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À mes enfants, pour qu’ils aient toujours accès à
la sagesse de leur grand-père.
Couverture
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Page de copyright
Introduction
Explication des termes clés
Première partie : L’éveil
Deuxième partie : Paroles de sagesse
Troisième partie : Histoires de sagesse
Mon apprentissage des accords toltèques
Le miroir
Pourquoi devrais-tu payer pour moi ?
N’aie pas peur de mourir
Teotihuacan
À propos de Don Miguel Ruiz et de Don Miguel Ruiz Jr.
Introduction
Narrateur : voix qui vous raconte, dans votre tête, une histoire sur ce
que vous vivez tout au long de la journée. Le narrateur est l’esprit qui
se parle à lui-même.
Soi authentique : le Divin qui est en vous ; la force qui donne vie à
votre esprit et à votre corps. Ce concept rejoint celui de l’esprit ou de
l’âme qui est présent dans de nombreuses traditions religieuses, sans
toutefois en être un synonyme.
J’ai grandi dans une famille qui avait une riche tradition orale. Nous
sommes les descendants des guerriers aigles toltèques, et chaque
génération transmet à la suivante la connaissance de nos ancêtres par
des histoires et des symboles. Quand je n’étais encore qu’un petit
garçon, mon abuelita (ma grand-mère) Sarita était le chef spirituel de
ma famille et de ma communauté. Non seulement partageait-elle les
histoires de nos ancêtres, mais elle assurait aussi l’entretien d’un
temple appelé Nueva Vida à San Diego, en Californie. Guérisseuse,
elle y a soigné d’innombrables patients et donnait des conférences et
des sermons à la communauté de Barrio Logan tous les jeudis et
dimanches. Quand elle a eu 97 ans, elle a été intronisée au panthéon
des femmes de San Diego pour avoir maintenu la tradition vivante et
l’avoir partagée avec tous les membres de la communauté.
De temps en temps, elle accomplissait des cérémonies spéciales sur
une montagne appelée Madre Grande à Dulzura, en Californie. Pour
elle, ce lieu était sacré. Pour moi, c’était un terrain de jeu, et j’ai de
nombreux souvenirs magnifiques de ma famille en cet endroit. Mes
cousins, mon frère Jose et moi parcourions ce lieu avec d’autres
enfants et l’explorions autant que nous le pouvions.
Nous avions presque cessé de nous y rendre après qu’abuelita Sarita
était devenue trop âgée. C’est pourquoi je fus surpris le jour où mon
père nous demanda, à mon frère Jose et à moi, si nous voulions passer
la journée à Disneyland ou si nous préférions aller à Madre Grande.
Mon frère opta pour le second choix et je le suivis dans sa décision.
J’avais alors 14 ans et Jose en avait à peu près 11. Comme Disneyland
ne m’intéressait pas beaucoup à l’époque, je trouvais que c’était une
bonne idée. Ces journées en montagne avec ma famille me
manquaient, et je voulais les revivre.
Quand nous sommes arrivés, mon père nous a emmenés nous
promener sur les lieux pour les explorer comme nous l’avions toujours
fait. Nous avons commencé à escalader les gros rochers et avons
trouvé un petit chemin qui nous a conduits à peu près au milieu du
flanc de la montagne. Jose ouvrait la voie, et mon père et moi le
suivions. C’est alors qu’il découvrit une fissure qui ressemblait à une
grotte faite par quatre grands rochers. Mon père y pénétra en premier
pour s’assurer que nous y serions en sécurité, puis il nous invita à l’y
rejoindre.
Nous nous assîmes, et mon père commença à nous raconter
l’histoire de notre famille : il nous parla de Don Eziquio Macias, le
grand-père de mon abuelita, de son père, Don Leonardo Macias, de la
culture et de la philosophie toltèques, ainsi que d’un serpent légendaire
à deux têtes qui représentait la vérité1.
— Je considère votre désir de venir ici comme un signe du destin,
déclara-t-il. Cela signifie qu’il est temps de vous initier à la voie des
Toltèques. Avez-vous envie d’être initiés ?
Jose et moi nous regardâmes et hochâmes la tête affirmativement.
Nous avions tous deux attendu avec impatience le jour où nous
pourrions en savoir plus sur la tradition de notre famille.
— Bien, reprit mon père.
Il sortit alors deux petites sacoches en cuir qu’il avait transportées
dans son sac à dos et en donna une à chacun de nous. Il y avait à
l’intérieur de chacune d’elles un bâton, une ficelle rouge, un tissu
rouge, une ficelle en cuir, sept pierres (cinq grises, une noire et une
blanche) et une plume d’aigle. Il nous demanda de tout sortir et de
porter chaque objet près de notre cœur.
— Ceci est votre initiation, mes fils. Vous êtes les artistes de votre
vie et vous êtes en train de faire les cinq premiers pas du très long
voyage vers l’amour et la découverte de soi. Vous continuerez à utiliser
le rêve de la planète pendant de nombreuses années, vous vous y
perdrez et vous retrouverez votre route pour rentrer à la maison, et je
serai là pour vous, à chacun de vos pas. Prenez les pierres et tenez-les
dans votre main gauche. Chacune d’elles représente un accord que
vous allez conclure en tant qu’apprentis.
Nous nous exécutâmes et écoutâmes le sens de chaque pierre :
— La première pierre représente l’accord selon lequel votre parole
est impeccable. Car c’est votre parole qui crée le rêve dans lequel
vous vivez. Votre façon de l’utiliser vous rendra heureux ou triste. Mais
si votre parole est impeccable, vous connaîtrez toujours l’amour.
La deuxième pierre représente l’accord qui consiste à ne rien
prendre personnellement. Rien de ce que font les autres n’est de votre
faute, ce qui signifie que vous n’êtes responsables que de vos actes et
de vos perceptions. Voilà la clé qui permet de vivre sa vie avec libre
arbitre.
La troisième pierre représente l’accord qui consiste à ne pas faire
de suppositions. Soyez toujours disposés à demander quand vous ne
savez pas. Si vous réagissez avec votre propre histoire, vous risquez de
commencer à croire à une illusion. Soyez toujours disposés à voir la
vie telle qu’elle est.
La quatrième pierre représente l’accord qui consiste à toujours faire
de son mieux. Votre mieux changera constamment, mais soyez toujours
disposés à agir quand la vie vous en donne l’occasion.
La cinquième pierre représente l’accord qui consiste à écouter tout
en étant sceptique. Y compris sur ce que je vous dis. Ne me croyez pas,
mais écoutez. Ne vous croyez pas, ne croyez pas le narrateur qui est
dans votre esprit, mais écoutez. Et ne croyez personne, mais écoutez.
L’idée, mes fils, est de toujours écouter avec scepticisme. Il y a un
élément de vérité dans toutes les voix que vous entendez, mais c’est à
vous de distinguer quelles parties de leur discours sont vraiment
authentiques pour vous.
Sixièmement, cette pierre noire représente la Mort. La Mort est
notre plus grande enseignante ; elle nous donne tout ce que nous
avons et elle nous reprendra tout. Alors apprenez à apprécier ce que
vous avez et soyez prêts à lâcher prise de tout ce que la Mort vient
récupérer.
Septièmement, cette pierre blanche représente la Vie. Notre plus
grande peur n’est pas la Mort, mais la Vie. N’ayez pas peur de vivre,
n’ayez pas peur d’être vous-même, n’ayez peur de rien – appréciez
tout tant que c’est là, et tant que vous êtes là vous aussi.
Le bâton symbolise le voyage de la vie, un serpent à deux têtes qui
représente notre voyage entre deux rêves. Recouvrez à présent le bâton
et les pierres de ce tissu rouge, que vous attacherez avec la ficelle en
cuir.
Maintenant, prenez cette plume – elle symbolise votre liberté, votre
capacité à aller dans n’importe quelle direction de la vie parce que
vous êtes libres comme le vent. Rien ni personne ne peut vous retenir.
Le vent et les ailes œuvrent en harmonie, comme votre esprit et votre
cœur. Rappelez-vous toujours qui vous êtes.
Mon frère et moi fîmes de notre mieux pour suivre les instructions
de mon père, et il nous aida à attacher la plume à l’aide de la ficelle
rouge afin d’achever notre objet de pouvoir, symbole de notre
apprentissage. Comme nous finissions, mon père se dressa juste devant
l’entrée de la grotte, dos au soleil, de telle sorte que nous pouvions voir
son ombre sur le sol. Il leva ensuite les mains au-dessus de sa tête, et
son ombre se mit à ressembler à un serpent, la tête de l’animal formée
par ses mains. Il remua ses doigts, imitant à la perfection le
mouvement de la langue du serpent, et se mit à se balancer de gauche à
droite dans une danse rythmique. Son ombre nous donnait l’impression
de voir un serpent qui ondulait sur le sol et tirait régulièrement la
langue.
Mon frère et moi étions en train d’observer l’ombre du serpent
rampant dans la grotte quand, tout à coup, les montagnes s’animèrent
du bruit d’innombrables serpents à sonnette en train d’agiter leur
queue. Mon frère et moi nous regardâmes, stupéfaits : nous n’arrivions
pas à y croire.
J’ai gardé mon bâton de pouvoir jusqu’à l’âge de 24 ans, quand mon
père le brisa pour mettre fin à mon apprentissage.
Le miroir
En 1988, mon père avait aménagé une salle des miroirs ; c’était une
pièce sans fenêtre et dont les quatre murs étaient couverts de miroirs (y
compris derrière la porte). La salle était petite et ne pouvait accueillir
plus de quatre personnes. Il l’utilisait pour méditer et accomplir son
travail spirituel avec ses élèves ainsi qu’avec mon abuelita Sarita, qui
lui avait transmis la tradition toltèque de notre famille.
Elle avait elle-même utilisé les miroirs pendant de nombreuses
années pour travailler avec ses élèves, et elle nous avait aussi
recommandé, pendant notre enfance, de commencer à nous
familiariser avec les miroirs par des jeux. Quand nous étions petits,
nous jouions par exemple à ne pas cligner des yeux devant une glace.
Mes cousins et moi passions tour à tour devant celle de la commode de
ma grand-mère pour regarder notre reflet dans les yeux. La chambre
était sombre et une bougie illuminait notre visage tandis que nous nous
concentrions pour ne pas cligner des yeux. Nous faisions de notre
mieux pour tenir notre regard le plus longtemps possible, tout en riant
et en nous moquant les uns des autres.
Nous savions que les adultes employaient les miroirs à des fins
spirituelles, mais nous ne comprenions pas vraiment de quoi il
s’agissait. Alors, quand à mes 15 ans mon père m’invita à
l’accompagner dans la salle des miroirs pour ma toute première leçon,
j’étais à la fois impatient et nerveux, ne sachant à quoi m’attendre.
En entrant dans cette pièce, je vis qu’elle était complètement vide
hormis quelques coussins, des allumettes et une simple bougie. Mon
père me demanda de m’asseoir sur un des coussins au centre de la
pièce et, une fois que j’eus pris place, il alluma la bougie puis ferma la
porte. Je vis mon image se refléter dans toutes les directions. Je
pouvais la voir sous de nombreux angles, et je commençai à chercher
ceux qui me permettaient de voir l’arrière de ma tête. Assis au centre
de la pièce, je pouvais observer un nombre infini de reflets de moi-
même.
Mon père s’assit derrière moi ; nos dos se touchaient tandis que son
regard était dirigé dans la direction opposée au mien.
— La seule instruction que je vais te donner est de te regarder dans
les yeux, déclara-t-il. Tu peux cligner des yeux, mais ne détourne pas
ton regard.
En 2002, mon père eut une grave crise cardiaque qui faillit
l’emporter. Comme il me l’expliquera plus tard, bien que la douleur fût
vraiment intense, il était enthousiaste et heureux d’avoir fait cet
infarctus.
Cela m’avait vraiment dérouté, jusqu’à ce qu’il m’explique qu’il
considérait sa mort comme une belle occasion de partager avec chacun
de nous comment lâcher prise et se détacher de son corps. En d’autres
termes, il voulait nous apprendre à mourir. Il voulait que tous ses
apprentis le voient dans cet état, pour que nous puissions mieux
comprendre la mort et cesser d’en avoir peur.
À l’hôpital, les médecins l’ont emmené en soins intensifs, un service
qui n’accueille généralement pas beaucoup de visites. Très peu de gens
ont donc eu la permission de venir le voir. Au début, seules quelques
personnes dont mon frère Jose, qui avait environ 23 ans à l’époque, et
moi-même ont pu lui rendre visite. Quand Jose entra dans la pièce, il
éclata en sanglots et s’écria :
— Papa, ne meurs pas ! S’il te plaît, ne meurs pas.
Ce n’était pas le Jose que je connaissais. Il avait été apprenti
pendant de nombreuses années aux côtés de mon père et je pouvais
voir que ce dernier savait qu’il était sous l’emprise de son esprit. Il
déclara alors :
— Jose, est-ce ainsi que tu vas fêter la mort de ton père ? Sors de la
chambre, ressaisis-toi et reviens quand tu seras prêt : j’ai besoin de
vous parler avant de partir.
Bien sûr, Jose fut abasourdi par cette réaction ; nous l’étions tous. Il
ne s’attendait pas que son père s’exprime ainsi, mais cela eut pour effet
de l’éveiller. Il sortit de la pièce et revint quelques minutes plus tard,
très posé. Il était redevenu le Jose que je connaissais. Il s’approcha de
mon père et lui dit :
— Papa, merci beaucoup, je te demande pardon. Je vois à quel point
j’ai été égoïste. J’ai compris que j’aurais passé les derniers moments
de ta vie à m’apitoyer sur mon sort, à être si triste que tu meures –
alors que tu n’es même pas encore mort. J’ai donc pris ta place : je me
suis imaginé allongé sur ce lit, mourant. Je suis même allé plus loin : je
me suis vu dans le cercueil et t’ai vu pleurer pour moi, puis je t’ai vu
abandonner ce que tu avais fait toutes ces années. Tu ne voulais voir
personne, tu voulais seulement être seul et pleurer sur ton sort. Je t’ai
vu complètement ravagé par ma mort, et je n’avais droit qu’à une
minute pour te parler. Je suis alors sorti du cercueil et t’ai dit : « Papa,
je vais bien. Je ne souffre pas. Je suis très heureux et je ne veux pas
revenir. Alors laisse-moi partir, s’il te plaît. Tu es en vie. En mémoire
de moi, profite de ta vie, apprécie chaque instant qui t’est donné de
vivre. J’ai fait mon temps, je l’ai apprécié ; à présent, fais-en de
même. »
Si les contributions les plus connues de mon père sont ses écrits, je
crois que le plus grand héritage qu’il nous a transmis est le voyage de
pouvoir à Teotihuacan.
Teotihuacan – qui signifie en langue nahuatl « le lieu où l’homme
devient Dieu » – n’est pas qu’une simple ville antique du centre du
Mexique, célèbre pour ses pyramides. C’est aussi une école de mystère
qui offre une feuille de route pour le voyage vers la redécouverte de
son moi authentique.
Mon père m’a souvent emmené, ainsi que des milliers de personnes,
à Teotihuacan pour des voyages de pouvoir. Bien que chaque voyage
fût unique et adapté aux besoins du groupe qu’il guidait, mon père
insistait toujours sur l’importance de prendre conscience de notre
domestication. Il nous montrait à quel point nous nous torturions en
nous aimant avec conditions, ce qu’il comparait à créer notre enfer
personnel sur Terre.
C’est en l’an 2000 que je vécus l’un des voyages qui m’ont le plus
transformé. Je venais d’obtenir mon diplôme universitaire et comme je
n’étais plus absorbé par mes études, mon père voulait intensifier mon
apprentissage de notre tradition familiale.
Pour résumer, quand nous arrivâmes à Teotihuacan, il me demanda
de me concentrer sur mon corps et sur mes sens, d’abandonner toute
honte que je pouvais ressentir vis-à-vis de mon corps et de m’autoriser
à m’ouvrir à tous les goûts, textures et saveurs par lesquels
j’appréhendais la vie. Il tourna ensuite mon attention vers mon esprit,
et je pris conscience que mon sentiment d’individualité était une
projection de l’esprit, ou encore ce que mon père décrit comme un
masque que je peux perdre à n’importe quel moment. Un des moyens
qui m’ont permis de m’en rendre compte consistait par exemple à
lâcher prise de l’image créée par mon esprit sur ce que « devait être »
un homme.
Ce travail sur mon corps et mon esprit était puissant en soi, mais ce
fut au cours de la cérémonie finale du voyage, au sommet de la
pyramide du Soleil, qu’eut lieu pour moi le plus grand moment de
transformation intérieure. Mon père m’avait demandé de guider la
cérémonie du Soleil pour notre groupe, tâche que j’avais déjà
accomplie auparavant. Je commençai par puiser dans l’énergie de la
Mère en focalisant mon attention sur mes pieds et la sensation de
puissance provoquée par la pyramide sur laquelle nous nous tenions,
tout en levant les mains vers le Soleil pour en ressentir sa chaleur. Le
but de la cérémonie était de faire fusionner les deux énergies dans mon
cœur, comme si le Soleil faisait l’amour à la Terre à travers moi.
Je fermai les yeux pour vivre cette expérience et commençai à
réciter la prière adéquate. Mais, tandis que je la déclamais, mon père
s’approcha de moi et m’envoya au visage de la fumée provenant d’un
feu de cérémonie qu’il avait préparé en utilisant des branches de copal
blanc sacré. Je ne m’attendais pas du tout qu’il agisse ainsi, mais, dès
qu’il l’eut fait, ma vision changea du tout au tout. Une teinte bleuâtre
couvrait tout ce que je voyais, et quand je regardai les pyramides qui
nous entouraient, je pus les voir respirer. Je compris en cet instant que
tout était vivant, et je ressentis cette vitalité tout au fond de moi.
J’avais l’impression de pouvoir créer n’importe quel miracle,
l’impression que tout était possible. Debout au sommet de la pyramide,
j’étais littéralement aux anges. Je me mis à pleurer face à toute cette
beauté dont j’étais témoin, et je pouvais ressentir les émotions des
personnes qui m’entouraient. Je sentais les arbres m’attirer à eux, plus
aucune séparation n’existant entre moi et le reste du monde. Je vivais
cette expérience profonde du « je suis », pleinement présent dans
l’instant, sans aucun jugement envers quoi que ce soit, ressentant
l’Unité de tout ce qui est.
Pendant plusieurs jours après cette expérience, je restai dans ce qui
ne peut être décrit que comme un état modifié de conscience, et j’avais
l’impression que tous mes actes étaient guidés par l’énergie de
Teotihuacan. Quand je pris dans mes bras une apprentie de mon père,
je me sentis vraiment me fondre en elle. Une seule étreinte suffit à ce
que notre souffle soit parfaitement synchronisé, au point que j’eus
l’impression de pouvoir lâcher prise de tout, y compris de ce corps.
D’autres enseignants vinrent nous séparer parce qu’ils avaient vu que
nous pouvions quitter ce niveau de l’existence. La séparation fut
quelque peu douloureuse, car je n’avais jamais ressenti auparavant une
forme d’union aussi puissante. Je compris alors qu’il était possible
d’avoir une expérience orgasmique sans aucun rapport sexuel,
simplement par la volonté d’être relié à la vie. L’extase est la
transcendance, et je compris aussi qu’aucune drogue ne pourrait jamais
égaler cette sensation.
Comme le voyage de pouvoir touchait à sa fin, le groupe quitta
Teotihuacan pour aller visiter les ruines de Monte Alban à Oaxaca. Ce
fut au cours de cette dernière étape du voyage que je réintégrai le rêve
de la planète. Peu à peu, je commençais à me voir à travers l’histoire
de mon expérience au lieu de vivre et de ressentir vraiment ce « je
suis ». De ce fait, les blessures émotionnelles réapparurent, ainsi que
les tabous, et je quittai le paradis pour retrouver mon rêve personnel.
Mon père remarqua que j’étais revenu à l’histoire de mon esprit et il
me prit à part. « Maintenant que tu sais ce qui est possible, tu peux
retrouver ton chemin vers la vérité. Tu n’as pas besoin de Teotihuacan
pour cela, la vérité est partout où tu es. Car, tant que tu seras en vie
dans ce corps, tu auras un esprit, ce qui signifie que tu seras toujours
en train de rêver. N’aie pas peur de rêver, mais n’aie pas peur non plus
de la fin du rêve. Apprécie tout ce qui est ! Tu es en vie mais ton corps
est déjà mort. Tu n’as donc pas besoin d’avoir peur de la mort. Va
plutôt conquérir la peur d’être en vie. »
En cet instant, je commençai mon propre voyage de pouvoir, que je
continue à ce jour. De toute la sagesse que mon père m’a transmise,
l’expérience du « je suis » que j’ai vécue à Teotihuacan fut la plus
profonde et significative. Ce livre est une trace écrite des
enseignements que j’ai reçus de mon père tout au long de ma vie, et je
suis profondément reconnaissant d’avoir pu les vivre.
À propos de Don Miguel Ruiz et de Don Miguel
Ruiz Jr.
Fils de Don Miguel Ruiz, DON MIGUEL RUIZ JR. est un Nagual,
un maître toltèque de la transformation et un descendant direct de la
lignée des chevaliers aigles. Associant la sagesse issue de ses traditions
familiales à la connaissance qu’il a acquise sur son propre chemin, il
aide aujourd’hui les autres à accomplir leur voyage vers la liberté
personnelle. Il est l’auteur des Cinq Niveaux d’attachement,
Méditations quotidiennes sur la voie toltèque et La Maîtrise de soi
selon la voie toltèque.
Retrouvez-les sur :
www.miguelruiz.com et www.miguelruizjr.com (en anglais)
1. Don Miguel Ruiz, Les Quatre Accords toltèques : la voie de la liberté personnelle, Jouvence, 1999, réédité en 2016.
1. Le calendrier aztèque montre un serpent à deux têtes symbolisant la création de l’univers tout entier, qui est constitué
d’énergie et de matière.