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Marc PENA

Président
Université Paul Cézanne
Roland BONNEFOY

Directeur Général Délégué


La Provence
Micro trottoir

Les questions du public


Joël GUIOT

Paléoclimatologue
Université Paul Cézanne
Changements climatiques: les faits,
les projections pour le 21e siècle et
les conséquences pour la Provence

Joël GUIOT
directeur de recherche au CNRS,
directeur de la Fédération de Recherche ECCOREV
FR 3098 Université P. Cézanne / CNRS

6
Les questions
Quelle est la situation actuelle, ici et ailleurs ?
Quelles en sont les raisons ?
A-t-on déjà eu ça dans le passé ?
De quels moyens dispose-t-on pour comprendre et faire
des projections dans le futur ?
Comment cela va-t-il évoluer ?
Quels sont les impacts pour la Provence ?
Remédier ou s’adapter ?

7
Quelle est la situation actuelle, ici et
ailleurs ? (1)
Température moyenne planétaire
Niveau des mers
Couverture de neige
Extension de la banquise arctique

A cette allure, la banquise arctique pourrait


disparaitre vers 2050-2075

GIEC 2007
8
Quelle est la situation actuelle, ici et
ailleurs ? (2)

9
Quelle est la situation actuelle, ici et
ailleurs ? (3)

1.5°C
Temperature estivale
Marseille

20 mm
Niveau moyen de la mer en Camargue (2
mm/an)
niveau maximal: 4 mm/an
variations locales très importantes

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Quelles en sont les raisons ?
Bilan des forçages radiatifs depuis 1850

11
A-t-on déjà eu ça dans le passé ? (1)

12
A-t-on déjà eu ça dans le passé ? (2)

13
A-t-on déjà eu ça dans le passé ? (3)

14
De quels moyens dispose-t-on pour comprendre et faire
des projections dans le futur ?

Les mesures instrumentales (stations météo,


satellites ...): de grosses masses de données sur de
courtes périodes de temps
Les données paléoclimatiques: des données
beaucoup plus rares sur de très longues périodes de
temps
Les modèles climatiques: très gros programmes
informatiques qui résolvent les équations du
système «atmosphère-océan-couverture du sol-
glace de mer» ; ils simulent les champs de
température, précipitations, vent, pression .... sur
toute la surface du globe (grosso-modo sur une
grille de 300 km) à un résolution temporelle de
l’ordre de la minute.

15
Comment cela va-t-il évoluer ?
il faut des scénarios (GIEC)

16
L’Europe et la France

Les canicules

actuel IPSL

Température été Précipitations été

moyenne 2071-2100 - moyenne 1961-1990

Météo-France
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Evolution pour la France selon deux scénarios
A2 (à gauche), B1 (à droite)

Deux modèles français: A2 (+4 à +6°C), B1 (+2 à +4°C)

18
Quels sont les impacts pour la Provence
et les environs ?

apparition de maladies tropicales,


envasement des barrages hydro-électriques en été,
difficulté de refroidir les centrales thermiques et
nucléaires,
tout en devant supporter l’augmentation de la
consommation d’énergie en été à cause de
l’augmentation de l’usage de la climatisation,
attractivité moins forte des rivages méditerranéens
(plages plus petites, moustiques, fortes chaleurs ....)

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Quels sont les impacts pour la Provence et
les environs ? LA VEGETATION

extension des espèces méditerranéennes (400 à 800 km vers le nord)


déplacement en altitude de 300 à 600 m des espèces
développement de certains ravageurs des cultures
avancée de la floraison

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Quels sont les impacts pour la Provence et
les environs? L’EAU

augmentation du risque d’inondation en hiver et


difficulté d’approvisionnement en eau en été,
multiplication des événements type canicule 2003,
salinisation des eaux côtières,
élévation du niveau des mers (en Camargue),
moindre enneigement des stations de ski,
diminution de la production agricole

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Remédier ET s’adapter

scénario optimiste: 0 à +10% précip hiver


-10 à -20% précip autres saisons scénario pessimiste: 0 à +10% précip hiver
-10 à -40% précip autres saisons
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Matériel supplémentaire

ne fait pas partie de l’exposé général

23
Le réchauffement en France: les faits

24
25
La canicule 2003

26
Evaluation de la banquise : les projections
plus optimistes que la réalité

27
Les causes du changement climatique à
l’échelle du dernier millénaire

28
D’autres périodes à fort GES

29
Nicolas SIMON

Pharmacologue
Université de la Méditerranée
Changement climatique
et santé:
ce qui nous attend en Provence

Pr Nicolas SIMON
Faculté de Médecine
CHU Marseille
Les changements climatiques
seraient à l'origine de…

• 2,4% de tous les cas de diarrhées dans le monde


• 2% des cas de paludisme
• 140 000 décès / an
• 5,5 millions d'années de vie perdues

• Effets essentiellement négatifs


Plan

• Pas de santé sans un environnement


• Changement d'environnement
– transfert d'écosystème
– apparition d'épidémie (face visible de l'iceberg)
• Catastrophes climatiques
– sécheresse et canicule
– inondation: diarrhées infectieuses
– déplacement de population
Une pathologie c'est…

• un patient
• un agent pathogène
(virus, bactérie, parasite)
• un écosystème
(climat, plantes, moustiques,
réservoir animalier)
Changement climatique

Climat méditerranéen -> tropical voire aride


Changement climatique

Climat méditerranéen -> tropical voire aride

Température, Humidité

Changement d'écosystème

Plantes
Animaux (oiseaux migrateurs)
Insectes (moustiques)
Aedes albopictus se répand
dans le monde tempéré
Gradient Nord-Est
Changement climatique

Climat méditerranéen -> tempéré, sub-tropical

Température, Humidité

Changement d'écosystème

Plantes
Animaux (oiseaux migrateurs)
Insectes (moustiques)
Parasites, Virus, Bactéries
Virus et agents infectieux

Pathologie Agent Vecteur Circonstance

Dengue virus ARN Aedes aegypti, autochtone, importé


Aedes, albopictus
Chikungunya virus ARN Aedes autochtone (Italie), importé

Paludisme parasite Anophèle importé (retour de vacances,


aéroport)
Prochains ? ? ?
"Accidents" climatiques
• Canicule
– 2003: 15 000 morts supplémentaires
– population fragile:
• âges extrêmes,
• maladies cardiovasculaires (décompensation),
• maladies pulmonaires (asthme)
"Accidents" climatiques
• Canicule
• Sécheresse
– malnutrition
– diarrhées infectieuses
– maladies respiratoires
(poussières, polluants)
"Accidents" climatiques
• Canicule
• Sécheresse
• Inondations
– contamination eaux douces
– déplacement massif de population
– détérioration brutale de l'hygiène
"Accidents" climatiques
• Inondations
– santé:
• maladies à transmission hydrique:
diarrhées infectieuses (E. coli, choléra, cryptosporidium,
hépatite A…)
• maladies à transmission vectorielle:
gîtes larvaires des insectes
• maladies véhiculées par les rongeurs:
leptospirose, Lyme, encéphalite à tiques
• maladies liées au stress
• traumatismes
Conclusions

• Traumatique
• Nutritionnel
• Infectieux
• Psychologique
• autres…
cancer de la peau, effets sur les yeux…
Impacts estimés du changement climatique en
Année de Vie Perdues corrigées de l'invalidité
Recherche sur le changement
climatique et la santé

• Etudes de la relation de cause à effet


• Evaluation des risques
• Evaluation de la vulnérabilité et des
capacités d'adaptation des populations
• Evaluation des politiques d'intervention
Sylvie THORON

Économiste de l’environnement
GREQAM
Changement climatique :
Quelles conséquences pour
nos sociétés ?

Sylvie Thoron
Groupement de Recherche en Economie
Quantitative d’Aix Marseille
Université de Toulon
Deux types de conséquences
et de coûts
 Les coûts des effets du changement climatique et les
coûts d’adaptation à un nouvel environnement
(adaptation).

 Les coûts des actions à mener pour atténuer le


changement climatique (mitigation).
I Les coûts de réparation et d’adaptation à
un nouvel environnement

 Réparation les dommages liés à des phénomènes climatiques


extrêmes. Inondations, canicules et sécheresses. 0.5 à 1% du PIB
mondial par an d’ici 2050.

 Adaptation de nos systèmes de production. Exemple: Avec une


hausse de 2° des températures mondiales la disponibilité de l’eau
et des récoltes devrait chuter de 20% en Europe du Sud.

 Restructuration de l’urbanisme (ici en Camargue, à Marseille).


II Le coût des actions pour atténuer
le changement climatique

 Diminuer les gaz à effets de serre

 Diminuer notre production ?

 Changer de technologies

 Changer nos comportements et nos modes de vie.


Conséquences globales
ou locales ?
 Les pays en développement sont les plus vulnérables.
 Ils dépendent plus que nous de l’agriculture et de leur environnement
naturel.
 Ils n’ont pas toujours les moyens de faire les investissements nécessaires
à une adaptation.

 Ce n’est pas une bonne nouvelle pour nous.

 Tensions internationales et conflits liés à la raréfaction des


ressources (eau).
 Migrations
 Hausse du niveau de la mer, inondations, sécheresses. Certaines parties
du monde deviendront inhabitables.
 200 millions de réfugiés du climat d’ici 2050 (plus que le nombre actuel
Comparer les coûts et les coûts
 Doit-on faire quelque chose ? Que doit-on faire ?

 L’évaluation monétaire des conséquences du changement


climatique, de l’adaptation et des politiques d’atténuation
est utile aux décideurs politiques.

 Le calcul économique : l’outil des économistes au service
du politique.

 Les Modèles d’Evaluation Intégrée couplant un modèle


climatique et un modèle économique.
 Modèle DICE de William Nordhaus (première version 2000)
 Modèle PAGE du rapport Stern (2006)
Les conclusions des travaux de
Nordhaus en 2000
 Economiste américain de l’Université de Yale

 Hypothèse climatique: la conséquence en cas d’inaction


(BAU) serait une élévation moyenne des températures de
2.5° en 2100.

 Impact moyen de -2.5% de PIB par an vers la fin de ce


siècle : Impact modeste pour le prochain siècle.

 Les résultats sont très différents d’une région à l’autre.


 Essentiellement 0 pour les Etats-Unis, le Japon,
 Légèrement positifs pour la Russie et le Canada.
 Les dommages seraient concentrés dans les régions tropicales à
faible revenu. -5% pour l’Inde.
Le rapport Stern (2006)

 Un argument de Bush justifiant le refus de ratifier le protocole de


Kyoto : « Agir contre le changement climatique coûte trop cher. »
 Conclusion du rapport Stern : Cela coûterait même plus cher de ne
rien faire.

 Un scénario d’inaction (BAU)


 Une élévation des températures pouvant aller jusqu’à 5% (GIEC
2001).
 Une perte économique comprise entre 5% et 20% du PIB mondial
chaque année (par rapport à un scénario sans changement
climatique).

 Ce qui pourrait être évité grâce à un investissement de 1% du PIB


mondial par an dans la réduction des émissions de gaz à effet de
Ethique et changement climatique
 Les deux analyses reposent sur des hypothèses
différentes en ce qui concerne :

 La hausse de température dans le scénario BAU (2.5°


contre 5°). Evolution des connaissances scientifiques sur
le climat.

 La prise en compte du temps.


 La prise en compte de l’incertitude et du risque de
catastrophes.
 Evolution de la compréhension des spécificités du
changement climatique pour le calcul économique.
Le principe de l’actualisation
 Les économistes s’intéressent aux décisions inter-temporelles.
 Cela demande de comparer des montants monétaires à des
périodes différentes.
 Exemple : Le calcul économique des investisseurs sur les
marchés financiers.

 100 euros aujourd’hui valent plus que 100 euros dans un an.
 Justification pour un taux d’actualisation individuel:
 Préférence pour le présent.

 Nordhaus utilise un taux d’actualisation de l’ordre de 4%.


Comparable aux taux du marché, ceux qu’utilisent les
investisseurs.
Taux d’actualisation social
 Stern revendique l’idée d’utiliser un taux d’actualisation
social plutôt qu’un taux d’actualisation privé.

 On ne prend pas une décision de la même façon pour un


individu et pour une société.

 Pourquoi accorder moins d’importance aux générations


futures?

 Pour Nordhaus les générations futures seront plus riches.


 Pour Stern, l’idée que les générations futures seront plus
riches ou plus pauvres doit être endogène au modèle et au
choix des scénarios.
Taux d’actualisation social

 La seule justification à un taux d’actualisation social


différent de zéro : une probabilité non nulle
d’extinction de l’espèce humaine.

 Stern choisit un taux d’actualisation de l’ordre de


0.1% par an.
Conséquences du choix du taux
d’actualisation
 La spécificité des politiques d’atténuation du
changement climatique :
 Des coûts aujourd’hui pour des économies de coûts
demain sur un horizon très lointain.

 Nordhaus met très peu de poids sur ces avantages


futurs. Essentiellement il ne considère que les coûts
aujourd’hui.

 Stern qui choisit un taux d’actualisation très faible


met beaucoup plus de poids sur l’avenir de long
terme.
Le traitement de l’incertitude

 Dans une analyse coût avantage traditionnelle on calcule


coûts et avantages espérés.

 On a besoin pour cela d’une liste des évènements possibles


et d’une distribution de probabilité sur ces évènements.

 Nordhaus applique une méthodologie traditionnelle chez les


économistes : le calcul marginaliste.

 Stern tient compte d’un risque de catastrophe. Construit des


scénarios (comme dans les rapports du GIEC)
Changement climatique :
un problème de gouvernance mondiale

 La stabilité du climat est un “bien public global”. Notre


atmosphère est une “ressource commune”.

 La lutte contre le changement climatique doit être


 une action collective.

 Les pays sont souverains. Il n’existe pas d’entité supra-


nationale pour décider des actions à mener pour le bien
collectif et garantir leur mise en œuvre.

 Rien ne peut être imposé. Tout doit être négocié.


Solutions globales et responsabilité des
dirigeants (Top/Down)
 Deux objectifs des négociations internationales :
 Répartition des efforts en matière de diminution des GES
 Prise en charge des coûts de l’adaptation.

 Les grandes étapes


 Convention Cadre des Nations Unis pour le Changement Climatique
(1992)
 Protocole de Kyoto (1997) : engagement des pays développés à
diminuer les émissions de gaz à effets de serre
 Refus des Etats-Unis de ratifier le protocole (2001)
 Réunion de Copenhague (2009) : Retour des Etats-Unis. La Chine et
les pays émergents s’impliquent dans la négociation. Abandon du
cadre de Kyoto ?
 Cancun (2010)?
Solutions globales et responsabilité des
dirigeants (Top/Down)
 Au sein de chaque pays, mise en place de politiques publiques.

 Recomposition du parc énergétique. Aides aux énergies


renouvelables (Exemple: les aides au photovoltaïque.)

 Quotas pour les entreprises les plus polluantes qui peuvent


intervenir sur le marché des permis négociables.

 Taxe carbone

 Les incitations.
Solutions locales et responsabilité des
citoyens (bottom/up)
 Le rôle de l’opinion publique et de la « société civile ».

 Les négociations internationales n’avanceront pas si l’opinion


publique n’est pas impliquée.

 Le rôle des ONG

 Les actions locales.


 E. Ostrom (prix Nobel d’économie 2009). Les communautés de
consommateurs sont les structures les plus efficaces pour gérer
l’exploitation des ressources communes.
Débat

Questions - Réponses
Merci

Prochain débat : jeudi 27 janv 2011

Thème : l’épuisement des sols

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