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Cœurs purs Nature captive 3 1st Edition

Florence Barnaud
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Florence Barnaud
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Publication

© Copyright 2023 FB Romans (18) – Florence Barnaud Tous


droits réservés

Dépôt légal : mars 2023


Première édition : mars 2023

***

Couverture : 2Li (www.2li.fr)


Correction : Florence Clerfeuille

L’œuvre présente sur le support (fichier, livre…) que vous venez


d’acquérir est protégée par le droit d’auteur. Toute copie ou
utilisation autre que personnelle constituera une contrefaçon et sera
susceptible d’entraîner des poursuites civiles et pénales. Le piratage
prive l’autrice et les personnes ayant travaillé sur ce livre de leurs
droits.

Ce livre est une fiction. Toute référence à des événements


historiques, des comportements de personnes ou des lieux réels
serait utilisée de façon fictive. Les autres noms, personnages ou
lieux et événements sont issus de l’imagination de l’autrice. Toute
ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé serait
totalement fortuite.
Les erreurs qui peuvent subsister sont le fait de l’autrice.

***
Note de l'autrice : Ce livre comporte des scènes qui
peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes. Âge minimum
conseillé : 18 ans.
Biographie

Tel le chat, Florence Barnaud a eu plusieurs vies. Leurs


empreintes cheminent dans ses histoires. Suivez la flamme qui
l’anime et guide sa plume pour vous transporter vers d’autres
univers, riches d’émotions, de suspense et d’humour.

De la même autrice :
Fantasy - Bit-lit - romance paranormale
Sangs Éternels, Tome 1 - La Reconnaissance
Sangs Éternels, Tome 2 - L’éveil
Sangs Éternels, Tome 3 - La Loi du Sang
Sangs Éternels, Tome 4 - La Troublante Fascination
Sangs Éternels, Tome 5 - La Traque
Aux Origines de Sangs Éternels - Ismérie
Aux Origines de Sangs Éternels - Léo
Aux Origines de Sangs Éternels – Eiirin
Sangs Éternels Forever, Tome 1 – Le poids de l’héritage

Fantasy contemporaine - romance paranormale


Nature Captive, Tome 1 - Lendemain de cendres
Nature Captive, Tome 2 - Rédemption
Nature Captive, Tome 3 – Cœurs purs

Romance militaire – espionnage (Collection


"Enflammés")
Combats Enflammés, Tome 1 - Rendez-vous Explosif
Combats Enflammés, Tome 2 - Choisis ton Combat
Combats Enflammés, Tome 3 - Feu sacré
Baisers Enflammés
Romance contemporaine
Irrésistible Ennemi (romance ennemies-to-lovers)

Développement personnel
S’installer dans l’écriture – Guide de travaux pratiques pour
réaliser son rêve d'écrivain
S’installer dans la gratitude
To Do List – s’installer dans une journée épanouie
Combats enflammés

♥ Une vengeance, une légende, un amour


impossible. ♥

Néfertiti a travaillé dur pour préparer sa vengeance. Elle n’a plus


qu’un dernier objectif à atteindre : faire partie de l’élite en
incorporant les forces spéciales.
Dès qu'elle croise le chemin de son instructeur, tout bascule. Ce
macho marié, n'est autre que sa flamme jumelle.
Aux dires de ses parents, cette légende égyptienne lui promet un
amour divin. Se pourrait-il qu’ils aient eu raison ?
Va-t-elle réussir à embrasser le destin qu’elle s’est choisi, tout en
échappant à cette histoire d'amour impossible ?
Si vous aimez les amours contrariés, les aventures envoûtantes
pleines de rebondissements, alors engagez-vous immédiatement
pour un corps à corps dans un combat enflammé.

Et si vous ne pouviez résister à cette légende égyptienne


?
Une guerrière des temps modernes
Un FS marié, blasé des femmes
Action, vengeance, humour et amour sont au
rendez-vous

Dans votre boutique préférée.


Des Forces Spéciales aux missions secrètes, elle a tout accepté
pour se venger.jpg
Nature Captive

Entrez dans l’univers de NATURE CAPTIVE, peuplé d'enchanteresses,


d'animalus, de métamorphes, d'apothicaires... où se mêlent
intrigues, trahisons, amour, pouvoirs, magie et humour.

*** Romance fantastique ***


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L’univers Sangs Eternels
La saga Sangs Eternels
Une saga originale, de la bit lit comme vous n'en avez jamais lu
! Déjà 50 000 lecteurs.

Une vampire-sorcière solitaire.


Une étrange maladie.
Et si les vampires protégeaient les humains ?

Aux origines de Sangs Eternels (L'intégrale 3 nouvelles):


Ismérie - Léo - Eiirin
Découvrez les vampirisations et les destins incroyables des héros
de Sangs Eternels dans 3 nouvelles qui vous feront vibrer.
Voyagez dans l'espace et le temps !

La saga Sangs Eternels Forever


Une descendante de vampires hors du commun.
Des morts qui sortent de terre.
La désillusion d’un amour perdu.

Sangs Eternels Forever.jpg


Irrésistible Ennemi

Romance contemporaine enemis-to-lovers


Trahisons
Intrigues
Rebondissements
Amour
Humour
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Table des matières

Biographie
Combats enflammés
Nature Captive
L’univers Sangs Eternels
Irrésistible Ennemi
1 – Maia
2 – Maia
3 – Rodolphe
4 – Maia
5 – Rodolphe
6 – Métamorphis
7 – Métamorphis
8 – Rodolphe
9 – Maia
10 – Maia
11 – Rodolphe
12 – Maia
13 – Rodolphe
14 – Métamorphis
15 – Métamorphis
16 – Maia
17 – Rodolphe
18 – Maia
19 – Rodolphe
20 – Maia
21 – Rodolphe
22 – Rodolphe
23 – Métamorphis
24 – Métamorphis
25 – Rodolphe
26 – Métamorphis
27 – Maia
28 – Rodolphe
29 – Métamorphis
30 – Maia
31 – Rodolphe
32 – Rodolphe
33 – Maia
34 – Rodolphe
35 – Métamorphis
36 – Maia
37 – Rodolphe
38 – Rodolphe
39 – Maia
40 – Maia
41 – Rodolphe
42 – Maia
43 – Maia
44 – Rodolphe
45 – Marcellus
46 – Marcellus
47 – Maia
48 – Maia
49 – Rodolphe
50 – Rodolphe
Épilogue – Maia
Épilogue – Rodolphe
Nature captive-T3-1er.jpg
« À cœur vaillant rien d’impossible. »

Jacques Cœur
1 – Maia

D:\Flo\_NatureCaptive\Tome
1\VersionRelié\Maia_croquis.png

Enfin, je la retrouve. Gaia, l’enchanteresse en titre, ma grand-mère


qui m’appelle depuis si longtemps. Le périple pour la rejoindre aura été
tumultueux. D’embûche en encombre, je suis finalement arrivée là,
dans son énergie bienfaisante. Je me love dans ses fragrances. Ces
dernières me cajolent et m’enrobent. Ce parfum, je l’aurais reconnu
entre mille. C’est celui qui m’a bercée toute mon enfance, qui m’a aidée
à grandir, à faire face… Enfin, jusqu’à ce que tout tourne court, jusqu’à
ce que Métamorphis me prenne tout.
Mais je coupe là ces sombres pensées pour revenir à toute cette
énergie essentielle qui circule encore. Je disparais dans ses méandres,
car il ne subsiste plus rien de son enveloppe charnelle. Ma grand-mère
n’est déjà plus. Seule sa quintessence vitale me nourrit dans un cocon
dans lequel je me complais à rester.
Cette sépulture est un amas de fleurs ; les siennes, mais aussi les
miennes. Une graine de la déesse Nature traverse l’univers pour
atteindre ce mausolée. De nouvelles branches s’étirent, resserrent les
liens tout autour de moi, rendant ma cachette plus sûre et précieuse,
pleine de vie. Des boutons se développent pour ouvrir leurs pétales
luminescents.
Puis-je demeurer là pour toute mon existence ?
C’est séduisant, sécurisant.
À vrai dire, ici, dans son tombeau fleuri, j’oublie tout, qui je suis et
tout ce que j’ai vécu, cet être qui pousse en moi et qui n’est qu’une
épreuve supplémentaire à tout ce que j’ai déjà traversé et que je ne
veux plus.
Après cette overdose de cruauté, peut-être ai-je droit à une
indigestion de bonté ?
Si, j’y crois ! Et je vais même prendre ce droit.
Je me tourne dans mon enveloppe charnelle. Je me vautre dans la
compassion de ma grand-mère.
Soudain, la peur surgit dans mon esprit. Ce n’est pas la mienne.
Néanmoins, je peux l’ignorer. Elle m’est totalement inutile. D’ici, je
pourrai gérer la renaissance de la nature, mettre la magie en sécurité
pour toujours. Gaia a posé tant de sortilèges que je pourrai disparaître à
jamais. La sérénité m’étreint et m’apaise. Jamais je n’ai été aussi calme,
aussi observatrice de ce qui se passe tout simplement.
— MAIA !
Ce cri d’angoisse, je le reconnais. Rodolphe, mon matou roux,
m’appelle. Tellement d’ondes négatives autour de moi, de nous, que je
devine que nos ennemis sont déjà là, prêts à me cueillir, à me
soumettre encore une fois, à récupérer cet enfant qui pousse en mon
sein pour en faire un instrument de la victoire de ce vil oppresseur.
Je m’enfonce un peu plus profondément dans ce tombeau de
bienfaisance. Je me ferme à ce monde en ruine. J’ai beau être une
enchanteresse, je n’ai pas de baguette magique suffisamment puissante
pour renverser ce tyran et remettre l’humanité sur pied.
« Maia… »
Ce murmure, je l’identifie immédiatement. Je m’humecte les lèvres.
Ma gorge se serre. Je prends une nouvelle bouffée de ce parfum si
salutaire pour faire face à ma grand-mère. Je sais que je n’y échapperai
pas. Elle me prépare depuis si longtemps à sa succession. Bien sûr
qu’elle ne pouvait pas tout prévoir et me préserver de tout ce qui m’est
arrivé. Malgré tout, ma survie, c’est à elle que je la dois.
Pour autant, je ne dis mot. Je sais ce qu’elle va exiger de moi. Son
pouvoir s’immisce déjà au plus profond de mon être. Je me regorge de
sa magie. La mienne brille de mille feux sous ces fleurs de toutes les
couleurs. Est-ce qu’elle transparaît à l’extérieur ?
Je l’ignore et je préfère ne pas le savoir.
Je grappille les quelques précieux instants qui me sont accordés.
Malheureusement, ça ne va pas durer… Alors, simplement, je respire ce
souffle de vie, celui de la déesse Nature, celui de Gaia qui se meurt… Je
m’en nourris, je m’en gave, j’avale tout ce que je peux.
« Maia… Là n’est pas ta place. »
Le temps a disparu. J’ignore combien de minutes ou d’heures se sont
écoulées. Une impression d’éternité me saisit, néanmoins c’est
impossible, j’en ai bien conscience.
« Un jour viendra où tu auras ton tombeau… Ce jour n’est pas
arrivé… »
Mmmm… c’est bien dommage.
Pourtant, d’ici, je pourrais avoir un certain contrôle.
Cet enfant que je porte n’existerait plus.
Je n’aurais pas à faire face à sa naissance et son destin.
Métamorphis m’a promis une fille, il a réussi à me féconder. Il n’aura
qu’un but dorénavant : s’emparer de cette descendance pour asseoir sa
position.
Toutefois, il détient déjà tout. Que veut-il de plus ?
Cette progéniture ne lui amènera pas l’éternité !
« Tu dois élever cette enfant, Maia… Tu dois accepter ton héritage,
assumer l’éducation de celle qui assurera ta suite… »
Je cille sous le poids de ses mots. Comment peut-elle être sûre que
je porte une fille ? Ce ne serait tellement pas de chance. Un garçon
aurait moins de pouvoir, ne pourrait pas prendre ma place, il serait
probablement plus facile à canaliser. Mais une fille, l’engeance de ce
démon ?
De quoi serait-elle capable ?
Je tourne mon attention vers mon giron. Cette descendance dont je
n’ai pas réussi à me débarrasser.
Vais-je vraiment devoir y faire face ?
« Oui ! »
Notre connexion spirituelle est des plus surprenantes…
Je ferme les paupières, très fort même. Je ne souhaite pas voir.
Pourtant, j’ouvre mes capacités extrasensorielles pour écouter enfin tout
ce que j’ai voulu faire taire. Et là, ça me saute au visage comme une
évidence : cette enfant que je porte est bel et bien une fille.
Est-ce ma successeure en titre ?
Je ne peux l’écarter définitivement, car le pouvoir ira forcément en
priorité à une de mes descendantes. Si je ne retrouve pas
d’apothicaires, je n’aurai pas d’héritière digne de reprendre le flambeau.
La déesse Nature choisira la plus puissante. Et je devine qu’une partie
de la puissance de Gaia va déjà à ma fille. J’en frémis.
Je me sens dépassée. Mon cauchemar me revient. Cette jeune
femme brune qui décapitait à tour de bras tous ceux que j’aime, tous
ceux qui œuvraient pour rendre toute sa place à la nature, à l’humanité,
à la vie.
« Ne te laisse pas leurrer par les tours de passe-passe des
métamorphes ! Tu seras toujours plus puissante. Cet embryon de vie
doit être modelé à la façon des enchanteresses. »
Je tique.
Puis-je faire disparaître ce qui n’a pas lieu d’être dans son ADN ?
Jamais un tel être n’a vu le jour. Bien sûr, il existe le fils de Lana,
mais c’est un mâle. Il n’aura que peu de pouvoir. Une fille, c’est une tout
autre problématique.
Il me vient alors à l’idée que je dois récupérer mes apothicaires. Je
dois mettre au monde plusieurs filles, complètement conformes à ma
lignée. Une descendante qui n’aura pas d’autres desseins que ceux dus
à ma communauté. Si Gaia s’est cachée ici, probablement que les miens
ne sont pas loin. Il se peut qu’ils soient tout près même. Je dois les
retrouver, reconstituer notre vie telle qu’elle doit l’être. Même avec un
petit groupe, je pourrai tout reconstruire.
« Les apothicaires sont en sécurité. L’enchantement est suspendu au
souffle de vie de Métamorphis ! »
2 – Maia

D:\Flo\_NatureCaptive\Tome
1\VersionRelié\Maia_croquis.png

Je manque de m’étouffer avec cette révélation. Cela signifie que tant


que Métamorphis vivra, je ne pourrai pas entrer en contact avec les
miens. Gaia a fait très fort pour soi-disant tous nous protéger.
Mais quelle idée, sachant que notre communauté ne peut tuer, que
ce soit de nos mains ou par un enchantement !
A-t-elle foi en l’avenir à ce point pour avoir scellé le sort des
apothicaires à la vie de Métamorphis ?
Tout à coup, je suis encore plus lasse, désabusée : la situation ne
pourrait être pire.
Tellement de conditions pour revendiquer mon titre, de contraintes
pour assumer mes responsabilités et assurer ma suite. Je me sens si
jeune et si dépassée. Lorsque je me suis retirée, je me trouvais déjà si
vieille, avec bien trop de vécu à traîner ! Comment retrouver ma
vaillance et ma jeunesse ? Je n’ai même pas 30 ans !
Le monde est sens dessus dessous. Avec moi, j’ai trois animalus.
Même s’ils sont pleins de bonne volonté, quand même, c’est mal barré.
« Aie confiance, Maia. Quand Métamorphis n’existera plus, les
apothicaires te rejoindront grâce à mon pouvoir qui est maintenant en
toi. »
Autour de moi, l’agitation augmente. Les effluves de mon ennemi
claquent dans les airs comme des coups de tonnerre. Comment a-t-il
fait pour nous retrouver si rapidement ?
Alors que je pensais connaître un peu de répit, à l’abri dans cette
dimension hors de tout, je devine déjà que les dernières parcelles de
ma grand-mère disparaissent et que j’ai les pleins pouvoirs. Je déborde
maintenant d’énergie, de tant de force que cela me démange partout à
l’intérieur. C’est comme si mon enveloppe charnelle devait s’adapter
pour accueillir mes nouvelles capacités.
« Tu dois rompre tout contact entre ce bébé et son père ! »
Son injonction m’alerte ; je me tourne vers mon giron et
effectivement, je constate un contact avec l’extérieur. L’urgence de la
situation me saisit davantage. Je n’avais pas conscience de cette
connexion, trop accaparée que j’étais à régler la situation. Je vais devoir
nous protéger. Dans le cas contraire, je serai toujours traquée.
Toutefois, ne suis-je pas condamnée à l’avance avec une telle
descendance ?
« NON ! »
J’admire l’assurance de ma grand-mère. Puis, soudain, je me
rappelle que cette dernière m’a menti. Elle m’a fait croire que ma mère
était morte.
« Elle est bien morte ! »
Et pourtant, je l’ai vue de mes propres yeux.
J’ai pu humer son parfum. Je l’ai immédiatement reconnue.
« Tout comme tu as cru que c’était l’animalus… »
Je me revois sur le plancher d’Ovi. Oui, j’ai cru que c’était Rodolphe.
Malgré tout, c’était mon ennemi qui me violait. L’humidité sur ma joue
m’amène à penser qu’une larme s’échappe.
« MAIA ! Il est temps ! Je ne suis plus rien… »
Sa parole résonne comme un murmure qui s’éteint dans mon esprit.
Aussitôt, je ne la sens plus. Gaia a complètement disparu. Je cherche
autour de moi. Je racle avec mes doigts comme pour conserver la plus
infime parcelle de ma grand-mère, des fois qu’il m’en manquerait
encore. Garder un tout petit peu d’elle me ferait le plus grand bien, me
donnerait de la force pour les moments difficiles. Peut-être que je me
sentirais moins seule. En ai-je assez pour que les miens me retrouvent
quand il sera temps ?
Une secousse me bouscule.
— MAIA !
Rodolphe pousse un nouveau cri d’angoisse. Je me rembrunis.
Finalement, je n’ai pas peur. Avec tout ce que j’ai traversé, c’est triste,
mais je suis résolue à galérer encore. Je suis loin d’en avoir terminé et
de pouvoir remettre ma communauté sur pied.
Soudain, le tranchant d’une épée passe à ma droite. Je sursaute. Je
ne suis plus à l’abri. D’ailleurs, quand je regarde autour de moi, les
fleurs de ma grand-mère ont disparu. Il ne reste que les miennes,
pleines de vie, mais sans enchantement pour avoir une cache
imprenable, je suis fichue. Le mausolée de Gaia perd ses sortilèges.
Cette dernière avait tout prévu, afin que je ne puisse pas, encore une
fois, me retirer ici et fuir ainsi mes obligations.
Je soupire à regret…
Il est temps !
Avec mes mains, j’écarte cette végétation qui n’attend qu’une
chose : s’évanouir. Son office est terminé.
Immédiatement, je suis submergée par le bruit, les cris. Jeanne
piaille comme une furie. En ce moment, je ne sais pas à qui elle en veut
le plus : moi ou les sbires de Métamorphis. Ils sont présents, partout,
autour de nous. Nos assaillants nous entourent au pied de la sépulture
de Gaia. Le zeppelin trône au-dessus de moi, fièrement, triomphant. La
tension est à son paroxysme. D’un simple coup d’œil, je fais l’analyse de
la situation. Je vais devoir vite improviser.
Je pince la bouche. Je n’ai pas dit mon dernier mot.
— Maia, souffle Rodolphe, enfin rassuré.
Il n’y a plus que lui sous forme humaine, debout sur les marches de
la sépulture, son épée à la main, pointée pour embrocher un adversaire.
Sa vaillance m’émeut. Mes yeux s’embuent de larmes. Il est prêt à
mourir pour moi. Sauf que je suis trop attachée à lui. Il n’est pas
question que ces vauriens me le prennent. Je ne cherche même pas
mon herbier. Ma puissance effleure ma peau, exacerbe mes sens. Je
suis galvanisée du pouvoir de la déesse dont je ne suis que l’humble
servante.
— Mère Nature, sauve-le ! dis-je en projetant mes mains face à
l’ennemi.
Mon affirmation est tellement forte. Mes paumes s’élancent droit
devant. Des lianes sortent spontanément du bout de mes doigts et
s’emparent des épées adverses. Je ne peux tuer, mais je suis la
gardienne de la vie. Le premier cercle de mercenaires est désemparé,
démuni. Leurs lames s’envolent dans le ciel pour retomber à mes pieds,
érigeant une nouvelle barrière.
Roland, qui rugissait à quatre pattes, pareil à un lion enragé, reprend
forme humaine. Ma gorge se serre sous sa métamorphose. Je plisse les
yeux pour ne rien rater de ce qui se passe autour de nous. Mes deux
animalus se placent de chaque côté de moi, maintenant une épée dans
chaque main.
Jeanne, tel le diable en personne, va piquer les crânes à sa portée.
Les mercenaires se rebellent et je vois bien qu’ils vont foncer tête
baissée. Nous sommes si peu armés. Ils ne craignent pas grand-chose.
Je réfléchis à toute vitesse. Nous devons fuir sans délai. Ovi est
séparé de nous par cette barrière infranchissable d’épines. Bien à l’abri,
totalement préservé de tout le monde, sauf de moi.
Je me concentre sur cette muraille piquante. Finalement, elle va
nous protéger.
— Mère Nature, fais-nous un chemin sûr.
Du regard, je fixe la ligne droite qui nous mène vers notre issue,
celle qui nous permettra de nous échapper.
Dans l’instant, les épines grandissent et s’élèvent. Dans un premier
temps, la végétation monte de plus en plus haut. Puis, un tunnel naturel
surgit.
— Maintenant ! crie Rodolphe.
Il s’élance, ses deux épées en avant, pour ouvrir la voie. Roland le
rejoint immédiatement tandis que Jeanne continue de picorer les
crânes. Les soldats de Métamorphis vocifèrent pendant que son
zeppelin descend toujours plus bas. Mon ennemi apparaît dans une
nacelle. À ce rythme, si nous n’accélérons pas le mouvement, il n’aura
plus qu’à tendre la main pour me cueillir.
Mon cœur martèle dans ma poitrine. Mes poils se hérissent sur mes
bras. Je déglutis. Je dois réussir à m’échapper.
3 – Rodolphe

D:\Flo\_NatureCaptive\Tome
1\VersionRelié\Rodolphe_croquis.png

Je n’y croyais plus et pourtant… Elle est là devant mes yeux.


Je suis tellement content de la revoir ! Si heureux de pouvoir à
nouveau l’aider, voire la sauver ! Nous sommes en difficulté… c’est sûr,
mais je donnerai ma vie pour sa liberté !
Le regard déterminé de Maia me comble de joie. C’est une nouvelle
enchanteresse qui nous apparaît.
Ce tombeau vivant grouillait d’activité. Les fleurs multicolores
poussaient sans cesse et se renouvelaient à une vitesse vertigineuse.
Leur parfum me gavait d’énergie, m’exhortait à rester vigilant, au
maximum de mes capacités. Au fur et à mesure que nos ennemis
s’approchaient pour nous encercler, le mausolée grandissait. J’ai cru
qu’elle allait disparaître à jamais. De désespoir, au plus profond de mes
tripes, la terreur m’a paralysé comme jamais. Mourir m’importait peu,
mais l’avenir du monde était en jeu. Tout ne pouvait pas s’arrêter ainsi
et donner la victoire à Métamorphis.
Puis, soudain, elle a surgi, devant moi, si belle, si blanche, ses yeux
émeraude flamboyant de mille pierres précieuses.
Je la regarde, je la contemple et je n’ose y croire. Une telle force
irradie d’elle. Je suis si heureux, rassuré. Je n’ai pas le temps de lui
parler, de lui avouer mes pires craintes. Des lianes jaillissent de ses
doigts, se saisissent des épées de nos assaillants et me coupent la
chique.
Cha alors !
Jamais je n’ai pu observer autant de puissance.
Voilà que les lames s’élancent vers le ciel. Les lianes, tels des
élastiques, rétrécissent et se plantent devant nous en guise de rempart.
Chapristi !
Roooland se remet sur ses deux pieds et sans nous consulter, nous
nous emparons chacun de deux épées. Cha peut toujours servir.
Je jette à peine un regard à mon chat et je vois bien qu’il est tout
aussi abasourdi que moi.
Jeanne, égale à elle-même, picore toutes les cervelles à portée de
bec. Je pourrais en rire, mais clairement, nous sommes en danger. Cha
craint !
Nous sommes pris en tenaille et je ne vois pas comment nous allons
nous en sortir. Au sol, comme dans les airs, ces vauriens nous
assiègent. Toutefois, je ne vais pas laisser tomber. Je prends un air
conquérant pour prouver à nos assaillants que je me battrai jusqu’au
bout. J’ose espérer que j’ai fière allure, que je suis crédible, car au fond
de moi, je n’en mène pas large. Je rugis pour les obliger à reculer. Les
plus proches sourcillent, puis se regardent pour se convaincre que nous
ne faisons pas le poids.
— Mère Nature, crée-nous un chemin sûr, clame Maia, pleine de
ferveur.
Sans mon objet volant identifié, nous sommes foutus. Alors moi
aussi, je cherche une voie pour nous évader et surtout rejoindre mon
magnifique engin. Les ronces, soudain, grandissent devant moi. Un
parfum floral envahit mes narines en plus de l’herbe fraîche et je n’ai
pas besoin de me détourner pour vérifier : Maia a lancé un autre
sortilège !
Immédiatement, la végétation monte tellement haut que je pince la
bouche, me retenant de demander à ma Blondinette si elle ne s’est pas
trompée dans la recette. Là, cha va devenir plus compliqué, seul notre
colibri est capable de voler.
Je m’arc-boute, prêt à me battre et défendre notre nouvelle
enchanteresse en titre devant ce mercenaire qui bondit pour traverser
notre rempart de lames. Au moment où je m’apprête à embrocher ce
vaurien, un tunnel s’ouvre en direction d’Ovi. Il ne va pas jusqu’à lui,
mais foutu pour foutu, autant commencer à progresser dans la bonne
direction.
— Maintenant !
Mon cri puissant sonne le départ.
De mes deux épées, je fais du tri devant moi et je taille tous les
membres qui me gênent. Les gémissements s’élèvent, mais je ferme
mes oreilles.
À chacun de choisir son camp.
Roooland me rejoint immédiatement pour ouvrir une voie plus
grande. Maia emboîte nos pas et nous descendons les marches du
mausolée.
— NON ! hurle Roooland.
Je lève la tête en direction d’un nouveau danger. Le zeppelin est
tellement bas que je crains que cet assassin ne nous arrache Maia
encore une fois. Son « M » sanguinaire me nargue et je frémis.
Je cours plus rapidement dans ce souterrain de verdure et cha
pousse derrière. Je jette à peine un œil et découvre que mon chat invite
notre enchanteresse à avancer plus vite.
Je m’égratigne les bras au passage, je serre les mâchoires pour
ignorer cette douleur aussi vive qu’une brûlure. Le tunnel est étroit et va
falloir qu’il s’ouvre et débouche sur Ovi. Dans le cas contraire, ce sera
notre prochaine prison.
— Maia…
Je maugrée dans ma barbe, complètement ahuri par cette nouvelle
situation qui ne mène nulle part encore une fois. Si ! Entre les griffes de
Métamorphis !
Ma rage augmente encore. Je bute sur les épines et je suis acculé
contre les branches pour laisser un maximum de place à mes
coéquipiers. Maia est toujours aplatie contre mon dos et Roooland la
serre un peu plus contre moi, m’enfonçant davantage dans ces épines
acérées. Du coin de l’œil, j’observe les tiges qui ont épaissi et refermé
l’entrée. Nous sommes enfermés.
Le cœur de ma Blondinette bat comme un dingue entre mes deux
omoplates. J’aimerais bien la réconforter, mais il m’est impossible de me
retourner.
— Roooland, arrête de pousser, dis-je dans un râle.
Mon pote gémit, je comprends bien pourquoi.
— Mais cha pique ! crie-t-il.
Tu m’étonnes ! Mes vêtements m’offrent une bien frêle protection,
mais lui, il a le cul à l’air.
— Mère Nature, ouvre-nous la voie !
Comme dans un tour de magie, les branches se dénouent et le
tunnel se prolonge devant moi pour nous permettre d’accéder à Ovi.
Alors que je me figurais que l’on allait déboucher dans la clairière, les
lianes piquantes grandissent et s’allongent. Je les observe rejoindre la
coque de mon magnifique engin, un peu trop haut à mon goût. Malheur,
pourvu que les épines ne percent pas ma montgolfière. Je ne peux me
retenir et je vocifère :
— Attention au ballon !
Les branches dévient instantanément comme pour m’obéir.
Incroyable !
Il y a tant de bruit que je n’entends plus Jeanne. Entre les cris de
nos ennemis et cette végétation qui craque et glisse au fur et à mesure
de sa croissance, je ne sais plus ce qui se passe autour de nous. Je ne
peux que constater que nous atteignons Ovi. Quand je touche
finalement la coque, je n’ai qu’une envie : l’embrasser, la caresser.
Pourtant, j’ai bien conscience que je n’ai pas le temps.
Je saute à bord. Je me retourne immédiatement pour empoigner
Maia pendant que Roooland la soulève. Enfin tous les trois sur mon
magnifique plancher, je découvre cette montagne boisée qui nous
sépare du mausolée.
Un coup de bec me rappelle à l’ordre, tout comme les piaillements
qui suivent.
— Moi aussi, Jeanne, je suis content de te revoir !
Notre colibri se calme instantanément et se pose sur l’épaule de
Maia. Quand je les aperçois observer toutes les deux le ciel, je crains
qu’il y ait un nouveau problème.
Effectivement, je crois que la situation ne pourrait pas être pire.
Nous ne pouvons pas décoller. Alors que nous sommes enfermés dans
cette clairière cerclée d’épines, le zeppelin de notre ennemi nous
confine, comme un couvercle, nous empêchant de faire tout
mouvement.
Lorsque j’entends le rire cynique de Métamorphis, je serre fort les
paupières. C’est un cauchemar ! Ce n’est pas possible autrement. Mais
quand j’ouvre les yeux, il est là juste au-dessus de nous, à une distance
sécurisée, mais tout de même dans sa nacelle. Ses iris avides de
dément sont rivés sur notre nouvelle enchanteresse en titre ; il pourrait
presque baver, tellement il n’en peut plus de la revoir. Et vraiment, cha
me broie les tripes, cha me fait mal de penser à toutes les souffrances
qu’il lui a fait subir, qu’il a même réussi à la posséder, et il est sur le
point de me la reprendre encore !
4 – Maia

D:\Flo\_NatureCaptive\Tome
1\VersionRelié\Maia_croquis.png

Le rire sadique de Métamorphis me fait froid dans le dos. Une sueur


glaciale dégouline le long de mon échine.
Décidément, cette affaire est loin d’être finie !
— Comme nous nous retrouvons, ma divine enchanteresse ! crie-t-il,
conquérant.
Je m’efforce de l’ignorer, n’ayant pas de temps à perdre avec lui.
Maintenant que j’ai les pleins pouvoirs, je dois absolument reprendre
l’ascendant d’une manière ou d’une autre. Bien sûr que ce ne sera pas
aussi facile. Dans le cas contraire, Gaia nous aurait délivrés de ce
vaurien. Toutefois, je veux croire que je n’ai pas récupéré la magie pour
rien ; si je suis enchanteresse en titre, c’est probablement que j’ai une
autre carte à jouer.
J’observe en l’air, me demandant quel sortilège je vais bien pouvoir
lancer pour me débarrasser de ce malotru. Jeanne pépie sur mon
épaule ; néanmoins, je l’ignore. Non pas que ce soit inintéressant, mais
elle n’est pas toujours très claire sous forme humaine, alors sous sa
forme de colibri, je la comprends encore moins et je dois rester
concentrée sur notre fuite.
Soudain, un bourdonnement enfle et le sol tremble autour de nous.
Les vibrations montent et je lève un sourcil, me demandant ce qui va
advenir. Une puissance incommensurable s’éveille. Je scrute le moindre
détail pour tenter de deviner ce à quoi nous avons affaire. Le
grondement s’intensifie encore et la terre éclate brusquement avec
fracas.
La sépulture de ma grand-mère explose. Les fleurs, les branches, les
feuilles, mais aussi les pierres, s’élèvent et se projettent sur le ballon de
Métamorphis. Le jet est si puissant que j’en souris, devant la
prévenance de Gaia. Alors même qu’elle est morte, les réminiscences de
sa magie œuvrent encore.
Malheureusement, l’ensemble rebondit, et cette baudruche maléfique
a à peine été secouée. Quelques pétales et miettes de sols terreux nous
retombent dessus sans commettre aucun dégât. Nous nous protégeons
des bras, évitant quelques cailloux.
J’aspire et les effluves de ma grand-mère me chatouillent les narines.
Je fronce le nez, plisse les yeux, prête à passer à l’action. Ce coup
d’éclat aura au moins servi de diversion.
Je dois agir et vite, sinon cette histoire va encore mal finir. Je
regarde mes branches qui nous ont escortés jusqu’ici, j’en caresse une
comme si je la chérissais.
— Mère Nature, libère-nous la voie !
Mon chuchotement à peine terminé, mes lianes d’épines s’élancent
droit vers ce zeppelin qui nous entrave. Elles le percent de mille piques
acérées. Le ballon commence à donner des signes de faiblesse. Sauf
que je vais devoir agir vite avant qu’il ne nous tombe dessus et nous
enferme avec ce tyran.
Je scrute le plus petit signe de brise sur ce lieu enclavé. J’écoute…
Un simple murmure du vent et ce sera suffisant. J’ai beau inspecter, la
nature nous a confinés dans un panier et cet engin démoniaque forme
un rabat au-dessus de nous, nous étouffant, nous privant de la
circulation de l’air.
Je ne sens rien, pas le moindre souffle pour nous sauver. J’enrage. Il
ne manquait plus que ça. Jeanne s’agace et piaille à mes côtés. Son
agitation me chatouille l’oreille. La voilà, ma solution.
— Jeanne, envole-toi !
Son cou se tord et son œil perçant m’examine, me sonde. Et puis,
elle comprend. Elle vole autour de moi comme une furie, poussant mes
deux gardiens, les obligeant à reculer. Mon colibri accélère telle une
fusée, générant un tourbillon.
J’en souris de satisfaction.
C’est bien Jeanne, ça ! Toujours prête à tout donner.
— Merci, Jeanne…
Son coup de tête m’indique qu’elle m’a entendue.
Je me concentre sur cette mini-tornade pour la consolider et la faire
grandir. Je l’écarte pour nous mettre à l’intérieur, puis l’élargis pour
englober Ovi, créant un véritable cyclone.
La baudruche au-dessus de nous commence à s’affaisser pour nous
engloutir. J’en frémis : je crains de ne pas être assez rapide. Je redouble
d’efforts et de concentration. Il en va de notre liberté. Je transpire à
grosses gouttes, mais comme Jeanne, je donne tout. Ils m’ont soutenue
tout ce temps, croyant en moi. Je me dois d’être à la hauteur de leur
espérance.
Je sens une force centrifuge augmenter autour de moi. Mes cheveux
s’éparpillent et montent au-dessus de ma tête. Ils se remplissent de
fleurs, leur parfum m’ensorcelle et me revigore encore. Je déglutis
devant tout ce potentiel que je découvre.
C’est maintenant ! Je le sens au plus profond de mes entrailles.
— Mère Nature, envole-nous.
Mes bras se lèvent en même temps que je formule l’enchantement.
Ovi s’élève en douceur. Du bout des doigts, j’effleure une branche de
ronces et celle-ci s’élance vers le ciel, donnant le coup de départ à ce
tunnel qui nous a aidés. Les épines s’accrochent au zeppelin, le
détournant de notre trajectoire.
Je balaie d’une main, d’un coup sec, pour montrer la direction à
prendre. Un grand appel d’air se forme et Ovi s’engouffre à l’intérieur. Je
perds l’équilibre et mon dos percute le bois de la coque. J’ai mis trop de
puissance, je n’ai pas été assez attentive et voilà que mon corps bascule
par-dessus bord. Je tombe et soudain, je suis suspendue. Mes deux
animalus m’ont empoigné l’un le poignet, l’autre le biceps. Je n’ai pas le
temps de parler qu’ils me hissent et me ramènent à bord un peu
brusquement. Je ne suis pas la seule à ne pas contrôler ma force. Mon
genou heurte le plancher et je retiens un cri de douleur.
— Merci, dis-je faiblement.
Mes chats hochent la tête et je demeure sur le parquet au plus bas.
C’est plus sûr pour maîtriser notre ascension. La barque d’Ovi penche
comme si nous surfions sur l’air. Les restes de fleurs de Gaia glissent
vers l’arrière, s’engouffrant dans la cabine ou par-dessus bord.
— Tirez ! entendons-nous.
Ce hurlement ne nous dit rien qui vaille. L’ordre de Métamorphis est
très clair. Les flèches pleuvent sur nous. Clairement, nous risquons d’y
rester.
Je me dois d’agir vite !
Au déplacement d’une fleur sur le plancher lustré, je l’enfourne dans
ma bouche. Je murmure une litanie en boucle pendant que je savoure
les dernières exhalaisons de ma grand-mère. Son arôme me ravit et
mon pouvoir se regorge de magie. Mes paupières se ferment et je
chantonne sans cesse. Pas besoin de regarder. Je sais ce qui se passe,
et la preuve : le parfum fleuri augmente. Notre ballon se recouvre de
boutons qui s’ouvrent aussitôt, au point de former une carapace si
dense qu’aucun carreau ne peut la percer. Et tout va très vite.
L’enchantement presque instantané fait rebondir les flèches que
j’entends tomber autour de nous. L’agitation sur le plancher lustré
m’amène à penser que mes animalus s’assurent que je ne sois ni
blessée ni interrompue. Je savoure ce moment unique où je retrouve
ma magie. Mon pouvoir est immense. Jamais je n’aurais imaginé que
des lianes pourraient sortir de mes mains. Jamais je n’en ai entendu
parler.
Ai-je la capacité de créer des enchantements sans composante de la
nature ?
Au fond de moi, je sens que non, je suis toujours liée à Mère Nature
et ses éléments. Sans elle, je ne suis rien. Sans elle, je ne peux
enchanter.
Mes fleurs nous donnent des ailes, nous rendant plus légers encore.
Ovi continue de monter, tanguant tant bien que mal pour trouver une
voie libre. Les cris en dessous et le raffut ont cessé.
J’ouvre les yeux vers notre ballon. Il est splendide, recouvert de
fleurs diaphanes de toutes les couleurs. Elles paraissent si légères. Une
odeur entêtante me remplit de bonheur. J’en souris de béatitude.
Puis je me prosterne. Je ne suis qu’une humble servante de la
déesse Nature, un simple outil pour son œuvre, et c’est très bien ainsi.
Je remercie sincèrement, reconnaissante de son pouvoir
incommensurable, de sa bénédiction et de nous avoir préservés.
Rien n’est terminé, tout ne fait que commencer.
Je sais que la tâche sera rude avant de retrouver ma communauté et
ma vraie place sur la Terre, mais maintenant, j’y crois.
Je me redresse. Mes trois animalus, dont seul Rodolphe est habillé,
sont plantés devant moi, sur leurs deux jambes, totalement interdits
devant l’immensité de ce pouvoir qui m’est prêté. Je hoche la tête
timidement pour qu’ils se détendent.
Ce n’est pas l’heure des courbettes.
Ovi flotte tranquillement dans le ciel. Je me penche pour faire un
état des lieux en dessous.
C’est un beau capharnaüm de végétation. On dirait une catastrophe
naturelle. Les soldats de Métamorphis sont là, impuissants, pendant que
l’Administrateur en décapite un, probablement pour l’exemple. Je me
rembrunis devant tant de violence gratuite.
— Et maintenant ? demande Rodolphe.
Je pose ma main sur mon ventre instinctivement.
— Maintenant, nous devons disparaître…
5 – Rodolphe

D:\Flo\_NatureCaptive\Tome
1\VersionRelié\Rodolphe_croquis.png

Disparaître ?
Je n’en vois pas l’intérêt. Au contraire, nous devons clamer haut et
fort que nous avons une nouvelle enchanteresse et qu’elle va œuvrer
afin que tout rentre dans l’ordre !
— Et tes apothicaires ?
Ma question la fait sursauter. Mes animalus hochent la tête. Maia est
concentrée sur son ventre et j’en comprends les raisons. Sa situation est
bien difficile et je ne sais encore comment nous allons la gérer. Je
caresse sa joue pour la réconforter, lui faisant passer tout l’amour que je
ressens pour elle. Je serai là !
Son acquiescement m’emplit de joie. Ce simple mouvement est une
consécration pour moi. Puis le front de ma Blondinette se crispe, comme
sous un mauvais présage.
— Mes apothicaires ? Gaia les a dissimulés à la vue de tous. Ils
réapparaîtront uniquement quand Métamorphis ne sera plus !
L’enchantement de ma grand-mère est lié au souffle de vie de notre
ennemi.
Jeanne ouvre la bouche et je pourrais jurer que sa forme animale est
une carpe plutôt qu’un colibri.
Oui, je comprends son ahurissement. Avoir lié le sortilège de
protection des apothicaires à la mort du tyran est une sacrée épine dans
le pied. Alors, il va vraiment falloir se débarrasser au plus vite de ce
despote sanguinaire. Bien sûr que cet enjeu me paraissait inévitable. Ce
tortionnaire a une telle soif de richesse et de pouvoir qu’il ne s’arrêtera
jamais. Avoir mis l’humanité à genoux ne lui suffit pas. Je suis presque
sûr qu’il envisage de conquérir l’univers aussi. Je maugrée dans ma
barbe. Une colère sourde s’empare de ma poitrine et cha pince.
— Que va-t-on faire alors ? demande Roooland.
Nous voguons dans les airs à bonne allure. La voie est totalement
dégagée et le but est de partir loin d’ici en attendant les consignes de
ma Blondinette. Je pourrais croire que Maia a un nouveau point
d’ancrage pour nous guider : elle fixe à nouveau le ciel, mais je me
doute qu’il n’en existe maintenant aucun. Notre enchanteresse hausse
les épaules ; ce n’est pas de la nonchalance, non, elle semble plutôt
désemparée.
Soudain, elle se tourne vers nous et nous scrute intensément.
— Tout d’abord, je dois couper le lien entre ce bébé et son père.
Quand elle pose sa main sur son ventre plat, sa moue est pleine de
tristesse. Peut-être que nous devons gérer cette grossesse et la
naissance avant de reconquérir le monde. Après tout, nous ne sommes
pas à quelques mois près. J’en suis frustré, mais une chose est
certaine : si nous ne menons pas les actions dans le bon ordre, nous
serons inévitablement vaincus.
— Quel végétal te faut-il ?
Jeanne regarde déjà partout en attendant que Maia lui réponde. Cha
me fait plaisir que notre femelle de colibri soit de nouveau à fond et
œuvre pour ses convictions. Sa forme humaine avait quasiment disparu
quand je l’ai retrouvée, mais là, elle a récupéré toute sa combativité.
Maia s’humecte les lèvres.
— Un morceau de bois brut ferait particulièrement bien le travail.
C’est un très bon isolant.
Je fourrage dans ma barbe. Je suis prêt à couper une pièce d’Ovi si
cha peut sauver Maia et cet enfant. Peut-être même qu’il me reste
quelques bouts, vu que j’ai tendance à tout conserver au cas où.
— Je dois avoir ce qu’il nous faut, dis-je en ouvrant la trappe qui
mène à la cale.
Je me retiens de sauter en voyant que tout est sens dessus dessous.
Entre le rétrécissement, toutes nos péripéties et ce gros coup de vent
pour nous envoler, plus rien n’est à sa place ! Je soupire de lassitude :
je rangerai plus tard. Je commence à farfouiller dans ce capharnaüm.
— Et ton morceau, tu le préfères de quelle taille ?
Ma voix porte au-delà du plancher. Le joli minois de ma Blondinette
apparaît par l’entrée de la cale.
— Le gabarit d’une amulette ferait l’affaire.
Je hoche la tête et découvre le reste d’un bout de planche idéal à
tailler.
— Comme cha ?
J’arbore ma trouvaille pour la lui montrer.
— Parfait ! avoue-t-elle avec un grand sourire, soulagée.
Son expression me ravit et mon cœur tambourine dans ma poitrine à
l’idée d’assouvir tous ses besoins. Je lève les yeux au ciel devant mon
idiotie. En même temps, j’éprouve tant de satisfaction de pouvoir la
servir. Est-ce que ma vie à ses côtés, cha va être cha ? Attendre qu’elle
me congratule d’un simple sourire comme un bon toutou ?
Ma foi, quand j’analyse mes ressentis, je me sens heureux en cet
instant, alors c’est plutôt bien. Peut-être que je ne suis né que pour être
son serviteur ? Le comble pour un chat ! Cha me laisse songeur. Je suis
si loin de mon caractère indépendant où j’étais le roi de mon territoire.
Je ne sais pas si je renouerai avec mon métier de climatologue. Et
pourtant, quand je repense à son état, la Terre a bien besoin que l’on
fasse des efforts pour elle. Mais il faut être honnête, les humains sont
sous la coupe de Métamorphis avec sa camisole chimique, alors la prise
de conscience, ce n’est pas pour maintenant.
Je remonte sur le plancher d’Ovi. Je sors un vieux couteau et
commence à travailler à la taille de cette amulette.
Jeanne s’active à cuire des graines pour notre enchanteresse sans
que cette dernière n’ait rien réclamé et Roooland vérifie que les hélices
fonctionnent à pleine puissance.
Tout à coup, je sursaute et demande :
— Où allons-nous ?
Nous nous tournons tous vers Maia et celle-ci hausse à nouveau les
épaules.
— Je ne sais pas !
Tout à me concentrer pour transformer ce petit morceau de bois et
qu’il soit bien poli pour éliminer toute écharde, je réfléchis.
— Nous ne pouvons pas retourner chez moi, affirme Roooland.
C’est certain. D’ailleurs, sa péniche a forcément été réquisitionnée.
Nous faisons non de la tête dans un bel ensemble.
— Peut-être pouvons-nous tenter le Pakistan ? Je suis sûr que
Rooobert n’est plus à Dammam avec son clan : le commerce du gaz
était cuit. S’ils ont suivi mon conseil, ils sont allés retrouver Rooomain et
sa bande. Le lieu qu’on leur a trouvé était vraiment idéal pour être en
sécurité et fonder une nouvelle communauté.
Maia cille sous ma proposition. Elle était tellement pressée de partir
de là-bas. Néanmoins, la donne a changé depuis qu’elle est
enchanteresse en titre.
— Robert est un mec fiable, assure Roooland, mais les autres ?
Je tique, car il y avait de l’ambivalence dans leur groupe.
— Ils sont de bonne volonté pour reconstruire. Un petit coup de
main leur fera du bien ! conclus-je.
— D’accord, annonce Maia. Mais nous ne devons pas leur dévoiler
qui je suis. On verra par la suite, si nous avons pleinement confiance.
Nous hochons tous la tête face à cette exigence. Bien sûr que nous
ne pouvons rien leur révéler.
— Dans ce cas, tu seras ma compagne, Maia.
Roooland sourit à ma proposition. L’acquiescement de notre
enchanteresse m’envahit de bonheur. Elle va m’intégrer à sa vie ! Je
dois penser trop fort, car Jeanne lève les yeux au ciel et tend la gamelle
de son infâme bouillie.
Quand Maia se penche sur la vieille casserole, les mirettes
écarquillées, Jeanne se rembrunit instantanément.
— Bah, je ne suis pas cuisinière, moi !
— Non, en effet, Jeanne, mais ça ira, je te remercie.
L’odeur de cramé ne m’enthousiasme pas. Misère, il faut qu’on
trouve à manger.
— Et si on cache ta véritable identité, est-ce que tu pourras tout de
même donner un coup de pouce à la nature ?
Maia hoche la tête entre deux bouchées. Je vois bien qu’elles ne sont
pas faciles à avaler. Notre enchanteresse délaisse rapidement la gamelle
et accepte mon offrande en me saluant. Cette amulette devrait faire son
office.
— Merci, Rodolphe ! Maintenant, je vais méditer afin de disparaître
des radars de notre ennemi.
À peine sa phrase terminée, elle s’assied en tailleur et part dans un
autre univers, qui n’appartient qu’à elle. Ses ondes nous enrobent
doucement et un état bienfaisant m’envahit. C’est divin, reposant,
serein. D’un seul coup, je me sens prêt à tout.
6 – Métamorphis

D:\Flo\_NatureCaptive\Tome
1\VersionRelié\métamorphis.png

Cinq mois plus tard…

J’ai la rage au corps !


Je ne décolère pas !
Cinq mois déjà qu’elle a disparu !
Cette sublime enchanteresse en titre s’est littéralement volatilisée.
Pendant que l’Administrateur faisait régner la justice sur le champ de
bataille pour montrer à mes ouailles combien elles sont crétines et
inefficaces, je suis resté connecté à MON enfant qui s’épanouit dans son
ventre. Et c’était agréable de distinguer les exhalaisons du fruit de ma
semence. Je flottais dans une telle béatitude, complètement ébloui par
sa souveraine puissance. Maia a récupéré tous les pouvoirs, elle est
d’autant plus magnifique. Une partie de moi a besoin d’elle. Je suis un
être qui ne survit que grâce à la déesse Nature. Je veux simplement la
soumettre afin d’avoir un contrôle absolu sur toute vie et peut-être aussi
dans l’univers. Ce serait une maigre reconnaissance devant l’immensité
de mon accomplissement. Du coup, j’ai aspiré toutes les volutes de
cette enfant à venir que moi seul peux sentir quand soudain, elle s’est
tout à fait volatilisée, me dissimulant ma descendance. Comment ? Je
ne saurais dire. Probablement que l’enchanteresse a trouvé un tour de
passe-passe pour se cacher de moi.
En attendant, ma fureur est totale. Un rugissement s’échappe de ma
gorge et je tente de l’étouffer en buvant cul sec mon brandy. Le verre
claque sur la tablette et je me ressers une large rasade. Le bouchon
tombe par terre. C’est vrai que j’ai un peu abusé, mes gestes sont
moins précis. Mais il faut me comprendre : la pastille est dure à avaler.
J’observe ce capuchon au sol et constate que mes chaussures vernies
ne luisent pas assez. J’attends la venue de l’Administrateur ; un coup de
langue devrait restituer toute la brillance due à mes égards.
J’avance sur mon balcon et m’appuie sur la rambarde pour retrouver
mon équilibre. Ma cour est pleine de piques arborant des têtes. Ce n’est
pas difficile : tous me déçoivent en ce moment. Alors, je fais décapiter à
tour de bras. Cela fait moins de bouches à nourrir et donne du style à
ma cour, c’est certain.
Cela me rappelle le bon vieux temps où un bûcher était alimenté en
permanence pour me débarrasser des traîtres et des inutiles.
Seulement, je ne garde les feux que pour les grandes occasions. Les
forêts peinent à se remettre des incendies qui ont ravagé la planète.
Sans l’enchanteresse en titre, je me dois d’économiser le bois comme
tout un chacun et je peux bien me l’avouer : j’ai horreur de cela !
Réduire sa consommation à peau de chagrin, c’est pour les autres.
En conséquence, plus personne n’ose me regarder. Même Lana rase
les murs. Son ventre s’arrondit et ça me démange de l’ouvrir pour savoir
si c’est une fille qu’elle porte. Malheureusement, si c’en est une, je la
condamnerai par ce simple geste. Clairement, je ne peux pas compter
sur Lana ou sa vieille bique de mère pour enchanter. Je détiens le
grimoire, on aurait donc pu conclure que j’allais pouvoir accroître mon
pouvoir, mais non ! J’ai hérité d’une enchanteresse bas de gamme et
d’une apothicairesse amnésique. Cet antique bouquin leur est à peine
utile. Pourtant, je vois bien qu’elles sont pleines de volonté ; d’ailleurs,
elles n’ont pas vraiment le choix.
Je mets encore en bouche une savoureuse gorgée de ce divin
breuvage. Je le roule sur chaque papille. J’en hume les arômes. C’est
délicieux à souhait.
Un toc à la porte m’interrompt et c’est bien dommage… ou peut-être
pas. Laissons place à l’ennui. Ce vaurien d’Administrateur me rend
visite. Je pourrai m’en amuser…
— Entre !
Il pénètre dans mon antre, fier comme un paon, tout enturbanné,
égal à son habitude, lunettes de soleil sur le nez. Il est d’une
arrogance ! Je rumine mon insatisfaction.
— Reste, dis-je, impassible, à mon garde.
Je ne sais pas pourquoi cette idée surgit, mais mon admirable mental
doit fomenter quelque chose de très ingénieux. Je montre simplement
mon soulier crasseux à mon fils et il comprend. Je l’ai aguerri tout petit.
Une fois le nez sur mon cuir raffiné, je devine qu’il baisse son chèche
pour redonner toute la brillance que ma chaussure requiert. Tout à
coup, il se redresse, tout aussi camouflé. Je sais que le travail est
parfait. Je l’ai tant corrigé que je n’ai plus besoin de vérifier.
— As-tu des nouvelles ?
Je scrute à travers ses verres solaires, même si je ne vois rien ; il
tique. Je lui fais toujours autant d’effet.
— Non, Maître !
Je vois tellement rouge que je me détourne pour ne pas lui faire de
mal tout de suite… Pas encore. Ma soif de sang est grande.
— Comment vas-tu procéder ?
Il ne bouge pas, reste imperturbable. Si c’était quelqu’un d’autre, je
pourrais être fier de lui. Sa conduite est admirable, mais jamais je ne le
reconnaîtrai.
— J’ai plus d’un tour dans mon sac, affirme-t-il d’un ton entendu.
Je ricane devant tant d’arrogance. Il est si faible, si incompétent
comme métamorphe. Tiens, il est temps de le remettre à l’épreuve. La
dernière fois fut un fiasco total. Néanmoins, il m’a assuré s’entraîner ; il
ne peut que progresser, non ?
Je retourne vers ma console à plaisirs et pose mon verre. Une
pichenette de mon index ouvre ma boîte à cigares. Ma réserve est
étonnante et inestimable. Puis j’attends, le couvercle levé. Mon bâtard
s’approche et prépare mon havane à la perfection. Là aussi, les
corrections ont été utiles pour parfaire son éducation. Je suis fier de sa
capacité à apprendre et à courber l’échine chaque fois que c’est
nécessaire.
Ce fidèle laquais me présente mon cigare en me saluant et je
consens à le fumer. Je le pose délicatement entre mes lèvres pendant
que ce bâtard avance une flamme. J’aspire et remplis ma bouche de ces
nouvelles saveurs. Je renverse ma tête en arrière, me délecte et avale
ces délicieux arômes. Bien entendu, l’Administrateur se prend mon
expiration, car il le sait, qu’il ne doit pas bouger. J’acquiesce simplement
pour lui signifier que c’est parfait.
Une légère tension dans ses épaules diminue, alors il n’est pas aussi
à l’aise qu’il y paraît. Pour faire monter davantage la pression, je pointe
ma luxueuse boîte décorée de précieuses marqueteries. On n’en fait
plus des comme ça, possible qu’elles aient toutes brûlé !
— Montre-moi tes progrès !
Je le sens blêmir pendant que je tire sur mon cigare. Il comprend
exactement ce que je lui demande et sa réaction m’amène à penser
qu’il ne s’est probablement pas amélioré.
Sa main tremblante se pose sur ma console à côté de ma boîte. Pour
moi, ce serait un jeu d’enfant. La métamorphose partirait du bout de
mes doigts et tout mon corps ferait totalement illusion, que ce soit
visuellement ou au toucher. Une fraction de seconde me suffit. Bien sûr,
il me reste cette petite irrégularité d’une autre teinte. Mais plutôt que de
penser que c’est un défaut, je suis parti du principe qu’elle représentait
ma signature.
Toutefois, je m’égare dans ma splendeur. Je reviens à mon rejeton.
Son attitude me débecte. Je le vois transpirer à grosses gouttes derrière
ses verres solaires. J’en ricane intérieurement. Il est temps de l’éprouver
durement !
Il désire le Qatar ? Il veut régenter ?
Encore faut-il qu’il en soit digne !
7 – Métamorphis

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1\VersionRelié\métamorphis.png

L’Administrateur tremble comme une feuille devant moi. Sa hargne


est époustouflante. En ce sens, c’est bien mon fils. Ne jamais
abandonner. Il n’y a pas d’échec, uniquement de la résignation. Si vous
stoppez vos efforts, vous ne pouvez réussir.
Il a remonté sa manche, enlevé son gant. Ses cicatrices de
scarification tracent de jolis dessins sur son épiderme. J’en ai fait
certaines, il a créé toutes les autres à titre d’entraînement. Ce gamin a
toujours été mal dans sa peau, probablement que se taillader l’a aidé à
contenir son mal-être.
Mon cigare se termine… Pourtant, j’ai pris mon temps pour le
déguster. Mais cet incompétent vient tout juste de finir de
métamorphoser sa main. C’est vrai que les détails de ma marqueterie
sont minutieusement élaborés. Je me penche de plus près pour
comparer.
— Il y a une erreur… ici !
Je pose mon cigare pour lui montrer le lieu exact à corriger. À peine
un gémissement s’échappe de sa bouche, étouffé par son chèche. Il se
reprend immédiatement et continue son œuvre.
Malheureusement, je ne vais pas pouvoir y passer la journée. Ce
n’est pas que j’ai autre chose à faire, mais sa compagnie n’est pas des
plus agréables. Elle me rappelle sans cesse que je n’ai pas de
descendance digne de moi. Je soupire de lassitude. Pourquoi ne suis-je
pas totalement exaucé des dieux ? Je n’ai fait que donner de ma
personne, sacrifier ma vie, et en retour, mes récoltes sont bien maigres.
Ceux qui décident sont des ingrats.
Je jette à peine un œil à son avant-bras complètement transformé.
Quelle déception ! Il n’ira pas plus loin, c’est certain.
— As-tu déjà réussi une métamorphose entière ?
Mon bâtard tremble, y met toutes ses forces.
Je devine que c’est douloureux.
Quel brave !
— Je m’entraîne durement ! geint-il.
J’imagine bien. Pour autant, c’est un crève-cœur.
— Et tu crois que tu as toutes les compétences pour gouverner une
zone telle que le Qatar, remplie d’alliés puissants qui n’attendent que le
meilleur moment pour retourner leur veste ?
Il sursaute devant cette terrible question. À la vérité, nous
connaissons tous les deux la réponse. Il est nul !
— J’ai bien d’autres atouts, Maître.
Je suis dubitatif…
— Et lesquels ?
— Je suis un redoutable guerrier, je suis craint partout où je passe !
Je suis insensible et ne tergiverse jamais.
C’est vrai que c’est un sensationnel tueur de sang-froid. Il est à mon
image et exécute à la lettre tous mes ordres. Pas une seule fois, il n’a
discuté. Une fois, j’étais à une lame de lui couper la langue. Il y a
toujours un moment où les adolescents se rebiffent. Ce jour-là, j’ai
éteint toute idée de rébellion. Il n’a plus jamais débattu. Il faut croire
qu’il tient à cet appendice. On est peu de choses après tout.
Je souffle d’exaspération et décide de mettre fin à son calvaire.
— Ce bras ne marche pas, conclus-je nonchalamment. Garde !
Mon bâtard redouble d’efforts pour me prouver qu’il n’abandonne
jamais. Brave petit ! Je claque des doigts et mon homme de main arrive
à mes pieds, comme un toutou. Sa langue ne pend pas et il ne remue
pas la queue, mais il pourrait. Évidemment, je sais que ce n’est pas un
chien.
— Coupe-lui ce bras inutile, cela fera toujours une partie en moins à
transformer !
Ma phrase à peine terminée, le membre gît par terre, jusqu’au
coude. Ça pisse le sang et je vais devoir faire nettoyer tout ça.
Vraiment, ça m’ennuie, il aurait pu moins saigner.
Mon bâtard est à genoux. Sous le choc, ses lunettes de soleil sont
tombées. De grands yeux bruns écarquillés me scrutent intensément.
Mais que croyait-il, ce minable ?
Je ne l’ai jamais amené à penser qu’il pourrait avoir un traitement de
faveur. Quoiqu’il a toujours sa tête sur ses épaules. Il peut s’estimer
heureux.
— Tu imagines que tu peux dominer le Qatar juste avec ta force ? Je
te croyais plus intelligent !
Une pointe de colère jaillit dans ses iris.
— Si tu ne peux pas tromper ton monde, tu n’arriveras à rien ! La
puissance physique ne fait pas tout pour vaincre et la manipulation est
tellement plus efficace, bien plus reposante !
Il plisse le nez de mécontentement et je n’en peux plus de le voir.
Cette engeance doit immédiatement disparaître. Qu’il ne s’avise plus
jamais de me regarder comme cela.
— Dehors !
Mon ordre est implacable. Le garde l’épaule pour l’aider à se relever
et marcher.
— Fais nettoyer tout ça !
La porte se ferme en douceur sur ma dernière exigence.
Oups, je crois qu’il est droitier. J’en suis sûr, même. Eh bien, il n’aura
qu’à redoubler d’efforts à gauche !
Je balance mon reste de cigare et je décide d’aller visiter mon fief.
Peut-être que je croiserai Lana.
Effectivement, je suis à peine sorti que la chance me sourit. Je sais
qu’elle aime demeurer sur les remparts à regarder la mer. Espère-t-elle
s’évader ? Je n’en serais pas surpris. Seulement, elle n’en a pas les
moyens.
Dès qu’elle m’aperçoit, elle se courbe et attend. Je tente de discerner
l’arrondi de son ventre, mais dans cette posture, c’est compliqué.
— Redresse-toi !
Mon ton claque, comme toujours. Elle s’exécute immédiatement.
J’avoue prendre un malin plaisir à mettre tout mon monde au pas et les
voir agir au doigt et à l’œil. Lana se relève et lisse le devant de sa robe
sur son utérus bien déformé. C’est son moyen de me montrer qu’elle
doit rester en vie : ma descendance se développe en elle. Les ondes
cérébrales de cet enfant se réveillent à mon contact. Tant de pouvoir sur
les êtres me ravit. D’avance, je suis déçu. Encore une engeance qui
n’est pas digne de moi. Pour autant, est-ce un mâle ou une femelle ? Je
ne pourrais le dire, mais ce paramètre peut changer beaucoup de
choses. J’en suis désappointé, car concernant Maia, elle couve une fille.
J’ignore les raisons de cette certitude, mais c’est viscéral, mes tripes
m’indiquent qu’il n’y a aucun doute.
Je ne m’abaisse pas à demander à Lana si elle se porte bien. Je me
débarrasserai d’elle probablement une fois l’enfant né.
Elle le sait, je le sais… L’affaire est entendue. J’imagine qu’au bout
d’un moment, elle serrera les fesses pour ne pas mettre au monde ce
bébé.
Je pouffe de rire devant tant de naïveté et je m’en vais. Je l’ai bien
assez vue pour aujourd’hui.
8 – Rodolphe

D:\Flo\_NatureCaptive\Tome
1\VersionRelié\Rodolphe_croquis.png

Quand nous sommes arrivés il y a cinq mois, nous avons retrouvé


cet écrin verdoyant. La graine qu’avait semée Maia s’est transformée en
un champ. Seulement, cette bande de félins n’est pas herbivore, alors
quelques tensions nous ont immédiatement alertés sur la fragilité de
cette communauté.
Heureusement, Rooobert et son clan sont là aussi, installés sur un
côté, près de l’entrée à garder. D’ailleurs, c’est naturellement devenu
leur mission de monter la garde.
Ce lieu reste idéal pour établir à nouveau des familles. Perchés en
haut des falaises, nous sommes protégés d’un éventuel raz de marée
(sauf si les vagues s’élevaient à trente mètres bien sûr !). Pourtant,
depuis que la Terre a brûlé, je n’ai entendu aucun témoignage de
tsunami lors de mes pérégrinations. Nous dominons tout le paysage, car
ces murs à pic délimitent le terrain et nous séparent aussi de la vallée.
Seule une entrée en pente ardue permet d’accéder ici. Au-delà, les
parois sont infranchissables. Un lac nous fournit de l’eau douce et
buvable. La nature est généreuse en ce lieu. En outre, les arbres ont
forci depuis que nous sommes arrivés et la végétation est plus dense
encore.
Bien sûr, nous n’avons toujours pas révélé que Maia est
l’enchanteresse en titre désormais, ni même qu’elle appartient à cette
communauté. Elle est simplement ma compagne humaine et son ventre
rebondi entérine cette situation. Aucun mâle ne tente plus de la
revendiquer. Au contraire, nous choyons particulièrement nos femmes
pendant la grossesse, car nous avons peu de petits. Bien entendu, je
n’ai pas dévoilé que cette grossesse constituait un risque pour l’avenir.
Nous évitons le sujet. D’ailleurs, nous avons fait comme mon pote
Rooobert : nous nous sommes mis à l’écart avec Jeanne et Roooland,
prétextant que nous avions besoin de calme. Quelques enfants
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Ezzel Mariska kisasszonyt karonfogta és vitte magával előre,
Webston pedig mintegy védelmet keresve csatlakozott Éva mellé,
úgy követték az előttük haladó párt.
– Be örülök – mondta tört németséggel – hogy láthatom. Önt,
kisasszony, nagyrabecsülöm és akárhányszor mondtam Mariskának,
hogy vegyen példát önről s viselje magát úgy, mint ön.
– Higyje el, Webston úr, az egész csak temperamentum dolga.
– Éva kisasszony – szólt most Webston úr kitörő nyugtalansággal
– ön iránt olyan határtalan bizalmam van, kérdeznék valamit. Fog-e
őszintén felelni?
– Mit?
– Igérje meg, hogy őszintén fog felelni.
– Mire való ez? Ha bizalma van hozzám, akkor ne kívánjon ilyen
igéretet.
– Igaza van. Lássa kisasszony, nem tagadom, őrülten szeretem
Mariskát. Holnap Helgolandba utazunk, ott meg fogunk esküdni.
Családom nem tud róla semmit s ha megtudnák, hogy szinésznőt
vettem el ebben az idegen országban, kitagadnának és szegény
édes anyámnak megszakadna a szíve. De az mind nem tart vissza.
Öntől kérdezem: Megérdemli-e a Mariska, hogy feleségül vegyem?
Ha ön azt mondja igen, akkor boldog leszek, ha azt mondja nem,
elhagyom, ha belehalok is.
Éva kezdte magát kényelmetlenül érezni.
– Kedves Webston úr, ön sokat kíván tőlem. Azt akarja, hogy én
legyek felelős az ön életeért.
Webston úrból most teljes mértékben kitört a keserűség.
– Ha lelkembe látna, nem adna ily kitérő választ. Megsajnálna és
segítségemre lenne. Szeretem azt a leányt és tele vagyok gyanuval
és féltékenységgel. Minden, amit róla tudok és rajta látok, gyanut
ébreszt. Ahogy vele beszélnek, ahogy ő beszél másokkal, a hely,
ahol megismerkedtem vele, a mód, amelyen él, mind világosan
mutatja, hogy nem tisztességes leány. De ezzel szemben egy
bizonyságom van, az, hogy velem szemben mindig tisztességes volt
s aki velem látja őt, úgy mint én látom másokkal, ugyancsak a
legrosszabbat tenné föl róla, pedig nem történt közöttünk semmi. S
valahányszor erőt vesz rajtam a kétség, mindig azt kérdezem
magamtól: hát mi oka volna, hogy éppen velem tegyen kivételt? Én
is adtam neki pénzt, én is vagyok olyan férfi, mint más, hát miért
tartózkodnék éppen tőlem, ha nem tartózkodik másoktól? Hát
mondja, kisasszony, igazam van-e, vagy sem?
– Igaza van – mondta Éva halkan. Hadd értse ez a szegény
ember, hogy az okoskodásnak ad-e igazat, vagy annak, amire
tényleg értette, a kérdés alaposságának. S elszörnyüködött
magában: lehetséges? A férfiak ilyen együgyüek volnának? Nem
látják, ha játszanak velök, ha kihasználják a vakságukat! Nagyon
sajnálta ezt a szegény embert és nagyon megvetette.
– Köszönöm, kisasszony – folytatta Webston melegen – ez az
egy szava is jólesett, mert önnek hiszek. Ha Mariska olyan volna,
mint ön én volnék a világ legboldogabb embere.
Majd, mint az ittas embereken, kiáradt belőle az őszinteség és
elfogta az a fájó kéjelgés, mit a lélek legtitkosabb rejtelmeinek a
feltárása okoz.
– Lássa, kedves kisasszony, mielőtt Budapestre jöttem, igen
jóravaló, szolid fiatalember voltam. Jó családból való vagyok,
munkára és mértékletességre neveltek. Most a züllés szélén állok.
Nem titkolom. Mariskától függ a további sorsom. Ha jóravaló,
tisztességes asszonyt kapok benne, meg leszek mentve, ha nem,
menthetetlenül elpusztulok. Ide jöttem ebbe a fiatal kis városba,
összeköttetés nélkül, a nyelvüket sem ismerve. Azt gondoltam, majd
csak teszek szert összeköttetésekre, családi ismeretségre. De az
üzletem nem olyan természetű, hogy állandó összeköttetéseket
létesíthetne. Aki egy írógépet megvesz, az odébb áll, míg egy
másodikra nincs szüksége. És az emberek itt olyan különös
zárkózottak, oly nehéz, szinte lehetetlen valakinek a lakásába jutni, a
családjával érintkezni. Törökországról hittem csak, hogy ott
választják el ennyire a családi életet a társas élettől. De ott az
asszonyokat is zár alatt tartják, itt pedig a nők mindenütt ott vannak
és azt tapasztaltam, hogy az idevaló embereknek sok olyan
asszonyismerőse van, akinek az urát sohasem látta. Most nincsenek
ilyen megfigyeléseim, mert egészen eltompultam már, de amikor
idejöttem, egészséges volt a szívem és az eszem egyaránt. Hát mit
csináljon egy olyan magamfajta fiatalember, egészen árván,
társaság és barátság nélkül? Vagy elzárkózik a hónapos szobájába,
vagy keresi azoknak a társaságát, akikhez könnyen juthat. Ó,
kisasszony, higyje el, ez a Budapest rettentő város az idegenre. A
külföldi ember itt menthetetlenül elpusztúl, tönkre teszi az éjjeli élet,
meg az utcai ismeretség.
Éva csak hallgatta és bólogatott a fejével. Mélységesen sajnálta
ezt az embert, aki annyira tisztában van magával és mégis
belemegy a vesztébe. Visszatartsa-e? Lehetetlen. Nincs joga hozzá,
aztán meg fölösleges volna. Látta, hogy Webston úrnak nem tudásra
van szüksége, hanem ellentálló erőre. Ezt pedig nem adhat neki.
– Ne bánkódjék – szólt bátorító hangon – ön még elég fiatal és
mint látom, okos ember is ahhoz, hogy az életét úgy intézze, ahogy
jónak látja.
Webston úr a fejét csóválta és szomoruan mondta:
– Balsejtelmeim vannak, nem tudok megnyugodni. Édes
kisasszony, mért nem szerettem bele magába?
2.

Húsz évvel ezelőtt sokat mulattak a társaságban, hogy Kömleyék


(somogyfalusi és albányai báró Kömley Simon) a várban vásároltak
palotát. Kömley úr ugyanis csak egyszerű nemes ember volt, a
felesége azonban régi erdélyi családból való s ki tudta mutatni, hogy
ősei Bocskaytól grófi koronát kaptak, mely azonban a török
veszedelem idejében valahogyan elkallódott. A gyönyörű szép
asszonyban egyre motoszkált a becsvágy és nem nyugodott addig,
amíg az urának ki nem járta a báróságot – az ország közigazgatása
körül szerzett érdemei fejében. A magyar közigazgatás ugyan ma
sincs rendezve, de a Kömley úr bárósága már húszéves. A
becsvágyó báróné pedig a várba vonult, részben azért, hogy ott
várja meg, míg bárósága egy kis patinát kap, részben pedig azért,
hogy az ősi kerületben, egy tönkrement mágnás ősi fészkében az
arisztokratánál is arisztokratább milieuben lakozzék.
Mivel pedig a Kömley-palota a várban volt, ennélfogva a
Deméndy-palotának is ott kell lenni. A fehérvári kapu mentén
elhuzódó bástyára támaszkodott a palota, mely ezelőtt egy sváb
korcsmárosé volt, aki kocsija, lova számára istállót is tartott.
Egyemeletes ház volt, az utcai frontja csak tíz ablak, mely
testvériesen oszlott szét öt szoba között. A hátulsó traktusa azonban
szintoly nagy volt s ablakai a bástya fölött a hegyes-halmos szép
budai vidékre néztek.
Itt volt a fészek is. A szélső sarokban, tapétaajtóval zárt
egyablakos kis fülke, melynek butorzata első pillantásra csupa
pálmából állt. Óriási páfrányok, keskeny levelű Phönix-pálmák,
kemény, lovaskard formájú szakaszok minden zugban, minden szék
fölött. Ha az embernek éles szeme van, egy szinte játékszeresen
kicsi zongorát is fedezhet föl, de a pálma-milieuből győzelmesen vált
ki az egyetlen ablak előtt merengő óriási, olasz renaissance-os
ébenfa-hintaszék.
Ez a fészek. A cselédségnek, mint a mesében meg van hagyva:
mind a tizenkét szobát naponta szépen ki kell takarítani, de aki a
tizenharmadikba lép be, az halálnak halálával hal meg.
Mert ez a fészek. A kicsi asszony, aki semmivel sem törődik, a
fészket maga takarítja. Szőke kis fejére selyemkendőt köt, kicsi,
vékony derekára fehér szobaleány-kötényt, kinyitja a kicsi szárnyas
ablakot és jár seprővel, törlőronggyal kezében a kis szobában és
míg irtja a port és kicsi gyerekkezével cirógatja a hintaszék zord
fekete sárkányfejeit, csengő dalocskája messzire kihangzik az
ébredő budai hegyekbe, ahol a szerteszórt apró fehér és piros házak
kiváncsian hallgatódznak: ugyan miféle madár szól?
Ezuttal szinte röpül a fészekbe. Magával vonta az urát, aki
szeretett volna még egy cigarettát elszíni, félre lökte a komornikot,
aki tálcán leveleket akart átnyujtani.
– De édes, talán fontos is van közöttük.
– Nincs, nincs, tudom, hogy nincs.
– Talán átöltözködnél előbb?
– Nem vagyok befűzve, nem kell.
S mint zsákmányát, vonta maga után a kis asszony a nagy szál
embert, aki kelletlenül fölhuzta szemöldökeit s szabadon maradt
kezével idegesen csettintett. Végig a kis sárga szalonon, a billiárd-
szobán, az ebédlőn, a dohányzón, keresztül a hátulsó front két kicsi
fogadószobáján, meg a nagy zongoratermen, félretolta a falról lelógó
óriási bokharát, mely alá nagy furfangosan rejtőzött a fészek tapéta-
ajtója – aki nem tudta, sohasem sejti meg, hogy ott a nagy fali kárpit
mögött nyílik még egy szobácska.
Ott aztán belekényszeríti urát a fekete karosszékbe s egy
szökéssel az ölében térdel.
– Itt vagyunk, itt vagyunk, úgy-e örülsz, édes uram, hogy végre
egyedül vagy a te aranyos feleségeddel!
– Hogyne, hogyne – mondja ez és lagymatagon átfogja a kis
derekat, tűri a rátapadó, pici vérszegény ajkat.
– Édes uram, nagy uram, hatalmas uram, jaj be örülök, hogy én
vagyok a feleséged.
– Kis bohó – mondja Deméndy és lehunyja a szemét.
– Te is örülsz, hogy én vagyok a feleséged?
– Hogyne, hogyne!
Az asszonyka elpityeredik.
– Hogy mondod ezt. Hogyne, hogyne, bizony a képviselőházban
sokkal bőbeszédűbb voltál.
– Hja, édes, mert az politika.
– Ez meg szerelem – pattog az asszonyka s öklével nagyot üt az
ura vállára. – Hát mondd meg nekem, mi jelent többet: a szerelem
vagy a politika?
– Természetesen a szerelem.
Az asszonyka ismét kacag.
– Jaj, de furcsán mondod ezt. A történelmi professzornak volt
mindig a szavajárása a természetesen. A törökök átmentek a Dunán
és természetesen megverték a németet. Hunyady Mátyás
természetesen nőül vette Beatricét. Mondd, örülsz, hogy engem
szeretsz?
– Nagyon örülök.
– És nagyon szeretsz?
– Nagyon.
– Mondj valami nagyobbat.
– Végtelenül szeretlek.
– Akkor repüljünk.
Odagubbaszkodott az ura ölébe, mélyen összehuzódzkodva és
megindult a hintaszék és a kicsi asszony behunyta a szemét és
tündérországban érezte magát. Deméndy is behunyta a szemét és
azt gondolta: be jó volna cigarettára gyujtani.
A nagy repülés közben újabb gondolatok kergetődztek az
asszonyka agyában. Mikor a hintaszék megállott, fölveti nagy kék
tekintetét és elmerengve mondja:
– Jó volna, ha sohasem kellene kimozdulni a fészkünkből.
– Bizony, édes, de nem lehet.
– Igen, – szólt durcásan – mert mindig dolgaid vannak és itthon is
egyre zaklatnak az emberek. Aztán mama sem hagy egyedül,
mindig ide jön és veszekszik a cselédséggel. Úgy sajnálom
szegényeket. Aztán engem is korhol és úgy vigyáz rám, mintha még
most is kis gyerek volnék. Pedig ugy-e bár, olyan asszony vagyok,
mint a többi, akinek a melle úgy előre dudorodik, hogy szinte
elgurul?
Ezen nevetni kell. Nevetnek is, az asszonyka úgy, hogy a könnye
is kicsillan, az ember úgy, mint a komédiások. Újabb csókroham után
az asszony tovább fecseg.
– Jaj, de furcsa voltál a képviselőházban. Odaálltál nagy
peckesen, kisodortad a bajuszodat és olyan komolyan beszéltél
bírókról, meg alispánokról, meg nem tudom miféle politikus
dolgokról, az ember azt hihette volna, hogy érdeklődöl az ilyesmik
iránt.
– Kell is édes, mert belügyi államtitkár vagyok.
Az asszony ravaszul pislog feléje.
– De nem lehet, mert az én uram vagy. Az pedig csak egy iránt
érdeklődik. Találd ki, hogy mi iránt.
Az államtitkár úr visszahunyorog és apathikusan azt mondja:
– A szerelem.
– Igen, de még jobban mondd.
– A feleségéhez való szerelme iránt.
– Úgy van, úgy van, helyes – kiált most, utánozva a képviselő
urak kiáltásait. Majd hirtelen elkomolyodik.
– A feleségéhez való szerelme iránt, mondd csak, édes, hát van,
nem a feleséghez való szerelem is?
Az államtitkár feszengeni kezd.
– Megzsibbadt a lábam, édes, egy kicsit hadd keljek fel.
Édes megint elborong. Különösen érzékeny lelke van, megérzi,
amit nem tud s szerelme, meg tudatlansága nagy elvakultsága
mellett is a lelkét egyre nyomja az ismeretlen Élet a maga millió
hazugságaival és miriádnyi bűneivel.
Szó nélkül leszáll ura öléből és odalép az ablakhoz. Deméndy
megsajnálja és melléje áll, átfogja derekát s most már lágy, meleg
hangon kérdi:
– Bánt valami, édes?
Szótlanul, szomorúan rázza a fejét.
– De látom, édes, hogy valami bánt. Nincs bizalmad az édes
uradhoz?
Most se szól, csak egy hirtelen fordulattal a mellére borul.
Deméndy fölnyalábolja a kis teremtést és visszaviszi a karosszékbe.
Egyszeribe kisüt a nap és a kis menyecske megint fecseg, mint a
madárka.
– Igen, – mondja – oly ritkán lehetünk a fészkünkben. Azelőtt
legalább magamban lehettem itthon és várhattam az édes uramat.
De aztán jött mama és összeszidott, hogy most is még olyan gyerek
vagyok. Képzeld csak, – szólt hangos kacagással, – mama
szememre vetette, hogy tökéletesen hozzád való vagyok, mert
nekem sincs semmi becsvágyam. Hát baj az, ha összeillünk?
– Persze, hogy éppenséggel nem baj.
– Igen, de mama mindenáron azt akarja, hogy miniszter légy és
szintén bárónak tegyenek meg, mint papuskát. Hát mire való ez?
Aztán a miniszternek még több dolga van, hallottam, mint
panaszkodnak a szegény asszonyaik, hogy nem is látják az urukat,
úgy belebújnak azok a hatalomba. Hát én nem engedem meg, hogy
te miniszter légy, különben sehogy se lehetnénk a fészekben.
Az államtitkár meghimbálja a széket és csak bólint a fejével. Az
asszonykának még valami furcsaság jut eszébe, ezen már igazán
nevetni kell.
– Igaz, képzeld csak, tegnap, mikor délben elébed jöttünk a
kocsival, mama azt is rámparancsolta, hogy ne engedjelek annyira a
szoknyámon ülni. Azt mondja, hogy pipogya ember az olyan, aki
folyton a felesége körül kuncsorog, azonfelül még beteggé teszi és
tönkreteszi a szépségét. Édes uram, olyan boldog voltam, mikor
mama azt mondta, hogy folyton rajtam lógsz, de mama nagyon okos
asszony, hanem ehhez igazán nem ért. Hát hogy volna lehetséges,
hogy te beteggé meg csúnyává tennél engem? Hiszen szeretsz!
Ez csak elég világos! Annál megdöbbentőbb azonban, ha a
szerelmes férfi kissé mohón kap a szón és azt mondja:
– Mamának némiképen igaza van.
– Hogyan?
– Hát úgy, édes, hogy a férfinak nem szabad mindig csak a
szerelemre gondolnia. Tudod, vannak egyéb dolgok is a világon, az
embernek hivatása, kötelessége van, ami mindenek előtt való.
– Úgy? – mondja hosszan, elgondolkodva – ezt sohasem
hallottam. Akkor minek tartod meg az állásodat?
Erre bajos felelni. Az államtitkár úr, aki mindenre talál kádenciát,
néma és zavarodott. Csakugyan, mihelyt akceptálta a tételt, hogy a
szerelem mindenekfelett való s mihelyt ő is helybenhagyta, mikor a
felesége panaszkodott, hogy oly keveset lehetnek együtt s az volna
a legnagyobb boldogság, ha soha se kellene egymást elhagyniok,
akkor mért nem hagyja ott állását, melyre nem szorult, hogy a nyert
időt a feleségével tölthesse?
– Hát te nem örülsz, amikor úgy éljeneznek és tapsolnak az
uradnak, mint ma?
– De igen – felel az asszonyka mély meggyőződéssel – hanem
elég ha egyszer egy hónapban történik. Hiszen neked elég ha kiállsz
és beszélsz. Mert te vagy a legokosabb ember a világon.
– Igen és a legokosabb ember a világon most is itt ül az ő
felesége mellett, holott a minisztériumban kellene lennie. Tudod-e,
édes, hogy az okos embernek nem szabad rossz tisztviselőnek
lenni?
– Se baj, édes uram, ennek ellenében te vagy a legszerelmesebb
férj.
– Ezzel nem érik be a minisztériumban.
A menyecske megint elszontyolodik.
– Min gondolkodol, édes?
– Azt gondoltam, ha én volnék a király, minden szerelmes embert
eltiltanék a hivataloskodástól. Mert a szerelmes ember a feleségeé,
egészen a feleségeé és csak az a kötelessége van, hogy a
feleségére gondoljon.
– Kis bohó, hiszen a hivatalban is rád gondolok.
– Igen – mondja rajongva, szorosan az urához tapadva – érzem,
hogy rám gondolsz, úgy mint én te reád. Hanem…
– Nos, mi az? Hanem?
– Hanem nem mindig lesz úgy. Majd ha öreg leszek és csunya,
akkor nem fogsz már úgy szeretni.
– Te, öreg és csunya? Mindig ilyen maradsz.
– Igen, édes, azt csak úgy mondod. Hanem tudom én, hogy nem
vagyok olyan, mint a többi. Kicsi vagyok és gyereknek tartanak,
aztán tudod-e mit gondoltam ma, mikor a képviselőházból
elmentünk?
– Mit?
– A kapuban láttam egy magas, erős leányt. Nem láttam az arcát,
mert elsietett, hanem olyan szép és nagy volt, hogy szinte féltem
tőle. Hát azt gondoltam, hogy szeretnék én is ilyen szép és magas
lenni, akkor tovább maradnék ifjú és szép és te is jobban tudnál
szeretni.
Az államtitkár úr megrázkódott. Kémlelve nézi a gyerek-asszony
vonásait, csakugyan nincs semmi célzás a szavában? Nincs, de ez
még jobban nyugtalanítja. Micsoda gúny vagy a sors iróniája, hogy a
feleség vágyódik a szerető termetére s maga mondja az urának: az
ízlésednek, a szerelmednek jobban felel meg az, mint magam. És
észrevette? Hiszen maga is ettől nyugtalan és ideges és azért
szeretne legalább néhány percig magára maradni, hogy rendbe
térítse lelkületét és kiölje magából a visszatérő vágyakat, magába
fojtsa a mult kísérteteit. Hiszen amíg erőltetetten enyeleg a
feleségével, szeme előtt még mindig az a jól ismert, sokszor átkarolt
fejedelmi termet lebegett, az a büszke, szép, fehér arc, a gőgösen
leszorított ajak, mely olyan lázasan tudott lihegni és még lázasabban
csókolni. Ah, kinos szenvedés az, mikor az ember feleségével az
ölében, kénytelen gondolni az elhagyott szeretőre!
Az asszony keze átsimítja homlokát.
– Mért komolyodtál úgy el?
Az ember idegesen elkapja a fejét.
– Hagyj, édes. Te mindig olyan lehetetlen dolgokat beszélsz. Hát
minek akarsz nagynak lenni, amikor kicsi vagy?
Deméndyné kibámul az ablakon, de nem a hegyes-völgyes szép
tájat látja ott, hanem a maga kicsi lelkének nagy, rejtelmes
problémáját. – Nem tudom – szól halkan, de mindig úgy érzem, hogy
én nyomorult kis teremtés vagyok, nincs jogom arra a nagy
boldogságra, s mégsem akarok nélküle élni.
– Bohó vagy, együgyű vagy – biztatja fanyar kedvvel az ura – hát
sohase kergethetem el ezeket az árnyképeket?
Az asszonyka szemébe köny lopódzik.
– Szeresd, szeresd nagyon ezt a buta feleségedet.
– Hiszen szeretem.
– Nem úgy, – mondja a fejét rázva, – hanem úgy, mintha nagy
beteg volnék, akinek mindig éreznie kell, hogy szeretik, mert ha csak
egy pillanatra nem érzi, akkor meghal.
A kapu aljából behallatszott az idegent jelentő harangszó.
Deméndy kapva kap rajta:
– Valaki jön, édes, – mondja, – el kell hagynunk a fészket.
És most melegebben csókolja meg és a fülébe súgja az igéző
szót:
– Nagyon szeretlek.
Deméndyné szeme fölragyog, édes, felhőtlen boldogság
tükröződik rajta vissza és Deméndy gondolja magában:
– Dehogy is halna meg, aki ugyanegy pillanatban tud sírni és
nevetni, nem hal bele a fájdalomba.
A minisztériumból küldtek át néhány aktát, ezeket kellene sietve
elintézni. Deméndy a kiszabadult rab boldogságos érzetével
telepedett meg dolgozó asztala mellett, majd hogy le nem ültette a
diurnistát, aki az aktákat hozta, cigarettára gyújtott és kéjjel, lassan
forgatta a lapokat, hogy csak minél tovább tartson az elfoglaltsága.
Negyedóra alatt mégis elvégezte, sóhajtva bocsátotta útnak a
diurnistát, majd megállt a szoba közepén és hallgatódzott kifelé: nem
jön-e a kínzó angyala?
Magában így nevezte a feleségét. Sokszor kérdezte magától, hát
igazán nem szereti-e? Akkor honnan e féltő gond, mellyel
környékezi, tehetetlensége e kicsi asszony akaratával szemben?
Avagy szereti? Akkor honnan az émelygős lehangoltság, mellyel
felesége szerelmét fogadja, a türelmetlen vágyakozás, hogy magára
maradhasson, hogy legalább ne legyen kénytelen vele együtt lenni?
A feleletet pedig mindenképpen abban találta, hogy ostobaság
volt megházasodni, még nagyobb ostobaság volt, hogy éppen
Kömley Olgát vette el.
Miért vette el? Az okoskodás igen helyes volt. Házassága alapja
az orvos utasítása volt. Maga is érezte, hogy bizony ha
valamiképpen meg akarja óvni egészségét, szakítania kell a
legényélettel.
A dolog ugyanis igen egyszerű. Az ember magához vesz egy
asszonyt, aki mindig mellette van s ezzel az ember alaposan
kigyógyult a szerelemből. Feleség okvetlenül csak egy van és az
nem olyan követelő, mint a szerető, vagy a más felesége.
S ebből a szempontból Kömley Olga látszott a legalkalmasabb
asszonynak. Sohse hitte volna, hogy ilyen leány is van a világon. Aki
az oltár előtt is azt hitte még, hogy a gyereket gólya hozza és
semmit, de éppen semmit sem tudott a világ dolgából. Kicsi, gyönge,
vérszegény, ezzel az asszonnyal úgy rendezheti a házaséletet,
ahogy éppen tetszik. Ha akarja, azt is elhiteti vele, hogy csókolódzni
sem illik, mert különben bajusza nő.
Azonkívül még egy külső oka is volt rá. Félesztendőn át a
legnagyobb hevességgel ostromolta Kömleynét. Rideg ellentállásra
talált. Ez az asszony nem könnyelmű, az urát nem szereti ugyan, de
mást sem. El van telve a szépségével, kiválóságával és gőgös
önérzete sem tűrné el, hogy egyik férfi másnak ösmerje őt, mint a
többiek. Mégis egy délután az asszony majd megingott. A karjával
átfogta már s Kömleyné nem nagy erővel védekezett. Ekkor benyitott
hozzájuk a báró. Kicsi, szelidképű szőke úr, aki ma is csodálva és
hitetlenül néz föl a feleségére; lehetséges, hogy ez a páratlan
asszony az enyém legyen? Mikor a Deméndy karjában látta
feleségét, mintha kővé meredt volna. Deméndyben pedig pusztán és
egyedül a gavallér élt, aki mindenáron meg akarja védni a hölgy
becsületét, melyet ő veszélyeztetett. Egyszerűen Kömley úr felé
sietett és őt is megölelte.
– Reménylem, önnek sem lesz kifogása, – mondta egyszerűen –
őméltósága épp most fogadott – fiának.
Hát így történt, így kellett történnie. Kömleyné azóta mintha
gyűlölte volna az államtitkárt és rideg, fagyos indulattal viselkedett a
leányával szemben. Hogy megszerette a kis leány ezt az embert, aki
először beszélt neki szerelemről! Egy arcvonása sem rándult meg
soha, hideg, közömbös, büszke és kimért volt mindig, éppen csak
becsvágyát mintha a lányába akarta volna oltani, legalább ez alatt a
jelszó alatt zavarta meg mindig a fiatal pár együttlétét s tört arra,
hogy veje mentöl többet foglalkozzék a pályájával s ezzel
alattomban mennél kevesebbet a feleségével.
Hogy mennyire egy követ fújt Deméndyvel, azt maga sem tudta.
Az államtitkár keserves csalódásra ébredt családi tűzhelyén. Ez a
vértelen gyerek, mihelyt megismerkedett a szerelemmel, a
szenvedelem elemi tüzességével élt az urának. Telhetetlen,
fáradhatatlan volt, egyre csókra vágyott és ezt a tűzben lángolását
az érintetlen lélek rajongó hitével úgy fel tudta magasztosítani, hogy
az olyan kiélt, mindenben kételkedő ember, amilyen Deméndy,
megdöbbent tőle s lesújtottnak érezte magát a szerelem soha nem
sejtett erkölcsi hatalmától. Hiába próbált kétkedni: szentség-e ez,
vagy ostobaság? Szerelem-e, vagy betegség? Meghatotta a
gyerekasszonynak primitiv képzelődése és tisztaságában való
idealizmusa, meghatotta és lebilincselte, mint valami új szép
jelenség, mely annál értékesebb, mivel okvetetlenül gyorsan
múlónak kellett hinnie.
– Majd megismeri a valóságot, majd leszáll a felhőből, mint
mindenki más – bíztatta magát.
De a kicsi asszonyt nagyon könnyen elbírta a felhő, nem szállt le
a földre, hanem ott a fészekben, melynek bájos naivsága kezdetben
ugyancsak elbűvölte, a hintaszék szárnyain mind magasabbra röpült
és kényszerítette urát, hogy fáradtan, megterhelt lelkével vele
emelkedjék a szférákba.
És Deméndy azon vette magát észre, hogy soha legényéletében
annyira zaklatott ember nem volt, mint most, a házasság
nyugodalmas révében. Különös egy helyzet. Egy asszony ül az
ölében, akinek sejtelme sincs arról, amit a férfi multjának szokás
nevezni. Aki azt hiszi, hogy a szerelmet együtt találta föl az urával és
nagykíváncsian tudakolja, hogy mások is tudnak-e úgy szeretni, mint
ők. És történik ez egy asszonynak hidegen őrködő szeme láttára,
akinek a szerelmére tört, most pedig az anyósa. Azt hitte, el kell
sülyednie szégyenletében, amikor Kömleyné hideg, csöndes
megvetéssel nézett rajta végig, azon az emberen, aki lovagias
áldozat pose-jába vágta magát s most világosan látja, hogy az
áldozat voltaképpen célja volt.
Töprenkedett rajta: féltékeny-e rá az anyósa? És irtózva felelt rá
egy másik kérdéssel: hátha igen? Mert ettől a lehetőségtől komolyan
irtózott. Az anyával csalná meg a leányt? És azt a leányt, akihez
fogható igazán nincs több a világon? A legleányosabban tiszta nő
legyen a legrútabb csalás áldozata?
Hessegette magától ezt a rémképet, mégis be kellett magának
vallania, hogy hiába. A felesége szerelmi rohamai holtra
kifárasztották. Mint a megkínzott ember, mikor a kínzó kamrába
viszik, úgy reszketett a fészektől, melyben az asszony az ő ölében
legboldogabb perceit élte át. Egyben azonban, amely mértékben
riadozott a felesége szerelmétől, annyira féktelenül lobogott benne a
szerelemre való vágy. Ez a gyerek-asszony semmiképpen sem tudta
izgatni, gyerek maradt a férfi szívének. Ő pedig rettegett, hogy a
felkorbácsolt szenvedély valamiképpen mégis oda sodorja majd,
ahová jutni irtózott: az anyós lábai elé.
Egy hónapja már, hogy kijegecesedett benne az egyetlen mód,
mely ebből a veszedelemből kimenti: meg kell csalni a feleségét.
Szinte erkölcsi kötelességének látta ezt. És gondolata ekkor szállt
vissza ahhoz a leányhoz, aki valamennyi könnyelmű viszonyai között
a legállhatatosabban tudta lebilincselni. A megszokottság és
beteltség érzete, mely viszonyuk utolsó idejében érzékeit tompította,
elmult, most ismét teljes kívánatosságában látta maga előtt a
gyönyörű, sugár, erős leányt, akit igazán csak szakításuk órájában
ismert meg valóban. Ekkor látta csak, hogy Éva szereti is őt s ami
neki csak léha szeretkezés volt, az ennek a leánynak a szíve
tragédiája. Sohasem érezte teljesen megoldottnak viszonyát, az
adósság érzete nyomta és Évát folytonos emlékezetében tartotta
még akkor is, amikor azt hitte, hogy a multnak minden szála el van
vágva és élete csöndes, szenvedélytelen mederbe tért.
És házassága óta ma látta először s a lelke megrendült, vére
minden csöppje lázongott benne: újra hozzákívánkozott s hideg
verejték lepte el homlokát, mikor ezzel a vággyal a vérében
közönbösen kellett beszélgetnie az anyósával és gyöngéden,
gondtalanul a feleségével.
Most, amint néhány pillanatra magában lehetett dolgozó-
szobájában, tünődve nézte magát a könyvszekrény széles
üvegében:
– Ilyen vagyok kívül, amolyan vagyok belül. Ha a feleségem egy
másodpercre belém nézhetne, szörnyet halna rémületében. De
igazán, képmutató, komédiás vagyok-e, vagy gazember?
És tagadólag rázta a fejét. Nem, nem gazember. Hiszen, hogy a
lelkében mi történik, arról ő nem tehet. Hogy kifelé másnak mutatja
magát, azzal csak jót tesz. Mi tarthatná vissza, hogy úgy éljen, mint
a többi férfi? Ha végignéz a közélet férfiain, nem talál egyetlen egyet
sem, aki több-kevesebb fesztelenséggel el nem hanyagolná a
feleségét és kedvteléseinek nem élne. A képviselőházban a
vendéglős minden három hónapban köteles új buffet-leányokat
alkalmazni, mert a nagyságos, méltóságos és kegyelmes urak
szeretik a változatosságot. Az intendánsok mondhatni a kaszinó
tagjai számára szerződtetnek színésznőket, ballerinákat, a vidéki
képviselők az otthon maradt feleség mellett úgyszólván városi
feleséget is tartanak, a durvább viszonyokról nem is szólva. Hát mért
volna ő rosszabb, mint a többi? Nem rosszabb, ellenkezőleg, jobb.
Még nem csalta meg a feleségét s amikor szerelmet hazudik neki,
ezzel csak boldogítja. Sokkal kényelmesebb volna igazi mivolta
szerint élni, mi, vagy ki gátolná benne? Igen, de annak a törékeny
asszonykának egyszeribe összedűlne szép világa. Ezt nem teszi és
ezzel isten és a világ előtt igazolva van.
Háromszoros halk kocogás az ajtón. Deméndy a fogát szíjja és
füle tövét vakarja. Arca eltorzul a fájó bosszúságtól, keze ökölbe
szorul a zaklató idegességtől, úgy kiáltja ki:
– Nem vagyok itt! – és elbuvik a könyvesszekrény mögött.
Az ajtó óvatosan nyílik, a kicsi asszony szőke fejecskéje bebúvik
rajta és bohókásan megdöbbent arccal mondja:
– Csakugyan, nem hazudott, mikor azt mondta, hogy nincs itt.
Majd bebúvik egészen, az ajtót maga után gondosan becsukja és
a kulcsot ráfordítja. Ne lepje meg őket senki.
És keresi az urát. A kárpit mögött, az íróasztal alatt, fölemeli a
kerevet nehéz szőnyegét is, belenéz a dohány-szelencébe is, végre
ravasz szemhunyorítással a könyvesszekrényhez is közeledik. Itt
valaki hirtelen átkapja és a fülébe csókolja:
– Tolvajt fogtam!
Boldog rémüldözéssel vergődik az asszonyka ura karjaiban.
Kergetődznek, játszanak, csókolódznak, két pajkos cica sem
különben. És minekutána az asszonyka édesen, gyerekesen
kikacagta magát, arcát ellepi a könyzápor, úgy szorongatja vékony
karjaival az ura nyakát:
– Édes, édes uram, olyan nagyon boldog vagyok!
3.

– Most pedig, édes, búcsúzz az uradtól.


– Nem jösz velem?
– Minek? Úgy sem lehetünk egyedül. Hogy az édesanyáddal
összevesszek, arra sincs sürgős szükségem.
– Igazad van, szegény uram, hát miért veszekszik veled mindig a
mama?
– Azért, édes, – felel mosolyogva Deméndy, – mert előkelőbb
férjet szerzett volna neked. Nem vagyok mágnás s csak úgy
hivatalból méltóságos.
– Ugyan ne gúnyolódjál, hiszen ha akarnál, akkor, akkor király is
lehetne belőled.
– Igen ám, – nevetett Deméndy, – csakhogy az anyád nem ád
arra, ami lehetne. Isten veled, édes, mulass jól és ne nagyon sajnáld
az uradat, amiért nem unatkozik odafönt a méltóságos báróné
szalonjában.
– Pá, édes uracskám, te olyan jó vagy. Nem is panaszkodol,
hogy a feleséged elhagy, pedig mit csinálsz te a feleséged nélkül?
– Rágondolok, édes, rágondolok, aztán annál jobban örülünk, ha
ismét találkozunk. Isten veled, édes.
– Szeretsz?
– Nagyon szeretlek, de eredj már, különben rajta kapnak és
akkor fogva leszek.
– Vigyázz, hogy meg ne betegedj, – inti még a kicsi asszony az
óriás embert s úgy válnak el, mintha legalább is hónapokig nem
látnák egymást.
Deméndy a sikló felé tart s a szabadság kéjes érzetében halkan
fütyörészik, Deméndyné még ott marad a Kömley-palota kapujánál
és utána néz könnyes szemmel, mély szerelemmel. Szegény ember,
úgy sajnálja, hogy most a felesége nélkül kell maradnia.
Öt óra van, Kömleyné fogadó napján. A palota körül már áll
néhány fogat. Deméndyné belép a hűvös, boltíves kapualjába, a
csengő élesen üt hármat, jelezvén a szolgának, hogy intim vendég
jő. Az emeleti üvegajtó már nyílik is és a méltóságos asszonyka előtt
sorba hajlong egy sereg lakáj, akik udvari módon harisnyásan,
parókásan vannak öltözve. Kömleyné szereti az egészen előkelő
formákat.
A Kömley-palota egészen más, mint a Deméndyé. Tömör és
nagyarányú egyaránt. Ott a szobák hosszú sorban fejlődnek ki, itt
szélesen és tömören tartanak össze a nagy termek. Udvar nincs is,
a ház mélyén keresztül fekszik a nagy fogadó-terem, felső
világítással, pazar, nehéz bútorzattal. A csillár akkora, mint az
operáé, a közepén szökőkút csobog, pálma és virág terpeszkedik a
sarkokban, az óriási termen pedig mindenfelé szétszórt régi
kerevetek, kerek társalgó pamlagok, nehéz karosszékek, nagy
társaság könnyen és kényelmesen elszéledhetik benne. A mélyében
pedig van a kis szalon, a bástyára néző ablakokkal, itt fogadja
Kömleyné a kisebb társaságot, amilyen most is nála van.
Deméndynét úgy fogadják, mint a ház gyerekét. Szívesen,
becézve, leereszkedve. Megölelik, megcsókolják, arcocskáját
megveregetik s a kereskedelmi miniszterné, akinek bölcsője nem
ékeskedett címerrel, egész nagymamásan nyalábolja össze:
– Szervusz, kis államtitkárné, hát megszoktad már, hogy asszony
vagy?
Édes anyja azonban szigorú formalitással elébe megy s a
leányával szemben is reprezentálja a vendégszerető háziasszonyt,
hűvösen megcsókolja és ceremóniás mosollyal kínálja meg üléssel.
A Kömleyné társasága különben vegyesnek mondható még. Ő
méltósága törekszik ugyan a rostálásra, de teljes eredményt még
nem ért el. Ha rajta áll, holmi jött-ment asszonyok, akik ma még
miniszternék, de holnap semmik, nem lépnék át a küszöbét. Ez
azonban még hagyján, egy pár szimpla dzsentri asszony is bejáratos
hozzá, az ura kaszinói összeköttetései révén. Nagy ára van a
karriernek: Kömley Simon báró még nem valóságos belső titkos
tanácsos és a közgazdaság körül szerzett érdemek nem elegendők
ennek a megszerzésére. Dolgozni kell tehát a politika plebejusával
is. Valamikép szerepet kell juttatni a bárónak akár a főrendiházban,
akár a választáson, vagy az egyházi ügyek terén, szóval, lancirozni
kell.
A kereskedelmi miniszternén kívül négy asszonyvendég van még
jelen és egy férfi. Ez az egy Zsilvölgyi gróf, egy hosszú, száraz
ember, akinek a térde, míg a széken ül, majdnem a melléig
ágaskodik föl. A szegény ember egyre hümget és paskolja térdét
türelmetlenségében. Felesége majdnem olyan magas mint ő, de
lehetőleg még soványabb, ősz haja pedig ritkulni kezd s
kétségbeesett erőlködéssel le van a halántékához pomádézva.
Köpenyben ül különben, mert állandóan fázik s hosszú lába előre
nyujtva, plaiddel szintén be van borítva.
Ők az igazi arisztokraták a mostani társaságban. Rajtok kívül ott
van még Keszegh Vidorné egy őrnagynak immár húsz esztendő óta
özvegye, Hidegh Kálmánné ő méltósága, egy szép pirosarcú kicsi
hölgy, kinek az ura a felvidéki inség körül kormánybiztoskodik, két
leányával, a tizenkilenc éves Dórával, meg a huszonegy éves
Blankával. Kicsike, parasztos képű leánykák, akik egyre soványítják
magukat és citromot, meg uborkát esznek, hogy arcuk halványabb
legyen.
És végül ott van Fuchsné, csak így, röviden: Fuchsné. A cselédje
előtt nagyságos, semmi más. De itt van és a kis szalonban
Kömleyné mellett ül, gyönyörű, karcsú és mégis erős termettel,
egyszerű fekete ruhában s mégis csakúgy ragyog kábító
eleganciában. Az arca kicsi, finom vonású, gyenge piros színű, de
két széles metszésű fekete szeme urasan villog és amikor beszél,

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