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Titre original : Don Miguel Ruiz’s Little Book of Wisdom

Publié pour la première fois aux États-Unis en 2017 par Hieroplant


Publishing.

© Guy Trédaniel éditeur, 2017, pour la traduction française.

Traduit de l’anglais par Stéphanie Chaut


ISBN : 978-2-8132-1598-7

Tous droits de reproduction, traduction ou adaptation réservés pour


tous pays.

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À mes enfants, pour qu’ils aient toujours accès à
la sagesse de leur grand-père.

À toi, mon père. En espérant qu’à tes yeux ce


recueil d’anecdotes et de paroles de sagesse soit
une digne manifestation de l’héritage que tu as
transmis au monde.

Et à tous ceux que j’aime.


Sommaire

Couverture
Page de titre
Page de copyright
Introduction
Explication des termes clés
Première partie : L’éveil
Deuxième partie : Paroles de sagesse
Troisième partie : Histoires de sagesse
Mon apprentissage des accords toltèques
Le miroir
Pourquoi devrais-tu payer pour moi ?
N’aie pas peur de mourir
Teotihuacan
À propos de Don Miguel Ruiz et de Don Miguel Ruiz Jr.
Introduction

Quand ma fille Audrey avait 7 ans, je l’ai emmenée à la librairie du


quartier pour lui acheter un nouveau livre de contes. Tandis que nous
nous dirigions vers le rayon enfants, j’ai remarqué que le livre de mon
père, Les Quatre Accords toltèques, était exposé bien en vue sur
l’étagère nommée « Les coups de cœur du personnel ».
J’ai souri en le regardant, fier et heureux, émerveillé de constater à
quel point cet ouvrage faisait encore écho à tant de gens, de
nombreuses années après sa première publication. Je me rappelle
l’avoir cherché dans les librairies quand il venait de paraître et
qu’aucun magasin ne le vendait. Je l’ai cherché ainsi plusieurs mois,
librairie après librairie, et je ressortais toujours les mains vides. Cela
peut sembler étonnant aujourd’hui mais, en ce temps-là, je me
demandais si je le verrais jamais dans les rayons d’une librairie – là où
tout le monde pourrait en prendre connaissance.
Environ un an après sa parution, je l’ai trouvé pour la première fois
dans une boutique de Berkeley en Californie. J’en étais si fou de joie
que plusieurs heures s’étaient écoulées avant que j’arrive à arrêter de
sourire ; la découverte du premier livre de mon père dans les rayons fut
un tel moment de bonheur pour moi ! Contrairement à tous les
ouvrages que j’avais jamais achetés jusqu’alors, celui-ci était né de la
sagesse de ma tradition familiale, avait été écrit par mon père, et
pouvait à présent être lu dans le monde entier.
Fasciné par le chemin que mon père avait parcouru des années
auparavant, je me suis tourné vers Audrey et lui ai dit : « Ma chérie, si
un jour tu as besoin de conseils ou si tu veux te relier à ton grand-père,
mais qu’il est trop loin, tu pourras toujours le trouver dans une librairie
ou une bibliothèque. Dans les pages de ce livre, il partagera avec toi ce
qu’il sait de l’amour et de la vie ; sa voix est là pour t’aider. » C’était
merveilleux de pouvoir prononcer de telles paroles, parce que la
tradition orale que notre famille transmet depuis tant de générations est
toujours vivante, et elle est offerte à quiconque demande de l’aide, y
compris à mes enfants.
Je savais en même temps que la sagesse de mon père était plus vaste
que ce qu’il avait pu inclure dans ses livres. Je me suis alors mis à
rêver qu’un jour un tel ouvrage paraisse : une œuvre qui renfermerait
cette sagesse supplémentaire. Je suis heureux de pouvoir dire
aujourd’hui que ce que vous tenez entre vos mains est la concrétisation
de cette intention.
La sagesse de mon père, qu’il a commencé à enseigner au milieu des
années 1980, émane de la tradition toltèque de notre famille. Les
Toltèques sont des Amérindiens qui se sont installés au sud du
Mexique il y a 2 500 ans. Ce sont les bâtisseurs des pyramides de
Teotihuacan. Le terme « toltèque » est un mot nahuatl qui signifie
« artiste », car les Toltèques croyaient que chaque être humain était
l’artiste de sa vie. La sagesse toltèque de ma famille a été transmise de
génération en génération, parfois en secret quand la politique du
moment l’exigeait. Mon père a appris notre tradition de sa mère,
Madre Sarita, et de son grand-père, Don Leonardo.
Ce que beaucoup ignorent, c’est qu’autrefois mon père ne
s’intéressait pas vraiment à la sagesse traditionnelle de ma famille. Sa
passion était la médecine ; il a fait des études de médecine et est
devenu médecin. Toutefois, peu de temps après avoir obtenu son
diplôme, il eut une expérience de mort imminente qui le transforma
considérablement (j’ai inclus son propre récit de cet événement au
début du livre).
Ce fut après cette expérience qu’il commença à s’intéresser à la
sagesse traditionnelle de notre famille et qu’il devint apprenti auprès
de Madre Sarita. Au début, il ne pouvait étudier que le week-end à San
Diego, en Californie, travaillant toute la semaine à son cabinet médical
à Tijuana, au Mexique. S’il acquérait de plus en plus de connaissances
sur la sagesse de notre famille, il portait un regard nouveau sur elle
grâce à sa formation en sciences et psychologie occidentales. C’est
ainsi qu’il a synthétisé les deux traditions et a pu développer des
moyens de transmettre ces enseignements dans un langage qui faisait
écho au monde moderne.
Étant son fils aîné, je me souviens bien du chemin qu’a parcouru le
Dr Miguel Ruiz pour devenir le maître enseignant et auteur Don
Miguel Ruiz. Je me rappelle le jour où il a annoncé à ma mère qu’il
abandonnait complètement la médecine pour se consacrer à sa passion,
conscient des conséquences financières de sa décision sur toute la
famille. Je me rappelle les débuts modestes de ses premiers cours,
quand il n’y avait alors que quatre ou cinq élèves. En regardant en
arrière, je vois toute son évolution en tant qu’enseignant : ses débuts
où il partageait la tradition avec ses étudiants avant de toujours
chercher le meilleur moyen pour que ses leçons fassent écho en chacun
d’eux. Il savait que ses élèves pourraient, grâce à cette résonance,
atteindre un moment de clarté. Enseignement après enseignement, il a
abandonné les anciens symboles toltèques de la tradition orale de notre
famille pour développer un langage qu’il qualifiait simplement de
« bon sens ».
Les leçons de mon père ont aidé tellement de gens à trouver leur
moi authentique, à guérir les blessures causées par la domestication et
à vivre une vie empreinte d’amour inconditionnel. Ceux qui ont suivi
ses leçons ont pu créer harmonieusement leur propre rêve personnel.
Cela me ramène au but et aux objectifs de ce livre. Je veux faire tout
ce qui est en mon pouvoir pour rapporter sur ces pages l’héritage de
sagesse de mon père. J’ai rassemblé ici les enseignements essentiels de
mon père, qui proviennent de transcriptions de conférences, de
présentations et d’interviews, ainsi que de moments plus intimes
pendant lesquels il partageait sa sagesse avec mes frères et moi.
Bien sûr, ce sont ces moments rien qu’entre lui et nous qui ont eu le
plus fort impact sur moi – ces instants où mon père nous enseignait
plus par l’exemple que par la parole. C’est ainsi que j’ai inclus dans la
dernière partie de cet ouvrage un recueil d’anecdotes relatant quelques-
uns de ces instants privilégiés.
La majeure partie de ce livre forme ce que j’ai appelé les « Paroles
de sagesse ». Il s’agit de ses enseignements fondamentaux ; et, pour la
lecture de ces passages, j’aimerais vous soumettre quelques
suggestions afin de vous aider à bénéficier au maximum de la sagesse
qu’ils contiennent.

Écoutez avec le cœur


À la lecture de ces morceaux choisis de sagesse, il se peut que votre
esprit ait envie de prendre le contrôle des textes, s’acharnant à
comprendre les paroles de mon père, mais rappelez-vous : mon père
parle à votre cœur. Laissez ses mots voyager au-delà de votre mental
(et de toutes les connaissances qu’il a accumulées) et atteindre votre
cœur si beau. Il n’y a que dans votre cœur que vous pouvez faire de
l’espace pour recevoir cette sagesse, de façon à commencer la
transformation.

Prenez votre temps


Si vous lisez plus de deux ou trois passages par jour, vous risquez de
diluer l’impact des enseignements. Se contenter de ne lire qu’un seul
passage par jour est un merveilleux moyen d’entrer en contact avec
eux. Donnez à chacun d’eux le temps de s’épanouir dans votre cœur.

Laissez la sagesse vous choisir


Si vous pouvez bien sûr lire les paroles de sagesse dans leur ordre
d’apparition, vous pouvez également prendre le livre entre vos mains
quand vous rencontrez des difficultés ou quand vous devez prendre
une décision. En l’ouvrant au hasard, il se peut que vous y trouviez un
message qui inspirera vos actions.
Enfin si vous ne connaissez pas encore les livres précédents de mon
père, je vous conseille de commencer par lire l’histoire racontée au
début de la troisième partie, dans laquelle je décris mon propre
apprentissage des accords toltèques. Cela vous donnera des éléments
clés pour comprendre certains termes et concepts utilisés dans le
chapitre des « Paroles de sagesse ».
Entrons à présent dans Le Livre de sagesse toltèque de Don Miguel
Ruiz.
Explication des termes clés

Accords : contrats personnels passés avec nous-mêmes concernant la


nature de la réalité et le comportement que nous devrions avoir dans le
monde. Certains accords peuvent nous aider à créer une belle vie ;
d’autres engendrent des drames émotionnels et des souffrances.

Allié : se dit de l’esprit, quand il agit pour le compte de l’être humain.

Attachement : investissement émotionnel ou énergétique. Vous


pouvez vous attacher à des objets externes, à des croyances, à des
idées et même à des rôles que vous jouez dans le monde (en société).

Connaissance : nombreuses idées et croyances relatives à la réalité


qui remplissent votre esprit sous forme de mots et de symboles (le
langage).

Conscience : capacité de voir les choses telles qu’elles sont vraiment


plutôt qu’à travers le filtre de votre connaissance.

Domestication : système destiné à enseigner à un humain comment


être un humain selon sa société ou sa culture. Nous sommes
domestiqués quand nous adoptons les croyances et les comportements
que les autres trouvent acceptables.

Foi : croyance en quelque chose sans l’ombre d’un doute.

Guerrier toltèque : personne qui s’est engagée à utiliser les


enseignements de la tradition toltèque pour gagner la bataille intérieure
contre la connaissance.

Mitote : terme nahuatl qui signifie « chaos » et qui fait référence à


l’idée que votre esprit est si bruyant qu’il donne l’impression d’un
millier de personnes en train de parler en même temps.

Narrateur : voix qui vous raconte, dans votre tête, une histoire sur ce
que vous vivez tout au long de la journée. Le narrateur est l’esprit qui
se parle à lui-même.

Parasite : l’esprit quand il se nourrit de l’énergie émotionnelle de


l’humain.

Quatre accords toltèques : outils pouvant être utilisés par un artiste


pour créer une nouvelle vie, tels qu’exposés dans Les Quatre Accords
toltèques1 :

1. Que votre parole soit impeccable.


2. Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle.
3. Ne faites pas de suppositions.
4. Faites toujours de votre mieux.

Rêve de la planète : façon dont l’humanité perçoit la réalité.

Rêve personnel : c’est la façon unique dont chaque individu interprète


la réalité ; sa perspective personnelle.

Soi authentique : le Divin qui est en vous ; la force qui donne vie à
votre esprit et à votre corps. Ce concept rejoint celui de l’esprit ou de
l’âme qui est présent dans de nombreuses traditions religieuses, sans
toutefois en être un synonyme.

Teotihuacan : ancienne ville du sud du Mexique célèbre pour ses


pyramides, qui abritait les Toltèques il y a 2 500 ans.

Toltèques : ancien groupe d’Amérindiens arrivés ensemble au sud et


au centre du Mexique pour étudier la perception. Le terme « toltèque »
signifie « artiste ».
Voici le récit qu’a fait mon père de son expérience de mort
imminente et des réalisations qui ont suivi.

En une nuit, l’histoire de Miguel Ruiz a changé de façon


spectaculaire pour moi. J’étais alors un jeune étudiant en médecine.
Cette nuit-là, j’ai commis la même erreur que beaucoup de jeunes. J’ai
trop bu pendant une fête, et j’ai décidé ensuite de prendre la route pour
rentrer à Mexico. C’était, bien sûr, une très mauvaise décision. Comme
on pouvait s’y attendre, je me suis endormi au volant et j’ai foncé dans
un mur en béton. La voiture était détruite, et mon corps inconscient
mais indemne.
Ce qui est incroyable, c’est que, quand cela s’est passé, j’ai vu tout
l’accident au ralenti. J’ai vu mon corps au volant, inconscient, et j’ai su
que mon cerveau était inconscient lui aussi. J’ai vu que ma voiture
était détruite, mais que mon corps était sain et sauf. À ce moment-là,
j’ai compris : je ne suis pas mon corps physique. Jadis, j’avais entendu
ma mère et mon grand-père me répéter tant de fois que je n’étais pas
mon corps physique et, bien sûr, je les croyais, mais, à partir de cet
instant, ce n’était plus une théorie : c’était un fait. Cela changea
complètement le cours de ma vie, car cette expérience avait suscité en
moi un désir d’apprendre plus encore.
Après l’expérience de mort imminente que j’ai eue suite à cet
accident de voiture, toute ma personnalité fut transformée. La façon
dont je percevais la vie était complètement différente : avant
l’accident, je considérais que tout était très important, alors que, après
l’accident, je pouvais voir que tout ce que je croyais important
autrefois (l’école, le travail, etc.) était en fait vraiment futile. Je n’étais
rongé que par une question : que suis-je ? Après l’accident, je savais
que je n’étais pas ce corps physique ; c’était évident. Et il était clair
également que je n’étais pas mon identité : Miguel le joueur de
football, le médecin, le mari ou qui que ce soit. Soudain, en réalisant
que je n’étais pas ce que je croyais être avant l’accident, je me rendis
compte que je ne savais pas ce que j’étais. Cela a vraiment terrifié
cette partie de mon esprit qu’est la connaissance. Je sais que je suis
loin d’être le seul à avoir vécu cette expérience, mais certains ont
décidé de la renier, l’ont laissée partir et se sont adaptés à la vie. Ils ont
laissé la connaissance reprendre le dessus. Pour ma part, j’ai pris
exactement la direction opposée. Je voulais vraiment savoir qui j’étais
et ce que j’étais.
Je me suis donc formé plus en profondeur à ma tradition familiale
toltèque, guidé par ma mère, mon père et mon grand-père. Très
rapidement, j’ai eu une autre expérience profonde.
C’était en été, il était minuit environ, et j’étais dans le désert. Il
faisait si chaud cette nuit-là que je ne pouvais pas dormir et je décidai
d’aller marcher dehors. La lune était pleine et, lorsque je regardai le
ciel, j’eus une expérience qui modifia à nouveau ma compréhension de
tout ce qui est.
À ce moment-là, les yeux levés vers le ciel, je vis ces millions
d’étoiles. Sans mot, sans pensée, je sus que la lumière que je percevais
de toutes ces étoiles avait traversé des millions d’années-lumière pour
arriver jusqu’à moi, et que toutes ces étoiles brillaient à des distances
différentes les unes des autres mais que je les discernais en même
temps.
En cet instant, je sus que certaines de ces étoiles n’existaient
probablement plus. Peut-être avaient-elles cessé d’exister plusieurs
milliers d’années auparavant, peut-être même plusieurs millions
d’années auparavant, mais je découvrais tout en un seul et même
instant, le moment présent. C’était alors tellement évident pour moi
que tout ce que je percevais n’était que de la lumière venant de toutes
les directions pour arriver à un endroit qui me semblait être exactement
derrière mes yeux et entre mes oreilles, un endroit qui ne représente
qu’un seul point de vue.
Je sus également sans l’ombre d’un doute que, tout comme je
pouvais percevoir les étoiles, les étoiles me percevaient elles aussi,
toujours. C’est à ce moment-là que je compris qu’il n’existait
véritablement qu’Un seul être, et que cet être était vivant. Je vis mon
corps et je compris clairement que mon corps était un univers tout
entier, qu’il était complet en lui-même. De plus, en regardant mes
mains, je sus que chacune des cellules de mon corps était aussi un
univers tout entier. Je regardai autour de moi, vis la beauté du désert et,
sans l’ombre d’un doute, je sus que la Terre était un organisme vivant
et que je faisais partie de cette planète. Je compris également que tous
les humains – nous tous collectivement – ne sont qu’un seul être
vivant.
Ainsi, l’humanité est un organe de cette belle planète Terre. Les
océans sont un autre organe, les forêts un autre encore, et toutes les
espèces en sont encore un autre. Nous travaillons tous ensemble pour
le bien de cette planète. Bien sûr, à ce moment-là, j’aurais été
incapable de mettre des mots sur ce que je vivais ; je savais, c’était
tout, et il m’est difficile aujourd’hui encore de l’expliquer. Comprenez
bien, s’il vous plaît, que les termes que j’utilise ne font que montrer du
doigt la vérité, mais que ce que j’ai vécu ne peut être pleinement
expliqué avec des mots.
Cette nuit-là dans le désert, quand je perçus tout cela, je ressentis
tant de gratitude que j’en fus submergé. Cette reconnaissance se
transforma en générosité, et mon but devint ce qu’il est aujourd’hui
encore : partager mon expérience partout où je vais pour annoncer à
tout le monde que la vie est si simple, si facile, mais que nous la
rendons très compliquée. Nous compliquons tout. Et si nous regardons
l’histoire de l’humanité, nous pouvons voir à quel point nous rendons
la vie complexe par la violence, l’injustice, la guerre, etc. Vous
connaissez cette facette de l’Histoire, bien sûr.
En cet instant d’éveil, je sus que l’amour n’était rien d’autre qu’un
parfait équilibre entre gratitude et générosité. Je sus également que je
devais faire un choix : je pouvais renier cette expérience et tout oublier
ou l’embrasser et la partager vraiment avec mes semblables, avec vous
tous. Je compris en cet instant que le véritable amour est complètement
inconditionnel. Cette réalisation changea ma vie du tout au tout.
Je compris également que j’étais un artiste, que chaque être humain
qui vit sur cette planète Terre est un artiste et que ce que je percevais
était un chef-d’œuvre. L’univers tout entier est un chef-d’œuvre et, en
l’appréhendant, je le recréais complètement dans mon cerveau.
Ce que nous appelons « la connaissance » est simplement le résultat
de cette perception que nous avons tous et de nos efforts pour lui
donner un sens et le partager les uns avec les autres. En cet instant, je
compris qu’à travers ma perception, qui est unique, je crée ma propre
réalité, mon propre monde, mon propre univers. Bien sûr, je compris
également tout de suite que chaque être humain autour de moi agit
exactement de la même manière, qu’il en soit conscient ou non.
Chaque personne crée sa propre réalité, en utilisant la parole comme
un instrument qui permet de créer une histoire sur cette réalité et sur
soi-même. C’est la raison pour laquelle, d’après moi, l’impeccabilité
de la parole est l’accord le plus important que nous pouvons avoir avec
nous-mêmes et avec tous ceux qui nous entourent : c’est elle qui crée
un monde. Comme moi, tout le monde est un artiste. Tout ce que je
perçois est beau. Je sais sans l’ombre d’un doute que l’existence ne
peut être que parfaite. Nous les humains, que nous en soyons
conscients ou non, sommes parfaits tels que nous sommes.
Je viens à vous pour vous demander un service, et ce service consiste
à m’aider à changer le monde. Je ne parle pas ici du monde des
humains, de celui qui est « là, dehors ». Je parle du monde que vous
créez dans votre esprit, ce monde qui n’est vrai que pour vous et pour
personne d’autre. Vous comprenez ? Vous édifiez l’histoire de votre
vie. Vous créez toute une réalité qui n’est vraie que pour vous. Il y a
sept milliards de personnes dans le monde, et toutes conçoivent leur
propre histoire. Je crée mon monde personnel, mais il ne s’agit que
d’une histoire. Il n’est pas réel, il n’est pas vrai. De même, votre
histoire n’est pas vraie non plus. Ce qui distingue la vôtre de la
mienne, c’est que vous la croyez vraie et que je n’y crois pas. Vous
commencez à changer votre monde dès l’instant où vous réalisez qu’il
n’est pas vrai, qu’il n’est qu’une histoire.
Aimez-vous la façon dont vous vivez votre vie ? Ou, pour poser la
question autrement, êtes-vous heureux ? Si vous n’êtes pas heureux et
si vous n’aimez pas votre façon de vivre, votre première tâche est de
découvrir pourquoi. Au lieu de rejeter la faute sur d’autres,
commencez par découvrir les croyances que vous entretenez sur vous-
même. Démasquez tout ce que vos parents, vos amis et vos
enseignants vous ont enseigné sur vous-même – non pas pour critiquer
qui que ce soit, non, mais simplement pour voir si cela vous aide à
comprendre pourquoi vous n’aimez pas votre façon de vivre. Essayez-
vous d’être à la hauteur d’une image qui est dans votre esprit et qui a
été créée par quelqu’un d’autre ? Ce que je veux dire, c’est que, bien
sûr, cette image a été créée par vous, mais quels critères avez-vous
utilisés ?
Vous êtes bien – vous êtes parfait – comme vous êtes. Le but de tout
ce travail est de vous aimer exactement tel que vous êtes et de vivre
votre vie comme vous l’entendez. C’est cela qui vous rendra heureux.
Tout ce que nous croyons connaître n’est qu’un accord, et cet accord
est basé sur notre langage. Ce ne sont que des mots. Quand nous
appelons quelque chose « un arbre » dans notre langue, ce n’est vrai
que parce que nous sommes d’accord avec la signification de ce
symbole, pas parce que c’est vraiment vrai. Nous n’avons aucune idée
de ce dont il s’agit réellement, tout ce que nous savons est que nous
l’appelons « arbre ». C’est la raison pour laquelle j’affirme que nous
sommes tous des artistes et que ce que nous créons est une histoire sur
nous-mêmes et sur notre monde ; rien d’autre qu’une histoire. Celle-ci
n’est vraie que parce que nous la racontons dans le langage que nous
avons appris. Il faut une véritable prise de conscience pour voir au-
delà des histoires que nous avons créées.
Les enseignements toltèques sont l’introduction à un nouveau mode
de vie que j’appelle « la voie de l’artiste ». En ce qui me concerne, je
suis devenu médecin, chirurgien, puis j’ai décidé de changer, de
prendre un nouveau tournant. C’est ce que fait un artiste. Et nous
sommes tous artistes, que nous en soyons conscients ou non. Pour ma
part, j’ai voulu abandonner la médecine et entrer plus en profondeur
dans l’esprit humain pour comprendre vraiment pourquoi l’humanité
est ainsi.
Ce que j’ai découvert est que nous créons une histoire sur nous-
mêmes à travers la façon dont nous percevons la vie et tout ce qui nous
entoure. Nous utilisons la parole pour créer l’histoire que nous vivons.
Nous apprenons une langue, nos parents et d’autres captent notre
attention et téléchargent leurs connaissances dans notre cerveau. Puis
nous allons à l’école, où les enseignants font exactement la même
chose. C’est ainsi que nous apprenons à communiquer avec toutes les
personnes qui nous entourent. Nous utilisons le langage dans le but de
créer toutes nos croyances – toute notre histoire. Quand vous vous en
rendez compte, vous voyez à quel point c’est simple, mais cette
réalisation va transformer votre vie.
Quand vous êtes né, vous croyiez ce que l’on vous disait sans le
remettre en question. Vous acceptiez l’identité et les rôles que vos
parents vous donnaient : voici comment tu t’appelles, voilà ta maison,
et voici ce que nous croyons de la vie, de Dieu, etc. Ils vous ont dit qui
vous étiez, très rapidement vous avez répondu au nom qu’ils vous ont
donné et, en croyant en leurs paroles, vous êtes devenu comme eux. Ce
n’est ni bien ni mal, c’est comme ça, tout simplement. Quand vous en
prenez conscience, vous vous rendez compte qu’ils ne savent pas qui
vous êtes, parce qu’ils ne savent pas qui ils sont. Personne ne le sait.
Nous n’avons pas besoin de savoir qui nous sommes pour exister et
être heureux.
La connaissance constitue le plus grand obstacle à la liberté
personnelle, parce qu’elle crée l’image que nous avons de nous.
Vaincre la connaissance signifie retirer petit à petit chaque bout des
définitions érigées pour soi. Pour la plupart des gens, c’est vraiment
terrifiant et beaucoup croient ne pas en être capables, parce que, sans
connaissances auxquelles s’accrocher, l’esprit a l’impression qu’il va
mourir ou finir en hôpital psychiatrique. Mais quand vous lâchez prise
de tout ce que vous croyez connaître sur vous-même, de toutes les
images de vous-même, vous trouvez la liberté.
Une de mes contributions les plus importantes consiste à essayer
d’aider les gens à modifier leur point de vue. Par exemple, au lieu de
vous concentrer sur tous les drames émotionnels que vous avez créés
dans le passé ou de vous laisser submerger par tous les événements au
cours desquels vous avez souffert dans votre vie, vous pouvez porter
votre attention sur ce que vous aimez ; ainsi, ce que vous aimez va se
développer. Vous avez le choix. Dans votre esprit, vous pouvez avoir
des millions d’idées, mais le travail de l’artiste est d’intervenir sur ces
idées, parce qu’il sait que son esprit a le pouvoir de les rendre réelles.
C’est pourquoi, dans la tradition toltèque, le concept de rêve est si
important. Les Toltèques savent que le rêve est le premier pas vers la
construction d’une réalité. Portez votre attention sur vos rêves plutôt
que sur vos drames émotionnels.
Beaucoup de gens essaient de changer le monde en changeant les
personnages secondaires de leur histoire. Ils essaient de contrôler tous
ceux qui les entourent. Comment procèdent-ils ? C’est facile à
comprendre. Ils aiment les autres exactement comme ils ont eux-
mêmes été aimés : ils aiment avec conditions. En d’autres termes : « Je
vous aime si vous me laissez vous contrôler. Si vous faites ce que je
veux, nous pourrons être tellement heureux. » Nous apprenons à aimer
tout le monde avec conditions parce que tout le monde nous aime avec
conditions.
Le problème, c’est que nous ne pouvons pas changer les
personnages secondaires ; nous ne pouvons changer le monde qu’en
changeant le personnage principal de notre histoire, c’est-à-dire nous-
mêmes. Le meilleur moyen de vous transformer est d’apprendre à vous
aimer de façon inconditionnelle.
Donc, pour reprendre, vous pouvez m’aider à changer le monde en
changeant votre propre monde, en vous aimant d’un amour
inconditionnel. Et ce faisant, comme par magie, tous ceux qui vous
entourent changeront également.
Les gens ont différentes raisons de souffrir en fonction de leur
histoire. Mais une fois qu’ils ont trouvé une raison, ils entretiennent
cette souffrance, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle devienne une
habitude difficile à perdre. Et quand tout se passe bien et qu’il n’y a
aucune raison de souffrir, ils cherchent ce qui pourrait bien les faire
souffrir pour qu’ils se sentent à l’aise.
En ce sens, nous pouvons dire que les humains sont dépendants de
la souffrance. Quand tout va bien, nous trouvons quand même quelque
chose qui cloche. C’est trop beau pour être vrai. Nous sommes obligés
de tout gâcher pour nous sentir mieux. Ce n’est pas facile de renoncer
à cette pratique, surtout quand nous n’en sommes même pas
conscients. Et il se peut que vous en soyez conscient et que vous
essayiez d’arrêter de souffrir, mais cette habitude s’est développée
avec des années et des années de pratique. Le seul moyen de vous en
défaire consiste à pratiquer le contraire : à développer l’habitude de
voir que tout est beau. Quand vous appréciez tout ce que vous voyez et
tout ce que vous rencontrez, c’est votre monde tout entier qui en
devient changé. Tout ce que vous percevez est beau ; vous comprenez
qu’il s’agit toujours d’une œuvre d’art.
Quand vous êtes né, vous ne possédiez aucune connaissance, et
pourtant vous avez appris tout un langage au cours de vos quatre ou
cinq premières années. Ce n’était pas facile. Cela vous a demandé des
années de pratique, car vous deviez donner votre accord pour chaque
parole et chaque symbole.
Notre langage fonde notre connaissance et, si vous le considérez
ainsi, vous pouvez voir le pouvoir que nous donnons à la parole. Mais
ce que nous oublions, c’est que nous sommes les créateurs du langage,
et non le contraire. Le problème, c’est que la connaissance a pris le
pouvoir sur notre esprit et que celui-ci a si peur de ce qu’il ne connaît
pas qu’il invente toutes ces histoires pour nous faire croire qu’il
connaît quelque chose qu’en réalité il ignore. C’est nous qui ressentons
ensuite la peur. Mais cette peur n’est pas réelle ; car en réalité il n’y a
rien à craindre. Quand l’esprit invente des histoires et fait semblant de
savoir, essayez plutôt ceci. Dites simplement : « Je ne sais pas », et
observez ce qui se passe.
Imaginez que vous vivez dans un endroit où il n’y a pas de miroir et
que vous ne savez même pas ce qu’est un miroir. C’est au-delà de
votre compréhension. Vous pouvez voir tous les gens qui vous
entourent, vous pouvez voir leur visage, vous pouvez les entendre,
mais vous ne pouvez pas vous voir. Quand vous essayez de vous
regarder, vous ne voyez que votre bout du nez, vos mains et vos pieds,
mais vous ne voyez pas votre nuque, vos oreilles, vous n’avez aucune
idée de ce à quoi ressemble votre visage. Vous pouvez voir le visage de
tout le monde sauf le vôtre, et vice versa. Les autres vous expliquent à
quoi vous ressemblez pour eux et, à partir de leurs opinions, vous
élaborez une image de vous-même. Peut-être vous disent-ils : « Tes
yeux sont exactement comme ceux de ta mère » ou « Tu as les oreilles
de ton grand-père. » Il ne vous reste plus qu’à imaginer votre visage,
car vous ne pouvez pas voir à quoi vous ressemblez.
Imaginez qu’ensuite, pour la première fois, on vous donne un
miroir, et que vous pouvez alors voir votre visage. L’image que vous
vous étiez créée en vous fondant sur les opinions des autres sera
forcément différente de ce que vous verrez dans le miroir. Vous avez
grandi en croyant avoir une certaine apparence, qui en fait n’est pas
réelle. Vous ne ressemblez pas à ce que vous croyiez.
C’est exactement ce qui se passe quand vous découvrez votre moi
authentique. Vous vous rendez compte que ce que vous croyiez être –
qui était largement fondé sur les opinions des autres et sur ce qu’ils
croyaient que vous devriez être – n’est pas qui vous êtes vraiment.
Pour trouver votre moi authentique, vous n’avez pas besoin de miroir ;
il vous suffit d’arrêter d’essayer d’être quelque chose ou quelqu’un et
d’être, tout simplement. Vous devenez alors votre moi authentique en
lâchant prise de ce que vous croyez devoir être.
Notre point de vue individuel est en constant changement. Par
exemple, mon monde était complètement différent quand j’avais 9 ans
de quand j’en avais 13 ou 17, ou quand je suis devenu père, chirurgien,
ou encore chamane. Ainsi, mon monde ne cesse de changer à chaque
instant, et il en est de même pour le vôtre. Chaque jour, à chaque
moment, vous modifiez votre perception du monde, et celle-ci change
constamment au fur et à mesure que vous changez vous-même. Il y a
néanmoins quelque chose en vous qui ne change pas. Pouvez-vous
entrer en contact avec cet aspect-là de vous-même ?
« A u commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la
Parole était Dieu, et tout était créé par la Parole. » Ce passage du
Nouveau Testament est extrêmement beau et nous voyons que, dès le
début, la parole est l’outil utilisé par l’artiste pour créer la beauté ; et,
bien sûr, absolument tout est beau. Quand nous ne sommes pas
conscients que quelque chose est beau, c’est seulement parce que nous
focalisons notre attention sur des mensonges. Le mensonge peut dire :
« Cette personne est vieille, celle-ci est grosse, celle-là est laide », et
ces mensonges ne sont rien d’autre que des déformations de la vérité.
Car il n’existe que la vérité et, en vérité, tout est beau. Êtes-vous
capable de le voir ?
Depuis mon enfance, tout le monde me disait qui était Miguel, tout le
monde me disait ce que croyait Miguel, ce que mangeait Miguel et ce
que faisait Miguel. Tout le monde avait une opinion sur Miguel. Mais
comme tout le monde était un peu différent (et parfois très différent),
je devais m’adapter à toutes ces opinions différentes et créer une image
qui pourrait satisfaire mon entourage. C’est ainsi que j’ai créé l’image
de Miguel et que j’ai vraiment cru être Miguel.
En créant l’image de Miguel, j’ai accumulé toutes les connaissances
que mes parents m’ont enseignées, que mon école m’a enseignées, que
mes frères m’ont enseignées, absolument tout. J’ai appris de tous qui
j’étais, mais ce que j’ai surtout appris d’eux était comment il fallait
aimer. Cela a fini par devenir le plus gros des problèmes, car j’ai appris
à aimer avec conditions. J’ai appris que je serais aimé si je respectais
les règles, si je me comportais correctement et si j’aimais comme ils
voulaient que j’aime. Je t’aimerai si tu es un gentil garçon, Miguel.
Sinon, je te rejetterai.
C’est ce que nous apprenons de la société qui nous entoure et, à
notre tour, c’est ainsi que nous aimons les autres. Nous les aimons s’ils
nous laissent les contrôler. C’est la raison pour laquelle nous essayons
de nous contrôler mutuellement tout le temps. Mais que vous le
croyiez ou non, ce n’est pas là le pire. Le pire, c’est que j’ai appris à
m’aimer de la même manière. J’ai appris à m’aimer avec conditions.
La sagesse de l’artiste consiste à savoir qu’il existe un autre chemin ;
et quand nous trouvons cette voie, nous trouvons notre liberté.
La première clé pour créer le paradis sur Terre est de vous accepter
tel que vous êtes en ce moment même. Reconnaissez que vous êtes
parfait tel que vous êtes, et croyez vraiment que vous êtes parfait
exactement comme vous êtes. C’est la toute première étape, et ce n’est
pas facile. Vous, et sans doute d’autres personnes dans votre vie, vous
racontez quelque chose de différent depuis très, très longtemps. Vous
devez donc vous exercer encore et encore à vous accepter et à vous
considérer comme une personne parfaite. C’est la première étape.
Exercez-vous, exercez-vous, exercez-vous. C’est ce qui fera de vous
un maître. Ce qui est incroyable, c’est que vous constaterez alors que
tout se mettra à changer et à se transformer – et je dis bien tout.
Toute supposition que vous faites sur quoi que ce soit, et je dis bien
quoi que ce soit, n’est en réalité qu’une projection de ce qui se passe
dans votre esprit. Rien de plus. Regardez vos croyances : sont-elles
réelles ? Comment pouvez-vous savoir si tout ce que vous avez appris
dans votre vie est vrai ? C’est impossible ; vous ne faites que supposer
que c’est vrai. Est-ce une chaise sur laquelle vous êtes assis ? En êtes-
vous sûr ? Quand vous abandonnez toutes vos suppositions et admettez
que vous ne savez pas, c’est tout un monde nouveau qui s’ouvre à
vous.
Imaginez-vous en train de tourner un film dont vous êtes à la fois le
producteur, le réalisateur et l’acteur principal. Manifestement,
personne d’autre que vous ne peut modifier le film. Il en est
exactement de même pour votre vie : elle est votre film, votre histoire,
et vous seul pouvez la changer. Les accords toltèques sont des outils
qui permettent d’aider les gens à transformer leur propre histoire. Il
vous suffit de comprendre que, premièrement, toute cette histoire n’est
pas réelle ; elle n’est pas vraie, elle n’est qu’une histoire. Et,
deuxièmement, que tout ce qui a eu lieu dans le passé était peut-être
vrai à ce moment-là, mais que ce n’est plus vrai à présent.
Quand vous comprenez ceci, vous pouvez comprendre que tout
votre passé n’est qu’un point de référence pour les décisions que vous
pouvez prendre aujourd’hui. Si vous décidez à présent de changer de
vie, vous n’avez pas besoin de toutes les ordures du passé. Un des
meilleurs outils que vous pouvez utiliser est le pardon et l’oubli de ce
passé. Car le passé n’est pas vrai. Il n’est pas réel. Seul ce que vous
faites dans l’instant présent est réel et vrai.
«M itote » est un terme nahuatl qui signifie « chaos » : c’est comme
s’il y avait un millier de gens en train de parler en même temps dans
votre esprit, sans que personne n’écoute personne. Il y a tant de
pensées avec tant de voix différentes que, même si vous vivez un
moment très puissant ou une expérience au cours de laquelle vous
voyez la vérité, la connaissance essaiera de vous convaincre que ce
n’est pas réel. Il est important de rester sceptique face aux voix
intérieures tout comme aux voix extérieures. Ne laissez pas la voix de
la connaissance vous ôter votre vérité.
Imaginez la planète Terre comme une école où la vie est l’enseignant,
et la vie crée tous les événements qui se passent dans le monde dans le
but de transmettre des enseignements à chacun des humains. C’est
comme si vous étiez l’apprenti et que la vie était le maître. Mais, bien
sûr, vous êtes aussi la vie.
Ainsi, nous pouvons dire que la vie enseigne à la vie et que tout ce
qui est entre elles est là pour que la vie puisse faire l’expérience de la
vie. La création tout entière est ce qui est entre la vie et la vie. Voilà
l’école de la planète Terre, que j’aime appeler notre univers-cité, là où
la vie prend conscience qu’elle est en vie.
La plus grande dépendance des humains est la dépendance à la
souffrance. En grandissant, nous voyons tout le monde souffrir autour
de nous – nos parents souffrent, nos frères et sœurs souffrent, tous
ceux qui nous entourent à l’école souffrent – et nous apprenons à
souffrir exactement comme eux. Nous avons les meilleurs professeurs
autour de nous et, à force de nous y exercer, nous devenons maîtres en
la matière. C’est au contact de tous ces enseignants que le personnage
principal de notre histoire a appris exactement comment souffrir, juger,
manipuler, punir et bien plus encore. Tant que nous ne nous réveillons
pas, nous ne sommes pas heureux si nous ne souffrons pas
régulièrement.
Le véritable conflit qui sévit en nous est le conflit entre la vérité et le
mensonge. Si nous croyons en la vérité, notre esprit est calme et, si
nous croyons aux mensonges, nous sommes dans la tourmente. Chaque
fois que vous ressentez de la jalousie, de la colère, du ressentiment ou
toute autre émotion négative, vous pouvez être certain que vous croyez
en un mensonge. Notre degré de tourmente intérieure dépend de
l’énormité du mensonge. Plus le mensonge est gros, plus nous
souffrons.
L’ironie, c’est que, malgré nos souffrances, nous essayons souvent
de défendre le mensonge au point d’en devenir fanatiques. Nous
voulons tellement y croire. Nous le rendons tellement important que,
malgré le conflit interne qu’il crée dans notre esprit, nous ne parvenons
pas à lâcher prise.
Où que nous allions, nous voyons toutes ces belles créations des
humains : les maisons, les voitures, les autoroutes, les bâtiments, les
stades… Quoi que nous voyions, nous nous rappelons que cela a
d’abord existé dans l’esprit humain. Nous l’avons rendu réel par
l’action. Regardez les peuples de l’Égypte antique, les Sumériens, les
Grecs, les hindous et bien d’autres, toutes ces grandes civilisations qui
ont existé sur la planète Terre. Nous voyons qu’elles ont d’abord existé
dans l’esprit humain et qu’ensuite, par leurs actes, ces peuples ont fait
du fruit de leur imagination une réalité. De la même manière, vous ne
pouvez accomplir vos rêves sans poser des actes. Tout ce qui se passe
dans votre esprit restera dans votre esprit et ne pourra devenir réel que
lorsque vous agirez concrètement. Pour que vos rêves deviennent
réalité, l’inspiration doit être suivie d’actions.
Où est votre attention, sur quoi est-elle focalisée ? Vous contentez-
vous d’écouter la voix qui est dans votre tête ou percevez-vous vos
sensations ? Ce que vous ressentez vient de cette partie intègre de
vous-même. Les histoires que vous vous racontez viennent du « je ne
suis pas ». Vos jugements viennent du « je ne suis pas ». Votre
sentiment d’insécurité vient du « je ne suis pas ». Mais ce que vous
ressentez, qui n’est accompagné d’aucun récit, est authentique.
Vous vous êtes tellement habitué au message du « je ne suis pas »
qui se fait entendre dans l’esprit de chacun d’entre nous. Il est tout le
temps en train de parler. Mais quel est le message du « je suis » ?
Il y a des situations où la douleur ne peut être évitée. Le corps a mal,
et vous ressentez de la douleur. La souffrance, en revanche, est
facultative. Vous n’avez pas besoin de focaliser votre attention sur
votre douleur. Quand vous restez concentré sur elle, elle s’amplifie.
Mais, dès que vous portez votre attention ailleurs, c’est comme si vous
l’ignoriez. Oui, la douleur est là, mais vous vous concentrez sur
quelque chose d’autre qui vous rend heureux. Ce faisant, vous
commencez à comprendre que la douleur est dans votre corps, mais
que la souffrance est dans votre esprit.
Pouvez-vous vous imaginer vivre votre vie dans l’amour
inconditionnel, sans aucune attente ni obligation ? Pour y arriver, voici
quelque chose d’extrêmement important à comprendre : vous n’avez
pas besoin d’essayer d’être qui vous êtes. Contentez-vous d’être, tout
simplement.
Si vous pouvez le vivre, vous devenez un maître. Vous n’avez pas à
être le personnage principal de votre histoire, vous n’avez pas à être ce
que vous croyez être. En fait, vous n’avez rien à attendre de vous-
même. Si vous y parvenez, tous vos problèmes s’envoleront et vous
pourrez alors vraiment vivre dans l’instant, tel l’artiste en train de créer
l’histoire, ici et maintenant.
Quand vous essayez de contrôler les autres ou de les pousser à agir
ou à penser selon votre bon vouloir, vous ne les respectez pas. Le
message que vous leur transmettez est en fait que vous ne les croyez
pas assez bons, pas assez forts ou pas assez intelligents pour faire leurs
propres choix et que vous avez donc besoin de leur imposer vos
croyances. Bien sûr, vous croyez sans doute les aider, mais vous faites
fausse route. Je suis certain que vous vous rappelez de nombreux
événements de votre vie où d’autres ont agi ainsi avec vous, croyant
vous aider mais faisant tout le contraire. Vous ne les respecterez
vraiment que quand vous cesserez d’essayer d’imposer vos croyances
et vos idées. Vous leur ferez ainsi comprendre qu’ils sont assez bien,
assez intelligents et assez forts pour faire leurs propres choix dans la
vie. C’est ainsi que nous aidons réellement les autres. C’est cela
l’amour réel, et il est fondé sur le respect.
Sur cette belle planète Terre vivent sept milliards de personnes, et
nous sommes tous des artistes. Peu importe où nous sommes nés,
quelle langue nous parlons, quelle religion nous pratiquons ou quelle
philosophie nous suivons, nous sommes tous des artistes, tous autant
que nous sommes. Je parle ici de l’humanité tout entière sur cette belle
planète Terre. Bien sûr, beaucoup de gens ne sont pas conscients d’être
des artistes. Mais une fois que vous en êtes conscient et que vous
comprenez que votre art est votre propre histoire, vous concevez
aisément que, si vous n’aimez pas votre histoire, vous êtes le seul à
pouvoir la changer. Personne d’autre que vous ne peut la modifier. De
même, vous ne pouvez changer l’histoire de personne. Vous ne pouvez
pas changer l’histoire de votre bien-aimé, ni celle de vos enfants, de
vos parents ou de qui que ce soit d’autre.
Les humains sont à la recherche de la vérité depuis des millénaires,
et essayer de comprendre la vérité peut sembler très compliqué. Cela
dit, la vérité que vous créez dans votre esprit est compliquée. Ce n’est
pas réellement la vérité. L’esprit complique tout parce qu’il n’a pas la
capacité de saisir la vérité. Pour combler ce vide, cette
incompréhension, il invente de nombreuses théories complexes. Mais
la vérité, la vraie, existait bien avant la création de l’humanité et elle
existera bien après son extinction. Elle ne peut être comprise par la
connaissance et elle n’a pas besoin d’être validée par l’esprit humain.
La connaissance est le « je ne suis pas ». Même si vous ne le voulez
pas, vous êtes obligé d’avoir affaire à tous les messagers de la
connaissance. Savoir que vous êtes le « je suis » peut ne pas être
suffisant pour vivre dans un monde où la plupart des gens sont des
messagers du « je ne suis pas ». Mais vous disposez d’un merveilleux
outil pour vivre avec eux. Cet outil est la connaissance elle-même,
dans la mesure où vous faites d’elle votre alliée. Est-ce que vous
comprenez ?
Quand vous prenez conscience de ce qu’est la connaissance, vous la
contrôlez. Cela vous donne du pouvoir face à tous les messagers du
« je ne suis pas », parce que vous connaissez leur langage. Ces
messagers vous expliqueront leurs croyances. Vous pouvez les écouter,
vous pouvez les respecter, mais vous n’êtes pas obligé de les croire.
Leur message n’a aucun pouvoir sur vous. Ils n’ont pas eu de prise de
conscience, mais vous, si. Vous avez déjà appris à vous écouter et à
vous respecter sans vous croire pour autant. Vous êtes devenu attentif.
Exercez-vous à rester toujours attentif jusqu’à ce que vous deveniez le
maître de l’Attention. Votre attention permettra au « je suis » de
toujours tenir les rênes.
La parole est le principal outil de l’artiste. Toltèque signifie
« artiste », et nous sommes tous des artistes, même si nous n’en
sommes pas conscients. Chaque personne est un artiste, et nous créons
principalement par notre langage. Avec la parole, nous donnons sens à
ce que nous percevons, produisant une réalité qui n’existe que dans
notre esprit. Quand nous comprenons cela, nous pouvons comprendre
à quel point la parole est importante, car c’est l’outil que nous utilisons
pour recréer ce qui existe déjà, et c’est avec la parole que nous nous
l’approprions.
La parole est tellement puissante. C’est la raison pour laquelle il est
si important que vous ne l’utilisiez pas contre vous-même.
La vérité ne consiste qu’en deux choses : la première est la vie, la
seconde est la mort. Nous n’avons pas besoin de prouver que la vie
existe parce que nous sommes tous en vie – notre existence même
prouve l’existence de la vie. La deuxième partie de la vérité est la
mort, parce que tôt ou tard le corps meurt. Le corps de chacun de nous
finit par mourir, mais l’énergie qui donne vie au corps ne peut jamais
mourir. En physique, nous apprenons que la matière ne peut se
mouvoir que grâce à une force, et cette force qui fait bouger la matière
est la Vie elle-même. Tout, dans le monde de la matière, n’est qu’une
interaction entre la vie et la mort. À partir du moment de notre
conception, où la vie s’incarne dans la matière, les toutes premières
cellules commencent à se diviser. S’ensuivent alors la naissance, la
croissance et, avant même de nous en rendre compte, la vieillesse, et
c’est ainsi que tout ce qui naît se dirige en même temps vers la mort.
Mais l’énergie de vie n’est pas ainsi ; elle n’est pas née et ne peut donc
pas mourir.
Vous ne pouvez pas vous attendre que les gens vous voient tel que
vous êtes vraiment, car cela leur est impossible – ils ne peuvent voir en
vous que ce qu’ils sont. C’est pourquoi il est inutile de vous victimiser,
de pleurer ou de souffrir quand quelqu’un dit qu’il ne vous aime pas.
Son image de vous est son affaire et n’a rien à voir avec vous. Ce que
vous pouvez faire toutefois, c’est transformer votre façon de réagir
pour ne pas vous considérer comme une victime. Vous pouvez
modifier vos réactions habituelles.
À la naissance, nous avons été programmés d’après les croyances de
notre famille et de notre société. Nous n’avions aucune connaissance,
nous ne savions pas parler, nous n’utilisions pas la parole pour créer
notre réalité. Nous vivions simplement dans l’instant. Mais l’esprit
humain est un champ fertile pour les idées et les opinions, et toutes les
idées et les opinions qui sont arrosées y poussent. Une fois que la
connaissance est arrivée et que l’histoire a pris le dessus, nous avons
oublié que nous étions les artistes de notre propre histoire. Nous
sommes ceux qui l’ont créée et nous sommes les seuls à pouvoir la
changer.
Quand nous commençons à nous libérer des habitudes que nous
avons prises au cours de notre domestication, nous devenons des
guerriers. L’esprit entre alors en guerre contre lui-même, contre la
connaissance. Au bout du compte, la connaissance qui nous a
domestiqués devient notre alliée, et l’esprit apprend à se transformer et
à se transcender. Nous nous rappelons qui nous sommes. Nous
sommes la Vie. Nous sommes la vérité.
Une fois que vous maîtrisez les accords toltèques, vous commencez
une nouvelle vie, la vie d’un maître de l’Attention. Vous ne croyez plus
que telle théorie ou telle opinion est la vérité. En fait, vous ne croyez
plus vraiment en rien. Vous observez et vous respectez tout ce qui se
passe parce que vous savez que cela n’a rien à voir avec vous. Et c’est
alors que le phénomène le plus incroyable finit par arriver : vous vous
respectez entièrement. Quand il en est ainsi, la guerre dans votre esprit
est terminée.
Tout est en constant changement. Ce qui est vrai en ce moment ne le
sera peut-être plus dans une demi-heure. Tout change constamment.
L’important est d’être disposé à évoluer aussi rapidement que la vie
qui, elle, est toujours en train de changer. Toujours.
Cela semble facile, mais en réalité la plupart des gens font
exactement le contraire. Ils vivent pour le futur ou regrettent le passé,
essayant toujours de contrôler la vie au lieu d’évoluer avec elle. Chez
la plupart des personnes, c’est une attitude automatique. Quand vous
abandonnez cet automatisme, quand vous n’essayez plus de contrôler
mais que vous êtes au contraire disposé à évoluer avec la vie, vous
devenez de plus en plus heureux.
S’il vous plaît, ne vous contentez pas de croire mes paroles ni celles
de qui que ce soit (pas même les vôtres). Pour autant, apprenez à
écouter tout le monde. Telle est la clé : apprenez à écouter. Si vous
choisissez de ne croire ni moi, ni eux, ni même votre propre voix, mais
que vous apprenez à écouter, vous aurez la capacité de discerner ce qui
est vraiment réel pour vous.
L’image que vous créez de vous-même est cette partie de vous qui
analyse tout et qui regorge de croyances. Cette image engendre tant de
limites que vous avez peur de vos propres jugements. Ces derniers
ainsi que les punitions que vous créez sont ce que nous appelons « la
culpabilité » et « la honte ». C’est ainsi que vous vous comportez avec
vous-même : vous avez créé une image de vous et vous essayez d’en
être à la hauteur, mais cette image n’est pas vous. La liberté consiste à
être vous-même, quoi que vous soyez et même si vous n’avez aucune
idée de ce que vous êtes. Être libre, c’est être authentique. Personne
d’autre que vous ne peut vous donner votre liberté.
Pour vous libérer, vous devez faire face à votre peur et remporter la
bataille contre elle. L’affronter ne suffit pas, vous devez gagner. Une
période de clarté s’ensuivra alors, car vous verrez à ce moment-là que
la peur n’est pas réelle et qu’elle ne signifie plus rien pour vous. Vous
serez encore tenté d’avoir peur, mais vous pourrez lâcher prise
rapidement parce que vous vous souviendrez clairement qu’il n’y a
rien à craindre.
Vous pouvez essayer d’utiliser la parole, parfois au prix de grands
efforts, pour décrire quelque chose d’extraordinaire qui vous est arrivé.
Vous pouvez utiliser la connaissance comme une expression artistique
pour projeter l’expérience que vous avez eue. Mais il se passe alors
quelque chose d’intéressant sans même que vous vous en rendiez
compte. Quand vous prononcez ces paroles, il vous est difficile de
rester présent parce qu’elles vous ramènent au cœur de cette
expérience.
Il est essentiel de s’en rappeler et de rester présent pour créer un
nouveau rêve grâce à l’attention. La connaissance, cet ancien « je ne
suis pas », devient alors un allié qui vous aide à rester dans l’instant
présent.
Les Toltèques ne sont ni une race ni une culture. Être toltèque, c’est
suivre un mode de vie qui reconnaît que nous sommes les artistes de
notre vie. Nous sommes tous des maîtres du rêve. Un homme qui vit
dans son paradis personnel (un homme de paix, un homme d’amour),
c’est un Toltèque. Vous reconnaissez la perfection en pratiquant le
respect. Quand vous respectez l’esprit humain et les choix de tout le
monde, vous voyez que tout est parfait.
Vous avez une mémoire puissante qui vous permet de vous souvenir
des moments les plus importants de votre histoire. Mais regardez-y de
plus près, et vous trouverez sans doute dans cette histoire un conflit
important. Dans la grande histoire de l’humanité, il y a de gros
conflits. Beaucoup de gens croient que ces conflits de l’humanité
opposent le bien au mal, mais ce n’est pas vrai. Le bien et le mal ne
sont que des répercussions du véritable conflit qui existe dans notre
esprit : celui qui oppose la vérité au mensonge.
Chaque fois que vous constatez qu’il y a un conflit dans votre esprit,
vous pouvez en conclure que les mensonges sont en train de gagner.
Mais, même dans ce cas, tout va bien. Cela reste un rêve parfait.
Toutes les émotions font partie de votre histoire, et vous êtes celui qui
crée l’histoire. Si vous souffrez, souvenez-vous de profiter de votre
souffrance, car c’est vous qui l’avez créée.
Il n’y a aucune raison de condamner qui que ce soit, car, dès que nous
le faisons, nous nous mettons à croire en un monde où règnent le bien
et le mal, le juste et l’injuste. Rien de tout cela n’est vrai. Tout ne fait
qu’exister, nous vivons dans un univers qui est toujours parfait, et
seule la perfection existe. Ce n’est que par le biais de la connaissance
que nous nous jugeons, nous accusant de ne pas être parfaits. Nous
affirmons : « Oh, je ne suis qu’un être humain, je ne suis pas parfait »
ou « Personne n’est parfait. » Tout le monde est parfait tout le temps,
et c’est seulement quand notre vie est dirigée par la connaissance que
nous pensons le contraire.
À la naissance, vous êtes complètement libre parce que vous n’êtes
que vous. En grandissant, vous continuez d’être vous, mais, ce qui
change, c’est que peu à peu vous arrêtez d’y croire. Vous créez dans
votre esprit une image de ce que vous devriez être et vous croyez être
cette image. Vous vous appliquez pendant longtemps à ce qu’elle
devienne celui ou celle que vous croyez être. Mais, bien sûr, ce n’est
pas vous. Cette image n’est pas libre parce qu’elle doit toujours faire
plaisir à tant d’opinions et à tant de jugements. Votre vrai moi se
trouve derrière toutes ces images, et il est toujours libre. Votre image
n’est pas réelle, et seul votre vrai moi peut être libre. Laissez tomber
l’image et soyez libre.
Où que j’aille, j’aime et j’aime encore sans jamais cesser d’aimer,
parce que c’est ce que je suis. Je suis l’amour et, de ce fait, je n’ai pas
besoin d’amour. Il en est de même pour vous et pour tout le monde,
mais tant de gens ne le savent pas. Personne n’a vraiment besoin
d’amour, parce que nous sommes l’amour. Mais si vous ne savez pas
que vous êtes l’amour, vous allez continuer à le chercher.
Le problème, c’est que vous pensez pouvoir trouver l’amour chez
quelqu’un d’autre, alors qu’en réalité, quand vous ressentez de
l’amour, cela vient toujours de vous, pas de l’autre personne. L’amour
vient toujours de vous, et ce qui vous rend heureux n’est pas d’être
aimé par quelqu’un : c’est l’amour qui émane de vous qui vous rend
heureux. Cet amour peut être pour une personne, un animal, un lieu,
une idée ou quoi que ce soit d’autre. Cela n’a vraiment aucune
importance. C’est de l’amour, et c’est vous.
Notre connaissance veut nous faire croire que nous sommes toutes
ces identités que nous ne sommes pas. Du point de vue de la
connaissance, si vous me demandez ce que je suis, je justifierai mon
existence par des termes comme : je suis un humain, un médecin, un
père, un écrivain, mais tout cela n’est que mensonges, car, en vérité, je
ne sais pas ce que je suis.
La bonne nouvelle, c’est que je n’ai pas besoin de savoir ce que je
suis ni même d’essayer de savoir ce que je suis, car j’existais avant
même que la connaissance apparaisse. La connaissance est ma
création, et non l’inverse. Aucune parole ne peut décrire ce que je suis,
pas même les déclarations les plus ésotériques comme : « Je suis la
Vie, je suis la force qui met la matière en mouvement. » Je continue
d’utiliser des mots alors qu’en vérité il n’y a aucun moyen d’expliquer
ce que je suis, pas même pour moi.
Nous sommes ici pour être en vie, pour apprécier la vie, pour
l’explorer, pour être nous-mêmes, et cela est beau.
La plupart des choix que vous ferez dans votre vie seront fondés sur
le désir. Le désir peut vous emmener dans deux directions différentes :
l’inspiration ou l’obsession. Avec l’inspiration, vous pouvez avancer
vers quelque chose que vous souhaitez créer. Vous êtes disposé à
changer, à évoluer avec la vie quand de nouvelles informations sont
disponibles. Avec l’obsession, vous exigez que vos désirs soient
assouvis exactement tels qu’ils sont. Sinon, vous vous jugez pour ne
pas les avoir comblés.
Canalisez vos désirs avec l’inspiration plutôt qu’avec l’obsession,
car, quand vous êtes inspiré, votre vie est bénie : tout devient si facile.
Vous êtes prêt à travailler dur pour satisfaire vos désirs, mais vous
n’êtes pas attaché aux résultats parce que vous savez qu’ils seront
toujours parfaits.
Les humains ont cette incroyable capacité à rêver, à percevoir ce qui
est dans la nature qui les entoure puis à transformer ce qu’ils voient
(d’abord dans leur esprit et ensuite à travers des actes) pour créer
quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’existait pas
auparavant. Tout ce que les humains créent existe d’abord dans l’esprit
et est rendu réel par l’action. La parole est le premier outil que nous
utilisons pour créer, et c’est la raison pour laquelle il est si important
qu’elle soit impeccable.
Si les accords toltèques sont devenus aussi célèbres partout dans le
monde, cela n’a rien à voir avec une croyance, ni avec une religion. Ils
se sont répandus parce qu’il s’agit de vérités qui viennent directement
de l’intégrité de l’esprit humain. Autrement dit, ce n’est que du bon
sens. Quelle que soit la langue dans laquelle vous lirez les accords
toltèques, vous vous rendrez compte que vous les connaissiez déjà.
Quand vous commencez à les mettre en pratique, vous désapprenez
peu à peu tout ce que vous avez appris des autres. Au fur et à mesure
que vous changez de croyances, vous comprenez que vous seul savez
ce que vous avez besoin de changer. Personne d’autre que vous ne sait
ce qui est juste pour vous, et vous seul pouvez modifier ce que vous
n’aimez pas dans le monde que vous avez créé.
La planète Terre tout entière est la meilleure des écoles, bien que peu
de gens s’en rendent compte. Nous nous y incarnons, nous entrons
dans notre corps physique, et c’est dans cette école que nous
commençons à apprendre. Nous apprenons par l’expérience, par la
pratique. La Vie crée tous les événements qui se passent autour de
nous. La Vie est donc le véritable maître de cette école qu’est la
planète Terre. Dans ce cas, qui est l’apprenti ?
La vie est l’apprentie : la vie qui est en vous, qui est vous. Celle qui
fait mouvoir votre corps physique, celle qui réagit à tous les
événements qui se passent autour de vous. Nous pouvons donc dire
que la Vie enseigne à la vie. L’énergie circule dans les deux directions,
jusqu’à ce moment où la vie découvre la Vie et où tout le reste n’a plus
d’importance. Il n’y a plus de paroles, parce que celles-ci sont créées
par nous-mêmes et que la vérité n’a pas besoin de langage : elle est
toujours là. La vérité était là avant la création de l’humanité et elle sera
encore là après son extinction. Elle n’a pas besoin que l’humanité croie
en elle, elle existe, tout simplement. J’appelle cette vérité « la Vie », et
je l’appelle « l’Amour ».
Mon message est extrêmement simple. Je veux que vous soyez qui
vous êtes vraiment, que vous soyez authentique. La vie est tellement
simple, mais nous la rendons compliquée. Depuis notre enfance, nous
voyons les gens qui nous entourent faire semblant d’être ce qu’ils ne
sont pas. Et nous prenons exemple sur eux. En entendant les opinions
et les jugements qu’ils ont sur nous, nous réagissons : nous
commençons à créer notre image en fonction de ce qu’ils veulent de
nous. Cette image devient notre identité. Jusqu’au jour où nous
croyons que nous sommes vraiment cette identité et où nous
commençons à nous comporter selon ce que nous croyons être.
Cette identité est ce que j’appelle « un masque ». Et nous portons un
masque différent en fonction des gens qui nous entourent, que ce soit
au travail ou au contraire à la maison, par exemple. Nous sommes
aussi très différents selon que nous sommes entourés de nos amis ou de
personnes qui nous sont étrangères. Notre identité est très adaptable
quand nous sommes jeunes et devient de plus en plus rigide au fur et à
mesure que nous grandissons, mais elle n’est jamais ce que nous
sommes vraiment.
En réalité, nous avons deux programmes. Le vrai programme est ce
que nous avons reçu au moment de la conception. C’est ce que nous
sommes vraiment, et nous ne pouvons pas le changer. Mais nous
choisissons plus tard le deuxième programme, qui est complètement
irréel ; c’est un gros mensonge que nous apprenons. Et nous nous
perdons dans ce second programme.
Alors le message que je vous transmets ici est d’être vous-même,
tout simplement, et non pas d’être celui ou celle que vous croyez
devoir être. Mon message est une invitation à revenir à ce que vous
êtes vraiment, et les enseignements toltèques sont des outils pleins de
bon sens qui pourront vous y aider.
J’utilise souvent l’analogie du Père Noël pour expliquer le concept de
domestication humaine ou le système de punitions et récompenses.
Dans l’histoire que l’on nous raconte, le Père Noël sait tout : il sait
quand vous dormez et quand vous êtes éveillé, il sait ce que vous faites
et ce que vous ne faites pas. Et vous feriez mieux d’être sage, parce
que le Père Noël va récompenser les bons et punir les mauvais en
déposant, ou non, des cadeaux. C’est un exemple de domestication des
enfants, mais qui est appliqué partout et pour les personnes de tous
âges. Les enfants ne sont pas les seuls à le subir, les adultes aussi en
font les frais : cette domestication a lieu partout et tout le temps. Notre
société tout entière est bâtie sur elle.
Quand quelqu’un vous crie dessus, rappelez-vous que cette personne
est en train de faire face à quelque chose, et que ce quelque chose n’a
rien à voir avec vous. Ce n’est pas personnel ; elle aurait tout aussi
bien pu crier sur quelqu’un d’autre. Si vous approuvez ce qu’elle vous
dit, vous en faites une affaire personnelle. Si vous n’êtes pas d’accord,
vous pouvez simplement vous en aller et poursuivre votre vie. Votre
choix dépend de votre accord. L’action d’un autre n’est pas votre
affaire. Elle n’a jamais rien à voir avec vous, même si vous
l’approuvez.
Quand vous respectez les autres, vous respectez leur façon de rêver,
l’histoire qu’ils créent et le monde dans lequel ils vivent. Vous savez
que nous vivons tous dans notre propre monde, qui est notre propre
création. Vous créez votre réalité et vous seul savez comment elle est.
Personne d’autre ne peut connaître votre réalité parce qu’elle est votre
création ; c’est l’histoire de votre vie, c’est votre histoire. C’est
pourquoi nous disons que chaque cerveau, chaque esprit est son propre
monde, et vous seul savez ce qui est dans votre monde.
Si vous n’aimez pas votre création, personne d’autre que vous ne
peut la changer. Vous êtes le seul à pouvoir transformer votre monde –
votre création – parce que c’est vous qui l’avez créé. Une fois que
vous en êtes conscient, vous vous respectez également.
Au début de ma formation, j’ai créé ce que j’ai appelé « la salle des
miroirs ». Il s’agissait d’une petite pièce de notre maison dans laquelle
j’avais accroché des miroirs sur chacun des quatre murs. Il n’y avait
pas de fenêtre et, quand je m’y rendais et que j’allumais une bougie, je
pouvais voir mon image reflétée à l’infini dans les quatre directions.
Bien sûr, je savais qu’il ne s’agissait que d’images de moi-même, mais
je pouvais observer ainsi des centaines de milliers de variantes de moi-
même dans toutes les directions.
Quand je restais dans cette pièce suffisamment longtemps, je
n’arrivais plus à savoir si mon corps n’était qu’une de ces images que
je voyais ou s’il était le vrai moi. J’ai compris plus tard que même mon
corps est une réalité virtuelle, parce qu’il est lui aussi créé par la
lumière. J’ai pensé à l’humanité et j’ai vu qu’elle était exactement
pareille. L’humanité est une salle de miroirs. La Vie est en son centre,
et les humains sont les images reflétées dans les miroirs. Seule la Vie
est vraie.
Les humains créent des langages de toutes pièces. Le langage est une
création parfaite et qui sert son but. Mais, en même temps, notre
langage, en tant que connaissance, finit par nous contrôler. Les
croyances qui émergent de cette connaissance ne sont vraies que parce
que nous leur donnons notre accord. Quand nous croyons en chacun
des accords que nous concluons, quand nous plaçons le pouvoir de
notre foi dans l’accord que nous passons, nous sommes dans une
réalité virtuelle. Nous plaçons tout le pouvoir de notre foi dans quelque
chose qui peut changer en un instant. Les enseignements toltèques sont
des outils qui peuvent nous aider à modifier notre perspective. En
utilisant ces outils, nous comprenons que le monde entier est notre
histoire et que la première mesure à prendre pour changer l’histoire
consiste à se rendre compte qu’elle n’est qu’une histoire.
Quand nous nous engageons dans une relation, nous essayons de
projeter le meilleur de nous-mêmes. Nous essayons d’impressionner
l’autre, qui essaie lui aussi de nous impressionner. Mais, au bout de
quelque temps, nous découvrons certains aspects de sa personne que
nous n’aimons pas. La question à nous poser alors est : que faire à
présent ?
Dans ces moments-là, vous dites-vous : « Mon amour va le
transformer ? » Et si vous lui cachez quelque chose sur vous, pensez-
vous : « Je vais me transformer ? »
Pouvez-vous vraiment vous changer pour quelqu’un d’autre ? Bien
sûr, vous pouvez faire semblant de changer et vous pouvez vous
réprimer, mais quel sera le prix à payer ? Il sera extrêmement élevé,
car ce prix, c’est la liberté. Allez-vous abandonner votre liberté pour
être ce que vous ne voulez pas être ? Ou ferez-vous preuve d’assez de
sagesse pour dire à l’autre personne : « Bien, changeons ces accords
que nous avons conclus ensemble. Par respect l’un pour l’autre, nous
pouvons en conclure de nouveaux. »
Mon corps physique est le véritable amour de ma vie. Si je peux
rendre heureux l’amour de ma vie, alors je peux avoir n’importe quelle
forme de relation, fondée sur le respect de soi. Je ne me sacrifierai pas
au nom de l’amour. Je n’encouragerai pas mes proches à renoncer à
leur liberté au nom de l’amour.
Si toute notre histoire tourne autour du personnage principal (c’est-à-
dire de nous-mêmes), nous créons aussi des personnages secondaires à
partir de tous les gens qui nous entourent. Cela dit, ce que nous avons
en tête n’est pas qui ils sont, mais seulement notre perception d’eux.
Tous les autres font exactement la même chose que nous : ils créent
leur propre histoire. Dans leur histoire, bien sûr, on y trouve un
personnage principal, et nous sommes un personnage secondaire.
Comme chaque personnage ne peut jamais être fondé que sur des
perceptions, nous sommes complètement différents d’une histoire à
une autre.
Voici qui est complètement naturel et vrai pour chaque être humain :
nous sommes l’amour. Nous sommes les créateurs de l’amour, et il n’y
a jamais aucune raison de ne pas aimer. Quels que soient les
événements passés qui vous poussent à refuser d’aimer, rappelez-vous
qu’ils n’avaient rien de personnel. Ce qui s’est passé n’est vraiment la
faute de personne. De même que vous n’attribuez à personne la
responsabilité de vos actes, vous n’attribuez à personne la douleur que
vous ressentez. Votre monde tout entier est votre création, et vous seul
avez le pouvoir de le changer. Pour cela, apportez plus d’amour et non
moins, dans toutes les situations. Car l’amour est exactement ce que
vous êtes.
La seule histoire que vous pouvez changer est la vôtre. Quand vous
essayez de modifier celle des autres, c’est là que des conflits
apparaissent. Chez certaines personnes, essayer de changer l’histoire
des autres devient une obsession : ils font tout leur possible pour
contrôler leur bien-aimé, leurs amis ou leurs enfants. Dans ces
situations-là, la personne qu’ils essaient de contrôler joue souvent le
rôle de victime, geignant : « Regardez ce qu’elle me fait. » En jouant
le rôle de victime, elle essaie elle aussi de modifier le comportement
de son oppresseur.
Dans ce cycle d’obsession et de victimisation, il n’y a aucun respect
entre les deux parties ; il n’y a que du conflit. Chaque partie déclare
avoir raison pour prouver que l’autre a tort, et leurs opinions sont
tellement arrêtées qu’elles mènent à la destruction de la relation.
Quand vous constatez que vous essayez de contrôler l’autre en étant un
oppresseur ou une victime, vous avez le choix. Vous pouvez choisir de
respecter ses décisions et de lâcher prise de votre désir de le changer.
Cette étape vous permet de modifier votre propre histoire, car vous
réalisez alors qu’il ne sert à rien d’essayer de changer les autres.
Le rêve collectif de la planète est en constant changement, et ce
changement continu fait partie du destin de l’humanité. Peu importe ce
que nous faisons, peu importe que nous facilitions le changement ou
que nous lui résistions, celui-ci aura toujours lieu. Il a lieu en ce
moment même, et tout ce que nous pouvons faire est de nous en
réjouir.
La meilleure façon d’utiliser la parole est d’être soi-même. Arrêtez
de faire semblant d’être quelqu’un d’autre, parce que, quels que soient
vos efforts, vous ne pourrez jamais être qui que ce soit d’autre. C’est
pourquoi il est si important de comprendre chacun des symboles que
vous apprenez et de les utiliser comme vous le souhaitez, d’être
impeccable avec la parole. Notre bonheur dépend de notre façon
d’utiliser la parole. « Impeccable » signifie « sans péché » et, dans ce
contexte, un péché correspond à tout ce que nous entreprenons contre
nous-mêmes. Cela n’a rien à voir avec la religion. Pécher, c’est aller
contre ce que nous sommes, ce que nous faisons notamment quand
nous essayons d’être différents de ce que nous sommes vraiment.
Si les habitudes sont aussi difficiles à rompre, c’est parce que nous
nous contentons de faire ce que nous savons faire pour nous sentir en
sécurité. Nos habitudes deviennent automatiques. La question à vous
poser est alors la suivante : l’automatisme règne-t-il sur votre vie ? En
d’autres termes, faites-vous ce que vous savez faire parce que cela
vous est confortable ou parce que vous le voulez vraiment ? Il peut être
inconfortable d’entreprendre une nouvelle action, et c’est pour cela
que c’est difficile, mais c’est une étape nécessaire si vous voulez vous
libérer de l’automatisme. La prise de conscience est la première étape,
parce que, une fois que vous savez vraiment que ce que vous êtes en
train de faire n’est pas bon pour vous ou n’est pas ce que vous désirez,
vous avez beaucoup plus de chance d’entreprendre une nouvelle
action.
Quand il s’agit de comprendre l’immense pouvoir de la perception,
nous devons commencer par nous rappeler que nous ne voyons
véritablement aucun des objets qui nous entourent. Nous voyons
seulement la lumière qui est reflétée par chaque objet que nous
percevons. Quand nous regardons un miroir, nous avons l’impression
que tout ce qui le remplit existe vraiment (que ce miroir est réel et
rempli d’objets), mais ce n’est pas la réalité. Si nous essayons de
toucher ces objets, nous ne toucherons que la surface du miroir. En
même temps, nous savons que tout ce qui est à l’extérieur du miroir est
réel, parce que, si nous nous tournons, nous pouvons les toucher, nous
pouvons les peser, nous pouvons prouver qu’ils sont réels.
Tout ce que vous voyez dans le miroir est donc une réalité virtuelle,
une copie de ce qui est à l’extérieur. C’est exactement la même chose
qui se passe dans votre esprit par le biais de la perception. La seule
différence entre le miroir et vos yeux est l’existence du cerveau
derrière vos yeux, de ce cerveau qui a perçu et assimilé tout ce qui est
dans votre monde. Avec vos connaissances, l’esprit, qui est un reflet de
la lumière dans le cerveau, déforme tout. Par conséquent, à l’instar du
miroir, vous créez un reflet de la vie perçu par le cerveau. L’esprit crée
toute la connaissance que vous possédez, et la connaissance crée
chacune de vos pensées et croyances ; pourtant, aucune de ces pensées
ou croyances n’est vraie. Comment peuvent-elles donc exister ? Elles
sont fondées sur une copie de ce qui est vrai, mais elles ne sont pas la
vérité.
Toutes les méthodes dont je vous parle ne sont que les outils de
l’artiste ; elles sont ce qu’un artiste utilise pour créer une réalité
merveilleuse, un chef-d’œuvre. Quand je parle d’artistes, comprenez
bien que je ne fais pas seulement référence à un petit groupe de gens
qui vivaient au Mexique il y a des milliers d’années et que l’on
appelait les Toltèques. Je parle de chaque être humain qui a jamais
vécu sur la planète Terre. Peu importe sa langue, peu importe sa
religion. Rien de cela n’est important. Ce qu’il faut retenir, c’est que
nous sommes tous des artistes et que nous utilisons ces outils-là ainsi
que les outils de l’artiste pour créer ce qui se passe dans notre esprit.
Les gens peuvent faire des millions de promesses, mais y en a-t-il
une seule de vraie ? Je peux vous promettre que je vivrai avec vous
pour toujours, mais il se peut très bien que je meure dans une demi-
heure. Avez-vous envie de croire aux promesses ? Si vous croyez aux
promesses, vous préparez les conditions pour vous sentir trahi chaque
fois que quelqu’un n’aura pas tenu sa promesse. Bien sûr, vous aussi
faites probablement des promesses. Tout le monde fait promesse après
promesse. Je vous promets la lune, le soleil et les étoiles, je vous
promets monts et merveilles. Je vous promets de vous rendre heureux.
Mais croyez-vous vraiment que je puisse vous rendre heureux ?
Croyez-vous que quiconque puisse vous rendre heureux ? Personne ne
peut vous rendre heureux, personne. Le seul être qui puisse vous
rendre heureux, c’est vous.
Depuis votre enfance, votre société vous dit ce qui est beau et ce qui
est laid, et vous avez fini par être d’accord avec elle. Mais tout cela
n’est que mensonges. Qui dit qu’un nouveau-né ou quelqu’un qui est
sur le point de mourir est laid ? Ou que notre corps ne peut être plus
beau comme quand nous avions une vingtaine d’années ? Il y a tant de
points de vue différents. Pouvez-vous voir que ces déclarations ne sont
que des mensonges ?
Il est temps de vous réveiller, parce que les mensonges ne survivront
pas à la vérité. Il y a deux mille ans, Jésus-Christ a déclaré que la
vérité vous sera révélée et qu’elle vous libérera. Voyez la vérité dès à
présent et soyez libre ; nul besoin d’attendre plus longtemps.
Vous ne pouvez aimer les autres que comme vous vous aimez. Si
vous vous aimez avec conditions, vous aimerez les autres avec
conditions. De même, vous ne resterez pas avec quelqu’un qui vous
maltraite (physiquement ou mentalement) si vous vous aimez. Peu
importe à quel point vous aimez la personne qui vous maltraite, si vous
vous aimez vraiment, vous ne resterez pas avec elle. Parce que l’amour
et le respect que vous avez pour vous ne vous le permettront pas. C’est
pourquoi les accords que vous concluez avec vous-même (être bon
envers vous, être doux avec vous, vous honorer, vous respecter) sont
les plus importants. Si vous pouvez vous offrir cette forme d’amour,
vous pouvez la partager avec les autres.
Quand nous naissons, nous n’avons aucune connaissance. Mais, très
rapidement, les paroles capturent notre attention, et nous apprenons
une langue. Nous apprenons une religion, nous apprenons comment
nous sommes censés nous comporter, etc. C’est ce que signifie
« acquérir des connaissances ».
Une fois que nous avons des connaissances, il se passe en nous
quelque chose d’extraordinaire. Tout à coup, alors que nous sommes
encore tout petits, la connaissance commence à parler dans notre tête
d’une voix que personne d’autre que nous ne peut entendre. Cette voix
de la connaissance émet toutes sortes de suppositions. Elle fait
semblant de savoir beaucoup de choses, alors qu’en réalité la plupart
de ses déclarations ne sont que des suppositions.
Si nous allons plus profondément en nous-mêmes, nous pouvons
trouver cet espace entre les pensées, au milieu de toute cette
connaissance. Quand nous découvrons ce silence intérieur, nous
voyons que nous pouvons contrôler nos pensées et créer plus de
silence en nous.
J’entends souvent des gens déclarer : « Quand j’aurai ceci, je serai
heureux » ou « Quand j’aurai accompli cela, je serai heureux. » Ils
posent tellement de conditions au bonheur. Et, même s’ils arrivent à les
remplir, ils les modifient ou en ajoutent de nouvelles. Mais posons-
nous cette question : pourquoi attendre ? Pourquoi ne pas être heureux
maintenant ?
Il y a des gens qui veulent ressembler à Jésus, au Bouddha ou à un
maître qu’ils admirent. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’ils ne
peuvent être qu’eux-mêmes. C’est cela, la perfection. Vous êtes parfait
tel que vous êtes. Vous êtes unique. Aucun être comme vous n’a jamais
existé. Personne n’est comme vous aujourd’hui, et personne ne le sera
jamais. Vous pouvez seulement être ce que vous êtes, même si vous ne
savez pas ce que vous êtes. Tout cela n’a aucune importance. Vous êtes
là, vous êtes en vie, et c’est ce qui importe.
Vous pouvez comparer votre corps physique à un ordinateur, et la
force de vie qui anime votre corps à l’électricité qui alimente
l’ordinateur. Si vous débranchez l’ordinateur, il mourra. Si la force de
Vie quitte votre corps, celui-ci mourra également. Nous pouvons aussi
comparer les programmes exécutés par l’ordinateur aux idées et aux
croyances qui permettent au cerveau de fonctionner. Ces programmes
ne sont pas constitués de matière (vous ne pouvez pas les toucher) et
ils fonctionnent seulement parce que l’électricité alimente l’ordinateur.
Vous n’êtes ni l’ordinateur (le corps) ni ses programmes (le cerveau),
mais vous êtes la force de Vie, l’électricité qui les alimente. Si
l’ordinateur et ses programmes finissent par présenter des
dysfonctionnements, par tomber en panne et par être jetés, l’électricité
n’en sera pas affectée. Elle ne change jamais. Si vous comprenez cette
métaphore, vous pouvez voir combien votre corps et votre esprit sont
secondaires et temporaires. Ils ne sont rien sans la force de Vie que
vous êtes.
La perception est un phénomène qui se produit en permanence ; nous
percevons des choses qui sont à l’extérieur de nous et nous les
appelons des « objets ». Il est vrai que ces derniers existent réellement,
mais ceux que nous voyons ne sont pas ceux qui existent vraiment
autour de nous. Nous ne voyons que l’image de ces objets, parce que la
lumière est reflétée par chacun d’eux. Nos yeux transmettent cette
image au cerveau, qui en crée une nouvelle en se fondant sur ce qui est
vrai. Mais cette nouvelle image n’est pas réelle, elle est virtuelle. C’est
exactement comme quand vous regardez dans un miroir. Vous savez
déjà que tout ce qui est dans le miroir n’est qu’un reflet, que ce n’est
pas réel. Si vous vous approchez pour y toucher les objets, vous ne
toucherez que la surface du miroir. Votre esprit fonctionne de façon
semblable : il crée des images qui sont basées sur la vérité, mais qui ne
sont pas exactement la vérité. De plus, parce qu’il est plein de
connaissances, de raisonnements et de souvenirs, votre esprit déforme
tout ce que vous percevez par le jugement. Vous ajoutez une histoire à
ce que vous percevez, et cette histoire devient votre réalité, mais, en
définitive, elle n’est pas vraie. Il n’existe pas d’histoire vraie.
L’amour conditionnel est la cause de toutes les violences, de toutes
les injustices et de toutes les guerres que l’humanité a jamais connues.
Quand les humains aiment avec conditions, ils essaient de contrôler
tout ce qui les entoure et d’imposer leur point de vue aux autres.
Quand nous comprenons que l’amour conditionnel est la source de
tous les conflits, nous pouvons voir son influence sur nous-mêmes, sur
notre famille, sur notre société, sur notre pays et sur l’humanité tout
entière. Quand nous comprenons véritablement cela, nous voyons à
quel point le rêve de la planète serait merveilleux si nous nous aimions
et si nous aimions les autres de manière inconditionnelle.
Les sanctions de la domestication se dissolvent quand vous ne
réagissez à rien de façon personnelle, quand vous ne faites pas de
suppositions, quand vous faites toujours de votre mieux et quand votre
parole est impeccable. Vous réalisez que ce que les gens disent n’est
que leur point de vue et n’est vrai que pour eux. Par conséquent, vous
êtes libre. Ma liberté est ce qui m’importe le plus, et je n’y renoncerai
pas en me jugeant ou en jugeant les autres.
Il est important d’être conscient de la différence entre la pitié et la
compassion. Si nous ressentons de la pitié pour quelqu’un, nous lui
manquons de respect. Nous ne respectons plus son droit de choisir de
vivre comme il le veut, de créer son propre rêve. Avec la compassion
cependant, nous respectons ses choix et nous sommes prêts à l’aider à
s’aider s’il nous le demande.
Si vous avez pitié des autres, vous aurez aussi pitié de vous et vous
vous considérerez comme un incapable. Quand vous avez de la
compassion pour vous-même, vous comprenez les difficultés que vous
rencontrez, mais vous avez aussi foi en vous. C’est ce que j’appelle
« le courage ». Avoir du courage ne signifie pas ne pas avoir peur, cela
signifie que vous faites face à vos peurs et que vous agissez malgré
tout, sachant que le résultat sera parfait tel qu’il sera parce que vous
aurez fait de votre mieux.
Quand vous avez pitié de quelqu’un, vous lui offrez de faire à sa
place ce qu’il a peur de faire par lui-même. Mais la prochaine fois
qu’il sera face à cette même situation, sa peur sera encore plus grande.
Avec la compassion, vous pouvez toujours l’aider, en lui disant par
exemple : « Bien, tu peux le faire. Donne-moi ta main, lève-toi. Voici
les outils, vas-y et fais-le, regarde ta peur en face. » Avec la
compassion, vous respectez son choix et son pouvoir, quelle que soit la
direction qu’il prendra. C’est son choix, et cela n’a rien à voir avec
vous.
Pour affronter notre peur, nous devons d’abord comprendre ce qu’est
vraiment la peur. Celle-ci est une émotion extrêmement importante
pour l’esprit humain. Elle est semblable à ce que représente la douleur
pour le corps physique. La douleur dit à votre corps physique qu’il y a
quelque chose qui cloche, que vous devez réagir. Il en est de même
pour la peur. La peur avertit votre esprit que vous êtes en danger, que
vous feriez mieux d’agir, car vous prenez des risques. C’est très utile
quand vous marchez en forêt et que vous tombez sur un grizzli, parce
que c’est cette peur qui est en vous qui vous poussera à agir. C’est une
vraie peur.
Mais il existe une autre forme de peur, qui vient des connaissances
que nous avons acquises grâce à nos parents et à la société, de la
connaissance de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, de ce qui est
juste et de ce qui ne l’est pas. Nous avons appris à craindre d’être
punis ou de ne pas être récompensés. Par la connaissance, nous créons
une frayeur irrationnelle. Nous avons peur de ce que les gens pensent
de nous, ou nous avons peur d’être nous-mêmes, ou encore de
poursuivre nos rêves. En vérité, cette forme de peur constitue la
majorité des peurs que nous rencontrons dans notre vie. Il y a très peu
de grizzlis dans le monde, mais nous en créons beaucoup dans notre
esprit à force de mensonges et de déformations de la réalité.
Nous croyons vivre dans une réalité extérieure à nous, objective,
mais, en vérité, tout ce que nous voyons est dans notre tête. Bien sûr,
nous pouvons percevoir tous les objets qui nous entourent, mais nous
aurons tous, autant que nous sommes, un point de vue complètement
différent sur eux. Il n’y a pas deux personnes qui voient les choses
exactement de la même façon.
Qu’est-ce qu’un objet de pouvoir et comment fonctionne-t-il ? Un
objet de pouvoir est n’importe quel objet dans lequel vous placez votre
foi et qui représente une croyance.
Une alliance, par exemple, peut être un objet de pouvoir. Elle
symbolise un contrat qui a été établi entre vous et quelqu’un d’autre.
Vous avez placé votre confiance en elle, ce qui signifie que vous
croyez vraiment dans ce qu’elle signifie pour vous. Il vous est difficile
d’aller à l’encontre d’un accord que vous avez conclu, et un objet de
pouvoir est là pour vous rappeler votre système de croyances. C’est un
rappel de vos actes et de leurs conséquences. Votre foi est placée en
lui, et si vous agissez contre, vous vous sentirez mal. Quelque chose
vous rappelle que vous avez tort d’aller contre cette croyance. Et si
votre partenaire agit à l’encontre de cette dernière, vous vous sentez
blessé.
Sans prise de conscience, nous pouvons entretenir de nombreuses
croyances, et même si elles sont vraiment contraires à notre vérité,
nous avons le sentiment que nous ne pourrons jamais les détruire.
Quand nous les abandonnons, nous avons honte ou nous nous sentons
coupables. Pourtant, si nous avons placé notre foi dans ces croyances,
nous pouvons à n’importe quel moment affirmer notre foi dans notre
vérité. Nous pouvons conclure de nouveaux accords avec nous-mêmes
et avec les autres, qui montrent tout notre respect et notre amour. Avec
le respect, nous pouvons changer notre rêve personnel.
Quand vous voyez quelqu’un faire un choix avec lequel vous n’êtes
pas d’accord, vous devez vous souvenir de respecter son choix. Vous
n’êtes pas responsable de son choix de vivre en enfer, par exemple,
parce que c’est lui qui a choisi l’enfer, pas vous. La question à vous
poser est la suivante : qu’est-ce que vous choisissez ? Vous pouvez
choisir le paradis et, si vous désirez vivre dans ce paradis, c’est ce qui
se passera. Vous n’avez aucun doute à avoir là-dessus. L’enfer et le
paradis sont tous les deux ici et maintenant, et c’est à vous de choisir.
En son cœur, la connaissance est toujours la même, peu importe la
culture ou la société dont elle est issue. La connaissance qui vient
d’Israël est la même que celle qui vient du Japon, d’Égypte, du
Mexique ou de quelque autre endroit. Toute connaissance est une
déformation de la vérité. Il est vain de contester les croyances de
quelqu’un, parce que sa connaissance n’est vraie que pour lui.
La méditation fait partie des outils que les humains utilisent pour
faire taire l’esprit. Arrive un moment, toutefois, où vous vous rendez
compte que vous n’avez plus besoin d’entrer dans une méditation
formelle, parce que vous êtes tout le temps en train de méditer.
Par exemple, si je devais vous parler en ce moment, j’aurais besoin
d’utiliser mon corps. Mon corps obéit, et grâce à cela je n’ai pas besoin
de réfléchir à ce que je dis, j’en suis juste conscient. Ce qui se passe en
réalité, c’est que je suis présent dans l’instant, et c’est cela que vous
ressentez. Le langage n’est là que pour maintenir votre attention
pendant que nous parlons d’esprit à esprit. La connexion principale est
celle qui a lieu entre le vrai vous et le vrai moi. Quand nous dépassons
l’esprit pensant, nous savons que nous ne faisons qu’un. La totalité de
la création, de ce qui existe, tous les univers ne sont qu’un seul être, et
cet être est en vie.
Quand j’ai décidé d’abandonner ma carrière de médecin, ma
décision a créé beaucoup de controverses autour de moi, chez mes
amis et ma famille. « Après toutes ces années d’efforts, que vas-tu
faire de ta vie à présent ? » demandaient-ils. Mais je voulais focaliser
mon attention sur la compréhension de l’esprit humain. J’ai étudié en
profondeur la tradition de ma famille, et les fruits de ces études sont
les livres que j’ai écrits. Il s’agit en vérité de livres de psychologie,
mais je ne parle ni d’ego, ni de surmoi, ni d’aucun autre de ces
concepts. Je n’essaie pas d’expliquer pourquoi le fonctionnement de
l’esprit est tel qu’il est. Le but de mes livres est de donner aux gens les
outils qu’ils pourront utiliser pour changer leur histoire, leur esprit. Ce
sont des outils à manier, des actions à entreprendre et non une simple
théorie.
C’est exactement ce qu’est la sagesse toltèque : une psychologie en
action. Tous mes enseignements ont pour thème ce que nous pouvons
faire pour améliorer notre création, car, d’après moi, c’est cela la vraie
psychologie. La psychologie ne consiste pas à revivre notre passé pour
souffrir encore et encore de ce que nous avons fait et payer une fois de
plus pour nos actes. Cette forme de psychologie ne fait que nous lier
encore plus à notre histoire.
Mes enseignements sont conçus pour vous aider à voir l’histoire
pour ce qu’elle est, une simple histoire, et à réaliser que celle-ci n’est
pas votre vrai moi. Quand vous comprenez que vous êtes l’artiste qui a
créé cette histoire, vous comprenez que vous avez le pouvoir de la
changer.
Les gens demandent souvent : « Dites-moi pourquoi. Je veux savoir
pourquoi ! » Le pourquoi n’est pas important. Quelque chose est ou
n’est pas. C’est à prendre ou à laisser, et c’est tout. Il n’y a pas de bon
choix ou de mauvais choix, c’est vous qui le rendez bon ou mauvais.
En faisant des choix, en prenant des décisions et en agissant avec
conscience, vous pouvez créer un nouveau rêve.
Notre principal problème est que nous apprenons à nous aimer avec
conditions. Vous vous dites : « Je m’aimerai si je peux faire ceci ou
accomplir cela ; sinon, je ne mériterai pas mon amour. » Vous vous
punissez en vous rejetant.
Ce faisant, vous entendez dans votre esprit la voix du parasite qui
vous dit : « Je ne suis pas assez bon, je ne suis pas assez fort, je ne suis
pas assez intelligent, je ne suis pas assez beau, je ne vais jamais y
arriver. » Vous adoptez ainsi le rôle de la victime parce que vous vous
aimez avec conditions.
L’amour conditionnel est tout le contraire du véritable amour. Le
véritable amour est inconditionnel. Vous vous aimez tel que vous êtes.
À partir de là, vous pouvez aussi aimer l’histoire que vous créez, et
vous savez que ce n’est qu’une histoire.
Ce n’est pas parce que vous ressentez des douleurs physiques que
vous devez être malheureux. Le simple fait d’être en vie me suffit pour
être heureux. Je sais qu’il y a beaucoup de gens dans le monde qui ont
des douleurs physiques, et leur comportement avec leur entourage
change parfois à cause de cela. Ils se mettent à faire des reproches aux
autres et à être pleins de colère, ils croient que personne ne les
comprend parce que personne ne sait la douleur qu’ils endurent. En
vérité, rien n’est personnel, pas même la douleur. La douleur n’est la
faute de personne ; rien ni personne ne doit être jugé ou accusé. La
solution, pour moi, consiste à voir que je peux être heureux même dans
la douleur physique, et à porter ensuite toute mon attention sur ces
zones de bonheur. Quand j’agis ainsi, le bonheur augmente.
La parole est ce qui fait de nous des artistes, et nous devons l’utiliser
pour créer une histoire sur nous-mêmes et sur tout ce que nous
percevons. Comme les informations parviennent à nous de toutes les
directions, nous pouvons dire que nous sommes le centre de l’univers
tout entier. À partir de ce centre, nous créons toute une histoire, tout un
rêve : le rêve dans lequel nous vivons notre vie. De tous les outils qui
sont à notre disposition, la parole est le plus important ; notre façon
d’utiliser la parole dictera notre façon de vivre. Nous pouvons créer un
beau paradis comme nous pouvons créer le pire des cauchemars. Dans
un cas comme dans l’autre, c’est un chef-d’œuvre. C’est notre vie et
c’est notre choix.
Quand vous devenez un véritable maître, vous êtes conscient qu’il y
a dans le rêve de la planète un processus constant d’attachement et de
détachement. Nous nous attachons et nous détachons de gens, de
choses, d’expériences, d’idées… à chaque instant. Quand vous vous
attachez à quelque chose, vous vous identifiez à quelque chose que
vous n’êtes pas. Quand vous vous en détachez, vous ramenez votre
conscience et votre attention sur vous-même. En tant que maître, vous
pouvez jouer avec cela, encore et encore, tout en ne vous jugeant
jamais quand vous vous attachez. Vous pratiquez l’observation de
votre attachement de telle sorte que vous soyez en mesure de vous
demander si vous voulez rester attaché ou si vous préférez placer à
nouveau votre confiance et votre pouvoir en vous-même. Quand vous
serez prêt à vous détacher, vous le ferez.
Le traitement qui permet de guérir les blessures émotionnelles est
l’alliance de la vérité, du pardon et de l’amour pour soi.
La vérité agit comme un scalpel qui ouvre la blessure émotionnelle.
La vérité fait mal, bien sûr, mais nous ne pouvons plus nier ce qui est
devant nous. Ensuite, nous avons besoin de nettoyer la douleur qui a
été mise au grand jour par la vérité, et nous la nettoyons avec le
pardon.
Nous pardonnons non pas parce que l’autre personne a besoin d’être
pardonnée, mais parce que nous nous aimons tellement que nous ne
voulons pas sentir de douleur émotionnelle chaque fois que nous
voyons cette personne ou que nous nous souvenons d’elle. Le pardon
nettoie la plaie émotionnelle.
Nous achevons ensuite la guérison avec notre amour pour nous-
mêmes. Par cet amour, nous arrêtons la propagation de toute autre
infection dans cette blessure, et, avec le temps, il y aura une cicatrice,
mais nous n’aurons plus mal.
Je suis la vérité, tout comme vous et comme tout ce que vous pouvez
voir et toucher. Dès que cela entre dans votre esprit, ce n’est plus
qu’une idée ou une image, et aucune idée ou image n’est réellement
vraie. Par exemple, je peux dire que je suis humain même si
« humain » n’est qu’un mot ; et, comme nous sommes d’accord sur la
signification du terme « humain », nous hochons la tête en signe
d’approbation. De même, je peux dire que je suis un homme, que je
suis médecin, que je suis un écrivain, etc. Mais il ne s’agit là que de
mots ; ils ne veulent rien dire. Je ne sais pas ce que je suis, et cela
m’importe peu ; et c’est la vérité.
Il y a dans l’esprit un conflit qui durera jusqu’au jour du jugement
dernier, mais ce jour fatidique que j’évoque ici n’est pas celui dont
parle la religion. Ce que j’appelle « le jugement dernier » est le jour où
vous vous jugerez pour la toute dernière fois. Car, ce jour-là, la guerre
qui sévit dans votre esprit sera terminée. La paix éclora alors, et ce sera
le début d’un tout nouveau rêve que j’appelle « le rêve des maîtres ».
Quand vous cessez tout jugement, vous êtes un maître. Tout comme
Jésus dans le désert a fait face à Satan, ou le Bouddha à Mara sous
l’arbre de la Bodhi, vous comprenez que l’humanité tout entière n’est
qu’un seul être vivant. Nous ne sommes qu’un seul être vivant, et peu
importe où nous sommes nés ou en quelle religion nous croyons : nous
sommes tous exactement pareils.
Tout ce que vous voyez est vraiment une illusion. Nous sommes tout
le temps en train de rêver et nous vivons dans notre propre histoire.
Nous existons pourtant, même sans histoire et sans corps physique.
Comprendre cela vous mènera à la libération ultime, parce que vous
saurez que ce que vous êtes vraiment ne mourra jamais. C’est éternel.
Votre corps physique périra, mais rien ne pourra blesser votre vrai moi,
rien. Vous êtes la Vie même.
Chaque fois que vous prenez quelque chose personnellement, y
compris ce qu’a dit ou fait un tiers, vous supposez en réalité que cela
vous concerne. Réagir à quelque chose de façon personnelle va de pair
avec faire des suppositions ; et, lorsque vous réagissez ainsi, c’est pour
endosser le rôle de victime. Vous vous sentez devenir si important
quand vous êtes victime, parce que dans votre histoire vous croyez que
tout tourne autour de vous. Quand vous êtes en conscience, quand vous
ne réagissez à rien de façon personnelle et quand vous ne faites pas de
suppositions, vous découvrez que vous n’avez pas besoin d’être une
victime. Vous pouvez alors être libre. Rien de ce que font les autres ne
vous concerne, parce que, de toute façon, ils ne savent vraiment pas
qui vous êtes. Ils ne connaissent que l’image de vous qu’ils ont créée
dans leur esprit.
Quand les gens disent qu’ils vous connaissent bien, ce n’est pas vrai.
Ils ne vous connaissent pas du tout, tout comme vous ne les connaissez
pas non plus. Vous ne percevez que ce que vous croyez sur eux. C’est
vrai pour tous ceux de votre entourage, y compris vos parents, vos
frères et sœurs, votre bien-aimé, vos enfants et, étrangement, c’est
aussi vrai pour vous-même. L’image que vous avez de vous n’est
qu’une image, rien de plus. C’est la façon dont vous voulez être perçu
par les autres, mais il n’y a rien de vrai dans cette image. Vous faites
semblant d’être ce que vous aimeriez être aux yeux de tous, y compris
à vos yeux. Quand cette vérité atteint votre cœur, vous découvrez que
tout ce que vous avez cru jusqu’alors n’est pas vrai.
Tout ce que nous accomplissons dans la vie commence par un désir ;
le désir n’est ni bien ni mal, ni juste ni faux, c’est simplement une
motivation que nous avons. Quand nous comprenons ceci, le désir peut
se tourner librement dans différentes directions.
Il y a des choses que vous aimez et d’autres que vous n’aimez pas. Il
y en a que vous faites parce que vous le voulez et d’autres parce que
vous le devez. Quand vous ressentez un désir, vous pouvez l’apprécier.
Vous pouvez, ou non, combler ce désir. Pour satisfaire un désir, il faut
agir ; et vous pouvez soit agir, soit choisir de ne pas agir.
Quand nous faisons connaissance avec quelqu’un, nous prenons à
peine le temps d’apprendre à le connaître avant de lui raconter toute
notre histoire, l’histoire de ce que nous sommes. Nous imaginons
qu’elle est tellement importante, et tellement réelle. Mais, quand vous
vous rendez compte qu’il ne s’agit que d’une histoire, vous ne
ressentez plus le besoin de la raconter aux autres. Vous comprenez que
tout le monde a une histoire. Toutes les histoires sont parfaites, mais il
ne s’agit que d’histoires. Ce qui importe le plus est l’instant présent.
L’entraînement de l’artiste, ou du Toltèque, ne consiste pas à
apprendre. Il consiste plutôt à désapprendre. Nous devons
désapprendre toutes ces habitudes qui rendent notre vie si difficile. En
réalité, la vie est extrêmement simple, c’est nous qui la rendons
difficile. C’est nous qui compliquons tout. Il y a tellement d’exemples
qui illustrent cette vérité que n’importe quoi – ou presque – pourrait en
être un. Il suffit que vous allumiez la télévision pour voir la souffrance
que nous produisons, et vous comprendrez que la souffrance est notre
plus grande dépendance. Toutes les autres dépendances de l’être
humain découlent de sa dépendance à la souffrance.
Je suis là pour partager mon amour, et cela me procure beaucoup de
joie. C’est ce que je fais ici même : je partage mon amour avec vous
tous. Voilà ma vérité. Pour ce faire, je communique en utilisant la
connaissance, afin de vous faire comprendre qu’il existe un mode de
vie fondé sur l’amour.
J’aime aimer. Ce qui me rend heureux est l’amour qui émane de
moi. Comprenez-vous cela ? Une dizaine, une centaine ou un millier
de personnes pourraient vous aimer que leur amour ne vous rendrait
pas heureux. Ce qui vous rend vraiment heureux, c’est l’amour qui
émane de vous ; voilà ce qui importe.
La peur est clairement le premier obstacle sur le chemin qui vous
mène à devenir qui vous êtes vraiment, et c’est le plus puissant de tous.
Tant que nous ne nous serons pas confrontés à elle et tant que nous
n’aurons pas remporté la bataille contre elle, elle nous maintiendra
prisonniers. Face à cela, beaucoup de gens adoptent le point de vue de
la victime, se demandant : « Comment vais-je faire pour y arriver ? »,
ou en déclarant : « Ce n’est pas possible, je n’atteindrai jamais mes
objectifs. »
La peur vous pousse à vous rejeter avant même que qui que ce soit
d’autre vous rejette. Du point de vue de la victime, il est difficile de
trouver le courage de regarder la peur en face. Mais, dès l’instant où
vous vous rendez compte qu’elle n’existe que dans votre esprit (dans
l’histoire que vous vous êtes racontée sur la personne, la situation ou
toute autre chose dont votre esprit a peur), vous découvrez votre
pouvoir et vous devenez libre.
La vérité vous rendra libre. En fait, c’est vraiment tout ce que nous
avons besoin de connaître. Quand nous connaissons la vérité, nous
sommes libres.
Si quelqu’un déclare : « C’est la vérité, crois-moi », vous pouvez
être sûr que ce n’est pas vrai. La vérité ne peut pas être exprimée par
des mots. Vous devez la vivre, la ressentir. Comment allons-nous vivre
la vérité ? Par l’inspiration. Quand nous sommes inspirés, nous
contournons la connaissance et nous savons, tout simplement. Nous
n’avons rien à prouver, nous savons. Une fois que vous avez contourné
la connaissance, vous comprenez que nous sommes ceux qui créent la
connaissance. Et, en créant la connaissance, nous créons une image de
la vérité, mais nous demeurons toujours conscients que cette image
n’est pas la vérité.
Nous finissons par nous rendre compte, grâce à nos prises de
conscience, que ce que nous avons appris en grandissant (sur le
monde, sur la vie, sur nous-mêmes) n’est pas tout à fait vrai. Ce n’est
ni bien ni mal, ni bon ni mauvais ; c’est comme cela, tout simplement.
Il arrive un moment où le cerveau est assez mûr pour que nous nous
mettions à douter, à remettre en question nos croyances. Alors
seulement pouvons-nous commencer à transformer ce que nous
croyons, en élargissant notre esprit pour que tout devienne possible.
Nous sommes nés créateurs, et une de nos plus grandes créations est
le langage que nous parlons. Nous utilisons ce langage pour créer toute
une histoire. Cette histoire peut être la plus merveilleuse ou la plus
terrible de toutes. Il peut s’agir d’un paradis ou d’un enfer, mais elle
est notre création. Nous en sommes responsables, nous et nous seuls.
Nous décidons ce que nous voyons parce que c’est notre monde. Alors,
quand je vous demande à tous de bien vouloir m’aider à changer le
monde, je ne parle pas de la planète Terre. Je parle du monde que nous
créons dans notre tête, avec notre histoire.
L’amour conditionnel est partout. Il s’exprime dans notre façon
d’aimer nos parents, nos enfants. Vous pouvez le voir à l’œuvre dans
notre façon d’aimer nos amis, nos partenaires, et dans notre façon de
nous aimer nous-mêmes. Il est manifeste dans notre façon d’aimer la
nature et Dieu. Nous les aimons tous quand et seulement quand ils
nous font plaisir. L’amour conditionnel est tellement normal dans notre
société que nous l’acceptons sans le remettre en question. La plupart
d’entre nous ne sommes même pas conscients que c’est un problème.
Notre engagement à aimer avec conditions est le résultat de milliers
d’années de mise en pratique. Cela dit, l’amour véritable existe aussi.
C’est l’amour sans condition. Quand vous déclarez : « Tu peux faire
tout ce que tu veux et être qui tu veux…, je t’aimerai de toute façon »,
vous manifestez le véritable amour.
Tout comme vous êtes le personnage principal de votre histoire, vous
êtes un personnage secondaire dans celle des autres. Accepter cette
vérité vous permettra de profiter de votre vie. Quand vous comprenez
que chaque personne se raconte une histoire dans laquelle elle est le
personnage principal, vous comprenez que vous n’avez qu’un rôle
secondaire, et c’est un grand soulagement. Le bonheur de l’autre ne
dépend pas de vous, il dépend de lui. Vous concevez qu’il est
impossible de changer l’histoire de qui que ce soit ; seul son créateur
peut le faire.
Les gens ont le droit de croire ce qu’ils croient. Ils sont responsables
de ce qu’ils disent, de ce qu’ils comprennent et de ce qu’ils font. Vous
ne pouvez faire le bonheur de personne, car vous n’avez pas ce
pouvoir. Rappelez-vous : quelle que soit la décision que l’autre prend
dans son histoire, cela n’a rien à voir avec vous. Vous n’avez ni le droit
ni le pouvoir de contrôler autrui ; tout ce que vous pouvez faire est de
respecter son droit de créer sa propre histoire.
Quand vous respectez cette vérité, vous trouvez la paix en vous-
même et vous êtes en paix avec tout le monde de façon merveilleuse.
Quand vous résistez à quelque chose, vous résistez à la perfection de
la Création – à la perfection qu’est Dieu. C’est pourquoi il est
important de vous abandonner complètement à la vie. Quand vous
vous en remettez à la vie, vous n’avez pas besoin d’aller dans un
monastère ou dans un ashram pour trouver Dieu. Vous trouvez Dieu
dans votre travail quotidien, dans votre relation maritale, dans les
moments où vous vous occupez de vos enfants, dans le simple fait
d’être en vie. C’est là qu’est Dieu : ici et maintenant.
Bien que je ne puisse pas expliquer exactement par le biais de la
connaissance qui je suis ou ce que je suis, je sais ce que je suis.
J’existe, je suis en vie, et la vie est éternelle. L’ange de la mort nous
apprend vraiment à être en vie et à vivre comme si ce jour était le
dernier de notre vie. Nous pouvons bien sûr avoir des projets pour
l’avenir, tant que nous nous rappelons que ce que nous prévoyons peut
avoir lieu, ou pas. Ce qui existe indubitablement est cet instant, le
moment présent. C’est pourquoi l’essentiel est d’apprécier la vie autant
que possible et de ne pas avoir peur de mourir.
Comme vous le savez, le mot « toltèque » signifie « artiste ». Quand
je parle des Toltèques, j’englobe donc vraiment toute l’humanité, parce
que nous sommes tous des artistes. Le plus grand art que nous créons
est une histoire : l’histoire de ce que nous sommes, l’histoire de notre
vie. Cette histoire nous semble vraiment réelle, et nous la créons par la
parole. Elle devient si importante à nos yeux que nous en venons à
croire qu’elle est vraiment ce que nous sommes. C’est la raison pour
laquelle j’affirme que « ce que nous croyons, nous le sommes ».
Nous accumulons toutes nos connaissances par la parole. Nous
donnons du sens à chacun des mots que nous employons et nous
limitons notre pouvoir personnel en le maintenant dépendant de la
connaissance.
Au bout du compte, vous ne pourrez jamais vous transformer assez
pour être à la hauteur des jugements et des opinions des autres. C’est
impossible. Il y a trop de jugements et ils sont en constant changement,
sans compter que vous ne pourrez jamais répondre à l’image qu’ils ont
de vous. Si vous continuez à essayer de changer pour eux, vous vous
critiquerez pour avoir échoué et vous ne vous aimerez plus. Si les
jugements que vous portez sur vous deviennent vraiment mauvais,
vous risquerez même d’essayer de vous fuir en vous tournant par
exemple vers l’alcool, les drogues, le shopping, la boulimie ou quoi
que ce soit qui vous fera oublier, parce que vous ne vous aimerez pas
tel que vous êtes. C’est ainsi qu’en acceptant les jugements des autres
on prend l’habitude de se juger soi-même. Pour rompre cette habitude,
vous devez vous aimer inconditionnellement. C’est le souhait et
l’espoir que je nourris pour vous : que vous cessiez de vous juger et
que vous vous aimiez exactement comme vous êtes. Tout est parfait
dans ce monde, y compris vous.
Quand vous vous considérez comme un artiste, vous pouvez assumer
la responsabilité de votre création. Cela signifie que vous pouvez saisir
votre chance et changer votre création si vous le souhaitez. Et si vous
ne voulez pas la changer, vous avez tout à fait le droit de la conserver
telle quelle, car c’est votre création.
Ainsi, vous respectez votre création, et cela vous rend libre de
respecter celle des autres. Vous n’avez pas le droit de modifier la
création d’un autre : c’est son propre choix. Vivre sa vie comme un
artiste demande de l’entraînement, bien sûr et, quand vous pratiquez
les accords toltèques, votre monde en devient complètement
transformé.
Ma mère, Sarita, a appris la tradition de notre famille, le savoir des
Toltèques, directement de mon grand-père. Le mot « toltèque » signifie
« artiste », et l’art de ma mère consistait en partie à guérir ; elle est
devenue une curandera, une guérisseuse. Elle a traité de très
nombreuses personnes et, dans mon enfance, j’ai assisté à beaucoup de
miracles. Elle a soigné des aveugles, des épileptiques, des personnes
qui souffraient de problèmes cardiaques, et a bien sûr guéri beaucoup
de problèmes émotionnels. Elle était un exemple merveilleux du
pouvoir de la foi et de l’importance de prendre conscience de ce en
quoi nous plaçons notre foi. Quand nous agissons en croyant en
quelque chose, l’objet de notre conviction se manifeste dans le monde.
Notre monde est constitué en partie de mensonges. Qu’est-ce qu’un
mensonge ? Un mensonge est une déformation de la vérité. Nous
déformons tout depuis notre enfance parce que nous percevons tout
avec notre esprit, à travers le filtre de notre connaissance et de toutes
sortes de jugements et d’opinions sur ce que nous percevons. Alors,
quand on nous demande ce qui se passe dans le monde, qui nous
sommes ou pourquoi nous sommes ici, nous avons toutes sortes de
réponses, mais toutes se fondent sur nos déformations de la vérité. La
seule vraie réponse est : « Je ne sais pas. » La seule déclaration que
nous pouvons faire avec certitude est : « Tout ce que je sais, c’est que
j’existe. »
Tout ce que nous affirmons en dehors de cela n’est que déformation
de la vérité, car pour expliquer ce qu’est la vérité nous avons besoin de
mots. Or le langage que nous connaissons (et ce, quelle que soit la
langue que nous parlons) n’est vrai que dans la mesure où les autres
sont d’accord sur le sens de chaque lettre, de chaque mot, de chaque
phrase. Il est donc relatif. Mais la vérité authentique n’est pas relative
et ne peut, par conséquent, jamais être exprimée par des mots. Les
mots ne peuvent que déformer la vérité.
Les accords toltèques sont un miroir : ils vous montrent vraiment un
reflet de vous-même. Ces simples accords vont remettre en question
tous les accords précédents que vous avez conclus, ceux qui ont
engendré tous les drames et toutes les souffrances de votre vie. Peut-
être pensez-vous par exemple : « Je ne suis pas assez beau », mais est-
ce la vérité ? N’êtes-vous vraiment pas assez beau ? Ou peut-être vous
dites-vous : « Je suis tellement stupide », mais est-ce réel ? Les
accords toltèques vous donneront le pouvoir et la capacité de douter de
toutes vos croyances, au point que vos vieux accords commenceront à
s’effondrer. Beaucoup de gens découvrent alors qu’aucune de leurs
croyances – ou presque – n’est vraie. Tous les jugements négatifs que
vous avez acceptés sur vous-même ne sont tout simplement pas exacts.
Il y a un film que j’aime beaucoup, qui s’appelle Un homme
d’exception. Ce film raconte l’histoire d’un homme très intelligent qui
voit des gens qui n’existent pas vraiment, ou qui n’existent que dans
son esprit. On dit de lui qu’il est schizophrène mais, en vérité, tout le
monde se comporte comme lui. On ne voit peut-être pas des gens, mais
on entend toutes sortes de voix : des voix que personne d’autre que
nous ne peut entendre. C’est ce que, dans la tradition toltèque, nous
appelons le « mitote » : un millier de voix qui parlent tout le temps
dans notre esprit. Elles ont chacune leurs jugements et opinions et
réclament toutes notre attention.
Dans ce film quand l’homme découvre la vérité (que ces gens
n’existent que dans son esprit), il essaie de résoudre le problème en
décidant de ne pas croire ce qu’ils racontent. Il doit pour cela faire
preuve de détermination et de discipline et choisir de ne pas les
écouter. Au bout d’un certain temps, ces trois personnages imaginaires
se taisent et restent dans un coin.
Le choix que nous avons à faire n’est pas très différent du sien.
Nous entendons les voix du jugement et de la critique, mais une fois
que nous savons qu’elles ne sont pas réelles et que nous ne sommes
pas obligés de les croire, elles ne nous touchent plus. La pratique des
accords toltèques vous aide à remettre en question les voix qui sont
dans votre esprit ; et quand vous ne croyez plus à leurs mensonges,
votre vie devient extrêmement facile.
Il n’y a que deux choses dont nous pouvons dire qu’elles sont
vraiment réelles.
L’une est la mort, car le corps de chacun de nous finira par mourir.
Mais nous ne sommes pas ce corps physique.
L’autre est la vie et, si nous ne pouvons pas voir la vie, nous
pouvons voir ses effets, à savoir la façon dont toute matière physique
se met en mouvement.
Nier l’existence de la vie reviendrait à nier notre propre existence ;
et il est évident que la vie est aussi la vérité. La Vie est l’énergie qui
alimente la matière ; et, ce faisant, elle se reflète dans la matière,
créant ainsi le monde de l’illusion, une copie de la réalité. Car seule la
vie est réelle. Cette copie est ce que nous voyons dans notre esprit, et
c’est ainsi que nous créons notre histoire.
Le véritable éveil est la capacité de voir la vérité telle qu’elle est, de
voir l’humanité telle qu’elle est, et de ne pas nier ce qui se passe. Il y a
de la violence, il y a des guerres, il y a de l’injustice ; tout cela existe.
Nous n’avons pas à ne présenter qu’une image ou à ne percevoir que
ce que nous voulons percevoir et à nier ce que nous ne voulons pas
voir. L’éveil est simplement la capacité de voir la vérité et de ne pas
être affecté par elle. Cela signifie que vous n’avez aucun jugement,
aucune opinion à avoir, et que vous acceptez simplement la réalité telle
qu’elle est. Si vous pouvez y apporter des changements, tant mieux,
faites-le. Mais vous devez être assez sage pour voir ce que vous
pouvez et ce que vous ne pouvez pas changer.
Si vous faites toujours de votre mieux, une transformation finira par
s’opérer. Rappelez-vous : le processus de transformation ne consiste
pas à accumuler plus de connaissances dans votre esprit (vous en avez
déjà bien assez), mais plutôt à désapprendre tout le programme que
vous avez reçu en grandissant. En désapprenant ce programme, vous
lâchez prise de toutes les superstitions, de tout le fanatisme, de toutes
les histoires et de toutes les peurs. Vous découvrez que, dans le monde
entier, les gens ont différentes croyances, et que toutes sont belles.
C’est un beau rêve. Aucune de ces histoires n’est complètement vraie,
mais elles servent toutes un but pour ceux qui y croient.
Mes enseignements sont une invitation à lâcher prise de votre passé,
de vos superstitions et de votre fanatisme, et à revenir à la vérité de ce
que vous êtes. Rappelez-vous que vous seul avez le contrôle sur vous
et sur vos croyances, personne d’autre. Il est temps que vous arrêtiez
de vous faire peur.
Un des obstacles à la liberté personnelle est le pouvoir. Le pouvoir
peut devenir une véritable barrière, un grand défi à relever, surtout si
vous avez un certain sentiment d’impuissance. Imaginez que vous avez
obéi à toutes les règles mises en place par d’autres, que ce soit le
gouvernement, les riches ou qui que ce soit. Ils ont instauré ces règles,
vous les avez suivies, et vous l’avez fait sous l’emprise de la peur. Par
conséquent, vous aspirez à faire partie de ceux qui établissent les
règles, parce que vous croyez que ce sont eux qui ont le pouvoir.
C’est ainsi que vous risquez de devenir un véritable tyran, qui
utilisera sa suprématie contre ceux qui en ont moins. Mais, avec un
pareil système de pensée, il y aura toujours des gens plus puissants que
vous, et vous deviendrez donc pour eux un simple pantin en étant
tyrannique envers ceux qui ont moins de domination.
Pour éviter le piège du pouvoir, vous devez voir que cette forme
d’ascendant n’a aucun sens, parce qu’elle n’est pas réelle. Quand vous
réalisez que vous n’avez de pouvoir sur personne, plus personne n’a
aucun pouvoir sur vous.
Tout ce que nous percevons est une réalité virtuelle qui n’existe que
pour nous. Notre cerveau est tellement parfait qu’il crée un rêve
merveilleux, une histoire merveilleuse. Il crée l’histoire de notre vie
ainsi que tout le rêve de la planète.
Alors, quand je m’adresse à vous pour vous demander très
humblement de bien vouloir m’aider à changer le monde, vous pouvez
voir à présent que je ne fais pas allusion au monde de l’humanité qui
est « là, dehors », mais à votre monde personnel, le seul que vous
puissiez réellement changer, puisque c’est vous qui l’avez créé. Vous
inventez votre histoire et vous vivez dans cette histoire et, si vous ne
l’aimez pas, personne d’autre ne peut la modifier pour vous. Vous et
vous seul pouvez transformer l’histoire de votre vie, vous et vous seul
pouvez changer votre monde.
Je crois aux anges, parce que le mot « ange » signifie « messager ».
Cela n’a rien à voir avec la religion. Il y a sept milliards d’anges sur
cette planète. Nous, les humains, sommes des messagers ; nous
sommes donc tous des anges. En voici la preuve : depuis notre plus
tendre enfance, nous recevons des messages et en envoyons d’autres,
nous sommes en communication constante, donnant et recevant. La
question à se poser est donc la suivante : quelle sorte de messager êtes-
vous ? Quel est le message que vous livrez à ceux que vous dites
aimer ? À votre famille ? À vos enfants ? Rappelez-vous que les
enfants apprennent non seulement par vos paroles, mais aussi par vos
actes. Et ils deviendront une copie de ce que vous êtes. Le message
que vous leur livrez est donc dans vos actions.
En grandissant, vous avez donné votre accord à de nombreuses
opinions que les gens avaient sur vous, à de nombreux jugements et à
plusieurs moyens qu’ils ont utilisés pour essayer de vous domestiquer.
Et quand les personnes qui ont porté ces opinions sur vous n’étaient
plus en vie, cela ne faisait aucune différence parce que vous aviez
adopté leurs idées. Vous avez donc continué à vous juger chaque fois
que vous n’arriviez pas à être à la hauteur de leurs attentes. Bien sûr, il
est impossible de correspondre à cette image puisqu’elle n’est pas
réelle : elle n’est qu’un assemblage d’idées. Et comme vous ne
pouviez pas répondre à cette image, vous avez cessé de vous aimer.
C’est un état qui affecte de multiples personnes dans le monde
aujourd’hui.
Beaucoup de gens me demandent ce que je suis. En vérité, je n’ai
aucune idée de ce que je suis, mais je sais que je suis là et que je suis
en vie. Pour décrire ce que je suis, je dois utiliser des connaissances, et
la connaissance n’est pas tout à fait vraie. C’est comme cela que nous
nous comprenons les uns les autres. Je peux dire que je suis un
humain, que je suis un homme, que je suis un médecin, que je suis un
écrivain, que je suis un chamane, que je suis l’énergie, l’esprit, la
lumière ou quoi que ce soit d’autre, mais il ne s’agit là que de mots. En
vérité, je ne sais vraiment pas ce que je suis, mais je suis ici,
maintenant. Et c’est pareil pour vous tous. Vous croyez savoir ce que
vous êtes et vous utilisez la connaissance pour vous dire ce que vous
êtes, pour créer une image de vous-même et vous projeter dans cette
image. Il se peut que tout le monde y croie, mais est-ce vrai ? Pouvez-
vous vraiment décrire la puissance que vous êtes ?
Votre histoire tout entière est composée d’un seul personnage
principal, autour duquel tournent toutes les autres personnes et tout le
reste. Ce personnage principal est ce que vous croyez être mais, en
vérité, vous n’êtes pas ce que vous croyez. Le personnage principal
n’est qu’une création de votre connaissance, une création de votre
esprit ; il n’est pas réel. Je sais qu’il semble vrai, que vous avez
l’impression qu’il l’est, mais je vous promets qu’il s’agit d’une
création de votre esprit. Or ce personnage peut être généreux et
reconnaissant comme il peut être colérique et égoïste. Il crée toutes les
opinions et tous les jugements qu’il a sur tout ce qui l’entoure et il
reçoit également tous les jugements et opinions des autres. C’est lui
qui vit dans cette histoire. Alors, voulez-vous souffrir de l’histoire que
vous avez créée ou voulez-vous vous en réjouir ? À vous de choisir.
Tout le monde peut faire ce qu’il croit être le mieux sur ce chemin de
vie. Tout le monde peut croire ou ne pas croire ce que je dis. Je
n’imposerai jamais mon point de vue à qui que ce soit. Cela m’ôterait
ma liberté, et ma liberté est si précieuse que je ne l’abandonnerai pour
rien ni personne au monde.
Vous savez que les humains sont gouvernés par la connaissance ; il
en est ainsi à présent. C’est pourquoi, dans le rêve de la planète, il y a
des cycles apparemment infinis d’actions et de réactions. En vérité,
tout est en équilibre parfait, car la vie est éternelle. Nous ne pouvons
pas détruire la vie, quand bien même nous essaierions.
Vous n’obtiendrez pas le respect en le demandant, il doit être gagné.
Vous ne le gagnerez ni en faisant le fanfaron ni en exerçant votre
pouvoir sur autrui. Vous le gagnerez en n’intimidant pas autrui, en
n’essayant pas de contrôler les autres et en n’employant pas la peur
pour les domestiquer et imposer votre point de vue. En vérité, le seul
moyen d’inspirer le respect est de respecter tout le monde. Vous ne
recevrez pas ce que vous n’êtes pas prêt à donner.
Dans les sociétés antiques – comme celles qui ont prospéré en
Égypte, en Grèce, en Inde, en Perse et au Mexique –, il existait ce que
nous appelons maintenant des « écoles de mystère ». Elles
ressemblaient assez aux universités d’aujourd’hui. Vous savez, quand
vous voulez devenir médecin, vous avez besoin d’étudier jusqu’à ce
que vous compreniez la médecine. Et vous pouvez ainsi étudier pour
devenir ingénieur, ou quoi que ce soit d’autre.
Donc, en un sens, toutes les écoles sont des écoles de mystère. Y
compris celles auxquelles vous êtes déjà allé. Par exemple, avant
d’aller à l’école primaire, vous ne compreniez rien à la lecture et à
l’écriture : il s’agissait pour vous d’un véritable mystère. Et le mystère
planait également avant l’entrée au collège, au lycée ou à l’université.
Toute nouvelle information est un mystère.
Vous pouvez même comprendre ce terme plus profondément encore
et voir que la planète Terre tout entière est une école de mystère.
Quand vous êtes né, vous ne saviez pas exactement où vous arriviez ;
c’était un grand mystère. Et, aujourd’hui encore, la vie reste un grand
mystère. Chaque fois que vous croyez avoir compris, c’est tout
l’inverse qui est vrai.
À un certain moment de ma vie, j’ai pris conscience qu’il n’y avait
qu’un seul être, et que cet être était en vie. Toute la création ne
constitue qu’un seul être, fait de milliards d’univers, et cet être est en
vie. Nous pouvons donc affirmer que tout ne vient vraiment que d’un
seul endroit, que j’appelle « la Puissance absolue ». Cette Puissance
absolue n’est qu’une énergie potentielle, mais, dès que vous entrez en
action, elle commence à se transformer parce qu’elle est alors en
mouvement. Elle se met à changer, et la création débute : cette
Puissance commence à créer la matière. La Puissance en action crée la
matière. Si vous prenez un moment pour regarder autour de vous, vous
pourrez le constater absolument partout.
Il y a une guerre dans votre esprit. À un moment de votre vie, vous
avez sans doute cru que cette guerre opposait le bien et le mal, mais le
véritable conflit concerne, en fait, la vérité et les mensonges. Quand
vous croyez aux mensonges, le mal apparaît à différents degrés en
fonction de votre attachement à vos propres mensonges. Quand vous
croyez à la vérité, il en résulte toujours du bien. Vous pouvez
reconnaître les mensonges parce qu’il s’agit des croyances qui vous
font souffrir : les jalousies, l’envie, les ressentiments, la colère, etc.
Les mensonges s’installent quand vous n’êtes pas conscient de la
vérité, et une des façons de trouver la vérité est de mettre en pratique
les accords toltèques. Alors, quand vous souffrez, demandez-vous quel
accord peut vous aider à revenir à la vérité ; et, si vous pratiquez cet
accord, il en résultera du bon.
L’histoire de notre vie est en perpétuel changement, car, d’un instant
à l’autre, notre vision du monde est toujours différente. Pour ma part,
je voyais le monde d’une façon très différente quand j’avais 10 ans de
quand j’en avais 20, ou quand j’ai eu des enfants, ou quand j’ai eu mon
accident de voiture. Votre vision du monde est en constant
changement, elle n’est jamais la même. Il est important de comprendre
que toute l’histoire de votre vie n’est qu’une histoire, et que vous êtes
le créateur de cette histoire. À la lumière de cette vérité, vous pouvez
vous poser la question suivante : Dans quelle direction ai-je envie que
mon histoire évolue ?
Les êtres humains sont les seuls animaux de la planète qui se
domestiquent eux-mêmes. Mais, pour que vous puissiez vous
domestiquer, vous devez d’abord être domestiqué par d’autres. À partir
du moment où vous êtes d’accord avec eux, vous n’avez plus besoin de
personne pour vous domestiquer, parce que vous pouvez le faire vous-
même. Vous essayez à votre tour d’apprivoiser tout le monde
exactement de la même manière, et c’est ainsi que ce problème de
domestication ne cesse de se répandre. L’outil fondamental de la
domestication est l’amour conditionnel : « Je t’aime à condition que tu
te conduises comme ceci. » Vous lui donnez votre accord et finissez
par appliquer cette déclaration sur vous-même.
Quand vous verrez que le monde est virtuel et non réel, cela vous
aidera à apprécier votre réalité virtuelle. Cela vous permettra de
continuer à accepter votre rêve quotidien et de faire des choix plus
sages, parce que vous saurez que votre histoire est votre création et
qu’elle n’est vraie que pour vous. En même temps, vous êtes en lien
avec des millions de gens qui font exactement la même chose, sauf que
la plupart d’entre eux n’ont pas conscience que c’est ce qu’ils font. Ils
croient vraiment que tout ce qu’ils font est pertinent et tellement réel,
mais, comme vous aurez cette conscience, vous n’aurez pas les
réactions auxquelles tout le monde s’attend. Quand vous ne prenez rien
personnellement, vous cessez de réagir à tous les drames parce que
vous vous rendez compte que les autres sont perdus dans leur propre
rêve.
Quand nous apprenons un langage, nous apprenons vraiment des
symboles et nous leur donnons un sens. La connaissance remplace la
vérité quand nous plaçons tout le pouvoir de notre foi dans la création
de ces symboles. La foi consiste à croire en quelque chose à cent pour
cent, sans avoir aucun doute. La connaissance prend le dessus sur notre
esprit quand nous avons une croyance inébranlable dans tout ce que
nous savons.
Si nous pouvons maintenir la conscience que tout ce que nous
savons n’est vrai que parce que nous lui donnons notre accord, nous
découvrons que la connaissance n’est jamais réellement vraie. Elle
n’est vraie que pour les humains qui donnent leur accord à sa
signification. La vérité authentique existait bien avant la création de la
connaissance humaine et elle existera encore longtemps après
l’extinction de l’humanité. Elle n’a pas besoin que qui que ce soit croie
en elle.
Il n’y a aucun moyen d’expliquer la vérité. Nous utilisons le langage
pour essayer de la définir, et nous pouvons nous en approcher de près,
mais la seule façon de connaître la vérité est de la vivre.
La Vie met en mouvement des manifestations tout entières, des
créations tout entières. C’est le grand phénomène que j’ai compris
cette nuit-là dans le désert : il n’y a qu’un seul être, et cet être est
vivant. La Vie ne meurt pas. Puisque nous sommes la Vie elle-même,
nous existions bien avant notre conception. Et nous existerons bien
après la mort de ce corps physique, parce que ce que nous sommes ne
peut pas être détruit.
« T oltèque » n’est qu’un mot, rien de plus. En nahuatl, il signifie
« artiste ». Donc quand je parle de sagesse toltèque, je parle vraiment
de la sagesse de l’artiste. Et, sur cette belle planète Terre, il y a sept
milliards d’artistes. Peut-être ne savent-elles pas qu’elles sont artistes,
mais chacune des personnes qui vivent sur cette planète crée un chef-
d’œuvre, à savoir l’histoire de sa vie. Chaque personne crée le
personnage principal de son histoire, tous les personnages secondaires,
ainsi que toutes les règles de cette histoire.
Dans mon histoire, le personnage principal est Miguel Ruiz. Tout
dans cette histoire concerne Miguel : sa façon de marcher, sa façon de
parler, sa façon de croire, ses opinions, ses perceptions. Miguel
comprend ou ne comprend pas tout, mais tout tourne autour de lui.
Pendant longtemps, j’ai cru que j’étais Miguel. Je pouvais jurer sur ma
vie que j’étais Miguel, au point que cela était devenu mon identité.
Tout le monde me connaissait sous le nom de Miguel. Mais comme
vous, je n’avais même pas choisi mon nom ; mes parents l’avaient
choisi pour moi, j’ai grandi en leur donnant mon accord sur ce nom et
je suis devenu Miguel. J’ai créé cette image de Miguel avec l’aide de
mon entourage. À présent, je sais que ce n’est pas vrai. Je ne sais pas
ce que je suis. Miguel n’est que le personnage principal de l’histoire ;
et cette histoire est belle, car toutes les histoires sont belles.
Il vous sera vraiment impossible de changer la planète si vous ne
commencez pas par changer vous-même. Oui, bien sûr, vous pouvez
apporter quelques changements, en fonction de vos connaissances et
de vos croyances ; mais ces connaissances et ces croyances limiteront
votre aide, et il ne s’agira pas de changements durables. Si vous voulez
vraiment changer le monde, vous devez d’abord changer votre propre
monde, celui que vous créez. Cela signifie que vous devez trouver la
liberté à l’intérieur de vous au lieu de la chercher à l’extérieur. À
l’extérieur, les gens élèvent des barrières et tracent des frontières à ne
pas dépasser pour essayer de vous empêcher de changer, mais les
barrières les plus hautes sont celles que vous érigez vous-même.
Quand nous sommes nés, nous n’avions aucune connaissance, nous
ne savions rien. Mais, en grandissant, nous avons essayé de donner un
sens à notre monde, et c’est ainsi que notre connaissance s’est
développée, jusqu’à prendre le contrôle de notre esprit. Quand vous
aurez vaincu la connaissance, cela ne veut pas dire que vous ne
l’utiliserez plus. En fait, c’est exactement le contraire. Vous vous
mettrez à utiliser la connaissance au lieu de la laisser vous utiliser.
Cela signifie que vous montrerez un certain scepticisme sur ce que
vous diront les gens ou les voix qui sont dans votre esprit. En étant
conscient, vous pourrez discerner le vrai du faux et décider ce qui est
vrai pour vous. Vous contrôlerez ainsi la connaissance, et celle-ci vous
obéira ; et non le contraire.
Au fur et à mesure que nous grandissons et que notre attention est
captivée par les autres dans le rêve de la planète, nous créons une
identité fondée sur ce que tous les autres pensent de nous. Nous
voulons plaire à tout le monde, mais bien sûr c’est impossible. Chaque
personne nous perçoit d’une façon complètement différente. Et nous
nous percevons de différentes façons également. Vous pouvez ainsi
voir les conflits qui naîtront si vous essayez d’être ce que les autres
veulent de vous. Plutôt que d’essayer de créer une identité, lâchez prise
de toutes les identités. C’est ce que j’appelle « être authentique ».
Après ma crise cardiaque, j’ai ressenti de la douleur pendant
longtemps. C’était une douleur permanente, elle était présente toute la
journée, jour après jour, et cela ne me dérangeait pas. Ressentir de la
douleur n’est pas une raison pour souffrir. Bien sûr, ce peut être une
très bonne excuse, mais elle ne nous donne pas vraiment de raison de
souffrir. Ce qui importe est l’objet de mon attention, quel qu’il soit.
J’ai donc focalisé ma concentration sur tout ce que j’aimais et pouvais
faire. Je ne voulais pas porter mon attention sur la douleur ou sur tout
ce que je ne pouvais pas faire. Je la focalisais uniquement sur ce que je
pouvais accomplir, et j’agissais en conséquence.
Ensuite, dès que mon corps a repris un peu de forces, j’ai
recommencé à enseigner. Et quand mon corps est devenu un peu plus
solide encore, je me suis remis à emmener des gens à Teotihuacan. J’ai
ainsi pu reprendre une vie plus normale, contre toute attente. Je me
réjouissais de ce que je vivais, et j’ai pu vivre ainsi en commençant par
focaliser mon attention sur ce que j’aimais faire plutôt que sur la
douleur que je ressentais.
Célébrer l’amour est extrêmement facile. Nous sommes nés pour
aimer et c’est notre destin, parce que c’est ce que nous sommes.
L’amour est ce qui nous permet de créer toute chose. Toutefois, quand
notre attention est prisonnière de la peur, nous craignons d’exprimer
l’amour que nous sommes vraiment. J’aime affirmer que nous sommes
tous des usines d’amour sans en être conscients. Ce qui vous rend
heureux est l’amour qui émane de vous et non l’amour des autres pour
vous.
Ce n’est pas parce que vous aimez que vous devez vous attendre à
ce que les autres vous aiment en retour. Ils n’ont pas besoin de vous
aimer, et vous n’avez pas besoin de leur amour, parce que vous êtes
l’amour. Beaucoup de gens parcourent le monde à la recherche de
l’amour, à mendier de l’amour, parce qu’ils croient ne pas en avoir,
mais ce n’est pas vrai.
Votre corps n’est que de la matière, il ne peut se mouvoir si la force
de Vie n’est pas là pour le mettre en mouvement. C’est exactement la
même force de Vie qui met votre corps et le mien en mouvement. La
séparation que vous percevez entre mon corps et le vôtre n’est même
pas réelle. Vous pouvez remarquer que vos pieds sont sur le sol, et les
miens également ; nous sommes tous reliés par la terre. De plus, il y a
de l’air entre vous et moi, et celui que vous respirez est le même que
celui que je respire. Les sons que vous entendez sont ceux que
j’entends. Nous sommes donc connectés. Nous ne voyons tout
simplement pas cette connexion. Votre corps est relié au mien d’une
façon ou d’une autre, et c’est seulement à cause de la connaissance que
l’idée de séparation existe.
Quand vous deviendrez un maître, vous le saurez. C’est un peu
comme si vous cherchiez quelque chose sans savoir ce dont il s’agit
jusqu’à ce que vous le trouviez. Et, une fois que vous l’avez trouvé,
vous devenez un maître.
Commencez par vous exercer avec les outils, car c’est la pratique
qui fait le maître. Utilisez les outils jusqu’à ce qu’ils soient
automatiques. C’est ainsi que vous êtes devenu maître de la colère et
de la jalousie : vous les avez pratiquées pendant tellement d’années
que vous réagissez maintenant automatiquement avec colère ou
jalousie dans certaines situations. À présent, pratiquez le bonheur, l’art
de vivre de l’artiste, et cela deviendra automatique : vous en
deviendrez le maître.
Quand vous êtes né, vous n’aviez aucune connaissance. La société
détenait toute la connaissance. Elle a capté votre attention pour
télécharger en vous toutes les connaissances que vous possédez à
présent (votre langage, vos croyances, absolument tout) et vous y avez
donné votre accord. Enfant, vous vouliez être comme les adultes et
faisiez semblant d’être comme eux. Rappelez-vous : quand vous jouiez
à « faire l’adulte », votre beau visage souriant devenait extrêmement
sérieux, car vous faisiez semblant d’avoir plein de problèmes
d’adultes, puisque c’est ce que vous aviez observé et appris d’eux.
Ensuite, vous avez grandi et vous êtes devenu exactement comme
eux ; vous n’aviez donc plus besoin de faire semblant. C’est ainsi que
vous avez appris à souffrir.
Dans notre société, nous entendons souvent parler de problèmes
« domestiques », ce qui signifie en réalité qu’une personne essaie d’en
domestiquer une autre. Quiconque a plus de pouvoir l’imposera à celui
qui en a moins. Les gens sont constamment en train d’essayer de se
domestiquer mutuellement. Voilà le problème principal de notre
société.
Nous avons appris à aimer de façon erronée. Notre façon d’aimer est
plus une méthode de domestication. Nous avons appris à aimer avec
conditions. Mais cette forme d’amour est le contraire de l’amour réel,
car elle est fondée sur la peur. Je t’aime si tu me laisses te contrôler. Je
t’aime si tu me laisses te domestiquer. Si tu fais ce que je veux, nous
pourrons être tellement heureux ! Si tu t’habilles comme je le veux, si
tu parles comme je le veux, si tu ne me mets pas dans l’embarras, alors
je t’aimerai, c’est sûr.
Nous nous aimons aussi avec conditions. Je m’aimerai si je réussis
ceci. Si je ne réussis pas, je me rejetterai. Voilà la source de tous nos
problèmes.
Les gens veulent croire qu’il y a quelque chose (une forme de
puissance) qui crée tout ce qui existe. Ils ont raison, bien sûr, mais ce
quelque chose n’a pas de nom. Je l’appelle « la Vie ». La Vie est la
force qui met tout en mouvement et qui crée toute la matière que vous
percevez ainsi que toute la matière que vous ne pouvez pas percevoir.
Il n’y a vraiment qu’une seule force. Tout ce qui existe n’est qu’un seul
être, et cet être est en vie. C’est pour cette raison que j’affirme que
« nous sommes la Vie ». L’intellect comprendra cette déclaration et la
transformera en connaissance, mais il ne s’agit là que de mots. Nous
pouvons appeler cette force « Dieu » ou nous pouvons l’appeler « la
vérité », mais ce ne sont que des mots.
Ce que vous pratiquez est ce qui se manifestera dans votre vie. Nous
nous faisons toutes sortes d’idées et d’opinions en grandissant, et ce
que nous nous exerçons à faire est ce que nous maîtrisons. Vous
pouvez devenir un maître de la colère, un maître des jugements, un
maître de la jalousie ou vous pouvez pratiquer les accords toltèques. À
vous de choisir.
Notre véritable maître est la Vie. La Vie fait tout apparaître autour
de nous ; chaque événement qui se manifeste autour de nous est régi
par la Vie. Et la Vie est aussi en nous. Elle est cette puissance, cette
force qui met en mouvement chaque atome de notre corps, chaque
électron, qui développe chacun des tissus. La Vie apprend de la vie, de
la vie qui est en nous et de celle qui est autour de nous. Et quand vous
finissez par maîtriser les accords toltèques, vous vous alignez sur la
Vie. L’intérieur et l’extérieur sont en harmonie.
Le mode de vie toltèque n’est rien d’autre que du bon sens. C’est le
mode de vie d’un artiste. Nous créons une histoire qui n’est vraie que
pour nous et pour personne d’autre, et cette histoire est notre art.
Même la vie la plus misérable est un chef-d’œuvre et, si nous sommes
conscients, nous pouvons changer toute notre histoire et la rendre bien
meilleure. Personne d’autre que nous ne peut le faire ; nous sommes
les seuls à pouvoir changer l’histoire de notre vie parce que c’est nous
qui l’avons créée. Nous vivons cette histoire, et si nous ne l’aimons
pas, nous seuls pouvons la changer. Nous pouvons la rendre plus
compliquée comme nous pouvons la rendre très simple, vraiment très
simple. Cela ne tient qu’à nous.
Si vous voulez changer votre monde parce que vous n’êtes pas
heureux dans la vie, rappelez-vous que vous ne le transformerez jamais
en essayant de transformer les autres. Il est vain d’essayer de changer
votre mère, votre père, votre bien-aimé, vos enfants ou qui que ce soit
d’autre : ils ne changeront pas simplement parce que vous voulez les
changer. Le seul moyen de modifier votre histoire consiste à changer le
personnage principal, c’est-à-dire vous-même. C’est le seul moyen.
Vous modifiez ce que vous croyez de vous, et tout ce qui vous entoure
se mettra à changer. Comme par magie. Boum ! Quand cela arrive, ça
ne signifie pas que les gens ou les choses qui vous entourent ont
changé. Ce qui a évolué, ce sont vos croyances les concernant. Tout
commence par le changement de vos croyances sur vous-même.
Comprenez ceci et vous découvrirez la vérité qui vous libérera.
Quand vous comprenez que nous créons notre propre histoire, vous
comprenez pourquoi il est inutile de réagir à quoi que ce soit de façon
personnelle. Nous vivons dans un monde que nous créons, et tous les
gens qui nous entourent sont des personnages secondaires de notre
histoire. C’est valable pour tout le monde : chaque personne est le
centre de l’univers qu’elle crée, et vous êtes un personnage secondaire
de son histoire. En ayant conscience de cela, vous réalisez que chaque
action de l’autre personne a pour origine la perspective de sa propre
histoire et qu’elle n’a rien à voir avec vous. En d’autres termes, il n’y a
rien de personnel.
Mes parents m’ont appelé Miguel, Miguel Angel Ruiz. J’étais
d’accord avec eux, et c’est ainsi que je me suis présenté où que j’aille,
mais est-ce vraiment ce que je suis ? Non, bien sûr que non. Ce que je
suis ne peut pas être exprimé par des mots. Le nom auquel vous
répondez est-il ce que vous êtes vraiment ?
Quand les gens me demandent : « Miguel, qui es-tu ? », je réponds
par exemple : « Je suis papa, je suis chirurgien, je suis écrivain, et je
peux tout vous raconter sur le personnage principal de l’histoire de
Miguel Ruiz. » Mais quelle est la part de vérité dans ce que je dis ? La
vérité est que je n’ai aucune idée de ce que je suis. Et quand je dis que
je n’ai aucune idée de ce que je suis, c’est exactement comme si j’étais
un chien qui ne savait pas qu’il était un chien, ou un chat qui ne savait
pas qu’il était un chat. Nous les appelons « chien » et « chat », mais ils
ne savent pas ce qu’ils sont et cela leur est égal. Voilà le plus important
dans l’histoire : cela leur est égal. Ils existent, tout simplement. Mais, à
nous, cela ne nous est pas égal.
« Oh, je suis un être humain, affirmons-nous, et je suis le meilleur
de la création. » Voilà qui est vraiment stupide.
Je dis toujours aux gens : « Ne vous croyez pas », et ils me regardent
d’un air confus. Je le dis parce que, pour tellement de personnes, la
voix qui est dans leur esprit leur raconte des choses comme : « Tu es
gros, tu es laid, tu es stupide », mais rien de tout cela n’est vrai. Vous
vous racontez des mensonges.
Il est important de cesser de croire votre voix. Reconnaissez que
vous avez été programmé depuis votre naissance à aimer certaines
choses et à ne pas en aimer d’autres, jusqu’à ce que la voix qui est
dans votre tête soit envahie d’idées qui ne sont même pas les vôtres.
Vous avez créé tout un système de croyances fondé sur les idées des
autres, et vous n’avez aucun moyen de vous défendre contre tous ces
concepts ou croyances qui ont été déposés en vous pendant votre
enfance. Commencez donc par ne plus croire en cette voix, celle qui
est en vous, et vous pourrez alors découvrir ce qui est vraiment vrai
pour vous.
Une fois que vous vous respectez, vous êtes pleinement en paix,
parce que vous respectez également tous ceux qui vous entourent.
Vous savez que les gens vivent dans leur rêve et vous n’avez aucun
besoin de déranger ces rêves. Vous les respectez. Vous pouvez toujours
livrer votre message. Et ce message n’est autre que l’amour. Si vous
comprenez ceci, vous comprenez le Bouddha, vous comprenez Moïse,
le Christ, Krishna et tous les autres maîtres, parce que c’est exactement
ce qu’ils ont fait.
Vous créez votre propre histoire, vous vivez dans votre histoire, et
celle-ci est tellement convaincante que vous ne remarquez même pas
qu’il s’agit effectivement d’une histoire que vous avez créée. Dans
cette histoire, vous inventez d’autres personnes qui sont des
personnages secondaires et qui incluent tous les gens que vous
connaissez, car tous en font partie. Mais la personne la plus importante
de votre création est le personnage principal ; et ce personnage, c’est
vous. Vous créez ce personnage principal, et toute l’histoire tourne
autour de vous. Dans la mienne, le personnage principal est Miguel
Ruiz. Mais il ne s’agit que d’un personnage. Il n’est pas réel, et rien de
lui n’est vrai. Toute mon histoire tourne autour de Miguel Ruiz : des
perceptions de Miguel, des pensées de Miguel sur ce qu’il perçoit…
Mais il ne s’agit que de son point de vue, et celui-ci est en constant
changement, exactement comme dans votre histoire.
Avec la connaissance, c’est-à-dire avec le langage que nous parlons,
nous déformons la vérité. Nous disons que quelque chose est bien ou
mal, juste ou faux, et nous jugeons tout. C’est alors que la vérité
devient un mensonge. Il n’y a rien qui soit bien ou mal ni juste ou
faux. Non, ces jugements sont une déformation, et chaque être humain
a une image de la vérité qui a été déformée par toutes les opinions
qu’il a apprises. Si nous n’en prenons pas conscience, nos opinions
deviennent si fortes qu’elles vont finir par régner sur notre vie, au
point que tout ce que nous verrons ne sera que déformation.
La force qui crée notre véritable histoire est la Vie même. La Vie est
la force qui met la matière en mouvement, et cette force est ce que
nous sommes vraiment, parce que nous sommes la Vie même. Bien
sûr, cette force de Vie est énergie. Vous pouvez aussi l’appeler
« Dieu » si vous le voulez, vous pouvez l’appeler « la vérité », mais
elle est énergie.
Peut-être vous rappelez-vous avoir appris à l’école, en cours de
physique, que l’énergie ne peut pas être détruite mais seulement
transformée ; nous sommes donc tout le temps en train de transformer.
La Vie met la matière en mouvement à chaque instant et, ce faisant,
elle se reflète dans la matière. C’est ce reflet que nous utilisons pour
créer l’histoire de notre vie, le reflet de la vérité.
Un chien ne sait pas qu’il est un chien, et un chat ne sait pas qu’il est
un chat. Nous affirmons être des humains, mais le terme « humain »
n’est qu’un accord, une convention. Tout ce que l’esprit connaît est le
résultat d’accords conclus avec tous ceux qui nous entourent
concernant le sens de toute chose. Tous les mots ne sont que des
symboles, et nous donnons notre accord au sens de ces symboles pour
pouvoir apprendre une langue. Cela nous prend beaucoup de temps,
des années. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais vous ne pouvez
penser que dans la langue que vous parlez. Vous ne pouvez rêver que
dans la langue que vous parlez, ce qui signifie que tout ce que nous
apprenons n’est vrai que parce que nous sommes d’accord sur son
sens, pas parce que c’est la vérité.
Nous créons le personnage principal de notre histoire, et ce
personnage a peur de l’inconnu. Mais la Vie même est un grand
inconnu. Tout ce que nous pouvons affirmer sur la Vie est qu’elle est la
force qui met la matière en mouvement. Nous pouvons l’appeler
« Dieu » ou « énergie », peu importe le nom que nous lui donnons.
C’est ce que nous sommes vraiment. Cette énergie met notre corps en
mouvement, met les étoiles en mouvement, fait éclore les fleurs et
tourner la Terre autour du Soleil.
Dans la réalité virtuelle qu’est notre esprit, le personnage principal a
peur de cette force inconnue. Nous avons créé des histoires effrayantes
sur ce que nous ne comprenons pas, nous croyons qu’elles sont vraies.
Mais, en vérité, il n’y a rien à craindre, jamais.
Quand vous êtes conscient que vous ne connaissez personne et que
personne ne vous connaît vraiment (que chacun ne fait que réagir à
l’image qu’il a des autres, et même à sa propre image), vous ne prenez
plus rien personnellement. Nous pouvons dire alors que vous êtes
« immunisé ». En conséquence, vous ne faites même pas semblant de
savoir pourquoi les autres font ce qu’ils font, parce que cela est
impossible. De plus, vous ne les jugez plus, parce que vous ne savez
pas pourquoi ils font ce qu’ils font. Vous les acceptez simplement tels
qu’ils sont.
Si je vous parle en ce moment, c’est en fait à moi que je parle, parce
que je suis vous. Je suis tous ceux qui m’écoutent ou qui lisent les
mots que j’écris, et c’est la raison pour laquelle je vous aime tous. Ce
qui me rend heureux n’est pas votre amour pour moi, mais l’amour que
j’éprouve pour vous tous. L’amour qui émane de moi rend mon corps
physique pleinement heureux. C’est mon être véritable qui se
manifeste. Je m’incarne dans mes livres, et quiconque lit ces livres
entre véritablement dans l’art de vivre de Miguel et dans la vie même
de Miguel, parce que c’est authentique. Je ne fais pas semblant d’être
quoi que ce soit. Comment pourrais-je faire semblant, quand je ne sais
même pas ce que je suis ? Je sais seulement que je suis.
Comment changer votre monde ? La première étape consiste à
prendre conscience que c’est vous qui créez votre monde et que, de ce
fait, vous en êtes responsable. Personne d’autre que vous n’est
responsable de votre création. C’est extrêmement important à
comprendre. Vous êtes pleinement responsable de votre création. Or,
dans votre création, il y a un conflit. La plupart des religions, des
philosophies et des livres d’Histoire racontent que ce conflit oppose le
bien au mal, mais ce n’est pas vrai. Le combat entre le bien et le mal
est le résultat du réel conflit qui existe dans l’esprit humain : celui qui
oppose la vérité au mensonge. Vous changez votre monde en croyant
en la vérité et en agissant conformément à cette vérité.
Les croyances sont des idées dans notre esprit, rien de plus. Chaque
personne est libre de croire ce qu’elle veut ; je ne suis pas là pour
imposer des croyances à qui que ce soit. Je ne perçois le monde entier
que de mon point de vue, donc ce que je vois est vrai pour moi, mais
ne l’est pas nécessairement pour d’autres. Puisque je le sais, je ne porte
aucun jugement sur ceux qui veulent être riches, tout comme je n’en
porte aucun sur les hommes politiques qui veulent contrôler les gens.
Je ne porte aucun jugement sur tout cela, parce que, en regardant avec
plus de hauteur, vous voyez le parfait équilibre du monde et
comprenez que tout est parfait. Tout est en évolution. Quand vous vous
considérez comme un individu, tout est différent : c’est alors que vous
voyez la peur tout autour de vous.
Vous pouvez voir les problèmes qu’il y a dans le monde, et il n’y a
aucun mal à vouloir aider à les résoudre, tant que vous vous rappelez
que ce ne sont pas les vôtres. Aucun problème n’est le vôtre ; n’en
faites donc pas une affaire personnelle. Je parle ici de tous les
problèmes, y compris de ceux que vous croyez être vraiment vôtres.
Car ils ne le sont pas. Quand vous vous rappelez ceci, il vous suffit
alors de faire de votre mieux et vous saurez que le résultat sera parfait,
quel qu’il sera. Le résultat ne dépend pas de vous.
Vous pouvez dire que nous vivons une époque très intéressante, mais
bien sûr cette affirmation est toujours vraie, car chaque jour est
particulier. Votre façon de voir le monde dépend de votre rêve
personnel. En d’autres termes, vous pouvez avoir une perspective de la
situation très vaste ou au contraire très étroite. En fonction de votre
point de vue, il peut sembler que nous traversons une époque de
drames terribles, de graves crises, et que d’innombrables événements
inacceptables ont lieu dans le monde. Mais, en ayant un regard plus
vaste sur le monde, vous pouvez voir tous les beaux êtres vivants qui
peuplent la planète Terre. Bien qu’il se passe toutes sortes de faits en
même temps, ceux-ci ne peuvent avoir de répercussions sur notre
véritable humanité. Tout est beau, parfait et en évolution, tout le temps.
Quand vous cessez de juger tout ce et tous ceux qui vous entourent,
y compris vos parents, vos enseignants, votre gouvernement et Dieu,
vous arrivez à ce que nous appelons « le jugement dernier ». Cela
signifie que c’est la dernière fois que vous vous jugez. À ce moment-
là, la guerre qui sévissait en vous est terminée. C’est la fin de votre
histoire et le début d’un nouvel ordre mondial, un monde de paix et de
joie en vous. C’est le Monde du maître.
Si vous vous rappelez l’histoire de Jésus dans le désert, où pendant
quarante jours il a fait face à toutes les tentations de Satan, vous
pouvez voir que Satan est la personnification de sa connaissance. Le
dernier jour, il cesse de se juger et, grâce à ce jugement dernier, il n’y a
plus de Satan. Jésus devient le Christ, ce qui signifie qu’il devient le
maître. Il commence à partager ce qu’il sait avec ceux qui veulent
l’écouter.
Nous retrouvons la même idée chez le Bouddha lorsqu’il s’assied
sous l’arbre de la Bodhi et doit affronter Mara, une autre version de
Satan. Il touche la terre et dit à Mara : « La terre en est témoin, tu n’es
pas réel. Tu n’es qu’une illusion. Tu es un reflet de moi-même. » Et
c’est ainsi que Mara disparaît. Siddhartha devient le Bouddha, le
maître.
Comment avez-vous créé le personnage principal de votre histoire ?
C’est très simple : tout a commencé par les opinions de tous ceux qui
vous entourent. Depuis votre plus tendre enfance, tout le monde vous a
dit qui vous êtes, ce que vous êtes, et on vous a même donné un nom.
Vous avez fait de gros efforts pour essayer de plaire à tout le monde : à
vos parents, à votre famille, à vos amis puis à vos enseignants. Sans
vous en rendre compte, vous avez répondu à leurs attentes concernant
qui vous êtes et ce que vous êtes, et cela est devenu votre identité.
Nous pourrions définir la planète Terre comme un être vivant en
constante évolution, et l’humanité comme >un simple aspect de la
planète. L’humanité est un organe de la planète Terre, à l’instar des
animaux, des forêts et des océans. Chacune des espèces est un organe
de la Terre. L’humanité est composée de plus de sept milliards d’êtres
vivants, et ensemble nous ne faisons qu’un. De ce point de vue, nous
pouvons voir l’évolution de l’humanité comme une partie intégrante de
l’évolution de la planète Terre. C’est au cours des périodes de crise que
l’humanité change afin de faire émerger quelque chose de nouveau.
Après ces changements, nous pouvons affirmer que nous entamons une
nouvelle période de stabilité. C’est ce qui se passe tout le temps, par
cycles, et cela fait partie de la croissance plus vaste de l’organisme
qu’est cette belle planète.
Nous n’avons aucune idée de ce que nous sommes vraiment, mais
une chose est sûre : nous ne sommes pas ce que nous croyons. Le
personnage principal de notre histoire a peur de l’inconnu. Le
personnage principal craint tout ce que l’esprit ne connaît pas, tout ce
qu’il ne comprend pas. Le personnage principal a surtout peur de
mourir, parce que l’esprit ne sait pas ce qu’est la mort. Le corps
physique est mort depuis le moment de sa conception.
Le corps est de la matière, il a un commencement et une fin, mais la
Vie – la force qui met la matière en mouvement – est immortelle et ne
peut pas être détruite. Notre plus grave erreur est de croire que nous
sommes notre corps. C’est à cause de cela que nous avons peur de
mourir.
À la naissance, nous n’avons aucune connaissance. La connaissance
arrive bien plus tard, quand nos parents captivent notre attention et
nous enseignent des sons que nous répétons jusqu’à finir par les
maîtriser. À un certain moment de notre développement infantile, il se
passe quelque chose d’extraordinaire : nous commençons à nous parler
à nous-mêmes. Nous conversons avec nous-mêmes à travers une voix
que personne d’autre n’entend. Nous l’appelons « la pensée ». Avec
cette pensée, nous créons une histoire dans notre tête et nous
commençons à faire des suppositions. Mais, ce faisant, nous perdons la
conscience. Nous vivons dans notre esprit au lieu de vivre l’instant
présent. Et c’est ainsi que nous oublions que toutes les choses que nous
voyons sont beaucoup plus magiques que nos propres conclusions à
leurs sujets. La magie est là juste devant nous, à chaque instant.
Les relations peuvent être tellement agréables, tellement belles et
merveilleuses, tant que vous vous souvenez que tout ce qui a un
commencement aura tôt ou tard une fin. Les relations ont un
commencement et elles ont aussi une fin. Toutes les relations, pas
seulement les relations amoureuses. Tout ce qui a un commencement
aura une fin. Tout est impermanent. La seule vérité est ici et
maintenant et, ici et maintenant, vous êtes avec l’amour de votre vie :
vous-même. Même la relation que vous avez avec votre corps
physique s’achèvera : elle sera la dernière à s’éteindre. Quand votre
corps partira, la vie sera toujours ici et maintenant. Vous êtes la vie et
vous êtes éternel.
Progressivement, la vérité a été déformée pour se conformer aux
opinions de notre entourage : nos parents, nos enseignants, notre
religion et la société. En conséquence, nous avons passé notre vie à
essayer d’être à la hauteur des opinions des autres, agissant souvent
contre notre intégrité. C’est la base de la domestication humaine, et la
prise de conscience est la clé pour y mettre fin. Quand vous comprenez
que les opinions des autres ne sont pas des faits établis, vous pouvez
vous libérer de votre domestication.
Quand j’ai eu l’accident de voiture qui a changé ma vie, j’ai vu tout
l’accident au ralenti. J’ai vu mon corps inconscient et j’ai su que le
cerveau était inconscient. J’ai pu voir que la voiture était détruite mais
que mon corps était en parfaite sécurité.
Quand je me suis réveillé à l’hôpital, le lendemain, je n’ai pas pu
ignorer cette expérience ni être dans le déni de ce qui s’était passé. Je
savais dorénavant que je n’étais pas mon corps. Les gens me
demandent s’il leur est possible de reproduire cette expérience. En
vérité, la réponse est oui. Si vous renoncez à tout, si vous lâchez prise
de tout et vous vous abandonnez complètement, alors vous sortirez de
votre corps et vous aurez la même expérience. C’est facile à dire mais
extrêmement difficile à faire, parce que l’esprit veut toujours garder le
contrôle.
Une fois que vous avez compris que vous êtes parfait, vous placez
toute votre foi en vous-même. Vous avez confiance dans toutes les
décisions que vous prenez parce qu’elles viennent de vous et que vous
êtes le centre de tout votre univers. Si vous n’aimez pas votre façon de
vivre, vous la changerez. Quand vous savez que vous êtes parfait, vous
faites ce qu’il y a de mieux pour vous tout naturellement. C’est
tellement simple et tellement logique. Ce n’est vraiment que du bon
sens.
Vous n’avez pas pour responsabilité de changer le monde, ce n’est
pas votre travail. Ce n’est pas votre mission dans la vie. En fait,
changer le monde n’est la mission de personne. Votre vraie mission
dans la vie est très importante, et cette mission est de vous rendre
heureux. C’est la seule que vous ayez dans la vie, et elle est la même
pour tout le monde. Vous n’êtes pas responsable du bonheur d’autrui.
Vous n’êtes pas responsable de la positivité ou de la négativité qui est
dans le monde. Vous êtes responsable de vous-même. La meilleure
chose que vous puissiez faire pour le monde est de vous prendre en
charge.
Ne me croyez pas, ne croyez même pas ce que je suis en train de
vous enseigner, tant que vous ne l’avez pas testé par vous-même. De
même, ne croyez pas vos propres pensées sans les avoir éprouvées,
c’est tout aussi important. Les voix qui parlent dans votre esprit sont
de la vieille école et ce qu’elles vous disent est fondé sur ce que vous
avez appris autrefois. C’est pourquoi je les appelle « la voix de la
connaissance ». La connaissance passe son temps à vous parler : c’est
ce que vous appelez « les pensées ». La voix de la connaissance
possède de très nombreuses voix différentes qui se contredisent
souvent mutuellement. Votre travail consiste à ne pas les croire sans
avoir testé ce qu’elles disent. Pendant des années et des années, vous
vous êtes contenté de croire ce qu’elles disaient. À présent, il est temps
de découvrir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.
Ce qui importe le plus est que vous soyez heureux, que vous
appréciez la vie, parce que vous vivez dans le monde que vous créez.
C’est votre propre rêve, qui n’est vrai que pour vous et pour personne
d’autre. Bien sûr, tout le monde fait exactement la même chose, créant
son propre monde, et chaque personne est le centre de son propre
univers. Chaque être humain crée son univers.
Tout l’enjeu de mes enseignements est donc de vous aider à changer
votre monde, à arrêter de vous juger et à désapprendre toute la
connaissance que vous avez reçue des autres afin de créer un très beau
rêve.
Vous connaissez maintenant les outils. Le reste dépend de vous.
Note de l’éditeur :
les histoires de sagesse qui suivent sont des récits racontés par Don
Miguel Ruiz Jr.
Mon apprentissage des accords toltèques

J’ai grandi dans une famille qui avait une riche tradition orale. Nous
sommes les descendants des guerriers aigles toltèques, et chaque
génération transmet à la suivante la connaissance de nos ancêtres par
des histoires et des symboles. Quand je n’étais encore qu’un petit
garçon, mon abuelita (ma grand-mère) Sarita était le chef spirituel de
ma famille et de ma communauté. Non seulement partageait-elle les
histoires de nos ancêtres, mais elle assurait aussi l’entretien d’un
temple appelé Nueva Vida à San Diego, en Californie. Guérisseuse,
elle y a soigné d’innombrables patients et donnait des conférences et
des sermons à la communauté de Barrio Logan tous les jeudis et
dimanches. Quand elle a eu 97 ans, elle a été intronisée au panthéon
des femmes de San Diego pour avoir maintenu la tradition vivante et
l’avoir partagée avec tous les membres de la communauté.
De temps en temps, elle accomplissait des cérémonies spéciales sur
une montagne appelée Madre Grande à Dulzura, en Californie. Pour
elle, ce lieu était sacré. Pour moi, c’était un terrain de jeu, et j’ai de
nombreux souvenirs magnifiques de ma famille en cet endroit. Mes
cousins, mon frère Jose et moi parcourions ce lieu avec d’autres
enfants et l’explorions autant que nous le pouvions.
Nous avions presque cessé de nous y rendre après qu’abuelita Sarita
était devenue trop âgée. C’est pourquoi je fus surpris le jour où mon
père nous demanda, à mon frère Jose et à moi, si nous voulions passer
la journée à Disneyland ou si nous préférions aller à Madre Grande.
Mon frère opta pour le second choix et je le suivis dans sa décision.
J’avais alors 14 ans et Jose en avait à peu près 11. Comme Disneyland
ne m’intéressait pas beaucoup à l’époque, je trouvais que c’était une
bonne idée. Ces journées en montagne avec ma famille me
manquaient, et je voulais les revivre.
Quand nous sommes arrivés, mon père nous a emmenés nous
promener sur les lieux pour les explorer comme nous l’avions toujours
fait. Nous avons commencé à escalader les gros rochers et avons
trouvé un petit chemin qui nous a conduits à peu près au milieu du
flanc de la montagne. Jose ouvrait la voie, et mon père et moi le
suivions. C’est alors qu’il découvrit une fissure qui ressemblait à une
grotte faite par quatre grands rochers. Mon père y pénétra en premier
pour s’assurer que nous y serions en sécurité, puis il nous invita à l’y
rejoindre.
Nous nous assîmes, et mon père commença à nous raconter
l’histoire de notre famille : il nous parla de Don Eziquio Macias, le
grand-père de mon abuelita, de son père, Don Leonardo Macias, de la
culture et de la philosophie toltèques, ainsi que d’un serpent légendaire
à deux têtes qui représentait la vérité1.
— Je considère votre désir de venir ici comme un signe du destin,
déclara-t-il. Cela signifie qu’il est temps de vous initier à la voie des
Toltèques. Avez-vous envie d’être initiés ?
Jose et moi nous regardâmes et hochâmes la tête affirmativement.
Nous avions tous deux attendu avec impatience le jour où nous
pourrions en savoir plus sur la tradition de notre famille.
— Bien, reprit mon père.
Il sortit alors deux petites sacoches en cuir qu’il avait transportées
dans son sac à dos et en donna une à chacun de nous. Il y avait à
l’intérieur de chacune d’elles un bâton, une ficelle rouge, un tissu
rouge, une ficelle en cuir, sept pierres (cinq grises, une noire et une
blanche) et une plume d’aigle. Il nous demanda de tout sortir et de
porter chaque objet près de notre cœur.
— Ceci est votre initiation, mes fils. Vous êtes les artistes de votre
vie et vous êtes en train de faire les cinq premiers pas du très long
voyage vers l’amour et la découverte de soi. Vous continuerez à utiliser
le rêve de la planète pendant de nombreuses années, vous vous y
perdrez et vous retrouverez votre route pour rentrer à la maison, et je
serai là pour vous, à chacun de vos pas. Prenez les pierres et tenez-les
dans votre main gauche. Chacune d’elles représente un accord que
vous allez conclure en tant qu’apprentis.
Nous nous exécutâmes et écoutâmes le sens de chaque pierre :
— La première pierre représente l’accord selon lequel votre parole
est impeccable. Car c’est votre parole qui crée le rêve dans lequel
vous vivez. Votre façon de l’utiliser vous rendra heureux ou triste. Mais
si votre parole est impeccable, vous connaîtrez toujours l’amour.
La deuxième pierre représente l’accord qui consiste à ne rien
prendre personnellement. Rien de ce que font les autres n’est de votre
faute, ce qui signifie que vous n’êtes responsables que de vos actes et
de vos perceptions. Voilà la clé qui permet de vivre sa vie avec libre
arbitre.
La troisième pierre représente l’accord qui consiste à ne pas faire
de suppositions. Soyez toujours disposés à demander quand vous ne
savez pas. Si vous réagissez avec votre propre histoire, vous risquez de
commencer à croire à une illusion. Soyez toujours disposés à voir la
vie telle qu’elle est.
La quatrième pierre représente l’accord qui consiste à toujours faire
de son mieux. Votre mieux changera constamment, mais soyez toujours
disposés à agir quand la vie vous en donne l’occasion.
La cinquième pierre représente l’accord qui consiste à écouter tout
en étant sceptique. Y compris sur ce que je vous dis. Ne me croyez pas,
mais écoutez. Ne vous croyez pas, ne croyez pas le narrateur qui est
dans votre esprit, mais écoutez. Et ne croyez personne, mais écoutez.
L’idée, mes fils, est de toujours écouter avec scepticisme. Il y a un
élément de vérité dans toutes les voix que vous entendez, mais c’est à
vous de distinguer quelles parties de leur discours sont vraiment
authentiques pour vous.
Sixièmement, cette pierre noire représente la Mort. La Mort est
notre plus grande enseignante ; elle nous donne tout ce que nous
avons et elle nous reprendra tout. Alors apprenez à apprécier ce que
vous avez et soyez prêts à lâcher prise de tout ce que la Mort vient
récupérer.
Septièmement, cette pierre blanche représente la Vie. Notre plus
grande peur n’est pas la Mort, mais la Vie. N’ayez pas peur de vivre,
n’ayez pas peur d’être vous-même, n’ayez peur de rien – appréciez
tout tant que c’est là, et tant que vous êtes là vous aussi.
Le bâton symbolise le voyage de la vie, un serpent à deux têtes qui
représente notre voyage entre deux rêves. Recouvrez à présent le bâton
et les pierres de ce tissu rouge, que vous attacherez avec la ficelle en
cuir.
Maintenant, prenez cette plume – elle symbolise votre liberté, votre
capacité à aller dans n’importe quelle direction de la vie parce que
vous êtes libres comme le vent. Rien ni personne ne peut vous retenir.
Le vent et les ailes œuvrent en harmonie, comme votre esprit et votre
cœur. Rappelez-vous toujours qui vous êtes.

Mon frère et moi fîmes de notre mieux pour suivre les instructions
de mon père, et il nous aida à attacher la plume à l’aide de la ficelle
rouge afin d’achever notre objet de pouvoir, symbole de notre
apprentissage. Comme nous finissions, mon père se dressa juste devant
l’entrée de la grotte, dos au soleil, de telle sorte que nous pouvions voir
son ombre sur le sol. Il leva ensuite les mains au-dessus de sa tête, et
son ombre se mit à ressembler à un serpent, la tête de l’animal formée
par ses mains. Il remua ses doigts, imitant à la perfection le
mouvement de la langue du serpent, et se mit à se balancer de gauche à
droite dans une danse rythmique. Son ombre nous donnait l’impression
de voir un serpent qui ondulait sur le sol et tirait régulièrement la
langue.
Mon frère et moi étions en train d’observer l’ombre du serpent
rampant dans la grotte quand, tout à coup, les montagnes s’animèrent
du bruit d’innombrables serpents à sonnette en train d’agiter leur
queue. Mon frère et moi nous regardâmes, stupéfaits : nous n’arrivions
pas à y croire.

Mon père était calme.


— Les serpents à sonnette ont accepté votre initiation, a-t-il
expliqué. Vous êtes à présent des apprentis de la Vie.
Il s’éloigna ensuite prestement, faisant ainsi taire les reptiles. Jose et
moi étions encore en train d’essayer de comprendre ce qui venait de se
passer.
— Il y avait vraiment beaucoup de serpents, dis-je à mon frère.
Mon père rentra dans la grotte et nous demanda d’ouvrir la marche
pour le retour. Nous nous mîmes donc en route, avec un peu plus
d’empressement qu’à l’aller, pour rejoindre la clairière où nous avions
laissé la voiture.

Mon père nous expliqua, tandis que nous descendions de la


montagne en voiture, qu’il allait attendre la fin de notre scolarité avant
de nous pousser vraiment à apprendre ce que nous devions savoir.
— Mais, en attendant, Miguel, tu apprendras aux côtés d’abuelita
Sarita. Vous assisterez aussi tous les deux à mes cours et vous ferez de
votre mieux.

J’ai gardé mon bâton de pouvoir jusqu’à l’âge de 24 ans, quand mon
père le brisa pour mettre fin à mon apprentissage.
Le miroir

En 1988, mon père avait aménagé une salle des miroirs ; c’était une
pièce sans fenêtre et dont les quatre murs étaient couverts de miroirs (y
compris derrière la porte). La salle était petite et ne pouvait accueillir
plus de quatre personnes. Il l’utilisait pour méditer et accomplir son
travail spirituel avec ses élèves ainsi qu’avec mon abuelita Sarita, qui
lui avait transmis la tradition toltèque de notre famille.
Elle avait elle-même utilisé les miroirs pendant de nombreuses
années pour travailler avec ses élèves, et elle nous avait aussi
recommandé, pendant notre enfance, de commencer à nous
familiariser avec les miroirs par des jeux. Quand nous étions petits,
nous jouions par exemple à ne pas cligner des yeux devant une glace.
Mes cousins et moi passions tour à tour devant celle de la commode de
ma grand-mère pour regarder notre reflet dans les yeux. La chambre
était sombre et une bougie illuminait notre visage tandis que nous nous
concentrions pour ne pas cligner des yeux. Nous faisions de notre
mieux pour tenir notre regard le plus longtemps possible, tout en riant
et en nous moquant les uns des autres.
Nous savions que les adultes employaient les miroirs à des fins
spirituelles, mais nous ne comprenions pas vraiment de quoi il
s’agissait. Alors, quand à mes 15 ans mon père m’invita à
l’accompagner dans la salle des miroirs pour ma toute première leçon,
j’étais à la fois impatient et nerveux, ne sachant à quoi m’attendre.
En entrant dans cette pièce, je vis qu’elle était complètement vide
hormis quelques coussins, des allumettes et une simple bougie. Mon
père me demanda de m’asseoir sur un des coussins au centre de la
pièce et, une fois que j’eus pris place, il alluma la bougie puis ferma la
porte. Je vis mon image se refléter dans toutes les directions. Je
pouvais la voir sous de nombreux angles, et je commençai à chercher
ceux qui me permettaient de voir l’arrière de ma tête. Assis au centre
de la pièce, je pouvais observer un nombre infini de reflets de moi-
même.
Mon père s’assit derrière moi ; nos dos se touchaient tandis que son
regard était dirigé dans la direction opposée au mien.
— La seule instruction que je vais te donner est de te regarder dans
les yeux, déclara-t-il. Tu peux cligner des yeux, mais ne détourne pas
ton regard.

La bougie vacilla, et je me regardai dans les yeux. Il n’y avait pas de


musique, pas de mantra, pas de prière. Seulement le crépitement de la
bougie allumée et le bruit de notre souffle. Je regardai le reflet de mes
propres yeux, quand au bout de quelques minutes mon visage devint
flou avant d’apparaître comme une tache sombre et trouble. Je me
rappelai que cela m’arrivait aussi pendant les jeux auxquels je jouais
quand j’étais enfant et n’y prêtai donc pas beaucoup d’attention. Mon
visage revenait chaque fois que je me concentrais à nouveau, et les
images alternaient ainsi entre la tache et mon reflet.
Mais il se passa tout à coup un phénomène inattendu. Le reflet avait
changé. Il s’était transformé en celui d’un jeune homme qui avait à peu
près mon âge mais que je ne reconnaissais pas. J’en fus naturellement
étonné.
— Continue de regarder, me dit immédiatement mon père en
entendant ma respiration s’arrêter net et en me sentant reculer contre
lui. Il avait aussi pu voir ma réaction grâce aux miroirs.

Je concentrai à nouveau mon regard, et l’image se transforma une


fois de plus en une tache sombre, puis je retrouvai le reflet de mon
visage. Je poussai un petit soupir de soulagement. Suivant les paroles
de mon père, je continuai à me regarder dans les yeux et vis mon
visage se transformer à nouveau en tache, mais au lieu de voir mon
visage quand je corrigeai mon regard, je vis celui d’une femme qui me
regardait. Je fus à nouveau surpris et bondis en arrière.
— Continue de regarder, répéta mon père.
Mon esprit s’emballait, essayant d’expliquer ce que je voyais. Je me
demandais s’il s’agissait d’une sorte d’illusion d’optique provoquée
par la lumière de la bougie, et des histoires de superstition et de magie
me traversèrent l’esprit. Mais je me rappelai alors ce que ma grand-
mère m’avait enseigné de nombreuses années auparavant : face à de
nouvelles situations que l’esprit ne pouvait pas expliquer, « plus tu
réfléchis, moins tu vois. Empêche ton esprit de dériver vers d’autres
pensées et cela t’apportera le silence dont tu as besoin pour voir ».
Grâce à ses paroles, je concentrai à nouveau mon regard sur le reflet
de mes yeux. La tache sombre réapparut sans effort. S’ensuivirent de
nombreuses images de moi-même qui se mirent à se métamorphoser. Il
y avait un vieil homme, un enfant, une autre femme ; je ne
reconnaissais aucun d’eux. Ce cycle s’arrêtait chaque fois qu’une
pensée me distrayait et reprenait quand je retrouvais le silence.
Les yeux toujours fixés, je vis ensuite mon visage familier revenir
un moment avant de s’élargir et de prendre un teint plus bronzé tandis
que mes cheveux frisaient et s’épaississaient. Puis toute l’image se
rétracta, et une autre série de visages commença à apparaître. Cela
continua pendant un temps qui me parut très long, jusqu’à ce que
soudain tout devienne noir, comme si toute la pièce avait disparu. Je ne
sentais et n’entendais plus alors que mon souffle.

La voix de mon père me ramena dans la pièce et je l’entendis dire :


— Derrière tes yeux, il y a un miroir, c’est ton cerveau ; et le reflet
de la lumière est ton esprit. Mais ce que tu vois là est une image ; ce
n’est que de la lumière qui rebondit sur de la matière. Ton esprit essaye
de traiter l’information de la lumière et d’y mettre un sens en fonction
de ce que tu connais. Il projette donc son sens et crée une histoire.
Chaque visage que tu as vu est une histoire, mais l’esprit peut
rapidement changer l’histoire de qui tu es, parce que cette histoire
n’est pas la réalité.
— Mais j’ai vu…, commençai-je à répliquer, désireux de lui poser
des questions sur tous ces visages.
— Tu as vu une illusion, répliqua-t-il. Le but de ce jeu est que tu
comprennes que tout n’est qu’une histoire dont tu as le contrôle. Si tu
n’aimes pas ton personnage principal, alors change l’histoire du
personnage principal de ta vie. Tu finiras par ne plus avoir besoin
d’histoire et par apprécier simplement de vivre et d’être toi-même.
Pourquoi devrais-tu payer pour moi ?

Il y a bien longtemps, je suis allé à New York avec mon père où il


donnait une conférence sur les quatre accords toltèques. Les
organisateurs de l’événement nous avaient réservé une chambre pour
deux nuits dans un très bel hôtel. En entrant dans cet hôtel après la
conférence, je remarquai qu’il comprenait un restaurant plutôt chic, où
toute la clientèle était sur son trente et un. Quand mon père se tourna
vers moi et me demanda si j’avais faim, je hochai la tête en signe
d’acquiescement. Nous décidâmes donc de monter dans nos chambres
pour nous changer avant de nous retrouver en bas des escaliers. J’avais
faim et m’apprêtai rapidement avant de mettre une veste et une
cravate. Je retournai ensuite dans le hall d’entrée devant le restaurant
pour y attendre mon père. Je pouvais voir beaucoup de gens attablés,
tous très bien habillés, car il s’agissait, après tout, d’une expérience de
gourmets.
C’est alors que mon père arriva, en pyjama et en pantoufles.
Je compris immédiatement qu’il avait l’intention de m’enseigner
une leçon et qu’il valait donc mieux ne pas réagir. Mais je ne pus
m’empêcher de me sentir vraiment embarrassé en voyant mon père
habillé ainsi. J’essayai de garder un air aussi indifférent et une
démarche aussi détendue que possible. Tandis que nous avancions vers
la serveuse, je fis tout mon possible pour garder mon sang-froid et ne
pas trahir ma gêne et mon embarras face à l’accoutrement de mon
père.
— Il y a quelque chose qui ne va pas ? demanda mon père.
— Nan ! répondis-je.
— Bien, parce que je suis affamé, déclara-t-il.
Comme il n’y avait aucun panneau à l’entrée du restaurant précisant
le code vestimentaire à adopter, la serveuse, malgré la perplexité que je
pouvais lire sur son visage lorsqu’elle regardait mon père en pyjama,
nous salua et demanda simplement :
— Combien de personnes pour le dîner ?
— Deux ! répliqua mon père avec enthousiasme, en posant à
nouveau les yeux sur moi pour voir si mon visage trahissait une
quelconque réaction de ma part. Mais je faisais comme si de rien
n’était, et il se tourna à nouveau vers l’hôtesse pour la suivre jusqu’à
notre table.

Nous traversâmes le restaurant. J’étais très conscient des regards qui


se posaient sur mon père et sur moi. Mes jambes flagellaient au point
qu’il m’était très difficile de parcourir ces quelques mètres entourés de
toutes ces têtes qui se tournaient vers nous avec leur grand sourire.
Enfin nous atteignîmes notre table ; j’avais l’impression qu’elle était
en plein centre de la pièce.
Mon père me demanda à nouveau :
— Est-ce que tout va bien ?
— Oui.
— Tu es sûr ?
— Certain, répondis-je.

Il s’empara alors du menu et commença à fouiner tout autour de la


table à la recherche de ses lunettes. Dès qu’il les eût trouvées, il les
posa sur le bout du nez et commença à lire le menu. Assis là, en
pyjama, les yeux globuleux à cause du grossissement de ses verres, il
ne m’avait jamais paru aussi ridicule. Mon visage me trahit enfin et je
levai les yeux au ciel.
— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il.
— S’il te plaît, papa. On est dans le restaurant chic d’un hôtel chic.
Regarde tous ces gens qui sont bien habillés. Et toi, tu arrives dans cet
accoutrement. Ils vont croire que tu es un riche excentrique comme
Howard Hughes ou un imbécile sans aucune classe ni bonne manière.
Mon père me regarda pendant une minute. Il prit un air sérieux et je
remarquai comme son regard était vif quand il me répondit :
— Pourquoi devrais-tu payer pour mon comportement ? As-tu si
peu de respect pour moi que tu doives payer les suites de mes actes ?
Pourquoi ne me laisses-tu pas en assumer les conséquences ? Ce sont
mes actes, mes choix, et leurs conséquences. Qu’est-ce que tout cela a
à voir avec toi ?

Je ne trouvai rien à répondre. Il avait raison ; j’avais assumé la


responsabilité de ses actes, de ses envies, et j’avais laissé ses choix
s’exprimer en mon nom ; je m’infligeais des punitions pour ses actes
par mon embarras et mon humiliation. Cette leçon de mon père me
rappelait que je ne contrôle rien au-delà du bout de mes doigts, rien de
plus que ma propre volonté. Mais, à ce moment-là, comme j’avais fait
de ses actes une affaire personnelle, j’étais devenu responsable dans
mon esprit de ses choix et de ses actions.

Mon père m’expliqua que, dans toutes les situations où je me


punissais pour le comportement d’un autre, je ressentais en fait le
besoin de le domestiquer comme je l’entendais. Il me fit également
remarquer que, chaque fois que nous faisons des actions des autres une
affaire personnelle et que nous nous sentons responsables de leurs
décisions, nous leur manquons de respect, car nous croyons en savoir
plus qu’eux.
Il conclut sur ces paroles :
— Ne porte pas le poids des décisions d’autrui. Tu n’es responsable
que des tiennes. Apprends à te respecter, et cela t’enseignera comment
respecter tout le monde. Tu ne peux pas donner ce que tu n’as pas.

Je gardai le silence, réfléchissant à ce qu’il venait de dire, tout en le


regardant toujours dans les yeux.
— Merci Papa. Je comprends, à présent.

Il ôta ses lunettes et déclara en souriant :


— Bien ! Maintenant, nous pouvons manger.
C’est souvent ainsi que mon père enseigne : quand on s’y attend le
moins.
N’aie pas peur de mourir

En 2002, mon père eut une grave crise cardiaque qui faillit
l’emporter. Comme il me l’expliquera plus tard, bien que la douleur fût
vraiment intense, il était enthousiaste et heureux d’avoir fait cet
infarctus.
Cela m’avait vraiment dérouté, jusqu’à ce qu’il m’explique qu’il
considérait sa mort comme une belle occasion de partager avec chacun
de nous comment lâcher prise et se détacher de son corps. En d’autres
termes, il voulait nous apprendre à mourir. Il voulait que tous ses
apprentis le voient dans cet état, pour que nous puissions mieux
comprendre la mort et cesser d’en avoir peur.
À l’hôpital, les médecins l’ont emmené en soins intensifs, un service
qui n’accueille généralement pas beaucoup de visites. Très peu de gens
ont donc eu la permission de venir le voir. Au début, seules quelques
personnes dont mon frère Jose, qui avait environ 23 ans à l’époque, et
moi-même ont pu lui rendre visite. Quand Jose entra dans la pièce, il
éclata en sanglots et s’écria :
— Papa, ne meurs pas ! S’il te plaît, ne meurs pas.
Ce n’était pas le Jose que je connaissais. Il avait été apprenti
pendant de nombreuses années aux côtés de mon père et je pouvais
voir que ce dernier savait qu’il était sous l’emprise de son esprit. Il
déclara alors :
— Jose, est-ce ainsi que tu vas fêter la mort de ton père ? Sors de la
chambre, ressaisis-toi et reviens quand tu seras prêt : j’ai besoin de
vous parler avant de partir.

Bien sûr, Jose fut abasourdi par cette réaction ; nous l’étions tous. Il
ne s’attendait pas que son père s’exprime ainsi, mais cela eut pour effet
de l’éveiller. Il sortit de la pièce et revint quelques minutes plus tard,
très posé. Il était redevenu le Jose que je connaissais. Il s’approcha de
mon père et lui dit :
— Papa, merci beaucoup, je te demande pardon. Je vois à quel point
j’ai été égoïste. J’ai compris que j’aurais passé les derniers moments
de ta vie à m’apitoyer sur mon sort, à être si triste que tu meures –
alors que tu n’es même pas encore mort. J’ai donc pris ta place : je me
suis imaginé allongé sur ce lit, mourant. Je suis même allé plus loin : je
me suis vu dans le cercueil et t’ai vu pleurer pour moi, puis je t’ai vu
abandonner ce que tu avais fait toutes ces années. Tu ne voulais voir
personne, tu voulais seulement être seul et pleurer sur ton sort. Je t’ai
vu complètement ravagé par ma mort, et je n’avais droit qu’à une
minute pour te parler. Je suis alors sorti du cercueil et t’ai dit : « Papa,
je vais bien. Je ne souffre pas. Je suis très heureux et je ne veux pas
revenir. Alors laisse-moi partir, s’il te plaît. Tu es en vie. En mémoire
de moi, profite de ta vie, apprécie chaque instant qui t’est donné de
vivre. J’ai fait mon temps, je l’ai apprécié ; à présent, fais-en de
même. »

Mon père répondit alors :


— Ouah…, c’est exactement ce que je souhaitais t’enseigner.

Cette leçon résonna en chacun de nous.


Teotihuacan

Si les contributions les plus connues de mon père sont ses écrits, je
crois que le plus grand héritage qu’il nous a transmis est le voyage de
pouvoir à Teotihuacan.
Teotihuacan – qui signifie en langue nahuatl « le lieu où l’homme
devient Dieu » – n’est pas qu’une simple ville antique du centre du
Mexique, célèbre pour ses pyramides. C’est aussi une école de mystère
qui offre une feuille de route pour le voyage vers la redécouverte de
son moi authentique.
Mon père m’a souvent emmené, ainsi que des milliers de personnes,
à Teotihuacan pour des voyages de pouvoir. Bien que chaque voyage
fût unique et adapté aux besoins du groupe qu’il guidait, mon père
insistait toujours sur l’importance de prendre conscience de notre
domestication. Il nous montrait à quel point nous nous torturions en
nous aimant avec conditions, ce qu’il comparait à créer notre enfer
personnel sur Terre.
C’est en l’an 2000 que je vécus l’un des voyages qui m’ont le plus
transformé. Je venais d’obtenir mon diplôme universitaire et comme je
n’étais plus absorbé par mes études, mon père voulait intensifier mon
apprentissage de notre tradition familiale.
Pour résumer, quand nous arrivâmes à Teotihuacan, il me demanda
de me concentrer sur mon corps et sur mes sens, d’abandonner toute
honte que je pouvais ressentir vis-à-vis de mon corps et de m’autoriser
à m’ouvrir à tous les goûts, textures et saveurs par lesquels
j’appréhendais la vie. Il tourna ensuite mon attention vers mon esprit,
et je pris conscience que mon sentiment d’individualité était une
projection de l’esprit, ou encore ce que mon père décrit comme un
masque que je peux perdre à n’importe quel moment. Un des moyens
qui m’ont permis de m’en rendre compte consistait par exemple à
lâcher prise de l’image créée par mon esprit sur ce que « devait être »
un homme.
Ce travail sur mon corps et mon esprit était puissant en soi, mais ce
fut au cours de la cérémonie finale du voyage, au sommet de la
pyramide du Soleil, qu’eut lieu pour moi le plus grand moment de
transformation intérieure. Mon père m’avait demandé de guider la
cérémonie du Soleil pour notre groupe, tâche que j’avais déjà
accomplie auparavant. Je commençai par puiser dans l’énergie de la
Mère en focalisant mon attention sur mes pieds et la sensation de
puissance provoquée par la pyramide sur laquelle nous nous tenions,
tout en levant les mains vers le Soleil pour en ressentir sa chaleur. Le
but de la cérémonie était de faire fusionner les deux énergies dans mon
cœur, comme si le Soleil faisait l’amour à la Terre à travers moi.
Je fermai les yeux pour vivre cette expérience et commençai à
réciter la prière adéquate. Mais, tandis que je la déclamais, mon père
s’approcha de moi et m’envoya au visage de la fumée provenant d’un
feu de cérémonie qu’il avait préparé en utilisant des branches de copal
blanc sacré. Je ne m’attendais pas du tout qu’il agisse ainsi, mais, dès
qu’il l’eut fait, ma vision changea du tout au tout. Une teinte bleuâtre
couvrait tout ce que je voyais, et quand je regardai les pyramides qui
nous entouraient, je pus les voir respirer. Je compris en cet instant que
tout était vivant, et je ressentis cette vitalité tout au fond de moi.
J’avais l’impression de pouvoir créer n’importe quel miracle,
l’impression que tout était possible. Debout au sommet de la pyramide,
j’étais littéralement aux anges. Je me mis à pleurer face à toute cette
beauté dont j’étais témoin, et je pouvais ressentir les émotions des
personnes qui m’entouraient. Je sentais les arbres m’attirer à eux, plus
aucune séparation n’existant entre moi et le reste du monde. Je vivais
cette expérience profonde du « je suis », pleinement présent dans
l’instant, sans aucun jugement envers quoi que ce soit, ressentant
l’Unité de tout ce qui est.
Pendant plusieurs jours après cette expérience, je restai dans ce qui
ne peut être décrit que comme un état modifié de conscience, et j’avais
l’impression que tous mes actes étaient guidés par l’énergie de
Teotihuacan. Quand je pris dans mes bras une apprentie de mon père,
je me sentis vraiment me fondre en elle. Une seule étreinte suffit à ce
que notre souffle soit parfaitement synchronisé, au point que j’eus
l’impression de pouvoir lâcher prise de tout, y compris de ce corps.
D’autres enseignants vinrent nous séparer parce qu’ils avaient vu que
nous pouvions quitter ce niveau de l’existence. La séparation fut
quelque peu douloureuse, car je n’avais jamais ressenti auparavant une
forme d’union aussi puissante. Je compris alors qu’il était possible
d’avoir une expérience orgasmique sans aucun rapport sexuel,
simplement par la volonté d’être relié à la vie. L’extase est la
transcendance, et je compris aussi qu’aucune drogue ne pourrait jamais
égaler cette sensation.
Comme le voyage de pouvoir touchait à sa fin, le groupe quitta
Teotihuacan pour aller visiter les ruines de Monte Alban à Oaxaca. Ce
fut au cours de cette dernière étape du voyage que je réintégrai le rêve
de la planète. Peu à peu, je commençais à me voir à travers l’histoire
de mon expérience au lieu de vivre et de ressentir vraiment ce « je
suis ». De ce fait, les blessures émotionnelles réapparurent, ainsi que
les tabous, et je quittai le paradis pour retrouver mon rêve personnel.
Mon père remarqua que j’étais revenu à l’histoire de mon esprit et il
me prit à part. « Maintenant que tu sais ce qui est possible, tu peux
retrouver ton chemin vers la vérité. Tu n’as pas besoin de Teotihuacan
pour cela, la vérité est partout où tu es. Car, tant que tu seras en vie
dans ce corps, tu auras un esprit, ce qui signifie que tu seras toujours
en train de rêver. N’aie pas peur de rêver, mais n’aie pas peur non plus
de la fin du rêve. Apprécie tout ce qui est ! Tu es en vie mais ton corps
est déjà mort. Tu n’as donc pas besoin d’avoir peur de la mort. Va
plutôt conquérir la peur d’être en vie. »
En cet instant, je commençai mon propre voyage de pouvoir, que je
continue à ce jour. De toute la sagesse que mon père m’a transmise,
l’expérience du « je suis » que j’ai vécue à Teotihuacan fut la plus
profonde et significative. Ce livre est une trace écrite des
enseignements que j’ai reçus de mon père tout au long de ma vie, et je
suis profondément reconnaissant d’avoir pu les vivre.
À propos de Don Miguel Ruiz et de Don Miguel
Ruiz Jr.

DON MIGUEL RUIZ est l’auteur du best-seller international Les


Quatre Accords toltèques – qui est resté plus de sept ans sur la liste des
best-sellers du New York Times. Il a consacré sa vie à partager la
sagesse du peuple toltèque de l’Antiquité à travers ses livres, ses
conférences et ses voyages sur les sites sacrés du monde entier. Ses
autres livres incluent La Maîtrise de l’amour, La Voix de la
connaissance, L’Art de vivre et de mourir des Toltèques et Le
Cinquième Accord toltèque, coécrit avec son fils Don Miguel Ruiz Jr.

Fils de Don Miguel Ruiz, DON MIGUEL RUIZ JR. est un Nagual,
un maître toltèque de la transformation et un descendant direct de la
lignée des chevaliers aigles. Associant la sagesse issue de ses traditions
familiales à la connaissance qu’il a acquise sur son propre chemin, il
aide aujourd’hui les autres à accomplir leur voyage vers la liberté
personnelle. Il est l’auteur des Cinq Niveaux d’attachement,
Méditations quotidiennes sur la voie toltèque et La Maîtrise de soi
selon la voie toltèque.

Retrouvez-les sur :
www.miguelruiz.com et www.miguelruizjr.com (en anglais)
1. Don Miguel Ruiz, Les Quatre Accords toltèques : la voie de la liberté personnelle, Jouvence, 1999, réédité en 2016.
1. Le calendrier aztèque montre un serpent à deux têtes symbolisant la création de l’univers tout entier, qui est constitué
d’énergie et de matière.

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