouverts donc le 20 novembre 1945, se prolongeront durant
près d’un an, 218 jours exactement (non inclus les jours fériés ou chômés). Se
déroule tout le film du nazisme* : les manœuvres, les ignominies pour
accéder au pouvoir avant 1933 ; l’abrogation des libertés ; l’affaire du
Reichstag ; les arrestations, internements, envois en camps de concentration,
assassinats ; la Nuit des Longs couteaux ; l’assassinat du chancelier Dolfuss
en Autriche* ; le réarmement de l’Allemagne*, l’accélération industrielle ; la
démilitarisation de la rive gauche du Rhin ; l’Anschluss*, les Sudètes*, la
Tchécoloslovaquie* ; les lois raciales, les exactions contre les Juifs
d’Allemagne* ; l’embrasement mondial à partir de 1939 ; l’invasion du
Danemark*, de la Norvège* puis de la Hollande*, de la Belgique*, du
Luxembourg* et de la France* ; l’attaque contre la Grèce* et la
Yougoslavie* ; Barbarossa* ; la Solution finale* ; la lutte contre les Églises,
le pillage économique et artistique ; les ordres donnés aux commandants de
sous-marins, l’assassinat de cinquante officiers de la RAF* ; l’ordre des
commandos* ; Nacht und Nebel* ; le travail obligatoire et les prisonniers de
guerre.
Les inculpés réagissent diversement. Goering* se défend avec force,
défiant ses accusateurs. Keitel*, Jodl* plaident les ordres reçus, comme
Raeder* et Dönitz*. Speer*, von Schirach* reconnaissent leurs torts ; Frank*
plaide coupable ; Streicher* se montre avachi, lamentable. Les autres font
grise mine et paraissent bien falots. Ils subissent.
Les verdicts tombent le 1er octobre 1946. Les inculpés sont introduits
individuellement pour s’entendre notifier la sentence.
Onze condamnations à mort : Goering*, Ribbentrop*, Keitel*, Jodl*,
Kaltenbrunner*, Rosenberg*, Frank*, Streicher*, Frick*, Seyss-Inquart*,
Sauckel*.
Trois détentions à perpétuité : Hess*, Funk*, Raeder*.
Deux condamnations à vingt ans de détention : Speer*, von Schirach*.
Une condamnation à quinze ans : von Neurath*.
Une condamnation à dix ans : Dönitz*.
Trois acquittements : Schacht*, von Papen*, Fritzsche.
Outre les personnalités présentes, plusieurs organismes d’État ont été mis
en accusation. Sont ainsi déclarés criminels : le RSHA*, le SD*, les SS* et la
Gestapo*. Le Tribunal porte aussi un jugement sévère sur les grands chefs
militaires allemands :
« Ils sont responsables, dans une large mesure, des malheurs et des souffrances de millions
d’hommes, de femmes et d’enfants. Leur conduite a été une honte pour l’honorable métier
militaire. »

Le 15 octobre 1946, vers 22 h 50, Goering* parvient à s’empoisonner.


Quelques heures plus tard, les autres condamnés à mort seront pendus. Les
corps des suppliciés seront incinérés et leurs cendres répandues dans l’Isar.
Les condamnés effectueront leurs peines. Toutefois, Funk*, Raeder*
seront libérés avant terme pour raisons de santé. Hess*, resté seul détenu à
Spandau*, se suicidera à 93 ans.
Nuremberg n’échappera ni aux critiques, ni aux commentaires de tous
bords. Jugement des vaincus par les vainqueurs. Mansuétude excessive.
Précédent créé, etc.
Mais ceux qui ont conduit leur peuple aux horreurs des camps ne
méritaient-ils pas que la trappe mortelle s’ouvrît un jour sous leurs pieds ?

NUTS !
Des clous !
Apostrophe fameuse du général McAuliffe*, commandant la garnison de
Bastogne*, aux Allemands qui lui demandaient, le 22 décembre 1944, de se
rendre.
O

OAHU
Île de l’archipel de Hawaii.
1 555 km2. Capitale, Honolulu. Sur Oahu, se situe la base américaine de
Pearl Harbor*.

OB (OBERBEFEHLSHABER).
Commandant en chef.
Le poste d’OB West (Europe de l’ouest) est occupé en 1944-45 tour à
tour par von Rundstedt*, von Kluge*, Model*, von Rundstedt*, Kesselring*.
Une telle rotation, au gré des sautes d’humeur de Hitler*, ne pouvait
faciliter la direction des opérations.
Par contre, Kesselring* est OB Sud (Méditerranée*), de novembre 1941 à
mars 1945.
L’OB West comprend la Hollande*, la Belgique* et la France*, moins
l’Alsace-Lorraine*.

OBERG, KARL
(1897-1965). SS Gruppenführer.
Valeureux combattant de 14-18.
Abandonne, en 1932, son entreprise commerciale pour entrer aux SS* où
il est apprécié par Himmler* pour son opiniâtreté et son sens de la discipline.
Nommé Brigadeführer, est envoyé en France, par Himmler*, en avril 1942,
afin d’enlever à la Wehrmacht* les pouvoirs de police. Y réussira pleinement
et sera, jusqu’à l’été 1944, assisté par Knochen*, le grand patron de la
Gestapo* en France*.
Arrêté par les Américains et remis aux Français en novembre 1946, sera
condamné à mort en septembre 1954. Gracié en avril 1958, il sera, avec
Knochen*, libéré sur ordre du général de Gaulle*, le 28 novembre 1962.

O’CONNOR, RICHARD
(1889-1981). Général anglais.
Commande avec brio la Western Desert Force* au début de 1941 et,
après avoir rompu les positions italiennes sur la frontière égypto-libyenne,
gagne la campagne de Cyrénaïque*, enlevant Benghazi.
Fait prisonnier en mars 1941, parvient à s’échapper en septembre 1943.
Commande ensuite le 8e CA en Normandie* et, en décembre 1944, est
envoyé en Inde*.
Anobli en 1941.

OCTAGON
Nom de code de la seconde conférence de Québec* (voir Québec,
conférences de).

ODER-NEISSE
Ligne frontière occidentale de la Pologne* avec l’Allemagne* convenue
à Téhéran* et Yalta* et adoptée définitivement à Potsdam* par les Trois
Grands*.
Elle vise à compenser à l’ouest pour la Pologne* la rectification de
frontière orientale au profit de l’URSS*.
Cette ligne partant de la Baltique suit le cours de l’Oder, puis de la Neisse
occidentale, jusqu’à la frontière tchèque.

ODESSA
Pour récompenser la Roumanie* de sa participation à la guerre, Hitler*
lui avait donné, au sud de l’Ukraine*, un vaste et riche territoire, s’étendant
de la Bessarabie* au Boug, avec le grand port d’Odessa : toute cette région
devait s’intégrer dans la Grande Roumanie* sous le nom de Transnistrie*.
Cette situation valut à Odessa et à ses habitants d’être relativement épargnés à
l’encontre des autres cités soviétiques envahies par les nazis.
Odessa, la Marseille russe, est occupée le 16 octobre 1941 par les
Roumains, puis rapidement libérée par les troupes du maréchal Malinovski le
10 avril 1944. Peu de grosses destructions, au centre ville tout au moins,
malgré un siège de deux mois en 1941. L’occupation se vit sous
administration roumaine, à l’exception des dernières semaines avant la
libération. Les sévices envers la population et les Juifs sont moindres. (100
000 Juifs sur 150 000 avaient pu être évacués) et l’activité, commerciale et
intellectuelle s’est poursuivie. Considérés comme Roumains, les jeunes n’ont
pas été déportés. La collaboration* a existé ainsi qu’une résistance* à la fin
de l’occupation. La petite histoire veut que les catacombes de la ville aient
grandement servi les partisans et déserteurs de toutes origines.
En 1945, Odessa est le grand port de rapatriement des prisonniers alliés
libérés par l’Armée rouge*.

OERLIKON
Canon de 20 mm, d’origine suisse, utilisé principalement par la marine
pour la défense aérienne.
Sera précieux, dans le Pacifique*, pour la lutte contre les kamikazes*.
Distance pratique de tir : 2 000 m ; cadence de tir : 450 coups/minute :
vitesse de l’obus : 820 m/s.

OF 37
Grenade à main offensive française, fusante automatique, en tôle et fond
plat.
Poids avec bouchon allumeur Mle. 35 : 250 g ; portée moyenne : 25-35
m ; rayon d’efficacité : 8 à 10 m ; retard : 4 à 7 secondes.

OFLAG (OFFIZIER-LAGER)
Camp d’officiers.
Camp pour officiers alliés prisonniers. Il y aura 57 oflags allemands
répartis à travers l’Allemagne* et la Pologne*. Les plus célèbres seront ceux
de Colditz* et Sagan*.

OKH (OBERKOMMANDO DAS HEER)


Haut commandement de l’armée de terre.
Organisme de commandement de l’armée de terre. A pour chefs
successifs :
— maréchal von Brauchitsch*, février 1938-décembre 1941 ;
— général Halder*, décembre 1941-septembre 1942 ;
— général Zeitzler*, septembre 1942-juillet 1944 ;
— général Guderian*, juillet 1944-28 mars 1945 ;
— général Krebs*, 28 mars 1945-8 mai 1945.
À l’exception de von Brauchitsch*, ces chefs de l’OKH ont tendance à
s’opposer aux décisions de Hitler*, d’où leurs fréquents changements. Parler
de chefs est du reste excessif, puisque Hitler*, au départ de von Brauchitsch*,
s’est intronisé commandant en chef de l’armée de terre. Les titulaires ne sont
donc pratiquement que des chefs d’état-major.

OKINAWA, CONQUÊTE D’
Okinawa ou grande Lou-Tchou, 1 057 km2 et 500 000 habitants,
possession nippone depuis le XVIIIe siècle, à 520 km de Kyushu.
S’en emparer ouvrirait aux Américains la porte de l’Empire du Soleil,
Levant.
Le QG impérial le sait et a défini toute la stratégie de la bataille
d’Okinawa. Opposer sur l’île une résistance statique. Détruire le potentiel
d’invasion par l’action des kamikazes*. Les deux grands responsables sur
place, le général Ushijima et son chef d’état-major, le général Cho,
appliqueront fidèlement ce plan (sauf dans un cas).
Ushijima, patron de la 32e Armée, dispose de 102 000 hommes : 67 000
de l’armée de terre, 15 000 marins et 20 000 Okinawans recrutés sur place et
peu motivés. Témoignage de la volonté de stricte résistance statique,
Ushijima ne dispose que d’un modeste régiment de chars.
En face, les moyens n’ont pas été refusés à l’amiral Nimitz*, grand
maître de l’opération : Ve flotte de l’amiral Spruance*, forces amphibies de
l’amiral Turner*, porte-avions rapides de l’amiral Mitscher* et enfin Xe
Armée du général Buckner*. Cette dernière, forte de 183 000 hommes, est à
deux corps d’armées (3e CA des Marines*, 24e CA de l’armée), soit 7
divisions avec les réserves. Au total, plus de 500 000 Américains de toutes
armes sont engagés.
Le 26 mars 1945, en lever de rideau, la 77e DI s’empare des îlots de
Kerama Retto, repaire de canots suicides, à 25 km au sud-ouest d’Okinawa.
Les bombardements préalables sur Okinawa sont massifs. Ils seront les
plus intenses de la campagne du Pacifique*. Plus de 5 000 sorties de
l’aviation embarquée. 5 000 tonnes de projectiles expédiées par la flotte de
soutien.
Les 1 300 navires transportant la Xe Armée se présentent le 1er avril, dans
la baie de Hagushi, sur la côte occidentale, Marines* à main gauche, soldats
de l’armée à main droite.
Ushijima n’a pas prévu de s’opposer aux débarquements. La Xe Armée
est donc surprise de découvrir pratiquement le vide devant elle. Au soir du L
Day (Landing Day), 50 000 hommes sont à terre. Les deux terrains d’aviation
de Yontan et Kadena ont été occupés.
Buckner* peut s’organiser. Les deux aérodromes sont mis en service. Le
corps des Marines* reçoit mission de progresser vers le nord, celui de l’armée
de terre vers le sud. En quatre jours, le centre d’Okinawa est investi, la côte
orientale du Pacifique* bordée de part et d’autre de la presqu’île de Katchin.
Ce calme est trompeur.
L’amiral Ugaki, commandant des forces aériennes basées sur Kyushu, a
préparé une nouvelle force de kamikazes* qu’il a baptisés Kikusui*.
Littéralement : Chrysanthèmes volants. Ces Kikusui* sont des pilotes novices
sur des appareils démodés. À eux les missions de sacrifice, guidés et protégés
par des anciens jusqu’à leurs cibles. Les rôles ont été dévolus. À la 32e Armée
sur Okinawa de retenir les Américains. Aux Kikusui* de porter des coups
mortels à la flotte ennemie retenue au large par la résistance d’Okinawa.
Les Américains sont face à un dilemme : sur terre l’offensive se
développe correctement, sur mer le péril ne cesse de s’aggraver. Un croiseur
lourd, un cuirassé, deux destroyer, un porte-avions, un LST*, sont frappés par
les Kikusui*.
Le 6 avril, attaque massive de 355 avions. 2 destroyers, 1 dragueur, 1
LST*, 1 gros transporteur, sont coulés. 2 porte-avions, 11 destroyers et
escorteurs, 5 mouilleurs de mines, sont endommagés. Les Américains
estiment avoir abattu 248 appareils, mais leur flotte a souffert.
Les aviateurs ne sauraient seuls se dévouer. Sous la pression des amiraux,
il est décidé de faire participer la marine à l’offensive des Kikusui* contre
Okinawa. Le 6 avril, la 2e flotte appareille, soit : le Yamato*, le cuirassé le
plus prestigieux du pays, le croiseur léger Yahagi et 8 destroyers. Ces
bâtiments partent pour une mission sans retour. Ils s’échoueront au rivage
afin de constituer des positions d’artillerie. Leurs marins débarqueront et
attaqueront les Américains sur les arrières.
Au milieu de la nuit, l’escadre est repérée par un sous-marin américain.
Avec le jour, la pluie limite la visibilité, mais les radars américains trouent la
couche nuageuse. Mitscher* arrive avec ses porte-avions et à partir de 10 h,
250 chasseurs et chasseurs-bombardiers foncent vers le Yamato* et sa faible
escorte. Bombes et torpilles s’abattent sur les ponts.
À 14 h 17, le Yamato* disparaît dans les profondeurs marines et 2 498
marins avec lui.
Le croiseur Yahagi, 4 destroyers ont déjà sombré. Trois autres destroyers
s’esquivent endommagés. Un seul, indemne, récupère des survivants. Il
ralliera Kyushu avec plusieurs centaines de naufragés repêchés couverts
d’huile et de mazout.
Les Japonais ont perdu la bataille dite de Bonomisaki, dernier
engagement naval d’importance de la guerre du Pacifique*. Okinawa ne
recevra aucun secours mais cependant les Américains y éprouvent des
difficultés.
La 6e division de Marines*, remontant vers le nord, se heurte, dans la
presqu’île de Mobutu, à 2 000 Japonais retranchés dans les grottes et falaises
du mont Yeatake. Les combats acharnés se poursuivront jusqu’au 20 avril.
Au sud, le XXIVe CA bute sur la résistance la plus coriace : la ligne
Shuri* qui barre l’île au nord de la ville de Naha dans un terrain chaotique
qui se prête à la défense. Les Japonais ont accepté de mourir et font preuve
d’une folle audace. En dépit des appuis, marine, aviation, artillerie, le XXIVe
CA se casse les dents sur la ligne Shuri*. Buckner* doit faire donner sa
garde : les Marines*.
Les Japonais, pourtant bien retranchés, devancent l’attaque. Le 4 mai, ils
se lancent à l’assaut dans l’espoir de percer au centre et de se rabattre sur les
ailes pour encercler les divisions américaines. Des débarquements latéraux
sont prévus.
Les Américains disposent d’une formidable puissance de feu. Assaut
frontal comme débarquements sont brisés. L’assaillant perd théoriquement
6 227 combattants.
Cette alerte terminée, il reste encore à liquider 60 000 hommes de la
32e Armée tandis que la menace kamikaze* se fait toujours sentir. Le porte-
avions Franklin dévoré par un incendie, trois destroyers coulés, fin avril. Le
début mai, est encore pire. Le commandement américain s’alarme. Au rythme
actuel des destructions, la flotte américaine sera contrainte de se retirer le
15 juin. Le recrutement kamikaze* commence à poser problème. L’action
kamikaze* finira par échouer faute de combattants.
Buckner* aspire à en finir, mais le ciel se joint aux difficultés naturelles.
47 centimètres d’eau en 17 jours. Des cataractes transforment la glaise en
boue liquide s’infiltrant partout.
Le 11 mai,la Xe Armée passe à l’attaque de la ligne Shuri*, deux
divisions de Marines* à l’ouest, deux de l’armée à l’est. Toutes les positions
japonaises se flanquent mutuellement. Les pertes sont sévères. En une
semaine, la 6e division a 2 669 tués et blessés. Chars et fantassins progressent
en étroit binôme et le lance-flammes s’avère la meilleure arme pour nettoyer
les pentes et les rocailles. Fin mai, la ligne Shuri est définitivement enfoncée.
En juin, les Américains en finiront avec Okinawa*.
Juin ne voit pas pour autant la fin des kamikazes* et la tempête s’en
mêle. Le 5 juin, pris au cœur d’un cyclone, 3 cuirassés, 4 porte-avions, 3
croiseurs, 11 destroyers et nombre de bâtiments plus légers subissent des
avaries sérieuses. Bon nombre sont obligés de prendre la route des arsenaux
de Californie. Heureusement, la flotte américaine du Pacifique* aligne près
de 5 000 navires.
30 000 Japonais sont encore retranchés dans la pointe extrême
d’Okinawa. Buckner*, le 10 juin, fait larguer des tracts pour indiquer que la
poursuite de la lutte est inutile. Ushijima s’en offusque. Un vrai samouraï ne
se rend pas.
Le 24e CA de l’armée se lance contre les pics Yaeju-Yuza à la corne sud-
est d’Okinawa. Les Marines débarquent dans la péninsule d’Oroku au sud de
Naha. Ils ne se doutent pas qu’ils réalisent la dernière opération amphibie de
la guerre du Pacifique*.
Fait nouveau, à partir du 13 juin, des Japonais jettent leurs armes et
s’enfuient. Mieux, des groupes entiers se rendent. Ces hommes ont compris.
Dans le massif des pics Yaeju-Yuza, la résistance se prolonge,
implacablement conduite par Ushijima. Buckner*, le 18 vers midi, se porte
aux avant-postes. C’est là qu’il tombe, mortellement frappé. La Xe Armée a
perdu son chef à l’heure de la victoire, car le dénouement approche. Le
21 juin, Okinawa est pratiquement conquise dans son intégralité. Ushijima,
Cho se sont immolés, ayant respecté le code d’honneur des samouraïs.
82 jours de lutte auront été nécessaires.
Les Japonais ont perdu 110 000 hommes. 11 000 se sont rendus. 24 000
civils ont également été tués.
Victoire chèrement payée par les Américains : 12 500 morts, 36 600
blessés. Si les troupes au sol ont eu 7 600 tués, 4 900 marins ont succombé
sous les coups des kamikazes*.
De tels chiffres conduisent le commandement et le pouvoir politique à
s’interroger. Et ce n’était qu’Okinawa ! Se dessine la décision de recourir à
l’arme atomique.

OKK (OBERKOMMANDO DER


KRIEGSMARINE)
Haut commandement de la Kriegsmarine*. Dirigé par le Grossadmiral
Raeder* jusqu’au 30 janvier 1943, puis par le Grossadmiral Dönitz*.

OKL (OBERKOMMANDO DER LUFTWAFFE)


Haut commandement de la Luftwaffe*.
Dirigé durant pratiquement toute la guerre par Hermann Goering* qui,
désavoué, sera remplacé le 25 avril 1945 par le maréchal von Greim*.

OKULICKI, LEOPOLD
(1898-1946). Général polonais.
Successeur du général Bor-Komorowski*, en octobre 1944, à la tête de
l’armée de l’intérieur polonaise.
Arrêté par les Soviétiques en 1945, mourra en captivité.

OKW (OBERKOMMANDO DER


WEHRMACHT)
Haut commandement de la Wehrmacht*.
Organisme de commandement de la Wehrmacht* mis en place en 1938,
au départ de von Blomberg, pour remplacer le ministère de la Guerre. Hitler*
en assume personnellement la direction en tant que commandant en chef des
forces armées.

Commandant en chef des forces armées : Hitler*


État-major général : Keitel*

Le maréchal Keitel est chef de l’OKW* de 1939 à 1945 (voir Keitel).


OLBRICHT, FRIEDRICH
(1888-1944). Général allemand.
Antinazi résolu, et de longue date, participant majeur au complot du
20 juillet 1944*.
Exécuté le soir même. Une caserne de la Bundeswehr, à Leipzig, porte
aujourd’hui son nom.

OLDENDORF, JESSE
(1887-1974). Amiral américain.
À la tête de la TB 77-2, reste pour l’Histoire le vainqueur, grâce à son
habile dispositif, de la bataille du détroit de Surigao* en octobre 1944.
Un bâtiment de l’US Navy* porte son nom.

OLYMPIC, OPÉRATION
Nom de code de l’invasion de l’île japonaise de Kyushu, dans le cadre de
l’opération Downfall*.
MacArthur*, responsable de cette opération, a l’intention de déployer lors
du débarquement 650 000 hommes, GI’s* et Marines*. La VIe Armée du
général Krueger*, qui vient d’achever la conquête de Luçon*, assurera
l’ossature de cette force d’intervention. Elle sera appuyée par la formidable
puissance navale de Nimitz* qui détachera pour l’occasion :
— la Ve flotte de l’amiral Spruance*, soit pas moins de 2 900 navires de
guerre ;
— la IIIe flotte de l’amiral Halsey*, avec 17 porte-avions, 8 cuirassés,
20 croiseurs, 75 destroyers.
Si Spruance* est fort en navires de soutien et de débarquement, Halsey*,
grâce à ses porte-avions, aligne une aviation embarquée capable d’assumer la
permanence de la couverture aérienne face à un adversaire qui n’a presque
plus de marine.
MacArthur* n’envisage pas, dans un premier temps du moins, de
s’emparer de l’intégralité de Kyushu. La partie méridionale de l’île, au sud de
la diagonale Sendai-Suno, lui suffit. Elle lui procurera les terrains d’aviation
nécessaires à la seconde phase, Coronet*, contre Honshu. En outre, la baie de
Kagoshima représente une excellente base navale.
Les îles au large de Kyushu, Tanega Shima, Huro Shima, Koshiki, Retto,
seront occupées les 27 et 28 octobre, juste avant le X Day, définitivement fixé
au 1er novembre. L’invasion elle-même verra trois débarquements
principaux :
— sur la côte orientale, près de Miyazaki
(1er CA US du général Swift, 93 000 hommes) ;
— sur la côte occidentale, près de Kushikino
(5e CA amphibies, Marines* du général Schmidt, 98 000 hommes) ;
– au sud de l’île, dans la baie d’Ariake
(11e CA US du général Hall, 112 000 hommes).
Le 9e CA du général Rider (79 000 hommes) esquissera un débarquement
sur Shikoku entre X-2 et X. Après quoi, il se placera en réserve à Okinawa*.
En cas de besoin, il viendra renforcer les éléments engagés. Sinon, il
débarquera à son tour à l’ouest de la baie de Kagoshima. Sont également
prévues deux opérations aéroportées avec la 11e Airborne* pour épauler les
1er et 11e CA.
Par ses deux débarquements les plus au nord (1er et 5e CA), MacArthur*
espère sectionner assez vite le sud de Kyushu. Sur le fond, il est confiant. Ses
troupes sont solides et aguerries, ses appuis de toutes natures puissants. En
principe, Oympic ne devrait pas avoir besoin de faire appel aux unités
destinées à Coronet* quatre mois plus tard.
La capitulation japonaise rendit Olympic sans objet.

OMAHA BEACH
Cette plage normande du débarquement du 6 juin 1944, entre Vierville et
Colleville, garde pour l’histoire un qualificatif tragique : Omaha la sanglante.
Les raisons en sont multiples. La 716e DI allemande a été relevée par la
352e qui présente une autre valeur. Les défenses sont infiniment plus
importantes qu’escomptées : 8 casemates dotées de canons d’un calibre à 75
ou d’armes automatiques ; 17 positions antichars munies de canons de 37 à
75 ; 4 positions d’artillerie de campagne ; 6 fosses à mortiers ; 38 fosses à
tubes lance-fusées ; 85 emplacements de mitrailleuses. La marine a tiré trop
long et la 8ème Air Force a manqué sa cible. Ses 13 000 bombes ont piqueté la
campagne à 4 ou 5 km en arrière du rivage sans guère endommager le Mur de
l’Atlantique*.
L’état de la mer n’arrange rien. Devant Utah Beach*, le Cotentin forme
un écran protecteur contre les vents d’ouest. Les chars DD* sont arrivés au
rivage sans trop de pertes. Au large d’Omaha Beach*, la Manche accuse des
creux d’un mètre. Un LCT* met à l’eau trop loin (5 000 m) ses 29 engins qui
ne sont pas conçus pour des flots agités : 27 partent par le fond ; 2 seulement
atteindront la côte. À l’arrivée, il manquera le tiers des DD*, les rescapés
ayant été déposés au plus près par des commandants avisés.
La surprise et la mort attendent les voltigeurs de pointe des 115e, 116e,
15e et 16e RI de la 1ère DI US sur Omaha Beach*. Cette plage s’étale sur 6
km au pied d’un plateau peu élevé – 40 à 50 m – où se nichent, au milieu des
haies vives, des pommiers, des boqueteaux, trois petits villages : Vierville,
Saint-Laurent, Colleville. À 5 ou 6 km à l’intérieur, court, parallèle à la côte,
la RN 13 Bayeux-Isigny, objectif du Jour J* pour la Force O.
Quant à la plage elle-même, après une étendue découverte de sable fin,
elle s’achève sur une levée de galets d’un bon mètre de haut. Sitôt au-delà,
passe une route littorale qui mène à Saint-Laurent. Une fois la route
(lorsqu’elle existe) et un court intervalle assez marécageux franchis, le
terrain, broussailleux, s’élève rapidement, barré de quelques escarpements.
Quatre vallons, empruntés par la route littorale ou des chemins de campagne,
constituent des chemins naturels de la mer au rivage. Les Allemands en ont
coupé les accès par des mines, des barbelés, des blockhaus.
D’ouest en est, les Américains ont divisé Omaha Beach* en quatre
sections : Charlie, Dog, Easy, Fox, elles-mêmes scindées en deux ou trois
sous-sections désignées par un indicatif de couleur, white, red, green. Dog
red, Dog green, Easy green sont appelées à résonner plus douloureusement
que les autres dans la mémoire des combattants.
6 h 35. L’heure H compte 5 minutes de retard. Le tir des navires se lève,
LCVP*, LCA* sont encore à 400 m du rivage. Soudain les défenses
allemandes se dévoilent.
Très vite des coups portent sur des cibles trop voyantes. Des chalands
échoués ou stoppés les hommes se jettent à l’eau. Il est difficile d’avancer
rapidement quand on a sur le dos tout le barda du troupier moderne.
Déjà des morts, des blessés. Des cadavres ballottés par les lames. Les
rafales de mitrailleuses se mêlent aux arrivées de mortiers, de 88 ou de 75.
Poursuivre ? Se protéger ? Se camoufler ? Difficile dans tous les cas.
Sur la terre ferme, les DD* qui débouchent sont pris à partie. Certains,
touchés, dégagent une épaisse fumée. Ceux qui le peuvent ne cessent de tirer.
La mort fauche de tous les côtés. Les sections, les compagnies sont
décimées, parfois privées de tous leurs officiers. Les chars sont trop peu
nombreux. Les destroyers n’ont pas encore discerné le drame. L’aviation n’a
pas été sollicitée.
Les hommes qui atteignent la terre sains et saufs se protègent de leur
mieux. Des grappes humaines se plaquent contre le mur de la route littorale.
Omaha vit des minutes tragiques. 2 500 hommes, tués ou blessés,
jonchent le rivage. À 8 h, le pire paraît possible.
Pourtant la vie reprend. Des sapeurs forcent des brèches. Des cadres
reprennent en main une troupe paralysée par l’épreuve. Le général Cota,
commandant adjoint de la 29e DI, a débarqué à 7 h 30. Imperturbable sous le
feu, il donne de la voix, ordonne de quitter les lieux et le premier gravit le
talus. Le colonel Taylor, commandant le 16e RI, le colonel Canham,
commandant le 116e RI, hurlent de même : « Allons plutôt nous faire
assassiner à l’intérieur des terres ! »
L’exemple, l’invective font autorité. Progressivement, les prostrés, les
terrés, se relèvent. Des courageux se risquent en avant. Des officiers, des
gradés, des Rangers* montrent la voie. Des anciens de Sicile*, de Salerne*,
plus aguerris, réagissent. Des Bengalore* sont glissés sous les barbelés. Des
escouades repèrent des angles morts. Des groupes s’infiltrent dans les dunes
et sur la pente. En trois ou quatre endroits, des éléments plus importants
finissent par atteindre le bord du plateau.
Vers 9 h, des Rangers* et un détachement du 116e RI qui ont gagné les
hauteurs s’enfoncent résolument vers Vierville qu’ils approcheront à 11 h. Un
autre détachement perce devant Saint-Laurent. Plus à l’est, la compagnie G
du 16e RI aborde Colleville vers midi. Un peu avant 10 h, des chars
rejoignent la route du littoral.
Peu à peu, le feu allemand faiblit. Il a pris des coups et finit par manquer
de munitions. L’aviation lui interdit tout ravitaillement. Les destroyers,
alertés par le général Hubner, s’approchent au plus près, raclant les fonds, et
tirent à vue sur les ouvrages adverses. Des blockhaus cessent leurs tirs. Des
hommes en surgissent en levant les bras.
Une trentaine de Rangers* réussissent à escalader la falaise à l’extrémité
occidentale d’Omaha Beach*. À 13 h, ils ont raison des batteries de la pointe
de la Percée qui prenaient en enfilade les débarquements.
À 8 h 30, l’arrivée des chalands d’artillerie et de matériel a été
suspendue. Plage trop dangereuse et trop encombrée. À mi-journée, Bradley*
songe à reporter tout le débarquement sur Utah Beach*. Enfin, à 13 h 30,
tombe un message réconfortant : « Les troupes clouées au sol sur les plages
Easy red, Easy green, Fox red progressent au-delà des hauteurs dominant les
plages. »
Le plus dur est terminé. Martelés par les destroyers et les chars, grenadés
par les fantassins, les blockhaus tombent.
Avant 14 h, le Génie ouvre une route qui mène du hameau du Ruguet
vers Saint-Laurent. Les débarquements reprennent.
Vierville, Saint-Laurent, Colleville sont dépassés en fin d’après-midi. La
tête de pont devient une réalité sur un mile de profondeur et 6 km de front.
30 000 Américains, au soir du Jour J*, y sont à pied d’œuvre.
Mais Omaha la sanglante a coûté 3 000 tués, blessés ou disparus.
Aujourd’hui, dominant Omaha Beach*, le cimetière américain de Saint-
Laurent, sur 70 hectares, regroupe 9 386 tombes de combattants américains
de Normandie. Sur un mur, sont gravés les noms de 1 557 disparus.

ONCLE JOE
Surnom donné par les Américains à Joseph Staline*.

ONISHI, TAKIJIRO
(1886-1945). Amiral japonais.
Commandant de la 1ère flotte aérienne aux Philippines* en octobre 1944,
est l’instigateur des kamikazes*. Se suicide, le 15 août 1945, après avoir
adressé un message d’adieu à la jeunesse :
« Je souhaite que les jeunes cultivent l’esprit kamikaze* dans la paix, pour le bonheur et la
grandeur du peuple japonais. »

ONU (ORGANISATION DES NATIONS UNIES)


Organisation internationale définie par la Charte des Nations unies*,
signée à San Francisco le 26 juin 1945 par les représentants de 51 nations en
guerre contre l’Axe*.
Sa première assemblée générale s’ouvrira à Londres le 10 janvier 1946.
L’ONU fait suite à la SDN* dans la perspective d’assurer le maintien de
la paix entre les nations. Elle a pour préalable le déclaration commune des
Nations unies* du 1er janvier 1942, suivie par les travaux des conférences
interalliées, celles de Dumbarton Oaks* et San Francisco*.

OPOLCHENIE (ARMÉE DU PEUPLE)


Armée levée dans la population, à Leningrad* et Moscou*, en 1941, pour
aider à faire face à la menace allemande.

ORA (ORGANISATION DE RÉSISTANCE DE


L’ARMÉE)
Commence à apparaître en novembre 1942, sous le nom d’OMA
(Organisation métropolitaine de l’Armée), suite à l’invasion de la zone sud et
la dissolution de l’armée de l’armistice.
Dans l’esprit du général Giraud* et de son chef, le général Frère*, elle
doit être le prolongement de l’armée d’Afrique* en métropole. Elle se
structure assez vite avec, naturellement, des cadres d’active. À sa tête, les
généraux Frère* et Olleris, dans le sud-est le colonel Zeller, dans le sud-ouest
le colonel Pfister, dans le nord le commandant Cogny.
Frère* arrêté, le général Verneau, ancien chef d’état-major de l’armée, lui
succède. Verneau arrêté en octobre (il mourra en déportation), le général
Revers, ancien chef d’état-major de l’amiral Darlan* prend la tête de ce qui
est désormais l’ORA. Il tiendra jusqu’à la Libération*, devenant le conseiller
militaire du COMAC* en février 1944.
À la Libération*, l’ORA comptera 65 000 combattants et environ 1 500
officiers. Elle aura fourni aux maquis* leurs plus belles unités, 1er RI, Corps
franc Pommiès*, Brigade Charles Martel, Division d’Auvergne, qui
rejoindront ensuite la 1ère Armée*. Le 1er RI et la Brigade Charles Martel sont
aux origines du plus éclatant succès des maquis* de France : la reddition de
la colonne Elster*, forte de 18 000 hommes, le 11 septembre 1944.
Longtemps cataloguée giraudiste, ce qui n’était pas sans fondement, l’ORA
se voulait essentiellement patriote.
ORADOUR-SUR-GLANE
Village martyr du département de la Haute-Vienne.
Le 7 juin 1944, la IIe PD SS Das Reich* quitte ses cantonnements de la
région de Montauban pour la Normandie*. Elle remonte vers le nord par la
RN 20 où elle est harcelée à plusieurs reprises par les maquis. Le 9 au soir, le
major Kampfe, commandant l’un de ses bataillons, se déplaçant pratiquement
seul en voiture, est intercepté par un groupe de FTP* à environ 25 km de
Limoges. Il sera exécuté peu après.
Le bataillon du major Dickmann, arrivé sur les lieux, apprend sa
disparition et sur renseignements croit Kampfe, peut-être encore en vie, au
petit village d’Oradour-sur-Glane, à quelques kilomètres. Son chef décide de
se porter sur Oradour afin de le délivrer ou de le venger. Pourtant, il n’y a
aucun maquis à Oradour-sur-Glane. Le plus proche se situe à 12 km.
Oradour-sur-Glane en 1939 comptait, au village même, 399 habitants.
Les réfugiés, lorrains pour beaucoup, ont pratiquement doublé ce chiffre. La
destinée voudra que ce 10 juin il y ait au village visite médicale avec
vaccination et distribution de tabac. Des citadins sont également venus pour
se ravitailler.
La seule volonté de vengeance, tout en inspirant l’effroi, guide Dickmann
et ses SS*. Après leur passage, il y aura 648 victimes, hommes, femmes,
enfants confondus dans le même holocauste. 393 étaient des résidents, 167
venaient de la campagne voisine, 33 de Limoges, 55 de divers endroits. Une
femme, un enfant ont réussi à s’échapper. Le village n’est plus que ruines.
Dickmann, le grand responsable de ces crimes, sera tué en Normandie*.
Le général Lammerding, commandant la Das Reich*, ne sera jamais inquiété.
Par contre, 14 Alsaciens-Lorrains, en majorité incorporés de force, seront
poursuivis après la guerre. Deux condamnations à mort, des peines
d’emprisonnement seront prononcées. L’émoi causée en Alsace-Lorraine*
provoquera le vote, par l’Assemblée nationale, d’une loi d’amnistie.
Le massacre d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, est le plus tragique
qu’ait connu la France*. Il y eut de nombreux Oradour, victimes de la
barbarie nazie, sur le front de l’Est* et dans les Balkans.

ORANIENBURG
Camp de concentration* allemand en Prusse, ouvert en mars 1933. Sera
remplacé en 1936 par celui, proche, de Sachsenhausen.

ORCHESTRE ROUGE
Pour les Soviétiques, un poste radio ondes courtes s’appelle boîte à
musique, l’opérateur, un musicien.
C’est pourquoi l’Abwehr* donne le nom de Rote Kapelle*, Orchestre
rouge, au réseau d’espionnage communiste implanté en Allemagne* et en
Europe de l’Ouest et travaillant au profit de l’Union soviétique.
Cette organisation est dirigée par Léopold Trepper*, juif polonais
communiste et sioniste. Ses membres, souvent non communistes, sont des
résistants allemands mais aussi français, belges et hollandais, introduits à de
très hauts niveaux. En particulier, au ministère de l’Air allemand. Ils
fournissent des informations stratégiques, politiques et économiques qu’ils
transmettent par radio.
Le réseau est démantelé par les Allemands fin 1942 et la plupart de ses
agents exécutés. Il avait, entre autres, informé Moscou du déclenchement de
Barbarossa* (information non exploitée) et transmis les plans du char
allemand Tigre*. Trepper*, le grand chef, arrêté en décembre 1942, puis
évadé en septembre 1943, ayant joué le double et le triple jeu, parviendra à
rester hors d’atteinte jusqu’à la fin de la guerre.

ORDRE DES COMMANDOS


Ordre signé par Hitler*, le 18 octobre 1942 :
« Quartier général du Führer*
Le 18 octobre 1942. Le Führer* No 003830/42 G CW/ West.
Depuis longtemps, nos ennemis se servent de méthodes de guerre contraires aux
Conventions internationales. Particulièrement notoire est la conduite brutale et perfide des
dénommés « Commandos » qui, et cela a été établi formellement, sont en partie recrutés dans les
rangs d’anciens criminels libérés dans les pays ennemis. D’après les documents capturés, il ressort
qu’ils reçoivent les ordres, non seulement d’enchaîner leurs prisonniers, mais, de plus, de les
massacrer sur le champ, alors que ceux-ci, sont sans défense, dès qu’ils jugent que ces prisonniers
deviennent une entrave à la poursuite de leurs objectifs, ou peuvent être, dans l’un ou l’autre cas,
un objet de gêne. De plus, des ordres ont été trouvés qui prouvent que le principe du massacre des
prisonniers a été admis et recommandé. Pour cette raison, il a été ordonné dans un addendum du
rapport des Forces Armées – la Wehrmacht* – du 7 octobre 1942 que désormais l’Allemagne*
aurait recours au même traitement envers les troupes britanniques de sabotage et leurs complice,
c’est-à-dire qu’ils seront massacrés sans pitié par les Allemands dans les combats, partout où ils
seront rencontrés.
En conséquence, j’ordonne qu’à partir de cette date, tous les ennemis combattus par les
troupes allemandes durant des expéditions dites de commando, tant en Europe qu’en Afrique,
qu’ils soient en uniforme régulier de soldats ou qu’ils soient des saboteurs ou des agents, armés ou
non, soient exterminés jusqu’au dernier, tant au combat qu’à la poursuite. Il importe peu qu’ils
soient débarqués de navires, qu’ils soient amenés par avions ou parachutés ; même si ces gredins,
une fois repérés, décidaient de se constituer prisonniers, toute pitié devra leur être refusée par
principe.
Dans tout et chaque cas de cette nature, un rapport devra être fait au Quartier général (OKW)
afin qu’il puisse être diffusé dans les ordres quotidiens des Armées.
Si des individus faisant partie des commandos et employés comme agents secrets, saboteurs,
etc., tombaient entre les mains de la Wehrmacht* de n’importe quelle autre manière – par
arrestation de police dans tout territoire occupé par nous –, ils seront immédiatement remis au
Service de Sécurité (SD*, Sicherheitsdtienst) ; toute détention de prisonniers de cet acabit par des
gardiens militaires, c’est-à-dire se trouvant dans des camps de prisonniers de guerre même à titre
temporaire, est strictement défendue...
Pour la non-exécution de cet ordre, j’engagerai la responsabilité personnelle de tout
commandant ou officier et ordonnerai sa comparution devant un Conseil de Guerre pour y rendre
compte, soit de la négligence qu’il aura montrée en pareil cas dans l’accomplissement de ses
devoirs en ne donnant pas les ordres nécessaires à la troupe placée sous son commandement, soit
de la raison de la non-exécution des ordres indiqués plus haut.
Signé : Adolf Hitler*. »

Pour l’honneur de l’Allemagne*, il se trouvera au moins un Allemand


pour ne pas tenir compte de cet ordre : le maréchal Erwin Rommel*.

ORPO (ORDNUNGSPOLIZEI)
Police régulière réunissant les forces de police traditionnelles
(gendarmerie, police de la route, police douanière).
Incorporée à la SS*, et à l’encontre de la Sipo œuvrant en civil, elle se
présente en uniforme.

OSLO, REPORT
Lettres (deux) anonymes envoyées en novembre 1939 à l’attaché naval
britannique à Oslo.
On apprendra, en 1989, qu’elles provenaient d’un physicien allemand
antinazi, Hans Mayer, qui apportait des précisions sur les études d’armes
secrètes allemandes (futurs V1* et V2* et radar). Ces renseignements mirent
l’Intelligence Service sur la piste des projets adverses.
Interné à Dachau* en 1943, pour son opposition au nazisme, Mayer
devait survivre et travailler dans une université américaine après la guerre.

OSMENA, SERGIO
(1878-1961). Homme politique philippin.
Fondateur du parti nationaliste.
Devient président des Philippines* en 1944 à la mort de Quezon*. Rentre
dans son pays avec les troupes américaines de Libération* au début de 1945
et s’installe à Manille*.

OSS (OFFICE OF STRATEGIC SERVICES)


Services secrets américains chargés, sous la direction du général
Donovan*, du renseignement et de l’action.
L’OSS est créé par décision présidentielle, le 13 juin 1942. Il a vocation à
être l’équivalent des MI 6* et SOE* britanniques. Il interviendra sur tous les
théâtres d’opérations sous réserve toutefois du Pacifique* où MacArthur* et
Nimitz* entendront rester maîtres chez eux et freineront ses activités. Un de
ses principaux agents en Europe sera Allen Dulles* qui, installé à Berne,
établira des contacts avec la Résistance* allemande et sera au cœur de la
reddition des forces allemandes d’Italie*, le 2 mai 1945. En France*, 52
équipes de deux volontaires français (Sussex teams*), travaillant en liaison
avec le BCRA* et le MI 6*, mais dépendant de l’OSS*, seront larguées de
janvier à septembre 1944. Elles fourniront aux Alliés* des renseignements
précieux.
L’OSS sera officiellement dissous le 20 septembre 1945 mais renaîtra, en
1947, sous le nom de CIA (Central Intelligence Agency).

OSTER, HANS
(1888-1945). Général allemand.
Rejoint l’Abwehr* en 1933 et devient en 1938 l’adjoint de l’amiral
Canaris*.
Violemment antinazi, il élabore déjà des plans pour renverser le régime.
En mai 1940, par l’intermédiaire de l’attaché militaire à Berlin, il prévient les
Belges et les Hollandais de l’imminence de l’invasion de leur pays. Par la
suite, il est très probablement Werther, la source qui informe Lucy* en
Suisse. Il aide au maximum les Juifs à échapper à la Solution finale*.
Suspect, il est relevé de ses fonctions en avril 1943. Compromis dans le
complot contre Hitler* du 20 juillet 1944*, il est arrêté et exécuté à
Flossenburg* le 9 avril 1945.

OSTLEGION
Unités constituées par les Allemands, à partir de non-Slaves, dans les
territoires occupés du Caucase.
Il y a six légions recrutées en Arménie, Azerbaïdjan, Georgie, Nord
Caucase, Turkestan et chez les Tatars de la Volga. Il y a aussi un corps de
cavalerie issu du sud de la Volga. Elles ne paraissent pas avoir eu une grande
efficience. Leurs effectifs sont mal connus. (Certaines unités de l’Ostlegion
stationneront en France*.)

OUISTREHAM
Petit port normand, à l’embouchure de l’Orne. 2 500 habitants avant la
guerre.
Le commando No 4 du lieutenant-colonel Dawson, qui comprend les
177 Français du commandant Kieffer, a mission de s’en emparer au matin du
Jour J*, précédant la 1ère Special Service Brigade de Lord Lovat*.
6 juin 1944, 6 h 30. LCI* et LCA* du commando No 4 approchent du
littoral, à très exactement 2 km ouest de l’embouchure du canal de Caen à la
mer. Ils sont à l’extrême gauche du débarquement sur Sword Beach*. À
300 m de la plage, Dawson se montre grand seigneur : « Messieurs les
Français, soyez les premiers ! »
Les deux LCI* de Kieffer talonnent avec une légère avance. Les défenses
allemandes, malgré les écrans de fumée, ont, dans le jour naissant, repéré les
assaillants. Leur feu s’intensifie. Oubliant les compagnons qui tombent, les
Français franchissent les 150 m de la grève et atteignent la ligne des dunes.
Leur regroupement s’effectue rapidement avant de se rabattre sur leur
gauche. Objectif : le casino de Riva Bella, en bordure de mer, transformé en
forteresse.
Le gros du commando No 4 s’est glissé derrière les Français. Son propre
objectif est plus lointain : le port, les écluses et le quartier adjacent
d’Ouistreham.
La casino est abordé par l’arrière. Le combat est rude. Un DD* qui a
réussi à atteindre la grève apporte un soutien précieux. Dans Ouistreham
même, un poilu de 14, Marcel Lefèvre, se porte volontaire pour guider les
commandos. Vieux soldat, il a soigneusement repéré toutes les installations
allemandes.
11 h. Le casino a été enlevé, Ouistreham est occupée. Mais les pertes ont
été sévères. 7 tués, 80 blessés, dont Kieffer, chez les Français. Les prisonniers
sont un assemblage curieux : des Russes, des Baltes, des Roumains, des
Italiens, encadrés par quelques nazis bon teint.
Lovat* et sa 1ère Brigade ont rejoint. Direction le pont de Bénouville
(futur Pegasus Bridge*) saisi par les paras dans la nuit. Attention aux mines
et aux snipers. Le commando No 6 ouvre la route, suivi par le PC Lovat*. À
13 h 30, précédé d’un char et de son cornemuseux Millin, qui joue un vieil air
écossais, Lovat* prie ses amis parachutistes de bien vouloir excuser son
retard de quelques minutes. La liaison entre aéroportés et débarqués est
assurée.

OURAL
Massif montagneux à environ 1 500 km à l’est de Moscou, séparant
l’Europe de l’Asie.
C’est là que seront implantés les centres industriels transférés des zones
occupées par la Wehrmacht* (voir transferts vers l’Est).

OUSTACHIS, LES
Nom donné à un mouvement nationaliste croate créé en 1929 par Ante
Pavelic* (Oustacha signifie rebelle).
Il s’opposait à la prédominance serbe et visait à renverser la monarchie. Il
sera responsable de l’attentat contre le roi Alexandre 1er en 1934. Après
l’invasion de la Yougoslavie* par les Germano-Italiens en avril 1941, les
Oustachis accèdent au pouvoir avec Ante Pavelic* et proclament
l’indépendance de la Croatie*. S’appuyant sur un terrorisme sans appel, ils
s’allient aux nazis et s’efforcent d’exterminer Serbes, Juifs et Tsiganes.
100 000 de ceux-ci seraient morts au camp de concentration de Jasenovac*.
Les Oustachis disparaissent avec la Libération* de la Yougoslavie* et
sont eux-mêmes l’objet de terribles représailles (voir Bleiburg).
Le nombre des victimes des Oustachis est mal connu et contesté. Il varie
de 400 000 à un million.

OVERLORD
Nom de code du débarquement sur les côtes de Normandie* en 1944
après avoir été Boléro et Round-up.
Boléro désignant la préparation du débarquement en Europe, Round-up,
l’invasion elle-même (voir débarquement en Normandie).

OVERLORD, ARMADA ALLIÉE D’


Si l’on en croit Eisenhower*, le corps expéditionnaire allié des trois
armes (air-terre-mer) s’élève, le 6 juin 1944, à 2 876 439 individus. Soit
environ : 1 700 000 Américains, 1 000 000 d’Anglo-Canadiens, et des
contingents français, polonais, tchèque, belge, norvégien, hollandais. Les
Américains sont donc largement majoritaires, justifiant la désignation
d’Eisenhower* au commandement suprême.
Les forces terrestres, se préparant à franchir la Manche, représentent
39 divisions : 17 de l’empire britannique (dont 3 canadiennes), 20
américaines, 1 française (la 2e DB*), 1 polonaise. S’y ajoutent des brigades
autonomes, type commandos ou autres.
Pour l’aviation, on dénombre : 5 049 chasseurs, 3 467
bombardiers lourds, 1 645 bombardiers légers, 698 appareils de combat
divers, 2 316 avions de transport, 2 591 planeurs. La Grande-Bretagne* a dû
multiplier les terrains et les pistes ; 163 bases supplémentaires ont été
édifiées.
La marine aura à appuyer, protéger, transporter et ravitailler. L’amiral
Ramsay*a rassemblé une solide flotte de guerre : 6 cuirassés, 2 monitors, 23
croiseurs, 93 destroyers, 255 dragueurs de mines, 159 bâtiments de plus
faible tonnage (corvettes, vedettes, etc.). 80 % de ces navires sont
britanniques. Le gros de l’US Navy* se trouve dans le Pacifique*.
À ceux-là s’ajoutent, pour le débarquement proprement dit, les bâtiments
du type Landing Ship ou Landing Craft : 223 LST*, 72 LCI*, 836 LCT*,
plus 3 000 petits LCA*, LCM*, LCVP*.
Ces navires de débarquement aborderont les plages suivant un schéma
rigoureux (voir Overlord, plages d’).

OVERLORD, GENÈSE POLITIQUE


Au matin du 25 juin 1940, la Grande-Bretagne* s’est retrouvée seule.
Derrière l’inflexible Churchill*, elle a tenu ferme. Des escouades de braves
ont repoussé les avions de Goering*. Le 17 septembre, Hitler* a renoncé à
renouveler le précédent de Guillaume le Conquérant.
Churchill* voit loin. Il sait qu’il faudra revenir sur le continent européen
si l’on veut abattre définitivement le nazisme. Le 25 juillet 1941, il écrit à
Roosevelt* une lettre où l’on peut extraire : « En débarquant des armées de
libération quand l’occasion sera mûre. »
Le débarquement de Normandie est là, en germe.
1941. Le conflit s’élargit à l’échelle planétaire. URSS*, Japon*, États-
Unis*, y sont impliqués.
Dès les lendemains de Pearl Harbor*, Churchill* se précipite à
Washington. Il repart satisfait. « Europa first. » L’Europe d’abord. Autre
point acquis ; les armées anglo-américaines de libération feront irruption en
Europe durant l’année 1943, comme il le préconisait.
En octobre 1941, Mountbatten* remplace Keyes* à la tête des opérations
combinées. Mission du jeune amiral : « Examiner les possibilités et projeter
les grandes lignes d’un plan d’attaque de l’Europe à travers la Manche. »
À des milles de là, vis-à vis de ses nouveaux alliés anglo-américains,
Staline* n’a qu’un leitmotiv : ouvrir un second front. D’accord dans le
principe, mais comment, quand il y a tant à protéger : Moyen-Orient, océan
Indien, Australie* ? Néanmoins, le projet d’un débarquement en 1943, appelé
alors Round-up*, est mis à l’étude de manière détaillée.
D’autres idées surgissent entre temps. S’emparer du Cotentin (opération
Sledgehammer), libérer la Norvège* septentrionale (opération Jupiter).
Churchill* revient surtout sur l’Afrique du Nord qui présente tant
d’avantages (plan Gymnast* qui deviendra Torch*).
En mai 1942, Molotov* se présente dans un but très précis : les Anglo-
Américains doivent détourner du front oriental au moins 40 divisions.
Roosevelt* se montre conciliant. Il est pénible à l’amour-propre américain
de demeurer l’arme au pied ; outre le Président veut séduire Staline*. À la fin
du séjour de l’émissaire moscovite, un communiqué commun, le 11 juin,
annonce : « La nécessité urgente d’ouvrir un second front en Europe au cours
de l’année 1942 a été unanimement reconnue. »
À quelle date ? Churchill* prudent a tenu à préciser : « Nous ne pouvons
faire aucune promesse à ce sujet. »
Il a calculé que l’invasion doit mettre à terre 400 000 hommes en une
semaine. Impossible en 1942. Alors 1943 ?
Craignant que les Américains ne se retournent vers le Pacifique*,
Churchill* repart relancer Gymnast*. Roosevelt* écoute et acquiesce. En
juillet, à Londres, les chefs militaires tranchent. Ce sera Gymnast*, le
débarquement en Afrique du Nord, rebaptisé Torch*. Du coup, le
débarquement en Europe passe au second plan.
Le succès de Torch*, la victoire d’El-Alamein*, le désastre allemand à
Stalingrad*, fin 1942-début 1943, désignent les futurs vainqueurs. Pour
exploiter leurs acquis, Roosevelt* et Churchill se retrouvent à Anfa* en
janvier 1943. Le second parvient encore à imposer ses vues. La campagne de
Tunisie* terminée, Torch* se poursuivra en Sicile*. Mais la Sicile* est
proche de l’Italie*, chacun le sait, et Churchill* songe à la suite : les
Occidentaux doivent devancer les Soviétiques sur le Danube. Leur route
passe par l’Italie*.
Le débarquement en Europe, à cette heure, reste dans le flou, ce qui ne
signifie pas qu’il soit abandonné. Un organisme pour le préparer est mis sur
pied : le COSSAC* (littéralement : Chief of Staff to Supreme Allied
Commander, soit Chef d’état-major du commandant en chef allié). Le titre
désigne un homme. En mars, ce sera le général anglais Morgan. Dans la
pratique, le COSSAC* correspondra à l’équipe chargée d’élaborer les
modalités du débarquement en Europe.
On avance, mais rien n’est encore véritablement fixé. Curieusement,
Churchill*, promoteur du retour sur le continent, semble traîner les pieds. Il
parle surtout Méditerranée*, Balkans, Italie*. Avec l’idée stratégique
évoquée que les Américains récusent.
Deux conférences vont encore être nécessaires pour parvenir à une
décision ferme.
À Washington, en mai 1943 (conférence Trident*), Churchill* argumente
toujours en faveur de l’Italie*. Roosevelt a pris de l’assurance. Il sent la
pression de ses généraux et de son opinion publique qui désirent voir les
États-Unis* prendre la tête de la coalition et imposer leurs conceptions :
traverser la Manche pour renverser le totalitarisme et restaurer la démocratie.
Pas de Méditerranée* pour soutenir les seuls intérêts britanniques au Moyen-
Orient et ailleurs. Cette fois, une date est clairement avancée : mai 1944, avec
un effectif initial de 29 divisions.
Nouvelle conférence Quadrant* en août à Québec*. Le Premier ministre
n’arrive pas sans munitions : déconfiture de Mussolini*, pourparlers
d’armistice avec les Italiens. Qu’importe ! Côté américain, les jeux sont faits.
Le rapport final présenté par les chefs d’état-major est approuvé par les
deux responsables politiques :
— le débarquement à travers la Manche sera l’effort terrestre et aérien
primordial des États-Unis* et de la Grande-Bretagne* contre l’Axe* en
1944 ;
— l’opération, qui reçoit le nom définitif d’Overlord*, interviendra en
principe le 1er mai 1944 ;
— Overlord* aura la priorité sur le théâtre méditerranéen.
Québec* marque une étape. L’attelage Roosevelt*-Churchill*, dont
Churchill* était, sans l’avouer, le coach, est rompu. Le Britannique n’est plus
que le second d’un président de plus en plus dominateur et grisé par l’encens
qui, de tous les côtés, monte vers lui.
Téhéran*, fin novembre 1943. Staline* s’entend confirmer par
Roosevelt* le déclenchement d’Overlord* et son aspect prioritaire. Le
Géorgien réclame un complément (ce qui détournerait de la route de Vienne
et du Danube). Il a eu écho de la possibilité d’un débarquement dans le midi
de la France* (opération Anvil*). Il en demande la réalisation. Roosevelt* qui
veut gagner sa confiance s’engouffre dans la brèche et dit OK. Churchill*, le
visionnaire, est définitivement battu. Au fond de lui-même, il enrage de
renverser le nazisme* pour le remplacer parfois par le communisme. Que
peut-il faire pour s’y opposer ? Rien ! Il n’est pas le plus fort.
Staline* s’inquiétait du nom du commandant en chef d’Overlord*.
Churchill* avait songé à Brooke*, mais les Américains l’emporteront en
effectifs et en moyens.
Le 5 décembre, Roosevelt* lève le voile : Eisenhower*, présentement
commandant en chef en Méditerranée*, est l’élu. Lui parviendra bientôt la
directive lui confirmant sa nomination de Commandant suprême des forces
expéditionnaires alliées et lui précisant sa mission :
« Vous pénétrerez sur le continent européen et, conjointement avec les autres Nations unies,
vous entreprendrez des opérations visant le cœur de l’Allemagne* et ayant pour but la destruction
de ses forces armées. Vous pénétrerez sur le continent au mois de mai 1944. Après vous être
assuré dans la Manche de ports convenables, vous exploiterez ce résultat en vous emparant d’une
zone qui facilitera les opérations terrestres et aériennes dirigées contre l’ennemi. »

Overlord* aura lieu après bien des palabres et des atermoiements. La


volonté de Roosevelt* et des Américains, ses grands maîtres d’œuvre, lui a
donné existence, écartant l’autre voie qu’eût préférée Churchill*.

OVERLORD, MÉTÉO D’

Jeudi 1er juin 1944.


Le temps se maintient au beau sur la France mais commence à fraîchir.
À Portsmouth, l’équipe météorologiste du group captain (colonel) Stagg
de la RAF* s’inquiète. Les deux navires météo de l’Atlantique, les stations
côtières de Terre-Neuve et d’Écosse signalent une dépression qui se creuse
vers l’ouest.

Vendredi 2 juin.
En France*, le temps est toujours beau.

Samedi 3 juin.
Sur les quais, on presse les embarquements. Le secret a été levé. Le moral
est bon.
Tout se déroulerait normalement si... À la conférence du soir, à 21 h 30,
le colonel Stagg se montre pessimiste. Il annonce des vents forts, des nuages
bas, une mauvaise visibilité.
Les prévisions de Stagg sont toujours très sûres. Alors, tout arrêter à
cause de la météo défavorable ? Eisenhower* décide d’attendre un peu une
confirmation, 6 h étant le dernier délai pour prescrire ou non le débarquement
le 5 juin.

Dimanche 4 juin.
À 2 h du matin, le vent est annoncé force 5 à 6 (plus de 40 km/h) dans la
Manche. La mer accuse des creux de 1 à 1,5 m.
Il n’est pas tout à fait 4 h. Les hauts responsables, Eisenhower*, Tedder*,
Montgomery*, Ramsay*, Leigh-Mallory*, Bedell-Smith*, se retrouvent dans
la grande bibliothèque des forces navales à Portsmouth qui leur tient lieu de
PC avancé. Stagg, le grand Écossais sec et austère, apprécié pour sa
technicité et son objectivité, fait face à un jury anxieux de connaître sa vérité
qu’il dévoile sans fard :
« La situation doit s’aggraver encore un peu. La prévision d’ensemble est pessimiste. Une
légère amélioration commencera dans vingt-quatre heures. Elle peut durer quelques jours ou
seulement une journée. »

Stagg ne saurait s’avancer plus. Eisenhower* fait un tour de table.


Ramsay* émet des craintes. Leigh-Mallory* est partisan de retarder.
Montgomery* souhaite passer outre aux difficultés du moment, Tedder* est
d’un avis contraire.
La décision appartient au chef et à lui seul. 4 h 15. Eisenhower* fait
connaître sa décision. : Overlord* est retardé de vingt-quatre heures.

Lundi 5 juin.
3 h. Eisenhower* retrouve ses fidèles. La veille, à 21 h, Stagg lui a laissé
espérer une amélioration. Comme vingt-quatre heures plus tôt, le
Commandant suprême, par prudence, a préféré patienter un peu et sa décision
doit encore intervenir avant 6 h du matin pour un débarquement le 6.
À cette heure, le ciel répond à ce que le colonel avait prévu. La pluie
tambourine sur les vitres, le vent gémit dans les ramures. Manifestement, un
débarquement le 5 au matin aurait été désastreux.
L’oracle météo apporte de relativement bonnes nouvelles. L’amélioration
dégagera tout le ciel de l’Angleterre méridionale au cours de la nuit et durera
probablement jusqu’à la fin de la matinée ou jusqu’à l’après-midi du mardi.
L’accalmie se prolongerait-elle au-delà de trente-six heures ? Stagg ne se
prononce pas avec certitude, mais il est formel pour l’avenir immédiat.
Eisenhower* doit, une nouvelle fois, trancher après un autre tour de table.
Bedell-Smith*, Montgomery* sont pour. Tedder* et Leigh-Mallory* estiment
le coup risqué. Ramsay* a besoin d’une décision à cause des ravitaillements
en carburant.
À 4 h 15 exactement, à la même heure que la veille, Eisenhower*
annonce lentement :
« Je suis persuadé que nous devons donner l’ordre. Je n’aime pas cela, mais voilà, il me
semble que nous n’avons pas le choix. »

Il a raison. L’inverse reporterait à quinze jours, voire à un mois pour


retrouver des conditions identiques. Ce serait prendre des risques terribles sur
la surprise. Tant de personnes connaissent maintenant les points de
destination !
Le Jour J*, celui du débarquement en Normandie, tombera le mardi 6 juin
1944.

OVERLORD, PLAGES D’
L’amiral Ramsay* a scindé ses navires en deux Task Forces*
principales : l’occidentale pour assurer et couvrir les débarquements
américains sur Utah* et Omaha Beach*, l’orientale pour les débarquements
britanniques sur Gold*, Sword* et Juno Beach*.
La flotte alliée comporte 255 dragueurs de mines. Sans ces petits
bâtiments de 700 tonnes, à équipage d’une soixantaine d’hommes,
l’expédition tournerait au désastre dans une Manche que les Allemands ont
truffée de mines sous-marines. Ils vont devoir dégager un chenal pour chaque
convoi naviguant vers les côtes françaises. Au sortir des ports britanniques,
chaque Task Force* et ses protégés convergeront vers un rond-point central,
situé à une trentaine de kilomètres au sud de Portsmouth. De cette zone Z,
vite baptisée Piccadilly Circus* à cause de l’encombrement attendu, ils
éclateront vers les plages.
Le schéma de présentation et d’arrivée sur les plages est appelé, en
principe, à se dérouler comme suit :
À une quinzaine de kilomètres de leurs objectifs respectifs, les convois de
débarquement débouchent chacun dans son chenal. Les landing crafts sont
progressivement mis à l’eau. La formation se déploie en échelons successifs
et avance. En première ligne, quelques LCM* de guidage ; derrière eux, une
rangée de chars DD* ; 1 500 à 2 000 m plus loin, les LC porteurs des
AVRE*, lance-fusées, canons ou chars spécialisés (Crabs* ou tankdozers) ;
puis, à quelques centaines de mètres, en retrait, la ligne des chalands des
équipes du Génie chargées de faire sauter les mines et les obstacles ; puis le
gros des LCA* avec les troupes d’assaut ; enfin, barges DCA et, plus ou
moins au mouillage, cuirassés et croiseurs pilonnant les défenses côtières à
partir de l’heure H-40. Sur les flancs, les destroyers d’escorte participent à
l’appui feu et se tiennent prêts à se porter à l’avant si besoin (beaucoup le
feront). À la limite de la grève et des obstacles, les chars DD* s’arrêtent et
ouvrent le feu sur les résistances qui se dévoilent. Les chars Crabs*, les
tankdozers ouvrent des brèches, aidés par les sapeurs démineurs. Les troupes
d’assaut qui surviennent, s’y engouffrent, appuyées par les chars qui ont
repris leur progression.
Il y aura souvent loin du schéma à l’exécution.
Les caprices de la marée imposent un décalage. L’heure H sonne, à
6 h 30 sur Utah Beach*, à 7 h 30 sur Sword Beach, puisque les chalands
doivent talonner les plages trois heures avant la haute mer. (Le soleil se lève à
5 h 58.)
Pour le reste, le scénario mis au point est partout sensiblement identique à
quelques variantes locales près. De H-40 à H-30, bombardement naval par la
flotte de soutien ; de H-30 à H-5, bombardement aérien par les bombardiers
lourds du Bomber Command* et de la 8e Air Force, ainsi que par les
bombardiers moyens de la 9e Air Force. Quant aux chasseurs, il leur incombe
d’écarter les importuns.
Les bombardements navals et aériens peuvent avoir une régularité
d’horloge. Les diverses plages, elles, connaîtront des destins contrastés.
(Voir Utah Beach, Omaha Beach, plages britanniques du Jour J.)

OVRA (ORGANIZZAZIONE DU VIGILANZA


REPRESSIONE DELL’ ANTIFASCISMO)
Organisation de vigilance et de répression de l’antifascisme.
La police secrète fasciste de Mussolini*. Créée en 1927 et appliquant les
mêmes méthodes que la Gestapo*, elle a heureusement moins de temps et
d’espace que son émule pour s’exprimer. Elle sévira en France*, en Corse* et
dans le Sud-Est. Sa principale victime, en Corse*, est le capitaine Fred
Scamaroni, agent du BCRA*.

OWEN SMG
Pistolet mitrailleur réalisé par les Australiens en 1940 et inventé par le
lieutenant Evelyn Owen, d’où son nom.
Il s’avère une arme très valable dans le combat de jungle.
Poids : 4,815 kg ; longueur : 813 mm : chargeur vertical de 33 cartouches
de calibre 9 mm.

OYONNAX
Chef-lieu de canton du département de l’Ain, 11 000 habitants avant la
guerre.
Le 11 novembre 1943, les maquis* locaux investissent la ville. Puis,
200 maquisards en tenue derrière leur chef, le capitaine Romans-Petit, lui-
même en tenue d’officier d’aviation, suivi du drapeau et de sa garde, défilent
dans les rues de la ville et se dirigent vers le monument aux morts. Romans-
Petit y dépose une gerbe en forme de croix de Lorraine portant l’inscription :
« Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 ». Puis, les maquisards
s’esquivent sans incidents, après une minute de silence et le chant de La
Marseillaise.
L’opération, parfaitement orchestrée, a un large retentissement.
Des défilés identiques ont lieu à Thorens, à Saint-Jeoire en Haute-Savoie
et dans bien d’autres villages. Des gerbes sont déposées aux monuments aux
morts par le maquis de Boussoulet (Haute-Loire).

OZAWA, JIZABURÖ
(1886-1963). Amiral japonais.
En 1941, il commande la flotte qui couvre les débarquements japonais en
Malaisie et l’aviation qui sous son autorité coule le Prince of Wales* et le
Repulse*.
Il participe à la conquête des Indes néerlandaises, commande la première
flotte mobile dans les bataille des Philippines*. Lors de la bataille de Leyte*,
il réussit à gruger Halsey*.
En mai 1945, Ozawa succède à Toyoda* comme commandant en chef de
la flotte combinée. Il laisse le souvenir d’un homme modeste, parlant peu et
ne courant pas après la gloire.
P

P 38
Lockheed P 38 Lightning.
Bimoteur, bipoutre, fabriqué par Lockheed Aircraft Corp. En 8 500
exemplaires environ, en plusieurs versions. Avion révolutionnaire par ses
qualités techniques et ses possibilités : chasseur, chasseur-bombardier,
reconnaissance, chasseur de nuit. Opérationnel à partir de la fin de 1942.
Vitesse : 670 km/h ; autonomie : 720 km ; armement : un canon de
20 mm, 4 mitrailleuses de 12,7 mm, 1 450 kg de bombes (suivant les cas) ;
équipage : un homme.
Ce sont des P 38 qui abattent l’avion de l’amiral Yamamoto* en avril
1943. Antoine de Saint-Exupéry, en mission de reconnaissance au-dessus de
la France, disparaît aux commandes d’un P 38 en 1944.

P 39
Bell P 39 Aircobra.
Chasseur américain opérationnel à compter de janvier 1941, mais aux
performances vite dépassées. Fabriqué au total, en plusieurs versions, à 9 558
exemplaires par Bell Aircraft Corporation (4 773 appareils livrés à l’URSS*).
Vitesse : 590 km/ h ; autonomie : 1 300 km ; armement : un canon de
37 mm, 4 mitrailleuses de 12,7 mm, 225 kg de bombes (suivant les cas) ;
équipage : un homme.

P 40
Curtiss P 40 Warhawk.
Chasseur américain de la première partie de la guerre. Fabriqué à 13 733
exemplaires en plusieurs versions, de 1939 à 1944. Équipera les Tigres
volants* de Chennault* et le groupe français La Fayette en 1943. Les
Français en ont reçu quelques-uns avant l’armistice franco-allemand.
Caractéristiques du P 40 B de 1941. Vitesse : 560 km/h ; autonomie :
1 500 km ; armement : 4 mitrailleuses ; équipage : un homme. (Il est
surclassé par les Spitfire* et Hurricane*.)

P 47
Republic P 47 Thunderbolt.
Monomoteur d’escorte et d’attaque au sol fabriqué par Republic Aviation
Corporation à 15 683 exemplaires en plusieurs versions. Opérationnel à partir
de 1943. Appareil robuste, redoutable par sa puissance de feu.
Vitesse : 690 km/h ; autonomie : 765 km ; armement : 8 mitrailleuses de
12,7 m/m, 900 kg de bombes (suivant les cas) ; équipage : un homme.
(Son nez peint en damier permet de le distinguer très rapidement.)

P 51
North American P 51 Mustang.
Le meilleur chasseur américain de la guerre. Fabriqué à 15 686
exemplaires en plusieurs versions. Opérationnel à compter de 1942.
Vitesse : 630 km/h ; autonomie : 1 200 km ; armement : 4 mitrailleuses
de 12,7 mm, 450 kg de bombes (suivant les cas) ; équipage : 1 homme.
La version P 51 B atteint 760 km/h. La version P 51 D (vitesse 700 km/h)
sera fabriquée à 8 000 exemplaires.

PACIFIC OCEAN AREAS


Théatre d’opérations confié en avril 1942 à l’amiral Nimitz*.
Il englobe le Pacifique*, à l’exception du South-West Pacific Area* de
MacArthur*. Les immensités du Pacifique* sont en charge d’un marin,
commandant la flotte du Pacifique*, solution logique.

PACIFIQUE, GUERRE DU
Guerre menée du 8 décembre 1941 au 15 août 1945 par le Japon* contre
les États-Unis*, la Grande-Bretagne*, les Pays-Bas*, l’Australie*, la
Nouvelle-Zélande* et la France*.
En fait, les États-Unis* sont l’adversaire principal du Japon*.
La guerre s’ouvre par l’attaque surprise japonaise contre Pearl Harbor*.
Elle se poursuit par la conquête des Philippines*, des Indes néerlandaises*,
de Bornéo*, de la majeure partie de la Nouvelle-Guinée* et des Salomon*, de
Guam*, de Wake*, d’Attu* et Kiska* dans les Aléoutiennes*, accompagnée
d’une menace sur l’Australie*.
Les batailles de la mer de Corail*, de Midway*, en mai-juin 1942, puis
de Guadalcanal*, marquent le coup d’arrêt porté à l’expansion nippone.
Après la victoire définitive à Guadalcanal*, en janvier 1943, la reconquête
peut commencer, menée par le général MacArthur* et l’amiral Nimitz*.
Le Pacifique, qui, au début de 1942, avait connu un éphémère ABDA
Command*, est divisé en deux. Le South-West Pacific Area, à charge de
MacArthur*, englobe les îles et archipels au sud de l’Équateur ainsi que les
Philippines*, les Indes néerlandaises (sauf Sumatra) et Bornéo. Le Central
Pacific Area, à charge de Nimitz*, s’étale au nord, incluant les Gilbert*, les
Marshall*, les Mariannes*, Iwo Jima*, Okinawa*.
En mai 1943, la conférence de Washington* prévoit un gigantesque
mouvement en tenailles. La pince méridionale de MacArthur* partant de la
Nouvelle-Guinée* ira vers les Philippines* ; la pince septentrionale de
Nimitz* depuis les Gilbert* montera vers le Japon*. Ce plan sera exécuté
avec une large utilisation des porte-avions et d’opérations amphibies souvent
sur les arrières ennemis court-circuitant des bases, Rabaul*, Truk*.
Après la reconquête de la Nouvelle-Guinée*, MacArthur* s’empare des
Philippines* (octobre 1944-février 1945). Au nord, Nimitz* occupe Saipan*,
Tinian*, Guam*, Iwo Jima*, Okinawa*, au prix de très sanglants combats.
Toutes ces reconquêtes terrestres sont accompagnées de lourdes batailles
navales
L’occupation d’Iwo Jima* permet d’intensifier les bombardements
stratégiques sur le Japon* qui en est réduit à compter sur le sacrifice de ses
kamikazes*. Finalement, les bombes atomiques de Hiroshima* et Nagasaki*
forcent Tokyo à capituler, le 25 août 1945.
Cette guerre du Pacifique aura vu la mise en place de formidables
moyens terrestres, navals et aériens de la part des Américains. En dépit de la
décision de privilégier l’Europe, le gros de l’US Navy* vogue dans le
Pacifique. Les Japonais ont sous-estimé ce potentiel industriel et cette volonté
de revanche après Pearl Harbor* et Corregidor*.
PACTE D’ACIER
Nom donné par Mussolini* à l’alliance militaire entre l’Allemagne* et
l’Italie* signée le 22 mai 1939 par les deux ministres des Affaires étrangères
Ribbentrop* et Ciano*.
L’accord prévoit une aide réciproque en cas d’agression. Il n’est pas tenu
par Mussolini*, puisque l’Italie* n’entre en guerre que le 10 juin 1940 et non
le 3 septembre 1939, date de la déclaration de guerre à l’Allemagne* de la
France* et la Grande-Bretagne*. Il confirme que l’Italie* dirigera les
opérations en Méditerranée*.

PACTE DIT TRIPARTITE


Traité signé le 27 septembre 1940 à Berlin par les ministres des Affaires
étrangères Ribbentrop*, Ciano*, Matsuokao*, pour l’Allemagne*, l’Italie* et
le Japon*.
« Article I — Le Japon* reconnaît et admet le rôle prépondérant de l’Allemagne* et de
l’Italie* dans l’instauration d’un ordre nouveau en Europe.
Article II — L’Allemagne* et l’Italie* reconnaissent et respectent le rôle dirigeant du Japon*
dans l’instauration d’un ordre nouveau en Extrême-Orient.
Article III — Les puissances signataires s’imposent assistance mutuelle au cas où l’une des
parties serait attaquée. »

(Sous-entendu : par les États-Unis* bien que le nom ne soit pas


mentionné.)
Dans la perspective de sa future opération Barbarossa*, Hitler*
escomptait ainsi voir l’URSS* obligée de se garder à l’est. Il sera déçu. Le
14 avril 1941, l’URSS* et le Japon* signeront un traité d’engagement de
neutralité réciproque pour cinq ans. Tokyo a les mains libres dans ce qu’il
trame contre la Grande-Bretagne* et les États-Unis*.
La Bulgarie*, la Hongrie*, la Roumanie*, par la suite, rejoindront ce
Pacte tripartite.

PACTE GERMANO-SOVIÉTIQUE
(voir NON-AGRESSION, PACTE DE)
PAGET, BERNARD
(1887-1961). Général britannique.
Commande habilement le corps expéditionnaire britannique de Norvège*
au printemps 1940.
Puis est à la tête des forces britanniques de l’intérieur jusqu’en juillet
1943. Forme et instruit ensuite le XXIe GA appelé à participer à Overlord*.
Sera commandant en chef au Moyen-Orient de janvier 1944 à 1946.

PAILLOLE, PAUL
(1905-2002). Officier français.
Le 1er décembre 1935, le lieutenant, bientôt capitaine, Paillole est affecté
au 2e bureau de l’état-major de l’armée à Paris.
Rien, a priori, ne prédispose cet ancien Saint-Cyrien à une carrière dans
les services secrets. Il ne tarde pas, pourtant, à devenir l’un des rouages
essentiels du contre-espionnage français opposé à l’Abwehr* et jugule bien
des espions nazis. En 1940, avec son patron, le colonel Rivet, il détecte les
plans allemands. Mais les deux hommes ne sont pas crus en hauts lieux.
La défaite de juin 1940 n’interrompt pas sa traque des espions allemands.
Travaillant sous couvert d’une activité parallèle, les Travaux ruraux, il
élimine encore de nombreux agents allemands (30 condamnations à mort),
tout en renseignant la Résistance* et les Britanniques. Après l’occupation de
la zone sud, Monsieur Périer rejoint Alger via Londres et y devient le chef
des services de contre-espionnage et de sécurité militaire, poste capital pour
la préparation des futures opérations. Grâce à ses agents et réseaux implantés
en métropole, il informe régulièrement les commandements français et alliés
de la situation de la Wehrmacht*. Bien introduit, il est le premier et le seul
officier français à connaître la date exacte d’Overlord*.
La guerre terminée, le colonel Paillole quittera l’armée.

PALAOS, ARCHIPEL DES


Situé à près de 1 000 km à l’est des Philippines*, son occupation est
indispensable pour couvrir la route de MacArthur* vers ces mêmes
Philippines*.
Si les atolls secondaires d’Ulithi et Angaur sont facilement enlevés, les
Marines* débarqués sur Peleliou* le 15 septembre 1944 se heurtent à une
résistance très solide (voir Peleliou).
Babelthuap, la principale île, et quelques autres plus modestes ne sont pas
attaquées. Les garnisons japonaises, privées de tout ravitaillement, seront
impuissantes.

PALAWAN, MASSACRE DE
Île des Philippines*, au sud-ouest de Mindoro.
Des prisonniers américains y sont internés. À l’arrivée des navires de
débarquement américains, le 28 février 1945, les Japonais rassemblent leurs
prisonniers dans une grotte, les arrosent d’essence et mettent le feu avec des
grenades incendiaires. Un unique rescapé, réussissant à sauter d’une falaise et
à échapper au tir de ses poursuivants, rapportera la tragédie.

PALESTINE
Ancien territoire turc placé sous mandat britannique où vivent, en 1939,
470 000 Juifs et un million d’Arabes.
Dans le cadre de leur politique générale au Moyen-Orient, les Anglais ont
tendance à privilégier les Arabes au détriment, en particulier, de l’émigration
juive. En mai 1939, ils ont limité celle-ci à 75 000 pour les cinq années à
venir.
Au début des hostilités, 136 000 Juifs, hommes ou femmes, se portent
volontaires pour rejoindre les forces armées. Les Britanniques, toujours
soucieux de se ménager les Arabes, n’y donnent pas grande suite, ainsi qu’à
la volonté de l’Agence juive de former une Légion juive. Toutefois, en août
1942, 18 000 Juifs servent dans l’armée britannique. Une brigade juive de
5 000 hommes se battra en Italie* avec la VIIIe Armée en 1945. On estime
qu’au total 30 000 Juifs auront combattu auprès des Anglais (contre 9 000
Arabes palestiniens).
Cette participation à la guerre n’empêche pas l’Agence juive, véritable
gouvernement du sionisme, de préparer, en sous-main, la formation d’un État
d’Israël. La tension monte. Des émigrants juifs sont détournés et internés
dans l’île Maurice. Les groupes Stern* et Irgoun passent à l’action violente
contre tout ce qui représente le pouvoir britannique. Il est des morts dans
chaque camp. La confrontation, la guerre terminée, s’annonce inévitable aussi
bien avec les Anglais qu’avec les Arabes, avec en toile de fond les
répercussions de la terrible Solution finale*

PANAMA
Déclare la guerre aux puissances de l’Axe* en décembre 1941 et signera
la déclaration originelle des Nations unies.
Des bâtiments et équipages panaméens participeront aux convois de
l’Arctique*.

PANFILOV, IVAN
(1892-1941). Général soviétique.
Commandant de la 316e division d’infanterie soviétique réputé pour son
courage.
Tué le 18 novembre 1941 lors des combats pour la défense de Moscou.
Héros de l’Union soviétique à titre posthume.

PANFILOVTSY
Hommes du général Panfilov*, soit soldats de la 316e DI devenue, le
18 novembre 1941, la 8e division de la Garde pour sanctionner sa courageuse
tenue au feu.
Ils se dénommèrent ainsi en témoignage de respect et d’admiration envers
leur chef. 28 d’entre eux – qui auraient tous été faits Héros de l’Union
soviétique – appartiennent à la légende de la chaussée de Volokolamsk*.

PANNWITZ, HELMUT VON.


Général allemand.
Il met sur pied une division puis un corps d’armée cosaque.
Cette troupe combat contre les maquis d’Europe centrale,
Tchécoslovaquie*, Yougoslavie*. S’étant rendue aux Britanniques en mai
1945, elle est ensuite livrée de force aux Soviétiques. Le général Pannwitz
sera pendu en janvier 1947.

PANTELLERIA
Petite île italienne de 83 km2, au tiers du parcours entre le cap Bon et
Malte*.
Après un bombardement intense de six jours et six nuits (4 120 tonnes de
bombes), est occupée par les Alliés*, le 11 juin 1943. Sa garnison – 11 000
Italiens – s’est empressée de lever les bras à l’arrivée de la flotte de
débarquement. La menace que Pantelleria pouvait représenter pour la
conquête de la Sicile* est ainsi annihilée.

PANTHER
Char PZK V (Panzerkampfwagen V).
Rapide et maniable, ce char allemand se classe immédiatement derrière le
célèbre Tigre* PZK VI. Apparaît sur le champ de bataille en juillet 1943.
Poids : 45,5 tonnes ; vitesse : 55 km/h ; longueur : 8,66 m ; hauteur :
2,85 m ; largeur : 3,27 m ; blindage avant : 110 mm ; équipage : 5 hommes ;
armement : un canon de 75 mm, 2 mitrailleuses.

PANZER
Abréviation du mot allemand Panzerkampfwagen (véhicule de combat
blindé).
Les initiales Pzkpfw suivies d’un numéro ou d’un nom désignaient les
différents types de chars allemands. Exemples : Pzkpfw IV ou Pzkpfw Tiger.
La Panzer Division est ainsi la division blindée.

PANZERARMEE AFRIKA
Ce terme succède à celui de Panzergruppe Afrika, le 21 février 1942, et
correspond à l’ensemble des forces terrestres germano-italiennes placées sous
le commandement de celui qui était alors le général Rommel*.
Cette Panzerarmee comprenait ou devait comprendre :
Soit, au total, sous réserve de modifications, quatre divisions allemandes
et huit divisions italiennes. Les divisions étant à effectif d’environ 12 000
hommes, l’ensemble avec les unités de commandement donnait 150 000
hommes. Pertes et absence de renforts donneront 104 000 hommes en octobre
1942 à la veille de la bataille d’El-Alamein*.

PANZERFAUST (POING BLINDÉ)


Arme antichar allemande avec roquette à charge creuse (et lanceur jetable
à un coup).
Le Panzerfaust 30 apparaît en 1942, remplacé en 1943 par le Panzerfaust
60, modèle le plus courant, d’une portée de 60 m au lieu de 30. En 1944,
sortira un modèle 100, portée 100 m.
Le projectile, d’un poids de 3 kg, à vitesse de 45 m/s, perce des blindages
de 200 mm. L’arme, d’un poids total de 6,1 kg et d’une longueur de 1,65 m,
est doublement dangereuse. Pour le char adverse, pour le tireur qui doit se
rapprocher au plus près de son objectif. Elle est particulièrement intéressante
pour le combat de rues antichars.

PANZERFAUST, OPÉRATION
Devant l’évolution militaire du conflit à l’été 1944, l’amiral Horthy*,
régent de Hongrie*, estime nécessaire de renverser ses alliances.
Il dépêche des émissaires à Moscou pour négocier. Son propre fils,
Niklas, entre en contact avec la résistance yougoslave de Tito*.
Budapest n’est pas une capitale discrète. Berlin a écho de ce qui se trame.
Hitler* ne peut se permettre de laisser la Hongrie* lui échapper. La Honved*
représente encore 30 divisions.
Depuis l’affaire du Gran Sasso*, le Führer* a son condottiere de haute
confiance. Après le cas Mussolini*, Skorzeny* règlera le cas Horthy*.
Hitler*, le 13 septembre, lui confie tous pouvoirs :
« Je ne veux en aucun cas d’un Badoglio* en Hongrie*. Si le régent trahit sa parole, vous
devez vous emparer du Burgberg avec tous ceux qui se trouveront dans le palais royal et les
ministères. »

Et Skorzeny* de recevoir un ordre écrit avec tous pouvoirs et des moyens


importants : la valeur de deux bataillons de parachutistes, un bataillon
d’élèves officiers et des blindés.
Skorzeny* n’est pas de ceux auxquels il faut répéter deux fois leur
mission. Il se rend à Budapest pour étudier les lieux. Le Burgberg (Mont du
château) est une véritable forteresse dominant la ville. Le prendre d’assaut
sera difficile. Seul un coup d’audace doit permettre de l’enlever.
Un premier coup d’audace, le 15 octobre, assure la capture de Niklas
Horthy en pourparlers avec des envoyés de Tito* servant d’intermédiaires
dans les pourparlers avec Moscou. Skorzeny* tient un otage pour faire
pression sur le père.
Le lendemain, il précipite les événements, la radio officielle hongroise
ayant annoncé « un arrangement préliminaire avec nos ennemis au sujet d’un
armistice ». À la tête d’une colonne blindée, il pénètre dans le Burgberg et au
terme de brèves escarmouches atteint le quartier général de l’amiral. À sa
grande déception, ce dernier a quitté les lieux et s’est placé sous la protection
des Waffen SS* de Budapest. Quelques jours plus tard, Skorzeny* recevra
mission de le conduire en Bavière en résidence surveillée. L’opération
Panzerfaust a réussi. Un gouvernement dirigé par Szalasi*, chef du parti
fasciste des Croix fléchées*, se met en place. La Hongrie* n’abandonnera pas
le camp hitlérien. Panzerfaust* a coûté 2 tués et 12 blessés aux Allemands, 3
tués et 15 blessés aux Hongrois.

PANZER LEHR
Sans doute la plus célèbre division blindée allemande.
Constituée en décembre 1943, sous le commandement du général
Bayerlein*, à partir du Lehr Regiment. Comprendra environ 180 chars. Après
de farouches combats, sera en majorité décimée par les bombardements alliés
en Normandie*, près de Villers-Bocage, en juillet 1944. Reformée,
participera à la bataille des Ardennes*.

PANZERSCHRECK
Arme antichar allemande analogue au bazooka* américain. Diamètre
88 mm ; longueur : 1,640 m ; poids : 9,25 kg avec projectile ; portée : 120 m ;
vitesse du projectile : 105 m/s.
Le Panzerschreck fera son apparition en 1943. Il peut être rechargé, ce
qui n’est pas le cas du Panzerfaust*.

PAPAGOS, ALEXANDROS
(1883-1955). Maréchal grec.
Commande la petite armée grecque lors de l’invasion italienne d’octobre
1940 et fait front avec succès.
Par contre ne peut s’opposer à la Wehrmacht* débouchant le 6 avril
1941. Résistant, est arrêté par les Allemands en 1943 et déporté à Dachau*.
Se battra ensuite contre l’ELAS* durant la guerre civile et deviendra Premier
ministre en 1952. Promu maréchal après son retour de captivité.

PAPANDREOU, GEORGES
(1888-1961). Homme politique grec.
Emprisonné par les Allemands, parvient à s’échapper et à gagner
l’Égypte*.
Premier ministre du gouvernement en exil du 26 avril 1944 au 3 janvier
1945. Démissionne, n’ayant pu constituer un gouvernement d’unité nationale.

PAPEN, FRANZ VON


(1879-1969). Homme politique allemand.
Chancelier d’Allemagne* de juin à novembre 1932, avant d’aider Hitler*
à accéder au pouvoir.
Ambassadeur en Autriche*, il prépare la voie à l’Anschluss*. Sera encore
ambassadeur en Turquie* de 1939 à 1944. Paradoxalement, sera acquitté par
le Tribunal international de Nuremberg*. Poursuivi par les tribunaux
allemands, sera libéré en 1949.

PAPERCLIP, OPÉRATION
Initialement opération Overcast.
Opération lancée par les Américains à la fin de la guerre pour récupérer
des scientifiques allemands.
Ils seront ainsi 1 500 transférés aux États-Unis* pour apporter leurs
connaissances en matière industrielle et scientifique. Parmi eux, Hans von
Ohain, Arthur Rudolph, Wernher von Braun*, personnalités qui devaient
considérablement aider les Américains dans la conquête spatiale, et un
spécialiste du renseignement, le général Reinhard Gehlen.

PARACHUTE REGIMENT
Le 1er août 1942, le War Office décrète que toutes les unités parachutistes
britanniques d’infanterie appartiendront désormais à un seul régiment : le
Parachute Regiment.
Ce dernier finira par comprendre 14 bataillons formant corps qui se
battront en Afrique du Nord* et en Europe. Dans ces combats, il perdra 2 322
des siens dont 198 officiers. Deux officiers et un caporal mériteront la
Victoria Cross*.
En janvier 1945, le maréchal Montgomery* sera nommé colonel du
Parachute Regiment, fonction essentiellement honorifique.

PARACHUTE T. 5
Parachute réglementaire américain durant la Seconde Guerre mondiale.
Poids avec le ventral : 20 kg ; voilure : 52 m2. Le choc à l’ouverture de ce
parachute, dit voilure d’abord, est assez violent. Si le harnais est mal ajusté,
les sangles laissent d’importants hématomes.

PARADIS, MASSACRE DU
Le 28 mai 1940, près du village du Paradis (nord de Béthune), une
centaine d’hommes du 2e Royal Norfolk, pour beaucoup blessés, sont faits
prisonniers par la 4e compagnie du 1er bataillon du 2e RI SS Totenkopf.
Sur ordre du commandant d’unité, le SS Obersturmführer Fritz
Knochlein, ces prisonniers sont aussitôt massacrés à la mitrailleuse. Il n’y a
que deux rescapés par miracle.
Condamné à mort pour crimes de guerre le 25 octobre 1948, Knochlein
sera pendu trois mois plus tard.

PARAGUAY
Rompt ses relations diplomatiques avec les puissances de l’Axe* en
février 1942, mais ne déclarera la guerre à l’Allemagne* et au Japon* qu’en
février 1945.
Signera la déclaration originelle des Nations unies*.

PARIS, LIBÉRATION DE
Eisenhower* n’est pas pressé de se porter sur Paris.
Il redoute une coûteuse bataille de rues, style Stalingrad, et mesure la
charge en ravitaillement d’une cité de cette importance. Ce serait encore
s’immiscer dans l’imbroglio politique en donnant l’impression de cautionner
de Gaulle*, le mal aimé de Washington. Le Commandant suprême a donc
décidé de contourner la capitale et de l’envelopper largement. Paris tombera
alors comme un fruit mûr, en principe dans la seconde quinzaine de
septembre 1944.
Pourtant, Patton* avance. Les 19 et 20 août, il atteint la Seine, en amont
et en aval de Paris. Les Parisiens savent que les armées alliées se rapprochent.
La tension monte, amplifiée par le spectacle de la Wehrmacht* qui décampe.
Les Allemands ont conscience du danger imminent que représente l’avance
adverse et de la fièvre qui agite les Parisiens. A la hâte, ils se préparent à faire
face. Le 13 août, 357 agents de police de Saint-Denis, Saint-Ouen et Asnières
sont désarmés. Le lendemain, le général von Choltitz* organise un défilé
militaire pour montrer sa force et constitue une ligne de défense à l’ouest de
Paris. Des équipes spécialisées préparent des destructions.
Les trois grands mouvements de Résistance de la police parisienne
répliquent par un ordre de grève générale. Le 15 août au matin, la quasi-
totalité des 15 000 gardiens de la paix ont obéi. Dans l’ombre, la Résistance*
fourbit ses armes mais pas obligatoirement à l’unisson. Les communistes sont
résolus à agir vite ; la Résistance* gaulliste est plus modérée. Du côté
français, 25 000 hommes plutôt mal armés. En face, des troupes régulières
avec des armes. On peut certes espérer le concours des gendarmes (7 000
hommes) et de la garde républicaine (2 400 hommes), mais eux n’ont que des
armes légères.
Déjà des drames se produisent. 37 jeunes gens qui se rendaient à un
rendez-vous pour recevoir des armes sont dénoncés et exécutés. Leurs
cadavres seront retrouvés le 17 près de la cascade du bois de Boulogne.
Un homme, Raoul Nordling, le consul de Suède*, n’est pas partie
prenante mais s’inquiète du sort des prisonniers. Il réussit à obtenir – le fait
est un exploit – que les prisonniers lui soient confiés en liaison avec la Croix-
Rouge française. 532 personnes à Fresnes, 57 à Romainville, 1 482 Juifs à
Drancy* sont sauvés.
Pourquoi, ce 17 août, von Choltitz* a-t-il accepté ces élargissements ?
Pourtant, il a reçu des ordres stricts de raser la ville si besoin.
Le 18, le commandement des FFI* de Paris (sous obédience communiste)
lance un ordre de mobilisation et d’insurrection. Au matin du 19, 3 000
policiers occupent la Préfecture de Police, la PP pour les Parisiens. Des
pistolets, quelques fusils et surtout des drapeaux aux fenêtres.
Dans de nombreux quartiers des accrochages se produisent. Des
Allemands tombent. Des Français aussi.

Le 20, De Gaulle*, arrivant d’Alger, se pose à Cherbourg. Il fait un saut


au PC d’Eisenhower* et le presse d’orienter la 2e DB* sur Paris. Leclerc*, de
son côté, se prépare. Il a fait glisser un petit détachement vers la capitale.
Nordling est de plus en plus inquiet. Il sait la PP à court de munitions.
Résolument, il rencontre von Choltitz* et lui propose une trêve officiellement
destinée à ramasser les blessés et les morts. Paradoxalement, l’Allemand
accepte.

Le 20 est une journée de déchirements. Parodi, le délégué de De Gaulle*,


est pour la trêve, Rol-Tanguy, le chef FFI* communiste, contre. Sur le fond,
l’ambiance est à la bataille. Les résistants veulent se battre. Paris se couvre de
barricades, tandis que les Allemands se retranchent dans leurs points forts :
hôtel Meurice, hôtel Crillon, École Militaire, Sénat, Palais-Bourbon, etc. Les
combats les plus violents se déroulent autour de la caserne du Prince Eugène,
place de la République. Eisenhower hésite. Il ne veut pas se porter sur Paris.
L’armée américaine ne peut se comporter comme l’Armée rouge* devant
Varsovie*. Le 22 au soir, il se décide et autorise Leclerc* à partir.
Leclerc* piaffait. D’Écouché, au nord d’Alençon, la 2e DB* fonce sur
Paris. Le 24, à 13 h 30, son chef rend compte à de Gaulle* qu’il est à
Rambouillet et qu’il engagera l’action contre la périphérie de Paris le
lendemain au petit jour. À 17 h, un Piper-cub survole la PP et largue un
message : « Tenez bon, nous arrivons. »
En fin de journée, Leclerc* se porte en avant, à hauteur de la Croix de
Berny. Il tombe sur l’un de ses anciens, le capitaine Dronne, commandant la
9e compagnie du RMT. Le dialogue est bref : « Filez droit sur Paris. Passez
par où vous voudrez ! »
À 20 h 45, la colonne Dronne, 3 chars, une quinzaine de half-tracks*,
2 GMC, 150 hommes en tout, franchit la Porte d’Italie. À 22 h 22, elle stoppe
devant l’Hôtel de Ville où siège le CNR*. La Marseillaise éclate. La radio
lance un appel : « Messieurs les curés, faites sonner vos cloches ! » Le
premier, le gros bourdon de Notre-Dame entre en branle, bientôt relayé par
tous les clochers parisiens. La victoire est à portée de main ; l’ennemi campe
toujours dans les murs.

Le 25 août.
5 h 30. Les colonnes de la 2e DB* s’ébranlent.
Billotte entre par la porte de Gentilly, gagne le Châtelet. À 7 h 30, il
débouche sur le parvis de Notre-Dame. Le GT Dio le suit. Ses sous-
groupements Rouvillois et Noiret passent par la porte d’Orléans,
qu’empruntera Leclerc* lui-même avant d’aller rapidement installer son PC à
la gare Montparnasse. Puis, ils éclatent vers les Invalides, la caserne Latour
Maubourg, le Palais-Bourbon et le quai d’Orsay. Langlade, entré par la porte
de Saint-Cloud, fonce sur l’Étoile.
Les Allemands sont retranchés sur leurs points d’appui. C’est là que se
produisent les combats les plus durs. À 14 h 30, von Choltitz*, réfugié dans
l’hôtel Meurice, est fait prisonnier. Amené au PC de Leclerc*, installé
provisoirement à la PP, il y signe la capitulation de la garnison allemande de
la capitale.
À 2 000 km de là, au même moment, Hitler* ne réprime plus sa rage :
« Paris brûle-t-il ? » Non, Paris, ne brûle pas. Le petit général n’a pas fait
allumer les mèches des charges explosives.
À la gare Montparnasse, où Leclerc* est revenu avec von Choltitz*,
incident. Le colonel Rol-Tanguy* tient absolument à apposer sa signature sur
la convention de capitulation. Leclerc*, bon prince, acquiesce. Qu’a-t-il
accepté ! De Gaulle*, arrivant avec Juin*, vers 16 h, lui en fera reproche.
« La réclamation qui vous a conduit à admettre ce libellé relève d’une
tendance inacceptable. » Effectivement, derrière, le CNR* se regarde comme
la nation française. Or, la nation, pour de Gaulle*, ce n’est pas le CNR*, mais
lui-même et son gouvernement qui l’incarnent.
En fin de journée, de Gaulle* accepte de se rendre à l’Hôtel de Ville
après avoir visité la PP, bastion originel de l’insurrection. Il y est reçu par
Bidault* qui salue « Celui que nous attendons depuis quatre ans » avant que
le visiteur s’exprime à son tour :
« Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré par lui-même, libéré
par son peuple, avec le concours des armées de la France. »
Avant que de Gaulle* s’éloigne, Bidault* lui demande de proclamer la
République. La réponse claque en rafales :
« La république n’a jamais cessé d’être. La France Libre*, la France combattante*, le Comité
français de Libération nationale* l’ont, tour à tour, incorporée. »

Le 26 août.
Grande journée de la ratification du contrat entre de Gaulle* et le peuple
de France. À 15 h, l’homme du 18 juin commence la descente des Champs-
Élysées. Combien sont-ils pour l’acclamer ? Un million au moins, deux peut-
être.
À Notre-Dame, Te Deum et quelques fusillades. Aucune réponse valable
n’a été donné quant à l’origine de cette pétarade intempestive. Qui a ouvert le
feu ? Des Allemands, des miliciens, des communistes embusqués pour
perturber, voire tuer ? De Gaulle en ses Mémoires conclura à un complot
d’extrémistes communistes.
Paris est libre. 1 483 Parisiens (dont 134 policiers municipaux), 130
combattants de la 2e DB* ont payé de leur vie ces journées victorieuses
d’insurrection et de combat. Le bilan des pertes allemandes s’élève à 2 788
tués, 4 911 blessés et plus de 10 000 prisonniers.

PARIS, PROTOCOLES DE
Accords conclus le 28 mai 1941 entre Darlan* et Otto Abetz*.
Ils font suite à la rencontre Hitler*-Darlan* à Berchtesgaden du 12 mai.
Ils corroborent les facilités octroyées à l’Allemagne* en Syrie*, et, en sus,
autorisent les Allemands à utiliser Bizerte, la voie ferrée Bizerte-Gabès, le
port de Dakar, tout en envisageant l’éventualité de l’entrée en guerre de la
France* contre la Grande-Bretagne*. La France* devait en tirer quelques
avantages sur les conditions de l’armistice.
L’intervention violente du général Weygand*, proconsul en Afrique du
Nord, fera capoter ces protocoles, Darlan*, peut-être conscient d’avoir été
trop loin, faisant marche arrière. Des conditions inacceptables par
l’Allemagne* pour la ratification par la France* de ces protocoles de Paris
rendront le projet caduc. L’imminence de Barbarossa* fera le reste.
PARIS, TRAITÉ DE
Traité signé à Paris le 10 février 1947 entre les Quatre Grands et les pays
qui leur avaient été opposés : Italie*, Roumanie*, Bulgarie*, Hongrie*,
Finlande*.
Cette paix coûte cher aux vaincus qui doivent accepter des rectifications
de leurs frontières et verser de lourdes indemnités. Un décompte rapide
permet de constater que l’URSS* obtient l’essentiel : 1 000 millions de
dollars sur les 1 350 versés au total. (Voir à chaque pays concerné.)

PARK, KEITH
(1892-1975). Maréchal de l’air britannique.
En avril 1940, Park est nommé commandant du 11e Fighter Group qui
comprend environ 23 squadrons et est à ce titre, durant la bataille*
d’Angleterre*, responsable de la défense de la région Sud-Est.
Promu vice-marshall en juillet, il sait durant cette période difficile
maintenir très haut le moral de ses pilotes, pilotant lui-même un Hurricane*.
Il sait aussi réagir aux nouvelles tactiques de la Luftwaffe*. En novembre, il
est affecté au groupe No 23 d’entraînement. La bataille est alors gagnée.
Après des commandements en Égypte* et à Malte*, il devient
commandant en chef air du Moyen-Orient en janvier 1944, et du Sud-est
asiatique en février de la même année.
Anobli en 1942. Promu maréchal de l’air en février 1944.

PARTISANS, CHANT DES


La Marseillaise de la Résistance* est créée en 1943 à Londres.
Musique : Anna Marly qui a composé les premières paroles en russe et
écrites en français par Joseph Kessel et Maurice Druon.

Ami, entends-tu C’est nous qui brisons


Le vol noir des corbeaux Les barreaux des prisons
Sur nos plaines ? Pour nos frères !
Ami, entends-tu La haine à nos trousses
Les cris sourds du pays Et la faim qui nous pousse
Qu’on enchaîne ? La misère.
Ohé Partisans, Il y a des pays
Ouvriers et paysans, Où les gens au creux du lit
C’est l’alarme ! Font des rêves.
Ce soir, l’ennemi Ici, nous, vois-tu,
Connaîtra le prix du sang Nous on marche et nous on tue,
Et les larmes ; Nous on crève
Montez de la mine, Ici, chacun sait
Descendez des collines, Ce qu’il veut, ce qu’il fait
Camarades, Quand il passe
Sortez de la paille Ami, si tu tombes,
Les fusils, la mitraille, Un ami sort de l’ombre
Les grenades ! À ta place.
Ohé les tueurs, Demain, du sang noir
À la balle ou au couteau Sèchera au grand soleil
Tuez vite ! Sur les routes.
Ohé saboteur, Sifflez, compagnons
Attention à ton fardeau, Dans la nuit, la liberté
Dynamite ! Nous écoute.

PARTISANS SOVIÉTIQUES
Ces partisans – comme les partisans yougoslaves – correspondent aux
maquisards français.
Ils luttent sur les arrières de la Wehrmacht*, entravant ses
communications et créant insécurité.
En 1941, les premiers partisans sont des rescapés militaires et politiques
de Barbarossa*. Progressivement ils seront rejoints par tous ceux cherchant à
fuir l’occupation allemande. Peu à peu, des liaisons s’établiront avec l’arrière,
parfois par air, avec l’armée régulière pour fournir des cadres, des armes, des
munitions, des appareils radio et assurer certaines évacuation sanitaires. À
l’arrivée de l’Armée rouge*, ils sont – sous réserve d’aptitude médicale –
incorporés dans les unités régulières.
Ces partisans trouvent leur zone de prédilection dans les vastes forêts de
Biélorussie. Ils n’en apparaissent pas moins en Ukraine* septentrionale, dans
le Caucase, en Crimée, dans les régions boisées qui entourent Leningrad* et
Briansk. Leur chiffre exact est difficile à préciser. Sans doute s’est-il situé
non loin du million. En Biélorussie, les historiens soviétiques dénombrent
65 000 hommes en février 1943, 100 000 en juin, 245 000 en octobre,
360 000 en décembre. En Ukraine*, où le terrain est moins favorable, ils
avancent le chiffre de 220 000 à la fin de 1943.
Cette guérilla contraignait les Allemands à déployer des effectifs
importants pour essayer de la neutraliser. Ils engageaient contre elle, en
priorité, leurs alliés et auxiliaires. Ainsi la LVF* passe-t-elle l’hiver et le
printemps 1944 dans le triangle Orcha - Moghilev - Minsk contre des bandes
estimées à plusieurs milliers d’hommes.
L’existence de ces partisans se traduira, à titre de représailles, par la
destruction de centaines de villages et le massacre de milliers de civils, y
compris des femmes et des enfants. L’horreur nazie en URSS* – comme en
de nombreux autres pays – n’a pas de limites.
Après la guerre, 127 000 partisans recevront la médaille du Partisan de la
Guerre nationale, et 190 le titre de Héros de l’Union soviétique*.

PASSY, ANDRÉ DEWAVRIN


(1911-1998). Colonel français.
Polytechnicien, capitaine en Norvège* au printemps 1940, est l’un des
premiers à rallier de Gaulle* en juin 1940.
Crée et organise le Service de Renseignements de la France libre*, futur
BCRA*, dont il sera le chef jusqu’à la fin de la guerre.
Compagnon de la Libération*.

PATCH, ALEXANDER
(1889-1945). Général américain.
Organisateur de l’Americal Division*, il commande, en 1942, les troupes
américaines stationnées en Nouvelle-Calédonie*, avant de remplacer
Vandegrift* à Guadalcanal* en décembre 1942.
Promu lieutenant général en août 1944, il est à la tête de la VIIe Armée
américaine pour le débarquement de Provence*. Intégré ensuite au 6e GA du
général Devers, il participe avec son armée à la prise de Colmar, traverse le
Rhin et occupe Nuremberg et Munich.
Chef estimé, profondément religieux, il avait une haute idée de sa
mission.

PATHFINDER
Littéralement, celui qui trouve le chemin.
Parachutiste sautant, en précurseur, en avant de ses camarades pour
reconnaître et baliser la DZ*. Presque toutes les grandes opérations
aéroportées alliées, dont celles d’Overlord*, utiliseront des pathfinders.
Ceux-ci, souvent mal largués (conditions météo, Flak*, erreurs de pilotage),
ne pourront pas toujours parfaitement remplir leurs missions. Ce sera, en
particulier, le cas pour la Nuit J* d’Overlord*.
Pathfinder désigne également le ou les avions chargés de reconnaître les
objectifs et de les marquer.
À cet effet, les Allemands, les premiers, mettent sur pied une force
spécialement entraînée (Kampfgruppe 100). C’est elle qui a marqué
Coventry* en novembre 1940.
Les Britanniques développent une méthode identique. En août 1942,
quatre squadrons équipés de Wellington* et Stirling*, sous les ordres du
Group Captain Benett, un Australien, sont opérationnels. (Des Mosquitos*
seront utiliés par la suite.) Outre le balisage de l’objectif, ces pathfinders
signalent également la route à suivre.

PATTON, GEORGE
(1885-1945). Général américain.
Certainement la plus forte personnalité des généraux américains et le plus
connu avec Eisenhower*.
Cet ancien de West Point* est d’abord un athlète (il est sélectionné pour
les Jeux olympiques de 1912). Valeureux combattant de la Première Guerre
mondiale, il est volontaire pour les chars de combat, spécialité qui lui restera.
Général en 1940, il commande le 1er Corps blindé à partir de 1941. Il est
à la tête de la Force Ouest débarquant au Maroc, le 8 novembre 1942. S’il sait
frapper, il sait aussi se faire des amis de ses anciens adversaires français.
Quelques semaines plus tard, il remplace avec brio, en Tunisie*, le
commandant du IIe CA US relevé de ses fonctions. Ses succès lui valent le
commandement de la VIIe Armée US devant débarquer en Sicile*. Là encore,
il se montre un formidable entraîneur d’hommes.
En disgrâce pour une gifle malheureuse à un GI*, il est regardé comme
indispensable par Eisenhower* pour la campagne en Europe occidentale. Le
1er août 1944, il prend la commandement de la IIIe Armée, ayant au préalable,
une fois de plus, montré son savoir-faire en accélérant la progression du
VIIIe CA US sur Avranches*.
À la tête de la IIIe Armée, il mène une offensive que Juin* qualifiera de
« napoléonienne ». Débordant les résistances allemandes, il s’enfonce en
Bretagne, atteint la Loire et la Seine, permet la libération de Paris*. Il ne
s’arrête qu’à court d’essence sur la Moselle.
Il voudrait poursuivre et atteindre le cœur de l’Allemagne, mais
Eisenhower* qui commande une délicate guerre de coalition doit se ranger
aux ambitions de Montgomery*. Ce sera la calamiteuse opération d’Arnhem*
au lieu de la percée de la ligne Siegfried*.
Fin décembre 1944, durant la bataille des Ardennes*, la contre-attaque de
Patton, après une remarquable conversion vers le nord, dégage Bastogne* et
assure le succès allié.
Ayant repris sa marche vers l’est, Patton franchit le Rhin le premier, le
23 mars 1945, et s’enfonce en Allemagne. Il ne s’arrêtera que sur ordre à
90 km de Prague.
Promu général quatre étoiles en avril 1945, il est relevé de son
commandement pour propos peu diplomatiques envers les Soviétiques et
relégué à un poste mineur. Un accident de voiture lui coûte la vie en
décembre.
Pour ses soldats, ce cow-boy aux colts à crosse d’ivoire était Blood and
Guts (Du sang et des tripes), chef exigeant tout en restant populaire. Pour les
Allemands, il fut un adversaire redoutable, utilisant ses blindés avec une rare
efficience. Pour les Américains, il fut le plus prestigieux chef de guerre,
drainant partout de magnifiques victoires (Tunisie*, Sicile*, France*,
Ardennes*, Allemagne*), n’hésitant jamais à monter le premier au créneau.
« J’aime la guerre et la responsabilité et l’agitation exaltante. La paix va
être un enfer pour moi » (12 avril 1945). Sa mort accidentelle lui permet de
ne pas avoir à s’ennuyer en temps de paix.

PAUKER, ANNA
(1893-1960). Militante communiste roumaine.
Réfugiée en URSS* en 1940, participe à l’organisation de la division
roumaine Tudor Vladimirescu formée de prisonniers roumains. Rentre en
Roumanie* en août 1944 et, dirigeante occulte du Parti communiste, y joue
un rôle essentiel dans la soviétisation du pays.
Sera de 1947 à 1952 ministre des Affaires étrangères.

PAUL KARAGEORGEVITCH
(1893-1976).
Fils d’un frère de Pierre Ier de Serbie, devient régent de Yougoslavie
après l’assassinat de son cousin germain le roi Alexandre Ier, Pierre II*, fils
du défunt, étant mineur. Est désormais connu sous le nom de régent Paul.
Pour éviter le pire, se rapproche du IIIe Reich* et signe le 25 mars 1941 le
Pacte Tripartite*. Est renversé le surlendemain par un coup d’État militaire
nationaliste. L’invasion allemande de la Yougoslavie* le force à l’exil.

PAULUS, FRÉDÉRIC
(1890-1957). Maréchal allemand.
Le vaincu de Stalingrad*.
Chef d’état-major de von *Reichenau durant les campagnes de Pologne*
et de France* en 39-40. Premier quartier-maître général à l’OKH*, planifie
l’invasion de l’URSS* (opération Barbarossa*). Prend, le 5 janvier 1942, le
commandement de la VIe Armée. Victorieux à Kharkov* en mai, il est bloqué
devant Stalingrad* à l’automne. Obéissant strictement aux ordres de Hitler*,
son armée encerclée s’immobilise devant la ville au lieu d’essayer de se
dégager. Promu maréchal, à la veille de la capitulation de la VIe Armée,
Paulus refuse de se suicider comme l’escomptait Hitler*. Après l’échec du
complot du 20 juillet 1944, il se place à la tête de la Ligue des officiers
allemands intégrée au Comité national pour une Allemagne libre* sous
obédience soviétique. Il témoignera à charge à Nuremberg* et sera libéré en
1953.

PAVELIC, ANTE
(1889-1959). Homme politique nationaliste croate.
En 1929, il fonde l’Oustacha, parti fasciste, nationaliste, opposé à la
monarchie serbe.
Impliqué dans l’attentat contre le roi Alexandre Ier en 1934, vit en exil
avant de rentrer en Croatie* lors de l’invasion allemande d’avril 1941.
Devient alors Poglavnik, c’est-à-dire le chef d’une Croatie* qu’il a déclarée
indépendante. Aligne résolument sa politique sur celle de l’Allemagne*,
envoyant des troupes sur le front de l’Est*, s’efforçant d’éliminer Serbes,
Juifs et Tsiganes et en luttant farouchement contre les partisans de Tito* et de
Mihailovic*.
En 1945, parvient à s’enfuir en Argentine*, puis en Espagne*.

PAVLOV, DIMITRI
(1897-1941). Général soviétique.
Le 22 juin 1941, Pavlov commande le front de l’Ouest (3e, 4e, 10e
Armées). Après la chute de Bialystok et de Minsk, il est démis de ses
fonctions et rappelé à Moscou. Inculpé de trahison et d’incompétence, il est
fusillé le 22 juillet 1941 (date contestée).
Seul haut gradé ayant subi un tel châtiment, il fait figure de bouc
émissaire pour les insuffisances et désastres de l’Armée rouge*, Staline*
ayant jugé utile de se décharger sur un présumé coupable.
Après la mort de Staline*, Pavlov sera réhabilité en 1956.
PAYS-BAS
(voir HOLLANDE)

PCF (PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS)


Issu de la scission des socialistes au congrès de Tours en 1920, le PCF
possède, à l’été 1939, une incontestable audience. Il a 72 députés, 2 sénateurs
et de nombreux élus locaux.
Le pacte germano-soviétique du 23 août, la guerre franco-allemande du
3 septembre 1939, remettent tout en question. Le Parti, brutalement, se
présente comme l’allié des ennemis de la France. Les militants ne
comprennent pas. Beaucoup déchirent leur carte. 22 députés, des élus,
démissionnent. Le 26 septembre, le gouvernement Daladier interdit le Parti et
sa presse. Pour s’être élevés contre la guerre, 32 députés se retrouvent à la
Santé, tandis que Thorez* le 6 octobre déserte. Ceux qui échappent à
l’arrestation plongent dans la clandestinité. L’opposition à la guerre
« impérialiste » contre l’Allemagne* se traduit même par des sabotages. 3
saboteurs seront fusillés.
Juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris le 14. Le 23, Maurice
Tréand intervient auprès d’eux pour obtenir la parution à nouveau de
L’Humanité. Arrêté par la police française, il est libéré le 25 sur ordre de
l’autorité militaire allemande. La connivence PCF-nazis s’affirme, sous
réserve de quelques personnalités, Guingouin*, Lecœur, Péri*. Dans un
communiqué commun, Thorez* et Duclos dénoncent de Gaulle*
voulant « faire se battre les Français pour la City ».
Barbarossa* inverse la ligne de conduite du PCF puisque l’Allemagne*
est devenue l’ennemie de Moscou. Il entre résolument dans la Résistance*.
Le 21 août 1941, Pierre Georges (Fabien*) abat un officier allemand,
enclenchant le cycle attentats-représailles. Le 29 octobre 1941, 27 otages
communistes sont fusillés à Châteaubriant*. De Gaulle* prescrit d’arrêter les
attentats, mais le PCF poursuit, fidèle aux ordres du Kremlin, afin
d’accentuer le fossé de sang entre les Français et l’occupant.
En octobre 1940, Jacques Duclos avait créé l’OS, l’Organisation spéciale,
dans le but de lutter contre la police française. L’OS, maintenant, reporte une
partie de son action contre les Allemands et en février 1942 devient les FTP*,
sous la direction de Charles Tillon, l’ancien mutin de la mer Noire. Les
militants communistes vont mener une lutte courageuse et sanglante. 10 000
d’entre eux seront fusillés (et non 75 000 comme l’énoncera une certaine
propagande). Des milliers mourront en déportation.
L’évolution du conflit ébranle les réticences vis-à-vis du PCF. Le 5
février 1943, Giraud* ordonne la libération des députés communistes internés
depuis 1939 et transférés en Algérie au printemps 1940. Déjà, en janvier, de
Gaulle* a reçu le communiste Fernand Grenier lui apportant l’adhésion des
communistes à la France combattante*.
En métropole, où la lutte s’intensifie contre Vichy* et l’occupant, le PCF
place des gens à lui aux postes de commande de plusieurs mouvements et
organismes de la Résistance*. En 1944, le COMAC* est pratiquement entre
ses mains. C’est un communiste, Rol-Tanguy*, qui dirige l’insurrection
parisienne en août 1944.
À l’heure de la Libération*, les maquis FTP* seront particulièrement
présents dans le Sud-Ouest, le Limousin et une partie du Sud-Est. Trois
grands responsables de la Résistance*, Aubrac à Marseille, Ravanel à
Toulouse, de Chambrun à Montpellier, même s’ils ne sont pas officiellement
communistes, font figure d’hommes liges du PCF. Guingouin* à Limoges,
lui, ne cache pas sa couleur.
De Gaulle* aura fort à faire pour imposer l’autorité de son gouvernement
à de véritables États dans l’État qui se sont instaurés au sud de la Loire. Il
paiera de sa personne, se rendant directement dans les points les plus
sensibles. Il ira à Moscou et moyennant l’amnistie de *Thorez obtiendra la
mise au pas des potentats locaux et de leurs milices.
En 1945, le PCF apparaît comme une force politique majeure auréolée du
sacrifice des siens. Aux élections d’octobre, il recueillera 26 % des voix.

PD (PANZER DIVISION – DIVISION BLINDÉE)


Hitler*, le combattant de 14-18, croit à la valeur des blindés qu’il a vus à
l’œuvre.
Il n’est pas le seul en Allemagne*. En 1937, Guderian* publie son
célèbre Achtung Panzer.
Dès 1935, trois PD sont mises sur pied. Elles seront 5 en 1939 pour la
campagne de Pologne*, 10, le 10 mai 1940. 27 PD ou divisions motorisées se
lanceront contre l’URSS* le 22 juin 1941.
Ces PD représentent un solide fer de lance pour la percée et
l’exploitation. Aux origines, elles sont prévues à deux régiment de chars, un
régiment d’infanterie portée, un régiment d’artillerie motorisée avec un
global moyen de 350 chars.
L’usure des combats laminera le nombre de chars tombant à environ 170.
Une PD de 1944 ne comptera plus qu’un régiment de chars et, par contre,
deux régiments d’infanterie portée. Les PD, avec le temps, ne seront plus
l’apanage de la Wehrmacht*. En octobre 1943, la Waffen SS* créera ses PD,
sept au total, unités d’élite dans l’ensemble comme les SS PD Wiking* ou
Totenkopf. Unités à la réputation entachée comme la trop fameuse Das
Reich*.

PE 2 PETLYAKOV
Bimoteur soviétique de bombardement tactique et reconnaissance.
Sorti à partir de 1941 et fabriqué à 11 427 exemplaires.
Vitesse : 540 km/h ; autonomie : 1 500 km ; armement : 5 mitrailleuses,
1 000 kg de bombes ; équipage : 3 hommes.

PEARL HARBOR
L’attaque de Pearl Harbor par les Japonais, le 8 décembre 1941, est un
événement majeur de la Seconde Guerre mondiale, puisqu’il entraîne l’entrée
en guerre des États-Unis*.
Par souci de clarté, elle sera présentée en cinq volets :
— Pearl Harbor, la genèse de ;
— Pearl Harbor, la rade de ;
— Pearl Harbor, l’attaque de ;
— Pearl Harbor, les conséquences de ;
— Pearl Harbor, les interrogations sur.
(Voir à ces noms.)

PEARL HARBOR, L’ATTAQUE SUR


Le 26 novembre 1941, à l’aube, la première flotte aérienne japonaise du
vice-amiral Nagumo* quitte la baie glaciale et désolée de Tankan, dans les
îles Kouriles*, en direction de Hawaii.
Yamamoto* ne lui a pas ménagé les moyens : 6 porte-avions, 2 cuirassés,
3 croiseurs, 9 destroyers, 8 pétroliers, 3 sous-marins de protection. Dans les
cales ou sur les ponts*, 343 chasseurs ou bombardiers, ainsi que 2 hydravions
de reconnaissance. 26 submersibles voguent en couverture lointaine,
emmenant avec eux 5 sous-marins de poche.
Le 2 décembre, Nagumo* reçoit un message convenu : « Stop. Escalade
du mont Niitakayama.1 208. Répétons 1 208. Stop. » L’amiral est fixé.
Décision définitive d’attaquer Pearl Harbor* en précisant la date
d’exécution : 8 décembre.
Le 3 décembre, dans une brume épaisse, à 1 600 km au nord de
Midway*, Nagumo* refait ses pleins de carburant.

7 décembre, 20 h.
Pearl Harbor* vit l’accoutumée d’une soirée de samedi à dimanche. Cinq
commandants de cuirassés ne sont pas à leur bord, comme la majorité des
cadres. Marins, aviateurs, fantassins s’égaillent dans les rues colorées de
Honolulu. La base et la cité vivent des heures de temps de paix dans le bruit
et la lumière.

8 décembre, 6 h.
Au large de Hawaii. Les six porte-avions de Nagumo* sont à 300 km au
nord-ouest d’Oahu* et ont viré de bord pour se placer face au vent. À
6 h précises, l’avion du commandant Fuchida* s’arrache de l’Akagi.
Fuchida* a mission de conduire la première vague : 40 avions torpilleurs, 51
bombardiers en piqué, 43 chasseurs d’escorte. Ils sont au total 183 avions à
décoller derrière lui, pour voler cap au 180, étagés de 4 000 à 2 700 m.

6 h 30.
Le destroyer américain Ward rend compte qu’il vient d’attaquer un sous-
marin. Pas de suite.

7 h.
Fuchida* capte le programme musical de radio Hawaii. Il se cale sur
l’émetteur et modifie sa légère dérive (5 degrés).

7 h 02.
Les deux veilleurs de la station radar du nord-ouest d’Oahu voient des
« bip » zébrer leur écran. Ils localisent un vol massif d’avions à 137 milles
nord, 3 degrés est. Ils préviennent le QG de l’armée. Régulièrement ils
transmettront leurs renseignements :
— 7 h 08, distance 113 milles.
— 7 h 15, distance 92 milles.
— 7 h 30, distance 57 milles.
— 7 h 39, distance 22 milles.
Au centre d’information, l’officier de service tranquillise les deux
veilleurs : « Vol d’amis. » À 7 h 45, avec l’arrivée du camion du petit
déjeuner, les deux hommes abandonnent leur veille qu’ils auraient dû
interrompre normalement à 7 h.

7 h 53.
Fuchida, à 10 000 pieds, arrive à la verticale de Pearl Harbor* et lance
par radio son signal à jamais fameux : « Tora, Tora, Tora* ! » qui indique à
Nagumo* que l’effet de surprise est total. Il l’est sans conteste. Sur les
bâtiments américains, on se prépare paisiblement pour la cérémonie de
l’envoi des couleurs fixée à 8 h.
7 h 56.
Les vagues d’avions japonais plongent sur leurs objectifs, débouchant des
quatre points cardinaux. Surgissant au ras des flots, les Kate* foncent sur
l’allée des cuirassés. À courte distance, ils lancent leurs torpilles de 800 kg
qui frappent les coques. Presque aussitôt, derrière, les bombes de 250 kg des
Val* percent les ponts.
L’Oklahoma, le West Virginia sont atteint à plusieurs reprises. Côté mer,
ils forment écran protecteur pour le Tennessee et le Maryland leur épargnant
les torpilles mais non les bombes. L’Arizona reçoit deux torpilles et explose
dans une gerbe de feu. Plus d’un millier de marins disparaissent dans la
catastrophe. Tout va très vite. L’Oklahoma se couche puis se renverse. Le
West Virginia ne tarde pas à couler. Le California sombre à son tour. Le
Nevada, quoique touché, s’efforce de se déhaler. Quant au Pennsylvania, il
reste en partie miraculeusement épargné.
Les cuirassés sont les plus visés, mais autour d’eux, rare qui n’est pas
touché. Partout dans la darse, destroyers et sous-marins sont atteints.
L’ataque se déclenche avec la même violence contre les bases aériennes. Les
Zero* chargés de la couverture, faute d’adversaires en l’air, accompagnent les
bombardiers, straffant hangars et parkings. Absence de pilotes, manque de
carburant ou de munitions, feu ennemi, interdisent presque partout aux avions
américains de prendre l’air. Quelques audacieux y parviennent cependant et
se lancent dans la bataille.
Au milieu du tumulte général, des B 17* arrivent de Californie. Allégés
au maximum, ils sont dépourvus de blindage et de munitions. Certains pilotes
réussissent des atterrissages de fortune. D’autres s’écrasent en rase
campagne.
Durant les premières minutes, les assaillants ne rencontrent quasiment
aucune résistance. Les armes sont aux râteliers, les soutes à munitions
cadenassées, les tourelles antiaériennes inoccupées.
Cependant, d’entrée, les avertissements fusent et filent sur les ondes ou
par sémaphore : « Attaque aérienne sur Pearl Harbor. Ceci n’est pas un
exercice. »
Sur les bateaux embrasés, c’est l’enfer. L’eau s’engouffre par les
déchirures. La fumée s’élève de partout. Les explosions ravagent cales et
ponts. Les portes restent bloquées. Des malheureux périssent noyés ou
asphyxiés.
Vers 8 h 30, le ciel se calme. La première vague s’éloigne. À 8 h 40,
débouchant du nord et de l’est, la seconde vague du capitaine de corvette
Shimazaki entre en action avec 54 bombardiers d’altitude, 86 bombardiers en
piqué et 36 Zero*.
La surprise, cette fois, ne joue plus. La rage, la fureur ont saisi les
Américains. Leur tir de DCA devient efficace.
Trois contre-torpilleurs sombrent. Un navire auxiliaire également. Peu à
peu, les navires s’ébranlent et piquent vers la sortie. Parfois une clameur
s’élève. Un assaillant a été abattu.
À 9 h 45, les derniers disparaissent à l’ouest. L’attaque est définitivement
terminée. Nul ne le sait. Le calme retrouvé permet du moins d’évaluer les
pertes, d’essayer de panser les plaies et d’organiser la défense.
Le bilan est lourd, très lourd. 19 bâtiments détruits. L’Oklahoma, le
California, le West Virginia sont définitivement perdus. Le Maryland et le
Tennessee flottent vaille que vaille. Le Nevada s’est finalement échoué. Seul
le Pennsylvania est à peu près sauf. La force de frappe représentée par les
cuirassés est pratiquement anéantie. Les pertes de l’aviation sont tout aussi
considérables : 196 appareils sur 250 de l’aéronavale et des Marines*
détruits, 166 sur 231 de l’aviation, et la moitié des B 17* touchés.
Quant aux pertes en hommes, les plus douloureuses, elles sont
importantes : 2 000 morts ou disparus et 710 blessés dans la marine,
327 morts et 433 blessés dans l’armée et les Marines*. On déplore également
70 victimes civiles.
Seul réconfort pour la flotte du Pacifique*, ses deux porte-avions,
éloignés de Pearl Harbor le 8 décembre, sont intacts.
Nagumo* peut s’estimer satisfait. Les comptes rendus lui rapportent
l’importance de son succès, et il n’a perdu que 29 appareils, 55 hommes et 5
sous-marins nains (il était envisagé près de 50 % de pertes dans l’opération).
Fuchida*, qui s’est posé le dernier après avoir tout supervisé, le presse de
lancer une troisième vague contre les réservoirs de carburant et les ateliers de
réparations. Mais l’amiral ne veut plus prendre de risques. Il a hâte de mettre
ses porte-avions à l’abri et donne l’ordre de mettre cap à l’ouest. Le
26 décembre, sa flotte, à l’exception de deux croiseurs et deux porte-avions
déroutés sur Wake*, entrera triomphalement dans le port japonais de Kure.

PEARL HARBOR, LES CONSÉQUENCES DE


Eu égard à la ligne internationale de changement de date, l’attaque contre
Pearl Harbor, pour les Américains, s’est déroulée le 7 décembre. À 7 h 56 à
Hawaii, à 12 h 56 à Washington.
À 13 h 40, heure locale, soit 8 h 10 à Hawaii, tombe à Washington le
message de l’amiral Kimmel* : « Raid aérien sur Pearl Harbor. Ceci n’est pas
un exercice ! »
Sur le moment, l’incrédulité l’emporte. La confirmation arrive très vite
avec l’ambassadeur nippon qui, guindé, triste mine, explique au secrétaire
d’État que son pays refuse d’aller plus avant dans les négociations et est
passé aux actes.
À 15 h, la première conférence de guerre débute sous la présidence de
Roosevelt*. Stimson*, Hull*, Stark*, Marshall* sont là. L’Amérique, de
facto, n’est plus en paix. Protection des sites d’intérêt militaire, censure,
regroupement des résidents japonais sont décidés.
Churchill* appelle de Londres. Son pays va déclarer la guerre au Japon*.
Le lendemain, Roosevelt* s’exprime au Capitole durant six minutes et
demie. Les parlementaires peuvent l’entendre dire :
« Hier, 7 décembre 1941, jour qui restera à jamais marqué d’infamie, les États-Unis* ont été
l’objet d’une attaque brutale et délibérée. »

Il a trouvé le mot juste : infamie. Le Congrès, à l’unanimité, moins une


voix, vote la déclaration de guerre au Japon*. Les États-Unis* sont désormais
complètement impliqués dans le conflit mondial qui vient brutalement de
prendre une autre dimension.
Derrière Roosevelt*, le peuple américain se dresse, révolté et vengeur.
L’isolationnisme devient de l’antipatriotisme. Les neutralistes les plus
acharnés changent de ton. La presse fustige et donne le la. Un quotidien,
pourtant isolationniste, le Los Angeles Times, titre : « Condamnation à mort
d’un chien enragé. »
Le Japon* s’en est pris à la plus grande puissance économique du monde
et l’a dressée tout entière contre lui. Il ne mesure pas encore la portée de son
erreur. Roosevelt* a désormais les coudées franches. Son pays lui emboîte le
pas et le presse d’agir.
Le 11 décembre, Hitler*, par fidélité au Pacte tripartite*, déclarera, à son
tour, la guerre aux États-Unis*.

PEARL HARBOR, LA GENÈSE DE


Le 17 juillet 1940, le clan militaire japonais ramène le prince Konoye,
ancien Premier ministre de 1937 à 1939, à la tête du gouvernement. Il sait
pouvoir compter sur celui qui a couvert la guerre contre la Chine*.
D’entrée, Konoye* ne déçoit pas. Il s’entoure de deux bellicistes notoires,
le général Tojo* à la Guerre et Yosuka Matsuoka* aux Affaires étrangères. Il
enjoint l’armée et la marine de se tenir prêtes à entrer en guerre dans un délai
de douze mois.
À la suite de quoi, il intervient à nouveau en Indochine* française pour
disposer de bases.
Avec 1941, les gouvernants japonais se préparent matériellement à la
guerre contre les Occidentaux : États-Unis* et Grande-Bretagne* au premier
chef.
L’industrie japonaise ne produit annuellement que 7 millions de tonnes
d’acier. Si ce chiffre lui confère la primauté en Extrême-Orient, il est loin
derrière celui des États-Unis* (73,9 millions). Charbon et pétrole lui font
défaut. Le Japon*, qui a besoin de 12 000 tonnes d’hydrocarbures par jour,
est dans ce domaine largement tributaire de son fournisseur, l’Amérique.
Celle-ci, pensant le contraindre par l’embargo, précipitera, indirectement, les
décisions des impérialistes nippons qui entendent faire du Sud-Est asiatique
et du Pacifique* leur domaine.
L’armée, elle, est quasiment prête (voir Armée japonaise).
Le peuple suit. Curieux peuple japonais ! Susceptible du meilleur et du
pire... Affables, courtois, appliqués au travail et à leurs cultes religieux, les
Japonais peuvent brusquement se transformer en dangereuses bêtes de guerre.
Que de crimes à leur actif (voir Atrocités japonaises).
Le shinto d’État, cette religion de l’entre-deux-guerres, entremêlée de
références à la Patrie et à l’Empereur-Dieu, est à l’origine de ce
comportement où le fanatisme devient loi, la mort issue. La vénération envers
la dignité impériale aurait mérité une personnalité mieux affirmée que celle
du prince Hiro-Hito*, intronisé à vingt-cinq ans, en 1926. Contrairement à
ses généraux et amiraux, il ne veut pas la guerre. Il se tait. Figé dans son
silence, il laisse le pays glisser vers la guerre où l’entraînent les militaires
japonais alors qu’il aurait pu dire non.
Le 7 janvier 1941, l’amiral Yamamoto*, commandant en chef de la flotte
combinée, présente ses projets intitulés « Idées préalables à la guerre ».
Personnellement, Yamamoto* n’est pas favorable à la guerre. Il a séjourné
aux États-Unis*, mesuré leur puissance industrielle. Discipliné, il met son
intelligence et son énergie au service de ses chefs qui ont décidé d’entrer en
guerre.
Impressionné par le succès des Swordfish* britanniques, le 11 novembre
1940 à Tarente*, il préconise une action identique contre Hawaii. Début avril
1941, le projet Yamamoto*, dûment approuvé, devient l’Opération Z. À
Honolulu, un espion bien placé observe et rend compte.
Les diplomates s’activent tout autant. Le 27 septembre 1940, Berlin,
Rome et Tokyo ont signé leur Pacte tripartite*. Le 13 avril 1941, est signé un
pacte de non-agression avec l’URSS*. Il restera en vigueur jusqu’en août
1945. Tokyo a ainsi l’esprit libre sur sa frontière soviétique. Staline* aussi.
Le 2 juillet, une conférence impériale fixe la ligne à suivre : l’expansion
se fera vers le sud, en vue d’établir les bases nécessaires à l’existence et à la
sécurité de la nation, et non sur le continent chinois. Ce même 2 juillet, un
million d’hommes supplémentaires sont mobilisés.
Accentuant leurs préparatifs, les militaires japonais font pression sur
Vichy* et obtiennent de nouvelles bases en Indochine* : Than Son Nut,
aéroport de Saigon, cap Saint-Jacques, baies de Tourane (Da Nang) et Cam
Ranh. Cette implantation, en particulier en Cochinchine, révélera son
importance quelques mois plus tard.
Pour Roosevelt*, cette intrusion en Indochine* est de trop. Le 26 juillet,
il prend deux décisions de nature à frapper les esprits. Il gèle les avoirs
japonais aux États-Unis* et limite les exportations. En outre, il nomme le
général MacArthur* commandant des forces américaines en Extrême-Orient.
Pour l’économie japonaise, le coup est rude. Les importations chutent de
80 %. Les transactions sur le pétrole, le fer, le zinc, le blé, le coton, sont
pratiquement stoppées d’autant que la Grande-Bretagne* et les Indes*
néerlandaises emboîtent le pas.
La nomination de MacArthur* correspond à un véritable changement
d’orientation de la politique de défense américaine dans le Pacifique*. Elle
signifie qu’on entend défendre les Philippines* et couvrir le Pacifique*
nettement à l’ouest.
L’embargo décidé par Roosevelt* porte aux Japonais un coup sévère et
leur impose un choix : négocier ou entrer dans la guerre. Leurs stocks
risquent de s’épuiser rapidement. Ils savent grâce à un rapport confidentiel
saisi par les Allemands que les Britanniques sont dans l’incapacité de
défendre Hong Kong*, Singapour*, la Malaisie*, les Indes néerlandaises*.
Les stratèges nippons peuvent travailler en connaissance de cause.
Deux schémas sont établis : celui de l’armée, celui de la marine. Le
colonel Tsuji se prononce pour l’armée fin août. Si l’attaque débute le
3 novembre, Manille tombera pour le jour du nouvel an, Singapour* le 11
février 1942, Java le 10 mars et Rangoon le 19 avril. Une invasion en règle
des Philippines*, de la Malaisie*, de la Birmanie*, de Java, a été
programmée au départ de l’Indochine* et de Formose*.
De son côté, Yamamoto* a tout prévu pour la marine, reprenant son
projet d’opération Z contre Hawaii. Partant du nord des Kouriles*, une
armada, avec six porte-avions, ira lancer son aviation embarquée contre le
gros de la flotte américaine estimée au mouillage dans la rade de Pearl
Harbor*. La destruction de l’US Navy* dans le Pacifique* sera au terme de
ce périple secret de 5 000 km.

Le compte à rebours.
Le 3 septembre 1941 marque certainement une date : celle du début du
compte à rebours. Membres du gouvernement et chefs militaires se réunissent
à Tokyo. Les militaires sont pressés et bousculent Konoye* qui essaye de se
dérober, parlant de délais, de négociations. Ils fixent une date limite :
10 octobre.
Le 6, une conférence se tient au palais impérial. Hiro-Hito* récite d’une
voix flûtée un poème appel à la paix, mais ne l’impose pas cette paix qu’il
souhaite.
Konoye* a essayé de négocier, a proposé sans résultats à Roosevelt* de
le rencontrer. Le 16 octobre, l’élément dur l’emporte. Le général Tojo*,
précédemment ministre de la Guerre, devient le vrai maître du pays. Ce soldat
implacable prend le Japon* en charge pour l’entraîner dans la guerre.
Le 3 novembre, le plan Yamamoto* est approuvé par l’Empereur et le
haut commandement. Le 7, l’amiral délivre son ordre d’opérations no 2.
L’attaque sur Oahu* est fixée au 8 décembre (7 décembre pour Hawaii).
Ces décisions militaires n’empêchent pas les diplomates nippons de
tenter un ultime effort en faveur de la paix. L’ambassadeur à Washington,
Nomura*, est rejoint par un envoyé spécial, Saburo-Karusu, ancien
ambassadeur à Berlin. Début novembre, les deux hommes présentent un
premier plan qui prévoit de régler le conflit sino-japonais par un retrait des
troupes nippones d’Indochine* et de Chine* méridionale. En revanche, elles
continueraient à occuper, durant vingt cinq ans au moins, la Chine*
septentrionale, la Mongolie* et Hainan. C’est pratiquement reconnaître la
suzeraineté japonaise sur la Chine*. Un second plan B, remis le 20 novembre
et retenu sous le nom de modus vivendi, fait encore la part belle au Japon*. Il
se retirerait de l’Indochine* du nord, et le commerce américano-japonais
reprendrait, notamment par la fourniture de trois millions de litres de
carburant avion.
Ces propositions, Roosevelt* les connaît grâce à « Magic », le
programme de décryptement des communication diplomatiques japonaises. Il
sait aussi que les efforts de Nomura* et Karusu ne sont qu’à demi appréciés à
Tokyo où les militaires ne sont pas pour la conciliation. Il mesure également
qu’accepter les plans japonais reviendrait pratiquement à leur laisser les
mains libres en Chine*.
Le 26 novembre, le gouvernement américain rejette le plan B, et émet
une série de contre-propositions dont celle d’un traité de non-agression dans
le Sud-Est asiatique avec évacuation de la Chine* et de l’Indochine*. Des
conditions inacceptables pour Tojo* et ses amis qui marchent vers la guerre.
Ce même jour, la première flotte aérienne de l’amiral Nagumo* quitte les
Kouriles* direction Hawaii. Le sort en est jeté.
Le 1er décembre, la conférence impériale entérine les propos de Tojo*, le
Premier ministre nippon :
« Les événements ont atteint le point où le Japon* doit entamer une guerre avec les États-
Unis*, la Grande-Bretagne* et les Pays-Bas* pour préserver l’Empire. »

Le 4 décembre, à plusieurs reprises, au milieu du bulletin d’informations


nippon, un message Vent est diffusé à l’intention de toutes les missions
diplomatiques japonaises. Ce bref message, Vent d’est, pluie (Higashi no
kaze ante), a un sens précis pour les initiés : crise américano-japonaise. C’est-
à-dire guerre prochaine et destruction immédiate des codes et documents.
Côté américain, ce message, dont la signification est connue, n’alarme par
outre mesure. Pourquoi ?
Roosevelt*, à son propre niveau, se doute que l’attente s’achève. Le
6 décembre, il tente un ultime geste de bonne volonté et s’adresse
personnellement à l’empereur Hiro-Hito*, le priant d’intervenir « pour
empêcher un avenir de mort et de destruction dans le monde ».
Pour réponse, il n’aura que l’annonce du rejet définitif de ses précédentes
propositions. Dans quelques heures éclatera la guerre voulue par les militaires
nippons.
PEARL HARBOR, LES INTERROGATIONS SUR
Roosevelt*, Churchill* savaient-ils ?
Selons certains, les deux hommes d’État n’ignoraient rien.
Volontairement, ils auraient choisi de se taire. Le premier pour faire basculer
son opinion publique. Le second pour entraîner les États-Unis* dans la guerre
derrière la Grande-Bretagne*. À l’encontre, d’autres historiens affirment que
les deux responsables ignoraient tout.
Roosevelt* savait-il ? Un premier point paraît acquis aujourd’hui : le
Président n’avait pas accès à tout. Volontairement, Stimson* et Marshall*
stoppaient nombre d’informations par crainte de bavardages de l’entourage
présidentiel. Il est sûr également que Roosevelt* cherchait à gagner du temps
pour combler l’impréparation militaire des Etats-Unis*. Parer Pearl Harbor*
en révélant ce qui se tramait lui aurait accordé quelque délai. Ce que l’on sait
du caractère de Franklin Roosevelt* permet difficilement de conclure à un
double jeu de sa part. Il voulait s’opposer au totalitarisme. On le voit mal
acceptant le préalable de l’holocauste sanglant de Pearl Harbor* pour y
parvenir.
Il serait difficile de préjuger autant de l’homme qui avait accepté de payer
le prix de Coventry*. Ses services avaient décrypté l’existence de la flotte de
Nagumo* prête à se diriger vers un objectif loin au large. Pearl Harbor* se
présentait comme la cible logique. Churchill* avait besoin que les États-
Unis* entrent dans la guerre. Sa discrétion s’explique. La suite semble
confirmer. Dès l’annonce de Pearl Harbor, il déclare la guerre au Japon*, en
homme sûr de son fait.
Et Staline* ? Sorge*, au printemps 1941, l’avait prévenu de Barbarossa*.
Sous réserve d’ouvertures complémentaires d’archives soviétiques, Sorge*
n’a rien transmis sur Pearl Harbor*. Et si Staline* avait su, tout donne à
penser qu’il aurait gardé l’information pour lui. Il avait, lui aussi, intérêt à
l’entrée en guerre des USA*.

PEARL HARBOR, RADE DE


La rade de Pearl Harbor, au cœur de l’île d’Oahu*, dans l’archipel de
Hawaii, à 5500 km du Japon* et à 3 000 à l’ouest des côtes de Californie, est
à la fois un havre et un piège.
Elle offre un abri sûr et bien agencé. Les fonds (30 à 40 m) de son goulet
d’accès permettent à des bâtiments de fort tonnage de se mouvoir et
d’accoster sans souci majeur. Protégée par des chaînons côtiers, à l’est et à
l’ouest, elle garantit contre les intempéries. Cette rade, grossièrement en
forme de bourse avec un îlot central (l’île Ford), ne dispose que d’un accès.
Relativement étroit, 1 600 m environ, long de quelques kilomètres, ce goulet
est un point d’entrée et de sortie obligé. En interdire l’issue, c’est bloquer une
flotte au mouillage.
Les Américains ont fait de ce site la grande base de la flotte du
Pacifique*. Il a été retenu pour rapprocher les navires de guerre de leur zone
d’action et être plus dissuasif à l’égard de toute attaque éventuelle du Japon*
contre la Malaisie* ou les Indes néerlandaises*. À Washington, on le
considère comme en parfaite sécurité étant donné les distances pour y
accéder.
Le 1er décembre 1941, la quasi-totalité de la flotte du Pacifique* y est au
mouillage depuis 18 mois, de part et d’autre de l’île Ford. Les cuirassés,
souvent amarrés à couple, stationnent le long de la rive sud de l’île : Nevada,
Arizona, Tennessee, West Virginia, Maryland, Oklahoma, California. Dans
cette allée des cuirassés, il ne manque que le Colorado, en cale sèche en
Californie, et le Pennsylvania, en cale sèche dans la base même. Dispersés
dans la rade, 96 bâtiments plus modestes, croiseurs, destroyers, sous-marins,
navires auxiliaires, sont également au mouillage.
Par un simple concours de circonstances, les deux porte-avions de
l’escadre seront absents le 8 décembre : l’Enterprise parti à Wake* le
28 novembre, le Lexington parti pour Midway* le 5 décembre.
Oahu est également une base aérienne bien pourvue en terrains
militaires : Wheeler, Hickam, Bellows, Shofield, Haleiwa pour l’armée de
l’air, Ewa pour les Marines*, Kaneohe pour l’aéronavale. Hydravions,
Curtiss P 40*, et même 7 B 17* stationnent, soigneusement alignés côte à
côte, sur les aérodromes.
Les deux responsables américains à Oahu*, l’amiral Kimmel*,
commandant la flotte du Pacifique*, et le général Short*, commandant
l’armée de terre, sont relativement sereins. Ils se sentent loin. Aucun
renseignement particulièrement alarmiste ne leur a été transmis. Short*
dispose de 45 000 hommes. A priori largement de quoi repousser un
assaillant. Seul souci, des sabotages occasionnés par des civils d’origine
japonaise vivant sur l’île. Pour cette raison, les avions sont étroitement
regroupés afin d’être mieux surveillés.
Honolulu, la ville des plaisirs et du repos, n’est qu’à une dizaine de
kilomètres.

PEDESTAL
Le plus célèbre convoi allié pour ravitailler Malte*.
Il comprend 14 navires marchands, dont un pétrolier, l’Ohio, fortement
escortés (4 porte-avions, plus 55 croiseurs, destroyers et sous-marins.) Entré
en Méditerranée* dans la nuit du 10 au 11 août 1942, le convoi sera attaqué
12 fois par les avions et des sous-marins italiens et allemands. 9 navires
marchands seront coulés. 5 endommagés atteindront Malte* entre le 13 et le
15 au prix de pertes sévères : 1 porte-avions, 2 croiseurs, 1 destroyer.
Le ravitaillement apporté à une heure cruciale en Libye* sauvera Malte*.
L’Ohio, remorqué suite à ses avaries, apportera en particulier le carburant
indispensable à la RAF* basée à Malte*.

PEENEMÜNDE
Base secrète allemande, en Poméranie occidentale, sur les bords de la
Baltique, près de l’embouchure de la Peene, créée en 1936 pour l’étude et la
mise au point d’armes secrètes.
Sous la direction de Walter Domberger et Wernher von Braun*, elle
emploie environ 10 000 personnes.
À Peenemünde, sont notamment élaborés et expérimentés les V1* et
V2*.
Le site est occupée par les Soviétiques en avril 1945.

PEENEMÜNDE, RAID SUR


Raid mené dans la nuit du 17 au 18 août 1943, par la RAF*, sur la base
de Peenemünde dont les services de renseignements britanniques ont percé la
localisation et l’importance.
Sur 596 bombardiers, 560 atteignent la cible (44 abattus, 290 aviateurs
tués).
Ce raid, sans détruire complètement les installations, retardera les études
en cours. Il sera suivi de trois autres raids américains en 1944. Pour échapper
aux bombardements, les Allemands construiront une usine souterraine
utilisant des prisonniers dans le massif montagneux du Harz (voir Dora).

PEGASUS BRIDGE
Initialement, pont de Bénouville, village proche.
Pont tournant sur le canal de Caen à la mer, à environ 5 km au sud de
Ouistreham*. Il relie la rive droite de l’Orne à la route littorale qui, par
Ouistreham, gagne les plages. Il y a, en fait, deux ponts : le pont de Ranville,
le plus à l’est, sur l’Orne, et le pont de Bénouville, futur Pegasus Bridge*.
S’emparer de ces ponts, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, interdit à la XXIe PD
allemande, stationnée au sud-est de Caen, de rejoindre les zones de
débarquement.
Cette mission capitale a été confiée à la 6e Airborne* britannique. Son
chef, le général Gale, en a chargé le major John Howard, trente-deux ans,
commandant la compagnie D du 2e bataillon du Oxfordshire and
Buckinghamshire Light Infantry.
Les photographies aériennes et surtout la Résistance française* ont fourni
des renseignements précieux. Il existe autour des deux ponts des zones
dégagées où des planeurs peuvent se poser. Si le pont de Ranville n’est gardé
que par des sentinelles qui se relaient, celui de Bénouville l’est très
sérieusement. Une cinquantaine d’hommes dorment dans des blockhaus
édifiés de chaque côté du canal.
Sur ces bases, Howard, officier précis et méticuleux, a monté son
opération. Trois planeurs Horsa* se poseront près de chaque pont et
élimineront les défenseurs. Chaque Horsa*, outre ses deux pilotes,
transportera 23 fantassins et 5 sapeurs. Ils atterriront 30 minutes avant le
largage du 7e bataillon qui, après son arrivée au sol, viendra les appuyer dans
l’attente des commandos de Lord Lovat* débarqués le 6 au matin à
Ouistreham.
Les six Horsa* du commando Howard décollent de 22 h 56 à 23 h 02.
Tirés par 350 pieds de câble, ils tanguent lourdement derrière les Halifax* qui
ont mis le cap sur la Normandie*. À 0 h 07, le planeur de tête avec Howard
passe à la verticale du rivage, un peu à l’est de l’embouchure de l’Orne. Il
vole alors à 2 000 m. Quelques instants plus tard, le câble de traction est
décroché. Le pilote est un as. 0 h 16, les roues du planeur touchent le sol et se
cassent aussitôt. Le Horsa* glisse sur ses patins tandis que le parachute de
freinage se déploie. Les passagers, malgré leurs ceintures, sont projetés pêle-
mêle. Enfin, à 60 km/h, le planeur s’immobilise stoppé par des barbelés. Il est
à 40 mètres en amont du pont de Bénouville. Derrière, à une minute, se
posent les deux autres planeurs à quelques dizaines de mètres de celui de
Howard. Les pilotes des trois Horsa* ont parfaitement rempli leur mission.
Les hommes, hébétés, assommés, ont besoin de longues secondes pour
reprendre leurs esprits. Le silence est retombé. Le grondement des moteurs
des Halifax*, les tirs de la Flak*, les bourrasques dans les ramures ont étouffé
le crash des planeurs. Les veilleurs n’ont rien perçu.
Le commando a du métier. Le poignard agit sans bruit avant que les
Sten* et les grenades se déchaînent. Partout le succès se dessine en quelques
minutes. Les bunkers de part et d’autre du pont, le poste de mitrailleuse, sont
rapidement neutralisés.
0 h 22. Le pont du canal est tenu sur les deux rives. Les défenseurs
allemands sont morts ou se sont enfuis. Le coup de main a réussi. Deux tués
chez les Britanniques, le lieutenant Brotheridge et un homme, noyé, projeté
dans une mare. Quelques blessés.
Liaison radio avec le pont sur l’Orne. Objectif occupé sans résistance.
0 h 50. Les paras de la 6e Airborne* commencent à descendre entre Orne
et Vire. Howard voudrait prévenir son chef, le général Poett, commandant la
5e brigade, que la mission est remplie. Poett ne répond pas, il a perdu son
radio à l’atterrissage.
À défaut d’un contact en bonne et due forme, l’opérateur de Howard
émet sans relâche : « Ham and jam » (Jambon et confiture), indicatif convenu
de totale réussite.
La nuit sera longue avec des émotions. Des blindés se présentent. L’un
d’eux est détruit par un Piat*.
La pétarade autour du pont sert de point de repère aux paras disséminés à
l’est de l’Orne. Ils arrivent par groupes disparates. Les habitants n’ont guère
dormi. Ils commencent à comprendre que les libérateurs sont là et signalent
où les Feldgrau rescapés cherchent à se cacher. Ces braves gens se retrouvent
parfois avec un cadavre dans leur cave ou leur cuisine.

9 h.
Le général Gale en personne vient faire le point. Débarqué à 2 h du
matin, il a installé son PC à Ranville*, à 1 500 m de là.

12 h 02.
Le son aigrelet d’une cornemuse monte dans les lointains. Cette fois la
liaison est réalisée. Lovat* apparaît avec sa brigade de commandos. Des
chars débarqués à Ouistreham suivent. L’Allemand se replie sur Caen.
Aujourd’hui, le pont de Bénouville est devenu Pegasus Bridge* en
l’honneur des hommes de Howard, appartenant à la 6e Airborne*, la division
au Pégase ailé pour insigne.
L’audace avait payé au prix de 2 tués et 14 blessés. La compagnie
Howard restera engagée dans la bataille de Normandie* jusqu’au 5 septembre
1944. Son effectif était tombé de 181 à 40. Howard avait été blessé deux fois.

PELELIOU
Atoll de l’archipel des Palaos*.
Les Marines* y débarquent le 15 septembre 1944 et se heurtent à une
résistance très solide. La partie septentrionale de l’île est une véritable
forteresse naturelle, truffée de grottes, défendue par 10 000 Japonais. Les
Marines* mettront deux mois pour les réduire au prix de près de 2 000 tués et
plusieurs milliers de blessés. La garnison nippone aura été anéantie.

PENTAGONE
Quartier général des forces armées américaines à Washington.
Son nom provient de sa forme. Construit du milieu de 1941 à janvier
1943, pour un coût de 83 millions de dollars, il abritait, durant la guerre, le
secrétaire d’État à la Défense, le JCS* et environ 27 000 personnes.

PERCIVAL, ARTHUR
(1887-1966). Général britannique.
Son nom reste attaché à la chute de Singapour*.
Comme le maréchal Slim*, il sort du rang, engagé volontaire en 1914. À
la déclaration de guerre, il part en France*, comme général, à l’état-major du
1er CA britannique. En février 1940, il commande la 43e division en
Angleterre*, puis, après un passage à l’état-major impérial, est nommé, en
mai 1941, commandant en chef en Malaisie avec le grade de lieutenant-
général. Battu dans la péninsule malaise en décembre 1941 et janvier 1942, il
s’efforce de tenir Singapour* mais doit finalement se rendre sans conditions
le 15 février. Interné à Formose* puis en Mandchourie*, il est libéré en août
1945 et assiste à la signature de la capitulation japonaise* le 2 septembre
1945.
Retraité en 1946, son attitude à Singapour* en 1942 sera l’objet de vives
critiques en Grande-Bretagne* après la guerre.
Lieutenant-général. DSO*, MC.

PÉRI, GABRIEL
(1902–1941). Homme politique français.
Député communiste en 1939, Gabriel Péri, en septembre 1939, après la
dissolution du Parti communiste français, s’enfonce dans la clandestinité.
Après l’occupation allemande, à l’encontre d’autres communistes
français, il prône la Résistance* et rédige des tracts et libelles hostiles au
nazisme*. Arrêté par la police française, livré aux Allemands, il est fusillé au
mont Valérien, le 15 décembre 1941. Avant de mourir, il avait rédigé sa
célèbre lettre où il annonçait partir « pour bâtir des lendemains qui
chantent ».

PÉROU
Après sa guerre victorieuse contre l’Équateur* en 1941, rompt au début
de 1942 ses relations diplomatiques avec les puissances de l’Axe*. Il
déclarera la guerre à l’Allemagne* et au Japon* le 13 février 1945 et signera
la déclaration originelle des Nations unies*.

PERSE
(voir IRAN)
PERSHING T-25 E 1
Le meilleur et le plus moderne char américain de la guerre.
Poids : 34,7 tonnes ; autonomie : 120 km ; vitesse : 35 km/h ; armement :
un canon de 90, une mitrailleuse de 12,7mm et une de 7,62 ; équipage :
5 hommes blindage à l’avant : 89 mm
Pour des raisons de shipping, les Américains ont préféré ce type de char
moyen à un char plus lourd.

PERTES CIVILES ET MILITAIRES DE LA


SECONDE GUERRE MONDIALE
Si le chiffre global de 50 millions de victimes est retenu, suite aux
approximations pour la Chine* et l’URSS*, on arrive au détail ci-dessous :
— Pertes militaires : 22 millions
— Pertes civiles : 28 millions, soit :
— morts dans les camps : 12 millions.
— morts des bombardements : 1,5 million.
— morts en Europe de causes diverses : 7 millions.
— morts en Chine* de causes diverses : 7,5 millions.
Ces tableaux, sous réserve de retouches, apportent, dans leur brutalité,
des éléments peu contestables sur le conflit :
— Son terrible coût : 56 millions de victimes (certains historiens
l’arrondissent à 60 millions et n’ont peut-être pas tort. Il ne faut pas oublier
les autres pays concernés et non mentionnés, surtout en Extrême-Orient. Les
combats ont fait rage en Birmanie*, aux Philippines*, en Indonésie, en
Nouvelle-Guinée*. La libération de Manille*, par exemple, a coûté la vie à
100 000 Philippins).
— Son importance par rapport à la « Grande Guerre », quelque sept fois
plus de victimes.
— Le pourcentage des pertes civiles qui dépassent largement les pertes
militaires : 60 % contre 40 %.
Il est non moins surprenant de constater que les Alliés* ont quatre fois
plus souffert, en vies humaines, que l’Axe*. Hécatombes soviétiques et
chinoises, génocide juif en sont les principales raisons.

PETACCI, CLARA
(1912-1945).
Maitresse de Mussolini* à partir de 1932.
Assassinée avec lui le 28 avril 1945.
Sa liaison avec le Duce* ne paraît pas être sortie du strict plan
sentimental.

PÉTAIN, PHILIPPE
(1856-1951). Maréchal de France.
« La vieillesse est un naufrage », disait de Gaulle*.
Explique-t-elle la fin pitoyable, après tant de gloire, de celui en lequel
l’immense majorité des Français, en juin 1940, voyait son sauveur ? Fut-il un
vieillard ambitieux enfin arrivé au pouvoir absolu ? Fut-il le gardien obstiné
de son peuple accablé ? Aux sursauts incontestables contre l’occupant
s’opposent les faits de la collaboration* et sa réponse à la Question juive.
En 1914, l’ancien Saint-Cyrien et professeur à l’École de Guerre,
Philippe Pétain, est colonel, se préparant à prendre sa retraite. Le
19 novembre 1918, le même homme est le vainqueur de Verdun, le
commandant en chef de l’armée française, maréchal de France. La gloire lui
semble à jamais acquise. Durant l’entre-deux-guerres, il est le personnage
incontournable de la pensée militaire. Il prône le front continu, inspire la
ligne Maginot*, réfute le danger par les Ardennes*, ne croit pas à la force
blindée en dehors de l’appui d’infanterie. Prudent, il se tient à l’écart des
aventures politiciennes.
Ce dignitaire, également membre de l’Académie française, qui reconnaît
comme légitime qu’on déroule devant lui le tapis rouge, ne demande rien
pour lui. En 1939, il est envoyé en Espagne* pour réconcilier la République
Française avec Franco* vainqueur. Il aurait pu y rester. Paul Reynaud*,
vacillant, l’appelle à ses côtés le 17 mai 1940. Un mois plus tard, il conseille
au président de la République de lui confier sa succession. Il sait aussi que ce
sera pour demander l’armistice car, en professionnel, Pétain a jugé que la
guerre était perdue.
Le voici donc président du Conseil. Le 10 juillet, Laval*, Alibert et
quelques autres en font, en pleine légalité républicaine, un chef de l’État nanti
de pratiquement tous les pouvoirs. Il a laissé faire, appréciant, en bon
militaire, de pouvoir être scrupuleusement obéi et qu’on reconnaisse ses
mérites.
L’homme qui a arrêté la guerre et l’exode est plus que plébiscité en son
pays. « Quarante millions de Pétainistes », écrira, à juste titre, Henri
Amouroux. Si, par tempérament, il a tendance à voir le mauvais côté des
choses, il ne manque pas d’humanisme. 1917 l’a montré. Son pays vit mal.
Espérant atténuer les rigueurs de l’armistice, il rencontre Hitler* à Montoire*.
Sur le fond, il ne s’engage à rien mais a le malheur d’annoncer aux Français
qu’il prend résolument la voie de la collaboration*. Collaboration* ! Plus
d’un qui n’avait pas obligatoirement vocation à s’égarer le prendra au mot et
s’égarera.
Pourquoi simultanément se tait-il sur le statut des Juifs élaboré par des
antisémites de son entourage ? Son silence, sa passivité lui seront, à juste
titre, lourdement reprochés.
Un moment, le 13 décembre 1940, il donne l’impression de rectifier le tir
et de s’opposer à ceux qui veulent par trop pactiser avec l’Allemagne*.
Laval* est brutalement remercié. Pas pour longtemps. Il reviendra dès avril
1942, poussé par les Allemands.
Le 8 novembre 1942, l’occasion s’offre à lui de modifier encore son
destin. Il refuse de partir pour Alger comme le pressent Weygand*, Georges*
et quelques autres. Pourquoi ? Peur de l’avion ? Volonté de lier son sort à son
pays et de lui éviter un gauleiter* ? Les deux sans doute.
Dès lors, il n’est plus qu’une potiche, l’âge aidant. Des moments de
torpeur alternent avec des périodes de lucidité. Laval* – et derrière lui les
Allemands – règnent à Vichy*. Philippe Pétain subit le STO*, la Milice*, les
basses œuvres des excités de la collaboration* sur fond d’occupation nazie.
Pourtant, dans le cœur de nombreux Français, il n’a pas perdu tout son
prestige. Des photos de certains rassemblements, lors de visites à Paris,
Nancy, Lyon, Saint-Étienne, le démontrent. Peut-être est-ce aussi parce qu’il
représente encore en partie la France dans une métropole occupée.
Le 20 août 1944, Philippe Pétain est arrêté par les Allemands et emmené
en Allemagne*. Refusant sa caution aux collabos* exilés, il se considère
comme prisonnier. Le 24 avril 1945, il obtient le droit de transiter par la
Suisse* pour rentrer en France*.
Son procès, à compter du 23 juillet 1945, ne saurait, dans l’ambiance du
moment, juger en totale équité. La condamnation à mort est commuée en
détention à perpétuité dans une enceinte fortifiée. C’est un vieillard de 95 ans
qui, le 25 juillet 1951, mourra à l’île d’Yeu, cadre de sa détention, où il sera
inhumé.
L’Histoire, avec l’indispensable recul, jugera cet homme qui pour
beaucoup porte l’opprobre de Vichy*.

PETROV, IVAN
(1896-1958). Général soviétique.
Spécialiste de la défense.
Défend Sébastopol* avec énergie au printemps 1942. Commande ensuite
une armée ou un Front*. En avril 1945, commande le 1er Front d’Ukraine.
Héros de l’Union soviétique*.

PETSAMO,
(aujourd’hui Pechenga)
Territoire de Laponie et port sur la mer de Barents appartenant avant
1939 à la Finlande*.
Occupés puis annexés par l’URSS* en 1945. La région de Petsamo,
productrice de nickel, fut l’objet d’âpres combats en 1944, Hitler* ayant
ordonné de tenir le site (voir Laponie).

PHALANGE AFRICAINE
Petite formation de volontaires constituée en Tunisie* après le
débarquement allié du 8 novembre 1942 en AFN* pour se battre aux côtés de
l’Axe*.
Sous les ordres du lieutenant-colonel Cristofini, puis du commandant
Curnier, elle compte environ 330 volontaires, Européens militants politiques
ou Tunisiens issus de l’armée d’Afrique*. Elle donne naissance à une
compagnie mixte incorporée au 754e régiment de l’Afrika Korps*. Engagée
sur le front de Medjez-el-Bab, le 7 avril 1943, elle est décimée le 29.
Avec la défaite de l’Axe* en Tunisie*, les rescapés tenteront de se
disperser. Quelques officiers parviendront à s’enfuir dans des avions
allemands. La grosse majorité sera arrêtée et sanctionnée. Cristofini sera
fusillé le 4 mai 1944. Curnier se suicidera, en prison, en 1945. Huit
volontaires seront exécutés. Les autres écoperont de peines de prison.
Curieusement, une quarantaine de volontaires, arrêtés par les troupes
giraudistes, seront incorporés dans l’armée d’Afrique où ils feront de bons
combattants de la Libération*.

PHILIPPINES
L’archipel aux 7 100 îles sur 300 000 km2 compte, en 1941, 17 millions
d’habitants.
Officiellement, il est terre américaine depuis 1898 mais bénéficie d’une
assez large autonomie avec un président élu. Les États-Unis*, en 1934, se
sont engagés à lui accorder son indépendance dans les dix ans, promesse
renouvelée par Roosevelt* en 1943, cette fois après l’éviction des Japonais.
À partir de 1935, les Philippins organisent une petite armée à base de
réservistes. Elle ne saurait représenter une force conséquente et en juillet
1941, devant le danger nippon, s’intègre aux forces armées d’Extrême-Orient
du général MacArthur*.
L’occupation japonaise, en 1942, oblige le président Quezon* à fuir son
pays et à organiser un gouvernement en exil à Washington. À sa mort, en
1944, Sergio Osmeña lui succédera. De leur côté, les Japonais déclarent la
souveraineté américaine terminée. Soucieux de se rallier l’adhésion des
Philippins, en septembre 1943, ils annoncent reconnaître l’indépendance des
Philippines et mettent en place un gouvernement fantoche dirigé par José
Laurel. En septembre 1944, ce gouvernement déclarera la guerre aux États-
Unis*.
Si certains notables paraissent enclins à la collaboration* avec l’occupant,
la population ne tarde pas à trancher et se tourne vers les États-Unis*. Une
Résistance* active s’organise, animée par des cadres philippins et des
officiers américains ayant réussi à échapper à la capture. Ces guérilleros – ils
seront environ 200 000 – se montrent particulièrement actifs dans le nord et
le sud de Luçon* et à Mindanao*. D’autres guérilleros, d’obédience
communiste cette fois – les Huks* –, se manifestent plutôt dans le centre de
Luçon*.
Cette Résistance* aide les troupes américaines dans leur travail de
libération du pays. Dans Manille* libérée, en février 1945, MacArthur*
investit officiellement Osmena*. L’épuration*, sous son influence, est
modeste. Les collaborateurs seront rapidement amnistiés. Les Philippines
devenues indépendantes le 4 juin 1946 auront alors à éliminer l’ancienne
résistance communiste.
La Seconde Guerre mondiale aura coûté aux Philippines 200 000 morts
dont 100 000 civils lors de la libération de Manille.

PHILIPPINES, BATAILLE DE LA MER DES


PHILIPPINES
Aux premières heures du 15 juin 1944, 8 000 Marines* débarquent au
sud-est de Saipan*, dans les Mariannes*.
Tokyo ne peut laisser les Américains occuper impunément les
Mariannes*. Ce serait trop grave. Le Japon* serait à portée des bombardiers
lourds. Le périmètre défensif fixé par Tojo* serait forcé.
Pour repousser l’invasion, l’amiral Toyoda* prescrit un regroupement de
ses forces :
— celle d’Ozawa*, dite flotte mobile, avec les porte-avions ;
— celle d’Ugaki avec les cuirassés géants.
Débouchant des Moluques et des Philippines, les deux escadres se
rejoignent au large de Leyte et marchent nord-est pour exécuter leur mission :
attaquer l’ennemi aux Mariannes* pour repousser les forces d’invasion. Les
Japonais entendent bien engager et gagner la bataille décisive, exploit qu’ils
n’ont pu réaliser à Midway*. Pour ce, ils alignent : 5 porte-avions avec 473
avions, 2 porte-avions légers, 5 cuirassés, 11 croiseurs lourds, 2 croiseurs
légers, 28 destroyers.
En face, pour leur barrer la route, l’amiral Spruance* dépêche la TF 58*
de Mitscher*. Quelle armada aussi ! 7 porte-avions avec 956 avions, 8 porte-
avions légers, 7 cuirassés, 8 croiseurs lourds, 13 croiseurs légers, 69
destroyers. En sus du nombre, Spruance* et Mitscher* bénéficient de la
qualité de leur matériel et de la valeur de leurs pilotes. Les Hellcat*
surclassent largement les Zero*, et leurs pilotes ont deux années
d’entraînement à leur actif. Après la mer de Corail*, Midway*, les Salomon*,
la Nouvelle-Guinée*, les Japonais ne peuvent plus compter que sur des
jeunes dont le courage ne saurait compenser l’inexpérience.
Ozawa* bénéficie toutefois d’un léger avantage. Avançant face au vent, il
gagne du temps pour décoller. De plus, ses appareils ont un rayon d’action
supérieur à celui des Américains. Il espère aussi que l’aviation basée à terre, à
Guam* en particulier, palliera en partie son infériorité numérique.
Ozawa*, qui coiffe l’armada japonaise, a renoué avec une notion chère
aux stratèges nippons. À 150 km en avant, les porte-avions légers de l’amiral
Kurita* servent d’appât.
Spruance*, pour sa part, joue la prudence. Il se tient sur la défensive,
couvrant Saipan* et les navires de transport, et laisse les Japonais venir à lui.
Le 19 juin, à 4 h 45, Kurita* lance ses hydravions de reconnaissance.
Ceux-ci seront très vite interceptés par les chasseurs de la TF 58*. L’un
d’entre eux parvient toutefois à déterminer la position américaine. Ozawa*
peut lancer ses vagues d’attaque. Il y en aura quatre principales, toutes
appelées à connaître à peu près le même sort.
Chez Spruance*, les radars veillent. Les Hellcat* sont en l’air. Certains
tournent au-dessus de Guam* pour neutraliser les terrains ou se tenir en
embuscade. Le scénario va se dérouler toute la journée suivant le même
rituel.
À l’approche des formations japonaises, les radars donnent l’alerte. En
meute, les Hellcat* se précipitent pour ce que certains baptiseront le grand tir
aux dindons des Mariannes*, (ou aux pigeons, ou aux faisans). Les pilotes
américains ont la maîtrise de leurs engins et de leur puissance. Dominées à
tous égards, les vagues nippones sont tour à tour décimées : la première perd
42 avions sur 69, la seconde plus de 100 sur 128, etc.
Les audacieux qui tentent de poursuivre se heurtent au mur de la DCA ;
ceux qui s’efforcent de rallier Guam* tombent sur d’autres Hellcat* en
embuscade. 30 autres sont ainsi abattus.
Rameutés sur zone, les sous-marins concourent au succès. À 9 h, un
Albacorre* torpille le porte-avions Taiho, navire amiral le plus important de
toute la flotte japonaise, qui s’embrase à 12 h 20 et ne tarde pas à disparaître
avec la majorité de son équipage (500 marins seulement sur 2 150 sont
sauvés). Simultanément, un autre porte-avions, le Shokaku, vétéran de Pearl
Harbor*, est atteint à son tour par le Cavalla et sombre en quelques minutes.
À la tombée de la nuit, Ozawa* n’a plus qu’une centaine d’avions. Quant
aux 50 basés à terre, ils ont presque tous disparu. Ces pertes sont
irrémédiables. Les Américains, eux, ont perdu 23 appareils.
Ozawa* s’est esquivé vers le nord-ouest. Sur la foi de rapports
enthousiastes, confiant, il envisage de reprendre le combat.
Le 20 juin, vers 16 h, un Avenger* le repère à environ 350 km à l’ouest-
nord-ouest de la TF 58*. L’heure est tardive. Mitscher* hésite. Soldat, il
prescrit les décollages.
À 16 h 30, la première pontée est en l’air. 77 bombardiers en piqué,
54 avions torpilleurs, escortés par 85 chasseurs.
Le combat est plus rapide que le vol. Le mince écran des Zero* est balayé
par les Hellcat*. En 20 minutes, les bombardiers coulent le porte-avions
Hiyo, en coulent deux autres, endommagent un cuirassé et un croiseur.
Il faut rentrer. Dans l’obscurité. Avec des réservoirs aux trois quarts
vides. Mitscher* prend sa seconde décision difficile de la journée. Par souci
humanitaire. Par nécessité. Il a besoin de récupérer ses équipages. Passant
outre aux risques des sous-marins, l’amiral ordonne d’allumer les feux.
Guidés par ce gigantesque balisage, les avions rallient pour aborder le
plus difficile : l’appontage. En tout, 80 avions s’abîment sur les ponts ou en
mer. Grâce à l’efficacité des secours, 16 pilotes et 33 aviateurs sont à la fin de
l’opération portés manquants.
Certes, la victoire n’est pas totale puisque les porte-avions d’Ozawa* ont,
en majorité, pu s’éloigner et se replier sur Okinawa*. Mais ils sont désormais
des corps sans vie. La quasi-totalité de leurs pilotes a disparu. Le ciel du
Pacifique* est pratiquement libre devant les Américains. Dans l’immédiat, le
danger contre les débarquements aux Mariannes* a été écarté.

PHILIPPINES, CAMPAGNES DES


Le 8 décembre 1941, les Philippines sont relativement peu défendues :
environ 110 000 Philippins en dix divisions et 15 000 Américains dont la
division Philippines comprenant 8 000 scouts philippins.
S’y adjoignent des services divers. MacArthur*, conseiller militaire du
président Quezon* et rappelé au service par Roosevelt* en juillet 1941,
assure le commandement de l’ensemble (USA FFE) depuis le 26 juillet. En
quatre mois, il s’est efforcé de combler le retard mais il était trop tard. Si les
scouts philippins sont valeureux, leurs compatriotes manquent de formation
et d’équipement.
Le 8 décembre, à 12 h, les pilotes japonais piquent sur le terrain de Clark
Field, le plus important de Luçon. En quelques minutes, 18 B 17*, 53 P 40*,
piégés, deviennent des brasiers. À la base aérienne d’Iba, une escadrille de
P 40*, retour de patrouille tombe sur une formation japonaise. Tous les
appareils sont abattus sauf deux. Simultanément, les aérodromes de Baguio et
Tuguegano, au nord de Manille*, sont attaqués. En une demi-heure, les
Japonais ont acquis la suprématie aérienne sur les Philippines. Confiants, ils
estiment, du reste, pouvoir conquérir Luçon en 50 jours, l’ensemble des
Philippines en trois mois.
Le général Homma* qui commande l’armée d’invasion, la XIVe, n’a
alloué pour envahir Luçon que deux divisions, deux régiments de chars et des
unités d’appui. En revanche, les 5e et 11e groupes aériens doivent fournir 500
chasseurs et bombardiers.
Sous MacArthur*, le général Wainwright* commande les troupes de
Luçon Nord, le général Parker celles de Luçon Sud. Une force dite Visayan-
Mindanao défend le reste de l’archipel. À Cavite, sur la rive sud de la baie de
Manille, MacArthur* dispose aussi de la flotte de l’amiral Hart : un croiseur
lourd, deux croiseurs légers, 13 vieux destroyers, quelques vedettes et surtout
29 sous-marins. Sans couverture aérienne, les navires de surface n’ont pas
grande valeur.
Le 10 décembre, les bombardiers japonais piquent sur Cavite. Les
infrastructures sont touchées. 500 victimes. Devant un tel bilan, Hart
s’empresse d’éloigner ses bâtiments, à l’exception, provisoire, des sous-
marins. De même, devant les raids continuels, les B 17* rescapés se réfugient
à Port Darwin* en Australie*.
Après quelques débarquements précurseurs pour occuper des aérodromes,
le gros de la XIVe armée se présente en force le 22 décembre, dans la baie de
Lingayen et, le 24, dans celle de Lamon Bay. Lingayen est à 200 km au nord
de Manille, Lamon Bay à 100 km. La menace en tenaille sur la capitale
s’affirme d’heure en heure. MacArthur* n’a plus que des fantassins. Il se
résigne à l’inévitable. Luçon est condamnée. Il prescrit d’exécuter un vieux
plan WPO-3, (plan orange) prévoyant un réduit dans la presqu’île de
Bataan*. Cette opération délicate implique de dégager 40 000 Américains et
Philippins, les hommes mais aussi leur matériel et leur ravitaillement.
Ayant déclaré Manille ville ouverte le 25, MacArthur* gagne l’île
forteresse de Corregidor* avec le président Quezon*, ses proches et un carré
de fidèles ;
Le 31 décembre 1941, les Japonais ne sont plus qu’à 50 km de Manille*.
La bataille maintenant va se livrer pour Bataan* (voir Bataan, chute de ;
Bataan, marche à la mort de).
Bataan* submergée, il reste Corregidor* (voir Corregidor, chute de).
Le 6 mai 1942, tout est terminé. Les Japonais sont maîtres des
Philippines. Hormis quelques portions de jungle où des rescapés américains
et philippins commencent à organiser la résistance à l’occupant. C’est le cas à
Luçon et Mindanao* principalement.
Quittant Corregidor* sur ordre formel de Roosevelt*, MacArthur* avait
promis : « Je reviendrai ! » Il tient parole.
En octobre 1944, il met les pieds sur Leyte* dans le sud de l’archipel
(voir Leyte, reconquête de). Le jour de Noël, il annoncera la fin de la
résistance, déclaration prématurée. Quatre mois seront nécessaires pour
éliminer les derniers irréductibles.
Du moins la situation permet-elle, le 9 janvier 1945, de débarquer dans le
golfe de Lingayen au nord-ouest de Luçon (voir Luçon, libération de).
Manille, Bataan*, Corregidor*, affreux souvenirs de 1942, vont être vengés.
La libération en cours de Luçon autorise MacArthur* à entamer celle des
îles voisines. Le 28 février, la VIIIe armée débarque à Palawan. De fin février
à mi-avril, la 7e force amphibie effectuera 38 débarquements (certes moins
importants qu’à Lingayen) à Panay, Los Negros, Cebou, Bohol, Sasilan,
Tawitawi, Jolo, etc. Le 10 mars débutera l’action sur Mindanao* où 40 000
guérilleros mènent la vie dure aux 42 000 Japonais retranchés dans les villes.
Dans l’espoir de trouver meilleur refuge, ces Japonais choisiront de gagner la
montagne où ils tomberont de mal en pis, traqués sans relâche par leurs
adversaires.
En juin 1945, même si des troupes japonaises subsistent encore sur le sol
philippin et tiendront jusqu’en août, l’essentiel est acquis. Les grandes villes,
les routes, les terrains d’aviation sont aux mains des Américains. MacArthur*
a répondu à son fameux : « Je reviendrai. » La remontée vers le nord peut
maintenant s’accélérer.

PHILLIPS, THOMAS
(1888-1941). Amiral britannique.
Ce marin de petite taille, Tom Pouce, et d’excellente réputation, s’était
fait apprécier par Churchill* comme sous-chef de l’état-major impérial.
En octobre 1941, il reçoit le commandement de la force de dissuasion
envoyée en Extrême-Orient. Au soir de Pearl Harbor*, il est donc à
Singapour le patron de ce qui est devenu la Force Z : le cuirassé Prince of
Wales*, le croiseur de bataille Repulse* et 4 destroyers. Dans l’espoir de
frapper le débarquement japonais signalé en Malaisie*, il s’aventure le
8 décembre en mer de Chine, sans bénéficier de couverture aérienne. Le
surlendemain, il est surpris par des bombardiers décollés d’Indochine*. Le
Prince of Wales* et le Repulse* sont coulés. Phillips disparaît avec eux.
Il avait oublié ce conseil d’un camarade avant son départ de Londres :
« Don’t forget your umbrella, Tom ! » (N’oublie pas ton parapluie,
Tom !)

PHŒNIX
Caisson flottant, fabriqué en Angleterre*, remorqué à travers la Manche
et destiné à être coulé pour édifier une digue de protection devant les deux
ports artificiels du débarquement en Normandie, Arromanches* et Saint-
Laurent.
146 Phœnix (76 par port) seront ainsi réalisés. Le plus grand pèse 600
tonnes et ressemble, à flot, à un immeuble de 5 étages (60 m de long, 18 de
large, 20 de haut).
Ces Phœnix et de vieux navires coulés (les blockships*) constituent, dans
chaque port, trois digues. La principale court parallèlement au rivage à
quelque 1 500 m de la côte, sur un peu plus de 3 km. Deux autres,
perpendiculaires, obturent les côtés de la darse, n’y ménageant qu’un goulet
d’accès. (Une autre entrée, en sifflet, s’ouvre dans la digue principale.)

PHOTOFORT
F-13 A Photofort.
Indicatif des B 29* Superfortress transformés pour des missions de
reconnaissance. Trois Photofort précéderont le B 29* devant larguer la
première bombe atomique sur le Japon*, le 6 août 1945. Leurs conclusions
sur les conditions météorologiques fixeront le sort de Hiroshima*.

PIAT (PROJECTILE INFANTRY ANTI TANK)


Arme antichar britannique portable utilisant un projectile à charge creuse
propulsé par un puissant ressort.
Poids : 9,45 kg ; longueur : 0,96 m ; calibre : 89 mm ; portée pratique :
100 m ; vitesse de tir : 2 coups/min.

PICCADILLY CIRCUS
Nom de code donné, pour le débarquement en Normandie*, à une zone Z
de convergence navale située à une trentaine de kilomètres au sud de
Portsmouth.
De là, chaque convoi empruntera un chenal de 400 à 1 000 m de large,
nettoyé au préalable par les dragueurs de mines. Ces chenaux, au nombre de
10, permettent d’accéder aux cinq plages de débarquement : Utah*, Omaha*,
Gold*, Juno*, Sword*.
PIE XII
(1876-1958). Pape de 1939 à 1958.
En mars 1939, le cardinal Eugenio Pacelli est élu pape après le décès de
Pie XI. De 1917 à 1930, il fut nonce apostolique à Berlin, puis secrétaire
d’État au Vatican.
Son pontificat de 1939 à 1945 est contesté par certains. A-t-il fait tout ce
qui était en son pouvoir pour dénoncer et stopper les horreurs nazies et en
particulier la Solution finale* ? Que peut-on constater ? Avant la déclaration
de guerre, Pie XII lance des appels à la paix ignorés de tous côtés. En octobre
1939, il condamne les politiques religieuses des nazis et des Soviétiques en
Pologne* et dans les pays baltes. En décembre, il incite les dirigeants italiens
à ne pas entrer dans l’ouragan européen. Son message de Noël dresse un acte
d’accusation contre l’agresseur de la Pologne*. Au début de 1940, il permet à
son secrétaire privé, un Jésuite allemand antinazi, de servir d’intermédiaire
entre les Alliés* et la Résistance* allemande. Peu avant le 10 mai, il alerte les
ambassades française et anglaise. En juin 1941, il refuse de regarder
Barbarossa* comme une croisade. Là où il le peut, il travaille en faveur des
réfugiés et des Juifs. Le Vatican* sert de refuge à de nombreux Juifs. Le
Vatican* où, à partir de septembre 1943, le pape vit sous la menace d’être
enlevé et déporté en Allemagne* par les nazis connaissant son hostilité.
Interrogé par Vichy*, sur sa politique antisémite, Pie XII ne cache pas son
opposition à la nouvelle législation sur le sujet. À Noël 1942, le message
papal évoque les centaines de milliers de personnes destinées à la mort à
cause de leur race, allusion à la Solution finale*. Son intervention en octobre
1943 évite la déportation à 4 000 Juifs romains. En 1944, il demande aux
Alliés* de ne pas frapper la Ville éternelle. Tout autant, il leur reproche,
discrètement, la notion de capitulation sans conditions* entravant, selon lui,
d’éventuels pourparlers de paix.
Tout ceci n’empêche pas, à partir de 1963, qu’il lui soit reproché de ne
pas avoir parlé plus fort (le même reproche peut s’adresser à Churchill* et
Roosevelt* qui n’ignoraient pas ce qui se passait dans les camps
d’extermination). Sa retenue s’explique certainement par le souci de ne pas
déclencher des représailles supplémentaires contre l’Église et les chrétiens.
Aussi bien en Allemagne* que dans les pays occupés.
Au lendemain de sa mort, le 9 octobre 1958, la mémoire de Pie XII sera
unanimement saluée. Devant l’ONU*, Golda Meir, ministre des Affaires
étrangères d’Israël, déclare :
« Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre
effroyable, la voix du pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa
compassion envers les victimes. »

Bel éloge envers celui dont Staline* demandait : « Le pape, combien de


divisions ? »

PIECK, WILHELM
(1876-1960).
Militant communiste et révolutionnaire allemand.
Réfugié à Moscou, sera, en 1943, avec Walter Ulbricht*, cofondateur du
Comité National pour l’Allemagne libre. Sera président de la RDA après la
guerre.

PIERRE II
(1923-1970).
Roi de Yougoslavie* de 1934 à 1945.
À la mort de son père Alexandre Ier, assassiné à Marseille le 9 octobre
1934, il n’a que onze ans. La régence est assurée par son cousin Paul*,
lequel, pensant éviter le pire, se rapproche des Allemands. La signature du
Pacte tripartite* le 25 mars 1941 met le feu aux poudres. Un coup d’État
militaire renverse le régent et place au pouvoir le jeune Pierre II fort d’un
large soutien populaire (surtout en Serbie). La réaction allemande, l’invasion
de son pays forcent le souverain à s’enfuir à Londres où il s’efforcera
d’animer la Résistance yougoslave*.
Le 29 avril 1945, le gouvernement Tito* abolit la monarchie. Dépossédé
de son trône, Pierre II* sera condamné à vivre en exil.

PIPER L-4 H
Avion de liaison et d’observation américain.
Plus de 5 000 exemplaires sont fabriqués de 1942 à 1945.
Vitesse : 130 km/h ; autonomie : 300 km ; équipage : 2 hommes.

PISTOLET MITRAILLEUR
Le pistolet mitrailleur est la grande révélation de la Seconde Guerre
mondiale, arme du combat rapproché.
Il est l’arme par excellence des commandos, des parachutistes, des
combattants d’assaut et sera l’arme privilégiée du fantassin soviétique.
Principaux modèles utilisés :

PLACENTIA BAY, CONFÉRENCE DE


Appelée aussi conférence de l’Atlantique ou de Terre-Neuve.
Dès son arrivée au 10 Downing Street, Churchill* a pris l’habitude de
s’adresser régulièrement à Roosevelt*. Après la déroute française, il a
compris que le salut ne pouvait provenir que d’outre-Atlantique. Habilement,
il a su flatter et séduire un Roosevelt* attaché certes aux valeurs
démocratiques mais non dépourvu de quelque vanité. Au fil des
correspondances, des soucis, des besoins rapportés, le lien épistolaire a créé
une connivence payante. Grâce à lui ont vu le jour le prêt-bail* et l’assistance
des Américains aux Britanniques.
Cette correspondance si utile soit-elle ne saurait tout résoudre.
Roosevelt* ne le pense pas à l’heure de l’agression nazie contre l’URSS* et
des visées japonaises sur l’Indochine* qui montrent clairement les ambitions
des pays totalitaires.
Fin juillet 1941, il charge Hopkins* d’exprimer à Churchill* son désir de
le rencontrer. Ce dernier s’empresse de répondre favorablement et embarque
discrètement sur le cuirassé Prince of Wales* pour un rendez-vous fixé non
loin de Terre-Neuve. De son côté, Roosevelt* prétexte une croisière
d’agrément. En mer, il abandonne son yacht pour le croiseur Augusta.
Le 9 août, le Prince of Wales* et l’Augusta mouillent à quelques
encablures l’un de l’autre dans la baie de Placentia. La rencontre entre les
deux responsables, entourés de leurs principaux conseillers politiques et
militaires, se déroulera jusqu’au 12.
Des entretiens entre les deux hommes sortira la célèbre Charte de
l’Atlantique* attestant de leur volonté commune de se battre pour les libertés
contre les États totalitaires.
Président et Premier ministre n’oublient pas le troisième homme et lui
expriment leur volonté de l’aider au maximum. Le maître du Kremlin
remerciera mais réclamera avant tout l’ouverture d’un second front en
France* ou dans les Balkans.
Par-delà les grands principes, Churchill* ne rentrera pas les mains vides :
150 000 fusils supplémentaires et l’annonce de l’envoi de bombardiers lourds
et de chars.
Cette conférence de Placentia Bay marque concrètement le début de ce
que Churchill* appellera la Grande Alliance*.

PLAGES BRITANNIQUES DU JOUR J


Les Britanniques sont des gens méticuleux.
Pour aborder leurs plages, ils mettent le maximum d’atouts de leur côté.
L’opération Gambit* leur évitera les erreurs d’orientation comme à Utah
Beach* pour les Américains.
À l’exception des DD*, le général Bradley* a dédaigné la panoplie des
engins d’Hobart*, Avre*, Crabs*, Tank-dozers* et autre inventions de
l’ingénieux général. Dempsey*, le patron de la IIe armée britannique, ne
risque pas une telle impasse. Il embarque avec sa ménagerie, et aura tout lieu
de s’en féliciter.
À leur insu, les Britanniques vont bénéficier d’un autre avantage. La
716e DI qui défend les 34 km de littoral qu’ils attaquent compte des vieilles
classes, des supplétifs d’origine russe, tous hommes peu enclins à en
découdre.
En revanche, Dempsey* se heurte à un écueil. D’Arromanches* à
Ouistreham*, la côte en de nombreux endroits se hérisse de récifs. Cette
présence réduit les possibilités d’accostage. Aussi les plages retenues sont-
elles relativement étroites :
Gold Beach* entre Le Hamel et La Rivière, petits villages bien fortifiés
(comme Arromanches*).
Juno Beach* devant Courseulles, de part et d’autre de l’embouchure de la
Seulles.
Sword Beach* de Lion-sur-Mer à Ouistreham*.

Gold Beach :
Il est 7 h 25 lorsque 33 DD* (sur 40 mis à l’eau) abordent Gold Beach*
bientôt rejoints par les engins Hobart*. Le feu allemand n’est pas trop nourri.
La batterie de Longues, à 5 km à l’ouest d’Arromanches*, a été réduite au
silence par le tir groupé de l’Arkansas, du Georges Leygues, du Montcalm et
de l’Ajax*. Ses pièces de 152 auraient pu faire des ravages sur Omaha*,
comme sur Gold Beach*. Les artifices côtiers se montrent plus dangereux.
Les Crabs* et Avre* de *Hobart fournissent une démonstration de leurs
possibilités : mines déblayées, entonnoirs comblés, obstacles balayés. En une
heure, soutenus par les vagues d’assaut d’infanterie, ils forcent trois passages
dans les champs de mines, les barbelés, les blockhaus. À 12 h 30, la tête de
pont de Gold atteint 4 km de profondeur sur 5 de large. À 16 h, la garnison du
Hamel hisse le drapeau blanc. En fin de journée, la 50e DI britannique est à
portée de fusil de Bayeux (que les Allemands évacuent) et entre dans
Arromanches*.
Le 47e Royal Marine Commando s’infiltre vers l’ouest pour assurer la
liaison avec les Américains d’Omaha*. À la nuit, il s’établit sur les arrières
de Port-en-Bessin qui sera occupé le lendemain.

Juno :
Les Canadiens (3e division canadienne) qui doivent y débarquer ont une
revanche à prendre : celle de Dieppe. La grosse mer retarde leur
débarquement. Ils ne prennent pied à terre qu’à 8 h 02 pour retrouver
l’ambiance de Dieppe. Les bombardements préparatoires n’ont pas été
heureux ; le feu ennemi converge, et les engins spéciaux ont également
30 minutes de retard. Juno* est la plus sanglante des plages britanniques. À
Bernières, la lutte est rude pour venir à bout des défenses. Mais, en fin de
matinée, le succès paraît assuré. Au soir, les Canadiens ont gagné 10 à 11 km
dans l’intérieur et assuré la liaison avec leurs camarades britanniques sur leur
droite. Par contre, sur leur flanc gauche, un vide les sépare de Sword*.

Sword :
Cette plage s’annonce dangereuse. À l’extrémité orientale de la zone de
débarquement, elle n’est qu’à une trentaine de kilomètres du Havre, à la
merci des incursions des bâtiments rapides de la Kriegsmarine*. L’amirauté
britannique a donc intensifié les défenses : écran de fumée, navires de ligne,
destroyers. Pèse aussi la menace de la XXIe PD, bien placée, au sud-est de
Caen, pour intervenir. Sa présence a, entre autres, motivé le largage de la 6e
Airborne* à l’est de l’Orne.
Avec la Navy* et la 6e Airborne*, Sword* bénéficie ainsi d’une bonne
couverture côté mer comme côté terre. À la 3e DI britannique, débarquant en
premier échelon, de faire sauter les verrous côtiers. Elle y parvient avec brio,
malgré la perte de la moitié de ses DD* engloutis dans une mer houleuse.
Toutefois, l’encombrement des plages, des pertes de temps freinent l’avance.
Hermanville, trois kilomètres plus loin, n’est guère dépassée. Caen, objectif
du Jour J*, ne tombe pas. Les patrouilles de tête butent sur des résistances
allemandes à quelques kilomètres de ses faubourgs. Tout aussi grave, la
liaison n’est pas établie avec les Canadiens de Juno Beach*.

PLAN BLANC (FALL WEISS)


Nom de code de l’agression allemande contre la Pologne* en 1939. La
date de son déclenchement était fixée au 26 août à 3 h.
Devant le désistement italien et la menace d’intervention anglaise, Hitler*
recule au dernier moment, puis se reprend. Après l’incident de Gleiwitz*, le
Plan blanc s’appliquera le 1er septembre à 4 h 45.

PLAN JAUNE (FALL GELB)


Nom de code du plan allemand pour l’offensive à l’ouest. Dans sa
première mouture du 19 octobre 1939, signée par l’OKH*, il n’est qu’une
réplique du célèbre plan Schlieffen de 1914 : faire effort par l’aile droite
marchante pour dominer les Français ; se couvrir seulement sur le flanc
gauche demeuré statique.
Concrètement, un tel plan prévoit de :
« Battre la plus grande partie possible de l’armée française et de ses alliés et occuper
simultanément le plus grand espace possible en Hollande*, en Belgique* et dans le nord de la
France* pour être en mesure de mener avec succès une guerre aérienne et navale contre
l’Angleterre*. »

Il implique de ne pas heurter la ligne Maginot*.


Cette idée de manœuvre suppose que, conformément aux accords passés
entre la France*, la Grande-Bretagne* et la Belgique*, les armées française et
britannique se porteront de l’avant pour soutenir les Belges attaqués.
Le général von Manstein*, chef d’état -major du général von Rundstedt*,
commandant du groupe d’armées A de la future offensive, voit beaucoup plus
neuf. Dans le mouvement tournant des Franco-Britanniques marchant au
secours des Belges, la charnière de leur rotation se situera à hauteur de
Charleville-Mézières. C’est là qu’il faut faire effort. Surgissant des
Ardennes*, où personne ne les attendra, les PD* doivent créer la surprise et
frapper en direction de la Somme. Le gros de l’armée française et l’armée
britannique, enfoncés en Belgique*, se trouveront alors coupés de leurs
arrières. Leur totale destruction conclura leur encerclement, une fois la
Manche atteinte.
Hitler*, qui a eu connaissance des idées de von Manstein*,
s’enthousiasme et les reprend à son compte. L’OKH* doit revoir sa copie. Le
dispositif d’attaque s’articule en conséquence. Le GA de von Bock* envahira
la Hollande* et la Belgique*. Le GA de von Rundstedt*, le plus étoffé, aura
la tâche principale. Il traversera les Ardennes* belges, assurera la rupture des
lignes françaises et exploitera la percée en direction de la mer. Enfin, sur
l’aile gauche, le GA de von Leeb* restera l’arme au pied face à la ligne
Maginot*.
L’application de ce Plan jaune donnera aux Allemands une victoire totale
en six semaines.

PLASTIRAS, NICOLAS
(1883-1953). Général et homme politique grec.
S’est fait connaître durant la guerre contre la Turquie.
Républicain et adversaire de Metaxas*, la guerre le trouve réfugié en
France. Rentre dans son pays pour lutter contre l’ELAS*. Succède à
Papandreou comme Premier ministre le 3 janvier 1945. L’hostilité des
monarchistes l’obligera à démissionner en avril suivant.

PLATON, CHARLES
(1886-1944). Amiral français.
Contre-amiral en octobre 1939, se distingue lors de l’évacuation de
Dunkerque* par son courage et son sens de l’organisation.
Secrétaire d’État aux colonies en septembre 1940, puis secrétaire d’État
auprès de Laval*, s’oppose au ralliement aux FFL* des colonies africaines.
Anglophobe, ne cesse de faire front à la volonté de revanche du général
Weygand* et s’oriente résolument vers une entrée dans la guerre aux côtés du
Reich*. Écarté du gouvernement en mars 1943, reste jusqu’au bout partisan
de la collaboration*. Arrêté le 21 juillet 1944 par un groupe FTP*, il est
sommairement exécuté le 28 août.
Le comportement de ce marin courageux et patriote est une énigme.
Marqué par Dunkerque* et Mers el-Kebir* ? Foi en la victoire allemande ?

PLOESTI
Important centre de raffinage roumain au centre du gisement pétrolier de
même nom.
Étant donné son importance stratégique (près de 60 % des besoins du
Reich*), le site est occupé par les Allemands en octobre 1940. À compter de
1942, les Alliés* commencent, non sans pertes, à le bombarder
systématiquement. Au départ d’Égypte* et de Libye* (8e et 9e Forces
aériennes américaines) puis d’Italie*, une fois le pied mis dans la péninsule
(15e Air Force). Les bases d’Italie* réduisaient considérablement les
distances pour les bombardiers B 24* américains.
La production initialement prévue à 1 500 000 tonnes/an chutera à
662 000 en mars 1944 pour n’être plus que de 80 000 tonnes au début de
1945. Le site a été occupé par l’Armée rouge* fin août 1944.
PLUTO (PIPE LINE UNDER THE OCEAN)
Pipeline sous la Manche pour alimenter le front de Normandie*.
Quatre conduites, déroulées par des tambours, relient l’île de Wight à
Cherbourg* après la saisie du port fin juin 1944. Elles seront en janvier 1945
doublées par 16 autres allant de Dungeness (Kent) à Ambleteuse (Pas-de-
Calais).
Durant la phase initiale d’Overlord*, des réservoirs étaient reliés à des
tankers au large. Le terminus britannique se situait à Port-en-Bessin,
l’américain à Sainte-Horine.

POINTBLANK, OPÉRATION
Opération visant à assurer aux Alliés* la maîtrise du ciel avant le
débarquement en Normandie*.
La Luftwaffe* perd ainsi plus de 5 000 appareils de la mi-novembre 1943
au 5 juin 1944. Au printemps 1944, les avions à étoile blanche ou cocarde
tricolore sont pratiquement les seuls dans le ciel au-dessus de la campagne
française.

POLISH RESETTLEMENT CORPS


À la fin de la guerre en Europe, 250 000 soldats polonais se trouvaient à
l’ouest en service dans des unités sous commandement britannique.
Le plus grand nombre ne souhaitait pas retourner dans leur patrie tombée
sous férule communiste. Ils furent encouragés à rejoindre le Polish
Resettlement Corps (PRC), unité non combattante de l’armée britannique
constituée en septembre 1946, dans le but de faciliter l’intégration dans la vie
civile. Le service dans le PRC était au maximum de deux ans pour permettre
d’apprendre l’anglais et un métier. Environ 114 000 Polonais rejoignirent le
PRC. Parmi eux, 20 000 émigrèrent ou retournèrent en Pologne*.

POLOGNE
Ce pays de l’Europe centrale – 35 millions d’habitants en 1939 – est
certainement celui qui eut le plus, proportionnellement, à souffrir de la
guerre.
Il a subi les deux invasions allemande et soviétique.
La première commence le 1er septembre 1939, bientôt suivie par la
seconde le 17 du même mois (voir Pologne, campagne de). À l’issue des
combats, les vainqueurs se partagent la Pologne : 188 700 km2 avec
22 millions d’habitants pour les Allemands, 201 000 km2 et 13 millions
d’habitants pour les Soviétiques.
Le pays occupé est livré aux massacres : Katyn* par les Soviétiques,
opération AB Aktion* par les Allemands.
Barbarossa* met pour trois ans la Pologne sous domination allemande.
Depuis le 8 octobre 1939, la partie déjà occupée par les nazis était scindée en
deux. Les provinces occidentales avaient eté purement et simplement
annexées à l’Allemagne* sous le nom de Wartheland. La partie centrale et
sud avec Varsovie et Cracovie constituait le Gouvernement général ayant
Hans Frank* pour gouverneur. Au-delà du 22 juin 1941, le territoire occupé
par l’URSS* formera essentiellement le Reich* Commissariat Ostland*.
Partout la Solution finale* s’applique dans toute son horreur avec les
camps d’extermination* qui visent à exterminer l’intégralité de la population
juive polonaise parquée dans un premier temps dans les ghettos.
Les Polonais ne manquent pas de courage. La Résistance* s’organise en
liaison avec un gouvernement polonais en exil à Londres. L’AK*, espérant,
en août 1944, le concours de l’Armée rouge* proche, organise le soulèvement
de Varsovie* mais Staline* en décide autrement. L’Armée rouge*, n’entrera
qu’à son heure dans une ville meurtrie et désertée.
Barbarossa* a, du moins, permis de faire sortir des camps soviétiques des
dizaines de milliers de prisonniers qui formeront l’armée Anders* d’Italie*.
D’autres Polonais, ayant pu gagner l’Angleterre, constitueront une division
blindée et une brigade parachutiste qui participeront à Overlord*, Market
Garden* et à la campagne d’Allemagne*.
L’avenir de la Pologne oppose Staline* et Churchill*. Roosevelt* abonde
dans le sens du premier. La Pologne de 1945 connaîtra un gouvernement
soumis à Moscou (voir Lublin) et verra ses frontières bouleversées. La ligne
Curzon*, imposée par Staline*, marquera sa frontière orientale avec
l’URSS* ; la ligne Oder-Neisse*, sa frontière occidentale avec la nouvelle
Allemagne*. La Pologne de 1945 n’a plus que 300 000 km2 contre 380 000
en 1939. Si elle a obtenu la Posnanie et la Mazurie (102 000 km2), la ligne
Curzon* lui a fait perdre la Biélorussie et l’Ukraine occidentale ainsi que le
district de Lwow (180 000 km2). De sucroît, ce pays, qui n’oublie ni sa foi ni
ses martyres, se voit imposer un régime marxiste matérialiste dirigé par des
hommes de main de Moscou. Est-il à dire encore que des dizaines de milliers
de soldats ayant combattu à l’ouest aux côtés des Alliés* ne pourront jamais
rentrer dans leur patrie étant donné la nature de ce nouveau régime (voir
Polish Resettlement Corps).
Compte tenu des victimes de la guerre et des déplacements de
populations, la nouvelle Pologne ne compte plus que vingt-quatre millions
d’habitants contre trente-cinq. Il subsisterait environ un million d’individus
de langue polonaise hors du pays : Biélorussie, 430 000 ; Lituanie*, 270 000 ;
Ukraine*, 270 000 ; Tchécoslovaquie*, 75 000 (dans le bassin houiller de
Teschen). Seule satisfaction, une large façade maritime sur la Baltique depuis
Gdansk jusqu’à l’embouchure de l’Oder et, avec Stettin, un pied sur la rive
occidentale de l’Oder.
La Pologne de 1939 à 1945 a eu 5 420 000 morts, soit 120 000 militaires,
5 300 000 civils, pour ces derniers 3 000 000 victimes de la Solution finale*.

POLOGNE, CAMPAGNE DE
Hitler*, avec l’incident de Gleiwitz*, tient son casus belli. Le
1erseptembre, à 4 h 45, les chars à svastika* franchissent la frontière
polonaise.
La Seconde Guerre mondiale vient de commencer.
78 millions d’habitants contre 35 millions de Polonais, la partie n’est pas
égale. Si les fantassins s’équilibrent (40 divisions contre 39), le poing destiné
à frapper est autrement plus lourd d’un côté. Hitler* engage 14 PD* ou
assimilées et près de 3 000 avions. Les Polonais ne disposent que de 11
brigades de cavalerie, presque toutes encore à cheval, et de moins de 700
appareils, dont la moitié dépassée.
Le commandant en chef polonais, le général Rydz-Smigly*, ne se montre
guère bon stratège. Ses troupes couvrent les 2 800 km de frontières avec
l’Allemagne*, avec un dispositif manquant de profondeur et de réserve
stratégique.
L’armée allemande est scindée en deux corps de bataille, nord et sud.
Von Bock* commande le GA/B au nord. Sous ses ordres, la IIIe Armée de
Küchler* en Prusse-Orientale, puis la IVe Armée de von Kluge* en
Poméranie. Von Rundstedt* commande le GA/A au sud avec la VIIIe Armée
de Blaskowitz*, la Xe de von Reichenau* et la XIVe de List*. Des noms qui
reviendront souvent durant la Seconde Guerre mondiale.
En cette fin d’été, le temps est clément. Le ciel reste beau et dégagé. Le
sol est ferme. Surgissant de l’horizon, des vagues de bombardiers s’en
prennent à des objectifs tant civils que militaires. Précédées par ce déluge de
feu, les PD*, en glaives gigantesques, s’enfoncent en territoire polonais. Face
à une telle puissance, le courage ne suffit pas.
Le 3 septembre, von Kluge* atteint la Vistule inférieure. Le couloir de
Dantzig* est occupé. Le 6, Cracovie, la capitale du sud, tombe. Le 8, les
faubourgs de Varsovie* sont atteints. Le 12, List* déborde Lwow et
commence à remonter sur Brest-Litovsk.
En dix jours, deux tenailles se sont dessinées, qui vont bientôt enserrer
définitivement les unités polonaises. La plus courte, par Kluge* au nord et
Blaskowitz* au sud, se referme sur Varsovie*. La plus large, par Küchler* et
List*, se boucle sur le cours du Bug et Brest-Litovsk.
Pourtant, l’héroïsme ne manque pas aux Polonais. Dans le corridor de
Dantzig*, la brigade Pormoska a chargé à cheval contre les blindés. Dans
Varsovie* encerclée, la population se joint aux soldats. Des civils prennent le
fusil. Le 22 septembre, l’un de ces défenseurs ajustera dans sa ligne de mire
le général von Fritsch, ancien chef de l’armée allemande, venu chercher la
mort pour oublier sa destitution. Hitler* réplique à cette résistance farouche
par des bombardements systématiques.
Les blindés du CB de Guderian*, partis de Poméranie, dépassent Brest-
Litovsk. À 80 km au sud de la ville, ils font jonction avec la XIVe Armée de
List* qui n’a pas musardé non plus. L’encerclement général est réalisé. Les
deux tiers de la Pologne, le gros de son armée, sont pris au piège dans ce
gigantesque coup de filet.
C’est contre un pays blessé à mort que, le 17 septembre, Staline* sonne
l’hallali. Officiellement, un traité de non-agression lie URSS* et Pologne. Le
maître du Kremlin prétexte la sécurité des populations d’Ukraine* et de
Biélorussie menacées par l’avance allemande et, sur 1 500 km de front, lance
l’Armée rouge*.
En quelques jours, les Rouges occupent Vilna, Brest-Litovsk, Lwow. Le
contact est pris avec les avant-gardes allemandes. Chaque camp se congratule
puisque, trois semaines plus tôt, le pacte germano-soviétique* du 23 août a
été signé pour se partager la Pologne.
Côté polonais, il n’est plus guère de résistance organisée. Le corps
d’armée Kutrzeba est définitivement anéanti le 19 septembre. La veille, le
gouvernement et le haut commandement se sont réfugiés en Roumanie* afin
d’éviter d’être capturés. Varsovie* cesse le combat le 28. À cette date, tout
est terminé.
Les rescapés ont reçu consigne de passer en territoire neutre, Roumanie*
ou Hongrie*. 80 000 y parviendront et beaucoup réussiront à gagner la
France* et à reprendre le combat. Les Allemands ont fait 450 000
prisonniers, les Soviétiques 215 000. En contrepartie, les pertes des
assaillants paraissent légères. (Les Allemands annoncent 10 572 tués, 30 322
blessés, 3 400 disparus.)
Sur la Baltique, trois torpilleurs, le Burza, le Blyskawita, le Grom, et deux
sous-marins réussiront l’exploit de rallier l’Angleterre*.
La nouvelle forme de guerre a payé. L’armée allemande a bombardé et
mitraillé les civils comme les militaires. Elle a surtout innové, reléguant à des
décennies en arrière la guerre de position et le rôle majeur de l’infanterie. La
mission militaire française en Pologne du général Faury le relève et rend
compte de ce qu’elle a constaté :
— liaison étroite aviation-troupes au sol ;
— violence des bombardements aériens annihilant l’adversaire et le
frappant psychologiquement ;
— attaque des blindés sur un front étroit, suivie de percées et de larges
débordements ;
— sabotages sur les arrières par des agents infiltrés.
Gamelin* recevra ce rapport qui ne laisse aucun doute sur le type de
manœuvres que les Allemands risquent de réutiliser. L’expérience prouvera
qu’il n’en tirera pas profit.

PONT TROP LOIN, UN


Remarque du général Browing, responsable du CA aéroporté engagé, au
maréchal Montgomery* devant l’ampleur donnée à l’opération en direction
d’Arnhem* en septembre 1944 : « Je crains bien, Monsieur le Maréchal, que
nous n’allions un pont trop loin. »
(Voir Market Garden, opération.)

POPSKI’S PRIVATE ARMY


Commando britannique formé, en novembre 1942, par un ancien du
LRDG*, Vladimir Peniakoff, dit Popski.
Ce commando de sabotage, fort au départ de 2 officiers et 12 hommes,
atteint 6 officiers et 80 hommes en décembre 1943. Travaillant comme le
SAS* de Stirling*, il combat sur les arrières de l’ennemi en Libye* et
*Tunisie. Débarqué en Italie* avec la 1ère Airborne* britannique en
septembre 1943, il combat ensuite avec les partisans italiens, toujours derrière
les lignes allemandes. Il eut, en Tunisie* surtout, de beaux succès de
destruction d’avions et de véhicules à son actif.

PORKKALA
Presqu’île et port finlandais sur le golfe de Finlande.
Cédés à bail à l’URSS* suite à l’armistice du 19 septembre 1944. Seront
restitués à la Finlande* en 1956.

PORTAL, CHARLES
(1893-1971). Maréchal de l’air britannique.
Entré dans la RAF* en 14-18, il est en avril 1940 nommé commandant en
chef du Bomber Command*.
Il est remarqué par Churchill* pour son énergie et la vigueur des
bombardements qu’il déclenche sur l’Allemagne. En octobre 1940, il est
promu chef d’état -major de la RAF*. À ce poste, il va jouer un rôle essentiel,
accompagnant Churchill* à presque toutes les conférences interalliées et
dirigeant les bombardements stratégiques contre l’Allemagne*.
Promu maréchal de l’air en janvier 1944.

PORTE-AVIONS
Le 1er septembre 1939, le porte-avions (carrier pour les Anglais et
Américains) n’a pas encore gagné ses lettres de noblesses.
Seules trois grandes puissances s’y sont vraiment intéressées : la Grande-
Bretagne*, les États-Unis*, le Japon*. La France* a construit un transporteur
d’avions, le Béarn (40 appareils) et un transporteur d’hydravions, le
Commandant Teste (40 hydravions). Sans plus. L’Allemagne a prévu deux
fabrications qui seront stoppées en 1940 et 1943. Goering*, surtout, ne tenait
pas à voir une autre arme que la Luftwaffe* posséder des avions. L’Italie*
connaissait le même problème de rivalités interarmes.
Bref, en 1939 :
— La Grande-Bretagne dispose de 7 porte-avions avec plusieurs autres
en fabrication.
— Les États-Unis se trouvent dans la même situation.
— Le Japon possède six porte-avions. Le 1er décembre 1941, il en aura
neuf.
La guerre sur mer ne tarde pas à révéler l’intérêt du porte-avions et de
l’aviation embarquée. Les victoires obtenues à Tarente*, au cap Matapan*, à
Pearl Harbor*, et dans la traque du Bismarck*, sont leur fait.
Les trois puissances parties prenantes développent et intensifient leurs
programmes. Elles aligneront ainsi durant le conflit :

La Grande-Bretagne.
21 porte-avions, 13 d’environ 20 000 tonnes et 8 légers de 12 000 tonnes.
Ces porte-avions possèdent des ponts généralement plus blindés que ceux
de leurs homologues américains ou nippons. Si ces bâtiments résistent mieux
aux coups, ils embarquent moins d’avions (de 40 à 60 en moyenne) :
Swordfish* ou Barracuda*.
Pour protéger ses convois, la Grande-Bretagne* mettra également en
service 44 porte-avions d’escorte à partir de coques de navires marchands ou
de pétroliers transformées et embarquant de 20 à 30 avions. Plusieurs lui
seront fournis par les USA.

Les États-Unis.
46 porte-avions : 35 de 25 000 à 45 000 tonnes et 11 légers de 10 000
tonnes avec transport de 30 à 137 avions : Hellcat*, Corsair*, Dauntless*. La
série de type Essex, 25 000 tonnes, 91 appareils, sortira à 24 exemplaires à
partir de 1942.
S’y adjoindront 86 porte-avions d’escorte, dont 50 de la série Casablanca
transportant de 24 à 28 avions.
Le Japon.
20 porte-avions de 10 000 à 35 000 tonnes, avec transport moyen de
50 avions : Zero*, Val*, Kate*.
Il n’aura que 5 porte-avions d’escorte.
Atlantique*, Méditerranée* verront en œuvre les porte-avions, mais le
Pacifique* sera le théâtre par excellence des porte-avions et de l’aéro-navale.
Toutes les grandes batailles navales, mer de Corail*, Midway*, Leyte*, etc.,
seront des batailles de porte-avions.

PORT MORESBY
Capitale de la Papouasie (Nouvelle-Guinée* australienne), sur la côte
méridionale de la Nouvelle-Guinée*.
La ville, objectif des Japonais n’ayant osé se risquer dans le détroit de
Torrès mais ayant débarqués sur la côte nord, pour menacer l’Australie*, est
le point de départ de l’avance des Australiens et des Américains en direction
de Buna* par la piste de Kokoda*.

PORTO RICO
Colonie américaine dans les Caraïbes, Porto Rico, suite à la conscription,
fournira 70 000 GI’s* à l’armée américaine.
Des bases aériennes et navales seront installées sur son territoire.

PORTS ARTIFICIELS
Les navires appelés à réaliser Overlord* ont besoin de ports : ports
d’embarquement en Grande-Bretagne*, ports de débarquement en France*.
Certes, les côtes britanniques sont bien pourvues, mais la pléthore de
bâtiments impose d’improviser. Des jetées en dur (les hards) s’avancent dans
la mer en de nombreux points du rivage. LSI*, LST*, LCT* peuvent venir y
embarquer leurs cargaisons.
La difficulté provient des côtes d’arrivée. Entre l’Orne et la Vire
n’existent que de modestes ports de pêche ou de plaisance : Ouistreham*,
Port-en-Bessin, Grandcamp (qui se révéleront par la suite d’heureuses
surprises, permettant d’accueillir 2 000 tonnes/jour). Il entre certes dans les
plans de s’emparer de Cherbourg* ; mais il conviendra au préalable, avant
utilisation, de déblayer ses ruines.
L’idée de port artificiel a-t-elle été lancée dès 1942 par Mountbatten* ?
Eisenhower* l’affirme dans ses Mémoires. Les historiens en attribuent plus
volontiers la paternité au commodore Hallet, membre de l’état-major de
l’amiral Ramsay* en avril-mai 1943. L’idée reprise par le COSSAC* est
intégrée dans les plans d’Overlord* à Québec* en août 1943.
Le projet, ultra-confidentiel, car, s’il était éventé, il faciliterait la
localisation du débarquement, prend forme en deux versions. Cinq havres
sommaires, les gooseberries* (groseilles à maquereau), seront aménagées à
l’aide de vieux navires, ou blockships*, coulés pour faire écran à la houle au
large de Varaville, Saint-Laurent, Arromanches*, Courseulles, Ouistreham*.
Deux d’entre eux s’intégreront ensuite à un dessein beaucoup plus
ambitieux : l’édification de deux ports artificiels, les mulberries* (mûres).
Il s’agit cette fois de réaliser de véritables darses protégées par des
caissons immergés, les Phœnix*. Chaque mulberry* comprendra 73 de ces
Phœnix* dont la dimension variera eu égard à leurs points d’immersion. À
l’abri des digues de protection constituées par les Phœnix*, des jetées
flottantes conduiront depuis les navires jusqu’au rivage. Une mulberry* est
censée pouvoir accueillir 11 000 tonnes/jour, soit l’équivalent d’un port
comme Douvres.
Les travaux d’exécution, commencés fin octobre 1943, seront menés à
bien en moins de huit mois par 20 000 ouvriers et nécessiteront 275 000
tonnes de béton armé et 31 000 tonnes d’acier pour un coût évalué à
98 millions de dollars.
Des reconnaissances aériennes repéreront les fabrications en cours le long
de la Tamise, mais les Allemands n’en tireront aucune conclusion.
Les deux mulberries* seront opérationnelles pour le Jour J*. La tempête,
le 19 juin, détruira celle en cours d’édification, devant Saint-Laurent, mais
celle d’Arromanches* subsistera. Elle restera en service jusqu’à l’exploitation
d’Anvers, et son concours se révélera fort précieux.

PORTSMOUTH ET PLYMOUTH, CATAPULT À


L’opération Catapult* ne se déroule pas uniquement à Mers el-Kébir* et
Alexandrie*.
Elle intervient également sur les quais de Portsmouth et Plymouth.
Là non plus, nul nuage n’annonçait l’orage. Les marins anglais
redoublaient d’amabilités, invitant même à dîner leurs camarades français.
Dans l’ombre, pourtant, tout se tramait suivant les directives prescrites par
Churchill*.
À 3 h 45, dans la nuit du 2 au 3 juillet 1940, des détachements
britanniques arrivés par terre ou par mer, parfois sous des couvertures
innocentes, bousculent les sentinelles, envahissent les coursives et
s’engouffrent dans l’intérieur des bâtiments. Il y a là deux vieux cuirassés,
Paris à Plymouth et Courbet à Portsmouth, 9 torpilleurs ou contre-torpilleurs,
10 avisos, 4 sous-marins dont le Surcouf*, le plus grand sous-marin du
monde, et environ 200 navires de petit tonnage. L’affaire est vite menée.
Officiers et marins français, tirés de leur sommeil, se trouvent brutalement
face aux baïonnettes anglaises. Par petites colonnes, ils débarquent et
s’éloignent vers les centres d’internement.
La surprise, la vitesse d’exécution ont empêché une réaction d’ensemble.
Cependant, de-ci de-là, s’esquisse une réplique pour amorcer une défense ou
tenter un sabordage. Un Anglais, un Français sont tués au cours de brèves
échauffourées. Il y a également trois blessés anglais. La modicité des pertes
n’interdit pas le ressentiment. Chez les Français, soudain prisonniers de leurs
alliés de la veille, un seul mot revient : « Félonie ! » Le refus du ralliement de
la grosse majorité des marins à de Gaulle* s’explique.

PORTUGAL
Le Portugal de la Seconde Guerre mondiale se trouve dans une situation
paradoxale. Il est à la fois neutre et allié traditionnel de la Grande-Bretagne*.
Cette dualité le conduira à des décisions contradictoires.
Le pays, présidé par le général Carmona, est en fait dirigé par la dictature
du Premier ministre Antonio Salazar*, homme très à droite mais
germanophobe. Salazar*, qui a signé en mars 1939 un traite d’amitié
Espagne-Portugal, rend un premier service aux Alliés* en conseillant à
Franco* de rester neutre. Le Portugal continue néanmoins à livrer du
tungstène, produit stratégique, à l’Allemagne*. Il ne mettra l’embargo sur le
tungstène qu’en juin 1944. En octobre 1943, il a toutefois accepté que les
Alliés* installent des bases aux Açores*. Il signera la déclaration originelle
des Nations unies*.
Lisbonne s’affirme durant toute la guerre un nid d’espions mais assure
des liens, par la Croix-Rouge internationale, avec les camps de prisonniers.
Le Portugal sert encore de lien aérien avec la Grande-Bretagne* et les États-
Unis*. Ses colonies lointaines, asiatiques ou africaines, restent également
neutres.

POTSDAM, CONFÉRENCE DE
Conférence au sommet des Trois Grands*, 17 juillet-2 août 1945.
L’Allemagne* est vaincue mais l’Europe est à rebâtir et le Japon* à
vaincre. Staline*, le 1er juin, fait savoir qu’il est d’accord pour une rencontre
des Trois Grands*, le 15 juillet. Il précise également : aux environs de Berlin.
Toujours sa phobie de l’avion ! Churchill* souhaite la présence de la
France*. Staline* en juge autrement.
Potsdam, banlieue occidentale de la capitale allemande, offre un cadre
convenable avec le palais du Kronprinz intact et ses villas spacieuses aux
environs.
Churchill*, Truman*, qui fait ses gammes, arrivent le 16 juillet. Staline*
se fait attendre jusqu’au lendemain. Attlee*, chef du parti travailliste, est
présent. La Grande-Bretagne* a dû voter le 5 juillet. En principe, Churchill*
devrait l’emporter, mais il a tenu à ce que son ex-second et aujourd’hui rival
soit là au cas où.
En toile de fond de cette conférence interviennent deux événements
lourds de lendemains :

L’EXPLOSION DE TRINITY*
Trinity* est l’engin expérimental de la bombe atomique. L’explosion se
produit le 16 juillet à 5 h 30 sur le champ de tir d’ Alamogordo au Nouveau-
Mexique. Sa réussite est totale. Dans un rayon de 1,5 km, tout est dévasté. La
puissance de Trinity* équivaut à 20 000 tonnes de TNT.
Un message est aussitôt envoyé à Truman* : « Bébés heureusement
nés. » Désormais tout a changé. Roosevelt*, à Yalta*, sollicitait l’appui des
Soviétiques pour en finir avec le Japon*. Truman*, lui, n’a plus besoin d’eux.
Le 24 juillet, il avertira Staline* ; lequel était déjà au courant par des espions
de l’évolution des recherches américaines.
Cette explosion de Trinity* provoquera également la Déclaration de
Potsdam (voir Potsdam, déclaration de).

LA DÉFAITE ÉLECTORALE DE CHURCHILL*


Un scrutin, en Grande-Bretagne*, était devenu nécessité. Le Parlement,
par suite de la guerre, siégeait depuis près de dix ans. Sans attendre la fin des
hostilités avec le Japon* – ce qu’il aurait pu faire –, Churchill* a tranché.
Élections, le 5 juillet 1945, avec, étant donné la dispersion des électeurs,
dépouillement une fois les urnes rassemblées, le 26 juillet.
Au fil des heures, la journée du 26, pour les conservateurs, est un
désenchantement. En pourcentage, le transfert des voix est faible. Le scrutin
uninominal à un tour amplifie l’écart réel. Les travaillistes se retrouvent avec
393 députés, contre 198 aux conservateurs.
Le soir même, le Premier ministre, qui est revenu de Potsdam, se rend à
Buckingham Palace pour présenter sa démission au roi et lui conseiller
d’appeler Attlee*.
Exit donc Winston Churchill*. En l’an soixante-dix de son âge, dirait le
poète. Homme de fer sous un faciès bonhomme, il a su galvaniser les siens,
mobiliser toutes les énergies. Plus encore et mieux qu’un Roosevelt* ou un
Staline*, il a été du début à la fin la figure de proue de la lutte contre le
nazisme* et le fascisme* et le maître à penser de la Grande Alliance*. À
quelques jours près, l’ingratitude de ses concitoyens lui dérobe sa
participation à l’ultime victoire.
Entre l’honorable major Clement Attlee*, soixante-deux ans. Chétif, sans
signe particulier, à première vue un peu falot, ne serait-il pas l’anti-
Churchill* ? Qui s’étonnerait de le voir, consciencieux rond-de-cuir, se
diriger à horaire fixe vers un bureau de la City ?
Voici, avec les travaillistes au pouvoir, une nouvelle équipe en charge de
représenter la Grande-Bretagne* à Potsdam. Si Attlee*, qui participait à la
conférence aux côtés de Churchill*, est généralement au courant des grands
dossiers, Bevin, le nouveau responsable du Foreign Office, en ignore bien des
aspects.
Ironie, Staline* regrettera le départ de celui qu’il regardait comme un
adversaire, mais dont il ne sous-estimait pas la carrure. Il l’imputera aux
« démocraties pourries » s’affaiblissant elles-mêmes.
Avec ou sans Churchill*, la conférence de Potsdam, Terminal*, a
débouché sur certaines conclusions. Dans bien des domaines, pour éviter la
rupture, on n’a pas conclu, ou bien le soin de le faire en a été laissé à des
commissions spécialisées. Comme à Yalta*.

SUJETS TRAITÉS

L’Allemagne
Elle est coupable, ce qui ne signifie pas qu’elle doit disparaître. Le
conseil de contrôle à quatre (États-Unis*, Grande-Bretagne*, URSS*,
France*), qui siège à Berlin, assume depuis juin la souveraineté sur le pays.
L’accord se fait assez vite sur quelques grands principes à lui assigner :
désarmement, dénazification, démocratisation. Les difficultés surgissent à
propos de l’avenir politique et économique de l’Allemagne* ainsi que de la
détermination de ses nouvelles frontières. Les Occidentaux, Truman* en
particulier, souhaitent un démembrement du pays. Dans la pratique, il n’est
qu’une réalité présente : les zones d’occupation. Les Soviétiques y tiennent.
Chacun y est maître chez soi. L’avenir, en 1949, créera la République
fédérale allemande, RFA, et la République démocratique allemande, RDA,
chacune dans un camp opposé.
Se pose au passage la question des réparations. Staline* insiste. En fait de
matériel, il obtient des prélèvements de 10 à 15 % à effectuer dans les zones
occidentales. Les navires de guerre seront partagés à égalité entre les Trois
Grands. Les bâtiments de commerce seront utilisés par les Alliés* jusqu’à la
fin de la guerre.

La frontière germano-polonaise.
C’est acquis depuis Yalta*. L’URSS* récupérera la ligne Curzon*. La
Pologne* obtiendra un dédommagement à l’ouest au détriment de
l’Allemagne*.
Déjà, sous couvert de sécurité, Staline* a fait main basse sur Königsberg
et la partie septentrionale de la Prusse-Orientale (le tout s’intégrant dans
l’annexion des États baltes*). Une ligne Oder-Neisse* avait été évoquée.
Quelle Neisse, l’occidentale ou l’orientale ? Les Soviétiques placent tout le
monde devant le fait accompli. Neisse occidentale. La Nouvelle Allemagne*,
entre ses frontières traditionnelles à l’ouest et la ligne Oder-Neisse* à l’est,
perd 25 % de son territoire de 1937 : 356 400 km2 contre 470 000.
Ce dossier recèle un aspect tragique. L’article 13 du protocole final de la
conférence préconise « le transfert en Allemagne* des Allemands restant en
Pologne*, Tchécoslovaquie* et Hongrie* ». C’est résoudre définitivement le
problème des minorités (comme celui des Sudètes*). C’est aussi condamner à
l’exil des millions d’Allemands qui n’ont pas fui lors de l’arrivée de l’Armée
rouge*. Silésie, Poméranie, Prusse-Orientale, Sudètes*, etc. se vident de leur
peuplement germanique.

La Pologne.
À Yalta*, les Trois Grands s’étaient séparés sur de belles promesses
soviétiques de démocratie, élections libres, etc. Les faits confirment ce que
pressentait Churchill*. Le groupe de Lublin*, intronisé par Moscou, a pris
l’intégralité des rênes et s’aligne sur le Kremlin.
Il n’en reste pas moins que 180 000 combattants polonais qui se sont
battus héroïquement vivent à l’ouest. À l’exception de quelques poignées, ils
ne retourneront pas chez eux. Ils s’installeront en Grande-Bretagne* ou
émigreront pour beaucoup au Canada*.

L’Europe libérée.
Pays balkaniques, Hongrie*, Tchécoslovaquie*, sont désormais
affranchis de l’oppression nazie. Yalta*, pour cette Europe libérée, avait
promis un retour à une vie démocratique.
Truman*, Churchill*, sont placés devant le fait accompli. Des minorités
communistes, soutenues par l’Armée rouge*, ont imposé leurs
gouvernements. L’Europe orientale est passée sous la coupe de la dictature
moscovite.

L’Italie et l’Autriche.
Ces deux pays furent des alliés de la première heure du Reich*. Sur cette
donnée initiale, leur responsabilité mérite sanction mais leur cas n’est pas si
simple.
L’Autriche* a connu une Résistance* antinazie. Présentement, elle est
occupée et divisée, comme l’Allemagne*, en quatre zones. On en reste là.
Le cas de l’Italie* est plus complexe. Elle a effectué un retournement
spectaculaire et résolument changé de cap. La coopération manifestée mérite
d’être prise en compte et la péninsule possède l’avantage de n’avoir aucun
soldat soviétique à demeure. Le débat se conclut sur une formule neutre : on
attendra le traité de paix qui permettra à l’Italie* de réintégrer la communauté
internationale et d’accéder à l’ONU*.

L’Espagne.
Staline* considère le régime de Franco* comme un État fasciste mis en
place par l’Allemagne* et l’Italie* et exige la rupture de toutes les relations
diplomatiques avec Madrid, ce à quoi Truman* s’oppose. D’où nouvel
ajournement.

Le Japon.
La donne est bouleversée depuis l’explosion de Trinity*, le 16 juillet.
Staline* confirme que l’Union soviétique sera prête à entrer en action à la mi-
août, et elle tiendra parole.
Truman* n’insiste pas. Il n’a plus besoin de l’URSS*.

BILAN D’UNE CONFÉRENCE


La conférence est close dans la nuit du 1er au 2 août. Les trois Grands*
paraphent le protocole final qui comporte 15 rubriques et confirme le propos
de Truman* : « Quoi ? En dix-sept jours, ne peut-on rien décider ! »
Le front occidental n’a rien obtenu. Staline* n’a rien lâché. Il a
farouchement défendu les positions obtenues grâce aux diverses avancées de
l’Armée rouge*.
De très nombreux dossiers sont restés en suspens :
— L’internationalisation de grandes voies fluviales et maritimes.
— La tutelle sur les colonies italiennes en Afrique.
— La frontière entre la Grèce* et la Macédoine.
— Les revendications soviétiques sur les Dardanelles et certains
territoires turcs.
— Les réparations italiennes.
— La rupture des relations diplomatiques avec l’Espagne*.
— Le statu quo en Yougoslavie*.
— La désignation nominative des criminels de guerre.
Concernant l’Allemagne*, l’accord ne s’est fait que sur des points
relativement secondaires. Sur la Pologne*, les Occidentaux ont quasiment
perdu la partie.
Le seul élément vraiment positif de Potsdam est la décision de créer un
Conseil des ministres des Affaires étrangères (États-Unis*, URSS*, Grande-
Bretagne*, France*) afin de rédiger un traité de paix avec l’Italie*, la
Roumanie*, la Bulgarie*, la Hongrie*, la Finlande* (et l’Allemagne*).
Au fond, Potsdam ne marque que le début d’une ère nouvelle. La guerre
est terminée en Europe. Deux blocs se font face : celui de la liberté et celui du
totalitarisme. La guerre froide se profile. Heureusement pour les pays libres,
il y a eu Trinity*.

POTSDAM, DÉCLARATION DE
Message, à la fois ultimatum et avertissement, adressé au peuple japonais
le 26 juillet 1945 et signé par Roosevelt*, Churchill* et Tchang Kaï-chek*.
Staline* n’étant pas belligérant ne pouvait signer et a été simplement
informé.
Il invite le peuple japonais à se rendre, faute de quoi il s’exposera à la
destruction totale et annonce les intentions des Alliés* à leur endroit. Leur
patrie ne disparaîtra pas. Elle conservera Hondo, Hokkaido, Kyushu et
Shikoku. La notion de reddition sans conditions ne concernera que les forces
armées qui seront complètement désarmées. Les libertés de parole, de
religion, de pensée, ainsi que le respect des droits élémentaires de l’homme,
seront instaurés. Le pays sera occupé jusqu’à constitution d’un gouvernement
responsable et démocratique. Il aura le droit de conserver les industries
nécessaires à son économie mais non pas celles qui permettraient de réarmer
en vue d’une guerre. Les criminels de guerre seront châtiés.
La réponse négative du Japon* déclenchera les bombes atomiques de
Hiroshima* puis de Nagasaki*.

POUND, DUDLEY
(1877-1943). Amiral britannique.
Cet ancien de la bataille du Jutland est promu, en 1939, Premier Lord de
la mer et chef de l’état-major naval.
À ce titre, il dirige l’ensemble de la guerre sur mer et s’affirme l’un des
plus proches collaborateurs de Churchill* dont il a l’entière confiance. Gros
travailleur, il ruine une santé fragile. Lors de la conférence de Québec* en
août 1943, il est contraint de démissionner et meurt peu après.
Sa décision de faire éclater le convoi de l’Arctique PQ 17* sera contestée
au lendemain du conflit.

PPS H 41 (PISTOLET PULEMET SHPAGINA)


Pistolet mitrailleur soviétique apparu véritablement en 1942 en
remplacement d’un PPD 40 peu utilisé.
Ce PPS H 41, arme automatique, à culasse non calée, fiable et rustique
bien qu’assez encombrante, est l’arme par excellence des combattants
soviétiques dans une armée qui privilégie l’assaut, donc les combats
rapprochés. Il sera très utile dans les combats de rues type Stalingrad* et sera
fabriqué à environ 5 millions d’exemplaires.
Poids : 3,640 kg ; longueur : 0,838 m ; calibre : 7,62 mm : cadence de tir :
900 coups/minute ; chargeur amovible de 35 coups ou chargeurs à tambour
de 71 coups.

PQ 17
Le plus dramatique des convois de l’Arctique*.
Le 27 juin 1942, le convoi PQ 17 quitte l’Islande*. 34 cargos sous escorte
rapprochée de 6 destroyers, 2 navires antiaériens, 2 sous-marins et 11
bâtiments plus petits. Une force de couverture : 2 cuirassés, 1 porte-avions, 3
croiseurs et des destroyers, s’éloigne au même moment de Scapa Flow. Le
1er juillet, 4 croiseurs partent à leur tour rejoindre l’escorte.
L’amiral allemand Raeder* croit en la vertu des plus de 10 000 tonnes. Il
décide de les faire intervenir. Il regroupe sur Tröndheim le Tirpitz*, le Hipper
et 6 torpilleurs. Une autre escadre englobe les deux cuirassés de poche Scheer
et Lützow et six torpilleurs, tandis que six sous-marins sont poussés en
reconnaissance.
L’attaque allemande débute le 4 juillet. Un cargo est coulé par un sous-
marin, deux par des bombardiers. Trois autres sont endommagés. Trop
éloignée, la force de couverture n’a pu intervenir. Le convoi poursuit
néanmoins sur l’île des Ours. Brusquement, l’Amirauté apprend la sortie des
gros bâtiments de la Kriegsmarine*. Par crainte du Tirpitz*, sans doute, les
ordres tombent.
— 21 h 11. Très urgent. Ordre aux croiseurs de se replier vers l’ouest à
toute vitesse.
— 21 h 23. Urgent. Navires de surface menaçant d’intervenir, ordre au
convoi de se disperser pour rallier les ports russes.
C’est la catastrophe. Les cargos, éparpillés, sans le moindre chien de
garde, deviennent des proies faciles. Le convoi au total perdra 23 navires sur
34.
Les Britanniques s’empressent de tirer les enseignements de leur désastre.
Ils stoppent jusqu’à l’automne des mouvements jugés trop périlleux.

PRAGUE, CHUTE ET SOULÈVEMENT DE


Bratislava est tombée le 5 avril 1945, Vienne le 13.
Puis les 2 Fronts soviétiques, 2e de Malinovski* et 3e de Tolboukhine*,
ont marqué, sur ordre, un temps d’arrêt relatif. La Stavka* donnait la priorité
à la Pologne méridionale (4e Front d’Ukraine de Petrov*) et à Berlin (1er
Front d’Ukraine de Koniev*). Cracovie, Breslau, Berlin sont tombées à leur
tour. Le 2 mai, les quatre Fronts peuvent repartir de l’avant contre les
GA/Sud et Centre.
Le GA/Sud de Rendulic*, rebaptisé GA Autriche, passablement disloqué,
se maintient en Autriche* méridionale. Le GA Centre du maréchal
Schoerner*, regroupé en Bohême-Moravie, Lusace et sud de la Saxe,
représente une autre force. Il y a là près d’un million de combattants encore
bien structurés, unités du GA/C naturellement et du GA/Sud refoulées
d’Autriche* orientale et de Slovaquie. S’y trouvent l’intégralité, ou les restes,
des Ière et IVe AB, des Ière, Ve, VIIe, VIIIe et XVIIIe Armées. Dans leurs rangs,
des divisions SS* et deux divisions Vlassov*. Cet ensemble, tenu d’une
poigne de fer par Schoerner*, est loin d’être négligeable
À partir du 6 mai, les quatre Fronts ukrainiens se massent sur les faces
nord-est et sud du quadrilatère de Bohême. Toutefois, pour le GA/C, une
issue reste possible : les monts de Bohême, frontière entre Allemagne* et
Tchécoslovaquie*, permettent de basculer assez aisément vers la Bavière
occupée par les Américains. Les troupes peuvent, éventuellement, par ce
créneau, tenter de réaliser ce que s’efforcent d’effectuer tant d’autres
éléments de la Werhmacht* : s’esquiver vers l’ouest.
La capitulation allemande* trouve la Bohême en pleine confusion. Les
Tchèques se sont soulevés à Prague le 5 mai. 50 000 civils allemands sont
prisonniers des insurgés et en butte à toutes les exactions. Frappés, torturés,
assassinés, les malheureux paient les haines accumulées contre le IIIe Reich*.
Une division Vlassov*, qui a changé de camp, fait le coup de feu contre ses
anciens compagnons.
Schoerner*, pour sa part, exclut la reddition devant les Soviétiques.
Suivant son habitude, il se montre intraitable et cassant, ce qui ne l’empêche
pas de songer à son sort personnel. Il ordonne de tenir les monts de
l’Erzgebirge pour permettre au gros du GA/C de s’enfuit du côté opposé.
L’entrée dans Prague d’une patrouille avancée laisse espérer une arrivée
prochaine des Américains. Les optimistes, et même les autres, y croient.
Tous ignorent que Patton* a reçu l’ordre de stopper. Le 4 mai, il avait eu
mission de franchir les monts de Bohême et de s’engager en
Tchécoslovaquie*. Avec sa célérité habituelle, il s’était précipité.
Toujours fair-play à l’encontre de Moscou, Eisenhower* a prévenu
Antonov*, le chef d’état-major de l’Armée rouge*, du mouvement de la IIIe
Armée. Il lui a même demandé l’autorisation de pousser jusqu’à Prague.
Antonov s’y est aussitôt vivement opposé, rappelant à Eisenhower* qu’il
avait lui-même interrompu sa progression sur la basse Elbe pour lui être
agréable. Ike s’est incliné. Patton* s’est vu interdire de dépasser une ligne
Karlsbad-Pilsen-Budéjovice (80 km est de la frontière germano-tchèque).
Bien malgré lui, le chef de la IIIe Armée s’est exécuté.
Les Soviétiques ont le champ libre. Ils resserrent l’étreinte. Débouchant
de Silésie et de Saxe, Koniev* surgit du nord. Petrov* et Malinovski* font
pression à partir de la Slovaquie*. Tolboukhine* remonte du sud, depuis
Vienne et la vallée du Danube.
Le 9 mai, Koniev* déboule dans les faubourgs de Prague. En fin de
matinée, la capitale peut être considérée comme définitivement libérée. Le
GA/C, qui s’est regroupé à l’est de la ville, est totalement encerclé. Le 10 et
le 11, les Allemands acceptent leur destinée. 850 000 hommes, dont 60
généraux, sont prisonniers. Seuls de petits éléments de l’ancien GA/Sud ont
réussi à gagner les avant-postes américains.
Schoerner*, toute honte bue, s’est envolé en civil sur un Fieseler Storch*.
Sa dérobade ne le servira pas. Les Américains le livreront aux Soviétiques. Il
croupira dix ans dans les geôles soviétiques.

PRCHAL, EDWARD.
Aviateur tchèque.
Flight-lieutenant tchèque pilotant le Consolidated B 24 Liberator AL 523
s’étant crashé en mer peu après son décollage de l’aérodrome de Gibraltar, le
4 juillet 1943.
Cet avion ramenait en Angleterre le général Sikorski*, Premier ministre
du gouvernement polonais en exil. Prchal, bien que sérieusement blessé, est
le seul survivant de la catastrophe. L’enquête ne peut déterminer si celle-ci
était imputable à un attentat ou à une erreur de pilotage.

PREMIÈRE ARMÉE FRANÇAISE


Grande unité instituée le 18 novembre 1943 par l’ordre général No 14 du
général Giraud*.
Placée sous le commandement du général de Lattre de Tassigny*, elle
porte alors le nom d’Armée numéro 2. Elle deviendra Armée B le 25 janvier
1944.
Destinée au débarquement en Provence* en août 1944, elle sera forte de
257 000 hommes et comprendra 7 divisions : 3e DIA*, 1ère DMI (1ère DF*),
9e DIC, 2e DIM, 4e DMM, 1ère et 5e DB, qui seront scindées en deux corps
d’armée : 1er CA, général Béthouart*, 2e CA général de Larminat*, puis
général de Monsabert*. S’ajoutent des éléments non endivisionnés de réserve
générale : artillerie, génie, 1er RCP, bataillon de choc, GTM*, etc. (3e DIA*,
1ère DMI, 2e DIM, 4e DMM, proviennent du CEFI*).
Le 25 septembre 1944, l’Armée B devient la 1ère Armée française dans le
cadre du 6e GA américain. Avant le débarquement de Provence, elle avait
libéré l’île d’Elbe*. Du 15 août 1944 au 8 mai 1945, elle libère Toulon*,
Marseille*, Saint-Étienne, Lyon, Autun, Dijon, Chambéry, Lons-le-Saunier,
Belfort, Mulhouse, Colmar* et participe à la défense de Strasbourg*. Entrée
en Allemagne*, elle enlève Karlsruhe, Freudenstadt, Stuggart, Ulm,
Constance, et pénètre en Autriche*.
À l’automne 1944, le général de Lattre* réalise ce qu’il appelle
l’amalgame*, c’est-à-dire l’intégration d’unités et de volontaires issus des
maquis*. Cet apport permet de libérer des troupes africaines (9e DIC) et nord-
africaines, épuisées ou éprouvées par le climat. Il permet en outre de créer
deux nouvelles divisions, 14e DI (général Salan), 10e DI (général Billotte).
Dans son périple pour la Libération*, la 1ère Armée compte 13 874 tués,
soit 5,33 % de l’effectif moyen engagé, et 42 256 blessés. Elle fait 255 000
prisonniers.
Le 24 avril 1945, son chef choisit pour sigle Rhin et Danube et pour
écusson l’écu de la ville de Colmar*. La 1ère Armée française reste ainsi pour
l’Histoire l’armée Rhin et Danube, en souvenir des deux grands fleuves
qu’elle a atteints et traversés. Elle est officiellement dissoute le 24 juillet
1945.

PRÊT-BAIL, LOI
En anglais Lend-Lease Act.
Roosevelt* souhaite aider la Grande-Bretagne* dans sa lutte contre le
péril nazi qui menace les démocratties.
Il utilise une image :
« Si la maison de votre voisin prend feu, vous ne discutez pas pour lui vendre votre tuyau
d’arrosage. Vous lui prêtez le vôtre, l’aidant ainsi à écarter un sinistre qui peut atteindre votre
propre domicile. »

Concrètement, la loi sur le prêt-bail est adoptée par le Congrès des États-
Unis* le 11 mars 1941 à une très large majorité. (60 voix contre 31 au Sénat,
317 contre 71 à la Chambre des représentants). Elle vise à autoriser le
président « à vendre, transmettre, échanger, louer, prêter ou céder de toute
autre matière... des matériels de défense » à « tout pays dont la défense
semble au président vitale pour la défense des États-Unis* ». Elle se traduira
par des livraisons finissant par s’élever, en juin 1945, à 42 021 millions de
dollars.
Les fournitures se répartiront :
— armement : 49,2 %
— produits industriels : 20,6 %
— produits agricoles : 14,1 %
— produits pétroliers : 5,8 %
— services divers : 10,9 %
La Grande-Bretagne* sera la première et principale bénéficiaire de ces
fournitures (environ la moitié). L’URSS* en recevra pour environ 10 billions
de dollars, la France libre* 3,5 billions, la Chine* un peu plus de deux
billions. Quelque 8 billions de dollars retournèrent vers les États-Unis*,
principalement sous forme de matières premières. Le prêt-bail fut
incontestablement un élément important de la lutte contre l’Axe* et le
Japon*, même si les Russes eurent, au départ, tendance à le minimiser.

PRINCE OF WALES
Cuirassé britannique, dernier-né de la Royal Navy.
K.G.V, c’est-à-dire cuirassé de la classe du King George V, il est mis en
chantier en 1938 et entre en service en 1941. Bâtiment de 35 000 tonnes,
d’une vitesse de 29 nœuds, servi par un équipage de 1 912 officiers et marins,
il est armé de 14 canons de 14 pouces, 16 de 55 livres, et de 60 mitrailleuses
antiaériennes de 2 livres. Il dispose de 4 hydravions de reconnaissance. En
décembre 1941, il est commandé par le capitaine de vaisseau John Leach et
appartient à la Force Z* dont il partagera le sort tragique.

PRIPET
Affluent de la rive droite du Dniepr, 775 km.

PRIPET, MARAIS DU
Région marécageuse de pénétration difficile au sud de la Biélorussie,
d’environ 350 km d’est en ouest et 250 du nord au sud.
Sera, par excellence, une zone refuge des partisans soviétiques* de 1941
à 1944.

PRISONNIERS DE GUERRE
Tout conflit engendre des prisonniers.
Les uns démoralisés ayant levé rapidement les bras, les autres, malgré
leur courage, ayant dû cesser le combat, encerclés, blessés ou faute de
munitions.
La convention de Genève de 1929 définit leur sort. Ils doivent être
soignés, nourris et hébergés correctement. Les officiers et sous-officiers ne
sont pas tenus de devoir travailler. Si la majorité des futurs belligérants de la
Seconde Guerre mondiale a ratifié cette convention, le Japon* l’a signée sans
la ratifier, l’URSS* ne l’a pas signée.
Les aléas des combats ont provoqué des prisonniers chez presque toutes
les nations.

Allemagne :
Leur nombre est estimé à 10 millions (plusieurs centaines de milliers ne
reviendront pas des camps soviétiques). Tous les hommes ont porté
l’uniforme et se retrouvent, de facto, en 1945, aux mains de l’adversaire.

Belgique :
Après la capitulation du 28 mai 1940, seuls 60 000 Wallons resteront
prisonniers en Allemagne*.

France :
1 800 000 au terme de la campagne de mai-juin 1940. Ils ne sont plus
qu’un million en 1945, Vichy* ayant pu obtenir des libérations à des titres
divers (anciens combattants de 14-18, blessés, malades, etc.). Il y a eu 70 000
évasions et 40 000 décès en captivité.

Grande-Bretagne :
Dunkerque*, Singapour*, Tobrouk*, etc. ont laissé 172 592 prisonniers,
soit 7 401 marins, 13 115 aviateurs et 152 076 de l’armée de terre.

Italie :
Estimés à 600 000, pour beaucoup à l’Est*.
Japon :
Pratiquement pas de prisonniers durant la guerre. Le tempérament nippon
n’admet pas la reddition. Par contre, plus de 400 000 Japonais tombent entre
les mains des Soviétiques après la capitulation du Japon*. La majorité ne
rentrera pas.

Pologne :

Roumanie :
Estimés à 300 000, capturés à l’Est* et qui pour la majorité ne rentreront
pas.

URSS :
Leur nombre est estimé à 5 250 000. Plus de trois millions mourront
littéralement de faim dans les camps allemands.

USA :
130 000, pour la majorité capturés à Bataan* et Corregidor*, puis dans
les Ardennes*.

Yougoslavie :
Estimés à 700 000.

PROVENCE, DÉBARQUEMENT DE
Staline avait eu écho du projet d’un éventuel débarquement dans le midi
de la France afin de doubler Overlord*. À Téhéran*, il relance l’idée.
Roosevelt*, toujours soucieux de lui donner satisfaction, acquiesce.
Churchill*, au regard toujours axé sur Vienne, n’y pourra rien. Un
débarquement, baptisé Anvil*, aura lieu en Provence, le 15 juillet 1944.
Retardé, il interviendra le 15 août. Il sera alors Dragoon*.
Overlord* avait posé le problème des ports. Celui-ci est totalement
différent en Méditerranée* (absence de marées, défenses moindres). La côte
recèle des ports naturels, Sète n’est pas assez important. Le Languedoc est
ainsi écarté. En revanche, la Provence offre avec Toulon et Marseille de
vastes possibilités. Le débarquement interviendra donc à leur proximité avec
l’ambition de s’en saisir au plus vite. Les zones de débarquement s’étaleront
sur 70 km, de Cavalaire à Agay, dont les plages, couvertes par le massif des
Maures, sont mieux abritées contre d’éventuelles réactions adverses rapides.
Sur ces bases, Dragoon* se réalisera en trois temps :
— Dans la nuit de J-1 à J, des commandos détruiront les principales
défenses côtières. Parallèlement, les parachutistes largués à hauteur du Muy
bloqueront la vallée de l’Argens qui enrobe les Maures et la RN 7 qui permet
de déboucher de l’ouest.
— Le jour J débarqueront les 3 DI du VIe CA US et un Combat Command
français (CC1, général Sudre, de la 1ère DB), qui devront établir les bases de
la tête de pont.
— À J+1 interviendront deux divisions et un Combat Command français.
Ils seront suivis entre J+5 et J+9 d’une autre division, des Tabors (10 000
hommes) et du bataillon de choc. Mission des Français : s’emparer de
Toulon* (prévue à J+20) et de Marseille* (J+40).
Venu en mission secrète à Alger, puis à Naples, le colonel Zeller, chef
des FFI* des Alpes, a rencontré le général Patch* et l’a concaincu. Ses
maquisards tiennent la montagne. Ils déblaieront le chemin. Par la route
Napoléon, la voie sera libre jusqu’à Grenoble et Lyon.
Le plan fixé se déroulera plus vite que prévu et les dires de Zeller
s’avèreront exacts.
Le sud de la France est évidemment beaucoup moins bien défendu que le
nord. Responsable du GA/G, au sud de la Loire, le général Blaskowitz* ne
dispose que de deux armées. Sa 1ère Armée, qui tient une zone allant de la
Loire aux Pyrénées, comprenait avant le 6 juin 5 DI, 2 PD, 1 DM. Mais
plusieurs de ses unités ont été appelées en Normandie. Il ne lui reste plus que
deux divisions. La XIXe Armée (général Wiese), malgré les transferts,
demeure plus riche : une divison sur les Alpes, 3 DI en Languedoc-
Roussillon, 4 DI en Provence, 1 PD (XIe) vers Narbonne. Elle resprésente
théoriquement 250 000 hommes, de valeur très inégale.
Numériquement, Patch* n’est pas le plus fort. Dans les débuts du moins.
S’il est prévu d’engager 11 divisions – 3 américaines, 7 françaises et 1
aéroportée mixte anglo-américaine –, la première phase n’envisage d’en
mettre que 6 à terre. Heureusement pour eux, les Alliés* disposent de leur
écrasante supériorité aérienne et navale : 2 100 avions (dont 200 embarqués)
et 2 000 bâtiments, dont 500 navires de guerre comprenant 5 cuirassés, 9
porte-avions, 26 croiseurs, 85 destroyers. (La marine française, sous les
ordres de l’amiral Lemonnier, aligne le cuirassé Lorraine ; les croiseurs
Duguay-Trouin, Émile-Bertin, Georges-Leygues, Gloire, Montcalm, les
croiseurs légers Terrible, Fantasque, Malin ; 5 torpilleurs et une quinzaine de
petits bâtiments. Les forces aériennes françaises fournissent 6 groupes de
chasseurs et chasseurs bombardiers, 4 groupes de bombardiers moyens et
1 groupe de reconnaissance.) Les Alliés* peuvent aussi compter sur le
soutien de la Résistance française*. Les maquis*, bien structurés par des
cadres d’active, contrôlent une bonne partie du massif alpin. Un peu partout,
des groupes de FFI* se tiennent prêts à passer à l’action. Ils ont été renforcés
par des équipes Jedburg* et de nombreux parachutages d’armes.
Le général Patch*, patron de la VIIe Armée US, commande l’opération.
De Gaulle* aurait voulu un général français, mais les Américains ont la
maîtrise des moyens air et mer. De Lattre*, avec son Armée B*, est donc
provisoirement sous la tutelle de Patch*. Les anciens d’Italie* – ils sont
nombreux – regrettent Juin* avec son humanisme souriant, son équilibre
tranquille, sa rigueur de grand professionnel. Avec de Lattre*, le style
change. Le Roi Jean goûte le faste, l’encens, la première place, a des horaires
impossibles et des humeurs changeantes. D’un regard, il impose l’obéissance
et d’un mot l’adhésion.
Comme prévu, dans la nuit du 14 au 15 août 1944, les commandos
passent à l’action. Commandos* d’Afrique du colonel Bouvet, groupe naval
d’assaut du capitaine de frégate Seriot, pour neutraliser les batteries côtières ;
First Special Force du colonel Walker pour s’emparer des îles qui barrent le
rivage (Port-Cros, Levant, ultérieurement Porquerolles). Sous réserve de
certaines erreurs de navigation, les objectifs impartis sont enlevés.
Les paras, eux, sautent aux premières lueurs de l’aube. Partis de la région
de Rome, leurs 443 avions ont écorné l’île d’Elbe, la pointe du cap Corse,
avant de virer sur la France*, guidés par un navire radio. Vite rassemblées,
les unités se portent sur Le Muy, Puget-sur-Argens, Sainte-Maxime. En fin
de journée, avec les renforts débarqués par planeurs, 9 700 hommes tiennent
les axes vers Draguignan, Aix et Toulon, en plusieurs endroits avec l’aide des
FFI*. Les liaisons s’établissent avec les troupes débarquées.
Celles-ci ont commencé à se présenter à partir de 7 h 50. Comme en
Normandie*, aviation et marine ont préparé leur irruption. 45e division au
centre, 36e à sa droite, 3e à sa gauche, les Américains du VIe CA du général
Truscott* débarquent à Cavalaire, Pampelonne, La Nartelle, Le Dramont et
Anthéor. Les scénarios se déroulent bien partout, sauf à Saint-Raphaël où la
défense allemande interdit au 142e RI de prendre pied. Celui-ci doit être
varianté sur Le Dramont. Le CC1 français le suivra et l’appuiera.
À la nuit, le VIe CA a dépassé les prévisions. Il tient ses deux têtes de
pont, l’une du cap Nègre à Saint-Aygulf, l’autre à l’est de Saint-Raphaël.
30 000 hommes sont à terre.
Pour les GI’s* de Truscott*, la suite sera relativement facile. Ayant
bousculé la 242e division allemande, au soir du 19, ils occupent un
quadrilatère de 70 km sur 35 de profondeur, qui inclut Brignolles et
Draguignan. La 36e DI et la Task Force Butler remontent vers le nord par la
vallée de la Durance et la route Napoléon en direction de Digne et Grenoble.
Les Français, eux, commencent à débarquer sur les plages gagnées par les
Américains le 16, en fin de journée. Les transferts depuis les paquebots,
l’accostage des LST* ou LSI* tourneraient presque à l’exercice de routine si,
entre chien et loup, n’apparaissaient brutalement quelques appareils de la
Luftwaffe*. La 3e DIA* déplore 80 tués et blessés.
Une fois les 3e DIA, 1ère DFL*, 9e DIC, bataillon de choc, commandos*
d’Afrique à terre, de Lattre*, le 19 août, peut orienter son action, vers
Toulon* d’abord, Marseille* ensuite.
Le 28, au soir, le patron de l’Armée B* pourra s’offrir une satisfaction
dans un message à de Gaulle* : « Dans le secteur de l’Armée B*, aujourd’hui
J+13, il ne reste plus un Allemand qui ne soit mort ou captif. »
Il pourrait ajouter que ses éléments de tête sont entrés dans Avignon,
Orange, Montélimar, et ont poussé sur Nîmes.
Les Américains, pour leur part, à cette heure, ont dépassé Grenoble,
atteint Montélimar et Livron, abordent Nice et Briançon. Ils sont à 100 km de
Lyon.
Le débarquement de Provence a connu un plein succès. Toutes les
prévisions sont largement dépassées.

PSP (PIERCED STEEL PLANKING)


Plaque métallique perforée et emboîtable, de 3 m sur 0, 40 m.
Les Américains en fabriquent de très grandes quantités pour réaliser des
pistes d’aviation rapidement opérationnelles.

PT BOAT (PATROL CRAFT TORPEDO)


Vedette rapide lance-torpilles américaine correspondant à la MTB*
britannique et au U-Boote allemand.
800 environ seront fabriquées par trois constructeurs principaux.
Caractéristiques générales : longueur : 24 m ; vitesse : 39 nœuds ; armement :
2 à 4 torpilles de 457 mm, 1 canon de 40 mm, de 37, de 20 et 4 mitrailleuses
de 12,7 mm.
J. F. Kennedy, durant la guerre du Pacifique*, commandait la PT 109,
(coulée par un destroyer japonais dans les Salomon*, dans le détroit de
Blackett, entre les îles Kolombangara et Gizo, le 2 août 1943).

PUJOL, JUAN
(1912-1988). Espion britannique.
Né espagnol, Juan Pujol servira les Britanniques comme agent double,
sous l’indicatif de Garbo pour les Anglais, d’Arabel pour les Allemands.
Dans le cadre de l’opération Fortitude, il parviendra à duper l’Abwehr*
avec de faux plans pour le débarquement en Normandie*.
Paradoxe, pour bons et loyaux services, il recevra la Croix de fer d’un
côté et sera fait MBE d’un autre.

PUNTA STILO, ENGAGEMENT DE


Le 9 juillet 1940, l’escadre britannique de l’amiral Cunningham* affronte
au large de la Calabre, à hauteur de Punta Stilo, une importante flotte
italienne.
Très vite, de 23 000 m, le cuirassé Malaya met un coup au but sur le
cuirassé Cesara. Celui-ci n’insiste pas. Il se dérobe, imité par ses destroyers
d’escorte.
Si le bilan matériel est mince, le résultat psychologique est considérable.
Les marins italiens n’ont pas montré grand mordant. Leurs collègues
aviateurs n’ont pas été plus brillants. Les Italiens se sentent en position
d’infériorité. Ils n’oseront plus risquer une bataille de rencontre.

PURPLE
Version japonaise modifiée d’Enigma*.
Cette dernière avait été fournie au Japon* par les Allemands en 1937. Le
décryptage de Purple* par l’US Signal Intelligence Service contribue aux
victoires américaines de la mer de Corail* et de Midway*, et permet
d’intercepter l’avion transportant l’amiral Yamamoto*.

PURPLE HEART
Décoration militaire américaine analogue à la médaille des blessés
française (laquelle n’est plus réglementaire mais continue d’être portée).
Attribuée à tout blessé au combat ou décédé des suites de ses blessures.
Le ruban, de couleur violette, supporte une médaille avec l’effigie de
Washington.

PU-YI
(1906-1967).
Dernier héritier de l’empire chinois, détrôné à l’âge de trois ans.
La Mandchourie*, devenue japonaise sous le nom de Mandchuokuo*, il
accepte de devenir président du nouvel État. Arrêté en 1945, il sera libéré en
1959.

PZ KPFW II C (PANZER KAMPFWAGEN II C)


Char léger allemand sorti en 1937.
Utilisé massivement au début de la guerre, il sera retiré progressivement à
partir de 1941.
Poids : 8,8 tonnes ; vitesse : 26 km/h ; armement : 1 canon de 20 mm,
1 mitrailleuse de 7,92 mm ; équipage : 3 hommes.

PZ KPFW III D
Char moyen allemand sorti en 1938.
Sera le char de la première partie de la guerre.
Poids : 19,3 tonnes ; vitesse : 40 km/h ; autonomie : 150 km ; armement :
1 canon de 37 mm ; équipage : 5 hommes.

PZ KPFW III J
Char moyen allemand sorti en 1941
Poids : 22 tonnes ; vitesse : 45 km/h ; autonomie : 150 km ; armement :
1 canon de 50 mm, deux mitrailleuses de 7,92 mm ; équipage : 5 hommes.

PZ KPFW IV A
Char moyen allemand sorti en 1936.
Produit à environ 9 000 exemplaires, il sera le char de la seconde partie
de la guerre.
Poids : 17,3 tonnes ; vitesse 30 km/h ; autonomie : 320 km ; armement :
1 canon de 75 mm, 2 mitrailleuses de 7,92 mm ; équipage : 5 hommes.

PZ KPFW IV G
Char moyen allemand sorti en 1942.
Poids : 23,6 tonnes ; vitesse : 40 km/h ; armement : 1 canon de 75 mm
avec frein de bouche, 2 mitrailleuses de 7,92 mm ; équipage : 5 hommes.
Q

QUADRANT
Nom de code de la première conférence de Québec en août 1943.

QUÉBEC, CONFÉRENCES DE

Première conférence, dite « Quadrant* », du 17 au


24 août 1943.
Participants : Roosevelt*, Churchill*, Mackenzie King*.
L’Italie* vacille. Quelles conditions d’armistice lui accorder ? Ce sera la
« reddition sans conditions » formulée à Anfa* par Roosevelt.
La décision d’un débarquement en Italie* dans la région de Salerne* est
prise. Un débarquement supplémentaire à Overlord* est prévu dans le midi
de la France*, malgré la réserve de Churchill* qui préférerait exploiter dans
la péninsule italienne. Enfin, l’amiral Mountbatten* est nommé commandant
en chef dans le Sud-Est asiatique.

Seconde conférence, dite « Octagon », du 11 au


15 septembre 1944.
Participants : Roosevelt*, Churchill*, Mackenzie King*. La défaite de
l’Allemagne* nazie paraît proche. Le secrétaire au Trésor, Morgenthau*,
présente son plan qui trouve une première approbation de Roosevelt* (voir
Morgenthau). Mais, le 29 septembre, sensible à l’opposition de certains de
ses conseillers, le Président fera marche arrière. Aucune conclusion vraiment
pratique ne se dégage de cette conférence, hormis la situation des futures
zones d’occupation en Allemagne* des Britanniques et des Américains.

QUEEN ELIZABETH
Cuirassé anglais de 35 000 tonnes. Il sera sérieusement endommagé, en
rade d’Alexandrie*, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1941, par deux
hommes-grenouilles italiens, Marceglia et Schergat. Il restera immobilisé
plusieurs mois.

QUEZON, MANUEL
(1878-1944). Homme politique philippin.
Président des Philippine* depuis 1935, il doit fuir Manille devant
l’invasion japonaise. Replié sur Corregidor* avec MacArthur*, il a plutôt
tendance à vouloir pactiser avec l’envahisseur pour éviter, déclare-t-il, des
dommages à son pays. Aussi est-il évacué par sous-marin le 19 février 1942.
Réfugié à Washington, il y formera, le 14 mai 1942, un gouvernement
philippin en exil. Le 15 novembre 1943, Roosevelt* signera un décret le
maintenant en exercice jusqu’à l’expulsion des Japonais des Philippines*. À
sa mort, il sera remplacé par Sergio Osmena*.

QUISLING, VIDKUN
(1887-1945).
Homme politique norvégien dont le nom propre est quasiment devenu un
substantif, serviteur docile de l’ennemi.
Fondateur et chef du Nasjonal Samling* (le Rassemblement National),
farouchement anticommuniste, il courtise Hitler* avant 1939. Dès
l’occupation de son pays, en avril 1940, il devient l’homme de l’Allemagne*
et se met au service du IIIe Reich*. Protégé par les Allemands, il devient le
1er février 1942 chef du gouvernement et s’efforce d’intégrer la Norvège*
« dans le cadre de la grande union européenne ». Homme lige du nazisme*,
rejeté par son peuple, condamné par les évêques, il n’est souvent qu’un agent
d’exécution des basses besognes de répression. Devant son impopularité, le
Commissaire du Reich* Josef Terboven assume la réalité des pouvoirs.
Traduit en août 1945 devant la Haute Cour de Justice, au terme d’un
procès équitable, il est condamné à mort le 6 septembre et exécuté le
24 octobre.

QUIT INDIA !
« Quittez l’Inde* en tant que maître ! » Slogan lancé par Gandhi durant
l’été 1942. Il sera repris par le Congrès national indien : « Quittez l’Inde* !
Partez, nous en avons assez de vos faux-fuyants et de vos ambiguïtés. Laissez
notre pays libre, et nous le défendrons, comme les Chinois, les Russes, les
Britanniques, ont défendu les leurs. La liberté de l’Inde* sera immédiatement
le symbole et le commencement de la libération de tous les autres peuples
d’Asie. »
R

RABAUL
Principal port de l’archipel des Bismarck*, à la pointe nord-est de la
Nouvelle-Bretagne*. Les Japonais l’occupent le 23 janvier 1942 et en font
une solide base aéro-navale. De là part le fameux « Tokyo* express » pour
Guadalcanal* et la Nouvelle-Géorgie. Les Américains pilonnent lourdement
Rabaul, obligeant la garnison à se terrer dans des tunnels et des grottes.
L’offensive Cartwheel* de MacArthur*, répondant à ce qui a été décidé lors
de la conférence de Québec* d’août 1943, se contente, au début de 1944,
d’encercler et d’isoler Rabaul. Devant l’avance américaine, le gros des forces
navales et aériennes a été replié sur Truk*, mais 53 000 soldats, 16 200
marins et 20 000 ouvriers civils demeurent sur place, soumis aux
bombardements américains. La capitulation japonaise, le 15 août 1945, les
trouvera là totalement coupés du Japon*.

RACHID, ALI AL GAYLANI


(1892-1965). Homme politique irakien.
Influencé par le grand mufti* de Jérusalem, cet ancien Premier ministre
irakien fomente un coup d’État et accède au pouvoir le 3 avril 1941. Il lance
aussitôt la révolte sans résultats contre les Britanniques. Après l’échec, il se
réfugie en Allemagne* puis en Arabie Saoudite.

RACZKIEWICZ, WLADYSLAW
(1885-1947). Homme politique polonais.
En exil en France*, devient, le 30 septembre 1939, président de la
République polonaise, continuant la lutte aux côtés des Alliés*.

RACZYNSKI, EDWARD
(1891-1993). Diplomate polonais.
Ambassadeur de Pologne* à Londres depuis 1934, il signe en août 1939
le traité anglo-polonais qui formalise la garantie accordée par la Grande-
Bretagne* à la Pologne* et qui conduira à l’entrée en guerre du Royaume-
Uni* et de la France*, le 3 septembre 1939. Durant la guerre, sera ministre
des Affaires étrangères du gouvernement Sikorski*.

RADAR (RADIO DETECTION AND RANGING)


Le radar, à usage militaire, apparaît entre 1934 et 1936 dans huit pays :
France*, Allemagne*, Italie*, Pays-Bas*, Japon*, Grande-Bretagne*, États-
Unis* et URSS. De fait, il sera surtout utilisé durant la guerre par la Grande-
Bretagne, l’Allemagne* et les États-Unis*.
Pour la Grande-Bretagne*, il est l’un des vecteurs essentiels de sa défense
lors de la bataille d’Angleterre*, avant de s’intégrer à la bataille de
l’Atlantique* et à Overlord*. Pour l’Allemagne*, de même, il contribue à sa
défense contre les raids aériens alliés. Les Américains, enfin, en auront un
usage constant dans le Pacifique*.
Les fréquences exploitées iront de 30 Hz à 3 000 GHz.

RADOLFI, ALEXANDRE, DIT RADO


Hongrois, colonel de l’Armée rouge*, résidant-directeur des services de
renseignements soviétiques en Suisse*.

RAEDER, ERICH
(1876-1960). Amiral allemand.
Officier de la marine impériale, se distingue à la bataille du Jutland en
1916. Devient en 1928 patron de la Kriegsmarine* à laquelle il donne essor,
lançant un vaste programme de construction : 3 cuirassés de poche, 2
cuirassés de 51 000 tonnes, les Bismarck* et Tirpitz*. La priorité donnée par
Hitler* aux sous-marins, l’échec de l’attaque d’un convoi de Mourmansk* en
décembre 1942, le conduisent à démissionner en janvier 1943.
Condamné à la réclusion perpétuelle par le Tribunal militaire
international de Nuremberg* est libéré en 1955 pour raisons de santé.

RAF (ROYAL AIR FORCE)


Armée de l’Air britannique, créée le 1er avril 1918.
En 1936, se divisera en : Bomber Command*, Fighter Command*,
Coastal Command, Training Command, Reserve Command (Training et
Reserve Commands fusionneront par la suite et d’autres subdivisions se
créeront).
Il y aura des commandements équivalents de la RAF au Moyen-Orient et
dans le Sud-Est asiatique.
La RAF mettra en service, de 1939 à 1945 :

Septembre 1939 193 000 hommes


Septembre 1940 420 000 hommes
Septembre 1941 767 000 hommes
Septembre 1942 895 000 hommes
Septembre 1943 982 000 hommes
Septembre 1944 992 000 hommes
Septembre 1945 950 000 hommes

Tout le personnel navigant est volontaire. Des membres du


Commonwealth, des étrangers (Français, Polonais, etc.) servent dans ses
rangs.
Durant la guerre, la RAF aura :
RAIDERS
Unités créées par le USMC* pour être le fer de lance des opérations
amphibies et conduire des opérations de style guérilla.
Les 1er et 2e bataillons de raiders, formés en février 1942, se battent à
Tulagi* et Guadalcanal*, employés comme une infanterie traditionnelle. Le
2e bataillon, connu sous le nom de Carlson’Raider*, y mènera toutefois une
patrouille célèbre.
Les 3e et 4e bataillons sont formés en septembre-octobre 1942. Les
bataillons durant un temps sont regroupés en deux régiments de raiders. Ils se
battront sur Bougainville.
Finalement, en janvier 1944, les quatre bataillons seront dissous et
formeront le 4e régiment de Marines* afin de remplacer celui qui avait
disparu dans les Philippines* au début de 1942.

RAMCKE, HERMANN
(1889-1968). Général allemand.
Jeune officier, gagne la croix Pour le Mérite* en 14-18. En 1940, se porte
volontaire pour les parachutistes. Est breveté à 51 ans ! Saute en Crète*, se
bat en Libye*, et parvient à sauver sa brigade après la bataille d’El-Alamein*.
Commande la 2e division parachutiste en Italie* (Affaire du Gran Sasso*) et
sur le front de l’Est* au début de 1944. De retour à l’ouest, participe à la
bataille de Normandie* et défend Brest avec résolution jusqu’au
19 septembre 1944.
Laisse l’image d’un chef particulièrement énergique et courageux.
Croix de chevalier avec glaives et brillants.

RAMSAY, BERTRAM
(1883-1945). Amiral britannique.
Ayant pris sa retraite en 1938 comme vice-amiral, Ramsay est rappelé au
service en août 1939 et devient amiral Douvres. Quelques mois plus tard, en
mai 1940, il est responsable de l’opération « Dynamo », l’évacuation de
Dunkerque*. Pour le débarquement en Afrique* du Nord de novembre 1942,
il est l’adjoint de l’amiral *Cunningham, puis commande la Task Force
orientale pour le débarquement en *Sicile de juillet 1943. En décembre 1943,
il retourne à Londres pour préparer « Neptune* », la phase d’assaut
d’Overlord*. En avril 1944, il est promu amiral. Il disparaît le 2 janvier 1945
dans un accident d’avion.
Ce marin modeste, parfait organisateur, était admiré par ses collègues.

RANGERS
Les Britanniques parlent de commandos*. Les Américains, par
réminiscence du passé, préfèrent le vocable Rangers. Au plan historique, les
troupes dénommées Rangers voient le jour au XVIIIe siècle durant les guerres
contre les Français, puis contre les Anglais. Leurs missions relèvent de
l’infanterie légère, infiltration, reconnaissance, raid coup de poing, etc. Sont-
ils alors véritablement des commandos ? Il serait plus exact de les baptiser
troupe de choc, à l’instar du Bataillon de Choc français de la Libération*.
C’est au début de 1942 que le général Marshall*, patron de l’armée
américaine, se référant à l’expérience britannique, décide de lancer des
commandos appelés Rangers pour ne pas reprendre le vocable anglais. Le 1er
Bataillon de Rangers est créé en juin 1942 et suit un entraînement rigoureux
« à l’anglaise ». Au total, six bataillons seront mis sur pied. (En août 1943,
ils seront officiellement dénommés Rangers Infantry Battalion.) Les 1er, 3e et
4e Bataillons combattront sur le théâtre méditerranéen, les 2e et 5e en Europe
occidentale, le 6e dans les Philippines*. Utilisés comme infanterie d’assaut,
ils éprouveront toujours de lourdes pertes (le 4e Bataillon sera décimé à
Anzio*). Le 2e Bataillon gagnera une gloire méritée en enlevant la Pointe du
Hoc*, le 6 juin 1944 (voir Hoc, Pointe du). Le 6e Bataillon, formé en
Nouvelle-Guinée* en septembre 1944, effectuera des raids dans les
Philippines* occupées par les Japonais.

RANKIN, JEANETTE
(1880-1973). Femme politique américaine.
Première femme élue à la Chambre des représentants. Pacifiste, en
décembre 1941, elle est seule à voter contre la déclaration de guerre au
Japon*. (Elle avait agi de même lors de la déclaration de guerre à
l’Allemagne en 1917.) Rendue impopulaire par son vote, elle ne se
représentera pas.

RANVILLE
Village normand, 550 habitants avant la guerre, à 11 km de Caen. Se
glorifie d’avoir été le premier village de France libéré*. Une plaque, y porte
aujourd’hui cette inscription :

RANVILLE
Le premier village de France* libéré
a été pris aux Allemands
à 2 h 30, le 6 juin 1944,
par
le 13e (Lancashire) Battalion
The Parachute Regiment*.

(Cette inscription implique une réserve. Écrire de « France*


métropolitaine » aurait mieux rendu compte de la réalité. La Corse* et les
départements, alors français, d’Algérie*, ont été libérés bien avant le 6 juin
1944.)

RANVILLE ET BÉNOUVILLE, PONTS DE


(voir PEGASUS BRIDGE)

RASTENBURG
Ville de Prusse Orientale, aujourd’hui Ketrzyn en Pologne*. 250 km au
nord de Varsovie. Terrain d’aviation, voie ferrée. Dans la forêt proche, à l’est
de la ville, *Hitler, avant le déclenchement de « Barbarossa* », y établit son
PC avancé, la fameuse « Wolfschanze* » (La Tanière du Loup).
L’emplacement camouflé sous les arbres bénéficie d’un embranchement
ferroviaire et divisé en trois zones était très sévèrement gardé. C’est là que se
produira l’attentat du 20 juillet 1944*.
Rastenburg sera abandonnée fin 1944 devant l’avance de l’Armée
rouge*.

RATA
Polikarpov I-16, surnommé « Rata » (le Rat) par les nationalistes
espagnols. Chasseur monoplan soviétique en service à partir de 1937.
Fabriqué à 20 000 exemplaires en plusieurs versions.
Vitesse : 460 km/h ; autonomie : 800 km ; armement : 4 mitrailleuses ;
équipage : 1 homme.
Il sera retiré du service en première ligne à la fin de l’été 1943.

RAVENSBRÜCK
Camp de concentration créé en 1938 en Allemagne orientale* à 80 km au
nord de Berlin et réservée aux femmes. Il dispose de 34 camps satellites
destinés au travail. 115 000 femmes y auraient séjourné dont 10 000
Françaises. Le chiffre des victimes est estimé à 92 000, dont 7 000
Françaises.
Les médecins nazis s’y livrent à des expériences médicales sur les
Polonaises (« Les Lapins »).
Devant l’avance des armées alliées, le camp est évacué en partie au début
d’avril 1945. Commence alors une marche à la mort pour 25 000
prisonnières. Le camp est définitivement libéré par les Russes les 29 et
30 avril. 3 500 femmes sont encore en vie.
Violette Szabo, héroïne de la Résistance, et Anne Frank* sont mortes à
Ravensbrück.

RBFM (RÉGIMENT BLINDÉ DE FUSILIERS


MARINS DE LA 2e DB*)
Fort de 1 000 hommes, 110 officiers mariniers, 26 officiers, il est
organisé au Maroc* fin 1943, sous les ordres du capitaine de frégate Maggiar.
Il fait suite au bataillon Bizerte ayant fait campagne en *Tunisie avec
Maggiar.
Particularité de ce régiment, il est constitué, à sa formation, en majorité
de marins ayant combattu à Madagascar* contre les Anglais et restés
plusieurs mois prisonniers en *Grande-Bretagne. C’est dire qu’il n’est pas
très gaulliste... Il le deviendra.
Équipé de TD* (tank destroyer), il participera avec beaucoup d’éclat aux
campagnes de la 2e DB*. À son actif, 70 chars et 82 canons allemands
détruits, pour 10 TD* perdus.
(À ne pas confondre avec le RFM*, régiment de fusiliers marins de la
ère
1 DFL*.)

RCP 1er (PREMIER RÉGIMENT DE


CHASSEURS PARACHUTISTES)
Créé à Fez le 1er mai 1943 à partir du Bataillon de chasseurs parachutistes
No 1. Il compte alors environ un millier de parachutistes dont certains anciens
des 601e et 602e GIA. À son grand désespoir, il ne sera jamais largué pour les
combats de la Libération*. Employé comme troupe de choc d’infanterie, il
éprouvera de fortes pertes durant la campagne des Vosges de l’hiver 1944-
1945.
Chefs de corps : commandant Sauvagnac, colonel Geille, lieutenant-
colonel Faure.

RCP 2e(DEUXIÈME RÉGIMENT DE


CHASSEURS PARACHUTISTES)
Il est créé le 1er avril 1944, en Grande-Bretagne, à partir du 4e BIA (4e
SAS). Il compte alors environ 400 parachutistes.
Il saute en Bretagne en juin 1944 et combat dans les Ardennes* durant
l’hiver 1944-1945. Après quoi, il saute en Hollande* (opération Amherst*)
en avril 1945.
Chefs de corps : commandant Bourgouin, commandant Puech-Samson.
Unité Compagnon de la Libération*.

RCP 3e
Troisième régiment de chasseurs parachutistes créé, comme le 2e RCP*,
le 1er avril 1944, en Grande-Bretagne, à partir du 3e BIA (3e SAS). Il compte
alors environ 400 parachutistes. Il saute dans le centre de la France* durant
l’été 1944 et en Hollande* (opération Amherst*) en avril 1945.
Chefs de corps : commandant Château-Jobert (Conan), lieutenant-colonel
de Bollardière.
À noter que les trois RCP relèvent à l’époque de l’armée de l’Air, même
si la majorité des personnels appartiennent à l’armée de Terre. Le 1er août
1945, les trois régiments quitteront l’armée de l’Air.

RCT (REGIMENTAL COMBAT TEAM)


Terminologie américaine pour désigner le regroupement opérationnel, en
principe, de deux bataillons d’infanterie, d’un bataillon de chars, d’un
bataillon de canons automoteurs et d’une compagnie de spécialistes du Génie,
plus des éléments de transmissions et médicaux. (À noter que le terme
bataillon, qui n’existe plus dans l’Arme Blindée de Cavalerie et l’artillerie
françaises, est en service chez les Anglo-Américains.)
Ce concept repose sur une très grande souplesse, les différents
constituants étant introduits à la demande.
Le régiment d’infanterie américain est de type ternaire : trois bataillons à
trois compagnies et une compagnie d’armes lourdes. Il inclut une compagnie
régimentaire à six obusiers de 105 mm et une compagnie antichars. Au-
dessus, la DI américaine est également de type ternaire.

RE 2001 (REGGIANE RE 2001)


Chasseur monomoteur italien sorti en 1941 et fabriqué à 237 exemplaires.
Vitesse : 560 km/h ; autonomie : 1 100 km ; armement : 4 mitrailleuses ;
équipage : 1 homme.

REC 1er (1er RÉGIMENT ÉTRANGER DE


CAVALERIE)
Créé en 1921 en Tunisie. Constitue, en 39-40, le GRD 97, groupement de
reconnaissance divisionnaire, rattaché à la 7e DINA. À l’armistice, ne
comptera plus que 12 officiers sur 23, 250 légionnaires sur 650. Son chef, le
colonel de Latour, aura été tué.
Fournit pour la campagne de Tunisie* un groupement autonome,
employant le plus souvent des engins obsolètes. Constitue pour les combats
de la Libération* le régiment de reconnaissance de la 5e DB. Se bat en
France* et en Allemagne*, obtenant deux citations à l’ordre de l’armée. Chef
de corps : colonel Miquel.

RED BALL EXPRESS


Noria de 6 000 camions, mise en place par les Américains, du 25 août au
16 novembre 1944, afin de pouvoir ravitailler les unités de l’avant depuis
Cherbourg* et Arromanches*. Les chauffeurs se relaient sans interruption sur
une distance de 600 à 800 kilomètres. Ils parviendront, grâce à une
organisation très stricte, à transporter 12 500 tonnes/jour.

REDDITION SANS CONDITIONS


Formule inédite, exprimée par Roosevelt*, dans sa conférence de presse à
l’issue de la conférence d’Anfa*, en janvier 1943.
La formule a surpris et a donné sujet à amples commentaires et
controverses.
Churchill* était au courant mais il a été surpris par cette déclaration
inopinée que le communiqué final ne mentionne pas. Il semble avoir
approuvé, à l’exception du cas de l’Italie* (dans ses Mémoires, il se montre
très prudent sur son approbation formelle).
Roosevelt*, qui se fait souvent fort de bons sentiments, a certainement
voulu galvaniser ses compatriotes sur la notion de bien et de mal. On ne
transige pas avec le mal absolu que représentent le nazisme* et
l’impérialisme nippon. Ils doivent être éliminés à jamais.
La formule peut également être regardée comme une assurance donnée à
Staline* d’aller jusqu’au bout en écartant toute paix unilatérale.
De nombreux historiens ont reproché à cette formule son intransigeance
excluant toutes perspectives de négociations. Elle aurait raidi les Allemands
et les Japonais, patriotes et hostiles aux régimes de leur pays, leur interdisant
de rechercher une porte de sortie du conflit. C’est probablement vrai. Les
mouvements de Résistance en Allemagne* notamment se sont trouvés
désarmés. Avaient-ils pour autant les moyens de renverser les totalitarismes
en place pour essayer de traiter ? Douteux. L’échec du 20 juillet 1944 le
montre.
Par contre, on ne peut contester que la notion de « reddition sans
conditions » a certainement aidé à cimenter les Allemands à Hitler*, les
Italiens à Mussolini*, les Japonais à leur gouvernement.

REGIA AERONAUTICA
Aviation militaire italienne. Compte, en juin 1940, 1 753 appareils dont
seulement 900 modernes. Sur 200 avions envoyés pour participer à la bataille
d’Angleterre*, 20 % n’arriveront pas suite à incidents techniques. Seule la
mise en service, fin 1941, des Macchi 202* procurera des chasseurs vraiment
opérationnels.
Appelée à intervenir essentiellement en Méditerranée*, la Regia
Aeronautica lancera un bombardement contre Gibraltar* et surtout attaquera
les convois britanniques se dirigeant vers Malte* ou l’Égypte*. À l’été 1943,
à la veille de l’armistice italien, elle ne possédera plus qu’une centaine
d’avions modernes.

REICH COMMISSARIAT, OSTLAND


Un des deux Commissariats militaires du Reich*, créé sous l’autorité
d’Alfred Rosenberg*, ministre de Reich pour les territoires occupés de l’Est*.
Il englobe les États baltes*, une partie de la Biélorussie et de la Pologne*
orientale. Il devait exister de décembre 1941 jusqu’au début de 1945.

REICH COMMISSARIAT, UKRAINE


Second Commissariat du Reich* dans les territoires occupés de l’Est* et
également sous l’autorité de Rosenberg*, il englobe une partie de la Pologne*
orientale et l’Ukraine* méridionale entre le Bug et le Dniepr. Dans la
pratique, il est sous la coupe du gauleiter* Erich Koch, nazi fanatique, qui se
décrivait lui-même comme un « chien brutal ».

REICH, DAS
PD SS* célèbre pour ses atrocités. Stationnée début juin 1944 dans la
région de Montauban, reçoit l’ordre de remonter sur la Normandie. Sur son
parcours, est responsable des pendaisons de Tulle* et des massacres
d’Oradour-sur-Glane*. Sera en majeure partie décimée en Normandie*. Son
chef, le général Lammerding, ne sera pas inquiété après la guerre.

REICHENAU, WALTER VON


(1884-1942). Maréchal allemand.
Capitaine en 1918, reste dans la Reischwehr*. Hitlérien convaincu plus
que nazi dès 1932. Commandant d’armée en Pologne* puis en France* en
1940. Promu maréchal le 10 juillet 1940. Hostile sur le fond à
« Barbarossa* », commande néanmoins une armée sur le Front de l’Est* où il
se montre un antisémite brutal. Remplace von Rundstedt* démis à la tête du
groupe d’armées Sud le 30 novembre 1941. Décédé des suites d’une crise
cardiaque en janvier 1942.
La mémoire de ce chef énergique et capable, forte personnalité, méprisant
les convenances, est fortement entachée par son comportement et les atrocités
qu’il avait encouragées sur le front de l’Est*.

REICHSWEHR
Armée allemande fixée par le Traité de Versailles, forte de 96 000
hommes de troupe et 4 000 officiers. Sous l’impulsion du général von Seeckt,
sera la pépinière des cadres de la future Wehrmacht*.

REINHARD, OPÉRATION
Opération, conduite par les SS*, visant à l’extermination des 2 284 000
Juifs du Gouvernement général de la Pologne. Elle portait ce nom en
l’honneur de Reinhard Heydrich*.
Pour parvenir à ses fins, elle s’appuiera sur les camps d’extermination de
Belzec*, Sobibor* et Treblinka*.

REITSCH, ANNA
(1912-1979). Aviatrice allemande.
Le 26 avril 1945, le pilote, le général von Greim*, ayant été blessé, elle
réussit à poser son Storch* sur la Charlottenburger Chaussee, non loin de la
Chancellerie. Elle restera quarante-huit heures auprès de Hitler* avant de
réussir à décoller et à quitter Berlin.

REMAGEN, PONT DE
Le 7 mars 1945, vers 13 heures, un détachement léger de la 9e DB US
(1ère Armée) débouche des hauteurs boisées qui dominent la petite ville de
Remagen, 30 km au sud de Bonn. Il découvre, en contrebas, un pont de
chemin de fer apparemment intact sur le Rhin que des troupes allemandes en
retraite utilisent sans précautions particulières. Ce pont long de 450 mètres
porte le nom de Ludendorff. Sur la rive droite du fleuve, la voie s’enfonce
dans un tunnel.
Le chef du détachement américain rend compte de ce qu’il observe. Son
commandant de compagnie reçoit ordre d’exploiter une opportunité
inespérée. Chars et fantassins dévalent vers le fleuve. Couverts par les tirs des
chars d’accompagnement, les fantassins s’engagent audacieusement sur le
tablier. Derrière eux, des sapeurs sectionnent rapidement tous les fils
électriques qu’ils aperçoivent.
Sur la rive orientale, la confusion règne. En quelques minutes, les
Américains atteignent l’autre rive. Des groupes s’établissent en couverture.
D’autres font prisonniers les défenseurs surpris. Le commandant de la 9e DB
s’empresse de faire converger des renforts.
Le général Bradley* rayonne. Par un coup de chance doublé d’un coup
d’audace, ses GI’s* ont saisi un pont pratiquement intact sur le Rhin. Toute la
phase ultérieure de la campagne peut être modifiée.
Eisenhower* décide d’exploiter cette opportunité. Le 24 mars, la zone
tenue par la 1ère Armée américaine au-delà de Remagen s’étalera sur 40 km
de large et 10 de profondeur. Trois corps d’armée l’occuperont prêts à
s’enfoncer en Allemagne*.
La saisie du pont de Remagen a un retentissement considérable. Hitler*
est furieux. Le maréchal von Rundstedt* est limogé. Quatre officiers jugés
responsables sont fusillés. La déconfiture de la Wehrmacht* éclate au grand
jour. Elle a laissé saisir un pont intact. (Ce pont ébranlé par les coups reçus
s’effondrera le 17 mars. Sans conséquences militaires. Le génie avait établi
d’autres passages de part et d’autre.)
La prise du pont ouvrira débat. Des officiers allemands, jugeant la guerre
perdue, n’auraient-ils pas sciemment laissé les Américains s’emparer du pont
afin d’accélérer l’avance des Occidentaux de préférence à celle des
Soviétiques ?

RÉMY
(1904-1984). Résistant français.
Gilbert Renault, mieux connu sous le nom de colonel Rémy. En juillet
1940, cet homme de droite refuse l’armistice, s’embarque pour l’Angleterre*
et propose ses services à la France libre*. Revenu en France* par l’Espagne*,
il constitue un réseau de renseignements qu’il baptise « Confrérie Notre-
Dame » et qui deviendra l’un des plus importants du BCRA* en France*
métropolitaine. Sans tenir compte des opinions politiques, il recrute des
agents bien introduits. Son réseau apportera des renseignements précieux
permettant de couler le Bismarck*, d’immobiliser le Scharnhorst*, de
détruire la station radar de Bruneval*, de situer les défenses du Mur de
l’Atlantique*, etc. D’un grand courage personnel, Rémy, bien que recherché
par la Gestapo*, effectuera plusieurs missions en France*, échappant par
miracle aux arrestations avant de devoir rester à Londres. Après le
débarquement, il est officier de liaison près du 21e GA américain.
Après la guerre, il plaidera en faveur du maréchal Pétain* et pour la
réconciliation des Français.
Compagnon de la Libération*.

RENARD ARGENTÉ
Nom de code de l’offensive allemande de 1941 en vue de prendre
Mourmansk* (voir Mourmansk, bataille pour).

RENAULT, GILBERT
(voir RÉMY)
RENAULT R 35
Char léger français prévu, à partir de 1933, pour remplacer les vieux FT
de 14-18 en accompagnement d’infanterie.
Poids : 9,8 tonnes ; vitesse : 20 km/h ; armement : 1 canon de 37 mm ;
1 mitrailleuse de 7,5 mm ; équipage : 2 hommes.
Au début de la campagne de France*, 945 R 35 sont en service. Ils
pèchent par leur lenteur et leur armement insuffisant.

RENDULIC, LOTHAR
(1887-1971). Général allemand.
Né autrichien, nazi affirmé. Après divers commandements dans les
Balkans*, sur le front de l’Est* et en Norvège*, succède à Dietl* à la tête des
troupes de Laponie en 1944. Commande ensuite le GA encerclé en
Courlande*, puis, à partir de mars 1945, le Groupe d’armées Sud et enfin le
Groupe d’armées Marche orientale (Ostmark).
Condamné à 20 ans de prison en 1948 pour crimes de guerre, est libéré en
1951.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne et glaives.

RENNELL, BATAILLE NAVALE DE L’ÎLE


Dernier engagement naval d’envergure dans la bataille de Guadalcanal*.
Le 30 janvier 1943, en protection de transports partis de Nouméa pour
Guadalcanal*, la TF 18 est attaquée par des Betty*, non loin de l’île Rennell,
au sud-est de Guadalcanal*. Le croiseur Chicago est gravement touché. Une
nouvelle attaque de Betty*, le lendemain, voit la destruction définitive du
Chicago, la majorité des appareils nippons étant abattue.
Cet engagement permet aux transports américains d’arriver sans
encombre à Guadalcanal* et d’y débarquer leurs renforts alors que les
Japonais ont commencé leur retrait de l’île.

REPULSE
Croiseur de bataille britannique, vétéran de la Première Guerre mondiale
et achevé en 1916. Bâtiment de 26 500 tonnes, d’une vitesse de 29 nœuds,
servi par un équipage de 1 309 officiers et marins, il est armé de 6 canons de
15 pouces, de 12 canons de 4 pouces, de 8 canons antiaériens de 4 pouces. Il
dispose de 4 hydravions de reconnaissance.
Le Repulse, de par son âge, pèche surtout par l’insuffisance du blindage
de ses ponts en cas d’attaque aérienne.
En décembre 1941, il est commandé par le capitaine de vaisseau Tennant
et appartient à la Force Z*, dont il partagera le sort tragique.

RÉSISTANCE
Opposition à l’occupant en principe allemand. (Il y eut des résistances
contre l’occupant soviétique ou italien.) Donc attitude absolument opposée à
la Collaboration*.
Cette résistance peut être extérieure ou intérieure, c’est-à-dire hors du
territoire national ou à l’intérieur de celui-ci. La France libre* de 1940 offre
un bon exemple de Résistance extérieure.
Pratiquement, avec toutefois des différences notables, tous les pays
occupés connaissent des Résistances. L’Allemagne a les siennes contre le
nazisme*.
Par Résistance s’entend généralement « résistance intérieure ». Celle-ci
peut prendre différentes formes :
— Réseaux de renseignements, d’actions, d’évasions.
— Mouvements en vue d’entraîner les populations.
— Groupes armés dont les maquis* sont la manifestation la plus connue.
Ces maquis* sont largement fonction de la géographie. Les zones
montagneuses de France*, de Yougoslavie*, les forêts d’Ukraine* ou de
Biélorussie connaîtront, par excellence, des maquis*.
Cette Résistance pour être efficace et même survivre a besoin de l’aide
extérieure (parachutages d’armement, de matériel, envoi d’instructeurs). En
retour, elle apporte des renseignements précieux sur l’ennemi.
Les Résistances nationales n’échapperont pas aux dissensions. En
Yougoslavie*, partisans de Tito* et de Mihailovic* se livreront une lutte à
mort, de même Élas* et Édes* en Grèce*. En France*, le climat n’est pas
toujours serein entre les mouvements, entre AS* et FTP*. Des résistants
accuseront les communistes de dénonciations aux Allemands.
Contrepartie de leurs faiblesses intrinsèques face à un adversaire
autrement mieux équipé (police, forces armées), les Résistances paieront
toujours un lourd tribut. Les Allemands à leur endroit et envers leurs
sympathisants se livreront à des monstruosités (voir Lidice* ou Oradour*). Ils
n’épargneront pas les populations.

RÉSISTANCE ALLEMANDE
La Résistance allemande contre le *nazisme existe dès 1933. Durant la
Seconde Guerre mondiale, elle se manifeste sous plusieurs aspects :
— communiste (voir Rote Kapelle),
— libérale (voir Schwartz Kapelle),
— intellectuelle, chez certains milieux étudiants (cercle dit de la « Rose
Blanche »),
— religieuse de la part d’évêques, de prêtres, de pasteurs,
— politique avec le cercle de Kreisau du comte von Moltke,
— militaire. Celle-ci est certainement la plus importante et aurait pu
réussir (voir attentat contre Hitler, complot contre Hitler).
Cette Résistance diversifiée est surtout douloureuse. Bon nombre
d’opposants perdront leur vie dans ce combat pour renverser Hitler* et son
régime. Combat non sans problèmes de conscience. Renseigner les Alliés*
pour contrer Hitler* (c’est souvent le cas) ne signifie-t-il pas œuvrer contre
l’Allemagne* et des compatriotes ?

RÉSISTANCE FRANÇAISE
La Résistance française est peut-être celle qui présente le mieux un
double aspect : Résistance extérieure et Résistance intérieure.
La Résistance extérieure est celle lancée par Charles de Gaulle*, le
18 juin 1940. Elle donne naissance à la France libre*, la France* combattante
et à tous ceux qui, hors de métropole, se dressent pour libérer la mère patrie.
La Résistance intérieure est sans doute, pour les Français, la Résistance
par excellence. Elle est celle du combat clandestin, sous l’occupant et sous
Vichy*, avec ses héros et ses martyrs. De Gaulle* l’évoque longuement en
ses Mémoires de guerre :
« ... Les premiers actes de résistance étaient venus des militaires. Des officiers, appartenant
aux états-majors de l’Armée et des régions, soustrayaient du matériel aux commissions
d’armistice. Le service de renseignements continuait d’appliquer dans l’ombre des mesures de
contre-espionnage et, par intervalles, transmettait aux Anglais des informations.
Dans la zone libre, « Combat », dont le capitaine Frenay* avait pris la tête, « Libération », où
Emmanuel d’Astier de la Vigerie jouait le rôle capital, « Franc-Tireur » dont Jean-Pierre Lévy
présidait l’organe dirigeant, déployaient une activité de propagande et recrutaient des formations
paramilitaires.
Dans la zone occupée, l’« Organisation civile et militaire » fondée par le colonel Touny,
« Ceux de Libération » dont Ripoche était le chef, « Ceux de la Résistance » que recrutait
Lecompte-Boinet, « Libération-Nord » qu’avait créée Cavaillès, enfin, dans le Hainaut, en
Flandre, dans le pays minier, « La Voix du Nord » dirigée par Houcke, ne se souciaient que du
combat et essaimaient de petits groupes clandestins, isolés les uns des autres... »

De Gaulle parle là des mouvements. En parallèle, s’édifient des réseaux


de renseignements ou d’action : Confrérie Notre-Dame de Rémy*, Alliance
de Loustaunau-Lacau* et Marie-Madeleine Fourcade*, et tant d’autres.
À cette Résistance qui s’élabore sur le sol métropolitain, de Gaulle*
donne un chef : Jean Moulin*, avec mission lointaine de fédérer toutes les
organisations existantes. Ce sera fait, en mai 1943, avec la première réunion
du CNR*.
Entre-temps, depuis « Barbarossa* », les communistes ont rejoint.
Longtemps en marge dans le cadre de l’OS puis des FTP*, ils finiront par
s’intégrer aux FFI* de 1944, non sans garder leur indépendance et certaines
arrière-pensées.
Parallèlement, l’invasion de la zone libre, le STO*, conduisent à la
formation de l’ORA* et à la création des maquis*.
Cette Résistance n’a qu’une unité relative. Les chefs s’opposent. Les
communistes prennent leurs ordres de Moscou. L’ORA* est plus
« giraudiste » que gaulliste.
Cependant, le 6 juin 1944, la Résistance française est prête. Elle a fourni
aux Alliés* des renseignements précieux sur l’occupant et son organisation.
Elle peut passer à l’action : sabotages des voies de communications,
harcèlement de la Wehrmacht*. Elle combattra un peu partout,
principalement en zone montagneuse (Alpes, Massif central), avec en point
d’orgue la Libération de Paris*.
Eisenhower estimera l’action de la Résistance française équivalant à celle
de quinze divisions, soit à un peu plus de 200 000 hommes, chiffres qui
correspondent effectivement à ceux des authentiques résistants, qu’ils soient
des mouvements, des réseaux ou des maquis*. Le prix payé aura été lourd :
30 000 fusillés, 24 000 maquisards tués, 45 000 déportés dont 40 % ne
reviendront pas.
RÉSISTANCE, MÉDAILLE DE LA
Médaille créée, le 9 février 1943, par le général de Gaulle, à Londres,
afin de :
« reconnaître les actes de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger,
auront contribué à la résistance du peuple français contre l’ennemi et ses complices depuis le
18 juin 1940 ».

Cette médaille sera conférée à 44 000 personnes, à 20 000 à titre


posthume, à 18 collectivités territoriales, à 21 unités militaires, et à 15
collectivités.
Son ruban noir est coupé de bandes rouges. Il supporte une médaille
circulaire portant au recto la Croix de Lorraine et au verso la mention : Patria
non immemor.
Un grade supérieur avec rosette sera conféré à 4 253 personnes.

RÉSISTANCE, RÉGIONS DE LA
(Y compris partie non occupée ou occupée suivant les zones.)
Dès 1941, Henri Frenay*, le patron de Combat, découpe la zone Sud libre
en six régions calquées sur celles de l’administration de Vichy*. La division
de la zone Nord occupée interviendra plus tard.

Zone sud :
Zone Nord :
RETHONDES, WAGON DE
Wagon où furent signés les armistices franco-allemands du 11 novembre
1918 et du 22 juin 1940.
Ce wagon-restaurant 2419 D fait partie d’un lot de 22 voitures acquis en
juin 1914 par le réseau de chemins de fer de l’Ouest-État. Affecté en juillet
1918 au train d’état-major du maréchal Foch, il est aménagé en salle de
réunions avec une grande table. C’est à ce titre que, le 11 novembre 1918, à
5 h 10, y est signé l’armistice de 1918.
Après celui de 1940, Hitler* donne l’ordre exprès de le transférer à
Berlin. Il est ensuite déplacé. En 1944, à Ohrdorf, petite ville de Thuringe,
une équipe de SS* procède à sa destruction.
Le wagon, actuellement en place à Rethondes, n’est donc qu’une copie.

REUBEN, JAMES
Destroyer américain torpillé le 31 octobre 1941, à 965 kilomètres à
l’ouest de l’Irlande*, alors qu’il escortait un convoi vers l’Angleterre*. Une
grande partie de son équipage disparaît dans le naufrage (115 officiers et
marins). C’est la première perte de la marine américaine, la guerre n’étant pas
encore déclarée entre les États-Unis* et l’Allemagne*.

RÉUNION, LA
L’île de la Réunion, 200 000 habitants, officiellement rattachée à
Madagascar*, n’a pas été affectée par l’occupation anglaise de la Grande Île
de mai et septembre 1942. Elle est donc restée sous l’administration de
Vichy*. Dans la nuit du 27 au 28 novembre, le contre-torpilleur Léopard, des
Forces navales françaises libres*, pénètre en rade de Saint-Denis et met à
terre sa compagnie de débarquement. Troupes et population acclament les
arrivants. La batterie de la Pointe-des-Galets se montre hostile et ouvre le feu.
Un civil est tué en s’interposant courageusement. Trois autres le sont par des
salves perdues. Réfugié dans l’intérieur avec 20 officiers et 400 hommes, le
gouverneur Aubert ne prolonge pas sa résistance et entérine le ralliement.
L’administrateur Capageny le remplacera peu après. La France* combattante
a ajouté la Réunion à sa couronne
REVIENDRAI, JE !
Apostrophe fameuse lancée, le 12 mars 1942, par le général MacArthur*
quittant les Philippines*, sur ordre formel de Roosevelt*.

RÉVOLUTION NATIONALE
Programme politique lancé par Philippe Pétain* et son entourage (Alibert
en premier lieu) à l’été 1940.
Cette Révolution Nationale est un assemblage. La pensée de Maurras,
d’abord et surtout, la vieille sève du nationalisme, l’influence du
personnalisme, le legs de la civilisation chrétienne, s’y côtoient. Ce large
puzzle, résultante de courants divers, possède néanmoins des dominantes :
autorité, patrie, régénération morale. Il ne peut être qualifié de fascisme*. Il
ne fait référence ni à l’athéisme ni à un quelconque racisme, hormis, très
bientôt, à un antisémitisme qui sera sa lèpre. (Ce ne sera pas la seule.) Il n’est
pas non plus proallemand. Bien au contraire. Le culte du chef s’y développe
sans retenue, ce qui n’est pas pour déplaire à Philippe Pétain*.
Cette Révolution Nationale aura des applications pratiques : la
Corporation paysanne, les Chantiers de la Jeunesse, les écoles de cadres, la
censure, le statut des Juifs.

REYNAUD, PAUL
(1878-1966). Homme politique français.
Le 1er septembre 1939, Paul Reynaud est ministre des Finances du
gouvernement Daladier*. Personnalité marquante du centre droit, il a
réputation d’économiste brillant. Avant le déclenchement du conflit, il a
soutenu le colonel de Gaulle* et ses conceptions sur l’emploi des blindés. En
1938, Paul Reynaud s’est opposé aux accords de Munich*. Le 18 mars 1940,
il est nommé président du Conseil, fonction qu’il cumule avec celles de
ministre des Affaires étrangères, puis de la Guerre (18 mai), avant de coiffer
l’ensemble, le 5 juin.
Paul Reynaud se présente donc comme l’homme fort du cabinet
affrontant l’offensive allemande du 10 mai. Confronté aux décisions à
prendre, il montre vite ses faiblesses. Le caractère, « vertu des temps
difficiles », suivant de Gaulle*, lui fait défaut. S’il remplace Gamelin* par
Weygand*, se jugeant par trop seul, il fait appel à Pétain* pour venir le
soutenir. La défaite militaire l’accable. Le président du Conseil s’avère
incapable de prendre des décisions et de les imposer à son gouvernement
largement divisé. Jugeant Weygand* trop pessimiste, il envisage de le relever
sans aller jusqu’au bout de ses intentions. Confronté au dilemme, armistice
ou poursuite de la guerre en AFN avec alliance formelle avec la Grande-
Bretagne*, il ne tranche pas. Du reste, est-ce vraiment lui qui décide, ou
madame de Portes, sa maîtresse ? Finalement, le 16 mai, il jette l’éponge et
conseille au président de la République d’appeler Pétain* pour lui succéder.
Paul Reynaud apparaît ainsi comme le premier responsable de la création
de l’État Français* et du régime de Vichy*, pour avoir tiré Pétain* de sa
retraite madrilène et, ensuite, avancé le nom de ce même Pétain* pour diriger
les affaires en perdition de la France*.
Arrêté en septembre 1940 pour responsabilités dans la défaite de la
France*, il est condamné, arbitrairement, par Pétain* à la détention au fort du
Pourtalet dans les Pyrénées. Tombé entre les mains des Allemands en
novembre 1942, il est déporté en Allemagne, détenu à Oranienburg, puis au
château d’Itter*. Libéré en mai 1945, de Gaulle* lui envoie son avion
personnel pour le rapatrier.
Venu déposer au procès Pétain*, il y aura une altercation sévère avec
Weygand*. En 1946, il retrouvera un siège de député.

REZA, SHAH PAHLAVI


(1878-1944).
Shah d’Iran depuis 1925. Ayant pratiqué une politique par trop favorable
à l’Axe*, son pays est occupé par Britanniques et Soviétiques le 25 août
1941. Lui-même est contraint d’abdiquer en faveur de son fils Mohammad
Reza le 16 septembre. Il mourra en exil en 1944.

RFM 1er (1er RÉGIMENT DE FUSILIERS


MARINS)
Le 1er bataillon de fusiliers marins, fort de 9 officiers, 4 aspirants, 18
sous-officiers et 190 marins, est constitué le 17 juillet 1940 par le lieutenant
de vaisseau Detroyat à partir des marins, présents en Grande-Bretagne*,
ralliés à la France libre*. Il est l’embryon du futur RFM. Ces fusiliers marins
seront de tous les combats des FFL* : Dakar*, Gabon*, Syrie* où Detroyat
est tué, Libye*, Tunisie*. Avant la Libye*, il a été transformé en unité de
DCA et assurera la défense antiaérienne de Bir-Hakeim*. Le 24 septembre
1942, le bataillon devient régiment sous les ordres du capitaine de frégate
Amyot d’Inville et s’équipe en matériel de reconnaissance. Avec la 1ère
DFL*, il sera en Italie* (où Amyot d’Inville sera tué), puis en France. Le
8 août 1945, il rejoindra la Marine nationale.
De 1940 à 1945, le 1er RFM a perdu 195 des siens dont 12 officiers, et
gagné 31 Croix de la Libération*.
Unité Compagnon de la Libération*.

RHINOCEROS
Nom donné à un char Sherman* équipé d’une lame pour forcer des
brèches dans les talus et les haies de Normandie*. Son invention serait due au
sergent américain Culin.

RIBBENTROP, JOACHIM VON


(1893-1946). Homme politique allemand.
Homme d’affaires dans un premier temps, rallié très tôt au nazisme*,
facilite l’accès de Hitler* au pouvoir en 1933. Sa connaissance de l’anglais,
les services rendus, son habileté, un certain sens de l’intrigue, le propulsent
dans la voie diplomatique. En 1936, il est ambassadeur à Londres et en
1938 ministre des Affaires étrangères. À ce titre, suivant les prescriptions de
Hitler*, il se rapproche de l’Italie* et signe le traité de non-agression*
germano-soviétique du 23 août 1939. Après quoi, nazi fidèle, il s’alignera sur
toute la politique de son Führer*.
Le TMI de Nuremberg* le condamnera à mort et il sera pendu le
16 octobre 1946. L’homme, sur le fond, était vaniteux et belliqueux.
RIBBESFORD
Commune et manoir d’Angleterre abritant, de 1942 à 1944, après Rake
Lanor et Malvern, l’École des Cadets de la France libre*. Ces Cadets, futurs
officiers, au nombre de 211, seront formés en cinq promotions ; 52 mourront
pour la France, 7 seront Compagnons de la Libération*.
En 1954, il leur sera conféré rang et titre de saint-cyrien. De Gaulle*
écrira d’eux : « Dans son chagrin, aux pires heures de son Histoire, ils ont
consolé la France. »

RICHELIEU
Cuirassé français de 35 000 tonnes. Achevé à 95 %, quitte Brest le
18 juin 1940, emmenant à son bord les élèves de l’École navale. Avarié à
Dakar* par les avions britanniques le 8 juillet 1940. Envoyé aux États-Unis
de février à octobre 1943 pour être réparé et modernisé. Fera ensuite
campagne contre le Japon* dans l’océan Indien.

RICHTIE, NEIL.
Général britannique.
Au lendemain d’un avancement ultrarapide, Richtie prend, le
26 novembre 1941, le commandement de la VIIIe Armée anglaise en Libye*.
Après quelques succès locaux, la chute de Tobrouk* signe sa relève le 25 juin
1942. Par la suite, il commandera un corps d’armée en France* et en
Allemagne*.

RIDGWAY, MATTHEW
(1895-1993). Général américain.
Sorti de West Point* en 1917, prend en 1942 le commandement de la
82e division d’infanterie qu’il transforme en division aéroportée (82e
Airborne*). Combat avec elle en Sicile* et Italie* en 1943, puis saute à sa
tête, en Normandie*, le 6 juin 1944.
En décembre 1944, et jusqu’à la fin de la guerre, commande le 18e CA
aéroporté intervenant en Hollande*, Belgique* et Allemagne*.
Après la Seconde Guerre mondiale, le général Ridgway poursuivra une
brillante carrière militaire qui le verra commandant en chef en Corée, puis à
la tête de l’armée américaine.

RINGWAY
Aéroport civil de Manchester, en Grande-Bretagne*, où est créée, en juin
1940, « The Central Landing School », transformée en août en « Central
Landing Establishment ».
C’est à Ringway, en dépit de conditions météorologiques peu favorables,
que seront formés les parachutistes britanniques (mais aussi français,
polonais, etc.) ainsi que les agents à parachuter en Europe. Sauts de Whitley*
et de ballon (le plus éprouvant).
Sept sauts dont deux de ballon sont nécessaires pour obtenir le brevet
anglais de parachutiste.
Le premier mort de Ringway sera Driver Evans (parachute en torche).
422 400 sauts seront effectués à Ringway durant la guerre.

RIO DE JANEIRO, CONFÉRENCE DE


Conférence tenue à Rio de Janeiro, du 15 au 28 janvier 1942, par les États
américains et faisant suite aux conférences de Panama et de La Havane. Les
États-Unis* espéraient amener l’ensemble des États américains à entrer en
guerre contre l’Axe*. L’opposition du Chili* et de l’Argentine* y fait
obstacle. Il est simplement recommandé de rompre les relations
diplomatiques avec Rome et Berlin. (Pour ce faire, le Chili* attendra le 20
janvier 1943 et l’Argentine* le 26 janvier 1944.) La conférence établit
également la création d’un Bureau interaméricain de défense.

RIO DE LA PLATA, BATAILLE DU


(voir GRAF VON SPEE)

RIOM, PROCÈS DE
Le procès dit de Riom, à cause de sa localisation, est voulu par Vichy*
pour sanctionner les responsables de la défaite française de juin 1940. Sont
ainsi accusés : Léon Blum, président du Conseil du Front populaire, Édouard
Daladier*, le général Gamelin*, Guy La Chambre, ancien ministre de l’Air,
et le contrôleur général Jacomet.
Le procès, ouvert le 12 février 1942, se retourne assez vite contre ses
auteurs. Pétain*, membre du Conseil supérieur de la Guerre, a été ministre de
la Guerre en 1934 et est susceptible d’être mis en cause. Daladier* se défend
avec force et accuse, chiffres à l’appui. Les Allemands souhaitaient voir la
France* accusée d’avoir déclaré la guerre et il n’en est rien. Finalement, sur
intervention d’Abetz*, le procès est suspendu le 11 avril et ne sera jamais
repris.

RITZ-SMIGLY
(1886-1941). Maréchal polonais.
Ce fidèle de Pilsudski, promu maréchal en 1936, est l’un des hommes
forts du régime polonais dit « des colonels » d’avant 1939. Le 1er septembre
1939, commandant en chef de l’armée polonaise, il doit faire face aux
invasions allemande puis soviétique. La faiblesse de ses moyens, un
dispositif trop étiré le long de la frontière occidentale, ne lui permettent pas
de résister aux PD*. L’Armée rouge* finit de donner le coup de grâce aux
Polonais. Le 18 septembre, Ritz-Smigly pour échapper à la capture passe en
Roumanie où il est interné. Il s’évade en octobre 1941 et rentre en Pologne*
pour poursuivre la résistance comme simple combattant. Il décède peu après.
Violemment hostile aux Soviétiques, il avait, à l’été 1939, refusé le
principe d’un concours de leur part. Il s’était également opposé à Sikorski*,
son successeur comme commandant en chef en exil.
Outre de nombreuses décorations polonaises, il était Grand-Croix de la
Légion d’honneur.

RMBPD (ROYAL MARINE BOOM PATROL


DETACHMENT)
Troupe britannique de commando par moyens amphibies, créée le 6 juin
1942. Dix membres de cette unité participeront au commando dans la
Gironde en décembre 1942 (voir Gironde, commando dans la).

RMLE (RÉGIMENT DE MARCHE DE LA


LÉGION ÉTRANGÈRE)
Héritier du célèbre RMLE de 14-18, il est constitué le 1er juillet 1943 en
Algérie avec des anciens de Tunisie* et des rescapés de 1940. Régiment
d’infanterie portée de la 5e DB française, le RMLE se battra de la Provence
au Danube, ayant 417 tués et 1 278 blessés sur un effectif moyen de 2 000.
Chefs de corps : colonels Tritschler, Gaultier et Olié. Deux citations à
l’ordre de l’armée. Distinguished Unit Citation du Président des États-Unis*.

ROATTA, CARLO
(1886-1968). Général italien.
Attaché militaire à Berlin en 1939, il est ensuite chef d’état-major général
de l’armée de terre en 1941 et 1942. Commande les 2e et 6e Armées en 1942-
43. Gouverneur militaire de Rome en septembre 1943, il renonce à défendre
la capitale contre les Allemands.

ROBERT, GEORGES
(1875-1965). Amiral français.
Après l’armistice de juin 1940, est nommé haut-commissaire dans les
Antilles françaises. Anglophobe et hostile à la France libre*, il maintient
toutefois de bons contacts avec les États-Unis*. En novembre 1942, il refuse
l’ordre de Darlan* de reprendre le combat contre les Allemands. Une sédition
civile et militaire le renversera en juillet 1943 et il sera remplacé par un
envoyé du CFLN*.
Condamné à 10 ans de prison en 1947, il sera libéré sur appel.

ROESSLER, RUDOLF, ALIAS LUCY*


(1897-1958).
Antinazi allemand, émigré à Lucerne, disposant de sources au niveau du
haut commandement allemand et grâce auxquelles il informe régulièrement
Moscou des décisions de l’OKW* concernant le front de l’Est*. Annonce
notamment le déclenchement de « Barbarossa* ».

ROKOSSOVSKI, CONSTANTIN
(1896-1968). Maréchal soviétique.
D’origine polonaise, se rallie à la Révolution et rejoint l’Armée rouge*.
Arrêté en 1937, fait l’objet de sévices avant d’être envoyé quelque temps
en camp de concentration. Colonel en 1939, commande une armée devant
Moscou* en 1941, puis différents Fronts*. Participe en particulier à
l’encerclement de Stalingrad*. Maréchal le 29 juin 1944. Fera jonction avec
les Britanniques en 1945.
Héros* de l’Union soviétique.

ROL-TANGUY
(1908-2002). Résistant français.
Cet ouvrier métallurgiste, militant communiste engagé, ancien des
Brigades internationales, mobilisé en septembre 1939, est cité pour sa
conduite au feu en juin 1940. Démobilisé, il fait partie de ces communistes,
peu nombreux à l’époque, qui refusent l’armistice. Dès octobre 1940, il passe
dans la clandestinité et milite au sein de l’OS (Organisation spéciale) et des
FTP*. Après des séjours en province, il revient sur Paris en avril 1943. À la
fin de l’année, devenu Rol du nom d’un ancien des Brigades tombé en
Espagne, il intègre l’état-major parisien FFI* en cours de constitution. En
juin 1944, il est promu chef régional FFI* de la région P1 (Seine, Seine-et-
Oise, Seine-et-Marne), avec le grade de colonel. À ce poste, il prépare et
dirige l’insurrection devant conduire à la libération de Paris*. Le 25 août, à la
gare Montparnasse, il signe aux côtés de Leclerc* l’acte de reddition de von
Choltitz* (acte qui sera reproché à Leclerc* par de Gaulle*). Il rejoint ensuite
la 1ère Armée*, étant admis comme lieutenant-colonel dans l’armée active. Il
sera mis à la retraite en 1962, ayant toujours été tenu en suspicion en tant que
communiste.
Est avec le colonel Fabien* et Gabriel Péri* la figure emblématique de la
Résistance* communiste.
Compagnon de la Libération*.

ROME, PRISE DE
Manœuvrant par les hauts, le CEF* du général Juin* a gagné la bataille
du Garigliano et percé les lignes Gustav* et Hitler*. Son action a forcé les
Allemands au repli. Dans la nuit du 17 au 18 mai 1944, ils ont abandonné
Cassino* et Monte Cassino*, ouvrant aux Britanniques la vallée du Liri. De
même, le long de la côte, les Américains ont été soulagés et ont pu progresser
sur la via Appia. La route vers Rome est ouverte. Les Français en pointe dans
les monts Lepini sont en mesure d’entrer les premiers dans la Ville éternelle.
C’est sans compter avec les fiertés nationales et personnelles.
Le 23 mai, à 6 h 30, les divisions de la poche d’Anzio* passent à
l’offensive. La défense allemande est tenace. Les Américains du général
Truscott* éprouvent des pertes sévères. Si Cisterna, objectif immédiat, n’est
pas atteinte, la via Appia l’est. Le 25, les IIe et VIIe CA US se donnent la
main à Borgo Grappa, à 30 km à l’est d’Anzio. Enfin, le chaudron n’existe
plus. Son isolement aura duré 125 jours. Le CEF*, qui, après les monts
Ausoni, a enfilé les monts Lepini dans leur longueur, devance toujours
allégrement les uns et les autres, forçant l’Allemand Vietinghoff* à hâter le
repli de son armée par le Liri et le Secci.
De loin, Churchill* vit la bataille. Le 28 mai, il mande à Alexander*,
responsable de l’ensemble :
« Je suis sûr que vous avez très soigneusement envisagé l’envoi de blindés en plus grand
nombre, par la voie Appienne, dans la pointe septentrionale dirigée contre la route Valmontone-
Frosinone. Une rafle de l’ennemi a beaucoup plus de valeur que la prise de Rome qui, de toute
façon, suivra. Cette rafle est la seule chose qui importe. »

Le civil raisonne en stratège. Détruire l’ennemi est toujours l’objectif


premier. Dans le cas présent, une irruption sur ses arrières, sur la via Casilina,
entre Valmontone et Frosinone, en offre l’opportunité.
Le militaire impliqué va réagir en sous-lieutenant en quête de médailles.
Alexander* répercute sur Clark*, son subordonné, et lui enjoint de faire
effort plein nord-est sur Valmontone où converge la majorité de la Xe Armée
de Vietinghoff*. Clark* a besoin d’une gloire qui jusqu’à présent se refuse à
lui. Il se dérobe et n’exécute pas les prescriptions d’Alexander*.
Au lieu de porter tout son effort sur Valmontone, il se scinde. De ses
divisions d’Anzio*, il n’en expédie qu’une sur Valmontone (par la suite, il
fera glisser derrière elle le IIe CA, débouchant de la côte). Les autres – 6 en
tout –, il les dirige sur Rome. Directement. Le résultat ne se fait pas attendre.
Les diverses fractions se retrouvent un peu comme les Curiaces devant
les Allemands qui se raidissent dans les monts Albains, en plein cœur de leur
dispositif. Elles sont incapables de déboucher rapidement. En gagnant
quelques jours, les défenses de Kesselring* permettent au flot des unités de
retraiter en bon ordre.
Du coup, Clark*, pour remplir quand même la mission que lui a confiée
Alexander*, presse Juin* de sortir des monts Lepini qu’il était censé ne pas
devoir quitter pour laisser la voie libre « aux petits camarades » anglais.
Ceux-ci sont encore à Gerentino, 30 km à l’arrière. Le 2 juin, la 3e DIA*
entre dans Colleferro, à l’est de Valmontone, et à quelques jets de pierre de la
RN 6. Attention, celle-ci est propriété privée ! Le IIe CA US qui survient,
marchant sur Valmontone entre monts Alvains et Lepini, se l’adjuge.
Le CEF* n’a pas droit à Rome. Il peut seulement déborder la ville par
l’est, atteignant Tivoli puis le Tibre, le 4 juin.
Clark* voulait Rome à titre personnel. Il va l’avoir. Sa Ve Armée est
seule devant la ville. Son IIe CA arrivant de Valmontone roule sur la via
Casilinia, son VIe CA sur la via Appia. Par Ostie s’avance un nouveau IVe
CA. Contre eux, il n’y a que les parachutistes de la 4e division chargés de
mener un combat retardateur. Kesselring* a obtenu de Hitler* l’autorisation
de se replier et a déclaré Rome ville ouverte.
Le 4 juin, à 18 h 15, les GI’s* de la 88e DI surgissent place de Venise au
pied même du balcon d’où jadis Mussolini* haranguait les foules.
Clark* peut se poser en vainqueur au Capitole, acclamé par une
population en liesse. Hier, la foule criait : « Viva il Duce* ! » Aujourd’hui,
elle applaudit les « Liberatori » et un grand général dégingandé, heureux
d’avoir enfin un titre de gloire à son actif.
La chute de l’une des capitales de l’ancien Axe* est évidemment célébrée
comme il se doit. Encore que, une autre opération, Overlord*, aura tôt fait de
l’éclipser. Incontestablement, il y a eu victoire. Mais les pavillons nationaux,
les amours-propres personnels ont interdit la grande rafle que souhaitait
Churchill*. Les Allemands ont perdu 25 000 hommes, mais la majeure partie
de leurs forces a réussi à se dérober. La nasse n’a pas été fermée à temps dans
les vallées du Liri et du Secco. Les responsables ? Alexander* pour avoir
voulu privilégier ses compatriotes. Clark* pour avoir « joué personnel ». Tout
cela se paiera bientôt au prix fort. Kesselring*, affaibli mais non KO, se
rétablira sur la ligne Gothique* qui redeviendra une autre ligne Gustav*,
synonyme, comme celle-ci, de temps perdu et de sang versé.

ROMMEL, ERWIN
(1891-1944). Maréchal allemand.
Jeune officier, il gagne, en 1917, la célèbre décoration Pour le mérite*.
En 1939, commande l’unité de protection du quartier général de Hitler*.
Promu général, il obtient, pour la campagne de France*, le commandement
de la 7e PD. Se montre un chef manœuvrier et énergique. Sa 7e PD par sa
rapidité de manœuvre obtient le surnom de « Division fantôme ».
Au début de 1941, il est envoyé en Libye*, avec un corps expéditionnaire
allemand, soutenir les Italiens en difficulté devant les Anglais. Confirme ses
qualités de chef et se crée sur son nom une véritable légende. Après avoir
enlevé Tobrouk* en juin 1942, est promu maréchal, le plus jeune de l’armée
allemande. Loin de la volonté du Führer*, il a l’avantage de conduire ses
opérations à sa guise, n’hésitant pas à enfreindre des ordres comme celui par
exemple sur le sort à réserver aux commandos.
Rommel est né pour commander. L’autorité lui est naturelle. Elle ne lui
interdit pas de payer d’exemple. Toujours de l’avant pour voir, juger et
décider. Il est de la race de ceux qui lancent : « En avant, derrière moi ! »
Sans doute, après sa victoire à Tobrouk*, pèche-t-il par présomption. Il
escompte en finir avec les Britanniques en poussant résolument de l’avant. Il
oublie la longueur de ses lignes de communications et les pertes de ses
troupes.
Battu à El-Alamein*, en octobre 1942, par un adversaire très supérieur en
effectifs et armement et près de ses bases, il effectue une retraite habile.
Devant l’imminence de la défaite en Tunisie*, malade, il est rappelé en
Allemagne* en mars 1943. Après un passage en Italie*, est nommé, en
novembre 1943, commandant du Groupe d’armées B sur le front de l’Ouest.
La défense du littoral de la Meuse à la Loire lui incombe. Ayant constaté les
effets de la supériorité aérienne alliée, contrairement à son supérieur direct, le
maréchal von Rundstedt*, prône une riposte immédiate en rapprochant les
éléments d’intervention des lieux de débarquements possibles. Est du reste
persuadé, comme Hitler*, que ce débarquement surviendra en Normandie
entre Caen et Cherbourg.
Grièvement blessé par le mitraillage d’un avion allié le 17 juillet 1944,
rentre en Allemagne* en convalescence. Sans être, semble-t-il, partie
prenante directe dans le complot* du 20 juillet, était très certainement au
courant. Au fond de lui-même, il estimait que la guerre était perdue et que
Hitler* devait être renversé pour permettre d’engager des pourparlers de paix.
C’est pourquoi il avait prêté une oreille attentive aux opposants au régime et
accepté de leur apporter son concours.
Le suspectant, Hitler*, en octobre 1944, le fait placer devant un terrible
dilemme : cour de justice ou suicide avec funérailles nationales et immunité
pour sa famille. Le maréchal choisit la mort.
Chef auréolé et adoré de ses hommes, Rommel*, bien que sympathisant
de Hitler* dans les premiers temps, laisse, par-delà ses qualités militaires, le
souvenir d’un soldat patriote, lucide et respectueux des lois de la guerre.
Croix de chevalier avec feuilles de chêne, glaives et diamants.

ROMMEL, OBJECTIF
Pour appuyer l’opération Crusader* de novembre 1941 en Libye*, le
commandement britannique a prévu des actions de diversion : raids contre les
oasis du sud, attaques d’aérodromes par des commandos et principalement
coup de main pour éliminer celui que Auchinleck* désigne sous le nom de
« notre ami Rommel ».
Les services de renseignements pensent avoir localisé son PC : un
bâtiment dénommé la « Prefettura », situé à Beda Littoria, village de
colonisation sur la Via Balbia, non loin des ruines de l’antique Cyrène et à
une vingtaine de kilomètres de la côte.
La charge d’éliminer Rommel* est confiée au 11e commando écossais qui
appartient au groupement du colonel Laycock*. Son chef, le major Keyes*,
sourire de grand enfant mais courage et moral à toute épreuve, a de qui tenir :
il est le fils de l’amiral Keyes*.
Six officiers et 53 commandos embarquent à Alexandrie* dans deux
sous-marins, le Torbay et le Talisman. Les deux bâtiments abordent la côte
libyenne dans la nuit du 13 au 14 novembre 1941. La mer est démontée.
Keyes*, son adjoint le capitaine Campbell et 22 commandos parviennent à
gagner la grève. Laycock*, qui a tenu à participer à l’expédition, ne rejoint
qu’avec sept hommes.
Avec ces effectifs diminués, les plans doivent être revus. Deux objectifs
secondaires sont abandonnés. Une petite équipe se chargera de détruire un
pylône de communications au sud de Cyrène. Keyes*, Campbell et un autre
groupe se porteront sur la « Prefettura ». Enfin, Laycock* et trois hommes
resteront en recueil près du rivage.
Pluies et vents se déchaînent sans grande interruption. Imperturbable,
Keyes* estime que ce mauvais temps les aidera.
Progressant la nuit, se terrant de jour dans les fonds d’oueds, le
commando Keyes* finit par atteindre une grotte, refuge nauséabond d’un
troupeau de chèvres, qui fournit du moins un havre sec. Il n’est plus qu’à
5 miles de la « villa de Rommel ».
Vers 23 heures, dans la nuit du 17 au 18 novembre, Keyes* et ses
hommes arrivent sur leur objectif. Le décor correspond bien à ce qui leur a
été décrit. La Via Balbia file au milieu du village. De chaque côté s’alignent
les maisons des anciens colons italiens. Un peu à l’écart, derrière un massif
de cyprès, se dresse un grand bâtiment cubique à deux étages : la fameuse
« Prefettura ».
Tandis que quelques commandos abordent l’arrière de l’immeuble,
d’autres, emmenés par Keyes* et Campbell, se glissent vers la porte d’entrée.
Sur le seuil, une sentinelle se protège des intempéries. Une courte lutte
s’engage pour la neutraliser. Robuste, l’Allemand se défend bien. L’alerte est
donnée. Keyes* et Campbell se précipitent à l’intérieur. Devant eux s’ouvre
un vaste hall d’où part un escalier menant aux étages. Dans une pièce voisine,
légèrement éclairée, deux sous-officiers empoignent leurs armes. Des rafales
crépitent alors que Keyes* projette une grenade puis une autre. Soudain, un
officier se dessine sur le palier, un pistolet à la main. Il tire. Keyes*
s’affaisse, touché près du cœur. D’une salve meurtrière, Campbell venge son
chef. Dans la pénombre devenue générale, la fusillade ne dure que quelques
secondes. Campbell s’effondre à son tour, un tibia brisé.
L’affaire a échoué. À la hâte, le sergent Terry regroupe ses hommes et
ordonne le repli vers la côte où attend Laycock*. Campbell, intransportable,
doit être laissé sur place. Il sera correctement soigné par les Allemands.
La chance se refuse d’être complice du retour. Le sous-marin ne reçoit
pas les appels. Laycock* doit donner l’ordre de se disperser dans l’espoir
d’être récupérés lors de l’avance de la VIIIe Armée. Seuls Laycock* et Terry,
après 42 jours d’épreuves et de pérégrinations, y parviendront. Tous leurs
compagnons seront peu à peu capturés.
Rommel* n’avait fait que quelques passages occasionnels à la
« Prefettura ». La maison n’était que le quartier général de l’intendance
allemande.
Quatre Allemands, un Britannique tués, lors de l’attaque ; trente autres
Britanniques faits prisonniers. Le bilan, à première vue, est lourd sans être
totalement négatif. Allemands et Italiens sont contraints de renforcer leurs
arrières. Les Anglais tirent fierté et ardeur de l’audace de leurs camarades.
Geoffrey Keyes* sera promu lieutenant-colonel et recevra la Victoria
Cross* à titre posthume.

ROOSEVELT, FRANKLIN D.
(1882-1945).
Homme politique américain et président des États-Unis* de 1933 à sa
mort.
N’y aurait-il pas deux Roosevelt ? Le premier, imprégné de bons
principes, a la lucidité de comprendre quel péril le nazisme* représente pour
les libertés et en tire les conclusions. Churchill* a en lui son premier et
principal soutien. Roosevelt se présente alors comme l’homme de la Charte
de l’Atlantique*, du Prêt-bail* et de la levée de l’Amérique contre les
totalitarismes hitlérien et japonais.
Le second Roosevelt, infatué de sa personne, affaibli par la maladie, ne
voit pas venir la suite. L’après-guerre devait porter le poids de son
aveuglement devant le danger soviétique. À Téhéran* comme à Yalta*, il
cède à Staline* et s’oppose aux suggestions de Churchill* qui préconise
d’accentuer l’effort en Italie* afin que les Anglo-Américains atteignent les
premiers l’Europe centrale. Les Français sont en droit de lui reprocher son
refus, au nom d’un anticolonialisme dépassé, de les aider en Indochine*, en
mars 1945, contre l’ennemi commun japonais.
Roosevelt n’en eut pas moins le mérite d’avoir engagé son pays dans la
croisade en Europe et la lutte contre l’impérialisme japonais. À ce titre, le
monde libre, à lui comme à Churchill*, doit beaucoup.
À noter que, rompant avec une tradition établie par Washington, le
démocrate Roosevelt devait se présenter, avec succès, pour un troisième et un
quatrième mandats.

ROOSEVELT, THEODORE
(1887-1944). Général américain.
Fils et cousin éloigné de deux présidents américains, respectivement :
Theodore Roosevelt (1901-1908) et Franklin Roosevelt* (1933-1945).
Commandant adjoint de la 4e DI US, débarquant en tête à Utah Beach*, il
a tenu à se joindre à la première vague en affirmant non sans raisons : « Ça
rassurera les gamins de me voir parmi eux. » Se montre effectivement ce
jour-là un exemple. Son sang-froid, son courage lui mériteront la Médaille
d’Honneur du Congrès*.
Nommé à la tête d’une division, il devait décéder peu après, le 12 juillet,
d’une crise cardiaque.

ROSENBERG, ALFRED
(1893-1946).
Théoricien allemand du nazisme*, de l’antisémitisme et du racisme
germanique, est nommé en juillet 1941 Reichminister dans les territoires
occupés de l’Est* après avoir, depuis 1940, pillé les trésors artistiques en
Europe occupée.
Avait, en 1937, reçu le premier « prix national » avec les attendus ci-
dessous :
« A aidé par ses publications à poser les bases scientifiques et intuitives de la philosophie
national-socialiste. A lutté sans se lasser pour la maintenir pure et la renforcer. L’avenir seul
permettra d’estimer à sa juste valeur la profondeur de son influence. »

Pour crimes de guerre, sera condamné à mort et exécuté à Nuremberg en


1946.

ROTE KAPELLE
(voir ORCHESTRE ROUGE)

ROUGIER, LA MISSION
Derrière la façade officielle de Montoire* et de la collaboration, Philippe
Pétain* ne dissimule-t-il pas un autre jeu ? Tel le parachutiste, ne s’est-il pas
prémuni en doublant son dorsal germanique d’un ventral britannique ? Le fait
n’est pas impossible. Il est même probable. Des faits troublants entourent
Montoire*.
Tout d’abord, aucune raison sérieuse n’autorise à penser que Pétain*
préfère les Allemands aux Anglais. Il s’est battu avec les seconds contre les
premiers. Il a toujours été reçu par eux en ami. Il a également intérêt à
s’entendre avec eux. Le 30 juillet 1940, Churchill* a décrété le blocus des
côtes françaises tant métropolitaines que coloniales. Ce blocus pénalise les
Français. Un terrain de conciliation, à condition qu’il soit discret, s’inscrit
dans une certaine logique.
Le 30 octobre au soir, avec la plus grande discrétion, en se gardant
surtout de Pierre Laval*, le chef de l’État reçoit l’ambassadeur du Portugal*
et le prie de transmettre à Churchill* son engagement formel :
« Montoire* ne débouchera jamais sur une alliance militaire avec l’Allemagne*. Jamais, il
n’autorisera, lui, Pétain*, des hostilités contre la Grande-Bretagne*. »

Quelque temps après surviendra ce que certains dénomment l’accord


Halifax*-Chevalier. Lord Halifax*, secrétaire d’État au Foreign Office, et
Jacques Chevalier, ministre de l’Éducation nationale, entretiennent, de par
leurs souvenirs communs d’étudiants, des relations amicales. Pierre Dupuy,
ministre du Canada* en France*, assure le contact entre eux. C’est lui qui
remet à Chevalier un mémoire rédigé par Halifax* :
« Que les amis français sachent que nous sommes dans une situation extrêmement délicate.
Nous ne pouvons nous sauter au cou. Il faut maintenir entre nous une tension artificielle. Si
l’Allemagne* se doutait de notre intimité, l’article X de la Convention d’armistice jouerait
aussitôt. Mais, derrière cette façade de mésentente, il faut nous unir. »

Chevalier ratifie la teneur du message. Pétain* prend connaissance de ce


modus vivendi. Il l’approuve en modifiant un terme ; il remplace « tension »
par « froideur ». Entre France* et Angleterre* doit donc exister une froideur
artificielle.
La pièce majeure du dossier serait passée par un professeur d’université,
Louis Rougier. Le 24 octobre 1940, le jour même où Pétain* rencontre
Hitler* à Montoire*, Louis Rougier pénètre dans le bureau de Winston
Churchill*. S’étant proposé pour une mission de bons offices, il est arrivé à
Londres l’avant-veille. Avant son départ de France* – et là est l’important –,
il a été reçu personnellement par Pétain*. L’homme peut donc se targuer de
se présenter en émissaire officieux. (Passé par la Suisse*, avec l’aval des
autorités françaises, il a gagné Londres, où il s’est vu notifier l’interdiction
formelle de contacter les « gaullistes ».)
De ses entretiens avec Churchill* (il y en aura deux), ainsi qu’avec Lord
Halifax*, découle ce que Rougier qualifiera de « gentleman’s agreement »
prévoyant : le rétablissement futur de la France* dans son intégrité ;
l’atténuation du blocus anglais ; l’engagement anglais de ne plus s’en prendre
aux colonies françaises et, en contrepartie, celui de Vichy* de ne pas attaquer
les territoires d’Empire ralliés à de Gaulle* ; l’abstention de critiques sur la
radio anglaise contre le maréchal Pétain* ; l’engagement renouvelé du
gouvernement français de saborder les unités de la flotte plutôt que de les
laisser tomber aux mains des Allemands et des Italiens.
Churchill* a signé cet « agreement ». Pétain* en prendra connaissance et
l’approuvera. À défaut d’un traité formel, impossible à conclure. Dans le
contexte, le document peut être regardé comme ce que les financiers
appellent une lettre d’intention. Il a valeur d’engagement. Il est l’expression
d’une volonté. Il sera de bon ton, après 1945, de minimiser la mission
Rougier. Effectuée au vu et au su de Philippe Pétain*, elle n’en demeure pas
moins la manifestation d’une arrière-pensée à l’heure de Montoire*.
Dans la pratique, on constatera également que les clauses de cet
« agreement » seront globalement respectées. Sauf dans un cas, la Syrie*.

ROUMANIE
La Première Guerre mondiale avait été bénéfique pour la Roumanie. Elle
avait vu la naissance de la Grande Roumanie, englobant la Bucovine du nord,
la Bessarabie* et la Transylvanie. Elle était passée de 138 000 kilomètres
carrés à 295 000 et de 7 millions et demi d’habitants à 16 millions.
Croissance non sans dangers. Les acquisitions s’étaient produites au
détriment des voisins et elles incluaient des minorités ethniques.
La Roumanie de l’entre-deux-guerres s’était tournée vers l’allié qui lui
avait permis cette extension : la France*. Elle faisait partie de la Petite
Entente avec la Tchécoslovaquie* et la Yougoslavie*. Cet entre-deux-guerres
toutefois avait été perturbé par des rivalités intestines souvent sanglantes et la
présence d’un virulent parti fasciste et antisémite : la Garde de fer.
Le 1er septembre 1939, le roi Carol* II est au pouvoir, pratiquant une
quasi-dictature. La disparition de la Tchécoslovaquie* a mis fin à la Petite
Entente et la Roumanie se retrouve isolée face à l’Allemagne*, alliée
maintenant de l’URSS*.
La déconfiture française de juin 1940 l’isole encore un peu plus.
L’URSS* en profite pour annexer la Bessarabie* et la Bucovine du nord.
L’Allemagne* également. Pour satisfaire son allié hongrois, par l’arbitrage de
Vienne* (30 août 1940), elle impose la cession de la Transylvanie
septentrionale à la Hongrie* et même de la Dobroudja méridionale à la
Bulgarie*. Ces amputations territoriales sont très mal ressenties par l’opinion
publique roumaine. Elles précipitent la chute du roi Carol*. Le 6 septembre
1940, le monarque abdique en faveur de son fils Michel*, 18 ans. Le général
Antonescu*, ancien chef d’état-major de l’armée roumaine, devient le
véritable maître du pays. Ce général, connu depuis longtemps pour ses
sympathies fascistes, se proclame Conducator* et se range résolument
derrière Hitler*.
La Roumanie a basculé dans le camp nazi. Elle y représente une carte
précieuse. L’Allemagne* n’ayant plus la possibilité de recevoir du pétrole par
la mer, les puits roumains de Ploesti* sont pour elle d’une importance vitale.
Le 20 septembre, des détachements de la Wehrmacht* partiront prendre
garnison en Roumanie. Le 23 novembre, Antonescu* adhérera au Pacte
tripartite*.
Soucieux de récupérer les provinces perdues, le Conducator* va plus loin.
Il prête une oreille complaisante aux propositions allemandes. Le 22 juin
1941, deux armées, soit 28 divisions, se joignent à la Wehrmacht* pour
l’opération « Barbarossa* ».
La Roumanie tire un dividende immédiat de sa participation. Elle
reconquiert la Bessarabie* et Hitler* lui octroie Odessa* et la Transnistrie*
entre Dniestr et Bug. Antonescu* connaît son moment de popularité. Un
moment qui ne dure pas. Stalingrad* coûte cher aux IIIe et IVe Armées
roumaines qui y sont décimées.
Il n’est pas que Stalingrad*. La présence allemande, l’antisémitisme de la
Garde de fer et d’Antonescu* frappent durement la communauté juive de
Roumanie qui part pour les camps d’extermination (270 000 morts).
Il est encore les bombardements. Décollant d’Italie*, les bombardiers
alliés s’en prennent à Ploesti* et aux positions allemandes signalées. La
population civile, surtout celle de la région de Ploesti*, est lourdement
frappée.
Les revers militaires de la Wehrmacht*, l’annonce de l’Armée rouge*
aux frontières, finissent par faire sauter la soupape. Le 23 août 1944, le roi
Michel* précipite un coup d’État en gestation. Antonescu* et ses fidèles sont
arrêtés. Un gouvernement d’union nationale, comprenant les chefs des partis
national paysan, libéral, socialiste et communiste, se constitue sous la
présidence du général Sanatescu. Le roi annonce que la Roumanie accepte
l’armistice offert par l’Union soviétique*, la Grande-Bretagne* et les États-
Unis*.
Hitler* réagit avec violence mais la Wehrmacht*, sur place, est incapable
de freiner l’élan populaire roumain. Elle doit évacuer la majeure partie du
pays alors que l’Armée rouge* y pénètre. Le 25 août 1944, la guerre est
déclarée à l’Allemagne*. L’armistice avec l’URSS* est signé le
12 septembre. La Roumanie cède la Bucovine du nord et la Bessarabie*. Elle
doit également payer 300 millions de dollars de dommages de guerre.
D’ores et déjà, l’armée roumaine est rentrée dans le conflit aux côtés de
son nouvel allié qui s’incruste. Le 25 septembre, les communistes roumains
constituent un « Front national démocratique » en vue de l’accession au
pouvoir qui sera finalement imposé par Vychinski* lui-même, le 6 mars
1945. Sera alors formé un gouvernement de « concentration démocratique »
avec des ministres communistes aux principaux postes de commande. La
Roumanie glisse inexorablement vers le régime dit de « démocratie
populaire » qui entraînera l’abdication et l’exil du roi Michel* (30 décembre
1947).
La Roumanie, pays latin, a payé cher la politique du Conducator*. Ce
pays de 16 millions d’habitants en 1939 compte plus de victimes que la
France* : 200 000 morts militaires et 465 000 morts civils, dont 270 000
Juifs, soit un total de 665 000.
Le traité de Paris*, le 10 février 1947, lui enlève définitivement la
Bucovine du nord et la Bessarabie* annexées par l’URSS*, ainsi que la
Dobroudja méridionale restituée à la Bulgarie*. Par contre, la Transylvanie,
dont l’avait privée « l’arbitrage de Vienne* », lui est restituée. En finale, elle
se retrouve avec un territoire de 237 000 kilomètres carrés contre 295 000 en
1939. Elle est surtout tombée dans le giron de Moscou.

ROUMANIE, INVASION DE LA
L’Armée rouge* a occupé Odessa* le 10 avril 1944. Durant quatre mois,
elle reprend son souffle. Le front se stabilise devant la Hongrie* et la
Roumanie. Longeant les contreforts des Carpates, il s’incurve entre Siret et
Prut, gagne le Dniestr au nord de Kichinev, puis le suit jusqu’à la mer Noire.
Pour le tenir, le GA Ukraine sud – qui ne mérite plus guère ce nom, il
deviendra GA sud le 25 septembre – dispose sous les ordres du général
Friessner de quatre armées. Au centre, en Bessarabie*, la VIe Armée, la plus
importante. La IIIe Armée roumaine la flanque sur sa droite à l’embouchure
du Dniestr, et la IVe Armée roumaine sur sa gauche au-delà du Siret. La VIIIe
Armée couvre le nord-ouest au pied des Carpates. Sur les 600 km de front du
GA Ukraine sud, 250 reposent sur les Roumains. Ce n’est pas sans danger
devant l’état d’esprit du soldat roumain et de ses chefs las de la guerre.
Outre et tout aussi grave, le GA, suite au calme apparent, a été
sévèrement ponctionné. 11 divisions, soit le tiers de ses grandes unités, sont
parties renforcer des secteurs plus sensibles. Il a ainsi perdu les trois quarts de
ses blindés. Friessner a tiré la sonnette d’alarme. En vain.
Occupée en Biélorussie, la Stavka* s’était contentée jusque-là d’assurer
sa garde sur le Dniestr, tout en y préparant la reprise des opérations. À la mi-
août, Malinovski* (2e Front d’Ukraine) et Tolboukhine* (3e Front d’Ukraine)
que « coordonne » Timochenko* sont prêts et possèdent une supériorité
absolue. Le rapport des forces est en leur faveur à 2 contre 1 pour les effectifs
de l’artillerie, à 3 contre 1 pour les chars. (Soit 930 000 combattants, 16 000
bouches à feu, 1 900 chars, 1 800 avions, côté soviétique.) En vue
d’augmenter la densité de feu, Staline* a fait rétrécir la zone de rupture de 22
à 16 km. Il y aura 300 canons au kilomètre.
Le temps est beau et chaud le 20 août au matin lorsque l’artillerie des 2e
et 3e Fronts d’Ukraine entame son matraquage des positions roumaines au
nord-ouest de Iasi et au sud de Tiraspol. Le succès est immédiat. Le dispositif
roumain s’effondre. Devant Iasi, deux divisions décampent sans combats. Sur
Tiraspol, la IIIe Armée roumaine ne réagit pas. Conclusion pratique, les
flancs de la VIe Armée massée à l’ouest de Kichinev sont libres. En quelques
heures, les blindés soviétiques percent et s’enfoncent sur les arrières
allemands.
Dès le lendemain, de crainte que Malinovski* et Tolboukhine* ne
s’emparent des ponts sur le Prut, Friessner demande l’autorisation de retirer
la VIe Armée du saillant de Kichinev. Une fois de plus, le Führer* réplique
de résister sur place. Pourtant, les blindés soviétiques poursuivent. L’étau se
resserre sur la VIe Armée. Le 22, Hitler* autorise enfin un repli à la tombée
de la nuit. Il est trop tard. Les 2e et 3e Fronts d’Ukraine se rejoignent un peu à
l’est du Prut. La VIe Armée est prise dans la nasse. Quant à la IIIe Armée
roumaine, son destin est scellé. Morcelée, encerclée, elle déposera les armes
le 23 août.
À cette heure, le fait politique, influencé certes par le contexte militaire,
prévaut en Roumanie. Le roi Michel* précipite un coup d’État et renverse
Antonescu*. À priori, l’unité nationale se fait autour du roi. Un nouveau
gouvernement se constitue. Le roi dans un discours au pays annonce que la
Roumanie accepte l’armistice offert par l’Union soviétique*, la Grande-
Bretagne* et les États-Unis*. Les hostilités cessent contre les armées
soviétiques.
À l’annonce du coup d’État, Hitler* réagit avec violence. Il ordonne à
Friessner, bien incapable de le faire, d’écraser la révolte.
En Roumanie, les contingents allemands sont peu nombreux. Sur
Bucarest, le général Gerstenberg de la Luftwaffe* se fait fort de l’emporter.
Son détachement est repoussé avec des pertes par les Roumains brusquement
revigorés. Partout les garnisons allemandes sont encerclées.
Avec le désistement roumain, la situation s’aggrave sur le Prut. La
VI Armée tente de se dégager mais perd 18 divisions sur 25. La VIIIe
e

Armée, enfoncée également par Malinovski*, s’efforce de se retrancher dans


les Carpates dans l’espoir d’en interdire les cols. À toute allure, les blindés
soviétiques s’engouffrent en territoire roumain.
Le bombardement, les mitraillages dans les rues de Bucarest n’ont pu
qu’exacerber la haine des Roumains et donner au nouveau gouvernement un
excellent prétexte. Le 25 août, la Roumanie déclare la guerre à l’Allemagne*.
Dans la nuit du 29 août, l’OKH* ordonne au GA Ukraine sud d’établir
une ligne de défense sur l’arc montagneux Carpates-Alpes de Transylvanie.
Ce en liaison, aux Portes de fer, sur le Danube, avec le groupe d’armées sud-
est (Yougoslavie*-Grèce*) et, à la frontière polonaise, avec le GA Ukraine
nord. Sur le plan stratégique, la solution s’annonce logique. Elle permet de
couvrir la Hongrie*. Mais est-elle réalisable devant la poussée de l’Armée
rouge* ?
Le 29 août, les avant-gardes soviétiques arrivent à 30 km au nord de
Bucarest. Le 30, la 27e Armée enlève Ploesti*. Le lendemain, l’Armée
rouge* fait une entrée triomphale dans Bucarest. La division « Tuda
Vladimirescu », formée de prisonniers roumains « rééduqués »,
l’accompagne.
Les Soviétiques sont sur le Danube. Laissant Tolboukhine* gagner la
Bulgarie par la Dobroudja, Malinovski* ripe vers l’ouest et le nord-ouest.
Début septembre, il s’engouffre par les Portes de fer et franchit les cols des
Alpes de Transylvanie. Les cours inférieur et supérieur de la rivière Mures
s’ouvrent à lui. Son aile droite a également franchi les Carpates. Sibiu, sur le
versant nord du massif, est occupée le 6 septembre. La ligne de résistance sur
les crêtes qu’envisageait l’OKH* est une notion dépassée. La moitié de la
Roumanie n’est plus sous la coupe allemande. Elle est passée sous celle du
Kremlin.
Ce n’est pas fini. Malinovski* poursuit. À la fin du mois de septembre,
après avoir dépassé Timisoara, Arad et les cols du sud des Carpates
orientales, il arrive aux frontières de la Hongrie*. Toute la Roumanie est
libérée à l’exception de la Transylvanie du Nord avec Cluj cédée à la
Hongrie* en août 1940.

ROUMANIE, SOVIÉTISATION DE LA
Le cas de la Roumanie est particulièrement exemplaire de la mainmise
soviétique sur un pays de l’Est*. La présence de l’Armée rouge* permet au
communisme de s’implanter dans des États où il ne représentait rien ou
presque avant la guerre.
Suite au coup d’État dirigé par le roi Michel* le 23 août 1944, la
Roumanie s’est résolument affranchie de sa collaboration avec le IIIe Reich*
que lui avait imposée le maréchal dictateur Antonescu*, désormais destitué et
interné. L’armée roumaine, sous le commandement du général Mihail rappelé
au service, s’est engagée à fond dans la bataille auprès des Soviétiques. Du
23 août 1944 au 8 mai 1945, ses Ière et IVe Armées, son corps aérien, son
régiment blindé, ont 170 000 hommes hors de combat dans la lutte pour la
libération du territoire national, de la Hongrie* et de la Tchécoslovaquie*.
Avec 455 000 hommes sous les armes, cette armée roumaine est l’une des
forces militaires alliées les plus importantes après celles des Trois Grands*.
Au terme de cette lutte valeureuse, la Roumanie est en droit d’espérer
recouvrer sa pleine indépendance et ses frontières de 1939. Ce pays latin
souhaite aussi renouer ses alliances et amitiés traditionnelles, notamment
avec la France*, dont il fut très proche durant l’entre-deux-guerres.
Dans le droit fil du renversement d’Antonescu*, le roi Michel* a
constitué un gouvernement d’unité nationale où figurent nombre de
responsables politiques dont Maniu, chef de l’important parti national paysan.
Le général Sanatescu en assure la présidence.
Dans le cadre de l’armistice signé par la Roumanie, les Alliés* ont prévu
une Commission de contrôle qui s’installe fin septembre. Elle comporte bien
quelques officiers américains et britanniques, mais les Soviétiques y font vite
la loi. Dans le pays, des manifestations se déroulent, fomentées par les
communistes. Ceux-ci, très rapidement, exigent un changement de
gouvernement.
Le 7 décembre 1944, sous la pression de Vychinski* qui multiplie les
aller et retour entre Moscou et Bucarest, le roi opte pour un compromis.
Sanatescu est remplacé par le général Radescu, opposant notoire à
Antonescu*. Petru Groza, chef du Front national démocratique (FND)
communiste, devient vice-président.
Débarquée de Moscou en décembre, Anna Pauker*, vieille et farouche
militante, va conduire la conquête du pouvoir.
Tous les moyens sont bons. Les rues retentissent de slogans : « Vive le
gouvernement FND ! » Des arrêts de travail perturbent les usines. Les
intellectuels sont infiltrés, la police embrigadée. La Roumanie, pillée par
l’Armée rouge*, a faim. Sur les convois arrivant d’outre-Atlantique, les
mentions USA sont biffées et remplacées par l’emblème soviétique.
Les partis politiques ayant, sous la dictature, perdu de leur consistance,
l’armée royale roumaine incarne le premier adversaire à éliminer. Fin
septembre 1944, les Soviétiques exigent la dissolution de l’armée dite de
l’intérieur qui assurait la maintenance des divisions au front. Un mois plus
tard, ils imposent le licenciement de 50 % des officiers et des deux tiers des
effectifs. Peu après, la gendarmerie et les gardes frontières sont placés sous
les ordres du ministère de l’Intérieur. Entre-temps, le général Mihail, chef
d’état-major, est, sur son refus de cautionner pareille politique, contraint de
démissionner. L’armée est décapitée à tous niveaux.
Simultanément s’ouvre un premier camp de concentration (puis nombre
d’autres) à l’intention des « criminels de guerre » et de tous ceux « qui ont
collaboré avec les anciens régimes responsables des malheurs de la
Roumanie depuis 1920 ». Plusieurs millions de Roumains y seront internés,
des centaines de milliers d’entre eux y mourront.
En janvier 1945, 8 000 personnes (dont 36 généraux) passent en jugement
devant les « tribunaux du peuple ». Si les peines de mort prononcées sont
assez rarement appliquées, les camps se chargent d’exterminer lentement les
condamnés.
Radescu s’efforce de faire front et refuse de céder. Il se sait fort d’un
appui populaire massif. Le 24 décembre, une manifestation tourne mal. Un
manifestant communiste est tué par la police (ou par des agitateurs), plusieurs
autres sont blessés. Les Soviétiques installés sur place interviennent. La petite
garnison roumaine de Bucarest est désarmée par le NKVD*.
Le 27 février 1945, Vychinski*, omniprésent, exige du roi un
gouvernement « plus démocratique ». Le lendemain, il est à nouveau là,
vociférant au souverain qui invoque les :
« prescriptions contenues dans la déclaration de Yalta* » : « Yalta*, c’est moi ! »

Le 2 mars, il tape sur la table :


« Si le nouveau gouvernement n’est pas constitué dans les deux heures, c’en est fait de
l’indépendance de la Roumanie. À vous de choisir ! »

Informées, Washington, Londres se taisent. L’Armée rouge* occupe le


pays. Ses blindés cernent le palais royal. Le roi Michel* est seul. Il charge
Petru Groza de former un gouvernement.
Dans les heures qui suivent, le cabinet est constitué. Les deux
mouvements les plus importants, parti national paysan et parti libéral, en sont
exclus. N’y figurent que des membres ou affiliés du FND.
Sur le conseil de Maniu, le roi s’adresse encore une fois à Washington et
Londres. Sans résultats. Les Anglo-Américains font savoir que la déclaration
de Yalta* n’entrera en vigueur qu’après la fin de la guerre. En attendant, la
Convention d’armistice fait loi. L’Union soviétique est seule habilitée à
exercer le contrôle de l’armistice en Roumanie.
Pratiquement, c’est fini. Le roi s’incline. Il signe un décret intronisant
Groza et ses amis. La Roumanie bascule dans le communisme avec tout ce
qu’il implique : en matière politique, économique et sociale. Arrestations,
déportations se succèdent. Maniu est condamné à la prison à vie en 1947. Il
mourra en février 1953 au camp d’extermination de Sighet. Brataniu, chef du
parti libéral, condamné lui aussi à la prison à vie, mourra dans le même camp
en juin 1953.
Cette épuration, où la notion de collaboration avec l’Axe* n’a plus de
sens, se prolongera. Arrêté en janvier 1948, le général Mihail, condamné à
vingt-cinq ans de prison, ne sera libéré – par miracle – que fin 1958.
Le régime n’épargnera pas davantage les siens. Arrêté en août 1948,
Patrascanu, l’un des principaux dirigeants du Parti, sera exécuté d’une balle
dans la nuque le 17 avril 1954.
Quant au roi Michel*, contraint d’abdiquer, le 30 décembre 1947, au
terme d’une lutte par trop inégale, il s’exilera. La monarchie sera abolie et la
République populaire roumaine proclamée.
Ce qui s’est passé en Roumanie s’est déjà déroulé ou surviendra sous peu
dans les États baltes*, en Bulgarie, en Hongrie*, en Tchécoslovaquie*, en
Allemagne* de l’Est, en Yougoslavie*, en Pologne*.

ROUND UP
Nom de code du projet de débarquement en Europe occidentale en 1943.
Deviendra Overlord*.

ROUTE DU FER, COUPER LA


Expression attribuée au Français Paul Reynaud*. Le port suédois de
Lulea sur la Baltique étant pris par les glaces une bonne partie de l’année,
70 % du minerai de fer de Galliware* s’évacuent par le port norvégien de
Narvik* constamment dégagé. Occuper Narvik* est donc couper cette route
d’évacuation d’un minerai indispensable à l’industrie allemande (avant
l’occupation de la Lorraine française).

ROXAS, MANUEL
(1892-1948). Homme politique philippin.
Successeur désigné du président Quezon*, est, en 1942, capturé par les
Japonais. Fait partie du cabinet fantoche Laurel, tout en renseignant, semble-
t-il, la Résistance*. Arrêté pour collaboration en 1945, est dédouané par
MacArthur*. Sera, en 1946, le premier président des Philippines* devenues
indépendantes.
Son cas illustre le double jeu mené par des hommes politiques en pays
occupés.

ROYAL BRELE FORCE


Nom attribué par les Anglo-Américains aux compagnies muletières du
CEF* en Italie*. (Les Français parlent de brèles, brèle signifiant mulet en
arabe.) Ces compagnies, fortes au total de 2 500 mulets, permirent les
approvisionnements du CEF* partout où les conditions météorologiques,
l’absence d’axes carrossables, interdisaient aux véhicules de passer. Elles
jouèrent un grand rôle pour approvisionner le corps de montagne lors de la
bataille du Garigliano*.

ROYAL MARINE
Nom de code du projet conçu par Churchill*, au début de 1940, de faire
dériver des mines fluviales dans le Rhin afin d’y perturber la navigation.
L’opération est ajournée devant l’opposition d’Albert Lebrun redoutant une
riposte aérienne contre la France*. L’arrivée de Paul Reynaud* à la tête du
gouvernement relance le projet. Le comité de guerre français s’y oppose le
30 mars 1940.

ROYAL OAK
Cuirassé britannique, torpillé le 13 octobre 1939, dans la rade de Scapa
Flow, par le sous-marin allemand U-47 du lieutenant de vaisseau Prien qui
avait réussi à se faufiler de nuit dans la passe de Kirt Sound menant à la rade.
786 officiers et marins trouvent la mort. Le U-47 regagnera la haute mer sans
dommages.

ROYAN, POCHE DE
(voir ATLANTIQUE, POCHES DE L’)

RSHA (REICHSSICHERHEITSHAUPTAMT —
OFFICE SUPRÊME DE SÉCURITÉ DU REICH)
Dès l’arrivée au pouvoir de Hitler*, en 1933, les nazis s’efforcent de
mettre la main sur tous les organismes de police. L’ordonnance du 17 juin
1936 leur donne satisfaction en créant au ministère de l’Intérieur du Reich*
une direction suprême de la police, confiée au Reichsführer SS Himmler*.
Dans ce cadre, est créé, le 27 septembre 1939, le RSHA centralisant, sous
la direction de Reinhard Heydrich*, un certain nombre d’organismes déjà
existants, Gestapo*, Kripo*, SD*, et d’autres à instituer. L’ensemble, avec
des variantes, de 1939 à 1944, comprendra sept bureaux (Amter) :
AMT I personnel Bruno Streckenbach
administration, surveillance de Werner Best, puis Hans
AMT II
l’économie Nockemann
tout ce qui est allemand en dehors
AMT III Otto Ohlendorf
du Reich*
contre-espionnage intérieur
AMT IV Heinrich Müller*
(Gestapo*)
AMT V police criminelle (Kripo*) Arthur Nebe*
Heinz Jost, puis Walter
AMT VI renseignements extérieurs (SD*)
Schellenberg*
AMT VII recherche idéologique et évaluation Alfred Granz Six

L’AMT VI (SD), en février 1944, absorbera l’Abwehr*.

Ce RSHA possède une double casquette. Il est à fois un service d’État


faisant partie du ministère de l’Intérieur et l’un des principaux services
rattachés au commandement suprême des SS.
De 1938 à sa mort (4 juin 1942), Heydrich* est le chef tout-puissant du
RSHA. Bruno Streckenbach assure l’intérim avant la nomination, en janvier
1943, d’Ernst Kaltenbrunner* qui dirigera le RSHA jusqu’à la fin de la
guerre.
Implanté en Allemagne* et dans tous les territoires occupés par la
Wehrmacht*, le RSHA est l’agent d’exécutions des basses œuvres nazies, en
espionnage, terreur politique et génocide. Sa Gestapo* arrête, torture et
déporte librement. Ses Einsatzgruppen*, en Russie, éliminent plus de cinq
cent mille êtres humains. Sa section B4 des affaires juives de l’AMT IV, sous
Adolf Eichmann*, est responsable de la mort de plusieurs millions de
personnes en Europe. En 1944, le RSHA employait environ 50 000
personnes : soit un peu plus de 31 000 à la Gestapo*, 12 000 à la Kripo*,
6 000 au SD*.

RSI (RÉPUBLIQUE SOCIALE ITALIENNE)


(voir SALÒ, RÉPUBLIQUE DE)
RTS (RÉGIMENT DE TIRAILLEURS
SÉNÉGALAIS)
Un décret de Napoléon III du 21 juillet 1857 prescrit la formation, au
Sénégal, d’un corps de Tirailleurs sénégalais. À l’origine bataillon, ce corps
devient régiment le 31 août 1884.
Par la suite, tous les tirailleurs recrutés dans les colonies françaises
d’Afrique noire seront uniformément, dénommés sénégalais quelle que soit
leur origine.
Ces RTS paieront un lourd tribut en 1940. Ils constitueront ensuite
l’ossature de la 9e DIC de la 1ère Armée* (ils seront transformés en régiment
d’infanterie coloniale le 1er novembre 1944). Les FFL*, à partir de 1940,
recruteront également, en AEF*, des tirailleurs sénégalais qui constitueront
non des régiments mais des bataillons de marche (voir bataillon de marche).
Le Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad donnera naissance en
1943 au Régiment de marche du Tchad de la 2e DB* et sera fait Compagnon
de la Libération*.
Dix tirailleurs sénégalais ont également été faits Compagnon de la
Libération*.
Les pertes des tirailleurs sénégalais, durant la Seconde Guerre mondiale,
sont estimées à 24 000 tués.

RTT 4e( 4e RÉGIMENT DE TIRAILLEURS


TUNISIENS)
Unité créée en 1884. Fourragère rouge en 14-18. Durant la Seconde
Guerre mondiale, participe aux campagnes d’Italie* et de France*. En
janvier-février 1944, au nord de Cassino*, devient le Régiment du Belvédère,
enlevant au prix fort le massif du Belvédère. Y perd son colonel avec plus de
la moitié de son effectif hors de combat.

RUDEL, HANS ULRICH


(1916-1982). Colonel allemand.
Aviateur, titulaire de la plus haute décoration militaire allemande
(chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne en or, glaives et brillants).
Avec 2 000 missions, il aurait au moins 320 chars à son actif. À son actif
également le cuirassé Marat de 24 000 tonnes, coulé le 23 septembre 1941
devant Cronstadt. Auteur, après la guerre, d’un ouvrage remarqué : Pilote de
Stuka*.

RUGE, OTTO
(1882-1961). Général norvégien.
Nommé commandant en chef de l’armée norvégienne, il anime la
résistance lors de l’invasion allemande du printemps 1940. Après le départ du
roi et du gouvernement, se dévoue pour assurer la capitulation militaire.
Prisonnier de guerre de 1940 à 1945.
Grand-Croix de l’ordre de Saint-Olav pour services rendus durant la
Seconde Guerre mondiale.

RUHR, BARRAGES DE LA
(voir BARRAGES)

RUNDSTEDT, GERD VON


(1875-1953). Maréchal allemand.
Officier d’infanterie en 1892, soldat non impliqué dans la vie politique,
prend sa retraite comme général en 1938. Est rappelé pour commander le
Groupe d’armées Sud dans la campagne de Pologne*. Ses succès lui valent le
commandement du GA A contre la France* en 1940. La victoire lui apporte
son bâton de maréchal. Après le commandement en chef à l’Ouest, dans la
perspective de l’opération Otarie*, est nommé à la tête du GA Sud pour
l’opération « Barbarossa* ». Fin novembre 1941, il est démis de ses fonctions
pour avoir prescrit des mouvements de retraite mal tolérés par Hitler*.
Rappelé en mars 1942, se trouve à nouveau commandant en chef à l’Ouest.
Est une nouvelle fois démis de ses fonctions, le 2 juillet 1944, pour avoir
clairement exprimé au Führer* que la guerre était perdue.
Rappelé à nouveau pour la même fonction en septembre 1944, conduit
sans illusions la bataille des Ardennes* de l’hiver 1944-45. Ses propos sur
l’issue inéluctable du conflit provoquent, une troisième fois, sa relève de son
commandement en mars 1945.
Prisonnier de guerre, son état de santé lui évite une condamnation pour
crimes de guerre. Libéré en mai 1949. Officier de vieille école, professionnel
de haut niveau, soldat patriote, von Rundstedt est l’une des personnalités
dominantes du haut commandement allemand de la Seconde Guerre
mondiale. La mémoire de ce maréchal par trop discipliné est entachée par son
acceptation, après le 20 juillet 1944, de présider la Cour d’Honneur chargé de
radier de la Wehrmacht* les généraux et officiers compromis dans l’attentat
contre Hitler*. Il les condamnait à tomber entre les mains de la Gestapo* et
scellait leur destin.

RUTHÉNIE SUBCARPATIQUE
Connue plus généralement sous le seul nom de Ruthénie. Province
détachée de la Hongrie* en 1919 et rattachée à la Tchécoslovaquie*, plus
exactement à la Slovaquie*. En novembre 1938, sous la pression allemande,
revient à la Hongrie*. Connaît une oppression sanglante et une violente
politique de magyarisation. Elle est libérée par l’Armée rouge* en octobre
1944 et, en juin 1945, Staline* la fera attribuer à l’Ukraine*, alors partie
intégrante de l’URSS*.

RUTTER
Premier nom de code donné au débarquement de Dieppe* en 1942.
Deviendra « Jubilee* ». (Voir Dieppe, débarquement de.)

RYTI, RISTO
(1889-1956). Homme politique finlandais.
Président de la République de 1940 à 1944. Sous la pression soviétique,
est, en 1946, condamné comme fauteur de guerre. Gracié pour raisons de
santé en 1949.
S

SABORDAGE DE LA FLOTTE FRANÇAISE


Le 8 novembre 1942, Toulon abrite la plus grosse part de la flotte
française, soit 250 000 tonnes.
L’essentiel y constitue les forces de haute mer. Au total, plus de 90
bâtiments, 3 cuirassés, 7 croiseurs, un transporteur d’avions, 29 contre-
torpilleurs ou torpilleurs, 16 sous-marins, 11 chasseurs ou patrouilleurs, 4
avisos, ainsi que des navires de moindre tonnage.
Le chef de la force de haute mer est l’amiral cinq étoiles Jean de Laborde,
le comte Jean. Le personnage est bien connu dans la Royale. Il a du caractère,
de la personnalité, se montre vigoureusement anglophobe et n’aime pas
Darlan*. Il a mis sa marque sur le Strasbourg, rescapé de Mers el-Kébir*. À
ses côtés, l’amiral Marquis, trois étoiles, assure les fonctions de préfet
maritime.
Avec l’opération Attila*, que va devenir cette flotte ?
D’Alger, Darlan* la presse de gagner Alger. Laborde répond en évoquant
Cambronne.
À Vichy*, l’amiral Auphan, secrétaire d’État à la Marine, souhaite la voir
partir. Ne pouvant obtenir un ordre formel de Pétain*, il confirme, le
11 novembre au matin, les ordres permanents de sabordage.
Le 11 novembre au soir, Hitler* fait savoir que Toulon ne sera pas
occupée. Laborde et Marquis, naïvement, le croient sur parole.
Le 18, Auphan, refusant de cautionner, démissionne. L’amiral Abrial lui
succède. Défenseur de Dunkerque*, il a vu l’égoïsme britannique. Pas
question pour lui d’appareiller vers l’AFN*.
Durant ce temps, la Wehrmacht* s’enfonce en zone sud. Dans la nuit du
26 au 27, deux colonnes roulent vite et discrètement. Elles convergent sur
Toulon, l’une à l’ouest par la Nationale 8, l’autre à l’est par la Nationale 9.

À 4 h 45 :
Un blindé atteint le fort Lamalgue, PC de Marquis. En quelques minutes,
Marquis est pris au piège. Laborde peut être prévenu. À 4 h 57, il ordonne le
branle-bas.

5 heures :
Blindés et fantassins allemands surgissent de partout.

5 h 20 :
Laborde passe l’ordre « Prendre dispositions finales », sous-entendu au
sabordage.

5 h 30 :
L’émetteur du Strasbourg diffuse : « Ici, amiral FHM, sabordez la flotte...
Sabordez la flotte... »
Une destruction est toujours un moment d’immense tristesse. Explosions,
incendies ravagent les bâtiments. Des navires s’enfoncent, d’autres se
couchent sur le flanc. Les équipages, le cœur lourd, évacuent et se regroupent
sur les quais envahis par les Allemands.
Cinq sous-marins relèvent le défi. Cinq qui réussiront l’exploit de se
déhaler de la darse nord du Mourillon et de gagner le large : Marsouin, Iris,
Casabianca*, Vénus, Glorieux. Ils partent malgré le bombardement qui
s’abat sur eux. Le Casabianca*, le Marsouin, rejoindront directement Alger.
Le Glorieux gagnera l’AFN* après une escale forcée en Espagne*. L’Iris sera
immobilisée en Espagne jusqu’à la fin de la guerre. Le Vénus se sabordera.
Son commandant était sur le Surcouf*, à Portsmouth*, le 3 juillet 1940.
« 232 000 tonnes transformées en parc à moules », écriront de mauvais
plaisants. 12 marins ont été tués, 28 autres blessés.
Plus d’un demi-siècle après, la marine française n’aime toujours pas
évoquer cet événement, le plus négatif de son histoire. Se saborder passe mal,
même s’il valait mieux agir ainsi que de tomber aux mains de l’ennemi.
Les responsables de cette tragédie ? D’abord et avant tout, Churchill* et
Catapult*. Et puis aussi, bien sûr, Laborde et son aveuglement anglophobe. Il
aurait dû comprendre où se situait le devoir pour lui et ses marins en sauvant
un outil précieux pour la Libération* de la patrie occupée. Sans oublier,
parmi les fautifs, Pétain* et Abrial qui ont refusé de prendre position nette.
Quant à Laval*, il semble avoir joué un jeu bien trouble dans le style du
personnage. Ne pas mécontenter Hitler* mais ne pas livrer les navires.

SACHSENHAUSEN
Camp de concentration nazi, ouvert en 1936, à 50 km au nord de Berlin.
Il fournit des travailleurs pour les usines locales et sert à fabriquer de la
fausse monnaie, opération Bernhard*.
On estime que 100 000 prisonniers, dont le fils de Staline*, sont morts à
Sachsenhausen. En mars 1945, le comte Bernadotte* et le Comité
international de la Croix-Rouge réussissent à obtenir la libération des Danois
et des Norvégiens. Le 25 avril, le camp est évacué vers l’ouest, mais des
milliers de prisonniers meurent au cours des marches forcées.
L’ancien chancelier autrichien Schuschnigg y fut interné.

SACRED COW
La vache sacrée.
Surnom donné au C 54 Skymaster* du président Roosevelt* par l’équipe
de presse de la Maison Blanche.

SAFFRÉ
Gros bourg de Loire-Atlantique, à 20 km au nord de Nantes.
En juin 1944, un camp de maquisards français s’installe à proximité pour
armer et instruire les volontaires qui accourent. Le 27 juin 1944, les
Allemands attaquent le camp. 13 maquisards sont tués, 35 autres faits
prisonniers. 27 d’entre eux seront fusillés.

SAGAN, CRIME DE
Dans la nuit du 24 au 25 mars 1944, 76 officiers de la RAF* s’évadent
par un tunnel du Stalag-Luft III, à Sagan, en Silésie.
Trois d’entre eux seulement réussissent, huit sont gardés par la Gestapo*,
15 renvoyés à leur camp et 50 abattus, le plus souvent d’une balle dans le
dos.
Hitler*, fou de rage devant cette évasion massive, avait ordonné de tous
les fusiller. Goering*, craignant des représailles contre des prisonniers
allemands, avait obtenu qu’on n’en exécute que la moitié. Keitel*, d’accord
sur le fond, avait transmis à la Gestapo*. Après jugement par un tribunal
britannique, 13 hommes de main seront pendus près de Hambourg en 1948.
Ce crime sera évoqué à Nuremberg*. Il se double d’une incitation à un
véritable acte de barbarie engageant Goering* et Keitel* et transmise à toutes
les autorités locales du Reich*. Il équivaut à un appel au lynchage contre les
aviateurs alliés :
« Il n’est pas possible d’arracher à la vindicte publique les chasseurs en rase-mottes qui
seraient abattus. J’attends de tous les services qu’aucun d’entre eux n’intervienne pour protéger
ces gangsters. Je demanderai des comptes à toutes les autorités qui s’opposeraient aux sentiments
du peuple. »

SAINTE-MÈRE-ÉGLISE
Village normand à 10 km au nord de Carentan, sur la RN 13 Caen-
Cherbourg. 1 200 habitants avant la guerre.
Le 505e régiment de la 82e Airborne* est prévu sauter au nord-ouest du
village afin d’assurer la liaison avec Utah Beach*. Il se réceptionne à peu
près correctement ; mais deux ou trois de ses sticks tombent sur le village
qu’éclaire un incendie fortuit et où sonne le tocsin. Une vingtaine de paras se
retrouvent sur la place ou dans les jardins mitraillés par la garnison
allemande. Une douzaine auraient été tués, littéralement assassinés, par les
Allemands. L’un d’eux, le soldat Steele, accroché au clocher par son
parachute, fait le mort pour se faire oublier. Il s’en tirera.
Cet épisode est l’un des plus fameux de la Nuit J*.
En fin de nuit, Sainte-Mère-Église est occupée par les 2e et 3e bataillons
du 505e. La garnison paniquée a évacué les lieux. À 4 h, un drapeau étoilé,
qui a déjà flotté sur Naples en 1943, est accroché sur la façade de la mairie.
SAINT-JEAN-D’ACRE, ARMISTICE DE
Armistice signé le 14 juillet 1941, à Saint-Jean-d’Acre, pour mettre fin à
la guerre de Syrie*, entre le général de Verdilhac pour les Forces du Levant,
le général Wilson* pour les Britanniques, le général Catroux* pour les
Français libres.
En fait, à la demande de Darlan* à Vichy*, le terme « armistice » a été
remplacé par « accord franco-britannique portant sur la cessation des
hostilités au Levant », la France* et l’Angleterre* n’étant pas en guerre. Ce
texte prévoit :
— L’armée Dentz* sera rapatriée, ainsi que les civils qui en feront la
demande. Ceux qui le désireront, militaires ou civils, pourront opter pour la
France libre*. L’armement lourd sera livré.
— Les prisonniers seront rendus de chaque côté.
— Le général Catroux* prend le titre de délégué général pour les États du
Levant.
Les clauses sur le rapatriement, le ralliement, l’armement, les prisonniers
seront globalement respectées. Par contre, les Britanniques s’immisceront de
plus en plus dans les pouvoirs de Catroux*, situation qui finira par
déboucher, en 1946, sur l’éviction de la France du Levant*.

SAINT-LÔ
Préfecture du département de la Manche. 11 000 habitants avant la
guerre.
Les bombardements alliés des 6 et 7 juin 1944 font 800 morts dans la
population civile, tuant la-quasi totalité des résistants internés dans la prison.
La ville, presque intégralement détruite, est libérée le 18 juillet par la 29e
DI US.

SAINT-MARCEL
Petit village breton, à l’ouest de Malestroit, 30 km nord-est de Vannes.
500 habitants avant la guerre.
Le 6 juin 1944, une centaine de résistants se rassemblent à la ferme de la
Nouette proche de Saint-Marcel. Ils sont rejoints dans la journée du 7 par les
rescapés des sticks Marienne et Deplante, du 2e RCP*, largués dans la nuit du
5 au 6.
Une ambiance de levée en masse règne, mais les armes manquent.
Marienne rend compte de ce qu’il constate et donne les coordonnées d’une
bonne DZ* balisée et défendue, près de la Nouette. Dans la nuit du 8 au 9, 50
autres paras sont largués avec des containers d’armement. Les nuits
suivantes, la noria des Stirling* britanniques lâche le reste du 2e RCP* avec
son chef et des centaines supplémentaires de containers de matériel.
Le colonel Morice (capitaine de frégate Chenailler), patron des FFI* du
Morbihan, a prescrit un enrôlement général. De tout le Morbihan, les
volontaires accourent. En quelques jours, près de 8 000 hommes sont armés
et sommairement équipés, tandis que les paras se transforment en
instructeurs.
Dans une ambiance euphorique, les abords de la Nouette deviennent un
vaste camp sur 500 hectares, dénommé base Digson*. Au matin du 18 juin,
Digson* dénombre 2 400 personnes dont 140 paras. Près de 2 000 sont
organisées en unités gardant les faces du camp :
— côtés ouest et nord, bataillon Carro (1 200 hommes),
— côtés est et sud, bataillon Le Garrec (750 hommes).
Il est encore, plus ou moins en réserve, une compagnie du 12e bataillon
du général de La Morlais, une compagnie du bataillon de Rochefort-en-Terre.
Tous ces combattants, à l’exception d’une section FTP*, relèvent de l’AS* ou
de l’ORA*. Les paras ont dans l’ensemble été ventilés.
Les Allemands, au camp de Coëtquidan, non loin, ont évidemment repéré
les mouvements divers et les rotations d’avions. Ils attaquent, le 18 juin, à
6 h 30, et sont repoussés.
À 14 h, ils reviennent en force. Ils mettent en ligne des Géorgiens, un
groupement tactique de la 257e DI et des paras de la division Kreta, venus de
Josselin. La bataille fait rage sur 2,5 km de front. À 15 h 30, l’aviation alliée
intervient. Un record de vitesse après l’appel à l’aide de Bourgouin. Cette
action des chasseurs bombardiers soulage les maquisards.
Bourgoin et Morice avaient pris leur décision depuis l’avant-veille. Une
bataille rangée était vouée à l’échec. À 22 h, le décrochage commence avec
instruction de dispersion. 42 Français, dont six paras, ont été tués dans les
combats. 60 blessés ont pu être emmenés, mais il y a 15 prisonniers dont on
ne devine que trop le sort.
Les Allemands ont payé cher leurs assauts. Le chiffre de 560 morts a été
avancé, sans doute fort. Un officier de liaison britannique parachuté à Saint-
Marcel l’estime à 300. Les jours suivants, Allemands, Géorgiens, Ukrainiens
fouilleront les bois, les fermes, les hameaux, assassinant civils et blessés
découverts. Les habitations de Saint-Marcel sont incendiées.
Saint-Marcel a donné lieu à commentaires et critiques. Les FTP*,
pratiquement absents, ont mis en cause l’esprit type 40 des officiers d’active
ou de réserve qui commandaient à Saint-Marcel.
Pourtant, l’organisation de cette base Digson* avait été décidée par le
commandement allié. Il n’est pas interdit de penser qu’elle s’inscrivait dans la
diversion d’ensemble d’Overlord* pour laisser supposer à l’ennemi un
débarquement en Bretagne.
Sur le fond, elle a permis d’équiper près de 8 000 maquisards, qui,
éclatés, mèneront une guérilla active qui durera jusqu’en août, arrivée de la
IIIe Armée de Patton*. À ce moment-là, ils se regrouperont à nouveau pour
travailler en liaison avec les GI’s*.

SAINT-MATTHIAS
Archipel avec deux îles principales, Mussau et Emirau, au nord-ouest de
la Nouvelle-Irlande. Le 20 mars 1944, la 4e division de Marines* investit les
îles quasi désertes. La construction d’une piste permet de mieux isoler
Rabaul* et Kavieng*.

SAINT-NAZAIRE, OPÉRATION CONTRE


Opération combinée ou commando ?
Les deux très certainement. L’action sur Saint-Nazaire, dans la nuit du
28 mai 1942, réunit les trois armes.
La bataille de l’Atlantique* bat son plein. Les Britanniques redoutent de
voir intervenir le Tirpitz* qui vient d’achever ses essais et se trouve dans les
eaux norvégiennes. Le cuirassé, cependant, ne peut se manifester dans
l’Atlantique* qu’à condition de disposer d’un havre lui permettant de panser
ses blessures. Pour un navire de son tonnage, il n’en existe qu’un de Biarritz
à Dunkerque : Saint-Nazaire, là où fut fabriqué et lancé le célèbre
Normandie*. La cale qui porte son nom et qui donne directement sur la Loire
peut accueillir des bâtiments de 85 000 tonnes.
Le site est bien défendu. Il y aurait 5 000 hommes sur Saint-Nazaire. Une
opération aérienne paraît exclue. Caissons d’acier, abris de béton ne
souffriraient pas. Reste une attaque venue par mer. Le 24 février 1942, le haut
commandement britannique approuve les plans que lui présente l’amiral
Mountbatten*.
Le 25 mai 1942, le HMS Campbeltown quitte Falmouth. Sa silhouette a
été modifiée pour lui donner la silhouette d’un destroyer allemand. Dans ses
soutes ont été dissimulées 4 350 tonnes d’explosifs à allumage à retardement
de 8 h. Une petite flottille de vedettes l’accompagne. Au total, ils sont 611 à
avoir embarqué, marins, commandos ou sapeurs.
Le 27 mai, à 22 h, l’armada aborde l’estuaire de la Loire dont un sous-
marin a balisé l’entrée. Elle a encore 60 km à parcourir pour atteindre Saint-
Nazaire et la cale de Normandie.
0 h 30. La flottille entre dans l’estuaire. Depuis une heure, 35 Whitley* et
25 Wellington* bombardent les bassins de Saint-Nazaire pour détourner
l’attention des Allemands
1 h 15. Un guetteur signale l’approche d’environ 17 bateaux.
Curieusement, les projecteurs ne s’allument qu’à 1 h 22. Les Allemands n’ont
pas encore perçu l’identité réelle des arrivants. Quelques minutes de gagnées.
1 h 27. L’équivoque prend fin. Les batteries allemandes se déchaînent.
Les machines du Campbeltown donnent de toute leur puissance.
1 h 34. La proue du Campbeltown s’écrase contre les caissons de la cale
de Normandie et s’y encastre sur une dizaine de mètres.
Du Campbeltown, des vedettes, commandos et sapeurs valides se
précipitent à terre. La lutte est farouche tandis que les équipes de sabotage
disposent leurs charges
Mission accomplie, le rembarquement devient presque partout illusoire.
Des 19 bâtiments entrés dans l’estuaire de la Loire, 7 seulement en
ressortiront. Des hommes débarqués, six seulement parviendront à s’éclipser
et à franchir les Pyrénées avec l’aide de la Résistance française*.
Dans la matinée, à 10 h 35, les charges du Campbeltown explosent. 300 à
400 Allemands qui se trouvaient à bord ou à proximité sont les premières
victimes de la déflagration. Les portes d’accès de la cale de Normandie,
comme les machineries et les pompes, sont définitivement hors d’usage. Le
Tirpitz* ne paraîtra pas dans l’Atlantique*.
Sur les 611 du départ, ils seront 242 à retrouver la Grande-Bretagne* les
jours suivants. 169 ont été tués ou portés disparus (105 marins, 64
commandos). 200 seront faits prisonniers.
Les Allemands se vengeront sur des innocents. 16 personnes, hommes,
femmes, enfants, seront abattues sans discernement par la soldatesque
apeurée. 1 500 civils seront arrêtés.
L’attribution de la Victoria Cross*, après ce raid héroïque, sera
exceptionnelle : le capitaine de frégate Ryder, commandant la force navale, le
colonel Newman, chef du commando No 2, le sergent Turrant, le matelot
Savage (ces deux derniers à titre posthume). Ryder, rescapé, sera à Dieppe*,
trois mois plus tard.

SAINT-NAZAIRE, POCHE DE
(voir ATLANTIQUE, POCHES DE L’)

SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON
Cette vieille possession française (241 km2, 4 000 habitants) de
l’Atlantique Nord, au sud de Terre-Neuve, sans grande importance
stratégique, vit, en 1941, dans l’orbite de Vichy*. Le 24 décembre 1941,
l’amiral Muselier*, à son corps défendant, avec des ordres formels de De
Gaulle*, se présente devant Saint-Pierre. Il est fort de trois corvettes et du
sous-marin Surcouf*. La prise de contrôle de l’archipel n’est qu’une
formalité. Tout a paru facile. Les difficultés commencent. Les notables
n’apprécient pas et s’insurgent. Un référendum, organisé à la hâte, donne
toutefois 75 % de voix favorables à la France libre*.
Ces dissensions locales ne sont rien par rapport au tumulte extérieur. Les
Américains se rebiffent ouvertement. Washington avait conclu un accord
avec Vichy* pour maintenir le statu quo en cette partie du monde. Muselier*,
durant quelques semaines, est en droit de craindre le pire. L’archipel isolé est
soumis à blocus. L’hypothèse d’une intervention en force n’est pas à écarter.
Avec le temps, Churchill*, pragmatique, s’interposant, la tempête se
calmera. Fin février 1942, Muselier* pourra regagner Londres. Cependant la
plaie ouverte ne cicatrisera jamais. Le contentieux de Roosevelt* contre de
Gaulle* date de Saint-Pierre-et-Miquelon. Cette affaire conduira également
Muselier* à donner sa démission du Comité national*.
Rentré dans la guerre, l’archipel fournira 500 volontaires à la France
libre*.
SAIPAN
Principale île de l’archipel des Mariannes* (22 km de long). Était, en
1941, occupée par les Japonais suite à mandat de la SDN.
Au matin du 15 juin 1944, dans le cadre de la conquête des Mariannes*,
8 000 Marines* des 22e et 4e divisions débarquent au sud-est de Saipan
défendue par 32 000 Japonais. L’affaire s’annonce obligatoirement sanglante.
Les bombardements préalables n’ont pu entamer toutes les défenses de l’île
en partie montagneuse. Sur les 20 000 hommes mis à terre le 15 juin, 10 %
seront hors de combat à la tombée de la nuit.
La 27e DI de l’armée vient s’intercaler entre les deux divisions de
Marines*. Les Japonais résistent pied à pied. Ils s’accrochent aux falaises ou
se faufilent dans la jungle. Peu à peu, cependant, ils sont refoulés dans la
partie septentrionale de l’île.
À l’aube du 7 juillet, leur chef, le général Saito, les exhorte à mourir en
vrais Japonais et les lance dans une véritable attaque suicide. À 4 h 45, 3 000
soldats fanatisés se ruent à l’assaut du régiment de gauche de la 27e DI. Des
compagnies sont submergées sous le choc. L’intervention des Marines* brise
cette charge suicidaire. Le lendemain, les bulldozers creuseront à la hâte un
immense fossé pour ensevelir plus de 2 000 cadavres nippons.
La tragédie atteint son paroxysme à Marki Point, à l’extrémité de l’île, où
se sont réfugiés 12 000 civils. Insensibles aux appels lancés par haut-parleurs
en japonais, près des deux tiers de ces malheureux se précipitent avec leurs
familles du haut des falaises pour ne pas tomber entre les mains des
Américains. Des irréductibles tirent sur les hésitants.
Enfin, le 9 juillet, à 16 h 15, l’amiral Turner déclare Saipan sûre. Cette
conquête a coûté 2 521 tués, 708 disparus et 8 921 blessés. La garnison
japonaise a été à peu près anéantie dans son intégralité. Le général Saito,
l’amiral Nagumo*, l’homme de Pearl Harbor*, se sont suicidés.
Les Abeilles de mer se mettent immédiatement à l’ouvrage pour
améliorer la piste existante. Le 24 novembre 1944, 80 B 29* de la 20e US Air
Force décolleront de Saipan direction Tokyo. Premier retour au-dessus de la
capitale nippone depuis le raid de Doolittle*, le 18 avril 1942. Ce ne sera
qu’un début.
La perte de Saipan entraîne la chute du ministère Tojo* remplacé par
celui de Kuniaki*. Les réalistes nippons comprennent que c’est le
« commencement de la fin » et se taisent.
SAKAI, SABURO
(1916-2000). As japonais.
Breveté pilote sur Zero* en 1937.
64 victoires à son actif. Perd un œil à Guadalcanal*. Démobilisé comme
lieutenant après la guerre.

SAKHALINE, ÎLE
Île de 76 000 km2 sur 900 km de long au nord du Japon*.
La Russie qui avait commencé à l’occuper à partir de 1857 doit, au traité
de Portsmouth en 1905, abandonner au Japon* la partie méridionale, au sud
du 50e parallèle, qui prend le nom de Karafuto. En août 1945, l’Armée rouge*
réoccupe le sud de l’île. Au traité de San Francisco, en septembre 1951, le
Japon* renoncera à toutes prétentions sur Sakhaline définitivement acquise
par l’URSS*. Toute la population japonaise a été rapatriée.

SALAZAR, ANTONIO DE OLIVEIRA


(1889-1970). Homme politique portugais.
Premier Ministre, dictateur de fait, dirige son pays de 1932 à 1968 (voir
Portugal).

SALERNE, DÉBARQUEMENT DE
(voir ITALIE, INVASION DE L’)

SALIÈGE, JULES
(1870-1956). Prélat français.
Archevêque de Toulouse, il fait lire en chaire, le 23 août 1942, une lettre
pastorale pour s’élever contre le traitement infligé aux Juifs.
« Mes Très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine, qui impose des devoirs et reconnaît
des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut
les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un
vil troupeau ; que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués
pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.
Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur, ayez pitié de nous !
Notre-Dame, priez pour la France*.
Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et du
Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des
hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes,
contre ces femmes, contre ces pères et ces mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils
sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.
France*, patrie bien-aimée, France* qui porte dans la conscience de tous tes enfants, la
tradition du respect de la personne humaine, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces
horreurs.
Recevez, mes Chers frères, l’assurance de mon affectueux dévouement. »

Cette lettre, lue dans la majorité des églises du diocèse de Toulouse, sera
retransmise de la main à la main. Elle sera publiée dans des journaux de la
Résistance*, Témoignage chrétien, Le Franc-Tireur, Combat, et diffusée par
la BBC.
Pour son opposition courageuse à l’occupant, Monseigneur Saliège sera
fait Compagnon de la Libération*.

SALÒ, RÉPUBLIQUE DE
Ou RSI, République sociale italienne, créée par Mussolini*, après sa
libération, en septembre 1943, à Salò, sur les bords du lac de Garde, d’où son
nom.
Cette république abolit la monarchie et condamne le capitalisme.
Pratiquement, la république de Salò de Mussolini* ne sera qu’un État
vassal de l’Allemagne* qui, depuis la mi-septembre 1943, occupe la majeure
partie de l’Italie*. Officiellement, elle dispose d’un gouvernement présidé par
Mussolini* qui s’est attribué également les Affaires étrangères. Le maréchal
Graziani* est ministre de la Guerre.
Lequel Graziani* s’efforce de constituer une armée. Il peut compter sur
des fidèles dont le prince Borghèse* et la majorité de sa 10e MAS* forte
d’environ 25 000 hommes. À côté les unités recrutées par mobilisation dans
le nord de l’Italie sont beaucoup moins solides : 4 divisions d’infanterie, deux
groupements blindés, 8 bataillons d’artillerie, etc. Seule exception à cette
faiblesse d’ensemble où se produiront nombre de désertions au profit des
partisans, les parachutistes dont le régiment Folgore* riche de passé. Il est
également une aviation, la marine, pour sa part, ayant rallié les Alliés* à
Malte*. Au total, la RSI aligne près de 680 000 hommes. Cette armée sera
engagée contre les partisans, contre les Yougoslaves de Tito* et contre les
Français en mars-avril 1945 pour défendre le front des Alpes.
La RSI est surtout aux origines de la guerre civile qui divise fascistes et
antifascistes dans le nord de l’Italie*. Plus de 6 000 morts dans chaque camp
et 12 000 victimes des représailles. Ce n’est rien par rapport à ce qui
adviendra après la fin des combats.
Illustration de ces luttes intestines, le procès de Vérone* du 8 au 10
janvier 1944. Mussolini* règle ses comptes envers ceux qui se sont opposés à
lui. Sur les 19 accusés, six seulement sont présents. Cinq seront condamnés à
mort et exécutés le 11 janvier : Ciano* (gendre de Mussolini), maréchal de
Bono, Giovanni Marinelli, Luciano Gottardi, Carlo Pareschi, tous anciens
membres du Grand Conseil fasciste.
La fin de la RSI, emportée par l’effondrement du IIIe Reich*, sera très
souvent tragique. Mussolini* sera assassiné. Ceux qui tomberont entre les
mains des partisans connaîtront pour beaucoup des exécutions sommaires.
Malaparte, antifasciste dès 1933, parlera de 300 000 morts, chiffre
certainement excessif. Les Alliés* devront intervenir pour arrêter les
massacres. Les plus chanceux sont ceux qui tomberont entre les mains des
Anglo-Américains. Ils seront regardés comme prisonniers de guerre.

SALOMON, ARCHIPEL DES


Archipel de la Mélanésie.
30 000 km2, 110 000 habitants, sur environ 1 200 km de long. Il se
décompose en deux chaînons orientés nord-ouest à sud-est. Au nord : Buka,
Bougainville, Choiseul, Isabelle, Malaita ; au sud : Vella Lavella, Nouvelle
Géorgie*, Guadalcanal*.
L’archipel était sous protectorat britannique à l’exclusion de Bougainville
et Buka, sous mandat de la SDN*, confiés à l’Australie*. L’ensemble est
montagneux ; les crêtes dépassent 2 000 m. Végétation naturellement
tropicale.
SALOMON ORIENTALES, BATAILLE DES
Le 22 août 1942, le Tokyo express* de l’amiral Tanaka* part, escorté par
le croiseur léger Jintsu et les deux porte-avions Shokaku et Zuikaku en
couverture lointaine.
Le porte-avions léger Ryujo, en tête de convoi, sert d’appât pour attirer
les Américains.
L’amiral Fletcher*, avec ses trois porte-avions Saratoga, Enterprise et
Wasp, patrouille à l’est des Salomon*. Le 23, son aviation de reconnaissance
repère la flotte japonaise. Pluie et nuages bas empêchent les bombardiers de
la retrouver.
Le lendemain, le Ryujo est à nouveau localisé. L’Enterprise lance 29
appareils, relayés à 13 h 45 par 38 autres du Saratoga. Attaqué à la bombe et
à la torpille de 1 000 livres, le Ryujo est envoyé par le fond au moment où le
Shokaku et le Zuikaku se manifestent en force contre Fletcher*. Celui-ci a
gardé une solide aviation de chasse. Avec la DCA, elle écarte le gros du
danger. L’Enterprise est atteint à trois reprises. En moins d’une heure, les
avaries sont colmatées.
L’aviation basée à terre fait basculer le dénouement. Le 25, les
Dauntless* des Marines* d’Henderson Field* mettent en feu le croiseur léger
Jintsu, le navire amiral, et un bâtiment de transport. Les B 17*, décollés
d’Esperitu Santo, coulent le destroyer Mutsuku. Tanaka*, affaibli, se retire
dans les îles Shortland, au sud de Bougainville.
La bataille dite des Salomon orientales, menée des deux côtés avec
prudence, se termine bien pour les Américains. Ils ont perdu 20 appareils, les
Japonais 60 ainsi qu’un porte-avions léger et un destroyer.

SALOMON, RECONQUÊTE DES


L’opération Cartwheel* prévoit la reconquête des Salomon, à charge de
l’amiral Halsey*.
Sur la lancée de l’occupation de Guadalcanal*, les Marines*, le 21 février
1943, se sont emparés des îles Russell, à 50 km au nord-ouest. Deux
aérodromes y ont été installés, raccourcissant les distances d’intervention. Le
prochain objectif sera la Nouvelle-Géorgie*.
Au mois d’août 1943, la Nouvelle-Géorgie* étant libérée, Halsey* passe
à l’étape suivante : l’île de Kolombangara, immédiatement au nord-ouest. Le
général Sasaki s’y est retranché avec 10 000 hommes bien ravitaillés par le
Tokyo express*.
Des reconnaissances confirment que l’île de Vella Lavella, à l’ouest de
Kolombangara, est peu occupée. La garnison n’excéderait pas 250 marins,
rescapés du naufrage de destroyers coulés dans le golfe de Vella dans la nuit
du 6 au 7 août.
Le 15 août, 6 000 hommes de la 25e division y débarquent, couverts par
des chasseurs qui opèrent depuis Munba en Nouvelle-Géorgie*. La conquête
est assez vite réglée. Un destroyer japonais est coulé en évacuant les marins.
Le saut de grenouille se révèle payant. Sasaki est isolé. Cerné de toutes
parts, il est contraint d’évacuer. Cette évacuation apporte aux Japonais leur
dernière victoire navale (voir Vella Lavella, batailles navales de). Les
Américains ont les mains libres pour s’emparer de Vella Lavella et d’un
aérodrome supplémentaire. La tactique du saut de grenouille a prouvé son
intérêt. Elle resservira.
Il est maintenant à occuper Bougainville, la plus grande des Salomon (10
000 km2).
Le violon de Bougainville (Bougainville affecte sensiblement la forme
d’un violon) s’annonce de conquête difficile. Le général Makatame Sanka,
commandant de la 17e Armée, y dispose de près de 40 000 hommes. 450
avions, dont 160 Zero*, y sont basés sur six terrains d’aviation. La marine, à
Buka, île au nord-est de Bougainville, compte 2 croiseurs, 10 destroyers et 12
sous-marins. Les Américains ne sont pas mieux pourvus mais bénéficient de
l’initiative.
Halsey* a prévu une diversion. Au lieu d’attaquer la pointe méridionale
de Bougainville trop bien défendue, il débarquera dans l’ouest de l’île, près
du cap Torokina. Il organisera un puissant périmètre défensif avec un
aérodrome. Des débarquements dans les îles du Trésor et Choiseul, au sud de
Bougainville, détourneront l’attention adverse.
Le 27 octobre 1943, 7 000 Néo-Zélandais débarquent dans les îles du
Trésor et s’en rendent maîtres en quatre jours au prix de 40 tués et 125
blessés. Ils ne feront que 8 prisonniers et dénombreront 200 cadavres
japonais. Dans le même temps, pour faire du volume, le 2e bataillon de
parachutistes des Marines* débarque à Choiseul, qu’il évacuera le
3 novembre.
Ces diversions portent fruit. Makatame Sanka se persuade que les
Américains attaqueront en force à Buin, dans le sud, à partir des îles du
Trésor. Le 1er novembre, les Marines* trouvent les plages à peu près vides.
Au soir, bien que retardés par la houle, 14 000 hommes sont à terre.
Les Japonais réagissent. Un raid aérien échoue. Une flotte, sous l’amiral
Omori, 2 croiseurs lourds, 2 croiseurs légers et 12 destroyers, quitte Rabaul*
pour détruire les navires de débarquement alliés devant Torokina. La bataille
de la baie de l’impératrice Augusta, le 2 novembre, tourne mal pour Omori,
contré par la TF/39 de l’amiral Merrill. Il rentre avec des éclopés et un
croiseur léger de moins.
Nouvelle tentative japonaise stoppée le 5 novembre par une centaine
d’avions décollés de deux porte-avions américains ou de Vella Lavella. 6
croiseurs, 2 destroyers sont mis hors de combat.
Le 11, encouragé par son succès, Halsey* relance ses porte-avions ; 185
avions attaquent Rabaul*. Les Zero* de la défense sont balayés, 2 destroyers
coulés ; un croiseur léger, des cargos et des navires de transport
endommagés. Le gros de l’escadre était loin. Par prudence, elle avait été
évacuée sur Truk*, la grande base japonaise des Carolines*.
Le commandement nippon s’obstine. S’attendant à une attaque sur Buka,
il envoie un Tokyo express* renforcer la garnison. La bataille du cap Saint-
Georges, dans la nuit du 24 au 25 novembre, se solde par la destruction de
trois destroyers japonais. Les Américains ont désormais la maîtrise du ciel et
de la mer dans les Salomon.
Reste la bataille sur terre à Bougainville, dans l’épaisseur de la jungle,
avec toutes ses traîtrises. 33 000 Américains sont désormais sur l’île. La 37e
divison a rejoint les Marines* (qui seront relevés mi-janvier 1944 après avoir
perdu 2 000 des leurs). La tête de pont de Torokina atteint 55 km2. Les
assauts japonais se brisent sur ses défenses. Les Seabees* y construisent deux
pistes. Le 9 janvier 1944, elles sont opérationnelles. Les appareils américains
ne sont plus qu’à 350 km de Rabaul*. Pratiquement, la reconquête des
Salomon peut être considérée comme terminée, même si des Japonais se
maintiendront sur Bougainville jusqu’à la fin des hostilités. Au plan
d’ensemble, ils ne représentent pas un danger.
Cette situation permet de repenser le cas Rabaul*.

SALVADOR
Déclare la guerre aux puissances de l’Axe* en décembre 1941 et signe la
déclaration originelle des Nations unies*.
SAMAR, BATAILLE DE
Au soir de la bataille de la mer de Sibouyan*, l’amiral Kurita* représente
encore une force.
Il a derrière lui 4 cuirassés, 6 croiseurs lourds, 2 croiseurs légers, 11
destroyers. C’est beaucoup plus que n’estimait l’amiral Halsey* qui, sur la foi
des renseignements de ses équipages, l’avait négligé pour se lancer à la
poursuite des porte-avions d’Ozawa* (voir Enagano, bataille du cap).
Le 24 octobre 1944 au soir, Kurita*, ayant regroupé ses moyens, revient à
sa mission initiale : détruire les forces de débarquement américaines sur
Leyte. Résolument, il se dirige vers l’est. Surprise pour lui, le détroit de San
Berbardino est libre. Halsey* à la traque d’Ozawa* n’a laissé personne pour
le garder. Kurita* le franchit donc sans encombre en pleine nuit. À 3 h du
matin, il abat sur tribord et longe la côte orientale de Samar pour rallier le
golfe de Leyte.
Au lever du soleil, ses vigies signalent des mâtures à l’est. Il pense avoir
devant lui les porte-avions de Halsey*, lequel est loin. Seule une partie des
porte-avions de l’escorte de l’amiral Kinkaid*, très exactement la flottille de
l’amiral Clifton Sprague, se profile devant lui. Elle forme à cette heure
l’unique écran devant le golfe de Leyte où se massent les transporteurs qui
alimentent la bataille terrestre. (Les deux autres unités d’escorte de la VIIe
flotte de Kinkaid* sont 250 km au sud.)

À 6 h 58, Kurita* ouvre le feu.


Kinkaid* se croyait tranquille sur son flanc nord, couvert par Halsey*. Ce
dernier, emporté par sa fougue, court au canon derrière Ozawa* avec sa
IIIe flotte.
Sprague avec ses porte-avions d’escorte est en mauvaise posture. Vers 9
h, il est sur le point d’être cerné. Heureusement, les destroyers sont là. Ils
mènent une charge aussi folle qu’héroïque, attaquant du faible au fort. D’une
seule torpille, le Johnston met hors de combat le croiseur lourd Kumano.
Deux autres croiseurs, le Choikaï et le Chikuma, sont atteints. Trois
destroyers américains, Hoel, Roberts, Johnston, sont coulés, victimes de leur
audace. Un porte-avions, le Gambier Bay, est également touché. Il chavire et
coule à 9 h 07.
Les avions surgissent à leur tour. Décollés des porte-avions de la VIIe
flotte et de Leyte, ils multiplient les attaques. Le Choikaï, le Chikuma, puis le
Suzaya, autre croiseur lourd, sont définitivement touchés et sombrent.
Le doute s’installe chez Kurita*. Sans couverture aérienne et estimant
avoir devant lui plusieurs grands porte-avions, à 9 h 11, il ordonne de mettre
cap au nord, c’est-à-dire de faire demi-tour.
Cette retraite soudaine règle l’issue de la bataille devant Samar. La tête
de pont de Leyte ne sera pas affectée par la brève incursion japonaise
À 11 h, Halsey*, appelé à la rescousse, vire aussi de bord pour
redescendre vers le sud. Il arrivera trop tard. Il n’enverra par le fond qu’un
destroyer attardé de Kurita*, lequel perdra encore une croiseur léger coulé par
l’aviation.
La lutte menée par les 7 destroyers de Sprague reste un grand moment de
l’histoire navale des États-Unis*.
La bataille de Samar marque la fin de la bataille de Leyte*, en partie
seulement, car les kamikazes*, ce 25 octobre 1944, commencent à se
manifester.

SAMUDARIPEN
Vocable de langue romani pour désigner le génocide tsigane*.

SAMWEST
Nom de code de la base organisée dans la forêt de Duault, dans les Côtes-
d’Armor (25 km au sud-ouest de Guingamp), par les lieutenants Botella et
Deschamps du 2e RCP* après leur parachutage dans la nuit du 5 au 6 juin
1944.
Les paras y équipent et instruisent les maquisards bretons.
Le 22 juin, au matin, le camp est attaqué par les Allemands. L’ennemi est
repoussé avec des pertes, mais le camp est évacué par prudence. Maquisards
et paras éclatent pour engager la guérilla. Ils ont eu sept tués (5 paras,
2 maquisards) et plusieurs blessés dont Botella.

SAN FRANCISCO, CONFÉRENCE DE


Conférence tenue à San Francisco du 25 avril au 25 juin 1945. 50 nations
y assistent en vue de mettre au point les décisions prises durant les
conférences interalliées et celle de Dumbarton Oaks* et faire de l’ONU*
(Organisation des Nations unies) une sorte de Société des Nations aux
pouvoirs plus étendus.
Sont présents :

l’URSS*, la Biélorussie, l’Ukraine*, la


Tchécoslovaquie*, la Yougoslavie*, la France*, la
Pour l’Europe
Grande-Bretagne*, le Luxembourg*, les Pays-Bas*, la
Belgique*, le Danemark*, la Norvège*, la Grèce*.
les États-Unis*, le Canada*, les républiques latino-
Pour l’Amérique
américaines.
l’Australie*, la Nouvelle-Zélande*, la Chine*, l’Inde*,
Pour le reste, du les Philippines*, l’Iran*, l’Arabie-Saoudite, le Liban,
monde la Syrie, l’Irak*, la Turquie*, l’Égypte*, le Liberia*,
l’Afrique du sud*.

La Pologne* est absente, son gouvernement n’ayant pas encore été


reconnu. L’Italie* est également absente, comme les anciennes puissances du
camp de l’Axe*.
La faiblesse de la représentation africaine s’explique par la colonisation
toujours présente dans la majeure partie des territoires africains.
Les principes envisagés à Dumbarton Oaks* sont dans l’ensemble
acceptés.

SAN FRANCISCO, TRAITÉ DE


Traité de paix signé, en septembre 1951, par le Japon*, avec 48 nations
alliées. Il rend au Japon* son indépendance, met un terme à l’occupation et
permet aux condamnés nippons d’être libérés. De son côté, le Japon* renonce
à toutes prétentions sur la Corée*, Formose*, les Pescadores, les Kouriles*, le
sud de Sakhaline* et les îles de Spratly et Paracel. Il abandonne également
ses droits et intérêts en Chine*.
L’URSS*, la Pologne*, la Tchécoslovaquie* refusent de signer ce traité,
et bien qu’invitées, l’Inde*, la Birmanie* et la Yougoslavie* n’assistent pas
aux séances. La Chine*, elle, n’a pas été invitée.

SANGLOTS LONGS, LES


« Les sanglots longs / Des violons / De l’automne. »
Ces premiers vers du célèbre poème de Verlaine, Chanson d’automne,
doivent signaler à la Résistance française* l’imminence du débarquement.
Les suivants : « Blessent mon cœur / D’une langueur / Monotone »
signifieront que l’invasion commencera dans les 48 heures, à partir de minuit
suivant la transmission du message.
En janvier 1944, Canaris*, informé, a prévenu les services de
renseignements allemands de leur signification. Le 1er juin, vers 21 h, la
première partie du message « Les sanglots longs [...] » est captée. Le
lieutenant-colonel Meyer, officier de renseignements de la XVe Armée, rend
compte à ses supérieurs. Le QG de von Rundstedt*, celui de Rommel*, sont
alertés ainsi que l’OKW*. Si l’information remonte, elle ne redescend pas.
Les chefs de la Résistance* ont eux aussi entendu. Une immense
espérance emplit le cœur des combattants de l’ombre.
Le 5 juin, à 22 h, message BBC répété avec soin : « Blessent mon cœur /
D’une langueur / Monotone. » Pour la Résistance française*, la suite tant
attendue du poème de Verlaine ! Le débarquement n’est plus qu’une question
d’heures.
Meyer a entendu. Il s’empresse de jeter l’alarme. Ses supérieurs n’y
croient pas. À l’état-major de von Rundstedt*, quelqu’un s’écrie :
« Eisenhower* ne va tout de même pas charger la BBC d’annoncer le
débarquement ! ».
Attitude identique à l’OKW*. Consignes générales d’alerte, mais sans
plus.
La principale intéressée, la VIIe Armée allemande, entre Loire et Orne,
n’est pas avertie. Pourquoi ? Le mystère demeure. À force de crier au loup
peut-être !

SANTA ANNA DI STAZZEMA


Village martyr d’Italie*, en Toscane.
Le 12 août 1944, sous couvert d’assistance aux partisans, le village est
rasé et 560 de ses habitants massacrés par un détachement de la division SS
Adolf Hitler.

SANTA CRUZ, BATAILLE DE L’ÎLE DE


Octobre 1942. Nagumo*, le grand vaincu de Midway*, veut sa revanche.
Il a récupéré les deux porte-avions Shokaku et Zuikaku ainsi qu’un petit
porte-avions, le Zuiho. Il s’avance, protégé par un croiseur lourd et sept
destroyers, bien couvert à distance par deux flottes de croiseurs et de
destroyers dont l’une comprend le nouveau porte-avions Junyo. Son ambition
est double : soutenir le Tokyo express* et les renforts sur Guadalcanal*, et
surtout se venger de Midway*.
En face, les Task Forces 16* (porte-avions Enterprise) et 17 (porte-
avions Hornet de l’amiral Halsey*) tournent, prêtes à intervenir, autour des
îles Santa Cruz, au nord des Nouvelles-Hébrides*.
Le 25 octobre, à midi, un Catalina* aperçoit deux porte-avions japonais
dans le sud-est, à 360 milles de la flotte d’Halsey*. Les Américains perdent le
contact à cause de la pluie qui limite la visibilité. Le 26, les flottes se
repèrent : elles s’affronteront durant une bonne partie de la journée par leur
aviation embarquée. Les vagues de bombardiers et de chasseurs s’efforcent
de frapper, par petits groupes et par surprise, à contre-soleil. Le Zuiho reçoit
deux bombes interdisant les décollages. Le croiseur Chikuka, le Shokaku sont
sérieusement endommagés. Le Hornet, touché à plusieurs reprises, finit par
être victime de deux avions suicides qui s’écrasent avec leurs projectiles. Il
n’est bientôt plus qu’un brasier. L’Enterprise, le cuirassé South Dakota sont
touchés. Après avoir récupéré leurs équipages en l’air, les Américains se
décident à rompre le combat.
Chaque camp a payé fort cher la bataille de Santa Cruz. Avec la
disparition du Hornet, les Japonais semblent vainqueurs, mais c’est une
victoire à la Pyrrhus. Ils ont perdu une centaine de pilotes hautement
qualifiés. Les Américains ont eu moins de pertes humaines et ils sont
capables de les combler très vite. La relève s’instruit aux États-Unis*.

SARDAIGNE
Île italienne au sud de la Corse. Elle sert d’escale aux convois de l’Axe*
vers l’Afrique du Nord. Le 8 septembre 1943, les Allemands commencent à
l’évacuer via la Corse* et le 14 septembre les parachutistes américains y
débarquent sans opposition. L’île est ensuite utilisée comme base pour
attaquer le trafic maritime allemand.

SAS (SPECIAL AIR SERVICE)


Le SAS, à la notoriété aujourd’hui bien acquise, possède un incontestable
fondateur : David Stirling*.
Ce jeune officier désireux d’en découdre ne manque ni d’imagination ni
d’audace. Durant l’été 1941, il propose au général Auchinleck*, commandant
en chef au Caire, de mettre sur pied une unité destinée à frapper « au point
faible là où personne ne l’attend ». Auchinleck*, séduit, l’autorise à recruter
65 volontaires.
Le hasard va donner un nom à cette petite troupe. Elle est intégrée à une
formation chargée de faire du tape-à-l’œil, destinée à tromper l’observation
aérienne et à ce titre appelée brigade SAS (Special Air Service). Le
détachement Stirling* prend progressivement ce nom à son compte. Il devient
le SAS, avec pour devise un slogan fort qu’il met largement en application :
« Who dares wins. » (Qui ose gagne.)
L’unité Stirling* s’étoffe, incorpore des étrangers dont une cinquantaine
de parachutistes français, qui formeront le French Squadron. Au début de
1942, elle comporte environ 250 hommes, répartis en 4 ou 5 Squadrons, eux-
mêmes subdivisés en 8 ou 10 groupes autonomes. En juillet 1942, le SAS
prend officiellement rang de régiment.
Tout au long de l’année 1942, en Libye*, il multiplie les coups d’éclat, en
liaison, fréquemment, avec le LRDG* qui assure la mise en place et le repli.
Ses raids en profondeur sur les arrières ennemis, notamment contre les
aérodromes allemands et italiens, sont dévastateurs. 400 avions ennemis
détruits au sol. L’adjoint de Stirling, le capitaine Paddy Mayne, à lui seul, en
a plus de 100 à son actif.
A la fin de 1942, malgré les réserves de Montgomery*, nouveau
commandant de la VIIIe Armée britannique en Égypte, le SAS s’est affirmé
comme une troupe incontournable. Stirling* a été promu lieutenant-colonel.
Son frère William, qui est de la même trempe, organise un second régiment,
appelé à s’entraîner en Algérie après le 8 novembre 1942. Cette parenté
conduit à une réponse devenue classique sur la signification du vocable SAS :
« SAS ? Stirling and Stirling*, of course. » (Naturellement.)
La capitulation allemande en Tunisie* le 13 mai 1943 met un terme aux
activités du SAS en Afrique du Nord (entre-temps, Stirling* a été fait
prisonnier lors d’un raid dans le Sud tunisien). Le SAS éclate.
Le 1er régiment SAS, passé sous les ordres de Paddy Mayne, part pour la
Palestine* constituer la Force spéciale de raid (Special Raiding Force).
Le 2e régiment SAS, entraîné à Philippeville (Skikda) en Algérie*,
augmente ses effectifs.
Jellicoe, le rescapé d’Héraklion, développe le SBS* (Special Boat
Service), destiné à intervenir dans les îles méditerranéennes.
Le French Squadron regagne la Grande-Bretagne*. Il sera aux origines
des 2e et 3e RCP* de la Libération*.
Special Raiding Force et 2e SAS effectuent des coups de main en Sicile*
et en Italie*, avant de rentrer en Angleterre* au début de 1944 afin de se
préparer aux opérations liées au débarquement de Normandie. (Le 3e
Squadron du 2e SAS continuera à opérer en Italie* en liaison avec la
Résistance italienne*.) Le SAS formera alors une brigade, incluant les 2e et 3e
RCP* français, sous les ordres du brigadier général Mac Leod, et participera
aux opérations sur le continent.

SAUCKEL, FRITZ
(1894-1946).
Nazi de la première heure.
En 1942, Hitler* le nomme ministre plénipotentiaire pour la mobilisation
des travailleurs. Concrètement, jusqu’en 1945, Sauckel sera le grand négrier
en chasse de main-d’œuvre pour le Reich* dans les territoires occupés ou les
camps de prisonniers. À Nuremberg*, il sera reconnu responsable de la
déportation de plus de cinq millions de travailleurs étrangers. Condamné à
mort pour crimes de guerre et contre l’humanité par le TMI*, il est exécuté en
octobre 1946.

SAVO, BATAILLE NAVALE DE


Les Américains ont débarqué sur Guadalcanal* et Tulagi* le 8 août 1942,
surprenant les Japonais qui commençaient à s’y installer. La riposte nippone
est quasi immédiate pour contrer l’adversaire.
Habitués au combat de nuit, sept croiseurs et un destroyer de l’amiral
Mikawa, venus de Rabaul*, se glissent de nuit entre l’île de Savo et le cap
Espérance, à la pointe septentrionale de Guadalcalnal*. Au tour des
Américains d’être surpris. Personne n’était vraiment sur ses gardes, à bord
des bâtiments de l’amiral Crutchley censés protéger les navires au mouillage
devant Tulagi* et Guadalcanal*.
Il est 1 h 38, ce 9 août 1942, lorsque les torpilles japonaises filent vers les
croiseurs Canberra et Chicago. Un déluge d’obus de huit pouces les
accompagne. Sans s’attarder, Mikawa contourne Savo par le sud et attaque à
courte distance le Quincy, le Vincennes, l’Astoria, postés en surveillance
nord. Le destroyer Ralph Talbot, au passage, est gravement endommagé.
Disparaissant dans la nuit pour regagner sa base, Mikawa laisse derrière lui
quatre croiseurs en train de sombrer : le Canberra australien et trois
américains, Vincennes, Quincy et Astoria. Le Chicago et deux destroyers ont
été gravement endommagés.
Le coup est cruel pour les Américains qui ont eu 1 023 tués et 709
blessés. Les Japonais n’ont eu que 58 tués.
Cette défaite sonne comme un avertissement. L’US Navy* abandonne les
lieux. Les Marines* débarqués à Guadalcanal* et Tulagi* se retrouvent seuls.
Savo illustre bien ce que sera Guadalcanal* : une double bataille, terrestre
pour refouler l’adversaire, navale et aérienne pour interdire les renforts.

SB 2
Tupolev SB 2.
Bimoteur soviétique de bombardement, ayant débuté en 1936 en Espagne
et fabriqué à 6 600 exemplaires en plusieurs versions. À partir de 1941, sera
relégué au bombardement de nuit, à l’entraînement et au transport. Le modèle
SB 2 bis sera utilisé pour le bombardement en piqué.
Vitesse : 420 km/h ; autonomie : 1 200 km ; armement : 4 mitrailleuses,
600 kg de bombes ; équipage : 3 hommes.

SBS (SPECIAL BOAT SECTION)


Unité de commandos britannique, fondée en juillet 1940 par Robert
Courtney avec vocation d’effectuer des coups de main par canoë.
Il éclatera rapidement en deux.
— Le 1er SBS travaillera au Moyen-Orient et en Méditerranée* avec le
SAS* et le LRDG*.
— Le 2e SBS travaillera aussi en Méditerranée* avant de rejoindre
l’Extrême-Orient. C’est l’une de ses équipes qui accompagnera le général
Clark* à la conférence de Cherchell*.
À l’actif du SBS, de nombreux raids audacieux – en particulier dans les
îles du Dodécanèse* – et des reconnaissances tout aussi audacieuses de points
de débarquement.

SCAP (SUPREME CHIEF OF ALLIED POWERS


– COMMANDANT SUPRÊME DES PUISSANCES
ALLIÉES)
Titre et fonctions de MacArthur* au Japon* après la capitulation
japonaise*.
(Voir MacArthur.)

SCHACHT, HJALMAR
(1877-1970). Banquier et homme d’affaires
allemand.
Président de la Reichsbank de 1924 à 1929 et de 1933 à 1939.
Ministre de l’Économie en 1934, abandonne ses fonctions en 1937, mais
reste ministre sans portefeuille jusqu’en 1943. Interné dans un camp de
concentration après le 20 juillet 1944 et libéré par les Américains en 1945.
Acquitté par le Tribunal de Nuremberg*, est condamné par les tribunaux
allemands de dénazification pour avoir aidé à financer le parti nazi à ses
débuts.

SCHARNHORST
Croiseur de bataille allemand de 35 000 tonnes.
Vitesse : 31,5 nœuds ; artillerie principale : 9 pièces de 280 mm.
Coulé le 26 décembre 1943 lors de la bataille du cap Nord. Il n’y a que
36 rescapés sur un équipage de plus de 2 000 marins.

SCHELLENBERG, WALTER
(1910-1952). SS brigadeführer.
À 23 ans, après de bonnes études de droit, ce garçon catholique et de
bonne famille adhère aux SS*.
Remarqué par Heydrich*, il entre au SD*. À la déclaration de guerre, il
est chef du service de contre-espionnage du RSHA*. En avril 1943, prend la
direction de l’AMT VI de ce même RSHA*, c’est-à-dire du renseignement
extérieur (SD*). En février 1944, il y absorbera l’Abwehr*, bien qu’à cette
date il ne croie plus en la victoire de l’Allemagne*. À ces titres, sera mêlé à
de nombreux dossiers : occupation de l’Autriche*, irruption allemande en
Pologne*, incident de Venlo*, projet d’enlèvement du duc de Windsor*, lutte
contre la Rote Kapelle*, etc. Au début de mai 1945, se trouve en Suède* pour
essayer de négocier la paix. Témoin à Nuremberg*, sera, en janvier 1948,
condamné à six ans d’emprisonnement par un tribunal militaire américain.
Libéré en 1951, décédera l’année suivante.

SCHIRACH, BALDUR VON


(1907-1974). Homme politique allemand.
Nazi convaincu, devient, en 1931, chef des Jeunesses hitlériennes.
En 1940, est envoyé à Vienne comme gauleiter* où il semble avoir
protesté contre le sort réservé aux Juifs. Au procès de Nuremberg*,
l’accusation retiendra qu’il avait « empoisonné l’âme de millions d’enfants ».
Honnêtement, il plaidera coupable et sera condamné à 20 ans de prison qu’il
effectuera intégralement.

SCHMUNDT
Général allemand.
Premier aide de camp de Hitler*.
Mortellement blessé lors de l’attentat du 20 juillet 1944.

SCHNORCHEL
Dispositif similaire à un long périscope de 8 à 10 m de long permettant,
sur un sous-marin, l’aspiration d’air frais et l’évacuation des gaz de
combustion du moteur Diesel.
Le submersible peut ainsi effectuer un long parcours immergé.
Étudié par les Hollandais avant la guerre, le projet schnorchel est saisi
par les Allemands qui mettent un certain temps avant de l’exploiter.
Opérationnel au début de 1944, le schnorchel arrivera trop tard pour modifier
le rapport des forces dans l’Atlantique*. Le sous-marin naviguant sous
schnorchel n’est pratiquement pas détectable par radar.

SCHOERNER, FERDINAND
(1892-1973). Maréchal allemand.
Reçoit, durant la Première Guerre mondiale, l’Ordre du mérite*, dans le
même régiment que Rommel*.
Général en 1939, fait campagne en Pologne*, France*, Balkans*,
Norvège*, Russie. Est le dernier commandant du GA/Centre.
Nazi farouche, chef impitoyable, promu maréchal le 5 avril 1945, il avait
été désigné par Hitler*, dans son testament, pour commander la Wehrmacht*.
Arrêté par les Américains, il sera livré aux Russes et passera dix ans dans les
prisons soviétiques. À son retour, condamné par un tribunal allemand de
dénazification, il ne sera libéré qu’en 1960.

SCHULENBURG, FRIEDRICH VON, COMTE.


(† en 1944) Diplomate allemand.
Ambassadeur d’Allemagne* à Moscou, c’est lui qui, le 22 juin 1941 à
4 h du matin, ira au Kremlin lire à Molotov* la déclaration de guerre
allemande.
Antinazi et suspecté d’être le titulaire possible du ministère des Affaires
étrangères en cas de succès de l’attentat du 20 juillet 1944, est arrêté par la
Gestapo* et exécuté le 10 novembre 1944.

SCHWARZE KAPELLE
L’orchestre noir.
Nom donné par la Gestapo* au groupe informel d’officiers supérieurs,
diplomates, aristocrates, hommes politiques, antinazis et ayant volonté de
renverser le régime hitlérien pour sauver l’Allemagne du désastre vers lequel
le Führer* la précipitait.
Heydrich* paraît être à l’origine de cette appellation donnée par analogie
et opposition de couleur à la Rote Kapelle* d’obédience communiste.
Dans cette opposition au nazisme*, deux hommes, tout d’abord,
émergent. Karl Gördeler*, ancien bourgmestre de Leipzig, et le général
Beck*, ancien chef d’état-major de l’armée. Beck* compte s’appuyer sur
l’armée où il continue de jouir d’un grand prestige. L’armée de terre s’entend.
La Kriegsmarine* vit en marge. La Luftwaffe* s’est développée dans le
moule national-socialiste. Dans l’armée de terre, de nombreux officiers sont
hostiles à la pensée et aux méthodes de Hitler*. C’est le cas des maréchaux
ou généraux von Witzleben*, ancien commandant en chef à l’Ouest, von
Hammerstein, ancien commandant d’un GA (décédé en 1943), von
Stülpnagel*, commandant des troupes d’occupation à l’ouest.
Au-dessous d’eux, une nouvelle génération se montre plus portée à
l’action directe. Beaucoup de ces officiers occupent des postes importants,
d’où ils tirent de réelles possibilités d’action. Le général Hœpner est un
valeureux commandant de blindés. Le général Olbricht* est le chef d’état-
major de « l’armée de réserve de l’intérieur ». Le général Tresckow* est le
chef d’état-major du maréchal von Kluge*, commandant du GA/C du front
de l’Est. Le général Fellgiebell* est le chef du département des transmissions
de l’OKW*. Le général Lahousen* est l’adjoint de l’amiral Canaris*, patron
de l’Abwehr*. Le colonel, puis général Oster, également de l’Abwehr*, est
aussi partie prenante. Ces noms sont les plus connus. Il y en a d’autres.
Presque tous perdront la vie dans la terrible voie où ils se sont engagés.
Jusqu’où Canaris*, von Kluge*, Rommel* se sont-ils engagés ? Une
incertitude demeure, mais il paraît acquis qu’en 1944, ces trois hauts
responsables estimaient que le salut de l’Allemagne* passait par l’éviction
d’Adolf Hitler*.
Il y a enfin le colonel von Stauffenberg* dont la détermination conduira
au 20 juillet 1944.

SCOBBIE, RONALD
(1893-1969). Général anglais.
Passe pratiquement toute la guerre au Moyen-Orient et en Méditerranée*.
En 1942-1943, commande les forces terrestres de Malte*. De septembre
1944 à la fin de 1945, est le commandant des troupes britanniques engagées
en Grèce*.

SCORPION
Nom donné, sur certains théâtres d’opérations, au char fléau Crab*.

SCOUT CAR M 3 (WHITE M3 A1 SCOUT CAR)


Véhicule léger blindé, quatre roues, fabriqué à environ 20 000
exemplaires par la firme américaine White.
Prévu comme engin de reconnaissance et de commandement.
Poids : 5,6 tonnes ; vitesse : 88 km/h ; autonomie : 400 km ; blindage :
12,7 mm ; armement : 1 mitrailleuse de 30 et une de 50 ; équipage : 6 à
8 hommes.
Ce véhicule assez voyant a un blindage insuffisant et sort difficilement
des axes carrossables.

SD (SICHERHEITSDIENST)
Service de Sécurité des SS*, dépendant du RSHA* et s’occupant de la
sécurité intérieure.
Il a pour chef Otto Ohlendorf.

SD, KFZ-7
Transporteur de troupes allemand semi-chenillé et tracteur d’artillerie.
Vitesse : 50 km/h ; autonomie : 300 km ; équipage : 2 hommes plus
9 combattants.

SDN (SOCIÉTÉ DES NATIONS)


Organisation internationale créée en 1920 en vue d’assurer le maintien de
la paix.
Devant les montées du fascisme*, du nazisme*, et les impérialismes
nippon et soviétique, elle se révèle vite impuissante. C’est elle qui distribuera
les mandats de gestion des anciennes colonies allemandes et des territoires
non turcs de l’Empire ottoman. La France*, la Grande-Bretagne*, le Japon*
en seront les grands bénéficiaires. Le Japon* prendra ainsi pied dans des
archipels du Pacifique* où il installera des bases qui lui seront précieuses au
lendemain de Pearl Harbor*.
L’ONU*, en 1946, succédera à la SDN.

SEABEES
Abeilles de la mer. Vocable américain dérivé des initiales CB
(construction battalions).
Unités de Génie, issues de l’US Navy*, créées en décembre 1941. Elles
ont vocation de construire des bases navales, des aérodromes, des routes.
Elles emploieront jusqu’à 8 000 officiers et 250 000 hommes, presque tous
techniciens et spécialistes. Leur insigne est une abeille en vol coiffée d’une
casquette de marin, et portant un pistolet mitrailleur et un marteau.
Le travail des Seabees est capital dans la guerre du Pacifique*.

SEAC (SOUTH EAST ASIA COMMAND)


Commandement du Sud-Est asiatique que les officiers américains
brocardent souvent, sans avoir tout à fait tort, en : « Save England’s Asiatic
Colonies. »
Ce commandement est créé en octobre 1943, avec pour secteur
opérationnel la Birmanie*, la Malaisie* et Sumatra. Il peut organiser des
missions clandestines en Indochine française* et Thaïlande*. L’amiral
britannique Mounbatten* en prend le commandement avec pour adjoint le
général américain Stilwell* et installe son QG à New Delhi avant de le
transférer à Candy (Ceylan) en juin 1944. Ce SEAC sera constamment divisé
par les conceptions et intérêts divergents des Britanniques et des Américains.
Il sera dissous le 30 novembre 1946.

SÉBASTOPOL, SIÈGE ET PRISE DE


La Crimée, ce pendentif de 12 000 km2 plongé dans la mer Noire, n’est
accrochée au continent que par un isthme étroit, le fameux isthme de
Perekop, large de 7 km.
Pour s’emparer de la Crimée, les Franco-Anglais, en 1854, étaient venus
par mer. Ils avaient débarqué à Eupatoria, sur la rive occidentale, bousculé les
Russes sur l’Alma, puis marché sur Sébastopol. Un siège long et sanglant
avait été alors nécessaire pour réduire la forteresse.
L’histoire se renouvelle avec quelques variantes. Différence avec 1854, la
marine russe tient la mer. L’assaillant de 1941 vient par terre. La mer lui
échappe. Les Soviétiques ont fait de Sébastopol la base de leur flotte de la
mer Noire. Ses approches sont solidement fortifiées.
Une irruption brutale dans la presqu’île aurait, peut-être, permis de
bousculer un adversaire contraint à la retraite depuis plusieurs semaines. La
XIe Armée de von Manstein*, chargée de la conquête de la Crimée, a perdu
du temps. Elle a dû se porter à la rescousse de la IIIe Armée roumaine
malmenée par une contre-attaque soviétique. Ce n’est que le 24 septembre
1941, qu’elle peut attaquer l’isthme de Perekop. Le verrou est forcé le 29.
L’Armée rouge* a perdu 10 000 prisonniers. Elle reçoit du renfort. La
garnison d’Odessa* est évacuée sur Sébastopol. Huit divisions de tirailleurs,
quatre de cavalerie, tiennent désormais la presqu’île. Le rapport des forces est
au désavantage de von Manstein*. Les violents combats d’octobre le lui
montrent. Il finit toutefois par l’emporter. Simferopol, capitale de la Crimée,
tombe le 1er novembre. Yalta*, appelée à un avenir historique, le lendemain.
Feodosia, le 3. La retraite vers l’est, par l’isthme de Parpatch, est interdite. La
victoire serait totale – 100 000 prisonniers, 700 canons, 160 chars saisis – s’il
ne flottait encore le drapeau rouge sur Sébastopol.
Cette place forte doit être prise ; elle menacerait trop le flanc allemand en
servant de base à d’éventuelles opérations amphibies. Tout en occupant la
majeure partie de la Crimée, le 26 novembre, von Manstein* campe devant la
ville. Il voudrait s’en emparer avant Noël. Le Caucase l’attend. Il l’attendra
longtemps. Sébastopol ne tombera que le 4 juillet 1942.
La ville se défend avec opiniâtreté tandis qu’à l’est la presqu’île de
Kertch inquiète le stratège allemand. En février 1942, la Stavka* renforce les
effectifs de Kertch et constitue un nouveau Front dit de Crimée. Le détroit
gelé qui sépare Kertch du continent (le Kouban) permet un accès facile. La
marine soviétique contrôle la mer Noire. Au 30 avril 1942, 17 divisions de
tirailleurs, 4 brigades blindées, 2 divisions de cavalerie se massent derrière le
fossé antichars de 18 km qui barre l’isthme de Parpatch.
Von Manstein*, par les reconnaissances aériennes, a localisé la présence
de ce bélier de 20 divisions sur son flanc sud-est. Aussi longtemps qu’il
subsistera, il ne pourra s’attaquer à Sébastopol* transformée en redoutable
forteresse. L’OKH* pensant aux futures campagnes vers le Caucase le presse
d’en finir avec la Crimée sans toutefois lui en donner les moyens. La
Wehrmacht* commence à souffrir du mal qui la minera de plus en plus : la
pauvreté des effectifs. Von Manstein* doit faire avec ce qu’il a : 5 DI et une
PD, la 22e. En revanche, il peut compter sur l’appui total de la VIIIe flotte
aérienne de son ami, von Richthofen. Avec ses Stuka* et ses JU 88*, von
Richthofen est en mesure d’influencer la bataille.
Le commandant de la XIe Armée laisse supposer qu’il attaquera au nord,
là où le front s’incurve vers l’ouest formant une hernie. Mouvements de
troupes, trafic radio intensifié y donnent l’illusion d’une concentration.
Pendant ce temps, l’essentiel se prépare au sud, le long de la mer Noire. Le
XXXe CA (3 DI, 1ère PD) percera plein est. Après quoi, avec sa PD* et une
partie de ses moyens, von Manstein* se rabattra au nord pour prendre les
défenses soviétiques de flanc ou de revers. Cette opération, baptisée Trappen-
Jagd* (Chasse à l’outarde), ne manque pas d’audace. 5 DI, 1ère PD
affronteront trois armées russes ou équivalentes.
Le 8 mai 1942, à 3 h 15, l’artillerie allemande entre en action. Avec le
jour, les Stuka* surgissent et plongent en hurlant. Des canots d’assaut foncent
vers la côte et débarquent des fantassins qui nettoient les abords du fossé
antichars. La 28e DI se porte à leur hauteur. Au soir de la première journée, le
front russe se lézarde là où le stratège de la percée des Ardennes* l’avait fixé.
Le 9, au matin, blindés et motorisés sont à même d’exploiter les têtes de
pont créées par l’infanterie. La manœuvre prévue s’enclenche. Le 11, à mi-
journée, la XXIIe PD touche la mer d’Azov. Dix divisions sont tournées et
prises dans la nasse. Désarroi, panique s’emparent des Soviétiques. Leurs
unités éclatent. Des colonnes de fuyards essayent de gagner Kertch dans
l’espoir de franchir le détroit large seulement de 20 km. Chars, motorisés,
avions interdisent ce repli.
Le 17 mai, tout est terminé. 26 grandes unités ont été anéanties. Von
Manstein* a fait 170 000 prisonniers, capturé 1 133 canons et 2 558 chars.
Désormais il peut s’occuper de Sébastopol.
Bien avant la guerre, et plus encore depuis le début du siège, les
Soviétiques ont transformé Sébastopol, premier port de la mer Noire, en
solide forteresse. Ils sont résolus à la défendre coûte que coûte. Staline* en a
donné l’ordre formel.
La ville proprement dite s’étage au sud de la baie de Savernaya,
échancrure naturelle offrant une excellente rade de plusieurs kilomètres de
profondeur. Au nord de la ville, jusqu’à la vallée du Belbek, ont été édifiés
d’importants ouvrages bétonnés, type ligne Maginot*, qui forment deux
ceintures de fortifications. Les Allemands les ont baptisés Molotov*,
Staline*, Maxime Gorki, Guépéou, Oural, Volga, etc. Des travaux de
campagne en occupent les intervalles.
À l’est, le terrain boisé et accidenté, propice à une défense rapprochée,
abrite de nombreux nids de résistance difficilement décelables.
Au sud, de la vallée de la Tchornaïa à la mer, le relief se redresse et
devient montagneux. Des sommets escarpés et bien organisés forment une
première ligne que les Allemands ont baptisée Pain de Sucre, Nez nord, Mont
de la Chapelle etc. Un peu en retrait, au nord-ouest, s’alignent les hauteurs de
Sapoun, escarpement doté de pentes abruptes vers l’est, et dont l’autre
versant donne sur le plateau de Chersonèse, véritable porte d’entrée de
Sébastopol. C’est sur ce plateau qu’en 1855 bivouaquait l’armée franco-
anglaise. Sur toute cette face méridionale, les Soviétiques ont réalisé une
série d’ouvrages nichés sur les sommets, sur le Sapoun ou aux abords de la
ville.
La garnison russe est forte de 106 000 marins et soldats commandés par
l’amiral Oktchaberski et le général Petrov*. Elle dispose de 600 canons,
38 chars, une cinquantaine d’avions et quelques bâtiments de guerre de la
flotte de la mer Noire. Quelques renforts lui parviendront par mer.
En valeur absolue, von Manstein* est mieux loti. Avec sa XIe Armée et
des Roumains, il aligne 200 000 hommes. Ceux-ci ne sont pas tous devant
Sébastopol et les Roumains ne sont que des Roumains. Leur chef doit veiller
sur l’ensemble de la Crimée et se protéger des partisans qui rôdent autour de
ses lignes de communications.
Von Richthofen est toujours là avec sa VIIIe flotte aérienne et il y a
l’artillerie. Environ 3 000 pièces bien servies et bien approvisionnées. Von
Manstein entend ménager le sang de ses soldats. Étant donné la solidité des
défenses adverses, il a obtenu des moyens lourds : batteries de 190 mm,
mortiers de 305 et 350 mm. De cette panoplie émergent deux spécimens
entourés et dorlotés : Gamma et Karl, mortiers de 427 et 615 mm, héritiers de
la fameuse Grosse Bertha. Il y a surtout Dora*, avec ses 800 mm, mieux
connu des troupiers sous l’épithète de Gros Gustave. Ce monstre décevra un
peu, ce qui ne l’empêchera pas d’anéantir un dépôt de munitions enfoui sous
30 m de terre. Sans parler de ses effets destructeurs sur les habitations et les
abris.
Curieusement, la palme de l’efficacité reviendra au canon de 88 de DCA.
Utilisé comme antichars, il a déjà montré la rapidité et la précision de son feu.
Avancée en première ligne, cette arme, identifiable à son claquement
métallique, apporte un appui exceptionnel. Un bon tireur place très vite ses
coups au but dans les meurtrières et embrasures, détruisant de plein fouet
redoutes et blockhaus.
Von Manstein* possède un autre avantage non négligeable : le choix du
point d’attaque. Un périmètre de 50 km s’offre à lui. Il écarte le secteur
oriental trop difficile à assouplir faute de localisation précise des résistances.
Il attaquera au nord et au sud avec ses LIVe et XXXe CA. L’infanterie enlèvera
les défenses après un copieux matraquage.
Le 2 juin, von Manstein* entame sa préparation. Durant cinq jours,
aviateurs et artilleurs déversent des tonnes de bombes sur les positions
fortifiées. Le 7, 5 h 30, fantassins et sapeurs s’élancent. Ceux du LIVe CA sur
le Belbek, ceux du XXXe contre les sommets situés au nord-ouest de
Balaklava. Von Manstein* pourra écrire dans ses Mémoires :
« C’étaient toute la valeur, la bravoure, l’esprit d’initiative, l’esprit de sacrifice du soldat
allemand qui s’opposaient à la résistance acharnée d’un adversaire possédant l’opiniâtreté,
l’inébranlabilité traditionnelles du soldat russe, portées encore à leur paroxysme par l’armature de
fer du régime soviétique. »

L’analyse est exacte. Sébastopol tombera, sa chute sera regardée par les
deux camps comme une victoire. Les Allemands pour l’avoir emporté, les
Soviétiques pour avoir vaillamment résisté.
La première journée apporte aux Allemands des succès. Le LIVe CA
franchit la vallée du Belbek ; le XXXe CA gagne du terrain vers les hauteurs
de Sapoun. Rien n’est vraiment joué. Suivent dix jours de lutte farouche, par
une chaleur torride. Les Soviétiques résistent souvent jusqu’au dernier. Leurs
contre-attaques s’efforcent sans cesse de regagner le terrain perdu. Le 13 juin,
le 16e RI du colonel von Choltitz*, le futur commandant du Gross Paris en
août 1944, enlève le fort Staline. Le 17, à même hauteur, Tcheka, Guépéou,
Sibérie, Volga tombent. Une brèche s’ouvre. Le long de la côte, la batterie
cuirassée Maxime Gorki, qui bloquait la progression, tombe également après
intervention des mortiers de 355 mm. Les fantassins ont réduit à l’explosif,
au lance-flammes ou à la grenade les défenseurs retranchés à l’intérieur de
l’ouvrage. Sur une garnison d’un millier d’hommes, il n’y a que 40
prisonniers.
Au sud, le XXXe CA réussit à conquérir les pitons interdisant la remontée
vers le nord, Nez nord, Mont de la Chapelle, Colline des Ruines.
Ces gains réels mais modestes en distance parcourue coûtent cher. Von
Manstein* doit assurer la relève de certains de ses régiments avec des unités
en garde dans la presqu’île de Kertch.
L’attaque reprend. Hitler* presse l’attelage ; l’offensive du Caucase* est
sur le point de débuter.
Le 21 juin, le LIVe CA borde la baie de Savernaïa en plusieurs endroits.
Les combats sont toujours aussi acharnés. Retranchés dans des galeries
creusées dans les falaises, les Soviétiques refusent de se rendre. La mort ou le
suicide des commissaires politiques permettent seuls aux rescapés de lever
les bras.
Au matin du 26, le périmètre défensif se situe sur la baie de Savernaïa, les
hauteurs d’Inkerman, celles de Sapoun, les crêtes à l’ouest de Balaklava. Les
Russes n’ont plus de réserves. Les rares secours arrivent par sous-marins ou
vedettes rapides.
Von Manstein* a hâte d’en finir. Dans la nuit du 28 au 29 juin, il tente un
coup d’audace et fait traverser à des canots d’assaut la baie de Savernaïa
large de 800 à 1 000 m. Le débarquement, appuyé par un intense
bombardement aérien, réussit. Simultanément le XXXe CA donne l’assaut à la
position de Sapoun.
La tête de pont sur la rive sud de la baie s’amplifie. Elle menace de flanc
et de revers les hauteurs de Sapoun, principal obstacle à bousculer. Celles-ci
une fois enlevées, von Manstein* peut de tous côtés pousser vers la ville.
L’histoire se répète. On se bat parmi les tombes éventrées du cimetière
anglais. Des émules de Mac-Mahon enlèvent la tour Malakoff. Le combat fait
rage dans Inkerman où plane l’ombre des zouaves de Canrobert.
La chute de Sébastopol devient inéluctable. Le 29, les derniers avions
s’envolent vers le Caucase. Staline* avait ordonné de tenir jusqu’au bout. Il
ne veut pas tout perdre. L’autorisation d’évacuer est accordée à ceux qui le
peuvent. L’amiral Oktchaberski, le général Petrov* s’échappent par vedette
rapide. La flotte de la mer Noire essaye, de nuit, de réaliser de petits
Dunkerque*. Sans grands succès. Des rescapés se replient dans des grottes
des falaises côtières. 30 000 se rendront le 4 juillet. D’autres essayent de
percer vers l’est dans l’espoir de rallier des partisans dans la montagne. Leurs
pertes seront terribles.
Sébastopol n’est plus qu’un amas de ruines. Le 30 juin, la XIe armée
pénètre dans les faubourgs. Le 4 juillet, le feu cesse partout. Le svastika*
flotte sur l’intégralité de la Crimée. Le siège de Sébastopol a duré 250 jours.
La campagne de Crimée aurait coûté à l’Armée rouge 250 000 hommes dont
90 000 prisonniers. Von Manstein* annonce pour Sébastopol 467 canons,
758 mortiers saisis.
Sébastopol est incontestablement une grande victoire pour la XIe Armée.
Son chef ayant enlevé une forteresse est promu maréchal. La Wehrmacht* a
repris l’avantage. Sa résistance farouche vaudra, en 1945, à Sébastopol le titre
soviétique de ville héros.
(12 villes d’Union soviétique eurent droit à cette distinction.)
Les Tatars* de Crimée paieront lourdement le prix de la sympathie
manifestée à l’Allemagne* durant l’occupation de la presqu’île. 180 000
Tatars seront déportés en Sibérie.

SEDAN
Chef-lieu d’arrondissement du département des Ardennes.
19 000 habitants avant la guerre. Sedan, ville maudite pour l’armée
française. Elle y est battue en 1870. À un degré moindre, elle y est à nouveau
battue en mai 1940.
Débouchant des Ardennes*, le 19e CB de Guderian* a mission d’enlever
la ville et les passages sur la Meuse avant de s’enfoncer plein ouest vers la
Manche. Le 12 mai au soir, Guderian* a massé ses trois PD* devant la ville.
Le 13 mai, les Stuka*, de 11 h à 15 h, matraquent les défenses françaises. À
16 h, l’attaque se déclenche. Au centre, la 1ère PD, soutenue par le régiment
d’élite Gross Deutschland, fait effort sur la ville. À droite, la 2e PD s’axe sur
Donchery. À gauche, la 10e PD s’en prend à Bazeilles.
Partout les Allemands parviennent à passer la Meuse. Le 13 au soir, la
ère
1 PD a submergé Sedan et s’est enfoncée de plusieurs kilomètres dans le
bois de la Marfée au sud de la cité. La peur saisit la 55e DI, division de série
B, chargée de tenir le secteur de Sedan sur un front de 18 km. Des unités
lâchent pied et se débandent. La panique s’amplifie et gagne la 71e DI sur la
droite. Le front de la IIe Armée est percé à Sedan, ville en ruine après les
bombardements.

SEEHUND
Le plus réussi des midgets* allemands.
Déplacement : 15 tonnes ; vitesse : 8 nœuds ; autonomie : 800 km ;
armement : 2 torpilles ; équipage : 2 hommes.

SEELÖWE, OPÉRATION
Littéralement : opération Lion de mer, traduite abusivement en français
par opération Otarie.
Débarquement allemand prévu en Angleterre* au second semestre 1940.
Sera reporté puis abandonné suite à l’échec de la Luftwaffe* dans la bataille
d’Angleterre*. Il avait été prescrit par la directive No 16 de Hitler* du
16 juillet, sous réserve d’éliminer au préalable la RAF*.

SEPPUKU
Suicide traditionnel japonais, inspiré du code de l’honneur Bushido.
Il est connu sous le nom impropre de Hara Kiri.
À l’heure des défaites nippones, des centaines, voire des milliers, de
cadres japonais effectueront le Seppuku.

SEPTEMBRE, RÉSISTANTS DE
Nom donné à tous ceux – ils furent nombreux – qui accourent après la
bataille, la Libération* de la France* étant survenue, pour l’essentiel, en août
1944.

SERAPH HMS
Sous-marin britannique, commandé par le lieutenant de vaisseau Jewell,
ayant réalisé plusieurs opérations spéciales : débarquement et embarquement
du général Clark* pour la rencontre de Cherchell* en octobre 1942, recueil
du général Giraud* évadé de France en novembre 1942, mise à la mer de
l’Homme qui n’existait pas* (opération Chair à Pâté*), le 30 avril 1943.

SEXTANT
Nom de code de la conférence du Caire en novembre 1943.

SEYSS-INQUART, ARTHUR
(1892-1946).
Né autrichien, juriste de formation, adhère au parti nazi en 1931.
Sous la pression de Hitler*, est nommé ministre de l’Intérieur
d’Autriche* en février 1938, poste qui lui permet de faciliter l’Anschluss*.
Promu SS Obergruppenführer, devient gouverneur de l’Autriche* jusqu’au
30 avril 1939. Après avoir été un temps adjoint à Frank*, gouverneur de la
Pologne* occupée, Hitler* le désigne Reich Commissioner des Pays-Bas*,
poste qu’il occupera jusqu’en 1945. Le Tribunal de Nuremberg* le
reconnaîtra intelligent mais coupable de la déportation des Juifs hollandais,
d’exécutions sommaires et de pillage de l’économie hollandaise. Condamné à
mort, il est exécuté le 16 octobre 1946.

SFORZA, CARLO
(1872-1952). Diplomate et homme politique italien.
Ministre des Affaires étrangères de 1920 à 1921, s’oppose au fascisme*
et s’exile en 1925.
En juin 1940, exhorte le roi Victor-Emmanuel III* à s’opposer à l’entrée
en guerre de l’Italie*. Rentre en Italie* après la chute du fascisme* et reprend
sa carrière politique.

SG 43 (STANKOVÏÏ PULEMET GORYUNOVA


OBR 1943)
Mitrailleuse soviétique ayant vocation de remplacer la mitrailleuse
Maxim 1910* toujours en service dans l’Armée rouge*.
Sortie à partir de 1942, elle ne sera pas, toutefois, fabriquée en nombre
suffisant pour suppléer partout la lourde Maxim*.
Poids : 13,8 kg ; longueur : 1,120 m ; calibre : 7,62 mm ; cadence de tir :
580 coups/minute ; alimentation : bande de 50 coups.
Refroidissement par air ; changement de canon.

SHAEF (SUPREME HEADQUARTERS ALLIED


EXPEDITIONARY FORCES)
Quartier général des Forces expéditionnaires alliées.
QG du général Eisenhower*, le SHAEF est formé en février 1944 et
s’installe tout d’abord à Bushy Park, dans la banlieue de Londres. Il intègre la
quasi-totalité du personnel du COSSAC* avec des personnalités venues du
front méditerranéen. Les impératifs de la coalition imposent de doser la
répartition des postes. (Ce qui ne sera pas toujours le cas.)
Le commandant en chef étant américain, son adjoint se doit au moins
d’être anglais. La fonction est dévolue à l’Air Chief Marshall Tedder*. Celui-
ci a fait ses preuves au Moyen-Orient et a ensuite travaillé main dans la main
avec Eisenhower*. La bonne entente est assurée entre eux. Elle le sera
également avec le jeune général *Bedell-Smith* qui a bien servi son patron
en Méditerranée* et conserve son poste de confiance de chef d’état-major.
Montgomery* commandera les forces britanniques (XXIe GA). « A choice
acceptable to me », écrira Eisenhower*, ce qui ne dénote pas un
enthousiasme fou de sa part à l’endroit du vainqueur d’El-Alamein*.
Montgomery* assurera également la direction de toutes les forces terrestres
durant la phase initiale d’Overlord*.
Les sujets de Sa Majesté se taillent la part du lion. L’amiral Ramsay*
dirigera les forces navales et l’Air Chief Marshall Leigh-Mallory* les forces
aériennes. Les Américains obtiennent toutefois un autre fauteuil autour de la
table de direction. Le général Bradley*, commandant de la 1ère Armée US, est
appelé à devenir le patron du XIIe GA US. Il sera alors l’égal de
Montgomery*. Quant à Morgan, l’homme du COSSAC*, il devient l’adjoint
de Bedell-Smith*.
Le 6 juin 1944, le SHAEF se présentera donc ainsi :

Commandant
suprême
Général D.
Eisenhower*
Adjoint
Maréchal de l’Air
Tedder*
Commandant en Commandant en chef Air
chef Mer Maréchal de l’Air Leigh-
Amiral Ramsay* Mallory*
Chef d’état-major
Général Bedell
Smith*
Adjoints
Général Morgan,
Général Gale
Air-Vice Marshall
Robb
1er bureau 2e bureau
(personnel) (renseignements)
Gal Barker Gal Strong
3e bureau(opération) 4e bureau (logistique)
Gal Bull Gal Grawford

Le général Grasett dirige le 5e bureau (affaires civiles).


Existent également des bureaux spécialisés : Génie, Transmissions,
Défense aérienne, Médecine, Guerre psychlogique, Relations publiques.

En juillet 1944, l’effectif du SHAEF s’élèvera à 4 914 officiers et


hommes de troupe. Ce chiffre montera à 16 312, dont 6 320 Britanniques, en
février 1945.
Eisenhower* a un PC avancé près de Porstmouth. Celui-ci est transféré
près de Tournières, au sud-est de Bayeux*, le 7 août 1944. Le 19 septembre,
ce PC avancé est installé à Gueux, au nord-ouest de Reims. (C’est là qu’est
signée la capitulation allemande)*. En septembre-octobre, le SHAEF
principal s’installera à Versailles. Après la capitulation allemande*, PC
avancé et principal s’installent à Francfort-sur-le-Main pour organiser le
désarmement des troupes allemandes, l’arrestation des chefs nazis et
l’organisation d’un gouvernement militaire. Le SHAEF est dissous le
14 juillet 1945.

SHAMIR, YITZHAK
(né en 1915). Homme politique israélien.
Juif polonais émigré en Palestine*, il rejoint l’Irgoun en 1936, puis le
groupe Stern* dont il deviendra l’un des chefs à la mort de Stern* en 1942.
Violemment hostile à la présence britannique, il n’hésite pas à frapper les
représentants de Sa Majesté.
L’ancien terroriste sera, après 1983, plusieurs fois ministre et Premier
ministre dans son pays.

SHAPOSHNIKOV, BORIS
(1882-1945). Maréchal soviétique.
Talentueux, il dresse les plans des campagnes de Pologne* et de
Finlande*.
Promu maréchal en mai 1940, il devient membre de la Stavka* en juin
1941 avant d’être commissaire adjoint à la Défense. Sa mauvaise santé le
contraint ensuite à un poste secondaire.
SHERMAN M4 A 1
Char moyen américain, successeur des chars Grant et Lee.
Fabriqué à 49 320 exemplaires, record absolu de production pour un
même type de char. Il fait son apparition à la bataille d’El-Alamein* en
octobre 1942 et sera constamment amélioré tout au long de la guerre (moteur,
canon, blindage, suspension). Livré aux armées alliées, il sera l’un des grands
artisans des victoires terrestres des Anglo-Américains. Il équipera les
divisions blindées françaises, 1ère, 2e et 5e DB.
Poids : 36 tonnes ; vitesse : 40 km/h ; autonomie : environ 160 km ;
armement : 1 canon de 75 sous tourelle, 1 mitrailleuse de capot de 12,7 mm,
2 mitrailleuses de 7,62 mm ; équipage : 5 hommes. Le châssis du M4 sera
utilisé en diverses versions : char bulldozer, char amphibie, char anti-mines,
etc.
Inférieur au Panther* et au Tigre*, le Sherman dominera le champ de
bataille par son nombre.

SHINGLE, OPÉRATION
Nom de code du débarquement allié à Anzio*, en janvier 1944.

SHINYO
Canot suicide japonais.
Rayon d’action : 195 km à 26 nœuds. Armement : une charge de 25 à
30 kg à la proue, plus, sur certains, deux lance-roquettes de 120 mm.

SHOAH
Littéralement, catastrophe en hébreu.
Vocable s’étant imposé après la guerre, au lieu et place d’holocauste,
pour désigner la Solution finale*.

SHO-GO, PLAN
Littéralement, opération victoire.
Ce plan japonais a été élaboré pour mener une bataille censée être
décisive, au cours de laquelle seront utilisés tous les moyens disponibles
(terre, air, mer). Il comporte quatre variantes : Sho 1 pour les Philippines*,
Sho 2 pour Formose*, les Ryūkyū* et le Japon* méridional, Sho 3 pour le
Japon* central, Sho 4 pour le Japon* septentrional.

SHORT, WALTER
(1880-1949). Général américain.
Lieutenant général à titre temporaire, le 8 décembre 1941, commande la
défense de Pearl Harbor*.
Suite à la tragédie de l’attaque japonaise, il est relevé de son
commandement le 17 décembre et mis à la retraite comme major général.
Short, comme Kimmel*, est aujourd’hui regardé aux États-Unis* comme
un bouc émissaire des carences de Washington (où certains souhaitaient peut-
être aussi que se produise l’attaque japonaise pour éclaircir la situation vis-à-
vis du Japon*).

SHURI LINE
Ligne de défense japonaise barrant l’île d’Okinawa* d’est en ouest, dans
sa partie méridionale, un peu au nord de la ville de Naha.
Elle sera percée en mai 1945 par la Xe Armée américaine au terme de très
sanglants combats.

SIBOUYAN, BATAILLE DE LA MER DE


SIBOUYAN
Le 24 octobre 1944, dans la nuit, l’amiral Kurita*, ayant contourné
Mindoro par le sud, entre dans la mer de Sibouyan et se dirige vers le détroit
de San Bernardino pour constituer l’aile nord de la tenaille sur Leyte.
Durant ce temps, l’amiral Nishimura longe la côte nord de Mindanao.
Avec l’amiral Shima, il se prépare à fermer la branche sud de la fameuse
tenaille. Dans cette application du plan Sho-1* pour écraser l’invasion
américaine à Leyte (voir Leyte, bataille navale de), les Japonais ont pris de
gros risques. Kurita* et Nishimura*, s’avancent sans grande couverture
aérienne sous un ciel pratiquement américain. Le 24 octobre, vers 9 h, leurs
flottes sont localisées par les reconnaissances de l’amiral Halsey*.
Laissant l’amiral Kinkaid* s’occuper de Nishimura, jugé moins
dangereux, Halsey* prend Kurita* à sa charge. En milieu d’après-midi, le
travail est bien avancé. Quatre cuirassés sont hors de combat. Le puissant
Musashi* a fini par chavirer, après avoir encaissé 19 torpilles et 17 bombes,
entraînant dans son naufrage 1 100 marins.
Les Japonais se défendent ; leurs avions basés à Luçon tentent de faire
barrage à ceux de Halsey*. Leurs pilotes manquent par trop de métier. Plus
de la moitié des appareils japonais sont abattus. L’un d’eux, pourtant,
parvient à placer une bombe sur le porte-avions léger Princeton qui doit être
abandonné.
Malgré cette perte, le bilan américain de la bataille dans la mer de
Sibouyan reste des plus positifs. Pour preuve, Kurita*, ébranlé par les coups
reçus, décide de faire demi-tour. La tenaille nord n’a pas fonctionné. Il en est
de même de la tenaille sud dans le détroit de Surigao*.

SICILE, CONQUÊTE DE LA
La victoire en Tunisie* de 1943 ouvre la voie à la reconquête de
l’Europe. L’invasion de la Sicile italienne, proche du cap Bon, s’en annonce
la première étape. Ce sera l’opération Husky.
Dés le début mai 1943, Eisenhower*, confirmé par ses succès
commandant en chef allié, en approuve les plans définitifs. Les moyens
engagés sont très importants : 160 000 hommes pour la phase initiale, avec
14 000 véhicules, 600 chars et 1800 canons. Ils seront transportés et escortés
par 2 500 navires de guerre et de débarquement. Plus de 4 000 avions
assureront la couverture aérienne depuis le cap Bon, Malte*, Gozo et
Pantelleria* (cette dernière occupée le 11 juillet).
Partant des ports à l’ouest de Bizerte, les Américains (VIIe Armée de
Patton*) débarqueront dans le golfe de Gela, au sud-ouest de l’île. Les
Britanniques (VIIIe Armée de Montgomery*), venus de Tunisie* et de
Méditerranée* orientale, prendront pied dans la presqu’île de Pachino et le
golfe de Noto (sud-est).
Les renseignements sur l’adversaire sont assez précis. On dénombre
quatre divisions italiennes dites de campagne a priori mobiles, et six autres
divisions côtières statiques. Elles seraient mal équipées et assez démoralisées.
Les Allemands, de leur côté, ont reconstitué sur place, avec des recrues en
instance de départ pour l’Afrique, une 15e division de Panzergrenadiere
dotée d’une seule unité de chars. Une autre division de même type, la
division Hermann Goering*, a été envoyée en Sicile fin juin, soit au total
200 000 Italiens et 50 000 Allemands.
Les Anglo-Américains ont sans conteste une écrasante supériorité en
avions et en bateaux. Il y a bien la flotte italienne. Se risquera-t-elle hors du
golfe de Gênes ? Pour parer à toute éventualité, a été constituée une force de
couverture à charge des Britanniques : 6 cuirassés, 2 grands porte-avions, 6
croiseurs, 24 destroyers, sous le commandement du vice-amiral Willis.
L’invasion a été fixée au 10 juillet. Elle doit être précédée, dans la nuit,
d’une intervention des aéroportés.
Le temps, splendide jusqu’alors, se gâte brusquement. Eisenhower*
redoute un moment de tout devoir reporter. À l’ultime instant de la décision,
la météo s’annonce plus clémente.
Les deux alliés se sont efforcés de mettre sur pied de grandes unités
aéroportées : 82e Airborne* américaine, 1ère Airborne* anglaise. Si les
parachutistes britanniques sont généralement aguerris, leurs camarades
d’outre-Atlantique n’ont pas encore connu l’épreuve du feu. Plus grave, les
équipages des Dakota* américains n’ont reçu qu’une instruction
rudimentaire. Ils ne sont pas entraînés au vol de nuit.
Les 200 Dakota* de la 52e escadre transportent le 505e régiment
parachutiste américain du colonel Gavin*, renforcé d’éléments d’artillerie et
du génie. La 51e escadre remorque les 137 planeurs qui emmènent la brigade
aéroportée britannique du général Hicks. Les largages sont programmés de
21 h 40 à 0 h 30 pour profiter du quartier de lune. Le vent est fort (13 m/s).
À l’arrivée sur les côtes siciliennes, les impacts de DCA surprennent et
perturbent pilotes et navigateurs. Les 3 400 parachutistes de Gavin*, chargés
de tenir les hauteurs au nord et à l’est de Gela, s’égaillent dans tout le sud-est
de la Sicile. À la brigade anglaise, la situation est pire encore. Sur
137 planeurs, 47 tombent à la mer. Des rescapés se trouveront parfois à 50
km de leurs objectifs.
Un seul planeur touche terre près de son objectif, le Ponte Grande qui
commande l’accès à Syracuse par le sud. Le lieutenant chef de section
entraîne ses hommes et enlève le blockhaus défendant l’ouvrage. À l’aube,
des isolés rejoindront. Ils seront ainsi 7 officiers et 80 parachutistes pour
défendre le pont contre les réactions. Lorsqu’ils seront rejoints vers 16 h, ils
ne seront plus que 8 survivants. Exemple de l’ardeur et du courage des
combattants qui compensent les défaillances et imprécisions.
Le débarquement proprement dit débute le 10 juillet, vers 3 h, lorsque les
Américains de Patton* abordent leurs plages situées de part et d’autre de
Gela. Le chef de la VIIe Armée est bien décidé à aller vite.
Les vents forts, la houle entravent un peu les débarquements sans les
retarder sérieusement. Les Rangers* enlèvent Gela. La 3e division met pied à
terre vers Licata, et le IIe CA au sud de Gela.
La résistance s’effondre assez vite du côté des Italiens. Siciliens pour la
plupart, ils n’aspirent qu’à rentrer chez eux. Tout le poids de la bataille
repose sur la 15e Pz Gr D, des parachutistes et des éléments de la division
Hermann Goering*. Une contre-attaque de celle-ci avec des chars Tigre*
répand l’inquiétude. Les batteries des navires au large interviennent, et puis
Patton* est là. Débarqué vers 9 h 30, il a gagné les premières lignes. Sa
présence et son verbe galvanisent les troupes. « Tuez tous ces fils de
putes ! », hurle-t-il au milieu des salves de mortier. C’est du meilleur Patton*,
impulsif, intrépide, toujours en tête. Ses succès, ses percées s’expliquent.
Au soir du 10, la tête de pont de Patton* est bien arrimée au rivage. Les
éléments parachutés y ont contribué. Dans quelques heures, les Combat
Command seront à même d’entamer leur progression, couverts par les
escadrilles qui décollent de Malte*, Gozo et Pantelleria*.
Dans le golfe de Noto, Montgomery* a, sur des plages généralement plus
abritées, rencontré moins de résistance. Des Italiens sont découverts
endormis ; d’autres s’empressent de lever les bras. Le XXXe CA s’empare du
terrain d’aviation de Pachino qui a été labouré. En début d’après-midi, la
piste sera en état. Avola, Noto, sont enlevées. Le XIIIe CA rejoint les
survivants de Ponte Grande et occupe Syracuse en fin de journée. Le
13 juillet, il gagnera Augusta. Partout, ces succès ont été acquis au prix de
pertes minimes.
Aux Britanniques échoit, du reste, le beau rôle. Alexander*, qui, après la
bataille de Tunisie*, n’a guère confiance dans les vertus guerrières des GI’s*,
a réservé Messine à son compatriote Montgomery*. Aux soldats de Sa
Majesté de foncer, par la côte est, verrouiller la porte de sortie de la Sicile.
Aux Américains d’assurer simplement la couverture de leur flanc ouest. C’est
compter sans la fougue de Patton*, la prudence de Montgomery* et les
résistances allemandes.
Patton*, bien secondé par ses adjoints, force la main d’Alexander*.
Truscott* enlève Agrigente. Bradley* remonte plein nord. Lui-même se
précipite à Alger et, fort de ses résultats, réclame la permission de marcher
sur Palerme. Le feu vert accordé, la VIIe Armée progresse résolument nord et
nord-ouest sur deux itinéraires. Le 18, elle atteint Caltanisseta, au centre de
l’île, ainsi que la RN. 121 qui mène à Palerme où elle entre le 22, acclamée
par la population. Toute la frange occidentale de la Sicile est isolée. Marsala
tombera le lendemain. Avec Palerme, un terrain d’aviation, un bon port, sont
aux mains des Américain.
À l’est, Montgomery* piétine. L’héroïsme des parachutistes de la 1ère
Airborne* qui ont été largués dans la nuit du 13 au 14 au pont de Primosole
lui a ouvert la route de Catane. La résistance se durcit. Les réserves
allemandes ont établi un solide verrou devant la ville. Contré, le commandant
de la VIIIe Armée décide de contourner l’obstacle par l’ouest et le nord. Il
place son XIIIe CA sur la défensive et fait riper le XXXe sur sa gauche.
Obligatoirement, il perd du temps dans les contreforts de l’Etna.
Patton, lui, n’attend pas. Il oblique vers l’est. Ses 1ère et 9e divisions, très
largement montées vers le nord, marchent sur Troina. Elles y livrent leur plus
sanglant combat de la campagne dans des affrontements où se distingue le
IVe tabor marocain, seule unité française engagée en Sicile. Sur la côte nord,
l’avance se poursuit simultanément. Santa Stefano est occupée le 31 juillet.
Messine se trouve à un peu plus de 100 km. Patton* a fait de la prise de la
ville une question personnelle : « C’est une course impitoyable qui met en jeu
le prestige de l’armée américaine. »
La résistance italienne a pratiquement disparu. Seuls les Allemands se
battent opiniâtrement. Quatre de leurs divisions sont désormais dans l’île. Le
8 août, elles reçoivent un ordre définitif d’évacuation. Leurs arrière-gardes
mènent de rudes combats retardateurs. Le relief tourmenté, les routes étroites,
faciles à obstruer, les favorisent.
Pour tourner les résistances le long de la route côtière nord, Patton*
décide de tenter des opérations amphibies. Le 8, il tombe dans le vide. Le 11,
une nouvelle tête de pont force les Allemands à précipiter leur retraite. Le
troisième débarquement, prévu pour le 16 août, est inutile. À cette date, la 3e
division pénètre dans Messine. La ville est totalement occupée en fin de
journée. Patton* l’a emporté sur Montgomery*.
La Sicile est occupée mais ce n’est là qu’une demi-victoire. 40 000
Allemands ont réussi à filer, emmenant avec eux 50 000 Italiens, 10 000
véhicules, 200 canons, 47 chars. Bien accrochés au détroit de Messine,
protégés par plus de 500 pièces de DCA, ils ont commencé leur évacuation
dans la nuit du 11 au 12 août. L’aviation alliée a été neutralisée par la Flak*.
L’extrême lenteur de Mongomery*, une fois encore, n’a pas permis de
profiter de l’écrasante supériorité et d’exploiter les succès des premiers jours.
Les Alliés* possèdent, du moins, une bonne base de départ pour aborder la
péninsule italienne.

SICKLE, FORCE
Contingent britannique (148e brigade territoriale) débarqué à Andalnes
dans la nuit du 16 au 17 avril 1940, sous les ordres du général Morgan.
Il a double mission : barrer l’axe Oslo-Lillehammer-Trondheim en
soutien des Norvégiens et attaquer Trondheim par le sud. La médiocrité de la
troupe et de son armement conduit à un repli précipité et non sans pertes le
1er mai.

SIEGFRIED, LIGNE
Ligne fortifiée allemande allant de Bâle à Clèves (nord-ouest de Wesel)
par Sarrebruck, Trèves et Aix-la-Chapelle*.
Construite, à partir de 1936, par l’organisation Todt*, elle se différencie
profondément de la ligne Maginot*. Elle est constituée de petits blockhaus en
béton, se couvrant mutuellement et pouvant abriter un effectif de l’ordre
d’une section ou une pièce antichars. Des obstacles antichars barrent les axes
de passage.
Abandonnée pratiquement de 1940 à 1944, défendue ensuite par des
unités de second ordre (Volksgrenadier divisions), la ligne Siegfried sera
percée par les Américains à la fin de 1944. Après la guerre, ses fortins seront
détruits.

SIKORSKI, WLADYSLAW
(1881-1943). Général polonais.
Opposant à Pilsudski, le général Sikorski, après l’occupation de la
Pologne*, se retrouve, le 30 septembre 1939, chef du gouvernement polonais
en exil en France* d’abord, à Londres ensuite.
Cumulera cette fonction avec celle de commandant en chef. Patriote et
foncièrement anticommuniste, il s’efforce d’obtenir l’aide de Churchill* et
Roosevelt* qui privilégient l’alliance avec Moscou* pour lutter contre le
nazisme*. Il obtient la création d’une armée nationale polonaise (Armée
Anders*) avec les prisonniers polonais internés en URSS*, mais se brouille
avec Staline* suite aux massacres de Katyn*. Disparaît dans un accident
d’avion à Gibraltar*, le 4 juillet 1943. Attentat ? Aucune preuve formelle ne
le démontre. Cette mort est une perte pour la Résistance polonaise*. Sikorski
avait un poids que ses successeurs n’auront pas.

SIMÉON II
(né en 1937). Tsar de Bulgarie.
N’a que six ans au moment de la mort de son père en 1943.
Son oncle, qui sera exécuté par les communistes par la suite, assure la
régence. L’abolition de la monarchie en 1946 oblige sa mère et lui-même à
s’exiler. N’a donc pas pu avoir d’influence sur son pays durant la guerre.

SIMONDS, GUY
(1903-1974). Général canadien.
Commande en Sicile* et Italie* la 1ère DI canadienne puis la 5e DB.
Promu chef du 2e CA canadien, il participe au débarquement en
Normandie* puis à la campagne dans le nord-ouest de l’Europe. Il remplace
un certain temps Crerar*, malade, à la tête de la 1ère Armée canadienne.
Simonds était regardé comme un excellent tacticien. Il est le premier à
utiliser un clair de lune artificiel par réflexion de projecteurs sur les nuages.

SIMPSON, WILLIAM
(1888-1980). Général américain.
Camarade de promotion de Patton* et Eichelberger* à West Point*, d’où
il sort avant-dernier.
Ce mauvais classement ne l’empêche pas de commander avec brio la
e
9 Armée américaine en Europe du nord-ouest en 1944 et d’atteindre l’Elbe
en avril 1945. S’est affirmé l’un des généraux américains marquants.

SINGAPOUR, CHUTE DE
L’Union Jack flotte sur Singapour depuis 1819.
Pour défendre cette île de 40 km sur 35, séparée du continent par le
détroit de Johore, bras de mer de 700 m à 5 km de large, le général Percival*
est moins pourvu qu’il ne paraît. S’il dispose de 85 000 hommes, soit 13
bataillons britanniques, 6 australiens, 17 indiens, 2 malais, 15 000 sont des
administratifs, les autres sont souvent inexpérimentés et sous-équipés. Le
moral se ressent des revers successifs dans la péninsule. Pratiquement, il n’y
a plus d’avions hormis huit Hurricane* et six Buffalo. Quant à la marine, sur
ordre de l’Amirautré, elle a filé à l’anglaise sur Ceylan.
L’aspect le plus critique est l’absence de travaux de défense face au
continent. Percival* masse ses forces le long des 50 km de rivage à défendre
sans se réserver un important élément d’intervention.
Singapour vit sous le feu des bombardements. 200 morts au minimum par
jour. Les faubourgs chinois ou malais sont les plus éprouvés.
Yamashita*, après sa campagne victorieuse en Malaisie, prépare
l’invasion avec trois corps d’élite : Garde impériale, 5e et 18e divisions. Ils
sont frais, entraînés, bien appuyés.
Dans la nuit du 7 au 8 février 1942, des fusées rouges et bleues s’élèvent
soudain dans le ciel. La division Chrysanthème, la 18e, signale qu’elle a
traversé le détroit et débarqué. L’invasion finale de Singapour commence.
Les Japonais accusent des pertes. Omniprésents, ils se glissent au milieu
des défenseurs. Au matin, Percival* alerte Wavell* : l’ennemi a débarqué en
force et progressé d’environ 8 km.
Il serait prudent d’effectuer les destructions prévues et exigées par
Churchill*. Le gouverneur, Shenton Thomas, s’y oppose : « Ce serait
mauvais pour le moral. » L’ennemi se procurera des usines bien équipées.
La situation militaire s’aggrave d’heure en heure. Il n’est de plan ni de
manœuvre d’ensemble. Il est des retraites affolées et des résistances
héroïques.
Percival*, pessimiste, prépare une défense rapprochée de Singapour. De
tous côtés, Australiens et Britanniques se resserreront sur la ville. Rendant
une visite inopinée à la ville depuis son PC de Batavia (Djakarta), Wavell*
ordonne une contre-attaque qui se termine en désastre.
Churchill* impose de résister, pour l’honneur du pays. Il a fait ses
comptes Il y a plus de Britanniques et d’Australiens sur l’île que de Japonais.
Le 13 février, un message de Yamashita* invite Percival* à se rendre. À
cette heure, une telle éventualité est interdite. Les consignes de Churchill*
sont formelles : « Il ne fallait pas songer à épargner les troupes ou les
populations civiles. »
Les Britanniques sont enfermés dans un périmètre d’une quarantaine de
kilomètres. Dans la moiteur tropicale plane l’odeur des corps en
décomposition. Bien des combattants ont renoncé. Des déserteurs errent.
L’eau, après les bombardements, se fait rare. Les navires qui partent pour
Java sont presque tous coulés par la marine japonaise en embuscade. À
l’hôpital d’Alexandra où déboulent les fantassins nippons, c’est l’horreur.
Plus de 200 médecins, infirmiers, blessés, sont massacrés à l’arme blanche.
Le 13, à 14 h, Percival* réunit ses adjoints. Tous songent à arrêter le
calvaire des troupes et des civils, mais ils perçoivent qu’ils n’en ont pas
prérogative. Celle-ci est à Londres. Churchill* finit par câbler à Wavell* :
« Vous êtes seul juge du moment où rien ne peut plus être gagné à Singapour,
et vous devez donner à Percival* les instructions adéquates. » Percival a
l’autorisation de hisser le drapeau blanc.
Dans moins de 48 h, il n’y aura plus d’eau. Percival* redoute une
épidémie. La journée du 14 est terrible. Plus d’un million de civils se massent
dans un rayon de 5 km sous les bombardements. En face, la situation n’est
pas meilleure. Troupes épuisées, munitions se raréfiant. Des contre-attaques
énergiques avec des unités résolues rejetteraient les soldats de Yamashita*.
Percival* ne les a pas.
Le dimanche 15, à 9 h, ultime conseil autour de Percival*. Plus d’eau.
Aucune possibilité de contre-attaque. En vingt minutes, la décision est prise.
Le cessez-le-feu correspondant à une capitulation sans conditions intervient à
20 h 30.
Un lourd silence s’abat sur Singapour. Une campagne de 73 jours
s’achève par l’un des plus grands désastres de l’histoire de l’armée
britannique. Elle lui a coûté 9 000 morts et blessés et 130 000 prisonniers.
Les Japonais ont perdu 9 284 hommes dont 3 000 tués. Trois années
d’internement débutent pour militaires et civils. Beaucoup partiront pour les
camps de travail et y mourront par milliers. Les femmes et les enfants seront
internés dans la prison de Changi. L’oppression n’épargnera pas les Malais et
encore moins les Chinois, ennemis héréditaires.
Yamashita*, après la guerre, paiera ses crimes de guerre. Il sera pendu.
L’empire colonial britannique en Asie ne se remettra pas de cette défaite.

SINO-JAPONAISE, GUERRE
Le 7 juillet 1937, l’incident dit de Wanping, dans les faubourgs de Pékin,
près du pont Marco Polo, déclenche un conflit en germe et appelé à durer huit
ans.
Les Japonais sont de fait présents en Chine* de longue date. Depuis 1931,
ils occupent la Mandchourie* qu’en 1932, ils ont transformée en État vassal
sous le nom de Mandchoukouo*. Grâce au traité de Tien-Tsin de 1900, ils
entretiennent des garnisons militaires dans les principales villes, dont Pékin,
d’où l’accrochage de Wanping entre soldats japonais et chinois nationalistes
de Tchang Kaï-chek*. Ce dernier est en théorie, en théorie seulement, le
maître du monde chinois. Les communistes de Mao Tsé-toung* disputent la
prééminence au camp nationaliste pourtant encore le plus fort.
Les Japonais n’attendaient qu’un prétexte et passent à l’offensive
généralisée. Fin juillet, Pékin, Tien-Tsin sont entre leurs mains. Tchang Kaï-
chek* se replie, dans un premier temps, sur Nankin.
La guerre, un moment, se déplace sur Shanghai où débarque, le 9 août, un
fort contingent nippon. Grâce à leur supériorité navale, en novembre, les
Japonais dominent les lieux. De là, ils poussent sur Nankin, la nouvelle
capitale des nationalistes. Le 12 décembre 1937, le général Tang, sentant le
souffle de la défaite, abandonne son armée qui, livrée à elle-même, se
débande. Le sac de Nankin qui s’ensuit fait au moins 150 000 morts en six
semaines. Les généraux nippons ont laissé librement la soldatesque piller,
violer, massacrer.
À la fin de 1937, les Japonais, outre la région de Pékin, détiennent tout le
bassin du bas Yang-tsé-Kiang (fleuve Bleu). Dès lors, ils vont poursuivre
vers l’intérieur du pays. Au début de juin 1940, ils atteignent Ichang à 1 600
km de l’embouchure du Yang-tsé. Tchang Kaï-chek* s’est réfugié à
Tchoung-King, au cœur de la Chine*, depuis 1938. Ses armées voguent à la
dérive. Leurs chefs, les seigneurs de la guerre, lui obéissent quand ils veulent.
La corruption règne partout. Stilwell*, envoyé par Washington pour seconder
Tchang*, parlera « d’un tas de fumier » et « d’un gang d’Apaches dont
l’unique but est de préserver le fruit de ses rapines ».
Durant ce temps, Mao Tsé-toung*, dans les régions qu’il contrôle,
conforte son armée et son audience dans la population par des mesures
sociales : distributions de vivres, de terres, etc.
La guerre se prolonge dans ces conditions. Les Japonais finissent par
occuper, en sus, Formose*, les ports de la côte occidentale, dont Canton.
Roosevelt*, au Caire* en novembre 1943, a promis à Tchang Kaï-chek*
de l’aider. La parole est tenue au mieux, non sans difficultés. La seule voie
d’approvisionnement passe par la bosse au-dessus de l’Himalaya. Le tonnage
transporté est obligatoirement limité.
Des volontaires américains n’avaient pas attendu les promesses
officielles. Les Tigres volants* de Claire Chennault* sont venus soutenir les
nationalistes. Entre 1941 et 1943, ils infligent des pertes sensibles aux
bombardiers japonais. En mars 1943, Chennault* prend le commandement de
la 14e US Army Air Force dont la mission ne tarde pas à s’élargir : augmenter
l’allonge des forces aériennes américaines vers l’archipel nippon. La mise en
service des B 29* permet une telle perspective.
Les Japonais ont vent d’une telle menace. Le maréchal Hata reçoit
mission de la prévenir. Avec 620 000 hommes, il se prépare à lancer
l’offensive Ichi Go (Numéro Un). La première phase débute le 26 mai 1944
avec une puissante attaque en direction du sud depuis le Yang-tsé-Kiang et
une seconde vers l’ouest au départ de Canton. Le 26 juin, les troupes
impériales atteignent Heng-Yang où se situe une importante base américaine.
Heng-Yang ne tombera que le 8 août. L’objectif premier est acquis. La base
américaine a dû être repliée, comme le seront deux autres bases atteintes en
novembre.
Hata n’a pas gagné. Les B 29* partent de plus loin à l’arrière. Bientôt, ils
partiront des Mariannes*. Les 14 et 15 juin, les premiers raids vers l’archipel
nippon ont décollé depuis l’intérieur de la Chine*. Ils iront croissant ; à
compter de janvier 1945 uniquement à partir des Mariannes*.
En 1945, le ciel chinois appartient aux Américains. Les Nationalistes en
profitent pour refouler l’adversaire contraint de se replier sur Canton.
Le jour de la capitulation japonaise*, le corps expéditionnaire nippon
occupe encore de vastes portions de la Chine* avec un million d’hommes.
Son chef, le général Okamura, ne signera sa reddition que le 9 septembre
1945. Les Américains, par des ponts aériens, s’efforceront d’aider les
Nationalistes à récupérer les armes des vaincus.
La guerre sino-japonaise est terminée. Elle aurait fait – les statistiques
sont floues – cinq millions de tués et blessés militaires côté chinois et cinq
cent mille côté japonais. Les victimes civiles fluctuent de 10 à 20 millions.

SIPO (SICHERHEITSPOLIZEI)
Police de Sûreté SS* regroupant la Geheime Staatspolizei (Gestapo*) et
la Kriminalpolizei (Kripo*).

SIROCO
Torpilleur français de 1 500 tonnes commandé par le lieutenant de
vaisseau Lapébie.
En novembre 1939, à quelques jours d’intervalle, il réussit l’exploit de
couler deux sous-marins allemands. Ce succès est le bienvenu après le
torpillage de plusieurs grands bâtiments britanniques (voir Courageous).
Le Siroco sera torpillé lors de l’évacuation de Dunkerque*.

SITTANG, PONT SUR LE


Le 23 février 1942, durant la première campagne de Birmanie*, la 17e
division indienne ayant été tournée par les Japonais, son chef, le général
Smith, ordonne la destruction de l’unique pont sur le Sittang.
Cette destruction retarde peut-être la chute de Rangoon d’une dizaine de
jours mais laisse sur la rive orientale du fleuve deux brigades de la division et
tout leur matériel lourd. 5 000 hommes sont pris au piège.
La modicité des liaisons radio, le refus du général Hutton, commandant
en chef, d’autoriser, à temps, le repli de Smith, l’incapacité de ce dernier
d’édifier une solide tête de pont pour tenir le passage, expliquent ce désatre.
Hutton sera remplacé par Alexander* et Smith mis à la retraite. La décision
de Smith provoquera débat durant des années après la guerre.

SIW (SELF-INFLICTED WOUND)


Blessure volontaire.
Il est arrivé que certains se blessent volontairement par lassitude de la
guerre. Ainsi, par exemple, lors de la campagne de la 2e Armée britannique
dans l’Europe du nord-ouest en 1944-1945, 179 cas sont relevés sur 29 860
blessures de guerre, soit un pourcentage de 0,6 %.

SKORZENY, OTTO
(1908-1975). SS Obersturmbannführer.
Le personnage a une légende.
Ce nazi impénitent, révélé par la libération de Mussolini* au Gran
Sasso*, sut la façonner et la développer durant et après la guerre. À son
crédit, des risques personnels certains, une présence incontestable et une
imagination jamais à court. Colosse balafré, souvenir de jeunesse, il se
présente comme l’élément No 1 des commandos allemands.
Né autrichien, ingénieur de formation.
Mobilisé en 1939 dans la division SS Leibstandarte Adolf Hitler.
Blessé en Russie en 1942, évacué ensuite pour maladie, est chargé en
avril 1943 de mettre sur pied une unité de commando dans le cadre des
Waffen SS* (bataillon Friedenthal, à destination spéciale).
Est choisi par Hitler* lui-même comme responsable politique de
l’opération pour la libération de Mussolini*. Le succès obtenu au Gran
Sasso*, largement exploité par le régime, le fait connaître et le propulse vers
d’autres missions d’intérêt stratégique en 1944-1945 : enlèvement du régent
Horthy* à Budapest, offensive dans les Ardennes*.
Après la guerre, sera acquitté par un tribunal militaire allié.
Chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne.

SLAPSTICK
Nom de code donné au débarquement de la 1ère Airborne* britannique
dans la région de Tarente, le 9 septembre 1943.

SLEDGEHAMMER
Nom de code donné à un débarquement envisagé en 1942 dans le
Cotentin, opération qui n’aura finalement jamais lieu.
Churchill* lui fait préférer le débarquement en Afrique du Nord*.
Il y voyait « un véritable nid à bombes et à obus » d’où il serait
impossible de déboucher.

SLIM, WILLIAM
(1891-1970). Maréchal britannique.
Le futur maréchal Slim sort du rang, engagé volontaire en 1914.
En 1939, il commande la 1ère brigade indienne. Il se distingue en
Éthiopie*, puis au Moyen-Orient où il est nommé général. Il se bat contre les
Français en Syrie*, en juin 1941. En mars 1942, appelé en Birmanie* par
Wavell* qui l’a remarqué, il commande le 1er CA et, à défaut du matériel,
réussit à sauver son personnel lors du repli sur l’Inde*. Il prend ensuite le
commandement de la XIVe Armée avec laquelle il gagne les batailles
d’Imphal* et Kohima*, ayant su entraîner ses troupes à la guerre tropicale.
Au début de 1945, il finit de chasser les Japonais de Birmanie*. Nommé
commandant des forces terrestres alliées du SEAC*, il prépare la reconquête
de la Malaisie* et de Singapour* lorsque survient la capitulation japonaise*.
Après la guerre, il sera chef de l’état-major impérial. Ce grand soldat, avec sa
mâchoire de bouledogue, inspirait confiance. Expérimenté, solide, il avait
gagné l’admiration et l’affection de ses hommes qui l’avaient surnommé
Uncle Bill. Promu maréchal en 1948, il est, avec Alexander, le plus grand
chef de guerre britannique de la Seconde Guerre mondiale.

SLOT
La Rainure.
Nom donné par les Américains au long couloir maritime, orienté nord-
ouest sud-est, allant des Shortland à Guadalcanal*, dans l’archipel des
Salomon*.

SLOVAQUIE
Partie orientale de la Tchécoslovaquie*. 128 000 km2 en 1937.
Au lendemain des accords de Munich*, les indépendantistes slovaques
arrivent au pouvoir à Bratislava avec l’intronisation à la tête du
gouvernement de Mgr Tiso* comme chef du parti populiste et s’appuient
ouvertement sur l’Allemagne*. Le 14 mars 1939, Mgr Tiso* proclame
l’indépendance de la Slovaquie. Cette indépendance, sur pression de
Ribbentrop* et Ciano*, a été payée de la Ruthénie* et de la frange
méridionale du pays cédées à la Hongrie*.
Un traité de protection par le IIIe Reich* a été signé avec Berlin et la
Slovaquie vit désormais dans l’obédience des Allemands. Elle participe à
l’agression contre la Pologne*, signe le Pacte tripartite* et, en juin 1941,
déclare la guerre à l’URSS*. Un corps de 50 000 hommes est envoyé sur le
front de l’Est*. La politique antisémite, dans la cadre de la Solution finale*,
fait 100 000 victimes.
L’ingérence allemande, aussi bien politique qu’économique, les pertes
humaines (la moitié du corps expéditionnaire), finissent par provoquer un fort
mécontentement populaire. Une résistance s’organise. Les militaires
préparent un soulèvement contre l’Allemagne*. Celui-ci éclate le 29 août
1944. Pendant quelques semaines, militaires et partisans tiennent la partie
centrale du pays ; mais la réaction allemande (cinq divisions) provoque
l’effondrement du soulèvement avec de lourdes pertes. Les deux chefs
militaires, le général Viest et le colonel Golian, sont tués. Les rescapés se
réfugient dans les montagnes des Tatras.
L’Armée rouge* n’était pas très loin et n’a pas fait grands efforts pour
secourir les insurgés placés sous la haute autorité du président tchèque Benes
en exil à Londres. La situation est analogue au soulèvement de Varsovie*.
Une brigade aéroportée tchèque envoyée en renfort met six semaines pour
être en situation et les appareils anglo-américains ne peuvent se poser au plus
près en territoire occupé par les Soviétiques.
En mars 1945, l’Armée rouge* pénètre en Slovaquie. Le régime est
renversé. Mgr Tiso* arrêté sera condamné à mort et exécuté en 1947.
Sa chute marque la fin de l’indépendance slovaque. Le territoire revient
dans le giron de la Tchécoslovaquie* et récupère les provinces attribuées à la
Hongrie* en 1938 et 1939 à l’exception de la Ruthénie* annexée par
l’Ukraine* alors partie intégrante de l’URSS*.

SM 79 (SAVOIA MARCHETTI SM 79
SPARVIERO)
Épervier.
Trimoteur italien de bombardement et de reconnaissance. Apparaît durant
la guerre d’Espagne et est en service dans la Regia Aeronautica* durant toute
la guerre. Fabriqué à 1 217 exemplaires, servira également, avec succès,
comme avion torpilleur et pour le transport.
Vitesse : 430 km/h ; autonomie : 2 000 km ; armement : 3 mitrailleuses
de 12,7 mm et une de 7,7 mm ; 1 000 kg de bombes ; équipage : 6 hommes.

SMLE (SHORT MAGAZINE LEE-ENFIELD OU


RIFLE No 1)
Appelé 303 par les Français à cause de son calibre : 3,03 pouces.
Ce fusil, à verrouillage manuel, adopté en 1905, est encore en service en
1939 et fera la guerre. Il donne satisfaction et le temps et les moyens
manquent pour en élaborer un autre.
Poids à vide : 3,710 kg ; longueur : 1,132 m ; calibre : 7 mm ; magasin :
10 coups, chargeur amovible.
Un modèle, sensiblement identique, dit Rifle No 4, plus facile à fabriquer,
entrera en service à partir de 1939.
Les Britanniques, comme les Japonais, ne s’orienteront pas vers un fusil
semi-automatique.
SMUTS, JAN CHRISTIAAN
(1870-1950). Maréchal britannique et homme
politique sud-africain.
Ce vieil adversaire puis ami de la Grande-Bretagne* s’oppose à la
neutralité de l’Afrique du Sud* lors de la déclaration de guerre du
3 septembre 1939.
Approuvé par le Parlement, il devient Premier ministre, poste qu’il
cumulera rapidement avec ceux de ministre de la Guerre et de commandant
en chef des forces sud-africaines.
Durant toute la guerre, il se montre un allié constant et résolu de la
Grande-Bretagne*, travaillant en étroite liaison avec Winston Churchill*. Les
troupes sud-africaines interviendront pratiquement sur tous les théâtres
d’opérations.
En 1943, Smuts assiste à la conférence du Caire*. En 1945, à celle de San
Francisco* où il joue un rôle important pour la création des Nations unies*.
Il restera en fonction jusqu’à sa défaite électorale en 1948.
En 1941, il avait été promu maréchal de l’empire britannique et depuis
1943 faisait partie du cabinet de guerre britannique.

SOBIBOR
Camp d’extermination nazi situé près de Chelm, en Pologne*, ouvert en
mai 1942 et fermé en novembre 1943.
Le nombre de victimes est estimé entre 250 000 et 300 000.
Une révolte, le 14 octobre 1943, permet à 600 prisonniers de s’échapper
après avoir tué plusieurs gardiens. La moitié des évadés réussit à atteindre les
bois, sans pouvoir survivre longtemps.

SOE (SPECIAL OPERATION EXCUTIVE)


Non content de promouvoir commandos et parachutistes afin de porter le
fer chez l’ennemi, Churchill* ordonne en juillet 1940 la création d’une autre
organisation, le SOE.
Sur les fonts baptismaux, il l’accompagne d’une formule choc : « Et,
maintenant, mettez le feu à l’Europe ! »
De fait, le SOE agira bien au-delà de l’Europe.
Ce SOE voulu par le Premier ministre britannique est un assemblage
mystérieux d’organismes déjà existants :
— Section D, relevant de l’Intelligence Service et spécialisée dans le
sabotage.
— EM : service secret, orienté sur la propagande et dépendant du Foreign
Office.
— M 1 : branche obscure du War Office.
Il appartiendra à ses chefs – Sir Frank Nelson, Sir Charles Hambro, puis
le général Colin Gubbins*, à compter de septembre 1943 – de lui donner de
l’ampleur (au milieu de 1944, il comptera 13 200 hommes et femmes,
disposera d’un PC à Londres et de plusieurs centres d’entraînement).
Fondamentalement, il n’est pas une unité de commandos. Il est avant tout un
pool d’agents secrets de toutes natures destinés à renseigner et à agir, en
liaison avec les résistances locales. Il fomentera et sera partie prenante dans
de nombreuses opérations de commandos (opération Jaywixk contre
Singapour*, opération contre l’usine d’eau lourde de Norsk-Hydro* en
Norvège).
Évidemment, ce nouveau venu suscite des antagonismes de la part des
services traditionnels dont les célèbres MI 5 et MI 6 spécialisés de longue
date dans l’espionnage et le contre-espionnage. Churchill* n’en a cure. Il veut
des résultats. L’émulation n’est pas pour lui déplaire.
L’expérience du SOE incite les Américains à lancer une formule
similaire, l’OSS. Prônant le même type de lutte, généralement dans des
territoires sous contrôle de l’ennemi, SOE et OSS parviendront, quelles que
soient leurs divergences, à collaborer. Ils se répartiront les zones d’action.
Pour le SOE : Moyen-Orient, Inde*, Afrique orientale et occidentale. Pour
l’OSS : Afrique* du Nord, Chine*, Mandchourie*, Corée, Pacifique Sud et
Sud-Ouest. En Birmanie*, Malaisie*, Sumatra, Allemagne*, Italie*, Suède*,
Suisse*, Portugal*, Espagne*, ils se partageront les rôles. En Europe du
Nord-Ouest, essentiellement en France*, ils arriveront même à travailler en
liaison assez étroite. En Extrême-Orient et dans le Pacifique* Centre et Sud-
Est, ils se heurteront à un mur. MacArthur* et Nimitz* voudront rester
maîtres chez eux.
Le SOE sera dissous le 30 juin 1946 après avoir eu des pertes très lourdes
tout au long de la guerre (la moitie de ses agents en Europe).
SOL (SERVICE D’ORDRE LÉGIONNAIRE)
Dans le cadre de la Légion française des combattants*, Darnand*, à
l’automne 1940, lance dans les Alpes-Maritimes un service d’ordre qu’il
transforme, en septembre 1941, en service d’ordre légionnaire.
La formule plaît à Darlan*. Une instruction du 12 janvier 1942 la
généralise au plan national (zone sud dans la pratique).
Ce SOL regroupe les éléments les plus extrémistes, les plus orientés vers
la collaboration*. Il semble avoir compté de 15 000 à 20 000 membres, issus
généralement des milieux urbains. Ce SOL donnera naissance à la Milice*. Il
avait fixé le ton. Son chant, le Chant des Cohortes, possède un sixième
couplet significatif :
« SOL, faisons la France pure :
Bolcheviks, francs-maçons ennemis,
Israël, ignoble pourriture,
Écœurée, la France vous vomit. »

Il sera repris par la Milice*.

SOLUTION FINALE
« Le Juif est et demeure le parasite type, l’écornifleur qui, tel un bacille nuisible, s’étend
toujours plus loin, sitôt qu’un sol nourricier favorable l’y incite. L’effet produit par sa présence est
celui des plantes parasites : là où il se fixe, le peuple qui l’accueille s’éteint au bout de plus ou
moins longtemps ! »

Ainsi s’exprime Hitler* dans Mein Kampf, en 1925. Les enfants


d’Abraham correspondent pour lui au mal absolu. Devenu puissant, l’auteur
de Mein Kampf peut passer aux actes.
Ce sont tout d’abord les lois dites de Nuremberg*, en 1935 (voir
Nuremberg, lois de), qui provoquent un exil de 150 000 Juifs allemands.
La guerre, l’invasion de l’Europe orientale modifient les données du
problème. Le bolchevisme marxiste est présenté comme le fruit de la pensée
juive. D’importantes zones historiques de peuplement juif passent aux mains
des nazis : Pologne orientale*, Ukraine*, Biélorussie, ainsi que des grandes
villes, Varsovie*, Salonique, Vilna.
Immédiatement, les Juifs polonais sont contraints de se regrouper dans
des ghettos. Ce n’est qu’une étape.
Hitler* veut se débarrasser du « bacille nuisible », mais comment ? Un
plan de regroupement de 15 millions de Juifs à Madagascar* est écarté pour
des raisons pratiques de transport.
Il est difficile de préciser à quelle date Hitler* se décide à recourir à la
formule extrême : l’élimination pure et simple.
Le 31 juillet 1941, Heydrich*, chef tout-puissant du RSHA*, reçoit un
ordre secret de Goering* lui enjoignant :
« de faire tous les préparatifs nécessaires au sujet de l’organisation et du financement d’une
solution radicale de la question juive, dans les régions sous influence allemande ».

Le Reichsmarhall* suit évidemment des instructions de Hitler*.


Déjà quatre Einsatzgruppen*, constitués de SS* et de miliciens locaux,
sont passés aux actes en Europe de l’Est avec mission de liquider tous les
Juifs et les commissaires politiques des Soviets. On leur attribue en URSS*
au moins 700 000 victimes*.
Pearl Harbor* supprime le dernier obstacle, s’il existait vraiment,
susceptible de retenir Hitler*. Il pouvait supposer que la crainte de
représailles contre les Juifs retiendrait Roosevelt* d’intervenir contre
l’Allemagne*. Ce n’est plus le cas. Depuis le 11 décembre 1941, les États-
Unis* sont en guerre contre l’Axe*.
Le 20 janvier 1942, Heydrich* réunit 15 secrétaires d’État et dignitaires
SS* au siège des services de sécurité, 56-58 Grossen-Wannsee, dans la
banlieue de Berlin. Motif de la convocation : la Solution finale*. Les plus
lucides comprennent : ce sera l’extermination.
Cette Solution finale*, Heydrich*, mortellement blessé le 27 mai par un
commando tchèque, ne sera plus là pour la mettre en œuvre. À défaut de
Heydrich*, Himmler* la réalisera dans les camps d’extermination.
Pour parvenir à leurs fins, les SS* utilisent le cyanure d’hydrogène,
mieux connu sous le nom de Zyklon B*. Ils parviendront ainsi à des
exterminations massives et rapides. 152 000 Juifs périront à Kulmhof*
(Chelmno*), 250 000 à Sobibor*, 200 000 à Maïdanek*, 600 000 à Belzec*,
700 000 à Treblinka*, plus d’un million à Auschwitz* qui sera reconnu la
plus grande entreprise d’extermination de tous les temps.
Au total, six millions de Juifs européens seront victimes de ce génocide.
Les communautés israélites d’Allemagne*, des États baltes*, de Pologne*, de
Tchécoslovaquie*, disparaîtront presque complètement.
Quelques rares pays seront moins frappés. Les 8 000 Juifs danois
réussiront à passer en Suède*. En Italie*, 16 % des 45 000 Juifs italiens
seront déportés.
En Finlande*, le gouvernement s’opposera énergiquement à toutes
mesures de déportation.
Quant à la France*, 76 000 Juifs sur 300 000 seront déportés ; 2 000
reviendront.
En cinq ans, le tiers de la population juive mondiale, estimée à environ
17 millions en 1939, aura été exterminée. Pour nombre de rescapés,
l’existence à rebâtir s’appellera Israël.
Estimation de la population juive en Europe :

Pays 1939 1947


Albanie 200 300
Allemagne 240 000 188 600
Angleterre 340 000 345 000
Autriche 60 000 42 000
Belgique 100 000 34 500
Bulgarie 50 000 46 500
Danemark 8 000 5 500
Espagne 4 500 3 500
Estonie 5 000 500
Finlande 2 000 1 800
France 300 000 205 000
Grèce 75 000 8 000
Hollande 150 000 33 000
Hongrie 403 000 180 000
Irlande 4 000 4 500
Italie 51 000 56 000
Lettonie 95 000 12 000
Lituanie 155 000 20 000
Luxembourg 3 500 500
Norvège 3 000 1 000
Pologne 3 250 000 105 000
Portugal 3 500 4 000
Roumanie 850 000 400 000
Suède 7 500 15 500
Suisse 25 000 25 000
Tchécoslovaquie 360 000 60 000
Turquie 80 000 80 000
Union
3 020 000 2 000 000
soviétique
Yougoslavie 75 000 11 900

Pour bien comprendre ces chiffres, il faut se rappeler les mutations


intervenues en 1947 : émigration vers Israël, personnes déplacées.
Ces dernières expliquent les chiffres apparemment surprenants
d’Allemagne*, d’Autriche* et d’Italie*.

SOMALIE BRITANNIQUE
Protectorat britannique de 176 000 km2 à la corne de l’Afrique.
Lors de l’invasion italienne, en août 1940, la modeste garnison –
550 méharistes, 3 bataillons d’infanterie et une batterie d’artillerie – se replie
sur Aden après une résistance qui met 2 052 Italiens hors de combat contre
250 Britanniques. En mars 1941, deux bataillons indiens, en provenance
d’Aden, débarquent à Berbera et reprennent le territoire.

SOMALIE ITALIENNE
Colonie italienne de 461 000 km2 à la corne de l’Afrique.
En 1936, elle est rattachée, par les Italiens, à l’Éthiopie* pour former
l’Empire italien d’Afrique orientale. Elle est conquise par les Britanniques en
1941 et reste sous leur occupation jusqu’en 1949.
SOMALIS, CÔTE FRANÇAISE DES
Colonie française à la corne de l’Afrique orientale, point de départ du
chemin de fer Djibouti-Addis-Abeba.
Territoire convoité par l’Italie*, il échappe à l’occupation italienne en
1940 et reste provisoirement dans l’orbite de Vichy*, le commandant
militaire, le général Legentilhomme*, ayant échoué dans sa tentative de
ralliement à la France libre*. Le 27 novembre 1942, une partie de la garnison,
entraînée par le lieutenant-colonel Raynal, passe au Somaliland britannique et
rallie les FFL* avec 40 officiers et 1 500 hommes. Rentré dans le territoire le
26 décembre, Raynal, avec le colonel Appert, le fait basculer dans le camp de
la France libre*. Il pourra ainsi rassembler près de 8 000 hommes qui iront
former la 4e brigade de la 1ère DFL*.
La Côte française des Somalis sera ainsi intégralement dans le camp allié.

SOMERVILLE, JAMES
(1882-1949). Amiral anglais.
À la retraite pour raisons de santé, après avoir commandé la flotte des
Indes orientales, le vice-amiral Somerville est rappelé au service en
septembre 1939 en tant que spécialiste des radars.
En mai 1940, il seconde l’amiral Ramsay* pour l’évacuation de
Dunkerque*, puis, sachant qu’il obéira, Churchill* lui confie la Force H
chargée de mener à bien l’attaque contre la flotte française à Mers el-Kébir*.
Il le fait effectivement, non sans répugnance. Il commande ensuite en
Méditerranée*, puis intervient à bon escient dans la chasse au Bismarck*. En
avril 1942, il devient commandant en chef de la flotte d’Extrême-Orient et
doit finalement replier ses navires sur l’Afrique orientale. D’octobre 1944 à la
fin de 1945, il dirige la délégation de l’Amirauté britannique à Washington.
Anobli en 1941 et fait amiral de la flotte en mai 1945.
Pour les Français, il restera à jamais l’exécutant servile du coup bas de
Mers el-Kébir*.

SOMUA R 35
Char moyen français, sorti en 1936.
Officiellement présenté comme Automitrailleuse de cavaleries, est l’un
des meilleurs chars français de 1940.
Poids : 20 tonnes ; vitesse : 40 km/h ; autonomie : 230 km ; armement :
1 canon de 47 mm, 1 mitrailleuse de 7,5 mm ; équipage : 3 hommes.

SORGE, RICHARD
(1896-1944).
Certainement le plus célèbre espion de la Seconde Guerre mondiale.
Né à Bakou d’une mère russe et d’un père allemand. Communiste et
correspondant du Frankfurter Zeitung à Tokyo, gagne la confiance de
l’ambassadeur allemand au Japon*, le général Ott. Obtient ainsi des
informations capitales qu’il transmet aux Russes. Trahi par son opérateur
radio, il est arrêté le 18 octobre 1941, jugé et pendu en novembre 1944.
Sorge avait notamment, le 12 mai 1941, averti Staline* de l’imminence
de l’attaque allemande en juin, mais celui-ci n’en avait pas tenu compte. En
août de la même année, il avait prévenu que le Japon* donnait la priorité au
Pacifique*. Les Soviétiques avaient pu retirer des troupes de la frontière
mandchoue pour renforcer leur lutte contre la Wehrmacht* devant Moscou*.

SOSABOWSKI, STANISLAW
(1896-1967). Général polonais.
Commandant de la 1ère brigade aéroportée polonaise d’avril 1941 à
décembre 1944.

SOSNKOWSKI, KAZIMIERSZ
(1885-1969). Général polonais.
Successeur du général Sikorski* comme commandant en chef des forces
polonaises, du 4 juillet 1943 au 30 septembre 1944.
Partisan de l’intégrité du territoire polonais, s’oppose à toutes
concessions envers l’URSS*. S’oppose à l’insurrection de Varsovie*. Ses
rapports très tendus avec le chef du gouvernement polonais en exil
conduiront finalement à son licenciement.

SOUDAN
Ce pays, devenu en 1956 la république du Soudan, est en 1939 un
condominium anglo-égyptien.
En fait, il est dirigé par un gouverneur britannique en poste à Khartoum.
Au lendemain de la déclaration de guerre italienne de juin 1940, les Italiens
occupent la ville frontière de Kassala. Ils en sont bientôt chassés par
l’offensive britannique de janvier 1941 qui comprend notamment la Sudan
Defence Force, unité forte de 4 500 soldats soudanais. En avril 1942, le
Conseil Général des Élites, institué par les Britanniques en 1939, réclamera,
sans incidence immédiate, l’autodétermination pour l’après-guerre.

SOURCE, OPÉRATION
Opération menée par des midgets* britanniques contre le cuirassé
allemand Tirpitz* dans un fjord norvégien du 20 au 22 septembre 1943.
Le cuirassé Tirpitz*, menace redoutable pour les convois de l’Arctique*,
est à la fin de l’été 1943 au mouillage dans le Kaafjord sous le cap Nord. Le
site, encaissé, rend une attaque aérienne quasiment impossible. Ce qui
n’exclut pas toutefois une sérieuse défense rapprochée du côté de la mer.
Champs de mines aux accès du fjord. Filets pare-torpilles aux abords des
bâtiments.
L’Amirauté, pour en avoir fait les frais à Alexandrie*, connaît les
techniques utilisées par les Italiens. Elle s’en inspire. Le 6 septembre 1943,
six sous-marins d’une trentaine de tonnes, avec quatre hommes d’équipage,
quittent l’Écosse, remorqués par de grands congénères. Ils ont mission d’aller
placer des charges explosives sous les navires du Kaafjord. L’un d’eux
disparaît durant la traversée. Un autre, victime d’avarie, doit renoncer. Puis
un troisième connaît un sort identique.
Ils ne sont plus que trois à s’enfoncer dans le Kaafjord pour attaquer le
Tirpitz* alors seul. Le X/7, du lieutenant de vaisseau Place, parvient à
disposer ses deux charges sous le cuirassé mais émerge accidentellement.
L’alerte est donnée. Le petit sous-marin est coulé et perd deux de ses marins.
Le X/6 du lieutenant de vaisseau Cameron, de son côté, réussit lui aussi à
fixer ses charges sous la quille, mais avarié, sombre. Son équipage parvient à
l’évacuer. Pour le dernier, le X/5, l’incertitude demeure sur son sort. A-t-il
réussi lui aussi à déposer ses charges. A-t-il été coulé ? A-t-il disparu ? Dans
le Kaafjord ? En haute mer ?
Le courage déployé n’est pas vain. Quatre charges – au moins – sont en
place. Leurs explosions provoquent d’énormes dommages. Le Tirpitz* donne
fortement de la bande et se retrouve immobilisé pour longtemps.
L’opération Source a coûté à la Royal Navy* neuf marins. Six autres sont
prisonniers et seront traités comme tels. Place et Cameron recevront la
Victoria Cross*.

SOUTH PACIFIC AREA


Théâtre d’opérations du Pacifique* compris entre le 159e degré est et le
110e degré ouest.
Placé sous le commandement de l’amiral Nimitz*, il englobe la
Nouvelle–Zélande*, la Nouvelle-Calédonie*, les Nouvelles-Hébrides*, les
Fidji* et certaines îles des Salomon*.
En avril 1942, il s’intégrera au Pacific Ocean Areas* de Nimitz*.

SOUTH-WEST PACIFIC AREA


Théâtre d’opérations du Pacifique* placé sous le commandement du
général MacArthur*.
Il englobe l’Australie*, les Philippines*, la Nouvelle-Guinée*, l’archipel
Bismarck*, les Salomon*, les Indes néerlandaises* (sauf Sumatra). En août
1942, seront exclus Guadalcanal* et certaines îles des Salomon qui passeront
au South Pacific Area*.
Sur la phase finale, 1944-1945, MacArthur* disposera de la VIe Armée
(général Krueger*), de la VIIIe Armée (général Eichelberger*) et de la VIIe
flotte (amiral Kinkaid*) et, si besoin, de la IIIe flotte de l’amiral Halsey*.

SPAATZ, CARL
(1891-1974). Général américain.
Descendant d’émigrants allemands, Spaatz est l’un des premiers aviateurs
américains présents sur le front français en 14-18.
Colonel en 1940, il est envoyé par Roosevelt* en Grande-Bretagne* lors
de la bataille d’Angleterre* pour se rendre compte de la situation. Son rapport
convaincra le Président que la Grande-Bretagne* pouvait tenir et qu’elle
devait être aidée. Promu major général, il prend, en juillet 1942, le
commandement de la 8e US Air Force en Grande-Bretagne*. Il partira ensuite
en AFN avec Eisenhower*. En décembre 1943, il sera nommé commandant
des Forces stratégiques américaines en Europe (8e et 25e Armées aériennes).
Son action sera décisive pour détruire les réserves de carburant et éliminer la
chasse allemande.
Après la victoire en Europe, il sera envoyé dans le Pacifique* pour
diriger les bombardements stratégiques contre le Japon*.
Cet homme modeste, éloigné de la publicité, succédera à Arnold* en
1946.

SPANDAU, PRISON DE
Prison de la banlieue de Berlin où les condamnés de Nuremberg*
effectueront leurs peines.
Rudolf Hess*, le dernier détenu, s’y suicidera en 1987. Après sa mort, la
prison sera intégralement rasée et ses pierres englouties pour éviter des
pèlerinages de nostalgiques.

SPEER, ALBERT
(1905-1981). Homme politique allemand.
Jeune ingénieur issu d’un milieu aisé, adhère au parti nazi en janvier
1931.
La qualité de ses travaux le fait remarquer par Hitler* dont il devient un
familier et l’architecte. Nommé inspecteur général des bâtiments de Berlin en
1937, il construit dans un style néo-classique la grande chancellerie. En 1942,
suite à la mort accidentelle du docteur Fritz Todt*, il est promu ministre de
l’Armement et des munitions ainsi que chef de l’organisation Todt*. Malgré
les bombardements alliés, il parvient à tripler la production d’armement de
1942 à 1944. Conscient de l’inéluctable défaite, il s’oppose à la politique de
la terre brûlée voulue par le Führer* tout en restant l’un de ses intimes.
Condamné par le Tribunal de Nuremberg* à une peine de 20 ans de prison
pour avoir utilisé de la main-d’œuvre étrangère réquisitionnée, il la purge
intégralement à la prison de Spandau*. Libéré, il publie Au cœur du
Troisième Reich*, témoignage sur l’univers nazi. Il affirmera toujours avoir
ignoré l’existence de la Solution finale*. L’homme paraît avoir gardé son
intégrité morale tout en servant un régime amoral.

SPERRLE, HUGO
(1885-1953). Maréchal de l’air allemand.
Se fait connaître à la tête de la Légion Condor durant la guerre
d’Espagne.
Prend, le 3 septembre 1939, le commandement de la Luftflotte 3, et
obtient, en juillet 1940, son bâton de maréchal après la campagne de France*.
Toujours à la tête de la Luftflotte 3, participe à la bataille d’Angleterre* où il
préconise sans succès de continuer à s’en prendre aux terrains d’aviation du
Fighter Command*. Avec Barbarossa*, ses groupes de bombardement
chutent de 44 à 3. Assez désillusionné, il tient un rôle secondaire en
défendant la France*, la Belgique* et les Pays-Bas*. Finalement, il
démissionne en août 1944 et ne reçoit plus d’affectation.

SPITFIRE SUPERMARINE
Le plus célèbre des chasseurs britanniques de la Seconde Guerre
mondiale.
Grand vainqueur, avec le Hurricane*, de la bataille d’Angleterre*.
Sorti à partir de 1937 et fabriqué à environ 20 300 exemplaires en
plusieurs versions.
Vitesse : 600 km/h ; autonomie : 760 km ; armement : 2 canons de 20,
4 mitrailleuses de 7,7 mm ; équipage : 1 homme.
La réponse de Galland*, l’as des as allemand, à Goering*, qui lui
demande ce qu’il désire, est restée fameuse : « Des Spitfire, monsieur le
maréchal ! »

SPRINGFIELD 1903
Fusil à répétition américain datant de 1903 et non sans analogies avec le
Mauser* allemand et le Lee-Enfield anglais.
Fabriqué à environ 3 millions d’exemplaires. Arme solide et sûre, en
service dans l’infanterie jusqu’en 1943.
Poids : 3,940 kg ; longueur : 1,097 m ; calibre : 7,62 mm ; chargeur fixe
5 coups.

SPRUANCE, RAYMOND
(1886-1969). Amiral américain.
Cet ancien élève de l’École navale d’Annapolis commande en 1941 une
division de croiseurs dans le Pacifique.
Le 14 juin 1942, remplaçant l’amiral Halsey* malade, il remporte
l’éclatante victoire de Midway*. Pendant 14 mois, il est ensuite chef d’état-
major de l’amiral Nimitz*, avant de prendre le commandement de la Ve flotte
américaine dans le Pacifique. Il exécute brillamment l’attaque des îles
Gilbert* et Marshall*. En juin 1944, il remporte une victoire décisive sur la
marine japonaise dans les Mariannes* (le fameux tir aux dindons des
Mariannes*). En février et avril 1945, il dirige les forces qui attaquent Iwo
Jima* et Okinawa*.
Après avoir été commandant en chef de la flotte du Pacifique*, fin 1945,
il sera de 1952 à 1955 ambassadeur des États-Unis* aux Philippines*.
L’homme laisse le souvenir d’un chef modeste, de sang-froid et de
décision, gagnant le respect de tous.

SQUADRON
Unité de base de la RAF*.
En principe, plusieurs squadrons forment un wing (escadre) et plusieurs
wings un group. Dans la chasse, un squadron se décompose en flights
(escadrilles), puis en patrouilles de trois à quatre appareils.

SS. SCHUTZSTAFFEL
Groupes de protection. À l’origine, petit groupe de militants recrutés pour
servir de gardes du corps à Hitler*, d’où leur dénomination.
Ils ne sont que 280 en 1929 lorsque Himmler* est nommé Reichführer SS
et donne au mouvement un formidable essor. Ils seront 52 000 à l’accession
de Hitler* au pouvoir en janvier 1933. Soldats politiques, soigneusement
sélectionnés sur le plan physique et racial, ils ont mission de constituer la
troupe d’élite du parti. Ils sont ainsi au premier rang pour l’élimination de
Röhm et des SA en 1934.

Progressivement, cette SS se diversifie :


Allgemeine SS ou SS générale, corps principal comptant environ 250 000
hommes en 1939. Véritable vivier de l’organisation, cette Allgemeine SS
s’affaiblira avec la mobilisation de ses membres dans la Wehrmacht* ou la
Waffen SS*.
SS Totenkopf, ou détachement SS Tête de mort, assurant la garde des
camps de concentration et apparu à Dachau* fin 1933.
SS Verfügungstruppe, créée sur ordre de Hitler* le 16 mars 1935. Cette
formation militarisée débouchera sur la Waffen SS*.
Elle donne simultanément naissance à des organismes spécifiques : SD*,
Sipo* comprenant la Gestapo*, et finalement RSHA* coiffant un ensemble
SS grand responsable des monstruosités nazies : arrestations, déportations,
exécutions sommaires, génocides...
L’idéologie de la SS plonge ses racines dans l’idéal raciste de
l’Allemagne* hitlérienne. Elle prône la supériorité du sang germanique, de la
race nordique et, en contrepartie, l’élimination de la « révolution judéo-
bolchevique des sous-hommes ». Les seigneurs de l’industrie, les banques,
pour divers mobiles, assurent le financement initial.
Cette SS se distingue par sa tenue noire, d’où son nom d’ordre noir, ses
rites, ses insignes, son obédience totale à Hitler*. Tous ses membres prêtent
serment au Führer* :
« À toi, Adolf Hitler*, Führer* et chancelier du Reich*, je prête serment de fidélité et de
courage. Je te jure, à toi et aux chefs par toi désignés, obéissance jusqu’à la mort. Que Dieu me
soit témoin. »

Véritable État dans l’État, la SS s’impose dans toutes les activités :


Police, Justice, Administration, Économie, Armée. Elle recrute large dans
toutes les classes sociales : aristocrates, intellectuels, fonctionnaires,
transfuges de l’armée, paysans sans avenir.
Deux écoles forment les futurs officiers. La discipline stricte s’appuie sur
une hiérarchie propre où Himmler*, Reichsführer SS jusqu’au bout, distribue
généreusement les grades qui se retrouvent dans la Waffen SS* :

SS –
Général d’armée
Obergruppenführer
SS – Gruppenführer Général de corps d’armée
SS – Brigadeführer Général de division
SS – Oberführer Général de brigade
SS –
Colonel
Standartenführer
SS –
Lieutenant-colonel
Obersturmbannführer
SS –
Commandant
Sturmbannführer
SS –
Capitaine
Hauptsturmführer
SS –
Lieutenant
Obersturmführer
SS –
Sous-lieutenant
Untersturmführer

De cette implacable SS, les principaux chefs, outre Himmler*,


s’appellent :
Heydrich*, Kaltenbrunner*, Muller*, Eichmann*, Best, Berger, Sepp
Dietrich*.
Pour son idéologie, pour ses crimes, la SS sera condamnée par le
Tribunal international de Nuremberg*.

SS BRITISH FREE CORPS


Unité de Waffen SS*, composée de volontaires originaires du
Commonwealth, organisée, au début de 1944, à l’initiative de John Amery,
en recrutant dans les camps de prisonniers.
L’entreprise est un véritable fiasco aussi bien sur le plan engagement (à
peine de 50 à 70 volontaires) que militaire. Elle ne participe pratiquement pas
aux combats.
Connue aux origines comme Saint-George Legion.

STALAG
Abréviation du vocable allemand Stammlager.
Camp de prisonniers où sont détenus les personnels non officiers.
Étant donné le nombre de prisonniers faits par la Wehrmacht* aussi bien
à l’ouest qu’à l’est*, des centaines de stalags sont ouverts en Allemagne* et
dans certains territoires occupés comme la Pologne* (voir Prisonniers de
guerre).

STALINE
(1879-1953). Homme politique soviétique.
Joseph Vissarionovitch Djougatchvili dit Staline.
Il voit le jour en Géorgie dans un milieu modeste et se rallie vite aux
idées révolutionnaires. Militant actif, maintes fois arrêté, évadé, déporté
même, apparaît comme l’un des meneurs de la future révolution. Élu
secrétaire général du Parti communiste le 3 avril 1922, s’impose comme l’un
des hommes forts du nouveau régime. Le 1er septembre 1939, après
l’élimination souvent brutale de ses principaux rivaux, est le maître absolu de
l’URSS*. Il le restera jusqu’à sa mort. Le 22 juin 1941 le trouvera Secrétaire
général du Parti communiste et président du Conseil des commissaires du
peuple. Le 30 juin, il prendra la présidence du comité pour la défense de
l’État nouvellement créé. À la mi-juillet, il s’attribuera les fonctions de
Commissaire à la Défense. Le 8 août, il recevra le titre de commandant en
chef, fonction détenue déjà en principe depuis le début de juillet. En 1943, le
6 mars, après Stalingrad*, il se fera octroyer la distinction de maréchal. Que
de cumuls sur une seule tête ! Staline est bien le personnage central, régentant
tout et en premier lieu grand responsable de la conduite de la guerre.
Le personnage est bien connu physiquement. Trapu, large d’épaules,
taille au-dessous de la moyenne, sourcils très noirs, moustache épaisse. Il
porte sans apparat une tenue militaire stricte : veste fermée jusqu’au cou,
culotte coincée dans de hautes bottes à la russe. Ceux qui l’approchent de
plus près sont frappés par son nez oriental, ses yeux froids et sans éclat, son
allure féline.
Si l’extérieur se visionne bien, l’intérieur se perçoit mal. Tout chez
Staline s’entoure de secret. Ses décisions surprennent mais ne se discutent
pas. Son autorité est incontestable. Son cynisme, sa cruauté vont de pair. Pour
Joseph Staline, la vie humaine ne compte pas. On l’a constaté avant la guerre
avec les purges et les éliminations sans retenue. On le constatera durant la
guerre avec ses obstinations à des résistances stériles ou à des attaques
inhumaines. On le constatera après 1945 dans sa vengeance impitoyable
envers tous ceux qu’ils regardera comme des traîtres. Le goulag a emporté
des millions d’individus.
Qui oserait cependant nier le talent personnel, l’obstination unie à la ruse
pour arriver au poste qu’il occupe et au pouvoir qu’il détient ? Il resterait à
percer le ressort profond du successeur de Lénine. Ambition d’un destin
personnel ? Victoire mondiale du communisme ? Triomphe planétaire de
l’impérialisme russe ? Comment répondre ?
Pour la conduite de la guerre, le commandant suprême, comme le qualifie
Joukov*, n’a certes pas le profil voulu. Son expérience militaire remonte à la
guerre civile et aux méthodes de l’époque. Il a tout à apprendre. Si son
intelligence, si sa puissance de travail le lui permettent, elles n’estompent pas
son dogmatisme, sa défiance. Son obstination à défendre Kiev*, la Crimée*,
Kharkov*, ses nominations d’un Vorochilov* comme d’un Boudienny*, sur
des critères de sécurité politique, tout cela se paiera au prix fort en vies
humaines.
Par contre, sur la scène internationale, Staline réussit beaucoup mieux et
beaucoup plus vite. Le pacte germano-soviétique* l’a bien servi. Il lui a
permis d’acquérir une large portion de la Pologne* ainsi que les États baltes*.
S’il ne voit pas monter le danger hitlérien, dès les lendemains de
Barbarossa*, il obtient l’aide britannique et se trouve en position de force.
Les Alliés* ont besoin de lui pour affaiblir et vaincre la Wehrmacht*. Les
conférences au sommet, Téhéran*, Yalta*, Potsdam*, font de lui l’un des
Trois Grands*. Il peut parler haut et fort et exiger. L’URSS* de Staline,
malgré ses blessures, sort agrandie et affermie de la guerre. Le monde doit
compter avec cette puissance qui entend équilibrer celle des États-Unis*.
« Guide génial », « Père des peuples », « Plus grand stratège de tous les
temps », les flagorneries fleurissent en 1945. L’Histoire se montre plus
lucide. Elle n’oublie pas l’impréparation soviétique à la guerre. Elle
s’interroge sur l’effondrement du 22 juin 1941 avant de se reprendre. Si elle
ne sous-estime pas la poigne impitoyable qui conduisit ensuite son peuple à
la victoire, elle se souvient aussi de la dictature brutale, des victimes
innocentes, des morts par millions du Stalinisme. Le Petit Père des peuples
se présente bien comme l’un des grands destructeurs d’humanité du
XXe siècle.
Héros de l’Union soviétique*.

STALINE, LIGNE
Ligne fortifiée édifiée à partir de 1930 le long de la frontière occidentale
de l’URSS*, de la mer Blanche à la mer Noire.
Elle se compose de 13 secteurs fortifiés (UR), de 100 à 180 km de long
sur 30 à 50 de profondeur. L’ensemble comprend plusieurs milliers
d’ouvrages bétonnés camouflés, servant de positions de défense, de dépôts,
d’hôpitaux, etc. Ces ouvrages sont en principe reliés par des tunnels.
Chaque secteur est tenu par une brigade d’infanterie, 2 à 8 batteries
d’artillerie, un bataillon de chars, un bataillon de DCA, etc.
En 1938, 8 secteurs supplémentaires secrets seront adjoints.
Cette ligne Maginot* soviétique sera rapidement percée par la
Wehrmacht* en 1941.

STALINGRAD, BATAILLE DE
Du 23 août 1942 au 2 février 1943.
Contré devant Moscou* et Leningrad* durant l’hiver 41-42, Hitler*
décide, pour l’année 1942, de faire l’effort principal en direction du Caucase*
pour conquérir les puits de pétrole de Maikop et Grozny qu’il juge
indispensables à la poursuite de la guerre. Sa directive No 41 du 5 avril
prévoit une conquête du Caucase* et une marche sur Stalingrad. Pourquoi
Stalingrad (aujourd’hui, Volgograd) sur la rive droite de la Volga, dans la
grande boucle du fleuve ? Occuper Stalingrad permet de couvrir au nord les
troupes s’enfonçant vers le sud-est, d’interrompre la navigation sur la Volga
et, qui sait, peut-être, d’aller plein nord sur Moscou.
L’opération Blue (tel est son nom) débute le 28 juin et connaît de suite un
plein succès. Depuis la région de Kharkov, la VIe Armée (Paulus*) marche
plein est, et atteint le Don qu’elle commence à longer sud-est en direction de
Stalingrad. Le Groupe d’armées A de von List*, bientôt renforcé par la
IVe Armée blindée de Hoth*, franchit le Don inférieur et pique plein sud.
Maikop est occupée le 9 août.
Paulus* progresse mais à petits pas. La majeure partie de son armée
marche à pied. La IVe Armée blindée initialement prévue à ses côtés lui a été
retirée au profit du Caucase*. Outre Paulus*, prudent, plus officier d’état-
major que chef de guerre, égrène des contingents le long du Don pour se
garder. Résultat, il perd du temps. Ses avants-gardes ne pénètrent que le
23 août dans Stalingrad, cité active de 500 000 habitants, gigantesque
chenille de 35 km de long, collée au fleuve sur le rebord des hautes falaises
de la rive droite. Une poussée plus prompte, à la Guderian*, aurait
certainement permis d’enlever la ville avant que les Soviétiques aient pu
réagir.
Staline* croyait que les Allemands, depuis Voronej, remonteraient sur
Moscou. Grâce à Lucy*, il connaît les véritables intentions de Hitler* :
Caucase* pour son pétrole et Stalingrad pour se couvrir. Le maître du
Kremlin tient à défendre la ville qui porte son nom. Question de prestige
personnel. Hitler* s’obstinera tout autant. Stalingrad deviendra un symbole
de l’affrontement de deux hommes et deux régimes.
La véritable bataille pour Stalingrad, le 23 août, au soir, s’ouvre par un
terrible bombardement de la Luftwaffe*. 40 000 morts civils. Les Allemands
ont voulu donner le coup de grâce et terroriser la population.
Les moyens de l’Armée rouge* sont, au départ, modestes. Sur Stalingrad,
la 62e Armée ne compte que 25 000 hommes. Staline* veut l’emporter. Il
nomme des hommes forts. Joukov*, son joker, pour diriger l’ensemble de la
défense ; Eremenko*, à la tête du Front de Stalingrad. (Dans la terminologie
soviétique, un Front correspond à un GA.) Sur place, Eremenko* confie la
62e Armée à Tchouikov*, un général massif, au visage joufflu, qui sera l’un
des piliers de la défense.
Paulus*, pour enlever Stalingrad, dispose d’environ 300 000 Allemands
de la VIe Armée et d’éléments de la IVe Armée blindée qui l’ont rejoint. Il
pourrait mener une attaque en piston, poussant par les extrémités nord et sud.
Il préfère une action frontale. Lentement ses troupes avancent, se heurtant à
une résistance de plus en plus ferme. Les décombres de Stalingrad se
transforment en blockhaus que les assaillants doivent réduire. Chaque nuit,
des renforts russes franchissent la Volga pour gagner une ville en ruine ou en
flammes. 100 000 hommes débarqueront en septembre-octobre sur la rive
droite, à peine de quoi compenser les pertes.
17 septembre. En Allemagne*, des journaux titrent : « Chute de
Stalingrad ». Gœbbels* en interdit la diffusion. Prématuré. Paulus* n’a rien
confirmé. Si les Allemands sont entrés dans Stalingrad, des Russes s’y battent
encore. Combat sans merci entre adversaires qui s’étreignent à courte
distance. Tchouikov* a prescrit à ses hommes de coller à l’ennemi. La
Luftwaffe* ne peut plus intervenir sous peine d’atteindre les siens. Les
combattants se tuent à la grenade, au PM, au fusil à lunette. Tchouikov* le
répète : « Il s’agit de gagner du temps. Du temps pour amener des renforts.
Du temps pour user les Allemands », et il ajoute : « Le temps, c’est du
sang ! »
Fin octobre. L’embarcadère, la gare principale, le ravin de Tsaritsa qui
coupe la ville en deux, puis l’usine Barricades, un haut lieu de la défense,
sont tombés et l’usine de tracteurs, autre haut lieu. Le périmètre soviétique se
réduit. Parfois la profondeur préservée sur la rive droite n’excède pas 300 m.
La VIe Armée est épuisée. Hitler* s’obstine. Il devrait envoyer des renforts
pour permettre d’en finir. Il n’en fait rien, persuadé que l’adversaire est à
bout.
Paulus* connaît l’état de sa troupe et la précarité de sa situation. Dès le
12 septembre, il a tiré la sonnette d’alarme. Sa VIe Armée se situe à la pointe
d’un V gigantesque aux flancs mal assurés. Ils ont été confiés à des alliés,
peu équipés et peu motivés. 8e Armée italienne, 3e Armée roumaine sur la
gauche, bordant vaille que vaille le Don, 4e Armée roumaine alignée sur la
droite face à l’est. Les avertissements de Paulus* sont tombés dans le vide.
Hitler* veut Stalingrad pour démontrer sa puissance et son invincibilité.
Joukov* et Vassilievski*, l’autre joker de Staline*, ont aussi jaugé la
position aventurée de Paulus*. Le 12 septembre, ils ont présenté à Staline* un
plan de contre-offensive. Deux attaques enfonceront les flancs de l’armée
allemande de Stalingrad. L’une, sur le Don, à 150 km au nord-ouest de
Stalingrad. L’autre, à 80 km au sud de la ville. Elles se rejoindront, fermant la
nasse à Kalatch, point de passage obligé sur le Don. Staline* a acquiescé.
Depuis, des troupes se massent pour exécuter le plan Joukov*–Vassilievski*.
Fronts du sud-ouest (Vatoutine*), et Front du Don (Rokossovski*), au nord-
ouest, 51e et 57e Armées étoffant le Front du Don d’Eremenko* au sud.
À la mi-novembre 1942, les Allemands sont-ils les maîtres de
Stalingrad ?
— Oui, car ils en tiennent les neuf dixièmes, les quartiers représentatifs,
la gare centrale, l’hôtel de ville, l’opéra.
— Non, car en s’accrochant à quelques arpents de berge ou à des
décombres d’usines, les Soviétiques prouvent au monde que l’ordre allemand
ne règne pas à Stalingrad. Les soldats de Tchouikov*, sales, hirsutes, pour
nombreux blessés, s’accrochent au dixième de la cité en ruine. Sur la rive
orientale, les batteries russes harcèlent la VIe Armée, perturbant ses liaisons et
ses communications.
19 novembre 1942. L’hiver est là. La Volga charrie d’énormes glaçons.
Neige, pluie et brouillard entravent les actions de la Luftwaffe*. Un demi-
million d’hommes sont prêts. Avec eux, 900 chars T 34* neufs, 230
régiments d’artillerie, 115 régiments de Katiouchas*. Ils s’apprêtent –
opération Uranus* – à sectionner la pointe du V allemand où se massent la
VIe Armée et une partie de la IVe Armée blindée.
9 h 30. Obusiers et Katiouchas* se déchaînent. Il y avait eu quelques
indices du côté des Roumains. Les renseignements étaient tombés dans la
vide, au GA, à l’OKH*, chez Hitler*.
Débouchant de leurs têtes de pont sur la rive gauche du Don, les unités de
Vatoutine* bousculent la IIIe Armée roumaine qui cède à la panique du
blindé. Résolument, elles foncent vers le sud.
20 novembre. Eremenko* attaque à son tour. La IVe Armée roumaine
cède. Une brèche se creuse. Deux corps mécanisés piquent nord-ouest, vers le
Don. Objectif Kalatch, point de passage principal sur le Don, à 60 km plein
ouest de Stalingrad. Si Kalatch tombe, les lignes de communications de la VIe
Armée seront coupées. Pire encore, si la jonction s’effectue à Kalatch entre
les assaillants nord et sud, la tenaille se referme. Les forces allemandes de
Stalingrad sont encerclées. Paulus* voit le danger mais ne dispose d’aucune
masse de manœuvre. Toutes ses troupes sont imbriquées dans Stalingrad et
aux abords, suite à l’ordre du Führer* de prendre la ville en utilisant toutes
les forces disponibles.
Le 21 au soir, un groupe de véhicules blindés enlève le pont de Kalatch.
Le 23, les éléments motorisés d’Eremenko*, surgissant du sud, font jonction
avec ceux de Vatoutine*. La VIe Armée est encerclée. Pour interdire toute
fuite, Joukov* pousse à la hâte des troupes avec mission de se fortifier face à
l’est. L’étau se resserre et se durcit. 13 DI, 3 PD, 3 divisions motorisées, 2
divisions roumaines, des unités diverses sont prises à l’intérieur du Kessel*
de Stalingrad, approximativement de l’ordre de 250 000 hommes.
Hitler* se trouve devant un choix. Abandonner Stalingrad ou risquer de
perdre 250 000 combattants. Le 23, à 21 h 30, Paulus* lui demande complète
liberté d’action pour se retirer. La réponse tombe comme un couperet :
adopter une défense en hérisson. Le ravitaillement sera assuré par la voie des
airs. Figé sur place par ce Führerbefehl*, Paulus* est condamné à défendre
ses positions. Goering* se targue de livrer 500 à 550 tonnes quotidiennes
avec sa Luftwaffe*. L’expérience démontrera être loin du compte.
Pour se tirer du mauvais pas, Hitler* a recours au maréchal von
Manstein* qui reçoit ordre de constituer un groupe d’armées du Don avec la
VIe Armée, la IVe Armée blindée et les IIIe et IVe Armées roumaines.
Autrement dit, faire du neuf avec du vieux. Au mieux Manstein* réussira à
obtenir deux nouvelles PD* avec lesquelles il forme le LVIIe corps blindé.
Avec ce CB et des éléments non pris dans la nasse de la IVe Armée blindée et
de la IIIe Armée roumaine, il monte une tentative de dégagement. L’opération
Orage d’Hiver, empruntant la rive gauche du Don, s’efforcera d’atteindre
Stalingrad par le sud-ouest.
Le 12 décembre, à 5 h 15, Orage d’Hiver se déclenche. Le ciel est
couvert. Le plafond ne dépasse pas 150 à 200 m. La température, la nuit,
tombe à moins -20°. Stalingrad est à 150 km.
La progression commence bien. Elle gagne 20 km par jour. L’appoint
d’une nouvelle PD* apporte un espoir supplémentaire. Du chaudron Paulus*
devrait tendre la main. Il ne fait rien. Il devrait, pour ce, dégager des troupes,
quitte à restreindre un peu son front. Rivé au Führerbefehl* de ne pas
abandonner un pouce de terrain, il se récuse malgré les abjurations de
Manstein*.
Le 19 décembre, Orage d’Hiver n’est plus qu’à 50 km de Stalingrad. Un
effort commun peut assurer la jonction. À 18 h, Manstein* prend sur lui
d’ordonner à Paulus* de percer vers le sud-ouest. Refusant de dégarnir ses
lignes, Paulus* n’exécute pas. Une semaine, Manstein* se maintient en
équilibre périlleux tandis que les Soviétiques contre-attaquent au nord. Le
LVIIe CB est attaqué sur ses flancs et menacé d’encerclement. Manstein*
réclame à Hitler* du monde à prélever sur les forces du Caucase. En vain. Le
25 décembre, Orage d’Hiver doit renoncer. Le repli s’amorce devant la
poussée générale des Fronts soviétiques. Stalingrad ne sera pas dégagée.
Chez les Italiens et les Roumains, c’est la débâcle. Paulus* lance des SOS
inutiles alors que sa situation s’aggrave de jour en jour faute
d’approvisionnements. Le périmètre tenu pas la VIe Armée se rétrécit
progressivement. Car dans le camp adverse l’heure est à l’euphorie malgré
l’âpreté des combats. Les renforts en hommes et en moyens arrivent. Ils
aident à enlever les positions allemandes. Les terrains d’aviation tombent tour
à tour aux mains des Soviétiques. Le 22 janvier 1943, liaison est prise avec
les hommes de Tchouikov*, les défenseurs des berges occidentales de
Stalingrad.
Paulus*, faute de ravitaillement et de munitions, demande l’autorisation
de capituler. Hitler* répond négativement et, pour exhorter Paulus* à
l’irrémédiable, le 30 janvier, l’élève au maréchalat. Un maréchal ne saurait
être fait prisonnier.
Le 31, le nouveau maréchal fait connaître sa volonté de reddition. Le
2 février, le dernier élément allemand encerclé au nord capitule à son tour.
91 000 Allemands, dont 2 500 officiers et 24 généraux, sont prisonniers. Des
camps soviétiques, ils ne reviendront que 5 000. 140 000 Allemands sont
morts dans ou devant la ville.
Stalingrad, grand tournant de la guerre à l’est. Défaite sans appel de la
Wehrmacht*. Pourquoi cette victoire de l’Armée rouge* après une série de
revers en 1942 ?
— Excès de confiance des Allemands qui ont vu trop grand, persuadés de
leur supériorité.
— Aveuglement et obstination de Hitler* refusant en novembre les replis
indispensables pour sauver la VIe armée. (En revanche, la résistance imposée
à Stalingrad a certainement évité une catastrophe sur le front du Caucase.)
— Carence des alliés de l’Axe*, sous-équipés et entraînés contre leur gré
dans une guerre qui n’était pas la leur.
— Effort de guerre de l’URSS* qui, au cours du second semestre de
1942, a fabriqué 25 000 avions, 25 000 chars, 30 000 canons.
— Puissance croissante de l’Armée rouge*, plus nombreuse, mieux
commandée, plus expérimentée.
Stalingrad* rejoint El-Alamein*, Guadalcanal* et le débarquement en
AFN*. La Seconde Guerre mondiale a basculé vers le naufrage final du IIIe
Reich*, ce qui ne signifie pas que la lutte soit terminée.

STARK, HAROLD
(1880-1972). Amiral américain.
Le 8 décembre 1941, Stark est Chef des opérations navales, le plus haut
poste de l’US Navy*.
Il paye Pearl Harbor*, remplacé par King* qui devient commandant en
chef de la flotte américaine. Il sera envoyé en Europe pour commander les
forces navales américaines, poste qu’il conservera jusqu’en 1945.

STAUFFENBERG, CLAUS VON


(1907-1944). Colonel allemand.
Entré dans l’armée en 1926, fait les campagnes de Pologne*, de France*,
avant de partir sur le front de l’Est* où, au vu des horreurs qu’il découvre, il
demande et obtient d’être muté en Afrique du Nord.
Très grièvement blessé en Tunisie* en avril 1943, perd la main droite,
deux doigts de la main gauche et l’œil droit. Persuadé que le salut de
l’Allemagne* passe par l’élimination de Hitler*, devient l’animateur d’une
conspiration visant à renverser le régime. Après deux vaines tentatives,
réussit personnellement, le 20 juillet 1944, à placer une bombe au PC du
Führer*, lequel sort miraculeusement indemne de l’attentat. Le coup d’État
mené conjointement sur Berlin ayant échoué, Stauffenberg, rentré dans la
capitale allemande, est exécuté le 20 juillet au soir.
Une rue de Berlin porte aujourd’hui son nom.
(Voir attentat et complot contre Hitler.)
STAVKA (SHTAB VERKHOVNOGO
KOMANDOVANYA)
Grand quartier général.
Organisme suprême de commandement militaire créé le 23 juin 1941 par
Staline*. Font partie de la première Stavka : Staline*, Molotov* pour les
civils, Timochenko*, Joukov*, Vorochilov*, Boudienny*, Chaposnikov*
pour les militaires. Viendront s’y adjoindre : Vassilievski*, Voronov,
Fedorenko, Golonanov, Vordrov, Peresypskin. Cette Stavka donne
l’impulsion militaire à la guerre de 1941 à 1945 et dirige les opérations.
Timochenko* et Joukov* en sont les personnalités militaires dominantes.
Chaposnikov*, après juillet 1941, en sera le chef d’état-major.

STEFANIK
Unité de partisans constituée en Slovaquie en 1944 pour lutter contre les
Allemands.
Elle comprenait des Slovaques, des Russes et des Français. Ces derniers,
sous les ordres du capitaine de Lannurien, étaient soit des résidents en
Hongrie*, soit pour la majorité des prisonniers évadés réfugiés en Hongrie*,
comme Lannurien. La Hongrie* entretenait des relations diplomatiques
normales avec le gouvernement de Vichy*. Cette situation avait permis aux
évadés d’être en semi-liberté dans le pays et d’y préparer la reprise du
combat. Les Français auront 56 tués dans les combats contre la Wehrmacht*.

STEINBOCK, OPÉRATION
Bouquetin.
Nom de code de l’opération dénommée aussi Petit Blitz*, menée par la
Luftwaffe* contre Londres du 21 janvier au 18 avril 1944. Cinq cents avions
(Ju/88*, Do 217*, Heinkel 177*, Focke Wulf 190*) y participent pour des
résultats relativement médiocres. La défense de Londres est parfaitement
organisée : radars, DCA, chasse de nuit, et bien des pilotes allemands
manquent d’expérience.

STEN (MACHINE CARABINE, STEN, MARK II)


Avant 1939, les Britanniques refusaient le pistolet-mitrailleur, « arme de
gangsters ».
Les premiers engagements révèlent très vite sa nécessité dans le combat
rapproché. Le fabricant Enfield lance un projet qui sera retenu sous le nom de
Sten (ST, initiales des deux créateurs, Shepherd et Turpin, en pour Enfield).
La production de masse commence en juin 1941. Elle dépassera quatre
millions en cinq versions, la plus connue étant la Mark II.
Arme simple, à culasse non calée, facilement démontable et
transportable, la mitraillette Sten sera l’arme par excellence des résistants
français. Elle pèche simplement par un manque relatif de sécurité. Elle peut
tirer au coup par coup ou par rafales.
Poids à vide : 2,950 kg ; longueur : 762 mm ; calibre : 9 mm ; chargeur
amovible : 32 cartouches ; cadence de tir : 500 coups/minute.

STEPINAC, ALOÏS
(1898-1960).
Archevêque croate de Zagreb de 1937 à 1960.
Durant la période oustachi de 1941 à 1944, se fait un défenseur résolu des
Juifs, des Tziganes et des opprimés. Est, par contre, de par ses fonctions,
obligé de côtoyer le régime, ce qui lui sera reproché.
Objet d’un procès stalinien en 1946, est condamné à 16 ans de travaux
forcés. Promu cardinal par Pie XII en 1953. Décède en résidence surveillée
en 1960. Béatifié par Jean-Paul II en 1998.

STERN, GROUPE
Groupe extrémiste israélien, dissident de l’Irgoun, fondé en Palestine* en
1940.
Son chef, Stern, sera abattu par les Anglais en février 1942. Le groupe
continuera sous les ordres d’Yitzhak Shamir*. En novembre 1944, il
assassinera Lord Moyne, ministre britannique pour le Moyen-Orient.

STETSKO, YAROSLAV
(1912-1986). Homme politique ukrainien.
Nationaliste ukrainien affirmé, le 30 juin 1941 à Lwow, il profite de
Barbarossa* pour décréter l’indépendance de l’Ukraine* et prendre la tête
d’un gouvernement ukrainien.
Rapidement interné par les Allemands, il survivra à la guerre et sera, avec
Bandera*, l’un des chefs irréductibles du nationalisme ukrainien.

STETTINIUS, EDWARD
(1900-1949). Homme politique américain.
Industriel connu, il est remarqué par Roosevelt* qui en fera
l’administrateur du Prêt-bail*, puis un sous-secrétaire d’État. Il devient
secrétaire d’État le 27 septembre 1944 et l’adjoint du président, exécutant
fidèle de sa politique. Il sera à Yalta*, et restera en fonction sous Truman*
jusqu’au 30 juin 1945.

STIELHANDGRANATE 39
Grenade à manche allemande.
Cette grenade, en service à partir de 1939, peut être lancée plus loin grâce
à son manche en bois. Elle comporte également deux fois plus d’explosif
qu’une grenade défensive ordinaire. Tirer une boule en porcelaine reliée à
une cordelette actionne le dispositif de mise à feu.
Poids : 0,48 kg ; longueur : 366 mm ; diamètre : 70 mm ; retard : 4 à 5
secondes ; explosif : 165 g de TNT.

STILWELL, JOSEPH
(1883-1946). Général américain.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale qu’il termine comme
colonel, cet ancien de West Point* se spécialise dans les relations avec la
Chine*.
Parlant chinois et connaissant bien le pays, il est nommé en février 1942
chef de la mission militaire américaine auprès de Tchang Kaï-chek* et chef
d’état-major de ce dernier. En mars, il devient le véritable patron des deux
armées chinoises de Birmanie* renforcées de deux divisions américaines.
Devant l’invasion japonaise, il effectue une habile et héroïque retraite. Après
quoi, replié sur Tchoung-King, il poursuit la lutte contre les Japonais,
s’efforçant de développer la puissance de l’armée chinoise. À partir d’octobre
1943, il commence à réoccuper le nord-est de la Birmanie*. Cette campagne
permet de rouvrir la route de Birmanie* pour ravitailler la Chine*.
Ses frictions avec Tchang Kaï-ckek* et Mountbatten* provoquent son
retour aux États-Unis* en octobre 1944. Il avait surnommé le premier
cacahuète, le second l’acteur de cinéma, et désignait les Britanniques
Rosbifs. Il prend ensuite de juin à octobre 1945 le commandement de la Xe
Armée américaine et termine la conquête d’Okinawa*.
Son mauvais caractère lui avait valu le surnom de Vinegar Joe*.
Ce général, promu quatre étoiles en août 1944, commandant en chef des
forces américaines en Inde*-Chine*-Birmanie* de 1942 à 1944, fut, derrière
son abord rugueux, un grand serviteur de son pays.
Distinguished Service Cross, Distinguished Service Medal avec feuilles
de chêne.

STIMSON, HENRY
(1867-1950). Homme politique américain.
Ancien gouverneur général des Philippines*, il devient, en juin 1940,
secrétaire d’État à la Guerre de Roosevelt*.
Il le restera jusqu’en 1945 sous Truman*. Il sait s’entendre avec le
général Marshall* et prend la responsabilité du programme atomique (voir
Manhattan Project). En juillet 1945, il conseillera à Truman* d’utiliser l’arme
atomique.
Bien que court-circuité par Roosevelt* sur la conduite militaire de la
guerre, il sait donner à son ministère ordres et directives. Il lui sera reproché
d’avoir fait évacuer les Américains d’origine japonaise de la côte de
Californie.

STIRLING (SHORT STIRLING)


Quadrimoteur anglais de bombardement.
Sorti à partir de 1940 à 2 371 exemplaires en plusieurs versions. Employé
jusqu’en 1943 comme bombardier de nuit, sera par la suite utilisé au transport
et au remorquage. Le sera massivement pour le remorquage des planeurs du
6 juin 1944 en Normandie* en sa version MK IV.
Caractéristiques de la version MK 1. Vitesse : 420 km/h ; autonomie :
3 100 km ; armement : 10 mitrailleuses, 6 350 kg de bombes ; équipage : 7 à
8 hommes.

STIRLING, DAVID
(1915-1990). Colonel britannique.
Ce grand gabarit, au faciès taillé à coups de serpe, appartient au carré très
réduit des militaires sachant bousculer les vieilles formules et innover.
Officier de réserve, rejoint en 1940 au Moyen-Orient le commando de la
brigade des Guards. Ayant convaincu le haut commandement de l’intérêt de
mettre sur pied une unité capable d’agir, par tous moyens, sur les arrières de
l’ennemi, constitue le SAS*, Special Air Service, fort au départ de 6 officiers
et 60 volontaires. Surgissant du désert, en général sur jeeps*, le SAS* de
Stirling en Libye* détruit au sol plus de 250 appareils ennemis.
Fait prisonnier en Tunisie* en 1943, Stirling tente par quatre fois de
s’échapper et est finalement transféré dans la forteresse de Colditz* où il sera
libéré en 1945 par l’avance alliée.
Auteur de la célèbre devise : Who dares wins ! (Qui ose gagne !).
Anobli en 1990. DSO (méritait beaucoup plus, victime du formalisme des
règlements britanniques en matière de décorations).

STO (SERVICE DU TRAVAIL OBLIGATOIRE)


L’Allemagne*, dont les fils sont mobilisés, a besoin de main-d’œuvre.
Sauckel* est chargé d’en trouver dans les pays occupés. En France*, les
volontaires sont peu nombreux, et en 1942 la relève ne donne que des
résultats médiocres, alors que Sauckel* exige 250 000 hommes.
Le 4 septembre 1942, Laval* fait publier une loi orientant l’utilisation de
la main-d’œuvre (hommes de 18 à 50 ans, femmes de 21 à 35 ans). Cette loi
fait partir les 250 000 travailleurs réclamés. Au début de 1943, Sauckel*
réitère ses exigences. Laval* s’exécute. La loi du 16 février 1943 institue le
STO, imposant le départ vers l’Allemagne* des jeunes gens nés de 1920 à
1922. Le recrutement repose désormais sur une base démographique. Les
quotas fixés par Sauckel* sont sensiblement atteints. Le STO divise les
Français. Faut-il ou non obéir à la loi ? Les plus résolus refusent. Les
réfractaires du STO (200 000) se camoufleront ou, pour le quart, iront gonfler
les maquis*. Quelques-uns s’engageront même dans la Milice*. Les propos,
si outranciers soient-ils, de Robert Brasillach* ne sont pas sans fondement :
« Lorsque Sauckel* demande à Laval* 500 000 hommes, ceci fait 490 000
bandits dans les maquis. »
En septembre 1943, un accord entre Speer* et le ministre français du
Travail Bichelonne établit une tierce formule. La main-d’œuvre disponible
est maintenue en France* et orientée vers les industries qui travaillent pour
l’occupant.
Au total, 640 000 travailleurs requis sont partis en Allemagne* entre le
1er octobre 1942 et juillet 1944. 25 à 35 000 seraient morts en Allemagne*,
victimes des bombardements ou des conditions de vie. Bien que victimes des
exigences de l’occupant, ils n’obtiendront pas le droit au titre de déporté du
travail, le titre de déporté n’étant reconnu qu’aux seuls déportés
concentrationnaires pour mobiles raciaux ou politiques. Il leur sera allégué de
ne pas avoir été réfractaires et ne pas avoir connu l’univers
concentrationnaire nazi.
Parmi les STO les plus connus, on relève : André Bergeron, Antoine
Blondin, Georges Brassens, José Cabanis, Arthur Comte, Raymond Devos,
Alain Robbe-Grillet. Le cas de Georges Marchais est controversé. Fut-il
requis ou volontaire ? Seule certitude, il ne fut pas réfractaire.
La loi sur le STO marque profondément les Français et accentue leur
opposition aussi bien à Vichy* qu’à l’occupant.

STONNE, COMBATS DE
La butte du petit village de Stonne (cote 335), à 20 km au sud de Sedan*,
domine la campagne environnante.
Le général Guderian*, après la prise de Sedan*, tient à s’en emparer pour
se couvrir au midi dans sa marche vers l’ouest. Le régiment Gross
Deutschland, épaulé par la 10e PD, y est opposé aux bataillons de la 3e DIM
soutenus par les chars de la 3e DCR. Stonne, en ruine, sera pris, repris
plusieurs fois et définitivement occupé par les Allemands le 24 mai 1940. Le
Gross Deutchsland sortira exsangue de la bataille. Le 16e BCP français a 600
hommes hors de combat sur 850. Un général allemand écrira : « Il y a trois
batailles que je n’oublierai jamais : Stonne, Stalingrad*, Monte Cassino.* »

STRASBOURG, LIBÉRATION DE
Le 15 septembre 1944, Eisenhower* a réorganisé son dispositif.
Sur son flanc droit, au sud d’une ligne Lunéville-Épinal, le VIe GA du
général Devers* fait, en gros, face aux Vosges, jusqu’à la frontière suisse. La
VIIe Armée américaine du général Patch* est au nord, la Ière Armée française
du général de Lattre* au sud. Le 29 septembre, le XVe CA de Patton* a été
affecté à la VIIe Armée. Dans ses rangs, la 2e DB* du général Leclerc*.
Progressant au nord sur les pentes occidentales des Vosges, la VIIe Armée
a libéré Rambervilliers, Saint-Dié, Raon-l’Étape. Depuis le 15 novembre, elle
oriente son axe de marche vers l’est afin de traverser les Vosges en direction
de Haguenau et Strasbourg.
La 2e DB*, après avoir à Dompaire, le 13 septembre, remporté un brillant
succès, renouvelé à Baccarat le 31 octobre, travaille en flanc-garde de cette
progression, l’esprit tendu vers la flèche de la cathédrale de Strasbourg. Les
anciens du Fezzan* n’ont pas oublié le serment de Koufra*.
La trouée de Saverne est trop bien gardée pour se risquer à l’aborder de
face. Par des infiltrations audacieuses, utilisant de petites routes de montagne,
les lieutenants de Leclerc* la débordent au nord comme au sud : Rouvillois
par le col de la Petite Pierre, Massu par celui du Dabo. Leurs colonnes se
retrouvent le 22 novembre à l’est de Saverne, au seuil de la plaine d’Alsace.
Fort de cet acquis et bien qu’il soit seul en pointe, Leclerc* décide aussitôt
d’exploiter sur Strasbourg.
Le 23 novembre, à 9 h 30, le colonel Rouvillois passe le message à
jamais célèbre pour les anciens de la 2e DB* : « Tissu est dans iode. »
Les gars de Leclerc* sont à Strasbourg.
En fin de journée, le nettoyage de la ville est à peu près terminé, les
Allemands se contentant de protéger le pont de Kehl.
Le serment de Koufra* est tenu. Se tournant vers le colonel Dio, son
vieux complice depuis le Cameroun, Leclerc* peut lui lancer : « Eh bien,
mon vieux Dio ? Ça y est, cette fois, hein ? Maintenant, on peut tous
crever ! »
Exploitant le saillant créé par la 2e DB*, la VIIe Armée s’étale en Basse-
Alsace. À la fin du mois de novembre, Bischwiller et Haguenau au nord,
Schirmeck, Sainte-Marie-aux-Mines dans les Vosges, ont été libérées, Erstein
au sud atteinte. Une large manœuvre de conquête de la plaine d’Alsace peut
s’envisager, par la VIIe Armée US au nord, par la 1ère Armée française* au
sud.

STREICHER, JULIUS
(1885-1946). Homme politique allemand.
Nazi de la première heure, directeur du journal antisémite Der Stürmer et
gauleiter* nazi de Franconie, l’individu, au temps de sa splendeur, avec son
crâne rasé, son regard pervers, son accoutrement pseudo-militaire, offrait de
quoi faire peur.
Devant le Tribunal international de Nuremberg*, l’antisémite effréné,
l’obsédé sexuel, le pornographe, sera une silhouette avachie méprisable.
Condamné à mort, il sera pendu le 16 octobre 1946.

STROOP, JÜRGEN
(1895-1951). SS Oberführer.
Ce SS* se signale par ses monstruosités envers les civils en URSS*,
Pologne* et Grèce*.
Il réprime sauvagement l’insurrection du ghetto de Varsovie* en avril-
mai 1943.
Condamné à mort par un tribunal américain pour massacre d’otages et
d’aviateurs faits prisonniers, il est remis à la Pologne* et exécuté.

STRUTHOF-NATZWEILER
Camp de concentration nazi, en Alsace, à environ 40 km au sud-ouest de
Strasbourg. Ce camp, bâti à flanc de montagne, commence à recevoir ses
premiers prisonniers en septembre 1941. Ils seront 6 000 en août 1944 dans le
camp même et 15 000 répartis dans des Kommandos de travail proches.
Beaucoup sont français mais on compte également des Norvégiens, des
Hollandais, des Luxembourgeois, des Polonais, des Russes.
La rigueur du climat, les conditions de vie, la brutalité des gardiens,
rendent le taux de mortalité particulièrement élevé. Le général Frère*,
premier chef de l’ORA*, de nombreux résistants du réseau Alliance*,
mourront au Struthof. On estime que 40 000 prisonniers, dont certains
catalogués Nacht und Nebel*, sont passés au Struthof. 25 000 y seraient
morts.
Le camp sera évacué en septembre 1944 avant l’arrivée des Américains.
Son chef, Josef Kramer, sera exécuté après la guerre.

STUART I
M3 Light, char léger américain, baptisé Stuart par les Britanniques.
Sorti en 1940 et fabriqué à 13 853 exemplaires en plusieurs versions.
Poids : 12 tonnes ; vitesse : 56 km/h ; autonomie : 110 km ; armement :
1 canon de 37 mm, 4 mitrailleuses ; équipage : 4 hommes.
Il péchait par la faiblesse de son canon et la modicité de son blindage.
Son successeur, le M 5, aura un blindage renforcé.

STUDENT, KURT
(1890-1978). Général allemand.
Aviateur en 14-18, Student, à défaut d’aviation militaire interdite par le
Traité de Versailles, s’intéresse aux planeurs et au parachutisme. En 1938, il
est nommé commandant de la 7e Fliegerdivision, première division
allemande de parachutistes (relevant de la Luftwaffe*). Puis il devient
inspecteur des troupes aéroportées incluant la nouvelle 22e division planée.
Il dirige l’opération aéroportée contre la Hollande* le 10 mai 1940 et est
grièvement blessé à Rotterdam le 14. Il reprendra du service en septembre.
En mai 1941, il dirige l’opération Merkur* contre la Crète*. Les pertes
élevées font interdire à Hitler* de renouveler ce type d’opérations. Les
parachutistes allemands seront désormais presque toujours utilisés comme
infanterie. Student contribue, avec ses paras, au succès du Gran Sasso*. En
septembre 1944, à la tête de la 1ère Armée aéroportée, il défend Arnhem*,
puis d’octobre 1944 à février 1945 commande le groupe d’armées H dans les
Pays-Bas*.
Par son opération aéroportée en Hollande*, Student avait apporté une
dimension verticale à la bataille. Les Alliés sauront s’en souvenir.

STUKA (JU/87)
Bombardier d’assaut allemand construit par Junkers Flugzeug und
Motorenwerke A.G.
Vitesse maximum : 415 km/h ; autonomie : 1 500 km ; armement :
4 mitrailleuses, 1 800 kg de bombes ; équipage : 2 hommes.
Cet appareil piquant sur ses proies dans le hurlement caractéristique de
ses sirènes sèmera la terreur en maints endroits, en Pologne* comme dans les
plaines belges, françaises ou russes. Il sera, sur le front de l’Est*, un
redoutable destructeur de chars. (Pilote de stuka, le colonel Rudel aurait 320
chars soviétiques à son actif.)
Jusqu’en 1944, plus de 5 700 exemplaires, en une dizaine de versions,
sortirent des chaînes de montage et combattirent sur tous les fronts.

STÜLPNAGEL, HEINRICH VON


(1886-1944). Général allemand.
En 1941, commande la 17e Armée sur le front de l’Est*.
En février 1942, succède à son cousin, le général Otto von Stülpnagel*,
comme commandant militaire en France*. Antinazi de longue date,
compromis dans le complot du 20 juillet 1944*, tente de se suicider. Resté
aveugle, est condamné à mort et pendu à Berlin, le 30 août 1944.

STÜLPNAGEL, OTTO VON


(1878-1948). Général allemand.
Après avoir participé à la campagne de France*, est nommé commandant
des troupes d’occupation en France*.
Responsable à ce titre d’exécutions d’otages pour sanctionner et endiguer
les attentats communistes. Mis à la retraite en février 1942, est remplacé par
son cousin, Heinrich von Stülpnagel*. Arrêté en 1946, se suicide à la prison
du Cherche-Midi en 1948, à Paris.

STURMGEWEHR 44
Littéralement : fusil d’assaut, dénommé aussi MP 44, Maschinenpistole
44.
Apparaît sur le front de l’Est* fin 1943 en version MP 43. Modifié MP 44
en 1944, puis finalement en Sturmgewehr 45.
Poids sans chargeur : 5,220 kg ; longueur : 0,94 m ; calibre : 7,92 mm ;
chargeur : 30 cartouches. La version 45 pouvait être munie d’un chargeur de
grande capacité et d’un viseur de nuit à infrarouge.

STURMOVIK (ILIOUCHINE IL 2 STURMOVIK)


Bombardier d’assaut soviétique, char d’assaut volant, produit à 35 000
exemplaires en plusieurs versions.
Vitesse : 400 km/h ; autonomie : 600 km ; armement : 2 canons de
23 mm, 3 mitrailleuses, 600 kg de bombes ; équipage : 2 hommes.
Ce destructeur de chars est l’objet d’une formule célèbre de Staline* :
« Essentiel pour l’Armée rouge* comme l’oxygène et le pain. »

SUDÈTES
Sudeten. Nom donné aux Allemands installés de longue date en
Tchécoslovaquie*, sur le pourtour extérieur de la Bohême et de la Moravie.
Ils étaient environ 3 800 000 en 1938.
Leurs revendications, l’existence d’un fort parti pro-allemand, la volonté
d’expansion de Hitler* déboucheront sur la crise internationale de 1938. La
guerre n’est évitée que par les accords de Munich* (29-30 septembre 1938),
véritable dérobade des Français et des Anglais, rattachant le territoire dit des
Sudètes au IIIe Reich*.
Ce sera, à cette occasion, une véritable curée. 350 000 Tchèques résidant
en territoire annexé par l’Allemagne* deviennent allemands malgré eux. Le
2 octobre, Varsovie* fait occuper militairement la Silésie de l’Olza
(Teschen), s’emparant de 1 200 km2 peuplés de 228 000 habitants. Le
2 novembre, sur arbitrage de l’Allemagne* et de l’Italie*, la Hongrie*
s’attribue 19 500 km2 de sol tchécoslovaque (672 000 habitants).
L’article 13 du protocole final de la conférence de Potsdam*, en juillet
1945, devait préconiser le transfert en Allemagne* des Allemands restant en
Tchécoslovaquie*. C’était condamner les Sudètes à l’exil tandis que leur
région revenait, normalement, à la Tchécoslovaquie*. Aujourd’hui, il reste à
peine quelques dizaines de milliers d’Allemands dans cette région.

SUÈDE
La Suède, pays scandinave de 6,5 millions d’habitants en 1939, va avant
tout, durant toute la guerre, s’efforcer de préserver sa neutralité, donnant des
gages de chaque côté et, en premier lieu, côté allemand.
Elle le fait d’autant plus qu’elle est partagée entre deux sentiments. Si
elle réprouve le nazisme, elle redoute encore plus le communisme de
l’URSS* si proche de ses côtes. Elle éprouve aussi beaucoup de sympathies
pour la Finlande*, sa voisine. 8 000 volontaires suédois iront participer à sa
défense. Elle lui fournira, à grande échelle, de l’armement et du matériel. Par
contre, 300 Suédois s’engageront dans la Waffen SS*.
Soucieuse d’éviter une invasion, la Suède autorisera plusieurs fois le
passage de troupes allemandes sur son territoire, notamment en juin 1941. À
partir de 1943, sous la pression alliée, cette autorisation cessera. À cette date,
la Suède aura renforcé son armée (600 000 hommes, 800 chars, un millier
d’avions). Elle sera de taille à représenter un adversaire non négligeable à
l’heure où l’issue de la guerre se dessine.
La Suède n’aura pas oublié ses intérêts économiques. Jusqu’en 1943, elle
fournira à l’Allemagne* plus de la moitié de ses importations de minerai de
fer, soit près de 10 millions de tonnes chaque année.
À l’actif des Suédois, des efforts humanitaires. Elle sera un refuge pour
des Juifs danois. Certains de ses diplomates s’efforceront de jouer les
intermédiaires en faveur de la paix ou des œuvres caritatives.
Rançon de cette attitude fluctuante, elle ne sera admise à l’ONU* qu’en
1946.

SUICIDE
De nombreux responsables allemands se suicident à la fin de la guerre
(avant ou après) afin d’éviter la capture, le tribunal, la potence ou pire.
C’est le cas pour :
— De hauts dignitaires nazis : Hitler*, Goering*, Himmler*, Goebbels*.
— Des chefs militaires notoires : von Kluge*, Rommel*, Model*,
Blaskowitz*, Beck*, von Greim*, von Stülpnagel*... (Le cas Rommel* relève
plus de l’assassinat que du suicide.)
— Bien des cadres, civils ou militaires, moins connus, les imitent.
Comme Zutavern (Cdt 18e PD), Terboven* (Commissaire du Reich en
Norvège*), Krebs* (dernier chef de l’OKH*), von Friedeberg (successeur de
Dönitz* à la tête de la Kriegsmarine*).
— Chez les dignitaires japonais, le suicide sera particulièrement
fréquent : Tojo* (tentative manquée), Anami*, Nagumo*.

SUISEI (YOKOSUKA D4 Y)
Bombardier monomoteur embarqué japonais.
Fabriqué à 2 038 exemplaires en plusieurs versions. En service à partir de
mars 1943. Judy dans le code allié. Son moteur manquait de fiabilité.

SUISSE
Dans une Europe en feu, la Suisse, petit pays de 41 300 km2 et cinq
millions d’habitants, de 1939 à 1945 représente un havre de paix.
Sous réserve de quelques bombardements alliés survenus par erreur, elle
est épargnée par la guerre, ignorant rationnement et pénurie.
Pourtant, jusqu’en 1942, la menace subsiste. Hitler*, pour tourner la ligne
Maginot* ou raccourcir ses lignes de communications avec l’Italie*, peut
avoir velléité de l’occuper. Après Stalingrad*, il n’en aura plus les moyens.
Le danger s’éloignera d’autant que l’armée suisse est de nature à opposer une
solide résistance à un envahisseur. Dans ce pays où tout citoyen est mobilisé
chez lui, sous l’impulsion de son chef, le général Henri Guisan*, elle est prête
à défendre l’intégrité du territoire helvétique. L’armement, les défenses ont
été renforcés. Envahir la Suisse exigerait beaucoup de monde.
Sur le fond, tous les belligérants ont intérêt à cette neutralité suisse. Elle
autorise rencontres et contacts. La Confédération grouille d’espions de toutes
origines.
Le général Guisan lui-même, très francophile et conscient du danger que
représente le nazisme*, pratique une neutralité active au profit des Alliés*.
Les résistants français, Groussard, de Bénouville, Rémy*, trouvent accueil en
Suisse. Ainsi que l’opposant allemand Gisevius* et Rœssler*, le fameux
Lucy*, principal informateur de Moscou. Allen Dulles*, chef de l’OSS* en
Europe, s’installe à Berne. Il y établira des contacts fructueux. En 1944-45, la
Suisse, pays neutre, choisit son camp. Si elle accepte de recevoir le maréchal
Pétain*, Léopold III*, ou des personnalités françaises peu marquées, elle
refoule l’épouse du Duce* ou Jean Hérold-Paquis.
La sympathie affichée n’empêchera pas 755 Suisses de s’engager dans la
Waffen SS*. 86 seront tués sous l’uniforme allemand.
Ces cas particuliers passeront inaperçus ; par contre, la Suisse sera
largement accusée d’égoïsme. Si elle finit par héberger 100 000 personnes de
toutes origines, elle repousse à ses frontières une même quantité de Juifs
fuyant les persécutions allemandes, les condamnant ainsi à une mort certaine.
La Suisse de l’après-guerre prendra du temps à se remettre de cet opprobre.

SULTAN, DANIEL
(1885-1947). Général américain.
Adjoint de Stilwell* sur le théâtre Chine*-Birmanie*-Inde*.
Au rappel de Stilwell*, en octobre 1944, il prend le commandement du
théâtre Inde*-Birmanie*. Ses forces sino-américaines finirent d’ouvrir la
route de Birmanie* (route Stilwell*).
En juin 1945, il sera nommé inspecteur général de l’armée américaine.

SUNDERLAND (SHORT SUNDERLAND MKI)


Hydravion quadrimoteur britannique sorti en 1938.
En plusieurs versions, MKI à MKV, fabriqué à 745 exemplaires, servira
durant toute la guerre d’avion de reconnaissance, d’escorte de convois, de
lutte anti-sous-marine.
Vitesse : 340 km/h ; autonomie : 4 800 km ; armement : 7 mitrailleuses,
700 kg de bombes ; équipage : 13 hommes.

SUPER SHERMAN M4 A-3 E8


Char moyen américain, version largement améliorée du Sherman M4*,
apparu sur la fin de la guerre.
Poids : 34 tonnes ; chenilles plus larges ; canon de 76,2 mm avec frein de
bouche.

SURCOUF, SOUS-MARIN FRANÇAIS


Le plus grand submersible du monde en 1940.
Longueur : 120 m ; tonnage en plongée : 4 300 tonnes ; vitesse en
plongée : 10 nœuds ; autonomie : 90 jours ; armement : 6 tubes lance-
torpilles de 550 mm, 2 canons de 203 mm. Saisi par les Anglais dans la nuit
du 2 au 3 juillet 1940, lors de l’opération Catapult*, alors qu’il était amarré à
Plymouth*. Restitué aux FNFL* le 1er septembre 1940. Après plusieurs
missions dans l’Atlantique Nord, il est abordé dans la nuit du 19 février 1942
par un cargo américain dans la mer des Antilles. Il n’y a aucun survivant.

SURIBACHI
Volcan éteint, 180 m, à la pointe méridionale de l’île d’Iwo Jima*. Le
28e Régiment de Marines* s’empare du sommet le 23 juin 1945 au matin,
après quatre jours de combats.
Si la bataille se poursuit en contrebas, les bords du cratère sont inoccupés.
À 10 h 30, le lieutenant Schirer, les sergents Thomas et Hansen, le caporal
Lindberg, le Marine Michels hissent sur un mât de fortune un petit drapeau
américain que saluent les hourras des combattants proches. Seuls, deux
Japonais, surgissant d’une grotte non encore visitée, et aussitôt abattus,
perturbent un instant l’euphorie du moment.
Cet emblème hissé sur le Suribachi n’a qu’un mètre carré. Il se distingue
mal de la plaine et des pentes où les combats se poursuivront jusqu’à 12 h 30.
Un Marine* a remarqué le grand pavillon d’un LST*. Il l’emprunte et entame
l’ascension. José Rosenthal, correspondant de l’Associated Press, a deviné
son idée et suit le Marine* qui grimpe vers le sommet. Lorsqu’il y parvient à
son tour, 6 hommes, le sergent Stranck, le caporal Block, les Marines*
Hayes, Sousley, Gagnon, l’infirmier Bradley, sont en train de hisser le nouvel
emblème qui mesure 1,4 m sur 2,4 m. Il prend aussitôt le cliché appelé à
devenir historique. Cette photographie, réalisée sur le vif, de Marines*
dressant la barrière étoilée sur Iwo Jima* fera le tour du monde.
Stranck, Block, Sousley, seront tués peu après et Bradley blessé.
SURIGAO, BATAILLE DU DÉTROIT DE
Le 24 octobre 1944, dans le cadre du plan Sho-1*, l’amiral Nishimura
longe la côte nord de Mindanao en direction du détroit de Surigao. Il doit
fermer au sud la tenaille contre les débarquements américains sur Leyte. Vers
9 h du matin, sa flotte est localisée par les Américains. Mission est confiée à
l’amiral Oldendorf de verrouiller le détroit.
À la sortie orientale du passage, l’Américain a du champ pour
manœuvrer. Il y dispose ses croiseurs et ses cuirassés, postant à l’avant ses
vedettes et ses destroyers. Son intention est de laisser son adversaire
s’enfoncer dans le goulet du détroit et de l’y anéantir par des tirs de flanc et
de front.
Nishimura s’engage vers 2 h, le 25, dans ce qu’il n’imagine pas être une
véritable souricière. Pour profiter au maximum de l’obscurité, il a forcé
l’allure, rivé à sa mission : « Se frayer un passage jusqu’au mouillage ennemi
le jour X à l’aube. »
Par ses vedettes, Oldendorf suit parfaitement la progression des Japonais.
À 2 h 30, ses destroyers se démasquent, lançant 47 torpilles avec un plein
succès. Le cuirassé Fuso est coupé en deux. Le Yamashiro, navire amiral, est
atteint. Deux destroyers sont envoyés par le fond.
À 3 h 51, croiseurs et cuirassés prennent le relais avec leurs projectiles de
355 et 406.
Lorsque l’amiral Shima, qui suivait en retrait de quelques dizaines de km,
débouche à son tour, il tombe sur un vrai désastre. Le Yamashiro est en train
de couler. Le croiseur lourd Mogami est en feu. Presque tous les destroyers
sont hors de combat. Nishimura a été tué. Au vu du piège mortel dans lequel
il a été entraîné, Shima précipite un repli général, sauvant son escadre. De
celle de Nishimura ne subsiste qu’un destroyer. Oldendorf n’a perdu qu’un
destroyer.
L’aube du 25 octobre se lève sur un succès lorsque, brusquement, tout est
remis en question. (voir Engano et Samar, batailles d’).

SUSSEX, TEAM
Équipe de deux Français organisée par l’OSS* en liaison avec le BCRA*
et le M I 6* en vue d’être parachutée sur la France* pour y recueillir des
renseignements nécessaires à Overlord* (voir OSS).

SUZUKI, KANTARO
(1867-1948). Amiral japonais.
Amiral à la retraite, Suzuki passe la guerre comme membre du Conseil
impérial privé.
À 78 ans, il est appelé, en avril 1945, à former le dernier gouvernement
japonais de la guerre. Bien que populaire et respecté, il n’est pas de taille à
imposer une sortie de la guerre que la bombe atomique seule rendra
inéluctable. Il démissionne après la capitulation japonaise, le 15 août 1945,
remplacé par le prince Higashikuni*.

SVASTIKA
Le svastika ou croix gammée, vocable signifiant en sanscrit bon augure,
est un vieux symbole religieux aryen et indo-européen.
Après bien des associations, sociétés ou unités militaires, est choisi par
Hitler* comme emblème du parti nazi. Le svastika prend dès lors une
signification maléfique après avoir répandu l’horreur en Europe et dans une
partie du monde.

SVT 40 (SAMOZARIADNYIA VINTOVKA


TOKAREVA OU TOKAREV)
Fusil semi-automatique soviétique. Arme assez fragile, utilisée surtout
par les tireurs d’élite.
Poids : 3,9 kg ; longueur : 1,226 m ; calibre : 7,62 mm ; chargeur
amovible de 10 coups.
SWEENEY, CHARLES
Major américain pilotant, le 9 août 1945, le B 29* Bock’s car* ayant
largué une bombe atomique sur Nagasaki*.

SWORDFISH
Biplan torpilleur britannique embarqué, sorti en 1936.
Fabriqué à 2 391 exemplaires en plusieurs versions par Fairey Aviation
Co Ltd.
Caractéristiques de base. Vitesse : 225 km/h ; autonomie : 880 km ;
armement : 2 mitrailleuses, une torpille de 730 kg ; équipage : 2 à 3 hommes.
Le Swordfish* s’illustrera dans le raid contre Tarente*, durant la bataille
du cap Matapan* et dans la chasse au cuirassé Bismarck*. Il restera en
service jusqu’en 1945 et à partir de 1942 sera affecté à la lutte anti-sous
marine.

SYRIE, GUERRE DE
Au départ de la révolte irakienne (voir Irak, révolte en), en avril 1941,
Hitler* s’est tout d’abord montré réticent. Il a trop à faire. Sa guerre contre la
Russie à préparer, Mussolini* à aider en Libye*, la Crète* à conquérir. Sur ce
dernier point, le Führer* a fait un choix. Sautant sur Bagdad ou Bassorah,
début mai, ses paras auraient renversé le rapport des forces. Mais, le 20 mai,
ils sautent sur Malème et Héraklion.
Cependant Hitler* en convient. L’opération Mercure* n’interdit pas
totalement un soutien aérien aux partisans de Rachid* Ali. Mais accéder au
pays de Ninive et Babylone n’est pas si simple. En dépit de von Papen*, la
Turquie* entend conserver sa neutralité et fait écran. Pour gagner l’Irak*, la
seule voie d’accès possible passe par la Syrie et le Liban français.
Le 3 mai 1941, Abetz*, l’ambassadeur allemand à Paris, convoque
Benoist-Méchin, représentant du gouvernement français. Pour une fois,
l’Allemand est demandeur puisqu’il sollicite que la Luftwaffe* puisse se
poser en Syrie.
La réponse à une telle question ne peut émaner que du maréchal Pétain*
et de son dauphin, l’amiral Darlan*, vice-président du Conseil depuis le 10
février 1941.
Pétain* souhaite obtenir des aménagements aux conditions de l’armistice
(voir Montoire). Tout semble indiquer qu’à cette date Darlan* est persuadé de
la victoire finale du Reich*. Il est donc prêt à traiter pour obtenir le
maximum. Pour pousser plus avant les négociations, il part avec Benoist-
Méchin rencontrer Hitler* à Berchtesgaden*. Le 11 mai, à 14 h 30, il se
retrouve en tête-à-tête avec le Führer*. Un Führer* qui, manifestement, a
l’esprit ailleurs. La discussion traîne un peu. Un marchandage s’élabore,
entérinant ce qui a commencé à se dérouler sur le terrain.
À Beyrouth, le général Dentz*, haut-commissaire de France* et
commandant en chef au Levant, est un homme déchiré. Alsacien, il est trop
patriote pour accepter volontiers de soutenir l’Allemagne*. Soldat, il est trop
discipliné pour refuser d’exécuter les ordres du gouvernement du maréchal
Pétain*. Responsable, il craint, à défaut de coopération, de provoquer des
représailles contre la métropole.
Dentz* obéit donc. Il applique les instructions de Darlan. De l’armement
stocké en Syrie par les commissions d’armistice part pour l’Irak* qui paie en
produits alimentaires. Durant une semaine, une centaine d’avions allemands
se posent à Alep, Palmyre, Rayack, Homs, Damas. Après quelques heures
d’escale, ils décollent pour Mossoul où ils se feront sérieusement contrer par
la RAF*.
Vichy* a manifestement aidé l’effort de guerre allemand contre
l’Angleterre*.
De Gaulle* s’intéresse au Levant. Il y a séjourné. Il y a perçu les
sentiments indépendantistes, décelé les intrigues anglaises. Il redoute une
menace allemande pour aider les Irakiens et le grand mouvement de révolte
du monde arabe. Outre, il mesure le potentiel que lui apporterait le ralliement
de la Syrie et du Liban.
La Brigade Française Libre d’Orient (BFLO*) de retour d’Érythrée* est
disponible. Catroux*, délégué général de la France libre* au Moyen-Orient,
est sur place au Caire. De Gaulle* l’y rejoint dans l’espoir de précipiter une
intervention. L’irruption des appareils allemands dans le ciel de Syrie lui
fournit le casus belli. Mais Wavell*, le commandant en chef britannique au
Caire, refuse de se laisser entraîner. Trop de soucis ailleurs et il se souvient
de Dakar*.
La décision favorable, de Gaulle* finit par l’arracher à Churchill*. Le
danger irakien étant écarté, Wavell*, convaincu à son tour par son supérieur
politique, donne enfin son accord. Des Britanniques participeront à
l’opération Exporter aux côtés des Français libres*.
L’opération débute le 8 juin 1941, à l’aube. La situation en Irak* ne la
justifie plus. L’armistice a été signé le 31 mai. Les Anglais sont maîtres du
terrain. Il n’y a pas d’Allemands en Syrie. Il n’y a plus de survol ou de transit
d’appareils à croix gammée. Churchill* lui-même n’ignore pas que Hitler* a
d’autres desseins. L’invasion de l’URSS* est imminente.
Initiateur du projet, de Gaulle* prend, ce faisant, de gros risques. Il sait
que les Vichystes résisteront. Les officiers récemment ralliés, Collet, Buis, ne
le lui ont pas caché. Rien ne le fera reculer. La France libre* a besoin de la
Syrie.
Pour l’obtenir, il est prêt à payer le prix du sang et, paradoxalement, à en
payer le prix d’un abandon. Pour rallier des populations aux sentiments
indépendantistes, il a donné son accord à une proposition de Catroux* de
déclaration d’indépendance.
Ce faisant, de Gaulle* et Catroux* ouvrent là une page tragique de
l’histoire de France* : celle de la décolonisation.
Au départ, les forces en présence sont à peu près égales. Sur terre du
moins. Sur mer, la supériorité anglaise est manifeste. Dans le ciel, les forces
de Vichy* ont, au début, l’avantage.
Dentz* dispose de 30 000 hommes, soit 27 bataillons d’infanterie
(légionnaires, tirailleurs algériens ou sénégalais), 21 batteries d’artillerie. Ses
chars R 35* sont fatigués. La marine n’a que deux contre-torpilleurs, un aviso
et 3 sous-marins. L’armée de l’air compte une centaine d’appareils modernes
(chasseurs Dewoitine* 520, bombardiers Glenn-Martin*).
Le général Wilson, chef de la coalition franco-britannique, aligne la 7e
division australienne, une brigade indienne, une brigade britannique, des
contingents juifs de Palestine et la 1ère DFL* du général Legentilhomme*,
forte de 5 400 hommes, dont 2 000 Africains. Par la suite, Wilson* recevra
des renforts d’Égypte* et d’Irak*.
D’entrée, l’assaillant se veut pacifique face aux forces du Levant bien
résolues à « défendre l’empire contre tout agresseur quel qu’il soit ». Ses
colonnes s’avancent avec drapeaux blancs et drapeaux tricolores. Des avions
de la RAF* et du futur groupe Lorraine* répandent sur les cantonnements
militaires et les agglomérations des milliers de tracts. Ces tracts, les uns,
signés de Gaulle*, appellent les soldats à se rallier ; les autres, signés
Catroux*, annoncent l’abolition du mandat et la proclamation de
l’indépendance.
Produiraient-ils effet ? La journée du 8 juin ne voit que quelques
escarmouches. Les postes frontaliers se replient. Des émissaires s’efforcent
de convaincre. L’affrontement sera-t-il évité ?
De Vichy*, Pétain* appelle au devoir. De Beyrouth, Dentz*, figé dans sa
discipline et sa fidélité au Maréchal, ordonne de résister.
Sur le terrain, des officiers supérieurs refusent un ralliement qui pourrait
entraîner celui de leurs jeunes lieutenants et capitaines et de leurs troupes.
Dès le 9, les combats font rage partout.
Wilson* possède l’avantage de l’initiative. Il avance depuis la Palestine*
et la Transjordanie sur trois axes principaux. La 21e brigade australienne
progresse le long de la route côtière Haïfa-Beyrouth. Une autre brigade
australienne, la 25e, pénètre au Centre-Liban dans la vallée du Litani (dite
aussi Bekaa). À l’est, la 5e brigade indienne et la 1ère DFL, entre mont
Hermon et Djebel Druze, marchent sur Damas.
Les Australiens, sur les bords du rivage, ont la tâche la plus aisée. La
Navy* les soutient de son feu. Les deux contre-torpilleurs Guépard et Valmy,
les trois sous-marins Souffleur, Caïman et Marsouin n’ont pas les moyens de
contester sa suprématie. Les batteries des croiseurs et des destroyers
pilonnent sans relâche les points d’appui français, imposant des retraits
successifs, en dépit de la résistance des tirailleurs algériens. Le 14 juin, les
Australiens seront à hauteur de Saïda.
Ailleurs, la bataille est plus incertaine. La 25e brigade est bloquée à
Jezzine dans le Chouf par le 6e REI. Les tirailleurs du colonel Albord
interdisent l’entrée de la Bekaa au-delà de Merdjayoun. Le djebel Maani est
l’objet de mêlées acharnées entre division coloniale du Levant et Sénégalais
de la 1ère DFL*.
Le 15 juin, le colonel Le Couteulx déclenche une violente contre-attaque
sur Kuneitra et Cheick-Meskine déjà occupés. Les R 35* du 1er RSM
déboulent à moteur perdu. L’escadron tcherkesse du capitaine Le Chauvelas,
ancien écuyer du Cadre noir, charge à cheval. Son chef sera tué, mais
Kuneitra reprise. Un bataillon anglais est décimé. Il y a 600 prisonniers.
Plus à l’est, devant les Free French, la réaction est aussi vive. Le général
Legentilhomme*, blessé, doit passer provisoirement son commandement. Il
manquera de peu d’être capturé.
Au fil des jours, la lutte se fait plus âpre, plus passionnelle. Des exactions
se produisent : prisonniers exécutés, blessés achevés ou laissés sans soins,
parlementaires abattus. Aucun camp n’est innocent. Ces faits, si isolés soient-
ils, traduisent la tension des esprits, surtout entre Français.
En zone libre, l’opinion dans son ensemble prend parti. Les dons affluent
pour les combattants du Levant. François Mauriac, Roland Dorgelès
exhaltent l’héroïsme des soldats de Dentz*.
Wilson*, pour l’emporter, demande des renforts. La 16e brigade
australienne arrive d’Égypte* pour soutenir Hindous et Français libres devant
Damas. Des unités libérées de l’affaire irakienne pénètrent en Syrie du Nord.
Une colonne remonte l’Euphrate en direction de Deir-ez-Zor et Alep. Une
autre, le long du pipeline Mossoul-Tripoli, progresse vers Palmyre et Homs.
Dentz, lui aussi, réclame d’être renforcé. Un convoi ferroviaire part, via
les Balkans. Il sera bloqué par les Turcs. Le contre-torpilleur Chevalier Paul
porteur de munitions tente de forcer le passage en Méditerranée. Il est coulé
au large de Chypre*. Seules quelques escadrilles, arrivant d’Istres ou
d’Afrique du Nord*, parviennent à rejoindre.
Les Allemands, les Italiens font des offres de service. Dentz* se laisse
tenter. Il ira même jusqu’à souhaiter une intervention allemande. Soldat plus
que politique, il songe surtout à soulager les siens. Mais Vichy* se récuse.
Pétain* ne veut pas s’engager dans une collaboration militaire effective avec
l’Axe*. Il n’y aura que quelques bombardements en mer de la Luftwaffe*
venue de Crète ou de Rhodes.
Ses moyens nouveaux permettent à Wilson* de relancer l’action. Contre
un adversaire qui peine. La bataille pour Damas est engagée. Australiens,
Hindous, Français libres connaissent de durs affrontements avec les
Sénégalais dans les faubourgs de la ville. Le 22 juin, la cité aux 252 minarets
est complètement occupée, alors que pour quelques jours l’attention se porte
sur Palmyre.
Carrefour de pistes, Palmyre commande l’accès nord de la Syrie et du
Liban. S’en emparer, c’est prendre à revers les forces du Levant.
La garnison de la place est modeste. Une compagnie du 6e Étranger, une
compagnie légère du désert, des aviateurs de la base aérienne. En tout,
quelque 300 hommes sous les ordres du commandant Ghérardy. Le 3 juillet,
Ghérardy, à court de munitions, devra cesser le combat. Il n’aura plus que 88
combattants, plus ou moins valides, autour de lui. Les Anglais croyaient avoir
devant eux au moins un bataillon.
Palmyre tombée, la résistance s’effrite partout. Les forces du Levant sont
à bout. Des combats sanglants bloquent les Australiens devant Darmour.
Beyrouth est menacée. Dentz*, avec l’accord de Vichy*, entame des
négociations. Une suspension d’armes est ordonnée. Le 12 juillet, à 0 h, le
feu cesse dans les États du Levant. À Saint-Jean-d’Acre*, le général de
Verdilhac, au nom du général Dentz*, négocie la convention d’armistice avec
les généraux Wilson* et Catroux* (voir Saint-Jean-d’Acre, armistice de).
Le gâchis de cette mauvaise guerre est immense. 1 066 tués et 4 500
blessés dans les forces du Levant. 650 tués et blessés chez les Français
libres*. 3 600 tués et blessés chez les Britanniques.
Une cassure s’intensifie. Les rapatriés rentrent ulcérés contre de Gaulle*
et les Britanniques. Après Mers el-Kébir* et Dakar*, la Syrie !
Le sol se creuse sous les pas de la France* au Levant. Soldats,
fonctionnaires quittent le pays en masse. Les Français libres* se retrouvent
bien peu nombreux pour y monter la garde au drapeau.
La France libre* ne sort pas grandie de l’épreuve qu’elle a provoquée. De
Gaulle* le reconnaîtra formellement devant l’Assemblée nationale en 1945.
Certes, elle est en Syrie-Liban, mais pas seule.
Elle a amené les Britanniques dans ses fourgons. Ils s’incrusteront et
contribueront à chasser les Français du Levant.
L’amitié franco-britannique est atteinte. On a vu des Australiens achever
des blessés. Le fait se colporte même chez les gaullistes. Les affrontements
meurtriers de novembre 1942, lors du débarquement allié en Afrique du
Nord*, trouvent là une de leurs explications.
En contrepartie, les Français libres* obtiennent certains ralliements.
Assez faibles. 72 officiers, 2 500 sous-officiers et hommes de troupe, une
centaine de fonctionnaires. Ils récupèrent aussi un matériel qui leur sera utile
par la suite. Il servira à Bir-Hakeim*.
Sur le plan stratégique, la Palestine*, le canal de Suez sont mieux
couverts sur leur flanc nord. Il n’y avait plus de nécessité immédiate.
L’essentiel de la guerre est ailleurs. Dans l’Atlantique* et en Union
soviétique*.

SZALASI, FERENC
(1897-1946). Homme politique hongrois.
Fondateur et chef du parti fasciste pronazi des Croix fléchées*.
Sera chef du gouvernement du 15 octobre 1944 à janvier 1945, imposant
un véritable régime de terreur.
Condamné à mort et pendu en 1946.
T

T/26
Char léger soviétique d’accompagnement en service de 1931 à mi-1942.
Fabriqué à Leningrad à 1 2000 exemplaires sur licence de fabrication
britannique Vickers Armstrong. Utilisé durant la guerre d’Espagne et au
début de la Seconde Guerre mondiale.
Poids : 9,4 tonnes ; vitesse sur route : 28 km/h ; autonomie : 175 km ;
armement : 1 canon de 45 mm, 1 ou 2 mitrailleuses de 7,62 mm ; équipage :
3 hommes.

T/34/76
Char soviétique en service de 1940 à 1959.
Poids : 30,9 tonnes ; blindage : 45 mm ; vitesse route : 55 km/h ;
autonomie : 260 km ; armement : 1 canon de 76,2 mm, 2 mitrailleuses de
7,62 ; équipage : 4 hommes.
Produit à environ 20 000 exemplaires, le T/34, à partir de 1944, sera
remplacé par une version améliorée, le T/34/85, armé d’un canon de 85 mm.
Ce T/34/85 sera fabriqué à 23 000 exemplaires en 1944-1945.
Le T/34, en ses diverses versions, sera un adversaire redoutable pour les
chars allemands. Face à lui, le canon de 37 s’avère impuissant ; le blindage
des PK III et IV* est insuffisant. Ses très larges chenilles, son rapport poids/
puissance lui assurent une très grande mobilité tout-terrain. Il sera le roi du
champ de bataille en 1942-1943 et grand vainqueur de la bataille de Koursk*.

T/35
Char lourd soviétique sorti en 1935.
Poids : 45 tonnes ; vitesse : 30 km/h : armement : 1 canon de 76,2 mm,
2 canons de 45 mm ; équipage : 10 hommes.

T/44
Char moyen soviétique sorti en 1945.
Poids : 32 tonnes, vitesse : 52 km/h ; armement : 1 canon de 85 mm ;
équipage : 4 hommes.

T/70
Char léger soviétique d’accompagnement, sorti à partir de 1942.
Poids : 9,2 tonnes ; vitesse : 43 km/h ; armement : 1 canon de 45 mm ;
équipage : 2 hommes.

T/95 (KYU-GO)
Char léger japonais sorti en 1935.
Les Japonais n’ont, du reste, que des chars légers.
Poids : 7,4 tonnes ; vitesse : 45 km/h ; armement : un canon de 37 mm ;
équipage : 3 hommes.

T/97 (CHI-HA)
Char léger japonais sorti en 1937.
Poids : 14 tonnes ; vitesse : 39 km/h ; autonomie : 210 km ; armement :
1 canon de 57 mm ; équipage : 4 hommes.
Sera utilisé en Chine*, en Birmanie* et à Guadalcanal*.

T/97 (CHI-NU)
Char léger japonais sorti en 1937.
Poids : 19 tonnes ; vitesse : 39 km/h ; armement : un canon de 75 mm ;
équipage : 5 hommes.
TABOR
Regroupement de trois goums marocains, soit l’équivalent d’un bataillon.
Sur la demande expresse de Patton* qui avait remarqué la bonne tenue
des goumiers en Tunisie*, le IVe Tabor du capitaine Verlet (66e, 67e, 68e
goums) participe à la conquête de la Sicile* rattaché à la 1ère division US.
Son peloton de cavalerie y effectuera des reconnaissances à cheval.

TAKORADI
Port sur l’Atlantique et aéroport britannique de la Côte-de-l’Or (Ghana).
Escale importante pour les vols en direction de Khartoum, puis de là vers
Le Caire. La route de Takoradi sera particulièrement employée durant la
première partie de la guerre pour ravitailler les Britanniques de Libye* et
l’URSS*. Fort-Lamy (N’Djamena) tenu par les FFL* assurait un relais
précieux.
La route elle-même passait par Lagos, Kano, Fort-Lamy, El Geneina, El
Obeid, Khartoum, puis remontait au nord par Wadi Halfa.

TALL BOY
Bombe anglaise de 12 000 livres (5 430 kg), version réduite de Grand
Slam bomb* et opérationnelle à partir de juin 1944. 854 exemplaires seront
largués sur l’Allemagne*.
Le Tirpitz* sera l’une de leurs plus notoires victimes.

TAMBOW, CAMP DE
Camp soviétique No 188 à 450 km au sud-est de Moscou.
De nombreux prisonniers alliés, notamment des Malgré-nous* français, y
ont été rassemblés. On estime que 16 000 Malgré-nous* sont passés à
Tambow et que 4 000 y sont morts de froid et de misère.
Les Français gardent un souvenir terrible de ce camp et de ses conditions
de vie.
Les premiers rapatriements (1 500) commencent en juillet 1944, via
l’Iran, la Palestine et l’Algérie. Les rapatriés s’engagent aussitôt dans l’armée
française.
Le gros des retours a lieu à l’automne 1945 et au printemps 1946. Le
dernier rescapé (J. Remetter) ne rentre qu’en 1955. Ces prisonniers de
Tambow ont été des otages de Staline* qui exigeait le rapatriement de ses
propres compatriotes incorporés dans la Wehrmacht*.

TANAKA, RAIZÖ
(1892-1969). Amiral japonais.
Commandant de destroyer, joue un rôle important dans la bataille de la
mer de Java*.
Participe ensuite à de nombreux combats du Pacifique* : Midway*,
autour de Guadalcanal*, où il est responsable du Tokyo express*. Il gagne la
bataille de Tassafaronga*, le 30 novembre 1942. Son navire amiral est coulé
en juillet 1943 au large de la Nouvelle-Géorgie*. Rescapé, il termine la
guerre commandant des forces navales de Birmanie*. Les Américains
l’estimaient plus que ses compatriotes.

TANGER
La ville internationale est occupée par les Espagnols en juin 1940 et
devient un nid d’espions allemands.
Sous la pression alliée, le consulat allemand sera fermé en 1944. La ville
redeviendra internationale – provisoirement – après la guerre.

TANK-DOZER
Char transformé et équipé d’une forte lame d’acier afin de pouvoir, sous
le feu, travailler en bulldozer.

TARAKAN
Île au large des côtes orientales de Bornéo, produisant environ 500 000
tonnes de pétrole par an.
Elle est occupée en février 1942 par les Japonais. Les Australiens
entreprennent sa reconquête le 1er mai 1945. Les 2 000 Japonais de sa
garnison résisteront jusqu’à la fin du mois de juillet, causant 893 tués ou
blessés aux Australiens.

TARAWA
Atoll de l’achipel des Gilbert*.
Il a sensiblement la forme d’un triangle rectangle de 30 à 40 km de côté.
Une barrière de corail, à quelques centaines de mètres des plages, ceinture le
lagon, laissant toutefois une large entrée, et limite un plateau corallien à peine
recouvert d’eau à marée basse. Une seule île, celle de Betio, à la corne sud-
ouest de l’atoll, est tenue. Sur cette langue de terre, en forme de chistera, de
3 km de long sur 600 m de large, 3 000 hommes, dont 2 600 combattants
d’élite, se sont retranchés avec soin. L’amiral Maishi Shibasaki, commandant
des lieux, proclame qu’un million d’Américains peuvent attaquer son île
durant cent ans, ils ne l’enlèveront pas.
Ils veulent pourtant s’en emparer dans le cadre de la reconquête des
Gilbert*.
Le 20 novembre 1943, à 5 h 07, la flotte américaine entame son
bombardement sur Betio, puis l’aviation embarquée prend le relais. Les
résultats toutefois s’avéreront décevants.
Dans le lagon, les vagues d’assaut s’entassent dans les LVT* et LCVP*.
Elles ont environ 5 000 m à parcourir pour atteindre les rivages.
Inexpérience ? Défaillance des liaisons radio ? Les tirs sur Betio se lèvent
alors que les LVT* et LCVP* commencent seulement à fendre le lagon.
Les Japonais, jusque-là abasourdis, se glissent à nouveau à leurs
créneaux. Salves de mortiers, rafales de mitrailleuses s’abattent sur les
arrivants. Des embarcations sont touchées. Si les LVT* amphibies passent,
les chalands sont stoppés, marée trop basse. Les hommes pour poursuivre se
jettent à l’eau.
À 9 h 10, les LVT* indemnes touchent la grève. Derrière, c’est l’horreur.
Des hommes s’abattent dans l’écume rougie de sang. L’encadrement est
décimé, les unités disloquées.
Peu à peu, quelques chars débarquent. Un autre bataillon se présente, qui
paie à son tour son tribut au feu japonais. Progressivement, à l’aide des chars
tirant presque à bout portant, des mètres sont gagnés. En fin de journée, des
têtes de pont de 150 m de profondeur ont été conquises.
Au matin du 21, les fumées de la veille se sont, en partie, dissipées. La
marine, l’aviation interviennent avec plus d’efficacité. Deux bataillons de
réserve arrivent à la rescousse. Le périmètre occupé s’élargit.
Dans la nuit du 22 au 23, 500 Japonais tentent, à la baïonnette, une
charge désespérée. Les cadavres s’alignent devant les trous individuels des
Marines* dont une compagnie est décimée.
Le 23 novembre connaît les derniers nettoyages. Toute résistance
organisée cesse dans l’après-midi. L’intégralité de la garnison japonaise a été
anéantie. Seuls un officier et 16 soldats ont été faits prisonniers. Les
Américains ont eu 3 000 hommes hors de combat dont un millier de morts
(985).
Cette boucherie bouleverse l’opinion publique. Le commandement
invoque une résistance acharnée mais se garde bien de révéler que ces pertes
sont dues à son inexpérience. Il saura tirer les enseignements de Tarawa la
sanglante.

TARENTE, RAID SUR


Le 11 novembre 1940, la flotte britannique de Méditerranée* de l’amiral
Cunningham* lance un raid sur la base navale italienne de Tarente.
21 Swordfish* décollent du porte-avions Illustrious* à 290 km de Tarente. En
deux vagues, ils attaquent, à une heure d’intervalle. La surprise est totale.
3 cuirassés, 1 récent et 2 anciens, sont torpillés ; 1 croiseur est atteint, les
quais du port endommagés. Deux Swordfish* sont perdus.
Cette victoire renverse l’équilibre maritime en Méditerranée*. Le
lendemain, les bâtiments italiens indemnes quitteront Tarente pour la côte
ouest de la péninsule, réduisant leur menace contre les convois anglais.
Ce succès influencera les Japonais pour leur raid contre Pearl Harbor*.

TASK FORCE
Littéralement, Force de travail.
Terme employé dans les marines alliées pour désigner un regroupement
d’unités navales en vue d’une opération. Ainsi, deux Task Forces,
occidentale et orientale, seront mises sur pied pour le débarquement en
Normandie* du 6 juin 1944.
Le terme Task Force sera surtout utilisé par les Américains dans le
Pacifique* avec le regroupement d’importantes unités navales autour d’un ou
plusieurs porte-avions.

TASK FORCE OCCIDENTALE


Task Force mise sur pied pour le débarquement en Normandie*, dans le
secteur ouest, américain. Elle est décomposée en Force U (Utah Beach*) et
Force O (Omaha Beach*).
Elle comprend : 3 cuirassés, 10 croiseurs, 35 destroyers, 1 700 bâtiments
de débarquement.
Unités françaises engagées :
— Croiseurs Georges Leygues et Montcalm ;
— Frégates Aventure et Escarmouche ;
— Corvettes Roselys, Aconit et Renoncule.

TASK FORCE ORIENTALE


Task Force mise sur pied pour le débarquement en Normandie*, dans
le secteur est, britannique. Elle se décompose en Force G (Gold Beach*),
Force J (Juno Beach*), Force S (Sword Beach*).
Elle comprend : 3 cuirassés, 13 croiseurs, 44 destroyers, 2 400 bâtiments
de débarquement.
Unités françaises engagées :
— Torpilleur La Combattante* ;
— Frégates Surprise et Découverte ;
— Corvette Commandant d’Estienne d’Orves.

TASK FORCE 57
Flotte combinée britannique du Pacifique* de mars à août 1945.
Elle comprend 2 cuirassés, 4 porte-avions, 5 croiseurs et 14 destroyers.
Elle est, de loin, la force navale britannique la plus importante de la guerre.
Son emploi avait été proposé par Churchill* à Roosevelt* lors de la
conférence Octagon* à Québec*. (La situation en Europe rendait une telle
force disponible.) Elle interviendra dans le cadre de la 5e flotte américaine à
Okinawa*, contre Formose* et le Japon*.
TASK FORCE 58
En mars 1943, l’amiral King* numérote toutes les unités des flottes
américaines.
La force de porte-avions rapides de la 5e flotte de l’amiral Spruance*
devient ainsi la Task Force 58 sous le commandement de l’amiral
Mitschner*. (Elle devient TF 38 lorsque la 5e flotte est nommée 3e flotte sous
l’amiral Halsey*.)
Elle finit par totaliser 12 porte-avions (chiffre porté à 15) avec 650
avions, 8 cuirassés rapides et une puissante escorte de croiseurs et destroyers.
Elle participera à toutes les grandes batailles navales et opérations amphibies
du Pacifique* ainsi que dans les mers des Philippines* et de Chine*. Elle sera
des débarquements sur Iwo Jima* et Okinawa*.
En décembre 1944, alors TF/38, prise dans un typhon près des
Philippines*, elle perdra 3 destroyers, 146 avions et 790 marins.

TASSAFARONGA, BATAILLE DE
Dernier engagement naval de nuit au large de Guadalcanal*, au nord de
Tassafaronga.
Le 30 novembre 1942, la flotte japonaise de l’amiral Tanaka* (8
destroyers) venant ravitailler Guadalcanal*, est attaquée, après 23 h, par la
Task Force 67 de l’amiral Wright (5 croiseurs, 6 destroyers). Plus experts en
combat de nuit, les Japonais l’emportent largement : 3 croiseurs américains
endommagés, un autre coulé, contre un seul destroyer perdu.
Succès personnel pour Tanaka*, cette bataille prouve également la
supériorité des torpilles type 93 Long Lance nippones.

TATARS DE CRIMÉE
Population d’origine turque et mongole, de religion musulmane, habitant
la Crimée.
Le décret 5 859 du 11 mai 1944, signé de Staline*, l’accuse de
« collaboration avec les autorités d’occupation allemande » et d’avoir « trahi
la Mère patrie ». La sanction est immédiate. Le 18 mai, Kara-gün, jour noir,
180 000 Tatars sont chassés de chez eux et déportés en Ouzbékistan dans des
conditions tragiques. Des milliers meurent durant le voyage. Les demeures et
biens des déportés sont transférés à des Russes.
Les retours ne commencent vraiment qu’à partir de 1980.

TAYLOR, MAXWELL
(1901-1987). Général américain.
Cet ancien de West Point*, sapeur puis artilleur, est commandant en
1940.
En 1941, il passe dans les troupes aéroportées en pleine organisation et
son avancement se précipite. En 1942, il sera général.
En 1943, avec la 82e Airborne*, il saute en Sicile*. En septembre, envoyé
spécial du général Eisenhower*, il effectue une mission délicate à Rome pour
étudier les modalités d’une opération aéroportée sur la capitale qu’à
l’expérience il déconseille.
En mars 1944, il prend le commandement de la 101e Airborne* et saute
avec elle dans le Cotentin, le 6 juin 1944. Il participe ensuite à l’opération
Market Garden* en septembre.
Lors du déclenchement de la bataille des Ardennes*, il est à Washington.
Son second, le général MacAuliffe*, défend Bastogne* avec succès.
Taylor, de retour en Europe, s’empresse de rejoindre sa division et
termine la guerre en Allemagne* avec elle.
La Seconde Guerre mondiale terminée, le général Taylor occupera des
postes importants : West Point, VIIIe Armée, chef d’état-major de l’armée de
terre, ambassadeur auprès du Sud-Vietnam.

TCHANG KAÏ-CHEK
(1887-1975). Généralissime et homme politique
chinois
(On trouve aussi l’orthographe Chiang Kai-shek.)
En 1937, Tchang Kaï-chek, ancien fidèle de Sun Yat-sen, est
généralissime et président du gouvernement national chinois. Négligeant le
danger nippon, il est surtout préoccupé par la lutte contre les communistes.
L’offensive japonaise, après l’incident de Pékin, lui inflige défaite après
défaite. Il doit abandonner Nankin, Shanghai, pour se réfugier à Tchoung-
King sur le haut Yang-tsé-Kiang
Pearl Harbor* incite les Américains à se tourner vers lui afin d’utiliser au
mieux le potentiel chinois contre l’adversaire. Roosevelt* lui envoie le
général Stilwell* comme chef d’état-major. Les deux hommes ne
s’entendront pas. Stilwell* veut se battre contre les Japonais. Tchang préfère
asseoir son autorité dans son pays.
Devenu président de la République chinoise le 10 octobre 1943, Tchang
se rend à la conférence du Caire* et en irrite plus d’un par ses exigences. Il
obtient toutefois des promesses d’appui et de soutien de Roosevelt* toujours
décidé à jouer à fond la carte chinoise. Carte qui ne lui apportera pas grand-
chose. Son allié se débat dans un univers vermoulu. La corruption règne à
tous niveaux. Les généraux, les seigneurs de la guerre, ne songent qu’à leurs
prébendes. Tchang Kaï-chek* dépense l’essentiel de son énergie à se
maintenir au pouvoir. À la fin de la guerre, il obtiendra toutefois de figurer
parmi les Grands et de faire supprimer les vieux traités du XIXe siècle
assujettissant son pays. Sur le fond, il fut plus un politicien habile qu’un chef
de guerre.
Sa lutte contre les communistes de Mao Tsé-toung*, reprise avec force en
1944, s’achèvera par sa défaite et il sera obligé, en 1949, de se réfugier à
Formose*.
Sa seconde épouse, née Song, épousée en 1927, aura tout au long de sa
vie une forte influence sur lui. Sa beauté et son charme interféreront dans les
rapports de son mari avec les Américains.

TCHERKASSY
Le chaudron de Tcherkassy est l’un des exemples les plus marquants de
ces poches, les fameux Kessel*, où des unités se trouvaient encerclées par
l’adversaire.
Au début de 1944, devant les attaques soviétiques, le front méridional, à
une centaine de kilomètres au sud de Kiev, forme un saillant à hauteur de
Korsun (ouest de Tcherkassy). Pour les Allemands, il serait logique
d’abandonner ce saillant et de réduire ainsi la longueur du front. Hitler* et la
logique ne font pas bon ménage. Fidèle à ses principes, le Führer* refuse tous
les replis. Deux corps d’armée occupent donc ce saillant dénommé à tort de
Tcherkassy. De Korsun serait plus approprié.
Sur la foi de renseignements de prisonniers, Joukov* estime qu’il s’y
trouve environ 100 000 hommes et envisage un petit Stalingrad*. En fait, il
n’y a que six petites divisions à l’intérieur du saillant.
Le 25 janvier 1944, Koniev* lance trois armées vers le Nord-Ouest
depuis Kirovograd. Vatoutine*, le lendemain, démarre en sens contraire à
200 km de là. Le 28, la trappe se referme à mi-route, à hauteur de
Zvenigorodka. Un nouveau Kessel* a vu le jour. Persuadé qu’il tient 11
divisions dans ses rets, Joukov* ordonne de renforcer solidement le périmètre
autour de Korsun.
Von Manstein* commande le groupe d’armées Sud dont relève Korsun. Il
a vécu Stalingrad* et veut éviter à tout prix que le drame de la VIe Armée ne
se renouvelle. Résolument, contrant les directives de Hitler*, il s’efforce de
rassembler un élément de rupture de l’encerclement.
Dans la poche, ils sont environ 56 000, Allemands, Autrichiens, mais
aussi Belges, Hollandais, Scandinaves de la division SS Viking et de la
brigade d’assaut SS Wallonie*. Pour les SS*, il est hors de question de
tomber aux mains des Russes. La fureur du désespoir les anime.
Sous la pression soviétique, la poche s’est rétrécie. Elle ne mesure plus
que 45 km sur 15. Le 8 février, une offre de capitulation, présentée comme
honorable, est rejetée.
Von Manstein* a regroupé une force d’intervention. À partir du 4 février,
le 3e corps blindé passe à l’attaque. Le 8, les assaillants, après avoir marqué
des points, bordent la Gniloï Tikitch. La rivière, large d’une vingtaine de
mètres et profonde de deux, représente, faute de ponts, une coupure
infranchissable pour les Tigre* et les Panther*. Les assiégés ne sont plus
qu’à 13 km. À eux de terminer l’ouvrage.
16 février, 23 h, la nuit est noire. Pas de lune, pas une étoile. Un vent
glacial pousse vers la sortie. La boue s’est solidifiée sous une croûte de neige
durcie. Les routes, les chemins sont rares. La progression s’effectuera en rase
campagne sur trois files. Les blessés intransportables ont dû, le plus souvent,
être laissés sur place à la merci des Russes.
À la baïonnette, les sections de tête forcent les premières positions.
L’alerte est donnée. Les salves d’artillerie s’abattent au hasard, jetant la mort
et la confusion. Par petites colonnes, se fixant aux lueurs des départs, les
Allemands s’efforcent de s’infiltrer entre les mailles des défenses adverses.
Des groupes y parviennent. D’autres, non.
Le jour se lève sur un spectacle de mort. Sur une vingtaine de kilomètres,
le goulet par lequel les assiégés de Korsun ont essayé de s’échapper porte la
trace des mêlées de la nuit. Sur la Gniloï Tikitch, des sapeurs ont travaillé
pour lancer des passerelles. Des hommes ont tenté la traversée à la nage.
Certains se sont noyés. Les rescapés sortent à demi nus des eaux glacées. Du
moins, en maints endroits, la liaison a été effectuée.
Un peu moins de 35 000 hommes se sont esquivés. Les autres sont morts
ou prisonniers. Chaque camp criera victoire. Les Allemands pour s’être
dégagés. Les Soviétiques pour avoir écrasé le chaudron. La saignée de
Tcherkassy s’ajoute à d’autres. La Wehrmacht* s’est vidée un peu plus de sa
substance. Quant à Hitler*, il n’oublie pas que von Manstein* a pris des
initiatives contraires à ses instructions de demeurer sur place.

TCHERNIAKOVSKI, IVAN
(1906-1945). Maréchal soviétique, à titre posthume.
L’un des plus jeunes et des plus talentueux généraux soviétiques, ainsi
que l’un des rares officiers de l’Armée rouge* d’origine juive.
À la tête de la 60e Armée, reprend Voronej en janvier 1943. Défend
ensuite la face ouest du saillant de Koursk*. Commandant le 3e Front de
Biélorussie, libère Vilnius le 13 juillet 1944. Est mortellement blessé par un
éclat d’obus devant Königsberg en février 1945.

TCHÉTCHÈNES
Population du nord Caucase, région de Grozny, de confession
musulmane.
Accusés d’avoir collaboré avec les Allemands, 380 000 Tchétchènes
sont, en 1944, déportés au Kazakhstan (170 000 seraient morts durant le
transfert). Les premiers retours ne s’amorceront pas avant 1957.

TCHETNIKS
Partisans yougoslaves organisés par le colonel Draga Mihailovic*, après
le départ du roi et bien avant le 22 juin 1941.
Portant le bonnet de fourrure traditionnel, arborant comme emblème des
couteaux entrecroisés, ils se réfugient dans le massif montagneux
d’Herzégovine et y mènent une guérilla active. Ils peuvent ainsi se présenter
comme les premiers résistants yougoslaves.
Les troupes de Mihailovic* vont très vite s’opposer à celles de Tito*.
L’un sert son roi, l’autre Staline*. L’un est serbe, l’autre croate. La rivalité
entre frères ennemis conduira des lieutenants de Mihailovic* à des
rapprochements douteux. Des Tchetniks quitteront alors Mihailovic* pour
rejoindre Tito*.
Abandonnés par les Britanniques en décembre 1943, attaqués par les
Allemands, les Oustachis* croates et les partisans de Tito*, les Tchetniks
finiront par être décimés (voir Mihailovic).
Le Tchetnik était, jadis, un partisan luttant contre les Turcs.

TCHOUIKOV, VASSILI
(1900-1982). Maréchal soviétique.
Se bat en Pologne* et en Finlande*.
Commande avec énergie la 62e Armée qui joue un rôle capital dans la
défense de Stalingrad*. En hommage, cette 62e Armée est transformée en
8e Armée de la Garde. Avec elle, Tchouikov combat dans le bassin
septentrional du Donetz, force le passage du Dniepr, prend le port d’Odessa,
franchit la Vistule et participe à l’offensive finale sur Berlin* en avril 1945.
Nommé maréchal après la guerre. Laisse le souvenir d’un combattant de
l’avant audacieux et pugnace.
Ses Mémoires déclencheront une polémique avec Joukov*. Pour lui, une
attaque massive et brutale sur Berlin* en février 1945 aurait permis de
terminer la guerre plus tôt.
Deux fois héros* de l’Union soviétique.

TD M 10 (TANK DESTROYER)
Chasseur de chars américain.
Fabriqué à 6340 exemplaires, à compter de septembre 1942, depuis un
châssis de char Sherman*.
Poids : 27 tonnes ; vitesse route : 48 km/h ; autonomie : 320 km ;
armement : un canon de 76,2 mm, une mitrailleuse de 12,7 ; équipage : 5
hommes.
Ce TD relativement peu blindé s’appuie sur sa mobilité et la puissance de
son canon. Il équipera les divisions blindées alliées. Les 7e, 8e, 9e, 11e RCA,
2e Dragons et RBFM* français en seront dotés. C’est un TD M 10 de la 2e
DB*, le Simoun, qui, le 25 août 1944, de la place de l’Étoile, détruira un
Panther* allemand posté place de la Concorde.
Le modèle M 36, armé d’un canon de 90 mm, sortira sur la fin de la
guerre.

TEDDER, ARTHUR
(1890-1967). Maréchal de l’air britannique.
Entré dans l’armée de l’air en 1916, le général Tedder, en décembre
1940, devient l’adjoint du général Longmore, commandant en chef des forces
aériennes au Moyen-Orient, et il lui succède en mai 1941.
Il participe ainsi aux campagnes en Méditerranée*, Égypte*, Libye*,
Tunisie*, améliorant la coopération terre-air. Il est promu commandant en
chef des forces aériennes alliées en Méditerranée* en février 1943.
En décembre 1943, Tedder retourne en Angleterre* comme adjoint Air à
Eisenhower* et joue un rôle majeur lors du débarquement en Normandie*. Il
sera l’un des signataires de la capitulation allemande* à Berlin le 8 mai 1945
et promu maréchal de l’air en septembre.
Esprit brillant, parfois caustique, Tedder était un parfait officier d’état-
major, empli d’esprit de coopération interarmes.

TÉHÉRAN, CONFÉRENCE DE
Staline* refusait de s’éloigner de Moscou.
La conduite des opérations militaires lui en fournissait un bon prétexte. À
l’automne 1943, les impératifs opérationnels s’estompent. La Wehrmacht*
faiblit. L’Armée rouge* va de succès en succès. En septembre, Staline*
accepte le principe d’une rencontre des trois dirigeants mondiaux et avance
un lieu de rencontre : Téhéran.
Il n’est ni simple ni aisé de rassembler des personnalités telles que
Roosevelt*, Staline*, Churchill*. Disponibilité, préséance, sécurité,
constitution même (dans le cas du président américain), multiplient les
discussions. Finalement, le terrain d’entente est trouvé. La conférence
Eurêka, première rencontre des Trois Grands*, se tiendra, à partir du
28 novembre 1943, comme le souhaitait Staline*. Britanniques et Soviétiques
occupent l’Iran* et sa capitale. Leur présence doit permettre de protéger les
participants. Staline* a marqué le premier point. Il n’a pas grand chemin à
faire (il a peur de l’avion). Il ira à Bakou en train et de là n’aura qu’un bref
trajet avion pour Téhéran. Roosevelt* et Churchill*, par contre, auront un
itinéraire beaucoup plus long avec escale au Caire où ils rencontreront
Tchang Kaï-chek* (voir Caire, conférence du).
Les Trois Grands* se présentent avec des projets et des arrière-pensées
dissimulées. Mer Égée, Balkans, Turquie*, intégrité de la puissance
britannique, pour Churchill*. Overlord*, Chine*, anticolonialisme,
gouvernement mondial, pour Roosevelt*. Pologne*, États baltes*, Finlande*,
ports sur des mers libres, extension du communisme, version moderne de
l’impérialisme moscovite, pour Staline*.
Roosevelt* est le plus fort. Il a l’argent, le matériel, les hommes. Staline*
le talonne de près avec ses gros bataillons qui déferlent à l’Est*. Churchill*,
son pays appauvri, peine à les suivre. Roosevelt* se veut tout sourire envers
Oncle Joe*. Il est venu avec l’intention d’obtenir sa confiance et son amitié,
se refusant à admettre la nocivité du communisme et de son chef. Aussi
soutient-il toutes les propositions soviétiques. Il tient également à pouvoir
annoncer à son opinion publique l’entrée prochaine de l’URSS* dans la
guerre contre le Japon*. Le citoyen Roosevelt* est en perpétuelle campagne
électorale.
De ces journées de conférences et de débats émergent quelques temps
forts que les journalistes se plaisent à rapporter. Dîners protocolaires
ponctués de force toasts. Les Soviétiques sont rois en matière de vodka.
Soixante-neuvième anniversaire de Churchill*, le 30 novembre, célébré
comme il se doit. Algarade Churchill*-Staline*, le Soviétique déclarant
vouloir faire fusiller 50 000 officiers allemands, regardés, selon lui, comme
criminels de guerre.
Le communiqué final résume certaines conclusions :
« La conférence :
1 – est d’accord pour que les partisans de Yougoslavie* soient aidés par des fournitures de
matériel et de ravitaillement aussi importantes que possible et par des opérations de commandos ;
2 – est d’accord pour juger extrêmement souhaitable, au point de vue militaire, que la
Turquie* entre dans la guerre aux côtés des Alliés* avant la fin de la guerre ;
3 – prend acte de la déclaration du maréchal Staline* selon laquelle l’Union soviétique
ouvrirait immédiatement les hostilités contre la Bulgarie*, si la Bulgarie* attaquait la Turquie*
comme conséquence de la déclaration de guerre de la Turquie* à l’Allemagne*. La conférence
note également qu’il peut être fait état de cet engagement dans les négociations qui auront lieu
sous peu avec la Turquie* pour la faire entrer dans la guerre ;
4 – prend acte que l’opération Overlord* devra être déclenchée au cours du mois de mai
1944, en liaison avec une action dans le sud de la France*. Cette dernière prendra toute l’ampleur
permise par les possibilités en bâtiments de débarquement. La conférence prend également acte de
la déclaration du maréchal Staline* selon laquelle les forces soviétiques lanceront une offensive
vers la même époque, afin d’empêcher les Allemands de transférer des effectifs de l’est à l’ouest ;
5 – est d’accord pour que les états-majors militaires des trois puissances restent désormais en
contact étroit au sujet des opérations futures en Europe. Il est entendu, en particulier, qu’un plan
de camouflage, destiné à tromper l’ennemi au sujet de ces opérations, sera concerté entre les états-
majors intéressés. »

Tout n’est pas rapporté dans ce communiqué, car tout n’est pas avouable
quant au sort réservé à la Pologne*, la Finlande*, l’Allemagne* de l’après-
guerre et autres sujets délicats.
Malgré les réserves de Churchill*, Staline* a quasiment obtenu gain de
cause. Le futur État polonais ripera d’est en ouest, au détriment de
l’Allemagne* et au profit de l’URSS*. La ligne Curzon* devrait devenir sa
frontière orientale et la ligne Oder-Neisse* l’occidentale. Roosevelt* a
entériné.
La Finlande* retrouvera ses frontières de 1940 et perdra en outre
Petsamo*. Roosevelt* a encore entériné. Quant aux États baltes*, leur sort est
réglé depuis longtemps à Moscou. Ils seront, comme en 1940, annexés.
Roosevelt* a une fois de plus accepté.
L’Allemagne* vaincue devrait être, suivant l’idée de Staline*, scindée en
sept régions (cinq autonomes, deux sous contrôle des Nations unies*).
Churchill* aurait préféré une Prusse isolée et une confédération danubienne ;
mais Roosevelt* et Staline* ont fait cause commune. Les zones d’occupation
apporteront, par la suite, une autre réponse lourde d’hypothèques.
Roosevelt* a fait approuver son principe d’un Conseil chargé d’assurer la
police du globe. États-Unis*, Grande-Bretagne*, URSS*, Chine* y seraient
seuls représentés. Churchill* a avancé le nom de la France* dans la
conversation. Roosevelt*, qui n’aime pas de Gaulle*, a fait rejaillir sur elle
son antipathie. Staline* a remarqué sèchement qu’elle n’était plus une grande
puissance et qu’elle était pétainiste.
Militairement, le point le plus notable est la confirmation sans équivoque
d’Overlord*, le débarquement en Europe occidentale, devant intervenir en
mai 1944. Staline a de quoi être satisfait. Il tient son second front et même
davantage : un troisième, le débarquement dans le sud de la France*, ayant
été décidé par les Américains (opération Anvil).
A priori, les Trois Grands* se sont mis d’accord. Plus exactement, deux
d’entre eux ont imposé leurs propres intentions au troisième. L’Américain et
le Soviétique ont fait front commun pour repousser les projets du
Britannique. En contrepartie de sa constante bonne volonté, Roosevelt* a
obtenu une promesse : l’URSS* entrera en guerre contre le Japon*. Mais
seulement une fois terminé le conflit en Europe. Pour moissonner ! Téhéran,
avec Roosevelt* dans le rôle du liftier, a ouvert toute grande la porte de
l’expansionnisme soviétique avec l’abandon de la Pologne*, de la Finlande*,
des États baltes* aux visées moscovites. Et ce n’est là qu’un début.

TELLERMINE
Mine antichar allemande en forme de disque (d’où son nom, teller =
assiette).
Poids : 9,4 kg dont 5 d’explosif ; diamètre : 8 cm ; épaisseur : 11 cm. La
Tellermine 35 (apparue en 1935) explosait sous une pression de 350 livres ;
la Tellermine 42 (apparue en mars 1943), sous une pression de 210 livres.
La Tellermine est une arme redoutable contre les véhicules blindés ou
non ; son enveloppe métallique rigide la rend détectable. Elle est très souvent
piégée par les Allemands.

TEMPEST (HAWKER TEMPEST MK V)


Chasseur-bombardier britannique, sorti en 1944, et certainement l’un des
meilleurs de sa spécialité.
Vitesse : 700 km/h ; autonomie : 2 500 km ; armement : 4 canons de
20 mm, 900 kg de bombes ; équipage : 1 homme.
Sera un grand destructeur de V1*.

TEMPÊTE, ACTION
Plan militaire polonais prévoyant une insurrection dans les grandes villes,
Varsovie*, Lwow, Wilno.
L’insurrection de Varsovie* en août 1944 relève de ce plan.

TENDE ET LA BRIGUE
Vallées alpines, du versant français, rattachées à la France* par le Traité
de Paris* du 10 février 1947 et après un plébiscite massif des populations.
La métropole récupère 550 km2 et 5 500 habitants, Français de cœur et de
langue. (Elle récupère également quelques enclaves italiennes des cols du
Petit-Saint-Bernard, de l’Iseran, du Mont-Cenis et du Mont-Genèvre.)

TERBOVEN, JOSEF
(1898-1945).
Membre du Reichstag depuis 1930 et nazi de la première heure, est
nommé en 1940 Commissaire du Reich* en Norvège* occupée.
Durant les années de guerre, active l’économie norvégienne au profit de
l’Allemagne*, encourage Quisling* et les collaborateurs, réprime la
Résistance* avec une grande sévérité. Se suicide en 1945 avant d’être
capturé.

TERMINAL
Nom de code de la conférence de Potsdam* en juillet 1945 (voir
Potsdam, conférence de).

TESCHEN
En polonais Cieszyn, en tchèque Tesin.
Ville de Pologne* à la corne sud-est de la Silésie. Au lendemain de 14-
18, Polonais et Tchèques se disputent et s’affrontent pour ce riche centre
industriel et minier, propriété de l’ex-Autriche-Hongrie. Une conférence dite
des ambassadeurs, le 27 juillet 1920, effectue un partage : la ville est
attribuée à la Pologne* ; son faubourg de Freistadt et un important bassin
houiller (1 200 km2, 200 000 habitants) reviennent à la Tchécoslovaquie*.
La Pologne* profite de Munich*, le 2 octobre 1938, pour s’emparer de
l’ensemble, que les Allemands occupent à leur tour de 1939 à 1944.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’URSS* oblige la Pologne* et la
Tchécoslovaquie* à revenir aux frontières de 1920.

TETRARCH (LIGHT MARK VII)


Char léger britannique fabriqué de 1940 à 1942 à 171 exemplaires.
Poids : 7,5 tonnes ; vitesse : 64 km/h ; autonomie : 220 km. ; armement :
1 canon de 40 mm, 1 mitrailleuse ; équipage : 3 hommes.
Conçu comme char léger rapide, il sera utilisé par les aéroportées et
amené par planeurs.

THAÏLANDE
L’ex-Siam, devenu Thaïlande, en juin 1939, vit pratiquement sous
dictature militaire (le roi passera la guerre en Suisse*).
Officiellement, la Thaïlande se veut neutre et signe des traités de non-
agression avec la France* et la Grande-Bretagne*. Ceci ne l’empêche pas de
pencher fortement en faveur du Japon* et d’ouvrir des hostilités contre
l’Indochine* française. Bien que battue, elle en tire profit grâce à l’appui de
Tokyo (voir Indochine, Koh-Chang).
Après Pearl Harbor*, la Thaïlande se range ouvertement dans le camp
nippon. Le 25 janvier 1942, elle déclare la guerre aux États-Unis* et à la
Grande-Bretagne* (mais non à la Chine*). Elle en tire quelques bénéfices
territoriaux en Malaisie* et en Birmanie*.
Tous les Thaïlandais n’approuvent pas la politique du maréchal Pibul,
chef du gouvernement. Une opposition et une résistance se manifestent,
soutenues par le SOE* et l’OSS*. En juillet 1944, le gouvernement Pibul est
renversé. Au moment de la capitulation japonaise*, la guérilla tiendra depuis
plusieurs mois le nord de la Thaïlande.
Ce retournement permet à la Thaïlande d’éviter le pire et d’être traitée en
ennemi par les Américains. Elle doit cependant restituer les territoires
annexés, en particulier en Indochine*.

THAKIN
Nom d’un groupe de jeunes nationalistes birmans, pour beaucoup de
l’université de Rangoon, partisans d’une collaboration avec le Japon* pour
obtenir l’indépendance de la Birmanie*.
Trente d’entre eux, dirigés par Aung San, ayant quitté leur pays pour
s’entraîner dans l’île de Hainan, sont le noyau de la BIA*. Les Thakins ont
une influence politique dans la Birmanie* occupée par les Japonais.

THOMPSON M1
Submachine Gun, Caliber 45 in.
Le pistolet mitrailleur Thompson, modèle 1928, a mauvaise réputation en
1939 et existe à peine en 20 000 exemplaires.
Il est l’arme des gangsters. La guerre provoque un besoin qui conduira à
une production de 1,4 million de Thompson jusqu’en 1944, date d’arrêt de
fabrication de cette arme surnommée la Tommy-gun.
Poids : 4,820 kg ; longueur : 0,823 m ; calibre : 11,43 mm ; cadence de
tir : 700 coups/minute ; chargeur amovible de 20 ou 30 coups.
Malgré sa tendance à monter, son poids et celui de ses munitions, la
Thompson M1 est appréciée pour sa fiabilité et sa puissance d’arrêt. Elle se
prolongera, par un modèle M3 A1 (Grease Gun), en tôle d’acier et moins
lourd (3,710 kg).

THOR
Appelé également Karl.
Mortier allemand de 615 puis 540 mm, utilisé lors du siège de
Sébastopol. Ses obus perforants de 2 200 kg traversent toutes les épaisseurs
de béton connues. Portée : 10, 5 km.

THOREZ, MAURICE
(1900-1964). Homme politique français.
Secrétaire général du Parti communiste français, mobilisé comme sergent
au 3e régiment du Génie dans l’Aisne, déserte le 4 octobre 1939.
Il gagne ensuite Moscou où il passera la guerre. Dans une lettre cosignée
avec Jacques Duclos, en octobre 1940, accuse de Gaulle* de faire se battre
les Français pour la City et d’entraîner les peuples coloniaux dans la guerre. Il
signera, avec d’autres responsables communistes, en mai 1943, la résolution
annonçant la dissolution du Komintern. Amnistié par de Gaulle* le
30 octobre 1944, il reviendra en France* le 27 novembre et y soutiendra
l’homme du 18 juin qui en fera un ministre d’État en novembre 1945.

THOUSAND, PLAN
Nom de code du bombardement aérien massif sur Cologne dans la nuit du
30 au 31 mai 1942.
Sur 1 046 avions lancés sur la ville, 39 ne rentrent pas. Le plan conçu par
l’air marshal Harris*, nouveau patron du Bomber Command*, a prouvé son
efficacité. 300 hectares ont été ravagés. La DCA a été désorganisée. Le raid a
fait 5 000 victimes dont 469 morts.

TIBBETS, PAUL
(1915-2007). Aviateur américain.
Colonel, commandant le 509e Composite Group de l’US Air Force*,
organise la base de Tinian* dans les Mariannes* d’où décolleront les B 29*
devant lancer la bombe atomique sur le Japon*.
Le 6 août 1945, pilote le B 29* Superfortress Enola Gay* (les prénoms
de sa mère) qui larguera Little boy*, la première bombe atomique de
l’Histoire, sur Hiroshima*.
Après la guerre, poursuivra sa carrière, deviendra général, puis dirigera
une société aérienne de transport. Il ne regrettera jamais son action, affirmant
avoir ainsi précipité la capitulation japonaise* et épargné des vies humaines.

TIGRE, CHAR (PZKPFW MK V,


PANZERKAMPFWAGEN V)
Le plus célèbre char de la Seconde Guerre mondiale.
Mis en service en août 1942 devant Leningrad*. Sera employé en unités
spécialisées antichars.
Poids : 56 tonnes ; vitesse : 38 km/h ; blindage : 100 mm à l’avant,
80 mm sur les flancs ;
Longueur : 8,45 m ; hauteur : 2,93 m ; largeur : 3,7 m ; armement :
1 canon de 88 mm, 3 mitrailleuses MG 34 ou 42 ; équipage : 5 hommes.

TIGRE, OPÉRATION
Égypte*, début 1941.
Devant l’offensive de Rommel*, les Britanniques ont un besoin urgent de
renforts. Le transit par Le Cap, solution de prudence, exige deux mois.
Churchill* décide un coup d’audace qu’il baptise Tigre. Le 6 mai 1941, cinq
cargos, filant à vitesse maximum, près de quinze nœuds, pénètrent en
Méditerranée*. L’escadre de l’amiral Somerville*, à Gibraltar*, leur assure
une première escorte. Le 9, l’amiral Cunningham*, venu d’Alexandrie*,
prend le relais au sud de Malte*. Trois jours plus tard, les bâtiments
déchargent près de 300 chars sur les quais d’Alexandrie*. Ce renfort
permettra de lancer l’opération Battleaxe*.
Il n’y a eu qu’un incident. Un seul cargo a pris feu après avoir heurté une
mine.

TIGRE ROYAL, CHAR (PZKPFW MK VI,


TIGER II)
Entré en service au milieu de 1944 au prix d’innombrables difficultés
dues aux bombardements alliés.
Ne sera produit qu’en 485 exemplaires. Ce char très fortement blindé
(185 mm sur l’avant) est très difficile à manœuvrer. Sa masse lui interdit de
nombreux ponts.
Poids : 68 tonnes ; vitesse : 37 km/h ; armement : 1 canon de 88,
2 mitrailleuses de 7,92 mm ; équipage : 5 hommes.

TIGRES VOLANTS
Officiellement, American Volunteer Group. Il deviendra, en mars 1943,
le 23e groupe de chasse de la 14e US AAF.
Groupe de volontaires américains recrutés à partir d’avril 1941 par Claire
Chennault*, avec l’accord du Président américain. Ils seront 112, regardés au
départ comme des mercenaires, les États-Unis* étant encore neutres. Équipés
de Curtiss P/40*, dont l’atout essentiel est la vitesse en piqué, ils peindront
des bouches de requin sur l’avant de leurs appareils (90), d’où leur nom. Ils
se battront en Birmanie* et en Chine*, abattant 296 appareils japonais au prix
de 24 tués.

TIMOCHENKO, SEMION
(1895-1970). Maréchal soviétique.
Sous-officier dans l’armée tsariste, se rallie à la Révolution et bénéficie
d’un avancement rapide.
En mai 1940, est promu maréchal et Commissaire à la Défense.
L’impréparation de l’Armée rouge* en 1941 lui sera reprochée.
Au déclenchement de Barbarossa*, prend le commandement du Front de
l’Ouest pour défendre Moscou et la Russie blanche. Le 13 septembre 1941,
remplace Boudienny* au Front sud-ouest, mais ne peut éviter la lourde
défaite de Kiev*. En semi-disgrâce durant des mois après avoir commandé le
Front du nord-ouest, reste toutefois membre de la Stavka*. Finalement
coordonne l’offensive de Malinovski* et Tolboukhine* dans les Balkans en
1944-45.
Héros de l’Union soviétique*.

TIMOR
Cette île étalée sur 450 km, à 800 km au nord de l’Australie*, appartient,
en 1941, moitié au Portugal*, moitié aux Pays-Bas*.
Les Australiens souhaitent soutenir les Hollandais afin de préserver cette
position, base de départ d’attaques contre leur continent. Ils participent à une
guérilla à l’intérieur de l’île mais, en janvier 1943, devant la supériorité
japonaise, devront l’abandonner. Timor sera occupée jusqu’en 1945, mais la
partie portugaise restera sous autorité de Lisbonne.

TINIAN
Troisième île en importance de l’archipel des Mariannes* (16 km de
long), à 5 km au sud de Saipan*.
Occupée par les Japonais depuis les lendemains de 14-18, elle compte
environ 9 000 défenseurs, mais elle présente l’avantage, pour des assaillants,
d’être relativement plate. Couverte de champs de canne à sucre, elle n’offre
guère d’obstacles naturels, hormis quelques hauteurs de-ci de-là.
Après un matraquage aérien et naval de plusieurs semaines, le 24 juillet
1944, la 4e division de Marines* effectue un débarquement que l’amiral
Spruance* regardera comme « l’opération amphibie la mieux conçue et la
mieux exécutée de la Seconde Guerre mondiale ». 15 000 hommes sont mis à
terre très rapidement, au prix de 15 tués et 225 blessés. Le lendemain, la
2e division de Marines*, après une attaque de diversion, débarque à son tour.
Progressant avec méthode, du nord au sud, les Marines* avancent comme
en 14-18, précédés par d’imposantes concentrations d’artillerie. Le napalm,
largué par les C 47*, fait pour la première fois son apparition et la
démonstration de sa redoutable efficacité. Le 1er août, la pointe Carolinas, à
l’extrémité méridionale de Tinian, est atteinte. La garnison a été anéantie. Les
Américains ont eu 394 tués et 1961 blessés. Ils disposent maintenant de la
possibilité d’installer une forte base aérienne à 2 000 km de Tokyo. Ils ne
s’en priveront pas.
En décembre 1944, un colonel d’aviation de vingt neuf ans, Paul
Tibbets*, patron de la 509e Composite Group, escadrille de B 29* de la 20e
US Air Force*, débarque à Tinian. Il est porteur de lettres d’introduction et
d’autorisations signées par Marshall* en personne pour « donner toutes
facilités au colonel Tibbets* de visiter les installations portuaires et aériennes
de l’île ».
Nul ne sait pourquoi Tibbets* est là. L’intéressé ne s’épanche pas mais
ses directives sont exécutées. Les pistes d’envol sont allongées, les moyens
de levage du port renforcés, des baraquements spéciaux construits.
Ces travaux effectués, en juin 1945, les équipages de la 509e Composite
Wing, rejoignent Tinian, accompagnés de civils et de plusieurs officiers
supérieurs. Pourquoi ces derniers sont-ils là ? Mystère !
Depuis six mois, les équipages de ce B 29* s’entraînaient, à Wendover
Field, dans l’Utah, à lancer une bombe unique à très haute altitude. Puis, sur
la base d’Inyokern, ils ont largué des pumpkins (citrouilles), étranges engins
analogues aux futurs Fat man* et Little boy*. Mais les aviateurs ignorent tout
de cette ressemblance. Ils ne peuvent que s’interroger sur les raisons de cet
entraînement. Seul Tibbets*, leur chef, est dans le secret.
Après l’arrivée à Tinian, les missions citrouilles se poursuivent, mais
désormais sur des cibles japonaises : Truk* dans les Carolines*, Rota au nord
de Guam*, toujours occupées. Les citrouilles sont bourrées d’explosifs. Le
pourquoi de cet entraînement subsiste, d’autant que deux B 29* reçoivent un
équipement particulier : moteurs à injection plus puissants, pas d’armement
(sauf deux mitrailleuses de 12,7 mm), hublots obturés, soutes modifiées.
Oui, pourquoi toutes ces modifications ? Et pourquoi cet entraînement si
singulier : longs vols d’une dizaine d’heures, exercices pour s’esquiver en
semi-piqué à grande vitesse ? La première réponse tombera le 6 août 1945.

TIRPITZ, CUIRASSÉ ALLEMAND


Frère jumeau du Bismarck* coulé le 27 mai 1941.
51 000 tonnes, vitesse 30 nœuds, 4 tourelles doubles de 381, 12 pièces de
150.
Le risque, début 1942, de le voir apparaître dans l’Atlantique provoque
l’attaque contre Saint-Nazaire* en mai 1942. Réfugié dans le Kaafjord, au
nord de la Norvège*, il est gravement endommagé par deux midgets*
britanniques le 22 septembre 1943 (voir Opération Source). Est finalement
coulé le 12 novembre 1944 par une attaque de bombardiers Lancaster*
britanniques dans le port de Tromsö. Il chavire, entraînant dans la mort
700 marins.

TISO, JOSEF
(1887-1947). Prélat catholique et homme politique
slovaque.
Durant l’entre-deux-guerres milite pour l’indépendance, ou tout au moins
l’autonomie, de la Slovaquie*.
Chef du parti populiste, le 6 octobre 1938, au lendemain des accords de
Munich*, il devient Premier ministre de la Slovaquie* dans le cadre de la
Fédération tchécoslovaque. Le 14 mars 1939, il proclame l’indépendance de
la Slovaquie* où il prendra rang de chef de l’État en octobre suivant.
Tout en parvenant à conserver certaines libertés, il s’aligne sur la
politique du IIIe Reich* sur le plan militaire et antisémite.
Renversé par l’arrivée de l’Armée rouge* en avril 1945, il est arrêté,
condamné à mort pour crimes de guerre et exécuté à Bratislava, le 18 avril
1947.

TITO
(1892-1980). Maréchal yougoslave.
De son vrai nom, Josip Broz.
Né en Croatie*. Incorporé dans l’armée autrichienne, rallie l’Armée
rouge* durant la Révolution russe. Agent du NKVD* durant l’entre-deux-
guerres, devient en 1937 le secrétaire général du parti communiste
yougoslave interdit. Dès juillet 1941, se présente comme le commandant
suprême de l’Armée populaire de libération de la Yougoslavie*. Mènera une
lutte impitoyable contre les Tchetniks* serbes de Mihailovic* et les
Allemands. Officiellement reconnu par les Britanniques à partir de 1943, sera
le 7 mars 1945 le chef du gouvernement provisoire de la Yougoslavie*
libérée. Y introduira un régime communiste et personnel qui ne tardera pas à
se détacher de Moscou.

TMI (TRIBUNAL MILITAIRE


INTERNATIONAL)
Voir Nuremberg, Tribunal Militaire International de.

TMIFE (TRIBUNAL MILITAIRE


INTERNATIONAL POUR L’EXTRÊME-ORIENT
– FAR-EAST)
Voir Tokyo, procès de.

TOBROUK, LA CHUTE DE
Les ports sont rares de Tripoli à Alexandrie.
La côte, rectiligne et sablonneuse, n’offre guère de havres naturels.
Tobrouk, à 140 km à l’ouest de la frontière égypto-libyenne, est l’un de ces
rares sites naturels.
La ville et le port se sont édifiés à l’abri d’une échancrure du rivage qui
forme une darse bien abritée de 3 km de profondeur sur 1500 m de large. Un
quai, une placette aux palmiers rabougris, de modestes maisons blanches,
l’ensemble ne présente guère de séduction pour une localité qui comptait
avant le conflit 4 000 habitants. Faut-il toutefois compter une usine de
distillation qui procure 180 000 litres quotidiens d’eau douce, ce qui n’est pas
un mince atout en région désertique. Surtout, de par sa position géographique
et son port, Tobrouk est devenu un haut lieu de la guerre du désert.
Les Italiens, premiers occupants des lieux, en ont organisé la défense non
sans habileté. Un périmètre défensif extérieur de l’ordre de 60 km couvre
Tobrouk sur un rayon de 20 km. Un second, intérieur, le renforce. À
intervalles réguliers, des blockhaus en béton, utilisant parfois des excavations
naturelles, servent de points d’appui. Des tranchées, souvent recouvertes de
sable et échappant aux regards, les relient. Partout les tirs de mitrailleuses,
d’antichars, de mortiers, doublent les champs de mines et les réseaux de
barbelés. Enfin, un fossé antichar large de 10 pieds et profond de 7 vise à
interdire l’accès des blindés.
Les Britanniques sont entrés dans Tobrouk le 12 janvier 1941. Ils y ont
soutenu un long siège jusqu’au 26 novembre, reprenant et améliorant les
installations italiennes. Tout du long, ils ont été ravitaillés par l’Inshore
Squadron, flottille hétéroclite de bâtiments légers qui accostent de nuit pour
échapper aux Stuka* et JU 88*.
L’Union Jack flotte désormais sur Tobrouk* tandis que Rommel*, depuis
le 7 novembre 1941, bat en retraite en Cyrénaïque*. Finalement, le 10 janvier
1942, le front se stabilise à hauteur d’El Agheila, au fond du golfe de la
Grande Syrte. Une fois de plus la Cyrénaïque* a changé de mains.
Les Anglais se croient vainqueurs. C’est vendre la peau de l’ours. Malte*,
au début de 1942, est quasiment neutralisée. Rommel* en bénéficie. Son
tonnage débarqué s’améliore : de 40 000 tonnes en décembre, il passe à
150 000 en avril 1942, dont 50 000 de carburant. Avec de tels arrivages, le
général allemand peut envisager la reprise de l’offensive.
Les Anglais sont surpris. Les forces en présence sont à peu près égales
avec une supériorité en chars pour la VIIIeme Armée britannique du général
Richtie*. Le déséquilibre est au niveau du commandement. Rommel* a du
coup d’œil, de l’audace et de la décision. Richtie* hésite. Le premier
manœuvre, frappe et feint ; le second attend et se révèle incapable de
regrouper ses forces.
Le 29 janvier 1942, les Allemands entrent dans Benghazi. Le mouvement
pendulaire est devenu un rituel de la guerre du désert. Les Britanniques, pour
la troisième fois, refluent vers l’Égypte*. Heureusement pour eux,
l’adversaire s’essouffle. Il n’a pas encore véritablement reconstitué son corps
de bataille. De février à mai, un front défensif s’organise à hauteur de Gazala.
Richtie* couvre ainsi Tobrouk à une soixantaine de kilomètres à l’ouest.
Son dispositif s’étire sur 60 km de large et 50 de profondeur. Contrairement à
son adversaire qui joue la mobilité, Richtie* s’est fixé. Il s’appuie sur des
positions défensives, des box, sortes de camps retranchés. Le plus au sud de
ces box est celui de Bir-Hakeim* tenu par la 1ère BFL du général Koenig*.
Comme toujours, le plan Rommel* se distingue par l’audace.
Immédiatement au sud de la cité, les Italiens, épaulés par quelques
contingents allemands, sont chargés de faire du volume. Durant ce temps,
Rommel* effectuera un large crochet par le sud, contournant Bir-Hakeim*,
pour remonter frapper la VIIIe Armée dans le dos.
Sur le papier, les effectifs s’équilibrent. 90 000 chez Rommel* contre
100 000 chez Richtie. Par contre, ce dernier dispose de 850 chars contre 560
(dont 400 Italiens).
Le 26 mai à 14 h, l’infanterie italienne s’élance contre la ligne de Gazala.
À la nuit tombée, Rommel* donne le signal. Les 10 000 véhicules de
l’opération Venise s’ébranlent.
Un peu avant l’aube, l’Afrika Korps* est à 15 km au sud-est de Bir-
Hakeim*. Sa remontée, vers le nord, direction Tobrouk, peut commencer.
Richtie* est pris au dépourvu. Il ne croyait qu’à demi à une offensive
allemande. Des unités ont envoyé une partie de leurs effectifs se détendre en
bord de mer.
En dépit de ses succès initiaux, la situation de Rommel* devient vite
sérieuse. Il manque de carburant. Des unités s’immobilisent.
Avec ou sans ordres de Richtie*, les Anglais courent au canon. Le 29 mai
au matin, Rommel* tourne en rond dans un chaudron de quelque 100 km2.
Plus question de marcher sur Tobrouk. Priorité au ravitaillement. Celui-ci se
trouve à l’ouest. Le 1er juin, le Renard du désert lance toutes ses forces dans
la bataille pour s’ouvrir un passage. Le box de la 150e brigade à Got el
Oualeb qui lui barrait la route est enlevé dans une lutte farouche mais inégale.
Quelques petits groupes britanniques parviendront seuls à s’esquiver à la
faveur de la nuit.
Rommel* a forcé sa route vers l’ouest et son ravitaillement.
Richtie*, depuis plusieurs jours, cherche la parade. Ses subordonnés se
désolent. Enfin, il se décide et engage une opération Aberdeen qui n’aboutit
pas. La VIIIe Armée perd 6 000 hommes et 150 chars.
Rommel* l’a emporté dans ce bras de fer. Pour reprendre sa marche sur
Tobrouk, il lui reste une épine à arracher, Bir-Hakeim*. Bir-Hakeim* qui
entrave ses lignes de communications dans sa manœuvre de débordement.
Durant dix jours, Allemands et Italiens s’acharnent sur Bir-Hakeim*.
Coriaces, les Français libres* tiennent bon, repoussant les attaques de chars et
d’infanterie appuyées par les Stuka*. Ce n’est que dans la nuit du 10 au
11 juin que la garnison, sur ordre, évacuera une place n’étant plus considérée
comme essentielle (voir Bir-Hakeim).
Le 11 juin, au matin, le box de Bir-Hakeim* n’existe plus. Toute la
frange méridionale de la ligne Gazala, Got el Oualeb, Bir-Hakeim*, a sauté.
Rommel* a les mains libres au sud des positions de la VIIIe Armée.
Au nord, près de la côte, l’offensive italienne piétine. Ses petits pas sont
aussi intentionnels que conformes à la combativité des soldats du Duce*. Ils
visent à fixer deux divisions du XIIIe. Si Rommel*, débouchant du sud,
parvient à la mer, il coupe celles-ci de leurs arrières.
Toute la journée du 11, et les jours suivants, les Allemands font effort.
Comme toujours, ils manœuvrent en regroupant leurs forces. Éclatées,
dispersées, les brigades anglaises connaissent, dans la poussière et la fumée,
une sévère humiliation. Leurs généraux sont incapables de s’entendre et
Richtie* de coordonner l’action. Le 14 au soir, les PD*, épuisées mais
victorieuses, campent à une portée de canon de la Via Balbia et de Tobrouk.
Les divisionnaires du XIIIe CA prennent leurs responsabilités. Par des
manœuvres souvent hardies, ils se dégagent et évitent l’encerclement. 96 %
des effectifs passent mais l’équipement lourd est perdu.
Feu la ligne Gazala. Il n’est plus qu’une armée qui partout bat en retraite.
Richtie* prévoit de se replier intégralement sur la frontière.
Et Tobrouk, dans cette hypothèse ?
La forteresse, six mois après la levée du siège, n’est plus ce qu’elle était.
Une partie de ses champs de mines a été transplantée sur la ligne Gazala. Ses
fossés antichars se sont ensablés. Ses abris et ses tranchées ont été laissés à
l’abandon. Rien ne semblait justifier de tout maintenir en état.
Richtie* s’apprête donc à délaisser Tobrouk. Auchinleck*, au Caire,
semble d’accord. Brusquement, le 14 juin, un message de Churchill* remet
tout en question. Le Premier ministre s’immisce sur un terrain militaire où il
est mal averti. Il ignore la déconfiture de la VIIIe Armée lors des combats des
11 et 12 juin. Il croit Tobrouk munie des mêmes défenses que six mois plus
tôt.
Il est toujours difficile de contrer Winston Churchill*. Un homme
politique interférant dans la conduite des opérations militaires. Des généraux
disciplinés. Une forteresse peu défendable. Une troupe affaiblie par ses revers
et trop encline à douter de la valeur de son commandement.
Tobrouk, à défaut de solides retranchements, compte du monde. 35 000
hommes, parfois repliés ou expédiés à la hâte. 10 000 d’entre eux sont là au
titre des services, la place étant devenue la grande base arrière de la VIIIe
Armée. Dépôts de munitions, d’essence, de vivres, sont sa première richesse.
À la tête de la garnison, un jeune général d’un mois de grade, Klopper.
L’homme n’est pas en cause mais sa désignation éclaire bien des erreurs. Il
arrive d’Afrique du Sud* et connaît mal ce type de guerre.
El Adem doit être abandonné dans la nuit du 16 au 17 juin. Le 18, le
cercle se resserre autour de Tobrouk.
Le lendemain, Rommel* est à même de rassembler ses blindés. Sa
décision est prise. Il attaquera par le sud-est.
Le 20 juin, les Stuka* se présentent avec le soleil levant. L’artillerie
prend le relais. Les bombardements ouvrent des brèches dans les champs de
mines et les barbelés. À 8 h, deux PD* allemandes et les deux divisions
Ariete* et Trieste italiennes partent à l’assaut. En deux heures, une brèche est
ouverte. Une contre-attaque de chars échoue. La RAF* n’intervient pas.
À midi, la poussée des PD* s’accentue sur King’s Cross, carrefour
central du dispositif que Rommel* atteint à 14 h. À 16 h, il occupe les deux
terrains d’aviation situés à 5 km au sud de Tobrouk. À 18 h, il aborde les
faubourgs de la ville. Une heure plus tard, ses éléments de tête pénètrent dans
Tobrouk et gagnent le port. Partout s’élèvent les fumées des destructions que
les Britanniques s’efforcent d’effectuer.
Le périmètre ouest, défendu par les Sud-Africains, résiste ; la situation
s’annonce sans issue. Klopper alerte la VIIIe Armée « Je tiens encore, mais je
ne sais pas pour combien de temps. »
Une sortie type Bir-Hakeim ? La majorité des véhicules a été prise ou
incendiée. Les munitions se raréfient. Les champs de mines sous un ciel sans
lune barrent la route. Aucune aide extérieure n’est à espérer.
Le 21 juin, à l’aube, Klopper présente sa reddition pour éviter des pertes
terribles. Refusant les ordres de cessez-le-feu, des groupes essaieront de
s’échapper. 199 officiers et soldats des Goldstream Guards, 188 Sud-
Africains y parviendront.
En moins d’une journée est tombée une forteresse qui avait, auparavant,
tenu six mois. Rommel* a saisi 2 000 tonnes d’essence et un important parc
automobile. Depuis le 26 mai, les Allemands n’ont eu que 3 360 tués et
blessés. En quatre semaines, ils ont fait basculer le sort des armes en
Cyrénaïque. Leur chef lance un ordre du jour de victoire : « Nous avons fait
au total 45 000 prisonniers, détruit ou capturé plus de 1 000 véhicules blindés
et environ 400 pièces d’artillerie. »
Le lendemain, il apprendra son élévation à la dignité de maréchal.
Maréchal à 49 ans !
Pour les Britanniques, le coup est rude. Tobrouk après Singapour* !
Churchill* était à Washington. Il écrira dans ses Mémoires : « Ce fut un
moment affreusement pénible. La défaite est une chose. La honte en est une
autre. »

TODT, FRITZ
(1881-1942). Homme politique allemand.
Connu sous le titre de docteur Todt.
Ingénieur des Travaux publics, adhère au parti nazi en 1922. Après
l’accès de Hitler* à la Chancellerie, devient Inspecteur général des routes
allemandes et s’implique dans la construction des autoroutes. En 1938, crée
l’Organisation Todt avec des entreprises publiques et privées et le concours
du ministère du Travail. En 1940, devient ministre de l’Armement et des
Munitions. Après Barbarossa*, a tendance à s’éloigner et préconise l’arrêt de
la guerre. Mort dans un accident d’avion, le 8 février 1942. A-t-il, à cause de
son évolution, été victime d’un attentat ?
Ce civil avait rang de général dans la Luftwaffe* étant donné son passé
d’aviateur en 14-18.

TODT ORGANISATION
Organisme mis sur pied par le docteur Todt en 1938, avec des entreprises
publiques et privées et le concours du ministère du Travail.
Il regroupe jusqu’à un million cinq cent mille travailleurs en 1944, pour
la plupart des travailleurs forcés étrangers. Il devient, à partir de mai 1943, le
seul organisme de production de guerre. À son actif, la construction d’usines
d’armement, de camps de concentration, d’abris sous-marins, de
fortifications, ligne Siegfried*, Mur de l’Atlantique*, ligne Gustav*.

TOGGLE ROPE
Attribut individuel spécifique des Commandos britanniques.
Il s’agit d’un cordage de l’épaisseur du pouce environ, long d’une brasse
(1,62 m) et se terminant par un œillet. Plusieurs Toggle Ropes peuvent
s’adjoindre facilement, permettant d’obtenir une corde de la longueur
souhaitée. La Toggle Rope a également d’autres usages aussi bien pour le
combat rapproché que comme moyen de franchissement.

TOGLIATTI, PALMIRO
(1893-1964).
Chef du parti communiste italien, vit en exil en URSS*, d’où, sous le
nom de Mario Correnti, il anime la propagande antifasciste en Italie.
Après la capitulation italienne* de septembre 1943, rentre dans son pays
et s’intègre aux divers ministères.

TOGO, SHIGENORI
(1882-1950). Diplomate japonais.
Ancien ambassadeur à Berlin puis à Moscou, Togo devient ministre des
Affaires étrangères du cabinet Tojo* en octobre 1941.
Il est donc totalement impliqué dans l’entrée en guerre du Japon* en
décembre 1941. Ayant compris l’évolution inéluctable du conflit et penchant
pour des pourparlers de paix avec les USA, il doit démissionner du cabinet
Tojo* en septembre 1943. Il reprend ses fonctions en avril 1945 dans le
ministère Suzuki* en vue d’œuvrer pour la paix. Arrêté en 1946, Togo est
condamné à 20 ans de travaux forcés et meurt dans un hôpital militaire
américain en 1950 après avoir écrit ses Mémoires.
Sa condamnation le prouve. Malgré son revirement, Togo s’inscrit sur la
liste des fauteurs de guerre nippons.

TOJO, HIDEKI
(1884-1948). Général et homme politique japonais.
Général en 1933, Tojo n’hésite pas à afficher ses sentiments
impérialistes.
En 1937, il se fait remarquer dans le conflit contre la Chine* et en mai
devient vice-ministre de la Guerre. En décembre 1938, il est promu chef
d’état-major de l’armée. Sa réputation de personnalité intelligente et
énergique le fait, en juillet 1940, choisir comme ministre de la Guerre dans
un cabinet qui s’oriente résolument vers un « ordre nouveau », synonyme
d’expansion territoriale. À la démission du prince Konoye*, le 16 octobre
1941, Tojo lui succède, se transformant vite en véritable shogun, dictateur de
fait du Japon* moderne. Il s’oppose par tous les moyens aux pacifistes et aux
libéraux, imposant le pouvoir des militaires. C’est lui et son cabinet qui
déclenchent Pearl Harbor* et les hostilités avec les États-Unis*. L’euphorie
de victoires des premiers mois ne dure pas. Au lendemain de la défaite dans
les Mariannes*, Tojo, le 18 juillet 1944, est contraint de démissionner.
Au moment de son arrestation par les Américains, comme criminel de
guerre, après la capitulation japonaise, Tojo tente de se suicider mais ne
réussit qu’à se blesser. En novembre 1948, il comparaît devant le Tribunal
international. Condamné à mort, il est pendu à la prison Sugamo, à Tokyo, le
23 décembre 1948.
Tojo reste pour l’histoire l’un des grands responsables de l’impérialisme
et de l’entrée en guerre du Japon*. Il laisse dans son pays un souvenir
controversé, par son bellicisme, son suicide manqué avec une arme à feu et
non avec l’arme blanche rituelle, son intégrité personnelle et son dévouement
envers l’Empereur.

TOKYO, BOMBARDEMENTS DE
Le général Le May*, patron de la XXe Air Force dans le Sud-Est
asiatique, se heurte à un dilemme.
Le bombardement de jour à haute altitude apporte une certaine immunité.
En revanche, il consomme énormément de carburant et réduit d’autant la
charge utile. Suite à une tentative apparemment heureuse sur Han-Keou, Le
May* décide de modifier la tactique employée. Il frappera de nuit à moyenne
altitude. Les Japonais sont dépourvus de chasse de nuit. Leur DCA sera
surprise. La charge utile sera augmentée. Les bombes traditionnelles seront
du reste remplacées par des engins incendiaires capables d’occasionner de
gros dégâts aux constructions légères et très souvent en bois des cités
japonaises. La capitale japonaise va être la première victime notoire de la
nouvelle méthode de Le May*.
Dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, 300 Superforteresses décollent des
Mariannes* (opération Meetinghouse). Elles emportent au total 1667 tonnes
de projectiles incendiaires de 3, 5, 35 et 50 kg, à base de magnésium, de
napalm et de phosphore. Elles volent à 7 000 pieds et leur arrivée sur Tokyo*
est estimée intervenir un peu avant minuit. Elles auront le bénéfice de
l’obscurité pour le bombardement et du jour pour le retour.
Vers 23 h, les sirènes annoncent leur venue. À moyenne et basse altitude,
les B 29* font pleuvoir leurs bâtons incendiaires. Le plat pays de Tokyo est
visé. Attisés par les bourrasques, maisons et bâtiments s’embrasent avec une
vitesse folle. D’emblée la lutte contre l’incendie devient aussi futile
qu’inutile. Fidèles aux directives reçues, les habitants sont demeurés sur
place. Les malheureux cherchent en vain une issue. Partout les flammes
barrent la route. On retrouvera des cadavres d’hommes, de femmes, d’enfants
asphyxiés, étouffés, calcinés. Des milliers seront noyés dans les bousculades
sur les berges de la rivière Sumida. D’autres ont péri en cherchant un havre
précaire dans les canaux que la chaleur ambiante aura portés à ébullition.
Au total, 25 km2 de la capitale sont entièrement rasés (dont 10 % dans la
zone industrielle). 267 000 maisons d’habitation et bâtiments divers sont
détruits. 25 % de Tokyo sont rasés. Officiellement, 83 000 personnes
périssent dans l’holocauste. Il y a 41 000 blessés. Les Américains perdent 14
B 29*.
Le bombardement de Tokyo du 10 mars 1945 dépasse en ampleur celui
de Hiroshima*. D’autres suivront. 13 avril, 327 B 29* ; 15 avril, 109 B 29* ;
23 mai, 562 B 29* ; 25 mai, 502 B 29*. Le raid du 25 mai est
particulièrement meurtrier. 3 500 tonnes de bombes incendiaires. Les
quartiers résidentiels, la ceinture ouest, les grandes zones industrielles sont la
proie des flammes. Le palais impérial lui-même n’est pas épargné. Des
engins tombent dans l’enceinte de la cité interdite. Des trésors architecturaux
qui avaient survécu au terrible tremblement de terre de 1923 sont détruits :
pagode de Shiba, temple de Yogagi, où étaient conservées les cendres du vrai
Bouddha, mausolée des shoguns Tokusgawa.
En trois mois, la capitale a reçu 11 800 tonnes de bombes. Plus de la
moitié de la ville a disparu. 90 km2 ne sont que ruines.
Le cas de Tokyo n’est pas unique. Simultanément Le May* s’en prend
aux autres grandes villes : Nagoya, Kobe, Osaka, Yokohama, Toyama, etc.
Le 12 juillet intervient le tour des cités de moins de 100 000 habitants.
Les résultats de ces matraquages sont évidents. Potentiel industriel détruit
à 80 %. Fabrications quasiment à zéro. Grands ports du Pacifique* conduits à
une activité réduite ou nulle. Disette et rationnement. Manifestement le
Japon* est à bout de souffle. Pourtant, il tient. Une discipline de fer ne laisse
pas de choix.

TOKYO EXPRESS
Petit convoi japonais de destroyers et transports rapides qui, la nuit,
ravitaille les troupes de Guadalcanal* puis de la Nouvelle-Géorgie*.
Devant sa régularité, les Coast Watchers* qui l’ont repéré le baptisent le
Tokyo express. Il part de Rabaul* et se glisse le long des Salomon*. Cet
effort indispensable pour alimenter la bataille dans les Salomon* finira par
coûter très cher au Japon*.

TOKYO, PROCÈS DE
En novembre 1943, lors de la conférence du Caire*, Roosevelt*,
Churchill* et Tchang Kaï-chek* avaient proclamé qu’ils se battaient en
Extrême-Orient « pour contenir et punir l’agression japonaise ».
Cette notion de sanction a été rappelée à Potsdam*, précisant « qu’une
justice sévère serait appliquée à tous les criminels de guerre, y compris à ceux
qui ont ordonné les cruautés dont ont été victimes nos prisonniers ».
La mise sur pied d’une juridiction semble, à première vue, plus simple
qu’en Allemagne*. Il n’est qu’un seul occupant : les États-Unis*. En tant que
Commandant suprême, MacArthur* dispose quasiment de tous les pouvoirs.
Les inculpés potentiels encore en vie ont été vite arrêtés. Leurs possibilités de
fuite vers un pays tiers étaient à peu près nulles.
Il existe toutefois un sujet litigieux : celui de Hiro-Hito*. Le souverain
s’est docilement plié aux volontés des bellicistes. Sa passivité, en 1941, est
accablante, même si son intervention, en 1945, a conduit à la paix.
MacArthur* fait pencher la balance. Il a jaugé le poids de l’institution
impériale. Porter atteinte à l’Empereur susciterait troubles et difficultés. Un
million d’hommes seraient nécessaires pour maintenir l’ordre. La raison
d’État prévaut et l’inculpation de Hiro-Hito* est donc écartée « dans l’intérêt
de toutes les puissances alliées ».
L’Empereur ainsi placé hors jeu, 28 noms ont été retenus :
— Araki, ancien ministre de la Guerre et de l’Éducation.
— Dohira, général, dit le Lawrence d’Asie.
— Hashimoto, colonel, impliqué dans l’affaire de la canonnière Panay.
— Hata, maréchal, ancien ministre de la Guerre.
— Hiranuma, Premier ministre en 1939 (81 ans).
— Hirota, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
— Hoshino, fonctionnaire au gouvernement du Manchoukouo*.
— Itagaki*, général, ancien ministre de la Guerre.
— Kaya, ancien ministre des Finances.
— Kido, gardien du sceau privé.
— Kimura, général, ancien vice-ministre de la Guerre.
— Koisi, général, Premier ministre en 1944.
— Matsui, général, commandant en chef en Chine en 1937-1938.
— Minami, ancien ministre de la Guerre.
— Muto, général, chef du cabinet militaire de Tojo* (surnommé
l’Empereur officieux).
— Oka, amiral, chef du Bureau des Affaires navales.
— Oshima, ancien ambassadeur à Berlin.
— Sato, général, chef du Bureau des Affaires militaires.
— Shigemitsu, ancien ministre des Affaires étrangères et ambassadeur à
Londres et Moscou.
— Shimada, amiral, ancien ministre de la Marine.
— Shiratori, ancien ambassadeur à Rome.
— Suzuki, fonctionnaire ministériel.
— Togo*, ancien ministre des Affaires étrangères.
— Tojo*, général, Premier ministre de 1941 à 1944.
— Umezu*, général, chef d’état-major de l’armée.
Trois autres inculpations avaient été prévues. Matsuoka*, ancien ministre
des Affaires étrangères, et l’amiral Nagano, ancien chef d’état-major de la
Marine, sont morts avant l’ouverture du procès. L’état mental du
propagandiste Okawa l’a fait expédier vers un hôpital psychiatrique.
Les chefs d’accusation correspondent sensiblement à ceux de
Nuremberg* : crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre
l’humanité, ainsi que la notion de complot. Pour en débattre et statuer, siègent
onze juges appartenant aux nations qui ont signé, le 2 septembre 1945, l’acte
de capitulation du Japon*, ainsi qu’à l’Inde* et aux Philippines*. Un
Australien, Sir W. Webb, préside. Le ministère public mené par l’Américain
J. Keenarn, est assuré par des magistrats de même origine que les juges. Les
avocats sont américains, assistés de collègues japonais.
Le procès s’ouvre à Tokyo, en avril 1946, dans un collège militaire intact
proche du palais impérial. Il durera jusqu’en novembre 1948. On comptera
466 audiences. 419 témoins défileront. Les difficultés de traduction des
documents rédigés en japonais accentuent la lenteur des débats, relativement
ternes. Seul Tojo*, sans illusions sur son sort, se détache sur la grisaille
générale. Il assume, toutes ses responsabilités, s’efforçant constamment de
dégager celles de l’Empereur.
Au terme des débats, les accusés devront attendre encore six mois pour
connaître leur sort. Celui-ci leur est signifié le 12 novembre 1948. Aucun
acquittement. 7 peines de mort : 6 militaires (Tojo*, Dohira, Itakagi, Kimura,
Matsui, Muto) et un civil, Hirota. Pour tous les autres, emprisonnement à vie
ou à temps.
Se posera la question du recours en grâce du ressort de MacArthur* qui
consultera ses partenaires. Le 24 novembre, MacArthur* confirmera les
sentences, exécutées à la prison de Nujamo, le 23 décembre 1948. À l’instar
des condamnés allemands, les cadavres des suppliciés seront ensuite
incinérés et leurs cendres dispersées.
Initialement, les Alliés* avaient divisé les justiciables en trois classes :
— A : les 28 hauts dirigeants assignés devant le TMIFE de Tokyo ;
— B : une vingtaine de généraux, anciens commandants en chef pour la
plupart ;
— C : plusieurs milliers d’individus regardés comme du petit poisson.
Le destin de la classe A s’est donc décidé à Tokyo. Celui des deux autres
se réglera devant des tribunaux constitués à Yokohama (pour l’ensemble du
Japon), à Singapour*, Manille*, Shanghai, Guam, Djakarta. Cette
décentralisation permettra d’avancer rapidement. Yamashita*, le Tigre de
Malaisie*, sera jugé et pendu à Manille en février 1946. Homma*, le
bourreau de la marche à la mort de Bataan*, sera fusillé fin avril. Au total,
près de 5 700 individus seront jugés : 1 200 par les Américains, les autres par
des cours britanniques, chinoises, françaises, hollandaises, philippines. On
dénombrera 954 condamnations à mort (920 effectives) et 549
acquittements ; les autres seront des condamnations à la prison à vie ou à
temps.

TOKYO, RAID SUR


Qui en a eu l’idée ? Roosevelt*, Arnold* ou Doolittle*, à moins que ce
soit King* ou l’Anglais Portal* lors de la conférence Arcadie*.
Le premier, en tout cas, accepte avec enthousiasme le plan que lui
présente Arnold*. Après Pearl Harbor*, il souhaitait réagir.
Le plan que présente Arnold* est simple dans son principe. Des
bombardiers décollant de porte-avions frapperont Tokyo et iront – si tout va
bien – se poser en Chine.
L’honneur de conduire ce raid est dévolu au lieutenant-colonel
Doolittle*. Celui-ci regroupe sur le terrain d’Eglin Field, en Floride, 21
équipages du 17e groupe de bombardement. Pendant plusieurs semaines, il
entraîne ses pilotes à décoller très court, dans les conditions d’envol sur
porte-avions, avec des bombardiers B 25 Mitchell*.
Le 1er avril 1942, 16 B 25* sont embarqués, en Californie, sur le porte-
avions Hornet. Allégés, équipés de réservoirs supplémentaires, ils emportent
chacun trois bombes de 500 livres et un chapelet d’engins incendiaires. Après
escale à Pearl Harbor*, le Hornet, rejoint par la Task Force* de l’amiral
Halsey*, cingle dans le Pacifique Nord, cap à l’ouest. Doolittle* espère
décoller à 700 km de son objectif.
À l’aube du 18 avril, l’armada américaine tombe sur un petit destroyer
japonais vite envoyé par le fond mais qui a certainement pu donner l’alerte.
Tokyo se trouve encore à 1 200 km. Mais hors de question de poursuivre
pour la Task Force. L’Amérique* n’est pas riche en porte-avions et ne peut
risquer les rares qu’elle possède. Doolittle* décide donc de décoller sur-le-
champ.
La mer est forte. Le vent souffle à 40 nœuds. À 8 h 24, Doolittle*, le
premier, lâche les freins et s’arrache du Hornet en 467 pieds. Ses
compagnons le suivent à intervalles réguliers ; puis le Hornet, à grande
vitesse, fait demi-tour.
Il est midi, à Tokyo, lorsque les B 25* surgissent au-dessus des toits. La
surprise est totale. Les bombes jettent les gens aux fenêtres. De même sur
Nagoya et Kobe, autres objectifs. Partout la DCA et la chasse ont été prises
au dépourvu. Seul un appareil a été légèrement touché.
Si l’essentiel a été réalisé, le plus dur reste à faire. Regagner la Chine*
nationaliste. Les réservoirs sont aux trois quarts vides. Avec l’obscurité et des
compteurs affichant zéro, les aviateurs n’ont que deux issues : sauter ou
tenter un atterrissage (ou un amerrissage) de fortune. Onze équipages, dont
celui de Doolittle*, se jettent dans le vide et se posent sur la terre ferme. Un
caporal, parachute en torche, se tue. Plusieurs aviateurs se blessent. Trois
appareils amerrissent à proximité de la côte, un autre se pose sur une plage.
Un B 25* se posera en Sibérie orientale sur un terrain soviétique.
Le destin, pour la majorité, se montre clément. Aidés par les Chinois,
13 équipages rejoindront. Deux autres, malheureux, tomberont aux mains des
Japonais qui exécuteront trois aviateurs. Un autre aviateur mourra en prison ;
ses quatre camarades ne devront leur salut qu’à la capitulation japonaise*.
Au total sur 80 aviateurs partis du Hornet, trois sont tués par les Japonais,
trois se tuent lors du crash de leur B 25*, un meurt en captivité. 73 rejoignent
l’Amérique (18 seront tués par la suite).
Le bilan matériel des pertes japonaises, de ce que certains dénommeront à
tort Trente secondes sur Tokyo, reste modeste. Les ravages et incendies sont
limités. Il y aurait une cinquantaine de morts japonais.
L’impact du commando de Doolittle* est ailleurs. L’écho du raid
est immense La presse américaine s’enflamme. Le but souhaité par
Roosevelt* est atteint.

TOKYO, ROSE DE
Surnom donné par les GI’s* aux speakerines de radio Tokyo.
Elle sont plusieurs : des Nippos-Américaines, une Australienne, des
Philippines. L’une d’elles, Iva Toguri Ikoku, Américaine née de parents
japonais, est, en 1948, condamnée à 10 ans de prison pour trahison et à une
amende de 10 000 dollars. Elle sera libérée au bout de six ans et amnistiée en
1977.

TOLBOUKHINE, FÉDOR
(1894-1949). Maréchal soviétique.
Ancien officier de l’armée tsariste, rallié à la Révolution.
Commande la 57e Armée à Stalingrad* fin 1942, puis le Front du Sud
(futur 4e Front d’Ukraine) en mars 1943, et enfin le 3e Front d’Ukraine.
Conduit en 1944-45 la campagne dans les Balkans. Entre en Roumanie* et
Bulgarie*, impose l’armistice à Sofia. Libère ensuite Belgrade et occupe
Vienne le 13 avril 1945. Avait entre-temps été promu maréchal, le
12 septembre 1944.
Tolboukhine, qui ne cachait pas ses sentiments religieux, était estimé
dans l’Armée rouge*, pour son sens de l’organisation, son attention envers
ses subordonnées et son souci d’éviter des pertes excessives.
Durant la période communiste, une ville de Bulgarie* portait son nom.
Aujourd’hui, Dobritch.

TOLSTOÏ
Nom de code de la conférence de Moscou d’octobre 1944 entre
Churchill* et Staline* (voir Moscou, conférences de).

TONG, ÉCOLE MILITAIRE DE


L’Indochine* française étant coupée de la métropole, l’amiral Decoux*,
en 1942, décide la création d’une École Militaire Interarmes dans le but de
former des officiers d’active d’infanterie et d’artillerie.
Cette École s’installe à Tong, à 40 km au nord de Hanoi. Les élèves sont
des sous-officiers sélectionnés en vue d’obtenir l’épaulette.
En 1944, intervient l’installation d’une section Saint-Cyr, avec des jeunes
gens recrutés sur concours et devant suivre un cycle d’études de deux ans. Le
coup de force japonais du 9 mars 1945 met un terme aux activités de l’École,
précipitée dans le combat contre les agresseurs.
109 élèves ont suivi, durant un laps de temps, les cours de Tong. 60 au
titre de l’infanterie, 27 à celui de l’artillerie et 22 en tant que cyrards. Au
début de 1946, les cyrards de Tong seront récupérés par le général Leclerc* et
intégrés comme sous-officiers dans le corps expéditionnaire. Ils partiront
ensuite terminer leur scolarité à Coëtquidan.
23 anciens de Tong sont morts pour la France*.

TONKIN, RÉGIMENT DU
5e REI, créé en 1930, avec vocation de tenir garnison au Tonkin, d’où son
nom.
Participe à la guerre contre la Thaïlande* en 1941 et assure l’ossature de
la colonne Alessandri lors de la célèbre retraite de Chine* en mars-mai 1945.
Perd au combat, durant la Seconde Guerre mondiale, 442 des siens

TORA, TORA, TORA !


Tigre, Tigre, Tigre !
Célèbre message radio passé le 8 novembre 1941 à 7 h 53 par le
commandant Fuchida* à l’intention de l’amiral Nagumo* pour lui rendre
compte que l’effet de surprise sur Pearl Harbor* était total. L’attaque devait
commencer à 7 h 56.

TORCH, OPÉRATION
Nom de code donné par Churchill* du débarquement allié en AFN* le
8 novembre 1942 (voir AFN, débarquement en).

TORGAU
Ville allemande, sur l’Elbe, où s’effectue, le 25 avril 1945, la liaison
entre les troupes soviétiques et américaines.
Le premier contact avait eu lieu près de Stehla, village à 16 km au sud-est
de Torgau. L’Allemagne était désormais coupée en deux.

TORPILLEUR, AVION
Les trois belligérants ayant à mener une guerre aéronavale développeront
les principaux avions torpilleurs de la guerre.

Grande-Bretagne États-Unis Japon


- Albacorre* - Devastator* - Kate*
- Swordfish* - Avenger* - Val*
- Barracuda* - Dauntless*

Équipés de bombes ou de torpilles, ces appareils seront évidemment


embarqués. Ils sont les grands vainqueurs des batailles de Tarente*, de
Midway*, etc. et responsables des destructions de navires de ligne comme le
Bismarck*, le Tirpitz*, le Repulse*, etc.

TOULON, LIBÉRATION DE
L’après-midi du 16 août 1944 tend vers sa fin lorsque les officiers et
soldats de l’armée B du général de Lattre* voient la terre de France monter à
l’horizon.
Enfants du Maghreb en majorité, mais aussi des lointaines possessions
d’outre-mer, ou métropolitains évadés de France pour beaucoup, tous
n’aspirent qu’à découvrir ou retrouver la mère patrie occupée.
De Lattre, ses premiers éléments débarqués, est forcé de trancher. Doit-il
attendre le regroupement de tous ses moyens pour investir Toulon qu’il sait
puissamment défendue ou bien au contraire forcer les événements ?
Connaissant l’ardeur de ses compagnons d’armes, il décide d’engager son
action dans la nuit du 19 au 20. Il appelle cela « saisir l’adversaire à la
gorge ».
Brosset* et sa 1ère DFL* fileront par Hyères et la côte afin de bloquer la
ville par l’est. Monsabert* et sa 3e DIA*, renforcés du CC1, déborderont
largement par le nord avant de se rabattre par l’ouest. Magnan et sa 9e DIC se
glisseront entre eux. Au bataillon de choc et aux commandos d’Afrique*
d’enlever les gros morceaux, tel le mont Faron qui domine la rade de Toulon.
Monsabert* d’ailleurs n’a pas attendu. Dès le 19 après-midi, il a lancé ses
avant-gardes. A la nuit, il est au carrefour du Camp, à 30 km au nord-ouest de
Toulon. Derrière, les tirailleurs du 3e RTA (colonel de Linarès) progressent
sur les hauteurs en direction du Revest.
La division Brosset* a du mal avec Hyères. Heureusement, le capitaine
Ducournau, le 18, a réalisé un autre exploit. Avec quelques dizaines
d’hommes et après un assaut risqué, il a enlevé le fort de Mauvannes qui
protège la ville avec ses 150 de marine. La lutte sera néanmoins sévère pour
occuper la cité.
Au centre, le sous-groupement du colonel Salan (6e RTS et un escadron
du 2e RCA) a entamé une course de vitesse. Les coloniaux veulent entrer en
vainqueurs dans la cité, leur garnison de jadis. Sur leur droite, commandos
d’Afrique* et bataillon de choc enlèvent les forts du Coudon et du Faron.
Le 21 août, Toulon est ceinturée, ses faubourgs ouest et nord atteints.
25 000 Allemands sont retranchés dans ses murs, ainsi que dans la péninsule
de Saint-Mandrier qui ferme la rade au sud.
Le 22, la DFL*, qui a peiné, dépasse Le Pradet et La Garde. Brosset*
parvient à s’introduire dans Toulon où Salan et Linarès se sont résolument
enfoncés. À 19 h 30, un peloton du RCCC s’arrête place de la Liberté, au
cœur de la ville.
Il faudra se battre le lendemain et même jusqu’au 27 pour en finir avec
Saint-Mandrier où l’amiral Ruhfus n’accepte de se rendre que le 28 août au
matin. Ses 1 800 marins partiront alors pour la captivité.
Toulon est aux mains des Français qui ont payé sa prise de 2 700 tués et
blessés (les Allemands comptent 7 000 morts et blessés et 18 000
prisonniers). Les quais sont dévastés, une odeur de mazout flotte sur la ville.
Le butin est énorme, et une armée française vient de libérer un des plus
grands ports de guerre de l’Europe occidentale.

TOYODA, SOEMU
(1885-1957). Amiral japonais.
Toyoda est nommé commandant en chef de la flotte combinée, en
remplacement de l’amiral Koga, en mars 1944.
À ce poste, il dirigera l’opération A-Go* et en mai 1945 deviendra chef
de l’état-major naval, partisan de poursuivre la guerre jusqu’au bout. Il sera
jugé par un tribunal militaire allié et acquitté.

TRANSFERTS VERS L’EST


L’invasion allemande submerge l’ouest de l’URSS*.
Des cités industrielles importantes, Minsk, Riga, ont été occupées à partir
du 1er juillet 1941. D’autres, Kharkov*, Dniepropetrovsk, Krivoï-Rog,
Marioupol, Nikopol, sont menacées. Leningrad*, Moscou*, avec leurs
ensembles métallurgiques, ne sont guère plus à l’abri. À plus ou moins long
terme, une partie du potentiel économique soviétique est susceptible de
tomber aux mains des nazis.
Dès le 24 juin 1941, un Conseil de l’évacuation s’organise afin d’évacuer
la population et les ressources industrielles et alimentaires des régions
proches du front. Le 4 juillet, le président du Gosplan reçoit mission de
prévoir l’installation à l’Est* d’une seconde ligne de défense industrielle. Il
s’agit, en fait, de transférer les usines de l’Ouest vers l’Est*, et d’opérer leur
fusion avec celles qui s’y trouvent déjà.
Par l’Est, il faut comprendre l’Oural*, la Volga, la Sibérie occidentale,
l’Asie centrale. Ces régions offrent l’avantage de l’éloignement. 1 500 km
séparent Minsk du cours de la Volga et Moscou de l’Oural*. Le transfert, sur
de telles distances, pose de sérieux problèmes d’acheminement. Plans
quinquennaux d’avant-guerre et déportations politiques ont, fort à propos à
cet égard, développé le réseau ferré en direction de l’est.
Commence un travail colossal de démontage, transport, réimplantation.
Dès le début de juillet, de longs convois ferroviaires s’ébranlent vers l’Est. La
seule évacuation des aciéries de Zaporojie exigera 8 000 wagons. Celle des
établissements industriels de Moscou et de 210 000 ouvriers, entreprise le
10 octobre, vu la progression ennemie, en exigera 71 000.
Cette fantastique migration déplacera, en cinq mois, 1 523 entreprises,
dont 1 360 grandes usines, soit vers la Volga (226), soit vers l’Oural (667), la
Sibérie occidentale (244), la Sibérie orientale (78), le Kazakhstan et l’Asie
centrale (308). Sept millions de personnes seront également transférées, la
population adulte, des femmes en majorité, étant aussitôt intégrée à la
production. Chiffre donné avec incertitude ; des estimations montent à
25 millions, dont près de 10 millions partis individuellement. Un cinquième
de la population des régions envahies par les Allemands serait parti.
Cet exode et ses séquelles seront pour les gens, avec l’arrivée de l’hiver
dans des contrées au climat sévère, une terrible épreuve : voyage dans des
trains ouverts à tous vents ; conditions de logement pis que précaires ;
manque de nourriture ; travail acharné parfois jusqu’à 15 heures
quotidiennes. Le sort des évacués est cependant moins tragique que celui des
malheureux prisonniers polonais, allemands ou autres, et des internés
politiques. Reclus dans les camps de travail, leur vie est un enfer quotidien.
Leur taux de mortalité dépassera 70 %.
À terme, les Soviétiques présenteront ces transferts comme une superbe
victoire. La réalité est moins optimiste. Une partie du matériel est tombée par
force aux mains des Allemands. Une autre partie a dû être détruite à la hâte
avant le repli. Du temps est nécessaire pour relancer les ateliers. En novembre
1941, la production chute de 52 % par rapport à celle de novembre 1940. Le
bilan des cinq premiers mois de la campagne se solde, pour l’URSS*, par une
perte de 65 % du charbon, 68 % de la fonte, 58 % de l’acier, 40 % de
l’équipement ferroviaire. Les régions envahies regroupaient, le 22 juin, près
de 4 % de la population totale du pays. D’août 1941 à août 1942, l’Armée
rouge* souffrira d’effroyables carences en tous genres.
L’effort, cependant, sera finalement payant. Les nouvelles mines ouvertes
dans l’Oural* et le Kazakhstan, le développement des combinats de l’est
permettront d’envisager pour 1942 la mise en service de 22 000 avions et
25 000 chars. À la fin de 1942, la production mensuelle d’avions dépassera
celle des Allemands (2 100 contre 2 000). Bien épaulée également par les
fournitures américaines, l’Armée rouge* combattra alors à armes
quantitativement égales, voire bientôt supérieures, à celles de la Wehrmacht*.
Par contre, les pertes territoriales, accentuées par la mobilisation massive
des ruraux, auront des effets catastrophiques sur la production agricole. Le
ravitaillement deviendra aléatoire. Ruines et destructions, pertes en vies
humaines, souffrances de toutes sortes, pénurie de vivres, la guerre sera pour
le peuple soviétique un long martyre.

TRANSIRANIEN
Chemin de fer iranien de 1 400 km de long, reliant Bandar Shahpur sur le
golfe Persique à Bandar Shah sur la mer Caspienne.
Durant la guerre, il permet le transit de 4 150 000 tonnes de marchandises
à destination de l’URSS*, soit 23,8 % de l’aide totale des Alliés* occidentaux
au front de l’Est*.

TRANSNISTRIE
Région méridionale de l’Ukraine*, entre le Dniestr et le Boug occidental,
que Hitler* avait donnée à la Roumanie* pour la récompenser de sa
participation à la guerre (voir Odessa).

TRANSPORTATION, PLAN
Plan allié de bombardement visant, avant le débarquement en
Normandie*, les réseaux ferroviaires français et belges, et particulièrement
les gares de triages, les dépôts de locomotives.
Il débute le 6 mars 1944, avec une intensité particulière du 1er au 31 mai.
1 284 bombardements s’abattent alors sur la France*, dont 404 contre des
gares : Villeneuve-Saint-Georges, Aulnoye, Juvisy, Trappes, en banlieue
parisienne, mais aussi Paris-La-Chapelle, La Plaine-Saint-Denis, aux abords
de la capitale. Sur le périmètre d’isolement du nord-ouest, la province n’est
pas épargnée : Saint-Pierre-des-Corps, Orléans, Le Mans, Laon, Cambrai,
Creil ...
Les résultats pour désorganiser le trafic sont certains, mais bien des civils
périssent dans les décombres de leurs demeures.

TRANSYLVANIE
Province des Carpates disputée entre la Roumanie* et la Hongrie* suite à
l’existence sur son sol de communautés relevant des deux pays (voir Vienne,
arbitrage de).

TRAPPEN-JAGD (CHASSE À L’OUTARDE)


Opération montée par le général von Manstein*, en mai 1942, dans la
presqu’île de Kertch pour prendre à revers les défenses soviétiques. Elle sera
couronnée d’un plein succès (voir Sébastopol).

TREBLINKA
Camp d’extermination nazi, sur le Bug, à 70 km au nord de Varsovie.
Ouvert en juillet 1942, ce camp voit l’extermination de 900 000 Juifs et
est rasé en novembre 1943.
Une révolte menée par 700 prisonniers, le 2 août 1943, permit l’évasion
de 12 détenus, tous leurs camarades étant exécutés ; 15 tués parmi les
gardiens.

TREPPER, LEOPOLD
(1904-1982) Juif polonais, militant communiste et
sioniste.
Réfugié en France* avant la guerre, organise, sous couvert d’activités
commerciales, un vaste réseau d’espionnage travaillant au profit de l’Union
soviétique D’où le nom que lui donneront les Allemands de Rote Kapelle*,
Orchestre rouge.
Arrêté en novembre 1942, Trepper donne l’impression de s’intégrer à un
double voire triple jeu, Le Grand jeu, de paix séparée avec l’URSS* et finit
par s’évader en septembre 1943. Poursuit la lutte dans la clandestinité jusqu’à
la Libération*. Après la guerre, sera interné par les Soviétiques avant d’être
réhabilité et finalement de s’exiler en Israël.

TRESCKOW, HENNING VON


(1901-1944). Général allemand.
Antinazi, est l’un des organisateurs de l’attentat du 20 juillet 1944 contre
Hitler*.
Se suicide après l’échec.

TRIDENT
Nom de code de la conférence de Washington* en mai 1943 entre
Roosevelt* et Churchil. (Voir Overlord, genèse politique.)

TRIESTE
Ville de peuplement majoritairement italien, mais rattachée à l’Italie
seulement en 1921.
Le 1er octobre 1943, suite à l’armistice italien*, elle passe sous
occupation allemande. Les partisans de Tito* en prennent possession le 1er
mai 1945 et proclament son rattachement à la Yougoslavie*. La 2e division
néo-zélandaise intervient le lendemain et entre à son tour dans Trieste. Un
accord signé le 9 juin à Belgrade conduira au retrait des partisans de la ville.
Le traité de Paris* du 10 février 1947 divisera Trieste et sa région en deux
parties inégales. L’une, la plus importante, avec Trieste, reviendra à l’Italie*
en 1954, l’autre à la Yougoslavie*.

TRINITY
Engin expérimental de la bombe atomique.
Semblable à un énorme ballon de football monté sur skis, il est installé au
sommet d’un pylône de 30 m de haut sur un terrain de bombardement de
l’armée américaine à Alamogordo, dans le Nouveau-Mexique.
À 30 km à la ronde tout a été évacué. Les scientifiques occupent des abris
en béton à 8 km du lieu de l’explosion. Celle-ci, retardée par la pluie, a lieu le
16 juillet 1945 à 5 h 30. Dans un rayon de 1, 5 km tout est dévasté. La
puissance de Trinity équivaut à 20 000 tonnes de TNT.

TROISIÈME REICH
Terme utilisé par Hitler*, dans les années 1920, pour décrire l’empire de
mille ans qu’il voulait fonder. Il le regardait comme le successeur du premier
Empire, le Saint-Empire romain germanique disparu en 1808, et du second
fondé par Bismarck et disparu en 1918.

TROOP
Unité anglaise de commando de la valeur d’une grosse section.
En principe, une troop comprend 3 officiers et 62 sous-officiers ou
hommes de troupe. Cinq troops plus un troop d’armes lourdes (40 hommes)
constituent un commando. L’effectif de 65 par troop a été retenu, car il
correspond au personnel pouvant embarquer dans deux barges de
débarquement.
TRUK
Atoll de l’archipel des Carolines*, par 7° nord et 152° est, à 1 400 km au
nord de la Nouvelle-Bretagne*.
Truk, le Pearl Harbor nippon* ou le Gibraltar* du Pacifique*, est
regardé comme l’une des plus belles rades du monde.
Les Japonais, chez eux dans les Carolines* grâce au mandat de la SDN*
après 14-18, ont organisé le lagon en base pour la flotte combinée et installé
une importante base aérienne.
Devant l’avance américaine, la flotte combinée est repliée sur les Palaos
le 4 février 1944. 365 avions demeurent basés à Truk à mi-février. Le 17
février, la TF/58* passe à l’action contre ce repaire inviolé depuis le début de
la guerre. Croisant au large avec deux cuirassés de 45 000 tonnes, l’Iowa et le
New Jersey, l’amiral Spruance* attend en embuscade les navires qui
s’efforcent de quitter l’île. Dix de ses sous-marins rôdent à distance.
S’éloignant des lieux vingt-quatre heures plus tard, les Américains laissent
derrière eux les débris de 260 appareils japonais. 2 croiseurs légers, 3
croiseurs auxiliaires, 4 destroyers, 24 navires marchands ont été envoyés par
le fond ou gravement endommagés. La TF/58* a perdu, 25 avions et 29
aviateurs.
La supériorité matérielle américaine, les attaques de nuit avec l’aide des
radars, la faiblesse intrinsèque des fortifications japonaises ont balayé le
mythe de Truk. Fort des résultats obtenus, le JCS* décidera de « by-passer »
Truk qui restera de fait neutralisé jusqu’à la fin de la guerre.

TRUMAN, HARRY
(1884-1972). Homme politique américain.
Sénateur du Missouri, est choisi comme vice-président par Roosevelt*,
pensant qu’il ne lui ferait pas ombrage.
La mort de Roosevelt*, le 12 avril 1945, le propulse à la Maison Blanche.
Il ne tarde pas à faire preuve d’une fermeté et de qualités insoupçonnées.
À Potsdam*, il tient tête résolument à Staline*. Confronté à la guerre
avec le Japon*, il prend ses responsabilités et utilise l’arme atomique, pour
épargner des vies humaines. Est ainsi le président américain ayant terminé la
guerre aussi bien avec l’Allemagne* qu’avec le Japon*.
Affermi par son attitude devant les grands problèmes de l’heure (guerre
froide, plan Marshall, Corée, etc.), il sera réélu en 1948.

TRÜMMER FRAUEN (FEMMES DES RUINES)


Nom donné aux femmes allemandes contraintes par les Soviétiques, quels
que soient les sévices subis, à déblayer les ruines de Berlin* et des villes
occupées par l’Armée rouge*.

TRUSCOTT, LUCIAN
(1895-1965). Général américain.
Commande, en novembre 1942, les premières forces américaines
débarquant à Port-Lyautey (Kenitra).
Est ensuite à la tête de la 3e DI US en Sicile* et à Anzio*. Remplace
Lucas au VIe CA US le 23 février 1944. Brise fin mai l’encerclement
d’Anzio* et, toujours avec le VIe CA US, débarque en Provence*, le 15 août
1944. Prend le 16 décembre 1944, en Italie*, le commandement de la Ve
Armée US en remplacement de Clark* promu patron du XVe GA allié. La
dirigera jusqu’à la fin de la guerre.
Truscott était regardé comme un chef courageux, énergique et compétent.
C’est pourquoi il avait succédé à Lucas jugé, non sans raisons, trop passif
dans la poche d’Anzio*.
Distinguished Service Cross.

TU 2 (TUPOLEV TU 2)
Bimoteur soviétique de bombardement opérationnel à partir de 1943.
Sa carrière se prolongera après la guerre.
Vitesse : 550 km/h ; autonomie : 2 500 km ; armement : 3 mitrailleuses,
3 000 kg de bombes ; équipage : 3 hommes.

TUBE ALLOYS
Les Britanniques, avant 1940, ont réussi à récupérer de nombreux
physiciens européens fuyant le nazisme*.
Avec eux et leurs propres physiciens, ils poursuivent des études en vue de
la libération de l’énergie par la fission de l’atome. Ces études sont désignées
sous le nom de code de Tube Alloys, direction des alliages pour tubes.
(Voir Manhattan Project.)

TULAGI
Petite île de l’archipel des Salomon*, au sud de Florida.
Elle est occupée par les Japonais en mai 1942 en vue d’y établir une base
d’hydravions. Les Marines* la reprennent le 7 août 1942 et la conserveront
durant toute la campagne de Guadalcanal*.

TULASNE, JEAN
(1912-1943). Aviateur français.
Saint-Cyrien (31-33) ayant opté pour l’aviation, il rallie la France libre*
en décembre 1940.
Est le premier commandant du régiment Normandie-Niémen*. Tombé
sur le front russe le 17 juillet 1943. Douze victoires homologuées.
Compagnon de la Libération*.

TULLE, PENDAISONS DE
Les FTP* sont bien implantés en Corrèze.
Pour des mobiles où la politique n’est pas absente, ils décident de
s’emparer de Tulle (15 000 habitants), chef-lieu du département.
Environ 1 300 hommes sont engagés dans l’opération qui débute le 7 juin
1944 au matin. La garnison allemande est de l’ordre de 700 hommes. GMR*,
gardes mobiles et miliciens sont sensiblement aussi nombreux.
Après pourparlers, les Français se replient sur Limoges sans dommages.
Les Allemands, eux, se battent. À la gare, ils fusillent 17 gardes-voies
innocents. En fin de journée, les dernières résistances cèdent hormis autour
du bloc d’un seul tenant manufacture d’armes-école de Souillac.
La 2e PD SS* Das Reich, remontant vers le nord, apprenant que des
combats se déroulent à Tulle, déroute l’un de ses éléments. Ce détachement
entre dans Tulle le 8 juin vers 19 h sans grande opposition (3 tués, 9 blessés).
Il découvre que la garnison qu’ils viennent de secourir a eu 139 tués. Les
Allemands se persuadent, au vu des cadavres, que 40 de leurs camarades
prisonniers ont été sommairement abattus. L’incertitude demeure sur ce
point, mais que des exécutions sommaires de prisonniers aient eu lieu n’est
pas impossible.
Au matin du 9 juin, le général commandant les troupes allemandes décide
de venger ses morts. 99 habitants de Tulle, innocentes victimes, sont pendus
de 16 à 19 h. 120 étaient prévus. L’abbé Espinasse, chargé d’accompagner les
suppliciés, en a sauvé 20 ; un SS* alsacien, un autre.
Tulle est la première monstruosité de la Das Reich. Le lendemain, il y
aura Oradour-sur-Glane*.

TUNISIE, CAMPAGNE DE
Torch*, le débarquement allié en AFN*, excluait la Tunisie jugée trop
loin.
Au mieux était prévu l’Algérois. La campagne de Tunisie (novembre
1942-mai 1943) provient de cette exclusion.
Elle débute mal et se termine très bien. Jusqu’au début de mars 1943, elle
est susceptible de tourner au pire. Puis, en deux mois, la supériorité alliée
s’affirme et renverse le cours des choses. Les armées de l’Axe* s’effondrent,
non sans une âpre résistance allemande.
La Tunisie, en novembre 1942, est protectorat français où résident
200 000 Européens. Sur le trône, au palais du Bardo, Moncef Bey*. Résident
général de France, amiral Esteva*. Commandant supérieur des troupes de
Tunisie, général Barré. Commandant de la Marine, amiral Derrien, PC à
Bizerte, grande base navale française au Maghreb oriental.
Les forces du général Barré sont modestes, de l’ordre de 10 000 hommes
peu équipés. Marine et aviation ne sont pas mieux loties.
Les Allemands vont profiter du vide anglo-américain et de l’inertie
française des premiers jours.

Le 9 novembre.
En début d’après-midi, les premiers avions à croix gammée se posent à El
Aouina, l’aérodrome de Tunis. Les troupes françaises pourraient facilement
leur en interdire l’accès. Esteva*, Barré, Derrien le souhaitent. Ils s’inclinent
devant les ordres de Vichy* : « Les Américains, ayant envahi l’Afrique les
premiers, sont nos adversaires, et nous devons les combattre, seuls ou
assistés. »
Au fil des heures, l’activité allemande s’intensifie. Kesselring*, le
commandant en chef en Méditerranée*, se rend en personne à Tunis. En fin
de journée, 100 appareils stationnent à El Aouina.
Le 10 novembre.
En début de matinée, tandis que les rotations allemandes se poursuivent
sur El Aouina, Juin mande* aux responsables tunisiens :
« Mission troupes Tunisie maintenue vis-à-vis autres forces étrangères (donc de l’Axe*) en
cas d’hostilité de ces forces. Prendre dispositions pour résister et couvrir communications
Algérie. »

À 16 h 24, un message de Pétain* désavoue cet ordre :


« J’avais donné l’ordre de défendre contre l’envahisseur ; je maintiens cet ordre. »

Le 11 novembre, alors que la situation paraît se décanter sur Alger, Juin*


transmet des ordres très nets :
« Toute tentative d’intervention des forces de l’Axe* en Afrique du Nord* doit être
repoussée par la force. »

Barré et Derrien se trouvent ainsi couverts par les directives de Juin*. Ils
peuvent légitimement contrer les Allemands. Ces derniers, pour l’heure,
s’installent en force en Tunisie.
Au soir du 13 novembre, tout est définitivement clarifié à Alger.
L’Afrique française du Nord rentre dans la guerre aux côtés des Alliés*, sous
la direction de Darlan* agissant au nom du Maréchal. Très bien, mais ce qui
est désormais clair à Alger et Rabat ne l’est pas à Tunis et Bizerte.
À Tunis, Esteva*, s’il prend des mesures pour éviter aux diplomates
américains et aux internés politiques de tomber entre les mains des
Allemands, exécute les ordres de Vichy* et ne s’oppose en rien à l’arrivée
des troupes de l’Axe*.
Derrien, à Bizerte, revenant sur ses intentions premières, interdit de
résister. La base tombe aux mains des Allemands.
Barré subit les ordres et contrordres. Résolu sur le fond à faire face, il
décide, s’estimant par trop en position d’infériorité dans la plaine, de se
replier sur la dorsale. Ce n’est que le 17 novembre, à 10 h 45, que ses troupes
ouvrent le feu contre les forces de l’Axe*. Le colonel Le Couteulx, l’ancien
vainqueur des Anglais à Kuneitra, dix-huit mois plus tôt, interdit l’entrée de
Medjez el Bab à un détachement allemand. Le combat se poursuit toute la
journée. À la tombée de la nuit, l’ennemi rompt le contact. Le Couteulx a 13
tués, 46 blessés, 16 disparus.

19 novembre 1942.
10 h 45. L’Armée d’Afrique* est rentrée dans la guerre contre
l’Allemagne*. La campagne de Tunisie est engagée.
À cette heure, les Français sont encore à peu près seuls au contact. De
tous les côtés, ils courent au canon. D’Algérie*, du Maroc*, du Sahara, de
l’intérieur de la Tunisie, du lointain Sénégal. Juin*, promu, par Giraud*,
commandant du détachement d’armée française, a reçu mission de les
commander. Brodequins cloutés, casques Adrian*, mousquetons 92, Lebel
86-93, mitrailleuses Hotchkiss* haletantes comme des machines à vapeur, ils
ont un petit air d’un autre âge. Des caches, ils ont tiré des 37 ou des 75 bien
légers devant les 88. Leur meilleur atout est encore le brave et increvable FM
24-29*. Au total, ils seront près de 70 000 à participer à des combats où
l’ardeur suppléera aux moyens. Déjà, durant près d’un mois, ils auront à
couvrir l’arrivée de leurs alliés.
Progressivement ceux-ci arrivent et se mettent en place. Les
Britanniques, fin novembre avec l’équivalent d’une division, essaient de
marcher sur Tunis. Ils doivent se replier, à une vingtaine de kilomètres de la
ville, ayant perdu une cinquantaine de chars.
Les Français, à leur tour, tentent des offensives limitées pour contrôler
des positions clefs. Ils échouent sur Pont-du-Fahs ; mais les quatre cols de
Pichon, Fondouk, le Faïd et Maknassy sont réoccupés ainsi que Gafsa. Les
conditions météorologiques contraignent Juin*, fin décembre, à se mettre sur
la défensive.

Au 1er janvier 1943.


Hitler* ayant décidé de défendre la Tunisie et même de reprendre
l’offensive, les Allemands, grâce à leurs chars lourds et à leur supériorité
aérienne, ont contré les offensives britannique et française. Von Arnim*,
patron du corps expéditionnaire, fort de 65 000 Germano-Italiens – effectif
qui ira croissant –, occupe, outre Tunis et Bizerte, toute la Tunisie orientale à
l’est d’une ligne Tamerz-Madjez-el-Bab-Maknassy. La possession des
terrains d’aviation d’El Aouina et Sidi Ahmed dotés de pistes bétonnées lui
procure un avantage certain. Celle de Bizerte et des grands ports, La
Goulette, Sousse, Sfax, assure ses liaisons maritimes.
Britanniques et Français sont encore quasiment seuls engagés. Les
premiers, Anderson et son embryon de 1ère Armée, couvrent le secteur au
nord de la Medjerda. Les seconds, le DAF de Juin*, prennent à leur charge
tout le reste du front jusqu’au Chott-el-Djerid. Quant aux Américains, ils ne
se sont guère manifestés et pas toujours à leur avantage. Le bataillon para
largué le 15 novembre 1942 à Youks-les-Bains, près de Tebessa, a vu
l’ardeur de son chef freinée par ses supérieurs. Le Combat Command B,
travaillant avec les Britanniques et retraitant le 10 décembre sous une pluie
diluvienne, est pris de panique. 30 chars abandonnés.
Eisenhower*, à Alger, commande de loin et manque d’expérience. Il se
soucie surtout de ses communications, de la formation de ses troupes et,
manquant de bons terrains d’aviation, redoute la présence de la Luftwaffe*.
Le commandement de l’ensemble des forces alliées se ressent de cette
absence d’une direction proche du terrain et de ses réalités.
Un seul homme voit clair : Juin*. Avec ses mauvais blindés, sans armes
antichars, ni artillerie lourde, il est condamné à livrer un combat d’infanterie
dans le djebel. Il doit éviter la steppe permettant le déboulé des chars. Il
mesure aussi et surtout la menace d’une apparition de Rommel*.
Battu à El-Alamein*, début novembre 1942, celui-ci retraite
méthodiquement, suivi et non poursuivi par Montgomery*, trop heureux de
voir s’inscrire à son actif les noms des localités perdues par ses
prédécesseurs : Tobrouk*, Benghazi, Mersa Beghra. Après avoir soufflé un
peu, il atteint Buerat le 15 janvier 1943, Homs le 22, et enfin Tripoli le 23.
Avec Tripoli, Montgomery* dispose d’un bon port où début février, au terme
d’un travail acharné de remise en état, les navires pourront accoster. À
Tripoli, il reçoit aussi la visite d’un jeune général qui met sa Force L* à sa
disposition, ne demandant, en contrepartie, que de l’essence et du
ravitaillement.
Rommel*, finalement replié en Tunisie, se réfugie derrière la ligne
Mareth*, position organisée par les Français avant la guerre. Mais le Renard
du désert n’est pas l’homme de la défensive. Les renseignements laissent
supposer qu’il a laissé un rideau italien corseté sur la ligne Mareth* et qu’il a
massé l’essentiel de ses blindés dans la région de Gabès. De là, il peut piquer
nord-ouest vers Sbeïtla et le Kef ou voir plus large vers Kasserine, Tebessa,
Constantine. Tout le front allié serait tourné. Juin*, bon stratège et vieil
Africain, décèle ces menaces. Il prévient Giraud* et Eisenhower*. Conscient
de l’urgence d’unifier le commandement, il se déclare prêt à passer sous les
ordres de l’Anglais Anderson.
Durant la seconde quinzaine de janvier, les Américains commencent à se
regrouper sur Tebessa. Le IIe CAUS du général Fredendall est destiné à
relever, au sud du front, les Français, beaucoup trop étirés.

Le 18 janvier.
Les Allemands de von Arnim* attaquent en force au nord. Depuis Pont-
du- Fahs et le barrage de l’oued Kébir, ils font effort en direction de Bou
Arada et Ousseltia. Face à eux, la division marocaine du général Mathenet.
Un bataillon de la Légion* est décimé. Les Marocains, goumiers et tirailleurs
du 7e RTM, solides marcheurs, parviennent à gagner les hauteurs du djebel
Bargou. Rejoints par des légionnaires, ils font Camerone pendant toute une
journée avant de s’éclipser, par petits groupes, la nuit venue. Mais la route
d’Ousseltia est ouverte.

Le 21 au matin.
L’intervention du groupement blindé du général Robinett stoppe
l’offensive. Après plusieurs jours de combat, les fantassins français, très
éprouvés et bien épaulés par les Américains, bloquent à nouveau la vallée de
l’oued Kébir.

Le 24 janvier.
Eisenhower*, Anderson et Juin* conviennent enfin d’une organisation
plus rationnelle du commandement. Anderson coiffe l’ensemble du front
tunisien. Le dispositif général est remanié : au nord, le Ve CA britannique
avec 4 bataillons français ; au centre, le secteur français du général Kœltz,
commandant du XIXe CA, avec une division américaine ; au sud, le IIe CA US
de Fredendall auquel il faut ajouter la division de Constantine du général
Welvert.
Rommel* en personne relance l’offensive à partir du 30 janvier.
L’apparition du IIe CA US vers Sbeïtla l’inquiète. Il craint pour ses lignes de
communications Sousse-Sfax-Gabès.
La première attaque s’abat, brutale et violente. 80 chars et des fantassins
forcent le col du Faïd, point de passage obligé sur l’axe Sfax-Sbeïtla. Le
2e bataillon du 2e RTA, submergé, succombe sous les coups. Le XXIe CA US,
à 50 km à l’ouest, ne bouge pas.
Après une quinzaine de jours de répit, Rommel* repart plein ouest. Au
IIe CA US, le combat tourne vite à la panique. 3 500 tués, 3 500 prisonniers.
200 chars et toute l’artillerie sont perdus. Sur sa lancée, Rommel* poursuit
vers Sbeïtla et Kasserine.
Anderson sent tout son front vaciller. Que Rommel* atteigne Tebessa et
il sera en mesure, par les hauts plateaux constantinois, de tourner l’ensemble
des forces alliées en Tunisie. Pour parer au plus pressé, le Britannique
prescrit à Welvert d’abandonner Gafsa et de se regrouper pour défendre
Tebessa. Sans tarder, la division de Constantine s’installe sur les hauteurs de
la ville et sur le djebel Chambi, au nord de Kasserine, pour essayer de garder
la route du nord vers Thala et Le Kef.
Américains et Français se replient. Rommel*, bien décidé à en profiter, se
précipite sur la passe de Kasserine, porte du sud constantinois et de Tebessa.
Les Américains se défendent mieux pour préserver le passage. Ils ont affaire
à rude partie avec la Xe PD. Ils perdent 70 chars et abandonnent la position.
Une brigade blindée britannique arrivant à la rescousse avec des Mark VI
Crusader* n’est pas plus heureuse. Rommel* demeure un adversaire
redoutable et le voici, le 21 février, à Kasserine et Thala. Que décidera-t-il ?
Anderson redoute maintenant le pire. Il ordonne un repli général sur
Clairefontaine, à 60 km au nord de Tebessa. Juin* s’interpose avec force.
Tebessa abandonnée, la route jusqu’à Constantine, une véritable charodrome,
serait ouverte. Tebessa, clé du Constantinois, doit être préservée. Il s’y battra,
seul, s’il le faut, avec les Français. Sa persuasion a raison de Fredendall. Les
Américains se battront eux aussi pour Tebessa.
Mais, contrairement aux craintes de ses adversaires, Rommel* n’accentue
pas son effort sur l’antique Théveste. Lui aussi a souffert devant Kasserine.
L’aviation alliée le harcèle. Et il a reçu d’autres ordres : marcher sur Le Kef
en négligeant Tebessa et surtout défendre la ligne Mareth* devant
Montgomery*.
Cette ligne, à hauteur de la petite bourgade qui lui donne son nom, vise à
barrer le passage entre le golfe de Gabès et les monts des Ksour (ou de
Matmata). Pour défendre les 35 km du site, Rommel* a massé 3 divisions
italiennes, la 164e DI et surtout, en réserve, sa vieille garde, XVe PD et 90e
DL.
Chacun est conscient qu’une bataille décisive est encore sur le point de se
jouer. Si les Britanniques enlèvent la ligne Mareth*, les forces de l’Axe* en
Tunisie se trouveront prises dans un étau. La VIIIe Armée de Montgomery*
poussera du sud. La 1ère Armée d’Anderson rabattra vers l’est. Les Germano-
Italiens seront acculés à la mer, une mer qu’ils contrôlent de moins en moins.
Pour coordonner l’action, début mars, Alexander* prend le
commandement d’un 18e GA coiffant les VIIIe et 1ère Armées. Il sait mener
une bataille. Même souci de coordination de l’autre côté, où Rommel* a
désormais la responsabilité de deux armées, la Ve de von Arnim* et la sienne
propre confiée à l’Italien Messe.
Chaque camp a fait le plein de ses moyens. La VIIIe Armée aligne 180 000
combattants, aguerris et bien équipés, de loin les plus solides. La 1ère Armée,
dans sa diversité, offre un effectif légèrement supérieur mais moins
expérimenté, et moins bien armé en ce qui concerne les Français (qui
atteindront 75 000 hommes). Soit près de 400 000 hommes contre près de
300 000 en face. 20 divisions dont 5 blindées contre 15 dont 5 blindées. La
supériorité s’est aussi inversée dans le ciel. Des terrains d’aviation du
Constantinois, de Tripolitaine, de Malte, les escadrilles alliées décollent sans
relâche.
Montgomery*, fin février 1943, a franchi la frontière tunisienne. Il a
l’intention de lancer son XXXe CA en attaque frontale sur la ligne Mareth* en
essayant de contourner celle-ci par l’ouest avec le Xe CA.
En flèche de cette action de débordement latéral, il a placé le général
français Leclerc* qui arrivant du Fezzan l’a rejoint à Tripoli. Début mars, la
Force L* de Leclerc* occupe Ksar Rhilane*, défilé large d’une quinzaine de
kilomètres, sur le versant ouest des Ksour, à hauteur de Foum Tataouine.
Leclerc* y a organisé un môle défensif bien camouflé.
Rommel* a décidé d’attaquer le premier et de surprendre son adversaire
en pleins préparatifs contre la ligne Mareth*. Débouchant des contreforts des
monts des Ksours, les Xe et XXIe PD essayent, le 5 mars à l’aube, de prendre
les Britanniques de flanc. L’entreprise se heurte à une solide défense. En fin
de journée, Rommel* reconnaît son échec. Il avouera la perte de 40 chars.
La suite, le Renard du désert ne la vivra pas. Le 9 mars, il s’envole pour
Rome, laissant le commandement à von Arnim*. En Italie* comme en
Allemagne*, il alertera en vain sur les dangers encourus face à un adversaire
qui se renforce. Finalement, Hitler* l’enverra prendre du repos, ce dont
l’intéressé a le plus grand besoin.
Même Rommel* absent, les Allemands ne renoncent pas. À l’aube du
10 mars, ils attaquent Ksar Rhilane* dans l’espoir – qui sait ? – de tourner
Montgomery*. La Force L* tient bon et Leclerc* a droit à un « Well done ! »
(Bien joué !) du commandant de la VIIIe Armée.
Ce défilé de Ksar Rhilane* ouvre la route du débordement. Car partout la
bataille de la ligne Mareth* est engagée. Depuis le 6 mars, Patton* a
remplacé le prétentieux Fredendall. En quelques jours, le IIe CA a changé de
visage. Son nouveau chef lui a insufflé la rage de vaincre.
Le 17 mars, le IIe CA reprend Gafsa et poursuit avec éclat jusqu’à El
Guettar sur la route de Gabès, en dépit de pluies diluviennes. Il bute quelque
temps devant Maknassy mais qu’importe ? Il retient la Xe PD alors que la
VIIIe Armée passe à l’attaque.
Précédé de feux d’artillerie, à la Montgomery*, le XXXe CA aborde, le 20,
la ligne Mareth* de front. Tirs de barrage, mines, obstacle difficile de l’oued
Zigzaou, pluie interdisant à l’aviation d’intervenir, contre-attaques
allemandes, le XXXe CA ne progresse guère.
Le coup décisif sera porté par la manœuvre de flanc amorcée par
Leclerc*. Le Xe CA s’engouffre par Ksar Rhilane*. Le ciel s’est dégagé. Les
chasseurs bombardiers se relaient sur les concentrations adverses.
Le 26 mars, au matin, une tempête de sable masque les regroupements
sur les bases de départ. Avec l’éclaircie, les avions surgissent à nouveau.
Dans la nuit, les blindés, profitant de la lune, forcent le passage. Au matin,
après de rudes combats nocturnes, El Hamma, sur la pénétrante Gabès-
Tozeur, est en vue. La ligne Mareth*, menacée d’encerclement, doit être
évacuée.
La VIIIe Armée dès lors converge sur Gabès. Par la route côtière. Par la
pénétrante depuis El Hamma. Le 29, les Néo-Zélandais pénètrent dans la
ville.
La bataille de Mareth* est une victoire, mais une victoire signée
Montgomery*. Incomplète. L’encerclement a échoué. L’Afrika Korps* s’est
échappé. Il a perdu 7 000 prisonniers et de l’armement lourd.
Plus encore, la campagne de Tunisie a basculé. Partout, sauf à l’extrême
nord, les Alliés* reprennent l’offensive. Les heures noires de Tebessa sont
oubliées. Sbeïtla, Kasserine sont réoccupées par des éléments du IIe CA US,
du XIXe CA français et d’un nouveau CA anglais, le IXe.
Alexander* essaie de réaliser à hauteur de Kairouan – Sousse
l’encerclement avorté sur Gabès. Les Français attaquent en tête, avec furie, et
ouvrent la route au IXe CA. Celui-ci, après avoir pris Fondouk, entre dans
Kairouan, quatrième ville sainte de l’Islam, le 12 avril. Sousse et la mer ne
sont qu’à 70 km. Ce succès a coûté la vie au général Welvert, commandant la
division de Constantine, sur la brèche depuis novembre.
Tout se déroule ensuite très vite. Dans le sud, Allemands et Italiens
retraitent. Montgomery* a la voie libre. Fort de ses 500 chars, il brise les
contre-attaques ou réduit les bouchons retardateurs. Le 10 avril, la VIIIe
Armée occupe Sfax. Le lendemain, elle opère la liaison à Kairouan avec la
1ère Armée et atteint Sousse le 12.
Le 20 avril, devant la poussée générale, le front descend par N’Sir,
Medjez-el-Bab, et s’incurve au-delà de Pont-du-Fahs et du Zaghouan sur
Enfifaville et le golfe d’Hammamet. Les Alliés* foncent à la curée.
Américains, Britanniques, Français, ils sont plus de 300 000, au coude à
coude, pour en finir. Du nord au sud, IIe CA US qui a ripé sur la gauche, Ve et
IXe CA britanniques, XIXe CA français et VIIIe Armée anglaise.
L’idée d’Alexander* est de fixer l’ennemi au sud (Zaghouan et région
d’Enfifaville) et de percer sur l’axe Medjez-el-Bab-Tunis, l’amiral
Cunningham* interdisant de son côté tout rembarquement vers la Sicile* ou
l’Italie*. De fait, la mêlée sera générale, chacun – c’est humain – voulant sa
part au festin de la gloire dans la plaine de Tunis.
Les Américains ont devant eux un terrain difficile. Les monts de
Kroumirie se prolongent par un relief broussailleux de lentisques et de
bruyères. Le IVe tabor du capitaine Verlet, le Corps franc d’Afrique* du
colonel Magnan qui marchent avec eux s’y sentent plus à l’aise. Devant
Anderson*, les chars de von Arnim* tiennent les débouchés des vallées.
L’Anglais aurait bien besoin des chars de Montgomery*. Alexander* hésite à
les prélever sur le peu altruiste vainqueur d’El-Alamein*. La résistance
allemande finira par lui imposer de le faire, apportant la décision devant un
front qui se désagrège sous les coups de boutoir.
Le 3 mai, les Américains entrent dans Mateur.
Le 7, le IXe CA occupe Tunis ; le IIe CA US et le Corps franc d’Afrique*
entrent dans Bizerte et le XIXe CA dans Pont-du-Fahs. La lutte est chaude au
Zaghouan.
Obliquant sur sa droite, le IXe CA, après Tunis, enlève Grombalia et
Hammamet, tandis que les Français finissent de forcer le Zaghouan. Le cap
Bon est isolé.
Le 9 mai, à 13 h, le combat s’arrête devant le IXe CA et ses compagnons
français.
La VIIIe Armée, durant ce temps, demeure statique au sud du cap Bon, se
préparant à l’invasion de la Sicile*.
Le 11, les chars du colonel Le Couteulx percent au nord du Zaghouan.
Partout, les prisonniers sont foule.
Le 12, le IXe CA occupe Nabeul et Korba sur la côte est du cap Bon. La
résistance organisée cesse.
Le général von Arnim* et son état-major sont faits prisonniers le 13 mai,
en début de matinée. Messe*, promu maréchal peu auparavant par
Mussolini*, se rend sans conditions.
La campagne de Tunisie s’achève en triomphe. Deux armées germano-
italiennes sont prisonnières, soit quelque 250 000 hommes, Allemands pour
la moitié (37 000 prisonniers pour le compte des Français). Parmi eux, les
combattants chevronnés de l’Afrika Korps*, perte sévère pour l’Axe*. La
marine et l’aviation alliées faisaient bonne garde. Seules quelques
évacuations aériennes nocturnes ont pu s’effectuer. (Hitler* avait,
personnellement, prescrit d’évacuer certaines personnalités connues, comme
Witzig*, le héros de la prise du fort d’Eben-Mael*.)
Les Britanniques (Ière et VIIIe Armées) déplorent 4 500 morts, les
Américains 2 700. Les Français de Giraud* ont payé très cher leur bravoure
et leur pénurie de matériel : 4 500 tués et disparus. (Un peu plus de 80 à la
Force L* de Leclerc, 45 à la 1ère DFL*.) Partout, leur courage, leur
abnégation, le sens tactique de leurs chefs ont été remarqués. Qui oublierait
qu’ils ont pratiquement tenu le front seuls les premières semaines ? Humiliée
au printemps 1940, l’armée française commence à retrouver son lustre.
Giraud* est plus fort pour réclamer son réarmement.
Pour les Alliés*, voici la seconde grande victoire après Stalingrad* (si
l’on excepte Midway*). Hitler* a, par son obstination, fait une nouvelle fois
le malheur de son armée. En engouffrant hommes et matériel en Tunisie, puis
en refusant d’évacuer à temps, il a contribué à lui porter un coup sévère. Et,
paradoxalement, les difficultés alliées de novembre 1942 ont permis
l’éclatant succès de mai 1943.

TURNER, RICHMOND
(1885-1961). Amiral américain.
Le plus talentueux chef d’opérations amphibies de la guerre du
Pacifique*.
Il commandera les débarquements à Guadalcanal*, en Nouvelle-
Géorgie*, à Tarawa*, à Eniwetok*, dans les Mariannes*, à Iwo Jima* et
Okinawa*.

TURQUIE
La Turquie, en 14-18, avait été dans le camp des vaincus et en avait payé
sévèrement le prix.
Aussi ses dirigeants, en 1939, à commencer par Ismet Inonu*, successeur
d’Atatürk, sont-ils résolus à maintenir leur pays en dehors du conflit. Leur
attitude ne variera pratiquement pas durant presque toute la guerre. Cette
position ne les empêche pas de se couvrir par diverses alliances.
Dans cette perspective, la Turquie en mai 1939 signe une déclaration
commune avec la Grande-Bretagne*. Les deux pays s’engagent à s’aider
mutuellement en cas de conflit en Méditerranée*. Signature identique avec la
France* en juin de la même année. Le pacte germano-soviétique* d’août
1939 provoque un choc en Turquie. Le pays craint une attaque conjointe du
Reich* et de l’URSS*. Aussi, après une visite stérile du ministre turc des
Affaires étrangères à Moscou, Ankara signe avec Londres et Paris, en
octobre, un traité d’assistance réciproque.
La défaite française démontre les limites d’un tel traité. L’occupation
allemande des Balkans* apporte la guerre aux frontières de la Turquie. Cette
fois, pour se prémunir, les Turcs, le 18 juin 1941, signent un traité d’intégrité
territoriale et d’amitié avec le Reich*. Traité qui n’interdit pas à Ismet Inonu*
de résister aux pressions de l’ambassadeur allemand von Papen* pour se
joindre à l’Allemagne* contre l’URSS* au lendemain du 22 juin 1941.
L’évolution militaire, en 1942 et surtout à la fin de 1942, révèle que les
Alliés* l’emporteront très probablement. Churchill*, à son tour, presse
Ankara d’entrer dans la guerre aux côtés des Alliés*. À cet effet, il rencontre
personnellement Inonu* en février 1943 sans résultats. Par contre, les Turcs
reçoivent de l’armement allié.
Finalement, l’issue étant acquise, le 23 février 1945, la Turquie déclare la
guerre à l’Allemagne* dans le seul but de s’intégrer aux Nations unies*.
La Turquie aura donc vécu hors de la guerre, pratiquant habilement une
neutralité qui lui a évité bien des drames.

TYPHOON (HAWKER TYPHOON MK 1 B)


Chasseur bombardier britannique sorti en 1941.
Vitesse : 660 km/h ; autonomie : 1 500 km ; armement : quatre canons de
20 mm, 900 kg de bombes ; équipage : 1 homme.

TYPHOON, OPÉRATION
Nom de l’opération devant, en principe, à l’automne 1941, conduire la
Wehrmacht* à la prise de Moscou*.

TZIGANE, GÉNOCIDE
Il est souvent oublié, occulté par le génocide juif, et porte le nom de
Samudaripen.
C’est en 1942 que Himmler* décide d’étendre aux Tziganes la politique
d’extermination appliquée aux Juifs. Le premier convoi arrive à Auschwitz*
le 26 février 1943. Les trains, en provenance de toute l’Europe occupée, se
succèdent ensuite jusqu’en août 1944, date où les derniers survivants sont
gazés.
Auschwitz* ne fut pas le seul centre d’extermination des Tziganes. Près
de 30 000 sont morts au camp de Jasenovac* en Croatie*.
Les Tziganes revendiquent de 500 000 à 800 000 victimes, estimation
contestée par les historiens qui évaluent leurs pertes à 250 000, soit environ le
tiers de la communauté qui vivait en Europe en 1939 (145 Tziganes français
morts à Auschwitz*).
U

U-BOOTE
Désignation traditionnelle des sous-marins allemands (abréviation de
Unterseeboot).
Les U-Boote sont certainement la composante la plus efficace de la
Kriegsmarine* durant la Seconde Guerre mondiale. Ils représentent le danger
que Churchill* redoutait le plus. Il écrira dans ses Mémoires :
« La seule chose qui m’effraya vraiment pendant la guerre fut le péril sous-marin. »

Reconstituée à partir de 1935, la flotte de sous-marins allemands compte


57 submersibles en septembre 1939. Au total, durant les années de guerre,
elle aura à sa disposition 1 168 U-Boote (avec un pic de 445 au début de
1944). C’est dire l’effort de fabrication en sa faveur, dû en bonne partie à
l’impulsion donnée par son chef, du début jusqu’à la fin, l’amiral Dönitz*.
Après la destruction ou la neutralisation de ses bâtiments de ligne, Hitler*
privilégie les U-Boote. La nomination de Dönitz* comme patron de la
Kriegsmarine*, le 30 janvier 1943, illustre cette orientation.
Les Allemands distinguent les U-Boote Atlantique, de défense côtière ou
à destination spéciale. Le modèle le plus courant est le Type VII c, de 865
tonnes, à autonomie de 23 000 km et armé de 4 tubes lance-torpilles à
l’avant. Des sous-marins ravitailleurs de grand gabarit (les « vaches à lait »
de Type 14) ont mission de ravitailler en combustible les sous-marins opérant
dans l’Atlantique Sud et l’océan Indien.
Ces U-Boote sont organisés, en principe, en flottilles de 20 basées dans
un port de l’Atlantique, de la Manche, de la mer du Nord ou de la Baltique.
Dans l’Atlantique, Dönitz* les lance souvent en « meutes » qui provoquent
de sérieux dommages sur les convois de ravitaillement, objectifs prioritaires
pour les Allemands. Non contents d’attaquer les convois, ils visent également
les navires de ligne. L’Ark Royal* est coulé par le U-81 au large de
Gibraltar*.
En 68 mois de conflit, ils envoient par le fond 2 000 navires marchands
alliés, soit 14,5 millions de tonnes. 781 sont perdus, soit presque 80 % du
millier de U-Boote entrés véritablement en service.
Ils sont commandés par de jeunes officiers ardents et agressifs, Prien,
Kretschmer, Schepke... Presque tous arborent la décoration convoitée,
réservée à ceux ayant à leur actif plus de 100 000 tonnes détruites.

UDET, ERNST
(1898-1941). Général allemand.
As de la Première Guerre mondiale, avec 62 victoires homologuées.
Servit dans l’escadrille Richthofen d’Hermann Goering*. Sous l’impulsion de
ce même Goering*, adhère au parti nazi en 1933 et se consacre à la formation
de la Luftwaffe*. Est à ce titre, en dépit de nombreuses réticences, à l’origine
du JU/87 Stuka*. Général le 1er février 1939. Devant l’insuccès de la bataille
d’Angleterre* et ses différends avec Goering*, il se suicide en novembre
1941. Il n’en reste pas moins le principal fondateur de la Luftwaffe*.

UKRAINE
L’Ukraine est, avec la Pologne*, le pays d’Europe ayant le plus souffert
de la guerre.
« Barbarossa* » trouve le vieux terroir ukrainien scindé en deux. Les
provinces occidentales ont été annexées par la Pologne*, la Roumanie*, la
Hongrie*, la Tchécoslovaquie*. Le noyau central constitue une république
socialiste dans le cadre de l’URSS*. Malgré la domination soviétique, les
sentiments nationalistes ukrainiens ne sont pas morts. Des patriotes œuvrent,
en sous-main, dans la perspective de l’indépendance de l’Ukraine.
Après le 22 juin 1941, la progression de la Wehrmacht* est rapide. Kiev*
tombe le 19 septembre, Kharkov* le 21 octobre. En 1942, avec la marche sur
Stalingrad*, l’intégralité de l’Ukraine sera occupée par les Allemands.
Les Ukrainiens escomptaient, un peu, voir dans ces Allemands des
libérateurs. Ils se trompaient. Bandera* et Stetsko*, qui, dès le 30 juin 1941,
ont proclamé l’indépendance de l’Ukraine, sont arrêtés et internés. Les
Einsatzgruppen* répandent la mort. L’Ukraine est divisée en trois. Le secteur
du front est zone militaire. La Galicie, la Volhynie sont rattachées au
Gouvernement général de Frank*. Le reste du pays est transformé en
Reischskommisariat sous le sinistre Koch*.
L’Allemagne* a besoin de main-d’œuvre. Trois millions d’Ukrainiens
sont mués en travailleurs forcés.
Face aux deux occupants, la résistance armée s’intensifie. En 1944,
100 000 partisans ukrainiens se battront dans les forêts de Volhynie aussi
bien contre l’Allemagne* que contre l’URSS*.
Cette résistance n’empêche pas, par hostilité à l’URSS*, le recrutement
d’une division de Waffen SS* ukrainiens, la 14e, qui sera baptisée la Galicie
No 1 pour estomper ses véritables origines. Forte de 30 000 hommes (il y eut
100 000 volontaires), elle sera presque entièrement décimée en mai-juin
1944. D’autres Ukrainiens se battront avec les Polonais, lesTchèques, les
Roumains, les Yougoslaves de Mihailovic* ou de Tito*, l’armée Vlassov* et
le plus grand nombre – 4,5 millions – dans l’Armée rouge*. Deux bataillons
de déserteurs ukrainiens de la Wehrmacht* rejoindront les maquis* français
et seront, quelque temps, rattachés à la 13e DBLE*.
L’Ukraine de 1941 comptait 42 millions d’habitants, soit 16,6 % de la
population de l’URSS*. Elle en perd 14,5 durant la guerre : tués, déportés,
réfugiés, morts dans les camps de prisonniers (1,5 million). Le pays lui-même
a été ravagé. 700 villes, 28 000 villages ont été détruits. Les mines ont été
inondées, les barrages sur le Dniepr sabotés.
L’après-guerre, avec l’annexion de 163 000 km2 de territoires ex-
polonais, hongrois, tchèques ou roumains, lui apporte 11 millions de
nouveaux habitants. La nouvelle frontière définie à Yalta* lui concède la
Galicie orientale, la Volhynie, la Bukovine du nord, la Transnistrie*, la
Bessarabie* et la Ruthénie* subcarpatique. Elle lui apporte aussi une certaine
unification ethnique. La future Ukraine, qui ne verra son indépendance qu’en
1991, sera essentiellement de sang ukrainien.

ULBRICHT, WALTER
(1893-1973). Militant communiste allemand.
À la déclaration de guerre, réfugié à Moscou, travaille pour une émission
en langue allemande. À Stalingrad*, exhorte les soldats allemands à se
rendre. En 1943, à Moscou, est le cofondateur avec Wilhelm Pieck du Comité
National pour l’Allemagne* libre inféodé à Moscou. Ulbricht gagne, fin avril
1945, ce qui deviendra en 1949 la RDA et y installe une autorité communiste
sous obédience soviétique. Futur chef de cette RDA.

ULSTER
Irlande du Nord, restée dans le giron du Royaume-Uni*, malgré la lutte
sévère menée par l’IRA.
De par sa position géographique, elle fournira des bases pour la bataille
de l’Atlantique* et sera moins frappée par les bombardements allemands qui
provoqueront toutefois un millier de morts et 100 000 sans-abri.
Pour ne pas aggraver les tensions intercommunautés, la conscription ne
sera pas appliquée ; mais 37 000 hommes et femmes d’Irlande du Nord
serviront dans les forces armées britanniques.

ULTRA
Organisme, dirigé par le colonel Winterbotham, étant parvenu à décoder
les messages transmis par la machine à coder Enigma* utilisée par la
Wehrmacht* et la diplomatie allemande. (Indicatif donné en souvenir d’Ultra,
le code de Nelson à Trafalgar.)
Ce résultat peut être obtenu, dès l’été 1940, grâce à un transfuge d’origine
juive, à l’espionnage polonais et à l’utilisation d’une élite de mathématiciens.
Jusqu’à la fin de la guerre, Ultra renseigne les Britanniques et les Américains
sans que les Allemands prennent conscience que leurs messages sont
décryptés.
Ces renseignements ont toutefois un prix, comme en témoigne le
bombardement sur Coventry* dans la nuit du 14 au 15 novembre 1940 (voir
Coventry).

UMBERTO II
(1904-1983).
Fils du roi d’Italie Victor-Emmanuel III*, commande les forces italiennes
engagées sur les Alpes* contre la France* en juin 1940. Nommé par son père
régent du royaume après la libération de Rome* en juin 1944. L’abdication
de Victor-Emmanuel*, le 9 mai 1946, le fait roi, royauté éphémère suite au
référendum du 12 juin 1946 abolissant la monarchie.

UMEZU, YOSHIJIRO
(1882-1949). Général japonais.
Commande l’armée du Kwantung de 1939 à juillet 1944. À cette date,
devient chef d’état-major général de l’armée. Persuadé que la poursuite de la
lutte permettra de négocier dans de meilleures conditions, il s’oppose à la
reddition inconditionnelle du 15 août 1945. A l’ingrate responsabilité de
signer avec Shigemitsu la capitulation japonaise, le 2 septembre 1945.
Le Tribunal Militaire International* de Tokyo le condamne à la prison à
vie pour crimes de guerre, le 18 novembre 1948. Il décède peu après, en
janvier 1949.

UNCONDITIONAL, SURRENDER
(voir REDDITION SANS CONDITIONS)

UNION SOVIÈTIQUE
Autre vocable pour désigner l’URSS*.

UNTERMUNSCHEN
Sous-hommes. Qualificatif péjoratif donné par les nazis, prétendant à la
supériorité de la race germanique, aux peuplements slaves, juifs ou tziganes.

UPHAM, CHARLES.
Lieutenant anglais.
Seul combattant de la Seconde Guerre mondiale à recevoir deux fois la
Victoria Cross* (et le troisième depuis la création de l’ordre en 1856).
Gagne une première Victoria Cross* en Crète* en mai 1941 : élimine une
position de mitrailleuse allemande, est blessé à l’épaule et continue le combat
jusqu’à son évacuation. Gagne une seconde en 1942 en Libye* avant d’être
grièvement blessé et fait prisonnier.

URANUS
Nom de code donné à l’opération visant à prendre en tenailles la VIème
Armée allemande enfoncée dans Stalingrad*. Déclenchée le 19 novembre
1942, elle connaît un succès total Le 23 novembre, la VIème Armée est
encerclée (voir Stalingrad, bataille de).

URSS
En 1939, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, héritière de
l’empire des Tsars, vit sous régime marxiste-léniniste et sous tutelle d’un
homme, le Géorgien Joseph Staline* qui a succédé à Lénine en 1924 et
éliminé tous ses concurrents. Elle représente un pays de 21,4 millions de km2
et de 170 millions d’habitants.
La diplomatie soviétique, en août 1939, réalise un coup de maître. Elle
gruge Français et Britanniques et signe avec l’Allemagne* nazie un pacte de
non-agression*. Hitler* en est le grand vainqueur. Il n’aura à se battre que sur
un front. Staline* triomphe aussi. Le traité prévoit des clauses avantageuses
dont il s’empresse de tirer les dividendes.
Dès septembre, l’URSS s’empare de la partie orientale de la Pologne*
(voir Pologne, campagne de).
Le 30 novembre 1939, elle attaque la Finlande*. Au terme de plusieurs
mois d’une guerre difficile, elle s’approprie une partie de la Carélie et de la
Laponie (voir finno-soviétique guerre).
En juillet 1940, profitant de la déconfiture française et de l’impossibilité
de Londres de réagir, elle occupe les États baltes*.
L’impérialisme moscovite s’est montré sous son vrai jour, mais il est
surpris par « Barbarossa* » (voir à ce nom). L’Armée rouge*, mal préparée à
la guerre, subit de terribles revers. Elle réussit cependant à défendre
Leningrad* et Moscou*. Face à la Wehrmacht* qui déferle sur le pays, le
Kremlin organise une formidable évacuation des populations et des usines
(voir Transferts vers l’Est). Cet exode sur l’Oural* permettra de reconstituer
une industrie de guerre.
L’hiver, une discipline sans concessions – Staline* a ordonné de ne pas
épargner les vies –, un sentiment patriotique incontestable face à
l’envahisseur et à ses atrocités, sauvent Moscou* et peut-être le régime. 1942
s’annonce tout aussi difficile. La Wehrmacht* enlève Sébastopol*, marche
sur le Caucase* et Stalingrad*, entraînant avec elle des armées alliées,
hongroise, roumaine, italienne. Elle trouve aussi des concours dans des pays
où la dictature soviétique est mal acceptée : Ukraine*, Caucase*. Elle en
trouve au sein des prisonniers et déserteurs de l’Armée rouge* (voir Vlassov,
armée).
Stalingrad* marque pour Hitler* un échec formidable doublé de la perte
d’une armée et d’un repli qui ira s’accentuant (voir Stalingrad). Malgré
quelques succès au printemps 1943, la bataille de Koursk* signifie que
l’Armée rouge* prend le dessus et que la Wehrmacht* est contrainte à la
défensive.
Si l’aide alliée a aidé en 1942 à passer le cap difficile, l’industrie
soviétique alimente maintenant l’effort de guerre. En 1943, elle produit :
34 845 avions, 24 089 chars et canons automoteurs, 129 500 mortiers et
pièces d’artillerie, 2 450 000 fusils et carabines.
Cette puissance, les succès militaires, conduisent Staline* à se faire plus
exigeant vis-à-vis de ses alliés : ouverture d’un second front, débarquement
en Provence*, aide matérielle et surtout mainmise sur les pays qu’occupe
l’Armée rouge* à la suite de ses offensives. À Téhéran*, à Yalta*,
Roosevelt*, soucieux de lui complaire, l’écoute et le laisse faire.
Ainsi, progressivement, en 1944-1945, au fil des retraits de la
Wehrmacht*, une large partie de l’Europe orientale passe entre les mains ou
sous la coupe de l’URSS. Cas des États baltes*, de la Pologne*, de la
Bulgarie*, de la Roumanie*, de la Hongrie*, de l’Allemagne* orientale, et à
brève échéance de la Tchécoslovaquie* (Yougoslavie* et Albanie*
constituant des cas particuliers).
L’URSS d’après 1945 se retrouvera avec de nouvelles frontières
occidentales, puisqu’elle a englobé la Carélie finlandaise, les États baltes*, la
Bessarabie*, la Mazurie, la Bukovine du nord et atteint la ligne Curzon*.
Dans le Pacifique*, elle a saisi les Kouriles* et la portion méridionale de
Sakhaline*.
La fin de la guerre est pour les Soviétiques une terrible revanche sur les
envahisseurs du IIIe Reich*. Dans les provinces allemandes à leur tour
occupées, pillages, viols, exécutions sommaires se succèdent. Il y avait tant à
faire expier et les appels à la vengeance n’avaient pas manqué (voir
Ehrenbourg).
La Seconde Guerre mondiale a ravagé une grande portion de l’URSS.
1710 villes, 70 000 villages ont été totalement ou partiellement detruits. 30 %
de la richesse nationale ont disparu. Les pertes humaines ont été terribles.
Elles sont estimées à 21, 3 millions, soit 13 600 000 morts militaires, 7 700
000 morts civils. Ces chiffres englobent les prisonniers morts dans les camps,
les victimes des Einsatzgruppen* ou des atrocités de la Wehrmacht* et des
SS*, les morts du siège de Leningrad*, le génocide juif. Il est difficile de
savoir s’ils englobent aussi tous les « épurés », exécutés sommairement ou
disparus aux goulags*.
Si la guerre a été coûteuse, elle a fait de l’URSS la deuxième puissance
militaire et politique du monde. Le communisme a marché dans les pas de
l’Armée rouge*. Une situation nouvelle a surgi dans le monde. Elle conduira
à la guerre froide.

URUGUAY
Le pays le plus proallié et le plus anti-Axe* de l’Amérique du Sud. Son
gouvernement appliquera une stricte neutralité dans l’affaire du Graf von
Spee*. L’Uruguay rompra ses relations diplomatiques avec les puissances de
l’Axe* en janvier 1942, déclarera la guerre à l’Allemagne* et au Japon* le
22 février 1945 et signera la déclaration originelle des Nations unies* deux
jours plus tard.

USAAF (US ARMY AIR FORCES – FORCES


AÉRIENNES DE L’ARMÉE DES ÉTATS-UNIS)
Terme remplaçant en juin 1941 celui de US Army Air Corps.
La guerre lui donne une formidable impulsion. En 1938, l’armée de l’air
américaine ne possédait que 17 bases aériennes. En 1943, elle en possédera
345 avec 116 sous-bases et 232 terrains auxiliaires. Ses effectifs passent de
20 000 hommes en 1938 à 1 950 000 hommes et femmes en mars 1945, soit
22 % des forces totales américaines.
Sous le commandement du général Arnold*, elle finira par comprendre
16 armées aériennes :

1ère à 4e Défense du territoire américain et entraînement.


5e Sud-Ouest Pacifique*.
6e Panama* et approches.
7e Hawaii*.
8e Grande-Bretagne*.
9e Afrique du Nord, puis Grande-Bretagne*.
10e Inde*.
11e Alaska*
12e Méditerranée*.
13e Salomon*, Nouvelle-Guinée*.
14e Sud-Est asiatique.
15e Italie*.
20e Bombardements sur le Japon* (Hiroshima* et Nagasaki*).

Durant la guerre, les USAAF auront reçu 158 800 appareils dont 51 221
bombardiers et 27 050 chasseurs.
Leurs pertes s’élèveront à 115 382, tués, blessés, disparus, prisonniers,
dont 40 061 tués.

UTAH BEACH
Nom de code de la plage de débarquement de la 4ème division américaine,
le 6 juin 1944. Elle se situe la plus à l’ouest du dispositif général, un peu au
nord du hameau de La Madeleine, sur la face est du Cotentin (soit à
15 kilomètres au nord-est de Carentan).
H-40, c’est-à-dire 5 heures 50. Les 355, les 305 des navires de ligne
tonnent. Dans les bâtiments qui progressent vers le rivage, des vivats
accompagnent les salves meurtrières. Celles-ci sont pour les troupes sur le
point de débarquer le meilleur des réconforts.
En tête de la formation, 20 LCVP*, chacun ayant à son bord 30 officiers
et soldats de la 4e DI US. Ils représentent la première vague d’assaut, celle de
l’heure H. Trois vedettes, un bateau radar les précèdent pour leur donner le
cap exact. À peu près à leur hauteur, des chars DD*.
Derrière eux s’avancent d’autres vagues qui toucheront terre à H+ 5, H
+15, H+17, H+ 30, avec des sapeurs, des fantassins. 30 000 hommes, 3500
véhicules sont programmés débarquer à Utah Beach, le Jour J*.
Avec ceux qui sont appelés à débarquer les premiers, un général de
57 ans, fils et cousin éloigné de deux présidents des États-Unis*.
Un mètre d’eau en moyenne. Parfois davantage, parfois moins. Leur fusil
Garant* à bout de bras, les GI’s* bondissent dans l’eau encore froide. Tout
semble désert. À droite, à gauche, les « hérissons tchèques » et les « asperges
de Rommel* » en faction sur la grève découverte sont faciles à éviter.
La 4e division atteint la terre ferme sans dommages. Roosevelt s’étonne
de ne pas reconnaître le paysage étudié. Soudain, il comprend. Ils sont au sud
et non au nord de La Madeleine. Leur navigation a dévié de 1500 à
2000 mètres. L’erreur de navigation est salutaire, car la voie est libre.
Deux claquements. Un 88 se manifeste. Des hommes s’affaissent. Le
canon allemand ne s’éternisera pas. Des destroyers l’ont repéré.
Utah Beach devient une ruche. 4 bataillons sont en place à 8 heures, 6 à
10 heures.
Les détachements de la 709e DI qui occupent les villages et hameaux :
Poupeville, Sainte-Marie-du-Mont, Audouville, Saint-Martin-de-Vareville,
sont pris entre deux feux. Côté mer, la 4e DI, côté terre, les parachutistes.
À midi, le 3e bataillon du 501e para fait jonction avec le 2e bataillon du 8e
RI à Poupeville, après avoir enlevé la petite localité, ayant 25 tués et blessés
et 39 prisonniers. Avec ce contact, la preuve est faite que le débarquement à
Utah Beach a réussi. Le 6 au soir, 23 250 hommes, 1700 véhicules, 1700
tonnes d’approvisionnement auront débarqué, au prix de pertes minimes, un
peu moins de 250 hommes hors de combat.
Après la 4e DI, débarqueront à Utah Beach les 79e, 9e et 90e divisions
d’infanterie américaine, soit le 7ème CA du général Collins.
Utah Beach s’organisera très vite pour devenir un point d’arrivée
important : 836 000 hommes, 220 000 véhicules, 725 000 tonnes
d’approvisionnement y débarqueront entre le 6 juin et le mois de novembre.
C’est à Utah Beach que la 2e DB* française, le 1er août 1944, retrouvera la
terre de France*.
V

V1 (VERGELTUNGSWAFFE – ARME DE
REPRÉSAILLES)
Voulu par Hitler*, conçu par la société Fieseler sous la direction de
Robert Lusser et pris en charge par la Luftwaffe* en tant que bombe volante.
Correspond à la fusée à pulsoréacteur Fieseler Fi 103. Le V1 sera connu
également sous le nom de FZG-76.
Engin de 2 200 kg (700 de carburant, 840 d’explosif) ; portée : 210 km ;
précision de l’ordre de 13 km ; vitesse entre 500 et 650 km/h le rendant
susceptible d’être intercepté par la DCA ou la RAF.
Longueur : 8,32 m ; largeur : 5,3 m.
Après les essais et la fabrication en série en 1943, le premier V1 est lancé
sur Londres, le 13 juin 1944. 9 250 au total le seront depuis le nord de la
France* et la Belgique*. Un peu plus du tiers s’écrasera peu après le
décollage. Près de la moitié d’entre eux seront détruits, pour la plupart par la
DCA, et certains par la RAF*. 2 419 atteindront Londres, 30 Southampton et
Portsmouth. Quelques-uns toucheront également Anvers. Les V1 feront
environ 6 184 morts et 18 000 blessés.

V2
Comme le V1, le V2 est une arme de représailles issue de la fusée A 4, à
oxygène liquide, mise au point à Peenemünde*. Après les premiers essais en
1942, la production de masse ne devient effective qu’en 1944 dans une usine
souterraine du massif montagneux du Harz.
Engin de 13 000 kg (975 kg d’explosif) ; portée : 320 km ; vitesse
maximum : 5 750 km/ h.
Longueur : 14,04 m ; largeur empennage : 3,54 m.
Le premier tir atteint la banlieue de Londres le 8 septembre 1944 (3 tués,
17 blessés). Au total, 1054 V2 seront lancés sur l’Angleterre* jusqu’au
27 mars 1945, ultime départ. 517 atteindront Londres, faisant 2 700 morts.
Étant donné leur vitesse et leur altitude de croisière, il est impossible
d’intercepter les V2. Il est également impossible de signaler leur arrivée, leur
vitesse étant supérieure à celle du son.
Plus d’une centaine de V2 seront récupérés par les Américains et
transférés aux États-Unis*. Ils serviront aux études spatiales sous la direction
de leur concepteur, von Braun*.

VAAGSO, RAID CONTRE


Raid lancé le 27 décembre 1941 par les commandos britanniques (555
hommes plus 21 Norvégiens) contre l’île de Vaagso, au large des côtes
méridionales de la Norvège*, un peu au nord de Bergen. Son but est de :
« détruire des usines de fabrication d’huile, attaquer des garnisons allemandes, ramener des
prisonniers et des Quisling* ».

Il se solde par 20 tués et 57 blessés. Les pertes allemandes ne sont pas


dénombrées avec précision faute de temps, mais les commandos ramènent
98 prisonniers.
Les objectifs tactique et stratégique sont atteints. Hitler* s’alarme de ce
coup de main réussi. Il voit déjà les Anglais s’emparer de Narvik* et il ne
cessera de renforcer les garnisons norvégiennes. Le 6 juin 1944, la
Wehrmacht* alignera 372 000 hommes en Norvège*.
Ce même 27 décembre, un autre raid avait lieu contre les Lofoten* pour
faire diversion.

VAL
Aichi D3 A. Monomoteur embarqué de la marine japonaise. Sorti en
1940. Fabriqué à 1 495 exemplaires en trois versions. L’un des meilleurs
bombardiers en piqué de son époque.
Caractéristiques du D3 A1. Vitesse : 390 km/h ; autonomie : 1 500 km ;
armement : 3 mitrailleuses, 370 kg de bombes ; équipage : 2 hommes.

VALENTINE
Infantry Mark III. Char léger britannique sorti en 1940. Sera fabriqué à
700 exemplaires de 1940 à 1942. Apparaîtra véritablement lors de l’opération
Crusader en Libye*.
Poids : 17 tonnes ; vitesse : 24 km/h ; autonomie : 135 km ; armement :
un canon de 40 mm, une mitrailleuse de 7,92 mm ; équipage : 3 hommes.
Ce char pèche par sa faible autonomie.

VALIANT
Cuirassé anglais de 35 000 tonnes. Il est sérieusement endommagé, en
rade d’Alexandrie*, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1941, par deux
hommes-grenouilles italiens, de La Penne et Bianchi. Il restera immobilisé
plusieurs mois.

VALLAT, XAVIER
(1891-1972). Homme politique français.
Brillant combattant de 14-18, revenu invalide des tranchées, est élu
député de l’Ardèche et siège à l’extrême droite. Violemment antisémite, il se
fait remarquer par ses attaques contre Léon Blum.
Secrétaire général aux Anciens Combattants en juillet 1940, il organise la
Légion des Combattants* et, en avril 1941, est nommé commissaire général
aux Questions juives. À ce poste, il fait la différence entre Juifs français qu’il
s’efforce de défendre et Juifs étrangers qu’il regarde comme un « problème ».
Le 6 mai 1942, à la demande des Allemands, il est remplacé par Darquier de
Pellepoix*, personnage beaucoup plus virulent, et reste fidèle à Philippe
Pétain*.
Arrêté à la Libération*, il est condamné à 10 ans de prison en décembre
1947.

VANDERGRIFT, ALEXANDER
(1887-1973). Général de l’US Marine Corps.
Officier de l’US Marine Corps*, Vandergrift est promu général en avril
1940. Commandant la 1ère division de Marines*, il s’illustre à Guadalcanal*.
Il commande ensuite le 1er corps amphibie des Marines* et le 1er janvier 1944
devient le chef du Corps des Marines*.
Promu général 4 étoiles le 21 mars 1945.
Médaille d’Honneur du Congrès*.

VARSITY, OPÉRATION
Nom de code de l’opération à grand spectacle montée par Montgomery*
les 23 et 24 mars 1945 à hauteur de Wesel, en vue de franchir le Rhin
(Churchill* vient admirer son déroulement).
Montgomery* n’apprécie pas. Son XXIème GA est bloqué sur le Rhin
alors que les Américains ont déjà franchi le fleuve en deux endroits,
Remagen* et Oppenheim. Heureusement, Eisenhower* lui donne son accord
et des moyens. Ce sera « Varsity* » avec ambition, une fois le Rhin dépassé,
de marcher sur la Ruhr. Une vaste tenaille se refermera à Cassel sur le
poumon industriel de l’Allemagne. Le XXIème GA constituera le bras nord, le
XIIème de Devers* le bras sud, grâce aux têtes de pont déjà en place.
C’est un véritable petit « Jour J* » qu’organise Montgomery* (cela, il sait
faire) : bombardements, écrans de fumée, débarquements, parachutages,
actions de commandos. 4 divisions en premier échelon rejoindront, sur la rive
orientale, deux divisions aéroportées. Le tout sur un front de 50 km.

23 mars.
18 h. Les barrages d’artillerie se déclenchent.
22 h. Les commandos s’éloignent à la pagaie direction Wesel. Le Rhin
varie de 300 à 500 m de Page. Toute la nuit les rotations se succèdent. Les
blindés suivent les fantassins. La résistance est discontinue.

24 mars.
8 heures. Le succès s’affirme partout. Les assaillants ont mordu d’une
dizaine de kilomètres sur la rive orientale
10 h. 1 696 avions de transport, 2 348 planeurs, encadrés par 889
chasseurs, débouchent en rangs serrés. 21 000 parachutistes et aérotransportés
des 6e et 17e Airbornes* arrivent. Le grand jour favorise la précision, mais les
pièces de 88 ont le temps de faire du mal aux Horsa*.
En quelques heures, toutes les missions imparties sont remplies. Avant la
nuit, la liaison est assurée avec les troupes ayant traversé. Les paras ont fait
3 800 prisonniers.
Montgomery* jubile :
« Nous avons gagné la bataille du Rhin. »

Un peu vite peut-être. Son aile gauche va rester bloquée plusieurs jours,
tandis que les Américains, Hodges* et Patton*, progressent à pas de géant
vers Cassel.

VARSOVIE, GHETTO DE
Le ghetto de Varsovie, destiné à rassembler la population juive de
Varsovie et des environs immédiats, est créé, le 12 octobre 1940, par Hans
Frank*, Gouverneur général de Pologne*. Il doit, au départ, regrouper près de
500 000 personnes en deux ensembles du centre ville reliés par une passerelle
en bois, le grand et le petit ghetto. À partir de l’été 1942, les déportations
quasi journalières le réduisent au seul grand ghetto. Devant l’inexorable, les
ultimes résidents, environ 70 000 personnes, se révoltent le 19 avril 1943.
600 seulement sont armés. Les Allemands mettront un mois jusqu’au 16 mai
pour réduire le ghetto qui sera ensuite rasé. Les rescapés faits prisonniers
seront déportés et exterminés.
Cette tragédie s’inscrit dans le cadre de l’extermination des Juifs de
Pologne* et de la Solution finale* décidée par les nazis (voir Wannsee,
conférence de).

VARSOVIE, INSURRECTION DE
Depuis le 21 juillet 1944, un vent de départ souffle sur Varsovie. À la
hâte, les Allemands évacuent les lieux. Dépôts, ateliers, administration civile,
commandement de la Wehrmacht prennent la route de l’ouest.
L’effondrement du GA/C en Biélorussie a provoqué cet exode qui se déroule
toutefois dans l’ordre. L’Armée rouge* n’est plus très loin. Le 1er Front de
Biélorussie de Rokossovski* entre dans Lublin le 23, atteint la Vistule le 26.
Deux têtes de pont sont organisées sur la rive occidentale, à 50 km au sud de
Varsovie, le 28 juillet.
Brusquement, le 26, les départs se ralentissent. On assiste même à des
retours. Le commandement allemand entend faire barrage sur la Vistule et
conserver Praga, faubourg de la capitale polonaise sur la rive orientale. Des
points forts subsistent un peu partout dans Varsovie. Des unités blindées se
massent à la périphérie. Une division de parachutistes est signalée ainsi que la
73e DI. Le commandant d’armes, le général Stahel, annonce la mise en état de
défense de la place. 100 000 habitants sont mobilisés pour édifier des
fortifications.
Dans le cœur des Polonais, l’espoir de la Libération* grandit. Le
28 juillet, l’écho de la canonnade monte de l’est, signalant la progression de
l’Armée rouge*. Dans la journée du 29, radio Moscou diffuse en polonais :
« Appel à Varsovie. Luttez contre les Allemands !
... Pour Varsovie qui ne s’est jamais soumise et qui n’a jamais cessé de combattre, l’heure de
l’action a sonné... En combattant dans les rues de Varsovie, dans les maisons, dans les usines,
dans les entrepôts, nous rapprocherons le moment de la libération définitive et nous préserverons
la richesse du pays et les vies de nos frères. »

Le lendemain, le poste soviétique « Kosciuszko » émet à son tour,


toujours en polonais :
« Peuple de Varsovie ! Aux armes ! Attaquez les Allemands ! Que le million d’habitants de
Varsovie devienne un million de soldats qui chasseront les envahisseurs allemands et conquerront
la liberté ! »

« Kosciuszko » avait surtout annoncé d’entrée :


« Les troupes soviétiques attaquent violemment et s’avancent déjà tout près de Praga. Elles
s’approchent afin de vous apporter la liberté. »

L’annonce de l’arrivée de l’Armée rouge*, l’appel à l’insurrection sont


sans équivoques.
Sur le terrain, le général Komorowski* (« Bor »), chef de l’AK*, l’Armia
Krajowa (armée de l’intérieur), a appris les retraits allemands, entendu les
appels de radio Moscou et de « Kosciuszko », perçu les grondements de la
bataille toute proche. Des renseignements – peut-être hâtifs – lui signalent des
détachements de l’Armée rouge* vers Radosc, à 20 km au sud-est du centre
ville. En accord avec le colonel Chrusciel (« Monter »), qui commande
l’AK* sur Varsovie, et Jankowski, le représentant du gouvernement de
Londres, il décide de donner l’ordre d’insurrection dans la capitale. La prise
de la capitale aurait à ses yeux un double avantage. Au plan militaire, elle
offrirait à l’Armée rouge* un carrefour stratégique pour sa marche vers
l’ouest. Au plan politique, elle permettrait aux Polonais de « recevoir
l’Armée rouge* en tant que hôtes et maîtres de leur propre maison ».
Là se dresse tout le problème qui présage la suite. « Bor* » et son AK*
relèvent du gouvernement polonais de Londres, celui que récuse Moscou au
profit de l’autre qu’il a investi à Lublin* le 21 juillet.
Dans cette décision d’insurrection, les hauts responsables polonais se sont
violemment divisés. Le général Sosnkowski* était hostile et avait prescrit à
« Bor* » de se contenter de harcèlements. Le général Anders*, commandant
le 2e CA polonais en Italie*, le rejoignait, évoquant les mêmes raisons :
disparité des forces en présence, risques encourus par la population. Le
président de la République, le Premier ministre, le conseil des ministres à
l’unanimité, étaient, par contre, favorables au déclenchement et ont forcé la
main des militaires.
Sur Varsovie, l’AK* compte 38 000 combattants dont 4 000 femmes. S’y
adjoignent quelques centaines d’hommes de l’AL d’obédience communiste et
à peu près autant du NSZ*, d’extrême droite nationaliste. Si le courage
polonais est légendaire, les futurs insurgés sont bien mal armés. À peine 25 %
d’entre eux ont-ils un fusil ou un PM et des munitions pour huit jours
seulement. Ils comptent s’armer sur l’ennemi et grâce aux parachutages
alliés. Dans l’ombre, des militants ont fabriqué des PM de fortune, des
grenades, des cocktails Molotov*. Ces derniers se révéleront l’arme de base
contre les blindés.
Les Allemands alignent environ 40 000 hommes, installés en de
nombreux emplacements à l’intérieur même de la ville ou dans des
cantonnements extérieurs. Au-delà de la Vistule, ils ont conservé une solide
implantation de part et d’autre de Praga pour faire face au 1er Front de
Biélorussie de Rokossovski*. Ils bénéficient d’appuis d’artillerie, de blindés
et d’aviation.
L’AK* effectue ses concentrations dans la nuit du 31 juillet au 1er août.
« Monter » a choisi d’attaquer en plein après-midi pour mieux surprendre
l’adversaire. À 17 heures, la ville s’embrase. La fusillade éclate de tous côtés.
En quelques minutes, la cité se transforme en un vaste champ de bataille.
Certains Allemands s’y attendaient, d’autres non. D’entrée, les insurgés
parviennent à glaner quelques beaux succès. Ils font des prisonniers,
récupèrent de l’armement.
Les 2 et 3 août, ils renouvellent leurs assauts contre les points qui n’ont
pas succombé le premier jour ou la première nuit. Leurs efforts, faute d’armes
lourdes contre les blockhaus en béton, ne sont pas toujours récompensés.
Les pertes très vite élevées des deux côtés, le manque de munitions
obligent l’AK* à tempérer ses attaques. Curieusement, à la déception
générale, le bruit de la bataille, à l’est, faiblit. Le 4, il cesse complètement.
Quant à l’aviation soviétique, elle ne se manifeste plus au-dessus de
Varsovie.
Le 5 août, les positions se dessinent assez nettement. Par-delà le « no
man’s land », les insurgés tiennent en gros les trois cinquièmes de la ville. Un
« groupe nord » occupe les quartiers anciens et le faubourg de Zoliborz, en
liaison avec les maquisards de la forêt proche de Kampinos. Un « groupe
sud » défend Mokotow et Czernaikow. Leur bastion principal se situe en
plein centre ville, borde une partie de la Vistule et menace les deux ponts
Poniatowski et Kierbedzia. Les Allemands sont solidement retranchés dans la
vieille citadelle Alexandre, les casernes du parc Lazienki et des postes isolés
à l’intérieur de la cité. Ils ont l’avantage d’avoir conservé le contrôle des
ponts.
Hitler* ne saurait laisser cette insurrection l’emporter. En cas de succès,
elle ouvrirait toute grande à l’Armée rouge* la porte de l’Allemagne*.
Himmler*, nommé responsable de la répression, désigne pour cette tâche un
homme fort, le général SS Bach-Zelewski*. Des formations de police, des
SS* sont acheminés sur place, ainsi que des troupes assez disparates : brigade
Dirlewanger* formée avec des condamnés de droit commun (4 500 hommes),
brigade Kaminski* composée de Russes anciens prisonniers (6 500 hommes).
Avec cette lie, Bach-Zelewski* dispose d’hommes de main prêts à tout.
Guderian* reconnaîtra qu’ils perdront vite « toute notion morale ». Pour les
soutenir, arrivent également de l’artillerie, des mortiers lourds dont le fameux
« Thor* », des lance-roquettes, des lance-flammes, ainsi que la XIe PD.
Barricadés dans leurs trois grands réduits, les Polonais se tiennent prêts à
repousser les contre-attaques. Par les égouts, ils ont établi entre eux des
liaisons. Ils attendent surtout l’aide extérieure. Ils savent que leurs moyens ne
leur permettent pas de résister très longtemps. Ils savent aussi que les avant-
gardes soviétiques bordent Praga, à quelques kilomètres du centre ville.
Dès l’annonce du déclenchement de l’insurrection, le gouvernement
polonais de Londres s’est empressé de solliciter l’aide britannique. Le 4 août,
Churchill* informe Staline* qu’il va faire procéder à des parachutages et le
prie d’intervenir aussi : ses aérodromes ne sont qu’à 20 minutes de vol de
Varsovie. Le maître du Kremlin répond par une première fin de non-recevoir,
puis, devant l’insistance du Premier ministre, se montre plus précis.
Le 16 août, au soir, Vychinski* lit à l’ambassadeur américain à Moscou
une déclaration que Churchill* qualifiera d’« étonnante » :
« Le gouvernement soviétique ne peut, bien entendu, s’opposer à ce que des avions anglais
ou américains parachutent des armes dans la région de Varsovie, étant donné que cela ne regarde
que les Américains et les Britanniques. Mais il s’oppose catégoriquement à ce que des avions
américains ou anglais se posent en territoire soviétique après avoir effectué de tels parachutages,
car le gouvernement soviétique ne désire s’associer, ni directement ni indirectement, à l’aventure
de Varsovie. »

Le même jour, Staline* écrit à Churchill* dans un style identique, parlant


d’une aventure imprudente et terrible.
« Aventure » peut-être ! Mais alors, pourquoi avoir incité les Polonais à
prendre les armes les 29 et 30 juillet ?
Les donnes désormais sont claires. Moscou refuse son soutien aux
insurgés. Pire, il y fait obstacle en s’opposant au transit d’avions anglais ou
américains par son territoire. Et comme l’Armée rouge*, pourtant arrivée à
Praga, a stoppé sa progression vers Varsovie, les insurgés sont condamnés, à
court terme, à être écrasés par la Wehrmacht* et ses séides.
La politique moscovite éclate sans fard. Non aux Polonais se référant à
l’Occident. Oui aux Polonais se réclamant de Moscou. Après la libération du
pays, le Kremlin compte bien placer la Pologne* sous sa coupe. Il doit donc
éliminer ceux qui rejettent une telle perspective. Bientôt, Staline* parlera des
criminels qui se sont lancés dans l’aventure de Varsovie. Churchill*
s’indignera, mais Roosevelt* se taira.
Pour les combattants polonais ne reste qu’une issue : se battre. Avec
souci d’économiser leurs munitions. « Pour chaque balle, un Allemand »,
rappelle un de leurs tracts.
Les Allemands s’efforcent d’enfoncer des coins dans le dispositif de leurs
adversaires et mènent une lutte impitoyable. Ils massacrent les prisonniers,
les blessés (certains de ceux-ci, arrosés d’essence, sont brûlés vifs). Ils
n’hésitent pas à utiliser des femmes et des enfants comme boucliers humains.
Leur artillerie, leur aviation écrasent les immeubles.
Début septembre, les Polonais ont dû lâcher pied en plusieurs secteurs.
Mokotow, Zoliborz tiennent toujours, mais la vieille ville a été perdue. 1 500
combattants, 300 blessés ont pu gagner le centre ville, leur bastion principal,
par les égouts. 800 autres ont rallié Zoliborz. Depuis le 5 août, le colonel
« Monter » a délégué ses pouvoirs. Étant donné son isolement, chaque centre
de résistance possède son autonomie.
Le 4 septembre, les Allemands parviennent à occuper les berges de la
Vistule et à refouler les défenseurs vers le centre ville où le gros des combats
se concentrera à partir du 8.
Le 8, la Croix-Rouge polonaise obtient un cessez-le-feu de quelques
heures qui permet à des milliers de femmes, d’enfants et de vieillards de
s’éloigner. Dans son immense majorité, la population refuse de partir. Elle
estime devoir aider et soutenir les combattants.
Les secours extérieurs sont infimes. Décollant de Brindisi, des appareils
américains, britanniques, polonais tentent l’effroyable raid de 1 500 km de
long jusqu’à Varsovie. Les incendies de la capitale se distinguent à 150 km ;
il faut repérer les emplacements où larguer. L’approche, les passages sont des
plus dangereux, parmi les barrages de feu de la Flak*. Devant les échecs et le
pourcentage de pertes, les Britanniques ordonnent de cesser. Malgré tout, des
équipages polonais veulent se dévouer. Bien peu reviennent de ces missions
de sacrifice. Et Staline* refuse toujours toute collaboration avec l’aviation
alliée. Quant aux appels à l’aide à Rokossovski* qui campe devant la ville, ils
demeurent sans réponse.
En désespoir de cause, les femmes de Varsovie adressent un message de
détresse au Saint-Père :
« ... Le secours qui nous arrive de Grande-Bretagne* est insuffisant. Le monde ignore le
combat que nous livrons. Dieu seul est avec nous. Saint-Père, vicaire du Christ, si vous pouvez
nous entendre, bénissez-nous, nous femmes polonaises, qui combattons pour l’Église et pour la
Liberté. »

Les Allemands ont reçu des renforts. La XXVe PD, fraîchement arrivée,
pousse sur Zoliborz.
Brusquement, le Kremlin change de tactique. Son artillerie intervient.
Son aviation se manifeste à nouveau. Le 14 septembre, elle largue du
matériel. Le 1er Front de Biélorussie reprend l’offensive et occupe Praga. En
quelques endroits, vers Czerniakow et Zoliborz, des éléments de la 1ère
Armée polonaise qui ont franchi la Vistule font jonction avec les insurgés.
Des blessés peuvent être évacués vers les lignes soviétiques sur l’autre rive
du fleuve. En fait, Moscou veut donner l’impression qu’il porte secours à
Varsovie, alors que le drame est consommé. La résistance polonaise non
communiste est pratiquement liquidée sur Varsovie.
Le 18 septembre, les Américains tentent un ultime effort. 108
bombardiers atteignent Varsovie pour larguer des approvisionnements. Il est
trop tard.
Les combattants sont à bout. Vivres et munitions manquent alors que les
Allemands intensifient leur pression. XXVe PD sur Zoliborz, XIXe PD sur
Mokotow. Au nord de la ville, les maquisards de la forêt de Kampinos
lancent des diversions pour soulager leurs camarades. À leur tour, ils sont
pris sérieusement à partie le 27.
La fin approche. Dans la nuit du 26 septembre, les rescapés de Mokotow
s’efforcent de rejoindre le centre ville par les égouts. 600 seulement passent.
Le 27, les 2 000 derniers défenseurs de Mokotow déposent les armes. Le
30 septembre, c’est au tour de Zoliborz de cesser le combat.
Mokotow, Zoliborz tombés, la forêt de Kampinos investie, seul résiste
encore le centre ville. Plus de munitions. Plus de médicaments. Pratiquement
plus de vivres. Quelques puits assurent encore un peu d’eau.
La Croix-Rouge polonaise négocie la reddition des derniers carrés signée
le 2 octobre 1944. Les insurgés ont eu au moins 15 000 morts, la population
civile environ 150 000. Les Allemands annoncent 26 000 tués, disparus ou
blessés.
La reddition obtenue, ils font évacuer la cité meurtrie. Le 11 octobre, le
Dr Frank*, Gouverneur général, signe l’instruction suivante :
« Sujet : nouvelle politique en Pologne*. L’Obergruppenführer von dem Bach-Zelewski* a
reçu mission de pacifier Varsovie, ce qui signifie : raser Varsovie dès le temps de guerre, dans la
mesure où les projets de fortifications militaires ne s’y opposent pas. »

La majeure partie de la ville sera détruite. Lorsque les Soviétiques


entreront dans Varsovie en janvier 1945, ils découvriront une cité en ruine et
à peu près déserte. (Il restait environ 15 000 habitants.)
Le soulèvement s’achève donc dans un bain de sang et par la destruction
de la capitale de la Pologne*. Il n’est qu’un seul vainqueur : les Soviétiques.
Leur attitude a permis d’écraser la résistance non communiste. Ils pourront
sans difficulté introniser le gouvernement à leur dévotion.

VASSIEUX-EN-VERCORS
Village du Vercors*, 440 habitants avant la guerre. Le 21 juillet 1944,
vers 9 h 30, Vassieux, au cœur du dispositif militaire du maquis du Vercors*,
est investi par des parachutistes allemands arrivés par planeurs. 76 civils,
femmes, vieillards ou enfants, sont massacrés. Les combats sur Vassieux font
rage durant trois jours avant que les maquisards ne reçoivent l’ordre de
dispersion.
Plus petite commune de France. Compagnon de la Libération*.

VASSILIEVSKI, ALEKSANDR
(1895-1977). Maréchal soviétique.
Rallié à la Révolution, gagne la confiance de Molotov* et Staline*. Ne
passe dans l’Armée rouge* qu’à la veille de la guerre. La confiance de
Staline* lui octroie des postes importants et mérités. Seconde Joukov* durant
la bataille de Stalingrad*, avant de commander un Front. Commandera en
chef en Extrême-Orient contre le Japon* en 1945. Maréchal le 16 février
1943. Se présente comme l’un des chefs militaires soviétiques majeurs de la
Seconde Guerre mondiale.
Héros de l’Union soviétique*.

VATICAN
La cité du Vatican, siège de l’Église catholique, est État neutre. Dans cet
esprit, le pape Pie XII* s’efforce de garder des relations diplomatiques
normales avec tous les belligérants, moyen indispensable pour jouer un rôle
politique et humanitaire. Ceci étant, le Vatican devient toutefois un centre de
résistance au nazisme* au point que Hitler*, en juillet 1943, après la chute de
Mussolini, envisage de l’envahir. Ribbentrop* et Goebbels* l’en
dissuaderont. Après septembre 1943, le Vatican devient un refuge pour des
Juifs et des prisonniers de guerre alliés évadés et le restera jusqu’à la prise de
Rome*. Dans un autre sens, des membres de l’aile droite du clergé, après
1944, aideront des nazis et collaborateurs à fuir.

VATOUTINE, NIKOLAÏ
(1901-1944). Maréchal soviétique.
Un des plus brillants généraux de Staline*. Commande le Front de
Voronej en 1942 et joue un rôle essentiel dans la défense de Stalingrad* puis
la bataille de Koursk*. Mortellement blessé le 29 février 1944 par des
nationalistes ukrainiens. Décède le 17 avril à l’hôpital de Kiev*.

VEL’ D’HIV’, GRANDE RAFLE DU


À la fin du mois de juin 1942, Laval*, président du Conseil depuis avril,
est informé par les Allemands que la France* doit assurer l’arrestation et la
déportation de 100 000 Juifs. L’Auvergnat est persuadé de la victoire
allemande et souhaite s’entendre avec le vainqueur potentiel. Il en a fait la
pierre de touche de sa politique. Les exigences allemandes sur les Juifs le
mettent dans une situation difficile. Vis-à-vis de l’opinion nationale,
comment cautionner l’arrestation et la déportation des Juifs de France ?
S’opposer sur ce point à l’Allemagne, c’est compromettre tout ce qu’il
élabore.
Pétain* ne peut rester à l’écart d’un tel dossier. Laval* l’aborde en
parlant de recensement, différenciant Juifs français et étrangers. Le Maréchal
acquiesce :
« Cette distinction est juste et sera comprise par l’opinion. »

Apprenant la vérité, il ne dérogera pas à son souci primordial : protéger


les nationaux.
René Bousquet, secrétaire général de la police, négocie avec Oberg* un
compromis. Ne pas arrêter les Juifs français, par contre arrêter les Juifs
étrangers par une action à réaliser en commun. À l’heure des comptes à
rendre, Laval* se défendra :
« J’ai essayé de savoir où les Allemands conduisaient les convois de Juifs, et leur réponse
était invariable : “En Pologne*, où nous voulons créer un État juif.” »
Réponse qui semble l’avoir satisfait. Pétain* se tait.
Vichy* a donné son aval. L’application peut suivre.
Le 7 juillet 1942, Dannecker*, responsable de la Solution finale* pour la
France, réunit au siège de la Gestapo*, à Paris, des responsables français.
Parmi eux, Darquier de Pellepoix*, commissaire aux Affaires juives, et de
hauts fonctionnaires, Leguay, directeur général de la police, Hennequin,
directeur de la police municipale, Garnier, représentant du préfet de Police.
Dannecker* dévoile l’objet de la réunion : l’arrestation de 28 000 Juifs
étrangers de la région parisienne, femmes et enfants compris.
Le fichier établi par l’administration française fournit l’outil de base. Les
Juifs y sont parfaitement ciblés, par ordre alphabétique, par rue, par
profession, par nationalité. La police municipale étant étatisée depuis avril
1941, la gendarmerie relevant du ministère de l’Intérieur depuis juin 1942,
toutes deux sont aux ordres de la Direction générale de la police, Bousquet et
Leguay. Les 9 000 hommes impliqués de la gendarmerie, de la garde mobile,
de la police judiciaire, des renseignements généraux, de la voie publique, sont
organisés en 888 équipes (300 jeunes gens du PPF de Doriot* les renforcent).
Toutes les arrestations seront effectuées par des Français.
« Police, ouvrez ! » Il est 4 heures, ce jeudi 16 juillet 1942.
Les policiers français se font ouvrir les portes des appartements et des
demeures. Leurs ordres sont stricts : tirer si besoin, faire fermer eau, gaz,
électricité, faire emporter pour deux jours de vivres.
Toute la matinée, des autobus, pleins à craquer, effectuent des navettes.
Les personnes sans enfants sont dirigées sur le camp de Drancy*, les familles
avec enfants vers le Vélodrome d’Hiver, le Vel’d’Hiv’ pour les Parisiens.
Vers 13 heures, tout est pratiquement terminé. Les Allemands sont
mécontents. Ils ne dénombrent, au lieu des 28 000 programmées, que 12 884
arrestations dont 5 802 femmes et 4 051 enfants. Il y a eu des « fuites ».
Certains ont pu s’éclipser.
Au Vel’d’Hiv’, rien n’a été prévu. Tout manque. L’air devient vite
irrespirable. Une dizaine de personnes se suicident.
Impassibles, gendarmes, gardes mobiles, agents de police ont arrêté,
transporté, gardé. Ils exécutent les ordres, non sans brutalité parfois. Sauf
erreur, il n’est pas signalé de cas de refus d’obéissance. Contrastant avec
l’impassibilité policière, des âmes charitables se manifestent. La Croix-Rouge
envoie des infirmières ; des médecins se présentent. Des enfants livrés à eux-
mêmes sont hébergés par des familles généreuses.
En France* occupée, des opérations similaires à celle de Paris ont lieu.
On arrête à Bordeaux, Tours, Saint-Malo, Dijon, Nantes, La Baule. Partout,
la police française se charge de la besogne... Les arrestations gagnent la zone
libre en août. Le 4 juillet, Vichy* avait donné son accord à la déportation des
Juifs des deux zones. Les arrestations interviennent aussi bien à domicile que
dans les camps. Toutes les personnes arrêtées sont aussitôt transférées sur
Drancy (voir à ce nom) et de là vers l’Allemagne*.
Un historien a posé une question terrible :
« Combien de morts y aurait-il eus en moins si les Nazis avaient été contraints d’identifier,
d’arrêter et de transporter eux-mêmes, sans aucune assistance française, chacun des Juifs de
France* qu’ils voulaient assassiner ? On ne peut que le conjecturer. » (Vichy et les Juifs, p. 339.
M. Marrus, R. Paxton.)

Réglementairement, six citations à l’ordre de l’armée sont nécessaires à


une unité combattante pour prétendre au port de la fourragère aux couleurs de
la Légion d’honneur. Que de sacrifices, que de sang représente cette
distinction créée en 14-18 pour les unités les plus méritantes !
Même s’il y eut les combats de la Libération* de Paris (134 policiers
municipaux ont été tués), on peut s’étonner que des centaines de policiers
français, « anciens du Vel’ d’Hiv’ », aient pu arborer une telle décoration.

VEMOK
(voir EAU LOURDE, BATAILLE DE L’)

VENEZUELA
Pays neutre, le Venezuela, en décembre 1941, rompt ses relations
diplomatiques avec les puissances de l’Axe*. Les attaques des U-Boote* dans
la mer des Caraïbes éloignent le Venezuela de l’Allemagne*, et il devient un
gros fournisseur de pétrole pour les Alliés*. En février 1945, il déclarera la
guerre à l’Allemagne* et au Japon*, puis il signera la déclaration originelle
des Nations unies*.

VENLO, INCIDENT DE
En octobre 1939, le SD* allemand parvient à entrer en contact avec des
agents de l’Intelligence Service. Il laisse supposer qu’un complot se trame
dans la Wehrmacht* afin de renverser Hitler*. Un rendez-vous est agencé à
Venlo, commune proche de la frontière, en territoire hollandais. Un général
allemand est censé s’y rendre.
Dans la nuit du 8 au 9 novembre, un commando conduit par Naujocks*,
l’homme de l’affaire de Gleiwitz*, franchit la frontière, se rend à Venlo et
enlève deux agents britanniques, Sigismund Payne Best et Richard Stevens.
Un officier des services spéciaux néerlandais, Dirk Klop, qui s’était joint à
eux, est tué.
Ce coup de main dans un pays neutre relève du pur bandistime. Les deux
agents britanniques resteront prisonniers jusqu’à la fin de la guerre et
Churchill* se montrera, par la suite, très réticent devant les demandes
allemandes de contact. L’organisateur de l’incident, Schellenberg*, en tirera
par contre profit personnel

VÊPRES BULGARES
En septembre 1941, les Bulgares, en Thrace et en Macédoine, massacrent
environ 20 000 civils grecs et des milliers de Yougoslaves. 250 000
personnes sont obligées de fuir leurs terres dévastées.

VERCORS, MASSIF ET COMBATS DU


Un navire de haut bord dominant son environnement. Des vallées de
l’Isère au nord et à l’ouest, de la Drôme au sud, le massif du Vercors flanqué
de ses immenses falaises calcaires en profile l’image. Il s’étale sur
60 kilomètres du nord au sud, près de 30 dans l’autre sens. De puissants
mouvements de terrain de 2 000 mètres de haut, voire plus, le coupent du
nord au sud, pour une altitude moyenne de 1 000 mètres. Un épais manteau
forestier recouvre la majeure partie de ses 170 000 hectares. Il n’est qu’un
véritable axe de pénétration. Depuis Grenoble, une assez bonne route conduit
à Villard-de-Lans et La Chapelle-en-Vercors avant de redescendre sur Die
dans la vallée de la Drôme. Ailleurs, les passages sont des cols à près de
2 000 mètres.
La Résistance* a vite discerné les possibilités offertes par le Vercors. Dès
décembre 1942, des camps de réfractaires et de maquisards s’y sont installés.
Jean Moulin*, informé de la possibilité d’y constituer un réduit d’où
jailliraient des raids de commandos, est intéressé. Le général Delestraint*
également. De Gaulle* aussi.
Un plan appelé « Montagnard » s’élabore. Conçu par le capitaine Le
Ray* et une équipe de camarades, il n’a pas vocation défensive. Il doit
présenter un caractère résolument offensif.
Tout au long de 1943, le Vercors s’étoffe. Le STO* lui fournit des
hommes. Des cadres du 6e BCA et du 159e RIA répondent présents. Un
parachutage, dans la nuit du 12 au 13 novembre, apporte des armes. En fin
d’année, Le Ray* s’éloigne et prendra bientôt le commandement de l’AS*
Isère. Le capitaine Geyer du 11e cuirassiers le remplace provisoirement.
Au début de 1944, le Vercors se présente comme une pléthore de petits
camps avec un bon encadrement d’active ou de réserve. Les Allemands,
depuis Grenoble, tentent de temps à autre des incursions qui se terminent par
des morts et des incendies. La Milice* intervient aussi, torturant et fusillant.
Heureusement, les parachutages apportent leur réconfort. Mais pas d’armes
lourdes. La raison de cette carence est simple. Le SOE* proclame :
« La véritable tactique de guérilla n’exige pas l’emploi d’armes lourdes. »

Sur le fond, il a raison à condition de s’en tenir à la guérilla.


Le Vercors a un responsable civil, Chavant, courageux résistant qui
s’interroge sur le sort réservé au Vercors. En mai 1944, Chavant parvient à
gagner Alger et rencontre Soustelle, le chef de la future DGSE (actuel
SDECE). Dans la nuit du 2 au 3 juin, un avion le dépose dans une prairie
discrète de l’Ain. Il ramène un ordre Top Secret signé Soustelle avec accord
de De Gaulle*. Le « Plan montagnard » de février 1943 est plus que jamais
valable. Le Vercors doit devenir une citadelle. On a promis de l’aide à
Chavant. Du matériel, des hommes (4 000 paras).
Le Vercors a maintenant un nouveau chef militaire : une recrue de choix,
le chef d’escadrons François Huet, « Hervieux », au passé de combattant
remarquable. À ses côtés, Costa de Beauregard et Geyer se partagent les
responsabilités territoriales.
Sédentaires et volontaires affluent. Début juillet 1944, ils seront un peu
plus de 3 000. 2 000 correctement armés, 1 000 à moitié. Certains quasiment
les mains nues. L’encadrement d’active ou de réserve est de qualité. Un
officier parachuté assure les liaisons avec Alger.
L’ennemi a attaqué le Vercors le 13 juin mais a été repoussé. Personne ne
s’est illusionné. L’Allemand reviendra. Il est revenu effectivement le 15,
occupant Saint-Nizier, porte d’accès au Vercors.
Dans la nuit du 28 au 29 juin, deux commandos américains de 15
hommes sont parachutés. Quelques jours plus tard arrive la Mission
Paquebot, une équipe française qui doit réaliser un terrain d’aviation et
possède un appareil radio de guidage avions. À priori, le Vercors intéresse en
hauts lieux. Le 11 juillet, Koenig*, commandant en titre des FFI*, adresse
aux combattants un message de félicitations. Le 3 juillet, Chavant a proclamé
par affiches que la République française y avait été officiellement restaurée.
Huet, pour insuffler l’esprit de corps, a reconstitué des unités traditionnelles :
6e BCA, commandant Costa de Beauregard, 12e BCA, commandant Ulmann,
14e BCA, capitaine Bourdeaux, Groupe d’escadrons du 11e Cuirassiers, chef
d’escadrons Geyer, plus une compagnie du génie, une section de tirailleurs
sénégalais, un groupe du 2e RA de Grenoble. Le Vercors, suite à de nouveaux
engagements, abordera la bataille avec 3 909 hommes incorporés, dont 169
officiers et 317 sous-officiers. La piste d’aviation est prête : 1 050 m sur 150.
Elle autorise des Dakotas* à s’y poser.
Le 14 juillet, 72 B 17* ont largué 800 containers. Ce parachutage en
force et de jour a conforté dans les esprits la certitude de l’intérêt des Alliés*
pour le Vercors. Les chefs toutefois ne sont pas sans inquiétudes. 4 000
hommes légèrement armés, peu instruits dans leur majorité, ne sont guère en
mesure de tenir la forteresse Vercors.
Juin et juillet ont connu des accrochages en périphérie du Vercors. Les
renseignements se précisent. Les Allemands achèvent leur concentration.
Toujours la 157e division de réserve plus des bataillons recrutés à l’Est*. Au
total, 8 000 hommes dont 400 parachutistes. Le jour J est fixé au 21 juillet.
L’aviation appuiera les troupes au sol. Les éléments non engagés sur le
plateau barreront les accès au Vercors. Pour l’attitude générale : « arrêter les
hommes de 17 à 30 ans... ».

21 juillet.
Il pleut. Le plafond est bas. Deux bataillons d’infanterie, soutenus par
deux batteries de montagne, attaquent les pas au sud du massif afin de
prendre à revers les défenseurs du plateau. Les poignées de maquisards qui
les gardent s’accrochent à leurs positions mais la partie est trop inégale. Les
pas sont perdus en fin de journée.
Au nord, Villard-de-Lans a été occupée sans difficulté. Au sud-ouest du
village, deux compagnies renforcées du 6e BCA ont mission de verrouiller les
passages. Paradoxalement, dans tout ce secteur où manifestement l’ennemi se
masse, la journée du 21 se déroule sans incidents majeurs. L’événement
intervient ailleurs.
9 h 30. Ciel toujours gris. Soudain des avions percent le plafond au sud
de Vassieux*. Les hommes sur la piste en voie d’achèvement croient un
moment à l’arrivée d’appareils alliés. Erreur. Ils remorquent des planeurs qui
bientôt se décrochent et foncent vers le sol. L’un des planeurs s’écrase à
l’arrivée mais les autres se posent sans dommages. Aussitôt des parachutistes
en jaillissent et ouvrent le feu sur tout ce qui bouge, civils ou maquisards. La
surprise est quasi complète.
Tous ceux qui le peuvent se précipitent sur leurs armes et répliquent.
Mais le carnage en quelques minutes fait une centaine de morts dont 76
civils, femmes, vieillards ou enfants.
Les assaillants, bientôt renforcés, sont environ 400. Combattants aguerris,
ils sèment la mort sur leur passage et se retranchent solidement dans
Vassieux.
Huet informé ordonne à Geyer d’intervenir avec le maximum de monde.
Sans armes lourdes, il est impossible de déloger un adversaire bien abrité
derrière les murs en pierre des maisons de Vassieux.
Devant la violence de l’offensive généralisée, l’équipe de liaison
parachutée tire la sonnette d’alarme et réclame des armes lourdes et une
intervention chasse. Alger a les mains vides et à Naples on a d’autres soucis.

22 juillet.
22 heures. Le bilan de la première journée est lourd. Les pas ont cédé.
Vassieux* est occupée. Si, vers Valchevrières, au nord, rien n’a craqué, qu’en
sera-t-il demain ?
À Saint-Martin, les chefs du Vercors se regroupent en conseil de guerre à
la demande de Huet. Que faire devant l’inévitable rupture du front ?
Finalement, sur proposition de Huet, une formule est retenue : éclatement et
dispersion à l’intérieur du Vercors. Le massif offre suffisamment de couverts
forestiers pour s’y éparpiller et s’y dissimuler.
Avant de se séparer, Chavant se retourne vers Alger pour exprimer sa
colère que le Vercors ait été abandonné malgré les promesses reçues.
Le Vercors où les combats continuent. Au pas de l’Aiguille, un groupe de
28 maquisards résistera près de 48 heures. À Vassieux*, impossible faute de
moyens lourds de déloger les paras allemands. À Valchevrières, une contre-
attaque rejette l’adversaire qui a l’avantage d’être seul dans le ciel.

23 juillet.
Journée décisive partout. Les Allemands progressent vers Vassieux et La
Chapelle-en-Vercors. Le lieutenant Chabal est tué au Belvédère de
Valchevrières. À 15 heures, les Allemands pénètrent dans Valchevrières et
incendient le village.
À 16 heures, Huet donne l’ordre de dispersion préparée le 21 au soir :
« Maquiser le maquis », suivant sa formule.
Tragédie. Deux lieux illustrent la sauvagerie allemande. À Vassieux*, la
population est massacrée, les prisonniers pendus. 98 maquisards, 82 civils ont
été tués à Vassieux*. La grotte de la Luire, à l’est du village, refuge précaire,
abrite 28 blessés dont quatre Allemands correctement traités, trois médecins,
sept infirmières et un prêtre. Le site est découvert le 27 vers 16 h 30. Les
femmes seront déportées, tous les hommes exécutés.
Les Allemands n’abandonneront le Vercors que les 8 et 9 août. Durant ce
temps, les maquisards lutteront pour survivre, menant une guérilla active. Un
certain équilibre s’instaurera. Allemands sur les axes et les villages,
maquisards sous les couverts et sur les reliefs, les chefs ayant regroupé leurs
hommes.
Le Vercors aura coûté 639 tués aux combattants et 201 aux civils. 41
habitants de Vassieux* ont été déportés. Les Allemands auraient eu une
centaine de morts et plus de 56 blessés décédés par la suite à Grenoble.
Le Vercors trahi ? Trahi serait excessif. Sacrifié est plus exact. Sacrifié
par les Alliés*, soucieux avant tout de leurs propres opérations et pas
mécontents de voir ces abcès se lever sous les pieds des Allemands. Sacrifié
par le GPRF* dépassé par les événements. Le Vercors est le plus lourd
holocauste supporté par un maquis* français.
Le ministre communiste Grenier sera lourdement mis en cause. Pourquoi
n’a-t-il pas organisé l’unité aérienne qu’il avait été chargé de mettre sur
pied ? Pourquoi n’a-t-il informé personne de la non-exécution de la mission
confiée ? A-t-il joué le jeu correctement ? Plus d’un en doute. Il n’y avait pas
de FTP* au Vercors. Les maquisards relevaient de l’AS-ORA*.
Vassieux*, village martyr, sera décoré de la Croix de la Libération*.

VÉRONE, PROCÈS DE
Du 8 au 10 janvier 1944, Mussolini* règle ses comptes avec ceux qui se
sont opposés à lui au Grand Conseil fasciste du 25 juillet 1943. Sur 19
accusés, six seulement, ayant été arrêtés par les Allemands et remis à la
République de Salò*, sont présents. Cinq sont condamnés à mort : maréchal
de Bono, Ciano* (gendre du Duce*), Giovanni Marinelli, Luciano Gottardi,
Carlo Pareschi. Ils seront exécutés – fusillés dans le dos – le 11 janvier. Le
sixième accusé, Cianetti, avait été condamné à 30 ans de prison.

VÉSUVE, OPÉRATION
Nom de code donné à l’opération de libération de la Corse* en septembre
1943 (ainsi baptisée pour abuser l’ennemi sur sa destination).

VIAN, PHILIP
(1894-1968). Amiral anglais.
L’un des plus prestigieux amiraux anglais de la Seconde Guerre
mondiale.
D’origine française huguenote, capitaine de vaisseau, commandant le
destroyer Cossak, enlève, à l’abordage, le croiseur auxiliaire Altmark* en
février 1940. Promu amiral, commande la IVème flottille de destroyers à
Narvik*, puis une division de croiseurs en Méditerranée*. À ce titre, participe
au ravitaillement de Malte*. Couvre en 1943 le débarquement en Sicile*, puis
en 1944 celui de Normandie* devant les plages britanniques. Commandera la
Home Fleet en 1950.

VICHY-LES-BAINS
Ville d’eaux du département de l’Allier. 22 200 habitants en 1939. Ses
capacités hôtelières la font choisir comme résidence du gouvernement de
l’État Français de préférence à Lyon ou Clermont-Ferrand.
Son nom devait vite devenir synonyme du régime français en place de
1940 à 1944.

VICKERS
Mitrailleuse anglaise, ayant fait ses preuves en 14-18 et inspirée de la
mitrailleuse Maxim de 1882.
Poids : 18,1 kg (arme seule) ; longueur : 1,092 m ; calibre : 7,7 mm :
cadence de tir : 450 coups/minute ; alimentation : bande souple de 250 coups.
La Vickers, montée sur jeep, sera l’arme des raids des SAS* en Libye*.
(La version utilisée par le SAS* est celle à haute cadence de tir, nommée
Vickers Gas Operated, pouvant atteindre 1 200 coups/minute.)

VICTOIRE, ORDRE DE LA
Plus haute décoration militaire soviétique, créée le 8 novembre 1943 à
l’intention des chefs victorieux.
Accordée 20 fois à 17 titulaires, certains l’ont donc reçue deux fois.
Maréchaux Joukov* : 2 ; Staline* : 2 ; Vassilievski* : 2 ; Rokossovski* ;
Koniev* ; Tolboukhine*, Malinovski* ; Govorov* ; Timochenko* ;
Meretskov* ; général Antonov* ; Leonid Brejnev* (en 1979).
Étrangers : général Eisenhower* ; maréchal Montgomery* ; roi Michel Ier
de Serbie* ; maréchal Tito* ; général Rola-Zymierski.
Cette liste, pour les récipiendaires soviétiques, fait un peu figure de
palmarès.
La décoration est une étoile ornée de diamants et de rubis avec au centre
l’image du Kremlin.

VICTOR-EMMANUEL III
(1869-1947).
Monte sur le trône d’Italie* en 1900. En 1922, accepte Benito Mussolini*
comme chef du gouvernement. En 1936, devient empereur d’Éthiopie* et, en
1939, roi d’Albanie* suite aux conquêtes de l’Italie* fasciste. En 1943,
emboîte le pas à la décision du Grand Conseil fasciste du 25 juillet et fait
arrêter le Duce*. Au lendemain de l’armistice* italien, doit fuir Rome avec le
gouvernement. Après la libération de la capitale en juin 1944, sous la
pression populaire, confie la régence à son fils Umberto II* et finalement
abdique en sa faveur le 9 mai 1946. Exilé, ne pourra ensuite revenir dans son
pays, un référendum ayant le 12 juin 1946 abrogé la monarchie.
L’opinion italienne lui reprochera son laxisme devant les folles
entreprises de Mussolini* et son manque d’autorité dans les périodes de crise.
La monarchie et lui-même en paieront le prix.

VICTORIA CROSS
Plus haute distinction militaire britannique pour faits de guerre, instituée
par la reine Victoria en 1856. Elle n’est accordée qu’à titre très exceptionnel :
1 356 de 1856 à 1945.

VICTORY PROGRAM
Étude réalisée en 1941 sous l’autorité du général Wedemeyer* afin
d’établir le personnel et le matériel nécessaires pour l’emporter contre l’Axe*
et le Japon*. Elle établit en particulier que eu égard aux besoins de l’industrie
et de la vie civile 8 795 658 Américains pouvaient être mobilisés. Dans la
pratique, il y en aura 8 291 236.

VIENNE, ARBITRAGE DE
Mise en demeure, appelée par euphémisme « Arbitrage de Vienne »,
imposée à la Roumanie* par l’Allemagne* et l’Italie*, le 30 août 1940, pour
céder à la Hongrie* la Transylvanie* septentrionale avec la ville de Cluj.
Cette Transylvanie*, incontestablement plus roumaine que hongroise, sera
restituée à la Roumanie* par le traité de Paris en 1947.

VIENNE, CHUTE DE
L’effondrement du GA Sud devant les 2e et 3e Fronts d’Ukraine de
Malinovski* et Tolboukhine* a entraîné la chute de Bratislava le 5 avril
1945. Au sud du Danube, la débâcle est du même ordre. L’aile gauche de
Malinovski* avance aussi rapidement en longeant la rive droite du fleuve.
Tolboukhine* exploite de tous côtés ses avantages. Son flanc droit déborde
par l’ouest le lac de Neusied. Le 2 avril, la 6e Armée de la Garde atteint
Wiener Neustadt. Elle est à 45 km de la capitale autrichienne dont
l’encerclement se précise. Par la forêt des monts Bakony, le flanc gauche du
3e Front s’enfonce ouest et sud-ouest. Sous le coup d’être débordée, la IIe AB
abandonne Nagykanska. Quant aux Hongrois encore avec la Wehrmacht*, ils
désertent par groupes entiers.
Hitler* ne cesse d’intimer à Wöhler* de contre-attaquer. Mais avec quoi ?
Wöhler* finit par répliquer vertement. Sa courageuse franchise devant la
menace de voir les Russes « percer jusqu’à l’infini ! » ne plaît pas. Hitler*
rappelle Rendulic* de Courlande* pour le remplacer.
Rendulic* ou Wöhler* n’y changeront rien. Lorsque Rendulic*, au terme
d’un voyage scabreux, le 7 avril, rejoint son PC de Sankt Pölten (60 km ouest
de Vienne), les troupes soviétiques sont déjà entrées dans Vienne encerclée.
Malinovski* et Tolboukhine*, arrivant par l’est et par l’ouest, se sont donnés
la main dans les faubourgs.
Hitler* croit toujours en la vertu de l’efficacité du libérateur de
Mussolini*. Pour animer la défense, il expédie Skorzeny* sur Vienne en
mission spéciale. Le colonel SS*, sitôt arrivé, s’empresse de faire pendre sur
le pont de Floridsdorf trois officiers soupçonnés de lâcheté. Rendulic* refuse
de s’associer aux « extrémités sauvages » des SS*. Skorzeny* repart d’où il
était venu.
La bataille pour Vienne durera jusqu’au 13 avril sans atteindre toutefois
la fureur destructrice de Budapest*. On se bat dans des lieux chargés
d’histoire, non loin de la promenade du Prater, du château de Schœnbrunn où
« la Garde habita », à Wagram occupée le 10, à Essling le 11. Ô mânes de
Lannes et de l’Empereur ! L’Armée rouge* enfin s’approprie une ville qui a
souffert des bombardements et des combats mais dont, fort heureusement, les
édifices les plus prestigieux ont été généralement préservés.
À la mi-avril, toute la Hongrie* a été libérée, ainsi que l’Autriche*
orientale.
Le GA Sud reconstitue, néanmoins, un front presque continu de Sankt
Pölten à la Drave, légèrement à l’est de Varazdin. Curieusement, les deux
Fronts d’Ukraine relâchent leur pression et se mettent sur la défensive. La
Stavka* est derrière cette stagnation. C’est désormais vers Prague qu’elle
regarde. (Voir Prague, chute de.)
Dans l’immédiat, les Russes annoncent la formation d’un gouvernement
provisoire autrichien et refusent l’entrée du pays aux missions alliées. À
Potsdam, Churchill* et Truman* auront fort à faire pour sauver l’Autriche*
de l’hégémonie communiste.
Vienne ou Anvil* ?
Rome est tombée. Les Xe et XIVe Armées allemandes se sont échappées,
non sans perdre des hommes et du matériel lourd. Que va-t-il se passer ? Les
Alliés* sauront-ils exploiter leur avantage ou les Allemands se rétablir ?
Entre Américains et Britanniques le vieux débat resurgit. Churchill*
relance la conception qui lui tient à cœur : poursuivre en Italie*, gagner la
Lombardie et de là marcher sur Vienne par le lac de Garde ou la trouée de
Ljubljana. Wilson*, Alexander* font chorus. Wilson* propose même une
opération amphibie sur la presqu’île d’Istrie, perspective prometteuse pour
pénétrer en Autriche* et Hongrie*. Les positions américaines demeurent
figées sur ce qui a été convenu. Marshall*, Eisenhower* restent
farouchement attachés au débarquement dans le midi de la France* pour
soulager le front de Normandie*. Ils s’appuient sur ce qui a été décidé à
Téhéran et annoncé* à Staline*.
Les Français n’ont guère leur mot à dire dans ce différend anglo-saxon,
ce qui ne les empêche pas d’avoir leurs idées. Juin* opte résolument pour la
solution Churchill* dont il mesure tout l’intérêt stratégique à long terme,
d’autant que de la plaine du Pô il est possible d’atteindre le sud-est de la
France. De Gaulle* ne partage pas cette vision. Dans ses Mémoires de
guerre, il notera :
« ...Pour des raisons qui tenaient à mes responsabilités à l’échelle de la nation française, je
n’entrai pas dans cette conception. »

Et puis, murmureront certains, Juin*, en Italie*, a suffisamment


moissonné. À de Lattre* de prendre le relais. À Juin* de rentrer dans
l’anonymat. Le « Libérateur » s’appelle Charles de Gaulle*.
Il appartient à Roosevelt* de trancher :
« ... Mon intérêt et mes espoirs se concentrent sur une défaite des Allemands opposés à
Eisenhower* et sur une pénétration en Allemagne* plutôt que sur une limitation de cette action en
vue de pousser à fond en Italie*. »

C’est un non définitif à la marche sur Vienne. Churchill* doit s’incliner.


Il n’est pas le plus fort. « Anvil* » aura lieu le 15 août. Pendant des
décennies, les Occidentaux, les pays de l’Europe orientale et la liberté ne
paieront-ils pas le prix de l’obstination de Roosevelt* (certains parlent de son
aveuglement) ?

VIETINGHOFF, HEINRICH VON


(1887-1952). Général allemand.
Commande la 5ème PD en Pologne*, puis le 46ème CB en Yougoslavie*.
Toujours dans les unités blindées sur le front de l’Est* avant de rejoindre
l’Italie* en 1943 après un séjour de quelques mois en France*. Nommé
commandant en chef en Italie*, succède à Kesselring*, le 23 mars 1945. Sans
illusions sur l’issue, s’efforce à partir du 8 avril 1945 de négocier avec les
Alliés*. Fait enfin signer, la Convention de Caserte* qui débouche sur l’arrêt
des combats en Italie*, le 2 mai.
Prisonnier de guerre, est libéré en 1946.

VIÊT-MINH
Abréviation de Viêt-nam Doc Lap Dong Minh Hoi (Ligue
révolutionnaire pour l’indépendance du Viêt-nam). Organisation de guérilla
communiste et nationaliste fondée par Hô Chi Minh*, en mai 1941, dans le
sud de la Chine*, afin de lutter contre les Français et les Japonais. Soutenu
par l’OSS*, il parvient, en 1945, à dominer, en partie, la haute région du
Tonkin. Profitant de la capitulation* japonaise et du désarmement des troupes
françaises, il entre dans Hanoi où, le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh*
proclame l’indépendance du Viêt-nam.

VIKING
5ème division SS Viking, à base de trois régiments : Germania
(Allemands), Westland (Hollandais et Flamands), Nordland retiré fin 1943
(Danois et Norvégiens). Formée en décembre 1940 en tant que division
motorisée, devient Panzer Division* en octobre 1943. Participera aux
combats majeurs du front de l’Est*. Est l’une des divisions allemandes les
plus décorées. Était commandée, aux origines, par le SS Brigadeführer
Steiner.
VILLEFRANCHE-DE-ROUERGE,
INSURRECTION CROATE DE
Des Croates catholiques et des Bosniaques musulmans, nés entre 1917 et
1925, ont été recrutés de force et enrôlés dans la 13e division SS
« Handschar* ». Un millier d’entre eux a été envoyé en France et constitue à
Villefranche-de-Rouergue un bataillon de pionniers.
Dans la nuit du 16 au 17 septembre 1943, ils se révoltent, exécutant leurs
officiers allemands et prenant le contrôle de la ville. Les Allemands alertés
réagissent. La mutinerie est écrasée. La moitié des insurgés est tuée ; l’autre
moitié ira mourir dans les camps de concentration. Seuls quelques dizaines de
Croates, aidés par la population, parviendront à rejoindre les maquis*.
Villefranche-de-Rouergue a ainsi été, durant quelques heures, la première
ville libérée de métropole.

VINEGAR JOE
Surnom attribué au général américain Stilwell* devant son caractère
acariâtre et son manque de souplesse diplomatique.

VINKT, MASSACRE DE
Massacre exécuté les 27 et 28 mai 1940 dans le village de Vinkt, en
Belgique*, par le 377e régiment d’infanterie allemand. 86 civils sont fusillés,
souvent après avoir été obligés de creuser leurs tombes.

VINNITSA
Ville d’Ukraine*, à 250 km au sud-ouest de Kiev, sur le Boug. Dans la
forêt voisine, Hitler* a établi un PC avancé.

VIS
Île de Dalmatie au large des côtes yougoslaves. À la fin de 1943, elle
devient un point fort britannique, base de départ pour les commandos. Tito*,
en 1944, s’y réfugiera cinq mois.
VLASSOV, ANDREI
(1900-1946). Général soviétique.
Était regardé comme l’un des espoirs de l’Armée rouge*. Engagé durant
la Révolution russe, il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie, évite
les purges de 1937. Commandant d’armée en 1941, il défend Kiev* avec
opiniâtreté. Participe ensuite à la défense de Moscou*, avant de recevoir, au
début de 1942, ordre de dégager Leningrad*. L’offensive, poursuivie sur
ordre formel de Staline*, se termine en tragédie. Cent mille hommes
disparaissent dans les marais du Volkov*. Vlassov, épuisé, est fait prisonnier
le 16 juillet 1942.
À l’instigation d’officiers et de généraux allemands, Vlassov, révolté par
le comportement de Staline*, se déclare prêt à se dresser contre le dictateur
soviétique mais pose ses conditions : la création d’une « Armée nationale
russe de libération ». Il rejoint l’action de ceux qui, dès 1941, ont créé le
« Comité de Smolensk » sous l’égide de la Wehrmacht*.
Hitler*, informé du projet, se cabre. Pour lui, il existe un principe de
base :
« Seul l’Allemand doit porter les armes, et non le Slave ni le Cosaque ou l’Ukrainien. »

Outre, il entend coloniser tous les territoires à l’ouest de l’Oural*.


Au second semestre 1944, les Allemands plus que jamais ont besoin
d’hommes. Himmler* donne son accord à Vlassov pour mettre sur pied deux
divisions. Il l’autorise également à créer et présider un « Comite de libération
des peuples de Russie » qui verra officiellement le jour le 14 novembre 1944
et comprendra plusieurs généraux et professeurs. Ce Comité publiera un
manifeste en 14 points culbutant les fondements du communisme.
Capturé en mai 1945 par les Américains, Vlassov sera remis aux Russes,
condamné à mort par un tribunal soviétique et pendu le 1er août 1946.

VLASSOV, ARMÉE
Hitler* a refusé le principe d’une armée d’origine slave, alliée de la
Wehrmacht*. Il accepte simplement des mercenaires comme chair à canon.
Car, à l’Est*, des initiatives imposées par les besoins ont été prises,
généralement à l’insu du haut commandement. Un service des « armées
étrangères de l’Est* » a été créé sous la direction du colonel puis général
Gehlen. Initialement, il vise à la recherche du renseignement.
À la fin de 1942, a été constitué un commandement des unités de
volontaires sous les ordres du général Hellmich. Zeitzler*, le chef d’état-
major de l’OKH*, finit par entériner la situation présente par une note de
service :
« Les auxiliaires sont des engagés volontaires provenant des peuples de l’espace russe,
incorporés dans une troupe allemande existante, et qui, après avoir prêté serment, font partie de
cette troupe. »

Ce serment pour le moins curieux mêle la fidélité à Hitler* à la notion de


libération de la Russie ou de l’Ukraine* :
« En tant que fidèle enfant de la patrie, je m’engage volontairement dans les rangs de l’armée
de libération russe (ou ukrainienne, etc.), et je jure solennellement que je combattrai loyalement le
bolchevisme pour le bien de mon peuple. Dans ce combat mené aux côtés des Allemands et des
armées alliées contre l’ennemi commun, je jure à Adolf Hitler*, en tant que Führer* et chef
suprême de l’armée de libération, fidélité et obéissance absolues. Je suis prêt à tout moment à
mettre ma vie en jeu pour tenir mon serment. »

On trouve ainsi dans les rangs de la Wehrmacht* des dizaines de milliers


de Caucasiens, Géorgiens, Cosaques, Ossètes, Tatars, Kalmouks, Kirghizes,
Azerbaïdjanais, etc. et d’Ukrainiens, Russes, Biélorussiens. À la fin de 1943,
Hitler*, toujours méfiant, ordonne de transférer à l’Ouest les unités
composées d’enrôlés des pays de l’Est*. 72 bataillons, des éléments
autonomes stationneront en France* au premier semestre 1944. Une école
d’officiers pour unités autochtones s’installera à Conflans. Ces soldats
brutalement transplantés perdent leur motivation. Cette guerre n’est plus la
leur. Les désertions seront fréquentes.
À l’automne 1944, Himmler* accorde enfin à Vlassov* le droit de mettre
sur pied une « armée » n’excédant pas deux divisions. Ces 1e et 2e divisions
de l’« Armée Vlassov » – 600e et 650e divisions de la Wehrmacht* – finiront
misérablement en Tchécoslovaquie*, au printemps 1945.
Derrière l’échec de l’« Armée Vlassov », se situe un fait incontestable.
De 1941 à 1945, près d’un million de ressortissants soviétiques, pour la
grosse majorité de leur plein gré, ont servi sous l’uniforme allemand. Mieux
utilisé, ce potentiel aurait pu modifier le rapport des forces à l’Est*. Après la
reddition allemande, Staline* exigera le rapatriement de ses compatriotes
tombés aux mains des Alliés*. Ceux-ci s’exécuteront. Bien peu des rescapés
des « Armée Vlassov » et autres échapperont à la balle dans la tête ou au
goulag.
Si le générique « Armée Vlassov » tend souvent à englober tous les
ressortissants soviétiques ayant porté l’uniforme allemand, en fait, la
véritable « Armée Vlassov » ne fut forte que de deux divisions.

VOLKHOV
Désastre russe sur le Volkhov.
Leningrad* encerclée survit mal. Le dispositif allemand autour de la ville
comporte toutefois des vides. Marécages gelés, forêts autorisent des
infiltrations. À Moscou, essayer de rompre l’encerclement et soulager la cité
de Lénine apparaît possible devant un adversaire qui souffre de l’hiver.
Le 13 janvier 1942, cavaliers, skieurs, blindés de la 11e Armée attaquent
sur le Volkhov, rivière marécageuse reliant le lac Ilmen au Ladoga. Ils
s’orientent nord-ouest, dans l’axe de Leningrad*. Peu après, débouchant des
rives méridionales du Ladoga, la 54eArmée fait à son tour pression vers le
sud pour appuyer l’action.
Vu les trous, une brèche d’une trentaine de kilomètres s’ouvre devant la
e
11 Armée qui s’y enfonce hardiment. En huit jours, elle gagne 80 km et se
trouve à mi-chemin de Leningrad*.
Les généraux allemands voient le mince ruban de la 11e Armée s’étirer
entre leurs positions. Ils savent manœuvrer. Ils amènent des renforts.
Surgissant du nord et du sud, ils sectionnent, à hauteur de Novgorod, le
cordon entre la 11e armée et ses arrières. Le 19 mars, 17 divisions de
tirailleurs, 8 brigades d’infanterie, 3 divisions de cavalerie, une brigade
blindée, se retrouvent isolées.
Il n’est toutefois pas trop tard pour réagir. Staline* a déjà fait payer les
mécomptes de l’offensive. Deux commandants successifs de la 11e Armée
ont été limogés. Le 21 mars, le maître du Kremlin désigne un homme qui a
toute sa confiance, le général Vlassov*, 41 ans, combattant au courage
éprouvé.
Vlassov* a tôt fait de se rendre compte du piège dans lequel son armée
est enfermée. Il demande l’autorisation de se replier. Refus, par deux fois, de
Moscou. Ce n’est que le 14 mai que Staline* consentira à un retrait des
troupes témérairement avancées.
À cette date, il n’est plus temps. Le dégel est là. Impossible de franchir
les marais. Les Allemands verrouillent les rares passages. L’armée Vlassov*
est définitivement bloquée dans l’univers marécageux du Volkhov.
Au bilan, 32 000 prisonniers. Les blessés sont morts par milliers. Le
Volkhov, transformé en charnier, dégage une odeur pestilentielle. Vlassov*
est capturé le 16 juillet.
Staline* a perdu une centaine de milliers d’hommes et un général
considéré comme un espoir de l’Armée rouge*. Révolté par les sacrifices
inutiles exigés par le régime moscovite, Vlassov choisira bientôt un autre
destin.

VOLKSDEUTSCHE
Population de sang et de langue allemande résidant en dehors des
frontières de l’Allemagne. Cas des Sudètes* de Tchécoslovaquie*, par
exemple. Ces Volksdeutsche seront de grandes victimes de la guerre. Enrôlés
systématiquement dans la Wehrmacht* ou dans la Waffen SS*, expulsés
systématiquement en direction de l’Allemagne* après la guerre.

VOLKSTURM
Littéralement, troupe d’assaut populaire prévue par la levée en masse
décrétée par Hitler* le 18 octobre 1944 et dont l’exécution est confiée à
Himmler*. Cette troupe doit mobiliser tous les hommes et jeunes gens de 16
à 60 ans. Dans la pratique, cette troupe hétéroclite, armée de fusils d’assaut et
de Panzerfaust*, n’aura pas d’incidence militaire hormis le sacrifice de jeunes
ou moins jeunes fanatisés ou patriotes.
Il semblerait que le Volksturm ait représenté un potentiel de 950 000 à
1 000 000 d’hommes. Tous n’ont pas été engagés, faute de structures et
d’armes. En principe, les membres du Volksturm doivent s’habiller et
s’équiper eux-mêmes au mieux. Seul le port d’un brassard portant
l’inscription « Deutscher Volksturm – Wehrmacht » est obligatoire.

VOLOKOLAMSK, CHAUSSÉE DE
Page entrée dans la légende de la défense devant Moscou* en novembre-
décembre 1941. Il existe plusieurs versions de l’histoire des 28 hommes de
l’unité antichars de Panfilov* s’accrochant, le 14 novembre 1941, à la
chaussée de Volokolamsk à environ 120 kilomètres au nord-ouest de
Moscou. L’IVOVSS, Histoire de la Grande guerre patriotique, six volumes,
parue à Moscou en 1960-1965, la rapporte comme suit (volume II, p. 261) :
« Ce jour-là, les Allemands avaient espéré percer sur la route de Volokolamsk et avancer sur
Moscou*. Après une mauvaise attaque aérienne, les mitrailleurs allemands essayèrent d’atteindre
les tranchées russes, mais ils furent repoussés par le feu de nos mitrailleuses. Alors ils lancèrent
une seconde attaque avec des troupes fraîches appuyées par 20 chars. Avec des fusils antichars,
des grenades à main, des bouteilles de pétrole, les hommes de Panfilov* endommagèrent 14 chars,
et les 6 autres rebroussèrent chemin. Peu après, les survivants de l’unité, tous blessés, furent de
nouveau attaqués par 30 tanks. C’est alors que le politrouk (instructeur politique), Vasily
Klochkov, se tourna vers ses hommes et dit : “ La Russie est grande, mais on ne peut battre en
retraite nulle part, puisque Moscou est derrière nous.” Un à un, les soldats soviétiques furent
blessés et tués dans un impitoyable combat qui dura quatre heures. Le politrouk, grièvement
blessé, se lança lui-même sous un tank ennemi avec un sac plein de grenades et le fit sauter. Ayant
perdu 18 chars et des douzaines d’hommes, les Allemands se replièrent sans avoir percé... »

Il est à penser que ces 28 hommes de Panfilov* relèvent du mythe pour


exalter l’Armée rouge*. (La défense de la route de Volokolamsk était assurée
par un bataillon de la 316e DI.) Cette réserve n’enlève rien à l’héroïsme
général des combattants soviétiques devant Moscou*. (Voir Panfilovtsy.)

VOROCHILOV, KLIMENT
(1881-1969). Maréchal soviétique.
Proche collaborateur de Staline* durant la guerre civile, reste son
confident.
Commissaire du peuple pour la défense en 1934, perdra son poste après
les désillusions de la guerre de Finlande*. Promu maréchal en 1936.
Commandant du Front du nord-ouest en 1941, sera vite démis de ses
fonctions pour incapacité mais restera toutefois membre de la Stavka* durant
toute la guerre. Avec Beria* aurait signé l’ordre d’exécution des officiers
polonais de Katyn*.
Accédera à de hautes fonctions honorifiques après 1945.

VORONOV, NIKOLAÏ
(1899-1968). Maréchal d’artillerie soviétique.
Grand spécialiste de l’artillerie dont il est le commandant durant la
Seconde Guerre mondiale et en fait une arme décisive. Promu maréchal
d’artillerie en 1944.

VYCHINSKI, ANDREI
(1883-1954).
Juriste et homme politique soviétique. Procureur général durant les
procès de Moscou de 1936 à 1938, se fait remarquer par sa virulence. Vice-
ministre des Affaires étrangères à partir de 1940, joue un rôle important dans
la « soviétisation » des pays de l’Europe de l’Est* en 1944-1945, en
particulier en Roumanie* et Bulgarie*.
Personnage peu sympathique, fait figure de stalinien type.
W

WAC (WOMEN’S ARMY CORPS)


Était, avant l’été 1943, le WAAC, Women’s Army Auxiliary Corps.
Ce corps féminin de l’armée américaine montera jusqu’à 100 000
femmes dont 39 000 dans l’US Army Air Forces*.
Le terme WAC finit par désigner le personnel féminin de l’armée
américaine

WACO
(Waco CG-4A)
Planeur américain de transport.
Fabriqué à 13 909 exemplaires à partir de 1942. Capable de transporter
13 combattants équipés. Remorqué par des DC/3 ou C/47*.
Poids à vide : 1 814 kg ; longueur : 14,88 m ; envergure : 18,95 m ;
vitesse maximum : 290 km/h ; équipage : 2 hommes.
Les Anglais l’utilisent sous le nom de Hadrian.
Ce Waco CG-4A assurera la majeure partie des aérotransports des
Alliés*.
Une version CG-13A, fabriquée à seulement 132 exemplaires, pouvait
transporter 42 passagers, mais exigeait un C/54* pour son remorquage.

WAFFEN SS

1/ Origines.
La SS*, à l’origine garde du corps de Hitler*, devient, sous Himmler*,
une véritable institution. Elle finit par comprendre :
— Les éléments policiers, Gestapo*, Kripo*, SD*, regroupés à partir de
septembre 1939 dans le cadre du RSHA*.
— La SS militarisée, soit :
les Allgemeine SS, militants civils ;
les SS Totenkopofverbande ou SS tête de mort, chargés de la garde des
camps de concentration ;
les SS Verfügungstruppen ou SS à disposition enrégimentés. (Certains
forment la garde personnelle de Hitler*.)
De leurs rangs sortent progressivement de véritables unités militaires.
C’est à partir de l’une d’elles, la Leibstandarte SS Adolf Hitler, que se
constitue la Waffen SS ou SS combattante. Au début de la guerre, ses soldats
d’un nouveau style, forts d’environ 25 000 hommes, constituent plusieurs
régiments. Trois divisions sont créées pour la campagne de France*. Leur
conduite au feu accélère leur processus de formation. Les Waffen SS
comptent 160 000 hommes le 22 juin 1941, répartis en 6 divisions et des
régiments de réserve.

2/ Recrutement.
En Allemagne*, la Wehrmacht* incorpore tous les hommes en âge et en
état de porter les armes. La Waffen SS, qui a grandi très vite par appel aux
volontaires et éprouvé des pertes sérieuses, doit trouver une source de
recrutement. Ce vivier, Himmler*, malgré les réticences initiales de Hitler*,
va le découvrir dans les pays occupés.
S’appuyant sur les partis fascistes locaux, les services de Himmler*, que
dirige le général Berger, recrutent dès 1941 en Europe occidentale, là où ils
estiment pouvoir trouver une parenté avec le sang allemand. 50 000
Hollandais, 42 000 Belges (22 000 Flamands, 20 000 Wallons), 20 000
Français, 6 000 Norvégiens, 6 000 Danois, et même des neutres, 800 Suisses,
300 Suédois, et 280 de nationalités diverses, s’enrôleront jusqu’à la fin de la
guerre pour former les divisions ou brigades Viking*, Nordland, Langemark,
Wallonie*, Nederland, Charlemagne*.
Berger trouve un autre vivier dans la communauté regardée de sang
allemand (Volksdeutsche*) d’Europe centrale et des Balkans. Elle lui fournira
en Hongrie*, Roumanie*, Bulgarie*, Yougoslavie*, 150 000 hommes.
Hitler* et Himmler* ont toujours parlé avec mépris des Untermenschen*
(sous-hommes) pour évoquer les peuples de l’Est*. Mais nécessité fait loi. En
mars 1943, Hitler* autorise un recrutement balte qui procurera trois divisions.
Les mois suivants, les critères raciaux du recrutement SS* deviennent encore
plus approximatifs. Himmler* se tourne sans vergogne vers les Ukrainiens,
les musulmans des Balkans, les Cosaques, les Baltes, vers tous ceux-là qu’il
traitait, voilà peu, de sous-hommes.
Les Ukrainiens, par hostilité à Moscou, se présentent pour s’enrôler. Le
Reichsführer n’en retiendra que 30 000 qui formeront la 14e division,
baptisée Galicie et non Ukraine* pour sauver les apparences. En Bosnie, le
vieil antagonisme confessionnel entre chrétiens et musulmans permet de lever
la division Handschar* pour lutter contre les partisans serbes de Tito*. Les
hommes y portent le fez, conservent leurs traditions, ainsi que leurs mollahs
et imams que soutient le grand Mufti* de Jérusalem, pronazi affirmé.
Les Cosaques recrutés par le général von Pannwitz* ont été initialement
incorporés dans la Wehrmacht*. À la fin de 1944, ils se retrouveront dans un
SS Kosaken-Kavallerie Korps destiné lui aussi à combattre en Yougoslavie*.
Les Baltes – 60 000, volontaires aux origines – seront souvent à partir de
1943 des incorporés de force. Ils formeront en 1945 trois divisions : 15e, 19e
et 20e. La 19e sera regardée comme la plus valeureuse (11 Croix de
chevalier). Nombre de rescapés participeront à la lutte dans les maquis*
antisoviétiques après l’arrivée de l’Armée rouge*.
L’histoire retient également l’existence d’une légion indienne (4 000
hommes recrutés dans les camps de prisonniers), une légion britannique (pas
plus de 50 volontaires), des SS* finlandais (environ un millier) qui seront
finalement rappelés par leur gouvernement. Enfin, durant les derniers mois de
la guerre, seront formées des amorces de divisions avec des Hongrois, des
Serbes, des Roumains, des Bulgares ayant opté pour le camp allemand.
Les chiffres sont incertains et oscillent de 840 000 à un million. 900 000
paraît l’estimation la plus raisonnable des hommes ayant, un jour ou l’autre,
revêtu l’uniforme de Waffen SS. 360 000 furent tués, 40 000 portés disparus.
Près de 600 000, soit plus de la moitié, étaient d’origine étrangère. Si certains
se sont retrouvés incorporés d’office, cas des Alsaciens-Lorrains français ou
de nombreux Baltes, l’immense majorité – dans une proportion difficile
encore à estimer (80 à 90 %) – a rejoint l’ordre noir volontairement. En
janvier 1945, 27 des 40 divisions de Waffen SS sont majoritairement
composées d’hommes de nationalité non allemande. Ce flux étranger
correspond à un phénomène qu’on ne saurait qualifier de négligeable. Ses
motivations sont d’abord de caractère politique : idéologie fasciste,
nationalisme, anticommunisme. L’insatisfaction, l’ambition, l’esprit
mercenaire et des instincts moins avouables expliquent aussi bien des
engagements.

3/ Spécificité.
Les membres de la Waffen SS, volontaires, sévèrement sélectionnés, se
présentent d’abord en soldats politiques rivés à l’éthique national-socialiste.
Leur fidèlité au IIIe Reich* et à la personne de Hitler* est totale. Leur devise :
« Mon honneur s’appelle fidélité » est inscrite sur les boucles de leurs
ceinturons.
Les exigences de la guerre ont imposé d’élargir le recrutement. La
Waffen SS devient une armée multinationale, quasiment européenne, où se
mêlent Allemands, Belges, Français, Danois, Hollandais, Norvégiens,
Finlandais, Hongrois, Yougoslaves, Baltes, Musulmans de Bosnie et
d’Herzégovine, Ukrainiens, etc. Tous ces hommes, la main posée sur une
épée nue, ont prêté le serment du soldat SS :
« Devant Dieu, je jure obéissance absolue à Adolf Hitler*, commandant en chef de l’armée
allemande et aux supérieurs désignés par lui. Je jure d’être un soldat brave et fidèle et je suis prêt à
faire le sacrifice de ma vie pour respecter ce serment. »

Ce recrutement spécifique, cette idéologie affichée, créent un clivage


avec la Wehrmacht* et ses officiers de tradition. Progressivement, le
comportement au combat des divisions SS atténuera les antagonismes. Les
Waffen SS seront reconnus comme d’authentiques et valeureux combattants
qu’on appellera partout où un coup de boutoir se révèle nécessaire. Von
Manstein écrira dans ses Mémoires :
« Néanmoins, nous ne devrons oublier en aucune circonstance que les Waffen SS, en bons
camarades qu’ils étaient, ont combattu au coude à coude avec l’armée sur le front et se sont
toujours montrés courageux et dignes de confiance. »

Au total, ces Waffen SS* auront constitué 33 divisions, d’importance et


de valeur inégales. Les meilleures furent certainement celles portant les
premiers numéros, donc les plus anciennes et à fort pourcentage germanique.
Leurs chefs, issus de l’ancienne Reichswehr*, du parti nazi, ou des écoles
de formation, Bad Tolz*, Braunschweig, sont presque toujours de qualité
payant de leur personne. Plus d’un se sont fait un nom : Sepp Dietrich*, Felix
Steiner, Paul Hausser*, Kurt Mayer, Joachim Peiper...

4/ Les crimes.
Les sacrifices consentis, les succès obtenus auraient pu permettre aux
Waffen SS de figurer au rang des phalanges glorieuses honorées, dans tous
les pays, pour services rendus à la patrie.
L’idéologie servie, les exactions commises l’interdisent. En dépit de
l’héroïsme déployé, les Waffen SS restent une troupe maudite souillée par le
sang innocent :
— Massacre d’une centaine de prisonniers anglais au Paradis*, dans les
Flandres, en mai 1940.
— Assassinat de 600 Juifs en Galicie en juillet 1941.
— Exécution de 920 Juifs près de Minsk en septembre 1941
(conjointement avec une équipe spéciale SS*).
— Massacre de 6 500 civils russes dans la région des marais du Pripet* à
la fin de l’été 1941.
— Destruction de la ville de Boves en Italie* et exécution de ses
habitants en septembre 1943.
— Massacre de 2 700 civils italiens sur le front de l’Arno, en Italie*, à la
fin de l’été 1944.
— Pendaison de 99 otages à Tulle*, le 9 juin 1944.
— Massacre de 642 personnes dont 207 enfants à Oradour-sur-Glane* le
10 juin 1944.
— Exécution de 71 prisonniers de guerre américains à Malmédy* le
17 décembre 1944.
Et le martyrologe n’est pas clos sur ces tragiques exemples.
Si la SS* est la grande responsable des génocides juif, polonais, tzigane
et de combien d’autres, les chiffres précédents s’inscrivent au passif de la
Waffen SS.

WAGON DE RETHONDES
(voir RETHONDES)
WAINWRIGHT, JONATHAN
(1883-1953). Général américain.
Cet ancien de West Point*, général en 1938, commande, le 8 décembre
1941, la division Philippines à Luçon*.
Il commande ensuite le 1er CA philippin dans la péninsule de Bataan* et
succède à MacArthur* comme commandant en chef au départ de celui-ci. Ce
soldat tenace et courageux parviendra à tenir dans Corregidor* jusqu’au
6 mai 1942. Interné à Formose puis en Mandchourie* dans des conditions
difficiles, il sera libéré en août 1945 et assistera à la signature de la
capitulation japonaise* le 2 septembre 1945. De retour dans son pays, il sera
accueilli en héros.
Médaille d’Honneur du Congrès*.

WAKE
Atoll en V du Pacifique, de 6,5 km2, à 3 700 km à l’ouest de Honolulu,
prolongé par les deux petites îles de Wilkes et Peale.
Sa position, à mi-chemin entre Hawaii et les Philippines*, lui confère une
valeur stratégique. Les Américains, propriétaires des lieux, y ont construit
une piste de 1500 m. Le site sert d’escale de ravitaillement.
Sous le commandement du capitaine de frégate Winfield Scott
Cunningham, 450 hommes du 1er bataillon de Marines* et une escadrille de
l’aéronavale ont mission d’assurer sa défense. Démunis de radar, ils sont à la
merci d’une surprise.
Le 8 décembre 1941 au matin, 30 bombardiers japonais, partis des
Marshall*, débouchant entre deux bourrasques, attaquent Wake sans préavis.
7 Wildcat* sont détruits au sol, une partie du stock de carburant incendiée. La
garnison déplore 18 tués. Un gros hydravion de la Pan Am est heureux
d’avoir pu décoller avec 70 passagers à bord, malgré 23 impacts dans sa
carlingue. Ayant mis le cap au nord-est, son pilote rend compte de l’arrivée
d’une force de débarquement.
Wake a souffert mais est sur ses gardes.
Les Japonais se présentent effectivement le 11 décembre et sont
repoussés avec de lourdes pertes : deux destroyers coulés ; trois croiseurs
légers, un destroyer, un transport de troupes endommagés. Rançon de cette
résistance, il ne reste plus que 3 Wildcat* indemnes sur les 12 du 11 au matin.
La courageuse défense de Wake soulève l’enthousiasme aux États-Unis*.
Trois porte-avions sont disponibles. On songe, un moment, en utiliser un
pour envoyer une Task Force* soutenir Wake. Washington hésite avant de
faire savoir que Wake est regardée comme une charge et non un atout.
L’heure n’est pas à risquer un porte-avions. Priorité à Hawaii.
Le 22 décembre, Wake est seule lorsque les Japonais se représentent,
bien décidés à venger l’affront du 11. Ils sont en force. Quatre croiseurs
lourds, deux porte-avions.
A terre, les défenseurs, trop peu nombreux, ne sont pas surpris. À 7 h,
leur patron câble : « L’ennemi est sur l’île. Issue douteuse. »
Wake est encerclée. Aucun secours à espérer. À 7 h 30, le drapeau blanc
est hissé sur le château d’eau dominant les retranchements. 1 500 Américains
sont prisonniers, 120 ont été tués. Leur résistance a coûté 800 morts aux
Japonais.
Grâce à Wake et à Guam*, également conquise, le Japon* contrôle les
routes du Pacifique* central. Les Philippines* sont désormais complètement
isolées.
À l’heure de la reconquête, les Américains « by-passeront » Wake.
L’atoll isolé n’avait plus de valeur. Il ne redeviendra américain qu’après la
capitulation japonaise*.

WALKYRIE
À la fin du printemps 1942, l’amiral Canaris*, chef de l’Abwehr*, fait
remarquer à Hitler* le danger représenté par la présence en Allemagne* des
travailleurs étrangers.
Quatre millions en 1942 ; ils seront huit millions deux ans plus tard. Une
telle concentration constitue une terrible menace en cas de révolte. Hitler* en
convient. Un dispositif de neutralisation est étudié. Sous ce couvert, le
général Olbricht*, adjoint du général Fromm*, patron de l’armée de
l’intérieur et antinazi, organise, avec la minutie allemande, cette
neutralisation baptisée Walkyrie. Avec le déclenchement de Walkyrie,
l’armée a toute latitude pour imposer la loi martiale, le couvre-feu, la création
de tribunaux spéciaux, ordonner des exécutions immédiates, protéger le
gouvernement, les bureaux et fonctionnaires du parti, les services des
transmissions et des postes, les chemins de fer, les transports. Tout autant,
elle prend autorité absolue sur toutes les troupes, y compris les SS*. Qui
détient Walkyrie, détient la possibilité de contrôler l’ensemble du pays.
Les comploteurs du 20 juillet 1944 escompteront utiliser Walkyrie.

WALLENBERG, RAOUL
(1912-1947). Diplomate suédois.
Envoyé par le gouvernement suédois en Hongrie*, en octobre 1944, après
la chute de Horthy*, Wallenberg parvient à sauver plusieurs dizaines de
milliers de Juifs hongrois en leur fournissant des passeports et autres
documents.
De nouveau en mission humanitaire en Hongrie*, est arrêté par les
Soviétiques en janvier 1945 et exécuté à Moscou le 17 juillet 1947.

WALLONIE
28ème Panzergrenadier Division de la Waffen SS*.
Est formée, en août 1941, sous l’impulsion des Rexistes belges de Léon
Degrelle*, la légion Wallonie en vue d’envoyer des volontaires (environ
850), combattre sur le front de l’Est* aux côtés de la Wehrmacht*. Cette
légion passe à la Waffen SS* en juin 1943 en tant que Sturmbrigade
Wallonie. Devient 28ème Panzergrenadier Division en septembre 1944. Avait
été en grande partie décimée dans la poche de Tcherkassy* au début de 1944.
Son dernier chef, Léon Degrelle*, parviendra à s’échapper en mai 1945.

WANNSEE, CONFÉRENCE DE
Conférence tenue dans le plus grand secret le 20 janvier 1942 à Wannsee
(banlieue de Berlin) sous la présidence de Reinhard Heydrich* et regroupant
un quinzaine de participants dont Muller* et Eichmann*.
Elle a pour but d’étudier et solutionner les problèmes logistiques soulevés
par la Solution finale*. L’Europe, dans cette perspective, doit être passée « au
peigne fin » d’ouest en est pour que « les générations futures n’aient plus à se
soucier de la question juive ». La main de Goering* et celle de Hitler* sont
derrière cette conférence.
WANPING, INCIDENT DE
Incident à Wanping, près du pont Marco Polo, dans les faubourgs de
Pékin, le 7 juillet 1937, déclenchant la véritable guerre entre nationalistes
chinois et Japonais.
(Voir sino-japonaise, guerre.)

WARDEN, COLONEL
Indicatif sous lequel se désigne, parfois, Churchill* dans sa
correspondance avec le président Roosevelt*.

WARLIMONT, WALTER
(1894-1976). Général allemand.
Colonel, conseiller militaire de Franco*, durant la guerre d’Espagne.
Général, chef-adjoint de l’État-Major Opérations à l’OKW*, durant la
Seconde Guerre mondiale. Blessé lors de l’attentat du 20 juillet 1944 est mis
en disponibilité en septembre. Condamné à la réclusion perpétuelle, est libéré
en 1957.
Publie en 1962 ses souvenirs sous le titre français : Cinq ans au GQG de
Hitler*.

WASHINGTON, CONFÉRENCES DE
Première de Washington, dite Arcadie*, 22 décembre 1941-14 janvier
1942.
Au lendemain de Pearl Harbor* et de l’entrée en guerre des États-Unis*,
Churchill* sent le besoin de se concerter longuement avec Roosevelt*.
Durant la traversée de l’Atlantique, avec son staff militaire, il élabore un
véritable plan d’ensemble sur la stratégie à venir. Les Britanniques arrivent
ainsi à la Maison Blanche en collège uni présentant un programme complet
qui ne dessert pas obligatoirement les intérêts de Sa Majesté. Les Américains,
en face, n’ont pas eu le loisir d’une telle concertation pour offrir une pareille
unanimité. Les idées du Président ne sont pas toujours celles de ses adjoints
militaires.
Atlantique*, Pacifique*, Campagne de 1943, Churchill* a tout prévu,
privilégiant évidemment la notion d’Europe d’abord. Partant de là, il
préconise plus ou moins ouvertement, de continuer à soutenir Staline*,
d’occuper l’Afrique du Nord* française, d’essayer d’entraîner le retour de la
France* de Vichy* dans la guerre, et d’envisager un débarquement sur le
continent européen pour 1943. Quant au Japon*, il conseille de s’en prendre
essentiellement à ses lignes de communications pour l’affaiblir avant de
passer, ultérieurement, à l’offensive.
Le Britannique a l’oreille du Président auquel il a su témoigner respect et
sympathie. Roosevelt* approuve ses plans bien que ses responsables
militaires, King*, Marshall*, manifestent des réticences.
Grande idée de Roosevelt*, le texte appelé Déclaration commune des
nations unies ou encore Charte de l’Atlantique* est approuvé. Il le sera même
par Staline*. Des décisions plus pratiques s’ajoutent :
— 70 000 Américains partiront prochainement pour la Grande-Bretagne*
et l’Islande*.
— Un conseil mixte des chefs d’états-majors est créé (CCS*, Combined
Chiefs of Staff). Installé à Washington, il aura mission de soumettre à
Roosevelt* et Churchill* les recommandations des chefs militaires pour la
conduite de la guerre.
— Un gigantesque programme d’armement américain prévoit en
fabrication :

1942 1943
Avions de combat 45 000 100 000
Chars 45 000 75 000
Canons de DCA 20 000 35 000
Canons antichars 14 900 Non fixé
Mitrailleuses 500 000 Non fixé

La production de navires marchands suivra au même rythme : 5 339 000


tonnes en 1942, 12 384 000 tonnes en 1943.
D’ores et déjà, 70 divisions dont 10 blindées sont à l’instruction aux
États-Unis*. 3 750 000 recrues ont été appelées pour l’armée de terre ; 1 000
000 pour l’aviation.
Enfin, désignation flatteuse pour l’amour-propre britannique, le général
Wavell* est nommé commandant en chef ABDA* (American-British-Dutch-
Australian) dans l’Asie du Sud-Est.
Le 14 janvier 1942, ayant le sentiment d’avoir bien œuvré pour conforter
sa Grande Alliance*, Churchill* rentre chez lui. Pour gagner du temps, il
prend le risque de rentrer en hydravion. Cet homme est un lion.
Deuxième de Washington, ou de Hyde Park, dite Trident*.
Roosevelt* et Churchill* se retrouvent du 11 au 25 mai (voir Overlord,
génèse politique).

WAVELL, ARCHIBALD
(1883-1950). Maréchal britannique.
Après la guerre des Boers et la Première Guerre mondiale (où il perd un
œil), le général Wavell est nommé commandant en chef au Moyen-Orient en
juillet 1940. Il y connaît des destins contrastés, défaites puis succès en Libye*
et Éthiopie*. Sa victoire finale en Afrique orientale le glorifie mais l’avance
de Rommel* au printemps 1941 provoque son remplacement par
Auchinleck*. En janvier 1942, il est placé à la tête de l’ABDA* Command,
fonctions vite sans lendemains, et il se retrouve commandant en chef en
Inde*. En octobre 1943, il devient vice-roi des Indes, poste difficile dans un
pays divisé et en proie aux exigences des nationalistes. Il le restera jusqu’en
1947.
Il avait été promu maréchal en janvier 1943. Ce rude soldat avait l’étoffe
d’un bon général mais ignorait les souplesses de la diplomatie.
Anobli en 1939, promu vicomte en juillet 1943, il sera fait comte en
1947.

WEDEMEYER, ALBERT
(1897-1989). Général américain.
Petit-fils d’un émigrant allemand, Wedemeyer, ancien de West Point*,
sert en Chine* dans les années 1930 et parle chinois.
À la division des plans, sous Eisenhower*, en 1941, il est l’auteur du
célèbre Victory Program*, établissant les effectifs et les moyens nécessaires
pour vaincre l’Axe*. (Ses chiffres furent sensiblement respectés.) Bénéficiant
d’un avancement rapide, il accompagne Marshall* dans la plupart des
conférences internationales. Promu major général, il devient chef d’état-
major de Mountbatten* en septembre 1943 ; en octobre 1944, il remplace
Stilwell* près de Tchang Kaï-chek*. Il fait preuve de plus de souplesse que
son prédécesseur et reste en fonction jusqu’en avril 1946, ayant en particulier
à régler le rapatriement des militaires et civils japonais.
Promu général quatre étoiles en 1954. Médaille présidentielle de la
Liberté.

WEHRMACHT
Force de défense.
Sigle effaçant en 1935 celui de Reichswehr* pour désigner l’ensemble
des forces armées allemandes, soit :

À l’arrivée de Hitler* au pouvoir en 1933, l’armée allemande était encore


tenue par les prescriptions du traité de Versailles : 100 000 hommes pour
l’armée de terre, 15 000 pour la Marine, l’armée de l’air étant interdite.
Bravant ces clauses et devant l’absence de réactions des Français et des
Anglais, Hitler* constitue en quelques années une armée qui ne cessera de
monter en puissance jusqu’en 1943 :
(Les chiffres, en millions d’hommes, étant, après 1942, approximatifs.)

Sur ce tableau, se remarquent l’importance de l’armée de terre, la


faiblesse de la marine et la montée en puissance de la Waffen SS* à partir de
1943. Il est clair également que les pertes éprouvées, tués, blessés,
prisonniers, affaiblissent considérablement la Wehrmacht de 1945.
Ces pertes sont assez controversées. Les archives militaires allemandes,
pour l’ensemble de la Wehrmacht, donnent un total de 4 300 000 tués ou
disparus ; mais ce chiffre inclut des volontaires étrangers dont ceux de la
Waffen SS*. La Seconde Guerre mondiale semble avoir coûté à l’Allemagne
3 250 000 morts ou disparus militaires contre 3 810 000 victimes civiles. À
ces bilans, il convient d’adjoindre les blessés (4 600 000 pour la Wehrmacht).
Après la démission, en janvier 1938, du maréchal Blomberg*, ministre de
la Guerre et commandant en chef, Hitler* assume en personne le
commandement de la Wehrmacht et des trois armes, Heer*, Kriegsmarine*,
Luftwaffe*. Il est assisté de l’OKW* (Haut commandement de la
Wehrmacht), dirigé par le général puis maréchal Keitel*. Celui-ci dispose de
deux grands services : Opérations, général Jodl*, et Renseignements contre-
espionnage (Abwehr*) de l’amiral Canaris*. Quant à la Waffen SS*, sous
l’autorité nominale de Himmler*, elle dépend sur le plan opérationnel de la
Wehrmacht.

WEICHS, MAXIMILIAN VON


(1881-1954). Maréchal allemand.
Général d’armée en juillet 1940, commande la 2e Armée en 1941, puis
des groupes d’armées. Commande en particulier le groupe d’armées F des
Balkans* qu’il retirera habilement de Grèce* à l’automne 1944. Mis en
réserve de l’OKH* le 21 mars 1945. Prisonnier en mai 1945, libéré en juin
1949.
Croix de chevalier de la Croix de fer avec feuilles de chêne.

WEIDLING, HELMUT
(1891-1955). Général allemand.
Ultime commandant de la garnison de Berlin* en 1945.
Prisonnier des Russes, meurt en captivité en 1955.

WELBIKE
Motocyclette britannique, monoplace, pliable, destinée aux aéroportées.
De son vrai nom, Excelsior. Chaque Airborne* en percevait normalement
569.
Cylindrée : 98 cm3 ; vitesse : 50 km/h ; autonomie : 145 km.

WELLINGTON (VICKERS-WELLINGTON)
Bimoteur de bombardement britannique fabriqué à 11 461 exemplaires en
plusieurs versions.
En service durant toute la guerre.
Caractéristiques du modèle MK 1 : vitesse : 380 km/h ; autonomie :
1 900 km ; armement : 6 mitrailleuses, 2 000 kg de bombes ; équipage :
6 hommes.

WENCK, WALTHER
(1901-1982). Général allemand.
Commandant, en avril 1945, de la XIIe Armée allemande, unité assez
disparate et dépourvue de blindés, rassemblée au sud-ouest de Berlin*.
Hitler*, terré dans son bunker*, s’imagine que cette XIIe Armée pourra briser
l’encerclement soviétique autour de Berlin* et à maintes reprises demande :
« Où est Wenck ? » Mais cette XIIe Armée, trop occupée à sa propre défense,
est incapable d’engager la moindre action de dégagement en direction de
Berlin*.

WERTHER, TEDDY, OLGA, ANNA


Indicatifs des sources très haut placées renseignant secrètement Lucy*,
l’opposant allemand au nazisme, Rudolf Roessler*, réfugié en Suisse*, d’où
il informait régulièrement Moscou des intentions de l’OKW*. Werther était
très probablement le général Hans Oster*, commandant en second de
l’Abwehr* et principal informateur de Lucy*.

WERWOLF
Organisation secrète allemande prévue pour lutter sur les arrières des
armées alliées.
Elle avait mission de couper les lignes de communications, de harceler
l’ennemi, de détruire les installations militaires, d’éliminer les défaitistes, etc.
À base de jeunes, elle se manifestera durant les premiers mois de 1945 par
des embuscades ou des attentats, comme l’assassinat du nouveau maire
d’Aix-la-Chapelle*, le 24 mars.

WESERÜBUNG
Nom de code de l’invasion de la Norvège* et du Danemark* par la
Wehrmacht* le 9 avril 1940.

WESTERN DESERT CAMPAIGNS


Nom donné par les Britanniques aux campagnes menées de juin 1940 à
janvier 1943 en Libye* et Égypte* contre les forces de l’Axe*.

WEST POINT, ACADÉMIE MILITAIRE DE


Le Saint-Cyr américain, sur les bords de l’Hudson, à une centaine de
kilomètres de New York. MacArthur*, Eisenhower*, Patton*, Bradley*,
Wainwright*, Clark*, Patch*, Devers*, Taylor* sortaient de West Point.

WEST WALL
Mur de l’Ouest.
Nom donné par les Allemands à la ligne Siegfried*.

WEYGAND, MAXIME
(1867-1965). Général français.
Ce Saint-Cyrien à titre étranger, de naissance inconnue et peut-être
royale, devenu officier français à vingt-et-un ans, bénéficie d’un sésame
mérité : adjoint de Foch. Il fut effectivement le bras droit du maréchal de
1914 à 1918.

1939.
Général d’armée à la retraite, après avoir été vice-président du Conseil de
la guerre, c’est-à-dire patron de l’armée française, de 1931 à 1935. Il est
désigné par Daladier*, le 27 août 1939, pour devenir commandant en chef du
théâtre d’opérations en Méditerranée orientale*.

Le 17 mai 1940.
Devant l’impéritie de Gamelin*, Paul Reynaud* le rappelle en France. Le
19, il succède au généralissime mais il est trop tard. La situation est plus que
compromise. Redonnant élan à l’armée française, Weygand s’efforce en vain
de tenir sur la Somme (bataille de France*). La supériorité adverse le
contraint, cependant, assez vite à soutenir que l’armistice s’affirme la seule
issue possible. Devenu ministre de la Défense nationale du gouvernement
Pétain*, il est, le 6 septembre 1940, nommé délégué général du
gouvernement en Afrique française. Fidèle au maréchal Pétain* et à ses
directives, il insuffle toutefois à l’armée d’Afrique* l’esprit de revanche. Il
signe en février 1941 des accords économiques avec l’Américain Murphy*
où certains voient un prélude à d’autres engagements. Germanophobe, il
s’oppose à la politique de collaboration* de Darlan* et fait échouer les
protocoles de Paris*. Conscients de son hostilité, les Allemands exigent son
rappel le 18 novembre 1941. Après le débarquement allié en AFN*, il
conseille sans succès à Pétain* de partir pour Alger. Arrêté le 12 novembre
1942 par les SS*, il est déporté en Allemagne* (dans des conditions
décentes). Libéré par les Américains en mai 1945, il rentre en France* et
témoigne au procès Pétain*. Inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État en tant
qu’ancien ministre de Vichy*, il bénéficie, le 6 mai 1948, d’un non-lieu à
valeur de certificat de Résistance*.

WHITLEY MK V (ARMSTRONG WHITWORTH


WHITLEY MK V)
Bimoteur anglais de bombardement, en service de 1939 à 1942 et
fabriqué à 1 466 exemplaires.
Il est aussi utilisé pour le parachutage par une trappe centrale peu
pratique ralentissant la cadence de sortie. Il sert pour le largage du commando
de Bruneval*, le 28 février 1942.
Vitesse : 360 km/h : autonomie : 2 600 km ; armement : 5 mitrailleuses,
3 200 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.
La version améliorée MK VII sera utilisée pour la lutte anti-sous-marine.

WIKING (5e SS-PANZERDIVISION WIKING)


Une des divisions les plus décorées du IIIe Reich*.
Créée en décembre 1940 sous le nom de Germania avec en grande partie
des volontaires scandinaves. Dénommée en janvier 1941 division Wiking. En
avril 1944, est transformée en Panzerdivision.
Combat essentiellement sur le front de l’Est*. Rostov-sur-le-Don, Kiev*,
Kharkov*, Koursk*, la Pologne*, la Hongrie* jalonnent sa route. Capturée en
Tchécoslovaquie* en mai 1945.

WILDCAT (GRUMMAN F 4F WILDCAT)


Appareil embarqué américain, monoplan, sorti à partir de 1940.
Aura à contrer le redoutable Zero* japonais. Fabriqué à environ 8 000
exemplaires en plusieurs versions.
Caractéristiques du F 4F-4 de 1941. Vitesse : 510 km/h ; autonomie :
1 450 km ; armement : 6 mitrailleuses, 91 kg de bombes ; équipage : 1
homme.

WILFRED
Nom de code de l’intervention prévue des Franco-Britanniques en
Norvège* au début de 1940. L’esprit fécond de *Churchill lui a attribué ce
nom de « Wilfred », petit personnage, né de l’imagination d’un caricaturiste,
naïf, malchanceux, sympathique, et très populaire en Angleterre.

WILHELM, GUSTLOFF
Paquebot allemand de 25 000 tonnes torpillé par un sous-marin
soviétique, en mer Baltique, le 30 janvier 1945.
Il transportait 8 000 civils et militaires évacués de Dantzig* (Gdynia). Ce
naufrage fait 7 000 victimes, la plus grande catastrophe de l’histoire
maritime.

WILHELMINE
(1880-1962). Reine des Pays-Bas.
Dès le 10 mai 1940, incite les Néerlandais à combattre l’envahisseur.
Réfugiée ensuite à Londres, ne cesse de pousser à la Résistance*.
Rentrera dans son pays en 1945, chaleureusement acclamée pour son attitude
et le symbole de l’unité nationale qu’elle représentait.

WILSON, HENRY
(1881-1964). Maréchal britannique.
En 1939, commande les forces britanniques en Égypte*.
Aura durant toute la guerre des commandements au Moyen-Orient et
Méditerranée*. À ce titre, dirige habilement le corps expéditionnaire
intervenant en Grèce* en avril-mai 1941. Doit ensuite, à son corps défendant,
porter la guerre en Syrie* française, après avoir réglé la révolte irakienne.
Sera ensuite commandant en chef au Moyen-Orient, puis en Méditerranée*,
où il aura à superviser la campagne d’Italie* et le débarquement de
Provence*.
Promu maréchal en janvier 1945.

WINDOWS
Lamelles métalliques larguées par les Alliés* pour brouiller les échos
radars.

WINDSOR, EDWARD, DUC DE


(1894-1972).
L’ancien souverain britannique, soupçonné de sympathies pronazies, se
voit refuser un service actif et est employé, durant la guerre, comme
gouverneur des Bahamas.
Les Allemands avaient envisagé de l’enlever alors qu’il séjournait à
Lisbonne en juillet 1940.

WINGATE, ORDE
(1903-1944). Général britannique.
En janvier 1941, Wingate, avec derrière lui une expérience de guérilla en
Palestine*, est lieutenant-colonel et membre du SOE*. Envoyé en Éthiopie*,
il met sur pied une troupe de guérilla, la Gideon Force*, qui se distingue par
ses combats habiles menés contre les Italiens.
Devenu en Inde* commandant en chef, Wavell*, qui l’a apprécié, le fait,
en mars 1942, venir près de lui et lui confie le soin d’organiser des groupes
de pénétration sur les arrières de l’ennemi. Promu général en juin 1942,
reproduisant sur le plan local son expérience africaine, Wingate constitue les
célèbres Chindits* avec lesquels il opère sur les arrières japonais en
Birmanie* de février à juin 1943.
Churchill*, fasciné par ses exploits, tient à le voir et l’emmène à
Washington pour le présenter à Roosevelt*. Le personnage, il est vrai, est
assez extraordinaire. Expert aussi bien de la France* médiévale que de la
philosophie hégélienne, de l’art de concocter une sauce à la tomate que des
œuvres de Stendhal, il surprend, irrite ou charme. Perpétuellement sous
pression, foisonnant d’idées prémonitoires, chrétien convaincu en quête de
justice et de bonté, il joint à ses facultés intellectuelles une résistance
physique peu ordinaire. Il est capable d’affronter les rigueurs du désert
comme celles de la jungle. Entraîneur d’hommes, il insuffle à sa troupe une
combativité remarquée.
De retour en Birmanie* pour mener une autre campagne sur les arrières
japonais il trouve la mort dans un accident d’avion, le 24 mars 1944. Une
légende l’entoure où s’estompent son indiscipline, son ambition et son
instabilité. Ne se dresse que le chef de guerre, à l’imagination créatrice, au
courage sans faille et à l’exceptionnel ascendant sur ses hommes.

WITZIG, RUDOLPH
(né en 1916). Officier parachutiste allemand.
Le 10 mai 1940, le lieutenant Witzig commande le groupe Granit* de
sapeurs parachutistes allemands qui enlève avec brio le fort belge d’Eben-
Emael*.
Dès le 11, Hitler* le nomme capitaine. Witzig sautera en Crète*,
commandera un bataillon en Tunisie*. Avant le 13 mai 1943, Hitler* donnera
l’ordre formel de le rapatrier pour que le vainqueur d’Eben-Emael* ne tombe
pas aux mains des Alliés*. Il commandera ensuite comme colonel un
régiment de parachutistes.
En 1956, le colonel Witzig rejoindra la nouvelle Bundeswehr.
Chevalier de la Croix de fer.

WITZLEBEN, ERWIN VON


(1881-1944). Maréchal allemand.
Vieux soldat, monarchiste et antinazi.
Est mis à la retraite en 1938. Rappelé, commande la 1ère Armée durant la
campagne de France* au terme de laquelle il est promu maréchal. Mis à la
retraite à nouveau en 1942, étant suspect par la Gestapo*. Participant actif au
complot du 20 juillet 1944*, doit en principe prendre le commandement des
forces armées en cas de succès.
Condamné à mort, est exécuté le 8 août 1944.

WÖHLER, OTTO
(1894-1987). Général allemand.
Commande en 1943 la 8e Armée, puis le GA sud. Démis de ses fonctions
en mars 1945.
Condamné à huit ans de prison, est libéré en 1951.

WOLFSCHANZE
La Tanière du Loup.
PC de Hitler* près de Rastenburg* en Prusse-Orientale où se produit
l’attentat* du 20 juillet 1944.

WOLZEK
Camp supposé d’extermination n’ayant, semble-t-il, existé que dans
l’imagination de Höss, ancien responsable du camp d’Auschwitz*.

WP 15, SMOKE
Grenade à main, fumigène et incendiaire, américaine, à phosphore blanc
et Tétryl.
Poids : 910 g ; portée moyenne : 20 à 25 m ; rayon d’efficacité : 15 à
20 m ; retard : 5 secondes.

WRENS
(voir WRNS)

WRNS (WOMEN’S ROYAL NAVY SERVICE)


Service naval royal des femmes.
Ces femmes, mieux connues sous le nom familier de Wrens, basées à
terre, occupent de nombreux emplois, libérant ainsi des hommes pour le
service à la mer. Quelques-unes, en de rares occasions, servent à bord de
MTB*.

WW II
Abréviation en langue anglaise de World War II (Seconde Guerre
mondiale).
X

X-CRAFT
Sous-marin de poche britannique lancé à partir de mars 1943.
Long de 15 m, avec 3 ou 4 hommes d’équipage, l’X-craft est un véritable
sous-marin en miniature. Il transporte des charges explosives de part et
d’autre de la coque. Un plongeur peut sortir par une écoutille pour aller
couper les filets anti-sous-marins, principal obstacle pour pénétrer dans un
port ennemi.

X-REPORT
Document envoyé en février 1940, par un opposant au nazisme*, le
Dr Muller, à l’intention des généraux Halder* et von Brauchitsch* et rédigé,
semble-t-il, par un dénommé Dohnanyi.
Il incitait les deux généraux à renverser Hitler* afin de déboucher sur une
paix de compromis avec les Alliés*. Ce document fut saisi par la Gestapo* en
1944 et disparut. Les archives britanniques laissent supposer qu’il y eut
effectivement, durant la drôle de guerre*, certains contacts entre résistants
allemands et britanniques afin de rétablir la paix et le statu quo de 1937 (sans
le nazisme*.)
Y

YAK 1
Chasseur monomoteur soviétique du nom de son concepteur, l’ingénieur
Alexandre Yakovlev.
Vitesse : 585 km/h ; autonomie : 700 km ; armement : 1 canon de 20,
deux mitrailleuses ; équipage : 1 homme.
Le Yak 1, sorti au début de 1942, est le précurseur d’une série d’appareils
fabriqués en 30 000 exemplaires. Les Yak constitueront le fer de lance de la
chasse soviétique durant toute la durée du conflit. La version la plus célèbre
est le Yak 9 D, vitesse 600 km/h, autonomie 1 300 km. Le Yak 9 D équipa le
régiment français Normandie-Niémen*.

YALTA, CONFÉRENCE DE
(du 4 au 11 février 1945)
L’esprit fécond de Churchill* l’a baptisée Argonaute*.
Roosevelt*, Churchill* et Staline* se sont rencontrés à Téhéran* en
novembre 1943. Ils y ont essentiellement traité de la guerre. Au début de
1945, la situation n’en est plus là. La victoire s’annonce certaine à plus ou
moins long terme, d’où une pléthore de questions :
— Comment en finir avec l’Allemagne* ?
— Comment traiter l’Allemagne vaincue* ?
— Comment venir à bout de l’empire nippon ?
— Après quoi, comment organiser et préserver la paix dans le monde ?
Là, les problèmes s’additionnent, à commencer par celui du sort de la
Pologne*.
Roosevelt* semble à l’origine de la nouvelle rencontre des Trois
Grands*. Mais les discussions ont traîné avant de tomber d’accord sur la
Crimée et Yalta. Staline* a approuvé. Il a peur de l’avion et viendra en train,
1500 km. Roosevelt* aura donc le plus long chemin à parcourir. C’est, du
reste, un homme malade qui se rend à Yalta. Les photographies de l’époque
montrent son visage aux traits émaciés. Ce malade, à l’encontre de
Churchill*, n’a pas pris la juste mesure du totalitarisme soviétique. La paix
mondiale lui paraît passer par la concorde avec le Kremlin.
Les politesses de façade des entretiens du 4 au 11 février cachent mal le
divorce entre Churchill* et Staline*. Roosevelt*, tantôt brillant, tantôt absent,
se range d’entrée dans le camp de l’Oncle Joe*. Il se montre tout sourire à
son égard, répétant volontiers : « Je me débrouillerai de Staline*. » De fait,
c’est plutôt l’inverse qui se produit.
Les grands sujets débouchent sur des conclusions souvent floues.

Le sort de l’Allemagne* ?
Elle est coupable et l’exigence de capitulation sans conditions reste
valable. Capitulation signée avec qui ? Le terme de démembrement avait été
évoqué à Téhéran*. Il est maintenu sans en préciser la procédure. En
revanche, une décision lourde d’avenir est adoptée. L’Allemagne* sera
découpée en trois zones d’occupation : britannique au nord-ouest, américaine
au sud-est, soviétique à l’est. Ce découpage fixe la division de l’Allemagne*
pour près d’un demi-siècle.
Staline* cède sur un point. La France* bénéficiera d’une zone et d’un
siège au Conseil de contrôle allié pour l’Allemagne*. Ce geste de bonne
volonté que la France* doit à Churchill* facilite un marchandage. Staline* se
place en bonne position pour obtenir des contreparties en Pologne* et
Yougoslavie*.
Le dossier allemand n’est pas clos. Subsistent les réparations, les
criminels de guerre. Les Soviétiques réclament 20 milliards de dollars dont
50 % pour eux. Quant aux criminels de guerre, une commission composée
des ministres des Affaires étrangères examinera quel sort leur réserver.

La guerre contre le Japon.


Staline* confirme. Il entrera en guerre deux ou trois mois après la fin des
hostilités en Europe. Mais il se fait grassement payer : en Mongolie*
extérieure, maintien du statu quo (c’est-à-dire concrètement maintien dans
l’orbite soviétique) ; retour à l’URSS* de la partie sud de Sakhaline* ;
acquisition des Kouriles* ; internationalisation du port chinois de Dairen (Ta-
Lien) ; cession à bail de Port-Arthur ; exploitation mixte sino-soviétique du
chemin de fer de la Mandchourie du Sud, assurant le débouché à Dairen.
Qui ne le noterait ? Roosevelt* a fait peu de cas de son ami et allié
Tchang Kaï-chek*. Dairen, Port-Arthur, le chemin de fer de Mandchourie du
Sud, sans parler de la Mongolie extérieure*, autant d’intérêts relevant de la
puissance chinoise.

L’organisation des Nations Unies*.


C’est un sujet cher à Roosevelt*. Il veut un avenir de paix régenté, en
parfaite harmonie, par les Grands. Depuis la Charte de l’Atlantique*, en août
1941, il ne cesse de plaider en ce sens.
Téhéran* avait à peine défriché. La conférence de Dumbarton Oaks* a
planté les jalons essentiels de la future organisation mondiale, successeur de
feu la SDN* : Assemblée générale, Conseil de Sécurité, Secrétariat, Cour
internationale de Justice, Conseil économique et social. Le débat, néanmoins,
s’enlisait sur deux points essentiels : le nombre de voix attribuées à l’URSS*,
les limites du droit de veto des Grands au Conseil de Sécurité. Il était même
devenu litige grave.
Brusquement, lors de la séance du 7 février 1945, surprise. Molotov*
prononce des mots assez rares dans sa bouche : « Ya soglasnan. » (Nous
sommes d’accord.)
Oui, ils sont d’accord pour trois voix supplémentaires seulement
accordées à l’URSS* (Ukraine*, Biélorussie, Lituanie*). Oui, ils sont
d’accord pour la procédure proposée par les Américains pour le Conseil de
Sécurité : majorité simple de 7 voix sur 11, avec droit de veto après
discussion en Assemblée pour les membres permanents (États-Unis*,
Royaume-Uni*, URSS*, Chine* et France* que Churchill* a réussi, là
encore, à faire admettre pour compenser la Chine* voulue par Roosevelt*).
Du coup, l’horizon des futures Nations Unies s’éclaircit. Une conférence
pour l’élaboration définitive de leur organisation sera convoquée le 25 avril
aux États-Unis*. Une ville est retenue pour sa réunion : San Francisco*.
La question polonaise.
Elle se range très vite au premier rang, faisant éclater les visées de
Staline* et déclenchant les réactions violentes de Churchill*.
Staline* l’avait bien précisé à Téhéran*. Son pays doit recouvrer la
fameuse ligne Curzon*. La nouvelle frontière soviéto-polonaise incorporerait
au profit de l’URSS* : Grodno, Brest-Litovsk*, Kovel et Lwow (Lemberg).
Déjà elle a englobé les États baltes*, annexés par l’URSS* en 1940, perdus
après Barbarossa*, puis réintégrés en 1944. Sur la Baltique, elle intégrerait la
moitié de la Prusse-Orientale, c’est-à-dire la région de Königsberg.
Le dédommagement à ce transfert vers l’ouest de sa frontière orientale, la
Pologne* le trouvera en Allemagne*. Elle s’appropriera la partie méridionale
de la Prusse-Orientale, la Poméranie, la Silésie, soit les territoires compris
jusqu’à l’Oder et sans doute aussi jusqu’à la Neisse. Quelle Neisse du reste ?
L’occidentale ou l’orientale ? La Neisse occidentale s’imposera dans les faits
avec l’occupation soviétique. L’Allemagne* perdra Breslau comme elle
perdra Stettin plus tard.
Cette refonte des frontières peut apparaître comme l’un des éléments de
la punition infligée à l’Allemagne*, d’où le relatif consentement du Président
américain et du Premier ministre britannique.
Le cas du gouvernement de la Pologne* libérée est autrement plus grave
et plus délicat. Toute l’orientation politique future du pays en défend.
Churchill* dépend le gouvernement exilé à Londres qui possède des
personnalités et une armée qui s’est bien battue. Monte Cassino*, Falaise*,
Arnhem* en témoignent. Staline* soutient ses féodaux du Comité de Lublin*
qui a levé une armée.
Pour Churchill*, défendre la Pologne* est une question d’honneur. Le
Soviétique réplique honneur et sécurité. Roosevelt* se laissera séduire par de
belles promesses : État démocratique, volonté populaire, élections libres.
Churchill*, peu dupe, se battra en vain à un contre deux. La Pologne* de
demain sera une démocratie populaire. Elle sera gouvernée par les gens de
Lublin*.

L’Europe libérée.
Staline*, en parlant fort et avec de belles promesses, l’a emporté en
Pologne*. Il est bien placé pour dominer l’Europe centrale et orientale partout
où campe l’Armée rouge*.
Pourtant, à cet égard, les Trois Grands* signent une belle « Déclaration
sur l’Europe libérée ». On peut y lire :
« Les trois grandes puissances aideront [...] à former des gouvernements provisoires
largement représentatifs de tous les éléments démocratiques, qui s’engageront à rétablir le plus tôt
possible, par des élections libres, des gouvernements correspondant à la libre volonté des
peuples. »

L’application pratique est bien connue. Roumanie*, Bulgarie*,


Yougoslavie*, Tchécoslovaquie*, Hongrie*, tomberont pour des décennies
dans l’orbite soviétique. Seule la Grèce* y a échappé grâce à la fermeté de
Churchill* en décembre 1944.
Les documents paraphés le 11 février 1945 à Yalta mentionnent encore
des dossiers qui seront à régler ultérieurement : territoires sous tutelle,
frontières italo-yougoslave et italo-autrichienne, Détroits, relations bulgaro-
yougoslaves, échanges diplomatiques avec l’Iran*.
Au soir du 11 février, Staline* ne dit rien mais se frotte les mains. Il a
gagné sur toute la ligne. Roosevelt* part persuadé apporter au monde une
paix durable. Isolé, Churchill* ne peut clamer qu’il a été berné.
Une certaine légende veut que le monde de l’après-guerre se soit façonné
à Yalta et que Roosevelt* et Staline* se soient partagés le monde.
Il y eut à Yalta une pomme de discorde, la Pologne*. Les parties se sont
entendues sur certains sujets comme l’Allemagne*, l’ONU*, la guerre contre
le Japon*. Nulle part n’apparaît la notion de zone d’influence. Elle n’était pas
dans l’esprit de Roosevelt*. Elle existait dans celui de Staline* et dans sa
volonté mal dissimulée de profiter des circonstances en Europe comme en
Asie. Que Roosevelt*, par aveuglement ou faiblesse physique, l’ait laissé agir
est un autre problème.

YAMAMOTO, ISOROKU
(1884-1943). Amiral japonais.
Cet amiral japonais reste pour l’Histoire l’homme qui planifia et dirigea
l’attaque nippone contre Pearl Harbor*, le 7 décembre 1941.
Cultivé, intelligent, Yamamoto se fait le promoteur du porte-avions et de
l’aéronavale tout en s’opposant à la notion de guerre avec les États-Unis*.
Des séjours en Amérique l’ont convaincu de la puissance industrielle
américaine. En 1939, il est nommé commandant en chef de la flotte
combinée.
Résigné au conflit, il se persuade que la seule chance japonaise est de
détruire d’entrée la flotte adverse. Ce qu’il s’efforce de réaliser par l’attaque
aéronavale par surprise contre Pearl Harbor*.
Cette attaque lui confère un immense prestige et il devient, de fait, le
patron des forces navales japonaises. Par contre, il échoue devant Midway*,
en juin 1942, après avoir toutefois remporté d’importants succès dans le
Pacifique*.
Le 18 avril 1943, vers 8 h 30, son avion est intercepté et abattu par la
e
339 escadrille de P 38* américains, décollés de Guadalcanal*, alors qu’il se
rendait en inspection dans le nord des Salomon*. Les services d’écoute
américains avaient découvert son projet et son itinéraire. Roosevelt* informé
avait donné son accord pour lui tendre une embuscade et l’éliminer dans
l’intérêt de l’Amérique.

YAMASHITA, TOMOYUKI
(1885-1946). Général japonais.
Ce colosse est sans doute le meilleur général japonais et le plus
représentatif de la caste militaire nippone de la Seconde Guerre mondiale :
capable, ambitieux, brutal.
Général en 1934, sa participation dans un complot militaire retarde un
temps son avancement. Après un purgatoire en Mandchourie*, il est nommé à
la tête de la XXVe Armée chargée d’envahir la Malaisie*, mission qu’il
remplit avec brio. Le 15 février 1942, il obtient la capitulation de Singapour*.
Ce succès ne le remet pas en grâce totale et il retourne en Mandchourie*. En
septembre 1944, il prend le commandement de la XIVe Armée chargée de
défendre les Philippines*. Vaincu par plus fort que lui, il se rend le
2 septembre 1945.
En octobre 1945, il est jugé pour crimes de guerre – en particulier lors de
la défense de Manille* en 1945 – et condamné à mort. Bien que ses avocats
aient argué que les crimes de Manille* avaient été commis par des troupes
qui n’étaient pas sous sa responsabilité directe, MacArthur* refuse sa grâce et
il est pendu le 27 février 1946.
YAMATO
Cuirassé japonais de 73 000 tonnes.
Longueur : 263 m ; vitesse : 27 nœuds ; armement : 9 pièces de 457 mm,
12 de 155, 12 de 127 AA, 24 de 25 AA ; équipage : 3 332 hommes.
Envoyé dans une mission suicide devant Okinawa*, il est coulé le 7 avril
1945 par la Task Force* de l’amiral Mitscher*. Ayant reçu 10 torpilles et
6 bombes, il sombre à 14 h 23, par 30° de latitude nord et 130° de longitude
est. 2 498 marins, soit la quasi-totalité de ses effectifs, disparaissent avec lui.
Le Yamato était avec le Musashi* le plus grand navire de guerre jamais
construit.

YEO-THOMAS, EDWARD
(1902-1964). Wing Commander.
L’un des plus célèbres agents du SOE*, connu sous l’indicatif de White
Rabbit (Lapin blanc).
Né anglais mais d’éducation française, il rejoint la RAF* en 1939, puis le
SOE* en février 1942. Parachuté trois fois sur la France* pour coordonner
des actions de la Résistance*. Arrêté, torturé, il est déporté à Buchenwald* et
échappe par miracle à l’exécution. Il parviendra finalement à s’évader et à
rejoindre les lignes alliées.
George Cross*.

YOUGOSLAVIE
La Serbie, grâce au courage de son roi Pierre Ier et de ses soldats, sort
grand vainqueur de la Première Guerre mondiale.
Les traités de Neuilly, Saint-Germain et Trianon constituent autour d’elle
ce qui est tout d’abord dénommé le royaume des Serbes, des Croates et des
Slovènes. Le nouvel État ne prend le nom de Yougoslavie qu’en 1929.
Il est ethniquement hétérogène. Ce pays de 18 millions d’habitants sur
250 000 km2 compte 40 % de Serbes, 22 % de Croates, 8 % de Slovènes, 8 %
de Musulmans, 6 % d’Albanais, 5 % de Macédoniens et de nombreuses
minorités (Monténégrins, Hongrois, Turcs, Roumains, Italiens, etc.). Les
populations non slaves (Allemands, Hongrois, Albanais, Roumains)
représentent près de 20 %. Les Croates et les Slovènes sont très attachés à
leurs particularités. La Croatie* catholique se différencie d’une Serbie
orthodoxe et d’une Bosnie musulmane. À bien des égards cette diversité
s’assimile à une poudrière.
Face aux revendications des vaincus de 1918 (Hongrie*, Bulgarie*), la
Yougoslavie* de l’entre-deux-guerres s’appuie sur la France* et signe
alliance avec deux autres bénéficiaires de 14-18. Avec la Tchécoslovaquie*
et la Roumanie*, elle forme la Petite Entente destinée à lutter essentiellement
contre le révisionnisme hongrois
Le roi Alexandre Ier, pour contrer les revendications séparatistes croates
d’Ante Pavelic* et l’agitation communiste, a instauré une dictature de fait. Il
ne peut éliminer complètement le nationalisme. Des terroristes croates
l’assassinent à Marseille à l’occasion d’une visite en France*, en 1934.
Son fils Pierre II* étant mineur, la régence du royaume est assurée par
son cousin, le prince Paul Karadjorjevic*. La faiblesse des Occidentaux
devant le nazisme*, la défaite française de 1940, incitent le régent Paul* et
son gouvernement, afin d’éviter le pire, à se rapprocher de Berlin. Entre-
temps, en août 1939, la Croatie* a obtenu une relative autonomie.
La signature du Pacte tripartite*, le 25 mars 1941, par le régent Paul* met
le feu aux poudres. Le surlendemain, un coup d’État d’officiers nationalistes
serbes renverse Paul* et place Pierre II*, dix-sept ans, au pouvoir. La réaction
allemande contre ce qui apparaît comme un acte d’hostilité est aussi violente
que barbare. Belgrade est bombardée, la Yougoslavie envahie en quinze
jours. Le roi Pierre* doit s’enfuir.
En quelques semaines, il n’est plus de Yougoslavie. Le royaume est
complètement dépecé.
La Serbie, sous occupation militaire allemande, reçoit un gouvernement
fantoche (général Néditch).
La Croatie* proclame son indépendance sous l’autorité d’Ante Pavelic*
et englobe la Bosnie et une partie de la Dalmatie et de la Slovénie.
L’Allemagne* annexe la Slovénie septentrionale ; l’Italie*, une bonne
partie de la côte dalmate et les bouches de Kotor.
La Bulgarie* se saisit de la Macédoine orientale ; l’Albanie*, de la partie
occidentale.
La Hongrie* occupe le Backa ; la Roumanie*, le Banat.
Le Monténégro passe sous administration italienne.
De Londres, le gouvernement du roi Pierre II* s’efforce d’animer une
Résistance* qui avec Mihailovic* s’est organisée en Serbie bien avant le
22 juin 1941.
Le colonel, futur général, Mihailovic* regroupe sous le nom de
Tchetniks* (régiments) des éléments militaires de toutes origines, armée ou
gendarmerie. Le massif montagneux d’Herzégovine s’affirme son fief. Le
communiste Josip Broz, Tito*, a attendu le 4 juillet 1941 pour déclencher la
lutte armée. Montagnes du Monténégro et de Bosnie sont son domaine. Par-
delà la lutte contre l’occupant allemand, les objectifs de Mihailovic* et Tito*
divergent totalement. Le premier entend restaurer la monarchie et la
prééminence serbe ; le second aspire à instituer un État communiste. Le
conflit devient très vite inévitable, d’autant que Mihailovic*, devant les
représailles allemandes (100 civils exécutés pour un soldat allemand tué),
entend modérer son action. L’action des Oustachis*, qui, de leur côté, veulent
purifier la Croatie* de la présence serbe, finit de transformer la Yougoslavie
en un pays en pleine guerre civile. Les Bosniaques musulmans veulent
venger les leurs massacrés par les Tchetniks* serbes. D’un camp à l’autre, on
torture, on égorge, on fusille, on pend, on viole, on pille, on brûle. Les trois
quarts des 1 300 000 Yougoslaves morts durant la guerre ont péri de la main
de compatriotes. Les auxiliaires de la Wehrmacht*, Waffen SS* recrutés sur
place ou Cosaques de Pannwitz*, finiront d’ajouter à l’horreur.
Au début, avant que les rivalités fratricides ne l’emportent, la guérilla
harcèle Allemands et Italiens. Les Allemands sont contraints d’intervenir. La
342e division arrive de France*, la 113e du front de l’Est*. Les représailles se
succèdent. Il y a plus de 7 000 morts à Kragujevac le 21 octobre 1941 pour
venger l’anéantissement d’une unité allemande. La Résistance yougoslave*
sera la plus dure et la plus sanglante de l’Europe occupée. Elle parviendra,
pratiquement, à libérer seule son pays.
Mihailovic*, quelque temps, fait figure de résistant numéro Un. Le roi l’a
promu général et ministre de la Guerre. Sa rivalité avec Tito* l’affaiblit. Ses
lieutenants croient bien faire en cherchant des appuis du côté de la
Wehrmacht*. Une partie de ses troupes l’abandonne. Les Britanniques qui le
soutenaient primitivement l’abandonnent en décembre 1943 au profit du seul
Tito*. Lequel a bien conduit son recrutement, l’élargissant à toute l’ancienne
Yougoslavie. Le 27 novembre 1942, à Bilhac, en Bosnie, il a créé un Comité
antifasciste de libération nationale, amorce d’un gouvernement. Churchill*
pragmatique joue sa carte. Un officier de liaison est parachuté près de lui en
mars 1943, puis le général Maclean* en septembre. Churchill* finira par
rencontrer Tito* personnellement à Naples, le 12 août 1944.
Tito*, qui s’est promu maréchal, se sent fort. Il a derrière lui 200 000
hommes bien armés, et il est sur le point de participer activement à la
libération* totale de son pays. Il n’a plus à redouter son rival Mihailovic*
lâché par les Anglais et nombre des siens. Churchill* espérait trouver un
terrain d’entente et sauver la monarchie. Il se heurte à un mur qui refuse toute
idée de réconciliation nationale et réclame Trieste* et l’Istrie.
Churchill* s’éloignera les mains vides. Tito* entrera à Belgrade avec
l’Armée rouge* le 20 octobre 1944 et y établira un régime communiste à sa
convenance. Mihailovic*, traqué, sera arrêté et exécuté. La victoire totale de
Tito* se solde par un anéantissement quasi général de ses adversaires.
La Yougoslavie est le pays d’Europe où l’action des maquis* (Tchetniks*
de Mihailovic et partisans* de Tito*) a été la plus vive et la répression la plus
impitoyable. Les rivalités ethniques, l’éclatement de la Résistance*,
l’existence d’une Croatie* inféodée au Reich*, y ont fait dégénérer une partie
de la lutte en guerre civile. De 1941 à 1945, le pays aura perdu 1 600 000 de
ses enfants : 300 000 militaires, 1 300 000 civils.

YOUGOSLAVIE, INVASION DE LA
Depuis l’assassinat du roi Alexandre en 1934, le prince Paul*, cousin du
défunt, assure la régence jusqu’à la majorité du prince héritier Pierre II*. Il
subit les pressions allemandes et, le 25 mars 1941, accepte d’adhérer au Pacte
tripartite*. Cette décision provoque la révolte dans un pays qui n’a pas oublié
le conflit précédent. Dans la nuit du 26 au 27 mars, le régent et son équipe
sont renversés par une équipe d’officiers nationalistes. L’événement
déclenche la liesse populaire. Le jeune Pierre II* monte sur le trône et confie
au général Simovitch le soin de former un gouvernement hostile au IIIe
Reich*.
La réaction allemande est brutale. Hitler* lui a donné un indicatif
significatif : Punition !
Le 6 avril à l’aube, la 4e flotte aérienne commence à pilonner Belgrade.
Durant trois jours, elle déversera ses bombes au cœur de la ville. On relèvera
17 000 victimes civiles. Simultanément, la Wehrmacht* débouche de
Roumanie* et de Hongrie*, alignant 21 divisions dont 6 PD*. Les Italiens, de
leur côté, lancent 8 divisions depuis l’Albanie* et l’Istrie.
L’armée yougoslave compte, en théorie, 18 divisions d’infanterie et 3
divisions de cavalerie. La surprise entrave sa mobilisation. Son armement est
insuffisant, son aviation inexistante. Elle tente de couvrir sa frontière
septentrionale au risque d’être prise à revers. Ce qui se produira.
Les percées puis les enveloppements germano-italiens sont rapides.
Zagreb tombe le 11 avril, Belgrade le 13, Raguse (Dubrovnik) le 17. Au sud,
la 12e Armée de von List*, surgissant de Bulgarie*, a attendu deux jours pour
déclencher son offensive ; elle finit de prendre le dispositif adverse de flanc.
L’un de ses corps d’armée, remontant vers le nord, accentue la pression sur la
capitale. Un autre s’engouffre vers la vallée du Vardar qui mène à Salonique.
Moins de 15 jours suffisent pour annihiler l’armée yougoslave. Pierre II*
réussit à gagner les bouches de Kotor sur la côte dalmate d’où un hydravion
Sunderland* l’embarque. Le souverain ne renonce pas. À l’exemple du roi de
Norvège* et de la reine de Hollande*, il rejoint Londres afin de poursuivre la
lutte.
Sur le terrain, ses généraux sont contraints de capituler. Le 18 avril 1941,
tout est terminé. Les vainqueurs se partagent les trophées (voir Yougoslavie).
Z

Z 1007 BIS
Trimoteur italien de bombardement sorti en 1938 et fabriqué à 560
exemplaires.
Vitesse : 450 km/h ; autonomie : 2 000 km ; armement : 4 mitrailleuses,
1 100 kg de bombes ; équipage : 5 hommes.

ZEGOTA
Organisation polonaise, constituée en décembre 1942 afin d’aider les
Juifs à échapper à la Solution finale*.
Aidant les clandestins, procurant de faux papiers et un soutien financier,
elle aurait sauvé 100 000 personnes.

ZEITZLER, KURT
(1895-1963). Général allemand.
Chef d’état-major de von Kleist* durant les campagnes de France*, des
Balkans*, l’opération Barbarossa*, est nommé chef de l’OKH* en septembre
1942, succédant à Halder*.
Se voit imputer les échecs successifs de la Wehrmacht* en 1943-44 et
démissionne avant l’attentat* du 20 juillet 1944. Quitte définitivement
l’armée en janvier 1945.
Pour faire comprendre à Hitler* la situation réelle des combattants de
Stalingrad*, avait, durant la bataille, mangé la même ration que les assiégés.
Sa maigreur n’avait pu convaincre le Führer* de modifier ses ordres de
résister à tout prix.

ZERO
Mitsubishi A 6 M Reisen.
Zeke dans le code officiel d’identification (en français, Zero).
Le plus prestigieux chasseur japonais de la guerre du Pacifique*,
embarqué ou à terre.
Fabriqué à 10 499 exemplaires en plusieurs versions. Redouté par ses
adversaires.
Caractéristiques du A 6 M 2 de 1940 : vitesse : 530 km/h ; autonomie :
3 100 km ; armement : 2 canons de 20 mm, 2 mitrailleuses, 60 kg de
bombes ; équipage : 1 homme.

ZERVAS, NAPOLÉON
(1891-1957). Général grec.
Colonel, républicain mais anticommuniste, lance l’EDES*, l’armée
nationale démocratique qui sera l’un des deux principaux éléments de la
Résistance* grecque.
Comme général, en assurera le commandement jusqu’à la Libération* et
durant la guerre civile.

ZIRNHELD, ANDRÉ
(1913-1942). Parachutiste français.
Aspirant parachutiste au SAS* de Stirling*, est mortellement blessé lors
du repli après l’attaque contre l’aérodrome de Sidi Haneish, le 27 juillet 1942.
Celui que Stirling* appelait le Good Free French, et qu’il admirait pour sa
culture, sa gaieté et son courage, était l’auteur de la prière qui est,
aujourd’hui, celle des parachutistes français :
« Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,
Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais [...]. »
ZOG Ier
(1895-1961). Roi d’Albanie.
De son vrai nom, Ahmed Zagou.
Général et commandant en chef de l’armée albanaise, en 1921, prend le
pouvoir par un coup d’État. Premier ministre d’Albanie* de 1922 à 1924,
président en 1925, dictateur de fait, se proclame roi en 1928 sous le nom de
Zog Ier. Durant son règne, s’efforce d’ouvrir son pays à la modernisation et à
la laïcité. Forcé de fuir. L’avènement du communisme en 1945 lui interdit de
rentrer en Albanie*.

ZYKLON B
Nom de code du cyanure d’hydrogène utilisé par les SS* dans les
chambres à gaz des camps d’extermination.

ZYMIERSKI-ROLA, MICHAL
(1890-1989). Maréchal polonais.
Ministre de la Guerre du Comité de Lublin* en 1944, puis commandant
en chef de l’Armée du Peuple polonais.
ANNEXES
ABRÉVIATIONS

AB Armée blindée.
ABC Arme blindée cavalerie.
ABDACom American British Dutch Australian Command.
ADD Ami de Darlan.
AEF Afrique équatoriale française.
AFN Afrique du Nord française.
AOF Afrique occidentale française.
AK Armia Krajowa.
AMGOT Allied Military Government of Occupied Territories.
APP Armée du peuple polonais.
AS Armée secrète.
ASDIC Allied Submarine Detection Investigation Committee.
AVRE Assault Vehicle Royal Engineer.
BAR Browning Automatic Rifle.
BBC British Broadcasting Corporation.
BCA Bataillon de chasseurs alpins.
BCC Bataillon de chars de combat.
BCRA Bureau central de renseignement et d’action.
BEF British Expeditionary Force.
BFL Brigade française libre.
BFLO Brigade française libre d’Orient.
BIA Burma Independence Army.
BIM Bataillon d’infanterie de marine.
BIMP Bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique.
BIP Bureau d’information et de presse.
BLE Bataillon de Légion étrangère.
BM Bataillon de marche.
BNA Burma National Army.
CA Corps d’armée.
CAM Catapult Aircraft Merchantman.
CB Corps blindé.
CC Combat Command.
CCS Combined Chiefs of Staff.
CEF Corps expéditionnaire français.
CFLN Comité français de Libération nationale.
CFP Corps franc Pommiès.
CFTC Confédération française des travailleurs chrétiens.
CGT Confédération générale du travail.
CIA Central Intelligence Agency.
CNE Comité national des écrivains.
CNR Conseil national de la Résistance.
COMAC Comité militaire d’action.
COS Chief of staff.
Chief of staff to the Supreme Allied Commander (Chef
COSSAC
d’état-major du commandant en chef allié).
CSTT Commandement supérieur des troupes de Tunisie.
DB Division blindée.
DBLE Demi-brigade de Légion étrangère.
DC Division de cavalerie.
DCA Défense contre avions.
DCR Division cuirassée (de réserve).
DD Duplex Drive.
DFL Division française libre.
Deutsche Forsch für Segelflug (Institut de recherche sur
DFS
les planeur).
DGSE Direction générale de la sécurité extérieure.
DI Division d’infanterie.
DIA Division d’infanterie algérienne.
DIC Division d’infanterie coloniale.
DIF Division d’infanterie de forteresse.
DIM Division d’infanterie marocaine.
DINA Division d’infanterie nord-africaine.
DLM Division légère mécanique.
DM Division motorisée.
DMI Division motorisée d’infanterie.
DMM Division marocaine de montagne.
DSO Distinguished Service Order.
DZ Dropping Zone.
Ethnikon Apeleftherotikon Metopon (Front de Libération
EAM
nationale).
Ethnikos Dimokratikos Ellinikos Syndesmos (Ligue
EDES
nationale grecque républicaine).
Ethnikos Laikos Apeleftherotikos (Armée de Libération
ELAS
nationale populaire).
ETOUSA European Theatre of Operations United States Army.
FAFL Forces aériennes françaises libres.
FAMO Forward Airfields Maintenance Organization.
FFI Forces françaises de l’intérieur.
FFL Forces françaises libres.
FFWD Forces françaises du Western Desert.
FHW Fremde Heere West.
FLAK Fliegerabwehrkanon (artillerie antiaérienne).
FM Fusil mitrailleur.
FMI Fonds monétaire international.
FND Front national démocratique.
FTP Francs-Tireurs et Partisans.
GA Groupe d’armées.
GAC Groupe d’armées centre.
GAN Groupe d’armées nord.
GAS Groupe d’armées sud.
GI Government Issue.
Gosudarstvennv Komitet Oborony (Comité d’État pour la
GKO
défense).
GMC General Motor Company.
GMR Groupe mobile de réserve.
GPRF Gouvernement provisoire de la République française.
GRD Groupe de reconnaissance divisionnaire.
GTM Groupement de tabors marocains.
HMS His Majesty Ship.
IPS Instruction personnelle et secrète.
JCS Joint Chiefs of Staff.
KBE Knight of the British Empire.
KGV King George V.
LCA Landing Craft Assault.
LCI Landing Craft Infantry.
LCT Landing Craft Tank.
LCVP Landinf Craft Vehicle and Personnal.
LEV Legion expanolo de voluntarios.
LRDG Long Range Desert Group.
LST Landing Ship Tank.
LVF Légion des Volontaires français.
MAC Manufacture d’armes de Châtellerrault.
MAS Manufacture d’armes de Saint-Étienne.
MAS Memento Audere Semper.
Militärbefehlshaber in Frankreich (Grand quartier général
MBF en France).
MC Military Cross.
MG Maschinengewehr.
MTB Motor Torpedo Boat.
MUR Mouvements unis de Résistance.
NKFD National Komitee Freies Deutschland.
Narodnyi Kommissariat Vnutrennikh (Commissariat du
NKVD
Peuple pour les Affaires intérieures).
National Socialistiche Beweging (Parti national-socialiste
NSB
hollandais).
OB Oberbefehlshaber (Commandant en chef).
OFLAG Offizier-Lager.
OKH Oberkommando das Heer.
OKK Oberkommando der Kriegsmarine.
OKL Oberkommando der Luftwaffe.
OKW Oberkommando der Wehrmacht.
OMA Organisation métropolitaine de l’Armée.
ORA Organisation de Résistance de l’Armée.
OS Organisation spéciale.
OSS Office of Strategic Services.
OUN Organisation ukrainienne nationaliste.
PC Poste de commandement.
PCF Parti communiste français.
PD Panzer Division.
PIAT Projector Infantry Anti-Tank.
PLUTO Pipe Line Under The Ocean.
PM Pistolet mitrailleur.
PPF Parti populaire français.
PRC Polish Resettlement Corps.
PSP Pierced Steel Planking.
PzGrD Panzer Grenadiere Division.
QG Quartier Général.

RA Régiment d’artillerie.
RAC Régiment d’artillerie coloniale.
RAF Royal Air Force.
RBFM Régiment blindé de fusiliers marins.
RCT Regimental Combat Team.
RDA République démocratique allemande.
REC Régiment étranger de cavalerie.
REI Régiment étranger d’infanterie.
RFA République fédérale allemande.
RFM Régiment de fusiliers marins.
RI Régiment d’infanterie.
RIB Régiment d’infanterie blindée.
RIC Régiment d’infanterie coloniale.
RICM Régiment d’infanterie coloniale du Maroc.
RMBPD Royal Marine Boom Patrol Detachment.
RMLE Régiment de marche de la Légion étrangère.
RMVE Régiment de marche de volontaires étrangers.
Reichssicherheitshauptamt (Service de sécurité principal
RSHA
du Reich).
RSI République sociale italienne.
RSM Régiment de spahis marocains.
RTA Régiment de tirailleurs algériens.
RTM Régiment de tirailleurs marocains.
RTS Régiment de tirailleurs sénégalais.
RTT Régiment de tirailleurs tunisiens.
SAS Special Air Service.
SBS Special Boat Section.
SD Sicherheitsdienst (Service de Sûreté et de renseignements).
SDN Société des nations.
SEAC South East Asia Command.
SES Section d’éclaireurs skieurs.
SFIO Section française de l’Internationale ouvrière.
SHAEF Supreme Headquarter Allied Expeditionary Force.
SIW Self-inflicted wound (blessure volontaire).
SLC Siluro a lenta corsa.
SOE Special Operation Executive.
SOL Service d’ordre légionnaire.
SS Schutzstaffel (Échelon de protection).
Shtab Verkhounogo Komando Vanya (Grand Quartier
STAVKA
Général).
STO Service du travail obligatoire.
TD Tank Destroyer.
TF Task Force.
TM Tribunal militaire.
TMI Tribunal militaire international.
Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient
TMIFE
(Far-East).
TR Travaux ruraux.
URSS Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
USA United States of America.
USAAF United States Army Air Force.
USMC United States Marine Corps.
VIP Very important person.
WAC Women’s Army Corps.
WRNS Women’s Royal Navy Service.
WWII World War II.
CHANGEMENTS DE NOMS

Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux changements de noms


géographiques sont intervenus. D’où le tableau ci-dessous mentionnant les
appellations de la Seconde Guerre mondiale et celles d’aujourd’hui.

Abyssinie Éthiopie.
Addis-Ababa Addis-Abeba.
Akyab Sittwe.
Amoy Xiamen.
Assab Aseb.
Batavia Djakarta.
Bechuanaland Botswana.
Birmanie Myanma Pyi.
Bône Annaba.
Bougie Bejaia.
Breslau Wroclaw.
Brest-Litovsk Brest.
Canton Guangzhou.
Ceylan Sri Lanka.
Congo belge Zaïre.
Côte-de-l’Or Ghana.
Dahomey Bénin.
Dantzig Gdansk.
Diégo-Suarez Antseranana.
Fiume Rijeka.
Formose Taiwan.
Fort-Lamy N’Djamena.
Gleiwitz Gliwice.
Guinée britannique Guyana.
Haute-Volta Burkina-Fasso.
Héraklion Iraklion.
Hollandia Jayapura.
Indes néerlandaises Indonésie.
Indochine Viêt-nam, Laos, Cambodge.
Java Jawa.
Kalinine Tver.
Katanga Shaba.
Königsberg Kaliningrad.
Kovno Kaunas.
Kulm Chelmno.
Leningrad Saint-Pétersbourg.
Lwow Lvov.
Malacca Melaka.
Moluques Maluku.
Mossoul Al Mawsil.
Moyen-Congo République populaire du Congo.
Nankin Nanjing.
Nouvelles-Hébrides Vanuatu.
Oubangui-Chari République centrafricaine.
Palmyre Tadmur.
Pékin Beijing.
Petsamo Petchenga.
Port-Lyautey Kenitra.
Rangoon Yangun.
Rastenburg Ketrzyn.
Salonique Thessaloniki.
Soudan français Mali.
Stalingrad Volgograd.
Stalino Donetsk.
Viipuri Vyborg.
Wilno Vilnius.
CHRONOLOGIE

1856
24 avril : Naissance de Philippe Pétain.

1874
30 novembre : Naissance de Winston Churchill.

1879
21 décembre : Naissance de Joseph Staline.

1882
20 janvier : Naissance de Fr. D. Roosevelt.

1883
25 juillet : Naissance de Benito Mussolini.
1889
20 avril : Naissance de Hitler.

1890
22 novembre : Naissance de Charles de Gaulle.

1918
11 novembre : Armistice franco-allemand.

1920
1er avril : Hitler démobilisé.
Décembre : Congrès de Tours. Éclatement du Parti socialiste.

1922
22 octobre : Marche sur Rome de Benito Mussolini.
30 décembre : Création de l’URSS.

1923
9 novembre : Échec du coup d’État de Hitler à Munich.

1933
30 janvier : Hitler chancelier d’Allemagne.

1935
10 mars : Création de la Luftwaffe.

1936
5 mai : Occupation d’Addis-Abeba par les Italiens.
8 mai : Remilitarisation de la rive gauche du Rhin.
Mai : Victoire électorale du Front populaire en France.
16 juillet : Début de la guerre d’Espagne.

1937
6 novembre : Adhésion de l’Italie au Pacte antikomintern.

1938
12 mars : Entrée des Allemands à Vienne.
30 septembre : Signature des accords dits de Munich.

1939
15 mars : Entrée des Allemands à Prague.
7 avril : Agression italienne contre l’Albanie.
21 mai : Signature du Pacte d’Acier entre Hitler et Mussolini
23 août : Signature du pacte de non-agression germano-soviétique.
31 août : Incident dit de Gleiwitz.
1er septembre : Agression allemande contre la Pologne.
3 septembre : L’Angleterre et la France déclarent la guerre à
l’Allemagne.
17 septembre : Agression soviétique contre la Pologne.
27 septembre : Chute de Varsovie.
30 novembre : Agression soviétique contre la Finlande.
17 décembre : Sabordage du Graf von Spee.

1940
13 mars : Armistice russo-finlandais.
21 mars : Paul Reynaud président du Conseil français.
9 avril : Agression allemande contre le Danemark et la Norvège.
10 mai : Agression allemande contre la Hollande, la Belgique et le
Luxembourg.
Winston Churchill Premier ministre britannique.
13 mai : Capitulation de Rotterdam.
Percée allemande à Sedan.
18 mai : Philippe Pétain vice-président du Conseil.
19 mai : Weygand remplace Gamelin.
28 mai : Prise de Narvik.
Capitulation belge.
29 mai : Capitulation de Lille.
4 juin : Fin de l’évacuation de Dunkerque.
5 juin : Offensive allemande sur la Somme.
10 juin : Déclaration de guerre de l’Italie à la France et à la Grande-
Bretagne.
14 juin : Entrée des Allemands dans Paris.
16 juin : Démission de Paul Reynaud.
Gouvernement du maréchal Pétain.
17 juin : Demande française d’armistice.
18 juin : Appel du général de Gaulle à Londres.
25 juin : Armistice franco-allemand et franco-italien .
3 juillet : Attaque anglaise contre Mers el-Kébir.
10 juillet : Pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
20 juillet : L’amiral Decoux gouverneur général de l’Indochine.
21 juillet : Annexion des États baltes par l’URSS.
13 août : Adlertag. Début de la bataille d’Angleterre.
26 août : Ralliement du Tchad à la France libre.
28 août : Ralliement du Cameroun, du Moyen-Congo, de l’Oubangui-
Chari à la France libre.
6 septembre : Abdication du roi Carol de Roumanie.
10 septembre : Ralliement des territoires français d’Océanie à la France
libre.
20 septembre : Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France libre.
23 septembre : Attaque japonaise contre Langson.
23-24 septembre : Échec gaulliste devant Dakar.
27 septembre : Signature du Pacte tripartite (Allemagne-Japon-Italie).
23 octobre : Entretiens Hitler-Franco à Hendaye.
24 ctobre : Rencontre Hitler-Pétain à Montoire.
28 octobre : Agression italienne contre la Grèce.
5 novembre : Réélection de Roosevelt aux États-Unis.
15 novembre : Bombardement allemand sur Coventry.
9 décembre : Début de l’offensive Wavell en Cyrénaïque.
1941
17 janvier : Début de la guerre franco-thaïlandaise.
12 février : Arrivée de Rommel en Tripolitaine.
25 février : Entrée des Anglais dans Mogadiscio.
1er mars : Prise de Koufra par la colonne Leclerc.
27 mars : Régent de Roumanie renversé.
29 mars : Bataille du cap Matapan.
31 mars : Contre-offensive de Rommel en Cyrénaïque.
6 avril : Attaque allemande contre la Yougoslavie.
25 avril : Entrée des Allemands dans Athènes.
30 avril : Révolte en Irak contre la Grande-Bretagne.
9 mai : Traité de paix franco-thaïlandais.
10 mai : Envol de Rudolf Hess pour l’Angleterre.
19 mai : Capitulation du duc d’Aoste en Éthiopie.
20 mai : Début de l’opération Merkur contre la Crète.
24 mai : Naufrage du Hood, croiseur de bataille anglais.
27 mai : Naufrage du Bismarck, cuirassé allemand.
31 mai : Armistice anglo-irakien.
1er juin : Fin de la campagne de Crète.
8 juin : Début de la guerre franco-anglaise en Syrie-Liban.
15-17 juin : Bataille de Halfaya.
22 juin : Prise de Damas par les Anglais.
Début de l’opération Barbarossa.
2 juillet : Conférence impériale fixant l’expansion japonaise vers le sud.
3 juillet : Appel de Staline aux Soviétiques.
4 juillet : Occupation de Riga.
Début du soulèvement communiste en Yougoslavie.
10 juillet : Prise de Minsk.
16 juillet : Prise de Smolensk.
21 juillet : Installation militaire japonaise en Indochine.
26 juillet : MacArthur, commandant des Forces armées américaines en
Extrême-Orient.
14 août : Publication de la Charte de l’Atlantique.
21 août : Assassinat de l’aspirant Moser par Pierre Georges à Paris.
22 août : Directive No 34 de Hitler.
25 août : Entrée des troupes britanniques et soviétiques en Iran.
29 août : Exécution du commandant d’Estienne d’Orves.
8 septembre : Début effectif du siège de Leningrad.
19 septembre : Chute de Kiev.
16 octobre : Tojo Premier ministre.
Chute d’Odessa.
23 octobre : Exécution des otages de Châteaubriant.
3 novembre : Approbation par l’Empereur du plan Yamamoto contre
Pearl Harbor.
15 novembre : Début de l’offensive finale contre Moscou.
18 novembre : Début de l’opération Crusader en Cyrénaïque.
21 novembre : Prise de Rostov-sur-le-Don (évacuée une semaine plus
tard.)
5 décembre : Arrêt de l’offensive allemande contre Moscou.
6 décembre : Déclaration de guerre de la Grande-Bretagne à la Finlande.
Début de la contre-offensive d’hiver soviétique.
7 décembre : Retraite de Rommel en Cyrénaïque.
8 décembre : Attaque japonaise contre Pearl Harbor.
Débarquement japonais en Malaisie.
Début de la guerre dans le Pacifique et en Extrême-Orient.
10 décembre : Débarquement japonais au nord de Luçon.
Destruction du Prince of Wales et du Repulse.
11 décembre : L’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux États-Unis.
22 décembre : Reddition de Wake.
24 décembre : Ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France libre.
25 décembre : Reddition de Hong Kong.
Fin du mois : Conférence Arcadie à Washington.

1942
1er janvier : Signature de la Déclaration commune des Nations Unies.
2 janvier : Chute de Manille.
11 janvier : Débarquement japonais à Bornéo.
13 janvier : Offensive soviétique sur le Volkhov.
21 janvier : Début de l’offensive de Rommel en Libye.
31 janvier : Début du siège de Singapour.
14 février : Débarquements et parachutages japonais à Sumatra.
15 février : Reddition de Singapour.
19 février : Débarquement japonais à Bali.
20 février : Débarquements et parachutages japonais à Timor.
28 février : Raid aéroporté britannique sur Bruneval.
1er mars : Débarquement japonais à Java.
8 mars : Chute de Rangoon.
9 mars : Chute de Bandoung.
11 mars : MacArthur, sur ordre formel de Roosevelt, quitte Corregidor.
9 avril : Attaque japonaise sur Colombo.
Reddition de Bataan.
18 avril : Raid aérien américain sur Tokyo et le Japon.
1er mai : Chute de Mandalay.
5 mai : Débarquement anglais à Diégo-Suarez.
7-8 mai : Bataille de la mer de Corail.
8 mai : Offensive allemande dans la presqu’île de Kertch.
26 mai : Début de l’attaque de Rommel contre la ligne de Gazala.
27 mai : Assassinat de Heydrich à Prague.
28 mai : Raid britannique sur Saint-Nazaire.
31 mai : Bombardement des 1 000 sur Cologne.
4-5 juin : Bataille de Midway.
11 juin : Évacuation de Bir-Hakeim.
21 juin : Reddition de Tobrouk.
Seconde quinzaine de juin : Défaite soviétique devant Kharkov.
4 juillet : Chute de Sébastopol.
11 juillet : Capture du général Vlassov.
16 juillet : Rafle du Vel’ d’Hiv’.
1er au 27 juillet : Première bataille d’El-Alamein.
25 juillet : Chute de Rostov-sur-le-Don.
7 août : Débarquement américain à Guadalcanal.
12-16 août : Churchill à Moscou.
15 août : Montgomery remplace Auchinleck à la tête de la VIIIe Armée
19 août : Opération Jubilee à Dieppe.
21 août : Allemands au sommet de l’Elbrouz.
23 août : La VIe Armée allemande atteint la Volga.
Début de la bataille de Stalingrad.
27 août : Joukov commandant suprême adjoint.
31 août-3 septembre : Bataille d’Alam Halfa.
23 septembre : Occupation de Tananarive par les Anglais.
12 octobre : Bataille navale du cap Espérance.
22 octobre : Rencontre franco-américaine de Cherchell.
23 octobre : Début de la seconde bataille d’El-Alamein.
25 octobre : Bataille navale de Santa Cruz.
5 novembre : Armistice franco-anglais à Madagascar.
8 novembre : Débarquement allié en AFN.
11 novembre : Occupation de la zone libre en France.
19 novembre : Début de la contre-offensive soviétique à Stalingrad.
23 novembre : VIe Armée allemande encerclée à Stalingrad.
27 novembre : Sabordage de la flotte française à Toulon.
12 décembre : Offensive allemande de dégagement de Stalingrad.
23 décembre : Arrêt de l’offensive de dégagement de Stalingrad.
24 décembre : Assassinat de l’amiral Darlan.
27 décembre : Le général Giraud, commandant en chef civil et militaire.

1943
2 janvier : Prise de Buna en Nouvelle-Guinée par les Américains.
16 janvier : Début de la conférence d’Anfa.
18 janvier : Rupture de l’encerclement de Leningrad.
23 janvier : Prise de Tripoli par les Britaniques.
31 janvier : Reddition du maréchal Paulus à Stalingrad.
8 février : Début de l’opération « Chindit » en Birmanie.
9 février : Abandon de Guadalcanal par les Japonais.
14 février : Prise de Rostov-sur-le-Don par les Soviétiques.
16 février : Libération de Kharkov.
15 mars : Reprise de Kharkov par les Allemands.
18 mars : Libération de Gafsa.
12 avril : Libération de Sousse.
16 avril : Mort de l’amiral Yamamoto.
19 avril : Début de l’insurrection du ghetto de Varsovie.
11 mai : Débarquement américain à Attu.
13 mai : Capitulation des forces de l’Axe en Tunisie.
17 mai : Destruction des barrages sur la Möhne et l’Eder dans la Ruhr.
22 mai : Dissolution du Komintern.
25 mai : Première réunion du CNR à Paris.
30 mai : De Gaulle à Alger.
3 juin : Création du CFLN à Alger.
11 juin : Prise de Pantelleria.
21 juin : Débarquement américain en Nouvelle-Géorgie.
Arrestation de Jean Moulin à Caluire.
4 juillet : Mort du général Sikorski.
5 juillet : Début de la bataille de Koursk.
10 juillet : Débarquement allié en Sicile.
16 juillet : Arrêt de l’offensive allemande à Koursk.
22 juillet : Prise de Palerme.
25 juillet : Chute de Mussolini.
Le maréchal Badoglio, chef du gouvernement italien.
31 juillet : Bombardement de Hambourg.
13 août : Début de la conférence de Québec.
17 août : Prise de Messine.
23 août : Reprise de Kharkov par l’Armée rouge.
Mountbatten, commandant en chef du Sud-Est asiatique.
3 septembre : Débarquement anglais en Calabre.
8 septembre : Annonce de l’armistice italien.
Début de l’insurrection corse.
9 septembre : Débarquement allié à Salerne et Tarente.
12 septembre : Libération de Mussolini au Gran Sasso.
Prise de Salamaua.
23 septembre : Libération de Smolensk.
1er octobre : Entrée des Alliés à Naples
4 octobre : Libération totale de la Corse.
13 octobre : L’Italie déclare la guerre à l’Allemagne.
1er novembre : Débarquement américain à Bougainville.
6 novembre : Libération de Kiev.
12 novembre : Débarquement allemand à Leros.
20 novembre : Débarquement américain à Tarawa.
23 novembre : Début de la conférence du Caire.
25 novembre : Arrivée du général Juin en Italie.
28 novembre : Début de la conférence de Téhéran.
6 décembre : Prise de Monte Cassino.
26 décembre : Débarquement américain en Nouvelle-Irlande.
1944
8 janvier : Offensive de la Ve Armée US contre Cassino.
21 janvier : Débarquement allié à Anzio-Nettuno.
25 janvier : Assaut français contre le Belvédère.
27 janvier : Fin du blocus de Leningrad.
1er février : Débarquement américain à Kwajalein, dans les Marshall.
15 février : Bombardement du Mont Cassin.
8 mars : Offensive japonaise en Birmanie.
24 mars : Mort de Wingate.
10 avril : Prise d’Odessa par l’Armée rouge.
13 avril : Occupation de Budapest par la Wehrmacht.
20 avril : Dégagement de Kohima.
22 avril : Débarquement américain à Hollandia.
11 mai : Début de l’offensive alliée en Italie.
12 mai : Chute de Sébastopol.
Libération de la Crimée.
17 mai : Occupation du terrain d’aviation de Myitkyina.
27 mai : Débarquement américain à Biak.
5 juin : Prise de Rome.
Dans la nuit du 5 au 6 : Largage au-dessus de la Bretagne des premiers
sticks de parachutistes français.
6 juin : Débarquement allié en Normandie.
10 juin : Massacre d’Oradour-sur-Glane.
14 juin : De Gaulle à Bayeux.
19-20 juin : Bataille de la mer des Mariannes.
22 juin : Offensive soviétique en Biélorussie.
Dégagement d’Imphal.
13 juillet : Les Français à Sienne.
Prise de Vilnius par l’Armée rouge.
17 juillet : Rommel blessé en Normandie.
18 juillet : Début de l’opération Goodwood.
Libération de Saint-Lô.
20 juillet : Attentat contre Hitler.
21 juillet : Débarquement américain à Guam.
Attaque allemande contre le Vercors.
23 juillet : Libération de Lublin.
25 juillet : Offensive américaine dans le Cotentin.
30 juillet : Entrée des Américains dans Avranches.
1er août : La 2e DB débarque à Utah Beach.
Début de l’insurrection de Varsovie.
7 août : Contre-attaque allemande de Mortain.
8 août : Libération du Mans.
12 août : La 2e DB entre dans Alençon.
Rencontre Tito-Churchill à Naples.
15 août : Débarquement allié en Provence.
16 août : Model remplace von Kluge.
19 août : Fermeture de la poche de Falaise.
Début de l’insurrection parisienne.
20 août : Arrestation du maréchal Pétain par les Allemands.
Chute du maréchal Antonescu en Roumanie.
25 août : Libération de Paris.
La Roumanie déclare la guerre à l’Allemagne.
28 août : Fin des combats à Marseille et Toulon.
29 août : Début du soulèvement slovaque.
3 septembre : Libération de Lyon.
4 septembre : Libération d’Anvers.
8 septembre : La Bulgarie déclare la guerre à l’Allemagne.
12 septembre : Jonction des troupes d’Overlord et de Dragoon.
Armistice soviéto-roumain.
12-16 septembre : Seconde conférence de Québec.
17 septembre : Début de l’opération Market Garden en direction
d’Arnhem.
18 septembre : Libération de Brest.
19 septembre : Armistice soviéto-finlandais.
25 septembre : Fin de Market Garden.
2 octobre : Fin de l’insurrection de Varsovie.
9 octobre : Churchill à Moscou.
15 octobre : Libération d’Athènes.
Attaque suicide de l’amiral Arima.
Occupation de Riga par l’Armée rouge.
20 octobre : Libération de Belgrade.
Débarquement américain dans l’île de Leyte aux Philippines.
21 octobre : Prise d’Aix-la-Chapelle.
24-25 octobre : Bataille navale de Leyte.
25 octobre : Première action kamikaze d’envergure.
1er novembre : Débarquement allié à Walcheren.
19 novembre : Libération de Metz.
Les Français premiers au Rhin.
23 novembre : Libération de Strasbourg par la 2e DB.
25 novembre : Fin des combats à Peleliou.
Libération de Belfort.
2 décembre : De Gaulle à Moscou.
4 décembre : Prise de Ravenne.
7 décembre : Débarquement au sud d’Ormoc.
10 décembre : Prise d’Indaw en Birmanie.
15 décembre : Contre-offensive allemande dans les Ardennes.
26 décembre : Budapest encerclé.
Dégagement de Bastogne.

1945
1er janvier : Offensive allemande Nordwind en Basse-Alsace.
7 janvier : Offensive allemande contre Strasbourg.
9 janvier : Débarquement américain à Luçon.
12 janvier : Début de l’offensive soviétique.
15 janvier : Les Américains entrent dans Houfalize.
17 janvier : Libération de Varsovie.
18 janvier : Le gouvernement polonais de Lublin s’installe à Varsovie.
20 janvier : Début de la bataille de Colmar.
24 janvier : L’Armée rouge s’empare de Gleiwitz.
27 janvier : Libération du camp d’Auschwitz.
28 janvier : Fin de la bataille des Ardennes.
30 janvier : Armistice soviéto-hongrois.
31 janvier : Ouverture de la route de Birmanie.
Encerclement de Königsberg.
2 février : Libération de Colmar.
La 1ère Armée américaine franchit la ligne Siegfried.
3 février : Les Américains atteignent les faubourgs de Manille.
4 février : Début de la conférence de Yalta.
5 février : Joukov atteint Kustrin, à 75 km de Berlin.
6 février : Exécution de Robert Brasillach.
13 février : Bombardement anglo-américain sur Dresde.
Reddition de Budapest.
15 février : Encerclement de Breslau.
16 février : Opération aéroportée américaine sur Corregidor.
Le Chili et le Venezuela déclarent la guerre à l’Allemagne et au Japon.
19 février : Débarquement américain sur Iwo Jima.
23 février : Chute de Poznan.
24 février : L’Égypte déclare la guerre à l’Allemagne.
3 mars : Fin de la lutte pour Manille.
4 mars : La Finlande déclare la guerre à l’Allemagne.
6 mars : Offensive allemande en Hongrie.
7 mars : Prise du pont de Remagen par les Américains.
Prise de Cologne par les Américains.
9 mars : Coup de force japonais en Indochine.
10 mars : Bombardement de Tokyo.
20 mars : Prise de Mandalay.
22 mars : Création au Caire de la Ligue arabe.
23 mars : Franchissement américain du Rhin à Oppenheim.
24 mars : Offensive de Montgomery à Wesel.
31 mars : La 1ère Armée française franchit le Rhin.
1er avril : Débarquement américain sur Okinawa.
Encerclement de la Ruhr.
4 avril : Libération de Bratislava.
10 avril : Offensive alliée en Italie.
11 avril : Libération du camp de Buchenwald.
12 avril : Mort du président Roosevelt.
13 avril : Chute de Vienne.
15 avril : Libération d’Arnhem.
16 avril : Début de l’offensive soviétique contre Berlin.
18 avril : Fin des combats dans la Ruhr.
21 avril : Prise de Stuttgart par les Français.
25 avril : Début de la conférence de San Francisco.
27 avril : Liaison soviéto-américaine à Torgau.
28 avril : Mort de Mussolini.
29 avril : Libération de Dachau.
Signature de la capitulation des forces allemandes d’Italie.
30 avril : Mort de Hitler.
Prise de Munich.
1er mai : Mort de Goebbels.
2 mai : Fin des combats en Italie.
Reddition de Berlin.
3 mai : Libération de Rangoon.
7 mai : Signature de la capitulation allemande à Reims.
8 mai : Émeutes dans le Constantinois.
Signature de la capitulation allemande à Berlin.
9 mai : Reddition de la garnison allemande de Dunkerque.
Libération de Prague.
Arrestation de Goering.
23 mai : Fin du gouvernement Dönitz.
Mort de Himmler.
25 mai : Raid aérien sur Tokyo.
5 juin : Première réunion de la commission de contrôle alliée à Berlin.
10 juin : Débarquement allié à Brunei.
22 juin : Fin des combats à Okinawa.
26 juin : Signature de la Charte des Nations Unies à San Francisco.
5 juillet : Fin des livraisons au titre du Prêt-Bail.
16 juillet : Début de la conférence de Potsdam.
Explosion de l’engin expérimental Trinity.
26 juillet : Déclaration de Potsdam.
Démission de Churchill.
2 août : Fin de la conférence de Potsdam.
6 août : Bombe atomique sur Hiroshima.
9 août : L’URSS déclare la guerre au Japon.
Bombe atomique sur Nagasaki.
15 août : Capitulation japonaise.
Fin du procès Pétain, commencé le 18 juillet.
17 août : Proclamation de l’indépendance de l’Indonésie.
19 août : Reddition de l’armée du Kwantung.
22 août : Reddition des garnisons japonaises des Marshall et des Gilbert.
25 août : Reddition de Yamashita aux Philippines.
26 août : Reddition de Truk.
30 août : Débarquement des Marines à Osaka.
Arrivée de MacArthur au Japon.
Entrée des Britanniques à Hong Kong.
2 septembre : Signature de l’acte de capitulation du Japon sur le
Missouri.
Proclamation de l’indépendance du Viêt-nam.
6 septembre : Reddition de Rabaul.
8 septembre : Entrée de MacArthur à Tokyo.
12 septembre : Signature de l’acte de redditon de Singapour.
4 octobre : Ouverture du procès Laval.
10 octobre : Exécution de Darnand.
13 octobre : Exécution de Laval.
24 octobre : Exécution de Quisling.
20 novembre : Ouverture du procès de Nuremberg.

1946
20 janvier : Démission du général de Gaulle.
22 février : Exécution de Jean Luchaire.
3 mai : Début du procès de Tokyo.
7 mai : Exécution de Mussert.
1er juin : Exécution du maréchal Antonescu.
12 juin : Référendum italien en faveur de la République.
17 juillet : Exécution du général Mihailovic.
31 août : Fin des débats à Nuremberg.
15 septembre : Proclamation de la République bulgare.
1er octobre : Verdicts à Nuremberg.
15 octobre : Suicide de Goering.
16 octobre : Exécution des condamnés du procès de Nuremberg.
30 décembre : Abdication du roi Michel de Roumanie.

1948
12 novembre : Verdicts à Tokyo.
23 décembre : Exécution des condamnés du procès de Tokyo.
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Vie et mort des Français, 1939-1945, Tallandier, 1980.
DU MÊME AUTEUR
CHEZ LE MÊME ÉDITEUR
La Grande Histoire de la Seconde Guerre mondiale
10 volumes
1. De Munich à Dunkerque
(Septembre 1938-Juin 1940)
2. De l’Armistice à la guerre du désert
(Juin 1940-Juin 1941)
3. De l’invasion de l’URSS à Pearl Harbor
(Juin 1941-Décembre 1941)
4. Des premières victoires du Japon à Stalingrad et El-Alamein
(Déc. 1941-Nov. 1942)
5. Du débarquement allié en AFN à l’invasion de l’Italie
(Nov. 1942-Oct. 1943)
6. 6 juin 1944 : le jour J. Genèse, déroulement, conséquences
(Oct. 1943-Juil. 1944)
7. De la reconquête des Philippines à la bataille des Ardennes
(Juill. 1944-Déc. 1944)
8. De l’assaut final contre le Japon à la capitulation du IIIe Reich
(Janv. 1945-Mai 1945)
9. De la décomposition du IIIe Reich à Hiroshima et à la chute du Japon (Mai 1945-Sept. 1945)
10. Du procès Laval au jugement de Nuremberg
(Sept. 1945-Oct. 1946)
Également disponibles en 2 tomes, collection « Multipages »
Tome 1. Septembre 1938 à Octobre 1943
Tome 2. Octobre 1943 à Octobre 1946
France-Indochine
Un siècle de vie commune (1858-1954)
Histoire de la Légion
De 1831 à nos jours
Histoire de l’Algérie
Des origines à nos jours
Histoire de l’Armée française
Des milices royales à l’armée de métier
Histoire des Commandos
1939-1943*
Histoire des Commandos
1944-1945**
Histoire des Commandos
1945 à nos jours***
La Conquête de l’Algérie
Les germes de la discorde
1830-1871
L’affaire Si Salah
Un récit témoignage vécu sur la guerre d’Algérie
La France coloniale
Tome 1. La Gloire de l’Empire
Tome 2. Retour à l’Hexagone
La Guerre d’Algérie
Genèse et engrenage d’une tragédie
(Ouvrage couronné par l’Académie française)
Les maquis de la Libération
1942-1944
Les parachutistes de la Légion
1948-1962
Pas même un caillou
Pages écrites en 1962 en Algérie dans la passion du moment
42, rue de la Santé
Une prison politique – 1867-1968
Saint-Cyr
Deux siècles au service de la France
Prix Jacques Chabannes, 2003

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